\ \ LES EST ATS :^RINCIPAVTEZ DV MONDE LES E ST ATS EMPIRES, ROYAVMES, PRINCIPAVTEZ DV MONDE. Repyefentez. par hrdre, ^ verttnhle defcription des Toys , Mœurs des Peuples, Forces , Rtchef[es, qofmernemens , "R^tgwns , Princes , Magt/trats ^ Souue- raïnscjuiont gouuerné^ gouuernent autour dhuy chaque Eftatyfdon quc^ le tout fubfi/ie a pre[ent , après la mort des Princes, é les changemens qui font arrtuez, à toccafion des guerres dernières. ILLVSTRE DE UNSTîTVTION DE TOVTES LES RELIGIONS. Compagnies régulières , Monafteres , Conuents , Ordres, Séminaires & Sociétés, tant de l'vn que de l'autre fexe , auec quels vœux , en quel temps , fous quels Papes, Monarques, Republiques & Souucrainetez , elles ont commencé par le Monde jufqu'à ce jour. KVtC LA NOBLE ET CEL2SRE OlilGÏNË DE TOVS LES ORDRES Militaires & de Cheualerîe de toute la Chreftienté , tant Anciens que Modernes, leurs ftatuts, armes , deuifes, & fous quels Empereurs , Roys & Souuerains ils ont efté eftablis & continués dans les Ertats jufqu'à prefent. ^ar le Sieur D. T. V. Y. Gentilhomme Ordinaire de la Chambre du EXACTEMENT REVEV , CORRIGE* ET AVGMENTE' EN CETTE DERNIERE Edition, Enrichy d'vn grand nombre de tres-curicufes recherches de tous lefdits Eftats, & Généalogies des Maifons Impériales, Royales, & Souueraines. *4 ÇENEFE. Pour lean Antoine & Samuel De Tournes. M. DC. LXV. " Y ûxf Monfeigneur i Monfeigneuf MESSIRE HENRY DE MESMES, CHEVALIER, SEIGNEYR DIRVAL, CONSEILLER DV ROY EN SES CONSEILS D'ESTAT, & Priué, Prcfîdent en fa Cour de Pailement de Paris. ONSEIGNEF&, Pendan t que voftré Grandeur équitable preffe & combat l'iniuftice pour l'honneur des fleurs de Lys ^ le feruice du Roy, le repos &; foulagement de fon peuple,ceux qui fe glo- rifient de fe qualifier vos humbles feruiteurs, chargent continuellement de vœux 6c de fiiffrages les Autels du grând Dieu de luftice , à ce qu'il rende prix &c falaire éternel à tant de belles vertus dc avions que vous faides paroiftre dans les charges glorieufes que très- dignement ôC iudi- cieufement vous exercez auec loUange en cefte compagnie toute Royale de cette tant célèbre Cour de Parlement de Paris, où de la bouche de tant d'iUuftres Cantons partent les oracles de la Ytrïté: Monfeignetsr , conti- nuant mon affedion à voftre feruice, pour contribuer à Vos gloires ce qui eft de mon petit trauail : j'ay creu eftre de mon deuoir de vous prefen- ter cet œuure, où fe void remife en fon iuftre la Defcriptiori générale de là Majefté, grandeur magnificence qui fe void auiourd'huy en tous les E/iats, Empires, Royaumes ^ Principautés du Monde, en vne autre forme qu'elle ne s eft veuë cy-deuant : où fe peut voir la gloire de tout ce florift fant Empire de France : releuçe au deffus de l'orgueil & de l'ambition do tout ce qui fe peut reprefenter de grand fur la terre , tant pour la Majc- fté cres'puilfante de fes Roys, fes grands Princes , l'honneur ^ le bras ge^- nereux de cette grande Monarchie : comme auffi l'ordre de toutes ces llluftrcsteftes. Nos Seigneurs du ConfeilJesNeftors de noftre grand Al- cide, Co«fcillersfidellesôCafFe6i:ionnez pour la deffence des droidsde# cette C ouronne, gloire ÔCprofperité du règne de fa Majeftc.-auec la gran- deur de cet admirable Parlement, illuftrc de tantdinfignes vénérables perfonnesdont il eft compofé , qui eft le véritable ornement royal du Royaume le Iuftre le plus riche notable de cette ville de Paris,Capita- le de Francejôc; fejour ordinaire de nos Rois. Cour tres-prudenteô^iudi- cieufe que les Princes ôc Republiques eftrangeres ont maintefois conful- tée pour eftre arbitres 5i diffiniteurs de leurs différents. C'eft celle qui en A E P 1 s T R E. fcsthrônesflcur-clclifez&:en fes tribunaux vénérables & facrcz, entre- tient en vn degré fupréme l'authorité Royale , ne refpirans que pour lc« bien du feruice du Roy, Paix, &: Repos de tous fes bons fujets-, Cour,d'où partent les Echos de venté, infpirez diuinement du Ciel,ôC qui fçait reli- gieufemcnt maintenir l'inr-ocence ô«C corriger l'iniuftice, rendre ledroid aux gens de bien ô*: punir les mefchans. Or c'cft Monfeigneur, entre ces Nobles équitables Princes de ce grand Senat,où chacun admire voftre grande prudence , la candeur de vos fages Confeils , la fmcerité de vos équitables iugemens, dignes ornemens de tan t de belles vertus , que vous auezfait paroiftre,non feulement aux charges &: premières dignitez quo vous auez exercées aux Cffices de Magiftrature auec tant de police de louanges publiques,ôc en ce fupréme degré de fidèle Pilote de la diredion & .onduite de cette grande nef Parifienne, pendant lequel voftte grande équité recognuëôc rayonnante par tout, vous donna la feance prcmiero en cette tant célèbre alTemblée Générale des Ella :s du Royaume feante à Paris,en laquelle vous auezacquis telle reputation,que peu d'années après vos mérites vous onteilcué àl' Augufte qualité de cres-iullc U équitable luge & Prefidenten cette lUuftre t^our,où voftre grande fagelTe a fait do tclsprogrezenl'adminiftrationd'vnefi bonne iuilice, que kRoy , Mo- narque grandement iuJicicux au choix de fes bons lug - s Officiers fi- dèles de fon Eftat , recognoiffant tant d'effets àc de prcuues fignalces do voftre intégrité 6c louables fidelitez,vous honora il y a deux ans de cette haute qualité Ô£ dignité de luge fouuerain Prefident en chef de fa Chambre de luftice, que fa Maiefté voulut eftablir pour tirer rai fon <^s torts, iniuftices Ôcniâuuaifeadminiftration de fes finances, fur les Offi- ciers d'icelles , fe confiant de cela fur la pureté de voftre confcience àc loyale îuftice : fur ces confiderations Monfetgneur, ie me pcriuade que ce Liure que tres-humblemcnt le vous prcfente, fera accompagné de deux afteffrurs, appointez fur le refped de voftre grandeur , fçauoir l'efpoir la crainte, IVn , m'encourageant parla promelfe de voftre bon naturel, l'autre m'intimidan t pour ma baftelfe à la preience d'vn fi grand Soleil de luftice , expofant au public qui voudra iuger de ce deffdn , letter les yeux fur la qualité du prefent qui vous eft fait , & fur la perlonne de l'of- frant : Mais nonobftant ces refpets, ie viuray heureux, fi par cecy le con- tinue faire cognoiftre que i'ay des obligations infinies aux grâces ta- ueurs particulières , que i'ay receuës de voftre bonté bien-veillance, lefquelles me retiennent, pour demeurer éternellement, MONSEIGNEVR Voftre tres-humble , tres-oheï^ant^ ^ tres-ohligé feruiteury M. M. S. H. TABLÉ If . m TABLE DES ESTATS, ROYAVMES, ET PRINCIPAVTEZ D V MONDE. Eîîfemhle la dîHirMion de [es quatre parties^ Europe, Ameriqm ^fie ^friquc^. E V R O P E. 0 TA FM E d' Angleterre ^cu Ugrat}- de BrtUgne page 2. ^1 imM ^ f'' Prouinces, 21 fe^^S?^ Irlande, éfes dépendances. 29 KcjAumtde France. , 35 MAtfons Royales de France. ^9.&jfiiu. Lyon. 43 Principauté de Bombes. Ar^ fctrlernent de Bourdeaux. 47 Duche:^é Corniez , Vairies fimples é^p^flicf*- lieres reïi^ies a. la Couronne de France. 73 • C^74- iff Yi.anciens Pairs de France. 75 Pays fouuerain de Bearn. ^ 5*4 Monarchie dEjpsgne. 99 Les Royaumes é Cite:^iomes aux Cours de Mùuçon. * Villes d'EjpagKC ^ui ont eftè au pouuolr des Mtf- res ^é" ^0^'^'^^ /É'/»/'^ , é' comment deli- urées auxChreftiens. 141 Royaume de Portugal. 145» Places fortes dès Portugais horsleRoyaume.i^o 153 154 163 169 170 172 Les ijles deMaiorque (3- Minorque Royaume de Naples. Reyaurne de Sicile. L'iJlediSarddigne. Fjiat de Milan. Les 'villes de Parme & dePlaifance. Bjlitdes Ijles d' Afrique du cojié de l'Océan At- lantique , appartenantes au Ray d'ijpagne. 174. J(les Acores. '^77' Fftat des ljles.,é des places que les Portugais é les Ejpagnols tiennent en Afie. 180 ipàeGoa. . 185 A M E R I QV E. L'Eflat du Roy d'EJpagne au Nouueau monde. 200. é" les trois de U 205 206 ih:d, 207 2:1 215 215 Le Fortde fain^e Heleine Floride. Le Golj/he de Mexique. ■ Lii Nouuelle Galice. Prouince de Mexique. Le Brafd. Le Peru. Les Ijles de Canibales ou Caribes BeÙEftat des 17. Proainces des pays Bas , que ti*nt le Roy d' Efp fg/?e fous le gouuernfment d'ijibelle Claire Eugène , Infa.nte ferenij^i- me Archiduche(je de Flandres fa Tante. 23^ Des Ejiats généraux, des Promaces vnies des Pays- Bas ^é' dece qu'ils iie.ment. 2^^ Eftaîs d' Italiens PrincipautfZ RepubltqueSyé* j>remiereme»t de i'EJîat de Rorne. 265 chronologie ^ briefue defcripfwn de h fuccef- fion , vte rriort dis Papes depuu S. Pier- re , iufquesa Alexandre F 1 1, aprcjent Jeant: Enfer/ible leurs Ordonnances , Candies ér Schifmes. 25)4 Efiats du grand Duc de T ofcane. 33 J Oi igine de la Maifon de Florence^é' des grands Ducs deTofcane. ^a-^ E/îatdu Duc dYrbin. 348 E^at du Duc de Uantùu 'è. 3^1 Ejhtsdu duc de Modene , é" DucUde Ferrare. 355- Ejlat de la Republique de Luques. 35^. E^at de U République de Gtnnes. 3 Eftat de la République de Râgoufe. 364 Eflat de la^Republique ds Fenije. 369 Villes ét Fortereffes qui font dans le continent d'Italie , apparte'/zantes a Ver>ife. 380 La Marche de Treuife , é^ fes villes. 382 Ejlat de toutes les îjles de U mer M editerranée^ Adriatique , & l onique , appartenames a U Seigneur ie de Venife. 384 Des Efiats du Duc de Sauoye. Pays d'Aoufle. 35)5 Ses forces. 3517 Eflat de la Republique de Gcneue. 407 Eflat de la Ropublique des Sui(Jes , cu des Cantons des ligues des Suif/es. hftmoire concertunt les trcuhles rtmu'èmtns dci Grifcns. 4zr ZjlAîdu Duc de Lorrâtnt. 4.^ Les droicls qséc les Ducs de Lorruitief retendent duoir au Royaume de lerufdem. 4 34 Ejîat de L'Empire d Allemagne. 459 Royaume d'Hongrie. 481 Eftat du Roj de Fologrie. 499 JEftat du Roy de Suéde. 515 Ejlatdu Roy de Danaernarc. 515 Dtfcours des Ejlats du Turc^é" en premier lieu de ceux qu'il pojfede en Europe. 533 pays de Thrace. 553 L* Grèce. 556 Republique d Athènes , ^ fo» Ancien geauerne- ment. 56Ç Gouuernement ancien des Lacedemoniens. 574 Les Ijles de C Archipelage qui appartient an Turc, (3- ce qu'il poffede en tfcUuonie. V ijle de Cypre ou Chypre. 583 L'ijle de Rhodes. 586 Jjles duPropontideappellées des Modernes de Mar- mora. 588 La Boffm^Ja Bulgarie, Seraie, Rafcie^^ ce quele T urc poffede en Hongrie. 58^ ASIE. DES Efiats é terres que le Turc poffede en Afte. ^91- Sepulchre du faux Prophète Mahomet qui fe ntoiden Arahie^tnla Cttède la Mec que. ^^9^ Royaume de H lerufalem. 5^5 A F R I Q^V E. DBs Efiats du Turc en Afrique; Des Royaumes d'Algeryde T unes^(^T remijen,en Barbarie (^Mauritanie. 6\i Deferiptionmodernedela BjrbarieyTunûér Alger félon les mémoires du voyage d'Orient^de Mon- Jteur de BreueSyAmbajfadeur de faMaiefié très- Chreftienne au Lfuant. é 14 "Defcription deC Egypteiér l* Trogloditique fa voi- fine. éi7 Efiat du Royaume d'Egypte iufques au temps des Romains , qui fut redutt en Frouince. 6}o Efiats de l'Egypte^ depuù le vray Empire Rmain. 651 Dtfcours des Turcs en gtneral. 635 Les Empereurs de Confianiinople tant Chre- (liens que Turcs ydepuis que l'Empire d'Occi- dent fut feparé de celuy d'Orient, ô" donné d Charlemagne. 644 Eflat du Sophy de Perfe. . 6^6 Relation des plus notables Prouinces, é" q^^ plu4 longaehient dnré fous U Seigneurie de U Perfe. 655^ Dtfcours des Roys de Perfe.felon que les Autheurs Grecs Latins en ont écrit. 6 8 Chfonique des Roys de Perfe , félon la fainéle Bible, Phtloniér autres Autheurs. 669 Monarchie des Macédoniens. joi Eflat du grand Duc ou Empereur de Mofcouie 749 Empire du grand Cham de Tartane. j6l Ejlat du Roy de la Chine. 770 DtÇiours du Roy du lappon. 791 E^ at du Roy de Brume^ou d^ Pegu. 79^ Difcouts duGrand Mogor. Soi Dij cours du Roy de Cal/cut. $04 Dtfcours du R«y de Narftnge. %Qt Difcours de C Empire du Prête lan, 8 i Royaume de M onomotafa. %x2. Royaume de Congo. De l'Ejiat de l' Empereur de Marroc* 8^2, Ou Royxume de Fe!^ 85^ EJlat des Re/igio^s qui ont eflé parmy les Hébreux, tant en la toy de Niture^quen U loy écrite, t^r de celles qui fontai*iourd'hui approuuées du S. Siège enl'EglifeCatholiquei 852, Difcours de l' Eflat des Cheualiers de Malte. 891 Eflit des grandsMaiflres de Malte qui ont gou- uetné iufques a prefent. ^oi Origine des Ordres Militaires , tant Réguliers qui ont esté approuuez^par le S. Siège fotu quelque Retgle dtfcipLmey que Seculters^infiituez par les Empereurs y Roys (jr Princes Chrtjltens, auec leurs bla'ons é" deuifes. 51 4 înflitution de l'Ordre des cheualiers de la Milice chrétienne yfai6it parMonftear le Duc de Ne- uers en l'année iGxo. ç^-^jy Forme du vœu^ ferment qui fe fera fur les fatnBs Euangiles parceluy qui fera pre fente pour efi>e receuCheualier. c^t^ A^e de l'acceptation des Statuts cy-deffm pxr les premiers qui recturent l'Ordre à Vteme. DISCOVRS D I s C O V R s DES ESTATS DV ROY DE LA GRANDE BRETAGNE. DE L'ANGLETERRE. SOMMAIRE. î. Des noms Anciens d' Albion & de Bretagne , iadis don- nez, a l'Angleterre, de leur four ce & etjmolope, & des peuples Saxons qui l'ont pojjedce. I. De U forme de cep Ijle de la grande Bretagne , fembla- bU a U Sicile, fa fituaùon,fon efienduë, & fes limites. 3 . Safert!l:tc,fon tempérament, & les qualite%J,e fou air, fajette a la contagion de quatre en quatre ans. 4» Ennemie des ùejles venemeufes , les loups n'y peuuent vittre, & les raifons pourquoy l'Angleterre eji exempte de loups. 5. Des fleims & riuieres d'Angleterre , & fingulicrement de la Tamife , dont les ejux ne desùordent iamaispour quelque forte de pluye qu'il fajfe : des cheuaux nommez. Giiildms , la plu/part hongres, fort bien drejfez, & du nombre tnfinj des oj- feaux & volatiles qui y font. 6. Dommages que les oy féaux. font aux bleds en Angleterre, & les remèdes qtty apportent les laboureurs , de la bonté du poijfon d'Angleterre, du Turbot, ô- du Brochet excellent. 7. Des perles abondantes en cette ife , du temps de Ce far, é' de la broderie du corfekt de perles qu'il confiera à Venus, des minières d'or, d'argent, plomb, eftaing, cuiure, & fer. 8 . Delà pierre nommée Gagate, qui. nourrit le feu en l'eau, a vertu défaire vriner puluerisée en eau. 9. Delà monnaye de fer & d'airain des vieux Anglots , & de leur fuperjlition aux viandes^ 1 c. Des femmes communes iadis en Angleterre, & de leurs ordres aux armées. I I . duilité& fubtiliîé d'écrit, & autres bonnes qtialitez. des Anglois modernes, & de leurs exercices. II. Humeur des Anglois altiere & imperieufe , encline au larcin, a la carnactté, & a l'yurongnerie. n. Richcifes grandes des particuliers procedans du trafic des laines, de l'eflamg de Cornuaille, & du haranc d'Torch. 1 4, De Londres , Ville Métropolitaine d'Angleterre , habitée de trois cens cinquante mille ames. 1 5 . Trafx d'Angleterre eïlimé a dotizje millions d'or par an. lé. Finances & reuenns du Roy d'Angleterre. 17 . Keuenus ordinaire de la Couronne d'Angleterre. 18. Subfuies extraordinaires de deux fortes en Angle- terre. 1 o Dc/pence de la bouche de la Cour du Roy d'Angleterre à combien Ce monte par an. 1 o Tribut imposé fir les perfonnes qui veulent viure catho- liquement en Angleterre. 1 1 . Torte apette de l'ijle d'Angleterre , & le grand nombre de fes vaijfeaiix dk mer. 1 2. Anglois fort experts à la marine, leur trafic és Prouinces loingtaines, tant du Leuant que dJ Occident. 1 3 . Défaire de l'ejpouuantabie armée nauale d'Ejpagne par les Andois. 2 4. Nombre des gens de guerre qu'on peut leuer en Anglù' terre. ' 1 5 . Armée d'Angleterre en quel ordre pajfa au fiege de Bo-* longne du règne d'Henry VIII. z6. Nobleffe Angloife , & des Cbeualiers de diuerfes ejpetés en Angleterre, & les cérémonies dé leur création. 27 . Ordre des Chcualiers de la lartiere par qui tnfttiue. 1 8 Des offices Rojaux d'Angleterre, & des Mdords. 29. Des Ejîats d'Angleterre , & tenue des Parlement du Royaume, de leur grande puijfimce, des officiers & cérémonies en l'ajfemblée d'iceux. 30. Trois fortes de lugemens en Angleterre. 31. Des Sièges Royaux , & fiipplices ordinaires , & de la punition des traiftres. 32. De la Cour de Wlfimoutier , & la chambre eftoilée quand efiablie. K^. Delà Cour 'de l'Eglife appellée la Cour de Chreftienté, & fa iurifdiciton en quatre fortes de caufes. 34. Criminels condamnez, a eftre pendus, font efiranglez par la main de leurs propres parens. 3 5. Religion Chreflmne quand & par qui efiablie & in- troduite en Angleterre. 3 6 Diuorce du Roy Henry VIII. d'auec Catherine d'Arra-^ ^on 5 & lequel ejpoufe Arme de Boulen qu'on croyait efire fi ^ fille. 37, Se déclare efije Chef de l'Eglife Anglicane , au lieu du Pape, & fai£l emprifonner Thomas Maurus. 5 8 . Mopo/ieres & Religion Romaine quand abolis en An" gleterre. 39. Couronnement delà Reyne Elisabeth, célébré auec céré- monies Catholiques. 40. Conftitutions Ecclefiafiiques drejsées par le Roy lacques VI. monfirant l'Efiat -moderne de l'Eglife Anglicane. 4 1 . Catalogue des Roy s d'Angleterre. 41. Alliances des Roy s d'Angleterre auec les Roy s & Prin" ces efirangers. ■ 4 < . Archeuefchez. & Euefchez. qui efioicnt anciennement en Angleterre. DesEftats du Roy E foing Se le traiiail des ,'!us ctlf brcs Co mogra- j h'-s & Gtogrîpnes An Jicns 6c Modernes a toi'i jours elle au deffein de fai- re voir au vray la Mappe monde des Eftars & Kepu- bliques du monde, d'cuiter Icdcfoidre facile à fe glif- (er en la notice des pays, pour la diucififc grande des Royaumes ôc Prouinccs régies & commandées des puiirances fouucraines , grandement inégales & difFe- lentes, mais fe fonr touhouts tftudiez d'y eftablir vn ordre afTeurc & de facile conduite 2 la connoiirance deb chofes qui nous (ont plus voi fines és Eftats voifins: à celles qui nous font prefquc du tout inconnues dans l'efloigncment des Prouinccs & loingtainesiRepubli- ques de la terre , & que de la d-Tcripiion particulière de la grandeur puillance , que Dieu Authcur de la nature, a diftribué aux grandeurs fouucraines eltablies de luy fur les diueries nations de la terre , chacun iuge du pouuoir que chaque Prince & chaque Republique a de fe maintenir en la joijyffance de ce qu'il luy ap- partient j & que l'on voye la diftindion diuerfc de la lîtuation des pays, leur voifinagc, leurs forccs>riche{res 6c pouuoiti» Iclon qu'ils fc maintiennent aujoutd'huy en accord ou dilcord , paix ou goerre les vns auec les autres. C'eft pourquoy pour y tenir vn ordre plus ai- (é, félon la pratique de la vraye Géographie : ôc vou- lans defctire tout l'Eftat de chaque Prince ou Repu- blique , en quel pays ou partie de la tene , où fe peut eftendre le pouuoir & la domination d'icelle , faut prendre le commencement à l'Angleterre , comme Eltat premier , qui donne entrée large aux Empires, Royaumes, Eftats, & Souuerainetcz de l'Europe. Cet £ftat qui comprend aujourd'huy les Eftats de trois "Royaumes , Angleterre , EfcofTc , & Irlande , porte le nom gênerai de i'Ifle de la grande Bretagne , dont le principal ôc plus noble, voire le plus puifTant eft celuy a Ang'cterte , duquel l'antiquité des aages & des fîe- clcs , ont toufîours fait cftat & eftirae pour la renom- me de fcs Princes 6c de fcs habitans. le pouftois paroiftrc vain , ou bien me rendre en- nuyeux , Il le voulois rapporter icy le long débat des jioms anciens de cette Ifle , puis qu'il femble qu'on doit pluftoft attendre de mon dclTein la confideration des chofes que desparoUs» Toutcsfois l'importune cuiiofué de ceux qui les pourioient demander à cette entrée, me [conuitra feuiemtnr à dire , que (elon les fabuleux récits des Grecs , elle porta premièrement le nom de certain Albion , fils imagine de Neptune ; ou bien , fdon les Latins , elle fut amfi nommée pour les rochtrs blanchifians qu'on y apperceuoit autour du riuagc>elle rcceut aprts le nom de Bretagne de ce iror "Bru lignifiant coloré en Anglois , peur ce que les ha- bitans de cette Ifle auoient accouftumc de peindre leurs corps , &c depuis file chargea ce nom en celuy d'hngheiland , c'eft à dite terre des Anglois , à caufe des Anglois Saxons qui la polTcderent. CcLy doit fuffiie à ceux qui veulent contenter vn peu leur cfprit, ou complaire à la parcile qui les tient, d'en faite ailleurs la recherche. Or afin de venir au ipoiud:, rifle de la grande Bretagne eft prcfque fem- blablc à la Sicile , ayant trois poinds > ou caps qui s'eftendi nt en diucrfcs fortes. Le premier qui regarde le Couchant eft celuy de Bplleric,ou d'Antoiieft,nom né des Anglois The (^ap cf Cornuual , c'eft à dire Cap de Cornciiaillc. Le fécond eft celuy de Cantie , qui a fon regard du collé du Leuant , aujoutd'huy nomnié Nonfirla' d , de qui toute la contrée de cette Ifle , qui s'cittiid vers rOauir , 2 pus le nom de C.int , ou de Kent, félon le vulgaire. Le troifiéme eft celuy d'Orcas, de Tatuedée , ou de Taruife du cofté du Nord , nom- mée par les vns DunghumhehtAd , oii D^nsbthtade , Hc par quelques aunes HûH*burne. Cette Ifle eft alîife vers la partie Occidentale de l'Europe , à qui:ize de- grez de l'Equatci'r, & eft oppoféc du Couchant à l'Ifle d'Irlande , du Leuant aux nuages de la balfe Allemi- gne, du cofté du Nord aux Iflcs Oikades , ou O.kues. éc du Midy à la France. Quant à fon eftendue les Anglois qui l'ont plus cu- rieufement confideréc, la mefurent en cefte lotte. Us comptent du Cap de Taruife iufques à celuy de Bellc- rie , pource que le chemin va ferpentant à caufc des riuagcs courbez, à le prendre du Couchant, huift cens douze milles. De ce lieu iufques à Kent trois cents vingts railles. De là par des deftours & rccomgs on compte iufques à Tatuis 704. milles. Tellement que le tout de toutr l'ifle contient enuiron mille hui<5t cents trente-cinq railles. Mais pource que c'eft peu de connoiftrc l'eftendué de quelque pays , fi l'on ne fçait fa bonté, ie delîie auant de m'engagct en d'autres difcours, confiderer ce que cefte Ifle fournit à fes ha- bitans, & pat mefme moyen ce dont elle manque. §lualîtédî4 T^ajs. T 'Air de cefte Ifle eft grolîîer , les brouillards , les j ' pluyts , & les vents s'y affemblent aifément , & l'efpaifteur de cet air eft caufe que le fioid & le chaud n'y (ont iamais exccflîfs. Les uuiâs y font claires, & les maladies rares, tellement qu'on y vfe moins de mé- decines qu'en tous les autres endroits de l'Europe. Toutesfois il y vient de temps en temps, & félon quel- ques- vns , de quatre en quatre ans vnc pefte qui em- mené beaucoup de monde. Le terroir y rapporte tel- lement en beaucoup de lieux , que celuy qui dit le Pa- negyric àConftantin , l'a lotie d'vne fertilité merueil- Icufe. Il produit toute forte d'arbres de tout tempSi fors que le Sapin , & comme dit Cefar , le Faux, mais aujourd'huy l'on y trouue de ces derniers arbres erï grand nombre. Il manque toutesfois d'Oliuiers, d'O- rengers , & autres ai bres , qui nailfent ordinairement en des régions plus cbaudes. Les ceps de vigne y font pluftoft pour parade que pour aucun profic que leurs maiftres en retirent , veu qu'encores qu'ils produifenc quelques railîns, il aduicnt fort rarement qu'ils meu- nlfent comme il feroit necelfaire. On y feme du fro- ment, du feigle, de l'orge, de l'auoine, Ôc de toute for- te de légume. Les bleds y nailfent toft, & raeurilfenc tard , à caufe de l'hu.neut abondante de l'air &c de la terre» Il y a plulîeurs collines fans arbres, & fans eau, qui produifent de l'herbe fort efpaifle , & menue, luf- fifante pour la nourriture des trouppeaux de moutons qu'on y meine paiftre, qui ou pour la douceur de l'air, QU pour la bonté de la terre , ont la laine plus longue, & plus délicate qu'aucune qu'on voye. Or on tient que les bergers d'Angleterre cmpef- chent que leurs troupeaux aillent boite aux fontaines: tellement qu'ils ne font abbteuucz que de tofée, pour- ce qu'ils ont connii par vue longue expei ience que les autres eaux leur eftoient nuifiblcs , &c mcfir.e lesfai- foienC moutit.Et véritablement on peut bien nommer cette laine la Toifon d'or } veu que c'eft le fondement de la rii heflé des habitans, qui tirent grande quantité d'or & d'argent des marchands qui les vont trouuec pour en faire cmploite. Et c'eft de cette laine qu'on fait des draps fi fins, & fi beaux, que les Allemands, les Polonois , ceux de Dannemaik, de Suéde, & de plufienrs autres p^ys en font grande cftime , Hc les acheptent plus volontiers qu'aucuns autres. Il (e trou- ue en Angleterre grand nombre de toute force d'ani- maux» de la grande Bretagne maux , au moins dû ceux que nous auoiis ordinaire ment en ces contrées, excepte que les afnes, Se mulecs y manquent. 4 Elle ne foutîie aucune belle venimcufe & nuifible, & nîcfme elle a Cftce partitularitc qu'il ne s'y trouuc plus de loups, en voicy la laifon. IMiilippe Camcraiius Doùc lurifconfulcc & Con- feillcc au Sénat de Nuremberg , ville Impériale , au liurc 1 1. de Tes Méditations hillociques chapit.8. rap porte la railon pourqiioy aujoutd'bi'y les loups foni: rares en AngUcttrc , diiant que Philippe de Sydiice, fils du Vicerùy d'Iilandc, Cheualier vrayemcnt noble, ilTu delatres-liluftre famille des Comtes de Watuic, appelle par G. Camdcnus en ion hiftoire d'Angleter- re» la grande eipcrance des humains, le vif T.ablcau de vertu, les délices des honnucs dodlt s, déplore tous les jours pour anoa- eftc cnleuc fort jeune hors la vie de ce monde : car connbactant t n vue icncontre près de Zutphcn en Gucldrcs, il fut bicuc, & combien que fa playe fud légère, toutesfois pour n'ouoir cftc foigneux de fa faute , comme il deuoit cftre , il mourut de cette playe toll après, (çauoir l'an 1 586. ' Cettuy-cy ayant eftc enuoyc en ArabaflTade pour le Sereniflimc Roy d'Angleterre vers fa Majeftc Impéria- le , deuifant vn jour auec d'autres fort priucment,, & I($ entretenant de difcours mémorables fe monftroit d imitable. Et comm'e l'on fut tombe fur le propos, s'il cftoit vray, comme les anciens le difent, &c les mo- dernes le croyent, que l'Angleterre ne peut porter des loups, ou nez au pays , ou qui y foienc apportez d'ail- leurs; Se Cl cela fe faift par quelque propriété fecrette & anc.^ aihie naturelle , félon que l'on void d'autres pays qui ne pcuuent endurer rats , fouris , ftrpents , ny autres beftes venimcufes ; il en dccouurit la vraye rai- ibaen beaux termes, laquelle n'eftant , que ie fçache, monftrée ailleurs, i'ay trouuc lieu à propos de la decla- ; rtr fur la defcription de la qualité du p^ys d'Angleter- re. C'eft , diloit Sydnce, vn conte faid à plaifir , que tloflie Royaume d'Ang'ecerre,à caufe de quelque pro- priété naturelle , & autre caufe occulte , n'ait point de , iouDS , car en diuers enJioits du pays on en void és parcs des grands Seigneurs, qui en font apporter d'Ir- 1 lande, & d'autres lieux, pour en faire monftre comme 1 d'vn rare animal; mais il eit défendu fur de très - gcsn- ; des peines de les lailfer fortir de leur enclos.. j Quant à ce que depuis long-temps auparauant, & j Cncores aujourd'huy l'Angleterre en a eftc nette , la . prudence de nos Roys en « ft la caufe. On içait que cét j anifT.al gourmand ôc cruei,efto ir jadis auffi fiequent en | Angleterre , qu'en Aiierongne , & sucres pays , & qu'il | endommagcoit grandement les brebis , dont l'Angle- i terre abonde, & autres infinis troupeaux dcfquels fe recueillent de grands proiits ëc rcuetius tous les ans; tefmoin les bons draps d'Angle terre qui fc font de leur laine, tant renommez pat toutes les nations. Or com- bien que l'Angleterts foit cUimée à caufe de fes Do- gues généreux 6c robuftes,qui armez de leurs colliers, félon la coullumc, ne redoutent nullement vne trou- pe de loups , ainsles combKCcnt courageufement , & s'jls ne les mettent en pièces , leur donnent du moins afptemertt la chalfe : coutesfois on n'auoir pu empef- cher que ce traitise animal n'ait pat fois & de nuiét ôc de iour, dehors ik. dedans les eftables grandement en- dommagé les troupeaux de brebis. Pour ce fut faite vne Oidonnance du Roy il y a fort long -temps ; que ceux qui non de guet à pens , mais pat inaduertance auroit nt commis quelque fo;fai<9:, & ca quelque for- te mtficevoieni: challiment & fupplice , & qyi néant- rhoins pourroient obtenir tcmiiîîon de la peine df niotî, fcioienc ainfi chafticz, à fçauoir qu'ils dèmcu f croi. nt bannis & iiifanus , iufques à ce qu'ils euifent apiiorté quïiquts langues ôc tciks de loups par eux 3 tuez en nombre grand ou petit, félon la difcrction des lugi s. C'cftoit l'amende qu'on leur in;pofoit , & le tribut de leur telle. Cette ordonnance ayant eu grand & long cours en Angleterre, la mefchancctc des hom- mes le grand nombre des coulpables venant i fe multiplier en nombre infiny, eftans bannis s'addon- noient (i curieufement à la chaiTc des loups & de leurs petits ^ qu'en fin il fe trouua plus de challeurs que de loups , au moyen dequoy il n'y eut hallier , cachette, ny folTc qui ne fuft vuide Hc nettoyée de telles beftes mal-faifantes , fi qu'enfin la race en défaillit entière- ment en Angleterre. Et pource que l'Angleterre eft de toutes parts ceinte de la mer, fors l'endroit où elle ab- boutit à l'Efcofle , il fut fort rigourcufcment défendu d'amener des loups d'Ei coHe ny d'ailleurs, qui en peuf- fent repeupler l'Angleterre exempte par ce moyen d'y-» ne telle vermine dont elle cftoit autrefois fort endom- magée , & n'en fut-on plus en peine du depuis » telle- ment de là en auant ce Royaume s'en trouue nettoyé & deliuré , & cela eft caufe que maintenant le beftail couche de nuiâ: par les prairies, & qu'il s'y en nourrit vne fi grande quantité îaos aucune crainte de loups, paifiaus à leur aife fans berger ny garde tant de iouC que de nuiâ: çà Si là par les coftaux & montagnes , à caufe dequoy la peine inuentce aux mal - faiéteurs de l'extermination des loups , puis qu'il ne s'en trouue plus, ny és montagnes, ny és forefts , ny és caucrnes , a efté abolie en Angleterre. Car du depuis ceux qui font bannis cllalfans en vain après tels animaux qui ne fe trouuent plus au pays, font contraints de garder tou-, te leur vie leur ban Se exil , ce qui leur eft vne cfpece de mort. Quant à rEfcoOTe , on ne peut nier qu'il n'y ait des loups, mais pource qu'elle eft joinde à l'Angleterre par vn petit dcftroiâ; bodé de parc Ôc d'autre par vn Aax &c reflux continuel de l'Océan, & pat des tiuieres profondes qui fe defchargent dans !a mer , di que ce petit entre deux de terre borné des deux Royaumes» eft garde par dîs garnifons puifiantes en des placesf fortes , où ii y a force dogues , il ne faut pas craindre que les loups fc hazaident de paffst d'Elcùire en An- gleterre. Que rEfcofTe foie moleftée des loups , on le peut recueillir de ce que raconte Bucbanan liure 5. de fon hkoite d'E{coire/çauoir que Fer haid LlV, Roy d'Ef-» cofie ayant efté blelfc à la çhallè de la dent d'vn lôup» luy csufa vne telle fiivre qu'il en mourut incontinent après. Qi;e la mer Oceane U rrc de part & d'autre ce deftroit quifcrr de limite à l'Angleterre & à l'EfcolTe, il appert parce que i'Hmfitieiir Scuere voulant garder la Bretagne (^qui eft l'Angleterre) contre les courfes dfs ennemis, fit creufer en terre vn grarid folTé , & vn bon rernpar ir.uny dilTus d'vn gi and nombre détours à la longueur de vingt - deux mille pas d'vn bout de la rac:r à l'autre. De mdmcs encores l'Encpetf-ur Adrian ayant f;iic accomu^oder vn folfc) & vne haute leuée de terre , entre les flctiucs de la Tuic ik de i'Eicofie de la mefme froutiece de la longueur de quatre vingt mille pas, affeura l'Angleterre contre les euttcpriics de fcs adnerfaires , comme Bochanan raconte amplement en fon hiftoire d' Ercofîe, & cftauITi remarqué pat Bede," Spartian, 6c autres hiftoriens de ces pays. Camdenus femble confirmer ce qui eft cy-delTus rapporté de Sydnéc fiîfdia , touchant l'extermination des loups en Angleterre , en la dcfcription qu'il fait d'Ordvvic, oudcs villages dê Mongommcry , cora- bsen qu'il propofe vn autre artifice que le précèdent î ii y a (dit-iU force troupeaux de brebis & moutons ta CCS montagnes , où ils paillent fans crainte des loups , qui furent exterminez de toute l'Angleterre q iand Edgariuî irnpofa vn tiibut annuel de trois cens bups à Ludval Prince de ces psys. Le mefme autheUE A t Des Eftats du Roy p . ut la g.tiance matière de ce dit que nnc cl'hlanJe proche d'Angleterre abo .de eni toutcsfois pat cette ouuetturc .'irais en le coufaiit , & loups, tellcoient q.>e iJs Infaiaites ies auoK-m u lis eu le ih.ctant dans le uf ruuit parmy lest^n .hesja playc honncur.'es prévoient pour partainsquMs nommoienc Charichuil , faiUi,s ptietes pour eux , &c leui louhait- fans bonne rencuncrc, pat le moyen d.quoy ils s'efti- rooient aireutcz qae ces belks ne ieui fetoicnt aucun mal , & poiuce ne doit elttc eftiroc incroyable ce cil bien-toft fermée . ^ , ^ poilTon. Les hujfties y fon^ plus délicates qu'en couc autre l eu du monde, & en plus grande abondance, Oucic ce que dclfus , cette ifle produit de l'ot, de 7 mai. oc pou.cc la.gent . du plomb . de l'eftain. & du cuiute. il y Qu'cfciit Atillote liute 6. de l'Hiftoire des animaux raift entor quelque peu de fet , & l on y trouue quel- chap. 5 6 qu'es matelis M. otides ks loups i'a. coftent ques petits : & Suerone mefmc a tematqi.c en la v.e ae des pcf heurs , delquels .Is rompent les filets eftrndus | Ccfar , que refperancc de trouuer des pti es en i iUc en terre pour fcchcr , fi les pefcheurs ne leur font part ; de la grande Bretagne, luy en fit entreptendre le voya- des poiUons qu .Is ont pns. I ge > & qu'elles y cftoient de telle force qu i! pou^ ou Cela fait que le beftail va de tous codez en liberté difcerner la différence de leurs poids auec la main, en Angletette (ans qu'aucun le garde , pource qu'on Mais à prefem il ne s'y en trouue plus que quelques- eft aftfanchy de cette crainte . & l'on y vo.d de iour ,& i vnes petites. & )aunallres, en la cotte d Efcolle, & ucs de nuid grande quantité de chcuaux.de bœufs,& mef- Otcadcs , qui ne patoiffent gue^e mietix que des yeux ° .. n.iT. I j„ 1,., mil» l*-«npr es tu e nroduic mes de bttbis par les prairies, & autres poil»; (tons, qui font communes à tous lesvoifins , lots qu'onapata- cheué la recoite. Le pays.comme l'^y dcûa dit, ne pro- duit pas du vin , mais en tccompenfe ils fe fetuent de biete faite d'orge, & de houblon , qui eft agteable , &c mefmc vtile à ceux qui eu vUnt. 11 y a de belles iiuieiis q«i abbreuucnt tout le pays, & l'on rapporte vne choie metueilicufe , mais vérita- ble , que ia Themi(e , l'Ombre , & quelques autres li- niercs ne croiircni ïamais pour pluyc qu'il faile. Les chcuaux de ce pays , que nous nomirons Guil de merlan. AulTi i lme dic, que les perles q e produit i'Anglf terre font menues, &c de mauuais lultre, neant- moius que Ccfar voulut qu'on fceiift que la broderie du coifclet qu'il offrit à la ftatuë de Venus , en eiloit faiâie. „ Ce pays a auffi des fontaines de fel, & des fontaines ^ chaudes, &c vne pierre nommée Gagate , qui fcmblc rude &C ,vile , &. toutesfois eft de giande vertu , veu qu'elle nourrit le feu en l'eau , tellement qu'il ne peut eftre efteinr qu'aucc de l'huyle. . Et fi quelqu'vn a beu de l'eau àucc quelques pièces de cette pierre raifes en Mœurs des anciens Ângloù. dins , qui font pour la pR,s grande patt hongres', afin poudre . incontinent il Lut qu il fafic de i eau , & ne qu'ils durent plus long- ten.us . eftans ao defcouucit ! peut tenir fon vrinc : & mefmcs cette poudre eft bon- à la pafture . ne tïo, tem pas , mais vont vn certain ! ne à faire ietter du fable. Nous auons du lufqu icy les ambleaueclequelilsauancentnicrueilleurcmcnt:pour jcommodit.z de rAngletmé. il refte maintenant de le moins on void fou peu fouuent le contraire. Il s'y dire en peu de paroles fes incommodité z . & ce donc trouue auffi plus de conils qu'en pays du monde. Les elle manque , & qu elle emprunte des autres , ou pour AnRlo-.sont vn non^bre infiny d'oyfeaux tant ptiuez fes necefTitez , ou pour fts dchces. I, faut donc coni- que (auuages. Les chapons de Kait lont fort grands, pter fpecialement entre les chofcs qu elle reçoit , les comme ceux de Poluerare au teuoir de Padoue , ou efpicerics, lesfuceres, & toutes fortes de fruits qui ceux du Mans , ou de S. Genitz. Les oyfons y font luy viennent de Fpance. & d Efpagne, les vins.les huy- fort délicats auant qu'ils ayent mué : mais cftans deue- ' les , & le houblon necefïaire à faire la biere. les draps nus gcands. Us ne lont pas d'vn gouft beaucoup agréa- , d'or & de foye . la plus grande partie oes ioilcs , & de ble. Il y a quantité de peidnx , fa zans , cailks, mer- toutes fortes de marchandifcs, outre les paftels, la co- les , eriues , & allouettcs , & mefme l'allcuetce s'y en- chcnille,& fembbbles chofes neceffatres a la teinture: craille cftrar^gement durant rhyuer,cui n'eft pas aipre, Et ce pays a vne grande incommodité , qui eft que de %. lors il s'en prend vn fi gtand nombre, que tontes les , quatre en quatre ans il y a vne li eftrange pcfte qu elle tables enfont pfefque couuertes. 11 y a des cygnes par j emporte vn grand nombie de perfonnes. Or après tous les lacs , ôc toutes les . iuieres , & l'on y oyt crier auou d.fcouiu de la qualité du pays , voyons celle des tous les iouts de gtand luaiin, les corbeaux & les cor- petibnnes qui l'habitent ncilles. Et beaucoup de perfonnes tiennent pour chofe af- feutce , qu'il ne fe trouue en.f ays du monde tant de corneilles qu'en Angleterre. Et ces oyfeaux fe nour- lilTent des vers qui naifîent en cette iHe en gtande T Es habitans de la glande Bretagne vfoient ancien- 9 abondance , à caufe de l'humidité de la terre. Mais l-> nement de certaines pièces d'airain.ou d'anneaux, ils portent beaucoup de dommage , pource que non félon quelques • vns , ou félon les autres , de lames de feulement ils mangent leibleds.lots qu'ils font meurs, fer iufqu'à certain poids pour leur monnoyc. Ils n'e- mais encore ils tiicnt la fcmence de la terre auec le bec, ftimoicnt pas qu'il fuft loifible de manger d'vn lièvre, lors que les bleds commencent à paroiftre : de forte d'«ne poule, ou d'vne oye, & toutcsfois ils en nourrii- qu'il faut que les laboureurs mettent en ce temps - là loient pour leur plaifir. Ceux de Kent eftoient les plus des garçons par les chamj s aaec des arcs pour les chaf- eiuilifez d'entr'tux . & n'eftoient guiere d;fferens des fer , à caufe que les feuls cris ne les mettent pas en Gaulois en f.çons de faire. Il y en auoit fort peu qui fuitte. Et pouic. que ce. oyfeaux font fi dommagea- femaflent du bled, &c pource ils vmoient de laift, & d^e bles , & fi fafcheiix , il iat arrefté au confeil des Sei- gneurs , qu'on chei cheroit tous Us moyens de les faire perdre , donnant quelque recompenfe à ceux qui les luéroieut. Les Anglois ont de fort bons poiffons > & entre au très le turbot, 6i le brothct. Et quant au btochet,qui n'cftoit pas autrefois garde , il eft maintenant fort cfti- mé , pource qu'cftant hors des cflaiigs , & mis dans des teleruoits , il s'cugrailïe au pofTible en mangeant le menu poillon , & les anguilles. Puis lors qu'on le met en vente on l'onurc auec vn couteau, & fi par for- tune le pefciicurnc les peut Viiidrc , il ne mcuu pas chair. Ils eftoient couueits de quelques peaux , & fe teignoicnt auec du paftel , pour eftre plus cfpouuanta- bles au combat, & mefme les femmes en quelques |o- lemnitez fie cérémonies alloicnt toutes nues , & tein- tes de cette heibe. Ils portoitnt les cheueuxlong$,& tout le corps ras , hormis h tefte. S: le dcifus des lè- vres, où ils euttetcnoienc toufiours des mouftachcs. Ils eftoient qtteleiucsfoisdjx ou douze, quiauoient ic leurs Rmmes conBmunes.fuiuani en cela la forme de la République de Platon, tenouuellce en noftre âge pat- my les Anabaptiftes. Mais ceux qtii auoient principalement les femmes communes de la grande Bretagne. romunines cnti'cux.c'eftoicnt les frcres aucc ks frcvcs, S;"iutc , m.llc ...s ph.s fca.uc qae la Irgeretc de plu - L les cnfans .->ncc les percs , 6c lors que ces fVnun« liciirs .a qm quelques - vns donn.nr le nom Jf Rci.ti!- aifantoicnt. ou tcnoic pour vuiys peus de tels enfans IclFc , ou de naïK.etc Inns conrramre. Ec pcm dire ccuv qui aua.enc eu la incmiac fleur de ces fomn.cs. I vr..y , «c ne vuy pas que leurs aû.ous (nvnn fojcccs, „^ .1 1 -I o, r veu CRI Ils tnib ent auoir r'ceu cccrc s^race de !a lu- Ils vfoient de chariots en leurs batojllcs,&: aiioiei.t ac- couftumc de Us faire rouler aucc grande vitffle , en lançant Icms uaids , tellement qu'ils rompoient bien louucnc les rangs des ennemis par la terreur de leurs chenaux , &c i-ar le biuit des roi es : & lors qu'ils eftoicnt nuilcs parmy les troupes de gens de chcual, ils mcttoiem lounuit pied à terre , ô:. combatcoicnt en cette forte. Cependant les charrons fc rctivoicnt vn peu hors de la mdlcc : mais rangez en relie façon, que li leurs maiitrcs eftoicnt prcilèz par leurs ennemis , ils pouuoicnt promptement gi gner leurs chariots, & fai- re iccraite. Au reiUScrabon lestiouuc barbares,pour- ce qu'ayans grande quantité de laidjls n'en fçauoicnr, pour la plus grande part , faire du fromage, lis nom- moicnc villes les foiefts entourées de follcz , où ils fe pouiioient garantir des conrfes, &c foudaines inuafions de leurs ennemis. Tacite efctic que les Anglois auoient aceoultumc u'auoir des femmes pour leurs chefs d'ar- mées} tk félon Dion deNicce , ils ne labouroient ia- mais leurs terres , & ne viuoicnt que de leur chafie, de des huiCls des asbres , ne mangesnt aucun poilîon, bien qu'ils en eullent de fore bons , &_en abondance. Ils fuppoitoient aiiement la faim, le froid , & toute forte d'incommoditcz &c de peines. Car eftans plon- gez dans les marefts iufques à la tefte , ils enduroient la faim durant pluheurs iours , & eftoicnt nourris dans les forefts, d'efcorces & racines d'avbrr.s. Ils im- ptimoient fut le corps des enfans diucrfes figures, qui venoient à croiftre aucc eux. Ils eftoienc extrême ment addonnez à la magie, voire en telle forte, qu'on les cftimoit plus içauants en ce mefchant ait , ou du moins autant que ies peuples qui auoient acquis la re- vcu qu'ils (tniblent atioir r'ceu cette grâce de la na- tuie, &c non pas l'auoir acquifc [ ir artifice. Us fe plai- lent à ftihner Irs clhaiigt is , hc n'cfpargnent aucune choie pour leor faire bonne cherc, auec autant de fran- chife que de mngtidicencc. Et c'tll vne chofc remar- quable qu'il elt permis à tout edrangcr d'aller manget chez le Maire de Londres, qui eft obligé de tenir mai- ion ouuerte. Us (ont pnrfai6ts archers , (k courageux à la guerre. Mais on iugc que la plus grande partie de cette nation fe porte pluftoîl d ins les dangers par vn furieux mouuement de (a nature , que par vne relolu- tion pleine de cognoillance du hazard, 6c qui parte dui» lu.u j..,..., v..^ vous font connoiftre en vous tirant toufiours infenfi- la barbarie , ou tudefle n'y eft pas fi grande que ; blement quelque plume , que vous ne (çautuz vous beaucoun de gens s'imaginent. Pour le moins c'eft ! garantir de leurs rafes , èc qn .1$ font plus habiles à chofe aiïeutée que les Gentils- hommes Anglois fontj vous enleuer quelque chofe , que vous n eftes a les pleins de gcntiheffe , & de conrtoifie , & que ceux des | cmpekher de le faire. Et ce dcfir d'auoir de l'argcnf autres nations r ercportent guiere d'auantage fur eux à quelque prix que ce foit , les fait bien pafler fi auant, en ces parties ; combien que la vanité des vues on des ! que les foldats venus de bss heu , pour auoir vn (cul autres les pipe , & les flatte en telle forte , qu'elles fe | tefton de leur compagnon , qu'ils ne peuuent âbufer, oetfuadent , qu'on ne peut rien trouuer de poly , ny i d'autant qu'il fçait aulTi tous les tours de Villon , luy * > - L — H,. T'.j •,; coupperont bien fouuent la gorge, s ils peuuent, comtTie on peut voir aux armées , où ccfte nation fe trouuc. Et pour le rrgard de leur pays , il fe trouue vn grand nombre de voleurs , qui fe rueroicnt à tout pro- pos fur les eftrângcrs , ou paiTans mal accompagne Zk pour ofter la bourfe , & la vie, n'eftoit l'ordre qu'on a mis de faite alferrhler les villages, fi-toft qu'on fe plaint d'vn vol, ain(î que la idtrmanàad s'aiTemble eni tfpagnc. Les villes ne font pas exemptes de cette maniè- re de gens, de forte qu'on y doit foigneufement pren- dre garde à tous, veu qu'incontinent qu'vne chofë A 3 bien aduenant en tonte chofe que chez elles. I aduoue bien que les hommes de balfe qualité y font plus bar- bares qu'ailleurs , mais quant à ceux-cy leur condition les excufe , tk pour les rendre d'autre humeur , ii leur falloit vne autre naiflance. Au lefte les efprits des Anglois font efucille2, prompts , ÔC fubt lors qu'ils paruicunenc à quelque fucccfllon tic biens francs , & il y en a enrô- les vn autre qu'ils nonim nt Rel^iif'- > qui coniifte en Ja icconnoillaiice des titfs , qui fonc en fi j^v ind nom- bre, & cane de fortes, que ceux-là leulemcnr que l'on appelle Militaires, furpartent le nombre de foixante mille, autc plus grand moindre profic du Roy , fé- lon l'imporcantc , Ôc qualité de flcfs , Ôc ces rcuenus lom compt' z pouc extraordinaires , eu efgard aux ex- traordinaires , qui font le Joaiaine de la Couronne, appelle la vieille rente, aucc le reucnu de foixance- milie tiures, auquel cfl vny à pcefcnt celuy du Duc de l'Encbftre , qui rend trente nulle lunes. Mais quand onauia oitc diueries .d]jgîi,ifions qu'on donne (ur ctc- ce nature de deniers , cette rente fera de beaucoup di- minuée. Sur tout il y a le re uenu de la gabelle , ap' peliu'e ia CouUuuh' , qui eiï feulement de ce qui entre au Royaume, & de ce qui en fort, & tous payent c< tre gabelie inditfctcmmenc , tant les eftrangcrs , que les habitans du pays : mais les eftrangcis (ont chargez en quelques chofes quatre fois autant que les Au- glois , &c en quelques autres fans aucune propor- tion. 16 Ce reuenu rcndroit beaucoup au Roy , eu égard au grand abord des chofes qui entrent en Angleterre , 6c en foi cent , s'il eftoit manie par des gabcUcurs parti- culiers, tels t]ue ceux des autres Princes : m«is d'au- tant que le Prince le Icue , la plus grande partie s'en va Cl) picfens , & en brigandages , veu que de deux cents mille & dauanrage de liutes qu'on dit qu'il rend ordinairement toutes les années, il n'en refte preft^c à la Couroncîe que la quatricime partie , & tout le refte cft confuîr.c en clépenfcs, ou demeure entre les mains des Officiers qui en ont la charge. Voila les teuenus plus importans de la Couronne , qui eftoient ancien nemcnt, &c qui font encoies , outre lefquels il y a le profit qui fe tire des mines de fer ,de plomb ni y , &c les Aanntcs iuiirileiu {crit acqiiilcs , fi; pource la Cour df raugmcntatiofi fut or- donnée , comme nuffi ccl'e de? piemices &c di s déci- mes , Se tous cc.% rcueniV'. fe monfcm à p!iis de hui6l cens mille el'.ui. De lotte que tout ce reuentj otxlinai- re e(l d'enuironvn million trois cens mille, îk tant , d'efcus. Il y a de plus, les ûibfide; extraordinaires qui (ont de deux fortes, vca que quelquefois on les tire eu commun dij Royaume, iSc pour cttcfï'.éï on aflcmble les Parlements , qm font les Eftits , du l'on refout cc qui clt nccellaire, Ôc lafsçon île laquelle on doit pro- céder : Hi par fais aulfi le Roy demande aux particu- liers vn fubfide qu'ils nomment Bif nucillance , Si lors vn chacun s'effbrce de ne paroiltre pas de peu d'amitié enucrs fou Prince. A ces voyes de tirer de l'argent, oii en adjouftc vné autre de nortre temps , qui clt h cuiquiifme , ou vhé femblable partie, que la Couronne cire des Corfai-» tes , 6c de ceux qui ont permiilsua d'aller efcumet fur les mers de ceux qui n'ont aucune alliance auec' les Anglois , chofe que les Roys de Tunes fiifoienc anciennement , Ôc qui cil: encore ptadiquée par le Viccroy d Algirr , qui donne recraidte aux Corlaircs, à condition qu'ils luy feront parc de leur butin , & de leuis efwLues. Or il n'y a pcrlonne qui doues que lors qu'il n'y a poiuc de guerre au Royaume , d'autant qu'il n'a ordinairement bcfoin pour la feureté d';iucune des dcTpenfes qui fout plus importantes , comme de l'en- tretien de la caualerie , & infanterie , ny de prouifion d'armée, pource qu'il eilalleuré de luy-mcline: il n'y a fdis-je) perfonne qni doute qu'il ne foie fuffifanc non (euleinent de pouruoir à h conferuacion de la grandeur , ÔC dignité du Koy, mais de fatiifaire abon- darîiment à toutes (es volonrez , pource qu'en oftanc la dcfpence de la garde du Roy de trois cens Archers, &c de cinquante Gentiîs- hommes (eruants , les vns & les autres suce vingt - cinq liures d'cftac l'année & des cinquante priifionuaires à cinquante liures (c'eft à ïçauoir eftreiins ) par an , Ôc oftanc la réparation des poits , & de ce pe u de vai!îc?ux qui fonc en efttc , les canons , le renouuelicment d'iumes , &c de toutes for- tes de munitions , de mefme que la réparation des maifons du Roy , dont il y a ^^rnnd nombre pat le Royaume, outre l'cntrcucn des iuges, & autres gens gngtz , & Officiers publies , tcutes dcfpences verita-r blcment ordinaires, ôc neceiïa'iies à la conferuatisIaUberceduRoyaan.eçft|eftoir compofée de cent trente va-lFeaux . de cent mcru .lleule pour ce regard , ôc ^\ n y en a .ucun qui vmgt - neuf hommes de marque embarquez a leur ofo.t aujourd'hny moins" chatte. Il /a feulement vn defpens , auec 456. eru.teurs bien equ.ppcz . de pomd à ad.oûrcr. qui eft q.e le Roy d'Angleterre fait ^x6. Seigneurs . Gentils - hommes . Capuaines , En- Tayet certL tribut . tant en hiande . qu'en Angle- 1 feignes, Lieutenans . 5c autres pnnc.paux membres terre . à ceux qui veule.t viure Ctholiquement . & , des Compagnies . aucc .6}. fermteurs . de 50. Re, à la Roa-.a,ue , (ans touresfois qu'il leur loit permis gimens ayans .7^. Enle.gnes . ôc vmg. -^^^^^J^^;- d'en faue aucun exercice. Et pour le regard de ce tri- , battans , entre ioquels .1 y auoit pluheuis «ppoint z but"le Roy en cire vne panie, & donne l'autre a quel- ! pour eftre de cheual lujuant les .pprclls que on en eues - vus de fa Cour . qui elbns affignez pour toute , auoit fait es va>rteaux du Prince de Pa. me , lequel fat- Uurvie fur quelques Catholiques, fout paclie auec ; foit conduuc pluhems harnachement pour accornmo- eux de quelq^ue iLme qui leur ea donnée pou. vne : der les chenaux que l'on pretendoit trouuer ca Angle- ffu'efuis terre. Ce Ropumi: na donc point d'autre reucnu extra- Chaque vailTeau & chaque Régiment .^o.t fon vifi- ordinaire que les (ubhdcs .qui font rcfolusparrinter- teur, (on fourrier , (on Threior.er , fon Comm>ffaue uention des Parlements . qui loiu le$ eftats . au temps ; des Prou>fions, ion Chirurgien, des leiTucz pubhques : L quoy les eftrangers tiem- Les Otliciers de luUice cftoient d vt. Audueur Ge- pent aulTi b.en que les Anglois. mais ceux - cy font neral, auec vn Lieutenant, dvn Aîguazd de Roy, IZz auec vne guude commodité . vcu qu'on donne auec fon Lieutenant, de quatre autres Algu.zils. qua- fo^Ifiours deux bernes au payement, ^ cela le paye (e- eftoit af- lon i'eftime de ce qu vn chacun V^^'^^^^^^^^^ \ fif^^ ^Genu -LnL pour pouruoir fur mec de doimer p usou moiiis de Ptos pouniurc, (uiuant le j nucuc\ii)gi. i o f r , „ j», beloin, 6C klon qu. le Pnnce eïl plus, ou moins pref- \ ôc fur terre aux Jifticultez qui fe preicmoient. auec des fe , ou qu II prelle fes fub^e^s. Ma.s les eaimations Ingaiieurs font ra.lon.,abies , non leulcment eu cfgaid a ce que , Le gran c.nonnieis , auec vn General chacun polhde m.is encore ^- ^^/^^^^^f J^J^^/jerCh^^^^^^^^^ pour la terre , ÔC vn General de flut cs lieux Toucesfois ce n cil pas 11 peu de tnoie ucs v^n-iiw.j ' , 1. • . ^ qu'on i jre ordmauement vn million d'or. Nous tous les inftrument^s de ter pour 1 équipage, entre eue- irs llr^parlé des richcms tant de. particuliers ment ôc conduite de Urmec. vn Com.mnianc des mu- Que de la eouionne. Et .oœbien qu'elles (oient les lets.auec zi. conduv...c^^^^^ les deu propnaez qu Anftote recherche en l'aiTiette mes de CaltiUe "cuf Cari.e. de f-^^f^ ' d'vne v.l-e. 'vne dl. que les ennemis n'y peuuent en- deiicts du troifieime O.dre de Saind F^^^/^^^^^^^ cr r que fort d.fficilcment : l'.utre ell , qu'elle a fes y f- tugal, vmgt-deux lacobn.s , quinze " ^.^^ f 1- fuësLtaiiées pour toute force d'emrepnfcs. Caria le, huid iefuites de P^.""^^^ » ^e ^o e qu ou^^^ mer u'klande qu'elle a du colté du Ponint. eft fi b.de, nombre des combattant li y -^^^^ ^ & pleine d'cfcucils ôc de dangers, qu'on n'y peut aller qui ne s'apptocho.ent ny pour donner , ny pour recc- deilus M.ec de grands vailleaux : ôc la mer Britannique uoir. conduis qu'elle a du coltc dumidy, a ion (îux ÔC reflux , auec Vne armée pour grande qu elle fe.t& b CD con^^^ Lué, U decroiflcr^cnt de douze à quinze pas de hau- te,fi elle n'a des prouif.ons ôc ^X^^^^l'}^^^^^^^^ teur 01 uinaire . auec vne fi grande véhémence , que ; eft toufiours lu.uie de bla(me,de hor^e ^^^e ^g«^/^^^ c'ci choie efpouuantable. 'îcllement que pour abor- Roy d'Elp.gne n'ayant -^-PJ'^ " S^^^^f-^^ f ] ^^^^^^^ dei aux porcs , on a beioin du flux , ôc d"vn vent fauo- l'auoir bierj digère y '"^f^^y'J 'f'Z^^^^^^ table : mais beaucoup plus du Bux que du vent . ôc la des , que les Chefs ne deuoient craindre que par coftc de rifle eft de tous coftez afpte , fors qu'en peu de heux, qui font bien fortifiez, comme Vauruic, Douuie,Dorccftre,Zotnes,Dcrtir.ons,Pliment,Ple- mut , Milfort , Brifte. Ce qui fait qu'on peut cftimet que toute l'ifle n'cft ptcfque autre choie qu'vne grande fortertfle, Cetie Ifle n'a iamais eftc piife , ny par guerre , ny par furces ctirangcrcs , Ôc tous ceux qui ont attenté de lafurptendic par armées nauales, y ont trcs-mal-fai6t leurs ôrt-iires, ôc s'en (ont to>/fiours retournez alFez mal -conccns : vn Icul exemple de cecy pallc en nos jours fera comioiftrc combien l'Angleterre eft de dif ficilc acccz. manquement l'armée fe deuft eftonner ny eftrayer. 11 y auoit quinze mil quintaux de bifcuit , M- mil 170 pipes de vin, 6500. quintaux de lard, 543}. quin- taux de fromages , «000. quintaux de poiflon fec de toutes fortes , du Riz pour fournir tiois quintaux à chaque vaifi'eau pour fix mois , fix mille trois cens ÔC vin"t fancgues de febues Ôc pois » vnze mil 590. ar- roiits ou melurc d'huile , vingt ôc trois mille huiA cens ôc feptante arroïias de vinaigre , onze mil huit* cens cinquantc-vnes pipfs d'eau douce. Outre les viuces , les vftenfilles eftoient en grande quantité, ôc de toutes foites, plats, gobelets, enton- noirs ÔC vailleaux de bois , cbaudeiicis , lanternes, lampes, de la grande Bretagne. lampes, fâîots, 5c chande lles Je cire & fuit, plsqtics de ] g< » Ti la nccdfitc le requcroirj Et c'c friit Edoiîird [vloijib & peau . de vaclics pour boucher les troux des j | palTa à rcncreprife de Calais , & d "puis hcnry ii.u)i!cs, fats de cuir.dc treillis & cancnas, cercles pour pipes & tonneaux, huiâ: milîc Ccillots de cniuie, cinq n)ille paires de loulicrs communs , onze mil paires de (ouliers cordez , cordes , doux , cheuaux , charcttcs, roUigcs , moulins , chnbles , aiz, ôc tout ce qui appar- tient à l'atcUage , ou par eau, ou par terre, de douze grollcs pièces ii*aiiillcric,& douze de camp:igne,auec les Tacs de peau de veau pour la poudre & leurs bou- lets. Les armées de refcrue eftoicnt de 7000. harquebu- fes, vk ils foumireiu 1000. moufqucts, 1000. lances, 1000. pcttuilaucs S>ç kalebardcs , 600. picqucs ,' plus des pics , pales & inflcumens ncceffaires pour 700. pionniers. En ce nombre , cftat & équipage l'armée partit du port de L'll>ûïiie , fous la conduite du Duc dr. Mcdina Sidonia , aiTii^é de vingt -deux Seigneurs d'authotiré, de conicil Ôc d'expeiicnce, auec 14. pages, Se xo. ieu- nes Gentils-hommes ou Cheualicrs, de feruiteurs vn giand nouibce. A peine fut - elle dcmarce,'que tirnnt vers le port de Gtongncs en Gaîlice, la tourmente s'élcua fi furieufc- meiît, qu'elle fut contrainte de prendre terre, & d'at- ccndre la bonalTe j ayant perdu à ce heurt trois galè- res de Pottugal, 5c plufieurs tellement écarrées & bri- lles.qu'ciles demeurèrent inutiles pour ce voyage. L'orage appaifé.Ôd l'inconftance du temps alleuréc, cnuiron le zi. luillet 1588. Le General de l'armée fit donner voile fi hcurcufement , qu'en moins de cinq îours il defcouurit la pointe de Comliaille, Se au raef- VUl. au ficge de Bologne, aucc mille vaiifcaux de toute forte. Si bleu que ce fera vne grande & diffici- le ei\ttcprirc d'atraquer cette Ifle , dont les pocts font, ie n'en diray pas d'entrée . mais d'acccz fort difficile» outre les fortifications qu'on y a faites. Il faut adjoû- tet à ces difficultt z la valeiir ôc expérience de ce peu- ple fut lâ mer » ôc en ce qui en dépend ; vcu qu'il n'y a gens plus hardis , ny plus prompts fur l'eau , ny plus duits à y combattre que les Anglois. Ce font ceux" qui courent la mer Oceane, tant en Hyuer qu'en Eftc, auec des vaiffeaux extrêmement légers , ÔC du tout bien fournis .de bons canons , dont ils ont gtande abondance. Ils trafiquent iufques en Mofcouie , ÔC en Cathay, en Alexandrie d'Egypte &c à Conftantino- ple, en Liuonic, en Barbarie, & en Guinée. Us fe font elTaycz de pairer aux Indes , tantoft du colU d'Occi- dent , coftoyant le nouueau monde : tantoft de celuy du Leuant, coftoyant la Mofcouie, ôc le Cathay. Mais il femble que le plus fouuent la nature fe foit entiè- rement oppofée à leurs defteins , ôc leur ait bouché le paUagc. D'auantage , ils ont attaqué l'année 158(7. i'ifîe Efpagnole , ôc le nouueau Monde , & mcfmcs auant l'alliance fai(5ke entre les Roys d'Efpagne & d'AngIeierre,ils moleftoient continuellement ks ifles Azores, le Cap verd , & le Brafil. Deux de leurs Ca- pitaines ont auec autant de courage, que de bon heur, prefque fait le tour de tout le monde. En fin ils fe- roient dignes de toutes loiianges, s'ils n'auoient appli« que tout ce courage, & toute cette induftrie à de mau- uais vfages > veu qu'ils ne s'addonncnt prefque à autre cliofe qu'à écumer , ôc voler tous les vaiftèaux dont ils me temps fut dcfco-juert le port dé Pleumont , par choie l'Admirai d'Angleterre Ôc le Drach Vice -admirai, lef- le peuuent rendre maiftres , ôc porter vn dommage ineftimable à plufieurs marchands Chreftiens qui les tenco' çrent. Et pource que quelques- vns font deue- nus riches en ces voyages , & brigandages de mer , il y quels luy firent tourner vjfage , en l'efcarœouchant de Cl près , qu'il y eu: du defordtc à fe retirer , 6c vn gal- lion perdu , oti l'on trouua vne pajtie des finances de l'armée, Ôc les mémoires de Tordre que le Duc de Mé- dina auoit à fuiure, ayant conquefté l'Angleterre. Elle gaigna h coftc de Colais, où elle deuoit joindre le Duc d< l\rar.e , sr^ais l'armée Anj^loifc qui la vou- loit empefcher,la fuiuit, & la prella de fi près, qu'elle fut contrainte dè quitter ce rendez-vous en ccnfufion, leur GallcalTe générale s'embarrafTant parmy les autres vâiffeaux fut cmpotfce d'vne courante fur le fable, ôc près le port de Calais , ôc demeura auec l'artillerie au pouuoir du Gouuerneur de Calais. Les autres vâif- feaux furent rudement cai]li>nnez ôc écartez par les ef- forts de raitilkiié Angloife : de forte qu'en ces efcar- mouches l'armée eii fut diminuée de douze, ôc de plus de cinq mil hommes. Comme elle print le haut du cofté du Nord vers Notduegue , tiranc vers Efcolfe & Irlande, cette mer du Septentrion ayant dcfla la faifonaduancée pour les tcmptftes &c tourmentes , fe joîia mifetablcmfnt du rcfte de l'armée : clic en mit à fond dix-!epc grandi vaiileaux en la cofte d'Irlatide , en fit échouer, fracaf- fer , ôc cnfablev plufieurs antres : de forte que de i jo. vaiiteaux à ptinc y en cut-il 30, qui s'en purent tetour- uet en Efpngne : Ôc vo;la comme l'Angleterre ne fe peut pas fappcr aifémcnt. li faut adjoûter à la fotre rlîîettcies forces n?ariri- mes , & terrcfttes. Car quant à celles de mer s outre les valions d'aimée , qui fouloicnt eftre au nombre de cent , non pas guietcs hauts , mais gros ôc longs, dont il y en a encoi feptante , ou quelque peu dauan- tage. Le Royai^me a tant de ports , Ôc tellement fré- quentez des uiaichands de toutes parts, que les An- glois difent que les vaiircaux qiii y pratiquent ordinai- rement , portent le nombre de deux mille. Mais quoy que c'en fuie , c'cft choie alTcurée qu'on y peut roettte ecfenible qusirc cens vaifteaux, voite mefme dauanta- en a bcaucoup,qui flatttz de l'efperance d'vn gain fem- blable, ou plus grand , vendenc leurs fonds , Ôc hérita- ges, & armsLnc de l'argent de cette vente des vaiileaux, auec lefquels ils vont en cbuife, Ôc rempîiflent la mec Oceane de meutcrcs,& de voleries. Outre ce que deiïus, il y a grande quantité de gens de guerre ordinairement dans le pays , qui font bons hommes fur la terre , & ne font pas de peu d'impor- tance , foit que l'on air égard au nombre , foit que l'on en confidere la^qualité : car quant au nombre , le Royaume eft diuifé en cinquante êc vne Çomtez , en l'vne dcfquellcs , qui eft celle de Lorcaflïîer , on fait eftat qu'on peut cnrooller dix rpille hommes de piedd Mais quoy que c'en foie , c'eft chofe certaine que le Royaume peut mettre en campagne cent mille hom- mes de pied , &c vingt mille de cheual. Chacune de ces Coratez eft gouuernée par vn Vicomte , qui a la charge de faire amas ôc eflite de foldats , lors que la necelfif é le requiert, ôc lors ils vfenc de cette manieire. Ils font comparoir deuant eux tous ceux qui font à&R^ leurs gouuetneinens , Des Eftats du Roy , balles, poulàres , munitions , bois & autres chofcs ap- 1 pavtenanics aux fadions militaires , dont ils eftoient ! fournis, n'ayans laiilé en arrière vne feule chofe de [toutes celles qu'ils eftimoicnt necelTaites. Toutefois quant aux vailieaux , ceux qui eftoient cncictenus or- dinairement , fonc beaucoup diminuez , veu qu'il n y en a pas guietcs plus de quarante , d'autant qu'où par négligence , ou pat la tiop grande dépcnce > il y en a eu partie de vendus , & partie qui ont efté rendus mal propres à la nauigation. Mais i] faut confiderer que ce peu qui refte , auec l'autre peu de particuliers fubjcds, dont le Roy fe fert en toutes occafions , comme des fiens propres en les payant , de mefme qu'il fait des eftrangers quand la neccflicé le preiTe : tous ces vaif- fcaux , di-je , fupplcenc non feulement à la defencc, mais feroient mefmes en vn befoing capables d'atta- quer, ôc d'ofFencet , veu qu'il court vn bruiél qu'on en tcouue d'efpars en diuers endroids de cefte Ifle , que gtands, que petits, propres à fetuir,i?i aller contre l'en- nemy , en fi grand nombre , que s'ils eftoient mis cn- femble , ainh qu'on pouiroit faire aifémenc en vn be- foing , à vn fimple commandement du Roy , ils raon- teroient à vn grand nombre, les Anglois difcnt de 400. Mais pofons le cas qu'il y en euft va nombre médio- cre , il y en autoitlans doute tant qu'en armant vne partie de foldats d'artillerie, & de toutes les munitions, ôc armes requifes, comme on pourroit fane fans pe;ne fveu que ce Royaume ne porte enuic , pour iè regard de touies (es prouifions necel'aircs , a nul aucrc^ s'ils n'actaquoient perfonne , pour le moins ih ne crain- droient pas , le mettant lut ladefence , aucune force qui les vouluft aflaillir. Pour les hommes de fanion on tient que quand il faudroit faite vn etFûtt,on en armetoit bien vingt-cinq mille , de cotfelets ÔC armes blanches : ie dis quant a ceux que le Roy feul peut atmer j vsu que fi on adjou- ftoit ceux des Seigneurs ôc Barons particuliers, dont il n'v en a aucun pour petit qu'il foit , qui à proportion de fa fuite , ôc de fes moyens , ne foit alTtz pourueu pour armer vn bien grand nombre, iurqucs-la mcfme I qu'on dit qu'il y en a qui en peuueiu atmer des mil- j hers , comme Us Comtes d'âmby , de Sanlbsry , de I Wcftfncrlandc,& fur tout ccluy de Pembrok, encorcs j que ceux- cy ne fuirent pas tous foldats expérimentez, ' toutefois cftans en compagnie de (olds.ts pratics , bc \ cxerctz {'d'autant qu'il en lott pluficuts de ceffe na- j tion , ainfj que des autres , qui s'en vont deçà delà aux guerres) ils feroient en toutes chofcs de grands tlfcds pour l'inclination naturelle qu'ils ont à la guette : & ! ceux-là mefmes qui feroient defarmtz , fctoient pour ' la mcfme raiion g-ande prenne de leurs perfonnes. ! Pour tout le Pvoyaurr.e d'Angleterre lors oi.'il n'eftoic ' pas vny à l'Ef'. ollè , la mer le rendoit allez furt de tous coftez contre tontes les autres nations , horfmis con- tre les Elcoifois , qui font dans vne mcfme Iflc. Mais les Anglois auoient afieuré la fioiuiere auec vne gar- nifon de quinze cens loldats diftnbuez en quatre pla- ces , c'tft à fçaudit vne partie à Baruik frontière du cofté de Leua'.t , afiife à h in-uche du tlcuuc Medo, place fonc , ôc de grand ir;;lî.; pour la pelchc dts !au- mons , vfurpée ancicnnemcnr fur !ts ElcoHois , ôc toufiours retenue pat Us Anglois : vne autre paItie^en la ville de Caried , frontière du cot^é du Poncnt , &; le ifftc en deux autres places de moindre importance aflîles entre CCS deux, l'vneappclîéc Oiclic, & l'autre Watk , entre la ville de Duiam , qui cft vn peu plus eflo)i7tiée , ôc toutefois rcnou)mce entre le; .'inglois, a'iut'ant qu'tucoics qu'on n'y tienne les lolJats (juytz ordinairement, toutefois «tlant fuit puiplce, ciiea toufiours i llé tenue pour vn des principal. x ariefts des toiiilfs des Eicofiois. L hiftonc a'AnsjieteiïC faiA cncoi^s :r.e;irion (pour :r.or.lVrer de la grande Bretagne. 11 iroaftrct les grands foings que ceux qi;i l'ont gouuer- ncc aiicienntinciit onc eus Je h garJu ) d'vii nuic ou tempaïc meuicUltux des Pi6tcs (ces l*idc$ efloicnc ainll ap^>ellez; jiat les Anglois anciennement, c'eft à di- re Bretons , pourcc que le nom de liietagne que le- tient encore à piefciu cette Ulc eft tiié du mot Brit,qm en Anglois ûgnitic peint & coloïc , pource que les lia- bitans de cette Ulc anciennement auoient accouftumc de peindre leurs corps , tk voila le lujsé't pourquoy iU ont eitc appeliez Piftes) iadis induihicnfemtnc &c fa- gcment bally pat les Romains , pour fortifier l'Angle- terre rcdniitc pour lors en Pronince , contic les cour fcs des barbares : le mefrae Camdenns en fait vnc bel- le ôc ample dclcripiion-.Bntie autres chofes il dit qu'en plufreurs endroi ou légaux, & artilans. On compte entre les nobles en premier lieu le Roy, puis les Princes, Ducs, Marquis, Comtes , Vicomtes & Barons, qui font nommez par excellence, Seigneurs, hommes nobles, & ceux-là font fuiuis des Cheualiers, des Efcuycrs ,& autres nobles, qu'ils nomment Gentltmen. Les Ducs, Marquis, Com- tes , Vicomtes, & Barons, reçoiuent ces qualitcz du Prince , ou prennent celles du pere qui a porté quel- qu'vn de ces titres : car le fils aifné d' vn Duc du viuanc du pere fera nommé Comte > & le fils d'vn Comte, Vicomte, ou Baron, les autres enfans des Gentils-hom- mes font appeliez Efcuyers : mais on appelle commu- nément Seigneurs les enfans des Ducs,ôc des Marquis, de mefme que les fils aifncz des Comtes. Il n'y a au refte pcrfonne qui puiffe eftre Baron , s'il ne peut tirer de fon reuerau annuel miile marcs d'or. 11 n'y a perfonnc qui nailï'e Cheualier, non pas mefme le Prince de Galles. Au refte les Cheualiers font faits ou auant le combat pour leur donner plus de courage de bien faire , ou bien après le combat ,dors qu'ils onc rendu quelque preuue fignalée de leur valeur, ou bien pour quelque bonne efperance qu'on a d'eux en temps de paix. Mais ils ne (ont pas tous faits d'vne mefme forte : car les vns font faits de la main du Roy, les au- tres par fon mandement & auchorité , les autres de la main , & par l'efledion du General d'armée , qui les trouue dignes de cét honneur. Et lors que queîqu'vn elt fait Cheualier » il eft à genoux , & reçoit va coup fur les elpauies, ou lue le dos , de i'efpce nue , puis on iuy dit , Sùytz. Chenalier an nom de Dieu. A quoy Ton iuy adjoultoit aucrcsfois , de fainU George : & auanc qu'il le leue, on Iuy dit, AHancez.. Les Cheualiers du Bain (ont faits tels aux facres des 2 Roys, auec de longues 6c curieufes cérémonies. Les Cheual)i«;rs Porte-cnU ignés font faits en l'ar- race, &c peuueni après cela mettre leurs armes en leurs drappeauxa de tnefroes que s'ils.srftoient Barons , mais cét ordre eft prefque perdu en Angleterre. Or de quel- que rang de Cheualiers qu'vn homme foit , fa femme eft audi-colt appeliée Dame , aulfi bien que celle d'va Bâton : mais quant au mary , ii n'a pas le nom de Ba- ron , ains on adioufte à fon nom ce mot de Sir , qui fignifie Seigneur , de forte qu'il fera appelle , Seigneur Pierre , lean , &c. Quant aux Cheualiers dt la lar- tiere,lcur ordre a efté initicué par Edoiiard II I, & c'eft ccluy qui eft plus honorable en Angittcrte. l'en par*^ leray traittant des ordres diuers de cheualerie (ur la fin de ce liure : Et ciaurant eucores que cet ordre n'eft pas tant vne efpece de police, qu'vn ornement du Royau- me , i'en qmttetay le difcours pour venir aux autres perionnes. Les Efcuyers nommez en Anglois Efyuir, ou vul-I gairement Sifuire, font ceux qui portent la marque de leur nobielTe en leurs armes , ôc l'on tient que ce nom eft venu de l'efcu qu'ils pottoient deuant les Cheua- liers , ou Seigneurs : &c leur fut donné pour les diftin^ guer des fimples foidacs. Des Eftats du Roy en quelque f^çoii. Et cercainement on deuicnc noble en Angleterre bien aifcment , veu que tous ceux qui eftudicnt aux loix , & qui font profeflTion des Arcs li- béraux , & ne viuent pas de leur ttauail , ont le nom de Monficur, qui doit eftre donne feulement aux Gen- tils-hommes , &c Efcuyers en Angleterre , & font efti- mez nobles. Apres les Gentil-hommes on met les bourgeois,qui non feulement ont qtaclque magiftrat en leur ville, mais audj en peuuent porter la charge. Or il faut que telles petfonnes feruent à la Republique aux lieux où elles habitent. Ces hommes - là ne font guicrcs efti- mez aux Comtez,finon qu'ils font appeliez aux Eftats: ôc les plus anciennes villes en députent ordinairement quatre, les autres deux, La troificme forte de gens eft de ceux que les loix d'Angleterre appellent , Hommes liges ou légaux , qui peuuent tirer annuellement de leurs fonds la fomme de quarante fols eftcclins , c'eft à dire fix liutes d'An- gleterre , félon le cours de la monnoye du jourd'huy. Ces gens - cy fe déclarent ouuertement non nobles, &c portent beaucoup d'honneur à ceux qui le font : mais ils font par de(Tus les gens de mefticr , &c artifans , qui font mis au dernier rang. 27 Les offices Royaux d'Angleterre font à vie , & ne peuuent eftre oftczi fmon pour crime de leze Majeftc: & s'ils ne font entièrement conformes prefcriueiic le droi6l de fucceder au Royaume , ordouacnc des cailles , don- nent grâces des crimes , redrelibnc les familles abba- tucs par les fautes des predecelleurs , Se ont puilTance de motc 8c de vie fur ceux que le Roy remet entre leui-s mains. LcsOliicicrs des Eilarsfonc les Orateurs,Gre(ficrs» ôc les Arbirrcs.L'ofKcc de l Oiateur eft de propofer,& agcancer auec va beau langigc lesreqacftes ouremon- rtrances qui font pcefencées aux Eîtats. Les Greffiers gardent ce qui a eftc arrefté aux Eftacs, tanc ce qui ctl imprimé, que ce qui u'eft pas publié» CSc qui u'eft qu'au profit des particuliers. Les Arbitres font ceux qui ont cftc tenus parles Sei- gneurs,& ciroyeus>pour habilles hommes, &c capables de connoiftre de ce qui eft propose dans les cemon- ftrances, Se d'en terminer. Or la façpn d'alTembier les Eftats eft telle , que le Prince enuoye des lettres par tout > aux Ducs > Mar- quis , Barons, & autres Seigneurs, ou laiz , ou Ec- cleiîaftiques , qui ont droiâ; de donner leurs voix , & tous fc doiucnt trouuer aux Eftats quarante iours après. Et le Roy enuoye auflli des lettres aux Vicom- tes des Prouinccs, pour ciïire deux Cheualiers en l'af- femblee des Eftats prouinciaux , afin de dire leur aduis pour le rcfte. Le Roy eft en vue falle haute où il eft alfis au milieu delà falle en vn lîege digue dcluy, «3c: vnpeu efleuc: le Chancelier eft uifis vn peu plus bas, plus près du Roy que nul autre: les Archeuefques Sc Euefquesfont à fa main droide , & les Ducs Se Barons à la gauche. Les luges font au milieu entre ces deux rangs , ôc aulîi les Sccictaires du Roy , ailii félon la couftume , fur des facs de laine. Cependant les Cheualiers ôc habitans du Parlement carc'cft le nom qu'ils ont, ôc font au nombre de trois, ou quatre cens) fout appeliez en vn autre lieu (eparément, Se après qu'ils ont deckrépar quelle Prouiuce,pu ville Us font députez, on leur com- mande auilî toft d'ellire vn homme capablej& difcret, qui foit Orateur des Eftats, Se de le prefenter au Roy, deuant lequel il hacangur. Se le Chancelier luy rcf- poud. L'Orateur demande que raffemblée d'em- bas joliilîè des priiiileges anciens , Se que le Roy ne fe fafche pas s'ils difent leur aduis librement , Se plu- fieurs autres chofes : & le Chancelier refpond félon qu'il iuge eftre neceÛTaire. Et quelquesfois deux iours fe pallenc en ces a6bioiis,& harangues. Outre le Chan- celier, il y en a vn qui lit les remonftrances , qui font receuës, ou rejettces félon la pluralité des voix : & Cl la pluralité des voix l'emporte touchant vne nouuelle loy , le Lcétcur efcrit au delTous de la re- mouftrAnce en François ySoit bailié aux communs : Se lors qu'il leur femble , ils font porter aux peuples ces remonftrances par quelques vus de ceux qui font af- fisiurles facs de laine , qui eftans entrez dans kmai- fon , après auoir demandé permilfion ; parlent ainfi à rOr.ncur des Eftats, Excelltnt Stïgncm Orateur, il a lemblé bon pour la Republique au Sénat , Se aux Pères autljcurs , que cecy ait vigueur de loy , Se ils vous prient inftamment d'aduifer ce qui fera expe- dientde faire. Puis eftans partis , & les huys eftans clos , l'Orateur rapporte ce qa'ils ont dit , & fi l'on n'eft- cependant empefché à d'autres affaires , l'Ora- teur demande curieufement leur aduis fur cette re- îTionftrance. Au refts il n'eft permis à ceux qui font alTemblezjde :."cntredire des iuiurts , on de fc tzilUt /'vu de l'autre. Les Eftats ne k tiennent plus depuis que midy eft looné. Si le peuple a pour agréable ce qu'il a plû aux Scnaceurs , il le confirme aueo vnc telle foufcription. Les Commvns ont Asshntez : c'eft à dire que le peuple y a confcoiy : Sc au contraire , fi le Sénat a pour agréable ce donc le peuple eft autheur,ont cfcrit. Les Seighevu-S ont Assentez, Et quand le Sénat & le peuple ue Ibnc pas de mefme aduis , on ellit quelquîs vus des deux maifons pour débattre ccdontilcftqueftion, & propofcr par enfemble leur • aduis , Se bien fouuent après cela l'vn s'accorde à l'opinion de l'autre. De forte que rien ne peut auoir force, ny vigueur, fans cftr e approiiué des deux mai- fons, Se mcfmecela n'eft pas fulfifant , fi le Prince ne le confirme le dernier iour, lors le titre de cha- que ordonnance porte , // a efté crdora.é^ ^c. Et Ton obferue que le Prince l'approuue de l'a propre bouche en François : le Roy le veut : Se lors toutes les ordonnances d'Angleterre font acheuées , & im- primées auîfi toft , horfmis quelques priuileges qui concernent les particuliers. Et lors que le Roy ne veut pas quelque chofe, ou la veut abolis: ,il dit feulement: Le Roy s'aduilcra. Au refte le Roy d'Angleterre abfout de tout crime de fa propre authorité , eombicn qu'autresfois quel- ques Comtes , & les Princes de Galles fe foienc attri- buez ce droiâ:. On ne parle point au Roy qu'en fe jcc- tant deuant luy à genoux, & petfonne mefme ne s'ofe promener danS i'ancichambre , encor que le Roy n'y foie pas, non plus qu'en France. Et il y a e^icor vne chofe, qu'encore que le Roy foit abfent, on n'y ofe demeurer fans eftre defcouuert , ptincipalcrnent s'il eft Anglois : car vn eftranger eft le plus fouuent excusé, comme ne fçachant pas couftume. Il y a trois fortes de iugemens en Angleterre, c'eft 29 à fçauoir des Eftats , dudueïî, Se des afferablées iu- ridiques. La façon de donner la fentence aux Eftats en tous faits , eft, toute femblabje à celle que i'ay défia dit. Pour le dueïl il n'eft pas maintenant en vfagejtou- tesfois il n'eft pas du tout défendu , de forte que les Anglois tiennent qu'on ne le refuferoit pas à vn hom- me qui le demanderoit iuftement. On en voitla for- me aux Commentaires de Bricon, Ces de'xx premic- res fortes de iugemencfont abrobes , & fans appel, de mefme que ce que les luges arreftenr en leurs af- femblées. Les Sièges Royaux font ainfi nommez; pource que les Roys d'Angleterre ont accouftumé de s'y afieoir , Se que toutes les eaufes qui concernent la Couronne , Se fe plaident à l'inftance du Roy , y font expédiées. Le principal iufticier d'Angleterre iuge en cette Cour aucc les autres alTclTeurs. La Cour des adions ciuiles eft celle où fe plaident les procez des particuliers , nez de quelque partie du dronél: d'Angle- terre. Il y a en cette Cour vn luge principal, auec trois Aflefieurs. • Les ordonnances des Magiftrats, ou des luges , font 30 exécutées le plus fouuent par les Vicomtes. Il y a auffi la chambre des Comtes , où fe rapporte tout c'e qui concerne les finances du Roy. Quant aux fuppli- ces , ils n'en ont gucres d'autres en Angleterre contre les homicides , alialfins , rauifteurs , & lemblables cri- mes , qui ne font pas d« leze Majeftc,que de les pen- dre : Se c'eft quelque chofe du tout inufi[ée de donnée la queftion à vn homme , luy trancher la tefte , le met- tre en quatre quartiers , & le mettre fur la roue. Le luge n'a pas puiffance d'amoindrir ou augmenter la peine : c'eft chofe qui doit eftre rapportée au Prince Se à ceux du Confeil priué par le commandement defquels on laiffe les corps des voleurs pendus, iufqu'à ce qu'ils pourrifTent , combien que ce foie B ^Des Eftats du Roy 14 ordinairement la couftun:c d'enterrer ceux qui font j II y a encoresla Cour d'Eglifc, nommée auffi Cour }t exécutez. Si la femme a tue Ton mary,onlabrufle tou ,deChrcftient6. & les Archcadqucs , & Buefques qui te viuc- fi le fciuiteur a tué fon maiftte , il eft mené fur | y prefident , ont vue iurifdiâ:ion particulière , princi- vne claye au lieu du fupplice, ils appellent cela pttit \ paiement en quatre fortes de caufes , veu qu'ils con- iracéfon.Si on s'cft cffayé d'cmpoifonner,on n'en meurt I noilTcnt d;s teftaments, & laiz tiftamcntaires , des de- pas,pource que le Prince n'a pas perdu fon fubjeft. cimes, des mortuaires, & des nopces, & de l'adultère, Quand quelque meurtre a efté commis , tous ceux ou fornication : bref de tout ce qui concerne la con- qui y ont afliftc font pris pour homicides , & condara- fcruation de l'ordre , & ornement de l'Eglife , & qui nez à la mort. On punit les traiftrcs en cette forte:pre mierement ils font pendus, ôceftans viuantson leur ar- rache les boyauic.puis on leur tranche la tefte auec vne hache, & ayant mis leurs membres en quatre quartiers on les met en diuers lieux fur des pieux. Les Ducs, Marquis, ou Barons qui font du Parlement, ont ce pri- uilcge, qu'cftans accufez de crime deleze Majeftc, ils font iugcz par Leurs femblables» En Angleterre il y a certains luges , qu'on appelle de Circuits & luges d'AflifeSjlefquels font choifis tous les ans pat le Roy , & faut que ce foienc certaines pet- fonnes,la probité defquelles luy foit connue : lefquels après luy auoir preftc ferment heceiTaire,!! les enuoye, les vnsen vneprouince , ôc les autres en vne autre. Leur pouuoir eft d'entendre Se écouter les plaintes du peuple contre les luges des lieux &c Officiers de iuftice , comme auffi il s'eftend fur les Gouuerneurs des villes & places des Prouinces. Or leur authotiié eft Ci ample qu'ils peuucnt con- damner à la mort , ou à telle autre peine qu'ils iugent raifoonable , & font exécuter leurs i^gemens & fen- rences fans appel , ôc fur qui que ce foit qui aye delin- qiîé, des luges ou Gouuerneurs. Ils font appeliez luges de Circuit ou d'AfTifes , par- ce qu'ils font le tour des Prouinces qui font affignées à chacun d'eux , Ôc c'eft à eux que s'addrelTent les let- tres patentes du Roy pour eftre exécutées pat tout le Royaume contre qui que ce foit. 21 11 y a vne autre Cour en Angleterre , qui n a pas fa - fcmblable en heu queiefçiche. Lors qu'on rend le droiét à Vveftmonftier, le jour auparauant queles Af- fifes finirent , le Chancelier, les Barons , ôc tous ceux qui font du Confeil Priué du Roy, & pareillement les luges , c'eft à fçauoir les deux principaux lufticiers depuis fix heures iufqu'à onze ont accouftumé de s'af feoir en certain lieu, qui eft nommé la chambre Eftoil- lée, ou à caufe du gr^nd nombre de feneftrcs qui y eft, ou à caufe que le plancher eft femé de pluficurs eftoil- les dorées. Cette Cour a efté introduite pour iuger des chofes faiôles par violence, ôc pour atrefter l'inlo- lencc des plus puilfans, qui font obligez d'y venir ref- poiidrc en perfonne , ôc s'ils ne fe iuftifient bien , ils font enuoyez en prifon près d'vn ruiiïeau qui fe nom- me Fletie , d'où il fort en peu de temps par le moyen de fes amis , auec promelFe de viure déformais plus paifiblemcnt : ôc lors il eft condamné à l'amende en- uers le Roy , à tous defpens > dommages ôc interefts « enuers fa partie. Elle fut eftablie au temps que le Car dinal Vvolfcus Euefque d'Yorc fut Chancelier d'An- gleterre. Ceux qui prefident en cette Cour font le Chancelier, l'Intèndant General des finances, tous les ConfeiUers , ôc tous les Barons. La pluralité des voix l'emporte. Les peines ordinaires font la grifon, & l'amende pécuniaire. Il y a encoresla Cour despupils, qui iugetoutce qui concerne les orphelins , & en la Cour de la Duché de Lenclaftre , les avions pcrfonnelles, ôc réelles, qui concernent en quelque forte que ce foit , les fonds de la Duché, font débattues. La Chambre des Requeftes void les rcqueftes,& plaintes prefentées au Roy , hors defquelles elle ne peut donner aucun jugement : Ôc s'appelle la Cour des pauures.pource qu'il faut que ces luges rendent droidt fans falaires. Elle eft aulfi appel- Ice Cour de confcicncc appartient à l'entretien de la Religion^ Voila l'ordre de la iuftice d'Angleteric , & la façon de laquelle elle eft gouuernéc. Mais auant que ie mette fin à ce dif- cours , ie vous veux dire en vn mot de ceux qui font condamnez à la mort. Quand l'on fait iuftice de quelqu vn en Angleter- J i te , ôc qu'on le mené pendre , tous les parens ont ac- couftumé de fe trouuet prefents à fa mort : ôc après qu'on l'a mené par la ville fur vn chariot , on le con- duit en fin au gibet: où l'on le pend, en loy mettant au col vne chaine de fer.large de trois doigts Et pour- ce que cette chaine ne le peut fi promptcment eftran- gler à caufe de fa largeur , les parents courent fou- dain , ÔC le tirent tant par les pieds qu'il meurt , ÔC eftiment faire en cela vn bon office , 6c digne de ce qu'ils luy font. Cela eft permis parla iuftice , à caufe qu'on en a trouué tel , qui eft demeuré pendu depuis le matin iufques au foir fans eftre mort, en danger de perdre tout enfcmblc le corps , & Tame. Nous auons aftez difcouru maintenant du gouuernemenc politi- que, voyons maintenant comme on fe porte aux cho- fes qui concernent la Religion , ôc le icruice de Dieu, qui font les principaux piuots des Republiques bien ordonnées. Religion d'Angleterre, LEs Anglo RelisLion ...jj ois , félon quelques- vns , receurent la 54 Igion Chrcftienne de lofeph d'Arimatie, ôc puis du Pape Eleuthere , par la prédication de Fugace, 'ôc Damian, qui baptiferent le Roy Luce,ôc vne bonne partie de fes gens enuiron l'an de nottte lalut 180. Mais rifle ayant après efté occupée par les Anglois Sa- xons , le grand Grégoire Pape y manda Auguftin , & Melite , ôc plufieurs autres de l'Ordre fainft Benoift, qui y renouuellerent la foy, Ôc y conuettirent Etelberc Roy de Kent, enuiron l'.^n 506. Depuis ce temps- là iufques à l'an 1554. l'Angle- terre n'eut iamais autre foy que la Catholique Romai- ne , ôc mefme Ina Roy d'Angleterre fort puillant.tcn- dit fon Royaunne tributaire d'vn denier pour feu au faindt Siège, qui eftoit appellé en ce temps-là le de- nier de fain6t Pierre, & fe colligeoit paran.de chaque famille ôc maifon par le Colledleur du tribut de fainét Pierre : Les Anglois fe voulurent par après libérer de ce tribut , ôc de cette rcconnoiftance du faind Sicge de Rome , mais y ayans ellé maintenus malgré leur rébellion par le lecc uis & l'affiftance des François ôc Saxons, au lieu d'vn denier qu'ils payoient annuelle- ment pour le tribut de S, Piètre .furent condamnez à payer le triple. Or Henry VIL Roy d'Angleterre maria fon fils 35 aifné Artus à Catherine hlledc Ferdinand d'Arragon, Ôc d'ifabellc deCaftille, qui regnoient lors en Efpa- gne. Mais le mariage ne fut pas conforamé , à caufe de la mort d' Artus , aptes le deceds duquel pour le bien de la paix entre l'Efpagne, & l'Ang!eterrc,Henry puifné d'Artus auec difpenfe de Iules H. efpoufa la mefme Catherine, & en eut en vingt anné^-s qu'il vcf- cut auec elle, trois enfansmafles , qui moiuurent ieu- nes,»: deux filles. Maisiladuint qu'Henry commen- ça de perdre l'affedlion qu'il portoit à Catheiine : de- quoy le Cardmal Vvlle homme arrogant &ambiticux, ôc qui n'aymoit pas la Rcyne , s'eftanc aduisé , com- mença de la grande Breta nitnçaà luy mertrc quelques (ciupulcs tu ii ceftc Au loii inaiiagc, à cauftf du prcmkr qui aiioic elle couti a- i^é aucc Artiis ; ôc ce qui poulFoic ciicoics ce Cardi nal à peiltuc'cr Ci. diiKncc au Roy, c'clîoic latiaiiic qu'il ponoic à Gh;ule6 ncpueu de Caiheiine , pour l'opinion qu'il auoic que Charles aooic empclclié qu'il fuft crcc P.ipc. D'ailleurs, le Roy aymoit erpcrdu'cijicnt Anne de Bolen , que l'on ccoyoic touicsfois communément cfttc Ta fille, l'ialicurs Théologiens des Vniueifitez de Is Chreftientc cfcciuireiK (ur ce fubic^t , les vus contre Henry V I 1 1» les autres à l'on .iJuantage, cftans j;aigncz (Tav argent. Enci'aiitres chofcs ceux qui luy concraiioieiic difoient , que cette feparation cftoic fondée lue la loy diuine , pourcc que Ouan auoic elpousé Thimar , qui auoic c!lé femme de fou frère ailné : & la loy Molaï jue veut qu'vu ftcrc pren- ne la femme d-' l'autre dccedc l\us cufans.alîn que la race & famille foie conlcruée fans palier à l'elirange- rcj C\ bien que ce mariage cîloic cftably liu" la loy poli- tiue. Mais en fin Henry VllI. leua lemarquc,&: depef- cha à Rora: à Clément V f I. Eftienne G udiner , ÔC François Bricu pour traicter du diuorce. Le Pape remit le iugemem de cecy à certains Cardinaux , Se Theoiogieui , qui refpon lirent q je le mariags eftôic bon , Se valable , 5c ne pouuoic eftce diirout. Toutes- fois Girdiner obtint du P-ipe pour iuges deux Cardi- naux , àlçauoic ccUty de Campegc, ic ccluy d'YorCs ÔC qae la cauje fc debatroic en Angleterre. Mais après qu'on eut longuement difputé , ôc plaidé pour Vvndc pouc l'autre , la Reyue appelia au Pape, di- fant que les luges eftoienc obligez au Roy . l'vn pour l'Euelchc de Vmton , Se i'Ar^heuei'chc a Yorc : l'au- tre pour i'figij Ce de Saiiibjry. A cette caufe le Pape défendit aux deux Caniinaux de procéder outre : Se ordonna que Paul Cap zucco delà Rece , luy en fe- roit le rapport. Le Roy voyant la grande diffioulté de l'aifaire , ôc le peu d'elpoir à'vn bon fuccez , tour- na Ton defdatn contre rAicheuefquc d'Yorc > qui l'a- uoic mis en cette peine , & le defpoiiilla de l'Eftac de Cheualier, Si de riiutrchc,&: luy ofta mcfme V!i Palais qu'il auoic baily à Londres, Ôc\t confina première- ment eavn village, puis en Ton Eglife d'Yorc, & depuis ayant ordonuc qu'on le mcnaft prifonnier à Londres, il mourut mifïrabiement en chemin. Mais pùur tout cela > il ne laiiroit pas d'aymer autant que iamai^s Anne de Bolen , & d'cn.ioyer Cranmer à Rome pour défen- dre fa caufe. Cependant Guillaume Varan Ârch-uefque de Can- torbety , qui auoic rouriouts défendu comme il dc- uoic i le mariage de la Reyne, vinc à mourir , & le Roy à la foilscitation de Thomas Bolen pere putatif d'Anne, & mcfina de ladite Anne , mit Cranmer en la place du defunâ, à la charge de prononcer, mefme contre l'authoriré du Pape , le mariage liul, & ilikgicime, Auffi toft il vinc iufques là que de fai- re accnk-r les Eccleiiaftiques d'auoir reconnu l'authc»- ritc des Légats cftrangers , 8c déclara que tous leurs biens luy eftoienc confifquez , tellement qu'il indui- Tit le Clergé , abandonné des Barons , & ^es Arche- uefques , à le fupplier de fe contenter pour peine de cette faute, de quatre cens raille efcus, en leur quit- tant le relie, & ce fut de là que prit origine le titre qu'il prit de chef & primat de l'Eglife d'Angleterre. En fin il efpoularecrectt;nenc Anne de Bolen, don- nant à entendre au Preftre nommé Roland , qu'il auoic pecmifiTion du Pape de ce faire, Auffi toft après Catherine fit confinée en certain lieu écarté auec trois Damoifclles, & incontinent la Cour fut pleind de llatceurs , qui pour , plaire à Anne comrâence- renc à fe mocquer des Preftces du Pape , Ôc des Sa- crements. gne. Les heretiq.u\s d'autre parf vôyans cette occafîonj^ ' s'etfaycrent en toutes fortes de prouigncr le(;r nou- ucllc opinion , ôi pource, ils firent induire le Roy à le fjire iurcr l'ubcvirincc qu'on promctroic au Pape; pour obtenir cela plus facilement , ils le contcocercnt qu'il adioultaft au ferment cette claufe , E'ttanf ^:4e /a parole de Dien le permtttroit. Et aucc céc artifice ils fi- rent trébucher lean Fifcher E iefquc de Rocc(tre,plein dedoitiine & pièce. £c le famenc eftant preftc, Cran- mer comme ne reconnoilfant plus le Pape, pronon- ça la fentence du diuorce entre le Roy Se la Reyne , fut la fin de l'an 1552.. Ce que le Pape Clément ayant en- tendu prononça, mais trop tard.la fentence diainitiue en faneur de la Rf'yne , df datant les fécondes nopces illégitimes. Lors H:nry hmfitiéme ( i qui Elilabcc naquit cepcndint ) de dcfpit qu'il eut , olh à Cai^ie- rine. Se à Marie fa fille cous ornements , & cicres , & voulue que les Barons iuralTenc de tenir les fécondes nopces pour légitimes , Se la fille qui en cftoit née pour héritière du Royaume, Se d'en tenir Marie pour forclofe comme illégitime En mefme temps il fit mec- cre en prifon lean Filcher , & Thomas Morus , Se plu- fieursRtligieux de l'Ordre de fain£l François, qui ne ponuoienr foufftir co fcAudaic , & fit ordonn-^r en vne airemblce dés Elîats du Royaume , que per foane , ious peine d'eftre déclaré criaiinei de leze Moiefté , n'cuA à reconnoiftre l'authorité du Pape en Anglererre.ou Ir- lande, Se qu'on le tinc luy mclme pour chef de l'Egli- fe Anglicane en terre , & que pour cette caufe onluy payaft icsannates, & ks dccïmes des bénéfices, mef- mesque ce fuft luy qui decidaft de tous les dehats , Se reforraaft les abus, & qu'on n'appellaflc plus le Pape qu'Euefque de Rome fimplemént. En fin l'an 1538. il obtint la confifcarion de tous 17 les Mouafteres de l'vn Se .le i'aucte fexe , Se en diftri- bua les reuenus àplufieurs Gentil-hommes du Royau- me, afin de les rendre incerclTez en ce f^id.Tellement que les Monafteres finirent en Anglecerre enuiroa l'an 1540. & l'on rient que le nombre des Eglif^s rui-' néeseftoicde dix mille. Ftnaîemenc c^ Roy mourut l'an 1546. Se ayant pour fils Edciiard VI. le lailTa fuc- ceflTeur du Royaume , Se Edciiard prit auec le titre de Roy celuyde chef de l'Eglife Anglicane, Se ce fut fous ceccuy cy qne la Religion Catholique demeura couce efteince esi Angleterre , par le moyen d'EdoUard Seimer Hérétique Zuinglicn, qui eftoit oncle du Roy,- qai incroduific aux chaires les Miniftres Lucheriens,& ancres , iufques à forcer les ieunes-gens à les ouyr : & dellors il fut Ordonné que l'on celebreroit l'office diuin en langue vulgaire, conimc on fait encore. Cependant Marie fille d'Henry huidiéme Se de jg Catherine, maintint toute feule la Melfe , & le fainâ: Sacrement en fa ChappclleiEdoii ud mourut dans peu d années après fon couronneme^nt , Se Marie ayant vaincu le Duc de Nortumbne , Sî'kanne fille du Duc deSuffolkfuc receuë Reyne. EHucontinent elle fie ■ annullerleticrcdechefde l'Eglife Anglicane , remit les caufes fpiricaelles au iugemcnt dt- l'Eglife : Se Cranmer fat !e premier condamné par cette voye, Se fit fortir aulîi- toft d'Angleterre enuiron trente mille hérétiques de diucrfiîs nations feéties , &annullà touccs les loixfdides par Edouard contre l'Eglife Ca- tholique j Se pour aduancer mieux la vraye Religion» fe maria auec Philippe Prince d'Efpagne. Mais ainfi qu'elle trauailloit pour remettre ce que les autres auoient dcrtruic , elle dfceda dans la fixicfme atj- née de fon règne. Elizabeth fille d'Anne de Bolen luy fucceda , mais craignant que le Pape j Se les Catholiques ne debatilFent la fuccellîon , elle fut cou- ronnée auec les cérémonies Catholiques : mais elle cercha de maintenir fon authorité par le moyen de l'herefie , & ayant premièrement imposé filence ans B % i5 Des Eftats du Roy portes de 1 1(1' =»ux He e ^ Soui.etainc les Eftats , ou c .le vouU - ^^^^^^ ^ ^ cane au (pmtuel 9" ^ ua pour ;elle. excci^-c voulue que chacun (^/^ ^^'^ ,,,,,^es . & ne Us Barons , afin qu L n. Ce -.le ^ .•vn.ir.nc auec ^ ^1 «^^^;ff,,/ae la confifcacion de de lurer cftou . la prcm « t ^^^^^^^ ^ ^ tous les biens , « de pniun »' i,. -ri- de de la vie. Pat ce moyen elle s apptoptia les an „Ls & les décimes, aboHc la MelTe en ion pays , & "^^c. de la ReUgion CathoUq^e , otdoi^na Dour peine à ceux qui orioienc laMeflî , ou admim C ne le faina Saccemenuquils payetoient la pte- S ^s deux cents efcus . ou ^^^^J^^ mois . & pour la féconde q^^^^.^^^V^^'^J^Jj-..^ feroienc vnc année entière P"^°"g^^^;^^ ^ me que tous leurs biens f^oiej^c conSlquez . & eux détenus en ptifon à petpccuae. \^/^^^.7 le lendemain de la feftelamft lean ^^'1 " J^^^ - ceffec les Melles , & le dium office pac tout le H.o '^ETpourcc qu elle eut aduis de quelques Collèges & et pouic VI Grégoire rrcizielme Son Lhol,qae cona. cou.e force d'heçc .c . fe S™ que dan>lrfdusS=minaucsonyvmo, con " 'et: Efta. .i que l'on y nour^Wr =s hommes r;ao^^:;Tefemer=njoinaà.ousf«çu^.^^^^^^^ Liez d-Angleteiie pour tce^uentec lefd.ts CoUeg« i^°S?n,inaites , de tetoumet en leui pays natal , & à du Royaume P"-"' ,3 publication du pte- f 'T^r 'f:r:ntTen^i; dï pite'. de famille de'^de- :;etfnVtetrinsderotaiaitedeUieu.l«^ Les fansaucune licence & permiflion de la Majeuc œ'patensaeleut^iteten.^ LaT & à tous n.arcl,ands fous les mefmes pemes.de "e«uot aZ.s Uttres de change pou. leu, fa.rt tou- rhpr aucune foinmé de deniers. . Ces Séminaires commencèrent -A^-toft que furie du Caluinifme s'alluma contre les Catholiques H'ALleterre . & que pour l'atroce perfecution qu on tur o r (Tentir fous le règne de la Reyne Ehza- be"h les vns furent bannis , & les autres pour eu.ter u l« fe r Lièrent en diuers endroits de France. d'Iulie / ^d Flandres, pour y viure en alTeurance So" rJs Ê -^^^^^^ ^ commeplufieurs eu.to>ent fanguinaîes des Caluiniftes en quutaru eu oatricfii fe refueians àRomc.cn Flandres, & part eu Te ëln ' n la v.lle de Rheims en Champagne . defi- n Teu fubuenir en leur afE.aion & vrgente ne- effic eftablit quelque nombre de Collèges ou Sé- minaires en certainsKoyau^es & P^y-»"^;^- ta de reuenus & rentes necclTaues P°"^ J tretien necclTaire decertain nombre de P;"« /'^^^^ eets réfugiez de leurs pays pour caufe de petl-^""°" l de Relfgion : Entre lefquels Semmaues U nfi on^ der vn en la ville de Rome, pour la nation Anglo.le^ vn au"re en la ville de Reims, fort fréquente defdus IngïoL.plas trois autres.rvnàLorettep^^^^^^^^ tien Sclauone échappée de la /y"""^^^" ^'^^^^V. ^ vn autre encore à Rome pour la "««on Al emande^K derechef vn troifiefme pour la nation G^^^^^y ^^^^ lefquels il eftablit nombre de fçauans homm" P""^ >nftruire lefdits Anglois vautres eftrangers en la^^^^^^^ dodrine de la foy Catholique . Apoftohque maine en toute pieté & probité de «nœurs , d ou fon| finalement fortis de grands foldats le^^- ^h ont depuis épanché leur fang,& fouffert le martyre en In^et^rc l ailleurs en combattant les erreurs Cal- "^^^:nt.lesdiu..s^«^eretl^^^^ ^p;^^'tï^HoH^^^^ Urremicte eft la fede des Caluinopapiftes , ainfi appelkz T pour autant qu'ils ont quelque relTcm. bl7nce ôc co'nformité aue^cs Catho'''l--",:^t:; fes diuines & cérémonies de Religion: canlsont 1 ursTcheuV^. Euefques , Doyens , Archidia- cre & tous les ordcesSc degrez Ecclefiaft.ques„ouyf- f ns des biens & reuenus qui leur ont ^ftc offign z par la pieté de leurs anceftresi ils célèbrent aufli tout l of- fice d^uinVcc chantent és Eglifcs félon lesheuresdu Lur ôrTnai^ s & accouftumées t c eft pourquoy pou. ce fuiea quelques - vns les appellent Caluiniftes mois ïde icats, attendu la Religion : mais fi on confide- fe leurs miurs Scieurs humeurs, ils font plus cruels nue les Turcs enuers les Catholiques. ^ La féconde fede d'heretiques qui règne en Angle- terre, eft celle des Calainiftes appeliez Puritains , lef- qucl ne veulent rien auoirde commun auec les Ca- tho ques! & pource ils rejettent & renoncent à tou- ; s Ks dfnLs , & offices Ecclcfiaftiques vfitez en a Religion Catholique , comme ilfe void par la belle reformlion de la Religion qu'ils ont mife en auane, dans laquelle ils pubUent calomnieufement auo.r re- r^arquc^nla Synagogue des Calumopapiftes , cent chefs au lins de fuperftition papiftique , comme ils '^^ïua encore des Anabaptiftes tollerez en Angle- terre , comme en Allemagne , qui en fommes accor- den ous auec les deux fentes précédentes , en la hay- ne qu'ils portent au Pape, & en 1^P«^«""-/;^^S^; tholiques car ils font tous foienïtous les jours çn dmorce les vns contre les au- rpourlesdifFerens de la Religion . & qu ils mue- d uem & efcriuent iournellement contre leurs art,- d s difcordans de Religion, ils ne laiffent "eantmoins de confpher à coûte heure la ruine & exnnéhon de la » vaye if Catholique Religion , & s'accorderit enfem- b lequoy qu'ennemis, comme Herodes & Pilote pour deft?u,rc?Eghft delefus-Chrift , ÔC perfecutcr cruel-,^ du procédé que l'on l tenu iufques icy contre les Ca- thoî ques en\ngleterre. puifque toute l'Europe en eft abtrerée , & Us hiftoires Ecclefiaftiques moder- nes remplies de telles cruautez & impietez. I I mefiiffira dédire que lacques VI. luy ayant fuc j ced Ta efté drefsé vn liure de Conftirutions Ecclcfia- ft que .q monftre affez la Religion qu'on y tient, le voîs en^diray donc les poinfts principaux en peu de paroles. Premic- PrcmicreiMent il ifl dit que le Roy il'Anglcterre fe- ra tecouiiti en tons (es Elhrs poui clic^ de Tiiglitc Aiij^licanc , ôc que ccluy qui en dotiicr.i, (oie tenu poiii- t xcommnriic , de mthnc q.!c GclHy q'ti dira que forme de la Liturgie eiUblic ci l'Eglile An^lic.uie, Se compiife au lintc des prières publiques , (k de l'ad- miniltration des Sicem-Mi'i , cl\ fernicc corrompu, fuprtltitieux , tk illicire.-d: p.uoillemeiic quiconque dira que quclqti'vu des 1,9. .nriicks avreihz ;ui Synode tenu à Londres l'an elt Ciipt rlhtieiix, ou crronnc en quelque forte ; comme auffi cch'v qui biairaera les Ccremouies d'Ap.[',lcLCfrc: , la difciplnic des Arche- ueiiïues , Euefques , Doyens , & Archidiacres > ôc la fuçon de les ordonner: &c ffniblablcmenc ceux-là font excoinmnnic'z par ordonnance , qui aircurcront quM cft permis à q.H'lqae nnniihc que ce ioic, ou à vn layjou àqjielqaes vus des deux ordres alïbmblcz, d'ordonixei des chofes Eccîcfialiiques fani i'authorité du Roy. Il eft au(Tî die que Uon obrernera les Dimancîifs, 8c les autres jours de feile.l'aiuinc l'iaftitutiori de l'cgiiie Anglicane , c'eftà fçauoir en oyant lire & prelcher la parijîc de Dieu, en fail';int des prières pubiiques,& pti- Lc:s ,ôi M nillics , ou Curez en toutes les Eçiifes Cathe- dralts, (In: ColUgia'es , & en to^ites les Chappellcs , 8c mtfmes que cous les Mecrcdis, 8c Vcadrcdis , en- cores qu'il ne foie p is Felle , le Miniftre fera prcft aux heures ordonucci pour prier Dieu dms i'Egliie, ou la Chappelle , ayant appelle le peuple auec la clo«he , récitera laLiranie contenue audit liure, ôc que tons les pères de famille , principalement qui de- meurent feulement loing de l'Eglife demie lieuë> fe- louc ooligtz d'y afiifter , ou d'y eîiuoysr au moins quelqu'vn de leur maifon , capable d'afîîfter le Mini- ère durant les prières: que la forme 5c les ceremo- niesde la Liturgie, & de !a G -'ne feront obferuées par toutes tes Académies , ôz Q*eniceîles (es efcoliers Se prefedts vferoncdofurplij enleurs Eglifes, Si Chap- pslles, aux Dimanches, &ioars de Feltes: que tous fe raet:roa: à genoux lors q«'on dira la Confe(lioa,8<: les Lit3nies>& autres prières: &c qu'ils fe tiendront debout lorsqu'on dira le fymbole. Qae tous les O:conomes des Parte iiTes, après auoir pris cunfeildu Muiiftrepour ce regard, tiendfécprefte la quanritc du pain ds feigle & de bon vin 1 qui fem- blera ncceiîaire pour le nombre des communians > au iouc de ia Gcne qui fera ordonne : aux defpens toutes- fois des Parroirîîens, &c que ce vin fera porté fur la ta- ble en va vaiireaujqui fera pour le moins d'c'lain. Qae l'on fera pour le moins la Cencrrois fois l'an- rc; .• que ceux qui adminiftreront la Ccne aux Eglifes Cathedralssj feront parez de leurs Chappes aux feftes folerandlcs. Que ceux qui font publiqucme^nt reconnus atteints de qaclque pèche qui leur eft ordinaire , feront reiet- t*z de la Cene. Que tous feront la Cene en leurs ParoiiTes- Q[uc les pères ne pourrôt eftrc parrains de leursen- fans,rii pareillement lès enfans incapables d.; la Cene. Qu'on i'era le figne de la Croix fur les enfans en les baptifanc. fansaduoticf toutesfois que ce figne foit de i'cirence du Bapcefme , tk que l'enfant eft faid Chre- ftien fans le fîgne delà Croix, auiîî roft qu'on zdk,Ie le h-H'tife au mm dit Pirt,& du Fils,^ du fainEl Ejprit, Qiîc quand on deura ordonner des ^Mmiftres, il fau- dra tnjouidre vn jcufne , &c qn'vn Euefquc ne fera pas en mcimeiouï, & tour à la fois vn homme Diacre, & Prfft'. c : & outre ce > qu'aucun ne pourra eftre fait de la grande Bretagne. 17 Diacre, ny Preltre , s'il n'a quclqtrc h'eu ajrefté pour exercer le Diaconat ,011 la Prcftrifc en quelque Eglife Cathédrale, ou Collégiale , ou s'il ne monihc qu'il eil dcilgné ChappcUain en quelque Collège de Cambri- gc, oud'Oxfort, ou bien qu'il clt maiftre aux Arts dûr puis cinq ans. Que fi vn Eucfquî reçoit quelqu'vn qui n'ait aucun de ces titres, il iera obhgé de luy fournir tout ce qui luy fera befoin,iufqucs à ce qu'il l'ait pourueu eu quel- que Eglife. Que s'il tcfufc de ce faire , il fera fufpcndu pour vn an.par l'Archeucfquealîîfté d'vn Euefque, du pouuoir d'ordonner des Diacrcs,& des Preftres. Qu^on ne receurapcrfonneGns rint«rroger,&: exa- miner , qu'on ne donnera les Ordres à aucun , fi pre- mièrement il n'accorde ces trois articles , que le Roy eft Souuerain en Angleterre, tant pour le regard du fpiricuel que du temporel : que le liure de la publique Liturgie ne couticnc rien de contraire à la parole da Dieu, & qu'il fliiura cette forme aux prières publi- ques , & en l'adminidration des Sacremaas : & en troifiefme lieu qu'il approuue le liure des artiçles de la Religion arreftcz au Synode tenu à Londres l'an- née 1J62. Que ceux qui auront receu les Ordres ne feronr ad- mis aux bénéfices fans de bons témoignages de leur luffifance & bonne vie. Que ceux qui deutont cftre admis aux bénéfices, jureront que leur faieSb eft fans fimonie , qu'on difpen-^ fera rarement de tenir pluficurs bénéfices. Que les Doyens dts EgUfcs Cathédrales feront o- bligez à y faire deuë rcfidence. Que les Doyens , 8c Prcbendaires qui refident aux Eglifes Cathédrales, font obligez de prcfcher , & que les Prcbendaires bénéficiez font tenus de demeurer en leurs bénéfices. Que les Bénéficiez légitimement abfents de leurs benejïccsfont obligez d'y auoir vn Curé qui prefchc. Qu^e les Miniftccs ne feront admis pour Curez, fi ce n'eft par l'approbation de l'Eaefqucou de l'ordinaire.' QueîesGlofes , & les Paraphrafes font défendues en la îe£ture publique des Efcrirures aux Miniftres qui ne font pas adonis à la predicarion. Que la forme de la prière fera imitée des Prédica- teurs au comraenceraeâît de leurs Sermons. Quclalcdure des prières publiques, i'admini- ftration des Sacrements deux fois l'année, eft enjointe aux Miniftres purement Prédicateurs, & que les Mini- ftres purement non Prédicateurs admîniftrent les Sa- crements auec eiScace. Que la côfirmation fera célébrée en la vifite que les" Euefques ferot de leurs Diocefcs, de trois en trois ans. Qôe les Catéchumènes feront offerts à l'&uefquc eftant en vifite, pour eftre confirmez. Que les Miniftres n'efpouferonc aucuns fans qu'il y ait eu des bans, ou qsie lesefpoux ayent efté legicirae- mentdifpenfcz. Que les Curez, Vicaires, & ReiSrears aduertiront les jours de Dimanche le peuple > s'il y a quelques feftes ou vigiles en la feraaine fuiuante. Q^tout Miniftrequi aura la permifîîon de pre^- cher,s'eflayera de réduire les Catholiques refufans qui feront dans fa Partoifte, à la Religion d'Angleterre. Que les Miniftres ne refuferont à perfonnc le ba' ptefme , & la fepulture , finon qae le defund foit mort excommunié pour quelque grand crime. Qf^ie le Miniftre ne pourra difFcrer le baptefmeen l'extrême neceflîté. Que les Miniftres feront obligez de garder vn regi- ftre de ceux qui feront baptifez , qui fe marieront > èc qui feront enterrez. Qina ne pourra prefcherjni faire la Ccne aux maisôs Des Eftats du Roy 18 particulières , & que les Minifttes ne pourront aulTi lies pour dcfaire vn mariage. cclebrcr de leur mouuement particulier les ieufnespu- 1 Que les fentences du diuorce , &: d; la fe^iaration blics , & les propheries appcUces ejcorciinrs^s, &:ne jne le donneront qu'aux fi;ges deUiftice: &: que de pourront aulTi faite des alTemblée^ particulières. j ceux qui feront ainii feparez , l'vn ne fe pourra marier Que celuy qui fera vne fois Diacre , ou Prcftre ne pourra pas après le rendre Iay,& quiter fes Ordre Qu'en n'enfeigncra ny publiquement , nycn parti- culier fans congé de rorÙ!n;ure. Que les Curez habiles feront préférez aux autres par l'ordinaire. Qnjl y aura dans les Eglifes des liarcs de prières publiques aux defpenv des Pactoilfions , comme aufH des Bibles Cii grand volume , &c des liurcs d'homélies approau-iz en. Angleterre, Q^ii y jur^ aii{Tî de:; fonds de baptefm? , & des tables pour U Cenc- dans i'.s Eglifes, comme aulîî des chaires propres pour la predication,&: des troncs pour Its a»;ïioines. Q^'o" vififra les Eglifes de 5. en 5. ans , & qu'on figmfiera les chofes dont elles ont bcfoin aux Coiii- milTl'ires eftahiisparle Roy fur ce faiét. Qupn fera des inuenraires des fonds , & biens des Eglifes, & qu'ils feront gardez aux archiues des Euef- ques. Q^c les Occonomesj& Inquifircurs des Eglifes, où les afljftans ne permettront pus qu'on joué des Corne- difS,qu'on banquette, qu'on tienne la Cour feculicre, ny qu'on face la monftre des foldat.s,ou telle autre cho- ie prophane , aux Eglifes, Chappelles , ou Cimetières, ny qu'on fonnc aulfi fupetdirieufemenc l^s cloches aux ftftes qui font fupprimées par le Uure de la Litur- gie publi que, ny en leurs villes. Que le mariage contradc dans les degrez prohibez fera nul. Que ceux qui n'auront atteint l'âge de 10. & vn an, rr pourront contrad^er mariage fans le confentemenr de leurs parcns. ^ Qijs les vefues ne feront pis obligées d'auoir le confcntem^.nt de leurs pare ns , lors qu'elles voudront £e remp-riei . Qu'il ne faut pas ouyr la (Impie confenioa des par- ailleurs, tandis que l'autre ft-ra en vie. Qu'on defcouurira aux Cours ceux qui ?.yâs atteint l'âge de 14. ans a€ communieront pis la fefte de Paf- ques; de mefme auffi que ceux qui troubleront les prières, & fc porteront infolemment aux Eg'.ifes. Qu'il faut d-^uoncer aux Xiiniftres les péchez no- toires , mais qu'il eft défendu de defcouurir ceux qui auront eftc confcfTez to patticulier. Q^e les Oeconomes feront obligez de déférer eeux qui font refufansde iuiurs leur Religion. Qu? les fentences qui concerneront les Miniftres pour le rcgird de les priuec de leurs bénéfices, ou offi- ces , feront feulement prononcées par l'Archcuefiijue, Voyla à peu près les poinds principaux de ces conîli- tutions EcclefiJtftiques formées à plaifir , contraires en beaucoup de lieux à celles des Ciluiniftes qui rejet- tent toutes les ceremcniies q i font obferuees en An- gleterre. Au refte les Catholiques n'y ofenr faire exer- cice de lei:r Religion , 6: afin de viure paifiblemenr, font taxez félon leurs moyens à taftt pour année. Mus pource que le Roy d'Angl;terre afliigne beaucoup de gens de fa Cour (ur cefte exaflion , ceux à qui l'afiî' gnation eft donnée , conui..'nf.ent aucc les Catholi- ques à certain prix poui vue fjîs , & ns leur deman- dent après aucune cliofc. Il cil dçf,;nda pareillement aux Caluiniftcs défaire exercice de leur Religion. Mais ceux cy ne payent rien pour viure paifiblcmcnt en Angleterre , pource qu'ils s'accordent auec les autres en ce qui touche le Pape j tellement que les feuls Catholiques y font fou- lez. C'cft tout ce qu'on peut dire pour ce regard. Ec puis que nous auons traiété aflèz au long de toutes les parties , 6< conditions dice R.iyaume , il fiuc mettre fin à ce difcoats > pour venir à ci^iuy d ^ l'Efcoffe, après auoic reprefenté les noms des R..>ys d'Angleterre : & les Archeucfcht z & Euefchez anciens de ce Royau- me. ROYS DANGLETERRE- L^Hiftoire d'Angleterre efl toute pleine de cùnfu[ion iuftjues a, Egbert , cjui régna C an hu0 cens 1'». Et pource te neferay poïm de difîcuUé de faffer [ont fiitnce tous les autres qm l'ont pre- cctié y é" de commencer par cejluy cy. L'an 80 1 . Egbert 1. commence de régner , il règne ' 37. ans, racutti'an b;.4é. Eldrede rignc 9. ans, meurt l'an 95 j. Eduin tcgrte 4. ans, meurt l'an 559. Edf gar tegnc 16. ans, mcuit l'an 975, S Edoiiard Martyr rcgne 3. ans, eft rue par les em- bufches de fa maralhc Alftede,& depuis mis au nom- bre des Sainds : fa mort fut l'an 978. Ethelrcde reguc 58. ans, meurr l'an 1016. Edmond cofté de fer, règne i. an, meurt l'an 1017. CanutRoydeNornfge,&dcDacei& depuis Roy d'Angleterre, ayant chaiïe Edmond, & Edoiiard en- fans d'Edmond cofté de fer , règne en Anglcccrrc to. ans, meurt l'an 1037. Harald règne 4, ans, meurt l'an 1041 • Canut 2. règne i.ans, meurt l'an 1045. Edoiiard S. Roy, règne 15. ans, meurt l'an 1066. Harald II. règne vn an,mcuttranio67. Guillaume Duc de Normandie chalTe Hatald , & fc rend maiftre de l'Angleterre, règne 21. an, meuic l'an 1088. Guillaume le Roux rcgne i5.ans,meurt l'an iior. Henry I. règne 55. ans, meurr l'an 11^6. Eftienne Comte de Bologoe, nepucu de Henry fe fftifit du Royaume, règne i9.ans,meurtran 1155. Henry dcuziefmc rcgne 3 j. ans, meurt l'an 1190. Richard i. règne 10. ans, meurt l'an i zoo. Ican rcgne 17. ans, meurt l'an 1217. Henry 5. règne 56.ans, meurt l'an i 27 j, Edoiiard i. rcgne 35.2ns,meurt l'an ijoS. Edoiiard 2. règne i9.ans, meurt l'an 1 327. Edoiiard 3. règne 51. ans> meurt l'an 1578. Ridiatc! 2. Richard i. règne ii.ans,mciut l'an 1400 . Henry 4. regtic 14. ans, mciut l'an 1414. Henry y. règne 5). ans, meure l'an 142. 5 . Henry 6. regop jb'. ans, mcuic l'an 146 i. Edouard 4. rcgnc zj. ans, mcuct l'an 1484» Edouard j. reg'ic mois, meure âge de i i.ans. Richajd $. règne 2. ans, meurt l'an 1485. Henry 7. rcgne i^. nns, mciuc l'jn i y 10. Henry 8. règne 38. pns, mcuit l'an r547« Edoiiird 6. rcgne 6. ans, meurt l'an i 5 jj. Marie auecl'hilippc d' Autriche rcgnc 5. ans, trois mois, nieiiit l'an 1558, ElizabctU règne; y.y. ans, meurt l'an 1605. lacques Roy d'Êfcoire Iny a ùiccodé au Royaume «fAnglecerrc, lequel cft more le i^. Mars l'an 1615. & a laiile héritier de fcs Couronnes Se Royaumes fon fils Charles Stuard, Princsde G ilies, m iinten int Roy de la grande Bretagne, lequel atiilî-toft que le feuRoy fon perefucdeccdc, en donnaaduisau tres-Chre,ftien Roy de Frasice Louys tteiziefme fou trcs aymc beau frer'e,coufia&; ancien allié, & ce par courier dépcfchc du Palais de Vvethal où il eftoit , le z8. Mirs i6i^. & donna charge àfes AmbaiTideurs extraordinaires, les fieurs Comtes de Cartille 6c ds Holland , déléguez auprès fa Mjjefté tres-Chreftieane,de kiy faire enten- dre qu'il ne defiroit pas j^ulemenc fucccier à la bon- ne amitié que le feu l qui nevefquit que trois iours. Richard , furnommc Cœur de Lyon, Roy d'Angle- terre i.du nora,accorda en mariage enuiron fan 1 189. de la grande Bretagne. 19 hx de Francc,4.liilc de Louys le if une, Roy de Fran- ce : mais il n'cull cfr'tt, & poiirce Richard époirra de- puis Biicngairc de Nauarre, 6^ Alix,Guillaume Com- te de Ponthicu. lean fécond du nom. Duc de Bretagne , Prince du fajig Royal de France, époufa Beatrix d'Angleterre,' filie de Henry III. Roy d'Angleterre. De ce mariage folemnifé à S.Denysen France l'an iify. en prcfe.nce de S. Louys Roy de Fiance , & du mefme Roy Henry IIL fortiicuc deux fils & trois filles. Emond Comte de Lancaftre.fiis de Henry UT. Roy d'Anglctoire , époufa Blanche d'Aitois, Princeiïcdu fang de France , fille de Robeitde France , premier Comte d'Attois, & de Mahaud de Bra,bant fa femme. Blanche d'Artois auoit en premières nopces époufc Hcnty Roy de Nauarre. Edoiiard premier du nom, Roy d'Angleterre, cftant veuf de Leonor de Caftille fs o:emiete femTiejépoufa l'an 1299. Marguerite de France, fille de Philippe le Hardy , Roy de France , <3c de Marie de Brabant fa fé- conde femme, de ce mariage fortirent deux fils Se vne fille. Edoiiard fécond du nom, Roy d'Angleterre, époufa en l'an 1 509. à Bologne fur la mer, Ifabeile de France, fille paifnce de Philippe le Be!>Roy de Fratîce,& de la Rcyne leanne deNauacre fa femme : mariage honoré de la prefence de 4.Rois , à fçauoir du inefme Philippa le Bel, de Louys Roy de Nauarre fon fils , du Roy dçs Romains, & du Roy de Sicile. Du Roy Edoiiud 2. 8c d'Ifabeau fa femme fut fils Edouard 3. Roy d'Atj^le- terre. lean furnomméle Vaillant, Duc de Bretagne 5. du nom, époufa en l'an 1341. Marie d'Angleterre, fille d'Ëdoiiasd 5. du nom Roy d'Angletecre,de leur maria- ge ne vindrent enfans. Edoiiard Duc d'Yorch, fils aifné d'Edmond , Qojnte de Cambrige , qui eftoit ûh du Roy d'Anglcterré Edoiiard 5. cftant encore fort ieuae fut accordé en mariage auec Beatrix de Portugal . fille vniqa.-; de Fer- dinand Roy de Portugal , iifu de fang de France: Mais ce mariage accorde enuiron Tan 1381. n'euftericct» Beatrix ayant époufé depuis l-^an 3. du nom , iloy de Caftille. ' ' lean i.du nô Roy de Portugal, furnomçié de bonne mémoire , ylïïj du fang Royal de France, époufa Phi- lippe de Lancaftre,fi!le de kan. Duc de Lancaftre, qui eftoit l'vn des fils puifnez d'EdoLi^rd 3. du nom, Roy d'Angleterre, Ce fiiariage fut célébré l'an M S 7. Richard 2^ du nom Roy d'Angleterre, fut conioint par mariage, donc le traidé fe fit l'an 1395. atiec Eli- zabeth de France, 5. fille de Charles 6. Roy d,e France: en fécondes nopces elle époufa Charles Duc d'Or- léans, lequel de Marie de Cleues fa deuzieme femme eut Louys 8. Roy de France Henry 4. Roy d'Angleterre , farnommé de Lancia-' ftre époufa leanne de Nauarre, nllelde Charles fécond du nom , Roy de Nauarre qui eftoit Prince du l^ng Royal de France, & forty delà branche d'Eureux : Gé mariage fut faiâ: l'an 1403. & d'iceluy ne fortirent en fans. Henry fils aifné de Henry 4. Roy d'Angleterre, ac- corda en maria£»c Marie de France deuxième fille du Roy Charles 6; mais ce mariage ne fut confommc. Elle fut Religteufe Se Prieure à Poilfy , ce mariage fut traidél'an 1407. Henry j. du nom Roy d'Angleterre, époufa Cathe- rine de France de la Reync Ifabeile deBauierefa femme, lequel mariage fut traidé à Troyes ^ Cham^- pagne le 2 o. May 1 420, Ican Duc de Betfort ;.fi!s de Henry 4, du nom Roy d'Angleterre fat marié à Troyes en Champagne l'aii I 41}. auec Anne de Bourgongne , cin^uiefme fille de ! B 4 20 Des Eftats du Roy Il ace d.j (au- Royal a ï Icaa Djc Je Boiivgoiigoe Fiance, 6c Je Muj'aciuede Bmiere fa femme. VaaJcmonc, de lactes-ilUiftre miifon de Lonainc. Frrahçois de France Duc d'Anguien 6c d'Alençotï, Hcniy 6. Ju no'rn > Roy d'Ang'.ctenc , cpoufa en la j fcerc du mefme Roy Hen;y j. s'eftatit achemine en ville de Nan:y en Lorraine Tan 1444- Mafg'Jer'':« j ABglererre l'an 1581. y cuft au3î des articles de maria- d'Anjou , fille puifnce de René Roy de Sicile , Duc ge arreftez enrre luy & la merme Reyne Fliz^beth d'Anjou , l-'rince du fang de Fcanee, &c d'iïabellede j d'Angleterre : mais ce mariage n'euft aucun effedt. LortauK- fa preroitie femme. ! En l'année 1614. s'cft aufli traité le mariage entre ChaiksDucde Bou! -;)ngne l'an 14.68. fut con- j Charles de Stuard Prince di: Galles , fils puiiné de lac- joiiu- par mariage auec Margua.te d'Yorch , tille de ques Roy de la grande Bretagne , au,ec Matie de Franç Richard Duc D'Yorch , Si fœur d'£clouâvd4. du nom, | ce fille du gcand Henry 4 du nom , Roy de France Roy o'AngW 'tive, Ch;a!cî DauplMndeVicnnois.filsduRoydeFiance Lonys vnziefme , Se dc^mis fon fuccclTeiir à la Cou roonê de France , fous le nom de Charles huiitiïfme, cftant encore icune fut accorde en n^ariage auec EH zabeth fille d'Edoiiard qoattiefme Roy feu CarIicenA$J ESTAT 21 ESTAT DV ROYAVME DESCOSSE SOMMAIRE. I» Efcop premièrement appclicc Allfanit y fa de/cri ption cr fcs PtoHiticei. I. Riuieres & flinues fUu notables du pays, î. Fortjidt Caledoine , où il y » des bœufs blancs indomptables , portans le crin femblable à cehy du Lyon. 4. jiire des charbon tjieu abondant en bttumterreftre. 5 . Mine d'or en Cranford , d'où l'on tire l'or fans pei- 6. Li lac de Loumond & les fmgulartttz. remarqua bits d'vne Ifle flottante. 7. 'Suth^khameypays^ui ne peut fouffrir derats. 8. Fontaine d' oit four dent des goftttts d'huyle de nota- ble ver tu. 9. EfcoffoU anciennement nommeX Pi^es , Je peignent, le corps & les cheueux, & viuentde chair humaine: leur façon de battre, & armes de gnerre, 10. E/copti modernes difiinguez. en eiuils drfama- ges y leur armée & tollerance en guerre ; recommandables fûurleur fidélité. lu AntiefHttéÀe l'alliance d'Ecopaute la France^, des fecours entioyez en France y & des honneurs & charges départis aux Efcojfoùs par les Hoys de France. II. Stérilité & pauureté du pays d'EfcoJJe. «î. EdimbourgyViUecapitalled'EMeJadefcrtption, tfiappeÙéeparPtolom'eeyChafteauaiflé. 14. Noblejfe EfcûJJoife ancienne des Thanat , Ame- nés, V'ndtrthanes. ij. Cheualiers doreZyBaronsy gentil-hommes. 1 6. Efiats du Royaume compo/ez. de tr oit fortes deptr- fonnesy^ comme sajfernblent. n ' i • j 7. Collège de luftice appellé Threfeffiony infittue par le Jioy lacques V. Cours fub alternes en chaque Comtés Cours iippellées Thé [ommiffariats , & quelle e(i leur iurifdt- ilton. 1 8. EfcofTe en quel temps reçeut la fèy Chrefftenne.Pal- iadioi enmyépour en chufer l'herejit Pelagienne. 1 9. Hérétiques brufltz. en Efcojfcy tntr autres Humil- ton parent du Roy. 10. Troubles itnEfeoffe par les hérétiques» éf^rUcq. prieur de S.André^baflard du Roy. 11. Emprifonnemtnt , procez. & exécution de la Reyne Marie Stuardy mère du Roy d Angleterre lacq.VI. 11. Archtuefchez. & Eue/chez, qni font au Royaume^ d'Eftoffe. 23. Catalogue des Reys d'EfeofJe & leur règne. I A partie plus Septentrionale de la grande 1 ifej Bretagne eft nommée Efcoffe, & eut autre- 11 fois le nom d'Albanie , & même les Efcof- fois qui gardent la langue ancienncla nom- ment Albain , & les Itlandois Allabani. Ce pais eft diuifé de l'Angleterre du coftcdu Midy par les nuie- resdeZucde.&SoInîy. Il eft borné des autres trois coftez de la mer.Sa longueur depuis la riuiere de Zue- • de, iurques à fon extrémité plus boréale, eft de 157. lieuës Anploiles:Sa largeur de 190. H «ft diuisc en plu- fieurs contrées, c'eft à (çauoir en celle de Laudun , la- dis Piftlandc, c'eft à dire pays des Pides » & cefte-cy eft montueufe , & fans arbres , mais fort ciuililee , ÔC pleine de courtoifie. Edimbourg qui eft la demeure des Roys d'Efcofte , eft aflis en ccfte contrée , & plu- fieurs autres bonnesvilles.il y a aptes le pays de Merkj c'eft à dire la borne de rAngleterre,& de l'EfcofTe: ce- luy de Teifidale , c'eft à dire, valce, près de la riuiere de Theifie , proche de l'Angleterre , remply de rochers: Efchedale , près de la riuiere d'Efque Eufedale Niddif- ainfi appellé du fleuue : la vallée d'Anan- dale: GaUuuayy qui eft dcuerslc couchant, qui abonde plus en paftis, qu'en fcuids : Carifle, qui a d'affez bons pafturages : Coy, qui eft mauuaife terre,& maigre Ster- lingy Menthech, Cluifdidalcy Lenosy ErnoualeyStratherrfy Stortey Rojfen, ej* ArligCy qui abonde en lacs , & plus en paftis , qu'en bleds , & cefte contrée eftoit la de- meure des Calédoniens , defquels toute la région eft nommée des habitans AHibauum : Cantire , qui figni- fie coing de la terre, pays vafte , & plein de marefca- ges : Strathnahern : Fifle petit pays plus fertil que les autres , où eft la ville de S. André : Angufie , pays agréa- ble près de la riuiere de Zau : Mamte Marie, pays maritimes : puis "Buthuhan , Rojfemuray, Neffeland, Tarbathe, après cela, Beanroffen é" Sutherland» & enfin Çathenes. Sluditêdu Fays, L 'EfcofTe eft afpre , & montueufe , & n'eft pas de % beaucoup fi fertile , que l'Angleterre , mais elle abonde plus en poiflbn. La mer qui la borde porte grande quantité d'huî- tres , de liarans , de corail , & de coquilles , & parmy les vallées il y a plufieurs lacs, marefts, riuieres,& fon- taines où l'on ttouue grande quantité de poiflbn. Et la plus grande partie de fes lacs vient de la montagne Gramptie , où font aulfi les foutccs de trois riuieres qui portent batteaux , c'eft à fçauoir la riuiere de Clioyd , iadis Aleuih , qui fe defcharge dans la mec d'Irlande : celle de Z mats qui flouent toufiouis où le vent la 7 poulie, bn Buthr^uh iTM on ne ne void aucun rat , & fi l'on y en porte de dehors il meurt auifi toft. On tire au pays de Fife certaine pierre noire en grande quan- tité, fort propre à faire du feu. 8 H y a à deux mille pas d'Êdimbourg vne fontaine, où l'on void nag:r drs gourtes d'huylc, qui eftde telle aature » que fi vous n'y pi encz rien , il ne s'y en alTem- ble pas d'auantGge, & quoy que vous y en preniez beaucoup , il y demeure touliours aiuant d'huyle. Ce- fte liquouî ctt bonne contre les rudclffs de li peau. Quajit aubif.'d c'.ft tout ce que les Efcoirois peuuent fi. te que d'en auoir pour leurnourtiture. Mœurs anciennes des Efcojjois. f' % N îisîit qje les EfcofTois furent jadis nommez ^ i*ides,quiv,ititQitt,pcmts à caufe qu'ils auoicnt aui.iesfois aecoullumc de peindre leur corps > & faire de:, marques Gjc :cs b. as , & fur les mains auec du feu, ainlî que ront ein oies quelques vns d'entre les fauua- ges d'Efcoiie. Miis ce nora ne fur pas commun à cous, vcu que ics deux nations , c'eO: à (çauoir celle des Pi- des , & des Ercoilbiij dop-ttctent leurs noms auxha- bitans de la piîtie plus Septentrionale de^ la grande Bretagne qu'ils attaquèrent , felort le lieu où chacune de ces deux nations s'arrefta. Ces Pides rendoienc aufiî leurs chcutux bleiiz par artifice. Us fe repaif- foicnt de chair humaine, (cion le telmoignagc de S. Hierofme, & bien qu'ils ttouualTent de bons trou- peaux pour s'en repaiilie , ils fe pienoicnt toutesfois aux mamm -lies des femmes , & femblables parties, qu'ils arrachoient, t<. conpoienr, trouuans telle viande la plus delicicufe di' toutes. Mais Boect; en parle d'au- riefoîte, dtiaift qu'ils eftoieut fort tbbres au manger, & au boire, & djrmoientfott peu, que tout grain leur fetuoit à faire du pain , & qu'ils maogeoienc otdinai- f ement de la chaile qu'ils prenoient , ou de la chair de bœufs, ra.iis qu'ils en vfoknt d'aucre forte que les autres nations, pourcc qu'ils f-nourrifloicnt de veaux, ou les chaftroient pour s'e n feruir au labourage , & mangeoicnt les vaches quand elles eftoient pleines, pource que elles eftoient alors plus gralFes , & le poif- (on Icurferuoic quelquefois de nourriture: qu'ils de- meurèrent qucK]ue temps fans faire au;re repas iuf- qu'au foir qu'vn bien léger dcficuner , & que le foir ilsfaifoicnt bounc chcre , ayant pour breuuages vn eau compo'ce de thin , de mente , & d'anis , &: autres bonnes herbes, & de bonne odeur , ou bien de bierre: ruais à la guerre l'esu pure leur feruoit de boiiron , & ils portoient autant de farine qu'ils voyoient fufhre pour palî'cr la iournce. Ils mangeoienr la chair à dcmy cuite , comme la trouuaut de meilleur gouft , & rete- nant mieux la fubftance , & ils fe nourrifloienc auffî de poiflon fdché auSokil, s'ils ne trouuoienc autre chofe pour fe repaiftrc. Ils auoienttoufiours en temps de paix la tefte nuë , &: le poil coupe, hormis qu'ils laliFoient fur le ftoot vn petit toupet de poil. Ils al- loicnt volontiers pieds nuds pour s'endurcir à toute forte d'incommodifez. Leurs bas de chaulTe ne paf- foicnt pas legenoiliî, & le haut eftoit de lin, ou de chanvres: leurs manteaux eftoient en eftéd'vndrap dclié, &c en hyuer de laine double, & gro(Iïere,2i leur gifte tdoit à rcrre , ou fur vn banc auec vne p iillalîe. Les enfaiis n'eftoicnt nourris d'autre laiâ: que de ct liiy Eflat du Roy d'EfcolTe. ie leurs mères. Si quclqu vne mettoit fon enfant à aourrice , elle eftoit foupçotince d'adultcre. S'ils iftoicnr vaincus en bataille, ils fe fauuoient aux mon- tagnes à gtande coatfe , & n'eftoicnt àlcur aife qu'ils n'euirent eu leur rcuanchc. Si les Gentil hommes eftoient en danger en quelque bataille , leurs fubjc£ts ik fetuitcuis fe hazardoient pour leur fauuer la vie> ou la perdre auec eux. On plantoit fur le tombeau des Nobles autant d'obdiCques qu'on auoit tué d'enne- mis au combat fous leur charge Celuy qui vayagcanC pour le fait de la guerre , oueftant aui-harap, eftoit trouué fans fufil , ou n'ayant l'efpée au cofté , ou en la main, eftoit foiietic pat ignominie : &c en ce temps ils eftoient armez légèrement de quelques cotfclets de fer , mais beaucoup plus de cuir beviilly , & pour les autres armes ils auoient l'arc , la lance , & i'éf ée. Si quelqu'vn s'en ailoir du camp fans congé , le premier qui le renconttoitle pouuoittu'éi jSc fes biens eftoient idcontincut coiififquez. Les ftmmes racfmes eftoient cnroollécs pour aller à la guerre , pourueu qu'elles ne fuffent enceintes , ou trop âgé"s Amfi qu'ils fortoient pour aller combartre , ils tuo'cnt la preirsiere befte rencontrée , & teignant la pointe de leur efpéi: de fon fang, en gouftoient , auec cfperance que Ccîte cérémo- nie leur ieruoit d'heureux prefage de la victoire. On noyoit ceux qui eftoient trop addonncz à boii"e & manger , Us violent de lettres hiéroglyphiques , com- me les Egyptiens. Voila ce ' & continue pai- 41. Roysde France, & 46. Roys d'Ef- colFe par lio.ans. Eu vertu de ccfte alliance plufieurs notables fecours ont eltc donucz par les EfcolTois à la France : car Achayus fecouiut Charlcmague de 4000. EfcofToiS) conduits parfoiifrcreGnillemcr , qui liiy (eruirent en fes guerres d'Italie , d'Allemagne & d'Efpngne & de quelques f^auans Efcollbis pour les iniures fondées par luy. Malcomc troificfmc cnuoya à Hugues ttere de Philippes picmier Roy de Fi ancCjdcux mille EfcofTois pour le voyage de Hierufalem, qu'il fit auec Godefroy de Bûiiillon. Alexandre i. enuoya trois mille EfcofTois à S.Louys Roy de France, conduits par Patrik de Dombar Com- te de laMirchejpourfon voyage de Leuant. Alexandre }.canoya ïooo. EfcofTois , conduits par les Comtes de Catiéi & Atholc , au mefme S.Louys, pourCon voyage d'AfFtique< Dauid le Btuce enuoya jooo.EfcoflTois au Royîean, conduits par Guillaume Comte de Donglas, qui furent tuez À la bataille de Poitiers. Robert de Scuard , Gouuerneur d'EfcofTe , oncle de lacqu s premier , enuoya 7000. EfcolTois à Charles, Dauphin d e Fiance, commandez par fon fils le Comte de Bouchai! , & Archcbal de Donglas Comte d'Oui- fton & beau-fccre du Comte de Bouchan, qui gagne- icnc la bataille d; B iugé. Son fils Mudarqae aulfi Gouuerneur d'EfcoUe en- uoya dix mille EfcoiFois au mefme Charles eftantRoy 7, de ce nom , conduits par fon frère le fufdit Comte de Bouchan & Archebald de Donglas dit le borgne. Comte de Donglas,perc du Comte d'Ouidon,Sc beau- pere du Comte de Bouchan , qui moururent la pluf- patt à la bataille de Verncliil l'an 1414. lean de Stuard Conneftable d'EfcolTe Tan 141 j. amena 4000. EfcofiToisau mefme Roy Charles , outre plufi'Urs bandes commandées par Dauid de Pitulot. Depuis lequf l temps les Efcofibis , comme tefmoi- gncnc les Hiftoires des deux nations , ont rendu de bons fcruicesàcét Etlat , fous les charges de Robert Bernard , vu autre Robert & leanStuards fieurs d'Au- bigny, AlexandrcDur. d'Albanie, & lean fon fils Com- te de Bologne, durant les règnes de Louys 11. Charles 8. Louys II. François i. & Henry 1. Et non contens d'auoir aflîfté les François félon leur pouuoir eu la France, tifchans de diuertir la tem- pefte de la France , ils ont attiré l'orage fur eux-mcf- mes en leur pays d'Efcode. Car de celle façon Dauid le Bruce fut bleflfé , pris prifonnicr,auec la'perte déplus de dix-mille Efcoffois à la bataille de Ducfan. lacques quatriefme Roy d'Efcoffe , faifant la guerre de raefme façon à fon beau frère Henry 8. fut tué en la bataille deFlanduns,aucc prefque toute fa NoblclTe & 14. mille EfcolFois. Son fils lacques 5. faifant la guerre à fon oncle Henry H. pour fon beau-pere François i. reçeuc fi grand defplaifir du mauuais fuccez de Ion armée comman dce par fon fauory Oliuier de S.Cler , que fans autre maladie , cftanc en la fleur de fonâg&, il mourut huiâ: iout apres; Sa fille l'heritiere d'Efcofle , Marie Stuard, eftant promife par les trois Eftars d'Efcofle en mariage à Edoiiird lîxiefme Roy d'Angleterre , du viuant de foii pere Henry huidiefme aulli Roy d'Angleterre , a efté neantmoins enuoyée &C mariée en France , dequoy le- dit EJoiiïrd irrité enuoya (on oncle le Duc de Somer- fetteauec vne armée en Efcoire , qui gaigna la bataille A ces fecours , fcruiccs ôc pertes rcceucs pour la France, faut adioufter pour comble de celle alliance, les affiuitez &i mariages mutuels des Princes des deux Royaumes. Car Louys i r. eftant Dauphin de France , efpoufa Marguerite fille de lacques i. Roy d'Efcofle : auquel temps, comme tefmoignent nos Hiftoires , le fang des deux nations fut fort meflé , car il y eut lors , comme ils difent, cent quarante.que Dames, que Damoifelles Efcofloifes mariées en France : duquel nombre furent les deux fœurs de la Reyne Dauphine , dont l'vne efpoufa le Duc de Btetagnes , êc l'autre le Comte de Flandtes. Alexandre Duc d'Albanie frère du Roy laques troi- fiefme d'Efcofle, efpoufa la Comteflc de Boulogne , ÔC courant en lice contre Louys Duc d'Orléans , fut d'vn éclat de la lance bleflc,dont il mourut bien- toft après: De ce mariage naquit lean de Stuard , Duc d'Albanie, Comte de Boulogne & Gouuerneur d'Efcofle , durant la minorité de lacques 5. Roy d'Efcofle. Ce lacques 5. efpoufa en premières nopces Mag- delaine fille aifnée de François premier , & en fécon- des nopces Marie de Lorraine Duliairiere deLongue- uille & fœur du Duc de Guife. Sa fille Marie de Stuard Rçyne d'Efcofle efpoufa François Dauphin de France , Ôc depuis Roy de Fran- ce, deuxiefme de ce nom. Les Roys de France efmeus ùe ces fecours,feruices, pertes ôc aflinitez des Roys & autres de la nation d'Ef- cofle , ont rafché de leur cofté de monftrer combien ils les auoient agréables , en honorant plufieurs de cefte nation des plus honorables charges de leur Ro- yaume. Car Charles 7. Roy de France créa le Comte dé Buehan Conneftable de France. L'année fuiuante le Comte de Donglas fut fait Duc de Touraine Se Marefchal de France , lequel Duché a demeuré à luy, à fon fils, Ôc à fon petit fils, durant leur vie, ÔC les règnes de Charles 8. ôc la plufpart de celuy de Louys 11. lean Stuard fut Comte de Dreux ôc feigncur de Comccefaulten Berry. Robert Siuard , fieuc d'Aubigny fut Marefchal dé France. Dauid de Pitulo fut capitaine des Gardes de Louyé (I. Roy de France, qui après fa mort l'honora d'vné ilaruc qu'il luy fit drelfer en la fale de fon Palais. Bernard de Stuard> ficur d'Aubigny fut créé Maref- chal de Fiance du temps de Louys 1 1. Roy de France, Ôc Viceroy de Naples fous Charles 8. fon f^erc fut efta- bly Gouuerneur de Milan fous Louys i i.Roy de Fran- ce y ôc luy mefme Lieutenant General és armées def- dits Roys dt France en Italie, comme auflx- en celle qui fut enuoyée en Angleterïe au fecours de Henry 7. Roy d'Angleterre, contre Richîrd Son fils Robert Stuard fut fait Capitaine d^-s Gar-r des le Marefchal de France du temps de François pre- mier Roy de France. Jean Stuard , fon héritier , fut fait Capitaine de h Compagnie des Genfdarmes EfcofTois , connie auflî des Gardes du Corps du temps du mefme Roy Fran- çois I. lean deHamilton,Comte d'Aran Gouuerneur d'Ef- cofle, durant la muionté de Marie Stuard Reyne d'Ef- colTe, fjt créé Duc de Chaftelleraud , ôc fon fils aifnc Capitaine de la compagnie des gcus-d'armes Efcoifois entretenus en France. Plufieurs autres , tant Ecclefiaftiques qur lays Ef- coffois ont tenu ôc exercé de grandes dignitez i>C char- ges en Ftance,que i'obmets pôur caiife debnefueté. 24 Eftat du Royaume d'Efcofle. Et lie fe concentans pas les Roys de France de re- muncter les feruices des grands d'Elcolfe, mais ayans cfgaid à la valeur & fidélité de la nation Efco(Toi(e , &c pour d'auantagc confirmer l'alliancejils ont érige quel- ques compagnies de cefte nation > leur donnant de giands priuileges. Saind Louys Roy de France en fon voyage du Le- uant, oidonna que 24. ElcolTois eulfent la garde de fon corps nuiét Ôc lour. Lequel honneur a demeuré à eux l'efpace de 1 40. années , durant le règne de 8. Roys de France pour le moins. Charlfs 5. accreut le nombre de 76. Archers , laif- fant aux 24. premiers Us prerogatiues par delTus les autres qui leur font demeurées iufqucs auiourd'huyj à fçâiioir. Que df ux de leur nombre affîfteront à la Meiïedu Roy , au Sermon , V^fprc 6c repas ordinaires du Roy deFtance>vn àchaiquecofté de fa chaire. Et que les iours des grandes Feftes , les cérémonies des touchcmens des Roys , & création des Cheualiers de l'Ordre du Roy, réception des Ambalïadeurs extra- ordinairesjcntrécs de villes, il y auroit fix de leur nom- bre, plus proches de la petfonne du Roy , trois de cha- que cofté de fa Majefté. Que les corps des Roys feroient portez par eux feuls par tout où les cérémonies le requerroicnt. QmC fon ct%ie feroit accompagnée par eux. La cojTipagnie Efcoiroife a demeuré la feule garde da Roy plus Je 70.ans:car ce fut Charles 7. qui érigea la première compagnie Françoife des gardes du corps, &comme Louys 1 1 . lafeconde , ô^François premier la troifiefme , &c comme les prerogatiues de 24. ( au- quel le premier gen- d'arme de France ellant adjoufté fd^i Châties 7. fait le nombre de 25. comme l'on les appclloit &c les appelle-on encore J les tefrnoins plus anciens que le refte de la compagnie EfcolToife , auffi les priuileges de toute ladite compagnie &c les plus fi- gniléfs U honorables faftionsdemeurans à elle feule, la teftîioignent plus ancienne que les autres trois , à fçiuoir. La garde des clefs du logis du Roy au foir. La pirde du chœur de l'Edife. La g-irde des batrenux , quand le Roy pafTe des ri- uicreç. L'honneur de porter la crefpine de foye blanche à leuis atjnes, qui eft la couleur coîonncUe en France. Les clefs de routes les villes où le Roy fait fon en- trée, données à leur Capitaine en quartier, ou hors de quartier. Le priuilcge qn'il a eftant hors de quartier aux cé- rémonies : comme aux Sacres, Mariages Funérailles des Roys , Baptefmes Se Mariages de leurs enfans , de fe mettre en charge , la robbe du Sacre qui luy appar- tient , & que cefte compagnie par la mort ôc change- ment de Capitaine ne change iamais de rang comme font les outres trois. Charles 7. Roy de France Elefteur de toutes les compagnies d'Ordonnance en France , érigea auffi la compagnie des gens d'armes Efcoirois des rehques des Efcoffois défaits à Verneuil au Perche, la compofa de cent gens-d'armes ôc de deux cens Archers , ôc leur attribua la première place parmy la gen-d'armerie Françoife , & donna la charge d'icelle à Robert de Stuard, fieurd'Aubigny , auquel fucceda en la mefme charge fon fils Hcrnard , ôc à luy fon fils Robert , ôC à Robert fon coufin & héritier. lean de Stuard , après que lacqucs de Kamilton Comte d'Aran eut la mefme compagnie, laquelle eft auiourd'hiiy commandée en qualité de Lieutenant par Louys deStuard Duc de Lenox,& petit filsdudit lean, eftant Capitaine d'ieelle. Charles Duc de ZosJce fils du Rov de la grande Bretagne. Plufieurs autres compagnies de caualeiie EfcofToi- fe ont efté érigées par diuers Roys , mais non fucceiTi- uement continuées comme ces deux icy. Finalement les derniers Roys ont voulu monftrer leur beneficence à toute la nation EfcoIfoifcCar Hen- ry fécond donna par le contrat de mariage de fon fils, à tous les EfcolTois d? l'vn ôc l'autre fexe les droids de naturalization & aubeinc en France à iamais ; les let- tres en ont ctté vérifiées à la Cour de Parlement de Paris au mois de luillet l'an 1 550. auec cefte feule te- ftridion, que cela s'entendoit pendant que les Efcof- fois demeurcroient en bonne amitié aucc les Roys de France, Se que les François retirez eu EfcolTe iouilfent de mefiiics priuileges j lefqnels auffi furent confirmez par Henry quatrielmc furnomraé le Grand,dc mémoi- re imm.ortelle, l'an 1599. Charles 9. confirma aux marchands EfcofTois l'an 1 5 67. les priuileges dontiez par fes predecelfeurs, d'e- xemption de toutes fortes d'impofitions mifes fut les marchandifes des autres , les lettres en ont efté non feulement vérifiées à la Cour de Parlement de Paris, mais auffi confirmées par les Atrefts d'icelle es années ii8i.& 1594, ; Mais le temps qui confomme toutes chofes a fotc infirme les deux derniers priuileges , plufieurs les con- teftans , mais plus les piiuileges de la garde EfcoiToife; car depuis que le Comte de Montgommery ,qui a eftc le dernier Capitaine de l'extraftion EfcofToife de cefte compagnie, a eftédepolfedé de fa charge parla more de Henry 2. on a pourueu dts François à cefte charsjc, qui ont ouuert la porte aux autres qu'aux Efcolfo^is, d'auoir des places en cefte compagnie (encore que paf plufieurs années après leur admiflïonsils n'ayent exer- cé les charges) lefquels ont fi bien multiplié qu'à cefte heure ils tiennent les deux tiers des places de ladite compagnie , ôc parmy icelles plufieurs places d'hon- neur , comme de premier Gen- d'arme de France , des Exempts extraordinaires,du Marefchal du logis, le pri- uiiege des clefs, la garde du chœur d'Eglife , le rang de la compagnie aux cérémonie , font rongnez ôc peruer- tis contre la couftume de cefte compagnie. En fin tout moyen eft ofté dorefnauant aux Etcolfois d'y entrer, ou à ceux qui font d'eftre auancez. Finalement pour monftrer naïfuement l'antiquité de cefte alliance de France aucc Efcolfe , le veux faite voir Ls articles accordez entre l'Empereur Charlema- gne Roy de"France,S<: AchayusRoy d'Efcoftè l'an 791. renouucllcz par Louys le ieune auffi Roy de France,& Guillaume d'Efcolfe l'an 1166. Premièrement que perpétuelle amitié & confédé- ration eft conclue Ôc accordée entre la France Se l'Ef- coile pour eftre gardée à toufiours. 2. Que les François eftans perfecutez de guerre par les Anglois, le Roy d'EfcolTc leur fournira des foldats aux defpens du Roy de France. }. L'iniure des Anglois ou force de leurs armes con- tre lefdits François ou Efcoftbis feront communes ôC repoulTées par la force des deux Couronnes de France ôc d'Efcolfe. 4. Les Efcoffois eftans prouoqurz par les Anglois, feront aydez & fecouruspar les François à leurs fraiz ôc defpens. 5 . Si quelqu'vn des fubjets des deux confederez don- ne aide & fecours piiuemenr ou publiquement tant d'armes, confeil, que de viuresaux Anglois, entre au- cuns de ces deux confederez , fuft-ilfugirif, il fera tenu comme coulpable de crime de leze Majefté en- ucrstous les deux partis. 6. Il ne fera point licite à nul des deux de reccuoir les fubjets bannis par l'autre, ny les ennemis, ny auffi amepec Eftat du Royaume d'Efcoflè. amener des eftrcingcrs fans leur mutuel confentement; Se fi le t^oy «l'Anu;letecie commence la guerre à l'vn des Jeux , l'autre 'le (ccourra ailailLuit l'Anglois de l'autre coftc. 7. Que tî l'vn des deux Roys ou Royaumes accorde h paix ou la trcfue aiicc l'Anglois fans comprendre l'autre, au cas que la guerre fourde entre celuy qui eft hors Se l'Anglois.ladite paix ou trcfue fera nulle. Cette confédération & alliance fut cenouucllcc pie- micrement, &:mifc en onze articles par le Roy Clut- lesf. &Robetti. Roy d'Angleterre l'an 159 &: de- puis contirince pat lefdits Charles & Robert l'an 155)1. & entre Charles 7. & Robert Duc d'Albanie Gouuerncut d'Efcoffe fan 1406. Autre confédération nouuclle entre ledit Roy C har- les 7. & laïques z. Roy d'Efcolîe l'an 1449. ScdepUis entre Loijys 11. & ledit laçques l'an 15 11. Autre confédération encore renouuellée, & ampli- fiée par le Roy François i.Sc parle Duc d'Albanie Gou- u^rueur d'Eicolleran ijyy. & du depuis fut ratifiée pat ledit Frj»nç6:is&: le Comte Acan Gouuerneuc aufli d'EfcolTe, l'an 151J. Richejfesd'Efcoffe. E pays d'EfcofTe ca pour la plus grande partie fi maigre & fterilc , qu'il nejpeut prefque fournir à fes hibitans ce qui kjffic pour leur nourriture. Quel- que petit trafic de laine qu'ils font , quelque vente de chatbon pour les marefchaux,de carifez, de teuefches, de bine , àc celle du haranc , qui eft la plus profitable, les affranchit d'incommodité, ÔC fait qu'ils fc feruetlt de ce que les nations eftrangeres leur apportent , s'il leur eft neceiraire. Ce n'eft pas toutesfois qu'il n'y au de riches marchands qui traficqucni de tous ooftez, principalement du cofté du Nord , & qu'il n'y aborde qui eft vne bonne forterefle du cofté de la mer Germani- que. Il y a encor en Marnie vne bonne , & forte ville nommée Fordun , dont l'aflllettc peut d.onner afTez de peine à ceux qui l'attaqueront. Quant aux homraest nous auons défia parlé de leur courage, & leui: nom- bre eft aiflez grand : fi bien qu'ils font capables de refi- fter à vrie grande p'uifranceeftrangere,& mefme à cette heure qu'vn mefme Roy pofTede l'EfcofTe , & l'Angle- terre,lesEfco(rois feront toufiours aflîftez des Anglois, &c fans doute ils feront toufiours grande defenceeftans enfemble. Gouuernement âEJcojfe. L'EfcofTe eft composée de trois ordres , c'eft à fçi- uoir delaNobleire,du Glcrgé,&du tiers Eftat. Le Roy , pour parler felba leur façon , eft Seigneur direâ: de toUtes les terres , Se a âuthorité Royale Se Iurif«U des Comtes, Vicomtes Se Barons. Le premier qui introduiiît le titre de Duc ,fut Ro- bert 3. enuiron l'an 1400. de mefme que le Roy d'An-i gleterre qui règne à prefcnt , y a introduit les titres honoraires de Marquis, Se de Vicomte. €eux-cy font tenus de la noblefl~e plus releuée, Se ont place , Se voiîç aux Eftats , & font appeliez Lords i de mefme que le? EueÊ:]ues. Entre les autres nobles on nier au pretilîet rang les Cheualiers dortz , qui prefteiit ferment auec vne gran- de folemnitc. Au fécond rang font ceux qu'on nomme LaidsfSe Barons fimplemenc,entrclefquelson nemecr toit perfbnne quin'euft fes terres qui releiient imnne- *diatement du Roy , Se qui n'aye iuftice Haute, moyen- ne. Se bafTe. On met en 3. lieu ceux qui font forcis des familles plus jUuftces , mais fans tiltr Seceùx cy loue particulièrement nommez Gentils-horames,ou Çeml'- mari, ToUs les autres comme citoy tus, raarchandsjir- tifansjSe autrcs,fonc mis au rang du peuple : toutesfoi^ le peuple appelle prefque (^intilman tous ceux qui font tichesjou qui tiennent maifon ouuerte. Au furplus tous les enfans puifnez des Comtes, Seigneurs Se Cheualiers, ne fuccedent en aucune par- tie à leur pere, veu que toute la fuccefSon vient à l'aiftié par le dtoidt d'EfcofTe à fin de conferuer les fa- milles. Quant au peuple , afin qu'on n'ordonne liera l I 26 Eftat du Royaume d'Efcoffe. d'infupportablc contre liiy a-ix Eftats , il lay eft permis d'y enuoyct trois ou quatre citoyens de chaque ville, afin qu'ils diau leur aJuis librement des choies pro- pres auec les autres dcuic ordres, l'our le regard de la ent aulTi li y a des luges que le Roy commet pour con- . oiftre de quelque cauie^crirrinellc particulière. Les Vicomtes pareillement en leurs lurifdidions , ôc les Magifttats dans les bourgs , cognoilfeat d'vn homici- 16 prci autw 11.» juiivc. .^v.^.- o o • -~t} - - — ^- puilFance , il n'y a perfonnc qui en ait tant que le Vice- j de,^pourucu que le meurtrier loir pt's dans 14. heures) roy ou Gouucrneur d'Etcofl'c , qui gouuerne tout le . gc peuuent faire mourir le meunvicr : mais aptes ce Royaume, en l'ablence du Roy, ou à fon deceds, ou 1 temps, la connoifiance én appartientau luge Royal, bien û le Roy fc trouue en bas âge. ! ou à ceux qui font commis en cette partie. Quelques Les Eftats du Royaume ont vne authoritc fort ab- nobles ont le- mefme priuilegc contre les voleurs qui foKic & cette alfemblée eft compolcc de trois fortes j font pris dans leurs lurifdidlions. C'eft tout ce qui fe de perfonnes , G'cttàfçauoir de Seigneurs fpiricu^ Is,* peut dire touchant le Gouuernennent politique. Main- comme Euefques , Abbez , & Prieurs ; de Seigneurs tenant il faut venir à l'Ecclefiaftique. temporels , comme D ics, Marquis , Comtes , Vicom- tes. & Baions ; & entroifiefme lieu des députez des bourgs & des villes. Et il n'y a gueres de temps qu'on adiouilbit à ce nombre i. députez pour chaque Com- té. Le Roy prefcrit le temps auquel ils feront alTem- blez , &: le fait publier , les caafes de l'alTemblce eftans déclarées par le Chancelier, les Seigneurs fpi- rituels cflilent fepuément huid des Seigneurs tera porels , & les Seigneurs temporels autant de fpifi- tucls. Et to.îs ceux cy eft^nî eufcmblc nomment huid des dcpuctz de-, Comt- z , autant de ceux d«s bourgs, qui font le nombre de trente dcux.ik: auec le Chance- 1 e ,Thr£fodcr,Garde du petit fcehSecretairc du Roy, & autres, admettent, ou rejettent ce qui doit eftrerap- porté aux Eftats, en l'ayant premièrement communi- que au Roy. Les chotVsqui font admifes font foi %eligion d'EJcoJfe. L'EfcolTc récent la Fcy Chieftiennt du temps de gg Vidor l. Pape, en l'auffée 105. & l'idolatric celTa entiecement fous le Roy Ctakinte,qui mourut Tan J15. Celeftin L y enuoya Palladius , pour en chalTcr l'here- fie Pelagienne, qui commença à s'y prouigner fous Eugène 1. qui mourut Tan 460. Depuis ce Royaume s'eltoit toufiours maintenu en la pureté de la Religion Catholique iufques à noftre temps , qu'elle y eft pref- que entièrement efteinte, fi l'on doit croire à l'appa- rence. Le fujed de la perte de la Religion , fut le voifina- ge de l'Angleterre : veu que Henry V 1 U. ôc depuis la Royne Elizabeth, s'eflayerent de retirer par tous les iîneufement cfpluchcïs par cous les Eftats , & ce qui moyens le Roy , & le peuple d' EfcolTe de Ivnion de eftapprouuépar la pluralité des voix , eft prefentcau Roy, qui déclare r.uffi coft que la chofe luy plaift ou defpl .;ft , & fi quelque chofe ne luy agrée , die eft ef- facée, ^ Ce qui tient le premier rang après les Eftats , c m le Collège de Uiftice, qu'on nomme ~" l'Eglife. Et véritablement la Religion Catholique s'en feroitbien long temps auparauantefloigr.c;:, fi lacques V. Roy d'Efcolfe & Marie fa femme ne l'eulTent rete- nué.Et pour cét efrcd il fit brufler Hamilton,bien que fon parent, pouree qu'il eftoir coriuaincu d'herefie, & Thtcejjion , que le ' traida de mcfme plufieurs autres nobles > & qualifiez, Roy lac'quf s V. inftitua l'an 1552. y mettant vnPre j& l'an 15551 aux Eftats du Royaume il exhorta tous fident, & quatorze Confeiilers, fcpt Ecclefiaftiques, ! fes fubieds à l'entretien de la Foy Catholique, & à icpt lais ( aufqutls on a depuis adicufté le Chancelier ; l'obe ylTance de l'Eglife Romaine. qui tient le premier lieu, & cinq autres Confeillers) I LeRoyîacqucs mourut l'an 1541. & lailTa lacon- 19 troisG-cfficrsprmcipaux, Si autant d'Aduocats qu'il duite du Royaume à Marie fa femme, qui luy auoit fcmbkta bouàMclfieurs du Parlement. La Cour fe fait cinq iours auparauant vue fille , qui eut nom tient tous ksiours, excepté le Di«ianchc,& leUindy Marie. d.'pi'.is ie premier Noucmbrc iufques au quinzième ("e '^/lars, & depuis leiour de laTrinité . iufques au pre Apres la mort du Roy , le Comte d'Aran fut fait Gouucrneur d'EfcoflTe , &c d;,-ciaTé tuteur de la Royne. mats, ce «-..iiui:. jt/iii - 1 ^ , r ^ . -1 • ' l'A 1 ■ c- mierd'Aoaft,!creftedutempss'ccoulecn vacation.lls Le Comte d Aran eft gaignc pai 1 AngiOis pour faire iuecnt fdon les ordonnances des Eftats duRoyaiime, , le ma.iàge de l'Infante Marie auet (on fils Edoiiard.ôc ^ lors qu'il' manquenr,on a recours au droid cioil. i pouree qu'il craignoic que le Cardinal de Saind An- Ilyaauffides Cours fubalterncs en chaque Com- ! dré s'oppofaft.Ue mariage , il le mit en prifon, &Ie tc,oùleVicomte,oufouLieiUenant rend laiufticeà feruice diuin , félon l'vlage de l'Eglife Catholique ■ceux du pays, & quelqufsfois on appelle de fcsfen tcnces au Collège dciuftice. La plus part de ces Vi comtes font tels par fucceflîon ,& leurs titres font he celTa prclque entietemenr par tout le Royaume, eù le Gouuerneur faifoit prefcher l'herefie, & lors il com- mença à y auoir deux fadions, l'vne pour le Roy d'An- redicâircs , car les Roys d'Efcofie pour obliger plus glctcrrc, 1 autre pour la Royne vefve , qui patla ce- eftroidement la noblc(re,inftitiierent iadisdes Vicom- j pendant en France auec la fille , qui hit après mariée tes perpétuels & héréditaires. Il y a auflTi des Cours ci- | à François Dauphin de France , & ayant yiiitc le Roy uiles aiix fiefs Royaux, oùil y a des Baillifs , de mefme ; Henry i. & fes parents ( car elle eftoit fille de Claude qu'il y a des m^gUtrats aux bourgs. & villes libres. U y Duc de Guife ) elle s en retourna bien-^oft auec le ti- a d'autres Cours qu'ils appellent The commij4riat,dont la Ibuueraine tft à Edimbourg, où l'on plaide deuant ja louuerainc tu .1 ciuiiuuuuii^, 1 1^.».^- -1" r r ^ -, m j quatre luars , touchant les t«ftameuts, le droiddeS* du Royaume , & fe fioK plus en eux eilc donna pre- bcncfices Etctéhaftiques. les décimes , les diuorces, & texte d'elmouuoir des troubles aux feditieux, qui man- iques fcmblables choies dont la connoillance appartient de droitt à l'Eglife. Quant aux chofes criminelles, le principal luge Royal a fon ficgc à Edimbourg ( cet office a efté iadis en la maifon des Comtes d'Argatetie ) & ces luges commettent deux ou trois lurifconfultes.pourcognoi- ftrc des chofes capitales , ou qui concernent le retran- chement de quelque nombre, ou la confifcation de tous les biens de quelqu'vn lleft permis en cette Cour au criminel, mefme accusé de crime de Icze Majefté,tie pi cadre vn Aduocat pour défendre fa caufe. Bien fou- tre 8c i'authorité de Fvcgente en Efcolîc» Et poHrcczo qu'elle preferoit les François aux autres , aux charges derent quérir incontinent des Miniftres en Allemagne, qui rendirent mefptilable toute la Rçligion Catholi- que. Cependant lacquesbaftard du Roy defund. Prieur de S.Andcé.fe defplaifant de viure en homme d'Eghfc, pria la Royne de luy donner la Comté de Moray : ôc ne la pouuant auoir, ellcua vn grand trouble , qui aduan- ca beaucoup l'herefie. En fin la Royne vefue vint à mourir, ÔC depuislaii Royne Marie merc du Roy d'Angleterre , qui eftoit bonne Catholique , 5:. qui dtliroit d'exterminer l'herefie \ Eftat du Royaume d'EfcolTe. 'if. l'hcrepe de Ton pays, fut detcnnë longacmencpriloi;- nicrc, après exécutée en Anglcceric, comme il s'ciifuic. Vn MccreJy 18. Fciuieï 1587. L'arrcll de morr fut piorioncc à ccue giande PrincelU- iiro'c du faiig d'Angleterre lïc de la droifte dcfcentc d'Hcniy VIII. par les Comrcsdc Schralbaurg & dcK 'ndc , accom pagiiez des principaux de la Nobleire du pays , & dés le Maidy 17. Fcuriec audic an, auoic cftc ari^ftcc aucc elle l'exécution au leiidcnuin à 8. heures dumatm, & fut menée pac eus en la grand' falle du Ciialteau de Fodringhayc, (ur vn cch;ilîaut tapillc de noir , fuiuie de cinq D.ini.'s de. ("on train ; il n'y auoit cœur, alors qui ne fiUl cmcu de compafîîon, voyanc de quelle conltan ce elle reprenoic la VAnitc de leurs larmes, de quel cou ras^e elle embrairoic la fin de cette longue captiiutc , la reiolution genereufe plus que malle à la moit, (a fermeté en la Religion , (a pieté en la lecommcada tion de (on fils &c de fes feruiteurs. FJle ne voulue iaroaiis permettre que le bourreau la del'poliillaft.dirant, qu'elle n'auoit accouftumé le lerui- ced'vn tel Gentil-homme : Elle mefme derpoiiilla fa robbe , fe mit à genoux fur vn carreau de velours noir, prcfenta fa telle au bourreau , qui ( contre le priuilege des Princes ) luy fie tenir les mains par fon valet, pour luy donner le coup de mort aucc plus d'afTeursnce, monftra lateftefcparée du corps aux quatre coingtsde l'échifFaut, au peuple qui cria , yine la Royne, &c com- me en cette monftre la co-.fFure cheut à terre , on vit que l'ennuy 8c la fjfcheriel'auoient rendue toute blan- ■ che 6i chenue en l'âge de 45. ans , cette Royne qui vi- uant auoic emporté le prix des plus belles femmes du monde. Cette PrincelTe Marie Stuart fille Se héritière d'Ef- colTe n'eft pas fi toft venue au monde, que deux grands Roys jettent i'ccil fur fon alliance, Henry hui- dtiéme , Roy d'Angleterre , la demande pour fon fils Edciiatd VI. Henry fécond Roy de France, la deman- de aulli pour François Prince Dauphin : Cela caufa de grandes factions enEfcolTe. Elle fut couronnée à 18. mois, conduite en France à 6. ans. Elle eut trois maris , elpoufa à 1 5 . ans le Dau- phin de France, qui n'en auoic que 14..&: demeura auec luy vn peu moins de trois ans. Apres fa mort elle fe recira en fon Royaume , où el- le efpoufa Henry d'Arley , Gentil-homme âgé de iz, ans, ayrv.c de tous,& hay de peu ; comme elle eftoit la plus belle Princelfe de TEurope , auffi il eftoit beau en tonte petfeftiun, & iaraais on ne vie mariage au commencement mieux accordé en âge, en humeur &c en afFeâiions , le premier & dernier fruiil duquel fut feu lacquesVl. Roy de la grande Bretagne : mais ce bouillon d'amour fut aulîi ioft refroidy qu'embrasé, le dcfdain ôc la jaloufie eftonffjnt fa vigueur parles aitifices &c perfidie du baftard d'EfcolTe , qui fufcita le Roy à faite tu'ér aux yeux mefme de la Royne encein- te , vn Gentil homme cftranger qu'elle fauorifoit fur tous. Ainfi comme elle eftoit à la table prenant fon difncr , vn Genti'.-hommc la prend par le milieu du corps, & luy faific les bras, craignant que l'eftorc qu'elle euft fai6t voyant dcuanc elle malTacrer ce lîen fauoiy , ne fuft caule de quelque accident à craindre à (a grolTcire. Mal-heureux vrayement en ces faueursl& non pour aucreraifon malheurcux.que pour auoircutrop d'heur & d'aduanceinent en pays eftranger. Cet a6te rompit toute rh-iruioaie du^naciage , q^ii fe changea en vne haine irréconciliable. Sa belle voix & fa perfection au lait de lamufique l'auoient approché de cette Ruyne, qui ne pouuoit viurc fans le voir. Le Roy eftant à Edimbourg, vne traînée de poudre fur la minuiâ: emporta fa chambre, & ceux qui elloient apode ■ pour le iuër,!'en.rangterent, La Royne efpou- (a le Comte de BothucI , foupçonnc de ce meurtrc,fur quoy le peuple s'cfleua , l'accula d'adultère & de parri- cide, h bit prilonnicre , fon mary fe retire en Danne- marc, oij il mourut prifoiinier. Elle efchappr , prend les armes contre la mutinerie de fes (ujets ; mais en fin elle cft contrainte de fc retirer en Angleterre, ne tcou- uanc refuge plus aireuré qu'en la maifon d'où elle cftoic (ortie , &c donc elle pouuoit eftre herici' re : laquelle eu cfgard au voifinage 6c alliance d'cUtre elle &c la Roy- ne Elizabcth d'Angleterre, auoic bonne opini ju qu'el- le 6c (a compagnie ( c'cft à fçanoir le Sieur Ha _ys . le llrur Fleming , Chiudc fils du Duc Hameltou , le iîeur Libilton, le fleur de Sbyrling, Georges Douglas frère du ficut de Longheluen, & vingt aunes auec vne fern- me de chambre de ladite Dame ; leroient recueillis 8c rcceus comme à vn afyle Hc lieu de lefugc contre l'op- preffion de leurs ennemis & malueillans , do ,c lc> hef eftoit lacques Comte de Marray , fe difanc Regeni en EfcolTc. De cette efpetance eftans incitez & fortifiez , s'era- barquerent dés le 14. de May 1 568. au havre de Duni- ^ freizc,affis fur la riuierede Nyth en Efcofre,& defcen- dirent par la bouche du fleuue de Soluvay,f'c]ui du co- fté du pays de Comberland diuife l'ElcolTe d'aucc l' An- glcterrej; au port de Vvyr Kyngton près Cokermôch, aOls fur la riuiere de Daivvaut, en Comberland en AU- gleterre.limitrophed'Êfcoiledu cofté deTinedall'. En ce lieu de Vvrkyngron la Royne & fâ compà- gnic le rafraîchirent vn iour ou deux. Leur defcente eftant publiée par le pays,& notifié à Richard Lovv- ther Lieutenant du Miiors Scroup , Lieutenant gêne- rai pourlajioyne d'Angleterre es parties Scptentrî.d- Uales confinantes à l'EicofFe, fe fie accompagner de cinq ou fix chenaux, tirant vers Vvyrkyngton , afin de reconnoiltre ceux qui s'cftoiene embarques, ct; qu il fie par fignés dilïîmukz de bieu-vueillance , bon ac- cueil réception, leur demandant la cauie de leur ve- nue & arriiiée. Et ayant ledit Lowther entendu &c re- connu quels ilseftoienc , leur dit qu'il en donneroic fur l'heure mefme aduis à la Royne d'Angleterre fa MaiftrelTe , & qu'attendant fa refponfe , il feroit couc deuoir de traitac r & d'entretenir ladite Dame Royne Marie, ainfi qu'il luy appartenoit. Toucesfois auparauant que larefponfe dé la Royne d'Angleterte fuft venue, ladite Dame Royne Marie fut menée au Chafteau de Cartel affis fur la riuierede Cadc:auquei Chafteau de Cartel elle demeura iufques à tant queMeflîre François Knovvles Vice- Chambel- lan de la Royne d'Angleterre, y fut dépefché de fa pare ,auec plufieurs forces de draps de foye à faire ha- bits propres à l'vfagc & feruicc de la Royne d'EfcolTc.' De Cartel elle fuc conduite au Chafteau dt Ponftec à vingt mille d'Yotk affis fur la riuiere de Humber à neuf vingc mille de Londres ville capitale d'Angle- terre. De Ponfret elle fut enleuée en Septembre énfuiuant & menée au Chafteau d.eBolcon, en Northonberland, aflis fur la riuiere d'Alehu , à huiét mille d'Alnevuz, diftanc de vingc qaatre raille de Baruyc , ville limi- trophe d'Eicoife , du cofté de Noithumberland ( ainfi que le fleuue de Solvvay cy-deuanc touché, y eft hmurophc du cofté de Comberland) allîs fut la riuiere de Tdyde ^ eftant ledie Baruyc à quatorze vingt &huid mille de Londres , duquel Chafteau Bolron ' le Milord Scroup eft propriétaire & Sei- gneur Dudir Bolton ladite Dame Royne Marie fut tne- néeau Chafteau de Tevvbury apparccnanc au Milori de Sherovlbiny, & à luy baillée en garde pouc quel- que temps. Puis elle fut baillée à Henry frère de Fran- çois Knovvles Vice-Chambellan de la Royne d'An- izlecerrc. 8 Eftat du Royaume d'Efcoflè. Finalcmeiit laJire Royne à'fJcciic a dudii Quitcaii i Tevvbiitv crtc coi.fîr.éf au Chriftcm d'Afpyzà dix rail- i le près dt T'. vvbiiry.auquct lieu elle a efté détenue lojs U charge d'cdt'iiaid Haftyng'ies Comte de Hontyng- toii coiidn de la Rcyiic d'Angiecerrc , & de là au Cha- fteaii de Fodfiii^lnye, où clie Rit decapif ce, après dix- neuf années deprilon , & ce fut le tcaidemeiic qu'elle récent de la Royne Eliz- beth. U d't vtay qiu- fi tant de brouillemens ne fulTtnc ain- lî aniucz en Eicoire , l'on iugeque la Royne Marie y euU eftcrenuoyéc l'uiuant la ïcfoiution d'aucuns Con- feillcrs de la Royne d'Angleterre partifans du Rcgent a'Eûo.Te & fauteurs de la nouucUe Religion ; Icfqucls Confcillers fcfont tant tfloigntz de la vraye Religion, & en ont cftc Ci mauuais ob(cruateurs,qu ils n'ont auec faneur ÔC refpedl; daigné confideret le piteux & déplo- rable eftat de la Royne d'Efcolfe- Et véritablement ^Angleterre Se l'amitié de U Royne fa fœur l'inui- toient à fe retirer auprès d'elle ; mais au lieu de là re- cevoir &c traidcr comme Royne fa voifine , comme doliaiiiere de France , comme la première PrincelTe de fon Royavimc , Se exercer cnuers elk les droids de confanguinitc iSid'hot'picalitc , de l'aflTifter de fes for- ces pour la rcftnbliv en fes terres contre la mutinerie & reuolre des Efcoirois.au lieu d'clbc ce qu'elle luy auoit iuré qu'elle feroir, elle la fait arrelter & cooftituer pri- fonnierc,& après vne longue captiuité on la fait mon- ter fur refchaifjiic pour eftie exécutée à mort. Cependant tonte TEfcoire après la rourt de la Roy- ne Mr.rie eft donnée en proye aux hérétiques , qui taf chercnt d'efteindre ('e rouscoft< z la vraye lumière: & pour comble de ce mal heur.le icune Roy eft inftruid pat dts perfonncs heretiq'ics , qui Iny donnent à l'a- bord de mauuaifcs imprellîons, ôc luy font concéuoic vne ttUe horreur de la Religion Catholique , que de- puis il ne l'a iamais embrahce. Ecdc fai: ila cftably en Efcolll- l'obTetuation des ordonnances Eçclefiartiqucs, dont nous auons parle en l'autre difcours , auflTi bien qu'en Angleterre , & s'eft cfTiyé par tous moyens d'en • bmnir la foy de fes pères. Mais à parler vniucrllllc- rocnt de ce Royaume , la partie Méridionale , à caufe du commerce de France, des Pays bas, & de rAllcraa- gne, cft plus infedée que la Septentrionale , & les vil- les font plus corrompues , que les villages & la Cour, & les lieux qui en font proches , que ceux qui en font efloigne z. Mais ce qui eft plus confiderable,c eft que la noblcf- fe s'tft maintcnijë prefque toute nette d'h.refie. Il y a deux Archeuefques en EfcolTe , c'cft à fcanoir 21 celuy de faiii6t Andié.Primat de toute l'EfcotrcS: ce- luy de Glafco. Il y a fous rArcheucfchc de faind An- dré S. Eucfchfz, c'cftà fçauoir de Dunkelden.d'Aber- don, Moray, Dumblan, Brcchin, Roiren» Cathane ,& des Oracles. Et l'Archeiicfque de Glafco en a trois, c'eft à (çauoir de la Cafe blanche, de rifmour,ou d'Ar- j gade& de Sodore,ou des Ilîes de Sure, Mule ,Yle ,& 'autres. Les Ecclefiaftiques y cftoicnt autrcsfois con- tenus paè l'auihoritc des Décrets , Se des Conciles: mais maintenant ils iont gouuemez par les loix que les Roys ont ordonnées, ou confiriliécs de leur propre bouche. Et tout le Clergé y vit à la façon d'Angle- terre, fuiuant de nouuelles ordonnances , Se fuyant leâ anciennes dont l'Efcofle a vsé durant vu fi grand nom- bre d'années. i ROYS DESCOSSE. F Ergus fut le premier qui povtalenom de Roy d'Ef- colfe 510. ans auant la venue de letus-Chnft: il rtgna25.ans. A cettuy cy fuccedcrcntceux qui s'enfuiuent. Fenitare rtgnc i$.ans. Maine 19. ans. Darnadille rè- gne zH. ans. Rputherc règne i6. ans. Reuthc rè- gne i4.ans.Thete règne i i.ans.lofinc règne 34.ans. Fimam règne 50. ans. Durft règne 9. ans. Euede 1. j icgne 19. ans. Gilles rcgne 1. ans par vfurpation. ' Euede 1. règne 17. ans. Edcte rr gne 48. ans , Se de fon remps la grande Bretagne fut faite tributaire des Romains. Eugène } règne fept ans. Metellan regno;t du temps que nofttc Sauueur vint au monde. Son règne fut de trente- neuf ans, il mourut l'an de grâce 54. Catatace règne io.aus,meurt l'an de grâce 54. Corbrede rcgne i8.ans)meurr l'an 71, D.1! dan règne prefque 4.ans, meurt l'an 74. Cotbrede Galde rcgne 5 j.ans.meurt l'an 109. Luchtah règne 3, ans, meurt l'an iiz. Mogalle règne 56. ans, meurt l'an 148. Conare rcgne 14 ans, meurt l'an léi. A ccttuy-cy fticceda Ethodie premier du nom. Et à Ethodie Satraelde premier. A Satraelde Donaelde premier, qui rcgne zi.an,& meurt l'an de grâce i\6. A cettuy- cy fucceda Ethodie z. Et à Ethodie Athircc. De ces deux l'vn fut tué.l'autre fe tua luy mefme. Nath^loce fucceda ,& fut tué l'an 15$. comme cruel tyran* Findoce règne dix ans, meurtl'an léj. Donnld (ecoiid vegrse vn an,cft tué. Donald troifiéme eft aulTi tué , iJC a pour fuccefleur Cratluiue. A Crachinte fucceda Fincorniach. Et à ce dcinict Rorriache. A Romachc Angufan. A cettuy cy fucceda Ffrelmache; Eugène premier tcgne trois ans, meurt l'an 579. Etions Maxime enuoye par les Empereurs , Se depuis fe faifant tyran s'inucftit de toute l'Ulc de la grande Bretagne, Ôe ÇEicoûe demeura fans Roy quarante & quatre ans, &iurquesen Tan de grâce 41}. Fergus fécond nepueu d'Eugène eft faiâ; Roy, règne (tpc ans, meurt l'an quatre cens trente. Eugène fécond règne trente ôc vn an , meurt l'an 461. Dongard luy fuccedc. Et à Dongard Conftantin. Et à ce dernier Congal, qui mourut l'an 501. Congal eut pour fuccelfcur Conran>qui règne 5 5. ans.' Eugène troifiéme luyfucccde. Conua viirnt à rcgner,& meurt l'an 578. Rimatille luy fucctdo, Se àcettuy cy Ajdan , qui règne 27, ans, meurt l'an éo6.Ce dernier eut pour (uccefleurKtn- neth Kcir. Eugène quattiéme règne ij.ans, meurt l'an 6 jî. Feiquhatd cft misenprifon. Ionehard4. rrgne i4.ans , meurt l'an 646. FerquharJ luy luccede. Malduin meurt l'an ^84. Eugène V. Eugène V I. Ambiikelct. Eti"ene VU. Prince Religieux, meiut l'an 716. Murdac. * ËthBn. Eugène VîII. Fergus III. Soluatic. Archeue meurt l'an huid cent vingt. Congal. Dongal Eftat du Royaume d'Efcofle. 2(f Dongal. Alpin. Rcmctli. Donald V.memc l'an huidtcciir foixante. Conftantin 11. n ' Ethc. Grégoire règne zi.ans,mcart: l'an 89J Donal VI. Con- Ihntin {.qui l'an 40.de Ion rogne Ce tic Moyne. Malcume I. Dulfe. Cnlcn. Kemct meurt Tan i coo. Conitantin IV, règne 3. ans. Grinc. Malcolme XI. règne j i.an, meurt l'an 1 040. D Jcan. Macahec. M-lconae Gamnoc règne 30.ans> meure l'an 1097. Donald VIL Ethgar fat k premier (jui fe fie facrer cnEfcoire auec oiidion. Dauid. Malcolme V. Guillaume Ir Lyon règne 49..ans.meurt l'àn 12.04, Alexandre lILqiii n'ayac aucun hoir de Ion corps, laif- fa en grand trouble rfifcofTe, qui fut goiluernc; pat lix hômes> attendant que les débats de la(ucceflion entre lean lialiot fils de la fille aifnce du Roy Dauid, & Robert Biuys Peie d'Alexandre 5. fufTtnt finis. Ican paruint à la Couronne parle moyen du Roy d'An- gleterre, à qui il fit hommage contre la volonté des Efcollois. A la fin l'Anglois le mena comme prifon- nicï en Angleterre. Et Je pays fut gouucrnc par des Rcgents, à la. 4cootion de 1 Anglois. Robert qui cit appelle Roy par les EfcolTois , défait Edouard 5. & (c rend pailîble maiftie d'Efcodc. Dauid fils de Robert luy (ucceda, mais ii fut ch iGc pai: Edoiiatd fils de Ican Baliot , &c s'enfuii en t'rancc. Toutesfois cet Edouard n'eft point mis au nombre des Roys légitimes. Auffi bien rEfcolle eltoit gou- uetncc par Robert Stuart, au nom du Roy Oauid z. qui fit vaillamment infques à ce que fon Roy re- uint en France. Apres la mort de Dauid les Eftats d'EfcolFc cfleurenc Robert Stuart, nepueu du dernier Roy Dauid, vSc fils de fa fœur , &de Robert Gouucnifui d'Efcoli'e durant l'abfence du Roy Dauid. lean Fils naturel de Robert , qui prit aufli le nom de Robert. lacques i- » lacques i. lacques 3. vint à la Couroune en l'âge de feptanS l'an 14Ô;. # lacques 4. lacques 5. qui en premières nopces efpoufa M^gJelai- ne de Frartce„fill ■ du Roy François premier du nom, ëc depuis la fille du Duc de Guife , & d ; cectuy-ry fortit Marie , qui fat mance à François fécond Roy deFrance, & nores la mort du Roy François ;.o :3l au fiÎ5 du Comte de Leooz , dit Heniy d'Atlcy , ''e qiiiel'eeut !e Roy d'Angleterre Se d'F.fcofîc lac- ques fixiéme, deccdc le 16. Mars de ranncc 16:5. auquel a luccedé Charlfs Stuard ion F.ls *^nuce de Galles, auiourd'huy Roy d'Angleterre, d'£fcoflt,& d'Irlande. DISCOVRS DE LESTAT DE LTRLANDE. SOMMAIRE. i . Irlande g tels noms a po*té anciennemtnt :fa defcri • ftion & jiiunaoh félon Ptolomét le Çeographe: autres fé- lon Maior Efcojjou d/ Mur/ler. 1 DiU'.fioH décent IJlt en cine^ principales contrées , fè" cttnhien de Corntez y a en ch.i.^ue contrée ou Proumce. 3 . Son air dvux ejr tempéré, ^ à (Quelles maladies font fMè]ens les îrîanâcii. 4. SiyjguUriiez. de celte Iflt en la produUion des ani maux terreflrestpoijjovsy oy féaux. j. Martinets , oy féaux d'admirable propriété , qtii morts ne pourrirent p^int. 6. Irlandoii anciennement viuoient de chair humaine, eemfne les Antropophagss , mangeoient les corps morts de leurs parens. 7. Agilité & grand courage des Irlandais , de ^uels ncr/is ils ùaptifent ordinairement leurs enfhns , ^ de leur éducation. 8. Larcin nejl eflimé chofe iufhme entre les Irlandoii, ains (hofe loùîble. 9. Martage des Irlandoù fe fait par paroles de futur, non par paroles ds pnfsnt. I o. Pnere ordinaire des Irlandoù à la nouuelle lune. \ I . Nourriture des Irlandoù. I ^^illts célèbres tn trafic gahtez. & Vvaterfirt. 1 3 . Gendarmtrte [rlandoife diuisét en trois rang5,v farts de ternemufesau lieu de trompettes. 14. FortereJJfs ùa/iies en Irlandepar la Rejne Eliza- hcih 0" le Roy I achats. 1 5 . Irlande quâd réduite fom la puijjanct des Anghisi 16. Irlandoù fauuages comment gouuernej par leuri Seigneurs i^r luges. 1 7. Sièges ^ nfflciers d'Irlande. 18. Religion Chrefltenne e^uand receu'é en Irlande. 19. Reuoltis du Comte deTiruùsn [aiholi^ue, expulsé d'Irlande. 10. EdiB du trenfiefme lanuier 1614. du Vicerty ^ Confeil d Irlande, portant bannifjemeut des Archiuef^ues, Euefques, l e fuites , qj- Séminaires Catholiques hors du Royaume. 11. Exerdce de la Religion rejhbly tn Ir landes» craignant la rébellion des Catholiques. II. Dis Archeuefshez-ts" Euefchiz fuifont enirlade. W^^^l 'I R L A. N D E , que les anciens ont nom- i ^1 mceHibcrnie, les autres ïutrnie , les au- tres luuerne , & îetne , & Iris , & Ogygie,' & par les irlandois raefmîs, Erin , eft alïife entre le cercle Atâ:jque,iSc le Tropique de l'Efcreuiffe, approchant toutefois d'auantage du po'e Ardique, comprend en latitude quatre dcgrez & demy du Méri- dien Se eft enfermée félon le compte des modernes, entre le 10, Scii. parallèle, & facontrée Méridionale a fon plus grand iourdé 16. heures , 6c enuiron trois quarts : &: vers l'extrémité du coftc du Nord , de près de dix- huicfc heures. Or pour le regard d» globe terrc- ftre, cefte Ifle nommée par l'colorricc Petite Bretagne eft mife entre la grande Bretjgne & l'Eipagne, & a da Leuant l'Angleterre , fepatéc par vue mer orageufe d'enuiron vu iour de nauigation:du Coachant la gran- de mer Oceane , du Nort d'ifland , qui n'en eft v floî- gnce que d'vne iourBce de mer, &: du Midy l'Ef^agi^e diftante de trois iomnées de Mer. G 5 Eftatdel'irlande Ican M.ijor EfcofTois Doâear de Paris au liurc i. de C:flu Scotorum, dir que Hybernie eftoit anciennement appellée EfcofTt: , ôc que le pays , que nous appelions auiourd'h'jy ErcolTejn'cftoitpas diUinguc d'auec l'An- gleterre, & pour enrendie comment l'EfcolTc aeftc appellée EfcolTejfaut remarquer auecle mefme Major, ôcMunfterli.z. de fa Cofmog. chap.i i. que les peu- ples d'Hybernie eftoicnt anciennement appeliez Scott, en mcmoiie de la mere de leur Capitaine Ibcrus , qui portoic le nom de Scota, lefquels ne pouuans fe conte- nir dans les limites ci'Hybîrnie , voulurent conqucfter la Bretagne, appellée autrement Albania , les autres di(ent Albion , qui cft auiourd'huy l'Angleterre , pays qui comprenoit en vne mefriie Ifle ôc ious ce mclme nom Alb*nia,ou Albion l'Angleteire & l'Efcoire, fans aucune difftrencç & n'eftoientqu'vn Royaume appel- lé Bretagne : C':sHybernois firent de grands exploits fur ce Royaume de Bretagne n'euft cfté le fecours que les Anglois rficcurenc des Saxons, ils l'eulTent ré- duit à leur pi.illanct; mais fecourus de ces peuples Al- lemands, iîs repoulT^enc les Hybernois,& lescontrei- gnirent de fe retirer es dernières parties du Royaume> où ils fe 'Ti.-iintieadrent & refiftcrent longuemenrà leurs ennemis : Se du depuis leur demeura ccfte partie de Bretagne, & Teftablillant en Royaume feparcd'An- I gletetre , l'appellerent EfcolTe. Et de fait le mefme Annalifte remarque qu'encore auiourd'huy en Efcoiïe le langage eft mcflc de l'Ancien Anglois & Hybernois, ce qui arriua pours'y cftre habituez Icfdits Hybernois nommtz Efco.Tois, auec les Anglois dudit pays qu'ils commencèrent d'appeller Efcoflois. Cefte Uh s'cftend en forme ouale ou lenticitlairedu Sud au Nord,& eft plus petite que la grande Bretagne, àfçîuoir l'Angleterre & l'Efcoile prins enfemble, mais plus grande qu'aucune d'icclles prins feparcment. QuelqueS'Vns font fa longueur du Midy au Septcn tiionde 70. lieues d'Allemagne , & les autres la me- furent d'autre forte. Mais Camdene qui eft digne de foy, nous apprend qu'elle tft longue de 400. mille pas, & large de 100. Or rïtlaode eft dmiféc en cinq prin cipaîcs contrées, c'clt à fçauoir, enlaMomonie du codé du Midy , en Lagenie ài; L':uant , la Conn£â:ie du Couchant, l'V'ltonie du Nord , de la Medie prefque au milieu. i En Momonie il y a les Comtcz de Korry , Coïke, Vvaterford , Giar4-, Limbrike, Tipperary. En L;.genie celles de K Ikenny , Caicrlagh , Queenes County, King». Counry, KdJare.Vvexfoid Dublin. En Conna- ftie,celles de Gaivvay,M.'iio,S!îgo,Lctrim,Rorcoman, Lonford En Vitonie celles du Louth,Fetmanach,Mo noch3n,Donega!li Antrim, Colcahsn, Dune Ardmach, Srabane, Cîuai'i & Tullaghogc. En Medie celles de Eaftrneth & Vveftmeth. Les villes & bourg» plus notables en chaque pro- uince. En Lagenie eft la villede Dublin capitale de tout le Royaume ou relîdc le Viceroy ; Ki'kenny, Roife-MacruncVvtsfordjInifcoify.Thomas-Torone, Gauran, Vvickloe, Naas, Cattarlagh, Nevvport,Den- gen Oualy,Difert Laghlen. En Momonie) Corke, VvateifordjDongaruan, Yogheli, RolTc- Catbre,Traly, Dangen-Icoch , Malle , Kilmallok , Kinfale , Ardart, Asketin,Bandonbfidg,Talio,Clune,Limbrich,CaiTell, Fiart, Clonmel, Cairike, Callen, Butteuant, Teraolag. En Connadic , Galvvay , Athenry, Bcllafloe, Athlone de laquelle la moitié pertcint à Vveftmeth , & l'autre àConnaâ:. £nLoghreagh,Poitumny, Bellcclate, Mo yen, ElfînTuaynt, Vitonie, London Derry,Dioghcda dont la moitié cft de Meath, Dondalke, Ardy, Carliu- ford, Neurie, Dompatrich.Ardmach, Dongenin.Col- rahan, Srabane .Monachan , Cnockfcrgus , Donegal. En Medie , Tiim, Athboy,Kells, N,iuan, Mollen- gaie, Ratoth, Donboync, Donfaghiin Cluain. Qualité du Pays, CEfte Ifle iouyr d'vn air doux & tempéré, combien j qu'il ne foit pas trop bo.j pour faue meurir les fcuiéts à caufedc l'humidité qui y abonde. Il n'y fait pas trop chaud ny trop froid. Ce pays ne produit tien de venimcux;& ne le peut fouffrir s'il y eft porté d'ail- leurs. La terre y eft par tout grandement fertile. En aucuns endroits il eft fort montueux > marefcâgeux,& y a forces forefts , eftangs & belles tiuieres remplies de poifTorw de diuerfes fortes. Il y a aulT) de belles plaines, qui font agréables auec leur verdurejC'< beau- coup de bons ports de mer. Les montagnes font cou- uettes de beftail , & pour cefte caufe font abondantes en beurre, laid,& fromage. Le bled y eft aucunement menu , mais quelques années il eft en fi grande abon- dance qu'on en enuoye quantité aux pays eftrangers. L -'s Hiftoriens rapportent qu'il y 3 des vignes , mais font fort rares . Ôc feruent plus d'ornement que pour les fruids qu'elles portent, Cefte Ifle a de bons che 4 uaux, légers & agiles ; propres pour voyager. Elle ne produid aucune befte mal faifante , que le loup, & le renard : tous les autres animaux priuez , y font plus petits qu'en beaucoup d'autres endroits , excepté vne forte de chiens de chaiTc bien grands, propres pour le loup & le cerf. Au refte il y dans les forefts fjrccs bcftes fauuages , & les cerfs y font fi gras qu'ils ne trauâillent guère les chiens auec leur courte. On ne voit poiyt de (angliers à pffent dans les bois , mais il y a vne autre befte Itmblable au fangiier qu'on appeU le Brok. Dauantage il y a forces lieu? es, heriflons, fau- cons,erparuiers,aigles,& gruës, & allez grand nombre de cygnes , & fort peu de cigoigiies. 11 n'y a point de taupes ny grenoiiiiles, mais en recompcnce il s'y trou- ue vflÇ grande quantité de rats Ôc fouris. Il y a des perdrix des faizans > contre l'opinion de quelques- vns , mais de pies , & de roffignois , ii n'y en a point. Cefte îile a pareillement des mouches à ^nid, ('contre l'opinion aulli de quelques- vus ) en fi grande quantité q'i'on n'en trouuepas feulement aux ruches, mais cn- cores aux troues des arbres, &c dans les prairies. Elle produit aulîî cert.'îine malfe de terre noire, appellée en, Anglois turfe , dont les habitans en aucuns endroits font de bon feu au lieu de bois. La mer d'Itlande por- te auffi de petites perles qui tirent fur le noir , & na- geât tu gros en rond,attendant leut chef. Il y atncorcs d'autres oy féaux iu>mmez Martinets, j moindres qu'vn merle, courans comme les cailles, &c ayans te ventre blanc. Ôc le dos noir.qui ont cefte pro- priété , que fi eftans morts on les garde envn lieufec ils ne pourrilTent point , & eftans mis entre les habits, illespreferuent de la teigne, & mefme fi on les pend en vnlieu fcc lors qu'ils font morts , iîs renouuellent leurs plumes toutes les années. Sur tout le lac Eaugh abonde en faulmons , qui font auffi bons qu'en tout autre lieu delà terre. Mœurs des anciens Irlandois^ STrabon dir que les anciens Irlandois eftoient plus é fauuages que les habitans de la grande Bretagne, qui fe tepaiiroient de chair humaine, & eftoient grâds mangeurs. Ils tcnoient que c'eftoit chofc honneftc de manger les corps de leurs percs&mcres après leur more , ôc de coucher non feulement auec les autres femmes, mais encores auec leurs ffciirs ôc leurs mères. Mêla dit qu'ils eftoient du tout ruftiques , ignoran i de toute vertu , & defpourueus entièrement de pie:c. Solin adioufte encor, que lors qu'ils eftoient viito- rieux , ils auoient accoufturac de fe frottée levifage du Eftat de rirlande. 3! du lang Je ceux qui eftoicnt motts au combat ,aprcs cil atioir toiitcsfois luiinc.Cc félon Icmcfmcjfdroid, Se l'iiiiiifticc leur ciloicnc chofcs inJirtciciKts. Lors qii'/iie femme lUioic f.iic vu enfant iii.iile .elle mctcoïc les premicres viaiuics fur refpce de Ion mary, ik poul- foic douccmcnc dans h bon hc de l'enfant atiec la poinde le commencement de fa nourdttitc , 3c Iclon le deiir ocdinatre 4:: toute la natio;i, Uiy foiihaittoit qu'il ne mourult qu'en la bataille , Se au triilieu des aimes. Cfux qui fe vooloit-nc parer parmy eux ,met- toient aux gardes de leurs cff)é> s des derus de quel- ques grands poiflons qu'on ttouiie particulièrement le long de cefte coite, pource que ces d.nts ont la blan- cheur del'yuoirc , la prmcpale gloire des Irlandoi^; confidoit au;; atvnes. C'dï toat ce qu'on peut recueil lie des anciens t (criuainSî toacliani leurs mœurs q.u elloicnt pour la pli)s part incogncuës à caufe de la ru- deire,& barbarie de ce peuple, près duq.iel oa ne poa- uojt auoir libre accrz , Se auifi ^ ourcc que ce pays a li peu de chofes qu'on puilFe dcliret , qu'il failou vne grande curiolitc pour ddlrer d'en auoir ia veué, Se vn - grande prudence & dextérité pour pouuoir viure par my cesfauuages, de prendre cognoiirancc de leurs fa- çons de faire, le discecy pour le regard dîs anciennes racTLirs : mais (î tu dofircs voir celles da temps moyen, tu lest ouueras au long dans Giraid , de qui plulieurs autres ont puifé ce que l'on en peut dire. Mœi^rsdes IrUndolsdecetemps. 7 [ Es Itlandois font généralement fores, agiles, & de 1—' grand coucjge , s'cxpofent librement a tous ha- zavds , luppoitcnt aifem nt toute forte de travail, & endnrenc au (li le froid, & la faim , ôe route forte d'in- cornmoditez. Ilsfont fort enchns à i'amour, courtois à l'endcoit des tftrangets , conftàns en kur amuie, 6i irn cauciliables fn leur haine, de légère créance , deli- reux de gloire,& qui ne peuuent foatfdr qu'on les ou- trage, ny de fait ny de parole, & finalement extrêmes en toutes leurs palfions , de forte que ceux qi-ii font mauuais ne fçiuroienc eltrç pires , ny les bons meil- leurs. Lors qu'on bapcifc leurs enfans , ils leurs don- nent des nc!nnsproph-snes,adiou!iant toafioursau nom quelque choie prife de l'euenement , oa de la couleur comme roux, b^anc , noir , ou de quelque maladie , ou de quelque autre chofe temblable,6c mefme des noms iniulivux, comme de galeux , ou de fuperbe , & autres pareils , combien qu'ils foulFrent raalaifément les ou trages , toutesfois les principaux qui ont la lettre O, deuant leurs noms, ne defdaignent ces litres qui fem blentles offencer. Iln'eftpas permis de donner k nom du pcte , ou de queîqu' vn de la famille , s'il eft lors en vie, pource qu'ils eftiraent que telle chofe aduance roit leur mort. Mais lors que le pere eft deccdc > le fils prend fou nora afin qu'il ne fe perde , He fi que'qu'vn de leurs anceftrcs a eu le même nom , on attend quel- que chofe de grand de celuy qui le porte. Celt; opi nion eft augmencée par les Poètes qui ont mis par crit les faits des anciens , y adioutlant beaucoup dt fables & acq'ierant beaucoup de moyens par cefte voyc. Car les nouuelles mariées , & celles qui accou- chent, s'eftiment infimes lî elles ne donnent leurs meilleurs nabits à ces donateurs de loiiangc. Lis fem- mes fc remetcenc .mec leurs maris fix lours après leur cnfintcmcnr. Auîîî toft qu'vné Damoifclle afaitvn enfant.beaucoup uc fem;res U viennent trouuet pour gngner ce point de nourrir cet enfant , qLi'.;llcs préfè- rent: aux leurs melmes. Et combien qu'ils foicnt en tout ce pays fort addorinez à l'amour , & qu'ils tien- nent à honte de donner la raam'ne'lc à leurs propres enfaos , toutesfois le mary , Se la femme s'abftiennent volontiers découcher enfcmble pour l'amour de l'en- fant , dont elle a entrepris la nourriture. Si le contrai- re .'irriuc, elles mettent vnc aijtre nourrice en leur place à leur dcfpcns. Si l'enfant (e porte mal, la nour- rice le frotte de vieille vrinc , ôe contre les defaftres qui luy pourroient arriucr , ils luy pendent au col non feulement le commmdeinrnt de ('Euangiicfain6Htan, mus encorcs vn ciou l corcu pris du pied d'vu clieual; Et pour ce nncfmc effet l s noutrices,(Sc les enf.'ns por- tent les ceintures fa tes do cheueux de f(.mm'.-s. L ;s femmes donnent a ilTi à leu.s amants des bracele-s faits de leurs cheu: ux. Tous c--ux qui ont (uccé le Luct de mcime nourrice , s'entr'aynaent extremeaienr h-s vus les aurrej , & mefme bien fouuent ils aymenr pins ; ;urs frères de laid, que ceux qui font fort is d'- mef- me ventre. Lors que leurs pères & mevcs tancent 'eurs erifans , ils ont recours à leurs percs no icriciers» qui les animent bien fouusut contre leurs propres pè- res. Et (îquelqu'vn de ces enfant dénient malade, fi- toft que la iioairjr.e en apptend la fiouueUe , e lie y court à gfsnd halle , encores qu'clK- i'en troun^- fort efloignée. Ils aymcnt royfiu.té , & tiennenr poui' <;tande richeiïè Je d. meurer fans rien frire. Ils alie- dionnenc la mufi jue, & fe piaifent ext»tmcment à iouiér du ciftie. Siqaclqu< 3 vnsfe rendent rlsl^gieux, Is viueat aaec vue grande iufteru c , veiilanr, pdgntî 5c mattant leur ch.iic par beaucoup de isuincs , de ior- te qu'il ne le fnu pas eftonner à^- ce que Ton cfcric l2 leurs Moyne;; anciens. Les fcm nés racfmes , &!es dues Gaiholiq'ies icafnsnr tous les A-Lcredis lie Ticdisde l'année. Mus celles q.ïi font addonrées à iiai faire.font plu , m-fcbantes q j'on nf fç aroitcroi- ' e. Ils teigaent leurs hibits noirs des efcorces des ar- bres , que Ls Aagîois nomment y^/^^r ^j-. Ils font auifi de labravi Jie de i'elcotce , & des feli les du Peuplier, les chemifes iaunes, qui ne four prefque plus en vfag?, & lors qu'ils les teignent, il ne les font pas cuire lon- guement , mais les plongent dans l'vrme froide des hommes , durant quelques iours , afin que la coulcuc 10 ic plus iaune. Lçlarrecin ne rend pas les perfonnes infaraes,quoy8 qu'il foit exercé parmy eux auec vne grande cruau- fé. Au refte, ils diient qu'en cela ils fuiuent la fa- çon de fàire de leu.s anceftces , & que ce leur lecoic vne grande honte de viure du trauâil de leurs mains. Lors qu ils marchnt pour voiler, ils remarquenr ie premier qu'ils rencontrent en main, &e (i leur voyage i^iiGSt félon leur défit, ils tafchent de faire que le melme homme vienne tous les iours à icnr rencontre, 5: au contraire. Ils difent que c'eft vne marque d'vn afche courage, dt- dormir la nuid ,& de n'aller bieil ioing voler quelque chofe, en s'exi-ofani: à toutes for- ces de danger : mcfines ils ne pardonnent pas aux Tem- ples & lieux facix zi ains les pillent entièrement, tuent les hommes qui s'y trouuent , & mefraes y mettent la feu. Ils ne fe marient guère que dans les villes, & ce non § par paroles de prefent , mais de futur , & pource ils fe feparent légèrement , & le mary va trouuer vnc autte femme, & la femme vn autre homme , de forte qu'on ne peut fçauoir la vérité du mariage , iufqnes à ce qu'ils meurent. De là vicnnrmt les débats touchant les polTelfions , les rauages, les meurtres , Se les haines morteiles. Les femmes chaûées confultent des forciers qu'on eftime capables de rendre fterile la nouacUe fvmrae j ou de luy donner des maladies daagereufes. Les femfries de mefme que les hommes font grancî eftat de leurs cheueux s'ils font blonds , &e longs , & les rendent annellez , & les lailFent pendre en cefte forte. Les Irlandois fauuages ( car ils font diuifez de mef icJ me que les Elcoiîois) ie mettent à genoux en voyant G 4 Eftat de Hrlande. la Liinc nounellc,& dlfcnt en pailaiu à la Lune , Latjje nom a-'ffifaihs t^uetu natu m trouucz.. Ils prient Dieu pour les loups . &i eftimciu que par ce moyen ils n'en feront p^s otFenccz. Ils tiennent pont forcicre la fem- me qui ilemancie du feu le pieraier iour de May, 5c n'en donnent qu'aux malades , & mefme auec des maudif- fons, & croyenc que l'Eftc foiuant elle deCrobera tout le fromage. Ils tiénent aiiffi qa'vn arbre mis deuanc les portes le premier de May , faiA que leurs troupeaux ont du lai6t en abondance , Il n'cft pas permis de loiier vn cheuaKou quelque autre animal, lansdirc aufli toft. Dieu le gard, o\i fans luy cracher contre. Que fi dans trois icurs il artiue quelque mal au cheual, ils cer- chcnt celuy qui l'a loUc , afia qu'il lay die le Pateno- ftre à l'oreille. Les femmes y fçauent des enchantc- mens pour tous les maux , ôc mettent toufiours deuant leurs enchantemens le Patenoltre , & l'j4ue Mariât & l'adjouftent auflî à la fin de tous. Si quelqu'vn cft ma- lade , on ne iuy parle ny de tcftament j ny du falut de foname, mais feulement de s'efforcer de guérir: fi quelq.i'vn demande l'Euchariftie , ilis le tiennent pour perdu. Et lors que quelqu'vn meurt , on fait des plain- tes , & des lamentations fi hautes , qu'on diroit que tout le monde fe va perdre. 1 1 Qu'^^ * ^^"'^ noun iture.ils viuent volontiers d'her- bes,dc racines, S>c de potirons, & de beurre meflé auec de la taiine d'auoine : de mefme auflî que de laid , de bouillon de beufle.&r de chair, bien fouuent fans pain: veu qu'ils gardent le plus fouuent leurs bleds pour leurs chenaux , dont ils ont vn foin extrême. Lots que la faim les prelTe , ils dcuorent la chair toute c eue, & pour h digérer , ils vfent de grands trafics d'eau de vie. Ils tirent auflî du fang des vaches , & lorsqu'il eft caille , ils le mettent fur le beurre ,&c le maî=igent. Ils vont toufiours tefte nuë , finon quand ils la couurent de fer pour aller à la guerre, & portent de longs cheueux crefpez , & ne peuucnt endurer la moindre raillerie qu'on leur die. Ce font là les façons de faire des Iilandois fauuages. Il y en a encore beau coup d'autres : mais ie craindrois en les rapportant,ou d'ennuyer le Lcdeur , ou d'ellre contraire à mon def- fein mcune. Riche ffes d'Irlande, ,2 E qui peut rendre les Irlandois riches, c'eft l'a- bord des marchands qui viennent de tous coftez, fx: le trafic des habitans de l'ifle , qui n'a guère autre choie que des cuirs , des faumons , des hatans , peaux de mouton > & autres peaux pour vendre , &c diftri- buér aux pays cftrangers. Entre les autres villes il y a Galuey , où les marchands eftrangcrs fréquentent, qui eft pleine de riches habitans , qui font grand tra- fic de tous coftez, &: Vvaterford ne luycede aucune- ment en nombre de gens de trafic qui font aulTi bien leurs affaires en ce lieu qu'en aucun pays de l'Europe. La plus grande partie de l'Irlande eft affèz capable d'entretenir les habitans , & de leur fournir ce qui leur eft neceftaire , mais non que les richefTcs y foient fî grandes qu'en vn grand nombre de lieux de l'Euro- pe, qui en ont melme au delà de ce qui peut fuffite aux délices. Leurs plus agréables richcffes , & prcf- que ftules , font les vaches , qui ne rendent point de laiâ en Irlande , comme on tient, finon qu'elles aycnt leur veau viuanr à leur cofté , ou le cuir du mort tera- ply de paille : afin qu'il rapporte fa femblance ; veu qu'elles connoifTent comme l'odeur de leur ventre en ce cuir. Et fi la vache eft fans laift, ils font venir vn tiers qui luy faidl aymer vn autre veau, afin qu'elle prenne du lai(fl. Quant aux commoditcz que le Roy d'Angleterre en tire, elles font petites , ou nulles , à caufe des grandes girnifons qu'il y entretient, &'fc- roient encorcs momdrcs s'il ne tiroir tribut de ceux qui veulent viure , & eftre recogueus Catholiques, fans toutesfois qj'il leur foit permis de faite aucun exercice. Forces d Irlande. LEur milice eft compofce de gens de pied, & de M cheual. Les hommes de cheual ont les cheuaux tellement faits à leur volonté, qu'ils fautent aifemeoc deffus , encores qu'ils foient armez , & cela vient au- tant de la fouplcire & dextérité du ehcual qui s'ac- coramode à eux, que de la difpofitiondes Irlandois, dont nous auons parlé nagueres. Ils ont des dards pe- fans qu'ils lancent aux ennemis en les prenant parle milieu. Quant aux gens de pied, il y en a quelques-vns qu'on nomme GaloglalTcSiqui portent des haches plus rrenchantes que des tafoirs, au bout de leurs lôgs bois, & ccux-cy font toute la force des armes Itlandoifes. Les autres qui tiennent le fécond rang , font ceux qui s'appellent Kami , & qui vfent des dards , & decouie- lats , & n'eftiraent pas auoir tué vnc petfonne s'ils ne Iuy ont tranché la tefte. Us mettent au troifiefme lieu les Coureurs , qu'ils nomment Dattmsqui vont de- farmez , & font prefts à leruiries gens de cheual. Ec l'infanterie, &la caualerie criem" cfgaltment Pharo, PharOi lors qu'il faut venir aux mams, & mefme q.iand ils fortent de la ville ont accouftumé de crier à chacun à la porte particulièrement , & celuy à qui l'on ne crie rien cft tenu pour mal- heureux , & ce filence eft eftimc de mauuais prefage. Et tous les hommes de guerre vfent de cornemeufes au lieu de trompettes. Les Irlandois font en fort grand nombre , & coura- geux : fi bien qu'on les poucroit tenir inuincibles , s'ils n'eftoient contraires les vns aux autres. Mais ils ont efté prefque toufiours diuifez , & pour ceftc caufe ils ont donné entrée aux Roys d'Angletcrta. Celuy qui règne à prc(ent y maintient dix fortcrcf- 14 fes garnies dîgens de pied , & de cheuai iufques au nombre enuiton de i iooo. Ce qui fut commence pat la Reyne Elizabeth, depuis les dernières encrcprifcs du i-*ape Grégoire. Il y a la ville Archiepifcopale , que l'on nomme Almach.c^m eft forte, & là près en la cofte qui rcgirde le Leuant , on void la ville de Ttidat , qui eft la plus grande forterell'e après celle que nous ve- nons de nommer. Il y a après Dublin , fiege des Roys, alTez bonne fortereflc , &: poit où s'embarquent ceux qui veulent aller en Angleterre , qui airiuen: à Cofter, prefque vis à vis Dublin:8c du coftéde la Tramontane ii y a vne feule fortcreffe qui a nom Vvocuergues; mais au cofté qui regarde l'Angieteire, il y a fepc fortereifes auec leurs ports, c'eft à fçauoit après Dublii^^ , Anglan, de Pofcie , le Limbrach , V vat erford , Ros 1 Lorch , 6c Chrufal qui eft du cofté du Midy. Or le paftàge de ce canal cft fort dangereux, à caufe des riuieres qui y tombent de plufieurs endroits con- traires : tellement qu'elles engendrent vn bouillon d'eaux confufes , & courans de diuers coftez , qu'ils rendent mal-aifées à ceux qui voyagent : Pour conclu- fion : le Roy d'Angleterre n'a pas grand fubjeâ: de craindre que les Princes eftrangers fe rendent maiftrcs d'Irlande , tant à caufe de la commodité de l'affietc, que des forts qu'il y a, & des gens qu'il y entretient, &: mefme de plufieurs habitans du pays qui Iuy font af- fcdionncz. De forte qu'il ne pourroit courre fortune que par vn changement de volonccz , & par vne te- uolte générale de l'ifle , qui eft extrêmement diHicilc, à caufe des garnifons qui la bii Jcuc. Gonuir- Eflat de Tlrlande. > 33 Goimernemenî d'Irlande, ,,T 'Iilaïuie a eu autrefois beaucoup de pitits Roys, mais elle cll^maintenaiu fous In piiidaiice tUs Aii- g!ois , cncie \i> mains dcrcjucls clic tomba l'an 1 1 7 ^ lois que Roileiiclloy de Coiinacie ("c nomma Roy de touce l'Irlande , »Sc c|ne voulant fc rendre Roy de riilc enticic, il conibr.tit contre lis aunes Roy*, qui fedon- n' rciU à Henry 1 1. Roy d'Anglrtcrtc de leur franche volonté, & fnns-SHCune efrulion de finy, & depuis tous les Ryys d'Anj;lctcrre ont cfté nômez Scifc;neurs d'Irlande, iniques ,\ l îenry 8. qui fut nommé Roy par les Eltats d'Irlande, potuce que ce nom de Seigneur 16 cltoit odieux à quelques fediticox. Au relie le Roy d'Angleterre y cnuoye vn Vice- Roy pour lagouuer- ner«i^ces Vi^es Roys furent nommez au commence- ment Conferuaceurs d'Irlande, puis lufticierSjLiente- nans , & dcpntcz , par les patentes qui Icut donnoient celle iur.lViidîon, (Se pniiruice , qui cil véritablement Royale : Car ils pf uuent Lire la guctie, (5c la paix, or- donner & diipoict de tous les Magiftrats, eX'.epté de quelques vus , remettre tous crimes , hotlmis ceux de Ltze-Majeilc , faire des Cheualiers, & chofes fembla blcs. Ces lettres patentes iotîc leu'ès lors que quelqu'vif cil publiquement icçeu pont tel,& lors preftantle fer ment Oi dinaire deuant le Chancelier, on luy met en la main vne elpc^nais on le mec en vn fiege, en prefence du Chaîicelver du Royaume , & des principaux d'ice- luy qui (onc du Con(eil,anec le Roy "d'armess^ le Ser- gcntd' armes, & autres officiers honoraires. Il y a au Confnl pour AlUilcLUS le Ch.mceli;r,& le Threforier du Royaume, les Comtes, lesEucfques, & les luges qui loncd'i pciué Confcil. 17 Les Elbt:, d'Irlande ont plus de puilTance que tout le relie ..i^'c ceux cy 'ont atlemblez à la volonté du Roy, combiiMi que du temps d'Edoli ud i. ileftoit ordonné qu'on tiendroit les Eftats en Irlande toutes les années. Il y a auilî quatre aiTlmblées juridiques, comme en Angleterre & cinq Cours, c'eft à içauoir la Chambre E(toillce,laC!iancejlerie , h B mc Royal , leBmc des communs Décrets, ik !e Fifc Royal, ou la Chambre des Ccmpres. 11 y a aufii en chaque Comté des Cours qui fe tien- nent quatcffois rannée,qu'on app^elle les Alîîi'es. 1! y a encore en chaque Comte vn Preuoft qu'on appelle S/jr/jÇ, qui au ;c les Archers empelche les in- folences des raelchancs. l^lus font aulîî des luges dits de la paix , ainfî appel- iez , pouice qj'à eux appartient la cognoiflfance de ce qui conc.-tne l'entretien de la paix. Le Roy a fon fergent à la loy , fon Pt ocurear ou ad- uocat gênerai, &: loa follicitcur sux prouincés plus tlloignecs. Il y a d'autres officirrs aux ptouinces pour gOHucr- ner rendre iullice aux peuples , & (ont appeliez di-:. uetfemcnt , comme celuy deConnacie, dont le Chef cft appelle Gouuetncut , Pr^fid'-nt en Momonie , & ceux ty ont leurs Alulfeurs choifis d'entte les Nobles & les liuifconfultes. En chaquevilie il y a des Msires & autresofficiers, comme en Ang'ctene & les loix des Parlements; ou tlhts 'l'Angleterre y eiloicnt en vl'':;ge,iurques à Hen- ry 7. Car Van 19. de (on règne elles cftoient coufir- lïiéej en Irlande p-^r i'authoricédes Eftats. Mais depuis Us ont eu leurs il.itvus particuliers des Parlemîmts. Outre ces Magiftrats ciuils, l'Irlande en aaulfivn militaire, fciuoir le Mar^lchal, q-îi elUà pour brider l'infoience des (oldits, & des rebelles. Celle charge a efrciong lemps par fucccffion entre les mains des Ba- rons de Morley d'Angleterre , qui la reccur^nt du Roy lean. Le Marefchala fon Lieuctnant qu'on nomnae T*ràt''[i Marefcall , ik. quelqucsfois il en a plus d'vn fé- lon l'occurrence , & le temps , ^. tous exercent ccftc f h.irgc,& font valoir l'authorité qui leur a clic donnée fous le grand fccl d'Ii lande. Qiicl(j^icfois ces Preuolls , Marcfchals allans par le pays font pendre tous les panures gens qu'on irouue (ans parte- port. Voyla en gros tous les Sièges & Oflîciers d'Irlan- de , où l'on void ptelque mclmc gouuernenient rju en AngleteirCjCn toute chofc. Mais auant que de finir ce difcours , ie ne veux laif- fcr palTcr vne patticularirc du gouucrncment d'Irlan- de, qui clljqu'on n'y fonlFa' aucun banquier,qui efpui- fe l'argent du paï? au.cc les vfures & cliarges infuppor- tables. Les autres Prouincés (ètoient bien plus à leur aile , Cï CCS fangfues leur clloienr ollées , veu que ces - gés (ont comme la rate qui ne groirit,& ne s'cnHe que par la diminution, & le dommage des autres. La Fran- ce faigncra long temps de la pbye que cède forte de gens luy a faite :& quand elle feroit deliuiée de telles perfojn,ues,elle en (eroit beaucoup plus heureufe. Religion d'Irlande. LEs naturels d'Irlande font tous affedtionnez à la 18 Religion Catholique, Apofiolique & Romaine, mais les Anglois qui la gouuernent font tous de la nouuelle Rcligior,& s'appellent Prottftans. Quelques vns tiennent que faiad Pierre ou faiiid: lacques ont mis les premiers fondrments de la foy en ces pays : d'autres ont dit que c'elloit vne ff mrfie qui a planté la Religion , chofe ridicule , & qui n'a aucun autheur pour guarant : Mais quoy que s'en foit de cela c'ell chofe très- alTcurée qu'enuiron l'an 477. Celelliu premier de ce nom Pape y ennoya S Patrice qui les ef- claira enj^cognoiflance du vray Dieu, d'où vient que les Irlandoîs de bon droid luy attrihiicnt ie tiltrede leur Apoftre. Homme rcccmmandabîe pour Ion ad- mirable faindcié , qui conuettic tout le Royaume d'Irlande à la foy Chrciliennc , d'où vient que les Ir- landois , qui du depuis ont vefcuen celle trieime Re- ligion, luy arrrïbucnt le commencement de la foy. Ce gran^/aiiîd Patrice eftoit proche parent de fainét Martin de Touss, & véquic long-répsauec luy & auec S.Germain d'Auxerte. Or de tous les miracles infinis, p.irlcfqnels famifl Patrice addoucit& gaigoales lœifrs d; ces gens là, le plus remarquab e cft celuy de fon Purgatoire , dont parlent plafieuss Hîftoriens, & eft chofe tr£S- véritable , car à prefent triefme il eft fort fréquenté des Catholiques. Saind Patti :e donc alFermit fi bien la Religion Ca- holique parmy les Irlandois qu'on ne l'a iamais quit- té du depuis , nonobllant tous 'es efforts & tyrannies barbares que les Protcftans leur font en ce pays depuis Henry 8. Roy d'Angleterre , qui y iniroduifit l'hercfie qui a régné iufques à prefent. Et pour mieux fiire en-, tendre le fujeél pour lequel ils endurent , voicy vn ab- bregé de leur pcilecntion. Pareilcment il eft à remarquer que prefque tous les naturels d'Irlande font Catholiques, & le peu de ceux qui ne le font pa*, ne font que temporifcr pour gagner la bonne grâce du Roy & de fes Miniftres & Officiers, tellement que de milU Irlandois a peine en trouuera- on vn vray Proteflant > nonobllant toutes les perfecu- tions qu'ils ont foufFettes depuis 4.vingts ans en çà. Il faut donc îçauoir qu'il y a trois fortes de ftatuts ou lo)x fondamentales faites au preiudice des Catho- liques. Par la première il efl défendu (bus peine de cent marcs d'amende, qui montentà 3? !• liures cinq fols , d'entendre la Meife , d'auoit des Bi cuiaires , des Milîels , des heures de NoRre Dame, desCluppeiers, des Agnm Dti , des Images des Sainâs & autres chp- 34 Eftat de l'Irlande tes (emblabUs qui feruent à exciter la dciiotion des Chrefticns. Pai la féconde il eft enjoinft à tous d'affifter au Prefche & aflemblces des Protcftans les feftesÔC Di- manches fur peine de dix fols d'amende diacun par iour. Par la troiiicrme toutes perfonncs font obligées de faire ferment que le Roy d'Angleterre cil chef de l'Ê- glife tant pour le temporel que pour le fpitituel en tousfcs domaines. En fuittede cecy.le Vice Roy faidt fouaent publier desEdids, portants le banniiïemcnt on emprifonne ra^n: des Euefques Catholiques ; des Preilres de Sé- minaires &c autres Prcftres & Religieux, auf c la puni- tion de ceux qui les retirent & recueillét en leurs mai fons. Et pour ne tomber pas en leurs mains tous les. Ecclefiaftiqucs tant fecaliers que réguliers vont en habits dcfguirez,& ne fottenc gueres des lieux où ils fe cachent que de nuid. A tous les Comtes du pays on enuoye quatre fois l'année des lufticiers , appeliez dans le pays , luges des AflTifes, pourouyr & déterminée des procez tantciuils que criminels ; &c ces I ig^s , entre autres chofes font inquifition par douzi hommes qu'on appelle lurez (d'autant qu'ils font ferment de rapporter la vérité; pour fçAUoir qui font ceux qui n'ont pas voulu fre- quentc'r le Prefche, &c les ayans dcfcouuîrts pu tel moyen , on les condamne à payer les dix fols fu!ra:n- tionnez pour chaque iour auec les frais de la Cour & les falaires des officiers de luftice qui font raxez à de granfics fouîmes. Et tous ceux qui n'onr point d'argent comptant on les met en piifon , iufqucs à ce qu'ils ayent tout payé, d'où vient la ruine des panures Ca- tholiques. ^ En ce pays ony ttaide le peuple auec telle cruauté & inhumanité qu'vn pauurc homme fera contramâ: quelquefois de vendre fa vache (s'il en a) ou fes meu- bles pour faire de l'argent pour payer cefte iniufte exa- aion.ôc fe tirer de pdue. Quelquefois auffi ou trai- neks panures Catholiques par les pieds, & par les bras iiu Prefche , ou on les force d'y aller à coups de baftons. Et ce qui eft plus,on a faid mourir en ce païs pluficurs Euefques , Preftics & gentils-hommes pour la caufc de la Religion. Outre ces Cours ciuiles les prétendus Euefques ont leurs fiegcs prefidiaux , où font citez les Catholiques pour rendre compte, où ils ontbaptizé leurs enfans: quieftccluy qui aura enterré leurs morts ou célébré leurs mariages & autres chofes fembUbles ) & ayants trouuez que le tout a tfté faidt par des Preftrcs Catho- liques , ils forcent les accufez , tant panures foi^iit-ils, de payer dix liurcs tournois ou plus , pour le baptefme d'vn enfant, & ainfi à proportion pour tout le rcfte,& à faute d'argent coraptant,leurs officiers prennent les gages des panures gens. Il n'tft pas aulTi permis aux Catholiques d'auoirny Collèges ny Efcolles pour l'inllrudion de leur ieunef- fe, d'où vient qu'ils font contraints, ou d'cftre tous ignorans (comme les aduecfaires défirent ) ou de cer- chcr commodité ailleurs pour apprendre tant ce qui eft de leurfalut propre, que d'autres fciences pour ay- dcr leur conficres. Cefte rigueur exorbitante auoit contrainét ces bons Picftres qui par leur grand zele ont commencé les Sé- minaires que les Hibcrnois poffedent en France , en Elpa^ne &: en Flandic, d'où font euuoycz tous les ans des gens fçauants au fccours de ceux qui portent le ioug de la perfecution en leurs pays- Et entre autres Iicu>: ils ont vn Séminaire à Pans qui cftoit comrr.en cé par Monficut Ie an LiiY Preftrc,l'an 1 55>9 & gou ucrné depuis pour la plus parr,par Monfieur Thomas Mf.ss iiiGH AM Preftre du mcfme pays : lequel Sémi- naire fcul a produi6t &c fourny au pays d'Irlande plus de quatre vingts hommts d'Eglife; defquels il y en a quatre qui font Euefques, plufieurs Vicaires Apoltoli- qucs.autres DodcursÔc Bjcheliers en Théologie, Se le relie tous botis & fçauants hommes. Et à ce faire, ce qui eft remarquable , ils n'ont autres moyens que la prouidence de Dieu & la charité des gens de bien. Oc de ces Seminatiftes,vient aprcs D eu, que la Religion Catholique eft conferuccen Hibernie. 11 y a vn autre mal qui eft capable tout feuld'an* iieantir la Religion Catholique en Irlande , fi Dieu ne la conferuoit , à fçauoir , les fils ailnez de la Noblelîe, qui font feuls héritiers en ce pays là, car après la more de leurs Pères ils entrent en la girde-noblc du Roy, la où ils continuent iulqut's à ce qu'ils ayent at,teinc l'âge de vingt & vnan. Laquelle charge de garde-no- ble ou tuteurs des mineurs , eft vénale en ce pays , au grand preiudice & vexation des mineurs , car durant ces temps là ils font contraints d'embrafter la Religion proteftante, & tous les reuenus &r profits de leurs hé- ritages font au Roy , ou pluftoft à celuy qui l'auroiî acheté, car ils font toufiours vendus. Et ce temps de minorité finy, fi le gentil homme veut efpoufer vne femme, fon doiiaire doit eftre aulîî audiâ; tuteur , en mefme forte que le panure héritier qui iera quafi tout nud entrant en la pofieflîon de fon bien , il n'y entre- ra pas en façon quelconque qu'il n'ayt premièrement , prefté le (ermcnt deftus mentionné, que le Rcy eft chef de l'Egliie. Lequel ferment doiueat auflî preftec tous ceux qui font en office par tour le Royaume, d'où vient que les Catholiques qui le refuient , com- me chofe illicite , fonr exclus de cous offices & digni- tez , &c ne font g'jcce mieux traittez que des elclaues, car vn Anglois proteftanc , foit le plus vil & abjeéi: qu'on fçaura'direjue fe fouciera pas de dire des iniures à des Seigneurs du pays , fçachant qu'ils n'oient par- leri ny fe plaindre : car quoy qu'ils fe plaignent ils ne font pasouysà caufe de leur Religion. Adiouftons encor vne autre affliôtion bien grande appcUéc par les Anglois f theplantation ) qui vaut au- tant que de mettre dehors les Catholiques , fubftituer des Proteftans en leur place. Car par ceft inuention ty- rannique on ofte la moitié ou pluftoft les trois quarts des terres & Seigneuries de chacun d'eux Se la donne- on à des Proteftants Anglois &c EfcofTois. Et quelque- fois on oftcà vnfrere & à vncoufin pour donner à l'au- tre afin de s'aigrir l'vn contie l'autre pour mieux venir à bout de leur deflejn. Tout cecy auec beaucoup d'autres chofes de cefte nature ont efté pratiquées en Irlande du règne du Roy lacques , mais on elpere quelque meil'eut temps fousle Roy CKarlcs à prefent régnant pat i'cntremife de la SereniflTime Reyne Henriette Marie de Bourbon, Reyne de la grande Bretagne. En Irlande il y a quatre Archeuefques , à fçauoit ce-i luy d'Ardmachqui eft le Primat de tout le Royaume, «luy de Dublin, de Calfel & de Tuaym. L'Archeuefque d'Ardmach a fous luy l'Euefque de MeathjCluane, Clocher, Derry, Dune & Connery qui font vniSjDromraorc, Kilmore, Ardache.Rabo. L'Archeuefque de Dublin a fous luy l'Euefque de Kildare, Olferie, Feurnes, Laghlin. L'Archeuefque de CalTel a fous luy l'Euefque de Vvaterford Se Lifmore qui font vnis , Cotk & Cluane qui font auflï vnis.RolFc Ardfert, Achadeo, Limbriek, Imilic,Finnure,KillaloFinibric. |. L'Archeuefque de Tuaym a fous luy l'Euefque de Cluanfert, Maio , Alfiu, Achonry , K^lmacdoagh, Kilalle, Anachcone. Des 4- Eftat de l'Irlande. 3S DES ROTS D'IRLANDE iufques a Rodorique dernier ^oj dt4> Royaume, HErimon fut le premier Roy d'Irlande , auquel Cuccedcrcn!: i8 i. Roys , dc^iaels Rodorique fuc le dernier , car de Ion tcpv: les Aijglois, (c font empa- rez du Royaume par l'afliltance de Dermicius Prince de Lagcoie qui les appclloicà fon fecouts contre Ko- doiique, & l'ont tenu du depuis. Le Comte dcTyiOH 6c le Comte ^e Tyrconcl qui fane dclccndus di ces Roys ont faidl; la guerre à la Reyne Elizabecii l'tfpacc de douze ans i pour la dcf. fencc delà Religion Catholique. Mais au temps du Roy lacq ies d^nnier dcfunâ: prcuoyans le mal qu'on leur vouloir faire, ih quittèrent le pays , & n'eurent autre tccoufi qu'au Pape Paul V. à Rome , où ils mou- rmçnt tous deux ancc plufieurs nolilelfes de leijr f ut- te,Icurs héritiers , les deux ieuncs Comtes demeurants en Flandres , ou ils font maintcnanr Colonels Loubs le Roy d'Efpngiic : leurs Seigneuries bien amples en Itlande font données à des Ptoteftants AugloJS & Efcolîois , qui appréhendent beaucoup que Icfdits ieunes Seigneurs pourroient retourner va iour en leurs pays où ils les pourroient chalTer fi le mal-heuc tom- boic vne fois fur ces Proteftants. D I s C O V R s DE LESTAT DV ROYAVME D E F R A N c E. SOMMAIRE. I. Sowct du r,97n de Gaule , & cjutls pai^s elle compte - nouaiKiennerneniyfthnCefardr Ptolomée : des g^»lo,6 apptlIez.Ceiusy & du Ho>n de Ga>tle change tn France : diuilion ancienne, ftlon Ce far. ^ 1. Defcrtptton de U France , félon l Ejkii moderne , fa ionatthdf, largeur & Imites. 5. Diutjion delà France , feUnfes Parlements Pfo- tefes. 4. Ampli defcripiion des Prouinces de France , ^ pre- mièrement de U Picardie, & des pays ^ui refient au Roy de l'ancienm GmIs Beignjue. 5. Deli G>ude Ceiiicjae : de la Treito/le ^ Vicomte de Parù , de la Muiftan : defcrtptton de Paris : de l'IJl^ de France , de la ville de fair,a Denys , PoiJJy,/am5l Cet inatn en Lays, du pays Vcxin, & eeluy de V doit , de Hu- repoij, Gcfimoi^y 'Biles , Caps , firefis & riuieres princi- pales de France. ^ 7. FerttLiédes Prouinces de France & la s des anciens Gaulois , leur viure é' fonne de leurs funérailles. 11. Natursi & mœurs des Pari/iens, & de tous les peuples du Royaume. 1 5 . Moeurs naturel en gênerai du peuple Françoie, 14. Ciuilitc de la NéleJJe Françatfe y & «jne^s (es exercices en temps de p.nx. 1 s ' RnheJJes du Royaume de France doit procèdent. \ G. %^iienu des Roys de France a ^«oy fe monte. 17. Tatllt ordinaire ti'vtie anrJe àquùyje monte eru Franco^, 18. Forces de France fur mer, quellts. 19. Nombre des Compagnies des gens de [heuaî entre' tenues maintenant en France. 20. Infanterie Fra^foife quelle, (fr le nomive dfs (^om^ pagnies de gens dt pied entretenues k prefent. 1 \. Artillerie Fran^oifç réduite tou-.e à vne forme com- mune, ^ ijuelle longueur a le Canon France. 22. Dénombrement des forierejjes <^ meilleures places de France. 25. Royaume de France fueceffif, non eUElif, des mafles admu à la Cour, ^ non les (emiUes. % 4, Priuileg:s antho'itez. des Rcyf^^s de France. 25. Forme ancienne modems dit faire Couron- nement des Roys de France. z6. Origine infi'ttmon àss Pairies Pairs de_j France, d'ej' ereflion d'tceux , de U réunion des anciennes Pairies, dus Cemcez , Ma' (^uifa/s -jr Bnronmes érigées en Duchez. 2^ Patries de leur jhbfflencs à prefent é" extm&ien d'aucunes. , ^ 27. Des grands dignitaires dr Ojficiers de £E{ht ^ Courmne de France. 28. De la maison du Roy e$* des Officiers d'icelle. 29. Dfs Oj^urs dn [o.'ifeil Pfiue' du Roy. ^ jo. Du Parlement de Parit > de fon EJhbtiffement^i grandeur ^ autharite'. ji. De la Chambre d9s Comptes, [our des Aydes (f^ iutres Compagnies fonueraines pour la lufiice du Rcyaumé de France. 3 1. Dénombrement des Treftdiaux , 'Bailliages : çfr fié- ges efkinsfoftt chaque Parlement de France. ?3. Dénombrement des Diecefes de France des Pa^^ roiffes efue ch.iijHe Diocefe comprend. 34. De la Rel>gtonprofif]éeenF\ra^ce. 3 5. Catalogue des Roys de France dr Ittr régne. WM&M, "O'"" '^^ Gaule a fa fource incertaine , les # tirent du nom Grec y^K* qui figni- fie laid, pource que les peuples Gaulois ont la face & le vifage fort blanci les autres veulent tenir ce nom de Galate fille d'Hercules , qui s'y habitua •, quoy qu'il en Toit , la fource du nom Gau- lois eft fort ancienne, de pour dire vray , incogneucj nous liions donc bien dans quelques vieux Aiuheur's, & Merula l'obferue , que iadis on vouloir fignifies: le 3<î Difcours de l'Eftat pays & le peuple Gaulois pat le nom de Celtes , pour la NoblelFe J.i peuple Senonois, & da pays d'alentoar Paris natal d'vne nation & d'vn fang le plus illuftte de Gaule, qui furmonta l'Italie, & fe rendit tributaire l'oigucillcufe puiiTance de Rome. Cefte nation Ofc le pays portoicnt le nom de Celtes.dont Cefat fait men- tion fort fouuent , & pourcc que cefte genereufe mi- lice des Celtes rendoit la Gaule &C les Gaulois redou- tables auxPtouinceseftrangeres, & qu'ils eftoient la gloire de toute la nation Gauloife, ï ce fubjed le nom de Celtes fut attribue à toute la Gaule , à fes peuples, & fut appelle le pays des Celtes ; & de faift Ephore Géographe chez Strabon , diuifant le monde en qua- tre parties did , que celle qui regarde le Midy eft ha- bité» des Negtes Ethiopiens , celle qui s'eftend vers la partie du Nord & du Septentrion , par les Scythes, & latroifiefme qui regarde l'Occident, eft,dit- il, habitée par les peuples Celtiques ; cefte appellation fut dere- chef abolie par la première de Gaule 6c Gaulois , qui retourna en vfage fous le temps de Cefar : mais auffi cefte ancienne fut changée par l'introduaion es Gau- les des peuples Allemands nommez Francs , fortis des pays d'Allemagne Septentrionaux , comme notePto- loiTîce, qui s'eftans mêliez auec les Gaulois, & rendus Maifttes de plufieurs grands pays de Gaule , changè- rent les noms de Gaule &c Gaulois , en ceux de France & François , & à force de fe multiplier en peuples foiKcilkux en nombre , ennemis d'cfclauage,& ayans fecouéle joug tyrannique des Romains (c maintin- drent francs , & libres, ÔC du depuis iufques à prefent ont efté nommez Francs , & la Gaule , France. L'on comprend fous le nom de Gaule tout ce qui s appel- loic autrefois ainfi, veu que par ce moyen elle contien- dra non feulement le Royaume de la France , mais en- cor vne bonne partie d'Allemagne, & d'Italie. Car les anciens diuifoicnt la Gaule en Cifalpine , & Tranfal- pine, nommant Cifalpine, ou Gaule par deçà les Al- pes (félon leur demeure) ce qu'on nomme auiourd'huy Lorabardie: & donnant le nom de Tranfalpine, ou de Gaule pâr de là les Alpes , au pays , qui eft enfermé entre la riuicre du Rhin , la merOceane, les Monts Pyrénées, la mer Méditerranée, & les Alpes. Mais Ce- far diuife la Gaule en Belgique , Celtique & Aquitani- que : & Ptoloméc nous propofe la Gaule diuisée en quatie parties, c'cftà fgiuoir, en l'Aquicanique , en la Lyonnoifc Tq^i eft mefme chofe que la Celtique de Cefar; cala Belgique, & la Narbonnoife , & de ces mefmes parties la Belgique eft maintenant pour la plus grande part de r Allemagne, qu'on appelle inférieure ou baiTe Germanie, Mais à prendre la France enl'Eftat auquel elle le * trouue à prefent.du cofté du Nord,duqucl elle regarde la baOe Allemagne.on luy donne pour limite vne ligne tirée depuis Calais iufques à Sttaibourg, qui laiiTe à main gauche le païs d'Artois , de Haynaut , & de Lu- xembourg, & à la main droidc la Picardie, & la Lor- raine , & du cofté qu'elle regarde l'Angleterre , la mer Oceane , nommée des anciens Britannique. Du cou- chant la mefmc mer Oceane la borne faifant vn grand golphe en Aquitaine. Du Midy, du cofté qu'elle fe joint à l'Efpagne, elle eft bornée des Monts Pyrénées, où elle eft moinsr«ftrainte,& plus large, elle a pour fes limites la mer Méditerranée. Finalement du Le- uant elle a les Alpes qui la feparent de l'Italie, de mef- me que le mont lura la diuife des Suifles , & le Rhin des Allemands. Et tout le Royaume, û on prend de droit (îl d'Orient en Occident, depuis l'Ifle d'Heiffant, oppolée au dernier riuage de la Bretagne , iufqu'au bord duRhina de longueur quelque peu plus de joo. lieues de France: ou bien fi l'on veut mefuret fa lon- gueur , fclon les autres , en tirant de l'Oueft , Nort- Outft, à l Eft Sueft , derme d'Aldenay de Normandie iufques à Nice, on y irouuera { 50. lieues, qui eft prcf- que autant de chemin qu'il y en a de Paris à Rome. Sa largeur à prendre depuis les parties plus McridLona- les.qui font vers la mer Méditerranée, iuO]ues à la vil- le de Calais, eft enuiton de zio.lieuës Ôc le tour de tou- te la France eft déplus de loio. lieuës. Ce Royaume eft enclos entre le ij. & 19. parallèle, c'eft à dire qu'il tient en largeur depuis le miheu du 5. climat, entre le 41. & en 5 1. degré de largeur, & lezo. 8f }8. de lon- gueur > où le plus long iour eft de 15. heures , iufques au milieu du 8. où il eft de 16. heures & demie. Ec quanta la longueur , il comprend tous les Méridiens qui font compris entre le 15. Méridien, & le 19. Au refte pour diuifer la France en toutes fes parties, j il me femble qu'il eft à propos de la prendre félon les Pariementsjà la iurifdidion defquels elle eft foufmife. EUc a donc 8. principaux Parle^raents qui font Paris> Thoulûufe,RoLien,Bordeaux,Renes, Dijon, Grenoble, ëc Aix, & en a encores deux moins principaux , c'eft à fçauoir ccluy de la balle Nauarrc, qui tient à Sainâ: Palais , & celuy de Mets. Le Parlement de Paris coa-, tient les Dioccfes qui s'enfuiuent. L' Archeuefché deRheiras. L'Atcheucfché de Sens. L'Archeuefché de Lyon. L'Euefché de Laon. Celle de Chalon enCha pagne. Celle dcSoiiïbns. Celle de Bologne. Celle d'Amiens. Celle de Noyon. Celle de Senlis. Celle de Beauuaisi Celle de Paris. Celle de Chartres^ Celle d'Orléans. L'Archeuefché de Bour^ gest L'Archeuefché de Tours. Celle d'Auxerte. Celle de Meaux. Celle de Poidiers^ Celle de Maillczay. Celle de Lufton. Celle d'Angoulefme» Celle d'Angers. Celle du Mans. Celle de Cletmonc. vielle de faindk Flour^ Celle de Langres. Celle de Mafcon. Celle dsNeuers. Et les principales Prouinccs où font les fufnoramez Archcuefchez , &Euefchez, font l'Ifle de France , la BeaulTe haute & balTe , la Soloigne , Berry, Auutrgnc, Lionnois, Forcfts, Beaujolois,Poidou,AQjou,Angou- mois , le Maine , Btie , Picardie, Champagne , Tou- raine,Niucrnois, Boutbonnois, Mafconnois , de tou* tes lefquelles Prouinces nous ferons après vn difcours particulier. Le Parlement de Thoulouza & fous luy: L'Atcheue'ché de Nàtbonne. L'Archeuefché d'Auch. L'Archeuefché de Thouloufe. Ses Euefchra font< Ni f m es. Vfez. Lodcue. Saind Pons de Tomiers. Ale6t. Montpellier. Befiers. Agde. Carcailonne. Mende, Caftres. Alby. Le Puy> Rodez. Vabres. Cahors. Pamicrs. Mirepoix^ Sain(à Papol. Montauban. La Vaur. Rieux. Lombez. Cominges. Co nier ans. Tarbe. Ledoure. Viuiers. Ses principales Prouinces font ce que l'on nomme^ haut & bas Languedoc , qui eft de fore grande cften- duë , le haut ôc bas Viuarcz , le Velay , le Geuaudan» l'Albigeois, le Rouergue, le Lauragais , le Qucrcy , le pays de Foix, ÔC vne partie de la Gafcogne. Le Parlement de Rolkn a foubsluy. L'Archeuefché de Roiien. Ses Ses Eiicfchcz font, Sccz. Conllnnce. Lifi':ax. C'cft le Parlement de Normandie. Le i"'arlcmcnr de Bourdeauxa Tous luy» L'Archeucfchc de Bourdeaiix. Ses Eiiefchez font. Du Royaume de France^ Auranche. Emcnx. ' B.iyeiJX» Sirlat. Agen. Limoges. CondouJ. Tulle. Bjyonnc. Aqs. Dnfaz.' Aiie. Xainres. Pctigiieux. 1 I r f Ses principales Pioiiînces font vue partie de lavjai- cogne, haute & baiTc Bifcaye, Xaintoogc, PerigotdA Liniofin. Le Parlement de Renés a fous l'.iy les Euefchcz quis'enfuiuent. Tngiiier. CornoLiailIe. Rt nés. Sainft Brieu. Saiiitt Malo, S i aulde Lcon Nai tes. Vannes. C't ft le Parlement de Bretagne; Le Parlement de Dijon a Tous luyi L'Eucfchcd'Autun L'EiKÙhc Je Chaaion fur SaonC: Ct ft kParlenr«ent de la Bourgongne. Le Parlement de Grenoble a fous iuy, L'Ar.heuefchc d'Ambtun. L'Àtcheuefchc de Vienne. Ses Eucfchez font, Valenc». i ^le. Ces deux font gouuernces par vn mefme Euefqiie, fans que i vn vfutpe les droits de l'autre. Grenoble. [ Gap. S.Paul trois Chafteaux. | C eft là le Parien?.ent de Dauphiné. Le Parlement d'Aix a fous iuy, L'Archcuefché d'Ais. L'Atcheuelchc d'Arlts. Ses Eucfchez font. Riez. Frejuz. Cirteron. Marfcille. Tolon. Digne. Glandeue. , Senas. S.Paul de Venccs Ceft là le Parlement de Proucnce. Le Parlement de Bearn a fous Iuy, L'Euefchc de l'Efcat, & Celle d'Oleroni Le Parlement de S Paul a fous Iuy, LaBifrayeNauarcoife.ou la bafte Nauarre. Le Parlement de Mets a fous Iuy les Euefques de ^çts Toui. Verdun. Or pour parler à cette heure particulièrement des Prouinces de France , ie commenccray par la Pia.ï- die , qui a aujourd'huy pour fa borne du coftc d'Oc- cident, a'iec vne partie de la Nonnand'e , la mer An- gloife . du Note TA cois , & le pays de H^ynaut , con- trées de l'ancicniu Gaule Belgique , & du Leuant Lu- xembourg, Scia Lorraine. ôc du Midy la Champagne, &: i'ifte dt France. Ses ptuicipaies villes font Amiens, Soiffons Abbe- uille, Cotbie, Pcronne , Dorlen , S, Quentin, Noyon, Laon,Bolongne,la Fe:c, Beaunais. Cette Piouuiceeîtdiuisce en vraye, haute & bdfTé Picard:c , dont h liauce eft prefque aujuurd'ln y toute dans iesPayîbas. La vrsye, qui commence à Crejue-cœur, comprend 37 Comte de Veimandois, & la Duché de Tirafche, & de Kerhclois. Li Comte de Vcrraandois comprenoit Soiiïbns, Lnon,& la Fcrc,ttois des meilleures villes de Picardie, &c S-Quentin^qui «ft vne forte place. Rethcl eft la prMi jpale ville dcRethclois , qui eft a(îîs entre le pays de Haynaut , de Lorraine , 6c de Bai- rois. La principale ville de la Duché de Tirafche c'eft Guife, où il y a vn aftcz bon Chafteau, La balfe Picardie comprend Santerre, où eft Mont- didier,Peronne,Roye,& Ncflcs aftrz fortes places. La Comte de l'onthieu , dont la principale ville tft Abbeuilh", les autres places font icCrottoy, RuiiTte- port, Cieffy : & on tient auffl que cette Comte com^ prend celles de S.Paul & de Monftreul. La bafte Picardie comprend aufli la Comté de Bou- longne,la Coratcde Guynes.qui eft diuisce de la Com- te d'Oye pav vn grand canal qui pafTc au milieu de la ville de Guy nés, ôc cette Comté comprend fousfoy deux Baronnics , fçauoir celle d'Ardres , & celle de Couttfmbrone. A trois lieux d'Ardres.cn tirant vers la raer,on îrou- ue la V lie de Calais , qui eft de la Comté d'Oye, qui s'eftcnd lufqu'à DunkerKC ville des pays-bas. Les piincipalcs riuieres de Picardie font celles de Somme fut laqu'elle on trouue Amiens , ôc Abbcuille; la riuiere d'Oyfe , prés de laquelle eft la Ferc , Marne, Ayne, l'Efchau, & Scarpc. De ces villes de Picardie , SoifTons a efté iadis de- meure des Roys , mais depuis le tilcre de Royaume de Soiftbns a efté transformé en celuy de Cocntc. Les dernières terres que les Anglois ont tenues en France , font la Comté d'Oye, où eft Calais , qui fut prife fur le Roy Phiiippcs de Valois , aptes la bataille de Crefly en Ponihieu , l'an ! H7 • ^ teptis du tcrapS du Roy Henry II. par François de Lorraine , Duc de Guife, l'an 1550. Voila ce qui nous refte auiourd'huy de la Gaulé Belgique. Mainten.int il eft à propos de parler de la France prife plus particulièrement , qui eft de la Gaule Cel? tique, & qui eft voifîne de la Picardie du coftc d'Oc- cident. Cette contrée que l'on nomme plus particil- lieremenr France, a efté iadis habitée par les Bcauuoi- (îns, ôc Parifiens , ôc maintenant Patis en eft la princi- pale ville, ôc ce pays contient maintenant laPreuoftéj; ôc Vicomte de Paris, la Duché de Valois , Si le Hure- pois, & Gattinois. La ville de Paris s'appelloic ancientieraenr Lutece, ainfi que remarque Cefac liure 7 de fes Commentai- res , Ôc ce qui s'appelloit Patis n'.ftoit iadis autre que ce que maint^-nant on appelle U Cité, qui d\ en i'. Ile du i^alais ôc de noftre Dame: & ce qui eft auiourd'huy la ville , en Cï f^mps-ià ce n' fton nr que marifts £5^ palus qui eftoient fang^-ux , ôc pour cela c^oii appcî- lée Liitf cc àLuro , à cai;fe de ce raareft ôc du territoi- re gra- Ôc bv iicîix. Strabon l'appelle Lucothece c'eft dite blanche , à Ciufe du plaftre dont les édifices d'i- celle (Ont baftis. Pendan <^U€ Paris n'cftoit qu'vne 1(1? , icj Pari fiei-js ne feferuoicnr poim d? cheminé -s, mais fculem ii de po fles comme il fe prqâitque m All< m-\gne.Ccf'.c en cette ville de Pivis où C'ouis premii^t Roy tres-Chtc- ftien ff rerira & la fit chef ôt la capitale de (on Royau- me elle fur autlilc principal fcjour de Hué Capef,(Sc de f'-s fucceLTeurs, elle tik appellée la Chambre Royale en l:iquelle \rs Roys ancr nneraent prenoient leurs pre-^ mieres nourriture5,Foulques Archeuefque de Rheimsi efctiuant à Charles le Chauue , Roy & Empereur, la nomme chef desG iules, la bouche de la Nuimandie les Vidamies d'Amiens, de Corbie , & de Piquiny , la & de la Bourgongne. Les autres villes de ce Royaume D 38 Dircours de l'Eftat ont rcE.licitc riut*aiis>commeOu- \cat aiince, (c con forment à fcs adions, (etuenc à fes intencions bc la te uercnc comnjc la Djitic &c mailhefll- des villes J:; Fran- ce. Les Paiiûens ont toulionrs eftc tres-h J. Iki àleiu Roy, ils moBftccrent leur arrout au Roy Isinft Loiiys, & au Roy Louys X I. lelqiiels ils deliiuereiit à Mon theiy. Là fe voi H le Temple de la Vicrgi-.qui jadis n'e- ftoit qii'vneChappellc à l'honneur de Noftie Dune, & alors ce n'eftoit pas vu grand & lompcueux Te.-nple comme il eft , & pn" pUificurs fois on y a rois la main iufqucs à ce que finalement le Roy l^iiilippe Auguftc en r3nnce*i9é. donna de plus anplcs moyens pour trauaiiler à ce bel édifice, & y po(a liiy melmc , corn me on dit , la première pierre. La Vierge facrce , qui cft honorablement feriiic en cette Eglife , y a fait voir leseflfedts de fes prières enucis Dieu par les miracles fignalezqui font fai6ls dans ladi<îte Eglife l'an lubi- iaire 1616. L'a Preuoftc , & Vicomte de Paris cft diaifce en qua tre parties» àr^anoiren celle qjrcft a,:)pellee Patifis, qui comp:eni d'vn coflc tout ce qui eft inlqu'àl'on- toile , & de là iufqa'àClaye vers la Brie. Ce noiîi de Parihs eft prcfque efteint,ôc n'eft demeuic qu'à quel- ques villages , comme à Louurcs , Cormcille, Ef- coiiin, 6c autres qu'on nomme en Paiifis , & aux taxes du Patlcmcnr , où l'on dii mcncion de fols, & deniers l'arifis. La ville de Paris a cftc feulement autrefois de la grandeur de l'ifle que la Seine enuironne : Miis elle fat depuis beaucoup augnicntce>oC débat aujourd'huy d'c- tenduë auec les plus grandes de l'Europe. Elle eft diui sée en 5 parties , dont l,i plus grande qui regarde vers le Ltaant,&: le Septenti ion,(fe cft plus balfc q.ie lesau très, cft ncmmcc la V^lie: la|)luspttitc qui eft en lieu plus ell:uc,& regarde le Midy, & l'Occident, s'appelle i'Vniucrnté : & la partie du miUeu qui eft enuironnce de tous coitcz Je la riuiere.a le nom de Cite. La ville a 7.porr :s,f'oft à (çauoir celles de S. AnthoincduTcm- ple, de S.Martin, S.Denys, Montmartre, S Honoré, &C la poi re in nfue.qni eft prés du Louure. bile a fix Faux- bourgs .c'eft à f'çauoir de S.Anthoi- ne, deS Mîttin , du Temple, de S.Qcnys, de Mont- martre , & de S. Honoié. Et ce qui rend cette partie remarquable par dtfitts les autres, c'eft qu'elle con- tient le Louure, demeure ordinaire de nos Roys. La Cite a pour ioa ornement le Palais , ou Siège de h lu- ftice , & d'ailleurs le Pont-neuf : ouurage veritable- tnent Royal, ccramcn' é pat le Roy Henry 1 1 1, mais acheuc , & accomply par Henry le Grand , quiafur- irontc le de fTeii* de foo predectlfeur , & a rendu ce Ponr agréable, &:commoye en toute forte. Ce quar- tier comprend auflTi le Pont Noftre Dame, fai de pierrc,de m'"(me que le Pont-neiif, où l'on ne void que trontiquec pleines de toute forte de marchandifes, &: fi bien garnies qu'on ne peut tien voir dt mieux afforry. On pafToit de là au Pont au Change , où on y trouuoit tant de richeflès chez les Orfcures tant d'éclat de pierreries , qu'il cftoit impofTiblc que les plus cuiieux de telles chofes n'y contenralTcnt leurveué. Tout au- près cy-deuant s'y voyoït auffi l'édifice du Pont aux Marchands.autrcsfois diâ le Ponr aux Meu{nic,rs, que Ton aduoiieraauoireftévn des embelHirements de Pa- ris , & que la iv'é qui tftoit fur ce Pont, furpalToit en beaure toutes les antres. Mais le i5.0£lobre 1611. le feu s'cftani ptis entre minuiâ: & vnc heure dans vne foulpmtc pleine de fa- gots dudit Ponr aux Marchands, en vn logisd'vnEf- criuain , nommé Goulatd , en roomsdcdciix heures «mbrafa généralement tout ce beau Pont , quiconfi- ftoir en plus de jo. corps de logis , auec perte incroya blc d'vne infinuc de marchandifes fc meubles de va- leur qui ne pûcçnt tftre fauuez. Les pauures^ Mar hands nayans le loifit que de fuyr, & fauuer leurj familles tous nads , la plufpart abandonaans aux fîair.- mcs ce qu'ils ne piirent emporter. Cet incendie n'.- s'arrefti paslà, la flamme gîgna encore quelque logis du Pjnt aux Changeurs, auf- qu;ls bien prit à quelques- vns de dcflogec de banne heure , lailTms leurs meubles beaiuo-jo de richelFes enterrées auec les ruines daiic Pont dans la riuiere.cac en raoms de deux h?urcs,de mefmc que celuy des Mai- chandsjtout ce beau Pont aux Changeurs, qui auoit eité fi foigneufemonrraccouftré , fut vnmerfellcment per- du, car détachant les logis les vnsd'auecles aucres.ren- uerfa le tout en la riuicte. La perte du b.ea du Mar- chands &c de leurs meubles fjt eftiméeàplas de qua- tre cents niîlle liares, Quantàl'Vniuerfitc , elle a les portes dzS Vidcor, S Marceau,S.Iacquei,S.Michcl, & S Gerra3in,& cell -S de BalTy^iJcde N.':lle,& les faux- bourgs de S. Germain, S. MicheljS.IacquessS. Marceau, & S. Vi(5tor. Quant aux Eghfes ou Chappelles , dont le nombre eft fort grand , celle de Noftre Dame furpafTc les au- très : elle cft fouftenué de douze coulonnes , a de longueur 174. pas, de largeur 60. & de hauteur 100. Elleaàr cntour 45. Chappelles garnies de barreaux, oa grilles de fer. 11 ya entout 7.portes,dont les i.quifont aufrontjont audeffus 28 ftatuësdc nos Roys. A cofté l'on void les Tours Noftre-Damî de la hauteur de 54. coudées. Ces Tours feruenc de clochers , où l'on void la grolTe cloche , qui cft fi pefante , qu'il faut douze hommes pour la (onner , & le foneftouyde trente- quatre lieués àl'cntour. Pour les au!;t£s lieux dcuots il ne s'offre rien de plus admirable queîa Sâin- de Chappelle , qui eft join6te au Palais , &: qui a eftc baftie parS.L©uys, n'ayant aucune colonne au milieu, pour fouftenit fa grande & haute voure.mais feuleméc I aux coftc z On garde en cette Chappelle vne partie de I la Couronne d'épines, la robbe de pourpre, le Rofeau, i & l'Efponge de la pa(îîon,la verge de Mcyfc , le fer de liai ance, le Suaire de Noftre Seigneur, & grands quan-* I tité d'autres faind's Reliques, !! y aphificurs Mona- I ftercs , dont celuy du Temple oftc aux Templiers en j l'an IJ06. donné aux Cheualiersde Rhodes , eft de fort grande eltend'ië : l'Abbaye fainéle Geneuiefue eft I auflTi fort fpacieufe , Je mcfmc que celle deS.Gctmain des Pf£z , qui eft hors de la ville aux faux-bourgs de S. Germain, qui porte à fou maiftie trente mille liurcs I de rente. I Quant aux Colle.;es , il y en a en tout 50 dont ce- : luy de Nauarte, fondé par la Royne li.^me de Nattatt" re, femme de Philippe le B J,cft le plus fignalé. ! Le Collège de Sorbonne fut inftituc pav Robert de Sorbonne Théologien, du temps du Roy S.Louys. Qijant aux boutiques mechaniqucs , ôc ounriers, certains lieux particuliers leur font ptefque alîîgnezà Paris, c'eft à fçauoir aux parcheminiers près du ppnc S. Michel , & aux Foulons près S. Icaa en Greue , ÔC ainfi des autres. 11 y a grand nombre déplaces. Se d'extrêmement beaux logis dans cette ville de Paris , dont les plus beaux & remarquables font l'Hoftel de Soitfons , de Longueuilîc, l'Hoftel de Chcureufe , l'Hoftel du Bou- chage, l'Hoftel de Montmorency , l'Hoftel de Guife, l'Hoftel d'Oft , l'Hoftel de Langrcs , qui cft mainte- nant l'Hoftel de Mayenne , l'Hoftel de Neuers , l'Ho- ftel Zrmet , did à prcfent de l'Efdiguieres , logis de M, le ConncAable , l'Hoftel d'Angoulefme , l'Ho- ftel de Vitry. l'Hoftel de Nemours, l'Hoftel d Eù pernon , 6c vn grand nombre d'autres encotes fort beaux qui lont dans la ville : 6c au de hors vous auv'z aux fatix bourgs Sainét Honoré rtîcftcl de Mer- cœur aux faux-bourgs Saind: G^^rmain ,le fupcrbc Hoftcl de Condy, l'Hoftel Je Luxembourg , rHoft-l abba'.ial du Royaume de France* abbAti:iKlc S.Gcrm.ain Jês Tkz, l'Hoftcl deBoiuilôn, il V en a beaucoup d'antrcs.mais ce ne (ei oit iamais fait d'en vouloir faiic le dcnombrcmenc : il furtic 'de due nue les m.iiions d'vii ciii.ur , voire d'vn tiers de Vans, icmblcnc des Palais, le dir.7 cncoces cccy, que h l on ier:e les ycnx Vur l'Arlenal , on en tiomicra la demeuie du toiu belle, &: rpacicufe . & le ballimcnc fore a- crcablc , & ounc et qu'il n'y manque aucune chofe de Touccs celles qui doiucnc cltrc eu vac maifon ou les foudres, & munitions du Pdnce (e gardent. M us h l'on defn-c voir vn baftimcnr admirable , & vrayement Royal , il f-i'ic couhdccer la place Real , oi\ l'on verra outre les bcllcsgaleriesqui cauilfcut tous les regardans, autant qu'elles les contentent . vn grand nombre de Wis tellement accomplis, & allortisde tout ce qui peut fcruir aux necclficcz , ou aux dcHces , que les plus curieux n'y fçauroicnt dcfirer aucune cbo(e. Lamai- fon de Ville n'etl pas aulTi vn des moindres ornements de céc abbrrgc d.i monde. Ppuv le grand , &c le petit ChaftcUet, &laB.iaille, ce font des baftiments que leur antiquité tend plus lecommandablcs que leur ^"i'fjur-il auant que deftrice les autres lieux del'îfle de France que ie hilf .• coç;noiftre au public le grand SC admirable foin qu'a eu Mclfire Nicolas le BalleuiKCon- ffiUcv du Roy en les Conleils d'Êftat ôc Pciué, Lieute- nan- C'.ud^^c P^^uoll des Marchands de la ville,Cuc ÔC Pccuofté de Paris , lequel en (".s charges aiigultes & tres-illuftress'eftgouuernécn vray & prudent Pilotte au eouucrne:neat de cette florilTantc nef Parificnne, qui a pro.uré durant le temps de fa Preuolte «ôii.z 5. 14 lî & ' 6 rembellilfcmcnt de ce grand abbrege du monde par l'ovuem^ut qu'U a fait paroiftre en d.uers quartiers de Paris pour la beauté C5c décoration d .a 2r rnd nombre de belles SC agréables fontaines. D'au wage outre tous les lieux que dellus , le void encores la place Royale , vray.;ment Royale pour les arands& magnifiques bàcimens qui i'enuitouncc auec druxarandspaui!lons&: des galleties tout autour. ' CeUcplacTe fut illufttée l'an 16 lï. où fe fit le tres- fupctbe magnifique Carroi'el tel & fi admirable que iamaisne s'en eft veu de femblable en toute l'Europe, Cela k fie en la pr.;fence du Roy, de la Royne fa mere, & des Princes & plus grands Seigneurs de toute la Franrcqui à l'enuy les vus des auttes voulurent paroi- ftre en cette place aux yeux de leursMajeftez auec des chaïiots detnomphes,& vne Oiitte très- belle ôi gran- de de Sdgneavs & Gentil- hommes , & beaucoup de chcu,^ax richement enhainach£z,& conduits par leurs Elcuyers tous Icllcment veftos 5c parez. Ce Carro'el le fit pour la célébrité du nîanage delà Majefté trcs-Chretlicnue Louys XIII. auec la Sere- niiTime Infante d'Elpagne , Anne d'Autdche , auiour^ dhny Royne de France. r j -r Mais entre tous les édifices plus magnifiques qui le voyent à Paris , Ce void le Royal Hofpital dé S.Louys, qui efl; iliuftrc de baftiments , réduits en falles , pauil- lons, aalleries , fontaines Se lauoirs , mais fur tout vne belle EglUe,baftie du règne du feu Roy Heûry le Grand de alorieiife mcmoirc,en faneur du Roy Louys X 1 II. fon^fils glorieufemenc régnant , iic ce pour y receuoir, penier & mcdicamcmer les malades affligez de conta- gion, dont Dieu nous gard^. Ccluy qui voudra fçauoir plus de patticulantez de Paris, liie le liure qui en a efté faid exprefscment, par le bonPere du Brdvl Religieux de l'Abbaye de faind Germain des Pcez , où l'on trouueta tout ce qui s'en peu: dire. Vous trouviez alîïzpres ie la ville le^bourg de Confians , proche du pont de Charentoij ,où la fu- pcroc &c magnifique mailon de feu Monlieur de Ville- roy Secrétaire d'Eilat , appartient a^jourd'huy à Mon- , tîeuE de Verdun piemier Ptefident de la Cour, demeu- 39 rc des plus agréables qui foit en France , il s'y oit va Echo qui rend tt eiz • fois la voix , & fi vous dites après vu mot de quatre (yllabes, il le . redit tout entier par qu"'trc ou cinq fois. La féconde partie eft celle que l'on nomme vulgai- rement la Gaule , qui eft peu connue , & dont le nom eft reftc feulement à quelques villages. En ce pays eft contenue la Comté de Dampmaicm, qui eft vn bourg aflîsfur vne petite colline. D'auantagc , pour rembcUifiement & commodité publique de cette grande viile,les délices de nos Roys, depuis vn an fa Mnjefté a recommandé le foin d'y fai- re venir les eaux des fources voifines -, de manière que maincenanr par la ville. Cité & Vniuerfité de Paris , il n'y a place ny carrefour où ne fe voyent de très belles fontaines , principalement deuanr l'EgUfe de faind Benoift > 8c carrefour de faindl: Seuerin, luë faindlac- ques : au mont de fainde Geneuiefue, & Croix des Carmes , au paruis de l'Eglife de Noftte Dimc de Pa- ris , deuant la grande porte du Pàlais , en la Greue , aa deuant du grand Ghaftelet , & en autres endroits de la ville, fans les maifons particulières, Monafteres, Collèges , &c autres lieux qui joLiyfient encore de U commodité de cette eau. DES MAISONS F B. A ROYALES N C E. DE S ainB Germain en L^ye» SAaid Germain en Laye eft aujourd'huy vn lieu de plailance pour nos Roys le plui rare en beauté , le plus agréable en fejotic , &c le plus délicieux en abon- ' dance de deUces.qui foit guereseu Fran-e. Ce lieu bien qu'il faiTe quelque gloire de l'excellen-; cède fon antiquité, pour auoir emprunté le plusbeaii titre de fon nom de ce rant célèbre Euefquc d'Ausètre S.Germain, lequel auec S.Loup de Troyf paffa en An-, gleterre pour arracher les épines de rherefie,qui y fuf- foquoient les femences de la vraye Religidn , fi eft ce qu'il n'a point veu fon honneur tant releué , que de- puis que nos Roys y ont fait baftir. Charles V. jttta les premiers fondements du vieil Chafteau , lequel ayant efté pas des Anglois , pendant la confufion oùs'abifmoic le Royaume par le cerueaii de Charles VL fe rendic depuis à Charles VU moyen- nant certaine fomme d'argent , qui fut donnée au Ca- pitaine Anglois qui le tenoic. le ne veux m'arrefter à monftrer icy les terres ,.Ies galeries, lesfales, les chambres > antichambres , les Cours, les Offices, le jeu depaulrae ,l'Egli(e, les vignes, les bois , les riuieies , les montagnes , les vallons , les prez , la villette baffe au pied ceinte de la riuiere de Seine. Te ne veux ennuyer le Icdeur à def- crire la foreft voifine de ce Chafteau , couuette de feiiilles fi efpaiftes & fi touiraés,que le Soleil en fa plus grande chaleur ne fçauroit tranfpctcer , foreft où les Poéies du temps palîé eùffenc peu dire s'ils reulTent vcuë , que c'eftoit celle mefrat où i^an ce grand ve- neur , les Faunes, Satyres, Driades, H niadriades , tous en- tortillez par le teply des vagues &c des âots courbez i de l'Eftat & cncafTtz l'vn fur raotre,& fctr.blc à voir ces tronpcâ écaillées que ce foit vn triomphe marin. Sur l'vnedcs faces entre ces petits animaux s'efleuent deux Tritons par d (lus les autres qui embouchent leurs coques, tortillé s & a'^bouties en pointe , mouchetées de taches de couleur, aTpres & grumuleufes en qut Iques e;->droiâ;s. Ils ont la queuë de poilTon large & ouuer- te fur le bas. Au fon de ces coques s'aduance vn Roy aflîs en Majefté fur vn chat -, couronné d'vnf Couron- ne de joncs mollets mcfl z de grandf s & larges feiiil- les qui fe tiouuenc fur la greue de la mtr. Il porte la barbe longue & herifTee , de couleur bleue, & fem- ble qu'vne infi.jité de ru'ffeaux diftillent de fes mou* ftachcs allongées & cordonnées dîfTus les lèvres , 5c de celles de fes cheuaux. Il tient de la main dextre vne fourche à trois pointes , de l'autre il guide Se con- duit fes chf uaux marins , galoppanî à bouche ouuerte, ayans les pieds déchiquetez ôc découpez menu com- me les nageoires de poiflbns. Ils ont la queue entor- tillée comme ferpcnts. Les roués de ce char font failles de rames & d'auitons aflemblcz pour fendre & couper la tourmente & l'efpailTeur des flots com- me à coupe de ciieau. De l'autre face font des Maref- chau5| en leurs habits de forgerons , la face noire de crafie ôc de fuye, lefquels battent du fer fur vne enclu- me à grands coups de martcau.Si c'tftoienc des Cyclo- pcs , ie dirois qu'ils fotgetoient des armes à noftre Grand Henry, comme ils en ont forgé chez les Poètes au vaillant AchillcSc au pieux Enée. Et ce qui cft de plus plaifant , &: qui fcmblc fai£t pour faire rire , c'cft l'eau qui fe lance à fi gros boiiillons contre ceux qui fe tiennent aux feneftres, qu'en vn moment ils font tous moiiillez. Au deifous & vn peu plus bas fe void vne autre grotte , que vous diriez d'vn rocher ridé, cauerneux & calfeutré de moufie efpaifle Se délicate , comme s'il cuft cfté rapifsé de quelque fin cotton. Là vous voyez les bcftts, les oyfeaux Ôc les arbres, s'approcher d'Or- phee touchant les cordes de fa lyre, les bc ftes allonger les flancs Se la tefte , les oyfeaux tremouffer les aiflss, 5c les arbres fe mouuoir , pour entendre l'harmonie de ce diuin chantre. Là eft vn Bachus aflîs fur vn ton- neau, renant vne couppe en main. Là font les Deeflcs admirables , en forme de demy Colofïès , & plufieurs pièces merueilleufes , que le iailfe pour la curiofiic de ceux qui voudront en contenter leurs yeux. Du Cbajfeau Roy aide Fontai- nebleau. FOntaine-bleau ( que les vus difent Fontaine- bel- " laud, Scies autres FoiUaine-belle-eau, pour les vi- ucs&claircs fontaines qui y ruiflellent de touscoftez,) eft l'va des fejours anciens, & l'vn des plus beaux liemf de plaifance de nos Roys , non toutesfois fi magnifique Si fupcrbe en fes commencemens , que plufieurs de- meures Royales n' ayent eu quelquesfois fut luy de l'ad- uantagc,& de la prééminence, L: bon famâ: Louys ce grand anceftre de noftre fang Royal, l'appelloit ordi- nairement fes défères &rohtudes. Mais François I. a depuis r"cetchc vne partie de ce qui pouuoir éclairer fon luftre, Se l'efleuer à vn plusf iiaut eftage de grandeur , teCmoiii après le baftiment, cette e3:quife prénommée bibliothèque , thrcfor & joyau très précieux , qu'il enrichit de tout ce qu'il y auoit de plus rare en la Grèce & en l'Afie , & qui fe rend encore auiourd'huy recommandable cnrrc plu- fieurs autres fignalées en France, ayant cfté apporte depuis er: .'avilie de Pàris,& mife au Conuent desCor- deîicrs: Se en fin noftre Roy a acheué ce qu'il auoit entrepris , & a le premier rendu cerrç maifon de fes piedcce/Teurs vrayement Royale. Elle du Royaume de France. 41 Elle cftenvn.e région belle Se fpniiculc , Ceraine, rempcrcf, r^rc eu 'ocaïuc, i;v.uicure en (tjonr , riche de biens, S: abondante en roiircs lovtes de délices. D'vn coftc le bois pour le plaifir de la clialïc,vr:.ye image de laf,uerrc , 6: noble eibic des Princes & grands Sei- gflcurs.de l'anuc les tuiircaux,cftangs&: fontaines, qui donnent vn agréable contentement aux yeux. Le Palais Royal y ell magnihqncmcnt bfiry, les g'i des ùllcs, antichambres , chambres, cabinets y loue tons lieux excellents en beanté , les toiéts iîc lambris dorez, 6i en dincrs endroi6ts> les combats, hazards, vi(5toires& l.inricrsdii Roy nolhc fai Cclar François, ac la mecueilie des Roys en nos ionrs reprelenccz par honnelte récréation (:coni- meplusvtile, infte & durable que ceux qu'il aiîïgnc- ruit aux pompes & jeux, f itcs, paftc -temps, & pl iifirs, lefquels s'cuanoiiilTent anflî toft qu'on en eft ralTalié, & dcfqucls nul homme iudicieux &c graue ne peut fai- re eftime. Telle fut ladefpence que le Roy François L defti- na au baftiment du Chaltcau deChambolt, que les autres appellent Chamboil ou Chambourg presla vil- le de Blois , pour le plaifir de la chafie : car afin que ie ne mette en compte les maifons de plaifance , les Pa- lais Scies autres Chafteaux, que quelques autres Sei- gneurs y ont faidrbaftic aîTtz richement, cettuy-cy tft bien le plus merueilleux en toutes ^itccs t'Jit% , qu'il y ait gueres en l'Europe , & comme l'abbregé de toute l'induftrie humaine de fon temps. Il y fut fcruy p^.i tout auec tant d'ordre , de conduite, ic de jugerae;;r ,que toutes les parades de fon architedure fe rciT' îitcn'- de la grandeur de l'vn des premiers & plus grand, Rays du monde. Cette Royale maifon a fa veue iufques fur la viUe de Blois . encore qu'elle en foit diftante de trois lieucsi Se limitée de tous coftez , de prez, eaux 1 &; forefts , ri- che d'vn efcaliter qui n'a point fon pareil en Franccj pour eftrc tellement & fi largement composé, qu'vii grand nombre d'hommes y peuuent monter & def- cendre diuerfcraent , & en meime temps , fans s'cn- tre-voir , & pour eftre l'vn de les coft z induftrieufe-î ment defrobé de l'autre. le laifie à l'œil des curieux» les chambres, antichambres, iales, garderobes, cabi- nets , portiques & galleries , comme auflS les jardins, & celuy me(me que l'on appelle de'laRoyne, grand de cinq arpcns de terre , au bout duquel vers la foteft de Blois vous remarquez vnc allée large de fix toifes, & longue de plus de demie lieu'é , embellie de quatre rangs d'ormeaux plantez à fix pieds l'vn de l'autre, montant à plus de 60ÛO. &fi droitement alîignez au niucau , que ceux du Roy de Perfe tant vantez de Tari- tiquitc, ne feroient rien iiipres: Pour dire que fi le feu Henry le Grand de mémoire immortelle , ce grand amateur des baftiments y euft fait encore ec qu'il z faid ailleurs , cette feule maifon euft paflc en excel- lence & grandeur toutes les autres, veu qu'en l'eftac qu'elle eft maintenant , on la tient ample pour loger tous les Princes de l'Europe', tic femble qu'elle mette derrière foy tout ce que iamais l'Architeâure produi- fitde fîngulier. L'ifle de France ( qui eft en troifiéme lieu ) com- prend tout ce qui eft depuis faindè Denys iufques 2 PoilTy, Se Montmorency, & généralement tout ce qui eft entre les tours, & ferpcntements de la Seine, en ti-; rant vers la Picardie, & la Normandie. Quelques vns luy donnent d'autres bornes : mais mon delTein n'eft pas d'en débattre. S.Donys eft fuperbe des fepulchrcs de nos Roys , &C de plufieurs faintles & precieufes reliques , & d'vd grand nombre de riches ornemens. A Poifty vous y voyez va bon Conuent de Religieux fes des meilleures maifons de France. A S.Germain cri Laye, qui eft entre Poifiy , & Paris, vous y voyez lâ I maifon Royale , qui a efté rendue digne demeure de^ 1 Roys, fous le règne d'Henry IV, 1- t 3 Difcours del^Eftât 41 S'enfuit Vexln le François on Vulxin , qui s eile.i iufques àCkimoMt enRcauaoïfis-.maisla mémoire cft prefque entietcm- m peraac,& nefc conferue qa en qndqiKs vieux rcgiftres. Vo>la quant a U Pceuofte & Vi-omtédePavi5,ÔC à fes quatre parties. L'autre partie de la France prile plus rpecialement c'cft le pays de Valois , qui .Vftend iufqucs en Picardie, dont la première Ville outre Crelpy. cjj^^^"^*'''^;'^^^- ché,les autres font Angy , le Pont famd Maixne , Pon- .coing, Brenouuilk,&c. x , c • r i» Le pays de Hurepois commence a la Se.ne fous le petit Pont de Paris , & va du long de la ruuere jufques à Coibeil. Melun . & Moret . où il eft feparc du Gafti^ nois par la Verine . quife defcharge darjs le Lo.ng E en ce pays on void Fontaine-bleau la plus belle , plus agréable & plus fupetbe demeure que nos Roys pui - fent iamais auoir , & qui a cfté mife en cet cftat par le RoyHenry le Grand. . On m/tcnquatriefmelieu le Gaftmo.s , qui com- prend les Duchez d'Eftarapes,Sc de Nemours,la Com- té de Rochefort . de Moret . & autres , & les villes de MiUy, de Montargis , & l'ancienne Abbaye de Ferrie- rcs en Gaftinois , fondée du temps de Apoftres 1 1. ans après l'Afcenfion de lefus Chriftpac les D.fc.ples de 5 Pierre, & du depuis accreuë parle Roy Clouis pre- >^ mierChreftien,qui en eft appcllé premier Fonda eur. S'enfuit maintenant la Beauffe , que quelques-vns diuifent en trois parties : la haute s'eftcud depuis le bourg d* Ablis. iufques au pays Chavtrain , & au de là, contenant les Comtez de Dreux, & ^e Mou o c la balle BeaufTe côprend. le pays d'Or eans , de Solo.gne, 6 Lorriz:ôc quant à la moyenne ,ils y logent la Com- té de Bois, fous laquelle ils mettent celle de Dunois, puis la Duché de Vendofme.S^ celle de Touraine ^ Orléans ville Epifcopale aOifc joignant la riu.er de Lo.re , eft l'vne des plus belles & pl«^§""^";^^^^"' voire des mieux peuplées £c richement b^^;- telaFrance : l'vne des plus fécondes bleds ^ vins, &fiheureufe. que non ^f^^^';^'^'^^^^^^^^^ dire l'vn des premiers celiers de Pans. Son Oi g'^= e^^ difficile à trouuer : quelques -s ^ifen^ qae J^^^^^^ des enietterent les premiers fondements.Iean e Mai eX l'cdesfîlifmesde l'EgUfe . dit quel e fut fondéeparcegrandAurclian^^^^ me , qui commença Ion règne isn »^ >/«r<ï de fon nom. , ,, ^ Sabellicus luy attribue le nom dAurcha , pour 1 or q,u abonde en cefte ville par le nche trafic des Mar- ^chands. Maisquoy que c'en foit l'on peut alTcurement fa^rc cefte gloire de l excellence Scgrandeur ancienne d cefte belle ville , que dés le temps de nos premiers Roys , & fi longuemit que le Royaume a efte parta- S e a efté deftinée aux féconds fils de France, pour Lialede leur Royaume, & que d'elle ils ont em- pXté leurs plus hams titres, & leurs plus infignes *^"phiirppe le Bel a efté, le premier de nos Roys que ie trouue auoir vfé d'vne infinité de deuoirs enuers ; d e Joarô é derres-belles franchifes , libertez^ mmu^hefà ceux qui occupcroient leur labeur à in- ftTu^re la ieunelTe »ux loix Impériales , pour fexuir de euidon àccux qui puis après voudroient manier lesaf^ I es de fonRo5»ume: Deuoirs & franchifes qui luy nnt Luis l'honneur de l'eredion & première inftnu- rn deSe célèbre vniuerfité , qui y a allech encore auiourd'huy par belles prerogatiues , nombre d AUe- Tuda foLftude. Et comme ce Roy vray p^^^^^^^^^^^^ bonnes lettres, luy a le premier donne le priuilege de conferuateurs Royaux & luges fpeciaux , députez feu- lemempourlaconferuationdcs prmilegesdes efcol- l.cts, aufli les Papes voulurent- ils que dvae mc(me balance on y enfcignaft les CoRftitutions Canpniques 5i Pontifi raies , & à cét cfF.d y adjouft.inc la faculté ie Décret, tout'ainfi qae ud;j PoidJ:ju,q ii regarde auMidy.du Leuant il anoar les bornes la Tourame , dc le Vendofmois , da N jrr le Meyae & Laaal , du Couchant il couche la B.ctagne. Il y a en cefte Prouince beaucoup de riuieres , com tac Loire,le M'iyncVieone, la Diue.le Loir, le Sartre, &pi.ai uts autres. L» principale ville eft Angers : les aurresTonr Sduoinr , Montreneau, Baugé , Beaufort, B. lfiC.Monfttcul. [jy.Mauleurier, Chantorceau, Duetel, hFIcchc , Chafleau Gontier,&c. L'Anjou vint à la G .avomie de France foubs Louys XI. par la mort Je Charles df-rnier Duc. nepueu de René. Le Mayneqji joiiu à l'Anjou , & à la Touraine, vient aptes, ôc ziûs pro jince a trois principales riuie res, c'eftà fçauoir le Miyae, le Loire, &le Sartre :1a capitale ville c'eft le Mans. Cefte prouince comprife fous l'Aquitaine, a aucresfois obey à fcs Ducs , iufqu'à ce q l'il fut acco dé entte Louys XI. Roy deFrance,& Heniy 111. Roy d' \ngleterre , que l'Anglois fe con tenccroit de U G jyenne, qui (eroit bornée du coftc du Nott de U riuiere de Chat ante , & du Midy des monts Pyrénées, & quicceroit toutes (es pretenfions delà Normandie , & des pays du Mayne & d' Anjou , & en confideracion de ce 011 iuy donneroic quinze cents mille cfcus. Quant au pays du Perche, il eft diuisé en deux par ties , dont l'vne eft nommée le Perche Goiiet , donc la principale ville eft Nogent le Rottou : l'autre eft pro prement la Compté, & la principale ville c'tftMor raigne , où eft le fiege du Bailly. Il a pour fes bornes Vcrneuil du cofté de la Normandie , Ôc Meniere du cofté du Mayne. La Champagne eft bornée des pays dé Brie , Bour- gongne , Charolois &c Lorraine. Elle eftdiuifée en haute & balfe : la balle comprend Troye, loigny, Baf- figny , Vallage. loigny eft vne Comté qui fcpare la Champagne de la Bourgongne , ôc eft proche de Sens. Sa principale ville eft loigny. Baflîgny a pour fes ri- ùieres, Marne & Mufe, ôc vne petite partie de la Mo- felle. Sa principale ville eft Chaumont qu'on nomme en Baflîgny , où il y a vn fort chafteau fur vn rocher. On nomme fa tour le Donjon , & la haute fueille. On donne au pays de BalSgny , outre Langres , Montigny, Goetfy .Nogent le Roy,Monteclar, Andelot , Bifnay, Choifeul , Vifnorry , Clefmont , où il y a prefque par tour des chafteaux. Vailage confine auec le Partois , & le Barrois. Ses principales villes font ValTy , faind Di- diM , lainaille , Moncuandé, Donclerant , le Chafteau du Royaume de France. 43 aux forges, Efclaron Se AïCy fur la riuiere d'Aube. La haute Champagne comprend le Pattois , qui prend fon nom d'vn petit boiirg qui eft fur Marne, nommée Perte, Sa ville principale ift Vitry, puis il y a Argillicrs,L.'i(àincoutt,Louuencourt& autres villes. On adjouftc à ces deux parties ce qui leur eft joi- gnant , c'eft à fçauoir les Duchcz de Reiras Ôc de Lan- gres,& les ComtezdcChaalons,Ligny,«S<: la Motte. LaComcé de Champagne a efté vnie à la Coutoa- nede France en ccfte forte. Thibaud IL Comte de Champagne , eut vn fils nomme Thibaud 1 1 1. de ce nom, qni deccda fins enfans , Se eut pour fucceffeuc Hem y le Large, fils d'Eftienne Roy d'Angleterre, qui eftoit fcere de Thibaud 1 1. Henry eut vn fils de mef- me nom , qui eftant mort fans enfaiis, fon frère Thi- baud qui fe nomrooit Comte Palatin de Champagne» s'en empara, & eftant deuenu Roy de Nauarre par la mort de fon ayenl maternel, il eut pour fuccelfeuc tanc au Royaume de Nauarre qu'en la Comté de Champagne , Henry , de qui la fille leanne mariée i Philippes le Bel, vnie la Champagne , ôc fes autres pro- uinces à la Couronne. On met ordinairement auec la Champagne , la Brie, qui joint le HurepoisrCe pays commence près du porac Charançon, où la riuiere de Marne fe mefle à celle dq Seine: &la riuiere^deMarnefepare prefque la Brie de la Champagne , de mcfme que la Seine du Gaftinoisi Et prefque tout ce qui eft entre ces deux riuieres iuf- qaesàla Duché de Bourgongne eft couftumieremenc ippellée Brie. U y a encores en ce pays la ville de Brie Comte- Robert,ainiî nommée du Comte Robert, jadis feigneur de Biie . qui falloir là fa demeure. Les autres -ailles cogneuès en Briej,font Chafteau Thierry.Meaux» Coulomicrs,Prouins,N.ingis Nogent,& raefmesquclt ques-vns donnent à ce pays la ville de Sens. La dernière partie des pays de la Gaule qu'on notn- moic Celtique, & Belgique , Ôc qui fe trouuenc fous le Parlement de Paris , c'eft le pays de Lyonnois , qui a pour fes limites du Nort la Breire,du Leuant la Sauoyea du Midy le Dauphiné ôc le Viuarez , ôc du Couchanc le Fort fts& i'Auuergne. La ville capitale de ce pays c'eft Lyon , aflîs fur les riuieres de Saône & du Roaei dont celle de ^aone paflè pat le milieu de la ville. De la viUe de Ljoà* T A ville de Lyon eft la principale & capitale Ciré de la Gaule Celtique,bouleuard de la France, fou-^ urain fiege de toutes les Gaules en la fpiritualité ôc, fficine du commerce de tout le monde : c'eft la ville a plus coramode,la plus belle,laplus delicieufe fituar tion qu'autre ville d'Europe : car il n'cft pas poflible, ly voir , ny d'auoir deux plus riches , plus fécondes 5ê plus pU ntureufes nourrices que ces deux grands fleu- ues, du Rhofne ôc de la Saône , par le moyen defquels luy abondent les biens de toutes parts , Se luy eft faite communication des raarchandifes de toutes les mers ôc des charges & commerces de toutes les nations quj font fous le Soleil ', fieuues qui non feulement y font grand profit , mais aufli ont moyen ôc pouuoir d'ac-» commoderles grands Roys en leurs importantes affai- res. L'Eglife primatiale de'Lyon fut premièrement fon- dée en l'honneur de S.Eftienne par S. Alpin 14. Euef- que de Lyon : mais depuis elle quitta ce nom pouj; prendre celuy de S.Iean Baptifte, l'image duquel fe voit toutde marbre blanc au deuant de la grande por- te, ou pour mieux dire die honore ces deux glorieux fainds pour Patrons ÔC protecteurs tutclaires de fa gloire & de fon honneur, Cefte Eglife eft des premières de France en dignité comme en antiquité , voue l'viîc des plus célèbres £>'■ 4 1 Difcours de l'Eftat ^ ^ r r« I laquelle il eft diuifc pac U Chaii : du Leuant le Hure cmbellidemcnts. Elle .i. ou.....^^- - Je cLat coouecc & pavé de vv.hes cap.s S^'^' J l ^oftc duquel ell ea^uee vne hocloge qu monlttc le L\t , lesV.us.les mois ^ 1. Ggncs par le cours du Sole.lque de la Lune^ ^/^f (.ai eft au.oard'Ruy Monleigneur U; Cacdm 1 de Ma qla.ond ) y a de grandes pccrog.aues ^ de g nd 'prééminences Le Doyen y eft ^--rquable p le nue dcD..c. les Chanoines pour ccluyde Comtes , del cud on k qu vn Roy de Bourgo..gneles a jad.sglo ne . >mcnr enn his , l'A n'eft plas croyable que cefte qu ÏuTleur a efté alTcuree par l'achapc par eux autres- fois J.m d'vn Comte de Foccft de quelques places q./nnappelloit la Comte. ^ l'adjoufteray pour vnc autre excellence fmguhete, & pour vnc cmarqaable fureminence. qu y ont touf- iou^rs efté defirez pour fon honneur des Gencl hom- mes nobles d^ quatre races de chacun coftc. comme pour la grandeur elle a toufiours eu des enfans de IL grandes & pui(T:.«tes maifons de l'Europe . voue des pu.s nobles de toute, les nations du monde , com- „,e l Bourbon. d'Alençon, de Sauoye. de Geneuc de Foreft. de V.Uars, de la Tuur . de Beaujeu. de Saluées, de loin.rlU- : la place des Chanoines ^ honneur y a efté fouhaitrec des pins grands Princes de la Ch e- ftrnré . & l'honneur en a de tout temps eftc défère aux Koystres-Ch. eft.ens, aux Ducs de Sauoye, Corn- ces de V.Uars, aux Ducs deBourgongne '^"'^ D«« d Berry & aux Dauphins de Vienao.sqm tous y on: eltc ''n'y a plufieurs arures Fglifes àLyon.tant Collégia- les que Conuen.relles & Clauftraks.outre les >arro,f- ("t i mTntcnr encore la v.lle de Lyon à plus haut les qu. mornei Colleciales de faind luft nein pius u o, c,->nrl!ireur. vn autre Arche- l La de fo.ui-s ;t -r^'C 'S^ra^rr.? '^;e.s A,che„efc,„e. ae premier u t>c r prefent la mai- Lvon,quiaaoientleur tiouei ou c i r , i^, d Ville. Les Clauftrales.l'Abb.ye d Ar^ay deia- t lie Br nechrlde Royne femme de S,g,lbert Roy TAuftrafre fous Clotarre fécond , 6: plaficurs autres de cefte ville , ôc fa repatatioa . m'cmpefcheronc d en ' dired'auantage. , ^ft borré par le ruilleaude la Paye : dumidy il a le Li- mofiu ,oùeft lariuiere de Croure , ôc du couchant le Poitou & laTouraine , dont elle eft fep^ree par vne petite riuiere nommée Clery. La principale vUle de ce païs c'eft Bourges. Celte ville auoit fcpt portes , mais depuis l'on en condarnna trois à caufc des guerres. Ces portes fe nomment l v- ne Boaibonncl'autre de S.Prmat, l'autre de b.Sulpice, l'autre d' Arogne. Il v a dix- fept Eghfes coUegulcs , 6c d.x.fepr ParroifTcs.'les quatre ordres des Mendians, deux Abbayes d'hommes, l'vne hors de la ville nom- mée faina Sulpice . l'autre dans la ville nommée de S. AmbroKe. toutes deux fort riches. U y en a trois de femmes : la première de l'Annonciade.l autrf de (aîné* Laurens.l'autre des Sœurs mendiantes de fainde Clai- re. On y trauaille fur tout en drapperie. Elle a les loi- res de S Laurens , S-Lazarc, S Manin , & S.Ourfin, ou il y a vn grand abord de marchands. Les autres villes du Daché de Bcrry font Ylîoûdun. Dan le Roy , Vierfon , Mchun , CoacclTaut. On mec aufll en ce bays les Comt«z de Sancerre , & de S. Ai- .nan,&laBaro.iiedeMont faucon. Il yaaalTien ce ;ays quarante Chaftellenies. Plus y a la ville & cha- fteau de Chafteauroux , l' vn des beaux fcjours de Fran- De la principauté de Bombes. L A Principauté de Dombcs eft vn p^ys releue pa JL^fout en di-^^" ColHnes & montagnes proche de Lyon , & qui pour le magnifique throfne de fa lu- fticV re'nd l'Lgufte qaalicé de Parle... auquel aulTi le Prefident de Lyon tient la Prcfidcnce , U elt de, app r enances de la ma.fon de Bourbon y ayam efté apporte en .celle auec la Seigneurie de Beau eu ^depuis baillé en partage à la branche aesDucsde Motupcnfier ; a prefent en louyt en fouuerainetc Ma- Tm r lie d^ M^ontpenficr feule fille &vmquehen. dere de feu Monfieur le Duc de Montpenfier. faut maintenant que ,e vienne aux prouinc s d-Aquuainc qui reconno.llent l^^'^^'^'^l"" ! le..ent de Paris : comme le pays d^.B^^y^^.^^^^^^" nois , le Poidou . l'Angoumo.s . le pays d Aums & ^'Te^; apour fes bornes du Nort la Soloigncdc ..1. . a ronnies en dépendent. „ r /-l i Sancerre a fous foy Sancergues , Beaufeu, Chappel- le. d' AnguiUon, Eoucard.IalongncTarenai.Verdigm. Menefmc, Charemonai & autres places , La Baronnie de Mont-faucon comprend les feigneuries de faugi, & Gron , & auflî le Fane , Liuron , Coni , Villabon, Seuri.Marcilli.Marnai.Fuges, Auor Saligni. Picigny. Cru.LalTai. Boifbofon, Nuifement, Villiers, Compoy, Les Chaftellen.es fout Ait,Beuh, Quantilh, Femori- 2m, Francheuille la Chappelle.Nançai.Dr.c. Leureux» Beaulieu,Btcci,Bengi,S FleurancNeufui fur Baranjon, Morthonn.er , Marmaignes , Maubranches , S. Vdin. Tailh.Br.ll.ers.Varan, S.Satur, Luri . Eftrech.es , Mau- pas.Villeneufue. S.Crapaix,Afc,lli, lufli, e Chaudrics, la Corne, les Chaizes, Vauurilles , les Cloyes, Bouge. Cenefcroitiamaisfait fi ie voulois faire le dénom- brement des autres lieux du pays de Berry. Si bien que i'en finiray le d.fcours , après auo.r fait vou de quelle forte cefte Duché fut reUnie à h Couronne de France, du temps que H .é Capet Godefroy fut Gou- uerneur de Berry pour le Roy. De ce Godefroy def- ccidit Harpin , qui achepta du Roy Henry L la Com- té d. Berry Ceftoycy , s'en allant à la guette faïhae. vendit la mefme Comté pour eftre vnie à la couro,ine àPhilippes L Quelques années après lean de Valois obtint de fon pere lean de Valois pour droit d appa- nage cefte Comté érigée en Duché. lean eftant mort fans hoirs maftes. la Duché reuint à k Couronne. Oa la bailla après à lean fils de Charles VLqm eftant mort faos enfans, lailTa pour fuccelTeur fon frère Charles, qui eftant deuenu Roy de France , & eftant prefque chalTéd^ tous les autres endroids de la France par les Anglois. f.it appellépar mocquerie Roy de Bourgon- gne^ Ainii p.u le moyen de Charles VIL elle vint a la Couronne ; maintenant Monfieur le Prince de Condc en iouïr auec le pays de Bourbonnois , depuis le traidtc de Loudun fait l'an 1617. ^ Le pays de Bourbonnois a pour fes bornes d Occi- dent le Berry & le Limofin . du Nort le Niuernois , du Lcuant il a prefque pour borne la Bourgongnc , & du Midy le paysde Lyonnois. Ce pays a efté autrefois fous des Ducs , dont le det- nier fut Archambaud, qui n'eut qu vne hlle nommée " Agnes du Royaume de France. Agnes pour heiitiere , qui fut mariée à Icaii Duc de Bourgongiie:&: eu r.yanc eu vue fille nommée Beattix, la maria à Roberc fils de Louys iX. Roy de t-rance, &c luy donna la Duchc de Bouibonnois, à condition qu'il pofccroit le nô de Bouibon. Ce qui fiu fait. Roberc fils de S. Louys engendra Louys furnomé le Grand qui fut fait prcmiècDuo de Bourbon par Philippcs de V illois, eniîiron Tan ijip. Ccftuy cy a eu pour fuccelU uren droite ligne Pierre premier f qui eue vnficre nomme Jacques , de qui vindrent les Conatcs de la Mirche > & de Vcndofmc ) puis Louys ï l. Bon , lean premier, Charles & lean II. A ccll iy-cy mourant fans cnfans fuccèd;iPicrie II. de qui l^fille > & héritière Sufanne eftant mïi iee i Chirlcs de Boutbon Comte de Mont- penfier ( fils de Giiberc de Bourbon ) rendit fon mary D icde Bourbon. C'eft ce GhuLsq iiefta uConne- ftabie de I^ruuce . Se s'cftanr range du patty de l'Empe reur Chatlcscinq, contre le Koy François premier, fur tué d 'uaut Kom - l'an i J17. Apres U mort de Sufanne le Roy s'empara de la D Jchc de Bourbonnais , & lors lesDJcsde Vendofme en prin lient pardcoiét de pa rentage le fenl titre Se les arm us. L? pais de Bouibonnois eft diuisc en haut & bas: le bas comprend les villes, & d ruK Comccz : la princi pale ville c eft M )ulin5,qui cft afll efurla riuiere d'\l lier, abondinteen poiilons, Je principalement en Sau mons. Il y a vn beau hafteau à Muulins, & vn jacdiii auflî agreible que l'on en puiffe prefqae voir ailleurs, où il y a force arbres portans des citrons & des cran gfs. Les autres villes font Bourbon TArchimbaud , Se Bourbon Ancy , Montmeraut , Montlufloa , S. Porcin (que quelques vns mettent entre les villes d'Auuer- gne ) Gij(K;r , Chancelle , Gharroux , Verneu l, Vaien nés, Gcait limitrophe d Auaergue, le Mont aux Moi nesjSonuigni, la Pali/îe, S Geran, S Pierre le Mouftier, Avnai le Chifteau.faind Amand.& autres. On y com pi cnoic andi les deux Comtez de Forefts &c de Beaiij re- lais. LeBeaujobis embrafTe tout ce qui eft encre la ri- uiere de Loire 2c la Saonc , & eft affis vers le Leuant entre le Forefts Sç la Bourgongue: la principale ville s'appelle Beaujeu. Le prïi de Forefts a pour fa principale ville Mont btifon : les autres font S.Eftienne, faind G jermier, faindi Germain Laual, fainâ: Bonet, le Chafteau faind Rimbnrr, & quelques autres moins fanieulcs. Le haut Boutboniiois comprend le feul f>aïs df Combraille.où eft la vill" de Montaiga, ôc ce pais «fi plus moiitueux que le bas Bourbonnois. Le Poiârou eft vne grande prouince comprenant lîoo. partoifTiS fous les trois Euefchezde Poidicrs, Maillezjyc\Lairon.Cspaïs a pour Tes bo. nés du mi- dy l'Angoumois & la Xaindonge, du couchant U met Oceane, du Norc l'Anj m & laBcetagne , & le rcfte eft borne du Betty , de la Touraine, du Lymofin. Ce pdïs a receu autrefois le titre du Royaume des Gots, qui en furent chaiTt z par Clouis de mefme que de toute l'Aquitaine. L'Empereur Louys le Débonnaire donna à fon fi's Pépin le Royaume d'Aquitaine, Et Charbs le Chauuc ayant tbairé d'Aquitaine Char les, & Pépin fils de Pépin , &ies ayant mis dans des mouafteres , fe faific de cefte principauté , & la donna à Aruaul fon patent, mais ce fut à condition que tous ces pays ne porteroient déformais que le titre de Du cKc. Arnoui eue pour fes fuccclTcurs Guillaume le Bon.Eboni. & 1. Guillaume i. & }• Guy Guillaume 4 & S- & la fille de ce j. nommée Elc onor , eftant feule hetuiere fuc n:srice à Louys 7. Roy de France, qui (e dûutaiK de quelque trah;fon , 6c h foupçonnaat d'adaltere, la répudia , &c foudainel'e rfpoula Henry Duc de Normandie, qui (ucc^da à Efticnne Roy d'An g eterre. Henry eut pour fuccttr ur.tant au Royaume d Angleterre, q i'auxpiouinces qu'il teuoit en France, 41 fe$ fils Richard & lean. Mais eftant a!*i:îuc qu'Attus fils de Godcfroy (qui auoit efté fils aifi é du Roy lean J difoit qu'il dcuoi» cftrc préfère à lean: ce Prince eftanc pcrfuadé «Se follicrc pat le Roy Philippcs Augufte, d'ofter le Poidou à lean, entreprit de s'en rendre mai- ftre par force ; mais il fut défait pat Ican,& pris & em- mené i Roli a , Se mis à raorc. Pour cefte caufe fean eftant accu.^é de parricide douant le Roy Philippcs par Conftance raere d'Artus , fut condamne , <3c fcs biens furent foudiin adjugez au Roy Philippcs , comme fei- gneur ditecl , ôc enrre autres chofes le Poiftou luy fut acquis. Mais Louys 8. fon (ucctiTeur le donna i Al- phonfe ion fils , qui eftatit mort fans enfans, caufi qu*il vint au pouuoir du Roy Philippcs , & demeuta entre les mains de nos Rois iufqu à ce que fous Phi- lippes de Valois, Ed. Liud j. Roy d.vs Anglois le rc- couura, & le retint plus pleinement auec toute l'A- quitaine, par le traitté qui fut fait entre luy , Se le Ro^ lean. Et le Roy Edoiiatd donna à fou fils la princi- pauté d'Aquitaine : mais le fils ayant imposé des char- ges infupportables en fes pays , en perdit vne grande urtie qui le rendit à Charles 6. Roy de France, 8c de- puis Charles/. chafTa les Anglois de toute la Guyen- ne l'an 145 }. & lalaifla à fon fils. Ceftuy-cy la don- a1 à fon frerc Charles , aptes la mort duquel le Roy Louys la lailTi à Charles 8, Se depuis ce temps , la Guyenne , dont le Poidou eft vne partie fort remar- lUiole , eft demeurée entre les mains des Roys de Fiance. Li principale ville de toute cefte prouince c'eft Puidicis, d'où le refte du p iis a tiré fon nom : les au- tres villes font Niort , Fontc-nay le Comte , où pafte la petite riuiere de Vendée, Lufignan, Montmorilion, la OàiTe Marche, Dorat,fainâ: Maixan, Siuray. Il y a au(5î enPoidou la Principauté de Talmon, Se celle de la ciocheSuryon. Il y a la Duché de ChafteUiraut aflîs lur la riuiere de Vienne , la Vicomte de ToUats , Étof- fe , Bndiercs, la Rochpchoiiatt , & les Baronnies de Mainlers,Partenay, MeilcChizay.Chauuigny, Luftac, Brcftliyre , Chartou , Chafteneraye , (ninOt Mefmin, iàind Gilles , Chafteaumur , les Sables d'Aulonne , Si Hermine, Montaigu, Mirebcau.la Motte, faind Beray, Vouuant, faind Hilaire, Mottemer , Lufay ,S.Sauin» i'ifle Jourdain , faindl Bcnoift du Saur, Bourgneuf, Meroil, M ruant, Brige , Vouuert , Ville- fagnaix ôç autres, L'Angoumois a pour fcs bornes du cofté du Noté i - Poidou.du Leuant h X liniionge, du midy leBour- clois. 'kle Pengort, Se du couchant le Limofin. Si jngueur d'Orient en O -cident eft de 24. milles , Ci iiigeutdu midydu Noit de lé. L^ principale de ce ^ysc'^ft Angoulefèic: 'es autres raoindi es viH s font M.utou, Chalteau neuf, BladFa., Ch-.bannfs, Confo- lant, RiiftecAigf s Coruiliejlli i<.v>chefoucaut, qiai eft vneConnié Mai>ii sLanfac, Villcbois, qui font de li maiioH de Ma^^ull Momberon,& Bouteuillei qui font .de la maifon de Moiumorency. Ch.irles Roy de France furnommé le Sage , donnai le Cumté d'Angoulefmcràuie aux Anglois , à fon fils' Louys, qui eftant d^uenu Roy di France, la Li/Ta à fort fils lean, à qui Charles fucceda. Charles eut pour fuc-«~~ celfcur François premier , qui de Comte d Angoulef- me eftantpaïuenu à la couronne de France, eiigeacé pays eu Duché, & le donna à fa merc. aptes la mon de laquelle Ton fils Charles porta le tiltre de Duc d'An- goiikfme , 6( C hirles eftant mort fans enfans , la Du- ché f ir vnie à la Couionne. Le pays d'Aulnis comprend le territoirê de la Ro- chelle, Se eft de fort petite eftendul. Le pays d'Aunergne a pour (es limites du cofté d'O- rient le Forelt&le Lyonno s, du midy les derniers Diocefes du Languedoc, d'Ocddtnt le Queicy 4^ Dlfccurs derEftat Pevi^ort,?. le Liai .fm.S. ^■^ Noce le Beay rfc le Boo.- bonno;s. Cefte piou>nce eft d,.iCee en haute ^ oa Te L haut pays a Aua -rgne a pouc fa P""';^P^^^^ S.Flour, les autres viiles font Oallac Charlat, Mutar, La baffe Auuer^ne comprend la Lunagne , peut eftre nommre de celte forte de la riuicrc de La-nonc. Lymoncqui fe va rendre dar^s celle d' Aher Sa Ion- caeur dep.is le vie.l petit de Bcuat tu'qacs à Gauat, fies autres IMlcndcnt plus oatr.) cft d enuuon o lieues Sa largeur depuis la montagne qu on appelle c ^mmuncmcnt t^oi dJ Dome .ufques a la v. Ue de Threvs, cad'cnurron S.Ucues. Sa P"-'P^ -lie c ft Clcrmonc , belle & agréable pour fon afliett. . ^ les fontames. Les autres lont Rion, Montferrand.YiTo.re. Se. A,gucpetfe, Se pluftcurs autres : Montpenfier ^'^ci: t^rtouTles pays qui font du refforc du Par- lement de Paris : venons maintenant à ceux qui rcco- gnoiffent le Parlement de Thouloufe. De la ^îlie de Thouloufe. ^ Houloufe eftlavillecapirale de Languedoc. elle 1 fut premietcmentbaftie fa. le fommet de la nio- tatncoù cnrcft.nt cncores quelques appareces qu on apHle vieil Thouloufe. pour eftre hors du danger des fm'onlt.ons: te tiens n.antmoins que le premier heu de -aak-ttc de ceftc ville ne fut iama.s autre que ce uy qu'elle a m ùntenan. joignant le rruage de la Garonne. Lvalehautdesbordsdefcs.nuva.Ucs ^ Lvlv^^ belles décorations de ccfte ville fond Am- nh^; rc &le Gapitole, mais particahere nent le Ca- S duquel on du que faind Saturnrn fut preap.- r C' -Pico le fi peu comn.an en leurs prouu.ccs , qu on te, «-V"^'^^^ , les anciens qu'ils .lyentiamus -v,Ues,M.oi^rhoa!o.f=,N..- Et comme a v..K £ ]> , i|„E„iif,s,er.tic Itiqucl- clic vn g.an no„A> ' ^^^hedr Je S le l ge f „„. de la Vierge fac.éc au l."f''"^re';:;"=tr/ocH:n,.e,.™ie, TEmope ,Iri' e pa. Raymond Comte de Thouioule. cJu du Senefchal & des Prcfidi.ux «uec le uge Mage. Dcutenans, Confcillcvs & autres cffic.evs de la ''t%% . pour fes bornes le pays de Perigorr, r i^lhod^- V Auuer^ne & le Limofin: on y corn- celuy de Rhod , Auu ^^^^^^ ^ ^ f^le^^a Les moinLs vUlcs font Burelle. Na- . eth Souillac.Gourdon, Martel & les autres. L pays d Rouergue touche le Quercy du Leuant, le c eft borné dulanguedoc 6c de l'Auuergn. Sa principale vrlle ceft Rbodes : les autres font Ville Lnche. de RouergucEftauges, ^rpcyron^ Le Languedoc a pour les bornes du couchant la ^ Gafcon^nc d. laquelle il cft diu.le par la nurere de G on = , du Sud V"cy , du Nord l'Auuergne, 6c le Forefts , ae l'Eil U Proncncc & le Di'Jphtr.c : telle ment que tout IcRhoXne eftten i du Languedoc , & fous le Parlement de Thouloufe-. Il ah m^r Méditer- ranée ducofiédumidy, & en partie auPTi les monts Pirences. , « i •• C ftc prouince eft de fort grarvde tftenduc compre- nant 12. Diocefcs , dont le fcul Viuarez qut.a de lon- gueur du long du Rhofne plusdc :o lieues . eft pris pour vue. Ses Diocefes font Thoulo.fe.N -rbonne. Al- by. CarcalTonne, Bcfrers, Agdc Montpellier, N.fmes; Vfez, S.Poiis de Tomieres. Alet, Caftres, Pamiers, Mi- repoix, S Papoul. LoJefe, Eaule, Lanaur, Montaaban, Viuarets,Velay,Geuaudan. r «■ • Sa ville principale ceft Thouloufe , affife fur Un- uiere de Garonne , en lieu plain & fort bon pays. Les autres font N.rbonne , A'hy , CarcalTonne , Bcz _ers, Pefenaz. Montpellier, N.fmcs, Vfez, Bagnokt , Aie*, Sommieres , le Pont S.Efprit . le Bourg . /uners . la Voùte,Toutnon,Aubenas,Annonay.Mende,M3tuege, le Puy, & grand nombre d'autres , dont le dénombre- ment feroi: ennuyeux. . ANifmeson void les Arcncs ou l ancien Amphi- teatrcqui eft aulTi merueilleux qu ouuragc qu on voyc: mais le pont du Gard fur h nuiere du Gardon . ou il y a crois ponts l'vn delTus l'autre , eft beaucoup plus ad- mirable : les pierres des Arènes. & du pont font de grandeur extraordinaire. On a artnbue au Languedoc depuis quelques années la Comté de Foix , combien qu'auparauant elle fuft de la Guyenne. Ce pays a le Languedoc du Leuanc , du couchant le Commgcois» du Noit le territoue de la rimere , du mrdy es monts Pyrénées. Ce pais de Foix a la feule Euefche de l a- miers , qui eft vnc ville alTife à l'endroit ou les deux tiu.eres de Lers.ôc L.gier s'alîemblent. Ses autres vil- les font Seuerdun & Mafercs , demeure ancienne des Comtes de Foix. Pour.e que la Gafcogne a quelques-vnc^de fes par- ties du relTorc du Parlement de Thouloufe, d cft a pro- pos maintenant d'en difcourir, afin de n aller pas en delordie. La Gafcongne de noftre temps comprend tqnt ce qui eft entre la Garonne, les monts Pyrénées ^ la mer Oceane & la Gnyenne . de Louys X 1. Quelques par- cies de la Gafcongne font bornées de la r.uiere de Ga- ronne , comme Armagnac & Bigorre . les autres tien- nent tant dcca, que de là la riuiere , comme 1 Agenois, la Duché d'Albtet , & le pays de Coraingcs, La Comte d'Armagnac contient deux Diocefes , c eft Uçauoii: celle d'Auch. & celle de Leétouicqui font deux prin- cipales villes, outre IcfquellesUy arifle louidain ,& quelques auttespeuconfiderables. La Comté de Bigorre cft entre le pays deBcarn,& de Cominges, pies des monts Pyrenccs, dont vnc orando naitieeft fous ce Comté, depuis les monta- anes d- Aure iufqu'à celles du Saut ôc d'Afpe .qui lont de Bearn. Sa principale ville c'cft Taibe, ou eft le Cha- fteau de Bigorre. Sur les frontières de la B.gorre il y a les Comt;zdeGaure& d'Eftrac. L'Aacnois a pour fes bornes du leuant le Quercy, du No'^d le Perigort ( & de ce cpfté l'Agenois va luf- quesàBironduPerigo.t) du couchant la Galcongne l' la Garonne, qu'ilaanfll du coftedu n;"dy- Ce pays comprend Euef.hez. c% ft à fçauoir cduy d Agen celuy de Condon. Ses moindres villes font ViUcneuf- uc d'Agcnois, Claire , Marmande , Foy la grande , & qnelcuf s autres affifesfut lariuictc de Garonne , & aulTi Valence fut la Baife , Leirac , la Romiou , Mont- '^Le pays de Cominges cft diuisé en haut & bas , le haut eft aux montagnes, ôc fes villes font S. Bcrrrnn.-. &c Conferans .S.Bcat, S.Fcrgcau, Monregcau .Sahcrs & autres. Au bas eft l'Euefché moderne deLomb. 7, du Royaume de France. 47 &lcs villes de SamAthan , Hlle c Fronfac. Le pays de Medoc comprend tout ce qui eft entre Bordeaux , la mer Oceane, & la Garonne qui s'y def- gorge. Ce pjys eft prcfque tout de fable, ôcks flots de la mer le couurent peu à p'u. Il y a en ce pavs le bourg de Puliacceluy de DionilTay.Lc pays de Bouch, dont le Seigneur s'appelloit Capital, joint au Medoc,- eft fubjeél aux Comtes de Caudale. Le Fronfadois a pour la ville Fronfac, de qui il a pris ce nom. Le Bafadois a pour fa principale ville Bafas ,' à vne iournee de Bourdeaux. Les autres font fainftBazeille &c la Reoîe, ailîfes fur Garonne. Monfegut pèse iur la riuiere de Drot, faind Ferme, Caftel M )ru , Geronde 5c Sauueterre,&: iufques à laDordoune il y a pLfiear.^ villages. / 4^ Dlfcours del'Eftat S'enia r le vs Lipord . ou L-^urde , qui a deux 1 uets v l'. capitale de la Duché ie Niuernois, Auxeue. Dioccf s, cMl a çaaoi. B yo^An^ 6c Aqs. B^yonne M dcon. ixldes • les autvcs font lainôl Ican (dernier D.c de Bourgongac qa. mouruc d.amt Nja- la vr.U capitale du oays. dont l.i lUtifdidbon s'eften ii,;q.;au acuue d'iion , qui tft au delà de fainâ: lea Le pays df Xainftonge a du Nort le Poitou, du Lciiant l'Angoumois, &c le Perigord . du M. Jy la lu.K- le de Garonne , & Ponant la .ucr Oceane. Sa prina pale ville cMiXâindcs : les autres Tont lainôt Ica, d An^ely ,Ljrgaite Achaut ,Pont, LoubUze, 1 aille bourg larnac,Barbal-ux,Iolac,&BroUages,renomme£ pour le f:-l que l'on y prend. Le ParLraent de Rennes comprend la haute , Ce b.ile Rtetagne.Sc a pour fes bornes du Leuant la Nor niandie, 1. Mayne & l'Anjou , du Midy le Po.dou. & des drux autres coftezla mer Oceane. Sa longueur elt de fu iournées de chemin. & la largeur de trois. On y parle de deux langues , dont l'vne . qui eft celle de la haute Bretagne , ea la Françoife , l'autre eft le Breton- brctonnancou bas Breton, qui n'a rien de commun auec toutes les autres langues : c eft le langue qu on parle en la balTc Bretagne. „r > La haute Bretagne eft plus Orientale, & eft feparce de la balfe par vne ligne tirée du bourg de Chafteau Andron , & comimiée encre Quintin , & Corlay vers l'extrémité du goulphc de Vannes iufquesàla riuierc de Vilaine . en telle forte que S.Ican demeure dans la balTe Bretagne. La vilk'M- cropolitaine de ce pays c eft Nantes. La Ville du Parlement Rennes:(es autres villes lont Do1,fa.n6t Biieu, fainft Malo, Dinan,R.eux,Chafteau- btianr, Lamballe, Vitray,Iugon/ainâ: Aubin du Cor- mier, Plercl, loelin.MaleftroicPontigny.faind luhen, Ancenis. La balTt Bretagne a pour (a principale vil c Vannes. & les autres font faind Paul de Léon , Land- tri2uier.Blauct,B.eft,Morlaix,Guingamp.Quinperlay, Conquerneaux, O^inpercorantin, fainft Bois. Pour conclurre-, la Bretagne de Comte qu elle cftoit fut érigée en Duché du temps de Henry fécond Roy d'Angleterre.ôc fut vnie à la France après la mort d'Anne de^Bretagne , qui eft-^ -^-^ P!.^7f 'J^;^ à Richard Prince de Galles , hls d£aouud4. R-y d'Angleterre, puisa Maximilicn premier Empereur efpoufa en fin Charles 8. Roy de France , 3c après loy Louys .2. & pat ce moyen cefte Duchc vint a la Cou- "^""lc' Parlement de D>)on comprend maintenant ce qu'on nomme Duché de Bourgougne , qu'on dit auoir pris ce nom d'vn lieu r.ommé Bourg-ognc au pays de Laneres. Ses hmices font au Septentrion. Les pai.de Ch^pagne, ôc d'Auxerrois. dont vne partie eft de ce- fte prouince : au Ponant le Niuernois ,6c Bou.bon On a adioufté encor an Parleme it de Dijon la Bref- donc Bo-ug eft U ville principal. : & cncor l'Euef- .aéde Bellay ,1e Bngry, Vccoraey, de les nojuclles ter- res qui joignent la Sauoye. La Duché dï Boutgongne eft demeurée cnttr les mains des Roys de France depuis la mort Je Charles y , veu qu'aufiS coft après fa moit Louys Iccond Roy de France s'en empara. Quant à la Comté de Mafcon le Roy S Louysla- chepra de lean Comte du pais &c d'Elie (a fsmme. Le Parlement de Grenoble comprend t"Ut le Dau- phiué , qui a pour fes bornes du cofté d i Midy la Pro- uence , & la ville d'Ambrun eft la metropolicainc de cefte contrée qii'on nomme le haut Dauphinc : du Nord il a le pais du Lyonnois & la BcelTe, Se de ce co- fté eft le pais de Dauphiné , duquel la ville Archiepif- copale de Vienne eft métropolitaine : il a du cofté d'Occident le Rhofne qui le fepate du Lyonnois & du Viuarets , & du Leuant , la Sauoye. Sr. principale ville c'eft Grenoble, fiege du Parlement, alTife prefque au roiheu de la prouince , les villes du long du Rhône, oubien près, font Teïnay,Vienne,Ro(nilon, S Valier, Theim.la Roche.Valencc, Montliraar dans le pays , & en plainc.Qmricu.Creroicu.Bourgoin, la Tour du Pm, la Coftc faind André , S. Marcelin , Voyron , fainft Antoine de Viennois , Muietel, Beaurepaire, Moras, Romans fur l'Ilcre, Loriot, Chabeul.Crcft, Die. Aux montagnes Anpbiun ville Atchiepifcopalc , Gap, Ta- lart , BÎiançon , Chorges, Serre , Moobrun . la Mure, EflTiUes. Il y a aux montagnes le pays deThicfues, les Baronnie's, le Gapenço^î& le Briançonnois. Les principaux pays de la piainc font le Gtaiiuoden qui eft près de Grenoble , le Viennois , qui a de longueur cnuiron dix lit u'és, la Valoire où font les villes de Moras. Beauiepaire, & a Cofte faind André , l'vndes meilleurs endroifts du Dauphmé, fie le Valentinois, qui eft aiilTi de grande cfteuduë, Le Roy Philippes de Valois acquit de Hunibert Dauphin du Viennois cefte prouince l'an 1540. à condition que le fils aifnéde France potteroit le nom de Dauphin. Le Parlement d'Aix comprend la Prouence , qui a pour fes bornes du Septentrion le D.iuphuié , & la li- uiere de Durancc, du Leuant les Alpes, 6c la tiuicre de Vare , aubord de laquelle à main gau he on void Nice, du Midy la mer medicerranéc, d'Occident en partie la ptincipnité d'Orange, en putie la Comté d'Auignon. La principale ville de Prouence c'dt Aix> Siège du Parlement. Les autres font Marfeilles, Arles, près de laquelle eft la Camarque, qui «ft vne langae • au' Mil; l^^B a3ois^:^^^^^^^^ Leuant j 5e terre pleine ÔC enfermée entre deux btas, 5c canaux nois,au r;.^; de la Sauoye, & de de l.riuiere du Rhofne , contenant 7. grandes l-eocs lariu.ere duRofne , qui la lepare de la sauoye, p^^^,„^,i,3 en valent plus de douze Françoiles, laBrefcôcdeh ran^^^^^^^^^^ U ïient graride quantité de La P""-P^ ; "e Punc f r la nui 're d'Ouf- bleds , & outre ce il y a de grands paftis tant pour les prcfquc fur la frontière de Hance lur , ^-^^ ne.que pour lc4 chenaux, dont les habitans che. Or quoy que la - ^ijon^y t d.e b^^^^^^^ , b ft«^à c^orn .q p ^ ^^^^^^^^^^ ^ ^^^^^^ l'an 1Z17. fi eft-cUe pl^s belle , Oc ma^n 4 i | >^^^^ ^^^^^^^ Miramas, Senas. Malmort luf- c ■ .r.A^ rpnnmmée ' an'à Oureon , & Ardaque veis la Durance , qui peut Il y a après Autun , -«^^-f S; f ''^'J^X eftre p3o;néc à la BeaulTc , & en toute cefte eften- ville qui a de be les -J^-/ / de ? nce. de payf on void vn grand nomb. d'orenges ci- battoit la pr.mau e à to te es "^^^ des tronniers grenadiers.oliu.ers.&figuiers^ôc leplusb. au Cefto.t la Capital, des H^d^ o.s , qui el ou vne , tr n ^ ^^.^ ^^^^ deux faaions qui r.muoient coW- d« palm.iers qui portent d'aulTi bons ^u-ids compteBcaunepuisC^^^^^ m,.n en Loulfois ' J^^^ ' Sie es, Lc-gne , Mon- Gra^-e . Senez , Glandefue , Vance , Digne , C.ftcron, pales qui font du rerrort de Paris , c'eft à fçauoit Ne- j ou le Peucho. ^ ^^^^^^ Entie Aix Si ^^3^^c■iIlct■rt la (uiodc BmtNC , où U M.igdclciiu s'clloic rctircL Qn.Tiu à laf iv^oii de laquel- le ci tcc Comté a cité voie à la Couromu-, vous dcucz fçauoir q ie irauiic Royiic de Naples , tff Comceircdc l^toufucc, lailFa pont fou L-ccelfeur en fes aunes piin- cip-iut.z en cette Comic, Louys d'Anjou fils de lean Ruy de France , api es l'auoir adopte ponr le ven- ger de fes ennemis. Louys eut pour fucccireur fou fils Louys 1. & ccttuy-cy Louys ;,adopccauiri parleanne z. Roync de Naples, pour cftie Roy de Sicile , & Duc de Calabre. Louys 5. mourant fans enfans , la. 1^1 du confentement de îcannc i. fes Eltats à René d'Anjou fon frère, qui ne voulant pas rclîgncrfcs droits du Ro- yaume de Naples,'?: de la Comté de Proueuce à René de Lorrain? Ion petit iiis forty de fa fille Volant , les tranfpoita à Charles fon ficre Comte du Mayne, qui ayanr perdvi ion fils Charles, inftJtua fon héritier vni- ueifel Louys 2. Lcsautrts difent que cela fe fit par te- ft.;mcnt de René, non fans vue griefue plainceî & faf chérie deR -c u Lorraine. Le Parlement de Bcarn comprend deux Dioccfes, C tft à fçriuoir celle de l'Efcar, Se celle d'Oleron. Le Parlement de Mets comprend Tonl, & Verdun^ qui font fous la protection des Roys de France , qui y tiennent g^nifon par tout. La ville de Mors fut mife fous robcyffance des Roys de France par Henry 1. Cette ville eft arrousée des eaux le h MôfeUc , delà Seille. Elle fut autresfois la ca^'iiaîe du Royaume d'Aufttafic, & maintenant tonte ia contiée d'alentour s'appelle de fon nom le paysMclTin. Il y encor quelques iQes qui appartiennent à la France.qm (ont en la mit Occane du cofté d'Occident, gomme l'iAe de Noftre Dame de Bouyn. L' lie- Dieu , où il y a deux ou trois alTez bons vil- lages. L'Ifle Marmotier , où eft l'Abbaye, qui eft comrau- nénent appelléc Blanche. L'Ifle de Rés vis à vis de la Rochelle, abondante en vin.où< ftUvi!lede S.Martin. Elle porte aujourd'huy letitie de D.iché. L ille d'Oieron , où fe f;iit grande quantité de fcl. Ces daix Iflesont efté oftées aux Rochelois aumois de Septembre l'an 1615. après vn rude combat naual, où les Rochelois perdirent douze vaifleaux , ôc plus de quatre milles hommes. Les Caps, ou Promontoires de France font celuy de S Matthieu , ou du Four, qui s'eftend pat delà toute la France vers l'Occident. 11 y a après celuy de Blankeneft vis à vis du cap de Kancft, qui eft en Angleterre. Le Cjp de Talraond. LeCapdeBuch. En la mer Méditerranée on void le Cap de Gercel, nomrré par quelques- vns Cabo , deS.Signo, Se par d'autres Cabo baxo. Le Cap de Sete,quî eft en Languedoc. Le Cap de la Haquc. Les forefts de France font en grand nombre. Au pays du Mayne on trouue les forefts de Verfay Xon- goulnsy,Petfi,SiUe,Charnay,Audpin,Mayne,Coucife: enlabair? Bretagne , les foceft* d" Baftblanc , de To- tient, de GniiUie en Poidou ,lcs forefts de Mouliere, Dinc , Brofle , Ligne m Berry , 1? foreft de Robert, & autres : en Arjoj , celles dcLouyfaye , ôcMarlon: en Bouionnoi:, , le bo.'s de Surcne , Celles , Harde- lot . Dalles , Bouilm. En Vermandois , Recoigne, Bouhan. En Picardie , le bois de Baine , de la Fere, de Beaulieu , de Coufli , la foreft de Senar en Bric. , Mais fur tout il faut faire eftat d'- la foreft d'Otleans l^ui eft de plus grande eftenduë > qu'aucune de France; du Royaume de France. 4P Se la foreft de Fontainebleau paffc-remps de nos P oys, de mefmc qu'eft bien fouuent celle de Montargis. Ia y en a beaucoup d'autres , mais le dénombrement eu fe- roit tiop ennuyeux. Les principales riuieres de France font la Seine, qui ^ a fa fource en la montagne de Voge en Bcjurgongne, Se delà elle vient à Pans, puis à Rouen , & de la le va defchargerdans la mer. La Seine reçoit dans fes eaux la riuiere de Mime, qui fort du mont de Faucilles vn peu au delFus d>; Lan- gres , prés le lieu die Marnay , Se palTant par lanuillc> Sainft Didier, Chaalon, Dormant , Se Meaux , & rece- uant quelques fleuues moins renommez, com.T>ele Saut, Boife, Ourq, Se Trefrae, fe lacfle parmy les eaux de Seine au pônc de Gh^ranton prés Paris. Oîife fore d'vn lieu au defliis ds Guyfe vers le Leuant , alTez pics du village d'Oigny. Elle pafle par la Picardie , Se ar- roufant Guyfe , ia Fere , Compiegne , fainâ: Maixant, Se quelques autres villes , elle fe defcharge dans U ri- uiere de Seine prés de Poifli.vn peu au délions de Pon- toife.La riuiere d'Aifne eft à Cefar vn fleuue de la Gau- le Belgique aux extrcmitcz du Diocefe de Reims. Sa fource eft en Barrois au delFus de Glerraoat prés du Village de Soiiilly. La tiuicre de Loire a fa fource en Auuergiie en vti lieu nommé la Font de Loire. Cette riuiere ayant cou- ru beaucoup de pays , Se paflanc par Roane , Marciny» Defi('e,Neuers,Seuilly,Gien.Gcrgeau, Orléans, Bloîs, Amboife, Tours , Se Saumur , le pont de Cé , fe va ren- dre dans la mer prés de Nantes. Elle reçoit beaucoup de riuieres nauigîblcs, comme d'AUier, le Cher, Vien- ne Se le Mayne i l'Allier a fa fource au delFus de Gler- mont, & porte plus de poiflbn que Loire, comble» qu'il ne foir pas fi grand , il pafle par Molinet, Se fe defcharge dans Loire en vn lieu qu'on nomme le Bec d'Allier. Le Rhofne fort du mont de la Fourche au haut Va- lais , & pafle par le Lac de Geneue , & puis à Lypoi où la Saône entre dedans : De là cette riuiere defcenJ de Vienne , Tounion , Valence , Auignon > & au- tres lieux iufqùcs à ce qu'elle fe va jetfet pat deux branches dans la met Medirerranée auprès d'Arles eu Prouence. Cette riuiere reçoit la Saône à Lyon jl'Ifere entre URoche, Se Valence , Se outre ce la Droume , SC ia Durance. La Saône prend fource aflez prés des fourcesde la Meufe, Se de la Mofelle. File palTe par la Bourgongne, Se fe va rendre dans le Rhofne au deflbus de Lyon^ piés l'Abbaye d'Efnry. L'ifeïc pafle par Grenoble, Se Romans en Dauphi- né venant de Sauoye , & fe va rendre dans le Rhofne prés de Valence err Dat;phiné La Droume defcend Jcs Alpes , Se fe mt fle auec les eaux du Rhofne au dciFous de Valence. La Durance vient auflî des 4lpes, Se eft la plus faf-] cheufe riuiere de France n'ayant point de gué alT urc. La Garonne diuife félon Cefar les Gaulois des A- quitains. Elle vient des monts Pyrénées prés d'vn lieui nomme Cadalup , Se venant des montagnes de Fois pafle à Thouloufe, Ôc MoiflacSc delà à Bordeaux.ptés duquel elle femefle dans la mer d'Aquitaine. Ce fleuue reçoit les riuieres de Tary,de Gers,d'Ooid,ou du Loth, Se la Dordonne, grande riuiere nauigablc, Se qui cède bien peu à la Garonne» Ce feroit vn long difcours de coucher fur ce papier routes les riuieres nauigablesde France ; C'eftpour- quoy ie m'en déporte , me eonientanï d'auoiï mis ic^ les principales. 50 Discours de l'Eftat Qualité Vajs de France, j "TN E mefme que la France a diueifcs Prouinccs,auf- i-^ fi fes Proutnccs ont d,ue:ffs qualitez,qae ie m'ef fayciay de comprendre eu auflTi peu de paroles qu'il me fera polTî. le. Pr. mierîmcnt le terroir d'autour de Paris ( ft extrcmcmtnc piaifatu & fectil, & ne manque iiy dt' blcds.ny de vins, ny de laiânges , foins, fruits, & licrbr.ges , ny d'eaux qu'on y void de tous coftez > Se c'cft ce qui rend Paris accommode, mefme iufqu'à la merue'.lic. On y void entre autre* le ruineau de Gen- tilly , qui eft aufli nomnnc la riuiere des Gobelins , plus propre que tourcs les autres riuieres de France à tein- dre l'ccarlate. Vous auez auflî à Montmartre prés de Parisj & autres lieux voifins grande quantité de pla- ftre, duquel on fe fett à Paris pour toutes fortes de ba- ftiraents , &c c'cft ce qui facilite le moyen de baftir en cette grande ville. Le terroir d'autour de Chartre abon- de en toute forte de bleds.ea vins,§c en fiuids : eftar- roufé d'vne petite riuiere nommée Dœuure, qui paffe dans la ville. La Beauce eft vne des plus fertiles contrées de l'Eu lope en froments, de (orte que ny la Sicile , ny TAn- gleterre n égalent autuneraent la fertilité de ce pays, qui eft vn des principaux greniers &c nourriciers de Paris. Il n'y a en toute cette contrée vn feul fleuue qui y puifTc auoir fon cours en bas , eftant tout vny, fans que vous y voyez vn lieu guère plus haut que l'au- tre : & toute la Beauce eftant fans eaux, il faut que les habitans du pays tirent leur eau des lacs, ou marets, èc des puits quifcichcnt en Efté. La Soloigne eft vn pays fablonneux,& où il y croift force feiglc. Le terroir d'autour de Blois abonde en bledsjvins, frui6ts,& autres commoditez qui feruentà la vie humaine , U a force bois , taillis, Ôc de haute fu- ftayc, force riuieres^ruiffcaux, eftags,& fontaines d'eau viue , en quoy il furpalîe la Beauce. Il fe tiouue entre Orcheze & Blois de la terre figillée. Lepaysd'akntcui Orléans eft aufli feitil qu'aucun des autres, en tout ce qu'ils ont d? plus finguUer & plus taie. Il y aduplailir, foit qu'on s'amuîe à pef- cher , foit à voiler , ou à la chafle , veu que le poifibn, les oyfeaux, & le gibier y foifonnent : mais fur tout le terroir d'Oileans tft renommé pour lesexctllens vins, tant blancs,que clairets qui y croiftent , & qu'on vient quérir non feulement de Paris, mais bien fouuent mef- me d'Angleterre. Le pays de Gaftinois eft peu fertil > fablonneux en beaucoup d'endroits , & de peu d'apport , neantmoins allez agréable pour fes forefts,ÔC fes riuieres. Le terroir de Sens eft fi plantureux qu'il n'y a chofe Quint à la Brie, quoy qu'elle foit pleine de bois ,c'eft vu nlTez bon pays , ayant le Ciel forain , l'air doux , & tempéré , & de bonnes 2c grandes minières : bief il n'y manque aucune chofe de celles qui font neceflTairesà la vie humainc:veu qui) y a du vin, du bled,du beft^il, des fruidtï, des bois, du gibier, de la chaire, & du poif- (on en abondance. Ce pays d'autour de Prouins eft renommé pour la conferue de rofes qui s'y fait, qui tft enuoyéc par tou- te la France» Il va qucrirdu vin chez fes voifins, mais il abonde en bleds,en pafturages, & eneau, & la ville eft embellie par fes belles fontaines, La Picardie , qui eft arroufée des riuieres de Some, Oyfe, Ainau , Leicau , Scarpe , & autres, y eft vn des principaux greniers de Paris, & eft telle qu'il n'y a tien qui luy manque que le vin : ce qui vient pluftoft de ce que les habitans ne fe foucient de remplir ce pays de vignes, & le cultiuer , £c du défaut de la terre , qui pourroit bien rapporter des raifins, de mefmcs que ks raifins y pourroient bien mcurir auiîi bien qu'en beau- coup d'autres endroits, qui ne font pas plus propres pour cette plante. Le Niu&rnois a trois fleuucsnauioables , c'eft à fca- uoirLoite, Allier, & Yonne, & d'autres qui ne font nauigables, comme la Nyeure , recommandée pour leî belles prairies qu'elle arroule : &c l'on y compte auin Lixenentes , Laubois , Aron , Aleine , Acoiin, Btcfbrc, Arrou, & Qiiieutc. Le plat pays eft plein de bois , & de pafturages , ce qui fait que le peuple ne fe fouciede la nourriture du beftail,&: n'a foin du labou- rage, ny du vignoble, fi ce n'elt en quelques endroi6ls encre Neqers & la Charité, Ôc en quelques autres Cha- ttellcmes.Ce qui eft de rare en ce pays, c'eft qu'il abon- de en mines d'aigtnt , &c de fer. On tiroir autrefois de l'argent piés S. Léonard , mais les mines de fer y font maintenant plus pratiquées, & ce pays a cette commo- dité propre pour les recetcheurs de mines , que le bois y eft à commandement , & Ton s'y fert du charbon de pierre qu'on trouue prés de Dezize.On y trouue auiîj à dsux lieuës de Neuers delà pierre à baftir, la plus bel- le de France, qu'on porte à OtleanSjBlois, AmboifcSc autres lieux , dont les baftiments font faits de cette pierre , à caufc qu'on la peut commodément tranfpor- ter par la riuiere de Loire, Le pays de Berry eft fertil pour la plus grande partie, & abonde en tout ce qui eft requis pour la vie humai- ne, ayant bois,vignes,terres labourables, chairs, fruits, & laines > & vne infinité de riuieres , comme le Cher, l'Indre jCreufe , Azin, Chœftre, Colm, laTripcnde, Moulon>& Auron, dont h plus grande part s'vnilfanr, & fe tendant dans le Loics , fait qu'on en peut porter les denrées du Berry ailleurs. La Touiainc eft vne dfs plus fertiles contrées de France ft la iculc qu'on nomme les dehces , &le qui puifiè feruirà lavie humaine, dont il n'abonde. Il y a grande quantité de bleds, Se vins, qui font délicats j jardin de France , d'autanr que l'air y eft fi bon , que au poflîble. La chair y eft à vil prix Les laidages, lat- } les fruidts y viennent comme à fouhait , à. des meil- nes , & autres commoditez à fouhait. Il y a du poison j leurs de l'Eu' ope , tellement qu'on en porte iufques à en abondance, & d'huyle de noix autant ou plus qu'en i Paris , où ils font prifi z fur tous autres. Les bleds, & aucun autre pays de France , veu que tout le pays eft couuert de noyers, principalement la Champagne, qui eft entrelcs riuieres d'Yonne, & de Seine depuis Mon- teteau ou Faut- Yonne, iufques à Sens, &: deçà la riuie- re d'Yonne vers le Gaftinois on void de beaux coftaux tous couuerts de vignes. Le pays d'alentour d'Àuxcrre n'eft pas moins reue- nant pour fon vignoble , où il vient du vin entelle abondance , qu'il en fournit à Paris la plus grande panie de l'année, loigny auifi eft renommé pour fes bons vins. La Champagne eft vn pays plat , fertil, & propre au labourage , toutesfois en quelques endroidbs la ter- re y eft fort légère , & rapporte peu à fes maiftres. les vins y viennent en abondance , & le bois n'y n)an- que aucunemcnt.tant pour la ch.iire,que pour fe chauf- fer , & baftir. Ou y trouue aufTi de belle pierre blan- che fou ai.séc à tailler,de laquelle les maifons des pay- fans font mefme bafties. Le pays du Mayne arrousé de la riuiere du Mayne, du Sarte , du Loir, & de plufieurs autres petits ficuucs, & ruifieaux qui l'engrailTcnt , e(i fort propre pour les pafturages, & nourriture du beftial, plws que pour le labourage, De forte que les Manjcacx peuuent plus fournir de beftial, que de gr,iins , ou de vins, upn que !c pays en foie dépourucu : veu qu'il y a des endroits qui en portent tcllemenr , que l'Anjou & la Tourame ne le iurpairent^, ny eu bonté de vins , ny en. abond.in£e dif Royaume de France. Si ibondaticc de gr.iins,maisccl.i n\ l\ commua qu'à écr- iai nés coiitrccsicc pays eft célèbre pour les bons clup- pons du Mans. ,. , • Le u.iys d'Anjou eft inégal en beaucoup d endroits, 8:: a des terres , ik colhux qu» ^«'i^ couueits de vigno- ble pour la plus grande part, & quant au plat pays il eftembclly de formas , &c de bois de haufte fuftaye & :levallonsoù l'on voidgï.in Je quantité de bonnes prai- ties, ôc de landes où l'on nourrit force beftail. Somme □ue toutes chofes neceinircs à la vie , & mefme qui peuuent Ceruir aux délices s'y trouuent , &c fur tout on tlUme les vins blancs qui viennent de ce pays, comme dbns des meilleurs de ce Royaume. 11 eft aufli arrousc de force riuicres , qu'on met iul- qu'au nombre de quatante.fans y comprendre lesfon- :aines,viuicrs, cftaags en grand nombre, les marais, ôcreferuoirs àpoilloniCk pour ledireenvn mot , c'eft vnc des plus agréables demeures de France. Ceft de là que vient, la plus grande partie de l'Ardoifc qu'on void en France. Aulfi les maifons en font bafties en partie dans Angers,& ailleurs,& preCque toutes en font couucttes , d'autant que l'Ardoife y eft à meilleur mar- ché que h tuille. Ou void mefmes tout auprès d'An- gers les cloftures des jacdins , & des vergers , faitci de grandes pierres d'Ardoife quelquesfois plus hautes qu'vn homme, qui fout tichces dans la cetfe.ll y aaufli en Anjou grande quantité de lin, &c de chanvre. Q^iant à la Normandie , ily a premièrement autour de KoUcnplufieurs belles & fertiles campagnes, com- me celle de Rhommois,qui eft des meilleuresde Fran- ce. Mais ce pays s'addonne pluftoft au trafic qu'au la- bourage , de mefme que fait prcfque tout le rcftedc la Normandie.à caufc de la commodité de la Mcr.^ Le terroir de Caëna cette particularité , qu'encoc que la Normandie ne porte guère de vins,toutesfois»l en croilt d'aifcz paffables a Caënrnoais à Argences^ qui eft à trois lieués piés , les vins y font tres-bons , & les habitans de la ville de Cacn s'y fournilTent ordinaire- ment. Et pour n'am jc>r trop le Let^eur , fi vous pre- nez toute U Normiudie eu gros,vous trouuerez quel- le ne manque de chofe qui puilfe feruir à l'homme. Car poar le bled, il y en a aflez bonne prouifion: il y a deschai'^s, & d?s laict.^ges en abondance, & grande quantité de fcuids. E; fi l'on me dit que cette Prouin- cc manque de vin , & qu'il luy en faut aller ccrcher ail- leurs, ie refponds qa elle a du cidre, Se du peré, dont le gouft eft quilqLiesfois meraeilleufemcnt agréable: tel- lement que cela repare le défaut du vin : Il y a fcalc- ment de mei'mî qu'en Picardie quelques terres pro- ches de la Mer , qui font toutes couuettes de fable , & ne rapportent que bien peu à leurs poirelTeurs. Pour le regard de la Bretagne, c'eft vne bonne Pro- uince, qui a des terres labourables à fouhait , des prez en abondance, des landes pour le pafturage, & des forcfts pour s'en feruir à beaucoup d'vfages. Elle a la Mer pour le trafic , de laquelle les Bretons retirent auflS le felcuit par la force,& chaleur du Soleil.lequel ils départent aux Prouinces voifines. Le fer, le plomb, & en quelqueendioit les mines d'argent n'y manquent poi.K. Il y croift auiTi du vin , mais non en celle quan- tité, ny h friand , que les habitans du pays n'en recer- chent d'autre, & n'aillent iufquesen Anjou.voire mef- me iufqu'à Boatdcaux pour recouuccr des vins de Gaf- congne. Si nous venons en Poidou.nous rrouuerons que le pays eft bon,gns-S: riche,n'ayant faute d'aucune cho- fe de celles qu'on eftime necelfairesjveu qu'il y a force blcrds.vins, chairs, bois, po>-,lTons , laines. Uns, fruids, & les forcfts n'ymmquenc non plus , où les Veneurs pcuaenc trouuet alftz de lubjed de s'exercer. La Xiintonge abonde en blcds,5c en vins,& eft vn des meilleurs pays de la France, tellement qu'elle four- nit mefme de fes denrées à rEfpagnc, àrAngletcrre,& à d'autres Proumces. Et le pays d'Angoulifme n'eft pas moins fertil en bleds , ÔL en vins, dont la bonté eft ad'cz connue. U y a auflî des vallons fi propres aux jardinages,qu'on ne void lien de plus plein, ny déplus gentil en Italie, fie ces mefmes vallons produifent des chanvres en gran- de abondance. Il y a aulTi force bois qu'on prend en la forcft de Braconne, qui eft la plus grande de cette con- trée, contenant i 450. iournaux de terre. Le pays de Pcrigord eft montneux , pierreux, & af- pre, & pour la plufpart chargé de bofcag s , dont il y en a quelques vns de bois de chefnc _ qu'ils nom- ment larrie en leur langue : mais pour l'ordinaire on n'y void que chaftagnicrs qui font de grand profit au peuple , rant pour (a nourriture , que pour en- graificr les pourceaux. Mais encor vne des plus gran- des coramodirez de ce bois , c'eft qu'il reuient en peu de temps cftant coupé , Ôc porte le fruid plus beau & meilleur. , Et fi cela n'eftoit il feroit impolTible d'entretenic tant de forges à fer , ôc à acier qui font en cette Pro- uince. J'ellement qu'il femble que ce pays toit fterile, & ne porte aucun grain pour la nourriture des h(jm- rnes. Mais il porte alfez de bled, & mefme df froment pour nourrir fes habitans, ôc fouuenc pour en faire parc à fes voifîns. Quant aux vins, ils font bons , on mauuais félon les endroits : car ceux qui fe cueillent vers Montrpn près du Limofin , font vn peu verds , ôc n'ont pas grande force , bien qu'il y air des endroits le long du BandiàC où le vin eft meilleur : mais tirant prés la ville de Pe- rigueux, ôc outre vers l'Agenois , les vins y font deli- cats,bons ôc nourrilfans, non fumeux, & fains à l'efto* mach, ôc l'air y eft bon,& fi fubtil,qu'on n'y void guè- re ny la pefte , ny autres maladies contagieufes. Hya auffi des eaux fulphurées, ôc alumineufes, qui font fotc médicinales» Prés d'vn bourg appelle Marfac > il y a aulTi vne fontaine qui a fonflux&; reflux de mefme que ie bras de mer qui pafTe deuant Bourdeaux , quoy , qu'elle en foie cflaignce de deux grandes iournées. Ec auprès de la Linde , qui eft vne petite ville alfife fur la riuierc de Dordoiine , il y a auffi vnc fontaine fortanc d'vne tour carrée , haute de dix pieds , ou enuiron , Se ayant demy toifc de largeur donc la fource jette fans celTe tanc d'eau que deux molins à blsd en mculent en toute faifon. Le pays de Perigort abonde au{!î en fimpîcs, qui font focc bons pour diuerfes maladies. Er à quatre lieues ou enuiron Iding du Perigueux,en vn lieu nom- mé la Roche, il y a vn creux large , ôc fpacieux dans va rocher , duquel on tire grande quantité de terre rou- gca(lre qui a mefme couleur , ôc vertu que celle que nos Apoticaires appellent 'BoIm Annena : De forte qu'on en vient quérir de plufieurs endroits. Le Limofin ne porte guère de froment , eftanc vtï pays afiez froid, & maigre : mais il y vient force fei- gles, orges,& panicles. 11 produit auflides chaftagnes, ÔC des raucs en abondance. Il y a auflî quantité de vin aux enuirons de Limoge , mais verd , ôc peu agréable: toutesfois on y en boit d'afiez bon , qui vienc du bas Limofin. Le pain, la chair, les fruits, le gibier.la ve- naifon , Ôc chofes fcmblables y fonc ï bon prix, telle- ment qu'il fait àw roue bon viurc à Limoges. Le bas Limofin a force vignés, ôc fon meilleur terroir eft prés de Briue la gaillarde, où il y a force vignes , prairies terres labourables. L'Auuergne qui eft diuisée en habite, ôc bafie, eft de ' diuerle qualité félon cette diuifion. Car la haute Au- uergae abonde principalement en pafturagcs, ôc a for- ce feigles : mais elle eft fans vin , au lieu que labafie où eft la Limagne abonde en bleds , vins , bois, prc/, E a Difcours de l'Eftat fontaines, fleuucs , lacs , où il y a force poirton. Se pa- reillemenc en SafFcao,&: mines d'argent. Bref la Lima- gne eft vn des nacilleurs pays de France, 8c q'ii rappor- te plus à fes maiftces. Et raefàie prés de la foarce d'A- licr on troauevne belle mine d'Or, & d'Azur. P es de Clermonc ilpaCfevn'î petite tiuiere nommée Titetai- nc, fur le cours de laquelle on void vn merueilleux pont de pierre , faid de l'eau d'vne fontaine qui s'en- durcit , ic fe transforme en pierre. Cette fontaine eft enuiron trois cents pas de la riuiere, & le pont que Ton eau fait -coulanr.dansla riuiere , a plus de jé. bradées de longueur , fix d'efpaUreur, Se haid de large. Et c'eft vne chofe bien remarquable que cette eau par le mo- yen de fa transformation liiffe les prez par où elle paf- fe tou. pleins de pierres. Il y a aulfi prés de Clernoont au ;niltcu de' la plaine vne petite colline , ou pluftoft motte de terre , d'où le bitume coule tout ainlî que fe- roit l'eau d'vne fontaine, &c ce bitume eft noir au pof- fible, gluant , Se tenant, & duquel ceux du pays fe fcruent pour marquer leurs brebis , & pour autres chofes. Il y a aulTi force bains d'eau chaude en Auuer- gnc, côme ceux de Vichy, ôc ceux de Chaudes-aigues. Quant au Borbonnois, ôc Forefts, on n'y cueille du froment qu' fin bi-n peu d'endroits.cftant prcfque tout pays de fable. U s'y trouue en beaucoup de lieux d'af fez bons vins.&c du feigle en grande quantité Les deux pays (ont pleins de bois , Se raboteux en plulîeurs en- droits, mais le For-fts eft beaucoup plusafpre que le Boutbonnois. Le pays MelTm eft gras& fertil, & abondant en bleds, vins, chnrs, poiflbns , foins , fel , bois Se miné- raux, de forte qu'il n'a guère à faite du fecours de fes voitins. Qjant à la Bourgongne,le rerroir d'auprès de Dijon ne produit que ce qui peut fufiire à fes habitans, encor alTcz chichement : ccluy de Beaune eft affez fertile & fur tout il porte quantité de bons vins', renommez par toute la France. L' air y eft fort tempéré , & il y a de l'eau à foifon, qui arroufc tout le pay* : celuy d'Au tun eft maigre en beaucoup d'en.lroits: ceux de Chaa- lons, Mafcon & Tournus font alTez bons , & il y a des vins dd cats , &cn abondance, Ôc principalement à Tournus. Le Lyonnois eft maigre en quelques endroits, & fa terre eft fori légère , mais il fait i-xrrcmement bon voir cette partie qu'on nomme Franc Lyonnois du lôg de la Saone,où il y a force bonnes tcrrcs,& quantité de vigncs,& mefroe de praities,& vn grand nombres d'at- bresftui(aieis,quirendent cette contrée du tout agréa ble. Le Dauphiné produit en fes montagnes beaucoup debled,principalenacnt defrigle. U y a force bons pa- ftur3ges,où l'on nourrit vn nombre incroyable de be ftial; & par confequent il y a beaucoup de laidage. Quant aux vins , tout ce pays des montagnes n'en porte que bien peu. Pour le regard du plat pays , il eft prefque tout bon &: fertil du lôg de la riuiere du Rône, & porte de très- bons vins , dont les plus renômcs font ceux de Vienne, Tein, Valence , & Montelimar. Bien auant dans le pays>& prés de Grenoble,il y a le Graifi- uodan , qui abonde en bkds,& porte d'excellens vins principalement prés de Grenoble , où l'on fait grand eftat de ceux qu'on nomme de S.Martin. A trois ou quatres lieux de là vous auez de fort bonnes terres , & des prairies prés de Moyrans Vous trouucz après la Valoire, qui ne cède à pays de France , en abondance de froment , & beauté de grain, ny femblablcment en quantité de foins , veu que de tous coft< z on void en vne grande plaine les plus belles prairies du monde, méfiées parn^y quelques terresjôc les vnes &: les autres fontarrofc^s de l'eau d'vne petite riuiere nommée Vcu fe , qui engraiiremerucilleufement les terres , & de la riuiere d'Oron , au moins depuis la ville de Beaurepai- tc, en tirant vers le Rhofne. La manne vient auflî au pays de Briançonnois, Li Prouence porte tout ce qu'on trouue ordinaire- ment aux plus fertiles contrées de France , Se les fur- pafle en beaucoup de choles:car il y a des pays Ci abon- dans en bleds, que l'ifle de France n'eft pas mieux pour- ueuë,& nommément la Camargue d'A les, & la plaine de S.Ch3mar,de Mitam3S,S:nas> Se Malcmort, depuis Orgon iufques à Aix & M arfeille , Se depuis Mirfeille iufques à Yerçs,Fie)iis, Se Antibe, iufqu'à la riuiere du Var.Toute cette eftendu'é de pays porte force oranges» citrons, oliucs, grenades, & figurs. Se grande quantité de vins des meilleurs de France Les landes Se terres vagues font couaertes de rofmarins , myrrhes , gené- vriers, fauges, Se pa'micrs. Le fafFiai, Se le riz y abon- dent en plufieurs lie ix, Se les huyles d'oliue y fon»- ex- tretnementbonnes. L'a Normandie vous eftauffi repre- feniée au haut pays de Pro jence , Se félon les ports de mer, coiime à l'Efcaillc, Se né, Coim3rs,Gi.ftellaume. &e autres lieux où le vin ne ctoift aucunement; mais tout le pays eft couuert de vignes de haute branche à la Normandie , à fçaiioir de poiriers , pommiers, cha- ftaigniers , Se autres arbres qui croilTent âu'pays froid. Car cette partie de Prouence eft froide à caufc des montagnes qui font couuertcs de neige tout le long de l'anncu' , Se toutesfois les habitans ne laillenr d'y eftre riches, à caufe du bcftial qui y abonde, & des fro- mages qui s'y font , qui font feulement de laiâ: de bre- bis, & de chèvres. Cette Ptouincc a toutesfois ce mal, qu'il y a fort peu de bois. Se qu'il y eft cher au poffible. Mais aux montagnes de l'Efterel entre Ftejus , Se Anti- be, il y a de grands aibres qui portent le liège. La Pro- uence eft auffi fournie de belles falines qui loot àBer- re, Yeres, l'Eftang, Se Valench. Le Languedoc eft comme ie croy vne des Prouinces de France plus confiderablc. Car fi vous regardez le terroir qui tft autour de Thoulouze, vous verrez que c'eft vn des mtiikurs de France , foifonnant en bleds Se en vins, & vn pays tellement gras , qu'il eft prefque impoflTible d'en fortir , lors que la pîoye a cfté grande. On peut prefque faire 7. ou 8. lieues en ce pays- là fans trouuer vn caillou. La Comté de Lauraguez atout ce qui peut eftre ne- ceftâire aux hommes,& ne manque pas de chofes que la nature dône plus pour les delices,que pour la nece iîîté. L'Albigeois eft vn pays afforty de mefme de toutes -hofes,5J Cl vous tirez du cofté de Carca(ronne,vous y rencontrez aulîi vn des gras terrois de l'Europe. Prés de Bcziersvous trouue z des terres alfez bonnes, foice boisd'oliuiers, & des vignes qui portent de bons vins. Depuis Pefenas iufqu'à Montbafin on trouue des lan- des , Se des rochers , Se faut aduouër que ces trois ou quatre lieu'és de pays ne valent gueres , non plus que les quatre qu'on fait en allant de Nifmes à Vfez. Mais entre Nifmes & Montpelier le terroir eft fort bon , Se porte toute forte de fruiiSls, quantitédc bled , des vins e-Kcellf nts , & force oliues , Ôc depuis Nifmes iufqu'aU S Efprit (exceptant bien peu de lieu) le pays produit tout ce qui eft neceflfaire. Le pl.-^t pays de Viuarez , qui eft du long de la ri- uitrc du Rhofne , produit tout ce qui peut feruir or- dinairement à la vie. Il y a des bleds à (ufîifance , des vinsexceilens , principalement à Cornrz, & à Tour- non , toute foite de légumes , force chanvres , Se des fruidls détoure forte , votre mefme des oliues , dont, il y a quantité prés du bourg faindt Andreol. Les mon- tagnes de Viuarcz ne portent que du feigle : mais en la plus grande partie on y cueille de bons vins : Se les habitans y font fi pénibles & induftrieux , qu'ils font comme par force porter aux rochers des vignes. Mais ces montagnes ont cela de particulier , qu'à caufe que du Royaume de Fran que les pafturag-s y font bons , on y Auc grande nour rituie de- btihiL Le Vfl.iy , &c le Gcuaiidan font deux pays prefqiic de mc/mt iianjre , qui poicciic des ftigles ic des iego- mes en abondance , ôc n'oiirgucres aotre cliofe , Ci ce n'eft force hiCk , donc ils (ont des fiomages que les habitans du pays vont vendre ailleurs, tic mcfmcqtic Jenrs fefgles pour auoic du vin. I>i ef le Languedoc eft ynt des meillcnres l^rouinces de France , veu que noii kulemenr elle atout ce qui luy ùia beioin, mais en- cores dequoy fournir à beancoup d'antres contrées. Le pays de Roiiergiic cft afpre Ôc montueux.Â: n'eft giicresferfil : mais le Qjiercy porte des bleds en abon- dance , Se des vins qm ne cèdent aujunement aux meilleurs d' Aquitaine, fi ce n'cft à ceux du Bourdclois. ■Le bcftail i'y void à foiCon, les bois ne manquent nul- lement ,1e charbon naturel y vient : les riuieres font pleines de poiiron. Sur tour la riuiere du Tatn porte force bons poilfons, comme des cilurgeons que ceux du p^ys appelltnc creacs .deslamproycs, alofes, qu'ils nommr-nt co!,^cs,btochets,barbeaux &c vandaifes. Lrs monragaes de Foix font pleines de bons paftu- rages,& d'vnc infinité de minéraux, dont les eaux, qui Icntent le ioulfre, donnent cognoifîance. Et véritable- ment -il n'y a pays où la mine de fer foit meilleure qu'en , Fou.l! ys.tuff.s.& giez. & vu nombre infini de i .miagine , des lacs merueilleux, des précipices ef- hoyablcs.des vallons Fcrtih versPamiers.ac des herba- ges qu'on y void fur le plus hauc des montagnes , auec tUbellcsô: claires fontaines. Ony rrouue anxmonta- gnes de Laucdan , les meilleurs cheuaux de France , & tels qu'ils furpailenc les Efpagnols en force Ôc dextéri- té : rmis il n'y en a pas fi grand nombre qu'en Efpa- gne, à cauleque ia nionragne n'eft guère «rande. On y void auil] Sangliers, Daims, C^rfs, Cheureux , Gha- niois appeliez iiarcs par les habitans du pays,& autres beftes (auuages : & des plantes auffi foucfues qu'en Içautoieat fouiuictcr les plus curieux recercheurs de limples. Quant au pays de Cominges , il cft de mefme qua- luc que celoy de Foix en beaucoup d'endroits , & en d ancres il les furpalie , veu qu'il y a force bleds , vins, tiuitt»,fû)ns , huiles de noix. & mille autres chofes ne- cellaircsà la vie humaine. Pour le r.'gard du pays d'Armagnac , tout ce qui €lt vers Ledoute , Auch , & Vie eft très fcrtil : mais aepms q^'il approche des Landes de Bourdcaux , il ne porce que des ch,nbgnias , &c autres arbres, Se le tout n ell nen que pafturages,&' vne pure folicude.non pas toutesfois qu'il n'y air <âes lieux à l'écart, & loin du chçniin public , qui rapportent beaucoup à leurs La Bigorreeft de diuerfe qualité : car le vallon quij ^It depuis Bigneres iulques en Armagnac, félon la ri- Jiete d'Aulbfs, clt des plus feitils de Guyenne , & ce- uy qui cil: le long de l' Adour ne luy cède en iien,citant i vncoïkruicftudc bocages, & de l'autre de bon vi- inobie , Si au bas on void les prairies & terres labou- rables propres au froment: mais ce qui eft au plus haut fit vn peu plus (ec& maigre, fi bien qu'il n'y croill guercs autre chofc que du mil. L« P^ys d'autour do Bjucdeaux porte des vins '■x- -ehens: de (orre que le vin de Graue eft conr.û par oute l Europe Occidentale, i'c Septentrionale ; ou- les vnis de Graue. i! y a ceux deXarmont , la Bafti- 'J> ^l.euT vo.lins,& encor ks bUncsqu. viennent à viuion , q,j, ne doiuent tien aux Grecs. On fair anffi ;'and c br du pain de PorenCnc, place voifinede Bour- U y a aulï. quantité de chair , &c de poiiTon ; & our le dire en vn mot,Bourdeaux feioit vne des mcil- leures demeures de France, fi l'air marin,& le, vapeurs des eaux ne rendoient cotte ville fi fobjo-dlc à d,uerfes maladies.^ mcfme bien fouucnt à la perte, te pays de Buch abonde en pins qui portent la refine . de laquelle les panures gens ic f.. uent en ce p.ys , en Armagnor' Bearn, Se B,gorre au lieu de chandelles : tellement que leurs ma.lons en font toutes noires , pour la fu- (ablons Se bruyères, Se e pays eft fi fcc qu'on n'y rrou- ue vne feule goutre d'eau. P.és de cette contrée eft ChalolTe . q,„ eft recommandée pour les bons vins blancs qin y cro.iknt Au terroir de Daix il y a vue fojita.ne o eaufalee. d'oà l'on rire du fcl en qJantué, mais ce kl f quoy que très beau ) eft corrofif, pour eftre de fon naturel quelque peu alumineux. Il eft auOi fort fcrt.l. se a des bains. Se des mines . tant de fer que d autres métaux. Se porte suffi du bitume. Le Àys d autour de Bayunne eft vn peu maigre . tout.sfols il porte aifrz de comrQoditez à fes maiftres. il y af.u- toat force atbrn fruidiers pour fajre du cidre,dont lis ont abondance. Le pays de Bearn a la contrée de lurançon. où vie„. nent des vms qui font égaux en boute aux meilleurs de France.II y a outre cecy des bains fingulicrement bons, qu on nomme d Aigues-caudes. ou Caudes-aigues , & de Gauderets. des meilleurs fimpies qu'on voye , & quamuç de mines Ce pays abonde en mi! pour la plufpart : & toutesfois les bleds n'^m^nquent aucune- ment en plufieurs endroits , non pius que iea vins Suc tout 1 y a de bons pafturages , & par ce moyen force befta.l. beurre, lanSb. & fromage. Il y a auffi forcé chanvres & lames. Se cette Proufnce a Jette par t.cola! rue , qu elle eft mieux fournie de chèvres que pays de France, pource qu'on a le moyen de les nourrir^, 7an* préjudice des fru.dts, ny des arbres tendres , par lesrT chers & bruyères dont ce pays abonde. Mœurs des anckns habitans de France^ C ^^"^.'"^^'^f ^^■crit demefme que Stt.bô, g dd^nr °f «^^^«"ft-'^e de nourri & dp jj' r ^1^^""'^^'^'- faire laroais tondre, u e n f ^ ''^ i^«o,entlatefte fort fou- blonds Sr/r A l ' ^'^"^^^ ^^""^-^ '^'^'^'^ b ond . Stubon ditaufli que les nobles rafoicnt lepoiî q Is tafcho.ent par tons moyens de ne deuenir pas gias, & de nauoir pas de gros ventres. Se que fi qûd- q^^^eune homme eftoit plus gros qu'vnc'ceintu? de cataine mcfure, il eftoit repris. b.rh^tT ^.^•"^^'^^^''"'^nons enfeignent que U barbe Se les cheueux en l'Efcricure fai,?6tene (edoi- uentpas toufiours prendre au fens de la lettre , mais que par manière de parler par figure, il les faut rap- por er à l ame: Gomme quand il eft défendu aux Sacri- hcateurs & Leuites de rafer kors barbes & leurs che- ueux : laiflons icy les ehofcs faindes , Se venons aux mœurs c.uiles. Hezichius die fur le vingt &vn chapi- tre du Leuitique. que la cheuelure & la barbe eft le fi- gnedelagciTc &de perfetaion. Les anciens n'ont pas Ignore ccia.Gar entre les François pour figne de vartl- '»geles (abjets eftoient tondus, mais les Princes por- toient ongues cheuelutes pour marque de domina- tion : Ilsnourriiroicnt cette cheuelure dés leurcnfan. ce, le plus (oigneufement qu'il leur eftoit poffible, tel- ' cmenc que de la nucque les cheueux pendoient , ée oactoient lut les elpaules, par deuant ils les teleuoienr, ^ lesfailoiem pancher és deux collez des tcmpleg Î4 Difcours de l'Eftat se i» jo„« . les tortilUns . paffefillo,,™,» & pa.fu ] ,.<= ."«re a do , né la b,rbc ^•"■'"«P»»' «JT moiliccs ( au deux-c.nî Uu:c des Roys chipitte dix) qui fie cotip'-r U s barbes & les cobbes aux Amb.^fTi- deurs que Diuid lay auoit enuoycz , p^ir le confolec delà mort de for» Pere , mouftie que cette coiiltumc eftoic auirigrandtm.-nt bien piaft^quée entre lesluifs. C'cftce que Diuid porta auec tanc d'impati'nce &c d'indig )itc comme cliofe fai^e pour le des honorer & dépiter, qu a main armé^ il courut fus aux Ammo- nites ,& ne ceffa la guêtre que le Roy, fesConfeilters . & fujets n'euffent efté chaftiez de cette infolence. Non fans caufe donc ont eftc faides long-temps depuis des Ordonnances contre tels audacieux,qui tcoubloientla paix & tranquillité publique , comme on peut voir en l'Ordonnance de l'Empereur Frédéric touchant l'ob- feruation de la paix de les violateurs d'icelle , où ces mots entr'autres font. Si quelqu'vn arrefte Ôc faifit vn autre , 8: fans effulîon de fang le frappe à coups deba- fton, ou luy arrache les cheucux ou la barbe , qu'il foie condamné à dix limes d'amende enners l'offensé , &C à vingt liutes enuers la luftice. On lit auflS és anciennes Loix des Allemands, dref- fées du temps du Roy de France Clotaire , vne portant ce titre, D* »,\Jint.'v. w^-. des ffiires de France : On void encores auiourdhuy cela és images desR^ys & Princes inhumez es Te m- ples Se EgliLes de S.Denys en France.Sc de S.Germain des Prez. 1.1 a • j Agathias remarque cette différence en 1 hiftoite des Gots, 5: dit que les Bourguignons tuèrent en vne ba- taille Clodomir fi's de Clouis premier Roy de Fran ce tres-Chreftien, l'ayant reconnu à fes longs che- ueux. Grégoire de Tours liure fixiéme de fon hiftoue, chapitre vingt- quatre, & Aymoin liure troifiémceha- pitre foixante-vnicme , racontent que Clotaire pre- mier ne voulut point reconnoiftre Gondcbaut, au mo- yen dequoy,& en fignc de ce qu'il donnoit ordre qu'il fuft fouuenc tondu. Le mefme Grégoire de Tours el- ctit au liure 8. chapitre dix , que le corps de Clouis fils du Roy Chilperic, tue pat le commandement de Fredegonde fa maraftre , puis iettc dedans la riuiere de Marne , fut arrefté dedans les filets d'vn pefcheur , & tiré à bord ayant eftc reconnu à fa longue 6c tortillée cheuelure. Les Roys de la lignée des Carlouingiens ne porte- lent les cheueux longs, & ainfi trell^z & tortillez comme les Merouingiens, qui auoicnc tiré l'vfage des autres pays : Combien que les fils des Roys Carloum- giens continuafTenc d'auoir leurs partages en titre de Royau ne. x 1 r u- Il y a eu des peuples en Allemagne ou les lub)ets auflTi b't-n qne les Princes Se Seigneurs portoient les longs cheueux , entr'autres les Sueucs 6c Sicambres, que du Ti l^t tire de Mntial au liure i.de fes Epigram- mes, & eftime eftre ceux du pays de Gaeldres ÔC de Cleues. Ce difcours eft entichy de l'exemple mémora- ble de la Royne Clotilde raere des Roys Childebert & Clotaire , Se efpoufe de Clouis , comme il eft rap- porté par le Doreur Hotoman en fa Francegaule cha- pitre dix- neuf. Iadis dominoit, dit-il , la Royne Clo- tilde , qui tranfportée d'afFedion metueiUeufemcnt grande enuers les fils de fon fils Clodomir deccdc , fit tous fes efforts de Us auancer, & de reculer fes deux autres fils aufquels le Royaume appartcnou; partant elle eftoit fort foigneufe de nourrir leur cheuelure, félon la couftume. Les Roys fes fils informez de la vérité du fai£l , euuoyerent vers elle vn nomme Ar- cadius auec vne efpce nué & des cifeaux, luy don- nant le choix ou de voir couper les teftes ou la che- uelure à fes petits fils. Mais elle tranfportée de colère fur tout voyant l'épée nué, & les cifeaux aiguifez , rcf- poudit en extrême amertume de cœur , s'ils ne font Roys vn iour , l'ayme mieux ^'^'J^]^'^^^^^^^^^ Ton nu'e plufieurVcftiment , 6. ce l'an m.fqua-ire cens Tellement que , comme obferue G^go'"^ de Tours | ° e^,iceluy, félon le reck de Pontus Heuterius au fcs deux petits furent tuez deuant fes yeux C eft ce ' , 0,,,,,,,,,,. ,,,nc utuA .V.---.- . que rapporte le Dodeur Hotoman auec pluhcurs au- tres chofes notables en fon chapitre touchant le droid delà cheuelure Royale. Cette f^içon de faire fut jadis religieufement obfcr- uée en Grèce , & prefque par tout l'Orient , où raire quatrième Hure de l'Hiftoire de Bourgongne, ayant cité trauaillé d'vne maladie fort longue &c inconnue fut confeillé par les Médecins de fe faire tondre , la couftume des grands Seigneurs d'alors eftant de nour- rir leur longue perruque. Ayant defcouuert quelâ nou- les cheucux ôc a oaroc pai ig r . . faire la reuercnce pour vn grand fupphc» : Car ils fouloient nourrit & entretenir leurs barbes fort foigneufemcnt , &c te- noient à iniure, fi on leur en arrachoit par forceleule- mtntvnpoil. . En plufieurs lieux la punition de paillardile eltoit de couper publiquement les barbes aux paillards auec ques , &C autres qui venoicnt luy faire la reuercnce, commanda par Edi6t à tous ceux de fa Cour, &c aux Gentils hommes fes vadaux de fe faire tondre comme luy , tellement qu'en vn iour cinq cens perruques fu- rent contraints d'obcyr,la commilTion pour les y for- cer ayant eftc donnée à vu Gentil homme nomme de couper publiquement les Daroes -"'' F;' ' > ."^ j Vacquembac , tellement qu'en vn iour cmq vne hache tranchante 3c les 1-^- J ^^^J c^n et uqu""^^^^ ^^batuës en la'viUe de Bruxelles, eftoit vne marque d infamie . au contraue ba le r U , cen p q ^.^^^^ ^ ^ barbe pour caution eftoit vn gage eft.mc faindt & fj^^'^^^^'^^^^^^^^ peuple tioit à gorge deiployée. Cela tout nouucau a- lots, peu d'années aptes palfa en couftume , non feule- ment és pays bas , mais auiTi par toute l'Europe Ôc non ^ fans facic. , , Nous lifons auflî que Diogenes fouloit dire qa il portoit barbe, afin de fe fouuenir qu'il eftoit hom- me. Or Ariftocc , & autres Philofophes tiennent du Rojaume de France. ^ fans raifon , car la grauiré des hommes ne porte pas ICefar. leatia'eSJrfKp. c /• j ^. sue la-ïTans en arrière les .fFaires de coufequcnce f à uoir Tan n /^ rt^^^^^^^ I ^^Chartres, quî vi- ^.v. «liants uc Luiiictjucnce > a . • Cefat mciffe dit que la pliifpart d.s Bclg s Gaulois eftoient ylfus des Gcimains , &c Tacite aticiire que les Gaulois au&icr.t jadis tenu laGcrmsnie, & à voit ce que « lia, nVfta.t au.te que la v'»' D " x ^ qu .1 e g^^__^^^ , ^^^^ ^^^^^^.^ nom de Dmydts, Ils ncltoycnt pas o Fr ouov au'il m foit , l eft hofe certaine qne les dccclles qu. . ftoycnt ''«^Pf "^^^ ^^^^/per^^o ^s de I Luc an du eu la gncr'- de l^.rfalc . que le. D uydes uoycc leurs cnfans pour receuoir .nftrua.on d eux, I Pnoro.ent. & le tendre capables de punenic à ce rang Ceux qui fe ranPccyent fous leur difcipUne . .ppr.noy.m vn grand nombre de vers. & n eftimoienc pas qu d fnft ioifible de les efcrire. Vne feule de leurs opinions f,t publiée (dit Màc) c'eftàiçauoir que ks ames efto.ent immortelles . & félon Diodore . qa ellrs paf ioientd'vn corps en autre, comme tenou Pyth.goie. Stiabon dit auiH qu'ils difputoie.it des mcears, & s .d- i «jpiTî, pour demonftrer qu'ils n'auoient point d'Idoles fiau cfs : &C de vray Cdar n'a iamais eicrit qu'on ait t.ouuc desTcmpksdcs Idoles entre les Celtes Gau- '° Trop bien qn'icenx Celles Dvuydes adotoienr le Chefnc , auquel , du C efai , ils appcn-Joient leurs d. l- pciiillesde guerre en foime de irophé 'S. Quihtauxprophanes, ils aiioient aCiouftiuTen il- Itc armez aux alfei^blc s. Plmarque elct.t q-.e les ,les du gny à tous au ---^ "c'rto einîr fem . dd.beroienc de la pau, ^ de la guerre. ^ qu comme la leur dcfuant luureufe ^f^'^J^^'^^^ „.c«urs des anciens Gaulois , ""J^^^^j/^^^f^ ^ ' 1 ^'^St bon efcrit que fi quelqu'vn interrompoit celuy c.ées. Et pour parler plus ^^"^^^^^^^ q„i harangnoit cn\ndque alfernb-é. . il y auo.t vn Pythagore a eftc d.oplc . dit 2Z: S^2uot & h y commandoit le filcnce : & s'il ne'(e ta.foit pou. fcs TapifTer.es: amh 1 ont cfciit & remarque ambUque , J ^ ■ r i, féconde , & aini» se CUment Ahx.ndrin ' [^^^^r T ^m i ^Ï^à l ^ — ccLy i qui .1 ci'vn Aiexandr-m qui 1 aainfi eicnt enfo. liure de.bym ^J^^ ^ff^j,,,„^,i„,are , il Iny couppoit telie partie d. '^E^^rt lie^l^iec plus de vérité d'où fcnt venus ionU.. que le rcrte luy eltoit in.ile. r . 1 I „ ^^in\r,,^ pfV nij'ils (ont e s Diuyd.s , la yUs com-pune opinion eft qu us lont rczcnue les Gaulois qui les appellent ainfi Duiydes en Grec, comme qui dnoit Chf fniers , pource qu crleb»oient leurs principaux my^eres f-aimy les oois, 6: à 1 in.iration de ie r amiquité entre les Chefnes. Leur courtume cftoit auiTi de demander les nouurl- lesaux palFans, & lepaiple s'enqueioic des mârch.uids de quels pays ils venoimt, & les conctaignoit de duc les choies qu'ils y auoicnt vef é> Us Gaulois s'ar- itftants bien fouuent fur ces lapporrs. quUftoient a 1 iii.nuwv^.i ^» 1 — ^1. . ^„ ,.M. !riiif «.fais fiux, t' noient là delius leurs alu mbices, C^ivoudia lire ri.ao.re des v.eu. G.^^^^^^^ ^doieiu luficuis chofes qu. leur ponoienc uera de vray que km" prennere langue efto a G ec ^ j^,^^ que, laquelle ils pa.loient parfaitement , & leur cdant , ^P^^^ ^^^^^ . i,,;fondemcnt vn far,x bruit c.mme naturelle , beaucoup d'auiheursdifent que a - ! ^^^^''^^^^^^^^^ ,,,,nt accouiUimé de pu- fans leurs faillies m pays de Grèce , ils ont appr s J^^^^^^^^^^^ ,i à . oit v„ langue Gaulo.fe aux Grecs , & le pays de Grèce pou ^ '^^^ f ; de vie quelqu va vnrempsfut appelle : -y- l -theur du f ^^ 'Z^^^ _ J^-^^ (Vilement banny. liure de 1 antique pr^ excelleace des Gaules &Gau- ^J^y^^^J^ JJ^^. J^^ condamné à la moic. lois. , ,. ,. M r j , .^«r Quand ouclaue chofe remarquable eftoit arrincc, oa P«„e a. .a fin '^'^'^^^ ^ ; ™ ^ ! Sdi:.,,.. puhi,« , ?ouch..c pa, Us ..Ibgc. de du moi ricuitu —w'-' — - jj ■ - - Spéculateur , ou recercliant Us hauts lecrets , comme les Mages de Perfe, chofe fou approchante de h pro- fiffion'^ es Diuydcs Gaulois. _ Ils auo.ent telle puilTance & authoritc en Gau.e qu'ils exerçoient du commcncemf nt tous aftes de (ûu- uer.incté lur le peuple. C< ftoient eux qui reteno.ent ^ ' I. ' i-r n ,C , . T 111/» Ire lisGauiwslî.ailU.», J'f">''''|-^^_:"f " f.,,,, ^,„„ „„„,,).. nerfounes qui ne le poauoieut corn- qu'ils mcfprifoient la courte durce du corps , & qu au fortir d'iceluy ils croyoitnt que Us âmes alloient viure d'vnc vie ett incUe. Ils ado. oient rdit Ctfar ; Apollon, Mars, lupiterA Mincrue.& auoientmefmc croyance que les Romains: mais alTeutcr cela , c'eft pute refu. rie . & cclaauUi ne le trouue chez Celât j ce qui ne manque de prenne poiiuoiL!;! ! tcuciao.ent,3'cfcriaaent auec eux. Ilsfe feruoient aulfi de trompettes. Ec quant à leur valeur au milieu des combats . Autheur de la guerre d'AfF.ique , dir que c eftoient d-^s hommes francs qui aucienc accouftu^né de combattre non pas auec embufches , Se rufes , mai$ a guerrt ouuerre. Quant à l'ordonnance d ; leur arm.c.pource qu elle e toit corapofce de gens de diuerfes villes , les foldats eftoient dmif.z en villes 6c villages . & 1« troupes de chaque ville eftoient ordonnées fcparément , afin d'e- uiter tout defordre, & de rendre les hommes de cha- que troupe plus ardans à fe défendre i'vn l'autre. Ainfi qu lis auoient obtenu vidoire de leurs ennemis ils im- moloient les prifonniers a ix Dieux.commc on lit dans Athenee, & félon Scrabon ils lailfoienc pendre les te- ftes de leurs ennemis du col de leurs chenaux, & les atrachoient aux portes de leurs vUles, afin qu'elle ler- uifiènt de fpedacle. Il y auoit au refte deux fortes d'hommes qui eftoient en réputation parmy les Gaulois , c'eft à fçauoir les Druydes, Se les Cheualiers , dont les vns alTiftoient au (ermce des Dieux , ôe annonçoient, Se prefageoienc leurs volontez : les autres alloient à la guerre quand 'occafion s'en prefentoit , & menoienc auec eux félon leurs moyens le plus de gens qu'il leur eftoit poflible. Ceux qui eftoient de l'ordre du peuple eftoient tenus cornme ferfs , tellement que ces Cheualiers auoienc* mefme puiirance fur eux que les maiftres fur leurs ef- claues. Ilsnepermecroienrpas que les enfans vinlTenc deuant eux . finon lots qu'ils eftoient eu âge de portée les armes. Les maris mettoient en commun auec leurs femmes autant de leur bien eualué, qu'elles leurauo- yent porté de mariage, &tenoienc par enfemble corn- pte de tout,& les fruits en eftoient gardez. Qais les Poidcuins i'onr piincipaUment fort fubtil. ^ gaulîent de bonne g: ace, ôc rencontrent fort à pro- Le payfany eft ruzé, 5c s'il le faut ahifidire , mcf- Haut , & la noblede y eft galante & courageufe , de icim« qu'au p3ysd*'iLnjou, Les Norna.inds font nus & rufez , ne font fubjeéîs Jx loix , ny aux couftumcs d'aucuns eftrangets , Ôc vi- ^nrlclon leurancienDC police , qu'ils défendent opi- ai.rcnvjnt. Ils fonr fç vuants au pofTible en matière : piocez , & îçiucnt tous les dcftonrs , & toutes les i.es Ôc lurprifes que la chiquanerie peut inticntet: hemcnt que les elttangecs nes'ofent airocier ajec ce ■ r t ^ -i~ -i^ n-vjiiciii : VCU Que ceux qui font plus voifins de h mer ne font pas natu- rellement fi courtois q.eies auaes : mais en gênerai tous les Bretons fontaffez fociables, & de douce'con- uerfation: au relie hns ôc fubuls, quoy qu'ils paroilTent giolfiers. l'sayment leur profit, & font addonnez au vm plus ou de France en Efpagne. Le pays de Cominge abonde en hommes vaillans, mais peu addonnez aux lettres, quoy q^j'ils ayent l'ef- prit auffi gentil , ôe prompt à toute chofe , que nation de la terre. Ils fupporrent aisément toute forte d'in- commoditezjfont fobres,& difcrets enparolchayfTenc la fuperfluité des habits & les délices , Se tout ce qui peut rendre Thomme efféminé. Qiiant aux femmes, elles y font chaftes,gvandesmefnageres,& obeylfantes à leurs maris,& n'ayraeftt pas à demeurer oifiucs. En Armagnac le peuple eftgroiFier, fimple.bon mef-. nager , & qui fait profit de tout , addonné au tra- fic , &:(urtouc du beftail. Il ne manque pas de cou- rage. ' Pour le regard de la Bigorrc , le peuple y eft haut à' la main , ne aux armes , loudain en fes entreprifes ÔC toutesfois diffimulé au poffible , peu courtois , farou- che Se mal plailanr , fi ce n'eft aux vallées. Au refte ii n endure pas aisément vne iniurc , ôe commet des meurtres pour légère occafion: I! eft toutesfois bon,& ioya! , Se naturellement fimple. La nobleffe y cft gail- larde, (ociable, courtoifc, bonne 5c renommée pour fa vaillance. Les Gifcons font de gentil e(prit. prompts , 5c fou- dams au poOible, tous boUiUans de pleins de courage, propres à tout ce qu'ils entreprennent. Mais au cefte ils font ailiers, Se veulent toufioucs auoir !e deffas, fi bien qu'ils fe rendent le plus fouuenc odieux,& înfup- portables. Toutesfois quand ils fe voycnc parrny îcs autres nations, oÙ ils font plus foibk;;. ,1s c u.hcnt kuc naturel, Se fe rendent fouples. Miiscela n'empefJîb pasqu'onnevoyeà trauers cette apparence leur fierté qui ne peut eftre diffîmulée. Ils fe plaifent à prefchcr leurs lùLiinges , & les ouyr. A leur dire perf.}.;ne n'eft pauua- parmy eux. Se quand ils font hors du heu de leur connoiiBnce, le plus miferable & necclîiteux fait le Prince. Ils font pour la plus grande partie auarcs & ardants à en auoic de quelque cofté qu'il vricnne,(onr allez aduifcz, &fça- uenr bien faite leurs parties. Au rtfte ils font enuieux du bien d'autruy plus que nation de la terre , ôC fi pleins de tacipris, lors qu'ils n'ont pas affaire de perfonne , qu'ils d.;fobligent beaucoup de gens de leur cognoifTanct par letii mine. Miis quand ils onc befoin de qjeiqu'vti on n'a iîmais yen «^ens qui s'hu- milient dauantage. Quanc à ia uoblelfe rllc'eft aufîi braue, galante, courtoifc Se courageufe qu'on en puif- fe voir ailleurs. Elle fc vifite tellement, qa'on pouvroie nommer auec raifon les raaifons des Gentils-hom- mes , hoftellcries. Se lors qu'ils rcçoiucnt quelqu'vn chez eux,ils luy font ia meilleure chère qu'ils peuuenr, F ■ Di €2 MaS'icat narnrel ^o.J 'n Si coj.rc , caufc q.M y n.)fi Pouc le c( gi. d d , B am ., le pcupL y cft fore git - htd,accoft;^le,& courois,tnaisfin& ubtil, bun d:fant fa langue . v.-.Uaat & amy de la hbcrrc U eft au ïcfte hauc à b main , s'eftime infiniment , & mcpti- entre fcs f çons de fauc , qui d'ailleurs font affez loua^ bl s Les Bca.nois fout alFcz ptoptes aux lettres ,& le plantent àa.pccnd.e quelque chofc , & a efcouter les ïlhan^rrs. La noblelTeyeft braue ÔC coacageufe , & nayme guère U parade des habus , eftimant que le plus grand ornement des hommes confiftc en la vertu, dont elle eft fort bien affortie. , , Nous auons dilcouru particulièrement des peupks ^ de France l'vn après l'autre, il eft à propos de confidc- let en gênerai ce qu'on en peut dire. Le peuple de France eft bon ôcfranc>non toutesfo.s que les guerres ne luy ayent tauy quelque part.e de rteVemiere rondeur, qui le rendo.t louable par tout le refte de la tcr.e. Mais au moins il a cncor cette particularitc,qu'rl fe laiffera moins glilTer à vn mauuais delfein, que les nations voifines, veu que la plus gtan- ae partie a en horreur la perfidie & ^ancete lleft ziz adaifc . mais toucesfois bien (oudam le plus fou- uent, fans percer fi auant que l'Italien, ou Efpagno. auant que d'ent reprendre quelque chofe.C eft vn peu- pie néa U gueae,5: quieftimepîus ceux q^i font prc. feflîon des armes . &c leur porte plus de relped , qu i «eux qui fuiucnt les lettres, vcu que le feul befom qu il Hes ^^ns de letrres fait qu'il les honore, il redoute fort UnobletTc, quia beaucoup de p«ntoj lieux où elle demeure , pourueu qu elle fe monftre tou ours dLe de ce titre. Il ayme Ces Roys plus qu aucun S peuple de la terre , U l'on peur dire qu'il eft plu- ftoft plein d'vne affedion franche en leur endt«id, eu d'v a feruUe de leur puifTance. H eft pto^ à rZte chofe , & peut rculTu en tout ce qu U en- ?tprer°d, tant il a l'elprit fubal, & prompt. Vous y voyez peu de gens fujects à s'égarer de leur entende _ mint. 'mais beaucoup de légers. U peu graues : c= q leur vient de k franche hameur qu ils on: ,& d< leur ifcours de l'Eftat .uoir connoiiTancc d-s 0:ionnance$ i & pour lé dite en vnraot, auoiibienla pratique dans l'efpiit, fans fe foucicr di la rpecuiatiuc. De forte que c'eft prefque folie aux percsde filre longuement cftu- dier leurs cnfans,qui feront plus de profit demeu- ransvnan chez vn Procureur auec quelque bribe de Latin , qu'ils auront dedans rcfpiir , que sMs en de- meuroient dix sà voit les bonsliures. Toutesfois les Cours de PatUmcnt , & autres Sièges ne laiffenc d'auoit des hommes pleins de toute Cotte de doârine, comme on void par leurs plaidoyers , & leurs autres œuures. Quant à la noblefle, i'eftime que la terre n'en porte 14 point de plus vaillante , ny déplus gentile , & la cour- toifie eft telletncnt né aucc les Gentils-hommes, que c'eft vn prodige den voir vn mal gracieux, & peu honnefte. Et de faift les eftrangers viennent^ ap- prendre «n France toute forte de g'-niillefle , & n'cfti- mentpas ciltc bien ciuilifez sils n'y ont fait vn vo- yage. La noblelTe fe plaift extrêmement à la chaffe, Ôc s'addonne à tiret des armes , à monter à çheual , ÔC à toute forte de gentils exercices . comme aulTià l'en- tretien des Dames, qui font auiS parfaites qu'oneiî fçâuroit trouuer en pays du monde. Et cette liberté qu'elles ont en France de voir , & d'eftrc veuës , au lieu de les pouffer au mefpris de leur honneur , les porte pluftoft à la conferuation , & au mefpris du dé- fit qui arriue ordinairement à celles qui font relTer- rces , en qui la contrainte , ôc la fetuitude font nai- ftre vne plus ardente paflîon de contreuenir à cette defence. Elle eft bien fi courageule , que ie tiens pour afieuré qu vne armée toute composée de Gentils-hom- mes François feroit inuincible , & capable de donnée de la terreur à tout le monde , ÔC de fc tendre vido- tieufe en toutes fes entreptifes. Elle conferue fort fort authorité fut le peuple } de forte qu vn Gentil- hom- me feul dans vn bourg ou dans vn village , dont il ne fera pas Seigneur , fera flefchit ordinairement tout le Les vifites font fréquentes fhtre les Gentils- hommes , dont l'vn n'eft pas pluftoft attaqué par vn homme d'autre condition , que tous is'aflem- „ vient de '^.^^^'^'^.Xw dTdTfa^deiû^ poar faire repentir celuy qui fe veut pten- iideutnaturehe, pluftoft que de derautu 15 |^^^ ^ ^^^^ ^^^^^.^^ ^ ^ ^^^^ ^^^^^^j^ ^^^^ ro & de conduite. n • ,^ o. Ce peuple s'addonne à toute forte de meftiers & a'arts libéraux, & mechaniques : eft hazudeux, & pie n décourage, va partout le monde, ou pour le f afic. ou pour la guetre.ayme alTczles nouucautez eft curieix . & q -Iq-sfois peu fecret dépenfier ÔC d.fi- re^x de paroiftre. Quelquesfois il a trop de langag . r^ais b en fouaent on void pluftoft partir le coup de fa ma n que la parole de fa boache. Chacun y atT.â.onne "ur ÔC mefme on eftoit venu iufqaes- là auant 'Ed^ des Duels , que le moindre homme offense d. parole par quelqu autre de mefme eilof . . ne man- ouoi de rapoeller au combat , pour mer auiîi-toft ?a"fon dVl'o^enfe auec les armes, à l'imaat.on de, G miU hommes, ÔC des gens de guerre. Depu.s la paix on s'aidonneforc en France à famte les lettres 'poarce qu'on void combien les ^r^?^^^ longue font honorez , ôc fe font riches durant ce ca me^ellement que beaucoup de gens mefme de ba - r condition , mettent leurs enfans aux eftudes, pour eir et J'en faue des piuots de leur maifon, r des arcs- boutans du Palais Mais .1 y en a maintenant fi grand nombre , q-l"-"^^- ^ lit de faim ks autres, ôc le plus heureux 1 emporre for fon compagnon, pluftoft que le plus fçauant ve.i auil n«ft pas bcfoin auiourd' hoy dans les Couri la luftic'e fe cienc. d'cftre plein de bonnes et Ctcs . mais feulement d'eftre bien mfttu.d aux for- maiitc A de iuftice , enieudrc U loutine du PaUis. mes ont querelle enfemble, tous les autres du voi- fmage s'effayent de faire que leur débat ne paffe pas plus auant , s'ils en font aduettis d'affcz bonne heure. lisfcplaifcnt volontiers aux lettres, non pour en tirer du gain, comme ceux d'autre cou lition , mais pour occuper leur g?ntil efprit ,Ôc pourcc qu'ils tien- nent que le fçauoit n'eft pas vn des moindres orne- ments d'vne perfonne bien née. Toutesfois ilsfuyent bien fouuent d'en faire parade , Ôc ne veulent pas dé- ployer ce qu'ils fçauent qu'entre les amis* Mais fut -ouc ils reccrchent de bien due, ÔC font tout ce qui leur eft pofTible pour acquérir cette p .rtic , dont ils penfent tirer de la gloire , auffi b.cn qu'il , la tiennent pour vn vtay moyen d auoir quelque part aux bonnes grâces des Dames. Ceux qui demeurent ordinairement à la Cour font tenus pour plus polis que les autres qui ne bougent de leurs pays. Mais ie puis dire qu'il y en a de fi b;eo nez, que fans auoir pratiqué la Cour, ils ne doiueat rienengentillJleàceux qui la hantenr. Ec celavtenl de ce qu'il y a force bonne compagnie en chaque pays , où ceux qui font leur profit deschofes qu'ils voyent , fe peuucnc dreffet , veu que parmy 0% compagnies il y en a roufiours quelques- vns qui ont veu la Cour , ôc qui (çauent de quelle fçon il faut viute, ÔC ce font pour la plufpart du temps ceux aux aOiOUS defquels les autres »'atreftcnt. Au|ourdhuy. / du Royaume de France. ^3 la meilIcmcprnedcUnoblcirc. au moins celle qui j que Pa.is fcul pris roue entier feroit capable d'em.etc cil la plus galance , ou nncux accommoJct dans vue I oii- vue bonne arnicc. , r >- " tnutic- te quant au paysd niitour de Paris , il ne peut cftie que on richç à canfe de l'argent qu'il tire des denrées qijclcslubitansy vont vendre. Lccarbtc qu'on fait à l ans. va par tour. l'Europc.meimeen Afic,veu qu'on c-i porte bien fouuem lufquen la Chnjc, ôc eft cectc elto/îc admirée d'vn chacun, (i bien qu clleeftdcprand reuenu àceuxqui lafbnt. C'cd prcfquc tout ce qu'on porte de la ville de Pa- ns aux Prouinccs cftrangercs. hormis les nippes du lalaisqui font fur le l,eu vn peu chères , mais qui augmement leur valeur, & font beaucoup dt.mées, tant plus elles font éloignées du luu où elles font raitcs. Prouince , vient trouticr le Roy pour y demeurer vne ' partie de l'anncc, 6c mcfme il y en a beaucoup qui ne bougent iamais de ("a fuicte : tcilemcnt que h Cour clt prc/quc touiîours fort groll'e. Les ordinaires occupations des Courtifins, outre les exercices de monter à chcuai, de dan("cr,& de tirer des armes, aui'quels les plus icunes s'amiifent .font, la courfcdc h bague, ou leplail'ant exercice de rompre contre le Faqum.oudc combattre au Camcual à la barrière. Le jeu n'ell pas aiilli vn de leurs moin Jics di- ucrtifFements ; & ce qui empoi cc vjîc bonne partie de leur tcmps.c'clt i'amour.Sc U veuë des Dames- Mais ils "employent la me illeure partie à la fuitte du Roy en quelque lieu qa'il aille , foit àla chaife, ou ailleurs : de forte qu'il Icra toufiotirs extrcmcuent bien accompa- gné encore qu'il parte à l'improuille. Le Roy de France efttoufiours plus familier, & fe laiile voir plus franchement que Prince qui foit au monde. Car le François elt de tel naturel qu'il n'efl: pas À fon aife quand il n'a la permiffion de voir fon Prince, Se fi quelqu'vn en reçoit le moindre bon vifage,il efti- me puis cela que tous les biens, qu'vn autre luy pour- cote faire. . Q(io fi b France a eu par le palTé des Roys gracieux & arables , elle (e peut vanter aujourd'huy d'en auoir vn.qailansaucil rabais de fon rang prefte plus l'oreille à tout le tiîonde , que Monarque qu'on ait iamais veu, & meùiage tellement fes actions , qu'en alTeuranc les plus tiraides,&: plus éperdus aucc fa douceur.ilimprime la crainte &c le rcfpcdten l'ame des plus hardis auec vn cfclat deMajeftc, qui reluit ordinairement fur fa face. 11 n'y a perfonnc qui l'égale en tout le refte, &c'eft chofe aircurce qu'il Ciface la gloire de tous les Roys qui furent iamais au monde, qui doit dontîer del'ad- mirationà ceux qui viuent : 6c que ce fera le plus par- fait modelle que les Roys des fiecles à venir pourront auoir pour fe rendre accomplis en toutes chofes , fans qu'ils puilfent toutesfois iamais paruenir à la perfc- diiondc ce Prince inimitable. Rîchefjes de France, CE ne feroit iamais faid de vouloir éplucher par le menu les tichtiTes de la France , poucce qu'il n'y a preiqiic petit coing de pays ou l'on ne trouue du bien à foiion. C'eft pourquoy i'en quitteray les moindres particulacicez, pour parler feulement des pays où cette tichefTe ert plus confiderable, & d'où l'argent peut ar liaer à la France. le commenceray donc par Paris, &: vous diray que cette ville attire à foy la meilleure partie de l'argent de France , & que û l'on veut faire fompte des Seigneurs qui s'y tiennent ordinairement, des Ofnciers du Parlement qui font pleins de biens, des Adaocsts , & Procureurs qui ont pour la plufpart leurs maifons pleines de la fubftance d'vn million de pcrlon'hrs, de ceux de la Chambre des Comptes, dont les Maiftres font plus riches que beaucoup de Sei- gneurs de France qu'on eftime bien rentez, demefme que beaucoup de Prefidents, Confeillers,& Aduôcats, des Treforicrs, Receueurs généraux , Intendans des finances , mefrae des bourgeois , &c marchands de Paris, on troaucra qu'il y a foit peu ou point de vil- les au monde , qui l'égalent en richclTes. Car non feu- lement l'argent de route la France y vient_pour diucrs lubjets , mais encor beaucoup de celuy d'italie, d'Ef- pagne. d'Angleterre, d'Allem2gne,& prefque déroute I Europe. Il y a de la vaiffclle d'argent en grande quantité , & le cioy plus qu'en tout le rcfte delà France, force ar- gent monnoyé.ôc beaucoup de marchandircrrcUemem le n'aurois aufli iamais fait fi ie voulois vous faire If dénombrement des riche(res qui (ont en la feule Abb.iyc de S.Denys,qui font prefque fans prix, &fans nombre. Les Charcrains font vn grand gain au trafic des bleds, tant froment que feigles , qu'ils vendent de tons coftez.dc mefme que la Bcao/rc,& la Soloigne. Mais ie ne veux pas faire ellat de ce profit , puis qu'il ne vient pas de ces Prouinces. Les vins d'Orléans attirent non feulement hs mar- chands de France, mais encor ceux d'Angleterre , & d'autres pays à s'en aller charger , & ce quTfauorife les Orltannois pour ce trafic, de mefme que beaucoup d'antres Prouinces , c'eft la riuiere de Loire , qui fait qu'on trasifporte aisément beaucoup de chofes dedans &c dehors le Royaume. Outre ce Orléans doit eftre ri- che pour le grand nombre d'Allemands , qui y vien- nent f^u-e leur demeure tant pour y eftudier que pour apprendre la langue Françoife , à caufe que ceux dX)r- leans ont la réputation d'anoir auffi bon langage que gens de France. t> 6 1 Le terroir de Beauuais a vne petite ville nommée ^ulde,pres de laquelle viennent les plus fins iins qui ^ peuuent voir : & pour cette caufe les Fiamans & Hennuycrs s y acheminent pour y trafiquer , & ache- prcr ces lins , dont ils font les belles toiles qu'ils por- tent vendre après prefque par tour le monde , tant par mer que par terre. 11 fe rrouue encor en ce terroir de la terre propre à fa^-re de la vailTeile auffi finguliereque celle qui vient de Vcnife, & l'on la porte auiTi hors du Koyaunie. Mais ce qui eft plus important pour la richefTe de ce pays, c'eft le grand trafic desfarges, & deseftames, qij on tranfporte non feulement par la France, mais en Allemagne, enEfpngne,& en Italie, voire mefme iuf- ques en Grèce & en Turquie. Le pays de Niuernois a du fer.qn'on porte aux Pro- uinces eltfangeres,de mefme que mille gencilielTcs de verre,qui fe font dans la ville de Neuers. Outre les vins que l'Anjou enuoye en Angleterre, & ailleurs , il a encor les toilles de mefme que le Poi- a:ou, dont il tire de grandesfommcs d'argent,princiw paiement des marchands Êfpagnols , qui en font gran- de emploitc. ° Il n'y a ville en France qui foit plus fréquentée de marchands que Rolien, ny où les citoyens foient p.'us expérimentez au trafic , ny faflTent de plus grands voya- ges , foit en Occident , foit en palTant l'Equateur, &C allant aux Indes Orientales. C'eft pourquoy elle efcume beaucoup de commoditez des eftranaecs , & eft vne des plus riches villes de France. Bref toute la Normandie eft fort addonnée au commerce, & quant aux chofes qu'elle porte hors, ce font quelques draps, des toiles de Rouen, & d'ailleurs, 5c pareillement ces cidres. Quant à la Bretagne , elle a fes parchemins du pays' de Lambolois.qiii vont par tout,& Pareillement le fer/ ' F 1 64 Dlfcours de TEftat le i-lomb, & quelque peu d'argent de fes mines , dont elle tire de l'argent , outre le grand commerce qu i y a dans ce pays , à raifon des porcs de mer dont il abonde. /• i i La Rochelle eft au(G fort riche à cauledelamet dont elle ell proche , & du commerce principalement des Anglois & des Flamans qui y abordent. La Xaindonge tire auiTi force argent de fes bleds, que les Eipagnols viennent enleuer prefque toutes les années, ou des marchands qui les leur vont vendre.Les Angoumoifins ont outre leurs bleds des chanvres en abondance , qu'on y va ramaffer pour les vendre aux eftrangers. . Le i^erigord a fes pourceaux dont il fait trahc mel- me en Efpagne, & il a aufli fcs mines de fer, d'acier , & force gens qui le mettent en œuure, & qui en tirent argenc de tous coftez. Le Limofin a grande quantité de toiles , qu'ils por- tent hors du Royaume . & fut tout la ville de Limo- ges , quoy qu'efloignée de la mer & de toute nuiere, eft vne des plus marchandes de France. Car elle a des ouuriers fi fpirituels,qu'ils font des befongnes plus dé- licates que gens qui foiencen France, & ces belongnes font portées aux pays eftrangers auGS bien que les ou- uragci d'émail qu'on y fait , qui font li beaux, & recer- -chcz au poiTible. Ceux de Tuile tirent vn grand profit deshiiylçs de noix qu'ils ont en abondance. Quant à l'Auuergne elle enuoye dehors fes froma- ges en grande quancité.fcs draps velus, camelots,& ta- pilfcries , dont elle tire de grandes fommcs de deniers, de mefme que de fon fafFtan,Sc fes mulets, qui vont en Italie, Se en Efpagne. Lî Bourgongne enuoye fes bleds en Efpagne, & en Italie, & en tire vn fort grand argent. Lyon eft vne des plus marchandes villes de France, tellement que toute l'Italie , & partie de l'Efpagne qui eft du deftcoit de Gilbtaltar en tirant à la mer Médi- terranée, y vient refpondre.Et melme il faut par Edid du Roy que les foyes & lemblables marchandifes y paifent.&foient veuésàlaDoane : toatesfois le com merce.ôc le gain n'y eft pas fi grand qu'aucresfois.pour- ce que les vailfcaux choifillent pluftoft le chemm de la mer Oceane. I! y a auiTi des Banquiers qui ont de la cotrefpondance non feulement en l'Europc,auis en- cor en l'Afif ,ô£ en Afi ique. Le Forefts enuoye (es ouurages de fer & d'acier prefque par tour le monde , principalement la ville de S.Eftienne,où i! y a des ouuriers en grand nombre,qui trauailient aulfi délicatement qu'aucuns autres qui fiuient en France. Et il y a beaucoup de marchands de ce pays fort riches,& bien logez hors de France. Le Daiiphiné tire force deniersdu bled qu'il enuoye en Efpagne & en Itahe. Ceux des montagnes fe ren- denr aulii riches pat le moyen des mulets, des chenaux, & d'autres bcftcs qu'ils vont vendre en Piedmont , & en Italie. Ils ont aufli leurs chamois, qui leur portent de l'argent. Le Languedoc a fcs paftcls , qu'il enuoye au loin, & ces paftels viennent principalement en la Comté de Lauragucz, & en la plaine de Montpellier, Ce feul trafic eft capable de rendre riche cette Prouince , tant cette plante eft iccetchée de tous les endroits de l'Europe, & d'ailleurs pour la teinture, tant il y en a grande abondance en ce pays. L'Albigeois fait de grands deniers de fon faffran : vne bonne partie du Languedoc s'enrichit par le moyen de fcs huyles d'oliuc. Ceux qui font autour de Florenfac, & de Pomerols, & ceux de Lauraguez aufli tirent de grandes fommcs des bleds, qu'ils enuoye nt en Efpagne. Ceux de Mont- pellier s'cnnchident par le moyen des drogues, com- jjofitions Se eaux qu'ils font.&enuoyenthors de Fran- ce , comme eftans plus excellentes qu'aucunes autres. e IX d'autour de Montagnac font vn grand argent de leurs laines. Ceux de Frontignac, & de Cantaperdis fe font ri- ches par le moyen de leurs vins mufcats , & des raifins confits qu'ils enuoyent par toute l'Europe. Le Viua- rez tire alTez d'argent de fes aix Se ioliues de fapin> qu'on va ven Jre hors du Royaume : Le Velay de for- ce ouurages de laine , commo- bonnets , chauifons, 6c chofcsfemblables , & encor dcsCamayeux qui ft font au Puy. Pecais a aufli fes fels qu'il enuoye ea SuiiTc , & ailleurs hors du Royaume, ôc en tire vn pro- fit ineftimable. Quant à laProuenccelle enuoye hors du Royaume fes bleds qui viennent en abondance en la Camargue, & aux plaines de S.Chamar.dc Miramas,Stnas,& Ma- lemort iufques à Ourgon,& Ardagf-, Ôc cncor ailleurs. Elle a aufli fcs citions , orangers, laifins confits, figues feiches, grenades, huyles, &c lieges,dontelle tiie beau- coup d'argent des eftrangers. Et cette Prouince eft pleine d'argent à caufe de l'ordinairetrafic de ceux qui l'habitent, & de fes ports de mer, où beaucoup de mar- chands eftrangers l'abordent. Le Foix fait vn grand trafic de fon fer , & tire aufli de grands deniers de fon beftail , ôc mefme que tout le refte des pays qui font prés des monts Pyrénées. U ne fait pas moins de profit de la relîiie,tourmentine,poix, encens, & lièges. L' Armaignac n'en tire pas moins de fon miel, &c de fa cite. Quant à ceux du Pailement de Bourdeaux , ceax d'Albret font hors du Royaume grand trafic de leur liège, poix & raifinc. Toute la Galcongne, prirfcipale- raent le Bordelois , tire grand argent de fes vins , qui font vendus aux Pays- bas , &C en Angleterre , Bayonne n'en tire pas moins de la quantité de cidres. Et pour conclufion, la Gafcongne eft riche, àcaufcdu grand abord des marchands Efpagnols , Anglois , & Flamans qui y abordent. Nousauons épluché le plus particulièrement qu'il nous a efté poflible les richtlTes que la France reçoit des Prouinccs eftrangeres , & auo s difcouut par le menu des moyens qu'elle a de tirer argent de ce qui tft reccrché des nations voilines ou cfloi- gnees. Or encor qu'on ayt accouftun.é de venir deschofes générales aux particulicics , i'ay fuiuy routcsfois icy vn ordre coutraire , afin qu'après qu'on aura veules chofes dont ce Royaume luïabonde,& qu'il peut four- nir aux autres , on voye aptes plus aisément qu'il a moyen de fc pafTcr de tous les voifins , & que fes voi- fins font contraints de le reccrcher , & d'y mendiée leurs neceflîtez , qu'après auoir remarqué ce dont il fe paire,ie puis plus facilement imprimer la créance de l'heur du pays au difcours gênerai , auquel ie m'appre- ftc,& auquel ie defirc monftrer non feulement en gros la richeffe du Royaume, mais encor les deniers qui viennent à la Couronne. Tout le terroir de France, de quelque forte qu'il foit, eft vtile à quelque chofe, & aux lieux où le vin ne vient pas il y a du bled , &: où le bled ne cioift pas il y a des chaftagnes , Ôc des pafturagcs. Somme il n'y a rien qui ne férue : au lieu que fi nous confide- rons l'Italie , l'Apennin tient preique vn quart de l'Italie , Ôc tout ce qu'il occupe eft pour la plulpart afpre, & de nul rapporr, & en Efpagne il y a vn gragd pays plein de landes inutiles. Les montagnes d'Auuei- gne ont beaucoup de bonnes terres , 6c beaucoup de lieux riches, pleins de frui£ts , abondans en be- ftail , ôc d'où l'on tire force chairs, beurres, & fi oma- gcs, de mefme que des montagnes de Viuai^ z , Velay, Geu:iudan,des Seuenes, de Dauphiné, Forefts, & Pro- uence. Le refte s'cftend prefque coin en fpacicufes campagnes r cjmpngncs pîn'ncsdf blrcfs, oii bien a de petites colli ncs bien fertilesj & tharj;ccs, Ôc des vallccs couueitcs, d'herbe propre à la noinrirure du bcllail. On diroic tpc rabondantc v.i partout àlcnnyabrc la diuerlirc , & le piolit auec la beauté des contrées. Et ce Royaume a auflj cette parricniarité , que toutes fesProuinccs pcuucnt aisément s'erure-comiruniquer toutes leurs dinices,& tous leurs fruids par le moyen d'vn grand nombrede riuieres nsuigablt s qu'on y trou- ue, veu qu'on compte ffulcment au pays d'Anjou 40. riuieres grandes ou petites. C'clt pourquoyia faië Royne mcrc Caihr rine de McdiJis diloir qu'il y auoit plus de riuieres nauigables enFrance,qu'cn tout le relie de l'Europe. En quoycUe ne s'tflaignoit gucres de la verirc. La krtilité du terroir , & la commodité que les ri- uieres donnent à la conduite des denrées , cft caufe de la multitude & beauté des villes & places de France, dont lapluipart font alfiCes fur leurs riuages. Etquoy que la France ne n^anque pas de bons porrs , ôc en grand nombre , routesfois fes pins grandes villes ne lonc fur le bord de la mer , ce qui monftre que leur grandeur ne vient pas de dehors , mais comme dome- Itiquc. Car les villes maritimes font plus grandes que celles qiu font auanc dans le pays , lors qu'elles rcçot- uenc plus de profit & de fouftiende la mer que de la terre, asnlj que nous voyons en la ville de Gennes, Vc- nifc, Je Raaoufe. Mais aux lieux dont la grandeurne dcpcnd eireiicicllement que de la terre , les villes qui (ont dans le pays font plus grandes que les maritimes, comme nous pouuons appercruoir en la ville dt Mi- lan, aux autres places de Lombardie > comme auflî en Allemagne, & Hongrie, Et pource que tous les pays de France font riches la commodiré des riuieres eft générale, de là vient, qu'excepté Paris dont la grandeur procède de la dé- ni cure des Roy$ , du Parlement, & de l'Vniuctfitc ac- comp3gi>c? du voifinage des riuieres ; toutes les villes & place de France font pour la plufparc de moyenne grandeur, ou pentes, mais belles, commodes, & fort peuplées, Bodin écrit, qu'en vn dénombrement qui fut fait au temps du Roy Henry U.auquel toutesfuis la Bourgon- gnencfur pascomprife, on compta vingt-fept mille lieux peuple* qui auoienr clochfr. Ordcmermequc les villes de Fiance font fauoiisées de plufitursriuie- les.auffi les chafteaux & maifons des Gentils hommes particuliers ont fotce eftangs & lacs qui en font pro ches. Et quoy qu'il n'y ait pas en France des lacs égaux en grandeur à ceux d'Italie ou de SuilFe , toutesfois ceux que l'on y void font pleins de fort bon poiiron,& fupléent le défaut de leur grandeur par la multitude. On peut dite de raefme des bois , qui n'eftans pas de grande eftenduè, y font en grand nombre. Et c'e- ftoit de là que les Roys tiroient beaucoup de profil ladis, à caufe du grand nombre des foreftsde leurdo- njamc , & les Gentils hommes en tirent aojourd'huy force argent , vendant la coupe de leurs bois, non feulement pour bri.fler , mais cncores pour baltir. Il y a au relte pluficurs chofes qui attirent l'argent cfttanger en France , mais particulièrement le bled qu'on en tire pour l'Efpagne , &c le Portugal , & quel- quesfois pour l'Italie, le fel que les nations voifines y prennent, ptincipalement à Berre enProuence, à l'^ccays en Languedoc, & à BrcLiage, où il femble que la vertu que ieSoicil a de transformer i'eau de la mer en fel.s'atterte(ans palTer plus outre vers le Nott. Il ic tromie bien d'antre fel ailleurs , comme du fel de roiuaine.en Lorraine,& de fontaine & de mmeen di- iers lieux de Pologne, d'A ngîeterre, & d'Allemagne, nais tout ce fel ne vatit gneres . non pins que ccluy Je mme que 1 on trouue en Suéde. 11 y a encores la du Ropumc de France. 6s chanvre, & la toile dont l".mportance cft innoyab'e, Se cduykulcnptut jVgrrqui fçait la grande cmamué que 1 on tire pour In Aortes de Seuillc,& de L fb'o-.ne^, &pour tant de voiles & de cordages q.'on fait dt, chanvre de hance 11 y a pareille mem les vins qn'cn y vunt querr d Angleterre & des Pays bas , & c cù l'on tue tant d argent toutes l.s années, que lecalcu. > nfe- toit long fi on e vouloit tntreprend.e,tantccsoftun- gers prennent de vin de tons coftez en ce Royaume. Il f.ut adjoutterà ce que d.lTusIe paftel , & le faf- frnn, & autres chofes de n^ondre importance, qai eftans toutes miCcs enferrble, font vne alTez gr-nde fomme pour enrichir vn Royaume E' l'importance du fa.6l eft , que les nations voifines ne ,e peuuent palFet eu IWa f'-.^c ^" y quelquesfois eu de fort eftronSbes d. fences de n'cnuoyer nen hors du Royaume, toutesfois on n'a hifsé enfin de le fa.fc auec pcrmiflîon.pou, ce que le profit qui en vient , elt pour le moins de .5. & de zo. pour cent. Et rr^elm du temps que la France auoit guerre auec le Roy d'Efpà. gn e, le trafic ne cefloitpas auec les Efpagnols, pourla neceffite qu. s auoient de viures. & le gain qu'ils ap- porto.ent. f ellcment qu'il ne le faut pas eftonner fi du- rant les guerres pafsées , non feulement en Italie , mais dans le Royaume , îes foldats receuoient tout leur pa- yement en reaies, cens Ôc doublons d'Efpagne. Quant au reucnu d.s Roys de France , outre le do- , g tnaine,qu2eftoitprefque tout engagé par le pasé, ce quon tue de toutes les Prouinces monte a d» farc grandes fom.iies. Au temps que l'a.gent cfto.r plus ra- re qu rl n eft a prefenr, nos Kôy, eu receuoient moins, comme il tftoitraifonnable. n^M^^V^ du Royaume qa'enuironvrt m.lhon&d.myd'orannueilem ne François l. enti- millions "'"'^ P'^' "^^'"'"^ '^'^ Louys Xn. laifla le Royaume plein d'or & d'^rgenti & fut acetteoccafionappellépere du peuple. \'^>'/'"'"Ç°''^ i , W qu'il euft de fort groir.s guerres & de grandes dc^oen es fur les bras, lalatoti- esfo.s 800000 efcus de Ion efpargne.Ma.s Henry ir, aifia beaucoup de mi lions d'or de dcbte à fes enfans: à railon dequoy Charles IX. &He.'îiy H [. (es fiU fu- -ent contraints de charger non feulement le peuple, oiais leClerge,degtoflesimpofitions. Ce qui fait voi^ ]ue Ion ne doit pas eftimer les Roys riches quand ils ont beaucoup de reuenus, mais quand ilsle fçauenc o.enmanier puis quele Roy François l.feauec moins de rcuenu, de plus grandes guerres, & lailTa de l'argenc comptant a fes enfans , & au contraire Henry II. t?eut pas de fi grandes guerres , & n'entretint pas fes armées h 'ong-temps, & toutesfois il laiffa des dcbtes à fes nis, de la milere au Royaume. Qnant à noftre temps , l'on ne fçauroit faire le de- 1-7 notablement de tour ce que le Roy tire de fes Tailles, de fes Douancs,de fes parties Cafuelles, du Clergé, & chofes femblables, pource qtie les Tailles ne font pal toufioutsde mefraeTomme, ains font imposées félon les occurrences . & combien que les ordinaires fulTenc affenrces, & marchaffent toufiours d'vn mefmepas, tontcsfois les extraordinaires feroicnr toufiours incer- taincs.Puis le nombre des partis eft fi grand, & en plu- hctirs chofes fi fecret, que la recerche en feroit non leuleinent ennuycufe, mais imparfai<5te. Toutesfois pour latisfaire aux curifux,i'ay voulu faire voira quoy le monte la taille ordinaire d'vne année,afin qu'on iu- ge du r&fte de ce que nos Roys reçoiuent de leur Rt^- yauoie toutes les années. (55 Dlfcours de l'Eftat BXTRAlCr FAir SVR LE BREVET des Tildes de L'Année 1609. des fo-nmes des deniers cjai fe font teuérs durant ice/le , ptér ïordinAîtedeU Taille , é Creuey ioinCies, & four les fayemeas des Officiers : le ttut partictt- lierement en ihacttne dis gentralitez. cy après nommées» Les forces de France. PR E M I B R E M E N T. La gtneraltié de Pam. Pour la taille, yé^ooo.liurcs. Pour le payement des gages des Officiers, 147000.I. La Gentralité de Soijfons. Pour le principal de la taille, 562465.1.i8.fols,io.den. Pour les gages d'Officiers, 36i4.1iu. i8.fols,io.den. Chaalons. Pour le principal de la taille, 47 jooo.liu. Pour les gages des Officiers, yiooo.liu. Amiensi Pour la taille, iôjooo.liu. Pour les gages des Officiers, jéooo.liu. Roùtn. Pour la taille, vn million, yzooo.liu. Pour les gages d'Officiers, iiooo.liu. Caën. Pour la taille, éiSzSo.Iiu. Pour ks gages des Officiersi 97zo.liu. Orltans. Pour la taille, 5?75oo.lm. Pour les gages des Officiers, yojoo.liu. T tursi. Pour U taille, s^^oooXiu. Pour les gages des Officiers, ioiooo.hu. 'Sourgts. Pour la taille, ' 3éo74o.Hu. Pour les gages des Officiers, 45 6o.hu. Moulins. Pour la taille, 4i?99?-H"- '"-j;- Pour les gages des Officiers, 66406. liu.io.l. PotBitrs. Pour la taille, é7oooo.lin. Pour les gages des Officiers, 7j000.hu. Rt«n. Pour la taille, ôjéooo.liu. Pour les gages des Officiers, 9000.hH. Lyon. Pour la taille, Séjoco.liu.io.f. Pour les gages des Officiers, 4jooû.liu. Bordeaux, Pour la taille, éMosô.liu.y-f. Pour les gages des Officiers, 4o6éj.hu.i3.f. Languedoc, Thouioune & MoMpeUter. Peut tout ce qui s'y leue, ^ 75i5i7.4.f.5.den. Dahphiné. Pour l'odroy ordinaire compris le Taillard. ioi6o.liu. El outre poutTubucnit aux affaires dudit pais,îûooo.l. PourletaiUon, 27siî.liu. Somme, 7767 5.1ïu. Proutnci. , Ce qui fe leue fe monte à la Comme de 8646j.Hu. Bourgorgne cr Brejft. Le dioia que le Roy a^ monte, 168Z50.I1U. Pour les gages des Officiers, 9445.hu. Bretagnti 11 y a d'imposé, }8o46o.liu. LimcgeS' Pour la taille & creuës y join(Stes,la sômc de 670000.I. Pour Us gages des Officiers, 75oûo.liu. LE RoysuTî' de France,commc cf luy qui eft au mi- i8 lieu de la chr. îlieiUc eft plus commode qu'aucun autre , pour vnir & diuif- 1 les forces des plus grands l^rinccs de 1 Europe , poiitce q l'il a deuam foy l'Italie, derrière foy l'Angleterre, l'Efp igneà main droifte, l'Allemagiic àla gjuch<. , les SailTes d'vncoftc, & les Flamans de l'autre ) U outre cela il eft entre deux mers , c'eft à fçauoir la Méditerranée & l'Oceane. A raifon dequoy il peut aisément fauorifer & troublée par mer & par terre, toutes les entreptifes , Ô£ tous les dciTeins des Princes & Potentats de l'Europe.au moins de ceux qui luy font voiûns : & quant à luy ,il eft af- feuré de tous coftez, & par nature , & par art , poutce qu'il eft défendu par les Alpes, & les Pyrénées de l'Efpagne, & deritalie,parla mer d'Angleterre, &dcs Royaumes plus elloignez : par des fleuues de l'Alle- magnf & de laFlandre,& en tous les pays plus impor- tans des frontières il y a des places fortes , & grande quantité d'atmes, de canons, & autres chofes fore propres à la guerre , & par tout de bons Chefs ôc des hommes de guerre , lefquels font capables de condui- re toute chofe comme il fera necefTaire. Et quant à la propre defence , on n; trouuc pas depuis que la Fran- ce eft Royaunse , qu'elle ayt cfté vaincue par aucu- ne autre nation, fi ce n'eft par les Anglois , qui pat vne longue & continuelle guerre en occupèrent vne grande partie. Mais outre ce que leur vidoirc vint de la diuifîon des François qui affiftoient les Roys d'Angleterre , elle ne fut pas de longue dutée, veu que non feulement ils furent dcpoiiilkz de la partie du Royaume dont ils s'eftoient rendus maiftrcs de viue force, mais encor de la Normandie , & de la Guyenne, ancien patrimoine des Roys d'Angleterre , qui vint à nos Roys par forfaidture.Et ce qui rend la France plus force aujosrd'huy que iamais , c'eft que iadis tous les Princes voifîns pouuoient entreprendre fur ce Royau- me à caufe qu'il y auoit toufiours vn Duc de Bretagne, vn Duc de Guyenne, vn de Normandie , de Bourgon" gne ou de Buurbon,qui leur donnoit palTage) & les te- ceuoitjComme quand les Anglois auoient quelque def- fein , le Duc de Bretagne leur donnoit entrée , où ils venoicnt aborder en Normandie.Mais maintenant que la Bretagne, U Guyenne,la Normandie & la Bourgon- gne font au Roy de France, il a peu à craindre , iinon qu'on vueillc appréhender quelque orage du coité de la Franche Comte de Bourgongne. Ce qui rendencoc la France forte, c'eft que Us Eftats des grandes mai- fons de France ne fe diuifent pas tant par le menu qu'ô fait en Allemagne, & en beaucoup de lieux d'Icalie, ains la meilleure partie paruicnt aux aifnez , qui fonc les vrays héritiers , & les autres frères demeurent auec vn petit partage, tellement que pour patuenir à quel- que rang, & à des moyens qui les puiiîent relcuer fé- lon la miifon & la qualité en laquelle ils font n* z , ils ft mettent ;à fuiure les armes , s'efiaycnt de s'y ren- dre excellents, & les (impies Ginrils-hommcs vo- yans auflî lapoite de l'hocncur ouuette pour eux, taf- chcnt de faire le mieux qu'il leur eftpoffiblc aux occa- fions , afin d'eftre reconnus & recomprnfcz de quel- que chatge. Et de là vient que la France a toufiours Cii de fî grands hommes de guerre. La France a deux fortes de gens de guêtre , c'eft à fçauoir de mer èc de terre. Quant aux gens de guerre, de mer, on n'en peut due grande choie , pource que le défaut d'vn grand nombre de vaifleaux , & d'hommes de rame, & de commandement , n'a iamais laifsc met- tre enfemblc vne fi grande pnifrance,q'i'ellefuft capa- ble de quelque encicprife offenfuie f)gnalée,& pour cette caufe, le Roy François fut d'aduis de fefcruirdcs Turcs Turcs fur la mer. Il cft vray qu'il n'a iamais cftc bc foindefccoursellratigcr , pour dcfeadic le Royaume, pourcc qu'en la mer Oceaiie on a peu auoir enl'cmblc iufques à deux cents vailfeaux à voile , & en la mer de Protiencc on a jadis armé iufques à quarante galères qui font reduicss maincenanc à plus petit nombre , & CCS galères ont mefmcineiK fetny quelqucsfois en la merOceane, mais plus pour palier des gens en Ef- colfc , que pour donner de la jaloufie à quelque Prin- ce , ou pour autre cffcd. Mais le nerf principal de la milice Frani^oifc condftc auxgens de terre , tic plus en Ja Caualerie qu'en l'inhinterie, pourcc que la commo- dité qu'on a des Allemands , 6c. des Suilfcs , & le peu de plailir qu'on prend à voir les armes en la miin du menu peuple du Royaume , a mis en plus grande ré- putation la Caualerie , qui cftoit autrefois toute de Gentils hommes , & par confequent fort vaillantC) mais il y a maintenant vn mtllange de toute forte de pcrionnes , dont les vnes font payées , 6c les ancres font obligées d'aller à la guerre à leurs dépens. La gendarmerie qui eft d'obligation , -eft communémenr appellcc l'arriereban ,qui n'eft autre chofe que la No- bleife obligée à leruir le Roy en perfonne auec tant declieuaux, félon la qualité des fiefs, comme le feu Roy la pratiqua en la dernière guerre de Sauoye. Et pource qu'il y a bcaucoupde Gentils-hommes, cefte Caualerie eft en grand nombre. Les compagnies de geiis-d'armes font les vnes de cent, les autres de 50. Ctriles de cent font conduites & commandées ordi- nairement par quelques Princes, ou parle Connefta- ble , ou par les Marefchaux de France. Quant la paix eft, il y a fort peu de compagnies de gens de cheual entretenues. 9 La compagnie des cheuaux légers du Roy , auec fa compagnie de gcns-d'armes. La compagnie de gens-d'armcsdela Royne, La compagnie de Monfeigneur le Duc d'Anjou. Celle de Monfeigneur le Prince de Condc. Celle de Monfeigneur le Duc de Vendofme. CelledcMjnfeigncurle Cheualietde Vendofme. Celle de Monfeigneur le Conncftable. Ceikcic Monfeigneur le grand Efcuyer. Voîla toutes les compagnies de gens de cheual qu'ô «ntretient à prefent en France. Mais fi quelque guerre arriuoit,oa verroit auflî toft fondre vn fi grand nombre de caualerie furies enne- mis, qu'elle feroir capable de leseftonner, & de les rompre. Cu route la NobldTe s'txerce maintenant plus que iamats à monrer à cheual , ôc à cous exercices qui rendent vn homme de cheuai plus plein de dif- pofition à combatre. Et quant à ceux dutiersEftat, il y en a plufieurs qui ont efté aux guerres palTées , qui fe plaifentencorà enti eteair de bons cheuaux , SC vn grand nombre de ieunss hommes riches Se courageux, nez à la guerre, qui raontcroient à cheual auec alk- grelfe s'ils oyoienc fonner la ttompette. Quant à rinfanrcrie, encor que les Gafcons&ccux qui approchent de rEfpagne foienteftimez les mdl leurs fantaffins de tous, commepUis prop-es à fup- porter la peine , & les incommoducz de la guerre , & tenans beaucoup de l'Efp^ignol , ôc qu'on poiiTe tirer de ceux cy iufqu'au nombre de hivd à neuf mille : & combien auffi que ceux du Viuarez, 6c des montagnes Dauphiné ne doiuent rien aux Gafcons entoures chofes , au iugement de ceux qui les cognoilfent , & qii lis puiffenc cnfemble faire vn plus grand nombre que les Gafcons, toutrfois on aiuou beaucoup de mil- h'-rs de gens de pied en tousl^s autres endroits du Koyaumc, qui feroient bons hommes, comme ceux qui ont eu lon^aemehc la guerre,me(me outre ceux-là, prefquetous ceux qui nailfen: en France ont tant de ^^j.-j .^^ ^. trouuer grand nombre du Royaume de France. 6^ rc- couragc de foldais aguerris , au moins refolus à toute crc pnfe. Les Roys de France ne fe feruoicnt gueres ancien- nement d Infanterie , de peur de q-,el m.,, rcuc Icc • 6c combien que Charles 8. cognoillant h necelïitc des gens de pied, ordonna l'entretien de 5 00.. hommes de pied François , & le Roy François voulut après qu'il y eneuftiufquesà cinquante mille, toutesfo.s cek s cuanomt bien toft , & fuc rompu par la délibération nLft M Ï'^°VT;* ^fi^q^e le peuple defarmé put eftre bride par les Magiftcats . ôc ne la.lTaft les arts au^ue s il s exerce,& le labourage d. la terre, au grand preiudice d vn chacun . & afin auifi qu'il ne deuhn en ce nos de paix fub;e^ à exercer des voleries , & ne mift de laconfurionau Royaume. Mais toutes ces délibé- rations desEftars n'auroient point de lieu , quanJIc Roy (e reCoudroit au contraire. Louys t. fur le premier qui pour ponuoir faire paf- fer couc ce qu ,1 vouloir tint le peuple defarmé, &le- ua des SuilTes. au lieu des François : chofe qui a eft5 fuime defes fuccelTeurs. Mais ceiuy s'abufe s^ande- T'S "ï?,?*"^^ "i"^ fon peuple doit eftre lafche & toible . s il leue des gens de guerre eftrangers. Car la hardiede s acquiert auec l'expérience des armes , ôc les dangers de la guerre, & cefte expérience fera commu- ne dans le Royaume aux foldats, &au peuple, fi ceux- là deuiennent bôs guerriers, pour la profeflîon de fol- dat qu ils font, ccux-cy le feront pourla neceffitéde e défendre. Et de mefme que la hanrife des bons fait les hommes bons , de raefmc auflî la frequentajion des foldats aguerrie le peuple. Outre ce beaucoup de fadions ne pcuuent eftre commifes aux eftrangers, pource que la pratique des lieux leur manque,& au(ïï pource qu il y a beaucoup d'entreprifes qui font de trop grande importance pour les fier à d.;s perfonnes qui ne font pas du Royaume. Tellement qu'il eft ne- ceffi.re que les peuples, aux pays defquels la guerre le hic , deuiennent guerriers en partie par neceifité. pour le befo.n q.i'en a le Prince , 'en partie par la & pratique des chofes qui concernent la guerre , qui ieurpafTent à toutes heures par les mains,comme llM arriue a la France aux dernières guerres , où elle s'eft ' veue dans vn rien pleine de foldfrs, Amourd'huy il y a fort peu d'hommes de pied en- tretenus ordinairement en France, & qui feroient cou- tcstojs vne des plus grandes forces d'vne armée. Ec vpicy le dénombrement. Les quatre compagnies des Gardes du corps, qui ont pour leur Capitaines Meneurs de Vicrys le Com« ce de Tcefmcs. Le Régiment des Gtrdes q.ii doit eftre compcféde zo. compagnies, & a pour fon Maiftrede Camp Mon- iR'ur le Mafcfchal de Cîequy. Le Régiment de Piedmonc qui doit eftre a uffi de 10. compagnies. Le Régiment de Picardie qui doit eftre de 20.com- p3gnies,& a pour Maiftre deCampMonfisurdeRam- burre. Le Régiment de Nauarre qui doit eftre de lo^Com- pagnies. ^ Le Régiment de Champagne , qui doit eftre de 20.' Compagnies. Outre ce il y a le Régiment des Sm[Css , ôc les cent ^ Suides des gardes du corps. Du premier le Marefchal de BafTompierrc eft Co- ionnel : & le Duc d^" Bouillon Cciïsce de la Mark Go- ' lonneîdefditscciK Saiftès. Mais fi le Roy auoir bçfoin de gens il v a encor plus de quatre mUie foldats f.rt aguerris, qui font entrée- nus aux Prouinces eftraogcres , qui ne manqueroienç de venir au moindre biuirde guerre. Et quant att nombre dts gens expérimentez qu'il . - l i 68 Discours de TEftat pourtoit leuec , 8c qui ne fout pas cnttftcnus on n en Içaufoic faite le compte , poutcc que la France ne tait prefque que reprendre fou haleine , & a cncor vne in- hnité d'hommes qui n'ont pas les bras plus cngour- dis . ny le cœur plus lafchc qu'aux guerres dernières, où ils fe fônt ttouuez, veu que le François a cela de particulier qu'il s'entretient toufiours au defir de l hon- neur, ÔC ne penfe pas , comme ileft vray , qu il y en ayt aucun plus cHaïc que celuy qu'on acquiert auec les armes. . _ Au refle il y a telle abondance de viures en France, qu'elle peut nourtit quelque armée que ce foit , & les v.urcspeuuenteftre conduits d'vn lieu à l'autre fort facilement, à caufc de la commodité des nuicres. C e(t pourquoy lorsque l'Empereur Charles le Quint entra en France par la Prouence , &c puis parla Champagne, elle nourrifToit outre les gatnifons plus iU 150. mille ioldats,& de noftie temps fous Châties iX.ori y trou ua îoooo. cheuaux,& ^cooo. hommes de pied tous eltr ingcrs,& quinze mille cheuaux,ôc cent mille hom- mes de pied François.fans toutesfois que la cherté fuft pat le Royaume. Et les Roys entrctenoient anciennc- . ment j^oclances & 4 500. Ar -hets,& mefme il y auoit quelqucsfois 4. mille lances , & 6. mille Archers payez pi rpetuellement. Vne lance tivoit vn Archer ic demy aprcs elle, &c parconfequent vne compagnie de lances vne autre compagnie d' Archers, qui eltoicntrculemcnt diftinguées par le moy en du drapeau, qu'on nommoit guidon, vcu que tous auoicnt mcfme Capitaine. Telle- ment que cent hnccs venoient à faire 150. Archets, oiitie les lances. Tous ces gens de gutrre cmporroient M. cents raille cfcus de defpence toutes les années. Car chaque lance tiroit 150 eiciis.chaquc Archer qua- tre vingts, l'Enfeigne trois cens, le Lieutenant 480. le Capitaine 820. Ces gens de guette furent réduits à leurperfe^ion par Charles 8. qui en détermina le nombre, & leur eftablit leur paye , & les difciplina auec les exercices, les diaribuanc parles places frontières foubs des Ca- pitaines, Lieutenans, Enfeignesôc Guidons, & les diuiia en hommes d'avmes, & çn Aichcrs , leur adjou- ftant encor des Founiers,des Threforiers, des payeurs & des Commi(Taires>& en donnant la charge au Con- ntllablc . aux Marefchaux de France , & aux premiers Seigneurs du Royaume : auec tous ces gens de guerre dont nous auons parlé, les précédents Roys de France non feulement ont peu acqucric vn fi grand Eftat , & k défendre de la force de tous les Grinces voifins, mais encov fe faire lentir en Afie & en Aftnquc.com- battre l'Allemagne & l'Efpagne.aller en Italie , & faire trembler tout le monde , pourcc que les François fout de leur naturel promps & hardis ,& courageux à çn- j treprendrc,& dutout inuinables au commencement, j Et cet heureux fuccez à l'enttée ell de fi grande confe- , quence, que bien fouucnt on emporte tout après cela, bc toute perte qui fe fait au commencement tire tou- jours vne grande & mauuaife queué pour celuy qui peid. A taifon dequoy les François font cftimcz fi forts, f^ terribles , que c'eft chofe dangerenfe de les aifaillir. CeftauflTi chofe fort difficile d'arrefter le cours de cc- fte première fureur , dont la bonne ylTué leur donne encor plus de courage. Quant à l'artillerie il y a en France vne chofe digne de confideration, qui eft qu'on a gardé de réduire tou- tes les pièces à vne forme commune : ny trop gran- des, afin qu'elles n'empefchaa'enf, ny trop petites , afin qu'elles ne fillont trop peu d'eflfea , mais moyennes, & toutes d'vne mefme ; afin de fe fcruir en toutes d'vnc mcfme forme déballe, & d'vne mefme quantité de poudre,& de mefmes inftriimcns à ks remuer, & con- duire» & vfer. ' Ce qui fe trouue exttemémcnt vtile tint aux places qu'aux armcesjpource que quand toutes les b 'lies font bonnes pour toutes pièces , on ofte la conf ifion qui naift à les apprefter 5c fournir , & quand vne p ece ell gaftée on ne laiffè pas de fe feiuir des balles ny du re- lie, pource que les pièces font de poids efgal , ou peu différent , dft !à où vne de ces pièces peut aller on y peut conduire les auttes. Le canon de France a de longueur enuiron dix p'cds, 8c fon fi ft enuiron quatorze , & eftalit monté fur fofl fuft enuiron 19 pieds , ôc fa largeur qui eft confideréc en l'clTieu , eft de fept pieds. Il y a encor vne autre chofe à confidcret au fait de l'attillerie , qui a efté in- uenté par l'induftrie des François, qui eft qu'au heu où l'on met le feu à la pièce , ils mettent vne pièce de fer, pource qu'il ne craint pas le ffu comme la bronze,qi:i fe confume en peu de ttmps, ôc lorsque le trou eft large > le coup n'a que bien p'U de force , de (orte que la pièce demeure inutile , & n't ft pas tenuë pour bon- ne fi elle ne fert pour cent, 6c du moins pour 8o.coups en vn iour. Toutes ces chofes adjouftées à la fituation naturelle de la France rendent ce Royaume puilfant, principale- ment foubs vn fi grand Prince , fi plein de valeur , d: prudence Se de preuoyance , & afibrty tant d'vn grand nombre d'argent , que de toutes cliofcs neccfiaiics» Car quant à l'ofFence.ce Royaume a laitfé les marques de fon pouuoir en beaucoup de Prouinces voifines ÔC efloignées. Et pour parler des chofes plus anciennes , les Fran- çois ont rauagé jadis l'italie ,rcnuerfépiefque la gran- deur des Romains , & fait beaucoup d'autrés exploits en d'autres contrées. Et fi nous venons à vn temps moins reculé de nous , Chatlemagne fut fi puilTanc auec la force de ce Royaume qu'il lubjugua la Saxe & la Bauiete , combattit en Efpagne contre les Sarrafins, deftruifit le Royaume des Lombards, conquit la raeil- . leure & plus grande partie de l'Italie , & lailTa à fa po- fteiicé prtfque la moitié de l'Europe. On ne peut rien voir auflî de plus fignalc que l'tn- trepriie de FlierulaUm , ôc de la terre SainsSle , reloluê en France au Concile de Clermont,6c exécutée p ar les François à leurs delpens particuliers, aufc vne fi at- dante vnion de volontez , & tant de conftance , & de vertu , qu'elle a furmoncé la gloire de toutes les autres entreprifes que l'on a iamais celebié dans les hi- ftoires. La Grèce, & l'Afie cfprounerent aufTi les armes des François en la conqueftc de l'Empire de Conftanti- nople. La Barbarie, & l'Egypte ont efprouué les armes des François au temps du Roy S.Louys , qui nonobftanc- qu'il fat pris, cuft cet aduantage , que le Roy de Tunes accorda de payer 40. mille ducats de tribut toutes les années. Et au mefme temps Charles d'Anjou conquit la Si- cile, ôi le Royaume de Naples , 6c fa pofteritc palTa en Hongrie, Ôc régna en cefte Prouince plufieurs années, & depuis au temps de nos pères Charles huiâriefme auec vn eftrange & mcrueilleux fuccez , &c cours de vidtoirc, occupa en Italie en peu de temps vu gran ' pays, qui fut vn commencement pour conuier de nou ueau fes fuccelTeursà la conqueftede l'Italie, vcu qu la mefme volonté pafta encor au Roy Louys li.Ôcau" Roys François ,Sc Henry , qui gagnèrent de belles vi doircs, & eulTent tout emporté fi la fortune euftteC pondu à leur courage. Quant à la dcfence, outre le grand nombre dcsn gens [[ui ("ont en France , qui montoit enuiron à vingt millions au temps du Roy Charles 9. iuiuant le dé- nombrement qui en fut fait, & les xinres 5c l'artillerie dont clic eftîc'urnic à fuffilancc , & la fituation fauo- rablc. rab!e, il y a tant de pinces foires, & de tous coftcz, qu'il n'y apcjc-cllic pays ou il s'en ttouue li grand nombic. Il y a Ucancoiip de chofcs qni ont eftc caufc de toutes CCS forccielles. L'vnL- crt , que lors que le Ro- yaume eftoit diuifc en phifieuvs ptincipauccz, 6c fei- gncurics, chicuii fortifioit ia frontière. L'autre que les guerres des Anglois qui furent quelque temps mai- lires d'vne bonne partie de la Franccfireut augmenter le nombre des fortetefTes. L'aflîettc des places , & la nature des lieux aydc à celle fortification, & auffi la diligence 6c inclination du peuple , veu qu'il n'y a peuc-eltre nation qui ayt plus d'induihie à fortifier que la Françoile , ny qui fe foucie moins pour cet cf fcd de la pe!nc& delà dtfpcnfe. Mais afin de confi- derer les chofes plus particulièrement , courons la France afin de voir vue bonne partie de fes meilleures places. le ne veux pas parler de Paris qui eftdu nombre, veu qu'encot qu'il n'euft aucunes murailles, comme auflj vcricablemenr elles fonc foiblcs en beaucoup d'endroits , ij y a rant d'habicans que cette ville ne peur rftre pnfe qu'à faute de viurcs. Corbeil (e fcroic fort au pofTiblc/i on oftoir le com- mandemenr de deux coliuix qui font des deux collez: maisccluyqoictlrn tirant au Gaftinois vers ia Mag- d ionc eu de temps auec vne moyenne garnifon. La viiie de Sens eft alTife fur la riuicre d'Yonne, F> palle au pied du cofté de Gaftinois , a de fort bons >!lez , & de bonnes murailles , & eft capable de de- ;nce. Auxerre eft for le bord de la riuiere d'Yonne , & eft icz forte place , qui commence en va vallon 3 & fe du Royaume de France. 59 hauflfe iufqu'au fommec du coftau , fur lequel clic eft bartie, ôc ou eft 1 ancien Chafteau fortifié de g. oflcs 6c anciennes murailles, qui feruoit ,adis de fort^relTe , & dcfencc à tour le pays en temps d^ guerre. La ville de 1 royc eu Champagne eft aulTÎ forte, & a de bonnes ôcforres .nurailles, auecde bonshabitans pyefts à bien faire aux occafiouv , auffi bien que ceux d Auxerrc. il y a dans Troyes quantité d'artillerie pour ce quecbque meilicr oblige les compagnons fepaf- dTS-Îr ' P'*''' la pièce d'artillerie ^ Chaumont en Baffigny eft auffi détoure ancienne- té clos de bonnes 6c fortes murailles, accompagnées de force tom^.& de bons foirez,& fou donjon fe Som- meHaute- feuille. Mais Vitry le Patthois qui a efté rebafty «f fortifié du temps du Roy François, comme cftant fur la fron. tiere de Champagm-, mais non au lieu ancien , ains en vn village appelle Montcourt, fut vn coftau qui eft à demie lieue du lieu où eftoit auparauant Vitty. Le Seigneur Hicronyme Marin Boulonnois fut em- ployé pour en faire le dcft'ein , & fuiuant fon plan cefte ville fut mi(c en l eftat où elle eft à cefte heure. . i'^f'ontiere de Champagneia place de ^.D.ficr.qui a eftc fortifiée à la Rcale,depuis qu'el- le fut rumce en l'an 1 ^44^ Montcreau q à eft bien auant dans le pays a vn cha- fteau fort, & d'alTez grande eftenduë. Meaux eft affil e fur vn mont, ayant la Marne au pied ducoftcde l'O.cident. & cefte ville eftfcparc.en deux corps . dont i'vn fe nomme la ville , & fautre le marche ou fort de la ville , Se ces deux lieux font diui- iez par vn rmOeau ou torrent côurant fur le roc , 6c le folTe eft profond & à fond de cuue , ôc au dedans de U ville on void le chafteau pofé fur vn haut , & qui com- mande au marché^ 11 y a de bonnes murailles.xiais ce. fte ville n eft pas fortifiée à la Reale. Chaalons en Champagne n'eft pas auffi vne place Mais fi nous venons à la Picardie , nous trouuerons près de la frontière d.s places forces au poffible, com- me Laon, la Ferte. S Qiientin. Peronne. laChapnclle, Ardrcs.Ham,D..tl.a,s, Corbic, Amyens).^ Abbeuille, & d autres moins fortifiées , comme Boulogne, Mon- ftrue,! Ardres & autres. SoilTons eft auffi vne place paiîablement forte & capable de dcfence. Beauuais qui eft plus auant dans le pays, & plus en tirant vers Pans eft bien fortifie. & fouftiendioit vn alTe z long hf ge Mais fi nous regardons Calais fur le bord de la mer , félon qu'il a efté bien fortifié par feu Monfieur de Vie longounerneur auec fon Richban, nous trou- uerons que cefte vi!Ie emporte le prix de h forrifica- tion entre toutes celles de Picardie, & quand elle fera achciîée félon le delTein dudit fitur de Vie , i'eftime qu il y aura fort peu à redite, & qu',1 y aura auffi fort - peu de moyen de l'offeaccr. Laogres eft vne place dont l'affiettc eft forte ce qui fe peut.&les murailles bonnes. Montefclair fut extrê- mement bien fortifiée auec de bons bouîeuartS & rem- parts par les Roys François l & Henry II pource que c eft la première place forte q n foie au pouuoir du Roy de France, venant dee * du cofté de Lorraine. Neucrs eft vne ville bien auant dans le pay? , clofe de bonnes murailles , & entourée d'aifez bous fn/T auec vn pont (ur Loyre. C<.fte place eft de bonne de- fcncc, & bien imporrance pour le pa{raoe. 1-3 ville de Boiirg'^s eft auffi accompagnée de fort bons foirez& bonnes murailfcs & eft voe des bonnes places de France, défendue d' vne tour de grande lefi- ftancc. Sancerreajîife au haut d'vne montagne,aeu dcquoy Dircours de PEftat 70 faire tefte aux plus Opiniaftres, mais la rébellion des H.igU' nots qui s'y vouloicni fortifier pour fe preua- loudupalfîgcde Loyie, fat cauic que Monfieur le Piince de Condc y ellant entré fit démolir fes murail- les l'an i6iu Et la ville de la Charité aulTi fur Loire eftc'pabled'arrcftcr d'alTez grandes forces. Ylfoudun en Beny eft aulïi vne place forte , & bien icmpaiée, ayant vu chafteau vn peu plus haut efl-rué, qui eft bien fortifié & flanqué,&: a de fort bons folTez. Aigcnton qui ..ft Tut les cxtremitcz de Berry eft bonne ville , ayant vn fort chafteau où il y a dix tours, ftpt greffes, ôc trois petites. LeChîftreeft aulTi clos de bonnes murailles, ac- compagnées de fortes touts, & entourées depcofonds fûlïez. , , L.i ville de Tours eft bien fortifiée, &ade bons foffez, *i bonnes murailles auec laiiuierc de Loire qui la boide, & qui la rend place d'importance. Le chafteau a Amboii e qui eft à 7 . lieues fur la mef- me riuicre tft aufTi tenu pour vne des bonnes places de France. ^ e -c Saumur fur la mefme riuierea eftc bien fortifie, a de bonnes murailles : mais le chafteau principalement donneroic beaucoup de peine. Les fortifications ont eftc abbatucs par commandement du Roy Louys i j. & les follez du Chafteau comblez pour empefcher le deircin des rebelles Huguenots fur cette place impor- tante, àc.-iufcdupaffjge deLoyre,cefac l'an i6ii. Le chafteau de Loches eft aulfi fort au potTiblejeftant afTis fur vn haut rocher, n'y ayant qu'vne feule entrée, d fendue d'vn gros boulleuarc, de fortes murailles , & d. doubles foliez , qui font fort profonds & fortjlar- g s, & il y a fort ptu de moyen de batrrc cefte place fi ce n'cft en biifanc le rocher , qui a en fa circonférence en longueur & largeur ,'de raille à 1 1. cens pas , & de lefapperileftimponTibîè, veu que les contremines y font di fia faites, il eft au gouuernement du Duc d'Ef- pernon. i r rr Angers eft vne bonne & forte ville , dont les fodez f jnt prefque cous à fond de cuue, & les murailles for- tes & bonnes. Mais fur tout le chifteau eft vne des meilleures places de France, ayant fes foffez dans le toc , & ertant tout fortifié suffi bien qu'il eft poffible. Et cefte villç eft fort importante comme eftant fur la riuierc de Sai te, & près de la riuiere de Loire. Et Pont de Sé qui eft vne iicuc loin d'Angers & fur la riuiere de Loire f ft vne alTî. z bonne place. La Normandie a pluficuis bonnes places dansle pays , comme Rouen qui eft capable de fouftenir vn long ficge , & qui a jadis arrcfté de grandes armées , il y a dedans le vieux Palais qui fert de fortereffe &c de citadelle à la ville. Bayciix eft vne ville affez confiderable. Falaife eft tellement afîîfcqu cncor qu'elle foie po- fée en vn vallon , &c enuiionnée de montagnes dctous coftez, toutcsfois toutes les a»enu'és,& les faux bourgs fonr plus bas qii'elle:& fur tout tlle a vn bon chafteau, qui e ft (ur vn roc, qui com.mande à la ville 6c a de fort profonds foffez, & de bonnes murailles. Cacn qu'on tient pour la ftconde ville de Norman- die , Ôi iufqucs où le flot de la mer arriue , de mcfme qu'il fait à RuUcu , d'où il paffe encor plus outre , n'eft pas vne des moins importantes places de Normandie, eftant grande, & moyennement forte , & capable d'af- lez longue defcnce , mais fur tout elle a vn chafteau bafty fur vn roc, & fortifié de fou donjon, au miheu duquel il y a vii-e tour carrée d'admirable hauteur & g.offeur, qui eft flanquée aux qu-itre coings d'autres quatre greffes tours,& a de bons foffez à fimd de cuue, & ce chafteau a vne fi grande cour> qu'on y peut mct- tie cinq ou fix mille hommes en bataille. Autanchescft auffi forte , eftant affîfe fur vn rocher affez roide, où la mer vient lors qu'elle eft en foti plein flux, & cefte ville fortifiée de bonnes murailles, & entourée de profonds foflez. Vous auez près du long de la cofte Honfleur , bop« ne & farte place,de mcfrae que Dieppe,où il y a quan- tité de canons. S, Valéry en Normandie -, autre queccluy de Picar- die, Cherbourg , dernière place que le Roy Charles 8. ofta aux Auglois , quand il les chaffa du Royaume , le mont S Michel, enuironné de tous coftez de ^Ocean^ & le fort del'ine de Zcit fait contre les courfcs des efcumeurs de mer. Mais fur toutes les places de la co- fte de Normandie , il faut eftimer le Havre de grâce, fortereffe imprenable , dreffée par le Roy François I. pourfair? teftc à i'Anglois.veu qu? fonaffierte eft bon- ne au pofiSble, fors que d'vn cofté où il y a quelque colline qui femble luy commander , & toutesfois ne luy fçauroit gueres nuire. En Bretagne vous trouuerfz Rennes capitale du pays , bonne &l forte ville , Nantes ne luy doit rien en celle partie. Dol.Vannes,Quinpercorentin,i: S.Maio. Mais Biauet , & B. ( ft emportent le prix fur toutes les autres places, qui font du long de la cofte , principale- ment en fort grand nombte,& bien fartes. En Poidou vous auez la ville de Poiâriers.qui a foii- ftenu prcrque de noftre temps en vn fatieux fiege qua- tre vingts mille- hommes.Miilk.zsy la Ganache, S. Mi- chel en l'Her, qui a rcfifté durant les troubles à de longs ôc furieux affauts, Niort, Fontenay, & Chaftelle- raud, toutes affez imporrantes. En Xain£fconge il y a Xaindes^où l'on a fait vne des bonnes citadelles de France , S.Iean d'Angely mainte- nant réduit en village auflS bien que Pons pour leuc rébellion de Tan 1611. par commandement du Roy Louys XUI. en après vous auez Blaye, place forte fuc la riuiere de Bordeaux, & en Angoumois vous auez Angoulefme , qui eft affez bien fortifiée . mais fa cita- delle, ou fon chafteau fera toulîours plus de refiftance que la ville. Mais au pays d'Aunis Vdus auez la Ro- chelle port àz mer, & vne des clefs de France, capable de donner beaucoup de peine à de foit grandes ar- mées; nous en parlerons cy après: allant plus auant vous ïcncontrez Perigueux, vilie bien fortifiée, & qui n'eft cominanJce que d'vn cofté , d'où elle a encor moyen de fe défendre aifément. Pour le Limofin fa principale ville a donné |adi$ beaucoup d'affaires à de grands Princes , & Vzerche eft en telle affiecte qu'on l'eftime du tour imprenable. Toutesfois il a cfté ruiné l'an 16 vj. pour le fub/eâ; de Monfieur d'Efpernon , qui s'en vouloii preua!©ir, &c ce par le Marelchal de Schombe rg. En Auuergne vous auez la ville de Clermont , qui eft affez forte, & les chaftcaux d'Vfon &: de Nonnette, qui fe peuuent dire comme imprenables. Mais fur touc il faut faire eftat de S Flouraffisfur vn roc fort tflciié, & taillé tout dtoid, qui rend la place prefque hors de moyen d'eftie prife. Vous voyez après Moulins en Boutbonnois , place affez confiderable fur la riuiere d'Allier, qui n'aiaroais cédé à l'effort des ennemis durant nos guerres derniè- res. Montagu en Combraille eft auflî capable d'afftz de defence. Quant à la Bourgongne elle a pour fes principales places fortes, Dijon , Ghalon , Seurre, Auffonne & Ijeaune , auec vn chafteau fort au poffible , outre vn grand nombre de petits lieux allez forts. Le chafteau de Talan près de Dijon eftauffivne bonne place. Autuiieftauflj ville d'importance , & que nos der- nières guerres ont mile en meilleur eftat eue iamais, & la ville,S: le ch.iftcau de Semur peuuent faire grai'> de refiftance. Près Prcs de Lorraine Se de l'Allemagne vous autz la vil le de Mets,qui arrefta fi longuement l'Empcrciir Char- les V. aucc vn grand nombre de canons, Se vnr armée qui dcuoit donner de l'ctiiov à tout le monde. Vous aucz aijfl? la citadcll.- , ad..'couronntr,5c JecIurtrleiRoysdeFran- ^5 ce tels auant que 1 s François eufTcMÎ receu la foy de Icfus Cbnft.c'tft-jitdcil u°rle R,)ycouionnéfus vn grand bouclie' o.\ pauois , & le poicet fur les efpaules, en luy hidant faire ainfi trois tours autour du camp, & les affiftans crioient qu'il eftoit leur Roy ; &C mcfmc on tient que ctfte couftum.'a duié depuis le Chriftia- nifme en toute la race des Merouingiens* Car la lain- â:*: Ampoule, que ie crois auec beaucoup d'autres a- uoir efté enuoyée du Cicl,fut feulement pour feruir aa baptefrae du Roy Clouis , & depuis au facre des Roys de la féconde & tierce lignée. O'i a faci é la plufpatt de nos Roys à Reims en cefte forte. La MtfTe commen- cée, le Picft.cfe tournoit auant l'Epiftre deuanr le Roy , & luy cxpofoit la foy Catholique , luy deman- dant s'il la croyoit, ic vouloit défendre. Le Roy ayant tefpondu qu'ouy , on luy apporcoit le ferment qu'il li- foit, 6c foubfignoit , ledit ferment eftoit tel: le N. par la grâce de Dieu prochain d'cftre ordonne Roy de France , promets au iour de mon facte deuant Dieu & fes Sainàs,queieconfcrueray lepriuilege Canonique, loy,5£ iuftice deuè à vn chacun de vous Prelats.Sc vous defendray tant qucic pourtay ( Dieu ay Jant ) comme Roy doit pardroift défendre en ton Royaume chacua Euefque, ôc Eglife commife, & odroycrsy au peuple ï nous commis defence des loix en leur droid, confi- ftant en noftre authorité. Ce ferment eftant leu , le Roy le mettoit enrre les maius de l'Archeuefque de Reims en prefence de beau- coup de Prélats , qui s'y trouuoiem. Ce fait ledit Ar- cheuefque prenant la crofTe fainft Rcray > reciroit comme le Pape Vi£tor auoit donné parccftc crofTe» tant à luy qu'a fon EgUic le pouuoir de ce Sacre. Lors il eftoit déclaré Roy par ledit Archeuefque , & autres Prélats & gens d'Eglife. Puis les Grands du Royaume, & après eux les Cheualiers , ôc le peuple l'approuuo- ycnt tous d'vne voix , ctians par trois fois , Nous l'ap- prouuoijS.nous le voulons, foit fait. Et foudainon chan- toit , T t Deurn , & lors l'Archeuefque facroit le Roy. Puis eftant retourné en fon fifge , & afîis on apporroïc le priuilege donné par le Pape Vidor, qui eftoit de- uant les Ptelats. Voila en peu de mots la cérémonie qu'on obferuoit, & qu'on doit encore faiurc. l'en ay retranché beaucoup de formalitcz , pource que i'ay creu qu'elles feroient ennuyeules. Quant aux Régences elles fontordonnées ou pour la minofitéjou pour l'abfcnce ,ou pourl'indjfpofition des Roys & ceux qui ont efté Régents , ont difpofé de^ toutes chofes comme s'ils en tulfent efté yrays mai- ftres. Les fils de la maifon de France parragcoient an- ciennement par efgalçs portions , fans qu'il y euft droiiSt d'ainelfe, 5c les bailards auoiie z heritoient auec les légitimes : & chacun tenoic fa part en tiltre dé Royaume. La troifiefme lignée a du tout rejetté les- baftards , non feulement de la Couronne, mais auffi de l'adueu ,& furnom de France, qui eft permis aux ba- ftardes des R(>ys,6c depuis Hué Capec les puifnez des Roys n'ont eu que des partages ptiuez,6c mefmes il fut aptes otdonnéen l'an 1x83. que les puifiiez ne pour- j toienr quereller ou demander cert.iinc légitime part» ou quote leur cftre deuc en la fuccellîon du Roy lcu< : perc, ainsfeulcment prouifion pour leur viure , ifc en- tretien, à ia voJontc de leur pere , & s'il ne l'ai'oitdc claté durant fa vie , à la volonté du Roy leur frère re gnant, fans qu'il leur fuft permis dw fe plaindre d'vn- trop petite portion. Mcfdaraes les filles de France, s'il y a enfins mafles, n'henc(e:i: n'hcritrnc qu'es m-iiblcs & acqucfts , feloii la loy Sa Iiqiic,5c fonr aufîî petpciuelUment cxclufes de la Cou- ronne par coultume, & loy paiticulierc de la inaifon de France fondée fur la magiianimicé des François.qui ne peuuencfoiifFiir d'cftrc commanrit z par des fcm- mc$ feules , Ôc fur ce qu'elles cuircuc piî par mariage traniporrcr la Couronne à des elbang rs. On a vcu que Mcfdamcs de France nuriccs à moindres que Koy, du Royaume de France. .j^w iT.wiua.ii^,«^ i i4u^t iiuiiccia moinaresque K.oy, ce uy oui fur tué oar If ^ j * - cftconcappelIecsRoynesauec leur nom propre. CcU Bourgogne apref lu! f^fiT^r'"'"' honneurleureftoudonnédurantleursvies.pourmoa Louvf l^fiX' ^'^"^ ' P"^ honneur leur cftoïc donné durant leurs vies,pour mon ftrer qu'elles eftoient tilles de Fiance. Le (urnora de France apparrienc aux filles des Roys de France, Ion qu'elles fuient nées auunr, ou durant leur règne. 11 clt ▼ray que celles qui font nscs auparauanc ne le prennent qu'après l'adaenement à la Couronne : & Ci elles fonr filles du fils aifaç du Roy , elles font appellecs Mefd i nies des leur naillance , pour l'alTcurance que le pere a de regner,s'ilne rneurt.Les autres nedoiuenc cftreap- peilces que M .fdirnoirelles , & après l'aduenemenc Mefdames, au;c le ("urnoin de France. Des Duchcz &: Comtés , Pairies finiples & pariicuiicrcs , reiincs à la Coufonnc dt France. 7$ Or/eant, Duché & Pairit. Orléans futcr.gcen Duché 6c Pa.rie, pour er, ap- panagecle premier fils de France après l'aifné Se le Dauphin : A ce riltre le Roy lean le donni i Phd.ppe de France fonfurre, qui décida l'a« .,9..De,u«. Charles VI. le donna au Duc de Touraine Louyi for, ^rere . à Ja charge de ne tomber en quenou.ile. C'eft celuy qu, fut tue par le commandement du Duc de Bourgongne, Duché ^ P^me. BOVR.GONGNE, Royaume venu à Clouîs par fa te.umi Clotilde.fiik de Gundebaut Roy de Bonr- gOf=iic,fjt depuis diuisc en Duché (Se Comrc: Le Duché d nieura à nos Roy4,le Camréaux Empereurs. Henry 1. Koy d : France, bailla a fonfrtce Robert de France, le Duché de Bourgogne l'an lojo. &lapoftcriic de ce Roberc a jouy Judic Djché , iufques en Tau 1 561. que Pn lippes H. Dujdj.lirDj hé Jeceda fau^enfans , 6c par ainiî ledit Duché vint au Roy lean par proximité de lignage, ( non par droit de recour à la Couronne, :om.n'l'a cfctir du TiUec. ; Le Roy Ican donna la Duché en appanage i fon fils l^hilipp le Hardy , à la charge de reuerfio i de plain à la Couronne , faute d'hoirs mjll'S,&futtuéàlabacaillede Nm.y , l'an mil quatre cens feptauce.fix , &p3r fa mott le Duché Fut riiiny à la Couronne, fous le Roy Louys XL après quelques difputes. Normandie, Duché Pairie. Normandie fut érigée, comme Ton dit , en Da;hé, Se Pairie l'an neuf cens douze , par Charles le Simple, nais fans prcuue. Lepaysa efté polfedépar des D its )articuhers, iufques au règne de Philippes Augùfte, jue la Normandie futreii.iie à la Couronne, pir la clonnie de lean fans terre Roy d'Angleterre. Les An- ;lois l'ont depuis querellée, & po(r<.dee trenteans , 3c lepuis remile en i'obeyffance du Roy Charles V H. Et n fin Louys XL l'ayant donnée à Charles fon £crda étira. Se la ifiinir à la Couronne. Guyenne, Duché Pairie. La Guyenne fut premièrement érigée en Dachê par : Roy Charles le Chauu-- l'an Ui.&c depuis v. Itablie ar le Roy Sainft Louys l'an a. 9. l'Anglois l'ayant te- ue long temps, l . y eut arreft particulier pour ce Du ^h- , du temps de Charles V & exprcfTe reu'iion à la -o^roune : Louys XI- le bailla en appanage a fonfr<- P Ctiarlcs.acondifion que le Poidou ,'y leroir corn . & mourant led c Qiacles fa.isenfaus. ce Duché ut inleparablemenc riuny au Domaine du Roy . fans npouuoiteftrediuisé. ' Brfagne, Duché & P airie. Bretagne. Duché tr,gé-n Pairie par leRoy Philip- cs le Be ,1 an 11^7.^ reii,.y a la Couronne par le Roy onncesi Nantes. Louys XL fut Duc d'Orléans. Alenc on Duché dr Pairie, Alençon ancien Comté poUédé par Seigneurs par- cjculiers . iufques à ce qu'Helie fi,, &t,itietrde Robert d Alençon . yfiTuë d'eux , qu. donna ce Com- te au Roy Philippe Augufte, du depuis le Roy S Louyt le donna pourappanage à Pierre fon quatriefme fils. & mourant fans cnfuus le Roy Ph lippes lll. le donna a fon fécond fi s Charles , lequel eftane Roy , en appa- nagea Ch.tks fon frère puifné, les defcendans duquel en ont puy , & a efté érigé en Diché & Pairie pac "^f^l" y'/'P7'"^"ï^""i" .4.4. & y demeura .ufqu a Charles , d.rnier Duc , q ii mourut l'an .sDi4ché (tf Pair e La ville de Nemours for engee en Du'hé & Pairfc parle Roy Chule. Iix.efme . pour Charles deux-ef- me Roy de Nauarre. le n -ufief^e luin mil quatre cens qtiatre, pour recompenfe d'^iu ^ux , & aurresterrrs qui auo.t en Normandie. & reuenu a la Couronne parle deced,dud.tRoy.rnortfa.se,,fans mail s Du depuis a Mte bai lé à Philippe de Sauoye auec autres pour cent m.lle liures, & à ce turc en jouic Monlieuc le Duc de Nemours, q ii eft à prefenr. A.tgoulefme Du. hé ^fr Patrie, Angoulefme Comcé a fouuent rhangé de mains. des Comtes particuliers eu ont joUy , pu,s vint au Roy Philippe^ le ad , & à fes e .f.ns Roys de France. L' i dclquels fçiuoir Louys Hut.n eut leanne Co.nteire d ^ingouldme.qui efpoufa Philippes d'Eureux ; puis v^harks.i dpagnc en fit Comte, & en après le Roy lean le bailla aux Anglois. Charl es V. difpofa de.uis dudic Comte , & de luy vint à le.n de B.rry (oa fcere , qu, le rendit à Charles V I lequel le donna en appanage à fo-, frère Louys D..- d'O leans . &c de luy 11 vint au Roy François pte«,« , que l'on appeiloit G 4 Dircoui's de TEftat 74 le Comied'Angoulcfme.Sccnfutleder.nti Comte,& 1 luv-mtfmc l'trioca en Duché l'au 5. rvnilliut &: incorporant anectous fcsrac.nbies à la Couronne, & n'en fft depuis focty que par engagement, ayant clic baillé à Mj'lame Diane l^-git-rncf de France , hllc na- turelle de Hen^ U. àk h-'g' d'îii.uctftonà U Cou- ronne aprcst^ m. it ToircsfotsleRoyLouys XIII. ï prefcnt reg...r.nr a contin.x cet engagement après la mou de l idîtc D. me.au.c lamclmeciaufcàMonheur Châties de Valois , Comte d'Auucrgne, que la Cour n'a encore vérifié. Cha/iilleraut Duché & Paine. Chaftt Héraut fat eiigé en Duché & Pairie par le Roy François I. en faueut de M. François de Bourbon, en Février 15 •4. Madamoifelie de Montpeofier en jouit à pielent par engngement. COMTEZ ET pair; re unies à la Couronne. E S Pci^OH C«"iiè & Tairit. LE Comté de Poiéboa fut confifqué fur le Roy d'Angleterre pat le Roy Philippe Augnfte , l'ayant vfurpé pai fclome ; Se depuis fut érigé en Pairie pour M, PhiUppcs de France, dit le Long , par Louys Hutin fon ficte en Aouft ijis- La Marche, Comté & Paine. Le Comté de la Marche fut érigé en Pairie par ledit Roy pour M.Charles de France.du le Bcl,en Mars 1316. 1 EureuXy Comté & t'anie. II y a vne déclaration du Roy Charles le Bel , de la création du Comté d'Eureux en Pairie pat le Roy Phi lippes le Long i s , Ces trois Conitez Paities furent rcunis à la Cou ronncpar I aduenemcnt à icelle des Roys Philippes le Long.ôc Charles le Bel, au mois de luillet i4jé. Jrtcù, Comté é- Pairie. Le Comté d'Artois fut érigé en Pairie pour Robert fécond fils de S Louys, parle Roy Philippes le Bei en Septembre 1197. ^ "'e^ P^"'^ ""^ tonne. Mafeon, Comté & Pairie. Le Roy lean eftant prifonnier en Anglcterre.Char- îes Dauphin.Regent en France donna à Ton fccre lean Comte de Po.6tiers , le Comté de Mafcon , & 1 érigea en Pairie pour luy & fes hoirs maflcs defccndans de luy endtoide ligne:les lettres font de Septembre .^59 Du depuis le Roy retourné en France , catTa cette do- nation , & donna à fon fils lean les Duchez de Betry &:d'Auuergne, & fut faifte vne déclaration en No- ucmbre 1 jéo. de rclinion perpétuelle du Comté de Mafcon à la Couronne. Touresfois par le traidé d'Ac- ras , Mafcon fut donné au Duc de Bourgongne , & de- membïédt la Couronne, mais par la mort dudit Duc de Bourgongne Char'es, ledit Comté fut icuny par lettres du mois de Mars 1 47 6. Poix, Comtés Tairre. Foix Comté , fut érigé en Pairie par le Roy Charles VU. pour Gafton de Foix, en Aouft 1458. BeaumoHi le Roger, Comté érTairie. Beauxnont le Roger fut érigé en Pairie par le Roy Philippes de Valois pour RoDcrt d' Artois, en lan- uieE J328. DVCHEZ SIMPLES icliuis à L Couronne. T raini Dv l é. Touvaine fjc érigé en Duché parle Roy I?an l'atl mil rroi cens cipqna e , en faueur di P nippes !on qnattiefme fils, du de uis furnoramé le Hardy Duc de B utgogne» ^ , , Soijjorts Duché. SoilTons fut crigé en Duché par le R< y Louys XIL en l'année i)Oi. Chartres Duché. Chartres fut érigé en Duché par le Roy François I. l'an 15 xi!, en confidcrnuon de Madame Renée de FrancejDuchefTe de Fctrate, Monfieur de Nemours en joiiit par engagement. Eflampes Duché. Eftampes fut érigé en Duché pat le Roy François l. l'an 1 5 }é. Monfittur de Vendofme en joiiit par engar gement. VahU Duché. Le Comté de Vallois fut eiigé en Duché par Char- les VI. l'an 140'- Beaumont le Vicom'e Duché. Bcauraont le Vicomte fut faift Duché par François I. l'an 1545» Montargù Duché. Montargis fut érigé en Duché l'an 15 60. pat le Roy Charles IX. Bourbon Duché- Bourbon aeftélong temps fimpleBaronnie.iufques au temps de Charles le Bel , qui l'etigeaen Duché l'an ' 152.7. pour Louys de Cleimont.fils de Robert de Clci- mont,& de Beatrixde Bourgogne, Dame de Bourbon. DVCHEZ SIMPLES & particulières. LorgueuiUe. LOngucuille fur érigé en Du^hc par le Roy Louys X 1 1. l'an 1505. pouc François d Orléans Comte de Dunois. Tou:euiUe. Touteuiilc en Normandie fut fait Duché par Fran- çois l. en faueur de François Comte dcS.Paul , elpou- lant Adciane Dame de Touceuille l'an 15 }4' Cheureufe. Cheureufe fut érigé en Duché par le Roy Henry II. l'an 15 5 j. en faueur de Charles, Cardinal de Lorraine: Monfieur It Ptmce de loinuille en joliyt à ptefent , en porte le nom & les armes. Atbret. Albret fut érigé en Duché par le Roy Henry 1 1. Rouannez fur U\dt Duché par le Roy Charles I X., en faueui de MeflîreCUude Goulïia , grand Efcuycc de France, enNouembre l'an 1566. "Beaupreau. Beaupteau fut créé Duché pat le Roy Charles I X. rSoi/fy. Le Marquifat de BoilTy fut érigé en Duché pat Charles iX. i'an .5^6. Cha/le»tt Th eTry,ChafiMonfurMa'ne,& Pjperney. Ces trois feigneuries furent érigées en Djché pat Charles IX. pour François d'Alet-çonl'an i jéé. Eurenx. Eureux fut créé ea Duché par Charles IX.l'an 15^9* Bnenne. Brienneen Champagne fut érigé m Du. hé par le Berry Dtché. Roy ^^^H ^'^^ ^^^7' ^^""^"^ Comte de BErry fut érigé en D.iché par le Roy lean 1 ? SO'*" Mauleurier. fâueurdelontroifi fTicfils lean : lapofteritéde , ., ^f^'* o iu-.f.ueuc ce lean finit en filles l'an Z4i7. & ainfi ce Duché fut Crouy fut engé en Duché p« Henry IV. eafaaeut tcuny à la Couronne. ^^'^ ^ Atfcoc, ^ du Royaume de France. Duc. ^ fejr fut eiigc Cl) Duché pfcr Philippes de Valois r.in ijij). Monfieut le Duc de Lonaiuc ca cil Seigneur, ruais il en teconnoii le Roy en partie. LES DOVZE D E ANCIENS France. PAIRS IL y a douze anciens Pairs en France , diuifez en fix Ecclefiaftiqucs & llx Laïques.Entre les fix Ecclcfia- ftiques fonc trois Ducs & trois Comtes. Les Ducs font l'Archcuefque de Reims Duc &: pre- mier Pair Eccleûaftique. L'Euefque de Laon, Duc & Pair. L'Euefque de Langrej,Duc & Pair. Les trois Comtes Pairs Eeclefiaftiqacs fonç, L'Euefque & Comte de Noyon Pair. L'Euefque & Comte de Beauuais Pair. L'Euefque & Comte de Chaalons Pair. Les lîx Pairs a::ciens de France , Laïques font trois Ducs & trois Comtes. Le Duc de Bourgongnc premier Pair. Le Duc de Normandie. Le Duc de Guyenne. Le Comce de Thoulouzeoa Comte de S.Gilles. Le Comte de Flandres. Le Comte de Champagne. C'cll vne pure fibie de vouloir tirer l'origine des ?aits des le temps de Charlemagne, d'y vouloir aulTî iflSguer vn temps certain , e'eft vouloir alTeurer d'vne :holc incertaine, & qui n'eft que de coiiie£turc. L'on fait toutesfois vne remarque, qui femble don- ler visée à cet eltabliirement. Que dcuanc le Roy Zharles le Simple, rout eftoit à pcuprés Domaine Ro- "1, & les Prouinces autrement départies qu'elles ne 'on: efté depuii : le Roy fi faut la parc à (es Tujets à a voionté. M us fous Charles le Siaiple il y eut gian- e décadence dcd'aurhurité & de puifrance;c3ron veid c Royaume diuisc Hc partagé en ("ept grandes & prin- ipales Piouincesdi6tesComcez, Marquifats,& Du- h'z au Doinaine Royal , &: en ptuficurs moindies (3c ictitei. Comtez, dont les vues dcpendoicnt des fept l'us grandes, comme fiefs^fubalceroes , siufi qas les Jomttz d? Touraine , Anjou , Blois 5c autres depcn- loicnt du Comte ds France. Quant aux grandes \z prenviere & principale des fpc , tut celle q l'on difoic de France, &i de Paris, qui u commencemrnt comprenoit fous foy le pays d'en- rc la Seine 5c la Loire, iufques aux frontières de Nor- laniic. Mais Hugues k grand l'efttndit bien auaut edans la Picardie. Les autres eftoient le Duché de Bourgongne, la farttiartdie, la Flandre, l'Aquitaine & le Languedoc, nfcnommoit lors Gothie , & celle tjue le Comte ebert auoic fous le titre de Comte de Verman- »is , s'eftendanc iufquts en Champagne , Brie & icnrdie. Or comme ces fepc Prouinccseftoient les plus gtan- s & principales de coure la France : auflî ceux qui îobtindrent, ne flirenc pas feulement les plus puif- lits entre les Seigneurs de la France , mais aulîî s'at- ibucrent le titre de Prince , Primats & Sjpirrieurs de ance , enfemble aîiilî Princes de leurs Prouinces des fubjeds aufquels ils commandoient. Les rands fi puiUints vfurperenr vne telle domination, 'ils •ntrercni en jaloufle du Roy , & abandonne- it Charles le Simple , pource qu'il vouloir cfleucr d'giiitezfic charges par dclfus eux vn de fês Con- llers nommé Sagano , qui eftoit de bas lieu , & le fcdoit du tout. Cette puiiTance donc contre les rc. s fut telle qu'elle rendit les Roys contemptibles jr leur foibleirc , iufques à Hugue Capet & fous le de Capet , mfques à Loi:ysle Gros , & fcs fuccelTeuts prcfquc égaux, ne Icur'portant pas le rcipcd qu'ils fi- ant diçpuis. Si ces Grands eufTent pris le nom de Pairs, comme les noftres d'aujouid'huy , il eft fans doute qu'ils euifent efté ainG nommiZ pour cftrc Pairs eigaux en authoritc aux Roys , parce qu'ils l'eftoicnî en eifc6l.Cependant fi Ton conûdcre les qualirrz.con- djcions,droirs5c ptiuilcges donç ces Grands jouiiroierj on ne trouuera pas que la dignitL- de Pair en ait porré d'autres auec foy, depuis Hugue Capcc , ce qui fiic croire que les Pairs qui ont luiuy ont efté formez fjt ceux- cy.eft qu'il n'y en a auçun de ceux qu'on appelle Laicsjqui ne fuft fuccelTeut de ceux qui eftoienc g ands &C Prmces cy deiKis. De forte q le ii H igue Capet fe fuft aduisé de donner fon Duché de France àquelq j'vrt de fçs enfans,rans le reiiiiir au domaine Royal, comme il fit , nous euûllons eu fepc Pairs, parce qu'il y auoic eu fepc grands &: pnn-ipaux Princes atiparauanc.àcau- fe dequoy leCom.é ou Duché de Biecagne n'a efté mis au nombre des Pairs rb.cn que U Proumcc foiç grande,ôc depuis Charles le Gros iufquts audic Caper, elle fuc delaifn-e des Roys à caufe des sffvres qu'ils auoienc plus proches , & n'eue de Piinccs dur..b!es , à caufedes guerres ciuiles , donc cette Pio.nnce fut fort irauailice. Il n'y a point de doute que les Comtes de Cham-^a- gne n'ayent fuccedé au lieu Se degré que le Comte He^ bcrr tenoit entre les Princes de fou tcmpssd'auranî: que fa principauté fuc tellement diuifee entre fcs enfaris qu'elle perdit ce nom : Se que Thibaut le vieil Comte de Tours , Se de Ch ules qui aiioit efpousé l'vne de fes filles, femble s'eftre aduan 'é en fon lieu , eftant deue- nu puiffanc en Champagne , & y ayant vn pied par lé moyen du mariage de fa femme. Or Hugue Capec eftant paruenu à la Couronne, pour s'y eftablit fut contraind de laiiTer cenir à vn cha- cun ce qu'il poiredoic ja de fief de la Couronne de ^ France, fign^mmcnt de teconnoiftre les grands Prin- ces Primats 5 à fçauoir ceux qui eftoienc en po(re(îîoa des grands fi. fs Royaux, comme Duchez & Comtez,- comme fes efgaux , hormis l'hommage & le fer^ ment de fidehcé , qu'ils dcmeurerenc tenus de luy porcer. De là polîîble font venus nos Pairs , qui n'ont rcfté que fis militaires , parce qui eft dit cy dtirus ; d'autant que Hiigues reiiaic !e Duché de France à la Couronne & au domaine Royal, qui en auoic tfté démembré par fes anccftres,dont la ville de Paris recommença d'cftre la Ciié Royale , qui auoit cefsé de l'eftre. Ce qui don- ne anlîi à entendre pourquoy ny les Ducs d'Anjou, d Orléans, Chartres , ny de Tours , n'ont iamais efté mis au rang & norrbre des Pairs , d'autant qu'ils dependoient du Duché de France; voila vne conie6èu- re de Vigner , alT; z bien fuiuie & ttcs vraye fembîa- ble, pour ne dice certaine. D'autres comme M<îflîeurs Pa(quier & Loyfel pour ne pénétrer fi auant , tirent l'origine des Pairs des Patrices de Conftaniinôple , & en allèguent beaucoup de raifons : Mais d'autres les improuuent du tout. Or l'opinion la plus fuiirie, donc eft autheur M. Pythoh , eft que l'origine de nos Pairs ne doit cftre tirée d'ailleurs, quedel'vfagc com- mun des fiefs,qui eft que les vofiaux tenans fiefs mou- uans plcinemenc & diredement de mefme Se igneur, fonc appeliez Pares curie ant dorniu , qui n'eft à dire aurrechofequePaiisdefiefsou deCour .quiaiTiftcnt au Seigneur , quatfd il prend poifeiTion de la terre , fe rrouuans aux iours, iugemens des caufes des fiefs, auec le Seigneur, & ont plufieurs droidts qui leur font cofn-. muns par proportion auec nos Pairs de France,lefquels en cette qualité aftiftenc au Sacre & CouroonemenlL du Roy, font CanfeiUers de la Cour de fon Royaume, qui pour ce cil appelles la Cout des Pairs , où fe 7^ Difcours de l'Eft.t uai£kcntpat leatsaduUlescauCrs dcsfia"s don mans, c'trt à dite du Domaine de la Couronne , & Cflies 4111 en dcpcndeîir, comme- eelisrs qui concernciu Icb \\^\ty. Tellcracnc qu'en vn moc Pair de Fiance u'etl aucte cho.c, que tçnant du Royaume. Par cela il apn rt que tous Barons qui tiennent fiefs Royaux, comnie Duchfz, Comtcz , & tels autics mouuans nuèment du Roy , à eau ;e de fa Couronne, Te pourioienc dire Paiis du Royaume. Tels quclrm j blent auoit cite , tors de l'indicution des Pairs deFran- celés douze Barons qui eurent ceT lire, fçauou les Ducs de liourgon^ne, de Normandie , tk.c. qu'aucuns pour cette railon oiîc appelle Pairs de dionît commun, les voulans diltinguer de ceux qui. l'ont depuis eftcpar priuilege. Of l'on ne peut cotter temps plus propre à cet cfta blilFcment , du moins en ce nombre , q.i'enuiron le règne de Louys le Icune , fils de Looys le Gros: car auant ce temps partie de ces Ducnez n'auoii encore ce titre , ou eftoient entre les mains du Roy, ou polTedez par aucuns qui ne tenoient ce rang de Pairs , & qui me(me ne reconnoilloient du tout le Roy pour fouuerain. Ce quia concraind quelque^ vus de rapporter céc eftabiilfemcnt à diuers tempi: Mais au temps de Lonys le Icune toutes ces Pairies cftoient polî. dées pat lems Seigneurs particulieis, qui les tenoient du Roy , & luy en auoient f ut hommage, comme de fiefs mouuaus & dependans uuémenr de ia Couronne. Lors que Henry le leun^ fils du Roy d'Angleterre, cftoit Duc de Normandie , & en auoit fait ho.nmage lige au Roy Louys , comme fonfiereRiclutddu Du- cliC de Guyenne. Eude tenoit à mefme titre le Duché de Bouj-gon- Fbndv es ne tcconno'.ft p!us le Roy de France au moyeild. scenoiiciuio.is df Fr-mçais premier. Ch imp^gn. f ic v,ii" à "a Co iro.'ne partecompcn- fe fi;c" ''Cn d.oidi pteccndjj pit les defceadans du Koy Louy> Hutin. n < Fairs Ecclejiafltques. cft à not.r que de tous 1 s Prélats de France , it fn acftc rais aucun au nombre des Pairs du Ro- yaume, q'i* d ceux, dont les Euefch< z 5f villes Cathe- diaies tftoient anciennement comprifes fous les villes & pays , q ji furent referuez à C larles le Simple & à fon fils pour le fiege & domaint Rnyal , & où ils de- meuroient ordinairement. Laon& Noyon, notez parles Hiftoriens,poureftre les lieux du fe)our ordinaire des Roys de France : ainû Louys d'O Jtre-mer conquit Langrts , «Se la prit en fa particulière fauuegîrde , & l'an 5)80. le Roy Lothaire, & le Roy Robert l'an 1050. y mirent de leur autho- fité des Euefques, fans attendre qu'ils fuifeiit cfleus, ce qu'ils ne failoifnt ailleurs. Pour Beauuais on void que le Comte Eudon du temps dudit Roy Rabe-tt enu;ron l'an mille quinze, donna le Comté de B auuaisà i'£uefque Roger. L'on remarque qu'il n'y a pas p us de 400. ans que l'on appelle Beauuais Pairie. Pour Chaalons, il elt cer- tain que des l'an 965. il n'eft fub;"e(5b à aucun des. graads du Royaume. Et les Archeucfqaes de Reims, de ce tçmpi-là eftoient en très- grande authorité par deffus les autr* s grands du Royaume, ayant défia le Comte dç Reims le droift de battre monnoye,oâ:royé par Louys d Oatre-mer l'an 9^7. & fut érigé en Du- ché ôc l ame pat le Roy Robert l'an 1079. gne. H^nry le Large , frète de Thibaut de Chartres , le Comté de Champagne. Phihppcs de Flandres & Renaud fils d'Anfovr, qui eft autrement ?ppel!é le Comte de laincl GiUes ou de Gothic, le ComiédeThouloufejGuillaume fi s de Ro- bert, le Comté de Flandres. Les puilTancf s de cf s fix anciennes Pairies eftoient grandes és marches dic par con)eâ:ute,que ce fut fur cette occafion. Heniy L aprrs la rrort de fon perc ( bien qu'il f )ft aifnc ) la mete auoit afFcdion à Robeit Ton puilr.é, af- fifté qu'il fut de quelqui s gran-ls. M is Henry aydé pit le Duc de Normandie , vint au di llus de les enne- mis , contra gnir fon frère de fe contenter du Ducl-é de Bourgongne, en titre de fi.f de France,auquel polfi hle il adjoullala primauté & priorité pjr dallas les autres. Le Duché de Bourgongne reiiny à 1;> Couronne par reuirfion pat la mort du Duc Charles l'an 1416. fau- te de malles. La Normandie remurra aulîi par reuerfion à la Couronne & confifcatiou adjugée par Id Cour , pour les rebellions des Anglois. La G lyenne de melme. Thouioule, en venu du rraiété de paix faiâ; auec Raymond-dernier Comte de Thouloule. •g^^ 'is^>» ^iS^ De l'cfl 'dion des Duch z & Pairies qui fub- fîftent aujourd'huy en France. Ve^dofme Duché ér Pairie* L Le Comté de Vendolme eft venu en la féconde branche de la mailon de Bourbon par le rnarigc de kan de Bourbon, fils de I->ques de Ponhieu, aiiec Catheiine héritière dudit Comté, fut érigé en titre de Duché ôc dignité de Paine par François premier en Février l'an 1514. vérifié en Pjtlement le cinquiefme Mars enfuiuant, 6c en la Chambre des Comptes le i}« M é, ne t;eut valablement retenir le titre de ladire Paitie, il la donation ne le porte , Sc faut qu'elle Toit vérifié eu U Chambre d^s Comptes, & encore il faut pour girder l'antiquité de la Pairie qu'il fubiîfte cnlaperfonne du Roy donateur, qui l'a transféré dfi fon viuant auDonaiaiieiCûtdcftbien plus aisé de con- tinuer vue choie que de la faire r^-uiuie de nnuucau: Cette qui'ftion cfttiai£lcc par Cho^^in,/*^. vr Louys XI lepenultief.ne luilletx4^4. & par le Roy LouysX.I autre création faite par E.gilbcrt de Cieues en Mars .joy.enregiftreeaa Parlcment.iÇ.^y?r^..Or- d^rn,rre cdu.on ^ 6oy Or par le n ,rré des kttccLn.'L fion de Duché il eft porté en côfideration des grands eru.ces faits a la Couronne par leurs progeniteurs, a fÇauo,rIeandeBourgongne,DacdeBrabant, Com- te de Nemours, ayeul de ladite Marie d'Albret contré 1 iniuhon des Bourguignons. & par Eugilbert de Cie- ues Comte d fiu , à la conquefte du Royauriie de Na- ples . &dé leau d'Albret. Comte de Dreux & de Rethel pere de ladice Mari . & de ceux faits à la conquefte de Piedr^ont p,r/ed,c François dç Cieues: & ^ufii que ledit feu lean de Baurgongne Se fes (uc- c. lirurs après h.y en Pairie, & co ^^me Pairs ont f ruy au Sac, e de Nous & de nos predccelf.urs , que fa Ma- Fftfc créa en tttre & dignité de Duché ( ces mots feuls fontadiouftez, P.irle , prefupppfcnt l'.ncienne, 5c toutesfo.s parce qui fiiir.femble que ladice Pairie foie renouUellee ; pour joUir dudit tirrc à vne feule foy & hommage de noftreCoiironnr par ladice d'Albret fes hoirs tant mafles que femelles , fucceifcurs , ÔC ayansf came . & quils polK-dent iceluy Djché en quelque deg e q„ lis foient fucccfTetirs, Se ayans caufe propre- raire dud.r pnys.ores ôc pour l'aduenir , en titré. dro-£t' & prerogariue de Pairie ; ces derniers mors fem- blenr opérer corÀm- Creac ion de nouuelle Pairie ; ôé (ous le refibrt du Parlement d.M^aris . a.nfi que les autres Pairies:iauf poùrlescas Royaux & priuilepcs Sc outreje vouloir Se con(enrem>iché & Tairit. VII. La Principauté deMercceur fut erîgéeen Duchc& Pairie pour Nicolas de Lorraine , Comte de Vaudc- mont, par le Roy Charles IX. au mois de Decem brc 1569. verifiécn Parlement, auec lettres de lur- annation du Roy Henry ttoificme du vingtième Aouft l'an 1576. k n'ay trouuc la vérification de la Chambre des Comptes. . ^, ANNOTATION» Ce fut faift en faueur de ce que ledit Nicolas fe feroit interposé & aydé â la paix d'entre le Roy Hen- ry fccond & le Roy d'Efpagne , & aulTi pour la grati- de prudence , foin & vigilance , auec laquelle il a ad- miniftiélcs biens & Eftats de M -flirc François Duc de Lorraine .pendant fa Minorité : loint la grandeur de la maifon dont il dl extraid , & que ladite Princi- pauté eft composée deplufieur^ bonnes villes , bourgs, bourgades & Chafteaux , & de plufieurs vaflaux. comme Corniez & Baronnies , pour joUit de ladite Duché & Pai[ie,tant maflesque feanelles à toufiouts ne tenir de la Couronne de France,& pource cclypsce du pays 8c Duché d'Auucrgnc , pour le regard de la foy & des droidsde Paine , auec relFoit au Parlement de Paris, pource feulement , auec dérogatoires à l'or- dinaire pour la rtlinion des Duchc? Marquifats & Comtez à la Couronne, & mefme à l'inftitution , ou que l'on pourroit prétendre le nombre des Pairs eftrc prefix. Montmorency Duché ér Pairie* VIII. La Baronnie de Montmo.ency fut érigée en Duchi & Pairie pour Anne de Montmorency , Conneftable de France, par Henry 1 1. au mois de luillet 1 551. véri- fié au Parlement le quairiefme Aouft, & en la cham- bre des Comptes lecinqoiefme enfuiuant audit an. Du Tillet pag. î8. met ladite eredion en luillet i54é.&fc trouuc au vol.x. des Oidown.du Roy Fran- çois i. p. 186. ^ ANNOTATION. Et ce en faueur des grands & recommandables fct- uices , & que c'eft la première Baronnie de France, ôc de la NoblclTe de fes predecelTeurs , fpecialemenc de Matthieu de Montmorency Conneftable de France fous Philippe Augufte , à la charge que defaillans les malles , la Pairie demeurera efteinie , reft^nt feule- ment le titre & la dignité de Duché fans diftradiQ» de relTort. Ponthiturt 'Duché ejr Pairie. I X. La Comté de Ponthieure fut érigée en Duché & Pairie pour Sebaftien de Luxembourg , Comte de Ponthieure , Vicomte de Martigues , par Charles ï X. en Septembre 1569. vérifié en Parlement le 15. du- dit mois, & en la chambre des Comptes le fcptiefme Odobre enfuiuant. ANNOTATION. En confideration des grands feruices , digni'té & grandeur de la maifon de Luxembourg, dont aucuns ont efté Empereurs & alliez és maifons de France, Bourgongne,Siuoye,&Breragne,&de la proximité da fang & lignage : pour en joiiir par fes hoirs & fuccef- feurs tant malles que femelles , tant pour le regard du D-iché,que de la Pairie : lequel Duché eft des-vny feu^ Icment pour la Pairie du Duché de Bretagne , & fans que luy & fes fuccelfcurs foient forclos d'alTifter aux Eftats de Bretagne, comme les Comtes de Ponthieure ont accouftumé d'y aflifter , auec l'exemption de iu- rifdidion, fors les cas Royaux & rcffott au Parlement de Bretagne , excepté pour les cas & droids de la Pai- rie, & à la charge qu'au défaut des malles & des femel- les ja procrées, ou qui pourroient eftre procrées du- dit de Luxembourg , ou que lefdits enfans n'ayent au- cuns mufles, tellement que la ligne mafculine vieiv nent à faillir , la dignité de Duc Sx. Pair demeurera e- fteinte, & ladite terte & feigneurie retournera en foo premier eftat de Comté de Ponthieure. La Courcji vérifiant ladite Pairie a approuné le reiîort audit Par- lement de Bretagne , excepté éscas concernans la Pai- rie & fans rirer à confequence. A la charge qu'il vien-; dra faire le ferment à la Cour. Mayenne Duché (tr Pairie. X. Le Marquifat de Mayenne fut érigé en Duché U Pairie pour Charles de Lornine fi's fécond de Fran- çois Duc de Guife, par le Roy Charles I X. au mois de Septembre !57}. vérifié au Parlement le i4. defdits mois & an. ANNOTATION. En faueur des grands & fignalés (cruices que Clau- de & François de Lorraine Ducs de Guife , pere Se aycul, 5c de ceux d'Henry Duc de Guit'e fon frère aif- né, & parriculierement de ce qu'il défendit Poidiers &c les fiens durant les troubles, és (jcgesôc batailles dernières , pour ea joUir par luy 6c fes fuccelFeurs, 5c ayans I du Royaume de France. lyans caufe tant martes que femelles, aucc les Biron- lics & terres rdi.iics , Se les tenir à vnc fmle foy te lomtnagede la Couronne , aucc exemption de iurii- Jidkion , fors en cas royaux & relFort au Parlement de i*Ari<: 5£ ncanr moins que ledit Diichc &c Pairie pour- a eftrefcpaié& fubdiiiifc, cornmc (î Icidites terres l'eftjient vnies. Sidonnons en mandement Sec. à ce [u'ils ayent à f-iii e joiiir liiy, lefdics hoirs, & ayans cau- e dudic Dachc Se Pairie : nonobftant que les filles nV ent accouftumc d'y (acL-edec. Pirey Duché & Pairie. X I. La DiiL-hc de Piney fut érigée en Pairie pat le Roy îcnry troifiémc au mois d'Odtobre 15S1. pourFran :ois de Luxembourg , vcnfic au Parlement le ttentitf le Décembre audit an. ANNOTATION. La Duché a e(té érigée en Décembre ipé. parle ioy Henry 1 1 1. pour ledit François de Luxc'ipbourg, k à iceluy rcuny plufieurs terres y racntiounces pour n jo iïr par iceluy lîeur de Luxembourg & (es hoir», me madrs que femelles , Se ayans caufe , à vue feule îV Se hommage , à caufe de la Bjronnie Se groife tour u Louuref' auparauantil rdeuoit du Comte de ChaU" untcn BafTjgny ) aucc relforc au Parlement de Paris ■nrnediaremem Se fans aux cas Preddiaux, que les ibjcts dudit Dtiché fetoient tenus de fe poutuoirau 'refiJial dudic Chaumont , les cas royaux y fontexce- tez II y a dérogatoire à l'Edid de Moulins, pourl'v- ion desDuchez, Mjiquifats& ComtPZ , à faute di lafl' s î& ladite eteAion de Duché veiifiéeen Parle- nenr, apies plufieurs , Se fans tirer en confequence le S. Stptembie 1J77. & en la chambre des Comtes le AouftijiS. & depuis ledit Duché fiit ei igé en Pai- le par le Roy Henry 1 1 1. pour en louyr par ledic fieuc e L uxembourg , (es hoirs Se fuccelfeurs mifles Se fc- lelles Se ayans caufe : lefdites ercitions de D J>.bé Se ,ii ie fjitcs enfaueur Je la grandeur lmperiilc& Ro- lie raaifoa de Luxembourg , donc font fortis quatre mpfteurs, Marquis du Saindt Empire, Contieihbles. : Vlarefchaux de France, & du cofté maternel. Bonne e Luxembourg, mariée au Roy lean, les Roys de rance $ 6. Se 7. Se fuiuaos , les maifons d'Anjou , de etty Se de Bourgongne , & des grandes alliances d'i- elle maifun auec la France, l'Angleterre, l'Auftriche, longric, Dannemaik Sjuoye , Lorraine, Cleues,Ne- crs, Flandres, Bar, Brabant, Ai>guien, & auec tous les rinces Si Potentats d'Allemagne, & en confideration es grands Se fignalcz feruices de luy & de fes ptede- elTcurs faits à cde Couronne par Valerian Se Char- ;s de Luxembourg , Conneftable, Se Anthoine de Lu- :mbourg Marcfchal de France* AigHtllon D^tché^ Pairie. X IL LaBnronnie d'A'guillon fut érigée en Duché éc airiepour Henry de Lorraine, fils aifné de Charles jc de Mayenne , par le Roy Henry quarriefme aU ois d'Aoïift ijtjc). vérifié au Parlement le deuxième [ars 1600. ANNOTATION. En faneur des feruices dudir fieur Duc de Mayenne r» pere Se de fes predecerteurs faits à ctfte Couronne, Je la proximité donc il nous touche , tant de fa per- nne que de noftre ttes-chete confine Henriette dt luoye (on efpoufe mere du dit Henry Se aulîî encon- ^erarion du mariage contracté entre luy ie noftre îS-chçrç& très ayméecoufineH'myede Gorlfa^Uei ie du feu fieur Duc de N -uers Sc de la DucHerfV de eners fon efpoufe : ladite Baronnie érigée en tritte Ducné & Pairie, y annexées & vnies,lesBaronnies Montpefac, Saind Liuradie, Madaillan & Blcui- r, pour en i /ùyr par ledit Hcnty , fes fucceiTeurs , Se ans caufe perpétuellement Se à roufiours , à vne feu- foy Se hommage de nous Si de nofttè Goutonnc , à 79 caufe de noftre Chafteaii du Louure , auec arrr,h„tion du reflort immédiatement des appeliatioas dd Bailly ou StncCchil ducal tlhbly audic lieu d'Aiguillon i des terres y annexées au Parlement de Bourdeaux , en- tre les fubjets de lid.te Pairie, &: pour le regard des caufes. où il aura intrreftà la Cuur dePacIcment de Pans, ancien ulTm des Pairs de France j foit en pre- miere inftance ou pour a .p :1 , ainfi que bon luy fcm-J blera, & exception des cas royaux , auec la deroearoiJ re aux Edits 5^ Ordonnances , toachant l'vnioa des Duchez. Marquifars Se Comtcz à la Couronne, au dé- faut des moûts : Icfdites lettres font vérifiée au Farle- ment purement & fin^plemcnt , après le ferment de fi- dente faite au Roy, Hehan DHcloeé" Pairie. XIII. Le Vicom'cdeRohantrigéenDuché& pJiriepouc Henry de Rohan, fieur de Lcon,par le Roy Htnry I V* au mois d'Auril 1603. vérifié en Parlement à Paris le 7.Aouft aud.'t an , & en ceiuy de Bretagne le 16. 06to- bre audit an , & en la chambre des Comptes le i8. May 1604. ■ ANNOTATION. Cefte declafttion eft fondcefur l'ancienne noblelT^ & vertu de fes predeccffeurs , raefme de ooftre onde, René . Vicomte de Rohan fon pere , & des funs , que i"!l*L7 r"^^ premiers rangs en 1 eftablillt mcnt de cè Royaume, prés des Roys de Fran- ce & de Nauarre , & des anciens Roys & Ducs de Bre-i^ tagnc, &poutla grandes belle lignée des petfonnes illufttes qui en fout defcenduës en ligne mafculinc, depuis 1200. ans. Que ledit Vicomie^ contient plu- - fiems villes clofes. Se plus de 40 paroiifes Se plufi.urs fiefs & arrière- fiefs qui en relouent, pcJur iouyr de h- ditc Duché & Mairie par It dit fient de Rohan , & fes fucceffeurs mafl: s , à la charge que venant à défaillir, ad.te qua lircdc Duc & Pair demeurera eftcinte Se re- ieuera iceluy Duché & Pairie de la Coiétoone à vne ieuleh,y & homm.ge,auec refioit immédiat au Parle- ment de Bretag.ie: vérifié à la Cciur de Parlement de f ans , aux charges detiitre &prerogatiue d'honneuc feulemerit d. Duc & Pair, iufques à ce qu'il ait fatis- fait à iridemmré pbur la diminution du domaine drous dejuri(d((aion,& qneleicaufcà delà Mairie fe- ront traj6b..s & iugées en la CoUr de Paris priuatiuc- ment à la Cour de Parlement de Bretagne, & fanstireîr à confequence : aufqufclles charges &coadîtiorts ledit heur Je Kohan a fait ferment à la Coutde Duc & Paie le 7.Aouft i^oj. Se au Parlement de Bretagne lef^icGS' lettres ont efté enregiftréîs , à la charge que les fubietsï dudit Duché & Pairie , ne pourront eftre diftraits hors dudit Parlement . & qu'il en apportera les lettres de déclaration de fa Majeftédans fii mois. Se fans prein- dice des droits des OppoÛns & des tas referuez auîf luges royaux. loyeufe Dnchê é" Pitîrié. XIV. Le Vicomrc de loyeufe fut érigé cri Duché ^ Pai-" rie, pour Anne Vicomte de loyeufe pjr le Roy Henry trôiliefrti'c ert Àoi/ll vtrifié eri Patletncnc lé/. Septembre audit an. ANNOTATION. En fauctir déraiiiancenouucllemenr contra (5tce,par laquelle il ftoit d uenn beaufrere de la Royne , ayant époUié (t fœur , pour en joiîir par luy & âpres fon de- ceds par fes cnfans Se fes hoirs fucctfTeurs , SC ayantf caufe & pour marcher, feruir & opérer i îmiédiatcrocc âpres les Princes ie auaut tous autres Ducs 3e Pair?,' non Princes vérifié au Parlement , aptes pfufîeurs iuf- fions fur lesremonftrancesdclaCourjpour en jûuyt pat luy ie fes defcenduas efl loyal mariage. Rtihelci(f Duché Patrie. XV. Le Comté de Kethelois fut érigé en D jché Si Pai- rie pour Louys «ie Gomagnes & Hw-nrictte de Cleuc^ 4 ê 8o Difcours de l'Eftat (on tfpoufe , Duc & Dachcffe de Neuers, Comte 5c Comtffle dcReiheloisjCn Décembre 158 s. pat le Roy Henry III. veiifié en Parltment le 15. deidits mois 6c an. ANNOTATION. Laditcfcedtionfaiteàcaufc de la grande efVcnduë dadit Comrc > qui a fix viiles clofcs , y comprife la Bi lonniedeRoz^y , vnic & incorporée , pour enjouyr p,n eux, leurs hoirs, & fuccelTeuts , maflcs & femelUs, firayanscaufe à perpétuité au tiltre & dignité de Du- ché : Nota que le mot de l^aitic n'eft pomt répété Vé- rifié au Parlement pour en jouyr,luy & («fucceffeurs. Halnyn Dnché & Paine. XVI, Le Marquifat de Magnelay , composé de 1 6. ou 17. villages , fit en l'an 1 5 86. créé & érigé en Duché & Pairie de France, fous le tiltre d'Aluyn par le Roy Henry 111. en faueut du Seigneur & Dame de Mag- nelay , en confideration des leruices rendus par ceux delà maifon de Picnne» & pour la memoice de celle d'Aluyn en Flandres. ANNOTATION; Ledit Seigneur de Magnelay a eu vn fils , lequel il a furuefcu, &c luy decedc , fa femme a porté le tiltre de Doiiairiere & DuchelTe d'Aluyu , attendu que ladite création auoit eftc faite , tant pour ledit defunâ; fon mary que pour elle , ladite Dame Doiiiiriere, viuant encore le Roy Henry IV. le Roy Louys 1 j. àprefent régnant , fous la tutelle de la Royne fa mere , en con- fideration des feruices de Monfieur le Duc d'Efpcr- non, de ceux de la maifon de Candale & devienne, a continué ledit Duché & Pairie es peifonncs du Comte de Candale , fils aifné dudit Seigneur Duc d'Efpernon qui a efpousé la fille vnique de la Marqui- fe de Magnelay perite fille dudit fieur Duc d'Aluyn & en tant que befoing eftoit l'a de nouucau créé Ôc érigé par lettres patentes en l'an léi i. vérifié en Parlement le i8 May audit an , & ledit fieur de Candale après ferment pir liy prefté , a efté receu audit Parlement par Arreftd'iceluy du i j.Auril 1614. lequfl fieur de Candale, prétend l'ordre & le rang dudit Duché d'A- layn en fon ereâion première , en confequence dddi- tes lettres , portans continuation , comme fi ladite Duché n'euft point vaqué Du depuis la Dame Mar- quife de Magnelay a fait dilfouldre ledit mariage de fa fille d'auec ledit fieur Comte de Candale > pour quelques raifons iuftcs & légitimes : de forte que la- dite Comté d'Aluyn réduite en Duché & Pairie , elle a efpousé en fécondes nopces le Comte de Nanthocul fils du Comte de Schombergh , qui à raifon dudit ma- riage prend le nom , la qualité & le tiltre de Duc & Pair d'Aluyn. Montbafon Duché Pairie. XVI I. Le Comté de Montbafon érigé en Duché Hc Pairie, pôur Louys de Rohan , Comte dudit lieu , par le Roy Henry 5. au mois de May ij88. vérifié en P.)rJeTient à Tour» le 17. Auril 1589. & en la chambre des Com- ptes le 7. May audit an. ANNOTATION. En confideration de la haute ôc ancienne maifon de ceux de Rohan ,defcendans(cofrme ils difent) du premier Roy de Bretagne,qui a continué Jepuis '200 ans toufiours de mafles en malles > & des alliancis qu'ils onr eues aux plus grandes maifons de laChre- ftienté ,& des grands & fig'ialrz feruices faits par fcs ptcdecefTeiirs fpe. lalemenr par Pierre dv; Rohan , Sci gncurde Gié , Mar» fchal de France, à la iournee de Fournolie.pour joi yrdefdirs Duçhé& Pairie , efquel font vnis Se incorporez les Baronnies de Sainfte Mau- re , MonaftereôC laHiye, pour luy & fes fuccedeut; mafl^s fculcment de luy dcfcendaus,& les tenir en fn>' & hommage de la Couronne , aux emptions de iuru diâion Ôc appel dcidices terres vnijEs pat deuant L Bailly ducal/dudit Montbafon , & parappelà la Cour, à la charge que dtfaillans les mzd-.s, la qualité d-! Duc & Pair fera efteinte &c rctourneralidite terre en l'rftat qu'elle eftoit. La Cour vérifiant kfdites lettres, pour le regard de la qualité , rang , dignité & authorité de Duc ôc Pair , l'a receu au fermen- , & pour la diftra- â:ion du teffort , règlement & indemnicé requife pat Monfieur le Procureur General & aut.es ordonnan- ces, qu'ils feront ouïs en leurs oppofitions pour y eftre réglez , ainfi que de raifon , 6c à la chambre des Com- ptes , aux conditions portées par l'Arreft de la Cour, ôc (ans preiadice des droits du Roy , pour lefquels fera informé dan& fix mois en la manière accouftu- mee. Vantaâour Dnché é" Pairie. X V I I I. Le Duché de Vantadour fut érigé en Pairie par Henry }. au mois de luin I j 89. ANNOTATION. Auparauant c'eftoic vn Comté qui fut érigé en Du- ché au mois de Feburier par Henry III. pourGilbert de Leui , fes hoirs & fuccclTeurs mafles : laquelle erc- 6tion fut vérifiée au Parlement le treifiefme May au- dit an. Le Procureur gênerai ftipulant,& du confentemenc d'iceluy de Leui , la reuerfion dudit Duché à la Cou- ronne, à défaut de mafles , & enlachambre d-s Com- ptes le 3. luin audit an, aux charges ôc conditions portées par l'Arreft de la Cour, la verificarion de la l^airie au Parlement, fut faite par confequent des Kt- tres du Roy Henry l V. pour jouir de la raefme grâce accordée audit feu Gilbert, perc pour Meflîre Anne de Leui fon fils , le tout à la charge de reuerfion des claufes portées pat l'Arreft de la Cour du 15. M^y 1578. interuenu fur les lettres d'eredion dudit Duché & fans aucune chofe innouer en la lurifdiftion ôc ref- forr accoaftumé & depuis par lettres de la déclaration dudit Roy Henry IV, du 9. luin 1609. vérifiées en Parlement le j. luillct audit an & en la chambre des Comptes le iour de enfuiuant, ladite clauf» Ôc charge de reuerfion a efté leuee ôc oftee. Theiiars Duché' (jr Patrie. XIX. La Duché àz Tho'dars érigée en Pairie pour Claude de la Trimouille Duc dudit lieu en Aouft 15^;. véri- fiée en Parlement le 7. Décembre 1599. ôc ce par Henry IV. ANNOTATION. Ledit Duclié de Thouars érigé au mois de luillct 156Î. par le Roy Charles IX. en confideration des feruices de ceux de la maifon de la Trirac uille, & fpe- cialemer/t de feu Louys, Seigneur de laTrimoUille, Lieutenant du Roy Charles Vil I, en la bataille de iiaindt Aubin , &c en la iournee de Marignan , & en la baraille de Pauie, il combattit prés du Roy François premier, où il fut tué, ôc que Charles de la TrimoLiille» Prince de Talmond fon fils , fur auffî i ué à ladite iour- nee de Marignan, & pour fes grands & fignalcz ferui- ces,& de l'antiquité & haute noblefte de ladite maifoo de la Trimouille , & pour les feruices faits par ledit Claude de la Trimouille en ces guerres dcrnierfs aux fîcges ôc batailles, ôc fpecialeraent en celles d'Yuty , & pour fes mérites & alliances qu'il a auec fi M jefté» "lie auroir vny à ladite qualité dt Duc celle de Pair de ^rance, pour en joui": par luy ôc ùs ficcelFcurS) mjfliS ant feulement , ôc d'abondant diftr udl de la iurildi- tion duSencf,halde Poiâou , la luft ^c dudit D .'cbc V Paine, fors les cas royaux , &c pour tenu iceliiy Du- ché & Pallie du Roy , à caufedc fi Couronne, & ï défaut de niafl s, la qualité de Pair dt meurera clt.m- 'e, ôc la ti rrc en i'eftat qu'elle eftoit aupîtauant : aueC i dérogatoire aux ordonnances pour la teli non def- 'its D ichtz, Marquifats &c Comccz à la Couronne, /cnfié en l"arlcin»uc pi^uc jouir datikre&p:erogaii- uede lie Je Pair & fans piciudice à h it ilMon nu Domaine delà Couronne prercnduc p.ir le Procureur Gencraî du Koy du Vicomte de Thoiiars, Efperno'i Duché dr Pairit. X X. La Baronnic d'Efpcrnon érigé en Duché ôc Pairie pour Icaii-Loiiysdc Nogarcrjdc l.i Valettcpar le Roy Henry {. en Nournnbrc ijSi. vaific en Parlement le 17. Noiicmbrc audit an, AN NOTATION. La^lite ercdton eft fondée fur l'antiquité ÔC noblcf- fc de la m.iifoti dcNogarct & du hardy exploit fait pour l'honneur & exaltation de ce Royaume, fous le règne dePhilippes le Bel, par le (leur de Nogatetgrâd Senefchal de Beaucairc, dont eft ylTu par fuitte de lon- gues annocs, ledit ficurDuc d'Eipemou, Srenfjucur des feèuices de feu Mcflîrc lean de Nogarct fieur de la Valrrrc, Cheualicr de l'Ordre , & que la Batonnie d'Elpcrnon auroir cfté tenue cy deuant par les Com- tes de Vcudolmc & depuis par les Ducs de Breragne, pour en jouir par luy , fcs enfans mafles & femelles à toufiours &c rpetuellemcnt , aucc relFort au Parle- ment & exemption de iurifdiâiion, fors en cas royaux, & parce que nous entendons (portent Icfdites lettres J hoitorcr ledit fieur d'Efpernon du lîiariagc del'vnedes fo^ors de noftrc trcs-chere Se ties aimtc efpoufe ôc compngne, la Royne , comme le Duc de loyeufeno- ftie beaw-frore , voulons qu'il ait feancc, voix & opi- nton aprcs les Princes immédiatement , & auanttous autres Ducs Ôc Pairs , fort ledit Duc de loyeufe, aucc la dercgunîc en Tvnion des Duchez, Marquifats &c Comtez à 1» Courounej vérifié en Parlement pure- mfntôc fimplement , après auoir oiiy Meilleurs les Prifidents de Thou & Preuoft en leur créance , & ce fufantac 'a re^eu Pair de Fiance , & en confequence Confeiiler de li Cour , ÔC a fait le ferment pour ce re- quis > V profciîîon detoy qu'il aiuré. Nota que ledit fi ur Duc n'a efpoUié la fosat de la Royne , âinsl'heri- tiere de Cand.île , ôc partant femble qu'il y auroir qudque difficulté fur la prefceancc fondée fur ledit futur mariage, qui ne s'eft enfuiuy. Ra(Z. Duché Pairie. XXI. Le Comté de Raiz érigé en Duché & Pairie pour Albert de Gondy Itz Claude & Catherine de Cler- mont fa femme , Comte ôc Comtf (Te dudit Raiz par le Roy Henry 3. au mois de Nouembre 159 1 . verifiéau Parlement le%o.Mars 1591. ANNOTATION. En confideration que ledit Comté eft de grande cfteuduëiSc grand reuenu, que Tes predecelfeurs ont tenu le premier rang de Magiftiacs en îa Republique de Florence, comme fouuerainemcnt , ôc comme tels ont poftedé de beaux Palais Se fomptucux édifices faits dedans ôc dehors Florence , ainii qu'il fut verilié lors qu'il fat fait commandeur du S.Efprir, f Nota, noblelTe de Florence^ & pour ce les feruices qu'il a tendus en fix batailles cy dcfnommez ôc de plufieurs ficges en Piémont , font rçaucir en quelle qualité il y eftoit. C'eft la queftion , car on en parie diueriement : pour jouit par eux ôc 1er furuiuaiit d'eux , & après par leurs hoirs & mafles, tant que la ligne mal'culiue durera , di- ftraic de la foy & horomage , ôc rtiFort de Brtrague; Pour le regard de la Pairie, caufe ôc droits con .ernans icellc , & lans que ladite qualité luy puifTe nuire & à fes fucceffeurs mafles , pour aiîlfter aux Eftats de Bre- tagne, en qualité de Comte, Baron & Do^en de Raiz, vérifié au Parlement , aptes plufienrs iuffions , en fai- (ant le ferment accôuftumc&; préalablement celuy de Marefchal de Francc.Cc fair ôc sprcs geluy de Duc. Fronfac Duché & Patrie. XXII. Le Marquifat de Fronfac fut ertgé en Duché & Pai- rie pour Fiançois d'Orléans , Comte de Saiuâ Paul, Gouuerneut ôc Lieutenant General en Picardie, par le du Royaume de France. 81 Roy Htniy4.cn lanuicr 1608. vérifié m Parlement le 1 8. Feburicr cnfuiuant 8c en la Cour de ITburdcaux au rcflort de laquelle eft ledit Djché de Fronfac , lé 16. lourde Mars 1610. ANNOTATION. En faueur des grands ôc fignaitz feruices quf ccfte CouronNC a reiTcnty fuccilîîuemcnt de ceux de La mai- fon de Longue-ville, depuis le Comte de Dunois, du- quels ils font dcfccndus . qui viuenc encore en la rae- moire de ceux qju en ont receu le fruidl , à la char^^c de le tenir à foy ôc hommage de la Couronne , l'ayant dei-vny & démembré de ladite Duché de Guyenne au Comté de Perigord , duquel il releuoit , pour le regard de la foy Ôi hommage & des droits & dépendances de Paine feulement , veut qu'il ait opinion & voix deJi- beratiuecnla Cour de Parlement de Parts, à la charge qu'au défaut d'hoirs msfl .s ladite dignité de Duché &c Pairie fera efteinte & fupprimee ôc retournera la iu- rifdictihnen (on premier f ftar. Damut/ie Duché é" Patrie. X X 1 1 L La Bnonnie dr Damuille érigée en Duché & Pairie pour Charles de Montmorency, AdmiraJ de France, fils & frère, de M. ffieurs Anne & Henry, Conneftable de Fran-ce , par le Roy Louys 1 3. en Septembre 1610. vérifié en Parlement le 30. Décembre audin an. ANNOTATION. En faueur de fcs feruices , iit à prefenc tenus p) 11 ficurs beaux fiefs aiîis en ^ 5J. bonnes diaeries parroiiTes , toutes dépendantes dndu chef de Damuille, tenu ôc mouuant de fa Maje- ft^é , à caufe de fa Chaltelenie de Bretheuil au Diiché d'Eureux, en laquelle Baronnie , il y a tout droid de lu- ftice , haute , moyenne & baile , pour en loiiir & vfef par ledit Charles de Montmorency , de fon viuanc ÔC après fon de crds pour les enfans mafles procréez de ' luy en loy .l mariage, Se au cas qu'il decede fans enfans malles, poui Henry de Montmorency fon nepueu , ôc à fon defaur & 3pr< s luy fes hoirs mafles , auflî yfllis de luy en loyal mariage , pc; petuejl-me nt ÔC à toufîoursa en qualité de Du. hé & Pan ie de France. r/ez Diiclédr Pairie. XXIV. Le Duché d'Vfez érigé eu Pairie pour Jacques de Crufol Duc d'Vfez par le Roy Charles neu-fiefme au moisdeL-muierrjyi. en Parlement le troifiérae Mars audit an , & en la chambre des CG.mpces le deuxiefm^ lanuiec 1577. 1 8 Difcours de l'Eftat ANNOTATION. Aupzrauaiu ladire Duché n'cftoic qaeVicomré ,&c fat etigc en Duché pour Anthoinetcc de Crufol en Tan ijî)). àlachargede retouï à la Couronae à dé- faut des m iles , auec exemption de iutifdiction , fors Ci cas loy uix reflbrt au Parlement de Paris des cas co .cernans la Paiïie.&r pour lefarplus, au Parlement de Tliouloul"; , fors, au cai Ptefid; il , la vetiScacion de la Cour porte qu'il a cité tcçeii au ferment, fait pto- ftfiPjoa de f(/y Hc l'a ùiré. BtiufoT! Di^ihe drFairit. XX V. Le CoTiré de licaufort fut eri^c en Duché ÔC Pairie par je Ro . H'niy IV. pour Ccfarfon fils naturel & la Maïquifc de Monceaux fa mcre par lettres dcluiilet 155)7. vérifiées en Parleurni le 10. luiHet audit an, & en la chambre des Comptes le premier Aouft audit an. ANNOTATION.^ Encore que ce Co nrc ne ("oit érigé en Duché & Paine qu'en l'an 1 5 97. Ncantmoius le Koy par fes let- tres patentes de création, veut que ladite Di.ne, Ccfar Ion fils, leurs fuccelïlurs & dcfcendans , tant m flcs que femeiies, tiennent rang& feance,immed!atcmenr après les Ducs & Pairs de Montmorency , comme fi elle auoit elle érigée immédiatement après. Lescoi^.fiderations de ladite création l'ont, qncledit Comté «Il vn des plus anciens & nobles Comtez de ce Royaume , qui auoit cfté polTedé fuccelTiuemem par les Princes des maifons de Fo^x , d'Albret àc de Neusrs , & acquis par ladirc Dame de Monceaux , de Madame de G uic, héritière en p ^rtie de ladite maifon de Neucrs, y vnies & incorpoiées la Baronnie de [ar,- couit & au'rcs terres «Se fcigncutics y nommées , pouf en ioiiit par ladite Dame & ledit Cefar fils naturel du Roy , leurs fuccelTeuts , tant malles que femelles à roii fnurs » à vae feul? fay honmjgc de fa Mijellé , à caufe de hi Couronne 5 auec reffon immédiat au Parle- ment de Paris , dfsappella-.io.is, comme auparauanr, en qual.réde Bailly ducal, & aalTi qu'en première in ftance elie & les fjcceiraxrs pourroient , fi bon leur fcmble jtrauter , cou Juire & faire iugerau Parlement les caules , conCfrnans la Pairie ; fuiuant l'ancien pn tiicgedcs Pairs, auec exemption de iutifdiaion des ordinaires , fors en cas royaux : &: pour la pref- ceince, elle cft foiuUe fut i'am dé que porte fa Majeftc à ladite Dame Marquifc , & à l'honneur que Ccfar for) filsad'eftreyirudîluy , lequel , & fesfuccelTsurs doi- uent luccedcr aiidi: Duché : la vérification de la Cour e(l pure &: fimpic , comme celle de la chambre des Con pces. 'Birun Dticht' ST Pairie. X X V I. La Baronnie de Biron ctigcc en Duché & Pairie pour Charles de Goatault fiîur de Biron , Marrfchal de France, Gouuf rneur Se Lieutenant General nu païs & Duché de Bou.gongne & Brcire , par le Roy Henry lV.au mois de lum 1598. vetifié en Parlement le der- liicr iour dcfdits mois &c an. ANNOTATION. En faueur de la vertu &c generofité qui reluit en la f eilonnc dudit Sieur de Biron, qui de foy mcfme , eft grande, & a de foy-mefme alTez de luftre pour n'auoir befoin d'eftre d'ailleurs recommandée à la Poftcii'c, fondée & clcuce, auec les mérites de tant de longs Ôc fignalez feruiccs faits au Royaume par defund le Matefchal de Biron fon pere, & que le fils a continuez 6c augmentez , auec tant de fideliic ôc afïeâ:ioi»i que l'on peut à bon dtoidl refcrqr à fes traiiaux vne bonne partie de la gloire acquifje à iccux qui foubs fon au thotitc fe font vertucufcmenr oppofiz à lachcute 6c luïr.c de l'Eftat durant ks dernières eleuations , ne voulaiis «tantmoins delaificr défaire cognoiftrc pat vn telmt^iguags particulier de tous ceux qui viendront aptes fa Majeftc, reftimc qu'elle fait des petfonncs fi capables & fi dignes, & fur tout eternifer autant qu'il luy fera poflible la mémoire de tant de penls £i ha- zards courus pour le falut de la Couronne , en tous les combats, tenconttes.efcarnoouches, alîcmblecs & ba- tailles qui fe font prefentées depuis 10. ans qu'il com- mença à porter les armes.où il s'eft acquis tout ce qu'il fe pcutdi gloire ôc d'honneur, fe ttouuant blelTé de u blelTjres qui font autant de marques honorables de la vaillance, Hc ayant padc par toutes les charges ÔC gardes qui l'ont peu rendre digne du CQmmandenienc Jes principales armées : dtfqaellesluy ayant aux der - nicrs troubles donné la conduite, il s'en eft acquitte au tres-grand contentement de fa Majeftc, au bien vniuerfel de luy & de fes lubj et s , mefrae au récent ex- ploitai du fiege d'Amiens ,v(urpc per les armes d'Efpa- gne,auquel il arendu tant de pteuues , de prudence iSc dç vaillance , ôc s'^ft Ci fouuent veu couuett du feu , du fer ôc du fang de fes ennemis , que fa M "jefté ne peut que luy donner ôc attribuer vn très g-^and honneur ÔC mérite de lapcrfe£lion & heureufe ylTië de ce fie- ge , entre tous ceux qui rontgenercuft m'?nt& fidè- lement feruy : Et ne pouuant rien adjoufter a la répu- tation d'iceluy, & confiderant que le feul moyen qui luy reftc de le remercier ôc d'honorer fa petfonne , ea- ferable la principale, ÔC quelques-vnes de fes terres ôc poiredîons du tiltre dont fes pr&decelTeurs Roys ont quelquesfois gratifié Ceux qui auoient bien mérité d'eux ôc du Royaume , afin d'exciter par raefme moyen vn chacun par cet exerrfple de fuiure le chemin de fa vertu ôc de fes feruices : Depuis ayant efté condamne à mort par Arreft de la Cour de Parlement du dernier deluillet 1601. ladite Duché auroit efté confifquce ôc remife en fa première nature , ayant fa Majeftéfaic don de ladite confifcation au Ci^ux de S. Blancard fon frète. Sully Dnché & Pairie. XXVII. La Bironnie de Saily érigée enDuché &Pairiepouc Maximilian de Bethune Marquis de Rhofny pat Henry 4. en Feburier 1606. vérifié en Parlement le 9. Mars audit au, &: en la chambre d£s Comptes le 15. defdits mois îk an. ANNOTATION. En faueur des grands ôc lignalez feruices vtilcs à céc Eftat &: de fes mérites érigée , y annexées les Ba- ronnies 6c Seigneuries de Molinfcont , S^lly , SaiotSt Gondon & la ChappeUe d'Anguillon po'ir joiiir def- dites Duché 3c Pairie par luy &c fes fucceiTcurs mafles, tant que la ligne mafculins durera , & pour le tenir à la foy & hommage de la Couronne, à la charge que défaillant la ligne mafculine la qualité de Duc ÔC Paie demeurera eft:eince , ôc retournera en l'eftat qu'elle e-< ft:oit aiiparauant , auec derogatine aux ordonnances, reiiuilTant les Pauics, Marquilats ÔC Comtez à U Cou- ronne à faute de rpafles , la vérification du Paticmenc eft à la charge de donner de fon confentement rccom- penfe , tant des terres féodales que diftraftionde ref- fort S: dépendances d'icelles, 02 a fait le fecmeiu ac- couftumé.CJc iuré fidélité au Roy. ChafieaH- Roux Duché & Pairit. X X V î II. Le Marquifat de Châfteau-Roux en Berry érigée en Duché ôc Pairie pour Henry de Bourbon, Prince de Ccndé, premier Prince du Sang, ôc premier Pair de France , par le Roy LouysXIlI. en May 1 6164 vérifiée en Parlement le 5. Aouft enfuiuant. ANNOTATION* En faueui de ce que les maifons, terres & Seigneu- ries de ceux qui approchent de confanguinit c à fa Majcftf;, comme faid ledit Seigneur Prince, foient rc- Icuccs 6c remarquées par dellus les autres villes de qualitez, ôcd gnitez conufijables ôc correfpondantes à l'honneur qu'ils o.at de luy appartenir , aulfi que ledit 'f Jit Marqmïat qui cy dcuanc cftoitpolTedc par deux diucrs Seigneurs, acilcrciiiiy par ledit Seigneur , le- quel par ce moyen fc trouiie le plus ancien ôc noble de tout le pays & Duché de Bcriy mounant de fa Ma- jeftc à vne feole foy & hommage d'vn grand domaine Se rcucnu, ville belle & grande aux droits de luftice & rcdbrt vulgairement sppcllé Chalkau-ioux, ôc dôc la- dite Seigneurie prcd Ton nom , &c à caufc de laquelle il cl\ rccogneu fondateur de plufuursCollcgcs.Abbayes & communniitez, & de luy font mouuans en plein fief plufieurs vilIcs.liaronnies.Chaftellcnies Se Chafteaujc, places forres , luftices . terres & Seigneuries , d'aucu- nes defquellcs releucnc plufieurs fiefs, luftices, arriere- fiefs 6c retroficfs lors au pays & Duché de Berry, Tou- taine, Blaifois, Poidou & Bourbonnois, outre & fans la ville de Challeau-roux : appartient auflî audit Sei- gneur Prince la Baronnie, luftice & relTort de la riuic- rc d'Indre , tenue Se mouuant de fa Majcfté , à caufe du Comte de Blois , ôc fous le refibre du Balliage dudit Comtc.luy appartient pareillement le Domaine &Sei gncurie delà Baronnie & ville de Chaftre,mouuam en fiefduMarquifat de Chafteau-ronx , & eftanc néant- moins du refibrt & lurifdiéfcion du Bailliage de Berry à Iflbudun ; comme au femblable les Baronnies de Gom- miers , S.Chartrier , & le Bourg de Deolz : toutes lef- quelles chofes font vnies à ladite Seigneurie , en ce qu'dles appartiennent audit Seigneur Prince,& les lu- ftices & (ouueraiaeté.teflbrt & lurifdiâion dudit Cha- fteau-rouxja rendent des plus belles de ce Royaume. d'Eu Comté & Patrie. XXIX. La Comté d'Eu en Normandie érigée en Pairie en Aouft 1458. par le Roy Charles VI I. ANNOTATION. Le Roy Charles VU. l'erigea en Pairie, en faueurde Charles d'Artois, Prince du Sang.clle eft à piefent pof- feHee par M .dame Catherine de Cleues , Duchefie, Doajtriere de Guife , & eft feule Comte en France, non reiinie à la Couronne. Il y a vne déclaration du Roy Louys XI. que le Comte d'Eu iouylfe pour fon Comrcdes droits de Pairie, nonobftantle traifté faid auec M. Charles de France, Duc de Normandie.frere dudit Roy le ij.Ianuier. "Duneii Duché é" Pairit. XXX. Le Comte de Danois fut érigé en Duché & Pairie par le Roy François , premier , en faueur des feruices rendus aux Roys fcs predecefieurs par François d'Or- léans. Comte de Dunois. du Royaume de France. François de SilIy,Comtc de la Rochf-guyon, pour- ueu d va Breucc de Duc ôc Pair de France! François, Comte de la Roch.foucault pourueu d'vn Brcuet de Duc & Pair de France. A Vant que de finir ce traiftc de la NoblcfiTè & du qui eft mefme pafie par Atreft du Priué Confeil du Koy du 10. Mars 1578. Premièrement la terre qui eft érigée en Chaftcllenie n auo.r d anciennerc haute Iuftice,raoyenne & baf- ion sors LE REGNE DV ROY LOVYS XUh heureufement regmnt , quantité de Breuets de Ducs ér Pairs de Ermce.ont efte donnez, k fltt- fteurs Seigneurs far ft Majeflé , dont les noms s'enfuittent. DSdig VIBRES érigée en Duché & Pairie , en fa- ^ueur dcMeflïre François de Bone, Marefchal de •rance,Lieucenanr General pour le Roy enDauphiné. 'la eftè receu au Parlement de Paris. Charles de Cofic , Marefchal de France. La Comte le Btiffac érigée en Duché &c Pairie. Maillé érigé en Duché & Pairie pourCharles d'Al- jJetc, Sieur de Luynes, en l'année 16 19. receu au Par- lement de Pari^. Honoré Aibert Marefchal de France , créé Duc de Chaune,& Pair de France,receu au Parlement de Pans Roger de Bellegarde.Grand Efcuyer de Frauce.Duc ie Bellegarde, & Pair de France. lean Louys de la Valette pourueu d'vn Bieuec de Duc ôc Pau de France. fe fur lesfub;edsd'icelle. é^o^^^-^^^ uoItc,pcage,& prééminences, fur tout c$ Eglifes eftanc dedans ladite terre. 2. Il faut que la Baronnie foit compofee de trois Chaltellenicspour le moins qui feront vnies & incor- ^^'^^'^^"^«mblcpour eftre tenues à vn fcul hommage 3 . Que le Comte aura deux Baronnies Ôc trois Cha- tte emes pour le moins, ou vne Baronnie & fix Cha- Iteilenies vnies ôc tenues comme deffus. 4. Le Marquifat fera compose de trois Baronnies & lix Chaftellenies vnies & tenues du Roy. Et finalement par Edit du Roy Henry 1 1 L par le- quel eft ordonne que d orefnauant , aucun de quelque quahte. dignité & authoritéqu'il foie, ne feta pourueu & crée Duc Se Pair de France, fi la terre & fes annexes qui feront ainfi érigez ne vallent de reuenu annuel, la lomrac de huid mille efcus , & à la charge exprefie, & non autrement qu'incontinent que celuy en la fa- ueur &perfonne duquel fera faidle ladite création de Duché ôc Pairie , & qu',1 l'aura acceptée , ôc entré en louylTance fera decedé . foit qu'il ait enfans mafles ou femelles , defcendans de luy en loyal mariage , ou qu'il n ait point d enfans en quelque forte & manière que ce foit. ladite terre , Duché & Pairie fera jointe , vnie & incorporée à (on Domaine : cét Edit ôc déclaration dudic Roy pour les eredions desDuchez, MarquiA foT ^' ^°y« Venons maintenant aux autres Officiers de la Cou- ronne, tous Princes ou bien grands Seigneurs kl M ^'""n ' ^^^'S^ prefque fem- blable à celle des anciens Maires du Palais,a furinten- dance fur tous les Officiers de la maifon du Roy , & c elt à luy à faire toutes les années l'eftat de cefte mai- lou. & d appointer , ou defappointer iufqu'aux œoin- dresOfhuiers, &leur commander : tellement qu'au- cun de ceux qui font aux gages du Roy en fa fuite or- dmaire, ne fe doit difpenfer de i'obeyflTance du Grand Maiftre,& volontiers cét eftat eft entre les mains des I rinces, comme on le void auioucd'huy encre celles d vn Prince du Sang Ec cefte charge de Grand-Maiftre nempelche pas qu'on n'en pmfle auoir vne autre en melme temps : veu qu'on a veu deux Grands-Maiftres, dont 1 vn, c eft à fçauoir Anne de Montmorancy eftoit Connettable en mefme temps,& loutre, c'eftà fçauoir François de Lorraine Duc de Guifc, eftoit Lieucenanc gênerai fous le Roy Henry 1 1. Le nom de Grand Chambellan fait afTez paroiftre fa charge, d'autant qu'il eft comme chefdecequi concerne la Chambre du Roy. C'eft luy qui peut faire donner ou refufer l'accez à ceux qui veulent entrer pour parler au Roy , & qui a commandement fur tous les Gentils hommes de la Chambre, qui font en tel nombre qu'il plaift au Roy, &ont charge d'habiller. ôc déshabiller. Parmy ces Gentils hommes il y en a vn quife nomme Premier, qui eft pardefllis les autres ôc commande aux Pages de la Chambre. Auiourd'huy II y a deux premiers Gentils-hommes qui font en char- ge , chacun félon qu'il plaift au Roy l'ordonner. Le Grand Chambellan a pareillement puiffance fur touj 84 Dircours de l'Eftat Us aucres('de qnrlqa^ fotteq .'i^s foiem)qui feiuent \t \ Roy JansCa Jun.bi-. .comme vakcs de Chambie.Mai- l\tc$ & Valets de Gardetobb-,5c lous aunes. Au rtft'- c'cft au Gtand Chambî llan à chauffer, & tiier les boc- tincs au Roy le iour de fon Sacre. Quant au g: and Elcuyer , il a charge des Efcuyetics du Roy,& a commandement fur les Gentils hommes commis (uc l'Efcayerie , & fui les Efcuyers. Pag'^s, Cheuaucheuts,&Fiq>Kursquiy lont.deforteqae tous les cheuaux tant defetuicc. que des haras mefrae,lont fous fa pniifance lldoit poucr l'cpce Royale f:mee dt fleurs de Lys en toutes les ccrem mies folcnelles.com- meauxenttcesjfactesj&cnterrcmctsdesRoys.Auiouc- d'huy cefte charge eft ptefque parragee en deux , ôc le premier Efcuy. r femble auoir mefme authoritcquc le Grand.qui doit auoir auflî commandement fur lesPo- ftcs , & donner commiflîon à ccluy appelle le Con- ttoolleur des Poftcs ll eft vray qu'auiourd'huy le Con- uoollcur gênerai des Portes difpofc de toute chofe. 11 n'y a ehofcqui foit plus leante au Prince que la ChâfTcpource qu'elle rend le corps plus difposc à fup- potter toute peine , Si fait fuyr l'oifuieté, & la parelîe, qui eft la pefte des ames. U y a donc pour cet effeâ: vn grand Veneur.&vn grand FauconnicrCeux-cyfçauem en quel temps le Roy veut aller à la chalTe , & s'il veut volcr.ou courre le Cerf , & félon fa volonté ils fe dif- pofent à !uy donner du plaificUs ont commandement furies Gentils-hommes de la Veneric,& fur tous ceux qui ont charge des chiens, des oyfeaux du Koy. Les Maifttes d'Hoftcl font comme les bons mefna- gers de la raaifon du Roy , de la defpence de laquelle il faut qu'ils ayent cognoilTance, &C en oyent les com- ptes. Us portent vn baflon garny d'argent aux deux boucs.ôc deuancent les Gentils-hommes qui fetuent le Roy, lors qu'on veut feruir les viandes. Ou dit qu'au temps pafTc ils auoient charge de met- tre taux aux viures , & de faire pUifieurs autres chofes, qui leur ont cflc oftees , & font à prefem de la charge du Pteuoft de l'HofttI , vcu que beaucoup de choies font changées en l'exercice des charges , félon qu'il a pieu aux Roysd'en difpofer , & donner authoritc aux pcrfonnes qui y eftoient commîtes. Il y a encor pour la table du Roy le Grand Paneticr, les Gentils hommes fcruants , ôc les Efcuyers tran- chants , de qui les noms monftrent allez leur charge. Or le grand Paneticr eut autresfois authoriré fut la police des bleds , & du pain , pour voir fi le poids en cftoic iufte , & la mefure loyale , 6c mcfme il y mettoit ie prix. Auio'ud'huy le Panetier eft celuy qui faix eJTay des Plats qu'on vient à feruir dcuant le Roy. L'Ef- chanfon f.it auflî le mefme clTay du vin. que l'on vetfe à boire au Roy , pour euiter l'inconueniînt qui en pourroit arriuer. fi l'vn ou l'autre eftoit empoifonnc. 28 Et pource que la maifon des Roys eft compofce d'hommes de diuerfes humeurs , & que pour le grand nombre des Princes , & grands Seigneurs qui font or- dinairement à la foicteoidinaiie de la Cour, ily agrid nombre de gens.ou pour leurs affaires, ou (ans adueu, qai font fouuent des fautes, comme larrecins, meur- croù prclîdc ceKiy que bon ferabic au Roy, quand il n'aflille point , & de droidt on y void affilier les Prinpes Ju Sang, Je Chaucelier, & beaucoup d'au- tres pctfonivigcs des mieux fcnfcz , ou pLis honora- bles du Royaume. c'eft en ce Confeil qu'on vuide Jps affaires, tant de paix que de guerre , & autres cho- fcs qui appartiennent à l'Eftat , ôç mefmequelquesfois on y cupqui? des caufe^ de çonfequcnce, qui font pen- dantes ^n grand Confeil, au bien et^ Cour de Par lemcnt , ôç q iant au grand Confeil , il eft compose de toute ancienneté dn Chancelier, Sç dehqi£t Mai- ftres des Reque(^es, dç l'Hoftel du Roy , 8ç o,utre ce ii y a dix fept Confcillers,& deuxSecrecaires, vn A/Juocat du Roy , ÔC vu Pcocqrcii; G "nec^l. £n ce Confeil on juge djtfinitiacmenr» Içs Oiiîciersn'y trauaillcnt qu'vn fcmeftrç , à caufe que c'cll i^;omnie yn Patlerpenc am- buUtoite. Ces Ing's V'-i'd 'up les appels ciuils qui vienneacdeuint euxd? la, Cot-ir du Pccuoft de l'Hoftel, 8: iiig 'nr aulfi des difcrents qui font encre les Courç fouuerames» ôc des QcneBce^ qui font en U collation des Roys. Les Maiftrcs dîs Rv.'qiieftcs font les A,(r?ir-Mirs d i Chancelier, aqec lequel ils cogaoïlfenc de tous lesOf Aces du Royaume , 6c de I4 capacité, pu incapacité de :cux q ii les poutfuiuent , ont puilfance de donner re- niflions, &c lettres patentes qu'on no nme de la petite Chancellerie , & ceux qui en ont afFiire , ont voix es Cours de Parlement , ôc peuuent piefîder au>ç Baillia ges , fit SencfchiulTét's , tellem -nc que les Lieucemns des Uadlifs & des Senefchaux leur quittcncla place. Voila quant aux O'fictcrs de la Maifan du Roy le p^ns (ommaircment q i'jl eft poflible : voyons maince- nanc -eux qui four hars de fa maifon , qui put charge des 3lTiires de la guerre, veuqueç'aefté de ce çofté là 5UC les Roys ont roqfiours pris leur accroilTemenc , & puis nous vieadfons à parler des autres. Le Conneftable a commandement fur toiite la gen- larmerie de France , tant d: pied q le de cheual , veu ja'il ell général iss arme ;> qui fe leuenc en France , Se lesgarnifons, en quelq ue lieu qu'elles foient allifes. 'our l'exercice de cette lurifdi(îtion les Roys ont o Skroyéaux Conneftablcs feancede Iuftice au Palais & vn Lieutenant à la table de Marbre, qui cognoift de ous excez,& crimes commis par ceux q.ii font profef- îon des armes. Ec comme il inge d?s fautes de la gen- latraerie, il fait le femblable de ceux qui ofïencent les bldats, cognoift des butins, & rançons,& prifonniers, les ceuoltes des foldats contte les Capitaines , ÔC de :eux qui fans fon congé quittent l'armée.C'eft au Con leftable à iuger des plaintes des hommes d'armes , ÔC lutres gens de guerre qui auront eftc calTc»", & mis lors de leurs compagnies par les CommilTaires des guerres. Capitaines, Lieutenans, ou autres, commis à roir la monftre des gens de guerre. U cognoift aulli de ;eux qui font fnrprisen épiant.des debtes,obligations, Se conttadtsqiii fe font pourraifon de la guerre , de :eux qui tendent les places fortes fans congé, ou fans ;ndurer vne force extrême: des Gentils hommes fujtts lu ban & arriereban , qui refufent d'aller faire le ferui ce qu'ils doiuent au Roy , duquel >ls tiennent fief de NobleCfe & affranchifTcment. Somme les payeurs des Compagnies,Treforiers, & leurs Commis.les Preuofts des Marefchauflces , leurs Lieutenans , & Archers, dé- pendent delà iuftice du Conneftable. Apres luy il faut confiderer les Marcfchaux de Fran- :e, qui ne peuuent comme aurresfois eftre demis de curs charges , qui leur demeurent autant qu'ils viuent, ^u commencement il n'y en auoit qu'vn , puis on en K deux,puis trois, & après quatre, Ôc de noftre temps il y en a eu iufques à (îx ou fept , ôc maintenant ils ont au nornbre de dix. L'Ordonnance dit qu'il appat- du Royaume de France. 8; tient ^ux Seigneurs,Conneftable,M,arcfchaux de Ftan' ce, ou leurs Lieutenans à la table de Matbrc , de co- gnoiftre de tons exccz, & ctimes commis pat les gens degucrre,t3nt de piedquede chcual.^u champ,enJcur gunifon, en y allant, ou bien en rcuenanc . ou tenant les cl) unp,s,& des efforts au(Ç qu'on leur peut faire. Ils cognoiai-mt ^ufTi des prifonnicrsdc guerre, des burins, & des débats qui en peuuent arriuer, de ceux qm pte- nans les gngcs du Roy , defcbcyOent à leuts Chefs , & partent d,u camp fans congé. L'Admirai qui eft tel toute fa vic,eft Chef, & Lieu- tînant gençral fur meç : ôc pat tous les lieux ]ui font (ut la marine, & a charge de tout ce qui s'emrepttnd fur mer, comme aulji, il a cognollfance de toutes les fautes qui s'y commettent. Il n'y a pctfonne qui puiiTe fans fa permiiÇon mettreaucun nauire en mer, fLift-ee à fes propres coufts , & defpens , ny entrer aux ports de France. Il a cognoidance de tous les differeors qui iduienncnt, tant pour raifon des concraéts faiâ:$ pafHz pour le faiéi: de la guerre, matchandife, & pcf- cherie, que pour autres caufes ciuiles ôc criminelles procédantes de ce qui fe pafle fur la mer, ôc il y mec tels Lieutenans que bon luy femblc , pour en décider. C'eft à luy à prendre la dixième de toutes les prifes , & de tous les giins ôc profics qui fe font fur m -r.par quei- ^lues perfonnes que ce foient , ôc c'eft à luy qu'U ap- partient de donner permiifioa à ceux que bon luy fetii- ble, de harcngaifon» ôc marte faifon pour pefcber,vea que fans(onoctioyn,ulnepîut aller aux terres neuf- ues, pour lapefcherie des harans, ÔC des morues C'eft i l'Admirai à faire dr elTer l'ordre des guets fur les co*' ftes de la mer, lors que la necefîicé le requiert, & mef- meilyenaqui tienneui qu'il peuc faire tréues ppuc quelques iqursauec les ennemis, qui eft vn grand pti- uilege. ' Les Lieutenans généraux des armées font mis pour y tenir la place du Roy, la perfo!inedu :|uel il n'eftpas bon de bazarder , comme plufieurs ac:idensnous ont fait cognoiftre,& ceux cy font mis en lieu , pour com- mander aux armées , ôc auoir pareille authodté que le Roy auroir, s'il y eftoit en perfonne. Les Gounerneurs des Prouinces , qui doiuent eftre alTez bon nombre en France , à caufe de fon eftendue^ auoient autccsfois le pouuoir de donner des <^races, o6troycr droits de Foires Ôc m,uchez,3nnoblit''ies ro- turiers, ôc légitimer les baftards, Se auoienr droid d'e- uoquer pardeuant eux les caufes pendantes par dcuaitc les luges ordinaires. Mais Lon^XU. reuoqua ces pri- uileges par vnEd t , & anéantie cette puifFance. Ils ont bien encor grande authorité, mais la Iuftice ordi- naire ne dépend aucunement d"eiix,ains feulement cel- le qui pik en chofes appartenanrçs à la guerre, &bicn que le Gouuerneur teprefcnte le Roy , h eft-ce que s'il eft queftion d'vn citoyen ou aucrcne faiianr prof iTion des armes-ce n'eft à luy à le punir,ains à l'orduidre. ÔS l'appel ne va deuanc luy,ains pardeuant h Iuftice efta- blieés Cours. Le mefme fe peut dire de> Lieutenant généraux pour le Roy aux Prouinces le ne m'elten^ray pas fur les charges des Colonels de la CauaU rie Se In- fînterie,& du grand Maiftre de l'Artillerie, veu que le nom fait alTez voir la puiffance qui leur eft donnée. Ainfi q ic l'Ordre de l'Eftoille auoit eftc inftifué pat le Roy lean , de mefme celuy de Sain(a Michel fut in- ftitué par le Roy Louys X 1. à Amboiff . Et le feti Roy Henry 1 1 L fut autheur de celuy du S Esprit , qui dureencot , & dont les CheuaHers jouylfcnt d'aulîi beaux : ôc mefme plus grands priuileges , que ceux des autres Ordres. Il reftc maintenant avoir l'eftabliffement de la Cour de Patlement de Paris , Ôc de tontes les Compagnies fouueraincs , pour le hic^. tant de la Iuftice que de* Finances, H Ï6 Difcours de l'Eftat jo L'vn des plus anciens eftablilTemems de France, que riiiftoire nous tcmoignc,eft celuy des Parlements, qui dés nos premiers Roys.porcoit le nom,non de Par- lement, maisd'Eftits ûud'AlTembleedc notables, qui fc conuoquoit de rrois ans en trois ans, voire quel- qucsfoispliîs fouuciu, (clon l'exigence des affaires du RoyautTje , Se ce par commandement du Roy en tel lieu &c ville que bon luy fcmbloit , & duroit enuiron fcpt femaines ou deux mois. Et pouvcc que tout ainfi qu'eu Angleterre la tenue fr equrnte de ces i'arlcments incommodoit le peuple qui en fouffioit beaucoup de frais 8c dclpence, furent choifics , après ties-hum- blcs remonlhanccs failles au Roy , quelques villes des plus grandes Proumces de France • où s'eflifoient perforines , Clercs &c couftumiers , expérimentez aux iugem' nts des différents des parties . qai iug^roienc des caufes d'appel, comme font aujourd'huy les Cours fouucraines tftablies ea France , où le traidlcnt &c tetmiiiem les audiences priuces de chaque pivticuher, Jes plaintes publiques & générales elhns referuces aux Elbts généraux conuoquez fous l'authoritc du Roy. Àinfi donc és premiers temps & règnes de nos Roys, tenir le ParUment en Fi ance , am(î qu'aujourd'huy en- core en Angleterre, c'cftoit alTembler les Eftats du Ro- yaume , &c conférer par le Roy aucc Tes (ubjcts de fes plus grands,& imporcans affaires.prcndr^ leur aduis & confeii:oLiir leurs plaintes & remonllrances,& y pour- uoir. De là eft venu le mot de Parlement , qui a rouf- jours cftc dc}.tiis retenu , & peins pour lefuptcrae& ' (oiuicrainlufticicr de France. Les premières affcmblées portansie nom dePatle- mcnt fc tcnoicnc quclqucsfois en pleine campagne, particulièrement en ta premiete lignée de nosRoys,& infq'.iesbien auant dans la féconde. Ainli l'Hiltoire de France faitfoy que le Roy Pépin voulant acheuet la pucrre d'Aquitaine,s'en alla à Bourges,où félon la cou- ftume des François , il tint les Eftats au milieu d'vn champ. S.Grcgoire de Tours fait mention en plulieurs endroits de cette mefme couftume,difant,que lors que les Airemblccsfe tcnoicnc en plain champ, les grands Princes.Prelats & Abbcz, y faifoient porter des tentes & pauillons pourfe loger. Tous affaires de luftice St d'Eftat fe traidoicnt in- différemment eniccUes Alï'cmblces : mais fur tout les matières Benehciales & Ecclefiaftiques , la Police & la Reformation des abus du Royaume. Il y auoit cet- te feule différence, que quand les parties ne fe pou- uoienc accorder en certains points , & que les affaires meritoinit confeil & délibération , lefdits Elhts anoientcffeus certains luges Politiques, aufquelsils les renuoyoicnt pour en décider eu fentence diffiniti- ue,& fans appel. Or on appelloit ces Affemb'ées de Champ Parle- mcns ambulatoires, qui fubfiftercnt en France iufques au règne du Roy Philippe le Bel , qui pour autant que ces Parlements cCloient incertains comme les lieux où ils fedeuoient tenir, &quelcsfubjets foufftoient de grandes incommoditez pour auoir iuftice en ces Par- lements ambalatoircs , il ordonna par délibération des Eftats , que la Cour de P.irlcment de France fcrouàParis, & que les luges ainfi ordonnez y re- fideroient comme fouueraius& perpétuels dcfîniteurs de toutes les appellations du Royaume. Ainfi ce grand Lcgiffateur Soion ordonna en la ville d'Aihcncs , vn lieu appelé l'Aréopage , où il mit des Sages Députez, pour adminiftrer la Iuftice, aufquels ceux de la Reli- gion alloient pour auoir iugement de leur querelle. Le fcmblablc fit Lycutgue à Laccdemonc, où il infti- tua le Sfoat , pour rendre iuftice à tous les fubjets de l'Empire. Hipprodame Legiflateur ordonna à Milcfe vn principal fuge iudiciaite de pluficurs ycnera- iblcs vieillards, aufq'ieU on auoit recours en toutes fortes d'offaires. Cefjt dit que les Druydes qui eitoient les Philolophcs , & les fages de uoftte Gaule , conue- ! noient chacun an en certain temps &c lieu determi- ) né . au pasChucrain, quieftnitlc milieu de la France, Se là de toutes parts fe ren loient ceux qui auoitnt que» relies de ptocez , attendms leurs iugements , aiifqacls ils obcylibient. Romulns premirr R<*y de Ro-ne, créa cent Sénateurs eflcus encre les plus gens de bien» qu'il appcUa Sénat , & au commencement furent ap- peliez Pères par honneur, & auiTi pour les admoneftet de trai£kcr les caufes des particuliers par aifcAion pa- ternelle , & leur donna lieu en la Cour de Rojne pour y refider. Ces Parlemeuts auparauant leur cftabliffemcnt i Paris, cftoient ambulatoires, fuiuants la Cour,&re te- noient indiff-rcmmcnt en tous lieux, (Se vne fois l'an du conimenccment:&: depuis fous Louys le Débonnai- re, du tout enclin & addonné à la Iuftice, d.-ux fuis lid d'ordinaire , non toiucsfo.s à iours certains Se prcfix, comme depuis fous Philippes le B -l , lequel ordonna le Parlement fedcntaire à Paris , pour y eilre tenu deux fois l'an és jours de la Natiuité, &c Purification No- ftre Dame en Février 6c Septembre. Ce qui a clian- gé toutesfois du depuis , fans affeurance du iour cer- tain , le Parlement tenaut taatoft à Pafqufs , à la Touffaindls, & autres iours tel» qu'il eftoit ordonné par le Roy , com ne il fe void enco- es p*r le; ancicnî kfgiftres ds'la Cour, nommez 01 m y pu Idquels l'on appelle les Arrcfts qui fc prononcent folemneUe- mentcn Robbcs rougis-, les furueilles & autres iours deuant les grandes fcftes. Et dn depuis Louys H Jtin Ton fils 5 pour le rendre plus célèbre , luy affignalieu au Palais, ancien fejour& demeure des Roys, amfi que fit iadis l'Empereur Adrian, lequel cftablic prcsTapet- fonne cent luges en forme de Parlement.à chscun def- quels il fie dteffcr Se confttuire logisà part , pour y rendre la Iuftice. Ainfi donc le Parlement auparauant ambulatoire futeftably à Paris par Philippes le Bel, & la Iuftice s'y cft du depuis tendue fouuerainement fous le nom & auf horité du Roy, par gens de toutes qualitez, com- me Prélats, Princes , Barons , & gens du Confeil , ver- fez & cxperi.Ticntez au faiellc,dan$ laq'irlle fe lugcoicnt les proc<^z crimi- nels, qui eft celle qui fert auiourd'huy de Beuuecteà MeiTi urs de la grande Chambre. du Royaume de France. En lu.lh t 1 5 19 fut er.gee par le mcfmc Roy Fran les proctz de ladite Chambre! lurqu.srnj année ,^^7. que le Roy par Ed/tfifa à Pa- ns au mois d ./anuicr audit an rcuoqua les Ed t s faits ur le fa.a du Scmcftre , remit 8c reftablit fa Cour de Parlement en l'Eftnr qn'ellc eftoit aMpua.ianr.Et d'au- tant que par ce reftablifFement il y nioir és .h a.brcs des Enqueftes plus grand nombre de Confeillers que de couftume , ÔC qu'en chaque chamb.c il y en auoit enmronvingt-quatre. quoy qu'anciennement ils ne fuirent que qnmze ou fe.ze , pou,- le pl„s : I on érigea vne cmqmclme chambre des Enqueftes à Tinftant des quatre autres anciennes, qui feroic compoice de deux Prefidents , & de nombre de Confeillers . pour c^ re- oarEd'ît d ''^ quatre chambres, par bdit du mois de luillet 1568. Et de plus, en confequence de l'Edidl faiéè fur la pa- CLication des troubles par le Roy Henry 1 1 1. f^t eri- f vne chambre . depuis appellee la cham- bre de 1 £d.a & à cette fin furent créez vn Office de Prefident , U huiéts ConfciUers.aufquels toutcsfois ne fut pourueu , ains ont efté prins ind^ffaemment iuges de routes les chambres , pour rendre iuftice & vuidec çois I. laChjmbre des Vacations, fuiuant les Inftitti rions & Ordonnances auparauant faic^es parle Roy Louys X 1 1. La chambre des Enqueftes fut diuifee en deux : la ptemiere la grande cliambre dcs Enqueftes, ôf l'autre la p' rite : & pour l'affljence des affaires &.^prôctz au Paileraenc, le Koy hrançois I. l'an 1511. èftant àS. Germain enLayc decetna par autres lettres là création de zo. DOuueauxConleiilers au Parlement , dont fut faite &compolct la troilîcrae chambre des Enqueftes: vne autre quatrième chambre des Enqueftes fut érigée au Parlement, par bdit du mois de May 1545. compo- L authonrc du Parlement a de tout temps eft,i Ci grande que toutes chofes s'y condiltoient & palToient: me mêles Eglifes demandoient congé au Roy en foh PrelaT"' ^ 'P'" """^ Les matières de corrbats s'y vuidoieHt , comme ap- Fn^ l^.'f "'^ Comtes de hV , Î ^^L"'^"^^» l^q^el fut dit qu'ilyauôiC lieu de combattre entre-cux.parce qu'il fe tiouua preu, ue des chofes qu'ils mettoicnt en auant. En en l'an qucs d Archoy, Cheualier, & lean Picard auflî Cheua fee de . S.Con. e.lJers. 6c z.Prefidents, puis des anciens , lier fon beau p^e ïeoud L ^'"^.'^/"«î Cheua- ConleiilersdelaCour. / deJn UR^'^ r 1 auoit fait propofec En ce temps làmefme,fçauoir an mois de luin ' "«"'l- '«^^^^^^ 1J44 fut erig< e& eftablie vne chambre duConfeil,] l'cftablilTemcnt de laquelle fut fondé fur l'abbreuia- tion des procez ôc d Itcibution de prompte luftice, auec création de i. Prefidents nommez $.Sc 6. Prefi- dents de la Gourde Parlement ,& 12. Confeillers, 4. Clers,& 8 Laiz, pour cogaoiftre, iuger & décider tou- tes les appellations verbales , appomdicsau Confeil par la grande chambre du plaidoyé. Le Parlement continua en cette façon iufques en l'an 1554. que le Roy Henry IL fi & ordonna le Parlement S.meftre par Edit fait à Gompicgnr , mois de May audit an : pour le feruice duquel il fie vn Règlement, par lequel il ordonna que fa Gour de Par- lement fuftvn feul corps , quiferoit compo é le et ne cinquante fix teftes , fçauoir S Prefidents de la Cour, buic'l des Enqiieftes,j6. Confeillers Clercs , non com- prins les Prefidents des Enqueftes, Clers , & 104. Confeillers Laiz , outre les douz . Pairs de Franee , & lo.Maiftres des Requeftes ordinaires : Et deuoicnt les Prefidents & Confeillers Icruir , c'cftà fçauoir 78. en la première demie année commençant le ptemier Juil- let, 8c autre femblable nombre de 78, en l'autre de- mie année enfuiuant, commençant le premier lan- aiec : En chacune defquelles demie année y auroit trois chambres fournies : La grande chambre du Plai- doyc, de quatre Prefidents , & trente Confeillers, dix Clercs, ic vingt Lai'z, & chacune des 2. chambres des Enqueftes de 2 Prefidents , & vingt Confeillers , qua- tre Clercs, & feize Laizjdefquelles trois chambres fc- foient pris pour faire la chambre de la Tournelle.deux Prefidents , & huiâ: Confeillers Laiz de la grande chambre , & de chacune des deux chambres des Enqueftes, trois Laiz pour faire le nombre de fe>z [if^o't compoxe la chambre de la Tournelle -ce cftablifleujcnt du Semeftre au Parlement dura Il ' \ r F"! "Ji te auoit cnar- nellemcnt connu fa propre fille, femme dudit lacques^ ' .2Z r ^"""^"^ pure volonte,fans aucune force ou contrainte i & ledit leafi a'uoft d? beau-fils , meu par jaloufièi auoit dénonce cette chofe contre luy ,& ce bue fa fem- me en auoit dit & confelTé , il luy 'ai.oii fSt dire 6aé force, par fortilege & forcellemens L'opinion & I'eftime du Pàrlemerit, & Cour des Paus eftoK relie . nori feulement en France, mais pat toute la Chrcftiente . que communément les grands Prmces eft.angers fe (oûmcttoient volontairement à Ion i ig rr ent. 1^^ ( as& Ode.dragusf.eres, toucham leur Royau- -ne ,Icq dfut accorde au Parlemenr -.nui (où, l'Err,- pereur Lonys le Débonnaire, ôc le Royaume adjugé aupuifnc ' ' o In^.^lTJ "•^"•'^""44^ cft.ntenrré en grands difFer nvs auec le Pape Innocent l V.iufques a venir aux armes , en f.çon que le Pape l'auoit pîmé de l Empireau Concile de Lyon, foûmit aujugem.ric du Roy & de fes Pairs m fon Parlement rous les d.lFc- rentsquiUuouauecle Pape. AulTÎ d. tehips de Phi- hppesl' B Ilan mu. le différent du Comte de Na- niur fut dea<^eau Parleri,ent. & ne refufa point ieari Comte de Namur.fefoûmcttre au iugement dii Roy,Sc de Ion arlemenr . er>core qu'il euft pour partie Char- les de Valois.frere du Roy En l'an 1 ,20 Phd.ppe Prie" ce de Tarente k f Û ,.ic pareillement au fug^ment du Parlemem pour vu d fFerentq .',1 auoit auec le Duc de Bourgogne, touchant certains frais qu'd conu noit fai- re pour le goauernement de l'E-npire de Conftantino- ple. & ut I Arreft donné , le Roy prefeut & feant ert '01 Pa. Iem nr, au profic du Pauce de Tarent. A.ure Arrelt tac donne en Parlement en l'an 1.4^. e.itre le Duc de Lorraine, & Gtiy deChaftillon qu. auoiï H z 88 Difcours de TEflat cipousé Dame Marie de Lorraine fa fœur, fur le diffé- rent qu'ils auoifnt cnfcmMe, touchant le partage de la fœur, tant auDucI é de Lorraine qu'autres terres dont ils s'eftoicnt volontairement fournis au iugement du Paili ment. Et en l'an 1 5 90. Le Dauphin Viennois,& le Comte deS iuoye, fe fournirent au iugement du Parlement, touchant l'hommige du Marquifat de Siluffe , & de plufieurs places &: Seigneuries contcntieufes entr'eux, Ôc fut le iugement donne au ^irofit du Dauphin. Du temps de Charles VI. Ceux d-î Cambray fiirent appeliez au Parlement pour certains cxcez par eux faits.au mefpris d'aucuns Arrefts. & combien qu'ils ne fuffent fuje6tsau Parlement , toutesfois pour la plus grande réputation de la Cour, ils comparurent & plai- dcrenr,&: en fin réparèrent la faute. En l'an 1411. au- cuns Cheualiers Efpagnols apportèrent vn traidé.faid & pafsc entre les R©ys deC3ftille& de Portugal.pouc le faire pubhcr à huits ouuerts , ce qui fut faidl , & eu- rent adte de leur publication. Et encore depuis 80. ans l'Empereur Charles V.co- gnoilTant en ce Parlement telle Majeftc & iiitcgrirc, ne voulut iamais és accords de paix, faits es années 1516. & 1 5 57. auec le Roy François I. & Henry 1 1, confentir & accorder la refolution d'iceux, que pre- mièrement ilsn'euiTent cRc veus & rapportez au Par- leraentjpour y eftre approuvez ôc authorifcz. Ce que delfusdit , pourmonftrec en quelle eftime Se réputation le Parlement a tftc de tout temps , mef- me enuers les eftrangers , telle recommandation & re- nommée ne prouenanc d'ailleurs que de la grande preuû'hommie & intégrité des luges , & fainft zele & inclination de nos Roys à la luftice. ^ Et dés ce ten-ps-làmerme les perfonnes appellces au Parlement eftoicnt choifirs , & cHeuiss de nos Roys par mérites , fuflifanccs & capacitez,& non au- trement. Cette Cour ordonne fouuerainement,& lagc Sacra Cf/«,comme reprefentant la peifonne du Roy. lequel a bien voulu foufmettrc fa hauteur & Majeaéàla lufti- ce & reditude de fon Parlement,Ô£ à l'obferuation de Ces Ordonnances. Et ce qui l'a tendu fi recommanda- ble pat tout & enuers tous, tant regnicoles qu'eftran- pers,aeftclavettu, do6trine. &c grande expérience des petfonnageschoifis & eftablis par cHcaions pour y rendre luftice. r 1 < l j Apres la Cour de Parlement fuit la chambre des Comptes à Paris, erigce & eftablie pour en toute fou- lictaineté cognoiftre , iuger & décider du fai£t des Comptes , & des finances : en cette chambre de tout temps il y a eu luges & Officiers créez à cette fiu, ap- peliez Maiftrcs des Comptes,commeeftans ordonnez pour voir , ouyr . & examiner les Conr.ptes des Thre- îbtiers , Receueurs , & auwes Officiers comptables du Royaume. . , ^ • r Cette chambre ayant cftc eftabke à Pans , y furent mis & eftablis par fuccertîon de temps Ptefidents & Souuerains, cnprefcnce defquels tous affaires conccr- nans le fait des Comptes eftoient refolus &termmez. Le plus fouuent le premier des Preiîdents de la chambre cftoit Archeuefque, Euefque ou Ptclat , & le fécond LaÏJ. Le arand Boutelier ou Efchanfon de Ftance,(uiuant l'Ofdo^nnance de Charles Vl.du 6,lanuicr 1400. à cau- fe de fon Office cftoit anciennement l'vn des deux Prcfidcnts en la chambre df s Comptes à Paris : Et en l'cftat de Philippes le LongRegent , du mois de lum 1 î é.McflîreHfnryjfieurdc Suilly,eftoit fouoetain de la chambie des Comptes, & le dernier Autil enfuiuat, il fut fait grand Efchanfon de France l'an i Ji?- & par confequent Prcfident des Comptes , cette lurifdiAion cftant annexée audit Office : il eftoit le grand Efchan- fon ot.fcianc<,rvn des quatre grands Officiers quifouf- ctiuoient ks Charties •& patentes des Roys , & afli- ftoitnt aux iugfmens des Pairs» auec voix & opinion deliberatiue. 11$ font luges fouuerains,& à eux appartient cognoi- ftre fouueraincment du faiû des Comptes & finances du Roy De ce il y a Edit & déclaration faiite à Com- piegne le i. Aouft 1553. pat lequel le Roy veut & en- tend que fes gens des Comptes foient & demeurent feuls , & ptiuatiuement luges en Cour fouucraine & dernier rcftbrt de tout le fait des Comptes & des finan- ces . fans que les Généraux des Aydes , ny autre Cour puifTent prendie titre ou qualité de Cour des finances. L'authoriié de cette chambre a toufiours efté gran- de:en icelle f< tenoit ordinairement le Confeil du Roy: Et là fe faifoient toutes infttuAions& Ordonnances, tant fur le faid des Aydes.que fur toutes autres chofes ^ concernans le fait & Eftat du Royaume, pour les Offi- H ciers de la chambre des Comptes. Ils font vn grand notubredeMaiftresdes Comptes,Auditeurs des Com- ptes, Correftcurs des Comptes, Greffiers, Huiffiers & Me fTagers des Comptes. Il y a en cette chambre iufqucs au nombre de neuf Prefidents. Celuy des Maiftres des Comptes eft de 6t, Les Corre£tcurs des Comptes font après les Mai- ftres, les premiers deuant les Auditeurs , faifans à ptc- fent le nombre de ii.Usont ,& prennent la qualité de Confeillers , félon fies lettres du ij. Décembre 1531. obtenues du Roy. Le mot de Correfteur monftre quel- le eft leur charge , fçauoir de faire les correiflions des Comptcs.iceuxreuoir ôc diligemment examiner , tant es calculs des parties pafsées ëc allouées, qu'es obmifir fions ou deniers mal Se induement pris fur le Roy , & s'ilsy trouuentdes corre<^ions,en faire extrait & rap- port à la Chambre , fuiuant l'Ordonnance de Charles VII. faifteà Melun,en Décembre 1454. Quant aux Auditeurs , ils font d'inftitution fott an- cienne, & prefque eftablis de mefme temps que les Maiftres des Comptes : ils font iufques au nombre de 6z. départis par Semeftres. Il y a eu toufiours deux Greffiers en la chambre des Comptes , & les affaires de la chambre croiffans leur ont efté donnez deux Clercs depuis appeliez Norai- res. Greffiers, fuiuant l'Ordonnance de Vetnon de l'an 1388. Il y a auffi en la mefme chambre vn Procureur du Roy par Ordonnance de Charles VII. 1454. Pour l'Aduocat du Roy il eft créé l'an 1405. Il y a vn Huiflîer de chambre d'ancienne inftitution, & créé feul auec le corps d'icelle, pour faire & exécu- ter tous les affaires concernans le feruice de ladite Chambre. Il a droift de Chambcllage fur tous les Sei- gneurs qui entrent en la chambre , pour y faire les foy Ôi hommages des terres & Seigneuries teleuans nuc- ment du Roy. Outre ce il y a encore vn Officier de Gar- de des Comptes , & vn autre pour la garde des liurcs & Regiftres. Dauantage il y auoit encore de tout temps dix- huift Melfagcrs créez pour exécuter les mandements de U chambre des Comptes & Thrcforiers de France. Ili font décorez du titre d'Huiffiers, Pouiccqu'auecceils ont encore pouuoir d'exécuter rous mandements de» Confeillers du Parlement , Grand Confeil , & luftice Royale. Us font k prefent au nombre de vingt-quatre. Finalement il y a vn Relieur de liures , failant ferui- ce aétuel en ladite chambre, & eft employé particuliè- rement à cet efftâ: , & receu auec ferment , & dit-on qu'il ne doit fçauoir ny lire,ny cfcrire. Dans le Palais de Paris eft auffi la chambre du Threfor ainfi appellcc , pource qu'anciennement le Threfor du Pvoy y x cftc gardé dans yne Tour , prés ladite Iâdic-:chjmbir dudii Threfor en la Cour du Palais.qui fe void encore aujourd'hity trcillirec,& au plancher de laquelle fonc attachées les balances où les finances du Royaume qui y eftoient apportées , & mifescs mains du Changeur du Threfor , fe pefoient : Autresfois du temps de Clouts & de Chilpetic,il n'y auoic qu'vn feul Thrcfotier pour la garde du Threfor du Roy , eftably feulement pour vn an félon la volonté des Roys ; puis en furent créez quatre : & de plus par Edit de Blois fu- rent créez dix-fept Thrcforiers Généraux csdix-fept Gcnecalitez de France , Se en chaque Bureau de Gene- lalitc dix autres Threforiers. - Il y a en ladite cha^ubre des Confeillers du Thre- for , qui ont toute lurifdiiSkion contentieufe pardelTus les Threforiers de France. La Gouc des Aydes a fon inftitution au règne du Rl^v Louys Hucin en l'an i jjS. & dêilors, ôc quelque temps auparau tnt furent ordonnez ôceftablis Officiers par tous les Diocefes & bonnes yilles du Royaurne, qui eftoiCiit choifis & efleus pour receuoir les deniers qui fe leuoienc , qui furent appeliez Edeus , & les au- tres Maifttes Se Généraux Canfeillers.pour cognoiftre & iugeren touce fouueraineré des projez prouenans des Aydes , fuBfidss , & autres impofts. Et furent ces Confeillers Généraux ainfi appeliez, àcaufe qu'ils auoient la charge générale de tous les Aydes par tout le Royaume, le nombre defquels s'eft accru, comme & à mefure des abus& raaluerfations qui fe fonc trou uées à la leuée & recepte defdites Aydes par les Efleus & Collecteurs d'icelle. Du commencement cette Cour des Aydes eftoit :omj)ofeede huid perfonnes, fçauoir vn Pre/îdent, Clercquatre Gcncraux,& trois Confeillers fur les Ay- des. Miintenac elle eft compofee de quatre Prefidencs, dr vingr-fÎK Confeiliers Généraux, dVn Procureur du ^oy.d c deux Aduocats Généraux du Roy, vn Greiffier & Huiffier. II y a aulli vne autre Cour fouueraioe en France, jui eft celle des Monnoyes , qui iuge fouueraineraent i'icclles,elle eft compofee de huid Maiftres Généraux, i'vn Aduocat & Procureur du Roy , auec Huilîiers & ilTayeurs, & par création de François F. Tan istz. le [ I. Mars cette Cour fut augmentée d'vn Prefident & le deux Confeillers, & du depuis Henry fécond créa ;ncore vn Prefident auec trois généraux de Robbe ongue,& de plus vn autre office de Prefident érigeant a Chambre en Cour, &deux Généraux auec autres près eftablis iufques au nombre de quatre Prelîdens, le vingt Généraux. Voila les Cours fouueraines qui font diftribuées par : Royaume de France.pour le fai*- de la Iuftice,Finan- es du Roy.Sc Police générale des François. Le Premier Baillage qui eft fous le Parlement de aris, c'eft la ville de Laon,puts ccluy de Rheims, puis miens, Abbeuille , Boloigne , Seniis , Sens , Auxer- Troyes.Vitry en Parthois,Chafteâu-Thierry,Chau- ont en Baflîgny , Meaux, & Prouins , dont les deux rrniers , de msfme que Chafteau- Thierry font com- :is au pays de Bcie. 11 y a après Melun, Poidiers, An- :rs, le Mans,Tours,Blois,Bourges,Orleans,Chartres, ngoulefme, la Rochelle, Montfott l'Amaury , Lyon, loulins, Sain6t Pierre le Monftier , Rion , & Oril' ic en Auuergne, puis la ville & Preuofté de Paris, Mcs le difcours de laquelle il faudra voir les autres,' lais félon les Prouinces, & non félon l'ordre que i'av lis icy. ^ ^ Dans Paris vous auez le fiege Prefidial du Chafte- t, où il y auoit vingt-quatre Confeillers par l'Edit de iti i)6o. du Roy Henry II. A ce Prefidial refTortif- nt le fiege de la Preuofté, & Vicomte . la conferua- 3n des Priuileges Royaux de l'Vniuerfiré de Paris, s anciens reiforts de ladite Preuofté, Brie Comte- du Royaume de France. gp let le Preuoft fes Licutenans ciuil , criminel & parti- .W±5?/ÏÏ^^'^'^^ 'î" P-i!^g«.'es gens du Roy, i;K>cur^r «cAduocatJe;»;-?:;:^^ '«CommifTaires de la ville. Pour le feruicc de ce Chaftelet . .1 y a des Sergens tant à cheual , qu'à verge, qu, exécutent les adjournemens. & donnentles a^nat.ons ordonnées par les luges, comme enuoyez da R.^.°Îp? ^rr°"'f d'Officiers , 3c la marque du Roy enbfcuflon des armoiries dcFrance. LeCha- ; ilt' ?:T " ?"*^°"cerne la police déroute IcnZr" r Tr V'^ «^"1^"S^« > ou autres qui vendent marchand.fe de bouche , font faute en leur l rcuoftde Pans à pUnir telles fautes. Qiunt à la Cour de Parlement de Paris, dont les Princes du Sang naifTcnt Confeillers , il falloir félon le nombre ancien qu'il y euft cent hommes , à fcauoir douze Pairs de France, les terres defqueUfont du ref! de 1 Hoftel du Roy , pn.s quatre-vingts Confeillers , y compris les quatre Prefidents , à fçauoir quarante p" * J^l\T" ^""^lefqudsïont l'Euefque cJu Roy . 3c le Procureur gênerai. Mais ce nombre eft rnaincenant augmenté de beaucoup.Ia grande quantité des affaires eftanr caufe de la pluralité des iJs. Les moindres offices de la Cour font les quatre Notaires c'^lr ^lesHuiifiers. Tout eft 1» grande Chambre, que l'on nomme aueremenc Chambcc dorce ; la Tournelle , qui eft celle où fe pl eZ À ""t""" ''T"'^^'' g""^- Chambre di Enqueftes:la petite Chambre des Inqueftes • la Ch.l bec nouaelle , & la Chambre du Dorafne Vo^s vo- Hoftel du Roy. la Chancellerie, les R.queftes 1 p"! la.s, leBailhagedu Palais, la Chambre des Maiftres hciersde trois cens fieges des Eaux & Forefts de ce ^r^: .^?r:^l>^-'^ ' ^ Marefchauffe: t Z Franc. àUtabledeMarb ;ia^:.b.rS::^^^ celle du Threfor, la Chambre des Monnoyes jX.; de Marbre,& la grande Panecerie de France Les fous Bailliages du Chaftelet de Paris" font Poif- leîier^Tr " Laye.Tornan en Brie,Corbeil,Mon.' lehery, & Gonneffe en France Sous le Parlement de Paris font les fieges de luftice principaux qui s'enfuiuenc. ^ Premièrement en la ville de Laon.fiege Prefidial où par Ed.tdu R.oy Henry ir.. .1 y deuoit lio.rt ' aud.t fiege Prefidul au cas de l'Edit.la ville de Laon,les fieges de S.(^.ntin,Ribemont.M^on,Couiry,Ch u! na)sSoiffons,Guife,Peronne,Mondidier & Roye ' Plus en ville de Rheims autre fiege Prefid.al. où il y doit auo.r hui6t Confeillers.& vn Greffier d'appeaux par ledit Edit que nous fuiurons toufiours. Et à ce fie- ge Prefidial doiuent refTortir le fiege dudit Reims , la çonferuation des priuileges de l'Vniuerfiré dudit lieu, le fiege de Chaalon.Efpernay . Fifmes. la Comté de Vertus, Se le Bailliage de Saudron. En la ville d'Amiens il y a vn fiege Prefidial,où font ept Confei 1ers, Se va Greffier d'appeaux pourleBail- liage dudit Amiens. ^ En la ville d'Abbeuille autre fiege Prefidial , où il y dlXiSre'f ^" ^^-^^^-'Te^ ler^"iVn r fiegePrefidiaI.fept Confeil-' ler5> Se vn Greffier pour laSenefchaufTec de Boulônoi* H t Difcours de l'Eftat 90 En la ville de Seolis fifg» M\ Ua\ , haift ConfeiV \prs , & vn Gtctfi. c , auqac fi u llutcnc le iit ûege de Senlis , des IV g' s iciLïfs d - Co.npie^ >e. Cl Si- mone en Bc anao hs, Cccil , Pienoftc Angy, <-hau- mont en Vexin.Ponioife, Bcaataont lur Oyfe, Crclpy, la Fcttc- M Ion, *c i'^cxv fons. ^ , .„ En U ville de Sens , fiege prefi Ual , dix CooleiUers. & vn Grrfiec, où leffoti Icfiege de Ville neufue le ^En la ville d'Auxerre fie g" Ptefidial , fept Confcil- Icis ac vn Greffier, pour le Ba»llage dudic Auxerre. En la vïlie de Troy ftcge Pceù liai, buift Confeil- 1ms. Se vn GreÇcr, auquel ùege reirorteuc le 'îege du- dit Troyes, la confcruation des Foires de Btie & Champagne, pouraïuant quelles s'cftend dans ledit Baillagc, les fiegcs de B^r fur Stine , Mafli l'Eaefqae, U Feitté lur Aube. Nogcnt , & Pont fur Seine, Eury le Çhaftel,& S Florentin. r, ^ r En la ville de Viuy en Parthois Gegc Prefidial, lept Coufeillers , Se vn Greffier , auquel hege Prefidial ref- fortent le fiege dddit Vitry . les fieges de lainiile Me- nchou, S.'ûiûcr, Rouuray,& PalTauant. En la ville de Chafteaa- Thierry fiege Prefidial, fept Confeillers , & vn Gvctfier , auquel fitge rcflot- icnc ledit ChafUau Thieny , & les fieges de Cha- ftillonfur Mifne.Trettons, Oachil Chaftel , & Midy S.Fronc. « rj- 1 En la v ile de Chaumont en BifTigny hege Prelidial, fepc Confeillers & vn Greffier, auquel fiege telfortent ledit Chaumont, le B village de B »r fur Aube. En la ville de M aux fiege Prefidial , fept Confeil- lers , & vn Greffier , auquel fi-ge refTortent ledit Meaux , les fieges de Crccy , Couloumiets en Btie , & la Fettc Garchcr. ^ ,. , r ^ r y E l la ville de Prouins fiege Prefidial , fept Conleil- kis Se vn Gr^ffi.-r. Ledit Prouins , & les fieg< s de Se- zanncMonteieau faut-Yonne, Bray fur Seine, louille Chaftel, & la coaiferuation des foires «le Bue & de Champagne, pour autant qu'elle s'eftcnd audit Pro- uins, y rclfortent. A Mclun fiege Prefidial , fept Confeillers, & vn Greffier. Ledit Mdun , & les fieges de Mar-t , Ne- mours , Chafteau landon , la Chappclle la yne , 6c M.lly en Gaftinois y relTortf ut. A Poidicrs fiege prefidial , pour la Senefchaucec audit Poiftiers.douz - Confeillers, & vn Greffi-r. Et à ce fiege prefidial teirortent le fiege dudit Poidiers , la cnnferuation des pviuileges de l'Vniuerfité dudit heu, & les fiegc-s de Lufignan . Chaftclleraut , Montnionl- lon, la baffe. Marche, & le Dorât, Fontenay le Com- te,Niott,Giuray, &S Maixent. A Angers pour la SenefchaulTee d'An)OU fiege pre- fidial, dix Confeillers, & vn Greffier Là rellortent le fiege dudit Angers , & les fieges de Saumur, Bauge, & Bcaufort en lavallce. A Tours fiege prefidial, hoid Confeillers, & vn Greffier. Là refTortent les ficg'S de Tours, de Chi- non.Lodun. Langrft.Amboife, Loches, & Ghaftillon furYndre. rr j Au Mans fiege pr-fidial , pour la Senefchaunee da Mayne.huict C on.ei lers, ôcvnGrtffier. Là refTor- tent les fieges dudit Man. , du Challe-iu du Loir , La- ual , Beaumont . faindc Suranné , Chafteau-Gontier, la Flèche , & Maine la luhaix , Sablé , & la Ftite Bernard. A Lyon fiege prefidial , huift Confeillers , Se vn Greffier. Là rclfortenc Ifs fieges dudit Lyon , la con- feruatioti des foires dudit iien,lesBaillages de Mafcon, Bourhonnois jfept Confeillers Se vn Greffier. Là rcfc fotient le fiege dud Moulins , 3u*.c iCi lefTons (eloa l'eridion q i a eltc faide en Duché, & les fieg.s JeU haute Maiche, A .aina Pierre 'e M^nftier Le fiege pr-^iHi,! , fept Confeilleis . Oc vn Gi . ier Là afIilV nt le fiege da Bai'llag'^da lit S IHeitel . M >aftier , coraprij Doz'O'S» S-uctins, Cniïc , & le bou g laind Etienne de Nc- ucts. A Rion fiege prefidial pour la ScncfchiUfTe; dii bas Auueign." huift Conf iiUts, & vu GiriÉT Là refloitent les fieges dudit Rion , Moutfcrrand , Cora- braille, Moncaigu , Aiguë perfe, Liermont , & Mont- penfier. AOrillacfiîgs prefiJiilpout la ScnefchiufT-e da haut pais d'Auutigne , huid Conuillfrs , & vn G ef- fier. Là rdfiartcnt les ficg s dudit Oullac , de S.Fi0ur> Cariât, & Murât. A Blois fiege prefidial pour le BailLge , frpr Con- feillers & vn Greffier. Là rellottwiit les fieges dudit Blois> de Roaiorentin , MiUcnfuy , Challcaudun , & le pays de Danois. A Bourges fiege prefidial, pour le BaU'ag»? de Berry, huàd Confeillers, 5c vn Gieffier. Là refToticnt leûrge dudit Bourges, la confcruation desptiuilegcs de l'V- niue.'ficé dudit lieu, les fuges dVlfijudan , Dun Roy,Munfutyeure, Se ConcrcfTant. A Orléans fiege prcfiJial, pour le Baillage diiftic Orléans, douze Confeillers , ôc vn Grtiisr. Là rctlor- tcnt le fiege dudit Oileans, tant au Bail» âge , qu'en Preuofté, la conferuatioa dv-s ptiuileges de l'Vniuer- fitc dudit lieu , les fieges de Bois-commun , Chafteau* Renard, Yenuille,Yeure le Chaftel, de Neufueiile aux Loges, Gien, Momargis, Lortiz , Meun fut Loire , &C Bogency. A Chartres fiege prefidial du Baillagc , dix Confeil- lers &i vn Greffier. Là reflortent le fiege dudit Char- tres, les fieges de Chafteaui* neuf, Thimcrays ,1e grand Perche, & Perchegouer, Eftampes, Dourdan, Nogent le Roy > Bonneual, ôc la iufticc temporelle de l'Eglifc cathédrale de Chartres,(Sc l'Abbaye dudit Bonneual. A Angoulefme fiege prefidial de la SenefchaufTec d'AngouUnois, 7. Confeillers, ÔC vn Greffier. Là ref- fortenc le fiege dudit Angoulefme , les fifgesdeCoi- gtiac & Chafteau- neuf. A la Rochelle fiege prefidial , fept Confeillers, & vn Greffier. Là itriortent le fiege de ladite Rochelle auec lepays d'Auois, ôc lesenclaucs. Se refToits tfli gouuernement d^* ladite v V.le. A Montfoit l'Airaury fiege prefidial , fepr Confcil- lers,ôî vn Gitffier. Là refTortent je fit ge dudit Mont* fori, let fieges de Houdan, Mantes & M.ulan. M y a encore quelque Prcûdiaux adjoullez depuis le Roy Henry IL de mefmc que le nombre des Con- feillers t ft augmenté par le moyen de beaucoup d'E* dids de la création de nouueaux offices, j La Normandie conîprend fept B liUages . qui font foubs le Paiiemcnc de Rouen, c'eft à fçauoir RtiviU, Caux, Caën, Conftantin , Eureux , Gifors, & Alençoo. Le Roy Louys Xll. érigea le Pa. lement de Norman- die à Roli.n,c$< y eftablu quatre PrefidenJ, vingr-hnift Confeillers , treize Clercs , & quinze laiz. deux Gref- fiers , & vn Auditiici>-r , auec les gens du Kcy , dtux Aduocats & vn Ptocurtur gênerai : mais d^puison a bien augmenté le nombrm(tndie, a.fiiu Itfjl /es Eue/chexn, Baycux. AurancheS. Seez. SCAÎ^OI R, LizieuxJ Ëuureuxi Conftances. L'Archeuefchê ieT ours en la Gaule Celti^Ht a doHZ.e Eue/^ues fou» fcj. Du Mans. Angers. Rennes. Nantes. Sain<£^Malo.' Dol. SCAV OIR. Vannes» Saiaâ Brieu^ Cornoiiailles* Léon. TregiiierJ C^impercorencki.' H 4 Dircours de l'Eftit L'Arémjché âe Sens en la Gaule Celtt^u» à fott* fty trtu Eue/chez., SCAVOÎ R, Neuers: 1 Ttoycs. Auxerce. ' L' ArchtHcfehé dt Parié créé de nauueau en la GmhU CeliiqHt a fou4 fey les Euefcloez,. SCAVOIRy Chartres. 1 Meaux. Orléans. I L'ArchtHtfchi de Reims en la Gaule Beîgiqut *f«M luyii. EuefehtX' SCAVOIR^ Beauuais. Lao». Chaalonsi SoiiTous. Amiens. Noyon. Senlis. Tournay. Arras. Cambray. Therouennc Bologne. ï prefenc L'Archeuefché de Bourges, où ejl î Archeuefyue & Pa- ^ marché a'A^attaine^en la Prouince d'A<^Httaine, a /ofti foy 9nz.e Eue/ehezu, se AVOIR, Le Puy. Cahors. Vabrcsi Tulles. S.Flour^ Clairmons. Limoges, Rhodez. Mende. Alby. Caftres. L'Archeuefchéde Bourdeaux.t Archtuef^jue dA- ^HtiatneyfoHi leefuel font neuf Eue f que s, se AVOIR, Xainftes. Perigueux. Cencjon. Satlar. Poidiers. ; . MailLezais. , Luçon. AngoulefmeJ Agen. V Areheutfché de Gafcogne auijuel fm fu]ets dix Euefchez.. se AVOIR, Leftourc. Confetans. Aqs. Comingcsi Tavbes. Bafas. Lcfcac. Oleron. Bayonne; Aire. Vienne Archeuefché auquel font fujets cinq Eue/chez.. SCAVOI Ry Viviers. Gennes. S.lcaiî deMortenne. Grenoble^ Valence. Dic. Arles Areheuefchéfoué lequel font ^.Euefchiz. SCAVOI R, Marfeilles. 1 S.Paul des Chafteaux. Oienges. , . Toulon L'ArcheuefcbédAuignonafomfoy troii Euefchez. SCAVOI R. Ocpeturas. j CauaiUon. Vaifon. ' , , r- ru L'Archeuefchéde Narbonne a font foy lo. Eue/chez.. SCAVOI R, S,Pons de Thomiers. CarcalTonnc. Agde. Belîers. NifmeS. Lodc(uc$> Alcth. Montpellier, Vfez. Haulc. VArchenefché de Toutoufe a ■j.Eutfhtz.f9m fey. SCAVOiRy Paaoiers. | Rieox. Mirepoix. | Lombes. Montauban. \ S.Papoul. Lavauri I L'Archeuefché d'Aixaftm foy 5 .EueftheT^ SCAVOI R, Apt. I Gap. Rié. Siftton. LArtheuefchêd Embrun a é.Euefchelfotu foy, \ SCAVOI R» Digne. I GralTe. Vence. l Glandefue. Senes. i Nices. L'Archeuefchéde Tarentaife a z.EuefchtyoM feyi SCAVOiRy SeonouSyon. I Aoufte. L'Archeuefché de Befancon hors de France afoUt foy troit Eutfchtz* SCAVOiRy Bafle. I Laufane. Bellay. i L'Archeuefchéde Treues à fom fcy yEucfchea, SCAVOiRy ' Mecs. I Verdun. Thoul. * S'enfuie auflî le nombre des paroifles ou clochers compris en chaque Diocefe. L'ARCH EV ESCHE' DE PARIS. L'Archeuefché de Paris comprend fix cens parroi fes ou clschers) compris les hameaux. Le Diocefe de Meaux comprend 410. parroifTes, o clochers, compris les hameaux. Ccluy de Chartres lyoo.parroiffesjOU clochers, celuy de SoilTons ^80. parroifles, ou clochers, celuy de Beauuais 591. parroiflcsjou clpchers. ccluy de Noyon 404. parroilTesjOU clochers, celuy de Bologne 460. parroiflcSjOU clochers, celuy d'Amiens 498. parroilTes.ou clochers, celuy de Rheims 1014. parroilTes. celuy de Chaalons 56©. parroilTfs,ou clochers.' ccluy deTroye 505). patroillcsiou clochers, ccluy de Sens 9 50. parroilTes.ou clochers, celuy d'Orléans 700. parroilTcs, ou clochers, celuy d'Angers 668. parroiflcs. ou clochers, ccluy de Tours 1035. parroslîes, ou clochers, celuy dePoifticrs 790. parroilTcs, ou clochers, celuy du Mans 45 1. parroilTes, ou clochers, celuy de LufTon i r j . parroilTes.ou clochers, celuy de Bourges i»6o. parroiffesjou clochers. \ ccluy de Ncucrs 1 1 1. parroilTcs, ou clochers, celuy de Limoges 411- parroilTcs, ou clochers» celuy d'Angoulefmc 411. parroilTes.ou clochers, ccluy de CIcrmont joé. parroilTes.ou clochers, celuy de Lyon 41 1. parroilTcs, ou clochers* ccluy de Mafcon 507 parroilTes.ou clochers, celuy de Chaalon a,xo. parroifles.ou clochers, celuy d'Authun ijog. parroilTcs.ou clochers, celuy d'Auxerre 460. parroi(Tes,ou clochets* celuy d'Aire 960. parroifles.ou clocheis. celuy de Senlis m. parroilIcs,ou clochers, cduy de Roiien ij>8. pa£.ojffes>ou dochefs. cduyde Cacn jo? parroKfjSîOu clochers. cciuy d'Eurc'iiK 35 j parroilHs. celiiy de Nances }85.parrc)iirfs,ou clochers. ceJuy de R, "11UCS450 parroi(res,ou cloch :rs. ceiuyde Vaiino-s 40 j.partoiircsjou oîochers. celuy de Bayeux n i.parroilTcs.ou clochers, celuy de Seez z 1 î. parroiires.ou clochers» ccluy d'Or ing« ? 6t. parroi(rc$,ou clochers, celuy de Conlhoce J19. parroifTcs.ou clochers, ccluy Me Trigdier ;o7. parroilTes.oij clochers. celiiydeS Mdio j i4-pJtroi(rcs,ou clochers, celuy de Quimpcrcorcnrin loi.paxroiires.ou clochers. Celoy dcXainiaesiçi.parioiires ou clochers, ccluy de Perigueux ?oi. parroi/TeSjOU clochers, ccluy de Langces 960. parroifTcs.ou clochers, celuy de U Jindcauxp (8. parroilFes.ou clochers, ccluy de Montaaban 41 4 p3rroiir:s,ou clochers, celuy de TarNcs 19 1 parroiflesjou clochers* celuy d'Ax z 5 9. p«rro;(rcs. Celuy de Baza» ^04 parroiïTesjOU clochers. :elay d'Aucae 768. partoifîes,ou clochers, celuy de B^y onnc ?49. parroiires.ou clochers, celuy dr C ihors 4 u. pauroifTcsjOU clochers. :eluy de Thoulotiie 1 ) j t. parro ircs.ou clochers. :eluy de C »lt. es 4 1 z parroidl-s.oii clochers. zelny de Catcaironoc 5-9 parroifTes ou clochers. ;eluy de Naibo inc 97 «- parroifles.ou clochers. reluyd'A^î-n parioilFes.ou clochers, reluy d*- B zicrs jo6.pano'(rcs,oii clochers. :eluy de Montpellier 491 parroiflTcs.ou clochers. :eliiy d'Aide 7 T.parroiHes ou clocher?. :eluy deMirt po.x 89. parroiircs,ou clochers. ;eluyds N. fines 509 purotlTcsjOu Jachers. :eliiy de S l'aul 6i. parroilTi-s, ou clochers, tl'.y de la Vaur 1 1 4. parroi(res,ou clochrrs. eluy dr Mjude 109. parroilIe$,ou clochers, eluy de Viuiers i J j. f.srroi(fes. eliiy d'Alby iop. parrojiircs. eluy JeRhodez n^. patroilT-SjOU clochers, eluy de V.bres 500. pairoil^s ou clochers, ;luy de S, Pons 4 Si. parroilTesjOU clochers, îluy d' S F our 201 parroilFfSjOu clochers, îluy deLodeue zoj. parroilTes. '{ ly de Rieux joo patroiflcs.ou clochers. ?li)yd'Alcrs 1 68 parroiîTes.oa clochers. ■ luy de Ligier 125. parroiires,ou clochers, •lijy du Puy 418. parroilTcs, ou clochers, l'iy de Vienne 800. parroilTeSjOU clochers, luy de Valence ? 25. parroiflesjou clochers» luy de Gap 204. parroiflTcs. luy d'Ambrun zi i. parroilTcs; luy de Die qui cft maintenant joinéb à Valence 147 parroHn-i, ou clochers, oy de Briançon 170. parroilTes, ou clochers, uy de Digne 1 85, parroilTes.ou clochers, uy d'Aix 800. parroilTes, ou clochers, □y de Cilleron zoo. parroilTesjOU clochers. Liy d'Arles ; 1 1. parroilT.s, ou clochers, Liyde Marfdlle z8o. parroilTes.ou clochers. 3atrc les parspilfes, il y a en France vu fort grand libre d'Abb^yès , & de Prieur z , donr les vus ont - ruinez duiant les guerres , les aunes i'ubàrtent en- du Royaume de France - _.. -I- .1 . • . La France eft Hiuifce en deux fortes de Religion, i vns hiiuent l'Eglile Catholique Romaine .les au- îsarrefttiit à l'opinion de Caluin. Au commence- it on a employé le fer , pour excerminct c<.ux qui rachoientà cefte nouuclle fetae, mais pour vue " qu'on coupoit , il en (ortoit fept, ainû que dVnc re. .t mefmc on s'opiniaftra iiifqnes U,tant d'vncofté d autre, qu'on donna des batailles , où toutesfois les plus fo.bl s. Er neantmoins il. ne perdirent iam .il courage, icralcherenr de tenir rouliours bon. no.rob- ftant tous les edus qui les chalToient du Royaume qu. es rendo.ent incapables de tenir aucuns ofBccs. Finalement noftre Roy a confUrr-i ^ ^™ces4 Tes fubie^s, a vouluVairr'ctml'; ^rtou" «^^^ qu.v.uoient foubs fo„ obcï.fance. Et ay'a "og^^^^^ par les chofcspalïées . que tant plus o/trau illoft Teî nouueauxfeéèaues. tant plusilsfe roiduloien , &Vn! durc,iro.ent en leur opinion, il a renouuellé rexerl^^^^^^^ P^^'^^^Teurs . par ifq! d 1 exercice de la Religion prétendue eft permisen fL ce,auxlieuxoàilaeftcHispratiqué.rS rem.fe aux lieux d'où fcs ennemis dIus fnrrc r chaire. Et le, plus aduifez eft'merqt • î^;:';: f... ac vray moyen de ramener les eflarc^ flXl 11 feroir maintenant à propos de difcourîr des ori- uileges Se hbertez de i'Eglife Gallicane, ma ïZ , des hures entiers aufquels ie renuoye ceux qu en de fîrerontfçjuoir quelque chofe. ""«^u»ende- Les Roys de Francé'. PHARAMOND» Ch.ld„,c l ,egna i6 ars.& „o,t« f„ 'g. . Car Clotaire fut Roy d'Orléans ri«j • j SoiTTonc ^ TU J • vyneans , CIo Jomir de fans enfansl'an 5Î9 " 4J.ans,^ixiouruc KoZL^% '-"^'^'^"^ ^ Childebcrt au Royaume de Paris, r^ gna co.ans. Arider, ou Chercher, Roy de Paris, ^hilpenc fils du fnfdit Clotaire premier , rcena z. anr & mourut l'an 5 87. ^ régna z^.ans, Glouire^fccond régna quarante quatre ans, & mourut '^'r^64/''"'" •ï""^"' ^"^ * ^ Clouis,appd é par quelques-yns Louys, régna v6. ans. & mouruf 1 an66i. ° au», Clotaire troifiefme régna 4.ans. Chiideric z. douzf ans. Th-odoric régna i4 ans,& mourut l'an 69?; •^louis troidefme reg-na 4.ans. ChiHtbea fécond régna dix huidt ans, St mouruc Dsgobett fécond régna 4 ans. Clotaire I V. régna i.ans. Chilpctic f.cond régna y .ans. Theodoric fécond régna quinze ans , & mourut l'an^ née 74 t. ChiUcrictroifief-nequifuc déposé par Pcpin i & mis dans vn Mon-ftere. Seconde lignée depnù Ptpin iuffues à Hue Cape\ Pcpin régna r8.ansi& mourut l'an 768, Charles le Grand, autrement Chatlemagne, mourut ian8r4 apresauoirregiic46.ans. Louys premier du nom , fnrnommc le Dcbonnaire.rC-^ g'ia 26. ans, & mourut l'an de gract 8 40. Charles fécond régna jS.ans, & mourut l'an 8 9. Louys fécond dit le Bcgue, régna deux ans, dSc mourop 1 an S8i. Difcours de PEftat 94 Jourat à la chalT. de la m.u, d vn de les gens . & Catlomaa auffi couranc aptes vne fille, tnuucm bn- fcpatfon propre cheual l'an 885. Charles rtoifiefmc tegna 5.ans.& mourut l an 891. Eudete2na9.ans,&mouruc l'an 8^9. Chules le S.mple t.gaai7.ans,& moututl an 9x6. Raoul régna feul x.aus.& mourut à Auxerre an 9î6. Louys d'Ourrc-met régna zy ans.Sc mourut l an 956. Loihaitc K gna ? i.an, &c mourut l'an 9«6. Louys cinq^regna vnc feule année . & en luy finie la fe- conde ligne. Lts Rojs depuù Hné QipU . «" ^ Hue Capct régna 9.ans,& mourut l'an 996* Robert régna jj.ans, & mourut l'an tojK Henry premier régna îo.ans,& mourut 1 an .060. Philippes premier régna 4o.ans,& mourut Un U09. Louys le Gros é. du nom régna 18. ans, ôi mourut l'an u 57- ,, Louys 7- régna 4Î. ans,8c mourut l an . .79. Phil.ppcs Auguae Dieu.donne régna 4V ans. ÔC mou rut Tan I 11 5- Louvs 8.rcgna40.ans,& mourut Un 1117- S.Louys9- decenom, régna quarante trois ans, mourut l'an 1 Z70. PhUippcs î- rcgna.S.ans,&mourutUn '^«5' PhiUppes 4.d.t le Bel, régna vingt huid ans, & mourut Louys 10 .ne régna que i8.mois, & mourut l'an 1} 15. Ph.lippes le Long régna s-ans.ôc mourut l ' î Charks le Bel 4- du nom , régna fept ans . & mourut ^ ^"^LaRcys AtpuU PhUippes de Valois mfqHts k Louys \^.à preJtntregnanU PhilippesdeValois régna vingt deux ans, ÔC mourut l'an 1550. lean régna 14 ans,& mourut l'an 1553. Charles 5. régna lé.ans.Sc mourut l'an 1580. Chailes 6. régna 4i,ans,3c mourut l'an 1411. Charles 7. régna 38. ans.Sc mourut l'an 1460. ^ Louys 1 1. régna i5.ans, & mouriit l'an 14^5* \ Charles 8. régna 14 ans, &raouru: l'an 1497' . ^ Louys 11. régna i7.ans,& mourut l'an 15 14. , i François premier régna 3 z.ans,& mourut l'an i H7. Henry fécond régna 13. ans,& mourut l'an 15 59. François fécond mourut l'an 1560. ayant régné feize mois. Charles 9. régna 14. ans, & mourut l'an 1574. Henry 1 1 1. régna 14. ans , ôc mourut fans enfans 1 art 1J89. & la race delà branche Royale de Valois dé- faillit en luy. ^ Henry le Grand 4. de ce nom, Roy de NaUarre ,fut fait Roy de France par le decez de Henry 3. co«Time le plus proche de la Couronne, eftant forty en droite liane de Louys de France , Comte deClermoni en B«uuoifis , fils de S Louys. Il a dompté tout ce qui /oppofoit à Ces iuftes prétentions . & s eft après dom- pté luy mefme en pardonnant à ceux qui s eftoieni bandez contre luy. La France n'en eut ïamais vn fembUble, & ceux qui viendront après nous ,ddire- ,ont à bon droift le retour du règne d'vn fi puiflant,& fi bon Monarque, qui a fait viure fon peuple en repos, Ces voiûns enaffeurancc, & fes ennemis en continuel- le crainte. Il a régné ii an , & mourut l'an 1610. Lail- fant pour fuccefleur, fon fils. LovY s XIII. qui a régné 5i-ans. & mourut l'an ié4V auquel a fucccdé fon fils. ^ LovYs XIV. que Dieu nous a donne comme vn Soleil leuant fur nos ténèbres : & comme vne belle SC vifue image de cét incomparable Monarque LoVYS LE IVSTB : Et faut croire que fon règne qui a com- mencé par l'innocence de fon ige , fera vn Règne de pieté , de iuftice & de paix . que Dieu continuera d« : combler de fes benediôlions comme il a commence. D 1 S C O V R S DV PAIS SOVVERAIN DV BEARN- SOMMAIRE. X Situation dn p*ys de Be^ 1. Sesflmucs & rtuurcs tm tnutUes a la nautga Des forces de Bearr,,defes fv^ferefes & rAag4ns.& paniculterementde Nauarre,ns,& de ITauMruc des Co- ^, 1 v\rrans cy- deuani Chef de la M>l,ce,du pays. ''"t^^rLn. PoL,uedeBearn.desFrinees ^te,^:ufs,u.ont^o.yde/aS..u^^^^^^^^ forrrcfl ou Parlement du pays eftahly a Pau. ^ i. De la reLgron anaer^.e dr rnoderne des^earncu de Eue/chez de tEfcar & d'Oleron ; dcpuu ^uand la re ZTcM,ueena efiehanmefou. le r.gnede a Royy fZedeNauarre, & l'^ntrcdua.or, du Caluintfm^ aud.tpaysparleRoyl.ov^'s le Ivste nficaL^ des Ed.£lsdefa Ma^e„é en ^neurdcs Euef^ues (fr Eeetejiafit^ues de learn. Situation du pays. i E pais de Bearn eft vne petite Souucrai-j nete, qu'on rencontre à la defceme des monts Pyrénées, qui ftparcnt la France ^ mmW\ monts Pyrénées, qui icpait-m .a i.--- d'auec l'Êfp^g"^'^"°^""^f ^":§°"L^^^ fa lonc^ueur du Midy au Septentrion . & pour fes bot- nr au^Midy la Com-é de Bigorre , au Nord h B.fcay Royale de laqoelle Ir Bearn eftfeparepar la nu.ered largeur eft du Leuant au Ponent U a pour f« bornes du cofté du Legant le pais de Landes « Clalo e," Ion l' Adar , & du Couchant !a Bifcaye Nf- uarroîL: lln'y.q- x.pe"ts fleuues qui arroufent le Bearn, tous deux inutiles à la nau.gat.on. Le pays duBearn eft dimsé en d< ux , 1 a d vn cotte lesMoms , où eft la ville d'Oleron, de l'autre les val- Ion;, où ft la ville de l'Elcar. La ville pnncpale^ Bearn eft Pau, ^ege du Parlement de la Pr.n^^^^^^^^^^ fes autres villes font Ortbes ancien fejo.r d.s Con^^« dcFoix &C Seigneurs de Bearn, Mor a. , heu ou Un battoitla r^ornoye du p is , N.y v.lU fort r..c^ <^ qui fiu toutebvuftee du feu du ^>^^^'^"'^°"^;; '^^^ Lnac , Codcrch &Nauarre,nsa(ris -P^;^^^'^ ff, ragnes, &eftrArUnac du pn.; d v a encore la 0 jNauarre, où eft la ville de Sainrefidcns & de vingt Con- fcillers.vn A.uocac & Procureur généraux du Roy. Les Eftars du païs s'a/remblenc tous les ans parla pcrm.iîion duScgucur. afin de pouruoir aux affaires ^ au dcpattcraent de la doiintiou qu'ils lay font an ty à d'autres v('ag/>s. '«* aonation qu] s uy tonc an- ikh^r^r.- .V ; '-"'"'"^'ucdc E^Uff-roirnr- uoir que depuis 360. & tant d'années, ce paï. a efté gouuernc par des Sc.gncurs qui ont vfurpé le tllcce de Wera,ns..s. qui s'clhblire«c en ceftc vLpacion du- rant que l^uid Loays eftoit occupe aux voyages de la £"gnc °r ^^""^ ^"""'^^ ^^'^ '^"^ Iton deBcarn lequel n'ayant eu q.e deux filles de itë au C B.gor.e fa fe.œe, don'na l'aifnee en Z Ua r I ^ A^^a'gnac, & l'antre à Roger Ber- ard Comte de Foix, auec la Seigneurie de Brarn , & Comte de B.gorre : de forte que ccfte Seigneurie Itant tomoce entre le. mains du Comte de Foix a oul.outs du depuis eaé confcruçe en l'eliat qu'elle o,t lufquesen ces dernières années qu'il y a eu du nangemcnt , ainH nn^ .v -._?. x cxpuuiance de celte grande maifon, quov uor.gma.rementce Toit vue vfurpation faite fur la -ouronne de France. Car il n'y a rien de pins v rit ! !e. queleBearn, coirmeil eftoit jadis du Royaume Aquuatne, que Charles le Chauue annexa f la'co" Pnr ; r '"""P"' confequcnt dans le gounerne- ent de Guyenne , depuis qu'elle eft reduife en Pro- n ; confrontations qui font _rsd,celle:vo.y comme cepays appar- geable, comme les GrWs paZ?^ de mauuaife intel lel "'"'^^e rrauer- vn matiaec non JJiF "°'"'"ent .^^^v, lent '"^^ ''^ l'^PP-i- IdcsfunJ^ZtTf:^^^^^^^^^ giXm^:?t^;^^-.;-;^^ntc..el,bcrt. Atheiftes: ponrlesHnJen ? • "'2"^"°^^ &les des chanfons con "^r. ■ ^^'^ ^ contre la feru, u" imaX^?": ^'^f ^" P^^ple, faneur de la liberrc! ^ '^^^^'^^ Qyanr aux Atheiftes ils ne darlenr A. ■ n r uent que deccftcheurcuf^ l.befJ ^ ^^'^'^ ftres de nous n^ermer. fl. "L^"' .^^"^ rr^ai- autho.cé.^puiffanledecelU;ande'r::iron;;o;^ 0 otismaircmtnt ce fcit vn, v(;„„„i.., r.-. ,^ contre tous lescuencniEn-,,!. f » peuaent choquer ou cAraXTnX- 'i"' porteray d J„u trois exell^f ' ^ porteray dcJou trois exemp^^^^^^ ^ !f P« Icfqu.lles ou pourra 3r I B«ra. «'«•frcigiéts. "^'^""P^ousfougueufes & Quant à celle hcrcfie doBearn ■ cel. f, „ encore en li Royale raaif„„ j„ b. ' P="5 «le de Pau, don, Ics^e le^ ' " ""^ "P'" &l«.apire,ies„ereSta; iberté huguenote , lequel S ^^t^fi'''! du nom de hbert,; Euaneehn, ^ j „ ' P™'" posé dluersopufcules ;, l^''^'''' " ? — ■re. & Pnnceirrd 'Be'atn™ ;rLnMsd ' ''^r™ '■^crté EÙr^hor^dè'^o, f""'" Roy François I. puis leann" d'Albret Royne de .mre. epou e d'Anthoine de Bourbon , d'oS yi£ LouysXUI. Koy de France & de Nauarre 3 &d'i .y Louys XlV.glorieufement régnant auiourdVu; i ,^eligiondeBearn. i deuS 1'" V^P°^°^'^"^ ^ Romaine 1^ tnt co^ ^Çauoù01eron& l'Efcar, qui de F an e o.Wfi ' ' -^""^ '""Çois premiJ. ' difciple de ? I "y a F a ce V ^^^^ -(^P^ndus ne de nSg. 1^ tV'''.' ^^^'^ ^^^^X"^ e-ne les denv ^'^^ P^"^ ^ous « & C lu . ^''"''P'"' de ce fiede ^ Caiu.n..na,s patticuhcremcnt la dodtrine ectreà Madame leanne ïe N™ Bearn, en laquelle ,1 i'exharte d !, ^'^""^"'"^ dt authorifer en fes Eftats la hbe/ré P ^ ï ' '"'"'^ ' ^ ^iAoit en ce temps là à 1 e/p" refme, anéantir les leu n fe^? - ^ ^^«^^ G,- r-ce au V.cairc de I fus- Cw" V f ^l^'^^^^^^" cluppé.ounîuftoft- ^ '"^^',<^f^»re du chenal ef- cre leS-Sieee de RoTe /^^ T^^^^ ^on- me de Nau^ re ourjct 'I^' ^^y^^- en laquelle o"2;Vl^^^^^^^ potul'Efpagnol ^^"'""^'^^^P^Peeuftefté partifati Eftats, ^ P P""'""^ ■! "uoit en fes en foTt 1: nTar?" ri''"" f "effe curt""":;a!: 'y^"°"'"''"™"' ment auec la pW da„s e"s 1""°'?"" " ^■»pp^iu.nt,Lo„tt7e'î:t;rc„r,at ç6 Dîfcours del'Eftat encore par la po.me d i^^^ ^^^^ ^^^^ ^^^^^^^ addonnec aux 'l.^"'^^ ' ^ , en auoit vnc crandestapirtencs , entre leiciuci.r:, Il granats w ^ninze pièces excelientes , qui wentc de douze ou quinze pitcts ^^^''li^:„& iie ^^^^^^^^^^^ donnou â cogno ivrc ^ . , . ,^ . milieu de fecolié le joue de la captimic du Pape : au ^^^}^^^' u L. a V -.uoic vnc hiaoire du vieil Tefta- Z^M^^^ lac3pnuUéd:Egypce, > U;,fr;,;ent de loffph V. 6c à -us les coings, U y a dcs'chaifncs rompues, des cftraoadcs & des gibets en pièces , & pat dellus en :f ^ let^rts fonf ces paroles de la féconde aux Co fuHhiens chap. j. ^^'^''"'^ ' '^\;'^::ltf;té qu'ell r^orOrpr encore plus clairement l animolitc qu eue X : onceud confia Religion Catholique, & nom- ScrcontreleSacrificcdclaMcaeay^^^^^^ belle fi. excellente pièce de ^^P'^^ "^^l" i^^^ ckMueuerite fa mete deuant qu elle (e laiflaU caio t pXMiuiftrcs, en laquelle cRok parfaitenicnt Kvn^hé le Sa nficc de la Mefte , & le Ptcftre qui mon- j ?Ct la a S Hoftie au peuple , elle arracha e ca. | cea qui portoit ccfte hiftoiie . 6c au heu du Prcarc y Sanuade fa main vu renard lequel fe tournant a^^^ n.Mole &c faifan- vnc horrible gnmace ôc des patcs L de a' pt ule d.foit , ces parole . Domr.us voi^fcur.: Vo la uo^c c^ft lors qu vn bon elprit s'employe a mal faî nVarnuentionprophane&rdicule.alac^^^^^^^ U ne e porte pamonnémcm: ce font les parole du Pe e Gar affe dc'la compagnie de Icius en on !. • e la doar,ne cuviculc, contre ks athées & les hereci | ^'ïontriSue du depuis , voire toute l'Europe & 1 rwaicnrc eft informée fuffifamment des opprcf- ron^au^laÏ^^l ' on Ca.hoUque a fouffercesen Bearn. fions que la Ktu^ o ^^ a^cc quels artifices: M.us peu ce ^ r ^ eur créance, ad- cnhpolicefpinruelle& temporelle pour faire chan cfmeu de comValTion enue. s le lia, de (a nailTanc , & es Eftat en dcpcndans, & fe relTouuen.nt qae le Pape ' kv auo accordé fon abfolution, à condition de refta- luy auoitaccoio commence b ir en Bearnlcs aftaires du ne > i><:io,one. Bref deVitcs qu'on loy f..(ci»« contmacUemen. S",;,ek Religion Ca,holic,ue c„ ,aac.e ou 5. do^Ïé„lin.lcuee3U.EccUr.aftiqucs&aaxEuM d'Ax, de Tarbes & de Bayonnc P°"' " ^'^'Xs U- cu'cftte teceu à U Couronne, auoit conqu.sle tefte de Ton hcntagc i Peup'.cs aufqu, Is Di.u « dor.uc ouc e„- fen-ble le te.tct & rcf^vit bon: Bref qu, s ello.ent Lanciprz de la fiJ.Uté a< obcyir.nce deue aWurSo». uT.ain par l'inttoduiiion & abus d'vne rel.g.on co» rraire à celle de nos Roys. "Dcuauoitreferuécel\cgloireàfaMarfteregnar.c félon les prediftions du fcu Roy fonpere : car des lots q °elle a prins l'entière admimftration de fes affaires. 2 e a faid paroiftre que fa (eule vertu guidée d vn bon Confeil, r!^ pouuoiî faire P^^ndre fur ce fub,ea vn Is alTeuré chemin , & donner vn eftabhffementplus folide , que ccluy que la pieté affermit par la luftice, aftn q^e^vne mefme aftion Ion vilt éclater tout ea- femblc les traits dcfagelfe & de bonie. Il yadonccinqans&plusqueleRoy feanten fo« , Confeil, donnadefonplain& purmouuemcnt.con- , forn ém nr a la demande des Eftats Généraux , qut auo^ent efté alfcmbkz à Paris Van mil fix cens qumze. . . i„.,i- ^,,,.r le reftabliffemcnc des ;7Amft de main-le.ée pour le reftabUlfemenc des | ^ - :„ ,1a rcftitution de leurs biens, ■ en atoydenosr.oyi,uu..-5>.--— . i,, p,ol,,c plus em.ncnspriuikges que pcaifent auoir le Pu a ^dans vn Eftat; frontière du Royaun^e. qui contefteroi au.c la France, la qualité de Catholique , fi nos Roys n'cftoient fans difputc.ksaifmzdelbgl n'cftoient Inns difpute, les aiOu z de l'Églife^ Prouince, pat laquelle ce grand Roy y faifant fes retraites au.nt Ecckfiaftiques en Bearn ,.a.. -- & confcquemmentdesEoUfes, & ordonnaqueled.. 1 k uic^e fut remis par tout, qui fut l'vh des premiers f?eas de fon zcle enners Dieu, & le fakit de Ion peu- pk , quafi à Ventrée de fon pur . plain & abfolu Gou- , "il n'y a forte de tumulte , de defaitte & defo- bev(rance,quecc commandement n'ait rencontre. Les côLifTaires que le Roy y enaoya.furenc m- timidcz , mefpnkz 5c baffoUcz . k Royaume fut par- I cornu pour y faire adhérer kspatcUans, k s peuples ' dcfbauchcz pour s'en cfmouaoir, troupes créées , Cv piraines choifis , fadions formées , entrepr.ks fa.t« 1 pour s'y oppofer & embraffet laGuyenne . k Poiftoa '& k Languedoc. , , , ' A qui en donner k tort ; il efto>t mal-aisc par le de- guifement des deportemens ^^'f? r.k k PaT- Heretiques.ne paroilToknt que dans la Cabale, k l « kment de Pau que par ks refus, les mutins que par lei irmes- & le^Gouuerneur que par fes inurefts cou- uerts, & dedans k tout,côme d.ns vue mafle corrom. pué eftoK k kuain de certains, qui ne "ommem p-, & ou. par des delaiz & lafchetczko:eufes,failhrent de dans k faiû particuUrr d'vne fronnere.coute la Frâce,& enkuclu- l'auihoriré du Roy .pues que tous Ici autre , parce qu'ils cftoient plus obligez à b.en-faire. Le Roy ne voulant toutesfois commettre le repos de (on Eftat , ny à la vioknce des vns, ny aux ruks des autres, nob^K rien pour compenkr le gruf que ceui de la R.hgion P.R.dudit pays prefuppolo.ent receua^r en l'execurion dudu Arrcft , ains rccercha foigncuf • ment ks voyes d'accommodemeot,qm fatisfiffeutd,. ne73rtau/ef-engagementdefonao.hot„é.^^ rre, neantmoinsà fa corXcience prelTee par 1 pla^n" du Ckr^éôcmikre des Catholiques, vedu.rs a tel cft* qu'à mcLe temps qu'il tclkroir la liberté de conlce ■ 2e , p"or l'erreuï , eUe k trouuoit effacée & cftouff. par la foy en ks fubjeds de Bearn. ^ Mais tout cela en vain, parce que ksparncullj promoteurs de cedefordre vouloicnt auou leur coK Lant que la chok f^ft fai^e & tirer de l auantage l'auoir appairéuellemcnt quck Roy v.ftor.eux de nnemis'par (es armes . & de ks propres armes p« clémence nompareilk. ay.nt approche de h Guyen pour au.rcs afflues plus générales , fc veroluc enh^ ;.roficer encore de ce lomg-tarn ^Y'^S^ ' J ment de ces mouucmens par ks ay des ordmaues,3f plus douces quelkpourrouchaifir. _ ' Sa MajcftLnuoyadoncà Pauvne dernière r h. gefiir rEdiâde la mai;vleué-. auec a(f.urance | . ^uft des principaux officiels de c. ?^y-^'^'^ uonuerott toute forte d'obeyiï^nce : mais l ■ du Royaume de France. it par l'opinion quWcnt ceux qui prati- 1 il part l'onzième dt, HicCnic mois , & encore oue le . X Kchdlion. quclc Roy frtok faciicmcnr treizième, fc rendant à Grenade l'A s^.r ^ l amusé à ne palFer outre . réduit aux neceiHccz s'en «du Conreil de Pau lu " pport^^^ ' '"'"'^ retourner (ans rien faire, pourueu qu'on maiageaft les jurant de ne pailcr outre . & que 1, flurrement quoicnt I longueurs Se dilficnltcz qu'ils y fiicnt rencontrer fi à propos, que fa Majcitc fut contrainte de faire vn aifcz Jongfcioutcsenuirons deBourdeanx, aucc mille in- commoditez de fa Cour & de l'armée. ^ La première nouuellc qu'elle en eut le huitième d'0(*obre i 6io. par le fieur de la Chefoaye , ne fut qu'vne remife à la dcputation des deux Parlements.qui le lendemain arriucrcnt pottans charge défaire croire *i Roy q u'ils n'auoicnt point eftc libres en leurs de libérations, ains efté violentez par des gens de guer- re quifont venus de toùtes parts.que le Baron de Benac auroit introduisis dans ledit lieu de Pau, qu'auflî les intentions de la Majcité n'auoient aiFez clairement paru par les termes de la luiTiOn , & que toutesfois ils n auroicnt dclîftc de fure vn Arreft mental de ladite rnam- leuée , mais que pour l'employer par écrit , & le ligner, il leur auoif efté du tout impofîîble fans péril très euident de leurs vies , qui fans doute furent pour lors bien plus chères que l'obeiiTance. Et patce que l'on pouuoit leur oppofer le pouuoir de Monfîeur de la Pbrce , qui deuoit pour le deuoir de '" voftrcfoi- Le quatorzième . fa Majefté arriua à Arfac.qui n'eft q^J lcmq heucsdePau, refpondit aux Députez de la ville de Pau, le requerans de dire fa volonté pour for, entrée dans led.t lieu de Pau . qu',1 y entreroïc comme iouueram de Bearn , s'il y auoit vne Eglife pour y al- ler defcendre: mais que s'il n'y en auoit point, qu'il no voulo.t ny l entrée ny le poë/le , qu'il feroit mal-feanc ^ la piete de receuoir des honneurs en vn lieu, où il Il auoK ïamais efté.auant qu'auoir rendu grâces à Dieu, de qui il tient cet héritage. Et parce que les Catholiques auoient vne petite Uiappe le à demy couuerte, tout au bout des faux- bourgs de la ville, où l'on les auoit reléguez .les chaf- rans de la PatroilTe qui eft à la porte du Chafteau : Sa - — ^ qu on i^îuoit que ledit heur de la Force y eftoit cout- puillant , ayant les armes en main pour le feruice du Roy. Les Députez preuenans telle oppofition , protefte- tent à fa Majeftc , que ledit Gouuerneur follicité par leur compagnie de fe joindre à eux au Parlemencpour y dire foB aduis , & authorifer de fon exemple l'obetf- fancc ; non feulement refufa d'y comparoiftre.mais de plus, s'exçufant fur fa fofblerTe , déclara qu'il n'auoit pu empclcher que les eftrangers de la Prouince n'ac couruiTeHtàla foule fur le bruit de la verification,ainfi qu autresfois ils en auoient vsé. Or il eft certain que towt ce qui eftoit à la fuitte de la Cour, (ouhaittoit grandement, pour plufieurs confi- derations le prompt retour à Paris, ne femblant nulle- ment necefTaire qu'on paflPaft outre iufques én Bearri, s engageant en vne mauuaife faifon , fi le Corfeil de Pau fe loufmettoità la volonté du Roy . vérifiant fon 'M , & cette opinion poriée dans les efprits d^s iearnois , faifoit tellement toidir leur opiniaftreré >our rendre les commandemens de faMajefté illufoi es , qu'on commença vniuerfellement à recogneiftre |u il n'y auoit plus d'efperance que le Roy peuft re- euoit aucun contentement des efprits refolns à éluder es volootezpar des fafcheufes & honteufes tergiuer- itions. ° ^ Sur ce le Roy fercfolut dés lors toutes chofes quit- ces. d aller luy- mefme en Bearn , & dit aux Députez, [uc puis qu'il n'auoit pu par eux fe faire obeyr par fes Jbjeas , il eftoit raifonnable qu',1 le fift par foy. «Imc, & de ce jour, qui fut le neufiéme Odobre emarquable parlafefte de Sain6t Dcnys . Apoftre de' a France, il n'y eut plus moyen de l'en diuertir. quel- le inftance que luy en fifTent ceux de la pretendué ^^'«gion . tant il auoit à cœur . après les auoir mis en tort.vne a6tion fi iai.de, fi célèbre, tant attenduë c encourage . & fi necefTaire pour l'aiFermilTement e la pa,x de ion Royaume. & l'éclat de fa réputation larmy les eftrangers. Sur quoy ayant commande aux députez de fc reti cr,& daller dire au Parlement de Pau, que f, prefen m a)efte)ugea indigne de fa pieté d'approuuer cétaf- hont faidaDieu, par le cranfpottde fa perfonne fa-' •crée, en vn lieu fi eHoignédefa maifon, où il ayma mieux faire duc la MclTc. ôc donner commencement à les^ affaires par le feruice de Dieu dans le mefme lieu qu on auoit profané. ^ Arriué donc le quinzième à Pau , elle troime que ce n eftoit ncn que de faire valoir ladite main leuée , cac non feulement elle n'y fut pas recueUlie auec l'applau- d.lïement que les fuicts font couftumicrs de faire pa- roiftre à la venue de leur Prince , mais ( chofe eftranee^ on auoit mefme fouftrait les viures pour l'obliger d'en defemparer promptement,& publioit-on hautement, quauflî-toft qu'elle en feroit partie, l'on renuerferoi 1 ordre quelle auroitcftably pour cette exécution • iî n en falloit pas dauantage pour faire comprendre à la Cour la veruc des infolences pa(rèa»concrc lapetfon, ne & authorire du Roy en fon abfence. Ainfi la voila contrainte pour en preuenir l'incon^ uenicnt.d apporter du changement à Niuarreins,place la plusiraportante du pays, & d'eft.blir bonne aarnî- (on en toutes les villes principales , dedans lefquelles (a Majeftc donna commandement à des Gouueineurs hdeies à fon (cruice, courageux ôc irréprochables , qui hit coup pratique doucement ifepu,[r.m nent, qui ht en vn moment tomber des mains les armes des Re- belles, & donna fin aux entrcprifes fadieufes des ef- pnis portez a la reuolte. Orthes eftoit la viUe , où les Huguenots eftoicnt en P us grande qaantité,fadieux& melchansau poftîblc* 1 Vniuerfi e de cout le pays, & où les habitaus auoienc jadis paru iniolens à l'extrémité: car dans icelie ily a vne Egl.fe ou eftoit le fepalchre dece braue & renoL me Prince Gafton de Foix, Egliie qui auoit efcliappe les fetix & les defolations premières & olus fanglants mouuemens . qui a efté fous le règne du Roy Louys treizième l'an «6,4. abbatué & démolie de fonds en comble, & l'Èudque du lieu . qui fel .n les Confti- tutions Canoniques, vouloir faire tirer de fon Eglife vn corps qu'on y auoit profan.ment inhumé, fut me- nace de cent coups de poignard par hs Hérétiques de a ville , & pareille impudence ont ils fait voir depuis le procez d« Euefques & Bearnois , en la perfonne du Commiilaire du Roy, Monfieur Renar, logé à Orches, lequel ils iniunerent atrocement . & fuicuerenc ucdcsdifficukezdu hemiricrfah^^^ entoncer la maifon, & y ietterent de 1, cnemm , de la him , & du penl, pierres coatie les fcncftres de fon logis , -f , 1 I , luicuerenc «efmes les Efchol.ers de l'Académie d'icellc, pour nfoncer fa maifon , & y ietterent de la boUe & des pource qu'il l 5)8 Dircours de l'Eftat du Royaume de France. eft.,.a.nuéc„ ce ,.,s pou, f..ce.c«« Us fans forces ny rcfilhncc par le l.ciir de Sales tres-an Gicn Gouuerneur d'ic*llc,y mis par le feu Roy,ac y tut fubftituL- le fieur de Poyane bcauc Capitaine Galcon: On trouaa en la Cicadclle d'icellc prés de (xnt pièces d'artillerie de routes façons , quantité de munitions de guerre & de viurcs. Le Roy y lailTa le Régiment de Champagne iurques à ce que le fieur de Poyane y euft eftably fa garnilon. Ec pource que les principales forces du Bearn eftoienc entre les mains de certains Colonels nommez Perfaus, qui auoient toute auchorité fucla Milice du dais que fa Majeftc r.uoic cy delTus refusé à fon entrée dans le Pau, pat les Piinces & Dacs,quilors fe rencon- trèrent, & accompsgncdci CanlinauxJ'rf lats.Abbez, & autres Ecclefiaftiqaes qui fe tcouueunt lors en nom- bre, pour aflilter aux dénotions de faMajeflc, en vne occafion fi phvifiblc & tant inefpcrée. , On n'entendit tout le temps de la Procefllîon par les carrefours 5c feneftres de la ville de Pau , tien qu'ap- plaudiircmentde oye,vnViVE l e Ro Y, rctentilTant de tous coftcz dedans l'air. Le Roy non content d'auoir mîs ordre aux affaires Je feoTà hu«a mille hommes , le Roy fans coup don- , pouruoir à 1 mft.ua.on de la )ta^<:A<: : qu. eft le fon- nrfuppnt cepou^^^^^ deCd.is Perfans.Sc caf- de™enc delvu Se del'auccc. A ces fias e,la« adaerty ?a k Jorces,crqrfaMa|elU fie aufoulagemem de ' a,.e la Rovne Icanne fon ayeule auo.t „d,s fonde à fes fujets. Elle relinic cet ancien fief à la Couronne de brance, augmenta le nombre des Oficiers Catholiques, pour la difttibution de la luftice opprimée , à temps Ik fans foupçon, & partagea les lutats, Chefs de la Police,re mit les Ecclefiaftiques en la poiTeffion de lents Eglifes & de leurs reuenustemporels.rcftablit la Religion Ca- tholique par tout le Bearn , ordonna que les Euefques du pays auroient feance & voix deliberatiue au Parle- ment &c Confeil, ôc en ralTembléc des Eftats de la Prouince. or • } Ces effets temporels n eftoient que pour attermir le fpirituel en l'exécution de ladite muin-ieuée,car le len- demainles reglemens en furent regifu ez au Parlement, & exécutez auant que fa Majcaévouluft partit: l Egli- fe de Paroiffc fut rendue aux Catholiques de Pau au mefme jour qu'elle auoit efté occupée par les Hugue- nots, cinquante ans auparauant, & deux mille ccu s fu- rent donnez par fa MajePcc aufdits Prétendus Ketor- mez pour fc baftir vn Temple. Il eft àtemarquer que le Comte de Montgommcry défit le fieur deTerrides deuant la ville de Nauarreins, que la Royne leanne fon ayeule auoit jadis fondé à Octhes, rVniuerfué tenue pat ceux de la Prctcndué Religion, la plufpart eftrangers , pour cftre le Sémi- naire des Miniftces, & vne perpétuelle pépinière de l'herefie, qu'elle auoit tant à cœur , confîderant aufli que c'eftoi^ vne chofe du tout indigne de fa Majcflc Tres-Cbteftienne, de m.unrenir cette fondation félon ce premier deffein, au préjudice de fa confcience , qui luy défend de contribuer diceftement de fcs deniers à l'éducation de la jeunelfe en la Religion qu'il abhor- re : lugea qu'il eftoit neceiTaire de pouruoir à tel in-» conuenient par des moyens efficaces &c deus. A ces fins , & à la requifuion de Meiîisurs les Euef- ques du pays, affiftez du corps des Catholiques : il or- donna que déformais il y euft enrvne des mcilleurei ' villes du pays & des plus propres à cét effed vn Col- lège des Pères lefuites , pour y faire profcflioû de; rou- tes les bonnes lettres, & contre- carrer l'erreur: voulue auflî fournit aux reuenns neceifaires , 8c s'en rendre le Fondateur. Réparant par ce moyen les fautes que fes Majeurs auoient faites,Sc donna moyen aux Catholi» ques de nourrir leurs enfans en la crainte de Dieu. Ec par intérim commanda que les patentes du ftu Roy drht le heur de ierricies aeuanr vint uv. x-iai—iv^..", ^.^ — ^ i /• n -i • j -r' le m me iour du mefme mois que faMajefté fie fon Henry le Grand fon pete , par lefquellesi auoi dr^^^^ lemcirac iuu o,.. j;,. UA/l,>(r<..r.iii pn en Bearn vne ffliflTion defdics Pères auec toute liberté entrée audit Nauarreins , & y fit dire laMcir?,qui en auoit cfté bannie depuis les fulditcs 50. années , le mefme jour que les Euefques furent chaffez par 1 Edit de la feue Royne leanne , les 50. ans reuolus le Roy a rtftabiy la Meffe dans Pau à la confnûon de l'Enfer, defcfperé de voir le lubilé accomply par la reftaura- tion d'vne vraye & légitime liberté , qui reuenoit en Iftaël à mefme cercle d'années. « • ' j Ce fut au refte chofe mémorable à la pofteritc de voir le Roy accompagné des Princes . & Officiers de la Couronne.de toute (a Cour & des principaux Chefs de l'armée, fortans de l'Eglife de Pau,fraifchement re- conciliée. Apres y auoir ouy le Feni CrM/tfr,pours en aller en PtocefTion folemnclle tout le long de la ville, eti Bearn vne miflTion defdics Pères auec toute liberté d'y faire leurs fondions par tout, fors l'infttuftiou de la jeunefTcSc d'y trauailler à la conqucftc des ames,ea nombre tel qu'il plairoit aux Prtlats y employer , foc- tilTcnt leur plein &c entier ; ffcd-ô: fulTent vérifiées pat le Parlement,qui quelques années auparauant les auoic modifiez au nombre de quatre , & aux forclufions dei confeCfions , quoy que par eux permifes à tous autres Preftres, Séculiers & Religieux , & mefmes aux Capu- cins qui le font pat difpcnfe de leur Ordre,ainfi pa(Fa-iI au Confeil de Pau. Et voila ce qui s'cftpaftc au chao- gement nouueau , faiA en la Souuerainetc du Beajro, en l'année i Sia. par le Roy Louys X II L de Franc* de Nauariet DISCOVRS F " iîTv *■ >:rf D I s C O V R s DE LA MONARCHIE DESPAGNE SOMMAIRE I. L'EJpagnt anciennement Preuince y fon accroijjè- mtnt er fiiHuton eft pre/^nt vne IJlt, Dénombrement (ftneral de toM les Eftats ^ui foivt. foM ta domtnatmi du R^y d'EJpagne. 5. Defcrtpit9n ancienne & moderne d'EJpagne, (frfes froié Gouuernemens. 4- Topographie ùe U Catalogne , (fr de tous /es Royau- jnts. 5- Dfs mines à' or d'Jirgent, & des eaux chaudes froides wdtctnatts.tjHi fe trounent en Ejpagne. 6. Du naturel mœurs tant anciennes que modernes des EJpagnols. 7. Ruheffes d'EJpagne en tjuoy conftjlent , du trajîc ifui fut aux ports, auec U taxe du reuenu ànnnel du Roy, & it tomfes Ejkas. S. Des forces du Roy d'EJpagne , tant par Tfier fue par trre, 9. Valeur de l'Infhnterie Ejpagnole , le nombrt de fa 'au^lerteentreienueen tota fes EJînis & fes forterefjes. 10. At hontédu R;y d'Ejpagne-tHfes Royaumes, & ' mhre defesCanfeUs^jinee vn E/iat des grands Srgneurs. ^ matfors N^^bles d' Ejpagne. n. De l'ordre des Namg/itions Efpaanoles. u. Reltgton ih fes la concernent en EIfagm_j: ■s Archeuefchsz ^ir Euefchtz.. & de leurreuemi. I J. Ger^ealogie des Roys d'E^agnc , & de la fucceftoH ■s Roys Gif s en tom ce Royaume. Orafin denembroiiiller pasIeLedeur, & ne Inv i fa.re cercher tous les Eftars qui fonc fous I. Roy d'à! pgne en diuers endroits de ce liure .. .ay pcn(^ qu'il feroK plus à ptopos de metcte .cy tout a L fois oute es terres qu'il po(rede,& .près en auoir f.t nom- brement en gene.al, confiJaetdiftioaemenc les par- ticularitez plus remarquables. Le Roy d'Efpagne polîede aujourd'huy en l'Europe tous les Royaumes d'Efpagne, Sç.iuoiri 1 Andalou/jc. Léon. Eftremadurie. Caftille laneufue. Caftiile la vieille. Portugal. Aigatbe. Les iflesdeSardeignfjde Maiorque &Minorque, '£s PAGNE s'eft par fucceilîon de temps ! augmentée & paruenuë à vn fi haut degré I ''■.^pi «^'honiKurà: d'au[horitc,quec'eftauio^r- £:?-^é d'huy l'vn des plus grands Royaumes de ^te l'Eiiiopc , n'eftant auparauanc & anciennement vne petite Prouince nommée Ibeiie.d'vn fleuue qui lîe en icellc nommé Ibeme, ce fleuue eftant l'vn des gtands qui (oient en l'ECpagncau dire de luftin & Vatron. L'Efpagne eft fituée entre l'Afrique & la France en- la-e dudeftroia de l'Océan & des monts Pyrénées, ecft plus faine que i'Afrique.pourcc qu'elle n eft pas nme l'Afrique nicommodce des chaleurs exceffi- . tellement que fon climat eft plus tempéré , ôc fes yes bien que rares,la tendent fertile, l'eu s'en faut que l'Erpagtie ne foit vne Ifle , car elle 3 touliours eftrelîîffknt iufqucs au Royaume de Na- i^^» & la largeur de ce deUioia qui ne fonc que ntigncs, eft a enuiron fix cens mille pas , fans qu'il ■ en icellcs aucun lac qui les infede on corrompe ^« bromllards.ou autres choUs preiudiciablcsXes s manns y foufflent de tous coftez, qui chaft>nc & pcnt toutes exhalaifons& vapeurs de matières ter- es qui pourtoient inférer l'air & rendre le pays I aux n^aladics : Les hommes y font d'vne comple- 1 tobufte & ont des corps fort propres pour foufte- 1 faim, 1.1 (pif, ôc telles autres fAti-ucs. ( Galice. Nauarre. Bifcaye & Guipnfcoa. Catalogne & Comté de RoffiUon. Atragon. Murcia. Valence, Grenade. , „ „ . 1 ^viaiorque oc minora Ce ^He le Rcyd Ejpagne poffed. hors de fon Royaume. Royaume de N.ple. j Duché de Milan. Royaume de Sîcilc. j I PoîTcde a,iffi les Mes Orifentales & Occidentales, les Mers Oceane & Meditcrrane'e. Les EftacsdeFiaodres,Braban& pays bas, Duchc' de Luxembourg & Comté de Boutgogne que l'Archi- dnchefTe occiipe à prefent. En Afrique il polTede le meilleur port qui foit fur la mer Med.terrance , c eft à fçauoir Marzalcabil , qui fi- g^nfie Grand porc , & encore les places d'Oran ,&c de Mehile^ ôc le Pignon d'Afrique, Curache & autres rorrerenes. 11 y a outre ce hors du deftraid les Ifles Caoarics, au nombre de douze, donp il y en a Cept principales. Et à caufe de la Couronne de Portugal ,î tient en la melme Afrique les importantes places de Serpe , & de langer, qui font les clefs du Deftroiâ: , voirè mefrae II a encore en auec le Royaume de Portugal les Iflés Azores, dont les puncipales font la Tercere.S Michel, falnfte Marie, nfle du hc . & de S George. Il tient auiu le i.Port , & non guère loin de là, l'ifle de Madè- re, grande, belle & riche. Dauantage il a les fept 1/les dut>ap_verd,& fous !a ligne cquinodiale , l'ille de iaindt Thomas. Il pofTede encor toute la cofte d'Afri- que, qui s'eftend depuis le Cap d'/^ guère , iufques celay de Guardafu. ^ En Afie à caufe de Portugal il tient prefque les meilleures places de la cofte O. cidcntale , c'eft à fça- uoir Ormus,Diu,Gaa, Mafaca, Le Royaume d'Oanuz' comprend fous luy vne bonne partie de l'Arabie heu- reufe, & l'ifle de Baaren qui eft fort grande. U poiFede encor la près Daman, Bazin, & Z.naa, outre Ciaul,& ^ lesforteredes qui font aux Royaumes de Cananor ,5c de Coch,n,& encor à Golan. Il tient aulîî prefque tou- vil 'T A^rT'' '"'^'"^ ^^P"^^ Daman lufqties à la V le de Mel.pur, vcu qu'elle eft toute a.rx Efpagnols, ou leurs amis , horm.s Calicut. L'ifle de ManarV DesEftats du Roy d'Efpagne. 1 l'in» j^v ii^r. o^nuriciic iciiécs. Mj S.'v'.t iicnreoucc ICO & le pott àc Colomban » en l'ifle de Z-'ilan appà' ticuc eucui auxE.fpagncls, àt metme que quarante VUes des PlulirPines.dt'ntUrnncipalr fe nomme Lnzon, lon^rne df uU-s de lo lir':cs,m..,s eftcoia On compte encoi entre ces Iflcs celle de Ycndcnao , Tandaia, qai t<\ nommée p.re.c.l'ence h Philippine, à cauf.que ce t.c la pretnieic qu'on defcçuuxu & Gclebc, ou Ma- gellan mouriu. ^ , ,. r L'autre partie des Eftats du Roy Catholique conli- ftc aj nouueau monde. Le tout eft diuisc en lûes & eti terre ferme.Lcs iHcs de la met du Nort font en fi grand nombre qu'on ne le fçait iufques à ptefent , veu que les feules Lucaics furpaffcnc le nombre de 400. Cel c de Borichcu cft fort grande, comme auffi la lraique,la Cube,& l'Efpagnole. ..liées. M.s.'v'.t iicnreou celle d'au delà eftoit celle qui fe ttouuoit tûoignce des titres de l'Empire, c'eftà dite q'ii s' .ftena depuis U liuicre d'Eb c iufques au de- ftcoidt de Gibraltar. Elle ÎJt après Jiuifée en trois Pco- uinces.c'eft à fçauoir en Baiq ^cTarcaconoile, &: Lu- fitaine , par les Romains m -îruc q iiy eilabliteiK q ia- toize iurifdidions , dont la iariaconnoife enconi- prendfcpt, comme h plus gi ande des trois, la L'rfuat- ne trois, la Betique q.iatte. Et cette diuifion dura iuf- ques au cewips d'At.ille. Mais depuis le Royaume de Grenade , l'Anialufic & la Betique ont fuccedc à l'E- rttemadeure: Aragon,C?.ftille,Nauarre,& lesautres pe- tits Royaumes à laTatraconoife : & le Portugal, &c Royaume d'Algatbc à la Lufitainc. Or on diuife aujourd'huy l'Efpagne en trois Cou- _ . r> r-'rtW l'r iiinir d' Arncrnil. Ouamà^rtS^ (^untalaterretatT^e,ic,H g K r-.n-.lU . ^ Pornic.. •. Aragon comprend Catalogne, ment tout ce qui va coftoyant la Floride , la nounelle Efpagne , & U lucatan , Ôc encor toute la grande l rel- quc-me Méridionale iufques au Cap de Cahforme, voire meime iufques à Quiuirejveu que les Caftillans ont fiitiufques-là leur dccouuctte. Il poiredc encor cette partie duPeru,qmeft entre la riuiere de la Plata, ou de l'argent. & Maragnon . & commence depuis Panama, & cecy s'appelle Brelih 11 lient encore le Peru,& le Royaume de Mexique. Voyons maintenant en particulier Us chofes plus confiderablcsquifonten cette Monaichie,& parlons premièrement de l'Efpagne,où eft la demeure ordinai- re des Princes. ^ , L'Efpagne qui eft la première partie de terre ferme, ' qu'on trouue prés de l' Afriqae.au delà du deftro.â: de Gibraltar, eft bornée du cofté du Leuatit des monts Pyrénées , qui s'eftendent depuis Fontarabie , qui eft en la Prouince de Guipufcao , iufques au Cap de Creuz, qui eft au commencement de Catalogne ent re Rofcs, & Colibre. Elle a pour borne du cofte du M. dy CaftiUe , & Portugal : Aragon comprend Catalogne, Valence, Majorque. Sardaigne , Sicik, & Naples : Ca- ftiUe comprend Bifcayf,Leon,les Afturies,Galice,l'£- ftremadcure,l'And.xlufie,Grenade, Murcie, & les deux Caftilles , auec les Canaries , le Royaume de Nauarre, l'Eftat de Milan, le nouueau monde, les Philippines,^ antres pays. i , Le Portugal comprend le Royaume d Algabre , le Portugal me'^me , auec ce que les Efpaguols ont en la Guinée, en Ethiopie, Se ce qu'ils tiennent au Brefil, de aux Indes, & plufi^ucs Ifles. Or en commençant la defcription.la première cho- fe qui s'offce à may c'eft la C^iahg'^e , qui s'eftend de- puis Salfe iufques à la riuiere d'Ebce , & confine auec la France. S'enfuit Perpignan ville capitale du Comte- de RouiTillon , quoy que iadis elle air efté appcUée Rofins, c'eft vne forte muraille aux conSus de France, la Comté de RoulTillon qui fut engagée pac leao Roy d'Arcagon, pour beaucoup de milliers /ceuîaax François, & puis rendue au Roy i'Efpagnc par Ghac- Rofcs, & Colibre. Elle a pour borne au .uuc ...uy .a.^... , . , - ^ -^^ ^.omdVc , qu'il tira q« la mer Medicerranée , qu'on nomme <^ojn^—l^ ^ll' ^ ? J iSch 0 p^as en fon cntreprife \ „cr du Leuant,qui commence entre lE pagne ^ U ? ^^^^^^ ^^^^^ ^^^^ fàquc 5. fe joint ^P-^^f/^^s'^^^ titT^. m tT Py?enées , dont l'vn va à Salfes , l'autre à Co- de Gibraltar mfqiKS au C pd.î>. Vincent, u ,,,iens nommoient UUberis.Sur le nua Couchant la mer Oceane, depuis ce Cap de S .Vincent iufques à ccluy qu'on appelle de Fin de terre , & du cofté du Nort la mefme mer l'enferme , depuis le Cap de Fm de terre iufques à Fontarabie. , , Les monts Pyrénées ne fonteftendus dedroi6thl autour de l'Efpagne . ains vont faifant vne figure tor- tue , de forte que le chemin d'vne excrcmite de ces nionts à l'autre feroit de plufieurs journées-, au lieii que du cofté de la France, il n'cft pas fi grand, ny li tafcheux, & difficile de la moitié. Ces montagnes vont par la Nauarre & Roriceuaux, le long du val de Sakzar, & val de Ronoal lufqu a HifjHia , qui eft la dernière borne du Royaume de Na- hb C, que les anciens noramoient IlUberis.Surle riua* pedo la mer, ou prés de !à on void diuerfes places, auec leurs ports, phiftoft necelTaires qu'affeurez, pour- ce qu'ilsfonc fujets à diuers vents, ôc ne font guère» capables. Il yaElne,Colibre,Rofas,Empira, Palaraos, Balanos-.Mais Barcelonne eft la ville capitale de Caca-! logne, grande ville & port de mer. - On void dans le pays Girons , Vich , Catdone , V c- gle , Mont-ferrat , mont d'incroyable deuotion pout vne image rairaculeufc de la factée Vierge merc de Dieu , à'i'entour duquel lieu fur les montagnes , il y a jo Hermitages , où les Hermites prient nuid &c iout ' pout les Confrères de Noftre-Dame d^- Mont-fertat, Hifwa, qui eft hd-tn,«e forne au '^"^'"""V"; I " Heués de Barcelone M.is tetou.nan. .,a„e . puis elles Pf-' X«ï '< TLÎZeoT.M - cs de la met d( Bifcaye, auprès d'vn lieu qui fe nomme FuentibtC: & courant quelque peu vers les monts Pyt^-"<:« tourncapresveisleLeuant, & puis vers leMidy.ô il n'y a ptefque riuiere. qui falfe plus détours, ny qu ferpenre dauantage. Cette riuiere fe gcofTit pat le rao yen des riuieres qui nail^^nt au pied defdits monts , 6 s'y rendent , veu que de l'autre coft.- elle ne reçoit qui le Bilbile, fi l'on a feulement égard à ce qui eft dign de confiieratiou. Et cette riuiere f^it en (ou cir boucheute l'Kle d'Alfaqucs rettaiéte des C^rlaircj Mais eu faiiiancfoiicoius on voidTorcok- b;.ii v;iic DesEftats du Roy d'Erpagtie. loi Se en boiî pays , aux limites de l'Ebre iufcjues au fleu I Cite eft peuplée de dix mille habitans , & a de circuic uc Coj. Au icfte les tiuieres d*£(p,igne ont prclqucl vue lieue & demie d'ECpague. — — f p — — toutes par maniciede dire les bords fart hauts, Ôc les ! lids bas; d'où vient qu'on y nage mal- aisément, on fe ictt touccifois vu peu des eaux de l'Ebre en Aragon, & de quelques petites tiuieres aux Royaumes de Valen- I cCiôc de Grenade. I L'AragoncftjoindtàlaNauarreiufques à l'Orient, : & s'cllend iulqucs à Catalogne : il a pour fes bornes du I Leuant h riuicrc de Cinga , du Ponent les monts de M6nc3tc,5i de Moliue.du Nort la riuiere d'Ebro, Se du Midy la rriontagne de Brabance. Ort voî i en ce Royau- me , ou pour mieux dire en cette Prouince d'Efpygne, les villes de laja.Huefca, Veuarca,& la place de Mou çon,renoaimce pour les Cours qui s'y tiennent. Les Royaumes c!r Ctttz. jointes aHx(^oHrs de MotiÇitf. RoYAVMBS. Citez. Lcon. Tolède. Grenade. Cotdoiie. Seuile. Murcia. laen. Salamanque. Segouie. Auilâ. Cuença. Toro. Zamore. Guedulara. Valladolid. , Madrid. Ces Royaumes & Citez font capitales , & cliafcun en particulier eft oblige d'enuoyer vn Député de la part à la Cour de Mouçon pour pouruoir à ce qui e(t im- portant aux Eltats du Roy-jume. En cesEftats fe rrou- ue te Roy en perfonnc.dé manière qu'outre lefdits Dé- putez , pluficurs autres grands Seigneurs s'y trouuent loix qui font inuioiablemtnt obferuees , ainii que les Conciles cscholés rpiricuellcs. Cette Cour s'eft airem- blce cette année i6z6. où le Roy s'eft trouuéen per- ï'onne , & là a elle traidlé de la paix encre leurs Maje- lez trcs-Chreftienne & Catholique. La principale ville du pays c'cft Sarragoir* , la plus belle ville d'Efpagne , fi on a égard à \i beauté des ^niéj,, & à la magnificence des Palais. On y void nuflî Calacajut , qui doit tenir le premier rang après SarragorFe , puis la Conlté d' Vrgel , & l'Vniuerlité de Lcrida. Quant au Roysunae de Valence, il tire fdn nom de a principale ville , & eft borné du cofté d'Orient de ia Méditerranée, du Nord de l'Aragon, de l'Occident de e vieille Se nouuelle Caftille , Se du Midy du Royau- SicdeMurcic. 11 a deux bonnes villes, c'eft à fçauoir ^otiuela Se Valence, on compte en ce Royaume en- liton vingt Se deux mille familles de Mores. 11 y a le >orc Petnifcola, où fe retira le Pape Benoift ejtilé pat e Concile de Conftance, & encore Xereca , Moruie- ro, Xatiua, Candia, Dénia. Quanta fesfleuues, les principaux font Guadala- iar, qui veut dire eau pure & claire , qui palfe prés de 'alcnce & Xucar,que les anciens ont nommé Sucron, où prend fon nom le Sein, ou Golphe de Sucron, ,ui s'eftcnd depuis la pstite Iflt d'Alfaques , iufqucs u Cap Martin. Le port de ce Royaume c'eft Alicant, i^omtré par les anciens lUice , d'où prend fon nom le jolphe , compris entre le Cap Martin , Se le Cap de 'alos. Murcic a pour fcs bornes les confins d'AIicante , & : Cap de Gates . & a peu de lieux peuplez , Se ceux u'on y void font de peu d'impoftance. Murcie eft la rincipale ville. En l'an de faluc U41. le Roy Dom Alonfe VI. Drame Empereur, ayant deliuté cette Cité d'encre le.-, lains des Mores, après l'auoir foûmife à fon pouuoir, le receutJlaFoy Catholique, après auoirdemeute nqccns vingt- cinq années entre leurs mains. Ccttt Il y a en cette v.lle vn Gouuerneur fouuerain , vrt Lieutenant gcufral Se vn Ciuil , douze Confeillcrs, vingt-quatre Greffiers , douze Procureurs , & plus de trente Aduocats, La police y eft exa(ae,tous les fruits s'y vendent à la liurc iufques au pain , qui fe vend fé- lon le couft du bled, J'acheptcuf du pain apprend fa valeur par vn bordereau qui elt attaché à vn pillier pac la main de la luftice. La rigueur delà police contre les lacronseft feuere,on montele larron fur vn afne.qu'oa poiirmeine par les rues, & les foiictte-on par derrière, à chaque carrefour : on luy donne vn, deux, trois, qua- tre ou cinq coups, & a autant de cbups qu'il eft con- damné , la iiiâice le fuit à cheual , deuant ijqueile il y a vn trompette qui dit à haute voix> c'cft la puni- tion que fa Majeftéoufaiuftice en fon nom comman* de eftre faide de cét homme conuaincu de larrecint pour lequel eft condamné à j 00. coups de fjoilet feloa le crime. En ce Royaume eft le port de Cartagene, qui eft le meilleur quifoiten Efpagne fur la mer Méditerranée, pource q'ii'il y a vis à vis vne petite Ifle,qui l'alTeure des vents , Se le défend de l'impetuofité de la mer , qui y rompt fa furie. Aufli André Dorie difoit , qu'il tenoic tfois poiTs forts aiTeurez en la mer Méditerranée , c'eft à feaiioi'r celuy de Cartagene, Juillet, Se Aouft. La vil- le eft peu de chofe, & mai baftie. Le Royaume de Grcnàde s'eftend depuis Vere'iuf* ques à M^laga , Se l'on void icy de qu'elle importance ell l'Agricukure,veu qu'au tcps que les Mores y domi- noient, cette contrée eftoit extrêmement habitée , Sc Se y ont VOIX deliberatiu.s. Ce qui s'y refoud pa/le en pleine de toute fotte de biens. Les colliaes eftoient-rc iniy tiiii Innr iiiiiinl.ThIfintnf oUferiTee» . atnfi mip if>c iipll-nr^c «Jp «n'^.A e>o C . rk.- i n » - ueftuës de vignes , Se d'arbres fruitiers , les vallées & les plaines abondoient de grains, & de jardins , Se les villes d£-gens Se de viures : au heu que maintenant il n'y a guère de gens,& le pays rapporte fort ^eu,à caufe qu'on y exerce moins qu'auparauant l'Agriculture. La ville de Grenade reflemble à vne grenade ouucr-' te,veu qu'elle contient deux collines qu'on peutpref- que nommer deux montagnes , qui font diuifées pas vne vallée, par laquelle palfe le Bare. Ec cette viUe éll diuifée en quatre parties différentes d'aflîette , quife nomment Grenade,5ierra de fol, où montagne du So^ leil Albayfin, &r Antequeruele. Les marchands. Se les (gentils- hommes habitent principalement à Gtenadè^ui eft la principale, & il y a vne Eglife d'Admirable Architedure. II y a le lieu qu'on nomme Alcaçar , qui reprefente vue petite ville ayant d;x portes. 11 a l'Alhambre, Pa- lais desRoys Mores, qui pour raifon de fon artifice^ & pour la multitude de fes fontaines , peut eftre mi^ entre les miracles du monde , comme auflî pour fes grandes 3c remarquables tours, & fur tout vne fontai-* ne fd!(5be de marbre , où il y a autant de canaux com- me en aucune autre fontaine du monde : ces cifternes lont admirabhs, très profondes, & entr'aatres vne de marore , fouftenuë fur douze Lyons , chacun dcfc|uels eft ailffi gios qu vn gros dogue. Mais fus tàué fon alîictte elt mcrueilleufe , pource qu'elle a au defTous du cofté du Leuant la ville; du Midy les Mô jitagn.es neigeules, & du Nort vne grande plaine. Quant aux autres parties il n'eft pas à propos d'en parler"^ pource - qu'il n'y a rien de remarquable. Toute la fille a dé circuit eriuiron fept milles , 3 plus de qUâranténjille feux , elle eft illuftrce de plus de deux raille fontaines d'eau fraifchc , Se eft entourée de murailles auec, via v^rand nombre de tourS. Quelques-vnsy en mettenB uiquesàmille. En ce Royaume on voidencor la ville de Guadix à' neuf lieuës loin de Grenades. Les autres lieux conûde- rables font Ronde , Maluelle, Vêlez, Vere, MochacMe 101 DesEftats du Roy d'Efpagne. Gu*fcar.Bf ze,Coclbo,£.. Lo.hc for la tiuicre de Genil.\ Lariuiere de G jalduqoibir ,qui vcutdire c a Arabe Oii void à fcpr lic/ci deGicna.elc Chïfteau d'Alhar 1 grande riuicrc, faifoit porc à cette v;lie, & vecicable- ne. Les lieux matiiii-pt 5 j-lus impottans de ce Royau 1 ment elle mericoic bien ce nom de grand'; , ôc pour fa aie font Almcnc, & M^laga, prés duquel lieu il y avnj grandeur , & pour la bonté defeseaux fort propres à otaiii nombre dwiilagcs. Ferdinand Roy d'Aragon, | la teinture des iraps , &c à rendre belles les perfonnes. &deCallille,a.h'uade conquérir ce Royaume auec la ville l'an 49'). L'A.;H -^liifies*eftend prefqae depuis le commence- ment du deftioit de Gibraltar, lufqu'au flcuue de Gua di'.ne. Elle tft picfqucàla pottedelamerMediterra né par le moyen du dcftroit de Gibraltar, de qui nous dironsicy deux mots, quoy qu'il appartient pluftoftau Royaume de Grenade, qu'à cette Prouince. Ce deftroi6t a donc 2. 5. lieues de largeur auec le flux & reflux ordinaire de la mer Oceane, qui entrant pat cette pone s'acquiert le nom de mer Méditerranée. & s'eftend là iufques aux dernières bornes de la mec Ma ^ ^ourpat l'efpace de $700. milles , & enuiron pins de dix milles. t,es Grecs l'appelloient dcftroit d'Hercu- le, àcaufededeuxcolomnes de bronze, qui eftoient au Temple d'Hercule, ou comme les autres veulent , à caufe de deux montagnes , dont l'vnc nommée Calpe eft en Efpagne,& l'autre nommée Abile en Afrique, & qui ont efté mifes en réputation par les Poètes, qui ont écrit que c'cftoient des coloranes plantées par Hercules pour borne de fes voyages. Les Latins nomment auflTi ce cîcftroid Gaditain , à caufe du voillnage de l'Ifle de Csliz nommée des La- tins Gades. Les Mores luy ont donne le nom de Gi btaltar, à caufe d'vn Chaftcau qu'ils baftirent au dcf fous de la montagne de Calpe, quia peu détour, mais <û Cl haut qu'il teprefcntc de loin vne Iflc fepaiée du teftede la terre. Or ayant palTé le defl:roi£t on troiiue rifle de Caliz, loin déterre ferme enuiron yoo.picds, àîaquelle clloit conjointe vne autre petite jfle. qui n'auoit pas plus de ioo pas de circuit,& toutes les deux eftoient appellées des Latins Gadcs. En h plus grande qui refte aujour- a'hiiy.il y a vne ville qui cftoit du temps des Romains ^es plus nobles & plus riclKS d'Efpagne, en cette Ifle îrs Anglois courans la cofte d'Efpagne, auec vne flotte de ioo\ vaijfeaux entrèrent en cette Ifle de Calizle jour de la Toufl'aints 1615. pour introduire en Efpagne les Africains , mais ils en furent chaflcz fix iours après auec la perte de quinze cens des leurs, | Tellement que Sttabon écrit que Caliz ne cedoit à aucune ville de l'Eropirc,ny en grandeur ny en magni- ficence , ny en nombre d'inbitans de marque , veu on'on y compte quelqucsfois cinq cents Cheualiers Romains, qu'on ne trouua nulle part ailleurs qu'à Padouë. Maintenant il s'en f^ut de beaucoup qu'elle fo^t fi grande , & l'on la peiitpluftoft mettre entre les célèbres abords des marchands , qu'entre les villes magnifiques. Les Mores la ruinèrent , & les Corfaires ne lalaiffetent pas remettre. Mais il n'y achofe qui luy porte plus de dommage que le voifinage de Seuillc, qui attire tout le trafic de la mer du Ponent. Entre Ca- liz & la terre ferme , il y a vn fort bon port nommé Porto-Rcal , Se plus auant vers le Septentrion il y en a vn autre nommé de fainélc Marie, de là en doubUnt vn petit Cap on trouue le port faind Luca , où les na- Hifess'arreftent, ou pour attendre le vent s'ils veulent :tllcr en haute mer , ou bien pour attendre le reflux de la metOccanc, s'ils veulent aller à Seuille , qui eft fur le bord du fleuue Guadalquibir à main gauche. Cette ville a enuiron lix mille de circuit ,& beaucoup d'":ghfes& de Monaftcres magnifiques, de de bellèS mes & grandes places. Au temps que le grand Ferdi- nand prit Scuille , on comptoit autour 10. raille villa- pes ou hameaux, mais auiourd'htiy le nombre n'en eft pasdei:>cau.;oup fi gvand.Tuutcsfois oncompcccncor aoo. places fermées de murailles. La maréi monte encore deux licuésau delTusde la vil- le. De l'autre coftc de la riuierc on void Trianc,quieft vn fort plaifant membre de Saiiilc. Or combien que le Soleil s'y faffe fcntir exct.Tiuement , en telle forte que les bleds d'alentour y font meurs en Auril, de mef- me qu'en Egypte, tontesfois il y a tant de rafraifchilfe- ments , que le Roy Ferdinand difoit , qu'il falloir de- meurer en tem^s d'Efté à Seuille , & en Hyuer à Bnr» gos,qui eft vne ville fort froide , m.tis où il y a de mer- tieilleufes defences contre le foid. Maisileftatriué va grand dcfsfti c à cette floriifante ville , qui la fait deue- nir depuis quelques mois , non plus Seuilie la grande. la belle ôc populeufe,mais réduite en vn bourg.&voi cy le mal-heur qui luy eit arriué. Donc en cette Prouince d' Andalufie fur les bords du fleuue ,qui pour l'abondance &c cours de fes eaux , fut jadis nommé des Arabes Quadalquibir.cft fitucc la cé- lèbre ville appcllce Scuille, qui en délices , tichefles, concours de marchands & multitude de citoyens^ non feulement furpalfe toutes les villes d'Efpagne , mais mefmc s'égale aux plus renommées de l'Europe. Quadalquibir fleuue aaoit de tour temps baigné fcs campagnes, fans Iny faire reircntir aucun dommage d'importance, iufques au vingt- quatrième jour du mois de lanuiet de cette année 16 l6. auquel, comme pour fe payer en vne fois de tous fes feruices , fottanc de fon canal ordinaire, efteadit fes eaux par tout le territoire de ladite ville de Seuille , noya Triana , de- ftruific Tablada , & s'efl^uant autour des murailles de Seuille, la rendit femblable à ces petites Ifles du grand Océan. A l'afpcdtde ce prodlge,noa auparauant preiieu,Iei habitans demeurèrent fore eftonnez,les femmes cou- rurent aux Eglifcs pour appaifer Tire de Dieu par les prières, les hommes aux murailles , vifitans , fortifîans les endroits, où elles ne fembloicnt fuffifantespoar re- fifter à i'impet uoficc de l'eau, qui croillaut à veuë d'œil, faifoit croiftre en leurs ames la crainte de voir dedans peu de temps le fubmergement vniuerfel de leur vil- le, de leurs biens, & de leurs propres perfonnes. Enuiron mmuidrimpetuoluéde l'eau fut fi grande,' que fracall'ant la porte de l'Areual , entra pat icelle en grande abondance , elle couroit comme vn torrent i:iipctueux par la rué de Gennes , la place de Sainft François fut incontinent remplie : bref en deux heu- res les trois quarts de la ville furent totalement (ub- mergez , l'eau montant iufques au dernier cftage des maifons moyennes en hiureur , la plufparc dcfquelles furent abbatu'és , démolies 6c emportées par la violen» ce des eaux. C'eftoitvne chofe grandement pitoyable d'entcn^ dre parmy les' horreurs de la nuid les cris Se gemifle* ments des perfonnes qui fe noyoicnt dedans les maH fons, quelques- vns fe fauuoient à la nage, par les fenc- ftres, les autres rompoient les toiâ;s pour fortir,les f** neftrcs eftnns de fia cachées de l'eau. Meflleurs de la lo- ftice alloicnt par les rii'cs auec des barques , rfceuans en icelles ceux qui y pouuoient aborder vifs : on tranf- porta aux grandes maifons aufquclles l'eau ne pouuoit nuire, les Religicuf- s des Monofteres de la PafCon, de faindc M.iriede Grâce, de faindc Claire, de Iîclen,dc la Conceprion & de S.Michel. Le vingt-cinquiémc dudir mois , il fc leua vn vent fi impétueux, qu'il dcfracinoit les arbres. <3£ emportoit les hommes , en me(mc temps tomboit vne fo t: groife pluyc , qui entretenoir le cours de l'eau , Se ce! orage dura iuiques au fixiéme duJit mois Des Eftats du Roy d'Efpagne- aiiqiu! le Ch.ipitre fie vnepcocefllon fort folemnellc ou les Piebcndcz affilleicnc pieds miJs : & après plu- ficiirs prières le venccelTa, mais lapluye continua iuf- qu'aii lendemain. La tcmpclte appaifcc & les eauxen- liercmcnc remifes au calme , on pouuoit plus facilc- rncnc confidercr le débris &c reliques de ce picoyable naufrage, les trois quarts de la ville eftoient totale- ment couuerts d'eaux , particulièrement la porte de Grez, les maifons daCouts,!aDoiianne,Ia rucà l'huy- le , la rue faiiiil Michel , la porte de la rué de l'Areual, aucc tout le relie de ce quartier-li iurqncs à la porte du Pardon , la place dite Alcayz-jria , la rué de Gennas , la place de ("aindt François, le lieu dit laPayerie, lanic des Teinturiers, la rué de la Serpente & la ruë des Ca- thalans. D'auantage les Eglifes de faincSt Vincent , de tous les les Saindts , de faindte Luce , ôc vue partie de laind Eltiennc , la porte de Carmonia auec tout le Cartier de l'Alameda , Cemblablement les Conuents de faind François, faind Paul , Sain6l Bonauenture , No- Ihe-Dame de la Mercy , les Cannes, faind Anthoine, le Collège des p.erts lefuites , le Collège de Rodrigo, ù'uid Auguftin , l'Hofpiralde l'amour deDieu,celuy du faind montdeSion, ôc deux Conuents des Pères Minimes. Ce (croie chofe ennuyeufe de raconter tou- tes lesparticularit' z de ce fubmergemenc , depuis la Tour de la grande Eglife iuî'qnes à Triana , on ne vo- yoic que de l'eau, Se les toids des plus hautes maifons, U rcfte ellanc luïnc ou couuert ; le lieu où fouloit eftie la tué à l'huile, elloit tout couusrt d'eau, on tient qu'il y en a plus de quatre cent mille liures de perdues, plus de trois cent quailTes de fuccre fc deffirent en l'eau, qui couvuoit la doLianne ; toutl'anis fur moLiilIc, plus de cent mi. le muiJs des Indes furent perdus auec tout le bois de Brclii qui y eftoir , plus de mille vaches furent noyées, tout Tablada lurquesau lieu dit leToci!,bref tous les bœufs , chenaux , afnes ÔC autres animaux do- meftiq'ies: on n'a peu fçjuoic quelle a eftc la perce des particuliers : ny combien il y eue de perfounes noyées. Ma>s on peur conjedurec qu'il y en a vne grande quan- tité , car la furface de l'eau apparoilToit toute couucrte de meubles rompus, & de cadiures, tancdhomn^s comme d'autres animaux , flottant les vus parmy les autres. En i'Eglife ou l'eau ne fit point de dommage fe reci retent ceux qui cfchapperenc de ce déluge , ceux qui n'auoicnt efté ruinez conrribuoient charitablement à leur nourriture , plulîeurs donnoient à ceux defquels quatre iours auparauant ils eufTent tenu à faueur d'eftre feruiteurs. Le Chapitre de la grande £,»lifc donnoit chaque iour pour cinq cent ducats de pain , le Comc-^ de la Tour donnai plus de cinq cent quintaux de bif ruit.vn chacun des autres les aydoient félon leur pou- noir, de pain,de fronuge ÔC de figues, ôc autres chofes uecelîaires à la vie de l'homme. De toute celle belle & grande ville de Seuille , il l'eft relié que les quartiers de fain£l Nicolas Se de S. Ilîdûcc auec la partie d'enhaur de la grande Eglife , de Fiçoo que celle qui auant quarre iours tcnoit rang en- tre les plus grandes viUes.à peine peut elle maintenant fournir logement pour fjrmer vu bourg. Outre Seuille il y a encore en Andaluzie plufieurs autres villes ôc places importantes : mais la principale c eft Cordoué , iufques à laquelle on peut voyager fur le Guadalquiuir , ou fur de grands ou fur de petits bar- reaux: c'ell vne ville de grand circuit, mais où il y a peu de maifons à caufe du grand nombre de jardins. Il y a tout auprès force chafleaux Se places dont Lore- ne en eft vue. laén eft aulfi vilk^ remarquable, & qui a mente que les Roys d'Efpagne s'en dii'ent Seigneurs entre les autres tUrres. Elle a en fon Diocefe .Vbcde, Boëire, Anduiart. places alTez confiderabîcs. Il y a en- €oc Ahnadcn ôc Marchenc, dont h première eft le lieu lOj de l'ordre de l'Alcantare en la Diocefe de Cordouc, & Marchenc eft vn lieu fur les confins de Grenade fitf d Andaluzie. L'Ëftremadnre s'cftcnd depuis Ville-Realc iufqnes a Badajois , ÔC depuis Sierra MQj:ena iufques au Tage. On y void fur la riuiere de Guadiane qui la trauerfe,les villes de Badajois ôc de Mcride. Et l'on voit icy vne chofe remarquable, qui eft queceftc riuiere coule l'ef- pace de quinze lieuésfous terre fans femonftrer.iuf- qu à tant qu'elle paroift de nouueau près de Merelin, lieu renomme pour la nailTance de Ferdinand, Comte qui conquefta Mexique. En ce payseft l'image Noftrc Dame deGuadalupe, où l'on void vu grandaboidde toute forte de perfonncs. Les deux Caftillcs font prcfque femblables en alîîet- tc, (inon que la nouuelle a plus de plaine que la vielle, & elles font diuifées l'vne de l'autre par quelques mon- tagnes qui commençent aux contins de la Nauarrc, ÔC crauerfent prefquc toute l'Efpagne iufques à la mer. La ville capitale delà nouuelle c'eft Tolede,& de la vieil- le Burgos. Tolède eft grande ville , aflTife en vn lieu eneuc . ÔC 1 on y mante ou defcenc toafiours. Elle peut auoir de tour enuiron qwacre milles : mais elle ne fcmble pis Ci grande quelle eft, à caufe de i'ing alité de fon afliette. Elle eft enuironnéedï tous coftîz de montagnes, Ci- non d'vne part.a fes rués eftroidtes , ôc fes maifons ef- paifTes, ôc plus belles dedans quedehors.EUea zj.quar- ti-rs . ôc dix fept places. Elle eft enuironnée de trois coftez du Tagî, qui court au bas.ôc dont l'eau eft tirée en haut dedans la ville piar vn moyen quetrouua lac- ques Cremonois. Près de Tolède on defcouure vne plaine qui eft fort plaifantc aux lieux où l'onconduic 1 eau du Tage. Ou trouue du coftc du Nort de Tolède la rille de Madrid (demeure des Roys d'Efpa-gne.; On void au deçà la Guadiane , cité Royale , & fur la riuiere Cala- traue, d'où tirent leur nom cercains Cheualiers d'Ef- pagne : ÔC au deç*! du Tage on voie Couque , ôc Ocag- nc,& fur la riuiere on voit encorAîcantare,d'où prend (on nom vn autre ordre de CheuaUers : ÔC au delTus de -Madrid on voit Aicala de Henarez. Mais palllmt à la vieille CaftiUc ony voyoic Burgos fa ville capitale, comme l'ay die cy ddfus. Cefte ville e.t ancienne Ôc bien baftic , mais elle a fes rués eftroi- des , ôc eft entourée de montagnes , qui caufent que les iours y font plus courts que la latitude du lieu ne porte : pourcc qu'ils luy retardent le matin les rayons du Soleil, ôc les luy defrobene le foir auant l'heure qu il s en deuroit retirer , & pour cefte caufe l'air y eft extrcraemene froid. On void là entre autres chofes I Eglife Métropolitaine faite auec vn grand artifijce, parce qu'en mefme temps on y chante l'Oifice en cinq chappeilcs (ans aucun empefchemcnt ou deftoutbierî II y a vn Crucifix fort ancien qu'on tient auoir efté fait par Nicodeme. îly a vn ConuentdeReligieufesqaotî uommeV ulgucs qui four au nombre de cent cinquan- te, toutes d s maifons Nobles. Cefte ville débat de la prefceance & primauté auec celle de Tolède, & aux Cours ou alTemblées d'Efpa- gue, ce debae ne pouuant cftre terminé, ieRoy Ferdi- nand s'aduifi de les contenter tous deux: de forte qu'il fie parler la ville de Burgos , difane qu'il parleroit pour celle de Tolède. On voit après fur la riuiere Termes, & puis Sala- manque, où il y a vue fort renommée Vniuerfité : mais ainfi que Souille, ôc au mefme temps cefte ville de Salamanquc eft k demie ruinée par vn autre déluges ainfi qu'il s'enfuit. Le Luudy vingt-fîziefme lanufer de cefte prefente année 1616. fur lefoir, apparut en vn inftant non leuleraem vns très-grande oblcurité ; mais aulTivn tel I 4 Î04 DesEftats du ¥^ d'Efjpagne. orage de vent ôc de playe (encorcs que l s S.medy & ï) manche mecedcnts , le temps fut vn peu falcheux ; quenmron les neuf heures de la nuia la petite rmiere , de Tournes creuft de telle forte, tant de l impetuohtc de l'eau qui tomboit, que des neiges fondue coulan- tes de la montagne Be.ar . que tous ôitc r.uieteeftans préoccupées, Uffjrt de l eau tut te qu'on moins d'vne heure elle furpaffa non feulement le port , maiss'eftcndant aulTi pat la campagne , raua- eea & emporta tout à fait les maifons du faut-bonrg de fainde Marie la blanche, &: lesConuctits des Pères de Prcmonftié, celuy desTrinitairesdefchaux, & des Carmes reformez : eftant chofc déplorable de voir tant de panures gens endormis & efFroyez durant l ob- Icuritc de la nuiét , recognoiffants pat vn tel déluge inopiné la prochaine perte de leurs corps & biens , de forte que l'on a oy oit retentir en l'air que des voix la- raentables de tous fexesS: âges , fe voyants accablez lès vns fous la ruïnc des maifons, les autres emportez par la rapidité de cét iaipitoy able elcment:que melme les pauures Religieux & Religieufes des fufdits Coti- uents defueux de fauuerlcui: vie, fortirent comme ils peurcnt^excepté vne bonne merc Auguftine Defchaux, laquelle ayaut cfté tranfportée fut les épaules d vn bon rere Delchaux au rifque de f. vie , chofe eftrange d^ ce qu'elle ne fut pas li tcft fortie de fon Monaftere qu'il tomba à l'inftant en ruine , ce que voyant ce bon l'cre, reprit vn tel courage.qu'.uec l'afllftaiice diuine. il ne cefl-a toute la nuia de ttanfporter les pauures or- phelins & autres malades hors ce penl emment , ay- WMU mieux y pc.irque d'y lailFer perdte les.mpm^ iants , fclon qne la charité Chrettienne le poulToit & ckcitoitàcét etfcdV. barant qne ces chofes fe psfToient en cefte mame- rc, l'orage S: impetuofré de l'eau augmentant & croil- faut toufiours en fa fureur , paruint i^i^ques au faux- bour. de la Tiinité , aucc telle force . qu elle je ta ba. en moins de tien toutes les maifons dud.t faux-Wg. excepté la grande Eglife de Saindt Laurent, & le Mo; «aftcre des Frères Auguftins Defchaux , &c àc aTnni- té , en rauageancôc emportant quant-& /«yj^f blcs des maifons &c tous les ornements des Eghles de faind Iacques,dc celle des Miracles.de celle de (aind Laurent, de fainde Croix & autres Cotîucnts , lel- «nds furent entièrement vuidez , ny demeurans que les feules murailles & plus de cinq cents maifons qui cftoient efparfes çà & làhors de la vdle . cmmrant de table non feulement les chemins , mais auffi tous es jardins des lieux circonuoifins , comme auffi toutes les vipnes & terres labourées : de forte qu à vn tel fpccla- ck furent efmeus tous les nobles delà ville , pour par , leur exemple exciter les citoyens , à fainier es vies de . tant de paiiures gens qu'ils voyoient miferablement pe- 1 ru deuant leur^yeux . de forte qu'à l'enuie des vns &C , des autres , beaucoup efchappcrcnt de'ce naufrage, cpouuantable , & ce qui eftoit encores de tres-grande j admiration.c'ed qu'il fembloic que les quatre éléments 1 e.irent conjuré les vus contre les autres , d autant que l'air boulcucrfoit les maifons , l eau fembîou les eu- | voufrer dans les entrailles de la terre , &: d vn tel con- craft il fe fit vn tel embrafcment , que les maifons qu. „e pouuoicnt céder à la fureur des autres Eléments, furent contraindes de céder à cét impitoyable , com- me ( ftant fupcticur à tous ks autres. . Or cependant que MeflTicurs de la îuftice y met- toicnc ordre, & que l'on enterroit plufieurs & inhnis corps morts , on appctceut incontinent entre plul.euts qui eftoicntemporiczparlecourant de Uau,vne ima- ^cUe Noftre Dame du Rofaire, laquelle miraculeule- rvnt eftoit potiée fut la (uiface de cét hurn.de Ele- n,. nt . portant en fcs bras l'image du petit Icfusdequd rçnoir eu fci m^uicouime vn dcheucau de foye , & vu verre fans fe rompre , ce qa';.yant eRe vca & reco- i-neu parM. ffienrs de la vUle. Us en donnèrent incon^ dncnt aduisàl'Euefque de Sabmanque , lequeUuec tout fon Clergé . vint proceffionnellement aiid,c lieu, ils la portèrent folemnellement en la grande Eghie, eftant colloquée elle fut de eft encore pour le prefcnc honorée comme reprefentacion delà bien-heureufe Vierge & mere de Dieu : est eftrange accident dura liufques au leudy de ladite feptiiaine continuant tou- fiours en fes rau.-ees . en telle forte que les citoyens n'eftoient occupez^à autre chofe qu à enfcuclir & en- terrer les corps qu'ils pouuoitht refkcr,tant du dedans des maifons ruinées , que delà bourbe , de manière que la perte de cét eftrange déluge a eftt cft.mee au moins à huift mille ducats . fans pouuoir recognoiftrc au vray le dommage qui s'eft peu faire es rriaitons des particuliers , lefquels ont perdu leur vie ôc leurs biens enfemble^ , , ^. j- j.i L'on void au delà du cofté du Nort Medina del Camoo , ville riche & de grand craffic , & après cela Zomore, & Valladolid , l'vne des plus agréables villes ' qu'on puilTe voir , qui eft alTife fur la nmere de Pifuer- que, bienbalticauec des belles & grandes ri;es. Se des Palais magnifiques. Il y a plufieuts arts, & entre- autres vn grand nombre de bons Orfeures. Cefte ville s'eft accreuc &C s'embellit par la demeu- re que les Roys y ont faite, c Au Leuant de Salamanque on void Auile, Segome, Signeiide , & pluficurs autres villes & places . dont le dénombrement feroir ennuyeux. Mais ie ne laideray pas cnarriere Sotie,ap^lléepar les anciensNumnnce: veu qu'il n'y a eu ville au monde qui au fait plus de mail: d'ennuy aux arfnées des Romains plus long- temps , & auec vn plus petit nombre de perfonnes. Entre la riuiere de Pifuergne & la riuiere d'Ezla on void M dina delrio, place tiiarchande & aftez près de la Palence. Mais en fortant hors des confins de CaftiUe ,on void au deffoUS des montagnes des Aitu- ries la ville de Léon capitale d'vn Royaunie : qu. fut l ainfi nommée du temps de U conquefte de l Efpagnc I faite par les Mores. Ce fut U que les Roys d Efpagne ' firent leur première demeure après ce rauage & cefte inondation des Mores: Se de là.ls les conrra.g.i.renc auec des guerres continuelles de 800. ans de s en re^ tourner finalement en Afrique, & véritablement les Roys &c les Gentils-hoîTvmes d'E(p.igne s'employè- rent auec vnc extrême ardeur Se refolution à ceftc cn- ^''caHce eft comprifeentre la riuiere Auie , ^ lamtè Oceane.Ce pays eft principalement renomme pour le I corps de S. lacqucs , Protcfteur d'Efuagne qui eft a Compoftelle. , r ^ xx- Alfonfe IX. ayant furroonrc miraculeulehient Mi- tamolin , inftitua l'ordre des Cheualiers de S.Iacques, qui eft le plus honorable ordre d'Efpagne. Ceftc Prouince a vn très bon port à la Courongne.où Char- les V. ordonna que le trafic des efpiceries s y fero.t, ce qui ne reiilTit pas aptes. Vous suez aufli en cc pays Bayonnc , Ponteuedre & Ribadeo heux mari- times. i 1 • r X Afturie s'eftend depuis la riuiere Ribadeo lulques a ' S Andîé Sa principale ville eft Ouiedo , où fe lauue- rênt ( au temps des Arabes) les Gots qui refterent auec beaucoup de reliques de Saints. Ceft delà que tirent leur origine lés Htdalgcs d'Efpagne. Il y a auflTi en ce pays la ville de SantigUane. Cefte Prouince s aduancc fort vers le Nort aucc le Promontoire Scytique, aJ- iourd'huy CapdeFico. La Bilcayc eft bornée de U Nauarre, de Guipufcoi, de la mèr, Se des Afturies. Ses principales places (ont, S André auec vn port capable de force vailieauX. Hy a eucorcs ^aredo, qui eft VQÇ bo#ne place, auccvn p»it 3ùs Eftats du Roy d'Erpagne. lo; port capanle, de mefme que Portugalettc. La capitale ville de Bifcayec'crtBilbao, en vue aflîcttc fort com- mode. Dans le pays on ne void que des maifonsef- parfcs çà & là,à caufe que rafpretc des lieux ne foiifFre pas que plus de gens y demeurent. Guioufcoa a pour (es bornes la riuierc de Vidofona ou Vidofor , Aluida, Hiiria , &c Bcryuia , & fepare la France de l'ECpagne , les monts Pyrénées, la Nauarre, laBifcaye, & la mer Occane. Ses places font Deuia, Oria , S.Sebnftien ville Métropolitaine , Fontarabie, & le PalHige, & Tholofctce. La Nauarce el\ aflife entre la riuiere d'Ebro & les monts Pyrénées. Si ville Mctropolicainc c'eft Pampe- lune. les autres font Stelle , qui en cft tfloignce de vingt milles. & TiireUe,&: auflî Lugrogne & Calaorc. Ce Royaume a dcuxpalFages vers le Bearn. Ce qui rcfte au Roy de France peut cftre eftimc prefq'iie la fixie(me partie du Royaume; , quia ïfté iniuftcm-nc vforpc fur les Roys de N -muc, Se ap; ar ient .^cdr«ic au Roy de France , à prcicnt rognant / cori. iic à ccluy qui defccDd de Cailicrinc de rNanarrc CoraîclFc de Foix, &dc Bioorte,& Princertedc Bearn. ^ Le mal procéda de ce que celte PrincelTc ayanc épouse lean fils d'Alain , Duc d'Albrcr qui prit le pa -y de LouysXU. Roy de France, & l'afTilh contre L-s Vénitiens , Efpagnols Se Allemands, & meHnc contre le Pape irrjtc , après auoii exconununic le Roy de Ni.- uarre, mit Ton Royaui^ie en interdidt , & l'abandonna à Ferdinand, qui sellant rendu raaiftre de Parapelune, & prefquc de route la Nauarre , a tranfportc aux Tiens cefte iniufte vfurpation , qui ne peut plus eftre de lon- gue durée. Ceux qui font defcendus de lean ont tena le nom auecvne partie du Royaume: &i'aytrouucà propos de mettre icy leur defcente. lean fils d'Alain Ducd'Albret. Nauarre Sa femme Catherine de Henry d'Albret Roy de Nauarre , Comte de Bearn, de Foix, de Bigorre, & d'Armagnac, fa femme. Marguerite de Valois fceuc de François l. Roy de France. Charles qui meurt [ Quelques filles prés de NapleS lans enfans. ' ' leaane d'Albret Roynede Nauarre cfpoufc Antoine de Bourbon. Henry de BoutbonRoy de France Se de Nauarre Louys X IIl^ Roy de France & de Nauarre; Or voyons comment cefte vfurpation s'eft faiéle, carc'elt furcecy qu'il faut défendre l'equicableSc lé- gitime caufe de iioftte fouaerain Monarque, fur le fu- jec de i' niuftîcc S: de l'vfurpation qui luy a efté fait^e par rEipag'io' far la Couronne de Nauarre; le me fer- uiray fur cccy d'vn mémoire d'Eftat qui m'a efté don- ne, où cft recerchce & trauuée la vraye Se réelle four ce de la dtoidt ôc fîncere (acceiTion de fa Majefté Ttes-Chreftieme à la Couronne de Nauarre^ Il eft donc remarqué p ar l'hiftoire que iamais il n'y a eu bon Frsnçois , ny François bon Catholique & Chteftien fidelle àfon Rcy en France qui ait peu ap- prouuer la procédure violente Se paflîonnée du Pape Iule deuxieône, qui mal iecognoiflant des bien- faits fînguliers qu'il aaoit reccus du Roy Louys douziefme ( auquel la bonté Se la pieté acquit le glorieux furnom ae Pereda Peuple ) fofcita contre luy cous les Princes Potentats de la Chreftiencc Se donna le d.oid pré- tendu fur la Nauarre à Fsrdinand 6c Elizabeth Royj d'E'"pagne , les fuccelTeurs defquels l'ont toufiours Voulu conferuer, quoyque contre toute apparene«de ïuftice Se de droi£t , cftimans iufte tout ce qui eft vcile â l'accommodement 5r grandeur de leur Empire. I Ce Pape tutan: ingrat enuers fon bien- faiàeur.que paffionnc pour fes ennemis, eft caufe de l'iniufte vfur- pation de la Nauarrcqui fera icy defcritc briefuemcnt en deux Chefs, Le premier monftrera l'ingcaticude & paflGon de Iule. Le fécond rvfurpation Efpagnolc faite aucc »u(Iî peu de fondement que celle du Royaume de Portugal, Se des auttes Principautez & Eftats que l'Efpagnol tient en l'Europe, Afrique 6c aux Indes. Quanta l'ingratitude de lulc, elle eft tres-grande, foit que nous le confideiions comme Pape , ou que uous le prenions comme pcrfonne prince. Comme perfonne publique ôc Vicaire de lefus- Chrift , il deuoit penfer qu'il fe prenoic aux légitimes luccclfeurs de ces Pépins , Se de ces Charlemagnes & de ces autres Roys qui ont fi fouuent deliuré l'Ealife de la violence Se oppceffion de fes ennemis , Se luy ont donne le fupport fans lequel elle ferait entièrement opprimée, ou dcfpoUaîée de fon temporel , & ont plui contribué à U gcandeur que tous ks autres Mo- narques du monde. Il deuoic fe fouaenir du fe^ours que donna Pépin au Pape Eftiaine contre ks Lombards , de l'honneuc qu il luy fit en France, Se les dilHcultez qu'il luy fallqc loxmoncer portant fes armes ea Iralie. Son fils. Ch^flemagne ne debuoit eftre misenou-^ bly ny fes compouemcnts à l'endcoir du Pape Léon?.' ny l3 defence qu'il donna à Adrian conc-. e Didier Roy de Loubardie, «y les prefencs qu'il fit à l'Eglife de Rome , ny les beaux commandemens qu'il lailTa à fes enfans dans fon Teftamenr dernier, de fouftenir 65- eftayer lEglifc Se de défendre le Souuerain 6c GraocJ i^ontife contre tous fes ennemis. Cesinfigoîs bien-faids des predecelTeurs.&ayeuIjc de Louys X 1 1. mencoienc bien qu'on le crairaft plus doucement, 6c que fi on ne îuy faifoicdu bien , on s abftint pour le moins de luy nuire. Qui ne s'eftoanera lifant dans l'hiftoire , l'honneuc que Louys le Débonnaire fit aux Papes de fon temps; que Louys fixicime donna les prémices à Gelafe, qu'il alla au denanc d'Innocent Se le tra.da royalement ï la Françoife , & voyant neantmoins vn Roy de mefme nom Très- Chrtftien coaimc luy . Se commandant au mefme Empire que luy , pourfuiuy a outtauce par ce- luy qui deuoic auoir vn cœjr de Pcre enuers tous les peuples Chreftieos , Se eftoit obligé de cœur comme (on bis aune le Monarque de la France. C'a efté bien s'cfloigner de l'affl^dion de fes Ma^ jeurs & de leur équitables relTennmencs , lors qu'ils ont exempté l'interdi: de cet Emvne 6c voulu que nos Princes ne peulTmc ettre excommuniez, lors qu'ils les ont déclarez les ailnez de i'Eglife, qu'il leur om odro- yc honneur de Diacre & b Communion fous l'vne êc l'autre efpece , lors qu'ils les ont nommez Très- Ghreftiens , ce qui ne conuient qu'à l'Empereur 6s ^' ceux qui (ont Empweurs en France» ' Des Eftats du Roy d'Efpagne. On laide les autiesbien faiûs fignalcz & notables que l'Eglife & le I^apc ont teceu de nos Roys, lefquels doiucnt elhe iccogneus par tous ceux quifceiu dans h chaire de S Pierre , & recucillenc la lucceflion de ceux qui ont c(tc obligez en petfonne. Ceux que Iule auoic receu en fon particulier (com me ce qui nous touche de plus près c(l plus fenfible) femblcBC auoir deu luy donner au cœur la longueur du temps ayant tant foit peu efface ia mémoire des aut es. Auant qu'eftre Pape & eftant fimple Cardinal du tiltre de S.Pierre ad vtncula perfecurc par Alexandre 6. Ion ennemy iurc, il fut affiftc du Roy, aydc de Tes biens &c protégé de fon authotitc , ce qui nous le faiél cognoiftre autan: ingrat après le bien- faid receu qu'il auoir moins mérité de le reccnoir. Le leul homme vtr tueux& dc-bon fers eft oblige par bénéfices , l'igno- rant ne lecognoift pas. La paiTion indécente à vn Pa- ftcur de l'Eglifc luy faifoit ignorer ce qu'il deuoit à nos Pi inct s. , &: l'a^^petit de vengeance luy faifoit vfer desai mesrpiricuclles , contre vn Roy qu'il n auoir peu eftcnncf par tes tioupes, ny par celles dts Monarques qu'il auoit armf z& tîandcz contre luy : voila pour le premier chef qui touche l'mgratitude du Pape Iule deuxiefme. Quant au fécond, pour mieux fçsuoir le droiit que les Efpagnois prétendent fur la Nauarre , en vertu de la Buiie" de l'interdit iettc par ledit Pape Iule deu xicfme. il f.iiit monftrer et! premier lieu qu'elle appartient de drwiâ: de lufticc à noiht Roy Tres-Chr^ftien & en fuittc que l'vfurpation & rétention des Efpa- onols eft ioiufte ti contre toute forte de dioid & iuftice. Chsrleiîigne fut le premier de nos Roys qui con- quift cette Prouince de Nauarre &c y eftablit des Com- tes bc Gouuerncurs > qui venans à négliger leur deuoir donncient entrée aux Sarrazins par lefquelsles Chrc- fticns ay.ins <. Ac contraints de fe retirer aux monta- gnes , ils fc rcirolarcnt de s'affembler , de defccndre & de les conibatre , mais voyans qu'il falloir vn bon chef pour bien conduire & aduancer l'entreprife , le Con te de Bigorte nommé Emichon & {innomme Arrefte.qui auoit iufques alors guaranti fon Comté de l'inuafion deccs barbares Sairafins , furent chafîcz de cette prouince que les Gots leur auoicnt aban- donnée. ! Les Canlabrois fe voyans deliurtz de fi futieux ennemis par la prudence & magnanimité d'Emichon. qu'ils auoicnt pris pourchtf, defirans recognoiftrej Tobligation qu'ils luy r.uoient, & qu'il ne fuft pas moins que ceux qui commandoient aux autres Pro- ; uinces, le firent leur Roy & changeans le nom de leur patrie , l'appellerent non Roy de Cantabtie ains de Nauarre. Or le nom de Nauavrc , vient du mot de Nauar qui fignifie plaine ou campagne', couftoyée de couftaux ou montagnes à EnM qui lîgnific terre , comme qui di- loit terre plaine couftoyée de montagnes. La conquefte d'Emichon, Comte de Bigorre, arriua cnuircn l'an 561. régnant icy Lothaire }i- Roy de France , & des lors fut faiite pat luy & fes Eftats vue loy fondamentale iurqucs à prefcnr obfcruéc au Ro- yaume de Nauarre , que ledit Royaume feroit fucceflûf ix- héréditaire par les mr.flcs defccndus du Roy Emi- chon, & an défaut d'iceux par les filles. De ce braue Roy dcfcendircnt non feulement les Roys de Nanarvc, mais auffi ceux d'Arragon & de Ca- *tillc. Car Sanche, qui pat fav-ilcm fut (urnomméle GiEd 8c cinquième Roy de Nauartt ,dc(cendu en droi- tU- lipnc d Emichon, ayant par mariage & de lafuc- etflTioa de (anurc, jouuà la Couronne de N?.uarrt les Comtez d'Arragon OC de Caftillc & diuisé à f» mort fes Eftats entre trois cnfans qu'il lailTa , donna à Gaifie (onaifné le Royaume de Nauarre auec titre de Roy : le Comté de Caftilleà Ferdinand fon fécond fils, & le Comté d'Arragon à Ra^ire qu'il auoit eud'vne Concubine. Ccquimonftrc que le Royaume de Na- uarre eft plus ancien que ceux de CaftiUe & d'Arra- gon , qui de Comtez furent érigez en Royaumes pat les frères de Garfie qui ne vouloient porter moindre tiltre que luy enuiron l'an mil 18. Robert fils d'Huë Capet régnant en France. Voire il fe peut dire encore que ce Royaume de Na- uarre eft d'autre part , & à autre tiltre bien plus noble, d'autant que fes Roys fe peuuent à bon droiél nom- mer, Roys par la grâce de Dieu, ayans conquis ce Ro' yaurae à l a pointe de leur épée : là où les Caftillans & Arragonnois ont eu les leurs auec firaples ttttes de Comtez par bien faids des Roys de France , & de ce renommé Charlcraagne , qui bailla en garde ces Pro- uinccs auec titre de Comié à vn fien affidé Geoffroy d'Arie,à la charge toutesfois du rclfort & de la fouue- raineté pour la Couronne de France. Les Nauarrois firent bien cognoiftre à leanne ou lacques Roy d'Arragon qu'ils ne luy eftoient en rieji redeuables,lors qu'après le deccz de Sauche furnommç le fort Roy de Nauarre , qui ne lailfa aucuns hoirs de fon corps, il leur voulut donner vn Roy à (a pofte , car ils le refuCerent , Se furent foigneux de confcruer leur loy fondamentale de laquelle il a efté parle. Ils adiu- gerent la Couronne à Thibauld quatriefme du nom Comte de Champagne , fils de Blanche de Nauarre, fœur du defunft Roy Sanche qn auoit efté mariée au Comte Thibauld troifiefme du trora, & en auoit en ce fils qu'ils firent leur Roy l'an iij4. & le neufiefmc du regnede S Louys La Couronne de Nauarre demeura en ctfte ttiaifon de Champagne , iufques à ce que Henry 1 1 1. du nom mourant fans malles, leanne fa fille l'apporta à Philip- pcs leBelRoy deFrance,auqnel fucccdafon fils Louys Luthin, qui mourant fans méfies, la lailfa à leanne fa fille ,qui en fit part par fon mariage à Philippes Com- te d'Eurcux , & petit fils de Philippes 111. Roy de France. Ainfi le Royaume de Nauarre demeura fuccedîue- menr à la maifon d'Eureux iufques à ce que Charles fécond du nom Roy de Nauarre ; eftant morr &: ayant ilaiffé vne feule fille, lean Enfant d'Arrago.n,laptciiant en mariage prit auffi le fccptre & la Couronne de Na- uarre. Mais n'eftant pareillement forty de ce mariage qu'v- nc fille nommée Blanche comme fa mere, qui fuft ma- • iriceà Hem y IV. Roy de CaftiUe , eux eftants morts fans enfans, la Couronne rcuint à vne fienne fceur nommée Eleonor & par fon moyen à Gafton IV. du jnom , Comte de Foix fon maty , defquels Gafton fils vnique eftant mort cafuellement à vnTournoy qui fe fit à Lylbone en l'an 1572. Catherine fa fœur la porta 'à lean fils d'Alain Comte d'Albref , fur lequel Ferdi- nand Se Elizabeth Roys d'Aragon & de CaftiUe l'vfur- perent de fai6t & de force & en priucrcnt iniuftcment luy & fes légitimes fucceffeurs, qui furent, Henoy d'Albrct Rpy de Nauarre marié à Madame Marguerite fœur vnique de François premier de laquelle il euft leanne d'Albret Royne de Nauarre, qui fut mariée à Anthoinc de Bourbon Duc de Vendofme & à caufe d'icclle Roy de Nauarre, defquels fut fils & héritier légitime Henry le grand Roy de France 4. du nom & Roy de Nauarre par (uccefîîon de fes pcre & mcrc , & de l'esayeulx, qui venant à mourir l'an 1610. le 14, May l'a lailféeà fon fils a'iné l'inuincible c^k r.uigufte LovYs LE Ivs teXIH. du nom , Roy de France & parconfçquentRoydç Nauarre. ^ ■ ' ' Ayant Des E ftats du Koy d'Efpâgnê. lo^ Ayanc iufques icy euidemmciu monfhc (don la loy foiid îmcHCilc du pays arten3ut légitimement au Roy noftre Souuerain Sei- gneur 5£ Maiftre , comme il a cfté monftrc cy delTus» ly par caufe d.." ftlonnie , le Nauarrois ne deuant rien i l'Aragonois, ny pai ccffîonou donation, ny en vertu s Bulles des l^apcs qui n'ont aucun pouuoir dede- hrolner ny de delceptrer les Princes. L'Elpagnol n'y peut donc prétendre aucun droi£t jn'cn vertu de l'mterdid du Pape Iule deuxiefme qui 'jyintLouys onzicfmt! Roy de France, aflîftc de lean l'.ilbret Roy de Nauarre Ton amy &c allié , contre les nnombrablcs ennemis qu'il luy auoit fufcitcdc toute larts, porte d'vne palîîon extrême Si d'vn appétit dcf- ciglé de vengeance, fulmma vue Bulle contre ledit Coy Louys X I. & vne autre courre le Roy lean d'Al- >rtt 6c la Royoe Catherine fa forame , par laquelle ans les ouyr , il les déclara Hérétiques & Schifroati- jues , &c les p'iua eux Se leurs fucceireurs à iamais de our le dtoift qu'ils pouuoienc prétendre au Royaume If Nauaite , qu'il abandonna en proye à Ferdinand & :1 zabf thjou autre qui l'oecuperoit le première On n'en fie pas moms contre le bon Roy Louys iz. Derte belle Bulle cft le feul& vnique fondement du Iroid prétendu par les Efpignols fut la Nauarre ôc de Vnique vfurpation & rétention d'vne bonne partie l'icelle. Or peut on rccognoiftre quel il eft , de ce que le 'ape Léon fucceiTcur de Iule z. mais defpoiiillé de fa adjon de mieux confeilldqueluy, reuoqua cette Bulle i ce qui s'en eftoit eniuiuy en l'exécution d'icelle: ]on(îderant que les P.ipes n'ont autre iurifdidion i smporelle qu'indirede & par forme de Confeil 5c ' dmonition & par honneur & reufrence fur lesRoys j Ihrertiens &c leurs Royaumes , fi ce u'efl fur ceux qui I ur iont fujcts & hummageables pour le temporel,! : qui ne fe peut dire du Royaume de NdUarte , lequel j eu co -nmenccm :nt de !a grâce de Dieu ôc de l'efpce ; (c$ Roys , comme il eft euident dms les faidts d'E- ichon , {^c dans l'ordre de fa pnftcritc, & quand ils ngerent d'exercer au'te iurtfdidiion que fpiritut lle r le Royaume de cette qualité , on leur p. m dire ce le dit cegrand Roy d- France Philippcs A'igufte au ?gar qu'Innocent troififOne enuoya en France pour y dcfc ndre de fa psrt d'enuover en ^.ngletetre l'ar ze qu i 3'ioir dr' iîce, le menaçant à faute d'obeyr, ~xco.-nmanication,il luy dit qii'on n't lt tenu d obpyr ' celuy q-ii entreprend d' xcccer iurildid on hors fon tritoiiccommc font les Papes lors qa'ils enrreprcn- ntiunfdiftion autre que fpirituelle , ou fimplement re6t)e d' faiéti' en juoit auoir cftc deimis p u la Biiiie Hc LjL-.tellement • ^ l^oyae de Nauartç d.-uoient eftrc ré- intégrez en la polleflion ÔC iouiïïance de leur Royau- me, auffi bien que furent les Cardinaux 3c autres Pré- lats qui s'eftoicnc trouucz au Concile de Pifc, que Louys doui:icfme auoit faift aflTcmbler.furcnt remis en leurs bénéfices Se dignitez. Icy quelques Efpignols cerchent vn autre refuge & difcnt qu'Alphonle lecond Roy de Caftille & fon fils nommé Sanchcs contraignirent tous les Koys qui de leur temps portoient Couronne en toute l'eftendué de I^'Efpngncde les recognoidre pour fouuerains & leur laire hommage de leurs Royaumes, voulant inférer de là que les Roys de Nauarrc.comme les autres eftoienc leurs vaflTaux&qu'â caufe de la rébellion contr'eux cô- mife, leur ayant defnic leur afîjftanceen la «'uerre& le paiïage par leur terre pour enuahir la Guyenne à quoy leur ambition les portoic , voire ptis les armes pour le Roy de France contr'eux , leur Royaume ettoic tombé eucommife. Mais il appert de ce que defifus que le Royaume de Nauarre eft plus ancien que le Royaume d'Arragon,Ôç ne defpend que de Dieu & de l'efpée de fes Princes, voire mcfme s'il deuoit aucun hommage , ce feroit à la Couronne de France,pluftoft qu'à toute autre en vertu de laconuention faide entre le Roy Philippcs de Va- lois & le Comte Philippes d'Eureux , lors que fe ma- riant auec la fille vnique du Roy Louys Hutm , il leur rendit le Royaume de Nauarre.lequel les Roys Philip- pes le Bel & Charjcs le B 1 auoient retenu depuis lé rnort de Louys Hutin leur frère , car ce fut à la charge d'en faire hommage à luy & à fes fucceffeurs Roys de France, comme il appert par les termes de lean Vilani Florentin au i.liure de fon hiltoire tl Rè Phdtppo (c'eft de Philippcs de Valois qu'il parle J rtftitHi il Regno di Nanarra , al figUolo de mejjir Loys de Francta fao régi- no; C'eftoit Louys Comte d'Eureux ôc frère de Charles de Valois , pere du Roy Philippes de Valois fhctenda ghtns h->mmag!o. Et quant à la conquefted'Emichon,fi c'euftcfté vue vfurpation, comme quelques Efpagnois 1 ont appelle, ce feroit toufiourS aux Roys de France fucceireurs& hcriciers de Charlemagne, à qui appar- tiendroit la Nauarre.atienduque Charlemagne la con- quis le preinier fur les Sarrafins auec l'Aragon Ôc la Caftillc , où il eftablit des Comtes ôi Gouucrneurs 8c fit Rjefme démanteler Pampclunc , Capitale de Na- uarre. Pour conclurre cery il faut adtoufter feulement que le Pape Iule ne d-uoit pas fc- iailTer emporter de U for- te à fa paiîion , qa'ii donn-^ft les Ruyau/nes des Princes Chreftienseu proys àquic-n vouloir , fans qu'ils eulTent : tien faid contre i'Egliie , voire mefme à qu'il eftoit I grandement obligé , tant comme personne particuliè- re . que comme perfunne publique : tpe les pagnols ^n'ayans aucun d.o)6t fur la Nauarre (ont obhg-z en confcic-nce à en quitter le tilrrc Ôc la polF. (fion , qu'. ne peut appatcenir qu'à u jftre Roy Très Chreftien Louys X f V. que D'eu conferue , & q .c s'ils ne la ren Jenr,* fa MajeftéTr' S'Chreftieun e la peut repérer 6c repren- dre pir les armes, fans q if les Efpag î jls s'y puilTenC iuftemcntoppofer, puisque leur vfurparion n'eft fon- dée que fur l'mrerdird.' Iules vnprutrop p. (fi inné qui a efté^ leué par fou fuccefTeur ÔC a aelté iugé vailable tam à caufe qiie 'e Pap" n'a po' ir l'iuchoritc dirf£t« ny mdirede fur le temporel des Roys- qui àcauf'des raifons alléguées lUX couclufions d,. Concile de Tours contre Iules, voymr q ie le Leitcur aynera mieux les troiiuer en 1 hifto're qiury, U iuffic de le renuoyer à U vie de Lo'iyiXU. oiSc ellesToïK&ca fera le iugemeiK qu'il faut. IC 8 Des Eftats du Roy à Elpagne. Clmlitédu Pays. \ En Arragon près des monts Pyrénées, on marche des \ iournées entières fans trouuer aucuns hab^tans, coute- 1 fois il y a quelques valées qui portent alîez de fi uir, ÔC L'ECpa^ne en beaucoup de lieux n'eft point calii- | de grain, ôc l'eau fait de grands etîcias en tous leslieux i;ce,à caufe du fond qui cft pierreux, ou pour Us , par où ellepaire. Près de Caladiud il y a vn bon air , le lolitudcs mal- plaifantcs tj toucesfois fi on la compare — -O- -^^i-"" r,.,^orr «A il fnrrp Wps.iy iardin*. auec l'Afrique , elle eft beaucoup plus fertile , pource <^u'elle n'a pis de fi grandes cUalcurs. L'Efpagne en plufieurs lieux rapporte alTtz de tout ce qui eft necef- faire à l'homme, comiTic fioment , vin, fruidts, huyle bertial,hn,fet &c mccaux,raiel, & cire, & a des eaux qui nourrifrent le poilTon , & autres chofes femblables. Elle n'eft pas tant moleftée de vents que la France, & l'ait n'eft infedé de bcoliiliacds, & de marefts pefti- lencs. L'or , l'argent . & le bon fer ne fe trouue point en autre lieu en telle abondance , qu'en Efpagne. On ne foiiit pas tant feulement l'or aux mines , mais en- core quand les fleiiuent enflent par les pluyes , ils pro duifenc du fable d'or , & principalement le fleuue du Tage. On a trouué autresfois en Efpagne des fragments de pur ot de la quantité de demie liure. Il y a en di- uers lieux de ce Royaume des fontaines chaudes & pays eft de bon rapport , où il y a force beaux jardins, 5c lieux peuplez. Valence a l'air le plus tempéré , & plus agréable ài toute l'Efpagnetfon terroir eft plein de jardins , & lieux extrêmement plaifans , où il vient grande abon- dance de riz.defuccresjde grains, de frui(^s,«c ce pays refpond grandement aux qualitez de celuy qui eft au- tour de Naples. Quant aux riuicres qui arroufent ce Royaume de Valence, les principaux font Gualdauiar, qui veut dire eau pure & claire, qui paffe pces de Valence, & Xucai;, qui fut jadis nommé Sucron. Ce pays a des mines d'ar- gent à Buriohd'or à Loder:de fer àFiniftrat.&à labée: d'Albalhe à Placent : d'alun,de chaux, & de plaftre en plufieurs lieux. La ville de Murcia fut deliurée d'entre les tnaius des Mores l'an U41. par le Roy Don-Alphonfe V l. nommé à l'Empire, & fut foufmire à Ton pouuoit, elle Uers lieux ac ce i\.uyauim. luiitaiijvj ^..-^ — - • r / froides , qui ont vue vertu admirable , pour guérir di- récent la foy Catholique en l année n 6. de manière uerfes maladies. Il n'y apointfaute dcbeftial enEf ja- que par l'cfpace de 515. ans elle demeura en la puif- gne, & non feulement il y a force beftes priiièes , mais auifi grand nombre de fauuages. Sut tout elle eft efti- rnéc pour les chenaux qu'elle produit , qui font de fi grande vitcfie, que l'on a dit qu'ils cftoient engendrez du vent. Elle n'a pas beaucoup de beftes nuifantes , fi ce ne font les conils qui foiitftent la terre , gaftent les racines des plantes , & font beaucoup d'autres dom- mages. Les fleuues qui coulent en Efpagne coulent tout doucement , à raifon dequoy ils ne gaftent pas leurs terres par leur impetuofité. Ils ont aulji abon- dance de poiffon , d'autant que la mer leur en enuoye beaucoup. L'air y eft généralement bon , & eft froid versleNort, & les Pyrénées , & tempéré vers la mer Oceane, & la noftre. Elle porte des fi uifts de toute forte , & en fi grande abondance , qu'elle en pouruoit prefque toutes les contrées Septentrionales . principa- lement d'ohues, oranges.citrons,figues,& chofes fem- blables. La chairy eftdefort bon gouft, pnncipalc- ment celle du mouton , & du pourceau. On ne fçau- roit dire corcbien il y a de bon poifTon aux lieux roa- ritiroes, principalement d'Andalufic , de Portugal , de Galice & de Bifcaye. Strabon rfcrit que vers le deftroit de Gilbraltarles Tons s'engraiiTent eftrangement du gland qui tombe dans la met des chefnes qui en font proches. Et le Re- uercnd Pere Louys de Grenade a efcric , que l'année 1575. la force de la mer jetta en lacofte de Penique, lieu de Portugal, vn poirton long de 40. braiïces, & large de 1 5 . pieds j & fi gros , que deux hommes aftez orands , l' vn cftant d'vn cofté , & l'autre de l'autre , ne Te voyoient prefque pas, les bouts de la queue auoient d'interuallecinq bradées. Et l'année 15 78. la mer enuoya en la place de Va- lence vn veau marin , long de cent pieds. Et quelque- fois en la cofte de Bifcaye on void des Baleines de telle grandeur, que l'on en tire 100. bottes d'huyle. Mais pour retourner cncoresà ce que la terre porte, elle abonde de poix , de l'efcatlatte, de jonc , lin, chanvre, vif argent,fauon,cIe pierre de tourmentine,& d'alun. Pline fait eftac de l'airain des monts Marins , qui fe uomment auiourd'huy Siena Mortna. Il y a auiTi allez grande quantité de bonnes , & ûnes laines. Mais pour venir aux particularitez.la Catalogne eft généralement fterile, & plus abondante en ftuids qu'en grains , & a plus d'arbres fauuages que de bonnes plantes. Près de Vich le pays eft afpre & à demy dcfert.PiesdeToitofc il y a vn allez bon terroir. fance des Moiifques , & du depuis a toufiouts efté fi- délie à fcs Roys. Ctfte Citétft peuplée de dix mille habitans, & a de circuit vne licué ôc demie d'Efpagnc. EUc eft fi- tuéc en vne plaine, & en toute la ville il n'y a pointde rué qui aille par drfcente , Ôc qui panche en bas » elle eft à 9. lieues de la mer,&: 4 du Royaume de Valence. La Cité de l'Orcin eft de fes appartenances , ôc luy commande comme à Cartagene,qui font deux bonnes villes ôc bons ports de mer, bien que l'Orca foit vn pev efloignéau dedans. Il y a en cefte ville de Murcia vn Gouuerneur, 90/ eft fouuerain,vn Lieutenant General ôc Ciuil,i2.C«»- feillers,z4.Gr«ffiers, i z Prouinces,ôc plusdejo. Ai- uocats,pource qui eft du Séculier. Il y a vne belle Police en cefte ville pour le faid de la marchandile , de manière que fi quelqu'vn a failly ou vendu au preiudice de la taxe d'icelle, ou s'il eft ac- cusé de larcin, on le fait aller par les rues monté fur va afne, ôc le fuftige-on de verges par derrière , à chaque carrefour on lu y donne autant de coups qu'il eft con- damné ; la luftice le fuit à chenal deuant laquelle mar- che vn trompette qui dit à haute voix ; C'tfl U punniM que ftt Mate/fé oh fa lufitce en fon nom commande eflrtj fhiBe de cet homme conuatncH de larctn , oh d'vn autrtj mes(kiSl , pour lequel tl eft condamné à tan$ de eouj>s dfj finety/tlon lagrauttédu' crime : Alors on fonne derechef la trompette, ôc le Bourreau execntc la fentenc'e , & donne autant de coups de foiiet au criminel qu'il eft porté par icelle , que s'il en donne d'auantage onfe rué fut luy. A Lorca il y a vn Lieutenant Ciuil , à Cartagene vo autre,ôc les delinquans en peuucnt appeller à Murciai ôc pour le fécond appel à Grenade faws autre , pource qu'il y a Chancellerie Royale. Lors qu'on fonne le tocfin à l'entour du port à Mut- cia, le Gouuerneur eft obligé d'y aller auec fcs gens, ôc s'acheminer à Cartagene pour défendre lacoftedes Mores. Tout le païs entre Murcia ôc Cartagene eft prefque defcrt ôc dépeuplé, parce que ce ne font que monta- gnes, ôc queiquesfo's l'incommodité eft qu'il ne sy trouue pas vne goutte d'eau en Efté pour deïaiccrcr les voyageurs par ce pays, s'ils n'en portent auec eux. Le pays qui eft du collé de l'Oica eft fort peu peuple:, fous le gouuernement de Murcia font aurtl compris Carauaca, MoriCalla.Calafparra^ Coloracra, &C autres licux, V Des Eftatsdu Roj d'Efpagne. lieux. Parl.^ ville pafTe la riiiiercXiicar,qiiifortdiiRo yiume de Vilcnce, elle rfl: fort marcliandc^à caufe des Ibyes fines qui i'y font , die eft delicifufe pour les de- Ibyes fines qui i y ronr ,ciie eit cieiicifule pour lices de les beaux '.itdins, arrofez Je diueifcs (ources cryftalliiics d'eau (onc remplis d'orangers .limons, & cirro as.qui croifTcnc comaie vue grolTe citroiiille, il y croift auflî quantité de cannes douces.dont on tire du Tucrc: outre plufieurs oliuiers.araandiers, vignes, gre- aia Jie5;S)& autres fiuiâiers Ôc proficables. Oyant à Grenade , ccft vn des plus feitils terroirs cl'Elpagne , principalement là où le Genil Se le Dare palfent , pource que ces deux riuiercs arrofcnc pattie ds,d'huyles, de vins, & de grains. Il y a en- tr' autres choies vn bois d'aîiuiers , q ji dure 30. lieues. P. és de Cordoué le terroir eft de grand rapport, & l'on y void vn grand nôbrc de beaux iardins, & force eaux, qui le rendent entièrement agréable. Prcsd'/llmaden il ya vne bonne m ne de vif argent , qui eft vn metalli- quidc, mais qui furmomeen pefanteur ceux qui font fermes.il s'attache à l'or toutes & quâresfois qu'il peut, & lefepare de tous Icï autres métaux , & lors qu'il n'y a point d'or , il court à l'argent , & le purge des mélan- ges de la terre, del'airaiti & du plomb auec lefquels il s'engendre. Il ne fe foucie nuUemct des autres métaux, ains les gafte les rong-.ies perce. Se s'enfuît, & il fe re- loue immédiatement en funié. , & de famée il retour- ne en fon eftre. En ces mines d'Almaden il y a de l'ar- gent vif de deux fortes.l'excelit-nt eft celuy qui fort des pierres rompues , Se nommé vierge : celuy qui eft de inomdte prix fe trouue fous terre : mais l'vn & l'autre eft venimeux de fa nature. Et c'dl ce qui fait que ceux qui le titent.deuiennent en peu de jours paO -s , & dé- colorez, en telle '"orte q.,',ls femblent pluftoftp.rfon- nes mortes que viuantç,- & tremblenc prefque ordinai- remenr,& viuent peu Et ce vif argent a cette particu atitc qu il entre inlenfiblerr.ent nuques dans] esos:te!- iement que lors qu'on rompt quelquesfois en Almadeu les os des jambes des morts, qui on^ demeuré en terre I quelque temps, il en fort vne bonne quantité de vif ar- gent: le pade de ceux qui ont tr.iuaillé a'ix mines Les doreurs,afin de fe garantir du mal qui prouient du ma- niement du vif argent, ont a xouftumc de tenir dans !a bouche vnpeii d'or, tandis qu'ils trauaill-nt, & lors qu ils en tirent cette pièce d'or, elle eft toute co-jutrte de vif argent. Les rochers d'où on le tiie.fonr rouges,à caufe du vermillon, qui eft comme vn excrcmcm de ces mines, & quiluy tient ordinairement compagnie. C eft ce qui a fait que Pline a mis prés d'Almaden des veines de vermillon, qui eftoienr alors fort eftimoes. Aux enuitons de-lViarchene il naift des plus beaux &mLi|jcurs Genêts de toutc rEfpagne. L'Eftremadure eft le pays plus exposé au Soleil de toute rEfpagne , fî bien que comme on palTe en Italie le beftial de l'Abruzze aux campagnes de la Pouille, quand l'hyuerarriiie , ainfion le paffe en l'Efpagne des parties Septentrionales à l'Eftremadure ,où ilfait vne chaleur excefliue en Efté, qui eft caufe qu'il n'y a pas de grandes villes. En toute i'efpace du cours foufter, tain de la riuiere de Guadiane.il y a de fort bonspaftii- rages, à raifon Jcqijoy on dit entre les autres merueil- les d*£fpigne,qu'iiy a vne riuiere fur laquelle les trou- peaux pailTcnt. La terre de Guadacanal a eu grande ré- putation de noftre .temps pour vne fort bonne veine d'argent qui s'y eft t rouuée. La noiiuelle Gaftille a plus de plaine que la vieille; Se eft plus au Midy , Se plus chaude : cette cy abonde plus engrains.Ôc celle-là en beftial : cette-cy eft arro- fee du Tage , & de plufieurs autres riuiercs qui s'y ren- dent, celle là du Daero , qui groffit en telle forte pouc a grande quantirê des eaux qu'il reçoit , qu'il dénient le plus grand fleuue d'Efpagne. Il eft vray qu'à caufe de ion cours rapide , & de fon lidt eftroia: enuironné pour la piufpart de précipices Se de rochers extrême^ metit droits, iJ n'eft pas fi cômode pour la nauigaa^,' se n aydc pas tant à la production des fniids , que l'E- bro , le Guadalquipir & le Tage; Prés de Madrid ou ■ jouit d vn bon air.& de la comosodiié des bois propres pour la chaire. P,és de Valhdolid on void vn terroir fcrtil rn grains.chairs,vins,& fmidsde toute forte. La Galice eft va paï, afpre. ^ qui n'a guère d'eaux II y a d-^ DOS vins pzc^ ri'Orens:às'y trouue alfez de chalT-éc de poiGÔ auin Aftmic eft de m Tme qualité que la Ga- hcc.mais elle eft rn.:ores pUr> a'ut^ Se .noms àabitée. il ne vient que f ^rt peu de v 1 oi Bifcaye.^Sc en quel- ques iieax, p . :)cipilim nr à S AJ i\m on oiite au lieu de vign-^s des p6 mers , da f. poilibn Prés d - Bi!t>ao on fait dupamexceilenc, Se il s'y trouu? dï la chair de fort bÔ gouft Thol->reftea v^ic petite riuiere, qui abonde en i^iulmons.&entraittes. Ce piys confine auec celuy dAIaue.q u abonde en orçr^ .fk ^ftafPz agréable. , Mœurs des Anciens EJ^Mgmls. FIrmiq..ie no-n.ne cette nacion pleine d'arrogance & i de vanterierVopifque dit qu'elle eft pleine derufe, difpole de corps, f^ns repos , defir-ufe de chofes nou- uelles.& luftia d.r qu'elle a des efpr ts plus approcha? delà befte.qaede î'homme.Les Espagnols vfoient an4 cicnnement,(e!on D.odore de robes courtes Se noires.' liidore nomme ces habirs S, ng^s : Ptolomée Se Dio^ dore les font piopres, & di ent qu'ils fe pla foient fort à eftre nets: mais vn d'eux les b âme de q /ilseftoict 11 (aies qn'ils lauoienr tout leur corp„&frottoient leurs decs auec de IVrincStraboadit quejeskmmesauoiét accou.ume de s'exercer à l'Agriculture , & autres œu-; uies ruftiques:& que les femmes accouchées feruoienç t no DesEftatsdu Roy d^Efpagne. • r «.rrn.rnr dans le lift ainfi qu'elles ! de ceux qui eftoiCnc morts en la guerre, difant que cco.ent grande quantuc de chair , failoienc leur breu- - - uaee de miel, & bemioicnt du vin acheté non pris chez eux. Flore du qu'ils vfoient d'vn bieuuage fa»6t de f ornent. Athénée met les Efpagnols entre les peu- ples qui auoient accouftumé de s'enyurer.luftin les red pleins d'vnc grande épargne & abftineuce , & fort (o brcs • tellement qu'encote qu'ils furent extrêmement riches.comnie on peut voir chez Athence.ils beuuoiet de l'cau,& maigeoientfcuh.EtTroge dit qu'aux lours d" feftc il n'y auoit entr'eux nul appareil de feftin.Ph- ne écrit que de fon temps ils vfoient de gland au fécond feruice: 3c Stvabon dit qu'Us faifoient du pain de la fa line de gland. Pline d,t qu'ils mangeoif nt tftatis cou- chez parterre. Us oppruidrent des Romains optes la fecondeguerrc Punique à felauer d'eau chaadcluftm. & Valcre le Grand , difent qu'ils auoienr les corps dit- pofez àrouflTrir la faim , & le trauul , &c les courages rous vefolu<; à U mort. Seruius dit qu'ils elloier.t emtc- rcmeor a Idonn^z sux larcins 6( volleties. Us aymoient plus la o K rrc que l'-nfiu te, félon Troge. Eu la guîrre fis eftimoient plus que Ict autres , non feulement les horamrs de chcu.il , mais ceux de pied, qui nouuoient Dorterplus de peine. Ainfiq.i'ils aaoïent vamcuen co battant à cheuaU félon D odore , ils mettoient pied à xmz auecdcuxcpées , & sydoient auxg-nsde pied. Leurs éoccs,fe;on Tite pue, & Po'.ybe, eltoient cout- tes,& propres à venir de u. cî aux mains: &c leur coutu- me eaoitdc dôtiet des eftocides,& fcapp'-r de la poin- éte.no.i pas du trenchau^Atherlé^ dit qu'ils vfoient de dards, &c Diodore, qu'iis portoient des faladrsd'airam, Se auoient aux iambes d^s bottes faites de poil.Strabon ditqu'ils auoic't accouftumé d'aller légèrement armez. & de porter des efc :s,dcs batdes,& des fondes. Polybe dit qu'ils entioient au combat couuerts de certain lin- oe bonié de pourpre , Se portoient des hocquetons ex- «ememét blancs.Les mores racontoient aux leuncs ges qui alloimt à la guerre^les beaux faids de leurs pères & ptedeceireurs.côme Salbfte remarque en fes Hiftoues. Us dredoient autant de petites colomnes autour des fepulchre<; des morts, que chacun auoit tué d'ennemis, ainfi eue témoigne Atiftote. Cefar dit qu'ils palfoient volonricrs les nuieres à la nage.ïuftin dit que plufieurs d'cntt'cuxfaifoiatplusd'tftat de leurs chenaux de (er- uice.Si de leurs avmes.que de leur propre fang Diodo- re écrit qn'ils f ftoient cruels aux ennemis , &l doux & courtois aux eltrangets.Scruius dit après Sâlufte, qu'il y en auoit pli^fieurs qui ne vouloienr pis furuture à leurs Roys.Ils aymoient tellemét leur liberté,qu en la guerre Cantabriquc les mercs tuèrent leurs enfans , afin qu ils ne vialfent pas au pouuoir des ennemi.s,amfi que Stra- bon nousapprend,î'< vn enfant par le commandement de fon pcre,r ua tous fes parens prifonmers , ayant ren- contré vn épée pour cet cffcd , Se mefme vne femme couoa l X tcrtc à ceux qui eltoicnt liez . &C captifs auec ell'-'- & encore on v lit,que q'ielqa?s-vns eftans eftcn- diis (ut lacroix.fe niirentà chanter.Et leur courage eft loiié dansluftin en la perfonnc d'vu cfclaue , qui au temps de la guerre Punique , ayans pris vengeance de fon m.iiftrc, rjoit à bon efcicnt au milieu des tourmc.s, tellement qu'il furmonrapar fon allegrclTe la criiau.c de ceux qui le tonrmentoient.Ce qui marque la fidebtc des Efpagnols,c' eft ce qu'on lit dans Suctonc, que Ce- far auoit pour fes gardes des Efpagnols.qui le fuuioient anec des épées. Strabon nous apprend cncores , qu on mettoit deuant Us Efpngnols du poifoti qui faifoit n^omufans douleur, afin que fi quelque choie leur ar- riuo.t contre leur gié,ils l'eulleiu tout preft pour (e pti- utr de vie. Sdiusdir qu'ils auoient accouftumc de tai- re manger les morts aux Vautours. Toutesfois Eli.an éciii cela paiticuUt rcmcnt des Batccncs , &i Iculeraent Mœurs des EJ^agnols de ce temps, LEs Efpagnols font chauds & fecs de nstiue, 6c ont , la couleur brune, qui fait que h s femmes vfent fort en Efpagne de blanc, & de rouge. Us ont les mem- bres durs , & peu lafches. Us furpaifent prefqu« tout le refte des hommes en fuperftition , & louent com- me de guides aux autres peuples en ce qui tft des cé- rémonies , des flatteries, & des tiltres fupetbes & ma- gnifiques. Us font fingulierement nez Ôi duits à fe tai- re & à dilTicHuler, & car h.r leur courage. Us gardent leur grauité auec vne feueritc afîedée, qui les fait haïr à toutes hs nations. Les femmes n'y boiuent du vin que bien raicment , &: fe laiflent voir peu louucnt , &C les Damoifelles ne (ottem iama^s de leur logis qu'auec vne atande compagnie de valets qui les deuancent ,& des chambrières qui les fuiuent. Dans leurs maifons les Efpagnols font fobres , &: fe contentent de peu: ma^s en celles d'autruy ils font gourmanJf & délicats, ôc defireux de faire bonne chère. Us recueillent les eftrangers auec peu de courtoifie. Quand ils font hors [ d'Elpagne, l'vn d'eux fait eftat de l'autre , l'honore, I & le loue iufqucs là mefmc qu'ils rendront le plus ro- turier G;ntil homme comme l?ut Roy, s'ils peuucnt. I Us ayment la luftice , 64 la rendent ex rdemenr à tou- te forte de perfonnes. L indul^rie des iM giitratsfaic qu'iln'y a quebienpeu del irreciiis , ou mefme qu'il n'y en a point : & dans le pays il fe commet peu de meurtres. U n'y a perfonne qui demeure impuny quand il a failly contre les loix , ou ofF.nLé cjaclque autre de quelle qualité qu'on le trouue. Lors que deux ou trois Efpagnols fontenfemble.de quelque eftofre, condition qu'ils foient, principalement lors qu'ils font à la guerre , ils dilcourent de la Republique, & de chofes fericufes , cetch nt le chemin d'affoiblic les forces des ennemis, pourpenfent des ftratagemes, &c les propofent à leurs Chefs , lors qu'ils les trouuent confîderables. Qnnud ils font campez , il n'y a gens au monde qui endurent plus longuement , & auec plus de patience la fdm. la foif, les veilles. & to.ue forte de trauail. Us ont plus d'art que de furie , lors qu'ils viennent à com- battre. Leur difpofition & leurs armes légères font qu'ils fuiuent aisément l'ennemy, & prennent auffi fa- cilement la faite i lors qu'il en eft befoin. Quoy qu'ils ayent l'efprit bien fubcil toutcsfois ils ne fonc pis heu- reux à apprendre, & lors qu'ils ont tantfoit peu de coenoifTance des lettres ils s'eftiment rçanants au poG- fible. Us aynient les ruf^s , <5c tiomperies des Sophi- ftes fur toutes chofes. Aux Vniucrfitez ils fe plaifenc plus à parler Efpagnol que Latin. On ne void guère de leurs œuurcs qui palFent leurs montagnes, à caufe da défaut qu'ils ont de nefçauoirpas bien parle r Latin: toutesfois la curiofifé des François a donne depuis quelque rempsl'efTor à leurs œuures : tellement que l'on en trouue maintenant vn grand nombre par tou- te la France , & p. incipalement à Lyon & à Paris. Ui font plus melancholiques qu'autres , & c'eftcc qui Ic! rend du tout lents aux cntreprifes. Us ayment le tCpos, & fe fondent extrêmement fur les apparences,àraifor dequoy ils employent tout leur argent à paroiftreer habits , ou autres chofes. Us vantent au pofTibletou ce qui les touche.Us cognoiireni .aufTi toll leuraduafr tage , & le rccerchent autant qu'ils pcuuent. Us cou utent leur foiblelfe auec vne grande indufttie. Us f< battcntbeaucoupmieux à pied qu'à chcual, combitf qu'ils ayent des chenaux bons par excellence , & s'ay^ dent mieux de r.uqirebufe, qu? d'aucune autre forte d'armes. Us font paroiftte qu'Us portent vne grande souetenci DesEftats duRoj d'Efpagne. reuercncc à rEgIife,& auxcliofcs facrécsi^ quelques vus cftimf ne que cccre p^-ofertîon de picrc (Je de Reli- gion qu'ils font tous, leur a rendu le Ciel fauor,ibIe,& a faic que Dieu leur adonne vn nouucau monde à la conqucile & Seigneurie duquel il n'y a nation qui y ait part que la Françoife.Ils font fujets à dcucuiramou icux,& uiefme (ur leur vieil âge : & lors qu'ils aimenr, c'eft aucc tant d'ardeur & de paflîon , que l'on tien- dioit pour incroyable les adions que l'amour leur fait produire, fi l'on ne les auoit vciiés : ôc leurs couftumes eft de n'épargner aucune chofe , ny pour leurs amis, ny pour leurs maifttelTcs. Mais pour venir aux particu- larifcz , prés de Vicli en Catalogne les habitans font iudcs,& nullement ciuilifez,rauuages,& pleins d'igno- rance : mais en Aragon les habitans de SarragoiTe prin- cipalement font profeflion de ciuilitc ôc de gentillelTe, & s'addonnent aux choies qui font bicn-ltantes à vn Caualu r Les habitans de Valence ne font pas beau- coup cftimcz des ^urres pcuplesjpource qu'eftans pref- quc engouffrez dans les délices, dont la ville ôc le païs abonde, ils font peu propres , & s'addonnent peu aux armes , tellement que les autres Eipagnols l,s nom- men; Penitcs , à jauft d.- leur delicatelle. Il n'y a ville en l'Europe, où les femmes qui font i'amour foient plus cftimces , la volupté deuance en ce lieu l'honne- ftcréen toute manière. Au pays d'Andalufie les habi- tans font polis , ôc ciuiliiez , ont l'efprit bon & gentil, Se pour la plus grande pattie ils font pleins de difcre*- tion, & de prudence. Les Bifcains font excellents aux choies maricitneSjiJc iciiiiîlTcnc volontiers bons foldats, &c bons mariniers. Richeffes ctEJpagne, L'Efpagne a peu de tiuieres, & il n'y pleut guère f juurnt , de forte qnt l'abondance n'y eft pas ge- fjcralf, & le ( ômercc s'y exerceroir moins qu'en autre Jicu, n'eltou l'abord de ce qui vient des Indes Car puis que letra 'c eft fondé fur la commodité de h conduite des mar.handites , &: que la commodité dépend des pays pleins, & aifez^ôc des riuieres nauigablts ; l'Etpa- gnecftant pleine di; montagnes, &c ayant peu de riuie- res , deuroit auoir par confequent peu de trafic , & de commerce. Il eft vray qu'elle ne m >.nquë pas de bons ports de mer, où il fefait vn incroyable trafic. Ses ri- chefTes font les vins, leshuyles , la cire, le miel, le fu- cre,lelafran,& les fruidls de toute lorte.qai y viennent ' en fi grande abondance , qu'elle en fournit prefque , tousL'S pays SeptentrionauxjÇrincipalementd'oliues, | oranges,citrons,figues,&: choies femblabks. La pefche des tons y eft de fi grande importance , que le Duc de Medina Sidonia en tirequatre-vingts mille ducats ton- ' tes les années : & celuy d'Argos vingt- mille, A Murcia on fait grande quanriicde fort bons va- fesdccraye,& auflS de très- fines foyes , donc on cire beaucoup d'argent. En la ville de Cartagene ilfe fait grand trafî: délai- nes,qui font conduites de là à Genncs , à M lan, à Flo- rence, & ailleurs, & meGne en Fiance, où l'on vfe fort maintenant de laine d'Efpagne, pour faire des feutres, & non autre chofe. Les vers à loye eftans morts au Royaume de Murcie il y a quelques années , à raifon de certain temps qui lesr fut contraire , les habitans en ont repeuplé le pays plus que iamais par le moyen de ceux de Grenade. Au Royaume de Grenade , outre lagrande quantité des foyes . on crouue auffi force laines dont on tire vn grand profit. Malaquc abonde en toute forte de viures, tellement que les armées s'y pouruoient volontiers. Le port de Seuille rapportoit vn grand profit à l'Ef- pagne , .pource que c'eft de là qu'elle enuoye fes vins, fts huyles, &fcs fruidis de touces (oites en l'Araeri- q ic, & partout le Septentrion , & particulièrement tant de vin , que l'on dit ordinairement que quand li n'cnrre pas chaque iour quatre mille pièces de vin dans Seuille,il faut ncccirairement que ccluy qui a afferme la Dace,fàiTe banqueroute. Ou dc.harge d'autre part en ce licUjl'or ^Targenc de la nounelle Efpagne , & du Peru , les perles de GuJ b3ne,&: de T r i ji De Madère il vient fix cens mefures de fucre tous propre a muentcr quelque cho.e de délicat les ans , &c ces fucres eftans meilleurs que tous les au- rres.qui viennent en ce pays- là, on vend quatre ducats & dauantage la raefurejqui fe nomme Atobe. On por- re cncor ce cette llle du fang de Dragon , & quelque autre chofe , mais de peu d'imooi tau.e , de raelme que àit S.Tiiomas il vient cous les ans ^lus de deux milles Arobcs de fu-re , & de^ix cens efclaucs Nègres. Il y a pt u d'années q l'on y a introduit les cotcons dont il vient 1.1 prtm:ere année à Liibonnc éo.milleliures,& ils augmentent tous l' S iours. De-- Pauncs.vient force rais,noix,fi.nges fans queue, & pcrro ^atts bleus. De du Pance il vient des fucres , du ris, & des efcl.'ues noirs. ■ > ^ r De l'ille duCap-verd vne moyenne quantité de lu ctes.cotcoos.cuirs, peaux de chèvres, ris,cire, huile, &c fur tout plufieurs efclaues noirs. Des nies Azores grande quantité de paftels , qui font diftubucz par l'Angleterre, & la Sicile.beaucoup de fromensjSc orges, qui vont pour la plufparr en l'ifle de Madère, &3U^ places d'Afrique.& payent dix pour cent "au Roy. D.iuantageon y fait l'alun de roche, qu'on tient edre des meilleurs. De la mine de la Guinée il vient feulement de l'or, & l'on n'en porte pas toutes les années h valeur de deux cens mille écus : outre celny que les particuliers en tirent, & portent fecrettemenr. Des Indes Qiientaks , il vient tous les ans la quan- tité de deux cens mille quintaux de poiure, qui fouloit €t tieiement appartenir auec toute l'autre efpiccrie au Roy , qu! payoit le tout à Malaque, à raifon de trois ducats pour quintal, dont chacun vaut cent liures , & ■aux autres Ifles à l'cntour cinq ducats , & à Lifbonne en laraaifondesindeson les vend 40. ducats le quin De Pcrfe onapporce de bea'ix tapis d'or ic de foye, & de fines laines. Les nauires qui viennent des Indes apportent quelques petites coquilj^s blanches , qu'ils ttouuenc fur certains riuagcs de la mer, tSc les vendent à Lifb jnne. Toutes ces marcliandifes viennent à Lifbonne de toutes les parties du monde , & font pocrées par coûte l'Europe auec vn profit (î^^nalc d ;s Portugiis, cel ly du Roy d'Et'pagne euft efté beaucoup plus grand, pour- ce qu'il auoit les cfpiccries à fon corumandemïuc , s'il n'cuti: efté trempé parles propres OiHciers. Maison peut véritablement dire que le Roy d'ETpagne s'clt pluftoft appauury depuis quelqnes années > encor que les marchandifes foienc d ' gi and profit. Et pour cet- te caufe il eft permis à quelques particuliers de Us auoir , en fe referuant queîquts daces , dont il a trou- né fept cen>S mille ducats , outre la defpence pour le regaiddes marchandifes. Il y a maintenant trois Vice- Roys aux Indes , l'vn à la M laqufe, l'aurre à Binus ou Ormus, ôclc troificmeà Mozambique , afiiide pren- dre garde que les elpiceties ne palTenï par la met Roii- ge en Alexandric.corame elles auoient ac ouliumcïc faire , à caufe de la mefchancctc des Officiers qui fe lailfentcorrompre. Les marchandifes qui vont ordinairement de Lis- bonne aux Indes font vins de Candie & d'Efpagne , & des draps de foye, & de laine , & beaucoup de menues merceries. On enuoye en la Chine , & à la Mine, pays de Nègres , quelques gros anneaux de' Ltooi qui viennent de Flandres , où chacun s'acheptevn real, & puis eft vendu à raifon du tiers d'vn ducat aux N-rgrcs. Pour le regard du Btcîîl on y enuoye des vins , dei draps de laine , pluheucs habillements faits détoures en laraauonaes inucbuii its vtiiu^^. uwv-ai., , ---r r ," — - - .. - tal. De gingembre, canelIe.maftic,girofle,& noix muf- fortes , pourcc qu il n y a nul artifan en ce pais-là , & cade , il en vient pour la vaK ur de deux cents mille ces chofes ne fcruenc pas pour ceux qui font natifs du ccus à chaque changement de nauires: de bons eudel- pays, ( vcu qu'ils ont accouftumé d'aller nuds, dcmeu- les pour ceni mille ducats, & plus pource qu'on s'en ; ter dans des bois, & fe nourrir de chair humaine .J i J^^J^V."-««.W' p - • 1, • (eircnEfpagne, depuis quelque temps en ça, pour f-indre Its draps, en lieu de paftcl. On vend vn ducat l'Aiche, qui vaut feize onces. Pour le borax, camfrc,fandal,alocs,ebenes,& autres drogaes, il en vient tous les ans pour 40- miUc ducats. Plufieuts particuliers conduifcnt des balles de cotcon de beaucoup de fortes, pour la valeur de foixantc mille ducats : fur quoy l'on gaigne iufqucs à quatre vingt pour cent. Pour le regard de l'ambre , 6c du mufc , il a accouftumé d'en venir pour vingt mille diK-ats. Quant aux perles & pierres prccieufes, comme ru- bis y & diamans , il en vient vne bonne quantité, mais on ne peut (çauoir iuftement combien, à cauie que les particuliers en por(ent beaucoup fecrettemcnt, afin de ne payer ladacc au Roy , qui eft de cinq pour cent. De la Chine , Malaque , Maluic, Bengale » Pegry> mais pour les Portugais mefraes , & autres marchands qui habitent en cette contrée. On enuoye en Angleterre du vin , de l'huyle , du fu- cre , des efpiceries de toutes forces , 6i de mefme aux Pays bas , outre vne grande quantitc de fel faid aux mines de Portugal , te ceux qui w';n ont coguoilfancc alfenrene qu'il part tous les ans pour les Prouincci eftrangeres du moins joo. Ourqucs chargjcs de feli dont chacune eft ordinairement de quatre cents toU' neaux. Les nauires d'Italie chargent à Lifbonne des efpice ries , & plufîeurs fucres, & en îa ville de Lagos , &c et Algaibe plu(î«urs tonnes, dont on enuoye aufliqnan tité par toute l'Efpagne. ' Quant an reuenii du Roy d'Efpagne , c'eftchoO certaine qu'il tire plus de 4. millions d'or des Eftat d'ItalicsÂ: deSicile:plus de deux millions du Pouugal couirçn ttois millions d'or des tccies ncuf/cs , à vn annc DesEftats duRoj d'Efpagne. année portant l'autre, Majore] ne Se Minorqac yo. mil- le clbus , de rE(pagne vu million , iic cnuiron 4iiatte cents mille efcus : Mais ce n'cll rien de ces tributs au regard de ce qu'il en tire extraordinaircmcnt , Se mcf- me l'on peut dire coullumicrement pour la plus gtin- de partie , comme de la Groifade qui !uy vaut le rcue- nu d'vn Royaume,les fubUdes de l'Eglifcauec Icfquds il peut entretenir continuellement cent bonnes galè- res , & les cadiicitcz des Eftats , qui emportent plus qu'on ne pcnfc en Italie Se en Efoagne, outre les dons gratuits des peuples ordin.urcs,& extraordinaires. Car années enuiron vu million, & doux cents mille ccus,& de mcfrae la Sicile, & laSardaigue,la Duché de Milan, Caftille, &(es autres Eftats du nouucau monde font en leur temps de grands prefens : 8c ourre cela les contri- butions font grandes 6c tîg'ialées. Cir mefme la Ca- mille accorda u'aguercs au Roy d'Efpagne vne contri- bution de quatre millions payables d.ins quatre années. lelailfe le grand nombre des Commanderies des Ordres de Muntegge, de Calatraue. d'Alcantare , Se de Sainft lacques, auec lefquelles, quand il n'auroit autre :hofe , il peut comme Grand- Miiftre recomftenfer Se .nrichir [es reruiteurs,&: Olttciers,.& quiconque il luy slaid , comme font les Roys de Pologne, Se d'Angle- :erre. Mais il coniommc tout cecy en l'entretien de fa Hour , aux penfions des Vice Roys , Se gsges des Pre- idents & Confeillers, eftats des Licutenans , Gou- lerneuts , Capitaines , Se Ainbalfadeurs , penfions de Cardinaux, prefents,loldats de galères, & de l'infanct:- ■ic,& Caualetie qui garde Tes forts & frontières , cora- ne aufli en entretient des Eue'ques , Se Preftres qu'il ient aux Indes , ôcaux nauites qu'il y enuoye, &qa'fl :n f.iit venir , tellement que tout fon reueAu ne luy Lilïït pas quclqnesfois Ce qui fe void alfez en ce qu'on ait le Roy d'Efpagne débiteur fur la place de Gennes l'vo grand nombre de millions d'or, dont lesGennois ienncnt compte, pour n'en eftre peut eftre iamais pa- .z,& il eft encor dans les liures de plufieurs marchâds Jt tous les bons ports de met de l'Europe. Tout fon ecours n'eft qu'à la flotte des Indes , qui n'eft pas pîiî- oft arriuéc qu'elle eft enleuée pat les créanciers , Se fi [uelque tempefte la fait périr, ou que quelque ennemi emporte, corn "ne les Holandois en ont enleué quel- jvieslois de bonnes pièces , toute cliofe eft au defef- oir. Et ce qui a beaucoup épuifé les coffres du Roy 'Efpagne.ç'a eftc la guerre des Pays- bas , ou il a con- îmmcvne incroyable qLianticc d'argent auec fort peu 'auancerasnt: ^s'ilfe remet vn peu, & remplit fes offres, ce fera parleraoyci de fa ccfTition d'armes ui a eftc accofdée. T juiesfois les autres defpences u'il luy conuient faire en tant d'endroits feront qu'il 'aura iamais gueres de rcfte,& qu'il viendra toufiours luftoft aux emptuncst Les forces du Roy à E [pagne* j treprcnJre cette rcuoltc, pourcc qu'il doit eftre cntie" rement alfcuré, que s'il eftoit retiré de robeyfTmcc de fon Prince , ceux du pays , qui ne haycnt rien plus que les Efpagnols , fc feroicnt bien-toft défaits de luy» quand il manqueroit de l'afTlftance d'Efpagne. Si bien que ccfte icbellion ne peut arriuer pour cr«- corc. Se iufqu'à ce que les Efpagnols s'y foicn: multi- pliez dauantage. Quant À la rébellion du peuple natif du pays, on ne la peut guère craindre, à caufe que l'Efpagnol le tienc en bride fans cefTe , Se prend garde de prés aux actions le Royaume de Naples donne toutes les troificmcs de ces barbares , afin d'éuiter toute furprife. Et quanc à l'elloignement , Se la feparation des terres , cette oppofition n'eft guère confiderable: pource qu'entre plufieurs autres raifons , les grandes Seigneuries fonc plus propres à fe maintenir contre les caùfes exté- rieures deleur ruine , & les médiocres contre les inté- rieures. Or on void en vne Monarchie ainfî diuisc':,îa gran- deur Se la médiocrité vnies enfemble. O i v Jid la grandeur en tout le corps compo^^é de membres def- vnis , Se la médiocrité en la plui grande partie defes membres, pource que quelques- vns d'iceux (coiTi,ane l'Efpagne , le Peru , Se Mexique^ font fore grands d'eux- mefmes. De là vient que cette Monarchie a tous les biens que peut apporter la grandeur, Sc la médiocrité, c'eft à fçauoir vne grande puidance contre les ennemis de dehors , Se vne grande alfeurance des corruptions do«' meftiques. 11 faut adjoufter à cecy quêtons les membres de cette Monarchie fe peuuent vnir auec des forces de mer. Car de mefme qu'Augufte auec vne armée qu'il tenoità Rauenne , & vne autre qu'il auoit à Mefîiné afleu toit tout l'Empire Romain: auffi le Roy d'Efpa- gne entretenant deux armées, l' vne en là mer Médi- terranée , l'autre en l'Oceane , tiendroit tous les mem- bres de fa Monarchie, Se tous les Eftats qu'il poflcde en l'Europe, & au nouueau monde bien vnis enfera- ble, pource qu'vn bon nombre de gallions , &devaif- feaux de guerre qu'il auroit fur fes mers, alTcureroienc non feulement les coftes Se lieux maritimes d'Efpa-i gneôc de l'Amérique , & flottes qui vont Se viennent, mais encore brideroient l'Angleterre , Se empefche- roient les nauires des Eftats , Se autres de courir à leuc fantaifie. Mais quant à l'armée de la mer Méditerra- née , elle vnira toufiours tous fcs Eftats , en telle forte que toutes leurs forces y feront , comme nous voyons que les Portugais maintiennent auec leursforces ma^ ritimes les Eftats qu'ils pofTedent enPerfe , en Cam- baye, en Decan, Se au refte des Indes , Se les ont main- tenus glorieufement défis plus de quatre- vingts Se dix années. Qu^elques hommes de grand jugement &de gran- de expérience ont opposé aux délibérations qui ont efté faidtes fur ce fubjed, la concuicence du Turc , di- fans que le Roy d'Efpagne fe retirant delà defpencc ex- cefîîue qu'il fait aux fortifications, peut auec cét argenc Velques-vns tiennent que cette Monarchie ne qu'il épargnera entretenir vn corps d'armée de lyo. peut eftre de longue durée, à caufe que fes terres ou plus de galères , comme il pourroit faire bien aisé- ment, il fera que le Turc qui fe contente à prefent d'vn corps de M G. galères ou enuiron, en voudra tenir deux cents fut la mer , afin d'auoir toufiours en cela l'auan-, tage fur le Roy d'Efpagne : fi bien que fce Roy entrera en dépenfe fans qu'elle luy foit profitable. Mais c'eft vne trop grande fubtilité, & aux chofesi qui confiftcnt en pratique, il n'y a rien qui reliflifTe moins que la trop grande fubtilité des efprits.Gar il ne fufïit pas que le Turc vueille eftre plus fort fur la mer que le Roy d'Efpagne : mais il faut voir encore s'il poutra l'eftre , Se faire vn fi grand effort , veu qu'il n'a Les autres ïcpartent qu va Efpagnçl n' ofetoic en- pas plus de gens propres aux fonctions maritimes » K 5 Velques-vns tiennent que cette Monarchie ne peut eftre de longue durée, à caufe que fes terres ant tellement feparées , Se efparfes , Se qu'il faut des cfpences incroyables pour enuoyer par tout. Se des aifreaux& des hommes. Se mefme que ceux qui font latifs des pays efloignez peuuent enfin entrer encon- idcfaciondu petit ncimbredes Efpagtiols,prendrecou- •îge, & fe liguer contr'eux , Se les challer , ou bien luefqueGouuemeur Efpagnol fe voyant efloigné du Uy peut gagner les cœurs du pays , afpirer à la do- nination , & fe teuolter contre fon Princcfans auoir ;ucre de crainte d'eftte puny de fon audace , & de fa ebtllion. Î14 DesEftats du Roy d'Erpagne. plus de commoditez d'auoir dts vailTeaux que le Roy 1 II y auoit quatre galeaces de Naples,ïingt- cinq gro 5 d'Efpagne. vailTeaux de Seuille, vingt cinq dr Bilcaye, Guipufcoa' ou Car toute la cofte d'Afrique,cn odant Alget, & Tri- trente Outqucs d'AlItmagne , cinquance petits vaif- poly,n'apas dequoy faire ou maintenir deux gaietés, j féaux de Catalogne, Valence, & autres villes, cinquau- le dy le mcfine de la mer Majour , ou PontEuxin, jte de la cofte d'Efpagnc, c'eft à fçaaoir chalouppes, & ù il n'y a lieu d'importance que Caffe ôi Ttebifonde: barques > cent Zabaries de Portugal , des quatre villa- ges de la cofte de la mer d'Aufttiche , Bifcaye, & Gui- pufcoa,vingt galères d'Efpagncquatotze de Naples,& douze de Sicile. 11 y pouuoit auoir prés de foixantc mille hommes tant Efpagnols , qu'Italiens & Allemands, c'eft à fça- & l'on en peut due le mefrae prefquc de tocrte la cofte de l'Afie , pource que ce n' cft pas allez d'auoir beau- coup de cortcsde mer, veu qu'il cft neccfTaire d'auoir auflTi des gens qui fe plaifent à aller fur racr,&qui puif- fcnt fuppottcr l'incommodité & la peine qui s'y offce, qui prennent plaifit à la uauigation,& à trafiquer fur la mei, qui ayent abondance de bois > & de chanvre , qui ne s'cftouncntpasdes menaces des vents > & de l'hor- reur des tcmpeftes, qui ayent le courage de mettre leur vie au hazard aumiHeu des dangers, & de dcjfîcr la mort aux plus mauuais ôc fafcheux palTages. Or eft il que la moitié de l'Empire du Tut c n'a pas des gens de mer, qui puilTent aller du pair auec les feuls Cathalans, Cifcains , Portugais , &c Gcnnois que ie nomme parti- culièrement pour le feruice que ie Roy d'Efpagne en reçoit en fes armées de mer> ou qui foient capables de leur faire teftc. Finalement ce Roy a deux aduantsges fur le Turc, dont l'vn eft, qu'encore que le Turc ait fous fon Empi- re plus de gens que luy , toutesfois , à caufe qu'ils font Chreftiens pour la plus grand paît , il ne s'y peur guère bien fier, quand il a aftaire contre des perfonnesde uoit ving-cinq mille Efpagnols , en comptant cmq mille qa'il auoit tiré des Régiments d'Italic,&fixmil-' le de Canarie, & des Indes, & des garnifons de Portu- gal : ÔC le reftc fut leué en Efpagne : Douze mille Ita- liens auec dix Maiftres de Camp, vingt- cinq mille Al- lemands, douze cents chcuaux légers Efpagnols, autres deux cents de la cofte, & deux cents de la frontiere,qui font en tout mille fix cenis hommes de cheual, L'Andalufie contribua douze mille quintaux de bif- cuit. Malaca & fa Comté vingt-fept mille cinq cents quintaux. Cartageiîc,&: Muccic cinq mille quintaux. Sicile cinquante mille quintaux : Burgos , & Campos cinquante-fix raille quintaux: Naples,& les Iflcs quin- ze mille quintaux. Somme il y pouuoit auoir en tout enuiron centfoixante-fcptmiUe,& 500. quintaux. Seuille & l'Ertretnadure contribuèrent 4000^ quin- raux de chair falée. Galice fix mille quintaux , Afturie, îT.efme Religion qu'euxtrautre que les coftes de la mer j ôc autres endroits mille quintaux, qui font en tout oti' du Roy d'Elpagne font plus vnies que celles du Turc, ze mille à raifon dequoy il peut auec plus de facilité ïam.alîcr ft)usfesgens,& les mettre enfemble. Dauantage on a veu prefquc toufiours les armées du Ponent vidlorieufcs de celles du Leuant,& Us Septen- trionales de celles du Midy, lesRomaincs desCartha- ginoifcsjlcs Grecques des Afiatiques. Ainfi Augufte roit en route les armées de mer d'E- gypte autc celles d'Italie,& de noftte temps lesChre- Itiens ont défait celles des Turcs , qui confeffent mef- Hic que nos galères font meilleures que les leurs, ôc en craignent la rencontre. Et de fait toutes ôc quantesfois que l'Empereur Charles V. a voulu armer, il y a mis enfemble de telles forces , que le Turc n'a jamais eu le courage de fe remLcr, &: luy aller faire tefte. Il mena à l'enrreprife d'Alger cinq cens vaiireaux,& plus de fix cens à celle de Tunes , & André Dorie me- na en Grèce tant de forces qu'il prit fans peine Patras Se Corone.Et cela fuffife pour ce regard. le ne veux rien dire des forces maritimes que ce Roy a toufiours eu fur l'Océan Germanique, où la mer d'AllemagHC à caufe des Pays- bas qu'il vouloir r'auoir & remettre fous fa domination. Que s'il auoit le Pays d'Hollande & de Zélande, il fc pourroic vanter que tous lesautres Princes luy cede- loient en forces fur mer. le laiffe à part le grand abord de toute forte de vaif- fcaux à Seuille , où toutes les flottes du Peru , 5c de la Houuelle Efpaguefe viennent rendre , ôc où l'on tient en perpétuel exercice vn grand nombre de foldats, ôc de naarmiets. le me deporrcray auflî de parler de la valeur des Bif- cains fut la mer, où ils deuienncnt également cxcellens K-iarinicrs,ôcbonsfoldats,fi bien qu'Us vont auflicou- rageufement contre l'ennemy armé, que contre les fu- lieufes ondes de la mer. Mais pour monftret encore mieux ce que le Roy d'Efp.igue peut fur la mcr,voyons ic vous prie l'appareil de guerre qu'il drella en l'année Le Roy d'Efpagne fit apprefter,pour faire la guerre à la Royne d'Angleterre , ôc aux Pays-bas trois cens cinquante voiles auec neuf mille hommes de marine, €n cette fotCj^ Seuille , Se l'Eftremadure contribuèrent cinq mille quintaux de lard. Ronde 2000. Galice loeo. Bifcayc ZQOo.mille,quifont en tout onze mille. Algatbe fournit huiâ: mille baiils de poifTon de Dodine. Almandrauue du Duc onze mille barils : & Caliz quatre mille barils,qui font en tout vingt ôc trois mille barils. Majorque y fournit deux mille quintaux de frona- ge,Senegaille 6c l'Eftremadure mille : Portugal vingt- cinq mille quintaux, qui font en tout vingc-huid mil.k quintaux. Gennes ôc Valence fournirent quatorze mille quin- taux de riz. L'Andalufie, ôc Naples fournirent ij. mille poids d'huile, ôc de vinaigre , ôc chaque poids vaut zj.liures, ôc chaque liure ffize onces. Cartagcne contribua quinze mille hancgues , ou boideaux de pois , ôc de febues , ôc Naples , ôc Sicile QHzc mille, Malaguc,Maxouelle,ôc Cerefe,ÔC leurs iurifdiélions contribuèrent treize mille poinçons de vin: Naples fix mille , Seuille Ôc fa jurifdiâiion Icpt mille , qui font ec tout viugt-fix mille. 11 y a d'autres prouifions de bleds, fer, toiles, ôc aa très chofes necelTaires, qui furent fournies pat l'Aud* lufîe, Naplesjôc Bifcaye. Dauantage on leua pour le feruice de l'artillerie quatre mille , ÔC deux cents hommes , dont il y auoi quatre cents Gaftadours» Maintenant que nous auons parlé des forces mari riraes.venons à celles de la rerrc, qui confiftent en In fanterie ôc Caualerie. Quant à celles-là les meilleurs hommes de pied i tous les Eftats appartenants à ce Roy horsdel'Efpa gne font les Vvaions. le di de ceux qui font hors d'El pagne , pource que l'Infanterie Efpagnole cft allez co gncu'è pour la mi Jleure que ce Prince puilTe auoir: ca les Efpagnol- par U moyc de leur Infanterk affranchi rcnt leur \,cys de la doir.ination deiMcres.ôc uefe vi rent pas pluftoft à bout de cetteentreprife,qu'ilsa0aiI lirent l'Afrique, ôc y prindrcnt des places d'i.-npottac^ ôcpar après les Poituj^ais traiijille.em la Mauritanie Des Eftatsdu E.oy d'Efpagne. uj 6< (iompccicnc la coftcHclaGuyiice, d'ttliiopie.S: de Cafi-.urie , conqucfleicnt les Indes , Malaca &c les lllfs MoliiqLiCiJes Cr;ftill.Mis poiruic l'Ojcsn Arlaiui4UC fe rendirent niailtres du n o'iuCiUi Moiidcoù il y a tant de Royaiitncs,V& de l'ioiiiaces , &: raiir de peuples ditfe rtncs de langtigc, d'habits, & de façons de faire, Lear valeur confilte en la conduite , ôc accortife, pouruc qu'il n'y a nation oni cognoiirc mieux fonad- uantagc. Se deia Uiantagc ï l.i gnortc : elle confille au(- iîen la diligence, pouicc qu'ils ne s'efgatent ny ou blienr guctcs & le (crut.nt de toute choie : on la peut aufll loger en l'vnion , qu'au n'a iamais veu quf les Efpagnols foicut venus aux mains entt'eux hors de leur pays : & finalement ils ont vne grande patience, Ôc endurent fort aisément la faim , b foif, le chai}d, le f(oid,lc mal-aisc, la peine, &: toute forte d'incommo direz, fi bien qu'ils font capables de lallcr prefque tou- tes les autres nations. Ils ou: obtenu de grandes vidoires auec ces par- ties, &: s'ils ont eft. vaincus , ils onr auilî bien fouuent clic viiStotiçux , toutosfais la fortune les a mal traitez en l'cntrcprife d'Alger , & en celle de l'Angleterre , & l'atmcc de 50, mille hommes que Charles V. fit entrer en l^rouence y fit à mal Ces affaires qu'il n'en reftaque 4 ou j , mille qui furent contraints de fe retirer mifera- blemcnc. Q^aiit à l'infanterie Italienne des terres du Roy d'Elpagnc. elle ttl capable de rendre vn bon (eruice à fon Peinte. Poatle regard de la caualeric, l'Efpagnolales meil- leures races de cheuaux qui foient en l'Europe. C'cft à Içauoir les Genêts d'Efpagne , les Courfiers de Rhe- ne,ii's Cheuaux de Bourgogne,& ceux de Flandres. Il fcmble que la nature a voulu armer ces gens auec les mines de fer de Bifcaye ,de Guipufcoa , Ôc déUo- line, aucclestcmpeftcsde Bilbao , deTholofecte, & de Calatand , &parles moyen des boutiques de Mi lan.de NaplcSjSc dcBoflcduc, & qu'elle ait auffi voulu lespouruoir de viures par le moyen des greniers de la Pouillc, de Sicile , de Sardaigne , d'Artois , de Caftilie, &d'Andalurie,'& auifi par les vins de Calabre , de faicd Martin, d'Ayracnc , & de beaucoup d'autres lieux. : D'ailleurs le Roy d'Efpagne pour n'efpuifcr par trop l'Efpagne de fort peuple , qui eft employé en rant de lieux, 6c tant de diuerfes entreprifes, la rendant par ce rooyen moins habitée , peut leuervn aflTez bon nom bre d'Infanterie, & de Cjualcrie tant Italienne qu'Al- lemande. Mais i'argeni; qu'il efpand en tant de lieux l'empefchc de pouuoir f.ire beaucoup de ces leiiées, &cntrepri{fs àl'cfgal defon ambition^ qui leruit de polTeder toute chofc. Le Roy d'Efpagne entretient ordinairement en fes Eftats vn grand nombre de Caualeiie , veu qu'il y a en Efpagne 5. mille cheuaux, en l'Eftat de M ian, quatre cents hommes d'armes , ôc mille chstraux Ifgfrs , au Royaume de Naples n 00. hommes d'armes, qui ell le plus grand nerf de mille quifoit en Italie , & en Si cile on luy doit fournir mille cinq cents cheuaux. Et l'on ne doit pas faire peu d'cftac de ce que les Feuda- taites font obligez de feruir , ôc roefme perfonneile- '■nent, à leurs defpens aux occafions de defence , eu ef- gard au grand nombre de Fciidataires , & hommes qui portent titre en Efpagne, où l'on compte vingt i?.: trois Ducats, îi. Marquis, 49. Comtes, deux Vicomtes, iept Archeuefques f vca que ceux cy y entreni ciicor pour leur parc comme grands Seigneurs)8c trente trois Buel'qucs. Et au Royaume deNaples il y a quatorze Princes, 15. Ducs, 57. Marquis , j 4. Comtes, & quatre cens quatre vingts huidt Barons. Cela fuffira fans que ie în'amufe à itctrchci ceux des autres contrées. Quant aux foirerclKs il n'y en .1 guère dans l'Ef- pagne, ains feulement fur les frontières , Sc fur la colic de la mer. Du cofté du Languedoc l'Efpagnol a Salces , qui a efté fait pour l'oppofer à Leucatc qui appartient à la France. Ce lieu de Salces eft de grande importance, tant pour raifon de l'adîrtte (pource qu'il ffl; en vn palf igc cftroit où l'air eltpeiUlcnt en Eflé à caufc de quelques eftangs, & marelts qui en font prochcs)qu'à caufc des fortifications qu'on y a faites. Pcrj)ignan qui eft de cofté en la Comté de RouiTillon eft bien bonne ville, & a vn chafteau des meilleurs d'Efpagne. Barcclr lonne el\ auffi alTez bien fortifiée. Le Roy Philippe I L cognoiiFant l'importance du port de Cartagene , l'a fait fortifier raifoiinablcmenr, afin que les Turcs ne s'y logcalîent. Il y a force lieux forts au Royaume de Grenade à caufe du feiour qu'y ont fait les MoreSé La Citadelle de Pampclune eft vne des fortes pla- ces de l'Europe , &c Fontarabie eft capable d'vne bien grande defence. La ville de Lifbonne en Portugal eft vne des meil- leures qu'on voye en tous ces pays. Il y a en la ville trois faks d'armes qui fuffiroient pour armer 15000, hommes de pied, de corfelets , Se vn afffz bon nom- bre de gens de cheual de cuirafTe. Il y a quelques su-' très raag,ifins auec 20. pièces d'artillerie , entre lef- quelles il y en k vne fort longue , qui porte cent liures de charge , & eft faite auec vn grand artifice. Elle fur oftée aux Mores par les Portugais en la ville de Diu aux Indes» Au deuant du Monaftere de Dellara , il y a vne touc enuironnée d'eau auec jo.pieccs d'artillerie , non pas pour s'en feruir en temps de guerre , pource qu'ayant vne coiline qui luy commande, elle feroit abbatuëea peu de temps à coups de canon : mais pour s'en feruir en temps de paix contre quelque nauire , on a bafty à 'a bouche du port vne forrerelFe , qui cftant petite penc I difficilement eftre bonne* Il y a auffi en Portugal près du Tage la fortcreffe de S.Iulicn ; œuure moderne, faid auec le defTein de gar- der le paflàge de la riuîere. La puiftance des Portugais .s'cft peu à peu diminuées! à caufe de leurs diuerfes nauigations, & cntreprifesrde forte que le Roy lean 1 1 1. perdit le Cap d'Aguero, Sc abandonna Safin, Aytnor , & Arzili,e, & le Roy Seba- fticn voulant aller en perfonne à la conquefte dei'Em- pire de Maroc ne peut mettre enfcmbie que douze mille Portugais, Se encore auec beaucoup de peine. Le mefrr.c aduicnt à l'Efpagne, qui i'afîoiblitde iour rn iour en telle forte, & fe dépeuple tellement à caufe des n.iuig-tions , que les vilks Se lieux demeurent feule- menc pleins de femrrics : ponrcrquc pluficuîs millierè ' de foSdjts qui font en Li fleur de leur âge en for- cent tous Us ans , & il n'y en reromne q i; bifn peu» qui (ont mefirie cftropiez , 5c vieux , de (orte que !e P\.oyaume demeure pnué non fedet-nent de (es hommes , mais auffi des enfans qui en pouaoienc naiftre. Les Efpagnols ont fuiuy en cela vne raifon d'eftac toute contraire à celle d'où procède la grandeur, & la puiffance des Romains. Car ceux cy ( s'auifans qu'il n'y a chofe plus nccelTaite aux entreprifes de grande importance, que la multitude des hommes) mettoient toute peine k m.ultiplier leur nombre par mariage , & co!onies, &c receuoient en leur ville leurs ennemis mefmes : fi bien que ces peuples fe voyoient en vri iour aux mains auec ks Romains, & citoyens de mef- me ville, mefrae ils communiqnoient le drniâ: de Bourgeoifie , non reuletnem aux villes, rr:ais encor aus Ptouuices enceres. Fiuaitment ilî embraiferent prefque fout leur Em-: K- 4 1 1 6 Des Eftats du Roy d'Efpagne. cire auec ces façons de faire, & le nombre des Ro- 1 pubUqae eftanr to.tc atelTce pria paix . .Ueferoit ^r^ain da ne fi ocand , qu'Us s oppofo.ent r.on feule- pas à propos pour elle , qu elle altérait les affaues en Z auec a Xn , mais encot auec la malritade à (on vo.finage. D'aaancage on a veu que les Elpagnols Z e rcfte du monde, à raifon dequoy Rome ne peut i fe font employez enfaueur des Vemc.ens en eurs plus eftre ur4 quauec fes propres forces. Mats les Por- grartds dangers aux guerres que B.,azet , So yman . & • Traftillans en leurs emreprifes, où ils auoient Selim 1 1. leur ont faites en la Cefalonie, a la Preuefe, beS n d'vn arand nombre de gens, à caufe delagran- à Lepanto. &c touresfois .Is auoient . & ont aux Hancs d ur des^aïs qu.ls tiennent . & des grandes fcpara- Alger, Tunes, 6c 1" Afr.que.beaucoup p lus vo.fines que deur des pa 4 j^^^ I jq^j lo^vque, de l Efpagne, de :;r,qu!7eft^^^^^^^^^^ tope, & fe va diminuant de iour en iour, ôctoutesfois les Caftillans ont les Milano.s, Neapolitains , Sici- liens, ÔC Sardes , qui pour le long- temps quil y a qu ils font fous l'Empire des Elpagnols , ÔC pour lobeyfian- ce . & Ûdclirc qu'ils ont fait paroiftre toujours , peu- ucnccftrc eftimez pour fubjeds naturels, ôc non de conqueftei de forte qu'ils s'en deuioient fier auldues '"lcs IWgais ne fe pouuoicnt pas feruir de gens de conque(te,pource qu'Us n'ont point eu de tels (ubjets, mais lis fepouuo.nv bienayJer d'hommes loudoyez de pays non fufped , pour les frontières , ou quelque prer^-ntion.oj autre femblable lubjed. Ce defauc d'hommes a efté caufe que les Portugais, Se les Efpagnols ont lailTc beaucoup d'encreprifes d-impoctance, &c qu'ils procèdent lentement en celles qu'ils ont entre les mains : & de là vient encor que ceux-là deffendcnt auec grande peine les Illes, & co- des de mer du nouueau Monde , Se ceux-cy ,_celles du Bcahl, & du Cap vctd, & les autres , & que les vns ÔC les autres ne peuuent prefque refifter , ie ne diray pas aux Corfaites Anglois : mais aux Nègres, qui fe ceuol- tent tous les iours en l'ide Efp^.gnole , en 1 Ifle de S. Thomas, & en autres lieux :& mefme les Portugais ont perdu depuis alTcz peu de temps 1 ifle de Ternate, pour le peu de gens qu'ilsy auoient. ^ Quant auxPrinces ou Republique de quelque con- fidelTtion , pour les forces qui confinent auec le Roy d'Efpagne , il n'y a que le Roy de France , le Turc , & les Vénitiens. Le Roy d: France efl: maintenant en bonne paix auec celuy d'Efpagne , 6c U n'y fçauroic auoir que la prétention de quelques terres que le Roy de France pourroit demander , qui fuft capable de rompre le re- pos de ces deux Royaumes. Mais pose le cas qu on fuft de mauuais accord : l'eftimeque fi les François qui font maintenant en grand nombre . & fort aguer- ris, & qui ne demandent guère la paix , donnent du co- ftcdu Languedoc, ou de la Gafcognc,ils donneroient vn grand efchec à l'abord à l'Efpagne qui fe trouue mal peuplée. Et il ne faut pas dire qu'on attaqueroit auHi la France du cofté de la Picardie, &c de la Sauoye , veu nue pour le regard de la Picardie, outre es p aces for- tes qui pourroient arrefter vnc armce , l Archiduc eft bridé par les Eftats, auec lefqucls il n'a que fufpenfion d'armes , & fes forces ne font pas fi grandes qu vne ai- {,z légère armée ne luy peuft faire tefte : veu que fes meilleurs hommes feront obligez decourir ailleurs ou la necelTité prefferoit d'auantage. ^o^^}\\'f^'^°^ . Sauoye ou vne armée leuée (ur l'Eftat de Milan , &c au Royaume de Naplcs fe pourroit acheminer , au cas que le Duc de Sauoye luy donnaft palTage , ce ne peut cftre fi erande chofc que le feul Gouuerneur du Dau- phiné ne leur puille donner afl'cz d'atFaitcs , & les ar- refter tout cou.t , comme Monfieur de Lesd.guieres a fait afTez paroiftre durant les guerres palFces, au milieu de leur plus grolîe furie. Quant aux Vénitiens depuis que l'Eftat de Milan eft aupouuoir des Efpagnols.Us chofes palFcnt allez dou- ceaicnt enti'cux , tfc cefte Republique cO: plus fur la dcft nce, tk iur la fortification de fes places, que fut les dclVeins de faite des conqueftes: poutce que cefte, Re- la Sicile . de la Sardaigne , des Beleares , & du Royau- me de Naples. Les autres Republiques ou Princes d'Italie font ou fes amis , & obligez , ou trop foibles pour entreprea- dre quelque chofe contre l'Efpagne Qiiant aux Suif- fcs qui font proches de la Franche Comté , ils n'y peu- uent venit en grand nombre, d'ailleurs ils >'troaue- roient de bonnes places contre lefquellcs ils n'ont pas accouftumé de s'opini.vftrer. Pour le regard du Turc , Se des autres qui peuuent porter dommage aux Efpagnols ,nous en auons parlé Se parlerons encore en leurs lieux» Çouuernement d'EJj^agne. LEs Roys d'Efpagne comme puiflants, & nez par- ^ my vn peuple qui Ifur eft extrêmement afîedion- nc, font honorez au poffib'e de leurs fubjedsjqui leur portent d'autant plus de reuerence , qu'ils iouyffenc moins fouuent de leur veuc. Les Roys ont donc toute puilTance en Efpagne , & difpofent à leur volonté de toutes chofes , non toutes- fois fans auoir des Confeils , par lefqucls ils fe condui- fenr. Le Royaume d'Efpagne tombe en quenôiiille, telle- ment que les filles des Roys d'Efpagne peuuent fucce- det à la Couronne:?: c'eft de cefte forte que la maifon d'Auftiiche eft deuemiémaiftreire de l'Elpagne , com- me nous ferons voir en fon lieu. Le Roy a la nomination de toutes les Archeuefchez, 5c Euefchez , des Ptieucées , &C Commandes , des Or- dres de Chcualerie , c'eft à fçauoir de S. lacques Al- camare, Se Calatraue. H eft maiftrc abfolu de la paix, & de la guerre : il crée tous les Prefidcnts,Confeillers, Vice- Roys, Lieutenants, Gouuerneurs, Ô: Capitaines. Mais le Roy ne peut conférer les bénéfices qu'à ceux qui font natifs d'Efpagne, ou bien qui ont eu de luy leurs lettres denaturalitc.Et la plus grande partie d'Ef- pagne s'cft maintenue tellement en (es priuileges, qu'elle ne foiiffte pas aisément d'eftre accablée de charges cxccfliues. C'eft pourquoy l'Empereur Maxi- milian difoit qu'il cftoit Roy des Roys , ÔC le Roy d'Efpacrne Roy des hommes , à caufe qu'il ne pouuoic auoir des Allemands que ce qu'ils vouloient , & que les Efpagnols refufoient de donner à leur Roy plus qu'ils ne luy deuoient pat leurs loix,ftatuts, ordonnant ces, & couftumes. Il y a en Efpague plufieurs Confeils auec lefquels le Roy gouuètne fes Eftats : c'eft à fçauoii leConlcil des Confeils d'Efpagne. Confeildel'Inquifition. Confeil de Guerre. Confeil de Caméra. Confeil des Defcharges. Confeil de Portugal. Confeil de Bofquera. Le Côfeild'EftatSc Royal. Le Confeil de Caftille. Confeil d'Aragon. Confeil d'Italie. Confeil des Indes. Confeil duThrcfor. Confeil des Ordres. Le Roy confère à quclqi _ chofes qui concernent le bon gouuernemcnt , la con- feruation , & augmentation de fes Eftats, Se ayant oiiy l'opinion d'vn chacun , commande qu'on mette en exscutioiî celle qu'il iugc la meilleure. Le* ues-vns de fes Confeils les Des Eftatsdu^oy d'Erpagne, Les villes foiic gouuernccs par vn Gentil homme qui en efl; narif > à qui le Roy doiiiic le nom , ëc l'au thorirc dcgoiiuecnci- , en y mettant aulfi desConfcil lers créés f-ar leurs concitoyens : & lors que le Gou ucrneur a accomply le temps de fon gouucrnemcnt, on forme ordinairement vn proccz fut fcs adio is le- quel cftantvcupar le Conicil du Roy, il liiy en fait rapport , afin qu'il punille le Gouucrneur s'il recog- noilt en luy quelque mcchancecc,& iniullice.ou qu'jl ne l'employé pas de là en auanc s'il le rccognoift peu accort , & trop plein de nonchalance ; & qu'au con- traire s'il void qu'il u'a manque ny de iulticc, ny de diligence, Ik qu'il a bien fait (on deuoir, il l'elleue à des charges pluj grandc$,& plus importantes. Le Roy d'Efpjgne a plulieurs Confeils aufq'.iels il remet tous les aJfaircs dont on luy a parle , ou qu'on luy a laifTécs parelcrit , oc l'on a accoulluinc de faire tou(îours l'vn & l'autre, pource que Ci l'homme veut dire brieuement Ion fait , il le ptut , mais il donne e ncor vn mémoire qut le Roy lit quand il fe retire en fa chambre, & An- uant la qualité de l'affaire il le remet à vn de fes Con fcils, dont le principal cft celny d'Eftat, auquel on trai de tout ce qui peut appartenir au gouuernement de fcç Royaumes , & des nouueautez qui arriuenc , & de ce qui touche l'authoriié de la Couronne Royalle , & c'eltcn ccltuy cv qu'entrent les hommes de marque, Se des plus quai fiez d'J-fpagne, & ces Confeillers font en petit nombre : Ôc ont depenfion ordinaire i. mille ducats l'aniKe. 11 y s après le Confeil du Roy , où l'on délibère des gabelles, des viures du Royaume : & tous les procez des autres Cours , & Sièges de la Couronne de Cafèillc y viennent par appel : 6c maintenant il elt compose de ces membres. Il y a vn I-'rclïdent qui a accouftumc d'eftre Seigneur de tiltrc,& quelquesfois Prélat, ou pour le moins Ec- clefiallique , & douze Confeillers , hommes notables principaux qu'on tire des autres fieges. Pour les chofes dithciles. Se i.Tiportantes qui furuiennent ,onencon- fulte au Roy le Vtndredy,(!^ i! y a trois de ces Confeil- lers, à qui leRoy a donné le tilfre de Confeillers de fa Chambre, pardcuant lefqucis fe voycnt, &s'txpedienc lescaufes de grâce , mais on rapporte au Roy celles qui (ont de plus grande importance. Il y a vn Secrétaire de la Chambre , fc deux autres Secretaires.quJ alîîftenc les trois ialdns Confeillers. Ce Conleil fc rient ordinairement le Samedy, L'an 1560. IsRoy d'Efp.igne fit vue Ordonnance , paria- quelle il eftoit porté qu'on adioufteroit quatre Audi- teurs au Confeil du Roy, pour cognoiftre de toutes les caufes qui viennent par appel audit Confeil, des deux Chanceliers de Vailadolid, Se de Grenade, après les deux fencences confirmées, auec conlîgnation de , mille cinq cents doublons, Pour efcîaircilTemenr de quoy il faut premièrement fçauoir, qu'à Vailadolid, ôc à Grenade il y a deux Chancelliers qui ne prennent cognoilTance en première inftancc d'aucun procez , fi ce n cft de pupils , orphelins , veufues , & perfonnes mifeiablesi mais par appel elles cognoilfent de tous les procez des Royaumes de la Couronne de CaftiDe, après la (entence donnée par le iuge ordinaire : là où, s'ilarriueque la ièntencede la Chancellerie foit con- forme à la première , le condamné peutappeller à la snefme Chancellerie qui commet de nouueau lacaufe à quelque autre Auditeur (toutesfois de la raefme Chancellerie ) qui teriuine le procez s'il accorde auec les deux autres fentences : & s'il n'eft pas loifible d'en appeller plus, finon en cas que la caùfe palTe quatre mille ducats: vcu qu'alors on ne peut appeller plus qu'à la perfonne du Roy , & celuy qui appelle eft te- nu de configncr 15 00. doublons , qui valent quatorze Peales chacun, 117 Or le Roy fouloit commc-rtrc cecy à vn des Con- feillers de (ou Confeil R .y .l, mais pource qu'ils fe rouuoient occupez en d'autres af^^aires , àraiion dc- ^uoy l'on n'en vcnoit iam:iis à bout , &lcs4>ro;ez cltoient immortels , on a ordonné le fufdit nombre de quatre autres adjoints au Confeil du Roy, qui enten- dent (eulement à ces proct z : & s'il arriuc que les fentences données auparauant foient co .firmées par ei»x, es mille cinq cents doublons font partagez corn- me s cniuit. f t» 11 y en va cinq cents à la Chambre Royale. II y en a cinq cens autres qui font ad.ugez à b parue aduerft: & les cinq cens reltans appart«.nnait aux îuges auf- quels on fait tort, appcllant de leurs Ccntenccs. Il y a ces membres aux Chancelleries» Vn Pfcfident. Seize Aud; teurs. Qu^atr e luges criminels.' Le Fifcal , le Rapporteur, les Secrétaires & autres Orticiers, 11 y a encore deux luges nobles. / Confeil de CalItUt. Au Confeil de Caftille prcfide vn feul Prefident; qui a dégages fix cens mille marauedis, qui vallenc mille fix cens quatre ducats z6. fols. Quinze Confeillers , chacun dei quels a trois cens mille marauedîs qui valent huid cens deux ducats treize fols. , Quatre Fifcaux pour chacun crois cens mille mava- ucdis. Quatre R/pporreurs , auec fept cens cinq mille marauedîs pour chacun , qui valent deux cens ducats vingt neuf fols. Six Secrétaires qui ont chacun feprante cinq mille roarauedis. _ ^ Vn Commis à taxer les procez ayant cent douze mille marauedîs par année , qui valent deux cens no= nantc & 9. ducats.zj. fols & demy. Celuy qui a la charge du Regiitre, & tient le fceaiî desprouifionsqui fe depefchcat en « Confeil auec deux cens mille marauedis , qui valent cinq cens tren- te quatre ducats 4 i. fols. 11 y ajà va grand fe.gneur d'Eftat comme Inquifi^' teur, qui t ft propriétaire. Le Receucur des. fraiz de luftice, & fon Secrétaire," :iec trente mille maranedisde paye paran^ Vn autre payeur d'amendes auec quatre cens mille naraucdis,, qui valent raille Cix cens neuf ducats tren- te quatre fols. . . Douze portiers, chacun defquels a trente mille ma- raiiedis. Vu Payeur àuec trois cens mille marauedis de paye par an. , Vn Commis dudic Payeur auec cent mille mara- uedis. Vn Prefident ou Vice-Chancelier auec trois mille ducats de rente. CinqRegens,châcun ayant mille d-icaflde rente. Deus Rapporteurs auec trois cens ducats de rente,' L' Auocat Fifcal, mille duca,ts de rente. Le Threforier gênerai trois milles ducats de rente: Son Lieutenant fis cents ducats de rente. Quatre Commis du Threforier chacuacyant ceiiE ducats. Vn qui rient le regiftre des Comptes fix cens ducats. ... Son Lieutenant, cent ducats.. Qiiatre autres Commis , chactin defqiîeîs à cenE ducats. Pour vn qui fai: les quittances, cent ducats. Quatre Portiers, à chacim h-^dantc ducats^' i8 Des Eftats du Roy d'Efpagnë Vn hoifficr da Confeil 50, ducats, Vn Vtoro-Moiaitchuia cents ducars. Son Lieutenant cinq cents ducats Vn maiftre des Conrjptcs, deux mille ducats; Son Liauenant fix cents ducats. , Six Commit à chacun cent ducats. Trois Secrétaires, à chacun cinq cens ducats* Seize Eicriuains des comroandcmcns , à chacun douze ducats nar an. , v , Quatre Elcriuains des demandes a .chacun cent cinquante ducats. ^ Deux Greffiers tenans le fceau , a chacun cent cm- osante duccts pat an. ^ ^ 1 Autres fcize Efcriuains du Regiftre, a chacun cent ducats. Vn chauffe- cire cinquante ducats. Vn Courrier auecdeuxhomntes cinq cens ducats. VinPt- cinq Fourriers, à chacun ceiit ducats. Soixante Ordinaires de la maifon d Arragon, fans y comprendre autant de Chappellains . à chacun deux ceiisducacs. ,• Confid à Italie. Le Prefident de ce Confeil, deux mille ducats. Six Reeents ï chacun mille ducats. S;x Relents qui font moitié CaftiUans , moitic Ita- lirn(, f'iÂaue Prouince ayant les Tiens. L; Seaetaire dudu Confc.l. deux milk ducats de renrf par an. Le Filcal mille ducats. Deux Rapporteurs, à chacun cmq cens ducats Le '^rand Officiai, auec cmq autres Officiaux les Comrrus chacun m.lle ducats pat an. Trois Portiers, à chacun fix vingts ducats. En ce Confeil les dioidls du Iceau appartiennent au Roy. Confeil des ûdes. Le Prefident a de rente par an deux mille fix cens fcptante trois ducats. . .^^^rp Huia Confcillers , à chacun mille trois cens trente fix ducats.neuf reales,ik vingt fix maraued.s. Deux Procureurs Fifcaiix auec le merrrie g:>gc. Deux Rapporteurs, à chacun 267. aucats quatre rcalts, 52. marauedis. Deux Secrétaires, à chacunle melme gage. Deux Commis de Secrétaires, à chacun cent trente trois ducats 9 teales îi.marauedis. Deux Huiffiers du Confeihà chacun cent fix ducats dix reaies e5i demy. A celuy du Regiftre ett donne de penfionparan acux ccnsfoixantefept ducats , quatre leales quatre niaraucdis. ^ . A celuy du fceau deux cens foixante fept ducats quatre realcs. r ► • ^ ^«.^c Au Payeur 200. mille marauedis qui font cmq cens trente quatre ducats 8. reaies. , , n - 1 Au Receufut des amendes, & fraiz deluaice le mcfme eaee luidit. . , Au si^etairc qui depefche les cedules , & prou.- fions, le mefmt gage. Les Vice Roys,^ les Audiences ils ont aux Indes. I Vice P^oyenlahouuelleErpygne. Les Vice Roys du l'eru en font fcigneurs de tiltte, & ont de rente 12. mille ducats. Chancdlerie de la nouuelle Efpagne en Mexico. Chancellerie en Guatimala. . Chancellerie en la cité ditte de los Reyes. Chancelltric àS.Fiançois de Quinto. Chancellerie au nouueau Royaume de Grenade. Chancellerie aux lllc s Philippines. Chancellerie enlacicc de S.Dominique, en llfle Efpaguolc. Con/eild'Haz.ienâa. Le Prefident a fix mille ducats par an. Celuy qui tient les Comptes , cent mille marauedw, qui valent deux cents foixante fepc ducats quatre ccales. Quatre Confeillers à chacun autant. AuThteforier le mefroe. Au Secrétaire le niefme. Au Fifcal le mefme. A quatre Huiffiers, à chacunle mefme.' Con/ttl des Ordres. Le Prefident a fix cens mille maraaedis qui valent 160S. quatre ducats & 2. tealft. Quatre Confeillers, à chacun trois cens mille mara- uedis,qui font huift cens deux ducats 6c vn real. En ce Confeil fe depcfchent les lettres de S lacqiies deCalatraua, & d'AlcantaraîX)ù fe iugent auffi les Plaidoyers des Cheualiets defdits Ordres. Vn Fifcal, joo. mille marauedis , qui valent hui£t cents deux ducats & vn real. Son Commis a le mefme gage. L'Aduocat Fifcal, le mefme. Celuy de l'Ordre de Calatrauc, le mcfme. Celuy de l'Ordre d'Alcantara,le mcfme. Le SoUiciteur Fifcal, 50. mille marauedis, qui va: lent 80. ducats } . fols ôc demy. • Le Rapporteur, cent mille marauedis , qui valent 167. ducats 4. reaies, fon Commis autant. Vn autre Fifcal de S.Iacques, 60. mille marauedis, qui valent lé o. ducats vn real, & demy. Le Secrétaire du Confeil d'Alcantara le mefme. Celuy du fceau du Confeil de l'Ordre de S.Iacques 4o.mille marauedis, qui valent 106. ducats, z. reaies, & 17. marauedis. Celuy du fceau de Calatraue , jo. mille marauedis, qui valent 80, ducats 5. fols &c demy. Celuy des Regiftrcs des Ordres ftfdits,lvn pom tous 5 G. raille marauedis, qui valent 155 - ducats, tren: cehuiftfols. ^ , 1 t Celuy qui rapporte les prouifions & Cedules qui le dépefchent en ce Confeil, par confirmation du Roy a par an cent mille marauedis, qui valent 267. ducats quatre reaies. Le Roy eft grand Maiftre de tousles Ordres, & prin- cipalement de l'Ordre de S.Iacques, quand xlfefaïc quelque expédition pour céc Ordre , le Roy après fes tiltres ordinaires , met en fes leitrcs, & Perpttuel Ad- mintflrateur de S.laccjues. Copfsil d'inquifnion. L'Archeuefque de Tolède eft toufiours Inquifiteui gênerai, & reçoit de rente pour affiftet en propre per- fonne à ce Confeil 6. mille marauedis , qui font léoû. quatre ducats 4.reales,& S.marauedis/ Six Inquifiteuts, chacun dtfquelsade gage 500. raille marauedis. A vn Fifcal le mefme. A vn Secrétaire ceiv mille marauedis, qui font 267! ducats 4.reales, lequel Secrétaire doit cftte de la Cou^ ronne de Caftille. Vn autre Secrétaire de la Couronne d Aragoo.ayani de rente cent raille marauedis, qui valent 267. ducat! quatre reaies. A vn autre Rapporteur le mefme. VnAlguazil principal 30^. mille marauedis, q'i valent huift cens deux ducats , deux rcales quatn marauedis. ,, Vn Procureur des Amendes trois c^ns miUc mara uedis, qui valem 800. deux ducats , deux rciles quiU' marauedis. < ■ i En tous lesRoyau T^cs d'Ef( agne , d y a vmgrmii le familiers de l'I.iquifition , qui for.: >:eux qui acciJ fentik vont prendre les délinquants, chacun dcique. DesEftats du Roy d'Efpagne: iip 3 de rente jo. mi!!c maraiicdis, qiii valent Imitante Jiicacs, t. rcalcs, lïi i i.maraucdis. Ail Fifcal de i'Inquilîcion l'ccrctte joo. mille mara- jcdisi qui valent oOd. Jeux diic.Us i j.fols. A deux HaiflTiers du Confcil , creiite mille macsiic- iis à chacun. Au Solicifcurle mefmc. Confetl de f Inejuifîtion de Tolède. En ce Confcil y a ia Inquiliceiirs. Deu5c Sccrctaiics, VnFifcaL Deux Muilîîcrs, & plus de cent Àccufateurs. t-'i'des oii ft tient l' Intjuijînon en Ejp'igne, nquificciirs de Grenade. I Inqnifitcuis d.': Lictena. iiquilireiirs de Souille. } IiKjmdreuvs de Galice, uquiliteuis do Muicia. | Inquiiiccuts de Vallado- nqiiilucurs de Cucn.a. | lid. uquiliteuis de Logrono, j Cht>celleriesd'Effig*rei Cliancellctie à Valladolid , fouuerains de Couf. Chancellerie à Grenade, 5£ fouuerains de Cour. Kcgenc , &c Audience à Seuille , & fouueraiiis de ^o'jr. Audience en Galice, & fouuerains de Conr. Cîi.incclh'iie de Nauane, & fouuerains df Cour. Aiatjhe des Comptes sn la grande Ch.tmbre des Comptes. Quatre Maiftrcs des Comptes chacun defquels a 30. mille marauedis. Vn Fifcal, 503. mille marauedis» Vn Rapporteur , auec fon commis trois cens mille ^.atauedis. Quatre Poitiers chacun dcfquels à quinze mille laraucdis. | Trcutc Compteurs ordinaires > chacun defquels a 00. ducats de rente. Autres deux Fifcaux, qui ont 300. mille marauedis. Vu l'fand Efcriuain. Vn autre Efcriuain de la Cruzada. LeCompreur de la Cruzada, chacun defquels a 50. mille marauedis. Vn Reccueur , qui a 5. mille marauedis , qui font 57. ducats, quatre teales. Douze Compteurs nommez , qui ont chacun 150. ille marauedis , qui font cent trente trois ducats, & pttealcs. Confeil de guerre. Vn Prclîdent, ôc 4, Auditeurs , chacun defquels a de me par an ioo. mille marauedis,qui font 5i4.dacats, reaies, & iz maïauedis. Vn Secrétaire le mcfme. Deus Officiers dudit Confeil , à chacun d'eux , cin- ante miile maïauedis , qui font 1 5 j. ducats trente iSt folr. Aux deux Portiers, à chacun ?o. mille marauedis, i lont hui(îiante ducats, 5. fols (^.deniers. A vn Rapporteur 40. mille marauedisjqui font c^t Ix ducats 5 i.fols.fix deniers. On traide en ce Confeil de tout ce qui appartient guerre, ou pour fe défendre, ou pour attaquer tant mer que par terre , & aulfi des fortifications S>c luifions necelFaires aux frontières de tous les Eftats ■fpagne. Qinfeil de Camora. En ce Confeil il y a 3. Auditeurs, chacun déf- ais a de rente j. mille marauedis qui font 2.6j. du- î, 4«realcs,&d 9. marauedis. -e grand Otficial du fecret du Confeil, 5. mille ma- edis. )ci!x Portiers, chaîttn dcfquels a 30. mille mara- is. ^1 Rappotteur ,i Elpagne , com Des Eftats du Roy d'Efpâgne.' «ftans tous Gentils-hommes &: Cheualicrs : lis font au nombre de cinquantt , vingt defqucls fcruent à faite la garde en la Chan biede la Royne & des Infantes , qui eft vn fort ancien priiiilcge , ik c'eft la caufe poui la quelle les Efpagirols les nomment Momeres de ga^da. Ils font tous (orris des montagnes de Burgos , Ce ont chacun de gngc huiftante ducats. Dix-ne^f liages & vn Gouuccneur, auec deux mille ducats par an. A l'Ayde ou Commis du Gouucrneur, cent ducats, Au Chappellain huii^ante ducats. Au Maiftre d'Eftude d. s Pages deux cens ducats Au Cuifinier foixante ducats. Au loUeur d'inftrument, qui monftre à danfer fie joiicr aux Pages, huiftante ducats par an. Au Maiftre qui monftre à voltiger,quarante ducats Au grand Maiftre d'Efcrime, cinquante ducats. • Chappelie de /» Mattfté, Au grand Chappellain» deux mille ducats par an. Au grand Aumolnicr, mille ducats. A celuy de l'Oratoire, quatre reaies par iour. A quatre Chappellains de l'habit de S Iacques,i jo. mille marauedis par an à chacun, qui font J47. ducats, Hx reaies dix-huid marauedis. A deux Chappellains de l'Ordre d'Alcantara la mef me paye. A deux autres Chappellains dé l'ordre de Callatra ue, autant. A vingt- quatre Chappellains qui feruent en I Chappelie , 50. mille marauedis par an à chacun , qui /ont 1;). mille ducats fols. Au grand Sacriftain 150. mille marauedis, qui font quatre cens ducars, çS. fols neuf deniers. A quatre Aydes du Sacriftain , & à deux .autres qi> feruent en ladite Chappelie, j .rcaks par jour à cliacur Muficiens. Au maiftre de Mufique,deuxcens foixantc-fepc du cats, quatre reaies cinq marauedis. Au ma' ftre de la Chappelie, 50. mille marauedis. A douze enfans de Cœur, cenr cinquante n-iille ma ranedis, qui vàlent cent rn nte- trois ducars huid fols, laquelle paye eft teceuë par le maiftre fufdit des enfans de Cœur. A quarantf-cinq Chantres de la Chappelie, quatre rcales par iour à chacun , qui valent cinquante mille marauedis par an. Au Muficien qui tient la baftè, autant. Au maiftre qui monftre le Latin aux enfans de Cœur, cinquante mille marauedis , qui font q latre reaies pat iour, cent trente-trois ducats trente-huiét fols. A rOrganifte, autant. A celuy qui marque les notes, autant. Au Fourrier quarante mille marauedis , qui valent cent f)X ducats cinquante-deux fols fix deniers. Au Fourrier de la Chappelie, la mefme paye. Au Sacriftain de l'Oràtoirctrente mille marauedfs. Au Sacriftain de la C happelie, la mefme paye. A celuy qui accorde les Orgues & autres Inftru- nients,jo mille marauedis,qui valent cent trente-trois ccus, trente-huia fols. Au Commis de l'Aumofnier , 15. mille marauedis, qui fqnt quarante ducacs vn (ol, neuf deniers. A deux Souffleurs d'Orgues, quinze mille maraue- dis à chacun. A fix Violons, quatre reaies à chacun. A deux joUeurs de Cornet à bouquin le mefme. Chappe'Jafrs t^ut ne [truent pas. A quarante Chappellains qui font hors de la Cour, quarante mille marauedis à chacun,quivaienthuidan- ce ducats trois fols fix deniers. ni EjtHTte du Fey} Au grand Efciiycr deux mille ducats pâr an à chacun " ''"'^ '"''^^ '"araucdis par an A quatre Picqueurs vne mefme paye par an, fçauoir 167. ducats quatre relies cinq deniers A quatre Mafliers , cent mille marauedis par an à chacun. * Aux Roys d'armes , cinquante mille masauedis à chacun. Au Fourrier 4c l'Efcurie,la mefme folde. A Ion aydc trente mille marauedis Autres deux ayde, du Fourrier la mefme folde. Au Me/ï:,g.r de I efcurie, vingt mil marauedis. A cinq autres Me/Tagers, le mcfmc par an Au Fourb.lïeur de l'efcurie.foixante mil marauedis^ A fon Ayde le mefme. ^ueais. Au grand Palefrenier, cinquante mil marauedis. A quatre autres nydes, quinze mil marauedis. A quatre qui liurent la nourriture, à chacun d'iceux qumze mil marauedis. "'luiucux A celuy qui tient le grand compte de l'cfcurie , cin-^ quantc mil marauedis. ""Cjcin-; A celuy qui garde les harnois , vingt mil maraned;*' A de.x maiftres Celliers,à chacun^ 'm j marauedis. Au Cellier vingt mille marauedis. A celuy qui a la charge des felles & hnàt^, vingÊ nil marauedis * "'"S' A fon ayde vingt-mil marauedis Au ma.ftre qui fait les coches, vingt mil marauedis; Au ma,ftre qui les garnit, tout autant, /tu Doreur quinze mille. Au Plumacier, la meime folde. Au maiftre de bourique, quinze mil ràaiûuedis A 1 Argertrier vingt mil marauedis. Au Porteur d'eau vingt-quatre mil marauedis. A quatre Marefchaux.l. mefme à cW A ! A. quebuz.er, qumze mil marauedis. A : Ai mutier trente mille. A /on ayde la raelme paye. Au maiftre d, s caroiTes, vingt mil marauedis; caionl" I tient compte des catoHes, lamffme paye. •«t^ic ucs A celuy qui a la charge de porter I'Ar^.,.U 1 Roy & a fou Ayde, 4 y . mac^edis. ^ A huidantc garçons de l'efcurie , deux reaies & de my quicre à chacun. OC de- Le Roy a vingt quatre caroiTes , & chaoue Cr^nU. quarre reaies à defpendre par jour. ^«'^^^«'^ Six Litières, & en chacune deux mulets & deux fer J uueurs qu, ont de paye troii reaies par jour. ' ~ SixChariorspour le feruice de l'efcurie, à chacun defqur s fonr commis deux garçons au. nn f les à defpendre par jour. ^ ^ ' ^" M Hltterii^l Le maiftre Muletier a par an quatre censducats; oon Con mis cent ducars. Il y a cinqtia.vte mukts auec chacun vn garçon , qui a trois r^aies à de fpendre par jour. ^ Le maiftre baftier a quinze mille marauedis par at,; Sa Majefte a trt.ze valets de pied , iefquels outre leurs habits &c leurs fouliers , ont trois reaies à defpe ! dre par jour. ^f-'j^cu- Ceux qui marchent en campagne à la fuittc de fa Ma)eftc, ont le mefme falaire. ae la it à cbcun^^""" d'^nftruments, quatre reaies par A douze Trompettes /a me/me paye. A deux i;rcdicaceurs foixante mil marauedis par an. Le LonfciTeur du Roy . de gages par an 500 mille lou Des Eftats du Roy d^Efpagne. . ^ & Le Roy d'Efp.gne a pu. la cotftame de tecompen- , d-nfomhaia cents deux dacacsvn rcal & ( J^f^^ bien fait durant es guer- Ml marauedis , q-n i"»" ^ 1 fer fcs vieux loldats qui oin ui^ii » - « dcmy. . ,. c -v^nre mille ces , ou qui font demeiucz eftropiez , & mclm^ Vn autre Prédicateur particulier, foixantc mille | « ^^^^ p^lTe à leurs enfans . s'ils meurent à fon marauedis. ^, ^ > „ r a l'oyfeau. Au grand Veneur pour luy & pour fes chaOeurs, deux cens foixante mil marauedis par an. A ("on Lieutenant pour luy & pour deux autres chal- .'leurs, cent deux mil marauedis. A la féconde ayde & à trois autres chaleurs , cent dix rail matatiedis. u :A,r, A vn autre ayde & à trois autres chafTeurs huidan te mil marauedis. /- • „ A vn a.ure ayde & à ttois autres chaffeurs . foixante fix mil marauedis. Chaffeurs dans l eau., ^ A dix CkaHeuvs dans l'eau quinze mil marauedis a a" eiuy qri fait la charpcntetie neceffaire à la chaf- fe, deux mil marauedis. ChajJedtvoUtUt^. Au premier chalTeur de volail^e.cent mil marauedis Au commis de la chafre de l'Oylcau , pour luy & pour deux ieuners de fa charge 60, mdle marauedis. A la g.rde des addcelTes, pour la chalTe auec Ion ay de,& ion cheual,cinquante mille marauedis par an- Ck. 1 fleur t de l'Oyfeau a cheual. A quatre garçons qui ont en garde vn limier tren- te miUe m:^raiicdis à chacun. C^^ c^r,s jm ont en charge les Levners. A quatre 'garçons , qui ont .la charge des Levners, tre te mille marauedis à chacun. A ceux qui nourrilTcnt les Lévriers & L.miers.vingt mille marauedis à chacun. iUe marauedis à chacun. À or en champ de gueule A deux Chienetiers, vingt- quatre - ^ %cceLdeMend. . ^ 1 1 D „^=nr ,v niiatre Auaiteurs> qu» ces, ou qui font demeurez eltropiez , « .»w 1 ec^mpenfe palTe à leurs enfans . si^^s --rent à fo^ feruice Ce qui cft proprement donner courage « ub,eade bie'n faire à'ceu'x qui le leruent comme au contraire c'eft faire aller les hommes a la guerre lal- chëment.que de ne leur propolcr nulle foue de recon- "'lw"aau(ri enEfpagne beaucoup de dignitez ôc de charges qui font héréditaires , comme ceUs qm s en- ^'^ïl r; encore beaucoup de Seigneurs de marque & de titre, comme ils appellent en Elpagne, comme lont ceux qui s'enfuiuent. . . De ceux de reUfc, leurs armtmts, ultre, matfon & reuenui. Duc de Feria, Marquis de Verl^nga.Comte d Haro Conneftable de Caftille. U a fon Hol\el dans la eue de BuTos . fon Eftat à CaftiUe la vieille . aux monts , à B (cave & auterroir de Sorie.ll a de ré e 70 m,l ducats. Comte de Nieua, de la maifon de Velafco H a foa Hoftel à Nieua , Ion Eftat en la Proumce de la Kioja, ^^^r^dr;;lu^aiivned«piusn^^^ pagne.d'où font fortis les Conneftables de Caftdle. & ^plL^rs autres grands Seigneurs 6. valau.^x C p.- taines , fon extraftien ell du meilleur des Monts de B fcaye , où il y fait fon fejour. Il eft eftime fur toute UNoUffe. Sesarmoiriesfontvi.elcu,^ A deux *^meneticrs, >iiJB- M" , i A Scuill. Il y a vn Rcgent i5c quatre Auditeurs, qu . cognoiflcnt des chofes de luftice de cette ville . & de fa lurifdiâiîon. r r La nau.rve tft g«uuetnce de mefme forte. En Galice il y a vn fiege & vn Gouuerneur comme En Anagon il y a vn fiege de Régents & de Con- A V alcnce on trouue mea^ie choie, comme auffi en ^^Et pCce qu'aux conqueftes des pays que les Mo- .e. o'redoieSt jadis enlfpagne il cRoit bebm de contenir en leur deuoir les peuples franchement bapnfez . & pourchalTer fo'S"-^^ " c-ie la ReUgion n'en fuft infcAce en quelque forte,on r. ie la Ke ie>on n en uni iin-i^v-- -j^—t lelTa le co^nfe.l de l'inquifition (où l'on tient toutes- fo s qu'il y a plufieurs abus,& des cruautez fans nom- b' e )^Lè chef de ce Confeil c'cft l'Inquifiteur General, nui demeure ordinairement à la Cour. ^ U y a aufTi quatre Confeillers Ecclef.aftiques de b..nnevie,&quidoiuti.tcftiefçaoants. On co^no.ft en ce confeil des caufes es Héréti- que & l'on pouruoit le Royaume d'inqmhteurs , qui tiennent ordmauement à SeuiUe , Cordcue Léon, GrraSurcie,Calaiie.Tolede.Valladolid,Uunque «1 Aragon, Valence & Catatogne. y f ro fiours en la Cour du Roy quatre luges qu Cogn'oilTent des chofes ciuiUs & ^> ^^J^^^ paiï-ent cinq lier-cs à l'cntour , & de tout le Royaume auflTi par commiflion. . ^,,„ lU^ont fort grande au^horitc, & fpec.alement aux chofes crimineilcs.aufqucUesils P-'^-^^"-"^^,^^^; coup de rigueur , & il rr cft pas permis d appellei de leur leiiceiice. , i 11 y a trente - vn Alguazils ou Sergens de la Cour , ' .• „. .'.ce i..,i,i^.l<: nr.i ritnucnt leur UC& i cnamp ac guwu.».- De ceux de Mer,dofa, leurs armes, ttltre, maifon renies. Duc de l'Infantadgo . Marquis de Cenetc & Santi\. liana Comte de Saldagna,& Seigneur du lieu de Man- ana;es H a fon Hoftel à Guadalajara , fon Eftat à Caft S la vieille, aux Monts. ,p Royaume de Tolède, la P'otîincc d' Alua , fa rente eft de cent mil du- '""duc de Francauilla . Piince de Molite de la lignée des M^doças.U tient fon Eftat aux Royaumes de To- lède & deNaples.ôc a de rente quarante mi duc.ts. Mt^rquiVdeMondexar. Comte de Tend, la U tient fon Hoftel à Mondcxar , fon Eftat en la Proumcc d'Alcaria, & a de rente quarante mil ducats. Marquis de Montefclaros,il afa -^^^^^^^l^^^^ jara , fon Eftat en la Proumce d Alcana , ôc a de rente ''^^;i;:!r5rCagneteMl tient ^t.Hoftdàge^^^^ fon Eftat en la dépendance de ladite cite de Cuença, 8c a de tente dix mil dwcats. II Comte de Combrade de la maifon de Mendoça. H ciem fmÎ Hoftel à Guacfala jara, fon Eftat en Alcana,& " cttTic Motagudo U tient fon Hoftel à Alman- çan fon Eftat au payrd'Aragon,& a de rente feue mil '^'^ rn)nr^ d'Or^az srand Seigneur, & félon quelques- Comte d 0;g;^ j f Hoftel à Sainac vus chefde cette lignée. de rente Olalla, fon Eftat au Royaume de Tolède, & a de tente Scft fort noble , & la principale d'Efpa- ,ne onlxrraaion cft tuée d'vn grand perfonnage eigneutdeB.caye,nomm éD^ ^echefd. %y": : te-vn Algua.ls ou Sergens de la C^ur Seig^ei. ^^^ , , U plufieurs Gr.ffi.s cîimincls qui tiennent leur ficge j ^^^l^^lX^^, , ,,,, ,ne band. trauerfie^ d à part, ik. aulTi la pnl4)n. j - S Des Eftats du Roy d'Efpagne. gueuleSf des tarres de gueule en champ vert, 8c aux deux codez frint efcritcs ces paroles. Ah* gratta plerm. D*t EnritJutSifir du tiltre ejue fe donnent ces Seianeurs. Duc de Medir>a de Rio feco , Coaicc de Modica, Vicomte d'Efterlin. 11 tient fa maifon h. Valladolid, fon Eftat en la Prouince de Campos, & eu Catalogne, & en la Sicile,5c a de rente cent mil ducats. Duc d'Alcala de les Gauzules Marquis de Tarifa, Comte d'Ornos.U tient fon Hoftcl à Scuillt, fon Eftai «n i'Andaloufie,(^ a de tente huid miile ducirs. Marquis de Villcneufuc Del Rio , ylFu de ccfle li- gnée. IltifntfonHoltelàSeuille, fon eftat en tllre- madura & a de rente zz, mille ducat$. Marquis d'Alcanizes. Il cft pareillement de cette lignée, & a de rente i u mille ducats. Comte d'Alua de Lifta. Il tient fon Hoftcl à Ca- inQr,(on Eftat en Caftille la vieille,&: en Ëftremadura, & a de rente trente mille ducats. Comte de Fuentes, il eft de la maifon des Ehriques, tient fon Heftel à Salamanque , fon Eftat à Caftille la Tieille, & a de rente lo. mille ducats. C'eft vne famenfe lignée en Caftille, les defcendans de laquelle font ylFus de la Maiftrife de S.Iacqucs,fre- re du Roy Don Pedro le cruel , 6c d'vne Infante de France. Ce Don Enriques mit â mort fon ftere Dun Pedro le cruel, ôf depuis i*c fit Roy. Ses armoiries '^ont vn efcufTon my-party , en haut deux chafteaux en champ de gueule , & en bas vn Lyon rampant en mef- me champ. De cette lignée eft yftu l'admirai de Caftil- le, le Duc de Medina de Riofeco. De çtux de la Ctrda, matfon Royale-, ^ du tiltre t^ut /o dtnnem les Se'gntms de ce(ii l.g'jée, enftmblt de leurs armes , rentes éf de leur n.Mfon^. Duc de Medina Celi Marqujs de CogolIudo,Cora- te du Port de fainde Marie. Il eft Le chef des Ccrdas : Leur Hoftcl ett à Mcdma Ceii, leur Eftat au Ro)iaumc de Tolède & en l'AndalouiiC, & la plus part du temps ils font leur demeure à Seuiile : il a de rente chaque année quarante mille ducats. Le Comte de Gdues eft de la lignie de Cerdas , 5c a de tente éo. mille ducats. La lignée de la Cerda prend fon extraftion de deux maifons Royalles de Caftille, & de France, comme on peut voir en la Généalogie du Roy d'Efpagne , & en i'hirtoire de S.Louys Koy de France. Les Ducs de Me- dina Celi, font ylfus de cefte noble lignée. Les armoi- ries font vn efcu efcartellé : aux deux coftcz du chef, & du bas, tant à main- droiâie qu'à "luche , font les armoiries de Caftille , 5c aux aurtes deux , celles de Francp.Cellcs de Caftille font yn Lyon & vn chafteau. j Le Lyon eft de gueule en champ blanc , Se le chafteau i piuputin en champ de gueule : les armoiries de France ' font trois fleurs de Lys d'or, en th imp d'azur. 2)f j Mannanesy leur ttltres, leur maif$n (jr rente. Duc de Nrjera, Conue de Valenceî& de Triuigno, chef de la lignée dfis Manriques > il dent fon Woftel à Najeta , fon Eftat en la Prouince de la Roja, & a de lente 40. mille ducais. Marquis d'Aquiiar.Comte de Caftagneda, de Man- liques dcLlata li tient fon Hoftel à Cartion des Com- tf s, fon Eftat a*u Royaume de Léon , & en la prouince de Campos, & a de rente 40. mille ducats. Comte de Paredes de cette mefme lignée. Il tient fa maifon à Paredes , fon Eftat en la Prouince de Campos, & a de rente iz. mille ducats>; > x*' V L on tient que le valeureux & ancien Comte Fer- nand Gonïalez de Caftille eft forry de cette lignée , & c'elt de liiy que font ylîus les Ducs de Najera en Ca- It.lle. Ses armoiries font vn elcullon auccdeux chau- dières no\rfs;à chaque cotte defqnellesfe voycm qua- tre tcftes de fcrpent en champ de gueulcii*i* aiiu. I2J De ceux de £ordoue, leur tiltre, maifon dr reuenu. Duc de Sefa, Comte de Cabra,ôc de Baena • G'eft le chef des CordoUas.ac d'Aquilar.fes Seign^u-s ont leurs Hoftels à Cordoue,& a Grenadcleur Eftu au Royau- me de Naples,& à Cordouc.Leur ren,te eft de feptante mille ducats. Cette noble lignée eft yf]j^' des Seigneurs de l'An-l daloufie, nommes Fernand Nunez , & Aluar Perez ' D iceux font fortis plufieurs grands Caualiers , & en^ rr autres vn grand Capitaine nomme Gonfalc Fernan- des de Cordoue, fon fucceflTeur en valeur, & en Eftar fes armoiries font fepc barres d'Aragon , & la moitié ■\ vn ecuftbn en bas,où fe void la tefte d'vn Roy More ! jttache en vn piDier auec vne chaifne, & treize barrCs âlencour pour trophée. De ceux de ToledeMr tiUre,m^i(on ^ ^vte Duc d Alua & Guefca,M.rquis d^ Coria. Comte de Sauueterre, Vicomte de Salizes , & Seigneur de Valde Corneia de la maifon de Tolède. I| tL fon Ho(b! dans Alua & fon Eftat en Caftille la vieille, en Portu^ gai Se au Royaume de Grenade.fes rentes font de hui- Ctante mille ducars. »ui Marquis de V ilk-franche. II tient fon Hoftel à ViK le-franche, fon Eft.c au Royaume de Léon , & de Na. pies. & a de rente vingt cin^ mil ducats» " ' Tc^Tl ^^Ï^'^T de Mofcofo &dé • Comre d'Oi-opefa de la maifon de Tolède II nVn« V'^"^^" '-^'^ au^RoyalTd" 1 oipde, & a de rente vmgt-cinq mille ducati ceodus d vn Cauaher nommé Don Eftiennc Illan frère d vn Empereur de Grèce , qui palTa es Caft ile pout donner fccours au Roy de ce Royaume,con e les Mo .es.ac s arrefta en iceJle De cet^e lignée eft yOîi ie Di?; d Alua.Leurs armoiries font vn écuftbn,auec quinze f chèques dazur,& de blanc.enfemble ^.bannil^"^^^^ ctophee a Pentour par eux gaigpées fur les Mores/°"' JJe ceux de Cuntgua , leurs armes , tnrey I p. matfon ^ rente. nalcaur JX'^^!'?^' ^omte de Bé- na caçar . c eft le chef d.s Cuniguas . & de la l-gnée de Sorp ™.,or U cent fon Hoft- 1 à Seuille, & à vlr foiï tftat a» Royaume de SeuiUe, & a de reme chaau; r. née feptante hu-d njiije daca^s. Marqnis d' iym^nt de h lignée de Cuni^as & tom.jor. Il ,.enr fon Hoftd a SeuUle ; de^en« vjngt-cinq mille ducars. * Marquis de Vnla Manrique de la m.ifoa de Cutii- gas. Il , de rente quinze mille ducats. (^omte de Mir indr. de la lignée de Cunisas II eft cluf des Aue!l.ndas , tient fo'n HoftcJ à ^ " Ji^ Cette hgr.ée eft yflTuë d'vné Infante de Nauarre , & en GaftUle Je Duc de V .Ja. y eft grand C.mm nd ut Ses armoiries font vn éculfon,aucc vne barre .oire tral uerfiere en champ blanc , & au bord les chaiiîies d« armoiries de Nauane. "^s aes Des Bar: ailleurs armoiries, tiltre, maifon dr rente Duc de Gandie , Marqius d. Lombay, chef de la li- •gnee des Bor.as. Il tient fon H.ftel & Eftat auRoyau-' me de Valence, & a de rente lo mille ducats. ' Marqms de Nauarre. Seigneur de Moncefa, delà ugnee des Barias, il a de rente . ; . mille ducaxs. Cette lignée eft ylluë de Valence : d'icelle font ylh^ de g.anJs Seigneurs , & entre autres le Duc de Gandia . Seigneur de Montefa : fes anciennes ar- T^ouies font v„^ yache^pa.irant ['herbe verte en champ Je gueule , & au bmd d« gerbes de bled en champ de 114 Des Eftats du Roy d'Efpagne. ftillc. Us portent pour atmoities vn cculTon aucc deux .chaudières de gaeale , & au bout de deux ances deux ... Jc^.<: T „r de Var-teaes de 'erpent en champ blanc: les bordures font de D„, ae Med.n3 S. on M^^^^ ^^^^^ /écus.auec les^éculfon, de Portugal. Ja, Comte de Nubla.chet des i.uzm f ^ ^^^^^^^ 'Des Gi4Z.mares: leurs armeiyttllrt, ma'foru (*; rtntt. Îom'h 'ft I à ScuUle , au port de S. Luc de Varrameda, fon tft.c au Kcyaume de Seuillc . & a de tente cent Marquis d' Ardales.Comte de Tobar.de la hgnee de Guzman . il tient fon Hoftcl à M.lagua . fon Eftat en Andaloufie, & a de rente quinze mille ducats. Marqms d'Akaua des Guzmanes. Il tient fon Ho- ftcl à Stu.lle, Ion Eftat Andaloufie, & a de tente quin- ze mil ducats. . , „ • v /-.ailU Cette lignée eft fort noble . & ancienne a CaltUle, «arce qu'elle crtynuëd'vn fameux Roy Gotli , nomme ^andiire. Hufieurs généreux Caual.ers font fort.s d'icdle , & fpecialement le Marquis de MedinaSido- nia , k Marqui. d' Ardales . & k Comte d'Org .z. Ses armes iont vn é ,u composé de deux chauderons de gueule , auec quatre certes de ferpenc à chaque ancre, les bordures font de huiét hermines. De lumaifen de Cor doue, fts armesy ttltUy h'-ftel&rerte. Marquis de Bieta de la lignée des Cardonas , tient fon Holtel àFlerena,ik fon Eftat en Eftremadura. lia de rente quinze mille ducats. u.C a..C^t Duc dr M.aqueda . Marquis d'E che, chef des Car- onas.Il t.e„t Ion Hoftel àToledcfon Eftat en ce mef- ,.":;:ql f .le eft ya.Àe la nob. fam^e d'Ar,^u en ^ La me.^ es ^ Des Gtrotify leurs armes, tUtre, maifon- ^ rente. Duc d'Ofîun, Marquis de Pegnaficl , Comte d'Vre- na,chef des GironsJi tient fon Hoftcl à Pegnafiel , fon Eftat au Royaume de Seuille Ôc de Caftille,& a de rea- te cent mil ducats. ^ , r Ceux de ce lignage font ylTus d vn fameux Caua- lier, lequel combattant en vnc bataille contre les Mo- res , fauua la vie à fon Roy . mettant la fienne au ha- zard.En mémoire d'vn fi généreux exploift.&ahnqu il fuft reconnu d vn chacun, le Roy luy couppa les bal- ques de fon harnois. Ses armoii ies font vn ccuffon.à trois quarrez,! main droite en haut vn Lyon de gueule en champ d ar- gent, à la gauche vn chafteau d'or en champ de gueu- le, & au quartier d'erabas trois coignées , & pour boi: dures trois échiquiers de gueule. Des Ponces de Léon , leurs armes , «»/irf , mat fon (è" rente. Duc d'Arcos, Marquis de Tara, Comte de Marche- na.chcf des Ponces de Léon. H tient fon Hoftel à Se- uille. fon Eftat en i'Andaloufie , & a de tente quarante mil ducats. , i Comte de Baylen des Ponces de Léon. Il tient Ion Hoftel a Baylen , fon Eftat au Royaume de Léon, & a onces de Léon eft fort ancienne 5e Fnrte D'i rlle iont ! S. oneur.sd. ttn aique.Scsancitnncs Hc.is de ^^^:;:^^,^^:L re l^né-erLeursarmes ronc vn écu my-party. A main dt.i'b.T.,-tffu. Charlcmagne elles rur & ; „n T von de pueule en champ d'argent, a gau; trois ch . dut.i vuts en champ d.- gueule. qy s t .gaeroa», leurs arrives, tUtre, matfcru rente. droidte vn Lyon de gueule en chawp d'argent, a gau; che cinq barres pareilles i celles d'Aragon, & pour les bordures huid écuffons d'or ep champ d'azur. ■ X. cTpC fra chef de la lignée! De la Royale matfon d'Aragon, leurs armes, DucdeFcua.Maïqu.sdeC.ha.cher g ' ultre,ma,M& rente ^csF.giKro.s. llt.cntlamaifonàCafra.lonEftaU fft, nVduia.fcc a de rente 40. mil ducats. tilire, maifo» & rente. Duc de Villa Hetmofa, Comte de Ribagorça , chef - ' " fon . P "Tcioneu d -aifon d'Agui, ' des Aragonois. Il tunt fon Hoftcl à Sajragoll , M... qu.s ot Phego , Sconeur de a b ^ ^ en Aragon. & a de rente vingt mi le ducats. . oc la Iguéc des de Co L.ë. & a de i Cette lignée eft très- illuftre & noble en Efpagne. au Royaume de CordÉ) S d'Aragon.d'où font fort.s en ce CA-)idc'i e, foii Eftat n enie éo.mil ducats. . r,Hrr &eftlaprin- Royaume plufieurs grands Caualiers. Ses armes Iont M. aie aect ixuy . Çpç armoiries font cinq autres de gueule. v«ands Seigneurs en Efpagne. Ses armoir ^ ^ & ^^^^^^ ^^^^^ armoiries, filtre, matfozu tVdilles de figuier en champ blanc ^^^^^ De eeux de la Cneua , leurs armes, Ultre» Paftrana.Prince d'Eboli.chef de la lignée de „ """^""^f.roulîde Buelma & Cuel- Siluas. U tient fon Hoftel à Madrid , fon Eftat en Al- Duc d'Alburqucrque . M^^^S»"^^ , ^ „• & ^ ,ente foixante mille ducats, lar. Comte de Lc;ac(ma , che^^d^s Cu as^^^^^^^ "Te Marquis de Montemajor eft pareillement ylT. Eftat en Eftremadura & en Caltille, les sent ^^^^^ ^ ^ ^^^^^ ^^^^^^^^ ^^^j 46 milducats. u 1. Kanfp des Cueuas.ll tient cats. ^ t, nii-r^ Marquis de Ladrada de ^^^f ''^^^^^^^^ je To- , Le Comte de Cifuente qui tient fon Hoftcl à Te fon Hoftf l à Ladr.,da . fon Eft.t au Royaume | ^^^^ ^ ^^^^ ^ ^^^^^.^ ^ ^ ^ ^^^^^ ^^^^^ ^^^^ fcrpent ou dragon. • Dfs Pacheccs, leurs armes, ttltre, mai/tru Duc d'Efcalone.Morquis de Moya.Corrite de Samdt Eft-rnne.ctKfdesPachccos. llt.entlon Holtcl à To- lède, 6C ion Eftat au Royaume de Murcia. & Mancha. fcs rcntt s ioni tent mil ducats. Ceux de cette lignée font rlVus de Portugal, enfem- hic i« Ducs d'tlwlone , Marquis de V,lcna de La- portent poui champ d'argent. Des Oforits , leurs armes , ttltre , mat/oîu rente. Marquis d'Aftorga . Comte de Traflamara , & de Sainae Matlhc. Il eft Seigneur de la i7,ai(on de Villa- lobos. & chef des Oforios. Son Hoftel eft en Aftorga. fon Eftat au Royaume de Leon.ôc a de fente cinquan- te mille ducats, ^^^j^ Des Eftats du Roy d'Efpagne. Ce !ij;iiagc clt yllii de Don Curia , Seigneur dr Bif. ciyc, du^jucl fonc drCccnJus hs Mirquisclc Carpio. Comte d'Oforio , chef de cet ce lii;t ici', Ôc ^k- Mmui qiies. Il tient ("on Hoftd à Valladolid , fou E(tai à Cs ffille la vieille, C fon Eltat en la Prouince de Buieba, & a d>' rente vingt mille ducars. Marquis de Dcnia\ Comte de Lei ma , chef de lo . Rojas. Il tient fa maifon en Dénia, Ion Ellat en Caftil le la vieille, & a de tente 4$. mille ducnts. Marquis d'Alramircs de la lignée du ios Rojas. H f de rente quinze mil ducars. Ceux d<; la maifon de Rojas font fort nobles & h jneux en Caltiilc. Leur (cjour ordinaire efl: à Biuenc. prcs de Birniefca , & c'eft d'où cil yifu !c Marquis ck Poxaileurs armoiries fonc cinq crtoiks d'uzur en cham[ de gueule. 'Dt ctséx de Cajlro, leurs armoiriis , tiltre , maiforu ^ rent^. ^ Marquis de Sarria, Comte de Lernos, de Caftro, de Villcncufve, Ôc Seigneur d'Vl'oa, chef de la lignée de ios Caltros. Il tient fon Hoftel à Montforr de Lemos ,& en Sarria, fon Eftat au Royaume de Galice, ôc a d tcrtc foixantc mille ducats. De ceux d'Amla , letars arinmrits , tilfre, matfoit rente. Marquis de las NaudS, chef delà lignée dfs Auilas; Il tient ion Hoftel dans Auiia , fou ElUc en ce tcnitoi- it,& .1 de rente quinze mil ducars. ^ Ceux d'Aiula fonr leur demrjure en la mcrme ville ^'Auila. Ils (ont ylFus du noble Comte Don Blaife, lequel du temps du R.oy Don Alonfe VI [I de CuAil- 'c , fe rendit fort fameux & figua'é en la giîcrre contre ies Mores, où il « ftoic General o'annéc. De ce lignage '■ {\ viL; Ir Marquis de Nauas. Il porte pour armoiries vo érutlon , auec treize ronds d'azur en champ de gueule. De ceux de Certes, leurs armoiries, tiltre» Marquis dcl Vaile e ft fils de cet Hernànd Cortes^ qui conqufftala nonuclle Elpagne. U tient fon Hollel à Mexico, (on Eftat en lanoaucde Eipagne fufditej6c a de rente Cent cinquante mil dui.ats. Ce lignage eft forry d'Aragon , & d'icelt.y font def- i\ cendus piiiiii-ursfamaix Caualicrs eu £ pagne, & en- cr'.Mittis le Marquis de Valle. Il porte pour armoiries vu écuiron écaitelé aux deux codez du < h' f, à maaï droide fc voit vn aigle dan> Ton nid, & à l'auîre cofté ft cépeinte la ville de Mexico , auec 8. teftts enchai- nces,uux deux dembas vn Lyon rampant de gueule,eii De ce lignage cil yllu le Marquis de Sarria , &; If Comte de Lemos. Il eft h noble & fi ancien, qu'on le tient eftre defcendu d'vn fignaic Capitaine nomme I chait.p 4'aigent, & crois couronnes d'or en azur. Ct.Mhnius , qui fut le premier lequel en la journée de i Des Terahoi , lems armes, tttre , mmjon^l l-haiiale alla donner courte Pompée. Layn Caluus en | rente. * cit pareillement defcendu, qui tftoic l'vn des lugei qu'il y auoit anciennement à Caftille deuant qu'elle fuft gouuernée par les Roys. Ses armoiries fooc vn ef ci!(ron,auec cinq ronds d'azvr en champ d'argent, Lui icfidence ordinaire tft en la Gal'ce. Des Rtherat , leurs armes , t titre, mai [cru <^ reii!e_,. Duc d'Alcala de ios Ganzuies , Marquis de Tarifa, Comte de Hornos , de la lignée des Rib^ras , & des Hentiques. Il tient fon Hoftel à Souille , fon Eftac en l'AndaloiUie, & a de rente 8g. mil ducats. Ce lignage eft ylFu du Royaume de Galice. En Ca- ftille les Ducs d'Arcala, &c leurs deuanciersj fe rendi rent fort fignalcz au feruice de leur Roy, contre les Mores,où ils s'acquirent beaucoup d'honneur par leurs mtmorables viékoires. Us portent pour armoiries vn écuilon à trois barres vertes en champ de gueule. Des Pimenteles , leurs armeines , tiltre, mai fon ^ rentz^. Comte de Beneuent , chef de la lignée des Piroen- tcîes. Il tient fa maifon à Valladohd , fon Eftat en la Prouiiicc de Campos , & a de rente douze mille du- cats. Celte lignée de los Pimenteles félon l'opinion de pluiîeurs, eft vftuë des Royaumes de Portugal, de Ga- hce & de Caftille. Elle eft en grande eftime en Ef pagtie, ôc les Comtes de B;neuehi en fonc defcendus. Leurs armes font vn écufton écattelé : Aux deux chefs d'en haut , tant à main droi(^e qu'à gauche fe voyent les armoiries d'Arragon , & aux autres deux d'en bas à chacune d'icelle cinq bannières d'argent en champ verd. De aux de Haro , leurs armoiries , tUtrZj, maifon (fr rent^. , Marquis de Carpio , Comte d'Adamus., de la li- gnée de ios Haros. Il a de tente vii'gc - quatre mille «lucais. Marqins de Falfes . chef des Peralras. Il tient foti hoftel a Marcilla de Nauatre, parce qu'elle luy appar- tient, fon Eft.t au Royaume de Nauarre, & a de rente lix mu ducats. Ce lignage eft fort noble & ancien en Efp-,gne, comme eftanc descendu du Rovaume de Naurrre ? & des Roys de cette Couronne , d'où fonr yffus encores^ en ligne droide les Marquis de F. '(es.llsportent pour armoH.es vn é.ulFon.auec vn grifFon coio>é en champ de gueule, & pour bordures quatre petits écus, enfcm- ble les armes de Nauarre. De ceux d'JgutUr, leurs armes, titre, maifon & rente. Bien que le Duc de Sefa foie de Cordouë , Aguilaf ne laifte pas d eftre le ch- f de cette lignée , Comte de Cabra, & de Baena. Ses Holiefs fonc à Cordocë, fon Eftat au Royaume de Cordouë &c -de Naples. il a de rente feptancc mil ducats. Marquis d'Aguilar, Comte de Caftagneda , des En- riques de Lara. Il tient fa maifon à Carrion des Corn- ptes.fon Eftat au Royaume de Leo„, & tn la Prouince de Campos, & a de rente quarante mil ducats» Cet ancien hgnage eft en Caft.lle. Il eft ylîu des Marquis de Phego , fcs deuanciers leruirenr les Roys de Caftille contre les Nauarrois , aux guerres qu ils eurent contre les Mores, fur Itiqutls ilsg^gner^nt vue mémorable vidoire, auec les titres de S.^îgncurs d'Auilar de la Froncera. Ses armoiries fonc vi^ aigle noir, tenant vn écuflou auec rrois barres coic;iées crt champ de gueule. Des Fajttrdos, leurs arrues, tiltre , maifon & rente. Marquis de Vêles & de Muia, chef des F^j irc^os, U tient fon Hoftel en la Cite de Miucia , & a de rente cinquante mil ducats. De ce lignage font de tour temps vlTus les Gouucr- iieuts de Murcia, Se de ieq,r Royaume. L 5 u6 DesEflatsduRoyd'Efpagne. L'origine de cette lignée eft foctic de Galice , a S Marthe d'Hartigiicxa. Ce fat de cette mailon qae Toi- ticvn valeureux jeune homme , lequel pour s'acquérir de l'honneur s'en alla au Royaume de Murcia , Se la Raia,u plufteurs vidoircs far les Mores.pour le feruice du Roy de Caftille.Pour ce faift d'armes, outre les re- compenles qni hiy frircnc f iiftes , le titre de Vice-Roy du Royaume de Murcia luy fut encores donné, d'cù font fortis ks Marquis de les Veles,c6me on peut voir en la grade EgUfc de ladite ville, où ils ont leur Chap- pelle.aucc leurs 3rmîs,qui font trois plumes,& au dcf- fus d'icclles trois orties en champ d'argent. Des Fiamontts, Itnrs armes, tUires, maifon, (i; rtnte. De ce lignage font ylfis les Conneftables de Na- uarrcleurHoRel cftà Pampclunne,leurEftat àNauar- re-&: leur rente eft de vingt mil ducats. Cette noble ligaés eft à N luarrc , ôi c'eft l'opinion de plufieurs qu'elle eft ylTiië d'vn Charles Roy de Fran- ce. Ses armoiries font vn efcu écartdé.Sc faidt en échi- quier d'azur & d'argent. Des Paertos Carrctos, leurs armoiries, tilire, mtttfon & rtnte. Marquis d'Alcala de loanes de Horta, 11 eft y.t» a kNauatte.Ses armoit es font ïnefcaffon auec vu efcu auec deux d..nd,eres en chau-p de gueule. & , ^ [^f^/^J'^^j^ _ h„„i„„ J^^g^n, en .lu- cune, auec quarrez d'argent. Dei Ayilofi leurs armes, tiltre,maifon & rente. Comte de la Gomera , chef des Ay alas. Il a de xente quatorze mille ducatSi Ce noble lignage eft yffu des anciens Roys d Ara- gon : plufieurs grands perfonnages en font fortis, & pour bordures S.petitcs chaudières d argent en champ d'azur. ^ ■ Des Cardenas, armes, tiltre,maifon, & mte. Comte delaPueblaChcf des Cardenas.Il tient fon Hofttl à Lletena, fon Eftat au Royaume de Cotdoue, ôc a de rente fcize mille ducats. Ce lignage eft fon nobl'e en Caftillc.fa demeure or ^- ''KfsuZ r> 'rorXf o;T£s1« !„;;'ai;re7de;? v-aleutéux folda. «quels ay.ns g.- dmaite eft a S. Milan en la Rio)3 , u u rrrtain oavs au feruice de leur Rot , ils le de- '^''r^'rion.fSTn'ct.pdeg r xv s font deux loups d ..zur champ^ uc g r=,.,aliers eftoient parauanc nommez pour bovdurf s hui£t Croix de S. André. Des Jchvm, leurs armes, tiltre,mat/on & rente. Compte de Buendia.feigneut de Duegnas,de la mai- fon d Acuna. H tient fon Hoftel à Duegnas , fon Eftat en la Ptouince de Campos > a de rente vingt mille ducats. ment. Ces deux Caualiers eftoient parauanc nommez Blafque & Blafquez. Le Comte de Fucnfalida eft yfti» de cette maifon. Ses armoiries font vn efcu aucc deux loups de fable, en champ d'argent , & pour bordures hui*f Carrtllos, leurs armes, tiltre, mai/on é rentt_,. . Le Comte de Luna eft le chef des Q^gnognes. Il | Le Comte de Pliego, de la maifon dcsCatr.Uos, & tient fon Hoftcl à Lcon , fon Eftat au Royaume de I Mcndoça. Il (tient fon holtcl à Guadalaiara, & fon Léon, & a de rente vingt mille ducats. irn. _ . ^ . C'cft vn ancien liguage en Allurie , qui fe nomme de los Vigiles , lequel eft fort noble. De ceftuy-cy pro- cèdent les Quignones au Royaume de Léon , tk d'i- celuy le Comte de Luna. Ses armes font vn efcu auec vn faifceau de fleurs bleuës & blanches en champ de gueule. Dis Az-tuedêSyleurs armes, tiltte,m tient fon hoftel àSaragoce, & fon eftat au Royaume d'Ara- gon. Il a de rente fept mille ducats. Cefte lignée de ,Luna fait fa demeure au Royaume d'Aragon , & cft fort noble. D'ice^e font ylTus plu- fieurs fignalez perfonnages j & fpecialcraent don AI- uarode Luna , lequel du temps du Roy don lean fé- cond, fut grand Maiftre de fain£fc lacques , &c Conne- ftablede Caftille , mais la fortune luy fut autant con- traire , comme elle luy auoit efté au commencement fauorable. Ses arme* lont vn efcu d'argent, & rouge auec vue demie Lune en champ de gueule en bas. Des M ex I as, leurs armes,t titre, maifon ^ rtnte. Le Marquis de Ja Guatdia , Comte de fainâ:e Eu- phemie , chef des Mcxias. Il tient fon hoftel à Sala- manque , S<. fon Eftat à laën. Il a de tente quarante mille ducats. Cefte li î^nee ptocede de Galice. Ses armes ^nc vn efcu auec trois barres azurées en champ rouge. Des Vltas, leurs armoiries, tiltre, mai/on cr i^enie. Le Marquis de la Mota eft de la lignée des Vioas en Galice , proche de la riuiere nommée Vloa. D'fccelle font fortis plufieurs preux Caualiers. Il a de rente fei- ze mille ducats. Ses armes font vn efcu auec fept quap- rez , & en chacun d'iceux deux bandes colorées en champ rouge. Des Arellanos,leurs armes, tilirt,maifon (fr rente. Le Comte d'Aguilar, chef des Arellanos, tient fon eftat en la Prouince de la Rioja , & a de rente quinze mille ducets AVTRES LIGNEES DESQUELLES nous n'auons peu fçauoir leurs tiltres & rentes, ncantmoins nous ne lairrons pas de defcrire icy leurs armçs ; félon l'ordre que nous venons de fui- ure, parce qu'elles fout des principales d'cfpagne. ' Armoiries de la lignée de CaftiUt. CEujf de cefte lignée defcendent de la Royalle maifon de Caftille. Leurs aimes font vn efcu party en quarrc,en bas vn Chafteau de fable en charao de gueule^ & atixcoftez denhaut, deux Lyons d'or en chanjp de gueule. ' * A rmei de ceux de grenade. Quelques Caualiers font yiîus de cefte liVnée eti Efpagne, & entr autres les Abencerrajcs fort renom- mez . lefquels font défendus du fang Royal des Roys de Grenade , leurs armes font va efcu , auec vne gre- nade en champ blanc. ° • Armes des Âualcs. Cefte lignée fut fort prifée en Efpagne pour vn tenips. & fpecialementàN.,uarre, d'où prit fon ex- traétion cefte maifon. D'icelle font fortis plufieurs fignalez perfonnages : mais iceux ayans encouru W difgrace du Roy, par l'enuie de quelques - vns, ils s'en allèrent en Italie, oh ils s'acquirent vn fi grand renom par leurs exploids d'armes,qu'ils prirent pour tiltre le Marqu.fat de Pefcara. Leurs armes font vn efcu, & ^ . . ^"chafteau de gueule en chamnaTiir^ /i. Ce lignage tient fa demeure à Nauarre. Il eft fort bordure des quarrez rm,ges& blancs^ Armes des Manuels. Plufieurs généreux Caualiers en Efpagne , font dé- ceodus de cefte lignée, laquelle prend fon extradion dvn fils du Roy don Fernand nommé don Manuel. î.es armes font quatre quarrez. deux au chef, & deux en bas , à chacun defquels eft vn bras auec des a fles. & vnc efpce en la main en champ de gueule , & les bras verds. & aux autres deux , deux Lyons de gueule en champ d'argent. Gcftuy- cy porte des aifleî po ,c demie , parce qu vn Séraphin apparut à ia merc eftanc enceinte de tuy. Armes de ceux de T mar* Lec Ducs de Feria font yffus de cette lignée , lef- quels tiennent leuts hoftels au territoire de Treui^no Us portent pour armes vn efcu auec vne barre de gueule trauerfiere,& aux coftez d icelles deux teftcs de ferpenrs de gueule en champ d'azar. Le Roy don Abnfe leur donna cefte barre , qu'i! gaigna aux Alac ziras , parce quVn Caualier de cefte lignée ferendiC lorc renommé en ia conquefte d'icellcs. _ O" — p~ — ^. .... ,v..u prifé pour fa noblelTe. Ses armes font vn efcu party au large , la moitié azuré , & l'autre nouge , & poui la bordure neuf fleurs de Lys d'or en champ azuré. Des Benauides,leurs armes,tiUre,maifon rentel Le Marquis de Fromifte,de la lignée des Bcnaaides. Il tient fon hoftel à Fromiftc, fon Eftat en Carapos, & a de rente dix mille ducats. Ce lignage procède de Galice. Il porte pour armes vn efcu , auec vn Lyon rampant & trois bandf s blan- ches, trauerfccs au milieu, en champ rouge, & le Lyon colore. D.t Autllanedas,leursarmes,îiltre,maifon (fr rente. Le Comte de Riuadauia de la maifon des Auellane- das. Il tient fon hoftel à Valladolid , & fon Eftat à Ga- lice. Il a de tente fix mille ducats. Cefte noble lignée tient fa demeure ï Caftille la A * ^ ^ "'^^ '^^ ^'^''^y^ ' '^'^^^ iu- cifdiétions. II porte pour armes vn efcu de gueule. luec vn loup de fable, & pour bordures huid croix de >. Andrc, rouges en champ coloré. uS Des Eftats du Roy d'Efpagne. jirmtsdeceuxdeS^nàcml. Ccfl- r.o'ol. Itvcc t.ctn Ton hofte! a Treuigno , 6c t,rend Ion rxrradtion du Comte de Lcmos grand lu- eneur de CaftiHe. Ses arm-s font vn efcu auec vne baire de fable à crauers en clv^mp de gueule. yirmes de Mt»*ft^ Plufieurs grands fcigneuts font yffns de ceftc lignée, & font eiicotes pour le ioiud'hny leur demeuie au Portugal. L'hiftoite raconte que cefte lignce cft dc- cendue d'vne Infante fille de don Ordogno , Roy de Léon , t]ni fe rrw.ia auec Tello de xManeles. Ses aunes font vn efcu en champ de gaeul* s. Armes des Ch^cortes. Cefte lionce dei Chaconcs (ft yd^ie des nobles , & anciens d'Elpagne , & procède de Galice. Ses arrr.es font vn efcu par-y en qn.uve qoatticts , (çauoir au chef, au bas , à main dro-dc , & à gauche , deux loups de ta- ble en champ d'argent , & aux antres deux , à chacun deux flcuts de Lys d'or en charrp d'azur. /ifmes àeceux deBfuero. Cefte lignée fait k demeure à Galice en vn lieu nomme lainfte M.uthc d'Orcigucra. S'-s armes (ont tro-s faifccaux d'otties vertes ondoyantes en champ d'argent. Armes de PadtUtu. On dit que ceux de cefte lignée font leur demeure à Treuigno, Ôc qu'ils font ides i'vn ancien nomme Godo. Us ont pour arrr.es trois giiUcs d'argent , auec trois demies Lunes à l'entour en champ d'azur. Armes des LtyuM. Cefte lignée eft l'vne des plus nobles, & principal" de Caftille , & pUifieurs généreux Caualiers (ont loi tis d'-ctUe, lefqnelstant es guerres naualles , comme es batailles rangées ont eu de grandes charges au leru.ce de leurs Roys. Ses armes font vn efcu auec vn a. - fteau ondoyé de flots colorez en champ ûazur, & le champ de l'Efcu eft de gueule. Armes de les Ntgms. Cefte lignée eft fort prifée en Caftille , & dit - on ^ on'. Ile e(î décenduë d'vn l.,f.nc,fils du Rcy non Alon- . fe, qui fe nommoit Pair de l'Empereur. Pluneurs Ca- ; uah' rs (ont fort-s d'icelle à Tolède, Se en fon Royau- me. Ses 3trî:cs font vn efcu , auec fept fl<:urs de Lys d'or, en clxamp d'azur. Armes de ceux de Solu. Cefte lignée- fait fa demeure aux Afturies d'Ouiedo. & procédera' vn enfant de ce Royanme.Ses armes (ont vn (oleil de gueule en champ d'argent. Armes de ceux de V era. Ceux de cefte lignée demeurent à Galice , Se font fort priiez, b.en que pluficurs Caualiers d entr eux foient pall<.z en Caftille , &c prindpaler^ent en Eftre- madure. Leurs armes font vn efcu auec des fleurs azu- rées en champ d'argent. Armes des Vantgas. Plufieurs valeureux Caualiers font fortis de cefte lienée. Leur demeure eft au Portugal & Gahce , bien ^ que la plufpart d'iceux , viue pour le ioutd huy a Ca- , ftillc , leurs armes font vn efcu auec tiois barres d ar- peut en champ d'azur. ,i Armes des FonfecM. ^ CesFonfecasIont lortis de Portugal : cefte lignce eft fort noble . quelques-vns d'icelle palferent en Ca- ft,lle L( uts armes font vnefcu auec cinq cftoiUes rou- gcs en champ de gueule. Armes des Valdts. A rr.es drs M^ldon.id-s. Ce lignage fait fon Ujour ordinaire auRovaume de Galice. Ses arrties-font vri efcuîlon auec cinq fleurs de Lys d'or en ch.imp coloré. Arrnfs d:s Qujifuadas. Cefte maifon eft fort noble en Caftille , & d'icelle font forus pUifieurs preux & bons Caualiers. Elle a pour armoiries quatre mâchoires d'azur en champ d'argenu Ceux de cefte famille ont pris ce nom & ces armoiries d'vn vakureux chef, lequel comme robuftc qu'il eftoit ayant deffié au combat vn certain More grand ouertier , ainfi qu'il combattoit auec luy corps à corps^d'vn feul coup qu'il luy donna en ayant )a re- ceu pluficurs du More , il luy mit les mâchoires par l etrc, auec vne bonne patrie de In barbe. Armes dis Vargas. Ce lignage eft de grande réputation & les princir paux d'icduy font demeure en Eftr<-madura , & en l'Andaloufie. Us portent pour armoiries vn efcuflon auec trois barres ondoyantes d'azur en champ d ar- gent. Armes des Sandos. Ce lignage eft yfl'u de Galice , fès armes font vne aigle noue enlacée par le« pieds, en chanjp de gueule^ & pour bordures vne cordelière. A^mes dss Vegas. Ceux àt cefte maifo-n font fort nobles, ÔC il y a dif- férence à dire qu'ils procèdent d'Aragon ou de Caftil- le. ils portent pour armoiries vn chafteau de gueule en chan'pvcrt. Armes de ceux de Soto Maior. Ceux de Soto- Major font yflus de Galice, & d'eux ont pris leur extraftion plufieurs grands Seigneurs, lelquels (e font rendus fort recommandables , pour les leruices par eux rendus à leur Prince , contre les More^. Us portent pour armoiries vu efcu auec trois chturonsefcartelez de gueule , Se vne barre de fable my - partie, autc r:o)S quarrcz en champ d'argent. A'miS d.'S Caram\ales. Ce fameux li^'t-ig'^ «"ft Y^T'' Royaume d'Aragon. 1 r C^.,,c .,l,ir;p.irc .Fr:jn(fi! chcfs detFciilcurS Ce lienage cft eftimé pour tftre fort noble. Son feront e^ aux Monts ô: a-ux Afturias d'Ouiedo. Ses armes font vn . Icullon auec trois barres d azur cn champ d'aigcuc & pour bordures vne cordelière. D'iccluy font forcis plufieurs grands chefs detFciilcurs de leur patrie , Se roufionrs fidcles à kur Pynce. Us ont pour armoiries vn efcu d'argent , auec vne barre trauetûcre de fable. Armes de ceux de la Vega. \ Le fejour ordinaire de cefte noble famille eft aux i monts Si au terroir de Sar.tiliana. Plufieurs preux Ca- ualiers en font yftas. Les armes de cefte maifon font vn efcu de gueule , & pour bordures ces mots , Aue^ Marta gratta plena. Us ont ces armoiries en mémoire d'vn exploit héroïque que fit vn icune gentil-homme - de cefte famille, nommé GarciflalTus, lors que don Fernand Se Madame Elizabcth tenoient alTiegée Gre- nade. Auquel temps il mit à mort vn More, qui pour derifion de la Vierge auoit attaché vn chappellct à la queue de fon cheual. Depuis le Roy luy donna pour armes rA>4e Marta, & parce qu'il fut occis ea la Vega ou plaine de Grenade, il prit le furnom de la Vega.fiC fe fit nommer Garciflalfus de la Vega. Armes de ceux de Vermudor. Ceux de ctfte famille font leur demeure à Galice. Du temps de Cid Ruidias Campeador , ils fe rendirent fort recommaiîdablcs par leurs exploits généreux ÔC guerriers , comme il appert par vn ancien hure qui uaifite des exploits de ce Cid. Us portent pour ar- ' moiries vn efcu auec fept efchaques de couleur en champ de gueule,qui font quinze quartez, à la manie-, re d'vn itu d'échets. Armes des Auendagnts. Ce lignage eft y (Tu de Galice. Du temps que les |R,oys de CattiUe faitoient guerre contre les Mores Des Eftats du Roy d'Efpagne. des grands chefs ylfus de ccdc maifon Ce rendirent Ci gnalez par leurs faits d'armes , & pour le fang par eux répandu. A cauXe Hequoy ils portent pour atmouics 'Vne chcmife enfanglantce Se trauerfce de trois flcclics / en champ verd. / Armoiries des 7orrM. I Ceux de cefte famille font leur fejour ordinaire parmy les monts , & font ylfus de fort noble cxtra- âion. Ils portent pour armoiiics vn efcudon aucc cinq fleurs de Lys d'azur bordées de gueule en champ d'argent. Armes des Intflrefas. Ceux de cefte famille , d'où font yfTus de grands chefs , font leur f.jout en Caftillc , en vn lieu nomme Treuiguo. Us portent pour armoiries Vn clcufTon auec deux loups d'azur en champ coloré & pour bordures hui6t eftoilcs de gueules en champ d'azur. Armes des (^hauts. Ce lignage cft yifu de Portugal.ll eft vray que quel qucs Caualiers fottis d'iceluy palferent en Caftille , & le trouuerent à la conquefte de Baeça. Us portent pour armoiries vn efcu auec cinq clefs d'or en champ colo- ré, & pour bordures cinq croix de S.André, parce que ces Seigneurs furent caufe de la ptife de cette ville , le iourdeS.Andrc- Armts des Que fadas. De cefte maifou, qui eft fort ancienne en Caftille, eftforty vn valeureux ôc Catholique Prélat, Archc- uefque de Tolède , lequel de fort temps cfleua grande- ment fa fortune , fcs armoiries font vn cfcu auec qua- tre bannières colorées, & à chacune d'icelles quatie hermines d'argent , & le champ de l'efcu pareille- ment. Armes des Crajfos: Cefte famille fait la demeure à Nauarre. Ses armes font deux loups de fable en champ d'argent. Armes des Cuendos. Ce noble lignage fait fa demeure à Galice» Il porte pour armoiries vn efculfon auec vne Croix de Calacra- uc coloré en champ d'argect , Ôc aux bouts quatre ef- cailles de gueule. ^ Armes des Telles. Les Tellos font yllus de Portugal.Lcs vns d'entr'eir font leur demeure en Caftille , les autres viuent à pte (enc à Seuille. Us portent pour armoiries vn efci aucc cinq efchaques d'azur en champ de gueule. Ce* elchaques font faites eu formes de demies lunes j ôc forment prelque vn tond eftant comte - pointées l'vnt ài'au re. Le Prieur de S.Ican de Valence fix mille ducats Le Prieur de faind Ican dc Nauarre quatre aiille ducats. ^ue?îu de tous les Archuefques , (tsj" J^efquesd'Ej^agne. L'Archeuefque de Tolcdc Primat d'Efpagne, & grand Chancelier de Caftille a dc renie deux cens mille ducats. L'Archeuerque de Seuille , du Confcil de fa Maje- ftc.J^o. mille ducars. L'Arc hcucfques de fain^ lacques.vingt-quatre mil- le ducnts. ^ L'Archeuefque de Valence ?o. mille ducats. L'Archeuelque deSaragoUe 50 mille ducats. L'Archeuefque de Tarragone ftize mille ducatsj L Archeuefque de Burgos trente mille ducats. '^^A^'IM^^^^^^-^Y SONT Archeuefchez , & EgliCes Métropolitaines des Eucfchez qui s'enfuiuenc. I^esfujfragansdeTelede. Wque de Cuenjja vaut quarante cinq mille dù,' ILT A ENCORE DES VICOMTES Généraux, Admirauxt & Frieurezy enfembtç^ toutes les Commanderies qui ft trouuent en Ef pagae auec leurs rentes ainfi qu'il s'enfuit. LE Vicomte dc Peralta a de rente , quatre mille ducats. Le Vicomte de Colma à Nauarre a de rente quatre milie ducats. Le Vicomie d'Ebuly a de rente huid mille ducats. Le General de Caftille de la mailon de Padilla a de rente dix mille ducats. Le General c!e Canarie dix mille ducats. Le General dc Galice iîx mille ducats. L'Admirai d'Aragon dix mille ducats. Le Prieur de S. Jean de Caftille, 50. mille ducats. Le Prieur de S.lean de Lcon 50. mille ducats. Le Piici'ir dc S.kan d'Aragon, 4 mille ducatp. Le Prieur de faintl lean de Catalogne douze mille 4ucats. L'Euefché de Ciguença, yo. mille ducats. Celle de Cordoué 46. mille ducars. Celle de Valence 30. mille ducats L'Euelché de Segouie 24 m.lie- ducar». L Euefche d Ofma, zz. mille ducats. L Euefche de laën lo. mille ducats L'Euefché é'Awh zo. mille ducats'. T .f «'(^t'^^^^if ^Urcheuefchéde SeHiUé, L Euefbhc de Malaga vaut trente mille ducats. L bue(che de Cardiz vaut douze mille ducats. L Euefche de Canane iz. mille ducats. EHefchez/Ujfragantes à t Archtuejihé dé fatnSl lacfues. L^Êuefché de Coria vaut mille ducats, L Euefche de Plaifance 40. mille ducats. L Euefche d Aftorga i^, mille ducats L Euefche de Camorazo. mille ducats. ^^L'Euefché de rVinuerfité de Salamanque Z4.^illè S' de Mondegnedo . z. mille ducats. L Euefche d OrenlTe hui L'Euefque deTaraçona, L'Euefque de Terucl, L'Euefque d'Albarrazin, Aifi>^rs ce Royaume, L'Abbaye de Motitaragon, L'Abbaye de S.Viftotian, L'AblinyedeS.IeandebPegua, Prélats de l' I fie de Saràatgne. Atcheuefque de Caller, Archeuelque de Sacera, Aivheuefquc d'Otiftan, Ai'hcuefqued'Ampurias. Archeuefque d'Alaguer, Eucfque d'Alcs, Euelque de Bofa, Prélats du Rryaume deV atenct. Archeuefque de Valence, Eucfque d'Oiihucla, d" U,cl>.urfie elle de Socaellemos, celle de Corral d'^Almaquer, celle de fainde Croix de la çarça, celle des baftimens de la Prouince de CaftiUe, 500, d. celle du baftimcnc du champ de Montiel, celle d'Aledo, & Toiaoa, celle de Carauaca, celle de Cieça, La commanderie de Ricore, celle de Socobos, celle de Morataila, celle de Montizon, & Chielana, celle de Torres, Ôc Cagnamates, celle de Montiel, Ôc l'Offa, ce, le de Caricofa, celle de Villa Hermofa, celle de la Mambra, & la Solana, celle de Seguta de h Sieica » de laquelle le Duc de Feria eft commandeur, 2.m.d. çelle de Veas , de laquelle le Marquis d'AImaçan eft commandeur. 5.m.d. celle d' Yeft, de laquelle le Comte de Buendia eft com- mandeur, , , ^ '^«'•f celle d'Abauches,& Vicdmar, de laquelle le Comte de Fuen Salida eft commandeur, 5 .m.d. celle de Villeneufve de la Fuente, i.m.50o.d. La commanderie de Merida, 4.m.5Go.d. celle d'Alhange, j.ra.ioo.d. celle d'Alcuelta, * celle d'Ornachos, 5. m.5oo.'d. de cefte commanderie le General d'Oran eft commandeur. La commanderie de Palamos, i.m.50o.d. celle d'Oluia, '•«»''^ Commanderies de la Prouince de Léon. La grande cornmaBderie de Léon , le commandeur de laquelle eft le Marquis de fainftc Croix» ii.m.d. La commanderie d'Aguza, lo.m.d. celle de Guadalcanal, celle de la Puebla de San6to Percz, celle de la Royne, celle de la fuente le maiftre, celle des fainds, celle de Ville-franche, celle de bien Venida, celle dVfagre, — , celle de Ribera , }. m. d. appartient à la maifon de Ribera, ^ , celle d'Hinojofa. ^ i.m.zoo.d. celle des baltimensde la Prouince de Leon,apparticnc aux Maças, &c vaut, ^•m-''* celle des maifons de Cotdoue apparyept aux Vena- I4.m.d. i.m.500.d. 5.m.di lO m.d. i.m.^oo.d. i.m.ioo.d. 2.m.d. i.m.joo.d. 4.m.d. i.m.éoo.d. i.m.^po.d* 2. m.d. i.ro.joo.d. i.m.joo.di i4.m.dt 4. m.d. i.m.d. 2. m. 3. m.d, 4. m.d. iz.m.d. i.m.ioo.d. 6. m.d. 4.m.50o.d. 9.m.4Qo.d< j.m.ioo.d; i.m.d« l.m.Soo.d. i.m.20o.d* 4.m.d. 6. m.d. 4.m.zoo..d. 2.m.d. 4 m. 500.4» 2.m.ioo.d. 4.ra-}00.d. i.m.d. j.m.4* i.m.joo.d. Des Eftats du Roy d'Efpagne. celle de la Barra i qui appartient aux Vuermudcz , 1. 1 celle du Port plaJii aiuMoros, m. 500. ci celle du chafteau Torafe,au Comte de Beneuent. celle du challcauVerd, 5oo.d. celle de Pemia Vfcntc aux Mciuloças, i.m. 5 00. J. celle de Ttiane aux ports catrctos, i.m. j 00. d. La grande comnaanderie de Montaluan appartient aux Vigncz, 4.ni.d. celle d'Otchenta aux Mendcças, joo.d, celle de Mufcros aux Cardenas, 400, d. celle de Zigca de Cenctc, ï ceux de Tolcdc, z.m.d. La commandcrie d'Auellino en Sicile, i.m 500 d. celle de Fradel appartient aux Bacanes, 400. d. celle de S. Coloicc à Napics appartient auxEfpinoias i. m. d. La commandctie de Vafante en France, i.m.d. La Cotnmandetie d'Orion en Beatn vaut, $00. d. La commanderie d'Eftepc, é.m.d. celle de Paracuellos appartient aux CeucUones» i.m.d. celle de Moutijo, l.m.5oo.d. celle de Mohernaudo aux LalFos, i.m.d. celle d'Oroja aux Valdefes, i -m-d. celle de Lolon appartient aux Acugnas, 1 m d. celle de Mora aux Pimenteles, i.ra.joo.d. celle d'Eftteuiera aux Lunas, 8oo.d celle d'Hiielarao, 4oo.d. celle de Mures & Vcnaçuça aux Gueuaras vautj^oo.d. celle de Caftilicja de la Cuefta, îoo.d. celle du Chafteau Verd appartient aux Guzmanes, &c vaut, 30o.d. celle d'Almendtalcjo aux Cugnigas, vaut, 2.m.4oo.d. celle de Montemolui aux Toledos, i.m.4oo.d. celle de Mcdina de las Tortes aux Padillas , 2. m. 500 d. celle du Monaftere le commandeur de laquelle eft le Marquis de Cagnete, vaut, i.m.500 d. celle de Calçadila aux Moncadas, i.m.joo.d celle d'Aqiiilarcjo aux Coignigas, éoo.d. Les Gouuerntmens , dr dépendances de l'ordre de faintl tacijuts. Le gouuèrnemfnt de Quititanar vaut, 80 d. L»^ gouueruemenc de Ville-neufve d'Alcaudete>ioo,d. ctluy deMotevaur, d ccluy des Velez,que le Comte de Buendia tient, vaur, 500. d. celuy de Bienuenida, 400 d. ccliiv de la Higaera, 800. d celuy de là Porte de la Royne, loo.d. celuy dé Contalgallo, ioo.d. celuy de Fuente du maiftre, 100. d. celuy de Montonches, i.m.ioo.d. Commanderies de l'ordre de Calatraue. Lagrande commanderie de Calatraue,le commandeur de laquelle eft le Duc d'Aba de la mailbn de Tolè- de vaur, La commanderie dudit ordre. i.m.(jco.d. tiile d'AlcoIca aux Ouizes, 1 .m.40o.d. celle de Vàlltftcros, ,.m. joo.d.* La commandctie de Djuicl, z.m.7C0.d. celle de Pozuela Acugnas, i.m. loo.d. celle d'Airrodonardu cliamp,Ci!gnigas,&: Cotdonas, 2.m.7ou. d. celle d'Herrera aux Marriques de Lara. vaur. 2.m.d< celle de Mançanarcs, de laquelle le Marquis de Pliego cil gouuctneur, 6.m.50o.d. La commanderie de Viuf ros, 3.m.400.d. celle de la Pegna de Marros, celle de la maifon de Coi douë, 2,m.5oo.d. La commanderie de V( Imcz, 700. m. d. La commanderie de Calarraue, 4.ra.d/ celle de Sorita aux Sandoii lies, 500, m. d. celle de Vallega, ï.m.ioo.d- celle de la maifon de Tolède vaur, i.m.ioo.d. celle de la maifon de Talaucre, aux Enrrjqnes , iiioo.d. celle de la maifon de Plafence aux Oforios . le com- mandeur de laquelle eft le Comte d'Adrada , 3. m. joo, d. \ celle de la maifon d? Seuille,& de Nicbal vaut, j.m.d. celle de Cagnaueral vaut, 2.m.d. celle de Lepeta, les commandeurs de laquelle font les gouuerneuts de Caftille, i .m. éoo.d. Frieurez. & SacnBigs dudit ordre de (^aUtraue. Le Prieuré de la Fuente, i m.d. Le Prieure d'Açaqueça vaut , celuy de fainél Benoi'ft deSeuille, ^oo d. celiiy de S Benoift de lacn vaut, 2.m.d. celuy de S.Benoift de l-'orcuna, i.m.d! celuy de S Benoift de Tolède, ôôo.d.' ^eluy de Corite, ^^^^ ^ La Sacnftie dudit ordre, i.m.40o.ili ' Commanderse de l'ordre d'AUanmra. La grande commanderie d'Alcantara, La Claueria dudir ordre, La commanderie de l'Azauchal, celle de la Magdelaine, celle de Hprnos, celle de Ccllamin, celle de la Vaturabera,& de la ïutifdiétion deBadaroz,' joo. d. La commanderie des maifons de Calatraue, i.m 500.^.' La commanderie de Portezuelo,. î.mà5od celledelaPuebla. i.m.iooj! LacQmtnanderie desmaifons deCotia vaut,2.m,3oo.d» io,m,5j4.d. 6.m.Z4é.d. 2. m. 200. d. 3 . m JOO. d. 40o.d. 2.m.no.d. celle de Nelis, Se de Nauarre, celle de Caftille, celle des Eglas, celle de la Molareja, celle de Sanriuagnez, celle de Mayora, lo.m.joo.d. celle de Parragai, tj.m.d. celle de Veluis à: Sierra, La commanderie de Caftellanbs, 2. m.d. La commanderie delà Sarça, celle d'Almagro appartient aux Lunas , & Mcndoçà, j celle de Yenfayan, & vaur, I.m.d. celle de Mudelli, 4.m.5oo.d. celle de Caftiiferas aux Manriquez de Lara , 4. m. 500. d. celle d'Almuradiel aux Velafques, i.m.joo d La commanderie de Cation, i m.Sco.d. celle de Toroba aux Siluas, i.m.joo.d. celle de val de Pegnas aux Padillas, 3. m. 500. d. celle de Montauchelos aux Pimenteles, 1 ,m.50o d. celle de Fuente el MoraI,Cordouas,& Ponces de Lcon, I.m.d. eelle del Moral Enrriques de Riberas Marquis de Vil- le-i;eufvc dclRio, 7.m.5Co.d. celle de Coiral de Saragucl Padillar, 2.m.6oo.d. celle de Herrera, celle de Caftclnouo, celle de Cabfça el Buey, La commanderie de fanûi Spiritus, celle de Calamca, celle des maifons de Calatraue, celle de Quintana, celle de la Patadela, celle de Galizuela, celle de Parragofa, La commanderie del Adeîfa, Les I nrifdtEîiovs dudtt ordre d'Alcantnra Les deux lurifdidtions d'Alcantara, i.m.foc.r', La Iurifdi6tion de Magaztlai 800, d» 1. m.f 00 d/ 2. m. 400 d.' 3. m.joo.d. 4 m.d. 4. m.d. 4 m.5oo.d. i,m. soo.d. 1. m.d. joo.d. i.in.500 d. Soo.d; 4-m.jûo.d. 3. m. éoo.d.' 2. m.d. 4 m.3oo.d. a.m.îoo.d. 1. m.d. 2. m.d. im.joo.d. 3. m. 500. d. ^oo.à. Des Eftats du Roy d'Efpagne. i.tn.4oo.d. 400. d, Soo.d. joo.d. 40u.d 400. d. celle de Hcfa d'Alcorchan, La lunfdiaioii de Banqucicnçia, PneHrez. dr Sacnflits. LaSacriftie dudit ordre, Lt l^fieiHC del Campo, L Prieuré de M-îgczela, Le Prieure dt Calauea, Sd Maje/ié itent à perpétuité Its Ordres de la [heua- Itrte de fatna lacunes , dt CAlatrane & d'JlcAr'tura.^ Il tftbien vray ejHC tjHelcjMesfiis les mAtftrtfes (ont ionr.éts a des remers , lefj^iels donnent au Roy tretTj mtllt ducats, d'arreniement par chacune anné4 : Outre i^utls font ohlt geX de donner à totu les Chenalters de/dtis Ordres , ijui n'ont point de Commanderie , & font profèz. 1 1. mtUe rna- rattudié à chacun, pour le patn & eau. Sa Mattfié a l'ad- miniftratitn fnfdtie par Bulle Apofloltijue. Les Qheudkrsâe TortHgal. irifticuces à bonne fin, combiea qu'il y ait de rabus>.de raefme qu'en toutes autres chofes bien ordon*ié'S. La primauté d'Efpagnc eftoïc anciennement en l'Eglife de SeuiUe , puis elle fut en celle d. ToJcde , iufques au grand rauagc qui ariiua au Ro)uurtic : car Tolède cftant ronibé entre les mains des Baibares, l'Arch-uef- que dt Biaca iouyt de cefte dignité , comme les Atchi- ues de l tglife de Braca enfcignenr. Mais après que les Chreftiens eurent repris Tolède , rAttheuefque de la ville redt manda cefte dignité, & celuy de Braca la lu/ débatit , voulant retirer vne choie qu'il auoit acquife : tellement que l'on tient que leur dtbat n'eft pas encor terminé. Si on defire fçauoir Us Euefques qui ont efté en Efpagne depuis le temps des Romains & des Goths, que l'on voye la Chionique de Vafée , où l'on pourra contenter fa cuiiofité. Apres que les Efpagnols eurent rccoimert leur pays des mains des Barbares , les Euef' chtz furent remifts auec les villes qui leur eftoient an- T L y a en Portugal trois Ordres de Cheoaliers. Le | ciennemem fubjcftes . & mcfme on en a fait de nou- 1 emier eft appelle de Chr.ft , auec la croix rouge | ueau quelques - vus. Vo.cy les Archeuefchez & Euef- bordécs de cordons d'or. & vn d'argent au militu Le | chez qui y (on.-. ■ , u •« m. fe ond de fainft lacques aoec l'elpée rouge , comme | . L'Archeuefché de Tarragone, qu. vaut huift mille Hiues , qui en vaut jooc éoo9. cette de Caftillc , le troihéme de S Bernard auec la croix verte, corome eft celle de Cilatrauc. Le: Roy dif- pofc de cinq cens Commandeurs des Otdres. Il y a deux Ducs : le premier dt Biagance , riche de cent mille croifez , ou e! r.is de Portugal de rente : le fécond eft cckiy d'Auere, riche de cinquante mille eL- cus de rente. il y a trois Marquis & dix Comtes Les autres Gen- tils-hommes ont plus de biens meubles qu'autres. Et à caulc qu'ils auoicnr accouftumé de combattre en . dclordre auec les Mores , le Roy d'Epagne les fait Tuafce.qu. en vaut 5000 exercer an. Ordonnances, ayant fait venir d.shom- Pampeiune . qui en vaut mes expies d'Efpagne , de France , d'Allemagne , & d'Itaiie. Quant à l'ordre qui eft eftably pour les Nauiga- tions ie le diray en peu de paroles. Il part ordii^airement au mois de M^rs quatre ou fix grandes nauiies , qui ne retournent plus de la mef- nv année-.tellement que tous les vailTeaux demeurent dehors Tel uace de 18. mois , mais tous les ans il part au mois deMars vne compagnie, 6i en St pi embte vne autre. Ces nauircs fe feparent pour charger en diuers endroits d'Afrique , & pareillement aux Indes, & en Afie , & pource qu'au retour ils n'ont que les mari- niers, & peu de marchands , on leur enuoye an deuant fix gallions bien armez iufques au Cap verd , pour af- fcurcr la flotte des Coi faites Anglois qui iroient atta- quer les nauires, entendant qu'elles viennent des Indes , ainfi qu'ils ont fait autresfois , pillant mefmc rifle de Madert. Cefte nauigation des Indes s'eft rendue tres»facile, 8f les roarchandiles s'afleurent à fix ou fcpt pour cent. On a entendu d'vn marinier de l'âge de loixante ans,, qu'il auoit fait vingt - trois voyages aux Indes , ayant , pafle quarante fix fois le Cap de bonne efpcrance : 1 ou' vjnt pafl(*l'Equinoaial , où l'on ne découure pas Léon, qui vaut 8000 le No.d , on peut nauiger auec la mefme Bouftole, Vbede , qui vaut 6goo. dont l'on vfe en nos mers : veu qu'ayant paflé vers le Zamore . qm en vaut dou Ponant des Canaries , l'Eftoilc de la Bouflole comme dûent les mariniers , comme vers le Nordeft 6: du Le uant , ayant pafTé le Méridien de l'ifle de fauid Laurcns elle tourne vers Nordoiieft,& lacauleen eft incognetc. , 2ieligtcn,dr cW*^ 1**^ concernent fEgUft d'Efpagne. Toute l'Efpagne fuie la Religion Catholique, Apo ftolique , & Romaine , & les nouuelles opinions y font icllemf Dt hayrs, qu'afin qu'cllcj ne s'y gliirent, on y a eftably des inquifitions rigoureufes , qui font ducats toutes les années. Les Euefchez mifes cy-dcfTous font foubs cefte Archeuefché. Barcelone, qui vaut 5000 ducats de rente. Giîone, qui en vaut 4000. Vic & de douze-Commandeties. Généalogie deÉ R&js êEJpagn^. ir\ ^ tempi d*Attiia l'Efpague fat diuilce Vn douz: Royaumes, puis elle fut réduite i cinq , à fçauoii , ^ , uui ont nir 1 ac- C...ul,e, Aragon . Nauarte . Portugal . & Bec.quc , ou L< on.où il rcgn\ l'efpacé de Z.^lTlt\ ,''"0 Grenade. Les Mores ont tenu kuilir ge à Grenade iui- / celferent de ^ nommer Tnr !î'^ "*'^fsJesRoy« qucs à noftic temps. Qj^anc aux Roys de Caftillc , ii I rtni le ritre de Roys A(ZT ^^^^ots» & portc- y a beaucoup dfc centaines d'années qu'ils ont reccu ia / rrc« VÂrri,..^. . ° gf^ ou de Caftille. Lrs au- fby Chreftienne : car quand les Gots furent rejettez dr l'Italie, après l'auoir fort endommagée fous Alatic & Ataulphe, ils s'eufuïrent en Efpagne auec IcurRoy^ qui s'appelloit Sigeric. L»fHCctffitn des Roys Gtts en im It Rv^aume Segeric, ou Sigeric. Vallias, Se félon les autres Valia. Theodoric, & félon les antres Roderic, qui fut faift Roy 491. Thorifmond,qui eut pour fes frères Theodoric ,& Henry. Alaric fils de Mcnry.Cettuy-cy fit premièrement fa demeure à Thoulouzc , mais il fut chalTc en Efpagne par Clouis Roy de France. Tendis fils d' Alaric» qui fut rué. Tendofil,& félon les autres Theodegofil.Cettuy-cy Rit tué, pource qu'il s'tiForçoit de joiiyr des honueftes Femmes. Agia qui mourut en guerre^ Atanagild qui fut tué auprès de Tolède. Lcnogild qui auoit Luide fon frère pour compa- gnon Cettuy fut Arrien,aufli bien que tous fes prede 03 .-rentparledeftroi^e-^t;.^^ffcf^^^^ conduite de Muce , enuoyé par le Roy Miramolin ^ ;e re„d.rent p.efqu. maiftrïs de tourne l'HfZe /el . efpace de deux an* : on dit que durant ce femL .l ' fi "';"- ^ h^ ' i^i^ni qui reftoient de l'armée def! onfite fe retirerét aux Afturi'es & en r^Lv/ . '^rmce Pélagie , ou PeJaye nu, Roderir i L V ' oncle paternel de '^odenc, & qu prit fur 1« Africains la ville de 1 ccriuent encore ainfi : Pdage oncle du Rn^R denc qui pour éuiter la coL de vtz^/.^» ^ftoic fuy , parce qu',1 auoit fait creuer I.! 1 frère Theodebert^ fe retira en e^ ^H ,^0^ vécut en Religieux . iufques à ce n, ' T * & defolé deïo.rles grId; & e^^^^^^^^^^ fai.oient les Mores par toute lïf""n, ""f?"^^ Vf quelques Chreftiens'qui auoiLt fc', 'f^ /^'f ^ aliaaupysdesAfturies,oàapres^J re contre les h : & y régna ving peu fur les terres des Mo'r;;: lefSl'S - auant dans les '^^00..^.!^ \ lamment contr'eux : Et pfrce au'il/.^ft nombre..lfutforcédes'eŒ a^^^^^^^^^^^ es gens^ Et bien qu'on leur donna £ anervnel^^^^^^ drfnr.e, ,1s prit en. n«nrmoins coura^^ & pf ' voyant ^u'il ne pouuoit s'efchapper m/r ^ ^^"^ .n,plorantlafaururd. Dieu. Kt xTû forte que les fléch.s & ca.lloax,qui efto eut tu o " tre î^jgrotte , retournoient d.oit aux Mo e i "^!"".'" S^^^*^ De plus • * " ^ — i-'t ptus s apperceuarjt de :c(r.urs. affujettit Sicile au Royaume de CaftUk:il|deirrl!Sfo^^^^^^ ^T' ^'^•'«'^^^ pat «rfecuta aufli fon fils H.rmogid , & le tua l'an 7». prend la fd^'^f t P^" ' pourct qu'il eitoit vrny Chicft.en. ' - ""^ ' ^" '"«'^"^ Kechatcd fiis de L nogiid fut bon Catholique , & Fut conueity par S Lcandre. Luibc. & Viteriî. Gundairir. Scfibut , dont la domination s'eftendoit par toute 'Efpagne. Richated fécond de ce nom. SuitiUe, qui auoit efté grand Capitaine de Sifebur. Siienand, dçuant lequel quelqucs-vns mettent vacimir. & voyant q„eD,eu combmc.U JJZ t lecours à 1 Empereur Char emaane ani fi^ j , rou , b.r„ q„ ,1 peuc gaigner le ,ou, ■ ce Zi Ta pour .a peu. .Xlpt'XV d^l'^ M 134 Des Eftats du Roy d'Efpagne. cftant à la chalTe , fuc m.s en pièces par vn Ours , & a.nfi mourut par vn accident forcuu. AlfonfE IV, s'alla tcndie dans vn Cloiftie aprts aepuisco™™cUfc,ep..o,caWa^ depuis comme il le repenfii » ■ - 1 r rnr^u'deTaaU >™-ommé 1. Catholique. l p.^ teudoù i^'f'"^:':!^^::::::: ' ,,.i'^ri:r:i:raed.sA,ae„s,a<^.euala« la lita flliav..,, ,;é à Son pins ha.r grade. Il viuoic au temps de Chilpe .i^ xr .>nm Rovs de France. ''to^Z filId'Alfonce:& luy ^^cceda l an 76 r nommé Friola. Il dcfit les rr^fidcles, t aifoienr de grands degats en la Gal.ce , & mu à Scr uc fon arn.éc plu. de 50. m.l hommes U mou- S de la main de fon frère Aurelius, qui s'eleua par ce moyen an Royaume, & régna fu ans. Aarelms f/ere de Froila qu'.l occrt icgna fix ar^s SMo fut gendre d' Alfonce,fit paix auec les Mores,& oa' ifia les cfTotions de Galice. , ,, , „ ^ Cu,eRa^„j»roTdnirè. Mais cet- 'DorAZ-cein.futefleuRoyenran honore du ^■"■^-^^s:'^:^^'!^^^ guerres contre les intidellcs , oc ga gu ; & f n tiraft du fecours côue leRoy de Cordoue Mais cet- 5. Oc|cuui«i' „ rk^*(V *.nnp nu elle eftoiti en tuait au iccuui» - , ., -, . e iele PrincelTe .comme Chceftienne qu elle eftoit. rraisnant d'offcnftr Dieu n'accepta ce mariage quà onerres contre les uiuut.i^o , w j,- t> - „ ^ _ i 'rre-cœau&c ne voulut point auoir compagnie auec l a des Chez m Pouugal , l'v- delquelles fe nom -mre -ih^^ .^^ J^. ^ ^^.^^^^^ p vovant libre s'enferma dans vn itionaftere. Cet AUori- ce mourut d'vn coup deflefche deuant la eue de V.zee Bermu'n I.fils d'Alfonce,mourut ieune,& fans en- S^b::u;X^e.Cefutlûyquifitcreue. Us euxTqua re frères qui auoient conlpirc contre ; ' Lee n?s tiennent qu'il fit baftu l'Eghfe de S lac ';jes î:i:Co.poftelle,les autres difent - fut Em «creur Charlemagne , & cette opinion eft la plus cet Sue . félon !a vefité de l'Hifto.re. Cet Alfonce régna ^'Dom Garfia fils de Dom Alfonce 1 II. eut de gran- ' bancna .œur u. ^^-^'^ ^^^^^^ eftou'Com. âes guerres en Ion temp> fit fon pnfonnier le Roy ^^^^J"^^^^^^] Ce fSt le premier qui joignit enfemblc ^'tr a^^r fif^^air rE^i,e Carh^t.e ^ ^ K^""^^^^ LeonTuec vne grande magnificence , & fonda des ri- ^ ^"^^^ Goâuerneurs.D.puis il fe nomma Roy cl es ren s en icelLes:Ma.! il fut infortune en la guer- , Compt pou^ O V^^^ K & l Mores luy tuèrent plufieurs d^ fes gens en ba- de CaftiU , ^ ^ ^^^^ ^^^^^ ^^^^ ^ taille cù moururent encofes quelques Eueiques. Il y P^'^'^; f '^^^^^^^^ ^ J fo.c , il fit en forte qu'il recou- luok'quarComtes en Caft.lle , qui n'auoient P^^ voyant f pu fl^^^^^^ ^ ruluScrencetteguerre.lefquclsUenuo ,ir fous promcHe de ne leur faire aucun or^, ma s - ^^^^^^j ^„ , f , d'autre opvn.on. Ma leur faul a la foy, & les fie mettre a mort. narle félon ce que l'en ay leu. Du temps que les caufe que les clftillans fe 'ouil^uerent contr W j^ôç '^J^rf^foient cha'que iour d'eftranges degats en E . cautc que les »^aiiuians i-. Icnr'sRe cdeurent entv'aix des luges.pour ê^'^"""" publiques , & leurs Eaats. De ceux-cy delcend.rent depuis Its Roys de GaltiUe. 'FvoiUi fécond frère d'Ordognio, pratiqua de gr n- des cruautcz , fit mourir pluùeurs valeureux Gentils- hommes. & deuint lépreux à la fin, laillant quatre en- fans. U ne icgua qu'yuan. l'en par e elon ce que 1 - , ' , ' „ cf. Mores faifoient chaque iour d'eftranges degats en E ;a2ne les Nauarrois cfleurent poui leur Roy vn cer a 'n Enea^ homme valeureux . qui tenoit aupara.an la Comté de B.gorre joinde aux monts Py-nees^C« uv-cy J'ai.na de grandes vi^oircs contre les Mores. ^Dom G'aifia fils d'Enecus fut depuis cleu Roy. Ceux- cy luy fucc^dercnt l'vn agrès l autre. Des Eflats du Roy d'Éfpagne. - - '^f Dor„ Alfonce IX. filj de Dom Fcnand Rov Dom Sancho Abarca. Garlîâ. Dom Sajicho Abarca ainfi nomme, pour auoir cftc rouuy en vn hameau , comme in le nionftrc en ce liure. Dom Gatfîa. Dom Sancho de Caftillc. Dom Fcrnand fils de Sancho , lequel prit la ville de Valence pat l'ay^lc de Dom Rodcric de Vuuar did Cid Ruidias Ganpcador , en l'an 1050. Dom Sancho , & ) ùià\ Roy de Caftille" & j7r'.,. 11 ■ . - Dom Alfonfc Ion frère, qui fut par luy chalFc de la des vidoKcs contre l«Mor.7cWT' S^'gna dcgraa ville , & fe voyant repoulTé de la iorte , Valla réfugier Lnc . Se en l! 'l, u!'/I'!.'^^^^ ^'^^^P^' Doro Henry fils de Dom Alfonce V I J I. régna bien peu d. temps (çauoir enuiron z. ans .& mourut fe ;oîl. ne auec d'autres enfans. «-mourut ic Dom Fernand III. fil, de Dom Alfonce VIII. fut deuers le Roy More de To!cd« , où il fut quelque temps. On le fouloit nommer le Roy à la main per- cée , parce qu'ayant des grandes amir-cz auec 1rs Ma- res , il aduint qu'vn jour cftanc à l'Aicairar de Tolède en la fallc où ils tenoient leur Conltil , Se iceux s'ap pcrceuaiis qu'il repofoitllirvn banc, pour connoKtiç s'il dormoit, i!s fe mirent à dire à haute voix, qu'on ap portaft du plomb fondu pour luy gn percer la maso. Ken que Dom Alfonce ouyt alTcz ces paroles , il n'en monllra neantmoins point de femblant , ains fit l'en- gnc,^ench./IaIcsbarbare;;^^àXiq^P- prefent nommée Grenade.& les fit fes tributSes règne de ce Roy qui fut en l'année uc/ , ^ Roy d'Aragon cJnquefta les lAes B ea're? "fe Majorque & Minorque,& leur fit embral^c L Foy Ca chohque parl'aydedcceRoy Dom Fernand Dom Alfonce X. fils de Dom Fernand ni r auec D.me Violence fille deDom^k^^^^ gpn, J'^qnelleilcheritgrand.m.nt: Maisà caufeau'i dormy , & fouffrit qu'on luy perçaft la main auec du mée Chriiïi''neT lagudSoft Wnlf^'T'^ plomb fondu s'éueiUant tout à coup en furfaut. Par beauté. Sur ces entrefaï.Jer T ''"8"''"e où les Mores fe firent accroire qu'il dormoir. Le jour le , on s'apoerceut qu L R?"'' a'^^"" ^ d'apres il fit des articles de paix auec k Roy de Tole- Dequoy le Roy tout honteL w'r ' ^ de , & ce noïiobftant il ne lailFa pas de luy rompre le ' comme il fe dmoir cnm,. T * confiderec ferment de fiddité , car il emporta cette lille L les ' U aduint epiS^^^ ''f ^ ^^^^"8- Mores. Or pour reuenir à l'htftoire de fun frère Dom ôc Abbé de Vauthda" Ihreflt ^'7 Sancho, ie dis qu'il mourut prés de la ville de Za;i.ora, uille , fe démit de cette dinirl 1 r / deuant laquelle il mit le (lege , prétendant la prendre pour fe marier auec Chriiti ! prelenta au Roy pour fa fœur Vrraca. Mais il aduint qu'vn traiftre de tent , & fcur donna A "^j ^" ^^""^ ccux de la v.llc nommé Velgide d'Oifos s'en alla trou- • Depuis ce Roy eu^ Dluf^''" T^'"' ^ uer le Roy , & luy dit , que s'il auoit dellr de prendre , BcringueJa , Dû„. Fernand "d'" q' ' l^^"'"''' ^^'^^ Zamora.qu'il le fuiuift fecrettement 8c qu'il luy mon- j Dame Leonor,& Beatrix 1 ' ^1". ^^o™ lean, ftreroit vnc porte par où il pourroit entrer fain & fau- | de Portueal 'oui #.,r ^^^/^^^ e marja auec le Roy ue. D abord le Roy adjouftanc foy à Ces paroles , s'en ' d'Algarne Et ce fur h iT alla iufqucs à I. ville auec ce traiftre. & après aiioir tuga! po^n-deccnt tj'^^^^ reconnu la porte , comme il luy prit volonté d'aller Dom Alfonce fut vn Pr.n fT ^''J'^""'^. Ce aux necelTaires , il s'écarta tant foit peu : Dequoy s'ap- plufieurs liures , & entr'auti» ml' • ^?"' '"""P^^* perceuarit Vclgide, il le trauerfa d'vn jauelot,.le vn liure intitulé Dmh^ . '^''"'"0"de,& laWïi mort fur la place , & prit la fuite en la v^lle. les . ou Ze^n'l^^^^^^^ ^ ^« ^ftoî Telle fut la fin infortunée de ce Roy. Ce Dom Al- Roy des Ror^^ pa^q^^^^^^^^^^^ ^If-creé fonce lajlTa vne fille nc)mmee Vrraca , qui fe maria chard Roy d'Angleterre , & les F '^^^^^ auec le Comte de BarceIonnenomtr,é Raymond , ils deConftance, enfemblê l'4hh ' fc'''.^P'^ eurent vn fi's qui porta le nom d'Alfonee fepiiérae. uovez à R.,r„«c ^^.,.1 5 ^2'» durent en- lequel fucccda grand. Cét Alfonce "3"*- Alfonc Henry L de ce nom Roy de Caftille. ' il Sancho Roy de Caftillc. Alfonce VIII fils de Sancho. Dora Fernand Roy de Léon. Alfonce IX. Ifonce lai/Tant fon Royaume i 00^? u TV'' ftu faift Empereur • & coml , "'''^ ter fon droift'à Rodofphe S res auoit efté efleu Roy des Koï ^^'m^"' "^'^"^ dtipagne parce que fon fils ne L vo,.I,./.l Dame Beatrix mariée auec Louys Roy de France. medtfpacne n' c e — •"t""^>ot ixoyau* Ce Dora Alfonce fut eftimé le plus puilTant de tous céder lâ placc'd^R" ''"^ " °^ "^"^""^ P^s les Roys fes deuanciers , & pour cette caufe nommé né. Ce Dom Alfonce^Tx'érae^ '"V uans. Dom Sancholff. Dom loan. Dom Diego. Dom Pedro, DaraeBarenguela. Dame Beatrix. Empereur d'Efpagne,parce qu'il gaigna Cordouë,Par- n3enie,& Bayonne,& plufieurs autres citez & Royau- mes , félon que l'Hiftoire en fait foy , & mourut du temps que Federic L fut Empereur. Dora Sancho lil. Roy de Caftillc, qui (e maria auec Dame Blanche , fille de Dom Garfia Roy de Na- uarte, & eut d'elle Dom Alfonce VIII. qui prit à fem- me la fille du Roy d'Aogleîerre,& en eut plufieurs en- fans mafles,& filles. Dame Blanche mère de S Louys Roy de France Dame Beringue la femme du Roy Dom Alfonce de L(on. Dame Vrraca femme du Roy de Portugal. Dame Leonor femme du Roy d'Aragon. 1 vouïur oas rVcëi.nir f' ' ' il ne C= Don, Alfonc. VIU. v. grîad degaft d« A ce Dom Alfonce fucceda Dom Sancho IV II fut fcvciuie aux guerres qu'il eut conrr/l xV * prit d'alTautlavi^edeTanfa T'I viddirecontreMahomctRoyl'^,^^^^^^^^^ auec fon armée fur mer Tourcon "e «ed "T''^"^"^' Ceftoit vn Prince fort cruel Ti. ^}oP"'i^e. ..^.-1 . " ' P"" que mefmes il ne „5 Des Eftats du Roy d'Efpagne. _ ^ . . Tk^. cl.^aKprh Rovne de I valeureux Cenrils-hommes ?^^f ce Gu'en vnc rebelHon qui s cftou elmcoe ce Gu en vnc rebeiuou .ju. - «uo,cnt nomrr,c Alfoncc Bis de fon ftere du nom de ^ D.m Fernand quarriefme de ce nom Roy de Ca- JL^ de Léon ^cu. de la 6Ue du î^^y/^ Po.aga nomrr.cc Conftancc , Alfonce onz.efme^ & Dame par- I Madame Elizabech Royne de Danncrr.acch. & Ca^ ils chctme, femme de leaii Roy de l'otcugal. I w /-\ lo 0'.>i;ir piir vn . fe n-ia auec Dom Alfonce Roy d'Ara- gon Ce Roy gaigaa Gibalcar en l'an mil quatre cens ATflnce X l, Roy de CaaiUe eut Dom Pierre, Dom Alfonc^D jm Sclfo. Dom Sancho, ôc Dom Henry 11. duquel naquit Ican premier, ôc Lconot Rcyne de Naiiarre, j r - Dom Pedro fut edcu Roy après la more de Ion pe te. ^.e fm vn Iv.^mme de melchante vie , & qui ht mourir (ans cauû fa mere , plufieuts de fes parens , & aurr^s excelkns peifonnagcs. Ec com.ne il penlou d en f.ire autant de fon frère Dom Henry . iceUiy le rcfu^, dencrs le Roy d'Ar.gon, luy demanda feccurs & IWat-t receu, U relferralon frecc dansTo.ede. le ht fon pr.fonnier,& le poignarda. Voila de quelle façon ks plus Grands du Royaume ciUuerenc Henry a la Couronne en l'an I ?7î- Henry 1 1. de ce nom fat fils d'Alfonce X l. • Lan premier de ce nom fuccedaà '^Couronne a H. nvy. Il prit à femme Dame Leônot fille de Dom Ped:o Koy a'Aragon, !ju i^v; — o , L'Empereur Charles le Quint eut vn fils nomme Dom Philippcs d'Auftciche,Roy dEfpagae fécond de ChTe s'il cft queftion de palfet outre en cette Ge- neabgte , ie dis que Henry 1 1 L de ce nom , fucceda à fon pere en l'an 1.90. & q^f fon ^^"«^^^"'^"f.^^ nand fut eflcué au Royaume d'Aragon , Dom Mar m Koy d'Aragon eftant mort fans héritiers , & (a mere ayant elle femme de Dom Pedro d'Aragon. Cet Hen- donna fa fille en mariage à Dom A fonce fils de (on frère : Icelle gouuerna le Royaume d Aragon, par l ef- nace de vingr-cinq ans , en l'abfence de Ion mary q i Aftoit ietté dans l'Italie , à caufe des guerres de Si- "^Dom lean deuxième de ce nom fut procW Roy de Caft.Uc après la mort de fon pere. De fa femme Marie fille de Dom Ferdinand luy nafqu.t Henry IV. !1 trauailla grandement fon oncle , a caufe du Royau- d'Aragon : Ma.stous fesefforts ne luy profiteren de rien. A la prière d'vn lacobin . U chafTa tous les laifs de fon Royaume , & fit referuer leurs biens e^ Efpagnc. Ce qui fut caufe que plufieurs d entt eux, de peur qu'ils auo.ent de faire perte de leurs moyens , fe firent baptifer , bien que f comme perfides qu 1 s efto.ent/cela ne les empelcha pas de faire leurs fyna- gogues. & alTemblécs fecrettes. H-mylV fucceda à fon pere en l an 4. ^ g^i- ona quelques citez fur les Mores : &C depuis conquefta Zpoôhnklay. L'autre gueire fut contre les Angio^ 1 1;^^;^;:";^;!;^^;^^ layT 'Les principaux, Sev qui 's'.fForço.ent d. le chafrer hors des Royaum s de , " cutdle qu d ^^^^/^.^^^^^ ^ pdrencMada- a?de Léon, p.tce ^^^^i:^ty \ ^e El^zabethLur du Roy Henryi V. la^-[ e;ls - rcrre.qtiis'eaoit marie auec la fille de Dm^Udvo K^^^^ auec Dom Fernand V. de ce nom , fils d Dort^ d' Ar.gon, demandoit les Royaumes de Caft.Ue , & de ""^"^ ■ ^^^j, p,ince du fang , &c lequel Leon^lleguant pour raifon qu'ils luy appar^^^^^^^^^^ a. luy deuoien: elchoir du - c de a cmme-^M^^^^ uc^^^^^^^^P ^^^^^ ^^^^ ^.^^^ ^^^^ ^^^^ ^,1, retf cuerre fut à la parfin appailee par le moytn " vu • ^ _ t-_;„ jx. i^in 1 mlnues a ceux Dom Ferdinand V. Prince Ca holique. fucceda à la Couronne en l'an .450. Il PY^''".%^rLné vidoircs , & acheua de chalTev bien loin d Efpagne cous les Mores , les derniers dcfquels furent ceux du Royaume de Grenade , qui l'auoient tenu P^l^^^P^" de fept cens ans. Les Royaumes de Naplcs Sc d Sxc - le luy efcheurent, & n'euft qu'vn (eul fils . qm fut m - rie auec Madame Marguerite d'Auftnche.Mais fa mort .oy de caille, 5C Marie RoynedAragon. "Recéda ccUe de fon pere . fans laiffa aucun henticr De ce lean furent procréez Dame bl.zabeth . & ^ '^^^^^^^^^^^ ^u Royaume. Ce qui fut caufe qu'il .cnry Roy de CaftUle . lequel eut vue fille nommée S- - ^ ^ phi certain mariage. Il ut 1^'» i. 1 ^„.,v r'rc icy toute la Généalogie de lean 1. mfques à ceux ni (ontencorespourle jourd'huy. Do- lean Roy de Caftillc, & (a femme Leonot hl- ic d.. Roy d'Aragon eurent deux fils, fçauoir, t ienvy Roy de CaftiUe.ôc de Leon,& Dom Fernand ^""cit Henry eiuencores deux fils, qui furent, lean Roy de daUle, & Marie Royne d'Aragon. ^^'vton's maintenant au fécond fils, qui fut Dom Fernand Roy d'Aragon. Cfttuy-cy eut quatre fils, fçaUoir, ■ Dom Alfonce Roy d'Aragon. & de Sicile. Ican qui fucceda depuis a fonfrerc. Marie Royne de CaftiUc. IcanneRoyne de Portugal. „„„p for De lean qui fucceda à fon frcre à la Couronne (or- tit Dom Fe?dmandRcy de Caft.lle.& ^e Dom erd^ nand Madame leanne, Dom lean, qu. le Madame Marguerite fille de Max.milian . Mad leatme qui fut mariée auec Dom Ph.hppts Archiduc d'Auftri.he, & Catherine Rcyne d'Angleterre. De cette leanne font jlfus, Dom Ch.-irlts Empereur. ^ D-.m Ferdinand Archiduc d'Auftriche. Dame Elconor femme de Dom Emonucl Roy de Portugal. Marie Roync d'Hongrie cjui luy ^"^,1^^;;; f^^,^;' Philippe; Archiduc d'Àu- prit pour his adoptit , uor» i . , rtriche, qui fut donné en mariage a leanne fa fille.d ou fortirem l'Empereur Charles le Quint.ôc le Roy Dom ''oTct Empereur magnanime « yffu Dom Philippe d'Auftriche II. de ce nom , lequel prit poMon du Royaume en l'année & 1^ ja L , 5 o8.De fon te«.mps fut gaignée cette fameufe batail- le'nauale de Lepante . qui Turc. 11 joignit à fa Couronne le Royaume de 1 orm- gal en l'an 1580. & f" plufieurs autres ^fo^&sdi^ Les de mémoire. Il eut quatre femmes, Lapr miere ifquelles fut fille du Roy de ^o^^g^^f ^^'^.^^l; qai?le Prince Dom Charles. La econde Marie d An Irerre.La troifiéme Elizabeth fille d Henry I . de cç nom, Roy de Franccde laquelle naquit l Infjnte ^ E^^ pagne Madame Elizabeth. Clara Eugenia . femme d« î' A^rchidnc Albert . lequel à cet effed po(a 1 hab Cardinal. La quatrième fut Ant^e. fille de 1 Emper J 1 Maximilun I L & Mere de Philippcs U I. U poM / Des Eftats du Roy d'Efpagne. .rantc- trois :i/is . L e ^ 1 O""- 1?^ rcs Royaumes quarante - trois a/is , cic les a.;g nenra, | oui font ni ccn, ii r • monruc finalen^nt l'an 70. de (on âge le . j. ;o.r de L.c-cl^^]^'Z:f' ^""'^"''^ ^^^"s , ^ua- Scpccmbic A ce l'rince a fucccJc Don l'hilippes III. Il prit k femme M.idame Mugiicntc filic dt? l'Atclndiic d'An ftiichc en l'a» 159b' Se en eut vue ftile au mois de Sc- picnibrc 1601, appcllce Anne Muie Mauticcite. Ec en l'anncc 1 60 j . narquit le Prince d'Erpjgne,qiii fut nom- me l^hilippe Dominique Viftor , vray heiiticc des Roy.iunics tj'Elpagnc , atijouid'iuiy rcgnant fous le non; de i hilippcs IV. Il a elpoiifc MaJamr ElizAbcih dt Fiance, ii'.lc aiUicc de feu Htmy le Grand Roy de France & d; N.uunc. Il 3 c.icorc deux frt'Vt's viuuis , le Prince Don Clip.iks , c<£ k Cardinal infant , Ùc vne lœur l'Infante Matic. 1 Rentes é' reuenus annuels des Ejlats Ejpagiiç_j reuenaas au Roy. T L faut remarquer que le troilicme des Gabelles , & autres rentes, qu'a le Roy d'Efpagne tn toutes les citez, villes, & autres lieux , tous ffs parus y compris, font icy deJaiccs , chacune en paiticulier. Pour plus f.îcile intelligente de ce que le dis j il faut fçauoir que ce que rElpjgiîoi norame Alcauala , (îgniBe le dixic- iTit qui le pa)e ai: Roy de quelque maichandiie que ce ioi', qui le vend, loit qu'élit ccin(!Re tn ni.-.irons ou he ni,-.ges. Or ce droitt fe doit payer au Roy deurnc qvJ en pollede k tic; e de S f igncur, ou ce Cht ualicr, 5c i»inli oes autres. De manicic que pluficois des villes fduitts, ont aceouIiLmcdei'accotderauccleRoy,& cet accord nora^.cEncablÇnmi^nlo, chacune d'icel- les hi/:i;t les dcpaittn)tns p.nr ie litu de (a iurifdi- «ificu , atîu de payer ce tjUi tft de fa pair. Et parce qn'tr p.'i)(ituis enrirciiSs des Seigneuries le Roy v Là c'tfU dirciien de iDtifdidion^Merjndad de Bur- gos . qu'or, r.off m? Je i:..i.re.'.u , paye chaque année en rnarsucdis deux n.iii;ons,foixanîc-lix mil marauedis, 20. fols. La Mcrindad , qu'on nomme de la Rioia nave en marauedis, rtoismillionc 1 '^'"/^ , paye en 35 ^ ekus 0. valent en dcus.fcpc mil L 1 Merindad de l'autre collé A'PKr^ qmmehh. ' ■ Ciiicn feus cm. f-cd.,,„,„|c..ene;c«,65,,efeusd«-,^p.;XL L, Prom-nce de Cufpu'zcoa paye v„ millio,, ce„, & tehuidfols. ''""^^"eicusié7.etcustren5 Les fept Merindades de Caftlile la vici'lp . i ..aî^rdtttesr;.^:-"'"^'-''-'*-'. foIs.& demy efcus quarante- neuf^ Ho^2î^"c:,:l;;::;:,^j^s^7"^!'^f''"^'' La ville de lanquas & fa terre pave cinn mil maraucdis.qui font en efm iP'^^ '^^"'î ^^^"5 41. La cité de Saind Dor. inique de la Cl. a !cnt.nefct,s.neufmi]8o7efcu il r'^^^ quatre deniers. ^°3- ^l^us cinquante cmq fols ' La Merindad de la ville dr n,v^^ cfcus, d.x mil poo. & î efcu. 56. ^1, ^ ' Le Merindad dv Càftfo Yf-ic l quatre cens ht^idan^e c ' i^ï ' en e/cus dix - neuf n,il ,00? S t;;: ;'^'' ' 44. fols. > oc nonante- quatre e/cus Le Mcrmdsd de Cen'arn, -i. li. fols & demy. > 4 m- ôoo & 24. efcus La Merindad de Morcnn -.-.«o j cens reptante-fixl:rra lu'ed'is ■ o""" cinq mille cinq cens ^ frptame L A * La cité de Palence,5c la Proufnce nommée d. r pos, paye chaque année feize militons p cen, g marauedis, qui valent en efcus a, m,I "^'V efcus jo. fols. "'''"''^'•'"''5''o. trente-neuf La ville de Carrion paye chaane -m» ' "Aillions neufcetisquata^-SSl^:::^ ionc en efcus dou.ece„s6cvingt-f^p.e/.:;:;;^^^^^^ La Merindad de Cârrion , pav» dery n, n- & di. mil marau.dis,qui val ne tl Z " j '""^ vingt vn fols. «'-us,!î!i1 -ji. eicus Les Heui de Pierre d'Aluare2<'eVvoa^.^ . te hui^t m.l m.rauedis, nui J.f efcus 10. lois i^. deniers? ' ""^'^ = . Ml n8 Des Eftats du Roy d'Efpagne. . ilHon, nul I La cué de SaUmanq^c . & les lieux de fes terres Se La vi!lc de S.iug.n , paye '^f^''.^^' ^^^^^^'^'^'^.^ iarUd.d^ons. payent .4^ maUons.trois cen. mara- marauedis , qui valcnc quatre m;l neuf cens deux c. | ^^^r^^ cinquaace-hu;a mil, hui6t cens . i}. cinquante-:rois fols & deux deniers. U Mcc.ndai do Pcrniap.ye cent f<;P^^; ;-^'^.^ mille marau dis. qu. font quacre cens 5 6. ccus . 5 • "^Sd.ddeCa.po.payevnn,aii..M-^ mille marauedis, qui valent en ccus quatre mil deux cens no!iame& va écu crois (ois. La vallée de Muanda paye cinq cens c«nq^---f<=P mil marauedis , qui font mil crois cens huidaue - vn " Les vilks qu'on appelle de la cofte de la me., rayent trois millions fix cens fcizc mil marauedis , qu. valent en écus huidl mil huiét cens & foixante-fix ccus "rS!^u^éd'A(luria.a:laciréd'Ouiedo.dou- millions trois cens quarante - huift mil marauedis qui font en écus trente mil deux cens fo.xante quatie La'^dré'de Lugo paye quatre millions cent & }7 mil maraucdis,quifonren ccus dix mil cent ccus f' 1^ ^^La cité de Mondognedo paye vn million fcpt cens & }i. mil marauedis, q'u fout en ccus quatre mil aeux cens 4< cens fix (bls'fix deniers. La ci:c d'Oienle Se fon party , payent fix millions ^ cinq cens & liu.d mil marauedis , qm font quinze mil , neuf Cfcns so. ccus &: S9-'"'^- , ,. j La cité de CimpoacUe à S.Tacques,& les lieux de fon Archeuefché p.yent 18. millions deux cens & dou^ ze mil marauedis.qui valent 44.m1l fix cens & 18 ecus ^'"Srn;^ya.leslieuxdefonEue.hé cinq millions huid cens & vingr-feptm.l marauedis, q . TaL quatorze mil deux cens huidaïue ^ vn ecus jo. U ville dePonfettada , paye vn -^^^^on^^f^'"'' 75 mil mainucdis , qui fon: ç^uatrc mille hm6t cens ÔC -£^^d^uÎ^.'r;::UdefonEue.bé^iuû^ dia 'on , payent fu millions j . cens 5 o. mil marauedis. valent quatorze mil fcpt cens & cinq ecus. cin- ^^Srd:tc;téd'Aftorgaa.fonEue.l^p3^^ dcuxrt.iliions450 «^il'"^""'-^'^'^''!"''''''''"" ' cinq cens & 66. éais onze fols. o,Aftnr Leslieux nommez de la Cnu.diaz de Léon & Afto , ga7payent fept cens 57. mil marauedis. qui font mille Q rens «». ccus deux lois. , ^ . . > y \ ^■usBa\riosrnuuond.SalasenlaPr.ncipai.^ ftuiias, payent chaque année dtux cens ; i. mil mara uedis . en écus , cinq cens loixantc-fix ccus dix lois & ^"ucSJzamora ^ fa jurildiaion quinze mil- li.nP^ro-mn.ionsce.r & douze m.lma.auedis, qui font en ecus , vingt - fix '"'l^:^^dV:i^^P^yc^etioif^e|^^^ ' dr.x mil maraueois , parce que la dixième eft au Duc d'Ofluno . & vaut cent & quarante-deux ccus , 9. lois U vaiïe de Garcgna , paye de troifiémes & dixiè- mes, d' ux n>ill.o.^.s i.ois cens treme-duq mil maraue- qui valent cinq mil 700. 18. eus hu.6t fols quatre La x'ille de Varacil de la Loma.paye deux cens cin o.,i,,(C mil maïaucdis . qui font lix cens douze ecus quaranu-cinq (ois. uedis, qui valent cinquauce-huift rail, huiit cens, i} écus, ji. lois. , La cité de Rodriq & fon parcy.payent quatorze mil- lions, crois cens. 8c 45- mil marauedis, qui font 17- mil 800. & 6. écus V fois. Le party de Tnguecos paye 400. & i7-mil maraue- dis, qui fout rail & n. ccus & ^.lols. La vilic d'Olmido, paye 47- mil marauedis.qui va- lenc cent &c quinze é;as onze lois. La ville de Tordcrillas , Ôc les lieux de (on party, deux millions , lu cens rail marauedis , qui valent en ccus fu mille trois cens feptante-deux écus trente-trois fuis deux denieis. . La cité de Valladolid . fon party , & iurifdi 6. fols. La ville d'Agicda. & Caracena, & fon party z. mil- lions huittante ëc trois mille marauedis , qui lonc cinq mil cent 6c cinqécusz4' lois. La ville de Molina,6c (a terre.cmq millions 700. CC c)..mil marauedis.qui valent : 4. mille cent,& 95 Ctus z^. fols. La Des Eftats du Roy d'Efpagne. La cite de Ciguenç.i , & Ton party j. millions 661. j appartjcnnenc à Alonic cic Mt-ndoca , qui valent mille maiaiiedis , qui font huid mille neuf cens 75. ^89, cfcos }6. fols qui valeiu fî mille cent i< 69. etcus 7. fois. La Prouince nommct le Marquifat de Villena paye trente & vn million cent & mille marauedis > qui fonc feptante fîx mille cent & trente fept efcus quinze fols fept denieis. La ville d*' Belmontc pr.yc de troifiefmcs 470. mille marauedis, pnrcc que les dixiefmes apparci» nnent au Marquis de Villena , & valent en efcus mille cent foixante (îx cf us 4 fols. L.i ci c de Murcia, fon party & iurifdiârion , qua- torze millions huiét cens & vingt mille maraue.-iis,qui valent trente fix mille trois cens &C vingt-trois tfçus 31. fols. La cité de Lorca > fa terre & fon party pnye cinq millions de marauedis, qui font 11. mille deux cens j4. efcus 55. fols. La ville d'Alcarez, fa terre & fon party paye feize millions neuf cens huiftancf; quatre miile marauedis, qui font quarante vn mille fix cens & vingt fept efcus it;. fols. La ville de Scgura de la Sierra, fes montagnes d'a- lentour & fa terre , onze millions nonante & vn mil marauedis , qui valent 17. mille cent & 83. efcus jo. lois llx deniers. Villeneufve de los infantes & fa Prouince , payent huid millions lîx cens foixanie quatre mil marauedis, qui valent vingt & vn mil deux cens trente cinq efcus 17. fols. La ville d'Ocagna, Su la prouince nommée Caftille, ^ingt ;..„„.j;.^.l a:. „„: ..g. • trois millions trois cens dix mil marauedis , qui valent cinquante fîx mil quatre cens & trente deux efcus onze lois. La cité de Guadaiajara 5c fon party , onze millions | } 8. efcus 4$. fois La ville d'IlUfcas,& fon party , deux miliioui ; 97. mil marauedis,qui vaieni.cinq mil fix cet.s & 29. ck.u'; Î4. lolsi ns La cite de Tplede & fon party.payent fepranr,. trois IX millions, qui font cent 76. mil cent &c 69. efcus crente icpr lois. Les rentes qu'on nomme le feruice de Montadeo. valent ,9. rr-ill.ons cinq cens & trois mil marauedis. qui font 46. rail fe^.t cents trois elcus 40. (ois Lc^Leux du Prieuré de S lean, fept mill.ons cç. m 1 mauu. d:s , qui font dix-fepc mil deux cens no- nante &c vn efcu 40 fols. La ville d Almagro &c fa prouince, fept millions ;ç- marauedis , qui font .7. m,! 29 t. efcu quarante La Maiftrife de CaJatraua , paye trois millions q-za- La ville de Cuidad Real paye q,jatre millions i jo, m:l .«araucdis , qui valent mil cent feptante & m efciî 54 lois. Les lieux qui font compris en l'Archidiaco.),.! de laïaucra de la Royne , quatorze millions jié. mrile anq7ol ' quarante La cité de Pbifance & les lieux de fon Archidiaco- nal, payent ,S. millions 460, cfcus & 1 8. mil maraue- do'^zrfpr' "''^ "'"S' neuf efcus La cité de Truxillo & fon party , ,i. aillions deux cens M. md marau.dis . qu, valent .9. mil neuf cens 60. efcus 47, fols (îx deniers. La ville de Caceres & fon party , payent fcpt mil- lions 8. cens 50. mil m aauedis,qui valent ,9 mil deux cens49.e(cus ii.fols. , > ""^"eux La ciré de Bad.joz & fon party , neuf million^fe- rr;;.f ~^'^'^--»--4.n,iu.ccns éo. quatre mil marauedis , qui valent i7 mil cent & i7.elcus 40. lois. Ltrs villes du Prox & Pozo » payent i6oj mil mara- uedis, qui v.ilcnt fcpt cens & cinq clcus 4. fols. La ville d'Almonacid , & la i'rouinc e de Zorita, vn million cent ôc huiftantc hpift mil marauedis, qui va- lent deux mille neufs cens onze elcus cinquante (îx fols. Les Villes de Venga, Talamenquc, & Tordelaguna & fa iurifdiébion , payent 18 millions 150. rril mara uedis , qui valent quarante mil fept cens trente efcus li.folsfîxden'ers. , ^ La ville de Yepes paye quatre millions & vingt cens trois mil marauedis , qui font cent & trois elcus qua- ' '' rante & vn fols. La ville d'Alcala de Henarcz , & les lieux de fa iu- rifdiftion, payent auec la ville de Bnbueda, ■ 6. millions 250. mil marauedis t qui valent 59.mil 828. efcus 29. (pis (îx denierst La ville de Madrid & fon party.payent 2 j. millions fix cens 45. mil marauedis , qui valent en efcus cin- quante fept mil neuf cens quarante fept efcus j6. fols deux deniers. La Comté de Pugno en Roftro , paye vn million 260. mil marauedis, qui valent trois mille 88. efcus 14. fols 4. deniers. Les villes de Cubas » & Grignon , payent de troi- fiefmes , 127. mil marauedis, parce que lesdixidmei I V Alcantara & fon party, auec fa prouince neuf millions quatre cens & ^ mÛ maraiTçdis, q, , va I lent vingt - trois mil quarante quatre efcus j r Ç^U fr deniers. ^j^^la. Le dixieftaoe des he.bes de Tordre de Calatraua, pour nourrir les chtuaux . trois millions 48 ■ mil ma :fct;Vfols."'"^ s. mil deux cens hura;nte cinq Ces herbes fe donnent aux cheuaux de prix au mois de Mars^ar fout de la velT. 6c de loige vefd,qu o" ^ pelle ai E(p»gne. ^//à/^ & A/cacd. ^ La Prouince de la Serena , paye fcpt millions cinq J5"fols^''"'^ «laraucdis , qui valent .Sjyj.efcus L. cité de Merida & fon party, vingt & .n mi!!'on fepTfols"' "■'^^^"^'^i^' font 5 mil 44. elcus La ville de la Fuente le Maiftre & fon party, 6 mil- lions neuf cens foixante & treize mil marauedis* oui vn (ois''"' "^^'"'^ ^'"2^^ '^'^ ^^^"s q'^arante & La ville de Guadal.can3l,& fon party trois millions crois cens cinq mille marauedis , qui valent 8. mille cent elcu-- 3 5 [ois. La cité de Xtcf z de Badajoz fcpr millions cinq mi'- le marauedis qui jont dix fept niiile4.cens& ôi.tfcus \ 8. lois. * «-ii-ui, La cité de Seuille fon party &f, terre iSo deux M 4 Des Eftats du Roy d'Efpagne. "1; 1 1 m.Iiions trois cens huiftante f' pt mille mataue-iis qni font q ,a(ic cens 41. mili^ f.x cens quaranie lei)t elcus . . ,^ .11 j 1 Toute 1 ^ rnite Je la Seigneurie de Senille.dcux mil- lions, qui font quatre mil 9 cens, & vn elcu cinquan- te huidl lois. , La ville d*- Paima , Geluej payent de troihelmes pour année dcnx cet.s 58. mille manusdis , paice que les dixitfmcs apparrienncnt au Comte de Palme , & G' lues , qui valent cinq cens huiftante trois elcus Vilior- fols. Les villrs de Tcba,& Aidalcs,payent de troifielmes chaq-ie année mille marsiifdis , parce que les daielmes appartiennent nu Marquis d'Ardalcs,qui va- lent mille 4 cens ôc Z4. Hc^s vn folv deniers. La ville dt Lleiena & fon narcy payent de troiflel- ines, & dixiefmes chaque année trois millions-, & cent 15. mille maïaucdis , qui font fept mille 659. efcus 19. fols. La cite de Cadix paye hnid miltiot^s quatre cens 40. & deux mille marautd.s, qui valent vingt mille 69 ■ . cfcu dix lois. La tente de la Vicomte de ia ciié d'/ Cadiz, 5. mil- ' lions, }8.mil niarau.dis,qui valent l'ept mille 400 & 46. ( feus 5. fols. La ciié de Gibaltar, pnyr vn million, cinq cens mil . le maranf dis qui font tiois mil fix cens & 76. c t'eus i^- , fols 5. dt mers: ,,. ' La cite de la f.ontif re & Ton party, n m'inons ijo. , m lmarauedis, qui valent 50. vn mil 858. elcus 5. fois ûx dtnifrs. •. \ La ville df Carmona& Ton parry, neuf millions 4. cens& 50 mil matauedis.qui valent z}. mil léi.elcu 4. fuis fix d' nicis. ., Lrs villes de Lota & Setafilla,(lx cens huilante mil maïautdis, qui (ont 1666. efcus 4 fols* La cite d E ija ^ fes f^ux-bouv^s 1 5. millions cinq cens mil mar3uedis,qui valent 37. mil 990- elcus onze fo's fix deniers. , .„. La c.é de Curdcue & fon parry, huift millions 5^8. mil mara-'cdis , qui valent ii. mil 5 j. elcus 5}. , fols d' ux deniers. , .. u L'enclos des Unix Uoyaux de CotdoHe.payent cha- que année , ,7. millions 61. mil marauedis. quitont qnararte & vn mil huiâ: cens dix - hui qui valent onze mil 764- tlc"s jo. lois fix deniers. •11 La cité d'Eibcda & fon party , payent 1 1. millions /Î40 mille n.arsucdis , qui foi.t xt. mil J i « • ^1^"* 5o- fols dix deniers. ., La cité de Biccn,& fon party, 17 millions 516. rail- le maraucdis, qui font 59- «nllc neuf cens nouante efcus \^. fols 8, dmiers. , ' La ville de Q^iefada paye chaque année vn million 418. mille marauedis , qui font h75- ^1^»^ 19. lois ^'^La Ueiuena«cc de Cr v^^l- > V'^ 1""^ ' m.lmaraurdis, qui va eut (ci/c mille t^^. efcus... fols trois deniers. .,, La Comte de S.Êfticnncpayr vu million 340. mille maïauedis , qui font trois mille deux cents 80. quatre tfcus 19 fols. ., La ville de Matros & Ton party . pa>cnc on/e miU 1,0ns 4îé. n il DiaïaïKd.s , qui iont »8 mille 29- «icus 6: quùit'.- lois. . L ...1. di Ir:ën ii.' fon parfy,payent quinze millions 9ié.mil inaraut dis, qui valent }9 mil }4. <:fcus iï?.iols lu d'. nicrs. La ciié Gicnadcfi terre & fon p.nty,payent cha- • ,qut snncc , 4'. millions neuf cens n«ut ir.ilie mara- uedis , qui font cent &: quatre mil nouante trois efcus huidk (ois fix deniers. Les foycs qui le font à Grcna devaient au Rf^y cha- que année zi. millions de marauedis, qui font 5a9H. efcus 54. fols. le ne Içiy fi à preunt K- pro it en ttk- aulTi grand ; car bien que l'aye tafché de 1. fçauoir , ie n'ay peu , à caufe de iadiuetlité des nourriHons , de- puis que les Mores fuient généralement dcch-^lies en l'an 1610. comme i'ay dit en ce liure. La rente nommée Guchyabizes de Grenade , vaut deux millions 780. mille marauedis , qui font quatre mille neuf cens & deux efcus 44- fols. Les citez de Loxa.Ôc Aihama, payent trois millions fix cens 50. mille marauedis.qui font ^946. efcus cinq fois. La cité de Baça & fon party , dix millions éié. mil marauedis , qui font vingi - fix rail quarante quatre ef- cus trente bui6k lois. La cité de Gadiz,& les monts des enuirons.fix mil- lions mil marauedis , qui valent quinze mil lix cens 74 elcus vn(ol, La cité d'Almcrie.paye ttois millions huiélante mil- le marauedis , qui valent (ept mil cinq cens quarante neuf efcus vn (bl fix deniers. Les villes d'Almogneçar , & Salobrcgna , payent deux millions 6 4î. mil marauedis . qui font fix mille quatre cens feptaate & lept efcus cinquante fix fols cinq deniers. La ciié de Malaga & fon party , feize millions deux cens & 60 neuf mil marauedis , qui font 59. mil 875. efcus quinze fols. La cité de Velcz Malaga , paye trois millions 5 19. mil marauedis, qui valent 8. mille fix cens quatante neuf efcus trente & vn loi. La ville de Pulchegna, quatre cens & dix mille ma- rauedis , qui font mille quatre efcus cinquante quatre ïoU. . La cité de Ronda & fa terre , payent cinq millions }} 4. mil maruiedis , qui font ireze raille 7 } . efcus 31. fols fix deniers» j Les Hles de Canarie , quatre millions huid cens ' trente mil marauedis , qui fout onze mil quatre efcus 55. fols. L'ifle de Tcnerife, trois millions de marauedis, qui font fept rail trois cens cinquante deux tfcus cinquan- te fept fols. L' Ifle de Palme, deux millions quatre cens rail ma- rauedis , qui font cinq mil huid cens huilante deux efcus zz. fols. - Le feruice ordinaire que les Royaumes de CaftiUe payenr.vaut chaque année cent & quatre millions }jo. raille marauedis, qui valent deux cens & i 51. mille cinq cens & vingt & vn efcu cinquante deux fols qua- tre deniety. Le droid des ports du Royaume de Valence , Ara- gon. & Nauarrc,valent 49 millions 35. mil marautdis, qui font cent & vingt - neuf mille cent & cinq efcus , cinquante lois. i Les dioifts des ports du Royaume de Portugal 34. millions cinquante mille mai auedis, qui fonthaidan- i te deux mille fix cciis trente lept efvus quinze fols lut deniers. Les rentes des laines,& droits qu'on paye pour les ! tirer hors des Royaumes, vahnt cinquante trois mil- ' lions cinq cens Se hiiiétante fix mil marauedis.qui font cent Si trente mille deux cens tH. foixaute deux efcus, (cize fols fix deniers. La grande Dohannc de Seuille , VâUt 154. raillions trois cens & dix-neuf mille matauedis, qui font trois cens feptante deux mille cinq cens & ziî. efcus cin- quante icpt fols. , La Dohanae des Indes, vaut chaque année (>-j. millions Des Eftats du Roy d'Efpagne. millions de «araiicdis,qui font cent foixaiite deux itail 6j.cfLUs45.lols. La rente nommée la Seigneurie drs maifons de la monnoye de ces Royaumes , vaut 21. millions de ma- raucdis>qui valent 56. mille trois cens Se feptante deux clcus ) 3. fols. Le Roy donne a rente aux banquiers les droits des Commandcries de S. lacques , Calatiaue , îic d'Alcan- tara à nonante huiâ millions de marauedis > qui (ont 1)8. mil 47. efcus S. fols. Il donne pnreil'emcnt ï rente les hfibcs qui (c cueillent au teiroir dcfditcs Commanderics à 57. mil- lions cinq cens mil marauedis , qui font nonante mil Sjf.cfcus 56. lois. La mine de l'argent vif , nommée. Almedan , vaut chaque année. 7 j . millions de maraucdis>qui font cent & huidante vn mil fix cens feptante deux efcus trente cinq fols. LafaindlcCtoifade, oftfzlesdefpens, vaut chaque année deux cens raillions de marauedis , qui fane qua- tre cent & nonante mille , cent & nonante lîx efcus 4. fols 4. deniers. Le fubfide vaut chaque antiée à fa Majeftc 65. inil- lioiis de marauedis , qui font 159. mille trois cens ôc 1 j. efcus, 4 î. (bis. Les Eglifcs , (Se Euefchez de ces Royaumes Ce ten- tent tous les ans cent & dix millions de marauedis, qui font i6jj. mille lix cens & fepc e(cus cinquante fols, & Icpt deniois* Le feruicc de ces Royaumes vaut tous les ans à fa M.ijeftc 7. millions fcptantc & lîx nu;le marauedis, qui font 17. mille trois cens , & trente trois efcus 20. fols & dcvîx deniers. La rente de la monnoye foraine vaut feize mille ttois cens hux^anre fept efcus quinze fols & cinq de- 141 d'Efpngne , fe montent à I2 fomnie de treize rhillions quarante huiiSè nriiile ducats, qui font en efcus la fora- me totale, douze millions 1 fjé. mil 66 9. lois. Les Royaumes de Valence , d'Aragon , & de Cata- logne valent 75. millions , qui font i8j. mille Sij. efcus }i. fols. Ce qui fc retire des Ifles de Sardeigne , Majorque & Mmorquc , cft employé à la garde & defence defdi- tes Ifl s. Le Royaume de Sicile rend tous les ans en rentes, comptis tout ce qu'il vaut, 87J. millions, qui valent PAILLES D'ESPAGNE ^ri ONT ejlé au pOMUûir des Mores, dr combie/t de te^pSy comment deliurées aux chrejiiens. TOlede fut gaignée fur les Mores par le Roy Doti Alphonle VI. appellé Pair d'Empernir en l'an 1086. & fur du depuis perduii ,'ors que 1rs Moies r'èn- rrerenc eu Efp.igne , & demeura en leur pOiuiou par 1 elpace de 571, an. Cordouë fut en la puilTance des Morts refpacè dé 5 M. ans , & gaignée fur eux l'an 1255. le iç, de luin, 6 confacrce aux bien - heuf eux Apolhes S. Pierre Ôc S. Paul. Le Royaume de Murcia demeura en la ouifTnnce des Mores 527. ans . car il fut pi is en l'an 71 5. & a^iapc' iur eux en,!'an ..4,. auquel iVniuerfité de SaiLan- que tut fondée. ' La Ciré de laëa fut po(redée par les Mores cind centv,noc-neufans,&g,ignée(ureuxl'anu4.. ^ Seu.lle fut régie des Mores 5 5 ^. ans, & g.ignér Jofe hV hT'"'^^''''^^?'^' lacob, aL,, ^ loleph Roy de Marruecos. Algezira fut au pouuoir des Mores 6,, o. ans, aaî- gnecen Ut. ■ 544. Ceux de Caftilie & de Léon pour auoirceftr Cne enooyerent .u Roy Don Alonfe du- rant tout le temps qu'dle fur .(TKgée.le tr.bnr no'mn é Alcauala, qu. eft trou blancs de chaque quatre reale tribut qn, (e tiroir de totites les rj,archan Jlf.s d'Efpa gae,_& depuis ils le payeront to.fiou.s. l'aUgmenran^ de telle forte qu'aujourd'huy de dix on en paye vn Gibaltar demeura aux Mores 748. ans,& fur «ai enl an 147 f. gaignc Malaga fut en la puilTance des Mores 77 , ans & '4^7. par le Roy Don Fernand V. les Mores la tindrent iufqnes à ce que les préparatifs fe firent pour prendre le Royaume de Grenade Gi^^nade fut la dernière gaignée tn l'an Î40 1 deux millions cent 44. mil fix cens & fepc efcus jo. fols | le Roy Don Fernand V. elle fe non^moir * ^^'^ &c 7 deniers. ment Betique , & demeura aux Mores 773' ans"' Les rentes du Royaume de Naples , enfemble la I voila comment l'Empire des Mores a pris fii Ef Poiiille & la Calabre, valeur 450. millions de maraue- j gne. ^ u en b(pa- dis , qui font vn million cent (k deux mille 541. efcus i On lit dedans leur hiftoire qu'au rerr ps que l'Ef^-' dix fols & 7. deniers L'Eltat de Milan vaut de rcnre tous les ans , 300. millions de marauedis , qui font 755. mil 293. efcus vingt-deux lois. Les Eilats de Flandres & Bourgogne , valent 700. millions de marauedis , mais ils ne (ont à pre(ent au Roy d'Efpagne, attendu qu'ils ont efté donnez pour ie doiiaite de Madame l'Infante Eliz ibeth Clara Eugenia, lorsqu'elle épouia Albert parauant Cardinal , en l'an Les tentes des caices, valent tous lej ans, vingt mil- liorsde marauedis, qui font 46. mille 500. vingt- trois eiciis 45. lois. Les rentes des fargcs drappées qui entrent de Flo- rence en ces Royaumes , valent dix millions de mara- uedis, qui (ont 14. mil 509. eicus 40. (ois. loBtes les parties de marauedis réduites en Ducatt gne fut pt.fe des Mores, il y eut vn Cap.came nomme MufTa qu'sen rendit maiftre, &cefteconquefte pcr- due pour les Mores fut reg.ignée par vu autre Car,,, ta.ne appe le auffi MufTa frère de Boaudiiin ptrtc Rov de Grenade, lequel ayant def.r d'embrailer la d Chrefljenne fe rendit amy du Roy Don Fernand , & de Madame Ehzabeth. Ce petit Roy arborifa la C^oix en ccfte cite de Grenade . & du temps de l'Empereut Charles V. & dt, P.pe Pie V. Il y eue v'ne grande^n o- ion entre les Mores conuertis nommez Morifqucs, lefquels ap.es s'eftre r'.lii.z enfembie fe voulu^r n etT,parer de Grenade , mais D.eu les empefcha de ce fane , & ne fc fa.fircnt que des montagnes appelîées Aipunarac . qu, font deux n^onts fort r^borte^x audi Royaume de v^reuade , pre. de la ville de Guadix Ce fut la ou ils exercèrent descrusutez du tout barbares .aifans mourir les Çhreltiens par des martyres cftranl Des Eftats du Roy d^Efpagne. ges & horribles. Us aeurent vn Roy qui ne rcgna que (epr mois, prn ^anc l. (quels ils (e confommerent com- mo le fel dans l'eau , ainfi l'Efpagne relia fans aucune altcration iufques en l'an 160 1. que les Motirques qui faifoicnc prof^lTion d'cftre Chreftiens.s'eftans accrcus & ademblf z en grand nombre en la ville de Sarragof- fe en Aragoo , le voulurent derechef (flcuec contre le Roy & ayans fait amas d'vue grande quantité d'armes, ils furent fi'iatcmcnt dcfcouuerts, & auflTi- toft con dimntz par Edit du Roy de vuider toute l'Efpagne dans trois mois. Ce fut vu Edu bien fafcheux poui cux,parcc qjie pour le peu de temps qu'on leur donna de penfet à leurs affaires. Ils perdirent la plufpart dc leurs biens , & par ainfi du codé de Seuille en Anda loufie , ils furent chalTez iu^qucs au nombre de deux cens mille , & soyons en fuicte comme l'Efpagne fc nettoya de ccfte vermine. BANNISSEMENT DES MORIS^ES hors d'Ejpagne en Cannée léio. DEs le commencement de l'année 1619, Philippe rroificme de ce nom , Roy d'E'pagne , en fit ban nu Se chalTcr tous les nouueaux Chreftiens Morifques, qui fe trouuerent cftie au nombre de 900. mille per- fonnes. Aumt que de rapporter la teneur de fon Edit, & comme il fut exécuté , voyons d'oià & quand font venus les Maures tn Elpagne , pour mieux donner à entendre quelles gens eftoient ces Morifques, & l'oc- cafion pourquoy ce Roy les en a fait mettre du tout dehors. ^PluftcursHiftoriens ont efcrit la vie de Mahomet, Icfqucls s'accordent tous , qu'cftant yfTa de panures g' ns, fon pci e de Religion Payenne, &: fa meie luifue, il fit toutesfyis accroire qu'il cftoic vn Prophète , par i'aduis d'vn Scrg us Moine & Atvicn.il forma vne reli- gion nouucUclHce du ludaifme & de l'Artianifme, laquelle ayant clandeftinemcnt femée & publiée , il attira à fa fnitte vn grand nombre de peuple d'Arabie, & fe rendit l'an 617. Duc & Prince de tous les Arabes SiSarrazirts. Lrs Caliphes des Arabes, c'eft à dire les fucceiïcurs de ce M.ïhomet , le firent fi puiflans eftablilTant cefte nouueil? Religion par leurs armes , que quatre vingts dix ans après fa mort , le Caltphe Vlit fut paifible pof- f»-(Tcur & Empereur de tous les pays qui fout en laco- ftf niiviiimc Septentiionale d'Afrique, de la Paleltine, Syrie, A rabie, & Pei fe -, bref df route cefte gratide lon- gueur de païs qui eft depuis le mont Atlas en l'vne des extremitez Occidentales d'Afrique , iufques au fleuuc Indus en l'autre extrémité Orientale d'Afic. Durant l'Empire de cét Vlit , fçauoir l'an 71 j. les paillardifes , vices & cruautez des derniers Roys Gots en Efpagne,ouurjtent la porte aux Arabes.Sarrazins & Maures, pour entrer en l'Europe par le deflroit de Gi- braltar, & conqucfter l'Efpagne, où ils y firent mourir en cinq ans fcpt cens mil Chreftiens , la peuplèrent ptefque de Maures,cxtetminant du tout la Monarchie des Gots, qui autresfois auoit foulé aux pieds l'Empire Romain & riiïnt- Rome & l'Italie. Tous IcsMiftotiens François rapportent auffi qu'en l'an 715. fous la conduite d'Abderamen Lieutenant geneiarcn Efpagne du Csliphe Gizit fuccclTeur d'V- lit, quatre cens mille Arabes , Sarrazins ôc Maures, palTcrrntlcs monts Pyrénées , & qii'cftans entrez iuf- ques à 5. licués de Tours au milieu de la France ils fu- rent îous mis au fil de l'épt c par Charles Martel Maire du Palais du Roy Thierry. Et que 5. ans après le Roy Amonhcc voulant fccoiiiit les Satiaiins (que ceMa*- monts Pyrénées : ce qui depuis arrefta Cfs infidellcs d'entrer plus auant en Europe : ôc donna le moyen & la commodité au^ pauures Chreftiens Efpagnols (qui n'auoient voulu fulîir au joug de ces Mahomctansi & qui s'cftoicnt garentis de leurs armes dans les monts d'Aftute,de Bilcayc,& és Pyrénées; d'eftablir affeurc- naent les Royaumes de Sobrabre & d'Ouiedo. Le naturel de la nation des Arabes, eft (comme te- ftifient plufieurs bons autheurs) d'cftre enneray du re- pos, ambitieux, entreprenant, 5c de ne fe pouuoir tenic en vn ordre. Aufli peu après en Afie ils firent deux Caliphes, l'vn en Petfe, & l'autre en Damas : & en fui- te par leurs diuifions l'Empire des Turcs ayant pris nailTance , ccfte grandeur où la nation des Arabes s'e- llôit efleuée, fut du tout effacée de l' Afie. En Afrique les Miralmumins Arabes s'y eftans faits ouucrains , rtfufercnt de recognoiftce les Caliphes d'Afie. Et en 4î. ans que l'Efpagne fut fucccffiuemenc gouuernée par vingt Lieutenans des Caliphesou des Miralmumins, vn Maure appelle Abderaraen tua lo- feph dernier Lieutenant gênerai en Efpagne des Mi- ralmumins d'Afrique , & fe déclara Roy de CordouÇ où il eftablit vne Monarchie laquelle a duré fous vingt Roys 237 ans. Cependant que l'Efpagne eftoit gouuernée par les Lieutenans des Caliphes , ou Miralmumins , les Roys Chreftiens de Sobraljte &: d'Ouiedo n'eftendirent gue- res leurs limites hors de leurs montagnes. Et mefmc au commencement du règne des Roys de Cordouë, Abderamen (qui eftoit fi puifTant qu'il auoit en fes guerres ordinaires ttenre mille cheuaux Sx. 100. mille- hommes de pied ) contraignit les Chreftiens de fe reti- rer en leurs premières demeures : mais pat fuccefGon de temps, & guerres ciuiles encre les Maures , firent que d'vn coftc les Roys de Sobrabre (e rendirent mai- ftres des pays entre l'Ebte & les Pyrénées, fc faifans nommer Roys de Nauarre & Comtes d'Aragon ; & de l'aurre les Roys d'Ouiedo s'emparèrent de tout ce qui eft entre le fleuue Duero & l'O-ean Cantabrique ou Septentrional , ( c'eft à dire ) de la Bifcaye , Léon , des Aftures & de Gsiice, s'eftendant raefmes outre le Due- ro en vne partie de Caftille la vieille ; ce qui leur fie lailTer le titre de Roys d'Ouiedo , & prendre celuy de Roys de Léon, Pour vn temps ils rctindrent fous leur fouueraineté la Caftille qu'ils faifoient regii par luges & Comtes , mais l'an 910. Dom Fernand Gonçales du confenttment des Roys de Léon en prit le tiltre de Comte (ouuerain. Voila quel fut l'Eftat des Chreftiens en Efpagne pendant que les Roys Maures tcnoient leur fiege à Cordou'é, iufques en l'an 10 1 4. Depuis les guerres ciuiles & diuifions s'augmcntans- entre ces infidèles , les Roys Chreftiens qui veilloient toufiours pour les ruiner, leur enlcuercnt Tolède, l'an loHj.Sarragofle l'an 1 1 18. & Cordoué l'an 1147. Ces pertes notables firent que plufieurs Roirelets Mau- res s'eiîeuerent en Efpagne chacun fe difant Roy de fon gouuerncment , les vns libres , & k s autres tenans des Roys de Maroc & de Fez : iufques en l'an ii}6. que le Maure Mahumet Aben - Alhamat fe fit premier Roy de Grenade, & fouuerain des Maures en Efpa- gne. Aufli pendant ces diuifions qui durèrent plus de 100. ans , D. Sancho le grand Roy de Nauarre , érigea l'an 1054. les Comtez de Caftille & d'Aragon en Royauines. De celuy de Caftille , il en pourueut fon fécond fils D. Fernand : Et de l'Aragon > D. Ramii fon baftard en fut le premier Roy. L'an 1090. D. Alfonfe fixiéme , Roy de Léon & de Caftille , ayant donné le pays de Porrugal ( conqutfté fur les Maures ) en mariage à fa fille Therefe auec Heniy de Lorraine; leur fils Alfonfe Hen'riques prit le ici auoir aflif-gci encor dans Natbonne) fut tue & par j..»....; ■ — - — -1 - i luy Jeffait en la bataille de Golibrc aux pieds des 1 titre de Roy de Portugal l'an iiiz. Voila l'origine de Des Eftats du Roy d'Efpagnc. tousjcs Royaumes cîuefticns qui scfleurent eu Efpa- gne (\it les ruines des Maures. Les Roys de Caftille donc deucnus les plus pro- ches voiljns des Roys d;; Grenade , leur firent aufTj plus ordinairement la guerre , toute sfois les Roys d'A- ragon fc tendirent nnaiftres de Valence l'an 1138. & ceux de Caftille prirent l'an 1148. à compofition Seuil- le:& Tan ujy. Muicie, les Algatbcs ôc plulleurs places que tenoient les Roytclets Maures , qui ne vouloieut obeyr aux Roys de Grenade. Ces redditions fc firent à condition de leur aflignrr autres terres Ôc biens poui viute en liberté de leur ReligioiitCous leur domination. Or ainfi que Mufa premier Lieutenant General dus Caliphcs en Efpagne ( pour ne la rendre deferte après leur conquclte ) de peur de n'en retirer aucun tribut, y Ijilfa demeurer les reftes des Chreftiens (qu'il voulnr eftre nommez de fon nom Mufarabesj & viure en la liberté de leur Religion, auec beaucoup d'autres priui- lcges:Dc meCmcles Roys Chreftiens en Efpagne^aprcs auoir conqucfté quelques villes fur les Maures , les y laifToient viure à la Mahometane. La guerre n'eftoit pas coutinuellement entre les Chreftiens Ôc les Maures : il fe faifoic entr'eux des Bdits de paix , à la rupture defquels les Chreftiens craignans la ttahifon des Maures qui demeuroient par my cuï , les faKoient fortir hors des villes , s'ils ne (e faifoient baptifcr. Ceux qui aymoient mieux le lieu de leur naiflance que leur Religion , eftoient baptifez: Et ce font ceux - là & leurs enfans que depuis on a ap pelU z Moïilquts ou uouueaux Chreftiens en Efpagne, à la diftin^ion des Mufarabes , appeliez Vieux Chte ftiens , qui le letrouuoient encor dans les places que l'on reprenoit fur les Maures. Il fc lit aujfi dans les HiUoires d'Efpagnc que les Maures en ces renouueile- mens de guerre ont tué Se pillé les vieux Chreftiens qui cftoiftjt parmy eux : àc que les vieux Chreftiens en onr depuis fait le mefmc des Maures & des nouueaux Chreftiens. Or la Monarchie des Maures , en Grenade a duré fousii. Roys 264. ans iufques en l'an 1491. que les Roys d'Aragon & de Caftille , Don Ferdinand & lU- belie contraignirent le Roy Mahomet le Petit de qu:t- rcr Iç titre de Roy, & de leur remettre la ville de Gre- nade, & la grande forterelTe d'Alhambra en leur piiif fance, à condition de luy donner honncfte entretene- nunt pour viure , & le laifler jonyr ôc fes fucccfteurs de l'appnnage dont il jouylToit du viuant du dernier Roy de Grenade fon prre : plus , que tous les Maures viuroiem en Hberté de leur Religion &c cérémonies en l'Efpagne : &: que ceux qui (c reciroient en Afrique ne lailferoient de jouyr du ftui6t de leurs immeubles , & les pourroient vendre fi bon leur fembloit. Ainfi les diuerfes Royautez d'Arabes & Maures en Efpagne fi nirenf,apres y auoir duré fept cens oclante ôc vn an. Ces Roys Don Ferdinand d'Aragon , & D. Ifabelle de Caftille font les premiers auiheurs de cefte grande Monarchie d'Efpagne telle qu'elle eft à prefent :car ayans vny leurs Royaumes d'Aragon, de Caftille & de Léon l'an 1479. conqucfté celuy de Grenade l'an I49i. enuahy 3c vfurpc celuy de Nauarre Tan 1512. ils le rendirent fouuerains de toute l'Efpagne, excepté de Portugal, que Philippcs 1 1. a depuis ttiiny à la Ca ftille.aptes la morr de D. Henry de Portugal. Hors de TEfpagnc ils tenoient en Italie , Naples 6c la Sicile: Colomb leur defcotiurit les Indes Occidentales : ôc puis ils fc rendirent fouuerains de plufieurs lUes aux coites d'Afrique. A ce Roy D. Ferdinand , le Pape Iules 1 1. donna le tilrre de Catholique , qtie les fucceiTeurs ont depuis tuufiours aulïi pris > ôc ce pour auoir cftably l'Inquili- tion en Efpagne contre les luifs ôc les Maures Maht: mctans, (qui a depuis eflié auflî employée comn ceux qui fo (eni oient mal cnJa foy Au mcfmc temps de l'cft-bliircment de l'Inquilâ- ticm, qui fut cnuiron l'an 1495. j] fit par autre Edit bamlir de fes pays tous les îuifs & Marnes qui ne vou- droicnt fc faire baptifer. D c ét Edit plufiturs en onC cfcrit ditierlcn f nt : les vns allcurans qu'il a efté fais d'vn bon zele ; Ôc les autres , pour confilquer tant de richtH.s que les luifs & Maures auoienr en Efpagne^: Et mefmcs aucuns ont dit, que cefte ordonnance auoiC efté belle en appa. ence, mais de pcrilleufc confequcn- ce ; car les Imfs qui ne voulurent y obf yr , fe retirè- rent au nombre de cent miile (rjr les u nes du Turc, où ils apportevçuî l'snuçntion des canons ôc de la pou- dre : iic ceux qui fe firent baptifer , s'allit rcnt depuis auec les nobles faniilUs d Efpagne qu'.ls contaminè- rent de fang & de créance. £t pour les Mautes Ma- humttaus, ils reprirent derechef Us armes, dcfirent ÔC tuèrent D.Aifonfed'Aguillarenuoyé contre eux: mais en fin l'an i joi le Roy D. Ferdinaiïd leur permit de fe retirer en /'friLiucrgc vendre leurs biens. Amfi Jes luifs Ôc Muires M ihumetans furent depaïkz du tout d'Ef- pigne; Er de toute la race des Maures n'y dcwieura que lei Morifques ou nouueaux Chreftien$,qui enoac efté chalîcz en cefte année par le Roy Philippes troi- fiérac. Voicy lu teneur de fon Edit , par où fc cognot- ftra mieux 1 occîaflon qui l'a me u à ce faite que ccouc l'en pourtois mettre pat extraid. Le Roy. Parer que la raifon oblige m confcierice le bon ôc Chrefticn gouucrncmenc d'txpeller ôc .flcr de tous Royaumes ôc Républiques les chofe^ qui f caufenc fcaudale, ôc portt nt dommage aux bon* fub- )e(is,ÔC danger à l'EUat,& fur tout qui ofFenfent Die» noftre Seigneur , & font préjudiciables à fon feruice i A cefte caufe l'expérience ayant monftré que la refi- dcnce des nouueaux Chœftitns les Morifques Ôc IcuE demeure aux Royaumes de Grenade , Murcie, sSe An- daloufic, a caufé tous ces inconueniens : parce qu'ou^ tre la façon de procéder de ceux qui s'accordertnt en lafouflcuation dudit Royaume de Grenade , laquelle- commença par atroces meurtres & tueviés de tous les Preftres & Chrt ftiens vieux qu'ils peuient attraper de ceux qui viuoient parmy euk , ^ppdlant ic Turc à leur lecours & ayde : & les ayant tirez dudir Royaume . permis de demeurer en nos autres Royaumes, rb' .y^n- nant qu'jls fe repcntiftent de leurs fautes , ôc vefquif- fent hddlement& Chreftiennement , félon les préce- ptes & iuftes ordonnances qu'on leur donna : non fçu- lerflent ne les ont gardea? & accomplis , fuiuanr les obligations de noftre fainde Foy : ams ont moi-ftré toujours auoir icelic en gt^ànd mépris, ôc ne crainare d olTonlcr Dieu noftre Seignéur , comme a efté vcc^ par la multitude de ceux qui ont efté chaftièz Ôc punis par le faind Office de l'Inquifition: outre ce qti'ils ont comms plufieurs larcins & meurtres contre les vii-ux Chreftiens. Er non contensde ce, ont voulu confpircÈ contre hia royalj: Couroipe & mes Royaumes, re- cherchansl'ayde& le fccours du Turc, allans ve* nans perfonnts par eux cnuoyéts à cet effeâ: , & fa?J fans le mefme enucrs autres Princes , defquels ils Se promettoient ayde & fccours , leur offrant leurs per- lonnes ôc moyens. Et puis qne durant tant d'années qu listramét ces trahifons & céfpirations, aucun d'eux n'eft venu à les reueler , aii:s ks ont toufiours couucr- tes, cachées. Se niées : c'cft vu fign^ très - cuidcnt que tous ont efté de mefmc opinion ôc volonté , contre le bien de ces Royaumes j encores qu'ils ayent peu imi- ter plufieuis Chcuahcrs des leurs de gcoereufe extta- aion , qui ont f.iâ: fccuice à Dieu , & à ne s Seigneurs les Roys nos progenitcurs , & à moy, comme bons Chreftiens , & vailaux trcs-loyaux. Confiderant donc tout ce que dit eft , ÔC l'obligation que i'ay d'y mettre \ ordre & lemedç , ôc procurer la conferi;ation ôc au- 144 Eftats du Roy d'Efpagne. pmcmacion de mrs Royaumes & fubjeas , & defuant j biens meubles, & choies mobiliaires, & f^ire cmploi- depoumoirautoir.i'ayarreftéauec l'aduis&confeil ce d'iceux en marchaidues, comme dit cft, ou en de rJufKuis hommes doAes , Ôc d'aucres perlonnes, t'ruias de ladite terre , & emporter celles qu'ils ache- foi! Chicft:oiis, prudents & )alo..x du feruice de Dieu ] pteront , parce que pour les immeubles faut qu'ils dc^ & du micn.dc chaffet deidiiks Royaumes de Grenade, Murcie , & Andaloulif , & de la ville d'Hernache (en- core que ce foit hors les limites defdits Royaumes^ tous les nouueaux Chrcftiens Motifques qui font en iceux.tant hommes que femmes Uc enfans. Car com- me quand quelque grand & deteftable crime fe com- met en quelque Collège , oa Comraunau'c , il cft tai- fonnablc que tel Collège ou Communauté foit de- ftruit ou perdu , & que les petits pour les grands , & les vns &c les autres foient punis, & que ceux qui per uettilTcnt la bonne & fincere vie des Republiques & de leurs villes Se chez , foient chaiTez loing des aunes habitans, afin que leur contagion ne fe prenne & gafte les autres. A cefte caufc en vertu des prefentcs , i'ordonne & commande que tous les nouueaux Chrcftiens Monf- ques , fans en exempter aucun de ceux qui viuent 5c font refidents aufdics Royaumes de Gtenade, Murcie, Andaloulie, & ladite ville d'Hernache, tant hommes que femmes , de quelques âges qu'ils foient , tant na- turels que non naturels , & qui en qudque naanicre ou pour quelque caufe que ce foit font venus & de- meurent aafdits lieux , excepte ceux q iJ font efclaues, fottent dans ^o iours premiers fuiuans , qui fe conte meurent pour mon domaine , & pour les appliquer à l'œiiure du feruice de Dieu, & bien publ'C , félon que mieux me femblera tftre conuenable. Déclare par ces prefentes , que ie les prends & reçois foubs ma prote» étion & faiiu^-garde Royale , & les alTcure eux & leurs biens, à ce que pendant ledit temps ils puiflent aller & venir, & eftre aftluiez pour vendre, rtoquer & aliéner tous leurs fufdits biens,meuble$ & choses mobiliaires» (k employer la monnoye, or, argent & ioyaux, comme dit cft , en marchandjfes non défendues & acheptces des naturels de ces Royaumes , & fruids d'iceux , & emporter auec eux lefdites marchandifes & fruids, li« brement , & à leur volonté , fans que pendant ledit temps leur foit faiél ny donné aucun mal ne dommage en leurs perfonnes,ny biens contre Iuftice,fur les pei- nes en quoy encourent ceux qui rompent la fauuegat- de Royale. Et tout de mefmc donne pcrmiflïon & faculté auic fufdits Motifques qu'ils puilTent emporter auec eux de roefdits Royaumes & Seigneuries lefdites mar- chandifes & fruits, tant par mer, que par terre, payant les droiéks accouftumez , auec ce que , comme delTus eft dit, qu'ils ne retirent , or ny argent monnoyé, ou à raonnoyer > ny autres choies défendues par les loix de ront du iour de la publicanon des prefentes , de tous ces miens Royaumes , en efpece , ny par change, faut CCS miens Royaumes & Seigneuries d'Elpagne auec | lefdites marchandifes & fruiéls , qui ne foient chofcs leurs enfans Ci filles, feruiteuts & feruantes , ôc autres leuts domcftiques de leur nation , tant grands que pe- tits,& qu'ils ne foient fi hardis de retourner ny demeu- rer en iceux. ny en aucun endroid ny paitie d'iceux de lefidence n)' de paflàge , ny en aucune autre manière quelconque. Et leur prohibe Sc defens de fortir par les Royau- mes de Valence , ny Aragon , ny ciitrrt en iceux, fur peine que s'ils le font n'accompliiUnt en la forte que du eft ; 5c s'ils font trbuuez en mcfdits Royaumes & Seigneuries en quelque forte & manière que ce fou, pi lTé ledit tetme,ils encourront la peine de mort, & confifcation de tous leuts biens pour rtfFc(^ que i'ordonneray les appliquer. Lefquelles peines ils en- courront le mcfme fait , fans autre figure de ptocez, fentencc, ny déclaration. Et prohibe S>c commande , qu'aucune petfonne de tous mes Royaumes & Seigneuiics, y eftans & y habi tans, de quelque eftat, qualité, preeminence,& condi- tion qu'ils foient, qu'ils ne foimt fi hardis de rcceuoir, ny receller , recueillir , ny défendre publiquement, ny ftaç'-eroent, homme ou femme Morifque, paffé ledit t roié, & ce pour toufiours & à iamais, en leurs teites, .naifon$»ny autre lieu quelconque, fur peine de perdi- tion de tous leuis biens, valîaux, fortercftts . & autres hercditez, & en outre de perdre toutes & chacunes les glaces «£ bien-faits qu'ils ont de nr.oy , appliquables à ma chambre & fifcq Et encores q l'tquitablcment i'eulTe peu confiiquer Se appliquer à mon dorraine tous les biens , meubles Se immeubles deldits Morilqurs , comme biftis de proditeurs , criminels de Icze-Majcfté diuine & hu- maine i toutesfois vfant de clémence enuers eux, il me plaift , que pendant Je durant ledit ttm^s de trente iours, ils puilTcnt dirpofei de leuri biens, meubles, & chofes mobiliaires , 6c les emporter non en monnoye, or, argent , ioyaux, ny lettres de change, n-ais en mar- chandifes qi'i ne foient prohibées, ach- ptées des natu- rels de CCS Koyaumcs , & non d'autres , ou en fruidts deldits Royaumes. Et aiîi) qu'iccux Motifques puiiFcnt durant ledii défendues. Toutesfois Icut permets bien qu'ils puiflent em- porter l'argent qu'ils auront befoing pour leur paflage Se tranfport , qu'ils auront à faire par terre , comme audî pour leur embarquement par mer- Et commande à toutes les luftices de cefdits miens Royaumes , & à mes Capitaines généraux de mes gaietés , & armcej de haut bord , qu'ils facent garder & accomplir tout le contenu cy-defllis : & que non feukmint ils ne contreuiennent à ce,mais cncoies' qu'ils y donnent Se apportent bonne & bricfve exécution, & toute faneur &c ayde que befoing fera , fur ] einc de priuation de leurs offices , & confifcation de leurs biens. Et com- mande que cefte mienne commiflîon ôc tout le con- tenu en icelle ils facent publier publiquement ; afin qu'icellc vienne à la notice de tous , & que petfonne n'en puifte prétendre caufe d'ignorance. Donné k Midiil , le neufviéme iour du mois de Décembre mil fix cens Si neuf, Signé, le Le Roy. Et plus bas, Andic de Prade. A cefte caufe , afin que ces prefentes viennent à la notice de tous, le Dom lean de Mandofle Marquis de S Germain, &c. Oidonnc que ce mandement foit pu- blié en la forme accouftumée en toutes les villes & lieux de la iurifdidion de cefte cité de Se uillc. Êt par- ce qu'elle eftant, comme elle cft tant prochaine, & que l'embarquement doit eftre fait en ictile defdits Mo- tifques, & pour certaines autres caufes iuftes , qui im- portent le feruice de fa Majifté, & autres confidcra- tions à ce mouHans , en vertu des commandemens> que l'ay de fa Majefté , pour faire ce que plus con- uiendra au temps qui leur a efté prtfix pour fortir: le ne concède aufdits Motifques des villes & lieux de cefte Ptouince que vingt iours , pour fortir d'icelles} nonobftant que ledit Edit leur concède trente iours, Itfquels commenceront à courir le iour de la publica-» tion dudit tdit. Et durant ce temps ne pourront for- tir defdites villes & lieux où ils ont kur habitation SC maifons , fur peine de la vie , fans que pour ce faire ils ayent hcence & pcrmiflïon des Alcades, Supérieurs ÔC lufticicrs, que le Seigneur Marquis de Carpy Gouuer- temiM de trente iours, dilpofa d'eux, <5c de leurs ncutdç cefte cité de Scuille , nommera en chacune ~ fille. Des Ellats JuRo villç. Et oii il ne leur en nommera, ils fctonc fcniis de inicndrc l.idirc licence & pcnnillion des Ii)gîs ôc luit; cts des lieux , enfcmble les condudicuis tk gmdcs qui les doijiriit conduire Si mener à rcmb;u\]iictncnc. Er la pcii)t«à laquelle ic les condamne des à [ncfeijir , s'ils font le contr.iire,("cdoic promprcmcnt &c iiremillibk- ment exécuter. Donne à Seuiile, le douzième ionr de ianniec 1610. 1 L'exécution de cet Edic fut aufll prompte que la pn y d'Efpagne. 11. , , , . ' " , ' 1 > r-"-' • " F^'"^^»^ M vie, (comme il elt poc- bijcat.on : C.r tons les n Ws & va.llcanx huent a.- ce par la prefcntc Ordonnance) donc .is reconnoiftront de leiiidite demeure , ils feront tenus de Ce reprefcntcc a 1 huc(q.,c du D.ocefe dans Irqucl ,1s feronc. anqwcl ris feronc apparoir -ie l'adc de leurdirc profeinon de foy . fa.ae pardcuant ledit Euef^nc de Hayonne, h- quelle ils y couiiupcront , & en retireront aufîî ra ade dudJt tuelquc, qu'ils feronr entcgilhcr au Greffe du IkiUugc d'où fera leurdite demcue , pour viure d'orcfnauantcnl.dKc Kcligion Catholique, Apofto- iKiae, Romaine : à peine de la vie. (comme il elt poc- leftfz en tous les ports d'Élpagne , de quelque p.iys qu'ils fulknc, afin de les palTcr où ils voudroient k re- tirer. Plufit urs palfercnt d'Efpagne en diuers ports de Raibnrie. Mais tout le long de cette année àplufieuis & dinerles fois, tant p.-.r mer que par terre, il aborda entra en France plus de « jo, n,ilk perlonnes de cts Morilqnes. Les premiers qui arriuerent aux potrs de Prouencf , aucuns pairercnt Icuremetit en Afiiquc : mais ceux qui partirent du port de Brekon receurcnt ta-ît de violen- ces «"^c volenes prcs de Porte - farine , en Barbarie , par ceux qui auoicnr pris la ch irge de les y conduire ; que cet aéte a cKé t-rtimé le plus mfîdelle &c mekhanc que l'on puiile imaginer, La chante , & la bontiue hunaanirc de Henry le Grand f'beHfS cSc i\jrcs parties en vn Roy très - Chre- iiicn) ne pouiiaiit tn luy dcnjeurcr oytîues à vnc fi bel- le occ.ilion , fureur cauie de l'Ordonnance luiiiantc qu'il Ht fur l'cnticc le pailage deldics Motifqucs en Irancc. Le Roy ayant elle aduerty de l'Ordonnance n'ague- tes taiftc par le Roy d'Efpagne , poicmc commande- ment exprès à tous Motilqucs , eftans fur Tes Edats ôc pays d'Efpagne , d'en lottir dans vn brief temps , & iccux dclTiabiter /ur de grandes peijies , qu'il fait exé- cuter conti'tux, & qu'à cette occalîon grand nombre de familles deldits Morifques s'tftans mis enfemble, s'achemmcnr kir la frontière de Bifcaye , pays de La- bour , & de la ville de Rayonne. £c ayant ("a Majcftc toute bonivî intention qu'il loic vlé en leur endroit :l fiumanite pour les recueillir en Tes pays & Eftacs : Et que pour ceux qui font & voudront faire profeffion de la Religion Cstholiquc, Apotlolique, Ro'.Tiaine, ils y puiirent demeurer en toute feurcté. Et pour les autres qui ne le voudront faire, il leur foit donne libre palfa- ge , iufques en fes ports de la met de Leu-ant , pour de life faite ttanfpotter en Barbarie , ou ailleurs, que bon leur fcroblera. Sadite Majeftc a crdoDrc & ordonne, que lors que efdits Morifques apparoifttont fur ladite frontière, il f ur fcia par le Commù'laire , qui fera à cet effcék en- >oyc par la Majcftc,declatc de la part d'icellc que tous ;eux des fufdits Morifques , qui voudroient viure en adite Religion Catholique, ApoRolique, Romaine, k faire pjohilîon d'icellc>qu'ils ayent à en faire prom- •tcrnent vn roole, contenant les noms , furnoms, âge Se fcxe d'iceux , pour leur tftte affigné temps & litn pour faire ladite prokfljon patdeuant l'Euefque diidit Bayoniic , on fes grands Vicaires , tn la forme qu'elle "Oit tftre faite , rlunt chacnn d'eux iciirera vn &de & certification dtdit Euefque ou difdits grands Vicaires. tous Icfdits Catholiques remis enf< m- blc, feront conduits parkfdits Commiffairts , iulques i ce qu'ils aytnc palfc la riuieies de la Gaionue & Dordonne : lefquellcs palTces ils pourront demeurer Se habiter dans ks villes ou plat -pays des terres de obeyllanccde fa Majcillc, qu'ils voudront choifir. A a charge touicsfois,(ju'apies i'tfleûion faide du lieu auoireu entière coi.uoilîance. Et contiendra auffi le- dit a^e, qi. ils le (ont aulfi lotifons de le reprcfentcr à Enelque au DioceCc duquel ils tcfoudront de faire leur ff lidence. Et pour les autres defdits Morifques qui ne feronc c taxe kur (tra fn.te par tes luges des l.eox, comme il a accouftumedcftie fait en pareilles occasions. Fait à Uns k vingt -deuxième jour de Février 16 id. ' rORGET. Pour l'exécution de cette Ordonnance,k Roy don- nu la commiffion au fieur de Clieik d'aller rcceuoir les' Morilques Caftiilans qui vouîoient entrer en France' Lequel ade ils k.ont unus par n.e[me moye i f ire par S iëan de Lu k^^^^ ^" ^^^g^terauGre^delalu^cduditBayoLe. r^^! il co^^I^IJI^^^^^^^^^ ral Qu Languedoc de les conduire en kur palLee iuf- ques aux ports & havres plus prochains des mers Leuant . pour y tftre emb^quez & portez en Barba- rie, luiuanr ce qu auoient requis lefdits Morifques ' D'Angier ayant receu compofition par le Duc'de Ventadour Lieutenant du Roy en Languedoc if hxecura autc toure fidehté , & fie conduire W i4<5 i^^s Eftats daKoy a bipagne. enLanc^ueclo'T.q'ncftrur b mer Me. u.rnnér. ou ii U'n coue de Beaiu ;1 ncn loic tntrc vn bori ^ncuA-rf. eMficcin'.a.qucradu.-:re.-f.>.rl^.sdeî:cn:env;i,ld (qui pruincnt leur .hcmin dit coftc dif Taiûcs, i quels aUer-iîc dcfc^udie à Tumî en Barbarie auec ' fcit reformer ladite comm!ffiur,y ayiiu ta:c adjo-iUec une de feu^Vc , uiv l-s Comrriaaiics deld.ts MociC- .la coociiuicon du pouuoir que vous au tz ae prcn- oues a.,x ruucrciaïKM. qu'ils eu firent depuis .^-U Roy, j die garde à icur pillage . donner ordre a ce qo Us s a- *1 ' " J-.. chemsnenr par les lieux qai fe trouucroiu pins com- modes pour hurs vsures, logemens , & pour leur em- barquement , tenir la main à leur leuretc , & à ce que les riches payent pcvji les pauares : en Totte qu'il n'en demeure aucuns derrière,^ qu'ils ne fcjournent qu vn ioiit feulement poar femaine , afin que tant pluftoft l'on en (oit deliurc. Vous trauaiUetczdonc fuiuant ladite commiflîon à faire palFer ce qui fe prefcntera , &r prendrez auflTi tou- jours garde à ce qui Cvherra par delà, important le (er- uice du Roy ixon fils, & le bien & repos de fes fujets : ik fur ce ie prie Dieu,Monfieur d'Augier, vous auoir en fafaindte garde.Efcrit à Paris le 19. lout d'Aoull s 6 10. Marie. Et plus bas, Philippeaux. Ainfi le fieur d'Aymar ayant fait fubroger ledit fieut d'Augier, pcyr faite la conduite &c cniiKUMiicment dis MorU'qucs.quiviendroicnr par terre en Languedoc, il s'achemina en Prouence pour y fai:e embarquer les iMofifques qui y cftoif nt arriuez par mer. La principale d-itî:ulic de ces cmbarquemcns eftoic & à la Royrte Rigtnt^ ia mcrc , fe loUoicrt fort des fsgts d^ponemerts du dit d'Aogicr en leur tndroit. L'.-.d.ns que la Roync R^gei.rt récent , que jo. mil Morifq-ies Aiagonois {.'achtminoient cricor en Fran- cc,e;c qu'il tftoit airiuc aulii vn grand nombre de Mo- lifqnes Grenadins en Prouence, fur des vaiffeauxRa- goiifins, Catha'ans, & Geneuois : Leurs Majrfttz foi- gneults de la conlctuation defdits Morifqucs , &c au(ri pour pouruoit tant aux plaintes de leurs Comn:i(îai- les, fur les violences que l'on auoit exercées cnuets ceux qui s'êftoient embarquez au port de Brefcon : «ne pouf faire hafter le padage d.fdits Morjfques en Barbarie , à caufe de la plainte que faifoient les habi- tans de PiçuencCj^i du LdPguedoc,touchant l'incom- modité du frjour defdits Morifques , & le danger de conrag'on par la mifere où tltoient réduits plufieurs d'iceux Movifqucs , dont les Hofpitaux de Marfeille eftoient remplis : Leurs Majeftt z, dis - je , enuoyerent le fieur d'Ay l ar des Requeltes , auec commidion de deliu:er entièrement lefdits p?ïs de tant de Morifques, ces & \r, Çy-rc- conduire & p^fTer en Barbarie, fans qu'il! qne les mieux aifcz vouloicnt a embarquer touliours leur fuft fétl auci;n tort ny iniure, & regarder à ce que les premiers , & la-.irer les plus panures dmiere : & la le tout fe fift au repos des habitans deldues Prouin- j principale caufe de la comna^ion du Roy , eltoir. Que les riches Moisfqucs payei oient pour les paa- ures> afin qu'aucun ne tcftaft. Ce fut pourquoy iii er»- joignit aufdits Morifques à Marfeille d' dlire des Com- ques qui y cuo.enr cncoïc, i.u. ..-.w... miirdres d'enti'eux peut procéder à la cottifation de tio'^ d" leurs Mnjdtrz : fur leurs plaintes oncommen- i tous Us deniers nffcellairts a leur embatqutmcnt.nour- ce ie --^oce- à Aii'horon le fils , fes patrons & mari- \ riture des panures , & autres dépens qu il leur conue- nicrs ^rclUz unfor.nicrs au fott dcBrefcon. Il pour- j noit faire, & vu Rcceucur pour les receuoir. Le fieur Le fieur d'Aymar fuiuant facommilTion s'achet^i- ne à Agde , faid adtrcbler les principaux des Moril- ques qui y eftoient encore, leur fait entcndte l'inten uoidaux choies neceiTaires à l'embarquement des Mo rifques qui v eftoimt , & de ceux qui y deucieot arri- uer : donne charge à Payrat & Palmier marchands de Pefçnas & d'Agde , de fournir fie trnir prcfts df s vail- ieaiu pour le psflTage deldits Motilques : taxe les vi- u*-fs , ordonne qu'on leur payeroit pour tefte quator- ze liures : que la faiime & Ion enfant iufques à l'âge de cinq ans ne fcroicnt comptez que pour vne telie, . & eue deux enfans de l'âge de hu.d iufques à dix ans, n'ance par le Languedoc , il s'en fie voe oiandc plainte au Parlement de Thoulouze , pour le degaft incommoditi z qu'suoit nt fouffett les bour- gades où auoient paflé puparauant les Morifques Ca- rti!lûns,ce qui fut le fujeû de l'Arrtft doiuié audit Par- lement le 6 d'Aouft , poftfnt inhibitions & defenccs aufdits Morifques d'entrer & pafl'cr dans le Languedoc, à peine de la vie. Mais d'Augier con:inuJnt fa commiffion , adi'etty que pluficuis eftoient arriuez p;cs Sainâ: Subisc, lentement efté aducitis que l'on u'n pu cmpeieher que | & paroiiroient au delà de ia Gaionne , ^^^^^"^^^^ Des Eftats du Roy d'Efpagne. porrjlpfqucIsplu-'Monlques de r. /": V . J" '■cm nnt de ^ - -OWJ ^» OÙ pliis de cent vaifFcaux ciloient au ^,^..,.y,^u^,o ,..u- licurs marchauos de diuers endroits y auoicnc fait ve- nir pour embarquer Icfdits Motifqiics, Icfqutls rcpre- fenterent lors audit ficur d'Augicr,qu ils ne poiiuoient payer les noilis, ou fier, au prix de cjuatorzc liurcs que ledit fieur d'Aymar auoit taxcjlaqucllc ledit fieur d"Au- gier modéra à ii. & quelques jours après fur de nou- uellcs rcmonftranccs les réduit à di.\',& encores décla- ra que cinq certes paireroieut franches fur chaque cent, ayant cgaid à la miferablc'condition de tant de pau- ures réduits parmy eux à mendicité , enjoignant aux marchands d'embarquer tous lefdits Monlques à ce piix (par eux tant deiiic & tnerocillf uicment accepte) & de tenir des vailTcaux à fuiiîrance , à peine de cous defpcns, dcmm.igcs & intçrefts. Ov eltant, comme il a eilc dit cy- defîiis , exprcffc- ment porte par les patentes Se lettres de fa Majetté, que les riches Morifques payeroient pour les panures rafiii qu'aucun n'en rcftaft; à quoy des l'entrée du Royaume , Ôc mefmes à Thoulouze deuant ledit fieur d'Augicr, ils s'cftoicnt foufmis & obligez , & veu quaitificieofemcnt piefque tous fe difoient panures, ledit lieur d'Augier , pour donner commencement à leur embarquement , attendant que Icfdits Morifques cu/Tcnt donne ordre à leurs aiFaires , aduifa de faire partir fix vailfeaux chargez des plus panures, & fe ren- dit caution pour eux eaucrs lefdits marchands iufaues a la fomme de deux mille écus. Là deiTus les principaux dtfdits Morifques apprc- hcndansvn trop long fejour, & les inconueniens qui s en poiiuoicnt enfuiure fi les mieux aiCez lailloient „ • P-'y^ ' roicnt fpïis ôc mis en barque qu.nzc q,unt.uxdebi(.:u"'^,y^|"Co mil Morifcos Arago-^' & département , & à leur nomination , la charge fut doniTce à Triftan Ofcen,Pedro 3ibeio,& Alonce Lop- pes,lcfquels procédèrent à la cottifation de tous les de- mers nccelfairesi leur embarquement, nourriture des pauures,&;autresfrais&dGpcns qui leur côuenoit faire Lefdits Olcen, Bibero, & Loppçs affiftez des prin- cipaux d'entre Icfdits Morifques, ayans commencé de procéder auldits dejDartemens.ledit Loppes fut par eux crée Receueur de toutes les fommes qu'ils leneroient- Mais voicy ce qui en aduint. Loppes ne payant, & ne contentant les marchanda de leurs aduances.ils requi- rent le fieur d'Augier d'enjoindre audit Loppes de leur o (-••■"'^ i-i^put» ue leur delmrer les fommes qui leur eftoient deuds, ou ce qui fe trouueroit entre fes mains en dedudion d'icelles,& faire choix & efledtion de qtielqae perfonne rcfTeant 8c capable audit Agde. pour à Taduenir receuoir les fom- mes de deniers prouenans de la recepte de Loppes ■ Ce q«elesxMurifquescrouucrcntbon,ponrucuqueLoppes continuaftdelesrcceucirprcmieremc'tdeleursmains- Ainli duconfentemeiKdefdusMonfques & des mar- chands qui fourniffoient leur pnlBge , la charge en fut doniice a iean Antoine lourdan Bourgeois d'Agde Cela ne fut de grand fruiét , car les Commiffaircs Morifques & leur Receueur ne fourni/Tant les femmes par eux promifes, foitpar leur mcfchanccté.ou pour- ce que les plus riches d'entr'eux cachoient leurs com- n^^oauez fe fi-iians tous pa.urcs i ce fut vne chofe pi- ït.>abie de voir comme ils faifoient embarquer ces pautues necefùtcux les expofant à la mercy des ondes P^u l u ' ^^"'^^«""^i' d'aucunes prouifions oilcu t .a raifon dequoy ces panures abandonnez mef- r ^ue d. r T°-'' ' P°'"f '^«"^ir de bre de tT'"'' 'T^''' "P^^'^'^^ ^ 1 «PP^o- Ic fieur d' w^ p.ochaine & de leur defefpoiu Et licur d Augier touche du vif lentimenc de leLr perte .-Jespcquenos y grandis b:;2J^:^^^::^:^^ leuados por muy buenos patrones y rnJn!^s,Zt quedamos muy contentos y muv obhV./ i r faluad y profpcridad : hecho Sà^de h J ^ cro dias del mes de Nouembre y Lo JL ^ vdies A]r^nfr.T^^] ' " ' ^ "^'Vleys cientos y dies Aionfo Delopc , Triftau Ofce Majour Crf Pedro V.uera. Y o NoiFre Almocaten, Baiie de Mofes'" Com.lTario diputado por el Reyno de Aragon * Ce certificat porte l'embarquement de viWt-cinrf mil Morifques Aragonois tant petits que gr 2 ^ Depuis ledit Augier en fitencor embafquer & paf.' fer en Barbane de 30, à 40. mil tant Grenadins, Caft L lans, qu Aragonois. Mais de dire icy fi la fiddirét , fac entièrement gardée, comme on Luoit , r ce c s eft paffe en leur embarquement , cda ne fe fai re . pour les grande, plaintes que l'on a depuTflS' oncre Augier, & autres qu'il auoit employée» c, embarquements, Aufli Loppez comme Procureu de ■ Morifques . s'achemina peu après à la Cour v rs le ' Majeftez.& fur vne requefte qu'il prefenta au Co fe contre Augier & qudques habitans d'Agde , il o W commiffion pour les y faire appdier. A i'aCGgnation Augier comparoir, & donne fes dc^^ fences par éc.t , faia imprimer comme vn Faduml ce quu eftoit palTé en l'eiBbarquement des Monfques & par les écritures prorefte , Qa'il ne s'eft meilé aucu' nement des impofitions ôc exactions leuéei lur Mor:fqaes, aifies de leurs hardes, fcuniement de bat! ques,ny de 1 emprifonnement d'aucun d'iceux: Il pro- duKauflî que ques Certificats, portans, qu' /uoi conduit & fait conduire feurement plr le pays de Languedoc . foixapte mille Morifques , les ayant fak embarquer au porc d'Agde auec beaucoup d/fo L i de preuoyance & tr;aniporter en Barbarie auec euÏÏ ûitns en route fcurcté. Au contraire Loppes,Proc«reur des Morifques.con- ' N i ^ ■ ,4? Des Eftats du Roy d'Efpagne tinuant fes pl umes, die, Que ledit Augier, lofeph Pal micr &c I-.a Antoine Iourdan.habitâ> de la ville d Agde, Ions pcctexte de lli.k r quelques vailTraux , pour con craindre les riches Monfqucs au payement des fcais des embarquc.nens df s pauurts , en auoient enlcuc grand rôbre de rcaux appai tenai à diucrs particuliers Morif- quty.ôc qu'en cette proadureils'eftoitpalTcbcaucoup de volcrics,de larcins ÔCviVxùétiô . otre droit ôc équité. Sur ki plaintes de Loppes , le Confeil enuoya a la Cour de Parlement de Paris.la connoillance de ce dif- férent , pour le foulagement des parties. Augier voyant que cet atFaire prcnoit aiitre cours qu'il n'auoic penfc.lc retira en L?.ngncdoc,où ii a (em- blc depuis qu'il n'a chtr.hé qu'à fuît U luftice de ce Parlemcnf.Comme au contraire le Procureur des Mo- tiCques l'a recherche, & y a porfuiuy ("' S plaintes nuec de la d'.ligence.ayant obtenu adjoutnement perfonnel contre Augier, 6<. quelques autres. Pource que l'Arreft qui interua ndra de ce procez.fcra digne de remarque, il ne lera oublié, Dieu ayda.u , d'cft.e mis cy - après au temps qu'il :era donné. Voila tout ce que l'ay [ û (ça- uoir de plus remarquable aux diuers pafTigcs & embar- quemensqueUsMoiifquesont fait en France. Il "le tiouueta peu d'txtnîples aux fiecles pallez pour entrer en parallèle à ctttt - cy : auffi a-ce efté vne grande fntreprife au Rcy d'Erpagne de bannir & chai- ? r neuf cens niilie pcdonncs d'vn pays , où leurs pre- decelTeurs auoient habiré plus de neuf cens ans conti- nuellement, n- r Ce dechaircment ne demeura auffi fans cftre con ttoo'é par plulicurs e(cf mains : les vus l'approuuans, pouice que depuis quelques années ces Motirqnes auoient iccheiché le moyen de rtmcci par le fuppott (k intelligences qu'ils auoient auec le Turc , 6c autres Roys Mahometans : mefmes aucc quelques Pnnces Chreftiens. Et d'autres ont diucrfemcnt écrit l'intcn .t!on des Efpagnols fur ce bannilTcment de Morifques, pour le grand profit qu'ils ont lailfé en Efpagne de leurs immc ubles : mais c'eit alTcz parle d'eux Voyons comme l'occafion le pfefenta en cette mcfmc anne- la Pr6uince d'Azgat , baftie fut la mer Oceane à ren- trée du fleuue Lucus, fut lequel eft aJTife vne partie d'i- celle , 6c l'autre fut l'Oc an : fon port eft très-beau & difficile à prendre, pource qu'il eft défendu d'vnc fot- leitifejdans laquelle les Roys de Fez y tiennent d'ordi- naire }oo. chenaux légers , ôc }co. harquebuziers en garnifon : pource que les Portugais 6c Caftillans tien- nent prelque toutes les villes maritimes des Prouinecs de Habat 6c Erif> où ils ont de grolFcs garnilons. C. rte Prouince icy eft depuis la riuiere de Nocot Ic long de la mer Méditerranée iufques au deftroid de Gibra!tar:rautrc fur l'Océan depuis ledit defttoi autres au païs d'A'g.nir,Qn Algaibe, qui eft auffi de la dépendance de Poitugal , ï Cçiuoir Tauilla , Lsgos , & Villa Noua!, la liuiercde L'fbonne. Le Royaume de Portugal eftoit autrcsfois nommé Lufitanie & Efpagne vltcrieute, ayant pour fes bornes du coflé du Novc les riuicres de Mingo ôf d'Auie , iuf. ques à la ville de Ribadanie , qui eft (ur le bord de l'A- uic : de ce coftc il regarde la Galice , & de là en tirant vers le Le uant vne ligne iufques à la Mirande aflîfe fur le Duero , de là encores vers le Midy , il faudra pour prendre fes bornes tirer prefque toutdroiét iufques à l'emboucneurc de la riuiere d'Ante , & de ce cofté-là il confine aucc la Caftille , rEfttcmadure & l'Andalufie, 5i du Midy & de l'Occident , il a pour fa borne la mer flthlantique,ou du Ponent. Ce Royaume a de tour 899. mille , ou félon quel- qucs-vns i{50.& montent an- nuelletnent à 1680. mille ducats. De U viUe de Lishone. 7 T A ville de. Lifljone a trente deux Eglifes parro- 'ùliialts . & plus de douze mille raaifons, qui com- prcnhcnt plus de vingt mille demeures , fans comprer la Cour & les dépendances, & Ir? Eglifes & Monafte- rts -."Le nombre des habitans y eft de plus de no mil Des Eftats du Royaume de Portuc^al. j^i dVn petit témoignage de faueur, dont ils fe tiennent Irmployc contre les Marrans if^fcroya ns , qui douc plus hets que oe tous les biens du monde , monte an- lors occupoicnt cnrnr*. U r.\ .r „ 1 n/- ^ " tellement à ia fomme de 80. mille ducat,. tout le p.yTdë portuoal ï ' ^^^k"^ » & tes defpenccs ncceïïiccz requifes au feruicC de 1rs Caftillans & anZ n.n f T ^""'^ la Chambi^ & ma.fon du Roy , font dordinane de guerre i fecom^^r Tv^l ^ 7°'^^'" ^^'î"^"^ deux cens milleducatsparan;quifoulo.enteftreba.fceutmit^^^^^^^^^^ lez a ferme, comme ils fout encore aujoutdhuy,auec pour cooufewV nnnr^r. - • 1 »a nile mon de ion pcre . ,1 porta le titre de p"i^cê lifpa^ v.ng,-fept-ans . lequel titre nul ne peut porter fiuon le attruit 1 âge de qumnte-cinq ans fut couronne Rov par puu.lege & permiffion du Pape, & dés lors le pays de 1 m ugal fe maria âgé de j ans , & eut vn fih & crois filles,^ de plus eut vn fils & v„e fille baftards • H régna 46. ans , deceda en h ville de Coimbre. où il ift icentre Icfquels il y a plus de dix mille^Mo.sa. Efcla- at,oit fo.^uZlT.^^^^^^ ues. & atnfi apper^ par les roolles_& fignatures des Pa- 1 S^Vincenc i.ors LifLone, appelle du Vulgaire Sa^^^^^^ Ce Roy conquift du commencement la ville dc Lifbone fur les Moafques ou Sarrafins. à i'ayde & pat le moyen des Allemands, qui faifant le vo/age de' a Terre- Sainte , enuiron le temps delà prifedcDa- miette, furent contraints pour latempcfte de dercen4 dre en Portugal , lors que le Roy eftoit occupé au fie! ge de ladue v. le. & arriuerem fort à propos pour affi^ Iter le Roy audit ficge , auquel ils fe comporSeS va : m "^^yr ^^P^ reniement " i^ £n confideration duquel bon feruicc le Roy hono- ra la nation Allemande de particuliers Sc pTcZù priuileges & m^munitez par deffus tousles nZTst pays : ordonnant par Edit irreuocable que tous le Al emands qui de là en auant voudroie^t derure, t illH " P7^>reroient francs & libres de toutes taille & impofts de tout ce qui leur feroit de befoS pour leurs perfonnes, maifons. ôc familles, de pSc porter tels accouftrements ôc ioyaux.eux i leuTfem mes & leurs domeitiques que bon leur fembicroit Te que routesfois n eft permis aux Portug^s meL, quoy que naturels du pays : car ils ont hy^^l chant leurs hab ts & 1 cftofFe auVn rU^ J ^ félon fa qualité. ^ ^ ' '^^^ Item de pouuoir aller de nuiél & hors de temps i leur commodité auec cinq ou fix feruiteurs , m ler ou fans lumière & auec reliés armes & dXces qu 11 leur plairoit . ce qui n'eft pcriis aux naturel" en aucune manière. *»'»iuiciseni fleurs des patroiffes qui font obligez chacun en fon quartier & partoilTe , fans nulle exception , d'exhiber aiiffi les mémoires de ceux qui fuiuent la Cour , & de ceux qui fe trouuent es Monafteres.Conuents.Hofpi- taux & autres lieux de pieté , comme auflî des eltran- gers & palTagers : car la ville eft tclkmen: remplie de Monafteres, Conuents & Hofpitaux qu'ils montent à peu près autant que les maifons de la ville. Le nombre tirs Chappellcs ôc autres petits Oratoires de la Vierge 6c des Sainds eft infiny. La ville a plus de trois cens 50. rues , fans comprer les ruelles Se venelles, qui s'y itouuent en tres-grand nombre. Le 12. Décembre 15^1. mourut le Duc d'Albe à Lifbone, dont il eftoit Gouucrneur, lequel fut nourry de laidi de femme l'efpace de 14. iouts auant fa mort: (on corps ayant cfté embaufmé , fut emporté en fon p.^ys d'Albe pour y cftre inhumé. Au commencement de l'an 1581. partit de Lifbo- ne vne grande flotte fous la conduite du Marquis de Sainifte Croix , accoriipagné d'vne grande fuitte de No'olelTe defircufe de feruir au Roy, pour aller és Ifles de Flandres appeliez Afores autour dcfquelles fe te- noitDom Anthoine^ auec bon nombre de Nauires François , ious la conduite de Philippe StrolTe Admi- rai , là où après vn grand conflid ôc grand nombre de tués de part & d'autre, le mal-heur tomba fur les Fran- çois , dcfquels plufieurs furent pris des principaux Gentils- hommes , aufqutls le Marquis fit trancher la ti fte par- vne infatiable cruauté, en l'Ifle de S.Michel, Dom Anthoine fe fauua dans vne ftegatte tandis que Philippe Stroile eftoit en vue petite barque fort blelTé dont il mourut depuis. Cefte vidoirc hauiTale col aux Portugais, & tourna en grand honneur du Marquis, auquel on prépara de grands triomphes. Le Roy ayant eu tel fuccez , commit le gouuernement de Lifbone à Albeitd'A^jftrichc. Cardinal fils Je fa fceur,& fe reti- ra auec l'Impératrice fadite fœur , & toute fa Cour à Madrid. Irem de ne pouuoii cftre repiis d'aucune iunicc en ns maifons , ny eftre .agez ou receuok fe„ e„cc P^Mugeo.do„„ace.a,ap;e,,crHVrX CATALOGUE DES ROTS DE tortuga/y iitfques au Roy Fhilippe.fk de L' Empereur Charles F. T E Roy de Portugal a cfté Dom Aîphonfe Henri ^ques, fils du Comte Dom Henry, qui félon le dir< des Chroniques,eftoit fils du Duc de Lorraine, leque te vint rendre à la Cçut du Roy de Gaftille, pour efti* Item que leurs maifons , tant celles quMj ont 3? ouagequ en propriété, „e pourront eftre prifes po«r e feruice du Roy ou de fa Cour , comme à cek lefau^" très font fujets. "tics au. Item qu'ils ne pourront eftre contrain(fts à aucun feruice ou charge du pays ou du Roy , comme font le" naturels, nymis à aucune contribution pour la defen! ce ou ntcvlTué de l'Eftat. ^ " • En voyageant par pays , ils doiuent eftre feruis &- iccommodez deuant tous autres pour leur argent , & autres femblables priuileges & franchifes qu',1 fe 'ir œp long de réciter : & font iefdits priniieges encore" i prefenc comQe de tout temps , eftroittenfent cntre." N 4 i . ne ,ourn.llemeo. accieui pa. les """"""^ '\ j „\„er. Se f« le u. Koy dcPortugaU fccuce» q -eçoiueni de ladue nation. 7 " oumU S Ateyn en la mefme chamWe quNl nâquk Don, S.,„cbo^ 6U du Roy Cu(men„o„nc « ""''"^^V' , . ,. & Igift auec f« f «d^elTeurs au deux.efmc Roy de Portugal, & naquu Un 1154.0^ fac fa.a Roy à 1 âge de } an . & car . 5 • ^" ^"J j/l^^ fi s . que filles , de icgna 17. ans, il dcceda en la vjllc de CoimbrcTan .1.1. âgé de 56. ans, & fut inhume au Monaftetc de SainAe Croix près de les pCres. Dom Alphonfe troifiefme de ce nom , U i Roy de Portugal, fut ellably Roy à l'âge de 1 5 . ans , & a eu 5. fils , q'.ii en leurs temps ont efté tenus pout Sainfts , à fçaooir. Dominique , François & Anthoine : U deceda Tan itij. & gilt au Monaftcte d'Alcabc(Te. Dom Sancho Capello , fils dudir Alphonfe, fut pro- clamé Roy , eftant âgé de lé. ans & mourut a Tolède l'an 1 147- &giftl^ en la grande Eglife. Apres le dcccz dudit Sancho fon frère le Comte de Bologne , fut couronne pour Roy , & fut le 5. Roy de Portugal.lequel régna ? i . an,& mourut à Liltone l an 1279. &c gift au Mooaftete d'Alcabeffe. limouruiao./i-itjrM V.. ^ • , le z8. Aouft , .4«.. & Igift ^uec Us pcedtccdeuts au Monaftere de Bataille. , Apres luy régna Dom loan farnommc le G and deuxième de ce nom.., .Roy de Portugal, lequel na- quit à L.fbone le 14. Ma> mil quatre cens cinquante cinq. Ceftuy-cy fit fcntentier , & décapiter en public Dom Fernand , Duc de Bergunce en la ville d Euora. le 1 X luin .4S3. & de fa propre main tua d vn coup de poignard Dom Domingo Duc de Begia, frère de U Roy ne Lconor fa femme , 4c dtnna fa Duché à Dom Emanuel fon frère , il vcquit 40. ans , & mourut à Al- uot eftant aux bains le 15- Of^°br= ^"^"^ nonantecinq.Ck g.ft au Monaftere de Bataille auec fcs nredecefTeuts. ^ t> r Il ordonna fon fuccelTeur par tefta/nent Dom Ema- nuel de Vifeu qui aeûé le quatorzième Roy de Portu- gal , lequel fut proclamé Roy le .7. 06kobre 149 ^ .. . r„„ u^.„.,™pc fir K*ntifer cous les 79. & gift au Monaftere d'Alcabefte. 1?^ À nar tous fes Royaumes ftt baptifer cous Us l^Du^ys, fils du defunft, fur couronné Roy de Ceftuy^^^^^^^ P^^^ PortuealàUlbone, eftant âgé de »8. ans . & fut le 6. lu.fs ^oit^uils It ^o u^ nnn=,nr. neuf . 6" _ ? m. Il J Aé^ onc.At' mOU- l'oriugai * i-Jiuuut » viwwi.i c.^v. . - Roy de Poitugal,le règne duquel dura 46.ans,& mou- rut en la viliedcS. Aieyn, l'ani}i5. le xo. lanuier, âgé de 64.3ns>& gift au Monaftere d'Oliuellas.cnuiton à deux Ikucs dt Lilbone lequel de fon viuant il auon fondç. 11 auoii éj oulcDona Ifabclla, fille de Dom Pe dro Roy d'Atsgon.quiaeftécanonifcpourSaind Son fepnlchre cft en la ville de Coimbrc, là où k font plu- ficiirs miracles à ce qu'on dit. , , r r Apres ciftuy-'. y tegna fon fils Dom Alpbonie , tur- pomniè le Braut, qui fut couronné Roy en la ville de S, Arcyn, dtant âgé de ? 5 . ans, & fut 7. Roy de l ortu- oal, & regnatretne&vnan,ilmOi>utàLifbone cn May H56 & gift au grand Coeur de la grand Egh(e. Ceftuy-cy conquefta Salado fut les Morifques par 1 al- fiftance du Roy de Caftille. Son fils Dom Pedro a efté S. Roy de Portugal, & rc- ena en bonne paix & iuftice : il mourut l'ap 1 566. & oift au Monaftere d'Alcabede. Il lailfa vn fils nomme Dom Fernando , ayant eu deux fils de Dona Vnes ou lUltS lOlt quil» — •■ r o, perte de biens , l'an mil quatre cens nouante neuf , & fit chalTcr tous les Monlques qui habitoicnt à L fbor^c hors de la porte de Moreria. Du temps de ce Ro;^, la commune efmeut vne f.dition contre les nouueaux Chteftiens ou luifs baptifez,dc queU furent n^alTacrtz quelques centaines d'hommes, femmes & cnfans.lcurs maifons pillées & bruflées , leurs biens marchandi- fes enleuées. Le Roy fit rechercher les principaux au. theurs de cette fcdit.on, en fit Éaire punition exemplai- re, au moyen dequoy le trouble celTa Ce fot ce Roy qui premièrement fit dccouuru les Indes OncmaUs par les Capitaines ic Pilotes-icem les coftes du Royau- me du Prête lan : il conquefta aufli les villes & forte- relFes de Saffin , & Azamor en Afrique ; Il deceda à Lifboneleiour de Sainde Luce 15x1. Ion fepulchtc cft au Monaftere de Bethléem. j ■ Il eut pour fucctlTeut Doro laan troifiemc de ce nom fon fils quinzième Roy de Portugal , qui nâquit en luiu 15^'- ^" f^' f ^''^°Tu °" UlT ■ il eftoit de naturel benin & debon- Vom fernando , ayant eu u^u* ux= — - • - , l'an Hx «• il de naturel oenin « acooi.- Agnes de Caftro,auant leur mariage.fçauoir Dom lean r^omi^e i an j ^^^^^^^ .^^ ^^^-^-^^ ^ g,^, ÔcDomDcnys. ' Lur^ & aufli des bonnes lettres; Il inftitua \n njui- Apres Ton trcpas.fondit fils Fernando fut couronne glifc > & ^ l'Vniuerfité de Coimbre. il mourut \i 9. Roy de Portugal, & époula Dona Lianor Gonfalues , ""^^ ^o^lege e^a 1 V ^ ^ Telles\ laquelle^lrauitàfon mary Lorenca Daas da 'f/^^"^^^^^^^ Chuna , lequel il bannit du pays : au refte .1 aymoit fes feuely au Monaltere fnbjets , &c n'cfpargnoit point les mal-fa.fans , vaga- lemands couronné Dom Scbaftien fcizic- bonds&dtfbauchez:fonregnedurai7.ans,ôc dece-l Apres 1 ^ . j^,^ p^-„,, ae Portugal qui da en l'an M85. âgé de quarante trois ans, (oniepu-^mc *^°[ loan , qui du viuant de Ion perc» chre fe void ai Cœur de l'Eglife de S. François en la , eftoit f^J^^^^l^^^ fiHe de Charles le Quint . ïœu« Yille d'Areyiv • j j" r phlHope : Ce Prince mourut laiftanc fa fcmnac Apres la diort de ceftuy-cy , Dom lean vint de Ca- du Roy i j^baftien , qui après le decex de ftilkauec Dona Beatrix f'^^Jl^\'''TR LTrul fut déclaré Roy, & n^^^^^ Couronne de Portugal, mais le fils baftard du Roy ^«"^V " J^^^^^^ .ce j. ilpaifa auec vne grande armcC Dom Pedro.frere du defunft Roy Dom Fernando luy S. Seb ft-en Un 5 î » F ^^^^^ ^.^^ ^^^^^ ^^^^^ tefifta.& luy donna bataille, en laquelle 11 le vamquit: en nn-qu. , r^;^ , J M..« teinta, OC luy uoiiuauai—.",— - - ce fut en la plaine de S. George . en laquelle pour mc- moite perpecuelle de cette v.Ôoire , il fonda vn nche Monattere, appellé le Monaftere de la bataille. Et fut maisil'y P" ^" » laplufpan de ^" Apres cefte perte de Dom Sebaftien , fut proclamé „ 1 i_ r'.r^.ri»! r^/-.rr. H(»nrv.oranfl oncle ...onaftere, appellé le Monaftere de la bataille. Et fut Apres ceire p Henry,grand oncle le fufdit baftard couronné dix.efme Roy ,^7.^'*^,;°^^ . & fut .7. Roy de Portugal , le- eftantâgéde 58. aus,il deceda le 14. d' Aouft (audit Dom S^bam^^^^ ^.J^^ ^^^^J^ fut enleuely au fufdit Monaftere de la Bataille par luy 1 J!^; "^J^^ ^'^ft J,,^, U Roy d'Efpagne Docn Pbi- conftruit : Ce mefme Roy gaigna la ville & forterelle Cot-ronne^par^telt^^^ ^^^^^^J^ VJ^^ ^^^^^^^^^ de Septafur les Morifques en Baibarie. ! "^"î,,' ^..^ fon perc Charles V. auoit cpoufé la plu» Apres luy régna (on fils Dom Edcuart,onz,eme 1 "^^^ ^^Xy Dom Emanuel.mere du fuldit Do» de Ponugal, qui véqu>c 4. ans , dont il régna cinq , & ue.ll hUe ^^y^_ ^.^^^^^ ^^^^ ^^^^^^^^ ^ deceda au Palais de Ronuen dcThomar,lan i4jS,« gift au Monaftere de Bataille. Dom Alphonfe fils du fuldit Roy , naquit à Sainft Auyn, l'an 14)1. & d'autant que lors de la mort de au ^w... — • • Philippe , & fœur de l'ayeul de Dora Scbaftien & lufmentionné Dom Heniy , combien qu'il y euft en- core vn frète du fufdit Dom Henty nomme Louys, qui aptes fon decés lailfa vu ûls nommé Dom Antonio, Des Eftats du Royaume de Portugal. qui cftcrit Prieur d'Ocrarc de l'ordre des Ctoi^z de S. (deines ont trouué bcaucou,. ni c ^ i Icn . lequel fut proclamé Roy dui les Poirc:,.a.s . mais I fc:.unir "f""^' P'"^ ^'^'-g'"»" » c'eft à e moj que Strabo n'a IcMi . lequel fut proclamé Roy par les Poiciigais , mais I fçauoir Vnu.>m" "oo" mX^ F^^^ par la grande to. ce & violence du Roy d'Elpagne, c,in j gueur fera beaucoup plus grande " l O - ~- „ .^.^^ » w.|^.f^.i«, vjua auoit achtptc la plufpart de laNoblefTe Portugaife, le fbrditDoni ADtonio fut (i)pplanté& chalR-, ôc le Roy d'Efpagne venant en pcrronne en Portugal y fut rcçeu Ôc pioclamc Roy dans le Monafterc de Thomar par les tiois Elbf s du Royaume , à fçanoir les Eccltlialli - elcrit. Il y a vne ville du notn mefme de l'ifle , qui eft la ques , la Noblelle 6c les Procuieurs des villes . par le forte que l'on y entrcti -r t r "-^"""^^ rt-putarion , de moyen deqncy la Couronne de Poitugal, eft venue à homme Içauant . vouvLZ "tF^'''^'^''^^^ ^" ceux de CalHlIe ou FJo.anr..nrr< n.,.?r ... T.c . ,-^.;„.. r P,, ^" ' Publiquement la do- l yaauffivneaucre viiie nommée ceux de Çalhlle ou Efpagncapres nuoir eu Tes proprc6 Roys en nombre de 17. rcfpace de quatre ccos qua- rante de x ans. Or eft-il que fi nous iettons la veuë fur l'iiiftoire de France & de Portugal , nous tioiiuetons que Us Roy: dr Portugnl lont yllus en ligne mafculine de la maifon de Francf qui règne aujourd'huy. Car Hiic Capct Roy de Fiance l'an 987. fut Pere de Rot cit Roy de France l'an 995. Robert Roy de France fut pere d'Henry Roy de France l'an loji. duquel font defcendus les Roys de France an règne depuis luy iufques à prefent. Ce Ro- bert fut auflG pere de Robert Duc de Bourgongne l'an ïojz. qui fut pere de Confiance 1' an 1024. femme d'Alphonle Roy de Caftillc. Robert Duc de Bourgo- gne fut pere de Henry, lequel Henry eutt trois fils. Fiugues Duc de Bjurgongne l'an 1075. Eude Duc dt Bourgongne l'an 1097. & Henry Corarc de Portugal l'an JG9Z. qui fut pere d'Alphonle Comte de Portugal l'-^n Mil. Roy de Portugall'an 11 jt). lequel Alphon- furpercdeSancheRoy dePoitugall'an 1185. San- - le fuc pcte d'Alphonle deuxième Roy de Portugal l' m im. Al^honle i. fut pere de Sanche 2. Roy de , chine de ce Luih Uokncc , que le. habiknrZHrelT,;''''' " Ccfte !fle eft afpre , & ftcrile près Je la mer mn,-« .lIeursl„coftauxJespIaines/6.l.svafc^^^^ ent nfTc z de vn,.d'huilc,de fromcnt.& de fru.Ku" tour d y vrcnr dc bonnes huiles , qu'on porte j; U à Valencè , en Flandre & en (talie. On y fait auffi dî ort bons fromages, qui furmontent en' bout fot ceux qn on yend à Rome, & en EfpaPne. D'anln l! es habùa.fonr vn g.nd traffi^^e"g;o?d::p? lame , &les portent autour de rjfle de touscoftez voir, .ufques en Sicile. H n'y a pouK de beftes „u^r bles , finon des coniis . qui 4r ont fair bien fouu ne non!:::-::! Mœurs. Portugal l'an 1124. & d'Alphonfe J.Roy de Portugal f Lpic.le depuis Nap es iufqu'au Cap du Golte de l ou le\tr:;ara:tereptLues.Delài^^^^^^^^^^^^ de Calal.re cent quatre-v.ng- s mille ; de Rh ge m^u r.n de Soartiuento cent trente trois mille. Vc la ' r ifu Cao des Colomnes cent quatre - vingts ,ufques '^^^'IcLàcs Colomnes iufques à Taran- quinze mille, du Cap des V.O ^ap de c„Mha„r, Won k chcm.n qu. f= f> ' r^'^ f, l^, Treglif. pa. lVpa« de pU. de ccnc "n^ua^JK!- Des hiLacs du ilojaume de Naplcs. Airo;ice pitnWcr Roy d'Aragon, di NapIrs.ft de ctc à la ircs-fai„atTrin,, ' 1 ■/■ ■ Si.ilc. lcd,uil., eu :..„„!„«,. c-eft i rçuloir e„ pdl. »",o"j !,""t I"" :fel^S ■ f Xc M:;!' rcdc Labeur, Pn'ncipiiutc, B..ri!icatc, Cuijbrc. i\niiile & .■\bi iizzc : i/flis il fie aprcs nois patries de la PoLiiUc, d.na„J dans c„„e ../cc*; vî^J; J dunfaru en ce... d'Otrance , terre de 13a. y . ^ C.p.m- 1 voit le un.MnHr fe V ^ ^'""^ ^"P'-'l^" n;.c ou Capir.ncrie. Ferdinand Rcy d'iifnn.ne, c^c les d. IwCi! ' i r ^^^^ Lonys X H. Roy de Funce le diu.Letu cn^o ti j là nt r^^^^^^^ Loiiys XII. Roy de Fiance le diuikicnc en parties i '.'^^lks LU :c!ic loue c]uc la PcUillc Ôi la Calabve de- niaircrcnt à l'Elpagne , ôc la terre de Labrnr aticc la t illc de Naplcs, Se l'Abruzzc à la France ,.-uijourd'huy on le dtuilc coninmncmcnc tn douze parties : c'eil à J.,Muoir en terre de Labeur: Abtuz/.e tant deçà ouc de iiielie cft v„e awic belle ville célèbre Pour fa or,n ' e =.u.,u,-,é,la,uel!e fe,„ic jaj, ,,e rer^ âëa x'" -" ^u«i;i,c,d.i„ex.,pi,a„e;;;:p-;-:a\;;'\:;icd:5|^ que dda I. ,l,l,cace , Cahbre h„ue & b^lll- . terre de nys Hal/car,>al!ear( """'i"' °^ OlKïiS; dUlrcMtc. Ilcanlicncdrrumill, .vC„r/.^.,J ... . p 11 ry c^' d Otreiitc. Il contient deux mille &c fept cens iitux peuple z.dont il y a vingt qui font Archeuclchez, «{lit 27. EiKÎcIvz & inilit 400, places où il y a cnui- ron dci;.\ rnillîons d'umcs; On tloiuK doiic eu coftoyanr la mer la Terre de L..bau,ou C:mp.igtichciircu(c:Celk terre de Labeur . •. .uftc.rentappeliéeCa.rpagneHc^^^ poi-rcc —es uu t^oyaurnc après Naoles ^ f M l e a cft vne .tes - plâilaue contrée du Royaume de , ville ot\ le .rand Annîbaron, n ' ^ a ' N ip les elle cft appelléc terre de Labeur . ou pource armes , fot'l à In^" ' d^l," des MU die cft 1) grdle ou oi, In rr anie nuec pcfne. eu d'^u- lupté L ccfte v le au(^ ef} .^^f ^ tar» qu-eUe v.ut la peine d'cihe labcatéc à canfc de f. nLh,.. j ^Z.l'/f^.^""^^^': ^PP=^^^^ »^^/»/«/««.'« Su, en.apres la flonlTante ville de Capoue qui jadis e ^ou Ja pnnc.pale de toute la Campagne Heu ufe ^lie nc.urr>t des habitan, fort fup.erbes alt.ersTcau e de 1 excellence de leur ville de la grand bonté de ce pays , ^ produ.'i toutes fortes de faufts en^ ! le aboudance,que c ai le lieu où fe trouucnt toutes les tar» qu-eUe viut la pcùic d'cihe labcatéc à canfe de fa Jfir iKc; Car û y 3 comme vn continuel Prin-temps& prciquc tout le loog de {aiincc les arbres y font char- gez ac truKs. Pcîybe I.4. en a parlé ainf. de fon temps, H^^i^dll dit que !e pays de Campagne cft crcs-excclknr Ci f unie t n tous Liens, trei-bcan & plaifant à mcrucil- les. Pline liu.j. ch.5. 6c Flortu lui. 1 1. ch. 16. ned'ont pas ignoBc , il n'y a Pionince en toute l'Italie , non pac mcf nc en tout le monde plus plaifante ciue la Ccmpa- d tout luxe. Et mefme il y a vn aLen ^ui etl Z f T^T '^'""^'"^ "0.S villes caplibles d"la g ndeur de 1 Empire, c'cft à fçaao. Cart4., Cor'r^! ; , ' ^"FT '^'"^ premières comme eftans eflo.gnces de Rome futeiK ruïnces par leTRomain/ cmels en ruinant vne tort noble viile d'Jral.e 1'^ r feurei-enr p.-. r-^.,fi.- ._ ^^^^^^ ' « c« al- nie . dtt riorus , on ne <çUii;:=.^: ^ : : ' '''' ^ .y rCroir plLs fccond , où il y 0 dotiblc plu^tu^ps : toute fo m" dTŒ^^^^^^ ^l. puuatKde pourr ont Jk-cu que h moiiron & la vendange y de- baft.mens , afin au'd f rï fin d ^''^ '''' batrtilc a qu, aura le pnx,la mer y eft nauig.^bie, 4ia- I i^bourerorent i.Te e " ! , "'T'^' ^ ""^ «ï"» ble & ieure à merue.iles : Elle a de très - beaux ports, ftrat ^ e Snll Ibiir "î""'"^ ^^^â^" ..o.ce.ydeCa,ctte.deMi.ne,ltemdesLrnspeudentr.^^^^ .^ill^s de circuit , & s'cft Pra^delnT "T^ -'-P""'«.vucnoDiet«r-lftrcikcle &prrt-L,c/ , T "^^'^'^'^^"'^^ nhtc es hab.tans du pays (ont G meichans que Ton Roy d'E^,^t^^'^^^^^^^^^ c^rto.dmauerr.cnt ^ en commun Proi^erbe , Luov il ^ à v'v.» • ucauA ports, comnie ccluy de Ca.cttc & de Milcne, item des Lins de 13ayes,de lac Lucrin,rAuernc qui font des repofoirs de totr . t.cs mont3g.u;s qui abondent en vins exquis, a (çîujoir Gaure, Falcme, MaOîco, puis le Vefuue imi- tateut du Montgibel en Sicile, & pour cifte noble f«r- ,v ^yjiuiiiULi rtoueroe > // rm*< AeapvUtano t m dcltcato Parad'.fo , ma habmto da%l dtautU , c cft à dire le Royaume de Naolcs cft vn Pa- radis de délices , mais babué par les diables : les prin- cipales villes (ont Caictte, Suelle , Capoile & Na- plcs. ' Caictte cft vne belle ville qui a alTcz bon port auec vil fort Chafteau qui eft bafty en vn coin^ d'vn Ptomontoire vers Orient, & fut fait jadis pat le com- mandement de Ferdinand Roy d'Aragon, après que es François furent cbelfez du Royaume de Naples • du depuis l'Empereur Chsiks V. joignit vne roche' prochaine audit Chafteau , au moyen d'vn pont & au- jmcma cefte fortcrcire de tant de tours , de baftions, s: y tnkrma tout le Promontoire , p,':r après il fit fer- mer la ville de bonnes & fortes n:uiailies auec de as-profonds folHz, & cefte forterclk défend la ville c port & l'abord des nauircs , il y a tcufiours dedans ■'le prnifon E!pagnoIe , & l'entrée en eft refufée ion leiilemcnt aix eftrangeis, mais mefmes aux Ci- o>^ns de Caiette Ce qu'il y a de mémorable en ce ^'bjcéls defqucis abandonnoient leur demeurrL ti^^^-^^iHer r '^'^^•^^^^^ rei n ' f " '"^ ^^'''^ F«"^ danger de' c olces mutineries 'iu peuple , qui peuuerfc eftre mal-ai/ement arrtftés en vne '>< anrlr\ ï m a crors ch.„k,«.do„t le 12?^^'.^^ '^ ZTi ■ 4 ''"'^ - cSd-r !^:J^" ' voye v„ « «and abord exercices Les Gcntds-hommcs ic rctrrent po^ p^' le temps a des exercices hon.;rabies en Ln i ."'ds appellent f.g.s. Cefte viiie Tv" ^ S nygtieres grand ny fort adeuic . mafs o^u' Jidé «ac e moyen d vn mole. li y a à Naples vn Arienri'. ' Ion faidconrinuehemenc force vf-deaux d . 1^ On compte en cefte ville plus de dcx ccns^'m. îtTd ^"^^^^^^'^-"--neplT;:^ t ïftes , & des.^aps extrêmement agrcabL C'a il '".-deleursPere. eue ÙZ^g::;^^^^ ^."."^h' lo-ecogno,.?;;; J ; j-ddledeCaie„e rrcr^bla par :re,.bie™„rj d™i ert'^lt'';^ P'»" ^ttC , & scntk ounrir î>n rp.„,,- 1_ r . ""^^ '^'^ '-^ "^U , y ait réduit i nnr „.->i i & senti ouunt au temps que le Sauueur du , P^"^'"" P"^°""« P'^"f« eft conftruit ' "^^^"^^ "^^"^ trcs- a.perbe îytouaftcre conla- admirere„celieu;^y.c.ec^..ZS:ï^r^ de plus beau & de plus gentil. Ceft U ou eft 1. ° a Agnan , Baye, Tridoiy , S. le Jac AueL .'ofmeV;: cefte Prouince trois ville. Métropolitaines c'h^ r uoir Naple, Capou. ^ Sur.ente!^^;:™ 1.6 Des Eftacs du Royaume de Naplesl ^ r n • nr Ans de teno T» font. iMarturan,v.lle ancienne .(Tifc en TAppennui. i uucru: catrc kfqucUes c Us qm «"^^ V^^^ ^^^^^^^^g^ J >bonne ville, & bim peuplée . N.caR.e , qmeft a r.c.s CeaacCalu., VeRafce.CaleUcNole ^ Âuer c, & .1 y 3 164. Chaltcaox & i>laces coinces de muusUcs, .7" "'^Lfprincipautc a pour fcs bornes d., Couchant 1. terre de Labu.r, H du Lcuant le pays de Bal,l>cate^ Ce r .vs » é n-.ille de largeur; & H - loagu.ur , ôc fc-s rnV.CH-l^^v.Ucs fonr Mo.rre ,S -n'erin , Snrren-e, Mnkvic,Rmel,Amalfi.& Saleine-Noccrc eR a neuf ^ ^[llcsdelamer, à quatre de Serne . tom autour il V a force v.Ua^es. Riuelk eft vne ville baft,e deputs r./eucrcs. qu. ne do>t rien aix prenniercs v.lles du Rcy.umc de Naples,pout ie reg.ui des b..ft.mens ma- enifiqnes Amalfi tft vue belle ville. . omb.cn quau- r.esfo' s elle aU eftéplns renommée. ell en ceftc v. - le qu'on rrouoa,'eion quelquef-vns,l'vf2gc de la bout- fok : ce que l'afquier a rtfurc {uffiiammfiit en les rc- cherches . monlhnnt par quelques paffagcs de nos vieux l\af s Fias çou que c< fte rnuf ntioneft plus an- cienne C eft de cet^e ville que prend Ion nom la coUe d' AmalB qui regarde le U^ày , & s eftend en long en- uiron zo.miU. s,^i a de hames mon.rg:^.cs , pnnc-pa lemuH du colié qu'elle panche lur la rr-er. I y a t.nt de peine à Us monter que le feul regard rend ifis per fomKS malad.s. SaUrnt tft vne v.lle ^o.t auacr.r.r ellcio, ce de la mu de mUle pas, ayant de trcs-beanx j.tdu » dans (es n^.orailles. Il y a vne Vniuerfue, & ctfte ville porte litre de Pnncipau; e. M^^s 1! faut que i.vous aduift que laPtinap'.u.é de dtçà stlund le lone de la irer depuis Sale.nt iufques a lolicaitre , iU depuis faina Scuuin iniques à la Pnlude, & la runere de S.bire U tiaucrlc prelque par le mibeu : elle con- tient les Archcutfchez de Srdemc & d'Aifi. 6c .5. au- tres citez , & ..5. Chafteau ou places fein,c ' ' ' . miiieslo.ai',ueU.-ner, Mont- Icon ville aQ.lc en vn coÙau de l'Apennin, & qui po^e tir. wl^Comtc , U Tcttcneufve ville fort peup;c.- , pivs Paille cc.ecae pour . a.e le lieu natal de S François de Pauie. La barte Ca'iabte rfelou Piolo.ixe^a pour fcs bor- nes du Leuaut iatner Ad.ptique , du Midy la tiuicrc d'AUce ac .a h.ucc Cabbre , du Couchant nu'JJ^ de Crathide aaec l'Ai^eiuim, C5c Bafiticaie , du Nord le GophedeTa.anrc.cVlaTu-icdeB.ry. il y a de oc coiledtux Caf,s r.gnabz, dont l'vn cft cduy de Cc- lomncs , j.dis U Chine . l'autre eft celuy de .cyltat, qui eft dangereux au pcdible. Là capitale v.Uc de ce pays c'cft Caniazare : pms V01.S au.z Hierace, qui porte nom de Marquilat. Bdi- calUe.ou Bcaii-chaftcau.villc cûoignée de huiâ: m.ll :s de la mer , Croton ville fort ancienne & Knommee, qui porte mainrenint le titre de Marquil-t , uiM.mi toutcifois fi riche ny fi peuplée quauutsfois : v^atia- the . qui eft v.re Comté : V>,,(^^gn^a^ l'rincipauic auec vu fou Ch.fteau , Taiùe Coriian , Rofan forte viU a - trois milles de la mer. Cailan. Hauteu-lle qui elt . rin- cipauté , Mare.c ArclKUcraié . ville riche &i peupler. Griuiiie Duché. Tarante ville fore ancienne. 6c la .m de la hiutc Calabre ou grande Grèce qui a vn pott rr- nommc.Cc fat la patrie dJ Philolophc Archytc.Mam- cenant c'eft vne Principauté. ^ La terre d Oirante commence à Tarante nu el.e a pour fa borne du cofte du Midy, de raclme que la mer iufques au Cap SainCceMsrie. Elle a pour fes connus du Leaanc le mefme Cap auec la mer loniquc.du Nort depuis Ocrante iufques à Brindcs, & du Couchant la Terre de Bary auec vue arande partie de la haute Calabre. Sa forme eft con- me d'vne prefqaïae , veu qu'elle eft enuironnce de la mer Adriatique, 3: de l'Ionique. Sa largeur eut re Brin- des. 5i Tarante cft de trente milles , félon Pane, A: le- lon Raffan de quarante. ^ , , .„ La nau'lgation d'.lentour eft de deux cens milles • fi bien que le cour de tout le pays fera enuiron de 140. ""^'ses'viUes font Lccy . qui eft a trente milles du Cap de f2inae Marie, ôc cft ville riche &i peuplée. & bien baftie • Otiantc ville trcs-ancicnnc.qm eft aujourdd^.uy allez peuplée . & a vn fort C haftcau (ur vn rocher qui tf gatde (ur la mer, & vn port aftcz capable , com.bica que fuied aux vents du Nort. . ^ , Bandes eft vne ancienne ville , mais prcfquc aban- donnée aujourd'huy à caufe des difcordes ciu.les bon pott eftoit a bon autrcsfois qu'il cftoit mis entre les memiers,mais lUft aujourd'huy fi comble, que Us ga- kies mefraes n'y peuuent prcfque paflcr. Caftro eft vue ville maritime, coufioctable pour les dommages qu'elle a reccus de s Turcs. ^ La PouiUe eft diuiiée en deux par les anciens , c elt à fçauoir en la terre de Baiy , nommée Peuceiie des, î . „ ..-Il ^t_; lot mplm#-« Lionel- „c q..i comprend fcp, colb« . & a v» ch»ftcau »^;^.^ „^ d.u.U pa. 1. ao Mlm d'vn mom q«i commande . la v. le,& 4 lous loi comprend en ceftc féconde pat- Z heux des enuiron. villec entouiec d.s r^ S^Im^;- , qui comprend le mont de S At^ ^:^:h;r;TLftnte,6ceftau,ouid;huyaftcx nche.combienqu'aruresfoiselle aiteaedauaiuag. Outre ladite ville il y a encor celles de Frede . & de Be!rr,ont . lav.Ue de faind Euphemie qu. a ^^""^ tiom à la mer qui eft auprès : Tiopie belle v^e nch . & fort peuplée , Rhcge ville ancienne , alT.fe au hont eu bout de l'Italie . jadis forte & puilTante , & mainte- nant pre(que deferte . principalement depuis l an mil cinq cens quatre vingt quatorze, que le lurc y ml i r-.. Il ., . „.,(r ruoftp^iivilaire oui eft au lommet d v- ticuueue i-oraïuc.win.""'^^ » ca . tie h Capitainerie , qui comprend le mont de S.Ange & les enuirons , & en tout . 5 • villes , quatre vingts & dix chafteaux , ou places fermées. Les citez fonc S Auee, Manfredoine> Siponte, Salue; Lcl.ne. Vielte, Afcoiie , Bùume . Firenzole . Volurate, Ttemole , K ^'luêmble que toutes les ricnclTes de la PouiHc foient aacmblces au mont fainà Ange , qui a prejqutf de tour cent vingt m.lks. D-omede la voulut recuite j..viv^ r- , „ UTiirr V mit le de tout CCnt Vingt luuiia. i^.w...^-- — • cinq cens quatre vingt quatorze, que le ^f'<'l"'y Lu Ifle . pource que fon Iftme n'eft large que/c de« feu 11 y a auflTi Chafteauv.laire qu. eft au lommet dv- en . P°^^«;j^^^^^ cognoilTans la co.p.r.oaité du ne montagne fort haute , P°"^^''j^' l^,^,-' fortifièrent . & fe maintiudrenc long-tcaps. Duché, Turran, Rcsian, villes de lauiia Marc, |ueu s y roru ^^^^^^ Des Eftats du Royaume de Naples. f;^ poiirce que vc ritablcmcnc il n'y a lieu fi propre pour domiiKr, 3c pour trauaillcr le Royaume de Naples, ôc la iijcr Hjdii.iriLj!ic. La rcrrc de Dary contient }6. cliafteaux ou places rcn.r beaucoup pU.s fi l'on y p. cnoit quelquf peine. Ce port cR aujourd'huy fcmc , afin ne conuicr. comme qu croid. par fa commodité, les Turcs princi- p.ilemcnt à attenter quelque chofe : veu que iadis fa.r«s.&:.4.citcz.dont les plus renommées font lîary aeonvmc La JZî. • "^"/i 7 " '^^'^ &rrany.pu,sMunopoly.Poiignan.Gra.nne&nicontZ deux Z d La Fouille pleine a pour ics bornes la terr. de Bary. rent d^?nn . ^ ^^'^ • & la riuiere de Lofnntc:du Midy l'Apennin.de l'Occi- , Sri & proche. ^ ^' ^ dent l'AbiuzzciSc du Septcnction vnc partie de la mer I D / Le pays d'Ahruzzc, iadis des Samnites, a pour Tes /^E Rovaume orndM.v r Cr ^. . bornes du Lenant la Poliille plei«e aucc la ri icre de- l'entretie "de i'hn . "ecelTaires à Saline . du Couchant la riuiere de Trante . du Septcn àJj^l^^Z^^^^^ ?" ^ P°"f ^""'^ ^e me- 4 irionla ^er H.dr.atiqne , ^ du Midy l'Apennin.^ Ce titérq^ilt, !^C^h^ pais cft borne dVn coftc de Fottore . & de l'autre du ' pays & em 'aut e cho^ 1^ ^^^IT'"/"^'"' Trautc 5. ert d.ui é en Abruzze an deçà . a. Abruzze , uaL'fd^ le R ; a'^rrace; t mef"' au delà la runere de Pcfcare. L'va co.uicnt . 50. cha- { font encor plufieufs Se^^ & I'^^^ 'ï'' locaux on places clo(es , & cinq citez . qui font Bene- hors du Rov ume nn'! £ ^ J P'"' ^ent. L.ncian, Cité de Che.y. è.té Burdle, Sulmone, i d'£ pagne ou drVu:eTov auif '"T'^T l'autre contient deux cens quatre- vingts & quatre ! ment N^nirnir ro. r^^^^ Chatteaux o. places fert.,ées. quat. e cît. z, q,^ font ! vin huUe l Z l de^ro r '"tî" Aquila,Atri.C.cé de Pene,& de Terame. Benenent fut Comt d Rhee.c^l; t T donné à l'Eglife par Henry l V. pour échange d'vn cer- i terd s fucr La'tt ' P"^- tain tribnt,ofté à'B..nguer^ue fa'patr.e par âon I X. 6. i m t e^ Zodanc & ettem ' ' ""'''u," 'A^' cette ville ay.nt efté d.uerfement faifie tenue, fut fi- j void autour de Poufo i beruconr^^^^^ '* " nalrment rcm.fc- à i'Egl.fe par les Normands. Aqu.Ia ' medicin.lts & des b^m dtT fut baft,e par l'Empereur Federic II. qui y mena les vn chT^p p Icfn de tff^^^^^ d.uerfes vertus. On y void peuplesd'Amiterne'.^Forcoigne.pon?aaLterdece quit^ift cont^^^^^^^^^^ coae le Royaume. On monftre à Lancian vne Hoftie cuir l'alun. On voit ll^on^ i. a *^ °" ^ °" confac.ée.tranfmuée enfang.tandis qu'vn Itufla frappa I grotte qui a Toone uï"^' i^'' auec vn coufteau. On comprend dans l'Abruzze la | fcttr vers le fond, "^'f^'^^"' Pf " ^ ^ C6rédeMoHfi.quia.o4.IieuxencIosdemurailiesA'4. lonv;^^^^^^^^^^ cuez,quisôcBo.ane,Guardialferie.Ifentie,&Trinent; trouue s Li„ ' & ' " ^" t Il y a encore en ia mer Hadriati^juc vis à vis de la rois approch rflns7;t, ' T'' ^5^^" u.llep.eine,lesIflesdeDiomede.dont UspluseranJ L'air le^a^erreX^^^^^ ladreue règne en ce paï.. ce qui procède , comme o« m f ce qu on y mange trop de chair de pourceau,5Ê auffi des figues feiches, qui font les viandes ordinaiïï du menu peuple. Le terroir monftre vnc fuperficie af- pre.ma.s lors qu on le rompt auec le foc.on y découure vne bonne terte,& combien qu'il y ait peu d'eau, tou- tes oisil a de beauxpafturages,& produ^'t du fror^ient, de 1 orge,de auo,ne,des olmes, des melons exceilens & des afnes,ôc des muietsqui foin fort eltiraez.il naiil en ce pa,s vn animal qu'on nomme le Taranruile,don| on chaire le venin at.ec le chant & ion des inftr.mens* ce que Celle cent fumant l'aurhorité de Theophrafte, de quelques autre, animaux. Le. Cherlidres na.ffenc aufl, pnrcillenient e,n cette contrée ,qa, r. çoit auffi plus de domrrag. des Santcrclies qu'ancnne ( Ltie de l^ta- lie, veu qu elles ne Lififent rien par ,A elles p.flènr, ôê conWnt en vne nuidl tes moifions qui font lc,a mpu- Ila dernière iHc eft celle de Capry .où Augufte alloit fi | move^f dVcertT^ ■ *'""^''"' fouuct:lesautresqu'onyvoidn'ont'dcdec^onfiderabe peXo^^^^^^^^^^^ Il y a véritablement peu de ports en vn tel circuit de ' IJc JZl lut IZT '^"^g^ P^"^ ^ ys , combien que quelques Golfes aux diuers toursl £. ' 1 2!'o !r°"P ^""^"^.^S^ P^^%e Poiiille pleincjles Ifles de Diomede.dont les plus gran des fe nomment aujourd'huy fainde Marie Tremitane, & faindt Dominique Outre ce l'on void la mer Ionique vis à vis de la ville de Gallipoly Tlile d'Achate peu re- nommce , & au Golphe de Tarante quelques petites Ill^s de peu de renom , dont la plus grande fe nomme de S. André : vis à vis du Gap des colomnes il y a deux Ifles de Diofcore & de Calypfe. 11 y a en la mer de Tofcane quelques Mes qui appar- ticnnct à ce Royaume,c'eft à fçauoir Palmarole,Pontie, & quelques autres petites qui n'ôt lié de remarquable. On void encore au Golphe de Pouzzoli ôc de Na- ples , enuiron 18. Ifles , dont la p!us renommée eft If- chie,qui adc tour 18. milles, & eft tellement enuiron- née de rochers fort hauts qu'on n'y peut entrer que par vn endioit. Il y a vne place qu'on met entre les fortes, mais principalement à eaufe de fon aflîettc. Prés d'Ift hie vous auez Profide , dont le circuit eft de prés de fix milles. pays , combien que quelques Golfes aux diuers tours de (es riuages puifit nt en certain temps fttuir de ports. Ils font toutcsfois mal afleurcz , comme particulière- ment celuy de Noples, qui fert pluftoft de pompe, que de feurté aux vaiifeaux qui s'y trouuent , encor qu'il Joit défendu du Mole , & l'on a de couftume quand 'a mer eft fort courroucée dt mener des galères à Baye, qui eft vn peu loin : & ces meruçilleufcs rt ftes de Né- ron, appelle communément mer Morte,ferueot encor aujoucd'hoy déport. Le Golfe de Gaietre eft tenu pareillement pour port, combien qu'ds font décoouerts du cofté du Lenant* Au pays d'Ocrante il y a celuy de Brirdcs,& pour la terre de Jîeti , on dit que fi celi-y de Trany y eftoit ac- commode , il Ceroit capable de cent galères , de mef- me que ccluy de Tarante en Bafiiicate , en pomroit roures les annees.O« y oit les tonnerres en H'yuer & ea Eftc,commc en la terre de Lab.ur.Le païs aux enyitons de la viU, d Otrante a fon air bien temperé.comme oa peut voir aux Lauricrs.Myrthes.Oliuiers & Cedres,qi3Î y ctoiflenr. Les rochers qui le ceignent du cofté de la mer,lont fi fragiles, que les eaux en ont confumé pref que4,vingtpasen moins de cent années. Mais Brindes a vn mauuais air,pourcèquede melme qu'il n'y a choTe qu. rende Tair meilleur que la multitude des habitant (pourcequecefont eux qui delfeicfient les (lenx mare, ca^eux , pour le cultiucr. & qui coupent î.s bois non) cpa.s,& purgent le mauuais air auec )efeu..Si ttoiiu^nd le bonair auec les hauts b.ftimens) auffi aucontraire i| n y a chofe pire que la folia.de desg. andes vi|ies,pour- ce que non feulement elles demeurent priuées des chc- les luldircs^mais les inaifons mefmes Se les ruines fors*. o ijS Des Eftats du Royaume de Naples. Mœurs de ce temps. les rctrai^'S de la corruption , comme nous cefmoi- anem Aquiîcc, Rome, Riucnnc. &i Alexandrie d'Egy j r Bagade. ' T Es Neapolirains font prefque tous gentils . & de ^ ':::Z^"^^^o:.!:^^ L bon .es délices pl- S- P-f - n bonn qu dlc cnueùem force befta.i. L' Abruzze ne dn mond ,& fc pl .font à l ^^^^^^^^^-J:,', Xu'^roidc partie du Royaume en la Prrndpaucc. Noblefle ^ ^ S Scuenn tft renomme pour le bon vin qu'il poice. houyr du ^^]^^\^^ ""'^^^ Pr's de i! coftc d'Amalphi, & au deçà de fe. rochers .1 — ' - ro«o..nic q-u s y trouue y a de belles vallées , auec force fontaines , & fources d'eaux, d'où coulent quelques ruilTeaux auec vn agréa- bit- murmure. Ce pays a grande abondance de grcna des, citions, orengcs, oliues, poiics, prunes, cerifes, 6c femblables fruifts. Il abonde encor en vin, & non feu Icmcnt il contente le gonfl: , mais auflî l'odorat & la vcuc par le moyen de (es myrthes, lauriers, bouys.jof- femins, lierres, romarins, rofes , & autres plantes. Le terroir d'autour de Falernc porte force citrons.limons oranges , grenades, & route forte de fiuid. BaflUcate eft prelque toute montueufe , & pour cette caufc fort fubjede aux volerics. Les rofcs viennent deux fois l'année pics de Peftc. La Calabre porte du froment & de l'orge, du vm de plufieurs fortes, des oliues , des fi- gues, du fuctc, du miel, du fel, de l'or , de l'argent , & a quantité de laine, de cotton, Ô£ de fafran. Elle abonde tellement eu foye qu'ils s'y en fait autant qu'en tout le leftc d'Italie, il y a auflï grande abo' danct; de lin , & de chanvre, & la manne y tombe aufTj du Ciel. Prés du riuage de la mer, & dans le pays on void force beaux jatdi'.'.s pleins de citronniers , orangers, limo- niers, & de plufieurs autres arbresi Quant aux Ifles, "celle d'ifchie a force bons vins , & abondance de fruids, comme aulÎJ grande quantité de foulfte,6c d'à lun,6c des bains. Celle de Profide jette du feu, &C a des bhins chauds-Celle de Cabri manque de froment,mâis elle abonde en chair, poiiîon Ô£ volaille. Mœurs anciennes, IL y a vn ancien qui dit que ceux de la Terre de La beur edoient (upeibes pour l'abondance des fruids, la bonté de l'air & la beauté de la contre e.C* (l ià qu e ftoit le marcfts Acherufien,qu'on nomme aujourd'huy Calluccia,& rAucrne,& d< s lieux loufterrains,& l'an tredelaS.byile,aufquelslieux (comme dit Si tabon) on cntroit par des facrifices,apres auoir appaifc les Dieux, félon la foie créance des anciens. Les Preftres des faux Dieux s'y riouuoient pour conduire ceux qui y en troieiit. il y auoit là vne fontaine,qu'iîs tenoient pour le Phlf geton, à caufe de la puanteur de fes eaux. Les Preftres y receuoicnt les (uruenans, pout con fultcr rOraclc,& viuoient de ce qu'ils pouuoicnt tirer du foliiiï» mtnt dts métaux , ou de leurs prcdid.ons. Ceft à caufc de cela qu'Homère dit qu'ils ne voyoïeni jamais le Soleil Ces hommes furent après exterminez par vn certain Roy. qui itouua leurs predidicns fauf- (és.Il y auoit à Naples toutes les cinquième s années vn comb.1t df lui(a{i>rs,& de chanrrr s, par le commande- ment de rOracie. C'< ftoit tn ce Rry:'umc,& non loin OcRhcgc, qu'. ftoit la vide de Locies , fi bien policée pat Za!£uque:& où l'on auoit accotftun é de fe mettre vne corde au col lors qu'on vouloir ptopoir r quelque loy nouue lie , afin de moutir li elle n eftoit pas ap- prouuéf. Les Sybarites eftoicnt auflTi en ce pais, qu'on taxoit d'cftre fi mols,8c fi plems de delicatt ffe,que mefme ils anoicnt aporis à leurs chcuaux à dancer au fon des in- ftrunicns.Bref tout ce pais auoit des habitans fi addon- n'ez aux délices, qu'Annibal fe laiflant glilTcr en leurs façons de faue détrempa fon fort naturel,^ ne fit que ^ perdre ce qu'il nnoit acquis , & (a rcpiitation tout cn- j lemblc de^nus cette mauuaile accouftuniancc. temps,& voir la bonne compagnie qui s'y trouue ordi- nairemcnt.Et de faid on ne Içautoit voir vn plus grand nombre de gentils Cheualiers qo'oir en void à Naples en Efté hors de h ville , où ils vont trouuer les Dames qui vont au pourmenoir en caxiolTe , & les abordent à cheual d'vn h bel air.Sc auec tant de gvace,& vn (i gen- til dircours,quilcftimpoffiblede voir ou d'ouyt iien de plus agréable, & femble que c'eft particulièrement à cette NoblcOe qu'il appartient de faire l'amour , & d'eftre prés des Dames, plus qu'à nulle autre. ^etjc gcntillelTe eft accompagnée ordmaifement d'.flez de courage, veu que les Gentils-hommes du Royaume de Njaples vont chercher la guerre où elle eft , & s'effot- cem de s'y figiialer , comme on a veu par le paffé aux guerres des Paï.-b is , où il s'eft toufiouts trouue glan- de quantité de NoblelTe de ce Royaume. Et le peuple n'eft pas moins affedionné au meftier des armes , veu qu'on fçait aftez qu'vne bonne partie de l'Infanterie de l'Acchidac,& du Roy d'Efpagne vient du Royaume de Naples. Car quant aux Efpagnols naturels ils (ont en fort petit nombre. , Le peuplf de ce Royaume eft aufTi fort addonnc au trafic, mais ce qui le deftotzrne de fuiure cette inclina- tion , & ce defir , c'eft la charge des exaétions , qui eft plus importune en ce pais / & plus grande qu'on ne I çauroit croire. ., ' l'ay dit que les Neapolirains eftoicnt cous gentils, mais la rcigle n'en eft pas fi geneiale qu'il ne le trou- ue des lieux où la courtoifie & la ciuihté font fort igno- rées.Car auprès de Monfault il y a d'aufli rudes. & lau- uagcs gens qu'en pais d'Italie, ôc prefque tous ceux de ^ Calâbrt ont l'efprit moins fubtil & rclcuc , que les au- tres,ainfi que les anciens mefme ont public, & ceux la terre d'Otrantc font fiu.plcs , & fans art 6i n e me -être fimplclle apptoc'ne plus de la ftupidué que At la franchi ' e. „ /• . 11 / Les hommes,& les femmes ont 1 efprit addonnc en- tièrement à i'amonr , & recherchent autant ce plaifir que perfonnes oc la terre. Auflî il n'y a peut-cftre heu où l'on trouue plus de bonnes rencontres pour ce re- gard , qu'à Naples , où voftre recherche ne fçauroii: fftrc prelqne inutile , fi elle eft conduite, & accompa- gnée de quelque mérite. Au refte on a donné ^ux hommes,& aux femmes de quelques lieux des noms qui feront cognoiftre leur hu- liieui. Car on nomme ce.ix de Bafilicate téméraires, ceux de la balT' Calabre ftupvdes , & hs femmes de Confenfeobftiné.s, celles de Bencuent ruftiques & eroflieres.celles de Cnpouè fupci bes, celles de Naples afFaitées, & celles de Bandes fainéantes. Les Neapolirains aufli bien que tous 1rs autres Ira- hens,ne font guère bonne chère en leurs mailons.mais fe plaifcnt à les rendre belles & magnifiques, & à . Itre bien veftus , logeans tome leur dépence en la pafaae extérieure. , , 1 n r 1 Les femmes y font fi fupeibemcnt habillées, que la moindre fc mblcàce qu'elle porte PnncelTe , & elles avmeroient mieux p^^Her les iours entiers fans ttiangcr, que de n' ftre cxc.flîuement parées lors qu il fau' pa- roiftie deuant le monde, & celles qui n ont pas le moyen d'cftic fi biaues , palTent les jouis & les nuitts de toute vne Itwaine à traoaillf r en (oyc ou autre cho- fe , afin de le faire voit le Dimanche , & d'entretenu cette vaine pompe. ^^^^^^^^^ Des Eftats du Rojaume de Napîes. Richeffes, 7jr Es gciu de ccfte coiuiéc (c poijrroient nommer caiu molcitcz, !k cluigcz par les officiers, veti que non fitiilcment ils ont l'infailliblr abondance de toutes cho- fe$, mais pat Icitac de l'Eglife , & antres Proninces, & ce qui Jes peut rendre à leur a^fc, c eft fpccialcmcnt la naui- ^acion , iS: le commerce ancien auf c les Vénitiens , à 1 endroit defqiiels les peuples de la Pou lie & de laCa- labre, (c monftrenc sff dionnez au pollible, pour céc- ité particularité , veu que la plus grande partie de leurs nauigstions fc auec ceite nation , & fans elle ils cndurcroient beaucoup , ainfi qu'on a veu les anrc' s pafa, lors que ce trafic fut défendu à caufe de la pe rte , outre que les Vénitiens ont polfcdc diucrfes villes en la Pi uillc , & ont fftc tenus pour amis iufqu'au temps des Koys Normands , & tant à caufe de cette louuenancequcdu fufdir intcre{t,los Nenpolitains ont vnc particulière inclination à aymet ceux qui font fous QCttc Seigneurie. Il n'y a Prouince en Italie qui cnuoye dehors tant 1^9 «nais vn denier de tar eue vend auj rrtrangers force noix & force amandes , ik les enuoyr lu^ii'en Barbarie,^ en Alexandrie : elle dépefche for fafFran eo plufieurs endroits , elle fournit des (oyes a Genne s & à la Tofcane : des huiles à Venife, & à d'au- tres lieux, des vins à Rome, & des cheuaux, agneaux, & mourons à pluficnrs conticf s. Ls PcLiille pquràoK de chair , Vcnifc , l'Efclauonie la Tofcane. Le vin de S. Scuerfn cft extrêmement eftimc , & de grand prix à Rome. La balFe Calabre enuoye du coral aux autres Pro uinces , & de la mani^ qui eft eaimée plus que celle cnt pas pour entretenir les garnirons, atn. fa.t que le Prmce alla.lly y adjoultc beaucoup du lien. Le „.ef- "^e V.ues au hure de la guerre contre; ks Turcs , dk qu il aappns deccux qu, penfertc le bien (çauo.r. que It Roy Ferdinand ne m.r oir.qn^s dedans fes coffres cinq (ois de tout le rcucnu du Royaume de N.nlcs.aii contraire qu il fallo.t y enuoyer de ce que Ton recueil- io.t er. Cait.lle bonne fomme de dtnie.s pour funple. ment de la paye des gain^fons. Forces. Es Neapolicains ont eftc de tout temps extrême- Û 1-ment (ubjoSs aux reuoltes, de forte qu'en 454. ofl;d '"î If "Royaume à efté diuerfement Ln^ïf r ' ^^"^^^'"^^•f^^"?-'^. A!len,nnds. Cata- d^s Ncapobtauis, qui ont aydé aiu' prerenfions & def- l^^.^s des vns. des autre s. qui ne fc (erorenr pas ocol eftre fi facilement Lilfez (urmoncer aux volo^nL' de, Papes qu, le. contn.Ment,ny a leur propre ambirion.nJ a I a.gu.l on de la vengeanc.-,fi cette ,nftab,!„é de co i^ inges ne leur euft promis beaucoup plus que ce qu^ là com^odue de toute autre occafion leur propofoir Orquant à ces fréquentes rebellions, encor que 1*^ J|.b;ecas en ayent efié d.uers , toute.fo.s on .n plu ^ %ner deux principales caufcs, c e(U içano^r la ar.n - ^ ..-..^ qur eu c.umce p,us que celle Îiont R^J '^''f ^ ^^^-^ CCS, & de leurs rfnpnnc. .1 Le Roy d'Efpagne tire de ce Royaume deux mil- "ons, & cinq cents miile ducats, y comprenant le don gtatuir d'vn million , & deux cents mille ducats , qui «e fait routes les années . & qui cft réduit en rente or- dinaire, de melmc que les trente-vn grains qu'on paye pour le logement des gens de gnerre', & pour l'entre- tien de que.lques Gentils- hommes qui accompagnent le Vice- Roy , & fe nomm.enr continuels , fept grains pour la garde des tours des coftes, neuf grains pour la reDararinn ,^pc r.,«o a, i r, ' „ . payées à dîners , le demeurant ne fuffit pas pour ks garnirons, l'inîanterie, la Caualerie, les gaietés, & au- tres dcpences. Surquoy on demande quelquesfois pcurquoy donc Rov d'Eloapne fair vnp lî nr-^nJ» àJ..^^ , r ces. .e.„„,. g'-s de ieu.s valfaux prorî^prs à toureS leurs voIoBtez^ ract" r ; "^'^ r '"r ^-^-^^ naccr , & de ccn baitre leurs propics Roys, ôc pout leur particulier intcrclf ont n.s axdcfordr Jle LZ. .r.e combun qu'ay.ns dcfcot^ucrt i'mcLnation du Pa- pe a d.pofer vn Roy,& pouu.ns auec cet.e hutu.ea„ te cffcduer qudqu'vne de leurs pcn'ées . fàni autre r • S" "cocs tours nés coites, neuterainspout la cmtd mie rf,i^„/ n- -— r-" . uns autre tepatation des rues , & cint, grains poufk Ptcuoft Je Ws en '„î P^'-'enliete . ,1s ont ,a„, de Campagne . duqnel teuenu'cftan, vn .niliio„r,ro 72 ," ^ T. "'- P "^"''^ cents œille ducats de pcnfion.Sc autres chofes tjui fou, & le"!!! r/.,t ll''"->bc,«„,e. >cRo,dx;pag„ef;;™rg;-drdTp3prfi;)^ en vn Royaume fi eHoignc d'Erpagne : veu raelme- raent qu'a caufe de la diftance des lieux il ne faut pas attendre grand fecours de luy , & qu'il y aunft danger Je tuer les foldats Efpagnols hors des garuifons : ?ar i on remarque que nul citoyen ou habitant de Naples ^'"on qu'rl fuft bien cognû. & en qui l'on fe fiaft beau-' (Zmate s""" ^" ""'^'""^ °" ^^P'g-'^ Si le Roy d'Erpagne a faute de qi-elquc argent preft, W m^runee des Eftats du Royaume de'ux oulois'cen; comtpandements, ils gratifient le Roy de cela , ka- chans qu 1 leur conuiendro.t de k faire par force ^n- COrCS qu i s rcarhf.r,r U. ... ^ *uiv,c,cii lou.are le S Si.ge au changement, & inteipretanc mefixes qudquesfois faullen.enr aux Roys lef X adl.ons des Papes, ils leur ont donné fujed de m r ! ter d cftre excommuniez, & demis, afin de faire naiftrë P^o;eaées,a.d.firéespou;^;;;:;;:r;;:~ En quoy Ion peut cognoiftre combien les Erpaeno à ontaccortcment cherche pourïe confcruerS fi mer ccteftat, non feulement de demeurer vn.s ,^ k Saind S.ege : „,a,s encor de des- obliger les Pape.' & afFoiblir de tout leur pouuoir tous ceux qui ponr* lo.ent pour queiqne relped que'ce foie ef re crcu* purlfans dans le Royaume , princ,palea^,cnt ayai's 1 quis par confidence , & par obligation la plus .ranl part des Princes d'Italie, & s'eftans aileurezi 1 moyen de tout le dommage de d.hois. Et véritablement après que nous /ufons confidcré T v^iiiuicnaroïc de le raire par fnrrp Pr> i . -r*-- -j^^ iiuuj aurons Conndcré corcs qu'ils fçachcnt bien qu'iU neSut c^u i^l l^:;^'?^- "^^'y ^~ , ^ ccby qu, e(l de! uterontia nia.e, j vn impmeux , & alcicr , iWe rt^perbe, Q l5o Des Eflats du Royaume de Naples. cette des-vnion les for.cs dj lUyaUme dciTieutciu dcm.mbiées, & le Roy dufpaone ne peut craindre, ' "«rrrâufrutoVve à tftre cmtu &c f.uori- ce femble , vn remuement important de fes fnjets , & indoa,pîc, l'vn hay poiu fa toudaine gnnd.ur, & par l'iuclination de pInUeuis , & l'a-rre c.ir.in aux r^^uoi Rovai.me que l'autre ne peut facilement rcgimb^r, ny leurs delfeins, à fecouer le jong , on doit iufteroent ou pour le tcnr.ps, ou pour le ^ rudent foin de ctlny qui goiiuerne,s'efton ii.ui>a V4v»»v.»i*jj *• — - . - qui délire le repoy, mais principalement pour la bon- ne amitié du S. Siège , à l'endroit di^qut l k ïloy d'El- onoour c,. riident oindectuiyqiiigoiiucrncjitivuu- » i . ,„;n.ira'hnv Zr,.. .a f>,cc-. , ,ooch,J ?.,^a ,e veux cou. Pi"^-J•r;,- ' ?" /«'li^S qu'autanr qu'il a cite aydc des occahons , autant il a efté bien conduit , & fécondé par les Gouuerneurs. Car ce Royature cftant paruenu au Roy d'Efpagne, tous les empefchemens qui pouuoienc confondre le pays ont cftc leucz auec cette refolution de la main- tenir, & le Prince s'eft alTeurc fuffifamroent de la pof- feflîon de cet art, mefines en tout motif de guerre, pource que les prctenfions des François s'cftans mor- tîficcs aucc la paix de l'année mil cinq cens cinquan- te-neuf, & particulièrement à caufe des guerres ciui- ks qu ils ont (ucs, & le Roy d'JLIpagne ayant en Italie le Pape ou il refpeétc, & cftam allié du Duc de Sauoyc grande part à l'éledtion du Pape , ayant oblige plu- iicnrs Cardinaux , ou en Icui promotion , ou pour les penfions qu'il leur donne, & il a auflî foin p^rticylier, comme i'ay ja dit, de fe rendre loufiours le Pape âm.y> pource qii'ii fçait a/Tez l'altération que Clément V4I. ôc PaullV. luy ont cauféc. i ç La bonne intelligence du Roy d'Efp?gne apec le >. Sicgc, & les autres Piinces d'Italie, & la inottificatiop qu'il a faite en grande partie des troubles du Royaui>ic, ont donc efté les contre - poifons, aucc Icfquels il s eft preferué iufqu à maintenant du venin de la g,uetrf . Quant aux gens de gucrrç il a miHe hommes de (-combifn qu i y lu ces ai X mprnMcnlnilpnr.CaDicaines.auecvnmaiftredeCamp mauuaifc intelligence entt'cux) eftant de meime vny auec le grand Duc de Tofcane par le iDoyen de la nou- uelU alliance , d'ailleurs ayant à fa dcuotion ceux de Genncs , & ks Luquois eftans fans force, & les Vcni- tiens peu dclîreux de rcmuét contre luy, ii ne luy rcfte que d'efttc afftuié des principaux du Royaume de Na- ples. Ce qu'il a tfft6lué en partie , en donnant quel- que ennctiin , &c (pecialemcnt à h Courai x Confi- dents, en laiflani ratcmcm l'adminiftration du public anx grands, oii la lailTant foit limitée, en chaftiant af- pi erot nt les ennemis , & les peifonnes fufpcdes, & en n'admoneOant pas aifcment ny foudaii-ement Ks plaintes contre les Gouutineurs , pource que le fub- jc«: deuicnt bien - veillant par le premier , & s'entre- tient en efpcvance de plus grande chofe , Ôc aucc le fé- cond on ne luy iaiflc pas acquérir de l'tftime prés du peuple . Si aucc les deux fuiwans on preuient les trou- bles par la (eueiité du chaftiment : mais beaucoup plus pource c]ue l'homme ne fe peut fier de deuoit iu- ftifier fon fsit par aucune voye , outre qu'auec k pre- micisle fubjcd eftant alléché par vne teUe demonftra- tion , tafche par tous moyens de fe rendre de ioiit en ioiu plus confident , & de mériter dauantage prés du Prince , & dépendre tout ce qu'il a pour tilentr à la veuëcîu monde ce petit titre de Seigneur , & Cheua- licr,de Colonel,ou de fcmblable chofe qu'on luy don- ne : telkment qu'aucc fon eftabliffement il deuknt fi- delk, & s'.-fFoiblic en telle forte auec la dépense, qu'il n'a plus de hardieffe après , ny pour luy , ny pour les autres , & tant à caufe de l'efperancc , que de la nccef- fité , il ne fe peut tctiicr de l'afFcftion & du feiuice me fous plufieurs Capicainep.auec vn maiftte deCarop, &c vn Auditeur , Oc ce corps de gens de guerre eft ap- pellé le Régiment ou Terzo de Naples , aux qlia- Iteaux du Royaume, & aux tours faic^cs pour la ga.rdç des coftcs , on tient tr.il (ix cens hommei de pied or- dinaires, en y comprenant les Officiers qu'on a accou- rtumc de tenir en ces chaUcaux. Il y a mille hgmmcç , d'armes diuifez en ly- compagnies, c'eft à fçaupir cinq d'Efpagnols & onze d'Italie, à foixantç chenaux pout coropagnie.excepté celle du Vice-Roy,qui eft de cent, & celle du Seigneur Marc-Antoine Coiop».? , qui elt de cent dix. Il y b encore 450. cheuaux kgers dimie? en cinq compagnies. Outre cc,eD toutes les Prquincts du Royautîie il y a 5. hommes de pied enrooUez pour cent feux, & il y a 4oii4î4- feux à cinq pour cent Cpnc 140701. hommes de pied ordiiuires. Ceux-cy font nommez par les EHeus. de. chaque pais : toutesfois s'ils ns phifent pas aux Capitaines , il en faut trouuer d'autics qui les contentent. Ils font alftz bien armcz,& plus propres à foufftir qu'à faire 1% guerre, &c cette Infanterie ettappellcç du b4UJl!Qtt;& combien que ceux- cy ne foient psyez finon lors qu il* feruent les Capitaines , toutesfois les autres Ofhaws, ont leurs cRats & gages ordinaires. Dauantage il y a i7. galères en ce Royaume , c'eft à fçauoit 3 j. de Na- ples, Ôc quatre qu'on paye aux Geneuotf . Les gakres de Naples demeurent ordinairement aa Mole fans (oldats , & bien fonuent fans moine de la chorme.qui eft louée par de s Capitaines ôc Maichandi nobles & auti-.s, pour décharger les v.nlIeâux.Ôc pour autres (eiuices domeftiquts , de forte qu'v.ne tois que /ir4 il np (e neut tctiicr de 1 arrcciioii OC uu awi.w., .v..-.^»- ^ - . Auec e fecoSd on c^fte l'^ccafion de faire vne fuite, huid gahotes pnndrent près de l'Ule ^apry deux AUCC le lecona on ouc ^ ^.i.r.c «îiri p . nn cmio ova vn lour enUci adcpeL- & auec ks autres deux , d'autant qu'on fait tomber également les ennemis découuctts , & ceilx qui fout fJupçonnez , il «duient que chacun procède necte- lîient , & fc gouuerne fi fagemcnt , que le Prince fe peut aacurer d.s penfées.ôc des adions de fes fub)eâ:$ ÔC vAîmx qui font tous nobks, ou roturiers , 6c le no- ble ne pouoant mener à fin quelque cntteprife fans l'aide du pc-upie , que les Efpagnols portent ouucrte- menc contre les nobles , fpecialement aux choks de luftice , il arrine qu'il endure après plufieurs chofes fafcheuff s , & k peuple ne peut éraouuoir que vainc- mcrû quelque fedition fans la conduite des Gentils- hommes. Enfin la difcorde eft telkment noifc patmy ces deux Ordres , que viuans des- vnis aucc vn^ ma- nifcftc mal-vueillance , k Royaume demeure cncor pour ce chef grandement afFoibly , outre qu'entre les nobles mcfmes on maintient encore quelque ditkn- fion viue , d'autant qu'ils fauoiifent plubl'vn que l'au- tie , & les autres i cikticnt par fois , tellement qu'auec gakres de Skile , on employa vn jour entiv£ adcpeL- chet cinq gakies aptes les ïiucs , d'autant qu'on ne trouuoit ny vogueuvs, ny ioldnts. Et cettaincmeni on. tient que k Rov d'Efpagne tiieroit peu de feruice de la dépence qu'il fait en ces gakrcs.qui font garnies de. fort peu d:artillcric,& de gens de commandement qui ont peud'fxpctience, & de fe;rçmesTmcs,ou con-. damnez , à^nr Us vus feraem f.ucc déda.u Se danger, • Se les autres ibnt peu expérimentez, & peu ptopus a, foufFrir l'incommodi.é de la mer. Semblableraent ks gens des chafteai'x tant des ttolJ de Napks que des autres qui font par k Royaume, lont deux tiers rfioins que le Roy d'Efpagne n'i n paye, & l'tifott de l'artillc.icqui eft toutesfois de l'ordinai- ic, fe trouue au Chafteau-neuf, & en iceluy de lamft Erme de Napks,çn la foiteretle de Gaiccte, iic au Cba- fteau de Capouë, xeu qu'aux autres qui font <^3XS par le Ro yaume , ce n'e le pas chok fort confidciable, Tout« cesitiumtions Lont enpeticc qualité, en q^oy toutesfûus Des Eftats du Rojaume de Naples. i^i to'itcsfois cincuii cogiioift claircmcric rcfpargiic que IVaufii. fo ic les t.^cicis du Roy, de mclnic cjii'aiix choies tjui ab ndrni au Royaume. Ce Royaume c(l forr peuple, & a i j. Princes, vîngt- quaric Ducs, vingt-ciuq Marquis, cjuacrc vingts & dix Comtes, i\' cnmuni huid cens Barons , qui (ont obli- gCi de (eruir le Roy d'Efpagnc en pcrfonnc , pour la Capaccîo. deKcnce du Royaume. Le Duc d'Albc au temps de la , Pulicallro» guerre que le l'ape Paul I V. meut contre luy , y leua j Nufco. vingt mil hommes de pied Jept cens hommes d'armes, *^ & mille cinq cens chcuaux légers. Les piincipalcs fortcrclfcs font Naples aucc trois Chaftcaux , c't II à (ç.uioir le Chaftcau - ikuF ccluy de l'Oeuf.^ ccluy deS.Erme.la Mencic, Ciotone, Tocan- te, Gallipoly, Ocrante, Brmdes , aucc le fort S. André, Monopoly, Bary, Trany, Batlcttc, Manfiedome, mont fainél Auge , 6c Gajette, & dans le pays Cantaiace, Cou cnlc, iJc Aquila. I Aquino. L'Euefquc du mont Caffin, ôc l'Abbc du Mor.-'Uctc nelt(ubjcd:apeironnc. 1/Archeuelque de Salctnea fous luy les Eucfques cic Liampagne. * Marfico. Noccra de li Pagani. Acierno. (joHuernementj» •) T E Roy d'Elpagnc tient ordinairement en ce Royau- -'--'mevn Vicc-Roy qui demeure à Naples , auflj bien que les aunes Oiîîcicis , tant pource que c'ert l'ancien (cjour dfs Roys, que pour la beauté de fa fituation, & l'obord de la NobielFe du Royaume, & des marchands & gens du pais , cé vn paiticulicr &: diftii^â: difcours des chofes de ce Roymmc j pource qu'on enuoye de là des Goouevnt uis psi Ifs douze Prouincts,& ces Gou» ucineuis lent tn nombre de fix nommtz auffi Vicc- Ruys , mais fou -ordonnez à celuy de Naples. Il y a p irf ilitincnt m ch iqur place du Royaume , qui n'cft pas rerrt de Baron, vn Capitaine. Et d'autant qu'on ne peur appi-ller de c< s Cap)tames& luges qu'au Vice- Roy de la i^roumcc , à la Vicaireric & aux Confeillers de Naples comme il (e?r b!e aux meilleurs quartiers,& que les fi. g s de la piincipale ville ont flux & reflux perpétue I -c ptocez.qui font prolongez par les Aduo- cars,p3r les Notaités,appellcz par eux Maiftres d'ades, ^ par Les (-"rocureurs , (k qu'auffi les prifons de la Vi- cairerie (ont oc^inairement pleines d'vn nombre in- croyable de ptrfonnes , on peut cognoiftte aifcment ]'ic la luftice n'y manque pas de bclognc. Ify a fept 0(ticicrs principaux en ce Royaume,ou- re le Vice-Roy c'eft à fçauoir le Conneftab!e,le grand ufticierouChanceher, le grand Admirai , le grand Hircforier , le grand Protonotaice , & le grand Smcf- hal. 11 y a quatre Cours qivtn nomme lîeg:s, c'eft à :auoirCapouc,Nidc,Mcntane,cSc S Gregoire,où tous « Princes , Ducs, Marquis , & tous les principaux du î-oyaume, & les autres ordres s'allemblent, pour deli- erei des affaires publiques. Sai no. L'Euefque de Rauenel n'eft fubjeta à aucun, nori plus que l Euefquc de la Caue. L'Archeuefque d'Amalfi a fous luy les Euefques de j Capri. ^"'a- f Minori. L'Archeuefque de Surrente a fous luy les Euef- ques de ^ J " Vico, de MalFa, de Cafte! à Mare.' L/Archeuefque de Conze a fous luy les Euefqueè S.Angelo de Lombardi. Bifache cft vny aucc celuy de S.Ange. I Capo die Leuco. Religion , ^ ce cjui concerna de Muto. Cagiano. Montuerde. Alcedonia. L'Archeuefque de Girenze a 'fôu7luy les Euefques de Venoia, AquiIonia,Potenza, Grauiua, & Tricaria Macère, qui eft maintenant. Archeuefché, & qui eftoit )ad.s fous le Diocefe de Citenze eft maintenant vny auec elle. L'Archeuefque de Tarentc a fous luy les Euefques deMorcula,&deCaftellaneca. » «^"ciques Vrgenco. Leccie. j rEuefqae de Naido n'cft ftbiea à aiicim. Giouenazzo. Ruuo. Salpe. .Pulignano. ( Bitetti.' iMonenuino. j Andri, Lauelio. f Bifcgli. Conuerfano. j L'Archeuefque de Trani a fous luy les Euefques dd Montepolofo, 6c de R.ppollo, & de Aleffano L Êucfque de Monopoli n'cft fuied à aucun . r^nn ' plus que l'Euefqne de !phi,& ce'h.y de Troye L Archeuciché de Manfredomc, nornm.e Smonto^ f 1 "J V " i^"^"^ ^"S^ ' ^^^«s ^llc I'eI uelche de Vitfte. queVd Beneuent a fous luy les Etief- rOus les habirans du Royaume de Naples font te- m% pour .iffedionncz à la Re'i^ion Catholique, ^poftohq.^e & Romaine.Quanr à l'Eftat de l'Eglife de * Royaume, il eft compofr de 20 Archeuefqu''s, qui >n: ious eux pluficurs Euefques qu'on met en cet ordre. L Atcheueique de Naples a fous hiy les Euefques 'e Nole,dePonzzolc,dcCtrrc, & d'Kchie. L Euefque d'Aucrfc n'eft fubjed à auci:n. t^elai; e Sefgtîrr"'^"' ' ^" -^^"'^^ Ciazzo. Carinoio. S^ffe. Luceria. Afcoli. Firenzola. Telefe. Sanc' Agata di Gôtti. Alifc. Monteucrbe. Marfico vecchi. Monte Marano. Auelin cft jcincl; auec Fre- quentin. Vico del ia Baronnia. Ariano. Bajano. Bouino. Tunbulenfe. Dragonaria, Vulcurara. Larino. Canne. Trcmuli. Lefina. Triuento. Guardia Alfana, L'Archeuefque de Cimta dt Chtettt a fous lut leli Euefques de ialui. ^arfcrcc. Ciuita di Peuna, & cette Euefché eft jointe aucc cel i^'^'^'Acri. jSuln^ono. L'Archeuefque de Lanciar^a a fous luy les Euefques de .Sorajôc de ihcramo. O 3 \ qucs de Cadano. Nicaftto. CantazaroJ Crotonc. Tropea. Oppido ca. Gcraci. Squillace. Nicotera. Bouë. i6i Des Eftats du Royaume de Naples. L'Archeacfmic de Rcegio a fous luy les Euef- 1 par Clément IV. à la charge de 40.mil ducats payables L Archeuclqiic de rvcg^ ^^^^^^ ^^^^ , ^^^^^^ ^.^^^ ^ ^^^^ gaquenec Caftcl' à Mare ddle Bru- blanche. . La fuccelTion de ce Royaume continua par droite ligne en la maifon d'Anjou : car à Charles d'Anjou pere fucceda le fils Charles fécond , qui le lailla a Ro- bert fon fils,& cettuy-cy mourant fans hoi's mafl' s , le lailTa à fa niepce leanne i. fille de Charles Duc de Ca- labre, auquel temps Vtbain V I. le remit à Charles de Duras,qui defcendoit d'vn frète dudit Roy Robert, &C en priua tout à fait cette Roync , comme excommu- niée , pour la part qu'elle auoit en la création de 1 An- tipape Clément V 1 1. faite à Fondi. Apres Charles régnèrent fuccefliuement les enfans deLadiflas, qui fut auffi Roy de Hongrie , & leanne aufli, mais non fans peine. , Louys d'Anjou 1 h fils du Roy de France, eft adopte par leanne auec confenteraent de Clément Antipape: mais il eft tué deuant Bary , par les gens de Charles de Duras. Louys fon fils eft couronne, & inuefty du Royaume par le roefme Clément : mais il s'elîaya en vain de s en tendre maiftre. Le fils de cettuy-cy nommé pareillement Louys, eftant appellé à la conquefte de ce Royaume par Mar- tin V. qui l'en inueftit , donna fujet à la Royne leanne de le mander offrir à Alfonce Roy d'Aragon . qui ic trouuoit alors en Sardâigne : mais pource qu Alfonce eftant venu à Naples , ne pouiunt fooffcit que tout e gouuernement du Royaume fuft fous le nom de la Royne , s'cffaya de la mettre en prifon : mais elle s'en- fuit fecrettement , & déclara fon héritier le fufdic Louys, annulant la première adoption d'Alfonce, qui L'Archeuefque de Cofencc a fous luy l'Euef- quc de Morioran. L'Archeuefque de Roffan n a point d'Euefque lous luy. L'Euefque de BaflTignan n'eft fubjeft à aucun. L'Archeuefque de S. Seruin , S. Marce , Bclcaftro, Ifola , Fitena a fous luy les Eucfqucs d'Vmbriato tino, Strongoli, Milato, Cariati. L'Euefché de l'iûe de Lipati eft vnie auec celle de Parenze , & toutes deux font fujedes à l' Archeuefque deMelTine. /r u Les Archeuefques , & Euefques y ont d aftez bons rcuenus, ôc ie diray ce mot en finiftant ce difcours, qu'entre les lieux de deuotion qui font à Naples , il y en a vn qui fe nomme Montt délia pieMy qui dépence foixante mille efcus l'année , ou pour la nourriture de ceux qui y font en aumofnes , & entretient d'vne par- tie de cet argent deux mille enfans à nournce pat le Royaume. Roys de Naples. ON ne trouua iamais vn Royaume comme celuy j xT .,l»c ^ni f^nc finir iimais ave cfté pris tant I Louys, annuianriaprciiiiti<.ouv.i^"-„-.. -, A ç LÎcnZlZ^^^^^^ fait 1 nonobftant qu'après la mort de Louys, laRoyne decla dp fois . & deuen" X^^^^ . , ^berté , & raft Ion fucceffeur René frère de Louys , & qu après h inonftre en vne perpétuelle fetuitude , de la liberté , ce de la feigneurie, auec la grandeur de fes ennemis. Car il n'a fait que gliffer d'vne main en autre , & la luccel- fion a cftc pleine de tain d'inconftance , quon a veu bien fouuent vne race pluftoft efteinte que bien re- ceué, 8c paifiblc dans le Royaume, l'abbregeray le difcours,& le dénombrement de (es Roys, autant qu il me fera poflTible , afin de n'eftre ennuyeux , & en diray en peu de mots toute la fuitte. Roaer Comte de Sicilc.Sc pat le teftament de Guil- laume Duc de PoliiUe . & de Calabtc , & defcendu de Tanctcd fils de Richard de Normandie, ofta la ville de Naples à l'Empereur de Conftantinopks fur ia fin du mois de Septembie de l'an 1 1 30, & loudatn fut décla- ré Roy de Naples, & de Sicile à Beneuent, par le Pape Anaclec U. qui en retint l'hommage. Ce Royaume continua aux dclcendans de Roger, iufqucs à ce que le Roy Guillaume futnommé le Bon, cftarc mort fans enfans légitimes, & les Bâtons du Royaume ayans eHcu Taucred neveu baftard de ce Guillaume, Clément IIL prétendant que le Royaume cftoit deuolu à l'Eghfe , meut !a guerre en Pou.Ue , & après luy Ccleftin 1 U.couvonnant & conhimant 1 tm- peicur Hemy VI. à la charge de iccouurer ce Royau- wccctr.wx fief de l'Eglifcl en inucftu pubhquement, ainfi la ScigntuiicpdladesNoimands aux Allemands, qoi le tindrent encorcs peu heureufement , pource que tedcric 1 1. Empereur fils dudit Hen.y , eftant deueuu peifccutcur de l'EgUfe fut priué de l Empiic P^i li^J'O- centlV. ôi particuherement du Royaume de Naples, qui fur baillé à Colimond fils du Roy d'Angleterre, qui toute sfois ne ie mit pas en peme d'tn challer les enfans de Fedetic , qui 5,'tftoient rendus maiftres de la plus grande partie , & auoit efté iniuftcracnt occupe par Mainfrcy baftard de Fedetic H. Vibain 1 V. le tranfporte à Charles d'Anjou Comte de Prouencc, & frère de S.Louys,qui par armes obtint ce dont le titre luy auoit efté conferc.qui en fut inuefty nonuuitaui qu ajjn-ij — — j-' / ^ raft fon fucceffeur René frère de Louys , Ôc qu après U iTiort de la Royne,Eugene I V.ptctendift que le Royau- me fuft deuolu à l'Eglife : nonobftant tout cela dis - )e, Alfonce prit Naples par force, en demeura maiftre, & en eut aifément l'inueftitute d'Eugène, & de cette for- te le Royaume paffa des François, aux Catalans. Renc lailTa pour fon fucceffeur au Royaume de Naples Louys XL Roy de France. Charles V 1 1 1. luy fucceda,& fe rendit entièrement maiftre du Royaume de Naples. En fin Louys X l LRoy de Francc.Ôc Ferdinand Roy d'Eipagne le diuifeient cntr'eux aptes la fuite du Roy Federic : mais les François le perdirent par leur mau- uaife conduite, fi bien qu'il demeura aux Erpagnols:& ic malheur qui aduint au Roy François a Pauie , & les troubles qui ont efté depuis en France , ont oftc à nos Roys le moyen de le t'auoir , mais non le droid qui leur eft acquis fur ce Royaume , & principalement le maftacre des François faid aux vcfpres Siciliennes, t efté caufe que les François en ont efté chalTez : cet- te milerable conjuration des Siciliens contre les François s'eft tramée & exécutée en la manière qui s'enfuit. -. L'an I iS ( . lors que Charles d'Anjou regnoit en bi- cile, les (oldats logez és gatnifons des villes,tous Fran- çois de nation fe rendirent fi odieux aux Siciliens, qui- ceux ne penferent delà en auant finon aux moyens de le venger & de fccoiier le joug des François. Et le plus dihoent & relolu pour l'exécution de cet aff-irefutvn Gentil-homme nommé lean Prochy te grand Seigneur du temps du Roy Manfted . dit Paul Emile liu.7- « fon hiftoire de France , combien que Pandolfe Colle- nuftio le nomme Médecin de ce Roy.Ce Gcnti -hoin- me mftcment irtitc,& délibéré de fe venger de l'outra- ge tcccu des François qui auoient violé la femme , le lentam outre plus bien voulu & familier des Seigneurs & Gentils - hommes Siciliens , par leur conftil m lup- poit commence à bâtii vn mcrueiUcux defteinpouj * attrapt'e» Des Eftats du Rojaume de Naples. i5j atrrappcr toi;s les François Se abolir encicicmenr Icii nicinoirc en la Sicile. Four cet tlK £t il fit prcmicrcmcnc vn voynge en Conftantiiioplc vers l'Empereur Michel Palaelooguc, auqcicl il dccoiiurit les erf'orts & cmbiifchcs de Charh i d'Anjou , conrrc Itiy , de foite que (oit qu'ainli fiic ou aiicrciiieiK, il perliiada l'Empcicur que Charles ne vi- foic à ancre but que de drftoiuner les Grecs de Ton obeydaiicc ou les faire fouflaier courre luy. Ce faux fondement pofcil^fochytc fit voile en Efpa- gne vers Fierté d'Aragon , lequel auoic efpoufc Cou- ft.ince fœ ir de Manfted,& luy dccouuric fon cntrcpii- fc contre les François, luonuttant au nom de cous les Siciliens , fi l'atiairc fuccedoii bien , que du Commun conlentemcnt des Principaux , Piètre fcroit appelle & acreptc Roy , attendu mefme que fa frmme cftoit le- gicitre hernicrc de la Ccuconne, & qu'il n'y en duoit il fit deux voyagrsàRome vers le Pape Nicolas 111 auquel il con(till.-.&. perfuada par pliifieurs raifons de promettre, fi ln Sicile eftoit dtliurce de la domination dfs François, où s'ils ejtoi nt exterminez, qu'il inucfti- roit Pieire d'Aragon au nom de fa femme, du Royau- me de Sicile. Tout cela fut h\6k fi fecrcrtement & finement ma- nie pat l'tfpace de i8. mois que depuis chacun s'eft ef merueilic, comme de chofe prodigieufi:,comme il s'eft pû faire que ces hauts , difficiles & périlleux defieins «yans cftc tenus cachez entre tant de gens , de nations & d'hoHnr uts fi difterentes , fans que iamais l'on en dccouurift tien. Le mot duquel ou fignal fut que le jour de Palqucs, ou la dernière ftfte qui eftoit après le lendemain , quand la cloche commenceroit à Tonner Vcfp res , tous les Siciliens prinfTcnt promptement Jes armes, &d'vn commun accoid joints enfemble,cou- ruHènt (us aux François par toute la Sicile. Les cor juftz ayans et fignal à l'heure affignée, tous les habitans de l'ille furent amalFez auec leurs armes, & (e tuèrent furies François qu'ils égorgèrent fans en faire aucun prifonnier , ny fans épargner les enf ins & femmes enceintes du faid des François, afin d'en efteindre la race. Il en fut tué lors hma milles,& nuls n'échappèrent que quelques- vus en fort petit trom- bte , qui fe fauuerent dedans vne foiterefie nommée Sperlinge , en laquelle à faute de viures ils moururent tous de faim. Fazel efcrit en îa féconde décade de l'hiftoire de Si- cile, liu 8. que de fon temps l'on voyoit à Palerme en duierfes Chappelles, nommément de Sainâ; Cofme ÔC S Daroian.des monceaux d'os des François tuez en ces Vefpres Siciliennes. ^ Les nouuellcs de ce carnsge apportées à Charles :l'Aiijou , lors eftant à Rome , le troublèrent m< lueil- eufcmf nt, & fur ce il fe prit à dire (comme re. ire Pa ^yiiusMairon auliu.3.des Annales de France , après- R-icordano ÔC MaLfpina, hiftoricns d'alors) ô Uten' r'HU (jue tH veux cjue ta fortune m, foit contraire , fau ^ue 'e perde pe» à peu ce ^ut a ejlé ac(juù\n bnrf temps : Ce qu'iUouhaittoicarriua. car quoy qu'il employafttous onfeils & moyens , toutcsfois il ne luy fut poifiblc de recouurcr la Sicile, ayant toufiours eu le vent fi con- traire , comme l'on dit, qu'il alla de jour en jour décli- nant, la reuolution des affaires du monde eftant telle, que quand laduerfiic accueille quelqu'vn.clle l'abbac (ans rcfource. Charles eftoit Prince fage , vaillant 8c auifc plus que nul de fes predeceiTeurs , mais il ne eai- gna rien pourtant. ° ' Paul Emifie liu.7. raconte l'hiftoire des Vçfpres Siciliennes, comme il s'enfuit. Vne conjuration mef- chantcfaide &c acheuée le plus fainét jour de Tan u8 rj s exécuta ainfij Comme l'on fonnoit es Eglifcs le pre- mier coup de Vefpres à la manière accoutumée en la — - . .„ , ^ „ auuii v.uup uc veipres a la manière accoutumée en la point de plus proche qu elU Non content de tout cela fefte folemnelle de Pafques.les François furent furnr.-c il fit deux vovatxrs A R^mp v,t« Ip P.n*. M,rr.loc iir wr„li,c rS\ „_ A- . ^"^""^ '"rpriSi airaillis , chargez , cfgorgez & malTacitz par toute la Sicile. Puis après il adjoufte, j'ay reptefcnté la reuolte des Siciliens, félonie bruit commun. Mais des hiftoi- res dignes dt foy racontent que le malTacre commem ça dedans Palerme j comme les Citadins de la ville alloienc par deuotion le joue de Pafques vers vn liea proche,de là , nommé Monteal , les François feignans rechercher fi quelqu'vn ne portoit point d'armes à couuert , fe prindr-nt à taftcr femmes & filles , leur mettre la main au fein & vouloir foiiiller fous leurs robes : fur ce les maris & pères tranrportez de colère, commencèrent à ruer des pierres , puis coururent aux armes & tuèrent les François. Le bruit :de cefte exécution publiée les infulaires elgorgercnt par tout le refte des François. Le Pape aduerty de cefte efmei)te,ceux de Paîernie loy enuoyerent quelques Ecclcfiiftiques , qui f pcoJ (ternerei-.t à les pieds , & luy d,rcnt ces mots auec au- ranc de rccognoiiTance d'honneur & de fupplicatiotj -luils euircnt peu faire à lefus-Chrift mefme. Qui 'oUts peccatu mmài , miferere nofiri , & derechef, Q^ti oUr^peccam rmmdty miferere nojht ; & finalement, O^i toUti peccam mmdi, dona nohis pacem. C'eft à dire, toV qui oftes les péchez du monde ayes pitié de nous, donne nous la paix. Le Pape refpondic que ceux de l alerme le comportoient comme ceux qui fouftle- foient lefns - Chnft en le faluant ôc appelant Roy des Irnfs , qu'eux auffi auec toutes leurs belles paroles cftoient (es ennemis par effet. C'eft ce qu'en dit Paul Ainfi donc après que par la cruelle aftuce de Pro- chyte & de fes adherans , les Fratiçois euieut efic ex- terminez en Sicile . le Royaume fur rendu à Pierre Roy d'Aragon & à Coi>ftance fa femme comme légi- time héritière d*iceluy:Depuis l'on a faid vn prouetbe de cet accident miferablc nommé , Vefpres Sicilien* ncs. SOMMAIRE. I. j^jfittte de la Sicile , fa forme triangulaire ffr fes ~aps tjut la bornent , arcienrement joint à ï' Imite , maù iepuitfeparée par trer/.bUmtnt dt terre , ou par l'embrafe nent dn Momgthel. î. 'DtHffm de ctfle Ifle en trois régions, contenant ijz illes. 3. Abondance tnbùum, bleds, vinsmufiats , miel. mx, faffraK.Lu.es, cannes de fucre . fd ,„r, e ai, pierres preaeufes, To.phyre, marbre^hafire fir mines d'or, d'ar- tent ^ de fir. 4. Mnntgibel iettum flammes fans crjje, couuert f^eant-i rnotr.s de nttges en toute fatfon , lac , ^ fi.tatms deatt 5 Sicile habitée jadis des Cychpes ^ Leflngnvs^ Géants , dr autres d:uers peuples : & ^uel eji maintenant L humeur ^ nature de ce peuple Stctlien^. é. Q.eUesfont les ruhej}, s ^ fèrcts de cejie 7/7o. 7. Des forces ds Stcils^, O 4 i54 . Des Eftats du Royaume de Sicile. Fare, ôi c\ft en ce litu que les Meiïcnirns, Si les Cata- ncens habitoun au ten-.ps de Pcoloraée. Le Val ae Neetri ea enclos des fleimes de Ttnc&c de Gele.con- tcnant tout l'angle du Cai-. Pallero , c'cftou le heu où demcuroient les Sytacufains. Le Val de Mazare con- tient le reftc de riHe , où eft l'angle de Capo Boco , dc ceft où dcmeuroicnt les Oibites,^ les Sag' -ftains. ' 11 Y a aujourd huy au Royaume de Sicile 175. villes, entre lcf4uelles on compte l^aleime, Mcffine , Mon- troval , Syracule & Caiane , qui font les pimcipales. Palermc cft la demeure des Vice-Roys, & cft belle vil- le , & bien baftie , & a vne Vniuetnté : Syracuie a eltc plus grande & plus belle quelle n'eft aujourd huy , veii .^r de Tolcane . du Leuant la n,er Ha- qu die eft.pour h plus ^|Kie P- me forment vn triangle , dont les trois angles prodm- qui a de tou. huift m.lles. , S. Du Parlement de Sicle, du don gratuit cjut l or. oj- f-t lom Us trou ar,s M Vue- Roy. Des ircts [ounerami lit- ots. 'Des Captmnis tî armes du Confeil du Foy. 9. In'jurfueHrs efablu pour U ReUgicn. rrit6 Arche- uefchez. ^jni ont fom eux flufiturs Eur/chez.. 1 c R^s ont pejfedé ou prétendu le Royaume : auec r Arr^ft du Roy d'Ejpaçne contre Ncrtt du Cardinal Ba- ronitUy toucham cefte Monarchie. E s T E Ifle qui ne ce d'où Ion tire par decodion grande quantitc de fuccre, principalement en la ville de Sehizze. ^ Elle poite toute forte de fruids qui lont extrême- ment acrr ables, bc aufTi des cardes, de mcrme qut for., ce racines de p3:mier5 fai-uages. On y trouuc aufli le ftl minerai en i-luli.urs n.oniagnes outre celuy qu'on fait dc l'eau de la mer. il y a auflTi force foyes. princi- palement auprès de Mtffine, de mefmc que force chaf-^ le, quantité de poilîon. Cefte Ifle porte auflâ quelques pierres precieules, vea qu'on y t>ouue l'Agathe au bord de la riuierc d'A- î^athc, on tire le D-.ri: pies de la ville de Gratcrie. 11 f a ûufli du Porphyie de deux lortes , ceft à {çauou du , rouée mcflc dt blanc , & du verd, & du Diapré rougc plus précieux que Porphyre. Il y a des carrières dé I maibre noir , & d'autres de diuerfes couleurs. On y tient .8 . . milles , ^-^^^^^^^ p^^^^J^; 7. mines d'or , d'argent , ôc de fer , mefme des dia^ ioco .ulques a ^2yo i .Ai ^^^^ ji | ^^^^^^ ^ ^ ^....gendre du coral , comme jadis , entre Dtepane & l'iflc d'Elie. On trouuc encor ces mcrueiUes de la Sicile , qu en- core s que le Montgibel brufle fans ctfle, touresfois au (ommct, où W feu eft plus gtand . il y a touhours force nei-cs. Au t'erroir «le Mcnci ou void le renomme lac de ivhcori , aujourd'huy N.iptie qui jette de l'eau ex. tremcmem chaude par trois bouches , tandis quel- le boult, clic eft fort chaudc,ik fait du bruit. Prés du Mor.tgibel il y a vne fomame d'eau froide aiare , qm boult toutesfois, où les diaps pad^z aupa- rauant çalie, deuienacnt foudaintmtnt noirs. l f« de Drepaue il y a vne fontaine , dont l'eau etmeut a la ' )n en prend. Et au terroir qui eu près de i^apo lioco , il y a des coqs , & des [joules, qu» Midy depuis Capo Boco A - .>r^ • j milles, ou feiou les autres i^o. Le cefte d Orient de puis Capo Pafl^cro, iufques à Capo del-Faro , contient ijo. nulles , ou fclon ks autres ^5• C cft pouiquoy ccux-cy donnent au tour de ccftclfle ycc miHes , & ceux -là 6 24 Mais Poflîdoine, au rapport de Strabon, n'en met w.e 550. , 1 ■ Cefte Ifle cft mifc de mefme que la Sardaignc , aii 4. climat , entre k n. & îi- parallèle, où le plus grand iour u hfté cft de 14 heures , ô: drux nets , & en ces deux Iflcs on void l'cftoille de Cnnope , qui eft la plus daire cftoilie dc toutes celle s.cni (ont au nauirc d Ar- cefte eftoille n'eft prcfquc veuc d'aucun en gcs, è'c ciroit d'Italie. ' ^ .'^"V."'^ „ p^,-, ,-,1 in-cnrl Toute l lfle eft diuifcc en trois rcgicns, qu, fe ncm- I première: fois que l on en ptcnd de Den-onc, la valcc de Neeti , & la va- 1 près de Capo boco , - ment la v.lé.- de Demonc, la valcc de Neen 6c la va- près d ^apo ''^'^ [^^^^^^^^^ éO lée de M..7are. La valce dc Drmone cntoméc elrs fleu- Unpallcnt en grandeur tou ks an maux ucs dc ïcuc , Mcxie , caP.t:ent l'angle du Cap du pcce ejui font en hurope,6: en Afrique. Des Eftats du Rojamiie de Sicile. M.urs ancienne. ^p:^^:^:^:!^Z^X^::^ tellement mi lle r, li^ „ ' .«^ •'-'«'^111 j ^ Eftc IHc a eftc autrefois habitée des Cyclopes,& Leftrigons . c'tft à diie des Gcans , ^ gens bar- h:nn,^ iiiluimains.commc les fables, & les liiftoircs, incimc les olkments trouucz en diuew temps, dbiss icmoigiient. On y void auprès habiter lcsSicancs,Efpagnolsde iiarion, les Grecs .tranfporccrcnc dc^ .colonies, mef- me les Troycns y abordèrent après la mine de Troyc, & les Candiots y furent auec leur Roy Minos. • - Il y eut an(li des cabines cnuoycxs par les Romains «n>ic»lc.au temps de b prtinitrc guerre Panique, & d Aogulle. Elle hK après tenue par les Empereurs dp t.ooltantinoplcpuis occupée par les Gots.^ui e« fu. rcnt toiKcfa.s challc z 1 7..a;7s-aprcs pdr Ikhjliare. Les barr-azuis s'en rcnd.rem mairtres. &.ciiiuient après cl,«ncz pnr les NorminJs, lors vnc grande multitu- de de Lombards vint en cette llle , & on yivtd apre$ eu» \cs Allemands : mais ils en furent cha/Icz par Clé- ment VI I. Se les François leur fuccedcront > puis les Aragonois en ont tfté raailltcs.Dc forte que les niccurs- &r les Inimeors des habitans de cefte lilc , ont cfté di-' «ries (elon les peuples qui l'ont occupée , & ce chan- gement a apporté vn eUrange meilange de facoB de faite. On dit enrr'autres.chofes de ceux d'Acrigentr, qu .ls b«ft,IIo.e,u comme s'ils eulfent deu vùire tcù- jours, & banquctoient comme s'ils euilent deu mourir à toiitf heure. tel ment qu ils fcmblent nais pour ccfte feule chlfe 1 s ont d autre part vnc incroyable hardielTe , lors qu 11 elt yucftion de l'racereft public , 6c p oc^dcn alots aucc des moyens tons d'ifferents des autres Ils .c/l.a.enc n,cr,tcr beaucoup enners la couronne d'E pague , a eau e qu'ds fe font donnez volontai emenr, t>c croyent quon leur doir l'entière cbferuatiordes articles auec efquels ils furent acceptez. Ils font ex trememoK jaloux de leurs priuilege . & cftimcn que tous relTennmens leur font permTs pour lesT .ue- nu . .s arrenrahs qu'ils ne pcuuent pour que que (^ i. «.on popuJaue qu. «1 r.iue, .ftre tenu, pour rebel e ' , . C eft vne humeur ancienne des Sei.;neurs,& grands de:S,c.Jc^c fc pourchaffer quelque intelligence en la Co^r^duRoy d'Efpagne, tantoft presdfe cduTqui eft pbs .n crédit , taotoil près des Secrétaires J^IZ qat ,eâ^cogneu du Roy pourfuit l'armée da Roy me7 ies Kêgens. Ils font cecy pour deux raifons , la'prc- lobc en out à la Cour ; l'autre, pour fatîsfaire à la na rurelle .nç^^ation ^u'iU ont Idu cenfeurs pcrpe' tueWes avions du Vice-Roy, de fes confidensr& dé fes officiers, & véritablement l'innocence ne ^uffifpt le ieruem de chaque bruit qui court : ce qu'ils font plus hardwnent lors qu'il,: ?çaaent que le V c -rÔv cft paruenu aucc quelque difficulté à\eRe charee ^ qu >l a des enuieux , & de foible. ..A.. A k ^!^' ' ^ Richejfes, Ils aooi^t au«l vn lieu facté pou. iiue. . ^ pxefter qu'rï::!:::^^ ÎS! S"'' ^ ^'^^^ ' ^ ferment , ^ efcnuoicnt fur vne tablede bois ce qu'ils qu'il n'y a Z Te.l 7 ' '^^'^ ^ ' °U ,uro.cnt &: le jettoient daixs l'eau qui veno.c de la^fon- t«r es LefcL . J I cT'' ' ^ P^°P^^^ ^ P^«e- rame qu'ils nommoient Ck at e Ies. S^ils iuroient "'«'^^hancetez qui fe feront contre fon maiftrej auec vente, ia table nageo/r fur l'eau & fi 3U contraire elle ailoit au fonds. Les humeurs des Sici'iens ont cfté de tout temps recogneués pour inconftantes , & fub- jedècs a tous vcnts,& lamnis on n'a veu parmy eux vne refolucon parfaite. Ils eftoient beaux dLurs,& Dio- aore . & Anrtote affieurent qu'ils ont inuentc l'art de b.en due . & les Eclogues : & Phne . & Piutarque di- lem qu Js ont muenté les horloges , & quelques ma- Mœurs de ce temps. Le Roy dElpsgne tire de celle Me ordinairp -no^ le efcus toutes les années , à fçauoir t ot mi cha" cui^e année 1 vne portant l'autre des troides d fro, ™ents , cent m.lle du poids & de la march ndTe ^ & 100 mille des ponts, baftin^erùs, décimes & do'an nés, an nn i-ir.Pnr„i. C:..l_ r . «030- eloqucns de iVu nJtt "'71 iTV "''^^ ^" baftin^erùs, de„^^^^^^ Apdée les a nommez homn^ .'lars es D'f .7'^" °" ^ ^s reuë" r.gc 1,, lont facétieux, pleins de L^^^^ ^e b^ rTn^rur Terd^f '"^Tl '''r il ne rencontres ; mais fort arands parleurs Ou re ce S del On f f .^'^ ^'^^^ ^^""^^ > lis (ont pleins de foupcon J enuit^v v f r u ri f «-roilade , & des dons extraordinairec m,,' meque-'qucfoiscnle^rconue fa on t fff ''""l^^r 2^^"^" defpen '^^^^^ autres légèrement , & font r"r terayi .5 'J"^ P'"'' g^^^^e qaela recepre confié -g-n^e de qu^que-i^jur^^^lÎT ^ll^^j SŒ^i^'^r^^ '^ i^ ^^^^"^^^^ «utillcnt Loui.oifi irenc les tftiansefs. Ils font n.A ^^^^^^J:!^:!ttl^^^ L ^ ""J '''EfP'g- ''en. ordinaire,.™, J ourcc qa'ils r,»„J r i ? P"P'« "Maires, :p»»r«i:s";t".fc;:arr^"f^'""""' ''^i pas , te transforment en tout I .r. „ r -•t^^'-'wiiji.iii coites de la m...- ee" ^'drr'^ Po-uoit quand il eft befoi^g^ V He V M % P;"'"'^' Palerme eft bonne & forte V.1 e, & Meffinc de m:fn,e . il y a piufieurs forfs ch ! fteaux, qu, donneront toufiours beaucoup de T^l cduy qui entreprendra la conquefte decefte Jfle ^ouuernement^, LE Parlement de Sioile a vne grande authorité 0' tellement que le Gouuemeur ne peut auoidcX; i55 Des Edats du Royaume de Sicile. e l'on c(.e .eus .s a.s , ^ .Ven 1 Pf^es à^aUe V.ce irent roucUatu le p.bUc , (ans ic conr.numenr vn;- iH^ii" ^^ "'^''^^^^V ucrftl du Ro> iume . qin cft donné pai le Parlement, compofé de tu.is foitc. de petlouncs , aj-pdlces par les slcdicir , les tro-.s bi as du Koy:^ume , ^i^x font lous les Pfclacs , tant cclix ^ui oui de jKindi vcuenui que Us au.ies, & l'Jre.i.blcc de ccux- cy s'appelle U bt.is E -Ulnftiqiie : lous les Baions apptlUz le bras mUi- lane , iiC toutes les tcrus du Koy dont chacune en u'oyc va l>iocureur , ôi ils appellent cccy le bias Sci- mieuiial. Le Vkc - Roy appelle ces gens pat des lettres , qui les aducuiircnt de le nouucv à vn tel lour où Vice-Koy, & lors qu'ils lunt aiïcmbltz, le Vice - Roy afTjs en baut , en vn fiege Royal , propofe bncfuc- mcnt les caufcs qui l'ont mcu a Us alfemblcr, & ce qu'il dclire d'eux. Là dellus le premier Prélat le kue, ùc lu y dit qu'on a entendu ïa pro^olitioni qu^» tc'ic- utia, Ik luy fera toit véponce. ^ '] Apres ce-la on choilit le Utu où les trois bras fd 1 faut euK tous Us Officiers de fiegcs.exceptc le Con- feruateur , ÔC le Protcdtcur du Domaine qui peuuent cftce eftrangers . foient natifs du Royaume , ou ayent épousé vne femme de Sicile , Se y habitent ordinairc- meut. peUczCapitaii.esd'ar.ueSv' ---- „ ,ii ^ Ces Capitaines lor^r de trois fortes. La première tH de ceux qui font dépurez a la p'.u.fuit. des .anms. qui ont aocoudun^é d'cft^o quar.c .ucc bons appoui- temcns . & quelques foldats à ^heual qui font paye La féconde eft de ceux que le V,a - Re.y députe pc^ut vn temps pour cfcla.rcir & elutlier quelque critr.cLa troifiérie cft qu.nd le Vice - Roy mcfme en enuoye v« du Domaine , ôc .hu qu'il pt^ilTe exécuter luy donr^c puilTance de C^ri'^^nc d'armes. Lr. quatrième, quand à caufe des occurrences de !a -uerre il donne en gou- uerncment Us trois vallées. c„:,,„.„r On enucve en chacune de ces vallées vn Seigneur, quand il v a foûpçon de guerre , auec vn terminé d'infanterie &c de caualeric , & l'-'^f auec erande authorué tant ci.ule que criminelle. Ces SnoLns s'appellent auOt Capitaines d armes : mars s'iU fotit grunds.comme Ducs on Pnnces,lc V ic^-Roy les honore du tiltre de Licutenans. ' H y a outre les fuldits, deux autres fieges a Palerme, & Meflinc a fonilfge c ftably par le Roy auec fes u- ges,& fouueraineauthorîtétant ciuilcque cnm.nellc. 6C Palerme a fon Prcteur pour lescbofcs ciuiles . & vn Capitaiue pour les cr.minelles. Les citoyens n y pea- uent eftre tirez hors du f.cgc^Mi vne eau e reftottan de Palerme fe ttouue en la grande Cour elle oemcu c au fiege de PaUrme , fi la Cour part de MeflGue . & le mefmcfe fait auec ceux de Meffine. Il y a encore vn membre de lufticc qui confifte en l'audience tant publique que pnuce ^I^^' U ^ donne , en laquelle on expédie les caufcs fommaue- menr & à plein, comme ils difent.^ Il V a le Confeil du Roy où aflSftent tous les offi- ciers de la grande Cour & du Domaine, & quelques. foislemaîfttedePouulane. „„n,^^ Ce Confeil s alTemble pour des cbofes de grande ir^portancc , quand la feule Cour ou le feul Domaine peuuent eftre ufpcas , 6c quand le /ice- Roy veut , 1 ^'^rr^.iranre & deiuftification en procéder auec plus d aileutance » ^ quelque particularité dangcrcufc, lors qu on doit faire Quelque bone prouifiô pour les occaGons de la guerre ^ Le ficge du Domaine doit tenir compte des teuenus du Roy,tant à l'entrée qu'l la fortie du cofttc. En l'affaire de la traltte du froment , qu'on traïae au Domaine . ou doit remarquer quatre '^h^'"' ^ noir la quantité du froment, le prix qu on l|;yj°"; les tequeftcs de dehors , &c la quantité de l oru.n.iie impofé de nouueau. •nr.,^»^.. La e,uantité du f.oment vient cognoilTance du Vice-Roy, ou par rcuelation, ou par le calcul de la re- '°La reuelation eft quand le Vice - Roy enuoye des Commi.laires, forçant vn chacun à reueler es fro- ments : en quoy .1 (c commet toûjours quelque trom, '"u calcul de la récolte fe fait en cefte forte. On fait compte qu'on fcme en Sicile miUe charges dc^^ .„cnt, & lors on n'en peut tirer vn grain , pource qu fait befoing aux habitans, tant pour v.u e , que po femcr. Ou bien la quantité de froment fera d vn lion de charges, dont l'on en poona tuer deux mUU finon que le Roy en vucille retirer quelque paU e pou d= bons refpeds. Et fi la recoUe ell de la j fo te . Royaume aura vn million . & loo. milles ch rges J froment, dont l'on pourroit tirer alors 4- censmui DeTa quantité naift le prix , qui eft mis par des pet Us chofes de la Iuft.cc font auOi ttaidlées par des dXne 'conrcience,ac c'eft icy la féconde côfidcra.-^ Des Eftats du Royaume de Sicile. 167 La rroificmc confiJcration c(i des recjucftcs de dv- hois , dont il laiir cjue le Roy (oit bien aducity auaiic qu'il public le iioikjcju inipo.t. La i]uatiiémc conlidcraiion tft la quantité de l'or- dinaiic , ijui veut dire la ch.irgc qui (uit toiifiours les fraidcs lans autres impolitions , & il finit qu'elle fou fceiic pour poiiDoir faiie le dclleiii du iiouiicau. L'ordinaiic elt d'enuiroii huidt taies , de ("ottc que fi le h omnit le vend à ceux qui l'cmmcincut trois cfciis la charge, l'achepccur paye trois efcus , &i huid tares. On calcule les tares en ceftc rortc.Vnc rare c'eit zo. grains de Sicile , qui font comme vingt tournois de Naples , ou 40. quatrains de Rome. Chacun de ces grains tend enuiron quatre -vin^^ts cfcus pour la rc- traidtc, veu qu'on paye au nuiftrc i'ouuian , ou de ce grajii.oo de ces touruois,ou de ces quaciains.vn grain, ou bien vil tournois , ou deux quatiains pour chjquc cliargc d'- fron-jcnr qu'oii ciic. 11 y a pour l'aftaiic du froment vn CummilTaire principal appcilé le Mailhe Pomiian , qui a charge paiciculicic , Se aulTi d'auctes Portulans fous fa iurif diAion.conibicH qu'il ne les crée pas.mais le Vic€-roy, C'tft i cefujj -cy que s'adrelTent toutes les lettres du Vicc-Roy touchant la fortie des fi oir.enrs , ôc fem- bl ibles matières. 11 y a au Royaume huift Chargeurs , cinq princi- paux, Se trois qui ont peu de maniement. Les particuliers meinent le froment k ces Char- geurs, "fin que les nauires les puiir>. nt prendre. Ch-muf Chargeur afon magaztnicr> qui cftvn offi- ce que le Roy baille, &: qui tft fort bien payé de celuy qui le vend , pour le prolic qu'apporte l'accroiflemenr des grains , qui clt du magazinier, 6i pource il donne bonne caution & afllurance. Cdle maiTe rendue aux Chargeurs fe nomme !e- Comble , Ôc il n'y a chofe Ci capable de faire remue cite lllc, 911c fi le Vicc-Roy touche au Comble. Relipm , ^ ce qui corner ûz^ LEs habitans de ceftc Ille fuiuent la Religion Ca- tholique & Romaine. Il y a les Peres^Inquifi- ;iirs,qui font elUblis pour regarder au f liâ: de la Ré- gion. On appelle leur iurifdidion le S.Oriîce & ces ères ont cogneu en toutes les concurrences , que \t oy d'Elpagne a toufiours tu pour plus agréable ce ly qui a vie en fon procéder de plus grande modcftie. es Prélats ont fort grande authorité en cefte Iflc . & lODlhtnt bien la créance qu'ils ont parmy ce oeuple îx Parlcmcns , où ils refiftent au Vice - Roy oiuiertc- icnt,& luy débattent fes demandes, fclon qu'ils con- Jercnt que l'Eftat du peuple le requiert. Il y a trois Archtuelchcz , c'eft à fçauoir Palerme, leffinc, & Mont-toyal , qui ont des Euefchtz foubs les. Car l'ArchaueCque de Palerme a fous luy les iiefques d'y^grigente, Mazare & Malte. L'Archeuef ae de MelTine a (ous luy les Euefques de Lifpalcde, • cc.Lipari, Patte, acSainét Marc. L'Archcuelque de lorjt-royal a fous luy les Euefques de Syracufe , & d atanc. Les Roy s. ' Es mefmes qui ont polTedé ou difputc le Rovau- U/ luc de Naples,ont auffi tenu ou débattu le Royau- " de a: Clic. •' Apres la mort du Pape Clément VII I. les Cardi- .nx eftants entrcz dans le Conclaue pour procéder à Heaion d vn nouueau Pape , ^ ayans tenté le Sccii- n par duicrfes fois il arritia qne le Cardinal Baronius ci'C 37. vou qui nelloit toutcsfois notnbre fu/fii„,t iwiw "'"^ 'i-ounert le .ot.deurs & entremetteurs des aflai.es d'£fpagne k Komc, ils ,uy huent du tout contraires, 6c par brLe mpdchcrnu (on c/l.aicm, parce qu'il Tu oit X dans 1 onzième luire de fes annales.ics prétentions des 1 apts (ur le Royaume de Sicile. C'eftoir ynlongdifcours, contenant cinq grandes ^miles qu il auuit conté dans U vie du P.pe Vt b.in z. en an ,097. ou ,1 du en fublbnce, que depuis le Pa- pe N.co as 1 i. (q.i cenoit le llege l'an 1 oj.) Robe ^ Gu. caul 6: tous les Pnnces Normands fes fuc e - (eu.. Comtes, Ducs. tj^,,efr,am, rednm , prcuentm é- ohumioncspcrci. ptemiis , G^rf. Ce qui auoit touliouis efté obferué iuf- ques au temps de l'Empereur Charles V. où on auoit tait yo.r leiourà vneBuîledoditPapeVrbainlI la- quelle auoit efté iniques alors incogneué de nos de> uanciers , dit le Cardinal Baronius , & fur laquelle le- dit Empereur &c depuis les Roys de Sicile fes fucccf, leurs ont altéré le droidl rp.ntuel & temporel que le S. Siège a fur la Sicile. ^- ^ le,de Lcon.d Ar.gon. des deux Siciles,&c. D'autanC qu on nous a fait à çauoir, & auons efté informez p les confu.tat.ons de nos Confeils & relations de per- fonnes bien aduifces & jaloufes de noftrc f.ruice f de a çonferuation dç- noftrc réputation , paix & tran jui! te de nos fta>jcd. & peciakment des naturels h br- un, de noftre tres-fideile Royaume de Sicile .-que cl (ar Baronius pdis Cardinal de la famde Eajife Ro, m.ne en on.é,.e corne de f:s annales E^lefiafti- ques , qu il a laulc efccKs & çablir^. , en la vie de Vr- b3ui 1 .pe I . du nom, en l'année mil nonante fepr.eii vn dircourslong& prohxc , auec paroles & i-aE moins tempérées & retenues de ce que reoueroit 3 profefflon , proccdanc plus par form'd'accuVat o & nuicdiue que de relation hiftodqne , a pretendti en^ vic.eux violens les ongmes & tiltres , par le moyen defqnels les S.renifîîmes Roys de SicHe nos pr^^e- cefUurs ont acquis CHremblenient auec le Domaine es régales & prééminences que d.flors iufquesi pr"! Tei t lis ont retenu &c conferué paifiblement , & Le dcfcendus fans interruption qu. fut légitime iufques a noftre tet^ps ; Et pourtant que nous ife deuonsTnl pouuons permettre que par la Icdure d'vne relation l peu conhderée comme eft celle que fait le Cardinal, s rtiquietenr , k troublent , & fe rebellent infenfible! quelque tt>0P3 que ce foic mettre aucune tache en la réputation & confcience de ces Roys, & en la noftre^ Cela citant très -certain , comme on peut colliger^ entendre des exclamations & exaggeratfons df nt il vfe , ou 11 . eft ladre emporrcr à l'affedion & paflîou patticuiere, ou pour le moins qu'il l'a efcrit .uec peu de cogiroifTance, & vue ignorance inexcufable de la- vente de 1 iuftoire , attendu que c'eft chofe tant no.* i68 De^ Eftacs du Royaume de Sicile. Ar fnn aiith-Tur . nv d'autre nui te nom de fon autheur , ny d'autres , imprime ou -fcnt à la main. & en quelque langue que ce (oit aucc ledit difcours fur ladite Monarchie, leq.if 1 commence des le ver(ct fHfc auBor aggrtà^tur) & finit au verfa Uam vtro ca-ienies receptnu po/i ^rhnt Paft datum d'plom^ SultrnifHntficuta, narremm) ny lans le temoi- enaee de la correaion faide par la perfonne deputcc à céc e6Fea , fous peine pour la première fois contre iccluv qui y contceuiendra de cinq cens efcus apns ' • A ... V notables mentesque ces Uatholl- cour's dans le Royaume . eftat & S> igneune où te cas ration des grand & ^.-'^^^^^ ,^ g ^. , ^^^-^^^^^ applicables pat tiers à noftre Royal fifc , loge "P^Z^^^'Î^mL.. ce RoyL denonc!^eur:3. PO^^^^-tl^C^Z^ ^ toire & fce* c par tout le monde , que Us fofdits nos prcdccciT uis âcqoiren^ &c obt.ncitm cy-dcuant.com- L aufl-i >ls ont depuis raenu co. lcu e tous ce. droids . comme prop.es nttnbuts .V precmu ences de la dignité & M .j ce Se ptcc & Couronne Royal- le . & enrant qu'il auoit e(\é de b.loin , «utc bencdi- aion . conc mon , & pcrmiflion tacue & expielk des fouuerains Pontifes à ce meus & obligez par la railon d'vne .ufte recogaoïlT.ncc , & pour quelque rémuné- ration des grands & notables mentes que ces Catholt " pn .i.r. rv;»„ x/ (nr f S.Sieoe nonic oc ii:iiuii:iiii' j V — » ^ autres Royaumes & Prouinces de la Chreftiente, pat ticulierement de ^Italie , & de la Cité mefme de Ro me, lieu du thtône du Saind^ Siège Apoftolique, Mere & Che f de l'Eglife Catholiqwc, & auoir encotes epan- uoyc aux gaiitn-i v^wui ; - — . doit aulTi bien entendre contre ceux qui à piefent ont ledit Hure , fi dans quinze iours à conter de la publi- cation de cet Edid ils ne le manifeftcnt & mettent es mains des perfonnes qui pour cela auront cfte depu- & Ch Je l'Egl.fc Ca,holiq«c. & .non cnco.cs épan- ™3,„s des pevionnes qu, po r e^ - • f " ^alcr f.„g vnc „n, gbneule ccnquefte cc^c ^es pour la couea.on fof .« E, fi. que ce y^c,^ JP , \ 1 /-^Jr . ftr nue aueC Temples où du commencement auioit «lté loue auec vn cuîte diuin le vray nom de N. S. & la Foy & Reli- gion de kfus-Ch.ia piofelTce & eonfcfiée, les mhde- les les auoicnt foiiillez & propbantz r.uec f^d'leg^ « abomination, les faifans des Mofquccs du perfide Ma- homet, ellablts à eheuaux. Or ayans cfté ces fctuices tant agteables aux yeux des Samds Se Romains Pontifes encore accteuspar feils qui tt fidcnt auprès de nous , afin qu il fou garde & exécuté en nos autres Royaumes, Eft^rs & Seigneu- ries Si mandons en outre à nos Vice -Roys, Gouuet- neurs , Liemenans & Capitaines généraux , Confeils, Sénats, Chancelleries, Audiences , Tribunaux, luges, luftice , Miniftres Se Officiers d'icellrs dés les plus grands iufques aux plus petits qui font à prefent ou feront à l'aduenir . & vn chacun d'eux , qu en leur de- dauues "f'7„^,„i,e,,,s. 6c nous Laiolablen-en. huecué M.L\. x.^ «y-- v- ■ tre à U poRtllion en laqueiie om cii». ^ i ,,i.,i.„ rufAiEle , ^a (res--Uuftre dnmittattont prééminences , & auec quelle feurete de nolhc coa fcience Royalle ôc réputation Chreft.enne & rclpe aueufe au S. Siège Apoftulique nous i'auons peu ic pouuons continuer. Par ainfi voulons pouruoir de remède conuenable 1 I .,^.,rrr.ir /-anlc r auec %nandé quelles foient fuites exécutoires. /. de ^'iha CoH^ reruateur Tar^uoj en exécution de tout ce ^ V ÀtFi r,lnn leur mrm Par ainfi voulons pouruoir de remède conuenaoïe «.v««frrp«r r««7 ««7-. - "^^^ llpfrC le dommage qui pourro.t caufcr auec ' firner lesfufditts lettres Royaux & Lditl f.lon leurfirm pour eœpefcher le , L , gardant h.en de venir au contraire , fil* ^an^ n m^ i^^^^^^^^^ " ~ " lans ne ma. quel. m ^^^^^^ ç,^^^^^^^ tans ne raanquci a .v^vj,.. ^-- - ^ confeiuei les droids légitimes & luftes auiquels nous suons fuccedé, con)oiudement auec Us roeimes Royaumes &c Eftats qu il a pieu à noftie Seigneur nous commettre>lans douuer lieu ny permettre à ce que pat fcmblables caîommes , mefme au jugement des mal- afFedionnez & emulateurs de noltre lelicitc , (oit no- tée la Maiefté de noftie Couronne , autc vn li euidenc fcandale . comme il pouttoit tfttc caufc en noftte Royaume de Sicile , & és autres qui nous appartien- nent. , C'eft pourquoy après l'auoir commumqiic Si cou- fuite auec nos Confeils nous auons aduifé d'oidonner & mander par céc Edidt ôc pragmatique (andion: Qu'aucune pevfonnc de quelconque dignité , eftat & condition qu'elle (oit , ëc tant priuilegiée foie elle qu'clk voudra , puific cxpofcr, tenir, vendre ny ache- pter en nos Royaumes & Eftats ledit onziclmc lomc Le Car dinal lannetin Doria. Monfieur le Lieutenant gênerai a mandé àmoy Vm Lanfr^ecuA. M. N. vifa. Par îe.n de Vegha Con[ert^ teur. L de Vegha C. Soit imprmédt Rao. P. Voila la teneur de l'Edit que fit le Roy d'EfpagoC, fuiuant lequel aux imprelTions des Annales de Bara nius que l'on a depuis faites en Anucrs , ce traide & de tour cinq :tns. Elle cU lous le 4. climat , & comprend le 1 1. & 1. paralelle , là le plus grand jour eft de quatorze .euiCSjâc après de trois quatts d'heure. clè venue entre les mains de cc^k d'Aragon , de forté .]u'on y a vécu tant oll aVne fa.on , tantoft d'aucrc, fé- lon Ir. naturel des vainqueurs. Mœurs de ce temps. Les habitans de Sardaignc font robuftes de corps- & do couleur brune, à wufc de l'ardeur du Soleil Ils ne (ont gucrcs ciuilifcz, font fort addonnez au trauail & a la chade, fSc vleot volontiers de viandes groflîeres, mais ils rraidlent courtoifemcnt les étrangers, & vi- uent paifiblemcnt, combien qu'il y en a qui alFeurenc qu'ils fout pleins de cruauté. Ils font fort addonnez à voler & à cfcumer fur la mer. Richejfes, Htrc Ifle cft diuifc'c en deux régions oU parties, ^ c'eft à içauùir au Cop de Caljtis , où elle eft vn LU montucuic , & au Cap de Lugudor qui regarde Attique. Cette Ifit porte des fruidts de toure lorte, : abonde en bleds, de mefme que la Sicile. Elle por- : aulTi de l'argent. Mais l'air y eft li mauuais qu'elle l bien peu h.ibiice, à caufe que la pcftc i'y engendre slontiers, ce qui auuie en Elle, & aux lieux plus fer- I .,c'«ft à fçauôir au Cap de Lugudor, où il y a beau- nipdemaurts. Car quznc au Cap de Calatis » qui eft montueux, ;nimc no' Sauoiis dit,& fuje^tsu vent du Nott, l'air àlmeilieiu-. II y a force bcftail en Satdaigne entt'autres ani- 3UX clic a les Mulciions , qui ne fe tiouuenc en nul icrc lieu o'c l'Europe , & rdumblenc fort aux cerfs. :i;rs peaux l"cn:cnt au liai d'ariïies.Eile n'a point d'a- maux nuilïbles , excepté le Renard , &: vn petit ani- i\ fcmblable à l'araignée. Il y croift auffi vne herbe pcliée Ranunculc, iadis Sardonique, qui fait retirer nctfs de ceux qui en mangent, Se Ifs fait mourir en le foite qu'ils femblent riic iufqii'au dernier foufpir. On g;ude l'eau des plnyes d'Hyuer pour l'Efté, à ulf qu elles y mauqut nt alors, il y a des cftangs fort -rnsdc poillonr, ôc pareillement des fontaines d'eau iudt qui fom fort bonnes. 11 y a aufti des mines de ulfic.d'«lun,& defcl.EUe porte aulTi descKeuaux qui it petits, mais foits & coutaoeux. Mœurs anciennes. Les Catihnginois qui fe rendirent maiftrcs de la i dajgne , ne vouloit nt pas que ceux qui en cftoient :ifi y labouralu nt la terre. Les Satufins l'cat tcnu"c,& puis les Pifa:is,puis elle Ils font aflez d'argent de leur vin qui eft porté à Rome , Se de leurs chenaux quMs vendent afT.z bien aux .eftrangers , tant ils font courageux & de grande peine.lls tireur mŒi quelque argent de leurs Mufcrions qu'on meinc en Italie. ^ Forces. Le Roy d'Efp.igne tient en cette Ifle quelques gar- mfons. Mais le petit nombre du peuple fera toufiourff- qu elle fera moins fur^ e. Calaris eft v ne bonne ville & bir-n fortifiée, a vn beau port £c ioïc capable. ïi y a auffi Onfegne, puis à:.liaris,A!ghes-Bofa,Chis;Oicxie, Scre,& autres for-' tes puccs. Gouuefnementj. Le Roy d'Efpagne tierjC en cette Ifle vn Vice-Roy qui demeure à Cd»ns , & djfpofe de toutes chofes; La luitice y cft picfque exercée de mefmc qu'en Religiôn, ce qui concerne^ Les Sardes font Catholiques Romains, & il y i des Inquif^ceuts en cette l^, de mefme qu'en celle de Sicile. Il y a trais Archenefques , c eft à fçauoir celuy dé' Calaris.qui a fous îuy les Euefques de Suiolo, de Doli, & de Pucile. Celuy de Salfaiis.qui 2 fous luy les Euef- ques de Sore , Plonate , Ampurie, Giface, ou Girarde ' Caftte, Oïhae & Bofane. Celuy d'Albore a fous luy les Euefques de VîTciie. de S. luftc, & déterre Albe. Ceux de Ciuita, & de Giltcile font priuiicgiéz. Les Frinces, Les Csrth.iginois poflèderent cette Ifl?, mais ils en furent challez par les Romains. ^^Lts Sarrazîns l'occupèrent après fur le déclin de l'Empire de Rome , puss elle fut piife par les Génois, & par les Pifans, & le Pape l'ayant arrachée de leurs maiuîjla donna en fit f au Roy d'Arsgon..& par ce mo- yen elle cft paruenuë au pouuoir du Roy d'Êfpagnc. ■m 17© DE LESTAT DE MILAN- SOMMAIRE. 1 . Circuit du 7)!uhé de M'ia». Ses prirclpaUs vil- Its, entre autres Mûan , peuplée de .00000. habmns, iadis pojftâée par les (jmlots ©r Rmains , Go's , Huns^ Lombards autres , fjr comrM ji.Mement ejî tcmiée es mains d-4 R-y d' Fipigne. 2. Ru cfiijfirit en abondance prés de Milan. Fertilne du terroir de Pjuie appellée pour ce le iard n de MUff/u 3. Mii'tnoi^ propres aux lettres , aux armes & ^ ^ ^ tnarchar.d'/e. 4. Ccrfibten de ducats le R^y d'Efp-'pe tire toutes les années du Duché de Aîtta ^, out-eles dons gratuits. 5. Quils hommes de guerre , dr le r.ombre de gerdar- merie^a'dy entretient ordinairement , ^t* fi'^^ ch^jîeau de Mtlfi.r}-^. 6. MiUnoisgouuervez. p9ur le prefent par le Duc do Fuentes , ijr p^^r le Scnat de M dan composé de d^kze 'Do Heurs, auel^iies Prélats r$- Gentils -hmimes MUancié. 7. Ge -ealogie des Dus de Mdari^^ 8. La Rehgion des M Unois , fes Temples magni fiqu^s. Milan cft ties-^ncienne , & uc!, dlcalie, voiic de l'Euro pe , die eft celebr^f & renommée peut %Séû aooir efté jarfis le Siegc de TEmpîte, elU t(i botnce du coCic Ju Septentrion , & de i-Ôtunc d'-s tnontagncs qr.i duii(ent ce Djchc d'I tnlie , cUe cft b-ftie en vne belle & grande plaine qu eft de deux cens mille p3S,& s'eltcnd lufques à la terre d EgUfc , & eft fitwe entre ArimiiM & Pifaute , & d'i- celle fe liie vn grund Champ cjui vai^afqnes à Tlftcic, & cfl arrofé de deux riuicre s.fçauoiï ïiciDC «Se Athele, qui l'enuironnenr aihfi qu vn globe, & quoy qu'en Ton commencanent Milan n'cuo t qu'vn petir bourg, & euft de fort petites demeures, vn Frarçois nonniié Ee- leiiofe qui cftoit Seigneur de ce puis fur caufe de la grandeur & de ia gloire, car ce fut luy qui la fit clorre d'vne forte & puiliance muraille , qui auoit 24. pieds de large, & en hauteur 44 garny de i 50. tours, &c de fix portes. Ceue ville f u affregéc ancieancmcnt , & ralcc par Bteniu s Roy des ùauiois Celriquts . qui affiegta le Capitolc de Rome durant la didaturt de Cacriille,&: 1. Cor.fulat de Marc Marccllus : Et par commandement du Sénat cette viiie fut rcballic & ceinte de fortes mu- railles garnies d'vne grande muUiti.de de tours. Mais fuinini Attila qui ruiiu cette ville auec fes (upcrbes edifi'-cs de fond en comble. Apr*s cela i'Archeuelque Eu(.-be U fit tcbaftir auec (es n.UiS, Si la tcudit par tes édifices en ouTj,- font fort longs & largçs , & la rendent l>e""^^^^ï Pes.EflatSrde Milan. plusgranue,^.cc faux-bourgslonccnuiromjr.dV .'ont on fau (J .ranJ rftu .nv f • ' de nobles. a..nes:^ anlîl cctne vin^HÎT ! i^ot 'p^^^ 'e -e.c gucutdIx-:huldlnllU5r^s^ quatre en laigcur.,Qi:clques- vnj Iny doniurnt foixante milles de tour 11 fa bc la coup dauttes v.lles en cet Eilac , & vn grand nomb:c dc,villagc ifc de peuple. ^aluédn Toys. bile ro. 4„ ! j * 'i"'' * '-iîicicr de Si; dèuor^^ cel.y dcNapies..an.e,acceluy de Milan Farces. lui f; "ir^r ^"^^ ^^^^^^^^^ '--^i^ ^s-.- . . llyaencepaysforcelacs. ^gr^nd ,,o,rbre de ri- îrab^à cet ^''''^ ""'^^^ P^%î^- /e.oi: W u.cr.s & de camp.gnes.qui portent des bleds en abor- n ais on t r ' 7" -'''a ' ^ ^r^'^'' ^^P^fi^^l^i da.n:c. Il vient aulfi de for^bons vins . & toute ^ e | en ^e (o f ^ ^«a.ons d.t.g.é.nr à ,^ ,K,ple de hu.ds , & les r.uieres & les lacs nourr.ir.nt grande i Uant.le D.' / " ^ ' 1"' ^"'^^ quannte de po.ilon. Prés de M.lan il croHl tant de \^ ^ S c^, ko^nd!! ''T ^'^'^'^ ' P'''^""'-^ qu .1 n dt pns poffible qu'on en pullfe trouuer dau.n- ^ Irlln ^ VS""" ""T'"'''' ^^^'^^^ '^^^ ^l^^'i t»ge cn autant de pars. Prés de Crémone , on void for- , dorH Ch ^4 -^d' ^ ^" ^^^^ E^-^^. ce bleds, on y trouue quantité de vins, & de toute foY- l - rért .^ ^^ ? P^^nne.e. te de fruicts.du tr.el & du lin en abe.idance.Frés Lodv '& I f '^'"^ ^""'^ ^ P^-'^^ i'Europç, -nt de reig.e de t.il. de vin. & de Irn. 6c ..n. écTut t n" ^B^^ ' '''' ë-"^-'^' ' & ^'^^ qu >I „ eft poffibic de plus, & outre ce il y a force prai- ' a^u ï t W ^ ' lies, on J on nourr.t vn grand nombre de bcftes. l pl.v t ( ' , ' ^"^^ ^'J^' ^ Tes places. Le rerro,r de Panie elt fi fertil 8c fi plein de tous i i-l. neï r'^''' f """^^^'^ ^i"' ^^^"^''^«c frmcts de tonte forte d'herbages, qu'on le nomme 1 ^ e Chaft;" ^ 5^S<^^ n,e.haniques, latdm de Mdan . & y a force gibier & force volaille, i ^ abon t ' '"^ ^e fecoars externe, car auec grat^dc quantité de poifFcs On nefçnuroit rien ! . " '^^ ^«"^es fortes qui vn„ vi.le, il a Tes rues, Us vJt.bs & fes pièces, Jailkni ^iquesi y a force gibier & force volaille, i ;i abo^r^IT; '''J"'"^' '^«^^"^ ' car auec gratjdc quantité de poiffcs On nefçnuroit rien ! y ^ "Ze^r ' " vou de plus agréable ny 'de plus de rapport q.ie le ter C^î f ^ P^'^x qa'en temps de euerL rcr qureft p.és de Coie : Les marchTndrf^s de to - l^^LT '''''' g-nde'fo.ter'efî^ eft ■es les Prournces voiûnes y abondent : les vins de 'ie '^^ S"'^'^'^ b.ft.ons, Vlont-ferrat & de Briconte y (ont en abondanc il ; | à d^!:? '^^ ' --P^- ^'-"ï 'irmeqnantite.de biens de France, d'Allemasne d'Ef l T " ; ' q-i Pa/Tcni" '^gne & de Gennes. ^oŒcz font rehat^Tez de p.rc & d' J gnces de grands remparts & d'allées voûtées-: les^te naux & feucftres qui font tout autour de p ; S des baftions ont de grands chapiteaux par deho s fà Tour de grands tuyaux d'.irain . n.JL lT- ' Alœars des habimns. Ce pays..engendre des perfonnes proprés aux let- 'SjauxarmcsiScàlamarchflnri.rp r f • , 7! r '^f "'^J"" "i'^ft- fiJ'Il". de, ,„ -rd^ftf 11"! <<« '"C, & ^«.x^mvia lA. lUUCÏj one ont la réputation d'eftre fîdellcs. Le peuple de ^ïiiàb ift metueiileJremenc indu- neux^Celuy dt Lode eft propre à la marchandife,aux mcs.& à acquérir des moyen.s:& ceux qui demeurent " t Corne .yment le Iabourag.,& lont pleins d'in- '•tne. On dontie aùx femmes de Pauie le nom d'à- "cieuTes , & dcllfeufes de gain , on appelle les Mila- '»its ci^.les & courtoues.ceilcs de Lode luperftiticu- îiOC ccHcs de Crémone fomptucufes. ^ejjes. Milan cft fi plein de dipers artifans , qu'bb dît or- 'alternent que fi l'o,. veut =ccoma;ode. l'Italie il rumcr M.Un. Et fes artifans font (i induftrieux, e ville eï ^^"^ W parc de ■e ville elt en g.ahJc .ft.me. Car on fcait k z le jqu on donne aux arqu.b.iVs d. M.iai:, & à tou- " e'-ï viuniKrit, aux gardes d'efpée 1 . . î3 i-'ju» {«"lirez lur de« tnlic «f;- des ro:ues de fer , dans iefqaels S<'ant ,1]"^ g 1 poudre ettuoyent des bou lets de k'. de la pef nteur de mille trois cens dinrp.: n,, ^< ■ r r'"*^"'^^"^ charger f-r I ' '"^ P^'" P^"«ent def- Charger (nr les ennemis ou contre quelque mâchind ou^^uerelI^q.fetoien.c.p,bles Voi,s verrez !à dedans tres.-ariipîe Arfenai pleiii de toutes fo.ces d arr.es , auec forces Lutiqu^ &^oi- urou-s ou traua.llent quamitc de fo g.rons Par an^pJ fi vous voulez confiderer ia force de^r^ ie verrez auec fes portes, murailies. remparts, fkz ba Jons. cornes . d.my-!uaes , bouleuacfs fi redo aWes" & r..ement remplis de canons & mortiers de f r & de fonte qu il n y a en l'Europe place de plus forte dS Au refte la garnifon de ce Chaft -au eft conipofée de r;::;:;n,t "^"^^^^ donnent etl' Le Gouuernetir cire force argent du Rov d'Efpaene Pi toutes les années . pour augmenter U fottificaiion de cette place, qui ctt capable a'vne grande ^^l'ft;""- Crémone ell fcife en la plage du cofte de Milan, pays falubte & agréable, & qui scftend en fa longueur du Midy au Septentrion, & (a largeur d Oucnt en Oc- cident, en eftenduë de deux mille 500. pas Des Eftats de Milan. De la ville de Parme. Cette ville eft fort celebic pour rexccUence de les édifices , car en icellc fe voyent quantité de rnagtiitl- I qucs Palais & mailons de Pnnccs , & de familles illu- lent. en eftenduë de deux mille 5;o. pas | qu '^^^'^^^ p,, & Cuoyens fort ri- Cate nlle cft ceinte en partie de bonne 8. fm^^ ft" > «^^^ P ^P'^ ..^^n, J ..es-abond^nt en toutes «utailles, & de l'autre de bons & profonds folTez. re , ches , ^^""^ ^ exccllens.force huile.ôc quan- Icuez 3. rehaulT.z de forces tecraaes & rempars, elle a for es de ^'^'f^f^^^^^^^^^^ p^^^^ ,ft,e coînpa- dcuant foy du collé d'Oùent vne forte citadelle . en- ; tue de f^°'"^g«'^i;;"'^'l^^^^^ beUes villes de la G.ule SdeLuramesdcbriquescuitesfaidesàchauxac.r^^^^^^^^^^^^^^ à ciment. ^ . , u r,-.nr rendus célèbres en Europe , & fut mains originaires qui les tenoient fubjeds aux Empe- reurs de Rome. Par aptes ils fccouerent le joug de.la fubjedtion, voulurent eftre libres Ôc fc goimetner eux- melmes. Pendant que M- Anthoine , Upid & Aug. oouuf tnoient l'Empire , Crémone a fouftett pluheurs Troubles , a efté b proye des foldats. Les Gers, les Lomb:t.ds , & les Sclauoniens l'ont réduite en piceux e{tar,& fut entièrement 1 uiné^ l'an de falut D CXXX. & deux cens après elle fut encore ruinée & defolee par Fcderic iÈnobatbe : & après ces maux paiTez elle com- mença à refpiter & )oUit de fa liberté , iufques à ce qu'elle fe vid troublée ÔC agitée par les haines ciuilcs & intfftines, auquel temps Vbett Palauicini s'en ren- dit mailuc, lequel eftantchafle, certains Caualcabes Royttlets, fçauoir Pouzonius , Ôc le Vicomte Fundu- lius,la lubjuguerent.mais ne fe pouuans accorder pour l'enuie de legner ,s'enctefirent la guevrc , & ruinèrent cette ville, iufqu'au temps que les Vénitiens, les Fraiv çois.les Sforces, & les Efpagnols s'en font rendus mai- ftres pat la force des armes,entte lefquels le Roy d fcl- pagne cft de meuré Seigneur & reconnu feul Pnnce de Crémone iufques à prefent. En faueur de Fundulius Seigneur de Crémone l Em- pereur Sigifmond concéda vn priuilegc à la ville de Crémone , de pouuoir eftablir vne Vniuerfitc ou les lettres & les fciences s'eofeignalTent , & qu elle )ouilt de telles grâces & priuile ges que celle de Paris ôc de Bologne. , Cette ville a de belles & grandes maifons , & plu- ficurs beaux ôc magnifiques Palais, baftis d'vn ouuia- ce admirable , entre lefquels les plus fuperbes font les Palais des Affaitate & des Seigneurs Trettores, celuy de 1 Euefque , du Gonuerneur , & des Ma- ciftrats , elle elt embellie de piufieurs grandes ôc belles places , ôc de quantité de ttes - agréables jar- dins. , . t j En cette ville on void vne tour la plus haute du monde, fur le fommet de laquelle montèrent jadis en- femble lean X 1 1. Papt» ôc l'Empereur Sigifmond , ôc aucc eux Gabrine Fondulus Gouuerneut de la ville. la ville de Plaifance, Ceft vne ville tres-agreable, ôc qui a totifiours efté tces-belle pour fes lomptueux .diûces & P^l^'^>^ niere que ce n'eft pas fans caufc qu el e eft appellee Plaifance , car à vray dire . ceft le plus beau fe)our de plaifance qui foit en toute l'Italie , elle abonde en tou- te fotte de biens , a des prairies ôc des pafturages tres- fpatieux. embellis de force conduits d'eaux . de Heu- ues Prochains.qui rendct cette ville opuîentelôc grade- ment riche: elle a vne citadelle tres-forte quy fitcon- ftruire Pierre Aloyfe Farnefe , elle eft peup.ee de plus de té.milhabitans,ôc y a plus de looo. Ecclefiaftiq«s i ôc Religieux. Les Ducs de Parme en forjt reconnus Seigneurs , ôc tous tiennWit le patty de Milan ôc d El- ^Tauie eft aufTi vne bonne place, ôc Nouarre auffi. Il V a aufli beau oup d'autt es fortes places en cet eftat de ^ Milan . mais les Efpagnols fe fondent principalemenc fut le Chafteau de Milan, eftimans à caufe de ce fort, qu'ils font inuincibîes. Le Roy d'Efpagne ne peut craindre pour le regaid de Milan , que les Vénitiens , qui om demeure défia 1 paifibles long -temps , ôc ne demandent que le repos, ce femble : ou le Duc de Sauoye qui luy peut apporte de grands dommages , ou en fe ruant fur cet Eftat à l'impourueu.eftant affifté de quelque plus grand Prin- ce , ou bien en donnant palT.ge à ceux qu, entrepren- drôient de l'attaquer. Mais l alliance qui eft emr eux d'eux luy doit faire fecoUer toute crainte Ou bien 1 peut redouter les Suiffes qui ont vfurpc bua fouuent ïn toute feureté beaucoup de bons membres de cet Eftat. Mais le fort de Fuentes. ôc le bon ordre que le Gouuerneur de TEftat y met , les deftournetpnt ton- jours aufli bien que les Grifons, de toute emreprife. I Gomernemenùf Le Roy d'Efpagne y tient vn Gouuerneur, qui eft ine Fondulus Gouuerneut de la vuie, uc ivoy u ^i^-b-.^ ' " . u Dur de Fetia ayant eftc qui après cela enflé d'vn courage cruel , regrettoit en Don Gonfalue f C^doua Je Du^ d F«u ay ?oy-Lrme , de ce qu il anoit laiiïé palTer loccafion remandcen Efpagne pour k p^^^^^^ d'vn fi fignalé forfa.d.c'eft à dire de n'auoir précipité Capitaine Général de l ntante e » « ^ ^ ^ ^ du hauc en basdc cette rour épouuantable le Pape ôc eft-tretenuc,& enpoit l^^ l'Empereur auec U fquels il eftoit. voulant fu.ure en ce caufes tant ^^f^l^^'^^l^^^^^^ Prekts . « faia l'exemple d'Heroftrate, qui pour faire parler de Milan , ou il y a lé. UoCteurs, oc , 4 ...^ .ipje d'Heroftrate , qui pour iaire pari luy & eternifer fon nom, b«ufla le magnifique Temple dcDianecnEphefe. La ville de Crémone poffede quarante ôc vne pla ces , villes, lieux ►Chafteaux , Seigneuries Ôc fiefs no bWs que piufieurs Seigneurs luy ont donnez , aucuns defquels qui font au delà le fltuue du Po, ont efté vfur- pez pat ceux de Parme. Gentils- hommes Milanois. , Les Roys de France ont tenii cette vil e afTez Ion guement. mais enfin elle eft tombée entre les rnams d Roy d'Efpagne auec tout l'Eftat , «"q^-^l nos^Roys precendent auoir beaucoup de d^o-ft . co^ me il y a apparence . ÔC comme ilappert par la Genca logie des Ducs de Milan cy-join6t$, ÇENÊALO qENEALOGIE T> E S T>FCS j Luchin. tcl'^nijtz. I ^Efticnne. r Matthieu. fTcan Galea •< Galeacf. j ce. ^Barnabe, "j \ Yoland. GENEALOGIE 2)£ SFORCE. riean Marie. rCaleace. [ ^hii.ppes ^Blanche. L-.uys. J Matie. J mariée à j D.ic. 'ui . /''""cifcjue "j Aicanie. LValent.ne. CSforce. | .'hil.pp„. l.O(ftauian. f Leuys Dhc c Maxtmitian 7 , _ , , FvAltifijlit SfitCt. I Ph:/tppes, I I I \GaUMt^. ç Teatu. C Blanche Marie_j. c manche f^it marié, à Sigifmonâ , Rry de Poloart^, IFrancif^ue Sfirce dernm, capttfmt'Jtn France. QFEL iDKOICT LE ^01 (DE F^aKCB ^l^eTEKS) la Duché de Mtlan luy appartenir. Matthieu . Vicomte. I ' Galcace. Aftio Ga- f fean Marie fe- ' Jeace, | côd Duc,mort .Eftienne. woct fans , hoirs. fans hoirst Phihppes Ma rie, tiers Duc, n'eut point de fils Icgit. I Valentine, qni Galcace. i fur mance à Ican Gi- I Louys Duc leace fon j d'Orleas,à cet- fils , pre- j te coodiiion, niier Du( j que fi ces deux créé par j frères d'elle Blanche t>3flardp,ma rice à F^ âcif que Sforcc. qui a vfurpé par force h Duché de Milan. 'GaleaceGou Çlean GaleacerBône, madée oerneur de 1 "nrr^ri, k r^.. \ ... n . Milan i Louys Sforce, qui fur fait Duc par l'Em- pereur après fon iieueu, fils r Maxinsilian. l'hilippes, J de fon frerc, l Comte de ' qu'il erapoisô» C Francifque. Vernis, mnrf ni r-n^».»J: ^ "accéda à fotij au Roy de f re. I Pologne. B.a.he Marie J Francifque I *?force Vuen Vertus, mort fans hoirs. Charles Duc d'Orléans, ■lequel après la mort de fon oncle,le ua vrie armée contre Mi'â mouroient fans enfans raâles, que les enfans legiti mes,& fuccef- feurs de Valé tine fufsct he- { ritiers de la I Duché de Mi I lan. Et dit- on I que le Pape j ious - figna ce j traidé. Certes I ça cftc vn af- I faire odieux, I pour lequel j tant de milles lean Comte I Chreftics font I d'Angoulef- Lmotts. [^me, na, comme di- rent aucuns. Louys 12 Duc f Claude fille de d'Orlcans, le- / Louys mariée à quel fie auffi J François Duc de Va- j guerre pour f lois , ^ depuis Roy recouurer la L de France. Duché de Mi- iâ,ii<:cft3ntfait Roy ^ dcr- j nier mené ( captif en ^France. < MoururenÉ C fans hoirs» il princ Milan par for- ce, fccinmena Louys Sforcc prifonnier. Charles Côte d'Angoulef- me, Louyfe fa féme, fœur de Philibert, Duc (.de Sauoye. fFranÇbis I Dauphio j I Hcnty , 1 I Duc d'Or- léans de- .{ puis Roy Uoydé Ide Valois Duc 'Roy de I d'Angou- iFiance. \^leime. Fran- çois 174 Des Eftats de Milan. La Religion. LEs Milanois ont de tout temps eonferoc la Rcli don Catholique & Romaine 5^ oni lailTc tar.t de ir.arques de leur inetc , qu'en peu d'autres lieux d Eu- rope on y void Je i Kis beaux & tiches Temples , car outre les Palais magnifiques qui font dans Milan , il y a des Temples & des Eglifes fort fuperbes. Entt'autrcs'.e Temple d'Hcrcuks cft vne pièce ad- mirable confacvée à prefent au bien - heureux Martyr faina Laurent , il retient la forme de cet opuletit & ancien Panthéon de Rome : mais il le futpaffe en hau teur, largeur & noblcffe de Tedificccar il y a dans ice- luy fcize colomnes de mcrbie blanc , trauaillccs a la dorique , mais à caulc de leur grande antiquité elles le conforment & ne font plus entières que des deux psits.L'Empereur Maximian le fonda en l'honneur de S. Laurent. U y a aulTi à Milan le Temple de fainâ: George pro- che duquel lis difent que jadis cftoit U Palais de Traian. , ,i . i Hercule Maximian ne voulut plus qu elle s appel- laft Milan . mnis la Cité d'Hercuie , & depuis tous les autres Empereurs auparanant qu'ils s appellalient Roys d'Italie allouât prendre à Milan la Couronne de fer auec vne cérémonie magnifique , ce qui a eftc obfcrué du depuis oar pluficurs £mpereuts:am(i lainét Grisolle Pape donna ce pnmlege à l'Archeuefque de M.lan de couwnuer les Roys d'Itahe . à condition qu'ils iroiei.t par après à Rome receuoir la couronne d^or des mains du Pape : celle cérémonie fe faifoit au Templ? de faina Ambroife dédié à l'honneur de ce gr. i Prélat Milanois , lequel ttouua là les corps des lun-hrureux Martyrs faind Gcruais & fainél Prolhais & leur fie b.ftir vne EgUfe : alors l'EgUfe de Saind Ambroife elloit la cathédrale de Milan , dans laquelle fe void h vraye & naïfue reprefcntanon du (erpent d'airain que Moife fit au defert , qui y a eac apportée p.r l'Empereur Theodofe. En l'vne des colomnes de cefte Eghfe fe void l'image de S.B«:.nard,lequel a faid plufiewrs miracles en ce Temple. En iceluy il y cek- bra la Meffe, & y prefcha pluficurs fois. Là dedans fe void le Sepulchre de l'Empereur Louys deuxième , & vn autre de Pépin Roy d Inlie fils de Charlemagne , le corps de fainél Arabroite gift en vn puits fous le grand Autel.fouftenu prir quatre chailncs de fer auec vu liute par luy efcrit du temps de Gaat- iemagne, Angelbert Prifterlan Archeuefquc de Milan donna vn riche pauiUon pour coiwtir l Autel lut le- quel caoicnt en or fur des carreaux vingt images d An- aes au milieu defqnels eftoit U reprefcntation du Sau- veur refufcitant qui pottoit en fa tefte vne couronne enrichie de plufiencs pierres precicufes & de grands prix : au ccftc droi6t Se gauche de cét Autel il y a for- ces fi-"rcs de plufieurs chofcs fur des petits carreaux, au milieu d.^fquels ea vne croix de pierreries precieu- fes, derrière l'Autel cft vne autre Croix d'argent haute de deux coudées &c large d'vne coudée & demie en la- quelle font grauécs diu rfes figures St ttiuacles : a la grande porte de ceue EgH(e fe voi l S. Ambroife de- bout refufant l'entrée de l'Eglife à l Empereur Tlieo- "^^Aufri eft-:e vne pièce magnifique que le Monaftere des Religieux de Cifteaux où fe void vn fuperbe cloi- ftre, forçant de leur Eglife , à cotte gauche fe void yne petite Chappelle de Uinâ Augufti.i où il f.u baptiie 5e receu en la communioa des fidel -S , & ce fut la le chemin auquel faind Auguftin & faind Ambroife al- laas rendre grâces en l' Eglife de S.Geiuais chantèrent Par après il y a le Temple de faindte Thccle I l.iftre pour la quantité de fes Reliques, auquel fc void le dor» de l'vn des doux dont les luifs attachèrent noftte bau- ueur en croix , qu'y fie l'Empereur Theodofe le n'au- tois iamars fait, fi le voulois raconter toutes les tichel- f« des Temples & EgUfes de M.lan . c'eft pourquoy ic les lailTetay aux curieux qui voyageront en Italie. u airain ijuw i.»»uiiv m. • i > •■ - ESTAT DES ISLES D'AFRIQVE, DVCOSTE' DE L'OCEAN ATLANTIQVE, appartenantes au Roy d'Efpagne. DES ISLES CANARIES. r^^^^K^'^ Es anciens mettent ces Ifles en l'Ocea y ^ip3^ Atlantique , &C les nomment Fortunées, M ^Çiî'oiais ils ne s'accordent pas en leurs pas ^|^^\noms, & les modernes font fort diffe- rents des anciens touchant leur difpou tion & aflli'tre; Toutesfois il eft ainfi qu'elles font appellees Cana rif.s, félon qu'a remarqué Linfchot en lesnauigations pourlamuWiudf grande de dogues & de chiens qu'on y trouua lors qu'elles furent dcfcouueites. Ces Ifl.s Canaries font diuifécs en fept , c'eft à fça uoir TeacrifFe , l'Ule de Fer, la grande Canaiie, l'iae de Pahr.c.Gaumcre, Lanzatottc, Fortcuentute. En V\IU de Tcneritfî,i! fc void vne montagne nom- me.- Uico de Terraira , laquelle au iugcmeut de plu- fifuis cft la ( lus haute qui fe puilFe voir , car elle fc dclcouurc de foixantc lieocs loing , on n'y peut inon- ter qu'és mois de Imllttôc d'Aouft pendant les iours caniculaires , Se le règne des grandes chaleurs , eftant tout le tefte de l'année couucice de neiges , comme ainfi foit qu'en la mefmc iHe ny aux autres ne fc voyent aucunes neiges eu toiue forte de temps, . faut trois iours à njonter cefte montagne, félon ledit Linl- chot : & en fa cime qui eft de ij. railles y a vne grande phine, de laquelle en temps clair Scferain, on peut voir toutes les autres mcs voifines , combien qa il y en ait qui en foient eflaignées de cinquante heues: on y trouuc des pierres de foulfte qu'on cnuoye en ^^"fin nâe de Fer , fe void vne chofc admirable, c'eft que comme le terroir eft fec & aride , il ne s'y rrouue nulle veine d'eau , fmon autour du riuage de la mer, mais en l'cfcarc des demeures , & en fi petite quantité que la commodité qui en renient à 1 iHe eft petite oB nulle ; au défaut de cela par prouidence de Dieu.pour- uovant d'eaux aux habitans & aux animaux, il s y trou- ue vn certain arbre , dont l'efpece eft i«^ogncuc qu n'a nul rapporr auec les autres arbres.ayanc les feuilles longues & efttoiftes , & toutesfois verdes, lans aucun changement ; autour duquel arbre il y a toufiou s vne petite nuée qui le couure. laquelle ne change la- mais de forme i d'icelle diftille inceffatrment de l hu- midité fur les fueiUes de l'arbre, d'où procède vne eau ires-clairc qui dégoutte en telle abondance dans de- Des Eftats des Ifles d'Afrique. cuves Se ♦.iilFcaux qui font Cous IcJit arbre , cju'cllc j L'id: de S.Licqtics cli prcfqu? toute montiifurc ôc fufiit non fciiltuiciic poui les habu.iiis, mais aiidi pour UCpre , mais elle a de plaiTaïucs & boiiors vallcc;, qui les beftcs, duquel miracle nul ne (ij-autoit rendre caiilc pont pcuplccs au polï?blc. Tomes ers I/lcs ont gcne- 'raicmrnt forces clicvrcs , ik il s'y trouuc b.autoup de falincs : Les Espagnols y cudileiic du mil qu'ils nom- ny raifon La grande Canaric eft la capitale de ces fcpt Iflcs,& ccmnianJc aux autres: il y a en icclle le fiegc r.pifco- pal delditcs llljrs où itddc rEuciquc& le litge de l'In- quilicion. L'Illc de Pilme cft fort petite, mais^llccd: d'autant plus agréable & pbifanre qu'il y ctoift vnc belle quan- tité de Falmcs & de Dadts. finalité ds CCS IJles En ces IHi-s abondent l'orge , le miel f la cire , le fuccrc , le fourmage de brtbis , de chèvres , de cha nieaux , &: y trouuc -on grande quantité de peaux. Entr'autrcs clio(es elles produilent vnc laerbe nom- mée Oriccic , dont on teint les draps en couleur lou ge , & dont fe ttan^porte grande quai^tité par toute lEurop;. Mœurs des habitans de ces IJles. Les hai->u.ins qu'on nomme Ganches , cftoient au- trcstois grollîers & rudes , mais ils font maintenant itiidus plus accorts , & (ont deucnus plus ciuils & plus polis depuis que les Elpjgnols y fréquentent. Richeffe es. Les Iflfs de Canaric enooycnt leurs vins excellents par toute l'Europe , de meime que leurs fuccres qui y font venir les marchands Efpagnols Ôc Portugais pour s'en charger ; Se pour cet ctRd: il y a vn lieu nomme par eux la 5tïpele. ment Zabure. I| y a grand nombre de tortues, dont la couucrture cft auin grande qu'vn bouclier. D/Jle du Princcj, Cefte lile eft à trois degrez de l'Equinoâial , & eft linfi nomm.^e à canfe que le rcuehu qu'on en tiroic icdoit alEgnc au Prince de Pott.;gal pour fon entre- tien. Elle eft alTez bien cultiucc , & y croift du fuccre eii grande abondance : tellement qu'elle en enuoye de- hors grande quantité : Il y nailt auflî vne foite de pal- miers d'où les habitans tirent certain fuc, qui leur ferc de breuuage & defaltere. ^r^lle, Tingis ou Tanger , ^ Septe^, 9u Sema. (jouuernementj. Il y a en la grande Canarie vn Siège de luftice où l'on rend le droiâ aux autres liles. Kelinon. o Le peuple de ces Ifles adoroit autrefois le Soleil , la Lujie & les Eilioilles, mais les Efpagnols s'en eftans rendus maillres l'an 1404. y eftablirent la vraye foy aucc leur dommation , tellement qu'aujoucd'huy elles font toutes Chreftienncs. A corté dtoijâ: de ces Ifles à cent lieuës ou enuiron on dccouute vnc Ifle appelié San Porondon, où plu- ficurs petfonncs fans y pe.ifcr fe rencontrent qui exal- tent mctucilleulement la ber,nté d'icellc, & diîent que les habi:aus d'icelle font Chreftiens, plufieurs Efpa- gnols fout louuent forcis de Canarie pour la trouuer & ne l'ont peu faire, les vns croyent que c'eft magie , les autres difcnt qu'elle tft difficile à trouuer, parce qu'el- le eft continuellement couucrte de nuages. T)îs JJles du Cap verd^ On eftime que ce font les Hefperides des anciens, elles ont pris le nom de Cap vcrd , du Cap d'Afrique qui s'eftend en la mer vis à vis defditcs Ifles. 11 y en a neuf qui ont eflé découuertes l'an 14^' par Louys Cadamiifts & ont le nom de S. Antoine, Sainft Vincent, Sainfte Luce, S. Nicolas, S.Bonauifta May, S. lacqucs & Fucgo, ou l'ifle du Feu. La princi- pale eft l'Illc de S.Iacques , dont la longueur eft de 70. milles. Les Portugais y ont vue bonne ville qui fe nomme Rtberagrandt , & qui peut faire enuiron 500, /eux. Il y a vn poit qui tft alFcz alTcurc & capable. ^ Ces trois villes font au Royaume de Fez au pays (i'Elabat. Atzille eft aflTt z grande ville, diftante du de- ftroidl de Gibraltar d'enuiion 70. milles. Tanger eft grande & ancienne ville fur le riuage de la mer Ocea- ne,& îo. milles du deftroit de Gibraltar. Seuca eft vne fort grande ville à la bouchc du de-] ftroit, Se a jadis efté capitale de toute la Mauritanie. Ces trois villes font fubjeftes au Roy d'Efpagn'e, qui tient encor en ce Royaume en la prouince de Ga- rer deux bonnes villes , qui font Medele , & Chefafc< outre la place de l'Arrache. DJjle de ÇainBe Hélène. Cefte ifle porte ce nom à caufe que les Efpaenols la trouuerent le i i. M^iy iour de Sainde Heîeae El!© contient feize milles,& à demy dçgré de l'Equinodial vers le Poie Antariticiae, iSc eft à 5 jo. lieuës lontc. dq Gap de bonne Efperance , de metme qu'à 350. lieues à Angole. Cefte Ifle eft montueufe , & le bois des arbres qui a L* n P'^^"^"^ P'^P"^^ ^ ""^'^'^ > ^ant il eft bruflc : ce qui monftte qu'A y 3 des veines de feu en cefte ille. La terre a vne cjualité feiche , & en quelques lieux elle a la fubftance du foulphre. Auant l'arriuée des Portugais il n'y auoit point encore vefcu de beftes, les arbres n'y auoient porté nul fruiét , de forte que tout ce qu'elle pouuoit donner c'eftoit de l'eau douce , qu^ coule des montagnes, & defcend en la vallée en abon- dance, pr?s du lieu de la chappelîe, & de là coule eij la mer par les tortcns» Les Efpagnols ou Portugais rcmplifl'ent là leurs vaifleaux , & y lauénc l?ur linge. Us y pnt auflG peu à peu porté des bf ttes de toutes fortes , & ont plante de bons arbres fruiftiers aux vallées, tellement qu'il y en a aujourd'huy vn nombre incroyable. Il y a vnç multitude innombrable de daims, dechevrcux, fan- glicrs , perdrix , & pigeons : & chacun y peut chaflec tant que bon luy fcmblc. On en peut tuér aifémenc auec vn bdfton , ou vne pierre , tant il y en a grande quantité. 11 y a des figues de Portugal , des grenades, des oranges , & des citrons en telle abondance que cefte Ifle femble vn petit Paradis terreftre , & les ar- bres y portent prcfque toufiours , à caufe de la pluye P ^ 17 5 Des Eftats des Ifles d'Afrique^ I qui les atrofe Tous les ioius fixou fcpt fois, & qui eft faillie d'vn beau Soleil, Ci bien que le mellange de l* ii ferain Se plimiciix r. nd ccîle Ille rxrrrmemeiu feccile. en croilTant. Elle eft txeœpte de la pcfte. L'air y cil chaud {il fâin, toutesfois il y a peu de Chreftiens qui y viuenc au delà de cinquante ans, & c'cft vue merueiUe Il V a aufli grande quantité de poilToH , tellement d'y voit vnc barbe blatichr. Mais ceux qui (ont natifs ou'cn peu de temps on en peut prendre pour beau- 1 du pais y viuent iu^q-ics à cent ans communément, cou de iours. Les mariniers font fcichcr ce poilHin : Les louts y font toufiours égaux aux nuidts. Au mois n.ii eft de m'.ilcur 20uft que cf luy qu'on mange en i de Mac.. & de Sfptcmbre il tombe des pluyes erpailTcs tûus les autres endroits de la terre Les rochers qui (ont au bord de la mer , font cou- uerts de fel.qui eft propre & fulîîfant pour l'aptcft des viandfs. „ , .r Tellement qu'il fcmble que ccfte Ifle a eftc mile en ce lieu pour feiuit de rafiaichiftcment aux nauires d'Efp^gne. On a accouftkimc de laiiTer en ceftc iHe les malades auec du ris , du bUcuit , de l'huile &i quelque peu d el- pice. Quant au poilTon & à la chait, ils en trouuent derefte. Car lots que les nauires s'en vont , les ani maux qui i'eftoient retirez vers les cfcueils , &r aux montagnes , cetoutnent à la valcc , & (ont facilement pris. Les malades deme uret^t là iaCques à l'année fuiuan- te, qu'ils font tectusdans les nauires qui repaiTcncEt vccitablement ils guanfT'ent aufli -foft pour la plus- part , à caufc de In température de l'air qui dure tou- jours en mefm£ eftat en cefte Ifle, Le Roy d'Eip^ync a fait vn Edid par lequel il eft défendu de baft-r C< habiter en cefte Ule, afin quauec le temps o fte communauté ne fc p-rde , veu qu'il fetoit à craindre que If s habirans ne fitrtnt leur parti- culif!: , & nes'appropriaftpnt entièrement ce qui eft qui viennent fouaent, & humcdent la rerre. &c les au- tres mois de l'année la roiée la rafraichit. Le terroir ne peut Touffrit du froment, de la vi^ne, ou des arbres dont les ffuids ont les iioyaux duis. Il porte des melons , concombres, des citrouilles, des fi- gues , du zitiZ'.mbre , &c du fucre principalement : de lorte qu'on auoit accouftumé de charger du fuccre de cefte Ifle quarante nauires toutes les années & dor ^cc en échange du vin, du fromage, du fiomeiu , des cuus, & autres chofes nect flaires. Mais cefte abondance à ceflc depuis que cci tains vers fe four in'S à foiiyr les racines des canes : fi bien qu'..ujourd'liuy on ne char- ge tous les ans que fix nan.res de ce liiccte Cefte Ifle porte auflî eu milUr , du ris & de l'orge, des laitues, des choux, desbetcs-raucs j du perfil, ÔC toutf s herbes potagères en abon Jance. Il croift encore en ccftr Ifl ' vne habe que les habi- tans nomment Ignaman. Ils la tiennent pour excellen- te, de grande vertu, & necertaire à leur vie. La peau de dehors eft noire, & celle de dedan- bl Miche : elle eft longue comme vne grande raue,& a plufieurs raro-aux en fa racine. Elle a le gouft de la chaftaigne,mais il tft plus délicat & plus agi cable. Ofi la mange communé- ment cuitte fous la cendre , ou foubs les chaibons> ÔC maintenant commun i tant de perfonnes, & Il ptoh- quelquefois aufli cieue r 'j jg^jjç Les Efpagnols qui y habitent y ont tranfpottc des Il V a quelques années qu'vn Hermite s'y eftoit re^ j oliuicrs, des pefchers . des am.ndiers , & autres arbres tiré pour auoir foing de la Chapptlle , &' pour y viure qui ont cfté beaux à voir , mais n'ont umais porte nul auec plus de deuottcp.. Mais pouice qu'on fceut qu'il fruid Il y a en cefte Ifle cestainc forte d'ccreuifles qui de- meurent dans tette , & comme les taupes renuer(ent U terre, & rongent toute chofc On trouue auffi en cefte Ifle vn grand nombre de petdrix, d'étoufneaux,merlc« & perroquets. La mer d'alentour eft route pleine de poilTon , Sc c'eft chofe merueilkufe de voir vn nombre infiny de baleines qui fe trouue en ce liuage. Au m.ilieu de l'Iflc il y a vne raontagne plemc d'arbres ordinairement Ci couuerte de nuées qu'il fort des forefts de l'eau fufti- fante pour arrofcr les cannes de fuccre : & tant plus le Solei! eft haut.tant plus l'air eft plein de nuages autour de cefte montagne. Les habitans font partie blancs , & partie noirs : 5C quant aux noirs l'on dit qu'ils font tellement tour- mentez des puces , poux . & punaiff s , au lieu que les blancs n'ont ny poux , ny puces , ny punaifes en leurs li<^ïs. , Les Portugais ont bafty en cefte Ifle vne ville qu ils nomment Paucafan , où il y a cnuiron 700. familles, outre l'Euefque, & les autres Ecclefiaftiques. Il y a en ceftc ville vn fort bon poit. DIJle de Madercj» Cefte Ifle a en fon milieu 51. degrcz de latitude Boréale, & trois d.grcz & dcnry de longitude. Sa grandeur eft de cent quarante degrez, ou félon les au- tres, de 1 éo. Elle fut premièrement découuerte, & ha- bitée l'an 1410. & auparauant elle eftoit deferte , ôc pleine de forefts, qui furent toutes confommées par le feu qu'on y mit afin de la rendre propre au labourage. Elle eft toutesfois montueufe comme la Sicile, & rres- fertile. Car lors qu'on commença d'y femcr elle ren- 1,01s q-.c ccuc .ur u.i uc^uuuvilc tue v.vu.. vwuv. doit foixante pour vn , mais elle ne rapporte pas tant pleine de grands aibtcs dont Us branches s'efleuoient ■ aujouid'huy. Elle pioduu force bleds , & d tuoit les chevreux , ôc faitoit Ion profit de leurs peaux, on le ramena en Portugal. Dauantage deux CafFtes Nègres de Mozambique ôi vo horr.me de laue auec deux efclaues fe cachèrent dans les rochers & monta- gnes, tftans par fouuneeich^ppfz des nauires. Ceux - cy s'eftans multipliez iufques à vingt , raua- gcoient l'Ifle quand h s nauires eftoienr partis , 8c pui- foicnt grande r«nit aux fruids , & tandis que les naui- res eftoient près de l'Ifle ils fe tcnoient enfermez en kurs logos qu'ils auoient dans le rocher,& en certains lieux où les Portugais n'auoient iamais efté. Lors que les Mariniers U& eutcnt app^ rceus ijs ef- fayetcnt de les prendre : mais tout cet effort fut vain, à caufe de leurs dcaicutes qui eftoient inacceflibles aux autres. En fin pat rommandement exprès du Roy ils furent pris &c menez en Poitugal : & depuis ce terr.ps il n'y a perfonne qui y demeure hontr.is les malades, qui font leurs petites loges foobs dts aibrts en façon de pauil- lons. La multitude des arbres eft grande , ôc ces loges font comme vne n.ontte de quelque vi!le. Chacun de ces malaé s chsffe pour auoir de la chair : chacun va pefcber.cucillir des fvuids ic laucr Ion Hnge. Ou- ire ce ils font vne proftfljrn gt iicrale en chantant des hytints. On void les noms de plufieurs giai.és dans l'tfcovce des figuiers , & ces noms cioifltnt quelques- fois de la grandeur d'vn pied. DIJle de faind Thomas. Cefte Ifle eft ainft nommée , rource que les Portu- gais latiouuerent le iout de S.Thomas. Elle eft afllle (oubs la ligne Equinodbiaie : & tft de forme tonde. Son diamètre eft de 40. milles. Lors q'ic cefte Iflf fut découuerte elle eftoit toute Des Eflats des Iflcs d'Afrique. vins en afTcz grande qimnritc , ôc fcmblablcment de fort bons frui(is : de mcfmcon y tio'Uic force miel Ôc force cire, & lut tout grande quantité de (uccre fort «itimc qu'on potte en pluiieuis conttcts. 11 y a icy force troupeaux de bcltial, & les montagnes abondent en fanglicrs. Ceftc Itlc ne manque aulîî de paons fau- uagcsi de rainiciS) de cailles > ôc d'autres oifcaux. •77 H y a icy des fontajncs d'eau extrêmement claires ôc huid riiiiercs. L'air y cft chaud , & tempéré , il n'y fait guercs froid. Les ccdres y deuienncnt foit liants, & l'on en fait des tables , des cailles ôc chofe Ccmbla- ble. L'Archeuefque Primat des Iodes demeure eu ccfte nu en la ville de Funcial qui cit capitale dcg autres. DES ISLES ACORES- SOMMAIRE. I . Origine du mot Acote : c^r pottr^uoy cts Ijles ont efté Attifi nomm ces, X, DefcriptioH de U Ttrcere, dr des autres IJles Aco- les. Leurs principales vtUes çfr bourgs.. j. Qiialtié dt ces Ifles. Singularité des fruits quon^ éppelii Bâtâtes, er d'vne plante dont la racine [en au Iteu de plumes pom emplir les mateUts ^ couetes : Du pafiel: d de nou, oi de chaftaignes. Les pommes , poiies , oranges , limons , & fembla- bles fcLiids s'y trcuuent en all z bonne quantité, & de mefme elle porte d's choux , des laacs, ôc toute forte d'herbes en leur faifon. Le principal fruidfc de celle Ifle croift foubs terre ainiî que les raucst Les arbres de cefte plante font de la forme des vi- gnes , mais ont les f<.iiiUcs d'autre lorce. On nomme cci fiui.s Bant tSy quj font du poids d'vne liure , & à petit prix. C';(t le plus délicat manger du peuple. On les eltiine beaucoup plus en Portugal, mais l'abondan- ce en diaiinné l\ ftime. On y void vn autre fruid femé comrr:^ du froment , qui croift en forme ronde ptcf. que comme vn pois. On l'appelle lunjje. Ce ftuid; a vn gaiifl: sgteable : mais fon cfcorce eft plus dure que cel- le du pois. On en fait grand eftat aux autres pais:mais fur le lieu on le jeite aux pourceaux. On tiouue en la melme Ifle communément vne plante de la hauteur d'vn homme, qui ne pofte aucun fiuiâ:, & ne rend au- tre profit (luon que la racine rendre & jsune eft tirée com.me de la foye par les habitans, qui en r emplident Iturs matelats 6c leurs couettes au lieu de plume, (ijc de la,ine. L'ifle n'a guercs d'oifeaiix de proye. Ceux qu'on nom.me de Canarie, y volent de tous coftez. A raifon dcquoy beaucoup de gens s'occupent à les prendre pour les vendre. Elle a bcaiîcoup de caille, & des coqs & poules d' .Afrique en quanticé. En Elle on y prend beaucoup de poilTon : mais en Hyuer la mer ne per- met qu'or, y pefwhe. Car en lanuicr , Feuricr, Mats & Aoril , & mefme en Scptenibre , elle n'eft prefqueia- rnais far.» or'-ge. La terre y cil montueufe , il y a des rochers de plu- fieius coftf z , qui s'aduanccnt comme des pointes de diamant, en telle fOite qu'ils pourroicnt couper la plante des pieds de celuy qui y paffetoit. Mais ces ro chers foat pleins de ftiiiîles de, v gnes , defquelles ils loiit tous coùuctrs tn Efté, de for e que c'ift vne met- ueillc dt voit que ceftt plante y apiis racine. La vigne ne croift pas aux campagnes ou lieux plams , mais le pays plajn abonde cr, fi ornent , &c tn paftfl , principslt wtm près de la ville de Prayc. Mais c'ert choft extiaordmaire , & metiieilleufe, que le fro ment , & Us autrts fruits de ceftc Illc ne durent plus d'vne annc- en Icui'î onté. Cefte Ifle eft fou (ubjcde aux trjmblcmcns de ter- re, & a des loufpiratîx dt fliimn cs Et meime en ceftt. Ifle ik en ct lie de S. Michel , on trouue des lieux d'où il fort des vapeurs fumeufes continuellement, &c njcf- nie la terre y i.ft toi'te briiflce. On y troiiuc aiilTi des fontaines ou l'on peut cuire ^ vn œufjcomme s'il cftoit fur le feu A trois mille loing de la ville d'Angre il y a vne fontaine qui coiiuertit en pierre le bois qu'on y jette auec le temps» La Terccrc porte vn fi grand nombre de Cèdres qu'on en vfe pour faire des vailîeaux , 6c rccfme pour mettre au feu. il y a vne autre forte de bois qu'ils nomment Smguin , qui fft de couleur de fang , {fc beau au poiriblc. Il y a suffi du bois blanc 6c jaune, dont les couleurs font fort vuies. L'IflcdePico porte vn certain bois nommé Tt i xo, qui fft de teilf grandeur , qu'il t ll defmdu su peuple par Edit du Koy d'hipagne, d'y toucher , n'y ayant que les Officiers du Roy à qui cefte chofe foit pernsi- fe.''ll eft extremément dur, rouge au deJa is, & oudc d'vne beaucc incroyable , tjui Tingniente auec le temps. L'air eft bon par tout icy , & il y a fort peu de mala- 5 dies particulières au pay; > entre lelquelies eft celle que les Portugais nomment Ar , qui rend vn homme foible & perclus de tout fon corps, ou de quelqo'vn de fes membres, il y a encor vne maladie que les Portu- gais appellent le Sang, qui fait fortic certaines apoftu- mes de lang autour des yeux : ou bien en quelque autre partie du corps. Ce font ies deux maux principaux, qui procèdent des or.iges de 'humidifc des lieux , Se des grands vents , qui font tels icy qu'ils abattent les piètres des mailons à la longue,i?c melme confomment le fer , veu qu'on a vcn des baçfeaux de fer de la grof- leur du bras en la maiion de l'âigtnterie du Roy , qui en fix ans deuindrent aufîl menus qu'vne paille^ 6c les murailles mefmes furent rongées , Si réduites à rien dans ce temps. C'eft pourquoy ils ont accouftumé. de mettre prel- que tous au ftontirpicc des rr,^ifons , dîs pierres qu'ils tirent autour du nuage qui font cachées loubs les eaux. Celles- cy durent plus contre les vents. L'iflè Gracieufe porte force dfucrs fruits,dont elle en fournie beaucoup à la Tercerc.L'ifl? de faindt George a grand nombre de forefts 6c de montagnes , & quelque peu de paftçl. Il y a aulTi beaucoup de Cèdres. L'ifle de Fayal porte en quantité toutes choft s neccflaires à k vie, 6c abonde tn poiffons^ 6c en bcftial qu'elle fournit mefme àla Tcrcerci L'ifle Pico porte force fruits de toutes fortes , & a i auffi grande quanticé de bois de Cèdres , & de Teixe 1 qui eft tant en prix. Elle a beaucoup de beftiahafl^.z de I vins , 6c de fruits tres-excelkns , entre lefquels il y a I d;:s oranges dont le gouft eft raerueilleufement agréa- ble L'ifle de Flores a force beftial,& de tres-bons lieux pour eh faire nourriture. Mœàrs. ; Les hûbitans de la Tercere font ou Pottugais quî| viuent ,à la f;çon de leur pays , ou natifs de Tlfle qui fuiuent les mœurs des Portugais , 6c des Efpagnols qui les dominent, lis ont cefte particukùté qu'ils ne s'aâ- donnent nnllimcnt à la challé , à caufc cpc le pays ne porte que quelquf s conils en bien petirnombrt. Les premiers habitans de 1 Ifle de Fayal ont cftc Fla- mands , à raifon dtquoy ils retiennent enccr de l'hu- meur 6c des façons de faire de la nation Flamande, qu'ils affeckioniient particulièrement fur toute aiit.rc. , Les habitans de la Tercerc font laborieux , &' ad- donnez à cultiucr la terre : tellement qu'ils font même tenir la vigne fur des rochers qui ne ferablent nuile-, ment propies à cet vfagc. Ils ont accoufti me pourgar- der leur grain qui fc corrompt dans l'année , de le ca- cher fous la terre Tefpace de quatre ou cinq mois , 6C tous les habitans de la ville de Praye particulièrement ont vn grand rond en certaine place , où vu homme peut entrer , 6c au d{ (Tus il y a vn couucrt auec la mar- que de fon maiftre. Chacun met en fa fofte fon fro- ment aptes la moilîon au mois de luillet , 6c le la'lfcj ainfi couuert iufques à Noël. Lors tous les habitans le retirent entier & non corrompu , combien que quel- ques - vns n'en prennent qu'à mefure qu'ils en ont be- foing , 6c laiireut dans le puits tout le refte. Et aptes qu'il a efté gardé dans ce puits durant le temps fufdit, ils le confcruent le refte de l'année dans des coffres, fans qu'il foit bcfoing de remuer. Us ont accouftumé de donner vn nom à chaque bœuf, qui tft dreflé i cognoifttc lors que fon maiftre l'appelle. 11 y a beaucoup d'artifans par tout qui s'a- donnent donnent à f.tirc mille gtntillcircs Ja buis qni s'y trou ijc.Maisils ne traiiaillcnt pasii promiucnitin «.jucctiix de Norembi rg en Allcni;ij;nc. Les laboureurs la Tc.cetc s'tinpioytnc priDCipalcincnc à l'aire venir du pndcl. Ceux Je laindtL Marie s'addumicuc lur tour à faire de la vaillelle Je teiic. Richeffi es. Les Anglois, EfcofTois, & François font grande cmploitc de pattd en Hllc Terceic, 6c l'ci-hangciit vo- lontiers à d'autres mat.h.andifcs. Les lubuans y font audî (jutltjuc argent des oyfcaux de Canane qui s'y trouuciit eu grand nombre, &c qu'on vieiit clicrch^pler tous ies nauires qui tendent vers celle Ille: tcllemciit que plulîeurs éuitent ces Iflcs de crain- te qu'ils ont de reuvjoiurer ces Py rates, au grand dom- mage des infulaiies & des njuircs. L'illc de Fayal clè ordmaitemcnt ficqucntce des maicliands àngîofs qui y font cmployte de paîlcl toutes les années. Les hnbi- tans de Flores, & Coruo font pauurcs à caule des Pyra- les hn^M\% qui Jcs incouiirodcnc , fe tcnans entre ces dcojc li]es, &c Jcs rauageans à toute keurC. Forces. L'Ifle Tercere cft forte d'elle- ircfme à caufe des! rochers qui l'enuironnent de to«s ccftcz comme des murailKs , & au bout de ces rochers il y a vne botinel fùiterelïe. La ville d'Angre eft ceiiuc d'alfez bonnci murailles. Au pjtd de la montagne de Brcfil. il y a vr fort qui dv pe nd diametralcmeut à vn r:utie , pour Ja defcn:e du Golphe , afin qu'aiîci n iiatiire n'encre ny loite lans la pcrmilîion de ces chafteaux. Le Roy d'tfp.igne entretient ordinairement en la Tcrceic 14. compagnies. 11 n'y auoit autresfois que oes Portugais à la garde de cf s iHcs. Mais depuis les dernières troubles de Portugal on a mis des foldats blpagnols dans la Tercere auec vn Gouucrneur de Ja meime nation. Ccfte garmfon fe tient continuellement dans les :halteaux ou fortcreircs, & ne fait aucun déplaifir aux Portugais . vûu qu'il eft défendu à tous les loldats d; ottir hors des lieux où ils font , &c d'aller par la cam- pagne. Ctft ce qui fdt aufll qu'on peut marcher par toute liie en grande alfeurauce. 11 y a vne compagnie d'Ef- ^agnols en ga. nilotr à ^mta Ddgada. En Tlfle fainfte Mûne il r. y a nulle garnircn , pourcc qu'eftant de to'is -oltcz enuuonnce d ccueils , &l de rochers , clic pei-t ^•'CrBcnt tllic garcce par ies habitans œefmes. L'Jil^ -raccufe cil au/n fans foldars , &: pourcc qu'elle ni çauroit porter les frais de la garnilon qu'il feroit be- "ingi? y tenir, erflîe' n ^''"t^'^ ''^^ ^^y^' ^ ^ f-^' crei e o^u, „ o«c,c bonne. Or â caufe que les habi- ans le pia.gnuc.it vne fois de la grandeur des frais de ge. Mais aujourdnuy la libeuéeft plus grande, te'ic- ment qu on fe peut proo^cner par toute k vilic,^ Se mefme aller aux champs : t«ais il n'eft permis d'ailec faite le tour de la coftc< ^ Religion. Les h.bitans de ces î/ic^ (bnt Carholiqu.'s, & nuU Icment infcâez d'herefic ny à, M.homen/me ,1 vne Eglife Cathédrale en il ville d'Ang "ù P^, ^ uerque fait fa demeure. ^ 1 mcne- Mofhmbiquç^. de oemy mihe , c dï vne ville affiie en i'ifle de Prufe, air V n l f ^ " ' '^^^'^^"^ à^^' gcr & o.hc vn fort qui les coaure. ^ ' Celle I/Ie porte des Palmiers & des noix d'fnde ' des Curons & dés Figues , quant aux autres^di^tî n y,cntrouueguierc, 5. on y porte du froment des ndes du r,s & autres chofes necc/T^ires à la vie o„ a ^ cout a fou bon marché, les bcÊufs, ie^ breb.' ies che voULyalachairnoKe,rnarsclleelldWm Cefte Ifle n'a point d'eau douce, anh on y en porte de a terre fermc.dvn lieu que l.s Portugais nommem Cabafere , & pour cefl:e caufc ,1 y a de grandes cSer- nes ôi des pors où l'eau Te garde. "«^^ cilter- L'air de Mozambique eft chaud & mal k\n.C^ bien' quonvo.louuenttombermaladeslesvoyag Mœurs, II y a en ceRe Ifle 40. ou 50. Porxugais qur font mariez 6ç h.bitans ordulaites de celle Ilîc Ceux v.uent à la f.çon de leur pays. Outre ces quarante" ou cnquame Portugais & Mefcis, qui ont efté entendre" aux l..dcs par les Portugais, il y\ qu.tte cens m itî de Nègres qui y habitent, qni font couucrtes de i EftatsdeslflesAcores, qu'ils f-euucnt faire pat le moyen de ce à quoy ils loin emwioyez &c du lieu où ils demeurent. Et ce pro- fit ne (çauroit cftre petit, pourcc qvic Ls Officiers font toute chofe à leur volonié. On voy^^^c vue fois tous iSo ch»unie.& «ox-cy vlufM rooiiié iU façon des l'or tueais & moitié comme les autres Wegtcs. Mi.s ceux qui Jemtorcut depu.s Mozambique mlques au C.»p oajes.rons D'^'-j^^^";'^'' i„ 1 „„is d'At.uft, iie l',.,, en r.uteut au n-cus d Aortl . & .1 ; Uo uiî eu.s patri-s Itonteufes . & 1 oy a petionr^ qu, p.tlle eftte ad-^ts a ce commerce rsCnésïeprs lë m,Heu de'la p.,a„ne iufqu à ,ae c ux qui font u,a,.ea Mo..mb>4ue. my-cuiHc fe couurent d'vn certain drap de cotton qui elt ecoffiet. Mais ceux qui démentent en teire ferme ":;StSs dellX^r;' ^ ! Quelques, de c. Ne,.s qui démâtent d.. ?a dc ndc m pas aux Ludrs , comme ils fotu toutes ' nH-. de Prale ou eft Mozamt^que , (ont Lhreft.ens, s au tes W P""^^^ ^ aucun de .demeurer m.is les autres tiennent la by Mahomet.ne . & s a - en rîne n qt^'il fe marie. Le tyran de Quiloc ; réitérât à lopinion recrue des 1 urcs. qm auount .Hc en celte llie uns _qu m . u„ i _ ■ ^.^^t i.. Poitueais : Mais ceux qa on notr- en êftoit autresfois'maiftre , & les Mahometans y ha. bitoieiu fous vn Gouutrneur que Us Arabes nomment Zïquen. Kîchejfe 11 y a vne mine d or ptcs de Sofale qui eft à foixante Uencs de Fran^n: loing df Mozambique en tirant vers le Cap c^e Bonne - clperance. H y a beaucoup d'or en cefte mire, & vn autre cfpece d'or qu'ils nomment Betorgo & Omrapoy c'eft à djrc poudre d'or, pource que cet or tft dell c & menu comn-e du lable , & tou- tesfûis artti bor^ qu'aucun qui loit en Lcuant. Vn en ce pai, aiîant les Portugais : Mais ceux qu'on notr- me Mcftiz , font tous foic affectionnez à la Religicn Catholique. ESTAT DES ISLES ET DES PLACES que les ToiiDj^ais àc les Elpagnols iiciUKnt en Alje. Eftdt de Hjle %oyaume dVmu4. tesfûis arfii bor> quaucun qui lou en i.cuam. » m, j r ^ets Qrmus dans la Monarchie d'Efpagnc, pour- Licuttnanc du Capitaine de MozaiT.b que demeure il qu'elle eft tributaire des E!pcgncls^ui ont eu la au fuit de Sof.le , H enucye des va,lîeaux nommez R^eilleuie place qui s'y trouue , mais dcpuft deux ans • ' .-^ le p^jfan pat l'aduis & induftrie des Holandois 'Fa^oajcs A Mozambique, qui vont du long 'ie la cbfte, iic Yva les rochas y font tous couueits de lel & Us mailons . y lont bafties de pierres falces : Elle ne porte aucuns fruits , mais elle leçoit toute fotte de vmics de l'Ara- bie, de Perle tk de l -. ville de Balfore , mais la fituarion' i5c commodité du heu fait que toutes chcfes y bbon-. ch;<.nd*y ffcquen-. Les fortreais ont en ce lieu vne place qui a efté j dei7t &c que grande multitude de mar oàifaiAc dans dix ou douze ans. EUe eft aufli bien|tent , car c'Jt vu heu de marche elta.e de hcrle,- fortifié" qu'aucune qui foit en tour es fes parties. Mais ■ d'Arabie , Turquie , de i'inde . & de tous h s pays cir-, il vatmcptu d'artillerie & de munitions de guerre, Iconuoifins : Les Arméniens, Afuiiques ôi Vtniticnsy & mcfirc il n'y a guttes de foldats. Toutefois lors | font grand trafic de peiUs , on le_$ y apporte des Indes, cb'il en tftbelcing, tous h s Portugais qui ont maifon I & d'Otmus, on les porte à Venile. J q.nmeuc L'Hyuerytftdemtfmequ'uiPoitugal. Mais cne Efté au meime temps que nous l'auons , il y fait «. chaud que les hommes lont contraints de repoler danl> certains canaux de bois pleins d'eau, dans laquelle lll^ ont tout le corps plongé. Tellement qu'ils n'en met- tent hors que la teftc,& tous les baftimens ont le toi» plat & peicé pour receuoit la fraifchcur & le vent, ainfi qu'au Caire. L'eau qu'on y boit y eft ponce de terre ferme. Il y a certaine maladie qui règne a Ormus» qui eft telle , qu'il vient des vers aux cuifles de ceux qui en font atteints, & ces vers ne procèdent fclott l'opinion de pluficurs que de l'eaïi qu'ils boiueilt. Us font fcmblablesà des cordes de luth &L de la lon- gueur de deux ou trois aufnes, & l'on les tir.- pe'U a peu en les faifant tourner au,cc vne paille qu'ils font, tourner volontieis, mais quand ils rcliUeot , il ne stn faut mettre en peine , mais feulement lier ce qu «n » tiic en ccfte Ifle, iont obligez à la ûcftncc de ce fort , veu que rilk n'a point d'autre place qui la garde , aii de- dans il y a b/-auccup dccifternes f cnr conletuer l'eau, & toufiouts on y en garde pour vue année. CouuermmewLj^ La charge du Capitaine qui eft eniioyc à Mozam- bique duic trois années , au bput defqutlles vn autre luy luc(edf. C ft 1^ coufieme des Poitugais de faire que les Ûlîiciers ne pniticiit exercer plus longuement Us cliaigrs qui leur oni tfté commifes & qu'ils faccnt place aux auiies. Ccux-cy font eileus parmy ceux dont le Roy d'tfpagne s'cft ttiuy en la flotte des In- des, veu qu'ils lont rtcompenlez du feiuicequils ont tendu, pai le rroycn de ces Offices, pour lailon del- queis cin leur du.inc de bons gages > outre le profit 9fL Eftats des Ifles Acores: tire, Se ftottcr l'enflEurc au dcirous du trou, de beurre frais, ôc de cette forte la cuifTc cft deliutce ce ces vers dans dix'oii douze jours. Qii^c Ci cjucIquVn roin)jt vn de CCS veiS|On [client des douleurs fore violentes. Mœurs. Les habitans du Royaume d'Ormus tiennent de riiumeur dis Per(ans,&dcs Ar.ibes , tcllemcnc que ie ne fciay j^lus long difcours de Icuis rno;;ins, & de leurs buoreurs, pourcf que ic ni'Aftcnds d'en parler particu- lièrement lors que ic fcray fur k Royaume de ^eife,& que ictraider.iy de r.'\r.,bic. m cun autre de toutfs les Indes après ccluy de Mozam- bique. Car il cnuoye fcs vailfeaiix à G0.1, Chaul, ben- gala & Mcfcatta,(&: y vend fcs raarchandilcs, ayant fiic ' vn E ^idt qui porte , que pcrfonne ne vende les mar- chandifcs qu'il a auant que cellt-s du Gouuerneur dycnt «fie acheprét s. Et cela ne vient pas du Roy d'Ef- pagne , mais de la liberté que prennent les Gouuer- nciirs, qui cftendcnr le pouuoir qu'ils ont comme bon leur (cmble. Au rcfte par vn priuilcge que le Roy a donne aux Gouuerncurs , il n'y a perfonne qui puilTe cnuoyer des chenaux ar.x Indes qu'eux , ou ceux auf- qiicls ils en donnent la charge. Ctft ce qui porte vn grand profit au Gouuerneur , à caufe oue les chcuaux !ont extrêmement chers aux indes,dc lorre qu'vn che- nal qui fera tnit foit peu bon/e vendra qiuti cou cinq ccm pardauues, & le pardauue vaut cnuiron vn richa- 1er. Le temps propre pour aller de Goa à Ormus , eft aux mois de lanuier , Février , Mars , Septembre & Oiitobrc. '^Forces. La principale force du Royaume confifte en la pla- ce que les Portugais y ont, qui eft bien fortifiée , il y a des cifternes dans ce fort , de mefme qu'en celuy de Mozambique , pour le grand défaut d'eau de ce pays. Ce fort cft aifcz girny de jfoldats & d'artillerie pour tenir Us Mabomecans bridt z. Tous les autres lieux (ont de fort peu d'importance. Ricbcffis, Acaul^de rr.{ïîctrc& commoc^itc de cette Iflc, elle ^lionde en tomes liioics, (S: n pafîe vn dcfett qui dure qnaranfi» journées , & aU out de tous les trois ou quatre jours on fciiyt des uits pour abrcuuer le beitiîl , & pour appaifer la foif es hommes. Il y a auiTj beaucoup de pouruoycurs qui Jiuem la tioiipc, vendent des viurcs â ceux qiii en culcnt. Toutes les nuidts ils dorment fous des pauil- 3n% auec de bonnes fcntinelles de tons coftei. Ils i"- nn«nt en cette l'ortc i BalTore ayant pafTé Babylone, lubn nomme maintenant Bagadet. Ils rcpofeht qnel- ucs jouis à Baiïlire. ^ s'allemblcnt en la mefme ville u temps du retour , &c s'en reuont en Alep en cette Mte. Et c'cft de là que vient le grand abord des mar- h:n..s>& des marchandifes à Ormus Religii on. Le Roy d'Ormus, & tous fes fubjets font Mahomc- rans,& iuiucnt la Religion des Perfans : mais ceux qui font Portugais , ou fortis d'eux font conuertis par les prédications du Pcre Galpard Bcizé ddZelande , le- îuite. ■ DIJle de Dm. Cette Ifle de Diu jadis appellce Alambatet.eft efloi- gnée du flcuuc Inde de 7o.liems de Ffance,& eft joi- gnant la terre ferme. Il y a fort peu de fruids en cette Ifle , mais elle eft pleine de chofes neceffaires à la vie. £llc a des bœufs, des vachesjdes brebis.de la volail{e,du beurre.du laiâ, des aulx,des febues,& chofes fembiables.Tauresfois le lài6t n'y eft pas fi net qu'aux Pays - bas; e//e a auffi des frotnages , mais qui font trop fakz. Les habitans ont auffi force poiflon falé, & font fumer leur chair corà- f ç- j lu'i-c poiuon laie, Oc tont rumer i-e i^ouuetncur d'Ormus tire plus de profit i^u'au-; ftie ijoijs faiforw nos langues de bœuf. \ i8 Eftats des Ifles Acores. Mœurs. La ville de D:u cft habitée par les Portugais , auf quels ceux qui font natifs de la Prouince , demeurent ineflfr , de mcfmc qu'en O^mus , & aux autres villes des Indes que les Portugais tiennent. Les vns gardent les façons de faire de Poitiigal , les autres s'arreftenc à celles de leurs voiiîns,dont nous ferons mention : tou- tcsfois la conueifaîJon ordinaire y met toufiours da- uantage en crédit les façons de noftre Europe. Richeffes. Cette ville a vn port extrêmement commodcSc où beaucoup de marchands tftrangers abordent , fi bien qu'elle ne peut manquer d'cftre riche. Elle eft entre deux riches pays, c'eft à fçauoir Sinde , & Cambayc. De là vient qu'il y a toufiours icy grand nombre de Turcs,Pfrfans,Armcniens.Arâbts,t^-c autres. On paye icy de grandes gabelUs au Roy d'Efpagne, pource que lesBamanes, Gufarates, Rumcs,fc l^erfcs, qui trafi- quent en Cambaye, Ôc s'acheminent vers la mer rou- ge , chargent , &c dc-chargcnt icy le plus fouuenc leurs nauires, à caufe de la commodité de Tiflc. ^ludité du Fajs , qui eft prés de Daman.ChmUi^ Bafaïm. Toute cette contrée porte en abondance du riz,des pois,& autres legumes.dc l'huilcÔc des noix d'Inde.ôc à force beurre. On ne trouue point d'huile d'ohue en tout rOrient,horsccluy queVon yporie de Portugal: mais elle a tout ce qui eft neceffaite à la vie en aboa- dance. Elle porte auffi grande quantité de gingembre, mais on n en fait pas beaucoup d'eftat. Cette contrée nommée ScpCLncrionale, )oUit d'vn ait tempère, voire da meilleur de toutes lîs Indes. Richejfes. Les villes de DAman,de B3faiin,& de Chanl.ont ds tres-bons ports ,& tces-comraodes, où il y a grand abord de marchands : mais Chaul eft ia plus renom- mée , pour le grand commerce qu'elle a auec les habi- tans d'Oinuis,de Cambayc, de Sinde, de Mafcattc, de Bengale, d'auprès de la mer rouge. Il y a en cette ville des marchands grandement riches , vn grand nombre de nauires.En toute la contrée on fait quelques bcfori- gnes de cotron,raais en petit nombre.l! y a vn lieu près de Chaul où l'on fait force eftofFes,& habits de foye: &c cette foye eft portée de la Chine , & puis mife en œuutes par les habitans des enuirons de Chaul, qui en f -c I ..:ito 4^ n;,i œuutes paries naouans acb cmiuui.j Lfs Portugais ont fi bien fortiBe la v'He de Du , j ^^^^^ ^ ^^.^ ,^ ^^^^^^^ ^^,1^ M« IViiif rfiiHuci comme imotcnable : & de tait ils i,. . o o „..,„;ii»..„ ^rr;firp. qu'ils l'ont tendue comme imprenable fiuent afliegîz pat le Souldan de Cambnye , & les ad- herans l'an 1 5 ; 9. & depuis encores en l'an 1 5 46. Mais ils fc défendirent fi bien , & traitrcrent leuis ennemis en telle forte , qu'ils leuerent le fiegc , auec beaucoup de perte & de honte , comme tcmoignenf-les Annales de Portugal. GouucYnement^, Cette Ifle a jadis obey aux Roys de Cambaye , veu qu'elle eft aOife en fou Royaume: & ce Roy auoit pcr- rris aux Portugais d'y dreller vn fott. Mais auec le temps toute l'Ille eft venue au pouuoir des Portugais, oui s'y gouuerncnt comme aux autres pays qu'ils tien- nent en ces quartiers. \ls y ont drefi'c vne forterelîe imoïcnable contre les tftotts des ennemis. litiieres,&: des chrfires.d'vn merueilleux artifice. Les places que les portugais tiennent en la cofle de Malabar. La cofte de Malabat commence au Cap de Ranos, qui eft à dix lieuës de Goa du coftc du midy, & finit au Cap de Comorin, & en tout cet efpacc il y peut auoir enuiron cinquante-quatre lieues de France. Les Po»- tuwai^ ont icy en premier lieu la place d'Onor , à dit mSles du Cap de Ramo , Ôc depuis lOnor iufques ao chaft,eau de Barfelo»,ces lieux font habitez des Portai gais, à l'occalîon de ia grande abondance de poiure & de rizidepuis Baifclon iufques à Mangalor,eft vn cha- fteau de Porcugais,& pareille qualité de poiure & de riz. Qualité, d' richejfes. Il y a icy grande quantité de poiure: tellement que l'oaen empoite dehors iufques à 7- ou 8. mille liutcs toutes les années:fv' ce poiure eft eftimé le meilleur de La cofte des Indes eft proprement rifle de Vaquas toutes les indes.U y a peu d'années que l'on y fait tra- iufûucs au Golphe de Cambaye , les autres lieux ont | fie de poiurc.mais maintenant il cft fort en vogue. La leurs roms particuliers, comme Mozambique, Mtlin- 1 Roy ne de Baticole, àqui cette contrée appattient.vend . ^' V-._u...„ rUr.rr^r»^,^AA.]^en(^xhA^eç>^■^. rrr.oinrp-,v le dtliure au fadeur de ceux qui lemroei- La ville de Daman , ^ autres laces. pu de, Orraus, Cambaye, Chotomandel , Bengala, Pegu, Malaca.ôc autres. Cette conticc a beaucoup de ports, & d'ifles , qui font fous la domination des Portugais, auec de fortes places qu'ils y ont bafties. Daman eft la piemiere de toutes.fic à quinze milles de là, à dix-neuf dcgrcz & dtiny d'ekuation,on void la ville de Bafaijn. A dix mille de là à dix-neuf dc,grcz de hauteur de Po- Icon trouue la ville de Chaulauec vn bon fort. A dix mille , ou cinq lieues de là vous voyez Dabul , qui a dix - huid dcgrcz de hauteur de Pôle : &i de Dabul iuf- ques à l'ifle de Goa on compte quinze lieues , & Goa cft au quinzième degré. Les habitans de Goa nomment toute la conuce qui cft depuis Goa iufques à Daman, terre Septentrionale : ÔC celle qui eft depuis Goa iuf- ques au cap de Comorin,terre Auftrale:niais il fe nom- me principalement terre de Mahbar. ce poiutc,5c le dtliure au fadeur de ceux qui l'emmei- nent.qui demeure à Onor. Mais il faut qu'elle touche l'argent fix mois aiiparauant que l'on puilfe auoir U matchandifc.il vient auflî force riz en cette contré;. Force. Le fort d'Onor que les Portugais ont icy, n'eft guè- re fréquenté , finon au temps que les n.auircs veulent charger le poiure.Le refte du temps on n'y aborde guè- re. La foitcrcfte eft aftcz bonne, & bien garnie. Us ont autTi du long de cette cofte le fo' t de Barzf- lot à vingt-cinq milles d'Onor , où il y a force riz , & quantitcde poiure, de roefme qu'a Mangalor , ou Portugais cienncnt encores vne bonne place, àneu railles de Bazelor. Eftats des Ifles Acores. Le Fort de Cananor. Ils nnf «ncores vu fore en Cananor ï dix milles de M.ii)};aIor , & cette pl.icc c(l fort clhmcc à caille que l'on troiiiie en ce licii plus grande abondance de poivre tjn'jiix antres lieux. Les Malabaics ont prés de la forte- r« (le vn lien bally à leur mode , où (c tient tous les jours vn marche , où toutes forces de viutes fc trou- uent en abondance , principalement grande quantité de volaille, d'oeufs, de beurre , de miel, d'huiles , de fi- gues des Indes , qui font particulièrement rîommccs de Cananor, & (urpallent en giofTcur tontes les autres que l'on void aux Indes. On y vend auflî de mafts de nauire, beaux, (R: i^rands aU polfiblcsqui ne cèdent rien à ceux de Norucguc , & en h grand nombre , qu'on en fournit les pays voillns. Ce pays elt plein de beaux & longs arbres , &• extrêmement agicable à la vf uë. 11 y a beaucoup de Nior'»^>lanc$ Maliometans patmy les Malabares , qui trafiquent du code de la mer rouge. Mais ny ces Mores , ny If s Indiens n'y pcuucnt trafi- quer fans pcrmifllîon des I^ortugais,qui courent toutes les années la mer auec vnc bonne armée, pour la deli- urcr des E(cumcurs : & s'ils trouucnt quelques vaif- feaux dégarnis de priuilege , ils les emmeinent j &. les tiennent auec les marchandifes de bonne ptife.Au re- fte I s Mores font compagnons des Potttgais , pour crainte du fort, mais ils confpirent contr'eux en fecret, &C dcinnent de l'argent aux autres Malabares ennemis des l'ortugais, pour leur nuire. ville, ayant de tour prés de v/ngt trilles. Lfs originai- res du heu racon;,enc que fon coramciicement cft venu de fix, ou f. pc pefcheurs qui y v.ndrent habiter [ mais que ce ïiombrc fut augmenté par l'artiuéc dé quelques autres pefcheurs de Siam , de Pc'ti , & de Bangale , qui y ballirent vue ville , & formerént vn langage particulier , prenans toutes les plus belles façons de parler des antres nations. Ils nommerenç leur ville Malaca , qui eft deuenuc fi riche & fi puif- fantc en peu de temps à caufe de fon affiecte , qu'd- c peut débattre la prefeance aux plus puifTantes vil- les , vQKc mefme à quelques Royaumes des enui^ rons. ^lualitédu Toys. L'air y eft fi fafcheux, que non feulement les eftran- gcrs,mais encores ceux qui y naifTencfe trouuent fou- uenc f rauatllcz de diuers maux , qui s'attachent prin- cipalement à la peau , & aux cheueux. Si quelqu'un ce lappc (a v;e , c'eft prefqu'vn miracle : de forte que ^'^l' fait que plufieurs^^'abftiennent d'y aller , toutes- c defir du gain en incite beaucoup d'autres à s'y Le Fort de Cochin, Les Portugais ont aufli en la ville de Cocbin vne place extrêmement biei: foitifiée, où le Vice-Roy» & l'Ëuelque de Cochin demeurcnr. Le Fort deCùulon, Ils ont encores vn fort en Coulon , qui eft à douze milles de C jchin, & l'on y charge vn vailTeau de poi- uf: toutes les années. Le Fort de Columho en tljlc^^ de Zejlon. Ils ont aufliî vnc place forte en cette Ifle , qui a efté _flîegce par yn Roy de Zeylon , & luy a tellement rc- irtc, qu'il s'en eft retourné auec vne graiide pCrte. Aii% les Portugais n'ont aucune forte de commerce ucç ceux de i'Ifle. Le Gouucrncur n'a prefqiie autre rofic que celuy qui luy vient de la canellc qiie les onugais vont rauir à main arnncc où ils en peuuent ouucr, pource qu'elle eft tenue la meilleure des In es. fois I acheminer aux dépens de leur fan^é. La'terre n'y porté aucuns frinits , finon qu'en quelques lieux vn peu de bled. En fin tout le Royaume de Malaque , qui dure deux cens loixante dix milles de longueur , n'eft pref- que rien qu'vn defert , fi vous en exceptez ce q«i fé trouue prés de la ville. t- i r Mmrs. II y a 'Cyenuiron cent familles des Portugais, qui , v.uenr à la façon de leur pays. Les habitan.natifs dû [ heu portent les cheueux longs , ont l'efprit malin , & fe plaifcnt a faire des meurtres la nuid, afin qu'on ne ^ Içauhe pas qui en cft l'autheur. hommes . & les femmes y font également l'amour , & n'eftiment qu'il y au nation qui (e fçache conduire fi gentiment. Ils font he ureux à laire des chanfons,des rifhmes.& louent extiemement lapt^ifTance d'ansour parleurs vers, qui font ad; 2 fubtilc, bien cpnceus & de bonne grâce. Il* ont le plus élégant, & gentil langage de tout l'Orients auffi beaucoup de gens en vfent aux Indes, comme on a.t en Angleterre, en Allemagne, & m Pays - bas ds la langue Ftançoife. * 'cbe es. Vne 'ville au Royaume de Bîfnagàr» Les Portugais ont auflî vnc ville en ce Royaume, u liai mefme où eftoit le fepulchre de S. Thomas , & ont tait baftir vne belle Egîife de pierre, au lieu où y suoit vne Chappelie de bois : & la porte de l'Egli- : ea faite du bois de cette Chappclle , pour mémoire e ce qui a efté. On dit qu'il fe f..)t force miracles en : heu. Cette porre «ft erinic de clouds de rous co- c7,&cou,iertede fer,afin que l'on n'emporte le bois K trop de deuotion. . La viUe ^ forterep de Malàcà, Malaca cft aiSfefur la riuiere de Gaze , & eft belle II y a icy vne Stapele . ou vn marché , & trafic dè rctes indes, de la Ch^re , & d.s Mes que l-^n nomme Moluques, & autres ifîes voifines ; & l'on ^ void force v.^fteanx venants de la Chine, des Molu- ques, dé Banda , des hues, deSumatre.Sian,IW l^cngala , Choromandel , & autres lieux , qui s'en re- tournent chargez de march.ndife. Ce lieu porte vn grand profit au Goouerneur,& plusquenulautreapres^ wcux de Mozambique:, & d'Ormus. H part toui les ans vn vaiiTeau de Portugal pour venir a Malaca, qui deuance d'vn mois tous les JJS. & va pas aux Indes que par contrainte, il reçoi?^' feu ea.ent fa charge à Malaca, &,l3 meilleure que tou- ceîlesautres qui abordent.Il y a fixcens Portugais qui demeurent ordinairement dans le fort. (jouuernementj. Il y auôir jadis vn Roy Mahometan à Mal.ca, mais .1 fut depc /Tede par Alfonce d'Aibuquerq.e , pource qu il faifoK le pis qu'il pouuoit à Lopez e la ville , &c le Royaui.e focC maintenant fous la dorainarion du Roy d'£ipag«c. V i84 Efticsdeslfles Acores, De for-e q.ie ce R-y'"J.r2 eft gouii-rr-c o^iinr-n..: comme le rcfte q i ob 1 à ce Prin Un y bar de u nul nui vfJe aupa.auant , vcu .-luMs le fec.o^rnt de cer- taine monnoyc d'caaiu , qui pefoic beaucoup . bc va- loic ^ cu. Kelmon, Philippines En rirant vers l'Oiie n' à ■ co. rr iUcs, ou enmron de la contrée d^ Camb^ye . ou de Cha-nr , on void les Lies nomuiées Luflo^es, ptemieremcnt dccouuer- tesparlesE-pagncUi'an .594. Elles fort norrmccs ou de Manille , ou Ph-Uppir-es , on a caufe de la pnn^ cipale ville . & du port plus fignalc , qu- fe nomme Les Portugais qui y demeurent, tiennent tous la Manille . o^^^^' d^^ent La'v?llcd?Lut ReUion GaLlique . ceux qui font n.t.fs du pays, celuy q^e Porte le / ^^^^^ J^^J ^u'on nom^e Mal,yes . font pour la pi.s gr.nde par- ; fon , ^arul e a ^^J'^^^^''^^^^ ,^,5-,,. ?ie Chrelticns: ..ais .1 y a beaucoup de marchands qui , Arft.que : me a de our c„u ^ ^^^^ s'y tiennent quelquesfo.s longuement > 4"' /«"t de d.- tour ^^'^'^''^^l^l^^^^ Ulile deTan- eft de ,éo. lieues , celle de Mindanao a pludeurs bon- nés villes, comme Caillou, Paujdos. Subut , Dapito» & Suriaco. mais il eft fous rArchcuefque de Goa. Dî^ Pays de Cambaja, Carabaya f ft le plus f ertil pais des Indes.qui fournit abondamment les autres pais de viures neceffaires.pour laquelle occafion les Porti^gais, Pevfes, Arabes.ôi Ar- méniens, y hantent, & trafiquent ordinairement. Mœurs, Qualité. Tout ce païs eft extrêmement fertil en froment, & a beaucoup de cerfs, de cheuaux, de bœufs, de vaches, de chèvres, de pourceaux. 11 y a auffi force c.uetce. & i toute forte de fruids, comme auiTi grande abondance Le Roy de Camb.ya eft de la fede de Mahomet. | de -'f W^^^^^^^^ l'efpicerie, n^a.s les Gufaratcs & Bam.tes . qu, font les naturels J;^^ ^/^^^^^^^^ ll^X poun qui en vienne, habitans y vi.eru à l'£picur:.:nuc t,^^':^:"; ' U a aX^anL quancit^ de ri . de fuçres ÔC de lea,3mes, & de figues longues de demy coudcc On y trouue aulTi de l'or & du f.r. L air eft bon, & tempéré, & approchant du chaud, principalement lut la cofte de la mer : car ce qui eft dedans le pays ett Ce pays produit froment, riz. poix. huile,beurre, & plus froid, autres chofcs commodes ; on y fait beaucoup d ouura- a« de coiton de dinerfes fortes & de diucrs noms. ?omm." Carreq.ms, BefFetas, lorins. Chantares,Coto- nias,dequoy on f.U des voiks & des facs ; l's font auf- fi des tapis qu'ils appellent Alcatites , mais non de fi craud. qu'on les pmlie égaler à ceux qu on rapporte de Pcrfe àOrmus : Us en fout encor d'autres de nioindre ne.Ce foot les plus ingénieux efptits 5: ks plus (ubtils marchands de toutes les Indes. Rideps. Richejfes. Les habitans tirent beaucoup d'argent de leur or.fit de leur fer, qui eft tranfporté aux lieux voidns, tic pa- reillement en Efpagne. Leurs ciuettes ne kur rapportent pasauffi peu àt 1 ; r^nr) nlii<: riizhes , c eft le granc ^.;ï;r;us:Usenf..tencord'a.r^^ — vakar a.pelkz Banquoya begarry , & J^^'^^^^ lo^txcc qu'ils ont auec ks Chinois , qui y appor- draps d'Etcolle , & leruenc de coiiuerturc aux coft.es Ji^ de la foye, du cotton 1 lfds,ôc par mcfme artifice ils fonr des cm-cpointcs ^^^^^^^^^^ ^ vif- argent, du bfonze douarages à l'aiguille , enrichis de fil de loye , & des cjes porceiaiu«, ^ ^^.^ , chaftaisnes, de du cuyure, de là farine , des noix, des chaftaignes. de dattes , toute forte de to.lies. des efcntoues. & fore l Y a\'o! nai.i"; qui viennent toutes les années d A 1 ^ laChinepoi:rportercesmarchandilfS.quifontdel De Malaca on va par mer à Bande, & Amboyne, ou '^^^^^^^^^^^ ^^[^^ , ,,ec vn profit incft.mable d< les Portugais ont des forts, Se des Capuoines. pour fa- conduites q ciliterIecon.merce. Bande eft vne lile à cinq degrez habitans. de hauteur du Pôle par delà l'Equinodial. Les Pcrtu- pauilions de toute forte. Banda ^ Ambojna, De Malaca on va par mer à Bande, & Amboyne, où de naurcur au l uit j^ ai - — , eais y frcquentcnt à ca-'ie qu'il y a de très bonnes noix que l'on nomme Maciz.que l'on met en conferuc, & Von «n fait aofli de l'hurle qui eft fort eftimce , & que /'on porte à Malaca, ôc de là en d'autres liciu^Prefque ^Sat le trafic fe fait icy par échange , de meime qu a ^unde.&àlflue. . 11 ne faut pas fe fier légèrement aux habitans de cet- te me, veu qu'ils font fort couftum.crs de tromper les marchands / de forte qu'il faut attendre eue ce.x de rifle potrf nt leurs mnrchandifes aux nauncs , ahn de necoticr en toute alTeurance. A vingt milles de l'IlL de Bande en tirant vers 1 Oueft NortcUcft,on vo.d l'ifle d'Amboyne, où 1« Portugais ont auiri vn petit fort. Cette ifle n'a pas grande quan- tiré d'é^ices , mais les nau;rcs qui vont de Malaca aux Moluques , fe rafraifchiflent , & font aigade en cette Iflc. Forces. 11 y a de bonnes places en ces m's,cù les Efp^gno riennent de grolTes garnifons, rciolus de " en dcrnoi dre en aucune forte. La perte qu'ils ont fa de ces » nées palTées , de ce qu'ils tenoicnt aux Moluques . a faia opiniaftres à fe défendre icy le mieux qu .1 U fera poffible. Et pour cét eff- d ils or t force munitioi de gu'erre . 6: grand nombre d'à. tilkrie . font poc ueus des hommes qui leur (ont necelTaires pour cU defcnce. Gouuernement^* Le Roy d'Efpagne rient vn 5f ^"«^-^"r J^Jî"/, Manille , ou de LuUon , qn: ai., charpe de toutes mes. On l'y enuoye de la nouuelU i-lpagne. ^ Ces Ifles tftoicnr autrcsfois fous la Monarchie du Roy de la Chine , mais cllaiis abandoni)éi s d( s Chi- nois pour ccuainc's occ i lions , ôc les habicans n'tKans aduoiirz , iiy foiilh nus de pctlbniic, il fuc ^^^é aux Ef- pagnols de :>'eii rcndiC ma Ihcs. i Eftatsdel'Jfle de Goa. Religion» 18; L Eucfque de roures ces IHcs demeure i Manillc.Il v .1 beaucoup de pcr/onnes q.i fc font carechifcr iour- ndlcmenc&quireçoiuent la Rd.giou Guefticnnc, ' SOMMAIRE. LISLE DE GOA- & eft femblablement feparée par vn ruifTeau de la ter^ re ferme. La ville de Goa a de belles maifons à la façorn' de Portuga!,mais balfcs à caufe des chaleurs.& chaque ma.fon a prefqae fon verger.& fon jardin plein de tou-' ce forte de fruids des Indes. Ceftoit autresfois vnc petite ville, ceinte d'vne alTcz foible muraille, 3^ de foirez fans eau, finon lors que la pluye les remplilToit, Les murailles font encor debout , mais les portes n y font plus , & l'on void autour des vieilles murailles la nouuelle ville deux fois auffi grande que le tour de 1 ancienne, mais elle cft ouuerte de cous coftez I. T>ffcripiion de tlfle de ^oa,fon climat, & circuit. X. Stertltté de iljle , fut n abonde ^Htn vin fùtEl dz^ palmiers. î. Commencement de l'Hyf^er aumoù d'Aurily tir tEjlé tn Sepiew-lire, tout au contraire des autres pi^is. 4. Maladies trdtnaires de (joa. 5. Quel t(i le matw «/, é" mœurs des habituns de Goa, des ^Pirtttgais de toutes les îndts. 6. Q^tls li'.tris tfr ^ualitez, tls prennent, (Quelle difiin Hion il y a entre les per fontes. 7. Cérémonies obferuées és célébrations de mariants, tir nopces, tir aux baptefmes. 8. f'^f ?K ««• viure, tir dhabits des fimmes de ce pays, (ir leur iubrictié, dr pratiques a amour. 9. Des Canartrs, dr Corutnbins des Indes , leur occu- paitottt manière de V'ure, tir Religtcfi^. 10. Rtthtjfts de Goa corftjiantts au trafic de diuers lieux, d'E/ilaiies, de cheuaux d' Arabie, à ejptcerieSigom mt, taptt, au change de monnayes d'argents II. Q^Ues font les firtifications de cette I fie i tir com- mit elle ejt gouuerr.ée par le Vrceroy des Indes. 1 1. Du poivre que l'on tt%£ des Indes , ^ lafkpn dy procéder. 1 % . Dinerftie' de la Religion tn Goa , où l'on vit en li btrté de confcience. 14. Du Chrtjîianiftne introdutEl premièrement aux Indes par îApcfire S. Thomas. ij. Du ncuueau Chrifiiantfme des Indes prefché par Ifs Religieux de S. Frarçous , futé par le bten-h»unux S. Frarfota Xauier /s, & vil- .->g.s al].z bien peuplez II y . vn rui.'Ieau qui fepare i'm 7i .Vn ^"'"^ '^'"^ P^"^ erpacc.Du cofté I- M.dy del m, de Goa où le fleuue entre dans la met, m voîdiaU;tU,quiobiK paieiilemtnc aux Portuo,is, r me de Goa eft extrement fterile , & ne porte rien a ■^^ de ce qui peut feruirà la nourriture de l'homme, b/le a feulement quelques brebis, quelques chèvres & pigeons,ôc vn peu de volaille. & le pays eft montueux, a(pre, & pour cette occafion mal propre au labourage, & tout defert , & en fâche. Les autres chofes nec^f^ «aires à a vie viennent de Salfette , & Bardes, mais vin de palmier qu ,1s font en abondance 11 y a peu d'.«au à Goa qui foit bonne à boire , 8t t on n y trouue qu'vne fontaine nommée Bagain , qui eft à vn quart de lieuë de la ville . où les eîclau sTn portent à vendre. cii C^ant à l'eau qui doit feruir aux bains . à fe laueri & a faire cu.re la viande , on la tire des pu ts qu fon faits dans les maifons, »j"'iuu*. La cerre eft pierrcufe, feiche, & de couleur rouge. iUvn?.^"' ' '"^r^ à quelques Alchimifte^ itali n d y vou oir chercher de l'or. & de l'airain , ce que le V.ceroy leur , défendu . afin que la réputation d cette, r.cheire n'attiraft les narrons voifines à venir ^ attaquer la ville. L'hyuer commence enuiron la du mois d'Auril, , depuis Cambaye lufqu au Cap de Comorin , pa. lé moyen du vent d'Oueft , qui vient de la mer cn^cette conttcc II commence par des tonnerres , & des fou- dres, ai^quels on void fucccder vne continuelle pluyc mlqu en Septembre, & lors Thyuer prend fin auec le^ - melmes tonnerres & foudres Ces pluyes font noir-mec aux Indes cette failon hyuer,& en ce temps on ne peug voyager fur mer. r »k Quant à TEfté , on le prend pour le temps le phd da.r de l année, lorsil fait vo vent du Leuant, & rend les nuicasj^lus agreabh s : mais il n'y a point d'autres ruits en Eftc, que ceux qui paro.flent fur les arbres le ong de 1 année. Chacun ferre fon bien de crainte de 1 hyuer , a.nfi que s'.i failoit aller faire vn voyage fur mer en quelques lieux cfl.igncz. Au mefme temps on met les va.lTeaux deuant la ville en oftant tout ce qui eft dedans , 6c les couurant de ,oncs, afin que la trop grande pluye ne les pourriOc Mais il y a quelques mai- Ions que les continuelles pluyes font tomber par tmè h y a certains monceaux de fable , qui bouchent le fleuue au commencement de rhyuer,ne laiflanr auctm olueeT ^7'^^^7'^^^'^">ait vn fi grand bruidv qi>-elle cffourde prefque tout le monde. ï85 Ellats de rifle de Goa. La liuierc qui cr.aironne Udc de Goa.Heuient dou- ce pat le moyen des eaux de couleur rou^e , qai tom- bent des montagnes , combien q-i< ion eauoidinaire roitfaléc3cfcmblableàcelledebmct. _ Au mois de Septembre ces monceaux s en vont , la riuiere cltouuctte en telle foire qu'elle donne palUge non feulement aux petits y««.eaux , ma.s aux pius grands de Portugal , qui font de 8co. latts ou larges , Se ces nauircs entient dai^s la tiuiere libtemem , lans qu'on la fonde & fans courir fortune. Au tcfte l'hyuer ca extrêmement fafcheux en cette contrée , de ce qu'on ne peut s'exercer à aucune choie à raifon des continuelles pluycs, & que les hommes font contraints de demeurer enfermez d.ns leurs mai- , fons , ou s'entretenir auec leurs voifuis le mieux qu U leur cft polTihle. Toutesfois les femmes & les meltis | qai fo.nt fort contents quand ils ont eu la pluye . vont aux champs auec leurs valets & fetuantes , en pre- nant les v.urcs qui leur font necelTaives. Ces gens ont des cittcrncs Se des referuoits en leurs fonds, &c ces leferuoirs fout faits afin d'y nager , qui eft vne de leurs délices. En ce temps ptefque tous Icsftuias des Indes Hotiffcrc. 1 j • r L'Ea.- commence au mois de Septembre . dure lul- us pour cette caufe , fouftlent alors iur la mer, & combien qu'ils fuient plailans,tou- tfsfois ils engendrent plnfieurs maladies, première- n^cnt à caufe des grands changemens aulquels la cotte des Indes eftfujcae. tefte ils fouftlent toujours en Ettc depuis miuuia iufques à Midy , ma,s ils ne vont à o!us de dix mriles loin de la Terre. Auffi - te t après difner les vems du Ponant fe ieuent, qui s appel- lent rnafors. Ces vents apportent quelquesbis vne erande terr.petance contre les inrupport^^^les chaleurs du pays. Et ventabkment il faut admirer la qualité de l'air en ces quartiers , veu que depuis Diu lulqu au csp de Comoiin l'hyuer cft nuifib'.e , & depc^is 1 autre par- tie du cap de Comonn iuiqucs à la cofte ac Choro- mande!, l'Eftc eft agréable , combien que tous les deux ayent pareille hauteur , & ne (oient eflo-.giuz que de 70. rr-illes,& eu quelques lieux de vingt miUes. Ceux qui vont de Cdchinvers la ville ae S. Iho- ni.s atTife en la irefmc cofte de Choromandtl, &. vcts Us monts de Balh gatte , qu'il faut paffer pour aller ,en i'aucie contrée voy< nt d'vn cofté des champs extrê- mement agréables &i bien cuUiuez en Eftc, 5: de I au- ire vnyays tauagè de pTuyes , obfcurcy de nuages, & pUin'i'e rhorieui des onncrrcs & des foudies.Et non leuUmcnr cecv fe void en cette comréc des îndes,mais encore niés d'Ormus vers le cap de Rofalcate ou les nauires ont vn temps ferain & propre, mais lors qu on a polTc le cf,r, &c qu'on cft de l'autre coftc.l'on n a que des Vf nts,des pluyes, & des orcgcs. auec la mefme vi- ciffuude de l'hyuer Si de l'tftc qu'on lavoid aux autres jt- lieux d'Ocient. ^ Beaucoup de malad-es viennent de ce changement à ceux end detreutcnc à Goa. Car ils ont vn mal fou- dain nommé Mcrdrxin,qm leur vient nuec vn h grand vomiftcment qu'ils (ont prtfts à rendre i;^^^- Ce mal cftcommun.& mortel. La dyfenterie aufli y cft conta- gieufe,ninfique lapefteparmy nous. Les ficvres continues y empoittm fouuent les hom- mes dans trois ou quatre jours. Les Portugais n'y trouutnr point d'autre meilleur remède que de fe f.urc'cirer du fang:les Payens le tirent de certaines hcibes,dufandal>& de certaines onétions. Ces lualadics cmpottcnc beaucoup de Pouugais tous les ans , pource qu'ils ne matigcnt ce qui eft de mcil- iîcnre fublbnce , &c quMs s'addonnent trop a aŒouuic ' le delu des femmes lalciues.On en peut voir le telmoi- i onagc en rHofpital Royal, qui cft la retraite des feuls Poruiaais , dont il fort quatre ou cinq cens morts tou- tes les''annécs.La vérole y eft fort en règne A n appor-, te nulle infamie à celuy qui l'a. Ils tireur (on remède: de la racine de la Squine.fr quoy qu ils ni foieiU bicsi mal, on ne les f.ut pas, mefme f ncor qu ds 1 a),eiK eue i trois ou quatre fois : au contr;i.ire ils s en glor hent, <5C I tiennent ce mal bien doux ^u regard d.s antres. I Les Indiens ne (çauent que c'eft de b pelte. l lu- fieurs font trauaillez de la p.erre de la relaxacioti da ' boyau, principalement cei,x qm font mariez poat.e ' qu'ils boiuent connnuellemeut à, l eau , ^r fonc vrre 1 infinité d'cxc.z & d. delbuichcs^ Ils ont touHours le ventre nud en leurs gallcrirs balTes qui (ont a 1 ennee du logis , & rcçoiuent là le vent , ayans près d eux leurs feruireurs , dont l'vn leur frotte le dedans des doigts des pieds . l'autre la tefte , & le troifvem^e kav challe 1rs mouches, lis c^ntmt.ent cette hçon de fai- re durant deux heures après le .epas, &c repolen. alo s. puis ayans fi foif on leur apporte ^«"^^ ture . afin que l'eau n. leur falche , Se leur fer^ble de meilleur gouft. De là vient que ces hommes ont prel- que tous gros ventre , & font appeliez Barrf^ts pour "'Leîjoms d'hyuer &c d'efté ne différent m plus que d'vne heure. , , , r Le Soleil fc leue à fix beures, Se fe couche a la me^ me heure félon le cours du Soleil, ^^Ap^^hpu A midy teux du pays ont le Soleil fur la tefte,& peu ou point d'ombre. On peut voir à Goa les deux Pôles du monde; L'efto.le Auftrale n'eft gueres au delTus de l'horizon, non plus que celle du Nort. Mœurs des hah'mns de Goa, des Fortugaù de toutes les Indes. T A te. rc de Bardes a des habitans n^ftiques & grof- 5 Lficrs.quifont nomiT'ezCanar.ns,& marchent tous nuds, exceptélespartie^honteufes Ceux-cy s arnu- lent principalement à cuUiucr les palm-ers d In.e, qui /yment les^icux fablonneux , Se b.s , les tiuages n.-gres. Beaucoup de Portugais habi^cans aux Indes ic fo;umanrzàdes femmes du pays,Jk ^'"ft v!?ez appeliez Meftis,)aunes pour la plus grand P"t,Sr biin former , de mefme que les femmes y font paHa, ''Qu::.:?uSLsdontlepere^la^ PcmTgahon les nomme Caftifes, c cft a dire de race. ! à caule que Cafia fign.fie race . 6. ceux-cy relTetnb eu i aux Portugais,exc.ptc qu'ils lont de couleur entre j.u- "orNrptugais,ouMeftisviuentprefquetou. fansrienfaire,cLbienquily.rraquelquc.-v^^^^^^^^ font des chappeaux . des louliers , des fiegcs, & de U va^lTelle-.tou esfois ils en font faite la plus grande pa I^x efclaues. Au refte les maiftres y "-nent teHem leur rana , qu'il cft impoflfible de voir rien de p us ar- o' V u'qu'ils ont vne démarche fi graue qu on les nendioic pot^r des Princes , fi l'on ne cogno.lToi le :;urel & coufttime , qui ne règne pas ^culenient p.. n.y les nobles.mais cncor parmy les S^7/^>^?^;J^^^ lité, que les autres nations trcuuenr du to^; - rablel , à caufe de ce tardif ariKmemenc des r c • « tous eft.ment également que les autres 1--^' ^ beaucoup d'honneur . lequel ils talchent de fe bu "tes'lndiens originaires . S. les eftra.gers tant infi- deles, que Chreftkns, "auaillcm aux auri« aus^^ Eftats de rifle de Goa. 187 mtfticrs. Tons Us hahitans font diftingucz en deux j vergeancè par tourcs voyes, faifant afTtmbîcc ' P^i'^nquins, St parées au poffibl.: ^ Jl y a aulli les Efcuyers, ou Efcudtros Fidalgos , qui tiennent rang parmy eux, tous les autres font nom- mez hombres bonradoSiC tù. ï dire hommes honorables: & ceux qui font de plus balle condition paimy eux portent le nom de foldats fans autre tiltre. Et l'on s'aduaucc en qualité à mefure qu'on fait plus de fer- uiccs au Roy , 6c félon les nitres on a les recompen- fes. ^ ^ Les Gentils-hommes y traiétent volontiers les fira- ples foldats , "lots qu'ils lont retirez dans les viiles , & retirent des témoignages de c; lie libéralité. Les l\)rtiignis , les Mcftis , & les Chrcdiens font magnifiques en leurs mïifons,& les Portugais entr'au- :rcs ont communément dix , ou vingt efcîaues félon leurs moyens. Ceux qui font mariez ont leurs logis .■>icn nieubbz, & pour le regard de leur perfonne, ils ont curieux de changer tous les iours de chemife, & i'habits, de melm.e que leurs femmes : &c les feruiteurs nefme en changent fouuent à caufe des grandes cha- curs. Les ofEciers honorent également tous les Portugais, ant nobles q /autres. Quand ils vont parla rué ils 3nt vn de leuis fermteurs qui porte vn parafol , l'autre on manteau à caufe du Soleil , ou de crainte delà liuye , & le tioiûéme porte fon épcc , afin qu'elle l'tmpefche pas leur grauitc aifeâée : Ayant jç difner n\ feruiteur portera à fon maiftre vn oïtiW^t de ioye, 'ont mettre (ous les genoux , lors qu'il faudra prier 3icu en l'Eghfe. II5 yfent ,!e grandes & longues falu- icions auec des bailemeus de mains qu'.ils ne s'elpir- ;ncni pas l'vn à l'autre. Quand ils entrent dans l'Egli- c leurs feruiteurs y font délia , qui leur ont apprelté le s fuges, & tous les autres qui font adis fe Icuenf, & :s falucnt auec de profondes rcuerences. Qoe lî quel- ai'vn ne leur rend le mefme honneur qu'ils luy fonr Ett^n'!"?"''^'"'^' ^^"S ny ordres' tt o^sq^iacercn^oni. du n^ri.ge elAc hence crx itgiUe, lesnouuelKs époufes font conduites auec le mdme ordre , & les amis voifins . & parents fe vo. c meure en des fenellres tapilfées qui Lu fur es ru eu les mariez pallent , & les arrofcnt d'vne eau c m uiu des Auteurs Se jciieurs d'iuftrumenrs , qui font cors feruiteurs. & refiouimat la co.^pagnie au.c leur harmonie Les notu^eaux mariez approchans de leur •mifond habitation , remercient ceux qui les ont ac- compag.Hz , qui font à cheaa! auec beaucoup d'hon- neur. & entrent aufi^-roft .uc c les commères auec vue guuite, & le vont mettre aux fencftrcs. Ceux qui ont accompagné les mariez donnene quelque carrière a leu. chenal pour ietiir faire honneur, 6c les compères font les premiers à ce faiie. Les autres leurs lont honneur auec vn concert de flûtes qui font K)rt en vfage aux Indes. Apres les conrfes tous pr.irenc deuant la ftneftre , & quittent la mai! on de l'rpoux auec beaucoup d'hooneur , excepte -es compères qui montent en haut , & font beaucoup de bons louhaits aux nouueaux mari.z , tandis qu'il y a quelque cholb depreft pour le ur faire boire de IVau, qui cft vn ligne d am.tie entt'etix. Apres qu'ils ont goulié de ce qui leur tii offm , ils s'en vont. & ne demeurent que uois ou quatre fort proches parens^^iii après auo r fait bon- ne cheie ne tiennent guère longue compagnie aux ma- riez , pour ne retarder pas leur contentement. Les cfpoux fe couchent la plufpart du temps auant que le SûIciHe couche lans rien attendre & faire la bonafi mine, comme on fait icy. Lors qu'on bap.tife vn en- fant on le mène de la mefme forte , & le parrain mar- che au dernier rang tout feul ibiuy de deux feruiteurs a pied , dont l'vn tient vn plat d'argent , ou blanc , ou ^ s'en , ù ' i^s^i'^::;;:^. 7:^K'l;:^;vz Eftatsdc rifle deGoa. chandelle de cire cîo cc î^cntiment f:ite, & percce de quelques pects o or & a.r^er t,qui (ont le pre cnt de celay qui bapriie i enfant Le r.lte cil couuerc de lo^c Vn aurre poire vne laiicre d argent dore d vne m.in. & Je l'aut.c vu b.Kin de .i.efmc n^^taïUuec de belles Iciuiettcs qui pendent d. s cpaules. Cela elt lui- uv d' deux PalbnqinnS , tn l'vn dclqu^ls cft la com- mère, en l'aut.e la fsgc- fcn^mc autc l'enfant, couueit d'vn riche drap faiÈt pour céc vûge. ^ Les cctcmoni. s dubaptefiiit dlansparacheuces on , s'en rciciunt tn melme ordre au Ton dcî flutces , & auec les coutfes des chcuaux , la connmeic gardant le tout, comme aux uopces. Voila ce qui (c pratique pour le regard des maru-z, mais les foldats qui ne le foat pas fe mettent en tUc fur la mer , & la défendent. Ils font magnihques en leur maifon . & gardent vne grande grauitc , ayans vn valet qni leur po.te aufli le par^/ol , & ils donnent quelquefois à vn hor. me qu'ils ne louctoni que pour cet cfFca. vingt & cinq Bafavucs l'année. Bien louuti.t dix ou douze foldats demeurent en- femble , & n'cm qi^'vn ou deux valets pour nettoyer leuis habits. l!s viucnt de liz cuit dans l'eau , de poil- fon ra!c.5< d'autrts viandes de peu de valeur.lans pain, vfant pour leur breuuagc d'eau de fontaines. Ils vient vrefque de deux ou trois habiUemens communs, donc ceux qui (ottent s'accommodent, d'autant ^que ceux qui demeurent au logis n'ont beloing d;eare veftus, a caufc àxs grandes chaleurs, qui font qu ils fe conten- tent d'cftre couiicns d'vn linge. , ^ . . il fe tiouur des Gentils-hommes , & des Capitaines lichfs , qui donnent de l'a.gem à ces foldats auec tou- te libetaiùc, ^fin qu'ils acheptcnt des habus . & ce qui leur tft nccciraire. Par ce moyen ils s'acquieretjt 1 a- ir.itié de ces foldats pour s'en letuir apvcs plus hbre- nicnt en Uurs voyages de mer , ou bien aux courtes qu'ils font pour attraper ks ennemis. 11 Y en a beaucoup qui viutnt en cefte forte a leur aife. hUis le principal profit de pluf.eu.s vient de la- rrouv dct femmes des Portugais , des Mcftis . & des Chrtftiuis des Indes. , „ j Ces fc.rmes fct>t fi lubriques, quelles donnent roiu l'argent qu'elle s peuuent attraper , à leurs adulte- ' re^quelUsentichitlentparccftevoye. Quelques- vns de ces (cldsts par la faneur de leurs amU^^cni trafiquer de çà delà, & 1 on nomme ceux- cy CU.tins, pcu.ce qu'ils ont quuté le mtftier des armes, & ne veulent plus feruu de foldats fur la mer aux ar- tr.écs qui fe drc fient. Car il n'y a aucun deccux-cy qm fou contraint d'aller à la guerre , combien qu il lou êfcrit ai l ure de Portugal, &C quoy quils loient rxempts d'aller à la guerre, ccuttsfois à caufe qu ils vi- ueni (ans (e marier on les appelle foMat..!! y a aujour- a huy vu grand nombre de ce* Chatins par les Indes, pouîc c qu'ayant peu ou point de guerre,plulieurs s ad- donncut à la marchandife , afin de gaigner quelque: chofc. U y a beaucoup de raifoiis de cccy. Car en premier lieu les Capitaines qui failoient cn.t de g.ns de guérie , ne fe (oucient maintenant euercs d^ l'honneur , & donnent peu à ceux qu ils KuidoyerH. Les Soldats aulTi qui font moins confide r.bles demeurem loufiouis mifeiablcs auec cefte (ol- dc, & combien qu'ils ayf ne beaucoup d artcftctions & certificats, qui leur doiuent faite attendre quelque le- compenfe . to. tcsfo.s ils ne peuuent pas poiter la Ciande defpence qu'il faut faiie de là iulques en l or fugal , ny 'iban ar.iuez , faire des prefens a ceux uu' peuuent quelque chcle en Efpagne , qui ne font ncu Ji l'on ne les gaigne par cette voye. Et melnae il y a ce mal, qu'cruot qu'ils obtiennent quelque dignitr , U faut bien fouuent qu'ils attendent la mort de quelqu vn qui les deiiaecc, &: quclquesfois toute Icui vicpalicm en ceuc attente. On doit adioufttr à cela les incom- moditez, & dangers de la nauigation, qu. eaufent q ie plufieuis ne retournent p:s en Portugal , ains (e nia- ricnt aux Indes, &c s'adonnent à quelque négoce : Ou- t.c ce, la guette ii'eft cfchaufFée contre les I53rb.'>.tes.& l'on ne découurc plus de terres , d'autant q.ie le Vice- Roy cft plus curieux de fon proftr , que de (a gloire. Car les charges des Indes n'eftans que de tto-s anoces, font que ceux qui les exercent ne cherchent qu a s en- richu durant ce temps. C'eft ce qui fait que la mec ' eft moins (eurc qu'aupataUant , 8c que les «fcumeurs y font la plufpart de ce qu'ils veulent . pource que le Viceroy ne tient pas d'ordinaire vme bonne armée lue la mtt pour courir de tous coftel. Et c'eft aulTi ce qui diminue la puilTance , & les richeffes du Roy d Efpa- gne. Car on ne peut bien voyager par terre, à caufe de I plufieurs Royaumes qui ne font guercs amis des lor- tugais qui n'onr que quelques forts fur les coftes; 0(K ne voit gucres fouucnt aux Indes les femmes des Ponugais.des Meftis, ny des Chreftiens, fioon que ce foit pour quelque vifite, ou pour aller a l £g!i Se lors qu'elles fortent elles font foigneufement gardées. Car elles font en leurs Pallanquins tellement couuet- tes qu'il eft imDoffiye de les voir. Quand el.es vont à l'Eghfc, ou en vifite, elles font fuperbeir.ent veftues auec force perles, & pierreries. , „ « Leurs habits font de danaas , de velours, ou de Bro- g cat. Car la ioye eft foit commune en ce pays. Prelcjue toutes vont pat la maifon la teftc nué , ayans vne che- mife dehée notsmce Baju , qui lescouure iulques au nombril,& depuis le nombril en bas elles ont vn Imgc peint , mais en deux ou trois doubles > le refte eft del- couuert. C'eft là l'habit que les femmes de tout agn, & de toute condition portent an logis, & tandis qu el- lesy demeurent.elle font tout faire au dehors par leurs chambrières ; elles ne mangent point de parn.non p us que les feruiceurs,non pas pour aucune cnerte de bled qu'il y ait , veu qa elles en pourroient auoir eii abon- dance, mais par vne certaine couftume. & incinatiorv qu'elles ont à manger du ris , qu'elles cuifent auec de l'eau, ayans pour viande du poilTon falc, &c des fruitts; falez pareillement , qu'ils nomment Mangas , ou bien auec quelque bouillon de chair, èc de poilfon, qu elles vaferic d'enhaut. Au refte elles mangent leur poragc a belle main , fe mocquants de l'vfage des cuihiers, ■omme s'il eftoit du tout inciuil. On y vfe pour boue de certains vafes dehez de terre noire, qui font percez au col. Us les nomment Gorgolettes,a caufe que ccluy qui boit en leuant le vafe , & ne le touchant pas auec ia bouche reçoit l'eau par les petits trous, & cefte eau sazouille en fortant, & fait vn doux bruit. On y tient cefte façon de boire pour ciuile , afin qu'on ne faillie pas le vafe auec la bouche qui eft quel- quesfois peu nette. lu • Ceux qui viennent fraifchement de Portugal i-r qai veulent boire en cefte forte . vcrlerit beaucoup d eau fut leuts habits . pour ne fçsuo.t pas la façon d vler ^ ce vafe. On appelle telle gens Rcynols, par (obuquét, & ce nom s'approprie à tous ceuxqu. lont ignorât» des façons de faite des Indes , & qui n ef.ans p^s ao* couftumcz à la granité affedée. vont auec toute liber- té pat les n es.lans fe foncier de cefte concrainûe. à !»• quelle toutefois ils s'accouftumentbier.-toft. Lrs hommes du Leuant font extrêmement )aloW. & ne meinent voir leurs femmes . ny Uurs filles à aU- crm. tant foit il leur amy, excepte à leurs comper«. S. quelqxi'vn frappe à la porte qui veut parler au rrar < auin. toft L s femmes s'enfuyent, & fe cachent, la.ira.n leur mary fcul pour aller à celuy qui vient. Meimes 1£ nvo> hes parens . & qui plus , les enfans «^ailes qui ont p.-.lfé l'àgc de . 5 - ans. font bannis de» lieux ou 1rs Ictn mes demeurent & ont leur logis à part. Eftats de Mfle de Goa. Cor comme on a oiiy dire bien (ouitcnr que le ncpiif ij a c<^c 'jtUnrjc de la temmc de (on oncle , le frè- re de la femme de ion fieie , Qc le frcrc nielmc a quel- quefois ru 'J^f■aire aiitc (a fa-ai. Et vciiralilemccnt l'im- ^)iidicicc u'v S femmes de ces cjiiavticrs c(t fort grandcj& 'il y €v 3 peu de matines qui foicnc chalUs. Piulieui's ont (oldat pour amy , qui les va voir (ècrcttcrt:ciit pnt le moyen des chambiietcs qui fci- uent au badiiipge, Hllcs vtcDt mcfmcs de certaines herbes peur cet clf.6l. Elle ont vi;C herbe nommée mes appreftent cel.-x pour elles, mais en font cncor manger a leurs mans po.r les rendre plus vaillans lu, & le rendre aufli plus contentes. Elle fe baignent aufH fort fouueht , & pafTent l-« uu.eres à nage, tant elles y font accouftu„,/es Elles forteut anffi 1. nu.dt pour aller rendre des vœux ou el! les ont faKs. & lors elles vont hbcement à pied pourcc T>e lamagn,hccnce desr.eses , & des chaires cft de! fendue en telles occafions Les fc ^ C ** D:uroe , de la femtncc de laquelle ellci tifent vu fuc [ temps auparauant^ ôc lors leurTe'fda ""'f* ^ qu'elles mcllcnt au brenunge de leuis maris, qui eji fort affidccs, les accompagnent, ^Ta^T^ leur jonc aysns bcu ne font que rire comme des hommcjj qin onc | maiftrcire prie , elles entretiennent 1 perdu l'ciiccnJcment.ac demeurent fans apprelu-nf)|ijï ' " > < '""'^ » d'ïucune chofe , ou bien dorment lî profondément qu'on les iugcroit fiins vie. Lors les t mmcs cftans en alTcurance joliylTcnt de leurs amours en prcfence de leurs maris, qui font tou- tesTois fani ccgnoi!lancc. Quelquefois la force de ce breuu.ige dure 14. heu- res, Se pour faire reuenir en leur bons fens ces pauurcs cornards on leur laue les pieds auec de l'eau froide> mais ils n'ont nulle fouueiiance d^s choies qui font p-ilféet. Les femmes font aulTi !ouaent mourir leurs maris pat poiion,qn'ellfs accommodent comme il leur lemhic, afin qu'il ne f.iire fon etfed que dedans le temps q'j'ellcs dctern'.inent , tfllemcnt qu'il y en a quelquefois qu» viuent lix ans après en auoir pris. Les mari.-- funt aulfi mourir leurs femmes adultères, ou foubçonnces de Une faire tort, auec le tcmoign.ige de trois ou quatre petibnnf s , qui slTeurent qtf elles ont fanlfé U foy dii mariage, (iar par les coulhmies de Por- tugal l'iiomme qui f,ut mouiir pour celle occaiîon fa j femme n'tft point puny , tk. foudain il luy eft permis | d'en cpoui'cr vne autre. Il y en a plu/îeurs quimeuteiic en celte forrc , il n'y a rien de plus commun aux In- des que la mort des femmes adultères, qui ne peut tou- tefois induire les autres à vne meilleure vie. Car elles tiennent pour délices , & pour chofe qui leur apporte de la gloire , de mourir en faifant l'amonr. Au relie elles font eurieufes de la propriété lîn toutes cKûfes,&: veoletit que leur maifon , & tout leur fait foit net au polfiblc , ik elles le laucnc fouuent le corps pour fe ce- { nirncrtes Ellfs fuycnrle traua!!,& fe plaifent auxpar- I fums. Elle fe frottent la te(>e,& le n onc de Sandal, afin défaire ientir bon , & mangent aufil concinuelicment dc's fucillfs de Bethele, auec de la chaux , Se de l'herbe Jrt^itti qui a quelquefois telle force qu'elle les rend commeyvres,& cède herbe a is geuft,& la feicheref- fe du bots, eu des racines. Les femmes ruminent ces trois cliofcs tctit le iour comme des belles , 5c aualienr le ius en crachant le refte,& de livrent qu'elles ont les dcr.;s, & les lèvres noires , & rouges , qui cftonnent ceux qui n'ont pas sccouftumé de les voir. Ces façons de faire font ve- [juës des Indiens , ôc ces femmes fe perfuadent telle- ment que par ce moyen elles font prcfetuées de la puanteur de rhaleinc>& du mal des dents,'& de l'efto- ■nac, qu'on leur ofteroit plufto/c la vie que ces her- )e$. Lors que le mary eft abfent,!a femme tout en man- geant de la Beihele,& eftan^ derrière vn natte,rf ^arde es patrons fans eftte vcuc. Mais Ci quelqu'vn qu'elle iV!TiC paffï, elle lene doucement la natte, comme oout cmoignage de ion arteàlion. Ce font les comme'nce- Bcns .]uc les femn^s donnent à leurs amours , qu'ef- ts pratiquent après rar le moyen de leurs chambrie- •ci , & d'vne infiniré dr (Iratagemes. Elles mangent luffi force cfpiccries pour fe maintenir en chaleur, ou augmenter, & mangent auili certains gafteaux nom- nr z Cnchondts , compofei de diuerfes fortes d cfpicc- ics pour le rr.efme CtRa. Et non feulement les fem- I t nt en quelque boutique ou cabaret faifant vn fi- p.jl. & fe mocquentlà de leur maiftcelTc qui eft apre^' la dçuorjon, en joriylTant de leurs amours. ^ Les femmes de ces quartiers mettent toute leur fc^ hcite à eftrc aymecs d' vn homme blanc, ou Portugais •' & louent entr elles la beauté de leurs amoureux !uec vne grande ardeur. Les enfans qui nailTent des femmes efclaues font à leurs ma.ttres qui fc refiouylTent quand ils ont au- gmentc leurs maifons d'vn feruiteur. Cela fe faid ton- tesfo.s lors que ces e«fansne font pas engendrez d'vn homme de hbre condition. Car lors le pere peut ra^ cheptcr îon enfant huift iouts aptes fa nailTance auec peu a argent, & le rendre libre. Mais fi l'on demeure hma ou du lours fans le rachepter , il cil fcrf , ^ de- meure à fon maiftrc qui le peut après vendre à quelque bon ity fembfr ' °" """"^ ^^'""^ ^ On voit peu fouuent que la merc , quoy qu'efclauci che.Cu c eft vne gloire à ces femmes d'eftre enceintes d vn homme blanc. Ceft ce qui fait que la mere garde r-gneufement fou enfant , à ne le .veut donner à S pere a qnelqueptix que ce foit : de forte que s'il le veuc «"oir 11 faut que ce foit à la defrobce. Les enf ns des (tous nuds , excepte qu'ils ont la chemife que nous ations nommée Baju , laquelle ils portent feule«,e" i t iSdierer""°"'^ ''"^-'^ ^'^^^ Les Pî^yens qui demeurent à Goa tiennent îa ren- c^re du coroeau de mauuais preG^ae , encor qu i] y ait beaucoup de ces oyfeaux aux Indes. Celoy qui en a veu qaciqa forcarat du logts, s'y remet aulE -toft ■ ^ s c nferrne auec refolution de ne (ortir pour quelque hofe q.e ce foit , tant il redoute quelque def- Eftâtsde llfle deGoa. Quelques -vns femme aaffi du riz'ptes de leur de meure pour l'vf^g: Je la famille. Us vfent lots qu'ils veulent boire , d'vn pftic vailleau d'a rain , auec lequel ils vcrfcnc du vin d..ns la bouche . ne voulans qu dit non pas quind ils demoient n-ouxîr de faun. Lcrs qu'ils vont par mer à Co hin iis ne prennent quad- • art de viande qu'ils eftiiBeni cftre nectlUic pour ce ï '.r(.:r vin d u« la bouche . ne voulans qu ciU voyage. Qo: s'ils demeurent plus longuement qu ils f 7ve œn-r e "fe^^^ flottent ^refq.e toutes leurs ne fe font figurez , ils aymecont rnœox mouru que de rayons d' fu"- de vache a c fufc'des puces qu.ls , manger auec vn Chreftren. ou ,uclqu a ure. ou en re- ^nr Au leae ils tiennent leuis corps le plus net I ceuoir de la viande. , j , „,Vo '•^^^ pe 'u- C l - ne qu'après les ne'ccOltez de la Beaucoup de Canares. & Decanins qm ont du pa. ' fe laùent entièrement. Ils fe lauent toujours de Decan . font leur demeure en la v.Ue de Goa , & y ' Il ^cl à cTufe qu'ils mangent de la ont des boutiques. Us acheptent des Portugais de U 'L"^a J n't :.namais drc^iUicrsIls gardent , foye, du damas , ^ du velours ^/~X'c::. Xoiciemcnt leurs fupeiftit.ons . & cérémonies , ne laines , 6c autres matchand.fes de la Chme , de L.am Jorta r^na.s fans auoir f.ic leurs prières : Quand ils baye , & de Bengale à la grande mcfure , lu. d 1« CiiU^LIifc3>>-^ «.^ — o Lovs qu'ils doiuent voyager par eau , ou par terre , ils ne font que lonner leurs trompettes l'efpace de qua- torze iours auant leur parrement ; & s'ils vont par mer ils metteur fovce banderolles de tuus codez au nauirc, Se force dtappeaux, à l'honneur, comme ils difent, de leurs Pagodes, ou Idoles. Et lors qu'ils font de retour ils font encore le meimebruid l'efpace d'vne femaine ou de deux. Us obfciaent cède façon de faire aux au- tus folemnittz, des nopccs, de la naciuiic, des faifons de l'année , de la moilfon , & du temps des femen- CCS" Il y a VB grand nombre de Barbiers entr'eux , qui marchent de tous coft; z pour peu de chofe , & n'ont point de boutiques , mais vont par les maUonsoù l'on les employé iufques aux plus vils feruices,& pour abre- ;'r Cr^y^t TTdifte 7. mmiTie ^cus dc peu, & dont l'on la terre ferme. Us ont des nauires des Indes, auec lel- quelles ils trafiquent du cofté de Cambaye, de Sunde, de de la mer rouge. l\ y a bcaucouji d'excellents Uite- ures entr'eux , beaucoup de gtaueurs , & autres arn- fans , grand nombre de Barbiers , & Médecins , qui demeurent tous à Goa , & égalent prcfque en nombre les Portugais , les Meftis , & les Chrcftiens. Us attcc- mcnt les droids du Roy autour de S^Kctte, de Bardes, & rme de Goa , 5c pour cette caufe ils font (ouuetic , contrainas d'aiTifter à toiis les ingements aufquds ils plaident leur propre caufe , alléguants les lOix Se ftatuts de Pottugali auec l'eftonnemenr des Portugais mefmes. ^ ^ Les Canarins, & Corumbins des Indes , fe meilent 9 du labourage.& de la pefche,& ont foing des Pa miers ne fai«St guetesd eltimc. ^"^.. ^^ > _n._. î ati- Les Payens qui font fçîuants en médecine tiennent fort leur rang dans la viile de .Goa , veu qu'après les AmbalTadeurs . ^-quelques marchands il n'y a point d'iiures infidelles qui fe couutent d'vn paralol allants ^'^'^Les Portugais ne dédaignent lors qu'ils font mala- des de fe faire voir à ces Médecins Payens, & l' Arche- ucfquc , & tous les hon)rocs d'Eglife le fient plus vo- lontiers à eux qu'aU.K Portugais mefmes. Et c'eft ce vns cmi cuA i^uj !>. wjviiv.." — chir le linge. Ceux-là s'appellent Meynates. Les au- tres fe nomment Taumares , c'cft à dire melTagers pat terre. Ceux-cy qui font les plus vils hommes des In- divis viuent de peu de chofe.Us s'abftiennent de naao- ger de la chair de vache , de bœuf, de beufle. de pour- ceau , & viuent de mrfme que les Canares , & les Pe- canins. Us vont prefqae tous nuds , n'ayants que les parties honte u(.cs cotuiertes d'vn petit drap. Les femmes fe couurent d'vn linge qui leur va luI- lonticrs à eux q.'au. l'onugais mefmes. Ee c elt ce "-es - 'b^^^ ' ^ «Tnl panie fur l'é & affemblent de grandes lichcires. Les labouieurs des enuirons de Goa font prelque fousÇhreftiens , toutefois ils ne diffcient gueres^j^ Payens, dont ils gardent cncotc pluficurs cérémonies, à quoY Us Inquilitenrs fugnent de ne prendre garde, f/2 rffi~.ld'oic regardée^ Les chaume. a„ec vue p.n.c ,.c:e baffe, où v„ „0,™e oc .^nftnme s'arrcfter au rocftier, ou fçauroit entrer tout dcoiél. paulc, tellement quelles font paioiftre la mouic de leur tetin. j t u Pluficurs de ces C-.natins font profdlion de la Ke- lieion Chrcttitnne , àcaofe qu'ils demeurent prefquc tcus auprès de Goa. Car il y a force Palmiers près dr s riuaoes, de mcfroe que du ns, qui tft la viande des Ca- eii Donne ou lauu». .v,.. --- o Payens ont cefte couftume de s'arrtfter au rocdier, ou à la profeOion de leurs pères , & ceux- cy (e marient, chacui: i des femmes de leur art , ou ptofeffion , & font tous diltinguez par la vacation qu'ibx)nt , & ne fe mtflent par mariage auec des femmes qui foicnt de queloue autre. ^ x 1 m Les petes ne donnent rien en mariage à leurs filles, exccptèiqucloues colliers, & dorures, & toute l'autre delpcnce confifte au banquet des nopccs. Les enfans irslles emportent tout l'héritage. 11 y a plufieuis Gufarates & Banjaaes du pays de Càmbayc.qui habitent à Goa, Diu, Chaul, &r Cochin, 3f aurrcs lieux des Indes pour le trafic de fioment , de cocon, de ris, &chofti ûmblables: mais pnncipalc- rotnt poai Cf iuy des pitirerits, aufquelles ils s'cntni- fçauroit entrer tout dcoi6l. Us engendrent des enfans en fort grand nombre, qui demeurent enticrcment nuds iufques à hmd ans, & depuis ce temps ils cachent leurs pâmes honteutes. Les femmes qui accouchent fe deliurcnt fans fagc femme , & lauent auOÎ -toft leurs eiifans , puis les cou- chent fous des f UiUes de figuier des Indes ,^ & font foudain leur mcfnage aulTi bien que û elles n eftoieut fraichement accouchées. Les enfans, ccrrme 1 ay delM dit , font nourris tous nuds , & lois qu ils font falcf on n'vfed'au-vcmyftereque de les 1 ,uf r auecdc leatt, tellement qu'ils deuiennentfort d.fpofts , & font "its à tout , pource qu'on n'vfe pas en lent endroiél de mign^rdile. Les hommes de cefte forte viuent bieo [ouuent lufqufs àcent ans en pleine famé. fans perdre n^cnt poa. cduy des pinreries , et^fquelles Us s'cnt.-n- touuent lu.qurs acc.. ^'^ ' '; , , ,1- àent nv.ecx que gens du monde, lis font fçauants ni . vne dent e -««^I^^P»^^^ « ^^^'J^ H* - A «..„..'.,.„..r..,rn,cfrr.lrmtnt en celle lc$ noos failous tort à noltre SIC , ce a la naiu Arithructiqr.e , & ne ûuprircnt pas feulement en celte paitic les aiiitcs indiens , mais les PonUgais mcfmci. uuUcmcnt auec les autres nations, Us ne înai.^jcn ïlifc uv.ll , I». .w»^^^--, 11* les nous failons tort à noftre vie , & à la nature, ils uuutnfîent feulement vn bouqr.et de cheueux au lûm- met de la lefte , ôc fe rafent U ;cftc. Us fon: bons nageurs» Eftats de l'ide de Coa. nagPtirs,^' vont fur la riuicrc dans les vaifTcaiix nom- me/. Jm*dies y qui font fi petits iiu'i.'s ne pcimciit prdqiie tenir vn liomme fcul. Cela caiife qu'ils font h)iiiicnt icmicrfcz , mais ils ioiu li habihs iju'ils rc- drclleiit le vaillcau, icttent l'eau dehors , & pomfui- ijenc leur voyage. Mais i's font mifcrabics d'ailleurs en ce iju'ils vuiciit petitcmctit , & foic mal , tic font pour celle occafion ordinairement maigres, & défaits, foibles, Si de peu de courage, à railbn dcqiioy les Por tu;^ais les n ciptifenc, & barfbiienc. Ils obleruent en liur mariage mel'mcs CiTcmonies que les Decanins. Lois que les niaiis font morts on drclTe le bufcher pour Ijcs l>iiilU r,^: les femines coupent leurs chcucux. iSf dffchircnt en fignc de ducil leurs habits, qui ne va- lent toutefois grand' chou'. Il y a beaucoup de Mores, & de luifs, qui demeu- rent à Goa.Cochiii & autres lieux, dont piulieurs font venus d'autres pays, & pluficurs aulTi Indiens de naif- fancc, qui op.r luccc le M.)homctifmc> ou le ludaifme, aucc le laid Quiu à leur fiaiille ils fuiuent la couftii- me dupas s où ils demeurerit. Ils ont entre les Indiens dcsten,pies, des Synagogues &: des Mcfquitcs, où iîs font exrr icc de leur religion comme bon leur femble. Aux vihes des Portugais chacun vit en liberté de con- fciencc. Toutesfois il n'y a perfonne qui face des fa- Crificcs à fa mode de peur de (candaie , & il y a peine de mort a ceux qui feront le contraire. Les luifs ont volontiers de belles femmes. 11 y en a plnfieurs qui font venus de Pakiline , & qui patient Eipngnols des mieux. Pour les Mores ils viuent félon la loy de Mahomet, que nous dcfcrirons en l'Etrpire des Turcs , & trafi- quent du ccftc de la mer rouge , où ils portent des ef- picencs. bt combien que piL'fit urs d'eux demeurent auec les Portugais pc fit - luelîe , toutefois ils les hayf- ient an poffibK-, Hc empe(i.hent l'aduancemçnt de la ^ Foy Chrcrtienne , laquelle ils rendent odieuk aux In- diens le plus qu'ils penuetit. lufques au nombre de vingf ou trcnte.& viuent de peu de chufe ierfs (c iotient par la v»lie à faire tou e (onc de choies, tic porterrt de l'eau pour la vendre Les femmes cfclaucs accommodent diuerlement lesfrûias des ndes, & font dmers ouurages qu'elles porten vendre au marche a quoy l'on cho.fit des plu» belle & plus leuncs , afin que leurs marchands attirez pat cur bcautc achc-ptent plus volontiers leur me.cer^e non tant pour fa beauté , que pour celle des femme qn. la portent, dcfquelles ils efpcrent iouyr , ce queues krnmes leur accordent alF.z l.brement pour glgne, quelque pièce d argent. ô^'S'ici Les Portugais s'enrichiiî^ nt donc ayfément par ce- ftc vuye, & cntret.crment leur fam.llcLes ancres font vn grand profit lur 1 argent en cefte forte. Lors que les nau.res de Portugal viennent, ilsachcptc.t force grands realcs dhipagne tic donnent douze de profit lur chaque centaine. «- F^oac Apces cda ils 1rs gardent iufques au mois d'Aurih ors que les marchands s'en vont à la Chine, veu que les reals font grandement de requefte en tel temps^ y gaignent vmgc ou trente pour cent Au mefme tetip; .Is acheptent dcsLarrnsde Perfe , donnent huidou dix de profit (ur chaque cent , & lors que les nauires de Portugal viennent,ils les changent contre des rea I , iic gaigncnt vingt ou vingt,cinq pour cent L vlage de ces Larins elt nccdia.re aux Indes,pour achepter du pomre a Cochin , veu qu'on y fard grand citât de cette monnoye. U y a enco.e d'a.tre forte de RicheJJe es. Les Portugais, & Mcftis qui demeurent à Goa trafi quent tous ks louis en Bcngala, Pegu , Makca , Cam baye^ la Chine, Se autres lieux monnoye , comme es Pagodes , les Vénitiens , & les ^anconois qu, font dor.Plufieurs font auiS grand proW n lest"" ?" 7" r^'^ P incipalement l la fortu-^ ^aia vn grand trafi. de ce fru.d aux Indes. Tellement î ,1 y ,„ aura tel qui outre toute fa defpence tTreîâ cous les .ours de g.„ d vu fcul Pain., de^y dont entier vaut trois relions de l^orru/al, &Tv en a quciques-vn. qui ont quatre ou cinq cens de ces arbres en vne met.r.e, lesquels ils loiien't auTcÎ BeaucoupdesPaycnsdeGoafontrichesmarchands. 1 y a vne rue ou 1 on ne voit que des boutiques de ces gens pleines de foye & de velours, & autl eftofFcs Les citoyens de la ville de Goa , & les antres peu- de Porcelaines, ils acheptent toutfs re! I r pics des Indes . & des naiions voifines s afiemblent micrement en gros par le moyen d» l tous les louts en vn Iku qui tft comme la Bourfe pms l.s vendent en détail avans vn m u'Anuers : mais ils vient en quelque choie de f.cons pour cét affaire. En la m.ilr r.^il ^'P"^ chan ,s v s a vis qu. vendent des toiles de routes for- CCS, des c emiles toutes faues,tant pour k s Porcu.ts que pour ku. eiclaues, 6c plnfieur.autrespetS 1 longues. 11 y a vne autre rué où demeurent cet x qui vendent touus ks beiongnes des flm^ucs , & mille tciks fortes de linge ou.re , de mefmc qu^ du ch „! vre pour faire des vo.ks, & de s cotd.P.s On vou en icxccmue enaieur oe lapres-dUnce. 11 y a des vne autre rué ks B.nianes d'Cmk voit en rtieurs publics en la pnn.ipale place de la ville qui le des perles, &c de la pierrerie "du coraiP^'^r 7".'''"' ilc faire difleientes. Car à Goa les Gentils- hommes , & autres s'alTera- bient auec les marchands , &c toutes choies font expo ces en vente comme en v« marchcjou en quelquefoi- e. Cefte alkmblce fe faiâ feulement anant midy tou- e l'année, excepte les iouts de fdte. Elle commence i fcpt heures du matin , & dure iufques à neuf : à cai;fe le rexcclTîue ehaleur de l'apres-difnée. il y a des ommc Zfj/o'j , & ceux-ty vont par celte place auec les chaiints d'or, des bajoues , des pierreries tic autres îrncmenrs, accompagnez d'vn giand nombre d'cfcla i'^s à vendre,iS>; de l'vn Oi: di l'autre {exe,& lors fi quel- ju'vn veut achepcer vne de ces milerabks perfonnes >n les produit , & les monltte , comme on fait icy les îcilcs. On trouue anffi à Goa des chenaux d'Arabie , des îfpiccties de toutes fortes,& autres médicaments fecs, 1- la gomme c]ui fe::t bon, de beaux tapis, 6c plufieurs ^'.urescuriollt.z dcCambaye, de Sinde, de Bengala, k la Ch;ije,& d'ailleurs, & c'eft prelque vne merueil e de voir vne fi grande multitude de pctionncs. Quelques Portugais viuent. Se alîerobknt du bicr ar le moyen de leurs cfciaucs , qui lont quelquetfois hlahl/^c II /T- I ■■ «-(-noiesiein blabks. Il y a auffi la lue de ceux qu, tout des littie- res, chaires 6c bancs, qu ils big.rerî de d.ucrfcs cou- leurs auec la Lacque , a laque.k ils fjauent donner les couleurs qu ils veuknt. " rcs Les Orfeures ont auflî leur demeure particulière, comme auflG les charpentiers , menuifiers^ autres ar- titans, & ouuriers, ks autres vendent en eios le ris SS. les autres marchandiles des Indes. Il y a grand nombre d'Apotiquaires qui vendent en détail des drogues & efpices. Ceux- cy font pour la plus grande part Bramins ou Preftres des Idoles oui ont a chaque bout de rué des boutiques garnies de toute fortes de marchandifc , ce qui eft extrêmement commode au peuple. La ptincipak m plus commune forte de monnoye Eftats de lifle de Goa. , r ' A'.rnenr Ce fait ï I On mefurc le poimc auec le 'Barhs > qui hii trois » » c'eft le /'^Ji.««e Yf'^^"^^^;;^ ^ dem/dc poids de Potcug.l . & chaque i Goa. Il a l -mag. de ^^'"f ^/"^ '^^^^^ \Im fait cent luucs'us ont vne melure qu.ls nom- iautre trois ou quatre Rechcs l,oes «nl^''^''' !l ' "ft ,kik . qui vaut e.u.ron neuf onces. Wm^i- t.o»s teftons ou tco.s 7^>/« de Portusal . ^ a ta oft f / - ^^^^ ..^ ^ 3, ,e plus grand, tanroft moindre pnx (don le cours d» qua r ,r , ,nu.ds. ils me change.lls vfem d'autre façon de compter par cetcams Cand ^ '^^^ .^,oment! & autres chofr* Tari. , dont on fe fert pour fa.re quelque compt . , ^ / ^^^^^ J j '° , 'f^r^nt le compte c*cft à fçauoir la bonne Se la mauuail'etveu que quatre Tangas de bonne monnoye en font cinq de mauuaile ; à raifon dequoy at.x ven'cs & aux achaprs on defirc fçauoir auant qu'aucune chofe f : face , fi le payement fera en bonne ou maunaile. Mais on fait encore vn autre compte par vingtains , non pas qu'ils foientcn elpecc . mais feulement en crptit de cclr.y qui compte. Ceux-cy valent quatre TangJi de la bonne, &c cmq de la mauuaii'e movinoye.La menue monnoye porte le nom Hc B^/^rHCJ.Ou compte pour quiuz bal.uuGs de bonne œonnoye , oix - h'i»â: de la mauuailc. Vn vihg- tain ÔC i. biilarucs font deux reyfes de l.i monnoye de Portugal , & font fa.As de ruauuais tftain : j; j. bala- lucs font vn patdauuc ou xf rafin. Les Laiiiis de Petfes valent chacun cent cinq & cent hoid bafarucs , félon le cours du change. Il y a des efcu^ d'or nommez pagodes , qui valent toufiouts plus de huidTangast Les Payeps qui les font y mettent vne figure de leurs , Idoles. Les efcos de Vcnifc ou de Turquie valent prel- quc deux pardauue xetafins. Us ont aufli des efcus d'or -- | - ' foudames attaques des peuples de la ter« l'or se de l'argent, ôc des cheu.ux, P-l^ H^^f^^ | ^ -^^^^^^^^^ *^ domination des Portugais, pardauues . qui valent f^^^^^,^^ "Zd on n n' a'po nt d'autre fortification en cefte Ifle. Il y . pour le regard des autr. marchandées , quand^^^^ vn chaftcau qui eft fut vr fpecifie,on entend hmplement « pardauu x rafin . bic en a ^^^.^ H dont chacun vaut cinq tangas. Us nomment aulTi des pardauues de lâvns. U lors le pardauue vaut 5. larins. Voila la monnoye de .eux qui dcmeutent à Goa. & la façon du change par le moyen de laquelle beaucoiip de uerbnnes font de gtandi. profits. Au refte la grande f.ulieté de ces pardauues , qui iont quelquesfois mer- uei'UuUroent bien comre-faias , fait qu'on a grand belcina des ckangeuts qui cogooifitnt bien la faulie Lts Indiens de terre ferme font cefie monnoye fauf- fe pour tromper les Portugais. A raHun dequoy per- fonne n'ofe rcceuoit la moindre pièce d'argent lans l'auoir fait voir à vn changeur. Ces changnns appnftent auOi foigncuferoent de l'araent de diuerfes lottes pour ceux qui en deman- dent . ayans des tables toutes dilpo(«s , où l on void ordinal. ement des monceaux d'argent diftingoez par tangues. La tangue vaut foixante & quinze balarucs, & au change du pardauue fur }6o. & 1 J. balarucs. ils enadicuitaïf qutl<]uc»foishuiaoudix. Lrs poids df < :oa fonr femblabUsà ceux des l or- tugsis, t<< (ont diltingucz en quintaux> anobes , Se au- f.ts ^oids.ilsont encor toutefois vn autre poids nom- nic AUo . qui fignifie la rr aui , & pe(c douze hures, & l'on en vO- pour vendre du beurre, du nvcl, du (uccrc, fie ferablabUs matières. L/lVil W«* >.M « .. / haut à U bou he du fîeuue y mais il tft prefque tumc, & a feulement trois canons de fer & vn homme qu le garde. ^ L'ifle de Goa du cofté du riuage de la mer monltn en quelques lieux des rochers fort hauts : mais la terri de Bardes du cofté qu'elle regarde la mer » a vu bcâi liuage de fable l'efpace de 500.^ as. Voicy lagardedeceftclHe. Du code du Leuanti y a trois ou quatre portes fur le bord de la tiuitre^ l'extrémité de l'ifle , vis à vis de la terre ferme de Sal fette Si Bardes. Chaque porte a Ion Capitaine, & (oi Secrétaire , fans la pcrmiffion defqucls perfonne n pf ut aller en terre ferme. A raifon dequoy quand It Indiens .Decanins, & les autres Ethiopiens idolattc qui demeurent à Goa vont en terre ferme pour ftit quelque trafic, ou emploite.ou bien pour chercher de viures,il faut qu'ils rtçoiucnt fur le bras nud vue mai que qu'on leur imprime en ces paftages. Lors qu'ils retournent ils doiuenr monfttcr la nt\ me marque , Se l'on donne pour la liberté du palUg deux balarucs pour le Capitaine , Se Secrétaire, qi mettent la iwSt eu fentinellc vn ieunc homme , qui charge de fonnet vne cloche qui pend de la tour. ^ icune homme attache bien(ouuent lacordc de lacic che auec vne couroye a Ion pied , afin -îe visreentei die à tout le monde qu'il veille. îl y a cinq pa»aS Eftâts de l'ifle de Goa, de cette foitc. L'vn cil du coftc du mJdy,qui conduit à la ceux- krrTiC , àc a SaKtcte. Ce pays s*; ppclloir lic- ltcriu),& ù Domine iDaintcuaiu le pallûgt de Saiiidt iacqufSjà cauie de la PuiioiHe de S.lacqucs cjui tit en cclicit-là. Le lecoiid pa(T.ige nomme Scc,cft au dcuant de TlHe, ii: c'eft le commun p.ili;it;c pour alltr eu terre fernK',à caufe qi)t la riuicic ctl plus gueablc en ce lit ii-cy qu'on util autre. Le troiûcmc qui fc nomme le p.ilTàgc de D.iugijn ou de la racre de Dieu.eit du colle du Midy,& ert prclqiic touc auprès de la ville. La muraille va iniques là, cocti- meni,aut au pas de S. lacqucs : 6c roue le vcfte de l'Ille Il 1^ * 11' „ ; :..r \ Il 4 .mtre d; fcin.e. De ce pall ige on trajctte iufques à l'autre lik qui répond i la terre fermtj^c ce quacricme s'appelle de Noiiiua. Le ciiujuicme & dernier palTage eft de la ville iuf- i^ucs à ia intMtic de la riuitrc, en vue plus balle plage ruant Vers Barde. Cettuy-cy cil le plus fore de tous, Se fe nomme Pas de P.ujgijn. Ht c'cft en cét tndioid 411'on atrelte '6L \ilicc tous les vailîcaux qui entrent Jius la riuiere , oa en (oitenc. Voila toutes les forti- leaiions de cette llle, qui Coutesfois ne crai«t gueres /frfbitdeles voilins, illant (ogucufement gardée, x pleine de p.uple. Toiitcslois ce qui pourrait nuire 1.UX Portugais letoit la grande multitude des Idolâtres, ic iVlahomctans qui (ont en cette iHe. Mais s'il y a de a craiiitc de ce coltc-là, les Portugais y mettent li bon udre, iig-tcmps pour donnrr ordre à toute chofe,& que par ce moyen on empefche la nouchilance de ceux qui dilïlrent les affaires d'vn jour à l'autre. Le liure où l'on elcrit le nom de ceux de Portugal aux Indes eft enuoye à vn qui en a charge patticuliete aux ludes , & cet olKcc eft triennal de mefme que les autres des Indes. Lors que l'Efté arriue aux Indes, & que la neccflité conttainâ: de mettre vue armée fut la mer , pour retiarc plus afteurcc la nauigation que ceux de Malabar ennemis jurez des Portugais empef- I client , & troublent en coûte forte chaque année , en- t uiron le mois de Septembre on fait crier à (on de tambour que ceux qui voudront fcruir le Roy fur la mer, viennent pour receuoir la folde. Lors le Vice- Roy fait vn General qui a plufiturs Capitaines fous luy ,^ dont chacun commandé à vn vaifteau , & de ces vailleaux les vus tiennent cent hommes , les autres trente. Ces hommes félon les tiltres qu'ils ont reçoi- ucnt la folde, dont le payement fe fait tous les trois mois. Le foldat a fcpt psrdauues Xerafins. Le pardauue vaut trois teftons de Portugal. Vn homme honorable prend neuf pardaunis, & ainfi delà en auanc. Les Capitaines tafchcnt d'attirer les bons foldats aucc des prefens outre la folde, Les vailTeaux font four- > ujs de viures à fiiffifance , & les Capitaines mangehc auec les loldars, &c prennent garde qu'ils foient bienj veu qu'autrement ils leur feroienr peu obeyft'ans. Cet- te armée garde &: court la mer iufques au mois d'Avril, pour einpc(cher les courft- s des Malabares- Suc la fitï du mois d'Avril elle s'en retourne à Goa , S: lors on tire les vailfeaux en terre. Les foldats eftans de retour vont où bon leur reff;ble , fans cftre foldoycz de là en auant. Lors le Vic£-Roy prorefte deuant le General de l'ar- mcc, que par Ion commandement , & au nom du Roy n'Efp,',gnc il a tenu fur la mer vne armée tant de temps, & a cmpdché les efcumeurs de faire quelque rauage. S'il s'eft fait quelque bel exploid digne de mcmoire* un en fait vu loi, g difcours , où l'on met entr autres poindti que le General a fait pour ce regard de grands fratz pour le fcruice du Roy. Le General ^yant ce tciTicigriage & certificatjtcmOi.' gne le me/me des Capitaines qui ont cfté fous (a char- ge, il faut auffi auoir des certificars des Secrctaires,ôc de caix qui ont charge de i'ArCenal des Indes,nfin que .l'on puillemonnrer que Ton n'a rien fait qui puifTere- tardt r ou diminuer la recompenft. Les Poctugs}!s s'tni icuont auec des tcfmoignagesi ayans défia ^ort^rcu dans leur efprit la charge qu'ils veulent brtgiier. Tous les Officiers s'en reuont aufli au bout de trois ans,& c'tft vne extrernc faueur quand on leur accoRle la continuation pour leur gendre, qui ptend l'office pour k mariage de fa femitie. Lors les ietttes lonf cnregiftiées en ia grande Chancellerie , Se enuoyces aux Indcs,afin qut le Vice-Roy lesconfirmCii On y luit ies mdjnes loix qu'en Portugal. Quant au poiiae qu'on tire des Indes , voicy com- me on y procède. Or, ne charge nul nauire que les cinq , que ceux qui afFerrrent les vaiiïéaux du Roy d Elpagnc , doiucnt tenir prcfts. -Que s'il y a tant de marchandife que ces cinc^ vàiQeaux /lé \a puisent te- nir toute, lors les Ftrmieis dû-jKs^, & les Officiers ■du Roy requièrent que l'on y adjoufte encores quel- ques vailleaux au nombre ordinaire : ce que leurs Fer- ' miers font concraincs défaire, en telle forte qu'i| y ^ R Eftats de PIfle de Goa, en ait affez pont emporter tonte la charge, que s'ils le lefufcnr, alors le Vice-Roy, Se les Officiers du Roy CR peuutnt charger à leur volonté , tant du poiure des Fermiers , que d'autres marchandifes qui rcftcnt au proflc du Roy, fans que les Fermiers des nauires y puif- lent prétendre aucune chofe : mais cela fe peut faite (eulement lors que les cinq nauires ont entièrement leur charge. Les Fermiers du poiure ont en chaque nauire vn fafteur , à qui le Roy donne place & entretien durant le voyage. ^ „ ... • La ferme de poiure dure cinq années , & s il arriue <3aelqne chofe [ur la mer , c'cft au dommage de ceux qui la tiennent, & qui chargent les nauires , de mefme que tout le chargement fe fait à leurs dépens : & fi i l'argent vient à fc perdre auflG, cette perte eft fur leurs coffres. Ils font obligez de donner le poiure au Roy à raifon de douze ducats pour quintal : Ci la quantité y manque, tout eft au dommage des Fermiers, & non du Roy, qui reçoit en la maifon des Indes le poiure fec & net, auec vn gain alTeuré, & fans crainte de perte. Au rcfte ces Fermiers ont leurs droits, ôc leurs priuilcgcs Ci bien affermis, qu'on ne peut aller au contraire; Il n'y a perfonne autre qui puifTe vendre du poiure aux Indes fur peine de la vie,& cette loy eft rigoureu- fement obferuce. On ne peut diminnèr la fomme d'ar- gent qui eft préparée pour Tachapt du poiure , ny en prendre tant foit peu pour quelque caufe qu'on puifTe ; alléguer, tant foit-elle necelldire. » j 11 n'y 3 perfonne qoi puilfe apporter d'e l'empefche- j ment lors qu'on charge les nauires de poiure. On laifTc mefme les affaires du Roy à part en ce temps , & le Vi- ce-Roy n'a foin d'autre chofe auec les autres Capitai- nes des Indes , & donne alTiftance pour cet effeâ: lots qu'on la demande. LeBharc du poiure fe vend aux Indes prefqu'ordi- nairement zS. Pagodes,ôc le Bhare vaut trois quintaux 5c demy de Portugal : tellement qu'vn quintal vaut 1 1. XerafinsBardauues, & 4. Tangues, & le quintal pefe jiS. liures. Us donnent certaine quantité d'argent au Roy d'Efpagne , fi les nauires arriuent à bon port : ou- tre ce ils font obligez de faire porter & nourrir les fol- dats gratuitement. En fin fi quelque nauire vient à fe pcrdie,le Roy n'y fait perte que de quelque argent qui luy eft donné pour fon dcoift , & de ce qu'il n'a pas le poiure qu'il deuoit auoir à certain prix. Et de là vient que ceux qui ont charge des chofcs qui concernent la mer , ne fe foucient de mettre dans les nauires de guerre 'gens de defence \ au lieu que les Roys de Portugal en auoient vn foin particulier,poor- ce que tout le poiure leur appartenoit. des luifs. Quelques - vns d' :ntrc les Decânins , Gu- farates , & Cana;ins s'abfti ;nnent de la chair de va- che & de beufle. Plafieurs adorent le Soleil 6c la Lu- ne , rtcognoiffans toutesfois vn feul Dieu , Créateur de toutes chofes. Au refte il y a force Eglifes , & Mo- nafteres à Goa : mais il n'y en a pas vne de vierges re- lipieufes , pourcc qu'il n'y a moyen de perfuader là chaftetc aux femmes des Indes. Il y a icy vn Arche- uefquc , qui a fous luy tous les Euefques des ludes Orientales , & il y a Inquifition de naeirae qu'en Efpa- gne. L* ancien Chrijlimfme des Indes. Religion, ON a liberté de confcicnce dans Goa, où l'on void auec des Portugais des Mores, des luifs, Armé- niens , Gufarates , Banjaues , Bramms , Si autres gens des Indes, qui y viuent à leur mode , & félon leur Re- ligion , finon qu'on ne leur permet pas de brufler les hommes morts.ou en vic,ny de célébrer leurs nopces, & faire parade de leurs fuperftitions diaboliques : à quoy l'Euefque prend loigocufement garde de peur de (candalc des nouueaux Chrcfticns. Mais 11 quelqu'vn aptes auoir efté baptifé fe remet au Paganifme , il fera mas à l'Inquifuion pour eftre puny félon la fentence des Inquifitcurs. 11 y a là pUifuurs Arabes.PerffS & AbylTins.qiu fui- ncnt en partie la Religion Chrtftlenne , Se en partie celle des Mores, qui gardent la petnicieufc loy de Ma- homet. Les Mores mangent de tout fans diftindion , exce- pte de la chnu de pourceau, 5c Sont enterrez à la façon SAinft Thomas Apoftre , après que cette partie luy 1 fat ccheuc en la diftribation da monde , fe tranf- porta premièrement en l'ifle de Socotcre.où ayant fait plufieurs Chreftiens, il paffa à Cranganor, de U à Co- len, & de là à Choromandel. Ayant donc femc pat tous ces lieux la-paiolede Dieu, meu de la renommée de la grandeur de la Chine, y alla pour prefcher lefas- Chrilt. Apres y auoir ttauaillé durant quelque temps, il s'en retourna au Royaume de Choromandel pour receuoit les Neophices , & les confirmer en la foy. Ce pays auoit lors pour fa ville capitale Maliput , au- trement Calamine , que les Portugais nomment au- jourd'huy Sain£t Thomas , Se s'eftans mis à baftir vne EgUfe en ce lieu , tandis que les Preftres des Idoles , & lie Roy Sagam luy f ifoicnt toutes les contrarierez j qu'ils pouuoient , il aduint vne chofe , qui feruit gran- dement pour manifcfter à ces barbares la vertu de le- fus-Chrift, Se la vérité de l'Euangile. La mer auoir pouffé vne pièce de bois d'extraordi- nawe grandeur,» la plage qui eftoit lors efloignée de Is ville enuiron dix lieues. Le Roy eut dcfir de fe feruir de ce bois, pour vn ba^ ftiraent qu'il faifoit:mais il ne le jûc jamais faire bou ger d'vne place, ny par le moyen des Elephans, ny pa celuy de plufieurs inftrumens,& de beaucoup d'houi. mes. On dit que l'Apoftre propofa là deffus au Roy vr patty, que s'il luy donnoit ce bois pour baftir vn Tera. pie au vray Dieu , il le tireroic foudain à la ville fan: ayde d'homme, Se fans aucune machine : le Roy acce pta le party prefqu'en fc inocquant , Se pour s'en rue Lors Sainâ: Thomas ayant lié la ceinture qu'il portoi à vne perite branche , qui paroifloir hors du tronc aptes auoir fait le f^gne de la Croix , le tira fans peia dans les murailles , auec eftonncment de tout le peu pie. Puis ayant dreffé vne Croix de pierre , il predi que quand la mer viendroit là , on vcrroit venir de pays loingtains des hommes blancs , pour reftabhr 1 doctrine qu'il auoit ptefchée. Cette Prophétie fut ye rifàeeàl'aniuée des Portugais aux Indes,pourccqu'vi peu auparauant la mer s'eftoit approchée de cette mai que , dont les Chreftiens tous efmerueillezrecearcn vne grande confolation. La réputation de S. Thomas croifToit continuelle ment auec fts mirades.Dcquoy les Bramins eftans fal chez, pouice qu'ils voyaient défaillir leur crédit , S leur gain, l'vn d'eux pour h ruiner, rua vn Ccn fils,^ accufa l'Apofti e de ce meurtre. L'Apoftre eftant venu deuant le Roy pour feput aer de ce qui luy eftoit impofé , dit qu'il niftci bdbin d'autre u.ftification , que du tfimoignage ijel me du mort , & requit qu'il luy fuft pciriMS de lin terroeer: fon aduci faire n'eut p^s la hardieflc derctu fer ce' party , & lo-s ainfi que tons cftoienc cftonne de cette propofition , & en «tente de ce qui rtulii toit , l'enfant mort fut porté en la prcfence do Ko) Sainâ: Thoioas fe tournant alors vers le corps , dit , qu'au nom de Chiîft qu'il ptdchoit j^ut Vr^ Eftats de J'ifle de Goa. f.i Sâinicui' du mondt; , il dcclanll qui clloit l'authcur j corps du Saiiid fut mis aptes en vne challè Se. «le fa moir : nii nom de Chi ilt ce corps parla, &• tcrnoi- ["ux des deux Difcrplcs en vne autre , & les clefs du gu i c]uc laiiid Thomas etlJit iucirjj;ci du vi.iy Dieu, j '>cu furent poicces au Vice-Roy, Ôc rcmifes entre fe$ lie que (on pcrc l'auoit eue de ragCjsk j'ouï l'cuuie iju'il ' "i^ins. portoit auSaiiiél. Le Roy qui auoir dcfij quelque iucitnation à la foy leux années aptw les mefmes os furent cachez pac . . » Autel delà Chappelle.&finde- de Chriil.l'embrairi foudain voyant ce miracle. M iis "i^'" traniporte? à Goa par vn Religieux de l'O drc lesBiachmincs Se PrclUrs , bien que conuniucus de i de Sainét François, an temps que Conftancin de Bran ' leur perfidie , ne pouuans ("outfiir le pro<;rcz de l'Apo- ' ji^cc eitoit Viccroy des Indes. Les Indiens Chreftiens lire auec la ruine de leurs Idoles, & n'ayans pu le ten- 1 "cnnenc le fepulchre de Saincfî; Thomas en au(fi gtan- uerfcr par leuts embul'chcs &: caioniui'.s, ils fe refolu- de vénération que ceux des Apofties Sainft Pierre ôc rent de l'allaiîjner , ellimans que taudis qu'il viuroir, ; ^lii'i^ Paul. On rapporte auffi vn miracle qui fc fai- ny eux ny leurs Dieux ne leroient icclicrchcz comme l 'o'"^ 'l'vn farmcnt fec , qu'on njcttoit chaque année es aupa.aunnt. | ""ins du Sami^ Apoftre le (oir de la Vigile de fa Feftc Il y atioir hors de la ville enuiron demie lieue Vne; ^«iqucl le trouuoit le lendemain couuert de paixiore* grotte où Saind Thomas, à l'exemple de Chrift , auoit poftant vn raifin meur , auec vne grande adairadoo accoiiftuiiîc de (e retirer pour y faire fcs prieres,& p^n- 1 ^ chacun. Cecy eft rapporté par Jean de Batrois fer i liiy -melme , douane vne Croix qui cftoit grauce Portugais Hiftocien en la troilîérne Décade d'Afie Et dans viie pierre. j JJ'c'oJrae Orofe , homme tres-do^Ste & de grande au^ Ce tut en ce lieu qu'ils ù ruèrent fur luy comme des j <^oritc, à la fin du troilîcme liure de i'Hiftoire du Rov loups rauilfaus , le frappans â coups de bafton ÔC de Emanuiil de Portugal . efcrir n,/..„ i'.., ,i n. 1 o / pierre , & l'vn d'eux luy donna vn coup de lance au tvaueis du ccips dont il romba tout roide mort. Son corps fut enh ué par des Difciples , & enterré dans vne Eglile,où l'on mit encoie vne pièce de laLnceqqi l'a- noit percé, vSi vn bafton ferré donc il vfoit en fes voya- ges pour (c fouftciiir, ô£ vn vafe plein de la terre on Ton lang elbit tombé, c'eft ce que l'on efcrit de l'Inde , & se que les habitans du p.iys ont couché dans leurs An- nales , & ce que Its femmes Malauares chantent ordi- nairement p.ir les nies en leur langage. Quelques -vnseftiment que le mitacle du tronc de w., ^.avumancs qui ruiientpatmy les Ii> bois ne fe ht à Malipjt , mais à Cranganor , & que le dicns, leurent cette elcriture ou caractères inconnus (uccclltur du Roy S.igaTj le fit mourir à Calamine ,ôc\^ /^ans fçauoir i'vn de l'autre fe trouuerent conf * que fon corps fur ttan.porté par les Chreftiens enj ^"'^s eltoient de cette teneur. Thomas hom d"*^* Edrfle ville de Me/opor.imie.Toutcsfois Ican IILRoy 1 cnuoyé pat ie Fils de Dieu , &fon DircipleTna ic Forrugal, (uiuant la commune opinion , enjoint à iesRqys de Sagatnt pour donner coenoiflanc^ du Jm» ■■ ■ ' " Dieu à ieuis oennlfc ° auvray Emanuel de Portugal , efcrit qu'en l'an de noftre Sei- gneur lEuclquedeCochin. qui eft en rinde, cnuoya au Cardinal Hcnry,qui fut dejuis Roy de Por- tugal, vne information authentique, qui porte qu ca la ville de Malipur, ou de Sainél Thomas, qu'on tienc par tradition eftce le lieu où il fut martyrifél il y a vne croix grauee dans vne pierre auec quelques taches de fang. au bout de laquelle il y a comme des fleurs de iombe . & au delTus vn arc auec certaines lettres in- connues, le tout dVne feule pierre. Deuç des plus do- utes anciens Brachmanes qui fu/Tent parmy les I.> ioiiard de Menefcs fon Lieufnant aux Indes, de fai c ce qui luy (eroit poflîble pour troguer le corps de î. Thomas au liuage de Coromaadcl, Se de pourchaf- er que Tes fainftes Reliques ( bien que les autres tien- ent qu'elles font toutes en Mefopotamic) fuflcnt mi Dieu à leurs peuples. 11 y a ^ujourd huy des Chreftien^ aux Indes, qui Ce u.ries erreurs , nces en partie de l'herefie d'Arrius '.s en quelque heu pour y eftre gardées auec reuçtence. ce, que ces mifcrables ayans grande fkmeTeVreK"2 n^enelf s en donna rhtrap à Prmnn 'lenefes en donna charge à Emanuël Fria, qui s*en alla Malipur auec quelques Preftres, '5c vn Architecte. Là parmy les rués de la ville ils trouuerent les vcfti- es d'vn Temple magnifique , où il n'y auoir plus rien ebout qu'vne petite ChapptMc auec pluficurs Croix 'intes dedans & dehors.Ceux du pays difoient que le Jtps de i'Apoi-.reeftoitcncelieu, & de fait ils trou- :rent vne pierre où eftoit efcrit en vieil langagccom- e on apprit de gens qui s'y entendoient , que cette îlift fut baftie pat S. Thomas, ôc que le Roy Sagam loir donne le difme des marchandifes que l'on con- lifoit dans les villes, pour l'entretenir. On ttouua fous cette pierre , comme ceux du pays fcuroient , le corps du Roy : mais en creufant plus ant.on trouua vn lieu premietemenr ceint d'vne ma- ille de terre , & puis de pierre , haute de neuf pieds, )unerte de diueries fortes. On difoit que le corps de l'Apoftrc eftoit là deflbus. it quoy deux Portugais , qui fc confelTercnt & com- unierent auparauant , s'eftans mis à ouurir le lieu, ouuetent ccrrains os fort blancs , méfiez auec de la laux , & du fable , vn tronçon de lance, vn bafton à 'yager , & vn vafe de terre , fi bien que l'on connût :cs marques que c'eftoic là le vray corps de l'Apoftre: ce d'am.mc plus que le corps du Rcy Sagam.ôc d'vn itre Dilcipic de Saind Thomas cftoient auprès, mais s deux eftoient fi laids , & fi efpouuantables que la de couleur diftinguoit Us os de l'Apoftre de ceux s aâttcs. de Prélats qui le. .nftruififTent , & adminittraffent l5 Sacremens, après vne longue dehberation arrefterenc d enuoyer quelques^ vus d'entr'eux pour en cherche 6^ les mener aux Indes, en quelques lieux qu'ils les trouuafient.Ces depnt.z après vnlong ôc pénible voya ge «;r-"ent en Alfyrie . où ils prierene le Patriarche de £).by one de leur fournir ce qu'ils demandoient.Ce Patriarche leur donna quelques Preàres3& Prélats qui' allèrent aux Indes, ôc au lieu delà pure, & vraye do- Ctiine , femerent 1 yuroye des fufdits Herefiarques , & ces erreurs.y font demeurées iufqnes à noftre femps . Toutesrois ils retiennent beaucoup des traditions Apoftoliques , ont en grande vénération le Sainét Sa- crement de i Autel , ôc le prennent fous les deu;,' elpeces. ^ lis gardent l'Aduent . & le Carefme . chantent ordi^' na.rement les Pfalrx.es. oyent la MelTe, & célèbrent les Fettesdelefus-Chnft 6cdesSainds, mais fur tous 1 Odtaue de Pafques. Ceux-cy habitent à Cranganor,' & aux enuirons.ôc l'on eftime qu'il y en peut auoir enî uiron foixante & dix mille. Il y en a encore vn grand nombre à Negaran , & à' Malipur:& d auamage au pays d'Angamale quinze mil au deflus de Cochm tirant vers ie Norr. C'eft là que demeure 1 Archtuefque , dépendant du Patriarche de Babylone. Ils recognoiffènt peu à peu la vérité de la Religion Cathol. que, par le moyen des lefuites qui ont vn Col- /cge à Vaypicota : veu qu'ils fe confelTent à eu* , ^ \ Eftatsde llfle deGoa. T r nnrr'ni le-us f nfans i b?.nrikr . & le us Preftres 1 lU penfoient elleuer en ce Collège vn bon nombre io Km d " à ■rRo.a-ine. de j.unes gens de eouccs nations 6. les u.ft.u;,rc en U ^Fn V.n . 8 r ^rcheutfqiie tint vn Synodcoù deax dodune Chreftienne , afin qu .Is fcufenc après propres Kf.kes Te o.;;crc..t , fil cm beaucoup de Décrets j à prefchcr . & ccduire à la veruc de l cu.ngile leurs conformes à b Religion CathoW^ne „ ,, . L'an ij«7. 1= l'^^^ d'Efpagnc fonda vn Collège à Malipur auec l'ayde des Chrertiens , de S. Thomas , & vn Séminaire pour rinftitucion de la jcuntOe. Le nouueau Çhri[}:mij ne des Jnàes. LEs pr-îmiers q ii palTerent aux Indes pour annon- cer l'Euangile.futent les Religieux de fainét Fran- çois, donc le premier fat fvere Henry, depuis Euelque de Sîtce , qui v alla auec l'.irmée qui y mena Pierre Al- Uarc Capral l'an 1 500. auec quelques Prcftres ; mais on ne trouuc pas queiay ny fes compagnons eufUnr mo- yen de faire valoir leur talent à caule des concrnuelles guerres. On vid aUcr après Frère Antoine Petroinc, ÔC bien - tott après Frère Antoine Laurete , qui s'arre- fta en la Sojorerc , & y fit quelque ftuid. Finalement Loppcz Scqueyrà Vicetoy des Indes baftit à Goa vnc Eglile fous ie nom de fainâ: François , & vu Conuent pour les Religieux de cet Ordre : ce qui fit qu'ils eu- rcnt la commodité de s'employer en ces quartiers au ffcruice de Dieu , & à la conuerfion des Indiens. Si bien qu'il ne le fit de là en auant gucrcs d'entrepnics de paix, ou guerre, où ils ne fe trouuaiTcnc. Car Antoi- ne Petroine fut !e premier qui dit la MelTe , & prefcha à Daman en Cambaye , & frère Antoine Cafal fut au fcccurs de DiU au< c Dom kan de Caftro , 6c y fit Ion deuoir. . ^ . Le premier Encfqub des Indes fut vn certain trere Fernandtz de l'Ordre de fainft François , qui y alla au leraps de Nugnez d'Acune.Cettuy- cy en adminiftrant les Sacrements d^ la Confirmation , &c des fainds Or- dres , en prefchant aux Portugais , &c en attirant les Gentils à ia foy . exerça loUablement l'office d Euel- q\iç, Bcceft chofe vray-femblable qu'en ce temps la f»y fut arandeî-iient aduancée. Mais il n'y auou choie dent les Efcriuaiasde Ictus canpsfe foucialîcnt moins, vcu qu'outre qu'ils cftoient rares , ils ne s'occupoient compatriotes. En ce temps on y fit vue belle acquifi- tion à l'EgUfe fans y penfer. On nomme Paraues les peuples qui habitent prés du Cap de Comorin, qui fontfimples, %Z de bon natu- rel , s'entretiennent pour la plus grande part , par le moyen de la pefche des perles , d'où vient que le tiua- ge où ils habitent , qui a de longueur depuis ledit Cap liufques à rifle de Manar , enuiron 50. lieoés , auquel efpace on compte enuiron xj. villes ou villages , fe nomme Pefchetie. Ccux-cy donc ayans eftc ruinez par lesMahome- ta«s , & cftans réduits tant pour cette occafion , que pour d'autrcs,2 vue extrême roifere , aprcs vne longue coniultation , poullczpar vn certain lean de la Ctoix, quis'cftoit conutrty quelques années auparauant , & trafiquoit en ces lieux- là , fe refolurent de mander à Cochin leurs chers , pour deman-icr fecours , en pro^ mettant d'embralfer la foy Chreftienne , s'ils; eftoieiit fecourus. Leurs députez arriucz à Cochin pour aflcurer mieux les Portugais, fe firent incontinent baptifer. Il fembU qu'on ne'deuoit mcpriftt ny leur demande, ny Icuc offre. Si bien que les Portugais ayans mis en ordre va bon nombre de vaifTeaux armez , non (eulement chaf- fcrent les Mahometans de ce pays-là, mais encorei rendirent meilleure la condition des Paraues , & plus grand nombre de la pefche. Il alla fur les mefœcs na- uires quelques Prcftrcs , qui catechifeicnt en peu de jours tout ce peuple. Mais ce peu d'Ecclefiaftlques ne pouuoit fuffire à l'inftruftion des Catéchumènes , ny à la confirmation des conucrtis. Ce qui leur nuiloit encores , c'eftoit le commerce , & la f equcntatioo qu'ils auoient auec les infidclles pleins de liberté , & de dillolution. Tellement qu'il eftoit plus aifé que les vieux Chreftiens fe cotrompilTent , que d'aydet aux nouueaux. Le Roy lean qui eftoit aduerty de tout cccy, ne pardonnoit ny à dépence, ny à peine, pour remédier i £ c F n' d z eu pour focceffan I.an .«'Albu- ! <,„-il fç.„ou qu'il ,k pou„ot„i,er ks d.c„.« du p.* aduanccment. M.is .les forces du Roy n eftoient pas correlpondantes à ia bonne intention, poutce quil falloic pour l'ftfea de ce deCein vn grand nombre d'hommes de bonne vie , pleins de prudence , de do- drine, de charité . de grandeur de courage, & de force de corps, le Portugal n'auoir alors gueres de tels hom- mes : car les Prédicateurs eftoienc pour la plufpaïc cftrangcis , & les Portugais qui vouloient s'addonnct aux lettres, fe ttanfpoitoiint à Alcale, ou à Salaman- ^"L'Vniuerfitéde Conimbre qu'ils auoient fondc>, efVoit encore t,ouuelle,& ne produitoit que des fru dts amcts,& la necefTité des Indes eftoit prelïante. La corr.pagnie des le(uites commença de Honi alors,5c le Roy qui en fut aduerty clcriuit a Dom Pier- re de Mafcaiogne fon Ambulladcur à Rome prcs de Paul troiliéme. d'obtenir du Pere Ignace Fondateur de cette Compagnie , quelques - vns de fes Peies. L Anv balTadeut les demanda , & n'en obtint que deux . c c " à fçauoir le Pere Simon Rodr.gucz Portugais, Se fraiv i:;:u;;;p"^nl^ia:; .^'on leur aO^gna les reuenus | ço.s Xau^r Nauarrois ^jf^t^^^^:;^, des temples des Idoles rumez par Michel Vaz . & Paul de Camenn en Irahe , ^J^^^^l^'^^ l'bn appella ce Séminaire , le Collège de faindH Foy, | Portugal. De ce.x-cy ^^^^'^^^^.^f "^^^.^j.ent d U Paul . à eau. d'vne petite Eglue a.nli 1 ^ a^es . -^^^^f^^:^ ^^^y^ dodrine Chrcfticnn«, & vn lacques de Borda, Portu- gais, Prédicateur afïez fameux. Mais iuiqu'à ce temps otivoyoit pluftoft aux Portugais vn ardent defir d a- uhncerla Religion Chteftienne aux Indes , qu'aucun efîcit d'importance : pource que U s Capitaines , & Gouucrneurs eftoient occupez à bsftir des forts , & a faire des vailîcaux, & ramalTer des foldats pour défen- dre la mer,& attaquer le p.iïs des ennemis , & les Reli- gieux de faind François , qucy qu'ils eulTcnt a Goa vn bon Conuent , eftoient toutesfois tellement occupez de nuid & de iour à leurs Exercices ordinaires du chœur , èc d'enterrer les morts , q"'iis auoient peu de loifir de catcchilet , & d'inlhuirc les Gentils pour les conucrtir. • i t j < Au temps qu'Efticnne Gama gouuernoicles Indes, quifitcnl'.n c<40. quelques gtiu de bien , dont les principaux furenfMichel Vfi, Vicaire général des In- des, & lacquts de Borde , &c Cofme Annie , inftuue- rcnt vn Séminaire de ieunes gens de diuerfes nations, aûn de fcmer par leur moyen la foy Chreftienne en nonimce. Eflats de Ufle deGoa. ^9? informe de la vertu Ju Pctc Xauier . i,iy fit beaucoup p^r fean Suare qui l'ai/o/enc fouuent trouuçr Ce fr dhomiciir, & luy ayant aufc a^F'-aioii rcLOtrmanclc fin baptifcr, cti prenant Icnomdelean r.dunm cn^nr .le la Ke^R-n Ch.cltu nnc aux l. Jcs. ' La Royne . iSc deux pafonnrs de Ton Royaume fi ' luy donna vn I^cf du Pa^e. par U.,,kI .1 dbit fait rcnr le femblable puis après, ma.s feercttemenn u' Nonce du Saind Sugc . anec ample pouuoic aux In- Koy mefoic après le baptefme portoit au col (de peur çlc. 1 au.uaàGoale Au.cmedumoisdeMay de desScJit.ons)les trois filets idon la couflume de« l.m mille CMU) cfus vinarantc-d ux . où il fut rcccu — j~ > r n . . . uuumc des xucc i^ran J iiounenr de rhue!"ç|iiirmP de ccire ibrte, tS: Rml de Cimcrin pur le Coin du Col- lège de S. i^aul , où il y auoit vn bon nombre de jeu ii< s gens. Mais le Pcrc qui auoir o ly p.uler de la fraif- che conncrliJi» des Par aces, s'en all.t vers eux au Prin- temps , menaijc aucc luy Manfille pour les confirmer, &: pour ce fiiie il apprit leur langue ancc grande pei- ne. Ji luy t itiiit co:nb>iri rf plus d'vnc fois aucc les Bra- mins , qui ne poiujojciir endurer qu'il leur oftaft leur luKcc & Lut réputation , & dccouutift leurs vanitez, «N: leurs crompcues. 11 ne iatrci^oit en vn lieu qu'au Bram.ns. de la le^c de(qncls il auoir efté. li luy prfr çnure apres.afin de noiier vne plus elhoitre amitié auec les Portugais , de venir à Goa , où il fut receu fort ma- gnifiquement. * L'Archcuefque, le Vice Roy, & plufieurs autres luw parlerc nr de quitter ces marques des Bram.ns . & de I ' I . J • ^■""«•'•*'>'irnc : mais il aU ieguoit le danger d vne rcuolte du peuple , & de fon r P"«" vouloir faire précipiter. - a Jjouftant 9U il auoit tellement à coeur la RdiPion & 'a gloire de Chrift. qu'il ne l.ifeic paff^ aucune oc^ c^f.on de l accroiftre, mais qu'il falloir y.proceder fa- gniieuT. 1 demeura l'eipace de dix jours à Goa . du- rant efquels il eue le Sacrement de la Confirmation de 1 Archeuefquc. Or les Portugais ayans non feulement augmen e , mais eftably lenr Empire aux Indes , auec la paix qm s enfuit , le nom de Cluift s'eftendit auifi t.int qu'il y eitoK nccclfairc : mais il faifoit choix des I grandement. Néophytes, qui auoienr pljs de vcrru, & plus d'efptir, I On deftruifit braucoun d- Temnle, ^'ï^^I. . r .S: lcsla.lloit en fa place pour auoir loin des auî^res. defquels on baftit de Z^nifiquerÊd^^^^^ Elhnt arruic au bouc de quelque Prouince . il retour- mieux les Gentils.onTaifd gSes^ "m^^^^ "Oit à 1 aurre . & demando.t compte des chofes qu'il font baptifez.5^ on leur pou?îhafl> de ! hl 1 T auoit e„!e,g„ées , principalement à ceux qu'il auoit offices,où il y a de l'hoLer & du „t fi. T' ^ marft.. des autres, qm fe nomment li ^n.cpoUs. pcant de CouL charges!^ fptCu^ Uobc.nt pour eux ceuaine (omme d'argenr.que les armes, & chofes femblables! ^ ^ Indiens iouloicnt donner pour Us broatquins de la On ne fcn'oir «Wn^,-.,!. ^ l- i Koync de PO. tug.l, à laqucfle il écruKt qu-:^,le ne pou. Ch.fli::,!^^^^^^^^^^ .oit monter au Ciel auec de meilleurs brodequins, deux d'.ntr'eux Con^m'nZràl K^^st^^^^ :].i'aucc les pneus des Ncophites. Il employa plus ces années pafTces On TfnnA' ^ r i-vuc année îl'inftruirc . Se confirmer les Paraue/, & J Catéchumènes ."L^^ S^^ plufieurs maifons de . la reuommce de leur conuerfion les Macoes . ... des -nés g«;::Mal"lf f!;^';^^ aux Indes qu'au temps que Dom Conftantin de Bra- rî:^^^^^^??:?^'-^>'^y^P°-'-onuerfio« i la rciiommée de leur conuerfion les Macoes , peu- ||. s voilins , qui appartiennent au Royaume de Tra- ancoi, habitent le colle du Leuanc du Cap de Co- ft-'^»- rut v icerov n.r.i ^.^ i .or.« . cnuoyercnt des me/fage. au Pere, L priant Is Infidel^sJ^olT/^ cm nT^^^^^^^^^^^ Vr"'°" u ij les ahaiv ur.pn(cr : ce qu'il fie , & dans vn mois il encorcs fon bien nro-^re ^' "^"^ :dJil,t à la foy plus de dix md.'c pti fonncs. Ccpen- " • • ^ * int qu'il eilaii atitn.if à la conucrfion des Macoes, :ux de Manar, qui tll vne Ifle entre Coiomandcl, 5c dcioier Cap de Zcilan, luy enuoyerept desmclfa- • is p.ui dcinnnder le bapulme. Il y enuoya qiiel- ifs-vr.s qui catcchifcrent ceux de Manar, cependant l'ii itauailioii à ce qu'il auoit commence. Ce que le oy de iatanapatan , duquel ils eftoicnt fubje6ès, ant ci.itnJu , femply d'extrême courroux il en tua tpamc, & io>irniei)ia cruellement l'autre. Quel- es-vns q.,j ^'cLhappertnc de fcs mains, vindrent par •re à Goa (cipace de ioo. hcues J pour demander baptfîme. Ce-pendant que le Peve Xauier eftoit civ^-c en de fi bor.s cxtruces , on luy enuoya pour aydci Lan Bcyta de Pomeucdio , Nicolas Lance- d'Vibin, Antoine Criminel de Parn.e, & l'année ilc cinq cens quarante-hu'd:,il eut encore Gafpard rzc, ^ Antonie Gcme , auec huiâ: autres cornpa- ms, tk tu melmeumpsil arriuaà Goa douzeRc- leui de l'Oidfe de Sjina Dominique, dont lac- ts Btinnuldc elicit le chef, & on leur baftit vne Eolife , & vn Conucnt fort commode en peu de ips, Le Ptrc Xùuif r ayant lailfc la charge de l'Eglife des taucs au Ptre Antonie Criminel, luy donna fnbjeâ: niounrg!oriculement:Car Us Bramins,& les Bada- ^'SKtuëunt. Pa.nry ces accidcns le Roy deTanor fe ficbaptifer <^or , a vue ville, noigrc. dc'Goa vers le Midy d'cn- OM hnia.ntc hcues Le Roy cftant informe de noftre par tyeie Vincent de l'Ordre de fatndl François, & bapci.cz, & les care floit , leur donnoit des moyens & pour conciafion fe monftroit en toutes occafions peÏ œeat .1 aduanç. la Religion . mais aiFermit encore k domination des Portugais aux Indes. Durant fon gou! ucmcment 1 an , ^7- les ïefuiltes feuls baptiferenf, 8: lau 1)59. ,ls en bapnrerent trois mille deux cens éo. & I an ,^60 douze mille fept cens quarantc.deu" Td- len^ent que ces Pères . ou ceux de l'Ordre de Sainft Dominique, & de iaindi François conuertirent ofr manière de dire toute la vilk À Goa . qui eft en ir'on de la grandeur de Gennes. r.n?V'' ''7^^"' i'°""<^baptifa pas les années d'apre« rant de perfonnes. Toutesfois il n'y a prefqu'année qu on n en i?aptife mille, voire d'auant.ge ; ou dans L ville, ou aux enuirons. L'an . 587. pou?ce que les ha b,ta„s de la coae de Malabar prelTez'dc faL'. & d W treme nec.fiire vendoient leurs cnfans,& fe mettoieuc a pux eux - mefmes ; on pôurchalTa deux fort bonnes chofes pour 1 augmentation delafoy. dontl'vne fut que ceux qui feroient expofez en vente , ne fuiîenc acheptez que des Chreftiens, l'autre que ceux ou auoient eRc défia acheptez par des GentilsiulTent ml en hbertçenfe rendant Chreftiens. La conuerfion des Gentils s'adgança de mefme en Bala n, ou les lefuiftes ont permilïion du Roy de pren- dre les ei^fans orphelins, &c de les catechifer, & k mef- catfct^rs:'^''-^^^^^^ Eftatsde llfle deGoa. Le nombre ordinaire de ceiu qui fc conuetulTept tous 1« ans à B.(.in.n.o.ue cnuiron deux cens, & l on en compte a.u.m à Colan.-& cent à Zane.& quelque ^îu Lias à Da.an, 6c à Chiaal.Bandore.terre vo.a- r . „ a I r.. ,^,.r^ ri-,r<.Oipnne.de metme qui ptincîpalemen: abonde.de mefmc qae de vins,& 1 Ifle S Thomas fait aufTi part sux autres d'vne grande quan- tité de fucre.CcsEftats ne font trauaillez que des Cor- fiires Anglois , qui ne pafTent pourtant le Cap vetd Idoles , TiJoUcrie . m^s 1 an . 587. onze cen qua- , i^^^'^^^ Lybie.tUan. loi de Mandinqac, „ncc P"fo-« V.^ 1- ?^!^l'?llT " ! rdes'ltx qui en fon-Vochc. En„e les Pnnces al- rante perionncs , t>c ^/u.» ^l.»vv,.^- ..— » . conuettircnt. En la cofte de la Pefchene il y a enuiron 40 mille Chrcftiens.& l'on baptife tous les ans a Me- nât plus de fix, ou fept cens perfonnes. En la coite de Trauancor longue de 7 5- milles, on ne peut guete en- tretenir la prédication pour la pauuretc du pays, & la "cruauté des Princes Payeus.& des Mnhometans. Tou- tesfûis on V compte enuiron dix mille Chrcftiens. A Cocbin l on ne fait pas le fruiél qu'on pourroit , a cau- fe du Roy qui a fait vu Edid, par lequel fcs fub)ets qui fe font Chrelliens, perdent tous leurs biens. Mais no- nobftant il ne le patte année que plus de cent perlon- ne$ ne s y conucrtilTent. Les lefuites ont là vn Collège, ou ils cnfejgnent la Grammaire, les lettres humaines & l'Ariihmenquc-.5c ont vn grand nombre d'écolicrs,de mcime qu'a Chiaul, oùl'œuiue de laconueifion cft entre les mains des Re- ligieux d; Saina François , comme encore en Nega- A Chiaul l'an 1581. vu Gentil -homme Payen fit vœu de faire tout ce qu'il pourroit pour faire bapti.er fa fille qui eftoit aueug'e , G on lafaifoit voir; !c vœu eftant faid.il obiint ce qu'il defiroit.mais le pere n ac- compîifTanc ce qu'il auoic prorais, la fille tomba ma- lade à la mort : lors il renouuella le vœu, & la fiUe liât guerie,& luy-mefmc la porta aptes à l'Eglife, afin qu el- le fuft baptifée : finalement l'an 1587. & Tannée d'aptes febaptilerent aux Indes Citetiennes, oupardcçàhuitt mille perfonnes, & l'an 1588. il y eut des Catéchumè- nes iniques au nombre de neuf mille , & de baptilez cinq mille. CONSIDERATION GENERALE fur les Ifles defcrites^é- les places que les E/pa- gnols tiennent en Afrique , en Afie , & aux %des. De L'i^tilité y richejjes , importances & forces de ces tftats. Des Ijîes Philippines : Des Princes amis é tributaires du Roy d'EJpagne, vûiftns de ces pays : é de fes puiljans ennemts qui y prétendent. ' Rerniercment les Ifles Acorcs font telle- „ ment importontes à la Couronne d'Efpagne pour leur aflîetie , que fans elles la nauiga- lies uc vjujiiv-»-, ^ — Z""-» 1 r> I & des lieux qui en font proches. Entre les Princes al liez le plus riche, & plus puilTant.c'eft le Roy de Con- go.qui pofTede vn Royaume des plus frais, 6c plus peu- plez d'Ethiopie. Les Portugais y ont deux Colonies, l vne en la ville de S.Sauueur. l'autre en l'ifle de Loande. Us tirent de ce Royaume diuerfcs richelTes , mais la principale eft celle de cinq mille efclaues qu'ils en ont toutes les an- nées , & qu'ils enuoyent par les Ifles , & le nouueau Monde , & la loy porte qu'on paye certaine fommc d'argent au Roy d'Eipagne pour chaque cfclaue qu on fort. On pourroit palFer facilement de ce Royaume à celuy du Preftre Ican , d'autant qu'on eftime qu'il n'en rt pas efloi2nc,& il cft fi plein d'Elephans, 6c de toute j^-^^^ tion d'Ethiopicjdes Indes.du Brafil,& nou- ueaa Monde ne pourroit cftre coiuinuce, d'autant que les flottes qui viennent defdites contrées à Seuille , ou àLia)c>nnc ne pcuucnt prcfque faillit d'y aborder tou- tes , c eft à fçauoir celles du Ponant pour (umre leur route , Ôc celles du Ltuanr pour gaignet les vents qui leur font faiiorables. Apres cela outre Seute 6c Tanger que le Roy d'Efpagne a fur le dcftroid de Gibrnltar,& Mazagan hors du deftroit,il a rn la cofte d'Afrique de- puis le Cap d'Aquero iniques à Gardefou deux (ottes d'Eft3ti>vcu que quelques-vns font (ous li.y imracdia- lement, £c il y en a d'autres qui lont au pouuoirdefes alliez.ll 3 fous luy k s Ifl.s de ^3ûde^c,de Saind Port,du Cap verd. di s Canaries, d' Arguin, de S.Thomas, & au- tres voifuus.Ccs Ifles le maintiennent de leurs propres viurcs, &:'cn enuoyent ir,cfmc en Europe, principale- ment des fuctts , & des fruicks , dont l'ifle de Madeic forte de vmies, & autres choies necellaites, qu il leroïc extrêmement commode pour cette entrcprife. Congo confine aucc Angala , aucc le Roy duquel Paul Diaz a combattu longuement pour raifon de certaines mines d'argent. n- > \ l Que fi les Portugais cuflent autant cftimc les cho- fes qui eftoient prés d'eux que celles oui en eftoicnt efloianccs=8c tourné leurs forccs,auec lefouellcs ayant pafféle Cap de Bonne Efptrance , ils arriuetent aux Indes, ôc à Malaca, & à Malucco , s'ils les émirent, dis- jc,toui;nces à l'entrcpiiie d'Afrique, ils euflent & plus facilement.ôc auec beaucoup moins de frais trouuc de plus grandes ri.che(Tes:pource qu'il n'y a au monde pais plus riche d'or,ôc d'argent,que les Royaumes de Man- diquc, d'Ethiopie, de Congo, d'Angolc.de Butue, de Toros,de Maticuo.de Boro,dc Quiritui.de Monomo- tapa, de Caphati , & de Monocmugi : mais la conuoi- tife humaine eftime plus celuy d'autruy que le fien, & les choies cfloignéts fcmblent meilleures que les plus proches. Les Portugais ont entre le Cap de Bonne Elperance, & de Gardefou les fortcrtfl'es de Ccfale, & de Mczam- bique.Auec l'vne ils fc maintiennent maiftres du trafic des pays d'alentour, qui abondent tous d'or & d yuoi- rc , & auec l'autre ils rendent aifce la nauigation d« Indes , pource que leurs armées y paHent tantoft leut hyuer, tantoft s'y rafraifchifl"ent. Ils ont de ce cofte le Roy de Melinde pour leur grand amy,& ceux de QU!- loa, & des Ifles voiûnes pour leurs tributaires. Somiae que les Portugais manquent feulement de gens : v«f qu'outre les autres Ifles , qui demeurent prcfqu'àla- bandon, ils laiflent celle de Saind Laurens.qui eft dtf plus grandes du monde , ou peut - cftre la plus giandt f-vcu qu'elle eft longue.dc douze cents milics,& lat^ de quatre cents & qoatrf-v.ngts) & fi elle n'eft ga(|e cultiuécielle cft toutcsfois capable de tour porter pK« fa bontc, & la nature luy a donné de bonnes tunerB, de bons ports , & des golphes tres-commodes. U$ Eftats de la Couronne de Portugal n'ont peut que «s armées de n^er , qui ne peuuent eftre que des Turcs: Mais les conrinuciles allées , & venues des flottes Us •afllurent entièrement , & Tan mil cir>q cents quatic vingts neuf ils prirent prés de MciTibazze qoati-e ga- lercs.iSc vn galion de Turcs qui auoienteu la hardieiit d'aller iufques là. , Quant aux Efta-s d'Afie ils font diuifez en ceuxd< Perle, de Cimbaye, & des Indes. Les i^ortugais ont« Perle le Royaume d'Ormus , & en Cambaye 1 .HC" Diu, & Daman , & Bazai». Aux Indes ils ,--oHcden , i'idc de Go;i, aiicc celles qui eu font voifines : les forterc/lts Je Cochin, ^ de Colan, l'iflc de Manar ik. le port de Coiumbait en l'i/lc de Zcilan j mais la f rinapalc cft Goa, où le Viccioy dcmcuie, & où l'ont Jes forces des Indes. Ormiis & Diu font en grande eftime pour la Sei- gneurie de la mer, &c du trafic du Golphc de Perfc, & i du Golphc de Camb.iyc. Cochin , de Colan font cfti- I njez pour Cnbondance du poivre qu'on y charge , Ma nar pour la pe(che des perles qui le fait en celle mer, Colomban pour rcxcclleuce, & quantité de la canellc £ftats de l'ifle de G duirc le trafic entre ceux éc cefte Archipdage , & U "ouudIcElpagne, ôc faciliter Je commerce emre la Uiinc , & Mexique, qui font toutes chofts de grande importance. Mais ce qui importe le plus, c'eft qu'on a coinmence à brider de ce coltc les Mahometans, qui s alloient rcndans peu à peu mailtrcs des Ifles , & de la cofte de 1 Afie , ôc l'cntreprife eft.plus aifée aux Ef- pagnols par a nouuelle Efpague,& par le Peru.qu'aux Arabes par leurs contrées , pourct qu'outre que les premiers font plus forts, il s'eft trouué des naui?cs qui en deux mois font venus du Peru aux Philippines ril qu. fort de celle Illc. Daman , & liazain pour la bonté y a moindre diftance d'Iapulchô & de sT^/Zi des pays vo.,.ns , à railon dequoy Jean , Roy de Por- où vn vai/Feau n'y pourro cTn . d'A Jt^^^ ugal aingoa ce pnys a des Vieux foldacs. Goa cft de année : non feulemau pource qu k premier "110^ Mon ^1"°''^'"' ''''"'^°"P Pl"^ 1^ "^"'ga- tion des Efpagnols que des Mores : d'autant que les vns vont par ligne droire, de les autres par ligne cour- be. D auantage ceux - là font le voyage dVne traitte, ceux-cy en p!u/ieurs : veu qu'au Cap de Comorin ils iouucnr que l'Elté fe change en hyuer , &c le mefme ■grande impo! tance p iiettc conjoin(*c auec la ftrtiliic du terroir. Le Roy cf iilpagne a cncores icy quelques Princes amis, de qiiclqucs-vas tributaires de ùs amis. Le premier le plus riche , c'cit celuy de Cochin. Cclluy-cy eftoit premier vnllkl du Roy de Calicur, Se n'auoit grande puillince. Maine enant auec l'amitié, & le tr.ific des Portugais il a acquis de fi grandes richef fcs,^'-"' -imedefht le Roy d'Yor, & emporta mefme vn fort qu il auoit (ait près de Malaca^où 1 on trouua entre au très ehoies neuf cens pièces d'artillerie de bronze. Toutesfois cet Eftat eft en grand danger pour la puif lance du Roy d'Achen, qui ne penfe qu a ie ruïner. Quant aux Philippines elles appartiennent à la nou- uelle Eipagne , non qu'elles foient comprifcs dans fes :onhns,ou du nouueau monde, mais pôurce qu'elles urcnt découucrteil'an mil cinq cents (oixante quatre, >ar Mkhcl Loppez de Lcgafpe , cnuové pour les dé- ;ouunr par Dom Louys de Vtlaique Viceroy de la louuclle EfpagDe. On eftime que dans cefte mer qui cflargit entre la nouuelle Efpagne, & Sumatte.il y a nzc mille Ifles grandes ou petites. Et quoyque les .IpagnoJs les comprennent toutes fciubs le nom de Philippines , toutesfois ce nom conuient proprement ux plus Septentrionales. De celles-cy ils en ont con- uis lufqu'à maintenant plus de quarante auec vn iiliion d'habitans. Ces Ifles abondent vniuerfellc icnt d'or , & de viures Ôc de canellc , dont on porte rande quantué en la nouuelle bipagne , 9c en l'Efpa. ne mefme. ^ Le Roy d'Efpagne y a fait mener des bœufs, & des aches , des chcuaux , Se des juments pour les y faire îultiplier, ^ ' Le nombre des Efpagnols qui a conquis , & qui de- ■"d ces contrce.smonte aujourd'huy à mille fix cents, : ae ceux-cy les foiu'acs ne palfent le nombre de neuf u'ïnu' a' °' P^"' ^'^""^^ importance u on « cftimc : pource qu our, e l'abondance des vi- :' S, & d or qui s'y trouue , l'affiette en eft toute pro- c pour lubjuguer les llles voUincs , & pour intro- p^t-r» j ^ r ' J"' "J "-"".Cl A la puilunce des Cn ^llfll ^"""^^^ > Nar! ""ge,& des autres, furent attentifs à occuper les lieux qui kur fcmbkrent plus propres pour f. lnl\ Ti! itres de la mer , & du trafic, pource que peu de gens v pourroicnt tcziir contre de grandes armées:& d'Iutanî qu . s iont ma.ftres des ports, ôc des mcrs,i!s ont coai- modKc de mettre enfemble tant de forces maritimes, qu II n y a perfonne qui pui/Te s'oppofer à eux,& leurs va (kaux font tels, ôc fi bien pourueus, qu'vn Jesleurs n a peur de trois ny de quatred'autre forte , & tout ce qu Js peuuent craindre . c'eft la furie des Hollandois s Ils rompenr encore auec eux. Et pour dire quelque tfZ " P^""ent aux Indes. F ançois d Almeidc auec vingt & vn nauires, ou quel, de Diu. Alfonce d Albuquerque aiTaillit Calicut auea vne armer de trente grands vaiffeaux , prit Goa auec ces , entra dans la mer rouge auec zo. & recouuraOr- ' mus. auec.z.Nugnod'Acugneallaài'entreprifede Dm auec ^oo. vaiikaux , où il y auoit trois milk Por- tugais , ôc cinq mille Indiens , outre les feruiteurs ar- mez qu ils ont accouftumé de mener en grand nom- bre. Dom Conftandn de Bragance eut en fentreprife dOnorccntfoixante voiles. & autant en celk de lo- nelaparan. ■ ■ Outre les Princes amis, & tributaires le Rov d'Ef- Le Sophx de Perfe prétend lur Ormus , & .'eft emparé depuis quelques années de la forterelTe que les Portu- gais y tenoient. & ce par la malice des Hollandois qui olhciterent le Perfan à cette exécution , & kurp^rc! fterent leurs vailTeaux auec lefquels il s'en eft renda 4 Eftats de l'ifle de Goa. 200 iOre n i tfto^t aatresfois a'vn de Ces va(T..Jx . IM leurs compatriotes allants à l'eaiiy . leî vi)s*sopr. p 2Vtn.havc faX > qui luy apparcenoit jadis, nialher., &C vaincre aucc la pacience , les autresà fup- ■aoucsclaes e'^coie'qae noasl.ous du'auo.r percer roure .o.c de danger des vents . 6c de l. me. pour les lecoiinr. Ils ont rendu nul l'cfFori de leur; ennemis. Ma:s les ECpagnols n'ont point de plus grand enncny que le Turc , qui a fouuent elTayc par la mer rou^c , aucc la eftc fienncs, Nizzamaluc , & Hdilcan (Us Portugais nomment ainf. deux rres-puilTams Princes du Royau- me de Decan) & le Roy de Calicuc , & de Narfinge. Mais le Rov de Perfc . iJc celuy de Narfinge ne le loue pas jamais aduancez contre lesPoruigais,pource qu'ils dIÙ^' Chiaûi , & Goa! & autres lieux : mais ils 1 grande armée qu'il au faite a cite de 64. vuueaux qu il Z peu m et fin vnc feule entrepnfc d'impor- 1 manda à Dur . mais elle fut ^-"^----^ anc rpou" que les affiettes des lieux font extrême fuite , de mefme qu'vne aur,e de .7. J-^^^"^^ iTnt JmLdcs pour receuoir du fccours par mer ; &c qu'il enuoya à l'cnrrepnfe d Ormus Us u ont au.re S enTuc c Cemis ayent fa.t leurs'encreprifes chofe vcruablemcnt en -.q-;; LESTAT DV NOVVEAV MONDE, SOMMAIRE. 1 . Deux difficulie^ rotubles ejui ont trnpefxhé aux An- ciens le dé iotiurtment du NouueauM^'^dt , & lae Efpagnols ont defcouuert u.lqucs-b. &c plus ou«e encore. _«„/-,nf La cofte de h nouuelle Efp^gne qni commençant depuis Sainde Hélène . !k pairawt par Panama va. ul- ques à Quiuire , a de longueur de CKCUU cent milles . auiqucls ad,o.ftanc les conho De l'Eftat du Roy d'Efp.au Nouu. Monde. 201 font dans le oavs vers le Norr . ^1 ^{^l qui font dans le pays vers le Nort , on y troiiucra c» I l'Hquinodial , Se du cours du Snl^.I « tout neuf mille milles. ,,„e les faifons Te cha , c r " ^' «""ons Apres cela R-.u commençant depuis Pannma a de cil vue montaeuc qJ^plalnt^^dZ^^^^ coi e douze m.lles . 6. il. cens m.llcs^lo.u ,1 y . crois ue.fe toute ia iougulur^ dt a Cap di Co «..lie milles de r.u.er: entre le Mar^i^non. & le (Ict.Mc rin : Oc eu mermeîcmps au d cà de 1 m? , Tu"^ d Argent , ou de 1. Plat.. , qui appartiennent ,ua, le oer cou.mcnce à 1 ennx dViun I my TI^I' nom de 15ra(il a b Couronne de Portujjal. Mar$ au.int la montagne ; deçà l'ou voi? r . 'f "'".'^^ qae de padcr plus outre . »l faut que .'«uancc quelque vents fro!d. 6c orîl-ux T j 1 U ^'T" propos touchauc le dcfcouuremcnt de ce Nouueau agréables. ^ ^ » de - la les lours (etcws & Deux raifons ont induit Ariftote .Sr quelques autres ne ront'plefque alîbûrëz ^ixtoas^"^ 'l? j. fe perlua Jet qu'.l ti y auoir autres gens au monde que par le golphe de Benoale en llvZ'.nrr t v ''T^^ Ieshab.tansd>.....n.e..rA.;... .^r ro2t f finalement le ^oT^^^ gtands effets que l'Equaceur , puis qu n ^pcu | " pace,l change les r^>ronsdclanncc : que fi uous trou- uons d.rterence d'hyucr 6c d'efté en lamef. haVceur «ia monftre que les degrcz du chaad,du ftoid. du fec & de 1 hum.de.nî dépendent abfoluraent du voifmage du sS""""' '^"''"'^ °" ^« 4' d.^rVtf"'^^"' P'"' ^"'^^'^^^ auecle voifinagé -la^;emi;;^dec;^eux raillas eut be.ucoupU.rag«^^ plu, de force que la féconde , pource qu'.Is renoient com.^e Ariftore a cZ ZTZt ^''ïi^'' pour chof.i.p„^ble ce g.nd pelage berner. E: ve- l'ancre dr.ficuhé comme nnii<: mnnfî-rf.. d auranr o. I.-,,.,- .. ... '*ti^icns, les habitans d'Binope, d'Alie & d'Afrique. La première crtoit la giande largeur de la mer At- lantique , qin leur fit eftimcr que les hommes ne fçau- roient palUr tant d'eaux auec aucune force ou indu- ftric, & ce fut ce qui meut S. Augnftin à nier les Anti- pode s. L'autre raifon c|ui décent les anciens fut , qu'ils ctcurenr que la ZoneTorride dljic inhabitable pour Ion excclîije ardeur , de mcfrae que les Polaires pour leur froideur înCupportablc. M ' ■ lirablemf nr la cbofe cftoïc celle comme nous monftre- rons cy-apics. Mais d'ancre part il faut fçauoir que les anciens eurent quelque cognoiffance de b Zone Tor- nde. vcu q'ie Hannon Carthaginois coftoya.felon Pli- ne, l'Afrique depuis Gibralta^ lufqu'àla mer rou^c, & d'autant qu'.„ leurs nau.gations ilT ^auo „7a guides que le Soleil , la Lune . les Ourfes. Les aut e' e lo.hes : Quand le Ce] eftoù couuerc de nuag " qui oftorent toute clarré du Sojei! 3c des eloUlls ^^ri^ !=rïJ^^^ ^^'^^ '^-vents , a. c«t.i F ,7 ' -'—--H- Y J , go^uernoient par la qu^tc des vents & cciuin Eudoxe au contraire deputs la mer rouge iuf- par les coniedures du chemfn n^M? r i* qu'i^G.braltar. Si bien qu'ils fuîent contraints de paf- quoy .Is elbrent fot pt ^ li: -l'^ l'"' ^" cr deux fo,s fous lEquinodial , 3c trauerfcrent tonte I nau.gatioas. 6c l'alTdu' lo les Le'ï '"f ' 1» Z;.^neTorr,de. I fes, p.urce qa'.ls ne voyotnt le £ D auan:age les anciens eurent cognoiffance de l'E- eu. vn bon nombre d oyfea,, 4^donT°''ï'"^' th.op.e , des Indes. Se de la Cherfon.o'r d'or , qui font lafchoienr canr oft i'vn & rantoft P. ! il ^ ^'^'^ toutes Prouiuccs alli/es dans les bornes de la Zone ^^'^ oyfeaux ci^erchent voionc e la " T^o"ide. derrière les prou-s des ^ ^'''^'^^^^"O'enC Pline fait mention cîe T.ptobane qui eft fous !'£.' obfcur , & h nv/r'crouMée'r'nl,^''' ^''1 quinodial : & mefme l'expérience de noftrc Zone ciens ne pouaoient coî entj^ , fV'"'^^ pouooit œonftrcr aux anciens que la Torride eftoit ce que le C.el & la mer U.nZn r ' habitable. Car encor que le Soleil efchauffe 8c defei il n'y auoic point de rai.^n po ^ '"ii: che yniuerfcllement auec le voifinage de fes r.is, & ce pluftoft aller d'vn coftc o*: dWrP o d autant plus qu'ils font plus d. oiéts . de mefme que faciliter la prédication de J'Euanp ll^ . , par le moyen de la diftance.^ obliquité de fes rayons ' ^^uangueâ rp„v^„. il donne lieu à la froideur , & à l'humidiré, comme le iour& la nui 50. milles ,& celuy de Nicaraga de joo. ccluy de Mexique en contient cent , ccluy que l'on nomme la mer Ccphalique en a cent cinquante de tour : &c après cela le Royaume de Mechouacan tft tout plein de lacs, ue fltuues, & de fontaines. Et pour fortit hors dij nouueau Monde , où y a- il des lacs , & des fleuucs plus grands qu'en Eihiopie fous la Zont Torride i il y en a deux, l'vn où le Nil prend fa fourcc, l'autre par lequel il palTe, qui ont zoo. milles de dia- mètre chacun. Il y en a vn égal aux fufdids , entre le Royaume d'An^ole , & de Monomotapa : Il y a le lac d'Aque- londe, Se celuy de Cocul,qui font ttes-grands, & ou- tre ce on void en la roe(me Ethiopie de grandes riuie- tes, comme la Coante , & le Niger , qui a pour fc* branches les viuicrcs de Senaga, &c de Gambce. Il y a le Zaire qui eft large de vingt milles en Ion emboucheure , & la plus grande partie des (uldites n- uicres , non contentes de leurs lids qui font torr am- ples, inondent les campagnes toutes les années. Les Kks de S. Thomas , & de Sumattre qui lont fous l'Equiuoékial , (ont du tout humides : celle de S.Thomas a au milieu vnc haute montagne perpcuel- Icment couuerte d'vne cipaiire nué qui rend tant d'eau , que les champs en tout abondamment arroltz: celle de Sumatre eft généralement pleine de marefti, & de la terre, pour humefter la Zone Torride, produit tant en Quito , qu'aux Moluquts , pays qui fout foubs l'Equinodial , certaines grandes cannes , où elle con- fcrue des eaux. Il ne faut aulTi taire que foubs laTorridc il y a beau* coup plus de mer que de terre , de raefme qu'en nôtre Zone il y a plu» de terre que de mer, D'auantagé, c eft chofe certaine qu'en la Torride les eaux croifTent , & les pluyes multiplient fclon que le Soleil s'approche de la ligne, & au contraire lors qu'il fe retire vers les Tro- piques, elles manquent. C'eft ce qui faift cognoiftre combien l'égalité du iour , & de la nuift , peut pour l'accroilTement de l'eau , veu que de mcfme qu'en n^ tre Zone , les pluyes gtofTilTent aux Equinoxes , au(li font-elles en la Zone Torride. Apres cecy la Torndc eft non feulement humide , mais encore temperce quant an chaud , tk quelques -vues de fes parties ont beaucoup plus de froid que de chaud , comme Pafto, Collon , Potofi , 6c les montagnes font toufiours cou- uertes ^e neige, ôc de glace. La caufc générale de cette température eft la loa* gueur des nuids près de la ligne , où elles font perpé- tuellement égales aux iours : mais tant plus tu t'en ef- loignes , tant plus tu trouues les iours d'Efté longs , & les nuids courtes : &c pour cette caufe les iours d'Efte font plus longs en Angleterre, qu'en ItaUe. La briefucté des iours fait que le Soleil ne peut prtî-. duire tant de degrez de chaleur foubs l'Equinoétiàl, que loingd'iceluy : & en efF.d l'Efté eft plus ardent tn l'Ettiemadure d'Efpagnc , & en la.Pouille en Italie, qu'en Quito , & enColloa , pource que la continua- tion de l'opération en la caufe efficiente , importe grandement à la perfeâion de l'effed. Mais que dirons - nous des difFerences que l'on void en la melme Zone Torride , où vne partie ett plus chaude , & l'autre plus ftaifche î Ce n'eft pas vne que* ftion du nouueau Monde , mais commune à toutes le» Prouinccs , & nous auons defia donné fa folution , di- lans que la mefmc chaleur du Soleil reçoit mille diffé- rences de la diuerfité des alTietlcs. Mais pour en duc quelque chofe,il faut confiderer que le nouueau Mon- de eft tout plein de hautes montagnes qui rafraichif- (ént l'air, ôc auec leur hauteur (veu que les lieux hauts participent plus du froîd que les bas; & auec les nei- ges qui ne les abandonnent iamais,& auec des lacs cx- tiemement froids , & auec des riuicres qui en procè- dent , & auec leur eau qui pour eftre de neiges , & de glaces fondues eft enfemble froide , & crue , Ôc auec la véhémence , & rapidité auec laquelle ils coulent des montagnes & trauerfent les plaines , rafraichilTent au polTibic l'air, & la terre. D'auantagé les fuldices montagnes cttans fort hau- tes, il eft necedaire qu'elles faccnt vne grande ombtc, tantoft deçà,tantott delà;& cette ombic adjouftée à la longueur des nuifts, importe beaucoup pour temperei la Zone Torride. Outre - ce il faut confiderer que ki vents frais ne ceirenc iamais d'y fouffltr : car premiers ment en U mer le vent d'Eft y règne toujours, & apreî cela au Peru , ôc au Brafil on a le vent du Sud , qui It leue à midy, & eft fiais au poffiblc, ôc de l'autre cotte levcntd'Elt. Comparons maintenant vn monde auec 1 autre conllderant le nouueau en l'cftat auquel il tftoit qu-flC il fut premièrement dtfcouutrt. Nous auons quelques aduantagcs pour le regard dt Ciel , quelques autres pour ccluy de la rerre. Pour i< tegard du Ciel, l'vn eft , que noftre HeCmiphere a pJu; d'eftoilles,& de lumières, que celuy qm h.y tft oppo- fé • car le noftre a l'cftoiUe du Nort proche du poU AlCtKJU Afftjqiie de trou degrcz & vn tiers , auec vn grmd nointnc d'autres cftoillcs Juy fonc compagnie : aii lieu <]uc le pôle AiitsKaajue na poiut d'clloillc qui n «M (oit du moins cnoigncc de trente dcgrtz. L'au- tre adunnragc d'aulfi grande importance . cil que le Sokil J(nc (cpt iours de l'année vers le Tropique de 1 trcrcu.lle , plus que du coné de celuy du Capricor ne, comme les Hquinoxes 6i Solltices nous raonllrent Et ceil rie au Nouueau Monde. Se pour l'accoramodrr comme la marchandife • telle ncnt q,, la nu.ltiplicat.o« du genre hum.in cftoïc y- Jce ,.y de la nature, & de r.nduftr.e,& là par mau.ere d due, de la feule nature. Mefmcs iufqaes à prTf n la plus grande parcje du Bralil fuit vnc façon'^dc vïurc '-iuage & en la nouuelle Efpagne vn Lys de t e grande eftenduc eft occupé des GhichimVues pies fans loy. lans chefs. & fans demeure alfeu e'e^^î -viu.uu*c5 oc ûoutices nous nionltrent. pies lans oy, fans chefç Rr C.^. 4 T ) ' tt c cil de ces deux chofes que procède la froidure q.i v.uenr de ch ire^ôc deV f.uicf ,uf 7' f 'l"' cnt c«o.enee de la fro...,. du Roy. il courut vn'm.li;o"i^'l7^d^ rbi^^- naturels : en partie pour le defordre des'fifpagno " * c« commencemens , non tant pource qu'ils trauall" o..nt les peuples exceflluemenc qu'à caufe qu' l" es :anfporco.ent d'vn lieu à l'autre, lo'ing de l'ai^S: Lu P^ys, & canloient par ce moyen leur mort.Ce qui leur a preiudicic auffi . & leur nuu encores c'eft l'vfaje d^ viandes qu'on y a tranfportées de l'Europe £ TZT"'^ tant de ckair. ny /î grolfe, & nourri/Tant"! n auoient nuls vins . au lieu que le Peru en abondé cTiItoftrb'ft-V^rr^'"^^'""^^"^^^^ «"ns. & chofes femblables, ils n'auoient tant de ' propre au ttatic par terre & par eau. quant aux cliofes que la terre produit, le nouueau monde cedoit à ceftuy-cy , pramieremeoc en la pcrfe- ftio des animaux, vcu qu'il n'y auoit ny chieas.ny mou- tOî,ny brebis,ny chevres.ny pourceaux,ay chats,.:y nf- nes,& ce qui eft plus important,il manqaoït de bœofs, de cheuaux.de chameaux,de m«lcts, & d'EIeohans. Quant aux aibrts , il n'y auoit ny cèdres ,ny oran- gers, ny limoniers, ny grenadiers, ny figuiers, ny poi- nets de coincs, mais l'urtnnr il r.->«r,r,.,^;, j* t;.,. 5 o paillai^iire n ' ' ^ f^'"^^""fe , à la dément ^"^«"S""'^ qui les confume mifera- Pluiîeurs maladies générales en ont encores confu-^ me beaucoup , comme la vérole , & la cocolifte ^n nouuelle Efpagne.^ la mefme ve;ofe"' 1^^^^^^^ co p enfans , .3. de ieunes gens au Peru , ïa ^ P'^'s defcmmes que des malles . & elle pardonna à caix qui ^uokm palfé 50. ans. Htdonna â ^;.:^rrr!!;!?Ç!"*^'-^-"M«eoemaI nets de coings , mais lur tout il manquok d'ol.«urs,& n^ ^rauailirTl d^ . " P^"'<;f î'^^^'^ent , qi,e oc mal de vignes. II eft vray que nous auions gr.nd aduan a- telieZc one ne. en Europe: ge tant pour le regard des animaux , q^ue des fru.d . rt mTde ia nouSe ^"^''"V^'^-'^ -a- pource que pour le regard des derniers , nous les fur- ddme ^P'^"' aujourd'huy prefque montions en la bontc,(\ en la diuerfiu,& aux premiers Anv'î/lpcJ /-il , en bonce feulement. Entre les grains^ n'auS refti de la " Jence ""f '^"^ P^^"^- froments, ny (cigles, ny toutes les fortes de bleds, ny cofte deln> T. 5 ""T'^" ^ ^"^«'^en 11 du tis, ny pour. la gentilleife de leurs jardins, des melons. Q^ant aux arts & indufttic , il n'y auoit nuHe com- paraiion, pource que les habitans du nôuueau monde n vfoient du fer, qui eft vne matière ncce{raire,& vn le a la vie huœai.ie , Se fe feruoient auffi peu de fa, ii>ft;ument vn.uetfel de i'induft.ie. Ils n'auoient null- :ognoUÎance de l'artillerie , de i'LrpriîT^cne , des Itt-' ■rcs . & G* la doArine : la nauigaiion ne pairoit 03, k ^orce de leur ve. ë,& ,e pa. le encores en ccb des peu- ple^ plus indullneux ,& cmils. comme eftoient ceux icM«£,qur,&duPcru. eux Noftre Monde furmonte encores le nouueau en la ^f'^'eT ' '/ï n,°^' 'î" ' P^^^ de mer, ^CKudedespcrfonnes. liyalàforcegranJes.ôn I.W de M.ra.non ^tcemarai.; & des bois lon| au poffib^. 1 S ife^.'^ ^ «-y ^"n. cofte de Pan> A^T i ^ ™o'r.s encore en li coite de 1 arie , àc en la plaine du Peru il y naanque la trenCîefme partie. M..s_pour dire àufl^ les aduantages du nouu'-au monde furie noftre , il fe«.bl. que loTeph Je îa Cofte veuille que l'Arner^ue furpalfe nos pays en t mpera! ture.pource que le froid, ny le chaud n'y eft ennnZZ e» beaucoup de lieux : ma,' cela eft enL e coZ"î aux parties de noftre monde . qui font au d C"o« près de i Equinodi.l , comme eft l'Ethiopie , rc^^ me Ut auffi les Indes , ôc h Chccfonefe d o . Ap^s eu abcndancc d eaux,& de pafturage;& véritablement quant aux eaux, c'eft chofe claire q^",! a p as deX" àc q Te la riuiere de la Piata , & celle de M^V ^3Snes . force marai^V&di;;;!;:^:™ | ^ ^^^^^^ P^- g-des de rVr..J'^ J::::^ ---,,audspays.habi.bles,.L:^l:^^ :;r;;;.!^^?:-!?:^:-^-^ircomme //iX a^. ce n eft b pleine de gens que nos tertcs , pource m 1^^^^^^^ ie-utres commence, cm a u reœplu de perfonnes. D'a;iant.ae, on a tron - .cy les arts pour lubftanter la vie , cotme l'ie "' '-^ ^» "nf«uer , coo^me I'aTcTL^^^:; onvin j D . • comme de luches aux m.sde B nouent.dc au Br.hi;c. qui a beaucoup du auec la cha eur qui y règne pirpetueliem.nt à'o!rJ °" ^'^P"^^ ^"'^^ ' P^^^ de mine, d 01 & d argent, qu'en 00s terres : combien que ce foi^ If 20 4. De rEftat du Roy a'Efpagne trouuc en cous ces piys aujune trace de lettres , ou d'aunes choks de l'Europe : oucie hu il n y a eucotes deux cens ans que la plus grande partie des ill s , qui font entre noltre terre ferme , & le nouucau tuonde. eltoicnt inhabitées , comme les Acores, Madère, les nies du Cap verd , S. Thomas Ôc Us autits de celtt '"^Concluons donc que le nouueau monde a eftj pre- mièrement habUc des peuples , qui contwiuans l'habi- tation d'Europe 5c d'Afie , (quant à l'Afrique . il icm- ble qu'elle n'y a peu auoir part en cefte forte) & chet- , chans continuellement des demeures plus commodes, ou plus aiTeurces, font peu à peu artiuez lulqaes-la, & qu'il a auiTi ctté peuplé par quelques autres qui y ont elle poulTtz pat la tcmpefte. Dimfon du noumm mondcjf- A Pies que Colomb eut defcouuett ces terres neuf- ues à ceux d'Europe , on a toufionts continue - a aller plus auant en diuerfcs occafions : mais bien que plufieurs perlonnes pleines dehardielfe & de fangulie- te valeur, tant d'Italie, d'Efpagne,& d'Angletcrre.que de Partugal , & de France , It loiem employées a celte recherche , toutesfois on n'en a peu auoic entière co- gnoillance, pcinc.palement des extremuez vers le î>e- pteiution. Occident & Midy. Quant à moy ic fuiuray ks plusauthorifcz de ceux qui en ont parlé , fans m'amuler a ces dilcours pleins d'impertinence. Car.ene fçiy ù ie Pcru lurpalle en mines d or 1 E thiop.c, Nilnomorapa. & Nandingoe, & Sumatre , ôc Lequu , ou f. l« mines de Potofi lont plus riches que celles de Cambcbcs en Angole. Il adjoulle que la nou- uelb Eipagne tll vn des meilleurs pays ou monde, chofe que Fon ne peut accorder fans prciudue. Mais confidfrsnt le nouueau monde en l eltat pre- fent , l'eltimc qu'il furpairc le noftre , non pas en mul- citude (veu qu'il n'cll fi bien cu'.fiuc) mais en diuerfi- tc d'animaux , & de fruids , pource qu'on a adiouftc aux fieos particuliers prefque tous les noftres : & il a cét aduantage , que nos femenccs viennent mieux en Amérique, que celles de l'Amérique ne profitent en ros terres. . , ^ Il eft queaion maintenant de fçauoir d ou lont ve- nus les habitans de ce nouueau monde. Premièrement doncqucs il faut fvauoit que ces.peuplcs ont vne telle opinion de leur origine. Les G'-ianches habitans des va!ces de Xauxc , tien- nent pour leurs premiers parents vn homme , & vne f.^mme fottis de Guaiibilque , foutame célèbre patmy eux Les Guanchcs peuples d'Andabayle, vallée fubjette à Cufco, difent qu'ils lont fortis du lac Sogdocquc. Ceux deCufco veulent tuer leur origine du grand lac de 1 i^uicaca. Les autres dif: nt qu'aptes le déluge le génie humain fut rellauté par fix periounes qui s e- ftoient fauuce^ en vue certaine cauerne. Mais ialilant toutes ces foUes,c'eft chofe claire qu il faut dite que tous les hommes (ont loitis d'Adam, & d'Eue , 6c puis de ceux qui te fauuetent de l'Arche de d'Eue, ôcpuisdeceuxqLilelauuerentdelArcneue u impcu........ dMa terre ou on appelle é Noc , ^ pa? confcquent que les habuans du nouueau ^^^^^^^J^^^^^^^^^ t^::::^^..) el^diui- ..onde -'«" pa lent , ce n elt de gueres : Oi ceux qui v.ti.»».... « •> • ' . • j» u . „oir rlé CA & d- poil on; Lneeftansdefiaauancezenâge,yvjuentplu*long- & qtiantuc de '^'^^l^ «^X^Wa» ou M'ft* t^emps que ceux qui y vont en leur eV.fance. à raifon dequoy il ie nomme Mcchoaca;» , ou- h^ 1 lieu de pcUhr. au Nouucau Monde. 207 Mœurs. Les habirans font hauts , lobuftcs & tliTpos. Us Tout le pays cft fxtremcment temp€rc, porte vné moiilhent auo r vncfpiit gfntil, ccqu'on peut a/Tcz' grande quamirc de fruits, & lowus les conimodittr cognoiflre par les moyens des ouurages qu'ils font de plumes d'oyK aux , on qui font taillez dans des canes, ou bien de lemblabits choies qui en viennent. Mais ncct/Taires. Il y a force raeuriers,des fueilles derqueis on nourrit grande quantité de vers à foye. Au lac doux de Mexique il naift vne fort bonne her- •-'■^^ ^jv.. ,,viiiiv.iji. iTxaio ^'■•^■A'i^ufc II iiaul Tiic rorc nonne her- ctcy le peut ciuorcs mieux comprendre par leur lan-j be qu'on couppc tourcs les Lunes , & quant au faié, guc , qm t U abondante & pleine de roots , Se ii figurée I i'on en tiroit aucresfois grande quantité de fel qui J artihcieule . guc iJc artihcieulc , que ceux qui renceudcnt la préfèrent | manqué maintenant:mais*on tire beaucoup de la'lnitrcl à la Latine. IK lont de honnc complexion, Hx. de Ion- j & Ifs Indiens cuifent la terre aucc le fumicr,& en font guc vie , l'on tient.qu'ils font des defccndants des i vn certain fcl qui ne vaut gueres. Elle nourrit inain- lept laces venues des parties du Nord pour peupler ' tenant force chcuaux, afncs, troupeaux de moutons & brebis , & il y a quelques rames. Il y a telle abon- dance de viures, que vmgt-huidt liures de bœuf ne va- lent plus de dcmy ieal,vn pourceau deux teals.ou trois pour le plus. l'iitpagae. Mexique. MisuYs anciemeSé La Prouince de M< xrqne rit la plus agréable & plus fertile de lout L- nouueau M jnde , voire roefme félon le iugcnaciit de lofe^ ht de ia Cofte , des meilleures de louic la tel .c tllc tft a-nli nommée de b ville capitale, ' Leshabitans de wpaïseftoientautresfois mangeurs qui fit cioij;',ce des lllcs fortunées de cent degrtz.Elle d'hommes,& idolâtres, & a noient plufieurs femmes turpi.tvp.t Cort.zi'an ijii.leij.d'Aouft. Le Roy de Mexique ne fuccedoit iadispardroi ayant tana-ll de hautes montJgnes , 6i tantoft des vallées qui portent quantité de fiuiébs. La ville capi- tale tll eu vijL agieabie vallée , qui eft toufiouts plei- ne d'herbes , Sx. de hujds de toutes fortes. Entre les Aittfcs fruicts il abonde en Cacaiz , qui tft vn fruid iemblable à vne amande , mais rond , & ce fruid Icrt dé monnoye en pluUturs Cijdroits de la nouuclle tlpagne : vingt mille Cacaix qui font vne charge, va it nt cent vu)>^i relies en Guatimala , ik deux cents en Mexique. L'Aibtc fuie le Soleil, & ayme l'eau : fi bien qu'jfin qu il eroilie.ôc porte des fruits en quantitc,on le plan- t^dans l'eau au delious de quelque aibrc qui luy filTt- ombre, le garde des rayons du Soleil. La ville eltoii piennctenient au pied d'vn certain lieu plein dc^ matière de feu. Mais poufce que l'an mil cinq ccnsquaranre,le2é Décembre vn lac caché dans les entrailles de cette montagne, fe débordant de diuers collez, juonda auec vne cpouuanrable impetuofité,& ruina la plus grande partie de la vil!c,elle fut rranfpor- tce en vne meilleure affiette à deux milles loing de là. Mais l'an mil cinq cens quatre - vingts vn, il vint vn fi grand torrent de feu d'vn lieu « floigné de deux milles ou cuaiton de Ja ville , qu'il fcmbloit d;uoir confom- [Qcr toutes choies. j Le jour luiuanc il en fortit tant de cendre , qu'elle templu la vallée, & enftueht prcfquc la ville. Mais ce be fut pas la fin des frayeurs , & des maux de Guati- bala , pource que l'année fuiuanteil fouit de ce mef ine-Montgibcl tant de feu , que courant l'efpace de nngt-quatte heurcs,comiue vn torrent furieux en bas, 1 cuflammoit les pierres , & échaulFa tellement cinq jctites riuieres qu on ne les pouooit palier. On oyoit ;çpcndânt des tonnerres épûuuantablcs;&: l'on voyoit des éclairs &C des flammes ondoyantes par l'air , qui Jonnoient vne frayeur ineftimable. 11 y a vn lac long Je cent milles, & large de vingt. (ur la mer du Nort, FonJure, Beragua, partie de la Caftille d Or . Carragene , Venerzole , à quoy 1 on a depuis adjouftc Nicaragj.auec le rtfte de la Caltiilc de 1 Or , q.u eft fur la met du Sud. Et pour bien enten- dre la iittiation dcfdites Pcoumces , il faut fçauoit que le pats qui (e retiie du Cap M.cidiona! de lucatan, prc(qu'à droid fil ei}tre le Ponant , & !e Midy , s'ad- uance de nouiicau vers l'Orient , vis à vis de lucatan,' & laiiliint vn grand Golphe au milieu fait deux Caps, dont l'vn eft nomme des trois pointes , l'autre de Ga- moron : & il y en a vn autre nommé Cap de g. ace de X"u, quirefpondàcettuy-cy. Enae le lucatan , Se es trois pointes on void eQargir le Golphe des Higue- rcs : entre les trois pointes , & le Camoton on void Trugdlc , & entre Camoron , & Grâce de Dieu un vôid Cartagon. En la Fondure le lieu principal des Ëfpagnols c'cft TrugiUe , & des originaires Com.^jaca auec fon Euefque. On void en ce pays Algatequ ; pla^ ce confiderab^e , &. vn lac auec plufîeurs petites lilt>;, ik. U vallée d'Olance, qui eft merueilleufement agréa- ble. En Beragne il n'y a tien de plus remarquable qyc le fleijue d'où, çe pays prend fon nom , & le Difa- gadero. Nicarama. On trouue cette Prouincc après la nouuclle Efpa- 1 6 gnc vers le Leuant, & le Midy. îl y a en cc:te Prouin- ce beaucou p He lieux pc;iplez , mais petits , entre lef- quels on rient pour meilleures villes celles de Lconj& de Grenade. Cette Pf ouince eft pleine de fable . & pour cette caufe la^chaleur y eft fort grande en Efté , tellement qu on n y peut prefque marcher de jour. Ellin'eft pas moins alterce que h Pouille , ny mal-aifée que l'Ara- gon , ny moins priuce d'arbres que l'Eftremadure. Il dt vray qu'en quelqars lieux elle produit certains ar- bres , qui peuuent tenir le lieu de plufieurs : veu que fix hommes ne les peuuent prelque embraf- Il y en a quelques-vns de nature fi eftrange,& fi de- iicare, cju on ne touche pas pîuftoft leurs branches qu elles feichcnt. * GoHuernementj, Le Gouutriuur de la Prouince fait fa rcfidence en la vjUc de Guatimala, ou de S. lacques , auec vne fort jurande auilioiité, veu qu'il pouruoit des Commande- iits vacantes ceux que bon luy femblc:ce que ne faidï; le Gouuctncur de Mexique , ny celuy du Ptru. U y a en ce lieu vn Ptelidcnt auec le Confeil du Roy, qui a toute puilTancc en ce qui concerne la luftiee. Celte ville a auftî vn Euefque qui y demeure. ^erre Ferme* Ce nom comprend la partie de la Terre Ferme, qui ji uc».oùu<.ice par Colomb aptes les Ifles,& contient oui ce qui tl^ encre Parie 6t lucatan , c'eft à fçauoir Aux lieux ou ce pays a quelque ri- uiere, ou ruifTeau . ou autre forte d'eau , il eft aiiffi fer-' ni qu on fçauroit defirer , comme eft la partie qufsV ftend du port du Secours iufques à Fondure, & à Gre- nade , qui pour la meilleure abondance de tous biens porte le nom de Cofte riche. Mais la riche/Te de Ni- caragî confifte en grande partie en vn lac , auquel on do,,ne trois cens milles de longueur , qui s'approche nifques a douze milles de la mer du Sud , & enuoye nonobftant fcs eaux en la mer du Nort , d'où il eft fort cfloignc. Beaucoup de gens eftiment qu'en clarpifCnC • le luldu canal , & en faifant vn autre du Lac à -'a mer du Sud , on ouuriroit vne heureufe nauigation du Pp- nent au Leuant. Quelques autres difent qu'il fai'Jroic faire vn canal du Golphe d'Vtaba à celuy d->^-Michel, qui e^ vn efpace de 75. milles. Quelques autres le projettent riuiere de Co-! codrils , qui prend fource de O^gie , & entre dans la mer prés du Nom de Die" Les autres veulent que ce foit en vne rwicre qui va de la Croix à Tecoantepec. Mais il r«nb!e que Dieu n'approuue pas tels cfrfcours, potjrce que le^ Roy Nicanor ne piic iamais achcuer le ^anal projette de la met Cafpie au Pont Euxin, riy les Roys d'Egypte entrepreneurs d'œuures ad- mirables , le canal du Nil à la mer rouge, & delà mefme mer rouge à la Méditerranée , ny la puiffance d-cs Romains n'a jamais pû ouurir cét interualle & du Peru, diminuent de leur bonté, & de leur grandeur au Nom de Dieu,& à Panama,teUement que les choux , & les laiétués la tvoiliéme fois qu'on les feme ont ptefque changé d'efpccc , ôc fout venus à néant. Richejfes. Les habitans de Nicaraga font de bonne ftaturejdc couleur qui tire plus fur le blanc que fur l'oliuaftre. Ils auoient meltre auant qu'ils fe conuertifTent à la foy Chreftienne,quelqut foime de lufticc.Lc larion eftoii adjuge pour ciclaue à celuy qu'il auoit volé iufqufs à ee qu'il y eud fatisfaict. Il u y auoit aucune peme t fta- blie cootie ceux qui tueroitiit le Cacique , ou leurs Princes > poutcc qu'ils difoient que cela ne pourroit arriuer en aucune loice. Toutes les marchandifes qu'on porte du Peru en j Efpagne , ou d'Efpagne au Peru , abordent en ce pais: I veu que les richelTes qu'on porte du Peru .en Efpagne, j doiuent eftre déchargées à Panama,& de \ï portées pac terre au Nom de Dieu,où elles font derechef mifes fur I les nauites pour eftre portées en Efpagne , & au con- j traire celles qu'on porte d'Efpagne doiuent eftre pre- ! mierement déchargées au Nom de Dieu pour eftre con- I duites par terre à Panaraa,^k de là chargées fur les vaif- feaux pour eftre conduites au Peru. CaftïUe de l'Or. C'eft par icy que ie comrocnceray la prefqu'lfle Au- ftrale.Cc pais s'cllend depuis le Nom de Dieu, de- puis Panama lufqu'aux Goiphes d'Vraba, & de S.Mi- chel. Les lieux plus celt brcs , & de plus grand abord font le Nom de Dieu & Panama , dont i'vn cft (ur la mer du Norr, Tautie fur celle du Sud, aucc deux ports fameux, pource que tout le trafic qui fe fait entre l'Ef- pagne Sx. le Petu,y paiic neceiraiiement. L'air ti'eft bon ny à Panama , ny au Nom de Dieu : mais fi l'on fait compatarfon de ces deux lieux on le tcouueta pue au Nom de Dieu, qu'à Panama, veu qu'il eft entièrement inte£t en ce premier lieu : à railon de- quoy ou le nomme communément le (epulchre des btpagnols. Le Roy d'Efpagne y voulant remediér ordonna l'an- née 1584. qu'on tvaniportaft la ville du Nom de Dieu en vn lieu plus bas , où l'air eftou alTcz bon , & qu'on luy donnait le nom de S, Philippes. panama a aufTi vu air mal lain , & vne chaleur in- fupi oaablc.Elle a8. degrez de hauteur de Pôle du co- llé du Midy. Et pour dite généralement la v-rité de tout ce pais, il eft peu habite tant pour le mauuais air, •iii pioccdï de plulieurs eaux mortes , qu'à caufe que •le nr>uuaii gouuernemcnt de ceux qui le découuriieiit pïemiei^n-ientjcn conduilit piufieuis àlamort.de mtf- m* qu'aux •autres endroits. Au rtfte le froment n'y peut njcutii,noais le maiz y vient en abondance, & la roer y porte forcx poillbn , de me(mc que les riuieres, qui engendrent autî, jes Ctocodillcs de grandeur mon- fttueufe , veu qu'il s ^ en trouue qui ont 15 . pieds de long La riuiere de Ciagr^^approchc de la ville de Pa- nama de cinq lieuës : c'eit p,r elle <^ue font portées les marchandifes d'Efpagne, qui forj-, meni'-s après par terre à Pau.Tma. On voyage d'icy pour le Peru «n lan- tiier.Feuner.Ôc Mars,& encore en Aouft,& en Septera. bte, mais non fi coroœodcnient. Les mariniers fottis du port de Panama vontrecon- noiftte les liles des Perles, le ne veux palier fous fi- lence , que nos plantes & femences, qui fe rendent uieilleutes en plulîcuis cndioits de la nouuelle Efpa- Lenouueau Koyaume de Grenade» Au Midy deCumane,& des pays voifinsonvoii.' le nouueau Royaume de Grenade , dont les principales villes font Sainde Foy , ficge de l'Arc heuefquc , & du ficgc de lufticc, puis Tuii^if,Velcz Ia Trinité, Mufco- lime,la Palœe,Toque,Mâr!quite,D2gue, Vit^oireNo- ftre Dame des remèdes, Pampelone , Meride, & (zinâ. Chriftofle.On void .Tduaiiccr dans la mer vn Cap pref- que triangulaire auec la baie jointe à la Terre terme. L'angle occidental fe nomme Pointe d' Atanie,i'Orif.n- tal Pointe des Salines, & entre I'vn & l'autre il y a ce- luy qu'on nomme les trois Pointes. Slualiîéi ^ rtchejfes. Ce nouueau Royaume de Grenade cft prefque tout plein d'agréables vallées qui portent beaucoup dé frui. Le prix en cft fort rabbaiflTé , à caufe de la grande quantité que ceux du nouueau Monde en ont cnuoyc en Europe» Car en la flotte de l'an 1587. il y en viol pour le Roy d'Efpagne dix-fcpt marcs , & autres trois caiftes, & pour les particuliers douze cens & foixante- quatre marcs, & autres fept petits facs de perles à Tonn ce. On en tiroit autresfois beaucoup des Iflej de Cu* baquc , mais on tient que les huiftres ayent eftc eon- fommées par la perpétuelle pefche , foit qu'épouuan- tées du bruiéb de rartillene,elles ayent changé de paÏ5> ou qu'on aye abandonne l'entreprife pour vn tremble- ment de terre , qui ruina vne bonne partie de la ville, où il y auoit vn grand abord de perfonnes , il (cmblc <^u'il n'y en ait pas fi grande abondance «ju'il y en fou- lon auoir.Quanr aux émcraudeS) pour la grande quiii- tité qu'on en a tiré icy , & au Peru autour de Maure, & le Portuieil, ils font alTcz rabaillez de prix. Lf au Nouueau Monde. Le BraJiL if Cefte Proiiincc fut dccomierte par hazard, par Pier- re Aluarcs Cab.ai , l'an mil cinq cens vn. Elle com- mence i la l iuicte de Maragnon, & s'cftend iufquesà i celle de Ja PJate , ou de l'argent , aucc des bornes in- certaines du coftc d'Occident. Selon le compte de quelques - vns ce qui touche à la Couronne de Portu i?ai . rf>c It^iiv c'^A^... J ; •■■ i », gai , en ces . „ ^«.«.nu i^uiuzc cens miiics au ivjort J la au Sud : plus de 500. milles du Lcuanc au Couchant, ttouua. &prc(quetrojs mille milles de coftc. Mais les Portu- ' ijais n'en tiennent plus de mille, & 400. . Les principaux lieux du Brafil lont ceux qui s'en- Juiucnc. On void au deçà du Cap de fainét Auguftin Vatiba , quj fe nomme auHi Cire des Neiges , & puis yarnabuco. bonne v.lle; Tille de fainét Alexis inhabi- "tcc; mais qucicjuepeu commode à ceux qui voyaient. Senluu le Cap deS. Au^uilin qui a 8. dcgr.z &c demy dehauteur de jvolc auilraie.Et cefte partie eft plus pro Che de 1 Attiquc qu'aucune autre partie du nouueau monde, vni nii'r^n ri».,. „.-.MJr». ■ ,. 211 en cet endroit, c'eft faina Vincent: & pource aue ce mci t a y aJ/er demeurer ceux qui merircrni^nr fut u,„c ptl„ Co,&.«A„gio,s l'an .(/..iCw . Ou ïoid au Jingr-liuiaicoie dfgrc k Cap de Paios ..nfi „om„c d-vu g„ud „o,„br. i ccu,,„7oyfeZ' noirs lans olumts. L. i... , , , "/"^«»ux ... 1.^ ^jui loucnc a la i..ouronne de l'ortu- ^'n" nommé d vn iitand nn.r,(,r« ■ . * lieux s'cftend quinze cens milles du Nort "oirs lans plumes, 1 auecTe fe/d/i^^^^^ ""^ 'S de ,00. milles du Lcuant au Couchant, | trouua. ' o« 7 — ~ ^ ' ^i" aucune autre partie du nouueau rcrnent la moiti.^ dp l'^nn^» J . ■"'t't;'!. „ . . . p-r,„ également dwL/K,r;!"^^^ plus de mille milles. Les flottes qui vont de Portugal aux Indes y abor- dent pour prendre le vent , & reccgnoiftre leur route, £5C pource q., ils ne pcuuent quelqucsfois paircr ils re- tournent en arricre. Onvoid.pres S ChnftoUc, & l emoouchf ure du fleuue de S.François, & puis S. Sau- ueur, ou la Baye de tous les Sainars. CelU viilc de fainél Sauucur fut prife par les Hol- lando.. an ,6^. qui y riient beaucoup de rauapes. y coûtu .fout ^ '«^"^'^^ ^^"^^ -^dy certains Ws'frc^dVy^^^^^^^^ Id'TuiTn" va grand bien aux habitans. Sur la mer les vTnts d ' prcfque également ^i^o^à^^i^^^^' ™enr de L^lbone au li^^fil au mois de ll^ZlTa^: itnuieV ^f<^""">œodémcnce^, temps ' °" f touc Le païs eft plein de fontaines , riuieres Se forefts d^ftinguc de plaines,^ decoftaux, toufiou.s agr! b £ antuv Tnf " ' P^"fi--pi-nes , af d.uer; animaux, donc nous n auons cognoirtancc en Europe ^lyaenrreks Dl2nrf ciar,...j„ . ^"^ope. - . y oeaucoijp de rauapes, anjmaux, donc nous n'auon. Vr \^ * car ns s eoparereut de toutes les vftenalles des eI'i- H y a enr e ks S r ^"^'^P^' J« qu Ils pillèrent gcneralcmenc . Us firent quantité coJppée let d'u Bau" ; c'etu: r\'t" '^""^ de prilonnicr. , outre grand nombre d'hab.rans tuez, cogooillent , veu que e VentanT 1 -'î" r^'^'' Is c„me,ierenr en HoJaude le Prouincial des Pères «^^ ^ics autres animanx "'""^ "'"^^ues des ferpen,. Jeru.tes,apres auoir pillé leur Collège & tout ce ou'ik C'eft ce on tT V ' ^ ^^'"^de. pt-: vne puHrante armée naualle^ous la' ondu^tte de" autre To es ie ho. " Barbouent) & .1 y a piufieurs Dom f rederic de Tolède Admual de Por u^al q Uf qu s d^TeVt ° d" ^ '^"^«^V Hu pais , ôc après quelques rciift.nccs des Hollandois, Les concombres TnfcL. d'P . . la laailie. one PC PTi^o,,.,^! . . -'auivi oauueur,apre qu ils Virent que leurs vailFenux eftoient pris des i^or- tugws.ûc que nul iccours ne leur arriuoit d'Hollande, aikz empe.ch> 2 pour le ficge de Ereda : ils en fortirent ^...^......^ j.„ur le ncgc ae L^reda : ils en fortircnr armé d'ccailles. d'où il r irr doncaumois d Aunl .6.5. ap.es quelques defences, feurance, ainfi quel t ' Torr?^ vaillcaux Efpagnols iuf- qurs en Hollande,moyennanr oftages.uuques 1 ce qu£ leidirsvadleaux foient de retour. Les PortuPais ont profite plus de quatre millions d'or lur les choies qu'ils ^ntga.gnees fur les Hollandois. ^ Celle ville eft aflîfe fur vn pott.ou pour mieux di- e iur vn golphe qui a rrois lic.és de bouche, & trente le tour, ou les balcmcs entrent & fe joii: nt à plailîr. C eft la que demenre l'Eoclq.e , ôc le Gouuerneur le la Prcumcc On void à huidante milles loing gncos, oulni.dt George, puis au .7. dcgrc & demy uertoScguio,cuporra.kn.c,renommé,pourceqnAl- 2 Cab.a vingt luigir là quand challé des vents il ' ouuru le rnaul. Certains ercucils qui ont forme ietmola. & le C.p fi-oid . qui eft pi.fquc tout en Ifle, - a de cour 2eo. quatre vingts milles en vingt deux ue S P''' • ^ ^"""^ «^r. z bons, il .1 ^'.'^"^ void Buenabric-o, AlcxandieVi M^i T.h,n T " s animaux on y vô«t Tal fie, que les Efpagnols nomment ArniadilCJ e t de a grandeur d vn cochon,couuert,& prefque S en af-* j ' :i"- 4«» lortue. U e,uçd]e,K leurs petits . & les portent lors qu'ils ront en quelque danger , & que la neceffité les Z t liuq:::; " """" ^^''^ ^"«"^-^ coi;l*/°"p^''' ^"^'^^ ^« animal grand comme vn rvenard , mais fi lent & tardif en ion mar- cher que ceux qui ne l'ont veu ne le Içauroient pref- S»;^^ croire . & ,1 a cefte particularité qu'il ne le hafte "ubemenf pour les carcflVs quoi, luy fait , ou po^r les coups qu oaluy dûune.La Tamanduë eft grande com! me vn pourceau : mais (es ongles font de grandeur - extrao.dmane. Elle fe pa.ft de fourmis , & ayfnt troa- : d & 1 en retire chargée. Elle a la queue fi Jon' ?o7pf '"''"''"'^ ^""'^'^ le Lf s Antes ont ie ne fçay quoy de femblabîc aux mu- > mais ellf « Pin- r~p,i^.^. 1 \e.' A''" f''^'^'^''^'^^ en grandeur , elles ont la ondes 'S " r ' "^-^P^ > ^ rondes, & la queue courte. EUesrepofent deioùr.ôc paillent de nuia. "«.*uur,c>c Haute ou Gay eft vne petite befté femblable à vn ar,qAi onn aveumanaernvho.r*;,.r«.,'i ..n..! J s ' 2U De l'Eftat du Roy d'Efpagne, T A- ..(:.;^r«ovfcaux,&despoiffonsdcmer,&lcouftiuiitei:ecncoresparn.y ceux JaPopian. Piés du La dmctfuc des oylcaux , « P ^ Sebafticn il y a des hommes hauts de douze a'cau douce eft incroyable, Au pays qui eft pics de S S-baftien . le fronoenc n'y naift , & n y meurit pas tout enieniblc. Mais qaand vn cfpy dégraine l'autre florit, fie lots que l'vn jaunit, l'autre eft verd. le diray encot auant que de quitter le dilcours de la qualité du BtaliUqu 'on tua ces années paffées aux enui- rons de la Baye de tous les Sainds.vn monftre de gran- rteiiue S. Sebaftien il y a des hommes hauts de douze pieds, qui mangent U plus fouuent la chair crue Richejfes. Les richelTes qu'on tire aujoord'huy du Brafil con- fiftent en cocons qui (ont des plus fins , & en tucciej faë dtTn8rd«p.eas de lyo,..& touc le «fte d'hom- ,.anfpcr,ce por.e plus de p.ofic à fe> ,na,lu... 11 y en Portugal a paffc laquantiic dccen. c.nquante nailic arobes. r Les Portugais s'addonnent grandement à ce trah., & ont fait baitit en diuers lieux pour cuire & aSuet le fuccre : & ils entretiennent là vo grand nombre Encor que l'air foitdeUé.ôcU pays agréable, on ne d'efclaues qu'on y a amenez de la Guinée, & de re en vn mot , cftoit fi horrible , qu vn folJat qai le tua à coups d'atqiiebufe> en tomba mort auflS. Mœurs- Ch'tle. fçautoit toucesfois dite affei combien les habiians font brutaux & barbares. La plus grande part vit fans co- anoiffance des lettres , de reUgion , & dt loy, & ne re- Lts couleurs , qui les couurent depuis le "-^"1 pneUne d^, . KWu U . Les'hommrs fe rafent les poils du front iufqu au mer, & de l'autre la g. andc Cordel.crr. miheÛ de U tefte. Ils mangent tome fo.te d'animaux. 1 On void au ,6, degvc tameufe ,^^l«;;.^r au^^' de finges, des zards . d?s ferpencs , & des rars. Us qui s'eft de fendue durant tant a années aucc tant de font lëf pain d'vnc fac^on admirable. Ib onc vne her- furie. & s'cft maintenue c. hbercc. be de la g^randeur de la porcelaine , dont la racme eft li vcnimeufe. qu tftant mangée crue, & fans eftre pré- parée , elle fait mourir foudainemenc. Us prennent la fufdite racine , & la pilent promptement , &c la prel- Lcs Erpagnois ont icy diucrfcs colonies , comme S. lacques fur le fleuue de Parais . en la va,ce de Mapo- co , la Conception en la petite valée de Fenco auec va port : les confins en la valée: d'ringok : Vaidiuia près- frn7^VfiTm^ài7v7eftêra m'oindre paitie du fuc mot- d'vn port de mer . où il y a vn grand lac : l'Impetiale [7 U U £ . près au Soleil, l la pilent de non- l'vne des meilleures colonies de ce pays . qm auou '^^^.^J.. .rine . ac après du pain qui eft J^^^^^ ^^^^ "^l^:^^^ fatine vnbreuuage (em- ! îr;^::;ommé im;iriale , pource que quand Us Eipa- blablc à la bieic , auec laquelle s'enyurant ils deuien- nent plus rufcz, ô: plus malins que de couftume. , Us s'amufent fort aux augures , & forcelleries. Ils n' ayment nullement le trauail , ains l'oyuueté , les pal- i fe-temps. les fcftms, & la dance. Ils entreprennent les eucrres , non pour eftcndre leurs limites , mais pour | hionntur.lots qu'ils eftiment que leurs voifins les ont Oifenfcz. Ils mangent ceux qu'ils ont pris en guerre , & en font des fcltms folemnels. anols entrèrent enccfte Prouince , ils trouuercnt lut les portes . 6c fnr les to.ds des Aigles à deux teftes fai- tes de bois. U y a eucot Villc-riche fur le bord d vn r ctit lac, prés de deux lieues qui jette en certain temps du feu, & des cendres. Il y a Cbilo, & Chilan.qui fut . baftie l'an 1 500. quatre-vingts & vn, Cochimoo ou eft le terroir de la Sereine. L'année 1561. il y eut vn fi cftrange tremolement de terre en ce pays , qu'il tranfporta ks montagne», boucha le paÎJage aux fl^ nues , jetta par terre la L-ou-^ .- r y ^ I I ., ('or U<->rn<>c • J OU dit ïls etS^^^^^^^ ception, fit formula mer hors de es bornes laniu Is ne f fc uenc aucunement des lettres F. L. & qu'il occupa 300 lieues de cofte. Il ^^^^^^^^^^ RTbaftiiT n leurs maifons de bo.s.fic les couurenr de ; l'année mil cinq cens fepcante cmq. mu par terre \ a-- t aies dScs. Plufieurs familles demeurent enfem- ^ --^^ - K... .nohr.ioe c eft S. lacqucs. ble foubs vji mefme couuert,& de crainte des animaux nuifibles ils dorment en l'air dans certains rets. Ils viuent fans foucy de l'aduenir , & prefquen 1 anncc mil v-iiiLj \- i diuie. La Mcti opolitaiue c'cft S. lacques. commun. r i Us nagent fi bien. qu'ils demeurent quelqucsfois les heures entières foubs l'eau , mefme auec les yeux ou- uetts. Us fupporrcnt aifcment la peine, &c le leufnc.ôc d'autre cofte paffenc les nuiûs entières à gourman- der & boire fans mcfure. Quand les femmes ont enfanté . les marys le met- tent au lia. reçoinent les ptefcnts & les vifites . maw- gent des chofcs dehcates ponr (e remettre , & finale- ment font tout ce qu'on void faite ailleurs aux accou- chées. Pvés d'igleos il y a vn peuple qui coiTibat autc les Aymurcs, qui femblent pUitoft belles qu'hommes, vcu qu'ils ouurtnt le venrrc des femmes enceintes, & en tirent les créatures , qu'ils mettent en prefcnce des metcs lur leurs bias,& les aualeot à dcmy crues, chofe Cefte Prouince eft eftimée fcmblable au pays d EiM^ rope, à caufc qu'elle eft hors de la Zone Toriide , pro- dint force grains & de fort bons vins . & de toute for- te de fruids qu'on void en Efpagne. Il y a cette ditte- rence entre nous & ceux de Chilc , que lors que nous auons l'Eftc il ont l'Hyuer, & au contraire. Il y a gran- de quamitc d'or, de bons pafturages, force troupeaux de beftes à corne , & de brebis , & alTc z bon nombre de cheuaux , mais auec tout cela elle eft mal peuplée caufc de la guette de ceux de la valée d'Arauque. Les riaieres de ce pays coulent auec ailez de loideur do- ranf le iour , mais la nmdl: elles vom foiblement au pofTiWc , comme fi le froid & h glace lesanoicnt at- teftces. ^^i; au Nouueau Monde. Les habicans fonc fort hauts , difpofts & pleins de - II.. «.,V 1' 1 ,1 . es. ps 2IJ f otuage. Ils on'c pour Icms armes l'arc & les flèches voue vdt js de peaux de belles (aiiuagcs,ek de loups Le Fem, •'«rcju-en Auril , certains broaillar^s fubt.ls & dcliez occupent 1 air, & ii en Tort vne certaine humeur qu ne b-Hgne pas p.c/,ue la poulfiere. combien tomS q"c ce a loir de grande importance pour meur" & Lima . ce feul brou, l ard fan* autre eau fait verdir & flour quelques contrées qui font par ce «oyen pie «es P lait" 'o?r ' ' '''''' quclques'partL ils p âmes ou fans aucune riuiere q;n paroiiTe , onvoid na ft e des gra.ns.ô. des fruits de toute forte en aboi- .•cfea dcp„is .a ville de p,.„ z;;rj:pCîs^ icn depuis le. confins de Chile ,„f. o;, p. ,e ' j„ riuie^eT; f^' XSk &' opayn entre la nner du Sud . & es blc, par ce e n.ii v.Vnr l. J-_ ^ ^"«^«".aaMS ^ la- Ccftc Prouince ^ dues à Fafto , ou bien dcp».., vunui ^. I , ,j ^ -VV./1JIII. I r— "«"/tu ucsriuieresqui aux bornes de Fopayn entre la mer du Sud , & les Wc.par celle qui vient de la mer Andes. Mais pour enccndre ta difpofition, il faut fça- La Sierra abonde en oflfturacr^ /V fXr.a ^ -i uoir que tout le Peru crt diuiCé en t.ois parties , non Vn nombre incroy ble de v c^^^^^^^^^ Zc^T ' ^''^ tes d alfietre. & de forme, que de quah. des chevretix . & dés .L, J ' ""j Z'!^ ' "^r»* -w.. xj..,. iviii I^. i %.iu tii ulUMc nois parties > noi moins différentes d'aflïette, & de forme, que de quali- té, & de nature, 6c celles -cy (ont plaines, montagnes f/;i'^h^^"'"'^"'''M"^^''T"'''A"r^P'^'• comme auin des perroquets nV ne, & ba,h. mn.s auec plaideurs valons. Cefte plaine ! >^ncor abondance d'vn. herbe nomLSa f^rt iftf ;ur, iJc de dix à quinze de large, «^ee au Peru , pource qu'on tient que celle quw'' euant i.chames de montapnes. pelche à Pomfi vaiir /~r>.,, ^ a joo.iicuos de longueur, ce ac dix à quinze de large. On void du code du Leuant i.chaines de montagnes, J'vne â h veuc de l'autre , qui commençans (comme on dit au deltroiddc Magellan) vont entre Panama, & le Nom dt Dieu, iulqu'à Terre-ferme. Celle qui eft du coltc d'Occident fc nomme Sierra , qui en ÈTpa- gnol (ignifie montagne, celle du Leumt s'appelle An dc.OU i !nrH*>lirri» l.«ur l.^r/>»f... «'^n. J . -I . - J_ • r-u - vi^uiics , qui loue comin* Andes il y a grande quantité de finges & guenonr^Ê plufieurs façons, comme auflî des pLoquets II fncorabonWanr^. . * "y-* Dcfrh^ k V n N-"""^"'- que ceue qu'on de- annts. ^'"'1 ^/cus tomes les Le meilkur du Peru confifte aui valées . qui por. reut quantité de mai^ . & du froment. La nour imre générale du Peru c eft le maiz qui touteafo^ne v Lnc partiel de.ou Co,delicre,& leur lirgeur n'eft de plu's'de vi„"ge | pays de pÏo &7oudë Colîr°'mJf T ^T" n elt large de plus de quarante lieues. II y a enuiron »""antcs. cinquante valées au Peru , dont les principales font Xauça , longue de quatorze lieub , & large de cinq, Chica» Andaguayla, Ôc iucas. C'eft chofe admirable qu'en fî peu de diftance qui fctrouue en la largeur du Peru , qui n'eft que de 40 n. pleut „y ncge, n/.„nne aux plaines : & eepSn! les dëb'i.str '"."^'IP!' ' , — -, j ^ ..«..^ Miiiii^utt; ac nauteur, 11 ne pleut ny ne.ge, ny tonne aux plaines : & cependant en la Sierra les (aifbns font leurs cours comme en Eu- rope , & il y pleut depuis le irois de Septembre iuf- en Auril,6i aux Andes il pleut prefque tout l'hyuer- 5c l'on a remarqué que fi les habitans fe tranfporterit M.oêurs. \ en loi' ?o? ^""/°"' diftinguez,principâîenienÊ' en trois fortes de perfonnes, dont chaéune conr ienC f^ncor pinceurs peupjes foubs ioy , qui font diffeTents fcpar^ «: " ^"""'^ ^ ^^"^^ ^»"g"^« Ils auoient accouftumé de faire la guerre les vns lp«^,>h^, f ► ^7 ^ - "^'^itc ja came detous esd b.ts fu ofte. on void que les principaux d'en- r eux & le peuple s addonna à la langue de Cufcd ment <îu'auparauant on r'endoit feule! ment le dro.d^ a chacun en cefte langue . & l'on ne la pratiquoit qu'en luftice. Tellement que ceîuy qui , " uauudiis le traniportent prat quoit qu'en IiiftiVi. T.ll» « es plaines aux montagnes , ils y fentent les mefmesi Lit la lan.ue de c7r ^'"^'"^ ^.f "'"X q"i ouleurs d'ellomach , de tcfte , qu'on a accouftumé k Prou nef ''^'"''"^ P^^ ^«"'^ le lentir fur la mpr Inrc r.1.'--.., 1' n / . ' i^e icntir fur la mer lors qu'on ne l'a pas accouftumée. -e que les vus attribuent à la trop grande fubtilité de air , & aux trop grands vents , les autres à la diuerfité, ource qu'aux plaines l'air eft thaud greffier ôc humi e, aux montagnes froid,fec, & fubt'' I 1 ;1 -a j r ....^ j vju 11 (I y loiir- C iaraai. autre vei:x que celuy du Midy , ky il eft di- ers, & de façons différentes. U il ne pleut ny neige . icy il fait l'vn & l'autre. bien que ce n'tft chofe merueiUcHfe , que la com- cxion de l'homme fe fente de cefte diuerfité d'air, en fouffre quelque altération. Or les plaines n'e- mts iamais arroufées de pluye elles demeureot en iche , pleines de lable , & fans porter fruit, de forte l'on en trouuc feulement aux valées par lelquelies ilknt les Heuucs qui déccndent des montagnes, & fe >nt rendre en la mer. Et ces valées, qui font enuiron ! "°mbre de 50. font fort foigneufemem cultiuees, bien habitées pat tout . à caiife defdits fleuues qui s atroufent Vne riuiere eft efloignée de l'autre or- nauemcnt fcpt ou huid lieuës , tahtoft plus , tantoft Le labourage des valées n'eft efloignc des riuieres Js dvne l,euéençà,& vne autre en là. Mais cncor " ne pkauepasaux plaines, routesfois au moins yuer , qui commence au mois d'Oftobre . & dure la Prouince. Les femmes ont vnë tobbe de laine qui leur va iuf. q« aux talons , ^ les hommes vne chemife qui le" t decend lufqu aux jambes, & vn manteau par deffis combien qu on porte vne mefme forte d'habil- cft;:ft7;°"" P--nce, toutesfoisceby de ^ cette elt diffcrenr.v*.» ^.lo ^U^ r \ 1 Là il eft touliours de mefme , pource qu'il n'y fouf- tcfte cftK°r' ^'''"'"l' ' "'"X de k i^ai autre verx que celuy du Midy , ky ikft di- dlavL fh nlr'' f ' '^^^^^^ Amv.'.^.a l j ^'i"~7"*^""''»cioniacoultumc! les au ref d x T ^"f '^««"^"^ P^^^nt fimples. ieul qui ne difïlre de l'autre en ce qu'il nJet fur fa Au refte les habirans de ce pays font pleinj de fim- plelfc . & toutesfo.s parmy cefte façon groiîîere & ru- cachent leur penfce, & murmurent emre Iturs dentsj uns dcfcouunr librement leur penfée. luifs ^""^ «floignez de la façon de viure deâ Ils font fujeds à l'amour des mafles , & pour ceft^ caufe font aftez peu d eftat des femmes , veu que non feulement ils les font feruir d'efclaues , maislncore" Ils les battent rudement pour la moindre chofe. ^eux-cy mefmes qui demeurent prés de l'Equateut tonr feulement coutierts îiifques au nombril dVne ch mife fort délié. & laifTem les aiitres endroits nuds, voire-mefme les parties hbnteufes. Ils patent leurs bras de bracelets dt f ierrerie , & 9t • 214 De l'Eftât du Roy d'Efpagne, percent les )oocs & le. J "^^^^ tces-^ca.ds magazms,oi l'o« me^coir les vignes ■ des ^„'^;^'o,i :J ertor .cr.ulc- 1 Se les armes, & autre? proaifions pour les ara.cs. Ces it feraices d vn ridtav. lamc,5i d3 is les i-t .pi j r.llrm-nt tflo-oc de l'a [esôc desela.etaudes. Chez c^ox -cy les cnc.ccs de^ .ne de rres-,ca,.ds rt,agazins,oi IW^ temples au. cftotcr^i da colVe d'Orien- . erto.c.c ment fer.uces d\-n ndtav. laine 5i da.s les taupl il y a deux Idoles , qui oiu h fcTibbnce de boucs , N l'on brafie douant eux certain b.iis q^ii tend vne mef- «eillcufemcat bobine odeat. Chez les Caraces on a veu fur les partes des ftatucs d'hommes auec des elto- les de Diacre. . Le. Pazoons confetuent de pourriture admirable- , r...^».,rc . A' o.ure ce a chacun en Ices.ôcheux profonds. oaii.mcas c^.o.c.u difpo^cz fut les grands chemins ea telle forte , que l'vn f rto-t tellement tflo.goc de l autre tro s ou quarte lieocs. Et les Roys de ce pays aaoïciu fait faite deux chcitiins longs de 500. lieues dont 1 va palToit. pat les plaines , l'autre par les monragnes : œa- utcs véritablement oui pour leur grandeur & profit doiuent eftie ptefetces à ce que l'Egypte, & Rome ont eu de plus admirable. Car aux montagnes il fui be- leurs temples des ferpents , & outte cela chacun en pMticuliet auoit Ces dieux , félon l'art . ou le meftier qu'il cxetcoit. ^ Ils eftoient du tout ignorants des lettres , & melme àc la peinture qui tenoit lieu des lettres chez ceux de Mexique : ils ont vfc de cordes de laine qu ils nom- ment Quipoes , ou faifant des nœuds de diuerfc forte, ils comptoient depuis vn iufques à dix , & de la plus kaui montant par degrez en comptant , ils donnotcnt à ces nœuds les couleurs femblables aux chofes qu Us vouloient exprimer. Chaque Prouincc auou fes No- taires qui failoient entendre facilement au peuple les chofes avtiuccs , roefme long-temps aupatauant , pat le , ce , outre ics aunes ujaitii-iiuii»^* . wvv. moyen it , ,„ ae fer, chertés qi.i viennent de l' Ame.iqne p»t deç. le 'tiu en Ultr rg\t:uX;en\ïr âo, , p.uf,eu. I fo..n..^rdinaice„enc aenx.e^,^^ Uno„nelle .f^^^^ lce$,ÔC lieux profonds. Il fut necelfaire de couper les roches , appuyer les chofes ruineufes.cfplaner les lieux malaifez, les précipices , & de vaincre aux plaines tant de dirti- culiez que le fable a accouftumc de porter auec foy en vne entreprife de ceftc forte. Les Tambes eftoient (ut ces chemms,& en plufieurs endroits il y auou de beaux jardins , des arbres qui donnoicnt vn grand plaiht, ôc eftoicnt de gtande commodité aux pallants. Richejfes. On tire du Peru de l'or & de l'argent en abondan-| ce , outre les autres marchandiks : 6c de toutes les ri- efpeces de dards. , r Us fcauent bien s'aUuancer , garder leur ordre , l«- coutii leurs gens , & ne craignent nullement la mort, pourueu qu'ils puilTent lailTet aux leurs vne belle me- , nioire.ou trouucr moyen d'auoir quelque recompenlc de leurs Capitaines» , rr • Le prétexte de leurs guerres auant la venue des hl- pagnols , eftoit qu'au déluge le monde seftoit fauue dans leurs lacs , & qu'ils auoient tous fculs la vrayc Religion, & la dcuoient enfeigner aux autres. Leur principal Dieu eftoit le Viracoca , c eft à dire Créateur vniuetfel , & après luy le Soleil. L Inga Pa- cacuri, qui trouua la plus grande partie de leurs iupcr- ftitions, ayant alTignc des rentes aux temples des Dicux.n'en enfeigna point à Viracoca.difant quil n en aiioit befoing puis qu'il eftoit Créateur de toutes cho- fcs Entre les autres choses remarquables qu ils intro- duifirem aux pays par eux conquis , l'vne eftoit qu ils diuifoient tout le terroir en trois parties : l'vne appât- tcnoit à la Religion . & aux dieux : la deuxième clloit de l'Inga, ou du Roy qui entretcnoit de cela la perlon- ne,fa Couï.fes parcns,fes Barons, fes garnifons,ô: celte partie cftou la plus grande : la troUiéme partie eltoit ïcur le peuple. Toucesfois perlonne n'auoit rien de propre que par grâce fpeciale de l'Inga,& cela n c ftoit bas héréditaire. Ces terits du peuple , & des comrau- nautcz cRoicnt diliribucestous les ans,6c on affignoit i chacun autant de terre qu'^l en auroit befoin pour fon entretien, Ôiceluy de fa famille, à raifon dequoy (xfte portion eftoit tar)toft grande , tantoft petite , & de cecy ils ne pftyoieiit aucune taille. En lieu de taille ils tftoient obligez de laboutet les certes des dieux & de l'inga , & de mettre les fruits en de grands mag.izins deftu^ez à telles chofes, d ou 1 on liroit auOi prouifion pour le peuple en temps de lien- lire On faifoit le melmc des animaux, veu qu on les d.uifoit aufti bien que les paftutages en ces trois par- tics. En quoy il me fenible que c eux - cy furpalloient de beaucoup Lycuige en la diftribution des rettts , & 1rs Romains en la loy des champs , ou Agraria : Poor- ce qu'il n pleur iamais au Pnu , les habitans fe (ou- Cîtiu fo.« ,AU des maifons , i & Sangalle . Collao de ^Tme qu'on nomme auffi ville des Roys , poutce qu'elle eut fon commencement le iour des Ko) se a l'an 15 î9. tft alTife fur vne grande nuiere à t. lieu» lo.ng de L mer . où eft le poit nomme Ca bo . ^ Ide qui eft vis - à ^ vis cent heucs loing de la ville d A lequipa. Elle ef^ baftic auec beaucoup à art , vtri q - au Nouueau Monde. toures Ces rocs principales répondrnt à U pUcc , ôciU n'y a^rclqiic vnc teulc miifon ijui (oie ùas eau, qui y vient de la riuicre. L'air y eft tcmpetZ-. On y (oxu quel- que fuilclieiir.ou bien quelque peudcfioid pinsgrand 1 qiJClutdmaire, durant Icsquacre mois de TEftc d'Eu- rope. Elle c(t au douzième degré, & vn tiers. L'Ar- tlifucfquc , le Viceroy y font leur demeure . & il y a aiifli vue Cour . ou Sicar Iuftir*. • .'«a i» 21S Encore que l'air y foie fi froid que le maiz nV venir, toutesfois celt peut-eftre le meilleur 1/ L plus peuplé du Peru. Er pn- là on peut comp ' . combien la bonté de lair importe plus à la 3 I I canon . & à l'entretien des hom ' ,! ,!i'""^'Pli- ■^.v^u., uc ic V iceroy y ront leur demeure. & ,1 y combien la bonté de lair mW J i '-"•«prendre a at.(li vue Cour, ouSicgcde luftice; .V c'eft icy l'aV^^^io". & à iCetien d s ho ' ' ' bord de tous le. trafics du Royaume. On compte dans Us viures. Au eu de m iz lU "i^r^^^ ^ ^'^«"^-^ce a v;llc de L.ma i . mille cfcbues Nègres. Se U mil- chofes^ certaine raci. eTauc ! ^ a ^ ^ lef..mesE,pagnoles.^parUneft^aircdciugerdu^P^^^^^ Padant pl.. .„anc o„ découur. le porc Gaurc. cncorXe'betf t^dSir" '"j"^^' ^' ou .1 y a grande quantité de Tel . ccluy de Cafma camelogs qui foi^^ ;emmësTL u'?'^^"? '^^ abondant çn bou. 6c eu viures : pui. Santa; ^ Quaru- brebis .mais plL grande 1 "l ^^''^^^ Jiei.cs lo.ng de la mec.Celtc ville cft affifeau feptiéme degtc.& deux tir,s,cn la valcc de Chimo, fur le bord d va beau Heuu*.On a4î,per,çoit après U.pointe de l'Ai- guille au iu.cme deg.c. Payta ville de gi'and trafic, au ciuq.,cu,c : Tumbes au troifiéuie, Sai.uâ:e Heieine au deuxième. Je Cap de faiadt Lau.ens au pccmjcr , 6c là jHprc.l>o.t vi.iJ^&Sainût lacqties, &,pu.s leCap de l-auoloub.ltquinodtial, qui borae de ce co& k 1 etu A ma.n droite quinze licuës dans terre, on void i. vilk dt ia.ndl Michel première colonie des Efpa- jnols en ces contrées. Auant que fornr des plaines du 1 «u, 1 c^im. quM (era à propos de dire me ou deux chol., elhanges. Malaeft vn Jicu loingde Lima quin- « :i ou y void vn. figuier , ,doi« ,1a partie tour- ^ce vers le Sud , produit les fruidts quand il fa.t Efté *uit««B,g,cs, l'autre qui eft tournée vers la mer. ' e., produit qtximJil fait Efté en plaine. £n Ja valée de *ohiica Jl ne pleut aucunement , £c il n'y palTe nul ûm- uc^louccsfo,5 elle abonde tn maiz aucc telle inuen- *utuo6Uhk.jo.ffons. donc ils prennent vnnombre ntiny , puis ils foa: oerr*ines petites foOes cji terre, 'u^s lem.nt leurs maiz, mettant chaque grain en vue de ces poilTons „ 6c i on ne fçau/oit croire Jm- , '«ml multiplie. auffiàlbourc ;;V"^^^^^ A c ^/'^^^^ terre, Se leurs laines font fort bon nés à fane dr.ps . & leur chair faine . & de tre - bo: g-tt. Tiquicaque produit vue forte de jonc nommé Totorc qui eft bon à plufieUrs chofes : l?ert a S de ma,fons.& des barques.ôc de grain aux pou ceSr Chiarques. Collao, autres. Mais la nchcire , & puj^ance du Peru confifte aux roumc« qu. iont dans le pays , dont la première eft ollao, affitc ou les deux chaînes des montagnes , ou ordelKves fufnommées s'eflc-gnent l'vne àl l'autre, s ellarg. Irnt Sa limite Auftiale. c'eft vn lici, nom- e CatacoU & la Seprcntrionale Ayauipç. La capitale ville de cs fi Vnce Guamansn , Guan.go, la Fronteva , Lox« , & S. lacqacs de ^'«'M^cnd Uua- manea crt pteique au milien de L,ma, &: de O ico ^ Tt f lavJeedlxau.a,^ An.e. QHayU(ce -àeft du territoire de Lima. 6c cclU-cy de C.ho) dUÛM gn e de 6o.ltcues acCnlccô. ptefque aux contins on ?oid la ville d. B.ic. à quuae Ueucs de Guamang.. qu'on eaim= auoir elle le milieu de 1 bmp.re de lug. Source que ion compte autant de C^u-to de Balca à Gh.le- Ganmanga eut Ion commence, en rc , les ma.lous font couutrces de taille . Se on y vo 4 mua.i.. , Y^'^.^-r , ■ r ■ , i nlnficars belles &C hautes tours , s enlua ueon ae v.a- uoicnc des'belus pou. tuer ny l'^^^g^^^" -^-J"^ aa mefaie temps en vn lieu Um & donc Cefte vaie . ftou le ficge de l'iuga. au Roy du Pcru. & "uco o ^^^^^^^^^ ^^^^ ^^^.^ ^ ^^^^ capitale de l'Empue , dans lequel .1 n y en auo.t nuUe '^ ^J^l'^^^^^^^ , Caayla . Tamara, ôc Bonbom C- aucrc qui meritaft le nom de ville , on pour fa gcan Le trauail de ces mifcrables ne fçauroit eftre expn mé:plufieuis combe.! en bas à caufeque la tcfte leur Tourne . & plufieuts autres par delefpou : vn qui VKUt àrombet , en tire auec luy toute vnc "oupe C.s ai - nes furent detcouuettes au Roy d Efpagnc l an 1 54S- & depu.s ce temps iufqu s à l an mil cinq cens hui- a.nte cinq les quints du Roy montèrent a trois mil- lions de poids . & le poids vaiu treize leals , & vn ^Twcnt qu'on en tire aptes purgé en 74- engins d-eaa & en fiente de chenal. En la valce de Tarapaye il y a vn lac d'eau fcrt chaude . qai eft fi tond , qu .1 femble auoir cftc faift aucc le compas : & il a celte particularité . qu'il ne croift nullement aucc la perpe. îuelle fource que l'on void boliiUii au miheu , & ne diminue iamais pour vn gros canal qu on en a arc. Cufc S'enfiii: au dix-feptié.xe deg é du cofté du midy la >ille de Cufco en vn lieu ceint de montagnes. Il y a vn Chafteau bafty de fi grandes picires, qu'il lemblc que ce loit pUuoft vn œuure de Géants, que d hommes or- dinaic-s , principalement à caufe que ces peupies n a- uoicnt des belus pour tirer . ny l' vlage des fettemens. r-.n.,. ...II» ..n-.M, \e fi^'af de l'iu^a. aU RoV du FctU,C5^ autre QUI merudii .c .iw.» r " .. deur , ou pour fa police. Elle auoit de grandes rues, n>ais eftroittes . & drs maifous faites de pierres jointes cntr'eiles , auec vne merueilleule induftric : m^.is les cntr elles, aucc vue inw.u^.i.--.^ raaiions otdinaues eftoicnt bafties de bois, & couuer les de paille le terroir ett ûes mcii!<."ic.. entre après en 1. C.«p..ye , .H..« la v.l-c eft la Fto^ 'e,„ ol Frontière qu. commande encot en la i'.outtv " Lefë:;»;; ron, bUn«.S< .. Plu.bc«» dn nouueau Monde. .l ,_a e.,co,e la . - lions uiu...»»--v du nouueau Monae.Ai y a-""--- de paille. , , c i -, « 1 dce oar Alfonce de NercadUle 1 an 1546. le nom. On' oyoir à Cufco le riche Temple du joUiU & es i '^H^^^^.n. Za.ze . fur le bo.d de U r.ui. re .e Ca- PalaisduRoy> où il y auoit vne inftnue d or . & d ar- | gent. llyauoit vne grande placcd'où l'on auoic tire camayo quatre chemins ;>ux quatre ports de l Empire Les Koys du Peru pour peupler , & annoblir celte ville, ordonnèrent que chacun Cacique y baft.rott vn Palais , & y cnuoyeroit dcrocuter les enfans , & pour faire pavo.ftre la arandeur de l'Empire , & les diuerfes nations qui leur dtoient fubieftes , ils voulurent que chacun allait veftu à la façon de fon pays , caft certaine marque k la te fte : qui eftoit vne belle , & magnifique inuention. Cefte .ille f^f "bart.e à la houuelle façon l'an 1 5 H' par François P.zarre. Ede a enuiton 50. milles habitans , & àl'entour en douze licu'ès ioo. milles. U y a pluficurs.petites riuie,cs]qn. coiucm par foi tcrro r, L le rendent égalem-nc agre..blc.fic p.c.a.< biens. On void par tout des can^r^S'^" feme.s ai ..aiz. ^ de nos grams. des vergers ^^^^^^^^^ de limons, d'autres fruiits.& des jardms t le.ni d hei bes'de fleurs, & vn nombre infiny de belbai efpars pa les montagnes voifines. I é. La ville de Cufco a vn terroir p^ein d'agréables , & riches valces . comme font celles d'Andaguayla , Xa- quiiane , & ûilcas , & de Sucay. CcRe dernière a air fi bon. fi fubtil & fi tempcre,& fon affiette cft fi agréa- ble, qu'on ue la fçauroit dignement exprimer : a railon dequoY elle eft tome pleine de magnifiques ma.fons d'BfpaUls. & de gros villages bien peuplez. Nos fruits y viennent auli bien qu en Efpagne. A Cufco on mange des raifins fraiz tonte l année. Il y a au'Ti force bœufs . & grande quantité de brebis S. de che- uaux qui s'y entretiennent , & y mult-pliem aulfi bien qu'en Europe. Capmalaca y ^autres. Mais il eft temp5 que nous .nrnons ^-^^^ de Quiro,larpe de cent milks A: longue aeux .eu !ffi&ilq-tcur,^ioure.fo.p..t^^ chaude. La ville de S F,î.nçu.. tondcc Un ; } vV- • camta ; de CLi- , ^ r2uince.& renommée pour la déroute & ^ vn pot ec^Uu ^^^^^^^^ ^ ,^ prife d-Atabalippa Roy du l'eru . aducnue an . 5 . j "^^^ ^^^^^^^ de U rançon duquel les vainqueurs s enrichirent pbs ^ ^^^'^'^^^^^ ° .^^^^ ces lieux qui jet' que foldats qui furent iamais au mondc.encores qu ils , fes cannes p e,n« d ^ ^ n"en eurent qu\ue partie : car cent loixan'e ho.rrmcs du feu fur la cime ^^^^^^ji, T?:chevresyfontdet.oisiuVàcinqche«r. au Nouueau Monde. merucilleux , veu qu il jette tant de cendres , qu'il en 1 quante œafs, & dauanraaP n i r . couurc quelq,.csfois deux cens milles de pays, l'en- \ln..cua^:,M tour , & poulie rauc de feu , qu'on le void de dIus de ' 1 . ."l ' ^'"q^ame foldars. tour , & poulie tant de feu , qu'on le void de plus de }Oo. milles loiug^, 8c fait tant de bruit , que les tonnec- rcs n'eu font partant. La ville de Saindk Fran& va len îicnt comme la Saofne. On y void beaucoup d'ani- mx différents des noftrcs. 11 y a vn animal entière- :nt femblablc au pourceau, finon qu'il fe paiftd'hei- I & dort en l'eau comme vn poilTon. Les Efpagnois nomment Sonailks certaines Vipe- longues d'vne bralTce , & grolTes comme vnc pi e. Ils ont certaines enleueures fur la queue de la indeur d'vne noix, qni fonr creufes, & conjoioéles je auec l'autre à la façon des ioinébures dti doigts, Ion tient qu'il en cioift vne toutes Its annci;s. Ces tes fom 11 venimculcs, que fi l'on en eft mordu , on urtauŒ-toft.mais elles ne voycnt à i pas loin d'el- . & 1 on oyt le bruit de leurs enleueiiies , ou pour :uxdircfonnettej,de vingt pas:il y en a auffi au Bra- Le p.ysproduiét abondance de cot.on, de riz- de ™a,z.ô. de d.uers fruits: mais il ne porre ,y frominr vu;;: ''t' ? "^'"^ > ^ - - s V." s y vend cent efcus ordinairement.Toutcsfo.s ceu* du pays font vn certain breuuage de ma^z, i èro^a r '-^P'-^^P-^on : mais Zt , ^'^'^^ P">re nuiere miraculcufe , qui n'elt arge que de deux braifées , fort peu pto onde^" & n] court qu enuirau vne lieuë, pourc. qu'elle fe J.AC dain d.. ,e f.ble : Se touce^sfois d^^t ^ft ^1" d eau, & de tro.s for.es de bons poillons , auec relie ' commoduc & abondance , qu'on les pren-l Tue vn fcau .ouaucc la mam, & cetle pelchc dure dTp ,is la Mœurs. Il y a en ce pays diuers peuples barbares.^ eut l'au- es .es Cer.gans, & les Vicara^.s . qui s'ent efon o " cmuel lement la g.erre, ou combattent cont e le Ef' Les Toues leurs voifins, mettent leurs exinemis ori* Les Varays fe difcnc tous ésmx enrrV„v r^, • i qu ils demandèrent à vn Predicarei.f n 1 ^ baptiferoit auec vhe mcf^e eau qUe ' a^Ts fi" eftoit qu'ils fe filTent Chreftiens.^ Ils ' ' Sainâe Croix du Mont, Ayant décrit le Peru , il rcfte que fuiuant la trace de quelques Capitaines Efpagnols,nou« entrions au cœur de cette grande Prelqij'iilc , & voyons ce qui a efté dccouucit iufqucs à preknt : & ce qui me fait refon- dre à en difcourir , c'eft la ville de iainde Croix du Mont , que les Efpagnois y tiennent. Doue entre la tmicre d'Oriilan , iSc celle de la l^lata, on void au 17. degré Auftral vnc montagne qui eft vne branche des Andes, qui va iulqu'au deftroit de Magellan , & a tou- jours fcs cimes chargées de neige, de de glace. Ayant j^cs a pallc Ifis confins de Cerig uis , ou defcend en'vn pays ( grands que kur! TJ21T\] '^2'"^^"^^"''^"^' «Jars plus ]ui ,4 efté découuert depuis ,0. ans en çà , où il n'y a le forVe oaïk ,î / "^^rpfiknt e„ tel-' ,as vn^ pierre iur la terre.ou dans l'eau, d la grolTeur ' ' " ^ demandèrent à vn Pr.^.vf..... r. _ , tant n'ont point de aux armes demeure arrtftée. Il, «ctceM ia^sfiu prefque .uffi - ,oft qu'ils fo„r , , coup figf,alc. Ils i« TX\ZIT'\ ™ es Qyelques-vns de ces peuples pour p^ciftce «luà terribles le teignent le corps , & \, L , nouuelle, ou elt pkine, on die q, ',Js fe fi-.nn certains poignards d'os pour s'^:^,^ f™^ dents de la guerre. lis «e kauent que c'eft n t ? & 1 on n'y vend aucune chofe llTcco^t^ les pkurs ks morts au tomb'a r^c f^Mr l"'' -a Tocca eft vu oyfeau de la grandeur de la Gor- le , mais il a la pcdrine blanche,Je bec doré, & de îucur égale a tout le rcftc du corps. Il y a des Au :hes en grand nombre, & les foidats qui marchent pays , tjOH;ifnt louuent dps nionceaia dç cin- Car k cotton fcrt cy d^ rhonnnvp a. r 1 y «nonnoyc , de mclme aue e Ces peuples viuent longuement & pkins de fanté Ils fe platknt a la ehaffe, &c à prendre d< s oyfc.ux k mar^gent des hormis rofties , des queuës d/ ocodri des ^uterelies,^ des vipères, aprc^ en auoir ollé t fte. & k fuye. Ils vont tous nuds. excepré que les felL mes portent par honneftcté quelque fe£lk\a ef 0 c , ou ceinture de cocron alf.z tftro.Ée, & ce api les 1 habiikment dont on vie au Pcta Quand il fait froid (encore que îç pays foir chaud de fa nature , & qu'.l n'y foufile \ul ne fortent pas du loojs ou b,.n i!s portent q.dqu i 2oa CHia maippo,r s'échauffer reftom.ch.1js T Is portent 2l8 De TEftat du Roy d'Efpagne, tous la tcae calée à main droidc & à main gaucne , & au milieu laifl'. m vn bouquet de cheu.ux. Q^^^f^ , vns s'en ralcic la moitié , mais les vns du cofte droit, i les autres du gauche , & la pUifpart a 1 entour , laïQanr les cheutux au milieu. Ils difent qu'ils ont receu cet- 1 te couftume d'vn certain Paicumcà raiton dequoy i s , nomment Paicumc le premier Religieux qui y alla pour ptefcher l'Euangile. Quand les femmes enfantent , les hommes le met- tent au hCt , & font ce que nous auons écrit de ceux du Btafil. Ils ne fcaucnt compter que lufqu'à quatre. Pour dire cinq ils dilcnt toute la main , pour dire dix les deux mains: pour quelque temps , ils laillent en a makon auîant de baaons qu'ils veulent demeurer de jours dehors , & en portent tout autant , ôc chaque our ils en oftent vn,& la femme ou celuy qui demeu- re au logis vn autre , & de cette forte ils comptent les jours de l'abfence. .11 Au delà de fainde Croix vers le Leuant il y a les peuphsGarays, c'eR à dire gucnieiS , qui nomment tous les autres Tapuys , c'eft à dire efelaucs. Toutes- fois ils eftiment les Efpagnols , & difent qu ils (ont def endus d'eux. Us n'oublient iamais vne iniure. Ils mangent h chair humaine de toutes les nations , fors que de la Icur.Us baftiHau des maifons hautes, & Ipa- cieuf.s,où plufieurs familles viucnt enlcmblcchacune à parcbi'-n que fans aucun cnticdcux. Us te percent la lèvre de delîous , & y pendent quelques chofes qu ils tiennent gentilles. Us n'ont aucune forme de lullice. Les meurtres ne font punis que par les parents du mort. Leurs Caciques ne fcrucnt que pour les chefs de auerrc. Us ne permettent pas aux Efpagnols armez d'enrrer en leurs places , dont l'vnc a pour le nioins 4op. milles, fa longueur de cinq cens milles, ôf largeur eft diuerfc.mais où eUe s'eftend le plus,elle que joo.milles de large. i Le milieu de l'iil : eft efloigné de l'Equateur vers* Nort prés de dix-neuf degiez , ôc fa forme eft long* d'Orient en Occident. Sa ville principale eft celle» Saintt Dominique, de qui route l'Iile prend fon aoà c'eft là qu'eft la Cour ou le ficgc de la luftice où ilfl vn Prefidcnt. C'eft-!à que fe tient auflî l'AtcheuefqiH U y a en cette ville cinq monaftcres fort célèbres ; Ip* autres villes font S. lean de Ncguanc , port de Pl^ port ^oyal , Cauana , Xaragua , & quelques autres A*, cotes qui ont efté bafties pat les Efpagnols. Qualité. ' L'air y eft merucilleufement bien tempéré, n'cft«« ' la ch '.leur ny la froidure vehemf^nte , combien que lut ^ le fommct de quelques rochers fort haut le froid foi'' plus alprc. Toute l'année les arbres fout reu?ftus d* fueillcs , en iani. is les vues nf tombent que les au- tres ne lepoullcHt • tous les arbres tous les graii"» au Nouueau Monde, 8c toutes les herbes qu'on y porte d'fifpagne y vien- nent, & fc multiplient au poffible, mais on trouue pat expérience que le fiomein ctoift mieux en lieux mon- tueux. Ce pays a plufieurs havres ôc riuieres : mais ce qui le rend plus délicieux & Gommodc pour les habitans, c'eft l'eau de quatre grands fleuucs qui fortans des cou- peaux des hautes montagnes , qui fout enuiron le mi- lieu de l'Hle courent de diuers codez , veu que Luna tend vers l'Orient , Artribunic vers l'Occident , lac- chie vers le St ptentrion , ÔC Naibus vers le Mitîy : tel- lemenc que l'ifle eft propohionué.nent diuifée en quatre. On void en cette Ifle vne cauerne fous rrle haute montagne tirant vers l'Orient efloignce de la mer tout au plus de foo. pas, donc l'entrée elt fenjhiable au por- tail d'vn beau p.ilais* On y oyt le bruit de quelque fîeuue impétueux, qui coule rapiJem«nc fous des concauitcz Ibuftcrraines l'eipace de cinq mille traiéts d'arc : tellement que ce- luy qui s'en approche de, plus prcs en deineurfe demy lourd quelque temps. Toutes cts eaux fe viennent joindre auec vn grahd lac plein de bancs périlleux. Dauantage il y a vn autre ;rand lac oue les Indiens appellent Hagueygabon, & es nollresla mer Calpicnnc. Ce lac ayant rcceu vn grand nombre de fleuues de ouces parts le perd en vn golphe : de forte que ces ro- :hers fpoDgieux reçoiuent les eaux de la mer par quel- jucs conduits Se cteux loufterrams, d'autant qu'on y rouue quanrii é de poilTons de mer , & que l'eau y elt alce. Au milieu de ce lac eft l'ifle de Guarinfata fort 3 Hauan.qui eft le pit.s grand abot J de l'Jile. U ville dé S. lacques eft vn iicge tpifcopal. Aux cnu.rons de l'/flc o„ trouiie plufieurs banc* dangereux, veu que vers le Septentrion il y a Tn ,ran1 touraoyement d'eau, ôc le cofté du Mrdy Jï aulfS & p^ct d! P;""/-*^^- La région e'ft montL' f" & pleine de forefts, & de riuieres, & de plufieurs eftang, d eau douce, & pareiUemeut de falé .-Dauan- tage 1 y a des mmes d'or aux montagnes. & le grauicc de. r,u«res eft prefque tout d'oc, vne c rta oe^vaHc" JT] ™f ^•^^'^'î"" fi couuerte de gran! des boules de pierre, qu'il fcmble qu'on les v ait S pour plaifia^en qu'elles y foie^t ^atu^elî Lnt pf lemS: ' ' -"""-^^ Les habitans de cette Iflc prenoicnt plaifir à appti- uo.fer les ferpens auant qu'elle fuft d^couuerte. lis al- loient auffi tous nuds comme en l'Efpagnole. Le peu. î UoLnr''"'°'' " """'^ pr0duif0it.&?0US vluoient en commun. . ^^"a ^'^ ^^ nomme aujourd'huy de SùnSt lie- 4 ropre pour la pefcherie. Les autres lacs de ce«e Iflë i nr Fil' '=^»^-<"^pt ^ le dix-fau.d degré de leo qa'iis (oient tous petirs, foiJt tous falez. On void jvj^^r n u w ^^^^ i'Orient r£fpagnolc , du uir, li le Un A. M ..M.n^ C, , \ ....r. j- r.. . ^2°^^ ^"ba i du Midy les IfleS dfc ÇdnSt Bernard; & de Gartagcne & du Couchant les terres de lucatîou larlr'ï^ ^^^nqu^nt.-cinq lieuës, f" qZe -"g^-=i"g>&fon .our de cent cin- quante. Elle contient deux villesx'eft à fçauoir Seaillc fe:.:^^-^-^^4i-Mii.isS ulli li le lac de Magnano fi connu à caufe de fes bon- es eaux : II y a icy grande abondance de fel , car on le re des montagnes comme le cryftal. Outre tous ces es il y a auffi vn grand fleuue duquel les eaux font lées , combien que plufieurs petits ruilfeaux d'eau 3uce s'y viennent rendre.Cctte Ifle porte auffi de l'or, : l'on dit que les Monts Cabiniens ônt des mines .fines de tant d'or que c'eft chofe incroyable. Cette le poue aulîi grande abondance de fucre , de la calTe, J gingembre, du tnaftic, du bois d'aioés, & de la ca- ille. Auant i'arriuée des Efpagnols elle n'auoit que uis fortes d'animaux à quatre pieds : mais mainte- lot il y a force animaux priuez, fi bien qu'on y porte là en Efpagne vn nombre incroyable de cUirs, Ôc de aux, 11 y a aulîi de l'azur. Mœurs, Les habitans font naturellement oyfifs & parefleux, [it tous nuds , & viuent feulement de leur pclche! ant qu'ils eulfent receu noftre religion,ils croyoienc il y auoit vn premier mo eut de toutes chofes,mai$ rcftc ils cftoient pleins d'vne infinité d'erreurs. De- is qu'on y a porté des cannes de fucre on y a fait des ules proprts. & bafty des boutiques.fi bien que les 'itans en font au/ourd'huy vn grand trafic , & par moyen s'tnrictnllent. K Pi-/.Ur r% j - ----- /iHgicrc jvnianois me detfle V' ^■"blagua 1,^ habitant ualité, rtchépê. Elle jouit d'vn bon âir,& alTez feriile, nourrit gràrii de quantité de b.fta.l , à caufe de fes beaux herbl^^, & defort bellesfomainesqùi lesarroufent..On dit ?u1 qu il y a des m.nes d'or O. en tire auflî grande quan* es î '-'^^-^ y « Plufi-rs bonnes riuiei res, & plufieurs lacs,qui y abondent en poUFou. Mi œurs» Cuba ou Ferdinandé. void cette Ifle du Couchant de l'EfpagnoIe, & le de lam.iqiie luy eft au cofté du Midy. Elle s e- id joo.heucs d'Orient en Occidciit.Sc fa f-'iasgran- ^rgeur eft de 6j.lieués,& il y a beaucoup d^endroits ^i c neft large de plus de vingt, il y a fix villes, la capitale eft celle de S lacques, fort cogneuë à e de fon fleuue & de fon port. On tient que les « Villes ne font guetes bie« peuplées hormis hab tansde l'EfpagnoIe, & de Cuba, combien que quelques-vnsd ient, queceu:t de lamaïque eftoienc autresfois plus ctuels. Les Jjtes des CdniUtes, èùCàribes. On nomnit Ifl.s des Canibalfs toutes celles qt» ^i f.nt cfteriçiues par vn double rang de l'Ocient . M>dy de i Elpagnole , v,s à vis , ou à la veuc de terre fetmeL. plus grande part eft (ans habitans.mais entre celles qui (ont habitées , on tient pour première, l'ifle de S. lèan que les originaires nomment Boriquen . & cette -cy eft proche de l'EipagnoIe du cofté d'Orient & a cjojs cens «ilUs de longueur . & foixante à 210 Del'Eftat du Roy d'Efpagne, 1- j 1 FUe abonde en bleds 6c £iUjéis,eoani- \ oo,flbo"con,me aoffi en or. S. l'on , >rou. Comtmment CtUll du NOUUtAa " daGayacforcex«lknt. Sa ville priDcipaUc'eft Mit vne forme d'inftruire les Indiens en la dodriae ntelticnne , afin que tous l'obferuaffent , & pat ce oyen on coupa chemin à plufieurs erreurs. ^^L^COCKOISSAKCB QJ^B les Peuples du Nouueau Monde ontdefDieu. Es nations encore que barbares.dre/Tent les yeux ■^^'l- d^m n"'. 1^'" ^ tiennent que .s n'ai - "^"^ '^"^ ^hofcs. ■ mft.oa naturel , & cette cognoilFance de Dieu eft ^ plus ou moins de 1 vlage de la r^fon & de la ver- t 11' P^"""" "'^"'^^ ' Chichi- - . .'^* .Daitîate5, Car ceux -cymcnans vne vie ent.eremencrauuage& brutale, fans chefs , fans loix, fans aucune forme dcciuilité, ny de police, ne monftrent en leurs aâtions autre difcours de faîfon que celny dont .Is ont befoin pour leur entretien. uS obfcurct en eux l entendement , & les paflîons aueù- glent le lugcment. Ils n'eflcuent leurs penfées au def- prefenter"*'' ^"'^"^ ^^"^ Aiijfi les voijîns du Brafil n'ont aucune cognoifTan- ce de Dieu ny de Religion. Mais pource que l'homme ne peut demeurer fans appuy,il eft nece/Taire que ceL qu ne s appuyé en Dieu s'aftujetti/re ; fînon\ux fauj ^leux.au mo.ns aux Augures, en femblables vanitez. & de cette forte ces Brafilirns encor qu'ils n'adore* n^r* '^^^^^(ois ils font comme tyran! n.fcz par les Augures. 3c les charlatans , ôc fe gouuer-' nent par les fignes des chofes futures. ^ " , Les peuples de fain,ae Croix du Mont . quoy quE nayans po.nc d'Idoles, adorent toutesfois le diable non pour en obtenir quelque bien, mais pour .n éuZ er quelque mal. Ils parlent, & traid.n.'^auec luy i Iny prefentent d.uerfcs chofes, épandenc d^ leur br u- U3ge à Ton honneur, & en boiue^ic auec grande olre- ' nionie . Se nofent toucher aux fruits de la terre^^n, luy erj auo.r offert les premice.. M.i. il n'y a chef Tn qudle ,1s fe foûmetcent plus à luy qu'en la chaffe, pefchcqui font les arts,& les exerces auec lefqûeÏ Ils s entretiennent. 'ciqucis en certa^n'rJ''^"? dWmefme* ' dants , & fur des couleuurcs fans en rece o oSnct Les mefmcs ont cognoiffance de fept {ane. A^T^ nrons,8c les reuerent de crainte d'eftrTw '1 r mes tuez , & font encore fort addon ,ez ux r Ils portent leurs fîechrs aux deZsTfelnnl -nt,où ils les tiennent pour br^t Il^j.TJ^:^!- " ceS:itïr,Ti?:fefe-p^^"'w vn Créateur de r Vniuers.& v^T^ Lra „ Princf^ f nommoient Viracoca, & Pacacama 2 Pac ! il' a fçauoir Créateur du Ciel & de la Terre S ' ' en leuant les yeux au Citl Mais ik nZ ^^°\^^^nt morcorrefpon'dantaunomdeD^^^ d'huy ils ne fçauent dire Dieu . fi ce n'eft e^f^ r"""'' du mot Efpagnol. " ^""^"^ der^no'? ^f'''' 'î" ^'^^ de leur perfua- de qu ,1 y a vn fouuerain D.eu,mais non de leïi^don' «er à entendre qu'il n'y en ait aucun autre Toutes d;au.es . .outesfois ils n atXnt^as' ^1,^ & d autres vices deteftables à l«ur Vuacoca comm; ■les Grecs faifoient à kurlupiter ain, , "e luy attribuent que desS^L^s" LTe!" tu fait plus mamfefte que iJsole.f Tl 3"' le fecoL lieu ac le tr^i^^ ^^^^^^ des autres chofes qui s'engendrent en IW ^ ^ '-^ cipalement au Di^u dutoLer^e?"" ^rTet'""; ♦ toutes Ioit« dauimaux d'où dep^ndok T j De l'Eftat du Roy d'Efpagne, 211 ,;^n ^ ratiementatioli des troupeaux , & des roy eux fon Dicu,& l'on eftime qae ces Dieux ont eftc des hommes de mérite , qui apparurent à ceux du païs aptes leur mort ai>ec diucrs artifices du diable, De t idolâtrie enuers Us l^tejpajfezj. Ceux du Fera conferuoient foigoeu'eratnt les.j corps de leuis Roys décédez , qui eltoient à Cufco chacun en la Chappelle , & il y en auoit de plus de deux ccnsians. Chacun de ceux-cy laiffoit tous Its thcc- fots qu'il auoit alFemblez pour l'entretien de la Chap- pelle où il vouloit eftte cnteiic.& de ceux qui eftoient deftim z à le feruir.Chacun d'eux faifoit faire durapt fa vie fa ftatuë de pierre , àhquelleon portoit htxiucuc comme à luy-raefme , & durant fa vie , ^-apt" fa mort. t ■ u (T On portoit en temps de guerre , & de feichereffe ces ftatuéspoiir obcenit/a vidoire.iSc la pluye,& l'on leur faifoit diuers facriJces. C'eltoit choie générale- ment pratiquée au Mejhoacan,& au Peru,& pays cic- conuoifins de tuët ema mort des autres,lcurs femmest leurs filles, & leursferuiteurs plus aymez , ou de les enterrer viuans,afii; qu'ils ne manqualfent de gens qui les feruilfenr. Ils les tuoient après diuerfes chanions & dances, & cesmiferablcs s'eftimoient heureux d'e- fttc ainfi traide/. Quelques - vns des familiers ou domeftiques de en quelque lieu , les vieillards T'j^: l'Inga. & des Sdgneurs du Royaume, pautce qa'.ls ne en la mamA le conjurent de s en aller f ns faue^^^^^^ ^^J^^^^^ ^^^^^ ^ ^^^1 maae. Cependant les jeunes gens , & ^^[^^'^^no^zt f^if^^z aux lieiTt où le mort auoit accouftamé de palT^c „,eurcnt au logis, afin que cet oyfeau ne leur annonc ^^^^^ ^ ^^^^^^ ^^^^^^^^ -f. l-ammaUftoi priué , elle le cunferuaft , & le fift ^:o,?erer:rs'.Uftoi^enimeux,oafauuage,eU^ ^"L^'^rat! aStnt auec de grands hurlemens , ac auec vn molement eftrange de tout le corps,la Lune ûuand le CroilUnt commence : afin de ti- Hr à aeTarc^ eft leur principal exercice, r s ^ déco pent lesbras en pluheurs Ueux , & ^^^J-^^^;^^ lescuiacs , afin de courir plus promptement , & apre L Je ent delfus des cendres des amrnauxqui font Iftimez viftes, & de mefme les femmes fe dccoup n. îe Xe . "rc-ires, les bras , puis les teignent d vn '^ïeTchiat's^pX's -ifins de Croix du Mont, diuVent^'a e^douze r.ois , aufquels ils tout pre- t au n J'Eftoilles qu'ils adorent . leur fai(ant ce.r- lider autan n dominent aux mois des tains facrifices, & à celle, q ^ rcroltes plus qu'aux autres. Ils les prient , oc i :> onen en criai qu'elles leur fo.cnt propices & fauo- ils abhorrent ^^^^^^^^^^ .^^^^^^ ^^^^ ^''S:^!^a:Peru(poutretournerd;t^rjov^^ me; partes) attr.baoïent encore la diumuc a la terre,6^ Tu mer fous les noms de Pacacuma.ôc Macamoca,& à la mer, lous les ^ ^^^^^^^ ""&'meruXen^y aux arbres. lux foa.mets gr.ndeur,& '"«"^ J^J^^^/;, aux rochers d'exceOiue des montagnes , aux riuieres , au j . f„v oius. aux couleuvres, & aux tygres,anu r " Wc uoiraucun dommage. En k„,s voyage U "off.o,enc Uu,s veux foul.e.s ^^X^ To^S'au aux monfagnes, aux veu.s, & aux au- '■restaÏ:;.Î^:stif":«o*a„aa.eu„Dieux g,a„d honneu, ^ '^ï*-^";, „qui eft en la contrée du S:rSt'ilt:éI.»udeaegu„de«A lort-vjeu, » lecommandoient à elle en beauté f '^«^ ; f ^^^^ A Sainat i; -oLt pour Dieu certaines pierres ^off s Zrne des a:uf., 6c quelques auti.s plus gran- 5es Is eftoient fuperftitieux enuers les fontaines , ôc les eaux courantes s'y lauoient auec diuerfes cere- mit E pagne, ils tiennent qu'ilyav^^ Gouue Sem d rVn.uus , mais neftendent fon gou- Couuetneui u . l'homme , afin de ne uernement, & la prouiatnct * .^..n.nr les morts préjudiciel à fon franc- arbitre. Us brun.nt les morts fans c«e— ^"^"^^"^ '^^"^ ^ Ceu" d^ M^ihoaca» auoient cognoiiW du corn men cernent du monde.dc h formation de l homme.du limon de k terre, & du deinge.ce dernier eUo corn- a,un à ceux du Peru,5. du Brahl. mats auec m l le lo " fes.lls croyoïent que les Dieux d'en haut fireij cho- fes celelUs, & ceux d'embas les tcrreftrcs, ils met- toient vue niere de tous les Dieux, comme les Giecs faùoient Cybell''. Tout atc,e« tout cxeicice aiioit ar lUUCiO ailA llCl'A »v ...wi. , le temps , ayans opinion que le Roy palTant pat là les meneroit en l'autre vie à Ion fcruice. Aux obleques de ringa ilsluy facrifioient mefraes des enfans.ôc tei- gnoient la face du mort de leur fang , tirans vne ligne d'vnc oreille à l'autre. Us vfoient d'autres cérémonies quand quelqu'vn du mend peuple mooroit. Ils roet- toienc force viandes fur la fepultutc , & de l'argent, SC de ror,& autres chofes de prix dans la bouche, au fein, & en la main du mort , & leur donnoient des habille- ments neufs, afin qu'ils fuffent garnis pour l'autre viCi veu qu'ils croyoient que les amcs des morts alloient errans çà & là , & eftoient fujedes à la faim , à la foif, au froid, au chaud , &c pource ils celebroient leut bout de ran,i5<: y portoient diuerfes viandes,8c meimes des eftofFes pour s'habiller. Ican de la Tour Capitaine de Confaiue Bizarre, tira d'vne fepulture la valeur de cinquante mille efcus en eftofFes qui auoient efté mifes là pour cet cffed. En Mechoacan, pource qu'ils croyoient qu*«n viuoit en l'autre monde comme en cettuy-cy.ils fe pournoyoïeat en trourant non feulement de viutes, & de veftemens» mais encoie de chofes appartenantes à l'exercice qu'ils y vouloient faire.. ïDe t idolâtrie enuers les Statues. Ceux du Peru n'eftoient pas moins fols autour des Idoles de pierre , Ôc de bois , & pource qu'ils eftoient pouffez à reucrer les diables pour la peur du nui qu'ils leur faifoient , ou pouuoient faire , ils les B- guroient en formes terribles. Les diables parloient en plufieurs de ces ftatuës , & rofpondoient à leurs Preftres. . Les xMexicains outre les ftatuës adoroient encot des Idoles viuan^s. Us prenoient vo prifonnier.&quel- quesfois daijantagcqui leut fembloit plus propre peut le factificc. Us 1 habilloient, & l'accommodoient de mefrae façon que l'Idole à laquelle ils vouloient facti- fier, ôc luy donnoienc le mefme nom. Durant tout K temps de cette teprefentation.qai duroit par plulituri )ours. Se quelquesfois des mois entiers, )^ j roicni , & luy portoient hoiincur comme à 1 IdoU « au Nouueau Monde. recfme , 8c cependant il pafToit fon ccmps , & faifoit I deux fortes de femmes veu au^ o,..! bonne chère. Q 'and il pallo.t uar les r.^.. I*. mon^. fiii.c "'^"^^ 5"^ quelq„« bonne chère. Q;;and il palloit par les rues, le monde accouroir pour luy faire honneur, & luy orflir diiicr- fes fchofcs.On luy mcttoit deunnt les enfans,& les ma- lades , afin qu'il les bcnift , &: les reraift en fanté. Ils luy laifToicnt faire roucc cliofe à fon plaifir , excepte filles , les autres fc.rui:^:^Ç ;^r':Zn ' Mamaconcs. & celles- cv lonl ^' 9^' '^ommo.c & les inftr„i;o.enr ^ commando.ent aux autres. Il y auoit en chaque monaftere v„ Gouuernei.r qui qu'il auoit de .our dix hommes à fa garde . ou da'u'in: j es ^sTi h' "^JbTrif '"r ^'"7 ^'^"'^ ' rage autour de luy , Se de nuift on lenfermoit dans leur beau^c^ &Tcu J.t " T ^""'^ vne cage. Ec quand le temps de la comrdic eftoit ex- au de/fous de IV dc^d x htâ lTl^ ^''^^ „ • I "uiuçai.s. \jC$ h |v s avants cEfor"T'T"'j '"'^ ^^'P^^'*'"- ' ^ di JcrS Cou lor ' ■ 1^^' ''^ ' ^^"'^"^ cuaoyces àla Cour, lors qu el.es auo.ent padc l âgc de ,4. ans, & là .1 y en auou vne partie qui demeioicnt'au rui e des Guaques en perpétuelle virgini,^ : vu, .utre eftoic vne cage. Et quand le temps de la comrdic eftoit ex pire, & qu'il cltoit bien gras, ilslecuoient pour le fa- crifice,& en faifoient entt'eux fcltin folcranel. De leurs CmqueSy ou Temples, j j II y auoit au Pcru quelques Guaques communes à tout le Royaume , & d'autres particulières à chauue Prouincc. Il y en auoir trois plus faraf-ufes , i'vn'c à quatre lieues loing de Lima qui fe nommoit Pacacama, dont les ruines monftrent cncor aujourd'huy fa gran- deur. Le diable parloit en ce lieu & refpondoit aux Preftres , qui alloient confulter ordinairement l'oracle de nuia,3yans le dos tourne contre l'Idole , puis baif- foieni la telle , & fe plioient auec vu vilain gcftc , tant le diable «yme la faleré. Ils luy demandoient confcil, & il fcfpondoit d'ordinaire auec vn fifflement aigii,&: pénétrant, ou auec vn cry horrible. L'autre Guaquc eftoit en Gozco , oii les Ingues auoient mis tous les Dieux , & toutes les Deefles des nations qui leur cftoient fujcdtes , comme pour gages de leur lubjeaion & fidélité , & chaque Idole eftoit entretenu par fa Prouince auec vne defpence ineftima- b e. On y voyoit entre autres la ftatué du Soleil d'or maflîf.toutnée auec tel artifi ;c du coftc du Leuant,qiic lors que le Soleil la frapoit à fon Jeucr , il en fortoic ram de fplendeur, â caulè de la reuerberation des rays, qu'elle redoubloit la clarté du iour. La tcoifiéme Gua- que eftoit en TlHe de Titacara dédiée au Soleil, pource qu'ils difoient que leurs pays ayans eftc bien longue- nïcm fans lumière , le Soleil apparut tout à coup en ccfte Ifle, & luy rendit le iour & la clarté. A raifon dcquoy l'Inguay baftitvn Guaquc magni- , faque. Mais les Mexicains furpaftbient de beaucou ceux du Pcru en grandeur de Temples , & de cererao nies. Il y en auoit vn de l'Idole Vitzilpuitzili auec vi h grand cloiftre à l' entour , que dix - huid mille pet lonnes s'y alîcmbloient durant leur fcfte pour y dan ccr, & ce temple eftoit ceint d'vne muraille faite de grandes pierres en forme de ferpcns. Il y auoit quatrt portes tournées vers les quatre parties du monde , & Il y auoit vn chemin paué long de fix milles & da- iiantage , qui refpondoit à chacune. On montoit au :emple par vn cfcalicr de trente degrez,large de trente srallees. Entre les degrez & le temple il y auoit vne Jetite place large de trente pieds auec vne file d'arbres & des baftons entrauerfez entre l'vn & l'autre , chât- iez des tcftes de ceux qu'ils facrifioient.il y auoit dans » ville huid autres temples de la mefmc forme , mais on il grands. Des "Preftres ^ Religieux. Les Preftres cftoient à Mexique diuifcz en raoin- ;cs. plus grands, & fres-grands, & ceurcyfe nom- iOient l'apes. » nnM ^r?''"'* d'encenfer les Idoles: \Z °!'"^ îc"" ou coucher du Soleil , & à -c™ wt.?r'^" "'^ ^^"^'^"^^"^ ^" Temples acun félon fon degré. Outre les Preftres il y auoit s Monafteres de femcaes; il y en auoit au Peru rlu -o.ns vn en ch.q.e Protnnce , aclà li demeuroit /• / , • . » i, — »ui. autre eiroïc r en, e pour ks (acnfices orafn.ires qu'on, f .,oit de nlle.. ^ pour es extraordinaires qu'on faifoir aux oc- currences de I Ingua, & vne autre partie eilo.t donnL en manage aux parer.ts , & Capitaines de i'ingua , ou tetenue pour .y-mefme. Si qucJqu'vne de ceMe y f" touuou peu honnefte. on i'enterroit viue, ou bien oa la hifoit mourir auec vn grand tourment Les Mexicains auoient cncor vne certaine forte de rel,g.eu(cs.dont la profeffion ne du. ou plus qu'vn an! & qui demeuroient au cloiftre du TcmpJe , ou en ccr' ta.ncs maKons, & on les nommoit filles de la pemt ,„. ce. Celles - cy ne pa/Toient pas l'âge de rreize ans, uoient enfermées auec chafteré , bahoient le temde, appreftoient les Viandes qu'on mettoit dcuant l'Idole; & que les Miniftres mangcoient. Elles fe leaoient à minuia pour faire leurs prières, & par pénitence el^es fe ft.ppoie,K au haut des oreilles at'ec certains petits ^<:o«ftcaux, ôc mctroient le fang qui en fortoit fur'jeu^ On tenoit pour indice de l'fpipudicité de ces fille, fi les rats rougeoient quelques chofes aux Guaques ou y pafioieiK par dedans , & lors ils chercboient L. gneufemenr qu, cftoir ceUe qui s'eftoit oublé' Vis à vis de ces filles il y auoit vn. conu.=-nr de ieu- nés gens de dix-huia à vingt-ans ou'on reL-gieux. Ceu)^.cy porloien. cert.^n^c^ nommojc Li Li i .1 " couronnes (em- bLbles à celles de nos moynes auec ie refte Se cht , ^'^"x rur les epaules.lls v.uoient en pauuretLl afteré ^ obeylTance. Ils feruoient à la G^que & f^^^^^^^ ares. II y auoit encor de petits moynes deft^e^/j 'ermces plus manuels, & Le vils o'ffic s I " ,0, quatre à quatre ou fix à fix par tout, auec tant d To! def^ie qu ,1s n ofoient leuer leurs yeux,princ p Wn ou il y auoit des femmes. Ils cherchoienr f ^^^^ par la ville , ^ fi l'on ne b leu^f:^ ^^ct: champs prendre ce qu'ils y pouuoienr rencojitrer f que les maiftres enflent la hardielTe de les em r i! oudeleurfaireo.rage,&ceftclitrt^!S pource qu'ils viuoient en pauureté , fans ^ZI a> cbofe qtie d'a.morne. | rr^è. !?s" J ^ rd« -ang du bras, & menoient cefte vi,e durant vne " ,1" Mais parlons maintenant des Preftres .'Inr. » f " auoient donné de l'encens à l'Idole f^^ia m'.".?" s airen,bloientrousen vne fale;, & là affis pTord/e fe perçoient la jambe , & fc f.ottoient les tam^s auec le fang qu. en forto.t.puis fichoient les inftrnmenc S auoient employez pour céteffedl en certain" bd/es de paille, àla veuë d'vn chacun , afin qu'on cL„e^^^^^^ ' 1 afpre pénitence qu'iJs faifoient pour le peunlf U leufnoient quatre ou cinq iours auant les feft^.T'î Idoles. Ilsgardoient la chaftetéauec tant de j que plufieurs d'entr'eux fe fendoien pournelarompre^c faifoient bearupl~* fes pour fe rendre impuiflants. Ils ne beuuo ent rier." qui les peut conuier à la luxure. ^««ojent rien / 224 De l'Eftat du Roy d'Efpagne^ rt,_.,r U J;„UI(. t-.<-.nr nft-pr la Cl facrifices. Ils facifioieM i leurs Dieu» « quiU auoicnt de bon bc3.,de l'or, aera.genc.dug.a.n, de h c "•rp" utrfaite odinauemen. des facrifices d. au Peru,mais plus en Mexique m fioiem encore vn bon nombre de ce fiUe qu on ^"Mais les Mcxkains ne facrifioienr que des hon^mes !n V. erte & pour en auoir grand nombre , ils ne Kfto." nHoucK^Ie fubjugucr Tlalcala , grande v.Uc proche d'.ux. traiftoient ces mal-heu- U açon ^"J^^*^^' les faifoient mettre reux e(toit ^^^l^-/;'™;"'^^^ porte du tpmple.Le Pre- à genoux par ordre d u nt la port P^^.^^ ^ ^ ftre albit après à 1 ' .\^riS.voila ton Dieu. alteic après a i u.u.. , . ^^^.^ .^n Dieu le -onftram à chacun eux ay dd Ils eaoïent menez après au neu u erifîer. . - j„,r*c-arandsPrcftrc$defti- S'^°^^^^^ft:î^'::;c e%n?rcftran.cs, qu'ils nez à ce '^"f " u hommes.Dcux d* ceux- cy laififfoient ^„ ,^j„e la prenoit par la il do la pointe eftoic fort aiguë, pyram dale,don. a V ^^^^ fteaulapoianne, 6c luy . ^ ,fte chaleur ft,oit premicrement au SoUil^,^^^^ de l'Idole ? 'f' n'uis apr s di pied au corps , qui rou- Ils donnoienc puis F« P ^ ^ ceux qui l'a- km par CCS partageoient , & en fai- uoïent pris a la guerre v & foient fcftinfolemnel. ^ j,.^,^^. Lesnncions ^^^^"/^^ JX^^^^ dV ne autre forte de »^^^'^"'„ j^^^^hoient : puis qucl- quelquefois dauancag .^^^^^ ^ ,,,,Lo3c de Se"rraf^ï^7^^^^ ou'à tant que la P^/VM"'^. .T^,^^ àvne ïouéde ?on dos. Quelquesfois l-'f/jf^j^^^ .e , argue. Ce- pierre, & luy donnount vne pce'& vi^ S^^ U le vouloit acn er em^^^^^^^^ ^. ^^^^^^^ P auec mefmes armes. M l cici ^^inq^oit il eltoit facr.hr à l'heure mefmc , ^ cllou afFranchy. 8c tenu po«t vn grand Capuan.e. Comme le (Dtable auoit contrefait quelque Sacremens deï^ghfe- ftrent que le diable pour ofter la créance , & UmcrS ueille aux myfteres de l'Incarnation , & aux œuutcs furnaturelles de lefus-Chtift. feignit plufieurs années auparauant quelque chofe femblable par le moyen des Poètes , comme par exemple que Bacchus eftoit ne deux fois , l'vne de Semele, l'autre de lupiter, afin d o- bfcurcir la double génération de Chrift éternelle & temporelle. Il fit feindre qu'Erifthon cftoit ne de Pal- ias vierge, qu'Hercule eftoit dcfcendu aux enfers , & y auoit lié Cerbère , & ferablables chofes , afin que les hommes ne creulfentou n'adrairalTent la virguiicc de noftre Dame, & la defcente de lefus-Chrift ayx enfers, & fes autres diuines avions. , r> •• Au Nouueau Monde il ne s'eft pas fcruy des Poètes pourcét cfFe6t, mais il auoit effrontément contrefaift L-mefmelesSacremensde l'Eghfe , principalcmenc celuy de l'Euchariftie. Car à Cufco les Religieufes da Soleil faifoient certains gafteaux aueç de la farine de maiz, & du fang de moutons blancs quon facrihoïc ce iour- là, & en donnoient vn morceau à chacun des 1 eftraneers qui venoient eu ce temps à la Cour , com- ' me vn facrement de confédération & d'vnjon auec ringa , & ceux-cy rcceuans ce prefent aufc grand honneur protcftoient qu'ils ne penC?roicnt njf ferwent aucune chofe contre le Soleil,ny contre l'Inga : & que cefte viande demeureroit en leurs entrailles pour re- moignagc de la fidélité & de l'afFeâion qu'Us auoient enuers le Soleil & l'Inga. , Cefte cérémonie fe faifoit deux fois l année , 1 vne au trois de Septembte,& l'autre en Decembrc,& l oo enuoyoit de ces morceaux à toutesJes Guaques de la Prouince, afin qu'ils fufTent difttibuez au peuple. Mais ce que U s Mexicains faifoient eftoic bien plus confiderable.Deux iouts auant la fefte de VitzilpuuzU les Religieux de ce temple faifoient de maiz rofty , & de fcmence de l'herbe qu'on nomme Blite, paiftne auec du miel , vn idole de la grandeur de celuy de bois qui eftoit au temple. Us le roettoicnt aptes fur vn banc , & le portoient auec le peuple derrière eji pro-. ctflion â piands pas par la campagne, & de là s'en re- tournoicnr au Tcmple.Les filles venoient après veftues de blanc,auec des guirlandes de fleurs & certaines pie- ces de pafte , de la forme de grands os , & les don- noient aux ieuncs gens qui les meitoicnt aux pieds de l'Idole. Ils noramoient ces pièces les os & la chair de Vitzilpuitzli. „ o On voyoit après paroiftre les Preftrcs & Mimftrej du Temple veftus de leurs drncmenîs , auec des guir- landes fur leurs teftes , & après leurs Dieux , & leurs Deeflcs : & ceux-cy fe mettans au tour de ces pièces de pafte chantoient ic ne fçay quoy en dansant, & par ce moyen elles dcmeuroient conlacrees , & eftoient deflors tenues pour os & chair d'Idole. Ils faifoient après les facrifices des captifs , & defpouilloient après l'Idole, & en faifoient de mefme que des autres pattes ndoie, oc en rauo.c.u ...v que des autres pattes confacrées, & les diftribuoiem au peuple , qui les prç- noit auec grande reuerencc , difant qu il mangeoic 11 chair, & les os de fon Dieu. r.r.^ r Le diable auoit aufli-toft contrefaid le facrement de la confeflioH , veu qu'au Peru il y auoit des Pruices députez à ouyr les confcffions enferme de grands»^ petits penitenciers,& auec des cas en partie zoj^r\u & en partie referuez aux fuperieurs. Ils Knoieni que c'eftoit vne grande ofFencc de cacher quelque pèche en la confeflîon , & fi les Confeifeurs s'en prenoient garde l'cfFed dequoy ils v foient d'enchantements; ils battoient griefvement le pénitent auec vne pierre fur les épaules iufqu'à tant qu'il s'en confejloit. us ic confedoient en leurs aduerfiteï,pource qu ils tenoieni j que leurs péchez en eftoiem caufe , & tout le peuple Sacremens de L trgHje* le confeflbit lors que l'Ingue eftoit malade. Les p ,„ai„Mar.r..CU..«rM^a»drin„ous.o„:iche.d,,.Usr.c,„re«ore„cac^^^^ âu Nouueau Monde. prîhcipalcnient l'homiciclc, le larcin, l'adulcere , Tir- rruercnce enucrs les temples , & aux iours de f.ftes, les luauuais propos tenus de l'Inga , & leur dcf-obcyf- lance en fou cndi oi(5t. L'ingue coiifelfoit Tes péchez non aux Preftres, mais au Soleil , afin qu'il les di(t à Viracoca, & qu'il les pardonnaft, puis fe mctcant en vn ruillèau courant, il difoit ces paroles, l'ay dit mes péchez au Soleil : toy roirteau porte les en la met, où ils demeurent à iaraais noyez. Us contrefaifoient encote le myftcrc de la fainétc Trinité, veu qu'ils adoroient trois Itacués du Soleil, & nomnioient l'vne Soleil le Pere , l'autre Soleil le Fils, Si l'autre Soleil le Ftere. Et de mefme ils auoient trois ftttucs du Chuchill«, quieftoit Dieu du tonnerte, & loy donnoient les mclines noms de Pere, de Fils, Se de Frète. Les peuples de S. Croix du Mont ont des cas qui cmpefthetu le mariage qui le va faire , & défont ce- luy qui eft contraftc , & qui ne (épatent celùy qui eft fait, bien qu'ilicgitime. Des diJj?o fit ions du Nomeau Mondé à receuotr tEuangHtj. Dieu difpofa les peuples de la nouuelle Efpagoei du Pciu & des autres pays à vn fi eftrange changement «n pluûcuis manières. Premièrement de mefrae que poui faciliter la prédication de l'Euangile il pacifia Iç monde fous l'Empire d'Augufte , ainfi jl ordonna que 1 Euangile palFalt à cet autre monde , quand l'Empire de ringa au Peru , Se des Mexicains en la nouuelle Ef- pagnc c<èoit paruenu au plus haut degré. Et pour monrtrer combien la grande eftenduë de quelque Em- pire fcrtàl'aduancemeut de l'Euangile, ic dy en pte- ^nier lieu . que fous vn grand Monarque on void or- hnairement fleurit la paix. & le repos. La paix ouure es ports des Royaumes , & les pottes des villes aux :ommerces, & a Ja communication des peuples,& par •onfcquent à la dilatation de la parole & du nom de )ieu. La paix hiù. fionr la dodrine, la vertu, la ciui lté , la police , les bonnes mœars , & les arts, chofes ropres a rendre l'homme plus doux, & l'Empire d'vn îul elt plus capable à maintenir ceite paix. Au con- aire la multitude des Piinces apporte, auec elle là î/-vmon, d'où pioccdent la guerre , refpanchement 1 lang, & la ruine des villes, de des peuples, de mef- c que de la vertu, d.- la foy, & de la religion. La grandcuf de l'Empire apporte cncor vn grand ni pour la prédication de l'Euangile, pource quVne 'gue eft commune à beaucoup de gens , & eft bien 1 n efpandue , pource que k langue des vamqueurs itend auec leur domination. Or au nouueau monde la langue de Mexique eftôit îndue par i'efpace de mille lieués, & celle de Cufco uoir pas moius d'eftenduë. Car les Roys de Uixï- ' ' .'^f,'"^^'"' "'^'^ "^u i'cru n'auoicnt moins de a d eftendie leur langue, que leur Empire : 8c corn- n 4" on vie en ces deux ^'touincés de plufieurs lan- :s particulières. & fort ditferentes enti'clles.toutes- ^cehc de Mexique eftbelle & riche. & commune à la nouuelle Elp.gne , & celle de Cufco au Peru, nme entre nous la Latine , & entre les Tutcs l'Ef- S/l^"''»''' & l'Arabique en Aàe. Tellement nuttità ceux qui prêchent la paroie de Dieu.d'ap- ois™eheucs,auheuqu'ilieurL 'u v,„g langue dauantage. Outre les fuf- | tc^In y ' ^"'^^'^ quclqu'autres qui itcndentparplutospays.commêuGorgotoque,' 2îi & la Chinoife i mais il n'y en a point de pUis vniuer^ fclle que la Varayque. On parle cefte - cy par tout ' Paraguay «. par tout le mai.l. Les lucitiS ■ ^n . ftr^ ; It T p'^^i"^ depuis le dë: ftroit de Magellan luiques i rainAc Maiie Le troiliemc bien qui nai(t de la mcrmê c'eft n„. a grandeur de l'Emplte alfemble en vn he'u Is^l^ de Cu,co . ymoient comme bcftes .fans chef. (Tlof. fênir-""'^"'"?-^ r'""" *:^cconimodoit ôù bon luy J^^bloit , ôc pairoit fa vie en ce lieu auec fa fam. le Amfi vuent encore aujourd'huy ceux de laFlo^ de partie des Ch.ch.m.ques , ceux /u lirafi! & les t 's! lis changent facilement de demeure. Se fe ticnL, t louc en vn l,cu,C5c le lendemain en vn autre S^^^^^^ quoy s lis ne font premièrement réduits à viu re n'fem- ^^l^tDi!^^'^'"^"^^^^''.'^^^^^^ Or les Roys de Mexique, & de Cufco dcliurerenc de cefte peine les Prédicateurs de la doilune Chrë! ftienne. veu que pour pouuo.r plus aifément difpoS des peuples conquis, ils voulurent qu'ils vefculTent en- Finalement U grandeur de FEftat & de la domina." on oftela rudelfc aux peuples , & les Cours pol.lTenE les efprits, & les eftieilIent.Sc^eur.irent les iugemens & la dmerficé de la conueriatxon rend l'hoaiiTpl" s accort & plein de prudence, P Les peuples du Peru vmoient au commencement par les montagnes nuds,tudes,& brutaux. manS ce que la terre produifoic, mefme la chair £ dilTeri^^'" ^'^"^-^-PP""- aûec lï";:^^ Ils labouroient Se cultiuoieilt lés terre* ,î* fi,^^- • & rcc„eillaK.u leurs g,.i„s * l^"^ lis auoient foin des mines d'or, d'arpenr irA' : • nourrilioient grande qu^^^^^^ & de la aine faifoicnc des tapis . & des draps , défaueL non feulement ils fe couuroieat . eiKore t pa toient , Se outre ce baft.Uoieut des p;.ces & des mal' fons d importance, ôc pareillement des tcmpies ' lis auoient quelque forme de luftice , & dctziC^m & quelque (orte de loix. d drdaaiunces? Ma Lnl ce a tout eftou plein de brutaJi.c , de cruauté d con fuhon & de delordrt. Or lous Vn grand M^ 'le leJ peuples fe polilFent, ôe s'exercent a l'humanité les Su pet.çurs pourfçauoit obcyr,& mettre en ex c^aon qtukureftcomn,a.idé Donc la poLfe aux cftats des grand. Princes de l'A.r,eriqué . fera c beaucoup , y uurouuue l'Euangile î pource oi^'eÏÏe I ofta la rudelie aux peuples. Se les di.poia a douceué qu on recherche en la vie d\nChreftîen:EÎc «es f ex- penencenous monftie dairement la venté de cecy veii que la parc e de Dieu fit plus de fiuiét en vn ,our en k nouuelle Efpagne. & au Peru, qu'elL n'a fait au BrafiÎ en plufieurs anné. s, ny en L Fllr.de, ny en Chlhl m^que ^auxindes, 6c autres pay./.ù et nïp^ trouuc les mefmcs difpofuions.kt de fair.encote o.S lUeioi mal-ay c de les mainceni. icnguement en bori eftat . a caule de leur roulement perpuueK & d" leuï demeure incertaine. _ F^'«ci , de ieUc C'eft chofe claire 4ue Ceux da Brafi! nt fc cortfer ucnt longuement en la foy , s.ls ne font pé des t " tugais : car eftant io.ng d'eu:t ,1s retoUrncnt roVd^rf au vom.Hement , ou pat l'inclination de la nature ÔÏ par la conucrfationues autres. Ec i^ur ccVelu'^S Religieux qui ont ch..ge. he léà i„^em nSeme^ propres au bapccitàc. « n'cft ^if ^clque foS m^ De rEftat du Roy d^Efpâgne^ zi6 ladie, oa«n Ve^rr^mc vieiUeir. . poarce q-'alo^s ies paffions qui les combattant font plos coycs , à caulc de la foiblclfc de la .ùtiue , & Iciu oftulquent moins k lumière de b rsiton & de l'entenaerneiu, & on leur eflcene Icsconaerfa.ons dangereufes. Oa pept due le meime des Chichimiques & des nations lembla- De quelques autres dijpofitions. Les fufJites chofes facilitèrent la Prédication, & la eonuerfion de l'Amérique comme «^"l^"^^"'^';^; parlons maintenant des difpofuions plus vmes,ôc plus iniDoitsp.tes. , , La première fut le joug des Roys , & les charges m- fuppoîtables du peuple , cr llnga du Pcru , & le Roy de Mexique ch.rgeoient tellement Uurs lubjefts.qu .is ne fembioienï pas hommes , mats beftes : & ces Pnn- res ne vouloient pas eftre honnorez comme hommes, mais comme Dieux. On pourra entendre les charges pat les chofes qui i'enfuiuent. 'ri Le nouoeau Roy u'heritoit aucune chofe des nieU' bles, & du threfor de fon predecelltuc , mais il eftoit contraint de faire nouuellc maifon , & de fe pouruoir d'or , d'argent , de draps, & de tout le relte , fans em- ployer les moyens du defu.id , qui cftoient tous dcfti- nez à l'entretenement de la Guaque , Chappelle & maiion du Roy mort , qui eftoit toudain mis au nom- bre des Dieux. • On luy dretToit des ftatucs, onluy Ôrdonnoit des la- crihces , & la maifon eftoit occupée de gcncrarion en génération aux cci emonies, &C autres cholts in«entces à fon honneur. Tellement que les fubjefts eftoient cotttinuellemcnt empefchfzàtamaffcrl'or , a creukt les mines, à faire des draps, & ï affembler des thcetors, fans que ceux qui tftoient defia alTembUz les allegeal- fent en aucune iorte. Outre ce.les peuples du Pctu fous les Ingues battit foient des Tatrbts maintenant, & tantolt elplanoient . des montagnes , tantolt rcmphlfoient les volées pour -faire des chemins. Les Tambes eftoient comme de grands magazins : faits de tous coikz par le Royaume , où l'on metcoK les munitions de g.erre . & les viures pour la Cour de rinaa. Entre les chemins il y en auoit deux taus a la .mam. qui duioient plus de quinze cens milles, & 1 vn - alloit par la montagne, l'autre par la plaine. On peut ellimcr le ttauail de ces decx chcmms en confiderant l'afpretc des rochers, & la profondeur du fable aux plaines , & cependant il fallut vaincre ces diftic.iltez, ^cpluficurs autres, fans vfage d'.nftruments de fer , de ians beftes de charge , & fans chariots , auec le trauail des bras fculs. Or il eft beaucoup plus aile de s imagi- ner la peine de couppcr de fi gros rochers , & les con- duire d'vn lieu à autre . les loger . & ks ad)ufter ians ayde du fer, que de l'expiimci auec des paroles. ^ C'ertoit encotes vne chofe plus lufupportable a ceux du Peru , de donner leurs enfans pour élire facn- ficz pour la guer.fon , & pour le bon luccez des entre- pr.fcs de ringa,6c d'cftre contraints de s cntei:rei eux- ît,e(mes en la mort du Roy & des Caciques. Lors que Guaynacapa mourut , ,1 y eut mi le per- lonnes de fa maifon qui fctent tuez & enfeuelis auec >iv pour le fcruir en l'autre vie. Le mefmr Roy pour quelque deplaifu receu de cer- •i peuple qui habite entre Quito , & Pafto, en ht vinot-miile , puis les ht fctter dans vn lac , qui fut .".é pour ctûc caufe Ajarquacoca, c'eft à duc mer lier ceux yii font mous depuis long-temps par leur* 'aifon qui a mcu ceux du Peru à enterrer leurs 6c leurs richefl'es auec eux, tft, à ce qu'on dit, ^u'U leur fcmble quciqucsfois qu'ils voyeni ^olicirions lU'ils ont plus aymccs , cftans parez de ce (ju'iis ont c.npottc auec eux, & accon:ipagnez de leius; ùmiUes : a taifon dequoy fe p#^tluadaiis qu'en l'autre vie on a befoing de fcruicf , d'or,& d'argent, & de vi- ^ ures, ils les en poutuoyent le mieux qu ds pcuuent. . Lejoug dcs Loix de la nouuelle Efpagne n'cftoit pas aulFi léger. Motezuma.qui fut le dernier, ordonna qu'aucun du menu peuple ne le regardaft au vifagc a peine de la vie. Quand il voyagtoit,liiy & fcs Barons alloient fut vn cfchaftaut fait à plaifir , & les autres deçà delà. Il auoit diuers Palais de plaifir, de deuil, & d'atfaires félon les occurrences; U auoit vne grande mailon auec diuers appartenemcns pleins d'animaux tetreftres, de poilToris, & d'oyfeaux de toutes lortcs.fic pour les polirons de la mer , des eftangs d'eau falce , & pour les autres des petits lacs d'eau douce, auec vn fet- uice ineftimable : tellement que la plus grande partie de fonEftat ctoit occupé aptes fes plaifirs. C'eft pout- quoy CCS peuples ont efté fi prompts à receuoir la loy de lefus-Chrift , pour l'efpcrancc de quelque loulage- menc , & ceiix qui eftoient plus opptelîcz , bien plus que les autres. Que dirons- nous maintenant du jouginlupporta- ble du diable ; Nous en auons parlé cy - delTus au dif- cours de la Religion de Mexique , & des iacrihces qu'on y faifoit d'tiommcs que l'on tuoit auec tant de cruauté , qu'il femble que le diable ne chetchoit pas tant la mort de ces mal-heureux, que la douleur, Ôc U peine de la mort : mais ie ne lailïeray de dite à ce pro- pos vn€ chofe remarquable. Les Preftrcs des Idoles quand ils voyoicnt l occa- fion propre , alloient trouuet les Roys ôc les Princes» & leur elifoient que les Dieux mouroient de faim , U qu'ils eulfent fouuenance d'eux : alors les Princes s'en- uoyoient des Ambairadeurs Tvii à l'autre , & s'cntrçr donnoient aduis de la neccffité en laquelle les Dieux fe tiouuoient , les conuiants pour ceftc caufe à faitç leuce de gens pour donner la bataille , & afin d'auoit dequoy donner à manger aux Idoles. Ainfi ils mai- choient en abondance su Heu deftinc, & venoiem aux mains. Tout leur but eftoit de prendre des hotrmes , & de faire le plus de ptifonniers qu'ils pouucient,afin de les facriner. En Mexique le Roy ne pouuoit eftre coarofinc fani auoir premièrement tait quelque entieptife, d'oùil r« menait vn grand nombre de victimes. Les Mexicains eftoient tellement oppreftez des di» bles, par la cruauté, Ôc multitude des facrifices qu'ill dtlitoiuit , qu'ils ne les pouuoient plus fupporter : » coutesfois ils n'culfent iceu de quel cofté ils fe de- uoienc tourner , fi la lumière de la loy de lefus- Chrift pleine de douceur ne fe fuft offerte a eux : aulfi la rc- ceuteiit-iis auec vne grande promptitude, & aile* gtelFc. , Ceux de Mcchoacan ayans entendu la renommée de rtuangile , enuoyerent incontinent des Ambaiû* deursà Fetnand Cottez , qui s'cftoit rendu quelqacf lours auparauant maiftre de Mexique , & le prietc* qu'il leur enuoyaft fa loy , & des Mailkes qui l'expli- cairent, pource qu'ils cftoieat refoius de quitter la Icut comme infupportable & méchante. loleph de U Cofte raconte que les Efpagnols H' ftans vne fois arrefttz à rcgaider la trngedie de ces cruels factihces , vn ieune homme à qui L'on auoit ar- raché le cœur , Hc qu'on auoit après ttc en bas pat Iti degrcz du temple , dit aux Elpagnols : Mdheurs, or m'a tué : ce qui engendra voe grande horreur cota; palTion cil eux. au Nouueau Monde. 227 io"lo,cnt «uoù- recours comme à chofccckfte & di ^1' ^'''^ ' P^^y= pour J^'ils auoieml y. uaLuc- oc u proroiijc , qu cue le Icit mefmc que dans peu de tcmns L^'v^.KT ^ '"'^'^ du mal pour vn bien, & romnc à ù gloire les moyens qui mciioit vne vi-^ rK. auec leiqucis le diable tafche d'obfcurdr Ton S. nom. dire à plafieurs oerfo ^pc 'p ' ^ ^'"''"^'^ Les plus grands mvfteies de la fov Clircftienn^ fonr ticuliercmenr^ 'î"' J^^o'^nt cogncu,& p;ir- iNatimtc. & la Rcfiirredion de lelus-Chnft aporrcr plus de deuo:ion . il fe re ^ P''"' > auparauanc du bruir, & d^s a&i^ a '^"^ '^'^^ & autres fembl.bl. '.i i^L:''^'' ^""'^ '^^ œuurcs, Z)^ quelques dijpojitions prouenuës de la malice du dtahle. ""JLe diable mcfme malgré luy difpofa en quelque forte CCS intidclcs à la foy , pourcc que la fagclTe de Dieu eft fi haute & fi profonde , qu'elle fe fcit mefrac du mal pour vn bien, & tourne à fa gloire les moyens auec Icfquels le diable tafche d'obfcurcir Ton S. nom. Les plus grands myfteres de la foy Chrefticnne font ceux de U Trinité, des perfonnes diuincs , de l'Incar- nation , de l'Euchariftie , qui furpaffenc infiniment touce lumière de raifonjtout difcours humain,& mef- ce lumière dc rai(on,tout dilcours humain,& mef- auparauant du bruir a\ ^ .^^'''^'^ quelques loiirs 1 intelligence des Anges. Or le diable voulant par & autres femblablr/ "7, ^"'^c ces œuurcs, orgueil contrecarrer en cecy la Majefté de Diïu, tation de faindtcté v î"'"^"" '"'^^ "^^P"- -a_- ... .. aoctnne, nue fc« m!v^l..n •111. i iiiniiigciitc ucs Anges. KJtic diaoïe voulant par fon orgueil contrecarrer en cecy la Majefté de Dieu, difpofa le Nouueau Monde à la vérité pat l'es trompe lies. Les points de la difcipline Chrefticnne plus diffi- ciles au fens , & plus rudes , font la confcrtlon des pé- chez , & les autres parties de la pénitence. Ceux- cy I pluftoft aduerty d.L'v7^'' -T7''''' ^ hjrent encores rendus bien aifcz par la mefme voye, | Cortez en la nonn.uJ^r''' """^ ^/""^''^ Fernand veu principalement que le diable rechcrchoù de ces can lailat^ouue aui j^^^^^ milerables dc plus grandes aufteritcz, que lefus-Chrift fit vafi^al de l'Emner.nr f ' n > ^ e quelques prédirions de la future prédication de la Foj, Dieu voulant difpofer le genre humain à la venue e lefus-Chrift, donna non feulement les Prophètes jx luifs , mais encot les Sibilles aux Gentils , ces eifonnts prononcèrent fi clairement la venue du erbe Eternel au monde , fa vie & fa mort , que leurs Jures ne (embloient pas prédirions de choies futu- s, mais narrations de quelques eucnemens paftlz, A lion dcquoy il fut défendu aux Chreftiens durant ces :f fccutions, de lire les vers desSybilles. Noftre Seigneur ne laiifa aulTi le Nuuueau Monde is pareille ayde. Il y eut en Hlle Efpjgnoie vn Roy mmé Guarionex.qui demanda à vn dos Chemes.{).ls mment ainfi les IdolesJ qu'il luy d:ft ce qui deuoic mer à fon peuple aptes fa mort, i$c le Chtme tépon- > que dans peu d'années il viendroit en cefte Ule des mmes qui fcroicnt veftus,& pocccroient de longues cbes, qm deftruitont les Idoles, l'ancienne relic^ion pays Se toutes f - v^*^"i^^ceuoient vrtxexcre- •n Acuzamil Ifte proche de lucatan, on trouua vne en Dr-fon - " -;-^,Su u u:s unon tr^.urc de deux braifées , à laquelle ceux du pay | sŒcnr ^1^'?^'' ^-'--"^ -'-.uu , a ys, scnfuyoïcnt, il faifoumomir leurs femmes ,& Icu: s ^edmers prodiges ^fahuas cfuifa^ <^iliteremhntréedel'Euanltlc. Les Efpsgnols entrèrent au Pcru, & en la nouuclN Efpagne auec des bonne, occafions d'eftendr" ^1 ï ' ' o 1 VT" ' ^" "O^uelle Ef- pXnt; ^"fç ^'^f' ' ^^-^ ^<>" vne ville Corr? ^1! ' s'allia auec Fornard ^oa z , qu. auec i'aydc des Ti.(^aUns, via. à b^ u de M^^xique , nou moins à lefu^-Chrig , qu'à l'filpera.r" qui ,1 efto-t Ccpitaine. Mais on auoic dcS ve 1 '4 prodiges inouys. ^ des accidencs merue=l!eux, o tu. uroien: graade..cnt le palT^ge à l'Eua.oiie , ^^'i^^, croyable eftonnen-.er>t du Roy Mouz.m:a. ^ ^-^n la ville de CboJoîa on adoroit vh Idole f.n^cux qu on nommoirC^..,icoa.l:ceany-cy dit rl. ;"S A Tcîcuio le, Dfecx prédirent que beaucoup de ca- a„Kcz per^droient lur la tefte Mo.ezuma , & Itmjjire de Mexique. t^^^iujt ,„i^? f """o-lÇoient les .Tiefoc, cho^,. De rEftat du Roy d'Efpagne, 2z8 ✓ M, ^ , a • • i,^ & en faiie. Aptes cela, des h-abillemcnts Royaux . des fleiiis , & du patfUm cnfans, 'J.^f^^^Xpc^^^^^ quor> lay bruflou CcioaVvfage du pays. ^ tournant fon e.p"t' ...n.ffdans la ville vne In^-comMc" qii/beaucoup de gens fuffent af- ces ; mais At. & ^ fiifint loue Icul eforl, fubftance , qu us ne i entendu, tint ces ptopos : Ne vous ay i n r::^^^^::^s:a■;:-"-^^-"'°"^"■"'" 1^^^' r;^! vnp fnrt grande flamme Il aftoarut encotes au Ciel vne ton gi'--;uct clart en l'au : 6. con. tonnerie,ou qa on vxlt ^ .r atcin- bien que beaucoup de S^"^ -^^^^^^^'^de' H fe.nblo.c r ^^m^ncaloudam fans aucune oc-^ Le lac mcfmc coninv nça im ^ .a.ernence. q.e les baftimens p>oches ^^^^^^^^^^^ OaoUyt dcs.o. a^^^^^^^^^^^ fort trauaiUce , 5c réduite â ^ eutaus.l'h.u- ceftevo..dùou ces parole . He-^ ^^^^ ^^^^^ ve de voftte ruiae cft cnticremem ï On conduire, afin que voru ne pc^^^^^^^^^ ^^^^ veid diucrs mo. iltes a deux teitci i deoant le Roy ^'^-^^^^^^J/,,^, oyfeau de la gran- Les pefcheursdu lac P"\^"\^^ J^,f,,on noîlen- eur. & couleur d'vne V^^^^ ^ ^emeu- ^^ï2:^r^uoit.^lu.c<.la.l^ qu'on luy btuiloit leion 1 vfage du pays. Le paylan ayant repris courage, icpondit alors: PuilTaut Seigneur , ceftuy-cy me Icmble eftre noftrc grand Roy Motezuma. Tudisvray (luy repliqua-t'il; re^^ardc comme il eft profondément endormy, Ôc lou- tesfpis il y a de grandes mifcres ; & d'cftranges accir dents qui pendent fut fa tefte : il eft temps qu jl reçoi- ue la punition de tant d'ofFcnces qu'il a commifes coib, tre Dieu : Prends ce charbon de parfum qui luy brullc dans h main , & le luy mers*u nez , & tu vc:ras qail ne fent tien : &c pource que le payfan n auoit la bat- dielîe de s'en approcher , la voix fe reroit à luy dire î Ne crains rien , car ie fuis beaucoup plus grand que luy,& te garderay de tout mal. Alors prenant coura- 1 ge, il fe faifit du charbon, &c le mit aru ne7.de Motezu- ' ma, qui ne s'en remua pas. Or fus, die !a voix, puis que tu vois combien il eft endormy profondement , va l'c- ueiUer , & raconte luy tour ce qui s' eft palTc. Et au melme inftant l'Aigle reprit le payfan ,& l'cfleuant en l'air le rapporta où il l'auoit pris. Outre ces chofes, il faut fçauoir que les Mexicïins auoient opinion qu'autres fois vn certain grand Prin- ce qu'ils nommoient Topilchin.les auoit abandonnez, 8c qu'il deuoir retouiBet vers eux pour les confoler. Or la nouuelle de ia venue de Cottfz en la coftc Ocienrale de la nouuelle Efpsgne , ayam couru iuf- qu'à eux , ils creurtnt tous que leui g:and amy & fei- gnent Topilchin eftoit reucnu fuiuant fa promdle. lU enuoyerent doncques où eftoit Correz cinq Ambaf- fadeurs hommes de qualité , aucc beaucoup de riches prelcns. Ceux-cy eÛans arriucz où les bfpagnols eftoient. leur dirent qu'ils fçauoient que leur teigneut Topilchin eftoit de retour aucc «ux , & que fon letui- teur Motezuma enuoyoïr le vifittr , & iuy bailer le» mains» Cortcz fe leruant d'vnc fi bonne occaûon.fei- miit d'eftre Topilchin , & comme tel accepta les pr€- fens , & le compUment. 11 ne pouuoit dtûrcr vne 00- cafion plus à propos , pour introduiic en ce pays l'E- ucnsile , Ôc le nom de lefus - Chnft. Mais il fembl| que'Dieu ne voulut que la vente de l'Euangile fuft idjf troduice par vne feinte, & que les péchez de ces gen* piincipalcmenc l'idolâtrie, la cruauté des facrifices,^ l 'oreutil de Motezuma s'oppofaflënt à vne manière fi naihble du changement de ces Eftats. De là vint qug y eut tant de reuolte& , de batailles fanglanttt , de ruy ues de villes » & de pertes d'hommes d'vn cofté k d'autre. , , . , , n - Les Efpagnols entrèrent femblablement au reto aucc vne occafion aulTi fauorable. Guaynacapa higl du Petu eut deux fils , Guacar , 6c Attahualpa (quclel o.,r A»nKol!w?> ^ finnr Gnsrar eftoit fuft taïuui vivv^....- t,,rr de la telle vne cctiaiuc ^ji, ;^etu eue u>.ua , ' ^ : r Cet ammal auoit au '^J^^ ruinant la veue ' autres nomment A.tabahpa) dont Guscar eftoit fuft chofe comme vn , Qa.iJc les eftoil- ; ceffeur légitime de fon pere , & comme tel ent^a» de ce cofté là, vrid en ple^. m dy^ ^^^^^^^^^^^ ^ , '(T^ffion du Royaume : mais fon freie luy fit la gu* les, &«^"'l^"^.^"^"'Tjncnùdes gens armez du , ïcSc le prit. Dtquoy fesfubjcdseftansextre.r-- -1 j venir des gens armez du tcgavder ^^.^^''^'^'^^^^^^^^^ Lcuant , qui ^°;^;^,vas lenconrroient. De- vn eftrange carnage fi^^,rea,bler les deuins,qui ::r::::n;t^Xeii?choiLa.foyieaud.(p^^ rue aptes. Mott^uma veid venir à luy En ce Z homme fimple , .Se ven- v„ payun tenu ^^^ ^^^^ qu'.l femou aux champs, t.ble, quilluydift,qua nn4 pourueu, fans luy tau e ma . y l^. ^ n.^^.Sei- s" voi/pufonne il oUyt vne voi. ou. s adrcftoi à 1 V ai^cc CCS paroles : Cognois -tu cet homme qm ft à cl i.'u fui la dure -, i'c ts regardant e. terre , il y V,»a va homme aùoupy d'vn nrotund lomn^cl , auec re, & le put. Dtquoy fes fubjtéts eftansextrememÇ fafch -z , &: n'ayans alfez de force pour le deliurér,!' rent fcomme ils auoient accouftumc aux ncceflîtel)) vn grand Ôc folemnel facrifice à Viracoca,le fuppliaoJi que puis qu'ils n'auoient pâs la pmflance de deliur« ringa, lent Seigneur, il vouluft enuo^cr des gens do Cielquileddiuiallent. Ainfi qu'ils eftoient en grande elperance delK» exancez , lis oUyrcet dire que certains eftrargcrs ai» uez par mer au Petu,ûUoieiK mis en route Attabalip*» Calbmaiaca, l'auoicm pris ptifoiinier ; fi bjen que- ftimans que ces hommes (c'eftoit François Pizure, i^c (Vs compagnons; eftoieut arriuc z là àcaofe du grand factificc qu'ils auoient fait à Vuacoca , ils les uoramc- rcnc Virtacoques , nom qui eft demeuré iuiqucs a c< iour aux Efpagnols , comme à d.s hommes dccendus du Ciel, &c enuoytz de Dieu ; Tellement que comir.e Dieu ouunc la Poue de la nouuelle Efpaiinc auJ - " ■ Elpagnoi' / / au Nouueau Monde. Efpagnols par Je cîifcorcl du Roy de Mexique , & de la République de TIafcala , Se par tant de prodiVcs aduc nus durant le Royaume de Morc2uma,ainfi il ouurit le Peru par la dilcorde qui cftoit entre les fils de Guay- nacapa & par le luccez de leur facrifice , à caufe dii- oueJ les Elpagnols furent eftimez enfàns de Dieu . & hommes defcendus dd Ciel. (De l'Ordonnance du Tape Alexandre ALexandrcVI. ayant entendu le dc-couurcment de tant de terres ncufves,& ce que les Efpagnols moiiftroient d auoir le courage d'cftcudre la Religion autant que leur Eftat , obligea premièrement le Roy d Eipagne , & celuy de Portugal à aùoir vn foing fore particulier de la conuerfion de ces peuples , & après pour les animer dauantage à vne iruure fi belle , & fi genereufc de la meilleure forte qu'il pourroic & pour oller toute occafion de débat entre ces deux RoVs, di- uila les entreprifes de ces deux nations par la famcufe l>gne du partage : & pour otter toute forte de preteii- lion aux autres Princes qui n'auoient eu part en la dc- 5 Wir' I'r5''"'û g^netalement à tous a entrer dans lefditcs bornes. Quelle chofe facilita la conuerfion des Indiem. IL n-y eut iamais pays où l'Euangilc fit de plus grands progrez, qu'au Nouueau Mohde, veu que les peu- ples entiers s'y . onuerciiroiem,& vu feul Pere de l'Or- dre de S. Françoi, en baptifa en plufieurs années enui- ron quatorze cens mille en la nouuelle Efpagne,& en cinq ou fix aus le nombre des baprifez monta iufqu'à , dix miilions,ou à huia/elon les autres. Or les foldats I ayJerent grandement à ce foudain cours de la Fov ' ^cu qu encore qu'il „ y ait gens moins propres pour ncroducaion de la pietc,& de la foy queles hommes e guerre & qu'encre le bruit des armes on n'entende a voix de loix ciuiles. & moins encdre de l'Euatagile. cnce'^dë: ; frr ^ ï '^^"^«^ > I /a °L^*" beaucoup aux Prédicateurs orladeftruaiondesIdoles,&deîtemp|esdcki^u €ljeh(pagne&du Peru. Noftre nature eft de telle forte . qu'elle ne peut de leuter fans religion , ny fans lieu ou elle l'exerce, tel- ment que fi elle n'a cognoiiTance de la vraye religioù, Je $ abandonne aux fuperftitions , ôc fi elle manque lieux facrez faits à la main , elle cherche Dieu aux ontagnes, ou au:i caucrncs. Or les Indiens extrêmement addonnez à l'adoration leurs dieux , ôc par nature & par couftume , eftans Tîcurez fans idoles, & fans Guaques, pourcc que la des (oldats. & le torrent de la guerre auoit rom- 6 abbatu toute chofe, allèrent facilement aux lies, ôc s accommodèrent à la religion à laquelle ils »«ent conuiez par des Prédicateurs Chreftiens,prin- > ement à caufe qu'elle .fto.t beaucoup plus douce .1 Klolatrie palfeexar de mefme qu'vn rufreau trou non palTage ordinaire bouché , tourne facilement cours vers le lieu qu'on iuy a creufé de nouueau f n ra,t vn femblable , ou qui en approche , & le, on de couftume,changerent bien aifément le che- /^e leur perte a celuy de leur Ulut , l'.dolatrie à la & le feruice du diable au feruice de Dieu, i c3^^^^ fait de nou- ^. coS fi ^t"^ çhangemens tout d'vn . ou b^en s" A ^'''^ ^ ^« Mexi. rems Ro ' " P^" ^ P^"^ 'ommc les «ctç ^eftion, pource qu'où ;on entre en la 22^ conqucfte ar,cc vn grand aaanrage de la fortune . e -oyc. de laquelle on vainc clitc fo.e de fficÏÏ I °" P»^"^ oHcT tout empefchement à Ufoi ce quTc r ''''' 8-^"'forces,/,ot ; : : l\Zlr ^ i '"'"^"'^ °" '^<^" f^'"îr de l'art Se g^.gner parle moyen des occafions Se du ter^ps ce SU on ne peut effeduer alors auec la force ^ * rn Pr'.n^"'^ "^'^"^^ entreprifes auec rn grand aduanrage, aptes auoir obtenu vne viSoTe & s eftrc rendu ma.ftre d'vnc ville ou d'vn ul Iuy donne auïîî-roft la forme ou' 1 ve 'r Z ^^"""'^ aufli-toft les Prinr^c I ^ r ' ^ ^«'ermme pouke qu ils n'exécutent pas leurs entreprifes auec /; t^es partisses Indiens n'iyans plus d'idoles ny 3e tem pics où ils recouruftent en leurs nc^edll /J ^ ' g;;;^;ne,prindrenta.é.e:^^^^^ br rr r V^' '^^"^"^ '^"^^ yeux , & em! , Guagues eftoierit celles de Pac "n. auatri ! • T la ville des Roys , & oÙ lé diable rend qu'on lùy demlndo.t. il y .nÏ^^^!^' ^ où l'on voyoir comme eri vn Panthéon > , , desPrduinces&natidnsco^^i ^'^"^ me oftages de leur fidehté. utZ^^th^T '""T. \ le plus de 40O. autres Gua^ueZ Es ^oZinl h' I pague la ruine des idoles , Se de leur Jj.ir 1" I non tant de la coufturhe de h Ze.TJrl ^'Tf' quelle eft de confoo^mer & d?Sre ) /'T'', dencc Se du zele de Fernani Corce j oui ?ir ^'^^ commanda à fes Capitaines feTf^,?" ^onqm^ni fet de bouc idoles ny'tem f^ dtrnT^^I'jïrw'^'^î ne î,ouda«. aller où ils au'oient acco^L'I' " faire , furent aifément introduits aux lï^T^ uoient bicn-faire. """^ "eu^ê ou ils pou-. Des empefihemens de L tomerpoà "des Indiens. la foy . & le cours de^a^P ^ T-T^' '^"'"î! I eft à propos de p Ae W J ^7°" Y^m^ » > cet aduancement ^ " 'î"' ^'°""^^e crtoient méptifez & • n ^ P"""^"^^^ ^1^ facnnc -^r/- ' " P'"'^ P°"^ 1^ .^"deffe de leurs façons de faire m,s au rang des beftes dé charpe n cpa^nent par dès foldàt., acconftum , àSe t^^; chofe auec violence h f ■ ï ^^^^^ bien que vaihV fofbl.f ^ '^^ P^^^^^^^^^ y en auoit ntr'eufJu ne ^ "'^^'^^'^ ^ensjec^uerX^:fi;^^^:-^P:^j;e^;^^^^ ^erplus doucement après qu'ils auroienf::^:!^: de^fmiïriie^:^!::;?:^^^ péchez deteftables aufqu s s'eL^'' 7''" ^ ».entparlaÇ::|::Sw;i^^^^ ««lae de ^^anger lei hommes, £t k chofe pa/T^ Del'Eftat du Roy d^Efpagne, i auam que pour les fufdirs trois vie s les Cai.bfs ou Cin baies forent donnez pour cCl.ues . & cet edu fur ca du par le con^eU frcre Thomas d'O; us . &c d. calques autres à tom le ,cltc du .emps de l Empereur Charles V. enlWe MM- A raifon dcquoy 1 mfo- lence des fo'dats, qoi tft naturellement dcmeturce . le voyant fauorifé - de l'auar.ce des fuperieurs. conlallcz en cela par des pecfonnes relij'.icafcs . s'a.igmenta^lou- dain , Se courut comme vn furieux torrent accru par des pluycs, Se pat les neiof s fondues. L'auarice ea de fa nature dcraifonnable & cruelle, les loix humaines & diuines ne la peuuent arrefter . ny la crainte de la mort, ny de l'enfer mefme. Que Kra- elle donc aux foldats à la difctetion defquels on a re- mis des peuples forbles^ Et que feront-ils aux l.eux ou eftans cfloignez de leur Prince , ils fe voyent nnaiftres de toute chofe ? Doncques beaucoup de ces gens péri- rent aux mines de Cibao,en la pefche des perles de Cu- baqua. & de Tiraquei.ôc à la recherche des cmeraudes de lainc tels font aujourd'huy les originaires des Iflcs de Salomon. La troifiéme tft de ceux qui adorent diuers dieux î idoles, fans paruenir toutesfois à,vn ^uucrain Pnnct & Créateur. La quatrième eft de ceux qui tiennent le Createu de rVniuers pour fouuerain , mais non pour feul Dieu çomme ceux de Cufco. Ceux de la première & fecon de forte n'ont aucune forme de cérémonie, ou bien le ont fans folemnité. Ceux de la 5. & 4 les out legiti mes , ftables & foleranelles, comme les Mexicains, t ceux de Culco. Le i. degré de brutalité condfte aux viures, & cec adulent en deux manieres.Quelques^vns font brutaui pource qu'ils ne fement,ny le foucient de l'Agriculta re,mais mangent comme beftes ce que la terre produi d'ellc-mefrae. Et pource que Hoftre complcxion fuiti nourriture, il faut que la nourriture fauuage foit fuiui d'vne complexion & nature fauuage. Les autres font brutaux , pource qu'ils fe repailTer de chair humaine , ou indifféremment , ou bien feule ment des ennemis pris en guerre, comme ceux de Po payan, & de Mexique. Au pays de Popsyan, ils met toient deuant leurs maifons les teftes de ceux qu'il auoient deuorez , fur certaines grofles cannes , pou monftrc de leur cruauté & brutalité exécrable. En a ai très lieux ils rempillfoient de cendre les peaux des en nemis mang? z,5<: les pendoienc aux foliues, ou les dil pofoient d'autre forte. Ils leurs accommodoient le yi lage auec de la cii c, ôc mettoient aux vns vne lauce.i aux autres vne flèche en la main : fpeâ;aclc véritable ment horrible,&: c'eft oii-là leur tapilfcrie.En quelqw endroits de la mefme Prouincefe pcifuadanrs qu'ilsft roient fottir les Efpagnols du pays auec la faim , ils I tefolurent de ne femer pas leurs grains, mais les viuti ayans manque pour ceite caufe, non tant aux Elpi gnols qu'à eux - mcfmes , ils fe mangèrent les vos If aucres.-6c pour vn tel manquement de viures. L'Antre pofagie fur introduite il y a quelques années pjrm ceux d'Arauco , où ellè n'auoit iamais efté .• mais 0 ne fçauroit ouïr vne choie plus prodigieufe que ceil de la vallée de Not fur les limites de Popayan.Les Ca ciques de ces lieux alloient dans \i pays des ennemis la challe des feTimes , & en emmenoicnt le pljs qu' leur eftoit poffible. Ils les tenoient là feulement pou en auoir des enfans qu'ils pû'Jenc manger , & de fai ils les mangcoicnt fi-toft qu'ils auoient atteint l'âged 1 1. ou de ! }. ans. En la vallée de Guaca ils marioien leurs prifonuiçrs dç guérie auec^kurs patentes , a» au Nouueau Mondé, J'en auoir des ciifans qu'ils pulU m manger , & nprci ils mangcoient les cfciaucs mcfmes quand iJsn'auoienc plus la puilfaHcc d'engendrer. Le tioinciBcdcgic de la brutaliié confiftc en la nu- ditc qui eft deplulîcurs manières. Car quelques -vns n'ayons nul Icntimcnt d'honncftctc (qui fut la premiè- re raifon qui poufla Adam à Ce couurir; ne couurent pas roefmcs leurs parties honceufcs , les autres cou- urest comment que ce Toit ces parties .• mais pwir le rcfte lis vont nuds ; les autres (ont vcftus feuicmcnt depuis le nombril iufqucs aux gcnoUx.Quclqucs-vns, encore qu'ils monftrent leur nudité m tout ou en par- tie , pource qu'ils ii'vfcnt d'aucuns hUnts , fe tciguenc toutes - fois le corps de diucrfcs couleurs pour fe ren- dre beaux ou terribles, & portent des pierres de petit, OH de nul iiriv ^fr^^Li„ I J- 2j| v.e h.mamc. Quant au vmre, le premier art fut ccl.v de nourr.r du bdèial. qui a c(l6 fort pratiqué rd né au Peru, où 1 on faifoit gr.,„d dtat delà r.K,ic,p7ic o" dc-s roupcaux Jls „c lacrifioient point de bdîe fr- n: lies . ny ne les tuoient , ou prenoient à la chafP L s .Is trouuoKnt qnciquc befte i.leufe. ou m 1 d.Sféf ^Is 1 cnterro.ent toute viue . afin qu'elle ne g./taft lé L'art de filer, de riftre la laia^. & Je faire les draps premièrement pour s'habiller, puis pour fe parer f? omme v. re)ert6a de l'art de^a co'ndu.te'd. :;oa! peux. Lagccurure v,nt après. & premieremenc & aux a.b es. L archucdlure ôc le baftiment des mai- - vv...^.».i,w, puucnracs pierres dc petit. Ions premierempnr rJ^ k^; ■ j >-«^>mai- ou de nul prix attachées aux lèvres . aux nez £ aux re & de marbrT dot . P^'^^V^^'^'P^'^ de pier- oreilles, commc^ont ceux du Hrafil. Quelques-vns ' eurenrcoTnofcc t^""',^^ font entièrement couuerts , mais de p^ux de beftes vinte,Sr£ K """"^'^ ^"^^ '^i fauuages . ou de peaux marines, ce quiVeft toutesfois I b fiïl^stl^ T ' i" '''''' ^^^^"^ pas taijt brutalité que la rudelTe d'vn peuple. l leur maS.n ' r^-*"",' S'^nd^ Ur,«c poui à faire des Donts mprii».;llo.,„ - V . de pluiieurs façons. Les plus barbares n'ont autre demeure que les ca uernes.ou les concauitez des arbres, & ce qui fans au à faire des ponts mèrueilleux d'vne matière fort M Car ds en font de très -grands fur des riuie.re. fort W ges & profondes . d'vne certaine forte de joncs . qu'lL nomment Totnra. .'{z ono; j„ . '"'='>'i">'s cre indu rie les défend d:Ve:^lSo^Tu ^ 1TÏT^^%^^ ^^^^^^^^ Ph.ye , Ils palleat Je iour où ils trouuent à manger . ^ \ gerTI "olrp V fond^ f^^^' ' '^^^ dorment où la nuia es futprend.Ceux-lào«c quelque LticoupdJi^^^^^^ Lflhi II''"'"" "'^ lotte de police, qui n'ayaus point de demeure alfcnrée ch.n. ' lemblabJe matière , & les atta- quant au lieu . l'ont toLsfL eftablie, qu tlZ du fle Je " le?h"n T ^' '^^ ^'^"^ «.e. C'eiUiufi que viuent les Tartar« fur leurs cha. ment ^ ^tftes y pa/Tcnt affeuré riots couuetts de feutre , & les Arabes aux Adiuarets pnx-làarriuentàlaperfcai::ri;^^^^^^^^^^^^ (culementon. des demeures alTeurées quant à\ ot- \ t^^^^ me . mais encor quant au lieu , & ceux - cy viuent en le moyen dSofeînol, ''^ ' P^^ des villes, bourgs, villages, ou maifons écartées. Entre [ au^e? & t "ton ^n,! 7?^""'^"°"' ""^^'^ ces trois forces d'habitation il y a cette différence ane î ' f f "^^^ premiers cherchent leur nourriture oTh ZcXé ' ueau mIL!''"' ''"t '^^^^^^^ Nou- & occahon les conduit. | ^^ile L." ^" "^'^ ^" Caca6i Les féconds mement «uec eux des chameaux ou au- mant anres dt ^«"^ g^^- tre forte d'a:umaux, dont leur vie dépend.Sc chan/enr I t ' non pas de demeure, mais de lieu, félon latotS^ paltm. f ^ ^ -^rinci^ de la pafture qu'ils cherchent. " ^^™'"°duc H^n^ent fpeculatu.es, cbmme fr.^-a^ Les demi. , rft,„c.....a„_ _ . . ^^"'^'^f'^'del'oifiueté&dei'^bond-,.... «e u de la pafture qu'ils cherchent. Les derniers eftans arrcftez quant à leur demeure sn vn i,cu, y tirent tous leurs viurcs , & autres chofes leccHaires. Fnri». .c /i..,U-,, i_ . . l feurcrc, de l'oifiueté& de l'abondance villestiE?'"^ ^"T u'^^'''^'' ^«"■^'^"^ 2 L ; ; ' f ^''""l t' à leur ailC, &lCS!pcculatlUes s'afllnf.nr^..,.I^-_-.. • fT , "1-"^» > atlu es cnoies ville*: ni fih «o- j i ' ""«"ilhl aus ^eceffaires. Entre ks Arabes quelques-vns demeurent ! aifcTL es ' f ^"'""^'t' ^"'"""^^ ^ le.c pleine campagne en des Ad.uare\& ceux-cy retien. ' 1 c offtres C l"" ' ''^"^ ^^^'S^^"^ ^ ^^nt le nom d'Arabes ; les autres aux v,Iles,& ceux-cy I n'on t r en f "'^ '^'î^i^^^"^ de l'atrenrion.c^ ont nommez Mores.Auffi quelques Tartares habiccnM ^Xpo-^' n rafe campagne. & les autres dans des viUes.comme I De chlfc r^^ ^^'' =;"x du Z3nqueray,& toutesfois les Arabes & les Tar- 1 por^ Le. p L 1' ' j^<>™prend q^e la Barbarie res qui cannent ainfi s'cftiment plus nobles que les de, LifL ^ a'^ ^^'^^ ''^'^'■^ • P«'": La cinquième forte de brutalisé confiftc au gotiuer- j BjarV& ' l 1^' "i^ ''^"^ Chichimique. au ornent. Car quelques -vus entièrement barbues vi- loue feal^ ' T^''^'^ ^^'^ nt fans aucunes loix . & fans aucuns chefs , tant en i lieux rv<Ï! . '^?"' & ^" «"^^e* ïips de paix que de guerre : quelques autres n'ont ny i rX^,/]'^ "^7^ ?" ^'^^^'^e delà X ny chefs en temps de paix . mais feulement 1 x mb 1.1 '"'^"^^ ^^"^ tout. Parmy les Can- currences de guerre, les autres en ont en p x 1 j f ^^"«^"^^'^ P-œy les autres qai mingent n- erre, & ceux-cy fe gouuernent par Re^publlVe! ' L auecl 1 ? ' ^^""^ doitVroced^r com- »me Tlafcala, & Chilolla , ou oar Monarchie , qui nt patefledion co«.me elle fe faifoit en la n0UueJ. f^ipagtie, ou par fucceffion comme au Perii. Ccu;c- onc barbares qui fe gouuernent félon les deux pre- TkuT\ certainement il faut dire qu'au Nou- ncei?n r""'"' com- TZ n T ^T' g''"""n^'^^"t mais que a peu quelques hommes plus capables ont perlua- T T' P^^-i"ement de branches Zl ' ' ' ^ fi"^l<^'^'^cnt de terre & Tc^W IT '"^^"=»^/o-'-'nicat.on nafqui- ^« ioix & les arts qm (ont les ornca,ents de laj , f , ^ " 0»-"^^ uumaui , ou comme aaec des fois fcu.eux,on les doit rendre premièrement capables & de raifon , & d'humanité , puis S te en la vertu, & en h foy Chreftienne.^ Et il n'eft p J mal à proposjnefme d'.ier en leur endroit de la for- Ss & '.r?"^" '''^ recognoiOent pour honi- m^s, & qu on leur annonce après l'Huanciie AnftorP aes Dettes, ôc domptez par force. de Vf ^'^''^^ ""^ S"'* s'abftiennciic de chair humame ma.s vonr nuds fans aucune honte vcu qu 11 „ y a chofe qai d>fti„gue plus I hc^me d la be' ftc que la hôce,pour laqudl. Adam fe couurlt de fiai lis de figuier, & receut de Dieu des habits de peaiS, Del'Eflat du R oy d^Efpagne, ç -, .,,^is d'v(et à l'cnaro-.a ae . plement propofée pa. le. P.cdicaceUrs>ou par les Mai- Il n'cft pas to.tesfo^ jcr^.s d vlet a ^^^^^ v ^^^^^^^ CW.eft.cnncpoarce qac la lumic- cciix-cy de la viob:nce U du tet , mais Dicn l'Euanaik eft fi belle '& fi amiable d cll<.-,-Tjefrae» ne Gueft.enne sMs "^J'---;^^ ShalS^u. fe Fane defuec aux ho..es, ^ iamais U honte & rho«neftete. Qh^'^^" 1" . , . eut oavs où l'£uangile fuft pbs promptement te- ?-e mais Pluftoft de conduue & d'addcdle . pource nu'lTc onc farouches. & bcucaux comme des loups. Z des ty gves, ma.s fors ^ ft.p>des .om.ne des breb.s & des beis de charge, Se ceux-cy onc plus befom de n^en.ces que de coups, & de cramce que de force, veu Tics a^reires & les flarccrres le.uerjc de bien peu en hur endro.d. Ma,s pource que ny les vns ny les au- r e perfcuecent pa's en la foy receuc jne fms fou leurPrnce naturel, & pource que les Prmces & es s cho es qu. la doiuent fuiurc , ^uffi donnant a fes V c Ucs L Mrmfttes le précepte ^-^^^l à toure créature, il leur donne P-^^l^T^"^/^ de fe feruir des moyens propres pour fac.hcer la con- u rf on & la conferuatioa de ceux qur font conuerns. , E k ne voy encccy nul fubpd de doute , ou de cru- pu I pou ueu qu'on vienne à forclorre de tel (omg Flbinon & rauanoe. Mefme encor qu au commen- T A. iVntreprife du Nouueau Monde , on pou- cemeiu d*- l encrepin^ i„;r,mp mi uoic douter & me ttre en dilpute . s il cfto.t lo.fible ou nnn dr ntendre le aouuernement êc la fuperiorr c . li ^ I^:u!^-u)ourd>Kuy pour le danger des Mahometans & des Ar^glois. C eft !ho e cet ame que les Mahomecans le rendroient mai^ ftrel des PhUip" ines , & les Anglojs de l Amérique , fi les Efpaenols ne leur faifoient refiftance. L. or^uerfion du Nouucau Monde a commence nar ks v°aokes,& ks armes, & a efté pourfuiuie auec n> ed c^t n ,\ rn.mtenant on la ^lou continuer en a^louftam à la Pcedicati«n l'authonte des Magiftiats ^ tfA^XTaa^irentderauthorité à l'Euangik p.^a;^^deurdcsLacl«,auec^^^^^ Pp^^drges 6C des choies au delTus du co-s du Gel 6c des forces de la nature. Au concraue les Gre. efto^en euH.z de ropin.on de leur dodrine 6c fagelk C pourouoy à cauk quM neftoit pas a propos que les rellcLe kdls-Chrift ks combatt.lknt par Infte^ ced paroles, ou de la grâce des difcours, afin que onucrLn du monde ne fuft attribuée des rai ons hurraines , &C à des artifices d'ky bas , les Apofties les con^rquirent auec des miracles 6c ^^^-^^^^^^^ poff.bles aux forces naturdks.par le moyai delq cl s ils fa.i.oient voir que Dieu prelche par eux cftoit par delTus la nature,6< par conkquent beaucoup au delîus d agelTe . 6. ïoutcsfois ils trouuo.ein d. la d ft^^ cul c à croire que kfus- Chrift crucifie &c mort . fuft cty pa" b vc?cu duquel k fa.fojent tons ces rniracles: pource que la cro.x fcruoit de fcandale aux luifs . ^fto.t tenué des Grecs pour foUe : «^f .-^^^^^^^^"^ Moude.pource qu'il n'y auoit point de hnfs qui k ou uinlTent de Moyk 6c des miracles que Dieu auo.c f. . par fon moyen.ny des Grecs, qui n eftimaff nt au chok de celles qui eftoient au deflus de leur (çauo.r & qu'il eftoir habité par des pcupks, ou brutaux, ou ftu^ pidcs . .1 n'eftoic pas bcfoin de miracles , mais d ayde Lmaine , auec laqueUc ces peupks fu(knt menez a l'vf.ac de la raifon , pource qu'cftans arnucz la Us cm- bralferent prompccn^eut la vetitc, qui leur eftoit Um- n>ira.,ic> uuui n'y eut pavs où l'£uangile fuft plus promptement re- ceu qu'au Nouueau Monde. Il y eut plufieurs fuojeéls d'vne fi foudaine conuerfion : mais k principal fut c mauuais cftat auquel k trouuoient ks habitans , & U bonté des loix dmincs.Leut idolatrk n'eftoit pas plei- ne de knfualité , comme la loy de Mahomet , qui les attiraft & les flattaft, & d'autre part ils ne ckerchoient pas des miracles comme les luifs , ou la fubtilitc de U Philofophie, comme les Grecs.qui méprifoicnt tout le refte du monde.mais ils eftoient fimples,(ans arrogaa- ce & fans prefomption , & àymoient peu leurs idoles qui kur donnoknt tant de peine,5c leurs facnfices qui leur couftoient la vk & k fang, & pour cette cauk lU k trouuoient tous prefts à receuoir vne loy meilleure, & il ne k trouue point de meilleure loy que celle que kfus -Chrift nous a donwée. Dauancage tant plus ils eftoient de bas entendement , tant plus Us admiroicnt le Ciel & les chofes celeftes,Ôc tout ce qu'on leur pro- pofoit de la grandeur, toute-PuiCTance , & Majeftc^ de Dieu,Ôc de la mikticorde.douceur &c Paffion de lefus- Chrift , pource que tant plus ces chofes furpalToient leur entendement ^ capacné , tant plus elles fem- bloient conuenables à la grandeur de Dieu,ôc à la bon- té infinie de kfus-Cluift. .Des difficultez, qu'on eut en U con-^ uerfwn des Américains, IL ne fe faut pas imaginer que la conuerfion du Nou- ucau Monde k foit padée fans beaucoup de graa. des difficultcz , ôc que ces roks n'ayent eu leurs épi- nes. , La première difficulté fut l ignorance de la langue, pource que n'y ayant chok qui requière vne plus gran- de facilité d'exprimer la conception,8c la grâce du lan- g3ue,que les myfteres de noftre fainde Foy,la Predica- tio°n fut commencée en l'Amérique par des perfonne» qui n'entcndoicnt pas k langage de leurs auditeurs.» u'cftoiçnt entendus d'eux. Ccft pourquoy ils eftoienî contrainds de k kruit de quelques truchements, qui n'entendans bien ce qu'on kur difoit.donnoknt à en- tendre vne chok pour vne autre , 6c au Ueu d'vne do- diine Catholique kmoient des erreurs parmy ks afli- ftans, & c'eftoit vn grand ennuy & erapefcheraent auj vns & aux autres de dire kuis co!aceptions,& ouïr cet les d^s autres par vn tiers , & l'on pcrdoic b.a;Koup de temps en toutes chofes. Ce defordte s'augmentoit pat vn autrf qui n'eft pas moindre , qui eftoit , qu'en ce peu qui k faifoir on n'vfoit pas d'vne form?; co iimune, & certaine, pource qu'il n'y auoit point de fuperieiit qui cuft le foing ^ l'author.k de donner forme a tant de chofes , 6c par tant de pays difFercns. L'autre difli^ culte naiiroit du défaut des ouuriers propres à vne en- rrcprik importante, telk qa'cftoit la conuerfion de l'Amérique. Il y auoit beaucoup de moilkn, 6c peu de gens qui y traiiaiilalknt , & ceux qui s'y employoïciU n'enttndoient, ny n'eftoient entendus. De ces deux diffi.ultcz procédèrent diuers defaUts en la conuerfion des Indiens. , , . L'vn fut l'ignoranccauec laquelle ksNcophites ou nouucaux Ch'^reftiens demeurèrent , & k peu d jntelli- gcncc des chofes neceit^ires au falut , pource qu cltanï bapt.kz fans inftrudion ils n'auoicnt guère autre choie du Chrcûien que le baptctme , 6c k demandoient pW- ftoft pour contenter leurs Caciques , ou ks Elpaguois. ôc pour faite ce qu'ils voyoient taue. aux autres , q>'<^ au Nodueau Monde. par vnc rcfoliition enticre. Et ces premiers Religieux qui s'y employoicnt , prcnoicnr (i grnnd plnifJr à mul- liplicr le nombre des fidèles qu'ils ne paU'oieiic plus «uant,& eftoienc meus à cela en partie par la douceur. Se coiifolacion que la conuci fion des ames porte aucc clle,& en partie pour l'impodibilitc qu'ily aiioit d'en- tendre à l'inftrudtion de tant de perlonncs. Tellenicut jju'ils eftimoient que c'cftoit mieux fait de les lailFcr fans catechiime que fans baptelmc. Ainiî nous lifons que de douze Religieux de l'O, drc de Saiuét François, jl n y en eut aucun qui ne baptifalt au moins cent mil- le Indiens en la nouuclle E(pa|rne , & l'vn d';ux en bapcifa quatre cens mille. Comment pomioienr - ils donc tnltruire en la doftrine de kais-Chnft vne Ci gtandc mulcitude d'hommes rudes , ôc fauuagcs, prin- cipalement puis qu'ils begayoient en la langue de Mexique. Le pue eft qu'en vn fi petit nombre d'inftrudeurs , ily cnauoit,& ycnaencore piufieurs qui s'cmployent, & lont employez encor à vn fi grand miniftere, com bien qu ils fuilent Si foicnt de maouaiie vie , peu en tendus Se pleins de nonchalance. En la Prouince du Parag ,ay il y auoit l'an mil cinq cens huidante-Tcpt vn Pieltre qui auoit charge d'vn fort grand pays.Cectuy-cy n'vfoit d'autre dilig. nce en- uers ceux qui fe venaient baptifer que de leur deman- der s ils vouloicnt auoit le nom de Pierre, ou de lean Mcimc en la nouuelle Efpagne , âojoutd'huy qu'il y a eu des Eaelques , & des Religieux en grand nombre, vn Cure a fous la charge , ) o. voire 60. 6c dix villages, & 40. mille de pays, ou dauantage. Les peuples demeuroient dune autant addonnez à leurs anciennes luperftitions, & auffi enclins à l'idola- tric qu auparauanr , pource que n'ayans cognoilfance des choies dimnes, ils n'éleuoient pas leur clprit plus que d ordinaire,& demeuroient auec plufieurs femmes ou concubines. L'autre défaut qui fe rencontra en la conuerfion des Indiens, fut qu à caufe que ces premiers Pères ba- ptifoient les Indiens . non pas vn â vn , mais à centai- nes . & à milliers , il aduint que de plufieurs qui cou- toient au baptefme,on demeura en doute s'ils elloient baptifcz ou non. Dauantage chacun d'tux ayant plus d vne femme , quelqucs-vns d .meuroient après le b i- ptefnie au premier clLt. mais la plufpart ne iç.u.oit ce qu .1 filloit laider ou retenir , & les Prédicateurs mef- mes eu eltoient en doute. , femmes, anéantit l'/do^arr-t, & les fuperftitions. po.u^ cl ira que ceux qui n'auoie.t encor receu le bnpt. fine fnflent premiernv.ent catcchifez , inftn,its . accrût tghles , & la rt uerence cnuers les chofes facrces 11 obtint cccy en pourcbafiant que les Egl.fes f,(H.nc b.en baft.es, eulient de bons retenus, & Kifleoc po ueues de tour ce qui cftoit requis pour la celeb ation dci dur^n office,^: pour l'admin.drat, on des Sacrcm n Mais 11 fe rendu principalement remarquable par k charirc enuers les panures, & neceiîiteux • dequoy l'on void des marques fignolées par tout le Royaume de Mechoacaii : veu qu on n'y void bourg ou village noue pent , & panure qu'il foie , où il n'y a^e logis polie, pèlerins, & hofpical pour 1« malades. Et pourlWre! re.ement de ces lieux . qui n ont pomr de rcuenu cer- tain, H y a des compagnies, dont la charge eft de pour- uou,d^ (eru.r les malades,&: de leur donner tour ce qui leur eft ncceiraire. Chacun de ceux-cy,qui font diuiL par contrées, fait fa fepmainc. Le temps de la contrée eftaut venu, tous,tant hom- mes que femmes, ferrent auec leurs faiWilfes, & por- tent tout ce qui dï be'oin aux malades pour certMe^ maine. Chaquecontréeavn homme, entre les mains , duquel eli.e remet tout ce q« die a apprefté pour les mahdes,cdmrîieduvni,de la viande, des feruiettes, 'les vafes , choies femblabK s , & cettuy-cy d^lpenfé tout félon la neceffite des malades.Celay ou, a la char- ge de tout adueit.t fes gens f.pr jcLîrs auparauanc , de ialemainequ lis do.uent faire. En ce temps les hom- nies de la conc.éc fonc vne grande prou:fion de bois f gtos , Se menu , & le vont chercher ih mille lome, & daùanrage & cependant les femmes font prouifion dT graio, & choies icmbiables. Le temps eftant arriué , chaeun porfe à l'hofpical ce qu la appareille, quidubois, qui du pain, qui de la ciiair , te .1 y en auoit qui y conduifoient les malades. Ca auff,_j.„ft qudncnrendquequelqu'vn eft tombé malade on vuid accouii,- foudam ceux de la compa- gnie qm le port cnc à i'Eghre , afin qu .} fe confefie , & de la à 1 hofpuahou ,1 eft {eruy de lour & de nuid auec Des remèdes des fufdits défauts. [ E premier qui s'employa à amender la conditior M des nouueaux Chreftiens de l'Amérique fut le Ma; - luis de la Vai,ee : veu q.'oUc c le bon ordre qu'il do..- «. en la nouuclle Efpngne aux chofes ciuiles , ,1 pour- halia encor l'an 1514. qu'on celebraft vn Synode Pro iïncial, ou il fe trouua 5 , Pr eftres, , 9. Relig.et.x, & fix î.z. entre lelquels fut ledit Marquis ou Couez.c^ frc e Martin de Valence Vicaire du Pape On éclaiicit là > poind du mariage des Indiens , c'eft à fcauoir anec l"elle temme ils deuoient demeurer , & l'on refolcjt [lie parce qu'on ne fçauoit la forme de leur contrat 1^ mariage, ny le ft^le qu'ils fuiooient en ce cas, ils re- .endroient pour l.rs celle qu'ils voudroienr , en con- gédiant les auties.Ma.s il n'y eut peifonne qui .ydaft à ■ nce t ' fon bonnes oidon- cz pi^tT 'ï^' ^" I"rt,tutions vtiles au pro- ' a m mn a^'^"^' P^"^"'^ ^-^'Po^^l ' , ^ft encor fi viuc aujourd'huv,qa'.l n'y chofc que ces peuples prefchenc auec plus d'Xdi . les vertus de ce Piclat, U olta ij multitude des vn grand foiug, & vne charité digne de loiian<.es Ces couftumes incroduites par cét buefque durem encor aujourd huy ; te Llemenc que ce n'eft pas merueille s'il y arnue des chofes par lefquelles Dieu monftr. mani, ^ftement combien i! p.end plaific àux œuuies pieules ieDieu, 5c de i ornement des Ealifes, veu nu'ils efti- ment que quand tout iroit en ruine, on ne doit toutes- ois lamais abandonner l'Erlife. Lis employent force arge^Kà'achepret des images, ^ des paremens d Aurel , & bien qu'ils foient pauures Se meincnt vne miferable & pénible vie ; toutefois en ce qu. r. gnrde 1 orncrPent des lieux facrez , & h cele- -ritc des feftcs , ils n'efpargne,,c leurs biens , nv leurs peines. & fe prinenr des chofes necelTai.es, afin que le leiu.GcdeDieurefafredignement.lls<^égarnilIent leurs m^ifons de meubl? le pain de la bouche par manière de dire pour cnrrece- "U- le Cure 5c quand l'argent leur manque , ils fim, pleent a ce défaut auec le trauail. Ce qui fut caufc de la neceffitc qu'ils eurent . fut la multitude des Reli- gieux , & la fondation des Conucnrs des Ordres-,de S' Hanço!s,de S.Dominiqne,dc S. Auguftin, & de la Mer^ cy, auquel on a du depuis adjct^té les lefuites, &c quel- ques Carmes, es Egiifes Cathédrales, les CollePiaks, les Conciles des Diocefes Prouinciaux, les Cate- chifmes imprimez, les vifitcs f.,iclespar les Euerques Voila ce qtie polFcde aujourd'htJy le Roy d'Efpa.ne; tant aux Indes Orientales qu'aux Occidenca!es,en Afie; Afrique & Nouueau Monde,& fur les mers Oceane Sc Méditerranée, Voyons maintenant ce qise le meiraé Del'EftatduKoyd'Efp.auNou.Monde. Te - V ' ,r ^ w ' | j.ucrs pollellaus qoi une occupé ces uanc ia ie S C^^^^^^ Tîble. l'cfucre lu-nnr.v^M^o .ri. .J •., . i °" '«^ fo"rnar,r vers '();; a , . ' ,^ . ^ -..o vju. uni occupe ces liant UieSambre rll « A c ' ^ : & rcte- toutes cnfcmblf. Ic/pcre ncanr.r.o:ns cfcia,.cir Je ^ ville de Cuirli T''"' '''' ^ borde «près aiioir du en gencralles limites, &lcftenduëde '^"""^"^ v.ll.,.„ ^» r. S» a. toutes fes contrées, comme il ert diui7é rnriiv.f^... -uuii vu gcuctai les limites , & 1 cRendue de toutes fes contrées, comme il ert diuifé cndix-fcpr Prouinces , comment ôc par qui ces pays ont cfté vnis iousvnmclMc Seigneur: quand & comment ils font venus en la maifon d'Hfpagne, le vicndray aptes à par- «cularifer ce qm cft à prelcnt fous la pui/îance de Ja Jercniflimc ArchiducJieire,la tres-iJiuftre PrinccflTe Ifa belle Claire Engene lœur de feu Philippe 1 1 1 & ^ante de Phihppe I V. a prefenc Roy d'Efpagne : comme ,1s lont entrez en polltlTion dudit pays : £c d'autre part ie reprelenteray ce que les Eftats des Prouinces vnies des pays polfcdeut auflî. Que fi ie ne contente entière- ment en cecy les plus cuneux,au moins le pourray leur oppofer la difficulté du fait , &c la peine qne i'ay pnfc leur ratistaue, raiiportaiu ce nnr l' iv ujiucuiie aurait, CJc la peine qtiei'aypnf- O ; de leur fetisfaire. ta,,po«am ce c,.,c ,'ay ve., r.oyief' I nhhZ'/, i'Yf'"' " *' Vamandois prr. . . ^ " I par I efpace de plus de trente miiies. Pour U rr , des aurrcsie remets \f r,i.i. ' . i i ^^g^^d ep^;â^^;d;;jsriï:d<^/rx^t lœ^^ es au 30. Mais quant à la largeur iUomDtcnd r.n. „: "-''-'^ • ^ ' ^ " ez c ell à Ijauci, dep,„s le <,ua,an,e-fa„iaié^? du a £ " ^"P""" ■ M.rqtS ailon dequov le P2V£--)a« ^(f » i. .. / . ''"^cht , Fnie. Onprvrt,.! .v, /-^ i^ioA ? ^ ^ quarante- huittiémc &dcmy ,ui4ues aucinquantc troiliéme ôc dcmy aijon dequoy le P^ys-bas eft mis entre le milieu du Ç.crne dimat. & le commencement du neufiefme. _n cette efpace la diuerlite du pLs grand iour d'Efté aVl? I^""'' d'heure car au milietï du fepriéme ei?j"5^""1:'°"^ =,^'^= ,6. heures, Hc au com- emett du neuficme il eft de feize heures & crois «. Et ce pays contient tous les paraièlies qui fo„t ^n>fz entre le feixicme & le zi ^ l'nes, Vtrechtinr; n'^ à fçauoir Mi- ^ontnomS:^!'^:J^"r^^^^-^^^™ë-. Elle, autre raifo;> de c.ff. " ' ^" P'^^" '^''"'i^r dePro:i:if"'^^PP"'^^^°'^'l^'^y^y^d,aaiKag^ Auxgeuera'.s a/Tembîees tous les paysn'y font n.. conuoqucz ne d.vn„ent pas leurs voix nvlr ' ^entp^(,ion cé.,c.drLux .n.;:!:.; H;;!:;:;- Car le Marqnifat d. (aind Er.i,re d'Anua^ ^Vi ' ,,6 Difcours de l'Eftat des dix-fept Prouinces , . ,.r„ A. viaansainfi en paix aucc leurs Seigneurs ôc le b viuans ainfi en paix aucc leurs Seigneurs ôc f e bandan, pat et^femble eu temps de neceflkc . onc louucnt faïc de grands faùs d'.rmes . tant contre les R^"^!!"^ o . ■ .r_» /-nrvrr^ if-s 1 arcs oc j ^ i'P n^cereoi fclon fa demande , la fonime de accorda à l fctr.pereoi appel oit nois cens mille rtoans par mois, ce qa on ai p je -rancis raus u .u.u.o . .a - - No e . taie . u Nooenaue , Lir«bouvg > ^^^^ , ^re les autres aat.ons . m^foe con.c les Turcs ^ rnrldre G.ouningue ne payent rien de CCtrc in ont fait fous a con- Sn eftancsfrontrer'cs.lefqueUe^ tterGodefroy de bLiiI autres Roys e^^^^^^^^^ fovt en arrière : tellement quM n y eut que ces trer Baudouin Comte de Flandres, ttnt Prouinces que viUesacrquelles contribue n . fa m o„ Cunftantinopk . & plufieurs A'iauo. . Brabanc .Flandres Ano>s, Haynault, Va en- qu^g gn P ^.^^^ ^ ^^^^^ ^^^^ ^ c enne l'Ifle , Douay .Orchies, Hollande . Zélande. [ Hiftoires.tellement qu Us ont ton lours Namur, Tournay. Tournefis, MaUncs 5c Vc^^J^t^^ ou ^^f^^^^^^^,,, ^ redoutez. Bref c'eft vn peuple du. on cftime que les autres ne font pas forclofes dte^t^^ ^^^^^^ , H.ftoriographc Corneille Taci a conuocations & alTemblces générales 4 ^^^^ ^.^^^^^.^ g,,,/ '''"^''Ti JbT On a compte en ces Pays-bas plus f ^^^^ Germains pour Uht bnim , mau les Ba- vilU murées fôc bien .50. P^-^'^^^ ^CxS ^^^^^^^^^^^^ ''^^^-^ ^ ^^^^^ P-^^^V.! Lifdiaion 5. pnuilege de ville , & P^^ ^= ^'^^^^^^3 | i^s Em^peccurl Komains les choinijcnt pour leurs ^ar- vllaees : mais durant ces longues guerres àc^^'^'''}'] \ J^^^ les tenants pour les plus fidelles & valeu- ont efté bien amoindns ÔC r.inez. A^^" — \ 'e^; de tous les peuples du monde. Mefmes quelc^ue - de contenter leLedeur curieux, le Ijy P^°P°^"^^^^j*^ 1 ...r.mmpnt lesBatauois , ont eltc de- 7n7:n"e,al denombrcm^it , auquel il combien il y a de villes ôc villages en chaqac Prouin- ce. Combien il y a de miles mU^gf^^ chaque Fromnce àu Pays-bas. E S DuchcK, B R A B A N T. LVXEMBO VB.G. L1MBOVB.G. E S Corniez, t HOLLANDE. Zélande. Flandre. Art 0 1 s. HaynaVLT. Nam vr. ZVTPHEN. Le MARQV.ISAT £ Seigneuries y VTRECHT. Frise. Overissel» GrO VN INGVE. M L l N E s Q_^r A r R E. Vilits- iG. 5- 14. HV ICT. Vtlies. ViUages- yoo. 1169. 113 A lesBatauois, ontefté^ datez compagnons & amis du peuple Romain. Ainli ^"&'LmtoqnetousccsPays.b. avent efté par cy-deuant dmevfes fouuerametez & pCnccs fo'us dikrens, fi eft - ce qu'ils ont en fin cdc réduits fous quatre Ducs de Bourgongne. Puis après :tles Archiducs d'Auftriche 5c finalement 0^^^^^ (eul fcieneuc àfçaioir fous l'Empereur Charles cm !llme!^ fon fiU Philippe Roy d'Efpagoe^ll fcta b- de reciter icy en bref comment , quand , ôc en quel^ manière ils ont efté reduics fous ces derme» icy , & i que cela demeure pour mémoire perpétuelle, que les 00 Efpaonols font bien paruenus au Gouueroement de ' c s i" s - bas , non pour les gouucrner comme eu« Lri. Tniets , c'eft à dire comme eftans lujets a leurs ' Cx^mais fomme peuple libre cnfuiuant leurs pto- ' !ru;lClS du cofté de fon pere.Ccrnte de Flandres , de Neuers , de Retel . de Salines , d Anucrs, "alincs, ÔC du cofté de (a mere, ComU de Bour- aon-nc ÔC d'Artois, auoit vne hlle nom^mee Margiic- ruîriaquelle il auo^t eue de fa femme Marguerite fille de kanloihémc, D.c de Brabanr:cefte 6 le ^J^J- la ville de Gand en Van 1^69. Phi.ippe de Valois lut nommd le Har.i,qui eftoit pour lors Duc de Bourgon- gne, ÔC le plus leune fils de lean Roy France^ I De ceux-cy naquit lean fans pe^r , Comte de F an- .or. dr^:Bour on^ie,a'Artois.ôcc.Celea.ide^^^^ L- ' cpoufci en l'an miile quatre cens quinze Ma guérit^ 'X ZtL Comte de Haynault . Hollande , Zélande , ^ - 1 Ynk : ôc fut meurtry à Montercau en France , en la âgé de vingt -trois ans eftai.t Duc de Bourgon^. cfomtc de Flandres. d'Artois, de Bourgongne. Palan Marquis du faina Empire , ôc Seigneur de Salines t Malines. , . , , .^„^f A Outre -ce en Tan 1419. ^ f^c«da par la mort Comte Didenc de Namur, à ladite Comte de Nam l'ayant premièrement achcptee. ôc parla J 1 „i .^niiviir faiTî enrans ) 10. 35- iz. 4. S C I N Filles. 5- lU 1. I. lUt. 1178. 1 754. 950. ia4. Villages. 70 345 ICI. rouoc vaicn r ^"^.^ ,.-_,.,o t_on Germains, Ba- alors diucrs noms, ôc les nommou u. AH:;t ; s'Ba au"; fl Us Holla„<.c,i; A en ,a,„. nucmans> ita p , , Adiiaacts les Gu.ldro.s Us f'^-f «"il'/ ' V ' L ^^ àj l'an ,c. Us Duch.. de Lona.ne. e B,a ceux d'Anucrs : Les Mennp.ens en «^/^ Gueldrc . ôc de Cle.KS : Les At^'^ates ceux d A ô: - és enuirons : les Neruins , ceux de Tournay , les Mo lins, les Flamr.nds,Ôcc. icAnr hiVn rc- Le pays citant druifé en Prouinces. ils O"^ ^urn r _ 5 ceu qnelu...es feigneuts comme f'^^^'^^^'"^»'";!'/ IJ. conditiooî. prenant toufiours buMi gard qu ils ne dcuinftlnt puia^ns de peur d'eftre çartanr.ils les .ymoicnt ^'J^^^^^^ i , lors qu'ils eftoient encore leunas. Ces l roum.es 1 ppe Duc de ur aoani , it^u.. - . euTcn l'an 1430. l"Duch.z de Lorraine de Br^ & de Lmibourg , ôc par la morr de bcoba Corn « de Holla.de. ô:c. fa n'epce,ileut en 1 an mil 400. te fix.les Comtcz de Haynault, de Hollande, Zclan ôc Frifc. * . r T-^nfC I En l'an mil quatre cens quarante trois, fa Tante donna la DuckéJ e Luxembourg, P;«."^^"^"^7f\; me Tuteur 6c pms aprcs comme Seigneur. 1 premier de la maifcn d. Bourg gne qui nAh o^ i dzc ce la Toifon d'< t à Biugçs F.andrc s , lo^H époufalfabctwi de Portugal en l'an 1450. llmounir à Bruges en l'an mil quatre cens foixantc fcpt, c(tanc àgc de (oixante & iz. ans , après aiioir legnc 48. ans. il laidh pour licritier en tous les pays (on fils vnique, nommé Charles de Valois, ou le Guerrier, lequel luc- ecda au gouuernemcnt des pays de Ibn pcrc citant âgé de 34. ans. Il achcpta du Comte Arnault d'Egmond h Duché de Gueldre &c la Comté de Zutphen , ôc ce ou- tre vnc penfion annuelle pour la fomme de 51000. cfcus d or, en mourant il confirma ladite vente par te- Aament, faifant le Duc Charles (on héritier, & déshé- ritant fon fils Adolphe , pourcc qu'il s'cftoit rebellé contre luy. Ce Duc print po^rcflîon du pays de Gueldre en l'an 1460. Oc treize. 11 laicha de faire vn Royaume de tous Us Pays - bas , promettant à cefte fin de donner fa fille vnique en mariage au fils de l'Empereur Frédéric III. & l'cuft appellé le Royaume de Bourgongne, d'autant que la Bourgongue auoir efté vn Royaume aupara- uant. des Pays-bas. 237 qu.s de Vaîlada.GouMerneur 5r grand Muiftre d'IioiH dudu i.eur Pr.nce Phihpp... Dom ChrifcphJe de Mo ra Comre de Cad- Rodrigo . grand Command.u d Alcaurara . Dom Uan Idiaque ;.and Commande de Léon. ton. rtois Co,.(eillers d'bftat , M^ffi,^ n, ces dn de Brabanc auec le Secrétaire des n g.^ ces du 1 ays-bas, Laloo. fans plus. Où la rcfolution de langue Françoife, dont la teneur eltoir. PHILIPPE PAR LA GRACE DE DIEV, &c. A tous prcfens & adue^.r , qui ces prefenf^s let- tres verront ou lire orront , Salut. Comme no "s nyon; trouuc conueuable tant pour le bien ge eT T a Chreft.enté quede nos Pays -bas, de nfd.fF r "l long temps le mariage de noftre tres-chcre bL„? y mec fi le a.fnce l'Infante ifabelle. Claire Eugemc De ^^nt plus y enclinanspour la conferuar.oo^de noftre mailon, comme pour certains autres bons refpecSts En confideranon auffi de la bonne aiFedion qult^or^ tons à noftre tres-cher/3^ hi^n..,,^^ f„2 . . r ^ t Mais pource que chaque Prouince eftoit fouuerai- condr^^r.r; m ^ ^ , -t^-^.»..-» ne , & auou fes Priuileges , droids 6c rcuenus à part, tons à Ift r ' u , '^"^'^^'^ ^^'^ P«f- mefmes d;fterentes melures & poids . & n'auoient u- rZeu F Ar.h a'iI^ ""i'^-'T^ ' & mais voulu confentit à leurs Princes autre puilTance Lr.n//; i "''^^"''^'^P^'^'^^^o^^'ern finon limitée , il ne peux . & cela fut mis en arrière, gne Tv n i!rf 1''' r' T ^T'^'' ^ ''^ Ce braue guerrier fut tué dcuant Nancy en i'an 1477. h:nr lT. ^) a eu P^^'^°""^' & i'^^irant pouc le cinquième de lanuier , eftant crahy par vn Comte TnnTeV nv'' ^ n ^u confentemeni: Italien appdle CampebalTo ; qui eftoii à fon fcruice, Irpenfe r n"? ' '^"^ ^""^ ^ °^^°y<^ & ce par l'inft'gation de Louys X 1. Roy de France, très h.„r '' T"''' 'y'"' ^«'«"^"niqué auec des Suilfes & Lorrams après auoir gaigné trois batail- t e rh^r'/i i"^'""' V*;^"^' crcs-puifTant Prince noftre les. II eftoit âgé de quarante quatre ans , & lailFa vne dolnhVl ^'^"-^yme frère coufin & Nepueu Ro- fille vnique appcUée Marie de Valois âgée de 1 y. ans, tonfnrr ? ' ^"'P''^"'^ ^« I^o^ains , & laquelle épouia en l'an raille quatre cems foixante ôc fœurCelVr °?r! T"^"' ^ ^''l' '^«'^"^ iix-fepc, ledix-huidiéme Aouft, Maximilian d'Au- arnr,. , .-^...^ r^.. riche , lequel reprit fur le Roy de France tout ce que edit Roy auoit pnns & oftc à fa femme* Il reftablit 'Ordre ds la Toifon d'or , lequel eftoit fortauily, & an mille quatre cens foixante & dix - huid, ils curent [eux enfaiis enfemble,vn fils nommé Philippe, &c vne ille nommée Marguerite. Mjrie de Bourgongne la inquiéme année de fon mariage tomba de cheual Ôc nourut de la cheute. Maximilian gouucrna ces pays pour vn temps en aiicur de fon fils Philippe : mais non pas à la bonne 3y, car il tafcha d'aliéner ôc de feparer du Pays -bas ■s Prouinces de BrabantjHaynaulcHollande ÔC Ftife, our les donner i fon pcre Frédéric Empereur, ôc fie lulîcurs choies au preiudice de ces pays. En l'an mille quatre cents nouante deux , fon fils lilippe fut recogneu pour Prince par tous les Pays- is, & confirmé comme Seignear héréditaire d'iceux: i l'an mille quarte cents quatre vingts feize , il épou- en la ville de Lier en Brabant.Madame Jeanne d'Ef gne, que les Pays-bas eftant auparauant vnis par en- nble parplufieurs mariages , font finalement venus r,T.„r Vr r ""''-"^"^^ ^ i^'en - aymée bonne dSeÏHe" r;"' Q^î^^'^-fi^-é, afin que félon fes grâces, vertus & raerites, mermespourde l'a ons?: T ^""^^^ 2""^ ^ ' don à noftre-due fille, en aide & faneur dudic maaa.e nos^dus Pays-ba., tout ce c|ui en dépend , en ia forme & manicre que cy-deifous fera d.t&fp.c.fîé. Et " parle moyeu & intcruention.vouloir& confent.ment: P ilîo r T-^' ^^^-^-'^y-é bon fils lePri Ph ppe noftre fils vmque & héritier : ar.u,nt les .d- u rrancesque par nous & noftre- dic fik en ont ef^' ^i^Jes aux chefs & Seigneurs Cheualiers de noft^ Ordre, Confe.Is & Eftats de nofdits Pay.-l>as & Com! te de Bourgongne. Lefquds ont dcmoaftré & ,émot gn par leur réponce la joyc & le contenfemenr L ont eu de cefte noftre débonnaire rcfclution.au'L - cognoifc & confcifenc ,ftrc tant n^cc Œ^te 'au b, a de nofdits Pays -bas : Et c^eft le vray moyen pcfu1 oar neniràvncbonnepa.^ Il ^^"ft'^ P^»'bl.. guerre , dont ,1s ont efté trauail- lez par tant d années , laquelle paix & ccpos nous e.c , '""^""^'«^"'«^"c venus Jezoar tant d'ann^^c r n • "-'«twciu- ç ce mariage à la maifon d'Efpagne . & combien 11^.^111 f r ' ^^"'"^ P''' ^ ''P'^' J^'": •Hs foient p.ruenus à quelque pa?faide profper té^ noto r à t ? ^ '^"^^^^^^"^ -^'«"^ 9"^ ^ft- ce par ce u^oyen qu'ils font tombez en vne Ion- | S aduc ," tZ"!''! ' ^'i^ a'^. «^^'^ ^ '"^ e guerre , voire en des troubles & guerres ciuiles au ind dommage ôc prdudice defdics pays, ainfi par ce 'yen les dix - fcpt Prouinces ont efté foubs le Gou 'lement du Roy d'Efpagne entre les foixante & fe "te ans. puiiïi aduc.ir à vn pays , c'eft de fe voir gouuerne par I œ.l ^. prefencc de ion P,. uce 6c fcigncur natu ï Dieu «ous eft remoing du fo.ng & de la peine que fouuent nous auons, et: , que n.us n> auons pas peti , - , ÎT/" Perfonne ce que de vr.y nou. eu.qions biux Le Roy d'Efpagne PhiPppc II. fe fentant diminuer Rov^nmes J'Ff " ^""'^^ importance de nos ^°rc^' famé , voulant faire vne fin de la refoiu no L temr V r '"'^-'"^ °^^'g^- ^ ^ f iuoic prife d. donner fa fille aifnée Madame e ^ abLn er f-^ ''^'"^ 'elle en mariage à l'Ar hiduc Albat fon nepueu ' non. l'i % ^ ^^"''"^ <'^h^^ s que pourueu'de gtandes dignitez £c lefiaEe ' \ Zg' 'Il Kl""^'"^, "^'^ ^'^S'^ "^^■"'^^ ignammenr du riche A, che.aché de ToleT, fi mï.u „' nr 'à T '"'^''^ ^ P'"^!-^ ^^% Difcours de l'Eftat des dîx-fept Prouinces y .,- . • ^*(rir.n HP nniirra ooiir nulle caufc auelco.iqu< defquelles fa picfence eft .cy auflfi bien requife A rai- foXaoy n^ous aaons trouuc tore expcd.enc de pren dre ccftc bonne refolution , pour ne pomc la.ffer nos Pays b.s aux uKonuemeas efqaels Us ont cfte par cy^ dîuanc. ioind les ra.lons du partage que nous deuons f^ice à oft.e fille Hafante . félon les mérites 8c grau- d u de (a naiffance, en particuhet les luy tunsfcia.t v a qu'après noftre dit fils le Prmce (que D,eu confcr uc longues années U faifanc profpercr en fou eruice; noftre-d.éte fille aifnée cft la première & la p^us pro- chaine : Et que du confentement de noftxe-d.a: l^rince fils, elle peut des maintenant eftre adm.le : ayant choi- fi ce moyen fous efpoir , que par iccluy nofdids Pay - bas reuiendront en' leur première fleur & profperKc dont ils fouloientjouyc. ^^-^r^ FAISONS partant affauoir que dcfirans mainte- nant mettre en effedi félon fon dcu ce que par nous a eftéfimeurementrefoUi Se «"^^^ ' fentement volontaire que noare-d.t fils le Pnn ce y a fi libéralement interpolé de Ion coUc.fçachant les fub- miflions aufqaelies noCd^ds pays auront a le confor- mer (uiuant noftre intention, auons refolu de céder 6. tranfporter à noftte-difte fille Infante , en aduance- raent dudidt mariage 1005 noia.ds Pays^bas , de Bourgongne , en la forme ôc manière aux pourparlers, SZ conditions cy-apves mentionnées. I. La première condition eft, & non autrement . Qli.^ ladite Infante noftre fille fe joindra par mariage ai^c l'Archiduc Albert . entendue la difpcnce qu ert a o& oyce noftre- dit fai«aPcte le que par voye de donation elle reçoiue nos-diârs Pays- bas L Comté de Bourgongne : & au cas ^^^['^l^^^' riage fuft empdché pour quelque occafion que ce pu 1- eftr ^ , cette prefente donation ou ceflTion lera nulk & ne forcira aucun effed . comme en ce cas ces main- tenant nous h reuoquons ôc mettons au néant. I I. Item à condition & non autrement : Que les enfans & fdcceircurs de ce mefme mar.age ^0'^"': " les ou femelles leguinlement proctccz ÔC "on lUeg.t mez , encore q^.e ce fuft par manage "bfequent, r.Uné précédant le pu.fnc, & le maflc 'a femel , fe- ront de main en main héritiers en melme degré de tou- tes lefd.aes Prooinces vnanimement lans ncn en pou- uoir repartir ny e Jypier : Déclarant que le hls ou h e aifnéc trefpaflé du vmant de fon pcre . era préfère aux oncles. & à E^hacun autre de ligne coUaieralk- ceflTion, ne pourra poor nulle caufc quelconque partit ny diuifct letdits pays , ny donner , ny cfchanget fans noftre confentemenc ÔC de ceux qui feront nos héri- tiers ÔC fuccefteurs en ces Royaumes. V 1. Item à condition ôc non autrenrent. Que U mefme qui fera PrmcelTe ou Dame de^'dics P>iys-bas, fe sretau. deura marier auec le Roy d'Efpagne, ou auec le Prinqe confcr- 1 ^"0" t^ls, qui lots fera en vie, auec préalable difpenfe ea " tant que oefoing loit. Et fi lots elles n'auoient pas U volonté ny la puilTance de tel mariage pour elles mef- mes : ne pourra en tel cas Tne telle Dame prendre au- cun mary, ny s'iromifcer en nulle donation, ny en nul- le partie d'i.elle, fans noftre aduis ôc confentement, & de nos heiiticrs ôc fucccffeuis en nofdicts Royaumes d'Efpagne, qui feront iffus de nous. Et en cas de coo- trauencion, tout ce qui aura efté donné ôc oittoyé Icut itf oornera , comme fi cette donation, ccflîon Ôc tranf- pùrc ne fut ïamais efté fait. V I I. Icem à condition ÔC non autrement ; Que tous ôc chacun Princes ôc Seigneurs defdits pays le, ront tenus marier leurs fils ÔC iîiies, par noftre aduis 8c conientemenc , ôc de ceux qui feront aos héritiers & fucceireurs Roys d'Efpagne. VI II. A condition ôc non ûutrement-.Qjie noftre- diâ:e fille Infante ôc fon maiy ny nuls de leurs fuccef- feurs , aufquelslcfditsptysefcherront , ne pourront en façon quelconque negouier ou concrader aux In- des Uiientalcs ôc 0>;cidentales,ôc n'y enuoyeronc nul- les fortes de nauires,fous quelques tiltresou prétextes que ce foic, à peine que leldi6h pays au cas de contra- uencion feront par tux forfaits- Ec que fi aucuns fujets defdits Pays -bas s'aduançsllent contre les defencej, d'y aller , les Seigneurs defdits pays auront à les cha- ftier>par conhlcacion de biens, ôc autres plus griefvcs peines, voire de h mort. I X. Item à condition ÔC non autrenient : Qae C lediéb Archiduc Albtrt noftre bon coufin futuiuoii nottre-diélc fille Infante, lailîant fils ou hlle, qu'il aurj le gouuerncment de tels fils ou filic, héritier ou héri- tière auec le maniement de leurs biens , comme fi no- ftrc-dide fille Infante eftou encore en vie. Ec par dcf- fus fera noihe- dit coiUin l'Archiduc en tel cas jouyf- (ant,ÔC vfufruduairc la vie dutanr,de tous lefdits paySi entretenant lefdics enfans félon leur qualité , onataire,commc luy eltans donnez. « V. Item à condition & non autrement: Qnf noltrc àiàt fiilc Infante, ny nuls autres appeliez à Uûitc lue re.Aptes le treipas duquel tel entant aura tout comiw héritier vniuerkl- Eftanc icy expreifement dccbré qni cette claufe d'vfufr.nâ: fc aoit leulemect entendre ti 1-aaeur de noftre -didl bon coufin TArchiduc Albet f^ns pouuoir fcftre en autre conlequenc« ; afin que na it fes fuccelfeuts n'en puifie alléguer aucun exemple ny prétendre droid en aucun cas lemblable. X. item à condicioû ôc non autrement , commi ^ftant la principale ôc plus grande obhgation pat dcl fus toutes autres : que tous les enfans ÔC defcendaii dudic mariage , fuiuent la fainde Religion qui en eu prelcntemenc reluicdeuront viure ôc mourir en noilt laindc foy Catholique , comme la fainde Eglile Ro maine i'enfcigne ôc entretient, ôc que dcuant prendi pollelfion dcldits Pays-bas , ils ftronc le ferment en 1 forme qu'il fe trouue couché par l'article fuiuant. E en cas ( cc que Dieu ne vucillc) qu'aucuns defdits dcl cendans declinaircnt de ladite Religion ÔC tomballer en herefie : après que noftre faini* Pcre l(»ape 1' aura déclaré pour tels , feront priuez de l'aduîiniltrs tion , polfeilion ÔC propriété deldices Prouinces : - que les valFinx Ôc lub). ds d'icelles ne luy obcyror plus, mais qu'ils admettront Ôc receuronc le plus prc chc Catholique de larocimc delcence , lequel deuo luccedei à vn tel dcfuoyc de U foy. Et f"» vn t( ' • - hcretitjt hcrctiqiic comme i'il fiift viayemcnt ttefpairé de mort iiaciirciJc. X J. Ego iuro ad/an£îa Dei Enangelia , ^md fempir ad txtrewum vtu mu Spiritum facro-fanaam fidem Ca- iholicam, uv ^^,r i. t>.... ^ r>. / j des Pays-bas. 2J9 hlle Infante PrincefTe & Dame defdits Pays -bas &c Comte de Bourgongne & de Charolois. ^ ^ Ottroyons auin à nodœ- lice fille que par de/His les t.lcres part.cuhers defdites Prouinces du Pays- bas & CoaKc de Bourgongne; elle fe pui/Te cfcrire f ntitule^ 6. nommer Conuelle de Bourgongne, nonobftan eue nous ayons referué ( pour auffi long- temps qu'iînous tUtre auec tous les droits qui nous y peuuent com fa t^s / "o'^uerons conuenir. Si con- Infen e 'lu v d° ' ^ Pf^'^^'ons à noftre - dite fille de Pa (^^..1?"'"' '^^"^ <^ irreuocable, de confcL P n"" ' ^^"^ requifîtions d t futur " r'"''^''. ' °" '^^P"^^^ '''' entie e oo r fr ^T^'^ ' «Pprehender la pleine ôc fembler i« Pft ^ Charolois : Et à ces fins de faire af- tel ë atre ^^^"^"'^^ ' °" '^'«bfeïuer ronuenabT a^^' "'^^^ P'"« t fubiea. ' P^'"" ^^^"«^"^ «"^^ Eft^^^ adheritl/J f P'^'' requérir l'inueftiture & adhérât ^f^^^^^ ^.^^^ ^ ^^^^.^ men ^^""''1:, ^'^^ d'eux l fer! 1« f r °en ^" ^^'^^ par que^enr Kl - c"'' ^^^'^"^ ^^"^^^ «^^cipro- .w... u.eu-aymeenue zx^Vizz'.^otit nos Pays-bas qiiement obligez • Et en n ^^^T^"" V ehacnne Tro.incc d'sce.x , auec le Pays & Cornté de fiHe aura pris ou faid prendre "f^"' """^ " bourgongne , y cornpr^ ceiuy de Charolois , les Duchez., fion réelle defdits Pav ba.tr '\ . , ^forterejfes , qui font en & de Charolois , en a forme S""'" ^«"^g^^g"^. os Pays bas , & Bourgongne , enfemble toutes les pris par ces patentes nouTL "^^el'!!!^' "^i"' i^- , ^ — ^r..j>,,^ , y, jufiçrejjcs 3 qur lont en os Pays -bas, & Bourgongne , enfemble routes les •gales, fiefs, hommages, droits de Patronat, rentes : rcucnus. domaines, confifcations, & amendes, auec )Utes fortes de mrifdia:ions,droi(aures & avions que DUS pouuons prétendre à caufe de nos Pays - bas , & c Bourgongne , comme aufTi toutes prééminences, rerogacmes,priuileges.exemptions, gardes aduoiries, ttrids, hauteurs, refTorts & toute autre forte de fou- tuL^ooiî^dr/'^^^^^^^^^ nous nous mettons & confti- Que^ luv7'""'^f f 'î^Py ordonnons & voulons que Juy foyenc dehurëes lefdides lettres patentes. Co fentans d5c accordans à noftre fille l'Infanfe, de r": gongnc, desGouuerneurs. luges & lufticiers , tanc wa...u.„ .cilorts 06 toute autre lorte de fou- gongne , des Gouuerneurs Ina^c ^ r a ^raïuere . comme & en telle forme qu'elles font , & pour la conferuat onTi ( ^ Z * '""^ >.r quelque ra.fon & d'oC. qu'elles p'uiffent eftre 'no l'adminiSio d Ta Mce & L ^ ' ■es & nous appartenir , foit de patrimoine ou autre- pce des domaines ou aut "en. F ' .TT ^.K.comme que ce foie ou puiffe eftre, pour en auoir cout ce qu vne vraye PrinceTre^^ n M' ^î" pleine iouyirance & polTclHon . comme nous les Propriété defdus ^^ s , Telo^ ^^^^^ 3ns eu & poffedé fans aucune exception : à la char- ' mes , peut & doit f!,* ^ neanrm^;nco,.-^.,^kr....„„ L, "'^"^ P'^"^ <5£ doit hue comme nous auons faid & - r - --"'^^ ^Ai.>-fyLiuii , « la tnar- neantmoins qu'on obferuera inuiolablement toutes :hacuncs les conditions cy-defTus fpecifiées , & la igmatique faide par feu d'immortelle mémoire euflîr^nc • ^"'"me nous auons iraiôt & euffions encores peu faire, obferuans toufiours nean^ fXo ^ '^°"'^'"^."^^y-«^H.ferécs : Auquel ef.' ^"-•4^^ r.iutc par reu d immortelle mémoire nous auons quitté abro. r^Xf r ' r^T"'"' "pereur mon Scigncu: ôc pere. qui eft en gloice, au abfoudons & de?ch "1 ' defcharge , quittons .s de Nouembre i'an 1549. couchant l'vnion defdS Abbcz, PreUts & P'^.""V ^'"^^""^ S:bas,fansco.fentKnyaccorderaucunefeparatio Marqus/c 1 n^^^^^ . j^y, 1 viiiuii aeidits s-bas,(ans conifentir ny accorder aucune feparation imihon en icetix , pour quelque caufe ny en aucu- naniere que ce foit. J ijvyui it uci.iarons xprellcment ordonnons par cefle:Que moyennant e donation, concefiion & tranfporc , noftre -dite Infante & fon futur mary l'Archiduc Albecc , fe- • enchargez , tenus &«obligcz de payer & acquiter « & chacunes debtes & obligations ou contrats, par nous ou en noftre nom , ou pour la defundte impériale fur nos patrimoines & domaines 1 ays- bas & de la Comte de Bouraonene Et rlnf ^^'"^"'^^'^«"^'Gouuerneurs, Chefs, & Capuaines des pays, villes. Cours, Prefidents, geni de no3 Confeils, Chancellicrs , ceux de nos finances :c eft noftre.intent.^n , comme nous le déclarons & d7s Comotl' '^^TfT- ""A'^' ^"^"'^^ Wrémentordonnonsparcefte:OuemovenZ deeueSr^U^^^^^^^^ r; v '^^ *"^'''^*^'s, *oiapitaines J eens de guerre & foldats de forterelFes ôc Chafteaux , leurs Ueu£enans,Cheualiers, fcfcuyers & vaffaux , M.gi- It ats, Bourgeois, Manans &^abitans des bonnes chacu.; ^ ? . franchifes 1 villages , & tous ÔC Chacun deux refpeâr.uement du ferment de fidélité, foy& hommage . promeffe ÔC obligation qu'ils nous ont porte comme a leur Prince Irgit.mc & Seigneur -PacéilIen7en7t;;û;roLH;;7cXr^^^ commTV """'r^' donnons &Vefrcmen?leu '^-nes les rentes , penfions à We,t to^s au Se no a" Z ' ' ^ ' ^"^P^^^ -'^dite aAo Dlfcours de VEftat des dix-fept Prouinces naremelle . nv crainte , affedion, obeïffancc , fidélité & fetuice , pomme bons riovaux lubjeas do.uem 6c lonc uuus vers kur i7 • KVr Jc &c Seieneiu nacatcl , comme mfques plearà tous ôc chacuns défauts ôc cbmilHons tant ïu arques que de fa»ft , c^Ui pouvroicnt -o. efte ob mi es eu celle ptcfente donation . conccOion & cranf- oo & qui y pourroient bien eftce inletées : de noftte Pp't^ luuLent, cettatne fc.ence , pleine ^ ^blo- puUïancc Royale , que pat ccftc voulons vf et & en vfons, auons déroge U détogcons à toutes & cha- unes loû. conftitutions ^ coultumcs qm p— ^ à cesptefentes contceuemr. Car tel f ^^J"^ plaiûr : Et afin que tout ce que deffus ^^Z^^^' iamais fetme & ftable , nous auons '7^^^^"^^/°"^^ ;i Iknée de noftre nom &c y faid pendre noft^^8^^"'l fcel Voulant & ordonnant qu'il foit enreg^ft. e pour eï ; tenu de valeur en tout & chacun Confeil pnuc & chambre des Comptes. Donné en noftrc ville de Matr. au RoyaunTe Caft-U. le fu.émc ^^^^^^^^^^^ May I i 98. De nos règnes de Naples & de Hieru alcm U Z- de Caftdle , o Atragon , S.ale te d autres le 44- & de Portugal le d.x-ceuhéme>eaoit paraphe N. D. V. foubs-figne^PhUippes. Et plus bas par le Roy. S.gnc ^ Cefte refignatio.1 des Pays-bas fut ratifiée auflî par ' lettres patentes du Roy Ph.hppe 111. du nom, Roy d'Efpagne, comme il s'enluit. PHILIPPE PAR LA GRACE DE DlbV PRINCE FILS, & vnique heiitier des Royau- mes, p«ys & Seigneuries du Roy Philippe 1 1. du nom, Zù slL^ ^ Pe^e : A tous prefents &C aduenu fa- L Comme mond.t Seigneur 6c pcre au pris refolu- on de marier M.dame l'Infante llabelle ^1-- ^uge^ nie noftre très- chère & bien - aymee bomie fœur & VArchiduc Albert noftre bon oncle & coufui. Et que fuiuant fa Majefté Cathol.q.e a détermine fur nol re commumcation de noft.e confcntement y ft^^^^^^^^^ dmt pour certaines grandes raUons & ^^'«^Pf; f " commun , mefme pout le repos gênerai de la Cl ce- ft,en:e . ÔC en particulier de la paix ôc repos du Pays- bas. Afin que noltre dite bonne lœur foit pourueue félon fa quahré & grands mérites , de faire don a no- ftre -dkefœur defdirs Pays- bas , & de U Comte de Bourgongne, en la forme &c manière qui en a elte i.i ac ôf raUée.commc appert pat les lettres patentes que mo.fdit S igneur pere en a faid dépefcher figt.ces de fa main & feellées de fon grand feel , dont la teneur cft cv-dcunnt de mot à mot. Sc.uoir faifons , qu aprcs auoir bien particulière- ment' entendu ce que delTus eft dit , & chacun point y mentionné, confiderant le bien P«l>'-.^-^^;, V" pourra reuenir à la Chreftientc,mefmes à caufe de 1 a- mour fingulier que fommes tenus porter ôi que por- tons à noftre bonne fœur l'Infante . pot:r fes grâces & prands mérites ; loUons , approuuons . agréons, & par fes prefedtes tenons çoat bon , nonobftant que con- que prciudice , que de ce à nous ou à nos fucceileurs » en temps aduenir nous en pourro.t (ourdre. Et pour les mefmes raifons confentons & fommes cot^cem par ces prefentrs que lefàis Pays - bas & Comte de Bour- gon.ne & de Charolois foient cédez , ttanfportez & donuez à noftre bonne lœur Infante , comme rtiondit Seigneur & pere l'a fait. Et afin que tant mieux .1 puiT fe fubf.fter pour plus grande alTeurance corvoboration & fermeté de ce que fa Majefté en a difpofc & ordon- ,ié en faueur & a l'aduantage de noftre bonne fceur, „ous dilpofons & ordonnons fi auant que bdoin loU rar ceftc , en faneur d'icelle : en la mclme forme ÔC manière, tout &c fur tout de noftre propre & hanche volonté, fans qu'il nous foit fur ce intctuenuc aucune cxtorfion, contrainte , tromperie., faulleteny aucun rcfpeft , ny teuetence paternelle , ny crainte , ny pa^ aucun defuoyemcnt ny autre droite perfuafion,noftte volonté & intention eft nt que lefdits paysfoientBc appartiennent à noftre fœ jr l'Infante Ifabelle , Claire Eugénie & à fes fucceffeurs , en conformité de ladif- polition du Roy Monfeigneur & pere : & afin que ce- la puiiTe auoir (on plein ÔC entier effed Ôc demeure à iamais ferme ôc ftable , auons renoncé & renonçons par ces prefentes.en faueur de noftre bonne focur poùt nous &c nos fucceffeurs, à tous bcnefiots , qui nous ou à eux de droit pouttoient preualoit pour contraftct ou comreuenit à ces prefentes , ores que ce fuft pat le droid De reftttutione in inugrum , .auquel nous auons renoncé Se renonçons encorcs pat cette. Car noftre refolué Ôc determmée volonté eft que nulles chofes quelconques ne puift'ent auoir aucune force ny eueuc à rencontre de «fte donation, ceffion ôc tranl- port qui a cfté fait defdits Pays-bas en la forme ôc mà- niere que delfus. , « r « Surquoy nous auons fâi6t ôc donne noftre toy Se ferment lur les fainds Euangiles , que nous auons touché de la main,de tcnir,obleïuer, maintenir Ôc ac- complir, ferons tenir , obfetuet , maintenir Se accom* plu ponducllement , tout ce qui a efté dit , fans y ap- porter nulles cxcufes ^< exceptiorts , ny permctitc qu'aucun des noftres les y apporte. Ce que nous affer- mons ôc promettons en patole de Prince, ôc que nous donnerons bonne ayde ôc affiftance requife à l'entiel effcd ôc accomphflement de tout ce que dit eft , potir eftre comme nous auons ja déclaré , noftre fincete ÔC déterminée volonté. -r n. r • En témoignage dequoy .nous auons f^ict faire ces prefentes lettres patentes que nous auons fignées de noftre main propre . & faiit figner par le Secrétaire d'Eftat du Roy Monfeigneur Ôc pere és affaires du Pays-bas , Ôe de Bourgongne . Ôc faift (Seller du grand fecl des armoiries de fa Majefté y appendantes en lacs d'or, à ces prefentes , comme témoingsDomGomez d'Auila , Marquis de Velada noftre Gouucrneur & grand Maifttc d'Hoftcl , Dom L. H. T. A. P. de Mora Comte del Chaftcl , Rodetigo grand Commandeur d'Alcantara , GentiU homme de la chambre de fa Ma- jefté ôc noftre Sommelier de corps, Dom lean Idiaque grand Commandeur de Léon , tous trois duConfeil d'Eftat , ôc Meffire Nicolas d'Amans Cheualier aufli Confeiller d'Eftat & Garde des feeaux de fa Majefté efdites aff"aires des Pays-bas, ôc de Bourgongne, Chan- celier de fa Duché de Brabant. Donné en la ville de Madrid au Royaume de Caftil- le le 4. iour de May 1 5 c,8.paraphé M.E.R.T.figné Phi- lippe , ôc plus bas par ordonnance de Monfeigneur l« Prince, de la Loo. Ces deux lettres patentes de refignations du Roy S agreation du Prince cftoient toutes deux feellées d'vr mefme feel en cire vermeille à lacs d'or. Ces inftruments eftans ainfi leus , paffez , figez Si feellez en forme authentique , le Prince d'Efpagnel! leua ÔC alla baifcr la main du Roy fon pere , le temei ciant de la bonne afteftion qu'il portoit à fa fœur, pUK s'addreiïant àfadite fœur la congratula du bien que ci iour là cil ^ 2Uoit recen, laquelle le leua ÔC allabailerl main du Roy fon pere , ôc'lny rendit grâces de Je biens -faifts , comme auffi elle en remercia Ic PflW' fon frerc, furquoy l'aftemblée s'eftant départie, le relt de la journée ôc foirfe paffa alaigtement à la Cour,« d'auantage en euft efté fait fans l'indifpofition H ^ Deux iours après qui fut le huitième May l'Im peratrice fœur du Roy mere de l'Archiduc Albert vm en Cour accompagnée de l'Ambaiîadeur de 1 Emp* rcnr (on fils, du Marquis d« Volada, de Dom Chrilto phle de Mora, de Dom Idiaque Ôc d'autres, ou 1 * mariag m* des Pays-bas. 241 faire clîre faidl & pa/Td pour refpcaiuemcnï prendre, accepter ou rcrenir en noftre nom lenticre , fcelle & plcnure po/Tcmon de tous kCéits Pays . & de chaque 1 roumce d iceux > & de tout ce qui en dépend , pouc diceux jouir pleinement & paifiblement fans aucun comtedu «Se cmpefclicment. A ces fins faifant conuoqucr & aiTemblcr lesEftats dclditspays, foit en gênerai ou en particulier, &d« faire en noftre nom les ferments à ce requis,& par def- Uis cftre faidt par noftre futur efpoux l'Archiduc Al- bert . tout ce que nous-mefmes y eftans en propre per- tonne pourrions faire,orcs qu'il y en euft chofe requé- rant mandement plus fpecial qu'efdites lettres, il n'eft repris ae exprimé : promettans en parole dePrincefle & lur noftre honneur d'auoir pour agréable . ferme & ttable a laraais & d obferuer & faire obferuer & faire accomplir inuiolablement & de bonne foy tout ce que par ledit Archiduc Albert noftre futur efpoux , ou par fes commis & fubftitués, en vertu defdites lettres aura elte taia & paffc au regard de ladite reelle.pleniere & accomplie polfcffipn defdits Pays-bas&Boureongne en la forme & manière que par lefdites lettres pacen- ces de donation & eeffion & tranfport eft mentionné. A quoy nous nous referons fans iamais faire chofe à 1 encontre , ny foufFrir eftre fait au contraire , diredle- ment ny indire«aemenc en quelque manière que ce ïoit. Car tel eft noftre plaifir, en témoin dequoy nous auons figne les prefentes de noftre main propre , & fait figner par le Secrétaire de Monfeigneur & Pere és affaires defdits Pays- bas & de Bourgongne , & fcellé du grand feel armoirié des armoiries de fa Majefté ap- pendantes en lacs d'or. Donné en la ville de Madrid, au Royaume deCaft.lle, le 30. lour de May l'an de graee ,598. paraphe N. D. I. V. foubs-figné. Madame lia belle , & (ur le rcpJy par ordonnance de Madame l Infante, figne A. de la Loo. Les actes & dépefches de la donation des Pays-bas, ^ faïas par le Roy d'Efpagne à l'Infante fa fille en faueuc ' & aduancemcnt de fon mariage auec l'Archiduc d'Au- ftr.che Albert, lors encore Cardinal , eftans arriuez à Bruxelles, ledit Cardinal les fit diuulguer par copies d icelles , enfemblcdc i'aggceation du Prince d'fifpa- gne, procuration de ladice Infante , & lettres clofes du Roy & dudic Prince fon fils, enuoyées aux Gouuer- neurs & Confuls de toutes les Prouinccs encoresref- lortiflantes fous le gouucrncmenr &c maifon d'Efpa- gne , leur mandans d'enuoyer leurs Deoutez en k vil- le de Bruxelles , où les Eftats .irembl.z; ledit Seigneur «cardinal Archiduc au nom de iadue Dame & en ver- tu de fa procuration , fut accepté, & ferment preftéà certaines condirions, dont s'enfuit le Sommaire. 1. Le premier article contenoit l'aggreation de la doriation & tranfport des pays , cnfemble du mariage de la PnncefTe d iceux auec ledit Cardinal. • 2. Comtne elle feroit receuë, & le ferment faid. 3. fon AltelTe feroit apparoir dedans trois mois de la confommation de leur mariage. 4. Que le Roy baillera aj^e, & que le douzième ar- tic e couché audit tranfport ne lira aucunement pte- ludiciable aux Pays-bas. J. Qu on oftera toutes contributions,fourragpmens des foldats & autres charges, & que déformais Ion Al- telle le contentera de fes domaines. 6. Que les (oldars eftrangers demeureront défor- mais a la charge , fans la folde du Roy, lefquels fe- ront employez en^ampagne fur les frontières des en- nemis. 7. Tous foldats Allemands & naturels du pays feront entretenus en ce pays , autant que faire fe pourra , & que le iurplus foit payé par le Roy. mariage pourparlé fut confirmé : l'Infante s'obligeant par ferment és mains de ladite Impératrice d'c/poufer TArdiiduc Albert d'Auftrichc félonie bon plaifir de fa j Majefté , furquoy ladite Dame Impératrice s'obligea ! réciproquement que ledit Ccur Archiduc fon fils la prcndroit à fcmme,en vertu de la procuration fpeciale qu'il en auoit cnuoyée. Lors l'Infante s'aduança pour baifer la main ,à ladite Impératrice fa tante & future belle mere, mais elle ne le voulut pas foufFrir, retirant fa main.&par plus grand amour l'accollant fort cftroî- ûement. En fin aptes pltifieurs courtoifies & carefles de part & d'autre en propos amiables j comme l'Impe- 1 ratnce fe retiroit , l'Infmte s'inclinant fur vn genoliil luy voulut derechef baifer la main, qu'elle retira dere- chef , & la faifant leuer luy donna vn baifer à la joue, &l'urcefe départirent. Tout cecy s'eftant ainfi pafte, l'Infante enuoya vne procuration en qualité de Princelfe des Pay^-bas à l'Atchiduc fon Sire de nopccs, & futur efpoux.comme ilsenluit. Ifabelle Claire Eugenie,par la grâce de Dieu Infan- te de tous les Royaumes d'EfpagncDuchclIe de Bour- gongne.dcXothier, de Brabant.de Limboure.Luxem- bourg , Comtelfe de Flandres , de l'Artois , de Bour- gongne, Palatine, & de Haynaut., de Hollande, de Ze- iande , de Namur , de Zutphen , Marquife du fainét bmpire. Dame de Frife, de Salines & de Malines. Des pays & citez d" Vtredt. d'OueryA^el & de Groninghen, i tous prefents & aduenir , qui ces prefentes lettres /erront, falut : Comme tant pour le bien de la Chré- tienté en gênerai qu'en particulier des Pays-bas. & )Our autres bonnes confiderations il ait plû au Roy Vionfcigneur &c pere à l'aduancemcnt de noftre futur nariage , par dilpence de noftre faind Pere le Pape, uec noftre très - cher & bien -aimé coufin l'Archiduc Ubert , du gre , accord , confentement , & auec l'affi- tance du haut & puift'ant Prince noftre très - cher & |icn-aimé bon frète, nous faire don, ceffion tranfport le tous les Pays - bas . & de Bourgongne . fuiuandes etttes patenrcs qui en ont efté dcpefchées & expe- liees , & figiiéesrefpe(5tiuement de leurs mains pro- >tes le fix éme du prcfenc mois de May , auec autres 10s lettres patentes touchant de l'acceptation de la- lue donation & tranfport , afin que lefdits Pays -bas i de Bourgongne fulfent par nous , nos hoirs & fuc efteurs tenus & polledez en la forme & manicre & don les conditions particulièrement comprinfe6 & xprimces efdites lettres patentes, par Icfqueiics fadite lajefté a confenty, accordé, & promis auec puifTance bloluc & irteuocable de noftre authoiité priuéc> fans itre tenue en requérir autre agréable-, de prendre & ■ceuoir par bous ou par procuration à noftre futur rpoux l Archiduc Albert , la pleine & entière pofTef- on de tous les Pays -bas & Comté de Bourgongne : de Charolois,& à l'efFed que delTus de faire en par- culier félon la teneur defdites lettres patentes. Sca- Oir faifons que par nous les raifons cy- deifus repd- :s . & pour cnluiure de poind en poind la bonne olomc & ordonnance de fa Majefté , mefmc pour duancer tout ce qu'au regard de ce que dift eft,pour. 3>t eftre requis auparauant noftre parteroent audit ays. *■ Auons de cer&aine fcience & puilTance abfoluë.au- lorilc & donné pleine puiiFance &c commilHon irre onl l'V T! S'".?^'' 'î"' ^P"'^'"'" ^ ^'"'"f ei- oux i Archiduc Albert . en noftre nom , & de noftre -qu. en vertu de cette , à vne ou plufieurs & diuer- ."elelurplusroitpayépaneRo, ' ^ chaque Proulucc particulière, fera requ L & ,kc l\\\^Tr ^œ'T ^^"""^"^^ P^ouinces. , icra requis esc necel- 1 villes & fotterelTçs feroat goutiernées ,& pour le plus. 1 24.2 Dlfcours de l'Eftat des dix-fept Prouince? ^ . . . , c.__ «o. I anpiirrV Prince , ou il ne chcrchoit rien plus < utd dedans vn .o. tefnifes és mains des Seigneurs na r^TotHofuls extraordinaires feronr remis au pied ^* ft l^ Ou au(n le grand Confeil de Malmes, a^Brabanc I le Co^leU d'Eftac feront «nulTen leurs anciens Priuilegcs , droifts & franchi- Que fon Altcffe s obligera de retourner en ces Pays-^s dedans le mois de May prochainement ve- îrOue fa diftc AltefTe commettra durant fon abfen- ce vnGouuerneur efdits pays, qui foit de fon fang. le- quel foit tenu de jurer par ferment tout ce que le Roy î l^'^Qu'il fera pcrrois aux Eftats généraux par inter- Ùcntio^de fon Aîteffe d'entrer ^'^^''^'^''^Z auec ceuK de Hollande & Zélande fur le faxft de la ^4! Et attendu que les pays font pourueurde Seigneurs nî;urels du pays . ou en députera trois pour aller auec fon AltefTc enEfpagne, & remercier la K.oy. , c c£ fon AUeffe fera tenu d a.tretcnir to«t ceque deirus/& à fon retour auec l'infante . faire le ferment accoufturac en toutes les Prouinces. ,^ ,6. Qoe tous Gouuerneurs , Capitaines . & gens de guerre n'attenteront rien de nouueau durant l abfcnce SonltlTe àfou retour fera tenu d'afTcmbler les Eftats seaeraux pour par enfemble trauailler au redref- feS rcftab'uûement des affaires des Pays-bas^ ToutcequedeiTuseftantaina gneur Se Prince , qu'il ne cherchoit rien plus que de cemettre les Pays - bas en vne bonne paix , & partant qu'ils fe conformaient auec ceux de Brabant & de Flandre , entendiffent à vne paix générale , & le reco- enoiftre pour leur Prince & Seigntut, à quoy il auoii eftc authorifé des Eftats généraux de fcs Prouinces. Il y eut aufli lettres du Prince d'Orange au Prince Maurice fon frère , enfemble du Duc d'Afcot , & du Marquis de Hautel «hortans à la paix. Sur toutes Icf- quellcs lettres ne fut du tout rien refpondu ny parles Eftats,ny par lePrince Maurice.ains ayans eftc appor- tées deuant les Eftats affemblez certaines lettres inter- ceptées en France & Angleterre, par lefquelles le Roy d'Efpaene donnoit vne leçon audit Cardinal Albert toute contraire aux belles offres & promeffes quil auoit faites aux Eftats des Prouinces vnies. Les Eftats Nobles & villes en general,arreftetent de n'entendre ny efcoutet à nulle paix,ny trefves, mais de fupporter le faix de la guerre iufques aux «"enaite^ & d'en attendre telle iffuë qu'il plairoit àDieuplutoft que d'abandonner le pays,& que de rcceuoir leurs co-. nemis au gouuernemcnt d'iceluy. Sur ce ils ordonnereut grand nombre de députe» des villes en leurs Collèges ôc aux Eftats généraux en- uoyans en Angleterre ce que la Royne auoit requis de» notables Ambaffadeurs vers fa Majefte pour l induite à continuer la guerre auec eux contre Us Elpagnols. qui furent Meffire lean Van Duyvcndoorde , Cheua- lier fieur de Vvarmont de Vende,&c. M. lean Van O - dembarneuelt, Seigneur de Tempel, premier ConleU- 1er Se Aduocat des Eftats , Garde - feel de Hollande & de Vveftftife, lean Vauden Vvcrke, Confcillcr & pen- fionnairc de la ville de Middelbourg , lean Van Hot- ^^7;ut ce que c^eiTus eftant a na pafl . & . dioe - ire a ceue gneur Cardinal ^^^^^^^.^^^^^^^ ; raul '^t AnL Hcffcls. premier tonfeiUer du Cpnled cepté pour leur Pj'^'^^^^"^^^^^^^^^^ fe voulan? décardi- ^ de Brabant eftably à la Haye , pour ce qui dépend d« de mariage entre luy & ^^"^"^^^^^^^^^^ ^,,i,ge. Prouinces vnies, lefquels srriuez en Angleterre, ayaoi nalifer pour entrer à 1^/°^ ^^^^^^^^^^^^ Hault , pe- | eu audience de fa Maj.fté furent renuoyez pour traj- & fuiuant l'oaroy du Pape ^l 'J^^, ' ^tct auec ceux de fon Confeil de toutes chofe* dont fa ùcevillede «-^f- j ^ o il rem^^^ Ma cft "es auoit faitfemondre & pour lefquelles il nairement ^PP^^ f,=:^;^j;'c^ I^aU^ le g-nd Autel, auoient efté meus au nom des Eftats d'y aller ; tant qu, fou chappeauô^ ha^c de Car^^^^^^^ fi>ukment ayans donné contentement a fa Ma, eft cju'a offut à ladite ^f '^ ^^^^^^ gouuernement ils s'accordent fur tout par enfemble le é Aouft . 59» ça à mettre ordre P7J^° ^^Snice .1 nomma fon , fuiuant lequel accord & refoulte dehberation des Eftat du Pays-bas . auquel f ^i^f î;, . ^>^^, 1 ^ fe maintenir par les armes contre le Roy d'Efpagni CoufinauffiCardinaUAnr^^^^^ chiduc Ferdinand , qui fut ^-^^f ^ de i c p , continuation de la guerre , laquelle ne lu; „iHan & panant G^^^^^^^^^^^^ ' PO-o^^ P- domm'ageable qu'à l'Efpagoo ^Id'n^K^^^^^^^^^^^ ^ le Comte He-ndvande^. Ba^^^^^^^^ Camp auec autres chefs f^^^^^ " 'j J"^^ j ! r je France & l'Efpagnol.le Seigneur de Buzcnnd abfence mettre en ^ecu.0^^^^^ I Ambaffadeur du Roy de France vers lesEftatsgenerau à Bruxelles fur le ^^J^f^^: ,es\„icles ' des Prouinces vnies fat renuoyé en Hollande par Pour Iny tenu ^"'P^g";^ M Philippe de Naf- , Roy fon Maiftre y continuer fa charge.lequel propol cy-deffus : aux^Eftats beaucoup d'exculcs & ra.fons qui auoiej fau Pnnce d Orange ôccj^^^^^^ ^^^.^^^ „,cu le Roy à faire la paix aucclesEfpagnols.lesaffcc lau rrince a vjiaiJS"- ' ^ — ^ ^ 1 1 ■ de Hohenloo enuoya vne bonne fomme de deniers pour faire fon voyage '.^•^/^"^""/l^" ^^^'^^ &Te Hollande Se Zélande j le Comte de Barlamont . & le Comte de Lores . Seigneurs «aturels du pays . & plu- fieursDames& Damoifelles, entr elles la Comteffe de Mansfeld vefve du Comte & Douairière des Corn- iez de Henin Se de Hoochftraten , & plafieurs autres Seigneurs & Gentils- hommes du Pays-bas . defireux de voir l'Efpagne , les triomphes & magnificences du Prince d'Efpagne, defiitts Archiduc Se Infante. Ledit Seigneur Archiduc auoit efcrit auparauant fou département aux Eftats généraux des Prouinces vnies de Hollande , &c. contenant en fubftance com- me il s'alloit marier auec l'Infante, auec laquelle il luy atriuoi: en dor le Pays -bas : la plus grande partie des Piouinccs ranoient tcccu ô: iccogneu pour leur bei- mcu le Roy à faire la paix auccles Efpagnols.les alleu rant qu'il ne fcroit ennemy ny comraire àleur gouuei nement, mais qu'autant qu'en luy feroit fauf la paix.i les fauoriferoit , Se cominueroit en leur alliance aut promeffe de rembourfemcnt des deniers dont il auoient alTiftc fa Majefte durant les guerres.- Ainfi les Eftats des Prouinces vnies , Se le Princ Maurice affeurez de ces deux puiffants alliez , le Fran çois & rAnglois,s'apprefterent à la guerre contre 1 Ai chiduc Albert , qu'ils ont faide continuellement auc diuers fuccez de part & d'autre , tant que finaleraet ils en font venus en l'an 1609- à vne ttcfve, laqucll nous propoferons au vray cy-apres. ^ Maintenant il eft qucftion aptes auoir traidc de tou les Pays-bas en gênerai & fommairement comme tou tes ces Prouinces ont eftc réduites fous vn melm - ' - Seigncui Seigncur,& fin.ilcincnt co;iimc iVi^rchiJiic les a pofle- dées,&: comme il les pofTciie cncores iiifijues â preCeiit rinfjutcfa vcfvc aptes fon deccz^de parler parriculie rcment des Prouiiiccs qu'il poircdc,& qui luy prcflcnc obfïfTance, à fçauoii les pays de Brabanc, Limboiirg, Luxemboiirg,Flandres,Arrois.Hjynaiic,Namur,rillc, Doiiay, Ofchies, Tournay Se Tourncfis, Malines, Va- lencienncs , Cambray aiiec vn .quartier du pays de Gucldrcs, &la feigneuric de Liiigucn, hormis quel- que partie de Brabant, 3c de Flandre que les Eftats !»e- ncraux des Prouinccs vnies des Pays-bas tieniicnc en- corcs. La Flandre a aujonrd'hiiy pour fes limites du coftc du Midy, l'Artois aucc le Haynaut, partie de la Pi- cardic , du Lcuaiit le Hayuauc de le Bcabant, du Se- ptentrion le Brabanr auec le Hout , ou la bouche de l'Elcaut , qui fepare la Flandre de la Zélande , & du couchant la mer Germanique. ' Sâlongtjcur crt de trois journées de chemin, c'cft à fçauoir de l'Efcauc contre Anuers iufques a Fofle-ricuf ? 0. mille, &c fa larg'ur ell: de 20. mille. Il y a trente villes en Flandres clofes de murailles, des Pays-bas. Hj Han.lre Tau i,it. Elle a efté fi riche que la Royr.e leanae . foni.Tie de Philippe lc Bel y efta.it van.c i'>a « joi, & ayant veu la pompe d.s Rinmes , s'en eftonna pre.n.ercnenr . p.is fe plaignit de ce quelle n eftoit pas toute feule Royne. Et parmy cette abondance de tontes chok-s , elle n'a ny port ny r.uicre.Il y a vn canal faidt p,,r artifice qu'ils nomment Reye . qu. eftant diuifc par toute la ville va rendre fon eau dans la mer auprès de l'EfolufeiSt pour- ce qu 11 n ^ftou pas capable des pins grands vailTca.ijri >ls en ont hit vn autre plus haut , & ronc feparc de la mer aucc des digues. ' '/ Ypre fut baftie l'an 960. On dit que le fond de cet- rc ville eft de plom'j , à caufc du grand nombre de tu^ yaux de plomb par leCqucls les eaux font diuerfcmenc diltribnces par toute la ville. L'Efcluie eft vne ville maritime, qui a vn beau & grand port, cipable de joo. nauires. Vis à vis on void I ifle de CaiTant. Cette ville fut prife des HolUndois auant qu'Oftende fuftrend.ië à l'Efpagnol. Oftende eft alTife prés de la mer', & cft renommée pour auoir fouftenu le fiege qui auoit efté mis deuanc nay.Courtray, Andeuarde, Aloft,Huift,Tenermonde, Birftet , Nieuport , l'Eclufe , Dunkerque , Grauelines, Bourbourg, Datnmf,Dixmude, Fournc, Ardembourg, Gerarmont.Orchies, Lanoy, Axelle &c Oftende. Ou- tre ces villes il y a des bourgs ouutrts qui ne doiucnt rien aux bonnes villes , ny louchant l s priuilcges , ny pour le regard des magniriques ballimens, ny pour la mulri'uic des habirans. Il y a en tout mille cent cinquante-quatre villages, irllcment que lors que les Elp^gnols allèrent en ce pays auec le Roy d'tfpagne l-hilippe II. iis jugèrent que h ri.indre n'ciloit qu'vne ville. Mais durant les guerres.depuis 4o.ans en çà.la Flan- Ire a le plus d occalion de (t plaindre , cominc ayant maiftritcc par vne feditieufe populace , laquelle ;'e(t mile à abbatre les images , toutes les principales Mlles & fou' es les autres ont eilé afliegées, gaignécs & ;il!ccs , hormis GraueHnes , & quelques autres bico ]nfs. Plufieurs villes & grands vilhges ont efté re- iuifts en monceaux de pierres , tellement qu'en cette -rouince ont efté ruinées plus de villes, vill aes, châ- teaux, cioiftres, qu'en aucune autre Prouince , de for- c que le pays eft dépeuplé de plus de la moitié , d'au- anr que les habicans fe font retirez & fe font épandus icfque par tout le monde. L'Archidu^helFe poflTcde :;utc la Flandrejiormis les villes de l'Efciufe.d'Axcle, eTernanfe, toute i'Jile deCairan.Bietuliedc.Ardem-' ourg auec quelques autres places & forteieires :nu- ies. En fomme Ci la Flandre eftoit en paix , ellereuien- i-oit aitémcnt à fa première fleur Se fplendeur. La première vilic de Flandre c'sft Gand , qui eft à uacre mille loing de la mer , & eft arrouiee des riuie- -s de VEtcaut ; de la Life , de la Line ôc de la Moire. >JiUntage il y a vn canal fud à la main , qui eft mef- capable de grarids vaiireaux , ^ l'on ht fçjuroit roitie les grandes tichefles que cette ville reçoit par ce ^■n-M, 8c ces riuieres. Elle eft à dix mille d'Anuers, & utant de Bruxellcs.de Malines Ôc de M.ddelbourcT.Ei- : a de tour au deidans 7. mille d'Italie , elle a i6. îfies, »• grands Ponts, 4. grands Moulins à eaux.cenc Mou' "S a vent , & d'aurrcs en nombre infiny. C'cft le lieu c «a naiflancc de l Empcreor Charles V. %Pges eft aOife en lieu plain à trois milié loin^^ de ' met, Ion circuit au dedans de fes murailles eft dcqaz- mule & dcrny d'Italie. Ceft la plus agréable îille >l '^ r^ ' ^2^'^" ' '^^"^ pnr^cip.k eft ■he de Sau^a Donatin . qui eftoit autresfois de Jxc à Vierge, & hit baftie par Lidcric premier Comte de mois , auec vne grande perte d'hommes de part Ôc d autre. Enfin après ce long fiege, le Marquis Spinola nou- uelkment artiué en Fiandie, prit la l oncluice dcce fie* ge,& força les afficgrz de rendre cette plice : elle eft à prefent rebaftie plus belle que iaraais , & y a vn des beaux ports de mer de tous les Pays-bas. Nieuport eft vne autre ville à trois ceris ioing d'O- ftende. ^ Dunkerque a aujaurd*hiiy vn beau port equippé de rout ce qui fe peut dise pour fa force. Il eft rcmply dé vmgt ou vingt- cinq grands nauires de guerre , outre pluheurs aurres, au refte ces vailTeaux bien munis de canons , munitions d< de bons foldats matelots qui courent bien fouuent fur les Anglois ôc Hollandois, Se en remportent de belles proyrs. le laiiFe les autres villes de Fîan.-lfe j pource que ce ne feroit lamais faiét, & aur.nc que de palfer aux aurres parties des Pays^bas.ie miay feulement en pafTanr que de ces villes f^fdites , les Hollandois cenans l'Ef^iufe & 1 Me de CaiFan , fiiîoient df s rauages en Flandres luf^ucs aux poues de Bruges ôc d.e l'ifle . miis depuis quelques années le Marquas Spinob a fnt baftir drux ou crois bons forts fur les aduenuës de l'Efclufe garnis de bous foldats foudoyez du pays , qui empefchenc que les Hollandois ne pcuueni plus faire de deesfts au pays dt Flandre. Le pays d'Artois eft proche de la Picardie aucc la- ^ quelle il confine.Ses bornes à prefent font du Nord la Flandre , de laquelle il eft a paié par Ja Life , du cou- chant ôc du .MiJy la Picardie , du Leuanc la Flandre Gauloife & le Cambrefis. Sa principale ville eft Arras, outre laquelle on com- pte douze villes ,& huicè cens 50. villages, les princi- pales villes font S. Oaier , Bçthune, Bapaume , Edini Renty& Lillers. ' Mais afin de dire quelque chofe d'Arras , c'eft vne forr grande ville, diuHée par vne muraiiie en deux par- ties, donc i'vne appartie:u à i'Euc'q.ie, & fe nommé Cité, l'autre an Prince,& s'appelle Ville,e!le eft petite, mais belle & agreable.Ûn y void l'Eglifc de noftre Da- me où l'on conlerue de la manne qui tomba en forme de laine au temp'; de S. Hierofme, ainfi qu'il écrit luy- mefme en fes Epiftres , te vne chandelle. qo.'{-liilifent, auoir eu'é du Ciel anciennement. La ville eft plus grande , & a de foit belles rues , & vne place qui eft dcgrandeur exttaordinaire.On y void i'Abbaye de S. Vaaft, qui jouît de plus de vingt mille ducats de rente* ,4.4 Dlfcours de l'Eftat des dix-fept Prouinces !.. .G„„,„l„.mcuUeics, mais donnent encoics la commod ' c; iP ï narticulicrcs raais donnent encorcs la commodité de Tout» fcs ma,fons ont des c.ues pauees , aftn que a uc ^^^^^ ^^^^^^^^^^^^ ^^.^^ ^^^^ ^^^^^^ de toute ciamtc , &c d« P . . ^ O^f M^ vUlc. on y vo.d l'Abbaye de S Bert."aucc rn. EgUfe & vn Conucnt adnnuable , & r ircie dont les anciens autheurs font mention, ïftoi à S Omet ce sui ferr.ble afTex ptouuc pat les Sfgues se l'eSTs d;nt u\lacc cft enuuonnce. veu que ptkTu on v^^^^^^^^^^ contient quelques pe- tites ils Pleinel d'heibes & d'atbtiffeaux quoa tue tues lues pleines & «ar ce moyen on On Y void deux bellesEgUfes,! vne de noftrcDarae, qui ea fort ancienne , & l'auue de S. Icaa. U y a vn Palais qui fe nomme la Haie du Comte , qui cft fort arand-, & la maifon de ville ne luy cedc nullement ea bonté. Il y a auprès vn horloge qui outre les hcutes monftre le cours de la Lune, & les plancttes des mois & des faifons.Les autres places plus confidcrables font le Qucfnoy,Landtecy,Auene, Matimbourg, Philippe- uille.Bcanmont&Bins. _ . , ,u«„n..,. Quant à Namut. c'eft la Capitale d'vne fort bonne » ComT. : Elle eft aflife fur la Meufe entre deux monta. ..eViaespleines d'herbes ^ f ^" ^ « t^^^^^^^ .uecvnecordequerony-^^^^^ n>eine ces Ules ou ^ n«Ueufe'. Ce pays le. . . ^. Cette ville a fous eTle P^^'^" ^«T't"^',^^^^ tailles dont Bouines eft la plus grande . Charlemont la olus forte. Se Valcncoui la decnicte. ^ Omre ^e il y a i8z. viUages.ls ont beaucoup à fouf- f^ir.maisàprefentilsfontenaOeibonEftat. Quant à la Duché de Luxembourg elle contiennj, villes . ôc prés de doUfee cet»s village* : Elle eft prefque emierement dansja Foreft d'Ardenne qu'c^ a peu à peu éclaircie ÔC cuhiuée. Cccte Duché P.^^nd ^on txo^ de la principale ville qui eft gtande , av»u peu p up ce par les ruines qu elle a foufFertes auec tome la Proum- ce aux guerres qui ont efté entre les marions de Fran- ce & d-Auftriche. car U ville de Luxenrjbourg fut pri e S:::nm=a;î::^r;erueUleuC^Cep^s 'n^l pas occln de fe plaindre des guerres, fi ce a eft à "ttmret;Upoarfavillccap^^^^^^ '° co'iine la fuV'e Ptouince. Pnnce de l'Empire, en eft Seigneur de droi6l, mais Efpagnols en (ont maiftrcs. Henrv V la donna en proteftion à Robect de tiie f i rvmte de Flandres , aux fucccireurs duquel rufalcm Comte de fianui-s» , d'Auftriche Roy des Romains,par laquelle elle tut laii d Aultricue Koy ^.^^^ bng-temps neii- fée a la liberté, tue ic i-o Rqvs de ce ôc d'Aultricne, car i» »>- « » tre durant les guerres qm V U4i. pois reprifc & de n^uueau fac. France 6c de Botrgoogne, lufques * ce que Charles V. & ^^^^^^^^^^^^^ ^^^Jy^^ J,,, ^Uc» d-importancc y fit baftir vne Citâdelle. ^ le mefmc mal-heur, comme Atlon, Thionuille> ' Depuis le Duc ^[fl^.^^l^^^^^^^ ' Mornent,DanuiUiers.Yuois,to«tes place, eftimces au, liurerent & par faute de v-"-^"- ' i„ p^^uinces des Pays-bas és troubles d«mers:cac La ville eft belle , g""^; .^^^"^^S-^^^^^^^^^ ^.^ f^^^,,, ,„,e mal (uvpn q« Us armées ont pr« fes baftiments publics Se ptmez , 4"^ P° . j ^ (^aee par là. ^ , j m i , nombre du peuple qui y habite , ^^^'^^^^^^^ , ^^"[^ ^ pour fes bornes du coft du Nort la i plus fortes de tout le l^^-bas , & les ^ ^î^^ j^^uf,, du Sud , l Euefche du ront fortifiéey en ont fa^6Uncore vne npuuell^^^^^^^ Lie.e xnanicve que ceue ville baiHerou beaucoup de peine ^'^2^^^^^^^.^^^^ . ,,„,ient les H^ux oùCc. qui la voudro.t afficger. Ueués.ôc ' far logea les Aduatiques ÔC Ambiuatitcs, ÔC eft long de La Comté de tiaynault eft longue de ^'"S^^^^"^'* ^1 ^ ^ vingt de cit- ' ' large de le.ze,U cft ainU appelle de la "-"^f ^^^/^^^^^ cul II co^^^^^^^^^ il. places fermées de murailles, à . 8. quf palTe au milieu du pays : Ses b^-- - '^^^^^t SS^oo. villages, il a 4. v.Ucs principales à du Nord, le Brabant, ÔC h Fl-^'^^f '^^^^^^"^^^^^^ ^^Zz fç uo t^oouain, Bruxelles, Anuers ôc Bolledac. pagne ÔC la Picardie, Louant la Go^e de Namu^^^ ^^^^^^^^ ^aquatremiUe &lep.ysde Liegc.auec ledit pays de Braba^ôcd Oc U^^^^^^^ adsm/laFlandie auec l'Artois. On y compte i4.pla- de tou^ de murau . ^ ^^^^^ beaucoup dc ces îelmées de ir.urailles.les -"^'^^^^^^^^^^^^^ f Let^de S en montagnes ôç vallc^ les font Mons ôc Valencienne. ^ons eft affis fur vne grâces de l a ^„i^„f,te, de toutt TEurop» petite montagne , ôc a de beaux b^^^"^"^;^/;^^^^ ^ fjj.^ ,,,,, p^c le.n Duc de Bcabanj eaux viues , ÔC vne petite riuiere nommée Tr.llc paUe ^ qui a ^l c^^_^ ^^^^^^^ ^^^.^^^ ^^^^^^^^ , -=s autres chc^^uifonc.^ .^.ne. tntrc les autres -^^ de Chanoinefles cette ville il 1^:-^)"^^^^^^^^ Valdrude DuchclTe d:iorrI;::;ui'e"mia^^^^^ ?: qu dome'nt eftre toutes filles de Se.gneurs ou e Gcntils-hommes de "^«que.demeurent presd fE^^^^ fc auïeruice de laquelle ellesfont attemiues Files vont ic au leruicc ac ^ . • •-j.n.s & l'aprcfdmée en fecu- vcftucs le matin en Keligieuies oc i i' cii,. onr lieres, ôc fe peuuent marier à leur volonté. Elles onr vne Abbelfc qui les gouuetne. U y a vn Chapitre femblable i cettuy-cy, mais plus liche à Niuelle, ôc vn autre à Mabeuil. ^ Valencienne fut.à ee qu'on dit, fondée i Einpe- rcur Valemiman : Elle eft enyne plailante vallée , l tl- caut ôc la petite riuiere de Roi^nelle entrent dedans.ôc y font diuerfes petites Ifles . ôc vn courant qui pa le /ous les maifons , ôc non f^ul^m«« î|ccommodent le» Bruxelles , dont le circuit n'eft guère moindre q« celuy de Louuain, eft aflis partie en pla>ne.ôc partie» penJant.:C'eftiaCourordinaircdelArchidu|^^^^ La ville eft pleine de bonnes maifons ôc ^^^^^^^^ entre lefquels eft le Palais Royal auec vn parc extre- mement agréable. Anuers eft vne fi belle ville qu lî y en a peu en FEu^ rope qui fe puilTe égaler à elle . qui cft affife fur a n uiere de rEfcaut , qui y porte les vaiffeaux chargez d toute fotte de marchandife , depuis efloignée de vingt-fept lieués : Elle contient b aucou de beaux baftimens j mais les principaux ^pc la W graede ÔC magnifique Eglife de noftre Dame d Anu flluftréede force pillieîs de marbre d'excellens tableaux. Mais fur tout 1 Eghfe d« Wu tcsel^ fupcrbe, Ôc des plus raagiv.6q«« de Ifeu^^p; ST. pour (es ouurages de marbre d'vne architcdlure tres-aJmirable. Outre les temples magnifiques il y a encores d'au- tres beaux lieux à Anueis.comme le lieu de la Bourfe, l'Hoftcl de Ville des plus beaux qui fe voyenr,le Palais des Seigneurs, &c celuy des Olhclins j mais fur tout cft admirable la Citadelle ou Chaftcau d'Anuers,rant pour fa grande capacitcjque pour fa force, qui eft à vray di- re imprenable, Se des plus célèbres de l'Europe. Auant la rcuolte des Pays-bas, Anucrs eftoit vu lied de grand trafic, & de telle importance , qu'on y faifoit plus d'affaires en vn mois qu'à Venifc en deux années ; mais maintenant elle eft {Tcfque enticrcracnt priuée du commerce de la mer, & a fes ennemis à fes portes, fi-auoir ceux de Beighe fur Zoom , de le fort de l'Jllo. Si bien que ce n'eft plus cette ville floiilTante de laquel- le on a autresfois fait tant d'eftar. Boflcduc cft affis fur la petite riuierc de Dcofe à i. lieues loing de la Meule. C'eft vne belle grande & ri- che ville ôc bien fottifi<:e>auec vn peuple grandement courageux^ Quant à Maliucs.qui eft vne ville fouueraine 6c vne fcîgncurie , elle a tftc deux fois prife , ôc tellement pil- lée qu'il n'y a point de ville là autour qui l'aie cfté en telle forte, Ôc qui palFe pour ville de Brabant. Elle eft fur la riuierc de Deie , qui eft grofle d'ellc- mcfmc , & s'enfle encore pat le moyen du flux de la mer qui vient iufques- là , &c va encore vne lieuc plus auant. Elle fait aucc plufieurs branches diuerfes petites îUes , 6c cft de grande commodité à la ville. Hors de Malineson y void vn Monaftere fort remarquable où demeurent plus de mil cinq cens Religieufcs , ou plû- toft filles qui fe peuuent marier. Mais à prcfeiie il faut comprendre entre les villes plus célèbres que polfede i'Archiduchefle en Brabant. C«tcc renommée ville de Breda, illuftre du tiltrc de Baronnie, & qui appartenoic cy- deuanc aux Princes d'Oiange, a efté rendue à l'EfpagnoI le 5. luin 1615. jprcs neuf mois de fiege qui y auoit mis le Marquis de Spinola. Entre les autres places de quelque importance de Brabant.on met Niuelie.Il y a encores quelques Eftats au delà la Meufe.c'eft à fçauoir la Duché de Limbourg Se Valkembourg , Dalem , Rode & Carpen toutes ter- res aucc feigiieuries ôc jurifdidtions : Mais fur tout Maftrich ville fur la Meufe, paflage an pays de Liège, ]ui eft belle Ôc forte. Aujourd'huy l'EfpagnoI poflede tous ces principaux lieux en Brabant, exceptez les villes de Berg fur Zoon, >!remberg,Vvillem-ftalo,Greuc, & quelques forteref- cs,lefquelles font fous le gouuernemenc des Eftats des P-Louinces vnies. P Our parler en gênerai de la qualité des Pays -bas, *• l'air y cft fort humide , & toutesfois il eft fort fain »ux habicans du pays. L'Eftc y eft extrêmement agréa- ble aucc chaleur tc:r.petée,on n'y brulle pas des rayons duSoleil comme en beaucoup d'autres pays, les mou- ches & les confins n'y tourmentent pas les petfonnes par leur bourdonnement 5c piqueures. 11 y a peu de rrcmblemens de terre i l'Hyucr y eft long et vcnrcux,auffi-Loft que le vent du Nort ou d'i:ft Jouftle il y caufc la gelée : le pays cft en beaucoup de leux plein de fable, il abonde en froment, orge/eiglci Im & chanvrcril produit auflî des fvuids de toutes for- tes en grande abondance,comme des pommes, poires, pruiics.c<;rires,meures, pefchcs, noifcttes, nèfles, ÔC en quelques heux des chaftaigncs. 11 n'y a point de minci d'argent confiderables.Quant îux arbres ils couteutenc extrêmement la vcué, cftans des Pays-bas. efpais , bien ordonnez Se fort chargez de fruimenT . & font grande quan LcBrabant ,omt d'vn fort bon air , & a vne pUm. fcrrleVai ro. c quancitc de bleds , combien que et Ss nor^reni Dt* K.mpcn, ou la can>pag«e . fou vn ^eu ftcnTe à caufe du fable. U toutesfois cetce pacc.e Lpper" encoc quelques ftui^s . ôc n eft pas du touc U Flandre a vn air extrêmement tempête Son ter- roir eft fertile, principalement du cofté qu elle eft pro- che d la mer, l de h France. H y a de beaux paftura- .e , comme on peut aflcz cognorftre de ce q. on a ac- couftamé d'y mener force poulains des contrées voifi- ';eacTufcielabontédei'herbage.Dauantage^^^^^^^^^^ rie beaucoup d'animaux domeftrques qm ^^"^^^ oouft exquis , & vn nombre incroyable de beftes fau ues, & noires. Elle ne manque aufli de hérons, de fai- ùns, perdrix, paons ôc cigongnes. ikfe/^r; anciennes. qucnt fort accortement , & font grande quantité de dtaps de foye, de laine, de lin , de dmcrCes forces ôc fuz cout de la tapiffetie donc on fait fort grande eftime, & qu'on enuoye non feulement par toute l'Europe, mais ïncor aux Ind.s , ôc en Afrique. Us font le plus lou- uent du pain de fcigle , & boiucnt de la biere plus or- dinairement que du vin qu'on leur porte de France & d'Efpagne. ^ .. Ils vont bien veftus , Ôc fur tout bien proprement. Leurs maifons font continuellement nettes plus qu'en I aucun lieu de l'Europe , ôc leurs meubles fi luifans, & I fi bien tenus que la veuë en eft agréable. Us baftilTenC 1 prefque par tout d'vne mefme forte , ôc leurs maifoB$ 1 font tellement faites, qu'il femble prefque qu'e ei I foicnt à vn mefme raaiftre.tant ils fe plaifent aux villes ' à faire que leurs hauteurs foicnt égales. L-s femmes font belles , mais il n'y en a pas en fi erand nombre qu'on crie , ôc mefme ce mal -heur ac- compagne leur beauté, qu elle pafTe en la plus grande partie auant qu'elles ayent atteint l'âge de j o. ans , 6 bien qu'elles font après toutes laides ôc ridces. Elles y ^ Efar nous dit que les Belges qui font du Pays-bas, (centre lefquels ^1/°'"?^^"°]-;. ^^o" ! fo;;VTompVerôc'haJdies,ôcconuetfem librement auèc eurent vaillants ôc reiolus au polTible , P^»"";^^ i „ , ^ ^ Js. Elles ont ce mal qu elles aymcnt le vin, z de la ciuilitc.ôc courtoifie de la l ro- | les 'sommes j ^^^^ ^ eftoient efloisncz u<- i-i.^"--» ^ plus polie, ÔC que les marchands ne les frequen to^nt gueres , ôc ne leur portoient les chofes qu. fer- ucntà r'amoUir . ôc rendre effeminez les courages : & pource auflî qu'ils eftoient voifms des Al emands, qui Hb toient au'delà du Rhin , auec lefquels i s eftoien ôc mefmes vous ne fçauriez conuicr vne jeune fille de r, bon matin à boire, qu'elle ne foit toute pcefte a vous faire raifon. Celles qui ne boiuent point du vin pren- nent de la biere fi demcfurémcnt q-i'elles en demeurent accablées , ôc le plus fouuent fi-toft que vous ferez ai- y . i dué am^^^ quirVrabelle&jeune, viendra en guerre continuelle. ^^^^ '^^^^^^^^^ leur . ÔC l'extrême défit qu ils auoicnt Je f efc^^^^^^^^^^ i defpcns , & met la première le nez dans le pot . & liberté, en ce qu'ils cffayerent de fc^r r de lobe f- , vos delp^ ^^^^^^ ^^^^ ^ ^^^^ fance ôc de la domination des Romains , ^^^^ °^ . , -, j j Çr bien qu'il y en a beaucoup ;empsdeCefar.LesNeruiens.quifo^ ^J^^ J J^^ ^e l'amour „ay,txe permirent ^^-^"l^^^^^ E^^ol i mais i'a.Ieureray auec vérité qu'il y a en ces pays moiB: portaient du ^m.ou d autres^chojes -^^^^^^^J^^ ,^ > f,^^,, g,,aernent mal qu'en pluficurs au tces où l'on ne faiôt pas profeAion de 1 yvrongnerie Auec toutes ces deibauches qui ne peuuent eftre nom raées extraordinaires à caufe de l'accouftumance,ôc d( la nourriture que ces femmes ont prife par manière di dire dés le berceau , elles ne lailTent neantmoios di conduire bien fagement leur ménage , ôc mefme biei fuuuent elles fe meûent de trafiquer Ôc de contradc pour quelques négoces auec les vus ôc les autres. El ! les affedionncnt fort d'aller veftuës à la Françoifc i vont toutes feules pat la ville , Se aux prochains lieu auec peu ou point de compagnie, fans eftre nullemen foupconnées. Et pource que leurs maris leur laiiTen . I» « • j_ 1 ar.:,^^ «Hoc» 5rr7qùdq"uechofede particuhor , les habicans de la Comté de Flandres ont eftéfiaddonnez aux arm«, ôc fi remuans, qu'ils n'ont ïamais pû vi^- - p-x ôc onc iadis couru auec les armes au poing la Syrie , la terre Sainde, ôc lerufalem. U y a auflflong^temps que ce p"^^^^^^^^^^ au trafic , ÔC y rcUffit hemcufement. de me;me qu'il s'eft monftvé pénible à defuchcr le pays, ôc le rendre meilleur en toute lotte. McsuYS decetemps. Es Flamands font volontiers grands, n»is on efti- me qu'ils l'eftoient beaucoup plus.3nciennement, L me qu'ils l'eftoient ^^^^^^^^Z f^uneil^ioTt le maniement de leurs affaires , elles e: Luiennentfuperb.,imperieufes,ôcdutoutinfuppo, leut volonté. Us font beaux, P-^^^^J"'?- f ^^^^^^^^^^^^^ . ^^^te" Princes , Seigneurs . ôc tous autres de quelqa ^ft^' S con'didon qu'ils' foyfnt , donnent aux aifncz des ma tnduftrieux & ^^^^^^^^^^^ , .4 l'amour, fons les noa.s de leurs petes combien qu'ils loici tes fciences, ÔC p ultoft addonnez a m viuants,ôc en la fleur de leur âge ; ôc les Gentiîs-hon Ils font alTczciuils félon le pays . ôc fi d^^^^^^^ _ 'f.r^r toufiours leur fille ailnée aux autrt U n'vapensulusfoupçonncuxnyplus qinls donnent icb diiu« - uvo »...i->.. - ilsonXffll.^o^^lient ail^ oft ^^^eroient raifii^ . laqud e ils re^^^^^ les courtoifies ôc faueurs qu'ils o«t receus , de m.efme auffi que les offences qu'on leur a faides. Us aynient fort peu les autres nation„ôc s'amufent à ---ter tous les iours quelque chofe de nouueau. Qijant à la muf- que ils l'ont rendue parfaire . veu qu'il n y a peuple . qui «ye plus d'inclination â céc art que cettuy-cy. ^ Us font aiTcz vaiUans fur la terre , mais plus a pied qu au- trement , veu qu'ils font noauuais hommes de cheuai, & ont vne couftume de ne venir iamais aux mains auec les ennemis, ôc fe joindre à eux le moins louuent qu'il leur eft pofTible. Mais il faut aduouer que lur la met ils font inuinciblcs. Us entendent fort parfaifte- mcnt la nauigatioii>apprennçni diusifes languesjcrah- leure condition. Et ils ontccfte particularité quil coutradenc aifément mariage auec les eftrangets l'occafion s'en prefente. On trouuc du tout mcffcar ôc pour mieux dire vilain , que les jeunes homnif époufent des vieilles , les vieillards de jeunes fiHei les roturiers des damoifelles , les maiftrcs leurs charr brieres , ÔC les raa'ftredcs leurs valets, U n'y a pou de nation qui excelle tant en la peinture , leau Eikiu qui eftoit de ce pays monftca le premier la fa^o de méfier les couleurs auec l'huyle. Us ont accou ftumé aux iouts qui font dédiez au Saind donc r portent le nom , Ôc durant le temps du Carneual , d feftiiiei leurs patents amis , ôc les traiftcr magnifc 1 qiierncn des Pays-bas,' «^fmcnt, v & la vente des draps de foyc) & laine qui s'y font, & de Utapilfcrie qu'on recherche H curieufemeut leur appotte de grandes fommes de deniers. On ne Içauroir cftimcr combien leur rapportent de profit les marfouins qu'ils falenc , de mermes que les l'aumons , &: quant aujt harans qu'ils enuoyent dehors ipusies ans> on ne fçauroic prelque croice la quantité de l'argent qu'i's en tuent des Allemans, des Aiiglois> des François, des Efpagnols, fie des Italiens. Forces, ,1 L'Arckiduc fc peut vanter qu'il a de fort bonnes places, non feulement capables d'vne longue defence, niais par manière de dire imprcnables.Car on ne pour- roit guère trouuer vne plus forte place que la citadelle d'Anueis qu'on tient pour l'vnedes mieux forcifices de l'Europe , fclon les règles de ce temps. Bofleduc qui eft en Btabant de mefme qu'Anuers cft aficz conûdera- ble. Puis fur la mer Grauelines, à deuxiieuës loin de Calais , eft fourny d'vne inHtiitc de canons , & fort au poflSble, & après Dunkerque.qui outre la fortcrcflè de fes murailles a des habicans fort courageux. On void encor au pouuoir de l'Archiduc fur le mefme riuage la forte place d'Oftande qui iuy a donne tant de peine durant trois ans & dcmy qu'il l'a aflicgce. Quant au pays d'Artois il a la ville d'Arras , qui eft a/Tcz forte pourffaire vne grande refiftancc.Teroiiennc pourroit eftrc bien défendu & fouftcnir vn fort ficge. Hedia n'eft pas moins important , voire mefme il eft mieux fortifié, & eft fur la frontière de la France. En Haynaut, Mons eft fort, & Valencienne aufli, &c en ccfte dernière ville il y a vn arcenalgarny fuififamment de toute forte d'armes & de munirions qui peuuent f ftre requifcs en temps de guerre, thilippeuillc , & Mariembourg font deux lieux très- forts fur la fron- tière de la France. Namur a vne bonne forterefîe, & qui peut faire grande refiftance.Et pour acheuer en vn mot, tout le pays de l'ArchiduchelTe eft garny de fort bonnes places, tellement que ccluy qui l'attaqurta au- ra touiîours beaucoup de peine. Quant aux hommes les villes font fournies d'habitans courageux , qui ont autrefois donne des témoignages de leur valeur. Mais outre c»la le Prince entretient touHours vne armce compofée d'Efpagnols , d'Italiens , d'Anglois , d'Ale- mands,& de fes fubjcts,& cèfte armée auant la trefve fe tenoit en hyuer dans ks garntfons , & fur le mi- lieu du Prin - temps elle fe mettoit en campagne , & eftoit employée au fiegc de qu^ Iqucs places. Maintenant pluficurs de ces gens de guerre ont efté calFez, & ne font plus en fi grand nombre. Ce qui refte eft eiwtetenu en diuers lieux fut les frontières. CoHuernement. Les formes du Gouuerneur font rvniucrfelle que le Prince tient pat tout.Sc la particulière dont chacun de ces Eftats, vfc fclon les pMuilegcs & couftumes. Le Prince a trois Confeils , dont le premier eft ap- peîlé Confcil d'Eftat, le fécond Priué , le troifiéme des Finances. Le Confeii d'Eftac a vn Prefidenr , & vn nombre infiny de Confeilleis,pource qu'on en appelle P'us & moins félon les occurrences. En ce Confcil on traiftc toutes les delibetations appartenantes à l'hftat. comme de paijt , de guerre, dMmballidcurs, d'intelli- gences, d'aduis du dedans, & du dehors, &c'tfti ceftuy - ey que les a/Taires plus importantes des autice Confeils lont rapportées. Au Confeii priué il y a dou?e Dodeurs efleus par le Prince. Il y a vn Prciidrnt 6c l'on y traifte routes les lundiqaes , pource qu'il a I4 prééminence fur tous les autres Confeils , & c'eft celuy qui confent aux priuilc- gcs , qui donne les grâces, pardons, remilTions, fait les oix, ftatuts & Edidts, &c c'tft à luy aufli qu'apparticnc la cognoiirance,& le iugement des dcbats,& queftipns des limites du pays , & des principaux de la feigneu- ric. Aux chofes plus difficiles , & plus hautes il c^mÀ rnUHiqueaucc le Confeii d'Eftat,df mefme que ce der- nier fait auec luy lorS qu'il furuientiquelque chofe de iufticc. " Au Confeii des Finances il y a trois Seigneurs du pays noraniez Chefs , ou Intei^dans des Finances , va TJireforier,vn Receucur, & aufres moindres Officiers: ce confeii manie tout le domaine du Prince,& les tail- les qu'on luy paye.On y fait les taxes, & les payeraen* tant aux occurrences de la paix ijuc de la guerre. Il y a vne Chambre des Comptes qui eft comme vn racm;, bre du Confeii des Finances, & 7. Maiftres des Com*i ptes, aoec d'autres moindres offices. C'eft là que votic rendre compte , & teecuoir leurs quittances en temps déterminé cous ceux qui manient ks deniers du Prince en Brabanr , aux pays adherans , & en Ite Duché de Luxembourg,d5c combien qu'il y aye au pays quelque» autres Chambtes,autrt lalufdite qui refide à Bruxelles auec les trois Conleik dont nous suons fiift mention, ncanrmoins toutes les Chambres ont accouttumc de rendre compte au Confeii des finances , comme à leur fouuerain Magiftrat. Outre les fufdits Magiftrats il y a en la plus grande t pat tic des fufdits Eftats vn Gouuernement partkulier, auquel comme à vn Lieutenant on appose ks afFaires principalement de k guerre. Le Prince a fembiablc- ment en la plus grande partie des Eftats vn Confeii en fon nom qui eft appelle e»Brabant la Chancellerie, &: à Malines, & en autres Ikux le Parlement. Eh ce Con- feii il y a tantoft doczc , tantoft feize , & tantoft dix- huid Gonfcilkrs auec vn Prefident, & l'on y voit in- teruenii auffi i'Aduocat du Prince, le Procureur fiTcal, & quelques autres moindres Officiers qui font prefque tous gagez par k Prince : & î'auchoricé de ces Magi- ftrats eft grande tant aux chofes ciuiks que criminel- les , & là l'on peut appeikr non feulement toute forte de perfonncsjmais le Prince raefme, s'il y a quelqu'vn qui prétende contre iuy quelque chofe en luftice. C'eft: en ces fieges que vont les appellations de tous les au- tres Migiftrats de cét Eftat particulier , ik en trois d'i- ceux comme en Brabant , à Mahnes , & en Haynault, on iugediffinitiuemcnt. En tous ks fufdits Confeils , on fc conduit par le* loix communes , fi ks municipales, ou les priuilegc^ ou les commandemens ( car ils nomme nt ainfî ks rè?; folutions du Prince) n'y font coptraires. Outre les fufdiâs Officiers le i^iince enuoye tous ks ans des Commillaires par h fins giande partie des tec- resprincipalespour receuoir par le menu ks comptes des entrées , & fortics deslteux , & en Brabant où le Prince a par oftrcy particulier du Pape authoritc aux lieux facrez.ks Cominiifaires font la vifite des Eghfcs, des Monailercs, & des Hofpitaux. Quand k Prince doit traittet auec les Eftats, ou pour de nouuelks loix qu'il veut faite , ou de la forte qui s'enfuit. Il commande par fes lettres à tous les Eftats de fe trouuer en tel temps en vn certain lieu , ÔC ce lieu eft ordinairement la ville de Bruxelles. En toutes ks villes , Comtez , & places principales par ancienne ptccnjinence , on fcait qui font ceuxqu* 'X 4 a a8 Difcours de l'Eftat des dix-fept Prouinces cffca ,1 y en a vn nombie. En ccftclairembke il y a jt^^^s • ^.^^^ ^ ^^.^^ gouaecKmem , donnant a». "tet:mi« 'o:t""ft mcclcfo(li,uc . U fccond la d.ence a-Bon,gcoU. & aux eft.ans.. lo.«,a= NobîelfeTirrUTfiémèïes villes prmcipales de l'Eftat. Chacun de ceux-cy a pouuoK d'obligée fa corru.unau. lé^mais non d'accorder iatnais.finon aucc exprefle con- di ron , que tous les aurresEftatsvicnnenc a atre le n^cfme. La propofuion fe faid en ces affcmblees en vne grande fale en la prefence du Vrince par vn Prefi^ denc^. ou quelqu vn de's Coofeille.^ des Eftats , ^ c ft là qu'ils s'eaudient auec de bonnes raifons & douces paroles, de perfuadcr ce qu'ils veulent. ^ La propofuion ayant efté ouye . les Eftats prennent temps pour refpondte , puis chacun confidere meure- „,em en parcicuUer ce qui a efté propofe.& donne pa cfcrit la réponfe , qu, n eftant pas au contcncement du Prince . l'affaue ne fe termine pas . vea qu on effay e de ncrfuader la chofc : mais fi cela ne fe ?'^\^f'^r^' il faut que le Prince l'endure , & remette l affaire à vn meilleur temps. - „i«c Encor que le principal gouucrnement, Se toutes les prééminences plus fubftanticlks de la fe.gneurie foicnt en laperfonnc du Prince , toutesfo.s toutes les vil es, & les lieux voifins ont vnc adminiftration patticuUe- le , & vne très - grande liberté auec leurs loix, couttu- mes, & priuilegts. j„ Ces loix , couftumes& priuileges ont vnc grande différence , pource que îefdits p.ys ont eftc poffedez durant pluficurs fiecles par dKievs l>rinces.5. ont com-^ batu mefme bien fouuent entr'eux auec des haines du tout mortelles, & mefmes ils différent en poids.niefu- & mœurs , & qui eft de tres-grande »n.p°;t^"^^' le langage, qm eft vne chofe fi in- dience o., , c^c^ le Magiftrat de la ville d'Anuers conûfte en iS. S.he- mats, & vn Bourg-maiftre, qui a grande authonte tauc aux chofes ciuiles que criminelles : mais pour Uxecu- tion de h iuftice.il y a deux Lieutenans du Pnnce,l vn pour le criminel qu'ils nomment Scultet , l'autre pour le ciuil appelle Amman , qui font des charges que le Prince donne , & ceux-cy précèdent tous les autres^ L'office du Scultet.eft de faire prendre les delinquans, en demander iuftice au fouuerain Magifttat,& exécu- ter aptes les fentences qui en refultent., L'office de l'Amman eft d'ouyr les caufes ciuiles, demander aux fcigncurs qu'ils expédient, & facent m- ftice,& donnent les fentences aux defpcns de ceux qui plaident. . Ce mefme Magiftrat fouuerain cflit fans »nieruen- tion du Prince,ny de fes Commiffaires , quelques Ma- giftrats inférieurs , & entre les autres deux Trcloners nobles de la nomination du peuplc,& vnReceueur du peuple à la nomination des nobles, & ces officiers exigent, & dépenfent les deniers du public par ordon- nance du fufdtd fouuerain Magiftrat , qui crec encore les Confeillers populaires qui lont à Anuers au nom- bre de douze , tous du nombre des Doyens des mc- ftiets , comme des mariniers , boulangers, jardiniers, forcerons, ôc femblables , & en la feigneurie de Mah- nes'îe Magiftrat eft diuifc par égale portion , pour ce que des douze Sénateurs ou Schcmats, il y en a lix no- bles, & fix autres du nombre des Doyens des.meltiers, & les plus honorables font les poillonniers . les bou- chers, les boulangers, les jardiniers, & kîkbraflaus de res, ce mœurs, oc qm ci. > . r. chets, les bou angers, les jardiniers, oc u^i^i-uwu.c^. ils font differens de langage , qui eft ^ho e fi in ch ^^g . ^^^^^^ i ^ ^^^^^ ^^ compatible,que 'Empereur Charles y ayant p ulieu^s ^^^^^^ ,,„es fcigncurs , efcoutent les requefte fois mis en délibération , qoel moyen il y auto, '^e réduire ces Eftats en vn feul corps , & leur donner le nom & la forme d'vn Royaume, il ne fut >amais pol - ble d'en ttouner le chemm. Mais auec toute cefte d - uc.fué Ils conuiennent tous.ux qualitcz d« membres qui font vn corps, veu que l'Eftat de toutes les vi les, i places a vn gouucrnement particulier , qui ne d>tte- le en autre choie qu'au nombre de ceux qui (e meiient du gouucrnement, & cecy na.ftde ce quvnheueft plus grand que l'autre. •ii^r:^..,^ ^ Le oouuernement particulier de chaque ville fîgna- lée ert^'compofé de quatre membres. Nous nomme- rons \t premier en noftre langue Seigneurie nouuelle, & cecy comprend tous les Magtftrats grands. & petits oui font en charge. Le fécond eft la vieille Se|gneurie, qu. coa^prend tous ceux qui ont eltc en quelque Ma- oiftrat ou charge d'importance. Le j. eft nomme la Bourgeoifie , qui confifte en autant de ( apitaines, qu'il y a de rués en la ville. Anuers en a fe.ze. Le qua - triéme membre embr.ffe tous les chefs des meftiers, appeliez Doyens qui font auft diuers en nombre félon les villes. Anuers en a 54- & de tous ces 4- «7^=n^bres eft compoféle gouuernemcot pait.culier. L exemple de cccy fera le gouuernement de la ville d Anuers, du- quel les autres ne différent que fort peu, ou point, fi ce n'tft touchant le nombre. . La façon de former le gouuernement particulier en la ville d'Anuers eft donc telle. La feigneurie prclente - nomme neuf gciitih-hommes , Se 9. autres font nom niez par les Capitaines des rués , qui (ont au nombre de dix-huid. Acecy l'on adjoufte la leigneutie qui elt alors en authorité.qui peut aller iufqu'à pareil nombre de dix - huid , fi bien qu'ils font en tout 39. q»i alpi- tcnt à la future feigneurie.Tous ces noms font enuoycz ;.u Prince, qui en efiit i8. Ôc ceux-cy font appeliez Schcmats , qui veut due Sénateurs , qui ont authonte 0 tflirc deux l3o;irg-maiftres qui font autant que deux comme les autres feigneurs , efcoutent les requeftes des fupphans,& en duent leurs aduis, non feulement vtuement , mais encor fcditieufement lors qu ou tiai- de de defboutccr quelque argent qui doit venir entre les mains des gentils -hommes , veu que cefte forte d'hommes n'eft capable de procéder auec grauite , SC modération au degré de la fuperiotité, de manière que l'infuifilance , l'infolence , & l'inftabilue Ua peuple & lapeipetuclîe |aloufie que ces Confeillers populaires qui fe trouuent puiffans à caufe du grand nombre d'hommes qui les fuit , noutriffent contre les gentils- hommes , ont caufé tant de datigereulcs rcuoites en tout temps , & fous tous les Prmces , veu que de 56. qui ont dominé depuis Louys de Hailcmbec i. Ccm- ce de Flandres , tous ont eflayé quelque rcbel.ion , a- cepté trois feulement. De ces bonnes villes , il y en a qui ont vne bonni quantité de reuenus publics , &c celle d'Anuers cntj autres a 15 o. mil efcus de reuenu par an. Mais cellj cy & les autres eftoient fort endebtées en l'an i> 5 6.i il faut croire qui caufe des guerres continuelles eile font encor plus aujourd'huy , principalement a raifoj du défaut de l'induftrie des arts , & de la marchand* fondement principal de tous les Eftats de Flandres, Anuers feul perd tous les ans ckofc qui ne fe peut elh- mer, à caufe que les troubles ont interrompu tout foo commerce. L'authorité des Seigneurs qui y ont cte- rteaux , terres 8c autres iurifdidions, eft foit Inmce, veu qu'ils ne peuuent oppofcr leurs vallaux en aucune choie , ny accepter d'eux des prefens volontaires art exprès confentement du Piincc.ains les Seigneurs laii (ans aux peuples le gouucincmcnt ftlon leuts loix, « couftumes, jouïirem des tiltres & biens (eigneuriau! auec toute modeftie. il clt vray qu'il y a des Seigneurs qui ont quelques particulières iurildidions teilemc" abfolués qu'en ce ils ne tecognoiirent autre Uipei'c" que Dieu feul. ^,^ç^^ L'Efiat Ecclcûafti^ue eft foupui/Taiu & riche par tout le pays , tellement que pour arrcfter la grandeur de ces lichtlTcs, afin (ju'ellw ne creulîènt pas dauanta- ^e, Charles V. fie vne loy qui portoit qu'aucun Ecclc- Uattiqoc ne pourroit achcptcr des biens immeubles lans exprefle licence du Prince, & aux fobfidcs qui luy font payez , le Clergé paye fa part feparcmcnt , & les conuentions que le Prince de ce pars a auec le Pape, font prefque fcmblables k celles de France , vcu que c*eft fuy qui nomme , & le Pape qui confirme les Pré- lats, & aucun refcrit ne s'exécute lans le bon plaifir du Prince , & outre cela par commiflion du Pape , il ne peut tirer fes fubjccas hwrs de l'Eftat pour aucune cau- le', ains il faut qu'il mande des CommiiTaires députez pat ces lieux , pour qudque caufe qui fe doiue dit^t- tre. Les titres extraordinaires que le Prince de ces Eftats a, font Chanoine de S.Seruais , 6c Abbé de Geltrude,qui eft vn fanjeux Monaftere de Religicufes. Il fe nomme auffi Vicaire perpétuel de l'Empire en toute b Frifc , iufqucs au pais qui fe nomme Bethraa- ne aux confins de Dannemarck qui eft vne préémi- nence obtenue par Maximilian,de l'Empereur FriJeric fon pete, tant pour foy que fes fuccclTeuts, des Pays-bas; ^49 a fous fa lur,fd;Aion les vii/es d^Arra^, Douay, Betim. ne, Bapaulme Lcn5, Aitnentieres.B^Uchain.la Baiïér, vne parne de Valencienne, , aucc pluficur, boursVl' L'Eucfché de Tournay fut c|igé l'an de grâce 480. t q"el4ues temps après fut joint à l'Euefchc de Noyo„ & cm b«en cllé ;omcs enfemble 600. an, fous vn me^ WcLéTr ^ c"^^^"^ Noyon. & q^uicta v.rc 1 n Bernard s'employa fore ve s le Pape Eugène pour obtenir la feparation d' - ion. EN tous les Eftats de l'ArchiduchelTe on ne voit autre exercice que celuy de la Religion Catholi- |ue , mais il ne faut pas croire pour cela qu'il n'y ait •oint de perfonnes qui fuiuent l'opinion de Luther & le Caluin, veu qu'il n'y a guère de villes , au moins de elles qui fe font jadis leuoitées , où il ne fe trbuue eaucoup de telles gens. Mais ils n'ofenr faire paroi- re leur opinion fe voyans bridez (5^ prefts à eftre pu- is fi la choie eftoit fceuë. Quant à ceux qui embraf- :nr veritabieracnr , & non par apparence feulement^ Religion Catholique , ils ibnt fi afFeâiionnez à la y , qu'ils tiennent qu'il eft impoffible de les en tirer, mefme il fcmble que le voifinage des Luthcrtens,& aluiniftes leur apporte plus d'ardeur & de zelc. Aréeuefàexjtst Bue/che^du Tays^hoi, '\ Vant à TEftat Ecclefiaftique de tous les Pays - bas < en gênerai il eft compofc de trois Archeuefchez quinze Euefchez. A fçauoir TArcheuefque de Cam- 7 a foqs luy les Euefchez d'Atras,Tournay,S. Orner, Namur. L'Archeuefchc de Malines a fous luy les Euefchez Lnucrs , Gaud , Bruges , Bofleduc , Ipre, Rurcmon- L'Archeuefque d Ytrecht a fous luy les Euefchez de tlem en Hollande , de Deuentet en Gueldre , de debourg en Zélande, de Leuuarden & de Gronin- en Frife. - Archcuefché de Cambtay fut érige par le Pape V^' ^ auparauant cen'eftoit qu vn lckc,& le premier Eucfque fut nommé S. Diogcnc c de nation, il fut facrc Euefque de Cartibray à Ar- > par l'Archeuefque de Reims en l'an 390. & ont toufiours depuis les deux Euefchez conjoinéts >s vn mefme Euefque , iufq^ies en l'an J094. en la- 'le année ils furent feparez , & l'Euefché de Cam- ' comprend fous fa lurifdiftion les villes de Cam- 'y Mons,Condée, Athée, Quefnoy , Landrecy, Incs; Biache, Beaumont.Brennes, Soignes, l^au- ■> Chimay , & prefque tout le pays de Haynaulr, ibrehs , & quelque peu de l'Artois , vne partie des ^ % , Tournay. E Cierge d'Atras après auoir longuement pourfui- ^ Icparation , finalement obtint du Pape Vrbain on Euefque particulier , en l'an 1054. l'Eucfque la v^ll. f T ^^.^ O»"",^ ^ft^ ^ngé pat le moyen que Ch « vT"°"m"' '^'"^ pai i'Empereut Charles V. 1 an mil cinq ce.its cinquante trois , le re- uenu de l'Euefché de Teroiienne fut d.uiféen ro s?à fçauoir vne partie à i'Eaefché de Boulongne pour la France , vne autre partie à l'Eoefché de Sainft Omet pour 1 Artois , l autre partie à l'Euefché d'Ipre pour la Flandre Partant l'Eglife Collégiale de faiuû Omec fut érigée en Cathédrale l'an 15 59. ayant fous fa luriC d.ogueur,& 40! en largeur. ^ ' L'Eglife Collégiale de faindè Donat à Bruges en l'an mil cuiq cens cinquante neuf fut changée ?n Cathe- ^ .4r°.7'!"'"' neuf viiles.à fçauoir Bru- ges,! Erclufe,Atden-.bourg.&c. auec plufieurs village, de cinquante quatre lieuës en longueur, & quinze en largeur. ^ Le Monaftere des Chanoines réguliers en l'Eglife de hma Martin à Ipre en l'an 1559.4 efté érigé en vne Eglife Cathédrale de Chanoines fcculicrs * conte- nant fous fa lurifdica.'on ^ifcppale àit villes , Ipre, Dunkcike, Furnes , &c. aucc plufieurs bourgs & villa- ges de cinquante quatre lieuës en longueur , & 11. ta largeur. L'Eglife Collégiale dreftce en l'honneur du Sainft Efprit à Ruremondc en l'an 1J59 fut changée en Ca- thédrale auec la lurifdiaion Epifcopale fur'dix villes» Rumreonde, Nimegue, Zutphes, Vennelo,&c. Se plu- fieurs villages de cinquante heucs en longueur , & t, en largeur. " L'Euefché d'Vrrecht l'an de grâce fix cens notiarttë fut erigee par le Pape Sergioj j & fut érigée en Metro^ politaine l'an 1561. Se a fous foy les Euefchez cy- dedus diâes. Quant aux limites de fon Èuefché par- riculiet d'Vtrechr, il compretid tout le territoire d'V^ trc<;ht , & vncpattie de Hollande êt Gueldre, auee leS 250 Dîfccurs de l^Eftat des dix-fept Prcuinces (.nr compas t.cotc villes auccp . Kur^^^^^^ \?^- ^ ks Payées q«. y rcftoienc- encore ea liante Ikucs en longueur & 40. en largeur. ■ L'Eglifeparoch.alcdeSBauonenHarlenfutenian iril cinq cens cinquante neuf érigée en Cachedralc, ayant fous fa lurildidion 12. villes en Hollande , & pluficurs villages de 90. lieues en longueur , & jo. en larccur. l'EgUre Collégiale de Sainft Lebuin à Deuenter fut en l'an i s $9- "igée en Cathédrale auec la lunfdi- aion de vingt-cinq villes , 5c plufieurs villages de le- ptante deux lieues en longueur, & quarante hx en lac- L'Eglile Collégiale de faind Pierre à Middelbourg fut en l'an 1559. changée en Cathédrale, ayant fous fa lutifdiftion dix villes , auec plufieurs villages de cinquante fix lieués ça longueur, 6c de trente trois en largeur. . L'EgUfc Patochiale de fainÊl Vit à Lcuuarden fat en i an mil cinq cens cinquante neuf chan;;ée en Ca- thédrale auec la huirdiaion de dix villes , &c pluheurs villages contenant 71. licuéî en longueur & 50. en lareeur. , • <• L'Eglife Parochialc de, S. Martin à Grouninge tut en Tan 1559. érigée en Cathédrale , comprenant fous fa lutifdiaion toot le territoire de la ville qui cft de trcs-grande eftenduc , aaec les iHcs de Roliinghe , &c Borchin. " Auiouvd'huv que les Eftats cTcs Proir.nces vnies oc- ■ cupent l'Eueûhé d'Vtrcchc , & autres Eghfcs fuiuan- tes » ils ont auec le chao^ement de Religion confon- du l'ordre hiérarchique que l'EgUfe Romaine y auoit eftably. Les Seigneurs ^ Comtes dcj FUndres. 26 LYderick dit le Bue fur faift le premier Forcftier du pa)S contrée de Flandres , l'an de 1 Licarna- tion 6x1.. par Da^obeit Roy de France , pour luy & fcs fucceOburs, & gouuema le pays cinquante deux ans , mourut de (on âge l'an 9^- & i'^" ' incaioa- Anthoine II. fi's de Lydcrick, fucceda a fon pere l'an 691. au gouuctnemcnt de Flandres. En ce temps les GothJ,Vvandalc*,Huns,& autres telles gens barba- res & eftrangers.fe mirent à courir & piller le plat pais fans aucune r( fiîlance dudit Fottftier , lequel fe retira " en France auec les ficns. * Bouchart fils 1 1 1. de Lyderick dit Bue par le trelpas • d' Anthoine fon frcre fut priué de l'Eftat de Foreftier de Flandres, par Théodore Pvoy de France , toutcsfois luy oaroya la feigneuric de Halebecke. Le pays de Flan drcs fut derechef ruïné par les Ht.ns, Gots, Vvandales, • & autres nations defcenducs pour la deuxième fois,tcl. lement que la plufpatt de la Flandre demeura delolee ôc inhabitée enuiron cent ans. Eftorede ou Eftoreyc fils de Bouchard fut pat le de- ccds de fon pere 8; mcre Prince , ^ i» de Halebccke , & Foreaier de Flandres , il deceda feptcenroi. Lydcnck Prince duBucfils d'Eftorede.ayant epou- fé vue noble Dame d'Allemagne nommée Flandnne, de laquelle le pays a pris fon nom. * Ceftuy-cy fat ordonné grand Forcftier, par Charles le Grand , pour en Ion nom nettoyer les chemins , & la contrée des voleurs & brigands , dequoy il s acquit ■ ta vcrtueufem---nt . à caufe dequoy il fut inocfty pre- mier Comte d'Halecke. Il gouuf-rna comme l rince vertueux ce pays 44- ans foubs les Roys de France, Chatkmagne,C5c Louys le Débonnaire fon fils. "c- pour conuenir les Payées qui y reftoienC encore en grand nombre. • , . / Ingudran ou Inguerran fils de Lyderick deuxième fucceda à fon pere au gouuernemcnt de Flandres , & au Comté de d'Halebeckc l'an 856. vcquit foubs le Roy de France Louys Débonnaire Ô£ Charles le Chau- ue,aufquels il fit hommage de fes rerres & feigneuries, il fit rebaftir & édifier plufieurs villes , chafteaux 8c édifices ruinez, trcfpalTa l'an 8}6. ayant gouuernc m- ans. , . r ' yVk Odoacre ou Audacre fils de Inguerranc, fucceda i fon pere au gouuernement de Flandres l'an 851. gou- uema onze ans , fit femblablement réparer plufieurs villes , & enuironnet la ville de Gand de murailles, deceda l'an 865. , Baudouin furnoramé Bras de fer,fils dudvi Odoacre, à caufe de fa magnanimité , & de fes faids excellens. Il emmena pit force la belle ludith vefvc du Roy Edoiiard Roy d'Angleterre, fille df Chaf Us le Chauue Empereur de Roy de France , qui fut caufe qu'il fut quelque temps fans poauoir obtenir grâce de l'Empe- reur., qui s'adoucit finalement, & le fie premier Comte de Flandres ; & luy do.ina pour dodiirc tout le pays de Flandres; referuant toutesfois à foy & à fes fuccelTcurs lafouueraincté dud.t Pays, après aiioir gouuexnc U Prouincc de Flandres ij.ans en qualité de Foieftier.^SCj quinze ans comme Comte, il ttefp.^ira en U ville d'Ar- ras l'an 877. ou félon aucuns 879. Baudouin le Chauue , fils de Baudouin Bras de fer, fut fécond Comte de Flandres , il obtint plufieurs vi- doires contre les Danois ôc Normaiw , il trcfpafla en l'an neuf cens dix- neuf & gift à Saind à Pierre lez Gand. T ' i Arnould le vieil furnommé le Grand bis aifnc de Baudouin le Chiuue , fut Ui, Comte de Flandres l'an 9 1 9. il eut vnc grande guerre contre la maifon de Nor- mandie, ayant fait tuer le Duc Guillaume , dit longue épée, cttaiu âgé de zo. ans, il mourut l'an 964. & gift à S. Pierre lez Gand. Baudouin le leune troifiémedu nom, & quatrième Comte de Flandres.deuint par tranfport volontaire de fon Pere, eftant fils vniquc-Comte de Flandres , après auoir gouuerné trois ans , trefpalTa en l'an 967, & gift àS.Bertin. ■ Arnould le leune deuxième du nom , fils vnique de Baudouin le Icune cinquième Comte de Flandrcî, srint le gouuernement l'an 968. lequel trefpaira d'vM fièvre chaude à Gand , le i J • May l'an 988. gift à S. Pierre lez Gand. ^ ^ Baudouin à la belle barbe quatrième du nom , fixic- mc Comte de Flandres, filjaifné d'Arnould le leune, au'commcncement de fon gouuernement il eut guerre contre l'Empereur Henry 1 1. il cftoit vaillant homtnf, & pour ce l'Empereur l'aymoit , & luy donna la Vv}*- lachic, & les Ifles de Zélande, pour luy & fes hoirs, « de là vint vne longue guerre encre les Flamans &C Hol- Lindois , après auoit gouuerné le pays l'efpace de qua- rante fix-ans , ôc trefpalTa l'an 10 j j. gift à S. Pierre lea Gind. - Baudouin V. du nom dit Débonnaire , ou de 1 liie, fils vmqnc de Baudouinà la belle barbe , fut le feptic mcv Comte de Flandres , il y eut en fon temps guerre contre l'Empereur Henry U 1. & après auoir gouuernc le pays l'efpace de } j.ans trefp.ifta en l'an 1067. & g'» â S. Pierre. , , Baudouin V î. du nom , dit de Mons , furuomme .c Paifible, huitième Comte de Flandres, fils aifne de Baudouin cinquième du nom, il ne porta oncqucs ar- mes nyefpée, fon gouuernement fut fort paiublc, & trefpaira l'an mille fcptante._ Atnould le Simple, troificme de ce nom , neuficfmc Coince de FJandrr s , fils aifné de Baudouin de Mons, fut grandement trouble par fon oncle Robert le Fri ' fon,qui fous couleur d'entendre à la tutelle de fes nep- ucux les priua de leur fucceflion , & lequel bazarda deux batailles contre foo oncle , dont en la dernière fut occis l'an mille ji. Robert I. de ce nom furuommc le Frifon, X. Com- te de Flandres , fils puifnc du Comte de Baudouin V. du nom , après la mort d'Arnould le Simple en la ba- taillc,& fon frère Baudouin aucc fa raere Richilde. en fuite en Haynault , princ .ledit Comte fans tefiftance aucune : deeedal'an 1077. Robert le jeune Frifon.furnommc de lerufalem.XI. Comcc de Flandres, fils aifnc du Comte Robert I. fuc- cedalan 1 077. fecroifa contre les infidèles , allant en i-rance au couronnement du Roy Louys, paiTant le pont de Nelle près Meaux. foo cheual trébuchant il tomba deflbus , dont le troifiéme iour après il mourut ianiiii.g.ftàS.Vaftd'Arras. Baudouin V I I.de ce nom furnommé la Hache, XII. eomte de Flandres fucceda l'an i n i. ,1 fi» bon iufti- cier & mourut l'an ayant conftifué auant fon tré- pas, & par (on teftament fon héritier Charles de Dane- ^ft à Be»in ° Danemarck, r^^^A^l: °°î"' ^«"ommé le Bon, treizième ^omte de Flandres . fut auant le trefpas de fon coufin ^audouin infticuc fon heritier.Sc prit le.'gouuerncment * an 1 1 19. mérita le nom de Bon pat le moyen de fes venus & fainae vie. Bannit les luifs de la Cour de Flandres. Il deceda fans hoirs l'an irzi. &giftàS. <-htiliophlc à Bruges. ^ GuilIaumedeNormandieXiV.Comtc de Flandres, icul heriuer de Normandie , toutesfois priuc de fon hentage & Duché de Normandie par fon oncle Hen- ty Roy d Angieterre . fiit inftitué en ladite Comté l'an mS par Louys le Gros Roy de France :à fon aduene- a 7 ^'"od^rtement. Mais fi toft qu'il penf. eftrc ./Teuré » il deuint cruel & tyran , rnii fut fa L . ^^'''^^^ d'£lface,fils de Thierry d'£l- face & de Madiine Gettuc de Flandres , fille de Ro. bert premier dit le Frilbn, ce qu'il voulut empefcher à iTertin"'""* ^ '"5- 2*^ J^'Vt?^^"^' ^ ^ Flandres,fut par les rc ats.Nobles,& peuple de Flandres receu à la Com- c. 11 eftoit Prince merueilleuferaem fubtiUaillant Se "cret , Il ht quatre voyages eiî la terre Sainftc , & 17X1 '.'^''^'''^"'.^ ^°y'g^ '^'""^^t'f fon fils i ncPhjlippe du Comté de Flandres, & eftant de iT d 5" gouuernement . Se fe retira au lonaftere de Vvatene qu'il auoit fondé , deceda âge • 69. ans 1 an 1168. gift à Varene. Philippe d'Elface fils aifné de -Thierry , furnommé . Fi j ' P« "ffion de fon pcrcfnt le XVI. Comte ■ fiandrcs , il fut Ptince fort prudent, fit deux voya- is en Sy„e au fecoursdu Roy de lerufalem fon cou- h 1 mourut à fon dernier voyage deuant Aire, & fut ^ ifi commandement de fa femme inhumé à Clcr- mL. 'P'« ^"^'"^ gouuerné la *nare 11. ans ou enuiron. frmm. M * ^•^-^^P"é'«e Comte de Flandre de par femme Marguerite d'Elface fœur de Philippe d'El- e . ucceda par le trefpas de Ton beau frère en l'an- bert le Fnfon fon oncle.Il eut guerre contre Thier- le Bevres Comte d'Aloft, contre Henry Comte de i^ur. 3c contre le Comte de Nevers. Il deceda 4 des Pays-bas.' 2Sl Baudouin dit de Conftantinopic neuficfme du nom d.x-hu.a.eme Comte de Flandres , fucceda au cômTé at fi laie r " ' ''Z' c'î ^^"^^^ Haynault ^p ainh ladite Comte de Flandres retourna à (on vray i legmme héritier qui auoit ellé iniuftemcnt ool^Ide^ 7 qu^l" • 1"^"^^"" dcpuis'l^n ma 7i. que ledit Robert défit à la journée de CifTrl Ar nault. qui eftoit vray Comte di Flandres & en cha^a' Baudoum depuis Comte de Haynault frerfdudit Ar r"u d; t "'^ ^""'^ " en u Empe: reurdeL^onltantinoplc&en 'an r,r>, c S mgal Comte d«-„e„fiéme de Flandre de par "fem^ê Dame leaune Comtefle & Vritiere dX lyl uû a.rnce du Comte Baudouin I X. du nom ll L rn guette contte Philippe Augulle Ro/de Fta" ' & pris i la .outuée du Pont i^Bouine/, & men/^tln! enargy, peu aptes .1 ttefpafli l'an u,.. gift 4 Mat, Thomas fils puifiii j„ Comte Thomas de Sauove M, à caufe de fa feœme leannc XX. ^om^dc Flandtes pont v„ temps, acmoutut fans hoirs. leanne ComtelTe de Flandres & de Ha»nai>Ir au arfnée de Baudoin dit de Conftantin^le^Sf gouuetnement defdits Comte, l'an i,L. loS dë fept «s . fous a tutelle de fon oncle Philipp éom,^ Por^^r'en'l''""^",.^''''"' ^P""''" F"5i„anTd* 1 ortugal : elle mourut l an iîaî &- aifl- i H/t • auprès de fon premier mary. ^ ^ Marguerite féconde fille de Baudouin IX. d. nom deTarit''°"î^?"°P'f ' rucocda p^Het";" de Dame leanne fa fœur és Comtez de Flandre & Xrd d'A^fn^ la tutelle de Boucliarc ou Bon- nS 1^"'^"^'' fi'^ de lacques d'Auefnes, ifTu d'vnc noble & ancienne maifon de Haynault, Preuoft & Chanoine de famft Pierre de l'Ifle fon parent , equd eftant aueuglé de la beauté de fa pupille.fit nt à eau [e de fa jeune/Te qu'il la deceut & fubor^a/^ do^ e engendra de luy deux enfans mafles , & dep.S eSc epoufa Guillaume de Bourbon feigneur de Se de S. D,fier.frere d'Archambauîc feigueur de Bou bon duquel elle euft aufli trois fils Se vi^fillt qu^^^^^^^ préféra aux deuxpremiers illégitimes , quant à la fuc ceflîon de la Comté de Flandres , tenant les deux orZ les cnf nsV n '""'P"' "'"^ héritiers FiLes ^"P^"'' ' ^ "'^P'^* ''79. gift à GuilIaumeditdeDampierrefilsaifnéde Guillaume Damp,erre & de Dame Marguerite ComtefTe de fÎ^! dres , par 1 accord & tranfadfcion paiTée auec lean d'A- uefties Comte de Haynault fon freïe illégitime obtin le tiltre de Comte de Flandres , Se fut le^ingt-Vn^me Comte:Il fe croifa,& f.t outre mer auec le Roy LoZ' à fon dernier voyage il fut pris prifonnier des Turcs ou Sarrafins, dont il paya gtolfe rançon , eftant de retour il deceda peu apresi'an ..ji-giftà Flines . ayant gou- uerne fes pays trois ans, il mourut fans hoirs R.,?r? '^',^^'"P^"^^^^c°nd fils de Guillaume de Bourbon feigncur de Dampierre & de Marguerite Comtcire de Flandres fut le zx. Comte de Flandf es , il eftoK Prince âge Se vertueux,mais il fe fioit trop à fes amis dont .1 luy en prit mal : il mourut prifonnier à ^nS' P qaatre-vingt ans, l'an 13 04. gilt a Mines, ayant gouuerné 54. ans. Robert III. de ce nom furnommé de Be.hunes, pourcc qu auant qu'cftre Comte il eftoit feigneur de 2Î i Difcours de VEftat des dix-fept Prouinces r... u.,;....r..,r.^.. Comte de Flandres. I eeois rebelles à Icu.Euefqae fon couftaSuv h Bethunes , fuc le vinèt-troiGc.iic Comte de Flandres. Prince vertueux & hardy : U lemitau Roy de France | les villes de L ûe 6c d'.- DoU3y , lUUa enbtcile auec Charles Roy de Sicile. &c Dac d'Anjou fon beau-pere, contre le ballati Manftoy , lequel il rua de fa maui propre : il mit à mort loleine de Bourgoiignc U lecon- de femme, auec la bride de (oa cheual , pource qu elle auoit empoifonnc Charles fon Bis du premier maria- 1 oe. il deceda en l'an mil trois cens vingt-deux en la vil- le d'Iprcagé de buidanie deux ans, ôc gift à S.Martin audit Ipre. .1 r ' Louys de Ne vers dit de Creflî , pource qu il fut tue à la bataille de Crefli , fils vnique de Louys Comte de Ncvers, ôcde laComteffe deRethel, (ucccda a Ion oere & mere és Comtcz de Nevers, de Rethel,& aulh t . _ , . „i 1 ^ r> _l J„ UorkiL-ifc Inn aveui geois rebelles à Icui Euefque fon coufin. Sur la fin de f^n âge il peid t trois batailles : la premicte à Moiat enr^ c.,;(r^ • la féconde à Gtanpj, la troifiéme à Nancy , ou Suific; la icLuuui. « vjiai.r,.. — " rc i f il perdit U vie en l'an Hjé- gift à Bruges en 1 bglilc Noftre Dame. Maximilian farnommc Cceur da:icr , d Archiduc d'Auftriche,filsde l'Empereur Federictroifiéme.cpou- 1 fa,au defceu du Roy Louys XI. Madame Marie fille I vnique , & héritière de la maifon de Bourgoogne. U futprisptifonnieràBruge pat les Flamands , & déte- nu Ufpace de neuf mois , Se ht deliuré pour la crain- te qu'on eut de fon pere qui tnarchoit à grande puil- I fance pour le fecourir : il trcfpalfa l'an 1519- g>lt à Nicuultat en Allemagne. ' , pa u-j,^ Philippe dit Cioit-confeils , fils aifuc de l Archiduc per & ai7re és Comtcz de Ncvers. de Rethel auffi ^ Z^^ accéda ea IlaComtcdeFlandresàRobercdeBethunesfonayeu^^ paternel en l'an lizx. ( ^,"^,^"^f ^^^^^ l'an 14^.. eftant en ^-ft.lf^.^.,.l^nuprneL fc voulut (aifir de la Comte lailkespariecreipai <= . r „ mdnr paternel en 1 an lixi- v"""""^'-'»"'- M"" ' , Caftel fon oncle piternel , fc voulut (aifir de la Comte de Flandres) & trefpalla en l'an mil trois cens quatan- U)uys dit Malain ou de Mafle , poucce qu'il fut né à Maie en la Comté de Flandies, fils vnique de Louys de Nevers de CrelTi , fucceda en l'an mil trois cents quarante fix es Comtcz de Flandres , Rethel , Se Ne- vers- Se pat le deccds de fa bifayeule maternelle , aux Comtezd'Arras.Sc de Bouigongne, Prince vrayemeut courapeux Se belliqueux, mais vn peu trop vindicatit, ayant aouuerné 58. ans fut tué par le Duc de Berry pour quelque dilFerent pris par enfembic lut la Comte deBolongne. Il mourut l'an 1 500. osante quatre. giLt àS.PicotlLifle. „ , r Philippe de France furnommc le Hardy , fut qua- trième fils de kan de Valois Roy de.Ftance . ôc frère oermain de Charles V. par le don defquels il fut Duc de Bouraongne , Se après par alliance de mariage de Marguerite fille vnique ôc hentiere vniuer elle du Comte Louys Malain , fut 16. Comte de Flandres, Duc de Btabant , Comte d'Attois , de Bourgongne, Se fuencur de SaUns Se M.'.lines. 11 eut grande author.tc en France, pource qu'il eftoit Prince ties-l^ge, 6e trel- palfa à Haut l'an mil qu..tte cens quatre , gilt a Dijon ^" d? Bourgongne fils aifiu de Philippe Duc deBourgonone , Se de Marguerite ComtelTe Se hen- uere de Flandres , Sec. fucceda en U Duché de Bour- .oretie . és Comtcz de Flandres , Artois, Se Bourgon- ene! Se Seigneurie de Salins ôe Malines , 1 an 1404. '1 eftoit homrne de petite Rature , mais de grand coura- ae il chaftia les Uegeois.ll fut tue lur le pont de Mou- Tereau fur Yone l'an mil quatre cens .9. U gouuerna les pays 15. ans /il gift aux Chartreux ks D.jon en Bour- ^ThiUppc dit le Bou pour les admirables vertus qui efloient en luy.fut fils vnique de lean -^f-^J^f^^^ Duc de Bourgongne , Comte .8.de F'-^^^;/ ^j^^ ; de Bourgongne.Palatin.Icigneur de Sal.ns.de Malines. fit alliance auec les Anglo.s pour mieux vanger la mort de Ion pere,ce qui caufa de grandes guerres en France. Il chaftia les rebelles de Gand,Sc tubiugua les Liégeois, ruina Dinant,,oignant à fa maifon les Duch. z de Bra- bant. de Luxembourg & Limbourg, Se les Comtez de Hollande, Zélande. H.ynault , Se Namur. eiU.vt pour lors la maifon de Bourgongne en fupreme grandeur Se autkoritc , inftitua aufli le noble ordre de la Toifon d'or l'an 1419. mourut âgé de 71. ans 1 an 1477. la ville de Bruges, gift à Di)on. Charles appelîé en fa jcuncfTe Comte de Charolois, fils vnique légitime du bon Duc Philippe , fucceda a foD.perc en la Comté de Flandres. Se fut le 19. Se fut gênerai héritier de la maifon de Bourgongne , Prince wes-hardy Se belliqueux , lequel du viuant de ion pere mena vne grolk armée deuaut Pans, U chaftia *es Lie-, toutes les L^utiit/. , v>ui»i.v*., r, laifTéespar letrefpas de fa mere, l'an 14^^^. eftant en- core bien jeune fous la tutelle de fon pere , ôe endura la Cotnté de Flandres beaucoup de maux. Ce I rince combien qu'il fuft >euac , eftoïc de bon entendement, & deceda fore jeune en Efpagne , non fans grand lou- pçon d'auoir efté empoifonné l'an 1 505. fon pere en- core viuant, Se gift à Grenade. Charles V. Empereur de Rome. Roy d clpagnc, hls aifiié de Philippe Archiduc d'Auftrichc, Duc de Bour- .ongnc, Se Comte de Flandres, Sec fucceda a fon pere l'an 1505. en tous les biens Se feigneuries delaiflces par le trefpas de Ion dit pere.Prince vrayement digne de mémoire, il fit piulicurs adles mémorables trop longs à reciter : il trefpallâ en Etpagne l'an 155b. ôc gift à Grenade. , . 1 #^ • Philippe fils vnique de l'Empereur Charles le Quint naquit le II. May 1517- f^t inuefty du viuaiu de l Em- pereur fon pere, de toutes les Duché z. Comtcz, & au- tres feigneuries des Pays-bas , eftant âgé de i 1. ans . a fçauoiri'an W- & depuis aptes la mort de Ion peu Roy d'Efpagne , Sec. enuoya diuers Gouuerneurs ej Pays-bas . fous Icfquels il y a eu de grandes guerres ci- uUes , tant pour la religion, que pour les priuilcges a( chacune Prouincc : tcUement qu vne partie d icelles K ' font fouftraiaes de fon obcflTance , s'eftans vnies en fcmble fous prétexte de leurs priuileges Se de leur rcli aion. Finalement, te fentant tur le déclin de fa vie e. May K98.dôna en mariage fa fille aifnee ifabelle Clai re Eugenieàl'Archiduc Albert d'Auft; iche fon nepue^ ne en faueur du mariage leur donne tous les Pays-ba en gênerai, la Comté de Bourgongne, Se deceda le ij Septembre 1598 âgé de 71. ans. ,, ^, . ^ Albert Archiduc d'Aufttiche Se Ifabelle Caire Ec génie fuiuanr leur donation que j'infercray cy - aptt prennent poiTefTion des Pays - bas , qui eftoient fou robeillancc de Philippe fécond pere de ladite Itabel,( ôc du coufentement de Philippe iroif^eme Roy d bips 2ne , tafchent par douceur de rtiinir tous les Pays-b: en leur obeillânce , l'Archiduc cfcrit à cefte fin letti aux Eftats des Prouinces vnies. Ce que ne pouuaiitel feauer vient à la force , Ôc après auoir fiid la gueitc tome outrance par l'cfpace de neuf ans ou enuiron 1 rcfolut de rafchcr à auoir la paix à quelque prix que c foit, cnuoyepar deuers ks Eftats pour cet eftedt : P' reiUement les Roys de France, Se d'Angleterre s f en ployent : finalement il faid trefve auec eux , &|0U pailiblcment par ce moyen des Prouinces &: vili«F deuant deduidcs l'cfpace de douze années. En fin la deuzicme année d'après la hn des trctv l'Archiduc Albat alla de vie à trelpas.Se laiffa au bo uernement l'ArchiduchelTe Ifabelle Claire Eugénie fcmmf . qui gouuernc aujourd'huy. Se lors qu elle 1 dccedée le P«ys-bas reiourncra à la Couronne d bip DISCOVî DISCOVRS DES ESTATS GENERAVY D« PROVINCES VN,BS DES MyTli^s^ de ce qmJs tiennent. SOMMAIRE K« Eclats des Prounues vmes des PaysL 4- Du DUibcde Giieldre, & fis villes. j. Des pa ys d-Ouerjffel. 6. Vtrej/t. 7. U Fr/fi Orientak & Occidentale, f. Grouningue. 9. ^^i'té de r air des Ijles de Zélande, Hollande, &c. leur s bonsj4urages, & desfrecjuenis tremblements de terre en l'ifle de Hoùande. De^uel naturel & l„ font les peuples de / 'P^rP^ys^ ^"'^rtiers. Oe la forme 6' lieu ou fi ttem leur Afemblée 7» f '^OueryffeUompose'de trois lurifdiâions. is. De lE tut c police de l^vilh^^r^ v.. , dciant à laguerre. ^ ^ ' concnbuo.em cy t'inc Je Zdande aiiec les Mes voilînps r„„f .IT.r entre les bouches des riaieres deMet 1 £ fr^^,' ' & ont pour leurs bornes du N„,r la Holla,, J, du" e- Sd»l^.rrer''ct:t;^"""'''"^''^--^-^o°- Les Ifles de Zélande (ont au nombre de 7 ddnc i"! v c-eftÏfa:rV*.arhe7e;'z''^ l'Ercaut . la plus , ^ eft c "ï"' "^'^ ™ ^''^ e,a^autresfic7esfifoniglife',L IsPa'tj '''''''' ^ ^^^ Gmalogu^des Comtes de Hotiande,Zelande,& Seigneurs des V . a J fut.o.uenc des flofs d^ a nier ,,,,,, ^^.^^ ,a hors ia c^.r.^,ge f,, réparé dans peu de VZl •*pres. To!en eft limiciophe de Brabar- i f. vn petit deftroia. uubau.^tîc fepaiee par On y yoid la petite ville de Tolcn. d'où nVft anere 9 T. r Z """Po^e ae trois lurifdiâions. vjn y void j ^/■ f''iEMo-pol:cedelavilledeGrotmmgue,&desOmJ^^°'-V^^ l'asn-e ,0 T! f entroispans. ^^9^ de l'fifcaut vers Je Lca^nr houncrn^ ^^A.../,.„^.,.,_.„... ^^J_ Jva]Jere„.,ui regarde dt,ÏZ;c l^^^ d.^ M^dy la Flandre, da Ncn la Ho {andc, dj Couchanc i Angleterre : c'cit la capKalc d oote Z ^ AvTANTquccequeronnommecom- .V( muncment aujourd'huy les Eftats oene- / / faux des Pronipces vmes des Pays-bas.cft ^ ^ ;!ïr '^^i^^P^bliqucSc que le Roy '-^ comme auec H' ^ '"^'^'^'■^"'^ ^'^'^^ ' t u voir & apprendre en cette République. m J.e eltiang.Ts q,.i vonr en ce p.ys - îà , i] r/y en à coguoillance pas peut, cflre vn qui s ai aille aueci de Ion vray nom. Elle a dix mille pas de totir : Tes villes font Midd.U bourg, Flcffingue, Arniude on Avmné, ôc Vere. Il v a beaucoup de villages. ^ MidJelbourg cH vne bien belle ville, où l'on voici d beaux logts, principalement la maifon de ville Le lieu où les marchands & boargeo^s de la villë ^ aircmblent rons les matins,qm eft f.lc en clcllrc cft" nKnKiUeulemcnt agreabie^^'ion havre cftfbrt afe Y Difcours de l'Eftat des Prouinces vnies villes de Zélande > ' ^ , fon entretenue. ^ ^ y. fendre fon p.c.i« latoe P« « bon! plufieats qui ùenneM que Ç a eltc autitsioo r.Ïr":c?:l« de aô.f se.dep„,s quelque. ar^ccsVqu elle eft pl»s petite de U t™'"^' . La vill. de Romeirualle en femb le eotnme atta chi;:^ cène viUe f ">^'^^Zu CeToVt U ne .efifte que P« '%"7""'uoient acco«aan,é de 1„ Coûtes de Ze and. auo,^^^^^^^^^^^^ p„ft« le Ceimcnt Du coH d J^Sccn." Ceft vne ville plus .greable OU on nomme ocengc. 5c a^l v" e de Cj^chte . ^ plu- NoibeueUndc »uec U «Ue ^.^^ fieu.svillages. fut mondée du delug q '>'rrtùr'rq::rXè'fcp<;u,re^ Pd.t;tr,azlnle„fe.b^^^^^^^^^^^^^ luette 1 i"u r f i,, famme , ou al- tts fes villes ayans efte ou forcées P liegécs , l:s leuées -17;?» ?"";^^ ;„ fi„ aemlfléc. paSbit à bafteau P'^-Pg ; d« chef en rrafic . en ^:;:;u:TènTa:u">^^^^^^^^ ''"^«"^^=Ztt«efd?ïïut:^ ■^t'fcitrS ïe^litn» milles : fa.atgeu. eft Son e'tct-tt e't j„ ,„ foit petite , veu 1" "^^ ^ extiemitei en «ois qrm.lfe.StfmeUins depuis ce miheu .ufques à la met, ou vn f f '^"".^^^ent Do.t . Dclfr, Ses Villes font * Anftetdam. Gou- ae. Naerdem. M-j'^yj^'^/éotatea eft la principale ■ "fu'lî'îf U HolUnde = elle eft plus longue que C & a e„lfort longues u,«,out.e force petites ^ts™u"£lsl^û^^^^^^^^^^^ tiiacs.u" " Trautoient déliter, Se propremenr, qu ils 1^ ^ i-^^-^oja nomment le milieu de la ^çiHeurcs villes de deux cens quaut-vingts ans ou cnuuon 4 Amft.l la foreifia, 8c y fie de bons rempat5,& des pot- res,& des tourstm.is le tour ayant efte l ruac par i cn- î^e de fes voifins.elle commença a eftre fe.mee de mu- " EUe eft mf^enant ihabitce de toute forte de na- tien & a^fté tout le trafic, & coure la réputation à I rnue*rs a y vo.d non feulement demeurer des Ita- ^Spag:oïs.Portug.s,^nglois,Ercofc^^ Allemands : mais encoics " " ^ . ...r, Ocientaux, & des Mores. Goade eft aflife fur l iae,& eft belle & riche ville. ^ , Outre les villes que nous auons dit cy-deflus , U y a laHay où e Gene^ral de l'armée & les principaux des EftSnnent. Cette Prouince du commence.en des guerres a efté la plus rumee qu ^^'^1^"^;^";^^° uince : fes villes ont efté alTiegces , prinfes , bruflccs &c. Mais en fin elle eft par la guerre venue a vn r pos, croisant en profpericc & grandes "^^^^^^^'^^^^f vne partie de fes villes. &c ce lors q^llV^^^/^/ft fins pour frontière : tellement que le peuple y el h fort a^ccrû . & il y a telle abondance de na™u n'y a aujourd'huy pays au monde qui luy fou fembU- i blc • nauigent pir tout le monde,& floriffent en trafic ' d marcbfndife'comme l on peut vou ^-J^ - con- fidae les villes d'Amfterdam,Rofterdam, Inchule, & ^t:™ pour fes limites du coftéduNortla Fnfe ôc vn golfe de la mer Gcrmamque, nomnic vuW, g i ement Zuyder^ Leuant 1^ 0-^^^^^^'^"^^ Midy celle de luliers, ÔC d'Occident le Brabant, 8c la Hollande, ... j«nr Ipc Cette Duché comprend vingt-deux v,llc , dont I« principales font Nimegue,Rurcmonde .Zutphen, & ^tregueeftvnevilleancienneaffifefur^^^^^^^^^ l'Oual. qui eft fort profond en ce lieu. Elle çft fur v pendam^du cofté qSi regarde la Duché de Cleues . h tefteeftbas. , , 1 • • ^j.crip Ruremonde eft fur la bouche de la nuiere de Ru« qui fc décharge en la Meufe , & cette -l^e eft r ch puiTante , & agréable. Zutphen eft fur le bord d- Arnhem eft afTez bonne ville , & affife fur la bou che droite do Rhin. , Les villes de moindre confideration font Hatter Elbourg, Hardenic, Vvageningue . Thiel , Borne Brochorft, Doulboarg, Doutcom. & quelques au très. 1 Ces pays icy ont beaucoup endure : car toutes h tneilleurcs villes qui y font, ont efte affiegees.prifes . pillées. Voila pourquoy aufli leur profperue eft bi petite au prix de celle des aurres Proamces Les A, chiducs polTedent en ce pays la ^» '-^^^.p^^^l;;. . Le pays d'OueryfTel a du Nort la Fr.fe O.cidenr^ le,du Midy la Gueldre, de l'Orient la VveftphaU d'Occident le grand Golfe nomme Zaydzce, &1 uicre d'Urel. Les villes de cette Proaince font D u ter,Campen. Zuuel.Stenvnjck, VuoUenhoue, Halld Outmarfic&Oldefeele. ^u;rnc: Deuenter eft b principale v.Ue , belle . bien g nie de tout ce qui lu)seft nece^ire . & eft alT e l'ilfcl. Ce ne feroit iamais faid de vouloir parler c ""(^;nt au pays d' Vtrecht il eft petit , mais fa pn cipafe ville eft fort belle. Ce pays a pour borne M'dy.du Nort la Hollande , 6c du Couchant """il yThuia villes , ac foixantc-dix villages ,ouJ uantaee. Ses villes font Vtrecht cap'tde du M'^h^. de & merueilleufcmcnr .greabie , f --7^^;;^ d-vn grand nombre de Noble(re,Amerfo.^,Khci Montfort, ôc Diiftad, autresfois'puiflTantès 6c riches villcsjiuais depuis mifcrablcmciu ruinées par les Nor- mands. En CCS dernières guerres la ville d'Vtrccht a (ouffw du Duc d'Albe plus d'injure Ôc de tore cju'au- cune autre Prouince , & mefmc a clic depuis en grand danger, à caufe du difcord : mais citant vnie aucc les autres Prouinces, renient peu à peu à fa première gran- deur & profperitCjCroidanc de iour en iour en tratic. 7 La Ftile OcciJcntalc,ou Vvtllfnfe, a pour fcs limi- tes du Septentrion , 6c du Couchant , la mer Occane, du Midy rO.ueryllcl , du Lcuant la liuicre d'Emes qui la feparc de la Vvuedphalic. Ses principales villes l'ont Leuuarde, & Grouninguc, combien que l'on mette la fcigneurie de'Grouningue communément à part. La des Pays-bas. 2S$ & vuidcveu qu'vnc vache ertant tombée dans vn troui hit trouucc moite en la mer au bout de trois ioms. Uauantage vnc partie de h Hollande Te nomme Oua- tcilandc, c'cft à dite pays d'eau. Elle crt diuiléc par pluficurs cftangs , & marais , & par beaucoup de canaux tirez artificicnfcmrnt de ce5 riujcres, Se de la mer ; & combien qu'elle fuft autres- fois pleine de bois,'& de foicfts, ncantmoins à prc- humldi"'^ ^ d'arbres , à caufe de la trop grande Son air eft doux,& fain,nonobrtarit cette humidité, âcaule des bons vents qui y tegncnr,& du grand nom- bre des hommes qui y habitent. Son terroir eft fi basi que 1 eau eft plus haute en beaucoup d'cndruids , & r ° r< 1 f ji n j "- r-"- H"" "3uie en Dcaucoup d'cndru dts , & Fri e Oticntak a pour les vil es Emdem fur la bouche pour cette caufe il y a des digues, & des lentes de tôi^ delariuiercdcmesS: Aunch , quieftdecouscoftcz coftcs. ^" uciuui enuironné de forcfts. L'Archiduc tient en ce pays vne petite ville nom- mée Linguien, Si Oldenzel, où il y a de bonnes forte- lellM Ôc garniions. S Grouningue , & le pays d'alentour , auec leurs voi- fins.ont beaucoup foufiFeit , la ville a eflé forcée , &c af- lïcgée plus.-d'vne foisA' les pays circonuoifins ont efté , pa^o u. ^uuare aoonae principalement en bled' galtezrmais font maintenant en vn paifible eftat,char, j & a de fort bons pafturages; tellement qu'on yenuov gez toutesf-ois d'impofitions , eftans pour la plufpart | de Danncmarck du beftail qui eft fort maigre , afin d lous contribution, laquelle ils payent aux garnifons de | l'y engraiirer. Il produit peu de froment & peu de fruits, de mef- me auffi que du lin -, mais il y a de fort bons pafturaa^j. qui nournlTcnt vne grande quantité de bcftaiJ, princi- palement des bœufs ôc des cheuaux. Le pays d'OuerylTel eft plein pOur la plufpart , & feitile, ôc porte enrr autres choCes de bon froment. Le pays de Gueldjre abonde principalement en bledsi e de Linguien, & Oldenzeel : tellement que les villages ne le pcuuent pas encore bien reftablir. Bref le pays de Frife a beaucoup enduré , ôc s'eft toujours porté vail- lamment en la guerre , s'eftant bien acquité à contri- buer à la guerre pour les Eftats vnis des Pays-bas. Neantmoins les Prouinces vnies des Pays -bas font toutes aujourd'huy en meilleur eftar,que les autres Pro- uinces , pource qu'elles ont la mer libre & ouucrte, grand nombre de iiauites, la mer Oceane du Nort, Se quelques riuicres alîtz à commandement , les peuples en grande abondance, qui fe font venus là rendre des autres Prouinces, (ans (^poir de trafic ôc gain , &c pour auoir la liberté de la Religion fans aucune recherche. mefiue pour la nauigation , à quoy ledit pays eft for. commodcjlequel i't ft aggrandy par la guerre,combien que cela (cmblc eftrange , ôc contre nature &raifon, fioriffant merueilleufementjcomme appert par l'es for- tetcfles, aggrandillemcnts des villes, rcmpars, & fom- ptueux cdidccs. Qualité, L'Air de Zélande n'eft guère bon,& eft moins fain que celuy des Prouinces voifines , Se principale- ment en Efté, à caufe des raarefcages , ôc des eftangs, dont l'eau deuient puante, & les vapeurs infeâent l'air qui leur eft prochain,ou bien à caufe que le pays a trop peu d'arbresuoucesfois elle a ce bien,qu'elle n'eft guè- re fujette à la pcfte, ny aux tiialadics contagieufcs. Son terroir eft gras & de grand rapport,&: l'on y re- cueille du bled pins blanc , & plus pefant qu'en tout autre païs. H porte force lauriers, qui dcuiennent fort grands, ôc vnc grande quantité d'herbes autant medi- twiales.que de bon gouft,& propres à ma-hger. il y a auffi de bons pafturages , non feulement au aci;àdes leuccs, maisencores fur le bord mefme de la »ier,où l'on void paiftre quelques milliers de beftail. On y void en abondance toute forte de fruidsj beaux ôc bien raeurs,excepté le raifin qui n'y peut bien nieurir. ^ r Auffi n'y en a-il qu'en quelques treilles, oij il podr- rîCpluftoftqu',i„emeutit. Quant à la Hollande on y void bien fouuent trcm- " terre fous les chariots , & hs chenaux, & il eft '«tuenu vn cas qui fit voir combi&n ce pays eft creuxy Quaot à Vtrech en tirant vers Viane , & Arnhemi vous ne trouuez rien que fables : mais ailleurs fon ter- roir rapporte affez, ôc eft plus cultiué. ôc fcmé que ce- luy de Hollande, pource qu'il n eft oas fi bas, ny fi hti- mide. ' ^ La Frife eft vn pays plein, & marefca^eux.il a force prairies, oià l'on nourrit grande quantité de bcftai! I On y trouue certaine terre, de laquelle on fait des tourbes, qui bruflent comme du charbon, mais font de boir'^ ^^"^ ^^'"^ F'^'* On y feme peu de grain.pource que le pays eft fi basi principalement vers la mer, que depuis le commence- ment de l'Automne iufqu'au Printemps, il eft prefquë coufiours Cduuert d'eau, à caufe dequoy 1 on y void les villes Scies villages en des lieux releueï , & enuiron- nei de bonnes kuées & defcnces ; mais par le moyen des pafturages , & des tourbe^ , les habitans ont des bleds, & des vms, ôc aufii des bois d'ailleurs. Mais pour mieux entendre que c'eft que des tour- bes , il faut fçauoir que-c'eft vne efpcce dè terre qui s engendre en des lieux gras Se marefcageux, ôc qui eft tellement cuite au Sok i t , qu'elle eft du tout propre à receuoir & entretenir le feu , & il y en a de pluficurS lortes, félon la qualité du pays. On les tire de la hauteur de vingt -cinq & trente pieds. On en fait certaines pièces qu'on laifl'e lont>- tempsau vent, & au Soleil pour les feicher, &les ré- duire à pç^LfeÛion : ôc lors elles rccoiuent le feu fi-tofti quon l'approche d'elles, & rendent vne fort grande chaleur, & leur charbon dure plus que celuy du bois. L'an i jé7.Ie feu s'eftant mis en vne grande campagne de tourbes , s'eftcndir auec vne flam-nîe , ôc vne fuii^ée fort efpailfc , tclktiient qu'il fembldit que le pays fuft en feu. On brulle encores en Frife du fient de vache fec. il ynaiftdefort grands boeufs, voire des meilleurs de l'Europe , Ôc de grands chenaux qui font en alfez bôii ^nombre. La Frife Orientalè abonde en cheuaui , bettes prr- uées de toutes fortts.Si en chalTe. 11 y a auffi force le= gumes . grande abondance de grains & alTfz bohnf quantité de fél. 2ç6 Dîfcours de VEftat des Prouinces vriîes LEs habitans de 'Zélande font de bon efpm , pre- uoyans,& accorts:ils font de moyenne .taille.com- bien que les Annales rapportent que Guillaume le Bon Comte de Hollande mena aux nopces de Charles le Bel Roy de France.vne Zdandoifc extrêmement gran- de , près de laquelle beaucoup de grands hommes ne fembloiem que petits nains : & fi forte qu elle porcou en chaque main vn tonneau de bière , Se tranfporto.t où elle vouloit vne fo'iue que huift hommes n auoient pû leuer. Ils font fort expérimentez en la namgation. ] Us font fort propres en leurs maifons,tcllcment que leurs meubles de bois femblent des mitons. Ils font metueiUeufemcnt attentifs a leurs aftaires, & fort entendus eu faift de matchand.fe. QH^nt au boire & au manger , Us fonf femblables au reae des Pavs-bas. ^ , i Le peuple de Hollande furpaffe en grandeur les au- tres nations d'Europe.ôc quant aux fe,.mcs, elles ont ordinairement belles.ruais leur beauté n eft pas de lon- gue durée,ny fi charmante que celle des femmes d An- |lcterre. Hors de l'yvrongncrie que les Hollandois pratiquent, ils font alFezciuils. , , . . ^ Les villes y font fort bien policées. Us retiennent encore leur ancien courage , & font fiers, & hauts a \^ main , &c comme gens qui pofTedenc vn pays riche, & fort au poffible, & de grand commerce, ils ne font nul eftat de la forccSc puilTance des Prouirices vo.fmes. Quant aux peuples de Gueldre. & deZurphen, ils ontdU les derniers qui font venus da temps de Celar fous la puKTance des Romains , &c les premiers qui le font affranchis au déclin de l'Empire. , , „^ Dans Vcrecht vous aucz vn grand nombre de no- blelTe ciuilifée. Les Damoifdles y vont em.erement veftucs à laFrançoife , excepté qu e les PO^^<="^ »^ f que,qui ea vn voile noie qui couure leur vifage,& leurs Les Eftats n'ont rien de fi poly que les habitans de cette viUe,& de la Haye. , o. Quant aux Frifons , ils font en grand nombre , & queiïies- vns les tiennent pour fort courageux : rnais l n'ay rien veu en eux qui me douie -P--- «"^ opinion : ils vont aux coups comme les autres , eaan commandez,mais l'on n apperçoit pas en eux vne trop grande ardeur de courage. , .,v,„,inc ^ Sur tout il ne leur faut pas parler de vemr aux mains, & de fc joindre. . , Ils font fi fuperbes, qu'ils en font du toiu infuppo - t.bles. Il Y en a vue grande partie qui s addonne a la marchand.fe. Ils haydcnt fort les adultères, ôc ayment extrêmement la liberté. en Allemagne, en France, & en Efpagnc. Ils titent encore vn ^and profit de la rubie, qu il$ , nomment Meedecrappe , qui eft neceffaire pour fai- re que les draps ne fe defteigncnt. Ils tirent encorcâ I vn grand argent de leur pefche , & fur tout de leurs voyages qu'ils font fur la mer . d'oà ils emme.nent quelquesfois des vailTcaux pris qui font de grande va- leur, & l'on ne fçauroit croire combien ce feul pays a de grands nauires de guerre, ou marchands. Tellement que la Hollande fans auoir des vignes, du lin. ny du bois, & peu de grain , abonde toutcsfois 1 en vin, froment, & toiles, qui tendent auflî à fes habi- ' tans vn grand profit , de mefme que les paiements de fil, poindes, & dentelles qu'ils font en grande quant - té. Ils vendent aulTi alTez bien leurs cheuaux, dont ils • font de bonnes fomracs. La Zélande a auOi fa Meedecrappe qu elle enuoyc pat toute l'Europe,& dont elle tire vne grande fomme d'argent, de mefme que du Coriandre. Ses paftutages auffi luy portent vn grand profic , veu qu'il s y nourrit vne grande quantité de beftail qui eft vendu ailleurs, & qui rend fe« maiftres riches. Ces belles font non feulement plus grandes que les autres , mais encores d'vn gouft plus dehcat , à caule de l'herbage qui a je ne fçay quelle propriété de mieus nourrir que les autres.Et ce qui rend encores laZelan- de riche, c'eft le grand abord des marchands qui pra- tiquent à Middeibourg.& aulTi des gabelles & Jrnpo- fitions qu'on leue de toutes marchandifcs que Ion y ^^lls'ont vn fingulier artifice à cuire du fel noir , & fale , que l'on porte des pays Occidentaux , veu qu .!$ le mettent dans de grandes chaudières , Ôc rendent U » Dr iU met» Rtcheffes. ic mciicm urtiio uv. g."" /-\ \ blanc, & fi net, qu'il reifemblc à la neige. Or ils met- tent de l'eau de la mer fur le fel grofTicr d'Efpagne, ou de Bretagne , ^ pour cent liures de fel d'Efpagne , i s font cent 45. liutes de fel plus net Si. plus arfîné , qu ils vendent en Angleterre , en Dannematk , & par toute l'Europe. , r j 1 D'auantage ils tirent vn grand profit de la négocia- tion du froment , & de leur bled , qui eft des meiUeurj que l'on voye. Quant à la Frifc , elle a fes cheuaux qui fe vendeni par toiite l'Europe , & qui font bons pour porter de! hommes armez de toutes pièces, & de pefatitcs char- ges. Pour le refte elle tire du profit comme les autre terres que les Eftats tiennent , qui n'ont rien de fi te marquable , qui me falTe iuger qu'il foit à propos di difcourir dauantage de leurs richelTes. ^ _ le diray feulement que leurs villes témoignent al fez que les commoditez ne leur manquent nullemeni & que les longues guerres qu'ils ont fouftenues, mon ftrcnt bien qu'ils font puilTants , & riches , combie qu'il ayent emprunté quelques parties de la Koyn d'Angleterre, & de quelques Pjinses qui auoient iBt( reft en leur conferuation. 10 LES Eftâts he peuuent faillir a"eftre grandement ri- ches . à cauîe du grand trafic qu ils font par mer te du grand abord des marchands qui y viennent de Ls coftez : car outre le profit que P P"-- liers defd.ts Eftats font auec eux , .1 n y ^ «^^^^^^^^^^ entrant en Hollande,qui ne paye vne gtoiTe ^^ï^^^^^^ & gabelle qu'ils ont mifc fur toute chofe qui entre en leurs havres. , ^ „„,n.,,r9. Quant à la Hollande, fa tichefTe confifte en pnftura. ges . qui y nourtifTent Vn nombre uaux. de bcfiufs, ôc de vaches,qui rendent tant de lai<*. Qu'on tient que le fromage , & le beurre de Hollande tend à fes habitans plus d'vn million d or toutes 1 années. Et outre celuy que l'on mangçiur le «eu. ils en enuoyent vne fbit gî^dc ^uantiié en^^glccerte, Forces. ON ne fcauroit prcfque croire fans le voir , cofli bien tout le pays que les Eftats tiennent, e fort, veu qu'en premier lieu la Zélande eft cnuironnc de la Mer, Ôc outre ce toutes fes aduenues font fi bu fortifiées ', qu'il eft impoffible d'y trouuer vn abord a fé pour entrer dans le pays , fans le confentcment a habitans. 1 l„, Vous y auez la ville de Flefllngue, que la mer bat trois coftez . ôc qui eft affez bien munie de caoor pour empefcher les effeds d'vne grofle armée. Auffi ceiie feulç ville fy^ çau^c que toutes les aut» les Pays-bas. Payî-bas qui font aujoiJrd'hi)y libres, prindrcnt les armes, & s affrancliiieiu de la domination des Éfpa gnols i rdicmenr que leurs habitans qui ont compo/c cette République ont traité en dernier lieu ancc le Roy d'Efpngne , & l'Arehiduc comme fouuerains , & ont cftc recognus pour tels en cette dernière trcvc Mjddelbouig eft aufli vnc place confiderable : mais leforrdeRamckcnscftvnlieud'importancc&Dciir « m . eftre l'vn des meilleurs que l'on pak vol . VcC; enfadir:?' T, ^i'^"^ ^^^"'^'""-^^ prennefe ap.es en Hollande, vos auez Doïd. ou Dordred" Ccmte^f^^^^^^^^^ f^l" ^^P^ P.ou.n'cesjonc eft enuironnc d'eaux de tous coftez, & bien fort nhr -.T l ^ ^"'^''^'^ ^ Comte de Zuc R....... . I Zutphen Con vue Proaincc à part autres chofes qui s'y pourroient reprefenfer , comme pom le, b.en cS: /eru.ce de l'ElU: L trouuera corn"! néraux ks aftaues Te propofcnr. adu.fcnt, ôc refoudenc " — ^"'«.^i, oc Dien rort. Roterdam qui elt vnc bonne ville de defen;;e , & Gorkom qui n'eit pas peu confiderable. Quant à Vtrecht, la ville efl: fort belle. Pr> r:,,oi I ..-. j ... _ ucicsnicuieures places. Zutpheneft a/Hz confiderable, mais non qu elle loit en telle defcnce que l'autre. Pour le pays d-OuerylIcl . vous y voyez la ville de Deuenter , qui eft forte , Sc munie de tout c.e qui eft necéiraire pour fov outre 1« P ^'t'"^'» ^ne l'rouince à part troifif^mpy .l.,,^. . , _ "'^IJandc Se Vveftfriie : la En Gueidreon void Nimcg.e ville forte dœaovJZt^-lt^tln^^^^^ "'"^.'.f ^^^!- '^.^^^ --Heures | & les Ommda^^^^^^^^^ ^^^"^'^^ ^roningue. En ladite al^mblc^e defdits Seigneurs Eftars Cnnr rau. comparo^roient , en eftans f^mc^ls ,ls Got" I eurs de chacune Prouance rcfp.ameme mil CoT- vnelonguedefence : ^ en î;.rC^::„Tn Teft ^ 7 -der & aduile. & re^^'ud^ place qu. ne peut guère aifément eftre em ^ée Au Coffi le .Maurois iamais fait fi .e me voulois amufer au uis fc don em & ' ^ r ^^"'^ ^« denombremcnt des places fortes qu. font en tous ce tefte d^ ' n r u «^^cuallent tefté pour pays, comme le Tolus, autrement C.nquefcans , ou L I Efta/s Cen ^""^^'"îf !f commis par les Sieurs fort de Skmt. qui eft prefque imprenable. enformTde fl h^crP ' ' r "^"^ ^ P-rentation qu'en LOua . font dirioées, & gouuernces par les Seigneurs . & Eftats generalix d'i- ceiles Prouinces, defquelles l'affembléccft dreffée des F"nc.paux Collèges de laNobleffe.des Magiftrats, & "Peruuendans des villes en chacun quartier & P o- mncesrefpeaiuement. fcnî"!^^'" particuliers defquelles Prouinces choifif- pouïr r : ^'"^^l'i ''^ '^«""^"^ plein DeZ . H ^ '^"'^^'^ ' ^ ^^^'«'^dre auec les pomû onf T'" ^" P'oumces fur chacun poina qui y f,nc ç„ deiiberasion , & fur toutes fait ch^rnn^ P • pr'^icntation qu'en fe ment d^fi^T- ''"r" ''^""'^ ' ^''^^i^'^' 'l'fonc (e ment de fidehrc fuulant les inftruaions qui en font faites.- lequel Con eil d'Eftat eftoit compofé en l'a„ mil fixcens^de tous les Gouuerneurs des Prouinces J du Prmce Henry Fcderic de NalF.u : M.George G Un Agent du Roy de la grande Brccac.„e Pour la Duché de Gucidre lesVurs d'Oven & de Bryenem. Les iicurs Maceneffe pour la NoSe.Beu! en de Dordrecht,& Boulans, d'Amfterdam puu Hol' lande &Vveft^nk . F«naiide Akman pour Ze ande Fook pour Vtrecht , Kanlin«a ôc Frans r/nf n Frife : ftterfom pour Ouecydel & R . ~ f^"^^" pouc nina.TP ^ n i /"y^^^^'^ Rengers pour Grou- ningue & Ommelandeu auec IcUrs Secrétaires Chre^ ft!ensHuygçns,&Zuylen. traites s^nre- Les Eftats de chacune Prourtlçé retiennent leurs ii droits, pr u le2es&rn (Vn^\ ««-"'jcuc leurs ij ont rn ^ Dr A' '^O'^'t'ini^ que d'ancienneté ils ont eu & poffede , gouueruant ôc ad*niniftr,nt les af cT ' t ^^^.^i""'-- 1- eux-rnefmes qu part col eges & o&ciers qu'.ls y ordonnent au-Ti bfen en matière d£ftat,ôc ce qui en dépend, comme de l" Comme pour exemple en Hollande Se Vvcftfriredes Eftats de la Prouince de tout temps ont efté rcpr f „ rez par les Baro,.sCheuahers,No&es, 6. p ; S bo" nés villes d iceilcians que les Ecclefiaftibues ou Cler- ge y ayent ïamais efté recogneus pour ?„embres d' - ' ce X lefquelsS^eigneurs & Nobles fignalez font ap- pel lez à ladite affemblée, non feulemcn^c pouryâpi iur toutes chofo occurrcntes & concernantes le bien, repos, tranquillité &affeurance delà Prouince : lef! quels a.nfi affemblez communiquent . aduifent. ôc re- foud.nt fur le tout auec l'AduoCat du pays comme le ' ' premier en bdue affemb.'ée des Eftats, les recueille & récite ouuettcment. A ladite affemblée font ordinairement appeliez Ird principales villes.de la Prouince, à fçau-oir Dordrecht Harlen,Dcl.^.Leyden.Amfterdam,Goude.Rocte;dam Gorco.m,SciedamSchoouhcnem,Briel,Alcmar,Hoor' me Inchuyfen, Edam, Moonickendam, Medemblvck & Purmcrcyndcm. ^ ' Mn^'^"^ "'m S^^"^e impor- traider de la paix on à entreprendre nouuelle guerre, on eft accouftumé d'y appelier anffi les autres vdl.s de iadicePromneequicnfuiucnt Vvocidem,OudeuuateW ac8 Dircouvs de V Eftat des Prouinces vnies . , . .,.._-r_ v.vne Chambre de MaifttcsAudteurs MaydenI nulles àaues . farce queUes appamenn n aux Seigncacs parcicuUers , ou c^uclks ne fonc v>Ucs <:«rmpp< comme ccUes-cy délias. '°™svakspeauenIyen.oycrl^ nombre competant mums de commiffions. & pl-m pouuoTr en U mefme forme 5c manière que nous aaons du des Nobles plus (ignalcz. . . ^ ^:Uec La conuocationdefdus^c,gnearsNoble & v^^^^^^^ :e y a vne Chambre de Maifttcs Aud teurs , & Guf- fîets des Comptes. ... Ec combien que h H.ye foie vne place ouuerte dt ftante de deux mille pas de la mer u Norr G ft elle e plus plaifanc Ueu qui foie en toutes les dnc-fept Prouu -, ces du l^ays-bas : les furpalTant en r-cheircs. beaux edi. ficcs, belles places, plaifants jardins. & - S^-^ "^^^ bre de Noblelle : il y a plus de deux m.lle grandes & bellesm.^ns,^enbaftir.onçn~s^«^^ U nuo^on d^dus^eignears Nobles 6. villes beU^ ^ ^ Co.r du Prmce ou ae Ho lande . & les poinrs pnncipaux pour efqueb , voue d^s u s er. ^^^^^^^^ ^^^^^ ^ elle fefair/econduUeur par ledu A^^^^^^^ ^ i .ft aujourd'huy le Seigneur Manr.ce aduis defdits Seigneurs Nobles mis en forme,il les de ^^^^^^ alTemblées & refidences : comme clare& recite auec raifons pregnantes. | > Hollande. & leurs députez. Conleil- Ce fait il demande & recueille par ordre les vo.x J^"^ p^^p^j,^^ , & gens dn grand Cou- des villes : ÔC en cas de var.eté & dinerfue d op nron . ^^.^^^.j p,,,;,,^,!, ceux de la Cham- il rrnnaiUe & tafchede Us accorder, concluant félon la "^^^ iS;" del voix,en conformué defquclles fe forment b-^^es Cc^'-" ^^^^^^ ^ , encores vn Confeil les refolutions. ,(rp„,Ki;e ' de Brabant pour les villes & vdUges du reflort de U Les principaux poinfts oourquoy ladite alïemblee de Bra p ^^^^ ^^^^^ l'obcïHance des Lftats fe t.enr : eft pour le f.d de la guerre tant par me que Dud^ J^^^ ^^-.^ , l,s procez émanez par terre . pour Us contnbutrons des deniers . a I re ^ geneuux ^^^^^ ,,d,,,i,ement inftru.ts & tec- formation de tous abus qui pourroient / ^inez 1 fous l'authori-.c . ôc en vertu d. la commiaioa le repos ôc tranquillité du pays,t»o'u enrrctemr 1 vu on ^» ^ft,,, Generaux.en la melme forme & concorde par toutes les villes de 1^/--- Ya^ l - ' 1 m -ereVe tout temps on a vfé en la Chancel- ralement tout ce qui touche 1 Eftat du pays , la Rel - ^ "^^^ j-^^j ^ ^our féodale de Brabant : afin que nés. Domaines, bicnstccieuaicuju , r ; ji^^gs accoultuaiez. grand profit & foulagement de \ rcfte le régime & adminiftrat,on des vilks & ^ Et ladite adembléc fe tient ordinairement à laHaye. I Au |^ ,,„,,,^^em en la Prouince de Hol- nui eft vne place ouuerte alTife au milieu du pays 5. ou 1 ^"î""^" f^j^^ . fe oouuerne félon leais anciens Tfot l'an ,^ ne fat que la neceffitc 6c occurrence des ^^j^^p^J ..^^l'a ut?^ couftumes,où il y a pou. afeires la requilTent extraordinaire , ou.n amre leu ^.f^^^^^ def- & à l'exécution & entretener^ent des refolur.ons ,1,- la plu^pai ^^^^^ j^^^ q^^^,^^^ par lefdits Eftats en leur al^mblce font cnchargez. 'J"^^^^^' ^^^^^^ Bourg-maiftres, Efcheuios , Threfo- & Spécialement commis vn d'entre lefdus Se.gncur y a^u . ^ &Nob!es, l'Aduocatdupays. & vn de chacune ville [i^J^J^^f^^ Vvoafchapcn , quUe font des notables de ^"Su^deputez Confeillers n'ont point feulement la ^ E,^heoins font annuellement la charge de l'enuetenemcnt des rcfolutions prmx J; ^^^z munac la dom.^ nombre redou- cn l'aflemblée des Eftats . mais auffi de toutes chofes '^ '^''^^^^^^^^ Vvoetlchapen , eflcus par le Gouuer- concetnans le bien de la Promnce , le r.pos ^ 1 v. on ^ e . ^au p^^^^ ^^^^ ^^Lence par les Pieh- des quartieis,membres 6c villes, a . ans h cognoUrance ^ ^ Conteil Prouu.cial , combien quVa & iudicature de toutes queft.ons 6. diffcrencs touchant d n s ^ Bourg-maUtrcs ibit abfo- les contributions, & moyens du pays, %f ^ ^ s'enfau : enfemble de toute mat.cre de çonfiCca on a lu , 6c ^^^^ Le noa.b.e des caufe de la guerre,de cous troubLs.tumulccs feu.uons. cie au nom J ^^^^^^^^ ^.^^^^^ ^^^^ perturbation, du repos public, trahifons , faltificaoon ^^^^^^ , ,,,,,,s quatre , leiquels tra- Se monnoyes , & de toutes autres c hofes conccrnans , - ^^-'^ ; s, au bon ordre ^ rc le public, efquelles ils ingent par Aucft. . " ^^J j Ja vUl^ > t« 1" biens, 6c reuenus d icelle . aU Es matières de luRice ord.naue.tant entre les mains S ^ '^Z;^ l , ^ habitans. & habitans du pays,que forains & eftrangers, les Pre- ^^^^'.^f^^^^.t.^, en ia plufpart des villes aa fidents &c gens du Grand Confeil ont la fup. eme ludi- | Les hlcheuins corm .Lnoill.nce & ludi- rjf. ,c Ipfniiels iupcnt (ouuerainement & lidentsccgcnsuu — - - i cature efdits pays . lefquels mgcnt (ouaera.nement & par Arreft:des fentcnces defqoels n efcheent qu. rcm- fion ou propofition d'erreur:A quoy de la part aefd.ts Eftats font ordonnez conjointement les PrcfiJents 6c Gens dudit Confeil des Rcmfiteurs, en nombre com- ^"Monfeigneut le Gouucrneur.Prcfident, & Gens du Confeil de la Cour Prouinciale defdits pays ont la co enoillance & l'entremife de beaucoup de chofes con lernantsla police du pays , & ludiciture ordinaire en plufieurs cas ciuils & criminels , comme aulTi des cau- fcs qui y dcuoluent par appel , des fieges des villes & relTorts inférieurs des villages & du plat-pays. Lefquels expédient leurs aftes & commiflions lur le nom dudit Seigneur Gouuerneur,Prcfidcnt.& Con- feil : mais ils font dtoiâ: de la part de k fouuerainetc de ladidte Prouince. A l'Adminiftration des domaines de ladite Fioinn- Les hlctieuins conuiicni eu la j..». - - nombre de fept , lefquels ont la cognoilUnce & Iudi- cature de toutes caules , tant ciuilts que criminelles, Les Thrcforiers.Maifties des ouurages.iJc Maiftres ;-maiftrcs reprefentans tout le corps de la ville , adoifcnt & rcfolucnt lur toutes chofes qui leur font propofecs , tant du bien commua du pays, que de la ville en particulier. ^^^^ des Pays-bas; jr,.,dl„ vill« fcmccs fom c„ nombre don« dont In ho,a k,„ écs fo„, villes fo„„.à frauci ,! U euuef quartiers confiftc tome JaFrife (quatre aeputc2auxEfl:ar«! for,!- n ""'^uitur oc oes pu taues d» plat-pays , & de chacune v.llc , pour de, Itac qui leur font cnuoyécs , Icfquellrs lettres .'aclref- renr aux Gr.crr.ar>s ou Baillifs & aux BouZ^^i^ , ^onleil, uret en chacune ville, lefquels ayans oîiJ de cortiparoir à ladiôc iournce & nfr^n^M^fi. Pour le regai J des moniioycs qui le forgent par toutes icfdiais Prouinccs vniis des Psys-bns , il y a trois Généraux, lefquels au niandcmeucidtfdi'rs Sei- gneurs Eftats comparoillcm la part oii ils font man- dez, pour y aduilcrliir le ùia dcl'diéles monnoycs. Ladite Comte de Hollande «Se de Vveriffife a deux monnoycs, IVne ancienne & plus ptiuilegicc pour la Hollande en la ville de Dordrechc, lautie pour la Vvcftfrife en la ville deHorne. Les Eihrs de la Comrc de Zélande confiftent en la Noblefle,& es villes des IHes de Vvalchrcn,Schovvep, Suytbencland , Tolen , Noovtbel. nouuellement reco- gneucrurlamer, Duynelandr, Vvolphacrrs-dyclc & l'hilips-landt. Ils tiennent leurs a/Temblées générales à Middelbourg , où pour le plus ordinaircmetit rcfide le Collège de leurs députez qui s'y airemblcnt tous les )ours,pour traidcr, difpofer, vuidec de toutes affaires concernantes rF.llac. Ladite Comte de Zélande a retire à foy la Chambre des Comptes pour le faift des domaines, & gencrale- nicnc de .routes receptes appartenantes à tout l'Elbe qui le fouloit autrefois rraiéter conjointement anec de eft eftablic en ladite Cour à Middelbourg. Zélande a pareillement fa monnoye en ladite Cpur> laquelle eft ftijctte aux Généraux des monnoyes. Les appellations des (entences ciuiles de toutes les villes, Baillifs,& Uirifdicatures de Zélande reiïbrtiirent au Confeil Prouincial à la Hayetlauf que ceux de Mid> dclbourg ont par priuilcge leur choix d'appcller ou au- dit Conlcil Prouincial , ou pour cuiter ctfte inftance. j„ • <* , ; ^^""'-'-'-""'"'liuonôcpouuoic de comparou à ladite iournée Se a/Tcmblée gLeralê Us fot^t m d " t r"""' ^ ' pouf lefc^îd itxt n 1 °--^^n^c. félon 1 cxigen.e du cas, ce que requis peut eftre. «chacun Bailhage y cnuoye ordinairement deux De-' putcz a fçauoirl'vn delà. .oblefTe, l'autre vn des plus cdl; q^'^fo^r;?"'^ ' pnnci;ai:Xn ^t"ri^;^™:r^!""^^-^-'^^^-^con^ii. a" Grand Ccfeil. Mai. les criminels sexecmem fan! , & vrr d« !„ ^ oppc ^ar les han„ ,„ftic,er. chacun enfa,„rifdiaion an d.,r. de Nob.l:;r:V::S'::::;!t:r;E'î;t1 Quant à la police Si religion on s'y gouuerne com- me on fait généralement par toutes les ancres Prouin- ces vnies leurs conftderez, La Principauté & Eftats d'Vtrechr confifte encore pourlcjourd'huy en trois membres, à fcauoir i'EccIc- liaftiquc des cinq Collèges chanoinaux/dc la Noblef- le, ^dfs villes : l'Ecclefiaftiquc pour le premier du liegeCathedral de S, Martin, dcSSauueur, deS.lean, & Sainte Ahiie qui font indifféremment choifîs des députez qui iont à prefent au Collège defdits Eftats. i our le fécond membre font la noblelfe : pour le troi- |icmerncmbieles Bouig-maiftres & députez des vil- es de ladite Principauté Ôc Eftat. A pareillement vn Confeil Prouincial,duqucl ne gift aucune appellation, !^"Éa reuifion on peut l'auoir par deuers 'es Eftats de la Proaincc. La chambre des Comptes eft retenue & deferuie par le Collège defdits Eftats. La- dite Principau:é a auflî fa monnoye particuJiere,com- me elle a eu de tout temps, & eft fubjete aufdits Gé- néraux des monnoyes. La police & la rcligioti s'y maintient comme par toiKes autres Prouinces vnies leurs confederez. Il y a luui pour toute ladite Principauté quatre Marefchaux iiui (ont pour le jourd'huy chacun en fon quartier. L Eftat & feigneurie de Frife eft départie en trois .luartiersjqu en leur langue ils appellent Gciiet,) à fra- ^oitd Oftergoé,Vveftergoé, & des fept forefts. M^is ^ourle jourd'huy fuiuant le régime & gouuernement temps prcfcnr,lcs villes fonr le quatrième quartier, ou membre de l'Eftat. Oftcrgoé confifte ptefeil- ement en onze Bailiioges qu'.Is appellent Cnienies. ^ dlergoc en huit Bailliages. Les iept forefts confi- nt en dix Ba.lliages. Le Goé ou quartier des villes, ^■t pout lejourdhuy en l'alTemblée des Eftats de la rou,nce le quatrième membre. Icelîes villes foutoient Oftergoe . Vvcftergoc . ou des (ept forefts: C3pitaledupays,^af..e;ucnr:J;;r^^ deux fois lan ne Kift que les affaires exaaordit^ires" ix h ncccffitc du temps le rcquift 'Jinaires, tou?e? tHff^ cognoafance Se iurifdicature de toutes les affaires concernant la contribution de là D^::'7p^'rr" ^^^^"'^ Ecdeflaftiques. deÎ Sn'^d^ '"^r'-'" ^^"^^ ladminiftra- e?ic rIT" '^« '^''ï-^^^^a guerre . Se des finan- dœcolnr ^= venir ren- tlZT ^^^"^^■•^ Comptes, à la." a Içauoir de chacun quartier vn res en la ville de Leevvaerden , aufïï fubjete aux Ge- ner.u. les B.llifs anec des AffelFeurs en leurs Baillu- c\ Cot^feil des villes,ne .agent feulement qu'en matie- re omle , donnent leurs (entences aa nom de la Sei- gneurie fouueraine de Frife , dèfquellcs fe peut appel- 1er a la Cour Prouinciale,& non au Collcgc des dcpu- tcz des Eftats. * La Cour Prouinciale eft compofée du Gouuerneur,' leml:;''"^' <^-^-'Iers,aufquersfeuls appartient Tu- lementla cognoiffance & lurifdicature des chofes ci- u.les & crim.nelles.Msis i! faut que lesBailiifs & Ma- g.ftrats des v.lles renuoycni les criminels aucc leurs^ informations a ladite Cour,oà leurs proccz font faits^ par e Procureur Gaierâl , fdo.i la qualité du dch t; d e tient la feance aufli à Leevvarden. Les Eftats de Vnmerfîté à Frau.cker. Pour le fait de la Keligiôi^ Y j F 26o Difcours de l'Eftat des Prouinces vnles ' ôuc?e . ou p« ScTue flele dTfel : touce la I ledit Sieur Gouu.rncu, aef„o»™e hors *. nombre Prouince eft-depaicie en trois belles lunfdiftions , la premiece eft Saland ,1a». Twr»/. la î . qui ea au milieu des deux VoUenhoucn. Saland a plufieurs villes compn- fes en foy, à fçauoir, Deuemer, Campcn, ZunoU& au- tres U Tueuce , la ville d'Oldenzeel , Ocmatfam, ÔC autres. Vollenhouen a ville & chafteau de mefme nom à prefent n.ïoce pat les guerres demieres.là où foulo" eftre jadis la Cour des Euelques d'Vtrecht & la ville de Steenvvyck,&: autres. La fouueraineté de cette Pro- uince appattenoit jadis aux Eucfques d'Vtrecht .• mais depuis citant paruenue aucc la Seigneurie d'Vtrecht a l'Empeteur Charles le quint , & à Philippe Ion hls, foLibs condition de les conferuer en leur Priuilege,(ous prétexte dequoy ils fe font auec les autres Prouinces vnies fouftraidt de l'obcïirance dudit Roy Philippe Ladide Prouince n a iamais recogneu que deuxraem- bres en Ton gouuernemem , à fç^uoir la nobleOe , de laquelle font choifis les Gouuecneurs , & Us trois vi - les Impériales ,Deuencet, Campen & Zuuol , par let^ quels deux membres font vuidécs toutes difhcultez qui fe prefentent en cet Eftat , & ce que par eux , fclon les conftitutions du pays aura eftc ordonné &c dccrete,de- meure ferme 6i ftable. ^ Et comme la noblelfe en prééminence ne cède a nul , aufll ne font les villes, fi ce n eft en leur ordre & dcPié , Donc Deuemer eft la première, Campen la e- condc', & puis Zauol après : chacune defdides villes iuae par arreft , & ont chacune droiâ: de batre mon- no%e. L'alîemblée des Eftats de ladite Prouince fc fait diuetfemenc tant générale que particuhere fclon leurs anciçnnes couftumcs, & preeminences,tantoft en vne place , tantoft à l'autre , les députez fouuent s entre^ cbargeans.Au fait de la Religion Us fe gouuernent par tout comme es autres Proumccs vnies leurs contede- ,ç; Quant à l'Eftat & régime de la ville de Groningen ' & des Ommelandcs ( qui font lurifdidions champe- ftres, confiftanscn plufieurs villages du tcrncoue de cefte Prouince) il faut entendre que ladi6te ville Ommelandc ficuées entre les riuieres d'Embde & Lau- ris>font & font vne Seigneurie & Prouince nombres entre Its dix-fept Prouinces du Pays-bas , qui (ont uv differeramcnt reprefcmez &c régis par commun accord des Eftats d'icelle:en forte que cous droids du Domai- ne , que jadis le Prince comme Seigneur de la ville & Prouince fouloic auoir , font rcgis & gouuernez par le commun aduis dcfdits Eftats , tant pour les finances, teuenus, contributions, biens Ecclefiaftiques, tant en la ville , que vieux Bailliages Goorrechc & Ommelan- dcs , lefquels Eftats , enftmblc leurs députez tiennent ordinairement leurs iournces Ôc aflemblces en ladite ville de Groningen. ,.1 Le régime de la ville appartient au Magiftrat d icel- le tant kuiement, qui confifte en 4- Bourg-m^iftres A douze Confeillefs , & ce aulTi bien en faid de lufticc (en quoy il iuge par Arreft ) qu'en cas de police : fauf que les chofes concernâmes les priuileges & biens de la ville, doiuent eftre communiquées au Magiftrat de la porte, & aux vingt-quattelurez. Les deux vieux Bailliages, & le Gootrecht refl^ornl- fenc fous la lurifdidion de la ville , où ceux du Con- feil ordonnent annuellement des Droirarts>Amptmans, ou Baillifs,(qui n'eft qu'vn mefme faift) des lugemens defqucls fe peut appcllet par deuant ledid Confeil, qui en iuge par Arreft. La moitié dudit Confeil , & lurez y (ont annuellement defmis , les places defquels font remplies : à fçauoir que le Gouucrneur defnom- me cinq perfonnes d'entre les 14. lurez , lefquels cinq choifilltac de toute la ville hax^ ConfçiUeis. defdids vingt - quatre lurez , encotes autres cinqpec- fonnes , lefquels en choifilfent douze d'entre la com- mune de la ville , pour remplit la place de douze def- mis, de forte que les u. nouueaux lurez , & les douze vieux rcftez, choifilTcnt d'enti'eux trois Auanpatliersi ainfi qu'ils appellent, lefquels tout du long de l'année portent la parole pour tous Itfdits lurez. Ladide ville a beaucoup de beaux ptiuileges.entre autres elle opine la première aux Eftats de la Prouince, elle a auflî vne monnoye. Les Ommelandcs font repartis en trois quartiers, à fc^uoir de Fiutlmgo, Mudfigno, & rva/i^uartier, ayant chacun leurs droits par efctit en diuerfes fcigneuries, comme fieges de Iudicature,qu'ils appellent Gntenies ou Bailliages. Religion^ |- N tous les pays que les Eftats tiennent , ils ne ptr- i> xi mettent aucun exercice de la Religion Catholi- que i de forte que toutes les Eglifes y font conuerties en Temples , où les miniftres de la nouucHe opinion pcefchenc & font les prières , & la Ccne à leur mode. Que fi l'on en trouue en quelque lieu qui falTenc exei- cice de la Religion Catholique en particulier , & fe- crettemect , li toft qu'ils font furprins fut le faift , ils font condamnez à de bien grolfes amandes , comme à Vtrecht , où la plus grande partie des habitans eft Ca- tholique , il arriue prefque tous les iours qu'on y die dans les maifons plus de 50. ou 60. Mclles.Il n'y a gue- res d'autres villes foubs les Eftats , qui ne foit nt peu-, plces de plus d'habitans tenans la nouuelle opinion que d'autres. , Que fi l'on defire fçauoir comment Iliercfie s'eft glificsen ces pays,ie le feray entendre le plus bricfue- menc qu'il me fera poffible. Cace nouuelle opinion y prit pied durant les guerres, qui furent entre la France 2>c l'Efpaone, & ce mrJ fut defcouuert après la conclu- fion de la paix entre Philippe 1 1. Roy d'Efpagne , & Henry 1 1. Roy de France. Car l'an 1566. le Roy d'Efpagne cftant informe du danoer qu'il y auoit que l'herehe n'iufeâiaft les Pays- bas? de ayant ordonné qu'on y gardaft les Décrets du Concile de Trente , & les Edidts faits par Charles V. fon pere contre les hérétiques, beaucoup de g^ens creu- rent qu'il y vouloit introduire l'inquificion a'Efpagne» qui eft véritablement vue inuenti jn autant malhturcu- fc &i cruelle qu'aucune qu'on (çauroit pratiquer, puis qu'elle fait mefme pourrir en prifon les plus innocens & plus Catholiqucs.Tellement que ceux-cy fe perfua- daiis qu'on les vouloit ttaidter de cette forte, firent li- ane enfemble , & eftans venus à Bruxelles , prefentc- Tent à Madame Marguerite d'Auftrichc gouuernante du pays vne requefte , par laquelle ils demandoient qu'on les laillaft viure en libcuc de confcience,& fou- dain comme s'ils euftent auec cefte rcquefti donné le fignal à leurs compagnons , il entra dans Anuers force hommes mal-aftcdionnez à la Religiori Catholique, qui y ruïnereot les Eglifts , profanèrent^ les autels , fi- rent mille outrages aux perfonnes facrées , & toucce qui fe peut faire au mefpris des facremcns. Ils firent le mefme à Bolleduc , à Valenciennes , à Gaud, à Audc- narde, à Bruxelles , à Vtrecht, les Religieux de fsiiiâ: François furent chafiez de Delft, Sx. melracs les Ghaf treux d'Amftcrdam. Ceux de Bruxelles faifoientinftance qu'on Uurpet- mift leurs prefchcs des Miniftres , Se defia l'on prel- choit fans autre permifiion par tout le pays de Bruges, de Gand , de Hypre , d'Audenardc , iJc Anuers eltoit les eursautres,& leur fit trancher la tefte, difant qu'ils auoient fauorifé les rebelles. Le Pdnce d'Orange crai- gnant pareil traidement s'enfuit en Allemagne, où il a/Iembla vne grolTe armécs'aflTeurant de l'afFedbion des 1-lamans, & de les induire aifément à fe reuolter. Mais, le Duc d'Albr,bien qu'ayant moins d'hommes, le con- 'T'^"'' pays . (on frère Lou^^s ayant defia eftc défait en Frife. Il fembloit que tout eftoit réduit en bon eftat par le moyen de ceftc viétoircquand le Duc, qui par la mort des Comtes d'Egmont & JE Horne,& quelques autres jeigneurs auoit aliéné le courage de la'nobleife , vou- lant encore exiger opiniaftiement l'an 1 570. & 71. le Vingtième & centième denier, fe rendit encor odieux au peuple,& donna fubjea: aux reuoltcs qui arriuerenr. Car le Prince d'Oi ange,& les ficns conuiez par les ha- bitans de quelques villes, &s'a(reurant du mefconten- temcnt des autres ^ furprindrcnt en vne nuid Fleflfîn- gue , la Bruille ,, & prefque toute la Zélande, fors que Middelbourg, & quafi route la Hollande, fors qu'Am- Iterdam (pource que le Duc n'ayant iamais fait la guer- re lurla meP^ftimant pcut-eltre peu les lieux mariti- mes , ne S' eftoit foucié que de fe rendre fort dans le pays) & outre ceiMons,Ruremonde, Malincs, Ames- *ott,bue]le,Campc,Zutphen,& autres places d'impor- tance.Or ceux de la nouuelle opinion cftans de la par- tie , on ne fçauroit exprimer combien ils traitterent cruellement les Religieux & les Preftres.Le Duc d'Al- be ne perdant pas courage aflTcmbla des trouppes , fit vne armée. & recouura Mons,Zutphen,& Malines. Mais tandis qu'il aflîegeûit Harlem , qui fc rendit lan IJ7}. fes ennemis mirent le fiege deuant Middel- bourg, ville capitale de Zélande; L'année fuiuante le Duc eUt pbdr fUcceiTeur au aou- ""îïï!",'. Reguefens,qui s'e/Taya de fecou- m Middelbourg auec quelques nauires armées , afin de ne perdre entièrement la mer.Mâis l'armée s'eftant perdue par quelque defordre qui s'y trouua , la ville fe renduacompofition.Toucesfois Mondrâgon Colonel «es tlpagnols , ne perdant courage pour tout cela , fit P^ler (on armée à pied par vn bras de mér à Zirxéc, ôc alTiegea la ville, qui fe rendit finalement l'an . 05^ perte de cefte place, comme n'ayant prefque plus au- cho eque l'ifle de Vualcheren, où Flcffingue ,1 Middelbourg font affis. , aux foldats Efpagnols, ils paffercnt en TeJre ferme . fe «u^nerent, ^ s'eftans fortifiez en la ville d'Aloft /r Pays -bas, i6ï duifirent les afTalrcs de leur Roy en plus mauuais eftac queiama.s. Car plufieurs bruits d.uers de leur reuoire s eftans epandus,Ies Eftats dcclaterent & firent publier la guerre contre les Efpaguols. On mit en prifon le Comte Herncft de Mansfeld. & le Seigneur de Bnricmont . tic quelques autres du Confeil , pource qt.'jls fe mouHroient contraires à ce (T .^".''^^^""''deGand, & d'Vtrecht furent nlu^t'^<^? Le Prince d'Orange fut ap- P lie, & .1 ie fie vne igue entre les Catholiques . & L 1 roteftans, auec vn fort grand aduanrage du Prince & desProteftans qui tftoient ddîa prefque perdus, m mirent enfemble 53. mille- hommes de pi:d . & feize m lie chenaux , & tn mefme armée on difoit la MeiTe a la Cathohqiie, & le Prefche à la Hugueivoc^v Par ce moyen ceux de la nouuelle opinioiAetoumerent k Anuers, & y ga.gnerent quelques Eglifes. Mais les Ef- pagnols vindrent aiTainir Anucrs, & Maftric,t& prin- drent & faccagcrent ces deux places. " En mefme temps Don lean d'Auftria , ou d'Auftri- che, vint d Efpagne , & s'accommodant à la neceffité. fit premièrement vne fufpenfion d'armes. & après pource qu il n'eftoit pourucu ny de gc-ns. ny d'argent. & que les ennemis auoient toutes ces chofes à com- mandemem if conclut la-paix auec vn grand auantage du Prince d Orange ôc des fiens, & les Efpagnols for- tirent hors du pays. Et combien qu'vn deâ principaux articles de la paix ut , que la Religion Catholique feroic maintenue , & 1 herefie exterminée, touresfois, lors <^ue les AmbaiTa- deurs parlèrent au Prince d'Orange de faire obferuec cet article,, leur repondit,qu'il eftoit chauue de tefte, ] mais bien plus de cœur. Apres il ne quitta iamais les , armes & aduança tant qu'il peut la nouuelle opinion, I & finalement ,1 mit Don Ican èn defliance des Eftats. Tellement que ce Prince craigtiaht d'eftre fait ptifon-^ mer,& de receucjir quelque ofFcnce,fe retira à Namur, &safreura du chafteau. Alors les Eftats embralTanS proraptement ce prétexte de nouueaux troubles , ap- ' pellerent le Pnnce d'Orange à Bruxelles . & s'vnii-em aenouueau auec Itiy. L'année d'après vne partie campa deuant Ruremon. de , & 1 autre deuant Namur , où Don lean auoit af. lemble fes troupes. Mais eftans forcez de leuer le fie- ge de deuant Ruremonde, & eftans défaits à Namur, Ils P^rd'rentLouua,n,Diert,Arfcot,& pl.fîcnrs autres places. Ma.s cependant le Prince d'Orange auoit eai- gne par vu long fiege Amfterdam, Se les Efta'ts auofenc u' ^'Z' T.\''V^''' ''''' Go"tienl<:ur, Don Ma- thias d Auftnche frère de i'Empereur . Se après le Duc d Alençon, de France, & le Comte Cafimit d'Allema- gne , cjui y vindrent auec d'alFez grandes armées , & auec elpoir de quelque grande Coi^quefte. Or pour faire que chacun euft part à la reuolte, ori ht Pubhcr que tons, principalement les Ecclefiaftique^ feroienc obligez à iurer qu'.ls tiendroient Don l\n pourennemy & chofes femblables. Etainfiqucleè Coidel,ers,& les lefuitcs rcfuferent de ce f«re,ils fu- rent cha/Tez d'Anuers,& de quelques autres villes Ceux de poiiay mefme chaiTc rent les lefuitcs, mais Ms les rappellcrent en peu de ionrs. Sainâ: Omer , ôe Orauelmes fe maintindrent en i'obcïlfahce du Ro^ dfcipagnc. D'autre cdftc Cafimir introduifit l'exciHce de la nouuelle Religion à Bruxelles , & à Gand , & les Gantois payèrent les foldats des drnemens des Eelifes. Tandis ceux d'Artois , êe de Haynaut . voyans que les autres lays, contre les capitulations paiT^es admct- toienr, ou introduifoient par tout l'opinion de Caluin; ' Se les autres fedîes, abbatoient les lieux facrez , dcf- pouilloient les autels , & perfecutoi.n( les Religieu:! Difcours de PEftat des Prouinces vnles 261 Lel'cince d'Orange ctaignaiu qu'ils ne l'abandon- j naO^enc nuoy a S. Afdegonde à Gaod pour aue on | Y donnaft au Inoins tro.s EgUfcs aux Cf ohques fe Ltfuadanc qne p.. ce n,oycn « a.pa.fcro.t les m.- ?oncens (amli nommou-il ceux d Arco.s , Hc de Hay naut ) &c les reticndroit eu fa l'gue. Mais ceux de Gand qui elloiem extrememeut affe- aion z à ceftc nouueUe fed^e rcfronduenc qu . s f-a ï oienc rien, fi les «,al-concens ncmbralfoient le C la ^efoudre ceux d' Arcois 5c de Haynauc , ^ les vU I s de Douay, de l'iA. & d'Orch.es à fe reconcj- cr ucc le Roy d'Efpagne , par le moyen-du Duc de P a n e , qui auL eu par la more de Don lean le gou- u rncmem des Pays-bas. BoHeduc fit encor le melme. En Fnf'" le Seigneur de Renefoerg s empara de Gro- "Tu;?v):S'"is--lesHollandois.c ZeSo.s.anean.rencenlav,lle,c^aux« xercice de la Rel.gion Cathohqae. Cep ndant e Duc de Parme auoit pris de vuie force la ville de Maltric 1 le fieurde ReLlbcrg changeant d'opinion a o remis Groningue loubs lobeiirance du R^y d E(pa ^'Mais les Eftacs généraux des P^--"/" ^ryt Gueldre. Hollande. fel , &C de Groninghcn .yans dec arc le Punce Phi .ppe d'Auftrichc 1 1. du nom . Roy a ^^P^ë"^ la Seianeurie defdiccs Prouinces , a caufe de la dom natiLii X ordinaire &c trop violcnre contre leurs pr i- u 1 e s & franchifes par luy folemncUemenc jurée , on Pa la voyc de droîd . &c des armes entrepris couc ont paria vuyc u |>rA.^r noUtic ÔC de la religion le gouuerucinenc de lEftat policic ^ • d'ic^cUcs Pcouinces , l'an 15S1. par ^^^^ f Çl-n^^ les fujets de leurs fermens , & en ^--^'^^^^ ueau à laconfumation de leur P^"^^ > ^^/^'^'oSc efd.ts Etlats • & pour leur maintenir appellent le Duc Sen^n /lequel pour les )aloufics qn. cfto-t e^^^ France & diucrs mefcontentemens qu 1 auoi a la C "rdfRoy fon frère Henry c-'-hc-e s accorda a a demande des ^^^^^^^^^11^ :^ Pays-bas pour prendre ^^^^ fi^^dres Prouinces, pendant ce temps-la qu ^ j. il fe fit aneltuie pout-parler touchant le mati.ge dudit iltemquci4ut f r „ , . „,l .u t? yyne d Angie- Seianeur Ducd'Alençon & tii^-^becn i^oyn 5 terr" . dcfia eftoicnt quelques arf.cles p.flTez pa vn cXU projette : ^ E^^^^^^^^^^^^^^^^ pcllans auprès du Roy fon frerc , & ^ l'|ë'^° ^ J Lrtans i^oufie &c par la mauuailc volontc qu Us luy oient le faifans viure en dcffiarxe en ces pays , .1 [es^ra, — enfrance,oùpeudet 'm— quelesEftatsgena.uxd«P— puis qurclles ont teccuc le ,11^. dtoient Lhaiaes des autres r=>y^ j^^! '''Z remes fous vn mefmc Prince : U m a lemb.e a. piopo . rme nlus auons mis en la fin ^^/^ ^ de l'Archiduc Albert , les Comtes de ^^f^^^^^^^^^^ fer pareillement, ôc mettre en ce heu les S^'ë"^"^ ' ^ Comtes des principales Prouinces vnies . Iç^uoir elt Hollande, Zélande, & Frife. rncceffion Car l'on verra plus apertement par ^ellc fuccelhon de Seigneurs . quel a etté le g^--"^"^^^" ..^"foi'm^ qu'elles pofiedent , auant qu'elles ^ufTent prin fo me l République-.^ comme de tout ^emps & ancienne té elles ont epatcment eu leurs Seigneuis & Comtes, nfqirfinafement fous Phil-ppes P-"- .^^^^^^x elles commencèrent d'eftre gouuetnees, & jointes aux autics Prouinces des Pays-bas. Les Comtes de Hollande , Zélande^-, ^ Seigneurs de Frifi^. LE navs de Hollande fut érigé en Comté l'an de noW; faUu hui6t cens foixante trois. Charles le i Chauue Roy de France . pour les vertus louables de ' Thierry d'Aquitaine , luy donna tous les pays de Hol- landc.auec vue portion de Frife. Et depuis en l an 868. le . î. Auril , la Zélande luy fut domice par Louys Roy de la Germanie , à la requefte d'Emme femme du Roy ^Tkrry ^. pat le trépas de fon père le ÇomteThier- ry d'Aquitaine fut fécond Corr.:e de Hollande & Zé- lande, Seigneur de Frite, r 3 n r.Th,>r ArnouU ran.988. après le trefpas du C°mte Thier- ry 1. du nom fon perc , fucccia es pays de Hollande, :landc, & de Frife. , Ce Comte Arnoult obtint de l Empereur Otto 5. a tenir les Comte z de Hollande,& Zelande.S. les Eftats de Frife nuëmcnt en fiefs de l'Empire , ly, non plus de la Couronne de France , comme il auoit fait mlqu a LedU Comte Arnoult fut tué en vne bataille contre lesFrifons, le.8 Oaobre99 5- aptes auoir gouuerne la Hollande & Zélande. r.n n^rP Ar- Thietry j. du nom , aprrs la mort d> fon pere Ar- uoult . fut 4. Comte de Hollande 5c Zélande , ôc ficur ""Xhity 4. du nom , après le trefpas de Thierry f.a □Ire, fut s.Comtede Hollande. &ZeUde , & Sei- fneur de Frife. U ne fut point marie, ôc mourut le .5. May . 048. après auoir gouuerné ks pays 9. Floris 1. d;. nom . eftoit auparauant Comte d Oft- Ftifc , qui après la mort de fon ftere Thierry 4. cm- quiefme Comte.fuc fait 6. Comte de HoUande.Zela. - de.&c.lcquel après auoir gouuerné fes pays .4. ans, ta mis en route en vne bataille auec deux mille hx cens des fiens, près de Heufden, en laquelle ilfut tue Geitrude vefve , mere , & gouuernante du jeune Comte Thierry fi's dr. Floris. gouuerna vn an le pays. Robert d.t leFrifon, époufa Geitrude vefve di Comte Flavis . ' du confentement de toute la noblclle. 5c de. Eftats de Hollande, & de Zélande . & mefme fe arent curateur du jeune Comte Thierry, fils de Flor.s. Godeffioy le BolTu Duc de Lorraine . 9- Cornte dc^ Hollande, & Zclande, Seigneur de Fnle par ^.urpa- "Thierry 5. du nom, dixième Cotwtc de Hollande.& dé ZelandV, Seigneur de Frife fils du Comte Flon. après le trefpas de Godefroy le BolTu recouure f« biens patrimoniaux , rentra en Hollande d ou il aU0.t efté fi long-temps decliairé,& y fut par tout «:eccu aucc grande joye & magnificence . ÔC recogneu pour l ue Comte & Seigneur naturel , tellement qu eftant deac nu malade, il mourut l'an 109^. le V u Undes de IuiUet,apres que fa mere Geitrude depuis tre fpas de fon mary . et^t gouuerné deux ans , Rob«t le Frifon fon beau pere huid ans . Godefroy le Bc^fltt quatre ans. Guillaume Euefque d' Vtrecht vn an, & lu/ , 5. ans, faiiant en tout jo. ans , depuis la mort deloft ■^"pioris dit le Gras, u du nom. . 1. Comte de Holl^- de,ôc ZeUnde.Sdgneur de Fr.fe, fils du Comte Thier ry cinquième, lequel après auoir paiholemcnt goo uernc fes pays l'efpace de trente vn an , mourut laa I II 2. lefixicme du mois de Mars. ^ Thierry 6. du nom , fils de Floris i. fut n. Corn c de Hollande & Zclande.Seigneur de Frife, aptes auo r gouuerné fes raïs 40. ans,nu>urut l'an 1165. 1! eut bca " coup de guerre contre les Falons, ?c autres (^'^^^^^!^'^[ Florîs iAa nom, après la mort de Thierry Ton pere ifuc I j. Comre de Hollant^e & Zélande , Seigneur de Frifc, il eut beaucoup d'affaires en ("on temps, (Se mou- rut en voyage de la Paleftine après auoir gouuernc fcs Prouinces t?. ans. Thierry 7. du nom , après la mort du Comte Floris fon pere , fut 14. Comte de Hollande , de Zélande, Se Seigneur de Frifc, après auoir regy fcs pays en grandes guerres continuelles i j. ans , il mourut l'an mil deux cens 8c crois. Ade fillè vnique du Comte Thierry 7. fucceda à fon pere , 8c fut ComtclTe 15. mais elle ne régit qu'vn an Tes pays, 8c mouruc fanscnfanst Guillaume premier du nom, 16. Comte de Hollan- de, de Zélande , de Frifc , eftant ja auparauant Comte d'Ooolt-frife , & Thierry 7. du nom , ayant efté ap- pelle pai Ifs Nobles de Hollande, fe rendit toute la Hollande i?c Zélande fubjeâie , lequel mourut après auoir regy leldiéls pays 19. ans , Tan mil deux cens des Pays-bas. 25j vingc-trois. Floris 4. du nom , par le trefpas du Comte Guil- laume fon pere 17. Comte de Hollande, Zélande, 8c Seigneur de Frife « lequel après auoir regy fes pays en rout honneur douze ans, mourut à Clermont , & laif fa vn (ils nommé Guillaume , âgé de fîx ans tant feu- lement. Guillaume deuxième du nom j âpres le trèfpas de fon pere fut i H. Comte de Hollande , & de Zélande, âge de fix ans , fut gouuernc fous la curatelle de fon oncle Otto Euefquc d'Vtrecht , & depuis la mort de l'Empereur Federic eftant bien alTeuré , il fut ejfleii Roy des Romains , fut par le Pape Innocent proclamé Empereur en la ville de Lyon,4.ans après fon eledion, lequel mourut en l'an 1155. après auoir regy fcs pays de Hollande & Zélande, vingt vn an , & l'Empire fepc ans. Floris j. du nom, après la mort de Guillaume fon pere, eftant feulement âge de demy an, fut 1 9. Comte de Hollande, 6c de Zélande, Seigneur de Frife : lequel I honorablement rcccuc, & rccogneuc Dame, 6c PancelFe defdits pays, 8c ayant rcceu les hommaees & chifer ' '''"^''^^S'^"'''''"''"^ priuileges6cïi an- Guillaume de Bauierc V. du nom.fils aifn<^ de l'Em- pereur Louys de Bauicre , 8c de ladite Marpacritc, fut le M - Comte de Hollande , de Zélande ,A^rrpneur de Fri(e, 8c Comte de Haynaut. Guillaume de Bauiere V I. du nom , après le trefpas de fon pere Albert de Bauiere, fut 27. Comte de Hol- lande, 8c Zélande, Seigneur de Frife, & auflS Comce de Haynaut. lacqueline de Bauiere fille vnique 8c héritière de Guillaume de Bauiere VI. du nom fucceda après le trépas de fon pere en toutes fes feigneuries & Comtes, agee enuironde 17. ans : & le mefme an 14,7. elle fuc rcceue,& prmt pofreffion de fes pays patrimoniaux de Hollande, Zélande, Frife, comme elle auoit fait aupa- rauant en Haynault. Et neantmoins au preiudice de ladite lacqueline, lean de Bauiere foy difant tuteur de Hollande obtint: anfli de l'Empereur Sigifmond oncle de fa femme en feaute & hommage les Comtez de Hollande Ôc de Ze- ande , & la feigneurie de Frife , comme deuoluc à 1 Empire par la mort du Comte Guillaume de Bauiere fon frère , pere de Madame lacqueline decedée fans hoirs mafles. II mouruc à la Haye en Hollande le iour des Roys ran 1429, après auoir gouuerné le pays de Hollande, Zélande & Frife en qualité d'AuoUé enuiron fix ans • & pendant lequel temps les pays furent toufiours ert guerre » & qui finalement fit paix en l'an 1419.1e 19 iuillet , auec lacqueline de Bamere, laquelle après la- mort de fon oncle lean jouyt de toutes fes (eigneuries: elle fut mariée quatre fois, elle fut contrainte par for- ce pour retirer foh quatrième mary des pnfons d'en- tre les mains de Philippes Duc de Bourgongi/e , pour lors aduoué de Hollande , &c. de céder ôc tranfpottet toutes les feigneuries en gênerai audit Duc de Bour- mourut après auoir gouuerné fes pays , tant de foy- gongne , mourant fans enfans : Ares lequel tranW mehne, que par fcs tuteurs 4.2. ans. ,^f>n A^r^ ^ «^quci traniport; melme, que par fcs tuteurs 42. ans lean 1. du nom, vingtiefme Comce de Hollande, Zélande , &c. fucceda à (on pere , lequel mourut fans enfans le quatrième des Calendes de Nouembre l'an 1500. auquel défaillit la race des Comtes ifTus en droiéte ligne des Ducs d'Aquitaine , qui depuis Thier- ry premier auoit dure quatre cens trente fept ans , 6c par fon trefpas efcheutent ces pays aux Comtes de Haynaut , venus par alliance du cofté maternel des Comtes de Hollande. ïean Comte de Haynaut, fécond du nom vingt- 'niefme Comte de Hollande, & Zélande, & Seigneur ie Vveft - Frife , fut fils de lean d'Auefnes, & de Dame ^lix fœur du Roy Guillaume,Comte de Hollande,&c. ^ par ainû fils de la grande tante de ce dernier Com- e lean I. Guillaume 1 1 1. du nom ; aiiparauant Comte d'Oo- cetnante , par le trefpas de fon pere fut 12. Comte de hollande, Zélande, &Seign .ar de Frife, adjoufté à fa j-omtc de Haynaut. Pour fa bonne & mourut le 9. de luin mil ? 57. après auoir regy " Prouinces pacifiquement l'efpace de trente trois ns. , Guillaume 4. du nom 2?. Cbmte de HoÙaiidc & -elande, Seigneur de Frife , Se Comte de Haynaut; près la mort de Ion perf Guillaume dit le Bon , fut Je fieurs grandes difficultcz furucnués en- tr'eux,pour cefte occafion les Ambaifadeuts des Roys, Tres-Chrefticn de France , & de la grande Bretagne, des Princes & Palatins de Brandebourg , ôc du Mar- quis d'Auibach & du Landgrave de Hdlen , enuoycz en ces lieux de la part defdits Seigneurs Roys & Prin- ces , afin d'aydcr à aduancet vn fi bon ceuure , voyans qu'ils eftoient ptefts de partir &i de rompre tout ttai- aé , auoient propofé des trefves pour beaucoup d'an- nétrs à certaines conditions, comprifes par efcrit SC données de leur part à l'vn & à l'autre party , les re- quérons Se admoneftans de s'y vouloir conformer, & lur cét efcrit les Holîandois ne vouloicnt traidcr auec Icfdirs Archiducs, finon en qualité Ôc comme leste- nans comme Eftats , Prouinces ôc pays libres, fur lel- quels ils n'auoient rien à prétendre , ôc vouloient que celaifuft ratifie oar le Roy d'Efpagne auant toutes cho- fes, ce qui fut fait : Et après cela les députez des deux partis furent airemblez le neuficfme Auril 16051. & auec eux les Ambair^dcurs des Roys ôc Princes lui- dits , en la vilk Ôc cité d'Anucrs , où fut conclue & arrefté la rrefve de ciouzc années , auec ccirariondc tous aftes d'hoftihtc , moyennant trente huift articc; figncz de part ôc d'autre , êc pat lefdics Sieurs balFadeurs, Or pendant ces trcfves l'Erpagnol eftaiic allcurc du collé de la Hollande, ordonna vnc grollc &c puillance armcc , aucc JaquelJe le Marquis Spinola ayant trente mil hommes palla le Rhin à Confluence , Se s'alla em- parer du bas Rilacinac, du Rhin, pendant qut le Prin- ce Pïlatin eftoit appelle en Bohême par les rebelles du pays pour le faire Roy. Ce qui Ce palFa en l'année 1610. Les douze anné.s de trcfves exfiirccs.lcdit Marquis Spinola afljegc lujIJiers par le Comte Hcury de Ber- ghe , & aprcs vu lîcge de neuf mois les aiTiegez pou- uans élire ftcourus dj Prince d'Orange fe rendirent à rEfpagnol : Vn peu deuant il s'empara encore d'Aix la ChappcUe fous prétexte de fecours aux Catholiques de cette ville violentez nar les Proteftans : & cjicores ] de piuficurs autres places au delà du Rhin au Comté de Monts Se de Berghe. Par aptes la guerre de Bohême citant finie par la des Pays-bas. 16s bataille de Prague : lulliers pris i le Marquis Spinola ;ctta Ion dclTciofur B.rgobzoon, laquelle il affiegea lan i6i, au moîs de I.ullet, mais Mansfeld ayant qu.rtc le Palatinat entra aux Pays-bas auec fa caualle- ne de Rei(lres,& fc joignant aucc le Prince d Orahgc à Breda , ledit Marquis Spinola fcntant ce fecours ap- procher Icua le hcge de deuant Berghe fur le Zoon auec grande perte de foldars. En l'an 1624. le mefme Marquis Icua vne puilTante armée , & au mois de Septembre enfuiuant il s'ap- proche de Breda , 1 inueftit , la bloque Se l'enferme de torts imprcnables.emperchc les fecours d'Hollande Se après vn llege de 9.mois les affiegez prclTez de famine se de maladie,le Prince Maurice d'Orange eftantmorc au mois d Auril , 62 j . ne pouuans c-ftre fccourus, Bre- da fut tendu à 1 iifp.gnol le 5. luin & voila les guerres qu, fe font faites aux Pays-bas depuis les ttef- ves rompues. ^ DISCOVRS DE LITALIE DES ESTATS, PRINCIPAVTEZ, ET REPVBLIGiVES D'ICELLE. DE LESTAT DE ROME. SOMMAIRE. 1. Ilotes de la. ville de Rome. 2. Befiriptun de la ville de Rome, & de fes antiquitez. En entier lieu du pont S. Ange. }. De l'Ijle Ttbcrne. Des Pyramides, Colomnes d'énorme tuteur. Thermes & Ejluues Antoniennes, & autres, Sépultures s Empereurs, Théâtres, Arcs, Temples, Portiques. 4. Enceinte de l'ancienne Rome de cinquante milles : a pre^ 'it de fitze milles. Des portes de Rome dtuisees iadis en quatorze régions., wurihuy en treize , & quels font les noms d'icelles Régions., n anciennes que modernes. 6. Ses vojfes, é* les montagnes qu'elle comprend dans fin en- ue. 7. Prife & pillée fipt fois, & par quelles nations. 5. Defctiption particulière des Pays & EJhts du Pape i & weremm du Larium ou campagne de Rome. 9- Du patrimoine de S.Pierre. 10, De l'Ombrie, & de la Sabine, & leurs principales villes. 11. Delà Marque d'Aucone. 1^. De la Romagne à fa capitale ville Rauenne, Siège des trihats , des Empereurs de Conjiantinople. De l'origine de '•ir(hat,& quand il printfin. 'S- De tEftat de Ferrare, fa longueur, largeur & confins. 14. De la Comté de Venife,fes villes & plaça murées , entre Mlles Auignon. i. Fertitué de l'Italie, & bonté du terroir de la Campagne, 'rte , Ferrare , & notamment des champs & prez de Terriy htz. quatre fois t année. Du territoire de Rieiti , dont l'her- vippee U tour recroiji la nuut fumante prefme en ,a.Cae 'eur. 6. Bams de toutes fortes à DHoli, & autres pays. Mines m a Stolf, SaUns d'Ojiie, »»fns^nciens,enclins aux armes & aux lettres-, & leur frugalité admirable. Vm défendu aux fiUes & aux femmes Des cérémonies de leurs mariages, &deslibeUes de répudiât tton. 20. be leurs obfeques& funérailles. 21. Des Couronnes, Triomphes & Ouations. 22 Des fe^esfilemneUes des anciens ^mains , Aéonales teux Floraux, &c. ^gynaies^ 23 Mmrs méfiées des Romains de ce temps, hcaufedeU grande fréquentation des E^lrangers. ^ 24. Rtchejfes & reuetiu du Pape en quoy confifle Papes ^'^"^ ^ ''"'^ ' ^ '^'^ ^'^'"^f"' 26. ce qiiele Pa^e donne au:i Cardinaux:Et ce quil delbeij^ ce en autre chof. ^ ««^v^fo- 27. Ce quefa Sainteté donne a fes Nonces dame? ^""^"^ Capitaines & getu: 29. Des forces de l'Efldt de lEglifeRotnàiné: Ein quoy elles confiftent. ■ -v 3 y w 30. De la fortification de RomefaiEle en diuers tempi: 31. Des forces maritimes de l'Eglife. 32. Des caufes du manquement dépeuple èrt plufîeurs ea. droits d'Italie. r j n I 33; Du Gouuernemem ancien des Romains. Du Sénat in^ ftituepar Romulus, quel il eHott auam & après la Monarchie- des TYibuns, QuefteUrs, Di/latcurs , Prêteurs, & autres Maoi flrats. * 34. j^^gomernememè- police des Papes, &premieremeni du CoUege des Cardinaux, & de leur Confiftoire. 35. Du grand Pénitencier, & fa lurifdiaion. 3K De la Cour deRome, & des deux Audiences erioêespottf lesjtgnatures& expéditions des fuppliants. i66 Difcours de VEftat de Rome. **7 W prêteur ou a«» da cmpàogl.o :f.s ««, iku^ C.«/.i»« C*r«;OT« . à- f.ae/m de, P.pes ,uf- can, tft auffi vne des fcpt montagnes: En regardant de S. Onofcie lulqu à S. Pierre Mon- torio en bas , on apperçoit le U.u où eftoïc le Cirque de Iules Ceiar, fort long &c large, comme on peut voie allant fut la montag-.ie deuant U porte de S. Pierre Montorio. ... r. • ' Ainfi allant droit en la rue qui va vers Ripa , on vient lufqua laincte Marie en Traftcaere , au de-làlc Tybre, où l'on void maintenant Tbglife qu'on nom- moit aupacauant Talrerna mentorta , des anciens Ro- mains , pource que quand les foldats venoicnt eftto- piez de la guerre , on les entretenoit là tout le relte de leur vie. Et deuant le grand Autel , on void le lieu oà loriit vne fontaine d'huile à la nailTance de noftte Sei- gneur, qui coula tout le long d'vn jour en fort grande "^"^ En^rcarchant loufiours vers Ripa , où l'on vend le ▼in, on void force beaux jardins, maifons & Eg'ifes.oà eftôit ladis TAHenal des Romains, de la grandeur du- I eltoit laaib 1 iT-i"-""' o 1 1 U Rovnelqurl on peut iuger lut le bord de Ripa, pource qu on tapent eftre affcz loUé pour la d.gn'te, ain- 1 6 a l ,g G na'a dit Ariftide Sophilte , c.tl pouiquoy ce qae C. , meurcn ;^ deiixTemples,l'vn de lupitèt 'C^i?p:td'dc Cauh^e, q-l^eft phjs teant de e a - ^^n. l'autre u'Etculape,.. fi l'on confiderc biea re que d'en dire trop peu , c eft la «^^J^ ./ite lllc, elle ell falde comme vn nauire. les nadons, le Thcatre des efpms. l don c^k ^^^^^^^ ^^^^^ ^^^^ ^^^^^ ^ us de l'Empire, de la dign-> ^J^^ ]^ e qu'U e di^ l'vn appelle des anciens Pont Fabrice.^ l autre Sext.e, U rcigle d.s loix de tous ^^^^^^^ "ftoi la fô taine qui n'ont au,ourd'huy ancre nom, que le Pont à quatu foit jadis d'AihenesAtcique, que le eitoitia ^hck.o^JiTonte ^nario C^pu des fciences , du Sacerdoce & de la luft.ce , le chef ôc cM^. ^^^^ ^^^^^^^^ , ^^^-^^^^^ la "loire de la Religion- ^',ft pas aflife e« on va toufiours vers le Trafteuere par vne rue quoi fcette excellente ville 'l^,^^'^^^^ ^^X au Midy: trouueaup.^^ vn territoire beaucoup fertil . "PP^^^^i, ' ^oufioucs drou on vient à vn poru neuf, qu oi. nom..^ elle eftoit anciennement "«TS"^^"^''^^^^ r^^^^ ne aujourd'huy de uiadle Mar.e,5i que les anciens appel inille pas en (on circuit , «^^^^ ^"'^ _ ^ I loient Tons Senatoum. Contient pas en fon ^-.V^^T. Lt!e A" P'^^ P°"^ °" '1 T-^"?^ Mais auant que ,e paff. f ^"^"^f^f^^f^A me fem- qui eftoic félon k bru.t commun , le Palais de Pilau 'de Yeftat à préfet de ^"'^^> f j^^^î^^^.,, ^ couen Lis .es judiccu. d.lent que ce fut vn l^alais de N ble qu'il fera fort à propos de dc.ri^^e pour - ^^^^^ ^^^^^^ ^ ^^^^^^^ ^ ^„ tement des curieux la viUe 'i^^.^^'"'^.' 'fP"^ & de au.ourd'huy fur vue de les p.rtes en deux vers. V $ tfta & deme^ue prefquc orduu.re des i ^P" ' ^J*^ ^ ,„,,en Temple de la L.ne , & de U ^'.^ntionde£sAntiq.nje.qu^P^^ Apre.quo rer icy , pource qu'il y ^ ,"de cet e maith-elfe le, a palfez , on appc.çoit vn g^rand marb e b« fes d'cftre entièrement informez de cette maiitieii ^^^^ ^^^^^^^ . ^^^^^^ Ville du monde. . ,„„„,encerav par le m^" vulgairement la Bouche de la Veruc,appuy^^^^^ Pour fatisfaire à ce défit , le '^^l'^^'^^t^^^^^^ gl.te df iamae Ma.e en Colmedin appellée 1 Efcol Pont ?aina Ange , ,oe ^ ! Grecque,où S.Augullu. lilou. Apres l'obvient au p.c Elie. Ainf. que vous eftrs fur ce P°>^ '^^^^ ^.^^^^ | J^, Auentiu , prés duquel on void quelques t & vous verrez dans le Tybre q^^^^! " ^/g'",,, .,,3 dans le fleuue où efto.t anciennement le pontS, uioVl. pac lequel ^o-^^'^^^'LL blicic , où Horace Codes co..batcit contre tou« disens'acheminantauCapUoe^^^^^^^^^ droifte , °'^y« ôc aufommer il fepulcure de l E-P"^^"^,", ,,^,^,,,ble grandeur ' r . E e d d'ad.;-ble giaudeur, -^j:^!:::;:;aepar.r^ eltoit auiicMuw re en ce lieu ^ ^.a.s pat p^^. ■ c Ï7^ V & comme on eft dehors on void en ce S.Elprir , & com- p.n.c Eglife nom- '^"S oTofa &tmmençant de h lufqu'à S.Pietre „cc S O'^o^'»"' ^ ^J,i,u que les anciens nom- Tofcane. / i t 1 Et allant fous ladite montagne près le Tybre, « S Paul on trouue des vignes à main dioide a cofte< Tybre , dans lefquelks les Romaius eurent cent 4 greniers, qui furent fort grands, comme monfttent l fuinrs de ceux qui font en la vigne du Seigneur fo ^^Cela palTc on va toufiours vers S.Paul& l'on«c ue vn fort beau pré.où Us Romains failoient Icursij Olympiques, & en ce pté vous voyez le mont L cée tout fait de pots call z , pource qu on dit que potiers demeuroient là auprès , & icttoient leurs p acvailTcauxcaffcz. , On void en regardant vers la porte de S. Paul, fort ancienne Pyramide enfermée en vne murai qu'on tient eftre la fepulture de Scxrius. * Puis en prenant le chemin à mam gauche d< Difcours de J'Eftat de Rome. baftimentsA' en ce chemin on void vm ruiircau.où les femmes laucnc ordinaircmenc au dcllatis dcS.Gregôi- rc; & il faut bien tcgarder de là,vcu qu'on eft au plus graii-i Ciajuc, où l'on couroit aucc les coches, ^ où l'oiifaifoic les batailles naualcs pourplaifir. On void auflTi trois rangs de colomnes hautes, l'vne lut l'autre , qu'on nommoit Septi':^nium Setter i. On les fept enceintes de Scuere. Vn peu au dclRis on void les Thermes , ou Eftuues Amoniennesmerutillcufes à voir , & de l'autre coftc l'on void prés S. Dalbine le Cimetière de Praxede , ôc de Baflc, mais tout cil ruine. Marchant après iuCqu'à l'Eglifc de S. Sixte par le droid L'hcmin , qui va àS.Sebafticn ,.on entre à main gauche dans vnc mette qui meine à S. Eftienne le Kondjou /iothndff, qui eftoic anciennement le Temple de Faune, & après on void certaines murailles hautes, qu'on dit auoii- elté des Aquedufts qui alloient au Ca- pitole.&c'iil en ce lieu qu'eft le mont Celie,que l'on palFe iufquà S. lean de Latran , où l'on void le bafti- ment ancien cmhelly par le aeuf,faict par Sixte V.. Puis on pcend le chemin de faindle Croix cnicru- falem,&: deuant la porte de l'EgUic on trouue vn lieu où eftoit le Temple de Venus , où les courcifancs de ce temps -là louloient tous les ans célébrer leur fclte le 20. d'Aouft. Et quelques- vns difent qae le théâtre qui eft en lEghfede laide Croix, eftoit ccluy de Stacilius Tau- tus.beau & grand, comme on peut iuger aifément. Apres cecy il faut retourner vers la vieille Rome,& prendre le chemin de la porte Maggiour,qui va à lain- à\c Marie Majour , & marchant toufiouis droid , on trouue les trophées deMarius, ehofe belle au pofli- ble. Et venant après vers Rome, vous partez l'arc de Ga- Ijcn, maintenant nomme l'arc de fainde Vice, qui eft encore entier,où eftoieuc attachées les clefs de Tiuoli, lu de(lous,prés de l'hoftelieric. Ainfi l'on aura veu vn les quartiers de la viile. Pourconlîderer d'autre part la ville deRome,iI fsut :ommenc£r,où l'on void derrière l'Eglife vne grande partie de ia lepulture d'Augufte , qui occupoic auec on bois , lufqu'à 1 Eglife de fainéle Marie del popo- 0 , 6c l'aiguille qui eftoit par terre en cette rue a ■lté conduicte à fainde Marie Majour pour l'y dref La porte qu'on nomme maintenant deî Popolo.ou lu peuple , & qui fuc nommée par les anciens Flami- le.ou Fluinenrane, eft attachée à l'Eglifc del Popolo. -nte-cy a eftc a^gcandie & embellie par le Pape Pie V. qui a pareillement drelfélâ voye Flaminie, m us 11 la pourra mieux confidercr quand on ira à la <^tan- e vigoede Iule troifiéme. ° Maintenant il faut retourner en arrière versIaTri- ité.foiis laquelle a efté le grand Cirque d'Augufte. Et ■lieu où l'on void l'Eglife de la Trinité.allant iufqu'à ion:e CanaU» , eftoit à ce qu'on dit celuy des beaux "dinsdeSalufte» Allant af% vers le mont Quirinal , qu'on nomme ijoutd huy Monte CauaUo, au delîous de la vigne du aramaldc Fcrrare,on void certaines grottes ancien- -■s. auprès defqucUcs les Romains faifoient en vne '■i^-c leurs jeux Flotau::, :k plufieurs femmes d'amour ■'"euroient en ces grottes , & fur le heu qu'on peuc velie qu'autre qu'on puilFe vo M 3 en retournant aux Eftuues de D.ocietian, qui ont efté dediees par le Pape Pie IV. à l'honneur de la Viergé 11 faut prendre le chemin qui va à fainde Marie Ma- In^P f/ ''^'f '^^'^ EgHfe . en la vallée^ vne Eghle qu on nomme UniU Poientiane, où eftoic anciennement rEftuueNouatienne. leMo^ff''''^^'/ wx?"''^"^"' maintenant ' esir ni' ^""'^ ^"'""^ VaHrperne,cftoienc i'aulie ^^^'-^P'^'-'^'s, qui vcnoicnt d'vn cofté â Et où eft i'Eghfe de fainde Marie Majour. îf mef- rae eftoK anciennement le Temple d'Ifis , que les Ro- mains auoiçnt en grande venerario-i Et où eftoit la Chappdle de S. Luc prés l'Egl.fc de fa nôte Marie iniques en bas, on voyou le boîs facré a lunon grande Declï^ des Romains. Sixte '1 incorporé auec la vigne du Pape Au delljis deja vigne de S. Antoine eftoit le riche & merueilleux i emple de Diane, oa les Komains fai- I oient leurs iacnfices aucc beaucoup de déocnce Dé 1 autre cofte où eft maintenant l'hglife de's. Martin ^ on voyoît anciennement le Tcmpie de Mars , qu'oii tenoit pour Dieu de la guerre. I Aymt pa!lé ladite Egîife, on trouue vne rue qui , même d.-o;d à S. Pierre n Vincola, ou aux liem ; mai. laiiTant cetcc rue , & prenant la première petite rué" qu on t rouue, on void dedans vne ma.ion merueiUcu- ie que i Empereur a ire fie pour Ibn Pontife. Ayant veu cecy il hut paifer en bas par la première tue, encre les vignes; qui conduit à faind Glcmcnt Coauent de Reiigie.x.puis venanr à l'admirable thcà- tre de \dpalun, nommé le Cohfcei on void vne Z i Dîfcours de l'Eftat de Rome. 26S ™„Q£iUeuf£ fttuaurt, £i ro:.(re de piettc, pouice que " "'etï^s d« n,ille pe,(o„„es pou.o>c„, vo. de U ^ Ip.ir aife tous les (peclacles. , A i, . qu'on aura pilTc par après de l'amre coftc on vea ' ce cle Conftantin. qu'il faic cncor fotcbon voir. E ; da i«dia des Religieux de fainde N ane k Neuu'e , on vo,d quelques c.ftes Temple du D.u Sctapis. Etallancplusoucte on paffe l arc de Vtlpa Cc^on luy dreffa ue. M^î^| f '^/^^^^''^. re en arrière vn peu de chemm au pied du dos du ; to e où l'on trouuc certames cifternes profondes f des par les Romains. pcut-:ftre pour y tenu le f.l. le grain . 6c ces lieux eftoient anciennement nom- " Dfir^:pir'pS d^fainae Marie de la Confola- • T V non loin- de là on void l'arc Boane, ondes bœufs l'o y P-t auftl voit le théâtre de Marcel- u!foa^^s d'Oaau.e fceUr d'Auguftc , ma.s on en -i^^;:^ÎÏÏ£?IeSgedelaPe.^^^ de^:me "n'rrouue l Palais Ourfrn. qu. eft^^^^^ anciennement le théâtre de Pompée . ÔC (on pouique ^'Cau;:S:nvoidlebeauPalaisdeÇ.,i^.^^^^ Tcfte de fer, & plus auanc on rrouue cduy d s I ar..e- fes faid auec admirable archuedure , & pleui de bel '^i:^;,^::7:cheuetdevoirRome,iirau~ cer là trois fois au Camp de Mns. ou pom m.eux d r à la place Colonne, où Ion. oid la colornn^d An^^^^^ nin Pie. de h hauteur de ,77- P-Ç^s , ^^'^ J^^^^^^^^^^ faid en limafTon au dedans , ou il y a 140. deg^" * « jé.fenefties. Ayant veu cecy il faut aller à la place de Chaire. & tourner à main gauche , ainfi qn'on eft à 1 efpiceric, qui va en bas iufqu'aux Vierges Veftales , Temple au. tresfois fort eftim,é des Romains, & maintenant plein d'orphelins. Ayant veucccy.il faut retourner à la mef- me rué par laquelle on eft venu,& aller toufiouis droit vers S.Marc mfqu'à ce qu'on eft paruenu à vn heu nommé Marcello de Ccrut , Ôc là l'on verra la Colomne de Trajan, qui eft de la hauteur de u?. pieds, &c l'efca- lier qui eft an dedans a ij j. degrez , ôc les fencfttes font au nombre de 45. Puis retournant en arrière on void l'EgUfe de Mi- nerue, qui portoic autrcsfois le mefme nom : mais fat après ruinée auec vn autre baftiment.Mais i'auois ou- blié que fi l'on defire voir des chofes rares tant en fe- pnlcure qu'en peinture , il faut demander au mont Ci- torien la maifon de lerofme Garimbert , veu qu'on y verra beaucoup de chofes toutes rares. Non gueres loing de là de l'autre cofté l'on void le Panthéon, aujourd'huy nommé la Rotonde, lieu tres- ancien &c tres-beau, bafty par Marc Agrippe. Là auprès du cofté de derrière où l'on vend main- nant des tables de bois , on voyoit autresfois les eftifi ues d' Agrippa. Et derrière S.Euftache on voyoit les cftuucs de Né- ron qui font en partie au Palais de Madame : vous co verrez autour de belles reftes.Il y a maintenant vn Pa- lais bafty par l'Abbé Vcnto. Ayant paffé la place de Madame , vous entrez en celle de Nauone, où tous les Msctedis on tient le marché ; mais les Romains la firent pour leurs jeux, & fpcdacles. Au pied de cette place fous le grand Palais des O jt- fins , on void la ftatue de Pafquin , & ce font là toutes les anriquitez qu'on peut voir à Rome , que ie vous ay décrites le mieux qu'il m'a cfté polTible. Toutesfois auant que la quitter i'cn diray encore quelque chofc. Rome contcnoit au temps daRomule.le Mont Ca- pitolîn, & le Palatin, auec les vallées qui font au mi- lieu.Sc auoit trois portcs.la première fe nomraoit Tti» gonie , pour k triangle qu'elle faifoit prés du pied do mont Palatin: la féconde Pandane, pource qu'elle de meuroit continuellement ouucrte , &c elle fut aulfi nommée Librc.pout la commodité de l'enttéecla ttoi- fîéme Carmentale.de Carmente mere d'Euandre qui y habira,& fut nommée Scelerata,oa mcfchante ôccoul- pable , à caufe de la mort des trois cens Fabiens , qui fortirent par là , & moururent tous prés de la riuiere d'Aron en vn jour. Mais par la ruine de la ville d'Aï- be , & la paix des Sabins auec les Romains , ils com- mencèrent à accroiftte le tour de la ville , & l'aggtan- dirent tellement.y enfermant les fept tiiontagnes qu'on y void à cette hcure.qu'au temps de l'Empereur Clau- de on y trouuoitôjo. tours, & vingr-deux mille por- tiques. Et quant au tour de fes murailles, quelques ao- theuts difent qu'il eftoit de cinquante milles.les auttt! de 51. & les autres de z8. mais de noftre temps auef le Trafteucre , ôc le faux - bourg S. Pier^^ Rome n i de tout que feize milles. Quant aux portes on trouue difFcrencc chez le autheurs,tant pour le regard de leur nombre que Icui noms : veu que les vns en mètrent j o. 6c les autres n mais à prefent il y en a feulement 18. ouueries.qui en ferment les fcpt Monts , &C toute la ville fe trouue di uiice en 14. régions. , La principale eft celle du Peuple , ou del Populo ' nommée anciennement Flaminia, ou Flumentana. La Pinciane, nommée Collatine. La Salaire , dide autresfois Quirinale , & AgonaU & ce fut par elle qu'entrèrent les Gaulois Sciionois ^aand ils faccagacnt Rome. ^^^^ Difcours de l'Eftat de Rome. Celle de fainite Agnes, jadis Nomciitaiic, Figulcn k, 5<. Viminalc. Celle Je S.Laurcns, jadis Til-»iirciiie,& Tniirine. La M.ijour, jadis Labicane, Prcnellinc & Nciiic. Celle de S. lean, jadis Cciimontane,i5i Scptimie,(S£ Alunite. La Latine, jadis Florentine, Celle de S. Scbafticn, jadis Appic, Fontiiial, & Ca- pcne. Ce lut l'eiurce de cciny vies trois Moraccs, qui vainquit les Ciuiaccsjôcaufli de la pluipart des uiom plies. Celle de S. Paul, jadis Ofticnfc, &:Tiigeminc, Se ce fut pai celle-cy que les trois Horaccs forcirent. Celle d<.' Ripe, jadis Porruenfe. La Sepcimianc, jadis Fontinale. Celle de S. Pincrace, jadis Aurelie. La Terionnc, jadis Poftcmle. La Pcvtuie. C^ He de S. Efpiit, Se celle de Belueder, & celle de Cencllo, iadis Année. 6 Quant aux chemins principaux, autrement Voyes, il 7 en auoic 19. combien que chaque porte eut la fieu- ne.Maw les plus ccUbres furent premièrement la voye Appic , qu'Appius Claudius cftant Cenltur fît pauer depuis la porte de S. Sebafticn iufqu'à Capou'g. Trajan ies reftaura iufqu'à Brindcs,& elle fut nommée Royne des Voyes , pource que c'eftoit par elle que pairoient prcfque tous les triomphes. La voye Flarainc que C. Flamininius eftant Conful fit pauer depuis la porte du peuple iufqu'à Rimini , Se 1 on la nommoit aufli la voye largCjpourcc qu elle s'C' ftcndoit iufqu'au Capitole. L'Emilie fut pauée par Lepide Se Flaminius Con- fuIsujfqu'àBolognc. LaSuburrc commençoic au deflfus de CoHifée, Se aîloit iufqu'à l'Eglifc de faindle Luce en Orfée. La lacrce coaimcnçoit prés de l'arc de Confiant, Se alioïc iulqu'à l'arc de Tite , & par la place de Rome, autrement Forum, iufqu 'au Capitole. La Neuue palloit par le grand Palais,& au Scptizo- ne,& allo.c infqu'aiix Eftuues Antoniénnes. La triomphale ailoic du Vatican infqu'au Capitole. Vefpaûan la reparaxorame on void en vnc infcription enmaibre qui eft aa Capitole deuant le Pabis des Conleruateurs. La voye Vitelli^ alloit du mont lanîcule iufques à la mer. La voye dioiéie fut au champ de Mars. Qujnt aux monts fur lefquels Rome fut baftie , le plus cdebre fut le Capirplin , ou Tarpeien , & S.itur- nien , aujourd'huy nommé Carapidoglip ou Capitole, f.ir lequel il y auoit 60. Temples, Chappeîles, ou mai- fons (acrces aux dieux 5 Se le plus celcbre de ces Tem- ples elbit celuy de lupiter , auquel ceux qui triom- phoient entioient après le triomphe , pour y rendre grâces de la viéiotre qu'ils auoicnt acquife. Le mont Palatin aujourd'huy nommé Palais Ma- ioiir,ou grand Paiais.eft dcs-habité & plein'de vignes, a vn mille de cour. Romule y commença la ville, pource qu'il fut noiirry en ce lieu : Se «ehogabalc la ht pauer de porphire. L Aucntin , ou Qijcrquetulan , qui a plus dé deux milles de tour, eftceiuy où eft IBgUfe de faindte Sa- bine. La Pincic où l'Eglifc de la Ti init c. Il y a cncor d'ancres petits monts, comme le V.ui- canoù eft l'Eglifc de S. J^icrre, Se le Palais du l-a;.c. le Citoire, jjdis CitaroircpoiirLC qu'on v cituiths Tri- buns quand on s'.ifrcmbloit]pour fjrc des MnojUrots Ccluy des Hoitiilcs ou pccics jardins, où le Pincie com- mence à la porte Salaire, va lufqucs à celle du pcu- ple.Ôc c'eftoit Je ce mont que ceux qui briguoient I s Mjgiftrats dcfcendoient au chimp de Mais pour ies demander au Peuple. Qnant aux régions, Rome en eut auttesfois quaror- ze.mais il n'y en a plus aujourd'huy que treize. Celle des monts qui a pour enfeignc crois monta!;nes. Celle de Colonne qui a vne colomnc. Celle dj f rcjo qui a ■ trois efpccs. S^ind Euftache qui a vn Sauuenr au mi- lieu de deux cornes- Celle du Pont a vn pont pouc cnfeigne. Celle de Regola ou de la Règle a vn cerf : celle de RJpa vnc roue. Trafteucrc vne ttite de Lyon. Can)pidugtiovneteftedeDragon,ParionvnGryplion, . Pigna vn vafe, Campo Marzo ou ia Région du C-imp de Mars a pour enfeignc la Lune , & lama An'-e vn jAnge. ! Cette ville a cflé prife fept fois par diuerfcs nations. 7 La première }6o. ans après qu'elle fut baftie , elle fac prife par Ifs Gaulois Senonois fous leur Capitaine Brennus.La féconde Soo.ans aprcs elle fut piife par les Vilîgocs : 40. ans après les Vandil-rs y entrèrent : ôc- 18. ans après les Erules , puis 14. ans après ks Oftto- gois,ii.ans aprcs Totilc s'en rendit maiftte. Se eirder- nier lieu l'an 1 5 17. le 5. May elle fut priîe par l'Empe- reur Charles V. fon armée couduia-e par le Duc'de Bourbon.^ Mais encores qu'on i'.iic tant de fo!s ddtrui- (Sie, Se qu'on ait mis en pièces les plus prctieufes clia- fes qui y fuifent , & tous les fupsrbes baftiments ; tou- tesfois h l'on regarde la magnificence des Palais , des EglifesSc des autres baicirifients, la beauté des rues, SC la grandeur de la vil!e,cjlé fe fait encore bien aifémcnc recognpiftre pour Rome. La ville de Rome eft aujourd%y cmbdlie de 300.'^ belles Eglifes ou Temples des S^inéts, entre lefquels il y en a fept qui font grandement fréquentez , Se ionC appeliez les k'pt Eguks. Scauoir, 1., Sainft Piene au VacJcan. ' 2. Sainft Paul en !a voye d'Oflie. 3. Saindï Mirie Ma;or en la voye Efqmline, 4. Saindfc Sebaftien hors la poftc Capcne* 5-. Sain6t Ican de Lattan. r- 6. Saindk Croix en Hieruf;ilé, l au Mont Ccelius' 7. Sainét Lautcns hors la ponc cîquîiine. Il y a fîx Temples à Rome donc ies portes lont d'ai- rain, fçauoir S. Picric au Vatican, Saindc M.iric Ro- tonde, faind Adri iu, j .uhs Temple de Saturne , Saindfe Cofme & faind Damian , où jadis eftou le Temple de Caftor Se Pollux. Saincle Aguts jadis ta-npie de Bac- chus, fainû Paul en la voye d'Oftie. 11 y a quatre lieux faincts & tacrez pleins de caueaux Se fepulchrcs de fjindh : fç-iuoir faindc Agnes, S. Pan- crace, S.Sebaftien, S.Prifcille. 11 y a dans ia v'il.'e de Rome des Hofj-^itaux, où font receus & htbeigez les m'tladcs auec graud ioing Se magnificence, ce font des lieux fî cci< brcs Se Hia<.>(ufî- ques, qu'ils font comptez entre ies plus riches monu- ments de la nouuclle Rome , où toute forte d'tltran- Le Cclien eft celuy où eft l'Eglife de S. léan , & de \ gers y font rccecs , fçauoir i'Hofpital du S. Efjnic aii ;^^|.>u'qucs à S. lean de Latran. j Vatican, de S.S iluador au mont Ccéiius, de fainâ: lac- qnes d'Augufte au Val de Mars, de S. Anthoine aii rnont Bfqmlin. L'Efquilin ou Cefpien,où eft l'Eglife de faintàe Ma- rie iVla)our, & S. Pierre aux liens. Le Viminal où eft l'Eglifc de S. Laurens Se fainde 1 ocentiane. " • Le Qmtinahou Agonie,aujonrd'huy Montecauallo. La lanicule eft celuy où eft S. pisiie Montorio en Tïsfteuere. . Pins il y a les Eglifes & Hofpiraux des natîonj? diuerfcs qui font à Rome, fçauoir de fainde Madede l'orme pour les Allemands, lamd lacques pour ks Ef- pag'jols i Uihd Thomas pour les Ànglois , fainde Bïjgide poi.1r les Suèdes , faiacb ieanau mdnt Ccelius^i 7: 4 270 Difcours de l'Eftat de Rome. S.André prcs Argentine pour les rlaiT,ands , S.Iean! Baptiae pour les riorcntins, S.Iean Bat^tifte pies !a ri \ ue du Tvbrc, pour ccu.x de Genncs. 1 Mais'pour l'HoCpiral & EgUle S.Loiiysde laNation de France à Rome , il fut inftiruc pour fubuenir & ai- \ der les pellerins &c autres pauures Frat;çois qui fe trou- ucnt par dcci en nccefTiic, ou tombeur malades, par- ce qu'eftans Vi loing de leurs pays entre gens eftrangcrs de langue à eux mcogneuc , ils ue peuuent entendre, n eftre^entendus pour demander leurs necelTitez , ^ & bien fouuent peiiffcnt milcrablement par faute d'vn peu d'ayde Se fccours. Ce qui cfmeut autrefois quelques gens de bien de la nation des le temps du Pape Sixte à y pouruoir , & dés lors commencèrent à tenir forme d'HoCpital, & y letirer les pauures de leur nation , les loger Ôc aider fé- lon le befoing & neceflltc, & y entretenir des gardes, crens d'Eglifc'ck autres de la nation qui en auoient le • foing , ôc de conloler , confeirer & adminiftrer les fa- crcmcns, &c célébrer le feruice diuin. Mais il y auoit pour lors bon nombre de François habituez à/Rome gens de qualité , riches Ôc aifez en biens , & mefme pluficms Piclars & autres gens d E- olife refidoient icy en perfonne, les Abbez, Chapitres Se autres commuuauttz y^ entretenoient leurs Agens auec bons gages qui auoiciu bon moyen de fupportcr aifemcnt les fraiz. îe coms des atFaircs venant depuis à changer pour les guerres ■& aunes occafions , la plufpai t fe ritiraen Francc.& s'y tcouua en fin fi peu de gens de qualité de la nation pat dcçi qu'il fuft impolTible fouftaur le poids & cntretenlmcnr de cet Hofpical , & de rEglile, & les pauures demeuroient fur le paué mendiants pu- bhquemenr, & plus fouuent mouioient de faim , au grand fcandale & reproche de la nation. Ce qui fut caufe que le feu Roy Henry fécond de tres-olorieufe mémoire, ayant efté informe de la pau- urett^Sc mauuais eftat qui cftoit en cét Hofpital Se Eglife de S. Louys de Rome , & ccgnoiirant que cela importo-; grandement à la réputation de fou Royau- • me &c de fes fubjcdls eniiers les eftrangers qui abor- dent icy de toutes par.ts , auoit délibéré d'y pouruoir: & pour commencer il ordonna certaine r-ixe lur les matières confiftori -les de fon Royaume , fçauoir cft qu'en faifant les expéditions d'Accheucfchiz , Eucl- chcz& Abbayes de-Prance , chacune d'icdles feroir cottifées à rai'fon de fa taxe ordinaire , &c paycroit vu ducat pour cent à l'entictcnement dudit Hofpiral tk Eglife de faind Louys , 'par ordonnance du Roy ^"^^'"y- >■! a a' Qui cftoit vn beau commencement s il cuit eltc pourfuiuy & accreu félon que la neceflSté lequeroit ; mais l'on a veu depuis par expérience de pluheurs an- pces que cefte fubucntion ne peut icucnir à plus de quatre cents efcus par au , de forte que cela ne lert que de fort peu d'entrctenemeni fans profit audit Hô- pital &c EgHfe qui font chargez aent prins à iiitcrefts pour fournir aux defpcnces ne- celïaiies : & ont encore pour le jourd'hny befoing de baftir & rcpafcr les logis & autres édifices qui (ont nrcfts d'aller en ruine , s'il plaifoit au Roy reprendre Ics-erres Ôc la bonne intention du feu Roy l'on pere,& ce faifant accroiftre ladite fubucntion,& ordonner que les fufdiccs matières coufiftorialcs foient dorcfnauant taxées à deux ou trois pour cent , ce feroit fort peu de charge aux parties & vn bon moyen d'aider & entre- tenir l'hofpitaliié de la nation. 11 y a en France plufieurs Abbayes qui s'expédient fous la taxe courante de vingt - quatre ducats feule- ment tout ainfi que Oc'cftoieiit des plus petits bénéfi- ce--, fk fimples Ch.appellcs, & ne payent aucune Anna- tc : de foue que i'cxptdition icuicnc à peu de traiz. combien qu'elles foient de bon rcuenu , & pourroienc aifemcnr porter vne taxe de cent ducats apphcables aufdits Hofpital & Eglife S.Louys, ainfi que les autres Abbayes taxées payent leur Annate ftlon leur taxe aux Officiers. Il y a aufllî plufieurs Prieurez Conuentuels & ele- ftifs defqucls la Majellé a la nomination , & d'autres conuentuels fimplement dépendants de la collation des Abbez qui (ont de bonne yaleur,Ôc ncantmoins ils ne payent aucune Annare ou taxe extraordinaire , fuc lefquels fa Majcfté pourroit accorder pour l'entretenc- ment dudit Hofpital , Eglife & Fabrique , vne taxe de 50. ducats pour chacune expédition des Prieurez ele- difsjôc 40. ducats fur l'expédition de chacun Prieure Conueniucl non eledtif. Quant aux dignitez des Eglifes Cathédrales Se au- tres du Royaume de France qui ne payent aufTi aucune Annate , le Roy y peut facilement prendre quelque honnefte taxe pour rentrctencment fufdift , faifanc toutefois différence dc^dides dignitez félon la qualit Et taxer les dignitez principaiis des Cathédrales à jo. ducats , les dignitez principales des Collégiales à 20. ducats, & les autres dignitez à dix ducats chacune. Et combien que toutes ces taxes airemb'éesfe pour^ toit faire vn bon fecours félon les occafions & multi- tude des depefches. Si eft-ce qu'il faut confidercr que ce font toutes parties cafuelles fondées fi.r l'eucne- ment des expéditions incertaines. Et que l'Hofpital ÔC EgUfe ont loufiours befoing d entretenement ôc def- pence courante toute fcure U certaine, beaucoup plus grande que ne fçauroient monter les fufdiftes taxes. Et feioit bien neceiraite qu'il pîeuft à fa Majcfté pour- uoir lefdids Hofpital, Eglife Se Fabrique de quelque reucnu compétent feur & ftable , iufqucs à deux mille ducats de rente nette à toutes charges & fraiz faits ÔC defduids en cefte ville, ce qui fe pourroit aifémenc prendre fur vne ou deux Abbaycs,ou Prieurez,tels qu'il plaira à fa Majefté choifir & les vnir à perpétuité à l'Hofpital & Fabrique de S.Louys. Le Roy pourrait encore commettre rcntrctenement de la pofte de France en cefte ville foubs la garde de ladite Egiife & Hofpital S. Louys,ôc ce fans preiudice du Maiftre de la pofte qui la tient à prcfent : ains feu- lement en cas qu'elle viendroic à vacquer , referuant au{îî tonfiours la fuperioritc à l'AmbalTadeur comme de coufturae. Et en fcroit ladiârc pofte d'autant plus fauonfcc auec plus granule réputation. Il y a vn beau ôc grand pabis en cffte ville , fituc prés ledidt Hofpital & Eglite de S, Louys, nommé Pa- lais de la Royne , duquel dépendent quelques petits, logis ÔC boutiques. Et parce que le Roy deftina ce Palais pour la demcu- ' re des AmbalTadeurs telîdens en Cour de Rome, pour le feruice du Roy, on pourroit faire vne aumolne chari- table aufdift Hofpital , ôc Eglife S.Lonys. Et ( lau£ toutefois le corps d'hoftel principal referué auxAm- balfadeurs ) s'il plaifoit au Roy , luy faire donation defdifts logis ôc boutiques auec leurs cens , rentesi appartenances ôc dépendances dudit Palais , hors 6C joignant iceliiy tout ainfi qu'elles fe comportent auec tous les dioiéts , noms, railons , acliows appartenans à fa Majefté & qui luy pourroicnt cy après compctet âC appartenir par dcuolution , où rcfolution du bail , lo- cations , oii alici;ations temporelles ou autrement de quelque forte ôc manière que ce foir,dont on pourroit ' tuer pour l'Holpiral ôc Eglilo Se faire enrtorenir les lieux eu bon eftat qui ne fcriiiroienr rien du tout > ou fort peu aux Ambaîradeurs. 'AÎiflTi que cft.int le grand Palr.is Se principal hoftel kiCi-.ât deftinc pour ryfagc ôc demeure ciefdiéts Am- baftadeuts, U poutïoif dc^mcurcr qucicuefois deterrôC fans garde s'il aduenoit qu'*:i/y euft Ambairidcor pat Difcours de l'E/tat de Rome. de^à, comme .1 s^eft veii afTez, Coiincnr. Qu'il pieu'} à la Royne do„„cr la rarde & fai, e Icfdids Hofpit.l & EtjlWc concuroc dud.t palais po.r le liurer & conh- gncraux Ambâi ladciirsâlairairinécàRome . char- geant (culcmcnc l' Amballadcur rcli Jenc de quelque aa- mo ne de cent c(a,âpar nn. eu, autre telle fomme qu'il femblero.t pour le mieux à fa Mnjeaépo.u Icntrcccnc- Pr^TTn' '^-.^i^ hofpital S.Lou -s eft nccorj/aux Percs de 1 Oraroue de Rome, alia d y receuoir 3c he- berger les panures (îc France. Entre Jjs merueiUes des rarecez de Rome,fe voyenc « tro.s Bibliothèque* du P.pcau Palais du Vatican- urçscho./,$ ce vne féconde joignant celtcy, mais la r^^el^'^eur^^^^^^^^^^^ La fe voyent en nombre infiny des liures mauu- tenpts , es autres en membranes & elcorces d'arbres u^!:^:^;^^r''' Pour le. lardins ceux du Pape fa„t admirables , car me void rotif ce qui peut contenter Ia*euë & l'cfcrir. i entrée y efl: commune à tous. ^ bre'de .s''"' «^agmfigties de Rome font au nom- Le Palais & la Cour du Pape eft maintenant proche & attenant le Temple très- magnifique de S. Pierre auquel Temple fc voyent des Chappelles admirable^ pour 1 excehcncc ôc raretd des belles peintures. faites par le tres-cclebre Michel Ange 13onarote Florentin & amres grands Peintres , où plulieurs vont journelle- ment emprunter des delfeins. Il y a des e/calicrs qui njcntent aux falles & lieux ^udu Paia.s tellunent larges Se fpatieux qu'vn cheual y peut monter iniques au plus haut. Le Pape a cncores d'autres lieux fort maanifiques II tient fa Cour en Efte comme les Palais de^S Marc deSainc e Marie Ma;or, deSaindfclean deLa ran & des Saindts Apoftics. ^^-^^du oc ^La forterclfc du Pape efl appellée Chafteau S.Anre. conftruu lur le Mont Hadrian . place imprenable raun.e de toute (oite d'armes & de canons. 1 rois fois, par trois iours de feftes fe tirent tous les c nons de cette Cuadelle , IVn au jour de la fcfle d. bien-hcurcux Apoilres S. Pierre & S. Paul . l'autre fois ors qu.- e Pape eft eflcu par commun futFiage , ôc au joorquileftlacré. a > w- au L.1 garde do ce Chafteau eft donnée toufiours à cuel- qnc perlonnage iUuftre ôc infigne & fideile , qui apre^ riois .innées de gouuerncment eft rocompeuié de cuel- ques iqmmes d'argenr,ou honoré dut;lrrede Cardinal _ Voyoï^s donc maintenant l'Eftat de l'Eglife en par ' :«a'her,puis que nous en auons confid.ré fa vi^le capi- Quant à cet Eftat de l'Eglife (fans y comprendre Bjn uent,!n Comté de Venile & d'Auignon) il eft au o-.rdliuyplus grand qu'il ne fuft ïam.is , depuis eue ate Lom.chie&Romagnolc: y ont cfté ad ouftces, ;^^<: Il y a plus de trois cens mille de longueur, & pr^s e cent n..llc d. large., il comprend le Ferra oTs k lonncs, la Romagne, la Marque d'Ancone, l'dm! ne la Sabuie le Perunn auec vne partie de la Tofc- nVa vr^M.^^^'^P^' P^^' 5o. Eue:chez y vnv viLe du premier rang ^'Italie,qui eft Ro- FrnV?^''°'?'^ ^^"K qui eft Bologne. ^^2a V-''^'''^' fçauouFerr.re, Perufe I H y a en cet Eftat vne des quarte Duchcz inaitué-s I par les Lombards qui eft celle de Spolete ' ue. iL" ^'^'\' S"'"'' i''"'' ^= ^'txa-chat de Ra- uaine^^^^^^^^ Cet Eftat s'efteud d'vne mer à l'autrc,& a fur la mer c e Tyrrhene ou de Toicancje port de C.uua R ' lu fur 1 Adnatique celuy d'Anco Jiic de Comacl io & es bouches du Po . & auec peu de fr... .^ outrotc fane vn fort a Tcrracine & à Neptun Le pays qui tire de Rome au Rpyaume de Naples, fe nomme la campagne de Rome . de mcfmc eue ror celuy qui eft^ de l'autre cofté versFlore c ftippcl é patrimoine de S. Pierre. '^ppcue La Marque d'Ancone & la Romagne , font l'vnc vers le Royaume de Napl.s , l'aucr. vc"s l'Eftar de Fe"- are ,^ auec lefquels Bologne confine pareiliemenc ôc iOmoue tient le milieu. Outre les villes que nous auons défia nommé'-s, cét Eftat comprend celles de Kimini, Cezcac, Fayencc, We.Ivlacerate, Camerin, Spolete, Norcie, Riety, Therny, Narny , Ornieto, Affife, foligna, Todi auec enuiron 30. autres. . & auec Outre cela cet Eftat comprend la Comic de Venif- de Napltr^"°" ' ^ ^^^^"«^'^ Quant à la feigneurie direde des Papes , ils font Souuerains de N.plcs & de la S.cHe , de la Duché aWbin, deParme,deMeiie.an,&mefmelesR t. d Angleterre leur faifoienr hommage pour l'Anpieter du Pa Je ''"'^''^ '^'^^^^ Voyons donc maintenant l'Eftat de l'Eglife en par- ticulier, puis que nous en auons confideié la vilk ca. pitale, (çauoir Rome. Le Latium ou Campagne de Rome , eft diuifé en ancien & nouueau. " L'ancien s'efc^aid depuis la bouche du Tybre iuf- qu au mont de Gircel par l'efpacejo. mille ..enthabué^plcindegra:d:t'^::i::S~ qui receurentkur grandeur du voifi.a.e de Romel^' ' Romeeft dans IeLatium:lesaucrcslieux font-ORie, Ardee, Neptun qn, cJlluuy des ru.„es d'A.ze', Te^ ra ine, te dans le pays Preneiti oc, Tk,o1i, AnagmJ-re- folane, Ve!ui),Alaai,Baaco,Sean^ i^'^-^^e ^ Aujourd'huyce p.ys eft duniJennois parties, c'cît - a^auojr .n L.uan, Campagne de Rome^ Ma^ Î " nés, c clt a auc lieux mantnnes. L/Eltat de i'Eglile hn;t à Tcrracine , contre laquel- ' le eft Gayettc, cict du Royaume de N^ples LcPatrin:cuncdcS.Purrc,hilKài'h.i.ïe de Rome par a Comtclle Mahh,lde au temps dukpe Pa^'l! ■ en 1 an m,i ccnc , s'eftend depu.s L pcfche^ qui e va r.nare«anslameraud..ç3 du mont Lgcncaire,& de! puis X QMir.-ce lufques a Cepcran. On vo.daure 1. Qn,,„,,e & k Tybre, le lac Trafy- men,& entre la , uunc de Fiore &c le Tybre Pt:oHi. Aquapendcncc, Oru..t., renomméepoir ion aliiette; ion puîis 6; (on dame. ^ Bchene nucc Ion lac Montefiafco,B.,gnaré.,Caftro, Nepc^Vitcrce, famcul. pour la longu. demeure que l« . apcs y ont hia candis qu'ils eîloient rrauaill. par fsSei.aceurs ucRorne. Orre,G.;lkrc, Ciu.ra Ca- l u.tcB.ncc .m, fur le l:-c,.Snbhatin,Ronrilk„ c.trr Marcman cù dkvr la vilk des Vciens, ,par lean de Sforce qui en cftoit Prince, elle eft cckbre Z 4 Difcours de VEftat de Rome. ^,r- . r»,,».,, o l'rtrîfrine fie cette vilîe 272 poui fes niuniiions & fortifications . elles oot eftc h^^ des oat François Mane&Guidebauld. cSle^cft agréable en fes ediftces.fort frequen v^aicviu j, „.u,„,qc marchandée Quant à l'origine de cette ville , plunears anciens nuth^;us dignes de foy, comme Su^bon, Pline, ^.So- lin. difent que ccrte v.Ue fat jadis Grcccpe, 6. q,ue les o r.:„, u U^fVirPnr anriennemciir, ayans eltc con- tes pat François Mane oc v^umcuau.. , ^^^^^ j^^,, urccejuc, atte ville cft agréable en ^"J'if '^«'^^j /^ f^^^^^ I Sy ac.fains la baftirent anciennement, ayans eftc con- tée à caufc de fes riches marchands & J^'Y^^ ^^^^s d'abandonner leur pays pour la tyrannie de & le plus célèbre commerce de toute l Italie , u le t ijc le pius ç ^ j^^jj. Denis Mai en. r:„„„ „ai rr^-florifTatv- le dIus ceieote tuium'-iv-v 1 dennent de fort belles foues où y arriaent les mar- l "d'vne infinité de prouinces Porc cjn. n'eft capable de stands vaiiTcaux à caufe de les labiés & de f g-is. Cette ville aucc celle de Palence. fat TA. colonie des Romains l'an 16,. apres a fonda- tion de Rome : elle fut ruuice 6c engloane par vne ouu:rture de terre qui y arriua auant la g^are A6tia que. lors que Marc-Anthoine y meno.t des foldats, Ifi l'efcric Plutarque en fa vie. 1 y a - -cil vn Arfenal très- mnny de tontes fortes d armes & de ou appareils de gaerre,capables d'armer plufieurs légions ''Z'ZUé le Tybre on entre en l'Ombrie qui paf- fe aujourd'huy foas le n|f ai de D-ichc de Spolete en grande partie ombragée de l'Appennin . a raifon de- quoy, elle a eu le nom d'Ombrie. ^. , , p-, ^ SCS villes font Borgo . à S. Sepulcro Ote de Ca ftello , A.i-ibio , Todi , toutes fur le Tybre . Terny, SpoleJe, I^orcie. Foligno . Affife , Nocere Camenn Se Amelia. Denis Sicilien. ^ a -(t Ccfte ville du depuis a toufiours efte tres-aotifTatv- te en l'Empire Romain, pour la grande commoduc de fon port,lcquel fut reftaucé par l'Empereur Traja auec vnedefpcnJe magnifique, donc le voyent encores des ruines & reliques tres-bclles &c anciennes. Cette icé\ft très-belle pour h grande beauté de fes édifices , & fort eftimée pour fes commerces & in de marchandifes. Elle a bonnes & fortes mu. railles earnies de portes, de baftions ôc de bonnes de- fonces f ar le foi^g qu'ont toufiours eu les Papes de l'entretien de cette v.Ue qui leur apparnenc. Ce pott eft capable d'vne grande quantité de vai - féaux & e(t défendu par vn grand promontoire appel- ée mcre.qui commande fur la mer, ôc ferme le porc du cofté d^ Septencrion, bref c'eft vne des bonnes pla- èn'r 1; voyenc le. vieilles moques dcsoiu- raiUes de marbre derquclles anciennement cette v.llc :^,.,...éedecouscoftc.:^^^^^ oieie, ivoici., X ^..5..^ , çf^Qjj irAinet ae cous uui..^ . krp^ 8^■ . , , /- 1 j„ .^«niimpiir<:.& marques Cl aulic» vtii.15 .'^rr-irhrdpnr les Mais lur toutes cciics-ty, la - à mefprifer à caufc des grands momiments,&: rnarqri^ de fon antiquité : car c'eft cette vile Cefar & plufieurs autres Empereurs Romains ie tout pl^s L;eru^illcufement à enrichir 6c Uluftrcr e ma.mfiques édifices , Tite-l.ue , Scrabon,Vedeius 6c Eutrope témoignent que Rimini eftoïc Colonie des Ko^L auant^ia guerre Punique : Par après e colo^- nie clic fut changée en forceveiTe pour ^c^endre le li mites des Romains de ce cofté là contre les Gaulois. Ce fur auir, en cette ville où plufieurs cap.aui Romains ayans quelques Prouinces au de a le Gaules à enuoyer des armées . donnoient le loldats en ce lieu icy, 6c là l"/)'^"^ '^^^'^'^pf^^ nez par légions, eftoienc d.ftnbuez aux Piouinces, comme raconte Titc-liue. r j 1 Cette ville eft ainfi appellée Rim.n. à Çaufe de h r - oi.re Rimine qui paffe auprès, de laquelle parlent Pli- " Au'cotn"encemenC elle obeic aux peuples de Pi- cence , mais par après ces peuples ayans efte vaincus, 6C App us Cbudius ayanc triomphé a'eux,ayanc eften- 1 IcTlimites de l'Empire , depuis Aefe lu 6c pour fon grand com- mence car c'eft vn port de mer le meilleur qui fo.t T,ns t^uc l'Eftat de l'Eglife . 6c pour ce elle eft frc- ■cjucméc prefquc de c»us les pays de 1 Europe. quiTJoyenc'pres le porc aufquels s'attachoienc les "'tnfi entre les villes de cecre Marque , celle qui eft de plu grand trafic . 'c'eft .Ancone , la P - P-^^-- c'eft Ferme, la plus force la Rocca, la p^us bche Atcoh. la plus^Tande lefi.. la plus ancienne Olme la plus fa- uorice Maceratc , pource que c'eft là que demeure le Gouuctneur de la Prouince :6c la Rote. Mais la plus fainae , là plus ce ebre 6c la plus illa- ftre c'eft Lorette,piace de grand refpcft pour lacham. bre propre où la fain£te Vierge rec.ut les nouucl es d la Rédemption du monde, par l' Ambaffade du Cie enuoyé par 1 Ange Gabriel , en cecte chambre qui de Nazareth de ludée a efté miraculeufement apportée par les mains des Anges iufqucs en ce heu de Loretr où fe voyent vne infinité de lichelfes pretieufcs.temoi- pn^ges glorieux du grand zele de plulieursbmpereuts. Roys , Princes , Panceffes . qui ont honoïc de leur, prelences 6c ofF.andes, ce tant digne 6c (acre heu. , ^ La ville de Rauenne eft plus célèbre pour l'-^grandeu antiquité que pour la beauté de fes édifices 6c baftl- ments , Strabon dit qu'elle eue fa fondation des peo^ pies de Theffalie , 6c qu'aptes eux elle a efte pofled» par les Ombrois.6c Sabins : mais les Grecs eftans tour-, mentez par les Tofcans . s'en voulans retourner m Gr'-cc, laiiferenc icy vne colonie pour l habiter , raatt les Ombrois les chafferenc Se en jouirent 6c en apij les Gaulois ôc Boiens en expulfercnt les Ombrois « après eux les Gaulois 6c Boyens en furent depollede» par les Romains, qui l'ont cenu^i longuement fo« leur Empire , iufqucs au temps que ces ProuincesK pays faienc fubiuguées par OJoacie Se Herule, le- quel Hcrale fat dJbelic Se vaincu par TlieodoricKOJf des Oftio^'ots Se cftablit Rauenne pour hege de m Empire , "de forte que les Oftrogots ei^ jouiccnt pW» de 70. années , iufques à ce qu'ils furent chafl^cz d Ita- lie par Narle , Lieutenant gênerai de l'haipcrcur u- ftinian , après que Narfe s'en fut rendu m n ftre , les Exarches de l'Empereur de Conltancinople la tindrent ptUs après par l'efpace de plus de 170. ans. pendaiic le- quel temps plufieurs guerres fe firent par Narfe, joint aucc les Lombards contre l'Empire Romain , la pwl- fance duquel Exarchat , qui s'cftendoit à RuienDC, Sarcinr.ClalVe.Forli.Forhmpopoli villes q"'f'i'/o'^« VU Eftat qu'on noaimoïc Pcatapolv^' ho" ^e cet Wtat Difcours de l'Eftat de Rome. Il contcnoK RcIo^^ne^Rcg.cMoJcnc, Pam^c. Pbfûn- cc & auttcs places dhles encre Appcnaia & Je i'o ftulphc p.,r guerre Te rcndic Roy Je Rnij^nnc- Ma^ ce Koy par après fut va ncu jur les armes dcl de leur Roy Pepm . & ai,;, ^ A. (tulnhe e(bnt pru>e de Raucn:K& de tour Ton hxarcha fur co tra,nt de céder roar au S.lîegc de Ron,e. Le uccefrcur d-Adh.lplK- Didier, voyam Pepi. .e- i <• d ical.e, .ncîprif.nc la foy des cho Jd,6te. 'ôc p f rc«p.rfon predecrlleur . occ.pa derechef céc hL - char, mis il „e Je gard. guercs, car CharJemagnc cllam paire auec Tes armé-cs en Irahe , Didier fat vain a. 6. pus prdonn.er des François , & perdk ainfi le Royau me u ualie, auec lU.archat de Rauenuc. Le. Lombards nyans e(té chadlz de tous coftez Chad. ma,ne .nuelhc le Pape de Raue„ne,& ai," te v.lle du comœencen,ent a fouffar de grands reucrs tf^r^^d^strr'^-- :.u^c.i,.anyauxfe:::^~;^^-^^- Scrabon cicrit que de fon temps la ville de Rauen- le efto.c (uuc e au mil.eu d'v„ mLd, & que fes mai- ons & balbniens n'eftoienc farfts que de\ois fo s o?te ou!T' ^" couroien, d orce que 1 ou n y pouuoit entrer nv fortir que par le noyen des ponts des barques; & gaandTes^eaVx rcfloyenr par le flax delà ml, le habLnsl eft' ^! ;ers qur efto.ent dans Rauenne eftoient contra n^s c le (auuer au plu. haut des i^aifons, car ceux q i r e ^ belles ^ gra.dcs pTar Ibtrn J/^raX:: P-d-.ent grande quantité de bon éd.. & ell va pays fort agréable pour la quantné de s beauj.ardms & de fes belles prairies. ^ .A^igufte Celar l'a annobhe d'vn beau port, ainfi : nt i " ; °" ^■''^"^^ ord.nairea,cnt tenir vne -ant.. de vadïeaux armez pour la garde de la mer Au dedus de la porte de Rauenne faidte de pierres marbre appc liée porte belle ôc dorée, il y a vne e ^ure qu, te^noigne que Rauenne fat fermée de iiou u|x murs par l'Empereur Clodius. Theodoric Roy des Oiîrogots , durant qu'il a pof ' i'-nnob,ie de plufieurs m^gn-fi^" s I CCS vni? '^''^ defpoiiilles des Pro ' 1 'aua^ées , la lailFa opulente U .ce/reurs, lelquels y onlla.iFé des Telles & ^^■s upcrbes qu, s'y voyent encor à prefent. ^ 'cZ aX f""' 7 "«-^-gnifique Temple, . Atchc.eiques de Rauenne^ dans lequel fe c eux '^^'^""^^ marbre tres^ ^ (ouLZT f n'" '"^S^^ ' ^" Ciel d'ar. .dGd belles calcines de marbre, ici? sT"^^^ "''^^ en celle -onys doaz- ^"'^'^ ^-^g-'c ichc en K r™' ' ? y ^"^'^ beau & rlr^' ^-^"^ " '--^ que profanes ru,„c & rauage par l'.mpicté des foidats. Well/e' f ."^"'^^FellmKoy d'Hetrurie , puis PPeilee Bdogne par fon fucceffeur appelle 27j lesta If T f ^'^'^^•^'^-'^^"-^ villes fermées , que ■crent quel uc temps n)a.(t.es de Bolo M,e , miis oir E'::r^^''"?^^^-^M-^i-cerr z;::o2-Lt;:it;:t:?:,^X'^^^?°'^'^^^^'= rv D ^. "'"e-"Omaus de puerre Des Romams elle fut occuué- Hrc r ë^"^'^* l^ar après cette ville comme plufieurs autres d'Ita .c rega,g.ercnt leur Uberté , nL, p^îe " b.ts ^^m.lLs Lambercatcs, & Germenee^s , ,is reduifiren Cologne en mauuais eftat, c'elè pourq.oy iTboToI gno:s fe font rendus au Pape , du dep.?s ifs f rent en cor^s alîujctis aux Peptd.s^^ V.coXs'b , n h ' l-ournercnt en l'obeï,raace du Pap ^ dcfia .a onquicfme année qu'elle eft poui enie. en paix & en repos par les Gouuemears d.^S 1 . " fdtlZTr"' ^'^^^ dc,ux\o'ortes, rheodo^ . aug'^entée de deux autres: 1 heodo e le jeune y en adionfta neuf, dont fe voyent dt;te::!r;ï^-^^f T 1 r> 1 ^ "'■^^ "Autres quatre portes, i-e Circuit de cette ville ea m t^^^"' . elttaiôteenformcdenâuirr nl„. r i:"»;» j t.x. de bonnes murailles de bricque cui' O^^Tw'^'^'^^'r'^PÎ^'" de courage. <-liaries de Bourbon s'aclieminanr f F^oo,« l • arrofee du flcuue Sapine qui paff- à F«„ ^ , poj.ce.,.^;^^!^^^^^^ quel Lothaire «or.lfoit vZr nd pedonn ^""^^ '^"^ Vniucrfité nommé Irner X 1"' '•i'é & fort do£te Là c(k iTf. r % ^ mes de drn,/Vr-' ^'^ ^'^'^^^'"e des l'çauans hoir.^ mes de droidè Canon, entr'autres lean Ândré Azo lumière de cette Vniuerficé pour le dtoid ,1 ' ^ du^c I y auoK à Bologne'di. mdie eftudûns ' La enleigna Bartole celebie Doéleur& autres fca-' L'£ ar d F ^^^^^^P°"^ d^sProfeircurs. L Eliat de Ferrare cft grand & commode.veu qu'en y comprenant Modene qui en a efté démembréefi " de longueur deptns la mer Adriatique lurqu'à la Tyc- renne enuiron 160. milles: fa lar^lur depuis la co^. eli d enuuon 5 o. milles. ^ De Pnmare à Magnauaque il y a neuf milles - Mag„auaqueàyolane,8mdles,dVolaneà^^^^^^^^^ de bon e aux confins des Venuiens fix milles l'a^ recofteen Lombardie il y depuis S.Ambr^i^^ ' ou Doulonnois voinn" r'^iT^lf • ^ li eil plus large en quelque lieu, 1 Difcours de l'Eftat de l'Eglife. ^74 \. Ae Vo\\(d\c. Le Comte de la Mi JL'. Co™c,u,o aux .a„i. fj^^-'^^tirS ^ lace.™- uienon . de l'origuie de laquelle on ne fcau rien de certain , a pcefque toutes choies au nombre de fept, comme fept Pacoiircs , fept Holpitaax , fepc Coijuents de Religieux, ôclepc de Rcligieules, fept Collèges, & fept pottts. Celle ville acquit vne grande repuca- tion pat la demeure que les Papes y firent Idpace de r ■ o. j:„ ^«..-.iiU Clément V. iuiau'à Grê- lantes , comacqu."»-» , n^rnacrnc. laGtat- tionpar la aciucuwt v^uw .-r- , , r r Cette p ace lut donnée pji . .. . ,uDuc AlfonCe pour la pa„,e ,u. f,^"'^',^ ,E„pi. par UrebeUion u Se^eu M^^^^ ■G Pie j & ce , . . 1 tmpuc yvi -- , - ^ ;rhanee f A Campagne de Rome a vn fort bon terroir , qui ij 'p^ucLbL. du fua. Marc ;_Wy — ,t'^ L rapporr^e Lucoup . U f arrofé de force eaux. . i_; M niip nii<-<: lieux a orfs & D/erreux» 15 iJuc l ODimi uu lULurw . . J „r T pnnpl de Pu *— » rappotte Dcaui,uu^ , 1^ v... «w^.- -> . la Seigneurie de Saxole : & le ^^'g"^^^^^^^^^^^ ^ .^mb/en qu .1 y ait quelques l.eux afpres & prerreux, ne voulant céder fa portion auec yn elchan^c j ^^^^.^ ^^^^ ^^^^^^ ^^^^^^j^^^ ^.^^^ ^aifonnable , fat chaffé de ce qu ^^P^«=^°^^^^^^ p.ft^.ages & chargez de bois. permilTion de l'Empereur P^"^ f i^"; ' ^^^^^^^ ^ L'Ombrie eft vn pays fort habite, & de grand rap- Lur prix cent mille cfcus en la Banque de ve ^ ^ . ^^^^.^^^^^^ ^^^^ ^^^^^^ ,^ que Leonel ne voulut iama.s receuoir. i ^ft,, ^-^ fertile , que pour ne dire autre chofc ^ La ville de Fevrare a de circuit 6. ™ ju tefte, les animaux y font deux petits d vne ventrec. fort belles rues, d'honorables Palais,^ l'', • Le relk de l'Eftat cft pour la plus grande partie di^ bre d'Eglifes . & de Monafteres , auec vn chalte.u q , ^ ^^^.^^^ ^ ^^^^.^^^ ^^^^ ^^^^^^^^ eftoit la demeure des Ducs ville ma- ' Tout le territoire de Ferrare fe defploye m belles Cette ville eft iîtuée lur la nue du l au ' ! ^ ^es, de mefme qu vne bonne partie de celuy gniflque pour la fpkndcur de fes beaux baft --^ "eTologne de Forli.de Rauenne.& de flomagne belles ôc grandes places que le ^a^q^^-s Louel e a^^^^^^^ ^ Cornele Tacite donne la loliange de la/crcihté d'I- • pauer de belles pierres : ' Jj^ quanti de ' ralie atix champs de Rieri,& de Terni. Pline clcr.c que de admirable fur toutes, ou fe vo.d g^^"*^^^" au territoire de Terni qu'on peut abbreuuer. Noblelfe , &c où fréquentent les gios oou g , c&okiu fauchez quatre fois l'année , ik ceux qui ne ville, pour traitter d'affaires. ^^^^ 1 0^^^^ elhe abbreuuez, trois fois. Mais la borne Ferrare eft aulTi renommée P^-^^J^^ Frideric 2. de ce pais ne peut eftre mieux cogneue que par lagrof- Vniuerfité qu y fut inftituce par 1 Empereur ic. ^ ^^^^ ^^j^^ ^^^^^^ en defdain des Bolonois. ^.^aeilUlTe point Pline efcrit du territoire de Rieti, que l'herbe cou- Et quoy que cette ville ne s en m u^^^ ^ ^^^^^^ .^^^ ^^^^^ ^^^^ ^^^^^ ,^ , qu, |e pour les vaines images des i ^oy^"'' ^.^n^ fuiuant on void les perches qui gifent pac terre Romains ( car il ^Vy a pas encor mu 4 couaerres , & la campagne qui s'eitend depuu premièrement clofe de ^^^^ ^ l^.^^^^^^^^ Spelle . .fqu'àSpolete, qui a 18. mi les de long .dt U l'Empereur Maunce^^^^^^^ ^ . - - ^ ...m,.: ^ . campaenes rr ► J« usante Se "Tanaeuï , V"*' — é> — . , ' ^ ûceroilTcmentdeb.auicoCa r font moins bonnes. , . . , fes Princes qui l'ont ^tre les Apres cela la partie du Bolonno.s qui approche qu elle ne tient anjouid huy le dernier - doucement de l'Appennin , Si toute la Romagne font plus belles villes d'Italie. . . ^ndcur fous la no- diftinguécs de collines , de plaines , Se de quelques Elle commença a entre en u 1^^^^ ^^ ^^^^^^^^ . ble famille des Marquis At.ftm , ^ f , ^ p,„,es de i Eftat font tott- Nicolas 5. se Hercule qui fut lUulttee ^ ^^^^^^^^ ^^^^ ^^^^ ^^^^ ^ & de fupeibcs édifices. t,,,itoire ont fuby quoy il exce le dauantage , ou à eftve fertile , ou bict En fin après que teria e ce ^ ^ ^ agréable. . . ^ ,w •• le Gouuernemenc de pUiUeu ^^^^ , ^J,, ,,,oirs de Rimini.de Fano,d'Afcoh (pr^ iWemil cinq cens ^S- P^^J^^^^^^Vurna^ Clément 8. Pape , elle fut reftuuee 6c ^e l'Afone) de Ferme . de Perufe . & de Cornet , fo« Siège eèr ' . , , . „„„ p,Uis & vn cha- ' dclicTts'aiVpolîible. Ils abondent vniuerfellement de ^ fl y a en icelle quantité ^^l^^^^^^-^^^^^^^^ g^i,, , d'huiles , & de vins ; & en cnuoyent dehors » -^fteau dont l'édifice eft magnifi^^^^^^^^ |,ande quantité , principalement de vins & d'hu.1^ vne tres-bcUe Se ^""^'^^^'^^^ pièces , ^ y a plufieurs lacs, entre lefquels eft celuy de Perufe grande quantité d anciens "^^^^^^^^ iLtucs plL remply de poilTon qu'aucun des autres acs d Itt- ^ut «(Tentent vne grande ant^q^^^^^^^^ ^^^^^^^^^ j ^ , P,>^ ^^^^.de Braflian. de V c, de P.ed^uco. ie marbre faites d vn a^nfice «"S"^ „atiercs,for- ! de Subiaco , de FogUan , & ks petits lacs de Ba Jane . tableaux,fcaux tant d airain q;'^^^^;^;^^^^ ^ f,,,e ca- i de Monteroie . de Baccan . de la.nae Praxcde, & Ca- ceuiccesamiquesdor.dar^ ^ ^ ^^^^ ferres pleines de pierreries ^e^aleur meUim ^ ^^^^^^^^ ^^^^ ^^^^^^ ^ ^^^^ , Eft.c en leur plus grande largeur, c'cft a fçauoir lefO: & le Tybre : & outre ceux-cy il y en aplufieursau très, veu que le feul Tybre, reçoit 7^- «u torrens, 01 fleuues. Il y a dt s baius de toutes iortes à Tiuoh , . Lamenranc. à Sciglian, à Vicarel , à Ancicole, a Viccr be,àlaPorrettc,cicScaïpctte. , rvl Il y a vne riche mine d'alum à la Stolfc , des laim abondans à Oftie, à Ceruic. Ôc à Comacqi.io. ou il y i de Napies , 1 au m ) 7-; „^ ^.^i,,,, , par l'here- encorcs la plus grande pcf.he ^^'^'^S^'^'" /î"';;''' ' 'c^thX eS^^Tq-l faudroit La Comte r le fmid eux-rncïmes. Ca. pourqnoy eft-ce qu'An- z., Ardce, Citta launia,& Aftnre ne pounoni eftre fai^ nés a preient , puis que leur air n'dloit autrefois mal- lain. Le maraiz Pont.n , où il y eut iadis 24. places . fut leichc prnir a plus grande partie, & réduit au labou- rage par Cethogc,& puis par Th.odoric Roy des Gots. lors que les champs furent rouucrts d'cat.x . & inon- dez de nouueau. Sixte V. fie encot le mefme d< (Teia peu de temps auant fa mort , y employant non la def- pen(e, mais 1 aothorité, & par fon nioyen les territoi- res de Sezze , & de Pjperne en font dtmairez beau- coup p.us arges.-& l'air de Terradne en cft rcRé beau- coup meilleur, & on a fait en plufieurs lieux beaucoup de bons rcletuoirs. il ne faut autre chofe pour céc efFed qu'vne certai- ne continuation de peine tk de defpence, auec laquel- le on tienne net ce canal de la riuicre d'Aufcnte, & les canaux ou l'eau ramalTée coule vers la mer. Et pourcc que cefte continuation de defpence n'cft chofe que les particuliers puia'ent fupporter , & que les leuls grands riches en font capables , de là vient que la chofe ayant efté iufqu'à.maintenant entre les mains des perfunnts priuécs,à qui la vie,ou le moyen a manque, elle n a icUlfi parfa.aement. L'iaaé en fe- loit bonne , fi on en chatgeoit le peuple Romain , ou bonnes pour les bàftimencs , ent.e lefquelles ceu d queraW;e o" ' , peuple Romain , ou Triuertn^ que l'on tire , & taille auec grande facil té, cueLXil^ ru'""'^"' ' °« emportent le prix : & non feulement eîles refirten au de fcoTft ' "'"^ fer, mais en dcuicnnent meilleures, & plus fermes. La Marque d'An^one a dss plaines , & des vallées riches d'huiles, de grains ik de vins. La Comté de Vc- lifTe eft aulTi fort agreable,& rapporte beaucoup à (es naiftrcs, principalement des vins, qui ne doiuent rien m force , Se bonté à nuls autres que l'on boiue en ■raace j alTfz grande quant'té de grains, & de fruits en ibondance, & d'aulTî bon goult, qu'on en puiflTe trou- icr ailleurs : ce qu'on p^ut aifément voir en Auignon, )ù les fruicts abordent de tous coftez, qui font beaux, k. bcns au poflib!e. Mais puis que nous auons fuffifarament monftré les ►onnes qualitez de i'Ellat de l'Eglife ,"il ne fera mal k ropos, comme l'eftimc, d'en remr^fqucr les défauts, Hn qu'on y puilfe mettre remède. Il faut donc fç luoir que fix conditions font requifes. la perfedtiun d'vn eltat , c'elt à fçauoir la bonté de ùr, l'abondance des eaux, l'agriculture, la marchan- fe, la fcurtté, de fur tout le grand nombre d'habitans, jurce que c cft dç cecy que dépend la plus grande ittie du rcftc. Or quant à l'air, il fane confeflTer que l'Eftat de l'E- ife en eft alfez incommodé ; veu que toute la partie atitime.tout ie pa s de Cornet, toute la Campagne ■ Rome , a vn ait fauheux, & mal-fain : ce qui pro- Jedes forcfts, qui couurent la plus gtande partie ' pays le long de la mariné , & des marefcages. A loy l'on ne peut remédier , qu'en coupant les bois, auifant en labourage , & en feichant les maraiz, & r tout en faifant de grands baftiments pour lo^er les '«innés : car le territoire de Rome , & de la C^'ampa- e.eitant ptefque entièrement ptiué .l'hjbitation, les ylans y deuiennenc malades , non feulement pour le 'iiuaisair.maisencores à caufe delà terre où ils dor- •nz, Se pareillement de l'ardeur du Soleil , & de la ■dure de la Lune, contre lefquels inconuenienrs ils Le Ferrarcis a bt foin d'vn pareil remède : car de mefmequicy il faut donner vne facile7(îuë aux eaux de lAufente, afin qu'elles ne noyent le territoire de Terracme , & ceux qui en font proches , auflî là il eft neccfCiredabaifrerle lidduPo qui pa^Te au defTous de Ferrare & le remettte en fon premier eftat , afii, que ledit Po n inonde Je Ferrarois. Et il ne faut que la defpence dêftoujne ce defTein.- poiîrce qi, outre qu'on ne peut faire fans defpence au- cune choie honorabie.îl n'y a point de raifoo qui por-^ ce qu vn marchand fafié de grands fraiz pour acqueric quelque chofe , & qu'vn Prince lailfe de rendre meil- leur on Eftat, pourne faire aucune defpence. veu prin- cipalement que fans que le Prince deftource rien du Uen , Il peut mener à fin cefte entreprife auec fa feule authorite , aux defpens des peifonnes ptiuécs , ou biea descommunautez» le dis-le mefme des champs fpacieux du territoire de Rauenne, de Bagnacauallo, de Lago, & de Bolo- gne, qui font inondez de la Padufe. Hercule i. Duc de Ferrare feicha la Samaritaine, Hippohte Piatois, la Kauode,& les Lamberts le Poggc, LeDuc Alfoncei. deFerrarJ.'lai/Tantl'vtilepour le deleétable , employa à la Mefole le temps , & le tra- uail que les communautez eftoient obligées de donner pour contenir le Po dans fon li.a, Se pour alîturer les , champs des innondations de ce ftcuue. Il faifoir là trauailler à faire des leuées, & creufer des foffez , à planter des bois , & à chofes femblables , les hommes deftinez pour faire la le .ée du Po , fous prétexte que ce n'eftoit pas chofe nccelTaire, Cependant ie Po roiî- geoK le rmage.ôc emportoit les lcuées,& les villageois mouroient en grand nombre à la Mefole, à caufe du mauuais air. Ccft pourquoy le p.ys priué du tiauail, & des villageois met mes.n'a peu refifter à h veliemen- ce du Po, qui ayant fait en beaucoup de i.eux des ou- tu ny defcnce , nv rèmH7 v « l'o, qui ayant fait en beaucoup d -1 par le moye 1 de bTft^^^nts o'iŒ '7' I 7^'"1 '-P-^bles, a empué plus qu'on ne fçauroic dre des mauuaife.I r!:;?':?!^.?" Il^ puf.nac | c-ftimer.le territoire de F.rtare,& celuy deComacquio, dre des mauuaifcs im.r ffibi; de 1'.^ n'> ^<^n,vc.^ ceU.y de cidionaux, ^«"P""^^»^ i =^1.^ & des vents ! U ^ui noroît pas efte fi Alfonfe euft employé pifcours de VEftat de VEglife. _ • r C, C^rti\ pft nre'au 0 . j Kacnccdoniilvfa âMefole. Et peut tour du Po U ,s 4ue la Duché de Fer- "rîaT:!lrrri" co^ -puce en tat>t ^''r'^'^' 'Lnnc bien que ptcuoyant cecy , il n entre- .^.^^taTcrbeuL^Modene^ '^^ïi""'^^:u^^u^;esde(quellesragcicultu. tHes ter es dcpend en paaic. combien %i'/'r E cletlli^^^^ n a t faute de tiu.eres ^ de que l'Eftat EcclcUaii'qu ' K^^cr de beaucoup le ""Tt^reCc n uU^^^^^^^^ v.l- territouedeRorneen EcUeftditde le . chofe que Sixte 5. f ^j^^.^, d'AnjenàRo- ClaudeEmpeteut qu .1 «^^"f '^/"^ ;J ^ diuifa en „ ,ec vn no-^^de parcV.'Syen outte le pbfieurs beaux lacs, b d P .^^ ^^^^^^ ducz qu .1 JPP°^^'7",oaduut des viures , & autres choCes , i-'e ..eUleur, 6c plus lain, i au "^«^'^'f ^"S^^^ que l'eau courante engendre, C kl ent'de l'air que la .efme caule qpe pourle chan» ^^^^^.^ ^.^ ^ t Ro^e inhabuable , on du que ce ter- pays proche de Rorremn ^^^^^ ,oir eftant ^-^^ ^^^ce d'aguac;on . & d'rirue , v.ent Vvne & l autre P^^ ^^^^^^^^ .,„e eau mourante ; & î::uTureaf^^^^^^^^^ mage. Mais ce pays fi fertil eft pre'que entièrement fans habuans , & pour cefte caufc on y void aller tous les ans de diuers hcux, mefmement de Lombardie , iu[- qu à 40. mille laboureurs, pour cultiuer, & faire U ré- colte . & lors que tout eft aclieuc . on void retourner en leurs mailons r»ucc quelque gtain , ceux qui reftcnt en vie, veu qu'il en meurt coufiaurs vue grande partie 1 qui meurt à caufe de b trop grande ardeur du Soleil, ou des vents marins qui font d'autant plus pernicieux ' à p.efenr, qu'ils portent en leur grande abondance l« vapeurs des marefc=.ges par lefquels ils p^ffent.a caufe que l'empcfchement dts bois leur manque a celU heure pour la plufpart , & toutes ces chofes otFcncent, mais beaucoup moms la ville de Rome, que le refte. Si bien que ce pays qui contenoit vn nomb^^ incroya- ble de perfonncs, demeure maintenant vuide, delolc, & la plaine qu'on nomme Ro^nnaine , depuis la porte I d'Hercule , ou Porte Ercole , iufqu'au delà de lerra- eine, ayant eouiron 1 jo. mille de longueur, n a peut I cftre huid mille habicans. Mo^i^ys anciennes. Tre. cecv la communauté des eaux , & des lieux Apres cecy la <- ^ p^j^^^ ^ou- conuieroïc les perfonn ^ ^^^^^^^^^^bles, 6c à plan- lins.des r-^g^^^^^f^^to 3 fur b ..bords de la rimere. ter des vergers,^ d boi ^^^^ ^-'"^ S i po- -ettre les laboureurs à leur n,oins nmhb U . P j f^^iÊt,. aife, & temphr le ^ , ^ofit impor- Cecy feroit ^^^^X^^^^^^V,:, !a.dclà S. Paul , r '-''T:^^ qu' --^^umc d'eftre ù pre- 'm à la viUe de Rome , ne luy feroit la moitié X doinr^ai qu'elle luy fait ordinairement,pour- tant de doinmat,c h ordinaire , &c extraotdi- f"n f T.bred "quelques b»fa ^ ^ % vt JàTcLil que manc le Teucron fous ! S.p:uKreld:Tyb.epe..e,abo„,e q.^ des eaux 7uPae^efu,e que la ' des campagnes de f jiî.nediecàl'indupofi- ^edeciue ne tdôn,n,agec vn au.,e : de S^de» ,nau. on é,n,e |e p lusgand^ duites par llT'ue.wu ^^^^^^ „„„^ de l'eau du Tybte , pou'ce 4 cuire Tes eaux, , fo„,fufifan,es = &la No.rc . ou Nere^o^ ^^^^^ , donc P:;';;^',' „ "oup d'-"« f'""™" | vôutud: au^deflous de Nam, c„ | f't::crnS:naecedUcou.lednay^que^^ ■d'autour de Rome rulques ^ °- ■°^^'„,„, bled. I coœme celuy q». la P°"'"°' ;j°°.nTrTleshabi,ans. rr,^:ifrn;ett^x:;r^^^^^^^^ ncs, «cdcFtante. LEs Romains eftoient ncz,& aftcftionnez à la guer- re, 6c faiioient au commencement peu d'eftat des lettres : mais à la longue , lors qu'ils eurent vn peu eftendu Ifut Empirc,Sc qu'ils fe furent mis a leur aifc, les plus grands , ôc plus riches embralletcnt les fcien- ces, & s addonnerent aux lettres au pofîîble. Mefme ceux qui faiioient cftat de conduire les ar- mées, eftoient forts (çauans, Sc ce n'cftoit choie indi- gne d'vn homme de guerre ôc de maifon.d'auoir beau- coup de dodi inc:au conttaire,les leunes hommes des plus grandes ma.fonsdc Rome, plaidaient pourleuts ' cliens deuant le Senar, & s'addonnoient à la cognoif- fance de leurs loix, & à l'éloquence, & pour le dite eo vn mot, tafchoient d'acquérir toutes fortes de fcience, voyant qu'elles eftoient enchaînées l'vne aiiec l'autre. Au commencement iU eftoient fort fobres, fe con- tcntoient de peu,6c méprifoient les grandes richelfes; tellement qu'en s trouué des premiers d£ la ville,com" me Valere Publicola , qu'il falloir enterrer aux delpeni du public , d'autres qui mettoient eux-mefmes cuit< des raues en leur petit ménage^apresauoir conduit dei armées, vn autre qui tenoit le manche de fa charrue I ainli qu'on luy vint annoncei qu'il eftoit faift Diài ! teut , & vn autre qui après auoir elle chef d'armée de manda pcrmiifion de s'en retourner pour donner or I dre au labourage de z. ou j. iournaux de terre , & au; petites aftaites de fa mailou. Mais depuis qu'ils eurent eu la dcpoaillG d vn gtaS' nombre de Prouiuces, Se qu'ils eurent goufté les dpB CCS eftrangeres , ils y prirent telgouft, que le luxe, î la dillolution fe ghirerent parmy eux en telle loct( qu'ils furpaderenr en cefte partie toutes les autres n« tions de la terre. _ D'ailleurs, lauarice, & le defir d en auoir à qiielf prix que ce fuft , les pofteda tellement , qu'ils ne hi foinit point de difficulté défaire mille exadions dai les Prouinces. de prefter auec vfure exceflîue, puis* fin de prolcrire, & meurtrir leurs concitoyens, afim jouyr de leurs biens. Ceux qui aaoient mefme réputation d eftre plus l ees,eftoient des plus auaricieux , comme on a peu v( en Seneque,qm auoit 4 ou 500. mille elcus feulcmc en Angleterrcdont il tiroit de grands nnctefts. Au commencement ils ne penloient qu'a la gta deur de leur République , mais ils fc lailferent api emporter au defu de la leur particuliere,& depuis te tes chofes allèrent de mal eu pis , & l'ambition ( citoyens Romains tenucrfa l'Eftat de la Repubhqi l & k rediiifit fous la dominanon d'vn feul. DiTcours de TEflat de J'Eglife, ■ cvrremrmi»ni- 4 „^;.. i_- i /• /. ..... iijtijrs.oiii'l.u I ittiirs.(3c Ifs Tilt I ,c ni h I i ' ' ' "^"f ac la bonne Dec/Fe. ... ■"■ " 'uuic oiiiraice pour donner plaKu au peuple. Les lyons wdmcs, & anrtcs Ldlcs farouches n'clloicnc cfpnrgnccs pour (ciuir de pal.e- temps nux Romains, qui titoicnc tcllemem .ic- cou htmrz. & ..iFc^ionuez à ce, fpcdt.clcs. q.c ccluy qu. les vouloi: gaigiKr n'ai.ou bcfoin» oue de faire vii gland appareil de gladiateurs, de InlKs. de cornc^ dit-ns, dclniHcurs, kmb!ab!« gens , & quicon- que en auoit daaantage, cftoit plus aux bonnes grâces de ce peuple. " I /i ' >V '-"'"tiiiiujcnc ac rous deux. La 5. dto,t.-ippellcc Séparation. & (efaifoit à la vo- loiuc du Prince. «»-vu Les anciens Romains ont traite en deux façons*® ceux qui e/toient morrs.ik fau deux fortes d obfeques La , . cftoit de couur.r les morts de terre, &c les en- 'cuelir comme nous faifonsiiautrc de brufler les corps, mais cctre façon ne dura gucre,& Ir premier des Séna- teurs qu on brulla après la mort, fut Scilla . & Numa . ornp.i.us fut 1 inuentcur des obfeques . & mftitua vn rontife OUI Pn niinif U " D' iillrf.rc: I 1 1 . ■ oi^piiuisfut l'inucntcur des Uail] urs les plus grands auoient accooftumc de U>om,fe qui en -,uoit la chn,?."'^^""* aa^nc.qunsappelloK.n^Vy^.,coau.equi^^^ Les pères venans de la vi!Ie,ou fans nuoir bou.é du p«e'^'"^ ' ^"^ ' ^^^^ lo^is , bauuienc leurs Hllcs . pour rccopnoilhe ficelles Le i pftn.V A. ç r ■ j . .oient bcu du v.n . o„; .aL „!„r- f'n. " '"'^^ , , ^ *• f^ire efctimcr des gladiateurs , & " , ^ ""^^ » fuiji iccognomre II elle .r.oient bcu du vin , qui eftoit cbofe defhouncfte en- •es Komaincs.lls ne laiiîoicnt aller manger leurs en- - hois Jx lem logis , ne leur pcrmcttoienc de dire - paroles ddhonni;ftes , & les enuoyoicnt en Tof- ca.u: «, Athènes & à Rhodes , pour apprendre les \A rv cicumcr aes gladiateurs , & Marc , & Decuis fils de Junius Brutus , furent les pre- miers qui pratiquèrent cecy à l'honneur de leur perc. Le j. cftoit de faire vn magnifique feftin. Lx 4. de diftribuër de la chair à tout le peuple. Les premiers qui en diftribubrent , furent ceux qui eurent ioing des obfeques de P. Licinius . Tribu ' ' '^"''^ ^'''^^ ^'"^ - Ils comparoinoient après vne antre fd?s i l'âge de 17. ani, lors ils la.lloit nt la prétexte ou robbe d'en- f^nce , & ptenoient la robbe virile , & lors quils l'a- JOiemprUe chaque jeune homme allo.t continuelle- Ti!.nt iiucc vn vieillard . luv fAif^nr Lpom^^.,., Ils cpatido.ent encor quelques fleurs , & des par- h ms fur la fcpulcure, comme le peuple Romain fie aux fanerai les de Scipion. lis metroient encore aux temples, bc lieux publics . certains orncmens , comme -- r ..>^^|u. ,.uu. nomme allo.t continuelle I cZ^'^!nf'' couronnes, & chofes femblables , & -nt .uec vn vieillard . luy faifant bcaucou; W rompî po^rce"'",' f"" ^oute cette K-,^: aux ;ours que le Sénat s alTembloit, ces jeunes ^ftc^uKaner e! r^^'"'' '^^f ^^^^ grande. ;ens accompagno.cnt à la Cour quelqu'vn des s"na ' m k Zrnf^. ' ""^'"'^ '^O'"- curs,& de Icu.s parents, ou amis^de llir pere, & 1'" . i r" .c lato'ir"";' "1^^^ ^"""^^^'^ ondoient niiq.'à ce qu'il fortoit,&iuvfaLem ci^-' Tarent lû^^^ P'^^ P^^'^he 3gi):e uifqu'cn fon bgis. ' 1 P,''^" ^'"^"î^'^ yeux , & peu après on ouuroit la laoiateur, la ceignoiciu d^ne ceintu;j faidc de laine i^aW^S "^^'^'^'""^^ ^"^^ vn certain <; b.ebis , que le mary luy dcfaifoit après fur le 1 ' défit J "'"^''^ °" ^"^^^ PO^c pouou en la telle au dcfious du voile ou' 1 nom " ' ri ^ " '^^''^ = ^^^^ ^' "'^^ '^«^'^ d'auth.o- loicnr tU,.rneum, vne guirlande de verveine mlnX'^ hnm ' "'">''"= «^'^"^^"^ inuuez au. obfeques par vn -crcs he. bcs , ^ U faîloie.t leoir. fur vne prau d I Su , T "°*^ f''^ '-■^^^^ fbis:oc quand elle nlloit t.ouucr fon mary, cuJ rvo-^^J''' " "^^^^^^^^ :o.c accomp.gnée de tro.s enfans,qu. deuoienVauôi I ci Z ""^ "^'^ '^""^^""^ ^ ^^'h re&trerc : 1 vnd'cux portoudeu.mteIlevn fl.m ( au allun:é Lia d'aubep'in ( veu qu s t mon^c Im — «^'^é de donner des couronnes aux fa.lo.ent de nurûXscL LuresliloTn ffrdë ^' ftcz. On'^lvaiectoitencocedaiantvnec 1 ÎCapi - ^l^'^ '^«nnoit a« ^.'unte de lui , aucc le fufeau pU.n de fil .^I^on tv n o 1 1 i V «^'^«'^ ^'herbe, qu'on don- tcK toucher après le feu i'ea'u. On n'aHutoi „ f 'U" l"'^ ^"'^ X pcesplusdcj. rorches, que les Ed.les auoient ^c^ Dn au, fa H P^''"'^;: 'î''^' f""^ L'""^"' J;:di::^t^a^^;^;:L:" par le Capiral^e au lolda. •SU'ttoit f.femn..r,ne....„n. l'^n^f'^"'- '^o"fc premier fur la mura.lle d'vne ville ennemie. On dounoit la caftrenfe à celuy qui cntroic prcmie, dans le camp , & fur les retranchemens des ennemis. fnrY. "T'"' P""' "'"y ^"^ F«^n^ict (ur le vaiireau ces cimemis,& toutes ces trois coucon- I auoit vaincu 1 enneniv far.? H^n -c. , ^ ■ Qu.fr.iV7 r "«^^«^'te manière quand l'hom J.aou I. fen.me lans quelle y preftall confencc- n , & le ,. qo, en vfa fut Caibilius ,co. ans après me^baaicpource que fa femme ne luy faifoit pomc C-Sulpice répudia la fienne,parce qu'elle auoit efté »a rnai.on en poil, & fansauoir vn voile fur h pecti îi./ L..'/""'^^ 'î^^ "^^""^ eltoit allée tSn^ PO. r^-'*^^"^ Ccfar répudia pour le (oupçon qu'il eue de Clodius, qui fut , / ^ un laaonnoit à celuv qu. auoit vaincu l enneniy fans rien perdre. Et la pre- mière fut f.Ke d'epics , & donnce i.Romuîus. A a ; Difcoui-s de l'Eftat de l^life. 2/ S armiUes cftoicnt certains petits ceicW dcbmesd'm & d'argent , que les ioldats pL-ttounc au btas gauche prés de l'efpnnlc pour orncmeir. On accûcdoit le triomphe aux Digne du Cardinal de Ferrare, au pied du ment QuirinaUaintenans appehe ^Te 6. du mcfme mois en mémoire de la viftoire obtcnué (ut les Latins, les Chcualiers al oient niagni- fiqacment veaus , portons en la mam droite des ra^ ^lux d oliuier au Temple de Mars , qui eftoit en a ^oyc Appie. à 4 milles loing de Rome, à celuy de Ca- ftbr, 6c de PoUux. ^ ^ , Le 19 de May on cekbroit les Luftres.aufquels on n^onaroit les trompettes , Us Aigles , & autres enfei- Tes, &inarumeats de guette. Us auoian encor ac- ^ouaumé de f.ite les ,eux Trajans.Scernques, Capuo- lins.Apoliinancs.Seculiers,Romains. l kbeicns.Cir- Aéiifes» ôc autres. . , Ce ne (croit iamais faid fi i'cntrepreno.s de difcou- xir entièrement de tout ce qu'on peut dire lut le fo)ca Le nous tra.aons. Il fo^c d'en auo.r dit ce peu de paroles . & de r'enuoyer les plus curieux à ceux qui ont faid des iiures exprès de cette matière. Laiflons donc toutes ces anciennes façons de faire , afin de ve- nir aux modernes. ]S/lœms de ce temps. T Es Romains de ce tetr,ps retiennent encor beau- * ! L coup de chofes des ai.cicns , comme la grau te, qui femble care née auec eux, la "^.«2"'^"""' ^ -J^/ certaine grandeur de courage particulière a cette na- ion qui la (çait mcfnager plus d>fcratcment que les Efuaènôls auec leurs façons de faire affcdees.Aurcfte, Rome .a ptelque toute pleine d'earangers qui y vien- n^t de toute l'Europe : de (ortt qu'on peut due que es mœues de toutes ces nations y font pratiquées . & on ?en fçauroit particular.fer gueres de cho(es . tant Îes a o s des v.^ des autres (ont difFeremes. Il faut ips aci on» ocs viio u»^* — , ,, d e (eulement que c'eft vne ville où l on vit auec beaucoup d'artifice, & où l'on porte beaucoup d hon- neur . nufrue aux plus panures , qui fo.t capables de l^aruen.r à quelque grandeur 5 pouice qu on a veu dans lieu tant de mcrucillcs de la fortune , qu'il n'y en a point de fi miferablc qui ne puiiTc dcuenii heuteux, cftant de la condition ik cipaciié rcquife , tellement qu'on craint d'utucr iufques aux moindres , de peut qu'ayant quelque iom moyen de s'en reuancher, ils ne le falFent.' Mjis pour parler de ceux du pays, ils font comme tous les autres Italiens, pleins de fard , n'ou- blient aiicment les iniurcs reccués , viuent mefquine- îuent en leurs maifotw , mais ils (ont prodigues lots qu'il faut faire quelque dépence qui paroifTe. Les Gsntils-hommes y font courtois,gcntils,& fort ciuiliftz, propres aux armes,& à la conduite de la guer- re : mais k menu peuple de la Campagne de Rome eft du tout grolfier , tude & fauuage , mais il ea plein de coura<^e,& robuae,au(rj bien qu'anciennement. Ceux de la Marque d'Anconc font d'vn fier coura- (^e, & pour cette caufe propres à la guerre. Us font ru- des en leur conuerfation , s'addonnent à l'Agriculture, Si ne fc fciicicnr guère de la marchandife , peut-eare poarce que leur pays n'a point de riuiere nauigeable, ny de belles plaines , ny dautre port que celuy d'An- conc , qui n'ea pas fi bon qu'on le faiâ: , vcu qu'il eft totit omble, ôcn'ca guère (eur. On donne en Italie à ceux de Ferrare le nom de ru- ftz.on appelle ceux de Perufe prompts & hardis, ceux de Spolette fins & cauteleux , ceux de Bologne farou- ches , ceux de Fayence courageux , ceux d'Oaie pref- fants, ceux de Rome cruels & vaillants. Les Romains apportent à la guerre la pcrfeueran- ce , les Fcriarois l'artillerie , ceux de Viterbe des cf- perons. . On dit aulîî que ceux d'Ancone (ont me(quins,ccux de Rimini grands mangeurs d'oycs , & ceux de Peru(e mangeurs de poiiron.Ôc delicats:& d'ailleuts,qu'ils dif- fimulent leur courroux , lors ou'iis ont receu quelque offence : mais les Ferrarois s'opiniaftrent à leur ven- geance , de mefme que les Romains qui la prennent- plus cruelle que nuls autres. Quant à la réception des cftrangers , les Ferraroil. leur font rudfs,& ceux de Spolette grolTicrs^^ en ton- tes chofes gens couuetts. Pour le regard des feonnes, en die que celles de Perufe font fot t ptopres , celles de Beneuent ruaiques, celles de Bologne vn peu glorieu- res.ccUes de CcCenc raui(rantes & (ubjeftesà prendre, les Romaines graues, les Ferraioifes auides, celles de Raucnne coiirtoifes. Pour acheuer fon difcours , tous les Italiens en ge- ntral font fi pleins de jaloufie , qu'ils tiennent conti- nuellement Icuts femmes enfermées dans leurs logis, comme dans des prifons , fans en permettre la veué à perfonne, non pas raeimes à leurs amis plus partica- lieis , fi ce n't a par vne faueur extraordinaire , & auec tant de gens qui regardent de tous coacz,& qui épient ks avions des vus ik des autres,qu'encor que les fem- mes cuflent quelque volonté de faire l'amour, il leur fetoit impolTjble d'accomplir leur dcfir,fi ce n'ea auec vn incroyable artifice, & vne extrême peine. Ils font auflTi fort diflîmulez , & lots que vous leur auez vne fois fait quelque offenfe,il ne faut penfet c^ue vous puilTicz vous réconcilier auec eux , aiufi qu aux autres pays , veu qu'ils garderont cela fur le cœur tou- te kui vie , & penfeiont continuelkment aux moyens de s'en venger , & mefme il y en a beaucoup qui font fembiant d'auoit public l'iniuA-e,afio d'en prendre ven- geance plus commodcment.Sc à kur aife.Maislemeil- leur eft de ne vous fier iamais à ceux à qui vous auez donné quelque fubjcÛ de courroux.vtuqu'ilfaut croi- re qu'ils vous feiont en fin coguoiftie leur teflent^ajent s'il leur eft polTible. DiTcours de FEftac de l'Eglife. Rkhejfe 'es. 'Eftat de l'Eglife abonde rdlcmenc en f,rains,&:*ei; A-' route forte de bitiis, qu'il eft mal-ai(c que la cher te y vienne par le défaut de la tcrrc,pource que toutes ksProuinces cftant diuifces en plaines & montagnes, il faut que l'anncc %>ii bien mal-hcureufe fi tous les endroits viennent ï manque r. Et mcfme il y a tant de grain , de vin , d'huile , qu'il en fournir mefmc aux iutres pays , comme à la Tofcane , Genncs , Venife & l'EicLuonie en peut rendre bon témoignage. Il c il donc force que la cherté vienne des traidtcs, aufquellesil n'eamal-ai,c de remédier, pource qu'el- les dépendent de la diipofitjion du Prince. Mais il fe ^79 on fait au Vcronois, uu Vincentiii. &c au Milanois. Le aTr r u r "P'""'" ^1"^'^'*"^^ . «ufli fertile. i, les Humiliez au commencamcnt de leur Reli- g'on furent fufhlants pour introduire l'art de la Line à lorence & en d'autres lieux , pourquoy cft-ce que ce- la era d,fhale à 1 auchoriré d'v'n Paje / & à vn^^eup e qu. s y voudra employer > ou pourquoy cft-ce que ces -es qur riorinenc tant aux aLes\iL ne porro. cftre ranjportez à Rome, à Ancone. à AfcoIi'& à R^ uenne ? L autre chofe eft la commodité du trafic, pouc lequel .1 eft necelTaire de nettoyer Hc acco.r.îioder les ports de Qu.ca Vecchia. & d'Ancone, pour y atti'e à Tl l'-^l'^' ''""^"^ > ^ à cettc-.y^celuy du auec de beaux prju.Ieges, & de bonnes exemptions.ôc les entretenir en fc crr-, » . , «"iwjofc r-"- " ui'puiiuon au rrincc. Mais U le auec de beaux pnuileppç f>^ r^/k^., * peut fair. que l'abondance foit en vn pays , U qu'on , les entretenir e'n e a^c m^^^^^^ n en puilU- toutesb.s ,o.,yr à caufe du grand nombre traitement. Et l'on ne Zt rien " desianu.s qui commertcnc n,ille melchancetez , & pource que la grandeur des Eft ^1? "^/T* font vnt .nhmrc de rauagrs & de meurtres : auquel in- Princes dépeod pour la Is 'ranf a'^" ^'Î conuenient .1 funble que l'Eltat de l'Eehfe eft Darticu- 1 abord & nn.I J. " JfJu"' ^"^'"^^^ P^" ^u grand ' ^ «^-v •.•«.util <.9 ; auquel in- conucnient il f< mbic que l'Eltat de l'Eglife eft particu- lièrement lubj a. Et de vray beaucoup de lieux de cet Eftat démolirent diierts , beaucoup de campagnes ne Joat cultii;ccs , & plofieurs pcrfonncs font en mifera- ble eft.-'f pour les dommages ineftimables recéus de ces coureurs. A quoy l'on j ourra tcmedicr^ftant en bon a;.cotd auec les voifins , en oftant la commodité des bois & des retraites à telles gens , & en drelFant « HJaigUlant les chemins. Car ce fut par ce moyen S" AiJgufte s'elFaya de remédier aux meurtres & vole- iies qui fe conimettoient par toute l'Italie. Que'iMs le mettent aux champs,&: viennent à vou- ir r«Miir I . f ^^^^^^^ ;i r < ^ . abord & nombre des marchands. Pour le regard du reuenu du Pape . il co^ififte en la Douane de Rome , & autres daces fur le vin & lur les cheuaux, en lagabelle de la faiine, en la falure de Ro- tout 1 eftat Ecdefiaftique , & en la Douane du beftial d" 1 attimojne. aux luminaires de la Tolfe, Conttool- leur gênerai des Poftes.crimes de Rome,raxes de che- uaux . en 1 ayde triennale payée par l'Eftat Ecdefiafti- que, mile p.r Paul 1 1 1. pour vne fois. & puis deuenuë perpétuelle en 1 ayde triennale payée par les Religieux non merjdians d'Italie, aux collei.ons d'ElpagSe Portugal ,& d'Italie . cens « p:„..,„JJ - .V rtu* cuamps,oc viennent a vou- non mend ans d'Italie, aux roliV/f.., \ j.c, . ou tcuir L cmpngne . .1 fera premièrement befoing Portugal , & d'I taSe cens dil P * cmpuchcr qu'ils ne fe r'allunc enfemble . & s'ils t Royaume de N p s la DuchL V k'"?'^' ;'lhent ,1 but elfayer de faire qu'ils ne fe puiffent fier i Plalfan, . t de loi dcmpeicncrq^.«u^ »^ i auitiic eniemoie , «siJs le ! Koyaume de Naoles UnnnUi a'\t , . - r-/*-fc-- • r-ahent ,1 but elfayer de faire qu'ils ne fe puiffent fier i Plalfance. & aurrW en a D '^^^ i^'"' 1 vn a l'autre, & pour condufion fuiurc irchem.n & j uenus ordu^irë d^^^^^^^^^^ outre ce aux re- 1 expédient de Sixte V.& deClement VHI.quienont quc,du Pa r moft ^^^^^^^^^^^^ - — r --..»..~».»*n tuiuii. iw t.iii.uiijj IX I expédient de Sixte V.& de Clément VHI.quienont excerminc prefqu'entiereœent la race. La Romagnc fait du fel qu'on port eaux autres pais , „ . ixume, de la JVlar'p que du p,„,„,, & Ombrirdc Ferrare Camenn, Pcrufe, Bologne, Beneuent, de plu- fieurs villages, & autres petits reuenus. ^ ^ LaMarqt.:donnéqû;i^;;ï;r;;ï:^^^^ eftiers de froment aux Vénitiens . & grande quantité & des go^u rS me" s re'Zs ir^' ^ ^'Satio«s d huylcs.Le Patrimoine & la Campagne de Rome ont ' Pape - oaTrcT^T \ V """"^ ' ^''^ lo-uent affifté de grains Gennes , & quelquesfoL en ! perro„r cu'd T "".7 ^"""n^'l' '''''' d« eore le Royaume de Naples. ^ 1 1,,, ' ^" P'^' ^ '^^"^^'^ Cardinaux qui font pau- Quant à la ville de Rome on y trouuc auelanes le nprr.ré.«^- rr i « Pc.ac„S, B.o„. «„, n,ul rfcu.tvS" pe on/;? ' d^^^^^^^ * uaufg. apc s'accommode à fes affaues. A ce propos Si.ce 1 V. a.foit que l'argent ne luy manquerou ïamau tandis qu'il autoit vne main & vnc plume. Et venta blcmcnt Pie IV. eut feulement des ReUg.ons joooo^ clcus , & en auroit trouué plus d'vn m.ll.on s.l euli voulu comme on luy confeUloit.admetcre les rcHgna- nons des bénéfices auec regccz , & les compofuions '"p?uuTi:entra en ligue aucc les Vénitiens. S. l'Em pereur contre les Turcs . pour l^fi--f^P-" /^^^^ Lfpence. ôc enuoya pour (ecoucs a Cha.les V ucoo- feommcs de pied , & cinq cens cbeuaux payez . & mit la maifon en la grandeur où nous la voyons, l le V. en uoya 40U0 hommes de picd.ôc cent cheuaux a Char- les IX Roy de France, , Mais pour faue vou encore mieux les reuenus & les dépences des Pape, , i ay penlé que ie rapporterons au Ledcur tout ce que le do>s , û ic k.y en mettois :cy vn «ftat. Le voicy donc tel que le l'ay pu tirec. Us Douanes de Rome ont accouftumc d eftre - fermées au plus off.ant pour neuf années . c elt à Iça uoiTpour le^rix de .rente -cinq mille efcus ou enui- otSce .'ac en tuant toures les régales auec a - gmentation, les tromperies qui s y f^»/ ' " francs des Ambairadeurs, &c lieux pies, & autres priui Î:;:::UreaetaàladirporitiondelaCham^^^^^^^^^^^^^ "7albre de Rome s'atîerme ordinairement au plus cffcant pour fcpt ans , 6c en tirant toutes es regaks & dcpencès , il refte chaque anncc pour la Chambre, ''ugteUe de deux carlins pour la monture du grain de Rome fut eftablie par l^/^^P^r r"" Te .f;^ ; puis ils furent appliquez .ufqu.s à la f^^'"-'^ f ^ ^ cfcus , à railon de fept Ôc demy pour cent , puis ils iu- nt , duits à fept pat Pie cinquième , & a^T.gnez aux Ma>ftves du baltiment , & tout le reuenu . dont le ma- ternent eft donné au peuple Romain . aucc la furin- tendance d'vn des Seigneurs de la Chambre , monte. Ou afferme lagabelle du quatrain de ^^^^J^ ^l^^ me à raifon de fept pour cent. ioooo.elcus. "iC^tionle^lulespourletonneat^^^^^^^ *Tr!bS;attain de lâchait àhutede^^^^ de l'EgUfc . excepté à Rome , Bologne , C^^^ - > ^ Bcneuent.s'afFcrme ordmairement fo.xante mille e eus Vannée : mais à caufe des dcpencès & regales . il en icae à la Chambre toutes les années enuiron , jooo. '^Ta maiftrife des Portes de Rome , &c de touï l'Eftat de l'EgUfe s afferme 5000. efcus . & en venant à fou- Lireiuteslesdépences^tecompences.ilre^^^^^^^^^^ Us" miiuires de la Tolfe eftoient autresfois affcr- mées pour 64500. «feus Tannée, dont on paye 56500. Tf u aux faifcurs d'Alion. 6c le rdle à diuers, aucc les rcgaîet des Seigneurs de la Chambre , fi bien qu il ne jette aucune chofe pour la Chambre. L'impof.tion des chandelles s'afferme chaque an nce. Les cens de S. Piètre montent pat an jiooo; efcus, & l'on les exige le jour de S. Piètre toutes les années, îiooo. efcus. , ... Les Cleigez compofez par les dépouilles , payent toutes les années pour S.Pierre, ii6o.e(cus. Le quattier de s Moines réguliers monte chaque an- née zoéôz.efcus. dont ils payent 14960. e.cus au mont Nauinal des Moines, lefquels ils ^^^'2"^"^' ^'^f^^" me de .5701. au mont Pie,& des recouurements vaca- les, dont il ne refte tien pour la Chambre. Le fubfide Triennal de la Marque monte foixante n,ille efcus d'or à onze Iules pour efcu : dont on la fle qùatte cents efcus pour les baftiments d'Ancone. cinq, ?nUl efcus pour les murailles deFane. & ii6o.efcu, pour les mLilles de Ciuita noua "^^^^^tS vendus au Seigneur lean George Cefarm . & Z5 • cfcu» pour les gag.s du Threforicr. & paye tous les an qua- tre mille dcus au depofuaite , fi bien qu A relie à la fin de l année, i^frn* Le fubfide T.iennal de Rome monte 4° J04. etcus d'or dont on e.xige tity efcus o'or priml .guz Veni- Îiel\ titres efc^s, ^-^lables onU^^^^^^^^^ ^ Threfprier de la Prouince pour la garde de 1 me Légat , qui en rend compte . & autres 5400. efcus Tu CoUege^des Clercs de la Chambre pour les tro« djoudez'. & .0 efcus de mef.e forte au Thre or. qui exige ce fubfide Triennal pour fes gages, le port Il'arg'ent à Rome:fi bien qu'il refte àlaCham^e d^ "'u fubfide Triennal de l'Ombrie , & de Perufe ,5,70.. efcus d'onze Iules pour efcus , dont on exige pour des terres priuilegiées 7 4..efcus,6c 1 on pay tous les ans au Threforier de Perute 9485 efcus,pour le fup. pléer aux payements de la Threlorcrie : mais à adue, Sir on en aura , & mefme defia on en a la plus grande pattie.ôi i^o.efcus pour les gages & ports d argent iôc on a accouftumé de laifTcr pour les gages ioo. elcu* par an,ri bien qu'il refte pour la Chambre. UTé-efcus. Le fubfide Triennal de la Campagne de Rome, 6C des lieux raaritimes.mGnte par an 1565. efcus : es ter- res taxées ^048. efcus d'or. Qui furent mis l'an «55»- P»^ l^^^P» * '7^' d'o^ôc l'an .57.. parle Pape Pic à 155 5 efajs dorj & oftant 770. efcus qu'on exige pour l impcfTibilitc 3C les exemptions . & cent vingt efcus (^ur les ex»- deurs. Sc ie port de l'argent , .1 refte 14645. efcttt d'or, dont il vient en monnoye à la Chambre enuuoa» 11651. efcus. Les taxes des cheuaux de la Marque montent 77x11. , efcus . & font alTignées au Threforier f^/"" ce ; fi bien que le reuenu qui entre en ladite Threforc- ' n. j 77 111. efcu». ne eft de „ . . 1 „,1 La taxe des cheuaux de Patrimoine monte à 9p efcus.& fut donnée en afTignation po«r 9é7.aumclmc fermier des Douanes . ôc Threforeries du P^"'"'»'";* & l'on exige de refte, f^S-efc"». La taxe des cheuaux de Romagnc monte 50*7. efcus de monnoye . dont vnc partie eft payée recompence des Moulins de Rauenne , & pamc au Collège du mont fa, V^^"^^^ ^ ,n qu'il n'en vient par an à la Chambre que hmd ccos efcus, qu'on ti« de la Threforcne de Romagnc. 800. efcus. , • „n.«;*nr Tiuoly paye de cens par an too. efcus , qui efto en donnez au feu Cardinal de Ferrare autresfois , & font aujourd'huy au depofitaire, L'Augmentation du fubfide Triennal de la Marque, au lieu de la chair de pourceau ««^'"^^ndï ,o.î4. efcus douze Iules pour efcu. pAe" loi efcus pour les charges . & vingt pour l Exaftear & porc de l'argent ; de forte qu il refte pou^» Ch«n bre, ^ 'cett Difcours de J^Eftat de l E^Ufe, it'on de la Proiiincc de Rom 1 ..ennal. & (.p,a,„c-t,„,s cl. „s ^o.r Us cI.mhs Je / U Su fi It ^^I*^- 'fc'"- I Exadcur, & Je port de largenr. Rcftc po.u la Cham Dre, ^ L'augmentation d= la Prouince du Patn/.o.ne'c'a de 24M'Ctc,,s. On en d.ftrair joj.poiu les terres q,.i La Thrcrorcr.c de la Marque auec la t.xe des che <-<"s y font aai^n! '^^ To-.s les Offi. S'é.c/cul ' ^'^"^^ années, J^Franço^sdel^onrainT '; ±^l?--g^r- f ru mer zçô i-C^nc "^""'«'"acconftumé Jes^afTer- Siat'ï';r°-/'"'' ^.-ooreVcus'p^urs'x leS t • '^?^rde.& .Ao.efcus pour li refte pocr la cS,î ^ ^^"^^ '^^^ ^r^'" 66j77.efcus, & pource qu'il y entre pU.ficurs Rea.jes & Jcpcncs il rc/le peu pour ia Chaire. LaThreroreriedcCa.rerius'a£Ferme24coo cfcus ta.r H rdte peu pour la Chambre. ^ ocs chcuaux de ladite Proutncc s'afferment ordinaire- n^ent zo5ooo.eicus, niais à caufe des grandes, p es ^ pyernenrs,.lreftc peu à la Chan^bre La Threlorerie d'AlcoIy s'alFernie pour cinq ans I D, La Threlorme de Campagne rcnJioooo.crcus& ^d^'jrcr" 'ch"T'' co„>.:,r,vf:^ l f,:,,^-- Pape s,«e „„di. Chambre, que année compte. & cela monte cha- ,ooMT l'année. ci,e'lX*''""""''-^-fedo.eftc,-„d,e.o„ °:""^*'''°«^'^"'s-"o„,ùepa;iri?;; •n compte à la Chambre. cy ne rend au ■ lVcIt?b,e ' P^y^ 4Î4. efcus à ceux pences t !;^ V P""^ & diuerfes pencfs, & yén. cfcus au Gouucmcur , & co. efcus i2oooo. efctis. ^^^Cclled'.ral.ev„ea„„^cpo.a«,W. „ooo. iiutr;:^'::,ri";.:'°'" -a»- ^« i l« p™^ de, nccs enuMon, 'cuaent toutes les TK.-< , A r""'^''* > on en paye 78 i , Thrc,o„e de Perule & . .60. au Gouu'erneur d Wete, ^tellement quil refte pour la Chambre -aDoibned'Anconcs'aflf^rmeauColiegeduMorit desrecouurez, î joc. efcus l'année , années enuiron, Les afflanch.lTemens des biens Ecclefi dent par an, ^'-cieliaftiqoes ren- La depofiraire 6u confignation de Bn4^°°"'^'"'; Hes les années tnuirr.,. . l^cogne rend dans ladite ville, LaDaterie rend chaque année, 4 000. efcus. 68 i/o.efcus. ' ^ ""-"5 ' année , afEgncz ail toureç îpc ' S"'"'on de Bolocroe ren^i 'latliUiambicHjco efcos. fto£ ° r " '''"Se Je payer a„ Secre.aùe Ce que le 'Pape donne mix Cardinaux , is- ce^ i" 'iépencetn autres chojet. moins, ^ qui plus à qui ' moins. î8i Difcours de l'Eftat de l'Egllfe. .r. .„P. ^.ures.ne pmffc aaec tant de cr Et encoï au mcfrr.e pour «Vf f^j, \ les forces que l'ay dues, ^/^^ ^ je parr, E. pour le renouuaiemenc dubuffet.deu. fo s^^^^^ ^^^^^^^ ce. ..... . MocL >7 - e(cus. j nous n'auo.s ^au.c -^^^^^ 4 ^^^^^ que les Papes leur aunhoritc contre les qa'.ls r^'onr ^^'^.^^^'^^/^^aepo oient les fc.pcrenrs. plus puiffans P""''"''^'';^' tT£(hts àleur voloatc,ÔC L les "^;°rfl^::i: Lps d= nos Pcces mclraeonHauceq iep ^ , p de France à paf- A va Efcnaain de la Sec.««..c ^''"t'^ZlM^l... l'I.alie/ foucoU pou. rvr.g= au Papc. ^f^^,. | . h^^''i<:''"^'V^^^, t :<^L mainnnc U aigm.c Pour la cire de Chandeleur, J . 1, ar^.ff^rr^. Paulii»-"" >lit?a-/?"SLfoX^^^^^ Pour les habits des l aicrtcmt ^ ^^o.efcus. la S.Iean, & Nocl, ç.^rrraireric de fa Sain- Pour quelque depencc de Sccrccauene ^ ^^^^^^^ aetéranncc, Çecretait-iîe toutes les an A vn Efcnaam de la Seccctair.ne ^^^^ç^^^_ nées. loj.efcus. 17 \ r ce La 11 1. du nom maintint la djgniic les euft foufFcrrs. , ^ deux pailTams Prin- lefetrouue. rm..« en Italie la mit ptefque iules IH. S V d^^^^^^^^^^ bcauLup'de ,outeenconfafio...jPau^^^^^ ™Uhons d or , & l^^^'^ J „,ift,,^ des deffans rnal te- inconueniens qui pcuue ^^^^^ glez d-vn "^^l^' ^^^^^ (iifi-r à quelques Dieux cens auo.cnt =^cco"fttu.c ^^^^^^ pour auoir du bien , K \r\^^ ^ crû que c cftou euoir auc-^dommage . a a^^ q ^^^^ fagement fa'.6. d<^lt^^ ,,ce qu'autant qtic les faueuïs que les^apcs ^^^j^-^ faite, font vtiUs ^^^^^ j^^/^ s er.ncmis , font les ma«x qu'on peut "^-f ^'^^ ^^.^^ .^ut mettre ea ^^^.cet.cau(etousl«Pnn^ael^^ ,ant grands f;^;;-;^„;,7: .thLi'.cz a.^x Papes « d'autres '^o";'^^^^^;°"';„,ores que grands, ont tafchc l ,ous vniuerfeUement enco. s q g . , de fe les '^--^'^^/.^^^"X.cnir aux peuples qui font pour comraues.M . po^^ ^^^^^ 1, fous la domination ^^P^ ^/^^ j^uxon trois Pro- bre de ceux ' ne mettent pied a terre, oc* i r auroient mis ^^^^ iesLatins,8c IcsRomaiDi .4oo.e(cus. ! C eft en cet bua q Romagne , de 1. 3^ - 6;9.efcus, ' dompteurs 'i" autre chofc . finon qu( ît-ïï::^-»"..c.u.f....;:.-^ Aux SuilTes cncor f'^XZ J^^^^^^^ , mille combattans . qu o" « ^^^^.^^^ ^^^^^^^ AUX mefmcs pour leurs bonnas & pan ^ ^ ^^^^^^ ^ p^^,^^^,,,,^ n.l'IeV qu'U les en chaffa toute: tfcus. Pour les djapsverds, jp U femaine Sainde: Pour les dcpences du Icudy de ^^^^'^^^^^f^^,. ou Peneafe. x7o.efcus. Pour les rameaux d Ohue, i4o.efcus. Pour la rofe a or qu'on donne, M^^^.^^^ Pour l'efpée 4" w,,, en broderie de Pour refpée , ccuuute chapeau ^^^^ç,^^^^ ^toutledaizdedrapd'orpoutleSauueur,^^^^^^^^^^^^^ ^^';:u:î:s:^-delaf.ae-Diea.5cen(e«J^^^ ^°^!;:;rhl.cs de Chambre, par mois, . ic.efcus. Aich)uiftts par mois, Ce que fa SamBeté donne a [es JSlonces. . V Nonce qui eft prés de l'Empereur tousj^^^ ^uNonccquUftenFrance par mois. ..5.e(cus. AuNoncequieftàVeniieparmois, Au Nonce de Saucye par mois, AuNonceprésduDucdeTofcanc. AuNonce d'Allemagne par mois. Au Nonce de Pologne pat mois, Au Nonce des Prmces d'Allemagne. >^uNoPcedeNaples. Au Nonce d'Eipagne. Gardes du Pape. ^ V r ^oitame Gener.l des Gardes de fa Sainteté, zjo.efcus. ii5.efcus. jy.efcus. iij.efcus i jo.efcus ijo.efcus \r. netites & grandes Enfeignes. looo.efcus. Forces, 19 Q ,'.n trouue de f,,, eftat que la qïr;, tout le r.fte ue 1 1^^'^^^ ' ^j^^ , hom- Mavque & la Romagne f°"^"^°"i'^'^,,„,„oine. ôcla „,es propres à mener es ma. s S. ^^^^^^^^ , ,e George . pourfurut ,^ en chaffa toute: res qu. Ht e aûpa-uant mal entendu d. ^ reduifu l fjj, ftimott aucun Capital Italiens.entel eltat. qu on .'Un'auoit combattu (ous uy. .^^^ Ceux de la Marque lesRomair n^encerent la ^erre ^^c^^^^^,, Vou. l-vne des P^-.'^-SXŒ baUpres auoir vair. ,es Ombres, do^H^^^^^^^^ »'"-^ — c -^nnt Hannibai apte» au'-'" ■ Va™au.(o,a,..Uco™.-c^^^^^^^ Rome, puis qu api"'""» vain a.uq« ce.» . • „.,f, pas moi-i« . L'exctilen" art LapKamcs u r Difcouis de l'Eftat de l'Eglife. 28 la valeur des foldnfs de l'Eftac Eccicfiaftiquc. Car on y void fleurir pli:ficur$ familles propres à pomiioir de Capitaines cous les Piihccs, & couics les Rcpiil liquci d'Europe. Tellement qu'il ne fc faut cftoiincr , de ce qu'en la guerre de Terrarc, finie heurcufcmi nt en bien peu de temps , on a vej mettre en armes prcs de vingt mille hommes de pied , & deux mille chenaux tout de cet Ceft lc fub;ea qui a conuic h s Roys d'Angleterre à fe rendre tributaires, 6c les Roys de Naples à (c ren- dre vaffaux de l'Eglifc. & I,, Comcellc M uilJc à la-lfcr la .^efmc Egl.fe hedticre de Ton grand Domaine. Cède atuhoruc elt fi g^nde . que par fon moyen L on tro,l.efmc dcmenuKa l'hmpuc d'Occident^dc cduy d Or.ent. Se en inucit.t Charles le G, and. & fes fucceileurs. Anec U me/,ne Grégoire cinqu.c^c mit Eftat , prefque dans vn mois ; chpfe q.e pcn d'autres l'Empire entre k- m ^s d Al i . '^"=''1"^'' Princes flc Seigneurs d'Europe pourro.ent faire. Icpt L; qu'il dépence vn fol : ie lailïe laïuhonié que la Religion apporte au Pape, & l'inte- relt que les autres Princes ont en la conferuation de l'Eftat de l'Egliic, dont le rabais feroit leur perte, &r ie laiife aullî la promptitude auec laquelle les Princes eftraiigers piendroient la proteaion de l'Eglifcoa par le defir de giôire, ou par raifon d Eftat. C'eft pcurquoy nous voyons que Grégoire VII. & Alexandre 1 1 1. ont fait tefte à des Princes qui auoient les forces de l'Empiie, pour lors plus puifîanc qu'il n'cft à cefte heure, jointes à celles des deux Siciies. Que diray.je des foitercfïcs d'Oiuiette,de Citeca- ftdlane, de Caftrc, de Peliican,du chafteau de Spolete, de Perufe, d'Ancone, de Fotli, de Bcttinor , de la ville & citadelle de Fcnate , & racrme on peut dire que l'Oiubrie.à caufe dcfes pafiagcs eftroits,& de l'afpreté dcfon aflîctte, n'cft rier> qu' vue fort eiefFe. Celle importance , giandcur de I Eftat Eccle fia- ftique eft redoublée par la grande authotité du Pape, vcu qu'il n'y a l'rince qui ait plus de moyen de rc- coaipcn(er& de punir , qui pnjfre pins donner auec moins peaerqiM puiffe conférer des dignitez égales * la grandeur des Princes , fans crainte d'amoindrir la grandeur de fa P(incipauté,il n'y a Prince qui foit plus relpcâé de fcs voifins, ny plus leueré de ceux qui (ont ï lloionc z , & pour abréger on peut dire que les Roys, & les Empereurs puillbnr receuoir de l'honneur de leur obfiinncejfi ce n'eftcn la rendant à ce Prince. ' ,. ... ... luviiui. i-iii rxjtAanarc II- z>cme diuifa par vne ligne toutes les naui^ations de Océan, ôc des terres neufues, entre les Caîtillans, Se les Portugais. U faut adjoufter à cecy q.e l'Eftat de l'Eglife cft aujourd huy plus paifible , la grandeur temporelle du 1 nnce eft plus releuée que iamais , pour deux rai- L vue fut la vente de la liberté que fit l'Empereur Rodolphe aux peuples de Tofcanerce qui fie que l'Em- pue manqua d'authorué, & les Empereurs manquè- rent de lubjea de venir en Italie , ôc de trauailler l'E- Ctfte-cy fut fuiuie de l'autre , qui fut de l'extirpa- tion de tant de petits Seigneurs qui déchiroient l'Ellat de I Eghfe. A quoy Alexandre V l,ôc luks 1 1.trauaiUe- rent grandement. Et ce qui aydc encore à ceftc grandeur , c'eft que le Royaume de Naples 6c l'Eftat de Milan font ious vu Prince qui ne demeure pas en Italie. Or Ton pourroit entièrement alTeurcr cét Eftat en le garniilant de fortcteiles , comme les Vemtiens , ou de gendarmerie , comme les Turcs , ou de l'vn , 6c de 1 1 autre, comme font les Roys de France, & d'Efpaane I Quant aux fortereifcs fu parle des Eft.ts hcredftai- rcs, comme naturels, ôc non de conquefte, ^ acquis par force , & par violence; on peut dilputer s'il elt meilleur de fortiher les frontieres.ou le .œur de l'Eftat. ou les frontières, & le cœur tout emembk. Surquoy Kdy , que des villes. maifti-a/lts, quelques- vues font embbbles au cœur , tant pour leur aftictte , que pouc iT iV l^'^^i'-^ Xont au mi- lieu dcsEftats , comme Lifbonne , Prague , Londres, Florence, Paris i:< Madnlj pour raiion de l'oiîîce. pourcc qa'àcaufe de leur nchdie elles fournilïent ks forces aiix autres membres. Quejques-vnes font fem- blablcs au cœur quan.; à l'office , 6c à la tefte quant à iadiette, pource qu'elles ne font pas au mihcu des bltat^, a!ns en quelque extrémité, comme Naples. Pa- lerme, ou Meffine, & comme Gennes, qui eft affife au milieu de la riuiere , quant à la longueur , mais en vne extremi-cquant à la largeur. Or les villes maiftrclïes qui font au miHeu de* tftats do.uent eftie pluftoft feurcs que fortes.Sc la feu- retc confifte à cftre c floignces du dangf r. Cecy s'ob- tient par la fortification des extreraitez.&des pairages'. Car la fortification d'vne ville mairtrelfe affife au cœur de 1 Eitat,oite premièrement la hardie/Te à tout le refte du Pays , puis I'authorité& la réputation au Prince comme à cejny qui fe d. fiant de pouuoir tenir & défendre le refte.penfe à fe fauuer au cœur de l'Eftat, veu que comme quand la chaleur naturelle fe retire des pieds , des jambes , & d. s autres parties c fioignées du cœur , il y a peu d'e(>eiancc de vie au maladej ainfi quand vn Prince fortifie la ville où il demeure , & le milieu de Ton Eftjr , il (emblc qu'il ait perdu le coura- ge, & le moyen de défendre l'extrémité. Puis fauuanC les extremitez on fauue encor ie milieu , mais non au contraire. Tcliemenr qu'il faut que le liiiUeu s'employe pour fort bien à fortifier les extremitez: cequi ne fc pourr* faire fi tu fortifies le milieu , pource qu'il fera nccef- lait# de mettre en la fortification & munition de ce Aa jt Difcours de l'Eftat de l'Eglife. milieu ce qai fcroit bon pour les extremitez, c cft à Içawoir des vmies , de l'atcilleiic , des munitions , des aïmes 5c des (olda'S. Ec pource que les villes capitales loiu ordinairement grandes , tUcs requièrent vue fi grande décence 6c prouifion qu'il ne rcftera nul tnoy tn de fortifier.^ pouiuoir la frontiere.Cecy a cftc cprou- uc par le Duc de Mantouc en la foitifîcacion de Calai. Et par ce moyen il me (emblc que l'ay répondu à ce qu'on pourioit dire,qu'on peu: fortifier les excreraitez ûc le milieu tout enlemble. Somme, toutes les extiemicez ne doiuent faite au tre chofc que tenir l'cnnemy arrière de l'Elht , &C le milieu ne doit s'employer qu'à fournir les extremitez: ainû que nous voyons en vn corps animé que l'othcc des mains dl d'empe(chet les dangers , &c celuy du CCEUC de fournir la vigueur , & la force aux mains. Outre ce vne ville mailtrcire non feulement aura plus de moyen de Iccouiir les extumitcz n'eftant pas foiti- fice; mais encor en aura plus de loui , pour le befoin qu'elle auia de loger l'elp: rance de fa fauuetc en la de- tencc , Hc munition des ftocuieres. Si bien que ie le- lous qu'vnc telle ville ti\ olus propre à tenir les enne- mis loin d'elle , a gai nu la frontière auec toutes fts forces , n'tlbnt pas lotiifice , qu'aiiec vne partie defdi- tes forces tUaiu bien mile en defence j 6c tout cccy foii dit des titats qui iont vn peu grands : car quant aux petits , dont Us exttcmitez font prelque jointes au cœur , la fortification de ce milieu elt entièrement ne- ct:i,iie. Mais les principJes villes autrement alhles , & qui rcncmblent plus à la telte qu'au coeur, n'cltanrs pas en fturetc.poiiice qu'elles font eu quelque t xtttmué.ont befoia d'elUc fou. fiées. C'eft poutquoy de mtfire que la natuie allcure la telle de quelques animaux , non feulement iuec le crâne, mais encore auec lescomes: ainfi h rai on d'Eftat , ôc de guerre , nôn feulement ceîni f mbiables villes de murailles , mais les lenforcc en. or auec des citadelles. Quelqu'vn dira que mcfme les villes sflTifes au cen- tre des Eltais rcll-^mblent autant à la telle qu'au cœur, pôurce qu'elles communiquent aux places des cnui- tons.non feulement l'efpnt. qui cil le propre du cœur : mais encoie le fens & la conduite, qui ell le propre de la telle. Ce 11 pourquoy en fortifiant les vnes , on ne V)eui atfnier celle foitification aux autres. H n'ai pas mal-ailc de refoudre celle difticultc. Car en piemicr lieu la tcfte fctt aux animaux de chef, & de mains : de du fpource qu'elle contient le cetueau ; de mains, pouicc que l'animal s'en lert pour en otîencer. Et il y a queiqtus animaux, qui font cecy auec la bou- che, & p'^ur cet tftca Us l'ont longue & grande.com- me le chien, le loup , le lyon, les poillons. & les oy- feaux : queloues-vns le font auec les cornes, comme le taureau, le ceif, ik le beufie; les autres offencent auec les dents cxtraotdinaitcment grolTts , & longues com- me le fanglier , & l'elephant , qui a outre cela la trom- pe , pource que l'office du chef n'cfl pas de combattre, mais de pteuoir auec les fens , dont il tft doue , & c eft la main qui doit tepoullcr les attaques;, empelchet les coups , 6c caoigner Us dangers- C'cll pourquoy la tttlc des animaux n'eft armée comme chef, mais com- me mam. Aptes cela le confeil, & le gouucrnement de l'ERat ne dépend du lieu , mais du Prince &c du Magi- ftrat.qui demeure maintenant en vne place,&. tantoft en l'autre. . C'tll ce qui a faift qnc les Papes ont tantoft fait fcjour à Viterbe.toiuoll a Oiuiete.à Petufe,à Anagne, à Ricri, en Auigron, (ï< à Feriare. Mais pour le regard de donner vigueur aux cntre- priics, c'cll choie qui dépend du cœur de TEllat par la licljcile disreucnus, l'.îbondancc des munitions , 6c dis vinits, la n.uhitudc des ptrlonties) ôc la commo- dité de l'afTiette : chofc qu'on ne peut traiîfpoiter d'vri lieu à l'autre. Or Rome n'cft pas véritablement au milieu de l'E- ftat de l'Eglile , veu qu elle eft fort «lloignce de Bolo- gne , &c de Ferrarc , & atUz proche des frontières de l'Abbiuzze, & toatesfois elle n'efl pas aux extremitez, 6c tout auprès des ennemis. C'ell pourquoy il n'eft pas à propos qu'elle foit par- faitement fortifiée , iiy auOi qu'elle foit du tout fai- ble : mais comme nous la voyons auec le challeau , & le bourg fortifiez , & le rcfte pluftoft ceint de murail- les que bien remparé. Car fi on la fortifioit entièrement , ce feroit chofe qui apporteroit des inconueniens , & des defordrcs que nous auons dits cy - deuant , & pour alTeurcc les aiFaircs , confommer les ennemis , & donner du temps aux fccours , & aux occafions , il fuffit que le bourg & le chafteau l'oient forts. Mais pour dire quelque choie de ce qu'on a faict en diucrs temps touchant la fortification de Rome , Bei- liffaire refit les murailles ruinées, mais auec vn ciicuit beaucoup moindw. Puis ces murailles eftans encoits par terre , Adrian premier les redrelTa , & Léon 1,V. pour cmpefchcr que les Sarrafins ne vinllent à Rome en montant contremont la riuiere , baftit autour de la ville quinze tours , & entre les autres en fit d^ux fort necelfaires,c'tftàrçauoir vne de chaque cofté du Ty- bte. Il ceignit le Vatican de murailles , qu'il nomma de Ion nom Léonine. Nicolas 1 1 L enuironna la Mu- raille Belucdet.Paul III. commença à fermer le bourg, auec df Hein , que Rome ellant fort foUtaire du cofté du Lcuant , & la muraille efloignée des lieux habitez, & pour ccfte caufe ne fe pouuant bien fortifier de ce colté, ny défendre auec peu de gens, le peuple euft là pour le moins vn refuge pour quelque temps. Pie IV. mit en bon eftat cefte fortification , &c aggrandit le chafteau. U refte donc que les frontières de i'Eftat foient fortifiées. Or l'Eghle confine auec le Royaume de Naples par tout le trauers d'Italie d'vne mer à l'autre; le Perufui, 6c le Patrimoine confinent auec le grand Duc, le Fet- rarois , 6c le Bolonois auec le Duc de Mantoué. Apres cela les interells des Piinces ne portent pas qu'il y aye ligue 6c vnion enti'eux contre l'Eglifc , pource qu'il elt plus expédient à tous qu'elle fe maintienne en fa prandiur , que non pas fon rabais , & déclin adjoufte de la puiliance à quelque Prince qui eft défia allez puilTant de luy-melme. Car de mcfme que le Pape cft l-'crc vniuetfel , aulTi il femble que I'Eftat de l'Eglifc foit vn Eftat duquel tous doiuent attendre du fecouts, ainfi que les Vénitiens en ont fouuent eu contre le Turc , les Chcualiets de M^lte t n leurs neceflîtez , & l'Empereur Charles en la guerre de Saxe,veu que tous ceux-cy ont eftc fecoutus d'argent & d'hommes pat les Papes. ie ne parle pas ide l'Empereur Ferdinand , ou de Maximilian , ou de Rodolphe qui règne au>outd'huy, ou du Prince de Tranfyluanie , qui ont efté fecourus contre les Turcs de grolTcs fom mes d'argent, & de for- ce cauaktie, & infanterie par le Pape Clément feptié- me. Paul 1 1 1. Pie 1 1 1. Pie V. Se Clément VIII. C'eft pourquoy il me femble que c'eft chofc plus impottanc te au 1 ape de fe maintenir en réputation de Pere com- mun , & de ne rompre auec aucun , que de fortifier fes places , pource que par ce moyen de me^me qu'il af- leure tous les Princes voifins de fon Eftat , aulTi tous l'allcuretont , & iront à l'enuy à qui le lecourra , & le feruira mieux. Mais fi l'on doit foitificr quelque pla- ce ce doit eftreauxftontieres plus tfloignécs, qui font celles du Ferraiois, 6c du Boulonnois. Quanr a Terra- re.ellc eft fi forte que l'Eglile ne peut reccuou du dom- mage de ce collc-là. Difcours de l'Eftat de l'Eglife, Le Boulonnoîs cft vcritabicment foibîcpourcc que Bologne n'tft fortç , ny bonne à fortifie r , i cauff des lieux qui luy commanociir. Si bien que pour allcurci l'Elhc de ce colle - là , on ne peut mieux faire qije de fortifici Cjftelfranc, lieu qui pour t ftr c en plaine, non fubjcdc à des lieux plus hauts , efl capable de toucc foniHcatiou ; Se pour cftre en pnys abondant , 6c auoir Bologne pour voUînc, & inteicilcc en (a dcfcnce,pour Joii bien propre , & de Ton teiricoiic , peut cftre aifc- jnciu poiitucu, &: bien muny. Pic V.commença la fortification de Caftclfranc.mais il ne la laida piefque qu'elbauchce, â caufe d:i bruit de la guerre de Cypre. Auec ces deux clcfi, qui font Fer- raïc , & Cartclfianc , Ttlhc de l'Eglife demeure entiè- rement adeutc de tout ror.igc qui luy peur venir de de là les monts, & de Lombardic. Du coftc du Royaume de Naples la longueur de la frontière demanderoit beaucoup de forrctclles. Ccft pourquoy l'on pourroit fortifier vers la Marque Trsnfone , Offidc , &: Afcoli: niais Alcoli comme bonne ville forte d'afliette , & de gens, & ficocc au delà du Tront , au pays des ennemis, pour defcotiunr la nic.,& plus commode pour couner cl.cmtn aux Crfaires. qui t.reroie.t vers a ur clZ y fauc qudqu.: but.n, ou qui en retourne:oiuu * Mais 'A n'y a choie à laquelle .1 f.iHe dhe pins at- ent.f qui conrerucr& multiplier les habirans de l'E- u pource que c eft de cecy que la grandeur de toutes UsFtiiicfpautez prqcedc. ^^wics Surquoy ie ttouue quM cft à propos de difcoutir;. ^lou vient qu'en pluheu.s en Irolts d'Italie on vo d manquer le nombre d'habitans qui leur feroit conuc- nable, afin quon y puiire remédier en l'Eftat donc nous parlons. Le peuple manque donc en partie pour des caufcs naturelles, comme Ja peftc. & en partie auOl pour d çaulcs naturelles & huma.nes tout enfemble ,^comm= a famine . pource qu il adulent bi.„ rarement que la nature caufe la cherté fans le concours de rauaric\ de hommes, en partie pour Us caufes purement humai- |Ks.comme la guerre, les aifarTmats, les courf^s de vo- leurs, & gens de pareille eftcffe. f ■ r air — — f-;^ ".o..iui».iJiis, ^-is iioiDines manquent autlj , nourrr miM. -^^ • tcroK fuifiUue , & propre à les trauailler en leur eftat uent folde des P.ince^ eftranê s rvoru .^1 ^""K propie, comme la vraye railoii de guerre le requiert. leur feruice. ""Angers, ik vont a la guerre à Vers la Sabine il luffira d'auoir Rieti , ville alTez Et en cefte forrr il n'v a F^-it n,ù .-.(T , bo„« a. c„ bo„ pys , „e fa« abandonne, a„x | ^al que celuy Ire^L^.! ^oltcTue et ri": v^^ ennemis pour cefte caule.* Du cofté de la Camp.igne, cncor que ce ieroit choie irriportante de fortifier Ter- raciiie,rtufinon, Firentin,Sigue, & Anagni, toutesfois quclques-vns tiennent qu'il (uffifoit de mettre en de- fencc Frufcinon , & Anagni , en abbattant toutes les petites forterelles qui (ont plus proches de Rome, afin que les ennemis ne s'y peuffent loger , & s'y rendre forts. Du coftc de la Tolcane l'Eglife a les villes de C^ftello.de Perufe,d'Oruiere,de Caftre,& de Viterbc, qui font pour la plufpart alFcz fortes. ^lais pour dire la vérité , l'Eftat de l'Eglife ne pou- uant eftie alfailly plus dangereuferaenr que du coftc de la Tofcane , non à caufe des forces de Ton Duc, mais du paiFsge qu'elle peut donner aux cnntqis, comme elle le donna à Charles V 1 1 1. Roy de France, & i Charles Duc de Bourbon , il fera toulîours à pro- pos qu'vn Pape tafche d'auoir le Duc de Tofcane pour anay , en forte qu'il luy (crue de defcnce contre les cftrangets. Il tcfte maintenant que nous parlions de la mer de Tofcane ; & véritablement il eft à propos que le Pape aye cinq ou fix galères bien cn«rdre,tant pour afteurer la mer & la nauigation , que pour vne certaine gran- deur & réputation , pource que ce fcroit cliofe indigne delailfcr cnuercmcnt cefte mer, fur laquelle l'Eglilc a r«in de places , & il fcmble que k Prince qui ne joint les forces maritimes, à celles de la terre , ne peut eftre tftimcpiiiflant.Mais les galères pourroicnt eftre mifes entre Ks mains de quelque ordre de Cheualiers , à qui 1 00 donneroit l'Ille de Ponze pour demeure. Mais pour fçauoir de quelle forte cet ordre doit cftre infti- ;ue, l'exemple du grand Duc Cofme Ta monftrc,& ce «oit chofe trop ennuyeufc que d'en rapporter icy la manière, II faudroit que le chef de l'ordre dcmeuraft à Ponze, ' "^'^'ne que 1« galères ; premièrement pource que a Chourrae, & les autres gens que k mauuais air con- umeaCiuita Vecchia y leroient plus fains, & plus iailiaids,& auffi qu auec leur ayde,Poze qui a de tour -'x-huid milles, &: qui a pour voifines Palmaiuole lUJ en a douze , & lanuque fix , & j. autres moindres ^lej . toutes fertiles , & qui au temps de Strabon :'toient pleines d'habirans,feroient afl"eurccs des Cor- ^ijrcs & cultiuées , Se l'on tireroit cncor quelque fruit e ceRc mer, qui cft abondante en poiftbns, & piinci- aiemcnt en Sardine. D auantage les g%Iercs fer oient eu lieu plus propre L ' ' - t ""'-- «-j"^ i. tu comme vn champ commun, fur lequel chacun foitfcs ddlèins, ÔC des forces duquel chacun le prcuaur. Les hommes manquent encore.pourcequç les Prin- ces chargent trop le pays d impofuious , Se de tailles, à railon defquelles le peuple ne s'y marie, ou bien s'en va dehors , ou bien fi quelques- vus y eft.bhiîent leur demeure, Se s y raarient , ils n'ont pas le moy^n de s entretenir eux- mefmes, tant s'en faut qt/.ls puilTene leuirmcnt nourrir leurs enfans : à raifon deqcoy l'on void les chemins pleins de mendiants. ^ Les hommes manquent encor dauantage aux lieux ou le Pnnce non feulement ofte toute la fubftance au peuple, mais encor ferre l'argent qu'il en tir.i pource que leur ayant ofté l'argent auec les itDpofitions , il leur rauu eocor la vie, en leur oftant tome commodité de g^aigner, Se de payer ces impofitians. Ceioy fait encores pis , qui non feulement priue fes aijeis du moyen de fane quelque gain , mais veut en- cor le gain pour luy-me/me, en exerçant le trafic Les guerres , & les entreprifes efîoignéts çonfument aftez de gens, pource qu'il ,n rt nient peu : ce que les Efpa- gnolscfpmiuenc en leurs entrepn.res de l'Amérique, Se ont eliayc aux guerres de Flandres, & ks Portugais auxentrepiifes des indcs. " - Les Turcs ont éprouué îe mefme en la guerre Je i erle, & pareiliemcnt en celle de Hongrie. Ce qui rend encor vn peuple mifcrab]e,& rend vn pays defcft.c'eft h gourm3ndife,& la pompe', pource qoe ces deux chofcs font que ceux qui feroient capa- bles de nourrir dix perfonncs auec leur trauail , ifea peuuent prefqnc enrrercnir vn feul , & que fe rrauail- anc après des choies vaincs & foperfluës , iU lailTenc les vn.cs & ncce/Taires. .L-^ peuple vient de mefme à manquer li les biens premièrement diftfibuezà plu^ heurs,viennent entre les mains de pende perfonnes. Ce qui arriua fous les Romains à l'Italie , à raifon' deqtjoy Pline did qu'elle demeura dénuée d'habitansy pour la grandeur des biens de peu de perfonnes. Gûuusrnemenî anckri, POiirce que la conduite des Romains a eftc fi bon- ne , que prefque toutes leurs entreprifes leur ont heureufement reUilï , i'ay creuque ie ferois plaifir au Lcdleur fi je luy mettois icy le plus briefuement qu'il iera poflible le gouuernemeni ancien de ceiîx qui fè ions rendus redoutables à t^ut (jui eftoit de icuï .s 6 Difcours de l'Eftat de l'Eglife. cognoifTance . autant pat leur fage & admirable con duitc, que par leur courage. , , le commenccray donc parle Sénat duquel depen aoit toute radmi.iltration des affaires . 6c en parleray félon qu.l cftoit auant U monarchie. & après. ^ L ordre des Sénateurs fut inftituc par RorBU^us, qui confideranr que fa viUc eftoit affez bien forcifice d vnc gaih.rde icuneifc , 6c que ce ne feroit chofe moin im- portante de la fortifier auec le confei . cileut cent des premiers citoy -ns qui fc trouuoient alors,qu il appella Pères par honncur.ik Se«ateuts,à caufe de leur âge ^ « ceux qui naquirent après de ces Pères fuient appellent Patticcs. , r . Tullus Hoftilius rendit cét ordre plus parfait aptes qu'il eut deftruic Albe , & conduit les habitans a ^ cTc il rcccut alors entre les Sénateurs les Telles, les Seruilis. les Quintes, les Gregentes. & les Qudes : Mais lors que les Roys furent chalfez . Brute Conlul voyant le Sénat vuide de perfounes de bien,voulut que les premiers de l'ordre des Cheualiers fudent faits Sé- nateurs, & les appella PctesConfcripts, c eft a dite Joints auec les Perf s. , • ' ' u ' Ces Sénateurs prirent vne f. gtatjde authonte qu i s gouu.rnoient toutes les affaires de la République, tel- lemem que ny les Roys, uy les Confuls , ny les Dida- teu«,ny aucun antre Magiarat . ne faifou chofe que c Sénat n'euft premièrement tefolue . & Tarqum 1 fu- perbe ayant fait pluficurs chofes à fa volonté fans \ au- ioritc du Sénat eftoa appelle tyran . & perdit enfin '"if ttouue que les Sénateurs furent de trois Ordres, veu que les vns furent nommez Patrices . les autres Pedaires, & les autres Confcripts. Nous auons par e des Panic. s,ac des Confcriprs : mais quant aux Pedai- res ils tftoient ainû noft.mez pour plufieurs ra.fon s. Omlques . vns difcnt qu'ils ne pouuoient dire leurs aduiTau Sénat , ains confentoient à lopinion des au- ttes.qui eft en Latin, Tcd^t^ tre les -.es ,.que rlul-. des Sénateurs eftan^^^^ Ju peuple poiuioit faire le t«cfme aUint la loy d'Ati- nius.encotequ il ne fuft pas Sénateur _ Mais on tient que pour le regata du licu ou Ion pouuoit alfembl.r le Sénat , il ne pouuoit eiUe autre que celuy qui ^iloit ordonné par les Augures, qm ertoit par eux nomme Temple. Et le Sénat s'cftant alfemblc en la cour Hoftite , en la Pompée, & après en la lulie , qui eftoient lieux prophanes, les Augures ordonnèrent que ce fulTent des Temples , afin que félon la coul\ume de leurs pte- deceffeurs les délibérations s'y pallaHenr. Quant au temps de cefte alTemblee . le «>elme Au- thein du qu'elle n eftoit d'aucun fruid fi e le fc faifoit ou auant le leuer du Soleil . ou après qu il eftoit cou- ché, ôc dauantagc, il falloir que le Cenfeur otdonnaft le temps pour délibérer. Quant à l âge des Sénateurs, depuis ce qui aduint à Papyrius Pretextatus, il fut or- donné qu'aucun qui n'euft vingt-cinq ans ne pourroïc demeurer dans le Sénat, ainfi qu'on lu dans Plutarquc en la vie de Pompée. . Varron dit aulfi que celuy qui vouloit entrer au Sénat, deuoit premièrement immoler , & que les deh. berations fe faifoient en deux fortes , ou par difpute, ou fi la chofe eftoit doiueufe , par aduis d vn chacun, 1 & l'on ordonnoit vne amende contre ceux qui ne le ' trouuoient au Sénat quand il s'aifembloit. Les Pofthumeseftoient ncantmoins appeliez hom- mes du Scnait. Mais ceux qui eftoient nez , & conceus après que leurs pères auoient efté mis hors du Sénat , n eftoierjc tenus pour enfans de Sénateurs : ÔC au contraire s ils eftoient conceus auant cet accident. Msis n les enfans conceus d vo pere mis hors du Sénat qui venoient à mourir, tomboient après fa more au pouuoir de leur grand pere Sénateur , ils eftoienc eftimez du Sénat. , Pour les Tribuns des Cheuaux légers , Romulus les inftitua le premier . quand .1 adjoufta trois centaines ou centuries de Cheualiers, qu'il etnployoït en toutes les neceffitez de la Republique, & les nomma Rham- les atu.es , que pUiheurs " nefiens,Tatiens,ôc Luceres. g,ft.t alloient -^enat en liuere ou ocU e. ^^^^^^ ^ SUtiat alloicnt auv^ti.a^ v.. - . - r^i^^r les autres qui nauoient aucun Magiftrat faifoien ce chemin à pied , & pour cefte caufc eftoient appeliez ^'vàaun dit que c'eRoient quelques Cheualiers qui avans exercé les plus grands Mag.ftvats,& n eftans pas c coc compris dans le Sénat par les Cenfeurs. ne pou- Ûo ent dire leur aduis, ou donner femence au Sénat, ains feulement s'y troutier s'accorder a l opinion Malspour dire l'ordre d'opiner au Sénat . ie trouue qu'on auoit accouftumé au commencement de lailfer opiner au premier celuy qui auoù efté ordonne chef du Serat par les Cenfeurs. Quelquesfois aulTi ceux oui eftoient t Heus Confuls commençoient. ^ C evon dit en fon difcours de la vie.lUlfc , qu on donnoit jadis cefte préférence au plus v-'l • -"-f on dit que celuy qui ettou pne par le Conful dcuoi dire premier fon aduis , fuiuant vne couftume qui fut fnuoduùe , mais il ne pouuoit'prier aucun qui ne fut ^°Atu Celle dit que Varron efcrit de ceux qui pou- (T KVr le Sénat , Si nomme le Didateur , le noient nHcmbler le oenar, tx iiw" n „f»A Conful, le Prêteur , le Tribun du peuple , ôc le Prefeft de 1 vi le. 11 ad.oufte hors de la iurifd|&>on ordonnée [es Tr^uns militaires, qui auoient efté Proconluls , les dix hommes qui auoient alors lap-"^^"^ ^^«"Sue & les deux hômes crcez pour ordonner laRepublique Il du qu'il ne le fouuient fi le Prefeû de la Cite des Latins auoit cefte authorité , pource quil n eftou pas , /- r j...» on <;pnnt. Vanondit liens, iaiitiia,ww fc-u«,v»-— La création des Quefteurs eft très -ancienne , veu qu'ils furent ordonnez prefque auant tous les Magi- ftrats : car il eft certain que Tulius Hoftihus en créa, &C quant à ce qu'on tient que Romulus auoit deux Quefteurs , ce n eft pas choie alTeuree. On du qu ils fuTent nommez Qoefteu.s pource qu ils .ftoient com- m.s pour exiger les deniers pubhcs.ôc auoient le foing du threfor pubhc, ôc qu'vne parce de ces officiers al- lou par les Prouinces pour retirer l argent des daces^ vne autre partie auou la charge de hre dans le Sénat les lettres tnuoyéesd'vncoftcôcd autre. On-lu que les Quefteurs examinoient quelquesfois les criminels , &c Varron .eut qu'ils ayent ce nom de Quefteurs , pourlaqueftionquilsordonnoientquoo donnaftaux mal-fai£teurs. . ^ ^ . -r C'eftoit la couftume de créer les Quefteurs autant de l'ordre du peuple , que des Patrices. Et pource que les Confuls ne pouuoient condamner vn cuoyen Ro- main à la mort (ans commiflîon du peuple , on ordon- na que les Quefteurs feroient commis fur les choie, capitales , ôc ceux-cy nommoient Quefteurs des ha- micides. , ^„^^pn. Si nous voulons à cefte heure regarder au commen cément des deux hommes .1 fera ^«^«•"g^^^.'^"'";;;^ cer depuis le temps du Roy TuUus Hoft.hus qu^ ordonna lors qu'Horace reuenant vi&oruux des Ui riaces.eiittuéfafœur. ««jr i 1» Ce Roy voyant que chacun ^ondamnoi à mort.conLirpouriugerdu^itc.d^xWm^ Latins a^it cefte atuhoriré^ui^^;! t. e^: pas ^^^^^^V:^ , .^^.Ua de ia fentcnce au ^::eir^;:ff^^ Difcours de l'Eftat de J'Eglifc. 287 Voila le commcncrmcnt des deux Iiommcs capi- taux, aufcjdc.'s l'oj) en ad/ouRa vn troiliéme, & poiircc «ju'ils d\okm comn^is fur les cliofcs capiralcs, ih auoKiit auUichaii^'e des prifoiisdrscMmincls &Ticc- Luie dic que ce Magilbac Fut cmplové à la condam- iiiiiion de C. Maniius Capitolin , & ceox-cy mefmcs ptinirciit tous ceux c]oi le iiomiercnc de la coniuraiion dcCatilina. QiiOnt au Prcfe(a ou Gouuerncur de la ville , fa lunldiaion i'ellcdoit par tome l'Italie ; il prcnoic cognoillancc de tous les trimes qui y cftoicnt commis. Il uounoit audience aux cfclanes qui auoient recours auxltatucs,& leplaignoicnt de leurs maiftres en quel que cuolc. ' nus Cafljus , qu, fut crée par T. Largius , . Di6kj" Fuulementl-oH,cc de M.Utre des Àeuai.as rtel p^^::i:cetr^"'^' ^^-eiu^u iwuiir,:! peupleTw^M'^'p"'" I". '^'■"ifion du peuple dauec les Pères. Si b,cn que lors que le peuple le- fut renre au Mout - lacrc , on l'appaifa en luy pTo ™cctant;qu rl y auroit des Mag.llrars du Pcupl auquel Puis vue autre (eparatiou cftant arriuée , on en ad- ii a«o. aum pouuoir de b.nnir. ainfi que ceux qui ceiTe'L:T;tto™^ l^"ell'"';"^^ '"'"'^^ ^n,mc d'auo. commrs ^^^^^^^^^^^^^ uy pour toutes ,0. tes dç choies qui concernoient leur donné, & de lapprouu rfd'cn oZ . ^" charge ^ cic meimeilorenoitcognoarancederin- ^^lon qu ris verroU el e vdle ^ I P ^ gtaatudedesa(î.aud,isenuers leurs ma.ftres. Il auoit !po.r «Marque de eu conU I î ini.-$ nomma Confuls. ^ T OrnirM,c °"^"^'°''^^^'^"i«^nanc Les premiers Cqnfuls après les Roys chalTez furent auou^t^^^^^^^^^^^^^ d.. P,ocon(uls . qui - -^lunu.Brutus.a.Tatqlcollatin!Brutus:W - ml p s de'lS L^^^^^ a auec ton compagnon qu',1 y en auroit vn fcul d eux Jt>ur Iur,fdi6hon nontd f , e ^ '"'^ Il y auu. douze Liseurs, qui portoient des verges ^^^ZS''^ J^i^^'"'"' ' commençoienc ucc des Inches. ôc deuancoient les Confuls uinre, l'c ' , gouuernoient ks Pro-. Value Conlu! fut au.ha. d\ ne Cpa iaouelle il L tl lT' ''"^'"^ ^'"^^'^"^ ^ ^ Oou poné que ion pourvoit appelli:^:^:^^^ ! ho'L^:^',:;,î;-- ^T" "ts^&lorslauthontcConrulauecommencaàdeiTe. fuftvoiontai e Z n J cncor quelle irœoiudre que la Royale, hdis les Confuk .ft m.n r r ' ^''"'"^^ a .ifunchir & d'adopter S'Ù l-fi^d'euttllesSeriteu.;.^: ^^^^^^^^^^^ charr fi ^c" ^"^""^ ^ ^^^^^ isdcsfediticns des Tr.buns . Permue^t qu'vrdë uo^^^^^^^^^ il ne pou- eux Confuls fut cho^li d'entre Icfperple ^ " umce ^ 'J^"* 1^ Pro- Le r Com'ul de cét ordre fut Lucius Sequacius. Le Diûatcur eftoit de fi grande amhotiré que l'on Il ne deuoit déterminer les caufes qui auoient be- ■ne ,ur,fd.d,on fur le peuple Roma.n. sSe i'ob v^^V con.m..o.s qu',1 .'a- Op n'a,ou accouftumé de cteer v^ Pi<5lateu,,finon ! chof s femb kb ^ T '"^^'"^ "'""^ ^" p'^^^ & an U na^o. quelque occafi^ qi;^ .en^^^ ' ou:^î^^:^m;nt^r)^;&T^'^- jand ,1 na^Hoit quelque occafioh qui menaçoir ia - a^iuiiic. Al^ comme ncetr.cnt on ne pouuou efli- ■ vu Didatcur qui ne fuil Patrice; toutefois en la J«tîc que les Romains curent contre les Falifques, > choiuc parmy le peuple C. Marciu, Cunlius pour nrL'* ^l^'''''' "i^'^ à Rome fut Titus Largius uûo ; a' " ^'"-'^^"^ ^ puilTance^e «uoit e^re retenu plus de fix mois , mais foubs le eut ociL'neiirc l? .. o. /- i .,; r — "^'^ '"gci. rommaiït mtnt Jl pouuoK pareillement faue foueuer les afench» ou eltoient ingrats à leurs maiftus. ^ Les Proconfuls auoient accouftumé à caufe de la multnude des afFa.res qu'iis auount entre U „Îins d enuoyer aux Prouinces des Légats, qui y .xerçofen unfdidion . non comme de leur propre authonri ains conrmc commi* à cela par le Procoi.ful.qui «H,; pouuoir ordonner en fon lieu auant qu.is f^Uen at- nuez aux Proumces. Ques'il arriuoit queioue cho?. -^^s;.ne;Sd;rRoZ;:: ï u^c^p^e r^rL^atsTd" "^^"'^^^-'^ '^^^^^^^^^^^ ;yea d co.ter l'odieux nom de Tyran. ^ oôurce n ^ ""T' ^" I^^oconfuJ, 288 Difcouvs de l'&ftat de rEglife. vole qu .i y cuft vn chanoc au.c quekiues E.cpha.s.^ jR^r/o' ksMa.ftrcs des CheuaUcrs pr.s des Di- ouucIcsm.^mhquesjeuxquily htUice. tels fuicm les Picfccts Prétoriens près d«s Le. Ed.les auuicn: le fo.ng de fauc que toas ^ ^'''''^ l]'^^^^^^^ preo^itt lieu aptes Romain, gardalienc en s'alleant .a the.uc . i ordre de ^'^P"^""' ^^'^^^-/pVur corr.ger la dilcpUne pu- Icu d.g.uc. Que a l'a-hcpcu cltou dcceu par le eux ' & ft^'" '^^^^^^^^ ^ eftre fi grande . qu'au heu vendeur . eu prenanc du belbal ma ade pour fani .1 ^1^4^'^ ^^^^ ^^^^^^^^^ Hoic Ju Prefect du Pre- auou rccou,s 1 l'Educ , qu. auc.t aufi. le (ou.g de faue qo au ^^on^ -"^^ p,incc. que les follcz publics , le. aqueduc. . 6c tou. les bath e . celle a ,eU ^.^^^^ . ^^^^^ ..^^.^ - mens fuirent en bon cftat, c^c bien propres. ^ qui penla qae e q ^^^^ _me(me. Les nClonncs qm "•piment capab!. s d'acculer aux autres foldacs a x '^^ |ic„. où tains.i^iemblablcspeiioonci. j., 1 nno.uf ^-^rdoit deux rtpions de la ville, &' lesTri- ' L s Tnbuns «nlitau.s qu'on prenou auffi bien du ;=^"'P^f;'".^^S'^^ s'e^andc^loy 5 orncmens Conluiaires. Ce l reteur i ^^^^ n^embres. que ceux de fa Cour vieillil- cheual habillé de blanc. ^^^^^ ordinairement auant qu'ils entendent ce gouucr. En hn y ^y^^^^^"^, ^aCr > ^^^^ nemciit. que le m'effayeray toutesfo s de vous f^rcca nations, on aea le Prctciu «^"^^''S"' le ..lus-bncfuemenr qu'il me fera poiïible. X^oyoit les caufes des cftrangers. Et f^^^^ "«'^ O o t P em rcme le S Collège Cardinaux. ^ b e en fut U grand qu'il y eut quelquefois oix - huiCt >^ ^P^^^^^ ^ ^ ^ U n. mbve n cft PU'cur*. Mais aprcs qu'on eut pris la S.rda.gue , la ^''P^ f ^^^^^'^^^^^ i::.e.'Erp.gnc,LaLtunce.^bonn.^^^^ autant Je l'rcteurs qu'il y auou de 1 louii ces piw s^ \ Cardinaux .uoient jadis de couftu- .^a qu'vn. partie cognuft des atTaircs de la ville , & de ^^^^^ ,,,, ç,,, u fepn.amc : mais fautr de ce!,, des Pro rV.ces De,u>s Sylla adjouft k me '^^^^^^^^^^^^ ,^,,,3 augmentées de noftrc ipuim.nt public comme aux f.mllaircs,aux pcut.cides, les artaites imi.o-tantes g ^^^^^^ Difcours de l'Eftat de l'Eglife. igp remps, ils s'nfTcmblenc vne feule fois, & leur aflTcniblcc le noiinne coniinuncmcnt Conlllloire. On y ordonne ceux qui fciic r ficus Eucfqucs , & Arclieiicfquts , ou commis fur les Eglifps Parriarclu- Ics quand j] vacqiie des fieges , dont l'clhaUm n'ap- paiticnt à vn Chapitre, à vne ville, à vne Prouincc, à vn Roy , ou à autres pctfonncs : car en ce cas ils fou e/leiis par le Pape, & par le Sennt, auquel apparcien: cette refcruc par priuilege de tous les P.»pes, &c ccttt tdaue cncores a accouthimc de s'( ftrudre à certains Alonaftercs qui fc tiouucnt taxez au hure de la Cham- bre , & qu'on donne en charge à des perfonnes cap.t- blcs , & pourcc on appelle tels Monaftcres Confifto riaux. pource que l'on ne difpofe d'eux que par la vovt du Coiiditoire. ' Ce il eu fin icy qu'on traide toutes Ics chofes qui appartieunent à la Foy, à la Religion , à la paix des Chrclticiis , & à la coufeuiation du temporel de l'E- gale. C'ed icy que les Prouinccs, les réguliers . ôc les Koys ont leuis Protedeurs , dont la charge efl de pro- pofer rclledion , Se les autres caufcs de leurs Prouin- ccs au Stnat , & celuy qui propofe a de coMcume aux clettions d'ouyr ceux qui conrredifç.nt.s'il y en a, & de rechercher plufîcurs chofes qui font rcquifes en la per- lonne qu'on doit élire pour l'Eglife vacante, & qui ap- partiennent à ladite Eglife. Cela fe fait aufTi par voye de témoins (laquelle re cherche on nomme vulgairement prbcez) &c toutes ces chofes font mi!es par écrit au Sénat, !k cettuy-cy fait entendre laiéponle dudit Sfnatàcaix qui atceudent lignant CÇ^ feellant auec le leing du S. Siegcla réponfe, qui elt prclcntcc par ceux qui attendent au Vicechan- ceaei, qui fait vn autre certificat en fon nom , par le- quel il fait foy à tous les officiers qui doiuent expé- dier, fanant vn récit du faidt. Apres ce rapport.les fupplians pourchafTent d'auoir vn bref conforme au rapport , c'eft à fçauoirqui foit premièrement diâié par des Abbiegcurs , Se eflant ujdlc foit cfcrit par les Efcriuains,puis expédié par les autres , par la Chancellerie , ou la Chambre Apoftoli que, 6c que.'quesfois cxtraordinsircment par la Sccre lauerie, & lors que tout eft expédié, il y faut le feel de plomb. Le grand Pénitencier en ce qui appartient à fon ablolution , exerce U jurifcnaion qui luy a eflé corn rnifc par Jç Pape , par plufîeuis Vicaires & Subftirucs, S" on nomme Pénitenciers , qui font diuife z par ton tes les plus grandes Eglifes de Rome,commc i'.Picrre, ^ainâ lean de Latran. & fainde Marie Majeur. Mais il n accorde les difpenccs de l'obferuacion des loix hu raaiBEs.que pour quelque caufc, & luy-mefmc par gé- nérale coramifTion du Pape, écoute les fupplians, pms iyant veu leurs demandes , s"il y a chofe pour laquelle e requérant mérite d'cflre ouy,.Sc que ce qui efl requis ut accoutumé d'eftie oCtroyé par le Pape,il refcnt oar luthorité de fon office , & en vertu de fa commifllon ;enerale, non par la bouche du Pape , & alfeare en fes atres vne vertu de cette commifîion qu'jl relcrit par a bouche du Pape , & il efcru tcutlours en l'vne de " façons , FiM tr. forvna , fiât de ipeciaU , fiât de ex- '^'P, &c par ces diuedcs façons'de parler il faitco- jnoiftfc à ceux qui taxent , i'jîrpottance de la rcque le . & de melme que le rcfcrit du Pénitencier varie en totme, aufli les taxf s des paycmcns font altérées par 1 J^otticias, & la multitude des loix humaines , & du ape,& des Conciles , & des Monafteres eft fi grande "joutd huy.que les hommes liez en certaine forte de- '.'^^cicnnehbcrté.recourent humblement au Pe- uencicr . qui m^,^,,^ je fa main la demande du fup- . puis on expédie les Bulles fous fon nom , & n lecl. ht pource que bien fouuent il ne récrit preci- citant cclaircy de qiîelque atceftacion da fup- pliant, il donne les iugcs à fon récrit, qui coç^noifnnc du faid. tk en cecy il en met d'autres en fa pîace. Ccc othcc a pour plus grande commodité do ceux qui vic,w nent pour des expéditions, vingt-quatre hommcspouc défendre les fupplians, ëc ceux-là font nommez Pio- cureurs de la Penitencerie.J] donne des d.fpcnces de fe marier dans le s degrez défendus par les loix humaines, ■omme auffi .1 admet les légitimations des enfans. U - le Pape a eftabiy fur ies deux fignà-^ tures vn Cardinal.qui odroyc ordinairement les cho- fes plus legcres . & encor les importantes , finon a ac- coultumc les oélroyer. Les Référendaires de la fignature de la grâce onc accouftumc de refufer les r.queftes , qui conciennenc des chofes appartenantes à L iufticc , comme fi le Pa- pe trouuou mauuais qu'ils fifTcnt ce qui eft propre- ment de fa chavge.La fignature a vn jour de la femaine détermine auquel les Référendaires s'afTemblent. A railon dequoy ceux qai plaident ont accouftumc le )our auparauant d'aller deuanc les Référendaires auee leurs Aduocats,& de débattre quelque^foisnnaisbien s rarement leur f iit dcuant eux. Le jour ordonné.c'eft la charge du Référendaire dt rapporter brKfuem- nt les rcqucfles des fupplians. & la chofe ay.nt eftc debaruë entre ces luges, celuy qu, eft Ptefident juge félon la pluralité de voix,& 200 Difcours de PEftat de TEglife. Kcfe.naai.s ne p.opo.n: ^^^^^^^^^f^ . ^^^^^ t^^^: ^ J^c^ll^^^J^^ qvù aefté rcfusca,on pour le motn k forr b.cn r. | P^^^^^^^^^ remcm. Le Pape doutent prefquc toufiours a^^^^^^^^^ OnconJam.o.tenceli^alesmalfaidearsàdespei- ncs Ecclelialtitjucs.ou tempoielUs.felon que le reque- roic la qualité de la perlonnt:, ou du mefme fait, Ôc l'on y faifoit beaucoup d'auttcs choies. Mais hs atfaiies de Rome fe font celleraenc mulciplices.que le {^apc Tc- coiiAnt peu à peu cette charge va peu touuenc en cette audience , excepté aiîx cas qui iropoicent à tes finan- ces , ou qui concernent quelque mauuaife expédition < . r en a ica- i de Bulles. Le Pape expédie aulfi fcpaiément quelqucs- ^^7"'^^^';^V^^oùis il met ion fois les.=hoies fufdites de l.y-mefme . (ans /audience uoir. ConccJj.m rnprfnua T> M. P"'^ ^^^^^^^^^ ! je (a Chambre , ôc en l'exécution il appelle les Score- nom , & routesfois il ne foufcnt pas en la Pf^l'^'^^^" j domclbques Pape, mais il luy eft permis de ce faire par fa commif- ca.res domcir-q paroks,7'/*f« P- S^^"^ '^'^^''^ chofcs de lulli « : mais lois qu'.l s'ngit de celles de grâce , il met^.i vt pttttHT P. Et ce P. l.gnifie le nom du Pape : comme Paul , mais s'il a autre nom , comme Iules > il elctit i. & ainfi des autres : & fi le Pape foulcrit quelqucstois, non à la prière de quclqu'vn , mais de fon icnl mouue- mcot, il ne met pas vi peiitur, mais on adjoufte a la hn w»r« propm. Mais le Cardinal de la fignaturc de la gfcce efcrit toufiouts aucc mcfme_forme , c elt à iça- Olant aux formes d'efcrire en cas de iuftice.le Car- dinal qui eft commis met lors qu'on efcnt aux luges de la Cour de Rome . pUcct D. l.'. Pap^ . bc ad)Oufte fon nom : & h le faift s'aàdreire aux luges des Proum- ces , il wti.ccncefHm in pr.fentia D. M. Papt , puis le , Cardinal adjoûce fo.. nom, & quelquesfois il ecnt,p/«- cetproHtdetme. PLxctt arbnno tHdtct4. Cor.ctJJum ^r- bitrioy &c. Et on ne doit f(^auoic que les recrus de lu- ftice qu'on enuoye aux lug-- s des Proumccs , ne par- uienncnt autrement és .Bains du Regem.mais lans au- tre eftenduc de rignatuie font remis au Dataite , de niefmc que ceux at gvacc . cg^ U met le jour de la aate, puis les écrit 2U regUtie de mot à mot , & après on les rend aux fupplians. on à leurs foU.citeurs.cn forrr.e de leiîres,quidoiuent eftie txpediécs, & pour leur expe- dition il y a trffis voyf s.quand la choie f ft a la lultice, à fç'iuoit par la Chanceiktie.Sc par Mec des contre- Lt Chai^bcian ou Camerlinge a accoullumc pat l'aduisdes fept Clercs, & quelquei-fois de (on mouue- mcnc patiicuiicr, de refcrite de dtoid aux luges.com- me de toutes les chofcs profanes qui appartiennent ert l'Eftat temporel de l'Eglife, & dehors iccluy, du paye- ment des décimes , des fiuitts , des bénéfices , des dé- poiiiiies, des Ciercs morts, 6c d'autres choies qui con- cernent la Chambie Apoftolique. Et il refcrit pref- quc toufiouts comme s'il en auoit charge de la bou- che du Pape , & les formules de ics teictits fonc nommées Ictires de la Chambic , dont l'expédition le fait en deux fortes, veu qu'elles font lellées , & clo- fes , ou bien ouucttcs , & déployées fans le feel de Chambelan. Le Thrtloriera riere luy tour l'argent qui entre dans la ChambtcÔc fa charge ctt de Ir -eccaoir.de le garder, &c de le dépendre où U eft beloi.. . il y a quelque temps qu'on met ccc argent entre les mains d'vn noiable aaai- I , c - • .„f«.^pae chand qui le reçoit paiCommilCon du Threforici, & dus fous plomb . ou par la S^^.'^^.'^X e eft dTera- en fait ks p.yemcsi ccttuy-cy le nomme depofitaire. Buf . j'feVicechancelliet.Sadignité,felonlecom. WUD jugement de ceux de la Cour du Pape, luy donne k premier rang de toute laditt Cour. Ccttuy-cy pourraifon de fon ofïice,prefide aux ex- péditions des lettres en matière des chofes Ecckfiatti Les qui vont par tout le monde , & pareillement a ceux qui expedknt, qui font en gtund nombre , com- me Abbregeurs, ou grands Abbieuiat.uis de parc (qui ont charge de dider ks lettres de la rcqucftc du iup- pliant , & ce qu'ils diûent eft pat eux appelle minmey cfcriuaios, moindres Abbiegeuis de parc, SoUiciteurs, plombeurs>&Enregifttfurs. Tous ceox-cy enundi-nt à l'expédition deskttrcs U y a d'autres officiers qu'il faut aikr irouuer lots qu il i'Lxt de quelques expéditions touchant le payemen. des rentts,£: ce font ks Ekriuains de la Chancellerie, &ksChambtiers& autres. „ L'audience de la Chambre Apoftolique fut eftabl.e 3^ pour mieux c.pcdicr ks affaires ,& pour cet tfFe6t k Pape auoit tfltu 6 Prélats domcftiqucs qu on nomme Ckrcs de la Cliambre. Ccux-cy tftoknt Conkilkis domeftiques du Pape qui traidoit aucc eux à part de toutes ks cho es qu. desttefues,deskuiciez,des plaintes des valTaux con- tre leurs Seigneurs, encor que capitaks à ^^j.millcs de Rome.U a aLjthorué fut tous les officiers de la ville, Sc a accor.ftumé de prendre gai-dc à la tranquillité de U vilk , & de la Cour de Rome. Si tu lis k chapitre de Sixie 1 V. & la Bulk de iules 1 L tu verras au loug l'au- ihoriié de ce gouuerneur. Le Prefideiu de h Chambre Apoftolique reçoit ks comptes de tous ceux qui ont manié les deniers de la Chambre en la vi le de Rome, ou aux Ptouincts,& en fait k dénombrement k dilcours en l'audience de laChauibie. Et pouice qu'on traide quclquesfois en l audience de la Chambre des cauks , qui font entre le Fiic & 1« petlonnes priuées.il a cfte ordonné que les particuliers^, autoknt en cette ^.udunce vn Aduocat aux dépens do^ public, pour la dtfence des cauks des paiticulieis, ÔC des pauutes contre ks Aduocats Filcaux. 11 y a vn autre Aduocat qui défend le Fifc , tant en l'audience que dehors par deuant les autres luges de la Cour de Reme , où il eft bcfoin de répondre de droiâ; pour k Fiic,& cettuy-cy eft en l'ordre Con^ Le Procureur du Fifc ordonne,traiae,& défend k$ ,ui aai«o,t .acc eux ï "^J" ,7 »?. cauks fi(cal« en laud-enc. , & pardcua„d« .ua« le concernoltnt , COT.me du 8"""""'™'"' ' I . ,„„ Cour de Rome. Et 1rs cai.fes filcales lont JC CUllCClUtllkln , v»^ o de Rome. & de tout l'Eftat temporel , & des comptes du Threfor. C'tftoit - U que k l^ape éUfoit ks Magi- ftrats , à raifon dequoy ils prtfttnt aujourd huy k 1er- mcnr de fidélité pour kur office aux Cameriers. C e- ftoil-là qu'on faifoit k s contrats des chofcs publiques, flui concernoitnt le Pape,& qu'on a accouftum» d ex- pédier les kttrcs de bénéfices prefque comme par la voye de la Chancelkrk , quand ks fuppltans choifi - fent ce chciain pour abbrtgcc , ou bien à caulc de la luges de la Cour de Rome. Et ks cauks fifcaks lont celles où l'on traiAe de la liberté publique, ou des de- niers publics. 1 Cét office eft fort necefTaite, & de grande autlipritc en la Cour de Rome, & il importe aux particuliets, «- aux Princes qu'il loit exercé par vn homme fçauant & praticien en la Cour de Rome. Ce Procureur hois de l'audience prend cognoiilance des fccrets des caulcs, & ks entend , & void à fa volonté > & dit fon adu.s, . combien Difcours de l'Eftat de J EaJife cçinbifn qu'il ne foie pas des luges. Il iinerdirnr f n- cot aux Conliftoiics r^ublic$,& pnit ici.ji.icrii qu'il foit faii pji- qutlqu'vu des ^^lotoiiofciiics vn inflitirrr a public pom- pi-fpcruclle niemoire des dtoîes faiûes publiquement. Le G >inini(î;;(rc de la Chambre Apcftolique fair &' exccmc les affiirc:. de la Chanibrc ou les lugrs n'ont que voir, l! i ll conimis fur Ls exzô ions ■ les ambnfia (jcîj lts gab« l!fs, les bltds>& autics choies qui appar- tiennent à la Chaobre. Le dernier de tous ceiîx de la Chnmbrc Apoftoîique défend ks droiils, & les rcuenus alîîgncz .-îux Cardi- naux, &c toute autre chofc qui concerne leidirs Car- di:jaux. Le nombre des U-ycs de k Cour de Rome cfl.nrr fore grand , & y ayant beaucoup de gens en pri- ion, & chacun ayant à part les (iens, il artîue bien 2Çl mefmc authotitc qu. ic l^,pe duquel il eft Vicaire, & ordmaitc. veu qu'il a dci l^cltres (ous fa ;uri(d.a,on. il mqx, c aux penitcns la ..arque de la pen.tence, confère les S.cremens de J'£g!de.& pa. la tov du Dio. cdc fau allemblee, ou tient Congrcgarion 6c vifite .es Egafes, les Monallces réguliers , s'ils n'ont qucl^ que ptju.lege qui ks excepte. 1] pt..t auiG enquérir, corriger , puu.r , cib.r , éc donner les bencficrs. £« vmu d vn Induit d. i^apc la iurifdidiion de (on Vicai- rc s c k i a tous les L.is. 6, cllrangers.qu, pour quel- que couA^ine , ou demeure . ou lemice a'ux Hoipi. eaux, ou Monafteres^. l.rnblcnt rn.urc la re!..ion, ôc cncor fur tous les lui s de la vdie/ur les vc-fucs, & les pupils . & autres «r.ik-rab.'es perfonnes Chreftiennes. comme /] elUs eftoient au gi. on de l'Eglile. Et par le melme induit Ion au.hoiitc s eftcnd fur les caufes où \, r ' I ,, — .w.. aq.uuuic S Cltcnd lur ifl railfpc ni\ louucnt que pour 1 occupation des luges & quelques- 1 1 on ne traiôe pas de h propricrc. mais des louages & fo.s à dcdeui , les cnoles pi-entient plus long trait que pennons, & auîU (ur ce qui concerne les métairie; S la qualité .es caules . & le falcheux (ejour des prifons champs, les vignes, & Ics'iakires.Mais aux "ures dio 'Tn>* , r , r . ["""''^'^S'^'^^^^P^^^r'e.é, diK- petit ,uaet plus L eft pourq.ioy les Cardinaux les vifitent tons les ! haut que iulques à éo. ducars d'or de la Ch mbr/T »nou.ct.nmK(cuuera.ns luges Toutesfeis ceux qui ont; fon auchorité s'.ftcnd aux furdiccs cbofe. infnn'i * T place en l audience de lii Chairbrc ne s'sffcrr.bicnr pas ti-iillts loing de Rome. Il fous Inv a. N r j>ourcesvilu«:maiscc!uyquieftLieatennntdnCham. Greffiers publics, & deux lubkcuts. l'ïn oui pren^co- belan cft prefque toufiours vn de? 7-C!ercs,& auec eux gno.lîance des chofes pr-uécs 6c ciuiles l'autre de. Z ■ touslcs3utresofficiersdeiaChambre,£xceptcleTlue. bliqucs& criminelles les.i aytie des pu- lorier ôc le Prefidcut. 1] y a u. Choppcllains du Pape , ou Auditeurs des Tous ctux-cy a vn lour ordonne fe vont feoir pout çaufes du facré i-.lais , aufquds les î^apcs donnèrent qijelque temps en v n heu pubhc dans les prifons de la le pouuoir d'ouyr à part ceux qui plaidieut & à leur ville, & les pnlunmers font appeliez deuanr eux pat j rapport les P.pts donnoicnt leurs (enrcnc's* ordre,& oUys s'ils veulent. Et lors ils deiuuent ks pri- A Rome cha.ua cft en p.u de ten.ps re'cognûoouc fonniers qu ils oyent.cu mod. rc nt leur peine, ôc quel- ^ c.toyeî^,& peur pardcipcr.voite rr.cfee pattidn. £i qucsfo^s quand i,s font du tout infolu.bles. i!s les ad^ ; i.ment at;x prenîurs honneurs d; cetTc r oùt'on mettent a vne fimple ceffion de biens , & les msttem peut nr.eiix qu'en tout anue lieu efperer la recomoen- hors de ptiîon. fc de fon înduftiie,^^ la -ecoe-oiff c d V ? " Prés des deux dernières prifons, c't ft à fç.uoir de la | afpuer en fia aucc la foi-rune"& fa Tertu a'ux^pluÏpSf CoutSautlle, & de la tour de None , il y a des luges des djgmtez de l'Egiife vertu aux plus gtan- moindres qui prennent leur nom de ces deux lieux. | Le. Papes ont accouftumé de donner les T egation. L appellation du luge de la tmir de None va à la Cour ; des Prouinces qui sont deleur domination, & le âo ! du >,ouuerneur,& ccluy delà Cour Sauellc à l'Auditeur ucrncment des prtncip des viiie. à I..! ^ de la Cbambr.qui décide les caufe. dont on appelle, Ecclefi.aiqucs ^qurSe'Xf l x q^St i::" encotque le gouuemeur sen;r^emette des appella- ; créatures. Ccft ia façon doru lis vfeht ert Italie, & en Au.gnon,iisonc vu Lcgar. ou Viceiegat, qui cft'cotn- tions du luge MatefJiahou de Coui SaucUe.mais ce la appartient à l'auditeur. Les femmes d'amour de la ville payent tous les ans à ce luge certain tribut , & cela eft fi ancien, que le contraii e n'apparoiiTant point,il l'exige mefme de cel- les q-ii ne veulent payer. Outre la CoDt ordinaire , il y a à Rome vne autre forte de citoyens Romains , aufquels le Pape a donne vn Prêteur , qu'on nomme Sénateur. Ccttuy-cy de- meure au Csa-.pido^lio ou Cîpiroie , & rend le droiâ; aux Citoyens Romains par authotitc ordinaire.. U y a trois Lieut? nans ou Subftitors, deux defquels qui prelident aux iugcraens piiuez font nommez col- latciaux. rae Gouuerneur,& a la charge des chofes Eccleiîafti- ques , & de celles qui concernent laiuftice : ôc outre ce il y a vn gênerai qui cft Caualier, & a la charge de* loldats qu on tieut en garnifon dans la Comté de Ve- nife, ôc de tout ce qui concerne les armes. Le Pape a le pouuoir de conférer des bcflefices âut [ pays des autres Princes,combien qu'il foit quelque peu reftrarnt a caufe de l'odruy fait par certains Papes à di- uers chapitres, & Pruwres. Toutesfois ceux qui nere- çouient pas les bénéfices de luy,doiuent aulsir fa con^ hrmacion, !k faire expédier leurs Bulles en Couï de Ro- me, ôc outre ce payer les Anisates. le croy qu'il eft à propos en ce lieu de rendre com^' r^»., r j cc »• • ' i> /, ■/ ^" " ^"^ " P"-'pi^5 en ce lieu de rendre cotn- Cetu-cy font d.fferms en d.gnire, veu que l'vn eft pte , tant d=rinftiturioi'& man.ere de créer le Pape.- mmc premier,! aurrelecond. Se le tiers eft luî'e dfç ni7P .1#.c ^,x«r,j^,-,.„_. j-^ ^ •■ ^ * »t i apc. nommé premier, l'aurre fécond, Ôc le tiers eft luge des crimes. Et fi l'on appelle de queîqu'vn d'iceux , il y a vnluge à part au Cap^tole pour toutes les appellations: & fi fa fentcnce cft conforme à la premiereion ne peut que des confiderations des Cardinaux. Toutesfois 1* création des Papes a efté fort diuetfe : veu que noftre Sejgnrut fans conkntement d'aucun, & par fa fouue- rame authorité inftitua S. Pierre , puis l'authorité de en appeller.ll y a encor quelques ficges où toUs les arts ctéer les Papes fut do;;ée a Cl rgéT^me^^^^^^^^^^^ qui tendent droi6t touchant leurs arts à leurs corapa gnoiis, & ceux qui s'eftimcnt greuez vost propofer leurs griefs aux Conferuateurs de U ville qui demeu- rent au Capitole. Cette jutifdiaion fin eoaifitméepar es Papes Iules 1 1. Léon X. & Paul III. ^ 11 y a aptes vne forte de perfonnes qui font les Prê- tres à qui le Pape a donné vn ficn Vicaire, pettuy. cy tant à Rome qu'en tout fon Diocefe, a en la création. Mais apies î5 r.années l'authorité des Empereurs s'y interpola chcore,pourceque les Papes efleus prindrenc pour vn temps la couftume de reccuoir d'eux la con- firmation , premièrement en payant certaine quantité d'argent, &r puis fans payer aucune chofe. Ils s'abftindrcnt encore pour vn temps, de fe lailTer couronner fans la prefence Se confenteraent- de leurs Amba.Tadf urs , & en fin du confencemenE Difcours de l'Eftat de lEglife. ,ï- » 1 .a : des Pap« mcfmcs.qui penfoicm btider par cette voye l'au.^acv- & l'infoUnce Ju pcuplr Romain , toute l mi- ihoàic de crccc ie Pape fut tranf^otice aox Empetans, foutcsfois on peut alïeutet quM ea impoflîMe de pou- uou faite vnc fcrme.Sc valable conicaurt de cduy qui doit cftte Pape , pour que les pffairrs de Rome oran- qui latindrtRC , & en vrercnt longuement. CUIS, auu Liiin aj^v > -- (oic*:llenc à toute hcu;f. Vn mefcontentcmeur.vue nouuel- qui la imuicr.i. , ^ o , que quand les Papes h Uut vou!utcnt ofter , ils ne le Pûmu faire fans vu grand dcfurdre fchXme remar- quable , qui trauaiila longuement la Chicftuntc : & cependant quelques Papes nommrvcac leurs luccei- icnt a louit M-u.». - - le promotion de Cardinaux , le moindre accident qui airiue, met toutes chofes s'en delTus defious , outre ce qu'on a remarqué que la plufpart du temps les hu- meurs qu'on void dehors fe changent dans le Concla- ue , mefmes bien fouuent les Cardinaux efmeus tout fems, qu.eftu.ent après co.tum.z par eClerge.M^^^^ ^^^.^^^^^ ^ ^^^^^ hors en fin rauchorit.^des Papes .fta.t plus forte l bmpe- | ^ '^«^P^ ° ^ a, „.,,,ient iamais ,eur ^ le peuple cftant —^^^^^t^^^^^^ ^^"'^ p?uucnt preuoir le daa- demeura aux Cardinaux, & à qudques i j ^^^^^^^ grands du Clergé , iniques a ce qu Alc^an^^re 11 1. a f^^^^^^^ enfemble . pattant les pria- Lncilc deLatiantenuenlannee iz59-ua -^^^ fout prefque toufiours 180. Euefqucs, ordonna que celuy- là fuftlîg cm.e l a cipa j g qu'on ne peut viet de mefrac pe , qui feroit eilcu par ^^1^^!^:^^^^ en toul lors'qu ils fonï furptis . U ou on prdens.ik cette coutume a dure lulqu à cett.neute,u . . . ., . preieuijoc i^<.ii-t 1 non qu en l'année .417.au Concile de Conftance.Mat- ,in V. fut éicu pour ofter le fchi(me de ce temps -la: mais Grcaoirc X ordonna au Concile deLyoD,le Con- clauc, qiu de temps en temps a tae mieux icgie,& ré- duit à la forme qu'on void aujouid'huy. Ûlli?cm-c cil luiiJ j 1 i _ fi a parle de quclqu'vn auquel ils n'ont ïamais penlc , & qu'ils n'ont le temps de prendre refolution , ils cou- cent comme pcrfonnes dépoutueués de confciUcomme (i chacun doutoic eftre le dernier, Toutesfois on void bien fouaent que ccluy qu'on eroyoit le moins de^ic it à la forme qu on vo-.d aujouid huy. j vieutàl'tftrs, c'eft pourquoy c'eft pluftoft Les Cardinaux s aff.mblcnt pour ell.re vn Pape en de dire que quelqu'vn doit l'vnc de ces trois fortcs.ou par compromis,ou par auo ration^ou par voye de fciutin & de billets , ou ils don- nent leurs voix à ccUiy qu'ils fauotifent. ^ Il fuffic donc qu'on cacet.de quel'authoritc de créer deuiner que conjeûuret de dire que quelqu vn doit Au^refte le Pape qui eft a»jourd'iiuy aymc fort la paix , & le repos de la ChK tticnré , & tafche de main- <■ . L . - __:r;i r-.r>p fiiinrilpr l'un Religion des premiers Romains, Il fuffic donc qu'on entende 4"-^^-'^.?^^ , Stous 1 s Roys en bonne amitié fans fauoriler l'vn l.e Pape conhrtc aux Cardinaux > & qu i.s lont mem- j '^^^^^^^.^ i',,,,,. U f,a.ble que la pri- bres Jnncipaux du Pape , qui eft com«.e chef , W^l , ^^^^ Us Vénitiens a diminué beaucoup ils aÏTiftent , eftans les ^onfciilers & coadju-tcur . : République fortoit au S. Siège. Beaucoup de pnuiUges leur ont efte donnez p^r piu- 'f^^^X^ll^^^^^^ 4ou '^'huy û bien appai- ieuis Papes . &c patnculierement par ^^"^^ ^ ! ^ 'i;^^^^^ 1 cient que les chofes fe remettront bien- ques autres leur ont melme o6lroyc la moitié des te ces . q ^ ^ Lnus du S. S.ege , mais .u lieu de cela ils jouinerK ^^^^^^,,,^,1^,^,,, & l'animofuc de ,tefent de la mciti des Annatcs des bénéfices S;;;; ^^'^^^;^^ le grand Henry Roy de France a^em- s'expédient par Co"f»ftoue. j K ^^^^^^ ^^^f^,, bontc^ du Pape , & pav Us auoient acc.uftume ^[^''J'^^^^^ i l jifcietion de la feigncurie de Vemfe. bre de cinauante- trois, mavs le nombre s eit accru oc diminué félon la volonté des Papes, & Pie I V. en vid vne fois 66. . ^ Ceux qui vont difcourans fur le proche l^ccd leur ^ j j^^^^^^ft^^, „rlesRomains.Pan,4, au Pontificat, ont accoull.un.c de confideier d vn coftc p N i« ^^^^ [p^^^^^ ^ ^ 5 le temps qui cou.r, pour.e qt.e le tetj.ps de la pa x re- £ î-y;"^^'^^^^^^ ^ , ',„ aeciia les Lu- qn.eit vnc choie , & celuy des troubles yne autre . & , nut P^^™'"^; facJiLent. On du que Ls que .ou. choie eft pleine de ^^"^ '^v j 'Sdr/ Roy fugitif d'AlcaJie. penftiàauoi. quelqu vnquilairefte; &daillcutsU|celacrmLe * après faite la fotterefle de U I cfom de prendre vn autre chemin . lors qu après qui vint au heu , ou tut^apres raite vne grande (errntude on délire vn peu ^'j^^'^^f^^^ p^ft,,,, ; auoient ce Dieu pour leur chef; ^::::^:sr:i:^^^c^^:;:'dr :ur r^: p^^iiu^iali^in; t^snuds . auec . .4 couuert^ amy maL iiî confinèrent fur tout hs .ffcd.ons par- quelques cenuures - J ' X - ncaiieres des Caidmaux , pouvce qu'il fcm^ble ^-^-'l^-' ^^^^^^^^ femme cne 13 uoii^>- , f 1 J r ment (i meithans , qu'ils luppiiment du tout le délit naturel d«s choies bonnes. Mais la pimcipàle bonté qu'on recherche nux t.ar- dinaux , c'elt ceUc qui profite aux autres , comme la iultice , l'affabiLté , la courtoifie , & l'inclination a vouloir communiquer fa grandeur aux autres : & pour cette caufe il lemble qu'ils regardent de ne faite P.ipe celuy qui a beaucoup de grands patens & amis , qui pcuuent dite caulc d'mttirompre& diminuer la cour- toifie , fie les autres patries que l'ay marquées , & cha- que Cwdinal pourchalle de faiie Papc.non leulcment cclny qu'il «yirc ; nuii auffi celuy qui cft obligé de Mais entor qu'on prenne garde à toute-£ ces chofes j nuus comnjt »i ciiu»..)»^ — - r--- • » /■ re de cecy il voulut que les Picfttes qui ferounr ceU- Cïifice fallcnt nuds. La fpeciale dcuotion qu on auoit à ce Dieu , c-cy auoient vn chcf„ re., „y de po,c« d,. !.. fon fa'cnSce e^,, au '«n 4; ~i X^nd S a"„f auoît le (oing de fçauoir d'où l'on tireroit de l'argenc DOUr les r^rnpn/'Pc fj„ T-...: J- n».- ■ ° . Temple, il falloir qu'il le dcceifrnifl, & q„M jettafl oebots ce lien par le toid. il nauoit aucun nœud def- lus luy. Si le criminel qa'on menoit fouetter fe met- toit à genoux deuanc luy , c'tftoit péché de le foiietcer ce joor-là. Vn homme qui eftoit de libte condition , né pou- uoit coupper les cheueux de ce Preftre. Il ne luy eftoit permis de toucher vne chèvre, ny du lirrre, des fèves, ou la chair creiië. U falloir que !ef pîeds de fon lia fulient falis de bouc liquide, & il n'ckoit permis à au cun de repofer dans ce lidt. Les tongneures des ongles du Du! , & les cheueux qu on iuy auoit coupez eftoient cachez en terre fous vn MiUou. H ne luy eftoit permisse prendre l'air fans pour les dcpenccs du fctuice des Dieux. On dit que le Pontife auoit vne table oà il cogaoïlFoit l'cclypfe de la Lune, & du Soleil. Le Preftre Fecial prefidoit à la foy publique donnée anx peuples, 5c l'on )ugeoit que la guerre , qui n'auoic elte premieremeiK dénoncée par le Fecial,a'eftoic pas jufte. Quand on faifoir ta paix , le Fccia! demandoit ai« CiKtde l'armée , s'il kiy commandoit de faire la paix auecl'ennemy, & le Chef luy ayant commandé , it ddoit, o tel, le te demande de l'heibe j A quoy te Chef rcpondoit,qu'il en prinft,& l'ayant prinfe,)! demandoic s il le faifoit meifager du peuple , & du Sénat Romain!, Bb 5 N Difcours de VEftat de l'Eglife. ^* \ 1 j.cPniilonr- & i' cft du uu on accepte les excufes des Le Chef .épcdou ,u il U • «U^^^^^^^ ent la guêtre : & Inc die ces paroles, U jettoic ce da. d fur la terre afin ciuils viffent qu'on leur faifoir iulternent U guerre. ^ Les deux iLo^es des Sacre«.ens auounc a charge de lire les liures facrcz . & les vers de la Sibyle , & de les interpréter. Ils prefidoietn encore aux cérémonies qu'on fa^rou à Apollon , & quand il nailfou quelque ^onftte.ou qu'.l arriuoit quelque prod.ge.ils tachoient d'appaifer les Dieux auec leurs facrihccs; Les fept hommes des Epulons efto.ent enclos en vne efpece de Preftrife , de laquelle il y a peu de gens Cui ayent efcrit. Pline deuant reciter vne oraifon, & Craignant ceux qui eftoient pour l'écourer du Le Con^ fuhire eftoit au milieu . & après vn des fept hommes nues aes Auguics uta USA i.v'iw."-- nés , & des lept hommes des Eoulons : le parleiois des habillemens , des vafes. desuciifices, & dcs inftru- ments , mais ic m'en dcprte , poutce que la choie le- roitennuyeufe. CHRONOLOGIE, Et hriefue defcription de la fucceffon , -MteUr mort des Tapes depuis SainEi T terre , ïuf- ques à Alexandre FIL à prefmt feanU Enjemble leurs Ordonnances y Conciles, fe tint le pLier Concile en icelle pat les Apoftres , touchant l.brogaMon de la Loy Mj^^' ^^^^ ^ Cheronefque ou coad juteur de fainft Pierre, ayant efcrit ,7. Line Tofcan fécond tueiqiic , ou i ^pc deteftable Simon l'Enchanteur. Il fut décapite par le les geftes de S. Pierre , mcfmemen " ^«^^^J^^ chafTé le diable hors du corps de commandement de Saturnms ^^^/^l'^^^ '^^^^^^ partant de la ville.oa s'abfcntant fa ftlle (tant il eftoit renomrneen ^^j^^^'^!) onze ans,trois mo,s, douze joursi d'icclle pour aller annoncer la parole de Dieu en ]^^^]'}'^''±^ZI.r P^rnnotairesl nar les fept quartiers & Clcmei rrgions de . ft„ut,onsApoftoliques,&pa^^^^^^^^ tytisc fous Domu.an ^^P^^"^' '°£ '^^^^^^^ contre fon gré , ayant cr.é pluficurs Preftres dans la ville de Clete Romain appelle a la charge tp>lcopa^e_com«^^^^g ^y^^^^ . ^^^.^^ ^.^^^ martyrisé du- — ^rCler"adrs:u o7d e^f^^^^^^^ non priuément, & que tous fidèles, cou- pât trois autres , le ^^^^^^^^^^^^^ .ejettez de la compagnie des fidèles, comme infidèles. Par ce ^unieroient après ^^^^ meruc.lleufement. Du temps des Apoftres on commumoit tous ,ri:urif ru u^d^fon^Pon:^ an. deux mois dix jours,l'an ...de l'Empereur Trapn. les jours, iimum Le fiefe fut vac^mnt fept tours. •a P .h^rîfte ordonna fept Diacf es eftre elleus en chacune Cité pour affîftet à ^Euefque en pref- Euanfte , ota ^"'^^ f ^^^"^J^ft"^ prefché, diftr.bua les Parroiffes ou Cures aux Preftres.comman. chant : afinqu on nc luy impolait V ..^ iabenedidion facerdotale.autrcmcnt feroient '^L7utfcmo;;foîsl'Lp'e«u,T4-.defo„Po„c.ficac,.^ niary. iiiuu fieie fut vacquattt/eiz.t tours. o r •«« • u ^ ^^r.ntfainâe vie. que plufieurs Sénateurs Romains reccur-ntlaRel.gwn^^ Alexandre Romam , h°mme de tan ^^^^^^^^^^ '^^^^^^^^^ .^^^ ^enifte , & d'en m. d. r de la ânnple auec le Chreft,enne pour fa grand. P » ^/^P^ "'"^^^ 3, Canon de ce faind Myfter., O.s p .du,,.àm Tin, au paltreturt enne pou, fa grande ' ^-Ch iftTàd,o.fta au Canon de ce fama Myfte,., a.. p i^1-'i^ Sacrement du corps «'/^"S/'f Vpain feroit fans leuain ^prohiba que les Clucs ne fc.oiene „, iniques ï ces mots. «... e/î. 'S":^^^^' . c^i^fiattiLes : .1 fut marrvr.si .ous Adrun, s à ces mots . . '^^^^^^ ,„ Ecclefiaftiqu" = " r D'éSrJdira^a^nt tenu IcVrege fept a„s.dix mois.dcnr jours. Difcours de l'Eftat de l'Eglife. 295 NÛ- Le ftege fut vactjuant vingt cintj iêurs. des Sixte Romnin prohiba que les ornemcns de l'Eglife ne fofTtnt maniez d'autres que des Ecclefiaftiaues • iT l'y. ordonnaft IcsCorporanx de hn rres-ptu- &c net : qu'en la célébration delà fainde Euchariftielon chamcroir'chr; Smtlité , San^ué , &e. Ce facrc myllere eftant traité fimpiement aiiparanant , la deuotion reluifant plus auê ' pompe & appareil Peu de cérémonies. Car S.Pierre ayant confacré, difoit l'oraifon Dominicale. lifut mar- tyrise de Ion Pontihcat 1 an dixiefmc, mois 5. iour 1, Le fiegt fut V(tctfu4nt 4. ioHrs. 9 Telefphore Hermite Grec, inftitua le Carelmcfelon plufieursimais ils fe trompent : car il eft de l'inflitution l^7 des Apollrcs.comme Polidore 1 a remarque de faindt Hierofme.cfcriuant contre Montan à Marcelle-troD bien angmenta-.l le nombre des .ours, ordonna dcieufncr cinquante pour quarante, mefmement les Preftres. qui doiucnt eftre plus fainds que les autres. 11 ordonna aufTi que le iour de la Naiiuité de lefus-Chrift l'on cele breroit trois Melles, la première à minuit , fignifiant l'heure de la Natiuué : la féconde au poinft du iour lori qu il fut cogneu des Pafteurs, la troificmc en plein iour, qui eft celuy de noftre Redemption,& que déformais Ion chantcroit cet Hymne , Gloria in exceljis Dto. 11 fut martyrise & enfeucly au Vatican , de fon Pontificat l anvnzicme, mois trois, iour 12. «""ucui. Le fiege fut vae^uartt 4. tours. ic Hygine Grcc.natif d'Athènes ordonna ( pour le moins; qu'vn parrain ou marraine prefenterdRt l'enfant « Baptclme, que les matériaux dédiez au baftiment du Temple ne (croient transferez à vfages profanes Oue 1^ ' Metropohtain ne eondamneroit vn Euefque de fa Prouince, fins le confentement & aduit des autres ÊuTfeues de la mclme Prouince : Il meurt 1 an quatriefme, le 3. taois, le 4. iour. ^ Le fiege fut vac^uant 4. iours. n Pie d'Aquilce ordonna que l'on celebraft la Pafque rPentecofte ja ordonnée parles Apoftres, Ad vingtié- i4i me) le iour du Dimanche , plufieurs faincStes cérémonies, pour l'ornement & décoration du baptefme & de la fainde Euchanftie : que les Koraains ne prendroient le voile auant l'âge de vin^t-cinq-ans , que le Preftre iu rant, feroit depolc, &c l'homme laïc excommunie. Il impofa auffi pénitences aux Preftres negligens, & traidanc irrcueremment les Sainds Sacreraens : confacra le premier le Temple de Romcfçauoir les Thermes de Nouât dedic à lainde Pudtntiane , les Temples des Chreftiens eftoient auparauant cachettes ôc grottes obfcures fa mort aduint de fon Pontihcat l'an ncuficfme, mois quatriefme, iour troifiefme. * Le fiege fut vacijuant 4. iours. Anicetc Syrien de nation . renouuella l'Ordonnance d'Anaclete , que les Clercs ne portcroient point dei44 barbe : que les Preftres auroient vne couronne : qu'vn Euefque ne pourroit eftre confacré auec plus pe[it nom- bre que de trois , le Métropolitain de tous les Euefques de fa Prouince. Il fut martyrise le neuLfme an , qua.' tneline mois, 13. leurs de (on Pontificat. * i"'*^ L4 fiegt fut vac^uant 1 7. iours. ConcordiusSoter de Fundi renouuella & confirma l'Ordonnance d'Euarifte touchant la benedidion Sa.«« cerdctale . au mar.age & confenrement des pères & mères, pour les grands abus qui fc commettoient de fon temps. Gracian récite qu il ordonna que Ion ne doit garderie ferment, par lequel l'on promet demal-fairc. Il mourut 1 an 9. mois 3. loutvingt-vnieme de fon Pontificat. Le fiege fut vaeijuant 1 1 . iour. Abundus Elcuthcrus, Grec de nation , enuoya en la grande Bretagne , à la requefte du Roy. Fugatius & Da- m mianus , gens de p.etc & rehgion : par efquels le Roy & le peuple furent bapnîez. 11 défendit |u' ucun par fuperftuion ne s abftint d aucune forte de viande , & que nul ne fuft condamné de crime . abfent & non con, uamcu. Ayant augmente la Rel.g.on Catholique par fon bon exemple, a lailTé paix & repos en rEplife épan^ due quafi par toute la terre, il mourut 1 an 15. mois 3. iour deuxième de fon Pontificat. ^ ^ Le fiege fut vac^umt j. iours. ' Vidox Africain . ordonna que fi aucun ej^ant^reft de reccuoir la fainde Communion , & follicité de par- don,>.r a fon tnr^emy , refafo.t de fe recorocilier, qu'il fut priué de ce l^ind myftcre : déclara qu'en cas de ne- celSte. ,1 feroit lo^ûble à qui que ce fuft , homi«e ou femme, de baptifer ceux qui requerroient\efte grâce, e„ quelque eau que ce fuft , pourueu qu elle fuft viue : combien que la couftari^e de baptifer ^trement ne fuft qu a Pafque ôcPentecofte. Il confirma.ulTi l'Ordonnance de Pie . touchant la celeLtion de a P^^^^^^^ jour du Dimanche , contre la couftume des Eglifes d'Afie , lefquelles il excommunia : dequoy ilfut repris o r Irence. Il fut martyrise l an 1 o. mois 3. iour i o. de fon Pontificat. Durant ce fiege l'an , 96. de lefus - Chr ft fe fit le premier Concile apresle temps des Apoftresen la ville de Cefarée en la Pakftine,par Théophile & autres - Euelqiiesjtoochatitleiout dePafqufs. w. «uiuc* Le fiege fut vactjuant douze iours. Abundus Zefirinus Romain, ordonna que chacun ayant atteint l'âge de douze à treize ans receuft à tout le « moins au iour folemnel & fcfte de Pafques la faindeEuchariftie : qu. les calices eftans de boifdl le com- ' mencemem. feroient faits de verre.lequel Décret fut aboly depuis,& ordonné qu'ils feroient d'or. d'argent,ou à eRain : qu vn Euelque ne pourroit eftre iugé de fon Archeuefq.ue ou Métropolitain . ny de fon PrLat ou Patriarche , fans l authot.te Af»oftohque . en quoy il n'oublia d'eftablir fa primauté. Il mourut l'an fepciefme «OIS 7. iour 10. de fon PoiMihcat, fous 1 Empereur Seuere* Le fiege fut vttc^uant fix iours. Do«mçius Califtus Romain, drelTa vne Eglife & vn cimetière à Rome, où repofent les reliques de plufieurs famds Martyrs , wftitua le leufne des Qoatre-temps, efquels U faut reccuoir le Clerc és ordres facrez Ouel quts-vns luy attribuent 1 Ordonnance du Célibat des Preftres : mais Polydore «u liure cinquiefme, chapitre quatfiefmedir, que Ion n a peu ofter du tout le mariage aux Preftres Occidentaux ( cai les Orientaux dk: V "l: "TiLi" pS^at '^p^'^'™^-' "'^"^"^^ > Le fitgifut vac^Hant fix tours. Vrbatn I Romain , fous lequel l'Eglife Romaine commença de polTeder des terres, prez , & autres hérita- ^zil ges, qu, doiuent eftre communs & diftribuez pour alimenter les gens d'Cglife,ks oauures, dc lcs Pro onota re ' efcriuoieiu les adcs des Martyrs. Damas luy attrU^në l'O.donoancï des vakaux d'frgent rj^ûT Bb 4 ' 2ij 5 Difcours de l'Eftat de TEglife. c^npr Bonifa-c f.uie de M^jencc difoit que a is les Tr^ ftt« J'ur vfoient de calice de bois : rnaintcnam les ...s dont L^omta-c t.a.]iie ae ^^M^ ^^ l il attira à ta f..v beauconode monde , il fut mai- de dont Bon face Eca.iLie de M^)enccQiiouqjc a i.i ^ l - V, V ■ «^n«». f • Pr ft. rs de bcU vfear de calice ci'argc nr. P.ar f. faintb v,e, ilatt.ra a la f.y beaucoup de monde . V% tvi«é l'an 4. mois lo. iours 1 1. de fon Voun^izn ions M. Antonio Empereur. Le f'cT f..tv(tcarncnT au Pont-ficaf. allnn.. ie feu de diuifion & difcotde, fe fajfant Antipape .ucc a.de t iZ-t; Preftrc^d.Cattage , tefmcin fainft Cypr:an , efcnuant à Corne.Uc qui le condamna hérétique en d ux Co" k t nus à Rome' Nicoflratus autre An'ipape en Afrique. Trois Conciles fc célèbrent à Carthag.. 1 k -"ruK/p -1 Contre ceux qui difoient qae les enfant ne doiucnt eftre baptifez auant le 8. lonr. Se tint auffi ^" (.r, .c„^ de .^e.. Preftres ^ trois Archidiacres, ^r ' cOre ^efl'^de ( bonne œnnerùtion : c .e les E.. (qu^s feroient âgé de trente .ns : totitesfo.s Gvat an t- r.bu é: ordre à Zozuric, .1 fut maity.se l'an tro.fiefme , mois trois , lours j de fon Pont,fi.ac. lous l Empire de Violiifîan. • • • - Le fifgff'ii vac^j'A^t vn weu nf^ tours Eft.-nne Rp.nain.fa le premier q., nm en vf-^e 1er h.b.,s S«er...„n,x.ler p-emie.. P.efttc, fe eonrenrcn. " d ert eT«.XwI, rel," o. & (ainae,^ : A-ftn l,.nr i HépoU lier le ..et .omme K les „ces , qu. de t p^e^.' nouul"..^ "°l>« o,ne„,e,.s. 1. fut ,r,a,ryris. fan 7. n,o,s cinq, .ours de., defon l>on„f,car. fu.s '"IT;: l';f;enn!vn concile à Carcge . cf, fe rronuerenr 1er Euefqoes d'Af.qne . ^ c,-'au„„ fain* Cvprisn co'jtte le baptelme desherctiqiKS. _ ^ Le fifçe fut vaeauir,iv^rn'>tsctttf tours. , , n- i Six e H Athénien , avant enfcigné l'£fiang>lc par toute l'tipagne, il i^n edet. P.pe . .1 ordonna de ^-^^^^^^0 E.l. les Autels vers l'Orient.ôc cftoit enbonne volonté de confotec les Hcrcn^u- s . des S.oeluen. . Ccnn- fhtns . & rirpocians ! il fut martyrisé l'an ^. u>o.s dix , .ont. m- ion Pont.hcat , fous l E«,ue de Licinm. Gallien. ^ . . D nvs Grec fat le premier Moyne qui fut r.cu au gc Ro.n.m pour cftre Pape , & eftatu cflcu . .1 J.u.fa xH le p^m r.ta, Kom^uatlUo, J. les TempUs,C,met,eres,PanoUres,^ D.occfcs aux P.ri rrs ccunm.nda« onc ^ c n i 't contait de fon fiaage , po,n y nourrir letroupcau qui iuy (.um commis . il (ourfiu mo t 6 mois !'iouts 4. de fon Pomihcaf, fous l'Empire de Gaiien . lequel .n fin tit certcx b pcifecuau« coik.* les Chreftiens. ^ . ^ , rcîix Rnm«in ordonna que l'on célèbre tous 1:, ioors U memouc des M.r.yrs . & no. ailleurs qa« lieux Uni: q^^Zs Îeslnsl'ou obferue la Dédicace des Egl.les vnc (o. l'an , .1 loutF.it martyr, l au q-urric... iroi!,tiotsdelonPonuricr.t,(ous Ani^lian. En ce temps (c tint vn kcond Concile d'Antiochc contie Samofarencs. Le fieffé fut vactfuantctng tours. E„,.ehlen Tofcn de L„„,.ay.nr efcit q^eVrcs Er...res « Deere,. H^'.^X ' riainr,!... ,r,, l.nt f,,, ,=a..y...é r„. .. mois ».<, "-nr '-«e 'on ■o,,..6ea.,f.tion des qua.r, degr«„; I No i'j6 Difcours de Jtftat de YEglik. 20-^ I,re qu'il t., falloir pl.idoft faire A.ulum- Corneille fon prcdccdlciu • ,1 Sv.r 1? 1' " ' ^ '^"^'^ 50 Marcelin Romain citant faili de ciai.Kc des toiii mens &rupnliccs lionnr-, fxc T ^«l- -j • . gneur ^a f.ure en pldn Synode allcrnblc ï .S.nueUc . 'éc en fie S^^^^^^^^^^ ' "^^'^ ^T'' r£.pereur Diocleri.. ^^dc fon grc .1 lonlîric mar.y. l.n fi^r^Xd::.: it.T^ f^':. fi^f^^" perfecuiton ^tv régnait. rXr' ""' " ' ■ " » * .««o Vlm dlux Cencilts de Sinofe en Campagne de 190. EuoftjHts. ;i Marcel Romain , limita les quartiers &c tikres départis par Euarifte , & le rednit à î c r^rAr. ^ ^ i Cilc oeneral ne pourrou clhc airembic Us la pcr.nilLn du'fi.ge Apoft^h," ^' ^ .f! 'r''^"; commcnous verrons après, qa'vn Clerc ne pourroic eftrc conuenu deUant vn lu./lVv i^far ^ r " mois j . iours ii.de fon Pontificat, fous Diocletian. ^' ^ marryr.fc l'an 6. Durant ce licgc fe tint le Concile de Cirte en Numidie. Le fiege fut vacquttnt i o. iours. ^ Eurcbe Grec , Médecin . fit plufieurs Ordonnances. Aucuns luy artr.baent celles de l'inuention de fain „ Cro,. : .1 fut mnrrynsc l an quatnéme, mois x. iours 3: de fon Pontificat, fous le mefmc Dioc an ' De fon tyips tut alfemblc le fécond Concile d'Ancyre en Galatie , où ettoient 1 8 Euefqaes rnmm. (T vn autre Concile de Cartage de yo.Euefques. lo-t^ueiques . comme auflî Le fiège fut vaccinant vn tour. 3, M.Iit!ades Affricain, défendit le jcufne au Dimanche & au leudy : pour autant que les Pavcns celebrow-n. les folemnuez de leurs D.eux S.,tar«tcns.ll mourut l'an 4. ™ois7. de (on Pontificatlus Coalnri^^^^^ ^" Le Jtege fut vacfuant fept tours. ,4 S Sylueftre I. Romain ordonna la tunique , & l'aube de lin bianc , défend l'ornement de foye ou drap teint en la con.ecrat.on, changeant les noms Payens des iours, à fçauoir le nom du Soleil lors ainfi nommé L d7 nianche ou Dominique : les autres cinq eofuinant nommez par eux de la Lu ne, Mars Mer^u eZuer' & v/ nus les appellant fer.es z., 4- 5 • 6. & au lieu du iour de L.urne, Sabath , ou Sa.edy , ^u/ Sf^^^^^^^^ 2m1 fi ; TT ^'^'^h^"^'^ efté confacré àDieu par les Apoftres en mémoire de la R? urreafon Or ,1 fie chofe beaucoup plus grande quand il conuertit à la foy Catholique l'Empereur Conftan^n n ficcel e,Iesperfecutionstyranniquesquifefairoient contre les ChreftiJî.s : don, a à S be^rela iiŒ me, fdonaucuns,& plufieurs P^ot""ces , édifia & dota plufieurs Temples ChttaiensMlmo^^^^^^^^^ 10., ours II. de fon Pontificat, fous le mefme Conftantirfle Grand. ^^""-^'^"^-'i 'fourni 1 an ij. mois Le Jtege fnt vncqmnt ^mnz.e isms. SYNODE I. GENERAL. u,nc,a„x. ,„ Romain de .7S^Eucf<,ues. v„aa„e Ro„,ai„ de 7f. Euefqae.! v , Se" H G^e^ d „ Pf" . , , u . Le fiege fut vactjHant i^:iems. 9- ATU • n Le fiege fur vac^mnt i. iours. ConftamiL A^rTen^ n ''"1 """T T'' ^"'^ ^ ^^'^^^^ de l'Empereur Lonltantius Amen ( félon 1 opinion d'aucuns il confentit de leur adhérer à fa grande infamie • tnnr.TnVc Le fiegè fHivactfmnt éUîi^i. SCHISME II. F dll'l'f r''"/T 'î^^'^î^^^"^ Pape, mais d'autres nele nombtént pas , d'autanf qu'il prefi-' - Symbole de Coninttol t l^f 'r""^^ pat Flam.anus Antiochenus , aydé de faind Chriftophle , le Euanoilpc / ?-r ^""-A^"'' ' l«c«""»' Lcfir^ef^t v^cqnant . i. tours. ^hr. SCHISME III. SYNODE II. GENERAL. ^ .. • r 1 rr KU ^ rotiftantinoolc de i Euefques , foubs Gratian Se Theodofe Empereurs. 5»i mens,umouru > ifft,.tf^tvac<)Hantvn mou vingt civ^fw^s. ^'J & J u,„,„,„ir l'Fiiancile chacun fuft debout , afin de 1 ouyt auecjj» il mourut Tan î- iours i o. de fon Pontificat. Il mourut 1 an } lou x^fie^rt fut vac^MPt ii. tour. , n r ♦•droient Prcb.ades. Doyennes, Pneur«. ou ^'f ;"^^"!!f a J^^^^^^ & tous ceux de Ion li.ge ne poa- r„«l:;e"j:^:;i"a\rX'/*^^^ de Theodofe le Grand. . Le fitie fut vat<3U4nt 11. tours. ,. j • r ► X. fain^e vie défendit que les ferfs n« fufTent admis en 1 ordre de 4W ^.e"ar:';::=;:i:s:iïfefbir^.t^^^^^^^^^^ Theodofe fécond. • .u,nar<.l« veille» des Saints aux ieufnes : il fut chafK de Rome à eau- 4i| fou* le mefme Theodofe. u fiege fut vnc^u.nt iours. \ SCHISME IV. I T2 Vlalius Romain durant le Schifme contre Boniface , fut efleu par vne partie du Clergé , & mis hors de 4. 4j Y Vlaims j 1^ troifiefrae mois & fept iours de fon elcdion. J-^ Rome auec Boniface, 11 ' . ,r Gantez de tous auant la Meffe , ce qu'auparauant ne^; Ccleftin Roma n ordorina que Pf^-'^^J^^^^^^^ f^^^^^^ ,„ ,„,,,Ues ont efté cueillies , graduels. lt\o;:;ra:— Van hiua, mois .0. iours ,7. Cous ^^^^^^^^ , , SYNODE m. GENERAL. ^ Oncile gênerai fous Theod. n . de ^oo. Euefques célébré en Ephefe con„e y l^erecique Pelagius ôc Ne- 4, « a cl.,pfn,i«deConftantiBople,quinioientladimniicdclefu$-Chtifti^ . ^ r S;": TU Si .couse ^^oi, v'iole^n. Nonu.in. purgé p,t fou fermeut ,u pcefenc. de „. Euefqu», « ^,a«diftàb;aousfcsbi.us.uxp— u™,.-^^^^^^^^^^ o • a.r l-r,,oa ,inf,f,unommacaufedelagtandeaoaiine,otdonne,ourcuouuelel«Rogatioiis,* Ptoceflion., "1" ! '-"îraêfeuau de cha«e. Muya & G/.r« ,» D« , en temps de Caretot ":rviu;"ïï vT; . iou. U ^4 f« vac,ua„c hu* .ours. Auan. « P^c 1 EgWc Romaine noœbtoUles ans depuis laPaffion de letus. SYNODE IV. GENERAL. ^Oucile gênerai de Cakedoi„efou.rEmpereu,Ma«iau de aa,Euef,„e,co«rerheref,ed'Eu,ich.sP«.* fe?rd:^^.X°S^^^^^^^^^ cUf.afti,u.:«P.ouru,r.n7.n.oistroisaouryo._^ SimpHce de Tiuoly .ordonna ,u.ucun L?U^afti,uc ne recogncffe ,n laïc .n la poffer.oa d vn bénéfice. , Il meurt l'an quinzième, mois i. iours 7. 44 47 Ans Difcours de l'Eftat de i'Eglife. jon ks relix III, Rornain, ordonne que les Eolift-ï Orr^^r r ' /- • 'ap^ me, . I. iou. .7. ^ " '""^^ '"^^'^'"^ ^u.lc™cncpar I« Eucf^ues. Il x„eurt l'an 6. d'c 50 GcUfias Afr.ca.n compofa les Préfaces ^uc 1 o. chance anan^lc S Canon > ne fc«j,enc admnnftrez qnc quatre ^o.s l'anncc. 6. le Samc Jy. II comnÔfaH n TJ'' 4pi dnels,l.ure$.& fit autres ordonnances. elbnt dodc, & monrnrl'anr.no.s"^'""'*' S^^" . Ana«a(b.r.Ro.aln,eftrepntéhereri^:f:^^:r^^^^ "7"' fo>s . 1 rxcon,mnnia l'Empereur Anartafe comme Eut/ch.r I mourm m eTl' ^'^^''"^"^ = 4.^ boyaux comme Arnus l'ui r. mois ro. lours 14. ^ m'ieiablemcnt aprcs auou vuidc fes . CeliusSymmachnsdeSardaignefntP:^^^^^^^^^^^^ ^ " P. Alton . a.nfi par eux commença le cinqu.efme Schifme : Car TÙoVouTZh"''T ^ ^"^'^ ^PP^"^ 4.» ncg^. & chafTcr les deu. autres. Toutefois Symmachus s'eftant puVé dcsThts t.H^ '1^ "^'^"^ fflis, & mouruc l'an quinzième, «ois 6. iour i z. ^ ^ ^ ^ ^"X objc^pit, fut re- Ltficgtfut vac^uant fipt iours, SCHISME V. [j T Aorens Romain durant Le Schifme contre Svmmachus mnurnr 1' Bonif.r-TTn f , ^'fi'g'f*'-'-'^'::iH:,m i^y.tou s. ' uis trois. SCHISME VI. 0» , fa. ox,lé l'in, Pont . oi il mo,i„ de paTut.r av am i^f '"^ f t"."'', R°n>"« - D SCHISME VII. H luftinian : laquelle puis après le fit tirer de RorneT m ( ^ .r. ^ de l'Empe- Lefiegefmvac^uami.moity^.iours, "iques, & rrkjf • * H-'e '-s tccJehâltiqucs cnanteroient toutes les henrp* ro« • i 300 Difcours de TEftat de l'Eglifc. Ican , Romain . ayanc acheué de fauei pat.r quelques EgUfes . aggcandir les cimetuces des Martyrs , .1 Jc^^ Jcs mourutl'atiii. mois II. iours 16. de fon Pontificat. , ^ •• J« mourut l an II m Leftf(r*f'*tvac<}^*ntyo.n>oUy&trouioHrs. , , , . • P* ^ . o . iMr->1i» riiinrp mr les puctrcs des Lombards » qui com- p.aepl.ourutran..i.oisvn,iours.^^^^^^^^^^ Pelagen.Ro.aineneuanslcconffeLntdelE.pereu^^^^^^^^^^^^^ ' bards , ayant fait de fa maifon paterne le vn hofp.tal " P^^^^^^^^^^^^^^ ^ aS o mois z. iours dix de fon Grandens,la faifant Métropolitaine de la Proamce de Venife,moutut de peite lan . ^'f'^^'f'*' r '^"'ï rirat^de' out* le peuple , & du confentemcnt de 5». Grégoire le Grand . Moyne . fut eQeu par la voix du Clergé & de tou P^"P ^ ^'Empereur Maurice, il augmenta la Meire de plufieursceremo^^^ '/^^^^ de quelques Pfalmes : qu'on chantaft les neuf fois Kyr.c '^^^^^^^^^^^^ la fin de chacun . peut voir dans Platine, il meurt l'an . mo,s 6. iours .9. de ^^^l'^^^fj' P /?'^./«/ v.c^..nt 5 . J^^^^^ indigne de fon eftat : ^04 , SabinianTofcan, duquel on ne fça,t long.ne. & a bon d^o'J ji^ ' ^««^^ 'J^' '.ç^ ^fté libéral aux ' detradeur des vertus de fon predecclîlm difam qu il ^^'°'^^^'f ^ TEglife , les cloches, cauures , & en volonté de faire bruûer fes hures , ayant ordonne des ^''"P"/''?'''p' L que Us heures fulTent fonnces, il mourut l'an premier, mois cmq, «ours 9. de (on Pontificat. ^ Lt fieçe fut vasejuant en\e mou, ib. tours. ^ 67 Con Le fine fut vaccjnamvn mou, fix tours. r^. ^ « t l'an 6. mois 8. iours i } . de fon Pontificat. Le fitttfiitvaccjumy.mouyi^.tours. y\ r-a. , .. • u^^L C. Jfke vie fit célébrer le Conci e d'Auxerre, auquel les ERren- (t^ 2. mois 10. iours 17. de fon Pontificat. ^ Lt Cteoe fat vacquantvnmtu,\è. tours. 1 t » r • ? ^ • j „ i«.,.,.r,iipr fnrre les PaDessQuc les Temples leroient «11 fon Pontificat. ^^^^ ^ , ^ K, PC 1 To <; Pierre d'or & d'arPcnt, & de beaux tableaux, aptes Honoré fat libéral aux pauures , repara 1 Eglife de b. Pierre , d or , « a argcu -,ourutl'ani.moisor.e,iotus.7.^^^^^^^^^^^ Seuerin Romain ^t libéral aux ^ies, ^^f ^^^^^'^ ^^^^^^^^^ 7^ De mcfme z.le cftoit lors noftre Dagobert, qui fit ^^^'y/j'^^^^^^ti.^^ ? iours 4. de fou Ponuhcat. voire dts reliques, ôc dépouilles des autres Eghfes. Ce Pape mourut 1 an ..mois Le ûeçe fat vacauant vn mou, dix tours. , , ^ • • 1 r i^J^c xr Tftrien^ jetenus captifs pat Ics Sattazins , puis mou- fjj Ican IV. de Dalmatie rachepta plufieurs Dalmates, & iltncns , uetenus tap 1 r r«t l'an I . mois, 9. iour 1 3* mr 1 au I . rau , ^ ^^^cam^bï i . mo» 14. tours. x . 'i n.- Il meurt l'an <5. mois i . iours iS. de fon Pontificat. Le fifpefnt vacauant VH tnou. 11. tours. ^ . ^ ur , Lurs mileres finit fes iours l an fix.mo.s iours .8. de fon Pont-ficat^ Lt fiejrefut vat^uant i.an&i. mou, 18. tours. Pontificat.^ . ^ t/4ca«<ï«< 4», 8. »#«rj. r mourut l'an 14. mois4 »our 19. de fon Pontificat. Difcouis de l'Eftat de l'Eglife. 301 Le Jtrge fut vacfutim 4. moù, ' y tours. Dcodatc Moync Romain , guérit vn la lie en le baifauc . Iiomuic religieux, affable, libéral aux pauurcs & de* cftrangers.niouruc i'an 4. ii^ois 2. iours io. de fom Poiuificar. * ^li^. '• -Le fiegefut vac^uant 4. mcùt 6. tours. <7x * '« Donnius Ronjaiii fie paiict de marbre le paruis de S Pierre, Se par Ton intégrité aOijjettit l'Eglife de Raucn- 676 ne i celle de Rome, qui Te difoit chef d'ellc-mcfme; il mourucl'an ô.rnois j.iours io.de fon Pontificat. Le fiege fut vac(jHant 1. mou, 16. tours. Agathon Sicilien Moync , fut de li bon naturel , que iamais homme qui vint i Uiy ne j'en alloit trifte , ny 6ïq defolc, mais joyeux, & conlolc, il inoucuc l'an 1. mois 7. de fon Pontificat. * Le fiege fut vac^uant vn an, 3 . rnoit. SYNODE VI. GENERAL COiicile vniuerfcl tenu à Conaanrinople,dc deux cens hui(ftante& neuf Euefques, contre les Monothe^ "a litcs.qui nioienc deux voloncez. Se natures en Icfus-Chrilt. Le Patriarche de Conftantinople delailfe fon heu lie : Machaire d'Antiochç ne la voulue lailfer , & fut dejettc de fon Eucfchc : là il fut permis le mariage aux Preftrcs de Grèce, £5c non à ceux de r£glire Occidentale. " Lcon 1. Sicilien, homme fort (çauant en la langue Grecque j & Latine, & bon mufîcien, qui réduit le chant 682, en meilleure raelodie,aymaiu les pauutcs,exhortant tous de paroles, & d'exemple à pieté, iuftice,humanité.& autres vertus.ayant ordonne que l'en bailletoit la paix à la MelTe.mourut le 10. mois, 19. iours de fon Pontificat. Lt l'iegefat vacejUAnt 1 1 . mois, x i . tours. Bcnoift 2. Romain , fut de telle faindteté , qu'en fa faueur l'Empeteur Conftantin 4, approuua l'éleaion «îs* des Papes cftrc futiilamment faite par le Clergc & peuple Romain, fans l'authoritc , & contirmacion de l'Em- pereur : ce qui ne fut après obferuc long-temps, il mourut le 1 o. mois, i z. jours de fon Pontificat. Le fiege fut vat^juant x.mok, ij. tours. lean 5 . Syrien, homme fçauant & vertueux.fut confacré comme fon predecefleur, par les Euefques d'Oftie, "5 Portcn(e,(Sc Velitercice,& ordonna qu'ainfi s'obfcrueroic aptes, commç la eouftume cft encore, il mourut l'an )rcmier, iours 19. de (on Pontificat. Lefiegtfut vaci^uant 1, moù, iS. iotirs. SCHISME VIL Pierre Archipteftre Romain, elîeu parle Clergc, eut le Siège quelques iours, ^^fMIl Théodore Preftre Romain eftant efleu par l'cxcrcite Romain , eut le Siège pour quelques iours Go*re ierrc,& furent tous deux caufes, & autheurs du fchifme 7. Se tous deux cftans chalfcz, Conon fut créé Conon Romain, furnomraé Angélique , pour fa fainde vie , dodrine & beauté , fut efleu Pape , après vne randc contention contre Picne Se Théodore : il mpatuc l'onzième mois de fon Pontificat* ^ Le fiegefut vac^uant 2. mots, 23. tourJ'. SCHISME VIIL rHcodorc Preftre Roinain,homme riche, qui auoit corrompu la gendarmerie par atgerit.eut le fiege quel- ques iours. » » . Pafchal Archidiacre , conuaincu d'art magique durant le fchifme de Théodore, eut auflî le fiege quelques )urs, & finalement ayans tous deux eftc ehalfez, fut créé Sergius. 5 1 Sergms Syrien, homme de fainÛe vie , ordonna que i'yfgnta Dei feroit chanté par trois fois en la MefTe : il 6%f loutut l'an 13. mois huid:, iours 2j.de fon Pontificat. ' Lt fiege fut vacijHant vn mois, to. iours. lein 6 Grec, fut fort fludicux à reparer les Êglifes , aucc les Autels , & rachepter les captifs du Threfor des 70* guiesi il mourut l'an 5. mois 3, iours 14 de fon Pontificat. - Le fiege fut vac^uant i.mois,\9. tours. îcan 7. Grec . homme cloquent & de bonne vie , ayant fait reparer plufieurs Eglifes , & icelles enrichir de iintutes,& ftatucs, mourut l'an i. mois 7. iours 17. de fon Pontificat. ^"^ Le fiege vac^ua 3. meis. Sizinius, ou Zofimus Syrien , homme de grande faindeté. mourut foudainement , fort vexé des gouttes des 70^ eds, auec bonne volonté de ne rien obraettre de ce qui appartient à vn vray Pontife , le 20. iour de fon Pon- Le fîegt fut vacquant vn mois 1 8. iotirs. )ulou ofter les Images, Se mourut l'an 7. mois vn, iouts 20. de fon Pontificat. Le fiege fut vac^uanti/n mois, lo. tour s, Grégoire i.Romain, enuoye Boniface Moine dode en Allemagne prefcher l'Euangile,& en conuertit plu- :urs: excommunie l'Empereur Léo, furnomméiconomachus, pour auoir entrepris d'ofter les Images. Ainfî 'ercUcde l Empereur fut occafion de l'accroifTement du fiege Romain, par l'aflîftance des Catholiques 'car rs Kome, & quafi toute l'Italie , fe retira de l'obeyifancc de l'Empereur : l'Exarchat cefTe , occupé par les )mbards : & de là nos Princes furent appeliez au fecours des Papes, & par eux , comme tuteurs, deffendus* cnrithis, il mourut l'an 16. mois 18. iours 22.de fon Pontificat. Le fiege fut vnctjuant 9. mois, onz.e iour s i ^regoirc 3 Syrien,hÔme doâe en Grec & Latin,priua l'Empereur Léon 5. (mefchant à la verité,& de l'Empire, 7,1, Q G 30 1 Difcours de l^Eftat de l'EgUfe, . ^A.U rn«,manioa des ftadUs.cftaat affiegé pat le Roy des Lombards dansRoa^c.nayant fupport de l'Em- ^ b'c- percur! r^^c àS "chaties Marcel. duqueUl obrinc ce quM defuoU . il mourut l'an .o. mo.s 8. .ours .4. J J« de fori'Pontificat. ^^^^^^^^ ^ .^^^^^ 7.rh.rie Otcc, perfonna« doUé de plufieuts .cttus . pacifia l'IcaUc,eaant lots fore troubUc. confirmai c 7- 1 ^ e Pep n pouc eftre Roy de France , au lieu de Childeric, qui fut comrama de fe fa.re Momc; fdZnfam^ Sufermcnt de'fidelitc à luy fait.ôc mourut l'an dix,..ois5.iours .5. de fon Pont.ficat. *^ Le fiege fui vacijHant \i. tours. Efticnne z. Romain, que plufieurs obmettcnt, à caufc qu.l ne vécut que j.iours de fou Ponaficat. 7, Pfti.nne : dit z faec & vertueux, tant ay de tous, qu'il fut porté fur les efpaules d'aucuns lufqu a 1 Eg\,.75 (e de ^lean dla u n^ ôc dd e J qù'encores aujourd'huy les Papes fe font porter.l vint en France. & obt.ji f courl rPcP^^^^^^^^^^ d'es Lombards, aucc grands prefens , fçauoir la fe.gneune de Rauenne de Ptande eftendS-é^ qui fouloit appartenir aux Exarchats, ou Lieutenants de l Empereur , ayant facrc P p n Roj^ le Francc.^& ^^^^^^^^ -x François l'Empire Romain:cc qui fut aptes exécute par Léon j.mourut l an j . ..moi*. Se 19. iours de fon Pontificat. Lt CttaefHtvacQHuntvnmtu. Paul Romain frère d'Eftienne i.homme fort mifericordieux enuers les panures ^^^^'3^ P cuel i S d nu a lu eul. fut créé Pape nonobftant l'efleaion faide par aucuns des Thcophylaaes.Pauk Le fugt fut vac^uant vn an, 1 . mou» 7. toms. SCHISME IX. } Heophiladle Romain , Archidiacre , fut cfleu par aucuns , durant le fchifme contre Paul , tint le fiege quelques mois. , S C H I S M E X. C Onftantin de Nepefe laïc, fut créé par force par les laics,& contre les Canons,occupa le fiege vn an. i. 96 ^hlTippes More;Romsin.durant le fchifme fut créé par les laïcs contre Conftantin.Sc occupa cinq iours.Sc " Eftt n:: t T s' t n^'line, fuît^Pape contre reHedion de Conftantin & Philippes cous deux An- ripLesîaemtay™^^ lé W cSe dJconftandnoplc de l'Empereur Conftantin 5. faucuns difent Léon j. fon pere ) en ce q« conceinoit les Images, meurt l'an 4. mois 5 • iours Z4. de fon Pontificat. "l Le [me fut vacquant 9. tours, ^ , J Adrian Romain.des plus renommez en bonté.doftrine, & fainfteté de vie de tous fes predeceffeurs. appel ChtrlëmagnrRoy de France à fon fecours . contre Didier Roy desLombards. qui perdit R°y-"-;" \ ConciU df I ,î Euefques , que Sigebert appelle General , donna à Charlemagne pouuo.r d chre des Papes. | Autres PrcUts.ordonne le pr^emier^e tes Bulles feront feellées en plomb : il mourut 1 an z8. mois zo. lours ; fon Pontificat. m En ce temps-là fe tint vn Concile de Latran que Sigedcbert du auoir efte vniuerfel, ou fe trouuetent Chrf 9% 99 de fon Pontificat. M Concile de Latran que Sigedcbert du auoir efté vniuerfel, ou fe tcouuerent Chiî tenwgne, Ôc 1 j }. Euefques. SYNODE VU. Oncile vniuerfel célébré de 3 5o.Euefques à Nice,pour la reftitution des Images, auec forme de les hono. \:::r^:l^^Z^:^^^^^ armant le, pauures.s'addonnanr à pre(^her, recherchant les do W efté ^tu quafi iufqu à mort, & mis en prifon par deux Preftres Romains, échappé d'icelle .1 v.enten Fr vers S^^^^^ le remet en ia dignité , s'eftant purgé par ferment. Apres ayant couronne Charlc Empereur, il mourut le lé. an, 5. mois, 18. iours de fon Pontificat. Le Jiege fut vaequant 10. tours. r 'i a- c lA, Eftienoe V. dit 4. Romain, homme noble, dofte,vint en France pour s excufer touchant.fon deftion ftW fans k confentement de l'Empereur Louys le Debonnaire,lequel il couronna à Rheims^pu.s retourne a Rob.c. mourut le 6. mois, 24- «ours de fon Pontificat. Le fttçt fut vr.(clon la commune opinian,occafion à Tes faUfTcurs de changeai urt'^ iet a/on^ ' V i,de fon Pontificat, iours 15. '^"r clcaion:il mourut! an Lcon 4.Romain,Moine,fut fort homme de bien : rcHfta aux Sarrazins venans auec grande .r^ r Neapghrams.cS. Roma,n.:& «yant premièrement invoqué Di^^^''ll'fi-éleuëPapeff^ fubU^umem en vne proce/fi.n, et m,,r.r. Marunm Potomu, Plat, Foùr PhZ^^T f "^"^ fi..rs grands pcrfonn^ges, outre tea.coup de r.i/a.s •.rcs-dcSl.Jnt déd Zp^relx Jl^etc J' Z " NppeQ^nt lean 7. 8. vns quelle eftoti Anglotfe , les autres y^U-mlde Z dVJ fHelJefea .n an. Us .unes den. :en fiLo,U comme ^is Accc dent f^^^^^^^ T^'''' ^'^"^ ^Pr.cedéUu.,sprere.^ Ur ma les h.flertens qmfHwem, def^uels nous anonsanvray la leçittme h,fioire de. V^r^.r c n icmsDoEleHrsG^mbr^rd. ^""^ "^^1?''^' ^'o''^ ^oflte,^ lêan de Crémone, & le tapporteray contre cette impofture ce qu'en écrit Gencbrsrd Iiure4.de fa ChronoIomVl'.n^ n o l du que les feuls Maiianus EkoSo^s^Sc Martin Polonois.auant joo. anslLoir^n de r 1^ '^'"^ rte impofture au .our.car ce one fen.M,- ,„nir Ai. 1" ^ P"ne s'en Dauantagcny dans le mefme Martin de Po!opnc, ^y dans les autres HiftonVnc r^U r ombre ny au Catalogue des Papes.Cat quant au^Pape Ican.qui u^e 0" ! P-"^ au lation. ,1 elloit long- remps deuant, /ç.uoir fan de (^lut 705 & l'airre Pare I^^^^^^^ ^ ^ ous fçanenr.ua au liège .o.ans après /can 7.c'eft i dire l'an Ltl^t^^^ tm' L'nt T >" 7 '^^""^ e H.ouIe ,4.Papc au Catalogue des Papes.lequel au n.o,ns iî cela eftci Vfe ou annell/ ^^'^^'^^^^t^^^^^^nc ^ M. l'an .4.0 laqudle drucrfué tout!.fois ne ccr^mcnça à cft.e é^:: lnZ^!^ Tu "^' '^"'^ elfous.fçauoir l'an 5)55- en Itan u. ^ ^ "'"1'"'^ «"cun d tux, majs bien cent ans •PlusAucminliure4.defesAnnalcs,ti>ntcrcypcurVnefablequiaprfsfourcedeTh.o^ I r • a ellé mis en auant par des fla-teurs modernes du temps, qui en haCe d^S sfe J/e R 'itcrent qui eftoit entre les Papes de Ron^e , & les EmpereurVd'Alkma^ onc voulu oarer'' " icn.ve,lla„ce des Empereurs. & tirer d'eux des tichcd & des honneurs ' ^ ' ^ P"''^"" Mais voicy vne raifon contraire qui eft uiuincible.C'efl: que le Pano I rnn rr,l'c a .1 / C.„ft,„„„„p|e„„e ,„„,csfo,s qu'elle fo^cco.parlle en i„ 1 '™& Ice e '"^^^^^^^^^ "^^T Ro™e,Fo,,rces„au,, esfois v„e fe„,™e anoK rcnu ce fifge L Conftanr,^ ■ It (lift pas reroy de ccc atgnoient pour rcleuer.le S.Sieee de Rome lut ce 1,1. r "'''■'''™-™ PapeLeoo « ^.blable chofe ,e f,,/, n dneL„„e l^ife RomiilXelicuS; do ;r "^^^^^^^^ ,.,l^,epÀ^e de U.rs corps. Ic nt^^^^^^^ ^J^^lcnneUemem des Ce 1 "'"^««^«k^^x,^,^.,^, ,...„ . atgmte A tHej^ne, tndferemment ^ folemneUement de, ' ,04. Dircoursad'&ftatdel'Eglife. 1 clcnoift .acles ..«-a, ..o.b,es J",^';:;^;- ^ir/^^':/-';:'" . ^ dcfendez, voyons, fçachons & fup.portons f!"""' Xuofui p.oairie.fc , qui faifoic .IT.z cro.,< ?a:,SX'S'Sr^ l'aâ x.mois 6. iou. 9. de fon Ponc.ftcac. ^^^^^^^^^ ^^^^^^^^ SCHISME Xn. . N.ftarc.Ro.;in,c.eéda:anclerchira..conu^ A iz.fchifme. .«.^iane de tel office, fit infinis Dtfcms.& entttautrésqiïéj 9.niois7.iours.î.de(onPoncificac. ^ ^^^^ ae fonPoncificat. u ftrge f^U vac^mnt ii. tours. SYNODE VHI. GENERAL. Uan 8 Romain,(auparauant Cardinal; homme dodc V'"^ J"'^^^ « ^ Troye. Cha^ ronna j.Empcrears en 4.ans.Charlcs le Ch.uuc a ^«^^^^m^ uu sîLs. H mourut l'an dixinne,iour le Groslnos Roys.aptes Ion retour à Rome,ce que jamau n aduinc a .ucres ap dcuxicnae de fon Pontificat. lc fi^e f.t vac^uant icurs. , „ , Marti..futPapepar.auuaisattcnteaaVin{ificat;^mourutl'anr..o.^ . AdHan^Ro™ai„.o.do„„ade,echefaUN.V^"'""''"^"'"'"' '^^^^^^^^ P,ne il mourut l'an 1. mois 1. iours 19. de fon Pontificat. ::l.d...ao.a...de.ao.t^^^^^^^^^^^^^^ <«î-ipr«-il tintle fiescô.ans, ii.iours. ttiers.ii tiniic ^ u fieie fut vacamnt tours. 1, ,iicrnité ror.orus.Ko.ain,futefleuPape,tintlfr^./ecinqL.lx.oi.^ puis remis par corruption. l, f,,^, f.tvac^mnt l.mck.^.ioHrs. SCHISME XHI. ^ Ergius 1 1 1. Romain crée durant le fchifme contre Formofus.uc U ficge quelque ce.ps,lequel fchif.c ft î> cruel & fcandaleux. Se qui dura long-temps. „ -g ^ fi^ ^icn digne de remarque en fi c ■ Bon.face6. P.pc fut misa mort le 15. lour de J^f "J'^^^^^^^^^^^^ «al- heureux que durant leurs v.c temps, comme ne firent fcs fix fucceffeuri. Le temps ne fut oncque. pms m III lit "3 "4 l'vn petfecutoit l'auctc indignement. Difcours de l'Eftat de l'Eglifè. jc; 5 /' fj'f/ fut Vic^tiant f. tours. ï Efticnnc 7- dit 6. Romain , fit ccirot les Dccicrs de Foimofus , d-ctcrrcr fon corps , couper deux doirrts lc J"* ip- mettre en Icpulrtirc de laïcs , en tin le rcpentaiu de ces vilains adcs , k fie Moync ayant tenu le fii ec vn an CJir ^'î 3. rooisjdù-ncuf'iouis. ' g^^^ " Le fxegt fut vac^uant j . iaurs. Il» Romain natif de Rome , approuuc les adtes de Forraofus » aboliifant ceux d'£ftienne , tint le fiege 2. mois vingt-trois iours. ° ' ^^7 Le fugt fut vactjuitm huiEl tours. „7 Théodore z. Romain, hommfi fcditieux par lulle jugcmcnr de Dieu, mourut le vingtiffrae de fou Pontificat 857 Platine dit que lors les hommes paruenoicnt aux charges Ecclcfiaaiques par corruption , & uon pat vertu* comme auparauant. ^ * Le ftege fut vac<^Hant 11. iours. lit lean 9. Romain, Moyne, fuyant à Raucnnc. caiTa les ades d'Eftienne, ratifia les Décrets de Formofos en la 897 prefence de l'Empereur, de noltre Roy Charles 8. le Simple, mourut, ayant tenu le fiege 2. ans, 15 . iours Le fiege fut vac^uamt 5. tours, - Renoift 4. Romain ne fie rien di^nc de mémoire pour Us grands troi^lts fufcitez par plufieurs de Tes prede- 8 8 celîcurj,& mourut l'an j. mois 4. iours i;. de fon Pontificat. ^ " ^ Le ftegt fut vactfuant 6. tours. 0 Léon 5..ayant tenu le fiege 40. iours fut empiifonné dans vn Monaftere, pais contrainâ: par fot* fucceiTeur de ie faite Moine : il mourut de dueil fs voyant ainfi traidé par celoy qu'il auoitnourry,aprcs i.mois,io.iours/°^ Le fiege m vacqua point,. S C HISME XIV. Hriftoflc Romain , durant le fchifme contre Léon, ayant fi mefchamment acquis le fiege , comme nous ooi venons de dire, le perdit 7, mois aptes, fut mis en prilon, & mourut pauurcment. Le fiege tie vaci^ua potTvL.. Sergius quatrième Romain.fait emprifonner Ion prcdcceffeur.commande de retirer le corps de Fdrmofiis cent treizième Pape à qui il auoit eftc compétiteur, hors du fepulchre , luy fait trancher la teite, comme s'il eftoit vif : il mourut l'an 7. mois4. iours 1 6 de fon Pontificat. Le fiegt fil vncquant fept iourSt Anaftafe j. Romain, s'cftant comporte houneftemcnt fans cdmmettré aifle digne de reprehenfion. mourut «,t« Uni. mois vn, iours 11. de fon Pontificat. ^® Le fiegt fut v^t8 Le fiege fut t/act^uartt i.ioHT. Eftienne 8. dit Romain, homtne modefte &c religieux, mourut l'an i.mois 1. iours 2. de fon Pontificat Le prge fut vae^aant ic. tours. leaa XI. Romain, n'ayant rien fait digne de mémoire, mourut l'an 4. mo'is 10. iours 15. de fon Pontificat. Le fiege fut vacquani II. tours. Léon 7.Romain,ne fit rien digne de mémoire J'hercfic des Ancropomorphites (qui difoient que Dieu orme corporelle) renc.uud!^eX)cho I.fut le premier Empereur qui dLna if f.rmen't de fi ichtéfce Prpel' • lehura de pnfon. ou il auoit eftc mis par les Romains : & Lcon luy confirma la puilTance d'slire les Papes, il oeurt 1 an }. mois 6. iours io.de fon Pontificat. « wpws, u Le fit ge fut vac^uant ^. iours. Eftienne 9. dit §. ne fortoit de fa maifon , à caufe des cicardces qu'il auoit,au vifage des coups receus à Vne ' :duion. Il mourut l'an 5. mois 4. iours 15. de fon Pontificat. '-oups receus â vne ^.j^ Le fiege fut vaccjuar.t dix tours. Martin, Romain, homme paifible, repara les Temples^nour.it les panures, il mourut l'an J. mois 6. iours 10 ic Ion Pomifijcat. ? • 54' Le fiege fut vactjiuAnt 11. tours. Agapcte 2.Romain,homrt)e de bonne vie & amateur de paix.moo rut l'an 7. mois cj.iours io.de fori Pontificat. 545 ' Le fiege fut vac^uant 11. tours. J Le fie^e ne vaefM4 fu'vH tour. i.con Romain, aptes que ce lean 12. fut dépoj-é pour fa melchantc vie , en vn Concile tenu à Rome n,ia , 8 , I, J f """" tmpf fcher pour éai.er le Ichifmc. lean ainfi reftitué tint le fieec , „ôi7 3c6 Difcours de TEftat de l^Eglife. Leo.^ 8 fut ternis pac Otho,& tint le Hcge 8. mois ii. jours, .^'Bonoift S-fui banny & dcgradc pnr O iio. a S' après auou" soigné & afTicj-c la viUc.Lcon voulant obuier à la malice^es Romains qm procedoient a l c! d.on a par corniption menées , ordonne en pUin Synode . que nal ne faft f.ir Pape fans k confentemenc de icii,. ^^?- pctcur, & reltic lia les donations faites à l'tj^lire par luftin. X.« /«' vacejuitni 6. mié, tint le fiege fix ahs.onze mois.cmq iours. Les Roma-ns ledrtcux tl :.ns. accouftumcz de reieccer leur Euclquclc firent emprifonncr par P.errt leur Preuoftje bannuent,& entendan» qu'Orho 1. voirait contr'eiix à main force, le rappellerent. Ce Preuoft baille au bour.eau,fut deuc lu. mis fur vn afnc , la face tournée , les mains lices fous la queue, ainfi mené par la ville, puis enuoye en exil , (es adhe- rans punis* - ^ Le fiege fut vac^ttant i ; . tours. Donnns t. Romain , fut fi modefte qu'il ne teçeut aucune ignominie des Romains , il mourut le j. mois de? fon Pontificat. Le fiege ne vac^a ^ne deux tours. Bcnoift î dit 6. ayant tenu le fiege vn an, 6. mois, fut emptifonné par Cinthius citoyen Romain , où il fat: caranglé, dé laquelle injure ne fut faite aucune iuftice- Plat. sdUhn de la vicilTicude des chofes , que mamte- nant les fouuerains Euefques de Rome ont bien autre puilfance. Le fiege fui vac^uar,t vo an, lo »>«r/. „. Boniface y.Romain ne fut pas long-temps au Pontificat, ne l'ayant occupé que 7. mois 10 iours. ' Le fiegefut vacejuant 10. tours. x,o Benoift 6. dit 7. ayant tafchc commc homme de bien , & de pa.x de perfuadçr' aux Germains & Italien^ de s'accorder d'vn bon Empereur , la Republique eftant fort affligée, tint le fiege huid ans , fix mo.^ dix iours. ^ r Le fiege fut vacquant ciraj tours. SCHISMEXVI. ENrreBûnlface7.Benoia6.&Iean i4.fat le lé. Schifme. , „ r lean 14. Romain, fut emptifonné , foie pour fa mefchante vie, foit par les parens de Boniface 7. fes eû» nemis, à qui il auoit cfté cdmpetiteur, & mourut de faim. Il (ea î. mois. Le fiege ne vactjua point. Boniface 7. Romain, entre au Pontificat par moyens illicites. & par mefrae moyen en tomba, ayant dérobé le thccfor de S Pierre, s'enfuit à Conftantinoplc , d'où il eftoic retourne ayant attendu que lean 14. fut cflcu Pape, auquel il fit tenir prifon, & félon quelques-vns luy fit creuer les yeux en prifon, & mourut de faim,& couuerna 4. mois, fix iours. Le fie^epil vaeif^ant dix tours. lean i î Pape . hay de tous , pource qu'il'diRiibuoit tout le bien de l'Eglife à fes parens & amis f en quoy il y a aujourd'huy trop d'imitation) meurt de faim eftant prifonnicr , en ayant lors grand befoing par permil- fion diuinc, le 8. mois, 10. iours. ' ^' P'i*!'*' vdcjuant fiept tours. Içan XVI. Romain, Pape fage & vaillant, tint le ficgc dix ans, 8. mois & dix iours. Le fttgefut vactjuant fix iours. Grégoire V Saxon.coufin de l'Empereur Otho troifiéme, ayant eflé contraind de fe retirer en Allemagoe, nat la menée de Crefccns Conful , qui aupit fait cflire lean dix - feptiéme Antipape le premier defquels fui alTommé du peuple . & l'Antipape priué du Pontifient , & de la vie , ayant eu premièrement les yeux crcuez, Cela auec autres caufes recitées par Platine donnèrent lieu à l'inftitution de fept Eleveurs de 1 Empire, con- * tmc z par Grégoire en vn Concile de Rome. Il tint le fiege deux ans, cinq mois, dix iours. Le fiege fut vaccjuant 15. tours. * SCHISME XVII. IEan X V 1 1 Grec, créé durant le fchifme, homme mefchant, & deteftable, que plufieuts raettcof au nombre des Papes, occupa le fiege dix mois, auant que Grégoire fuft reftitué. On luy fie creuer les yeux , coupper fe nez, & les ^ureijles à Crefcens, & après pendre , où il fut maffacrc du peuple, fdon Platine, comme a cftc^ cy-deuant. ^ %^ Le fiege fut vacijuant lOi tours. ^ Svlucftre fécond Moyne, natif d'Aquitaine, laiiTanc fon Abbaye, pour le dffir qu'il ^^oii aux lettres , il $« al'a \ Seuille en ECpagnefienué pour lors des Sarrazins , eftudia fi bien qu il fut Précepteur de noftre Roy Robert, d< l'Empereur Otho troifiéme, puis Archeuefque de Rheims, de Rauenne, finalement Pape , il mou- lut l'an quatre, va mois, iours dix de fon Poutificat. • Le fiege fut vac^uant ij. tours. ■ kan Romain appeljé le fec confirme la fefte des morts , par le confeil d'OdiJe Abbe^de Clugny . qut aiio.. efté eftonné du bmit & voix gemidante autour le Mont d'Ethna , caufee tant par le fremilTement de la m - bpuillante. que par le vomifTement & br,uit efclau^nt qui foit du dégorgement du feu , fottant de ccfte mon tagne en Sicile , ayan.s ja efté les cérémonies pour les Chrefticns decedcz , inft.tuces loiig- temps aup^rauâu. pax (ielak, il meurt le 4. mois, lo.iours de fon Pontifiw.ar. le Difcours de J'Eftat de l'EaliTe Nô- vviii D • I ^■'/"•^fHtv^cyHanti^.fous bre «f-in A V I n. Kf)main, homme nd.ioniic à ov iitictc uc ht ri. n r i des ion Pon;iiL-at. ^ ^" '^"lar.j.iublc. & tr.ouiiit l'an 4 inois K J,. .t'" l'+i c • lu n • . ^ f f"if f>*t vac^uani vnvJeù. Ci»r. 5er|;i.i$ I V. komnin, homme pujJnir, hhcial nux namucs .>nr.r-,.y r« . "^^^ -ans. nc^^ois ... n..noo.. /i. 7V... ^...^ .'Hli^ri^^Sl^r CtZ:^^ ^^"'^T';^^ ^^^^ les Autioclirs. . """"^ t"clc].Jti. comme >adi^ en !.. Synagoguc/oiis R.n^avMj o /i - ^^'fi'gff>*tvac^Hant^. Jours. ,4g Bcno.ftVll d'C 8. cft.^nrir,arc parles Romains après la mo.t de l'Fmn.r. u accorjc auec les cuu-m.s , un, le ik-.. onze ans , vn mois , On T '^^^^^ "'^ que après fa mou u.c vn cheval noir . le pnc de donner fon argent caché aux ^IZ^s^V '"^ donnc ne p.oluo.t de ncn. venn de rapine, eftant griefnemenT tourmente. Plai ' " moisvji.iûurt?. ^ -^P^ * "Courut l'an onziefme, :o lîenoilU. dir 9. Tukulan . cftant de vilaine vie fnt deux fois dnctre^ n,r I. lî fa.uenr. elleus, 6. tnu le liège .3. ans. 4. mois 9 . iours app ,u " r^^^^^^^^ ^7 ^'"^ ' ^"^-^ ^^u. ^oi s'en- ,0,. auo.r veicu lans lo:x 6c railon. P/^/. 2?.,^. S "P'" "'«"ftrueufc après fa mort, difant SCHISME xvni. S Iludlrej. Romain, pendatu le fchifme fur efleu ,&Bcnoift dépose oui. trnm,^ I • j. chaule n'ayant tenu je ficge ^uvo mois,& Benoift remis. AmSlà L orl Ln ^^"""^^ ^^^^ tre nous; f^u plus que h v,e Cbreftienne pour parncnir an. dienuez chof.T^ ""''P "^""""'^ Ican ao. Ro.nain , auffi crée durant & pendant le rch.fmede^B nî.ft f .ours. Ce Sch.ùne fnfcùé par ces trois Pap'es, caufa d^g^s tat^ /^^^^^ ""^ ^= ^^^^ vn an , Clément i. Saxon fut empoifonnc par Dam^fe *. fo» fuccefl'eor le o mr/c r l m ■ l«t que Damafc fut homme de bien. ^ * ' » lucceiieur , le i^. mois félon Piatine : mais Qnuphre X047 rs : de f.ço„ que fa maifon eftoi, oauctte à lous. Von dit ouf r».; ' P'""" * ,n pauure hom^e, quM fi, couche, c„ foo lia. puis dî?;a°„,: Il L'ul/^IT,'':!!'"' t'"^ '^™' IOJ7 ."P-ei,o™™e.,„.fi,c„„ Ri'n«,ft J r. . , . ^"H^ f^tvAc^mntfix tours. ucnoift 9. dit 10. Romain, n'eftant entré par Importe au Pontificat aimn^rl f mois, 10. iours: puis dtjetté. . ^ * ^'"^ P^^ la force, y demeura feulement Nicolas i. de Sauoye, homme de bonne vie, tint le fiege ans /î*mnic *k».ç^iese ou a^,c;,„«bie„ ,„:ir;-:rd:Xc d'c^^^^^^^ '■nt "g,eable,cfla,,enr Gandole Euefque riche & oZlllTl u . r ''E-pereur ne te»:a.p,e.lavia<,,,ede„cu,eàAll;a„l:1?,P:et:Vtu.r„l"^.t^^^^^^^^^^^ SCHISME XIX. Difcours de l'Eftat de 1 Eglife. Le „o,Cefmc ConÇ'l' f«,^«-"^'=P" 7,',^,^^^^^ ^ Hen,, I=qud demanda ?»P- ,o=ccouslesEuefqu«6cUc.csquuy-'j , j .c^^ipfiaftiaiics . euant nomme de vertu S Vrbain François Moyne . cafch. de -f-'"-'^" ti'nt c d M -Hd^ Co.(3c Innocent I. ^ cituui i. Lefitgt fiu vacçiHAnt ^uelfues tours. Viaot 4. Romnin, fut créé après la mort d'Anackte , durant le Schifme contre Innocent fécond . ou'ii tinf cmq ans. Cctcny-cy «a aoflTi fd vkas du rang des Papes. ' "'^^ SYNODE H. VNIVERSEL. r> Oncile gcncral S le-in de Latran, par mille pcres pour le droid du Clergé. ôc contre les Antipapes C«lc(tin (e i»uuim Le fiege fut vacejtiAnt j . ioHvs. Alexandre troificme Je Sientïe , fore «todke. Il cha/Fd trois Antipaprcs, il eut grawd guerre contre l'Empereur ederic L donc vne plus grande ne fuft depuis Charlemagne qu'il excommunia , lequel voulant prendre abfo- -eion dtam a genoux dînant luy , Alexandre le foule aux pieds , & commande chanter Smer albtàem & haR^ 7**i'n^'^^ Empereur dir,ie fais la reuerence à faina Pierre.non à vous. Alexandre refpond,c'eft à raoy a faindt 1 lerre, P clat Ce Pape a vefcu au Pontificat plus qu'auGun,except.é faina Pierre, il mourut l'an xi OIS II. iours dix-neuf. Le pege fut vacfuani i. tour. SCHISME XXIV. ^ fpt^oh.'' Alexandre j. fut Antipape , & Pfeudopontife gouuerna Quatre znSns,' Pafchal 3. de Crefme durant le rchifmc, Fut créé Antipape près de fix ans. Califteî.de Hongrie,fuc pendant ic fcbilme crec,ô< fulUmipapc 7. ans, 5. mois "t* Dt c« ccmps fao c.nt, vn fort cekbre Concile de plufieurs Euefques , alTembi.z par le Roy Henry d'An- cter c à C.ntl en hybernie , pour corriger les chofes ^ui fe faifoient indignes de la religion Chreftienne ac abrschacon félon fes mayet^prenoit plufieurs femmes , & Henry .ynnt vaincu l'MyEernie . la reccut en ;n du Pape , vcu que depuis long - temps les Hybcmois auoient rcceu la Religion Chreftienne . & auoient tout ce qu ils polfedoient fous 1» puîffancc du Pape , comme remarque i^olydore Virg. lib. 15. de Thlft. SYNODE GENERAL ■^0*ûi|ç gênerai célébré à Latran- e^elon Genebrard ) de joo.Euerqùes.tant Orientaux qu'Occidentau* pour « la reformation des mœurs : & auquel i'herefie des Vaudois fut condamnée : cnfemble ordonne qu'en i'ef- " ^ton du Pape les deux tiers conuenans en fuffragcs& aduis fufi&roienr, pour éuiter Schifme à l'aduenir ^«cius Iç^chant que les Chrcfticns de la Terre- Sainfte cftoient en peine pour leurs péchez , folicitens. •n^pcrcur Fedcntf, «olïre Roy Ph,l^ppe Auguffe & le Roy d'Afigletett'e à faire le 4. voyage de h Terre-fain- ■>iimourut ian 4. mois i.îours '.S. y , . fut vac^ttaat i ». iojtrs. uJ^r 'i'. '*^»"fy P"^'^ Ifrufalem par Saladin Souldan d'Egypte ; poffedce par neuf Ro^s , ifcttiens i efpace d odlantc-huid annces.mourut de dcplaifir l'an i. mois dix, iours z^. ' ' C ■ ^'^^ fi*^ vaci^uam ^. tours. rJelZ'J' ' '^^"^ diïi^^ncc de haftet les gens de guerre poUr le rcco'uurement de la 1187 Jrcoainac, mourut le premier mois 17. iours. r^. Le fiege fut vAcefumt 10. iou^s. ^ cme nt j. Romai» , homme do^e & de lainfte vie, follicica ks Princes Ghrefttens d'aoaneer îe^ir entfe-,jj|- ÊÊÊ^ i 17? HO Difcoursou" onze. Innocent j. homme dcfte , comme il fe void par fes Ep.ftres decretales , tint le fîege dix-hu,a.ans , fept mois, iours 16. ^ r • ^ LefugtftttVACijUAntx.toHr. SYNODE GENERAL A LATRAN. ^ Oncilc vniuerfel à fain«a Ican de Larran le plus célèbre de tous ceux de l'Europe , de 1 18 5 . Prélats . * C Alafflîe": des Empereurs , Roys : contre les erreurs de l' Abbc loach.n^ . & autres. Plat. Tom. d« Conciles. 'i>nr«r,#.r*.nrFe,4prici l'excommunia pour eftre rebelle au faindtSieet; Hotoeaft leué. & portée aux malades auec reu.rence:& moucu, la„ .o. nao,S7. de fo„ P„„t,fica<. L* fitltfut vacquam i. tour. Gre-oire 9 natif d'Anapnic , parent d'Innocent fait amalTer les Drcretales par Raymond Darcb fo, Ch?p bî défend de H.e 1 Jorml Ciu.l à l>ar.s : excommunie l'Empereur Fcdenc x. ditFerant le voyage de l TcrrU,nac.qu',l accomplit aprcs prenant I.rufalem. Il mourut l'an .4. mois trois. Lefugtftit vaccjuant z. mots i. tour. Celeftin 4. natif d'A^ngnie. homme de bien & doae,mourut le .8^iour de Jo" Po»"^^^^ ; prifonnitrs par l'Empereur Federtc z. « ■ n c c- ' Innocent Geneuois, dcftc, ayant priuc l'Empereur Feder.c z. de l'Empire, pour eftre rebelle au S Sie^ -nôZ:^:Sue.esar..auxi.oiLr.^^^ ''^'^Î::^^-^:^^^:^ ^-dence de l'EglUe. H lurut ayante^ Ï::{::Z^:^Ë:!^^^ vn hure de la lurifdiail Impériale & Pontificale . contre P. de Viuc quiaunbualetoucàl'Empcreutranii.moiss.ioursiz. « ^ . Le ftege fut vac(jHant tours. "m SYNODE GENERAL A LYON. ^ ôncile vniuerfel célébré à Lyon'en France contre Federic Empereur.où plufieurs Feftes ^^^^^^ ««if «;^« C comme celles de fam& Eftienne, des Innocens . S.Iean Bapc.fte . des dodze Apofties f^nd Paul , dç ^^gc Made , S. Michel , & autres- Noftre S. Louys déclaré chef de la cinquicfme expédition de la Tc^ « ^'Alexandre 4. d'Agnanie.dode & libéral aux panures, retira les Hermites de S Augiiftin f^boi^» & ttod t V l es, ku? commandant de prefcher &c confefTer : condamne L- hure de G. de S. Amour Dodeur, Paris, qui eftoit contre la pauuretc. & les Mendians : Se mourut l'an r,. mois 5. lours cinq. Le fiete fut vacijuant ^. mou, (tr ^. tours. c. r n Vrb- in 4 natif de Troyes en Champagne , fils d'vn Cordonnier . Patriarche de lerufalem , fut eficu P,p les Ca d L'a x n'eftans d'accord d'eflir/vn de leur Collège : ayant inftitué la fefte du S. Sacrement , couroDi Smks Duc d'Anjou frerc de S.Louys. Roy de Sicile : mourut l'an 5. mois i. lours quatre. Ltfieae fut vaesiuant mou i. tours. .-a u A Clément 4. François, dode peifonnage . de grande pieté. & faindetc . & fort d.fcret en la d'ftnbut.ood : • ^rf lu e fans reVped d'auanccr (es propres enfans (car il auoit elté maricj ny fcs nepueux , à 1 vu d quels tl ofta'dt;t nlfitt : ufcha d'accorder les Princes Chrefticns : ^ mourut le 5. an. mois. X i. iour. * • _t, • Le fitPt fut vacijuanti. ans, 9rmoti»&i. tours. ^. ^ . ^ n . 1 r re.oire X natif de Plaifance en Lombardie . ei\ant Archidiacre en la Terre- fainde fut edtu Pape , '«^ C^:Zu.\f^^^^^^ deux ans ou plus, donnèrent occafion à l'vn deux eftant au Conclaue d ^tou ions la ma.fon, car le S. Efprit ne pourra defcendre 5c palTer ment non Chreftienncs. Ayant fait de belles ordonnances touchant l ^"A on en vn ^«"cile gênera te Lyon : entr'auties que les Cardinaux ne fortiroient du Conclaue auant l cfled.on parfaite. Il mourut 1# mois 1 iours 10. ^ , • Le fiege fut vAdjuant t). tours. SYNODE VNIVERSEL H. TENV A LYON. M „ ,.r.l , T von OÙ l'Eelife Grecque conuienr auec la Latine, pour la quatorzième f«is|nii C Srat?d':rl';at4-'m;V„of |^u?<,u^ l» a.,,... m.,», ou,. ,a. ,ue rE.pe.u, de Gn- lacobi„ , fça,u«Thcolosie^ chant rtfl€ft.oo auam que fo.tii du Conclaue. il mourut le C mois. i. iours. Adrian V. Gcncuois . reuoqua l'ordonnance de Grégoire X. rouchanr IVfleaio» auanr que forru du ' clauc, 6c mourut le premier mois & 9. iours. X Difcours de l'Eflat de J'Eglife. ,11 'j. Lt fïcge fut vacfuant ifc. tours. : I"n 20. .^itl.. de Portugal, dodcMcdv^^^^ Ans > de (on Foncihcat. o. lours nx , tranfporta le fiege Romain en Au. gnon pour éuiter les feditions Italiques : on luy fit publié s ConftT tions dues de fon nom Clémentines : obtint Auignon (où le fiege a demeuré 71. ans) & le Gorôcé de N^cc de " 3uys Roy de Naples, en recompenfe du tribut deu à l Eglife Romaine : excommunia les Venlrilc V ville de Ferrare,cftaiK du Patrimoine de l'Eglife : en fin mourut l'an S, moTs^r^rs feile " * ' Le fiege fut vac^uant i. ans, 3 . moity 17. iours. ' SYNODE VNIVERSJE LA VIENNE. OncMe général célèbre à Vienne en Dauphiné de îoo.Euefaues.où les Frarr.V^lc • • 1 . «, comme furent auffi le, Ternphe.s. Là o.donné ^ue 1« langues Hebt.ïque , Cha.Z„e?A" b Grecque feroient cnfeignces es principales Académies. ^ >^ ^yuc, /iraoïque, leaii z,. dit iz. de Cahors, homme fçauant , fut efleu après longues contentions des Cardinaux. Il excom- luff .ma 1 Empereur Louys quatnefme , à caufe dequoy il luy donna va Antipape. Ce Pape tomba en nuefnT ' curs qu 11 retraaa,cftant admonefté par les Théologiens de Paris,il mouru^t l'an i,. mois 4 Lurs zT^" ' Lefiegefutvac^Mantié.iows. SCHISME XXV. T ïcolas 5. Cordclier , fut Antipape contre Ican u. à lafolicitation de Louys IV. Empereur & mnnr,» I rtiKipape, j. ans, trois mois, 4. iours. ^ "«.«uyuc ac Denoilt dix, dit onze, Moyne Tbolofain, de l'Ordre de Cifte^iiY Ur,.,,^^ c , j jo. a r ,„ ., ,l™e„...b,e..e.^g,^c 1.^ 1m7 îo?r! ' " " ^""""^ ™ '^""^S' à P«U . mearï, ayan, tenu le fiege fepc ans."™ -1 , I r fifg* f>*tt' / . - 5 . Cardinaux, mo^irut, ayanc tenu le Siège onze ans, 8. mois, j. lours. VtbaiQ 6. celebca le ttoifiefmc lubilc. Le Jifgt fut vac^namyj. tours. SCHISME XXVi: .„Jo„,o.a„.1ui„Uer,e,c.,..„s.o_^^^ Doniface „ NespoU.ain . doUé de g.nd'e/vem,s po. fo„ âge , n'eftam JJ^ ."J^^^'-'^-l^onT Î! cùrpour Antipape Rerre de la Lune Efpag.ol. du Beaoift . J.il cmc le ficge 14. ans. i 1. *no.s. Uoniface celebca le quatrième lubilé, l'an 1350. , Benoift M- Efp.gaol. auparauant dit vJJl la Lune , après Clément 7 . tint le Gege ï Au^gnon durant ^°^cln(me contre B^'.face ,\ fes fuccefTeurs.fat homme '^%^J;^^';X^o^... dofter les fchifme. Innocent 7. natif de Su!mo , ayant faift mounr plufieurs R^*"^ "^f "'^^ euetres^ fut contraint de s'cnfoyr, puis ayant accordé aucc eux, retourna. & mourut 1 an z. lour, ' Ufme fut vacijuanti',. tours. „ .r rn « n- r-,» Grégoire . Vénitien . Pape dofte , ayfnf piomis à fon efledion de céder ^^l^^^^^^^^^^^^ Aaignon cedoir.coUuda auec luy , ce qu cftant découuert. tous deux furent depofez pat le ConcUc l'île ne voulurent obeyt i ôc tint le fiege 1. ans, 7, mois, 5. lours. SYNODE TJENV A PISE. .0=.iletenuàPifedeplufienrsPrelats.auquelfurentdeporezG^^^^^^^^^^^^ J eHeu en leur place : mais tous les deux ne voulurent obeyr au Concile,amii on eu u p 1^ Cardinal, & Pape mendiant ; il mourut le 10. mois, 8. lours. Le fiegeftitvacquant II. tours. . ,., « • u lean dit .,Neapolitain.patuint au p'oJ.ficat par force .ac non ^ cHe^- ^^^^^^ ^^^-t,e fort expert aux affaires : mais fi depraué, & fi mal lentant de la foy, qu il fut cite au L-oncue cnjprifonné & dépose, ayant des-honorc le fiege j . ans, 1 5 . lours. Le fitge fui vactjuant 1. ans. SYNODE VNIVERSEL DE CONSTANCE. ^ Oncile gênerai de Conftance affcmblé par la diligence de Sig^fX^Su^l'l C Pacriatches..9 Cardinaux,47.Archcue(ques, éoj.Euefques.ôj. ^bb^.^^^^J^^";^^^^^ ,fleu lenr place du confentement de tous; ainfi finit le 19. fchifme. la fut ordonne que le (.onc.ie p '^''M'artin , dit 5. Romain . homme fingulier en prudence. & itiftice, ayant confirmé l'ordonnance du G cilcTque le l^ape y feroit fubjeft. & feroU célébré de dix en dix ans. mourut l'an H- -o.s trois. Le fieqe fut vactuant i i. tours. . Clément Vil,. Efpcgnol durant le fch.lmVaprcs Benoift .5. fut ^^^X^^l^^^^^^^^ card.naux Efpagnols. & tint le fiege comme Antipape près de cinq ans .1 n eft p s »-^^"g ? , „ ..g.ne 4 vf ni,ien , de lordrc des Chanoines Reguhers. h°--^^e bonne le au co^^^ n.r mauuais confc.l .1 troubla tout , incitant les Romains aux armes . & fat ^""^^^'"J^^ froc de Moy ne, charte à coups de pi.rre.ôc de traits, il tint le fiege quinze ans, onze mois, ^ lia 3U Ans i«dcs Chtclhcos (uiuanc Fvn des Papes, partie iaucrc. piuficars neurrcs. ^ ' *7./ch,fa,4^ SYNODE VNIVERSEL A FLORENCE. Concile genual (ks Grecs rappellent 8. Synode) célébra Florence, où afîîfta l'Empereiu d>OnV ^ i459 ,luficurs Picinrs Grecs ôc Latins.où tous conu.ndrcot en vniré de foy pour la dernière f^^f r ■ '"''^ liens, & Indiens. ^ ^ ^ ^"""''^ ^'^^^ » «^^'î^" les Arme- SCHISME XXVII. FElix 4 rfl "u par le Concile dç Bafle, tint le ûegc 9. ans, 6. mois, 7. ioui's> Nicolas 5.Gcneuois,de bas lieu.mais homme doôcanaatcur des dodes tanr mn,l/>fl-. ' t . n- igne d'vne fi .xcell.nte d.gu,c^,employa beaucoup à drefl'.r vne Bibliothequ au,a^ '^^ t'"^" dix 4. céda le (iege pour olUr le Ichurne. demeurant Cardinal & Légat Apoftdiquren T. l ntfcûege8.ans,i9.iours. • ^*"' en les pays de Sauoye , il Le /iege fut vac>^^- de ia Cour à l'aboluion de la Pragmatique S..a.on. So^n. Jire d'u ConcH de Bail J M ou.c par deux dodles liurcs cents auant Ton Pontificatcpoffible chanaca-H de mœ.l^l ! '"^^^'"^ ^^^xt ;c 5. ani, r». mois. 16. iours. ^"^^ ^««J : "Qt le Lefiigefutvacijuami6.iours. ^oncile de rEglife Gallicane teaii à Orléans , à caule de la Pragmatique Saudion que le Paoe PiV r f ^ aboin coa^mc herche : à quoy s'oppofa la Cour de Parlement de Pa„s, &c les VniS L cate ' f^/' IT'" »uQ; contre les Annates, par Idquelles la Cour de Rome tire vne incroyable fonKne d W^u dl I ^ ' . rec.e tout au bng les au:res Papes oppugnateurs de cecccLg^n! 1^0 IS^^ huUI. Vénitien, cnncmy des lettres, homme de belle reprdcntation nvAiCnn.,}.. ^^""^"^ ^ armes 6. auancuux, diftrrbuant les bénéfices Eccle fiiquë pourt on rofir Td "f'^^^f '''' c .e «Pjoit à Rome : il furpalFa tous fcs pr. decefFeurs en apoarac en i h^'F^n^r ' . ^"^"'^ ts.efmeraodes.iarpes. perle.. «3. autL pimeries d gTid pnx & ^^^^^^ n^ntantanlîi la pompe des Cardinaux de la robbe rouge.^auec le^c puct r il Lt; /rr''? ' ' ^sABbreuiatures .Situées par (onp.^ Lefiegtfntva^ijHantxt.ioHrs. 'ixtf4.Miniftre General des Cordeiiers.ho.nmedode.pourofterl'cnuied^nnofr.A^ j- ... ^ u en primleges. ,1 eue plufieurs bon|us paries : mais il%„,a trop le fe„7 comL ^^"'^'^"f ^ tous grandement des biens de l'Eglifei ay.nt tenu le fiege ij! ans.Xrs ' ^ ' Z,f yZir^tf fnt vac^uant 1 j . tows. ixte 4. l'an 147J. célébra le 6. fubilé. laocencS. Geneuois s , comme Pie 1 1. & ;.cJe p.t.te rnaifon.il fut taxé d'auarice,augmenta le nombre des Secrétaires & Promo- llll -, ^ Sixte 4. eft blamc de ce que premier de tous les P^dp^ ,1 o^n.„. T Li fiege fut vacrmc.«,,j /, ^ .ds vices que l'on ue le, pourroit réciter fans horreur :^il ur efleu P corruorn'de ^tr^^'^Pp^"^^ l opprima apr«s. tafcha par tous moyens d'ama/fer de l'argent pour fat'lfal 1 C ^ Cardinaux >nccrquatre fiens b.ftards.l'vn defquels fut Vallnrin r.f "L'^T. ^ defirs.lpecialement pour ,^ ritahe par les autres, il fie de Rome vne retraite 3e voleurr ' ^'^^"'^ » uni k ûcge 11 . ans, S. iours. ^icxindre célébra le 7. lubilc l ao 1500. •e vde Siennc.ennemy des François.cftant en voloiWc de reformer l'Eglife. célébrer vn CcnrkU sir a n ^ttree comte le Turc, meurt le 16. ioui d'après fon cflcdion. ^ Coiicik,& drefîcr 1,05 I p ^tfifgt fut vnrejuant i^. iours. JÎ4 Difcours de TEftat de PEgUfe. Raocnnc contre luy , les Efpngnols & Vénitiens. H excommunia les François , & donna le Royaume au prc- îts' micr conquetam, comme il auoit fait le Royaume de Nauarre enuahy injuftenjeiit par lean Gippon pour Fc- Pap dctic Roy d'Efpaane fui I.d*Albret,& tim le Gege 9.ans,}.moi$,iMoars. LtfugefHtvâcqHmi-j.jtHYs. SYNODE TENV A TOVRS. Concile de VEglife Gallicane tenu à Tours par tous les Euefques , & la plufpatt des Doreurs deTrance. contre le Pape Iules livn autre à Pife,Milan & Lyon,par l'authoritc de Maximihan Empereur, & du Roy Lquys douzième contre le mefme Pape, défendant fondroift par autres. ^ SYNODE GENERAL A LATRAN. Coacilc aeneral de Latran commencé par le commandement de Iules,& par luy empefchc,& continuéfir Léon dixième, ôcfiny l'an 15,7. pour la reformation de rEglire,& guerre contre le Turc. Léon dixième FlJrentin.de la maifon de Medicis fut Pape à 3o.ans.eftant doôe. éloquent & libéral,.! a,, ma les dodtes & vertueux, vray eft quU aymoit trop fes pUifus.tl pr.ua le Duc Vrbm de fa Duché. & la donn rûu ens de Medicis fon nepueu, pere de Catherine de Medicis Royne de France : ayant public la rem.ffio des péchez à ceux qui donnoient argent pour faire la guerre au Turc,& abrogea la Pragmatique Sandl on.np fans tumulte & murmure de tout le Clergé de France. Concordats imrodu.ts. enfemble des decimes.il met» d« ioye,entendant que les François eftoiem chaffcz de Milan, 1 an S.mois g.iours 11. LtfitgtfHtvacq(ianti.mou,7.t9urs. 1 . j Adriaa ^Allemand, fçauant petfonnage.viuant prudemment fans grande dépence.ne conférant les bea4 " ces à la volée, ne f«t agréable aux Romains, combien qu'il fuft accomph en toutes bonnes parties, ayant d Précepteur de l'Empereur Charles 5. & tim lefiege vnan,8. raois,6.iours. L* ftegcfnt vac^uam i, mou 4. twrs. • r • c /■ u 1 Clcmem y.Florentin.de la maifon de Medicis.coufin germain de Lcon 10 fut de grand elprit, fin, fubtil, polTtique,tint le patty du Roy François contre l'Empereur Charles 5 .traite e mariage de fa niepce Catheij auecHenry, lors Duc d'Orléans: affiege Florence ville de fa natiuitc. pour les outrages que les Florentins* f ient à ceux d« fa maifon , & la print au bout de l'an (en quoy il n'tft loue d eftr* tant rigoureux contre fa p trie; y conftituant Alexandre fou nepueu 1 . Duclequcl s'addonnant à micr des^Damcs pudiques.il receut f< falaire,& fut tué par vn fien parcm. H tint le fiege io.mois,8.iours. Le fitgtfM vnc^nam 1 6. imrs. Clément 7. célébra le 8. lubilé Tan 15 ij. . Paul î. Romain, de la maifon de Farnefe.doué de pluficurs grande» vertus, amateur de paix , qm tafcha te ioura d'accorder le Roy & l'Empereurtmais il vexa trop fes fubjefts de tribut quelque temps,&: ayma les fif plus qu'il ne deuoit, faifant fou fils Pierre Louys Duc de Parme & de Plaifance , ce qui fut caufe qu il fut j îhiqueté mis en pièces mifeiablement par la nobleffe & le peuplc,lequel il voulut contraindrc.de venicl ineuiet à Plaifance, Il tint U fiege i ans, 19. iouts. Lt fitgefMt vac^uant i. ww, 19. tours. J SYNODE VNIVERSEL DE TRENTE. | Concile vniuerfel tenu à Trente, commencé l'an .54^ pu" transféré à Bologne ,547. continué i Tre ,551 .par l'efpace de 8.mois.& aeheué en ce lieu mefme 1 5 64-contre Us herefi«,abus,& corruption des ma de tout le peuple Chreftien. , . r • j l Iules } .auparauant nommé i. Maria de Monte,changea de mœuri comme de nom. ayant fait de beaux •£ eftant Légat Apoftolique au Concile,s'addonna à la gueire,gour«aadile & volupte,fe mocquant mefmed. dignité. Il tint le fiege 5. ans, vn mois, 17. iours. Lt Jîtge fut vatquMt 17. iturs. . lolc» célébra le 9. lubilé l'an 1550. . ^, , 1 r -r \ ■ . Marcd 1. de baffe condition , homme doiae & de vertu, laquelle poflible le fit mourir par poifon kjc 116 de fon Pontificat ZI. LtfiegefutvacquAntt.toHrsi Paul 4. Neapolitain , de la noble famille de Carafe , homme auftcre , bien zelc à la reformation de, J des Ecclefiaft.ques,deteftant l'auarice.rejettant les lefignations des bénéfices en faneur d autruy & les dej ccs,bref eftant né pour reftituër l'Eglife à fa priftine fplendeur.ll.tim le fiege feulemem 4. ans.z.mois.z74<«i Li ftegtfMt vacquant 4» moût 6. tours. ' Pic 4,Milanois.fort grand ennemy des S.moniaques , de ceux qui auoient pluficurs bénéfices, enfcmSr ceux qoi les eardoient pour autruy . lefquels il excommunie, & déclare fujcts à rettitut.on. tant eux quect aufqucis il» cUoieiu gardez.ce qu'a confirmé fon fucceireut.iltim le fiege 5.ans.ii.mo»s,8.iours. Lt fitgt fut vacijttant zj. ienrs. Pieî.Alexandfin,Moynelacobin,pcrfonnage'de.fainae vicfeuere.fobre.doae.n-ayant rien cnrecom«| dat on quele (eruice de Dieu,la corredion des mœurs Ecclefiaftiques.l'extirpation herefies.fu eku^^^ ,uleufement,les Cardinaux ne penfans à tien moins qu'en fon eflcdionai perfuade vnc fainfte ligue àp^^^^^^^^ Princes Chreftiens contre le Turc,fur lefquels ils gagnèrent vne bc le b««llc à Lepanto l '57.. " a^^^^^ furtmdc!iurezzooo.ChreftiensdesCadcnes,.50ooTurcsoccis,plufieii«prispr.(onmers,zSo.vai(le^^^^^^^^ ?uLergezoubrûlez.E(hnttourmentéducalcul.ils'écrie,5.^..«r-.^^ feutencc vrayemcnt Chrçfticnne-.finalemenr il meurt trop toit pour le repos de l Eglifd an é.mois 3.it>«« Le Jteg* fi4t vacfuant IX. tours. ^ , Gregoire.j.Gemiy.ommeBoulonQois,srandIurifconfulce,tafchedcfuiurelcsveftigesdefonpred^^^^^^^^ 114 117 fit DiTcours de TEftat de rEglife. jiy aJiiançant la vrayc aJmimft anoii du. foiufct d. D.. u, icfonuam les abus dci Ecckfiafticjucs, bafti/r^.r - A n ^Mianc les lieux (aci.z, LoUcii. i.Ck Uo.j i aux j)onr les p;uiiacj,iiiltitua.u en pliwuurs iicux des S. mii:aii(s le cooiaut les al%< z pour la tt l^^o^^,i^ iiiHmts amies choies di-nts (J'vii v,ay i'adci.i. Eltanc dotic,il corr. r^^^'l'•■ lt•s Glules du Dcaei, ictormccouc Ir cor; s C:iiionic)uc,iI met hii à la refounation du Calciiddcr,cho(e foS- utntisfois t^llayce par les picdecclleuis .iyaur cUi^iiahlc lesplur. (çauans ca ccuç macicrc des principales nations de la Uuellumc : après auoir aducicy les Piinccs Chrcll.eus.ôc les Vniuci ii.cz plus famcu(eî,ca Ha il meure l'an I). i.iiioii, 3. loiiis. Grcj^oifc ij.ccKbta le lo.Iubilcl'an 157J. Le jtegt fui vacejmnt ii.iours. ^^'^^ , Sixrc j.aupauuant nomme Félix Parce Cardinal de Mouctdt ToLan.Icqnel tint !c fi.^gr c.ansqiiatrc mois ifSç CIOIS JOUIS. t> ^ 1 » i i Le ffgt fut vacc contre la Monarchie du Pape. - r / . Vrbain hu. " ' ^- r î \ ^tF' ^ P^''^ générale: Et comm? d s'eitoic ugT^A T 'V^t'^'V ' ''^^^"^^P^ ^»"«"nt dixième luy donna le Chapeau le neufiéme Fe- relwt '"f^^^ '''''' ^ ^"""^"^^ S"i fom efperer à toute mefl^ P^^^^^^^ dansvn âgedefcr, par l'eftabliiremcnt de la plix générale , qui doit mer les Pr.nccs Chreitiens , ou ne les leur laiiFera en main que pour les porter conjomdement contre le* Dd z 3:5 Difcours de l'Eftat de lEglifc. Fa po;.r aHtnrt ute adion elt nofttc Inltiuaion , quoy qu'il poitaft toutes cho- ies par le Veibe de Vei tu , &i qu'il n'y ait rien de caché dsuanc (es yeux , coutesfois auparauant qu'il cfleuft Se ^ix)mmaft (es douze Apoltrcs à la charge de l'Apofto- j naux lat , ce que nous ne liions point auoir jamais tflé lait Danantaj^c ralTcnt la puilTancc à quelques- vns du CoUcg: dc; Cardinaux, le fqucls auroiuit paicil pouuoir-qu: tou U (dits Cardinaux enfcmbU de pouiuoit à'vn i atleui ; i'Eglife C;.tholique,ou bien que cttte cfleaiou ne U faffe , fiuon par tous ôi chacuns Icfdits Cardinaux qu feront là prefmts lu Conclaue,nul n'en elUnt abicm comme fi elle cftoit célébrée par infpiration diume fans auoir auparauant tcaiaé p»r aucune pcr for/.u- par nculiere.Ôc ce chacun par ce veibe , £/'^J , pionoiK d'vnc voix intelligible , ou par efctit , s'il ne le peu prononcer de la voix , mais pouitant , afin que 1 cdc dion fe fafie la voyc du (crutin,ou que i'accczai fcrutin foit plus affeuré, nous ordonnons & deccrnoo que cela foit fait par ;le no!i:brc des fufïtagcs , des : des }. pairs des Cardinaux prcft nts audit Conclauci déclarons vouloir que cette élcdion loir h\(Xc , a6 que de la forte l'on ne compte point aux deux tiecà parties le fufFrage de la perfonne clcuë , & que nul i procède par la voye du IcfUtin ou du coinpromis , . ne puilfe nulUraent s'élire, ny fe donner fuffiage , qi !a pcïfonne qui doit eft:c ifluic fe tcouue au Co claue , elle doit audî cftie mi(c au nombre des Carc autrcsfois , il voulut piaffer la nui6t en l'Oraifon diui ne, & auant qu'il coramil\ la charge de fcs oiiaiUes au bien -heureux Sa\n6t Pierre , par trois fortes d'iu tcrrogation que nul ne foit tenu pour efleu par voye du fcrutin, ou pat i'accez du fcrutin , hnonapi la publication de tous les fufFiages , voire meimé celuy qui fera cû. u , fi on recognoift qui! a feulem» Cll\ OrtUli^i. »tv»i.w,[y«»n.v^w.v.. ------ v,v..»>^vjv.. c> • icrrugauuii , il fit paio'ftre la trine profdlion de fon 1 k nombre des deux tierces parties , voire par cedu amour éternel , par cecy nous enfeignant auec quelle i ouuertes Ôc patentes.que s'il ai nue que p'ulieurs {ou dihgciicc , fomg & piudenct nous deuons procéder ! nommez es cedules , & qu'ils ayent emporte Its de en l'clkaion de tous les f alkurs . afin de l^s élire i tierces parties des fuffi?.ges,ny ï\n ny l'autie ne po bons m fidèles, & principalement au faiû de la fuc- ra eftte cfludra faire, afin qu'il ne puille eftre recognu auoir ochc & abordé aucun,au lieu du nom qu'il efcriue' lot, Ntmini, Or nul au fcrutin qu'en l'acccz n'en nommer plufieurs à la^fois , car autrement le fuf- ;,par lequel plufieurs auroicnt cfté nommez.^eroit bien elt-il permis de s'approcher de l'vn de ceux mez en ladite ccdule , ou autres , pourueu qu'il e quciqu'autre fuifrage au mefme fcrutin , & (oit m nombre des Cardinaux prefcnts audit Concile. donnons,&: decUrons, qu'en chaque fcrutin il ne «rmis de s'y prefeuter qu'vnc fois . non plus que retirer par accez de la nomination d'vn autre, la le du fcrutin eftant fa;te. 'uantagc, auparauant que les cedules , ou les ac- Icmtins foient ouucrts par les fcrurateurs, tous nt eftre promptcment jettez au feu,& en prefen- tcus par ceux -cy, & s'il s'en trouue diuantage m au Conclaue que de Cardinaux , ils font tous 'z. & derechef on en vient aux (ufFrages. Que fi u'vn n'obferue aucune des chofes fufdites , ou contteuienne eu quelqu'vne d'icclles direde- . ou indircdemenr, il encourt de fait la fentence 3nimunication. JJ , nous ftatuons & ordonnons , que fi quelque iitc tetient quelqu'vn de venir au fcrutin , trois naux doiuent l'aller vifitcr choifis par fou , de- a tenue du fcrutin , pour cét aiFaire d'entre tous 'rduiaux par le dernier des Diacres , tenant vn t perce, mais vuide, lequel fe ferme pat les fcru- la pufence de totjs , & la clef en demeure "tcl,qu on luy porte aulTi vne cedule imprimée, uel.c Juy- mefme il doit fecrettement efcrirc, ^ic ic fîiKcnt fufdit , ainfi que les autres Car- Dccembre. de noftre Pontificat le premier. t)d 3i8 Difcours de l'Eftat de l'EgUfe. , Pï< ftte Cardinal Valeic, ^iomecs, voue,& juie. Moy Irl r d-.iic.Pieftie Cardinal de ZoUctens.pio ^^^^^^^^^^^^^^^^^^^ S enfument les Cardinaux qui ont juré, promis ftgné auec le Tape la prefente^ Conftitutton MOY GREGOIRE EVESQVE DE L'EGLISE CATHOLIQUE. S.P.QR.G.P.XV. ; Ntoine Catd. Sauli, Eucfque d'Ofticuf. promets; vuue,& jucc. Fiançois Maria Cardinal du Mont, Euefque de Por- tuen. promets, vciie.Ôc jure. , - /• i Fiançois Cardinal Sfoitia , Euefque de Tulculan, promets, voue,&: jure. A. Cardinal Montalte , Euefque d' Albc , promets, voiie, & jute. . ^ , . Odoard Cardinal Farnefe,Euefque de Sabmen,pro- mets, voue, & jute. 06tauius Card. Bandine.Euefque de Pracncltc, pro- mets, voue,& jute. André Cardinal Perct,ptomets,voae,& )ure. B. Cardinal Beuilacqua, promets, voui, &c jute. F. tit. S. Praxede , Pteib. Cardinal de Sourdis , pro- mets, vovie,ôc jure. , Moy lo.Bapcifte de SS. Marctllin, & PierrcCardi nal Detus, promets, voue, & jure. Moy Dominique du tic. des SS. Apoft. Ptelt. Card. Principal, promets, voUe,& jure. ^. . ^ , Moy Charles du tiltre de S. Cefar.Preftre Cardinal Madruce, promets, vcUe,& jure. Moy du tiln e S Chryfogone Preftre Cardinal Bor- eherc, promets, voiic,& jure. - ,o u • Moy M. du tit. S.Onufre Preftre Cardinal Batben- rjc, promets, volie, ôc jure. Moy lo. Gatfia du tit. des SS. quatre Couronnez, PrclltcCardmalMillmc,promets voUe,& jurc. Moy N. du tit. S.Cyr,& fainde lulite, Preftre Car- dinal L3ntes,promets,voiie,& jure. Moy M. Angélus Touti du tit. S. Pierre aux Liens, Preftre Cardinal Nazucen,promets,voue,ôc jure Moy F. du tit. S. Auguftin Preftre Cardinal Veral, promets, voiie, & jure. „ n ^ j- i Moy lean Bapt. du tit. S. Cécile , Preftre Cardinal Leni, promets, voiic.&jiire. . Moy Dominique du tit. S.Marcelm es montagnes, Preftre Cardinal Ruiarol,promets, voue, & jure. Moy P.dutit.S.Mariede Populo, Preftre Cardinal Pliilonard,ptomets, voile, & jure. Moy P. Paul du tit. SS. Neice . & Achillce. Preftre Cardinal Crefccntio,promets,voUe,& jure. Moy Gafpard du tit. fainde Croix en Hicrufalem, Preftre Cardinal Borgia,promets.voU. . & jute. Moy Robert du tit. S. Alex. Preftre Cardinal Vbal- din, promets, voiie, & jure. « n. j- i Moy T:bcre du t.htc de S. Prifcc, Preftre Cardinal Muty,pro:ï)Cts,voiie,& jure. r. ^ j- i Moy Gabriel du t-ltre S. Pancrace, Preftre Cardinal de Trcjo, promets, vou?,& jute. . _ , r Moy Pierre du tit.S.Thomas en P.ar)on,Preftre Car- dinal Campora,piomets,vouf,& jure. Moy Matrhicu du .ic. S. Marcel , Preftre Cardinal Priokis, promets, voiie, & jure. Moy S. Preftre Cardinal de faindc Sufanne Biblio- thccairedc la f»in£te Eglife Romaine, promets, vcuc, &jure. . Moy Guide du tit. S. lean deuant la porte Latine, Piefttt Cardinal Bentiiiole,promets,vciif,'& jute. Moy Pierre du tiltre faindt Saluator in Lauto, mcis, voii , (k j'..tc. Moy <^tfar du tit. de S.Pierre au mont d'Or.Prcftte Card. Gherard,proœets,voiie,& jure, Moy F Dtfine du tu.Clemenc,Prcfttc Catd.de Cré- mone, promcts,voiie,& jure/ Moy Eliicnnc du tit. S. Marie en la voye , Preftre Cardinal lJignatelle,ptO'.rKts,vuUc,Ôc jure. Moy L Card. Ludouifio du tit. S.Marie, Chanceliei de la S Eglife Romaine,promcts,voue:& jure. Moy François du tit. S.Matt. Mcrulan,Ptcftre Car- dinal Sacrât o, promets, voiie, & jute. Moy M. Ant.du tic.S.Eufebe,Pteftre Cardinal Goz^ diane, promets, vouc,& jute. Moy Alexandre du tit.S Matie en la voye large,Dii cre,Cardinal Eften,promets,voLie,&: jure. Moy François de S. Ange du marché aux poiftoo! Diacre.Card.Bon Compagnon,promets,veue,& ]W Moy Hippolytc de S.Marie la Nonne, Diacre,Gai dinal Aldobrâudin.ptomets/voiie, &c jute. lO. BENINVS. N. ODOT. Regiftic en la Chancellctic des Brefs. Ce Pape eftoit très -zélé Pere à l'EgUfc , & faifç ce qu'il pouuoit Ipour l'entretien de la paix entte Princes Chreftiens, il employa Ton frère pour auccl Députez du Roy accommoder l'affaire des orilo auec je Roy d'iifpagne. Et k-y ayant efté remonfl par fa Maiefté qu'il y auoit en France des maifons d Ordres famdlBenoift, S. Auguftin, Cleruaux&( fteaux,qui auoient befoing de refotmation , ilenuo vn Bref au Cardinal de la Rochefoucault pour fixai afin de faire ladite refotmation , lequel Bref eftoit datte du 8. Auril i6iz. Le Roy en ayant aduisj ledit iKur Cardinal, le fait voit à fon Confcil fuma la refolution duquel fa Majefté promet audit fit Cardinal faire leldites reformations,& d'appelltr au luy telles perfonnes qu'il iugcroit capables pout h tiere exécution d'iccluy, & ordonna par fes lcttrM| tentes données à Carc^ftonne le 15. luillet, qucÈ qu'il y cuft quelque appellation , elle (eroit lugce ks fleurs Cardinal de Rets.l'Atcheu-.rquede boaq l'Euefque d'Angers & de Senlis , ôc les heurs de C ftcauneuf,lannin,Caumartin,de Roilly.de Marillai d'Aliygtc .Confeillers d'Eftat,auec les fieurs de la Pc ne & de Lf z^ au , Maiftres des Requeftes , & ce ptti tiuement à cous autres luges. Pafonne ne peut dire auoit efté àRome,& tecogr véritablement ce que c'eft de ceftc ville là, s'iln; demeuié pendant le fiege vacquant. Parce quaOli qu'en autre temps toutes chofescheminrnt le!o«1' dte & la règle que l'authotité du Pa^^e viuant p prefctire , alors eu vn inftant on les void bouleuen & changéo tellement de face , qu'elles n'ont pioi relTtmblai.ce qu'ellts auoient auparauant : alors grandeurs adorées & idolâtrées par la flatterie' courrifans font tout à coup abailTces auec grande»' tificarion d'elles melmes , &c de façon qu'on toid luy qui fe faifoit recognoiftre pour trop lupcrbe dédai2neux,qui donuoit la loy à tout le monde,» vouloir aller du pair , & difputer la prefeanceauec plus grands fort humilié Ôc honteuleraent abai tftre contraint fe courber & encliner bien bas detj ceux qu'vn peu auparauant il mépriloit , ■■■.lots Ics niftrscs & ceux qui commandoient abfolurr.eut , depoftz , ce qui donne hardielTe à tel duquel 01 faifoit aucun compte de pouuoir pretcndic dai aHez de crédit pout onurir & fermer félon la voa le chemin qui peut conduire au fommet du 1 ooi\ d'en exdurte celuy qui luy a efté peu courtois , & en Difcours de PElW-^e l'Eglife. rflcticr vn autre, lequel aux occurrences ila ira re 319 cogncii oriicictix. Alors l'aiitlioritc des Iiigrs celle , Se chacun a la puillancc d cciiic iîr .■.^•«^^. r.- r • r • ^ ^ Cependant le Cardinal Vvlin pour empefchcr le pfril eminenc , t:< craucrfer le dcllcin de liorghele par le Confeil du Cardinal Cclî^r > pria le Cardinal Sauli confentiray lamais, & m'cxcufcz fi ie fais tout mon pcfliDle a.n, q„'il „c le foit pas : ce n'cft pas que ie ne voulutîe contribuer ce qui dcpcndroit de moy pour ^ ]',{■: r j f^'^c cHue qudquVn de vos créatures , mais en ma Dayeii do dire tour ha'.t qu .1 clloit las , ik qu il vou- confcicnce ic n'cftime pas. ne recognois celuv-cv di 01: aller le rcpolVr en fa v:fi.imbrc. Et partant qu'il ne [)t mioit alors f.iirc lire les bulles , ce bon vifillatd fe taille pctfuadcr ailc.nent . Ôc Ce retirant ainli il oda 'clpcrance k Borghcfc de pnuuoir rien f^ire aupara- gnc d vue telle charge , Ôc fi vous voulez faire preuue de mon intention changez de reforution & choifilTez en vil autre partjiy tant de créatures que vous auez beaucoup plus dignes pour leurs vertus & feruices , ' I I f ^ L V T r. 1 r'"" "«oUc> puur leurs vertus 0: leruices lant la clollurc du L^ouclanc : un partir Borghefe le | qu ils ont rendus au public comme pourroient eftre ma quand (e viendrait l'occalion qu iJ iii comme les 1 les Cardinaux Mclinc, Lanti , Crefcentio & Araceli ;utres,& qu'il donn^il (a voix à Campora. Il icpondit I âuec lefquels on peut cncorçs mettre Ludouifio & lu il ne (e voulou point engager de parole By pour ; croy.z que Ci vous voulez faire quelque chofe p'our vn ny pour 1 autre, ny entendre parler d'^xcluiion ny ceuîT-cy vous verrez que le ne leur donneray pas feu- ndlgnot^on,qu ilfcroiccequeleS.Efprit liiydidetoit. Icmcnt tca voîx , mais ie vous puis quafi promettre Au Jomr de h Chappdie les Cardinaux allèrent en celle dt tous les Cardiiwux qui fe portent à l'^xclufion ;urschami>res diincr : Vbaldin & VrGu qm auoienc de Campo-a : on ne fçr.uoit pas encore quand Vbal- langeanparauanc eurent ce temps de.p!us pour pen^ din propofoit cecy que Ludaui£o fut à Rorae,mais il r a leurs airaires,ayans accorde premièrement entre arriua iufternent au Conclaue â l'heure racfme que IX 6: c i rnce l>eretti du moyen qu'ils d-umient te- l'on p.rîoit de le faire Fap.:Borghefe dit enfin à Vbal- r. Vrlin a.la vil,, er ic L>mdinal Med.cis pour le prier din, ie ne veux cxciurre aucun de ceux que vous auez : ne vouloir point parler pour Campora.Sc ne fc laïf- nommez , Mais après ie fuis rt folu d'ayder en tour rainli mener par Montake . qu'en ce f.iiant il ne & par tout à Campora : U délais ils fe ff parent i'vn de lUûu pas 1 exemple de fon pcre d'heuicufc mémoire, l'aucrc. ^ .juei pendant qu'il fut Cardinal fit tout ce qu'il vou j Vbaldin retourna auOÎ - toft en fa chambre où le t aans les Coiicbucs où il fe rrouui : k cela Medicis , Cardinal Vrfin & Dom Ferdinand Ton frère l'arten- jondit quil ne pouuoit faire autrcraent pour la doient , idqueîs durant ce t.mps-là tafchoienc de arge exprclfe qu'il aaok du grand Duc fon frère : , conue.tir le Prince de Sulmone nrpueu du Pape, afin i.ri répliqua , le m eltoune qu en vue affaire de fi i qu'il je de Jaraft contre Campoia , ils faUoitnc cela inde conlequence comme celle-cy le grand Duc ' afin que i'.y.nt de leur colle il peuft faire ch ng r .s au donne vn commandement fi pieux,,e m'afTeu- , d'aduis aux créatures de f:u Ton oncle mal-contens ques .l e.ft fçcu le prciud.ce que cela peut porter de Bcghefe . parce quelians priez rpo uS . tac lie dont :e fuis H ne l'euû pas C^ÙM fi a pre- ! eltre .cculez d'i-.g. .cit«de faiiam quelque c^hofe pou a .c luy pouuois hue içaueir,,c crois certainement: k nepucu dc ccl.y qui les auoit c/leuez au Card nalat ^ . a.' qu il n en fero.t autre chcle , que pour cda ny de voftre .ffilbnce , noas fonimes d'vne maifo^ ne debuo.t auoir peur de non , car quand bien .(tcz puilLune pour nous po.uoir roufiours ma^ edc .Imc Campora feroit Pape , le gr,nu Duc & tous , fan. vou., .on^mc non. auons fait cy-deuant enco ;sioTpôni;.fi'C^r"" voulu h.urter, noL auons aSu- -s ion i ontih..t qa il pourrou eftre a conuert cun- 1 u,:nt veu des nepueux de P.pes dkuez aux honneurs qui oni f fté bien raualez, prenez garde à veu & à t(«. Et" rirdet\':~^^^^ port où pat^ &^ l'" per onnc dans le Conclaue porter ou lapatta oc uoigi y , _ .m . ftoit nieique iour , le Cardmal répliqua , fi vo* répliqua Madiuzze que"ic l'ay promis , mais tant de nouucaux accidcns qni font furuenus depuis me dc- liurent de ma parole. Auec cc(\e falcheufc rcponfe, Eftc retourna voir Dorghefclcquelccnfidcrant que les affaires alloient nwl pour eux,fit vn dernier f ftort poar conucrtir Niadnizze , & croyant que fon Conclamfte eiift puidancè fut loy , ils l' allèrent ttouuer Se luy pro- rrircnt vue Chanoinerie en l'Eglife de S. Pierre , s'il pouuoit faire changer d'aduis à fon maiftre , cet bonn- me ayant entendu cefte inique propofuion, leur hc vue maigre rcponie, & fc mocqua d'eux , fe monarant ge- nereux, comme en ttftâ: il eft. Eux donc ayans veu que par aucun moyen ils ne pouuoient aduancer leur intem ion par commun aduis, fe tefulurent de s'aller coucher & de ne plus rien ten- ter pour ceflc nuift-là: Borghefe en (e retirant fut fui- uy par Filonarde qui luy dit, n' auez- vous point d au- tres créatures que Campora pour faire Pape , vouUz- VOLS à prefent & pour iam^s ruiner cet homme de tc- pi-touon, voyez-vous pas bien que la plus grande par- tie le bande contre luy, ie dis cecy fans aucun dtfle_ n: car ic me metltois iulques dans le feu pour voftrc fer- uice , c'ea feulement pour voftrebien que i'cn patk, Borghefe rcpondit.i'ay bien d'autres creatutes>mais la confiderarion de mon particulier & propre inteicft, ' veut c' t ie face tons mes efforts pour Campera, outre que me ëcfiftant à prefent m'cftant déclaré fi ouuertc- ment pour liiy,ii iroit pat trop de ma réputation. Dc-ja Vbaldm après efVre patiy d'auec Madtuzze s'en tftoit raourné à [la chambre de Ueuilaqua , il y irouua le Cardinal Pio , qui de fa part auoit fort pru- demment trauaiUc à cefte affaire , il leur conta comme i! cuoit tcrcoHtié le Cardinal Eftc qui luy auoit du, Scignt ut Cardinal, fout -ce là .les leiruitiraens que vous témoignez auoir des biens faits que vous autz receus de noftie famillc,fouucnez-vous combien t^ous ' aucns k'ù peur vous,P>o rcpondit,il eft vray que i'ay teceu dc^ biens de la maifon d'Efte , & i'c(pere me les confauer.mais quand bien melœe ie les pcrdrois pour le feiuice de l'Eglife Romaine, l'tn cftimerois la perte oloritiilc , nous ferons Pape celuy que nous voulons, du EBe , à voftre b.nbe & en dtfpit que vous en ayiz, cliaycz-le, répliqua Pio,& vous verrez auec quel hor- reur cela vous r.UlTira , la mcfme choie cftoit prefquc artiuée t ntrc Eftc Ôi Btuilaqua.parcequc Eftc le pr.ant de vouloir < ftre des fiers , Beuilaqua luy rcfufa tout a rlat , 1 fte luy dit , vcus-vous en rcpc ntiuz, Beuilaqua repartit , mc^ fcmbiabUs ne fe rrpentent ïamais de chofes qu'ils fnccnt . parce qu ils procèdent toufiouis en perlonrtcs d'honneur. Comme les Cardinaux de l'exclufion de Campora ÎFiircnt réunis cnlcn ble 6c qu'ils le fufTcnt donné la parole l'vn à l'autre , ils vitri i que tout allcit bien poi.r eux , !k adniicrent que If s AmbalTfldcurs ôc tous le j aotrf s qui cftoieni «îans le Ccnclaue fc pouuoient qu'il f ftoit prel'que iour , le Cardinal répliqua , fi voé faifiez bien voftre dcuoir vous en trouuercz plus d'va, ôc particulièrement le Marquis de Bentiuoglio , qm eft dans la chambre de Borghefe , allez prcmiereme» faire foitir celuy-là & puis l'AmbafTadcur fortita, quand il luy plaira: Monfeigneut Vatefe alla aufTi-rofl fiire fortir ce Marquis Se tous les autres qui eftoicw reftez , puis aptes l'Ambalfadcur s'en alla fur les nt^ heures de nuiâ: &c l'on ferma le Conclaue, & les C«- dinaux de l'exclufion fe mirent viftemcnt au lid , fâi^ fant cependant faire la fentinclie à ieuts Conclauifte pour voir s'il ne palfcroit tien , ils auoient aduilé aun l'Ambaffadeur de France , que la matinée fuioante It Cardinaux de l'exclufion fetoien.t enfemblc vne petit congtegation en la chambre de beuilaqua où ils appel leroîcut les Cardinaux qui btanloient au manche, de uant Icfqucls on liroic les informations contre Ca« pora, &i leur feroit-on recognoiflre que l'cfleaiot^ cet homme eftoit du tout illégitime & fans raifon. Les amis & affedionncz de Campora , qui nel uoieut rien comme les chofes efloient defia fi f difpolées pour l'ixclurre , croyoient fermement ^ âuroic la Papauté , mais encore plus luy mefme ici :cla infaillible & fi ceitain.qu'tftantvilité pat plufiï pctfonnes suant qu'on fermaft le Conclaue, il parh cous pluftoft en terme de Pape que de Cardinal,iJi pa ticulierement à vn des confcruaccurs du pcriple K main qui vifita tous les Cardinaux de la parc de la \ le, comtTicc'cfllacouftumc, quand*lfut voir Qir pora luy augurant le Pcntific&t , comme on fuit à t« les vieux Cardinaux , li répondit , (oye z certain qu quand nous f( rons en autre dignité que ia nolvrepH lente, nous nous refouuicndrons de ce téraoignageii voftre bonne volonté, & ne manquerons de ioip le peuple Romain & en faire eliat , ainfi qu'il fe il y en eut quelques -vns fi haftcz qui pour s'i; mieux des preir-iers en fes bonnes grâces, baifti pieds par anticipation, entre Ufqucls il y tut vu . quis &c vn Comte. Le Mitdy matin, à peine cftoit-il iour , quand ic^ les Cardinaux fe leurrent : chacun de fa part re«c mença aufTi - toft à faire (es pratiques fur le fiibjcft»! Campor3,lc remors de la confcience ttauailloit ï'tif i pluficurs qui s'cftoicnt trop facilcmetit l.iillez pe (uader à Borghefe , & cnuoyerent dire aux chefs < l'exclufion quand l'exclufion fe preftntcioit , ils^o: neioicnt leur voix pluftoft à vn autre qu'à Campo' le ver de l'ambuion , & non ccluy de la conlcien rong»:oit l'elprir à d'autres fans leur domui aucun» pos. Entre ceux - cy il y cuft vu Cardinal qui enoi; diie à l'Ambalfadcur de France auant qu'on ftiniaH Conclaue , que bien qu'il ne fe declataft ouu'-ïterr.' contre Campera t n fauf ur de fon Roy , ueanttnc quand fc vicndroit au fait ôc au prendre qu'il Ici paroiftre , qu'il, eftoit (on fciuitciu S: deux aot. Cardin*" DifcoLirs de l'Eftat de l'Eglife. . ' . ,î , I • * ''o" 'uy fie àkc qu'il ne vinft point , cette mat.n dune . iLnc vcnn , ceux de 1 cxc ul.on rc- audience ainf, quon peut conje^urer . n edou point ntdrnc pou hue la congrc;^.u,on 40 on auoit ' demandde pour «Sire qui fuit (uaun.ë : mais pour Cardinaux» ainfi qu'ils .luoicnr donne la p.nol Le uliirrnt \ ils arrcUerenc donc de s'aydtr les vus aux au les, par autre moyen , Hc pource Vbaldin fie ciitcn- Ircà Borgia , qu'il cttoir pour lors temps qu'ils (c de q"i luii luiucouc ; mais pour employer le temps afin qu'on ne procédait à l'crkaion ce jour - là , & que cependant on peuft donner le loi- (ir aux Cardinaux de Sauoyc & Borromce de venir, ôc croyoït-on qu'ils deuilVnt arriuer au foir, mais rous deux ne vnuent que quelques iours aptes que le Kipc ^ut crée par les voix de ccux-cy , l'Ambadadeur peu- « ^ ' - "1- I 'î"^ ''«^clufion de Campora en feroit dauantîPe aiallent tout a tait contre Carrpora, ce qu'ris firent, fortifiée , ne fçachant pas que depuis qu'il eftoit for^y relentio tut aulh ga.gnc au mefme temps ^ auec ce- du Conclaue l'on auoic gaigné deux vo^yes , led t ZI .y-cy.ontrouua lenombrclufhlant pour fane l'cx- Borghefe qui eut foupi'on du dclFein de l'Ambaira- 'T"'i r il' M i\ , ^ M^""^' voulut pas que cela arreftaft, & pource il fie tiorglKfe de i autre colic .lia parler à tous les Car- reuoqucr cette audience : après donc qu'il eut d fifé naux de Ion party pour s air^urer de nouucau de i comme nous auons dit, il fit appeller tes^reatures . £ u.s VOIX, dciuant fane reuffir on delle.n , après la ayant de nouueau tiré promelTe d'eux qu'ils perfeu^ .elle quand on procederou â l'eilcétion par Scrutin, reroient en la volonté d^ftre pour Camlra ,^ vou- en Umtc par h voix d accez : afin donc d affeurer loir à l'heure mefme tenter la voix par adoratron'mais icux ion arfa.je , ,1 aduKa pour le mieux que pas vn il fut empefçhc par diuers accidents , entr'anrres par- viens ne ba,Ue,ort (a voix a Campora par le Scrutin ce queluy dit Campora mefme , qu'il voyoit fes af-' ar voir 1. dans le nombre des autres,.l n'y en auroit faires grandement douteufes , qu'il ne vouloir point m quelques-vus qu, tulfent pour !uy,& que s'il pou- fe hazarder d'auoir vne exclamltion pubJique à .t (culement ga^gner les voix qui loy mauqnoieht, fa barbe comme il fe doutoit qu'il luy arriueroirTn- eroit en iuKte que l on „oit à l'acccz & par cette faiHibiement s'il en venof t là ayanl plus d dou"e . e C ,mpora (croit eileu mais i reu^t autrement, i Cardinaux . outte ceux de l'exclufion qEi branflo.enc I heure cftant venue le Cardural S.uh dit la MeiTe i au manche : ayant donc ce loupçon oa pluftoft de- ouna la communion a tous jcs Cardinaux exce^^^ de foy. mefme, parce qu'il fçauoit en fa oncal, e , Aldobrandiu , Cefis ^ Aguino demeuré confciencc à combien de Cardinaux il auou ai def! .d mabde^FarnefeOcCapomeltoientauirrdemeu- plaifir , & qu'il n'en auoit obligé que fort peu pour au ha lous ce mclnr.e prétexte & ne vinrent point , ne dire pas vn , il dit à Borghef/qu'il rte vouLt aller -1 ÏÏ:'V'^'^"^""m"^'^^^^'^T' ^^"'^^^^ en la^Chappelle, fi vn nombreV Cardinaux aL ngag.r de !a pa.oïc qu ils auoient donnée pour fuffifant pour le faire Pape ac venoit l'cnleuer de fa l)^'0.a , Farncze ayant promis à Medicis , comme chambre. ^ * sauonsdit cy-deifus Caponi , à Efte & à Bot- Borghefe ayant eu nouuelle confirmation delà pa- e , auquel depuis ,1 dit , ,e vous ay donné ma pa- rôle des fiens , Beuilaqua en fut aduerry VpVenai r ac „.e aedarer pour Campora ,e vous la tien- ! prétexte de l'aller voir en fa chambre .[s'e^la^ c^ô^^ . ma.s cojKre ma volonté , & fi par hazard il luy ; de la vérité , auffi - tort il enuoya dire à Iltb nJS^ u d dire Pape . le ne demeureray pas feulement qn'W s'habiflaft , afia que s'il eLt befom pTra p e leurc après a Rome , au contraire fi vous vouliez ! ience il pûft , yder à l'iutereft rn^rlnn fir^^ (T J teloudre pour Ludou.fie , .'y contribuero.s tout ' ner adui^ de ^^'^l^ Ciqueis ne perdirent temps, 6c allèrent reuoir ceux de leur party pour les confirmer toufiours en leur bonne refolution, &c pour ta(cher de gaigner toufiours quel- qu ^n de ceux qui eftoient en doute , Borghefe en fia le refûlur de terminer cette affaire , pource il alla uutin de ceux qui eitoient demeurez au d, eux rc Camcora l'nn ne i,,,, fin- . • i , 1 qui eltoit la prefent dit ouy , mais mille que vous pro- mettiez que vous auriez pour exclurre le Pape Leoiï i I. ne furent pas fuffirans. Comme B. .rghefe eftoit auec Montalte , Medicis y (uiuint auffi-toft qui dità Borgheie , Seigneur Car- dinal, nous voyons bien que noltre brigue pour Cara^ uora . tfliir nli.c ^„'»l!» „- i n ^ poffibic. presque la communion fut faite, l'on câa, l'extra hSc l'on commença à lire les Bulles accouftumées i on n'anoit pas Icuës le jour auparauant pour le :(!ique nous auons remarqué : après qu'on eut ue, tous les Cardinaux jurèrent de les obferuer. 1 nombre, mais i! faut les deux tiers , Se parce que lefe veid que l'on n'auoit gaigné aucuns pour pora,il ne piit exécuter ion deilein de le faire efli- peparacccz, >tcs cccy on ne fit autre chofe , Vrfin content "que Borghefe n eftoit venu à bout de ce qu'il ndoit . con.mença le pru.ier à ouuur la Chap- pora , tant plus qu'elle va en auant . rant'pinselle te .e. as en aller, Borghele & fes adhtraus iortirentj tend impoUible , 1' ' . maisKi,.. f 1 " > .V ' „VV.- — ! V"- »t"Pû«ib!e , l'exclufion ett fi defcouuerte à pte- 'k»c„„ ,„„ rJ. .o„,, ,0. „,,e, dif„e.,es' ;,e vo^r r;^^^ IcxcklilOn ne dlfoient mor . orr«.„_ i av Te(mnir,r,J.^ „ ^ vuui ay teiraoïgnce , en vous portant vous & tous ceux dont vous difpofez oout faire cflire Delmonté : cette propofition ne piilt gueres à Borghefe , & luy reipon- dit en s'excuiant , il eft vray que ie vous ay piomis cela, le veux vous te maintenir , mais le fuis alfeurc que vous n'en viendrez i bout,parceque les Efpagnols ne veulent point de luy : cependant qu'ils eftoient tur ces dilcours arriuc Borghefe , qui auffi - toft fe deffis que fi l'on pnrloit à Vrfin de Delmoatc^il y auroit dan- ger qu li ne fuft efleu , & 1 enuoya appclier tous ceux de fon pariy , l'vn 1 autre. niaie on difnoit l'Ambaffadeur deyenife enuoya •'der audience , là dclfus on intima à tous les laux qi/ils eulH-nt à s'alfcmbler après difner, 'S hicnt,St fut du commencement arrefté qu'on leroit , & qu'il vinrt , v„ peu après on fe r'ad 3 16 Difcours de l'Eftat de 'l'Eglife. , f..^:„.,,n,cf,iffi'ans.nourl'cxclL.rrc : c'eft 1 rance q le chacun leceuroïc de luy lapana ne feroient pas fuffi'ans pour l'cxclurrc poiuquoy il p«a ce coup difanr à Vrfin,Scigneur Car- dirai, \iy iufq-ies à ccrtc hcuvc fait ce que i ay pu,ahn que Camporo fuft Pape croy::nt qi)e c'cftoit le bien pqblic , vous auez eftc de contraire aduis , 6c m auez cmpefché & fait tout ce que m' auez pu faite pour tra- ucrfcr mon deffein , nous auons eftc en cela contte- pointcz, & vous l'aucz emporte par deffus nioy, main- tenant ie ver.x faire chofe qui puilTe eftre agréable a tous , de pour ce fi vous trouuez bon que nous faifions donc Lndouifio Pape, ainfi que Vbaldin me le ptopola hier, i'en fuis ttcs-concent. Vtbin à peine entendit - il nommer Ludouifio qu il dit qu'il le vouloit bien , mais qu'il falloir qu'il en par- Isft aux autres Cardinaux de Ton coftc,;& eftant ainfi tombe d'accord auec Borghcie il partit pour aller ttouuer ybaldin, Beuilaqua, & les autres, & Borghe- fe cependant vint à la chambre de Caponi où il trou- ua Vbaldin auec luy : Caponi prcnoit alors fes habits pour aller à la Chappelle fur le bruidt qui couroit qu'on y vouloit aller pour faite Caropora Pape par adoir^tion : Botghcfe les prenant tous deux par les mains , 6c les menatît à vn coing de la chambre leur dit ce qu'il auoit proposé à Vrfin: Vbaldin qui fçauoit délia que tous feroient très- contents de Ludouifio fans attendre dauantage , luy dit qu'il le vouloit bien, & qu'il donnoit fa parole pour tous les autres Cardi- naux de l'exclufion de Campera : Borghefe luy du, puifquc vous vous en contentez le Pape eft faid , ie m'en vay le dite à Montalte. Vbaldin s'en alla d'vn autre coftc pour trouuer Aldobtandin , en palTant il trouua Campera qui parloit en fectet à Pignatelli , qui ne fçauoit tien de ce qui auoit efté,artetté auec Bor- ohele , il leur dit en riant , bonne inouuclle , nous auons vn Pape , Campota partit entendant cecy , & après qu'il eut te^iris haleine , il refpondit , pourucu que nous fortions d'icy bien-toft , & que nous foyons hors de peine , Dieu falfc fa volonté , il fera ainfi, re- partit Vbaldin , & pource refiouy (Tez - vous , Ludoui- fio elt Pape, il fuiuit fon voyage, & trouua Beuilaqua, qui ne fçauoit point encorcs ce qui s'eftoit paffc , 6i quand on luy dit que le Pape cftoit faid , il entra en douce, que ce ne fuft Campoia, 6c en s'tllonnant il dit, hé comme eft-il poffible, là delTus on le confola quand on luy dit que c'eltoit Ludouifio , fur ces emrt fasses Borgia vint , ils luy dirent la mefme choie , que le Pa- pe eftoit faiâ:, cette nouuelle lit pareil effeâ: en celuy- cy qu'aux autres, & plus grand encores , ainfi qu'il de- monftta difant : ahl MelTieurs, ie fçay que vous eftes Gentils-hommes &c d'cxtradion noble , ie m'eilonne que vous vous cftes lailfez mener par le nez , &c que VOI2S vous cftes fait ce tort à vous-mcfmes de manquer à roftre parole & à la proteftation que vous auez fai- te d'excluire Campora : Beuilaqua refpondit , foyez - certain que la croyance que vous autz de nous eft ve- litable , & que nous fommes toufiours demeurez fer- mes en voftre propos , c'eft Ludouifio qui eft Pape: Borgia entendant cela fut tout tefiouy,& s'en alla auec eux à la chambre de Ludouifio. Le Pape ainfi cfleu dans le Conclaue & reucftu;dcs habits Pontificaux porte à l'Eglife de fainft Pierre, afin que publiquement il récent l'adoration des Cha- noines : le peuple cependant accouroit confusément de tous coftez pour le voir, & fc rcfiouic que le faind Efprit auoit fait eflirc ce peilonnage qui eftoit aymé d'vn chacun, n'y ayant prefque perfonne de ceux qui font habituez à Rome qui ne l'cuft veu & cognu, parce que de degré en degré il y a exercé auec toute intégrité les charges qui fe donnent aux hommes de mérite , Se comme tous fçauoient fon facile acccz, & la douceur dont il eftoir indiffcicromcnt tant enueis les petits que les grands > eurent bonne efpe^ tance q le chacun receuroit de luy des faucuts durant fon Pontificat ; ce qui les confirma dauantage en ce- cy , ce fut quand ils virent qu'il auoit pris le nom de Grégoire, fi re commandable à toute la Chtci\iciiï.é,.ïe particuhcrement Grégoire XI IL qui fut Bolognois, comme cduy qui fe monftra fi bon enuers tous qu'il mérita le furnom fans contredit de pere Gcnetaldc toute la Chreftienté. Autant de paç qu'on faifoit en portant le Pape on entendoit autant dé voix 6c accU- mations de ceux qui le regardoicnt,& luy de fon cofté faifoit paroiftre en fes yeux qu'il rccognoilfoit tout le monde , 6c les catelToit auec vue douceur paterndlt, ainfi dedans l'Eglife en laquelle il n'y eut polTibleV mais tant de peuple qu'alors, chacun fe voulant celai», cir .de fon efledlion en le voyant , tous luy fouhait- toient vne longue vie, afin qu'il pûft réprimer lej abus qui eftoient en la Chreftienté , renouuellet le; faits hcroiqucs de fes ptedccelTeurs , 6c en chalTe la pauurecé, laquelle accabloit fort les plus meauë gens. En fin faditc Saindeté après auoir faid plufieur grands biens à l'Eglife , deuint malade, 6c dcceda le i luillct 1613. à 11. heures, qui font les dix d'ity. Les Cardinaux entrèrent au Conclaue le 19. enfui uant , où ils demeurèrent 20. iours , pendant lelquei ils eurent de grands diffetents , à caule de deux poil fautes fadions des Cardinaux , Borghefe. ncpueu c Taul V. & de Ludouifio nepucu de Grégoire X V. , ainfi chacun des Cardinaux qui le rrouuerent au Co; claue de Rome pour l'cfledion du Pape.apres la mo de Grégoire XV. furent diuifez pour leurs fadions i partis. Mais en fin Dieu les infpira d'eflire d'vn comian confenteraent le Cardinal Maphœus Barbarinus El» rentin, Euelque de Spolette, Ptefed de la fignacure( iuftice , 6c Protedcur d'EfcolFe : qui auoit efté (» Cardinal dés l'année mil fix cens fix , à la prière dufi Rcy Henry le Grand, de glorieufe Mémoire, pourf( affedion enuers la France , ou il fut enuoyé Nonce < Pape Paul V. apporter le Hnge du baptcfrae de fa M jefté aujourd'huy glorieuferaent régnante , il a pris nom d'Vrbain V i II. De là à quelques mois il a fait trois Cardinaux, fçauoir fon fi t te Baiberin , qui eftoit Capucin , & nepueu du Cardinal Bûrgheie,& le Seigneur Magaio fon beau-frtre,ôf auflTj .r-il piocedé en mcfmetciap la béatification de Louys de Gonlague lefuite , de mailon de Msnrouc , dont fe font faides de gtaoc cérémonies tant à Kome qu'à Mantou'ë. Or pour reprcfenter au vray l'cftat auquel fe mai tiennent aujourd'huy les affaires de Rome , il lerc^ eftie expédient de faire relation de ceux qui fonte ployez en cette Cour , 6c après des affaires qui y 0 efté mifes fur le tapis , car par ce moyen on poui cognoiftre les inclinations, les interefts, lé pouuoii auchorité de ceux qui ont parc au gouuernemcnti fur cela il fera aisé de former vn iugsmcnt de ce g s'en peut efperer. ^ Pour commencer par le chef, fa Saindeté eft ail cogntucen France, y ayans pluheurs encores viaa qui ont traiôlé 6c negotic auec luy , & Meffieuts de Bethune , d'AUncourt , de Breues, quis de Trefnel 6c de Cœuures , qui cognoident l naturel,& en pourroicnt donner information i fa ^ jefté trcs-Chrefticnne, & à MelTieuis les MmiU de l'Eft.t. Le Pape n'a gucres changé d' humeut de façon de faire , eftant auffî franc 6c libre qu» eftc ïamais. U tft grandement fçauant aux boni lettres 6c Poéfies, és langues Grecque & Latine , & lurifprudencc aullî , il aymc paffîonnérr.ent les nu' les. gens de lettres , & le plaift gcandement en . conuerlaiion , lors qu'il peut pteudre q^' Difcours de l'Eftat de l'Eohre. . -1 /i ... ■ i~> rel.fche aux ,ff,hcs , il c ft d'v.,. h„merr prompre. ar- d...uc , vn ,,c„ col.:ic . ninis .^,m .aiu'ut ai.calcnc (c paye d< railon . à la duudc- luy vicndroir con- t.cdirc. ,1 y aiKo.t djn|M , d'vnc gniulc mpcrc , mais .]Ui a vu pa. pMcg.uc cS: de p.mcn,;c il n, vi, „t .i- jcmcnc 2 bouc , en 1 jy fai.f.nc voir ce qui dt de la rai- Ion , cltan: u-n.ply de t;cs Nonnes .nr< „tions , pleine, de picrc &.de 7.clc cnuersDien . noihc K. l.gli!,, ,v Chrcll.cntc , Lrandc i!n porcanco , (ounnu on Ta vcn changer, ,1 eit Koa coura- geux, dcin eux A hoiHK-ni df oloicc. lUyn.c les H(;,s iclUde famaifon ^ iiiUjucs .cy le Ca.d.nai Barbem, (on n.pucn,n a pas' ' /"-iuo a eu, ou l,x nnlU: elcus de . ente , encores 'i >' a» puuRuvs v..cquanccs qu.l a données a lucis t^aiiniiaux. î>ilaSa.oâ.;cpcrhilc en cette humeur de préférer s imttclts du pubUc a ceux de (a m.iion , on dou peret d vu ,cune Pape pkni de v.gucur & A. zck de ands dieas.y ayant apparence pat raiions humants :ant li robuit. qu li ^^ourra tenir l^Ponafi. at lo.ans plus. Auant fou Pontificar, il a loufioms u-mowné Se en bhc i5c en particulier auoir vne trts-gr.nde inclina n a la Fiance . .i i,i nprrn,,,^^ -i.. o Kcf""' ' employant r., 'a'U run .ommunujuer an Une Saueijy ,o„ Lieuie- u ^ ^^ ^ i"'"' créance en luy en ce î"Lf J's nuerel s pnbl..s de la Ch.cftie. te, & /V e n ^'''^^"-'^^^ ^i"^'4"'^^ bicns-faich par Monfunr le Cardinal Ba.bcrin eft vn jeune Cardi a Dicn e/tudic aux bonnes iatrc-s • ,1 n.fnH ,^-^;...cha.e,..lacon:.l(:rdS^ Le Pape dcfhe qnon crnide anec luy d'atFancs.afin " ^e^^onner,^derencend.capi;ie,.^^ "'^Hes des Pances ^" '^^'^'^^'^ ^i'-^- irciTiond nonorer la mémoire. Bt faut le louuenir qu'incontinent après la mort du Roy on le veid plorer amèrement a'uec de grandes « s&l^,glots, Monheur de Breues , qui pour ■> dtoïc a Rome en pourra auili rendte tcmoi^nase ^u.s ,on Pont.h.at ,1 ne .'elt pu empefcher de faîre o. tre par les elîeéh Ion inclination, ayant nus sIcsMiniftresd t:lp,gge en graade j Joui,., -e Duc dAlbuqucrque qui paitu ,1 y a ouclque ps de Kome.en ht des plaintes publiques ôc'h fcra- lu ll. qui diiou que poureftte bien venu au Palais, :âlioittaic vtltu à la Françoiic. •^fia par dtux fois on dit que le Pape std picquc re 1 Amballadau d'Elpagne, pource que les Elpa- s vouloient retenir en la change contre la volonté , " "^"-^ ^'^'Jys , ann d y remédier comme vn bon Pere de famUlcic ayant fur ce fubr2 pris 1 ad„. de totit le faind Siège ApollolZac f ^oya led,t Seigneur Cardinal l^C^^ Ù ^ Chuft.en Roy LouysXiU, comme Ton zcie .^c Tn non de .es Couronnes A à la tranquillité de fes peu, fût àlfr P'-^'"P^ niagnihque, ,1 ut a la Ç.nr luiq.cs au mois de Septembre , iuqu -m, . prit congé du Koy a Fontaine - bieau ,^ ^ s ^n ruoa.n, aucune.^cnc lat.sfaid , du depuis il en latnaige contre la voonré senr^t.., " / " "^uiuujc - oieau , u„iaux auoicnt le pnn- tolîX'n^-^tT ~ P'"* '^«"'^^is quiloiteti ™^«>en,c.t oes aftaires : mais aujoutd'huy le Sei^ Lo , fte 1 ' . ' ■^'^^"^ ' P'"» .UroloBarbenulrcredelaSan.dete,& auec iuy i ^um htcï^"' t'^' ^"'^'^'^^ ^^^^'p^^ F; c-cnt Monficur Magalott, bcau-here dud.r' de y7ai^ air" ^ ^ "«'8-nd foing - n. t ..... , d'vn Cheu'luf ''''''''''^ '^'S"", Çeluy-là cft le bien-ayméde fa Sainteté, & fur k- q.el on a,etr le principal fondemeiKdelact^^^^ âge .era plus pn.Uant qu'aucun autre des nepueux du Le Se igoeur D. Antonio troifiéme fils du Seigneur E e 2 - •"^'.iiuiiercaeia:»a!na:etc,& auec luy ■Fak.rent Monfieur Magalotti, bcau-here duda 'eut U.Larclo. '^^i les prmcipales alFaires & importantes du i cat.Ic traiéttnt le rcioluent par eux. J" S;!gne„t Dom Catolo cft homme fort fape, I <^ g-anoement prudent , qui a elle toute ia vie Pau' Z ' négociation. (ar« pa' -,x aftaifcspubdques : maintenant il «ou- -hloMnxm comme General de i Eglife , ^out 32S Difcours de i'Eftat de 1 Eglife. . . .1 1' il.;-,— Xr r^ror\r\\T - on Dom Caroio a eftc f .ift Cheaalier Malthe, il a de Ta vn -and Prieure & vne Commandece .1 y a eau on ournze ï fcir.e «ns. On du qu.l a 1 cfpnc ardent ques arfaircs , & prenoit - on adais de luy : nuis a ce qu'on dit le Seigneur Dam Carolo & Monficu iM.oi- culle lont vn peu elluignc , fi qu aujoura r.uy .1 na la vogiaimn...^ M . IVfnrir ardent, eu e l ont vn peu euuignc , u 4U - • on quinze à fcir.e ans. On du qu l a l -P"^ ^^^^"J , ^^^j^ , ^flp,,,,E, ^efme on tient a Rum. qu a „op cueaié , qui n'a pas ^^^"^^"^^^^^^^^^^^ U pccmrere promot.on rl n'y aura pas place pou. U.y, r./e..r.< . «..(Ti à ce auc l on du le Fape le luaoyc f ^ t r.,.,:,„..,ci^., Uov ne (ont cas bLhci. Kr;Jà;:^T;::ii. le Pape le rudoyé fort fouucnt pour tafclier de poUt cet elpru rabot- " On l'a fait General des Galères de fa Saiadeté. qlii . . /- „-,r 1p r.nmmandcur nulle pari aux uiiauca.i-i mvi.ww ^ , la première promotion il n'y aura pas place pom li.y, dont les amis Se fctuiteursMu Roy ne lont pas bLhcz, car cette mailon eft tout ù fait Espagnole , alliée aucc les Caiettans , & dépend entièrement de la m^.ondc 11 - f^rr^ir en ^-l+ecl vnL les intercfts des Princes de tout ^ ^^^^^ ^ccle Siquc . & auec lequel quali feul le Pape fe con Ce Prélat eft fccre de la belle - fœnr du Pape , il a efté elleué dés (on )enne âge par fa Saindeie , qui !'cn e t feruy eu tourcs les atfaues. U le mena à Bo- o ne p ur fou Vicciegac . le Pape l'ayme 6c l'cftime comme fa créature : 6c eft d'humeur ff^^^^^^^ à celle de faSaindcté, ardant , v.g. lanc , ftudieux, dvne belle phylionomie . eftimé fort habile en ceue cfté employé fi-toft qu'il fe mit en Prelature à la recuefte 6c demande de fa Saïuftete . par le Pape larcqucutvv „..,^^..r,rv.V celceatious ôc uernoitauec peu de violence. ,. , .. , Z depuis il tiouua moyen de s'infinuer aux bon- nes ecaces du Cardinal Ludouifio . qui luy donna co- ^noUlance de fes affaires , le fait Secrétaire de la Gon- fulte . cSc s'en eft fort feruy . 6c tien:-on que la conhde- ation de Monficur Magalotti, 6c fa negotiat.on a fait refoudre le Cardinal Ludouilio de confcntir h franche- menr àl clleftionduPape. On a dit que les Efpagnols le muguettoient . ôc le recherchoieit comme celuy .qui pendant ^ouc le Pon- tificat fera fans doute le plus pu.lfant , ayant vn tres- graad alcendant fur l'efpru du Pape, qui a tres-grande "'St'n'TpûLocesdécouurirfonincliiu^^^^ la France ou enuers l'Efpagnc . on croid que lans dou- teà la pUete promotion il le feCaCardinal auffi bien Mcnfieur Vuginio Ca:farini- aurront pour le gaigu^i. Vn de ceux qui lont les mieux venus de gens tfel- née , cft le Seigneur Iktardino Nari , Capitaine des gardes de fa Sainteté , qui eft ancien Icruiteut. \h efté nourvy Page de la chambre de la Royne Mete,de puis il a kruy le Roy aux armes.ôc a eu quelque teœp îne enfeigue au Régiment des Gardes, il a touuoon très- bien 6C tres-dignement feruy le Roy depuis qu. cft de retour à Rome , comme leruant Mdficursno; AmbafTadeuis. 11 y a vingt ans 6c plus que le l apelu) a toufiours tefmoigné de l'aymer,&: que ledit Scigntu. Nar y (ert fa Sainfteté . & en France , 6c en Italie , w uant auec luy en tres-grande priuautc, laquelle li.coa tinué encorcs aujourdhuy , eftant vn de ceux au« ^ quel le Pape s'emretia:>aiuii. , , r c • a. Pour cette raifon il s eft infinué prés de fa Sainte té qui luy a toufiours tér^oignc vne g-^f Tance EÎfi-toft qu'il fut Pape, il le déclara Ion Maiftre Cel:^ "seigneur eft fort maladif, 6c eft quafi tou- jours au l.a . les Médecins difent qu'il cft menace de dcuenir ctique , 6c y a cfpcrance qu il ne luit plus de ^° AU commencement le Pape luy communiqua quel- L.ardinalat. . „ f .,rhi Le Seigneur Wlpio eft Secrétaire des Brefs en Uu c'eft vn ancien Prélat qui a eu vn grand mani tue d'atîaires , il a el\é Nonce extraotdina.re en blp»g ; Secrétaire de la Congrégation des Euefqucs & W^'- re , il eft tenu pour fçauant, habile homme, tre.-n me de bien , mais vn ardant , ôc qui louaent a «m auec plufieurs Cardinaux ôc Prélats, eftant D au ne (e peut accommoder auec l'humeur du e,at LudouVio , tellement qu on iuy ofta la Data.a . tenuoya-on à fon Euefché. ^ Mais h mort c u Pape Grcgoue X V • l"y ^^"^^ ^\'^OnO'S. _ , .p. uciNO inic , foit ici oituu- .laCjrdiii ï de Sd. oye , (k a um JOUIS tcrnoi'^nc vn grand iclpcct au koy & à la t-iaii.e, imiCdri-.iir's qm ù (ont prdcnrccs , dont Monficiir le Mjniuis de CV.uLirci en (.11 bon icmoin, le l^pc le void voioiitieis , cofuiiic vu lionimc expcrimenic aux nri mes. Pour vil Inj Adii Koy d'Efi-agnc, yoiitabîemcnt nous nous en iiountMis i;iaiuL-mcm louer , en l'affnrc do M l,. MUS j.ouf le Coaucnc de laTnnirc du Monc, il \mt J'ailt: maciuc yuut les l'iançois , contre les Sici jcus cS; Cala mois, .]in vouioient empiéter fur ce Mo i.ulc»cddtiuéaiu)lt c nation. Moiilk-uikv.iMaogior louuc du l^apc , ttt VQ IVelu de Boulogne , ii^a cftc P^n ou huift .-ins Amballadeiir à Venile , depuis iJ a IL- Gounernutr de Kumc : c'eit vu hoiumc fort cou- crt diirmijîe , <.\: eit fort mal-aisé de pcncticrcn >n inclination : Durant le l^ontificat de Paul V. il a te lOiguepead'jri.dion fi de rclpett aux François, fie à .n4iion,foit en cela qu'il luimli riiurp.cur du Cardi- i' Buiriu-;e, Ou bun la propre inclina: ion. Lii, 'g'ici.rCioorirai leGlielFrirircaLhodcrâSain ttc cil aulfi fort bien venu. Le pjpe de longue .'Uia vécu hmiiiittcnicnc auecluy , pendant qu'il ou en 1 uncc.Ck du depuis qu'il cft de retour à Ro Difcours de J'Ellat de J^Eglife. Ce Prei u eit M>Unois . ^ H ,e q .e de No donc ,1 peur à peu ptcs d.pofcr. Apres elle e/i ceiï je Ltidou.lio , (ous Laquelle (e (ont lernis ce qui e des créatures d'Aldobiandm Celle d'Elpr' nombre ap.es ces d.ux - la ell la plus granlV ma'" Mont gran Jeinent d.uife. entt'cux . fi.^ouàoû s u France cit alH^z petite . ma:, ordinairement peu dmi- . 1 y a auih la fadt.on des Pr,n.es d'italK^ d,ui cz n deux qni vont foubs ia condu.dte de MelT ur^ les Cardinaux de Sauoye ,c de Mcdicis . auec le ;]-l seft vny ce qui refte des crcature's I) y a aufîî la fanion des hommes fpirituels qui fonr profclfion r^r aucunes dcpendanLs I Jp^^^ -s , ny de nepueux des Papes.^c lans auc e cVnf.d " non que d cllire vu Pape des plus laurds ^5. de 1: ou'LTft'^r ^^Trcfenfant ; 'j^f cours i^c eftrc de chacun des Cardinaux , l'ou pourra plus facilement recogno.ftre leu.s .ncl.n.c.on? i rtl -T' Cardinal del Monte de /7. ans. ou enu.ron : il efl de la maifon des Sei- d vn baltard de la ma.lon de Bourboa.en porte le nom & les aunes oe Cardinal a elté toujours dés ia ienn^f - . .-...v.^ qu u cil (le retour a Ko- fe amy intime & iuré d,. f.n c " ' , ^'^^ jeunel- . .1 a eile nouay en F. aoce . ,1 y cft allez cogt.eu : ' la ToLn ?V1 p Lan d ^ r ^""'^ ^""^ l^»peh.y fait carellc , ^ prend plaifu de d.f^ut rj le aux charges, elhmc fort homme de bun, de | mes qudqaes v s d ï ^ n . "^^'^ ' ^ U..S mais dVne humeur fort pcfancc , eftant fort I font Ij^, ZcX^^Z 'n '^^P"^ 3t indi.posc de maladies, & n cft pas 1.0, propre I Le So u- H !■ ^ '"^'P^- lecyamdia .tcaueclePape,qu,ratoul,oui.,a- i/ v a ^o. anc i . _ ' . • . ^ citimc. Il c ft d vu natuiel doi^x facile , q,u olontiers pLili, : 11 n'a point d'ennemis , ôc guc- t patrns, qui lont qualuez aduantageuies pour vn iJisJ Papable , à caule de la pcianc.ui 6l indilps- 1 dudit Ddfairc. Scigneui Abbate Vrfini Soudataite manie quafi la D.uai ie , il eft Liégeois de nation , qui a outiy à la pratique de la Q.tar.e & Chancciieuc, ^'t charge fk concrooller ks Suppliques de Si- 'C> ce qui luy a donné entrée auprès du Pape, ors Prefcd de la fignature. Ceft vn icunc hom ^tttnte , ou trente -cimj ans, plein Je vumcuc, aiijûui d'hay a le maniement de tdute la Datarie 3ncellr:ie, & qui peut beaucoup irrmr en ce av;at : H a cfté nourry parmy nous autics Fran- «ccinoigne auou de i'atK aion poui le itruicc y a 40. ans qu-.i elr Cardinal , fon iuch-nacion eft F'u- Ht a a guea-e q,, aux lettres : auiîJ les l^apes l'ouï: cmp,(.yeaapo......dcsiianois. CcftvnLdina -i^- atoa-,o.rsayc.erespîa:fir., ciKor qu'ii Io,t allc^ en e . ^'"'^"^^""^"^ ' /'fe-Umoau il eft toufiours n a toulic>,rs ùn prof. fHon de dépendre d'Efpagne, des demoartr.tioiu d' il. ie.uueat d'hip.gne en a.- Pa^ence . ^^^^^^^^^ .^^^^ ^oa: pour, en kiy ^ oui Cic.-graad.s ra»,ons : Car de- P«>s io. ans eu çaea cous ks Conclues i! ne ies a pas ft< uis,„,.,, enco.es .1 s'dt dechué o,. cou^mc cbef^.u Œ:p;pr"^^^"^^^^ ^«w-^^-r Le Car.iuia. Farneze frcre du Duc de Parme, & tu- teur du Duc d'aujourd'huy , fur fa.ût Cardinal pal le » ape ^,reauu, Xi V. à l'aL^e de (e.ze ou d.xvfept atis. • iKaiondul'ape I "J ""^'s »"'" 1 tous les P-,pcs qiii (bjifve- •'^'^ g^-^f de & plus forte fa^-on eft rrW A ' chef, qu'a caule d.M',Iliance des Ai- - B^glu icqui^ encore p Hl^t^ ^i^: ' lïT" " T''''' ^""^*^"" ' ^^^^ ^ .G.v.ardinaux, auec i x.fpagnt:Neanrmouis aux Couclaucs-cV aiUîu-s Ee j Difcours de l'Eftat de rEgUfe. iUtoufioursfr.iaiechcfde patry , 8c bien fouuem . quitte les Efpagnols qui vont aucc tics - gtan^i rcipçùr n !eoà gvand honneur aux Cardinaux François.Am- bairadcucs, & autres Minilttcs de la Majelk- , & oiel- rocs aux l^rclats de la nation 6c GcntiU -iiommes par- ticuiieis-.auffi eft-il grandement honoré de to^itcs lot- ies de nations, il gouucr'ie aujoiucrhuy pour Ion ncp- ueu l'Ettat dt Parme &c de Plailance , non pas m vvgi fèrrea, comme faifoic feu fon frète, mais auec vue doucciK & bénignité accompagnée d'vne grande lulti- ee:Àu(ri au lieu que fon frère cltoit peu aimcil elt au- iomahuyadorédesfujeisdefonncpueiu Le Cardmal Botromée neueu de S. Charles, Arche- udque de Milan , eft aflcz cognû à caufe de la pictc, deuotion & grand zele qu'il a enucrs l'Egl'^^ ' f a donné fouucnt .fujcft de lompte auec les Mi>nfttes d'iifpagne à Milan , n'ayant fait d>fhcultc a l exemple de S Chath s fon oncle , d'excommunier les Gouuei- neuts de Milan, lots qu'ils ont voulu entreptendte lui laiurifdi6tionEccleliartiquc, ccqui iuyacausc hzwe de la nation Efpagnole , etlant tn capuc ixclus pat les EfpaRuuls qui i'apprdicnderit plus pour Papcque tout autre Cardinal quel qu'il foit , dUans tout haut us auncroicnt mieux le Cardinal de la Ivochefoucaud pour Pape que Boaomcc, quay qu'ils conklknt qu il foit d'vne vie tres-extmpJaiie, qui n'a ïamais voulu au tre bénéfice que fon Atcheuefchc. qui cionr^ tout ion bien aux panures : Cclt vn des chefs des Cardinaux fpiiicuds . ôc qui donnera aufe-toft la voix à vn Cardi- nal Fiarçoisqu Elpa^nol , pourucu qu'il le luge capa ble du Pontihcac. ^ i cri Lors qu'on veut faire peur en vn Concîaue aux bl- , pagnols , on parle de raue Pape le Cardinal Boiro- I niée, lequclaeu plufieucs voix en ce denntr ConJ.- | uî:cctte peur fut cauie qu'ils confentitenc ù hbremci.t | à l'tllcdionduPape d'aujouïd'huy. 1 Le Cardinal liandiui l^orcntin de nJtion fut fait il j y a plus de trente ans pat le feu i'ape Cieraent 8. efti- iv.é vn des plus habdes &c adroits Cardinaux qui toit en cette Cour, il a demeuré qucique ctrops en h tance durant !a jcunellc, vn de les frères fut tué pour le ier- uice du Roy à Nifmcs , auiîi il a touliours témoigne grande atfc6tion ôc in.îir.aiion à la France, li a Ictu lagcraeiit difiimulcr , .yaut auec fa dexicntc gaiguc a bonne grâce des Minillrcs d'Eipagne , en fa^on qu ih ne l'ont iamais exch.s ouuaiement. 11 eft fou fçauant aux bonnes lettres, en la kuil- i prudence, & tncotes plas aux afl^iusd'Eftat. il a (et- uy de cor.leil fous le Pontih.at de Gtegoue X V. y a tu gtande part : Pour cette conGderation , &c à cau- fe qu'il eft créature des Aldobtandms.le Caunnsl Bor gheie au d.rnitr Conclaue luy fit tous main donner rcxclufion : Neantrcoins il a tant d'arois, que fouucni il a eu plusdf U moitié des vaux , & a fait trtmbltr Borghefe,d. tint-on dt plus que la peut qu'il eut qu'en fin Bandini ne i'cmportatl, Uiy fu picndie pany d eili- re le Pape d'aujouid'huy, qui n'eliou pas des premiers quedcli'.oitBocghcle. Ce qu'on luy objcdU eft qu'il a tiop g-andc quan- tii é oc parei.s,ayani j o.ou ncpueux ou pUits ntpi.cux, deuaot que cuu-)a fidieiu poiuucux.pcifonnc ne poui- roit licntlpctec: on iuy impute aulh qu'il tft tiop ha_ bile, ilop duTimuié, qu'il dt>nnc trop de paioUs, aul- quellts Its effets ne corteipondenc pas. U Cardinal Gtnafio eft fils d'vn Médecin , nay en vne bourgade piés Bologne, îon petc luy donna de grands biens, li le fir Pii.»3t, Ci< patucnant peu a peu, il fut enuoyé Nonce Llpaguc, ôc faidt Caidinai pat le feu Pnpc Clcir.<:iit VUl. Jtft vn horonit mediucrt- ment vassaux lettres , qui fait ptoftllion d'mdtpen- dancc enucrs les deux Couronnes. Lois qu'i! f 'i fanSt Gai.ainal crtantKorac ' en Efpa- onc , ilelto'.t tres-mal auec les Mi dftrcsdu ivoy Ca- rhulique , mais depu s il b'cft bien l'accommode auec les El^ igncls. Il a plus de ji. ans, & dit-on de luy que les forces de Teiprit aii(ri luy diminuent aucc celles du corps, toutestuis il n'en patoift tien au public. Le Cardinal Dcti parent du feu Pape Cl'-'ment iJ. faid Cardinal à l'âge de 17. ans , (a jcuneùc & pcudc conduitte le rendirent peu agréable audit fv u i'a^e. U a employé fon temps à prendre les plaifirs,ciepwi 4. ou 5. ans en çâ , il eft dcutnu tout eftiopié de gout- tes,& ne fe trouue oy en Chappclle,ny en Congï«^ tion.auiTi ne fait-on pas giand compte de luy «5c du^ qu'il n'eft pas trop agréable au Palais , q'ic c tft ?« des trois qui donnèrent leur voix contre U Pape , au moins c'eft vn biuic commun. Le Cardinal Dietriltin eft en Allemagne , & ncps- roift c'ucres à Rome , il eft fubjed de la maifon d'AU- fttiche , te aux Conclautz où il s'tft ttouué . il a efte toufiours Efpaguol déclaré, aufii bien que le Cardind Zappata Eipagaoi de nation, lequel cftant plus que fepcuagenaire, vray fembiablemeat ne pacoiftta plusà i\.o me • Le Cardinal Madrutio Allemand, Enefque &c Prin- ce de Trente, eft maintenant rclidant à Rome, cftime d'humeur tres-douce , aftablc , ôc de bonne couutifi- tion-.fa maifon eft toute engagce au feruicc d'ElpagOc, & iuy-raefrae en reçoit quelques pentions , c>c bicn- 1 faits , ÔC neantmoins aux occalious qui ie lune piefen- 1 tées,Scrurcout au Conclaue de Grégoire XV. ii a te I moignc courageutem ;nc qu'il n'cftoïc pas elclaued'EI' ' papn.-,aya'ic ouucrtcminc donné l'excludon au Carii- i nal Campora,s'il n'auoit le pechc originel eftant Tra- ■; moncein,& fi fes proches parens n'eftoicntpas engagtî i l'£f -a^'HC , ce Icioit vn des bons fujets papablesqoi I foieac a^Rome , cftant vniut titllcmcnt aymc ae cooi le Collège» ôcds toutes ics nations. Le Caidinal d'Eft tient rang de Ptince,ftere duWi de Modenc : U fut fai6l Cardinal par le feu Pape » ment S. par le Ttaidé de Feriate, il a ires-bon efp» bien éutilié , bonne mine , & piuiiwurs amis en C«i« Cour , tftanc aliez kcn<. , bien aftabic , tans feinte vanité : il eft en tres-bonne uuclligenct aucc lej dinal de Medicis , mais il fuit prof .ffion plus eft» d'aminé auec ie Cardmal de iiauoye , à caule de Icut aihances. , Autiesfois on auoit traidtc du temps de MonBoi l de Beilnmcdc luy councr la Cumprouttion dcfnn I ceci, do icgoc du feu Koy.l'afoitt eftoit coromjw ciuc-.Ma s au ConcSauc qui lurainr pour lors.leiJtW onecr Cuidinal vouL-i aller obltiucment a 1 cxcm du C aidniall3aronio. doni le feu Roy s'cftunt oiftrsc tout le irai6tc fut rompu , ik il s'tft jatc entlt " bcas desEfpagiiois, qui ne le traictcnt gueicsbici ne pouuant efttc p.yc des p.nfions qu en luy pion^^ AUlr au Conclaue il a beaucoup plus ue waJ_o ,ntcrdts , U ut ceux de (on fter. que de ceuxd-tip gne ; Le fut vn de ceux qui ayda * fane le i'apcl-« XI. contr. la declaiaf.on aes El^^gnols. Ou diiqU' Cf Pontihcat il ne peut pas beaucoup , auHi ciwm letcnu àdtaïaudct. Le Cardinal Pio fut faid Cardinal a 1 âge de ij- .8. ans par le feu Pape Clément t>. 11 eft lo.ty u^ûilon des baftaids de Sauoye , qui le fon. haùitu^ ftrraïc : c'eft vn habile hoinmt,u'vn grand t.pnÇ. ' capable des affaircs.^c qui pCut bien ia Li::.Cr ,>ju ''^ lecognu Meliicuis nos Aniballa icuiS, lia oiii dcli- l'attirer au Icruice du Roy.mais parce qa'il a toufw ptettndu ( citant foity dvnc madoa dt lH'i a'eftte mieux traité que les autics Caidiuaux,a dc la conUqutncc , on n a rien conclu Suc-- , Dircours de l'Eflac de l'Eglife. 3J1 Kotc , dfpujs Nonce cii Erpngnc , où il fut fau Cardi- nal par k- feu Pnne l'aul V, Ctft vn cJcs'pIus habiles Iiommcî du Collfi^c, ic^auant, de qui a eu tout le long • . - l'onnhcat de Paul V. le mauicmenc piincipal de Vil Ciijoc qui pouii-oit bien (cruii le | toutes les affaires plus importantes , & aniourd'huy !cnr àgr de quarantc-ans , coura- grandement employé par le Pape , quafi toutes les ' - ■ ■ " ^f^-^'"* Ponrificat luy palîent par l(s mains, eftant chef de la Congrejraiion de l'In^^uificion , Grand Vi- caire du Pape , tort fcauaiit & intelligent , & tenu en grande rcpucacion. Audi au Conclauc dernier, il a eu le plus de voix , & de iuffragcs cjue pas vn , 5c ne s'en bien cft vray qu'il a touiîoars ri.-mo:(i;;ic n'auoiï point d'inclination aux I-'lp.ij^iiols ,- fcs prc Jccclîerirs ayans cftc foufiours fcruitctirs de la Frcincc , aulîi il ne s'e/t iainais voulu cn|Tagcr aurc eux:/î r c n'cftoit celle con- lidcration, ce feront vn ' Roy, citant Ilulcmcnr gcux.qui ("ç.iic beaucoup, a.'Icz aymc au Collej;c Bien cil vray qu'il eft de prcfcnt grandement enga- ge d'amifié aucc I? Cudinal Ludouilîo, qui en dilpo lecomiïievnedc fcscrcatuics , ^ y auroit dangf r i.]uc critc amitié ne l'cmpelch ilt d'ettrc bon François,à cau- le des intcteils que ledit Cardinal Ludouilio a aucc [ a gucres falu qu'il n'ait elle Pape , en ayant cfté fort proche. La inauuaife intelligence qui eft entre luy & le Cardinal Ludouifio , luy a ofté le Pontificat , s'eltanc ledit Ludou!/io déclaré chef de l'cxclufion. Neant- moins eu toutes les affaires qui k (ont pcefentées pour t'a Majefté il s'y eft employé auec affeéliou/oing, àc diligence, & ne peut -on nier qu'il n'ait bien fou- uenr, H-c bien vcUcment feruy, 11 n'a iamds voulu peniîon d'Efpagne pour luy, ny ilpagne Le Cardinal Pruilaqua fils du ri.:nr Mirqiu's Bcnila- qna Ferrarois , incontinent après la rrduClion de Fcr- raïc fur fait Cardinal par le feu Pape CIcmenc Vi IL ! ell fort courtois, 6: honnefle , reniply de belles pa- oles. Aux Concljtics palloz , il a toullour.^ eflé aucc i France, & mefmes au Conclaue dernier. Monficur 'Ainbalfadcur le rerint en de»oir,& fuiijit ie Cardinal le Sauoyc : La {dulpattdu temps il (c tient à Feirarc, - w „ ,a...».o i^vnuL,u u cipague pour luy, ny Mclques-vns dilcnt que c'vll pir erparguc, on en peut \ pour le.; liens. Monleigneur i'Archeuefque de Lyon, lire cilat aux occafions des Cou jlaucs : mais il faut j qui a ellé Ton co.upagnon à la Ixote , peut beaucoup rnfcr à payer !a pcnfion pour en diCpoier tout à aucc luy , il croid auHi quelque peu , & void volon- j tiers. Le Cardinal Doria efl qitafi toufioui i rcfidant en ! Le Cardinal Lanti eil Roraain , il eftoit Auditeur ciie.cftanc Archcuefque de Palcrme: & partant n'cft de la Chambre : Le ftet^du feu Pape Paul V. auoic is cogticu , &■ fort peu cftimc en celte Cour. 11 fc épousé la îœur , il eft freie de Melîieurs de Sulmonej 3uue ordinsircp.iciît sux Conclaues , & fuit en tout \ Se de Mdli.°urs de Nary , U a 6 ou 64. ans , homme faârion d'Efpagne. comme les Efpagnols naturels. ' doux,alfab!e, qui fait de grandes aumoincs, alTez ihtel-. On peut dire de mt.ime du CarduulSpinola, quand ligent , on la fotipçonne d'auoir qudque inciinacion le trouucroit aux Conclaues , ce qui arriue peu aux Efpagnols , mais neaiitmoins on ne l'a point re- .!U«nr, car il demeure la plufpatt du temps enElpa- , cogueu : car aux affaires qyi le font prcfentées , il a _ i 'ouhoiits donné coure torte de facisfadionâ Melîieurs Le Cardinal Perradi a efté fr.a Cardinal par le feu nos Aœbairadsurs. C'at vn fujec fort capable, & qui pe Clément 8 . à la nominarion du Cardinal Mon- feroit bien fort agrfsble au Coliegerisais la pioximitc :o , qui l'a touhours tenu comme fien parent , & , qu'il a auec le Pance de Suimoae , donne appiehcn- ifi cornme domeftique en fa maifon. Il eft d'vne : lion aux enocmis de Boraheie. ;iieur fort douce & facile , il a logé en fa maifon le | Le C^rdmai Baardy eft auHÎ Gentil -homme Ro- ue:: Perrr.di (on frerc , & viuoient enfcmble , & i main, bien apparenté, fçauant homme, l'vn des plus nt-on qu'il le r'.i!iera auec le Cardinal de Florence, j doux & affables Cardinaux qui loient à Roœe , & qui It allez ayme , eftant de douce conucrfation & a | a toufiours cherché d'obliger tout le monde, fans faire . z bien eftu J;c aux bonnes lertres. j aucun enn:rBy,e({îmé cres-homme de bien, (ans aucun Le LjrJinal Bûurghcle nepueu du feu Pape V. en j incereft^qu'onfçaLht auec U France,iic auec 1 clpagae, Icctiondyn lapceftaujourd'hi^ lepluspuiiranr,: honoranr également tous les Miniftres des i'un°cs- Jr i*g»and nombre des Catdinaux fjtcs par l'on on- .qui n'ont aniic dépendance que la iîciine. Les Cardinaux papablcs craignent de ic fafcher, nmc ayant quafi i'exclttfion en rr. ain. :i a enuiron 46. ou quarante ftpt ans, mais de gran incommodité z à (a lauré , eftant foun-nt .o^aiade fièvres, de gôurrcs , & fut tout d'vne dsflî. ultc d'v î qui le tourmente grandement, & qui l'a rcduic X ou trois fois quafi àla mort : 11 eft reinp'y de bel- paroles , ^ courtoiles , tant que Ton onc'e a vcfcu couttifans (e payoicnt de ccfte raonnoye , mais invnanr elle n'cft pltis de miYc. Il a toufiours efté '^à fes plaifi'-s n'ayant pas beaucoup tftud-c, il ne •"t pas aux fon.îiioriS de fa charge , &: fort peu au memenc M affa . ei d't^ftac.aufqueilcs il n'applique futt'lon efprif. Beaucoup de Miniftres d^s Princes, & autres qui ■ '"goi'é aucc luy , (c plaignent qu'il oublie aisé- i.t ce i|!>'il a promis , & partant qu'il ne fe faut pas "-•CoiiphCTii-fcsprcmcnres. ^îtflîeuis d'Aiincourt, de Brcnçs, de Trefnel, & de -iinrt;, cni ont (Vizf-ans ennen; traité d'affaires ■c ii:y , lç..uront mieux r^prefenter que inoy ton na -e Cardinal Mc'.lini eft Geniil-homme Romain,& •liliourstfté employé dés (on ieune âge aux char piii^fKHics, il a cfté dix-huicl -aiis Auditeur de il a enuiron 5 ? ou 5 4, ans , & eft vn des lujcts qui a plus la voix do peuple , & de toute la Cour poiu eftre Pape, ayant toucts ks quaiitez tcquifes pour preceu- drc au Pontificat. Le Cardinal Leni , couhu germain de Barghsfejen celte qua-hté a tftc fait Cardmai , aulfl delpend-il en- ncrcmenc de luy, n'ayant autre volonté, ny voix, que celle qu'il luy donncia. Le Careiina; G<>pponi, Florentin, fut fait Threforiee par Léon onzième 6c par ie Pape Paul cinquième Cardinal. C'eft vn fort bon efpric rubtil,aigu,qui a médiocre- ment eftudié , Ôc entf nd bitn les aftaircs d'iiftat , Se humme qui peut bit-n kruir. Le Cardinal Caraffa, Archeuefqne de Napiesjylfu de la maifon de Paul quatrième , tut Nonce tn Elpa- gne,& là pour la iurildidion Eccklîaftique,eut quel- que rupture. Le Pape Paul j. pour le retirer auec honneur le fie Cardinal, i! eft plein de bonté,de pieté lignaice,Ôi qui eft mis au nombre des Spirituels. C'cft vu de ceux a qui i'Eîpagne donne l'exclufion, tant parce qu'il eft recogneu afliz roide à la conlerua- tion des Loix de l'EgU(e,quss=pout la mémoire de Paul quatrième, qui leur mit en doute le Ruyaume de Na- plcs &rîcalie. Le Cardinal Riuarola , Geneuois , à fon arriuée à Ec 4 Difcours de l'Eftat de l'Eglife. 33'- Komcro irtifa Monteur d'Alincourt, lequel le donna Il c'at tant de dcxtciitc, & bonne fortune , que fans aiioir cftu Jic, il fac faift Ion auditeur, Nonce extraor- dinaire en l ranccj & depuis Cardinal. Il a vn fort bon cfpnt , & cil aujourd'luiy vn des grands confeils de Dorghefc, ayant pris la plate, com- me on dit , de Pignatelli : liotghde en peut difpoler comme de foy-mefmc. Le Caroinal Crefcencio, Gentil -homme Romain, du temps de Monficur de liethune , courtifoit la Fran- ce, il fut faiâ Auditeur de la Chambre, ÔC depuis Car- dinal. 11 peut auoir enuiron 50. ans , médiocrement fça- uancmais foit doux & agréable : Maintenant il arriue à l'agc, qu'on commence a penfer au Pontificat, peut clbe n'y voudroit-il pas entendre, de peur de faire dé- claration publique. Le Cardinal a'Ata - Cœli eft afïcz cogneu en Fran- ce , (k par toute l'icalie , pour vn des hommes de bien du Collège, grand Prédicateur Théologien, remply .&: auec les amis 6£ feruiteurs delà mailon de Mantoué , encorcs qu'il faOTe eftat de n'a» eipt t. I Neantmoins les interefts de fa maifbu veulent qu'il C'eft luy qui eft prote6leur, & a la principale dire- i témoigne plus d'inclination à i'Efpagne qu'a la cition des affaires d'blpagne , auec lequel le Duc de France. Paftrana confultoit toutes les .nlFaucs il en donne paît au Cardinal de Trejo auflTi Efpa- gnol, qiij eft fort honncfte,6c fort courtois , mais non pas d'elpiit teleuc. Nous auons cet aduantage , que les Miniftres d'Ef- pagne ne tont pas plus habiles que lesnoftres , &c les Elpagnols mefmes le lecognoiiknt. Lu- Caidinal Daftoly Religieux de S. François , nay de balfc maifon , fut taiél Cardinal par vn txccds de lortune , n'eftant quah pas cogneu du Pape Paul V. qui vouloir fane Caïamal vn de i ordre de b.Domini- II eft fplendide , libéral qui dépend vo'ootiers, & dtpendioit encores plus , fr Madame fa raere ne le retenoK. 11 eft. grandement courtisé. Le vo^ûnage desEftats de fon nc-pueu , &c les alliances des Vrfins des Sfo zc$ & de Perctti qui tous dépendent , 6i font fous la pro- tection du grand Duc > luy donnent le moyen de ja- roirtre en ccftc Cour. Le Cardinal Muti frerc du Duc Muti eftoit parent du feu P.;pe Paul V. Il a tftc long-temps à lou IciuKC qui ie ht Cardinal , on le tient pour vn homme qiie,poui ne donner jalouhe,il le leiolut d'en faite vn I tu aftablc, qui a médiocrement cftudié &c tlf A\cz ay de s. François. Et parce qu'en ce temps - là le General , qui eftoit Monheur l'Artheuelque d'Ambtun eftoit François , il choiht ccluy-cyjqui eftoit Piocuttur General, qu'il ne me , il eft tout à faidl attaché aux intcrtfts de liorghe- fe , ôc n'en faut faire autre elht linon comme d'vndt fesluiuanis. Le Cardinal SauelM de maifon alTez cogncuc « âgé à peu près de 40. ans, gracieux, honntftc ôC CdW» tois.foit apparente à Rome. Il n'eft pas tenu grand homme d'affaires , & efti*; cognoilloit qnali pas , Hi qui n'auoit ïamais longe en doima.u de pouuoir aipirtr à cette diguuc. Il n'clt pas ignorant en 1 biologie , mais bien aux , ^ ^ ' a ïua'tes da aioudt.,n"a pas tiop bonne réputation, quoy time amy ûc Boigh<.ic, fon inclination & les iiitcicttl, qu'il loit .gtandemeni ntlie £ic bien accon.modc,' à ce qu'il du , de la mailou l'ont totalement engage i.l iiitmoiiis li vu loit mcchaniquement,& auec peu I au pariy d'Elpagne , prétendant à vn Atchcuelchcou de dignité, (t Ion le bruit qui court : Il fait de grandes ' Euefche de Sicile, il dépend volontiers, ik ne p*"' d<.n.ci!ltianons & lubmiHions aux Efpagnoli tfc met- ' ^ ' - ' ■ -.»-r T-, muim. mes dci long - temps il a témoigne y auoir sut iies- grandc inclination. Borghcle en ce dernier Condaue fit quelque effort pour le bue Pape , ii:aib il y tiouua de giandes autr- lions : voue melrats painiy (es crearures > qui ne le lugcrti,t 03» capable d;; pouuoir gouu.mei l'tgluc de Dieu. Lv Caidinal VbaUini eft tant rccogncu en France, fournir à les dtipenccs (ans incommoder fa maiica. Le Cardinal Vrlino qui a tfté long-iemp» Compto- tcdfcnr de France , tk penfionnaire du Koy,fonlretc ailnc s ellant marié auec i'hcritierc de l'iôniDiiiujfWfr les i^ran-ds uutrcfts qiôl a aiiCC la mailon a'^UlUtJlho & nicfme auec Its cipagnols, a quite ic ieruicc Roy, dont il u'«(kp3SaU re| ci'.tii : C.u rouie* ikU- petancts que les Eifiagnols luy auoiCi.t ooni ct> is [ont réduites en fumée. Dilcours de PEftat de l'Eolife. 7^ 335 Le Cardinal Bcnuno^lio a denncurc fi long -temps en France, [es m'/ntcs cinali.ez y ont cftc tant -/c- cogncucs , qu'il c(t uiniilf d'en parier. Il fait toutes lo.tcs de dLoio.iltrations publiques d'eftrc en tout & pnr tout (caureur du Roy , comme ie croy quM eft, auHi en a-ii ra.fon. 11 cun(cnR- foigncufcment i'eftroi- te auiitic qu'il a aue<; Borghele, augmentée par i allian- ce M^' »ls ont cnfeinble. ayant fiance Ion nepueu àla «K-pcc du Cardinal Lcni. Cette grande vnion en ce dcin.ec Conciauc a donné quelque ialoufie au Cardi- nal de Sauoyc ôc à iVlonficur i'Amballadeur. Le Caidmal de la Valette a acquis vne trcs-grande leputation à Rome , non feulemtut dans le Collège» ««aispaimy la Noblellc & le peuple, fa picfence a ellé grandement vcile & necelîaire au fetuice du Roy & honorable à toute noftrc nation. Le Cardinal Valcno Gentil-homme Venitien,a efti? employé en plufieurs gouuerncmens de i'Eftat Eccle- "Hltique , & a rnidi allez bien , il eft tellement embar* que engagé auec Borghefe. qu'il a lailTé fouucnt les lutcrefts de la Republique pour luy complaire. Autres -fois les Cardinaux Vénitiens s'vnilToient ancc les François ; 11 ne faut plus attendre cela : cat lî fft de bonne cinifoiii bien rjgc,.graudemcnc de iiot » inais qui n'applique pas fou elpr.t aux alfiires:' Dn le tient au noinbic des Spiiitucls , <]i!i ne s'euga- ^an à aucun l^rincc en ce qui cil des Couclaucs. Le Catdiiial Cleilcl Allemand,qui a gouucriié plu leurs années 1 Emjicitfur M.i(lii.\s, tue n)i.s prilonnu i ).ir Mcliicurs les Ai chuiucs d'Aullrichc , qui en lin le emiircnt au Pape Cnegoiie X V. Onluy fit Ion pioct/. , 3c fut reuuoyé ablous. 11 fc rm tant oblige à (a memoire.qu'au dernier Conclaue a fuiuy Ludouilîo comme vue de fes créatures, il elt »tt pauure,tk ne hit j/iis icy granJ bruic, quoy qu'en m pays il (oit eilimé iiabilc homme ik içauant, mais y il le tient clos .S: couuett. Le Cardinal <. ampoi a elt celuy que Borghefe afFe- ionne plus qu'aucun:- de fcs créatures, ayant faid: de glands droits pour le faire I-'apc, qu'il a mcfconttn- tous les autres Cardmaux Tes prétendants. .11 eft ne liiez bas lieu, en la Gralfi .^nane entre des montagnes, et du Duc d^- Modene.ii n'a »as grandement eftudic, ifit faiét fa fortune comiTiC Secrétaire de plufieurs :lats, 6c eu fin de Borghcle, il elt tenu capable des aires. Le Cardinal Mellini gouncrnoit le feu Pape Paul V. Valerip &c Pfiuli n'ont recherché rurdau'derniers Pignacelh,& luy Boighclc, il a vne trcs-ellroirte Conciaucs que de donner contentemenc à Borghefe. ïihgence anec ies Hipagnols , ik n'a ïamais fait' Le Cardinal Squaglia eft de Brelfe d'aflTez baffe mli- tid citât de la France, li .'elt retiré à fon Euefchc fou ; neantmoins de peur qu'il a eu qu'on ne luy ob- ^rernonc,lc fentant allez mal voulu du Collège. jcdaft d'eftie «é fubjed des Vénitiens. Si toft qu'il fut 1 defire laiHer enuiciUir par ion ablcnce les bruits faid Cardinal il fe publia eftte Cremonois, mit les ar- )n a faift couur de iuy. o'eft vn de ceux que Lu- mesd'Efpagne fur fa porte,& fit toutes dctnonftrations ilio cxclud, l'j priwi) capiu. A ce dernier Conclaue que fait va lubjed du Roy d'Efpagnc. ;i'a pas ofc parler de luy , quoy que porté de Bor- , H eftoit totalement incogneu en cefte Cour.L'ami- e & des hlpagP.ols poiilamnicm. tie^que luy portoit Mellini , le fit Commi/Taire du S: .c Cardinal Cobeiluccio de S.SLzanne eft en gran- Oftice , ôc en fin Cardinal. On dit qu'en ce dernier fputation à Rome (comme hummc Içauant) de vie Conclaue, eftant embarqué d'efperance au Pontificat nplaiic , qui aymc & protège tous gens de fçauoir. il a rendu de raauuais offices à Mellini fon bien - fa* ;ftc puillant prés le Pape Paul V. mais à caule de d:eur,cc qui luy a fuicité vne haine vniuerlcUe-Ioinéfc Dertc , & qu'il n;a pas Iceu taire les chofes qu'il qu',1 n'eft pas en grande réputation , ny de fçauoir, ny ait mal-faictcs , lia touliours efte mai auec Bor- i d'autres qualitcz recomraandabks. e . lequel en fin à ce dernier Conclaue s'cft decla- Ludouilio auoit entrepris de le faire Pape mais ilqu'â luy donner l'cxclufion publique, la fondant | ayant defcouuert le peu d'inclination qu'auoit le Gol- e qu il s eftoit ti i.p accofté de Ludouifio ayant efté j lege à fa perfonne , il quitta fon entreprife ^ Car on luy loyc par le feu Pape Gregoue quinzième cjui en I dit tout haut que le Collège ne fe pouuoit fier à vn it grand eftat , comme vn homme de bien ôc fça- eft tenu vn peu rigide , Se qui ne peut fupporter les chofcs aillent mal : Les François & les Efpa s le loiient de iuy à caufe de fa franchilc , s'ellant loyé volontiers és chofes qu'il a lugé pouuoir fai- confcience , (ans rep=iftrc de vaines efpetances qui auoicnt alFaitc à luy , l'oppofition leulc de hefe luy a ofté le Ponulicac. 11 cil dccedé depuis |ues mois. : Cardinal Se nnioni eft d'vn village de l'Eftat de ic,nourry bafltmcni en cette Cour,apres la mort u Aicoli Ion niaiitre , il entia au ftruice de Bor- :> & comme il tft habile homme , &. fur tout en ïfcllîon du droidt Ciuil & Canon, en maniant les es de l«m maiftic.il acquiert les bonnes grâces du 'apc Pau! V. de Borghefe , comme confident il nuoyc Nonce en Efpagnc , Ôc là faid: Cardinal, vn deslujets qui porte grandement Borghefe au 'ficat , car il eft lolié en ctfte Cour pour homme ^le de toutes fortes d'afFaircs,humblc,honnefte & :ois. - y^f^ d'aujouid'huy l'a emplo)é en la negocia- d Vrbin , & l'a fait Légat à Fertare, encorcs qu'il ptofiflion & cftude particulière d'eftre du tout rndantjhonorer également la France. On ne peut stois dénier que ce ne foit vn bon fujct , & vn xckfiaftiquc qui n'a ianiais donné defgouft à au- liniftre de fa Majcftc. auquel l'ambition auoit faitt renoncer fon pays , fes amis &. fes biens-fadbeuis. En la dernière Eie6lion du Pape il fe trouua vn bil- let perdu , la voix publique eft que ce fut Iuy qui le ht perdre, auili tient-on qu'il n'eft gueres agréable aa Palais. Le Cardinal Zoizen de grande maifon d'Allemagne a en main les affaires de l'Empereur ; 11 eft cftimé de bonne vie, courtois, libéral , eft en bonne odeur en cette Cour. Le Prince Sauclly a le nom d'AmbaiTadenr de l'Em- pereur,m3is en etFedjc'eft Zoizen fenl qui a le manie* ment des affaires , qu'il confère auec iVlonfeigneuc Remboldo Auditeur de Rote Allemand;, car ces JVlef- fieurs ies Allemands ne prennent pas plaifir que les Italiens fçachent trop le fectet de leurs affaires. Le Cardinal Roma eftoit Aduocat Confiftotial en cefte Cour , vn de fes oncles Sénateur de Milan auoic des affaires de Borghefe , cela auec le crédit de Cam- pera fon intime amy par vne faneur extraordinaire le fit Cardinal. C'eft vn bon Seigneur fort courtois & honnefte & de médiocre fçauoir. Il eft alTez ayœé en cette Cour ; quoy que fujet d'Elpagne, & qu'il préten- de aux Euefchez de Sicile , neantmoins il n'abandon- nera iamais Borghefe. Le Cardinal Ludouifio nepueu 'du Pape Grégoire quinzième eft affcz cogneu en la Cour de France , des fa leunelTe il a efté employé & nourry aux affaires , & lur tout au traidé qu'on fit pour la teftitution de Ver- Difcours de l'Eftat de FEglife. 3Î4 fciljfon on-lefn:nnt Nonce & drpuis Cardinal cnuo) 4 fît Iç Pape Paul V. pour ce iraifté Au ictour li (e mie en Ptc'atnre , fit mis Pf-îat en la Co; Juice > & ca la Congrej^acion (^f r:giv,ine : En tout\s les charges I aixrrement fcul il fecoïc fott fo;bk> il :ft trci-i-.oniu il a t.uilî I citant cftimc habile hoaimc , ("çauant pour ! &c fort couutois, 6i témoigne n'auoir perdu la mon Ton â^Cjik capable d'art'iiies. 11 a ^ouLiernc deux ans j re de l'alfiftion extraordmaiie tjus Ciemctit pyii raaifon de Ladonido , fiu hit C'rîiaal pat Gifgc XV. il a rùiny à la faftion de Ludotiifîo des citatu de Clément , 5: peur qnclqus choie cftint ai ai r. ii tSi dcniy le Pontincatabfoluc.nent: An commencement il a icmoignc vnc très-grande inclination aux Eipa- guols-.M.'iis i'tftant plcjuc auec B:iuiuog'io,&!: voyant que fwU Monlieiir de Luincs (e portoit contre luy.il fe refoku de faire le mariai'C de fon frère aucc la l'nncef- fe de Venifc qui i'obligea He s'accommoder auec iCs Efpagno!s, auec Icfquels il cfl: trei-bicn : Neantmoins il a garde toufiours vn grand refpeft an Roy à les miniltccs , failant profclfion d'iftre Ecclefialliquc , & ne dcipendte en tien des Efpagnols. Il clt coutageux/dcfireux d honncur,de gloire &: de réputation. La plus grande plainte qu'on a de (on gouuernemcnt, c(l: qu'il a elle durant la vie de (on on- cle trop r.or«lu , ambitieux & impérieux > ce qui luy a fui'cicé beaucoup d'cnncrnis. Il eft tltuiîc , an ingénient mefine de fcs ennemis, vn des plus habiles hommes du Collfge : En toutes ^ ks Coiigrcgations des Cardinaux où il It t rouue il pa roift graiîdçmem ; car il fçsit 6i tltudic depuis la mor. de Ton Gucie, il a acquis ues-gtandc réputation à Ro- me , tant pourcc qu'il fe fait valoir en toiucs [ortes d'ackions publiques, q^^ic pour ce qu'il fait poUf plus de trois cei^s mil pfcus cous les ans d'aumofiies, viuant Hiaincenant auec grande couuoilie , (k hoiioianc tout au Roy , & à la Fra'ice, ,3^ aux occahons , ie c:c,y i pour le feruicc du Roy on s'en pourioit preualoir. Le CacdinaLd'e T.jircs ed p.une , eftni/t Nonce Pologne, il fccut fi bien gaigi;ec les bonnes grâces Roy de Pologne qu'il obunt la nomination , il a fo :uieœ le monde. An cornincncemcnc on croyoir que le Pape le vcr- roic mal- voloniitrs, ma's on recognoift qu'il l'elliiTie beaucoup, & n'a nulle enuie de le hifcher. Par railon d'Eftat il s'en eft allé pour j. ou (îx mois j ou lé. Cardinaux qui le fcruironc pour la plufprt à Boulogne, tant pour lailler enuieillir;les baiirs qu'on i temps. Sçauûif,luy,MelliuiiLanti,Veralai,Leni,Rj parc ns &c amis en cette Cour , tdant aliie aux ^jgfa res familles de Rome, eft courtois, honnefte agréable en conutrlacion i quoy qu'il foit yiiu El} agnolc , neantmoins il n'a nen du tout de l'orgi Efpagnol. Eltant pamire Cardinal , il eft aptes à poutfoi quelque Euelché , ou Archeucl ne en Sicile , hx glandes fubmilfsons aux Mindtres d'Elpagne. il totalement dépendant de Ladouifio , & y a peud parcnce qu'aux Conclaues ry ailleurs il l'abandoor Le Cardinal Rodoliî tft de race Florentine» t habituée à Rome de long-icmps, fon frète auoit f( long-tfrnps l'Empcrcut Machias , & ayant obreni fin vne ncunnation par ccremonic , Lndouifio , i lequel demeure vn de ftsfterts, It iii proférer aux très. AulTi en efFe£t il faut croire qu'il fuiuia plul Icd t Ludouiiîo qae l'Emperrur mcrme, encorei foit grandement lié , & intcitilc auec IfS Eipagti fon, frère le Marquis ayant tout fon bun au Royai de Naples, & luy vn Enfiché de dix milcfcusdcce Il eft en réputation d'cftre bon Eccielîaftique , & efpric a(Ti:z ordinaire. Le Card nsl Borghcfe fe peut promettre d'auoi falloir courir àic(lant fuiuenuc laïuptutede Bor- ghcfe auec Ludouiho, H eft r«cegncu en cefte Cour pour vn bel efprit, fçsuant aux bonnes lettres & fur roue aux humaniiez, & en la pocfic , courageux, & qui entend bien les af faires de la Cour de Rome, il fert de confeil s Ludo- uiiîo , & à ce dernier Conclaue ne l'a pas abandonné, qnelqt^e inclination &i obligation que luy & tcutc fa waifon ayc a ^Efpagi^ c. Oi'. ticf t que c'tft luy principalement qui a accom- modé Li dotiif.o aufc les Eipagaols , ic qui fut caufe de ce mariage, &: le ncgotia en Efpagne. Buon comp^gno petit fils du feu Pape Grégoire 14. frit fait Caidinal par le feu Pape Grégoire quinzième peur icmoignagc de gratitude etiuers la mémoire de G:cgoite qui l'.iuoit appi lié à Rome, & auoit cfté au- th; ui lie (a fortune, ii Uiiura en tout les voloiitcz de Liidouifiû, fon inclination eft vas l'Elpagnc , car (on fiere a louc fon bien au Royanme de Naples , il eft elMmc f Jit honncfi:e & gracif ux,& n'eft pas ignorant. Le Cardiiiïl Aldobrandin petit nepucu du Itu Pape Clément Vill. à caufe de l'alliance qu'il fie aucc la ro!a,CrclIencio,Miiti,Afcoli,i"auellf, Campora.Se ni, Valérie, Roma, Squaglia, quelques -vns y vd adjoufter B-ntiuoglio. Le Cardinal it Florence reuny auec Farnefe&l peut auoir auec luy iuiqu'à iept Cardaïaux, Sça; luy,Farn(.fe,tfte,Monte,Sfotza,Vrrini & Perreài. Ludouifio iiéaurc Aidcbrandin peut relinirlii^ treiz-: Cardinaux. Scauoir luy, Alc^obrandin.Bànd Dt ti,Gcriafio,Ca|'poni, Vbaldini, Pro, Cleilei, Ga^ no, Boncompagno, Tortes, Rodolfi. Los Elpagnois ne fe'peuuent adeuicr que de fiïC dinaux, Bo.gu, Tr-jo, M3diua.:ç!o, Zoittom,Diw Spiijola. Les François feulement 4 Sauoye , Bciiilaqu»» Valette , Bcr.tiuoglio , il y a quatre Cardinaux ()« appelle Spiriti.els , qui font profclfion d'inde: ce, &i de donner leur voix a qui le S. Efprit leur 1- ' ra ,Sçauoir Doriomeo, Carafïa, Araçœli, &Sa*5 zanna. "" , Apres le Collège des Cardinaux , on confllW' Amballadeurs qui font en cette Cour. Le Prince Sauclly exc rcc la charge d'Ambïffs^^ de l'Empereur, pli'itoft par apparence que patetïi Car le Cardinal Zoloren a fcul le fecret des offrit" traittc plus fouuent auec le Pape q'ie ledit Ansbal dei t Le Duc de Paftrana AmbaH.dfiir d'Efpâgnt foi t gallant & courtois Cheualier , qui n'a gueics funice ordin,iirc à la nation< il n'a pas réputation d'cftic grandement propr nrgf ciet les aflaires , & s'en defcharge fut ic Car.:i Borgia, auec l-.quel il confett (Se ri-loiiit toi;s Usin If fts de fon maiftre. On fe loiie allez de l'AmbalT'adcur de Vcnile ci.ttc Cour, cftant rCvOgueu pour ho^nme ilo'i> pailible. Le Comte de fainâ: George tient aiijoi rd'li 'J Difcours de TEilat de l'Eglife. ing d'AmbafraJf ur de Sjuicye, homme fort coura ctu, & allez cogiieii en France, le bi uic crt ijuM n'cit as trop bien d'accord aucc ie Cardinal de i'auoyc, )iitcsfois rien ne paroilt en pnblic. L'AmbafTjdi nr de FJorcncc elt Monficiir Nicolini llimé h.ibile homme ; Tanc que le Cardinal de Medi- h fera en Cour, il ne fera qu'exécuter les ordres qu'il IV donnera, qui conlultc &c refoule toutes les affaires ij'onluy ;i donne de Florence. Il y a quelques Prélats qui font aiijourd'luiy em- oyez,Sc en prcdicamenc d'titie bien-toll Cardwiaux, tre autres le Gouuerneuv de Ronac Gcutuois, de la nillc de M.uiiii. Le Seigneur Famphilio, Auditeur de Rotc>maintc- lU Nonce à Naples, neptieu du feu Carduial Pam- ilio.qo! a bien fcruy le feu Roy.rEuefquc de Mon- .liconc qui a fait Vicctrcloaer , Monfeigneur ly Clerc de Ch.imhre.Picfeâ: de rAiinone,rAudi- c de la cliambie Gcncuois , Monfeigneur Guidoni nionojs Preddenr de la Romagnc, Monfeigneur o/pi Romain Auditeur de Rote , Gouucrncur ôc clegat de l'Vmbrie , Monfeigneur Benini Gouuet t \ Vicelegic de la Marque, -es trois Pielats comme perfonnes confidentes, & rand courage, ont eltc noouellement cnuoyez par ipe Gouuerneuts des trois Prouinces , entre lef- its elt cnclauc le Duché d'Vrbin , pour fe tenir en cas que la mort arriue au Duc d'Vrbin , ayans 'S de tenir preftes toutes les milices ôc forces de t EccIcCnftique , Ipout le failîr dudit Duché )in. anfeigneiir Spada Archeuefque de Damierta c auprès du Roy, eft vn ieune Prélat, mais reco- foit lage, prudent & difciet, lequel depuis qua 1 cinq ans qu'il ell employé aux affaires a faiâ: >iftre qqe fa prudence & Ion (çauoir furpalTent c. 3jJ Il eft fujet du Papcné en la Romigne, fon pcre cft vn grand négociateur qui a amallé trois ou 400. mil cicus de bien , d.nt le fil, fc fyait bieq feruir aucc honneur.On eipere qu'il donnera g.ande'fatisf'a'n! le Pape a très- bonne opinion de luy iic dés fon aduc- ncment en cette Cour tn a faift cftat Monficurl'Archeucfquc de Grauinc Nonce d'Efpa- g'ic , c(t parent fort proche du Cour lionfi , eftimé vn des premiers Prélats de cette Cour & qui a toûjour" témoigne vne grande afFc^ion à la France. E lors qn a ,cra Cardinal on en peut efperer toutes fo te" à affiftances & feruice pour le Roy. CJ^P IK^FX FA ICTSAKOMÈ par le Tape Frbam Vllh en la dernière Promotion de la prefente année 16Z3 . r E Patriarche Caieran. ^ Monfieurde Marqucmond Archeucïque de Lyon: Primat des Gaules. ^ ' Monfieur l'Archcuefque de Prague. Monfieur de Spada A.cheueique de Damiette,Nonce auprès fa M, jeftc T, es-Ch. eflif nne. Monfieur lacquct, Euefque de Monte-fiffco. Mo.lieurloffius, Euefque de Rimini , Gouuerneut a Vrbin. Monfieur Saquiette , Nonce de fa Sainéteié en Efpa- giie, Euefque de Grauine. Monfieui Spinola , Auditeur de la chambre. Monfieur del Caual.ec Dattaire & A uditeur de Rotte. Monfieur Bûche dt Cauo de la Chambre. Monfieur Cornare, Euefque de Borqucn. Monfieur Dom Erriquc de Cofman Efpagnol, nepueii du Comte d'Oliuarcz. ^ iS ESTATS DV GRAND DVC DE TOSCANE. II, SOMMAIRE. Ey?j» àe Florence composé de trois Républiques re tn V)u. Oefirtfiicn des villes de cet Efiat,^ premièrement tUt de Flsrence , fon grand circuit agréable af ■s Talait <^ fuptrbts cd'fcfs du Pratoltn, du Pogt esmaifotis de platfir. Ot U T^publt^ue ville de Tife , fon antiquité ts ftrghhtfes remarques. iadù trauaillée par les jkSltons des & Cerihis appeliez, noirs & hUnes. 5« l'Ejiat de Stene & de [es villes, ■flat de Florence loué pou^ fes vms Trtbiars , les if* terroir de Ptfe pafiura^e ds P'.ftoye, Mines t'rt, az.Hr, vitriol autres minéraux : jèntawes dont on frit le fel. ubiiltiê d'e/prit fi ugalité grande des Florentins, ■ureux ie libertéySienoù Lùeraux, magnifiques ^ ' de Prat facnleges , ceux de Ttjhye fangm ^ meurtriers. "t'iitédupays Sieneii richefes des Florentins ^'/oyes, laines, fergfs, & draps d'or, li'géde l'Eftat de fhtence pcjfedant ioo. milles ^er,tz_,. ^«Hetiui du grand Dne à quelle fomme fe mon- forces del' Efiat du gra,dDuc,conft{lans en Uf- lutte des rnontagr>es fur les fi-or,tieres : fvrterejjis en SteAe, Florence ^fr P f^, ' 12. Q^dnombre de Caualerie y e/î entretenue. I j. Ses forces maruimes. 14. Odre des Cheualters de S.EjfienneyinJIttué parle DucCofmç^. ' 15. Dfs alliances intellige.ues du grand Duc, auee les Princes voifms. 16. De l'adminijîration de U lufltce & éUEl^en des Magfirats de cét Ejiat. 17- Des Anheuefchsz. Euerchez. qui font en Tofcanei 1 8 . ^eneaUg e des Duc de florenci^. Lorence peut vanter la gloire de fon an- tiquité d'autant qu'il fe lit qu'elle flonf- fojt défia peu de temps auant l'infliitucioiî du Triumvirat. Elle a efté appellée pre-i n^ierement Fvfijlane,parce que cette Pro- «ince a efté habitée par les peuples Fefulans , qui en fâtfoient beaucoup d'eftime à caufe du Tybre qui Tar- roufe , ou bien par les Fluuentins ainfi nommez pour la multitude des fîcuues qui prennent leurs cours par ce pays , qui conuindraïc puis après auec les Romains de demeuier Colonie dt Rome , & de là de Fluence que la principale ville du pays .s'appelloit,eilc fut nom- mée Florence, pource que la ville qui eftoi: la fleur de l'vniuers fçauoir Rome y auoit enuoyé fes peuples peut l'habiter. 335 De TEftat du Grand Duc de la Tofcane. Oc cel X n'cft point contredire à la vérité que d'affi gncr que la ville de Floiencc iieltoic )adis qu'vn petit bourg lufques au temps des Gûts:&lle eft ailife en vnc | plaine trauerscc du fleuue Ame , du cofté d'Occident elle a de grandes , belles & trcs-agreables campagnes j qui s'eftendent en largeur iiifqucs a 40. nnilles, elle eft litiice entre Pife (3c Atet , & a Soleil loant elle abon de en collines, plaines, & peuplées d'aibces ftuidiecs qui rapportent auec abondance. Ce pays eft deffendu par plulîeurs endroits du fort bouleuatd du mont Apennin prodigieux en fa hau- teur. Pour parler donc de la ville de Florence qui s'eft accrcuë depuis les Gots, fon circuit eft de cinq milles, Se fa focme eft plus longue que ronde ou fpherique. Anciennement elle eftoit ceinte de fortes murailles & auoit hui6t portes, dont 4. eftoient les principales, les quatre autres eftoient petites , au dedans des murs eftoiînc foixante deux Tours, lefquelles eftoient ha- bitées & tenues jadis par perfonnes nobles ôc yffus de grand lieu. Mais le Roy des Gots Totila , ruina la plufpart de CCS Tours ik caufa plufieurs ruynes Ôc incommoditez aux Florentins. Apres elle fut encores ruynce &c gran- dement endommagée par d'autres peuples barbares, Se fpecialement par Us Fefulans, en forte que les habi- tans fe virent conttainfts de l'abandonner , auquel eftat déplorable elle demeura iufques à l'an de falut, mil trois cens deux, auquel Charlemagne pafTa les Al- pes,&: amplitianc cefte belle ville la fie fermer de nou- ueiles murailles de la hauteur de cent coudées & à l'cntour d'icelles y fit baftir 1 50. Tours, & commanda que derechef elle fut habitée , &. du depuis Florence a tiory en toutes fortes de bons & heureux fuccez , & demeura libre iufques au temps des fadions des Gueiphes & Gibellins qu'elle fut grandement trou- blée ôc agitée. Cette ville anciennement s'eft gouuernce premiè- rement pat Confuls ôc Magiftrats , par après y com- mandèrent les familles des Anciancs & des Port-enfei- gnes, &c ainfi par diuers cenips elle a eftc crauaillée par plufieuts formes de viciffîtudes & changenaens. Le repos d'icclle maintefois agité par le fouflfuement des Magiftrats, contre les Citoyens , & des Citoyens con- tre les Officiers, qui en font venus quelques- fois iuf- ques aux armes & efTufions de fang. Les Florentins font d'vn efpnt lubtil , cauteleux & dcffiant , qui eft caufe de cela eft l'àbondance de leurs richcffesjôi s'eft veuc diuetfemcnt troublée d'elle-mel- me, pource que petlonne d'eux ne vouloir eftre affocic de compagnon en fa dignité. Florence a (oufmis fous fa puiffance plufieurs villes de la Tofcane & de Flaminie , & principalement Pife, République qui a efté toufiours renommée en Italie pour fa puilTancc & grandes forces. Aujourd'huy Florence ôc tout le pays Tofcan eft fous la puiftance d'vn feul Prince, depuis le Pape Clé- ment VII. qui leur ofta leur libcrté,quoy qu'il en fuft Citoyen & qu'il y euft efté ne. Le fieuuc l'Ame pail'e par icelle fur lequel font con- ftiuits 4. beaux ponts.elle eft riche & opulente, par ce qu'elle eft entourée & peuplée de montagnes &c col- lines agréables & d'vne delicieufe plaine. Ce fleuue eft nauigable ôc apporte à Florence toute forte de commoditez ôc matchandiles. La Cour du Prince a vn Empire puillant qui tft fituc au milieu de i'iralic , c'eft pourquoy il n'y a nation en l'Europe qui ne vienne aucommeice auec les marchands Floren- tins, c'eft pourquoy à bôn droid le Pape Boniface XI. appelloit Florence vn cinquième Elément. Et pource qu'après Rome il n'y a ville en Europe qui fuit plus célèbre pour l'excellence ôc artifice admi- rable de fes grands ouuriets, ftatuiites ôc Peir.tres.c s'enuoycnt ôc le tuent es ancres pays de Florence, c' pourquoy il ne fe faut tftonnerjli ccite ville eft li a gnihque ÔC FlorilFante tant pour l'excellence de Temples facrez,que de ies Palais, pcintures^ftacuics autres ouurages de bronze ôc de cuiure. 11 y a dans Florence vn rrcs- beau lieu pour le fa du commetce,oùcn toutteraps les Florentins ttaiftt de leurs affaires ôc négoces , mais fur tout ce lieu de grande admiration , fupetbe ôc magnifique pour Palais des Medicis Ôc des Scroftes , i^alais digne fejo des Roys ôc des Princes, où fe voyeat vne inlin d'ouurages de peintures, d'or, de matbre, de porphy ôc de bronze: entre lefquels fe voyent naifuemem i prefîutées les guerres , les batailles Ôc les combats Colme de Medicis Grand Duc de Tof:ane. * Au miheu de ce Palais Royal fc void vne tre$- cellentc fontaine, qui donne ôi ietce fes eaux plus cl res que criftal dans la grande Cour,elle eft entichi( grandes figures de matbre de Neptune ÔC des Bi Faunes, lubcilement trauaillcz par l'artifice du ceU fculpteur Aramarat. Ce Palais lient la place de 50. logis qui y eftoii Se il peut loger au coipsde logis , où eft la fallc Comédiens , vn grand nombre a'cftrangets, cotr Seigneurs, Amballadcuis ôc autres. Il y a de plus le Palais des Pittis où fe peut adra la magnificence du Prince, pat les belles allées, jpj foirs, par-terres, vergers , bocages, fontaines ic toài qui peut contenter la veuë des plu> curieux : Dcl. void vne excellente allée qui va de l'vn à l'autre Pal Dans ceftuy-cy fc void vne ftatu'é de bronze de Pei qui furpalle toute la (ubtilité de l'art. Ce fut autresfois vn delfein inefgal aux forcesd Gentil- homme nommé Luc de la maùon de PitlH fit toute la partie du deuant , mais eftant deucnu p nre en battillànc il fut contraint de le vendre aaL Cofme. 'l On le fie mourir depuis pour des chofes dm En .fin Charles Archiduc d'Auftrichc du pallant ( Florence que c'eftoit .vne ville qu'on ne deuoit ftter qu'aux bonnes feltes. • Auptes du Temple de la Trinité fc void vnehai ôc fupcrbe Colomne de marbre , au faille de laque eil reprcfcntce laïufticc, le Grand Duc Coltnola ériger en ce lieu - là, pource qij'vn lour le pouimciu par la ville , eftant en celte place on lay appoiiâi: uclle de la glorituie victoire que le Marquis de Mi gnan auoit remportée fut les frontières de Sieueco tre Pierre Strolle l'an 1555. Les tues 6c maifons de cefte ville font fi dtoiteJ nettes,ÔC les baftiments faids auec tant de meiuce,^ ce n'eft fans raifon que l'on appelle cefte ville cd B«' Florence la belle. Et qui voudra contenter fon défit pour voird^W pièces de peintures ôc figures, qu'il voye les £gM«' Fiorence,car pour en deictire la quantité ôc l'ertclif ce d icclles il faudroit faire vn volume entier. Seul ment ie parleray icy du lupetbe ôc magnifique Tem^ confacré à la Vierge fainite Marie de la Fleur , où ' inhunsé Ficinus duquel l'effigie fe void toute de ru; btc faite d'vn artifice admirable , puis celle de Gi* qui en peinture ôc pour l'art de l'atchitedtute a fu^p lé ceux de fon fiecle. Par après fe voyent en ce Temple les ftatués & in ges de marbre des douze Apoftres , que dmtrs H <■ ccllents ouuriers ont faidcs pour ouuragi.s d adinn tion:Touie la voûte de ce Temple delfiguéc parle I meux Brunelcique , a elle enrichie de peintures ôc gures excellentes , trauaillécs par les cciebres Peint de Vafarius ôc Zuccher , aux dcfpens de Viiicciu B; ehini. La tout ou le clocher qui rend ce '1 eiiiplc p ,^ ^ lUull De l'Eftat du Grand Duc de la Tofcanc. 337 IKiftrccft eiiricliy de diuafes belles (lacucs de maibre | gne, elle ofta Panormc de Sicile aux S .rrafins , d. {]: ■ailles par le renomme ArchiccAc Gio.en l'aicilict dcl jticlles Ihtucs les I cuuics de ce tcmjos - là y cuiiaiiie cnc â l'cnuic les vus ù fe voycnt les fonds baptiimaux cous faits de pièces c marbres aucc les couiicrcles d'airain faits par l'ait ia fameux ouuricr Laurent Ghibcrt , qui elt 1 vnc des Jus belles pièces pour le trauail qui fc voyc gueres en Europe. Venons aux plus belles villes. Volterc cil (ur vnc montagne inurce de pierres tail- ei de la iong ieur de fix pieds , ôc jointes enfemble en proprement lans bit(im,clle a 5. belles perces, ôc a acune vue belle fontaine • fes murailles monitreut cz fon antiquité , de mcfme que fes lepulchrcs , fes litaphesen lettres Etrufqucs, fes tres-ancienacs Ita- :s de nairbre, & pluficuis autres chofcs. Or de m;fme que la nature a doiic cecre Prouince cous les piiuileges qu'elle a accouftumc d'oârroyer : grâce fcparcment aux autres , auffi elle n'a pas ulu qu'elle ccdalt en fituation à aucune , la mct- it comme au milieu , Se eft comme le nombril de alie , enuironnce de (rois coltcz de foit hautes ntagnes,& au 4 qui cil vers la mer ôc la Campagne flomc. -es Ducs de Florence ayans vny les Eftats des trois )ubliques enfemble, fçauoir de Florence, de Più, eSiene.poiredc aujourd'huy la Prouince de Tofca c'eft i dire la plus grande, la plus noble Ôc belle ie d'Italie. ■c Prince a en fon Eftat 1 5 . villes , c'eft à fçauoir 8. l'Eltat de Florence , qui font Florence 1 Pife , Pi- î,Volterc,Arezzo,Bourg du S.Sepulchre,Corco &i itpulcian,en ccluy de Siene il y en a j.SicnejMon- i n, GrolTer,Soane, Pièce 6c MaiFe. Koy de nne de M..juiquc, & donna fccouis aux Fi an- Vuisallansà la conqudtedcla Terre Saiadtc , Uc cii- uoya quarante galeus à trois bancs au Roy deHui cI'^- Inn pour le fccourit contre les Sarraiins:cllc a fo..uen-' tesfois aufll fecourn les Papes en leurs plus grandes af. Hiétions : elle a cftc fi long-terrips ceKbrctant en pou- uoir qu'en uclielles prudence, que S. Thomas au tiaidc des quatre chofcs , la compte entre les plus cé- lèbres villes d'Italie. ToLitCbfuis depuis le temps que les Pifiins furpri- rcnc en faneur de l'Empereur {i.abetoullc , pluheurs Eueiques qui s'en alloient au Synode de Lyon , ils ont toufiours pour ce fiijtâ: fonrtat diueis reuets dé fortune en toutes leurs aHaires , 6c font venus à celle cxtremiic qu'ils ont perdu leurs forces, leur autho- ntc ik leur liberté, & fi quclqu'vn cuft veu jadis Pifc lors quelle eftoic en fa (plendeur, il iugeroit aujour- d'huy la voyant eftre grandement dccheuë de fa gran- deur. ° C'eft vnc ville fort grande, diuifée par vn fleuue, & conjoinâre anec t. poutî. Les murailles de Pifc font fort hautes,& de marbre. Il y a vn Temple qui a fes portes d'airain , & auprès vue cour baftie par vn artifice exquis. Car par ddiors elle pend ; tellement qu'il femble qu'elle doit tombée à l'heure mefme,& au dedans elle elt droite, & faide au niucau. Les Fons où l'on baptife font auflî des plus rares; mais le cimetière encore plus i veu qu'il eft clos de murailles , & de portiques , & contient vn fort grand clpace , & fa teire conforame les corps dans vinot» quatre heures. ^ ' j Ces quatre chofes font baftics dehors & dedans dè I pierres exquii'es, & font c.n vnc mcfme rue, non cou- acs enfemble , ny auffi fort loing L'vne de l'autre. Elle a ville de Florence a ds circuit 5.milles,& contient ffuc autresfois fiipuiffante qu'elle conceûa contre] les y amiens, 6chs Geiuaois. Eîle s'accrut des maux que les Sarrafins firent à ceux de Gennes i'an 9 j j. Car il y en eut beaucoup qui fe retirèrent là, comme en vn Je 5)0. milles habirans. Elle eft en heu plein. Se iir la riuiere d'Arne,qui pafFe au milieu de la ville ft jointe par quatre beaux ponts. Elle eft auflî c d'vne pierre carrée , & a de fort belles places me que c'eft l'vne des plus agréables villes qu'on e voir , de fotte que les italiens la nomment Flo- e la belle. utie ce Palais le Grand Duc en a vn autre en vn rcatté appellé Pratolin , auec plufieurs chambres, lej, qui iettcnt de l'eau, comme ceiuy de Tiuoly, titablement il fent fort (a grandeur, il a encore res mailons de plaifir,dont i'vne çit appellée Pog- loigncc de dix milles , Se l'autre Caltro , Si toutes font de grande beauté , tant poîjr l'affictte , que Icbaftimcnc , Se les ornements des fontaines & ! chofcs; de lorce qu'il ne peut gueres ,dcfirer de )eaux logis. •Iterre tft (ur le fommet d'vnc montagne. Elle a lurailles faites de pierre de taille , de la Ion ■ prefque de fix pieds , & joiudles enfemble bien emcnc fans bitum. Elle a cinq belles portes, chaque porte vne très - belle fontaine. Ses mii- s monftrent aflez fon antiquité , de mefme que pulchtes, fes cpitaphes en lettres Eirufques, fes anciennes ftatuës de marbre , Se plufieurs autres s. fe eft vne ville maritime de Tofcanc , & tres-an- 'e , laquelle fut édifiée par les Grecs plufieurs an- Icuant la fondation de Rome, la Flerures, l'Efare, »'Arne,resferment. Se eft aflifc entre-deux, cette fft l'vne des douze plus illuftres de Tofcane , qui ladis rendue fi puiflante fur la mer & fur la certc, e a gaignc plufieurs vidoircs fur les peuples de ie , 4'eft rendue fujette Carthage , trena fon Roy ae , & reduifit fq^js fa puiffance l'iflc de Sardai lieu a aileuiance. En fin elle fut accablée par la route que les Gene- uois donncrcnt à fon armée prés l'I/le de Giglio , ou diJ lis; veu qu'elle demeura 11 foibie depuis qu elle' ne pût plus faire cefte à petionne,ains fut contrainte de ployer le c oi fous le joug des Florentins, defquciss'e- ftant reuohée à 1 arriuée de Charles Vlli.Roy de Fran- ce , eftaiit de nouueau fubjuguée dans quinze ans , la ville demeura prefque entièrement defercc. Car fes ci- toyens impatiens de la dominarron des Florentins.^af- fêtent en Satdaignc, en Sicile,ac en autres lieux pour y demeurer. Mais le grand Duc Cofme tafcha de la peupler , en y mettant vne Vniutrfitc , dans laquelle a fait Icdure des lettres Iiiles Ccfar Bulengrr, Dodeur en Theolo- gie,qui a cflc fort eftimé dans Paris, cane à caufe de fes Prédications grandement doâies , que pour fes leçons en éloquence , par laquelle il deueloppoit l'antiquité. Se la faiioic reuiure : il fut enuoyé à Siene pour en gouuciner l'Vniuetfité par le Seigneur Marquis de Bottyjdift de Campillcpar commandemenc du grand Duc , Sey bafti fiant vn beau Palais pour la demeure des Cheualiers de Saiuâ: Eftienne , Se en donnant plufieurs exemptions aux habitansj toutesfois elle^ n'eft encore aujourd'huy gueres bien garnie d'hom- mes. Piftoye eft aflîfe au pied] du mont Apennin. Elle ie ruina par fes difcordes,auec Icfquclleselle entiaina Florence & prefque toute la Tofcane. Car deux ieu- n^s hommes de la famille des Canceliers , ou Chance- liers, eftans venus aux grolfes paroles, & l'vn d'eus ayant cftc bkfic fort legerement,le pere de l'autre pour Ff 33? De TEftat du Grand Duc de la Tofcane, appaifcî \z querelle qui en pouuoit nai(lrc>enuoy» fon fils pour demander pardon aa ieune homme qei «loit elle bUlIc. Miis il s'c« cnfuiuic va etfcA contraire i rcu que le pcic du blette iyant fait ptcnilrc ce icane homme par Tes feruiieurs , lay fit couper U main fur vnc mangeoire de ebcuatJXjJc le renHoy*Mt loy dit,vft, & dis à ton pcre que les blcfleures ne fe guctiircnt pas auec des paroles, ro^is auec le fer. Pour cette caufe vne cruelle guerre s'eftast leuce en- tre ces deux fanuiUes, dont ïwnc s'appella Blanciae, & l'autre Noire.elles attirèrent à leurs deux partis le rcfte de la vilie.qui fe veid pîufieurs fois atrofce du fang de fes citoyens. Les Florentins au lieu de faire mourir les chefs des deux fjdtions les tirctcnr comme en exil dans leur vil- le,ou les Donats ayans pris la protedion des Noirs,& les Cerchis des Blatics , Florence fut toute diuisce en Blancs &c Noirs,qui la trauaillcrent alTcz longuement. Arczzo s'eltaiit par les longues dillentions prcfquc ruiné de lay-mefme, fut vendu par Louys l.Duc d'An jou,pour 40. mille florins d'or aux Florenuns»de mcf- me que Cortonne fut vendue dans peu de temps après aux mefmes par le Roy Ladillas. La ville de Siene,, qui ett l'vne des plus célèbres de Tûfcane , cft ainfi appellée à caule des Gaulois Seno- nois, qui eftans en Italie conduits par leur chef Bten- nus>combattans en guerre contre les Romains,fonde- rcnt & baftitent cette ville , la fermèrent de murailles ttes-fortes,&: y ficeat vne Citadelle capable de grande dcfence,6c du depuis les Gaulois challez, d'Italie, cette ville fut reduide au pouuoir des Romains, qui y efta- biirent vne Colonie, Se ainfi elle a efte quelque temps comme les autres villes 4t ce pays fubiedle à l'Empire Romain, & par fucceffion d'années elle reprit fa libei- tc , tecognoilTant toutesfois vu Empire auec les Flo- rentins , entre lefquels il y a eu de fortes jaloufies & émulations, i>i s'eatte-faifans guerre remportèrent fur les Florentins vnc tHcmotable vidoire : 6c jaçoit que Pife ait elle encore quclquesfois troublée par les Pe- truccs j premiers &c plus riches citoyens d'icelle , elle s'tft ncaniœoins derechef mamtcnuë en fa libeitc iul- ques en l'année 155 5^ auquel temps elle (e donna au Duc de Flprcuce en l'obeiilànce duquel elle tll demeu- rcc iiifqufs ijircfcut. Cette ville cfl: fïtucc fous vn Ciel fubtil & fort pur, Ha difctte aacuDS d'eau, elle a vne fontaine très- belle qwe chicwn admire pour fon excellence , Se pour la conimwdité de fes eaux qu'elle donne aux Citoyens. Il y a en icelle pluficurs beaux Palais , mais le plus msgm.'îque cftccluy de la famille de Picolomines, qui fut I.iit baftir par le Pape Pie I I.dc belles pierres quat- rces. Dans Siene fe void vne fort belle place, laquelle pour piiifieurs caufes eft renommée , mats finguiiere- ment elle eft composée d'vn tel artifice , qu'autant de perfonnes qui fe pourraenerent en icelle , tous le peu- ucnt voir 6: cognoiftrc lufqu'à vn feul. De cette ville font fottis des pcrfonnages très- illu- ftres > cnti'autres rrois Pspes, Pie 1 1. & 1 1 1. ôc Alexan- dre 1 il. très -grand dcfenfcur de la fouueraine cj)g>iicé du S. Siège. Pluficurs Percs Pourprés , le dis pluheuts Cardinaux, entre lefquels cft encore viuant le ttcs-illu- ftrifljme Cardinal Borghclç, qui fe rend tres-digt^e de cet honneur.tant pour la grande probité de fes moeurs, que de fa do6krine & prudence : d'icelle font encorts (orcis pluficurs grands &: lolisblcs Eucfques ik Prélats, & autres grands ôc ccltbrcs hommes dignes d'éternelle mémoire , cnti'flutrcs Hugo , fingulici pour la Icicn- ce de Philofophie & de Mcdecinc,dont le corps repole à Ff rrarc. Marianus Socinus l'aifno, homme tres-doftc en lu- tifprudcTcc.les deux ttes-fameux Philoiophcs Picolo iivues. Il y a à Siene vnecclebrc Vniue;fitc , & plufi. Acadcmi*s publiques où s'enfeignc la langue 1 talie Si Tofcane, la plus diferte d'Italie. Il y a cncores d'autres .bonnes places en l'Efta' Florence, comme Prato , Prefchc, S Miaiac, Emp S. Germain, Fiqnene,Pietra fanta,oa Pierre faindte.l ga eft fur le bord de la met Liuornt , ôc plus a Pcffibin à trois milles loing. L'Eftat de Florence confine anec celuy de Si( ville ancirnne. & qui ayant efté colonie des Rom, s'afTujettit en fin beaucoup de pais. Il furuiot vnc gi tcjBottclle entre cette ville , 6c Florence , dcpuij les Guclphes > & Gibellins furent fufcitez en Iti C'cft vne btlle ville,6c forte d'affiette, mais qui ai du auec la liberté beaucoup de fon peuple , ôcé fplendcui.Ellc a cinq milles de toufjôc fait vingt a aaiCitSc n'cft tlloignéc de Florence de plus de 5 $.1 les. Lts villes de l'Eftat de Siene font Pienfe , Mèl clin, Quinfi, Saône, Mofle, &c Groftct.auec 26. au places fermées de iBUvailles : iuais aaec peu de peu FLorence eft en vne aflîette pleine,ceinte deir tagnes , & diftinguéo de collines , il n'y a pays loïc cultiué auec plus de diligence ny de delicatelTt de foiug.On y fait cjn peu d'tfpace de terre recolti vinsjhuiies, grains, Icgumesiôc ttui(Sbs en abondano l'on y void les villages épais au poiîible. Il y a dc$^ fort excellents , entre lefquels celuy qu'ils appdl Trcbiaa. tient le premier lieu,veu qu'il peut eftre] feré en douceur à la maluoifie- Le pays de Pife eft propre aux bleds > & fi fci qu'il peut nourrir toute la Tofcane. Toutesfois de[ la pette de la liberté", les laboureurs ont manqué; champs, de raefme que les habitans à la ville. Les viiis de ce terroir ne font gucrcs cftimez.Qii aux autres fruifts , il les produit moyennement [ mais fes melons fout bons par excellence. La mer cft proche de là , & pourtant c'eft vu propre ï exescer la marchandifc. L'air y eft alFei lain & dangereux, principalement aux eftrangers.^ croid que l'impureté de cet ait vient de ce que Icp n'tû pas habité. Le pays des enuirons de Piftoye eft montueux,ir il y a d'extrêmement bons pafturages. Voltette a terroir plus richcde mines que defcuidt.Caron yti ue des veines d'Albaftrc, d'Azur, de Vitriol, & a au;: raineraux,& il y a des fontaines d'eau falée, de la(jur. on fait de fort bon fcl, & en abondance, La tiuiete de Chiene coule par le terroir d'Arezzc elle eft boutbeurç,ier.uioiis.hi.urcux en gueire,mais ils doiucnt bien iteuant auuir perdu ce nom , puis qu'ils ont«ftc fi heureux que de perdre icur liberté , & les Italiens doiutnc oUcr ce tjtic, ôc cette epichete ; pragnifi' à l'endroit de leurs ho(tes> & leurs ennemis, ma- uRcs à pouifuiure la vengeance des offtnccs 1 leur a fiKtj. ! ccluy de Florence hshabitans fout beaucoup plus ches par le moyen de leur induflrie. Cette ville eft pleine d'artifans de routes fortes, qui tout auec grande diligence, & fort proprement quan- tifc de draps de toutes façons, de laine, & de foye, & aulh des draps d'or', qui ne doiucnt rifcn à ceux de Mandrc. Elle abonde ptincipaiemcnt de ceux qui exercent art de la (oye,^.' de laine , qui font mifes en vfrvgc par les plus nobles &c riches de cette ville aucc leur pcorit, & de tout le peuple . &c ces ouuragcs font d.ftnbuez uon feulement à cét Eftar, mais à toute l'Italie ôc à vnc partie du reftc de l'Europe , & mt^fmc il en va iulques aux nouuelles Indes , &c ceux qui y mènent les Itrges gj»>gnent jo. pour cent, e5c il y a telle année ou on fau à Horencepour deux millions de fcrges,qui eft vne cho- ie fort confide-rablc. Ces richelFcs des citoyens de Florence ont cfté co- gncucs beaucoup plus grandes au temps de la liberté en pluheurs guerres , & dépences publiques , en vne grande quantité de l^alais (omptueux battis aucc vne K.oyale dépence par des particuliers dans la ville, mais beaucoup pkis dehors, comme on void en la plaine, Ôc aux coftaux qui font à l'entour. Le Clergé eft alfcz riche, à caufe de plufieurs Euef g chez , Abbayes , Preuoftez , Hofpiraux tres-tichcs, & grand nombre de Monafteres , ôc tout cecy monte ea tout, à ce qu'on tieut,à la fommc de 500. mille écus de rente. Cette richefle des particuliers grodîc le threfor du 10 Prince , veu que les richelTes priuéçs ne font autre chofe que le threfor de celuy qui domine , diuisé en plufieurs bources , principalement lors qu'il s'en peut feruir , comme ceCtuy-cy fait facilement par le moyea des charges, & impoficions qui fe pratiquent en cette ville. Les contrats de mariage payent huid pour centj les contratas d'achapt 8c de vente de terres, & de mai- ctre. eux de Piftoye ayment .1 répandre !e fang, portent ;uettedcs poignards, & font cxcellens à parer aux siju'oo leur jette. LUX d'Arczzo rraiâenr fimplcmcnt, & prerque de )rdin3!re leurs hoftes,&: font volontiers des épées nt bonne pointe , Se ceux de Pile font inconihns iis confeils & délibérations. 1 dit que les femmes de Sicne font belles, celles îrcncc délicates, cdics de PiRoye faciles , celles zïo tenantes ôc auaticieufes. - — " "ni'iML tx uc veutc ae lerres, o< .ux de 1 rate exercent d.s facrileges au temps de | fons payent fcmblablemcnt la mcfme fomrae. Les loiiages des maifons payent la dixième partie» Ceux qui plaident payent vne certaine impofitiori appelléeSpoitola auant que de commencer le procezé 11 y a la dace du beltial qui eft mené à Florence. Lors que la chair cft pesée, elle paye vn quatrain pour luue.Les chutjges payent tant pour cent,& en fin il n'y a chofe portée hovs de Florence, ou faite dedans, ! qui n'aye ia ch^.rge. Or le Prince fe feruoic encore de 1 argent des particuliers en les neceffitez auec vne fore gtande facilité, & c'elloit en cett* forte. Quand il fal- loir qu'il pouîucuft à auoir cent ou deux cents mille efcus , on fsifoit vne lifte de tous ceux qui auoient de 1 argent compcant,qui eftoient comme ils font encore, bien coguus du Prj.nce. Encre ceux-cy l'on faifoit vn rf partiîiieucjsiîîgnant à chacun la portion qu'il deuoit dcbourccr,plus grande ou moindre, félon la quantité , - , V- , ; r — t.--— I "^^ "'oycns : toutesfois elle ne paffoit jamais cinq andance : a raiion de la fertilité de fes champs, | nulle ducats. Ce rcpartiraent citant fâict,on fignifioic ^ccdcuenrienàceux de la Pouille , de forte 1 à chacun qu'd euft à payer fa part dans le terme de tant an leuiement il ie4ppice à la neceffitc de Floten- de iours; & ce tertx^e n'cftoit palîe d'aucun, tant pour a>s tn diitnbuc encore aux Geneuois , Luquois, , crainte de la peine , que pour ne perdre la grâce du tes cucouuQifins, fiken que la fertilité du pays, ] Prince. Et lors que chacun auoit donné ce à quoy il duune des habitans pour cette Prouince déport ' auoit elté cotriié , on aflignoitlptant de crédit fur la urs choies aux cftrang. rs , ayant peu de befomg taxe de tout r£itat,qu'ii y auoit Jfa.gcnt payé, & dans •es des autres. Pour cette caufe les riche Ifcs des le terme de iB: mois (veu que cette taxe s'exige en au- Richejfe es. Eftat de Florence manque de froment, cftant ilieurs tres-abondant en vin,chair,& autres cho- :ellaircs , celuy de Siene en a d'autant plus gran iilieis font dignes de confidcration. Elles vicn le leur induftue , ou de leur rcucnu , comme ks ics des reuenus Se rentes font ordinairement es tn vn pays gras , & ferril , où l'on reçoit vn profit auec peu de peinc,& oij le pays cft'moins ant , on void florir les arts , & la marchandife: 1 vient qu'en l'Eftat de Siene , ceux qui y habi Ht riches de rentes, & peu marchands : & en tant de temps ) ils eftoient rerobourfez de leur argent. Se de cette forte le Prince fe fetuoit des biens de fes citoyens fort proprement aux-neceffitez, & mefme en ne les incommodant que forr peu. Mais le gtarid Duc qui tft à cetre heure , n'vfe pas f qu'on fçache ^ de ces?, façons de faire. Les reuenus publics montent iufques à. la fomy^ef d'vn million & demy. / 340 De TEftat du Grand Duc de la Tofcane. On tire de la feule ville de Floience , de routes les daccs,p,abc!lcs,& au.rcs fortes u'impofujoiiS 6-.0. mil- le ducats toiJtes les annc'S. De Sicne j jo.inille ducats:de la Doane de Liuorne 130, mille. ' De I2 dr.cc des raeules de moulin par toiu l'Eftar, cxccprc à Sicne, j 60. mil ducats. Du ùl, des mints de fer, d'argent , prcfquc pareille fommc. Apres cela il gaignc aux changes , fur Icfqucls il a vne grande quantité d'arg'-nt. 11 tire aufii vn grand profit de fcs galions qui por- tent des marchandifes , & de fes galeies conduites ja- dis par le Cheuaher de Beauregard , Gentil - homme François, qui a fait de belles Se grandes prifes lors qu'il a cftc en couifc. On tient que le feu grand Duc trou- iia au thtefor de fon predectlfeur cnuiron dix millions ♦l'or, & pour deux millions de joyatix , Ôc l'on doit croire qu'il a bien augmente cette lomme. Forces. j N peur dire que l'Eftat de ce Prince eft de fer,veu ' qu'outre la naturelle forterelFe des montagnes qui le ceignent de trois collez tn forme de muraille , il a du quatrième vn bon nombre de fotterefîes qui font en l'Eftat de Sienne, alîîs de ce cofté-ià. On compte entre ceilcs-cy 5. villes fortifices.qui font Siene, forte au poffible , tant par nature , que par art ; Montaclin pateill-meut du tout fort , tant par alîîette que par trauail : mais Quinlî , Groflct, 6c Soane ont beaucoup ue deffauts qu'on leur peut oppolcr. Outre les villes on trouue auiS en cet Ellat quelques fortercf- fes aflez confiderablts, comme Radicofani, Montfal- con, Liicignan, Montetifon, ôc autres, qui outre quel- que dcft iul en la forjne , en ont encore en la qualité, eft-ins petites places , &c par conlequent capables de peu de gens de defencc, &r de pei* de retraittc. En i'Ertat de Florence toutes les villes de Montpul- cain en Sus font bien fortifiées , &. pacticulieremeut Florence , veu que combien qu'elle ne foit toute ceinte de murailles nouuelles , & à la moderne , tou- tcsfois elle a deux bonnes fortcrelîcs , l'vne qui cft S. Miniat , aflîfe fut vu coftau qui cotiuDiinde à la ville, l'autre aopeUée le Chafteau en la l-*laine,fai£l a« temps de la liberté. Ces fottcrelTes bafties principalement pour briJcr les peuples , peuuent feruir en vn beloin de quelque dcfence contre les eftrangprs: Mais pour oflencer elles ont quelque dclFiUt en la fotaïc , &c l'on leur peut op- poftr leur petitelFe. Le grand Duc tient à S. Miniat pour garde 40. fol- dats , Ôc au Chafteau 1 00. En cét Eftat de Florence ôc de Pife, il y a d'autres forterelTcs, comme EmpolijPra- to,Liuorne,Caftroc«ro en Romagne & Sallb.Tous ces forts demefone que les prrœiers.ont beaucoup de dcf- fauts en la forme , mais beaucoup plus en la qualité, cftans tous fort peu capables, le ne m'arrefteray pas à les décrire plus particulièrement, pource que le temps ne le permet, & mon dclltin m'en retire. Quant aux homn^ de guerre , & principalement ceux que le grand DjK tient fur terte , il y a vne bon- ne m grande Infantcne cntoollée par tout ton Eftat, iufques au nombre de 5é.ou jS.iail. Tous ces hommes rtlilTiircnt fort bien,eftans par nature bien difciplincz, comme c'eft le propre de cette Prouince.qui a produit anciennement , Sx. porte encore de fore bons'loldats. Le Prince les fait donc exercer auec toute diligen- te , iic plufieurs bons Capitaines font employez à cét cfi^tjoutre qu'en particulier chacun tafche de bien ti- ret de l'arqiicbule, tant pour fon plaific, qu'à caufe du prix ^.roposc pat le Praice. On tiie toute cette gcndarmerie,non feulement pli: - i ays , ma s t'ncotes des villes , excepte toutcsft de Flottuct ; u'aui.mt que peut-eftte que le Prince n ftiite pa^ue ce loit iagcooent mettre les aitr en la main à ce peuple , & nul n'i ft exempt de cet c rooJli mcnt, finon les Prefties & cl'coliets. Il n'titp- mis de porter Us armes, tant dedans que dehois la v le, à celuy qui n'cft pas eniooHc,riy a homme qui pui faire profeflion de lold«t , ny dans l'Eftat, ny dtho fous grandes peines, s'il n'eft de te nombre, j Les gtns de guerre ont outre cela pluhcurspriui! I ges, exemptions , tant de ne pouuoir eftie mis enpi i Ion pour debtes, que d'autres thofcs, & ces ptiuijfg I citansinuiolabletntnt obfcruc *. caufent que plufieu I bons vieux foldats de la guerre de f landies, de Fraw I Se de Leuant, s'y font voloutaixement faits cnioolli ' de forte que tant po'.ir la quaruiié que la qualité , pourroit dire que cette troupe (eioit la meilleure d'Ii lie. Chacun eft obligé de payer fes arœes quifc baillées pour fou vfage, & les doit tenir nettes» en ordre pour toutes neccflitez taus aucune dépJr du Prince. Le Grand Duc peut en toute occurrence faite vei à Florence dans fix ou huift iours au plus toute ce gendarmerie , tant pource que Florence cft ptefqu milieu de la Tofcane, comme le centre , 6c égalenit voifiiie de toutes fes parties , comme aulii pour le b ordre qu'il y a donnc,ditpolaut toute choit auec ba conp d; faciliié. Outre cela il a fait euroollct vn bon nQmbrc Caftadours, dont il fe leit encore en temps de paî^ faifant trauailler auxfortercfles,leut faifant deftoum les riuieres,<5c «eliorer les terres, Quant à la Caualcrie, ce à^tince entretient ordiH tement 100. hommes d'armes , aulquels il donoei temps de paix 7. éçus pat mois , ÔC en temps de gutii l'ordiuaire de la banque. , Outre ce il entretient 400. cheuaux légers à|K écus par mois , en temps de paix , ài. eu temm guerre comme les autres ordinaires de la ba.nque.rai te cette Caualerie eft de fon EftatjSc outre la payéell a plulieuis exemptions iceUes,& pcrfonnelles,ciefoi te qu'on eu a fait des compagnies raifonuablcs. Eci cas qu'il forte d'Alger quelque bonne troupe deCoi laires , on ne fe fie entièrement à la gaide des tonn j que le Duc a pour cet efttâ; en diueis lieux, qui rcpo: : dent par lignais l'vn à l'autre, ains aifcute la Cauak: i auec les Tours, & les Tours par le moyen de laCâJî jkrie. Outre les (ufdites coospagnics il entretient vm bonne troupe de cheuaux. Voila les lorces ordinaircs.Mais quant auxextraot dinaircs, il en pourroit auoic beaucoup plus , d'iutafli que l'Eftat cil peuplc.èc remply du nombre de pcrfoo' nés que i'ay die :, tic autant d'elltangers qu'il en pour- toit entietenit à la ioldc,comme c'tft la couftuiiic dc! autres Princes. Quant aux forces delà mer, le Duc CofmeenfU' jadis fort grand foin , cognoillant combien d't* tftoient necellaires ôc importances, & qu'vn Ptinceni fe peut appelle! grand, s'il n'eft puillant fur la mer. Eltaiu donc mcu pat ces raiions,& follicitépâtff! propres pensées, qui alpitoient toujours à choies plu^ grandes , il pourchalla , ôc obtint auec l'auilioritc à Charles V. la relignation de l'ille d'Elbe du Scigneu; de Plombin, qui eu eftoit maiftre, tant pource (ju'ilni la pouuoK détendre des Corlaites qui l'auoiCiit ruinée qu'à caule qu'elle pouuoit pour ion peu de dekad patuenir aux mains des TurLS,6c qu'à raiion de fonaf liette elle auroit beaucoup pieijdicié , ôc pot;c dom- mage à toute l'Italie. Toutesfois il lailfa tous les rcue- nus au Seigneur de Plombin , ôc lous (on gouuaue- ment toui les villages 6c les lieux ouucrts. Lett De l'Eftat du Grand Duc de la Tofcanc. 34.1 Ccrrc Ific a vn poir qui s'appelle Porcof;i rario, ci mIi|c de (jtielcjuf giAiide ik puillancc ani ce qui y puii c vctiir, tumijic ci» vn lieu commode ; on y vo|d arri ICI coiicc (01 te de vaiileaiix oui vonc au i'oiiant , ou [iiicn viennenc, & qui pillent aprcs à Liiioinc , dé lurgcnc leurs niarchaiidiles aucc vn grand profit de c Pi nu e. De (orce que fi cetre Ifle eftoir entre K s mains de udqu'vu qui eult vn hou noihbrc de galères aucc ic L)iiragC)& la volonté d'.itcaqncr,ilpouri oit facilement limant les colles au dclliis de Jhrbarie, 6c au dtllbus tcnce bonne munition de poudres , de balles & de viures, comme de froment, mil, chair falcc , vinai-re. rofti.gc, & choies lemblables. Le j;rand Duc a yoat la garde de h perfonnc cent hommes , & en fci ccu- iies enuiron cuit cinquante chcuaux fortis de frs har- r«.cntre lff{quels y a plulieurs courficrs de regne.mais d.uantage de gencts, & bref .1 y a des chcuaux de tou- ce lortc. 11 tafche fort de s'entretenir Ju Pape , veu que fon , , Haut ne peut cftrc plus fac.len.ent , ny plus mortel- ^ Icmcnr ofK.uc que du colle de celuy du Pape , à caufe , w> «^uc uu couc ae celuy du Pape â caufe .•Proucnce,ueGcuncs,& de Tofcancjle rendre telle- que les montagnes qui ceignent la Tofcane'de t eiumailhcs de ces mers, qu'aucun n'y pourroic aller les autres coltcz , fors que celuy du SSic^^ iiiJlnl leccux aulquels il l'auioic permis. nousauonS dit . rrnrl<"«r r„„ j ,v '. " Le grand Duc a en c ctcc lllc vue petite place nom- reCofmobolyjdu Duc Cofme. Il y a pour garde fur boucLc du poic deux Chalkaux affis (urlcs (ommets s deux montagnes , qui font elbmez forts au pollî' :, (\ comme impreiui^lcs , t.uu à raifon de l'a^t que l'alucitc. il a dedjiis beaucoup de canonSjôt toute ic dvinunitions. Le grajid Duc a l'on arfcnal à Pifc , d'autant que ce s abonJe de bois , chanvres , autres matières i. faire & tquiptr grande quantité de galères , à OH dequoy Us habitans eftcndirent tant autresfois iw'puta.iou, i?c leur Eitat. Or on trauaille bien peu et Aifeiial , û< pLllolt à r'accoulttet qu'à faite de ucau. >iitte cccy il y en a vn autre en l'Ide d'Elbe, où il icsgalc;ai£s,i£ Its honinus qui y crauaiiient fout la plus grande partie nourris à cela , ou bannis, itchez pat le laUiie. II y a douze galères armées, gaiealles , & deux galions , l'vn grand & capable ;ai!C0wp de gens , l'autre petit & for: cogriî. Et is le temps qu'il a enuoyc au loing en coutfe, nous auons dit / rendent l'entrée fort difficile aux ar, mces, & principalement à l'artillerie , & lors que l'en- netriy y Icroit entre . il ne pourroit viure far s l'aydc de 1 Eftat de l'Eglife . à caufe que tout le refte du pS, excepte celuy -Jà eil i«,a moins Ibrile que difficile. A railon dequoy fi l'ennemy venoit auec peu de pens Il ne pourroK iolFencer le grand Duc , & s'il v^,oic auec vnc grolFe armée , il ne s'y pourroit entretenir, veu quon obferue fort en Tofcane l'ordre de faire meiier en temps de paix , afin que la chofe foit moins dUhcile en rem.ps de gucrrda plus grande quantité de vrures qu il eft poffible dans les villes & places forte,, en Jailiant prcfque la campagne vuide,à laquelle on eti donne pour Ion entretien iournalier. Mais du collé du lape, outre qu'à caufe de la plaiiic,& largeur des con- fins des terres de l'Eghfe Tenuemy aurok beaucoup plus facile accf z , il knciroit encore beaucoup plus là commodité des viurcs qui luy vicndroienc par céc citât , tant d'iceluy , que de Lombardie par h voye dé Cologn,.,& 1 expérience de cccy elt toute certaine.veU que la ville de Florence n'a iamais efté en prand dan- I ru 1 w n ',S''^"'P"^^°F'^«^^"<^s de l'Eglife, &pcriculie-' ne le Chcuahcr de lieauregard y clt aile ces an- rerlicnt parle moyeu de deux Papes de la maifon dé .alFees. .1 augmente tant qu .1 peut ce nombre, & Medicis, c'eft à fçauoir prerwierement de Leon,& puis relies qu. (ont délia en bon cftat. il arme les ga- 1 de Clément qui loilmit entièrement Florence à cette =. nn.nr .nv h.^n-,.- A ! f^n^iiie. Au coutraire le grand Duc reçoit vn grand bien de cette amitié , tant pour la réputation de fon tltat ,Ôc de fes affaires, qu'jl augrîiente auec cette vnion } qu'à caufe des aydcs ôc commodijez quM ert reçoit.faHant du bien à plufieius de fes fcruiteurs âtcc les richelics de PEglifci Eftanc donc poufie pur ces confideratidns , & ad- uerry par les fucçez . il tafchera toufigurs de faire qu on n effife pas vn Pape qui ne foit fon obligé , ôc pour cette caule , il s'elTaye ordinairement dei^ianet 1 amitic de plufieurs Cardinaux en diucrfes forfes^ & > i — P""'^'P^'^"'^"f de ceuxqùi font en qudque elW ItKurKde Vei^,i(e,mais moins de canons. H fait j Mais cette amitic n'eft de momdre profit au S Siège à es blfcuits a Liuorne , ou il a des fours pour en ronff \^ j — ■ .r ■ s ' • .0. mille par iour. Il tient encor en ce lieu vue quaiuiic de cordages (Se a'cnclut-Sjôc toute foi- bo;e$ piopres pour accoifimoder les nauires,afin 'itnnent plus librement en ce port. Duc Co;me voulant entretenir cette milice de i donner plus de rcpuration à fes affaires, infti- Ordrc de Cheualiers, appelle de S. Ertiennc, ôc du Pape lic4.i'c j. plulieurs priuilcges , Scèn- es > qu'ils pourroicnt auoir iufqu'à deux cents ie peniîou lur les bit ns de l'Eglife , auec hber- eroaticr, mais ils font obligez à feruirauxar- cmer, & meimciis ne loiu capables d'aucune 'andcric , s'iis ne feruent auparauant fur les ga ois années de fuitte. Et ce Duc voulant donner :ion à cet Ordre , s'inftitua Grand Maiftrc luy- .Quant aux iiiftrumcnts de guerre, le grand Duc Ifez potuiieu, veu qu'il y a énûiron cent 50.pic- :amp;jt;nc dans le ChalUau de Florence, & fes lact s tn (ont aufîî bien garnies,ptincipalement d'Elbe, li y a en la mefme foiteteffc de Fio- i, quant aux horaires de rame, d'efciaues, & de ur.ncz, ne fc voulant ftruir des gens libres, pour itter du dommage à ,fon Eftat ; &C de ces gens Je ecn uiuoyaciaû.en Afrique auec l'aimée de l'Era- r à rcmrepijfe du Pignon de Velcz , ôc la plus le partie mouiut, comtte c'eft l'ordinai* des nés neufs dont il ptuirroit fournir vn bon nom- •■gaitres, quand il s'en voudreic feruir. Pour les .its de con-insandcment il fe fert de François , de ns,deC4Jrl"es,de Grecs,& parmy ceux-cy de plu- li.b)its de b Repiiblique de Vcnife, Il tient aux s rr.tfme quantité d'tfquifs , ou vn peu plus que caule de la grande réputation qu'a reçoit de l'vnioa d vn 1 rince li voifin ôc puiffant , d'autant que tes deux -Itacs ne (ont prefque qu vne mefme chofe. De forte que les interefts eftans communs , ôc réciproques , on doit croire que citte vnion doit eftre foigneufcmenc comcruce. Quaut au Roy d'Erpagné i Vn grand Duc François de Mcdicis ayant cy-dcuant efpousé fa belle - fccur, il hut croire que fes fuçccffiuis font auec luy en fore bonne inteiligctïce , & mefme on tient qu'à Florence on lupporte enticrcracnt les Efpagnols, ôc à caufe de cette ettroiae amitié auec fon beau-frere,le Roy d'Ef- pagne Phiiippes troifierne. Ce n'cftoit toutesfois , félon l'aduis de plufieurs pcrfonnes de jugement , pour rompre entiereroenc auec la France , pource que la Royuc luy eft trop pro- che parentc,& ne luy a iamais rendu que toute forte dé témoignages d'amitié. M^is il efto.t à craindre en ce temps -là que la foUicitation de fa femme , & encor plus de quelques autres.qui pourroient cftre pour quel- ^uesconfiderations mal afFedionuez aux Fuccois, H ff s ' 34^ I5e TEftat du Grand Duc de la Tofcane. miteroi: de l'annuic .^ue (on jîcte porcoit au Koy.ôc & principalement de Dam leande Medicis, il o' la Royne de Fraace. l^is il void que les Frar.ço.s foat | a poim de Conieilicrs d'Ltt.urce qui fa-c qu'on ne pîi; alîez ciloigncz de fon Eltàt , & qnc ie Koy d' bip igoel dire que le Coiileil a opine quelque choie , ainsq . en eft proche par le moyen de Milan , ôc du Royaume | c'eft ic vouloir du Prince : ik meline les dciibcracioi de Naples ; de forte qje i'nlliancc > &: ia commodité le pourtoienc attirer à embradtt du tout ce party. De quoy les Roys de France (c fou ieroient toiifiours biet; peu , puis que c'eft va Prince qui ne kuc peut nuire en aucune lorie. Pour le regard des Gf neiiois ils cftoient en alTez peu bonne intelligence auec le fci; Duc Franç^ois de Medi- cis ) pour railon des Efpagnols , mais puis qi.K cetiuy- cy ne s'tft allie aucc le Roy d'Elpagnc , il ne faut dou- ter que cette Republique ne Toit déformais bien auec Iiiy , Se ne luy falfe voir les témoignages d'affection qu'elle pourra luy rendre. Toutesfois la prétention de la Corfegue, comme eft int de l'Eftat de Pife,pourroit empefchtr cette amitié. Quant au Duc de Sauoye , bien qu'extérieurement on ne voye que des offices d'amitié, ôc d'cftime de l'vn à l'endroit de l'autrcjtoutesfois l'vn cnuiant la richelfe, la force, & le bon-heur de l'autre, & Taucrc la noblcirc, la réputation , 6c la richetre du premier, on fçait aflcz qu'aux lieux où vnc grande jalouiîe règne , il n'y peut auoir aucun delk de la grandeur, ôc de i'aduancement du concurrant. Ce Prince a bonne intelligence aucc le Duc de Maniouë, à caufc du parencage , & l'on croid affeuré- nicnt qu'ils ont melme but pour leur confcruation , on ne (çauoit toutesfois fi l'alliance pdfc en Sauoye ne teffoidiroit point aucc le temps l'araitic du Duc de Mantou'ë , pour quelques conîidetations qu'il vaut mieux taire qu'expnmer. Quant au Duc a'Vrbin , à caufe qu'il Iç tient moin- dre que luy en grandeui-,& en force, il art iue bien fou- uent des fafcheries qu'apportent les limites des luril- diilions. Apies cela les Luquois font au milieu de l'Eftat du grand Duc e\ifermez de tous coftcz dans iceluy , def- faillans de viurcs , 6c de toutes chofcs necclTaires : & d'autant qu'ils ne les pcuucnt auoir que du grand Duc, ou par le moyen du palfage^de ces chofes par (on Eftat ce Prince les peut faire tomber entre Tes mains fans coup frapper. Mais i! ne le fait non plus que (es prede- ceilcursjifc ne le fera peur-eilre, tant pource que cette République cftant recommandée à l'Empefeur , & à la Chambre de l'Empire, il ne le pourroit faite (ans i'of- fencer grandement , qu'à raiion du profit qu'il reçoit peut-titre plus grand de leur libertG,que fi cette Rïpu- blique luy eftoit entièrement iciûmife, pource qu'il e(l aiîtuféde s'en pouuoir (eiuir en cette (ortc à fa volon- té, 6c necc(ritG,& qu'il fera fecouiu de les moyensauec emprunts & autres voyes , Se encor de (es gens, félon la pinllance. Au contraire, quand il s'en voudroit ren- dre maiftie,il feroit alfeuré que ces hommes açcoultu- irvez à la libeitc qu'ils ayraent extrememenr,C5£ pleins de gloire, & plus riches d'argcm comptant , &i de meubles, que de po(ïe(îions. abandonnans leur patrie, lailïeroicnt les murailles, r/on pas la ville; ôc par ce ipoyen le grand Duc perdroit la commodiic qu'il re- voie à cette heure. Gouuernementj, I L faut maintenant que ic faffe vn difcours de l'ad- A iTiiniftraiion de la luilicc, de Is diftribution des Ma- gidrats , ôc de toute la forme de la façon de viuie ver- ii.cule & bien réglée de la ville qui fc font, font piUs (ecrettcs, 6c plus 7X\cu\zci. Pour ic regard de la féconde paitie,qui ell celle de jugemciis , ehc vft maniée par les tcefaus Maj^il'lrat deuant Icfquels on la tiaictoit ùu temps de la libi,; tant au ciui; qu'au criminel, veuquc les procczciui. font jugez par vn nombre de Docteurs de Ktjie; et,ieciirc appclidt criminel,qui void preique tous les proccz plus nDp«. tants , ic luy en rapporte le contenu auec ia (cnteacc Ce qu'il fait afin que les M^igiltrats Içachans que [eue ades font Iceus, 6c bien (ouuent examinez par le Ptio- c?,admini(lrant (a lultice comme il fait,pour la crainu de i'iufamic,^: de !a peine :iic il le bit aulfi poutauu la Seigneurie diiedie en toute choie. 11 mamtienieOK forte de gouuernemcnt, pource que le dcuant (etoitdc perlonnes qui admiiiillrcntla iultice,il veut auec ce- ce petite ombre de la libttié ancienne latisfaiieeo^ tic au dclit des citoyens, d'autant qu'ils ont en c|ueil]De façon la commodité de coatencet leur aaibuionprlt mwyen du profit qu'ils tirent des honneurs iJc ctwrpj publiques. Cciy mefnne eft obferué à Siene, 6c pour leraediic refpcdjveuqu ouy void !esanciens.Magilt,rafs,iXÛM- (eillets,rauihorité du Palais,ou la Seigneurie deineuic, ôc en fin lisre(ics,t^ l'ombre de ia Repubiiijueguifu: autrcsfois,&: le gi and Duc y tient vn Gouiiuiieur gi- nersl,qui repreunte immédiatement le Prince, aud; louueraine authorité , qui a l'œii lur toutes choies,* rien ne (e fait (ans Ion tccu,ains meime lanslc(ceu(lii Prince, aux affaires d'iri/portance. Ou void donc auec cette tace tout legouucrnemcDt de ces villes , autant fameules inainteuaut par Icunio- blede, qu'elles furent jadis hcureuies par itur iibeno Or pource que la .iplcudcur aucc laquelle les PriH'^-'S ont accouftumé de viurc, cit vnc choie qui rcpre(en;i.' plus leur Majclté , le grand Duc maintient vue Cour, ou maifon allez conhaerablc,qui lutpaiie,a due la ve- nté, les bornes du Duc, de n'atriuetoutestoisàlanii- gnihcence des Roys. li a vn bon nombre de Gentils- hommes diuuez (ous deux ordici, c cit a Içauoirdc h bouche,(3<: de L maifon.auec grand nombie u'orhcier: 6c de fcruueuts. Dauantagt:,ii y a a ion (tiiiKie niLii- Qj^ant à ia première partie du gouucrnement , qui j ton (oixante cnfans de Gentil* - homrncs , CS^uC-if' eft Ij maniement des affaires d'Eliat , combien qu'elle j gncurs, ciu'i! fait nourrir aucc grand ioing, «ïi Jri'lki . conlifle toute en la volonté du Prince, toutesfois cet- 1 toute loite d'exercices, tuy-cy prend coolcil de quelqucj-vns qui font prés del De J^Eflac du Grand Duc de Ja Tofcane, 343 ORIGINE DE LA MAISON DE FLORENCE £T DES GRANDS DVCS Ufc TOSCANE. 'kiftoirc de la maiTon de Mvdicis fil .iiir.iiit mc- moiabie comme fa pitiJcnce cti ta fartu ie c'.ï ;id- i.)-:.ihlc,cllc dt lucllcc pariiiy colle de F.-,i(,cc,& dcii. par deux fois les Fimii^ois om itcouri) aux (]eius de Lcllc nuiloii pour faire refleurir & renailtrc la brat) I 1, t <^ «t".ii«uc ta Diaiv rresceiie de MediCls , « oimîccs de ccltr r^nr, • an eltoc m.ucfnel commu le p c.inc,. Poutl*,auou cdtc Hiiiûire , il taiir Içauoir celle de ■ioreiKc, & rcprciuire aies Ceconds funo'cmcns foui J>afleojague,apics que lesOihogots i'etucni ttiyacfc comme dit Gio Veliaui litnc premier de fon Hiltoire oi.tu Gaiclur nn; ^v' (e iouuer.ir de ccftc valcurcufe u{u& vcitucuie vAieur d'Eurard de Mcdicis.Clic-ua. Franvojs eu r.umre dt Charles picmitr, loii qu'il adj culraiie ^o:.iu D.dicr Koy des Lombarde l'an 3;.quidcilûrs .ortimença à fane voir ce que l'on Moit «(perer do fa l-amille & poftf.rirc par la dcffaite : Mif^ci le Géant, qui rcmplillou tout le païs de vo- ies de bri_;>aud.>gcs:l.i ville de Florence dépendoic 1 t««p'rc , o: citûi: gouuernce pat Confuls affiftez n Conlcii.&cegouucrnemencdure encore aujour- i>y aux v,lie4 qui lont Impériales , (ans elhe fubie- s à i'Hmpercui. Depuis que celle fameufe fa6l:ion des Gueiphcs & Gibduns eut diuiié l'lcalie,& la plufpait des Trii le rendre m.ilhcs ScdcpoUiHer les Gudplies de forces d oiuchotii c. Il cil: vray que la corruptioa r/cftoit fi générale en .elle ville qu il n y eull piuficurs faanillcs . & eutrW rres celle de Medicis . « floig^ées de celte coutagion. (Hirgei les uiauuaiies humturs.remplir le corps d^bon (aug : lis ne voulurent pas gucrir le mal , ny reltuer les ' mues publiques par celles des particuliers, mais lU fi- rent tout ce qu'ils peurcnt, aHn de retrancher la licen- ce des méchans, Se ToufFrir l'authoritc des sens de "ien. ° Mais comme le naturel de la fanion eft de ne trou- uer repos qu'au trouble,ies Gibeilins auertjs que Con- racUuoic d telle vue célèbre aimée pour fucctdcr aux defterns de Mausfcld, aux droits de (on perc,& cou- ru les Gueiphf s en Italie , parcnent promptement le lendemain , prennent loccafion par les cheueux & branllent pour le ruër Cur leurs ennemis , les plus laf- ches difs Arabr s & les plus froids br uflenc d'ardeur de venir aux armes, leur remuement fcruit de trompette & de tocfin aux Guelphes , qui craignans d'eftre pte- uenus.fircut appro ;her Charles d'Anjou prés de la vil- le , & donnèrent tellement répouuante aux Gibeilins j , "'*"! 9" ''^ fortjrcnt de la ville, tana eltre nrfH#.-T de i turopc eu deux contraires partis , &c que les rendre le Ton de la Martm Ue , cVal^^^^^^^ it.ons ordiuaues du peuple prompt à la coîere.vio- leur adunu. ^^"'«^ii*^ ' <^^a>gnant que pis nç : *ux iiouucautcz . aubatu pn les peines & afpre en (Le, Fiorentins auoienr vne cloche aooel V. M .engeaocc.cua rendu ccfte ville en tcUftatqt,'cl- tinelle qu'ris farlo.eut (onuervu mors duTam l^^^^^ e -e pouuoit temr entre la liberté ^ la fe.uicude. | que de riarcher, afin d'aduertir l'clemy/^ L^y t„ ner temps pour s'apprelter tant ils eftoienc vertueux delmous eut les Papes , 6c fe fiient Gueiphcs. Les Ami rangèrent du coftc de l'Empereur & furent Gi- s. Republique li'auoit encore cprouiic Its eftran- pidittz qiu comblent les Lftats les plus heureux lies i?.- de troubles; elle u'auoit encore fenty ces tes conuuUions qui atroiblirrnt & letircreijc Tes les nouueautez u'auoienc que bien peu altçrç pttamciu d'iiumeius , car r«i,cicn ordrcrde fon nument lubliaoït cncote,& in cet ordre la paix , .ii^^ii». iciuuuae emcuicr neutre pour les grands delfeins de ùs voi elle vud en moins de rien les ruines Ôc de Ion re- de (a liberté , car d'vnie qu'elle eftoit elle ic di- eu dei.x fiCÏious. r coinme il ne faut qu'vne petite bluette de feu rajic vn grand cmbiafcmcnc . vu petit trou pour abilmcr vn vailleau , ôc vne petite querelle pour er va grand trouble, le.meurtie d'vn feul GemiK ne des Buondelmoiis tué le lour de Pafques entre :il pont de faind Eilieunc de Florence par 1rs du traité, par lequel Le Pape noaimoit les principaux Magiftrats de ia K^pubîiq .e. Le traïaé poito.c qu'il y autoit i4.Gouuerneurs,7. Guelphes tsc7. Gibtiiins, tiltus neantmoins tous les ans a la deuotion du Pape, En cite concorde iis prmdrçnt & demantelerenc Voiaterre, contraignirent Pilloye, A.ezzo Ôc S.eue de le liguer auec eux. Labonna^e ne dura que dix aus Se ue fut qu'vn preiagv de la grande tourmente qui s'elîe- ua toft ap.es : Car comn.e ks Gsbelhns virent quÉ Mansfeld , baftard de Feduic i'Empeieuc , auoit calfé les Magiftratsde Florence & eftacé toutes les marques •mpercur Ftderic eut palîé en Itahe auec vne ^ arn.cc de Gibeilins , les patcùans fe jetterent âin laulr, fur le cotrmandcment de la ville pour a 'i a T * V ^'"'^^ "c lun maj ltre,lailla pour L.euupant le Comte Guy Nouello Le Pape Vrbam 1 V. voyant l'anaurage que les Gi^ beliins auoKenc pris lur iuy par la conqucfte de Fi»-' Ff 4. " 344 i'Eftat du Grand Duc de la Tofcan icnc^, PC tiouua rien plus prompt que d'jppcHc j Charles d'Anjou , qui venoit vidoi ;eux de U bîUulc -d< Beneucnt : le bon - heur de ccfte viftoite remi: le I courage aux Guc j-hcs de Florence , aucc lequel us j challaenc les GibeUios Sf 'e Comce aptes. Le peuple content de voit fa liberté tefticuce , & ceux qui la vouloienr opprimer challez , rappclla tous les citoyens de l'vn & de l'autre patty, remit la ville en vn mtûue confcntcctient de fe maintenir libtcs, 6c ne fiuoiiler le Pape ny l'Empcreut au pteiudice de leur libeitc, mais toufiours auec ce mal - heur que ceux qui eftoicnt aux ptcinieres charges du gouvernement , ay- moient mieux dite ruinez par la chcute de la Repu- blique que par celle de leurs maifons. Maitni natif de Touvs amateut de la grandeur de la Couronne des François, arriuant à la chaire de Rome, augmentai Châties d'Anjou rauthoricc que fon pre- decelleur luy auoit retranche fur la ToCcane, violente occafion de nouuelles prelentations lut les Gibellins, qui furent tfloignez des charges publiques, & les Ma- giftrats au lieu de douze réduits à 5. puis 6. puis à 5. en fin à n. fous le nom de Prieurs pour ne comman- der que i.mois. Les Gibelhns durant les flottes de cefte tourmente cedoient aux Guelphcs. Chattes d'Anjou qui en elloïc le plus fctme pillier , ayant dctfait en bataille rangée Conradui, liiy auoit fait trancher la tefte , &c auec luy exterminé la mailon de Snaube , laquelle auoit tenu l'Empire 1 1 5. ans cSc le Royaume de Naples 76. mois aptes les Vi.lpr(.s Siciliennes la mailoii d'Aragon s'c- ftant emparée des aoyau.T,cs de Naples & debicile,la viile de Florence commença d'ouutir les yeux Ôc de (e retirer de (es fatales dmilîons,lcrquelles la faifoicnt la { fable de fes voifins. ! Suc ce naquit cefte fatale querelle des Blancs & des | Noirs , elle refferobloit vn loitent impétueux qui em- , poite pluftoft les belles plantes que les lonces, elle fe tendit odieufe à la pofteritc par le moyen d'vn grand nombre de citoyens meurttis.ô: par l'cmbralerocnt de 17. cens maifons qui rendit Florence tellement atfoi- blie , que ne fçachant où fe tourner , elle fe rendit à Charles de Valois. L'Empereur Henry entra en Italie pour relcuer les Gibellins.affiegea Florence, mir en ban les Guelphes. Les Florentins recouruient à la protcdion du Roy de Naples , qui leur donna pour gouuerneur le Duc Adnan, lequel ils chafTcicct, ne trouuant rien fi doux QUI ne foulaft leur libeité , & ne fçachans ce qui leur cftoit bon, appelletcnt Lando Dagobio, &c après luy le Comte Guy &c Buatifoli. La perte qu'ils firent contre Caftruccio de Luques fin caufe qu'ils s'en retournèrent mandier fecours à Charles Duc de Calabte,Uquel enuoya premièrement le Duc d'Aihenes, puis y vint en perlonne. D'autre coflélesexikz de Florence attirèrent Louys de Bauierc Empereur , cependant que le Duc d'Athè- nes elUblilToit fon authoriic en telle (oite qu'il ne iuy reçoit que le nom de Prince. Le Duc d'Athènes penfant tenir la ville qui le te- noit , voulut cprouuer s'il la pouuoit tenir , mais il fe trouua trompe. , ». , 1 Car foudam ceux de la maifon de Medicis le con- traignirent à demeurer feulement protei^eur Ôc amy, 6: lion nîaiftte ny vlurpateur , le dcpoUillant de cette Tiolente authotité. Il eft vray que la ville qui ne pouuoit fouttiir vn tyran en fciifîiit plus de trente. La chofe publique f floit tftrangement difforme les gens de bien aiten- doicut quelque lefoimation quand SyUicltre fils d'A- Ic mar.o de Medicis , moiu.^ en la dignité de Gonfalo- iiict lemblablo i celle do Oidatcur Romain , mais !fs | moyens de reformer l'iiiUc dfptndoitnt de i'auiho riié de tant de iuoemcns. o Sylueftre recogacut bien que fon fîeclc n'cdoit pà« capable d'vne bride fi comte 6c fi ctgléejquc la licence auo.t trop d'a.i. toilTement , qu'il y auoit du pctil à re- muer les chofcs pidccs , & n;an:mouT> pour ne laillet le mal fans remède il fit voi»- qu'il ne dclicoit tcn rc la charge autrement remarquable pour vne générale rc- fûcmation des defordres palfez. Les mutins qai cioyoïcnt cotnme cfclauas oui q-iic- tent larame,fe mettent en armes, s'emparent Ju i'ji.iis, mettent le ftu aux maifons , & eftablillent en la ville vn régime &c gonucrnemcnt cyclopique. Vn Cardcut de laine des plus feditieux prit l'enfei* gne du Gonfallonier 5i fur l'appuy de quatre nctits ar- tifaiis cftablit la fouueiainecc à la dilctetion de la plus vile partie du peuple. Cefte deploiable confufîon, qui auoit effacé «"outcs les beautez de cefte Republique dura depuis l'année mil trois cens 78. iufqucs à l'.>n 1581. que les nobles maftintz réucillerent leur vertu pour fc mettre en leut pre.niere fplendeur.ôc l'Eftat en l'ancienne police. Lors paraient ceux de la mailon de Medicis , qui eftoicnt defia retenus pour les fiuoris de fortune. Cïfte maifon quoy qu'elie fuft battue de l'ingrati- tude ne perdoir iamais occafion de profiter à la Repu- blique. Viery de Medkù appaila la diuifion , rendit au Sé- nat fon authoricé 6c au peuple la fraoclufe , &c auoit telle repuration , que s'il cuft eu plus d'ambition que de preu J'hommie , il pouuoic fans dilîiculfé s'empaict de la puilfance fonueraine de la République , &c pou- uoit tromper la libcitcde la patrie. Elle eftou lors agitée dedans , par les diuifîons des citoyens , &i au dehors par les f ftotts les armes des Vicomtes de Milan qm tenoient la campagne. lean de Aitdtcù eut alfez de prudence pour fortifiei fa patrie en l'vne & l'autre occafion : la guerre eftran- gère auoit coufté en peu de temps trois millions 600 ducacs au thtefor public, les particuliers en eftoient di tout appauuris : il ne refula de fecourir les nectlT.tc; publiques de l'épargne de fes grandes iichcfres,& pre fcrant la iuftice commune à Ion propre intereft.fit paf fer en forme de loy.qui la contribution dts fruidts d( lagucrtc feroit coirnnincô.: que les giands ycntroien comme ks petits , pour leur part , cela le fit appelle Dieu tutclaire de la patiie , & des lors le peuple n'ap prouua autre commandement que le fitn , ton boi gouuernement fut recogncu en la plus haute profpe nté depuis l'an 1 J84. lulques à la guerre contre l Vicomte de Milan. Comme il s'icquift la bien-.'eillance cnuers le peu pie, aulîi aluma-i! contre luy l'enuie des grands , pre mier monftre qui le prefentc à i'ijomme de bien , qi commence à faire paroiftie fa vcttu au bien de la cho fe publique. Ican de Medicis marcha fi feuremcntfur Us pointe & les efpines de fes cnuieux, qu'il ne blella iaroais au affaires publiques , ny fa confcience ny fon hor neui & bien qu'il toit mal - aisé de tenir la vcuë fi ntcte S. contrainte deuantfespas , quand on atout autout d foy des objcds dignes pont la dtftoumcr, fi cft-c quoy qa'il veift toute l'authorirc du Sénat coultrcntr fes mains Si fes amis , le concilia de s'en faifif , il 11' voulut entendre , proteftant qu'il ne defiioit aune au choritc en la république, que celle que la Icy luy pou uoit permettre : il rejettoit tous les humicurs qi tftoient par deffus b q.ialitc de citoyen , 6i klqud pouuoient appoittt de l'enuie à ("a fortune oc du trot ble à fa patrie. Coffht de Medicù , continua lex aprts moy & iamm rialUz. denant , i\ fuc ^ heureux en cela que la mort ayant priué fa vertu des moyens de régner en fa patrie, la deftinée , ou pluûoil la faueur & bieu-veillance du Ciel , qui donne les fce- , - . , ' n - - 1 P^'^* ^ couronnes , le referua heureufement à fa arence de ce qui luy eftoit propre , car fcs mérites pofteritc. «^"içuicmenc a la ccompaguoient pat tout, il trouuaea tous lieux vn " Pierre de Meâicû , fils puir^é du Grand Cofme Jre conimun en la nature , par tout ia propre vertu auoit continué les maximes de fon pere , mais fa ieu- ^rJufceSvdeNjf ' ^ P--ttoiC. tune que cciuy de Nicias & d'Alcibiadcs Les i:ilus grands d'Italie luy offrirent , &fecours& ftance contre l'ingratitude de (à patrie, laquelle ne i; long- temps fûulFfir i'cclypfe de ce Soleil , & ne fa qu'au bout de. l'an , il ne fut rappelle & remis en premiers honncuis. >a patrie luy donna à fon retour d'vn confent(/mcnt içïai le liltre de Pere de la patrie > ce qui fut graué fon tombîau ; & toute l'Italie le furnomma du n de Grand, La mailon de Medicis a produit ttois Princes , qui unr acquis le lurnom de Grands. Cofmc le Vieil, ircnc & Coltîîc i. Grand Duc, qui fit conftvuire à ids frais vn hofpital pour les pèlerins en Hierufa- l'eft luy qui jerta les premiers fondemens de la iieraincté de fa maifon en la Republique de Florcn- ardcs voyes iuftes 6c Irgicimes, & aufquels on re î ti^ouuaqu wdifFereroraent toutes les grandes maifon^ dcMorence, aufTi bien que les petites auoicnc eftc fe- courues de fe s moyens, que chacun luy dcuoit. L or Ôc i argent eft à tort appeilé par Lycurgue la matière des mdcliancetez. Ceux de la maifon de Medicis s'en fer- uirent pour xeleuer leur fortune iufqucs où alloic leur mérite , U par leurs grandes richelll-s obligèrent ks bons& donnèrent occafion aux mefchans d'eilregrns de bien. Mais elles n'empefcherent pas les coniura- tions de fa vie, Urquelles il cfchappàen reuenant de la aiaiion de Catregîo , & fe deftournant du chemin, ou les ennemis l'atteudoienr. Lmrtns de MedtcK,(oa fils.apporce vn grand auan-: cernent aux anciens delFeins de ccfte mailon , eftanC tenu en la Republique comme Scipion Emilian à Ro- me , 6c dcLié des mct'"mes qualicez que l'hiftoire luj? donne. Luy fc voyant honoié du peuple , & alTeuré de lamitie des Ducs de Milan , parla bien plus haut : k 1 ,'pour recowtpenfer le zcle , la iuIHce ôc la reli I de ctfte maifoû, laquelle en a lai iTé les prcuues en tope & en l'Alîe. Ouccs les adions de Cofme cftoient royales, mais Ictéts d'vn rel tempeianjeut qu'il ne paiîoit les les de la ruodeftie d'vn citoyen , les Princes d'Ita- ulfenr réputé à honneur fon ailiance.mais il aynoa «choifir parcni ùs citoyens des fenaraesà les en- que de les chercher ailleurs, maria Ican fon fils à Cornclia d'Alexandrie auec de bru!r,duqi:el (ont defcendus ceux qui en leurs :cs ont iTiis en tefte toute l'Europe. Il donna à re fon fils Lucrèce de Turnabuoxii, & de leur isa : cft venu Laurcns de Mcdicisjfurnoœmc le Grand e M::gu)fique : la pofteritc dupuel tft faillie en cruie de Medicis Roync de France. Aulfîde ce rue, ou pour ne l'irriter à entreprendre dauantage.oa parce qu'elle recogncilTcit bien'le péril qu'ii y a, & le danger où l'on mec vn Eliac , quand on en tfloigne les ^aonlles mariées & tfleuces en la conduite des affaires, pour eu incrodtiire d'autres. Mais il ferabLoit que ceftc maifon fuft fatale à la louueraincté de Florence, &: qu'autre qu'elle n'y deuH alpirer, eftant riche de toutes les parties fur ielquelles 1 ambition peut fonder fes efperances. Laurent eftoit à Florence , ce que Pericles fut à Athènes, car quoy qu'fn apparence la Republique fuft populaire, ce n eftoit en cfFed que Monarchie t Aufli l tftac de Florence n'eftoic pas fi peu de chofe, ny li ' petit qu'il ne meritaft bien d'eftre dcfité, car outre (on ancienne eftcndué , il eftoit augmenté des villes d'A- rczzo, Lmoine, Gorfor.e, Pife, Montpu!cian,lia«rené 34^ De TEftat du Grand Duc de la Tofcane. k rendic fi capable des affaires de la République de Vlorcnce , qj'a vingt ans (es Confcils furent écoutez Se apptouuez p2r Its plus (âges & expérimentez, con duilanc les avions auec tant d'integrirc , & fes Con- icils auec tant de iufticc , qu'il ne propoloit jamais ce qui eftoit agtcable pour taiic S^dilVifBuler ce qui eltoic bon. Il (e plaifoit aux liures de Platon que Maicille Pl- ein auoit traduit pour fon vfagc, & diloit qu'il n'cftou poflfiblc de fe tendre capable de l'adminiftcation pu- blique fans cela , & vit fa réputation en la fleur de fon âge elleuce efparfe pat tout. Le Roy Louys X 1. fie eftat de fon amitié , Iny ofFiit Ôc donna fecours contre Ferdinand Roy d'Arcagon, fous la conduitce de Monfieur d'Argenton , & le Sol- dan d'Egypte luy enuoya de grands prefents pour gai- gnet lo!) amitié. Matthias Roy d' Hongrie recourut à fa prudence aux tftaires plus déplorez de fon Royaume. Le Pape Innocent V 1 1 l.faifoit tel eftat de fon ami tic que pour la nolicr d'vn nœud plus eftroic /demanda fa fille Magdelainc pour François de Cibo Ion fils : le peuple de Florence rhonoroit, ôc Us ennemis mefmes ne pouuoieut obfcurcir la lumière de fa vcttu qui al- lait' teluifant au trauers les plus obfcurcs ténèbres de leurs dmifions : Il tftoit autant mal - aisé de le mettre en comparaifon auec quelqu'vn , comme de trouuet vn fcmblableàSocrates* Quelques Sdgneurs de la maifon de Pazi , Saluiati &C Bandini impatiens de la tranquilité d '. l'cftat & de la forme du gouuernemcnt, fcrtloluteut d'en abbatre les deux plus fortes .Colomnes , Laurens & lulien de Medicis, ôc entreprendre de les cuer en l'Eglife de S"' Réparée, lors qu'ils entendroient la Mclfe.l'cflcuation de l'hoftie fut donnée pour fignal de l'exécution. François de Pazzi , voulant fçauoir fi lulien eftoit armé, le toucha & luy dit qu'il auoit pns de l'embon- point en fa maladie, le trouuant defarmé, luy plongea vn poignard au droit du cœur. Les autres difent que ce fut d'vne cfpcc courte > lequel ayant reculé deux on trois pas,tomba par terre. François de Ponzzi fc uant fur luy pour l'acheuet fc blelFa a la jambe. lean Bnpiifle de Monfccco eftou la pour tuer Lau- rens , mais foit qu'ayant parlé à luy auant la Meffe & tecogncu tant de vertu & de douceur en ce Seigneur qu'il K gca le falut public dépendre de fa vie , ce ^u'il fit retenu de la crainte de celuy en la puiliance & tu- telle duquel font les Eftats & ceux qui les gouuernent, il le lailia fauuer en la factiftic , le peuple y accourut : Laurent cft conduit en fon Palais, toute la ville en ar me , n'a en la bouche ny au cœur que le nom de Me- auoit .utre moyen d'auoit la paix qu'- n exautorant LauientdeMtdicis, lequel voya ;t que la bonne for- tune de fa nwifon cftoii le prt texte de la gu.-rre allem- bU les plus appareils de la ville, Ôc aprts leur auoir rc- prcfenté que leur maifon eftoit lepteiex;c de iaioiiic de la Republique , la caufe de celle émotion , déclara neantmoins que puis que le Pape 6c le Roy d'Amgon difoient n'auoir Icué les armes que contre luy > il ne deuoit cftrc fi mal - affedtionnc au falut pubbc que de ne le pteferer au falut de fa faœille , que poutce il ne rcfufcroit iamais d'efttiiidre ce feu,ôc de finir la guer- re par fon propre fang , comme elle auoit commence pat celuy de fon frère. Il luy fut répondu que le falut du public ne fe pou- uoit feparet du fien , «Se qu'ils fe ttoi.'uoient fi bien de fcs fagcs Confeils, qu'ils eftimoient leur conferuation dépendre de la fienne. Sous certe allburance , il refiftaau deffein du Pap« qui n'cftoit qu'en peine,lequel voyant que pat la boo ne conduitte de Laurens , le trouble lottoit d'italic que la paix y cntroit , ôc qu'en la Dittte de Crémone où il auoit enuoyc le Cardinal de Mantoué pour foi Légat, ôc où fe trouuerer.t Alphonfe Duc de Calabte Louys Vicomte de Milan.Lauitns de Medicis.Hercu les d'Eft Duc de ferrate , Louys de Gonzagucs ivlar quis de Ivlantouë ôc a 'i es Seigneurs d'italie , la refo lation de faire la guerre aux Vtoitien'S , eftoit change en vn accord , il en mourut de rcgta- Laurent aua eu tant de fal-heules loutnces en la vie pour le Icru' ce de la Republique , ^c les trauiux de l'efprit auoict comme vne lime lourde tellement vsé la vigueur n; tutelle qu'il en mourut en l'âge de 44. ans , il n'efto né qu'aux chofes grandes , fa prudence aux cntreprif( importantes , fa conftance en toutes les fcicnces cai pratiques que fpeculatiues , fa religion ôc pietc , fplendeurîôc toutes fes avions, fon courage conti l'cnuie des fiens ôc les confpirations des ennemis, h donna par toute l'Europe vne réputation égale a l mérites , maisfon amour à la vertu ôc à l'cxtirpatic du vice luy acquit en Italie la mefme gloire qui eft d meurée à l'Empereur Aurelian pat tout le monde. Les gens de lettres failoieut en fa maifon autrefc les falics des colomnes ôc des ftatuës des Princes : enuoya lean Lafcaris Conftantmopoîicain pour i cueillie les plus fameufes ISibhoiheques de i'Aue de la Grèce ,dequoy enrichir la Librairie que fon pi auoit commencée. Il en apporta des liures non leiil ment tates,mais vniques , Ôc qui ne fe peuuent trour ailleurs qu'en ce threfot : lequel a eftc amplcmciu £ tichy par les Papes Léon , Ôc Ciemeht V li. il lailfj vertu en eftime , le peuple en hberté , la noblellc honneur Ôc la ville en abondance de tout bien. De Clarice des Vrfins,il eut Pierre de Medicis qui cpoi Alphonfine des Vrfins,lean , qui fut Pape, Léon X. Iulicn. Quand Ferdinand d'Aragon receut la nouu'.lle la mort de Laurent de Medicis , il dit qu'il auoit ail vefcu pour luy, ôc trop pt u pour l'Italie. Apres la m.ort de Laurent ccfte faueur du peU] tourna le dos à la maifon de Medicis, quand Charlc! alla en Italie pour faire icfltutir la fleur de lys (j Charles fi!s de Louys I X. auoit plantée au Royaui de Napics. Pterre de Medtcù fils de Laurent , rccognoifl: dicis , les coniurateurs lont ptins ôc fans autre forme cftranglez ÔC pendus aux fentftres: entre lefquels fut l'Àrcheuefque Saluiati , chacun eftoit tellement animé à ccfte vengeance qu'on déterra le corps^de lacques Pazzi pour le traîner par toute la ville,auec le licol du- quel on l'auoit efttanglé, ils le defemerretent du tom- beau de ceux ds fa maifon , pour le mettre en la cam- pngne , d'où il fut encore defenterré Ôc tramé par la ville de Florence, Ôc en fin )ctté dedans l'Ame. Ceux- là feulement furent fauuez aufquels Laurent pardon- na, ôc qu'il tira de la foieur du peuple. Les Pazzi , Bandin ÔC Salmati chaiTcz de Florence Dour ce meurtre , fupplierent le Pape Sixte IV. qui, ha r.m s îlore^inf qui auo.ient pendu Ion Lcgat. | bien que les Fiorent.ns ne pouuoient empclJ j L 0' moient point Us Medicis. ôc ne les vouloit | pafl.ge de viuc force kiy alla deuant , ôc pour (u rien e en fa prot.aion. Ay.m principalement pcn- le tout d.s fureurs de la guérie, 1-7;^™'^ ^-^'^"; ^ ï eyL-gat Cardinal de Pile eUabicPomifical. ce de la ïolcane , ôc lY^? / rte Aluhonle'Duc de Calabre fut gênerai des forces! fut vn traift de leuiie homme que le Pete .no le qu. i> e ôc Ferdinand d'Aragon U«r donnèrent, i gneu impétueux ôc.mptudcut. Ccfte capit. auor Jecl rans que cefte guerre ne (e falloir contte les Flo- , rendit h odieux au Sénat ôc au penp e . qu. , rentuis, mais contre ia maiion de Medicis , ôc qu'il u y | n.nce publique luy ôc le.n 1011 tcere furci.t d r V De rEftat du Grand Duc de Ja Tofcane. 34^ Lng ^ ra„c d'annccs des pins r.cs end.oL. v^d ! l^lcrt 'e .^^^^ o ^ ' "i' à la diiact.on da peuple, leurs dclllins coud.mne. ' rence, t/nfoft Lie & nnrnfiTr l ^'^"^ t«nc : le nombre de Tes Ballons eftoit autrefois fans nombre. 1 on tronu- aujo.Kd'h.y des Efcu/rons qui en o«t ^ les antres huiA, quclquewns fcpt , lesMcdicis ac Milan n en auoient qo'vn. Le dernier affauc que in fortune fift contre les Mc- d.cis,f ut celuy q^i affranchit leur vertu de la tyrannie, ^ ^jui rrra du profond dts ruin«s leur grandeur & 1 exaltation de leur maifon. ^ latui oc Les Florentins royans que l'fiwpereiâr Charles V auoK pr„ Rome , & qne le P*p. cdoit prifonn.er au C-haltcaa S.Ange.ils challcrcnt Alexandre & Hypolitc 7r ^ ' ^'^f'^cere«t 5c «fcherent de tous les en- droit, de la^iile leurs armoirics,rompirent les ftatuës ae Lcon ik Clément , Icqud «it par fcs intcilipenccs l^'lle en tel eftac , qu'elle ne pounoic efperef autre Wic.tc qu en la fernitudc. Il s'accorda pour ce auec 1 i:mpcie:ir,p.u l'armée duquel Florence fut afiîf 2-e & çontramâe de reccuou- cdle Loy du vainqueur.qu'A- kxandre cpouPant Marguerite d'Autriche, feroit Duc tomme concraircsà la iibcrcc de la Rcpubliquc. Le Roy Charles paflant à Flor-nce logea au P«lai$ de Mcdicii) Madame Alphoniiiic femme de l^jcrrc de Medicis , luy rcprefcnta h vuinc de (on niary , d: Ion enfant , de la maifon , Se fuppli.i ia Majdlc pour Icn] retour. Le Roy ;.;3igna cela Uu leScnac que Pit rie de Medicis retouruciou en fa in.ailon & en lcsbicus,:nais elbnt retire à Vcnilc , il fut oublie auffi -toft que le Koy eut quitte Florence pjout .ilK r à Rome. Il demeura dix ans en celle peine , employant ores a protedion du i'apc Al.-xandic V'I. qui le trompa, le faifant iamais tien de ce qu'il diioit , ores celle de 'Empeteur,qiji ne luy leruit de iion,& n'ayant refuge 'lus aireurc que l'armée du Roy Charles H. & Louys ^ 1 1. au fcruice duquel il mourut au fcruice du Gaiil- ui. Eltant à Venile il cntrcptit de furprcndre vue por- : de Florence lous h faucur de la lîuidt 6c l'intelli- euce de (es amis, li le iour ne l'cuft lurpris à vnc de- lic heuë de la ville , iîc n'euft del'couuert , puis con- jmné à mort ceux qui fauorj(oienr ibu dclicio. Depuis la ma.lon de Medicis fut toufiours eu tour- l 'ô^^^^^^^Z^ ZiTTf' ^ T'''"^' ' ente iufques à la promocon au Pontificat de Iules ' Lau^^df MeTc s^/^^^ enfans,ho.rs& ayant caufe. , lequ-el la: Pape en vue nu.^ . ôc ayant l'elpru ter- ! Venise ' ^ ^ )le <5c impétueux, connme dit Paul loue, &;eleùreHx i Ainfî i mtrmp mnr , r «™ucf . de fc,«c. de i'ao..c,c du Ko, ' ^Ur:':::;:^:^!^^^^:^:::^^ r Fcaiicc les Floremios, fauonla & affilb les Medicis therine de Medicis KjZ,t-^ f T a; eo„,U™,.e„. ie rapc S,x. . V. e„ .uo,c de ^ef™ .o. ^^^^ re'nV :ra:<>i:': e' : OC recnetchc opimaltreu^ut la ruine , il honora tué. n Cardin . de Medicis de la Legstioi. de Bologne, ! Gofme fils de lean de Medicis.fucceda à Alexandre airigaer vne lournee a Mantoue pour adr.Ker aux & r,,onfira que les pnncipautcz vie„na)t de dIu mes de ta guerre , i\ y cnuoya ion Lcgat D. Ray- ' que les puîiîknccs fouueraines ne four noi, r7a 1 md de Gorduë y.çe - Koy de Naples s'y crouua , ^ ; ^ ,fFeri;ies par confeils humains 1^ ^e L^t Amba Fadeurs de 1 Empereur , des Vcn^iens & écs humain» ne peuuent rien contre ce que le cTeuT rrcs. La prm -ipale reioiutioa de i'aikr.blée & la libéré pour la'grandeur des familles q^irlf ^ o„" :iix exécutée fut pour mettre la famille de Medicis cœur 1"» iv^ui ruun ion ,ep;2^:strq:ec;S;s ed.onoùlcViceRoyde|plese.plo^^^ .de tous les con ederezj il .aiegea 6: emporta de| le lour de cét acadenc il fe pourmenoit en7on iaZ! ; force la vnle de Prato , ou furent tuez plus de il vit vue grande monihe de flrnrs contre i'ord« du te«:ps 6c de Ja faifon : Cela iuy fut vn augure aiTeurc de la nouxidic principauté fur la fleur des villes d'ica- iie , qu. trois loms après fe rrodua entre fes mains plus elpicc qu ci^vCice , il monftra vn grand trait de iii^e- mcnt & de iufticc en vne fi foudame occafion, car oîes H^n Iceuft que le coup de Laurent d^ Medicis auoic ouucrt la porte le fa grandeur & de fa fortune -, il ne I • " T ' ' ' r f ^P^^'^ pourtant à la publique vengeance que la iov' > ne voulant point vn Laurier infruûueux , pour iuy demandoit contre ccftc violence? Auffi doit t oÛ- elvfage ne fera larnais querel.e , comme diloit jours vn Prince reuerer la mémoire de celuy auquel il r^^an ; m..s bien la fleur de Florence . qui en tout | luccede. Celar .'empefcha bien d'abbatre les ftatué ps porte ion huiét. Ce fut luy qui Ht voir les ar- ■ " ' - ^ s». *t> iidiut.î, de Medicis à l'égal de ceiies de Fiotence malgté lal-vciUans qui les hbfonnoient par ûx piliiers. a oauie cil btèn plus illuitre, Euerard de Medicis affranchir la Tolcaue da Géant Mugclle com- it en duel Si l'abb*tic à les pieds, comme le Gcan atdelchaigerrurluy vnfoupdc Malle, il ie cou X milles hommes de ia paît des Florentins & p!u- rs piias, dequoy épouuanttz !a ville diuiiée eu el- leJine , te la mailon de Medicis y ayant encore de idj amis , 6c de puifîantes ir.cciiigcnccs , receut m de Medicis, lequel y fit fou entrée «a Pnnce, Qmme toufiours où Ja fortune va , lequel y court, 1 h s ordres de la ville y allèrent au deuent , tk luy nerCRt le noru de Seigncur,quc par modeftie i! re- de Pompée , que les ficnncs ne fufîent élcuées & alîeu- ices.Les Florentins recogno.ll^ns quel changement il- y a de la leruitude à la liberté,ont bien fait depuis quel- que fcmblant de reuenir à leur premier eftat , mais toutes les fois que ces dtft'eins leurs font venus en teitr,> • ils ont veu tant de périlleux accidens pendre à plomb' lur leurs tcftes, qu'ils ont change leurs defits de liber- 1 , ' , , ,, 7 '^^'■•-^j "-j" oni cnangc leurs dehrs de liber- e ion pauois en Camp d or . icque reçeut 1 ini- téen des relolut.ons d'obeyP/ance. Depuis qu'vH pe«-^ on de iix boules de fer p.ndaate. a fa malîe , Jef pie a vne fuis accepté la domination d'v^n Prlce, fl ne les efto:eat encore (auguntes pour les meurtres s'en peut plus aff;anchir , & ceux qui l'entreprennent auo.c exécute, ae frais , ce qu. douua occahon a ne font pas loties, comme citoycnsifircux de laTber- ard p. endre pour (es armes fix beians de gueu- té de Ieurp,rde,mais punis comme leruiteurs defobeyf,' lans,& iub)e6ts rebelles. Cofme fut Prince par toutes ks'voycs qui peuuent' conduire au-fouueram commandementiil fucceda par la loy de la fucceUion & capitulation de Florence , il fut tflcu par le Senar^il conquift !a viileayanc monHté- champ d or.Ie me porterois volontiers à vn autre n, qui me faiét croire que ce font ballons, & que de cefte maifon qui premiers les prindrent en armes , vouloient faire entendre la diuetie agita- ic leur fo;tune durant les rr.ouucmens populaires 34S De 1 Eftat du Grand Duc de la Tofcane» en vnrpiomptc & fouàaine leuce de gens de guerre, ^ ce qu'il pouuoit quand il faudtoit veiiir aux atraes, Les raoycns de paruenir au règne font diucrs,la façon de régner cd toufiours femblablc, les cfl;us, les Con- queraos 6c les fuccifleurs au commencement com- mandent d'vne égale puiffancc^ pcnfcnt auoir droiâ: fur leurs fujvits, comme s'ils eftoicnt nez pieds & poings liez fous leur domination. Cofa-ic n'eftoit pas comme cela addouciflant fa puiiïance de tant de mo- dérations , qu'il ne vouloir iaraais monftrer tout ce qu'il pouiîoit , tenant les volontez comme fufpendués entre la libeitc & la feruitude, attirant les gens de guerre par fa libéralité , le peuple par douceur , la no- blerte par la communication des honneurs & par tous les attraits des douceurs de la paix. Il eft vray que Cofme ds Medicis ayant vne armée dedans Florence fc fift cniieDuc & fur la difficulté qu'ô y faifoir,côn^andâ vnc cfcoptterie deuant le Palais qui haftabic les Seigneurs & MagiftratJ de palfct outre. Par après il s'eftablit auec tant de prudence que les Florentins fiifoicnt gloicc du ioug qu'il leur auoit im- posé, comme les braiics courtaulrs fc ioiient du mords, leauel ils motdoient au commencement. Il accreut fon Eft.u de cduy de l^ifc.le Roy d'Efpa- gne Uiy donna l'jaucftiture de Siene lors qu'il eftoit en Flandres. Aufiî le Duc de Florence prenant i'inusfti- ture de Sienc à chaque renouueUement du Duc, paye en la reccuant deux mille efcus au Roy d'Elpsgne, & de plus eft (ujeâ: ledit Duc de Florence entretenir au Roy d'Efpagne , ayant guêtre en Italie v le nombre de deux railîe 50o.hommts pour fon ù ruice Cofme voa- lou que fes enfans fuflent déclarez quittes de celte foa^me , & obligation au Roy d'Efpagne : on mit en délibération fi on receuroit les mcfmes droids pour U féconde inueftiture,& fut refolu qu'ouy. Le P?pe Pie V. donna à Cofme le tiltre de Grand Duc de Tofcane,!c couronnant folemncllement à Ro- me l'an 1569. d'vne couronne eftimce de cent ôc 20. mille efcus : Et ces mots furent efcrits en fadite cou- ronne par le commandement du mefme Pape Pic V. Pim V. Pantifèx Max. oh cxmmm diUEliomm & Ca- tholis*, Rtligt6r,i« z.tlnm prtcipmmque iufiitu [indium fioramt. Il difoit que le Prince ne fe pouuoit eftimer puilTant , qui n auoir de puiiïance fut mer , Si qui ne pot noit joindre les forces terreftrcs aux maritimes. Pctfuadc de ces raifons &c follicité de fes propres pen- fccsntii afpiroient toufiouis à chofcs grandes : il pro- cura & obtint par le moyen de l'authorité de l'Empe icur Charleg V. que le Seigneur de Plorabin luy remit & quittaft l'ifle d'Elba , la conferuation de laquelle eft iirpottante au repos d'Italie , pour cftre le pafiage or- d.n iite de tout ce qui va ôc vient du Ponent. Il y ht baftir vnc ville entière qu'il appella de Ton nom Cof- raopolis,& fortifia les aduenucs du port, de deux Cl fteaux, qui par la fituation & les forces du dedans, rend inexpugnable. Il inftitua l'Ordre des Cheualiers de S. Eftienn zoo. efcus de penfion fur les biens de l'Eghfe , en 1 fant trois ans de feruice fur les galères. Apres qu'il eut aflcuré fon Eftat par les fortetel & le bon ordre qu'il y eftablit,il pouiueut aux moyi de le maintenir & d'auoir roufiours à fon.comman ment les nerfs de la Republique. Cela ne luy e(l impoflîble en vn Eftat ri<.hc par le trafic de l'induf des habitans, qui trauaillcnt de toutes façons de di de laine, de foyc, & d'or fi abondamment, qu'il fe quelquesfois en vne feule ville de Florence , Se er plus de deux millions d'or de draps. De plufu moyens que la neccffi c des Princes a trouuc pour re fonds à leurs finances , il ne s'cft feruy que du ti des fubhdcs & des impofitions fur les marchand en quoy fes munfties font fi cueillez , qu'il n'y a qui entre eu qui (crtc de Florence , qui ne porte griller ou fa trarc]uc , fi que l'on ne s'ellonne pluS; laiiïa en mourant en fes cofFres dix millions d'c deux millions en pierreries. Les Princes mefmcs, ( qui entrent en des nouuclles principautez (ont ambitieux que ceux dont les puiffances font m affermies , & regardent volontiers les Eflats de 1 voifins , comme les adultères les femmes d'aui Mais Cofme fe contenta de l'eftablifftment de mination , laquelle euft eftc perilleufe & difficile n'cuft faîd des amis dehors & dedans. De Mad Elenor deTolede, fille du Vice-Roy de Naples.i François, Ferdinand, Pierre, Garcia, Ifabelle, Eleo François cpoufa Madame Icanne d'Autriche fill l'Eaipt reur Ferdinand le 18. Décembre l'an 155 Ferdmand Chrifline de Lorraine.Du mariage de i çois auec leanne d'Autriche , font ferries deux Eleonor & Marie:Celle-là eft mariée au Duc de 1 roué : la vertu & !a bonne fortune de celle - cyl' feruée pour eftre Royne de France, auffi ce fut ei que le Roy Henry le Grand , de glorieufe men eftât remis en fa première liberté de fe rematier,at toutes les penfées de fon mariage. Il mourut l'an i Par après luy fucceda fon frère Ferdinand, qui ta le chappeau de Cardinal , & fut j. grand Di Tofcane : Il époufa Catherine fille de Charles Di Lorraine- : il mourut quelques années aprcs,de et riage il euft vn fils. Cofme de Mrdicis t. du nom , qui régna ap« non foit iong-ccmps,il cpoufa Magxlelaine d'Aot filie de l'Empereur Ferdinand 1 1. du nom , duque riage çft y fîù Ferdinand 1 1. de Medicis, fils de Cofi règne à prefent, & eft le 5. Grand Duc de Tofc* n'tft âge que de 17. ans. LESTAT DV DVC DVRBIN. SOMMAIRE. I. T)t tffiinduë & confins dt l'E/lat du Duc dYt-^ if,n, & Us villes pnnapaUs qntl pojJedeyaHce U tjuamuc dtjcs Cha/ieuux. ,, j ■ 1 , 1. Son itrroir grandement jèrtueen bleds,vtns,hmles, ficuts & MHtres frmas , mau fon air ejl mal -fain & ma lad.f es timrons de Pe^iu principalement & di Fojfom 4. Ses rrehepj ronft/ians au trafic des vtrs de Ft/aure fif $npgitts /tichts,^ ^Htl ejl U rtHtitu de ce Prtnc^. 4. Ses fircts,fa gendarmerie & firtereffes^ 5. Catalogne des T)ucs dYrbtn i qui ont feigtn ifUffhà preftnt. ^■^^^^ E Duc poiïede partie en Ombrie,& ■V^i^^l tie en la Marque, 7.villes & plus de {i^^^^m Les vilks font Vtbin, Eugube, C ç^iKs^^ & Foflbmbrone ; & cellcs-cy font Duché d'Vrbin : puis S. Léon qui eft capitale < Comté de Montfeltre, Senegaille, & Pifaure. La longueur dudit Eftat tft d'cnuitoii (>o mill fa largeur d'enuiior; trente cmq. 11 confine, voi emi Del'EftatduDucd'Vrbin. 349 intrelafsc auec rEftstderEglife.de laquelle lecHtDuc :ftfeuclacaire,,&auecceliiy du Diic deFlortnce , & il paye tous les ans de cens • Ôc de recogtioiirance pour :ouc l'Eftac qu'il polîede.la fommede 2Z40.CCUS , tant il'Eglife qu'audit Duc de Tofcane. \\ Vibincll vnedcs plus anciennes villes d'Italie , de jiaquclle Pline & Tacite font mention, j,' Au temps de Conradin dernier Duc de Suaube,elle i'ut fubjuguee par les Comtes de Ferette , duquel les ["ucctfTeurs accroilîans leur domaine par fucccffion de î enips> eurent auflî Eiigubine. t Cette ville eft belle, & bienbaftie , & le Duc y fait I irdinairement fademeure.Pifaure a au(fi de belles mai- |ons. autant que ville qui foit en Italie, ScFoiTombrone I lomraee par les anciens^Fomm Sempronij , eft auffi fort leuplee. Qualité, Le terroir d'autour de la ville d'Vrbin eft bon au olîible, & du tout fertil , & porte d aufli bons fruiéts u'on en fçauroit defirer. Le pays desenuirons de Pifaurea vn alTcz mauuais if', mais le terroir en eft bon ,&r produit beaucoup de ■uifts & principalement des figues , ôc des vins ex- ellens à Folfombrone auflî , comme qu'elle aye vn it fort mal fam, toutesfois fon terroir abonde en fro- icnt , & en toute forte de bled , Se de plus en vin , en jile, & en diuers fruids, qui font d'vn gouft fort Jteable : & pour le dite en vn mot. Cet Eftat eft fertil, : abonde de toutes chofes neceftaires. Richejfes, Vne bonne partie de cet Eltat eft affife au riuagedc imer Hadriatique, & eft fort commode ,& de fort taud profir,pour plufieurs chofes qui y peuuent eftre lorrées détoures parts. On porte les vins de Pifaureà Venife , dequoy les labirans tirent vn grand argent , de mefmc que des fi- gues qu'ils font feicher , lefquelles ils vendent aux Vc- uticns,aaxBoulonnois&àpluficurs autres. Le reuenude ce Prince en pofteflions , gabelles > & lutant de rentes, eft d'enuiron cent mille ccus , & juand il voudroit charger fon peuple, il ne faut douter il n'en riraft vne plus grande fomrae : mais fuiuant acouftucne de fespredeceiïeurs, quia efté d'entendre 'principalement à la confernation de l'amitic de fon peuple, il fe contente delelaifter en ces termes, & vi- «e auec moins d'argent. I Ce Duc ne tire point de plus grand profit d'aucune chofc,quc des grains de toutes les villes qii'ii polTede; iveu qa'on void (îon feulement arriuer en la ville de Se- incgaille les bieds de l'Eftac de fort Excellence,maisen- cores deceuxde l'Eftat de l'Eglife , conduits en cette jt^illeparperfonnes quiont la hardieiTïde les tirer hors de l'Eftat duPape,fansfonfceu,Ôc l'on y en meinefort [grande quantité. Forces. CeDuc doit eftre grandement eftimc.premiereraeHt pourcc qu'on pourroic tirer de fon Eftat plus de i too. foldats aguerris, & qui fuiuroient volontiers, &: prom ptemcnt leur Prince, fi quelquèoccafion fe prclentoit de ce f.iire :& en fécond lieu, pource qu'encores qu'il ne poflede pas vn grand reuena , il eft toutesfois mai- ftrc des cœurs de iti fubjeâ:s,qui cmployeroient fran- chement , Se auec afFedion kurs vies , & leurs biens pour fon feruice Qiuant aux lieux forts, la ville d'Vrbin eft aftcz en defcnce;mais Pifaure tft cftirnee bico forte, & a vn forf bon chafteau,& outre ce.il y a quelques bonnes places pour lewr contenu en l'Eftat de ce Prince. Les Ducs d'Vrbin, Federic de Montefeltre fut aux preraieres années de 5 fa jeunefle adopte pour fils par Guy Balde Antoine Seigneur d'Vrbin , qui ayant vécu plufieurs années fans enfans, faifoit deflein que Federic dcuoit demeu- rer héritier de fon Eftat.A raifon dequoy Federic com- me luy deuant fuccedercn cette Seigneurie,eut beau- coup de moyen en vfant de courcoifie, & faifant obte- nir plufieurs chofes , &c paroiftre beaucoup de bell es qualitezqui eftoient en luy , d'acquérir l'amour , ôcia bicn-veiUance de tout fon peuple. Or Guy Balde Antoine eut en fc-s vieux iours vn fils nomme Ode Antoine , tellement que Federic demeura exclus de cette Seigneurie , & toutesfois l'afFedion de ce peuple en fon endroit ne diminua nullernent , veu que fes vertus la luy auoient trop acquife. Ode Antoine après la mort de fon pere fe donna trop de licence en fa domination , fut tué par quelques confpirateurs eftant fort ieune , fanslaifler après luy nuls héritiers : tellement que Ftderic fut appellé du commun confentement de tout ce peuple , &: eut non feulement du Pape cét Eftat en fief, naais encore fut crcé premier Duc d'Vrbin. Ce Federic laifia après fa mort héritier de fon Eftac Guy Balde fon fiîs , qui nonobftant qu'il print femme, s'ettant addonnéen fes ieunes ans à l'exercice de la guerre, demeura toutesfois goutteux, & fans efperance d'auoir des enfans. Ce fut ce Prince, qui ne pouuant entendre à autre chofe , à caufe de ion indifpofition, fit defisin d'auoir vnebellc Cour , & pleine d'hommes rares en toutes profcflîons , fi bien ïju'vfant de courcoifie enuers tous les galants hommes, auflî bien qu'Elizabet de Gonza- gue, voire allant l'vn vers rautre,à l'enuy, pour entre- tenir les hommes vertueux , il mit enfembie le plus grand nombre de telles gens qui fuft lors , ou qui ayt encore efté en la Cour d'aucun Prince , & melme don- na la forme, &le modelled'vne Cour bien ordonnée aux autres Princes. Ce Guy Balde adopta pour fils auec le confentement du Pape, François Marie de la Rouèrc, fiis d'vne fien- ne fœur.Sc duCapicaine de Rome, qui eftoitSeigneuc de Senegaiiie , qui fur nepueu du Pape Sixte , & frète charnel du Pape Iules ! I. François Marie s'addonna à l'exercice des armes, au- quel il r ;iiiTit fihfureuferaent , qu'il mérita d'eftre ap- pelle la lumière Si fpiendeur d Italie. Il eut plufieurs honorables charg s en h mili:c : il fut Capitaine gê- nerai de k République de Vcnile, & de peu auant fa mort, il fut fait anffi Général par terre de la Ligne qui eftoit encre le Pape Paul 5. l'Empereur Charles W Si la feigneurie de Veniie. François Marie poiîldoit outre la Duché d'Vrbin, Ôc la Comté de Mout^ fekre, la ville de SenegaiUc- qui eftoit pofiedec par fon pere,& outre ce il eut encores du Pape pour recommence de beaucoup d'argent qu'il deuuitauoirde l'Ëglife,& pour plufieurs feruicesfâids au S.Sipg^,l3 ville dePefare,qui fouioittftte poftedee par les Sforces, Tandis que lePape Iules IL vécut, François Marie demruraforr paifiblctn fon Eftac , ne chargeant nul- lement fon peuple , ÔC regardant fur tous à s'en ac- quérir l'afFedion , comme vne chof^.queles Prmccs doiuêc eftiraei beaucoup plusgrâdthrelor. Mais Léon ayant fuccedéà Iules, il eut Je grandes faLheries, veu que le Pape le priua en peu de temps de tout l'Eftat, Se De l'Eftat du Duc d'Vrbin. 350 le donna à LaïucnsdcMfdicis , qui fut pcre de Cathe- rine de M.dicis Royne de Fiance. Français M.uif n'ayant perdu auec Ton Eftat b gran- deur de fon courage , fa valeur , ny fa prudence nnli- taice,ny i'atF-ftion de fon peuple, ota aiicc quatre mi'le Efpagnols qui incitez par fa valeur,fuiuitcnt vo- lontiers, pauutes d'aigentjôc manquans de toutes cho- fes , aller contre vnt fi giands puillance que celle du Pape, pour le recouuremcnc de fon Eftat , &c ayant fait vn grand carnage des ennemis, tecouuratout le lien dans pîu de lojrs , fors que ia ville de l^ciarre. Il eut de Leonor Gonfague fa femme deux enfans mafles , c'eft à fçauoir Guy Bilde,''^ leCatdinal,ô<: trois filki.dont l'vne fut femme du Duc de Calabte Prince des ptc- ir.iers du Royaume de Naples , la leconde fut martee au Seigneur Alphonfe d'tlt.ic la ttoifiéme femme du Marquis de Mslfc. T)c forte que Guy Balde a eftc le quatrième Duc,veu qii'encor que Lauten:, deMedicis fe nommaft pourvu temps Duc d Vrbin-.tcuteitoispouice qu'il n'titpasde cette lignée, il n'cft pas mis par eux au nombre des Ducs. 11 eut delafccondf femme Vidoirt- Fa. n.le, (Se fe voyant incommodé il fe démit de la Duché en fa- ucur de idn fils. Fiançois Marie Prince de vif €rpric,& fort addonnc aux exercices ducotps, qui efpoufa Dame Lucicile *d'Eflr, œuiduDuc deFeuarc. Alphonfe d'Eft dctnier Duc de ceDiichc, Apres la mort d - Fiançois Marie quiarriuaaucom- fiiencement de l'année 1614. le Pape L vouloir em- parer duJic Duché d' Vibin, comme fief de l'Eglifc , le Duc deTofcane le vouloir aulTi auoir,commc ayant ef- pousc t'hciitiere d'Vibin.Touteifois pour tctmincr ce différent Guy Baldc fut reftably en laDuché,& auioui- d'huy & après la mort ladite Duché rerournera au Pa- j c,ii eft vieil, caduc & ûgé, & le grand Duc de Tofca- né , qui ne veut point auuir de diffeiend auec fa Sain- j itéré, luy ccdera volontieis ce Doche d'Vrbin après j la mottdudit Guy Balde , poutceque c'tft vn vray de l'Eghrc. Maispoiir dé rirj cecy plus particulièrement, il faut fçauoir que 1'. ff^ite des plus importants , qui s'cftoic ttaiôic a Rome depuis le fiege du Pape Vibm elt celle du Duché dVrbin^^ litlcs i.quia plus'pensc à l'exaltation defamaifon, qu'au repos de l'italie , inucftir fes nepueuxdudit Du- ché qu'il auoit oUé â Laurtnt de Medicis,& y adioufta Peiaro Lenogaplia , lesDuchfz de Montefeltro& Ca- ftel Durante , qu'aucuns di ent auoir ellé des fiefs , dc- penduis de l'Emj ire. La nature des fiefs dépendants du S. Siège, eft que l'inueftsture s'en fait aux m^^fles , fans que les fiiks y puillcnt jamais rien prcteiidte. Le Ducd'Vibin (]ui vid encore aoiourd'huy, a 76. ans ou rnuiron , il auoit vn fils qui mourut ces iours padez d'vne mort fubice , ayant laifsé vn feule fiile de la fœurdu feu grand Duc qu'il auoit efpousé: Par con- ftqucnt ledit Duchcd'Vtb:n doit infaillibiement,apres la mcirr dudit Duc , rt tomber à l'Eglile , & eftrc reuny au patrimoine de fainftPierre.fans qu'on IcpuiHe plus inféoder f iiuant les Bulles très - rigoureufes des Pa- pes, que touiks l^apes & Cardinaux iurent (olcmnel- Itnn lit. L'accident fie la mort dudit Prince d'Vrbin arriiia 7. ou d luurs auant la mort de Grégoire XV. Si tort que lcPa^>e a eflé ifleu , & guary dr fa granJe maladie, le plus grand fom qu'il ayc eu a cllé de pouruoir que le- dit Duché retombe i l'Eglifc , (ans aucun contredit ny diminution. tt àcct cfftdfc il cnuoya incontinent troisdes prin- cipaux , & plusconfidcnti Prélats qu'il ait aux trois plus prochaines Prouinccs dudit Duché , qui ont ordre & pouuoir de mettre en armes tout l'Eftat Ec"- cltnaftique, en cas de quelque changement & nou- » ueauté. Ce qui donna fujet de jaloufie à fa SainActc, fut la refoluMon prifc à Florence de faire le mariage du g^and Duc &de la petite fille du Djc d'Vrbin, de coiifett, comme l'on dit, auec le grand Duc. Le Comtf Francefco Gambara fut 'enuoyé par ledit Empeieur audit Duc d'Vrbin (ous appaiencede con- doleanceiraais entffeâ: pourle femondre àprcftercô- fentement que les Duchez de Monttfeltto , Ôc Cartel Durantf , & autres plices , aptes fa mort rctournalTeot à l'Empereur , qui otfroit d'en donner l'inuelliture à la petite fiile, c'clta dire au grand Duc fonmary. Cette piopolnionne fut pas fi bien receuc qu'on croyoit. Car It Duc d'Vrbin qui vit en Phi!ufophc,& veut palier le reltc de fes iours en repos , fit léponle qu'il t' noit tour le Duuhé d'Vrbin & terres enclauees duS.Siegp A['oftoliqne,parle5 bitns-faitsde Sixte IV, &c de Iules II. les predi ccireurs, & par confequent qu'il n'eftoit obligé de prefter aucun confcntemenC qui puft preiudicier à l'r.giife, & que fi après fa moit l'Em- pereur auo;t des prétentions , il les d^mefl. roit auec le Pape. Cette f oide réponfe ne pleut gueres au Confeil du grand Duc. En mefms temps le Pape cnuoya audit Duc d'Vrbin le Cardinal Cénini, quitrouuant l'hu- meur du Duc difpoff e , tira dt luy vue déclaration fo- lemnellcpar laquelle après famorr,désà prefent,com- me pour lors, rf cognoillant d: bonne foy tenir tout ce qu'il poiredc audit Duché d'Vt bin &i enuirons de fa Saindetc, il conîcntque toutes les placés foient temi- fes entre les m iins du Pape & toute fa fouucraineté pat faure d'hoirs malles. Cette déclaration cftant es mains du Pape, il prcfTa le gr-snd Djc , comme mary de la petite PiinceiTe , de la ratifier i Madame l'ArchiduchefTe mete, & Madame la grand' Ducheire grand' niere dudit grand Duc, qui auiourd huy î^ouuerne tout à F'orence , en vertu du teftament du feu grand Duc , affîrtce de 4 Conleiîlers, & du Cardinal de Medicis , tiroit tant qu'elle pouuoit en longueur cette refoiuuon. Mais le Pape les prclTa tant , qu'à la fin de peut d'entrer en rupture, ledit grand Duc, fa merc,ayculle, & tout le Confeil,oiit ratifié ladite déclaration du Duc dVrbin. Le Pape, il y a quelque temps fit lire en plein Con- fiftoire lefdites déclarations Ôc ratifications. L'aflF lire eltou en très bon eftat , mais vn accident qui elt furuenu a donné fujet de dcffiance de pait ÔC d'autre. Sa Sainteté penfanr mieux alTeurer l'affaire , prit expédient de faire vn nouuel Areheuefque d'Vibin,qui fceuft mieux ménager lesefprits du peuple, & veiller,à ce que rien nefe palfaft au préjudice de la rtiinion du- dit Duchéi Acétefftailfit éleftion de Monfieur Lan- corio Frelat treS'fçauant , & qui écrit l'hiftoire de ce temps, mais iuge d'humeur ardente, impatiente , & vn peu violente, auquel il conféra l'Archeuefché d'VrbinJ Si toft qu'il fut arriué.au lieu de s'infinuër aux bon- nes grâces dudit Duc , il entra en diipute pour les cé- rémonies , &c en traidant d',:tf.iircs , il entra en ruptu-, te manifcfte auec le Ducd'Vibin , iufqu'à vferde me- naces : Dont ledit Duc irrité renforça toutes fes places & garnirons d'hommes, 6c de munitions de guerre, & y mit pour la plufpart des foldats fubjcds au grand Duc, ôcdcsNeapolitains, & dit-on qu'il témoigne fe repentir d'auoir fait lefdites déclarations. Cette adion donne très grande jaloufie au Pape, joind auffî le bruit qu'on fait courir que L grand Duc, à cette heure qu'il eft faifidela petite fille.,ncfc faucie guiercs dei'elpoufer. De l'Eftat du Duc Vrbin. Et qn'6 traidc de la doner an fils ailhc de l'Empereur, ce rcnoiiiulIcroK les prft.c< niions (jiiiftronc toii- joiirs fomentées par It Roy d'Erpag,u-,.|iii voinhoitbn:- que h puiAacc dii Pape ne ctùr pas dauatnge en Iraluv Ledii Du Jicd'Vrbin vaut eniiiron zoo. milccusdc rente, mais il cft icmply des meilleurs fold.us détoure riralic, gens aguerris, & qui ont fait tpufiours profef- fion des armes. II y a i i Eiicfchrz , i.porcs de mer, 7.011 8. bonnes f )irerc(rc's Se bien miuiies.brcfcela accommode gran- d. ment i'ElU' bcclelîjftiquc , & le reiiuit s'eftendant xnamtenant d'vnc mer à l'aLitrc. Cette petite fille d'Vibin ne lai/Tc d'eflre granJe- mcnc iichcjledir Du: ay inc ptcs de jo.mil cens de ren- te au Roy.iume de N iples . en belles terres 8i Scig^neu- ries , 1rs biens allodiaux derouc le ûuclié dVrbiii liiy app-urenans, les terres p u- luyacqmfes mouuantes eu h- f dehditc iîonuerai lerc d'Vrbin,onrre ^.ou 400. mil éc is de meubles Biefjbn mariage monrêca bien à z.millions ik phs & malai^émcnc le grand DaCiiour ra tiouuervn p.ir;y plus ad i^ntageuxpotir fe marier. Sa mcre la doLi urieie dVrbiu f.mme du dernier Dac 3}» chiduc Rodolphe,&l(7y aporté 600 mil ducats, le ma- riagpôc les nopces (e loijt faites à Infpire ville capitale du Comté du Tirol oii affilièrent force Princes ôc Sei-j gneurs. Le Pape a témoigne d'eftre mécontent du procède de l'Atcheue'q>ie iVibin.qu* fans douccfans cette ru- pture eull ellé Gai d'vid à la première promotion. Oa elt après à racommoa'v tant qu'on peut cet alfiirc, !k à radoucir rcfpnt du Djc d'Vibin , lequel à ce qu'oq dir s'eft rapproche de fa femme pour voir s'il pourroic en fon âge auoir des enfans mafles.ia Duchcire fa fem- me ellanc ieunedc 5 j ans ou enuiron. C'ell l'Eftac auquel fc trouue auiourd'hny l'affaire d'Vrbiii.qiii feule peut apporter quelque bi oiiillerie en Icalic;car sas doute le Pape cômc très zélé enuers le S. Siege,& deliréux d'acquérir hôaeiir & repUtanô en cô- fenuc les droif^s de l'Egliie , embratl; cér affaire auec tac d'ard(.ur <& de paflîô qu'il viédra plLiftoftauxcxrre- mitez que de pcrmçtcie qu o luy ofte vn pouice de terre. C'elt pourq-joy il ell en conciuuellc delEince du grand Dacytk en ;ores plus d'.:s Efpag lols.qu'il içait ne dedter r;c pius qu; d' ibailTer la puilfance des Papes ea:,' SOMMAIRE. 1 . ^neppffedeaHiourd'huy le D ie de Mantouë. 2 ^"""fti e delà viUe de Maatene,^ comme elle fut baftte auant T- oye. }. Pojjedé.-! pard'uers Seigneurs, &fitalement réduite f^Hé la domination des Goriz^agufs. 4- ^'^ii^fion dtU vtlle de Mstntou 'é tfesfuperbes édi- fices, ^ Palais de Marmtrol. ■> .^ Du Mar^uifatde Mantferraî,iadi< pnIJedé pur Us •Faleohg esy^ua'id & par fut érigé enT)tnhé. 6. Pays de Mo-itferrat de grand rapport , fontaine deauchaHde medectnates d'Atijue. ■ • 7. ManioHins amateurs de la langue HebraijHt,phu eiue nulle natto/i,fimples en h.thillements,& l'h^>,>eur har- die rjr reuf/chs de leurs femmes. îi , Qnel tjl le reuenu du Duc de MmtOHÏ^é' du Gsu uernew de /iLan. ferrât. 5- Liftidis Ducs de MintoHë. J'u-k;., Jo^.j ' r 1 r ûr^ " -^w "-.uici lie p'us qu; a loaiiierla puillanceclcsl'apes A Vibmdecede. . cfpouse le f.ere de 1 Empereur l'Ar- Icalie,éc diminnl" les forces de rEftatEcciefiaftique L ESTAT DV D VC DE MANTO VË. eitra:^gc,s,& ries Vénitiens voifins : car Ocnu's fonda- teur d'ijclle fut fi , M Koy de Tofcane & de Mantus Ta mere,à raifou ^ pour l'amour de laquelle il 1,'appel- ieci. ujiii nomMjntouë, -clie faf i idis chef des douze Colonies des Hetru- ' riens,eil; fjc fubjugueeparles Gaulois lots qu'ils paf- ferent en Italie, Qc mirent bas l'ancienne authorité des Tofcans. D -puis ayant ohey aux Romains , & à l'Empirej tandis qu'il fut en gtaiidiur , elle vint fous la puif^ fmcedîs Gocs , ôcpnxs des Lombards, & ceux-cy eltans chalfez ^'Italie par Charles le Grand , elle fuc encor rcmireffous !a fubiedion des Empereurs. Mais leur puilfaïKe venant à manquer par le moyen desdi- aorces,& querelles des fucccireurs dudit Charles,ainfî que les villes d'Italie fe mirent en liberté , Mantouë fie le fembfabîe , iiifqufs à ce que rStiiperesr Othon (econd en inucftir Theobald , ou Thedaid , Comte de Canoife, luy donnant cette ville, & fa iârifdrdrion, ' pour les Teiuices q i'ilkiy anoit fats, mais la race de ce Thedaid eftant /deffaillic , il aduint qti'en l'an de grâce izio.le Seigneur Sordec Vicomte d Goite,s'eii rendit maiftre , rehftant aux tyrannies d'Ezzelin de Pa- douë. C tcuy cy fut fuiuy des tyrans delà maifon de Bomaicozi , qui en furent chafT- z l'an de grâce 1315?. par les GOnz .g.ies,& !'anip8. Louys de Gonzague filsdeGay de Go.izrigue jTortyd • race nobie, Ôi an- cienne , comme celle qui elloit dés le temps que les Lombards commençoient en Italie , commença d'y commander. Lavi le çfl: p;r3nde«c belle,p!eine de maifons,habi- cee d force up e elle eil: affile prés du Lac Benuc, duquel vient \\ i .i re do Mince , qui s'écoule iufques à Mantouë, làfailautvii Lac, enuironne la viile,& partant plusourre va tomber dedans le Po, Cette vaille eftfnp.Mbe en édifices publics 3c parti- culiers, au- c -ic fort b.;llf s nies dioidies & fpatieufes, &C embellie d- grandes & agré ables places, les iraifons font magnifiques , mais admirable en fuperbes ouura- g^s dp (es ïtmples, Eglifes, gali;.ic pli fieuis bons auih:urs ties ap prouupz obferutnt qu'elle a eftc fondée par Ocnus Bianor tres-anden Rq'na elle du >kpu»'>Chrefl:ien & Martyr. Daiislagi andc iiglifede Mir.rouë ell honoré le corps encoie eaiier de S.Aiiielme Eti,(qu& capable de lo- ger quelqi'e t^rince que ce !oi',qn; ne poiura qu'admi- rer la mag-iifiocnce de ce biîliinent. On void en cette maifon force bel 'es fontaineSjf.iiâ:es auecvn merutîl leux artifice , & des lacs pleins de toute forte de poif- fon>& des jardins agreabU s au pofllble , & finalement de toute forte d'arbres. Il y a quelques places en céc Eftat,maisortc Mancou'é.le relte eft peude chofe. j Qaanc au Marq'nfat de Montfcrrat , il eft enfermé entre le Tanarc (Se le Po, c'rft vndes fepc M^rquifats eftablis par l'Empereur OctonlI. qui en donna vn à chacun des fi's d'Aleran de Saxe. Ce Marquifat a eftépollcdéparlamaifon des Paleo logues, iufques à l'an rail cinq cent trente- quatrç, que lean Georges dernier des Paleologues , eftant mort, Charles V. dcclara le Dac deMantoii'é légitime héri- tier de Montferrnt , qui fut engéen Duché l'an 157^. par l'Empereur M.iximilian , &. Guillaume 1 îl. Duc de M intoii'éjfut nommé premier Duc de Montfcrrat. Or le Duc de Mancou'é a en ce pays trois bonnes vil- les» c'eft à (çauoir Cafal, faindt Vas baftie par Sixte IV. l'an mil quatre cent feptance quatre , qui eftmaiute- nant.alTez peuplée, & bien baftie. Albc que Pline lurnomme Pompeie , qui eft plus grande que Cafal; & Aique quieftaffez bonne ville. Il y a outre cela les villes de Ville neufue,Bclzole, Trine,Palais,Biance & L.bourne,qui appartiennent au Duc de Mancoué,& pour abbteger,on tient qu'il pofte- y de içyenuiion 65. villesioutte vue iofinité de villages. enrr> les :".Uieî langues i'H..bf-'i,jiie plu? pirtîcuîiere- -nrnt q jc huile a'itrc , dt m<:(.<.)t; qu'ils difenc que les C*-'*tfO,s s'â'idonnen' Tjit à!aG':ccq''e. Ils tiennent auffi que ceux de ivlanccuè ont vils en matière de re-:euoir les amis , & portent des habille- ment» qui fentcnt l'enfance, & nua la grauité yirile, qu'ils ccovchcric ks eftrangcrs. Se tafchçnt d'en tirer iufqui^s à la a^iniere maille. ■ Qu^'.nt aux f.m'.r>< s, on dit qu'elles font hardies Se rcurfcbcï toiK enftmble. L>:s Me ntferrandoisiicnnent de l'hunacnr desPied- montoisjfi bien que i'ayint d'écrite dansTEita: du Dac deSauoyc, ce feroic chofe fuperfluëde laïamcnteupit en ce lieu. Richejfe es. ^milité. g Le pays d'autour de Mancouëeft affczbon , & rap- porte à les maifttes toute lorte de fruii^s eftant bien cultiué. Sur tout il fait bon voir tout ce chemin , par lequel on palTe allant de Mancouc à Marnîirol. Pour lert gard du Marquifat de Montferrat, le pays eft inégal, mais il eft de rapport, & produit toute force de chofcîi neccifairesàla vie. 11 commence enuiron à vnejcuviiee 'oingdes Alpes, & eft fcparc par vne plai- ne qui eft entre It s collines dont il abonde, ,5c les Alpes. Il n'yatîen quin'y loit culciué,à caufe de la boncé du ttrroic. Le Tanare arrofe le cofté gauche,& le Po le droiél. 11 y a des fontaines d'eau chaude, & quelques- vns diTeiic que I hcibe naift, & vient à croiftre icy au milieu dcsenux boliiilantes. Le terroir d'auprès Cafal eft partie en plaine, ôj-par- tieencoftau, 3. par tout il y vient grande quantité de froment, de vin, & d'autres fruids de la terre. L'air de la ville d'Albe eft mal fain, toutesfois fon terroir eft bon , & f itil , eftant arrosé de la riuicrc de Tanare.La viile d'Aque eft renommée à caufe des fon- taines d'eaux inedecin<«les. 7 Les Itabens eftimcnt que ceux de Mantou'è ayment Le pays du Duc de Mantoaé eft bon pour entrées- 8 nir fes maiftrtSima's non pour tirer de i'.ugent des au- tres Prouince^, fi bien que Us habitans peuueut bien viured. cequc la terre leur apporte > mais non faite trafic , & fe rendre riches pat le moyen de ce qu'ils en tirent. On tient q'sc le Duc de Manrouë en tire plus de joo. mil écus routes les années > &enauroit encures pl-.is s'il netrai^ïoic fes fubjedts aucc toute la douceur qu'on peut defircc. Forces, La vilIçdeMantou'ë eft forte au pofiîble, tant parle ^ moyen de fon affiette , qj'à caule des fortificatio:is- qu'on y a faides, outre lelquelles elle a cette particu- larité, qu'on n'y fçauroit encrer que par des ponts, qui rendent l'accez bien di/îîcile à ceux qui voudroieuc entreprendre de s'en rendre maiftrcs. Qiunc à Cafal » fes murailles font très fortes , com- me ayans efté baftics par les anciens Marquis de Mont- I ferrât, qui y faifoient leur demeure , & qui y baftircnc vn tres-fort Chafteau. Mais en l'an 1590. Vincent Gonfague Duc de Man- touë & de Montferrat , y baftit vn autre foic, ttuu pourimprenable,que l'on nomme communément Ci- tadelle. Oatcecela ce Duc a vne bonne fortereflsà S. *îau- ueur,& vne des meilleures places que l'un voye i Pon- ftoure. Il en aencores plufieurs autres > mais le dénombre^ mem en feroic trop importun. On tient la Caualeric dt Mantouë pour la mrilleu re d'Italie, au moms les Italiens mcfmes luy eu don« nent cette réputation. (jomernemeTitj. Le Duc de Mantouë a dans fa principale ville fon Sénat, qui ■oguoiftde to: tts les chofej qii; appai'ica- nent à la iuft^ce en dernier rclTurr , & au Moncferrac il a vn Gouuerneur qui fe tient dans la ville de Calai» aurc vn fiege de luftice pour toute la Duché dcMouC- fcirar. Le^ Ducs de Mantou'è. lean F ançoisde Gonzagnefucrceda à Ion pereiran François Seigneur de Manioaë, & en tiu iaid le pre- mier Marquis l'an mil quatre cent trente trois , pat l'Empt teur Sigifmond, qui luy donna auili les aime* de l'Aigle de iable en champ d'argent , aucc la Croix rouge. Il mourur plein de gloire , ayant partagé fa Princi- cipà'jtc entre fes enfansl'an mil quatre cent quarante- quatre. Jean De l'Eftat du Duc de Mantouë. leaii François njour^nr, lailTà à Ion Hls Louys Man- tûul'xSt touc ce c)i.i cîî alïis tiiaiu à Veione. l.ouys comb^cuc lon^uemcnc contre (en ftere Ch.ir- Jes,& tntin deujciua vn.'ioriciix, mourut l'arj 1478' Fcdci ic 1 1 1. M.irqiiis Je Maïuoue eAou fi bon ^ Tes fujtds cjii'il IcDr jirtltoic txiclmc de r.irgcnt,& fut cx- trcmcmciK libéral, il mourut l'an 1484. FraïKjOis (ou rucccllcur,& fut le premier de toui les princes d'Italie qui nourrit toûjynts vue longue baibc. Il fut cftimc l'vn des meilleurs Capiraiiics de loi. temps, & fut ellcu Gcn-aal de l'a^mcc dts Vénitien;; qui eurent deux vittoircs Tous fa co.Tiduiôèe. Il mouiui l'an 1519. Fcderic V. Marquis de Mantouë luy fuccerla,& fut eflcu General de l'armée du Pape , ik des Florentins euccneicune. Il fut nomme Duc de Mantouë par CharJes V. Em- pereur, ainli qu'il venoit d'eftre couronne paï le Pape Clément VII, à Bologne. Il cpoula l'an mille innq ctiii trente ôc vn , Marguerite fille de Guillaume P.ilcolo- gue , Marquis de Montftirât , & eut ledit Ma,';quirat 353 en drt. Il«iO(iuic l'an mille cinq cents quarante. François 1 1. Duc Je Mantouë.iSc M^^rquis de Monr- fcrrat , lucceJa en la Piincipautc , n'ayant encore que 7. ans , 9c fit fous la cutcllc de (on oncle le Cardinal Hcrtulc. Cacique temps aptes fou mariage auec Cathfrine' H'Icde rtmpcreurFerdinand.cItant lombcdansU- Mi- nci . & en ayant eftc rctiic il piic vne ficne qui l'em- mena bien-tû(t. Il mourut l'an ijjo. Guiliauoie fucceda à Ion feie François aux Eftats de A'l3ntouë,& de Mo»tfcrrat, qui fut érige en Duché pii .'Empereur Maximiiian 1. l'an mille cinq cens fc- pcan.re &c trois, ledit Guillaume monruc l'an i^Hj. ' Vinccnr r da à fon pere Guillaume aux Hltats de Mantoi; . /Ic. Et à Viûc. )Ç auict -, . frdinand de Gonzagne fils c'e Vincent, qui ciloir vJatdinal , doi - ' ie démit pour gouuetner les Eftats ci fon pere.Sc de ^ cgnefcront pairitsplufu uts guerres entre le Duc d loyeàiluy, au fuiedb du Maï quifar de Montferra> il pietcndu par l'vn & l'i^uire Duc. SOMMAIRE. I . Rtifon pour le/ée par les Gûis, Hms f Lombards, dene ^ R^^'ggt , fitue^ en bon air-, hmdars en bleds, jthuts (^r vins. ! 8. Cftcye' s de M>)dene(*r Rhe^ge/Hbtfls.d'ejpriti(ff '.ymavs la Itberié. W^^^ Es années paiïées le Pape fceut fi bien '* débattre fon faiâ: contre Dooa Cefar d'Eft , qu'il le mit hors de Fetrare pour plufieurs raiions,par Iclquelles ilpreien- doit que la Duché de Ferrare apparte- oit au (ainâ: Siège. Il difoit premièrement que la confeflion & declara- on du peuple de Ferrare qui l'uuoné pour fon vray eigneur, luy dcuou fuffire pour toute preuue. En fe- Dfld lieu, qu'il y auoit des recognoiflances de tous les i>ucs de la maifon d'Eft , & en rroifiéine lieu vne infi- ;itc de Bulles, oftroys, & inueftitures des Papes, com- jiençantà Innocent 111. D'auantage il alleguoit que ^s Papes auoienc bien fouucnc recouuré Ferrare par pye de droift, & par armes • de la main de diuers qui i vouloicnt occup '^r. Outre ce, que plufieurs Empe- ;'urs auoient déclaré que la ville de Ferrare eftoit du jSicge , comme l'Empereur Charles fils de Charles le jrand,, qui fut au temps du Pape Palchal I qui confic- la la donation que Pépin auoit faite, & nomma Fer- ESTATS DV DVC DE MODENE, ET DVCHE DE FERRARE. raic du S Siege.puis Otro I. en la donation qu'il fit au Pape lean ll.ccnfirma ladite donation qui fut aufli con- firmée au Concile de Léon auec touj les priuileges. Quant au peuple , il difoit qu'au temps de Grégoire IX. Il fit au fon de la cloche en pleine allemblée vn Procureur nommé Bonin pour fJiefter obcyllance au Pape, & le Pape luy odiroya certains reuenus} qu'au temps d'Vtbain IV.d'Honorius i V ,& de Bonjfacc hui- diéme , ledit peuple rccognoilToic ie S. Siège en luy payant certains cens , qu'au cefnps de Clément V. fat i'an 1301. la cinquième année ledit peuple recoguut le S. Siège, & le Pape y enuoya vn Lieutenant & Gou- ucrneur , y fit des (tatuts , &c ordonna la façon de fon gouuernement,&: fie vn nombre d'officiers,dc le peuple fie vne infinité d'Ades en recoguoilîance du S Siège. Ec poufce qu'au tépsçle Grégoire iX. ceux de la mai- Ton d'Eft commencèrent à gouuerner pour le Pape, par- tant i! difoit que lefdits Seigneurs d'Eli, non feulement auoient toujours geuuïrné pour ie S.Siege,maïs enco- re l'auoienr recognû pour Seigneur de ccrte vjjle , de que le premier qui fur Azon d'Eft , y auoic eftc eftably Gouuemeur par le Pape Grégoire 1 1. Qu'après cela au temps de Grégoire X I l'an de grâ- ce 1372. la première année qu'il donna inueftiture auf- dits Seigneurs d'Eft tenant à Ferrare le Cardinal Pierre Légat , il luy enuoya vne inueftiture en la perfonne de Nicolas & Albert enfans dudit Azon, leur vie durant, auec vn cens de 4. mille ducats,commandant audit Lé- gat de ne leur donner ladite inueftiture s'ils ne pro» mettoient anparauant auec ferment de rendre hdite ville après le temps de l'inueftiturc expiré , fans reteniE les meliorations , ou autres dépences, & declaralfent premieremc nr que ladite ville appattenoit au S, Siège, co*PmciIs firent en l'an 1571. le 15. May. Que lefdits d'Eft auoienc toufiours obtenu nouuel- le inueftiture en prolongeant le premier odroy,dcpuis Boniface IX.qut leur confirma ladite inueftiture,poue abbreger qu'Alexandre Vl.ayanc fait alliance auec lef- ditsd'Eftl'an 1501. confirmant toutes les inueftitures, commençant depuis Sixte IV.lcur odroya vne nouuel- le inHcftiture iufqu'à la troifiéme génération reduifant les cens à mille écus, à caufe de tant de dépences faites» à la melioration de k ville. De l'Eftat de la Duché de Modene. 354 Que Léon X. au comnnencemcnt de fon Pontificat remit ic Duc en (on Eftac qu'il tenoïc aiiant U ptiua- lion de luUs, 6i qu'ay-res ledit Léon à caule de Mode- ne, ne de Rheggcpiiua 6c excommunia Icdii Du:,q»i • fuc'ïcrnis par AJiian 6. auec ccitaincs conditions qui onc toufioars eîlc oblecuccs , que le Duc ne pouiroic faire du f'-l à Cornaqoi maiS ieulement le S Siège.; Que Cltrneiu V 1 1. à caule que le Duc eftoit encré en Rhci>ge duraiu le Su;^e vacquart , l'excommutiia, appellanc les Princes Chreftiens à Ion ayde pour le re- couurcmtnt de Ferraie.maL. pourcc que le Duc 6t plu- lieurs belles orties au Pape. U en adumt autrement. Paul j. inueftic ledit Duc , tant pour loy que pour les delcendans d'Alphonfe , luy ociioyant la Duché de Ferrare auec les appactenanccs , ôc les gabelles que Us predcctireurs exigeoienc iùftcraenr,& l'inueftic cn- cot de tuus les droids que le fainâ: Siegc prctcndoit en toutes les auttes terres tenues par le Duc , à fçauo'.r Modene , Hi Rhegge, & ils s'accotdercnt qu'en cas de deuôlution par ligue finie on cicerolc les fuccelleuts du Duc par conciadiaion , au cas qu'il n'y cuft point de Procureur a Rome : ce qui eftou alors atriuc. Et pource qu'on aircutoit que l'inueltiture de Paul ,.eftoit poui hi ligne dcce;.danie d'Alphonlc grand pere du Duc ditiunéfc , de qui on difoit que Dom Cefar tfto-t fils.le Pape icpondoit que ladite inueftituct eltoit poui la li^^ne des décrndans maflesjnaturels Si icgitunts, ôc queledit Dom Celar cftancieulement naturel n'y pou- uoic eftre compris. Et pour monftier qu'il eftoit naturel , ils failoîerst voir l'arbre de la mailon d'Eft faiét & imprimé par Hietolme Folet , &L addrtiiéau detiunaDuc Alfoufe, ou il mectoit que le perc de Dom Ctlar xjui fc nom- moit Alfonlen'eftoiî'iicdeLaureEuftoique,&; du Duc Alfonfe, mettant la femme qu'il eut, ôi uc mettant cet- te - cy pour ia femme , &c qu'il n'appatoiflbic pas qu'il eull elle légitimé par mariage fubfequent,& quand on le voudioit piouutr . les paroles de Paul croiliéme ne (piration qu'ils auoient faitei il y a contre Siilicon raungerent jl'Italie , & s'tflcurent en | quelque temps contre les Chreftiens , n'auoit pris feu, 1 an mil trois cens quatorze , les cnfans de ceux qui j car on auoit defcouuert que les plus riches de toutes cftoient rtftcz de la ruine, ceignirent cefte ville de les Synagogues difpersces par le monde auoient faiét murailles. | vue bour{e de cinq cents mille efcus pour prcfentex aa Les Comtes de Canoftc en vfurperent la fcigneutie j Seigneur,afin qu'il fift deftruire le fainiSt Scpulchic de fan mil deux cents quatre - vingts iîx , mais ils en fu- j Hiei ufalem, & ofter aufdits Chreftiens cefte mcint>ra- rent chaftez la troiliérne année après leur vfui pation ' ble marque de la Rédemption & ds la moit de celuy par les Boiilonnois , qui firent prefent Je cefte ville à Ûbizze j'Eft premier du nomjMarquis de Ferrare, l'an Jeux cents nouante deux , mais l'an i j i6. les citoyens e rendirent à l'Eglife , & les gouuerncurs que le Pape / mit furent tuez par le peuple , pour s'eftre portez ndifcrettement. A la fîn Martin de l'Efcale, feigne ur !e Vérone achepta cefte villt dt s Foglians qui l'auoicnt 'furpée , niais auant que l'Efcale y i nrraft pour pren- Ire polfeffion , Louys de Gonzigue y entrant occupa ï Seigneurie , & fie baftir vne citadelle prés k porte Nazaire. Apres cecy Feirrin de Gonzjgue , ne la pouuant te- lir contre les foi ces de fou frtre,i'eigneur JeMantoue, |ui luy faiCoit la guerre, la remit pour éoooo. ducats à patnabc, Vicomte, & fcigneur de Milan 1 570. & elle Icmeura à fes fucceircuis lufqu'cn i'an 1402. que phi- jicUrs tyrans ie firent fcigneurs de diuerfes citez, d'I- jalie. Ce fut lors qu'Ottfobt^n le fie Prince de Rhep;ge, joais il fut tue par Sforce Cotignole incité par Ni- jolle 1 1. de la maifon d'Eft, ôc Marquis de Fcrrare,qui "en rendant maiftre.la lasila pour héritage k fa maifon afqu'à ce qu'en Tanné:: mil cinq cents douze le î'ape Iule II. l'ofta aux Ferrarois , ôc la (oufmit à l'E- i.lilc , fous l'obeyfTance de laquelle elle demeura iuf ju'à ce que le Duc Alphonfe l'ofta au Pape, & la laiffa ■our patrimoine à fes fuccefleurs. Ces deux villes de- pcurcrent à Dum Cciar d'Eft , puis font letournées à lEglife. I En l'an 155)8. Ferrare fut reiiny au fainâ: Si^ge , le fape Clément huitième y arriua au mois d' Autil , & I demeura iufques à la fin de l'an , le principal foin de 'pn fejour fut de mettre vn fî bon ordre au gouuerne- iieat de fes fubieéts qu'ils n'cufTent point occafîon de icgretter le Duc Alphonfe , n'y ayant rien qu'vn nou- l^au fcigneur doiue plus éuirer , que de donner occa- jon aux nouueaux fubjeds de foufpirer le règne de fon Itedecetleur. 11 rendit les chofes en telle égalité ôc proportion par lequel ils ont acquis la vie. Les PrincM , aux tct- resdcfquelsces Retaillez dcmeuioientnepeurentfouf- frir, ny diffimuler cefte coniutatiaii , & }es chaftierenc par des grandes amendes. Des adions publiques du Pape pour le temps Iqu'iî demeura à Ferrarc ; la plus célèbre fut la ftipulation en fes mains des promefTes de mariages de quatre perfon- ncs de mefme nom , mefme famille , niefmes armes, Philippe d'Autriche I i I. du nom Roy d'Efpagnc, épou- fa Dame Maiguente d'Autriche; Albert Archiduc d'Autriche , époufa Dame Ifabelle d'Autriche Infante d'Efpagnc,&: tous ces mariages furent ftipulez & con-^ fcmis par ledit Pape Clément huidiéme, pendant foiî fejour de Ferrare. Le terroir des enuirons de Modene,aboride en bleds, g ôc en fcbues , ôc autres chofes neceffaires à la vie des hommes , & fur tout il porte des vins excellens. Et quant à Rhcgge, fon terroir eft aufTi fertil au poftible, porte grande quantité de ffoment,de febueS;d'org% ÔC toute forte de grains , & de vins blancs qui ne doi- uent rien à nuls autres qui foient en Italie. Les enuirons de cefte ville font doiiez d'vn air qui eft bon ôc fain,& l'on y void régner peu de maladies. Mœurs. Les citoyens de Modene fe font toiTfîours monftf cz j forr defireux de la libcné , & ont fouuent exposé leurs vies pour la raaintevîir , ôt-ceux de Rhcgge ont efté de mefme. On a veu Tortir de Modene d'excellens pec- f«nnages aux armes, & aux lettres. Les Laliens difent que ceux de Modene font fub- tils , aigus en leurs conftils , & aiff z .i appaifer loxs qu'on les a ofFencezi&: longs à traider leurs hoftes. On dit auffi qye leuis femmes font de douce ba^ 35(5 Eftat de la Republique de Luqucs, meut, & nallensent rtutfchcs. Pour ceux de RHcgge iches , mais on ne peut encore bien parler de ce qu'en ils font aflables , fubcils, de bon tipiù , &C adroits en peut tirer leur nouueaii Prince. tout ce qu'on !es veut employer, & fînjiiement ils ont autant aymc la liberté que gens qni foient ?n Italie, & l'ont confctuce le mieux qu'ils ont pe» , ainfi qu'on void par la peine qu'ont eué ceux qui l'ont affujettie. RicheJJe,Force,^ GouuernemetPtj, t Ces deux villes , & tous les cnuirons font aiTcz ti- Quant à la fotterefle,ccs d' ux villes font alTcz bon- nesjôc R-hcgge plus qnc Modene,à taifon d'vne bonne citadelle qu'elle a , & ce nouueaa Duc tient en toJtes deux des gens de guêtre pour fc conTetuer. Quant au gouuernem>nt , il eft encor fi nouueaa qn on n'en pfut patl'.r auec slTc irance , fi bien qu'fl vaut mieux le palTet fous fiience , attendant que le temps ait meury toutes thofes. ESTAT DE LA REP VBLIQVE DE LVQVES. ■ \ Ccfte ville a eu diucrs maiftres , veu qu t lle a cfté dominée pat les Gots . par les Empereurs de Coiiftan- cinople, par les Fhafeois, Caftiuces , Spinols, pat ceux de i'Efcalt , par les Fiorentiiis , & les Pifans Et en fin elle fut fûubs la dominacion de Charles de Bohême qui en vfurpa la Seigneurie , & eftablit en fon lieu pour gouuerntur vn Cardinal , qui mit ccfte ville en franchife pour z 5 . mille elcus. Ce fut la première de Tofcanc qui teccut la foy Chreftienne. SOMMAIRE. I . Origine du mm de la ville de Lucfuet* i. Sa Jituatton ^ fon enceinte & fes co^'fi ts. i. Croix d'or (tr de grand prtx ^tti [e vuid en ^Egli fe de fairiUe Croix de Lu & de grand rapport à fes mai- ftres. L'air y eft aflfez bon, & les maladies ne font guè- re en règne. Mœurs, Les hommes y font naturellemeat courtois & for modeftcs, &c de grande bonté , procèdent auec beau coup de franchife en leurs affaires, ont l'efpri: fubtil & reUnTilTent aux arts aufquels ils s'employent. Ils ay ment leur liberté teut ce qui fe pet»t, à raifon dcquo; on tieiit qu'ils employeioient iufqu'à la dernière pie ce pour la conferuer. Prefque tous les citoyens s'ad donnent à la marchandife. Les Italiens difent que les Luquois en matière di fcicnce aymem fort l'eftude des fainétes lettres- qu'il font gentils à la réception de leurs hoftes i & fidclle enuers eux , de mefme que débonnaires aux oftence receu'cs , & fort prompts à pardonner , & qu'en leu trafic ils ont leur foy en finguliere recommandation & 'que leurs femmes font volontiers chartes. La lan gue de Luques eft « ftimée en Tofcane fort douce 6 pure : d'autant qu'elle n'a pas les accents eiviuyeu; qui font prefque communs à toutes les villes de cefti Piouince. Richejfes. H y ade riches familles, pourcequeleshommcsdi ccfte ville font de grands trafics, & ont des correlpon dances par tous les Eftats de !a Chrefticnté , & encoi ailleurs: mais leur principal trafic eft en foy?,pour U' quelle ils ont grands réputation entre fes Chrt ftiens & au remps de Caftiuccio Caftracani qui s'en fitfei gneur , plufieuts f.imilles en eftans parties pour n( vouloir p3S.obeyr au tyran, ceux qui s'en eftoict retire; portèrent l'art de la (oyc auec plufieurs tichelTesfi diuers endroits d'Italie , & encor ils portèrent à Fia rcncc l'art de faire le drap d'or, auquel ils excellent. La Republique n'eft pas riche comme ayaut vrv bien petite iurildidion , mais il y a be^iucoup de par ticuliers ayfez , & accommodez au polTible , &c tout leur lichelfe confifte en argent. Eorct, Eftat de la République de Luques, Forces. •g La ville de Luqiieseft force d'adlecte.ceinte de bon- nes muiaillcs , 6c. bien ( oui iieuc lic inuiiitions d'ar- tilIciYcs, ^ compitud 24. njilie pci(ouiics dans fon poiirpris, maisiïOiiobilaiu tour cela , iv quoy que les Gofs qui clloieiu dedans nyciic atitresfois louilenu lîx mois le iicge qui auoit efté uns deuanr par Nar(es,Ca- pitaiue de i'Hinpetcur lulhuian , toutefois on tient qu'elle ne ftioit capable de rcfilter gucie long- temps au grand Duc, s'il cntreprcnoit de s'en rendre maiftre, iînon qu' -.llc fuft aflî-.lcc de qutlqu'autre,mais on croit qu'il m iitc pli's de profit de commodité lalailFant ainli libii-,qae s'il s'en tiloit cmpié. GoHuememenùj, ^ Le Conftil cit ie fondement de cefte Republique, d- meime que toutes les autrcs.poutce que c'tîl de luy ^MC depcndeut , & nailF^nt tous les autres Magiltrats qui (ont membres de ce corps ordmaire. Ce Coirleil manie toutes its jilFcc i't feîiiae, ESTAT DE LA REP VBLIQV E DE GENNES . . fes veflemeKs & [on rnihoriié. SOMMAIRE. , DefcriPtt»n & diutfion de la Ugme , de CoiwesypnU des Dtt's. \ A De /avtUe de Sauone. I l Det jle de iorfeg^^e largeur , cmm & confins, fts parttes.ViUts Û chajieaux. ^ 6 L çHne & pays de Gennes. mf>nUieux & plt^n Ae JaptT ol.t en ol^.urs,a:ronnscrs & orangers. ^ Tco^e^ue IJleahndanfe en m>eUc.e,ra,J.sMyle, U des Caries , Gen.o. & L^gur^crs modernes . de v.frir fHbttl tjhril, aliter 1 & fa^ienx. ^. Rcuenu. de Gcmes , & en ^uoj co^ fifl' ul^J (es veïlemer.s & [on authorité. 16. Des Gouuerneurs, & (juel leur office. ï7. Du PodefiAd e/lravger ^ fa mnfdtaton.. 18*. D(s Sctndics/omeratr.s & leur pouuotr. 19. De la Rote ekfe trament les matteres'& affaire cmles. xo. T>eCauthorité& office dts Confuls. IV. T>e t origine de l'office de S. George , &fisgranA ^' it^'ies ProieBeurs de l'office de S. George, & la fhct dtltstfl're. De l'Sce des 44- & <=''»f' 24. Dt l'Jrcheue/ché de Gennes & fes /«/".l^» EHefchtz.. "^^^K A Ligurie eft slTîfe entre la riuiete d P^S^ Vat , & celle de Macïs,ou M.iigre, & du couchant pour la borne les Alpesqi diuifent la Prouence de l'Italie , du L ' uant laTofcane .du Midy la m-r L gud . ' ' uani liv * «Jiv^a.i». — — j - „ que.qois'eftend enuiron r6o.milles,& duNort 1 Ape linl vne partie de la Lombard.e dc ^;, U Po. EHc proprem J nommée L.gnrie de là le Po,pour lad ift. Lr de la L.gurie drçà le Po,qui eft U Montfctrat, auiourd'huy on l'appelle R.u.ere de Gennes. ou col du nom de Uprcmu re ville de Lagune , Or la nu n coftc.ou contrée de Gcnnes.eft d^u.scc en Orientale Occidentale , ayant au milieu Gennes pour fa v,llej« tropol.taine.La partie Ori^itale eft celle qui eft dep. le pott de Lune uifquà Gennes , & l'Occiaentale c quis'eftend depuis Gennes mfquà Mo^^^^o. Eftat de la République de Gennes. 3.59 pto d'import.nccdcc (lec^^^^ prirent le Roy &c la Diic'dt Sauoye , & Monacho cjiic le Koy t^t/p.^^nc : achcptc depuis quelques années du Scij^iiem qui ic polk.^oir, auquel on croie qu'il a doni c cent mille ci- ctis , il y a Vinrimillc bonne ville, Aiben^,tic , Cure, Final illuftre Marquiiai, ajnlî nomme de la'fubtilitc de l'air.Nole ^cc vn pori raifonnabic, ik Ssuoncr^ pici. de Saiione l'Apennin commence à le haiillcr,& i'tlUn dant du long de la mer infqu'à la ville de Bobbio.com meticc à (e recircr là vers K Nort, & va fcndanr l'Ira lie par le milieu infqu'à h ville d'ACcoli de P< Li;llc. Là il Ce dinife en deux branches alK z prés de Vcni , & en eftend vnc iiifqn'à la ccrrc de Bari , & l'autre iulquis «u Calabre. Mais rerournant à la Marine on troime Gcnnes, ville capitale de la Ligurie , qui commandt à la p.ufpart de celte contrce , îk pareillement à i'I/le Gallinaue qui eft auprès, & encor à i'ille de Cor- fc. * Genncs eft adife an riiiage de la mer Liguftique, auec vn poit btau 6c magnifique, qui s'ouurant dr. cofté d'Afrique , a Ton rcgaid au Midy , & la ville l'a aufli vfs la patrie Aulhale , tournant le dos au Nort. tlle ell partie en pendant, & par-ie en plaine , & entre dt-ux vallées, ayant fix milles de tour, vn grand nombre "y'habuans.ôc de palais magnifiques, principalement le Jong 6u riuage:d£ forte qu'on ne peut rien voir de plus beau.ny plus agréable, & ce n'eft pas fans canfc qu'on la nomme Gennes la fuperbe.Ccftt ville a toujours ffté en réputation , & tenue pour l'vne des clefs d'Italie à caufe de fon affi' tte. Elle fut autresfois raeroeilleufe- mentpuiiruit' furla mer. De forte que les citoyens ont obtenu des victoires fîgnsiéfs , 8c ont eftendu 1 s bornes de leur domina tion uifqucs à la riuicre de Don,ou Tanais j car ils ac- quirent la ville de Theodolie , qu'on nomme mainte- nant GafFe en la Chcrfonefe Taurique , ôc outre ce mircnr Ions leur puillance les Ifl.-s de Cyprc, Ltfbos, Ôi Chie,^ encor la ville de Fen are en Thrace. J's furent au commencement fujers aux Romains, in quf s à l'an de grâce 6oo Car alors Rotarts Roy des Lombards la prit & la pilla. Mdis après qu'elle eur cité rtcounerte, Charlemagne & P. pin fcn fils Roy d'italte, & Imts fucccireurs, Roys de France l'ont gou- ucrnée par l'efpace de cint ans ou cnuiron , y eftablif- fant des goutJtrnrurs qu'ils appelloieni Comtes. Et quand lesSarrazins le jetterent dans rjfledeCorfcgue, & cp prindrent poflelîîon , le Comte Adrmar equip- pant des galères s'en alia auec les Tiens en cefte Ifle, la iretira des n-iains des infideles,& la retint fous la puif- jfance des Geneuois En fin cette ville a efté fort excel- lente tn guerre fur la mer:de forte qu'elle y comman- da long-temps, & cmpelcha que les Pyrates n'cxerçal- fent leurs vols à Itut aife. Apres Ctïatlcmagnc & fcs enfans elle a fouftenii beaucoup de tyrannies de fes citoyens , Se pour r„ „ ^n. ' „„„i ,f_.- j _ i J- J — , — i ellt caufe a tfté quelqutsfois contrainte de receuoir des îcigneurs eftrangcrs , & qui plus eft , elle perdit par es dilfenlious ciuiles toute la donaination qu'elle "iriit lur la mer. L'an I i ) 8 il furuint vn grand difcord entre les Gc- ifiiois , & les Vénitiens à caufe de Tyr ôc de Prole- Tiaide, où les habitans de ces deux villes trafiquoient. '^■ar l< s Geneuois ayans recen vn grand efchec des ^^enitiens , appellerent à leur ftcours l'Empereur de -onllantinoplt, nommé Michel Paleologue , & pille ent 1^ •>.! 1. J„ ; ^ . \t ^ ■ ' vn peu aprts ils les deliuie.ent , iei,r impofanc vn tri- bur annuel , & rctindreut au Royaume la ville de Fa- magoude. Au rdle , le premier Duc de Gennes leua vnc armcc contre les Venit.ens.& fut dcHanac : a lai- ion dequoy fut priué de fa charge, & .xis en p.ilon, puis on en mit vn autre ai Ion heu , qui alfaillu vail- I .mment les Vénitiens . leur fit beaucoup de dom-' mages, mais à la fin il mourm en guerre. Lors les Geneuois créèrent vn autre' Duc qui alla crouucr 1 Empereur de Conllaminople , & fie li bien on deuo.r aux guerres où ,1 fut employé qu'il eut de i Empcteur 1 iflc de Mitylenc . ou Metehn , que ks >cneuoisonttenuéiufqt.'aran i ^ Apres ce Duc les Gcnciuns en créèrent encor va aut,e l'an W fut le dernier, & après !uy ils prindrent Charles 7. Koy de France pour leur prutedeur , qui y mit vn Lieurenant pour luy. Mais ces inconftans fâchez des i^iarçois, le joignirent au Duc de Milan, qu ils eurent puur leurdcff.nieur iufqu'a l'an .435 lois abandon- nant le Duc Philippes ils créèrent vn Doc : ce qui ne nic touteslois agréable à pluficurs , pource qiîe les vns tenoKnt le party des François , les autres du Duc de Milan.. En fin ils vindrent fous la puiiîance des nançois, ôc y demeurèrent lufqu'à ce qu'Andic Doric fa.fant celTer le s fedit.ons ÔC débats, des Adcrnes , ôc des hregoles, dont les vus tenoienr pour la robleffé, & les autres pour le p uple . mit ccftc ville en l'eftat an- qoeieHeelto.c eni'anij.J5. Autour de la ville ,1 y a des maKons plus fuperbtment balties que dans Gcn- ^'luae" l'eT'" ' que lelon <îuelques- vns (e nommoit jadis Sabatic, ou ^ bate. Son circuit eft de • joo. pas, S, ,1 y a des ba!î A y:s magnifiques. Elle a efté fous la ptulTance de diuers , comme des Geneuois , des Vicomtes . & cks ^forces Ducs de Milan , & pareillement des François! quelquesfois auffi à elle mefme. M.s mamtei a t o sPr^'"'if'r""'^- "^ft '-^^^'ie cefte ville s'^eïT'' ' '^^'"^^^^^^ îulesll.& Or palTant à la riuiere qu'on nomme de Leuanr,on ouue derrière Capo di Mont., Porto fino , ôc R.pal- e auec fon golfe , ôc plus outre Chiauari, & Seftri ,& Leuanto allez bons lieux, ôc les cinq places. On void api.es vn petit golfe qui eft tout port auec les places de Portrouenere, & de la Spetie ôc plus outre Lerice. Us polledenc encor Herelane,qni eft vne place forte,fron. aae des Florentins , & de ce lieu dépendent la cité de Vingtianlle & beaucoup de villages, de chaftcaux, ÔC de bourgs, (3c Piene, La Corfegne eft la moindre des trois Ifles qui font joignant 1 halie , dont les deux aut.es font Sicile ÔC 3«rda-gne. Les Grecs l'ont nommée Cyrnos , ou ç Cyrne d vn fils d'Hercule , Se quelqu'vn atenu que c eft celle qu Guide nomme Teraphne. Elle a pour fes bornes du cofté d'Occident & de S.pten. mon la mer Liguftiquc , du Leuant la mer Tyrrcne, & 1 Ionique, ôc du Midy le deftroit de mer qui eft: entre elle & la Sardaigne. Car elle a du Nort le Cap Corle, & regarde du mefme cofté Portrouenere , où le ort de Venus de la riuiere de Gennes , duquel il eft tllo.gnc de 60. milles, ôc non de 120. conime quel- ques- vns ont di^t. Elle eft cfloignce de Sarda gne, Iclon Srrflbnn . r^r- /Cr. n...j„- _ •? . " b'"-« mr.n, p„,o„„,er leur Duc , & s'en alle.e,,, iufquà „y . le au "re/m , ^nf t.' U^/^ Al'' """" .»i. .e de Don. n>e,ta„c eu leur fuj>aio„ plulîcurs vil- peut fa.re en vnThen", " l A f 'T^Z es & citez. P'"' vne heure. Leandre mer diVm'îllerdï- L-.n„ée' ,,,7. ii. inftKuerenr vn Duc à la façon MSM"™:;;!,i"ruTé^r' 7 6o Eftat de la République de Gennes. ^ ' II .1 11 - : rrnA <-|ll*l. llPcfrlS longue Je )6o longue .... m>lles : mais NCrKablcmeuC Uc id de plus de >io. Plioe la fait lavge de 60 milles : 6c SnSboi. 70. ce qui ca vcruable Son circuit, ftlon 1 mine, eli ^ie . ^ félon les autres de ioj. ^ & fclon û'^uci-es encore de 590. mais la vente , ou'elle cil luiLœent de 515. milles. Elle eft au j. cli- ] mat & occupe le u. & ij. parallele.ôc fon plus grand iour d'EAé eft de 14. heures , trois quarts , & quinze Cefte Iflc fut I. occupée par les Tyrrhcnes.ou Tof- cans.puiipat les Caiihagmois. aufquels elle fut oftee par les Komains qui en )oUytcnt lulqu à ce que les Sar. îazins les en iruent hois,& ceux-cy furent chairez par les Gencuois , & ceux-là pat les Pifans, & finalement elle fut loubs la puillance des Papes : mais en dernier heu elle leuint entre les mains des Geneuois, aulquels elleobtyt. On diuife auiourd'huy cefte Ifle en quatre parties, c'cft à fçauoir au coftc exterieur.Ôc en celuy de dedans, & au pays qui ei^ deçà les monts , & en celuy qui elt delà Car la partie qui regarde le Soleil leuant fe nom- roc colle intérieur , & celle qui luy eft opposée . e collé extérieur. La partie qui eft la plus proche de 11- talie fe nomme deçà les monis . & celle qui regarde la Sardaiene delà ks monts. Touiesfois ks habitans s'appellent les vns les autres deçà & delà les monts, félon leur demeure. Pline dit qu'il y auoit en cefte Ifle ? } . villes . ce qm a cfté remarqué par Maiiun Capeila. Et Strabon dit que ce n'eftoient villes. t«ais chafteaux , & ne compte que quatre villes de (on temps , entre letquelks il y auou deux colonies i l'vne nommtc Mariane de Ma- rins, & l'autre Alcrie euuoyéc patSylU. Mais auiour- d'huy elle n a prelque qu'vnc leule ville appel.ee la Baltie.piés delamcr.encor eft-elle bœn pente en ex- trémité de Collègue qui regarde la î>atdaigne : il y a vn cUaftcau nommé Bonitace , jadis nomme poit de Syracule, où li y a vnbon port, il y a quelques .nnces que les Geneuou y cnuoyaent vbc colouie de gens de leu. nation pour y habiter qui baftuent vne petite vil- le auprès de 13omtace,au port de la mei,qu ils nomment Portouccchio . c'cft a une vieil port , enuiron demie ^"^:r!r^vauÏ^k::^>elleeftàtroislieu.sd^^^ len^ue , ou enuiron loi. g de la Baft.e : mais elle eft auiomû huy ruinée,^ n'y a que des pafteurs qui habi- «m.Son Euelche a cfté cranlporté à la Baftie. Quant a Aiazze . quoy que les Curies en facent allez de cas. loutesfois .e n'elt pas grande chofe. Cefte 111 ayant cite pciredce par les François quel- ques années, fut rendue aux Geneuoi. par la paix faite Pan mil cinq cens 59. entre ks Roys de France & d £(- p„guc. té. , Le pays deLigurie eft pour la plus grande part af- ' pre & montucuxrôc de tous ccft. z on ne void que des •ochers ÔC des précipices 4"» ^''^J"^ ' des pairapes fort eftioits , & Itlon Strabon il a cite ja dis entieunœnt fter.k , & n auoit rkn digne de reçu. Gnon qu'au dedans foù il «ft prelque tout montucux plein de forefts , 6c de précipices; .1 y Lnds arbres , comme il y a encor , dont ils vlo enc à taire des vailkaux , au^c le quels ils elcumoient tout iufqu'au dc.tro.t de Gibrauar. Mais maintenant la terre eft mieux cult.uécôc principalement il y a gran^ de qua.t.té de fort bon vm; vcu qu'au terroir qui eft près de la v.lk de l abie, on en fait qui ne cède nulle- ment à la maluoilie de Candie,ceft luy qu ou nomme '^''iTy'a aulTi en Li^urie fort grande quantité d'huyle, tellcm que ces barba- res cftoient tous (auuages , & tcnoientplus de la belle que de l'homme : car où ils le pourchilfoicut la mort rn toutes les f içons qui leur eftoient polîibics, ou bien ilsennuyoicnt h" foit leurs maiftres auec leur impnticn- fe trou le cnri'oux gueres de pcrfonues qui aff:5li<'>n- nenc le^ Ictties, ou qui y ayent eltc nounis , tout« SiOis ils les admirent aux autres. Mais a ianr que mettre fin à cette partie,ictrouiie à propos de mettre icy ce qu'on die coinmiiDcineut en Italie des Gcneuoisrou les nomme iguorans en m:uic- re deconfpil. On dit qu'ils rraift^Mit leurs hoftcs afT- z modcfte- mcnt , Se nu îme qii'i;s ne pvennc-nt paipl iilii à les ce, & leur peu dcfprit, qu'Us fs fatchoient d'y auoir ! reccuoir , qu'ils ne viuenr que de laKaucs , qu'ils font mis leurargent , encore qu'ils ne leut cuircnt courte , fort propres à leurs habits, & quant à la marcHandife, qucfortpeu. |oiidit qu'ilsfont txtrcmem! nt piticns , Se OLi'iIsfoi Mœnrs de ce temps» IQ Auiourd'huy les Geneuois & Liguriens ont dépouil- le cette btutaliié dont ils eiloicnt pleins, & ou ne void en eux qu'vneforr grande induftrie. Se vn efprit vif^ Se fubcil, Itqucl ils font paroiftre en leuis atFaires , 6c au grand trafic qu'ils font, où ils mcnagvnc fi bien leut fai»:l,que la plus grande partie en eft riche. Ils s'expo feut volontairement à de grands dangers pour le profit, & font de plus grands nauircs qu'aucuns autres qui L^it qu nsiont txtrememf nt paticns , se qu ilslorc tocifioufs ccumcurs,vilains,mi.lqains, cnJienx Se alFa- mczySe quant aux femmes de Gennes, on die qu'elles font fort lafciues. Rtchejfes. Ou porte beaucoup de citrons , limois, oranges , & i * huiles, de 'a uuiere de Gvnnes pat i'iralie , Se encores en d'autres Prouiuces, auec vn remarqu blc profit des Geneuois. La Coîfeque porte des vins qu'on fftime grandc- voyagent fur la mer. Ils fe içauent extrêmement bien i ment à Rome où on hs port-dcquoy les Cories tirent couduuceu ce qui eft de leur Republique , ^combien ' de notables fommes d'argent. Au rtft> les Gen uois qu ilsfoicnt enjor altiers , Se faÊtieux aupolîible , ne delirans que chofes nouuelles : de forte qu'aïufi qu'on vint dite au Roy François que les Geneuois te vou- loient donner à luy , il répondit promptemeut qu'il n'en vouloir point , Se qu'il les donuoic à tous les dia- bles,tant leurs refolutionsont peu d'alTeurance.lls font pour la plus grande patrie allez hauts, Se agréables de fe lont tous mis .'"ur les changes , Se fur certaine iorre de gain, qui eft v^tile aux particuhersjmaisi qui ne porte nul profil à 1.1 Rcpubhqac. Car le r^iimw ordiuaue cle la ville n'eft que de ;o. mil ccus , qu'on en tiie en pre- nant tant pour f :u,ooinaK' vae eCpc :e de cens. Q_iant au reueuu de la République , il confifte en - ~ . « doii »nes,gTbflles,& autres droits, &: eft employé eu la yilage. Ils viueut chez eux fort mefquin:ment , mais i dépcnce du Palais , pource que les autres terres de ' la , lots qu'il eft queftiond-' Çmt quelq le dpencequi Seigneurie fournil^nr ksgiges de leurs o!fiders,8ï de ' ' paroilfe.ilsfontdu tout Iplendides, ôipour mieux dite ; leurs gardes. Et ce reueuu, qji peut r^ueuir à quatre excelfifs. ^ , ; cent mille éjus,eft hypothéqué, & afïjgné au i/vîonc Il y aencor entreux force bons hommes dèguerre, fai^a G -orge q ji legouuerne faaemmt : & ic dtuarc & de bons Capitaines, comme on peut remarquer en , à ceux qui participent au Mont, % hxt fonds pouJ les lamauon desDanes, &au Marquis de SpiuoU iVri Incceiritcz de la Republique. Ils tirent d'Efpagne tant des plus alîmrez , plus vigUans , C5c plus aduifez chefs j de richdRs , qu'il n'v a vdleen Iràlie dune les pa.iicu- qi oncoguoilTe.llsfont encore vaillants fur lamer,Ôc Mietsfoienc fi rich.,s. Plufieurs onr eu pour payé.-ienc entendent lut tout fort bien le coin^ncrce. ou pour alT urance du crcdit qu'ils auoieut f.>' des Quant aux Corfes > ils ne font pour la plufpart gue- I Eftats d'importauce , & en E pagne , Se .u Royaume resc»uiliiez,& on ne trouue pas en eux cetie polueife , de Naples Oa peut alf. z :ognoiitrc la n h.- if de - Ge- quon void aux Italiens. Ilslout extrêmement cruels, ! neuois' auxaduances que le M-.rquiv d- S ..i >l^a fai- & retiennent eacores ce que C.iar a dit d'eux pource 1 des de fesdenicrs d jik il a payérarmé- du Pays-b^s^ ^ regard , mais ily a bien de bons foldats. Se des hom- Iveu qu'on rçaitaffcz que fa m^ recft ailée ioanent fac mes fort courageux , Se quand cette nation n'auroit le Change demande ri qui c'eitoit qu- fou fil j d-ioif I point d autre grand Capitaine que Monficur le M.rcl- Lfia de l'acquiteti couibiea q:ie le tout femontalU de . chai dOrnauo (comme en eiFea c'erttout i honneur ! groftes fommes.ainfi qa'on peut aif z lUgcr.O. Roy I de cette nation) encore peut-elle eftre à iamais a|o- .l'Rfn^anP M\ rr'î^,..,.\.r ,,k!.,.^ r^.^ ) encore peut j rieufe pour cette confideration.Au refte,ils font telle- ! ment vindicatifs i que les Italiens ont vn Prouecbe 1 commun qui dit , qu'il ne fe faut fier en vu Corfe, ny vif,nymort , pource qu'aulîi toft quequelqu'vn a efté tué , foudain tous fes pirens s'alfemblent pour faire i mc)urir le meurtrier , s'il leur eft polTible : ôc combien qu'ilfe falTe quelque accord entre eux, toutesfoisc'cft I vncpaixen laquelle il ne fe faur gutr^s fier , veu qu'on j fcroit furpris lorsqu'on y penferoit le moins , de fot; 1 te que le meilleur eft de prendre garde de prés à foy, i &dcne faire guère efttoite amitié auec Tes ennemis tc- j conciliez, j Quand les Corfes font en vn pays eftranger, ils font foigneux d'aydet les vns aux autres , & defe due de i maifon , Se de qualité , combien que la plufpart ài ceux qu'on void venir de leur Ifle ,.foient rudes, & j mal vcllus tout ce qui fe peut : aulTi tafchent-ils de les ! parer le mieux qu'ils peuucnr , auant que de les laiffer paroiftrc. Il y en a qui telilfiirent en pratiquant lesau- d'Efpagoe eft teîîeincat cbiigé aux Geneuois, qu'on tient que l'année i ôoo.'ls couiptoienrfui la place que ce Roy leur deuoitdix-huivl: millions. Oup u.. \Tez eftim;r iq îoy cette l'ommeeft maiiuenaot venue , ff tant eft qu'ils ayent continué de compter félon le cours de la place. Quant à la Republique, l'on ne fçauroit dire ce qu'elle tire de net des pays qu'elle pO!Îede;& plufieurs tiennent qu'elle n'cft pas riche, Se ques'il luy furue- noitcjuelcjue affaire, les fculs particuliers deficeux de fe maintenir , foarniroicnt à ce qu'il faudroit } vcu qu'il n'y a point , ou pour le moins il y a bien peu d'argenc public à Gennes , qui n'a pas vn thtefor plein d'or Se d'argent, comme celuy de Venife Ce qui les rend p,eil foigneux de telle choie, c'eft l'alTeurance qu'ils ont de la protedion du 'Roy d'Efpagne.quiVft en effefi com- me leur maiftre. Audi comme tel il leur fçait bien ti- rer en fes necclfitez de bonnes plumes de l'aille , à rendre quand la volonté l'en prendra ; vcu qu'ils n'. n fçauroient tirer nulle chofed'autïe forte. PourriHede Kh 362 Ellat de la République de Cennes. Coifegiie, la Seigneurie dépend bien en gainifons , & aunes choies ce cju'cile en ^jeut tuer. Forces. 13 La Seigneurie de Geanes ne fe peut guercs dire for- te en Italie , [>our le regard des places : car quant à la principale villc.elle a bien de bonnes mutailles.ôc for- ces canons; mais non pour faire refiftance. Mais elle ^ que patty à U République , eft contcain^l d'inforraîç fe tient alTcz forte,coi-nn\e l'ay ja die , de ce qu'elle elt le Duc, 5c de palier par Ces mains Lots qu'il eft élcu Duc , il eft veft j dfux iours à la D icale, 6c. après il porte tout le refte ducemps Je fou magiftrat l'autre habit, mais pourtant de velo irs, &de facm rouge crantoyfi , & qaelqaesfois v'olet. S ju au- thoricé eft fore grande , veu q i\\ peu- ro.u feul pro- pofer au Confcil & au Seuaîqu^lq ie chofeq icceloir, ce que tout autre Seniteur n'oferoit faire A raifon de- quoy, quiconque veut propofer quelque Loy quel- fous la protection du Roy d'Elpagne. Quant à la.Cor- fegue, on fait eftat Je la Baftie contime d' vne forte pla- Scauffi del'Aiazzc, & duChafteau S.Boniface. ce Cette Seieneurie tient ordinaircmenr dans Gennes ... I quelques compagnies de Corfcs , pour la garde delà ville, & en Coiiegue des Geneuois qui font en garni- fon dans les bonnes places,& outre cela il y a quelques compagnies de chenaux légers qui courent du long de la cofte pour eropefchcr les furprifes, & rauagcsdes Turcs , qui toutesfois emmeincnt bienfouuent beau coup de perfonnes en Alger , ou en quelques autres lieux d'Afdque.De forte qu'il ne faut faire grand eftat des forces pour eftre Ducs. Mais il faut remarquer que l'on ne peut propofer au grand Confeil plus de quatre perfonnes , ôc ileftne- celTaire qu'en l'elleftion de ceux-cy les deux tiers des vingt- huiâ: s'accordent entc'eux auec la partie defdits Sénateurs, & cette adion eftant finie , ils élifent auant que de forcir de là autres vingt huidt, vn pour famille. qui retourne balotter auec eux les quatre fuldits , &C leurpcuuent ofter de leur efltdlion les deuxtiersi Gennes prit en l'année 1516. auec fa nouuelle re- ' S)C en mettre au lieu de ceux qui ne feroient approu^ 15 formation la forme du gouuernement qu'elle tient à cette heure , qui eft tel. Offfit vnedelcription detou- tcsles familles riches, tant nobles que populaires, qui auoicnt (îx maifons ouuertes dans la ville de Gennes, & le compte eftant fait , ou en trouua i8. de cette forte. Tontes les autres qui refterent , & qui eftoicnt af- fezconfider ibles , mais n'auoient pas fix maifons ou- uertes , furent ioinâ:es au nombre defdiéles vingt- huid familles , de forte que le gouuernement demeu- ra entre les mains dcsvingt-huid familles , auec tiltre de nobles, en excluant ce peuple, lailfant toutesfois cette ouuertute qu'ils peuuent adiouftcr au nombre des nobles dix perfonnes qui s'annobliiTent ou par ti- chclTe, ou par vertu toutes les années, & qui deuien- nent de leurs corps. Or de tout le corps de ces familles on fait vu Con feil de 400. perfonnes tous les ans , qui auec le Duc & les Gouucrneurs ont la conduite de la Republique» Ce Confeil élit le Duc, &les 8 Gouuerneurs, &ces Gouucrneurs ont charge de l'Eftat durant 1. années. Ce Confeil tiaide les affaires d'impartance , écles chofes qui concernent le bien de la Seigneurie &lcs Gouuerneurs auec le Duc font nommez particulière- ment la Seigneurie. Mais fi par fortune il faut manier quelque autre chofe moins grande, & toutesfois de quelque confide- ration , la Seigneurie fe fert d'vn petit Confeil, qui eft de 1 00 nobles , éleus par la Se ignturie auec les balot- tes, & ceux-cy fontpris du corps de 400. Le Duc eftchefde la Republique, & aie titre & les honnrurs qui Iny conuicnnent. C'eft vne ancienne di- gnité t n cette ville, & celuy qui y eft eftably , demeure en cet Eftat deux anncfs;& habite au Palais public du- rant le temps de fa principauté, & tient pour fa garde 5 00. Allemands, reprefenrant prefqueea cccy la forme d'vnc Principauté abfoluè. uez, vn, ou Jauantage , mais du nombre du Sénat. Ce qu'eftant fait, le Confeil s'afTemble , & l'on y propose les quatre hommes choifis , & propofez par les Ele- veurs , & ccKiy des quatre qui a plus de balottcs, de- meure Duc. Il y a huidl gouuerneurs qui font aflîs fur le banc auec le Duc, comme fcs Confeillers. L'office de ceux- cy dure deux ans , & ils ont auec le Duc le nom deSei- gneurics. Ilsgouuernent la Republique , & toutesfois ils ne peuuent refoudre feuls aucune chofe , où il s'.ig:t de l'intereftdu public, ou qui foie de grande imnorrance, ains ils appellent pour cércfFe<5t le grand Con fii.Ges gouuerneurs font efleus à deux , par fois de fix mois en fix mois. Leur eflcârion fe fait en cette forte. On aiïemble le petit Confeil auec le Sénat , & auec le Duc. Ceux cy en élifent vingt- huiâ: vn pour famil- le,lefquels efleus auec le Senat,& auec le Duc, propo- fenttantoft douze, tantoft quatorze hommes au grand Confeil , qui auec les ballottes faiâ; eflcélioa de l'vn d'entr'emàlafois. Le iour fuiuant ils obferuent la mefme chofe à faire efledlion du fécond , c'eft à (çauoir le petit Confeil en eflit encor vingt- hui£t, & les vingt huiâ: font le reftc, comme il a efté dit. Chacun defdits huiâ: Gouucrneurj après le temps de fon ofHce finy , demeure Procureur de S.George pour deux ans: de forte qu'au Collège des Procureurs^ on void toufiours les hui qui ont efté au gouuerne- ment de la Republique , & tous ceux-cy intec uiennenr au Sénat auec le Duc & les S.gouustneurs.dclibcrans des chofes d'importance:& ces Gouuerneurs ont char- ge de tout rEftat,& deux d'cntr'cux demeurent au Pa- l lis auec le Duc,5f les autres fix en ieurs maifons,& fe changent alternatiuement à deux par fois de trois eu trois mois. De Eftat de la Republique de Gennes. 36 j De ces Procureurs il y enaque'qucs-vnsàvic, &:ce font ceiix*4ui ont c(tc Dacs,{k cjuclqucs vus le (oiu feu lemeiK i.aiis.c'cll à (çauoir ceux qui ouc c(tc gouuer- neurs.Ccux cy oncla charge de faire les affaires du pu- blic , touchant les reuenus , ôc chofcs fetnblablcs. Ce font pcrfoiinages de grande réputation , 6c qui font eu grande eltime. ,^ Tous lefdits Migiftrats entendent feulement au gou- uernemcnt de U Kcpublique. Or quant aux lUgcmcas, parlant premicrcmcnt des criminels , onacotnmunc- mcntvn Potcilateftranger. qui ert Dodeiir, auquel on donne d'honiieftes gages. Cettuy-cy demeure en vn Palais proche de celuy du Duc. il cognoift , & donne iugcmcnt de tous crimes: mais il ne peut exécuter fa fentence fi elle porte peine de mort lafs le confente- ment du Sénat. ^ Il y a aucc luy deux Dofteurs eftrangers , dont IVn clt appelle luge de rnaltfice , & l'autre fifcal, & aucc l'ayde de ces deux luges le Poccitat forme le proccz aux criminels , & fait choies fembla- Ues. Ourre Its fufdirs le Poteftat a fon Lieutenant qui a foin des chofcs ciuiles , qui concernent leulement l'exécution. Il y a vu ofîi:e de / hommes appeliez extraordinai- res,qui repiefenre prelque la perlonne du Prince,à cau- fe qu'il clîoccupcenlaconduitede la Republique. Ils ont ch.irge de prolonger & d'accojrcir les pro- cez , & de donner des tuteurs aux pupils, & s'il ad uient que les parens aycnt ptocez entr'eux, ou qu'il y en ait entre le pauure ôc le tiche , ceux- cy donnent or- dinairement en tel cas leMagirtrat que bon leur lem- blepourouyr les patens , oulepauuce & le riche qm plaident. L'office de ceux cy dure fix mois, 6iel\ de grande dignité. Il y a paieiilemeac vn Magiftrat de 5. hommes, ap- peliez Synjics fouuerains, qui ontrauchoritc de fyn- diquer.tant le Duc que les Goouerneurs,quand ils font à la fin de leur terme. Ils font encor mefme chofe que les autres Magiftrats de la Republique, & ont autho- ritc de punir le Duc & les Gouuerneurs , s'ils ttouuent qu'ils aycnt failiy. Et quand leluge efthors décharge , & qucle temps dccelle des Gouuetneurseft expiré , on fait crier par ordonnance des Souuerains , que lî quelqu'vn a à due quelque chofe contre le Duc , & conste les Gouuet- neurs , il vienne en leur prefence y &ponr cette caufe jle Duc , & les Gouuerneurs demeurent huiéè iours au Syndicat , Ici quels efîans palTcz, onlespunit fion les trouue enfaute, &au contraire on leur donne attefta- àon de leur innocejicej auec laquelle ils les font après Ptocureurs.fi bi?ti^'il7nelcpcuuent efttc s'ils n'ont pette patente ou certificat. Dauantage , on appelle par ideuant ceux^cy de plufieurs Magiftiats de la Republi- gue, & finalement la grandeur de cet office elt tellt j^ue la Republique dleut pour vu des premi< is Syndics !* Prince André Dotie,& ils font alTis auec ie Senat,&: ;îu Palais du Du c. |_ Et pource que nous auohs parlé cy deffus des cho- ies criminelles, afin de' dite déformais quelque chofe lesciuiles, il f^ut fçauoir que U République donne ^age à 5, Dodcpts eftrangers , toutes les deux aunées, j5c cecorpsde ). le nomniwiaRote I Ces Docteurs prennent cognoiilance des chofes ci- msyôc demeurent au Palais du Doc , Se les chofes qui Onttraiftées deuant eux fe iugent par la voye ordinal- je des loix Impériales, & les proccz fe font félon l'or- fte iudiciaire ordonné paria Cité , qui vit à la façon mcienne. !^ Quant aux chofes qui concernent les arts , il y a des Uemcurs qui donnent ordre que les vendeurs » & tous ts autres qui trafiquent de leur mcftier , ayent des me- utes, & autres chofes femblables iuftes ,& félon les loin , 6c pouruoycnt auffi à leurs chcfi qui font nom-; mczCo(iruls,(5f tflcus entre lesartifans. Ces Confuls on: authotité aux chofes de leur arc 8c mcllier , Se entre les autres Confuls ceux de la foye pcuuent beaucoup fur leurs hommes: de forte qu'ils ont authotité de faire donner la cotde.de bannir, d'en- uoycr en galere,& d'ordonner autres peines à ceux qui font quelque faute. On trouue en la ville de Gennes 40. Capitaines du nombre,& du corps des nobles, qui font changez tous les ans. Chacun de ceux-cya fous luy 100. hommes du peuple.de forte qu'ils font en tout 4000 petionnes , & la Republique fe fert deccux-cy en toute occurrence, veu qu'ils font la garde quand on a quelque douce , & quand la Seigneurie fort dehors, ces 40. Capitaines l'accompagnent tous vertus de velours, quicft l'or- nement de ces Seigneurs. Dauantage, les hommes de toute la ville , & des faux- bourgs qui font propres aux armes, font enrool- lez depuis 1 àg.e de vingt ans iufques à 60, ôc rangez fous des Capitaines , qui font obhgcz de fe trouuer au bcfoin auec les atmes en la main, fclon qu'il leur fera ordonné. La Republiquea continuellement vn General .qui eft intendant fur les srmes , pour s'en feruir aux occur- rences.&cn temps de guerre. L'officc,& Magiftrat de S.George,noble encre tous zi les autres en cette ville , fut ordonné l'an 1407. lia conferué durant long- temps cette Republique , qui n'ayant point de richelTes naturelles , à caufe que la qualité du pays ne le porte pas , a toucesfois eu des hommes d'efprit fubtil , ôc de grand iugeraent , à trou- ' uer la forme,& moyen d'auoir de l'argent, pour les en- treprifes,i^ neceflitez de cette République. G'eft pourquoy au temps pafsé , ceux qui gouuer- noient les affaires publiques prenoient de l'argent des perfonncs particulières , tantoît volontairement , tan- Joft par contrainte. Il eft bien vray qu'à raifon de l'argent que les particuliers debourçoif ne, le public eur donnoit de profit 7.8 9, & 10. pour 100 félon 1^ diuetfifé des temps , afin que teiits gens ne receuf-r fent du dommage de ce feruice faift au'public. Et afia que ces perfonnf s preftafTent plus volontiers , on leur donnoit alî^urance deleur argent fur les reuenus pu- blics, vendant, par exemple, à quelques-vns les droits, & lurifdidions du péage des grains , à quelques- vns la gabelle du vin, & à d'autres la gabelle du bled , ôc ce contrat entre le public, & le particulier fat nommé parmy cuxComperar,ou achepr.comrae fi les particuq liers auoientacheptéfcar Comperir,ou Compcrar veuc dire achepterj ks droirs du public : & il fut ordonné que quiconque prefteroic loo.liures, fuft dit auoirvii Iteu fur laComperar ,&qui en preftsroit .02. & ainfi des aurt£s,de forte que telsachepts mulriplif-rentgrani- demenc.ôi il y en auoit qui eftoict nommez acheprs du chapitre, quelques autres de S.Paul, & d'autrcsdu So- leil , Scchacun eftoit particulièrement gouuernépac plufieurs citoyens qui anoi^nt rhaige de payer iufte- ment, & félon le deuoir.le profit dru aux Prêteurs , 6c décompter enti'eiix , & la Republique, ht à caufe du grand nombie desacheptsfai(as,mcfmeparles nations eftrangcres , & pout le grand nomb re dffs Gouuer- neurs , il s'en cnfuiuoit beaucoup de confufion , fi biea que la Seigneurie refdlut que tous les achepts feroieoc réduits à vn feul, nommé i'achept de S.George, & qu il feroitgouucrné année par année par les citoyens qui deuoient pouruoir , ôc donner ordre qu'on fift: raifon aux Preteuts, ôc de là naquit le commencemenc de l'office de S.George. Et pource qu'on cognût que ledit office gouucrnoic les chofes fufdites auec prudence ôc iuftice, & qu'il y cuft beaucoup d'affaires en cette Republique, le Hh i 354 DeTEftat delaDuchédeCennes. nombre des lic.ix s'accrût grandement. Si bien que le commun alignant les rentes , la charge de cet office deuint toufiours plus grande , foiî -nectant à fon gou- ucrncment diucifes placcs,&: coramunautez. A raifon dcqaoy il aduinc que cet office obtint plu- fieurs priuileges, premièrement de la Seigneurie, puiî de pluficursPapeSjdesEmpercurSjScdes Seigneurs qui ont commande à la ville de Gennes. De forte que l'of- fice S. George, encores qu'il dépende du public , & de la Seigneurie de Gennes , & de ceux qui gouuernent le Palais, u'cft toucesfois loufmisàla Seigneurie lains tous ceux qui font admis à la Seigneurie , ou au gou uerneaaent de la ville , luccnt de conferuer les priuile- ges du Migiftrat de S.George, & de les maintenir. Et pource que narutellcment les chofcs ont de foibies commencements, puis auec le temps deuiennenr par- faites, ce Magiftrat eft mieux reg'c maintenant aa^l n'eftoit quand il commença. Or il ne répond a^Pre- teurs pour le regard du profit , vne fomrae déterminée, mais iclon la proporcionde fes reuenus,plus ou moins, félon les occafions qu'il a de dépencer pour la confer- uation des chofcs qui concernent fa charge , & lelon que les gabelles & autres reuenus que la République a affignez aux Prêteurs profirent. D'auantage il a acquis feigneurie auec plufieurs bôs leuenus^ce qu'il n'auoit pas au commencement. Apres cecy l'on a fait de nouuelles reigles , & ordonnances, de forte qu'il eft beaucoup plus pullFant , touchant les expeditionsdes caufes , la punition des délinquants, & la façon de gouuerner les peuples qui luy font foub mis. Et celuy qui confiderera bien toutes chofes, verra que pour raifon de ce Magiftrat, le corps de la ville contient prefque deux Cominunautez^l'vne gcande,& l'autre petite. La grande eftgouuernce par le Palais,& comprend toute la villejla petite eft gouuernée par S.George feu- lement quant aux chofes fufdites , & comprend tous les Prêteurs. La i.ou lagrancje eft fubjctte à changement, &a eftc fouuent fous vn gouuernemcnt pluftoft violent qu'autre, mais la petite atoufiouts eftc libre , ferme, & fous fes citoyens. 2 i 11 y a fut cet office de faind George huift Gouuer nenrs, qu'ils nomment Protcfteurs. Us durent vn an,& font efleustous les fix mois quatre à la fois de tout le nombre des Prcteurs,creanciers du pays,ou cfttangers, toutesfois iufques à certaine fominc , & ils font faits en cette forte. On tire au fort de tout le nombre des créanciers huidance hommes, qui cftans alfembUz , auflî toit qu'ils ont eftc tirez , on remet de nouueau cfans la boitte Icfdits quatre vingts dont on tire au fort }4. qui eftans enfermez enfemblc ne peuuent partir du lieu où ils font fans auoir efleu en balottant les huid Proteft curs,& il faut que ccluy qui cftcleuayc i^. ba- lottes afin de p-'iler. Or l'année i444.on créa vn autre office de S honj- raes,qui fe nomme l'office des Quarante- quatre, à eau-? fede l'année en laquelle il fut créé. La caufe de la création de ces 8. hommes fut que i; rorfi:e eftant beaucoup augmenté en l'efpace de 57. ans ,de forte que les Ptotedleurs ne pouuoient termi- ner, ny reftraindre en vn an les affaires qui leur furue- noient, à raifon dequoy ils auoient derefte des émo- luments , & des rentes en diuerfes façons , afin de met- tre ordre à ces tcftes , qui font en tfîeét la fubftance â( la richeffe de l'office , il ferabla necelfaire à ceux qui auoient part à l'achapt de créer quelques-vns qui euf- fent la charge defdites chofes, faifant quetout>fuft au profit du Magiftrat deS. George, dSc donnant ordrequc tout fuft conduit fecr£ttemenc,pour oftet tout fubjedl de mal fjite aux Seigneurs tyrans : & de cette forte on fit les huiiâ citoyens, donton en change deux tous les ans,& leur charge eft de ramalfer gouuerner ce qui refte tous les ans des chofcs que les S.Pioteâeurs ont maniées. Cét office a fous luy le gouuernement de l'ifl de Corfegue,& plufieuvs villes ic places d'importance, ôc c'eft du méfme que fortcnt les dépcnces qui fe font poutlaconferuation de la Republique. Cette Seigneurie enuoye toutes les années en Cor- legue vn Gouuerneur gênerai qui fe tient dans fa Ba- ftie, de mcfmeque la lufticequc les Geneuois y ont eftablie, qui eft véritablement rigouteule aux Coifes, & prefque du tout infupportable. Rehgîon) ^ chofe de tEglifi. Les Geneuois , & les Corfes font tous Catholiques, J Gennes eft vne Atcheuefché qui a fous elle Ici Euef- chez de Lunc,maintenant Sarzane.de Bqbie,d'Aprum» ou de Brunac, Merene, ou Maran^ d'Accie , ou d'Am- prun,de NoIi,& d'Albengue,& en Corfeguc l'Eaefchc de Nebie. En Corfeguc il y a les Euefchcz de Mariane,dc Ne- bie.d'Ajaffe.d /ilerie,& de Ciuita,dont quelque*- vues font fous rArchcucfchc de Pife. ESTAT DE LA REPVBLIQVE DE RAGOVSE SOMMAIRE. 1. Ragoufe ancitnntmtnt appellét Epidaure , & de i'ajftttte des Eptd raifins , renommée pour la pefcht des Sardines. 6. Le natter el barbare y cruel des anciens habitans de Ragoufe. & tenans de l'humeur des Scythes dont ils font defcendtu. 7. Ctuflume des %agtufoi« d'aller telle rafe k moitié', & fans cheueux , a» contraire des Hongrois , amateurs dc^ l'égalité. La façon de leurs vefiemens , ^ les couleurs plus en prtx. 8. De leurs mariages alliances, limiteT^par la ley^ , milleducais dor. 9. De leurs langages ^ inflruBion aux lettres diuints ^ humaines. 1 o . Richejfes dss Rapnufti* ctnfijlans au trafic. 1 1 . Leurs petites forées. ■'^ II. Du Vmift., ^ premitrtintnl dn gr^-'d C"» tU. I }. DesTregids, M'tg jh-att annuels , df leur lurif- 14. 'Dh petit confetti 1* charge ^ durée dt ce Magi- flrat. 15. Dt i'efie£iitn du Reflejur , chtf de tttu lesCen- fitli. 16. Des cititj pturuayturs. 1 7 . Des fix Confuls tnflttMz. peur les cau/eis eiuilts en fremtere iv fiance. 18. Des cirej lugescriminels. 19. D's OJficters fur l'an de la laittt. zo. Dm Collège de Trente : cernmis fur les taufes il' appel. Li. Des cinti hommes appeliez pouruoyeurs de la fart' té: dr leur auihoriié 11. Des Ccmmu fur la Douant i ij. Des [armelingues. Z4. Des traieThre/oriers ctmmisà lagardt du Thrt' firpub'-Ci deniers puptUaires, (fr depofi^i i j . Def Olfciers de l' armurerie. z b. Attires Ojfcters edablU fur la vente dts fremtnts, vins, reparaitons dts rhemtns. 27. D.'s fx Capitaines de nuiU. 18. D^ Notaire Secrétaire. 19. Des Chanceliers-, }o. Des [ apititir.tis^ Comtts enuopx.aux gouutrH$- mtnts de dehars Raqoufe. j I . Dis trois Procureurs dt tEglift Qathidrait de Ragoufe. Eftat de la République de Ragoufe- 365 II. Dh gouuernemtnt df R>ig»ufe co'iformt à celuy de I met qui cft cntie l'Icalie & la fin de rEfcIauonic , le " ' ' . - - nomme Adriatique , &s'cftcnJ par l'eipacede lixctnc milles, 6c la plus gcandc largeur cft de deux cent , la moindre de cent cinquante : &c celle de fou enibou- chcurcde foixante , mais le rcfte qui va Icfch'.r l'Al- banie &c la Macédoine , fe nomme mer loaiq'ie. Vne partie de ce paysobeytà la Seigneurie dtVenife» l'autre aux Archiducs d'Auftriche , &c le reftc au Turc. Ses villes plus renommées font Flamone,Scgnc,Hone, Zare, pour laquelle les Vénitiens , & les Hongrois ont guerre continuelle , Sebenic & Spelate, Mais la meil- leure ville de toute l'Efclau^nie , c'cft Ragoufe qui fc maintient en liberté , payant au Turc quatorze mille zequins : & endcpençanc encor autant en pre(entSt&; en logement des Turcs. Car c'eft la couftumc tyran- nique de cette nation barbare de ne fe contenter du payemcntdu tribut , mais nul cftat ne fera fes affaires à la perte du grand Seigneur, qui ne dcp en ira encore vn double tribut en prcfcntSjtant au grand Tutc,qu'au grand Vizir, Sultanes & principaux BalTas qui fçautnt manier les rellorts de fa volonté , parce que perfonne n'ofant accofter fa haiJtelTe , il faut que tout paffe pan leurs mains. Cttte République a pru de pays en terre ferme,mais elle a fous fa puilfance quelque petites Ifles allez bonnes, qui fout aflifes entre Curxole,i& le golfe de Cattaro. L'ancienne ville d'E nJaure eftoît au mefmc Heu ) qu'on nomme auiourd'huy la vieille Rigoufe, Mais les Gots s'eftans emparez de l'Icalie, & par mefme moyen de la plus grande partie de r£fclauoi:ie,& entre-autres d'Epidaure, la raftrcnt entièrement. A raifon dequoy les habitans qui ne fçauoient où ils fe pourroient reti- rer , commencèrent de baftir la nouuelle Ragoufe, qu'on void maintenanr,des ruines delà vieille. La vil- le eft fort bien habitée , & en fort belle affiette fur la mer. Elle eft toute pleine de fontaines d'eau douce^qui a efté conduite des monraignes voilînes au grand pro- fit de ceux du pays. Elle a vn petit port fa^t à la main, qui eft allez ;cornmode d'vn cofté , il y a vne montai- gne fort haute, & droite, au pied de laquelle la ville eft baftie. Ils polfêdent autour de la ville vn puis fort e- ftroir , & outre ce ils ontplufieurs belles petites Ifles fous leur obeiÏÏaîice , entre-autres celles de Langofte» dont la forme eft pareille à celle d'vn amphithéâtre» V AN r que de m'engager d'auantagc en ce difcours , ie defire oftcr à ceux qui ii- vont cette œjurc la confufion de l'equi- uoqiie des noms ; qui les pourroif faire chopper dés l'entrée. Car puis que nous auoiis enn «pris de parler de Ragoufe, qui fe nommoit ancifunenu ut Epidaure , & qu'il y a eu d'autres villes de mt'f'me nom, il eft à propos de monftr er qui eft ccl- le-cy , & de nfc la confondre pas indifcrettement auec les autres. Il faut donc fçauoir qu'il y a le long de la mer de- {>uis Venife iufques à Corinthe trois Epidaures , dont e premier eft alfis au golfe de Vtnife,ôC eft ccluy que nous appelions mainc»-naiu Ragoufe. L'autre eft au piays de Liconie , au golfe de Napoli, ietrevilleefttiommce à piefent Maluosfiv, ScUtroi- fiéme ville d'Epidaure, eft celle du goifi: d'Engie ou' feinSaroniqae qu'on nomme Chcrro-iefe , ou l^iguia- de. Et afin d'éclaircir encore mieux lachofe, c'eft en la dernière qu'on adoroitEfcul.ipe. Or pour venir à celle dont nous voulons faire men- tion , elle eft affife en Efclauonie, qui eft l'ancienne Dâlmace, & qui prit fon dernier nom de Sliues', qui au temps de l'Empereur luftinian premier , eftaps vc- j nus deSîrmatie palfercnt le Dmube > & lors vncpar- I tie ferua fur la M^cedoinc, & l'autre fur la Thrace, puis au temps de l'Empereur Maurice , qui mourut il'an 601. & après de Phocas fon fuccefteur , ils feren- I dirent raaiftres de la Dalmàce. Il eft vray qu'auiourd'hiiy lemom d'Efclauonies'e Le terroir eft de fa nature ftenfe ; mais les Ragou-^ foisempioyent tant d^- peine, ô< d'inJufttie à le rendre bon qu'ils en tuent de i*huylc,du vip,& des fruids ex* ceileuLs. Uy a vne certaine vallée où il s'aflemble en Hyuerrant d'eau, qu'ii s'enfaiét vn lac , où il fe noarric du poilTon qui dc uient tellement grss , qu'on le fricaf- fe fans huile auec la graille route feule. Aptes cela l'eau venant à (eicher au Wrmtemps.on fe ne au mefme lieu dugraiu qui y vient hcurCdicin :Jit ,.fi bi:n qu'vn meC- me heu rend du pniiroii , & du bled daais vne année. Us vient après cela de diuerfes induftries eu la mer \ & entre autre« chofes ils foïK que les arbres leur appoc-" tentdes huiftres. Car ils fo u baifterles branches des arbrcsjlesarreftent fous l'em auec des ca'Uouxi& dans I ftcnd depuis lariuiere d'Arfe iufqnes à celle de Drin;\ deux ans il s'attache tant d huiftres à ces branches que & fa longueur depuis vne riuiere iufques à l'autre, eft j c'eft vne chofe merueiileufe , puis la troifiéme année d'enuiron quatre cent quatre vingt milles , & fa lar- elles font prefque bonnes à manger. ! geur depuis les monts de Croatie , iufques à la mer, eft d'enuiron cent vingt m\lles. Elle eft entre le milieu du cinquième Climat prés du creiziéme parallèle , & le milieu du fixicme,où le plus grand iour d'Eftén'eft de plus de quinze heures jcdemie. SonMeridienplus Ocientii p,'.iïe par le quarante-fix'éme deg é, ic le ^lus Occidental par le trente- fîxicme^ Au rçfte la Il y a fur la mer de Grauofe.qjieft vn lieu fort agréa- ble, plein de iardins, d'Orangers, de Gitroniers , S>c de Grenadiers. Ses principales riuieres font leSane,& leDrau.L'Ifle de l'Angofte eft enu'tonce de tous coftez de fort hau- tes moncaigncs , où font les mr<|i'ics des Ragrjufojs & ai^ milieu on void vne belle plain^f , qui pioJuij H h j II i ^66 Eftat de la République de Ragoufe. grandcqu3ntitcd'Oliucs,& JcRaifms. On y ptfche i force Sardines. Mœurs anciennes. ç Lrs habitsnsdece pays è(l :fenr a irresfois cruels ic barbaics , & ne s'addonneienc qu'à ccumer conci- nutl'emcnr. Flore dit d'eux qu'en la première guerre contre les Carchaginois du temps de la Royne Teure , ils ne le contencoient pas de piller,roais .-xeiçoient coure forte de raefchancecez. Ce furent It», Eiclauons qui firent trancher la telle aux A-tibalfadeurs des Romains , & qui bruflerenc ceux qui gouuernoicnt leurs vaifTeaux, èc ce qui augmenta la honte des Romains > ce fut que ces peuples eftoicnt alors gouuetnez pat vne femme. Procope dit auflî que les Efclauons (peuple Scythique) entrèrent pat force dans ces pays du cemps de lurti- rtian , & en fin s'y arrellerent.de forte que les anciens habitans embralVercnt en partie les mœurs de ces cftrangtrs nouuellement venus. Tire Line appelle cette nation faroûche, & addon- nee à faire des courfes fur la mer pour y ccumer quel- que chofe AuflTi les Romains auoient toufiours des lé- gions en ces pays , tant pour d'autres occdfions> que pour brider le naturel , &c l'humeur batbare dç ces peuples. Mœurs de ce temps. -j Ceux de RagQufe lailTent ctoiftre leurs cheueux depuis le milieu de la tefte en fus , & portent raz tout le refte. Au contraire les Hongrois ont cet endroit raz, S/, des cheueux par tout aillents. Le;» femmes n'y por- tent les cheueux guère longs, & les rendent noirs auec aitifice. Tous viuent également fans beaucoup de cérémo- nies, veu qu'ils ii'vfrnt point de reuerence comme nous,& n'oltent ny chaptau ny bonnct,mais fe falucnt iîmplemeiu l'vn l'autre , ou de parole , ou par quelque a<9:ion qui dccouure nacutelleroent leur intention. Us ayment foit i'cgahtc cntt'cux \ de forte qu'il y a vne Loy qui porte qu'aucun citoyen ne peut eftre Euefque de Rdgoufe, à fin qu'il n'y ait aucun d'entt'eux qui aye plus gtaiwk preemiueiw:e en leur Republique, que cel- le qui leur elt permife par ïes loix. ils vontb' billczdiucifement; veu que les plus ieu- nes vont veftus à la Florentine , les autres portent des manteaux , & les plus vieux des manches comme les Seigneurs de Venifcik il ift d; fendu de porter des ha- bits de foye, excepté à ctluyqui eft le Rtdeur delà République, aux Doéleurs & aujc Cheualiers. El: Ertc lorsqu'il fait bien chaud, ils portent des juppes de fimplc taffetas atmoifin. On peut voir le rnefmc reiranchemeni aux habits des femmes, veu qu'elles ne portent toute leur vie que du drap, excepte que quand vne fille le marie , il eft permis de porter de la loye durant vn mois. Il y a encor que'que choie entre le4 femmes , qui monftre la différence des quali- tez , veuque lesioursdcsftftes , lesDamoifellesont accoufturaédc porter vne cappe doublte d'vn (andhl rouge , qu'elles font obligées de porter après qu'el les lont mariées. Au reftc elles portent du drap tanné, rouge, & bleu, & il leur eft (éulement permis de porter des manches de foye, comme boïi leur fcmble. 8 Quant aux mari iges , ils ont accouftumé de s'allier feul cment auec des peifonnes de leur condition , c'eft à fçuioir le Noble auec U- Noble , &: vn Gciuil hom- me ne prur pien.Ue vue Bourgcoiie , ou vne eftran- gere, afin de n'iutroofuirc pas en fa race vn fang moins geneieifit, coaumpant fon ancienne NoblefteiiïSc de là vient que les familles lont tellement dimiouces,qu il n'y en a plus que viugt trois, ou ving'- quatre qui gouuernent,pourcc queles maifons venansàrtsanquer, comme toutes les chofes du monde font aufîî , les No- bles ne s'alliancs point auec des Bourgedifes , ou des eftrangercs, & n'en naeilaits aucune parmy eux, ces maifons font venues auec le temps à ce petit nombre. 11 eft vray que fi quelque Noble vouloir, ou pat quelque deflein, ou pourquelque commoJiré prendre vne femme qui ne fuft pas du pays, il le pc ut fàitc> pouiueu qu'il prenne vneDamoifcUe dans le pays qui eftdepuis Zare, iufqufsàCartaro, & non aucteinent. Mais quiconque prend pour femme vne eftrangcre tel- le que nous auons dit, il doit auoir vaillant pour le moins mille ducats d'or, pour i'alTeurance de cette femme, combien que cei. y s' jbferue fort peu. Et quant aux mariages, ils (ont lia'U'^z par la Loy à n'ille ducats d'or; mais auiourd'huy l'on paiïe pardelfus cette or- donnance, tellement qu'vnpere donnera j.4. 5.ck 6. mil ducats , toire plui, félonies moy.-ns, & la qualité delà fille. O 1 donne le mariage en argent auant que le mary futur voye b femme qu'il doit prendre , &c lors que le contradl tft écrit, toutes les autres cérémonies lont acheuées , il s'en va la voir en ta maifon. Car c'efl: leurcouilume de ne muguettfr point vne femme qu'a- près l'auoircfpoufec, félon l'ordre prefcritpat l'Égiife Romaine. Quant à leur langage , tous les ieunes hommes fça- uent ordinairement ia langue Italienne qu'ils appellent Frarigue: mais ils vfent feulement entr'eux de leur lan- gue Sclauonne. Pluûeuts d'entt'euxs'addonnent aux lettres -.(Se pour cétcfFedb la République tient ordinairement dans Ra- goufe auec gros gages vn Ledieur quiebfeigtlc U s bon», nés lettres aux ieunes hommes. auec j ou 4 répétiteurs. Ils font venix auffi toutes les annérrs vn bon Prédica- teur , qui prcfche feulf ment aux hommes , à cauit cju'il parle Italien, & les femmes nelepcuuciit entendre,nè fçachans la langue. Outre ce la République tient outre les McdccinS del'ame , des hommes pour r«raedirrau coips, c'eft à rçauoir deux Médecins , & deux Chirurgiens, auec de fort bons gages» Ceux cy font obi gez de viûtec tous ks malades lans tirer aucune recognoif[ance,lpe- cialement des panures , de faite tout ce qui eft neceftaire félon leur profelEon pour lafantc des ci- toyens. Richejfes. Ce n'eft pas le pays des Ragoufois qui Iès rend ri- ches , veu que c'eft bien allez s'il les entretient , com- bien qu'ils viuent auec autant d'ép pluftoll aux exccuticNis qu'en autre chofe qui j ^t* deux autres font faites au lott, leur loit neceJaire. Pource que ces hommes là ne rcf- Le Rc6fceut ne demeure qu'vn mois en charge, & il pcdcnt pcrfonne, & pour ccfte caufe font tout ce qui eftobiigé duiant ce mois de ie tenu au Pai^is, li porte leur eft cnjoind,^ font fort fidel!ts,de mefrae que les l'accouitreraent de Duc , c'clt a Içauou vue fobbc k SuilTes dont les Pi inces fc feruent pour la garde de leurs , manches ouuertes, & ditFttentes des aui tes, a cauk de pctfonncs. Ils ont auffi le Ghaftcau de fainâ: Laurent , hors la vil!e, qui eft allt z bon,& la nouuelle forteteire vers la porte qui eft du cofté du Leuant. Mais toutes CCS choies font alFez peu confiderableSifeulcmeiif bon- nes pout rehftcr à des gens qui ne fe veulent pas opi- niaftrer à vne entreptife. Gomememe^, Il Ragoufe n'a pas toufvours cfté Republique , veu qu'elle a obey en diuers temps à diuers feigneurs.tan- toft Grecs, tantoft Albanots. Mais depuis qu'elle a em- bradc la façon de viure, anec laquelle elle fe gouuerne maintenant , elle s'cft mainnenue auec quelque répu- tation. Or les Râgoufois, lors qu'ils voulurent réduire leur villecnRepubliqucjfuiuirent pout la plus grande part l'ordre de la République de Venife. Ainlî donc qu'ils (e furent refolus de rotdonncr,ilsinftituerent vn grand Çonfeil , fçachsns que c'eftoit le fondement d'vne République, & commue vne baze alTcutée de leur ville. Tous les gentils -hivinmcs de la ville entrent en ce Conleil , lî toft qu'ils ont atteint l'âge de vingt ans, & iont leceus en prouuant qu'ils font nobles & for- lis de nobles. On crée en ce Confsil tous les Magi- ftrats de la ville , qui font tels que ie vous les vay dé- duire. Il y a preroicrement les Pregats , qui doiucnt eftte d'ordinaire loixante , tous Genciis- hoœmes : mais il arriue bien peu fouùént que cè Magiftrat face nom- bre. Plulieurs Gentils - hommes de mefme famille en peuuent eftre, pource que (comme j'ay dit cy - deflus) les familles ont efté réduites auec le temps à vn. petit nombre. Ceux-cy ont chatge des affaires de la Répu- blique, & iugent encore les caufes ciuiles par appel de trois cens ducats en bas. Ils iugent aulfi toutes les cau- fes ctimintlles qui fc*nt importantes pour qualité des peifonnes, comme fi quelque Gentil-homme eft accu- sé, ou s'il a commis quelque crime. [ lis denjeurenr vne année en cefte charge, & l'on les change félon qu'ils y vacquenr, d'autant qu'ils ne font pas (ouscreez à lafois : mais peu à peu, & les vus après les autr-s fel|6n 6c font ptefque comme vne main, I qui ptelente aux auwes Magiftrats le&chofes qui vien- nent deuant eux , Ik qui vont après félon leur qualité aux offices deftinez à teilr s matières. Et ceux-cy pour le regard des choies qui s'ofFrcnt à eux , en décident fon authorité. On luy donne d'eftat 5 , du'-ats , oc non dauantage pout tout ce mois. Il tlt vray q.- quand il eft Prcgad pour le regard des appellations u a vu ducac le lour qu'il y airiite. Ce Reélcur s'alîcœble auec les Confeilitrslcs iours ouurieis par le difner , Ôc les fcftes aullj , mais pour quelque fubied U donne ordinairement le mauuaux Pregads, ou au grand Conleil , ielon l'occurrence, ôc le beloin. Et fi le Recteur n'y eft par fortune, le plus ancien Confeil'er entre en la place , ôc i on ii'^xptdie aucune choie fans fa prefeuce.On donne à ce Redcuc vn Lieutenant qui a leulement lurifdiétion iulques à trois ducats d'or : ik ceftiry-jy eft fon Lieutenant icu- lement aux chofes ciuiles , Ôc non aux autres , ôc les Confeiliers ne peuuent eftie cfleus Retteuts l'année qu'ils font en leisr Magiftiat. Il y a après les cinq Pouruoyeurs, qui font hommes lô de cinquante ans en lus , & doiucnt eftre de dmerfcs familles , ils ont Tautlionté de faire riceuoir toutes expéditions faidcs par quelque Magiarat que loit , & doiuent eftre preleats , lors que les îiouicils s'alTemblent. Ceux - cy peuuent eftre faits Redeuis deuant le Magiftrat,& le iont mefmes ordinaireiistiic. Ce (ont des principaux delà ïiUe qui ont grande au- thoricé,ôc font ptefque toufiours du nombre des Con- feiliers. Il y a après les fix Confuls, qui efcoutenc les caufes ciuiles en première inftance poux quelque îomme que ^ ce ioit. Ce Iont ordinairement des hommes de gtande àuthorité , 5c qui entrent au Conleil des Pr^g-idi, ôC Ion forme foiiuent des procez aux chofes qu'ils iu- gent. Or les parties n'ont pas de coultume de faJiç des allegations.commcon fait en plutieuts iieux : ains ceux-cy voyans le ptocez , délibèrent ce que la lulhce» requiertjôc tire de chaque cauie deux ducats pour cent. Ils ne peuuent eftte Redeurs de deux ans , ahn de ne deftourner point les caufes ciuiles, afin que le peaplc ait la commodité de pouuoir eftre tout expédie aux proccz qu'il a , d'autant que céux-ey vacquent conti- nuellement à les iuger. On void auflî 5 , luges criminels , & les expéditions j partent d'eiix félon le lugement qu'ils font. U eft vray que les nobles en font exceptez , veu qu'aux chofes criminelles ils vont pardcuant les Prt- gads.ôc ceux qui font gagez par la République répon- dent pardeuant le petit Confeil. EtiCy a encbr qlîelqdesfois d'autres chofes que les cinq ne iugent pas , pource qu'il femble bon aux Pre- gads d'en prendre cogHoilfance.Ces luges pour n'eftre ordinairement beaucoup occupez font faits Redcu;5> de mcfme que les Pouruoyeurs. 11 y a encore trois officiers fur l'art de la lain«.Ccux- ,w cy oyent ordinairement les différents qui nallfent entre lespcrfonnes qui exercent tel art. Ils entrent dans le nombre des Pregads>& peutîcnt mcfme eftre Rcftf urs. Hh 4 368 Eftat de la Republique de Ragoufe. j Ccftc Rej ubliquc 'a cncov vn Collège d Tce .le, duns lequel il peuc entrer plulieurs peilonnes 'l'yty mclme famille. Ils cognoilcnc des caufes d'appel iul- ijues à la (ommc de trois cens ducats , & o u de gages chacun trois ducacs l'année , ce qui (e fait à caufe q-ae tous les ortx.iets de la ville font lubiefts à quelque pei- ne, s'ils ne vacqucnt à leurs charges; car auttenoen ils ne les acceptetojent pas.puis qu'elles font fi peu vtiles. Lots que quelque ofti.e vient à vacquer on luplec à ce manquement par le moyen de l'vn de ceux qui font en (^uelqu'autcc odice. Quant à ce Collège il n'a charge d'autre chofe que de cognoiftce des appellations , comme nous auons ja du. tt quant aux Piegads on fupplce auflû au deffaot de leur nombre lorsq jequelqu'vn vient à manquer en picnant vn des pouruoyeurs de ce Collège, i i Elle a pareillement cinq hommes qui poumoyent à la famé , ic de qui la charge eft de prendre garde que la ville le maintienne faine,& pour ccfte caule ils font appelles l^outuoyeurs de la fanté. Leur authonte eft grande , pource qu'ils punilTcnc ceux qui font ttouuez en fautc.ôc qui vont contre les ordonnances de cet of fice.ôc font tort fcmblablcs aux Pouruoyeurs de la fan- té de Vcnite , ôc ils peuuent durant le temps de leur charge cltre Redeurs. Il y a quatre hommes eftablis fur la Dolime.qui ont *^foin ucschofes appartenantes à cét office , & exigent l'argeut qu'on doit aux Doiianes , & font toute autre choie requile en cefte manière, j , 11 y a encore deux Camerlingues, ou Chambellans, qui recouurent l'argent qui eft appliqué à leurs cailles, mais ils n'ont pas pour cela le maniement du thrclor public , & leur argent eft employé en quelques occur- rences de la République , & félon la volonté de ceux quioutchargedcgouuerner. Oa y void encore trois Threforiers,qui font volon- ^'^ riers hommes de grande auchorité , tant pour leur n- chdle,que pour leur bonne vie. Ceux-cy ont le ihte- fot pubuc entre leurs mains , ôc outre ce l'argent des pupils qu'on leur donne en depoft ôc en garde, lis demeurent en leur» offices s.aiis.& peuuent eftre faits Redleurs , 6c ordinairement les Redeurs ont aupata- i»nt eltc Thteforiers. ^ Il y a femblablement des lufticiers qui pourchallent que les choies qui concernent les vmres aillent com- me Il faut, ÔC prennent garde à ce que les ?oids, ^^ts raelures , 6c autres infttuments des marchands , & des artiians ailUot lelon les Ordonnances : A en leut ot- fice les arts qui luy font foufmis font marquez. Et pource qu ..n leur ville ils ont vn petit Arcenal i 5 félon leur, forces. Us ont vn Magiftrat nomnrie, & des otfi.ieis de l'armurerie. Ceux-cy ont fomg de cet Ar- cenal , & pouruoyent aux munitions pat mer K pat tetie. Ce font de leunes hommes qui ont encore des Suruoyans ou SurueiUans de plus grande expérience qu'eux , ÔC on les fait de temps en temps félon les oc- calîons qui fe prefentent. , Dauaîuagc . on meine à Ragoufe le froment d a.U leurs, U cecy fc fait aux dcfpens du pubhc. U y a donc deux officiers qui ont charge de celle choie, 6c de yen- dre ce ttoment pour la Repui 1 que. Les Reucnus de Ragouf s conliftent pour la plus grande partie en vin , & pour cefte caule ils ont tfta- , bly trois officiers fut les coi.trtbaudcs , 6c ceux-cy ont la charge de 1-:$ expedict quand on les fait de v,u , &c il y a vnc grande peine ordonnée contre les coutreue- nans, pource que la loy commande qu'on ne face cn- tternuls vins dcrfendus. Il y a encore qui ont foing des tues de la ville , Se des lieux publics , faifaets réparer les chemins , 6c les places, & femblables chofes, ftlou le beloin, 6c ceux- cy font icunes hommes, pource que ce ne font pas of- fices de grande importance. Il y a encore fix Capitaines de nuift qui font l'vn après l'autre la garde par la ville durant la nuid, aoec Us Hongrois,qai font cnuiron cent aucc leut Capitai- ne, & obcyllent à ceux-cy qui ouutent & ferment les portes de la ville. Us demeurent deux mois en celte charge : 6c l'on y gatde cét otdre,quc ceux qui fcrmenc la nuiét les portes de la ville,ne lesouurent pas,pour- cc qu'on les change à la my-nuid. Ils ont vn Secrétaire , qu'ils nomment Notaire , qui i, le ttouue en toutes les chofes fecrettes. U y en a après vn autre qui a le mefmc titre , mais n'entre en cognoilfance des fecrets importans de la République. Et ces deux Secrétaires lerucnt aux oc- cutrences à cfcrire des lettres , 6c font encore l'office de Notaires ordinaires. Outre les fufdits il y a trois Chancelicr$,qui fetuçnt i aux Conluls, 6c aux chofes ciuiles , & font encore des mltruments, ÔC l'vn eft au criminel auec le melme of- Tous les foirs ils enuoy ent vn Capitalise au chafteau de faind Laurens , qui eft hors de la ville : 6c ceftuy-. cy n'a aucun appointcment, mais eft coniraina: de ce taire. r . » Us en enuoycnt cncor vn autre au nouucau tort. Se ceux-cy y vont par otdce de rooUe, 6c (ont ordinaire- ment icuues gens : inais lors que qudqu'vn a palle 40. ans, il eft hois de cefte fubjedtion. Les Capitaines 6c les Comtes qui vont au gouuer- , nement de dthots pour l'Eftat de ccfte Repubhque, fout lous créez par le grand Confeil, 6c quelques-vns d'tntt'eux dewcatent en charge fept mois , & les aiic ttes douze. Religion. CE peuple eft tout Chreftien , & véritablement Catholique. La ville de Ragoule a fon Euelquc qui y fau la demeure ordr-naire. U y a trois Procureurs de l'EgUfe Cathédrale , qui ont foin de la principale Eghie", 6c ont en goiiuerncmcnt les rehques qui y font , pource qu'il y m a eu fort grande quantité , ÔC qui lont i urichis d'or, d'argent, 6c de pierres precieu- fcs. Ces Piocureurs demeurent en charge toute leut vie, ÔC peuutm eftie Redcurs , ÔC entier aux autres MagUtrats , comme de Conleillers, de Ihiefotiers, & aattes uffiwes. ESTAT DE LAREPVBLIQVE DE VENISE- SOMMAIRE. Dc lefquels font grauées quelques lettres & caractères, villes, riches, grandes & peuplées ,, outre aucc pluficurs petits autels : entre lelqutis (e voyenc piufieurs belles autres places, chafteauxdk | les vœux que les anciens volioient au Dieu Beiinus, fotterelles. } infcrits & grauez fur des^utels carrez , lequel Dieu Les »i les font Bcrgame , Crème, Brefle, Ve/one, | Beiinus eftoit anciennement fort renommé entre les Vinccncc & Padoué. Les autres places font Baflan , Cartel - franc en la Marque , Treuife , & autres que ic lailTe pour fuyr la longueur. J/ers le Nord elle polTcde prefque tout le Friul auec riftrie , qui ell la dernière Prouince d'Italie de ce cofté-là. Elle maifti ife prefque tous les riuages, & toutes les jlflt s de la Dalmatie , & Sclauonie , où il y a quelques jbonnes villes, comme Zara & Catatro. I Elle polfede encore à l'emboucheure de la mer Adriatique , l'Ifle de Corfou , &:ï)urre ce l'iHe de Ce- phalonie, de Zante, de Ccrigo, de Lucerigo & autres que nous dirons tantoft. Ces Prouinces palfées, elle^ft maifttelTe de Tlfle de Candide , & voila tous les Eftats qui font foubmis à cefte Seigneurie. Quant à la ville de Venife , tous les eftrangers qui Icurieufement voyagent en Italie, confiderans la beau- té, non feulement reftimcnt belle entre toutes les vil- les Italiennes , mais encore admirable, tant à caufe du grand nombre de fes Palais,qui femblentpluftoft eftre baltis pour des Roys, que pour des perfonnes qui fem- Went rechercher vne médiocrité honnefte en toute chofe, qu'à raifon de la multitude de fes Temples. L'excellence de fes Palais & magnifiques édifices ponfifteencequ'il n'y a patois ny murailles au dedans, ^ui ne foient ou de marbre) ou de jafpe, ou d'albaftre, ou porphyre, outre cela diuerfité des colonnes, ftatuës 8c peintures , les rendent grandement dignes d'admi- ■ation. i Mais entre les principales pièces de cesgrands corps Je baftimcns & Palais des Nobles, des Sénateurs, des »rands Seigneurs, ceux qui fuiuent, aptes les Temples & maifons publiques qui furpalTent toute la gloire l'Italie, voire de l'Europe, font encore fuffifantes d'e- tonner le curieux; d'oti font prouenu'cs tant de ri- wllcs & finances qu'il a fallu employer pour la pet- ' carré, blanc & rouge. Aquileiens, & le tiennent enti'eux comme Dieu gar- dien , & tuteiairedeleut ville , ainlî qu'il fe lit dans l'hirtoire d'Herodian &c Je Iule Capitolin , lequel Ke- rodian , comme la ville d'Aquilée fut vne fois allîegce en vain , & battuèpar l'Empereur Maximinus Celar, dit que fes Ambalîadeurs ne furent iaaiais mtroduiéts dans la ville : & n'eft point ce me lemblc hors de pro- pos de rapporter le lieu de l'hiltoire qui elt dans le fufdit Herodian, liu.8. de fon hiltoire,ii parle de cela, & lefquels titres grauez fur celle tabk de marbre, céi: Authcur rapporte pour mônltrer l'antiquité de celte piece,& le fuldit Patriarche Gnmanus alieuré en quel- qu'vn de fes œuures,que vciitabicraeiit il a fait appor- ter d'Aquilée en ceftuy fien Palais de Venife , ces Dél- ies remarques de l'antiquité. Outre ce magnifique édifice fi célèbre & fameux eu la ville de Venife , (e voyent encore piufieurs autres' braucs & excellens Palais. Et tout preaucrement outre le fufdit , fe void le fu- perbe Palais du Duc de Vcmfe, duquel les fondemens furent jettez en l'an J>o5». par Ange Partitiatic Duc de Venife : & encore que par cinq diuerfes fois ce Palais ayecftc dcmoly & ruinç par accident de feu : néant- moins à toutes les cinq fois, il a toufiours tfté reedifié & remis en vne plus belle perfedion qu'auparauanr, fa forme & figure eft tetragonique , excepte qu'elle eft quelque peu plus longue que large. Du colté du Se- ptentrion, il va tefpondre au grand Temple de S.Marà' de Venife vers le Midy^il a veuë fur la mer du coftc de l'Orient : à fon entrçe dans la principale ruë de la vil- le à l'Occident. Depuis la première porte de ce Palais iufques à l'Arfenal de k ville tft vn angle , & depuis cet angle iufques à vn autre , qui eft au pont de Paille du coftédu Midy,en outre fe voyent 36. grandes arca- des, chacune defquelles eft large de dix pieds foulte- nus fuj: j 6. colomnes. Dauant.ige en iceluy Palais font deux beaux ftontifpices,faits de belle pierre de raatbrg 370 Eftat de la République de V enife. Il cft auflTi à porter que àn commencement qiu grand Palais ti.c batty , il cll.)it couuert de ploxrb , . depuis a^'aiic efté bii.flc ^.ai p.ufiturs fois , ÔC not»n-. ircnt en l'ail i J74- >1 f»^t vcfaïc & lecoucea d'aiiftii' Si y futcnc adjouftez quatre beaux ftontilj i-CS aux les nianns de prier ÔC d'aller offrit fa- ciifias à leurs Dieux tutdaircs &c particuliers , &. eft en celle-cy où oïdinaiicment Je Duc de Venife va faire fcs prières & oiaifons. Dausprogc en ce petit lieu defcouuett , fc voyent vne infinité de petits fieges faits & conftruits en for- me de tribunaux : du colté du Midy en reucnant vers rOritnt , fc voyent de très -belles 5c larges montées magnifiquement faites &c bafties.lcfquellts conduilent aux thdn.brcsdu Prince, c'tll à Içauoir à main gauche i main droide, ôc le vont tendre au Collège b.ct pwur dire en vn a.o',cfluy qui entre en ce Pa- ais , de quelque coftc qu'il puiffe ictter fa veuè , il ne v >id a -tte hofc que colorpnes dt marbre, que ftatuës d'ai.ain âc de bronze, qu. vcuftes & foliueaux dorez, • 6i vne infinité d'ouoraj-s rxcelltns & magnifiquts. Le Collège eft ficc ai'Onent de ce Palaii„eflwué Se fouftenu fur des cftagc» &: g:cll s pouhtts de bois, qui par dedans eft for' m«ga.nqje , car les planchers y font tous dorrz t-. l"s paiou dit cUifices de piuh: urs bell s peintures & hittoucs. La ded^ui Ir Duc fait fa rcndeuce ordinaire j au milieu duque l eit l'on i hrolne Ducal , là où il s'aflit auec les Confal cri ordinaires, quaMd il eft.queftion dt traidl.r d'affaires coucttnan- , tes l'Eftat de la Seigneurie j & c'cft auflj en ce mefœe lieu où il donne audience anx Aipbaffadeurs des'villcs & terres qui dépendent de Venife , & à ceux qui luy font enuoyez de la part de plufieurs Princes eftran- gers, Dans ce College'eft vne trcs-grande & fpatieufe laie, laquelle eft enrichie & embellie de plufieurs bel- les peintures ; toutes les Regioos, villes, citez, cha- fteaux, fortereffes , terres ,'domaincs & feigneuties dé- pendantes de la République de Venife , tant fur mer, que fur terre. Là auflî fe , voyent onze belles & riches ftatués des Empereurs, tres-anciennes, faites d'ouurages antiques de bronze 6c d'airain. C'eft ordinairement en cefte fale où le corps de la Republique .s'alTemble quand il eft queftion de déli- bérer fut quelques grandes affaires importantes à la République & Seigneurie. De ce Palais en aduauçant vers le Midy , du coftc Hc la mer , l'on vient à trouuer les tribunaux des dix hommes , ou Gouuerncurs de la ville , là où pareille- ment aufli toutes chofes font magnifiques ÔC admira^ bles. Là auprès font plufieurs grandes & fpatieufes fales» où quelquesfois le peuple s'affemble pour confulter^ ÔC mefme pour créer de nouueaux Magiftrats,laquellc création fe fait de la forte. fDF MAGNIFIQTB TEUTLE de S. Mire de entfe^, AVptes de ces fales de rAffemblée,ou pluttoft ho- ftcl de ville , eft la grande place publique de Vc- ui;e , dans laquelle eft confti uid le trcs - faindt , tres- auguftc , ÔC trcs-celebre Teirjple de S. Marc , m<;rucil- leux en artifice & admirable en beauf é , lequel cft i'vn des plus beaux & riches vaiffcaux qtii fe puillt nt trou- uei en toute la v^hrelticnté ôt k- plus mâgniriquejfOijc eftre fai6t ôc bafty au dedjos de rrcb-bcau marbre po- ly,le pauc de Porphyre , de Topafc, les parois & vou-» tes d'Ophites, ôc d'autres petues pieites tres'-fiucs & pretieuies, & eniichies de piulicuis belles coul<;uts & peintures très- riches , repiefentans diuerles hiftoires ôc plufieurs cmb cmes , énigmes ôc autres belles cho- fes , lefquelles on ne fc peut laffer de regarder. Ei\trc lefquels emblèmes on dit y en auoir plufieurs qui ont efté inuentcz & excogitez parloachim AbbédeSan- flore , grand perfonnage à la vérité , qui fçauoit fort bien iuger des choies futures, ôc qui par f«s prophéties a fait eniendre long-temps auparauant qu'elles arriuaf- fent , les mutations ôc changcmens des Republiques d'Italie. Entre aucuns de ces énigmes ceux - cyifont rcmat; quables. Le premier, ce font deux cocqs à longues creftes, qui delchiroient vn renard, voulant par cela reprefen- ter la vnîtoire de deux Roys de France par eux rempor- tée fut Louys de Sforcia Pnncc de Milan , la féconde eftoit Efbat de la République de VeniTe. cftoit de Louys le Gras 6c le Gros , furraiu de Mcaux: puis d'vn lyou forr maigre, qui eftoit couclic fur la terre , voulant par cela rcpreCcntcr le bon - licur de l.i République de Vcnile , U de laquelle Tcltendard ôc bauniete porte cmpraint le lyon du fainét Euaiigclilte S.Marc qu'elle reucrc, & fa conditiot) , (çauoir cil que par le commerce & trafic de la met elle s'cll rendue ri- che ik opuknre,quc par les guerres nauales elle s'cltoit rendue puillante ^ redoutable. M..is au contraire ayant ddaillc U mer pour entreprendre quelques ex pcditions en terre ferme , et lté IHc commença à s'af- toiblir,iJcà dimmucr beaucoup de fa grandeur & de la puillancc. Les pierres & murailles de ce Temple font toutes couucrtes de belles tables de marbre collées cnfemble Emi'autres à main droite» s'«n voyent deux qui (e tien nent enicmble , lelquelles ont c(tc fciccs & couppécs d vnc mtime pierre de marbre blanc , en la jointure dtlquclles le voyent autant de lignes noires , qui re prelentcnt auflj naïfacmcnt le pourtrai6t d'vn hom mt , qu'il n'y a peifonne au monde qui n'y foie trom pe, & qu'il ne difc que cela n'aye eftc fait par artifice & indultiiedcs hommes, bien que vecirablenient & de fait cela fe fuit ainfi rencontre , après que ces deux pierres ont eftc conjointes enfemble , chofe à la vérité incrufilicurc,& laquelle Albert le Grand repute pouf miraculeufc methcotc. La voû(c de ce Temple eft composée d'vn bel edi fice ornée de plufieurs riches peincurcs & hiiloircs diueilcsjCc eft fouftcnué par trente fix belles colomnes toutt.i de marbre Phrigicn , efpais de deux pieds en diamttie. Le tour d'iceluy Temple contient cinq hemifpheres tous couuerts de plomb. • Le portail qui regarde la grande place publique a cinq grandes portes d'.iirain , qui donnent entrée en iceluy, éc depuis le haut uifques en bas, eft fait en for- me Grtcaniqut , de enrichies de plufieurs deuifes & €mblcroes,& d'vne infinité de belles rangées de ftatuës de Dieux, faites & tailiées de marbre. Au delTus de la iporte principale, fe voyent quatre cheuaux faits de cui- vre 6< d'airain de Coryuthe,lefquels embelliflent l'en- itiét de ce magnifique Temple i iceux ont efté faiéls ipar les Romains , au temps que Hicro triompha des Pat thés", & furent mis fur fon arc de triomphe , lef- :queis furent tranlpoitez à Conftantinople par Con- ftantin, & par après les Vénitiens s'tftans rendus raai- jfttes de Conftantinople , le firent tranfporter à Veni- ïe\ Se appofez fur le portail de ce fuperbe Temple de %uà. Marc, pour le rendre plus decorableôc magni- îque. j II eft vrayement ainfi , que rafpeâ: de l'entrée, & portail de ce grand 5c faindt édifice, rauit en admi "ïtion ceux qui le confiderent : car il y a vn fi grand lombre d'images & ftatucs de marbre & d'airain, que >eritablcmen^ & à bon droiét il deuroit eftre mis au Iiorabre des œerueilles du monde & de l'art, & dit-on ijue ce Temple fut commencé à baftir , ôc paracheuc :n2o. ans. j Au dcuant de la principale porte eft vne grande )ierre rouge toute quarrée , fur laquelle eft vne lance le cuivre grauéc & enrichie de fueillages,rur laqitelle, lifcnr les Annales de Venifc j le Pape Alexandre 111. nit le pied fur le col de l'Empereur Frédéric, où pour 'e fubjeâ: furent grauez certains motstirez duPfal.^o, le Dauid : Super afpidem ^ bafiUfcum aiTibnUbit , ^ «ncuhahis leontm draconernt Eftant entre dans ce Temple on ne leue pas plutoft 3 veué, que i'on ne voye auflî-toft l'effigie tres-belle c très -admirable de S, Marc, faite de marqueterie, & iilléc à la Mofdïquc , laquelle a les bras eftendus en aut regardant le Ciel. 371 Do là par certains degrez de marbre on entre dans le cœur, là où l'on peut voir la tres-grande 6c merucil- iculeiablcdc l'autel, qui a efté apportée de Conftanti- nople à Venife , laquelle table eft faite de pur or , Se d'aigenc , embellie de plufieurs fij.ures qui y font gra- iiées 6c enrichie d'vn li grand & ineftimablc nombre de pierres precicufcs, de gemmes & de lapis, qu'il n'y a perfonnc qui ne demeure cftonné fur la richdie ôc valeur tant excellente d'vne tellf piece.Tout cér autel eft couuert d'vne belle voûte fait en croix de beau mar- bre ; laquelle voûte eft fouftenuc de quatre belles co- lomnes, faites pareillement de marbre, à l'cntreu-uë defquclles font reprefencéfs diueries hiftoires, tant de l'ancien q'ie du nouucau Teftament. Derrière cét autel, fc void vne petite Chappelle, où repofcletres-faind 6c trc'-a :gufte Sacrement de l'Au- tel , où fe voyent4. belles coioauK's toutes faites d'Al- baftre, lefquelles femblent eftre de verre ou de criftal tant elles reluifent. Entre plufieurs reliques dont le nombre eft infiny en cefte Eglifc , l'on y void le corps de fainôb Marc auec Ion Euangile cfcrix de fa propre main , & plu- fieurs autres choies rares & excellences , que ic pall'e- rayicy fous fileiice. Plus en ce Temple eft vn threfor merueilleux, dans equel on a entrée à main droite par vne porte de pier- res rapportées fort artiftement, recouuerte d'or, de plufieurs peintures : au deftusde laquelle fe voyent les effigies & pourtraits des Sainds Pacrurches , famét Dominique & faind François d'AiFifc, k( quelles una- ges 6c effigies, comme le commun dire cft.iurent fai- tes & rcprefeniées£^r le fieur Abbé loachim plufieurs années auparauant que ces ùmas perfonuaecs mou- ruftent. Le threfor ratiit la parole des regardans , pour les grandes richeflTes qui y font, car cu premier lieu , fe voyent plufieurs images de Saints, 6c vne grande quantité de couronnes toutes d'ur, auec plufieurs chefs pareillement d'or, 6c enrichis de pierreriej, tres-beiles. Là fe voyent auflî vne infinité d'efcarboucles , de dia- mans , de topafes , de chrifolites , hyacinthes 6c autres pierres de grand eftime ôc valeur incroyable , auec plufieurs coquilles, gondoles & autres efpcces de vailFeaux à boire , faits Se enrichis d'oiiyches de laipe Se d'ag.âthes. Là pareillement fe monftrent [es beaux dons & prefens que plufieurs grands Princes & Monarques eftrangersont cnuoyéà la Sereniffime République de Venife : & ciitr'autres chofes, l'on void deux cornes de Lycornes , l'vne grande 6c l'autre petire. Plus v^^e ri-^ che efc^r|;>oucle,qui fut apportée en ce threfor par Itf Cardinal Dominique Griman. Plus vue cruche cou- uerte Ôc enrichie dVne infinité de belles pierres pr&I cieules , qu'anciennement Vfcafifànes Roy des Perfes enuoya en don aux Vénitiens. Là pareillement fe void la mirre folemnelle que l'on met fur la tcfte du nou- ueau Duc que l'on confacre , laquelle mefme il porte fortam de fon Palais és feftes folemnelles Ôc principa- les de l'année. ' Cefte mitre eft extremémentbelle,car elle eft toute brodée d'Qr,& recouuerte de riches pierres precieufes* & au bout de laquelle il y a vne efcarboucle de grand prix ôc valeur. le ne peux raconter par le menu les grandes richef- fes qui font ta ce threfor , comme font les calices , les vafes, les encenfoirs, les chandelliers, les burettes,bàf- fins & autres vftencilcs d or & d'argent employez à l vlage dudit facrifice de la Mefle. Ce Temple fut conftruit en l'an & furent ap- portées en icéluy plufieurs pierres ôc colotones de marbre d'Athènes, de Grèce, &-dc plufieurs autres lieu-: pour orner ce magnifique édifice : il eft fàit en 37 1 Eftat de la République de Venife. forme de cxo\x , 5c fe voycnt en tout fon poutpris plus de 500. colomnts ou pùlters : de quelque collé que l'on voudra y encrer , on entcc touiîouts par vne belle 1 allée voû é.- , dont le pané eft fait de petites pierres peintes , carrées Ôc jouîtes cnfcmble fort lubtilcment m délicatement. Auprès iccluy Temple de S. Marc , fe void vne fort belle tour faite, & conllruite de pierres carrées , ayant de chaque front en largeur plus de 40. pieds , elle ne touche point au Temple , mais elle en cft diftance pat l'elpace de 80. pieds , fcs fondemens font beaucoup plus profonds qu'elle n'a de hauteur depuis le rets de xhaulfée lufques à fa cime , comme remarque Sabelli- que en fcs Ennead.es, le fommet d'icelle cltcouuett de belles tuiilcs de cuivre doré qiu rcluilent merueilleu- femenc ôc apparoilTcnt de fort loing le Soleil luifant à ceux qui nauigenc, & qui viennent a Venife, d'Ktrie & de Liburnie , on monre en icelle par certains degtcz de pieire,qui vont toufiours en tournoyant, depuis le pied de l'elcalitr iniques à la cime. Du haut duquel on peut contempler à (on aife toutes les parties de la ville composée de plufieurs Ifles conjointes les vnes auec Its autres par certains poin si de là l'on dccouure facilement les fix Ré gions de la ville, les tues, les pla- ces publiques, ks Temples, les Monartcres , les Palais H/i autres édifices. Dei* on apperçoit plufifurs autres Iflcs hors la vil- le, iufqucs au nombre de 60. lefquellcs font décorées de beaux Monafteres.Temples^ediBces Si jardins tres- agrcabUs & plailans, & en queiques-vns le voyent de petits bout g-i, qui eftoient anciennement colonies des Aquilcicns , Vmcentins , Opiterges , Concordiens, Actftini, Atint's , fie autres peuples voifins des Véni- tiens, qui durant les guerres des Kuns, fous la condui- te a Attila en Italie , fe (ont retirez en ces petites Ifles comme en lieux leurs ôc alTcurez. Au deuant de l'a vilie on void vn riuage courbé, fait eu forme d'arche qui renferme la mer Adriatique, tk s'cdcnd prés de trente cinq milles auec plufieurs lllcs qui cmpcfchent ôc tetiennenc les flots ôc furies de la mer. Plus au deuant de ce riuage font plufieurs eftangs o eau pour la leureté de la ville , & a ledit riuage cinq emboucheuies, par lefquelles l'^au de la marine vient à remplir leidits eftangs , là fe voyent deux poits de mer tres-profonds. L'vn appellé Clodian, l'autre Mcdoac, fur lequel il y a deux challeaux & forterefles fi bien munies de tout ce qui appartient au fait de la gucrte,qu'en vne necef- ficé ils poutroient repoulfer les plus grands nauiresde la mer. , j De cefte tour l'on peut auflTi voir les Alpes des Lar- mes, les Ptomontoices d'iftric -, au cofté droid d'icelle on void le mont Apennin , qui trauerle toute l'Italie, auec le fommet des montagnes de la Gaule Cifal- piue. 1 , ,,r Plus l'on void les Collines très - nobles d Engraue, auec les emboucheures des fleuues Athefis & Lndan, D'autre part l'on peut confidcrcr les Alpes couuettes de neigf s des Nonques fii Giilons. Les fondemens de cefte tour furent jetiez l'an de noftre Seigneur, 88^. laquelle aptes quelle eut eftc bti flce.bt refaite & dorée en plufieurs endroitsdepuis le bas lufques en haut. En ictlle l'an 1 5 17. fut mis & pose vri Ange fait de bois rccouucrt d'airain ou de cuivre doré , tftant fait de la (otte que toufiours il femble que de fa main il face la benedidion fur le peuple , & lors que quelque grand vent s'cfleuc il tourne à l'entour de (es gonds ôc tcnmis,cetfe tour a de circuit i6z. pieds en hauteur: depuis le pied iniques à la première table l'on compte 164. pieds: de là iufqucs à l'Ange il y a 1 5 ipieds. Depuis l'Ange iufques aux cloches il y a plufieurs belles colomnes & reprefentations de lyons d aitam ôc de marbre , auec plufieurs beaux rangs de degrés fort faciles â monter. Auprès d'icelle tour, contre les portes du Palais , fe void vne belle galerie ou pourmcuoir richement & induftrieufemenc fait à la Corinthitnne , auec plu- fieurs belles deuifes, emblèmes, emgmes ôc hyerogli- phiques. Et en ce lieu , lors que l'on tient alfemblce pubhque ou chambre de ville les Procureurs s'y ttou- uent. L'on compte en cefte ville de Venife iufqucs au nombre de 4jo. ponts faits de pierres viues» Il y a en outre plus de 8. mille barcs pour palTer & fc pourmener pat tous les lieux de la ville. Dauantage il y a plufieurs canaux, dont il y en a vr qu'on appelle le grand canal , qui cft long de 1 joo pieds ôc large de 40, Plus il y a vn pont fait fur le grand tuilTeau ôc baft; auec magnificence , en la ftru6ture duquel pluficur miiliers d'écus ont efté employez , on monte au hau d'iceluy par trois beaux ôc magnifiques elcaliers, don celuy du Midy contient 66. dcgrez, ôc chacun des au très 145. En la defcription qui a efté faite des habitans d Venife, l'on a compté iufques à cent nouante railh fept cens quatorze ames , pour les viures defquels faut 10891. feptiers de fari«e tous lesiours, qui r( uiennent par an à 69. mille 500. Ôc 80. feptiers. Tonte la Cité contient fix milles de tour,ny plus r moins. Et afin que nul homme prudent & aduisc ne s'a refte aux niaiferies de plufieurs qui croyent que la G té de Venife a pris fon origine des Pefcheurs, qu'il oy ce qu'eji dit Caflîodore Sénateur, ôc ce qu'il elciK ai Vénitiens , parlant de Theodoric Roy des Oltrogoi f^os (jui numtrofa naui^ta m etm corfimo pcjJidfK cfr neiu plena r>oh'lii>M:\ oas qui polfedez quanti; c de ni uitcs es confins de La ville j ôc vous Venife quicfti pleine de Nobh fie , Ôc par Ulq'Jelks choUs arriua l'an de noUre Seigneur 495. c'( ft à dire l'an de la foi dation de la v^lle 80. ou 90. l'on peut facilement C( gnoiftte que les Vénitiens n'ont peu en fi brief e(pa( de temps acqaerir tant de NoblelTejComme Roys trt puilTants d'Italie, Ôc auoir fi grand nombre de nauin ôc vailfeaux , finon par les richefles de leurs anceltri ôc n'eullent efté agrandis pat les faits ôc prousilTes c leurs petes. DE LA G%_ANT>E TLaCE Vi jainH Marc de Fenife. VEnons maintenant à décrire la tres-grandc ôc bc le place de S.Marc, embellie Ôc enfermée de toi tes parts de plufieurs beaux ôc iopcrbes édifices , principalement du cofté des temples de fainâ: Msrci de S.Geminian,ily a de tres-beauxôc magnifiques? lais , ornez ôc garnis d'excellents portiques ôc pou menoirs , aiiec plufieurs belles ôc rit hcs boutiques ( marchands Ôc ouuriets. Là ordinairement fe voyti des gens de toutes Its parties de l'Europe , non feiil» ment , mais d' Afie ôc d'Afrique , là s'entendent diuc fes langues, là fe voyent diuetlcs fortes d'habillemen ôc vne fi grande atïluence de peuple , ôc de route for de nations, qu'il femble que Venife ne foie pas vue vi le, mais bien vn autre petit monde. Du cofté de cefte place, qii regarde le riuage de 1 mer , fc voyent efleuées deux belles grandes co>oron( toutes folides , faites de marbre Phrigien , qui furei apportées de Conftantinople à Venife, kfquelli i'appçi Eftat de la Republique de Venîfe. S'apprrçoiLientdefoit loing par ceux qui nagent en ce- tte viiJe , en l'vne dclquclles le voycnc les arnioiiiesde la ville coures dorées. Au milieu d'icellescll le Lyon de S.M>uc dépeint aucc des aiflcs, &: en l'autre cil l.i llatuc de S.Theodore. C'cll contre CCS deux colomnes que les condamnez à la mort font liipplicicz. Force autres colomnes ont cftc apportées de GreceàVenife , par le Duc Scbafticn Ziani dans certains n-uiii es , iScdu depuis quatre cent ans en ça,toutcs les trois ibnt de pareille grandeur, IV- ncdclquelles, pourelhe trop pelante rompit tous les inftrumcns des Couuteursquila tiroicncdu nauiic, ik tomba dans l'eau, (is: ne s'cft peu auoir iufqucs à pre- fcncjpourcc qu'elle cil dcualce iufqucs au fond:(Sc pour les deux autres,ellcs-fonr clleuces dans la place de fiindb Marc bien prés l'vnc de l'autre, & ce par i'induftrie de Nicolas Ncrr.itio , trcf-excellcnt Sculpteur, au moyen de certains gros chables neufs, lequel ne demanda à la Republique de Venifc autre rccompenfe ny falairedc fes trauaux, iînon qu'il fuft licite aux joilcurs ordinai- res de tenir banque entre ces deux colomnes , ie ne fçay pas Ci cela cil ainfi , ie le donne félon l'opinion du peuple de Venifc qui le tient ainfi : Et dcfiitordinai- vemcnt les Bincans«Sf qui rien ne valent , fetrouucnc en ce licu,iolians 6c mcnans vne vie faincai-ite (3cparef- fèufc. Il fcmble que celle grande pUce ne foir qu'vne , Se toutesfois elle cft diuifée en 4. La première efl; auprès du Palais. La deuziémc entre ledit Palais Scia. Bibliothèque, qui etl didante depuis les colomnes dudit Pakis iuf- qucs à l'horloge. La troificmc cil depuis le Temple de S. Marc iuf- qucs à celuy de S.Geminian , au collé droid de laquelle font les trel-fuperbcs Sc magnifiques galeries à trois cllagcs fort indullrieufementproportionnées,& ornées de piufieurs belles colomnes folides faitesde marbre. La quatrième ;efl depuis le Temple de S. Marc iuf- qucs aux logis des Oianoincs de Udite Eglifedefain6t Marc, laquelle place contient en longueur 470é pieds fur 1 2 G. pieds de large. De l'autre collé de ladite place, fevoyent de tref- beaux Sc riches édifices, ballis auec grande induftrie. Tout contre l'Eglife de faind Marc, fevoyent trois enfcignes attachées à trois grands arbres de Pins , Icf- quellcs enfeignes portent certaines figures d'airain, furlcfquelles cft grauéle Hyerogliphiquc de la liberté de Venifc. La icconde place commence aux colomnes fufdi- tcs,& prend fin à la porte de l'horloge, par laquelle on va du Marché en la place : Celle porte ell faite de plu- fieurs pierres de marbre, & comprend enfoy le trcf- excellcnt horloge de la ville,dâns lequel fontreprefen- tczlcs cercles du Zodiaque, auec tous les figncs cele- ftes tous dorez , le Soleil &:la Lune,entrant chacun mois en quelqu vn de ces lignes. Plus fe trouuent plu- sieurs ftatucs d'airain compofêespar art de Mathemar- kique , & de ce cofté du Palais, eft le threfor de la ville, pcllcment conftruit de pierres vnies ôc entrclalfées de fcr,qu'iln'e{lpaspofflble de trouuer vn petit morceau jdc fente. Ellant entré là dedans , on void le lieu où cft ledit threfor fait de marbre Se doré en plufieurs endroits: jiuprcs duqucU'on void encorda Bibliothèque de la lÀll e qui commença par celle do Petrarque,qni fit le Sc- jiat de Vcnife héritier de la ficnne. Par après elle fut augmentée par celle de BelFarius , d'Auicenne,d'Ale- icandre,& du Cardinal Griman. I Sur tous autres lieux font merueilleufement beaux 'Se admiiabics parcxxcllence les ouuragcsqui y font, le frontifpicc de cet édifice ell dccoré de plufieurs belles feiomnes que ç'eft chofe digne d'eftre comparée à la 375 phis prcricufc chofc de l'Europe, car icchiy frontilpicc ell g.u iiy de léizc belles arcades richement elaboutécs, garm'cs de leurs colomnes , différentes les vues des au- tres parfclpacc de8.pieds: au delliis de ces arches fonu I (S.bcllcs grandes fencftics.chacune defquclles eft gar- mcdc quatre belles colomnes de marbre , fur lefqucHcs I6nt attachez i ô.bcanx cetclcs: Plus en cet édifice font M; belles llatués e/leuées de la hauteur d'vn hommCj Iclquclsouurages font tous fiits à laDorique,5^ àla Io- nique , à la manière des anciens , mais fur tout il n'y a ncn qui rcioiiylfc tant la vcuc,ny qui foit plus ;igrcablc a von- que ce coing de cét edificc,qui regarde la|randc place , lequel furpalïé en excellence toute l'iimcntioii des anaeris,& eft cet ouurage continué iufques au tcm- p c de laindl Gcminian , &c de là iniques à la tour des Heures. ic pa/fe icy fous filencc bcaucQup de chofcs diovcs deremarque, touchant les fingularitez de ce threfor public Sc de laBibliothcque , craignant l'ciinuy du Lc- acur. le diray feulement que ccfte place où cft ce ma- gnifique édifice j outre ce qu'elle cft enrichie de plu- ncurs beaux baftimens de brique , elle cft tcllerncnC iupcrbe& magnifique , que Pétrarque hure quatrié-' mc Suamn femlmmM qu'il ne s'en peut troliucr de fem- blable. Avn milleprésde la ville eft vne ccftaîne Ifle , où fe voyentlesbelles&exccllentesboutiques,oùfevGndenc- les belles glacesde Venifc auec les beaux verres de cri- ftal,laqueilclfle, ainfique racontent leurs hiftoires,fut occupée parles Altins Se Op.tages,rcgnant,& durant la guerre des Huns. A prefcnt ccftc Ifle cft réduite en fotme depetite cité loir cmilifec & fréquentée depcup e , & cft décorée d'vn bon nombre d'Eglif€S& exccllens édifices, & tant au dedans qu'au dehors de cefte Me. fe voycntdetanc beaux 6c agréables iardins , qu'il n'eft poffiblc au mon- de de trouuer vn lieu plus délicieux : Sc entre les Tem- ples magnifiques de ccfte Iftc, ccluy de S.Pierre le Mar- tyr,qui cft !c Monaltere & le Conuent des Religieux dé 1 Ordre deS.Dominique, eftieplus celcbr^pour eftrc iceluy nchement bafty Se cmbelly par dedans de plu- fieurs belles peintures. ^ En ce Conuent il y a vne tref-bclle Bibliothèque garnie d'vn nombre infiny de rares & bonsliurcs, & auec ce en cefte mefme maifon , fe voycnt plufieurs beaux &tref-excellens iardins de plufieurs nobles de Vemfearrofez d'vn grand nombre de belles fontaines quiyfourdent, & qui vont arro^fans Icsplantes & les arbres fruKaiers d iceux. Delàileftloifible d'entrer auxboutiques Sc voirfai- redes excdlens verres , oùparvn fingulierplaifir l'on peutconfiderer la matière chaude prife dans les four- neaux ardans auec des verges de fer que les ouuricrs • peuuent auoir. Les habitans de cefte Ifle furmontcnt tous les autres ouunersdu monde,& principalement en l'art de la ver- rerie, pour l'excellence de la matière de laquelle ils fe leruent, ^qu'ils mettent en œuure, d'où vient que les vales & les verres que l'on apporte de cepay^au noftre fontmerueilleufement beaux,&fi parfaidement clairs &nets qu ils femblenteftrecriftal naturel , & de fait qu on l'appelle criftal de Venifc. Tous les iours les ounriers'de cefte Ille ferucnt à reprefemer mille chofes antiques parleur art & indu- Une , lailansparoiftre diuerfcs fortes de v?fcs colore- de toutes fortes de couleurs, grauées d or Se d'ai-enr^ dediuerfes hiéroglyphiques Sc autres chofcs gentil- les, & non feulement ils font plufieurs vafes & vaif- leaux aboire, mais font toutes fortes de vai/TcIlcs pro- pres a mettre des viandesdelquellcs chofes enrichifrenc tellement les hiftoires, que fi Pline viuant voyoit ces ctioles , s'en eftonneroit , &diroi.t que fi cen'eftoit la I i EftatdelaRcpubliqueûeYenife. 374 fragilité de cet ouiirsgc . il n'y autoitny or, ny arjcnt cniilcsL-ciitcftimcr. « ■ i i d Enuiron cinqccns p.s de la viUcdii cofte de la Ré- gion de laina Marc , fc trouuc vne lilc appellc e de S. Oicc^oiicoù il V âVn trci-fomprucux Monaftevcdont le Temple cl\ de marbre, bally d'vne induftne fort gran- de : En iceluv te v^ycnt plufieurs tables facrecs & Ita- tucs,.nagnifiqacs qui y on: elle faices,& outre ce d.ucrs monuments & Icpulchrcs de Princes 6c de Ducs de Ve- nifc. . 1 I • Ccft vne belle chofe & agrcatle a voir que le cloi- ftre de ce Monr.ftere , Icsfales, lesrefcdoirs, les dor- toirs, les chambres & la bibliothèque bien garnie de liurcs,nicc les beaux Se grands iardins , chofc qui don- ne tant de plaifir& de contentement, qu'il cft fotj milice parlcsDucs,Marquis,& grands Seigncuis,tant de Ve- nifc qu'cftrangers. . A Venife il y a vn tref-grand nombre d EglUcs ôc hofpitaux,qui font au nombre de 17. jl y a vne infinité de Temple confacrez à l'honneur de plufieurs (aincts qui font desbaftimcns trcf-richcs, nobies& ornezd v- ne quantité de belles pierres de marbre , entre lelquel- les il y en a 67. qui portent tiltre de paroiire,z6.y lont defferuies par plufieurs perfonncs fainftes Se deuotcs, &54. qui font Eg.lifes de maifons religieufes Se retor- rnecs Plus font à Venife ,8. Chappellcs ou Stations pour les fix grandes Confrairies , entre lefquelles la plus grande cft celle S.Roch , où vne grande multitude de peuple eft envcgiftrtc. _ . . n. ^ Eim'autrcsedifices,leTempledeS.Domimquc eft vne llrudurc fort admirable 6c iupeibe , dc cor^c en beaucoup d'endroi6b de plufieurs belles fuuies de marbvcc^ peintures tref-excellentcs. Se eft ceTempk confacrc à l'honneur des deux frères lumeaux S.lean Se S Paul 1 ■ Enapi-esl'EglifcdeS. Zacharic cft cncorcs vnba- •limenttvcl-admirable&merucillcux. ^ ■ Et outre cesTemples^l'on void cncor a Vernie vne infinité de belles grandes mai{l>ns & %"bes Pa aïs: L'ontrouue en ccfte ville en toutes faifons de l'an- ' née prés de ibo.-fortcs de fruits, d'herbages & de poif- fons,aucc abondance de viandes tref-delicates.Enrre.leS ' arands Seigacurs,& les grands Se riches de la Cité, ces viandes font ordinairement feruis fur leurs tables pour eftre les meilleures Se les plus dclicieulcs. Venife eft fi fréquentée de Noblcfte , qu'ancienne- ment on comptoit en icelle iufques au nombre de 5 8. Princes & Gouuerneurs. Le territoire d'icclle cft le lieu le plus plaifant da mondc,& fertile au polfible. Qualité. auec cclafe vovent en diucvs lieux pluheiu-s ftatues de citoyens illuft're s , tant Pionniers que Caual.crs, ericéesauxdcpensdupubiic , pour ceux qui par pm- deSce , force , Se valeur ont fort bien feruy 6e admini- rtré la République ; & s'en voycnt ^c marbre , mlques aunombredex65. d'auain.3. Et èntr auti;es fevoid vneftatue à chenal, faite en forme de Coloffe de Bar- thélémy Coleon, homme tref-noblc, que 1^ s Seign«jrs de Venife luy firent crigerpourhonorcrlagrandcur de lesmcritcs, de fa vertu Se fidélité grande entiers fa pa- En Venife il y a dauantage , pr és de 5 6. Tribunaux, ou l'on tient l'Audience Se rend on iuftice a vn cha- cun,il y a dix portes d'airain,z7.horloor s publics,i i4. halles publiques pourtenirallemblee,53.pi<îcespubli- flues, 114. tours d-Eglifcs garniesde cloches,d.x che- naux d'airain efieuez en diuers endroits, 1 5 5 .puus pour l'vfage public, cent hui6tante cinq iardms de plailu, 1 41 .Palais Se cent autres maifons,qui meritcroient cel- tes d'eftre appellées Palais pour la beauté Se excellence de lem-fttuaure:dc forte qu'il n'y a pas vne ville enlta- talic , ny mefme en Europe qui puiUc eftre comparée a " U?y void le logis des marchands Allemands , la- quvllea5i2. p.'eds de circuit toute peinturée par de- dans , embellie de deux belles galeries , qui reponden Vvne dans l'autre. Au d^^dansde cefte maifon, fe voyent iufques au nombre de 100. petiteschambrcs-trcl-com- niodes pour loger Icfdi' s niarch-ands. Pour les ftatués, peintures excellentes , Se autres 1- gncsi^ remarques cTanciquixé quifontonVcnilc , clic iicpcuucnt élire n-ombrées. La MarqucTreuifinea vn aftczbon air,5:bientem- 6 pcré,fes champs font agréables, (.^rapportent alfez de fiomcnt,& d'autres grains, & de toute forte de ftuifts, mais elle eft principalement abondante en vin. On y trouue quelques metaux,& elle ne manque aufli de foc- ce troupeaux de beftial. ^ Les riuiercs principales de cefte contrée font la PiaclaBrenteJeBacgilio, le Tefin^rAddcl'Oglio^ Se l'Adige. . La vallée de Valcamonique cft pleine de mines de fer.Quant à Vérone l'air y eft fort fain,fon terroir eft en plufieurs lieux fterilc, Se le firoment n'y vient iamais en abondance. Mais il rapporte force huiles Se force vins exccllens , mais fort efpais Se des fruids de toute forte: & l'on y trouue de la laine fine en grande quantitc. Elle a aiipresle lac de Benac qui eft plein de poiftons de tou- itcslortes. , j 1 -n Il y a vne montagne fort haute au deflus de la ville ' qui eft renommée pour les herbes qui y viennent. Prés la ville de Bergame le pays eft raboteux Se a(- pre,fterile ducofté du Nord, à caufe des montagnes, mais aux autres endroits il n'y manque rien de ce qui cft nccellairc à la nourriture de l'homme, toutesfois le vin n'y croift point à caufe de la froidure. Mais aux va- lons voifins , Se fubicts à celte ville , on recueille force oliues,& en aucuns endroits d'afl'cz bons vins,mais noa en grande quantité. Autour de Crcme,il y a force bkds, vins,é-V les Communaurez qtu ont plus de manicics de ti- rcrcxtraordinairemencde l'argent, ont plus de puif- lance : C5c elle a de fes moyens à fuffifancc, & mefmc Clic en peut tirer aucc moins de crainte &c dedaneer que les autres Princes Chrelliens ne font de leurs pL, pics. Car lors que quelque gi^^^ aniuc à celle Sei- gneurie ou bien qu'il faut armer outre l'ordinaire. liiand le Turcleue quelquegrollc- armée, elle recoure .nix voycs extraordiuaires qui font en grand nombre, icjediuel-ies fortes , qui fepeuuent toutefois réduire i Laprei^iere eft d'/ccroiftre les décimes qui font dé- lia impolces aux gentils-hommes , & aux bourgeois qui ont quelques reuenus des biens immeubles, cÇcecvfc fait en augmentant le nombre , c'elt à fçauoir en faifanc q au heu qu on nepayoit qu vue fois l'année aupara- a^'^ f^ °" ''"'^ ^«'«"^^ du Sé- nat, &femblablemcnt quand onredoublelcs taxesqué la Seigneurie faitpayeraux marchands félon la vlleur de leur marchandife , qui eftprefquela dixième paÏÏe de leur ga,„,& ces choies font' auffi payées ^^"0! b es , & CKoyenspJus ayfezquelesaJres. O^ipeu/el c orc euceftc maïuere première vue taille q lTp u- ple paye quand ou arme cxtraordinaircruent^ , veuC Lorsdoncqu'elle recourtàcefte i. n^n.k.t, elle le fauaif.menr pourc. que tous payent vofentrs ^ dcV.onelontgraeieules:c::i;;,:B.^^^^^ ^""^'^ ^^^^^^^^^^^^^ celle de Treuis laloufes , & celle de Beraamemfée U hom r"' ^^q^eles gen- commeauffiqu'elleabeaucoupd'hommesquiparyen; AfoaXu '"^ ruai, Dadoue de bons foîdats , Vicence beaucoupde fes pr^^^^^ &dauantage elle ordonne que Comtes, ^BrelTe des habrtanspeuchai-itablesenLs nezTe ^ lespauures. ^"'^gentils-hommes plus meritans foient vendus ' mais non à perpétuité nv^n.,;^^ ^cnc vendus, La Seigi^urie de Venife tire des Ellats qui luy oberf- ' elwT m"" "^'^ ^"^'^ '''^^'^'^^ pl"^ fent deux millions d'or toutes les aunées'en temps de Zï^, t? '^:\ vn iemblable moyen,en la paix en la façon qui s'enfuit. ^ ^ ^ ^^'^^""'^^s Chrelliens firent en la Li Ellereeoit Sco.mil efcus des villes d'Italie, &de cet tc„, V^""iens,ils tirèrent plus de i 00. itgcnt, Brclle, :k Bergame toutes feules en donnent l V.? / r , ^ usde 300.mille.Elle tire de Venife joo.'mille écus de ' auffi oar reli^ R ^"""m" ^'""^S^"^ P^-atique iuierf^schK-es^^gabelles , veuqu on afla-me ceUedu I d^^^^^^^^ VJn toute feule 1 3 o.mil écus l'année, i On tire encore de l'argent de diuerfes décimes & :axcs impofées aux gentils-hommes, & au peuple de la l'ille.nnefme , & les autres cinq cents font tirez du fel Jin le fait fur les lieux qui font du long de lamer,& des 1 r'''-'ii>ientiis decHronrlfc ieuueshommesmineurs,cap^;bIes3'entrerauC^^^^^^^ &depouuou-obtenir des offices '-onieil, La3.facondetirerdel'argentêft quand la Republi que par vue grande neceffite eft conl-ainte de pr^e del argent a emprunt des particuliers , defque Is " ' n pouuantauoiram ahl^,^^..%.„ii_ _ 'q»cis n en !aces^gabclles.&aydcs q„e les villS .an ^rdon I f» Sraud'TT^ ? = ^^'''î-'s jent a a Se,gnc„„c. Ec s.,clq„es-v„s difencquell. en SrieLëllr 1"?"''"^ " P"' f"'= » o — ^">-ivjut5-vub uucni qu eue en roir plus de 5 oo.miUe du Royaume de Cypre, lefquels puteslois on tient qu'elle tire de fes fubieds par vne au- |re voyc. * î Voyla les reuenus de celle Republique , qui eft fub- ^ytc a I accident des autres Principautez de la Chre- pente ; c'eft à fçauoir qu'elle confommc prcfque tout argent eu dcpences ordinaires qui fe fonc en l'en^ encn de la gendarmerie , aux armées de mer , en i t«ttih:ation des villes, Se des chafteaiyc donc elle a neceffitélcrequiert:ceq;;:iï:;;;S^-^^: pas comme d'autres fujets vn tumulte, & vue efo fo" generale,ny confiderable,commepar exemple " ' Si le Sénat auoit refolu que le tiers des biens de tous les paa^culiers citoyens full vendu. Se que félon le pr x desbiens del vu ôc de l'autre il fe fift vnemalTr laR? pub liquefediroit débitrice de ces particuliers auf quels lelon que k Sénat ordonne, ke s'ob 'e de là ^endreaprescautd'apacesla guerre ellant finfe^ tanc - Il i EftatclclaRepubliquedeVenife. b.cn clic pn,c .cinq pouv cent h„»ec , & cecy fe ^ ™n,c Mon. nouucau. & cnccc Mont de fub^e f» « "^J' paye tes ou nomme iviuii» 'iv^'-- — ' , , , i ccsinrercfts font payczpar la République pour dcores moins vieilles que les premières oubien elle paye da- uancage,& s'oblige àveadieen bref le principal, i5c cec^ fc Homme Mont tres-nouucau, lorsqu il a cftcpaye.^ toutes debtcs qui repayent dans Z5. ou 30. ans, ^ui le palfent fans guerre , qui eft vne chofe qu elle fuie le plus qu elle neutrs'eltcignentfacilcment.Elle a pareillement aecoultumc- dcprcndre l'argent à change , & d en don- ner 8. pout cent à qui en a voulu donner , toutes^ois pour iS.ans feulement. Outre ce, ils ont fait de plufieurs biens publics im- meubles vn Lot, qui eft vneefpece de blanque tirce par billets publiquement en prefcnce des principaux Sénateurs. , 1 Ce font les manières de trouuer de 1 argent dont a Scieneurie s'cft ferme aux guerres palTees , & dont elle fc pourra feruir déformais à fa volonte.Elle peut encore accroiftre les daces & les gabelles\les marchan4ites,lc- lon que le Setiat détermine. Et pour abréger , cl ,u. .u..g,.., Jlea infinis moyens de tuer de rareentfansbiuit,& en toute alTeurance des nobles, des citoyens, & du peuple , mefmes aux grandes ne- celTitez à l'exemple du Prince , & plufieurs gentils- hommes & bourgeois ont donne de leur hanche eaux de la Marque réduits en forterciïa» .^w....Orcinoues,Airola de Brelf.m, Pcfquicra,& Li- gnagno , & furtout il faut limiter Palme la ncufue en fiau°eEndecagone,ouàonzcbaftions,qai a fes princi- pales portes & rues droites au polfible , qui répondent toutes à vne place qui eft au milieu de la ville , qu'on tient comme imprenable. ElleaauffienLombardic les PolcfinesdcRoaigue,oùilya plufieurs places quidoi- Lienteftre beaucoup eltimées,ôc qui font bienmifcs en dcrfenfes. Au Friuly,iln'y a point de fort chafteauqueccluyde Martan,aflis entre des eftangs & des marefcages pro- che de la mcr,mais fort au po(rible,pource qu'il eftpref- quc Icpar. de terre ferme,horfmis d'vn cofté qui le peut auec peu de gens deffcndre aifément. Il V a cncor le chafteaud'Ofoppe fut vne moi'ftagne tres-fortc , qui cmpefchc l'entrée à celuy qui voudroit paifcr en Italie auec vne armée par Le principal chc- min,& par les autres on n'y peut mener du canon. Quant àlavillc d'Vdinc elle n'eft guère forte,à cau- fe delà terre mal-propre àlafortification.En Iftrie elle n'apoint de bonne place que le Cap d'iftrie. ! Aux riuages & Illcs de la Dalmicie , & Efclauome, ' elie a quelques villes auec quelques forts , comme Za- ! ra,& Catarro : mais les villes delà Dalmacie n'onc ' befoin d'eftre fortifiées , pource qu'on n'y peut aller par terre auec vne armce,finon pour y faire des cour- volonté à la République ^'^f'^^,^Xtl.^^l^^^ i leîde peird'fmpoi-tânce,& l'occ^fion de cecy procède a eu quelqucs-vns qui ont donne IfS loyaux (X ouic 1 y r „. ^u„.^;.,.c(X,-r rfl-rnirs oui donne les loyaux OC o ne- -—p-^^ ,^^ des chemins fort eftroits qui mcn. de leurs femmes , confidcrant que la République ; des alpies mon g «fïligée en auoitplusde '^^^^^^t^^ Qi' pour la deffencc de ces villes & fortereilTes, leurs femmes pour s en parei. Et i.on i^"'^" ,^ 1 ,^ Seigneurie fe fert des hommes du pays qui font parti uliersdela ville de Vemfeontdonn.deUgctcel^^^ Lombardie elle en faid exercer Lpublic.mais auflllesvillesqu luyfonth.biea^^^^^^^ , ^^-^1;^^^;;;' „aie , qu'on nomme Cernides, félon leur paiifance donne a h R'-P^*^^^^';°^. " ^,,,,e que toutes les lurifdidions ou pays de cefte cours. out/eles tailles quileur ^^^^^^^^^ " ; ^^1^,2^, , ceux-là font elleus qui fe crouuent plus grande quantité d'avgent. Ce qui ^^u'-^^'t^'" Z .coures à l'exercice des armes & de ceux-cy , qui font fcrueinuiolablemcnt , tant cnuers les paauits que ks ''''j^'Jl^^^^^^.i^^ pi,^fp,rt cefont des païfansqui ne font riches. , ,. x , j -a ne narfiidemcnt propres pour combatte en campagne. On a donc accouftumé de dire a bon dro.d dans P^^^^^^J^J^^^ ^^^J^^, ordonnance. Et lors que Venife , qu'il n'importe que le public n ait g|.^"'^^^ ^ Se i" neurie veut compofer vne parfaite armée pour quantité d'argent , pourueuqueles particulie s Ipien , => ellefoudoye de ceux qui habitent aux villes dches comme ils font , pource que comme nous a on corn , ^ deseftrangers qui ne defia dit , la République fe peut facilement ieiun de , q^^^ ^^^^^^ J ^^^^^^^ ^^^^ L'Infanterie Italienne eft courageufe, difpofte, & fortepour donner la chargeaux efcarmouches , & al- faïUir les villes -.toutesfois elle n'apas vkc ordonnani ce ferme comme l'Allemande , qui eft eftimec fort leurs biens. „ , r ■ > 1 r Il faut donc croire que cen'eftchofeaisee de fçauoir au vray la quantité qui fe trouue au threfor de Venife. Maintenant voyons vn peu quelles font les forces de cefte Republique,puis que nous auons alfcz amplement difcouru de les richelTes. ForceS' bonne , à raifon dequoy cefte Seigneurie a eu autrefois tant de fes fubiefts que d'eftrangers enuiron quinze n.ille hommes , & pour lesrailons fufdites elle donjic folde à quelques cantons de Suilfes , 64 Grilons , e., telle foite , que l'infanterie bonne , ou moyenne de Ici armées, pourroit monter iuOiu au nom^^ n y a l'vmcc qui a;»- • - r-- sj c^f «lis, veu qu'ils ont de g'^^ ^, V'r^''''t?fn«e; ïczprofondsifcfpatieux,&: ily aplufieuis villes fortes aupoir,ble,commeThreuife,L;gnagno,&Cremc:quel- nues autres ont vn fi grand circuit qu elles ne peuuent cftreairicg.cs quepar vne armée innombrablccomme Padouc &: Vcrone. . ^ Les autres ont leurs citadelles &C fo^terelTcs qiu les maiftïiiTcnt en telle forte , qu'clifs peuuent aalc- Quant àlacaualerie, la Seigneurie a pour garde, 5 pouTreputalion 600. hommes d'armes bi*.i cboil quifouloientiadis auoir ciiacun trois cheuaux : ma auiourd'huy ils n'en tiennent plus que z. toute ilfautqu'ilsfoient beaux , 6c ceux-cy ont de lold .h.cunfix-vin*,ts ducats l'année fout pour la ph chacun nx-viii?,i» • » , Eftat de la R cpublique de Venife. 3^7 H.biraaccftc Scigacmic , c\-cômbicn ciu cllc .i'cnce (upeilliic , à caiife que ce luyelloit choie tx)i t ailée d'en poiiuoir toiilioiiis aiioif vn bon nombre , outre qu'on le pourroit encor leruir .dcsitradiocs, & cappcllcts , qui lonten la Dalmacie,L^: autres lieux, (Sc qui font très-propres pour cmpclchcr les viurcs aux ennemis» cVpour donner à la queue des armées. Ces hommes font expérimentez, & prompts au pofliblct)*: s'ils font rompusilsfe remettcntcn ordon- napcc,&fe rcunillcnt fort facilement.Elle pourroit ti- rci de laDalmacie&autresl/Tcs enuirontrois mille de ccsfoldats , 6c des villes d'Italie vnpcii moins de che- naux légers. Aux armées de terre ferme , ceftc Seigneurie Ce fert de Capitaines cllrangers, ic dy le plus louuent, & fpe- , ciaicment en la création d'vn Capitaine gênerai , ou dVnGounerncur,& pour cefte caufe c4ic a eu fou- uent à Ion leruice des Seigneurs abfoliis, comme des Marejuis , 6c des Ducs Icfquels clic payoit, ik recom- penloir largement de leurs peines. Elle donne à fes Capitaines en temps de auerrcj comme pour compagnons, deux gentils-hommes de la R epubliquc , homme lîgnaiez en mérite auec le ti- tre dcpouruoycursgcneraux,fans le confentemenrdtf- qucls le fufdit chet- ne peut entreprendre aucun com- bat,ny aucune fadion d'importance. D€ tArfenal de Femfe, ' pourtraiclcr maintenant de la milice de la mer, grande nnportance, ic parleray premièrement de fon rnnnrîr oran^c„..„.,L.„ i r ^pns beau originc,alinqnele faitfoitmieux entendu. Ic dy donc que ce n'cft autre chofequc Tadmirable Arcenal de Venife , qui non feulement cft fort grand, mais cncorcleplus beau , & le mieuxfourny de toute choie necellàne à fcmblable mefticr qu'Arcenal qui foit auiourd'huy au monde. Ileièen vn bout de la ville, & Il proche de la mer, qu'il ne femble pas eneftrediui- se , ains que c'en foitvne partie : chofe qui kiy donne plus de grandeur au iugement de ceux qui le conhde- rent. .\ ^n. ' j r ' L .,, -i" douanes, mais lont encore daufe 11 eftcmuronne de fortbonnes murai les, mais fans afnnlc Ko^r,,^. » 'J^uic came mmrr.; nnlirrp nn'i\ n^nP.^r.ft. , „ /gcntils-hommcs S cxerccnt aux armécs d ramparts , polircc qu'il ne peut eftre battu , & Von ne peut dire qu'il eft alfis en vnc Ille,à caufe quïl eft enui- ronne d'vji canal , & fi nous le vouions nommer autre- jincnt , il luy faut donner le nom déport, ou de Serrail I de Venife. J Ony compte bien foauentioo. galères, outre beau- icoup d'autres qui font fur la mer qui ont accouftumé de monter iufqu'au nombre de quarante, il y en auoit vingt groflès , qui au regard des menues , fe peuuent nommer genfdarmes, pource qu'elles ne font fi kge- les, ny à rames fi propresque les autres, mais auffi el- les donnent vn plus grand heurt , & quand celles-là jfculcs auroient bon vent en vnfait d'armes , elles fe- Toient capabfes d'en attaquer cent menues , Se rcn- droient leur armée inuiucible , pource qu'elles fcruent beaucoup plus que les Nauires de guerre, à caufe qu'outre les voiles elles fepeuuent feruirdesauirons. I Or il y a tant &c de diucrièsfaçons d'armer vne in- finité de gens que c'etf vnc chofe merueilleufc de ic jVoir, (3c il y ata;rt de canons , non feulement fuffîfans pour tant de vailfeaux ,• auec les arm.es oiFcnfiues ik Ûeftenfiues pour les |foidats& mariniers , mais eucor ^rne fi grande quantité de toute autre chofe , que cet Jeur des bois que la Scigncin iea près de la mer , que pourle (oing qu'on apar toutcctEllat de conferjcr les chelncs qui font aifement portez à Venif pai lamer,iJc parles liuieres qui ic vont rendre. dans la nier afièz près de ctftc ville. 'Mais pour dire en vnc feule parole ce qu'on peut afFcurer de l'Aicenal,iedy qu'en tout le monde on n'en peut trouuer vn fcmblable, ny mieux fourny de bon* ouuricis,qui font cnuiroii au nombrc'de 3 00. à trauail- 1er (ans cefié,&auec telle d%ence, que c'cft vnc mcr- ueille ; tellement qu'on a veu fouucnten moins de dix lours armer 3 o. galères de toutpoint , toutes prcftes à combatrc,& l'on doit croire qu'en fort peu de temps on lespourroit armertoutes. Ils defpencent donc beaucoup d'argent en cet Arce- nal,auquel on nefiit autre chofe que des galères gref- fes & menués,& des Fuites, pource quelcspartjculiers ayans d'alFcz grands Nauires, la Republique n'en f.u't point,comme fe pouuant fcruir ces vailieaux en tou- tes les neceflîtez. Ils n'ont faute de vogueurs.pourcc qae touteslcs vil- ' lesmaritimcs , & encor de terre ferme,àucc la ville de Vcmfe melmc en fourniffent autant qu'il faut , & pouC les loldatsdcsgalcrcsils feferuent des hommes des GcC~^ nidcs. Les Capitaines & Surcomites des galères font dolu' la plulpart gentils- hommes Vénitiens, donc le nombre elt fort grand, de forte que chaque galcrc outre le Sur- comitea 2 autres gentils-hommes de Vcmfe pour les exercer en la difcipline de la mer. Tellement qu'ils n'onc fautcdcnenquede bifcuit , principalement quandiIeO: cher: toutesfois ils y mettent bon ordre, ayans beau- coup de grands greniers dans lefquelsils conferuent vnc grande quantité de froment,& d'autre forte de bled & du bifcuit encore. _Pourlagarde&fcurcté du Golfe de Venife , & des fies de a mer Ionique,ils tiennent continucliement fuc la merdes armées de35.à40.galêres, auecvn Prouedi- toi-, ou Pouruoyeur-,& vn Capitaine du Golfe • & cecv Ces galères rendent non fculementla mer alTeuréc des Corfaires, mais font encore éaufe que plufieurs '-' , , - ""-v de mer, encor qu on n y face point de guerre de grande importance, lie d ailleurs cela donne vue grande réputation à k Sei- gneurie. Toutes les fois que le Turc s'ârme,on groffir ce nom- bre de galères d'vn femblable,& en tel cas on fait vn Ge- neral del'armée} dont le nom cft tant eflimé des Turcs, qiulsn'ofent s'approcher beaucoup du Golfe, tant s'en faut qu ils viennent près de la ville de Venife. Mais cncor que laditegardefoitforr. puiifanre , tou- tesfois elle n'cft capable d'alTeurer tous les vailfeaux qui vont par ce Golfe, poiuxe quo les moindres qui ne s'cf- lûignent guère de terre en la Dalmacie font pillez par certaine forte de Coriaircs,appellcz Vfcoques,quife re- tirent à laSeigneC^c au Fleuue,tcrrcs de k maifon d'Au- triche ,>cu que ceux-ey venans auec quelques barques armées molcftent en telle forte les pctis nauires qu'il kut que la Seigneurie tienne continuellement furkmcr vn Capitaine auec ^.Fuftes armées, qui n'a autre charac que d exrerminer cefte engeance , & combien que?e loit chofe de grande defpence, toutesfois ce n eft pas ' peu de profit de chaftier vne infinité de ces vo- leurs. 37 8 Eftat de la Republique de Venlfe. muircs, penrce que le bois , ny les armes,ny Icshom- inc»,nc l'argent ne iuy manquants pomt , elle peut ar- mci la quantité qu'il luy plaift : & combien que depuis lonr- temps on n'ait vcu dehors plus de cent galères, & n'eu de nautres, toutesfois celuy qui voudra confide- rcr la chofcplus auant, trouucra qu'ily a deux^c 30c. ans que la Seigneurie n'auoit tant de forces , & toutes- fois clic arma pour la conquclle de la terre Sainde es , .ly à gen- Icilde cJix,quiauccquinzeauiires Sénateurs, & la per- I wn n i c^, quiayantprefque alfujetty tout le monde , ne Ce pçut toQtcsfois maintenir libre plus de 700. ans : au lieu que cefte-cy enuironnée de tant de puilFants ennemis , qui ont toufiours cherché de la ruiner , fans auoir iamais eu aucun Prince bien lamy entre fesvoifins; a peu par l'efpace de douze cens ^ns , &plus fe conferuer libre & entière, voire mefme la toute feule peu refifter à la puilFance defmefurée du grand Turc , & autrcsfois à celle de tous les Princes Chreftiens. Ec ie ne fçay véritablement quelle force ipeureftrc auiourd'huy capable de la vaincre,ou ruiner, pourueu que la difcorde feul inftrument capable de l'a- batrcn'entre dans cefte Republique. I Mais il y a plus grande partie de ces fages & bons Sénateurs, qui veillent continuellement, afin que cela la'arriue, & combien qu'il femble à quelques-vns, que pour lés grandes mefchancetez qui fe commettent cous W iours dans la ville de Venife,elle ne peut éuiter ^uierc long-temps fa ruine entière , toutcsfois les âu- fres fçauent qu'outre que ie Magiftrat fait tout fon eftortpour remédier à tant de maux, il y a encore plu- sieurs deuotes perfonncs quiempefcherontquecsmal a aduiennc. I Or puis que nous auons raconté les pcrfedionsde cefte Pvepubhque, il ne fera mal à propos de particula- riler (es deftauts , encores qu'ils foicnt aflèz peu' confi- aci^bies, * Le premicr,3c pcut-cftre plusgrand,cft qu'elle pof- fcde tant de pays fi peuplé , pour la nourritùrc duquel elle a befoin de vmres des autres.veu que fi elle n'auoit la.Hicr par laquelle on conduit à Vcnifc grande qtian- rite de grains , fon pays cndurcroit prcfque vne conti- nuelle neccfiîcc de pain,quicftvneclio(b fafchcufc aux peuples. Ccrt auin la feule occalion pour laquelle cl- ic cftime tant la paixaucc le Turc , pource qu'il vient dos pays de la domination allez bonne quantité d© grains aux Vénitiens. Et pour cefte mefme caufc elle Uia aufij gland citât du Roy d'Efpagae , qui lu* oftroye bien louueut la traicT;e des grains de Sicile Ôc delaPouïIlc. Le fécond cft qu'elle ne fe fert que d'Infanterie Ita- henne , combien qu'il foit certain qu'elle a beaucoup perdu de fon ancienne réputation: ce qui eft venu de la diuerfiré de combatre:fi bien qu'aux, ordonnances fer- mes elle n'a rien de femblable à la SuilFe, & AUeman- de. 1 cllement que cefte République deuroit auoir en les armées vn bon nombre de SullFcs & Allemands, & par ce moyen fon infanterie feroir bien plus eftimée Le noifieme eft qu'elle ne (aie General d'armée va defeslubje & où il fe trouue plus de voix au coffrer, c'eft de celuy-là qu'eft ocdiiMirement tiré iç nom du Magijftrac efleu, lî 4 j8o Eftat de la Republique de V eniie. F> narre il va eu pluficms grandes perfonnes qui peint vn Paradis contenant tout ce cofté de mur^iillc, à .nr ^r,itlv remarqué vue infimtc- de belles cUofcs, quoy faire h.t employec.vnc défaites co.omnes: Mon- fouchTm h République de Vcnifc , &lcs alFcmblees (kur-de B uu , m.iflre Peintre. & auparauant vn autre ' t t (•oi^.'v J^r;,...,r r,..->r^n- anoelleOuiariontc V trauaillcrcnr. ovdinaivcs qui s'y font, pour ce luject, defuant repren dremondellcin icrenuoyc le Lecteur arrière de cette co^noiirancc appelle Quiariontc y trauaillcrenr. A loppoUtc duditThrofne du Prince de Venife , Ce void vue belle chaifc toute de marbre , dans laquelle Reuenons à la defcripiion de noftre falle des alfem- eft vnc image de nollre Dame ; tenant fon I ils le Sau-^ blécs publiques , hqucllc Hierofme Capugnan Rcli- I ucur du monde entre les bras , aucc quatre Anges . qui gieux Boulonnois de rOvdrc S. Dominique, dit auoir lVnnn-on„ent. . en largeur 7 3. pieds, & en longueur 1 5 o. qui fut b^ltie lande nofhc Seigneur 15^9- En iccUc fe voycnt dépeintes &c reprefentecs au vit par aucun des plus bvaues & célèbres d'Italie toutes les batailles & viaoitcs des Vcnitiens,& outre plus le voyent par ordre , tous les Ducs, Princes, grands Sei- gneurs, & Sénateurs de la ville, & pluficurs autres h- mircs d'hommes , tant de Venife que d'Italie , qui par leur haut fcauoir '& grande doÛrine ont donne iub- ied , & lailsé matière après leur mort de faire à ïamais parler d'cux.-mais comme toutes ces chofcs furcnr de- peries& ruinées par l'accident du feu, qui bvuila cette fale en Tan de noare Seigneur 1577- elle a elle rtba- ftie en Tan 1583- , „ Cette hiftoire eft dépeinte par de trcs-excellens ou- uriers fur trois grandes ;tablcs ou cartes ; dont la pre- mière contient fhiftoire de Frédéric. La féconde celle du Pape Alexandre III. & la troidcme comme Con- ftantinoplc fut vne fois réduite fous la piulfance de l'£mpirc Vénitien. Les planchers de cette fale font tous azurez , & du cofté de rOrlent. fe vcid le Throfnc du Prince de Ve- nife • au dellus duquel contre la muraille fc void de- enuironnent. . Cette fale a fcs voûtes de cofté & dliutrc diuisées- en beaux rangs de feneftrages, dont les vnes regardent dans vne grande ruc,& les autres fur la mer. De là l'on eft conduit par vne belle galerie iufques àl'Arfenal du Palais du Duc , lequel n'eft monftic finon aux grands Seigneurs eftrangersqui arriuent or- dinairement à Venife pour voir les fingularitez d'i- celle. Religion-, Les Vénitiens font bons & fermes Catholiques , de i mefme que tous leurs fubieds qui demeurent en Ita- Hc:mais ceux de l'Ide de Corfou fuiucnt la religion des Grecs Se Schifmatiques , & cette Republique ne les tioublc point en cela , afin de faire que ce peuple ne semeuuc, ôc ne fe fafehe de la domination des Latins, & ne conuient les ennemis de ce nom à attenter quelque chofe , combien toutcsfois que la Seigneurie les bi ide par vn fort & par la garuifon qu'elle y tient,il en eft prcfque de mefme en Candie, dont le peuple eft ennemy du nom des Latins , il eft vray qu'il y on a quelques-vns alîeûionncz à l'Eglife Romaine- De la^iliedeBrejJe. ^F^^ R E s s E eft la féconde ville de Lombar- ^ "^^j die qui appartient à la Seigneurie de Ve- nife , aircz belle & célèbre , non pour le cour de fes murailles, ou pour la multitu- de de fcs habitans,veu qinl n'y a pas plus DES VILLES ET FORTERESSES QVl SONT^DANS LE CONTiNENT D'iTALlE, APPARTENANTES A VENISE. plufieurs petites bourgades pleines de riches & opu- lents habitans, qui en dépendent, entie lefqucls lefdits Afola & Salo font les plus renommez. Elle eft aulîl peuplée de quelques vallé.s fort populcufes , dontla plus confiderable eft la vallée Valmonique. Maginus , &c quelques autres Topographes difent que Ic'territoire de la ville «de Brelîè contient trois cent cinquante mille perfonnes comptant les petits en fans. De cette ville font ilïïis quelques Cardinaux , Sc pluficurs perfonncsilluftres , tant aux lettres qu'aux armes , elle dépend de la Seigneurie de Venile : Sc a vn territoire fort ample <5c eftendu , car on trouue qu'il a en fa longueur- prés de cinquante mille entre le bourg Limone, lieu où s'eftend le LacBenac,& la ville Vrceane : & contient en fa largeur cent mille, fçauoir depuis Mofe , diftant de quinze mille de Man- toué , iufqu a Dialengue . fcis au bout de la vallée de Camone : là le pays eft fort fréquenta Sc peuplé d'vit grand nombre de bourgs, villages, & de fort bons la- boureurs & fermiers autant qu'vn autre puilFe eftre : il eft grandement fertile , & a efté toutl'arroufoir dcs ancfens , car outre ce qu'il abonde de tout ce qiucft ncccnàir'e à la vie,comme de froment , millet , Sc ^n- tresleÊ^umcs,enlin,çn vin,enhuilc,&cn grande quan- tité de"fruiâ:s de diuerfes efpeces il y a aullI qiiclques mines de métaux , principalement de fer , 6c d'airain, d'où vient que les peuples champcfttcs en tirent vu arand profit. Il y a auffi la ville d'Vrccane appcUee vuh'airement Orcc , grandement fortifiée pat les Ve- mticns.clle eft honorée d'vn fiege Epifcopal,& eft vnc tovtercltc de ce. mille perfonnes dans Brelfc, mais pour la gran- deiir de fa Iurifdi6tion , pource qu'elle embralFe beau- coup de belles Se bonnes places & des vallées impor- tantes & peuplées. Entre les places qiti luy ont fubje- aes,on donne le prix à Afola Sc Salo fur le lac de Gar- dej& entre Ja Vallée de Valmonique,qui a de longueur 50000.& eft pleine d'habitans, elle comprend aulLi les lacs d'Ifée & d'Idre. _ . Cette ville eft arrosée d'vnc petite riuierc nommée Garcia, qui ne luy apporte pas beaucoup de commo- ditéxettc cité eft fort ancienne^ retient toufiours (on prenner nom : elle eftoit autrefois le chef & la Métro- politaine des Cenomans , Sc eft encore fort belle au- îourd'huy , Se remplie de marchands nobles Sc riches au polTible : elle eft enuironnée de tres-fortcs murai - les & d'vnecitadelle,& cequilarend célèbre eft quel- le eft peuplée de perfonnes grandement aduisees , Se d'vn grand efprit\ aulTi aucuns des familles dicel es font honorez de l'ho.u.eur & dignité des Patnces Vé- nitiens. Et encore qu'elle ne fort des plus grandes d I- talie , ny de long circuit , & qu'elle ne contienne pas plus de 5 o. mille perlonnes , elle tient pourtant le (c- cond lieu encre les villes de Lombardie , pour ampli- tude de fon territoire fci^neariexar fous icelic il y a Eftat de la République de Venlfe. 3 Si fortcicircbicn gatnic , & munie d'viic bonne gaimloii, afllîfc fur les fionricrcs du Duché de Milajv De la 'Ville de Vérone, Vérone cfè vue belle de grande ville embellie d vn tres-magnifiquc & (iiperbc Amphithéâtre , & autres vieux nionumens .?c reliques de lantiquitt : Elle con- tient cnuiron quatre vingt mille ptrlonnes d'habi- tajis. Entre Vérone &Padouë , il n'y a, pas grande diffé- rence quant à la grandeur de la ville 6c au circuit des niurailles.maispour le peuple Vérone furpallc Pidouc-, de la iuftc moitié de les habitans. Ccli: pourquoy les Vénitiens entreticnncnttant qu'ils pcuuciit kseftudcs &les exercices dans PadoulSalinde la rendre plus ha- bitée. Des villes de Bergame,Vincence Crème. La ville de Bcrgamc eft affife fur la pente & fur la Icime d'vnc montagne,& eft vue très ancienne cité; fes grands faux-bourgs font ioinds à icellc tout à l'en- |roiir de la montagne , ic ne void-on en la ville Se en jfefdits flux-bourgs que toute forte de magnifiques Itnaifons & ed»fices:le peuple eft curieux de gloire & jd'honneur , ôc quoy que le langage de ce pays foie vil (Se groflîer: Ils font neantmoins dotiez d cfprit grande- îment fubtil , & fort capable aux lettres , &c à manier toute forte d'arfaires , 6c ne cède rien en cela aux Flo- rentins. Lcandre Albert dit que^fon territoire elt gran- dement fertile, excepté le pAys qui regarde le Scpten- :rion,car il eft fort afprcjraboteux, monrucux 6c pref- quefteriK-: il y a force vallées en tout ce pays, qntr'au- :rcs font cclles-cy , Seriane, Breinbane , la vallée de >.Maitin,Mancanc 6c autresjdont aucunes produifcnt lu vin , de l'huile tres-douce&: tres-fuaue , les autres "ont du tout fterilesjfinon qu'elles abondent en veines 5c mines de fer i^lJc celles qui ne font propres à produi- e vins & bleds , feruent pour y'enuoyer pailtre les jroupeaux, defqucls ils tirent d'alfez bonnes laines qui e portent & débitent par toute ri-talie* La ville de Bergame eft trcs-forte 6c munie de mu- ailles , 8c dVne tres-bonne citadelle 5 elle eft de l'o- feylfance de la feigneurie de Vcnife. La ville de Crème eft tres-noblc,& eftalTife en vne ilaine,tres-belle 6c fortagreab!c,ample en feselpaces, 'c enceinte de rres-fortes murailles, elle abonde en ri- hclfcs 6c en toutes chofes qui font vtiles à la vie , elle ft habitée d'vn peuple qui tient beaucoup de foy,mais eft nombreux , elle elt grandement agréable pour la eauté de fes baftiments: fon terroir eft tres-bon,fertil c arrosé de plufieurs fleuues 6c ruilfeâux , le vin qui y Ift produit, eft excellent, 6c fes fruids abondans &dc- 'pâablcs i il y a quantité d'agréables coulants d'eaiiXj leins des meilleurs poilfons * mais fingulierement e lamproyes, & de marfouyns ainfi vulgairement ap- [gIIcz , 6c qui font d'vn gouft tres-fuaue 6c graticux. on tciritoiie a'eft pas de grande eftendue , mais il eft ^pabie de nourrir fes habitans : Elle eft polfedée par p Vénitiens* Pour Vincence elle eft peu différente quant au lombre des habitans à Bergame &c Crcme , 6c vaut ien autant que Ivlodene qui a fon Ducparticulierielle vn grand territoire, 6c tres-abondant c-n toutes fortes .c biens. .. iiu uuuc u v^cLjacnt aie a les Alpes des Grilons & s Suilîcs, & de ce cofté mefme le Ikuue Liquencc la Jarc de ia Mirche Treuiiine : & au Midy eft bornée • Du Frïeul,^ de [es villes. U Frieuls'efteiidfnrrela Liuçnee , l'iftriç j les Alpes le Golfe de Vcnife , U commence auec les Alpcs,qui diminuant peu à ^eu finilltnt en bclloç cani- pagnes. Le Fricul eft vn Duché, 6c le pays des peuples Car- ncans , lequel s'appclloit autrcsfois Liburnie, comme dit Blondus: il elt auiour«4fhuy nommé Frieul, 6c a pris ce nom de Iule Ccfar,qui fiifoit palier par là fes trou- pes au dcyà des Alpes: mais Blonde luy veut donner ce nom de lulefore ^ vilic qui fut iadis ruinée 6c démolie par Cancane Roy des Bauicns : Ce pays duFrieul eft encore proprement la R égion d'Aquiiée , ainfi di£te à caule d'Aquiiée , ville Métropolitaine d'icellc , qui cftoit trel-grande,comnîc ce qui refte le monftre.-inain- tenant ee pays retient le nom de Frieul , quoy que ce loit par langage corrompu que luy ont donné les Vé- nitiens. Cette Région apour limites du cofté d'Orient l'I- ftrie,que les vns dilcntcftre diuisée d'icellc par le flcu- uc Sontio , ou Lizonre , les autres plus probablement^ Formion , aunes Rifanc ou Difane j ou félon encore d'autres , Albe j prés l'cmboucheure duquel flcuue eft fimée la ville de luftinopolis vulgairement appellé Cap d'iftrie : vers le Septentrion elle a pour bornes les monts lapidi , d'où le voyent les Alpes appcllécs de lu- lia; du cofté d OcL.idcnt elle a les Alpes des Grifons & des " ■ feps de la mer Adiiaiiquei Lcandre Albert décrit autrement fa fîtuation. Elle ; commence ' dit-il ) à la plaine qui approche 6c reoar- de la mer , puis allant tou/iours en montant, elfefé j haulfe 6c elleue premièrement par collines, & finale- ' ment par fes.trcs-hautes montagnes* qui ferment pref- que fes limites de tous coftcz , & de telle fa^-on qu'e- ftant ainfi couronnée de monts de toutes parts cette plaine femble eftre vu théâtre , elle a queïquesVorties 6c entrées par où l'on eiHort & y entrc-on,afin que par l'emboucheure du ficuuc de Sontio on palFe en la Mar- che Treuifc : de tous fes autres coAez elle a les Alpes, & pourceon ne peut entrer ny forrirde là , que par monts 6c collines,ou par les poi ts de mer. Les peuples Euganeans , Vénitiens, Truians^ Fran-" çois, 6c en après les Romains ont habité ce pays, mais la grandeur Romaine diminuant , elle tomba entre les mains des Lombards,& eut 1 4. Ducs du faner Lom- bard , qui luy commandèrent , 6c 1. Ducs de France, iufques aux temps de CKarlemagne , aufquels elle de- meura fous fon Empire , & celuy de fa race iufques à Lous in. Roy de France , fous le règne duquel Beren- garius hérétique s'en empara , & k,y ont fucccdé en iceluy Duché les Berengaires II. & III. lefquels deux derniers ayans efté pris par l'Empereur Othon, il en fit vn prefcnt Royal à l'Eglife d=Aquilée. En après l'Em- pereur Conrad adioufta encore à la munificence d O- thon, le refte dudit Duché du Frieul auec le Marquifat d'iftrie , qu'il donna à ladite Eglife d'Aquiiée, 6c ainfi le Patriarche d'Aquiiée eut l'Empire,«Sclafouuerainetc de tout ce pays : iufques à tant que finalement les Ve- nitiens l'on tout réduit fous leur pulifancc , enuirori l'an de noftre Seigneur i4zo. & en ioUylîént encore pailiblement auiourd'huy:il eft toiitesfois ainfi qu'vné bonne partie d'iceluy occupé par des Comtes 6c Sei- gneurs particuliei-s,qui neantmoins ne lai/fent pas d'o- beyr à la Seigneurie de Vemj£, 6c plufieurs d'eux-meP mes ont efté elleuez à la dignité des noûieî de la Re- publique; Cette Région a de grandes campagnes fort larges Se arrosées d'eaux,mais tres-fertiles 6c aoondawces^d'où vient qu'elle produit grande quantité de toute force de fruicTrs par tout excepté és lieux proches des Alpesi où font les Collines fteriles , mais au lieu il y a force Chafteap il y a fgree vignobles quiprodmfejif de I 382 EftatdelaRepublique de Venife- • bons vins , dont Pline hat n^cncion au premier ordre «les loLi.in2cs qu'l donne aux bons vins.ct pluficurs belles fontaines &pifcines , pom autant que le pays y eft fort propre : car du cofte du Septentrion iufques aux Alpes , fe voyent plufieurs bel- les'collines, desquelles vn nombre -fi^y^^J^J^"-- découlent , quilWimfent en P/^^^^"",^/'^ ^ f/" droits , quieftcauteque tout le pays d alentour ell treilleufcmc^ fertil, & produit grande quantité de "^tuÏlt tues Anax 3c Elinance du çofté d'O- • (Vt ouuevne petite cité appellée Coleglan , en pe'aS; vne b'elle ^cplaiflAte colline,partie en vne plaine q'.ri s'cftenJ vers le Midy > laquelle citécft mag'iifi^uc cnbaftimcnts miilons , à: jo.iyc d'vn • Ciel fi àoiixëc clément , qu'il ne fc peut pas dire com- bien les malades y fourrares , & fc trouucat confolcz quand il y en a , ce qui eft caufe qu'il eft mei ucilleufc- ment peuplé 8c fréquente par plufieurs marchands cftrangcrs , & non frns fujec elle eft appellée par les Allemands Lumilak , c'eft à dire minfionou demeure Royalcpour la grande beauté de fcs édifices, grand nombre de belles & excellentes fontaines qui y appor- tent l'eau plus claire que ctiftal. Ce fut en cette ville que les Seigneurs de Ven.ifc cleurent leur premier Magiftrat en terre fcrme,faifans grande eftime de cette cité aufqucls elle a de tout temps efté rujcdc.comme encore à prefcnt elle eft. Au delà dufleuue d'Elinance du cofté d'Orient en defcendanr vers la mer Adriatique , fe trouuent plu- fieurs petites villes , comme CoUate, Nemefe ouNa- mefe, ÔC le chafteau de S.Sauucur , & quelques autres chafteaux,qui dépendent de la feigncurie & tres-noblc famille des Comtes Collatins,& des Opitargucs. Là auprès eft la ville de la Motte , la fondation de laquelle eft incogneuë , mais partant elle eft renom- mée pour auoir efté le lieu natal de ce grand ôc tres- noble Cardinal Alexandre-, perfonnagede mérite , & grandement versé és lettres tant facrées qu'humaines. I Et voila pour ce qui eft de la grandeur de la Républi- que de Venitc. ESTAT DE TOVTES LES ISLES DE LA MER MEDITERRANEE, ADRIATIQVE ET 1 O N I Q V E, appartenances à la Seigneurie de Venife. SOMMAIRE. De np decrcteoude Candie Ja longueur Jarg^ur, àr- é UnZs fL^ueurl Urgeur, c^u.nd redu.efo. tobeyfan- Te d Vcn fe , fin abondance &femlM en mel , are & hutle orlT m^^ .&dela fontame duldachu , les habmns de 7m%U^nt t erreur Lufmaùciue des Grecs „ eux. Joe me de Cephalonie,& de fin circuit. 7nent. DetIfledeCarJie. ^ RUT E ou Candie l'tne des plus fameufes ; mes de toute la mer Méditerranée , eft en rtuationfibelle, qu'elle femble a^^^^^^^ r faiae de la nature pour tenir lEn^P/^ '^^^ cette mer , & d'vne grande partie des tei • • Z ac rEurope , d'Afie & d'Afrique . ayant rcs maritimes de l buiopt , a 4.^0. ■¥'?^:!r trusts: & du cofte du Leuant , eue «-n _ Îesoo. mille, ôc de Chypre en Syrie il n y a que 200. mille : au refte elle a en longueur 140. mille où félon les autres 60. lieues de France d'Orient ; Occident , & en largeur 60, & 600. mille de cir- cuit , ou félon quclques-vns , fix vingts lieus à ei faire le tour par la mer: elle a au Ponant la mer Adiia tique. Son aflîette eft plus Orientale que celle du pays d( la Moréc,eftant posée entre le pays d'Attique,iJc cclu; de Cyrcnc d'Afrique , & n'ayant que deux journées di mer pour aller à l'vne ou à l'autre Prouinee. Ses coftcs font fort montueules& afpres.pleines d( Caps , ou pointes qui s'auancent dans la mer , donc le; principaux font le Cap de Salomon, le Cap de Spada le Cap de S.Ican,ces deux icy font le bout de rillej'vi du cofté du Ponantjl'autre du Leuant. La partie Méridionale la plus rude 5c montueiili eft infedée des vents de Sud , &pource elle la piim des villes de réputation. Entre fes montagnes plus renommées , font ccU< d'Ida , nom.mée par les habitans Philoriti, Lcuci , qu Pline appelle Cadu(lî,qu'on dit auiourd'huy Madiirc,^ Di(fte,& eft aulfi nommée Sethie,cccte montagnc^ra uerfe le long de l'iOe , c^en eft la plus fa meule, tan ^ pour le didame qui y croift,que pour vnc inhnite d ai I très fimples. r \ Il n'y a auiourdiiuy en cette iQclelon Belon, enlc obferuations , que trois villes célèbres , c'eft à l(jauoi Candie , jadis Matium , capitale de cefte Ille , qm e prend le nom , puis Canie, autrement Sydon , & aprc Rhetimo , que les anciens nommoient Rhccyme, ei, fut jadis renommée pour auoir cent viUGS,^ poucccc l'appclloir Hccatompolis. ^ Eftat de la Republique dé Venlfe. Elle a Vil porc qiiin'cftguierc commode, mais ceux de Candie ik de Laiiéc font cxrremcment alIciiLCz »Sc propres. On y void Icsriiiiercs de Mc'ip©tanc,Seafin, Cladi- lc,Epicidorme,Girio Diuocio vcis le Nord, Populiar vers l'Occident Lincus au Mid)\ La viclicdc de cette Klc conlilte aux pafturages de les valons qui nourrillenc quantité de hcftial, & en mal- uoilîe (Se vinsexcclicns renommez & cogniîs aux trois parties du monde, tiquellcs ils (e ti.i nfpurtenr. Pour le Gouuernemenc , les Vénitiens depuis l'an qui rachcpteienc d'vn nommé Bonitace, Mar- quis de Montterrat, cède Illc fejiiblc clhc faite pour dominer toute hiGrece , d'autant qu'elle eftpcu clloi- gncedu Pt loponnefe, Se peut commander à toute la mer oui regarde la Grèce. Les Vénitiens y eutreticnnent des Capitaines Ita- liens aiix foits& aux nauires aueclcs garmfons demcf- mesily avnGouuerncur qui aie fouucrain commande- ment, t3c qui cil: Vénitien, ordonné iSc changé de 5.en 3. ans parla Republique. Ils tiennent tovce garnîfons en toutes les p'aces de l'iflc pour la deffiancc qu'ils ont du Turc de de l'Efpa- gnol.ily a de bons magafins au porc Se aux citadelles, garnis de toute (brte de munitions de guerre , Se quan- tité de canons. Mais autant qu'elle eft monfueufe, autant a-elle de valons de grand rapport, & extrcment fertiles , à caufe qu'elle eltarrolced'vneintînicé de fontaines, ruilfeaux C5c riiiicres. Oauantagc la Vigne y vient à fouhait, Se produit en abondance du vin que ceux du pays nommentMaluoi fie.Le laicl y foilonnc pareillement, & l'on y a la chair àlllilttfance , fi bien que les anciens l'ont nommée à bon dioict likbien-heureufc, il y naift des plus beaux cyprès qu'on fçauroit voir. Se des arbres de toute forte à faire nauirc, ce qui ell de grand profit à la Seigneurie de VeniicjOn n'y void aucune elpece d'animal nuifibic, farouche ny venimeux,horfmis des phalanges, qui font comme araignées , mais en Candie, elles ne font pas dangereufes. Elle abondccncorc en cheurcux,daims Se ylards ou :haraois,maisonn'y void guieie defangiiers,fi cen'cft du codé de Canée : il y a des boucs eftains qui ne font blus grands qu'vne chèvre, Se ont autant de chair que bourroicauoir vn grand cerf, auflï ilale poil fauue Se ;ourc. Se porte outre ce vne grande barbe noiraftre^n éprend quelquefois, lors qu'il eft encore fort petit,afin iie le nourrir parmy les troupeauxde chèvres, & eiicl- [cr de la raccjtaut pour fa beauté quepourlc gouft de fachair:Ses cornes lont fort grandes eu égard au corps, jui eft comme celuy de la chèvre , mais il eft fi agile ju'il furpalTe les cei fs à courir j Se les chiens à fleurer, ?cu qu'il fent les chaircurs qui le pourfuiuent de plus le centpasjfi bien que pour le prendre On lie des che- •rcsdomeftiquesaux aduenu'és Se pafîàges de la mon- iagne,&: lebouc cftainles fentantva vers elles,&:ainfi [u'il s'y arrefte , les chaifcurs ont beau loifirde le blef- pr , mais fi le coup n'eft mortel , qtioy que la balle foit |nucnimée,& luy demeure au corps,il fc guérir auec de [herbe que les Simpliftes appellent Di6tame , qui eft ^onne contre les venins , vcu que fa feule odeur fait lourir les (erpcns,&autrcsbeftes venimeufes. i Les habitans de Candie font de leur naturel prompts jnial faire, les anciensmefmes leur ont donnéle nom je menteurs : ils font rufez , auaricieux , porrans aiîcz |ial-ai(ément le trauail , Se n'apprennent aucun art ny ucune fcienccpaifiicSlement , il tft vray qu'auioUr- "huy t à ce que dicBclon, ils s'accouftumenr dés leur nfancc , iuiuant leur ancienne couftume à tirer de |irc, en quoy ils excellent, furpalfans mefme en cela •« Turcs , Se piefrae ils font adroits Se vaillans fur la mer , autant qu'ils l'ont autrcsfois eftJ. Eu cette meiine nie de Candie , la ville dont ïl(lc prend fon nom (je Cannée aiifll , font tics-fortcs tant, par art, qu'à caulê de lem- allîettc , mais Rhctymo , Se Scicienepcuuejic dire nommées fortes, qu'àraifoi; du lieu où elles font afiîfcs. Et en la ville de Candie il y a vn allez bel Arfenal de galères. / L'flc de Candie a iadis tellement ficury que fcs Roys tenoient en bride toute 1p. Grèce ; les Crecois eftoient clUmcz des meilleurs Archers de la ici re , ils inuencerent la dancc Pyttique du temps de leur Roy Cydon,ils eftoienttous armez lors qu'ils lad;incoienCj iS: elle aeftc tellement continuée en cette Ific ,qucles pAyfins la daiifcnt encore aux feftcs au plus chaud du lour en plein Efté, fans fe foucier de l'ombre Se auec leurs armes,à fçauoir l'arc,la troulFc, Se l'efpce, comme i\ fins cela ils ne pouuoicnt auoir bonne ^race en dan^-ant. ^ Les peuples plus exccllens d'entre Its Grecs ont pris leurs loix des Candiots , ainfi que Platon mefme témoi- gne,& Pline après luy, & fur tout les Lacedemoniens enprircnt la pratique: Vne de leurs loixportoit,queles enfansfuflent nourris en public j afin que les panures ayans mefme nourriture que les riches, n'euiFent aucun fiibied de les enuier , Se il eftoic apliî porté par les loix que pour accouftumerles enflms à aérien craindrcains pluftoft à fupporter toute chofe auec patience, on les accouftumaft aux armes , Se à leur faire méorilér le chaud & le froid, la faim Se la foif. Se qu'ils vfaiîent de l'arc Se de flèche cndançant , & eulfent des habille- ments propres à la guerre. De Corcjre ou IJle de Corfoù. Corcyrelfle renommée par les efcrirs des anciens, eft celle qu'a prefcnt on nomme Corfou affifc en la mer Ionique ou Golphe de Venife , regardant l'Iralie duGofté de laCalabrc,& auoifinant l'Empire ûu l'Al- banie vers le Septentrion, n'en eftant guiere plus loing que d'vn mille d'Italie , du cofté qu'dle regarde la ville de Butriate , au lieu que cette Me eft à foi- xantc mille d'Italie , ayant la ville d'0:rante oppo- ^î"^r^^^ ^'^"^'^ "^""^ ^^^^ ^"^ ^""^ com- mande fur la mer , iufques à ce qu'en l'an de noftre Seigneur mille trois cent huidanfe-deux les Corcyrois le voyans expolez aux iniures de tout le monde fe donnèrent aux Vcnitien's , qui les ont défendus pla- fieurs fois de la furie des Turcs , Se ont tellement for- tifie cette Iflc , qu'il femble impoffible qu'on s'en ren- de maiftre.Elle eft beaucoup plus longue quelarge,el- le eit faide en demie lune ou demy- cercle , ayant 2. poinces,dont l'vne qui regarde l'Orient s'appelle Cap" de Lcuchin,prés laquelle, & en la mefme affiette, Lns le golphe bn void vne autre poince nommée le Cap blancd'aucre regarde le Norr, Se s'appelle de fain^è Catherine, où l'on void le port dcCailopc i Se la troi- fiéme qui eft au milieu de l'Ille , & la pointe de fain6lï Sydere, ou eft aflîfe la ville de Corfou , Se non ioina dé laquelle on voidlapointc defaind Nicolas, ayant vis à vis l'iflc de faind Vitte Se celle de Candilonoffi , & de la pointe dcLeuchin iufques à celle du portCairope eft la longueur de l'Ille.qui a 5 4. mille d'Italie : mais la lar- geur eft confiderée depuis le Chafteau lainétAnc^c & elle eft d'euuiron 14. mille d'Italie.Son circuit cft'd'en- uu-on quatre vingts milles , quoy que quelques vns luy en ayent donné autresfois 3 oo. Elle eft diuifce en 4 quartiers que les Vénitiens appellent Balies ou Gou- ucrnemcncdontlei. qui regarde le Leuant , s'appelle L:uchin,celuy duPonant,Laguire, le 3. eft laBalie du ■nilicu,Ôc le 4.portc le nom Se titre de Lorcc 3S6 EftatdelaRcpubliquedeVenire. La ville de Corfoa cft la Capitale de cotre inc.& les I aucvcsadiaccntes.fui- krqucllcs les Vénitiens ontcom-^ mandement. , I Il y acncoie à Coifou vne autre ville qu on nomme 1 mainccnamPagiopoli.oLiPalopoli. . , , , Le port de la ville de Coi fou cft fort grand , & capa- ble d'vne Pvandc quantité de vaillcaux;ii y a encore les porcs deCalIope & defaindl Sidere,de limon, de Gu- m,dc Spile&: d'Euripe , maisceux de Sidere ^k Timon font danc.ereufes à l'aBord. C cftolt en cette Ifle que fe renoitiadisArcinousRoy dcsPheagiens ôc Nauficas fa fillcqui poircdoicnt les beaux iardms dont parle Ho- C«tc Ide de Corfou eft montueufc êc le pays rab(>- teuxversleMidy , mais auffi ily aplusde fieuucs & ruilTeaux qu'aux autres endroits, comme le fleuue Pu - Mcfoi^i, E.npe& Potami: Du coite auNordele au Septentrion de eft pleine rfauf qu'il y ^ Sflra^Ce^inie, de^l'IIle de Zante Morée, au Lhie,quickabondaijteenafo^^^^^ ment ceuxde Covfouenfont ^''^^'''^^^'^^^^^ ! r.fdit Cap de fainft Ican de Candie ; eftenuironne des . mais cnco.cs les galcrcs & ]'^f''2l ' Qua™ auGolphc de l'Avchipelago., il .'enuiton-e ^onc faire cgadc. P. s du '-f ?'^^-°''ZtllltZ ! rie^T fon ancicLe defaipdo'n faifanc fa longueur telles falines de tous les pays i alentour . dont ceux iaJ,sCitl.era, iufques au defttort de ravs rirent du fcl pour en payer la gabelle de la iei depuis ic .„eu„ , ^ . ,. r-..?. i 1, M,ml,> (Dr GOLTHE (DE FEKISE, ^ de l'erreur qùon fait fur la co^mj- Jance de ce Golphe. LE Golphe de Vcnife qu'aucuns pourroicnt prendre S pour la mer Hadriatique.afinque nul n'y foictrom- pé,il eonuient fcauoir que les Mariniers du Leuant di- uifent le corps de la mer Méditerranée en trois Gol- phes principaux. Le premier qu'ils appellent le Golphe du Lyon,s en- tend toucc la partie Occidentale de ladite mer , depuis Sardaigneiufques au deftroitde Gibraltar. Le fecoHd eft le vray Golphe de Venire,comprenant l'cfpace d'entre Malte Se le Cap de S.Iean de Candie, grreurie de Venife." Mais furie f j^^^'P'j^^t' Promomoite de Pagiopoli près le heu dift Neeiota affi, onvoidvn petit Golphe fous lequel ,1 y a cornme vn referuoir dumdUeur poUfon qur fort en ^ Me --j.,.-^,,rrHvnpr pcnblCVoCies rHellefpontA fa largeur de la Grèce a a Natolie Sur ccsGolphes les Chrcftiens & les Turcs font fouuentnaufiagcs. LesTurcsôc les Mores Vy voyans en danger, ap- vnreferuoirdumdlleurpo ç^tlo n^^^^^^^^^^ p,re;da,;slalulHcediui„e..e„rcs a„sdeleurs forces, d.terranée , &outrc ce dt^rautl H^^" \= S™^,^ ; P„ „„„,sauxn,oyens que leur reltg.ou ordonne pour cyfeaux de nu.ere , fo.fonnen . ^;"=''^rj.„„„_ , .econcilierauecDieu; ilsfe dépou.Ueur tous nuds.fc tres-bonair.& cft fort fa.n, elle pot equam te a auuauirc , depuis la cime de la e- gers,de citronniers. & autres ™ lues à la plante des pieds, & puis fout leurs prre- ° Corfou abonde encore en m,el,& en c, e , le vin y '""S J fLcrftition Mahoractane qbe ctoift bon&e„abo„dâce.ma s f"'-'"'' '"^ '^"^^ :u forme 5et,ï . fuiuy delacontr.tron t 1 r .,om- nniie aux troupeaux. s'y trouue ny loups,ny ours pour nuire aux troupeaux mais il s'y trouve quantité d'autres animaux bons à manger , & que les hommes o«t accouftume de pom- t Ldi!: itde Corfou, il y a vne excellente forte- velTe , qui eft comme la clef ou la porte pour entrer au Golphe , fi bien qu'auec vne moyenne armée on peut cmpefcher l'entrée à la plus puisante qui pourroïc venir. eftat de grâce. (DES CE%EmniE5 O^SE%: nées en lEfleHïon des ./vvjiic)Ll».lLlC cflcuDuc.-s'il s'en purgc,on le faitdcrechefrct]rer,puis on procède à la balotation , laquelle fc fait en cette fa- çon.Sur vn banc deiiaqt les Secrétaires il y a deux vafcs. i /leu fuccelïcur par la commune vofx du peuple il eltoit deuot , aftabic , ik ninjclte , & beaucoup moins diligent au gonnrrntment , c]uc fon deuan- cier. Le Patiiarchat de Grade fut transfère' en Aqui- Ice de lun temps par Luitprand , 6c y ayant eu de grandes guerres pour le débat des Euefchez , il „c s en entremit point, ^- mOnriit ayant efté Duc 9. ans zi.iours. ' }. HortceHippate,furiv>mmé Vrfe , nobled'Hcra- dcc, s acquit vnegrande l-eput.uinn par fcs faits ilhi- Itres. Paul Exarche eut recours a luy.l'.rmée Grecque cftant rompue , ik le Hegc n,is denant Raueni>c L Lmtprand. Il reprit Rauennc , fit le nepueu du Koy (onpnfonnier, tua le Duc de Vicencc, &remftrExar- che en ics dro.ts. Il refréna ceux d'Aqmlée , qui trou^ blojent le .Tpos public , & mit le couj^nge en l'amc de laaunefTe, fut tue à l'occafion des dllfentiors de Iclulams l'onzicme an,& cinquième mois de (a Prin- cipauté; : Apres Umkt dit? Duc l'an 737.il fmfahmc alfcmbléc, eri l^qucde il fut amfte, & conclu, ijue fon néliroit aucmDuc dé Jix ans que l'on eflabliron vn mnijlrc de la gendarmerie gu; ferott ' annuel, cejjmne duraque,. ans , car en l'an 742. onproceda k lefleflwn 4 vn Duc,& depuis ce tcmps-lk hRepubUmede Venï- je a eutoufiours des Ducswfcjuesk prefent. Le premier qu,fuî fuencelEflai.fut Donam que Léon : le deuxume leUx CornrcuU: le m,fu.ne Theodat fils d'Vrfe , rappelle depuis n ^.gueresdefonœl , & fut commué l'année d'après ■ Lis fl mourut auant que fin temps fi4 expiré. Lëqtutném lu- henceparefutfuùrcge en fin In u. U cmquféme fiaCta^ ne J.hm,mc, qui étales jeux creueT^, & fut pL aprei 4 .anJent s'ily a quelqu'vn qui ait à direquelque chofe ans h T f ^^"^^'^^'^,^^'--J- eDuc,cinq .ntreluy. S'il le trouue quelques reprocheLi l'ap J S l j^^^^ 1^ peupl .UcpouJ s'en iuftilicr:s'ii ne lefait, il eft exclus d' ftfe He a éc ! P- y„ p.a.ftre des foldats,&quittin leu Ducs'il s'en purc:e,on le fait derechefretf,-.; n , ."f ' , ■ ' ^Malamoc. Là il furie premie & quittant r.^ I I- • 1 - — a rurlc premier crée cV limita es conhns auec Aiftlilfe Roy des Lom- bauls^Il fut tue par Galla citadin de Malamoc.l'an de fa Principauté. ij, ,. 1 r I- ""---.^v v^ii^j, aeia i^nncipaute. ■' 1 vn pour le confentemencl autre pour le refus, & au- c Gilh L A/J.l l près trente-hx balotes marquées.Puis onappelle l'vn * s'dbnt monftrïÏ "^^f^^"^^' ^^^i^'eux apresl'autre les trente-fix Efledeurs, lefquels'mertenc ! 1 ' ^t ^''':^^f';f^ ^^^l'-bcrté oubli- en l'vn des deux vafes vne balotte : Ce qlfayans fa ' Si^ré avart'"/^ ' i'^^^^^ ^^^^^^'^^ ' -cf- s'il s'en trouue 25. dans le vafc du Confentement cz !ITa h ^ Çfte recognue , & qu'il vouloit fe luy-là eft déclare Duc :fmon exclus. Ce fai^on balotte ! pStour ire'tn^. tÏ ' t^"\ ^^^'^^^^^o^ a. ur le tecond tiré nommé pour eftreDuc , en la mef- i ve L l j ' TheocLat le peuple luy creua les lie façon qu'a ce premier : 0^ s'il n'a z 5 .balotes dans le \ pj". ' dignité qu'il auoit vfui- pie - uCt nfcntement , on balotte pour le troiijcme \ r T\ • ■ -k^ '" p: ainlî des autres , iufques à ce qu'il y en ait eu vn qui ]tn Monegarie de Malamoc , fut mis aU fit eu ^y balotes de confentement. Voilacomment Cuédéo!;. J ' ^"y^«""^P«"' 'efi-ener l'aa- cs Vénitiens fe gouiicnient en l'efledion de leur hnm.^.;.!^ ^ ^"^ )o.ge. ^ audacieux^ arrogant , vouhit tvrannifer le P^"P^"' lequelmité , luy creua les yeux le 5. an de fa Principauté. L ^ 1\. ^I^""" Galbaie,noble Heraclean,pour fa fiae/Te LES DVCS ET TRlNCBS Î)E ;S^'^^-i^heires,futchoifiàcettedigL. ii&S ' ■■^ ' • ' - ' ^'^-^"""ecluy,&gouuernerenten(cmblc. De fon temps lEghTe de Grade eftant mol.ftée , il emioya vn Ambailadeur vers le Pape Eftienne , pour accord'er le L'Euefchéde S.Piçn c deCaiicl Oliuolofutericé & mourut ayaat gouuernéz3. ans. ^ 8. lean GalbaicayanteftéDuc neuf ans aucc fon dc j-Cgouuerna encore fculla Repub, neuf ans. Il fi,- X ledit temps M.nrice fon fils compagnon de fa Pdnci paiite : ma.stous deux eftans de. mauuaifcvie ^cinfun poitables,pour auoir tué lean Patriarche de Gr^de U P^Trt'"' ^""^ tour,Fortunat fucce/r;ur au' 1 atrKachat,fit vne comurauon contre eux, & vn autre fut eileu Ducdont eftans eftonnez , le pere ié lenV France , & le fils à Mantoué le 1 6. an ^ la 'République de Fenife\<(jrce qut s eft pafsé de plm remarquahlc pendant le gomerne- mentde chacun dlceux. Aulutius Anafeite fut le premier Prince dupeuplc» l choili en Heraclte , en l'an lîx cens nonante-iept, pmmc de finguliere iuftice : Il iura entre les mains de ihrillofle Patriarche de Grade, de gouuerncr félon les ;u, & n'auoir égard qu'au bien public. Il pacifia les jrtercHs auec Luitprand , Rwy des Lombards,' & fie ?iitieauccleR(>y Aripcrt. Autant par fon auchorité, liepar lcsaimcs,ilr'amenaà l'obeyllance les Equilins ibclles,accrûtle domainc,(Sc gouaerna lo.ans.ô.mois, wurs. ! Marcel Tcg3lian,du mefmc lieu d'Heraclce , fut 9- K k 388 EftatdclaRepubliquedeVeritfe. r, . 1 •n .^^^frrre fut airocicpai-, la confivmadon des anciens priuilcgcs. Les Barbares ct,x a ccttcd.grau ^l^;'^^^,'!,. Jd,Co,>liildc d'Argc, &Chioggia. Ce Pùncc les dcffitaucc beau- Beat cfl mis au .ans ™ PepinRoy d'Italie à conp d'honneur , & ce fat la t,o,fiin,e fois que le» fa^ k'Pl'atl': v"ct::,s:i;c'So^ la Rc- catL,gets voulutcnt vfutpet cét Eftat. 1. gouuetna ?:''X^SaPss'eft.eb|e.co.po.jé^ la gacL-re contre Pcpin, fut dieu Duc , le pe«p e s eftant retiré à Reake. L fonda le PaUis Ducal au heu ou eft aicores ccluy qui a efté bafty depuis. Ladunl.on de l'Empire s'eftant f.iicc de fon temps,lcs Vcniticns tu- rent laiircz en leur liberté, La Citc fe diuifee en fefticrs, le Pregadi , Ôc h quarantaine criminelle niihtuec. il gouuerna iS.ans. . , ïx. luftinianPartitiatic ayant efte afTocieaUd.gm e par fon perc , fut après la mort d'iccluy confirme par le ^euple5_Ilrappella Ican ion_ftere qur dl^^a Con- i4. ans. 18. Vvfc Badoaive s'appelloit Particiatic , ùC mt le premier qui changea ce nom. Il cnuoya Pierre fon fils à Conftantinoplclcquclfut fait Protolpatauc. L an 5)zo. il obtint de Rodolfc Empereur & Roy d'Italie la confirmation de l'ancienne authorité des Vénitiens de battremonnoye.S'addonnadutoutàlapicté, & l'an 20. il renonça à la dignité pour fe faire Moine , & vécut faindemCHt. o 19 Pierre Candiancftoit homme vaillant, &c tit a anm-cà Lanterio Marquis dlftria , qui empefchoit le aaficdes Vénitiens , le furmonta , ■^^Ç^'J^^I^Jf peuple: Il r'appella lean fon frère <^^ f^^ l^^^^àZ: Il vainquit Albert fils de Be- Lnanople,& le prit pour ^-H-f I ^da us Empaeur , qui s'eftant impatronifé de Ra- thorité du i^uple , ôc Iccourut Muhel 1 Empercu de - .^^^ ..iipeaux Vénitiens. Conft.itinoplecontreles ^^^^f^^^' ^ ! TL 2,s Rirent Luic^^ les filles à marier par les Marc fut de Ion temps apporte d ^^«^^''^^"'^'P"'^. Tricltains & recouurées.Il gouuerna 7. ans. Piotcdeur . &rEgUfeqiueft auiourd huy fut conta- , ii^clt.nns>ûC^ie.o^^^^ ^^^^«^^^.^^^ cr'-e à fon honncur.U mourut la i.annéc. iz' leanPartitiatiefrcredeluilinlan, demeura en la d,^nité.& accrût l'Eglife S.Marc, qu'il fitdefermr par bo". nombre dePrellres , eftabhllant lePnmicerio U fit trancher la tefte à Obelerius qu'il afl:egea en l lûe de Curlia;dc(huifit Malamoc qui s'cftoi: reDclle,& le peuple toi.i. du party d'Obel^ie . Il | l^econde fo. il fie Narrantiiis,qu'il lurmonta.En fin lehtvnecomuran 1 ^,.„, .^^Son fils eftantblafmé par luy de les mau- conrre luy , ic eltans furprms par ks -nemis pre 1 E- P ^^^^^^^^^^^^^^^^^ contre luy , & contre la glife S.Pm-re où il alloit à h Melfe, & dépouille pa etu , ^ "^^^^^ ,,e,-, & fut enuoyé en exil: des enfcignes de la dignué. Us e conhnerent a Giade, | ^T^'^^^^^^^^^ de Berengarius, ilendom- la barbe Le, le 8. ande faPrincipaute,il le fit Moine, ; ^^^J^^f^™ . dlfonPere eftant trauaillé,mouruc & y mourut. , i' "^i r I 3 Pierre Tradonic de Pola s'eltant comporte au ■ Un 1 5^ ^ ^^^^^^^ contentement du peuple en laguenc dePepm futelleri I . J^^^^^^^^^^ d^iamais ne le rece- Duc. Il airocia lean fon fils , ôc donnèrent (ecouis a P ^ ^^^^^^^^ A applaudllfemenr. PEn^pereur de Conftantinople, qui lesen fit reqtierii ^^^^^ i,p i^an que l'EgUfc de parTheodolePatnce.llfuttaic^Proto patau-e de 1 Em- ^^^^^^^^^^^^^^^^^^ Métropolitaine de tout pire au fecours duquel il enuoya6o.galcres. Louys z. G;-ade tut hute i a a ,.,mo,-,v. Othon Empereur Tricltains>&recouurées.Il gouuerna 7. ans. 2 0 Pierre Badoaire fils d' Vrfc fut racheté par luy des Efclauons.Il ne gouuerna que z.ans, 7. mois touhours en bonne paix , dont il fc monftra fort amateur. Be- rengarius Empereur luy fit plufieurs faneurs pour fes Pierre Condian 3. fils du deuxième Candian, a(To- cia à la dignué fon filsPierre,& par deux fois arma 3 3- ° 1 A 11 ff-rni-idc tOlS il ht pire, au lecours duquel 11 cniiuj.v - y luy ascordabeaucoup depriuileges,^ en fin fut tue par vnefeditiQn,l'au xj. c r a Vrfe Partitiatie ayant appaife la fedition,tut taict ^ 1- rA^lrriTrir inTmirs àGra- DucLesTurcs ayas rauagéla Dalmatie 'fq^^" ^Gra- ^ de furent défaits par luv auec lean fon fils qit il auoit ^(Tocié-BafilieEmpereur l-honorafort pour cette occa- ilon , & le fit Protofpataire de l'Empire. Il gouuerna , ;r"lcan Partitiatie fils d'Vrfe , ayant efté confirmé enfa dignité, prit bruûa Comachie , rauagea la Comté deRauennepourfe vanger du Corn c de Co- ^ale , quiauoitWprifonnicr, ôcbldleam^^^^ Badoairefon frère. Eftentdeuenu valetudmaiie il ht baftir l'Eglifc des fainds Cornelie , & Cyprian a Ma^a- „.oc,&ayantgouuerné5. ou6. mois,renonça ala di- fr*Piene Candian fut elleu après la demiflTion vo- lontairede foupredecelfeur. Ileftoitvaillant & expert .uxarmes.&neantmoinshomme deuot. lalla en pe - fonn Tue dix galères contre les Narrantins lefquels cime larrons'rauageoient , nitiens. Combattant valeureufemcnt contic .ceux , il mourut à la féconde fois les armes en main. Il ne gou- uerna que cinq mois l'Sftat des Vénitiens, &dcnftrie. Othon Empereur luy accorda pluficurs honorables priuileges II ruina Vdcrze,& fut tué par fne fcdition du peuple auec ion fils,ayantgouuerné zo.ans. • , 9,' ^^ Piene Vrfeole eftoit homme tout deuoticux , & futeHeu par le peuple contre favofonte. Ilalloitfou- uent enhabit incognû vifuerles panures, hcfp.cau , appaifa lesdiirentions des Vénitiens auec ceux de Ua- po d'Iftria,qui fe rendirent tributaires. Il s en alla auec Beato Romualdo de Rauenne pour v^uve rebgieu e- ment.ll gouuerna z.ans,z.mois,zo.iours, ^ a tait piu- 'Îrt:îSndian,filsde Pierre 3. la cx>nfodei^ i :il.auecl'EmpereurOtho. H^-iint malade tout^au i commencement qu'il voulut excrcerfa charge, dcma. niere qu'ayant fait vn vœu de fe rendreMoine , s il le : couuroit fa fanté,il l'accomplit ayant gouuerne vn an '^r^TliuMeme eftoit fort riche, aciionhomme d'Eftat. lly eutde fontemps g-^^es diilcntiom enK Icsfamilles Morofins .S. Caloprins,à l occafion dequoy f firent de grands meurtres. Il tint le pavty des Moro fins . ce qui donna fubied aux autres de -tirer a Ve^ one vers l'Empereur Othon. Il donna l iHe de faii ft '° „ X y^^A Ai.f^n-r.nonca à la Principauté le li. juiut a ' rone vers 1 tmpereui wLiiwii. _ rna que dnq mois. 1 G,o,,e à l'Abbé Mofm:renonça à la Principauté 1 Dominique Tribun cft mis au rang des Ducs par ^ , , . quelqucs-vns : Les autres qui ont moins cin|cutemen ^M-»;^^ ^omme accort, lequel fi LhLie i-Hiftoire, l'ont ob.^s^ 11^^^^^^ ^J^^^^, ^^^^^^^^^ " Vénitiens forent exempts des gabelle . ,eur eftantaVerone le ^^^^ ^l^^^;^^^^^ tenir au Baptcfoe vn fien fils. H t ac Iç 1 • q rechcrcne l niuoue, 1 uhl v^^---, - - . ,^ois Duc , & 1 5.iours, il ne fe remarque rien de fon temps qu vn certain pviuilege accorde a Ch.oggia. 17 ^ Pierre lurnomméTribun,filsdeDominique eaeU Duc , obtint de Guyon Empereur ôc Roy dltaae. fiftatdclaRcpubh'quedeVcnife. 389 IcsconfinsfiuLa ma- , acqucianr pluficms places en , Calixrc donner fccoms aux Clircftîcfis en la Tcrr<^- lAM D.ilmatie. Ayant ftir^achcuci rEglifcS, le Pa- / Saindtc.II fir auec zoo. vaillcaux lener le fic-c ai.t In- Iais,iImoiuiKran i8Ja>(aPn.,c.-pauto. ! hcklcs de dcuant loppe. 11 prit Ty.o qu'H donna à iS. Othon Vifcolc ayant goiiuemc qiickjuc rcmps VdnmondPatiia,clieJc Ic.nlalem.EmnnuelEmpcieui.- 'leirc (on pcrc ; hic conhrnic en la dh'nitf à l'-urc iuvfir ^ / o i J--- aucc Pieirc Ton pcrc ; ftic contirnic en la dlgniré à l'âge de 1 S. ans. Il s'acquit vnc telle 1 cpiitarion que Gcifca Roy de Hongrie luy donna vnc iiennc fa ur po(4r fem- mc.Il vainquit ccuxd'Illne , qui s'clloicnt rebellez , ëc alla en perfonnc enDalmatic à rcncreprifc contre Crel- mur. En linlcscnuicuxdc (k gloire Uiy drcllcrent vne conlpivacionjqui après kiy ayants fait ra fer la barbe, il fut confine" en Grèce l'an 1728. Pierre Cantr.inic , ou Parholan, fucceda à Othon : mais n'ayant pu appaifer IcsdiUentions , tant pour le rcnuiëment des citoyens, que lirconuoi&iSj fut contraint de quitter la dignité, &fc faire Moyne. Orib frercd*OcTum retiré A Conftan- tinoplc, qui cftoît Patriarche de Grade,fut conftiruc en' attendant Ion retour. Il demeura enuironvn an au Pa- lais,&: quitta b Principauté , entendant lanouuclle de la morr d'OthonjDominique Vrfeole voulut vfurper la dignîté,& fiit chailé parle peuple dy de laPoiiillc. La difcorde qui eftoit entre la Rcpnb. ^ Pepo Patriarche d'Aquiléc fut appaifcepar luy. Il fit baftir le Monaftcre de S, Nicolas fur leLido^ ik momuc l'an zS. 3 1 . Dominique Siluic eftant au conuoy de fonpre- dcccikur, fut au milieu du conuoy par viuc cxciama- :ion du peuple faliic Duc , ik s'acquit vne telle réputa- tion, qucNicephorc Empereur dcConftantinople luy luyhtguerrc.contickqiic! il pnrChio.Rliodcs.Samos, Mcceplin Illrk.IIjcnonçaà la Princip.aurt- l'an i j. 3 6. Pierre Pobn gendre de Michel eftoit fort fagc, de manière qu'il fut arbitre du différend entre Conrad ik EmanucI Empereur. II fit guêtre à ceux de Pifc Se de Padoue qu'il Vainquit. Il arma contre le Duc de la Pouilk en faucur dufufdit Emani.ël.aliqllel ilrccouura pkificurs polFcAîons prifcs fur l'Empire. Aucuns di- lencqucccfurlbn fils qui gnigna les batailles , &que luy cftant tombé malade , s'en retourn* , Se mourut le 10. an. 37. Dominique Morofin nettoya le golphc de cer- tains Corferes d'Ancone,dont le chef Guifcard fut pris & vendu. IlfiraffiegerPola,qu*ilpritauccParenzo, leiquclles Villes s'cftoient rebcll es en Iftric. Eut con- fédération auec Guillaume Roy de Sicile , duquel il obtint plufieurs exemptions poiir le trafic des mar- chands Zara fbt faite Métropolitaine à fon inftance,&: ht que Dominique ^.fon fils en fut eflcu Comte. i S. Vital Michel z. fubiugua les Tarentins quj s'e- ftoientrebelc.poul-la3. fois, llfitprifonnie Vlric Patnarcht.d'Aqullce,&,z.Chanoi,ies. E. ,00. iou ilmitz oo.galeres&zo. nauiresen mer contre l'Em- pereur Emanuel. LafamiUe des luftin/anifetrorniade Ion emps réduite en vn fcul, qui eftoù Reli.,>ux le uernc i7.ans,z7.iours. ayant gou- 39. iJcbaftienZianikitki. efîeupâr dixErtedeur. -^i^ > ou ayant long-temps feruy au Monaftere dlîa . ^ - J lUT , V Jonnafa faut en mariage. Ala perfuafion d'iceUefit 1 Charité , ilfjten fin r.^X^ ■."■/-"■^■'"'^ ""^^a guerre contre le fufdic Robert Koy,ôc à la première fois ^ Seigneurie. BarberoXfiH ^ ! emporta vnehonorableviaoirefur luy, sUparant de [ tiens àcette occafir ' 'ciT ^" Duras. A lalbcondefoisilcombattit auec beaucoup de ' moyennala reconcTlkrfnn t "r fi'^f^tpris, quf kfad.,antage, dont fuiuitladiminution de fon crédit. ' rcbaiferlespiedrdu M ouilademarbre l'Eglife S. Marcle &yfittra- -cognoLnee ll^^^^^^^ k-fad \\ enci laiilerde Mofaïqueimouruc le 1 3. an. (1. Vica! Faliereeftantfaiâ: Duc, obtint incontinent . , ÎSrantTretïS'cff^^^^ P^^^^ ^'Alexius Empereur la fouueraincté de Dalm.atie , & On luy donna fi^ CnJ^U ' Croane.Henry fuccelfeur à l'Empire, luy fit de grandes berations! H 4oSuk Z^^^^^^^ f^'^^ff^ '^^I- •aueurs, eftant venu par deuotion à Venife ."tint au la quatrième foTs I^l^ ^ r ^^^'^'^^i"^'^ P°«f Japrefn.cvnefie«nefilk-. L'olficed.Proprio fut con- coLe 1 rMotln' T^^ Kt^iédefon.emps,&l'ouuragederEglife'fain6lC ^^nJ^lftZZlZ^^^^^^ :ontinué.Ilgouuernai3.ans. | PtolemaM. f ^P^" que Baklom 1 auoit del.urce les hmites de la Repub. Ilfitlaeuerre enLeuanf nit cns. U renonce à 1, p . f;"''^",'! '"^"^«^^^'ids Ve- fiire Religieux ^ I^""cïpautc le 14. an pour fe 41. Henry d'Anduk fut encores cHcupar lcs4.Caix , A S'?^ ^^'^ ^^^'^'^^^ ' ^ P^la con- qilefte. De fon temps fe fie la prifc de Conftantiaopk, &1 acquihtion de l'Empire du Le.ant , àquoy ,1 aifilU les Princes & Barons François : il motimt le 13 an eltant General de toute l'armée Chrétienne. continué.Ilijouuerna i a.ans. 1 ^ oing les limites de la Repub. Il fit la guerre enLeuant 1 la periiialîon du Pape Vrbain z. pour conquérir la l crrc-Saindte aucc les Princes Chreftiens. L'Ifle de >mirnc,laSyric,& lerufalcm furent oftées aux infidèles. 1 mourut le é.an. J4- Ordelafius Falerius fils de Vital , ailîfta Baldoin \oy contre les infidèles à la conquclte de la Terrc- ùindle, & firent tel progrez qu'ils diuifereut l'Empire .■n.fc»xpav,ouilcRoyai„„e de ludée. AuS.andcla 41' PierrcZia,,cfik f f 'rincipauccjMalamoc fut prcfque du tout bruflé & fnb- |iicrgc, :e qui occafionna de transférer le ficge Epifco- 'alà Chiogv;!a. Il alla en pcrtonnc à la guerre contre 'ara,t]uis'eitùit rebellée, iSc ayant gaigné la vidloire,v liant ttîfourucviîe féconde fjis, mourut les armes en nain i 'a n 15. d e la P ri n cipau té. 1 5- Dominique Michel eftant faiél Duc par fi gran- Kreputa.ioh^mcricesj aliroar l'entremife du Pape . taiatemps après la more du Dandolo, les Correcteurs cltans lors i.,ftituez : Je fon temps vindrcnc des Atfi^ ba ïadcurs d'Athènes &d'Acha,e , pourfefoûmettre à obciirance delà Repub. Candie fat peuplée d'vne co- lonie de nobles Vénitiens. Il efpaaû Cûnftance filiff de Tancre Roy de Sicile. En fini! renonça à iaPiinCi^ paute,ayant gouucrné Z4.ans. 43,. lac ques Tcpulus fut faid Diicpar fort en C,ir.& laid dcvifagc. La guerre fe reno«,ella contre lob.yllancc delà Rep. ce ooiu.. Gcnnes quili tcrminaen vne paix, llcui encore gu«r« Ï7'"iZlc;Sa\;'nT]'î«e ^l'"''' i^^^de s ItoSSIIc Uloyeonueles iUegi.iraes. ' fur affiegéedc fon icnips, & y aha cnpdonne. Ilgou- fi,rpubllce.c^euxe.elusde,e™csel,ar.csp,.W^^^^ Ils'iraeutquelqnesrebe l.ons enW e. cs.p r c™ ?r^;„if „ ,,'a,K,„d,c contre le Roy de Hoiigiie.Le r eoant ^^^^^^^^ ^ u'^'îS;^" f fit':X:^:tlh .^""et ,ta r •Iqùnle , i , LliiHansLual . & Afolo.ll Vit la paix pour la fouue- [eCoratècoritia. X^^^^^^^^ raincédelaDalnu.ieA n,ou„.tlan45.nyantsouucr. courut autc 25.galeres l'Avchcuelquc de Tripoli,mou nuy.moisapitsl'anS Picnc Gradonic homme courageux, doliura la raincié de la Dalmatie,5c mourut l'an 45.ayant gouuer- nc4.ans,2.n!ois i i.iouis. 5 S. Laurent Celfc fur le faux bruit d'vne vidtoire contre ceux de Gcnnes , futfaid): Duc en rcucrcnce de 45,. i^icncuradonici.un.n.v ""Z\\C Picnc GradonicLeonard Dandule, & Marc Cornarc, Repub.de ï.grands dangers l' vn pour vne grande d f- , P^^^; f^^^^^^^^^ ,,,,ae difficulté à la r'a- grâce aduenué en vne bataille contre ceux deGennes: , ^amlielerebcl a , ^^^^^^^ ioufte&feRe publique l\ut.pourlaconKU.tiondcBar^^^^^^^^ mée les armes en mam Un la place de i.jviaic. iiruiui r donné que laNobleire feule^nient auroit le gouuernc- ^^ '^""^jr^^cl^^.^.h^^^.fondoae&ragc.euuoya fflentAleConfeildes.o.iiift.cue. Ayant gcuuerne .x. >,^c,;:^^;,'';;is"ftoit rebellée. s'v firvne fo"t crueik 5:?TSGTo™;aoitribon,queronle rurnomraa ^ ^^"^■^l'^^l^" ^^ïle^IyaS "lin: "SttSttonp'l^ei'e^llarangerà ; de certain nLiibre de galère. . ilgouuerua. ans,,. mois, 1 o. iours. 51. Ican Sourence eut l'homieur du rccouurGmcnc de Zara, 6c autres lieux aliénez du viuant de fon dc- uancicr. Negrcpont fut recouuré, ôc fit guerre conti^ te d'cftrc êleu Duc, comme prcfagcant la ruine de Ion temps fe deuoit arriuer à la Rcpub. i . fe fit la guerre par ceux de Triefte, puis après par le Carrara pour les con- ' firm,rrrc contre fins de Padoué,quifut celle que Chioggia ellanr pr^» uancier. Negrcpont fut recouuré, & fit guerre conne -^^^ trouua en extrême danger. Maison ccus de Gen;u-s.L'excommunication fut letiee a Veni- | C.to Vemie l^e o ^^.^ (ep.rei.r.miledePranc.sDa^^^^^ q:it''::;KS:;:;;L:^lÇ.ourutayantgouuerné,5. ans,4.mois, 15. iours. ,11 iv^; 61. Michel Morelineftoithommcrcmply ne 6c faocllc. Aucuns difcnt que de fon temps 1 IHcdC Tenedo'sfutprife , 6, non du temps de Contar.nlon nredccellcur. Il fut fait diuerfcs loix,& entr^autres cel- ksqui ordonnent que les homicides qui eaoïentpen- duseulRntàl'aduenir latefte tranche. Hne vécut que 4..mois,j .iours,6c mourut au 74. de Ion âge. 62. Antoine Vcnicr rigoureux °bfea.atcur^ jc^ _U UdL 1 wniituuiv- uwiv""^^ i pieds du S.Pcrcvne chaifnc de fer nu col. Le nombre des Procureurs de S.Marc fiit accru iuiqucs a 6. Hgou- iierna 1 6.ans,fix mois. 5 2. Prancois Dandule qui s'cftoit tant humilie pour la patrie , tut cllcué à la plus haute dignité qu elle ait. Ceux de Pola 6c Valefe fe foûmircr.t a la Rcpubhque. Ce qui occafionna la ziin ti: contre le Patriarche d A- quilée.Padouc fut prif^fur Albert Scaligcr, 6c Tieuilc, iic la Comté demeurèrent 'à laRepublique. Il fut de la jvuic dCiPunctsChicftieas centre le.Turc , & de Ion Efl^tdelaRepubliquc de Venlfd. jpi Juftice, fit confiner vn ficn fils en exil, pour auoir trop Icgcrcmcnt olfencc la famille d'vn noble Vénitien, ïi jit ligue nucc Galeazzo Vicomte contre le Carram, fur lequel fcprit Padouti. Il feconrut l'Empereur Ema- nucl contre le Turc , 6c ayila à Sigilinond Roy de Hongrie , qui dcpuisvint à l'Empiic. La place de S Marc Se celle de Rcaltc furent grandement embellies de fou temps. Il mourut i . mois , 3 . iours apics l'an àix-îuiiâ. 6}. Michel Stcnc eut la dignicé de Procureur de S. Marc auec xiic de Duc. Si gaigna vnc bataille impor- tante contre les Gcneuois. Le Carr^a fut v.iincu pour la dernière fois , , Tertilhédu pays de Sauoye & de Piedmont , leurs Lus & principales rimeres. 10. Carrières de Marbres uomelleinent defloiiueries. 11. Quel ejl l'humeur & naturel des SMioj.irds,& Ptcdmon- tois. 12. Richeffes de Piedmont en mines d'or 6" aargeni,en trufic ■ defer,kji>t'l}à- draps de Pignerolle. i..v..-.iiui, (.IL tdpiuiic acs peuples //. Catalogue & dénombrement des Ducs de S.moyc qui ont Lybiqucs , qui font cnrrc les riuicres de Cefk- C$c de feigneunéiufqu'aprefent. , Do.ie. Ce fut où Léon I X. *ciebra vu Conole gêne- rai coinre Berengaire. lurée que' les cfcriuains^d au- • . r^' ' ,V , • i'^Li^'^'huy nomment Lamporcggio,& que les anciens non du Duc de Sauoye eltans pris en- ' ont nommée Eporedia , e(l capitale des peuples Salaf- :fev.Oiemble rn„finr.nr ^, .^ft/. .h. ^ -"nr , ,^cns , auioiud'huy Cànauois. Ellc eft à l'entrée du Val d'Oftc fur la riuicre dcDorie , en vne affiettc fi com- inodc ,^ que Berengaire & puis ArdoLiui qui en furent Marquis eurent bien le courage d afpirer à fe rendre Roys d'îtilie. Ofte bailie par/Auguite eft à la Bouche des Alpes Grecques & Pcnines, qu'on nomme auiouc-* d'huy le grand & le petit mont S.Beraard. On palFd , par le grand dans le pays de Valais,& par le petit dans ' la Taranraife. Cefte ville eft capitale d vne vallée qui On y void cncor auiourd'huy V s les pays qui font fous la domîna- 3n du Duc de Sauoye elt ^^"^ !cmble confinent du cofté du Leuant ^ii^ auec l'Eilar de Milan Se Montferrat , du ■^^^^ Couchant auec la BrcHe èc la Franche jComté , du collé du Midy auec la Prouence, Ic.D.iu îphiné , (Scplus bas auec le Geneuois , & la Comté de |Nizze eft baignée de la mer Méditerranée : & finale- ment ils confip.ent du cofté du Nort aueç les Cantons des Suiircs,dcBcrne,&; de Fribourg. Mais afin qu'on m'entende plus clairement, ie diui- ... ^ v..>.iir feray le tout cadeux feules parties , fuiuant en cela la prend fon nom d'elle nature , veu que les montagnes ont diuisé cet Eftat en Sauoye & en Piedmont. La Duché de Sauoye a pour borne du cofté du Po- nant les deux riuiercs du Rhin & du Rofne , & vxrs le Septentrion depuis les terres de la lurifdiélion des Suilfcs , & le Mont- jura ou Montjou iufqu'à la riuicre iS: catr'-aurrcs vn arc qui eft forces belles antiquitez fort beau. Turin eft auiourd'huy fort renommée pour la de- 4 meure des Ducs de Sauoye , iantaifc eft prelque enfermée entre les monta- bafty fotis l'Empereur Conrad j eft affis fur vne colline ^"n ' \ quife auecfatix-bourgsefparsça&la : mais les plus or nds ..eile auecl Arch près de Chamois. Ce pays a pour fa font au pied de'ladite colline fur h riuiere d^Elfe , q u yiHe principale Mouftier en Tarantaife , où eft enterré fe va rendre à deux mille de là dans le Tanare Elle a rl7en-« ^^^^ ''^""^^ ^ ï'^"^ P"^P^^ "^^'^-^ ^-^^ --11^ de Piedm;nt.En! les leiics la 1 aiantaiic. , ^.g ^^^^^^^ faux-bourgs il y a celuv de Via d'où rirp Outre ce il y a la Seigneurie de Foffigny où eft Ri- fon nom vne nouuelle deuot^on qu'on a Ilftœ D - paille heu fort apeab e & principalement renommé : me , à laquelle le Duc de Sauoye a bafty v^.e e! f^^L . caufe quAmedeeVIII. premier Duc de_ Sauoye, ^ en icelleVne chappelle où il veut qrfe les Ducs de i'eftant dépoiiillé de tousfes Eftats , y fit profeflîon de vie Monaftique, & eftant là,fut créé Pape par le Cler- gé alîcmblé au Concile de Balle l'an 1440. Il y aencorlaDuché deChablais,«3clesBaronies de Raud & de G -IZ. I La capitale ville de Sauoye c eft Chambery qui eft entre les montagnes , Se. ailez bien baftie : les autres lontNicy , S. Jean de Maurienne, Mouftier , Tonon, Montmeliau Se quelques autres. Le Pied mont , fans y comprendre la Comté de Ni- zze , s'eftend depuis la riuicre de Cefic iufqu'au Dati- phine, entre les Alpes, le Montferrat, Sc les Eftats de ;Miian&ae Gennes. Il a pour fes bornes du Louant le Pff, dtt Miination de la mai- fon de Sauoye depuis quelques années par le moyen du Duc Châties. Le Comté de Nizze a zz.licu'és de long;& vnze de g large,entre le Var,audelà duqucitoutesfois il y a quel- ques lieux qui en font, Se le Dauphiné,lcPicdmoi\d Se lariuicre de Gennes. Ccfte Comté eft diujsée en 4. Vicairies , dont les villes capitales font Nizze, le Poget,Barcelonnette Sc SofpcUe, à quoy l'on peut adioufter S.Eftienne auec fa vallée , veu qu'encor qu'elle ne porte Vicairie , on compte plus de trente places fermées de murailles,ou- tre plufieurs autres qui ne le iont pas. La plus renommée de ces places e'cft Ville-franche, pour la commodité de fon port , nommé par les an- ciens Port d'Fiercule Mona-ce. On voit après Efe , 5C plus auantZobie,lieuoù nafquit l'Empereur Pertinax, Se où l'on void encorcs auiourd'huy les trophées de l'Empereur Augufte. Les autres places plus remarqua- bles de cefte Comté font Comtes, Pellic, Saourgc,qui a vn fort chafteau , la Brique qui a enuiron quatre ou cinq cens feux. Lantufquc affcz bonne place capitale d'vne val- léc,de mefmeque S.Dalmace de la plaine : Boglic ca- pitale d'vne riche Comté , Pogcc confine auec laPro- uencc, Barcelonnette patrie du Cardinal Hugues, ca- I pitale d'vne vallée,& lieu de bon trafic: SofpcUc eit vn { bon lieu, bien bafty ; Se entre-autres chok s, il y a vue fontaine d'eau délicate , q-ue l'on y a conduite des montagnes voihnes. Mais pour dire particuljcrsmcnc quelqae chofe de Des Eftats du Duc de Sauove. Nizzc'clle eft belle. Se bien pcuplt-e, elle a fes maifons de cinq.LS: de lixcrtagcs,(cs mes fortdroides, principa- lement celle qui va du pied de la montagne à la porte I de S. Aloy. •La Comté de Tende cftconioinéleàccUede Ni/.zc, j: & ceftc Comté s etlend iufqu'aux confins de Cune.On t peut paflèr par quatre lieux Au Piedmonc en la Comté de Nizze,par la montagne de Corue, qui mcinc à Ten- dc.par celle de Feneftre , qui conduit à S.Martin , par I celle d'Arnouue (ur Vaudcre,& par l'Argenterie qui va àBarcclonnetcc. Qualité. LA Sauoye a grande quantité de bleds en fes val- lées > «Se force pafturages aux monngnes , & en : quelques lieux de fors bons vins , comme à Moncmc- I lian, hc à Mortenc. Il y a auflî quelques lacs qui abon- dent en poilFon : mais les plus renommez font ceux de Nicy , du Bourget , & de Gencuc. Elle contient j beaucoup de grandes montagnes, tellement que Cfluy 1 qui marche parce pays dccouure toufiours de nouuel- les chofes , pourcc que tantoft il void que les paiTagcs s'eflargiirentjôc tantoft que les montagnes fc reftrcilir- fehc , que maintenant elles fe hauircnt , puis elles bailFent , maintenant elles s'aduancent, maintenant 39T Le MarquiHit de Saluiïès avn air fort tempéré , à raifon dequoy l'on y garde dans les vergers prelqut tous les ftuicts de la riuierc de Gcnnes. Doglian porte de bons vins , de mciinc que Pagny, & autoin- de Pigncrol il y a vn fi beau vigtioble , que quiconque le void peut cftimer que ce pays a clcquoy fournir du vin aux autres. Près de Cune il y a tant de canaux d'eau , que tout fon terroir en eft rendu fertile au polTiblc j combien qu'il (bit léger, & pierreux de fa nature. Il abonde en chaftagniers , parmy lefqncls on feme le froment , fi bien que les habitans recueillent dVn mcfmclieu deux fouftiens de la vie : & ce pays ne manque aufli de vi- gnobles (Se de prairies. Le pays d autour de Sufe produit grande quantité de vins. Auillan a fon terroir d)ftit>gué de collines, de vallées & de plaines, & de deux petits lacs. Riuoli fe peut vanter d'auoir vn bon air , & vn terroir agreablci Monfcalier eft renommé pour l'excellence de fes» vins, comme auflî Reuillafq qui eft auprès, & les lieux de Gaz , de faind Mor , & fain6t Rafaël, Bené iouyc d'vn air extrêinement fain & tempciéi Les terroirs dg Vignon, Pancalier , Se Ville- franéhe font gras au pof fible. ^ - Le Marquifat de Cheue abonde en ehaftaignes. Se -, ' en beftail -, Se Ion y fait en quelques lieux reeoltc de elles le retirent,tantoft elles te conduifcnten vne plai- j grande quantité de vins , principalement à Prier , oii ne ,. tantoft elles t'enferment dans vn vallon. Ellrn'a , ils font tres-bons. Les vallées du Marre , & d'Oneille rien de particulier.n/ de remarquable. L'air y eft alTez j font fi bien cultiuées , qu'elles femblent par tout des; fain: mais il y a quelques eaux qui font enfler la gorge jardins, il y a tant de fruids , Se parriculietcment de fi à ceux qui en boiuent , & l'on appelle ccftc enfleure bonnes huiUes , que l'on n'en fçaurdit bien en ex-^ en ce pays le Goytre , qui veut dire le gofier , ou gras primer la bonté , Se la quantité en eft fi grande , que go^^^^' ^ Ile Piedmont fe palTc par le moyen de ce pays , des Quant au Piedmont, il eft arrosé du Po, du Tanare^ huyles eftrangeres.On trouue des vins excellens à Ga- de la Stoufcde la Dore , & d'enuirou z8. autres riuie- j tinare. les grandes , ou petites , Se de dîners canaux, dont il y en a huid au feul territoire de Cane. On tient tom- niunément qu'il n'y a endroid d'Italie plus agréable, plus abondant en grains,vins, fruidts, chairs làuuages, & autres,fromages,chaftaignes,chanvres,lin, & miné- raux. Le pays d'autour d'Aft eft arrosé de riuieres , om- bragé de bois, relcué d'agréables collines , a de belles Pour le regard de la Comté de Nizze,combien que le pays foit pour la plus grande partie afpre & mon- tueux, toutesfois il eft fi biencultiué, qu'aucune de fes parties n'a bçfoin de fes voifins , fors que Nizze qui rrianque de froment. Il court par les irhontagnes de ce pays enuiron douze riuieres qui font abondantes en truites. Le.paysd*auprës dcGonitas rapporte force huiles. campagnes, & produit force fruicts qui font bons en & grande quantité de ehaftaignes. Celuy d'auprès de perfcdion , Se particulièrement des melons qui font , Peille abonde en vin,en grains, Ôcjiuile, qui eft fort re- des plus cxcellens qu'on mange. On mange à Vercel 1 nommée pour fa bonté.Saourge aies mefmes qualitez^ le pain le plus blanc , Se les plus gras chappons , que | La Brique porte grande quantité de vini blancs , de l'on puitre voir. Pline fait mention de quelques mines ' grains Se de miel excellent.On y trouue aufli vn grand d'or du pays d'autour de Vercel, dont on void encores nombre de perdrix , & de faizans. On y recueille auflî quelques marques vers Ponderan. Près de Lamporeg- , force manne, du terebinthe , de l'agaric, de fimples glo il y a grande quantité de chanvre. Le Val d'Ofte fort exquis. Il court par la vallée vne riuiere nommée dure plus de deux iournêes , Se eft toute chargée de Leuencc, qui fort d'vne fontaine, qui en peu de temps bleds à main gauche , Se à main droide de vignes qui ^ groflît,diminuéipuis delFaut entièrement, portent des vins excellens , dont les meilleurs font | Le terroir d'autour de Boglie porte force grains^ CGUx de Calogne. On void efleuer à vn quart de mille de Turin fur la riue duPo vne montagne qui fe haulTe, & s'abballFe, s'auance. Se fe retire de telle forte en di- uers endroits fi à propos , qu'elle a par tout des -eaux I qui l'arrofenticlle porte des foins,des fruids de toutes fortes,& fur tout de fort bons vins. Le terroir d'autour de Mondeui eft de grande eften- duë. Il y a des vins excellens fur le coftau , quan- ' tiré de grain fur la plaine , & vne infinité de cha- ' ftaignes fur la montagne. On y a découuert de bel- les carrières de marbre , Se entre-autres d'vn certain marbre blanc auec de petites veines qui femblent du ! métal. J Le pays d'autour de FolTan abondant en froment, ! dont la récolte monte à enuiron 50. mille charges & légumes, mais il manque devinée 'd'huile : mais autour de Sofpelle il y a des vins , des grains , des oli- ues , du beftail , Se des ehaftaignes. Mais Nizze qui aBonde en autres chofes , n'a du grain , ny de chairs pour la moitié del'année;à raifon dequoy elle fe pour- uoit du froment'de Proiience , Se des chairs du Pied- menti Combien qu'il fcmble que les SaUoyards fe doi- uent fcntir des mœurs des Dauphinois , ou de ceux du Piedmont leurs voifins , Se que celles des ha- bitans de Piedmont doiuent eftre referuées lors que nous dcfcrirons en gênerai les mœurs d'Italie , toutes II / ç ., ~ - -'"-'5^^ , nwubu<.i(,uions en gênerai les mœurs ci Italie, toutes- 1 annee:& pource qu il eft arrose de gros canaux d'eau, fois il ne fera mal à propos de dire quelque cl^ofe des U abonde encore en bons pafturagcs^, Se par confe- vns& des autres. Les Sauoyards ont la niaiferic fi nà- qucnt en c au. \ tiuellcqu'cncore qu'ils la perdent par la fréquentation 4 395 Des Eftats du Duc de Sauoye. des autres nations , roiuesfois ils la retiennent en leiu lang.vrc.& en r.ippatcnce,& il y a telle diftcrcnce en- tic'lcs Dauphinois, les Sauoyards,qu on les peutdi- ftingucr aisément de premier abord. La plus grande pait^du menu peuple croit que le Duc de Sauoye cft le premier Prince du monde , il n'y a rien de plus lourd , ou plus mal-aducnant en toute chofe , & leur niaifcrie eftoit extrême auant les dernières guerres: mais certainement les gentils-hommes y font d ag- greablc cor.uerfation , ciuilifcz prefqu'à l'égal de leuts voillns , & aftcdionncz à toute forrc de vertu & de gentillcHe. Tellement qu'on void ordinairement dans Chambery vnc aufli bonne compagP-ie , &c auflfi polie qu'on en fçauroit ttouucr en plufieurs villes de France qu'on cftime bonnes.Lc peuple n'y cft guère guerrier, Se peu de gens d'autre nation font capables d'en faire fuyr vn grand nombre. Et quant aux gentils-hommes , ils ne manquent de courage , mais beaucoup ont faute d'adrcfTc pour le combat de chcual. Les Piedmontois font bons pour la guerre & pour les lettres,ouucvts,ronds (kfrancs,airezciuils Se cour- tois à l'endroit des eftrangcrs. Ceux de Vcrfeil font profelTion de noblciTe & de grandeur , ôc défirent le faire cftimer à leurs voifins.Lcs habitans de Turin ont peu de paroles , font altiers , ôc prompts à h main , &c font profefllon de nobleife. On void encore régner parmy eux les afFedions des Guelfes, & des Gibeilms, qui font eftcintes en tout le refte de la Prouince. Ceux de la Biele font d'cfprit fubtil, praciquans,& ardans, Se attentifs à leurs affaires, & ne fe lallfent tromper aisé- ment aux contraas qu'ils pallent. Quiers a des habi- tans fort induftrieux , & ceux de Cune le font auffi, & de plus fort courageux, comme ils ont fait paroiftre en trois grands ficges.Bené a des habitans fort propres aux lettres, & aux armes. Bagé cft renommé pour le grand nombre de moulins,3c de boutiques, où il le fait gran- de quantité d'armes,dont les habitans fe fçauent (eruir des mieux aux occafions. Le peuple de Nizze eft fin & rusé , ciuil , & poly, & également propre au trafic , & au maniement des armes. Au refte pour le gênerai , il y a beaucoup de bons foldats parmy le peuple, Se peu qui s'adonnent aux arts mécaniques , qu'ils eftiment peu , le contentans de la vie & du vcftcment , & imitans en cela les nobles, (ans exercer la marchandife.nonobftant la commodité que le Po leur offre pour trafiquer auec ceux de TEftat de Milan , & mefmc auec les Vénitiens : mais ils ne s'en foucient guère , Ôc permettent que les eftrangers ac- quièrent de grandes richefTes auec leurs toiles , chan- vrcs,laines & foyes.Si bien qu'on peut dire que tout ce que les marchands gaignent , ils le rc^oiucnt en don des Piedmontois qui pourroient gaigner cela s'ils vouloient. M*ais ils n'ont autre chofe en recommanda- tion que de bien viure Ôc faire bonne chere,& les arti- fans mechaniqucs meimcs ont accouftumé de fe trai- ter bien , de Ibrte qu'ils coniomment en bonne chère tout ce qu'ils gaignent. Le Duc eft allèz fafché de ce qu'ils font fi nonchalans,& leur offre le moyen d'exer- cer la marchandife , ôc de faire quelque gain ,faifant faire des canaux,& vfapt de toute forte d'artifices pour les éueiller. _ ' Les Piedmontois. ont faute d'induftrie , mais ils re- compenfent ce dcffaut parleur obeylfance enuers leur Prince, ôc leur façon de viure allez fimple, & fans rc- ■ prochc:car ils font fi doux, ôc fi débonnaires, en partie par vn inftind naturel, ôc partie auffi de crainte de la iuftice, qu'ils viHcnt en bonne amitié, ôc l'on void par- my clix fore peu de meurtres. RtcheJJes. L A Sauoye ne tire que guère, ou point d'argent des i i contrées eftrangcrcs : mais le Picdmont a force commodiccz qu'il fournit auxauttes,tellcmcnt qu'illuy en peut venir beaucoup d'argent toutes les années. On a veu combien ce pays eftoit abondant en tou- tes chofes aux guerres qui ont efté entre la France &c l'Efpagnc; veu que les armées s'y arrcftcrcnt l'efpacc de 2 3 .ans, auec de grolfes garnifons d'vne part ôc d'autre, fans qu'il y euft iamais nccefïité de viures,»;^ l'on a co- gneu fa richeire en ce que le Piedmont à contribué au Duc de Sauoye durant les dernières guerres de France, au gros delquelles Monfieut Defdiguiercs alla portée la guette dans le Piedmont, il contribua,dis-je, en peu d'années vnze millions d'écus d'extraordinaire , outre . le logement des gens de guerre. Il enuoye dehors des graiûs, du beftail, force chanvres, grande quantité de ris, des fromages, des vins, du papier, des futaines, & des j"oy es creués. Il contient enuiron j o. Comtez , Ôc enuiron 15. Marquifats, & vn gf and nombre d'autres Seigneuries, qui ne cèdent en rien aux premiers, outre vingt riches Abbayes , & force autres bons bénéfices. Il n'y a pas de perfonnes exceffiuement riches , pourcc que les biens font diftribuez en telle forte, que chacua prefque y a quelque parc : toutcsfois il ne manque de Seigneurs de quatre, de fix,de hui£t, douze ôc quinze mille efcus de rente. Ce qui monftre encore fa richcffe , c'eft que le pays eft tellement habité par tout, que ce fut affez à propos quVn Cawalicr Piedmontois,ainfi qu vn gentilhomme Vénitien demandoit que c'eftoit que le Piedmont; rcfpondit que c'elloit vue ville qui auoit joo. mille de tbur. Il y a en la vallée d'Ofte des mines d'or & d'argent. Ceifx de SalulFes font, trafic de fer , «3c de beftail auec ceux de Prouence , ôc il le trouue .en ce Marquifat de fort riches marchands. On porte aufïi dehors les draps de Pignerol , qui font affez bons. Ceux de Barge , & de lauenne font grand trafic des armes qu'ils font , ôc ceux de lauenne, tirent encor alfez d'argent de leurs cuirs , & de leurs toiles. On fait auflî à Moz force draps que l'on porte vendre aux contrées eftrangeres. La Comté de Nizze enuoye dehors des huiles , des vins, des fruidsde toutes fortes, des légumes, des toi- les, quantité de filets que l'on vend aux Catalans , du papier, de gros draps de plufieurs ibrtesjdupoiffon fa- ié, vn peu de miel excellent , du bois de fapin pour les antennes (Scies arbres des galeres,& des nauires,qu'on conduit par le val iufques àla mer , ôc on les vend aux Gcneuois quclquesfois cent efcus la pièce. Et pout abréger , ce pays fe fert tellement du trafic , qu'entre Gcnnes S>c Marfeille il n'y a ville plus marchande , ny qui ait plus d'argent ; ôc elle eft comme le màgazin,& l'entrepoft des draps de laines qui viennent du Lan- guedoc ; ôc de ceux de foye qu'on porte de Gennes. Mais à vray dire le pays eft narurcllcinent panure , & quelquefois on y trouue pas toutes fes commodiccz pour l'argent : fi bien que quand la Couv du Duc de Sauoye s'y tient feulement deux mois , cela feul fufïit pour la mettre en nccelTité; mais pource que les hom- mes de ce pays ont vnc grande viuacité d'cfpiic,ils ac- quièrent par le trafic de grandes richelfcs. On avoalu jadis calculer le reuenu du Ducde Sauoye , lequel on comptoit en cefte forte. La Gabelle du fel,5 oooo.efcus. La Dacc de Sufe,2 4ooo.cf"cus. La Traite Foraine, 1 8 000. efcus. Les autres gabelles y comprenant la Dacede VilU' franchcjZjoûo.cfcus. L'ordinaac Des Eflats du Duc de Sauoye. 3 9;?^ L'orJinavre ancien mec Ir B ilugcyoooo.crcns. I vne des fortes afîîccccs c^nc i'on puifTc dc/îi ;i" i "laib il Les taxes ordinaires en Piedmoiu aucc le change- n'crt fortifié comme il fcioit nccJLire. Ceiical cltaf- mcnt deslels delà les monts , réduit à Dace orduuue fez biio foitilic > ^"k Ciuas cit «ne place qUc l'on nrtet perpétuelle, 16 mille efcns. I entre les ojcilleuies. Ilya aitlll des giriiiion'. à BaiJ, Confifcations de biens , condemnacions, augmenta i Se à M.)nq(iir,deiix places iriovt nuemeiir bonnes. tiens de Daccs , compolîtioiii des mains mottes , cjui - ' ' ^~ ' ^ ij.ki.,t- r r-_...i font hommes qui ne peuii; ne difpofer de leurs biens ù ce u'cft cil accordant de donner tant au l^riiice à (a volontc.le tribut des Iuifs,e!c autïcschofcs lemblables, jo.millc efcus. Somme qu'ils nedonnoient au Duc de Sauoycque 50Û. mille efcus toutes les années. Mais l'on void af lez pat les vnze millions d'extiaordmaiie , qu'il a tiré dufeul pays de Wiedmont en bien peu d'années , & p u les fommes qu'il tire de la S uioye, que fon reucnu cft de plus d'vn million d'or pat an, ik que c'ett vu Prince qui ne manquera d'argent lors qu'il en voudra auoir vne bonne fomme de ks lujcts,mcfme fans qu'ils s'en fenteiit gueres foulez. Forces. IL yacnSauoye quelques places fortes.donc la prin- cipale cft Montmelian ,dont lecli.ifteau a touliours ertc tenu pour imprenable, iufqu'à ce que Henfyle Grand Roy de France de msmoirc etcrnelie , le prit. Il cftoit commandé d'vn petit haut , d'où on voyoit à plain ceux qui elloicnt dans la place. Si bien que le Gouiierncur fut tout eftouné lorsqu'il fe vid faliié le matin à coups de canon , de ce lieu oii l'on auoit con- duit l'artillerie en grande diligence. On dit que le Duc de Sauoye a fait efcarper cecô- mandr^ment , & que ce chafteau n'ell commandé d'au- cun cndroiét. 11 eft extrememeat fort, & important, pour eftre prés de la frontière. 11 y a encore les places deConflans; de Charbonnières , & de l'Annonciade ptéide Romiliy : mais tous ces forts font bien peu de cho':"e. Celuy de fainde Catherine eftoit bon, mais il fut abbatu l'aiince léoo. Quant au Piedmont, ilya àThurin vne citadelle pentagone , ou à cinq angles , ou baftions . qui cft h h 11. , (Se lî grande , que l'on n'en pourroit peut eftre tiouuer vneefgale. Et iallfant à part le grand nombre des inftruments de guerre qui y font, il me femble à propos de dire vnechofe notable qui s'y ttouue -, c'eft vn puit!, qui eftau milieu , où il peut aller boire 500. voue mille cheuaux, Se dauantage , fans s'empelchct l'vn l'autre en montant , ny en defcendànt. Le Duc tient ordinairement pour la garde de cefte citadelle, irois cens loldats ^ voire plus, bien payez. Outre cefte gamifon il tient à Canas jo.foldats, à Cunecent, à Ville neufue 40. & en plufieuis autres lieux qui ne fout immédiatement frontières, comme àQaiers, Fof- fàn, Bcntis, Ville franche de Piedmont , Ôc iiuerne en I la V .liés d'Angtogne. Il tient aulTi quelques foldats à \ Canots , 6c à Suie, d'autant que la puiftance de fes voi- 1 fins !<- requiert ainfi. I lûtes ou Lai-npoteggioa vn chafteau flanqué de qua- \ tu Donnes tours, 6c en l'vne des meilleures aflîtttes [ que l'on puilîe dcfuet. La Valée d'Oftc cft li forte , à j Caufe de fes entrées qui font eftroittes, &c de les pall'a î ges qui lont mal aifez,&: pour le peuple qui s'y ttouue, i que quelques eftiangers s'eftans tendus maiftres de ; tout le paysvoifin, n'eurent umais le courage de l'at- taquer. Saluffe a vn alTezbon chafteau , mais Carmagnole eft vne place prelque imprenable , & où il y a fotce I canons, & grande quantité de munitions de guerre & de viuies. Pignerol a vn chaftjau d'importance , qui domine toutes l^'svalees voiliues. I AuilUneavnchufteauquiajîdisfousle DjcChar I Icifoulteau vne alFcz longue batterie. Unqueras eft Pour le regard de la Comte de NilR, fonafprcté eft caufe qu'il y :i hc.uicoup Je lieux extrêmement foits, «5<: plulieurs p .Il igcs li élirons , que dix hommes peu- uenc faire reft'"à mille, comme iftceUiy qu'on nom- me, le Pas de I I pu telle. Ou a adioufté 1 la forterelFe naturelle celle de quelques chafteaux qu'on peut tenir pour imprenables à ca^ile des lieux où ils fouc > entre lelquels cft celny de Saourge. Le Poget qui eft fur la fronricre de Ptouence , eft vnealTcz .bonne place , où le Duc de Sauoye tient vne garuilon. Ville- franche eft alTifeen bas,& n'eft guère grmdcj mais fa forterelTf! peut bien eftre nommée impren ble à c iufe qu'elle cft toute en vu rocelcarpé, & q'ie touc ce qui cft requis en vue fortification y eft foigaeufe- meni obferué; il y a oï dinairemeiit du moins cent lol- dats eftrangers. Pour la ville de NifFr, l'on peut dire que ce n'eft pas vn fort, mais vn allembbge de forterclies Piemicu- ment la ville cft clofe d'vne bonne ôc forte muraille, flanquée de bons baftions. Il y a en Gaualier vue mon- tagne qui peut auoir de tour enuiton vn tiers de mille, auec des bords droiâ:s & qui vont en précipice iSc c'e- ftoit-là qa'eftoir anciennement la plus noble paiti. de la ville , aucc l'Egiile Cathédrale , la demeure de l'E- ucfquc , vn Mouaitere de vierges , Se vn peu de fotte- refle, que l'on nomme auiourd huy le D uijou. Or on dit que Charles de Bourbon palliât d'Italie en Efpag'ie , ayant confideté quelque temps ce iieUi tint ce langage à ceux qui eftuient ptesde luy. Voila vne aflittte dont l*on ne cognoift pas l'importance. Le patron de la galère (uc laquelle il eftoit > qui eftoit habitant de Nifle , remarqua ces mors, & les fit enten- dre au Duc Charles > qui après auoir côniîderc le faitj ÔC regardé l'alTiette plus foigneufement , ordonna qu'on la fortifiaft , & la mit dans peu d'années en tel eftat , qu'elle fouftuu l'an mil cinq cens quarante trois , les alfauts de BarberoulTe , qm fc pr^'ientade- Uant auec prefque denx cens voiles, 6c la battit furieur fera en t. Qu^e Cl ce fort ne peut eftre pris alors qu'il n'eftoit pas acheué , que fera ce à preient qu'on l'a tellem-^nC fortifié , qu'après qu'on aura bien balancé fa forterelTc naturelle , & celfe de la main qui a efté adiouftée , &c outre ce, la contrée où elle 1 ft afllfe entre Htalie ôC li France , à fix vingts mille de Gehnes . & à cent trente deMatfeille *, on uigeraàbon droiét que c'eft pluftoft la première que la leconde place d'Italie, & comme fon bouléuard. Entre-autres chofes i! y a vn puits que Muce de luftinoplc , quidemeura qUelqursscmps à .Mizze, auoit accoufturné de nommer le miracle du monde. O i le fit par le moyen que ie deduitay, Ainfi qu'on iugeoit qu'il ne, mânquoit autre chofé à vne focterelFe de fi grande importance, qu'vne eaU qui ne deffaillift iamais ; vn ingénieux Allemand pro- mit au Duc Charles qu'il la trouueroit. Ceftuy-c/ ayant veu qu'au p/cd de la irtontagnfi il fottoit dé l'eau de plufieuts codez, & particulièrement vne fon- taine qui fe va rert ire iàdelTous dans la raer, eftima qu'en creufant profondement le rocher, on pourroic arriuer à fes fources Et fe mettant en bcfongne auec cefte opinion, il y trauaiUa durant quelques mois:mais eftant defcendu allez bas, & ne trouuant l'eau , il s'en- fuit à Venile , defelperc de fon en'reprife. Ce que le Duc Charles ayant fceu, le rappella à Nizze,Sc le pouf- ia à continuer fon delfein , qui fut accompagne d'vni heuieu;^ fuccezi' 3S? Des Eftats du Duc de S Au plus haut ciidiolc d: la fotttrrtlTe , on void L Djnjon, répare Ja rcftc par vne muraille j & pat toute la place il y a des lieux relcurz qui peuuent cihe for- tifiez en tell-: forte , quj tout le lieu peut eftce di. tF.;n- du de pas en pas. A ia fortification du Duc Chai les, le Duc Pirilibert hmanueladioufta celle qu'on nom- me Citadelle ; auec laquelle il embcad'. le heu , où les Turcs ca.Hj^ezdrcilerent leur batterie. Le D icde Sa- uoy? tient en celle place vne garnifon ordinaire de 400 loldars, & vn nombre fulfilant de canoniers de grande expérience. Entre Nizze, tfc Ville fran :he on void la forrerelTc de S.AIban. q'ai eft pccfque cgiiement diftante de l'v- ne & de l'aune de ces d.'us villes. Et poutce que les places ne fcrucnt de rien dans vn pays , s'il n'til gamy de bons hommeb,le Duc de Sauoye entretient ordinai- rement vn alFcz bon nombre de ioldats en Sauoye , & en Piedmont , mais principalemfnt il a les habitans de Piedmont , qui font pour la plus grande partie nais à la guerre. v Quant à ce qu'il peut rcdourer,ou dcquoy il fe peut adèurer, il me • .mble qu'il tft à propos d'en dire quel q' e choie. Premièrement il ne peur craindre , félon l'appa- rence, du cofté de MiUn, a caule de l'alliance eftroit te quicft entre luy 6c le Roy d Efpagne. Et combien que ce Roy voye slfczqnc fon Altelle ne l'affefilionne pas tant que de couftume , pour quelques raifons qu'il vaut mieux taire qu'exprimer , ôc que ce rt froi dillèment eftcaufe qu'il a mislesgarnifons Efp igno- les hors de fcs places, Se melme qu'il ne veut, comme on tient, receuoic plus de penhon d'Eipagne , toutes- fois on ne le doit pas perluader que fon beau frère voulait du tout rompre aufc luy , principalement pource qu'vne des raifons apparentes de ce change- ment, cil qu'on ne luy tint pas la parole qu'on luy donna en le manant auec l'Infante d'Êfpagnc, qui ctoit qu'on luy temettoit l'Eftat de Milan. Et C€ qui arrefte ra toufioucs le Roy d'Efpagne , ce fera la confidcra- don dupadagc de fes gens de guerre au casqu'ilyeuft ercor guerre auxV. ii bas ; veu que s'il eftoit ma! auec le Duc, iliay fer oit du tout impoflîble de leur tvouuer palfage. Il tft lié d'amitic auec les Princes d' Allcm3giie,pGur le iugement qu il fait qu'elle luy peut toufiours eftic vcile, ôc piincipalcment il eft bien auec les Princes de Saxe, a caufe qu'il eftdefcendu de leur mai.'on. 11 a audi bonne intelligence auec les Suiires,& prin- cipalement auec les Cantons Catholiques, à caule de la trai(^c des grains qu'il leurpeimet, iScquileurcft iMîCtdaire. Ccfte bonne intelligence auec lei Suides feratoufiours vn gtandappuy au Duc, comme nous pouuons luget par ks choies palfces, pouice que tan- dis que Chailes Ion grand pcre eut alliance auec les Suillls, il demeura padible en fon Eftat. Mais alors qu'il l'eut rompL.'c en ne leur payant les pendons pto miles, & pat conkqutnt le louciant fort peu dv. leur amitié, àl'arriucedu Roy Fiançois il perdu foudaiiK- nj6iK l'c-ftat de Sauoye, qui non feulement ne fut def- ffudu'è par eux, mais encore fut prifc pour laplusgran de partie par les mefmesqui difoient qu'ils fc vouloieni payer des vieilles debtes. Il pourroit craindre du coftc des alliez des Gene uoisjdont il eft enncmy ouucrt,&: déclaré : mais ils ne fe veulent mettre fi légèrement en campagne contre ce Duccomme on a peu voir aux efforts qu'il a faits con- tre Gcnt ue. Et quant à ccfte ville , elle eft trop foiblc pour adai'lir, &c ce fera bien alfez, fi elle peut fe de fcndie, dk (egaraïuir d'cUrcprife. Quant au Duc d. Maniou'é , le mariage des cnfans de ces deux Ducs les tiendra déformais , comme on peut iugti,ea bonne intelligente, nonobftant l'ancien auoye. d bat lu M .rq !.i4t Je M uitfetrat , q'ii accdcparcc mJinge. Pour le regard du Roy de France, depuis l'efchange duMitq iifardcSalulfcsala Bclfe iSc autres terres \. 01- fines , il ne 'e parie que d'amitié entre le Roy ?f fon Alicdc principalement de puisque le D>ic s'eft dcgou- fté des E pagnols, &merme il s'eft faite vn? très célè- bre alliance entre laFiance^c la Sauoye, au moyenciu mariage qui s'eft fait !'an mil fix cens vingt entre Vi- dtor Am . dce Prince de Piedmont & Madame Chtifti- ne de France, (oeur du Roy Lo'iys XIII. glorieufement régnant , do it les cérémonies fe palF icnt à Pa is pen- dant la foire de fainci Germain, auec force f Jtins, ba- lecsôc feux d'artifice, ce qji lie &c tient vais ces deux grands Princes, fa Majeftc très Chreftiennc & fon Al- telFe de Sauoye d'vn lien ind'iroluble de toute bontM intelligence Ôc affedion. Les prétentions du Duc de Sauoje* POu:ce qu'il pourroit eftre quelquefois vtiic de fça- uoir les dcoids que le Duc de Sauoye a fur les au- tres Eftits, i'ay trouué fort à propos de les déclarer en peu de paroles. Premièrement il a des prétentions fut Gencue pour plufieurs bonnes raifons, depuis que les Geneuois fe reiirerent de l'ob? ilfance de ce Duc l'an 1 5 5 j. comme chacun [çait adez. La première de ces raifons eft qu'il fc rronuedcsde- clarations des Ernpereurs , aufquelles il eft fpecific, qu'encore que les Euefques de Geneue fulFent Sei- gneurs temporels & fpirituels,& fc uomraadenr Prin- ces de l'Empire , ils deuoient toutesfois recognoiftre pour fupericur le Duc de Sauoye, & fes fuccedeurs, & leur iurer fidélité, comme on trouueaux 3(îfccs faids par lefdits Euefques, iufqucsà l'an 1 5 }o, auquel temps on b ittoit encore à Geneue la monnoye auec les noms & figures du Duc de Sauoye. Dauantagc, on obfetua toufiours iufqu'à ce teraps> que les Ducs de Sauoye poiiuoient donner grâce de tout crime tant fut- il énorme , comme bon lenr fera- bloit ; & les Euefques, ny h s communautczne pou- uoient fur les cas qui venoicnt à leur cognoidance, prononcer , ny faire exécuter la fentence lans l'auoir auparanant monft^ée aux M.igiftrats commis par le Duc, afin qu'ils vident fi elle eftoit iufte , & s'il la fal- loir publier ou faire grâce à celuy qui eftoit accusé de quelquecrime. Ceux de Geneue auoient fait ligue en l'an mi! cinq cent dix-neijfauec ceux de Fribourg a le Duc conrre- difaut à cela , ils curent des luges arbitres qui donnè- rent fentence en fa faucur , par iaqiuUeil eltoir portt que la ligue eftoit nulle fans fouconfentcmf'nt ,& tous les autres Cantons firent audi leurs déclarations con- tre Fribourg, qui voiilo't fouftenit ccfte ligue , qui fut derf",iiommagc non fait , il deman- doit qu'on Icrcmbourfaft des frais qu'il auoit faidls en ceftc guerre. Mais après que l'Euefque luy euft refpondu qu'il deuoir fe contenter des chofcs qu'il auoit acquifes du droid di fief qu'il luy auoic donné, il fortit de là beau- coup de nouucllcs querelles , & la plufparcdu peuple craignant que ce Comte de Sauoye ne i'irritaft & ne lîft paix auec leur ennemy coinraun à leurgrand doui- magcil luy accorda qu'il poircdcroit en la ville même rout ce que le Comte de Gencue y polTedoit aupara uant,&cc à titre d'hypothèque; mais d'autant qu'y cftanc entrc,il traidtoit les Genenoistyranniquemenc, i I , . , <^'^"«"^'f^': auec fes frètes Federicôc Vicie nourry en . hiues du Duc de Sauoye , tandis qu .1 recherchou les Cour de l'Empereur fon oncle paternel , parce qu U chofes authentiques pour dreder Ion hure de la Ge- eftoit en fort bas âge . lors que fon pere Hugues mou- nealog.e de Sauoye , quelques pnu. eges & efcr;tures, , & ^ J^. Cumme ladite Royne Charlotte alla de Rome en Sa- I U g.ace de fondit oncle, qu'il fe rapporto.t de toutes uoye voir le Duc Ion coufin & fon maty Louys,lequel affaires à fondit nepueu Berald . lequel ayant dc^ couuert que l'Impératrice Marie d'Aragon ie piotti- elle trouua en l'Abbaye de Ripail, menant vne vie con templatiuc & (oiitaite , que ladite Royne citant là, re- nonça ai fli audit Duc de Sauoye le Royaume de Cy pre, &i tous les droits d'iceluy, & que cefte renoncia- tion foit vriyc, l'an mil cinq cens otSante, le fieur Do- minique Secrétaire du Duc de Sauoye & autres per- tuoiiàvnlien Maiftre d'huftel, meu de lulte douleur les ayant trouuez couchez enfcmble , il les tua d'vn mtfme coup d'epéc. Les parents de l'Impératrice voulurent auoir raifon de cctaét; fi cragique,dont enfuiuit vue guerre contre f , \ c c . Il ^ ^ ! '« '«■5«>^"v.,uwm. tmuiuiL vue liu'ciic contre fonnes d.gnesde foy conhrmerent qu elleeftoit vraye k Duc de Saxe ôc les frères , laquelle fut alToupie pat & elctiteen lettres a or. le nelcav ras nnnif »i-ir r; • • ' r. ' . & efctue en lettres d'or. le ne fçay pas pourtant fi ce- fte renonciation eft la mefme adoption fuldite,ou bien vne autre. Et quant au droiâ prétendu par teflamcnr, la fufdi vn traiîtcdc paix , qui portoit que Berald s'abfenteroit d'Allemagne poiirdix ans. A quoy obcyiTant, il s'achemina en vne partie de Bourgongne, appeliée le pays de Vaux, enuiron l'an te Charlotte Royne de Cypre, l an . 48 • • fc trouuant ^ de N. S. ayant nettoyé le pays de nombre de malade a Rome, fit fon teftaaxt authentique le vingt- voleurs qui empelchoient le pafTa^e & la hbené des cinqu.elme de Febur.er , & lailfa pour (on fucceff.ur 'voyageurs , il vint à Arles oi eftoit Bozon Roy de & légitime hetit.er fon coufin Charles premier Duc Bourgogne, qui le receut gratieulement , & l'cmpLa de Sauoye, hlsdAmedeedeuxieime , ylfu d Anne de '' V. . . ° ^. r / Lufignan>vniquefœur du Roy lean fécond pere de ce- fte Royne.qui tefte ou fait teltainentjlaqucllc fe tranf- portant en l'Eglife de (aind Pierre en la Chappelle où au Royaume,'^ lûltituà iel^ïïn^rÈ^erllVGTurerneur en fes guerres &C plus iooportans affaires contre ks Gc- neuois&: autres leurs confedtrezi5< alliez. Mefaies a- pres le d.cedsde Bozon , Rodolphe fon frère fucccda les Roys & Roynes fonr ret cus, & en la prefence du r.ipe Innocent huidiefraf: &c de tous les Cardinaux, èi que Iques iours après , elle"inourut , ik fut enfeuelie en i.idite Eglife de lainét Pierre : Autres difcnt que le coff.e tui. traniportc en la ville d'Affifc en l'Eglife S. François , l'an 1555. au S icre & Courona^iment d« Charles cinquiefme Empereur, Charles troifiefme & fon Lieutenant gencial en Viennois, oui. fc com- porta fi vertueufemcnt qu'il gaigna tiois ou quatre batailles (ur les Genîuo.s & Pird.nonto s, qui auoient occupé la Valéc de Maurieiine , h q lei p lyi reconquis fut lailfé ju l^iinccBîrald parlei(oy . mite. & alliance entr'eux deux. Car ledit Marqu's ayant vne fille vuique nommée Adelle , la bailla en mariage au Comte Humbcrt , ^ par le moyeu de ce mariage après le deceds du Marquis, ledit Himbert a caule de (a femme fucceda audit Marqui(ar,6c eut de la. fem- me vn lilsqaifuc nomme Auic ou Ainedec, qui Iciy fucceda. Il gouucrna fon pays en grande paix &i tranquiilué pat l'elpace de vingt ans ôc plus, & mourut âge de jo. ans. Son corps fut cnfepiilturc en l'Eglife faindiean de Mauricnnc . par luy augmentée de tentes ÔC tcuenus ta l'an 104S. ///. Ame ou Aracdee premier du nom , aptes Humberc fut le 1, Comte deMaunenne, ôc retenant le njtutel Pouicevoy igefc croif-renr pourle moins {oo mil hommes. S( entr'eux y eut pluficurs grands Pf inces Se Seigneurs ,& l'vn d'icenx fut ledit Cony.it Hunsbcrr, lequel fut k la prife de H er^ifalem , dont Godefroy de Buillon fut cftably premier Roy. Apres qae laPal-ftinc fut conquife , IcJir Comte retourna en les pays enuiron l'aii 1 100, où -i fut pcife- cutc 6c afflige de grahdfs maladies, Se mourut l'an 1109. ayant g>)uucr -.c tr'^nt*: trois ans ou erii)!ion> lailfant (on fils Ame rucceiTciir de Tes p-ïs , &C vne fille r-ommc Adelis ou jE'is , qii; fut mariée auec Louys Itxiéme furnommé le Gros Roy le France, dont elt ifta le Roy Louys le leuncjpe^rc de Philippes Auguflc Dieu doiJnc. De fon temps fut le Pape Grégoire V 1 1. nomme , r , , , auparauaiuHildebr.înd, lequel nnll les Pipcs hors de Ai u . ^ nourriture de la mere ; page de U mani des Empereurs , & fuft inlbmG ,'Ordre Ade le. .1 tut Prince doux & pac.hq .e. des Chartreux en D aiphiné, par le bon Pere S, Brunon Ildouna.fecoursaGuiUaume L-omtc de Bourgon- jnacf de Cologne. Lcd.t Comte Humbert r.,oarut au gne. fils de Renaud ficdAi.x aeNormandie, cuutrc 1 p.i,,, ,^ principale ville deManft.eren la les Lorrains , ayant obtenu vue lignalee vtct iitc j Tacentaife, où il gili contre Godcf.oy Comte Je Lorraine, u cpoufa leauue fiile dudit Comcc de Bourgongue , de laquelle il eut vn hls qui fut nommé Huinbert } il fut rurnoramc Cauda , ou à la Queue , ou longue Qjeu'è , parce que cotiune il voulut aller voir i'Empeicur d'Allemagne H tnry lll. à Veronne,il fut accompagné d vue grande fuitte de NoblelTe, ôc l'Empcrcuc ay^nt commande qu'il entrait {cui , il fie réponce qu'il n'y eiitteroïc tans (a qucu'é ou (uitte, dont aductty i'Empereut luy donna entrée & à fa compagnie , ôc le iutnumma Cauda , ou la grand' Queuë. Eftant de retour en (es pays , il vcfquit en grand re Ame fécond ou Amedee 4. Comte de Mauricnnc» fut prince p,rfm & vaillant au fait des arnirs. Du viuant de fon pcrc i! auoir efté accordé qu'il pré- dtoiC à femme Clare ou Clarence , fi le du Com e de G. neuois ^ mais il ne voulue entendre à la cou! omma- , tion de ce aunai^c , aiu'; Ce miria auec Gui^oiin fillc du Comte d'Albon, qui fur occafion de grandes inimi- tiez euîte ledit Comte de Gencuois & luy. Il eut de fa femme entr'autres cnfans vn fi'î nommé Humbert qui 11 y fucceda. De (on temps Henry V.eftant efleu Empereur d'Al pos .ufques en l an 1076. auquel an abnc quuhhe du : le,„,g,, ^ voulut ertrer en la G.u'e pour le mettre en filtre de Marquis d'Italie par l'Empereur, il mourut t5£ fut enterré auec fon pere en 1 Eglife de Saindt iean de Maurienne , à laquelle il fiftde grands dons , ÔC l'aug- menta de plufiours bien-faits & belles ptecogatiues, u gouuerna les pays zS. ans ou enuiron. De fontcm jsl'Êglife Catholique fat fort troublée il'occafion de Bcrcnganus Tourcngeau , Archidiacre de liglii; d'Angers, qui elcriuit des liures touchant le S.Sacrement de l'Eucharillie concrc la croyance de l'Egliic, & furent te nus trois Conciles contre fou he- celîc , & entr'autres Vil à Vcrceil en Piedinont, où 11 abjurafon erreur, ce qui elt uileré au corps du Décret de Gracian. Humbett i. fils d'Amé 1 . fut le }. Comte de Mau- rienne : eftant vniout à la cha'.re.^laduinc que labclte qu'il (uiuoit s'alla rendre prés du lieu où eltoit vu Com- te de Vcniie, lequel oyant lecry des Veneuis monta à ftheual, ôc vint rencontrer le Gomcc Humbett, ôc tou- poiîelfiondu Royaume d'Arles , qu'il pcetcndoit cftrc des apparrenances de l'Empire. Et de fairil prit fou chemin par la Mîurienne, & piiaieComte Amé de l'accompagner au voyage de fon ojuronn-ment en Italie , ce qu'il Itiy accorda, de forte que l'Empereur ayant pri'-. poireiïi^u de la ville d'Ar- les, il (e fiitcoufouuerà Milan, Ôi depuis eftanc ariiuc , à Rome ii fut (acré Ôc couronné le iourdePalques l'an quatrième. Apres lequel couronnement, le Comte Ame deman- da congé à l'Empereur de s'en retou. nrr,ce qui luy fut accordé:C5<: pour 1 obliger dsuantagc, l'Empereur érigea le pays de Sauoyc en Comte, ôc en ht proclsmer Aîné le pr-mitr Comrc , ôc hiy en donna i'inueftitu- rc folcnncjle , à la charge qu'il le tiendroit de l'Empi- ce,& qu'il tnferoitlon premier & principal tiltre , ÔC tnefmes luy filt prefcnt de la Seigneurie de Baugey, aiufi Amé depuis ce temps là fe qualifia Comte de Sa- uoyc: eftant lecoumçen fon pays, il eut guerre contre 1.1 3 ( t 40 i Des Eftats du Duc de Sauoyc. le Comte de Geneuois , icqucl y perdit \x vie, & Ame | dtmruca pacifique. Durant le temps qu'il fut eu paix, | il fit ba(lir&: conftruire l'Abbaye & Monaftere de S. I Sulpicc , de l'ordre de S.Bernard , Abbé de rOtdtc.de CU^uaux, 6c vn autre de l'Ordre de Ciltcaux , qu'il nomma Tamife. Il eut quelque différend aucc le Roy de France Louys le Gros lonbeau-ficre , qui coutuuia auec Ion nepueu Louys le Icunc , mais il fut appaifc par l'entte- mife de Pierre le Vcncrablc Abbé de Cluny , & de S. Bernard, lequel en outre pcvluada au Comte Anvcde fe croiler les ennemis de la foy , & de palier en Syrie, ce qu'il fin au mois de May l'an 1146. comme y allè- rent aufli l'Empereur Conrard III. & le Roy de France Louys le leune , où après auoir combattu en pludsurs rencontres les Infic!flcs,ils fc délibérèrent de retourner chacun en Tes pays &c leign&iirics , & le Comte Amé palFaiit à (on retour pat l'iflc de Cyprf,y mourut d'vne maladie en l'an 1 154. ayant gouuetné fon Eftat prés de 45. ans. Le Roy de Cypte Guy de Lufignan le tîll fort honorablement porter en l'Abbaye du Mont de Saiiïftc Croix > où il fut inhume. Il fut créé Lieutenant du S.Empire» Humbert III. du nom fut 1. Comte de Sauoye après le deceds de (on pcreAmé , il époula Mathilde ou Mahault , fiiledcj Comte de Flandres Theodoric, & deSibtUed' Anjou, dont il n'eut aucuns enfans, &C fa ftmme tftant motte en la fleur de fou âge, il en ré- cent vn grand déplaifir , &c pour fe confoler en Dieu, il entrcpiift de mener vne vie folitaite en vn Monafte- reôi Abb-Tyc qu':lfift baftir , ôc nomma Alpine l'an il 6}. 6c i'.Ciui l'habit de Religieux, où il demeura plus d'vn an. Mais voyant que les Princes voifins fevouloient pteualoir de ce changement dévie , ôc qu'ils tftoient jircfts d'tmpietcr les Eftats, il lallFa la vie Monaftique, ti fe rematia aucc Anne fille du Duc de Salinge en Arcmagnc,dc laquelle il eut vue fille nommée Agnes, qu'il voulut marier auec le fils du Roy d'Angleterre Hmty II. Et y auoit appaience que ce mariage euft crtcelfeétuc , linon qutlafille mourut à l'âge de ftpt ans, Se fat bien^toft iuiuic de fa merc Anne, dont le Comte Humbert récent telle fafcheric , que derechef ille retira du monde pour paracheuer fes lours en vn ' lieu folitaite qu'il fit baftir , & appella l'Abbaye de Hante Combe. Toutcsfois il en fut rei'.oqnc parles inftantcs prières de (esfubjc'S & pour la fois il fe remaria auec Per- nellc fille du Comte de Bourgongne , qui eftoit vcfue d'vn Dtic d'Autriche, de laquelle bientoft après il eut vn fi s nommé Thomas, & pouren rendre gracesà D;eu , le Comte fonda vn Piieuré ioubs le nom de S. Miuiice, qui depuis a efté appellé Bourget , 6c fonda auflTi vne belle Chappelle en la grande Chatttcufe auec lamaifon de l'Hofpiralité pour les furuenars. En l'an 1188. le Roy Philippes Augufte fift vn voyage en la Terrc-faindte , où le Comte Humbert l'accompagna, ôc les Chrcftitns prindrcnt fur les Infi- dèles la ville a' Acre ,& peu de temps après retournè- rent, & le Conit^; Humbert incontinent après Ion re- tourtombaen maladie , dont il dcccda l'an izoï. & fut inhume à Haute Combe , ayant gouuetnc 47. ans ou enuuon. Thomas fncceda à fon pcre Humbert au Comté de Sauoye , eftant en bas âgé loubs le gouuernement du Comte de Bourgongne (o'i oncle maternel , iufques à ce qu'il fut patuenu à l'âge de difcrcrion. Il éponfa Bc-attix fiik du Comte Guy de Geneuois, contre le gré &c vouloir de Ton bc;;u-pere lequel il prit pi foiinier » 6c luy fit ratifier le mariage de fa fille , 6: faire hommag' folemnel de fon Comté de Geneuoisi s'aduoliant valfal 6c hojnrae lige du Comté de Sa- uoye. Apres cela il accompagna Louys filsaifnédu Roy de France Philippes Augulte en la guerre contre lesAU bigeois ouVaudois • auec plulîeurs autres Princes ôc Seigneurs : D'où eftant de retour , il fift plufieurs con- qucftes au pays de Picdmont, parce que la lignée des Princes de Piedraoni eftoit faillie, il prit Pignerol 6c Vignon , où il fift baftirdesCitadelles , puis Carignan & Montcaliict , de forte qu'il s'acquift le tiltre de Prince de Piedmo'.it, Et après auoir gouuernc fcs Eltats par l'efpace de } 1. ans , il mourut l'an 113 3. ayant eu de fa femme 8< enfans msflesSc deux filles. Il fut enterré en l'Abbaye de S.Michel prés d'Auil- lane, au Matquiiat de Suie luiuant fon teftaraent, à laquelle Abbaye il auoit donné les villes de S.Ambroi- fe 6c de laucnt. riii. Améou Amedee 5. de ce nom, filsdudrfunft Comte Thomas , après le decez de fonpere fut qua- trième (îomte de Sauoye & 7,de Mauricnnc , ilépoufa ( n premières nopccs la hlle du Comte d'Albon , Dau- phin de Viennois , laquelle mourut bien-tuft aptes fans enfans, 6c futenfepultutee en l'Abbaye de Hau- te Combe. Puis il fut marié en fccondes nopces auec Cécile fille du Comte Raymond de Ptouence , Prin- cclTe de grande eftime 6c beauté , 6c de bien ancienne Noblelït-, dont il eut vn fils nommé Bouiface , &i vne fille Conftance. Il conquift alTifté des forces de fon frère puifné de Sauoye , le pays de Chablais,& le Val d'Ofte ; 6c après afioir gouuerné 1 j -ans > il mourut à Montmelian l'an 1 246. 6c le 14. luin il fut inhurnéen ladite Abbaye de Haute- Combe. IX. Boniface après la mort de fon Père Ame j. fur 5. Comte de Sauoye, &(urnômé Roland pour fa proLief- fe.Il eut guerre du commencement contre le Marquas de Montserrat les Aftilans, & les hahiransde Thurin qui entrcprcnoicnc fur fes terres , delqucls il fut vidto- rieux. Et puis il alTifta Charles de France Comte d'An- jou & de Proncnce.au voyage qu'il fift pour fccourit Marguerite Comtcde de Flandres , dont eftant de re- tour iladîegea la ville de Thurin , mais les habitans de ladite ville ayant imploré le fecoursdu Marquis de Montferrat & des Aftifans , ils furent fecourus , Si le fiege letié, 6c le Comte Boniface & le Marquis de Sa- luées furent pris 6c menez prifonniers foubs bonne garde en la ville d'Aft , où le Comte Boniface roouruc de déplaifir l'an de falut 1156. ayant régné 9. ans & plus , & fut fon corps apporté & inhumé à S.Ican de Maurienne. Il n'eut aucuns enfans , auflS ne s'eftoit-ii point marié,&: n'auoit qu'vnc fœor nommée Conftan- ce qui ne hiy (ucccda au Comté de Sauoye , par ce que c'tftoit vn fief Impérial, auquel les filles n'cftoient car pables de fucccder. Eftant la fuccelfion de Sauoye par la mort de Com- te Boniface deuoluë à Pierre deSauoyt fon oncle pa- ternel fils du Comte Thoma$,il s'en miften poirelTion, & récent les hommages & autres droiéfs de fidélité que luy firent les Seigneurs 6c Gentils hommes du pays. Apres cela , fc voulant venger de la mort de fon ne- pueu Boniface , il alfiegeaThjrin, qui li:y fut rendue après vn l(Ong llcge. Il eut guerre cotre le Duc de Cho- phinguenque l'Empereur auoit enuoyc pourgoutier- nerChablâis 6c le Val d'Oftc dcpendans de l'Empire, où ledit Duc fut pris prifoanier,& le Comte fe voy.int viâorieuxjcntraau pays de Vaux qu'il conqu ft. Des Eftats du Duc de Sauoye. 11 fit vn voyage en Angleterre pour vifircr la Roync Aliéner fa nicpce.fiHc de fa fauu Bcutnx ComUlU de l'roucnce ; tk durant fon ablcncc le Comte de Gcne- uois (on voilin, pour Iny nuire, fit rcuoUcr conue liiv 403 La ville d'Iuicc Ce mit en ù pinïTance 1 & fous foij obt yirance. Il prie Un le Comte de Gentiiois Ici villes de i. Germain & d'Ambericu. De fon temps le Roy de France Philippcs le M alla uois Ion voilin, pour uiy nuuc, lit ituiju^. v,w....^...,. ' , ^ r ' in i m u ^ ceux du p.ys de V.ux, dont aductty le Com.c s'en r.- I pour la dernière fois contre les Flamands.ou !e Pnuce uint accompngnc de 4000. hommes de guerre, c^ue le j EdoUart de Sauoye fils du Comte Ame 1 accompogna, Roy Edouart d'Angleterre Iny auou baillez , par l'affi- 1 conmK auffl 1 Empereur Hc.uy de Luxembouig palTa Itance dtfqucls .1 aOlcgca prir les Cbafteaux de | par la Sauoye . d ou le Comte Ame luy fie compagnie Clces & de Rouc,& tlbnt prcit de donner bataille au uilques à Rome , ôc aflilla à fon Ucxc ôc coiuonnc Comte de Geneuois.il s'accorda aucch.y par le moyen, ment . .pc d'vne pau oui fut tra.dcc ent.'eux, par les Comtes de Ledit Empereur créa le Comte Ame Pr.ncede Em- Bourgogne i de Malcon fes votllns. , I P'^ J > .1 ayda grandement les Cheuabers de (a,u6 lean Puis Les il alla vou TEmpueur Richard d'Angle- ! de Icrufaicm en la prife de Rhodes , qui fut caufe que terre fon oncle , pour luy faire hommage des Comcez , 1 ccu de Sauoye fut à perpetuitc décore du (a.nd fignc dcMauricnneô.dcS.uioycicequ'ayancfait,ildeman- ôc armoiries de la Religion de 1 HofpUal de (au.tt lean da l'inueftiture des pays de Chablais, d'Ollc , & de Vaux.ccoui luy fut bicn-tollaccordc. ^ ^ tltant de retour d'Alkmagne , il fut afflige d vne longue maladie, dont en fin ù mouuu (ans cnfaus, ÔC inlfnua(on hciitiet^ fuccelTeur au Comte de Sauoye, & autres Seigneuries , fon frcve Philippcs de Sauoye, laillant à fa h'ilc Conlbnce qu'il auoit manceauCom- ied'Albon,dc grands legs & donations. Ayant gouuer- né ii.ans.il dcceda en l'an 1168. & fut enterre à Hau- te-Combe. XI. Philippes après le deccz de fon frère fucceda aii Comte de Sauoye , lequel prit à femme en la ville de Salins AUx Comtedc Palatine de Bourgogne,fi le vni- quc & héritière vniucrfelle d'Otkon Comte Palatin de Bourgoone.qui eftoit dccendu de 1 Empereur Fredeiic Barbcrouirc. ' „ Il fut p^it le moyen dudit mariage Comte de Bour PORne.& peu de iours après luy vind.ent nouu^llcs de la mort du Comte de Sauoye fon frère deccdc far,s en- fans maHcs , de locte que la fucceffion dudit Coune Iny ccheut. dont il prit poUVaion , receuan. les fideli- tez ik homiT^cges des Seigneurs du pays , & 1 Anneau de S. Maurice. Il fut appelle Comte de Bourgogne & de Sauoye, & rouucrna kfdits pays en gra.^de paix & rranquillité par fon fcns . fngelTe ôc grande expcnence qu'il auoit acquife des fon ieunc âge , eftant nourry es affaires d'iralic , & au fait du gouucrnement & patn- iKoine de rEeUfeauec Ion frcrc Thomas. 11 fut toute^fois pour la plufpart du temps malade d'hy .^roDifie.qui luy dura dix ans entiers , pendant lel- quels voyant qu'il efïoit hors d'efpoir d auoir des en- f.ns , il fit venu druant luy les rrois ncpueux , enfans de Thomas de Sauoye fon frère, & de Beatnx de F.ef- que fa femme, aufquels par te(tament .1 fit partage de fes terres & S.igncuries,& nommément donna a Am^ piufiic le Comté de Sauoye, & l Anneau de Samd Klauricc. , , „ • 1 11 donna aulTi aux panures fes beaux & riches meu- bles & ioyaux , & des ornements fomptucux a Ab- baye de Haute-Combe, où il auoit cHeu fa fepulrure, & où fon corps fut porte après qu'il fut dececlc , qui fut en l'an iiSi.ayant gouuernc i6.ans,ou enuuon. XII. Améon Amcdée4.de ce notn,furnommél.eGrani. tant à caufe de fes hauts faits d'.rmcs , qu a raifon de fa hauteur & beauté corporelle, fut Comte de Sa- uoye après fon onde ; rl fut nourry des fa .eune Te en Jtalie où fon oncle l'auoit mené , y fut i^^^ ^beua- ^^"11 eut rout femme Sibylle Comtelîe de Baugy & Dame de BvelTe, par le moyen duquel mariage les Sei- gneuries de Breffe & de baugy vindrent a la mailon de Sa-.oye.îl eut guerre contre le Comte de Geneuois.ay- dede Humben Dauphin de V.ennois,ou le freje a.fne dudit Arr.c fat tnç.ll eut de fa femme deux 6U,ûdûuait & AmcaufC} filles. de leruialem , ôi. que les Comtes de Sauoye prindrcnc pour leur deuife F. E. R. T. figmhans Forittudo eita Rhodum tenmt , qui eft à dire : Sa force a obtenu Rho- des. En fin le Comte Amé tltant allé en Auignon vers le Pape , pour auoir feco-ur s de luy contre l'armée des Oitomans pour l'Empereur de Conftantinople fon gendre, il y mourut l'an ijzj, & fut inhumé à Haute- Combe, ayant tegîjç iS. ans,ou enuiron. XI II. Edoiiirr après le decésde fon pet^c Amé, fucceda au Comté de Sauoye, & ayant rcccu l'Anneau de S. Maiï- rice , il en prit poirelîion. Il cftoic de tadle de corps grand puillant & allegre.fott adroit aux atmcs,& très- liberal. Il eut g^"rVc contre le Seigneur de Foucigny fon beau-frcrc, qu'il deSît par deux fois, & pareillement le Comte de Geneuois, mais en finil perdit la bataille de Varcy , qui fat caufe que le Comte Edoiiarr le retira pat dcuers le Duc de Bourgogne Eude fon beau -frère, 6c de là en Bretagne vers le Duc de Bretagne, pour auoic fecouts d'eux j 6l eftant vctui à Paris faire (es doléan- ces au Roy Philippes de Valois. il demeura malade cintj ou fix iours reulemcnt , & y mourut l'an i ^ j 9. ayant goutieriîé piés de fix ansy Son corps fut embaumé, & m.eiié à Haure^Combc où il fut cntciré. xir. Amé OU; Amedec j.fuî appelle au Comté dcSauoye après la mort de fon frète Edi iînt.la fille vnique o'ice- luy no!T)mfe Margaence femme du Duc de Bretagne, en ayant efté exciuic par If s Eftats de Saupye. Ayant pris pofTdTjon dudit Comté, & receu l'An- neau de S. Maurice , il (c maria auec lote ou Yolant, fille du Marquis de Montferrat, dont il eut etur'autres vn fils qui fut nommé Amé, & d'autres enfans. Il at- tira à fon alliance Icb Comtes de Gencuois&SeigijLfUts de Geix,8£ fit la guerre au Comce de Gcneuois,fur le- quel il reprint le chafteau de Monthous , & le deffit tn bataille ; puis il fie b.îftir 1. chafteaux , l'vn appellé les Marches, &c l'autre les Mettes , pour alTeurct la ville de Chambciy. Enfin psr le moyen & cntreirdfedu Roy de France Philippcs de Valois , l'appointîicment & ac- cord fut fait entre les deux Maifons de Sauoye & Dao- phiné. Le Comte Am é tft^nt en paix, fît conftrnire f'Egli- fe des lacobins ou Frères Piefcheurs dt Montmelian» &c Is fainâre Chnppclie de Chambcry. Bref, il fut toute fa vie grandement honoré de fes voifins, fort ay- mé de la NobU (Te, & de tous fes fubieds. Il lailla vn fi n fils vnique nommé Amé, duquel eut la charge &c tutelle Louys de Sauoye fon coufin,5c après auoir gouuernc fes Eftats u ou 15. ans, il mou- rut l'an 1^41. Se fut enterré en la Chappelle de l'Ab- baye de Haute -Combe , où il y a recueil'y Se ramaffc tous ks ofTcraents de fes ptcdccefTeurs. xr. Atré ou Amedee 6. du nom, fut roniiefme Comrc de Sauoye aptes que fon pcre Amé 5,c Ll fut decedé^, 404 Des Eftats du Duc de Sauoye. ii't ftaiu âge que d'civjiron 9 ans , qui fut caufe qu'il tui (ous la tutelle de fou coiilin Louyi de Sauoye,î>ei- gneuc de Vaux , &c du Comte Ame de Geneuois fon Farr^iin, qui luy b ullcrcnt l'Anocau de S.Mauricc.qu'il portoit ordinairement auec luy, pour auoir vu piemiei jour de May emporte l'honneur de Cheuaictie en vn Tournoy gcneral,cftant armé &c veftu &c tous fes gen^ de bandai vetd , tk. fes chcuaux bardez > caparallonnez & cinptnnachez de vcrd, il piit fi grand plailii à cette couleur verdc qu'il s'en vtftoit ordinaircment,& de là i-l fut (umommc le Comte Vcrd. Apres le deccds de Robert Roy de Naples.vne par- tie de la Seigneurie &( Comté de l-'icdmont , fe mit lous l'obcyllancc du Comte de S:uoye > Se de lacquts de Sauoye Frince de la Morec. L'Eiiciqu»: de Sion tllant chalTcdc fon fifge pat b rébellion des Commnnauttz du pays de Valais , vint à refuge au Comte Ame , luy demandant ayde & fe- coujs, ce qui Itiy fut sccordc , S< par l'aHîftance dudii Comte il fut rcmi> en ion lîegc, & fes lubitébs rebel- les furent amenez à railon. Ledit Comte eut giicrrecontre IcDAUpliin de Vien nois , lut lequel il put pat force quelques villes, ce qui donna occ^^fioi) au Dauphin Humbert,qui n'auoit point d'enf^ns , de mettre (a (eigneuric & principauté de DAuphmé entre les mains du Roy de France , pour la dcfcnic des inualions & tntrfpiilts dudit Comte de Sauoye, & de f.iir ledit Roy achcpta le Dauphiné,& Humbeit le tcrdit Rcligi; ux de l'Ordre de S. Dorai- nique pu Conutut de Lyon , &c depuis fur Archeuel- qucde Rh.'irns, 6<: Patn.irche d'Alexandrie, & mourut à l'ans l'an 1555. & eft inhum.é en l'Eglilc des laco- b;ns ducit liru. Aptes cttrc ncquilnioale Dauphiné tut donné en tiUrc à Charles fils aifné du Roy iean, car la vente en aiioit eftc faidtc , à condition que les fi's aiMxz des Roys de France s'intitnletoicnt Dau- phins de Viennois , pienans le nom & armes du Dau- phinc éc-iitelecs auec l'efcu de France. Cela donna occalion au Comte de Sauoye de re- chetch r l'amuié & alliance du Roy lean , & de fon fils ailnc , ôc pour emprfcher les occafions de guerre à l'aducnir , il fut accordé que le Comte Amé prcndroit à femme Ronne , lœiir du Duc Louys de Bourbon > Ôi If S limites de Sauoye ik Dauphiné fuient bornf z par la riuicre dn Guyer. Le Comte Ame quelque tertips aprcslon mariage accomply , inftitua l'Ordre de l'rtij- r.onciad- -.il donna le colier de l'Oidre à 14. Chcnaliers de chu'v & cflife , & luy faifoit le 15. citant Clief grand Maillre dudit Ordre. Pour cnicignc ils portoicnt vn grand coliet d'or faiÛ à trois lacs d'amour, dedans Iclquels eftoicnt en- rrclall z :ts trots, FERT. FtRT. FERT. qui ell la demie des Comtes de Sauoye, ik au bjs dudit coliet pcndoir vnc Imag? de l'Annonciation faite pat l'Ange Gabriel à la Vierge Marie Mcrc de Dieu. Il fonda auffi vne Religion ôc Monaftere de Char- treux au iieii de l^ietre Chaftel , pour prier Dieu pour le falut diS Cheualiers dudit Ordre. Il combattu vail- lamment ik heiuculcment contre le Roy de Bulgarie, quitcnoir priionnier rEmpercut Alcxtus , lequel il re tuel , luy ayant baillé l'inueftituie de tous fes tiltrcs 5c digai;cz. Finalement il accompagna le Duc d'Anjou eu U guerre pour le tecouurement du Royaume de Naples, aptes auoit marié fon fils aifné aufli nommé Amc.Sc:- gncut de Biclle, auec Bonne fille du Duc de Bcrry, au. quel Royaume ils piindteiu aucunes villes, melmes la Cité Royale nommée l'Aigle, Moniellard , & S Eltien- ncauquel lieu prit vne gnefue maladie au Comte Aroc, dout il dcceda, au gtand regret du Duc d'Anjou.ic de toute l'armée de France, melmes de (es ennemis. H eut de fa femme Bonne de Bourbon deux filj, Amé &c Louys. li vécut enuirou 50. ans, en tcgna 40. ôc mourut le i.ou 1. de Mats 1363. Aucuns ditcnt qu'il mourut à Capuu^, xri. Amé ou Amedee 7. appellé le Rouge , 1 1. Comte de Sauoye, aptes le dcceds de fon pere le Comte Verd entra au r« gimc & principauté de Sauoye en 1 âge de 2}. ans, il remit en (on fiege i'Euefque de Sion Meflîic EdûLidtt de Sauoye , fils de Philippes Prince de la Mo- tee , que les communes de Valais auoient chaiïé , lef- quelles il rcduilic fous i'obtïlîance de leur Euelque ÔC Seigneur. Les habitons de la ville de Nice en Prouencc le re- ccurtnt pour Seigneur , il prit o'eux le ferment de fi- délité, ainfi il joignit la principauté de Nice à la Sauoye. Tout le temps que le Comte Ame !c Rouge veîquit, il ayma fut tous plaifiis le ueduic de la chadc , & vraye- ment par trop il l'ayma, Cac va lour comme il fuiutjit vn fangiicr en la fottlt ae i Orme à courte de cheua!,' le voyant fortit du bois , U pitqua li roidement aptes pour y eftrc des premiers, & le voit enferrer , qu'il tomba de fon chtual qui s'eltoit cabré , & fe bleil'a en lacuiire,quiluy caufa vnc inflammation dont il mou- rut le lout de la Touiriindls 1 391. ayant règne 8. ansi ouenuiron. 11 clt inhume à Haute-Combc. XXl^ll. Ame ou Amedee 8. du nom , après le deccds de fon pere Amé 7. îucceda au Comte de Sauoye âgé leule- ment de 8. ans,lequel demeura en la chatge delà mcrc Bonne deBerry, lage & venueuie Princclie. Eltant parucnu à l'agc de îo. ans - il confomma le mariage d'entre luy ôi. la hUe de Pnilippes le Hardy Duc de Bouigogne , qui auoit elté contradé entt'cur cltans au berceau. Dés Ion icune âge il prit gtand plaifit à baftir , & ayant choili m lieu tort délectable fur le Lac de Gene- ue nommé Ripaille, à demie lieue de la ville de Tho- non, il y commença vn chaiteau de plailance qu'il ay- ma toute la vie depuis , &c y fiait les jours. Il donna aux Ccleftins la mail'on des iemplieis de Lyon , & commanda à Ion fils Louys d'y laite baftir vne Lglife. il enuoya du Ucours à Ion beau - frerc le Duc Iean de Bourgogne pour la guerre qu'il auoit contre les Lié- geois. L'Empereur Sigifmond tn l'an 1415. vint â Pans , & y fut accompagiic par le Comte Ame, com- me l'vn des 4. Comtes du S. Emplie , & en l'an 1417* ledit Empereur érigea le Comte de Sa -oye en Duché» irit tn l'EiVipire de Conllantinople , & fit en Orient j & en fit proclamer lolcmnellemcnt Amé i.Duclequei plufienrs bcnux exploits de gueire,(5c eftant de retour i Duc moycnna la paix entre le Roy Charles 7. & Phi- il eut guerre contre les Vicomtes Seigneurs de Milan, qm aiioirent empiété furies terres pendant qu'il cftoit abfent. L'E'r.ptrtin Chailcs 4. pallant par la Sauoye, fut par luy magnifieiucmcnt traidé a Chambery , mei- mfi il hit fait vn ttftin très- (cmpiueux , où les plats de viande cdoiervt portez par des Barons U Seigneurs, montez fur de grands ôe biauts cguiliets, qu'ils bail lippes le Bon Duc de Bourgognt. L'an 1450. il inftitua eltablit vu Sénat ou Parle- ment à Chambeiy,& l'an 1434. il maria fon fils Louy* auec Anne fille viiique de Ican de Lufignan Roy de Cypre , & les uopces furent célébrées audit Cham- bery. Le Duc Ame ayant attevnt l'an 56. de fon âge , de- loient au Maiftrc d'I loilfl , poui les poftr fui la table | libéra de quitter le monde , & de finit le nlte de les dudit Empereur , lequel ciea ledit Comte de Sauoye ; jours cn vne folitudc , & de fait ayant laillc en l'an Piince du Uind Empire, & Vice - Empereur pitpe- 1 1439. à Ion fils Louys fes piintipiucez , illcie.ir.ià Kipaillc, Des Eftats du Duc de Sauoje. 405 Ripaille , où ily niioitvn Piicmc de l'Ordre de dind Maurice,^ li [nii i'habic d'Hciiiiite (don ledit Otdtc, aucc dix de ics Chcualicts & Gentils-hommes domc ftiqiics. l'eu de temps après il fut elleii Pape pat les Percs du Concile de li illc, après auoir depoic le Pape Eugène 4. & fut nomme Fclix 5. Ce qui caufa vn fchiltne en l'Eglife, d'autant qu'en Italie Se en France Eugène 4. fut toujours tecogim pour Pape , lequel fchirnie dura plus de 9. ans , mais il fat appaisc par l'cncrcmife des koys de France, d'Angleterre, ôc de Sicile , qui firent en (orte que le Pape Félix 6ft ccflîon du P.ipât au Pape Nicolas 5 .qui auoit clic eilcu à Rome , après le deceds d'Eugène 4. Ce qui aduint en l'an 1449. au mois de May , Se le Duc Ame demeura Cardinal, Euefque de Sabine, Lé- gat iSc Vicaiic pcvpetucl du S.bicge Apoftolique,ijc re- louma en Ion Ht rmitage à Ripaille , où il vcquit le furpius de (a vie lainCtement , iulques en l'anaee 145 1. qu'il mouiut le 6. du Pomificat dudit Nicolas y. âgé de 69.ans,ou cnuifon,ÛC clt enterre en 1 Eglife Cathédrale de L^ulane. Il gou jerna lis Eftats 48. 3ns> iufques en l'an 1459. qu'il Fut Pape. Louys fils d'Ame, fut premièrement nomme Comte de Geneuois , Hc puis fon pere entrant en l'Hermitage de Ripaille,il fut Prince de Piedmont ; &c depuis fondit petc ayant eftc tfl^ u Pape en l'an 14 >9. il fut procla- me 1. Duc de Sauoye, Il fut Prince gratieux, fort fim- ple, & débonnaire, & haitier de Ion pere, tant en (es biens qu'en (es fainâes conditions, douceur, lenité & manlui-tude. 11 eut de la femme Anne de Cypre plufieurs enfans maflcs,& des filles, l'aifnée defqufllcs nouimce Char- lotte de Sauoye , far mariée aucc le Dauphin de Fran- ce, fils du Roy Charles 7. qui fut depuis Roy , & nom- me Loiiys II. Son fils aime nomme Ame Prince de Ame 9. fut 4. Duc de Sauoye , mafs plrcc qu'il - ftoic n bas âge , il fut fous la tutelle de fa mere Yoland de France, laquelle le gouuerna fageoient par 1 tfDacc de io.aris,aaec l'Eucfque de Gcneuc fon oncle, mais ce ne fut fans beaucoup de peine. Car elle fut conftitucc pri- lonniere par le Duc de Bonrgagne .toutesfois elle fut deliurce par le moyen du Roy Louys n. fon frère, qui la rcnueya en Sauoye en libettc. Le Duc Philibett fut maiic aucc Blanche Marie,fil- le de G\\cAs Vicomte Duc de Milan , à raifon dequoy le Duc Galeas print en (a charge Ôc fauuegarde le ieu- ne Duc Philibert , & le garantit d'vne confpiration que l'Euefque de Geneue (on oncle auoit bralfce con- tre luy, lequel fut fait prifonniet à Thurin , mais ledit icune Duc eftanc venu à Lyon en l'an i48i. il mourut de maladie, âge de feize ans , huidt mois , ayant reguc onze ans. XXI. ^ Charles 1. du nom . frerc de Philibert i. Se i. fils d Ame 9.fu: 5 Duc de Sauoye après la mort de (on fre^ re decedé (ans enfans , il eut pour femme Blanche fille de Guillaume Marquis de Montferrat, &c d'Elizabeth de Milan fille de François Sforce , de laquelle iliaifla vn fils auflï nomme Chai les. Ce Duc Charles fut Prince autatit vaillant & ma- gnanime qui de fon temps ajt velcu. Il eut différent auec Louys Marquis de Saluces pour la recognoilTance de ùipeiioriié , car ledit Mar- quis ne voulant faire hommage au Duc , il fut à force d'armes chalTé du Marquifat.ôc en joiiyc Icd^t Duc par l'efpace de trois ans, lufqucs au 14. de Mars 1490. qu il mourut à Pignerol âgé de 12. ans , ou enuiron, ayant régné huiét ans.ll eft enterre aux Cordeliçrs duj dit Pignerol. XX If. Charles z. du nom eftant âge feulement de huiéfc mois , fucceda à fon pere Charles i. au Duché de Sa- uoye , fous l'adrainifttation ÔL gouuernement de Blat}- Piedmont efpoufa Mjdame Yoland de France fille du | che de Montferrat fa mere, laquelle fe conduiioïc pac Roy Chatl' s 7.& Ion puifnc nommé Louys , fut ma lié aiiec fa coufine germaine Charlotte;fiUe vnique & héritière du Roy de Cypre , Ôc ainfi à caufe de fa fem- me il fut Roy de Cypie , mais luy & fa femme furent ptiuezdudit iioyaume pat lacques le baftard , affilié des forces du Souldan d'Egypte. Le Duc Louys eftablit à Thurin vn Parlement en l'an 14J9 & depuis long-temps aprts s'eftant fait por- ter à Lyon pour voir le Roy Louys i i.lon gendre,il y mourut l'an 1 466 ayant cfté Duc 16. ans entiers : (on cœur fut inhumé au milieu du cœur de l'Eglile dcsCe- leftins dudit Lyon , qu'il auoit fait baftir du viuant , & par le commandement de fon pere Ame, Se (on corps fut apporte à Geneue , où il fut enterré auprès de fa femme Anne de Lufignan. 1 XiX. j Amé ou Amedée 9 du nom , fut j. Duc de Sauoye laptes la mort de Ion pere Louys decedé en l'an 1466. '11 fut femblabk à fon pere &c aycul en bonté , (impli- cite, innocence, humilité, iuftice, religion, douceu: ;& dcbonnaireté II fut fubjeâ: au mal caduc q.i on ap- Ipdle Epilepfi . Il eut de fa femme Yoland de France, le confeil de Philippes de Sauoye , Comte de BrelFe^ grand oncle de fon fils, Prince fort redouté, qui auoit de grands Eftîts en France, eftanc Chambellan, giand Maiihe de France, Cheuahet de l'Oidre S.Michti , de n'agueres érigé pat Louys 1 1. Gouuerncur du Dauphi- aé,& Capitaine de cent ho m h es d'armes, de Cotte que ladite DuchefTe gouuema fort paifibîement ôc heureu- (ement laSauoycic receur forthonorabUmentle Roy Charles 8. allant conquetirle Royaume de Njpies,pa(- f^nt par Suie 6c Thuun , auquel elle ptcfta fes bague? & joyaux. Mais le icune Duc mourut à l'âge de 7. ans, le i6. Auril 1496. & fa mere oe gouuerna la Sauoye fous le nom de fondit fiis que 6 ?tns,ou enuiion. XX [II. Philippes i. du nom. Comte de Brefîe , apr °s le de- ceds de Charles z. Ion pcii: ncpueu , fut 7. Duc de Sauoye. Il eftoit fils de Loiiys,fils d'Aroé 8. qui fut le i.Duc de S^iHoye, ôc frère d'AiTié 9. it parce qu'il vouloit en- treprendre contre fon pere le Roy Louys 9. qui à cau- fe de Charlocte de Sauoye t lluit beau-fiete ûudi! Phi- qu'autres appellent Uabelle , Philibf tt & Charles, quij lippes, le retint i.ans prifonnier à Loches, mais tftanc ' ^ - en liberté il elpoufa Marguerite de Bauî bon , fiUe de Charles Duc de Boutbon , & fuiuit quelque temps le party de Charles Duc de Bourgogne contre le Roy Louys , fon beau fcere , lequel nouua moyen de luy faire quitter le pan y de Bourgogne , luy donnant de grands Eftats en Fran-e , où depuis il fit de grands Ifureiu tons deux fucctfîïuement Ducs de Sauoye. Le îdit Duc Amé tÙ mt en la ville d'Qrlear.s mourut a'v- ne di(ûntciie ou flux de vcntre,à la fin du mois de Juin J47i & fon corps fir appoi c à Vcrccii où ileftenter- lé. Philippes ée Berga riC t fcrit qu'à la icpuUure dudit 'Duc il fe fit plufieuis miracles. Il auoit touliours cfté fort chaiitable,& ttes-hbetal : feruices audu Roy Louys onzième , Ôi à Charles S. enuers les panures, il tegnv piés de 5 .«s. XX. foQ fils. Il eut de fa femme Maroufrite de Bourbon Phili- Philibert i. du nom aptes le deceds de fon pere , bçrt qui luy fucceda au Duché , & Louylc de âiaiioyc. 40 6 Des Eftats du Duc de Sauoye. qui fat m^ncr i Cliatles Comte d' Angoulefme , dont 1 bon Duc Charles } Ton pete. Il fut nourry en h Couc ni luit le Roy lùaucois i.dc ce nom , ôc vne autre fille de i'hmpercur Charles 5. fou oncle maternel , où il fut '' - ■ r r _j :c_..-T ' Q^j-f & Capit aioc dc l' cl c adron Im petia I e(hi nt coui-, pose de 40oo.cheûaux. Drpuis le deceds dudic Empe- reur il entra au gouuernement de l'Eltat des Pays-bas, fous le règne de Dom Phîlippes z. Roy d'Efpagne fon ûoufin germain,lequel le fi: General d'armée contre les François, ôc fc ttouua à la bataille de S. Quentin le iout de S.Laurent 1 5 57.où l'armée Françoife fut deffaite. Finalement la paix fat faite entre les Roys Henry 1. & Philippcs 1. pat laquelle la fille aifnée du Roy Hen- ry 1. Madame llabelle de France fut accordée autcle Roy Dom Philippcs i.Et Madaoïe Marguerite de Fran- ce Ducheire de Bcrty, fiUe du Roy François i. & focJC vnique du Roy Henry , fut promile au Luc de Sauoye Emanuél Philibert , &c par le moyen de cette paix le Duc Emani/el Philibert fut i eftably au Duché , oi» eftaiu paifible il a fait plufieurs lainCtcs Loix &c Or- donnances, & fondé ryniucrlué de Mont-royal, qui a depuis cfté transftrce à Thurin , & mefme renouuel- lé l'Ordre des Cheualicrs dii l'Annonciade inftitue par Amé 6. le joignant à celuy de S.Lazarc,& afljguant aux Cheualiers de la ville de Nice pour le fejour ordinaire. Il eft dccedé à Thurin le 30. d'Aouft 1580. recogniî de cous pour vn des plus prudents & fages Pcinces ae fonfieclejlaidant pour fucceU-Jur Charles Emanué; Ton fils vnique , & dt la tres-illuftre Princelfe Marguerite de France. Il a efté Duc 2(î.ans,ou enuiron. Charles Emanuël après le deceds de fon pcre Ema- nuël Philibert , fut le 1 1. Duc de Sauoye , eftant âgé de en meiK, c.ic u u.u.i .^u,. „.^..<..v... — iS.ans ou cnuiron C'eft vn Princedodé d'vn bel efprit, BroiK qm'cft le plus fupet be & triomphant édifice , & | d'vne grande memoire,& bien diram,grandemcnt ver- lia (l«iV»W»»W^- - — J no nméc Plulebeite.qui fut fenamc du magnifique Lan cent de Mcdicis frère du Pape LeonX. 6c de Claude fille du Comte de Ponthieute de la maifon de Breta- gne fa 1. femme, il eut Charles qui fucceda à Ion frère Philibert audit Duché, ôi Philippes de Sauoye Duc de Nemours , &c Comte de Gcneuois , pere de Monfieur k- Duc d: iNemours. Il eut vn fils naturel nommé René , qui fut grand Maiftte de France , duquel font venus les Comtes de Tende & de Villars. Il ne fut Duc qu'vn an,6. mois, & 2t. iours, & vefquit 59. ans, 11. mois, & j.ioursjcar il mourut en la viUe de Cbambety le y.Nouembre 1497. xxir. Philibert 2. furnoromé le Bel , fucceda au Duché de Sauoye après le decez de fon pcre philippes i.&c fut le 8 Duc.U fut nourry en la Cour du Roy de France auec le Roy Charles 8. (on coufin germain, lequel il accom- pagna à la conquefte du Royaume de Naplcs,mais fon pete voyant que la pelle fe mettoit en l'armée du Roy, le renuoya de Naples en Sauove , puis venant le Roy Louys I ï. à la Couronne , il alTifta ledit Roy à la con- qucdc de Milan. Il tfpoufa Marguerite d'Auftriche , fille de l'Enope- reut Maximiiian en l'an ijor.de laquelle il n'eut point d'enfans,& approchant de l'âge de ij.ans, il mourut d'vne pleurefie en Septembre 1504 ayant cfté Bue prés de 7. ans. Sa vefve memoratiue du vœu que le Duc Philippes i pere dudit Philibert 1. auoit fait, de fonde-r & balVir vn Monaftere au lieu de Brou , prés de Bourg en Biefl'-, elle fir b-iftir ledit Monaftere ou Abbaye de de la plus plaifante ftruiaute,pour vn ouurage a la mo derns: qui foit en l'Europe. On fut 4 5. ans à conftruire & parfaire ladite Abbaye, où fut inhume ledit. Duc Philibert auec fa mcre &. fa femmejSi on dit queic bâtimct coûta 6. vingts mil écus. XXK Charles j. du nom, & 9, Duc de Sauoycfurnommc le Bon,fut fils de Philippes z.&: de Madame Claude Com- relfe de Ponthieure , & fucceda au Duché de Sauoye après la moi t de Philibert 1 fon frète confanguin,& y fut rcccu l'an 1504. en Septembre, en excluant Louyle de Sauoye , qui fut meie.du Roy François i. !œut ger- maine diidit Philibert. 11 tut pour femme Madame Beatrix de Portu-gal, fille du Koy Emanucl de Portugal, Princelfe de beauté & vertu indicible,dont il eut i,fils,Charles qui deceda en tfpagne en la Cour de l'Empereur Charles 5. fon oncle, 6c Emanuël Philibert qui fut Duc de Sauoye après fon pere. Lltant parucnu à la dignité Ducale , il gouuerna fon p'.Uj.le en grande paix & tranquillité iufques en l'aii 1516. que le Roy François i. vint conquérir le Duché de Milan, où il gaign^ vne bataille tres-fanglante con tre les Suiires,&: après favidloire vint àChambery voir le S. Suaire de noitre Sauueur, où il fut reccu en grand honneur par le Duc Charles fon oncle maternel. Puis futuindrcnt les guerres & efmotions, à caufe du chan- gement de la Religion introduite par Luther, de forte que ceux de Geneue s'exemptèrent de l'obeylTance de leur Euefque. En fin ledit François i. ayant de grandes preietifions fut laSauoye,tant de ion chef comme Roy de France, qu'à t auie de Louyfc deSauoye la mtrc,qui eftoit fœur germa. ne du Duc Philibert 1 fit la guerre en Piedmont en l'année ij <6 & fumantes 19. ai.s , iufques en l'an 1554. qu'il mourut à Vcrceil ayant vefcu prés de 67. ans, de tcgnéjo.ans. xxn. Emanncl Philibert 10. Duc de Sauoye , fucceda au sé en l'hiftoirc & aux Mathématiques.^; fur tout grand Capitaine. L'an 1585. il efpouia l'Infante Catherine d'Erpagne,fi!le du Roy Dom Philippes 1. &dc Mada- me Ifabclle de FrancG,fille du Roy Henry z . De ce ma- riage fon iflus 5.fils,Philippes Emanuël ,Vi(aor Amé, Philibert, Maurice, &c Thomas,& 4 filles.Mirguerire, Marie,lfabclle & Catherine,qai ont tous furuefcu leut mere,qui deceda l'an 15 97.au commencement du mois de Nouembre.Duranc les derniers troubles de la Frais- ce il s'eiDparadu Marquilat de Saluées par droid de bicn-feance, ce qui luy a causé de grandes guerres , Sc à Tes fubieds & voifins , mefmes contre les Sieurs de la Valette &c Defdiguieres , Gouuerneurs de Prouencc & duDauphiné pour le Roy trej-Chrcftien , icfqnel- les guerres furent appaisées pat le traidé fait à Vetuins encre les Pvoys Henry 4. &c Philippes 1. en l'an 1598. auquel le Duc de Sauoye fut compris, à la charge que le (urplus d«s différents d'entre ledit Roy Henry 4. & luy, fetoic remis au iugement du Pape. Quelque temps aptes le Duc de Sauoye vint ï Paris» où il fut bien teceu par le Roy auquel il promit rendre dans le 1. luin 1600. le Marquilat de Saluées , ou luy laifier la BrellcPignerol & les Vallées à fon choix,pat cfcrit folf mnellement fignc. Mais ledit Ductftantde retour en Sauoye, & différant d'accomplir fa promcirc, il y fut forcé par le Roy Henry le Grand en la mefme année , car en peu de temps il fe rendit maiftte de la Sauoye, & des places qu'on eftinaoit imprenables , SC pat l'entremife du Pape Clem.cnt 8. la paix fut accor- dée & figuée à Lyon le 17. lanuier 161.0. par laquelle le Matquifat de Saluées demeura audit Duc, & les Sei- gneuries de Brcfte , Baugcy Sc Veromeis auec leurs dé- pendances , furent laillces au Roy en collcrcfchangc dudic Matquifat. ESTAT 407 ESTAT DE LA REPVBLIQVE DE GENEVE- SOMMAIRE. 1 . Amiqutté de la villt de Gentue , & fa fituatton. X. En cj:ioy fon terroir abonde : les fratHs qut y crotf- ftnti ty* la to'i'c de l'air du pays. 1. GencHou dvn naturel gy'ffitr , mais courtoU aux «flra:g:rs. 4. En fHoy confi/îe le peu de ùchejje qui de fon temps eftoit ous ia puifTa.ice des Suiires. L » htuarion de cette ville eft plaifante , & du coftr ;ù le RhoGic foft de ce grand lac, qu'on aommoit an- iennement If lac Léman , elle eft balTe : mais depuis ela elle tft efleuce fur vne petite montagne. Il y a à GuHcue encor comme i. villes, au milieu [efquellcs on void palTcr le Rhofne , fur lequel il y a h pont qui les co'ijointi La grande ville eft du coftc ju Midy, & la petite du Septentrion. Les Allemands îppeilent Genf. Le tcrroic d'auprès de Geneue eft de bon rapport, :u qu'il produit du bled, du vin, des raues,dcs melons, >utes fortes de légumes, de l'orge, du foin , & de l'a- pine. Ses fruifts ordinaires foiîc des noix 5 des pom- ies, despoirts de plulieurs fortes, des guignes, 6c des ^tifes,des meures noires & blancUes, dc< chaftaignes, ' des amandes : mais il y vient fort peu de figues, j L'air eft bon & fain : & l'Hyuer n'y eft (1 fjichîux ^'.z,el i pour^uoy aitifi appelle, ($ diuisé en douz.e Communautez.. 16. Des ralaifiens dtuifez. en hauts dr l'as , en libru ^ JujeHs, (jr de leurs [ommunauux.. 17. 'Du Canton des qrfons diutfe\ en trou I guei. 18. QueUe eft la jintUté du pays des SutJ/esy ^ en . 14. Quant & comment les SuiJJes font cantonnez. , 0 confcmt leur République . ^ ^ Eftat de la Republique de SuifTès. / De l.t ligne des trois Cantons futcle k Baden l'an 152S.& a quelle cov.temit. 26. D'viie autre ligne de Lttcer ne, Vïy,&c. & [es ttriii tes. 27. A§:mhlée faitie .t S. Gai entre les quatre fufdits Cantous, 4j/ans force de Ley & de ligue. 28. Ligue de Zurich attec les Cantons, &Jês article s. 2ç. Ligue de Zuch auei les cinq Cantons. 30. Ligue de Claris. 31. Ligue de Berne auec tes trois Cantons. 32. Uguehereditairefute entre l'Empereur Mdximilian , & Charles A n h/duc d^ A uflricl}t,& les Suiljes. 33. Vnion des ^digues des GrifoHs auec les Cantons. 34. Contlufion & articles du dïoicl Canon a. 'ec les Seigneurs & pAjs des VaLtif.ens. 3). Ligue de S.G.1I.& fi ferme. 36. La dernière paixfiitle auec ceux de Zurich le iour de S. Oâauianl'anis^i. 37. Paix de Berne tan IJ37.& fes articles. 38. Moyens & royes qu'on tenu les Républiques pUtsfmeu- fesMtit anciennes que }nodeines, pour eïhndre leursEf^ats. 39. Des deux Confe 'ls publics eflablis aux villes de Zurich & deBaJle,& de combien de perfinnes compofeT^ 40. De la d/ette générale & afemblce des Suiffas. 41. Du wejlange & diuerfité (le Religion des Suifes , &de \ tout le trouble né aux Grifons , & en la Valtolme fur ce fu- ieci. 40p Vctlund,& autres fcmblablcs) en 1 3. Cantonsquiropt Vry,Siiit2,VnJcriiaIci;Lnccriic/Zurich,Zii^l!,GLi;qiic, ouGlaris,Bcinc,Bai]c,l'iiboiiig,SolctuTc,Scliafa(cn,6c Apncnzcl. Le jncniici- Caiiron, cjnf cfl: ccliiy d'Vi v,n'a aucune ville , mai'sfonpnncjpai lieu, & qui cft chef des aucies c'eftAicolf,licu ouuerr,i>.'cnoignéduLuGeinecnuiron vne mille d'Italie, & ce pays paffc auec Ci îiinTdiaioiî au delà d^ mont fainft Gotard. On veut dire qu'il dloit nomme laurcau du temps de Iules Cefar , & que le nom ell venu delà , d'autant que ceux mcfme de Sibcn- tal appellent auiôui-d'huy 'esTaïueau.x Vry,3c ccpays A encore pour armes vne rclte de Taureau en champ de iinoplc. Les habitansdifcntqu'ils font dcfccndusd'vnc race de payens nommez Gots,& Vrej, qui furent après faicVsChrclHens, Apres plulîeurs changements de fcîgneuries , cette partie forriè cii dernier lieu des Allemands retourna à Zurich au temps qiie l'Empire fut tranfporté en Alle- m^gn *.'<• uc rui eut ïamais luiects corhme 42. DeUtnsaUiances attec lesRoys& fats de l'Europe , & quelqueUns veulent,àkmairon d'Au JcÏc; veu q"e erutce an Us rendent en »^rv^*n hurci^ du feruice qu'ils rendent en payant leurs penfîons. ^ 43. Mémoire de la guerrequi s'y e[i faite pour la reduâion d'icelle iufques a la paix. l'Empire cftant en cette mr.iifon,ils obeylloicnt àl'Em- percui- nouucllement efleu, & non aux fucceircars de cette maifon. Or ce village d'Vry cftdiuifé en dix parties, du com- ^ munautez,qu'ils nomtficnt Gnofîammcn. Quant àSuitz c'eft vne ville anifcfur le bord du Uc de Lucerne,à la main droi6be venant d'Artolf à Lucer- . . ... - |ne"S^"vil^'igc communique Ton nom à tout le pays des qm s cit mamtenue depuis fort long 1 Suifîl's.Cette ville fat baftie par ceux qui cftoient parais cemps , ûns que perfonne ait enr re- , du Royaume de Suede,quc nous nommons Suedefpoiu- ons de s .tttaquerà cette nation, nu ' .-,^,,,-,„n„ j.= r\ 1 -, f L efl: maintenant qucftion de par- ler de pluîîcurs Eftars quifontcom- ^ me en vn.par le moyen de leur coa- [^tederation & bonne intelligence; pris de s';tttaquerà cette nation, ou que io" d-iFein luy ait reiiflî lors qu'il l'a voulu elfe àruer. ' ' ' - - - :eliemcnt vnis qu'vn Frince qui ■airelcur aHiince,»^ qui y apporteroit tous les artifices jolljblos , n'eii vt rroitiamais vne bonne iiluë. Mais )ouv venir au poinét , & fuiuant noftre ordre con/îde- ûr les limites de tout ce pays , ;e dy que la Suiilè :fl;vi.,c Piouince d'Allemagne , qui a pour fes bornes JucoljteduLeuant lesGriibns, Conflince & vne par- ie de laSuaube : du Ponant le Va!ais,& la Comté de Bourgc«^nc,du Midy l'Eftat de Milan prés de Come,& du Nort vne partie de l'Alface, veu qu'on met Balle au ays desSuiires, pourcc que c'eft vn des 1 3 . Cantons, chercher nouuelle demeure. On a donné le nom de oc c,, r-^'l ç UT C ■ jn'" *S^" ^^°"^^eP''iy^'0"pou^"ce qu'on combatitpremie- Et defaift les SuilFes lont encore auiourd huy rement pour la liberté dans les terres deSuii z ou pour- ■nt vnis qu vn Pnnce qui fe refoudroit d£_ def- ^ ce que ceux de Suitz furent les premiers expofez aux >^'^»=^g« de ceux d'Auftriche ,& furent les plus puiirants des trois lieux qui fe liguèrent , de forte que ce nom coula à tous les autres alliez. Vnderuald eft au dclTous an Leuant , & cft diuifé f en haut , & bas , & la foreft de Kernouaid palîe aa' beau milieu , <3c:toutesfois tout le pays fc nomme Vn- deruald. Lucernc rcceutce nom du lieu où elle cft affife , qui S fe nommoit anciennement Lucernc,à caufcd'vne tour li' 1- .S, r ' .,r ^, ^' Oi^'^'onmcttoitdela lumierelanuiar. Lecommence- 1 comb.en qu elle le trouue en Alface. Il y a outre mentde fon habitation fut vnMonaftere qui y fut fait be a es trois h^ues Sa pays des Grifons , ladis appel- ' par certain Vincard l'an 840. Elle a efté baftie prés da ela haute Si efie , qui le uiircs,puis l'Abbayc,& ville de S.Gal,Mulhaafen, &! ^' - ... - lotuuil ' Il y a dans la ville mefme vne riuiej:e nommée quilort du grand lac de cette ville , comràe T „ j r- r r 1- . , ^ avuiu , ^junuii au grana lac ae cette ville , comme: , Le pays des Grifons a pour fes imites du Leuant la le Rhin fort à Conftancedu lac de la ville , & comme fc laf r ' r ^"f f V?"^/'^^^'^^^^ Lindmarfort . Zurich du Le de ZudSi l^tT ^"'l Bcrgame, &duNort le pays du j De ce lac on va aux trois bourgs d'Vry , Suitz, & Vu \oy des Romams,& a beaucoup de fa mrifdiauoyc, duMidyauec le lac M.n'our, & le Piedmont, !c du Mort âuoclc lac de Geneue , & vne partie des >uiires. I iout ce pays des co!;fedcrez eft diuifé en trois î^arïK's , c'eft à fçauoir eu Suiifés , Grifons & Valai- jiens. L LçsSuiircsfonc après diftinguez ( afin de lailîèr les auuiions plus anciennes, comme Ergouie, Turgouie, dcruald , au pied d'vne fort haute montagne qu'on nommendc hauteur iufques à la riuiere qui coule en bas,£ du cofté d'Orient,il y a vne montée aifee pour venir au plus haut de la ville. Berne a fous fa puiftancc la ville de Lozanne , qui a vnc mcrucillcuie ?irictte,vcu qu'elle occupe deux col- lines oppofécs,& la vallée qui eft au milieu.Elle a cn- cor la vallée de Hafli,la ville de d' Vvndcrfeuvuc,la hau- te &c la baire vallée de Simme,Frutingen,Sanne, ^Icn. Thun,Loupeu,Signauu, Drachfelvuald, Brandis.Sico- miCovM, BurgdortF, Biereneck, Landehuot, Arberg, Nidovn, Erlach, Vvangen, Arouangen,Arburg,Bibei-- ftcin,Schenkenberg,Lentzburg,puis les villes libres de Zoftin2en,Arau,& Bruck. _ 13 Fribourg eft alTis fur vne montagne qui eft appuyée fur des roches droits , ôc d^autrc cofté elle eft en vne vallée clofe de montagnes, qui ne font pas trop roides &autour d'vne montagne au plus bas de la ville,il pal- fc vnc riuicrc de moyenne grandeur. Le lieu ou le fiege de la lufticc eft affis furvn roc Dcndant. Les montages foufticnnent les murailles, combien qu'en celle qui eft du cofté d'Orient il n y a „ulsbaftimens,exceptéles tours &forterdres. de quel- que cofté qu'on vueiUc aller par la villcil faut monter, oudefcendre. , , „ Solcurrc qui n' eftoit anciennement qu vuchafteau, cftenfinparuenuàlapuiirance qu'elle a auiourd huy; & eft bonne villcqui a fous fa puilllince des terres des honimes.Elle eft alTife en vne plaine & c eft le heu où S.Vrfede la légion des Thebains,(ouftrit le martyre auec 66.de fcs compagnons. 14 Le pays de Schartlile eftalTis du cofte de l'Allema- * .„c,présduRhin,&dclaforeftnoire. Ce pays prend fon nom de la ville capitale,dont les — fon - uéesducoftéduMidydel'eauduRhm , & dcrne e vers le Nord,il y a vne petite montagne, &c dans la ville ilyaplufieursbellcsfûntaincs. Présdc cchcuonvoid ^ vi"ile de Bade Le pays d'Appentzcl ainfi appellé d'vn village de ce nom,cft diuifé eu i z.Communauccz,que les SuilTcs ap- pellent Roden. Il y a fix Communautcz fous la Parroiirc d'Appent- zcl , & les autres fix font fous les autres Parroilfes hors dccettuy-cy. Oril contient en tout huiit Parroilfes, à fcauoir,d'Appcntzcl,Gays, Vrncfchcn, Tiogen,Tuf- fcn , Hcrifgouu , Huncduuyl , & la Parroiirc de la FolTc. Les Communautcz de dehors font Herifgouu,Hun- duil, Trogcn, Vrnefchen, Gays, & Tuffen, & celles de dedans font Appentzcl,Schuuendy,Bruflifouu,Gontcs, Vvincxelbach, & Haflem. Les Valaifiens fontdiuifez en hauts &bas.Ceux-cy habitent à Chablais,prés Sain6t Maurice, & ceux-là en yne vallce qui commence à la montagne de la Four- che , & va vers le Rholne , du Leuant au Ponant trois bonnes iournées iufques à Saindt Maurice, auec diuer- fes moindres vallées de deux coftez. Elle ctt. enfermée de hautes montagnes de tous coftez l'eipicede joco. voire dauantagc,& û efttoitte qu'en quelques lieux el- le ne donne pas prclque paftage au Rhofne, comme on void à Saindt Maurice, où les montagnes s'approchent tellement l'vnede l'autre , qu'onypairc auec vn pont d'vne feule arche. Les Valaifiens font encores diuifez& diftinguez cr libres &c fubieâ-s. Les libres font repartis en fept Cora- munautcz,c'cft fcauoir Sion,Sierre, Leuquc, Baronnie: Vefpach,Brique,Gomefe.Lesfuictsf©ntdiuifezeHdeuî Bailliagcsjc'eft à fi^-auoir de Sainâ;Maurice,Ôc de Mont Olon. La riuierc de Morge fepare ceux-cy de ceux là. Sion capitale ville du Valais,cft nffife fur deux mon tagnes. Le Rhofne qui palTe auprès , naift au pied di Mont de la Fourche,ioignant celiiy de fainâ: Gotard. I coule par la fufdite vallée, iufques à ce qu'il fc va rendr au lac Léman , qui s'eftend depuis Chablais iufques . Geneue,par l'efpace de huid lieues. Le Chablais confi ne auec le pays de Foftîgny. Les Grifons habitent au Midy des SuifTes entre 1 Lagar,& l'Ade, laComtédc Tirol,& leTefin. Ils fon diuifcz en trois Ligues , dont l'vne eft nommée Grifc l'autre delamaifondc Dieu , la troifiéme des Droictii rcs, c'eft à dire Commuîiautcz. La Grilc comprend l vallée deMefolcc,&laCalanquen, & les terres de Ro goret , Ôc de Mufoc, auec fept autres vallées au delà de Alpesjparlefquellcs palfcnt lcRhin,&;lcGlenet. Lamaifon de Dieu polfcde la ville de Coirc , qu ccuxdupays appellent Chur. Cette ville eft aifez bel le, & la riuierc de Lacar palle à cofté d'elle. Les pay voifinsfontauflîfubiedsà cette ligue, au lieu qu'il eftoicnt auparauant fiiicts à l'Euefque , Se à l'Eglife d Chur, loutre ce clic polFede la vallée Agncdine dcl fus,&: deirous,& la Bregaiile, qui fait prés de 1 5 . Cofn munautez. La troifiéme Ligue confine auec le Tirol. On me fous les Grifons la Vakohne , qui a force chafteaux (S bonnesplaccs,& enuiron cent mille amcs. Les prin cipaux lieux font Bormic, Sondrie , Tiran, Pofclaiic Morbcgne , Vakoline confine auec la vallée de Chia ucnnc , où eft Piuit. Toutes ces deux furent vlurpt. c par les Grifons fur les Vicomtes , Ducs de Milai; de mcfme que plufieurs autres vallées furent occupée par les Suides , auec les terres de Brifacq.deLociriic de Bellinzonc,& de Lugnam.Nous en parlerons incor tiiicnt plus amplemcnt,puisquc nous apprenons qu cl le doit cftrc le fiege de la gucire,entre les deux Couroi nés de France 6c d'Efpagnc , pour l'inoafion qui a cil faidc de ladite Vaicoline l'an 1 6io. Qualii Eftat de la Republique des Suifles. /^u l Le pays (irs Siu'ircs contient pliificuis montagnes Se vallées , dont les dciniercs font aiicnncment Ferti- les, ^iqiioy que les premières foic'it alprcs , tonics- ! fois leurs lommets font aufTi vcrds, &c agréables que les plus belles campagnes. C'eft pourquoy il s'y nourrit grande quantité de bcitail. Il abonde au poiiîble de bcftcs princes , &c (auuagcs > & de chairs ~de toutes fortes, c ils ne manquent non plus aufii de grande quantité de gi- bier. Mais afin departicularifcr icy quelque chofe,k; pavs des cnuirons de Zurich eft de grand rapport, & produit grande quantité de vin & de froment. Toutcsfois le vin eft le plus fouucnt afprc & ne peut meurir parfaiéte- mcnt,à caufe du voilinagc des Alpes. Mais ce vinmcu- rit, ou pourmicux dire dénient moins afprc eftant gar- dé quelques années. Le lac de Zurich nourrit vn nom- bre incroyable depoiifons. Le terroir des enuirons de Bafle eft bon, &: porte de fort bon vin , & du froment en abondance ; telle- ment que les habitans fecourent mefme leurs voifins de leurs denrées , lors que quelque cherté (Se ncceflîté leur arriue. Il y a en ce pays de beaux & bons paftu- rages. Lé pays de Berne porte alTez de vin Ôc de froment: quant à celuy de Fribourg il produit toutes chofes nccclïaires, excepté le vin qu'on y meinc d'ailleurs. Quant aupays qui eft du longdu lac Leman,les habi- tans (c plaignent de !a grande ardeur de l'Efté , de la rigueur de l'Hyuer. Et toutesfois le lac ny le Rhofnc n'y gèlent prefque iamais ; & l'Efté n'y eft pas fi ardent qu'aux voifins qui font en France.La terre eft propre 8c facile à clh c cukiuéc , & eft de fort grand rapport. Car on y recueille en abondance du vin, du bled,toute forte de legumcs,du foin,de l'auoine & de l'orge. Sesfruids ordinaires font des noix,despommes,des poires déplu- ; ficursfortes,des guincs, des cerifes douces & aigres,des meures blanches 2c noires , des chaftaignes & des amendes. Il y vient fort rarement des figues. Le v{- bier n'y manque nullement non plus que Icpoiftbn&la venaifon. Ceux de Lucerne ont prefque plus de commodité du lac qui leurcftproche,quc de la tcrre,combien qu'ils ayantde fort belles airies & de bons partis propres à la nourriture du bcftail. Ce pays eft moins afprc que les autres. Quaut aux pays d'Vry, Snks, ÔC Vnderuald,leur ter- roirporte allez dequoy nourrir les habitans. Quant à G aris il y a grande quantité de laictage & de be- Làpaimy les deftroits des montagnes on ne feme guicicsde chanfps,ny l'on ne plante guiercs de vignes. Oii y void de beaux vergers pleins de pommiers , ôc de belles pcairics. Ony porte d'ailleurs du vniA' du fro- ment: Les lacs fournilfent le pays depoilîbn A les mon- tagu js de venaifon , là mcfmc on trouuc force ci- bicr. ^ - Pour le regard du pays de Valais, les fommets des monragnesbhnchiirent par tout , mais au bas , ôc aux vallées on void vnc agréable verdure. Tellement que ce pays produit mcfine heureufement,pourueu qu'on y vueille prendre quclqucpcine.desgrcnadc'., des figues, des oranges,& abonde en grains,vins,GifFrans, ^"^lai- (^agcs. Il naift aux montagnes diuersanimiux, ôc entre au- tres le bouc fauuigc qui rcircmbleau ceif en grandeur, à la chevrcpour !c regard des pieds, & au bouc quant aux cornes, qui luy ccoiflTent d Vn nœud toutes les an-, nées. Il monte par tout où il peut arreftcr le pied en I quelque forte que ce foit. Il faute de précipice en pré- cipice auec vue merueilleufc agilité. Il demeure aux plus hauts fommets des montagnes, où la glace eft ex- trêmement froidc,& lors que le hoid vient à luy faillir, la vcuc luy manque. On trouue entre ces montagnes , dcsvallonspleinsdeforceglace , ei>durcic depuis fore I long-temps de telle forte qu'on ne la fçauroit diftin- ' gucr d'aucelccryft.iil,& en quelques endroits elle eft Ci profonde, qu'elle faic1:qn|2lqucsfois aucc vn fracas ine- ftimablc des ouucrtures de trois cents pieds , voire da- uintage. Çeil: là que les chalîcurs pendent leur chaftc, afin que par le moyen du grand froid elle fe gatde plus longuement. Il y a entre ces précipices des veines d'ar- gent,& quelques- vues deplomb,d'airain,de cryftâl,& , d'agaricAu terroir deSion on découuric l'an 1544. vue I fontaine de fcl. Il y a des fontaines d'eau chaude dé plufieurs fortes,& des bains qui font extrêmement falu- taircs.Il y a aiiffi en ce terroir certaines pierres qui bru- flent eftans approchées du feu. Quant aupays des Grifons^combien qu'il foit mon- tucux pour la plus grande partie , toutesfois il a plu- ficurs vall.cs fort agreables,& qui produifent alFezbon- ne quantité de chofes nccelïiiires à la vie. Mœurs mcienms. LesSuifics ont de tout temps eftéfort bons hommes i ^ de guerre , comme on void alfezparies aflûircs qu'ils donnèrent àCcfir.qui les redoutant lors qu'ils deman- dèrent pairagcponr trauerfer laProuincc Romaine, ôc s'en aller en Xaintonge, pour y eftablir leiu" de.'T]eurc,fic drefter vn mur pour les empefcher d 'exécuter leur def- fein,fe fouuenant que ce peuple auoit vaincu le Conful L.Caffic, & defFait ï armée Romaine. Ils neprenoient pas au refte guiercde peine de cultiuer leurs terres , ôc ne trouuoient en leurs pays alFez dequoy s'entrctenir,à faute de culture , ôc non du terroir qu'ils ont ren- du maintenant de bon rapport , ôc vtile en tous lieux. C'eft auffi chofe alTeurée que dés le temps de Cefar ils eftoicnt diuifez par Cantons ainfi qu'à prefent , mais ils n'en auoient que quatre , dont le p.rincip^ll eftoit ce- luy de Zurich. Ce fut le peuple de Suiife , qui deffitpre- mierlesRomains,&ce fut auflî le premier qui enporta la pénitence. On peut cognoiftre f. ur rcfolution ôc la confiance qu'ils auoient en leurs forces , en ce qu'ils ' bruflerent leurs maifons,& lailferent touten fiiche,]ors qu'ils firent delî*n de chercher nouuelle demeure. Mais ce traid a véritablement beaucoup d'inconfidc- ration Ôc de barbarie. Quant à la poliilùre de l'eiprit, elle n'eftoit guiere grande : toutesfois du temps de Ce- lar ontrouua en leur camp des lettres efcrites en Grec, êc des tablettes de mefme,où eftoit contenu le denom- Mm i 4t i Eftat de laRepublîquc des Suififes. brfmcnt de ceux qui eftoient loitis de leurs maifons, 6c de ceux qui cftoicut propres pour porteries armes, & ji^.cfmcs ils n'y auoient oubli.- le nombre des femmes, & petits cnfan's, qui montoit en fomme à trois cent foi- xante-huict milles ptrfonnes. Cccypcut faire iuger qu'ilsn'ertoient fi barbares qu'on les a cteus , & qu'ils s'addonnoient aux lettres Grecques comme les Gau- lois.Et quant à leur langue vulgaire , beaucoup de fça- uans hommes tiennent qu'elle eftoit patticulicre au nays,pluiloftqu'Allcmande,& qu'elle a eftc corron^pue depuis que les elh angcrs vindrent de diucrs lieux pour vfurper & pollcder les Gaules. Si ie voulois amener icy Icsraifonsdes vus qui dé- fendent mon dire, & des awtres qui fouiticnnent le contraire, icdonnctois autant de peine à monLcdcur qu'à moy-mclme. Il fuffit de venuoycrles curieux à ceux qui en ont fait des difcours entiers , ^ qm ayans fortloicTneufement débattu le pour , & le contre , ont prcfque autant aduancé en fin que s'ils n'auoient rien efcrit , comme il aduient a tous ceux qui cherchent des raifons à perte de vcuë , pour fortifier leurs conic- éturcs. - . Il ne faut douter que ces peuples n'ayentiuiuy pour la plus grande partie les mœurs des Gaulois, du nom- bre dciqucls ils ont efté longuement tenus. Mais après il flitiemplyd'vnc grande multitude deCimbres, qui forcez d'abandonner leur pays par vnc inondation de la mer Occane , coururent rAllemagnc,& occupereni vne partie de la Gaule Belgique, &c ce pays ne lurtilant à tant de ^ens, ils vindrent fur le Rholiiç , ik dc-iiian- derent aux Romains des terres , qui leur ayans c te re- fufces , vne partie palla en Italie , ou clic fut dettai- te par l'armée Romaine , & l'autre qui demeura au deçà des monts, s'arrella en Suiik au pays de Suits & ^'ouelqucs autres efcviucnt qu'au temps de Sigilbert \ RoTde Suéde ces peuples Septentrionaux abondèrent j en telle forte, qu'vne partie fut contr.unc^e de cher- , cher nouueaax pays. Ceux-cy ayans pa(le deçà le R hin i rompirent les Gaulois, dequoy les autres pays efton- } nez, leur depekhcrent des Ambailadeurs, aulquels ils , ne demandèrent autre chofclînon qu'il leur fuft per- j mis de viure en cultiuant les terres ians le dommage , des autres. A raiion dequoy les Suiiles leur permirent d'habiter la partie intérieure de leur pays , qui eft toute pleine de montagnes èc de lacs : & ceux-cy cultiuerent ^ le pavs,& le rcndircnr fertile. . , „^ Depuis les H^ftoircs racontent que près de 1 Océan Germanique il habita trois peuples appeliez Saxons, An2lois,& Vietes. Les Angloisauee partie desVietcs allèrent en la gr.andc Bretagne nommée auiourd huy Angleterrc&etlabliventlàleiirhcge L'autre partie des Vietes alla enSuilfe , & s arretta cnSui(re,& ceux-cy furent appeliez Suiches. En fin ce peuple prit les mœurs de toutes ces na- tions -.tellement qu'il s'en fit vn mdange , duquel on »c fçauroit parler quemal-aifcment , pardes conie- aures pleines d'vnc vaine fubtilite , ou d vn embrouil- lement incroyable. Mœurs de ce temps, LesSuiires font bons hommes de guerre, & propres à fupport-er toute forte d'incommodHez,d'autant qu ils fontnezen vnpaysafpre. Uspratiquent fort la guerre, & y gardent vn bel ordre. Ils ayment le Cor(elet,la pi- que, la grande efpee , & le poignard, & fe fcruent aulfi fort bien de l'arquebule.Uslontde moyenne taille,mais robuftes. Le pays qui n'eft pas de trop grand rapport eft caufe qu'ils s'addonnent a viure de leurinduihie. Ils dépenlcnt peu en habits , tk ne confument guicre d ar- gcnt pour leur nourriture, excepté en pain, & en vain, veuque pour ie refte ils fe contentent de ce qu'ils ont, & ne font point d'eftat de ce qui leur manque, oC man- gent alîcz de chair & dclaiftagc. Il leur furtit d'auoir vnc eftuue,oij ils fe puifTent de- fc ndre du froid. Ils tiennent peude meublc^^en leurs mailons.&font malpolis , rudes & afpres çiileur con- uerfation,6c manquent prefque entièrement de mœurs & de façons de faire ciuiles. Ils ayment extrêmement à faire carous, & ypalïcnc^ les iournees & les nuidts entières , Se cette tuteur vilainie clt venue lî auant qu'on ne fçauroit frire .aijèù- nc aflaiie, ny contrader amitié qu'en b^4ttfâ*à toute reftcveu que ceux qui boiuent dauantage',"ou qui s'eny- urent font eftimez plus francs , & plus hommes debieri que les autres, qui refuient défaire cesexcez domma- geables au corps & àl'efprit.Etmclmeils ne fc conten- tent pas feulement de cela,commc on fait en Flandres, & en tous les Pays-bas , mais encor fi quclqu'vn rcfufe de fe noyer de vin , ils luy porteront loudain le poi- gnard à la gorge, & ce qui luy deuroir fcruir de gloire, luy ferrde fuiet de querelle. Il faut toutesfois aduoiicr qu'ils font prudents, & bien aduifez, puis qu'ils ont Iccu femainrenii fi longuement en liberté, Oc viure pailible- mcntcnrr'cux, combien que leurs religions foient dif- férentes. Outre ce ils font fi bien que les phis grands Princes de l'Europe les recherchent pour auoir leur al- liance,& les entretiennent auec force argent toutes les années. Pour le regard des lettres , combien qu'ils aycnt de bonnes Vniucrfixz, toutesfois ils ne s'y addonnent pas tant qu'aux autres contrées , & leur principal meftiet cftceluy de la guerrc.Ccn'cftpas qu'il n'y ait eu de fça-, uans hommes, &: qu'il n'y en ait encore: mais ce nom- bre eft fort petir,& ie ne parle que de ce qui fe pratique en CCS pays ordinairement. Auiïi pour dire vray leur efprit n'eft pas des plus fubtils , tîSc tient vn peude l'af- prêté dos montagnes : mnis ils ont cela , que quand ils fe mcOent de profonder vnc choie , ilsla conçoiucnt fort bien , encor que ce foit auec beaucoup de peine. Il y en a peude ceux qui fe dépayfent qui ne retiennent toufiouis quelque choiedc l'aâion du pays, CJc mef- me il fcmble qu'ils l'alfcdcnten leurs habits , & en au- tre chofe. Toutesfois ainl^ qu'ils ont pratiqué hois de la Suiifcjils deuienncnt rufez,&: font plus mal-ailez à leurrer que les autres peuples qu'on i^icnt plus remplis de fijieffe. che es. 1 20 Il ne faut parler du pays des Suilfes , comme d'vnc i contrée riche & abondante de toutes chofes , veu que fon affictte l'empefche de pouuoir eftrc tel , &: fon na- turel fiit qu'on doit encore l'eftimer beaucoup de ce qu'il eft capable de nourrir tous fcs habitans. Et s'ils viuoient comme on fait en beaucoup d'autres pays où toutes chofes abondent , ils fe verroient bicn-toft ré- duits à vne extrême mifere & pauureté. Mais leur grande épargne leur cft vnbon reuenu , & après cela l'argent qu'ils tirent des Princes voifins fait qu'ils ne font pas incommodez , comme ils fcroient fi l'on ne payoït chèrement leurs alliances.Ieconfcilè bien qu'on leur doit fouuent beaucoup d'arréragé .-mais enfin ils iont payez en quelque Ibrte , &lcs cnfinsmelmes qui n'ont pas cognoiirance de ce qu'on leur donne , font entretenus par les Princes cftrangers , qui s'ciraycnt d'act]uerir cette nation,puis de la bien conferuer en l'a- yant acquife. Mais pour dire quelque chofe de ce dont ils peuiient tirer du profit , pource que dans la qualité du paysie l'ay remarqué comme en palFant : ie diray feulement qu'ils £ftat de la R cpublîque des Suilîes. qil'ils tirent quclqiicsfoîs beaucoup d'argent de la nour ritiircdii bcftai!*^ de leurs palluragcs. Il fc vend à Zurich vue grande quanti'té de fro- mGnt.qucc'cftprcfque cliofc incroyable. R.ille cfl: auili vn grand abord des marchands, ic Turgovu. Et cette piepubliqiie cft composée de trois parties. En 1« pre- mière font les cieizc Cantons, que les Allemands nom- hicnt o«. Ceux-cy ont tous fculs ce pouuoir entre tojijs les alliez, qu'ils dclibcrent de toutes les chofes qui Appartiennent à la Republique , aux allémblécs publi- ques, CSc donneur leur voix, & participent à toutes les commodicez. premiers Cantons. ^ Rhcguft conquis l'an i j 1 3. & gonucrné par les 1 3. Cantons. Sarungans vendu l'an 1483. par le Comte Ccorgc de Vvcrdembcrg , aux fcpc premiers Cantons, qui le gouucrncnt.Les libres Prouinces prifes Tan j 41 recognoiircnt l'authoritc des Icpt premiers CaiMons- Lugan, Locarne, Mandrcfc,lc Val Madia fontparuc- ■ nues au pouuoir des SuifTes par la liberté de Maximi- lian.FrançoisSforccDucdc Milan,qui leur donna l'an I ; 1 3 -Ces lieux obcylfent à tous les CaaronSj^excçpté à Appenzcl, Bilitonc, Bellizonc, quiobeyfïent aux trois premiers Cantons. _ Mais afin de fçauoir de quelle forte les SuifTes fe font amfi cantonnez,& ont forrpc vue Republique fi redou- table après plufieurs changcmcnsde feigneurie , les pays d'Vry, %nkz Se Vnderlwl ae vindrcnt à récognoi- ftrc en fin pour fuperieur que iïiDpire Romain, com- me on void par les priuilcgcs qui leur furent oaroyez par Rodolphe d'Aufbourg Roy des Romains , qui re- gnal'an 115)1. & par autres Empereurs fes fuccciTeurs. Et ces pcupJcs ne furent iamsus fuiets, comme quelques Vns veulent, à lamaifon d'Auftriche , ainsTEmpiPc eftant en cette maifon ils obcyfToient feulement à 1 Empereur efleu , Se non auxfuccefTeurs de la maifoii d Auftriche. Ces vallées eftans donc en libfrté , les Empereurs" leur cnuoyercnt leurs Gouucraeurs Allemands , qui ' fans fc mcfler du gouuenjement. Se de l'adminiftration ' de fa République, deudienc rendre iuftice aux pcuplesi Se quelques-vnsdeces Gouuerneurs furent chafTez , Se es autres ruez par leurinfoJencc ,pource qu'ils vfoient bienfouuent de diuerfes vilainies Se mefchancecez à 1 endroit des peuples , ainfi que fit vn Gouuerncut d Ondreual , qui voulant qu'vn d'entre eux fuft mis fous le loug d'vne paire de bœufs , ainfi que cejuy qu'il deftinoità telle chofe eutrefufédelafoufFrir , il com- manda qu'il y fuft par force , Se l'autre s 'en eftant foudain fuy,le Gouuerncur fe mit en colerc,& fît pouf cette caufe arracher les yeux auperede celuy qui en eftoit échappé. Il aduint vne autre fois en la mefme vallée , que le l Gouuerncur prefTant vne femme en l'abfcnce de fon I jTiary,de luy appretîervn bain chaud, &,d'y entrer aucc iuy : cette femme ayant différé iufqu'au retour de fon mary,!eGouueTOeur plein de courroux fit qu'elle mou- rut d'vn coup de hache. ^ Dauantage le Gouucrneur de Suiez Se d'Vry, poufTé d'vne grande folie , drefTa vn baflon fur lequel il mit fon chapeau , commandant qiie tous ceux qui pafTc- roientpar là fifîcnr honneur à fon chapeau. liy eut va Guillaume Zen qui ne voulut le faire , à raifon dequoy il le fît venir , &luy commanda d'oftcr auec vn traiâ: I tiré d'vne arbalefte vne pomm.e qui cftoit fur la cefte I d vn fie-n fils, le pere refufa durant pluficurs iours de le faire , mais en fin ne pouuanr plus refift^er, il obeyt. Se aue£ l'ayde de Dieu il emporta auec fon traid ia pomme qui eftoit furlatefte de fon fils fans l'ofiéncer. Et parce qu'il en auoit deux, le Gouuerncur Iuy de- rnanda pourquoy il auoir porté l'autre : à quoy Zen répondit que ç'auoit efté à caufe que fi fou fils euil cfté oifencépar le prcmier,il auoit refolu detiierk fécond Contre luy-mefme. Le Gouuerncur ayant ouy cesparoles,Ic fitprendrc^ & l'ayant mis en vne barque pour le mener en vn ficrl Palais entre Vry , &Bruch, il échappa de labarque,fe mit à fuyr par les montagnes qui font autour du lac , Se s 'appareilla à la vengeance. Mm" 5 4^4 Eftat de la Republique des SuilTes. L « peuples de CCS trois vallccs émeus de ces mc- chanccrcz , 5c ylnhcms autres chalîercnt de routes rarrslcui Gouucineur,&lc mirent tellement en li- hcrté,qiTc le: Empereurs y cnuoycrent feulement après des lu^cs ciuils , cjuine pouuoyent cftre que de leur Seigneurie. , . Or ayant diuifion en l'Empire l'an 1514- a caule qu'vnc partie des Efkacurs auoit eflcu Empereur Louys Duc de Banlerc , & l'autre Fedcric Aidiiduc d'Aulhichc,& que pour cette raifon ils dcbattoientde i Hmpire ; ôc ces vallées ne vouloientpas recognoiftrc Fedcric pour Empereur, ponrce qu'il auoit eupcu de voix, il leur ht lagucnc , ëc ennoya Lcopold Ion fils pouvairaiUirlc pays de Suits , tenant pour certain que Louys ne les pourroit l'ecourir. Lcopold cftanc donc entré aucc vnc aflcz grande armée au pays de Siuts , qui cil enuironné de tous co- ftez d'eau ik de montagnes , & eltànt arrmc aMargu- tcn , fut deftait par les gens des trois vallées , de Siuts, Vry&Ondrcuai, dcquoy le payscavou fut caulc en grande partic,.Sclarairoaau0î, vcu qu'il y auoit de la glace par tou6 les chemins,tcllementquc les cheuaux ne fcuioit de rien en cettebarailk,& les Suilles eu let- tant feulement des cailloux des montagnes les efton- noient en telle forte,qu'ils fe piecipitoient volomairc- mcntdanslc lac. 1 r j Au mcfmc temps par le commandement de Fede- ricils furent auffi allaiUis par.le Comte de Stambourg qui demeuvoit à Vcldane,du cofté d'Ondreual , 2c ks Suiffcs eftans paruenus de ce cofté-là, ne leur laille- l ent palier la bouche , & finirent Couslans cftre afliltez d'aucunes forces clhangcves. Apres auoirfoullcnu cette guerre par 1 cipace de 1. ans entiers, ils refolurcnt pour leur plus grande (eure- tcôc cianquiUitc, de s'vnlt enfemble , 6c tirent vnc Li- gae,qui fut appdléc de troi. Cantons. Voicy ce qu elle contenoit. , . , AU mm de Dku fotU&t, Pourcc que la mémoire de • l'homme ell débile palTe bien tolt,a raifon dequoy il oublie aifemcnt le fucccz des affaires j d'autant qu U eftfortvtile ac nei.elliiire que les choies qui apportent la paix , le repos , le profit 6c l'honneur loicnt milespar *^^Tie:te occafion noasCompatriotrcsd'Vry,Suifs& Ondreuaia , f ufons fçauoii- à tous ceux qui ces prelen- tes liront.ou orront , que pourpouruoir . & remédier auxditficultez&mauuaifcs qualitez des temps , & pouuoir mieux demeurer en P^^'f nous, & nous nous puiflions plus facikment defendie & maintenir nos corps & biens , nous nmislommes Kerrùec krment pei^--! 6c ftabkl'vn auec l autre, & par ce ferment nous auons approuu. 6c promis de roSsconfeilkr& ayder l'vn l'autre auec la perlonne, Xbiens ànos dépens, dedans dehors le pays con- ue tou ceux qui feront ouvoudront faire tort a quel- cu' n denouslantenlaperfonne qu'aux biens,entel,e forte qu'il en reuinft du dommage a quelqu vn de Zs- Ec ce font ceux à qui nous dcuons donner a^de le ^tux que nous pourrons,en kur ailantreparer letort S ic dommage receu , ou par quelque autre voye que ''secondement nous auons ordonné entre nous en cette Li.ue , qu'aucun de nos pays, ou Cantons , &c ^::;n^Lreslucund.nousen^ ^ k ou femelle ; fera obeyllant à Ion vray Seigneur Tx emiccs dcubs 6C honneftes , ou bien a fa viaye Sdeneurie, mais non aux Seigneurs qui voudroien p f drequdqu'vnde nos pays a force d'armes, non ïou roic-it contraindre a quelque cl-lciniufte vc ^u'on ne leur doit faire aucun fcruice tandis qu ils leiont en difcord auec les noftrcs. ' ., Nour auons encore accordé qu'aucuns de nosCan- tons.ny aufli des alliez n'ayderanu! cftraiiger fansi'ad- uis dcsanrrcs Cantons Se alliez. Aucuns des confedcnez ;;c traidtcra auec lefdics cftrangers, fans k confcntemcnt, &c le fceu des au- tres, taiidis que les Cantons ne font pas (li'ets. S*il aducnoit que quelqu'vntrahilt vndes (..antons , & le mift és mains d'aiitruy , ou n'obfcrunft quclqu'vne des chofescy-dclkis efcrites, il fera tenu pour trailu e , & pour homme fans foy , & fa pcvfonne Icra mifc entre ks mains des Cantons , 6c les biens feront confill qaez. Outre ce nous auons accordé qu'aucun de nous ne lupportera, ou prendra aucun luge qui achcptc les Of- fices aniec de l'argent, ou d'autresbiens s'il n'cû Com- patriote. S'il naiffoit quelque différent ou guerre entre les confcderez, les meilleurs , & plus fages efteindront ce difcord , & termineront la querelle par accord , & fî quclqu'vne des parties y contrediloit, lors les confédé- ré:^ qui reftent doiuent allîlter les autres aux dépens dcscontredifans. Si quelqu vn des alliez tuë l'autre il perdra la vie^ finon qu'il peuft prouuer fluy citant oétroyé de ce fai- re) qu'il a fait ce meurtre pour ladefencede fapcrlon-^ ne,&lîle meurtrier s'enfuit, ccluy qui le logera , ou le defendradanslepaysferabanny , & ne pourra retour- ner au pays iufqucs à ce que les Cantons k pcrmcttronc d'vn commun accord. S'il airiuoit encor que quelqu'vn des alliez mift le feu aux maifons d'autruy,ilne pourra iamais retourne! au pays,&: ccluy qui k logera , ou alîiftera lera tenu a la réparation du donsmagc cnucrs h partie interclîéc 6c complaignanre. Aucun ne pourra f.iirc gager l'autre que pourallcu- rancc , .5: ne k pourra faire flins permiiîion de ion jkige. ^ ^ ( j ChacunferaobeyiraHtà fonlugCj&feprefenteradc- uant luy quand il en fera bclbing. j Si quelqu'vn s'oppofc au Iugc,(i!c cft defobcyffantjoa j fait du dommage à quelqu'vn des alliez parfadefobeyl- fancclors ceux delà Ligue k contraindront de réparer ce dommage. Partant afin que la prcfente Ligue & 'Capitulation, ^6c toutes les claufes fufdiéles demeurent à perpétuité ftablcs , & en leur vigucur,nous Compatriotes d'Viy, Suitz, 6c Ondreuald, auons appolé nos féaux à lapre- fentCjFaiâies àBaren l'an 1 3 ij.le i. Mardy après la fc- fte S.Nicolas. En la mefme année tous les priuileges kiu furent confirmez par kfufdiét Empereur Louys. Les dilkntions de l'Empire eftans a^paifées, quel- ques autres pays pouvez par le rude traitement de leurs Gouuerneurs , 6c attirez par la douceur de la li- berté , entrent en Ligue auec les aïois Cantons ful- diéts. Lucernc y entra premièrement en l'année 1 3 3 z.puis Zurichcn l'an 135 I.& l'an 135Z. Zugh, Claris & au- tres. Le contrait de k Ligue des quatre CantonsflailHint l'auant-propos que nous auons miscy-deuantjeft tel. LIGVE (DES (lVjr%E Cantons^ de Lticerne , Vry , Suit^ u orront . oii'.-irtin rie i , , 4U liiTftiitcsltfonr.ouolTont, qii'aiiiadcdclîcnikc nos ! Pr i i T f rcciprc.t^iR mcnr promis de noiis .udcr i'vii laucic , BOUS covlciller ai toutes les chofbs cy-ddHis cfcr/tcs, & ai toutes nôtres honnc([csôc mironnablcs.Noii^idc Luccrnc, Vry,Suîfs,& Ondrcu.ild, auons iclliuc l'Hni- pcrcuviiofhc Seigneur , & l'Hnpire Romain , c\:tcà • qi'oy nous (ommcs obligez en fon endroit , comme nous auons accoullurné de toute ancicnnetés&de nlu-s noiis difaus de Luccrne auons referué noih e ville je^ Conlei lersv, ^Ik tous leurs eltatsjes bonnes couftumes enucrs les citoyens , & eftra.igcrs , co.nnie il a efté f.iif parnos ancclbes. , Nous (uldirs nous rcfcruons ehcorcs en nous-mef- incsvncparticuIariréennosbomcs,iicl{piitcsjrelonnOi ftatuts abonnes coulbmes.conimc nos prcdecelfcurs ont fait par le palsé. Nous Citoyens de Luccrne nous dcuons contenter de tel droict enuers les 3. Gainons , comme il a efté dit cy-deilus. NousCufdits citoyens d'Vry,dc Suitz,& Ondreuald, nous douons C )nrenrcr de citoyens de LucernCi com- me delTus;mais s'il aduenoit ( ce que Dieu ne vueillc J qii aucun de nous, dedans, ou dehors vduluft contrain- dre le deuoir à vn autre,& hiy faire tort,ou dommaaei^ alors la partie qui fera offbncée doit (Iir fa foy conlidc- rer fi ce dommage luy eft fait à tort , & Jors ladite partie aduifera l'autre , & routes deux auec la ville de Luccrne s'enrr'ayderont contre les fufdits , 6c contre qm que ce (oit auec k urs perlonnes leurs biens. Nous Citoyens dcuons à nos dcfpcns ayder aux luldirs Cantons , & au contraircyious fui'dits Cantons CiCiions aydcr à nos deipens aux citoyens de Lucerne, & le tout auec vne bonne Se entière foy, fans contr. diâ:ion. Si par mal-heur il nailFoir quelque dilFerent entre nous (uidits , en ce cas on efiira des meilleurs , ôc des plus lagcs , qui accommoderont à l'amiable tous nos débats , & au cas qu'vne partie voulult contredire à tel accord , les autres dliez affifteront l'autre aux defpens du delobeyHant. S'il arriuoit des ciefordrcs entre les trois Cantons & que les deux fulFent d accord , en ce cas aufTi nouf- dits citoyens de Lucerne nous dcuons accorder,& ay- dcr a ioiltciter le tiers à ce qu'il s'accommode auec les deux , fi nous iu (dits citoyens de Lucerne cognoilFons Se trouiîons quelque chof'e qui nous fcm.ble meilleure pour les deux Cantons. Notis auons encor accordé que noiK fufdits ci- toyens,&pour les fufdits Compatriotes dVry,Suitz & Ondreuald , ôc pareillement les fufdits pour les ci- toyens de Lucerncnouspouuons prendre ai gage l'vn pour l'antre , & qu'aucun de nous ne pourra plus en- , trcr en aucune forte de Ligue ou capitu lation auec au- ] cun , dedans ny dehors , fans le confentement, ou fceu ivniuerfel des autres alliez. i Aucun allié ne gagera l'autre , finon pour afferme^ ment,ou loLlage,& cecy 11e fe pourra faire que moyen- nant la deue icntence. I Ccluy d'entre les fufdits alliez qui confiftera contre jlc iugcment,ou fera dcfobeylFant, fi cefte defobeyiTan- jcc porte du dommage à quelqu'vn des alliez , doit jCltre contrama: à la réparation du domma^re. ts , von-e chaque parcicuiarltG cy dedans compriivfc lera reini pour pcrlonnc qui manque de foy ik de pa- role. Et afin que ces choies foient obferuécs i,:uioIa- l>lcment par nous tous , Ôc par chacun en pnvticuhcr, comme .on a conclu auec toutes les paroles ex-u-cfi-es; nous (u(d,r Sénat, Confeil , & citoyens de Lucerne; uiOMs auec nodre (èel commun , Se de chaque Canton particulier fait fceller la prciente en foy de toutes les ehoics cy-de/Ius eicrites , faites , ôc paisées le premier ^■•iniedy auant la j.Mattin,l'an i j 3 M S EMBLEE FAlCtE A S.GAL entre les quatre Cantons , qui a vjgueur de Loy de Lt^ue. N Confeil de cent . qu'on nomme le gland Confeil de la ville de Luccrne , ôc nous Amans, Conieil,Cdmpariotcs,& toutes les cL" ' nantez des trois Cantons d' Wy , Suitz, .s, Ondr Sd ' -cdn.^aUde,ïousdeSilu^(ommesenttcÏ^^^^ tcrcnt entie nous trois Cantons, l'autre partie,pour- cc que fuiuantla teneur de l'article de ifollre E e parie de volonté^ accord, foit auec droit, pro ? " S "r^^^^^'^^^'^^^^^'^-^^^^^'- 'ees , on entend qu'autant que nous fafdidts deLuccr ' ne mettrons de perionncs en vne garnilon ous fid-dits trois Cantons ferons obligez dîl m S aurant de chaque Canton- particulier. ^ ' qui „o«s a femblé ( à nous dis-jc de Lucerne ) peu conuenable, des-honnelle, ôc inX, .sTc^s p ro lesn'açnsca-émicuxdeclaréesenlaLig.^^ , le,a raifonqu'on ne fe fouuient p^s de ce"s ayLs^à cet" -Uic en la prefente diette d'v^n commun co 'fent n^ent, ôc cneul- conlèil, nous nous fommes .oï^ menr accordez que pour le regad de cet article ot ; de Lucerney deuon. .mettre autant de pa-ibnnes oue d' Vry,SuKs,;^ Ondreuri & tioisenfemble terminer tout différent , ^aff ^e ou arnuei^^qu'aucu^ Pareillement s'il aduenoit iamais qu'il naièquiil des difFeients entre nous trois Câtons, & qu'^' fcili beioW de propofeivou efclaircir la teneur de cefte Li^ue per " elgal ayde,comme il a efté dit, nnn'f ' différents nai/roicnt entre nous de Lucerne,auec qùèlqu'vn des Cantons,parciIle- nicnt toutes ôc quantes-fois qu'il procédera du de- uoir pour le regard des deux parties , ils feront termi- nez auec ayde elgale,comme deifus.Et afm que les fuf- diteschofes durent perpétuellement , nousles auons" confirmees auec ferment , & auons obligé tant nous que nos fuccelfeurs , à les obferuer inuiolablement. Se pourccnous les auons feliées tant du feel de Lucerne que des trois Cantons, & de nos pays, & en auons hk expédier 4. auec les mefiiiesparolcs , ôc lemefmc feel dont non<; snnnc /^n xr<-»^ i- • * S'il aduenoit VnV q'uëFqli^vn^^dc's" ame^z'Vn^ -ft I f"' ^^P^dition , Vry vne'âuïrev quelque hute, pour laquelle il fuft bannv de fa'iurifdi thon rpourucu que ccbarfYuft lignifié aux autres iû. ^ildiaions auec lettres patentes, 6c le feau de tel pays, ou de Lucerne ) alors ccluy qui eft de cefte iurifdifc n Jerabanny de la mefme forte qu'il l'aura efté en l'autre ^ (1 quelqu vn l'alîîfte,& luy donc à manger,ou a boir- ' cluonle fçache,il encourrala peine de i'autre,faufqu' i !ie pourra encourir en aucune forte la peine de mort ^ —""-^-"«tiu vue auiictoutcsdemci- nie. Fait e premier Mercredy auant le Dimanche des Ramaux,lani48i, ^ Ceux de Zurich fe liguèrent auec les.' autres quaa-e v^antons,en lan 1351,- i«*v.c Mm «4 i If 4i6 Eftat de la République des Suiiïes. LIGVE DE Zf^%JCB les quatre Cantons. AVEC NOVsBoLirgmairtrcs, Confcillcrs, & communs cicoycns de la ville d'Vry , Suits, Se Ondrcuald, f(^auoii- faiibiis â tous.&c.qu'aucc bon confciU^ mc^uic confideraciontpoLir raifon d'vnc bonne paixA dctt.cn- ce de nos bicnsA perfonncsA de touces nos viUcsA tous nos pays,^cau profit C^c bien commuii,nous nous femmes atrcmblcz, Z< auons appiouiic, !Sc iuvé haute- ment dcuant Di-ru & fcs Sainfts , tant pour n.)US que pour nos feicceifeurs, Icfqucis nous voulons cftic per- pétuellement comprins en noftre Ligue principale- ment pour auoir &c obfcrucr vue perpétuelle contcdc- ration, qui eftoit aucresfois, & fera à l'aduenir fans ta- che,auec bonne foy,fermc,ftable,& perpétuelle. Et pource que les choies inlhbles font fubjettcs a loubly , (Se le cours de ce monde tourne S>c palFe , & toutes chofes fe changent , à cette caufe nous fulditcs Mais fi la chofe cftolt de relie importance qu'il fuft bcfoing d'allcmbl r quelque diectc, & qu'il adiiint ce- pendant qu'vnc des villes compvilcs en celte Ligue dcult cftrc Iccouru'c, ii faudra fouJain aller'à la dictre, à la mailbn de Dieu.de l'Abbiye fainclc Marie, '6c ad- uifer à ce qui fera plus vtile ; de forte que ceux qui ont adaeriy,fo!entpromptemeiit fccourus. S'il y aiioit encore quelq-.i'vnq'ii fuft a{rKgé,on doit payer à cefte ville ceux qui l'aydent , ou qu'ils ont re- ceas en ayde, 6c ces dépenccs le feront pour le regard de leur lîege. S'il y auoir quclqu vn qui fans raifon fift dommage à vn autre comprins en cefte Ligue , quoy que relie perfonne habicaft hors des bornes fufditcs , lors que l'on fe plaindra de celuy qui fera tel dommage , ou quelque repreiraillc,& qu'il viendra entre les mains de nos confédéré z, on gagera,& fequcftrcra telle perfon- ne , Se ceux qui luy ayderont , & leurs biens , &c leurs perfonnts, &l'on fera reparer vn tel dommage le plus ! piomptcment qu'on pourra. S'il aduenoit encore que nous fufdits de Zurich euf- villes & communautez , nous donnons l'vn à 1 autre | fions quelque dilFcrent auec nos fddits alliez de Lu cefte foy perpétuelle , Si ce clair tefmoignage, auec lettres &: efcritures ; de forte que nous dcuons eftrc prcfts à nous fecourir l'vn l'autre fans contradiction auciine,autant que nos biens & nos pçifonnes s'cftcn- dront , contre quiconque nous voudra oftencer en la perfonne, ou en nos biens, & en noftrc honneur,vou- droit auec forcc,& fms raifon nous attaquer,3c mole- fter quclqu'vn des priailcgiez qui font comprins en cefte Ligue à prefent,i5c l'aducnir , dans les limites cy- delfus eicrices. Premièrement où l'Are naift , qui s'appelle au Giia- liel, & delà en bas , & celle de Berne , où l'Are entre dans le Rhin, & de là iufqu'au coftéoù il naill, & de ce pont par les Grifoiis iufquà la fortcrclfe nommée Reinvenbourg , iufqucs au delà de faindt Got.ird, iufques fur le mont de Placier , & delà iufqu'au Tôt cerne,Vry,Suits,&: Ondrcuald,ou bien auec quelqu'vn des particuliers ( ce que Dieu ne vueille ) il faudra que nous venions pour cefte caufe à la diettc à la mai- fon de Dieu , & la ville de Lucevne , les trois Can- tons tous cnfcmble , ou bien vn particulier qui aura différent auec nous de Zurich , cftira deux preud'hom- mcs,&:nousen eflirons deux autres, & ces quatre iure- ront deuant Dieu 6c fes fainds , d'expédier foudainc- ment cefte affaire , ou par accord, ou par iuftice, ôc ce qui fera conuenu par ces quatre ou par la plus grande partie,fera obferué par les deux parriesfans aucune in- tcrmiiîion. Mais s'il arriuoit que ces quitrc qui leront ellcus pour telle chotc, fe diuifairent efgalemcnt, ou quelque dirtercnc fe mift parmy cux,alors ils doiuent fur la foy qu'ils ont iurée , oflire , & prcndie vn homme dans luiques lur le nium u>- 1 i.iin-i , .....^ ....^j.. — — , -i""-' — ' , . : ^ , . , ii fel,& vne autresfois iufqu'à Crinefel,où l'Are prend fa \ noftrc Ligue , qui loit alors eftmie commun en telle fourcc. Mais fi dans ces bornes il y aiioit quelqu'vn com- pris en cefte L't^ue qui fuft endommagé en quelque force , tant aux biens qu'en la perfonne, alors le Con chofe , (ïcqui ne panche pas plusd'vn cofté d'autre. Et quand à cekiy qu'ils auront clcu volontaire- m.enc , ceux de cefte ville, ou de ce pays luy doiuent lo''ce , ta'ic aux Dicns qu en la pciiuiiuc, ciiuib ic 1 u.i-iii. , v-^^i* ^.^ - i y / feil oc comir^unaucé de la ville, ou pays qui fc trouuera commander qu'il vacquc à cefte aftan'e auec eux qua auo'irreceu le dommage , doit fur fa foy rccognoiftre tre , & s'efforce fur fa foy de depefcher promptemcnC le dommat^e , &: lors que ce Confeil & cefte comrau- telle chofe. nauté , oula plus grande partie de la ville , ou du pays , Et pour le regard de l'argent qui eft deu^ , chacun qm aura receu le dommage, aura iugé de quel fecours doit eftre à droid en la ville & au pavs ou le defen- elle a befemg pour cefte affaire , elle en peut, & doit deur habite, & là encore fur leur foy il tauc qu'on lUge aduertir Ics^'autics villes oc pays compris en cefte & expédie incontinent telle afFaire. Ligue. _ [ Et quant cétadiicrtiircment fera fait , il faut aduer- ' lit par vn Cou\;îer , ou par des lettres du Confeil , ou de la communauié de cefte ville , ou de ce pays , les Confcillcrs des trois Cantons fans aucune intermif- fion, qu'ils donnent aduis aux villes de ce donc l'autre a aduerty fur fa foy : & elles doiuent de nouucau fur leur foy eftre préparées foudaincment auec tout ce qui fait befoing pour aydct àccux qui ont receu le dom- mage. Et aucun de nous des fufdits Cantons ne traictera en nulle forte auec aucun de la prcfentc Ligue , & ne cherchera nv d'efFecT: , ny de parole aucune chofe, par laquelle ce fecours pullFc eftre empcfché , retardé, ou cfloigné. Pareillement chaque ville ou pays , doit prefter ce facours à fcs dépens fans aucune doubte. S'il arriuoit quelque dommage à quelqu'vn qui fuft compris en cefte Ligue, en telle forte, qu'il fuft avifli- toft bcfoing de fecours, alors nous dcuons de tous eo- ftez le fecourir promptcmenJ , en telle forte que tel dommage foit reparé,ou vengé,fans aucun dclay. Aucun de ceux qui font comprins en cefte Ligue ne doit rien faifir,ou fequeftrer l'vn de l'aucre,excepcé fi U feurecé que le créancier a acceptée n'eft pas approu- uée , ayant aulfi accordé que nul confédéré comprini en cefte Ligue ne doit eftre g^gé pour l'autre pour au- cune chofe. S'il y auoic encore quelque perfonne comprile ea cefte Ligue qui commift vn délia pour lequel il fuft banny de fa iurifdiaion , 3c qu'on fift fçauoir ce baa auec des féaux pendants de tel pays à l'autre iucifdi- aion : & celuy qui le logera lors , ou luy donnera à manger.ou boire, s'il eft rccogneu, encourra la mefmc fînon qu'il ne courra nullement fortune de la Nous auons encor rcferué pour nous mefmes cn- fcmble , ou pour quelqu'vne de nos villes, ou de nos pays particuliers , qui fc voudroienc à l'aducnir alUet auec quelque Seigneur , ou quelques citoyens, qu'il ne le pourtont pas bien f.iirc ains cefte Ligue de l'vn auec l'autre fera perpétuelle , ftable & ferme, & nous dcuons conferucr toutes les chofes dcclarees enlapïe- fciite cfcnturc, ^ peine vie Eflat de la Republiouc des Sui/Tes. 417 fdUas de cdk vilic'cn leur, m.rcn n ' &1„tm, ^ '' ^ ' " C-'l-H" -, Co.npa- £••11 • "r.\'"^'is , 'oiî^ qtnls I tuotcs des liois pays d Vrv > SiiicwV ^n,^,/.„J,^ ont Kuccs eièans compnns en celle Lig„c cjnand nous uof. fufons à toL.àc. ^ ' ^ndicuald. I^a- L allant i>iopos fuit l'Ordre des prcccdcns de Zu- rich aiicc les quuvc Canrons donuanc les nielmcs conhns , comme on y void depuis le commencement du Iccoiid cnapirre. Or s'il y mok quclquVn . C5cc. Qu'on life raiciclc iniuanc cjui commcnceiMais fi dans ce^ bornes, ëcc au commencement du i. chapitre qui c(t fembhblc en- tièrement à ceftuy-cy. Et fi aucun des fufdites villcs,&c. Le deuxième chapitre eft de mefine forme que ccièuy-cy. Nous aufll ville & pays» ôcc. Bref celle Ligue cft-dd mclmc que l'autre,& il n'y a que Zugh de pins. Donné a Lucerne 1 an 1552. le premier Mcrcredy après la o.Iean. Glaris s'allia auecles autres confedercz l'an c? comme on peut vqir en fa Ligue» iiildirsdc Luccrne, Vry,Suirs c^- Ondreuald, ferons ad- uertis (cuicment par vn Bourgm.ullre, ou par vn Con- fcillcr de Zurich, alors fur noitrc foy nous ferons tous prcrts àjcur aydcr, en relie forte que le Bourgmaillre, les Cô(eillersc\: les Tribuns demeurent auec fcurpuii- fancc,!curs loix &!ein- iugemcnr. Nous (uldifs de Zurich, Lucernc, Vry,Suirs, & On- drcuald nous foir.mes referuez en celle Li"uc noilrc Seigneur le Roy , & le Saindl Empire , c^^ce à quoy nous (ommcs obligez de toute ancienneté bonne Couftn me. Et de plus nous de Zurich nous fommes referuez nos confédérations, Ligues & approb irions que nous auons faites auantccflc Ligjiie. Nous fufditsde Lncerne, Vry , Suits & Ondreuald auons rcfcrué les Ligues & vnioiîs que nous auons en- femble , & que celles-là précèdent encore iufqu a cel- les-cy. Apres cecy l'on doit fingulicrcmcnr fçauoir que nous auons clairement concliid pour Icrco-ard de ceux qui (ont de celle Ligue, qu'ils demeurent entièrement en leur liberté , en leurs droits , & bonnes couilumes, comme ils ont fait iufqu'à prefent.en telle forte toutes- fois qu'aucun ne molelle ny retarde l'autre. ^ On a cncor conclu particulièrement , afin que telle Ligue foit toufiours plus aireuréc,quc d'icy à deux ans enuiron le mois de May deuant , Se après fans faute, coiinr.c les trois fufdites villes ont ordonné , ou bien fl l'on rcchcrchoit telle chofe de l'autre , nous deuons faire que celle Ligue & vnion foit efclaircie auec les paroles,c(crirurcs& ferments,& que toutes chofesne- cclîàircs Ibient fiites , & tous ceux qui pallcront dix ans lurent d'obfcruer parfaitement telle Lio-ue auec tout les poinclsqui fontefcrits en la prefenteffans au- cune contradiârion. Mais s'il aducnoit que toutes chofes ne fe fifFent pas dans tel terme prccifémcnt. Se qu'on prblongeaft pour raiion de quelque atlaire,cela n'apportera nul preiudi- cc à celle Ligue,puis qu'on a conclu clairement qu'elle doit demeurer perpétuellement ftable 2c ferme , auec tous lespoinds&articlcsprcfents; ^ Pareillement auce vue bonne & meure confidera- cion nous auons referuc que fi pour noftre bien , com- îmc il faurnousfaifionsde commun accord,ou mainte- aanr,ou àraducnir,& aduifaflîons de faire ou dire au- trement que nous n'nuions dit ou efcn't en celle Li |;ne,nous pouuons faire tout cecy l'vn auec l'autrc,veu" & nous Amans Se communlcomna^ri^r^cTv "'c"^'' pe nous qui fouîmes compris en celle Ligue nous & Ondreuald fcaaou" fXns :onIcillcrons touliours vnanimement, & accorderons ' ^" " ^ ' LlGFB (De GL^\ls, XT Ous Bourgmaiftres,Confeillers,& communs Ci- ,0 L ^ coyens de Zurich,les Amans, & communs Com- patriotes des pays d'Vry,Suits,Ondieuald Se Glaris fai- Ions lçauoa-,&c.comme au;£ précédentes Et nous fuldits de Zurich, Vranie , Suits, & Ondre- uald , pou^-i-a.iond'vne bonne ^particulière amitié permettons aufdits de Claris de fe pouuoir allier à leu plai ir auec nos confeclerez de Berne , Lucerne , & Zugh,ou bien auec quelques-vns de çeux-cy en parti- cuher, auec pache toutesfois q.ie celle Ligue précéde- ra 1 autre,& fera perpétuelle: & nous fufdlts de Glaris acnous allierons auec aucun , foit Seigneur ou autre lans licence & volonté de nos fiifdits'confeder x de Zurich, Vry,Suits,& Ondreuald; En foy dequoy , &c. comm^ aux autres lettres en mettant Glaris. Donné le Lundy qui finit la fepmaine de la Penrecolle l'an 1357; itpmaine LîÙVB Î)E ^BKUe avec les trois Cantons. ^ Ous Sénat Confeillers&Ies deux cents Citoyens tl:;:rr^}^''' ^1^-- - Heuchelan'de, 3i ans doute ce qui femblera plus vtile. Et afin que tout ce qui elt cfcrit par nous à prefent, ^'le lera à l'aducnir, tant pour nous que pour tous nos [icccircurs, demeure vray Se eftably à perpétuité, nous iifdites villes Se pays de Zurich,Lucerne, Vry,Suits, & ^idrcuald auons fait attacher nos féaux aux prefcn- ;s,à Zurich le iour de S.Valbourg,le premier deMav ■1" 1 5 3 1 . ^ Zugh entra en ligue auec les fufdits Cantons l'an ÎJi.commc on void par efcrit cè qui s'enfuir. ICFB fDE ZVQH AVEC les cinq Cantons. J Ous Bourgmaillres , Confciliers , Citoyens , Se I ^ communautez de la ville de Zurich,ConfeilIers, Elle contient toute la teneur , & tdutes les parole, de a Ligue de Zurich auec les quatre Cautons:mais le lieu de la Diette,c'eft Riembolte Nous/ufdits de Berne pouuons aduertif les ti^ois iuldits Cantons contre ceux qui voudroient endom- mager nous & nos citoyens , & ceux que nous auons en gage. Se qui font proprement noftres, & non pour aucuns autres , & contre tds ils feront tenus de nous ayder, & fur toutes chofes fufdites nous trois Cantons deuons enuoyerlefditsfecours par le Brunigh , luf- SuesaVnderluuen . ceux de Berne donneront ar- gent a chacun des noilres que nous leur aurons cn^ uoye arme , tous les iours durant tout le temps qu'ils les tiendront à leur feruice . Se à leurs dépens, & nous nous contenterons dececy , ^quelesnle feto"! nent de leur feruice à Vnderfuuen , Se non plus ou- Etnouslufdits de Berne ehuoyans nos gens pour Kouis aux fufdits trois Cantons, ou à queiqu'vn ert 4i8 Eftat de la Republique des Suiffes. ' - VI, . C^rr. .,U1 :/%t-,c .sir n navricuUcr , on obtcvucra le l.fdit ehai^urc lufqncs a VndrcfLiacn. Et s'il aducnoit ils fu Icp,t .ilicy,cz comm.ncmcnr , .lors nous de Berne y dcnons allu a nos propres dépens. _ . Ec s'il arriuoit quelque guerre qui touchaft a tous. Se qu'.lovs nous fuCdirs de Berne , ou nous trois Can- tons allaffions contre les ennemis , & les enuomma- aeafllons en quelque lieu que ce fuft , pour tour cecy aucun qui fera compris en celle Ligue , ne comptera nuls dépens à l'autre. , ! Si nous de Berne prenions & alfailhons le pays | d'cnhaut nos voihns,alors les trois pays leronc oohgez , dalfaillir les ennemis , les endommager tant quU , pourront , ôc pour telle fadion nous ne comptcron j point de depc.îsl'vnàhum-e : & ail contraxrcli nous îufdirs trois'Cantons alFai^lons^on obfeiucra le mclme ^•^t:icle. ^ , ,. „„„ (1 Nous fufdits de Berne nous fommcs obligez que ceux de Zurich , & de Lucerne auoienc befoing d ay- de,& s'ils la demandent aufdits ivois Cantons leurs al- liez, quand nous ferons aducrtis par lefdits trois Can- tons , nous fommes obligez d'cnuoycr prompremenr noftre fccoius à nos dépens , i ' ' - - -- -j— — ^^•l't i'llcment tous les dix ans chacune des parties fc part.cs auons fpecialement confcnty que nous Empc- fera lire la prcfcnte vnion pour nue.^ 1^ o c qui reurMaxmiilian , & Charles Archiduc , pays, & gens doit cfhc obVcruc ^ ^ CoiT^pm en celle perpétuelle vnion,auec tot.s ceux qui Semblablemel,t nous dites parties auons rc feruc- en à^duemr y feront adjoints, ^ appartenans,ne ferons ccOe vnion le S.Sicge, le S.EnLrc, J o c .x W aucune choie qui pmlle c(mouuokguerre,& nous dits nous fommes obhVcz ^ ^ Mts en vfa-ons de mefine. Jy^ , Cet.x qu.cn part.cul.er,ou en generaU prefent,ou tellicencc , droid cinil , & ckoid d^ r , ^ rcqucllc. Afin aullî qu'à l'aduenir on foit preferué de telle violence il a efté conclu,auant qu'ils entrent cndroid Iclon fordonnance du iugcmcnc , que l'vne, & l'autre partie donnera alfeurance qu'en perdant chacun fera latisfaicl de fon dommage. o Les parties qui plaideront s'obligeront toufiours par efcrit à l'endroit des luges efleus pour terminer le procez , de n'en prendre aucune mauuaife opinion, & comme il a efté conclu par le tres-Chreftien Roy' de France Loiiys en la perpétuelle intelligence. Pareillement en l'vnion héréditaire faidte par noftre oncle Sigifmond Archiduc de bonne mémoire , ou les huid Cantons, c'eft à fçauoir Zurich, Berne, Lucernc, Vri,Suitz,Ondrcuald,Zugh,& Glatis ne font compris.' M.ais nous dites ville Bafle , Fiibourg, Schafflifeii [Cependant auec Icfdits huiâ: Cantons de ladite Ligue, & aulîî nous Abbé auec l'Abbaye & ville de S. Gai , & le pays d'Appentzel, auec noftre ville, nos chaftea'ux, pays , & lieux , fommes depuis peu en 9a venus auec |lcfdits douze Cantons en perpétuel droicl ciuil des jpays adjoir.ts,&c.comme delfus. I Et nous Empereur Maximilian , Charles Archiduc, &c. acceptons en la perpétuelle vnion, comme de/fus leldirs de Baile,Fnbourg,Soleurrc,Schaffufe,rAbbaye Avilie de S. Gai , comme le^, autres fufdits Cantons, ainfi que dclFus. Etafin qu'aufdits endroits toutes difcordes foicnr akees : on a conclu que de tous coftez cous .-léles , Se des Grifons auec les Cantons. XT Ous Bourg-maiftre, Sénat, Amans, Confeillers, Compatriotes, &communautez de Zurich Lu cerne Suitz , Vnderuald delFus & de/Tous Siluie', & Zugh, & fes officiers , Claris Se. les fept Cantons dV.^ part Se nous Artiaiis , Se communautez de Rifcftr.s Fioghs ^communauté de Lugres, Amans Se Commué d"vb?rf "^^^ ^«PP^'Amans Se Communauté d Vberfauih Amans, & communauté d'ilris. Amans Se communauté de Scor, Amans , & communauté de Rhegemburg, enfemble auec la Tofcane . & Rct^ AmansA comnmnauté de Chiriuald,Amans, & com- TZT ^'^^'^''T ' ''^"S^"^"" ^ ^"u^-e la vallée d Atiiloye,Amans,& communauté de Teuleur, Amans ^communauté de Scoppouinem , Amans Se com^n" naiite deFiuz , cotis communément delà Ligue Grife en 1 Aime Rhetie d'autre-part, nous fommes enlemble vnisen vne perpétuelle, & fidelle Ligue, Sec. Qne V, honore l'autre,qu'on ne molefte perfonncqu'orTfe fe coure,& dcftende l'vn l'autrc&c ^ Et s'il nailFoit quelque différent parmy nous &c il faudra aller à Valeftant,& là le termineiv ' Et s il y auoit quelque difterent entre des perfonnes particulières on agitera la caufe au lieu où le deffen ::cLïcte;;fiits?^^"^"^^^"^^^'-^^^ Et qu'à l'aduenir en s'alliant auec d'autres , on ne Eftat de la Republique des Suiffes. 410 Si routes les deux pairies vcnoicnt aijoir guerre aucc quelqu-vn,qu alors aucune partie n'accepte lapaix,qua l'autre n'y loir compnfc. ,0 £n foy dcquoy , ikc donne leMcrcrcdy auant la S- Pgu- venir aux Valaificns en 1 an 141 7- on vit allier auec Lucerne, Suitz, Vndcruald, de Vii cinq dizaines, Sion,Sidres,Virp,Biig>& Gembs. Depuis en lannee 1518. l'alliance foc lenouucllcc «ar rEucfoucfon chapitre, & les Icpt dîzames de tout le Valais aucc Vii,Suits, Onaciiiald,Lucernc,Zunch, Fribourg,^^ Solcurre, Ôc en l'an 1 475- ils s'eftoicnc al- liez aucc les Bernois, Si quelqu'vn faifoic vn meurtre , ou quelque antre mal &: dommage,il fera iugé , & chaftic félon la Loy de la lurifdi6lion où il aura faict quelque mal. Nous auons referué l'vn à l'autre &cc. comme cy- delfus. i S'il arriuoit quelques differcns qu'on les dcfpcf- chc , &c. I En foy dequoy 2cc. Donné- le leudy après la Pcntc- ' coftc, l'an 143 S. Mulhaufcn s'allia aucc les autres , l'an i5i5.&fa ligue contient mcfme chofe que les autres , comme aulTi celle de Rotuuil confirmée l'an 1519- 34 CONCLFSlOn^ET M(riCLES du droiB Commun auec les Seigneurs, ((S- Tays des FaUifiens. PRemierement nous N.N. fommcs alliez enfcmblc en droia commun, & ainh eue nos piedeccireurs ont efté, 5cc. Que nous nous deuons amiablement aydcr l'vn 1 aii- tïc&c. Et d'autant que pour beaucoup de raitonsplulitius villes fe font départies de rfincicnne foy Chrcitiennc, quand elles nous en voudroicnt recirer, nous-nous de- uons ayder,& fecourir l'vn l'autre à nos dépens. On iugera les homicides, où ils auront eftc commis, 3c aucun ne gagera^&c.commc cy-delfus. Aucun n ordonnera des charges, daccs , ou autres chofes aux fujetsde l'autre , mais l'on viurapubliquc- nicnt comme par le pafséjilkic. S il aducnoit. Sec. que l'on puiflTc s'entremettre aucc l'autre. . ,., - Nous nous referuons tous deux 1 ancienne liberce, & la vie que nous auons maintenue parle palse. Nous nous refcruo.ns aufll les plus vieilles Ligues, venant à forclore feulement le chapitre qui concerne la foy Chrclticnncpour la defence de laquelle on doit empefcher quelque vieille Ligue que ce ioit A celle Ligue fc font encore joints l'Eucfquc Sc le Chapitre de Surs,&deux dizaines Sus,& R,euen,qui fe refcrucnc les plus anciennes Ligues. En foy , Sec. Donné le iour fainde Catherine, '^i;Àbbé& ceux de faind Gai firent perpecuellc al- liance auec Ici Cantons de Zurich , Lucerne , Suicz 6c Claris en l'an 1454- cncores qu'ils fulfent feudataires de l'Empire. LÎGVE DE SAIUCT G AL. Nous BourcT-maiftrc, &c.de Zurich,Bernc,Lucer- ncSuicz , Zugh, Se Claris : nous Bourg-maifttc, Confeillcrs,& Cicoyens de la ville de S.Gal,nous fom- mcs perpétuellement alliez. S'enfuit la forme de la Ligue, , f Secondement nous-nous deuons deffendre l'vn l'au- tre , Sec. Se aucune partie n€ doit commc^nccr gucure, ny fane paix , ou ligue fans le confentement de toute l'.uurcou de la plus grande partie. En nos ditierens noHS deuons obevt au hdcllc con- fcil des parties non intercfsécs , & nous a..commodcr enfcmblcou par accord,ou par railon. Si eutrc nous dits confedercz ^c. comme cy- ckifuS' LA DE\mERE TMK FJITB auec ceux de Zurich , le iour de jainH OBauian ïan 1581. NOMS Capitaines Bannevals,Confcillers de guerre y Se de paix, & Communautez des cinq Cantons, c'eit à fçauoir.Lucerne , Vren , Suits , V.:dreuald,-& Zuah, d'vne part, & nous &c; De Zurich, Berne, Baile, Schaftlife d'autre, toute chofe laifsée fommcs venus à vraye Se fraternelle paix,enfemble,&c.Ccfte paix con- tient quelques articles de religion , Se quelques aucres- parciculiers,&c. Pi emieremciir que les cinq Cantons demeurent en l'ancienne Reh'gionChrcftienneauec leurs adhérants. Ceux de Zurich &c.demeurent en la nouuelle reli- '^'^Qu'ils ne mcfprifcnt l'vn l'autre pour raifonde la Foy. , , . Qu'elle demeure en la teneur des autres Ligues. Qu\,n lailfe aller les prifonnkrs de touscoftez aucp payement raifonnablc. Que tous différents nez entre nous en la prelente oucrre,& auparauanc foiciit amiullez. . " En foy dequoy , Sec. Donné le iour de S. Ocl:auian, l'ani55i. I Paix de Berne 1537» * 1| Cefte paix fut concilié par l'cntremife du Roy de France, Se la guerre cftoic entre Icfdids cinq Cantons Se les,autres , pour raifon de la religion , àcaufe quils fuiucnt l'Eglife Romaine^ ils conclurent que chacua croiroit àfa mode,& ptcmiercment que de la nouuel- le foy on pourroit venir à l'ancienne,& celuy qui vou^ dra demeurer en la foy en laquelle il fe trouue,le pout- RÎaigard,Maligicr Sç Frimon, Se chacun fe referue fcsamis„Scadherans. . Pour raifon de la foy, ils ne fc mefpnleiont pas 1 vâ ^ ^Toutes les deux parties retourneront fous la fornlk des liiiucs iurées. .,, Ceux de Berne payeront aux cinq Cantons 5. mille cfcus au foleil , pour les dommages faits a pluficius E l ' Te s ^Lcs'prifonnLers payeront premièrement la defpcn- " Par h pi-efentc paix tous les différents nais aupara- uant feront abolis, Se iamais on ne les pourra rameute- "°En foy dequoy , Se-c Donné la vigile de fainde Ca- chcrinel'an 1537- , ^ ■ Voila les traidez faits entre ces peuples qui peu ucnt prcfque entièrement apprendre au Lccteui quelle force ils fc gouuerncnt. ^ Or ces peuples font diuifez en I p. membres, dont Eflat de la Republique des SuIfTes. 411 cfl compose vn corps fciil 5c bien vny,&ccs membres font les treize CiDioui , les GiifonS} les Valàiiiens, S. Gal> Miilran(oi), îk Ronuiil, Surqtioy il but remarquer que les Républiques doncon.1 quelque mémoire eue tenu trois voyespoui s'ellenrire. La première fut celle qu'obTeruereiu les Spartains & ifs Athéniens, qui après auoir conquis les Cirez, fe I les rendoient aulfi coft (ubjcttcs,& n'ayaus pas le pied allez fore pour fouftenir vn li p^rand fardeau , fe ruyne- renr. Car c'cll chofc mal-ai(ce de tenir par force les places qui ont ajcouftumc d'citre libres , & ce moyen cft plus inutile que nul autre. L'autre chenu'n fut tenu auanc que l'Empire Ro- main s'cflcnadjpar ItsToIcans, qui auoient douze vil- les, encre Iciquelleseltoien; Friczoli, Arezzc, ôc Vol- rerre,il y auoir vne ligue de plufieurs Republiqucs,en- tre lefquellcs il n'y auoic nulle dilference d'authoiicé, & ils rcndoic'nt compagnes de leur puill'aaces les ter- res qu'ils venoientde conquelter. La voye a cllcrcnu'c pat lesRomains , qui s'alTo- çiercnr plulîeurs Républiques , qui viuoienc toutes foul">s mefmc loy les Romains le rcleruoienc la feu- le aiuhorirc de commander, & d'entreprendre. Cette façon fut iugce meilkure que toutes les au- tres, ainlî qu'on en vit les ciFcds. Apres ceduy-cy on peut mettre celle des Tofcans auec laquclleils tindrenc l'Empire de laTofcane,&: d'vne grande partie d^ Lom- bardie, demeurèrent longuement libres & paifibles, iufqu'àtant qu'il vint vne vertu qui accabiaialeur. Leur façon qui eft obleruce auiourd'huy par les SuilTes,& leurs confedeitz,qui font tous vne Républi- que diuuce en plufieurs,enirc lefquels il n'y a nulle di- ftin<5i:ion de dcgrcz , vcu qu'ils ont chalfé tous les Sei- gneurs qui auoicnc mrifdiction en leur Eîlat , &il n'y a parmy eux point d'autres Siiperieurs que ceux qui lonr Magiftrats. Tous les a^urres font égaux , combien qu'il y en ait quelques- vns qui font beaucoup eftimez des autres pour leur prudence , (Scentr'eux l'on eftimefort la no- bielfe, comme on fait auffi à Argentin?, où nul ne petit eftre admis aux Magiftrats & dignitcz delà ville j s'il ne prouue qa'il cft gentil-homme de quatre races. Mais afin de dire encor quelque choie particuliers Je leur gouuernetnent , vous deuez içauoii qu'on eilit ■ de chaque compagnie vn nombre égal de p< t{onnes, ors qu'il eft queftion d'aller en quelque conieii public. ^ Or il y a deux Confeils publics aux villes de Zutith & de Balle , qui font de plus grande authoriic , c'eft à rçauoir le grand Confeii , lors que plufieurs s'alTem- -ilentau nom de tout le peuple , & ceftuy-cy n'eft af femblc qu'aux plus importantes & prei^^ntes affaires du public, & le petit qui gouuerne tous les jours la Re publique , &c cognoiil les différents des citoyens : à i'irich le grand Confcil eft de 200. hommes , à Bafle ic deux cents quarante-quatre. Le petit Confeii de Zurich cft de 50. hommes , ôc :eluy cleBalle de 64, Car on en met u dechaquecom- )agnie augrand Confdl : mais à Zurich on en choiût 8. d'entre les nobles. Ceux de Zurich donnent trois lommes pour bande , ou cribu pour le petit Confeii, if ceux de Bafle quatre. Ils adiouftcnt à celadeuxCon ulsqui font chefs du Conftil public en chaque ville, ■-t à Balle il y a outre cela Tribuns qu'on nomme Chefs auec les Confuls. Dauantage à Zurich la com- pagnie des nobles enuoyent 6 l-Korames au petit Con- cil , au lieu que les autres compagnies n'en enuoyent jue trois, & encor les autres iîx font efleus de quelque ■^mpagnie, ou tribu qui plaill au Magiftrat. Le petit -onlcil eft diuisc en vieil &c nouueau. On nomme vieil Sénat ceux qui ont vacqué à leur >ffice i'clpace ds demie année. Or encor que ceux- cy s'alfemblent ïors qu'on tient le Confeii , toutcsfois ils ne (ont pas touhours ..ppcllcz , & il y a des chofes qui le tom (culemenr par le nouueau Sénat. A B-fle le grand Conicil efl diuiléde m-fme , & le petit Confeii sallcmblc ordinairement trois ou quatre fois toutes les fepmaincs. Chaque Sénat a pour Chefvn Conful quils appellent Bourg maiftre, ceftà dire maiftrcdes Citoyens . qui eft efleu par le grand Confcil. Ceux qui ont plus de pouuoir après les Confuls , font Tri- buns, que ceux de Zurich nomment Obcnfte.nifter &c ceux de Bafle Zuntîrmeifter. Il y en a 5. à Zurich' & i. à B>flc. Si quelqu'vn en dcfirefçauoir dauantage pour ce regard, quil life lofiasSimlerusqui en tfcric tout au long. ^ Venons maintenant au poind qui cft plus confide- rable. Tous ces Cantons viuenC en façon de Republi- que, veu qu'ils font tous vn corps enfemble . & eftans leparez ils font membres , combien que chaque Can, ton ayc Ion Chef pris de fa principale ville , ou bour- gade. Car chacun faid fon ademblée particulière;' mais quand il le traiae quelque chofe de grande im- portance, on tient la'Di< rte générale en vne des villes ordonnée entr'euxià laquelle 4.0U 5 .hommes des prin- cipaux de chaque ville, on bourgade fc vont rendre. Et aux délibérations qui s'y font, elles font toutes de bon accord , combien qu'vne ville n'ayc nulle audoricé fur 1 autre. Et s'il aduient que la guerre fe fafle pour tous les damons, chacun met pour fa rate part ce qui eftne- : cella.re pourcefte gjcrrc, & ce qui eft conquis elt commun à tous. 11 eftvray que fi parfois deux ou trois Cantons acquièrent cnfcmble quelque chofe auec les armes, la conquefte n eft pas aux autres, mais a ceux . la feuls q«i l'ont faide. Et combien qu'il fem- blaft aux autres qu'ils y doiuent participer , ainfi qu'il elt arnoe, lis ne peuuenr, pour ce que le Roy de France a luge , eftjm requis par eux comme luge en cefte dsf- hcultc, que la conquefte particulière apparticndroic aux parciculi.rs. Et pour cefte caufc quand vn Canton ve«t taire parucuîierement la guerre , on fait Icuée de gens (ur fes terres. Mais s'il falfoic vne arméz rpar exemple pour le Roy de France ) de vingt ctuq mille-hommes de pied, on bat le tambour, & tous les Cantons donn'>nrIes hommes qu'ils veulent . & lors lesCipitaines en efli- ent zj.mille entre jy. ou 40. rcnuoyenc les autres en leui mailon , & ch.iqu.: Canton a fon principal eften- dart. Les Valaifiens ont pour Prince & Sn'gneur tant tem- porel que (pintuel , fEu.iqne de Si.n , par odroy de Char.emagne, confirmé après par d'autres Empereurs, &i cet Eueique eft eflcu parles Chanoines de Sion, & par quelques Députez de toutes les fept dizaines. On a I donne apœs à ce Prince vn luge pour les caufes pro- fanes qui eft appelle Capitaine toutes les deux an- nées à Noël les Dcputez de l Euefque, les dizaines ellilent ,e noîuiea-i Capiraine.Chaque dizaine a (es lu- ges 6c Oilîciers.dem-fmeqneles lu Cômunauccz no- me s Ba.)n,eres , ont leurs Gouuerneurs ôc leurs lu^es. Q^nt aux Grifons, ils fe gouuernent populairement*, & tiennent de deux en deux années leurs Diettcs à Chur,où ils Cl cent les Officiers,& publient les Loix. Religion, Des treize Cantons il yen a quelqacs vns qui font entièrement Catholiques, d'autres qui font meflcz , U d autres qui font heieriqnes tout à fait. Les Catholiques font Suits,Vren,Vnderuald,Luccr^ ne,Zugh,qu, font contigus, l'vn à l'autre, comme aufll bribourg U Soleurre,ma!s Zurich,Berne,Bafle & Scha- phufe lumenc la doctrine de Caluin. Nn Eftat de la République des Sulfles. Les m-.ûiz fontGlavis & Appentzel. Ces d'eux, eftans entre les Cai.tons Catholiques , & les hcteci- | qius, participent des cjualiicz des vns & des autres. U eftvray que les principauaz d" Appentzel , & la plus craivlc partie du peuple font Catholiques. Le pretnier Canton où l'hetefie mu le pjcd , fut ce- luydc Zurich , pour raifon de certain Riefcontente- m. lu , ne du manquement de la paye que les habitans prctendoientleur eftrc deuc par le Pape Iule ILàquoy ils furent incitez par Zuingle ,& l'année 15 16. aboli- rent la MelTe en tout leur pays , 6c luy fubftvtuctent la Cène, Si la ttjerme (efte s'cftendic auxCantons de Bet- ne,& deBaae,le i« de lanuier l'an 1518. àBerncapres vne longue difpute faite deuant leScnat on lettapar terre Us images des SS. & on y abolit la Melle. Quant aux Grifons.ceux de laLigue Grile lovn pouc U plus grand part Catholiques > & lesaucrw ptefques tous hérétiques, qui fument la doâ:rme de Zuingle, qui renouuclla l'erreur jadis condamné duSactaratn- taire Bcrenger. Toutesfois oa fait l'Oifice à la Catho- lique, à Chur , ou Coire.ôc Fullcmbetg , où riiuefque eft obligé à demeurer la moitié de l'anace, &c à Ruflun, fief des Archiducs a'Aaftriche. E„ la vallée d'£ngâdinc,& en laPregahe.qui appar- tiennent à la Ligue dsla raaifon de Dieu , en plu- fien.s lieux des huiék contrées , il y a des villages ou l'on n'adid la MclD depuis beaucoup d années en 9a. Pofclaue lieu de la Ligue de la maiion dt Dku. clt di- U'ïé en Hérétiques, & Catholiques : mais ceux la ont continuellement va Miniftrc . au Iku que les autres ont efté quelques années fans Prefttes. Il eft perinis à chacun entre les Grifons de viurecomm: bon luy fem- ble. ^ de fuiure la Kcligton qu'il veut , &c toutesfois ceux de la nouuelle opinion tyrannUent bien fouuent en cela les Catholiques, veu qu'encor qu ils fe feruent de Mimftr^s détoure nation.ils ne veulent que les Ca- tholi lurs oyent des Pretlres eftrangtrs,& ceux du pais qui font leur dcuoir fontfujccs à mille outrages. Qiii fut en partie caufe en l'an iCio. du maflactc qui fe ht défaits Grifons Ptotcltans pat les Catholiques de la ValtoUncqui fe reuoltcrent contr eux,^qui eft caufe fluffide la perte de toute cefte vallée occupée mainte 1. Qu'il ne rcfigneroit l'Euefché à nul autre fans le vouloir & fçauoir du Chapitre de la Caddeengtnc- rali Qu^il nengageroit ny ne rcndroit aucune chofe desproptictez "de l'Euefché fans le confentementdu- dit Chapitre de la Cadde. 4. Qu'il rcndroit compte audit Chapitre & à la Cad- de des chofes &c appartenances de l'Euefché, quand il en leroit requis. 5. Qu'il lailTeroit enforce& vigueur les ventes que laCaddéc auoit faites de quelques proprietez de ladi- te Euefché, au temps dudit Euefque Paulus. 6. Et qu'il poutuoitoit toujours perfonncsdelaCad- dée,aux offices de l'Euefché comme Maiftte d'Hoftel, Bailly de Surftuans & Capitaines à Furftambery & Ra- Et f.^ut Hotter que ce qui donna grande occafion à ce tumulte &c mal-vueillance defdits de la Cadde con- tre ledit Paulus , fut que luy cftant eftrapger & Secre- tairede l'Empereur Maximilian.paruint audit Euelchc par refignation Se compofition aucc (on predecefleur, qui eftantfn alïïz mauuaife intelligence aucc lefdits Grifons , s'eftoic rcciié en la Cour dudit Empereur :& en ce temps eftant arriuc le changement de la Reli- gion en Allemagne & en Suilîc, k différent ayda peut- eftre beaucoup à la faire aufdits Guions pour le moins eft- il cettam que s'ilvouloit auoir quelque repos , it fallut qu'il accordaft lefdits fix articles & aucc tout ce- la en euft il bien peu durant trenr,e huidl-ans qu'il fut 1 Euefque. ï Entre ledit Paulus &Beatus, qui eft auiourd huy i Euefque de Coire y en a deux, dont le derniernommc Thomas, eftoit de la famille de Planta. La mort de cettuy-cy arriuéeen Tan 1565. y eut vae grande Brigue entre ces deux maifons de Planta & Sa- lis, qui font ennemis & les ptemicrs de cette nation.à qui toucheroit ladite Euefché , en quoy les Planta, pac la grande authoritc du feu fieut de Rothmus , qui a peut-eftrecfté la principale caufe d'auoirfait machi- ner &c aduancer la mort qu'on luy a fait fwufFrit au der- nier tuin ultcpreualurentd'vne voix à l'eledion pour ledit Beatus , qui le deuoit garder au fils dudit Roth- anlhd'- a oerte de toute cciicvdi.ct ^......^ , ^ n n oàr le Roy d'Elpa^nc contre toute lorte de droiâ:, ; mus Doyen de Coire,enco.e ieune:mais es Sal.s,ayan$ Siuove Smfles 3c Grifons pour ia t'eftaolu en ! Cadde.inîroduifirent comme de force vn des leurs en Italie ,biaoye ,:>umes oc V, ^ ' i„j:.„ c.r.ki . ,i ri,.r hor. nnplnucremos . durant lo i premier eftat. DV TROVBLE DE LA VALTELlNE artiué en l'an mil fix cent vingt. D:s âiprtnu titre l'Eaefjue di Coite & les gri/»ns, d'vù eji arrmé le trouble de U keltgioru [ladite Euefché; où il tint bon quelque temps , durant ! lequel fe firent quelques voyages à Rome d'vne part ■& d'autre: & finalement au bout de quelques raoispaC la précédente conduire de feu Monheut deBellieurC, jiors AmbalTadeur pourfa Majefté tres-Chrefticnne en I ces pays, Se l'interucntion des SuifFesJedit Beatus com- j me légitimement fflcu fut receu &. inftalé .• eftanti [ptcfumer que ce qui fit entrer fi auant le General de i ladite Ligue de la Cadde & fauorifer à lapaitie de Sa- lis.outre le crédit qu'ils ont en icelle, eftans recogneus LEs Euefqucs de Coire ont auant cent ans eu de ......... -, „ .randes dtfputes & diff-renrs ( (omnu depuis jles premiers en antiquirc.en biens en nombre d ho ttnounelUz)auecles Grifons.de tous lefqiieh ils tonc :mes , qu.font habituez en la plufpart des commune» Se ..Xs^^p^^^^^ mais principalement auec la hgue j d'icelle , ce fut pour elFayer d'eftre auffi en 1 elledioa d^l Sddc qui eft la plus grande des trois L^guesGri- la p.oraelTe qu'Us auoient exigée dud.t Euefque Pau- de la t.>aauL quic t j b ^ . , ,..„^^,^r^.lc. ' I.,c Wr^„^ir ^..M r,<. r^f^aneroit 'Euefché à n fes, de laquelle ilsefto.cnt aufli Seigneurs temporels, nui eft la caufe du nom qu'elle porte de Cadde,conime li^ue de la maifon de Dieu, parce qu ils eftoient (ous l'Euelché. .. „ Mais le plus grand defdits differenïs comme il elt facilea croKe,futautcmpsduchangcmnudela Rdi- aion , qui adHint quant &C celuy des Suilfcs, que c aouua.u audit fiege EnKcopal vn nomme Paulus tuet- que,^ a ^cablé de plullenirs ennemis Hc tranaux de plu fleurs ames,fuc en fin contraint d'a;cotdcr à Uditc li- eue de la Cadde les fix art-clcs qui fument. ,. Q^il lailferoit dcmcutct tout le pays cnla Reli- gion moderne. lus, à fçauoir qu'il ne rcfigneroit l'Euefché k nul autre fans le vouloir & fçauoir du Chapitre de la Cadde. Tant y a qu'en la pourfuitce de ce différent , furent faites de pjrt& d'autre degrandcs alfemblées,roange- ries &: defpences , iîc empruntez de grolles fommcs de deniers,partie par ladite Ligue en gênera! & partie pat les Salis en particulier , dont les obligations & parcel- les montent à 10. ou ij. mille fiorins. Sous prétexte de payement dcfquellcs'fommes la- dite Ligue lefdits Salis ont longuement querelle contre ledit Euefque pour en cftre payez des reuenus de l'Eiiefchéjpartiedcfquelsils ont (ailis !ue , y yans deux cau''es alfez (pecieufcs pour les y porter, vue qu'ils demeureront defchargez des reuenus que ïd,t Euefque prend fut eux, dont ils doiuent les at- f"^" '^'^P^'s fa promotion à TEueichc, plulloftque 1 qu'eft int luy ordinairement abfent de fon i|.ue(chc, n'y ayant perlonnc qui face les vifites pat les |arrojfles,comme c'dlla couitume, dont fon Chapitre s plaint fort , Icfdits Catholiques demeurent quafi :» 'S i alteur , mais non fans folhcitarion des Munllrcs ici au: te Religion, qui ne d.maudem qu'à les lierde eurpariy. ■* . Les pratiques de Salis ayans toufiours continue és Ledit Gouuerneur de Milan ayant rfceu fur cela la volonté du Royd'EfpsgnefouMaiftre:non feulement donne puiffanc fecours de caua!erie & d'infanterie aufditsValtolins, auec lequel ils fe defFcndent defdits Grifons, & mettent leurs armées en pièces : mais de plus lefdit^Milannois fe faihirent de toutes les forte- telFes de la Vallée , y b jftificnt de nouueaux forts iuf- quesau uombre d'onz-,foïtifi^iu Chiaiu;nne, Sondrjo ' 6c Coire, & tiennent coûte ladite ville fous leur pou-, uoir & fubj-ôtion. Atiffi toft rccogncut-ou que ce fut alors que l'Efpa- gne eltoit venue à bout de fon defiein proietté il y a plus de zoo .ans , qui cft de fermer le palhge de l'Italie aux François.^: empefcherle fecours que les Veniriens & autics Eftats d'Italie pburroient efperer de leurs a- m s & alliez eftrangersen cas de iiec c (Tué, que c'cftoic la commodité que de tout temps l'Efpagne auoit defi- ree, pour faste palH-r aisément les troupes d'Italie en : Allemagne 8c Pays bas , & pour ce furcefte inuafion, le Roy de France a iufte droit de s'interdTer , Sauoye, Venile JesSuilFcs, & vne grande partie d'Italie , onC droit de (e plaindre d'vne telle entreprife, & viermenc aux refolutions d'vne guerre, pour rtftablir les chofes en l'eftaf qu'elles cftoienr. Sur cé: aftaire fa Majefté très- Chreftienne enuoye Monficnr le Comte de B ill'jmpierre {on Ambafladeuc extraordinaire en Efpagne,pour venir à quelque grand accord de ladite Valtoline, & au moyen d'y pacifier le trouble (fi ne entre les Catholiques ôc les Grifons", cftanr à Madrid & le poincl confiilré au Confeil de Caftiile, furent refolus les articles fuiuans. 1. la Valtoline feroit lemife en l'cftat qu'elle cftoit auparauanr. 2. Que tout ce qui auoit efté fait par les Catholi- ques fur les Grifons ictoit aboly.caifé k annulé, ik que Nn i Mémoire concernant les troubles 424 lef.^^ts Grifons leur en accordcroient pardon. i. Que les forti foitifications y faiâ: s depuis k moisdc hiilitt lé lo.feroici.t demolif sife abbatiiesjôi lcs^arnifonsMiianiio-:rr s& eftrang-:r-. s congédiée?. *Mni5 pcuice que les Grifons nauuitnt voulu fignei ledit pardon aci.orJc aux Cs.tholiques Valtclins ,ief- dits Catholiques ne voulurent en aucune façon fouf- fcir la tefticùiion de Lditt V.-illce âuCdits Grifons pour la crainte qu'ils ouoient d'cftre malTacrcseftans retour- aés fous leur domination , U comme fa Majeftc tres- Chrertienne & lesautres Princes &: Eftats allies pref- foient Itfdirs Valro'.ins d'accepter ledit rtaidc fji6t à ' Madrid f ntrc les deux Couronnes, & de rendre la Val- lée- aux Grifons fous la protedion des deux dites Cou- ronnes,&q'i'àf.uitedcce faire,de démolit leurs forts, ren !re le pnys librecommeil anoit eftc)& fairetetircr Icsgarnifons Milannoifes qu'ils y auoicnt appellecs, ils y feroienC contraints pat la force des armes. lALOVSlE D'ESPAGNE fur U France , pour taUtance des Suif es , extrait de tHiJloire de U patx de Pierre Matthieu Htftorto- graphe de France, ]L y a long-remps que le Roy d'Efpagne a fait cognoi- ftre fa jaloufie pour l'alliance générale de la CoU'-ô- ne de Fr ince,aacc les treize Cantons Suillcs ayant drcf- fc de lor g'Jc- main fcs intentions pour en auoir (a part, nos Roys l'ont toufiours empefchc,& iamaisa'y apeii mcrtr ■ le pied comme Roy d'Efpagne, bien qu'il y aie alliance pourj.c Domaine de lamaifon d'Auftiiche. AufFi quand fous le rcgne du Roy Chatks neufic- me le Roy d'Efpagne demanda d'efttc receu en ladite alliance des Suiffes , Monfieur de B.llieure Amballa- dejr de France, voyjnt que lesSuilfes Cafholiques e- ftoientquafi p; rfuadcz de préférer les nouuelles am;- tiez aux anciennes, leur repr^fencant les grands fecouts qu'ils auoient recrus de la Couronne de Fraiice , pour l'aff.nnilïei-neintdeieat libeitc,& comme au contraire la maiion d'Aurtrithe aiioit fait tous fes efforts pour l'eftoufFcr. Les Siniks ont fait h guerre contre Leopolde Ar- chiduc d'Aulhichc , tué à la bataille de Morpach , & contre Albert de Maxtmilian Empcreur,iis eurent con ttece dernier huid rencontres en huid batailles en huiâ: diuers lieux. Qu'ils denoicnt prendre garde à ne fc fier à l'allian ce d' vue niaifon ofFenfee , en laqat ile (aiguoit encore la pl .ye de la mort de trois Princes dttîaits par leurs armes. Qu'il n'ignoroit point que le Roy d'Efpague.com me dcfcendj de la mailon d'Aufttich.; n'cultdçs def- Icins héréditaires fur eux pour raiion dequoy la gran- deur &c profperité de fes affaires leur deuoit cftre iuf- pcfte. Ces rennonftrances portèrent fi viuement en leur petfuafiou que cpus les Amballadcurs d'Efpagne s'en ietourncrent,comme ilscftoicnt venus. Mais depuis les guerres ciuilcs > le Roy fe vid char- gé de tant d'affaires au dî;dans du Fvoyaumc, qu'il ne luy fi:t noiTib'c de pcnfer au dehors : 1> fur vue belle occaliun au Roy d'Efpagne de faite fes affaires parmy ltsSui!ïes,& de gagner le jeu, puisque perfonne ne joLuit conrre luy , & comir.c ks amiiicz mciccnaires s'cuancuiylTeiu quand i'a'gent manque, ks eicus de France ne paroiffins plus en Suillr,l'£(pagnol fi' Icmer tant de ducatons par les petits Cantons qu'ils cftouf- ferent toutes les premières fcraences des fleurs de Lys-, ;!e fort.? q le l'on vid -m Fiance SuilTcs cont. - Suilfes, ks vus rendans deucir au Roy , comme les ^li'^ z , les autres armez centre fon fcruice comme flip. nd.^z pat le Roy d'Efpagne. Quand ils viicwt qu'ils n'eftoient payez l^urspen- lîons, que leurs Capitaines iSc Colonels iM liCiroient . rien de ce qtii leur eftoitdeu , les cinq pttits Gairons s'attachèrent plus eftroittetnent auec le Roy d'E(pa- gnc, & le Colonel Phifti£r,qui auoit vne grande eto- yance parmy eux , leur apprit à ne ietter ks yeux que fur le Soleil qui fe leuoit aux Indes , leur fit oublier leurs vieux amis : les Cantons les plus puifTaos demeu- rèrent toufiours fermes en l'atuitié du Roy. La prudence de feu Monfieur Bruflard , du depuis Chancelier de France , fcmoiîftra en c^ fte mauuaife faifon : rar il entretint le feruice du Roy , contre toute efpcrance au plus fort des troubles , Ci lors que le Roy n'aiioit pour (x:eptre que la lance , pour fon Louure- qu'vne tente , pour tout crédit que l'efperance , &le droit légitime de la Royauté. Il le peut dire quilafaift; j vn grand feruke à la France en cefte charge,& les plus ! fages refont cflonnez comme il fccut maintenir lesaf- I fedtions de ces peuples , lors qu'elles n'eftoient foufte-' 'naësquedes paroles de fa prudence,ôccomtne il a peu' faite durer fi long-tercps l'e.'ptraucc parmy le co.mi- mundefefpoir des affaires de France. Le Roy auoit fait ce qu'il auoit peu pour leur don- ner de l'argent , la Cour de Parlement auoit vérifie quelques Edics dont la finsuce eftoir dcftinee pour les contenter, comme cduy de la reiinion desGt oc la vaiicune (X «jruons ) a eue JC R publique de vous reprcfcmer comme ayant pieu à Jes MefTuurs des Gantons onr fait Dieudebenir feslabeurs ôc le ioing que Ta M.jefté pour lefd.ts Gnfons, donc vous voyés la mauuaife fuit- prend de la conduite générale de les affaires elle eft te , qui leur eft ennercment imputée dans le public, patuenue a tel point , que tous les peuples louvlfansl foim.,^ -i>,0.;. „,..c„„ j-. . n.. patuenuë à tel point , que tous fes peuples louyffans d vn doux Ôc affïucé repos > ne refpirans qu vne entière & fidelle obeylfance , a auffi-coft ictté les yeiîxôc (es penfecs au dehors auec les mefmcsintentions;ôc defits qu'elle a toiifiours eu de mériter du publie , d'empel- cher ou arrefter touteifçrte d'vfurpations ôc de procu- rer à fes amis ôc alliez vn bien qu'elle a fi foigneufe meut recherché ôc eftably chez loy , qui eft lafçliciic foie que l'uiduftrie ôc artifice d'autruy preueuft cefte perte ou autrement j la prcuoyance que fa Majrfté auoit tué de tous ces fdfcheuxapcidens ôclepeni où la longueur ôc le tempotifemenr pouuoient porter cet affaire , l'auoienr fait refoudre * il y a tantoft près de i.ans de quitter les voyesde negociscipn pour fc fcruic de laforcc/i elle n'en euft efté di,Tuadee par vos atiuis & confeilj , ayant fur vos uiftances prières depuis 1» Nn j 426 Mémoire concernant les troubles prci-nif rc iiegotiar'on , laquelle a efté du depuis agitée pat refpacedc 8- mois à Rome & produit diucrs atri- cles , dont les vns n'ayans point eftc acceptez par le Rov Catholiquc/a Majeftc n'a pas peu ny deu acquiel- "ce/aux auircs, pour plulicurs grandes railons impor- tantes ail public, à vosinterefts& conferuation , eu- femble fon honneur ôc dignité. La pl'JS grande difficulté qui ait arreftc fa Majefté, a eftc la demande faite parles Efpagnols de leur pafTage dans la Valteline , dont vous iiigrz & cognoilTez la confequencc, fans qu'il foit nccelTaire que i'eftendc d'auantage les raifons qui ont meu fa Majefté à ce re- fus : feulement vous en alleguctay-ie vne affez forte ÔC puilTante contre le coiifcntement deldits palTagcs, qui feroit vne ouuerture & «i.trce aux aimées de la maifon d'Aulhiche dans vos Eftats & pais,dont la fuit- te ne peut eftteque très perillcufe & dommageable. Sa Majeftc a commandé fur ce fubjcâ: à Monfieur de Bcthune , fon AmbalTadeur à Rome , de rcprefenter au Pape l'intcrcft qu'ellea de ne point donner fon cô- fcntemen: pour lefdits pafTages, Se de faire inftance vers fa faindtié que la rtftitution de la Valteline foit exécutée aux conditions portées par le traiâré de Ma- drid au'ec la feutetc requife & necelTaire pour la Re ligion Catholique. Elle continufradonc ccftc procé- dure tant qu'il y aura lieu d'tfperer contentement pour lc(diis Grifons , ainfi que Ir iufticc & la raifon le re- quierentifon intention tftant de picferer roulioiirs les voyesamiablci àctllrsdcrigueur>d, firans neantmoins receuoii fut cela vos bons axiuis 5c confcils , afin qu'en cefte caufe con:imune à vous fi imposante , vous pre- nitz cnfemble vne refolution coiiuensble , fa Majeftc fe promettant que vous fecoudert zfesbo4ines& dtoi- £tes intentions. Le Roy eeonMa{ftre,m'a auflî commandé, M agni defuecultiuet 5c entretenir vôtre alliance & confe'^e- ration, auflî entend elle que d'autre part vous y appor- tiez & contribuiez ce que vous deucz,qu'il ne fou rien changé ny innoucaux anciens traiékcz que vous aqez auec la Couronne, ôc que fous quelque couleur & pré- texte que ce foit > rien n'y foit altéré , mefme que fi au- cunes entreprifes fe faifoicnt au prciudice,que vous les éuitiez & répariez en mettant toutes leschofes au pre- mier Eftit.C'eftaulfi ce que fa Majefté attend ôcfc pro- met tant de la prudence & fagefU de vos Confeils, que quand vous coafidererez que voftre alliance a efté fai- te auec la France , vous auez efté continuellement re- cherchez , & voftre amitié refpcdee d'aucuns voifins* qui auparauant entreprenoieut plus à découuert & har- diment qu'ils n'ofent auiourd'huy faire auec Icurfinef- fe 6c artifice contre voftie liberté. le ferois trop long à exaggerer les fruifts & aduan- tages fignalez que vous auez receus depuis que voftre alliancea eftécontraftee, comme auflli de quelle fioce- ritc & ftanchifeelle a efté obferuee, tant de fa Majefté que de fesPredeccfTeurSjlaquelle dcfirant plus que ia- mais la faire valoir pour l'afFranchiiremcnt de voftre Republique dont elle a toufiours pourchafte l'vnion, comme h plus folide voye &c fondement de voft-.c li- berté , aulfi ne fe peut elle lafTer de la vous confeiller; Ne défaillez donc point d'amour & dcpietéenuersvo- ftre patrie , faites celFcir toutes fortes de foupçonsÔC mauuaiff s intelligences > qui pourroient eftrc parmy vous, renforcez les liens d'amicié & confédération auec fa Majefté , & pat l'exemple des maux de vos voifins» eropeichcz ceux qui pourroient tomber fur vous, ôc vnilfaas toutes vos volontcz à fuiurc les fages ôc fiiel- Ics confeils qui vous font donnez ,iouyfItznon feule- ment du repos ôc fidélité que le Roy mon Maiftte vous fouhaitte, mais joignez vous auflî auec luy pour le fai- fi^His Ssigr^tur s ,ioiichM le payement de vospenhons ' rereuiureôc remettre parmy vos commuas amis,alfiez ôc efclaitciflcment de vos debtcs, de vous faire fçauoir | Ôc confédérés MeHfieurs les Grifons,a!nri qu'ils auoi- que tant que les affaires de fon Royaume luy ont peu ; ent accouftumé de la pofledcr,lors que la feule allian- permettre.il vous a f^Gt fentir les cffeds de fa Royalle ! ce de Fiance y a flory. beat ficencc, vous ayant enuuyc les méfiées contribu- j H reftc , Magnifiants Seigneurs , à vous dire de ma lions que vous fouiitz auoir du temps du feu Roy ! part que rcceuant toufiours très- grand honneur que le Henry le Grand fon pctc.dc glorieufe mémoire. | Roy fe daigne fetuir de moy ÔC m'employer en fcs af- Du depuis les mouuements ôc vigjntcs aiFaiies de | faires.ic tiens àbon-heiir ÔC contentement particulier fonEliit, ontempefclié qu'elle n'au peu vous faire I quernon enuoy ôc légation ont efté vers voftre Repu tenir fi ample voiéturede dcnicisimainttnant qu'elles fe reftablilîlnt , ôc que fcsfin^ncci font dignCinent ôc ex^élement adminiftrecs, elle vous a désiannce palfce enuoyc vn iecoursdc éo o.mille liures, qu'elle a voulu continuer /voire y adioufter encore en la prc'.entean née : elle ira toufiouis l'augmentant Ôc le fera d'autant plus volontiers qu'elle cognoiftra que vous vous en scndrezdignes parvos bons depcrtemïnts,rant enuers faCouronuf ,qu'enucrs vuftie patrie mefme , vous la trouuercz toufiours en tout auec ce melmc foin Ôc blique,pour l'cftitne ôc admîniftration de laquelle i'ay toufiours fi.él grandtftat de vos actions grneicufes ôC des vertus héroïques de voftre nation : vous le reco- gnoiftrcs encore plus clairemfnt par les ofTesdcmoiT feruice,dans Icsoccafions qui fe pourroient ofFtir.tant pour le gênerai que pour le particulier , ôc deq ielz'.ie Ô£ candeur i'accompliray toufiours les ordonnances de fa Majefté , me promctiantque vous y fçaurés corref- pondre,par toutes vos adtions ôc rcfolucions que prcn- diés fur les propofitions de fa Majefté auec autant d'af- dcfir : carpourl'introdudionduftl de France en vos j fedtion ôc de finccrité que vous ÔC vos predeccfleurs Cantons , elle n'a autre dclTein que de vous en faite | en auez toufiours efté dotiez Ôc accompagnez, reccuoir de l'aduantage ÔJCoramodué.rvfagediidit fel j Telle fut la- harangue que fit Monfieur le Marquis' cftant beaucoup plusiainôcàmeillcurmarché que ce- (deCœuures AmbalFadeut extraordinaire du Roy eff luy que vous pouuez tirer d'ailleurs, ai.; fi qucMeiru uts Suifle,eu leur alTemblee générale tenuéà Baden. du pays de V.dais bi Comté de Neuf Chaftel, l'ont ef- prou'ié par refpace de vingt ans, Ôc la différence qiul — y a de*l'vn à l'autre: fa Majefté m'a donc comma.uié oTUn rrï> (Tir r T? H 1 C* P cT de vouscn faire les offres, ainfigenerdemem de tous I^EMOI^E DE ^ f W i~ f ^ \ les viuresôc denrées qui abondent enfcs Eftats , dont vous pouuez auoir bû-(oin , tftant ttcs aife ôc content que vous fcs bons amij, alliez ôc confederezayiz com- merce ôc communication aaec (es fnjets, ne pouuans «otjtradlcr que de bonnes mœurs ôc vows fortifier les vns auec les autres e.i bonne dcuotionvers (a Couron Mais comm - (a M.ijcltc par tant de preuucs ôc fa uorables demouftr irions , donne manifcftc ment à co pajse aux Grijom ^ Valteltm , en l'armée du condmHe par Monfieur le Mtrqiûs. de Cœiiures, és années 162,4. ^^2.5. MOnficur 'le Mnquis de Cœuurcs AœbnlTj leur pour le Ray en SuilTe ôc Gruons, ne pouuant eftte dcucment informé ,des hcux, places, pa/fjg'ScC gnoiftic,combienà l'exemple de (es predecc(reurs,t lie ' gens de guerre qu'il y auoit tant dans Icfdicts Giiions que & remuëmens des Grifons* 427 que Valtcline mis par le Roy d'Êfpngiie en dcj oft es mains de (a Saiiid- te. nuroic rn l'auncc iôlj^ au mois d'Aoïill commande à Meflîciirs DalaiiUd Ôc de Vaux de vHiccr fie rccoguoillie Itidites places Se toutes au- tres parttculaiiccz, comme munitions, canons & for- ces des ennemis. Sur lequel commandement kldics fieurs Dulandel &c de Vaiix.qui ne relpircut que le fcr- uice du Roy ,& l'obeyllance du (ieur Marquis de Cœu- lurcs, feroienc aux mois 6c année fufdide.partis de So leurre en Suilfe , ayans pris le chemin i Zurich , dudit Zurich à Valeltst au Vont du Rhinjpïillage ou premic ^e entrée des Gruons , ik: de là (bus prétexte d'aller à Noltre Dame de Lorette, pour ne donner cognoiiran- ce aux cnneœis de leur dcdcin , ils allèrent à Coite, première ville des GnCons.où la fai^ion de l'Archiduc .Léopolde freie dt l'Empereur, prit ombrage dudit voyjgç , croyant que lefdids fieurs Dulandel Ôc de Vaux y alloient pour autre Ihjctï que cckiy qu'ils di- fûient , & pour cet tlîeâ: donna des aduis à Milan & dans toiis ies palla>^ts du Miianois de les arrelter , fai- fans courir le bruic que c'eltoit Mansfeld qui paffoit pour recognoiftic le pays. Le m.lme aduis fut donné en Allemagne aux Eftats de l'Ar^hidur. Leopoide,& bien que lefdits fieuis Du- laadcl &c de Vaux en eurent quelque loite d'adois , fi eft-ce ouc pteferans le (eruice du Roy à toutes (ortes de periU oc hazatds qu'Us pouuoicnt encourir, - ■ ils ne lailleicnt pas d: coutinuer leur voyage vers la Valtcline par Chauenne , où ils laluërcnt Monfieur !e Marquis de Bagny Gouuerneur de U Vaiteline pouc la S..inctetc , luy donnans à entendre , qu'ils fai'.oient, comme a efté dit cy-deiîus , vn pèlerinage àNoilre- leur & de la prudence requife en vn grand Capitaine ik Uuf de guerre an cœur & tn l'ame de Momicut Ù Marquis de Cœnuies , lauroic trts- dignement ( flcu pour General de Ton armée , auquel il .uiroit donné (oute lorte de perminïon & pouuoir d. fJre leuces de gens de guerre audit cffeéb. Surquoy ledit fieur Marquis de Cœuurcs auroit de- rechef commis lefdits fieuis Dulandel& de Vaux.pout l'éxecution du palTagc du pont du Rhm , Stciq 6c au^ très lieux necciraircs audit dilTcin , fmuant laquelle commifllon & pour l'exécution de ladite entrepnfe, leur donna le Régiment du Colonel Saliz composé de 9. compagnies leuces fecrertement dans le Canton de Zutich,& autres lieux circo.iuoifins, outre zgoo. hom- mes & deux Régiments commandez par les fieurs Co- londs S_hauuelbing & Brugger , qu'il deuoù trou- ner au Pont du Rhin 24. heures après leur arriuce,& lelon ladite commilTion lefdits Dulandei & de Vaux partirent de Zurich le Samedy 16 Odobrc 1624 pour aller à Mideronne dans le Canton de Glaris , hca du rendez- vous dudit Régiment du Colonel S<»liz , pour en ce lieu leur dirtributr les armes , & s'acheminer à la (ui'dite cntreprilc, & comme 4, compagnies dudic Régiment marchoient de nuidl (ans armes pour aller plus fccretremeNC au rendez - vous pnlfans d'vne petite ville nommée Laiccn dans Cantons, Ceux de lâdids ville prirent les armes pouc leur em- pcfchcr le pafTage, mais les foldats ne reltans pour ce- la de contuiucr leur chemin , les Capitaines eftans al- lez trouaer les principaux de la ville pour leur deman- der le piffige fans leur porter aucun dommage, ils fu- aupres les pttits D .me .'t Lorette , & par ce moyen virent au dehors rent arrellez par Mtlîîcuis de la ville, duquel arreft le- & dedans la ville & Chafteau dudic Chauenne, Ôc re- j dit fieur Duiandel aducrcyk Dimanche z7.0â:obreeii leur ayant efcrit aux Bourgmaiihes & principaux de ladite coji'^ûitnc toutes les natticularitez necelfaues à deilein , comme ils fiient aulfj à Morbeigno,Sondrio, Tyiano, BormioiSc Valmonallere, qui tienc le paiTage pour entrer aux hltats dudit Archiduc Ltopolde , ôi ayans rccoguû tous les lieux , prirent leur chemin par les Gitats dudit ArchidaC Lcopolde vers Welquier, d'où recognoiirans aulfi les particuiatitez furent arre- Itez 14. heures , & interrompez dans i'hollellerie d'nie ville qu'on nomme Malle dans kidics bftats , où la fu- reur du peuple eut quelque volonté de les tuer &c a(- fafliuet les prenant pouc Miusftld , laquelle opinion celfi les voyant aller à la Me lie, ce qui facilita d'autant p us leur délivrance, par le Gouncmeur dudit lieu, & concinuans leur chemin par ledit lieu d'Wclquier , ils furent encot' s aiîeftcz en la ville de l'iondius l'efpace de huid iours.gatdtz de 14 ou 15 (oldars, au bout du- quel temps lis huent interrogez par vn Commillairc de l'Archiduc Leopolde , noiiifr.c Stredel , <3f par le Comte de Akante Gouuerneur o'Welquicr en atten- dant le commandement dudit ficur Archiduc Lcopol de,qui leur ht donner la liberté auec toutes fortes d'ex- cufes de k s aiioir retenus là k s prenans pour vn autre. De là lefdits fieurs Dubndcl ik de Vaux reprirent le chemin de Stcig pour îe rccognoilhe , te paflercnr au pont du Rhin , pour aller à Sokurte trouutr Mondtut le Marquis de Cœoutcs Amballadtur , pour luy faire rapport dudit voyage, Icijutl lieur voulut qu'ils fii'knt vne relation &c vne carre defdits pays & htux qi.'ils auoient vcu, félon ce qui a eftc dit cy-dt ilus, auec 1cm aduis de ce qui ft pouuoit faire , laquelle relation; carte & aduis furent par ledit ficur Marquis de Cœu ures , enuoyees au Roy pour l'entieprilc qui fuiura cy-apres. La Relation , carre & aduis defdits fieurs Dulandei & de Vaux ayans cfté veuës du Roy Se de (on Conleil, eftant refolu de reprendre ledit pays d^s Griibns Se ville, & comme il eftoit là coramandant les aimées du Roy , ne voyant pas qu'ils en eufienc \a cognoUTance, &c que les Capitaines par eux aÈreftez fuHenc au fer^- uice de fa Majefté , autrement qiV|e le Roy crouueroic fort raauuais ledit arreft, Ôe que maintenant il leiix en leuoic le dot.btc , il les pnoit les luy reuuoyer , finon qu'ileftoitlàpoutiarcprefaillei & vferdu mefmear- rc(t (ur eux 5 ils les luy auioient enuoyez incontinent à fa lertre veuë,& comraeil arriuok audit rcodez-vous de Mideronne , ie Coionei Salis luy diï qu'il venoic d'auoir aduis par vn Jcj fiens que l'on fcnnoit le palTa- ge à Vtza fut le lac de Vakflat dans les petits Cantons, le pcupk' atîatmc prenant les armes fur cet tffcél : fur- quoy ledid ficus Dalandel donnant l'ordre & comman- demeîit audit Colonel de fane marcher ks foiuats le taa.bour battant droidf audsd Vez-à pour fe rendre maiftre dudiét palîage en attendant que le refte des (oîdais fufient atmî z , auquel liCu de Vcza aruuauc ne ttouua aucune refillance, & fe tcruit des batteaux qu'il y trotuia pour embarquer vue partie de fes gens» cil faifant ailer l'autre paitie par terre tpute la nuiét dudiâ Dimanche droid a Valeftar, où cfïux dudit heu ayans t fic en armes tout le lour dudit Dimanche pour empcfcher k did palir-ge.fe voyans furpris furent cotî.. traintâs Iwy peimetiie ledit pdFage, & luy offrir (oute ofliftance , & pourluiuant la melmenuiâ: fou chemin par Sergans , viiie des ptiits Cantons , ayans le mefme deffcin a s'oppokr à ion palTage/e tiouiiant de mefine furpris de nuiét, furent contraiiidsà le bifler palîcr demefmeksautres , en forte qu'à la pointe du iour le Limdy 18. Odobre audid an, il fut de fe rendit au pont du Rhin , partage tres-important qui donne l'en- trée des Gtilons , où il fit le département des gens de guerre qu'il cohduiloit pour fe faifir des palLgts de Î>| eig , du Val , de Parttrance , de la ville --"Y ^^f.....^.^ .....v ^ - -.,.^..0 v-jg, uu V <»i , uc ratitrance , de la viJic deMayens- Valteline pour la .émettre en fa première & ancienne feld , pailage de Fleich & Pont du Rhin , lieux diltans liberté, fa Majeftéiugean: toutes les parties de la va- les vns des autres d'yne bonne heure de chemin. 4z8 Mémoire concernant les troubles aiifcjucls lieux (c rroaua la plus grande refiftance des ennemis au Val de Parienance , lequel fût en fin pat eux abandonne aptes vn long 5c afpte combat. Tous Iclqutls palTages lefdics fieuis Dulandel ôc de Vaux fi- rent rettanchet & fottifier , de fit faite vn fort au pont du Rhin , iracc pat les ingénieux du Roy.Fabry & la Borde, & contraignit la viile de Coire â lay bailler 4. canons pour mettre dans ledit fort , fur la menace qu'il leur fit de leur enuoytr autrement zooc. mouf- quetaires , quoy qu'il n'en euft pas la moitié , à caule que les Régiments de Schauuefteing & Brugger , qui luy auoienc tftc promis , ne purent eftte fur pied que 1 zi iouis après fon arriuee audit lieu pour la crainte de l'Archiduc, croyans que lefdics fieurs Dulandel & de Vaux ne pûlTent venir maiftces de leur cntrcprife, en cant que l'armec deTilly tenant pour l'Empereur, n'en eftoit qu'a deux peçices iournees » & que le peuple de l'Archiduc Leopolde eftoic tout en armes, aufquellcs polies lefdids heurs de Vaux & Dulandel demeurè- rent plus de 1 5 . iours (ans aucun ftcouts > ayant porté toutes leurs munitions qui leur cftoienc necelkires pour le'dic temps, au bout duquel Monfieur le Marquis de Cœaatcs arnuaauec plufieurs trouppes F ançoilss diSuiiics, tantde piedque de cheual, où li s'en vint à CoivcjOÙ ilfcjouciia quelques iours pour faire le gros de fon armée, vnir les j. ligues enftmbie, & leur faire preftcr le ferment de fidciué,& aux hîbitans de la Vsl- iée de Paitenance ôi des Grifesôc de la Caddée&des dix droidtires. ils allèrent au fort de Placremalle où Monfieur de Mâlorrye Capuauie des gardes dudic fieur Marquis de Cœuurcs, allant pour le recognoiftte fut bletic, ayant lappouc ce que c'cftoic , & le lendemain fut pris fans glande rf htlance, il tient le palFage de la Valtelinc ôc desGufons. De là ils furent loger à Madone de Tyrano, j. iours aptes la ville s'eft reniiië, ie Challeau a tenu 1 1. iours fôuftcnu par le Marquis de Bagny Gouuerneur de la Vaitthne pour fa Saincteté, &c en cette confideration ledit lieui Mitquis de Cœaures luy fit toute (orte d'honneur, 6i k fii cotiduiie par le fieur de Vaux aydc de Camp , fatis t ubher de luy faire voir les meilleurs hommes de l'a/nicesqu'il trouua ^ot[ bons. De là ils allèrent à Sondiio , ville capitale de la ValtcHne, tile a tenu iuiques au Canct\, puis s'eft rendue , puis on força k Chaftcau qui fut pris où vu Capitaine 'ie Monfieur de Vaubecourt y fut tucjUOBi- titc Monû;ur de Maufanne , qui cftou ties- vaillant homme , & vn autre blclTé nommé Monfieur de la Serre vaillant & ptudenr,& quelques foldats de part & d'autre auffitucz. De là fut pris Bormio , puis le fort gardé par ^co. foldats &. 4. canons , quia tenu 15. iours. Lequel fort tenoit les pailages de l'Bngadinc , qui va au Tirol , ôc de plusgaïde le paflagc de l'Archiduc Lcopold deWal- iponafttre. Le pallage de Val , Camonicq pour aller à Venue , finalement garde le paffagc du pais des Tren- tins& Valtelmc , ôc en fuitte de cela kdit fieut Mar quis de Cocuutes Voulant paracheuer de réduire tout Je pays , il aurou ordonné à Monfieur d'HacaucQurt Matelchal de Camp, qui eftoit au Scejg, de s'aduancer aufcvne partie de fes trouppes à Chaucnnes , ce qu'il fit , & à Ion arriuéç la print entre les 9. & lo. heures du matin , bien que l'enncmy fuft au nombre de 400. foidat* Milannoîs ou Italiens , conduits pat de bons Cîpitanics qui (e retirèrent après auoir elle forcez par la porte, & 5. barricades de fuitte dans le Chafteau,où ledit fieur d'Haïaucouit les enferraa.fit barricader à la longueur d'vrie } icque , & k leitancha fi bien autour de là ville qui! tftoit impolTible de i'enleuer , & en cette otcafion il obligea ulitment le peuple félon la volonté du Roy que les hommes & les feiTimes ne re ceutcnt aucune pettc,8c ayant fccu ledit fieur Marqujî de Cœnures ladite ptife , s'aduança à Trauonne à vue heure du fort de Fuentes , où il logea l'armée 5. iouts aptes, ayant tccognû tous les chcoains rompus par les ennemis , auroit fait donner du cofté de Chauenncs par ledit fieut d'Haraucouit à Riue , & luy pat d'autres chemins lut les montagnes pour chalTer les ennemis de CampOjlieu fort aduantageux aufditsennemis,pource faire il ordonna qu'vn fcrgent du fieur de Vaubecourc donneroit auec jo. hommes qui fetoicnr fouftenus pat vn de fes Capitaines & Lieutenant nommé Monfieur de Bofay, & vn du Colonel Salis ôc fes Officiers, auec 400. hommes pour faire le logement audit Bourg , & le mefme commandement fut donné au Colonel Mi- landte de la Republique de Venife d'y enuoyet par vn autre chemin à gauche auec 400. hommes coaduits par vn Capitaine Françpis noœm.é Grand Pré , & fon Lieutenant , & le fieur de bourdeaux parent de Mon- fieur de Beauclair Secrétaire d'Eftat , qui eftoient à la (olde de ladite République de Venife , qui ont eftc tuez auec 10. ou jo. foldats aptes auoir fait vaillam- ment,: ôc pour faire quitter ledit Campo plus facile- ment aux ennemis furent commandez 500. hommes du Rtgimenc du Colond Saliz, conduits pat vn Lieu- tenant de paffer (ut la plus haute montagne , ce qu'ils firent ties-courageulenient, ôc à Icui dcfcente les Fran- çois de Monfieur de Vaubccourt , conduits par lediâ; Bofayi& les Capelcts,donnerent rigouteufement auec toutes leurs trouppes commandées pour lorss ôc fircoc quitter ledit Campo aux ennemis, ôc ne fe contentaos à cela . s'amufercnt à ruer Ôc buttiner , qui fut caufe qu'ils furent repouilez. Et pour entendre l'ordre que Moefieiir le Marquis de Cœaures aiioit ordonné , il donna commandement auGclonelMilandre d'y aller auec toutes fes forces , ôc ie faire faire , 6c au Colonel Saliz Grifon de faire le mefme , ce qu'ils firent cn- cores à l'enuy l'vn de l'autre , ce fut à qui itoit le pre- mier , ôc s'engagèrent fi auant & leurs foldats , que la Caualetie des ennemis fe mit entt'çux ôc ledit Campo. , Voyant de là Monfieur le Marquis deCoeuures Ge- neral que tout alloit en defordre , voulut y aller à toute force auec le peu de gens qu'il auoit pour les fccou- rir. Le fieut de Vaux ayde de Camp luy reprefenta le delîeruice qu'il rendtoat au Roy en s'engageanc.ôc que comme General il deuoit demeurer pour donner les ordres, ÔC le fupplia de demeurer , ôc prit le comman- dement d'y aller ,.ÔC ne pût pas empelcher que les en- nemis prillent leurs portes, ôc le lendemain à 8 heures du matin les ennemis lugeans d'eftre enleutz, fe reti- rèrent en mettant le feu partout : les noftres prirenç ledit Campo, ôc y trouucrent plus de loo.des ennemis morts ou btuflcz, qu'ils firent enterrer pat pitié, ÔC d'autant que ie Chafleau de Chauenne ne s'eftoit vou- lu rendre , Monfieur le General fit partir deux Canons pour aller vers ledit Chafteau par les hautes monta- gnes de la Berline, l'Engadine, Ôc Breguille.conduide' par le fieur de la Boifliere Lieutenant de l'attillerie iS: fes Officiers pour k prendre, ce qu'ils firent depuis par concpofition, aptes y auou tiré deux ou trois coups de canon. Et le Mecredy de deuant Pafques Monfieurlc Mar- quis de Ceeuures venant de viliter les Gardes atîdift Campo ôc Verfey , les ennemis qui eftoient au fore de Fuentes l'aitenduent au palfage lut le bord de la nuie- re , auec 5. ou 600. hommes de pied qui s'eftoient mis dans vne roaifon prés de quelques arbres du cofté du fart , ôc tuèrent lur luy ôc les fiens , ce que voyant il fit incontinent venu à luy quelques inouf- quetaires des fiens , qui tuèrent de telle façon qu'ils firent retirer les ennemis , ôt cependant fit palier fa compagnie de Cauakrie , ôc de Carabins qui eftoient eu & remuëmens des Grifons, de de la garnifon Efpagnoli: de Riuc , qui n'tojiltwi pasà 8co. pas. bifn qu'ils fullent en gr^jicj Mombr e, qui coucesfois reculez de courage , n'oiewiK,, approcher, voyaus nos gens en (i bon ordre. Cela fair, Icdir tîeur Marquis de Cœuurf s fit démo- lir la fortercdc dudit Chaftt au , qui pour dtre e n l.ieii grandement aduantagcux abbatit 6c ruina bcduconp 1 audace des cnneraii. Kc en fuitte ledit lieur Marquis fit commatjdcmenc au Régiment de: Schauueftain , à quatre Compa- gnies du Régiment da Coloae) Saiiz,de le venir trou- uer qui eftou à Chauenne , 6< à Monfieur de Vaub^- courr Marcfchal de Gamp les fau.Qrifcr auec donzç cens hommes, mais à iair defccntc les ennemis s'y oppofcrent de grande force, & auec toutes les preoues que peut donner l*ivelpluf ien àvneittp^cbemçntex'O cuicauccaudace. ' ' ' - ' Mais ils ne ptVëiiberàpèfcherqiielerditsRrgimetîrs affiliez de cotirag'- & de gcnero(itc ne viniîènt à l'ar- mée, ayans foutesfois en padànt ccaimoUchc plus dfe y. hcufis rrts-YAicureafecneni?: les eniicmjs fe logçreSt Se (e recrancheteni: fore au bourg de Noua & lur lç$ montagnes qui y coinmandear, pour les enicuer fa- cilement dudic bourg , Moniîcur le xMarquis de Gœu- ures, qui comme vu autre Argus veille continuelle- ment à force yeux de iugemciic & de prudence à def- faice i'ennèmy , doiina comm.ujdemeiK au fîeur dc VaubecouuiVîarcichal de Camp , & au ficui- de Vaux aydcde C3mp,& au Largf Mare/chai des logis de l'ar- mée , de s'aduancer nueci'armcc au deiiusdc Gimpa entre Codccc Se le Lac , ScAe iendanain à l'aube dti iour de faire aaiener toute l'ai inée. C>ue li par l'efFort du Ciuioa les ennemis euîîejic branlé , 011 qu'il çuii: faict pailnge Jedit heui- Marquis auou rc(o!u dc les enleuer ; Ma;s cei.q5il enjpcfcha ce dclTdn fur que ledii. iîeui- de Vaubscourt MarVichal de G.^mp engagea vne cfL-armouclie cQuîmaudée par le fiear de la S-iludie premier Capitaine du Rtgjnienr de Normjndie dés ce matui , en recognoilFant ix palîage pour faire vn pont qui fat: fiid à i'heure riicrme pair vn Commiffiire dc rarcfllciio, noaisBC le Moinc^^^Vn autre qai auoic nom la Souche mené par ledit fieiir djC 7aux f yde dc Camp : lequd lïcur dc la Saiudie en ccc "(c-u.^-îotich; fit iagcr de ion courage par i'éprenuc ôc témoignage de u valeur .uiec fou ncpuoii nommé lé fieur de Driançon, qui m.eiioula cefte de l'auant-garde eft.Mit bIciTc d va coup dc rnc.u!quer,,&: je Lieutenant du ficur de Beilefonc nommé Sïnocqiie , qui rous fi- rent courngfufemenr, & ledit iicur de la Saiudiecom- menç-înc deHa à tcpoulïct les ennemis, les fieursdê Belîcfonc, le Gheualier Kf paire , Campagnol, Vernc- que, la Migdelaine.Chiramandc, & Biqijarnas, Capi- taines audtf Régiment , qui ont foullours orFerr leurs armes en continucUacrifi c à i'hoiiîief.vr , & plnlùairs autres branes varilans ()iii,:iti'> y furent, qui jouftiu^.. drcnc iadiéèe eCcarrnoDchc plus de 1 z. iieures , où fut tué le irtre dc Repaire Ltcuîcn.aiir ut; (a Compagnie, ^ ct3 gar^e alors dc i'aïure collé ÔC leur fit faive alte pour . voir (i lefdirs ennemis voudroicnt puroilh ^; pour com- battre en camp.igae , & croyant qu'ils ne le vouloitnt par la rcttaide qu'ils firent, ledit Sei?^neur Marquis fit aufîî la letraiiflc le petit pas, lequel (leur Marquis afin de fauorifer ce pafîage plus libre tV fans danger des (îcns, fit faire fur le bord de la riuierc quelque quanti- té de retranchements ôi logcraenis où il mit des mouf quetaires pour empefchcr que les ennemis n'en appro- cliillent plus de fi prés. Ce qu'ayans recognû les ennemis , ôc que cela leur eftoit nuifible Ôc à leurs dell'eins, feroicnt venus auec aooi cheuaux, & 5 .à 600. hommes de pied en la plaine fur le bord de la riniere du cofté de Fuentes , laquelle ils auroient fair pïfTer à 40.de leurs cheuaux,&: à quel- ques gens de pied vers vn des retranchemens où il y auoit des foldats Vénitiens Cappeletz qui les auroient repoufFez ôc tue d'iceux trois hommes ôc vn de leurs heuaux qui leroir demeuré (ur le champ proche de la tranchée. Ce que voy.mi; ledit fient Marquis de Cœu- UresautoitaulÊI-toft commandé au fieur deMaubuif- fon Capitahie des Carabins du Roy,& au CommilFai- re de la Caualeri'- Vénitienne de pailér l'eau, ce qu'ils 'anroicntfai6t,&s';îpprochanrdescnneniis les auroient fait retirer de l'autre collé d'vn pont & d'vn folTé leur fcriiatit'dé'rctrailchemcnr. Cependant ledit fieur Marquis de Cœnures qui auott fait approcher ion Canon, le fit tirer fur les en- nemis , 5i IcFdits ennemis firent auflx tirer leur Canon de Fuentes iur ledit Marquis Si fes gens,lefqucls voyas que ks eniAenais tant dc chcual que de pied ne vou- loient venir & (e mettre çn lieu propre pour combatrr ô£ qu'ils le rétif oient , il autoit parcillennent fait fiire la retrai<^e à fefdi6tes compagnies de cheual & d'In- fantfiie. Le iour de Pafqucs enfuiuant les ennemis ialoux de ce qui s'eftoit palFé ledit iour , fe feroient portez par deux fois de l'autre cofté de la riuiere vers le fort de Fuentes , Se incontinent ledit fieur Marquis de Cœu ures auec bon nombre de fa Çaualeric 6c Ii:fanterie, fe feroit trouué en pcrfonne,& pr^'fenté pour combac- ire> ce que voyans les ennemis , fe feroient retirez & ledit Seigneur Marquis pareillement , lequel iug-.anr qu'il ne les feroit iam.iis veair au combat auroic- fut faite prouition d'efchelicsjdc pétards grenades & feux d'artifices , & partit le Lundy au foir pour aller à Co d,ere, Chafteau tenu par les ennerrds, fur lequel il auoic fon dcirein,&en y allant il rencontra vn Gentil-hom- me que le fieur de Vaubecoutt luy enuoyoit pour iuy dire & reprefentcr qu'il ne ie pouuoic lien faire à caii- fe de la pluye lï; du manuais temps-; 1 Toutisfois cela n'cmpcfcha ledit fieur Marquis de Cœmires de conrinuct fou ckemin audit Gampo , & y eftant trouua que défia kdit heur de Vaubecourt auoit changé l'ordre qu'il fit auiTi - toft remettre , & le lendemain matin, qui fut le Mardy i. Aurii au point du iour, aptes auoir donné ordre par tous les quartiers de ptur qu'il n'y avriuaft incôaenient,il fit adcacer de la caualerie , & ledit fieur de S. Simon Capitaine au Régiment dudit fifur de Vaubecoutt , auec fa trouppc qui tcrtrnna en ce heu la hn de [es iours £<. deia wioire. ayant dans les ruines de (a vie baiiy telle de ia vaillance, Ôc ie fieur de i3ci[efont,& Maode- de plufieurs Officiers dudit Rcgiment , faifanr comme i laine , & le Gheualier de Ncufuillcs y furent bkikz, vn mur d'airaiu & vn bouleuard iîicxpugaable de faj f?,ifans voir à trauers Icius playes.giprieuics le iour de ! vaillance , fit gencreurement petarder le Chafteau de | leur courage, & plus de deux cens encores de leurs fol- i Codere par 1. endroits fans craindre le fer ny le feu ! dai:s , qiîi' furent tuez ou bU (Fez qui (e comportèrent I qu'on luy lançoit de toutes parts,qui n'eftoit rien i l'é | tous fi geirereufement qu'ils fe font plus honorez en ! gardde ceîuy dc fon courage , où auffi-toft lefdides ; cette belle & loiiabie occafion par leurs armes qut ie I trouppes blelFetent &r firent pafter par le tranchant de | ne les fçaurois honorer par ma plume. I leurs épéfs4j. hommes des cnricmis eftans audit Cha- j Er en (uitte le fitur de Vaux eut commandement de j fteau , qui firent voir par leur gcnerofité en fe defen- , Monfieur le Marquis de Cœoutes de faire aduancer dant tout ce que la force dés gens valeureux peut auoir j deux Compagnies de Cappelets, & Albanois à cheual, dc refiftance. ^ j pour fauorifer le Canon eftant à 4.011 500 pas du Ca- Ce qui fut exécute àlatefte de l'armée des ennemis i non ils miicm le fcuàkuis pièces, qui tuctent yû I Mémoire concernant les troubles 430 chcual de l'cfcadcon des Cappelets & vn antre de la compagnie du fieut Ballagny qui elto t en garde , ce qui fe fit d'viv- grande cpouuante que les Cap^eletz & Albanois , qui le lailTanstous enoporcer à la peur , fe retuctent iaos commandement, & abandonnèrent le- dit fieur de Vaux , qui (e voyant tout feul fut trouuer ledit fieuc Marquis pour luy faire entendre comme les Cappclccs n'auoient tendu l'obeylTance où le deuoir des armes S>c de les commandements les obligeoit , ce que ledic fieur Marquis veid luy -mefme auec vn trcs- grand mécontentement, 6c la nuid venue les trouppes de pâtt ÔC d'autre furent contraintes de le retirer auec quelque oblcuritc. q^ECirpE CE QVîSESr TASSE' d Campo <(jr Ferfey. LE Vendredy 19. Septembre Monfieur le Marquis de Cœu(ircseut aduisque le paffage du Milannois dans la Valteime,auoit clic ferme par les Efpngnols, ce quiUiy ht croire qu'affeurément i! leur tl>oic venues des trouppes, ayant pratique la mei'mc choie routes les fois quil leur cttoit arriuc nouueau renfort , & ctoyant qu'ils s'en fcruent pout entreprendre quelque chofe >• ayant le lour auparauanc enuoyc 400. humines de pied', m 100 cheuaux du cofté de Ciuuennfs pour vu dcikin qu'il auovt-.aulÏÏ-tolt il dcpefcha pour les fai- re rcroiic[ici,inais ils ue purent arriucr que le Lundy. Sur les lix heures au ioit le Secrétaire de l' Ambalîa- dcur de Vtnile luy apporta vne lettre écrite audit Am- bis i.-:dcuï par ccSuy qui eommandoit kfdiis quartiers de Vesley &c Campo toutes les gardes de !a monta cnie,où tttoient alors les trouppes Vénitiennes, par la- quelle il luy donnoic aduis comme il auoit veu palTcr grand nombre de loldars par la vallée de Codcre , & qu'il tfraignoic que ce ne fuft pour aller attaquer la gar- de des Cappcletz qo> eftoient à Forcola de Fraierez qui tll le feul eliemin &c la clef pour venir pat le haut des montagnes tant auld'ds lieux de Campo & Verrey, que dans la vallée par S Iulian , Cheinq & G- (pan , &c melrae qu il ne fçsuoit s'ils ne l'auoient pas dtlia gai- gné , & qu'ayant peur qu'iU n'cuircnt elle atcaquvz , il auoit enuoye vn Capitaine de Cappelerz,Sc vne Com- pagnie de bmlU s pour Icsfoitifier, &ce!a diminuant les%i3itiers,ii pnoit qu'il fulUffiftc d'autres trouppe;-. A l'iientc mkfnc ledit fieur Maïquis de Cocuures monta à chenal auec vne partie de la Caualcrie , & fit commandei au Régiment de Normandie de s'aduancer dans la plasae qui va au Saflo-Corbé.enuoya au Colo- nel Miiandte loge àTalamone afin qu'auecfes troup- pes i! s'anançall au quarcîer,où e n pallant îi prit 1rs Al- banois qui y eftoient logez, & les amena auec Iny iu(- qu. s dans ladite plaine 6l fit poiler à Verfey lefdits Al- bjnois, ayant mande à cduy qui commandoit kfdus q..«uierscon-,mciUlloit là pour l'afljKer, encas cju'il fuft attaqi c, où il demeura iufqucs au lendemain ma- tin , 61 Voyant que la garde de Frazenez n'anoit point cité .utaqu-e il fit retirer Tes ttouppcsenleursquattiers. Le Samedy fur les fix heures au loir le ueur Antoni- ni CommilT.ue de la Cauaierie Vénitienne amena auec luy vn Cap.taine d'Albanie à Monfuur le Marquis de Cœuurcs, qui luy dit que les ennemis auoient gaignc If haut d'vnc montagne au dellus de Frazencz,& qu'ils pouuoient faifant vn gtand circuit venu enfermer ceux qui y eftoient , qu'il euft efté mieux que ladite garde le letiraft vn peu plus prés de Vetley & de Campo. . Aiifii - toft que ledit Sdgneur Marquis crcut , ainh qu'il s'eft depuis vérifie , que la garde Albanoiie qui cftoit audit pallage j auou lafchcmcnt quitte Ôc aban- donne ledit lieu , qui eft ttes-fott fans aucun combït, 5c lequel depu Si mois auoit tftc conferuc tans que les ennemis y eulTent pu tien entreprendre. A l'heure mefme il commanda au lîeiu VlilTe Saliz Lieutenant Colonel de fon frère d'aller prendre Ion Reaiment qui eftoit en garde à Aldollc , 6c s'en aller à Veffey , & de là à la montagne , pour fi la poftc n'eftoïc encore perdue s'y fortifier,la garde qui y eftoit enuoya quetir encor le Colonel Miiandre auec fes tiouppes pout le venir trouuer, & eftant arriué, ledit fieqr Mar- quis dit audit Milandre , le crains que les Albanois n'ayent abandonne leur pofte, & ne cachent le mal, fuiquoy il luy ordonna de s'en aller en diligence auec toutf s fes trouppes Allemandes & Aibanoiles à Ver- ley , où eftoit défia le Régiment de Saliz , & qu'ils veif- (ent en toutes façons, s'il n'eltoit perdu , de fouifiet le haut de la montagne pour le couiuuer à quelque prix que ce fuft , iugeant bien que de la conferuation de ce pofte dépendûit celle de Verfey. Le fo;r mclme par vn homme qui s'eûoLt fauuc du haut des montagnes du cofté de Colico , Monfieurdc Marqi is de Cœuures eut aduis certain qu'il cftoit arri- ué a .X ennemis zooo hommes de pied U de la Caua- lcrie , qui auoicnr palîé par les mont ègnes du cofté du Milai^nois, qu'ils auoient fait faire ae> barques , lef- quelles auoient efté portées à Riue , & que le Baron de Paopenhin qui n'y auoit point efté depuis fa mala- die y eftoit retourne le Vendredy : Le e^ui luy fut du ' depuis confirmé paj la garde de V erley , q ji auoit veu palîer ladite Caualcrie par la Franelque du coftff du Milannois. Syr les 4. heures après minuid le Capitaine Her du , Régiment de Saliz vint trouuer ledit iicur Marquis de ! Cœuures de la part de Ion Lieutenant Colonel , pour i luy due commt les Albanois auoient abandonne »eur pofte , ÔC qu'infailliblement les ennemis ics attaque- roient , ou bien prendrount k haut des montagnes pout venir dans la vallée du cofté de Galpan , il com- manda auffi - toft audit Capitaine Hcr auec i. Compa- gnies des nouuelles leuccs des communes des Gtilons, d'alkr du cofté de Galpan lur le h^ut des montagnes pourvoir d'y prendre quelque paliagt , afin que n les ennemis s'y vouloient aduai.ccr , tij,.ycr de les empef- cher, i>inh qu'il fit : mais au haL;i dci luonragnes ils fu- rent abandonnez d'vnc gi'^nde partie qUciis Gîiions> lelqueli non Uuiemtnt ue rtcoutnerent paseni'atméc, mais droid en leur pays. A mefme lempsii enuoya au quartier du Régiment de Normandie pour les fane aduancer luiques au pont de Mante! pour couurir la tranchée de Chinq , où il y auoit fix pièces d'aitillerie, &c enuoya le fieur de Vaux aide de Camp dire au Colonei Milandie , qu'il failoit que Us Albanois monrulient à la peine , ou bien qu'ils repri fient ia pofte qu'ils auoient abaudonnét,ainfi qu'il fc via par la lettre qu'il tn eciiuit audit fivur Colonel» & qu'il mift loo.hommes à Vieo pour cela. ^ . Et depuis fut rapporte par ledit fieur de Vaux.qu'en poitanc kdit commandement audit heur Milandie , il auoit rencontré des Albanois , U autits loldais quifc retiroient défia emportans leuts bagages qu'il titoil plus de fix heures auant qu'ils furent attaquez : com- manda ledit fieur Marquis de Cœuuies au fieur de la Boilîsere de s'en aller à l'ariillerie , Ôi aulïi-toft monta à cheualj&s'adnançi vers lefdits quartiers pafiantaia tranchée S. l^icrre. Il eut aduis du Colonel Milandre par vn homme qu'il luy enuoya que les ennemis eftoient en g" and nombre (3c auoient gtand delfein. Au meime temps il' enuoya luy dite par le fieur Fabiy qu'il ne f iUoit pas at- tendre que les ennemis gaign,alknt k delîus de leurs logements , mais cjn'il falloir qu'ils allallent au deiL^nt d'eux luiques dans les montagnes pout les conib..tifC, ài qu'il & remuëmens des Crlfons. & qu'il luy dift encores comme ledit Seigneur M.ircjuis de Cccuiires s'aduançoic a:icc CAualeric 6c infanceric pour rdHîil:er s'il en titoic befoing. Airiuant vers Al- dolix va Carabin du fîeur de V ,ux luy vint dire qu'il y auoir dis Cappeiets qui auoienc veu que les ennemis couioicoi le long du h.uit >ks montagnes , & alloient par derrière its quarcicts de Dubin.Mantel Ôc Trauon- Df pour dciceodte dans la valice par Gafpan. ' Ce qui mit ledit ficur Marquis de Cœuures plus en : peine (e trouuant dans vue extrémité de ne pouuoir auec le reftc des tcouppcs qu'il auoicqui eftoient 400. hommes du Régiment de Normandie, loo.dcs troup pes de Monfieur le Duc de Caudale &c la Caualetie:cai pour le Régiment de Vaubecoucc qui n'clloit alors ré- duit qu'à 100 hommes de feruice, & le relte des Cri- ions qui eftoient à la tranchée de S. Pierre , ils ne la pouuoient abandonner n'ellans pas 500 en tout pour les afllfter à Verfcy, &c pouru Jtr de l'autre cofté à mcf- mc temps pour la confcruarion de rartillctie,qui eltoïc à Chenq dç toute la vallée' , li les ennemis dei'ceti- doienc comme on luy en doimoit aduis , (uiquoy il de- pefclia eucotfs vu Gentil -homme des fiens au Colo- nel Milandce, ^ audit lleur de Vaux, afin de s'éclair- cir de l'aduis & luiute ce qu'il leur iuroit ordonnéstant par i'enuoy dudir fu ur de Vaux que par ledit Fabry, & cependant s'aduança toulîours vers le Callo-Corbc. Peu aptes ledit Fabty retournant dit audu lîcut Mar qms de Cœuures qu'il auoit veu toutes les tiouppcs qià eftoient à Caœpo & Veriey fo£C e{bcanlces,& qu'il n'auoit pas pu parler à Monfaut Milandr e,pource qu'il eftoit alié luy - mefmc vers le haut de la montagne , y ayant enuoyé auparauant vu Sergent Major «ics Aiba- nois auec 4. Compagnies de leur nation pour voir ce que faifoiét les c:nncmis.&: eftre éclaircy de leur dclfein. En fuicte vint cncores le ficut de Candreau de la part du fieur de la Boiifiei e , qui conhcma derechef ce raefmeaduis , que les ennemis couloient des monta- gnes vers k'chemiadeGarpan,à quoy ledit fient Mar- quis de Cae.jures adiouibpîus de créance, voyant tou- tes choies calmes dans les quartiers de Campo, Verfey Si Nouajfiuquoy il fereialuc de lailFer Mofieut d'Ha- raucourt auec vue partie de la Cauaiciie , s'en retour- nant auec l'autre vers le quartiers de M^ntel, ëc lequel Candreau prioit cependant de leur enuoyer des troup- pes auec otdrepar cctir, en cas qu'ils fulïcnc prelîczde ce qu'ils auroienc à Faire, à quoy iedit Seigneur fatistît, linfi qu'il (e vei i par la coppie de l'ordre qu'il leur bailla lors, & mandaà Milandte pat Ton fcere qu'il ren- contra venant de Ton quartier de Talamone, qu'il vai- oit mieux abandonner vue partie que de perdre le puc,& que retiiant Icstrouppes qu'il auoit à la tran- :h£e de Campo , ik lott-pans ks chemins auec lioo. lorames , c'eftoit vn nombre iufHiant pour défendre yerfty long temps , ùi que mcttans 20c. hommes à iVico , ainli que Monfieuc de Vaux dés le commcnce- hicnt luy en auoit porte l'ordre, il pouuoit s'oppoCer i la df Icente d s rnncmis , ce qui ne fut pas exécuté, f^edit Milandre s'excufanc fur la defobcylTance des '.oldats. 43 î Et Jugeant bien ledit Seigneur Marquis de Cœuures >ar l'éltranlement qui cftoit dans ies trouppcs , qu'ils rcueillcr &c foufttnir ies troappes en cas qu'elles fuf- fent forcées de quiiter Verfey, ainfi qu'ii fir. Mais ayant.rencoutré Moniîeur de BolFes qui âppoç- toit des aduis que l'AmbaiTadeur de Vcnife auoit re- ceu à l'heure mcfmc de Milan, qui luy apprenoieut que Itfdits 2000. homes de reivfort arntitzà Riuc, n'cltoiéc que la milice du paysj il enuoya la raf fm: lettre parle Seigneur de Bcllt fort Capitaine au Régiment de Nor- mâdie, pour la faire voir audit fieur Milandre & autres Chefs, afin d'clTaycr d'encourager Irs foldats , leur faire fçauoir que le nombre des ennemis n'eltou pas fi grand 6c de telle valeur qu'on les deuft appréhender. Touresfoisil n'y put artiuer Is à temps, qu'il ne trou- uaft toutes les trouppcs en grand defordrc : les enne- mis ayans par le haut des montagnes défis gaignc Vi- co.Ce que voyans ledit fieurde Vaux aydede CampiSc Monfieur le Cheualiet de NeufuiUe, furent à Campo qui eft au drfius de Vico , pour retirer de là les foldats dr la Sereuiffime R«?pubiiqae de Venife , commandez parle fieur Colonel Milandre, Itu» fairf" tenir fsrme, rompre les ponts de G impo pour v\tnu à Vecùy , reti- rer plus facilement le Gai-ion, & emp:;fchfT !■; paiT.ige à 1 enncmy félon l'ordie qu'en auoit pi er-ctt auJic ficuc de Vaux leJir fieur Marquis de CoBJures \'vi\ à la ve- nté des plus grands Capitaines de nnftretL-raj.s, d lie du plus beau mgement en l'art militaire Se coadnite des g"ns de guérie , que la prqd dfs arm-'s içaa- roit dcfifcr. Lefdifs fit-urs de Vaux & Clu/ualicrs de Neufuîlle firent tous ies efForts d'arrefter leur nmidiié & de fon- dre par l'exemple de Isur valeur la f;oide glace de leur, apprchcnfion au f.'u atdant dt leur Coutage. G? qui leur eftant du tout impoifibl-- , leur lafcheté contraignit ledit fieurde Vaux à rompre deux ' pées ÔC au Cheualier vne fur eux pour auoir rompu l'ordre dâ- uc par îedir fiefir M irquis de Cœuures, & auroiêt d'vn courage totalement martial eux feuis demeurez fcrmes^ fouftenant par deux fois valeureuferaent le choc de^ l'attaque contre la ftuie des enu"mis , les afiaillanséf ' battans de tous coftez , fans que h piuye des pierres Uujées en nombre de plus de zooc. laquelle de 1000. à 1 2,00. coups de nnourquets bondillaus de tous coflf z à l'ejfour d'ettx, ny le tonnerre des Canons qijîenue- loppoient de leur fumée le Ciel & !a terre , leur pûft ofter leiour ik. h î'imiercde la vaiilaace,& cmpei'chcr ces foudres de guerres qu'ils ne piifcdrîn!: flamboyans de cour,3ge à.rauers h nuage des aïmées ennemies, s eftans efiaycz à ro.upre vn pont de bois , ce que ne poauans faire à faute de fêcours , eft.ins battus da Ca- non , & prelFez de ('infanterie Si caualerie d-rs Efpa- gnols.ils en rompirent deux planches à la ccfte de leurs forces & de leur arrogance, & après auoirfait paroiftre en cet a^e héroïque que peut leur hradielFe, & que la dcmonitratiou des cœurs généreux contre les périls plusemitieiits , efticpajf za la veue de i'mfantsrie & caualerie qui venoient de C tmpo.eftans air^illis enco- res d'vn grand nombre de foldats qui eftoient dans 20* barques iurle laedeCofme, 3uroi<^nt ellé concrainds de fe retirer vers ledit fieur de la BoilSere Lieutenant de l'artillerie abandonné d-;- tout le monde , horfrais de fon courage qui ne le quitta iamais , qu'ils trsuuerent ero cnt pour le retuer promptcmenc fans opiniaftcerj fenhyant plus defoiugde lagarde de fes Canonsque ucuncombat tout ion iouigfut d erfretirer leCanon de fa vie. qui pour empelchcr la defcente des barques ^ar le nr^oyen des barques : Mais de Condreau dit que pointa les Canohs contre elles.ôc .près auoir tiré quel, -eux qui en auoient la charge, quelques menaces i5i ' • - . .t - :ommandcment que leur en auoir faiâ; ledit Colonel Milandre , ny luy - ny ledit fieur de la Boiiiicrc ne les iuoient ïamais pû fairï entrer dedans, & après l'auoir eliuoyé auec le frerc de Milandre, ledit fieur Marquis ;eprit le chemin vcis Aldafie pour voir fi du coftc de > luiian, Cheaq & Garpan les ennemis delcendoient, k Uilla Moulicui d'àaraucouic dans la plaine pou quescoups,lcur force trop grande contre fa feule refi- ftance mit le feu atiiK poudres, fe retira. Depuis It Colonel Milandre feroit venu couragpu- femcnt auecles ficurs de Vaux 5c Cheualier de Nruf- )ubl puDuqtie pour para» uille.&éo.mou quetairesde la Rf cheuer àrôpteleidits ponrs:Mais kuretfoit & defiein ne pue rùiîîîr pour auoir efté lafchcmcnt abandonnez f , pour la deuxième fois d^fdics Cappclccs, ce qui les Mémoire concernant les troubles 4}Z amoic conttaints à fe lecir ?r lou'; Its derniers auec !c plus grand dcplaifi' cj./où fçaiuoic imaginer de n'puoiv pu mertre à extcution lent t;nueprifc gcnercuic par i^'i defobtyQatice & faitce des ToldiCs. I Sur qiiv->y ie Seigneur Marquis de Cœimres cftant aduerty de cette déioute , retourna au grand galloc pour arreftcr de fa prefcnce & magnanimité la fuitte Ôc le defordre des Soidsts , à quoy non (ans beaucoup de peire il lentiedia , &c les ayant fait mettre en ordre l'alliez enfemblc les conduifu à AldolTe où il fe campa aaec eux à la portée du Canon du fort de Fucntes, afin de les aifeutcr &c monftrtr aux ennemis qu'ils n'euffent osé les attaquer en lieu fans aduantage , comme ils auoienc faiâ: à Vctfcy , & y ayans fejoutnc depuis le Dimanche vingt - vn iufques au Mccredy matin , fans qu'ils ayent aucunement paru , ôc les grandes pluyes qui fe firent , furent caufe cpc ledit Seigneur Marquis de Cœuures & fes trouppes fc retirent dans leurs loge- ments accouftumez; &c après auoir recherché ie nom- bre des morts il ne s'en trouua pas cent. Voicy ce que manda ledit fieur Marquis aux Chefs de fon armée. MciTicurs Milandre , la BoiiTisre , de Vaux , ie vous exhotte de faite le mieux que vous pourrez , & fauuez le Canon , s'il y a moyen , hnon &c que ne pouuiez ce faire, vous ferez (auucr les Canons, barques & muni- tions, romprez les chcminî,& vous retirerez.lefqucl les chafes vous ne ferez qu'en cas de grande necelfiié, Ôc en toute extrémité , & pour fccours vous pourrez retirer ceux de Campo, & rompre les themms d'entre CampOjôc Vei-ley» Signe Destrez. j^(p (p AT lOK (î(elation cy~dejfm. (DE LA LA relation cy-delTus a efté leuë de mot après l'au- tre en plein conffél de guerre où cftoit Monfimi le Marquis de Cœaurcs , General de l'armée , Met- fleurs U s Proaideurs de la Republique de Venife , le Duc de Caudale, de Bauiïes Gentils -hommes de Ion Alteflé , Malo Intendant , Aiitonini Commilfaire de la Caualcrie Vénitienne , la Saludic, Bellefont , Cam- pagnol , Chamarandcs, Palfauant & la Serre Capitai- nes au Regsnient de Normandie & Vaubecourt. Re- cognû &c approuué pour véritable par les fieurs de Ha- ïaucourt Marefchal de Camp,de Vaux ayde de Camp, la Boilîîere Lieutenant de l'artillerie, Colonel Milan- dre.dçs Condreaux,& Fabry nommez dans iadiie Re- lation, Par moy Secretaise ordinaire de la Chambre du Roy tk dudit Seigneur General,le 5.0a;obre 1615, Ec en fuitte les ennemis fe faifirent du fort d'Al- dolTc & de S. Iulian , après y auoir fejoiîrné trois iours , s'aduancercnr à du Bin 6c logé , & s'eftans for- tifiez firent aduancer leur infanterie par ie dcifus des nîontagnfs,& fe faifirent de l'Eglifc de S kan& leur Cauaktie de Trauone. Monficur le Marquis de Cœuures voyant la téméri- té des Efpagnols , il donna commande ment à toute l'ariTiéc de le trouuer au pont de Morbin , il ordonna au Colonel Milandre 6c à Monfieur de Mogiron aucc les trouppes de Monfieur le Duc.de Candak , d'atta- cjuet i'Eglife de S.lcan. Ce qu'ils fir*nr,& ledit fieur General s'aduança auec fix cens cheusux & le Régiment de Normandie pour leur couper chc min accompagné du Duc de Caudale. Les ennemis voyans le grand appreft quittèrent toutes les portes qu'ils auoient prifes , &c fe retirè rent apics auoir enduré quelques coups de Canon que l'on auoit fait ad'.an le l'&irt code de la riuicrc ', qui '.ncommoda t'o.t ie :t C=iua'etie conduite par Monfieur de Vaux icig- nt de la bat.iiile. Et en fuite apr'rs auoir tepooiîé les ennemis iufques à SalTe-Cothé , kcîii fieur Marquis dunna commande- ment à M.)nfieut d'Haraucourt Marefchal de Camp d'aller à Chauennes aucc douze cens hommes , & en prendre là deux mille pour fe laifii de Larguer & Mon- tagnes du Miiannois, qui facili' c k s viutes des gens de guerre & defcendre au plus cftroit du lac de Cofme pour y faire vn pont , & cela eftant n'en euft pû entrer dans Riue qui i'euft contiaind de fe rendre , & pour diuercir les ennemis ledit fieur Marquis donna com- mandement au Colonel Milandre qui cftoit au feruice de la Republique de Venife, d'aller auec 800. hommes attaquer VicOi Ce qu'il ne peut faire à caufe qu'il trouua tous les chemins retranchez & gardez par les ennemis,& ledit Vico défendu par 400 hommes Efpsgnols. Et ce qui a cœpefché Monficur d'Haraucourt ç'onl eftc les grandes neiges qui furumdrent fur les monta- gnes , 6c attendant la defcentc dudit fieur , Monfieur le Marquis de Cœuures campa auec toute l'armée du Sado - Coibé , & pour empefcher la defcente de plu- fieurs barques bien armées auec de bons Canons , il ordonna audit fieur de la Boifliere Lieutenant de l'ar- tillerie de faite aduancer (es pièces au SalTo-Corbé lieu fort aduantageux pour l'artillerie , & pour auoir mal ouy il auroit aduancé la batterie à la pointe du marais où il fut tué & fort regretté , aprcs^ auoir veu l'impoflG- biUté de Monfieur de Haraucourt , & du Colonel MilandrcMonfieurlc Marquis de Lccuutes s'eft retiré auec toute l'armée , auec vn grand regret de n'auoir pu voir reiiirir cette entreprife. Maintenant l'accord s'eft fai£t entre les deux Cou- ronnes que les Vakelins demcureroient feuls dans le pays , que la Religion Catholique Apoilolique Se Romaine y feroit rellablie en fon pUin ôc entier exer- cice. Que lefdits Catholiques Valtelins efliroient leurs Magiftrats Catholiques. Que tous les forts de part d'autre (eroient tafez ôc démolis , afin que per- fonne ne s'en peut ptcualoir , ôc que le palFage fe- rou libre à leurs Majcftez qui font deiueurez Prote- dteurs. Mais fiugulierement à fa Majefté Très - Chreftien- neà laqucltc les Valtelins font particulièrement obli- gez de les auoir retirez de mifere , Ôc les auoir refla- blis en leur pays auec libre exercice de la vtaye Reli- gion. Sa Majefté Très - Chreftienne pour faire executef^ ladide Conuention accordée entre les deux Couron- nes,a faid choix de la perfonne de Monfieur de Preaux Cheualier de fes Ordres , Oc Confeiller du Roy en (es Confeils d'Eftat Ôc Priuc, pour fon AmbafTadeur extra- ordinaire tant en ladide Valtcline qu'à Vcnite, fe con- fiant en la grande ôc fage expérience dadit Seigneur de Preaux,& en fa fidélité C^c afiédion grande qu'a a pour le bien de fon Prince , comme il a témoigné en plu- neurs affjiires efquelles il a efté employé par iadiâ;e Majeité. DISCOVRS 433 DISCOVRS DE LESTAT DV DVC DE LORRAINE S O M M A I K P / Lorraine iadis nommée Auflrafie.Origine du mot de Lorrai- j ne,fes imites & les principales riuieres qw arrofent ce pays. I 2. Villes principales de la Lorraine, & particulièrement de la I ville de Nancy, fêiour ordinaire du Prince: 5. Dt; fes Corniez, & Seigneuries. 4. Fertilité & abondance de fes vins,l/ains,fâlines,diuers mé- taux, pierre d' az,ur , potffons & carpes de trois pieds de long. Ca^idoines d admirable grandeur, miroirs y & ouuràges de ver- re. ^ Naturel & mœurs des Lorrains , tenans du François & de t Allemand. 6. Richeffes des habitans confiftans au trafic des pierres da- zur,dciperles,d'JS7nirosrs,& verres des CaJùdoines,des toiles & mina da:gent,&des f.ûmss. 7. Reuviu du Duc de Lorraine en qnoy confifle, & a combien fe n:cKte tous les ans. 5. For.ercffes de Lorraine fes voifins & alliez,, ç. Dénombrement & Catalogue des Ducs qui ont commandé m Lorraine. Principale origine de la Maifon de Gutfe. Des Princes & Pnnceffes de la maifon de Guife^ Des Princes & Prtncejfes de la Matfon de Mayen- Des Princes & Primeffes de la maifon dAumale. Des Princes & Princefjes de (a ma ifon £ Elbeuf. Des Princes & Princejfes de la maifon de Mer- w. n. 12. O V Y s le Débonnaire eut 4. fils .1 yans meu la guerre contre leur Pere . qui par- tagcvcnt cntr'cux toutes fes Principautcz, tellement que Lothaire fon fils aifné eut lourupait rEmpire.ritalie,Ia Gaule Narbonnoife, & :ons!es Pays qui furent après compris fous le feul,nom le Lovraine.Louys l'AIlcmagne.Charles la France de- >uis la Mcufe iufques à la Mer Occane:& Pépin l'Aqui- :àine. Lothaire eut outre Louys qui fucceda en l'Empi- j:e,vn autre Lothaire qui dcmeu'M Roy dcLorraineiEt cepays queles allemands nommèrent Lota-riicl^ouLot- \eyck^ ou Lotharif regnum en latin , fut transformé en ce '■nor de Lotbaringia par corruption du mot , èc ceux du i^aysfe nommèrent Lorrains : pour le faire plus court, on tient que les bornes de la Lorraine eftoicnt autref- •oispius grandes qu'à prefent , Se qu'elle fut nommée Auftralîe, diuiféc en haute (ScbalTe, & contenue entre es riuieres du Rhin , de l'Efeaud Se de la Meufe, & par Ce moyen la balfe a auiourd'huy diuers noms,& eft fub- jcâre à beaucoup de Princes, Ôc la haute retient le nom He Lorraine. I Elle a maintenant pour fes limites du cofté du louant ;'Alface,& ce qui le nomme d'vn nom particulier Vve- Itralîcdu Midy la Bourgogne,du Couchant la Champa- gne, & du cofté du Nord la Forcft des Ardennes qu'elle ."encontre auiîi- toft après ceux de Luxembourg,de Tre- iUes& desPays voifins, qui ontcftéiadis desparties de Lorraine. Ce pdys eft arrofe des riuieres de Meufc,Mofclle,Sa- .■e,Voloy,Morcanc,Mcurtc, Selle, Hidc,& quelques au- Ks. La Molellc «3c la Sarc y coulent pour la plus gran- de partie,les autres l'arrofent toutes entières fans s 'aller dégorger dehors. La Mofelle prend fa fouicc en la Montagne de Vo- gele , allez prés de la fource de la :)aoi'nc vn peu au delfiis du bourg qu'on nomme Bulfm , & ayant paf- lé par les villes de l'Eftraye , Rcmircmont , EfpinaU Charmes & Bion , s'en vadroic àToul , puis àFruardji ôc par le pays Mcllîn Si de Trcucs fc va rendre dans le Rhin à Confluence. Lucius Verus fit delfcin dii temps de l'Empereur Neron,deioindré la Mofelle, & la Saofne par le moyen d'vn canal, afinquc les armées vinlTent d'îtalie par la mer , puis cftans portées par le Rhofnc& par la Saofne, s'alUifent rendre par ce ca- nal danslaMofclle , puis dans le Rhin, & de là dans la mer Occanc : & les difficultez des chemins cftans oftecs, on peut aifément voyager du Ponant auNort, ainfi que die Corneille Tacite. La Mcurte ayant re- ceu beaucoup deriuicrés , s'approche peu à peu de la Mofelle en lieu plain parmy des prairies 3 & luy fait c ompagnie par vn afez long cfpace , n'y ayant que bicnpeu de terre entre les deux canaux , iufqucs àce qu'auprès de Condé, qui eftl main droicfce , elle fe rhef- le auecla Mofelle,qui reçoit ^uffi la riuierede Selle prés de Mets. La ville capitale de Lorraine c'cft Nancy , dcmeu- 4 reprefque ordinaire des Ducs. Elle ii'eft pas grande* mais elle eft en vue alfiette agreable,& commode, Se le Palais des Ducs eft alFez beau. On y void l'Eglife de faind Georgc^où eft le tombeau de Charles le Hardy Due de Bourgogne tue parles Suiires,& Lorrains,en vne bataille l'an mil quatre cens feptente-fepté Il y a dans la mcfme Egîife de faind George quel- ques tombeaux des Ducs de Lorraine fans infcn'p^ tion. Il y en a de mefme en quelourrc ces villes font encore en Lorraine les villes de Charme, Simic , Challel fur la Mofelle, Clermont en Argonne,Gondrecourt, lamais fortcrelle, Aftenay,Mar{acforccrcirc,Falfebourg,Liit{bourg,Blaf- montjFontenay en Baugc,Homboneg,S.Anaud,& plu- fieurs autres. 3 Les Comtez de Lorraine font Vaudemont, qui eft à cinq petites lieues de Nancy,Chaligny àdcmy-lieuëde Nancy, Amence à 7. lieues loing de Mets versicmidy, qui eftoit autrcsfois la Chancellerie de Lorraine , Ri- checourt allez jnés du lac qu'on nomme la Gardeiac, d'où coule vue riuicrc qui fc me;.e à la Mcurte entre S. Nicolas & la Ville de Rofiercs , Remiremont à oiain gauche de la Mofelle qui fait là vnc Iflc.aux parties plus Meridionaies delà Lorraine. La Mothe alTîs fur vne riuicre qi;; Ce rend aufll-toft dans la Mofelle. Les Seigneuries de Lorraine font Mariai allez prés du lac Lindcre, où il y a vnc Ifle aucc la ville Techcm- flil, Rem.ereuillc 33. milles loing de Nancy, S.Belle- mont,Rambciuillc,Hombnrq, Maricmont,Saiidacour. Au rcftcil finit mcctrc aucc la Lorraine le Barrois , qui s'eftcnd iufqucs à Neuf-Chaîlel. Sa ville principale eft Bar-le- Ducainl! nommée pour difierence des villes de Bar furSeinc,& Bar fur Aube. Ses autres villes (ont laMothe, Ligny& Arq, & il y en a encores quelques autr,es, mais elles ne méritent Sicile , Aragon CcHierufalem , ôc s'efforça par armes d'acqacrir emporter le Royaume de Naplcs des hé- ritiers d'Alphonfe , & celuy d' Arragon des héritiers & fuccelTeurs de leân. IclaiireàparlerdeGodcfroy deBuillon, & de Bau- doin frcreSjDucsde Lorraine, &c Roys de Hierufalem, pourcc qu'ils n'eurent ligiiécde manière que Baldoiiin &de Burge eut cC obtint ledit Royaume, & Guillaume frère defdits Godefcoy & B ildoUin eut le Duché cje Lorraine, duquel font lortisRenéz. ôc fes fuccc (Leurs L'ucs de Lorraine, & ce René portant , ainfi que nous auons dit,les armes de Hierufalem, leslailFaà tous fcs hcriiicrs & fuccelfeurs , comme nous voyons auiour- d'huy que les portent les Ducs de Lorraine, & les Ducs de Guife,iiïias de l'eftoc des Ducs de Lorrainc,s'accom- modant &c leurs fuccelFcurs aufli.auec les Roys de Fran- ce,lefquels s'appellent pareillcmcntRoysde Naplcs,de Hierufalem, & Comtes de Prouence, & defquels ils ont eu le Duché de Bar-le-Duc, celuy de Guifc&de Ma- yenne en recompenlede laProuence,parquoylesDucs de Lorraine & de Guiic ne portent les armes de Hie- rufalem autrement que comme pretendans du Royau- me de Naples. Qualité. Combien quela Lorraine foit iointc Se entrclairée à des montagnes & desforelts , toutesfois elle n'a bcfoin des autres prouincc»; , ôc porte airezdefioraent & de vin pour la prouifion. Elle produit diuers aivmaux.Elle a force eftangs qui abondent enpoiiron,&aueccela des bains à Plombie- res,oLi il fcfait desciircs,& fe guérit des maladies 6c des blclfures les plus admirables qui fe puilFent dire , où l'on va de toutes parti,qui doiucnt eftre foit efl:imez,., c..-. i . ■ . .' rant,& à paffcr les ioiirnécs entières à faire caroux Il fort d'alfez bons foldats dcLotrainc, &i'en ay Vcu des trouppes qui ne faifoicnc pas mal leur deuoir. Le peuple y crt affez franc, & n'cftfi corrompu qu'en beaucoup d'autres Prouinces , & s'il y enaquelquVn qui vueille faire le fin , les rufcs fonr rccogiuics pour pcufubtiles: caries efprits n'y font pas des plus déliez, , combien qu'il s'y trouue quelques hibiies gens , de , mefmc qu'aux autres pays qu'on tient cncorcs plus ru- des.Lcs Gentils-hommes y font bons, francs & vérita- blement nobles , & quelqucs-vns d'entr'eiix viuent prcfqucà rAllcmande , les autres rafchcnt de former Icursadions à la Françoifci Sur tout la Cour du Duc de Lorraine (S'cfForcc d'imiter en toute chofe celle de Fr.incc.Ail(ÎJ y a-il,poulce qu'elle contient, de bien ga- lantshommcs,& fort polis, ôcparmy ce nombre beau- coup de François qui fe font mis à la fuitrc , & ont alFc- ébioiinc le feruicedu Duc. de cette nation qui pcnfoit lors que tout luy cltoic de '-nne guerre. j, Le Duc y a fait trauailler depuis à hôn efcient , tel- lement que c'clt vue place des meilleures de laChrc- rtientc bien fortifiée à la modcrne.Il y a dans Nancy vn Arlenal aulTi plein d'armes Se de munitiôns , qu'aucun qui (c trouue pi cfque en Europe. lîar-le-Duc a vn bon chàiteau, qui eft entre lahaurc& baiïè ville. La Motte dont cy-delfus eft fait mention pour fort affiertc & fortification cft impren^tble, comme aulîî le Chafteau de lamais fur la fionticre de Luxemboura^ Aftenay,Clermoiu,rontau(ri trcs-fortes places. Il y m a quelques autres encores affez confidcrablcs fur la n:onticre,mais qui font petites. Ce Prince fepeut fur tout alFeurer de Ces gens , qui luy font extrêmement affedionnez , & ne manquent nullement de coilrage,dci forte que s'il eftoic bcfoin de meflcr les mains.fonpay^tHant peuplé comme il cft,& '"^"^^ '"''"""^.lonpay^titant peuple comme il cft,& Qtuxnt a ce Prince , ce ferojt fuperfluite de vou bir j fourny de bons hommes, fans doute il donneroit de la auc les pcrfeétions , pms que l'on fçait alfei les belles peincà ccluy qui le vicndroit attaquer : maisil eft hors qiialitczde ceux de la maifonda Lorraine, qui nailTent de crainte de cccofté-là , veuqu'ileftenfort bonne in tous auec tant de courage. Se de gcntillelTcqu'ils font i telligence auecles Princes Allemands , taiK fesvoifinsi admirez de ceux qui les voyeHt , & neftonncnt moins j qu'autres , comme auflî auecles Maieftez tres-Chrc- ceux qui ne les voyent pas par la réputation qu'ils ont ' ftienncs Se Catholiques . defqueiles il al'honneur d'c^ acquiie ,& qu'ils confcruenc entière par leurs adions, ftre Ci proche parent qu'il n'en doit efperer que toute où la courtoifie & la generonte paroi/Fent ordinaire- r^î^fl-an^/» £",.,„.,.- ^ ment aaec tant d'éclat, que celuy qui ne les eftime , Se ne les loué , eft plein d'enuie ou de haine , ou manque deparolcspour les exprimer, ou d'elprit pour les reco- gnoiftre. rTîftance &faueun Les Ducs de Lorraine, f A Lorraine a eu autresfois des Roys qui coffiman- A^doienta vne eftendué de pays beaucoup piuspran- de.qucn'eft celle qu'on void fous la puiilancè du Duc qui eft a prefenr. Quant à la fuccelTion de fcS Ducs , cî'e a efté fort Richejfes. ; T Es habitans font auiourd'hiiy vn grand profit des ç — ; , -L'pierrcs d'azur qui fctrouuent en Lorraine, & des ! J,°"""« interrompuë.Le premier qui fût ordonné Duci perles que l'on pefche aulTi au pied du Mont Vogefc. | , """'"^^ Charles, Se le z.fut Othon du temps duquel Ec ils ne tirent auffi peu d'argent de la matière qu'ils \^,^r'^r^ ^^P^»^^ l'AlfaceiSc l'Alfacc érigée en . ..... . . . . Mngraf.Cet Othon mourut enuironrani Oie lieue pourfuccellcur, Godefroy fon fils, quimoururraniozo. Ccttuy-cy eutpourfonfuccdreur Godefrôy leBoHu, qui fut tué 1 an 10764 ■* Lors l'Empereur Henry 4. bailla cette t)uché à foti hls ^onrard,niais elle fut depuis rendue' à la miiTon de toute larrance,par l AllemagL , nés d'argent rendent aufll cette Prouince alTez riche. Le Duc de Lorraine tire de fon pays , 1 200. mil el- cus, voire dauantage, & entre autre rcuenu il y a des ... ^ - -J ont pour les miroirs Se les vcrres,de mefmequede leurs Caflidoines,quifont belles au poflîble,& propres à fai- re de beaux vafes. Les chcuaux de Lorraine portent pareillement vn grand profita leurs maiftres , qui en vendent en aftez grand nombre. Les Lotrains font auflî beaucoup d'argent de leurs . . .^^.^^^ toiles , Se de leurs ouuragcs qu'ils portent vendre par ; ^'^J^^'^^^'i^^ais elle fut depuis rendué' à la mâiTotl de toute la France,par l'Allemagne, & ailleurs. Et les mi- ^ ^'^^ * fçauoir fonnepueu deparfafœur,qui i> — J /r T>-„.,: — „../r„_„f„k_ rucUodefiroydcBuillonRoydelerufalcm. Baudouin fon frère fucceda au Royaume , & en la ^"^f]^' ^ ^P»^" l"y 3 . frerc nommé Euftache; Tou^ falines qui luy produifent vn grand & certain reuenu, ^^«tois quelqucs-vns difcnt qu'après Baudoiiin Henry Se fe faia lefel par vn admirable artifice , lequel fc di- j ^ ^'™P"^"goccupaparforce la Duché, &fut le 7. Duc ftribué tant en ladite Prouince qu'es autres pays cir- , cohuoifins, Se s'il faifoit des impofitions & daces com- A*"." l'Empereur Henry V. biiilla cette Duché me les Princes d'Italie , il tripleroit fon reuenu à raifon ' ^ ^""^«"me Comte de Louuain , qui eut pour fueceA • ' • ! leurs, * Theodorie fon fik Thibaut fils de TiieodoriCi auquel, fucceda. Friderie/ous qui le pays de Brabant fut feparé de k Lorraine. Apres Frideric vn certain Mathieu futDuc,qui lafflàr après luy fon fils nommé Simon/ & vn autre fils nom- me Frldcric, qui mourut l'an de grâce 1135?. Cettuy-cv eut pour fucccflèiîrs, ^ Mathieu fon fils,puis Frideric fils de Mathicu,'& après Frideric Thibaut fon fils,qni mourut l'an 1311, Frideric fils de Thibaut. Raoul fils de Frideric.qui mourut l'an 1 346. Ican fils de Raoul, qui efpoufa Sofie fille d'Ebernarcî Comte de Vvirtembcrg , & mourut l'an ï 38 2, & fut enterre àNancy,i!c lailfa pour fon fuccefîèur. de la fertilité dupays , & de la grande quantité de peu- ple qui y habite,& le reftc de fon rcuenu vient du bois, !grains,prairies,minesd'argcntj& choies femblables.Lc peuple n'y eft nullement foulé de tailles : à raifon dc- quoy il vit en repos , Se deuient de iour en iour plus riche. j Forces. LAprincipale foitereflc de Lorraine, c'eft la ville de Nancy , qu'on commença d'agrandir & fortifiera la Roy aile Tan i587.pource que le Duc craignant que es Allemands, qui paiferent alors en France auec vne l^roffe armée qui ferabloit deuoir faire tout tremt)Icr, jieluy ruinaffent fon pays Se fa ville, ceignit les faax- )ourg;. de murailles , augmenta le tour de la ville de ^Jancy . Se la mit en eftat de defence auec vne telle ...u.puu. ion luccelleur, )romptuudc , qu ilpenfa qu elle fulhroit pour cuitcr Charles fon fils , qui n'eut quVne fille mariée ^ O o 435 Difcours deTEftat du Duc de Lorraine. René Roy de Sicilcfilsdc LouysDuc d'Ar.iou.Ccrtiiy- cy fuc Duc de Lorraine par le moyen de fa femme : il killa vn fils nommé lean,&vne fille nomm.éc Yoland, qui fut femme de Fiideric de Vaudemonr. Ican (ucceda à Rcnc Ion pcic, & lailTa après liiy, Nicolas Ton filj.,qui demeura fans hoirs Tan i ^64. Alors la Lorraine paruint entre les mains de Fridcric fils d'Antoiiic Comte de Vaudcmont, àcaufc de fa fem- me Yoland fille de René Roy de Sicile. Ccr uy-cy remit ia Duché en la pullFancc de ceux de la maifon de Buil- lon,t.Denys en France,eft mort l'an 1 6z i, pendant le fiege de S.Ieand'Angcly. E le 4. François Paris de Lorraine , CKeualicrde l'Ordre de S.Iean de Hicrufalcm , Lieutenant General pour le Roy en Prouence , il mourut à Baux en Prouen- ce d'vn cfclat de canon le i.Iuin i 614, Louy fe de Lorraine féconde femme de Monfcigncuc François de Bourbon Prince de Conty, d'eux n'eft forcy qu'vne fillc,nomméeMaric,mortc en bas âge. ^ Catherine de Lorr?iitie ell decedée fans auoir cftç mariée. Marie de Lorraine , Abbeffe de Saind Pierre de Rheims. ïeanne de Lorraine, AbbeifedeloUatre, & Prieure dcProuille. Trinces CHarlesdeLorraine,fccondfils de François de Lor- 1 raine,Duc de C.uife,i^ d'Anne d'Eft de Ferrare = a elle Difcours de l'Ëflrat du Duc de Lorraine. 'cftc Marquis, puis Duc de Mayenne , Pair& Gian-I Chambellan, A eue de Henriette de Sauoyc'fa femme, hlîcd'Honoi-cdeSaiioyc, Marquis de Vil'lais, Adrtiiraî de France deux filles, Icatioir. Henry de Lorraine, Duc ce Mayenne de d'Ai-niil- lon,PairiS: grand Chambelhin de France , Gouuerneùr & Licurcnant General pour le Roy cnl'I cdc France, puis en Guyenne, il cfpouià Henriette de Gonfat-Ues fille puj^lice de Louys de Gonlagues Duc de Ncticrs & d'Henriette deClcucs , laquelle dcceda en coiiche d Vn fils mourut incontinent après. Ce généreux Prince après auoir demeure plu(îciu-s années vcuf,pen- dant Iclqiielles il a fait paioiltrc fon courasre , Se s'cA fait rcnommcrpourû bonté & nlagnanimîré, iufqucs à tant qu'il hit mal-lieurcufement cué dcuant Môntau- ban au mois de .Septembre i6zi. Charles Emanuël de Lorraine Comte dcSommeri- lic*,môrt en itaiicfans aUoir efit marié. ! Catherine de Lorraine fille aii'néc de Charles de j Lorraine, Duc de M iycnnc , cfpoufa Charles dcGon- l fagues , Duc de Niucrnois & de Rcchelois , Prince de ' Manroué, Pair de France , Gouuerneur & Lieutenant I gênerai pour le Roy es Prouinccs de Champagne &de i Brie,qui en a eu (>.en£îns, 3 .fils & 3 .fillcs,rçauoir, | Frar.çois de GonGigues Duc de Rethelois , ieunc ' Prince decedé au mois de Septembre 1 6x1. j Charles de Gonfagues de Ctcues,Prince de Porcian, & maintenant Duc de Rethelois après î"e dcccds de fon . »ifnc. i Ferdinand de Gonlagues, & de Clciics , & Duc de ' Mayenne. N.de Gonfagues de Clcucs. N. de Gonfagues de Cleucs. N. de Gonfigues de Cleucs. René de Lorraine, fille puifiiée de Charles de Lor- raine Duc de Mayenne , femme dû Comte de faind Floure Mario,fiJs.aifné du Duc de Sforcc en Italie, du- quel elle a eu vn fils. Tmces iiT Tmcejjês de la mai/on d'Jumalè. 4J7 L'airnc a eu de fa femme Claude Mouy des fils ^. filles , entr 'autres, qu'on ne peut alfcz loUer qaoy qwe viuans. i j i Charles de Lorraine Encfquc de Verdun après Eric de Lorraine fon oncle.lfcquel a quitte cet Eucfclié, poiu: (c rendre de la Compagnie des Icfuires à Rome. dJu^u '^^ L^''^''ii'^^'>^omtcdeChalignyi Ôc Marquis ' Frrujç^-ois de Lorraine Eucfquc de Verdun après CoW trcrc Charles. Diane de Lorraine féconde fille de Claude deLor- ramc Duc dAumaJcacfté la première "femme de Fran- çois Duc de Luxembourg £c de Pina) , Pair de France duquel elle a eu, Henry Duc de Luxembourg & de l inay, PnncedeTingry , lequel a eu de Magdelainc dcMoncmorancy, fille deGuillaume de MonFmorari- .cy, Seigneur de Thoré,& d'Anne de Lalain, deuxfillesi I vne mariée au fieur deBrantcs,l'aiureanicune Duc dé Vantadour, Marie de Lorraine Abbelfç de Chelles Louyfede Lorraine Abbeife de noftre Dame de SoiP Ions. ^mces & Trinceffes drla mifon â'Elheuf. R ^ u /iiicnoi- nette de Bourbon, efpoufaLoriyfc deRieux , fillede n ^f^gneur de ilieux, &de Madame Sufanne de Ené de Lorraine, Marquis d'Êlbeuf, fepciéme fi|s de Claude de Lorrainc,Duc de Guifc,& d'Anchbi-^ CLaude de Lorraine III, fils du Duc de Guyfc & d'Anthoinette de Bourbon, acfté Ducd'Aumalc, Pair de France, Gouuerneur pour le Roy au Duché de BouigoghcFut tué deuant la Rochelle, l'an 1573. c. ividuanjouiannede Bourbo^adela maifondeMontpcnfer, d'où font iifus vnhJs&vne fille, Içauoir, Mariedc Lorraine, femme de Ch.1tlts de Lorrain! Duc d'Aumiie ion voj/in. Charlcsde Lorraine Duc d'Elbeuf, T>air dcFrance, aeupour femmeMadameMarguerite Chabot, troifié! me hlle de Leonor Chabot, Comte de Charny , gramî Efcuyer deFrance, duquel mariage font forrildeuxfil & nois filJes,fçauoir,Charlesdc Lorraine, Duc& Pair de France,Comtede Harcourt, qui a efpoufé Catherine HennetteleptiméedeWe^delaqfiellei^ nls& vncfiUcfcauoiri N.de LorraincComte deHarcourr. N.dc LorraincCbmtc de riilcbonnc. N.de Lorraine. Henry de Lorraine , fils puifné de Charles Drem'tVf dUnom,Ducd'Elbeuf,C6mtedeBripne,appclSl rede Harcourr. ^. ClaudeLeonor dcLorrainé, femme de Louys Gouf- her Duc de Roucnnois & Marquis deBoilTy , dont elle a cuplufieursenfans, defquels l'aifné porte la qualité deMarquisde Boilfy.Heririette &Fran oifedeLorrai- ne,Religicufe. - Marie de Lorraine fiUeaifnée de Claude DucdeGui- Ic 6c Anthoinette de BourBon , a efté mariée deuxfois, enpremieresnopcesauec Louys d'Orléans, pi-emierdil nom,Duc de Longueuille, duqi^el elle Curdeux enfans. François d Orleans,3. du nom Duc de Longueuille, le- quel mourut le i i.iour de Septembre 1 55 i. â^é feule- ment de 8. ans, citant fous larutcllc de fon ayeul ma- ternel Claude Duc de Guife. Louys d'Orléans né le 4. ioiir d'Aouft 1537. dcu;£ mois aprcsla mort de fon pere deceda ieune. Marie de Lorraine efpoufa en premières nopces le Duc de Longueuille , puis en fécondes nopces lacques Sieur du nom,Roy d'EfcolTe, & eut de ce Prince deux fils qui "'?rn^"V ^^."i^^fii'c nommer Marie StuardRoyne d tlcofle . laquelle efpoufa en premières nopces Fran- ' çoisfecondRoydcFrancefils deFrançoispremier, du- quel elle n eut enfans , & en fécondes nopces efpoufa Henry fils du Comte de Lenox, duquelcUe eut vn fils, (çauoir, lacques Roy de la grande Bretagne & d'Irlande, Pè- re de Henry PrinccdeGallesdcccdélan 16 lu Oo' 3 Di fcours de t'Eftat du D u c de Lorraine . 'S 4î8 De Charles Duc d'Yorc , nulouid'huy Roy de la grande Bretagne après la mort de fonPcre qui mourut au mois de M^ns i 625 au mois de May cnluinant le- dit Rc-y Charles fils de lacqucs VI. cipoufa Madame Henriette Marie de France Lœur de faMajcfté Trel- Chrcfticnne. Elizabeth mariée à Federic V. Comte Palatin du Rhin duquel elle a eu pluiîcursenfans. De Marguerite Stuard née en l'an 155)8. Trinces ^ Trinceffes de la maifon de Mercceur. Nicolas de Lorraine Duc de Mercœur enAuucrgnc & Comte de Vaudemor,t , fur Tccond fils d'An- thoine Duc de Lorraine &c de Bar . a efté marié trois fois. En premières nopces à Marguerite d'Egmont, &c en eut Henry, Catherine & Marie moi tsicuncs,& Louylc de Lorraine, femme du Roy Henry III. Roy de France & de Pologne. En fécondes nopces il cfpoufa îcanne de Sauoyc hl- le de Philippe Duc de Ncmours,dont il eut trois fils & vne fille, fçiiuoir, Philippe Emaïuicldc Lorraine Duc de Mercœut ôc de Ponthieurcquiefpoufa Marie de Luxembourg, fille de Sebaltien de Luxembourg , Seigneur de Mattigues, de leur mariage font ilfus, Philippe de Lorraine dccedé ieune, Françoife de Lor- raine Duchcirc de Mercoeur qui aclpoufé Celar Mon- ficurDucdc Vendofme,Gouuerneur& Lieutenant Ge- neral pour le Roy en Brctagne,ciui en a eu z. fils & vne fille , fçauoir , Louysde Vendofme Duc deMerca'iir, François Pierre de Marcigues,&: ifabelle de Vendofme. Charles de Lorrame iccond fils de Nicolas de Vau- demontdc fa féconde femme, a efté Cardinal Eucfque deToul. François de Lorraine Marquis de Chaufiins meurt fans auoir efté marie. En troifi-mes nopces Nicolas de Lorciine Comte de Vaudcmont , efpoufaj leanne de Lorraine fille de Claude Duc d'Aumalc,de laquelle il eut Henry de Lor- raine Comte de Chaligny , mort en Hongrie , laiirant trois fils de fa femme Claude de Mouy, fille de Charles Marquis de Mouy. DISCOVRS DE LESTAT DE LEMPIRE D ALLEMAGNE . — ^ — ' " \fjnt leurs mœurs engencraljeursfamis de viure , dl Abïts & exer- SOMMAIRE. / De il "rondeur & eflenduë de l'ancien Empire des Ro- mmnsJon detlm & affoibliffemcnt notable p à tant que Odoacre Roy des Herules eftant venu en Italie auec vnearande armée contraignit Aligufte ; de quitter par defeÇoir l'Empire d'Occident , ce qui ! aduint en l'an de grâce 466. pource que les Huns auoient dclia pafsé le Danube. I Alaric Roy des Vandales auoit pris Rome , &les tnefmes Vandales auoient occupé premièrement l'An- dalufie , puis l'Afrique, & les Alains le Portugal , les Gots la plus grand' partie de l'Efpagne , les Anglois la grande Bretagne , les Bourguignons la Prouence,' les Fiançons la Gaule , & les Huns la Pannonie, au- lourd'huy Hongrie. L'Empereur luftinian fouftint vn peu cet Eftat , veu que par le moyen de fes Capitaines Jl chalfa les Vandales d'Afrique , & les Gots d'Italie i an j jo. mais cela dura bien peu , pource qu'en l'an née 61 3 . les armes & la fede de Mahomet commen- cèrent à trauailler tous les deux Empires , qui demeu- rèrent en peu de temps opprelTez par les Sarrazins, lors q« ,|s (e rendirent prefque entièrement maiftres f vn coite de la Syrie , de l'Egypte, & de l'Archipela- pe,& de 1 autre de I'Afi:ique,de la Sicile, & de l'Efpa- tjne qu'en l'an fept cent trente cinq ils Ce faifirent cn- ^or de Narbonne, d'Auignon,de Tholofe, & des pays 439 )c (ortc que peu à peu l'Empire d'Occident fut ruù é An^ celuy du Lcuant demeura iî foible,quc la . ...^ de Conftantmople peuft à gr.nde peine fc def-^ ^cndre contre lc^ahometans,tant .'en falloir qu'elle pcuft donner fccours à ceux du Ponant. Ce quc\eon 3. ayant bien conhdaé ( outre que les Empereurs Grecs fomentoientl'impieré & les hei-efies ) rdblut de donner 1 £mpu-e d'Occident au grand Charles Roy de ^unccce qui aduint l'an de falut Sco.L'Empired'Oc- que les Grecs eurent pour leurpart depuis Naplés , & j depuis Siponteen tirant vers le Louant auec h Sicile, I Beneuent refta aux Lombards , les Vénitiens comme , nc«ti^s,demeurerent libres; ôc le refte fut à Charles le grand,ou Charlemagnc. ^naues ic Blonde dit que cefte diuifion fut premièrement ap- I Fouueepar l lmpcratrice Irène , puis confirmé pL 1 1 Empereur Niccphore. ^ I 0"/it que par ce moyen le Papé Léon rranfportà A ir^''';Tr ' pour ce que Charles eftoit Allemand de Idng &d'origine, dé melmeque tous les Francs qui v.ndrent en Gaiilé eftoient de Francome prouince d'Allemagne, tellelTr^'^'t'"'"'' " moyen diuisé en tclle fot te qu il n a ïamais peu eftre vny depuis , com- bien qu Emanuel Comnene ayant feul l'Empire par 1^ pnuation de Federic premie/ fie de grandsVe au Pape Alexandre troifiéme. Tellcmen?que cefte def- RoXrCnT^' -^'' l''""^^^°" fiege Impérial de creaTfon ^'n " i '"^^^^ ' '""'"^ ' ^^^^le en U création de Charlemagne , qui demeura polTcireur de ceqniluyauoitcftéalïignépadePape ''^'""^ naiî,Ï"L ".^"'^^ i'eft-oit,telI,ment qu'if n auoir que 1 Allemagne ôc vne partie d'icalie , pource sue le Pape loiiyrîbit paifiblemcnt en Italie dfbë u! tie les deux Empuxs vuioicnt auec vnc libené abfoluë. auec tout leur Eftat , fans dépendre d'aucun , & es Royaumes de Naplcs & de Sicile , que les Nmman auo.eat oftez aux Grecs, cftoi.ntdeuJnus fiefs de'ïï &n"ï Ter;/"'?/^"">^f'^ Glement,puis fou. J.N1CO as H. ôc (es fucce/leurs qui approuuerenten cela Tom -rdir T 7 '^""^'P^ auoit fair^t Henry 4 &f i 7 p r ' ^^'''^ ^^■^^""i- tlcmj4. &5.&deFedenci.&i. Empereurs à l'en- droit des Papes qui en partie, à caufe de la mutine l u- meur des F-pleMonnerent toujours plus de pe n & t^&df^s:^"-^"'^^^-^-^-^ _ C eftpourquoy Rodolfe nort feulement ne fcfow defat 7 ^ ' ^^"^^ 'î- aduerfi^ez & vendit la iibcite aux peuples qui la voulurent iche- ptei,a fort bonmarché: carelle'ne cdufta pas plus quê Ainfi la force manquant en Italie à l'Empire auec ai-eputation . H ne luy refta prefque autœ Lfe que le nom, & les Vicomtes a Milan quelques autres ailleurs , s emparèrent de tout ce qu'ils peure.t porter autre honneur à ^Empereur que de luy dema , 1 Eftat de Milan auec les armes ne fe foucia d'en obte- mr hnueftiture , eftimant qu'il fe pourroic maintenir I en polfeffion de cet Eftat par les melî^es moyens q l auoit acquis. Pourconclufion , l'Empire eft auioar- dhuy entièrement réduit à l'Allemagne , &mefi,.e eri beaucoup de lieux I'authorité de l'Empereur eft corn me anéantie. Mais pour venir à fa deibription , il fZ't parler en premier lieu généralement dé ce pa^ do.ït les confins ^.,;r en difpute. pays ctonC Les plus ancics ont borné l'Allemagne delà riuiere > Q o 4^ 44^ d. Rhin, Au Danube, la mer : du Don,ou Tanais & ^PunrEuxinoudclamci-Maiour. Ceux qui fonr venus apvcs , comme Sa-abon , 1 to- De l'Eftat de l'Empire. éflcu. La Siicuc ou Suaubc eft la plus haute partie de coûte rAUcmaj;ne , elle cft bornée du Louant de la Bohême , du Nord de la Francunie , du Couchantde cnus apvcs , comme :> a , ^^^.^^^ lomee , Pomponc MelcP.tne ^ pU%u -^^"«'^^^^ j^a fourcc du Danube eft en ce pays, qui Grecs que Latins , l'enfermet^ entre le Rhm & U ^^Xic.n R.v.,,^. . nnî. ^.ninr Dnrhé & eft ^'xlate dit que les Allemands font pluftoft fepavez des Sarmatcs & des Daces, par vne mucucllc devance & par des montagnes que par la Viftule. Or auiourd'huy l'on donne à l'Allemagne toutes es Prouinccs dont les liabitans vfcnt de la langue Alle- mande . lîbienqu'ellc contient au delà leslunitcs de Ptoloméc & du Danubcla Rhccie, ou le pays des ^n- fons , la haute Pannonic & vne partie de 1 Etclauonie, iufques au pays *le Trente. Les Allemands ont aulTi dccupé au delà du Rh>n , les vUles de Conftance, Au{bourg,Stralbourg,Vvormes,Mayence,ConHuence Bonne , Cologne & beaucoup d'autres lieux mlques a la mer. On range aufli auiourd'huy les Suilfes entre les Allemands , de melme que les PrulTiens qui demeu- rent au delà de la Viftule. Tellement que 1 Allemagne s'cilendroit au delà du Rhin iufqu'en Picardie , ôc en Bourooene du cofté d'Occident & iufques aux Alpes du cofté du M.dy , contiendroit du cofte dii Lettant la Prulfe au delà de la Viftule, & feroit bornée de la mer du cofté du Nord. Mais laiffant à part ce que i ay dit ailleurs de la balle Allemagne,en parlant des Pays-bas & auffi de la SuilTe en parlant de la Repubhque des Smlfes , ôc pairant ibus filence les Eftats q^u^f/'l';^- enoifiént pas l'Empereur.ic con^mcnceray par i All.Ke ou le pays d'Eltas qui cft aux frontières de la Suiilc cefte Prouince eft dunsée en haute & balfe : U haute eft vn Lantgrauiat & contient la Suntgoyc & la 1 al 2oyc : toufe cette contrée contient grand nombre d Villes » de Bourgs ^ de villages ôc eft habitée de tous coftes : Ses principales villes lontRubcaquru^ qm fut baftic par les Romains , maintenant RutacU Schleftat ou Seleftad en lahautc Allace ^^^^^ur^ cn Brigoye,& Argctine ou Strafoourgen la haute AUace, ce Ueu eft forc^au pollible & l'on y void vne tour ad- mirable , veu qu'elle cft haute de 5 74- ?f Geomecn- Le pays dl Vittemberg, ou Virtemberg conhn du Leuant k du Midy auec partie de la Suaul e du Nord auec la Franconîe , du Couchant auec le Palati- „at du RWn.Le Neccar palfe par l^^eatt mdieu de ce hays-ll y a en cefte contrée forces villes & Çhf Srcvne infinué de villagcs:fa capitale ville eft Stur_^ .arde, les autres villes principales font Tubinge, ou rl V a Vniiicrfité , & Vvirtcmbcrgqui communique Ion Lm à toute là Prouince, La Franconîe , autrement France Orientale Se vulgairement Frankenland,apovu fes limites du Midy la Suaube & la Batuere , au Cou- chant le Rhin,du Leuant la Bohême, 6c le pays de Tu- ringe , & du Nord le pays de Heden & la Tunnge fuf- mentionnée : fes principales villes font Herbipohs communément Vvirtzbourg , dont l'Etiefque e nom- me Duc deFranconie , nontoutesfois de tout le pays mais de la plus grande partie; On void après Bamberg bel le & bonne vllle:Toute cefte Prouince obeyt a cinq P nces , à fçauou- aux Euefques de Vvirtzbourg ,dc Bumberà & de Mayence , ou Burgraue de Nuremberg t au Camte Palatin du Rhin.Allez près de Franconîe pv s de la riuiere du Rhin , on void a ville de Spire & la Chambre Impériale , puis Vyormes qui eft "nommée à caufe des Diettes 6c ^i^e™^ -/^f "^^^f Mayence vulgairement Ments , dont l'Arxheucfque Tft Ele^Vcur 0^ grand Chancelier de l'Empire : cefte ville cft forte , ^rant à caufe de fou affiette que de les murailles & de fon peuplc:dlc eft alhle lut le Rhm & fnr le Mcin.Francfo.-c fur le Mein,eft renomme a caulc des foires qui s'y tiennent deux fois toutes les années, & à raifon aufti que c'cft le lieu ow i'Empcreur eft. hic autrefois vn Royaume , puis dcuint Duché , Se cft maintenant fous diuersPrinccs,doiit aucun ne porte le titre de Duc du pays:toutcsfois le Duc de Vvirtemberg en tient la meilleure partic.Ses principales villes font Aufpuigou Aufbourg aflTife fur la riuiere dcLcch , & auiîi riche qu'aucune autre qui foit en Allemagne. Vlme fur le Danube , qui n'eft pas du tout fi grande ôc cft toutefois fort riche iSc marchande: <3c Norhnge alfife en vne belle plaine ayant trois mille de tour, il y a cn- corcs beaucoup d'autres villes Impériales qui fc nom- ment Franches. ^ L'Empereur qui règne auiourd'huy pollede aufll le Royaume de Bohême communément Behaiui qui eft dans les limites de l'Allemagne : ce Royaume a pour Tes confins du Leuant la Morauie , & vne partie de la Silefie , du Midy l'Auftriche &: Bauiere , du Couchant le pays de Nuremberg , 5c du Nord la Saxe ôc la Mif- nie; la forcft Hercinie l'enuironnc de tous coftez, ileft de forme ronde &c l'on palfe fon diamètre en trois iours de chemin,les autres difent qu il a de longueur trente fix lieuës de Bohême : les viuieres qui palfent par ce Royaume font l'Albie , que les Bohèmes nomment Labc , Multauie communément Vltauue ôc en Alle- mand Vvolda,& outre ce l'Egre, Saffage, Giferc, Mile & Vatcoqui le dégorgent dans le Labe. Prague autre- fois Bubien & Marobade , cft fa capitale ville & en contient trois , c'eft à fçauoir la vieille Prague, la nou- ucllc ôc la petite qui cft Icparée des deux autres par la riuiere d'Vltamc. La Morauie jadis Marcomauie , vulgairement Mc- rheren , tire fon nom de la riuiere de Moraue , elle eft fcparée de la Hongrie ôc de la Pologne du Leuant, de Bohême du Couch.int ôc de la Silefie du Nord par des montao^ncs , des fort fts & des riuicies , mais elle eft pleine du collé de l'Auftriche qui la confine du Midy. Ses riuieres fontla Moraue,la Noerc,laSuittc,Trayzc, LrlcHaue ôc SuarteJl y a en la Morauie deux Comtcz auec quelques autres Seigneuries , ù principale villt eft OlmHts que les Bohèmes nomment Holomatz-,ccl- le qui la fuit le nomme Prunnc , en Allemand Btiii, ôc enBohemois Biuno.Bauicre,commuiiemcnt Baycrn, contient la contiéc que tenoient jadis les NarilFcs que l'on nomme auiourd'huy Nardaouu, ôc eft feparéc des autres par le Danube, Cic pareillement elle erobralfe le pays des Noriciens, ôc les Vindcliques communément Licaticns ou Lechrains.Ce pays cft borné du Nord de la Franconie^du Couchant de la Suailbc, du Midy des Alpes , ôc du Leuant de l'Auftriche ôc de la Bohême. Il y a deux Bauieres , à fçauoir la haute ôc la balfe , la haute cft au de^adu Danube & du cofté des Alpes , & du Midy , fes principales villes font Munoch vulgaire- ment Munchen , fur le bord de llfer , c'eft la demeure du Duc. Ingolftad eft vnt belle ville , où il y a vne fi- meule Vniuerfité , Frefling ville Epifcopale ôc généra- lement en tout le pays il y a trente quatre villes aHcz ! bonnes. La Balfe Bauiere au delà du Danube, contient 34.villes 46. Bourgs (icpluheurs Chaftcauxr uefque d e Cologne, qui eft affife fur le Rhin, & a dou- fnn/,r. • r ^ Ep^^^opale depuis le temps de fon ble folTez, double muraille,84. tours, & fit V a 'f^l ^^f""^^' 745* LaDuchédeCleueseftaffife deca&delàîeRhTn e^^^ ^"^^e ellefutfaxcj^ , & à la digd é tre Cologne & k bas pays d'Vtrech la feigneurk de tuf t fol?" f^l ^^"^ Rauiftein eft iointe à la Duché de Cleues, fe^s me leu In ' " f ^"V ^'[^^^"^^'î"^ Cologne eftdc res villes , font Cleues qui fut ruinée l'an 6x4. par k ^ .nf^"? fepv-Eledeufs del'Em. — - - - ' ' - "•^^•E''^''P''^^^"^'^]".^^^^PpaMd'e^lire^^^ res villes Prince d'Orange , Vvefel place (Irr le Rhi^pTiC^: I ^'^f ' '"'Tif ^^^^'T'' '^'"^'^'^ l'Efpagnol.Rlz fu. le rLu , Ringerou/g X j i^endonck , Duylbourg & quelques autres qm font ^'''^^"'"'^ ^^''''''^ encore entre fes mains. Le pays de luiUiers ou de Guelich a pris fon nom de fa capitale ville qui eft forte ; & qui auoit cfté ren- due aux Marquis de Brandebourg & Duc de Neubourg l'an lôio.maisdu depms en l'an i ézi.le z.Feuricr el- •Ic fut remile entre les mains de i'Efpagnol , qui a en gnite tient encore au- . r " , I Prince de Liège, Ar^ cheuefque de Cologne & Eledcurde l'Empire qu fied a prefent au iiege Archiepifcopal. ^ ^ Il eft Seigneur de Cologne & y a toute puilfance, & outre ce le Duché d'Vveftphalie fut donne^aux Arche^ uefques de c,ologne par l'Empereur Fedcric en ayant dépouille le Duc Henry Léon : il y a en ce Du^ché deux tuelchez qm appartiennenc audit Archeuefqué 44 i De l'Eftat de PEmpire* de Cologne , fcauoir Mtinfter & Paderbon , & depuis peu rEucfchc d'Albcrftat luy a efté donnée & vme à rAicheucfcbc de Cologne par le Duc de Bauieres fterc diidit Ferdinand Archcueique depuis ccftc dernière guerre de la balfc Saxe, lan 1 615.cn laquellclcCom- tcdc Tiliy fou Lieutenant s' eft empare de la ville dAl- berftat,& de tout le Diocefe. UE^life de Cologne a efté de tout temps fort eon- ftante en la foy Catholique fans fc laiffcr efbranler aux vents des herefies , & n'eft pas chofe dont il e faut cftonner, puis quelle a efté fondée parvnDifcipk de S. Pierre à qui noftrc Seigneur dit , Pierre i*ay prie pour toy afin que ta foy ne défaille point , car ayant ofté toutes les Eglifes fondées des autres Apoftres , ou du tout rcnuersécs ou infedécs de plulieurs crrears, celle de Rome feule eft demeurée nette ôc fans cftrc abbatuc- , r n. r r Vn hérétique Photinien qui auoit efte faid Euelquc de Cologne par les Gotz , la voulut infcdcr du venin de l'Arrianifme , mais il fut condamné , banny& chafsé de fon fiegc par le Pape Iule premier ayant efte conuoqué va Concile des Euefques d'Allemagne a Cologne : ce qui arriua l'an de noftre Seigneur 3 5 6 après lequel elle a eu de tres-bons Euefques & Pa fteurs,iufques àce que l'Archeuefque Hcrman d Ouede tafchad'eftendre de noftre temps l'opinion de Luther en fon Diocefe, ayant efté en fa ieHueifc grand zelateur dc la yraye Religion , & fur fes vieux iours il fut cor- rompu ôc enfovcelé par Bucccr hérétique: mais le Pape Paul lU. à qui appartenoit, comme Souuerain Paftcur de chaifer le loup loing du bercail , ôc l'Empereur Charles V. qui félon fon deuoir deuoit mettre ordre que l'Eftat n'cncouruft quelque danger ou dommage, luy ofterent toute adminiftration , tant Ecclcfiaftique que fcculierei& challans les Predicants Luthériens qu'il auoit introduits , purgèrent tout ce Diocefe de toute forte d'hercfie. . , • Vis à vis de la Cité de Cologne fur le bord du Rhin qui regarde l'Oricnt.ily a vn bourg fort ancien Se ce lebre jadis nommé Diuitenfe munmcntum , comme il fe void par vnc infcription antique trouuéc fut les lieux, que depuis on a appellé en Latin Tuïimm , Ôc en Alle- mand , ^ , . .„ Au temps pafsé Conftantin le Grand ayai-t taK* vn pont de pierre fur le Rhin,fit baftir ce lieu pour y loger les compagnies qu'il y mit en garnifon pour la garde des frontières des Gaulcs,dont depuis ils furent appel- iez les foldatsde Tcufch , defquels faid mention Am- mian Marcelin liur. 17. Du depuis , fçauoir 540. ans après S. Herbert eftant Archeucfque de Lologue , le frère duquel qui eftoit Comte de Rotcmburg , ainfi que régnant vne grande cherté de viures , il euft fait aftcmbkrvn" grand nombre de panures mendians en vne grange & les euft faid tous braHer en ce lieu , du- quel forfait ayant fait penitence,& s'en eftant aile à Rome pour en rcceuoir abfolution du Pape , il receut commandement de faire baftir vn Monaftere pour fa- tisfedion de ce delid. [ Et comme il fut de retour de Rome, fc retira deuers fon frcre S. Herbert , &.eux deux firem baftir ce tant célèbre Monaftere de Tcufch, le fondèrent, & donnè- rent de grands reuenus pour des Religieux de l'Ordre de S. Bcnoift ; l'Empereur Othon IIL approuua cefte cntreprife fi fainde. ^ . r -c L'Eglife de ce Monaftere eftoit fort magnifique, faide de pierre de taille, couuertc de plomb & toiitc ronde : là furent mifes plufieurs belles & laindes reh- ques,côme le corps dudit S.Herbert & fa chafuble dot il eftoit enueloppé lors qu'on l'enfeuclit,encores entiè- re iic nullement endommagée, faidte toute en rond, & non ouucrtf, linon qu'elle auoit trois trous, 1 vn pour y pafler la tcfte&les autres deux pour les bras. Il y auoit encores fon bafton Paftoral,& la ceinture de fainde Vrfule , auec plafieurs autres chofcs anti- ques Se fingulieres. Plufieurs grands perfonnages fe (ont faits renommer pour eftre ylfus de ce Monaftere, cntr'autres Rupert grand Philofophe &Theologien,fi cagneuen rEglifeCatholique,qui a laifsé tant d'efcrits dodes 5c eloquens à la pofterité , ôc qui florilfoit l'an 1 1 z4.cn ce Monaftere. Le pays ou Lantgrauiat de HetFen confine du Le- uant auec la Turinge , du Midy auecla Franconic , du Couchant auec l'Vueftphalie , ôc du Septentrion au Duché de Bronfuic, les pays de l'Euefque de Minde & d'autres Seigneuts,fes principales villes font Marfpurg, de laquelle a efté depolfedc le Lantgraue Maurice, comme auflî de toute la Comté dudit Marfpurg par décret Impérial donné par l'Empereur en la dernière Diette de Ratilbone , au profit du Lantgraue Louys Darmftat qui en iouyt auiourd'huy ôc y a. reftably la belle ôc célèbre Vniuerficé , qui auoit efté delaifsée quelques années dicuant. Par après il y a en ce pays la ville de Caifel fcjour du Lantgraue Maurice qui eft prcfquc auiourd'huy dépouillé de tout fon pays par l'Empereur ôc le Duc de Bauierc , le General duquel DuCjle Comte de Tilly y fait tous les ans hyuerner fes armées à la grande incomm.oditc c'^i ftircharge du pays, outre Calfci il y a encores d'alfcz bonnes places Bur bzcôc AÛeldjil y a quelques Comtez fous ce Lantgra- uat,doiiï la principale eft celle de Valdeck. Le pays de Turinge a du Leuant la riuiere de Sal, du Nord la foreft Hcrcinie, du Couchant la riuiere • d'Vver,&: du Midy la foreft de Turinge que l'on nom- me Thqringevvald. Ce pays eft vn Lantgrauiar,qui n'a de longueur Ôc de largeur que douze lieues d'Allema- gne , ôc toucesfois il contient douze Comtez auec au- tant d'Abbayes, i44.citcz ôc autant de bourgs ou peti- tes villes, outre deux mille villages ôc 15 c. Chafteaux. Sa capitale ville eft Erdfurt aflilc fur la riuiere de Ger rc , ôc l'vne des plus grandes d'Allemagne , les autres meilleures villes font Veymar fur l'Iflan ôc Ifcuach fur le Ncfle où il y a vnc bonne Vniuerfité. L'ancienne Saxe ou Sacfen comprenoit autresfois la Vvcftphalie , l'ancienne Marche , Mifnie , Lufacc, Mansfeld & quelques autres pays, veu qu'elle embraf- foit tout ce qui eftoit entre le Rhin ôc l'Elb ôc la mer Germanique,<3<: la riuiere de Lcydore iufques en Hef- fcn& aux frontières de Turingc.Tellement que Brunf- uic eftoit comme au milieu de ce pays. Mais mainte- nant on diuifc la Saxe en haute ôc balfc : La capitale ville de la haute eft Vvitemberg:quelques-vns mettent auflî Torge en cefte haute Saxe , mris il eft plus à pro- pos de la loger au pays de Mifnie. La capitale ville de labalfe Saxe , c eft Albe, alfcz prez de laquelle eft la ville de Mansfeld, capitale dVne Comté. Les Comtez de Louemburg,Mekelemburgoc Lunebourg,fontaufli foHS le cercle de la balle Saxe , de mefme que les pays d'Holface,Stormar ôc Dithmarlie au delTus de Saxe du cofté du Nord on void Magdebourg aflîs fur l'Elb ÔC fort d'aflîctte ôc de muraille,dont l'Archeucfquc porte le nom de Primat d'Allemagne : combien que les Ar- cheuefques de Mayence,de Treucs ôc de Cologne qui font Eledeurs , ne luy cèdent nullement non plus que l'Archeuefque de Saltzbourg. Le Marquifat de Brandebourg eft au Leuant de la nouuelle Saxe , ôc eft diuisé en deux parties , c'eft à fçauoir en h vieille Marche arrosée par la riuiere de Sprée. La capitale ville de cefte vieille Marche c'eft Brandebourg fur la riuiere de Hauel.Maisla principale ville de la nouuelle Marche , c'eft Francford fur l'O- dere. On y void auflî Berlin demeure du Marquis , qui eft vn des Eledeurs de l'Empire > ôc doit eftre mis en- tre les plus puisants Princes d'Allemagne: veu qu'ou- 1 tre ces deux Marches il polfede quelques villes ôc I Comtez Comtez aux pays de Lufacc & de Silcfic , & Ion rien: que Ion Elèat a de longiiciu- Ibixante lieuds d'Allema- gne , où Ton compte cinquante cinq villes , ôc 64. De l'Eftat de J'Empire. 441 Le Doux palfe pai le milieu prefque par tout & en cntom-e la meilleure pairie, mais ce fleuue n'arrofc pas le cofte de la porte par laquelle on va à Dole Qualité. L Allemagne elHous Je ^.7.& 8.c!imar,entre le 47 & ii.degre de hauteur, & le 46.de longueur. Le plus grand .ourd'Mé.u parallèle du cofté du Su eft de quinzeheures cV demie, & du cofté du plus procbé duNorcdc i7.&vnquarr. * ^ V .ft "î"' ^"^"'^"^ '^''^'-"'^^ ^^'^"■^^^ q^'e l'air Lt f "V- ""n'""'^^" %"-y duretoû-- JOUIS , touresfois elle louyc dVn air alFcz doux & tem- îa fm-r ^'""■''^ ' ^'^^ ^ ^'^"^^ ^ ^ La terre y porte du froment, de lorge,du feiclc. àM -iller, de faaoine, & toute forte de bleds, & de leeu- mes en abordance.Les champs font fert.ls,& iespui- ues y produifcnt grande quantité d'herbe Il y a auffi en Allemagiic plulleurs mi.'ies d'argent, decuyure de fer,deplomb, &dautrcs métaux: me xl y a de 1 or en quelques endroits. Ily a auffi de fort bonnes fontaines,^ mines de feL 1 line a dit qu en l'ancienne Germanie on trouuoit Bourgs, La Comte de Mansfeld eft vne partie de la vieille Saxe, & a pour fcs confins du Lcuanc lariuiere de Sal, aiiec 1 Archeuefché de Magdebonrg , & le Diocefe de Merfebourg , du Midy la Turingc,du C ouchant les Comtez de Schvvartzcmbourg , de Stalbcrgc & quel- ques autres Seigneuries voifines.Il y a fous celle Com- te quatre autres ^ omtez , fçauoir Arneftat , Vvypre, Vvcthui & Qucrufurt , outre le Paktinat de Saxe & quelques autres Principautez. Ses principales villes font Mansfcld.allez près de laquelle eftLimbach,puis Lilzebem &: Vvypre. La Lufice adîfe entre l'Elb , Vodere& les monta- gnes de Boheme,eft diuisée en haute & baire,& toutes deux appartiennent à la Saxe. Elle eft arrosée de la riuicre de NelFe. Sa principale ville c'cft Gorlitz , après laquelle eft Zittavv fur la Ne lie. La Silelîe vulgairement Dic,Schlefte, eft bornée du Su delà Morauie & de la foreft Hercinie de l'Oiieft d'e la Luface,& dVne partie de la Bohême du Nort & de TEft de la Pologne. Sa longueur eft de 200. mille | Pl,-„e a dit nnVn !m ■ F-S & fa largeur de So.millc. Il y a en ce pays plufieurs ! du c yftal de! on r '^'"'""^ °" "^^""""^^^ Vmuerhtez, (a viilecapùale elt VratiOauue vulgaire- des ^ ' ^ piene-- ment Prcilaue , où il y a Eucfché & Vniueriîté." Vne ij v a luffî fn,-.. I hcme. ^ P'^" .^^ J^*^? If foicii Hcrcynie , combien qu elle Le pays de Munie communément MeylTen ai'du "^TH"^^ '"^^^^^ Leuant la Luface , du Midy la Bohême , du Nor la feTt qucfbtn p^^^^^^^ Marche ou le Marqu.lat , &c la Saxe , ^ du Ponant la LntTb es n / ;nls o f " ^ T ^ ^P°"- Tunnge II y a en cefte Prou:nce beaucoup de Citez & lages,& e^'on fteS^ ' ^^"'"^ dcChaftcaux. Sa capitale ville c'eftMifné oui 1 vn rl /r Chafteaufortaupoffi&e : Jes autres ^ÎÏ^i; ^ ^^^^T^LI^^ ^ P--^ale- Drefden demeure du Prince de Saxe Elecleuï de fEm- Z^^^. t^^^^^^^^^ t ^^^"^ de pue, & ces deuxpremieres font fur l'Elb & Lipfic, où Î^ds 1? oft oSe co' fi'^ ^^T' ^ ^" Il y a vne bonne Vniuerfité , & vn Arfenal des ^lus ,îon feu emen e l e pone dv" T -^'"^ mun.s d'armes & canons de l'Europe. On y met auffi du faift^qm- eft L^n a M ' 1 orge, :Sc quelques. vns mettent lefdeux dernières e*i °"!^"'^"''?i" ai poffible. Saxe,confol.da4 la M.f.ie auec le p^^^ W ' ^S:'^ "^r'^'^T^t ^'^^ ^ P°-- La Dnché& Euefché du Liege'a dû Nort & de ClVZt!^^^^^ ^Oucft e Brabant, du Leuant 1. Meufe auec la Duché n et 1 cul 1 1' • ^'^"^ c Dmbourg , & du Su la Comté de Namur. Cefte II ft il itrL TlT^' -^onA.n... ^u.iche embralfc la Duché; de Boiiillon, le Marquifac de môntalneV?^^^^^^ Allemagne a peu de marefcages, le Franchemont , la Comté de Borchlon ou de Loo trouuS rf^V ' T ^ ^ k h Comté d'Helbanie , dont la principale ville e me^eft o f ' ""'f"' ^" ^^P" ^^^'^ ^om^ ^orkutK^rm. outre plufieurs BaronnL& Lbayes,il y tTes-bt f^^^^^^^^^^^ "^'S^^' ' ^-^^"P-d de ; au rcftc 24. villes , outre celles qui font du Diocefp r P^""'^§"- Vtrcit; dont la principale eft celle du Liège affifc en nin J """T^"?' ^«^'^^ "«''l'e portent forces fa- ne plaifinte vallée & proche de la Meufe ^ " ^."^ S^""'^ ^^^'-'""'^^ de poix, & n.efme L'Archeuefque de Treues vulgairement de Triet eft vinf cT^ n "^"'^^''^g"^^ produifent de fort bons ornée du Nort de la Comté de Naifau , de la Duché IT'.oÎl P^o^nnçe ne nourrit point de ve^rs à foye,& c Monts & de l'Euefché de Cologne. Du leuant de la I ""^^ Lingonie & du pays de HelTen, du Su, du pays d'Vve- ce ^"'^"^^"t^z de chaque Prouin- lich & de la Duché des deux Ponts Se du Couchant ' mV. c°"^»dere généralement toute l'Aile- e la Duché de Luxembourg. I T'TlV Il y a en ce Diocefe de Treues quatre Comtez auec nn^ I^ f'^'î ^^'^'^^^^ ^n abondance , & elqucs Baronnics Se autres si^igneuries. pmcipalement en la plaine,où il y a aulFi de trcs-bons . " V.1J .,1. i^iuccic uc 1 Lcucjs quatre v. uelqucs Baronnics Se autres Si-igneuries. Au rcftela ville Capitale du pays c'eft Treues qui t vne des plus anciennes du monde. On y void auffi ancienne ville de Confluence. La Holface vulgairement Softeni a pour Ces bornes ■1 Leuant la riuicre de Thileni,du Couchant la Dith- iarlic, du Midy l'Elb, Se du Nord la riuiere d'Eldore n eft de ce cofté-là la limite de Dannemarch. 11 y a auffi en la Comté de Bourgogne Bcfançon,qui t viilc Impériale Se qui fut jadis nômée Chryfopolis. fruiéis. Les montagnes^ les collines portentde bons vins, & fes pafturages font auffi extrêmement bons aux montagnes & aux vallées. Le cerroir de Vvirtemberg eft en partie afpre, &„e peut produire du vin, mais a d excellents paftLgcs, & en parti^ eft pierreux. & plein de fable, Lis propre à porter des frui6ts:& il eft auffi en partie champeftre,& p us propre a l'agnculture. Il y a auffi des riuieres p u- plees de poiiTon , de mefoe que des lacs, & des cuL, ta 444 La F.anconie eft en p.nie plaine , & en pame eft bofsée de quelques coUines.Et quoy que fon tel ou ne foie pas gras en quelques endroits, ains pl^>" '^^j^^k , touresfois ilpor?c aifcz de fronlen: &c des Icgi^e , comme auiïl des oignons , & des raues plus g. and s qu'aucune aucre Prouince , de mefmc que des choux ^""hTvl'ys ea auffi couuevt d'arbres fruidiers, & il y a pareillement force prairies , qui nournircnt gr_ande rulicé de beftailde toutes fortes : & en p lufieur hcux on void de fort bonnes vignes , principalement ^^ïyi;^;SÎ:^^;fts, où l'on trouue force chaOl. Près de Bambcrg , on trouue grande quantité de rc- ^^'u Suaube eft partie plaine , & partie montucufe Mais elle eft fertile , 6c bien cultmee par tout , fmon îux Heux où il y a des lacs , des forefts , ou des monta- ^Tw aVrande quantité de chaire,& force gibiers du ftoment?n abondance,^ grand nombre de befta.l. De TEftat de TEmpire. On V void aulTi force liuiercs qui viennent de tous coftezfe ietter dedans le Rhin. Tout le pays eft .n re fte bien fain , & l'on trouuc a;ix montagnes , ôc a 1 en eïe eft entièrement exposé. , qui laille fort rarement "1u:l^Sm;BvceGft^.n,dontlacouleur,leaic,& Iode ir eft fort agreable.Elle abonde te lement en ai- len quon ne void prefque rien que de Urgent aux ? es qu on y trouue , toutefois la guene qui s y eft paf ée deptiis fix ans eft caufe que ce Royaume eft ^:el^ie d^fert , pource que la plus par. des bourgs 6c Villages font ruinez & bruftez par les foldats. Ses mines font au terroir de Cronlauu, & paie.Uc- nient en ceux de Budvvits,& Kurtemberg. " on tire auffi de tres-bon ov de quelque pays & on y trouue auffi de l'eftain,du pl°'^b''^^^"^"\^^^tnt de dont ce pavs abonde. Mais il y a pnncipa ement de for bombes mines de fer prcs de la ville de Beram. On yTouue auffi des efcarboucles , & des amethi- ^"LaMorauie alaplus part de fon terroir gras & par confequent propre à porter des bleds, & les collines y font pareillement propres pour la v,gne,dont cefte ter- re n'eftpas ennemie, comme celle de Bohême. Tout y icneiiyct c'c,, donnent a tra- frui£ts.L'air y eft fort fain. On y trouue de l'argent en abondance. Quant à la Comté de Tirol elle abonde en mines d'argent, d'airain, Se de Icton. Les montagnes de cefte contrée font forthaatcs,toufiours couuertes de neiges, & abondent en beftes fauuagcs. Pour le regard de la Styrie , c'eft vn pays tout m.on- tucux excepté du cofté du Leuant,oii l'on void de bêl- es plaines. Il y a de belles mines de fer & d'argent. La Carinthie a des vallées & des CoUùies qui pro- duilcnt force bled. Il y a auflî grand nombre de lacs & de riuicres. La Vveftphalie eft plus propre à nourrir le bcftail, qu'à porter du bled. Il y a des forefts en quelques en- droits. Le terroir eft mal propre pour la vigne : mais il y vient diuers fruids, comme des pommes, des noix, & des glands , dont ils noutriirent grande quantité de porcs. Il y a aufli force métaux au terroir de Colo- gne. , La Duché de Cleues iouyt d'vn air doux & tempéré, & fon terroir produit du froment en aftez grande quantité.Uy a de bons pafturagcs,v'.»aL ^c..»-.>..x.v... ^w.. ...... , . f...^. après elle tftoit foUettée par tout ie village. U n'y auoit uoyenc auec grande courtoihe aux choies qui eltoient nul moyen, nyefpoir de teconciliation depuis qu'vne necelfaires à leurs citoyens. femme s'eftou tant oubliée. eftoientextramement curieux de la conferuattou U n'eftoit permis enrr'cux de fe mocquer des vices des familles, & races de kur ancu nue Nobleacjôc ne d'aurruy,d'autaut qu'ils cftimoitm que cefte couftume eftoit pifss propre à corrompre les bonnes mœurs que bonne pour remédier aux mauuaiieS' Les ieur.es hommes commejiçoient tard à fçauoir int3nccdesfemmes,& parccmo- yen leur leunelfe eftoit plus gaillarde, & l'on ne preci- pitok aufTj guère les mariages dts filles » aiinque 1rs deux paries fuftent plus puilHinies pour la gen a.u!on. L'homicidc commis eftoit recompenfc par certain prix , 6c nombre de beftail , &c le meurtrier accordant auec la partie, fatisfailoit à toute la maifon de celuy qui auoit cftémeurtry. ils prenoient grand plaifir à receuoir & loger les cftraogers , 6c c'tftoit vue grande faute cntt'eux de re- fufcr la maifon, Se fa table aux furuenans. Usprenoicnr plaifir à s'enrrcfaire des prefens fans fe reprocher routesfois aucune chofe : pource qu'ils ne s'eftiœoicut nullement rcdeuables ks vus aux au- tres pour chofe qu'ils culfentreceuc. Us paifoienc les iours & les nuids à faire grande cncicde foitc qu'ils ne tenoient nuUcmentpour vice vouloient guère s'aGCûi,ncer des elttangers, ny s'alliec de moindres qu'eux. Ce peuple eftoit diuisé generaleitient en 4. Eftatî, J c'eftà Içauoir de nobles, de francs, d'affranchis, &c d'cl- claues;i3<: i' cftyit dcffendu par leur loyde quitter fori rangcn conrrad ;nc mariage. Teltcrf.ét qu'il falloir que le noble cpoufaftvnc fem- me de fa condition , &c aiufi des autres » 6c ficifu'Iqu'vn concrsuenoit à cefte ordonnance il y alloitde favie. ils auoieiitdc bonnes loix pour la punition des foc-, faidsicomme fi quelque meurtre auo!teftecommis,on ,-àuoit , égard à la condition de celuy qui auoic efté tué» & n'y auoic prelque iaraais pein£ de mort, ûnon pouc ccluy qui faifoit bomicide en quelque tcple j veu qu'il n'y auoit lors aucune remilîion , mcfme quiconque fe metroit en embufche , & qui efpioic l'occafion de ce fiire, encor qu'il n'executall pas fon mauuais defleio» il eitoit banny,6i condamné à grolles amendes. Les larcins y eftoient punis auec plus grande fcue- rité , vcu que ttoiî fols anciens eftans deirobcz , il n'y aîloit que delatefte de celuy qui les auoit pris. Les chcie.d»: l'Jitc qu lis ne iLDUitwi im.i>.."v...t.^... „..v..w vj^. -j- r--- . l'yuiongucric. Auffi après boire l'on ne voyou que j boute feux ,& ceux qui v'oient de violence palioieni; querelles , & toutcsfois ou y voyoit plûtoft faire vn 1 fous latigueur de raefmç fentcnce. meurticqu'on n'y oyoit duc vne parole iniurieule. Us troidoicntd . s atiairesd« paix, & de gucric en banque- tant. lU n'cftoitiit iadis ancienneiToent rufez , ainsdi foienr fimplement & naifuement leur ptnféç. Le lour d'après qu'ils auoicnt confuhé.n tradoient leschofts rcfoiiics. .afin d'y dtiibeicr encor comme ceux qui ne fç,uioit(is que c'cftoic de feindre , ny diili- mulrt , & s'aireftoicut à ctfte féconde dclibcration, comtue ne f ouuauts crrir aprss auoir confultc h bien vne affaire. Quant aux héritages nul ne pouuoitpriucr fon légi- time héritier, ou ayant droid de fuccelîîon pour U donner à vne autre, (inon qu'il la donnaft à l'EglifcoU' qu'il fift le Roy fon héritier. Au rtfte les Saxons cftoient iadis addonncz à !a fu- petftition des Idoles,& adotoicnt les arbres fort verds, fueillcus, &c thsrgczde branches , & paicillemeutles belles fontaiaes. ils auoient encor vn gros tronc d'arbre fî:Hé en terre en lieu defcouuert, qu'ils appelioientIrmair.ûuU qui qui fignifrecolomnevnùierrelle, comme s'il cuft fou Itcnu contes cliofes. Cf tronc fut abbatii par Chnries le grand, Ior5 qu'il eiK fubiuauc les Saxons. & qu'. l les rranCpoiu en fL- dres&ei, Brabancafin qu'ils «e rcmiMirenc plus mcf- nage en leur pays. Ils adotoient aufîî Mercure , auquel ils facrifioient .(comme les aucrcs Allemans ) à iours certains ceux qc Ils prenoienc en la guerre. Ils ne trouuoiencnulle- Jiftntconuenable à la majeftc de leurs Dieux, qu'on les enfermaft dans des temples, ou qu'on filt aucune Itatuc pour les repre(enter,i„geants qu'il dtoic impof hbleà 1 homme de comprendre ce qui eftde la diuine Majefte. iisdedioient les bois de haute fuftaye.& les forefts plus (ombres , & plus efpaiires à leurs Dieux , & y dif piKoienr des p!us grands fccrers de la nature, auec beau- coup d honneur ôi de reuerencci Ce peuple fut encore addonné à la contemplation du vol, du manger , & des entrailles des oyCeaux , afin de deumei; par ce moyen Itschofesà venir. Ce peupje deuinoit iadis en celle manière: ceux qui vouloient fçauoir quelque chofe preuoient d. s verges de quelque arbre frui6lier,& les mettoiét en plufieurs pièces , Icrquellcs ils marquoient dr diuerfes fortes &c couleurs, & lesefte.doient fur quelque habillement blanc & net, fans vfcr d'aucun ordre encefaifant. Si la confultation touchoitle pub!ic,le Prclhe pre- difoit k cefte f.çon de fort ; & i] c'elloit pour quelque casparuculier, le pere de famille, & maillredelamai- Jon ou cela fc pradiquoit , ayant fa,d fa prière aux iJieux , aucc les yeux elk uez en haut, le uoit trois fois ces verges aind erpanduës,& félon que ia marque tour- noie , il predifoit l'heureufe ou mal-h.ureufe ifTuë de I j a"' ^ '■«arques delFendoif nt i'entreprife,on iadifteroità vue autrefois. Si les verges du fort mar- quoient qu'on l'entrepnft,il fjloit cncor que le fort enhgnihafti'illuë. lis nourriffoient auffi des chenaux blancs dans les bois & forefts, aux defpens du public , & prenoient garde qu ils n eu/Tent ïamais feruy. il les attefoientà vn chariot dédié pour ce leul effed, qui eiFoit accom- pagne du Pteftre & du Roy , ou Chef delà Cité, oude lai roumcc, quiprenoient garde au hannilftmeni ûc bruit de ces cheu^ux: telkmeat qu'il n'y auoit forte de diuination à laquelle ils adiouftaffcnt plus de foy qu a cefte-cy, d'autant qu'ils tltimoienc ces animaux ;ommeminiftr« des Dieux, &qui fçauoient leurs fe crets. i i 11 auoient encor vne autre manière & forte parla- juelle ils prcnoicnt coniedure de reu.;n.m^nc des guerres de plus grande importance. C.r ils contrai ;noient chacun de leurs captifs pris en guerre , 6c qui e trouuoit de la nation à qui ils auoienc à faire, de ombattre contre celuy des leurs qu'ils choifiiroient luiconque emportou le delfus feruoit de preiu.c pour a vitaoïre future. ô'-^mi» ^ Quant à ceux de Suaube ou Sueue , Cefar dit en fes commentaires, que c'eftoit vu grand peuple fort ad onnc aux armes , voice plus que cout le rtlte des Ger lains : qu'ils auoient cent bourgades ôc cantons, donc h.icun fourn.lToïc touslcs ans mille loldats aguerris, ! ui fortoyent de leurs pays pour attaqurrl.urs voihns. De J'Efbat de l'Empire. 447 s'addonnoienc fur tout à la chaflTe, 6/:au(îî qu'ils n'c (toicnt accouftumez des leur enfance à aucun deuoir, ny alîubietis fous la rigueur d'aucune difcipline. Ils eftoient tellement endurcis au trauail, qu'encor qu'ils habitalTent en vn pays bien froid , touttsfois ils n auoiét autres habits que de peaux,qui eftoient mefme fi courtes & cftroictes, que la plus grande partie de leurs corps demeuroit dc(couuerte,& ilsfe baignoient aulli fouucnc es riuieres. Ils permettoient aux marchands l'entrée en leuc pays,p!us pour vradtele pillage qu'ils faifoient durant la guerre , que de defird'auoir quelque chofe des pays eftranges. Ils ne prenoicnt plaifir d'eftre bien montez, comme les Gaulois, veu qu'ils fecontcncoientdes chenaux qui naiftoient en leur pays,& les accouftumoient fi bien au trauail.qu'il les rendoient bons pour leferuice. Ils defcsndoient fouuent de chcual pour combattre a pied, ayans appris leurs cheuaux à ne bouger cepen- dant d'vne place. Il n'eftimoient rien plus vilain qued'vfer de fellçs, tellement qu'encor qu'ils viftent vn grand nombre de gens qui auoient les cheuaux fêliez, ils ne craignoienc point dï donner dedans & les alïaillir. Il ne fouffroient qu'on portail du vin en leur pays, difansquf cela ramoliffoit les hommes, & ne fcruoic quàles elFeminer. Ils eftimoicntque ce leureftoitbeauçoup d'honneur s 11 y auoit beaucoup de pay« vyifin du leur en friche, d autant que c'eftoit figac qu'il y auoit grand nombre de peuples qui n'^uoient peu fouftenir. Tellement que du coltê des Saeuieiis il y auoic de 60D. mille pas de terre non cultiuée. Tacite dit qu'ils s'accourcifroienc les cheueuxen les nouant & entortillant fur lateft^,& que les Princes les porroîsnr mieux peignez & agencez que les autres. cenmu faifon de Tannés on enuoyoit en vne Jotcftfacrce certains dépurez de chaque quartier de la j t^ermanie,& là ils mairacroient & facrifioient vn hom- me en yn fieu toufFi.,5ifort couuerr d'arbres. Il n'eftoit permis de mettre le pied en ce lieu fans auou les matns lices:afin d'aduouér qu'on cftoic moin- dre que les Dicus, & fi par hazard qa'elqu'vn tomboic en terre , n ne luy eftoit loifibie de fe leuer, ains il fe trainoit. , Cefte folle fuperfticion tendoit à recognoiftre d'où lis auoient pris origine,& le lieu où Dieu regnoit. Vnepart3edes SL& U terre cftoic leur li6fc auec vn peu de paille. Ils viuoient de chair, & s'addonnoient feulement à ' la guerre , &c au labourage, vivants fort efcharfcment, Se nç faiians aucun eftac des arts & fciences. Leur richelTe eftoit en or & beftail , à caufc qu'ils pouuoient facilcme.K transporter ces chofes s'ils eftoi- eux . „ „^ l-ll£llJJ^Cl t tafchoit d'acquérir autant d amis qu'il luy eftoir poffi, Dle,acaînfi tant plus virhom-ne auoit degçnsàfade- uotion, tant plus il eftoit eftimc & redouté. / Mœurs de ce temps. , .wo.. ^wv licupour y nauicerj OU i S A.,; j'l i vluoient guère de pain,mais de hiftU de chair, L\ & mamert d7gers,^"'"''"' ^'oncdiuifez en 4.Eftats x% Pp 44^ De l'EftiC de TEmpIre. L' premier cftda Clergé, qui comprend les g'-ns dTEelife fcculiers & reguUers,oa religieux. Geux-cy on' àt grands rcacnus, & font fi honorez de tous autres lors qu'ils fe trouuent fçauan» & de bon . ne vie. Garce peuple mcprife aisément les l^relats & Miniftresdc l'EgUfequi font ignor3ns,& débordez. Les religieux poctent des habits leants à leur con- dition. Les Preftres non moines, ont des robbes larges Se longues,de couleur noitetleurs bonnets font de laine & fort creux, Se non pointus, qui leur entrent en la te ftc iufques aux otcilles. Lors qu'ils vont par la rue ils portent des chapperons fur les efpaules,qui font ou de foye ou de laine. Us ont aufli des mules auec des fou- liets dedans , ou bien des mules feules fans efcatpins, lefquels ils lailTent eftaris au logis. La plus grande partie de ceux-cy s'addonnent à oy- fiuetc . & n'a grand foucy des lettres, ains feulement de boire, de iou er, & de faite bonne cherc. ennemis, ils contraignent ceux qui les ont ofFenccz le leur faire réparation fuffiiante. Us font fupeihes, pleins d'inquiétude, auatcs , & tiennent les panures payfans en eftrange fcruitude. Le j.Eftat compreiid les citoyens & bourgeois des villes , dont les vn$ font immédiatement fubjeds à l'Empire (ans recognoiftte autre Seigneur: les autres outre l'Empereur ont des Princes , ou font fujets aux Ecclefiaftiques. Les citoyens des villes viuent en grande amitié^ôc concorde : fe portent fort honneftement enferable> trafiquent cnfeoable en public , en particulier, & bien fouuent fe feftincnt les vns les autres. Ils s'entredeçoi- uentbien peu fouuent, &ont fort peu de noifeseo- fembl:. En quelque tGmps,heure, ou lieu qu'ils fe rencon- trent, ilsfefarLi=ntcourtoiferacBt,& auec beaucoup d'honneur. Tous vont vertus alTez fimplcment, & vi- boircdeiouer, N ae rauc Dmmc u uuii..vvit. . —i-- - - Le deuxième Eftat de la NoblefTe qui comprend les uent mefnagetemcnt les loursouuriers, mats auxiours — „ 1- o. r.^^\^r nt>n- j. r.n... r,.x.^r .7» noii rallie lit-tpronv • r^iiY nui traiiail- Princes. Comtcs,Barons, Cheualiers , & firnples Gen- tils hommes. Les Princes font plus ptifezque les autres,nontant pour leur grandeur , ou pour l'ancienBeté de leur mai- fon, qu'à caufe qu'ils font plus puiiîants que les au- tres,comme ayans force terres, feigneuries & reuenus. Mais ceft vne meruciUe devoir que les Prmces, les Comtes & les BAtons, &c leurs femblables , obeyfleat aufli-toft qu'ils ont mandement de l'Empereur , com- me fes fubicéts & hommes liges : & cependant es plus petits Gentils- hommes fediieut exempts de telle luje- âion, & ne vont à la guerre s'ils ne font payez,& tou- tesfois ils appellent l'Empereur leur Prince Ôc le reco- gnoUfeut pour tel. , Tous les nobles penferoient fe faire grand tort s ils s'addonnoient au trafic , & à la mar.handife , & exer- çoienc quelque art mécanique. & croyent qu il leur tourneroit à des-honncur s'ils prenoicnt vne femme roturière, & qui ne fuft de leur qualité. Ils mefpritetjt la compagnie & fréquentation des bourgeois des vil- les, &c pour cefte caufe baftifent des chafteaux & for- terefl^s aux champs, où ils viuent en liberté auec leurs familles. Qiielques'-vns d'entr'eux fréquentent les Cours des Princes . ôc les fuiuent à la guerre, d'autres le tiennent cazmicrs en leurs maifons , viuarits de leurs rentes. Tous les Gentils-hommes vont à la ChalTe , & di- fcnt que cét exercice n'appartient qu'à eux , & qu'ils en ont l'odtroy & priuilege des Princes.Que fi vn pay- fanc ou cjuelqu'vn du tiers Eftat eft conuaincu d auoit chafic,principalemcntaux Heures, biches, Dains,che- urcux, & cerfs, il y a plufieurs endroits où l'on luy cte- ue l« yeux pour pusition du faidt, en quelqu'autres il en perd la vie: Il eft toutefois permis à vn chacun de chafTer aux beftes qui portent dommage. An refte les Nobles font grande chete, Ses habillct msgaiftquemcnt.Lcs hommes & femmes portent for- ce chaifncs d'or , 5c des bagues , &c les vns & les autres po ttent des habits de foye de toutes couleurs. Lors qu'ils vont dehors ils font fuiuis d'vne grande troupe de leurs domeftiqucs & marchent auec telle erautté , qu'on ks diftingue aisément du peuple. S ils vont vn peu loinc'tft à chcual, d'autant qu'ils tien- nent que ce leurfctoit des-honncur d'aller à pied , & difent quec'eft figne d'vne grande mifece & pauuretc, & toutefois lors qu'ils ont faure de quelques chofes necciraires , ils ne trouuent pas raelTeant de le piller & le raiiir. S'ils ont receu quelque offence , ils ne s'ad- drefTcnt que fort rarement ôc bien tard à la iuftice , & font air^mblée de force gens de cheual , s'eiTayent de prendre vengeance par la voye des armes , tellement que piilans, bruflans & taivgeans les terres de leurs de fcfte ils font vn peu plus libéraux : ceux qui ttauail- ^ lent font quatre repas le iour , Se les hommes qui de- meurent en repos n'en prennent que deux. Le vertement ordinaire des hommes eft de Iaine,& celuy des femmes de toile , ou de treillis, quelquesfois âuflidc laine , mais auflî fort bigarre. Ils ayment fuç tout d'eftte habillez à la Françoife. Ils s'habillent de voir aux funérailles de leurs parens, & en portent le dueil 50.iours, & pendant ce terme ils font prier trois fois pourle deffunét , c'ert à fçauoir le iour de l'enterrement, le feptiéme , & le trentiefme. Ceft vn peuple aÊfcftionnc au fcruice de Dieu , telle- inent qu'il n'y aartifan quelconque qui ne le mette en prière auant que faire fa befongne. On y entretient les ieunes gens , qui pour eftu- dier fe font volontairement bannis de leurs pays, & errent par le monde, 5c l'on en void quelques fois fi giand nombre en vne ville, qu'on poutroit s'ertonner à bon droiiâ comme il ert poffible qu'on en entretien- ne tant. Les citoyens les logent pour l'honneut de Dieu,pui$ ils vont mendiant leur pain , en chantant de porte en porte , & ils en font fournis en abondance. loignant chaque Eglifc de paroilTe, il y a vne maiion qui eft au public.où l'on lit les arts Iiberaux,& ces pauures & les enfans de la ville , & autres y font enfeignez par gens gagez pour cét effcdl.qui font remplis de fçauoir. Les baftimcnsdes riches font de pierre , & à chaux & fable : les pauures ont leurs loges balTes faites de bois & déterre. Les vns & les autres couurent leurs maifons de tuile ou d'atdoife. Au pays de Saxe & en plufieuts autres endtoids ils les couurent dclates. Le dernier rang & cftat ert des payfans, & gens de villages, quicuhiuent les terres & dont la condition ert miferable. Ilsieraeurent loingles vns des autres, chacun auec fa famille , viuans pauutement & mefqui- nement. Leur pain ert bis.&laplufpart d'auoine. Pour leurs viandes ils ont des feues & des pois , pour breuuagede l'eau toute pure , ou de la biete. Leurs habits lont va hocqueton de toile, des gueftres, ÔC quelque mefchant chapeau de feutre. Ces gens font toujours fans repos,& mal proprcs,Sf fales en leur ménage. Us portent vendre ce qu'ils onf aux villes voifmes,foit fruif..■,^ \ l« » \ 11,-. 1 449 I „. I , ', ' i & 1 autre io'dbif. lis font (o,u.e,K des coruéerZr le fè W , f ^'^"^ fiHes que garçons , oui vont hu.rcos leurs Sciencurs iabôuranr V r r ^ i r ^ porce en porte . chanc.nc de s ch ^ofa^s q .icon- J c iers 3 nr t ^bw I l«g"insa„x par Jef^uelies .Is fouhaitcent le boa an à coutH.co ^: ;;t;;;a;a: ■ B " ? s: fsr ^^^"^^ • ^ ^^^^ f - ^---^ 1^ !.. „ j r y a leruiriidc a laqoel- pommes.dcs poires, des nois.cic d'autres ies tUreiiltiit le les î>eigaeuis ne d.fenc cjue cdU- ibrte dépens eft obligée. Mais après auoir parlé en gênerai des mœurs d« Allemand», voyons vn peu les parrici.Ia.itez qu'on re- niarcjue en be;.ucoupde Prouinces. Ceux de Sue boiuenc li defmefurcmenc . que ceux quiveile.u ne (ç uuoict prefquc fournir aux beuueurs- tcllcmcnc cju on met vn grand pot (ur la table ou cha- cun en prend aurant qu'il veut, & par ce a,oyen ils ront carroiJx à outrance. Ils lont tellement adJonncz à l'yurongneric , qu'ils conuient. vou-e mcime contraignent à boire chacun. Le pis eft qu'dsne fe contentent pi,s d auo.rbeu iuf. ques a s enyurer..s, rendre leur gorge.veu qu.U conti- nuent lour & nn.a celte vie. Ceiuy delà troupp.qni . boit le .a.eux.non ieulcraent rapporte louange & hon neurdefavilcnie.mais encore citcoutonncd vnchap de quelque petite picce d'argent. Le iour de Noël ils poC nr b repre^lntation d'vn enfant nouuellera?nt né fur l'autel , autotn duquel les garçons ôe les filles vont fautant ÔC daiiçanc , 6c les vit illes gens chanrenr. Le i.vo(K de l'année les parents & amis s'entrefa- liienr, Se le rouchans la miin fe louhiirrenc l'^n nou- iicsu heureux, palfènt ce iour à faire grande chère en- remble,& fumant l'ancienne coufttmi ; de lemsayeuls, ils s'enuoyenc despreients les vns au* aiutes. Le four d^s Koys c!ia ]u: raaifua fiir vn g ifteau peau de rofes ou d'autres flurs &herb.. _ " , ^" V'"'^'" P]^'- il y a dcpcMo.mc. c„ la m.don . gentaiclîepourk prix del^vid^tr ' i fi^^^^^'^ P'-^« Leu magne composé de firinebluvh;-, de miel , de p.>i(ife, & de gitigc.'nbre , puis vu R,oy ell crcécom-nc .Kniuif. La D^me d.i logis e(l elle qui fai!-*cg ^fte,iu, ui.jud en le piiRnirant elle met vne p c;îe ^ii ce d'argenr, puis le iaiCant cuire en l'atre bï<:ri n -t,!;- copp ; en au- tant de pièce qu'il y a dcpc; ioiHics eu la madon , êc ur f icon de fi.r*- c-,^Pr ,w "j"- „ , „ I ^'".iV'^f'S'Premietement à N S -igiicur . nuîs ,i !a Vier- " T ^ . ^ "b^^;; : f'li^;r"" ^ 'r ' ^^'^^ ^^'^^^^^ ^^S- -i^^cnt adoL : routes près d'eux fou Ic^ma. t e og Ju ' '"^""V"" P^'"--C^-'"y S- ^> ^rou- qu.ont quelque v rre d1 -m if 1 n L l " P^'^ P'^^^^ d'^g^m, cft fJuecom- ue à e.u. I Is tienner t pou l u e , "^V ' 'wm ^!^"«>'^-'>"- to.te la compagnie. Le Roy citant louurnt conuié à boire,ne Icu, fait rau'on- celle ment que ce raefpns cft piulieurs fois vengé par quel- que meurtre. or i Les viandes des Saxons font dures, mal appreftées & de groire digtftion : comme du lard, des UualTcs & endou.lles fei.hccsàlafumée . d .s oignons crods , & du beurre u,e : & en quelques endroits Us font cuire eD.manchc de la viande qu'iUmangent après tout le long de la fepmaine. Oiiant aux enfans ils ne les nourtilTent pasagec de la bcudiie , ains leur do.ment de la viande fol)de,mais tortmnlJiéc parla mae ou oournccà ra.fon dcqaov IcsyTxons accourtumfzàceite nourriture, font plus robuftesque lesau.re.,& fouffrent ks incommoditez de la vieauec plus de p.uience. Ils ont vn iang.pe par- ticulier : mais quaut a l'habillement , ils ne dirferent gueredurtaed-sAUcmans. LesVveftphaiicns font ipgenieux,& bons guerriers, mais vicieux & ruft z, ^ Les Francon. ne d.tF^rent ny en proportiôde corps, ny en façons d habits d^i refte des AHemans. Ils endu- rent fort le trauaihôc font addonntz,tan«rhommesqne temmcs, à cultuier les vign. s , tellement qu'aucun ny «Icmeuref.ns rien faire. ^ Ce peuple pcelfé d'.- pauuretc vend l'on vin , & boit deleau, d'autant qu'il melpiiu labtere. Ils fontinfolents,fi rs de irn naturel , ayans bonne opiMioii d'eux mefmcs, ac mépriienr toutes ies autres toutes les fois qu'on le haufic- ,| fjir auunt de uoiX au plancher d.c la chambre où l'afTcrnb ce fe fait. Durant les douze io'us qui font entre Nuëi & la feftedesRoys, il n'y a m s fou en Fianconie qu'on ne pirhimeauec encens ou autrc chof; odotiferante.pour empe(cherlesk)cce!leiits. • • Par Carefine prenant les Fraticoniens veftus en dia- bles, ou en faiyrcs, vont courant pjr les rues. Se frap- pent fans difcrcrion ks paifans auec de petits facs pleins de cendre. Le iour des Cendres en plulîairs lieux les garçons de toute vne pacroilU- s'aife.nbîent , prennent toutes les filles , qui durant toute i'anné- oritplus fréquenté les danccs que les autres, & les atieilcnt comau: chc- «aux, ouiuments à vn chauoc , fur lequd ciï aiTii va raenïftrier qiii ione d.- qat ique iaiis umeut , puis ies condutfrnt en céc cquîp .ge lulqua laptemi-:ie eaa qi) lis rencontrent. Durant les Rogations plulîeurs paifoilTes s'airern- bJcnt , & les fides ôc la pet.;s garçon, march-nc aux procelSons auec des chapeaux Je fleurs (ur leurs ttftes Se des baîfons de (IjaJe'verd !fn leu;s m.iins. Les Prcitres de cha.[Ue Eg ile eîcou.éc actemiueméç le chant de leurs paaoïlfès ,■ & ceux qjii ont micu« chanté, ont fuiuant leur reiirence,..iSc j aa(:i -nn^ cou^ ftume, certaines mefîjres de vin ppurie deiaitcrer. Durant les jours de Pentecode on obCe^rue tant en nations, von e me/me mefdi, eilt fi for; dIs^aut;e7oae I ^^.f ^' ^f^T '" ^ Allemagne , que tous leseftrangersquifrequententa .e^enxn'ontTar;^ ^ ou qcn en trouuent d'etn^ Wdnc&pa;Ldci;lirna.(Ian.e!;^LXf^^ î '"'"^^ gcrs à parler. ^ Ceux qui foufFrent patiemment leur arrogance font es biens venus, & lors qu'ils les ont eif.y z auec celte ta cheufe façon, i's les r. çoiucnt (ouuem pour leurs »'Uez , & leur donnent ieu^s fiJes Ôc partnces en ma riage. ils font aureftc fort deuots, & toutesfois addonnez prunt qui porte le S.Sacrcment , & en cet équipage lU font le tour pat tout le te;ritoirc, chantant 4iÉfhy!t5nes Se orairons,& prians Dieu qu'il vueillt garder les fruits delateire. Le iour S. Vrbain , les vignerons aux lieux où le vin Cfoift, mettent vne tabit en quelque lieu public, & la couurentd'vne belle nape,dv i' iiules, herbes & fleurs odorifetantcs,3<- pofenc" dcUys rinvage S. Vrbain. Pp -j 450 De l'Eftat de l'Empire. Que fi le iour eft clair & fetain.ysboiucnt àgrands t pour leur fanté deles fo'cer de manger tr;*.ts , & (e rîfioliyifent en l'honneur du Samôt , mais s'il pleut, oufi le ccmps eftcouuers, i's jeccent de la boue contre fon imof/- , 8c f:>l-:(ïen': d'eau vilaine & puante la nape , & ce qui eft klTus v pource qu'ils cro - yent que la vigne encor en flair portera du vin , ou ne produira que bien peu, félon que cefte iournee fera belle ou laide. Le iour de S Iran Baptifte les hommes & les fem- mes vont dançancs autour du feu de ioye , & fe font des chapeaux d'armoifc , & verueine , & portent des bouquets de tlcurs qu'ils appellent Efperons, & regar- dent feulement le feu par les entr'ouuertures de ces fleurs , eftimans que ce regard empefche que de toute Tannée ils n'auront nul mal aux yeox. Ceux qui s'en veulent aller auant que le feu lou efteint, y iettent premièrement les herbes dont ils font ceints.puis difent telles paroles. Auec cecy s'en aillent & foient rais à neanc , & deuorcz du feu tous mes mal- heurs. En même faifon ils ont des pots de terre tous per- cez , que les filles couurent detofes , & autres fleurs, puis y mettent vue chandelle allumée , & les poulîent au haut desmaifons pourferuir de falots. Aux villages les ieunes gens à marier portent des pins tous entiers, & en coupent toutes les branches d'embas, 8c embellilTent le haut de l'arbre de miroirs, pièces de verres, efcuiTons & autres chofes luyfantes, &c plantent cet arbre; qui demeure ainli parc tant que l'Eiié dure. -i ' n. En Automne lors que les raifins font meurs , il n eit permis à petfonnc de vendanger fans le congé du Sei- gneur, à qui L'on doit la difme, 6i faut que tous ceux qui ont des vignes en vn carrier vendangent enfem- bie , & aux vallons on mec au pied du vignoble , qui eft aux coftaix , ce qui appartient au Seigneur. Il faut que ceux qui veulent vendanger plus tard que les au- tres , non (eulementaycni permifïionde cefaire,mais cncores qu'à leurs propres dcpens ils facent porter les difmes au prelfolier du Seigneur. Les vendanges finies , à caufe qu'à Vvirtzbourg il y a des ieunes hommes commis à contioUer ceux qui payent, ces ieunes gens font des torches de paille , & les allument, & entrent auec cefte clarté le foir en chantant dans la ville, eftimantsqu'aucc cefte cérémo- nie ils pur<;ent & bruflent l'Automne. Les Fr.inconiens célèbrent auec grande ioye les fe- ftes deS.Mattin, & de S.Nicolas ,rvne à table, &en beuuant d'autant : l'autre à l'EgUfe, & en priant. Aofii Icrs que chacun tafte fes vins , & mefme à Vvit'. zbourg , & en plufieuis autres lieux on en donne 9uxpauurcs. On y fait combattre en vn parc , & clos i. iangliei s cchaufFcz, afin qu'ils s'entre- déchirent l'vn l'autre à belle dents. Se lots qu'ils font tous deux à bas , & fore bleiTfz , le peuple en a vue partie , &c l'autre eft diftri- bueeauxMagiftrats. Le iour de S Nicolas les enfans qui vont à 1 elcole en cftifent trois d'enti'eux, l'vn d.'.fquels eft l'Euefque, & les autres font ff 5 Diacres. . • v ,.n Cet Euefque fait à plaiiit eft ce iour la conduit à 1 E Qiiandà ceux de Sueuc.les plus riches, & plus puif- fans d'encc'eux s'aidonncnt prefques tous à la mar- chandife,& font vne bourfe commune pour cet effeél, où chacun fçait quelle Comme il doir mettre, & de cet argent ils achcptent enfemble non feulement des foyes, de desefpiceries, mais encor des quinquaiileries , 8c menuèi nippes, comme cuilliets , efguilles, miroirs, poupées, acheptcftt auflî les vins & les bleds pour les garder, & les reuendre après au double de ce qu'ils leur couftent. Et mefme ceux-cy ont lettres des Princes, patlef- quelles il eft defFenda de prendre ailleurs des vins ,ou des bleds qu'aux lieux où fe font leurs raarchez,corarae à Stugarol.ôc autres villes où font leur magafios. Il eft vray que ce ne font eux qui font le trafic, mais ils ont des fadteurs qui leur rendent compte. Quant à ceux de balTe qualité , le meftiet auquel il s* eraployent le plus , c'eft à faire des toiles , à quoy ils font tellement addonnez, que durant l'Hyucr on void en plufieurs endroits , non feulement prendre laque- nouille aux femmes, & filles, mais encor aux hommes, &c aux garçons, qui filent auec elles. Ils font certain drapde lin.enrretiiTu decoton,qu'ils nomment Pargath , Se du treillis qui eft tout de toile, lequel ils appellent Golfch en leur langue. Les Sueuiens font fort enclins à la paillardife, & les femmes y font d'auffï bonne compofition que les hom- mes fçauroient fouhaitrer , & rvn& l'autre (exe com- mence de bonne heure à fe mefler de cefte befogne,& s'en retire bien tard. AulTiil court vn commun prouctbcque le feul pais de Suaube fuftît pour fournir toute l'Allemagne de femmes qui s'abandonnent , ainfi que la Franconie de brigans 6c de geux Ja Bohême d'heretiques,la Bauiere I de larrons , la Vveftphalie de faux refraoins, & de par- iures,& la Marche duRhin de gourmands. Pour le regard de ceux de Bauiere, ilsfonr fi fales, Ci rudes, ik fi brutaux, que fi l'on vient à les comparer au refte des Allemands, on les pourra iuftcment nomnaet Barbares. Mais les vices dont ils font plus entachez, font là difcourtoifie ôc le larcin. Us s'habillent volontiers de bleu, & portent plus volontiers des botines , ou bro- dequins qu'autre chauflure. Les plus deuots d'entt'eux vont fouucnt en pèleri- nage à grandes troupes.fur tout à Aix la Chappelle. L'Auftriche a des Princes qui portent le tiltre d'Ar- chiducs, & lors que quelgii'vn paruitnt à cefte digni- té, ils vfent de cérémonies eftranges : car non gaeres loing de la ville de fainâ; Vite , en vne grande ôc pro-^ fonde valee , l'on void des ruines d'vnc ville , dont l'on ignore le nom , 5c pt es de ces ruines en vne belté prairi'e eft dreflee vne grande pitrre de marbcc : ils y font monter dciTus vn payfan , àqui ce droit efchet paÉ fucceffion ,& qui a vne vache noire, ôc pleine près ài luy à fa main dioiftejÔcàlagauche vne jument maigre & dcftaite , ôc tout autour vne infinité de payfans , SC d'autrî peuple. Le Duc arriue après ccla,accompagnç d'voe grande troupede nobleile , &c l'on porte deuant luy les habits Cet huelouî tau a plaint eini principalement celie de Franc- fort, où ii arrioc des marchsnds de toute i'curooe. mefrac quekjuesfois d'AfnquejSi d'Aile. L'Aliace taiét beaucoup de deniers de fon argent^ de (on cuiurcjX de fon piombila Fianco,aie de fcs vins, de de fa regUiîe , duiit l'on charge de grands chanocs qu'on aieine aux p3yseftLangcis:ia Mot.iUie deloa eu- cens, & de fa Myrrhe : ia Bauiere de les pourceaux graç, qu'elle enuoye en d:ueis radroits de Thuiopcde nui- me que Ion auttc bt iîial, & du fiomcac 6c du tel, dt>ai elle a force fontaines : &i {caibiablenunt d'vnc «xzv.dc quantité de fer iSf de cuiiire,qu'on eauoyc au DanuDc larrons , & ce vers le quartier où eft affife la viiie de i touiesles femaijles,;^ qu'on diftnbué aptes à diucrles Klagen. Si vn homme eft fouj çoané de larcin , il eft ! parties de l'Europe. loudain pendu & cftranglé , puis on luy faidl Ton pro- cez , & s'il eft trouué ianocent il eft deipendu 6c enr terie , & les funérailles font faiélos aux dépens de la communau.c de la ville : mais s'il eft iugé coupable, on le laiifcaugibetjiulques à tant qu'xl coaibe par pie- ces à terre. L'habillement des Corinthiens eft de laine fans au- cune teinture , &c ceuxrcy portent ordinairement des chapeaux, & parlent tous Efclauon. Mais les Stiriens fout gitjlïiers &c rudes , ôc ont tod^s de fi gtolTcs loupes autour du gofier,qu'elles les empercheat de parler. Ceux-cy toutcsfois imitent les Alieaiands en façons de faire,& en habillemcnjf& mçimi en p3rolc,exeepté ceux qui (e tiennent le lëngde la tiuieredu Drauu,qui vfent de la langue Efclauone. Quant à ceux de Bohême ils ne parlent Allemand, mais Efclauon : toutcsfois on en crouue plufieurs qui vient encores aujourd'huy de la langue Allemande, principalement en prefchant. Ce peuple ne fut iamais lié en gcncral d'aucune loy qui les achemine à la vertu , ains la volonté a ferny de loy à chacun d'eux. Ils font au rcfte grands, & ont l'e- ftomach large, ôc les cheueux blonds , font ambitieux, gloricux,3rrogans,méprifent les autrcs,& ne font gue- les ditFerents des Allemands en tout le rcfte. Pour conclufion, les peuples d'Allemagne font pro> feflâon d'eftre fort loyaux, & pour dire vray ils font p!û- toft nez à la firaplefle qu'à la rufe , laquelle ils ne fça- uent pas imaginer d'eux - mefmes , mais en vn pais eftranger ils font d'autant plus propres à tromper les autres, que l'on fe deffic moins d'eux, & l'on peut dire que la chaftcté eft plus loiiésjque gardée en cette Pro- uince. Ce n'eft pas parmy eux vn vice de s'enyurer,& mef- rae ils dilent que les fins & trompeurs ont introduit 1 abftinence du vin,afin de ne découutir leurs mauuai- pensées après auojt beii. Quant à l'Auftriche, elle tire aulîî de grandes iom- mes de l'argent de fcs mines , de mefine que la Comté deTi roi, qui abonde auffi en cuiute. Le pais de iiiheis tire beaucoi^p d'argent de fa guef- de, qui {'il; propre aux teinturiers : celuy de Heiîeu cn- iioye dehors force laings, & partilieinent de i'ûf,&; de l'argent, du cnuue, du vif argent, du fer, du pioirib, du (t\, ôc de l'alun en grande qiianticé. LaTuringc rsçoic auffi ue grandes commoditez dç fa guclde,&: ia Miinie de l'or de tes mines. Bref à ^jurier généralement de l'Ailemagae.elle nç ccde en ticiieiles a aucune Prouiace de l'Europe, Mais pour yxnu- au particulier , il faut fçauoir que les rcuenus des Villes , & dca l^inccs .ecuikrs . ioaç grandement accreus pat le moyen de i'viurpatioa dc§. biens d'£giiie,& des charges impoiçes îut le peuple. Mais pouc le regard des reueaus de l'Empereafjure,. mieremcnc les villes fianehes , qui font eu noujot'e de 6o. ôc elloient aucresfots $,(>. ionc obligées de conai- buér les dmix quints, ou ciaquiéme, de çe qti'on rtfoiiî. aux Dicttcs : niais entre celles - cy il y en a qudlqucs- vnes qu'on appelle Impériales, pource qu'élit s paycns à rEfjipereut certains cens, qui le moiatent en tout mil flonns, ou ft aocs. Ces villes pntxoutes d'atre?;bons reueijus, qui lur- pallént de beaucoup ia deprnce , Ôc l'on eftiiiie que l'Empire a pKjs de 7. millions de rente en tout jdeqi-oy l'on ne doit faite pe u d'cftat , pource que'les peupics n'eftans pas chargez comme en Italie , donnent , oiiti(j l'ordinaire, de fore gros lubhdcs-, quaiid la aece»lu;î,ie. requiert, à leurs Princes. L'Empire eft obiige , au moins par coufturae , payer à rEmperear,quand il va à Rome pour teceuoir la Couronne , vingt mille hommes de pied, 6t q^atig mille chenaux pour hm6X- atois j & cecy s'a|'pelK- l'A v< de de ï^ome,dpnt l'Empereur peut emboiirlcr vnc ho^-- PSpartiç, De l'Eftat de l'Empire. 4Ti C^cbnirsfoisaulîî onoaroye à TEmptrcut des ex pcduions comre les Kcictiques , tantolt contre les Turcs , en vertu deiqaelles il a leuc vnc tois 400. mil florins, ou francs. En hii l'Empereur a mieux dequoy que beaucoup de gens ne le peifuadenr , veu qu'il tire leulemcnt de rAlùce,delaSuaube, MEM^%E EST (DES grands, 0* de nobla, ^mfon(. T Es Accheuefques de Magdebourg , de Saltzbourg, '*-^de 13efançon,& de Brème. ^ Les Eue/fues Bamberg. Wirzpurg, Wormes. Spire. Strafbourg. Eichftart. Pr. Aufpurg, Coftinrz. Ferden, Munfter. Olemburg. Pafiauu. Fnfingen. Kempfe, oit qu'il foutnift toufiours beaucoup de chofes à ce! Gurck:. ou Gorltz. louueau Roy , qui n'eftoit encores bien inftalc > & rouua des diffentions en fon Royaume. Scckavu. Hauandt» Bailc, ou Bafel. Siticn,ou Wallis, Regenlbuig, Mailfen. Naumburg. Minden. Lubeck. Virichr. Camin. Svverin. Geneue. Canuerick,ou Carabray, Verdun. ' Lofanne. Metz. Foui. Luyck, ou luilUcrs, Trente. Brixent Merfpurg. Labâçh. 4Î4 De l'Eftat de l'Empire. jSchtlefvviik. I Haueibnrg, Vienne. Bia.icmboiirg. Ratzcnbou g. | L ou Minde- Bran; Ethcernaken, Camberg, jHeruorden. Quedelnbourg Eiren. Alt. Miifter to rcgenfb'.irg Pr. Ober Munftei to Kc genfburg. Kauffingen. Lindovv. L(s Treuofls de \ Berchrofgarden. Lts AhhJ}(s de Pr. Gernrode. Buchavv. Kotenmunfter» Hippach. Gutenzel. jBtundt. Balcy. Helfendeim. Kirchbcrg. Vvifuiiftjig. LautFen. Montforc. Furftemberg. Zimmereu. Ocingtn. Suitz. , Hohen Zollcrn. Caitel. Vertheim. Reincck. Hohenloe. Erpach. Leininghen. Falckltein. LES VvaÏHgarten. Salmansvvci lier. Krcutzlingen. Murpach, Vvalkïnried. Schuttern. SchulTenripdt. Rureilhaufen. Rhin. Scafhaufen. Kcmpefetk» S Gilen deNoremberg. ISlaembourg. S. Maximin [^rcs de Trc lies. HeueldfWiufen. S. lean Cuttel. Gengenbach. Koiiifbriin. Rodt.ou Rodcn ravv, Saina Blaifle. Maulprun. Le Prince & Abbc de Coibey. Lts Ahl^ez^ de Vvaldfachfen. Finfu'eln. Rot kembourg. Ouhlen haufen. Le Preuoft de Selts. Lts Jbhez. de Matkihal. Kockcnhaufen. S. Pierre in . Schvvartz vald. Le Preuoft d'Odcnheira. Le Piince, & Abbc de Stable. Sai! aDidirr. Berkfuhauiem. Elchingen. Heiitzmgcn. Vt (r« nis. PUi k; mbourg. Ylïul. PfdFtrs. S. kan en Thurtal. pcrclhauleu de Cou [lance Pruun. Les Ahhtz. de Rtiftiaim. S. >î.imeran de Ratilbon- ne. Saind Grégoire de Mun- ftcr. Munchetode. Saind Corneille deMun- fter. Vvetden. Auir^;Cig. Yirc. fCoblenrz. 1 Elfas. ] Oftcrich. lin dec Etfch.' Les Citâtes de Hanavv. Lnchremberg* NafTavv , Breda, & Di- leraborg. VviilDaden, & Iltztain. Salbrucken. Vvaldtpurg. Naffau en Vveilpurg^ Beilftein. Konigilcin & Epftein. Eifemberg le haut. Eifemberglcbas. Meffen. Budighen. Vvirnemberg. Soltns. Arfnberg. COMTES Dr RHW. Les Comtes de Old' mburg. Hofc. Delmonhorft. Vveftcmburg. ' Munzeiuburg. Lemgo^v. Vvaldeck. Diepholr. Sceinfort. Benthero. Brunchorft." Vuirgenftein. . ^ Spig- iberg. Biuetfdoiff. Teck Inborg. Dortmund. Vvindovft. Rippershodcn. Hagen, ou de la Haye. Hoonsfels. Leifeneck. Bergen. Mandercheid. Rciferfcheidt< Egmont , & IlTclfteiM." Tubinge. Blankeroberg , ou BUnt-i niont. Kirchingcn , Krehangcs. Horn. Seyn. Vvintzlingea.' Rcyen. Billch. Salm. Vveldentz. Dengen. Rappin. Haidech. Hohenftein. Vvolkenftein. Swhaumbarg , & Giengen. Dieremburg, en Some- ravv. Mansfelt. Siolberg. ^ BuchUngen. Barbey, 6c MuUingen. Glcichen. Schïvartzemburg. Suemberg. lud, Seigneur de Ruech. Pies. Plavven. Vveda,5c Ringelberg. Olnbrug. Locberiftain. Ktgeftain. Vvellfre.flandt. Oltfteiflmdt. Vandct Lipp,ou de la Lip pe. Lts 'Barons de Gundelfingen: lOb^rHeucn. Gerolczeck. 1 Rapoleftain. Suuffei Staufifcn. Degenberg. Obtrfulzbcrg. Tauci-iibcig. De l'Eftac de l'Empire. Sonncnberg. Vintnberg, ou Vanncberg peut eltic. Tiiiren. Scogarr. Iiirtingen. SchcniliiH'en. Rapoltskirchen. Hohen Rechpcig. Berictick. Hohcn Konigfpcrgj Kohenfeldc , Ôc Tipoltz kirch. ' Braiiics. Rcicbelfperg. Liraburg. Kunfech. Kunfeckerbcrg. Geravv. Reichenflsin. Muntzenbuig. Loftenftcin. Les Seigneurs de Ridbcrg. Linge. SouiiiilT. Bcrgcii, & Vvaclhctn. Vvidenfels, ou peut-eftrc Vvidctfels. Habcr, ou Haucr. Scnfter. IvoggendorfF. AlcndotfF. Kimigfuckeiberg, Morlpurg, & Befurt. Brandeltcin, (k RanlT. V volfftcin. i'crmoiic. Froiifbck. Flackenttcin. Vvicten. Rootvvyl en Suabexi. S Gâl en Suilîe. Sîeyilanc en Hîfate. Spyeis ("tu le Rhin. Svvynforccn Fra,nconie, Trcvt s fur la Mofclle. Vveilinghcn en wSoaben. Vvcerdefur le Danube. VJm en Suaube. Vvanghen en Suaube. Vvefel (ur le Rhin. 4JI VvcfcJ en Cîcucs. Vctzclacrcii Eilcn. Vvylecn Suaube» VvimpCcnc lur le Ncc- kar. Vvyr.fhcytn eu Francq.- iiie. VvyKTcnburch. Vvorme fur le Rhin. Zufich en Suille. Zvvol en Ove>yiî''l. LE r^OlSîESME MEMS%B de l'Empire efl celuy des 'villes franches , qui font AIx la Chappelle au pays de luliers. Anucrs au Duché de 13rabanc. Aultourg au pays de Suaube. Bafle en Saillt Ç À prtfcnt Cantons non Berne en Su'llc Cctmrtbuables. 3yberach tu Suaube. 3opperc fui le Rhm. Soichorn. Zampen en Oueryflel. [Pologne fur le Rhin. Zolmaïc en Elfacen. Honftance en Suaube. )euencer en OucryQel. Doitn-.ôdcen Wtllphalen. )unkelfpocl en Suaube. )eyicn en'Iulicrs. Luer en Btrm ; voue, ■tfor: enTuringe. iflinge en Suaube. rancforc fur le Mcyn. tancforc fur l'Oder, ridberch en Vvedercvva- vtc. riburch en Bdfgavv. îheylhuyfen en Vvedevv vae. «hjnghcn en Suaube. lOttinohed en Saxe, îroenmgben en Ftife. iemunde en Suaube. ïagenan en Elfattn. îalle en Suaiibr. lalle en Tunngc. lelbron en Suaube fur j Neckar. i îamburcli en Ooftlanae. leydcsfelr. nen. igelfhcim au dclTus de ivkuicau. IKaufft ou rcn. Keyfcrs berch» Keyfers lutern en Vve- ftîyck. Kempen en Suaube. Kuyr en Svvits. Landan prcsde Spyre. Lmdsnvv en Suaube. Lubeck en Saxe. Lucerne en SuilFe. Luneburch en Saxe. Mcydcnburch en Saxe. Mcmminghen en Suaube. Mffs en Lorraine , à pre- fent France. Mayence fur le Rhin. Muihuyfen en Turin- gen. Muihuyfen en Sonckau- re. Noonhuyfen en Turin- gen. Neurcmbcrgh. Nymegcn en Gtldre. Noorhngcn en Suaube. Odernehtym fur le Rhin. Oppcnhcn Uir le Rhin, Polkndorp. Poppinghen en Suaben. Raut-fburg. Regemfburg en Bauie- fuc le Tu- rc. Roteaburg ber. Rofeiîi,ouRoflitym, Outre cet ordre des trois njcmbres , ahn d'emper- chcr les diuifions de l'Etppire , & pour conferuer vue paix commune en Ailenjagne , les i^ïouinccs de l'Em- pire ont elle diuisées en quelques Seigneuries qu'ils appellent Cercles , où font les Coufeils particuliers de l'Empire. Ot|inftitua premfecement fix Cercles à Aufbourg l'an 15 V..®, puis dix l'année ijzz. a Nodmbtrg.Or cha- que Cercle clic de fon corps vn Gaui/craeiir feculier ou pluftoft intendant du Confei|,qui elt Prince, Com- te ou Baron, on gentil - homme fort releuc, à qui l'on donne du melmc corps fix Confeillers , hommes lecu- liccs; honorabieS} & fort aduilez. Le premier Cercle elt ctluy de Franconie. Le fécond de Bauiete. Le troiiîéme d'Aulhlchc. Le quatrième de Suaube. Le cinquième du Rhin. \ Le fixicmc des Eledeuis du Rhin. Le fepticnîe de la baile Allemagne , ou de Vvcft-. phsliè. ; Le huidiémedelahauteSaxc. i Le neufîcmc de la balle Saxe. Le dixième de Bourgorigne. Ourie ces ConfeiJs des Cercles, s6n de iuger conp- me il fauc ks caufes de plus grande impoiunce , on a infticuc la chambre lœperjaic de Spirc,donc le chef, ou fouucrain iuge cil Piinv'e , on du moins Comte , ou Baron fecuiitr) fi l'on en trouue quciqu'vn qui ioïc ca- pable dccectecharge. On a donné à cetcny-cy fix AlTeircursù fçauoit dciix Comtes, ou Barons, deux iuti(con(uiccs,& deux Che- ualicts que l'Empereur y met à raiion des tertçs qu'il policde bercdirau cment en i'Empue. Chaque Eie6taic y en a ewcor mis vu, & chaque Cercle deux, &c tous ces AifclTeurs, ou Confcilicts font moitié lurifcoufuUtSi moitié choilîs entre les Cheualiers. Or quant à ce que nous auous dit des membres de l'Empire , & des Oiiîcicis , Munller du qu'après les fepc Eflcâ:ctn"s on ordonna quatre Ducs , quatre Mar- quis , quatre Landgraues , quatre Butgraues , quatre. Comtes, 4. BaroiJs,4. L.hcuaiicis,4. viilcs,^. villagesj ** & quatre payians. Et encores les Empereurs non contents créèrent X plufieufs fois d'autres Ducs, & de nouueaux Comtes» Ingclheim. Altdoîff. Liechtenauu DencktendoifF. Les qnatrt renenrs. H.irn ISchombourg. Vrach iMetfthptcs de Coures. Les quatre pfes héréditaires dc Suaube. Le rranchanr de VVal poutg. L'Efchanfon de Radach. Le Matefchal de Mare dorf. LeChambtllam deKenar. Les quitre Serviteurs. ■ Hiiten deFulchen. Ar«(perg. | Rabnauu. Touresfoisplufieursde cesdignicez ^0"^^^-/^"; ou du tout abolies par la mort de ceux qui les polie *^°ulVear,ces .ux Diettes doiuent eftre telles Quand l'Empereur eft aflis. rArcheuefque de Tre^ ues^ t eûre aflis vis à v.s de luy . VArcheuefquc de M^cnce " fon cofté dro.t.ô. VArcheuefque de Colo- ^" ir R^o7tiohe.e lovs que ce Roy-me n^ï^r- tenou pas à l'Emperrur.eftou à la majn ^^^^^^^^ cheuefqoe . le Comte Palatin du Rhin don '"rc au nl de uy puis le Duc de S,xe à la main gauche de Fa cUcuc q-^6.prcsdeluylcMarquisdcBt.deb^^ ^ J^and on flit des procédons publiqucs.ils doment jardct cet ordre. L'Archcucf ,ue de Treues doit aller dcuant l'Empe- _ rcur , ôt les deux autres le cotkoienc l'vn deçà , VautïC delà, & le Roy de Bohême fuit incontinent -pv» s- O: l'Archiduc d'Aufttiche,comme Pcincc de l'Era- pite n'a poinc de pUce entre les Ptinces fcculi< is à . aufc du différent de la prefeancc , mais entre itsEc- dcfiaftiques qui précèdent. En la Dictte d'Aufbjurg tenue Tan 1548. toutes les Prouinces de Bourgogne furent mifes fous la pro- leaion de l'Empire , & la place du Prince de ce p .y« fut affignce particulièrement eatte les E. cleliaftiques» combien qu'en la Diette de Ratifbonne qui fe fit de- puis > le Roy d'Efpagnc n'enuoya pas vn homme en fa place. Le Duc de Lorraine fouloit eftre tenu pour Prince de l'Empire , mais maintenant cette maifon cft paffée en France. Les Citez franches de l'Empire qui ne cognoiffcnl point d'autre Seigneur que l'Empereur, viuentauec leurs loix & prefque toutes ont vu tlbt populaire âc meflé, combien qu'en quelques-vncs, entre lefquelie» eft Nuremberg, les Principaux gouuetnt nt. Leur for- me de oouuernement n'sftoit pas au commencement en grande tftirac , lors qu'auec argent, ou faueuc ellei acquirent leur liberté des Empereurs , ou des Priuces qui les dominoient. Il n'y a perfonnc qui puiffe eftre nomme Empereur û le Pape ne l'a couronné : mais il peut bien eftre ap- pellé Gefar , ou Roy des Romains , ou Roy de Gctma- nie.s'il 3 eltc élcu par les Eleveurs- ^ , L'Empereur ne commande pas abfoluracnt en l'Ah Icraagne , ains la gouuerne par la voye des Dieites ; à raifoB dequoy il cft plus ou moins puiflant , félon que pour obtenir quelque chofe aux Diettes , il emp'^fchs ou n'cmpcfche pas que l'on luy contredie , fe failani aymer,*C craindre tout cnftmble. Les trois Eftats viennent aux Diettes, & de ceux-C] on fait trois Confeils. Les Elledeurs entrent au premier, & quand le Ro; de Bohême fe trouue autre qu Empereur.il ne vient p . aux Diettes, <3f eft abfent des confulcations, & pluHol arbitre qu'Effcdeur-.d'autant que fi les voix des autic font également diuisées, c'eft à fçauoir qu'il y en ai trois d'vn aduis, & trois d'vn autre, celuy à qm il don ne favoixeft cfleu. Le fécond Confeil eft compose de tous les autre Princes tant feculiers qu'Ecclefiaftiques , auquel en ttent aufli deux pour tous les autres , àc deux aurr« pour tous les Comtes, &c Barons de l'Empire. Le troi fiémc Confeil eft des villes. L'Empeteur.ou le Roy des Romains ptopofe à tôt ceux;- cy c: que bon luy ft mble, & chaque Confei! I retire pour voir ce qu'on doit refondre fur les chol< proposées. Mais quant aux villes , encor qu'elles puiffent du leur opinion par manière de Confeil.elles n'ont toute; fois aucune voix aux délibérations Le Confeil des Efli deurs eft le dernier à dire fon aduis S le plus eftimé, L'Eftat de rAllcmagne eft maintenant fort pcruf ty , de forte que fi l'Empeceut pubUe vne Dictte 1 Prmces n'y veulent pas venir,& y mandent lents Agen aufquels jls ne donnent authorité de refondre aucur chofe , s'ils ne font ptemieremenr aduertis dr ce do: on veut traiûer , & pour cette caufe on expédie fo peu d'affaire. Religion. L'Allemagne fut infc^éc d'berefie en c«fte mani re. Luther commença de s'éleuer contre l Egl l'an ijiy .àquoy il fut poufié par l'enuic concenéco tre Us lacobins,quc le Pape Lcon X.auoit picfetez ire. piibIicatîo;i tics indulgences aux Anguftins , du nombre dcfcjuels il clloir. Cccy dcpita rcllcmenr îciii Scaupicc Vicaire gêne- rai do l'Oidrc de lain6t AuguftinciîA'lcni.igncA' ledit MarPinLuthcr,Lcâ:cur ordinaire à Vviccmberg, qu'ils rcnucrfercnt toute chofe. il commença donc à médire du Clcrgc par crcrir,&: viue voix,ayant beaucoup de fivicct de faire des inuetSti- nes contre la diirolucion,5: le débordement qui rcgnoit entre IcsEcclefiaftiqnes. Il commença de crier contre le^ rctienUs de l'Eglilc qui eftoicnt employez en pom- pcs,cp vanircz,& en cliolcs.pircs. Il hir aidé en cccy des Poètes, & des Orateurs de (on temps , qni commencè- rent à fc ruer fur les mœurs des Picftrest'ic des Moines, & les peintres encore luy pvcRcrent la main, peignans les Prcftrcs c>c les Eucfqucs en forme de loups , de re- nardsjdc diables,& chofes remblablcS)(3c eu rez-npliirans les boutiques & les lieux publics &priucz. De forte que l'Allcinagnc far (cduite en peu d'an- nccs,oyant tant de maux des gc'isd'Eglire,& envoyant les figures qui cxprimoicnt vnc certaine rufe , ôc mcf- chancctt. Cequifitcncor mieux croire ce qu'on diioit du Pape , & de la vie du Clergé de Rome,cc fut la mau- u.iifc opinion quelcs AlLemands ont des Italiens > d'au- tant qu'ils les tiennent pour trompeurs & maJicieux,& de peu de confcienccjtellement qu'on fe pcrfuadoit tou- te chofe à leur defaduantagc , Se principalement fur le liibict des Indulgences publiées par LeonX.& de l'ar- gent qu'on amalFoit. Mais ce qui aida grandement à rhel cficj ce fut quç Luther cilcua la puillàncc fcculicre au deiFus de l'Ec- cleiialb'que, au moyen dcquoy il attira de fon cofté plu- ficuvs Piinces , ÎJc entre les autres lean Federic Elcâreur de Saxc,»?^ vn cci tain Sichingi Capitaine renommépar- jnyk s Allemands. Mais il n'y eut rien quiluy acquit plus d'applaudilïément, ôC de faueuc , que la fenfualité de la dodlrmc. Car Luther cognoilïànt le naturel des Allemandsad- donnez à f.iire grande chère , ik à boire aa.iec cxcez ne leur propofa pas des herefies fpcculatiues , quieuircnt bcfoind'vne grande fuba'lité d'efprir, mais proportion- nées à leur capacité,& à leurs feus, c'eft àfçauoir maté- riellcs,i<(: charnelles. Il ofta l'abftinence&lesjeufnes, levœu dechafteté, & la difcipline de la Religion,& permit aux Moynes ôc aux Kch'gicufes de fe marier,puis il ofta l'authorité pre- mieaincntauPape , & aux Euefques> puis aux Princes &. a.;s Magillrats feculiers. De forte que ce nefutpasvne merueilledevoirque les peuples à qui l'on propofoitvnedo6trine fi agréable aux feus ; &fi£iuorablcàlachair , l'acccptaircnt fi promptcment. Dauantagc pours'authorifer de plus en plus, il permit aux laïcs d'vfurper les richeilcs&les re- ucnus de j'Eglife , de prendre les Calices &: les Reli- quaires d'or 6c d'argent , & de rendre les Abbayes , &c nicfme les Eucfchez héréditaires. Mais encor que l'hcrelie de Luther fut pour les fufdi- tes raifonSjiSc pourplufieurs autres, receu'é auectantde facilite des Allemands , elle ne manqua d'eftrc contra- riée mefme par d'autres hérétiques. Carrani525. on vitcileiier contre Lucher, Vlric Zuingle,qui rCnouella l'hcrefiedeBerengaire,& eut pour compagnons Oeco- lampade , &c Carloftade mortels ennemii de Luther: puis Bueer tafcha de fc méfier parmy eux, Si^apres Cal- uiu inucnteurd'vnc nouuelleCenc. Or les Luthériens & les Zuingliens ontfouuent ef- f^y^ de s'accorder, mais ils font toufiours demeurez en plus gv.i.nd débat. lis hrcQt pour cet effedl vne alfemblécàMaipurg à l'inllanccdc Philippe Landgraue de Heifcn , en laquel- le toutcsfois on ne peut obtenir , qu'encor qu'Us ne fulicac d'acCord touchant la Ceue , ils fuli'ent amis &c en bonne intelligence quant du rcftc. Mcfulc Luther défendit aux habitans de Francfort de coinmuriicr auec les Zuingliens, é\:Zuinglc CMi vn ùcn liure nommcLu- thcrfaux Prophecc,boulion etf"rontc,heretiquc incorri- giblc,feduébeur,(3(: finalement Anteçhrift.Caluin d'aU- trc cofté s'attacha à Luther & aux ficns , les nommant gens fans efprîtitact deGcans,& leur donnant fembU-i bles Epithetes. ' . , Us s'aftcmblcrentcn fin Icsvns & les autres à Con- ftance l'an 1554. & à Vvitcniberg l'an 1 5 3 6. afin de rrotuîcr quelque forme dccôcorde, mais ce fut en vain. Or les prcmicrsqui rccCtucntf hcrcfie de Luther en Allemagncjfurentceux de Mmisfcld, partie de Luther» &: ceux de Saxe , dont le Ducican Federic prit la pro- rccti'.ni de la perfonnc Se de la dodi inc de cet Apoftaf; Et pourccque les premiers qui en furent atteints fu- rent les E{coliers& lesDoiieurs de Vvitemberg.ccttè hcrefie vint à s'épandrcdclàpar toute l'Allemagne. Cependant le Duc George de Saxe defendoit fon Eftatde cettcpcfte ; maisilne pût faire longue reliftan-' ce, pourcc quc;Hcnry fon frère eftoir ia perucrty , ^ luy ayant fuccedé en ion Eftat l'an i5'3o. incontinenC il fit tranfporrcr Luther de Vviternberg à Lipfc, ^ en niefmc temps tous les pays de Mifnic, du Turinge & dé Saxcsquiéftoient fous fa domination , reccureat cette raal-heureufe dôdbrinc:pource que les terres qui eftoiét de l'Elcclorar eftoiènt dciiâ corrompiiës ; Ik dés l'an I s 15 .Henry de Zupheii âuoir infcâé Brcmc & loachîiri Vvciïald Hambourg. L'herefic eft-oit entrée dans Lubec par permiffion de Henry de Baftel qui en cftoic Eucfquc,& dont les fuc- celFeurs ne fe foucians beaucoup du reftc , fc contentè- rent des reusnus temporels; Finalement George d'Aol Euefque de ce lieu , fut fi effrontément mefchaiit & impic,c^u'cntre autres chofes il fit enterrer le Melîcl Romain aucc pompe folénelle. La Religion Catholique fut vn peu fouftenuë par le moyen de h vidoirc que l'Empereur Charles V. ob- tint contre les Plroteftansl'an 1547. Mais elle fur après beaucoup .ibbatu'é par la rébellion, ôc par la guerre que luy firent Maurice EÛedeur de Saxe, & Albert Marquis dé Brandeboursi Finalement l'Empereur en Vne Dictte tenue à Spi- re , fut induit fous prétexte de garder la paix publiquei à figner le décret de laiiTer l'exercice de la confeffion d'Aufbourg libre en Allemagne , iufqucs à ce qiie par vn Concile generaloOU par quelque autre voye. On eult rais ordre aux affaires de la Religion ;& l'an 155 z. en laDictte dePoirc,il fut defenduaux Proteftans d'inter- dire aux Catholiques , & en particulier aux Ecelefiafti- ques , l'exercice de l'ancienne Religion en leurs Eftats^ & l'an j 555, enlaDiette d'Aufbourg, ondonna liberté àtousles Princes &;Eftats de l'Erapii c, de fuiure la Re- ligion Catholique, ou la fecte de Luther, ôc de palFei: de r vne àTautrcauec condition que le Prince leculier ne perdroit parce changement nô feulement fon Eftat,; mais mefme ne feroit aucune perte de fa réputation^ mais que l'Ecclefiaftique perdroit fon Eftat,& que ceux à qui il appaitiendroit en éliroient foudain vn autre qui feroit Catholique. Les hérétiques demandèrent encor après qu'on per- mift aux lubic6ts de viure en leur volonté , ôc que les Princes fufiènt obligez de leur odroyer cette liberté de confcience : mais les Princes d'Auftriche, ô: de Bauiere s'y oppoferent. Depuis ce décret l'herefie fe répandit fans emp&fche- ment par toute l'Allemagne, veu que lin Othon Henry Palatin du Rhin, èc Chai les Marquis de Bade ex- terminèrent la Mcilé 5 ik. la Foy Catholique de leurs Eftats, & après Nicolas Galle fema l'herefic deLuther à Ratisbonne,& Martin Kcmniilc à Brunfuic.& la mcf- rae fccte s'épandit par les pays d'auprès de Strasbouro-j 45 8 De l'Eftat de l'Empire. Cependant il naquit d'autres hercfics , vcuqueles Lnabapriltcs entrèrent en Vvcltphalie Tan 1531. & fc : les Anabapriltcs entrèrent en VvcItpHalie i an i 5 31. ce fc iaihrcnt de la ville de MiinCter l'an 1 5 34.& après auoir crée vnRoy furent enfin ruinez par i'Archeuefquc de Cologne, éc l'an 1 5 5 i . André Ofiandre le rendit au- theur d'vne nouuelle hcrefie , Se mcrmc de la feûc des Luthericns,on vit naiftre celle des Vbiquiraircs. Mais pource qu'Augufte Eleveur de Saxe defendoit l'erreur de Luther pour fe maintenir grand , ^cpuilTant parle moyen des Luchericns,& le Comie Palatin,poar mefme eifcd aduan^oit de tout ion pouuoir le Calui- nifmcjpourceque ladifcorde eft fille naturelle de i'he- refie,ils ne (c purent iamais accorder quelque alîcmblcc qu'ils filfcnt. Ayant ainfi monftré le commencement , & le pro- grez des hcreiîes en Allcmagne.voyons maintenant l'c- liat auquel elle fe trouue pour ce regard. Véritablement de noibe temps il femble que d'vn coRé l'hcrefie s'efteade,& s'aduancc,& de l'autre que lafoy Catholique prenne accroiiremcnt. L'hercfic croiit, pource que les PrinccsCaluiniftes, & les Luthériens fe mettent en poircfiion des Abbayes, & des Euefchez , & les lallfent comme vne pUrtic de leurs héritages à leurs lucccllcurs. Or les Princes hérétiques s'cflTayent d'introduire leur feâc par tout où ils mettent le pied. ^ Toute^'fois ihcftc en h plus grande partie des villes quelques Eglifes, & marque de laReligion Cuholi- que, comme à Mmdc , quoy que prcfque toute héréti- que, on void encordes Chanoines Cathobques, & en la cn-ancle E^liCc on célèbre le feruice diuin à la Ca- tholique. A Vlme, à Strasbourg , à Neubourg , aux Eftats de Brandebourg , Saxe , de Brunluic, il y a encor force Conuents de Religieufes , routcsfoisil eft défendu en quelques lieux d'y en mettre d'autres, ^ de les voiler, ik mefme on ne le f^aïuoit quelqucsfois hue à foute d'vn Eucfque Catholique , ou de quciqu'vn qui ai t cette eharee. ^ , r. i • i Pour reuenir à noftrc propos , ceux duPaiatinatclu Rhin ont elle forcez de paiîcr 4. ou 5 . fois de la fc£le de Caluinàcelledc LLuher,felon qu'il aplû à leur Com- Mais auiourd'huy ils font tous Catholiques , pource que l'Eftat a changé de face, de Religion Cles Comtes de Manl- fcld , & les villes franches hérétiques , qui confinent auec la mer,& la France. , . , Caluin eft fuiny cy-deuant des Comtes Palatins du Rhin,de ceux de Strasbourg, 3c de laplufpart des villes ,maritimes,ditcsAnfiatiqucs. , . r A patler généralement les Nobles font plus mkdtez d'hercfic quxlesautres,& les riches que les panures , & les villes que les villages , & les villes franches plus que les Princes,chofe digne de conhdcration , vcuque de tant de terres franches qui font en Allemagne, il ne s'en prefenta en vne Diette qui fut tenue il y a quel- ques années, pour les Catholiques, que trois petites ter- res de Suaube , àfçauoir Gamondc , Dincheelfpille & Vbeilinque, au lieu que les Princes d'Auftriche , les DucsdeBauicres, &deClcucs ( qui font maintenant finis ; (k Philippe de Bade , Se le Landgraue de Lcu- tii;:berg fe font conftamment m.aintcaus en la Foy Catholnju'^ , Se l'on a vcu rctouruer à la Foy le Comte Vlricd'Elpreftein.&Iacques Marquis de Badc,& quel- cules autres. Pour reuenir à noftrc propos, les citez franches font toutes foLiiUccs d'hetefie , excepté les trois que nous auons nommées. Toutesfois il y a quelque nombre de CathoUqucs à Norimberg,à Vlmc,à Francfort,à Aix la Chappelle, & en quelques autres hcux. Mais pour monftrer l'eftat auquel la Religion Ca- tholique eft en cette Prouincc, il faut que nousconfi- derions les Eglifes Cathédrales , d'autant que fautho- rité des Euerques,& des Chapitres a entretenu cngraiw de partie la religion qui y refte. L'Allemagne a donc 7.Mçrropolitains,qui font Ceux de Magdebourg, de Treucs, de Mayence,dc Cologne, de Saiizbourg,deBczançon,Scde Prague. L'Archeuefché de Magdebourg auec les Eglifes de Magdebourg,Masberg,Nannbourg,Nauelbourg,Bran- delbourg, LubecSeuerine jSebourge, Celuth , Ra- cembourg ( aufqucUes celle de Mifnie qui en eftoit ! exemptée a efté adiouftée) eft non feulement hérétique, ! mais encor fous la puilfance des Princes Lutheriens,qui I cndifpofcnt comfhc de Icitr héritage, j L'Archeuefché de Treues eft la plus nette de toute l'Allcmagne^veuquenon feulement dans lavilU: , mais 1 encor par tout le Dioccfe , on ne fouffre autre Religion i que celle qui mérite véritablement ce nom. Ce qui eftprocedé en grande partie de ce que cette ville n'a iamais eu Euefquc cjuinc fuft Catholique, & d'ordinaire fort zélé. L'Archeuefché de Cologne s'cft auec beaucoup de peine maintenue conftamment en la Pveligion Catho- lique , n'ayant iamais voulu permettre aux hérétiques l'cxcrcicé de leur religion , Se l'an 1543. quelques-vns ayansdcfcouucrt que i'ArcheucfqueHerman auoit in- tention d'introduire l'herefie dans la ville Sc dans tout le Dioccfe , ayant fai6l venir deLipfcpour Cet cfFed, Philippe Mclaniahon , Se de Strasbourg Martin Bucet Ic Scnut Se le Chapitre s'oppofcrent à fon mauuais de(,rein,& firent tantquc l'an 1549- Hermanfut dépo- sé par rordonnanceduPape,& Adolfc mis enfa place. Toutesfois il ne s'cft pu faire que quelques lieux n'ayent efté ihfcdez. Cét Avcheuefché a ly.bonnes places , 2c terres. On met fous cét Archcuefché les Eglifes de Licgç deMunftcr,d'Ofnaburg, Se de Mindc. Quant au Liège , la Foy Ctitholique s'y eft mainte- nue iufques à prefent , de mefme qu'en tout fon Dio- ccfe qui eft fort grand. Munftera efté trauaillc des Anabaptiftes, comme nous auons dit cy-dellus , mais ceux-cy ayans efté eftcintSjla ville retourna à fon premier eftar. L'Eglife d'Ofnaburg a eftc grandement trauaillée par cy-deuant. Se de noftrc temps. Car l'erreur de Lu- ther y prit pied dés l'an 1521.& bien que dix ans après les Miniftres Luthériens en fuftcnt chalfez , toutesfois ils furent après admisse fupuortcz par les Chanoines, Se l'Euefquc. Depuis l'an i574.iufqucs àl'an i jSé.Henry de Saxe vfurpa cette Eglife, de mefme que celle de Brème. Quant à Minde , il n'y a rien qui fente plus fa Reli- gion Catholique , qu'vne partie du chapitre,& la célé- bration du leruice diuin. Pour le regard de l' Archcuefché de Mayencc , l'hc- refie y eft en diuei s endroicts , mefme en la grande vil- le d'Ei-rbrd , Se les Gentils-hom.mes , & I'Archeuefquc tafchent de fe défendre des Confeillers Luthériens. Les lefuites qui ont foin de rVniucrfité aident fort à cela. Ils ont au mefme Diocefe deux autres Collèges, l'vn à Confluence, l'autre à Helingcnftad. Prés d'Helingenftad oa void le lieu de Molins, où ttii Jçpliis (Quelque temps les Luthcricns ont public vnc forme de prière contre le Turc , «5»: le Pape ôc les leftiitcs. Or qiioy qii'Erford foir prefqiic tout Luthérien, toiiccsfois le Clergé s'y eft bien ailcz maintenu, auec quelques autres, & le Sénat i bien qu'hérétique, a lùit crier , qu'aucun ne loit (î hardy de donner de l'cn- nuy aux Catholiques tandis qu'ils prefchent ou font leur exercice en leurs Eglifcs:& parle commandement de l'Empereur , les Luthériens ont efté contraints de rendre vue Eglifc qu'ils auoient oftée aux Catholi Del'Eftat dcmmpire. 4J9 qiics. L'Eglifc de Strasbourg eft en fort grande réputation en Allema gne, a caule de la Nobledc qui eft requife aux Chanonics qui y font. Mais prefquc tous y font hé- rétiques. Bamberg eft diuifé en deux partis de mefme que fon Diocefe , où il y en a vne bonne partie de Catholi- ques. Pour le regard de Spire, le nombre des hérétiques furpalle de beaucoup eckiy des Catholiques. Les Chanoines de l'Eglife Cathédrale defircux de conferucr ce peu qui refte , ont inftitué vn petit femi- naire de ï i.icuncs homnics,par le moyen duquel, & du Collège des Icfuites,on clpere d'augmenter la foy. Quant aux h ibitans de Vvormes, ils fe font premiè- rement feultraifts delà lurifdidion temporelle, puis de lalpirirucUe de leurEuefque ; Se l'exercice de l'herefie y a eltc fore libre cntr'eux , bien que lé Clergé y foit pour la plufpart Catholique. Maisauiourd'huy la Reli- gion Catholique y florit iur toute autre. Ceux d'Herbipoli font prelque tous Catholiques, à caufe du grand foin que leurs Euefques ont eu d'en chairerrherelie. Ceux de la Diocefe d'Ausbourg font prefque tous LuthericnSjà caufe qu'il y a ordinairement dans la ville feule ij.Miniftrcsquiprefchent. Mais il y a deux cho- fes quiaidcntalaveritc de la Religion Câtholiquc,lV- ne la confiance du Sénat en la foy , l'autre vn Collège de lefuites que les Foucres y ont bafty. Il y a d'ailleurs plus de Catholiques que d'autres à Ginsbourg,a Vcrtinge,& Almangauie, &diaers Con- ucntsde Relieicufes. Quanta Hycftad , il n'y a point d'exercice public de l'herclie. En la Diocefe d'Hildcfie, ily avn grand nom- bre de Luthériens: mais le Clergé del'Eglife Cathédra- le s'eft toujours maintenu eu fon entier. Venant mainteHantà rArchcuefchédeSaltzbourg, c'cIlchofeaUcurée que cette ville c(l prefque exempte d'herc/ic. Maisà Ratisbonnequi en dépend, on faitprofcflîon publique de l'erreuï de Luther, & y a peu dcCatholi- qiicsjcn oftant le Clergé , qui s'y maintient alFez bien parl'afliftance du Duc de Bauiere. | LaBohemc arcceu l'herclie des Huflîtes, dont Tau- ' thcurfutbruflé à Conftance auecHierofmc de Prague, l'an 1417. Leur principale hcrefie eftoit que la Communion fous les deux efpcces eftoit neccilairc tant aux laïcs qu'aux Preftres, Auiourd'huy lesherefics de Bohême font efteintes, les temples des Miniftres de Prague font maintenant conuertis en de beaux Conuents de bons Religieux, depuis que les Bohémiens ont efté chaftiez pour leur rébellion l'an 1610. par l'Empereur Ferdinand II. quia f.iic chaffertous les Miniftres hors de ce Royau- me. ■ Cette hcrefie ouurit encor la porte aux Anabapti- ftes qui font deccftez desLutheriens,des Caluiniftcs, Se des Picards. Ces derniers tirent leur origine d'vn certain Picard, qui porta de Flandre en Bohême l'herefie des Adami- tcs , qui ont auflî embralfé les hcrefics de Luther , Caluin,& de quelques autres ce qui leur a plu. Le Picard apprit à cette nation de fe nicDcr publi- qUcmentjÂ: fans aucun refped de fang, ny de parcnragé auec les femmes i à quëy l'on adioufta de grands cri- mes , Icfquels on exécute auiourd'huy le plus fccrctte- ment qu'il cftpoflïblc. Car il y en a quelques-vns en Bohême qui vont fa- crifier en des lieux fouftcrrains , & pour cette caufe ort les appelle Gruebcihaimer en leur langue, & duranC leurléruice, fi-toft que le Miniftrc dit ces paroles dé l'ECcntmc, Cïo/pz&multipliez.i & rempliJfcUa terre , on, cfteint toutcsleschandcjlcs. Se ckacun empoigne la première femme qui lliy vient en main. Aprescètte mélange chacun fe m et en fa place, & les chandelles eftanCr'allumces on paracheucî'dlïîce. Les Bohémiens Huflîtes fe mocquent des obfequeS anniiierfaircs, & prières faiâcs pour les morts , difans que c eft vnc inuention pdur rairaficr l'adariec des Prin- ces. Ils font auflî rilee des bcnedidioins faites fur l'eau^ fur les cierges,& les Irameaux, & tiennétquc les diables font inuenteurs desRcligions des 4. Mendians. Ils di- fent qu'il eft permis à chacun deprefcher l'Euangile. Les Huflîtes ne rcçoiuent point la Confirmation & l'Extrême- Onâ:iô pour Sacrcmens de l'Eglife; & tien- nent beaucoup de points touchant la ConfeAIon, lé Baptefme,&: chofes fembkbles auec les Caluiniftes. Mais il y a auiourd'huy peu d'Huflites en Boheme,iI y a grand nombre d'Anabaptiftes,& de Picards. La Morauie eft pleine de toute forte d'herefiesi mais particulièrement de celledes Anabaptiftés , & des Pi- cards. On tient qu'il y a bien i oe. mille Anabaptiftés^ rrviisque les Picards fiirpafTent beaucoup ce nombre.- Toutesfois la ville d'Oimus capitale de laProtiince, eft prefque entièrement Catholique. On peut dire le mefme de quelques autres bonnes villes de la iurifdictïon de l'Euefquci Il y a à Olmus vn Collège de lefuites i & v» Sémi- naire fonde par le Pape Grégoire 1 3. Nichelbourg, qui eft vne bonne ville de Morauie, fe fit entièrement Ca- tholique l'an 15S 1. auec l»s bourgades voifines,&: l'E- uefque donna l'année d'après le Sacrement delà Gbn- firmationà 4oo.perfonnes. LaSilefieeft plus infedée que la Morauie.Il y aplus de ^p.ans que l'erreur de Luther y règne , & il y a des Zuingliens,outreleS Anabaptiftés,^ les Picards. Vratiflaue autrement appelléc Preflau capitale ville delaProuince,eftpriuée de Catholiques ^ horfmîs dti chapitre de l'Eglife Cathedrale,qui a faid venir de bons Prédicateurs depuis quelques années.qui ont conuerty beaucoup de perfonnes. Quant à l'Auftriche , il y a la ville de Vienne , qui eft pour là plus grande partie Catholique ; pour le moins les Miniftres n'y prefchent nullement, les héré- tiques n'ont aucune Eglife à Ncoftat , & l'on n'y fait publiquement profeflîon d'autre Religion que de la Catholique. Il y a long-temps que les villes c(e Crens , Se de Stein furent infcdtées de l'erreur de Luther ,& quoy que l'aa 15 Sj. l'Empereur Rodolphe en chaflàft ceux quiy fs- moient cette fede,toutesfoison y auoitfort peu aduan- ce , l'Euefque de Polie y enuoya après vn Prédicateur Cathohque qui y fit tel fiuidt , que la ville fembla fou-^ dain citre prefque toute changée. Guillaume de Scorchirohcn a réduit .par mefme voye fa ville d'Antcche, où tous fe font conuertis , fors que trois ou quatre,qui demeurèrent comme témoingsr de la conuerfion des autres. Mais ces années dernières les Miniftres Euangcliques ont efté chalfez non feule- ment de Vienne , mais prefque de route l'Auftriche pat décret Impérial. Qj7. ^ 460 EnStiv-ie où>ft la ville de Scgouic fur la riuicre de Cnilo, & en Can'nrhic où font les villes de Gom-giic, & de Lauontc , les Noblcsquis'y tiennent, &en tout le pavs ontprefoue tous quitte la foy , Iinon aSti-albuvgc, où larcddenccde l'Euelquc les maintient vn peu en deuoir Mais les g^is de village font pvefquc tous L.a- tholiques,5c s'ils errent, c'cft pluftoft par faute de quel- nu'vnquilescnfeignc , que par malice ou par oblhna- tion.Toutcsfois lcsNobJes,& les Bourgeois s'aydcntvn peu à relcuer la bonne Religion. Car en la ville de Grats capitale de la Snne,le Sénat qui cftoit tout hérétique l'an 148 6. & qui auoit déten- du au peuple d'aller aux Prédications de ceux qu ils nommoicnt Romains, cft mainrenant pour la plulpart Catholique. & le PeiexMichelCardan rcduiht a la Poy les places deFuftenfeld,& d'Aritpergl'anmil cinqcens quatre-vingts rix,6c n'auança pas peu en la ville de i oc- Entre les Eftats que k maifoii d'Auftnchc poflede, celuy de Tirol cft le plus exempt d'opinion, ^ caule du foin qu'en ont eu les Seigneurs,&principalahcnt l'Ar- chiduc Lcopoldequi y commande auiourd'huy. De l'Eftat de TEmpire. aerty à la Foy. Vcfcut 78. ans, & régna 2,5. 4.Gaius Caligule petit nepueu de Tibereiué de Germar nicus, fils de Drufe , qui eftoit frcve de Tibère , l'an du mondc4ûoi. de la fondation de Rome 7 85?. iScTan de grâce 5 9.CC fut vn monftrc horriblc,crucK& elpouuan- table,qui fe foliilla en toutes fortes de mefchancetez : il eut la compagnie de fes trois fœurs. Vécut 28.ans,& régna 3 .ans, 1 o.mois,8.iours. 5 . Claude nepueu de Tibère, fils de Drufc fucceda l'aii du monde 4005. de la fondation de Rome 793. & de l'an de grâce 45. eftant âgéde5o.ans:il paruint à l'Em- pire à beaux deniers contanfs, promettant à chaque fol- dat 3 5 o.efcus.U auoit profité és bonnes lettres, ayant eu Tite-Liue pour Précepteur. Il fut empoifonné par fa femme eftanc âgé de 64.ans, &c regoa 1 4.ans. 6. Néron beau fils de .Claude , & fon gendre adopté par larufed'Agrippine, l'an du monde 401 9-^ de la fondationde Rome 807. & de l'an de grâce 5 7. âgé de 1 7.ans fut créé Empereur par les gcns-d'armes,aufquels il promit autant d'argent que Claude leur auoit don- né. Il fit tuer fa mcre Odauia Popea , & fes deux fem- mes , Seneque fon Précepteur , & plufieurs autres. TcUcBcnt qu'il k P'rfq-^ ; i;-; ChSi'ais forent fous luy homblemcc maflk.cz. lesbons exemples, oc les vécut ^1. ans, &c en re^navn peu moins d« nent de tous coftez beaucoup de Religieux & gens d E oîifc, maintiennent lesvns, & remettent lesautres: f Empereur Ferdinand fonda encét,Eftat deux Collè- ges pour l'inftruaion de la ieimcirc, l'vn à Ale,rautre à lfpurch,& par ce moyen l'Euefque de Brilfine, ville at- fife au milieu de la Prouince.mainticnt Ion Dioceie net d'opinion. Cette Eglife confine aucc celle de Trente, qui eft auflî fort Catholique en autre. Vécut 3 1. ans, &c en régna vn peu moins d« quatorze. La famille des Cefars défaillit en luy. 7. SergiusGalbcde lamaifondesSulpices , futclleu parles légions d'Efpagne-, & puis confirmé par le Sé- nat, c'eftoit vn boa Prince , mais par les menées d'O- thon,il fut tué dans le marché de Rome, fa telle portée à Othon. Vécut 60.& 1 3 .ans, ôc ne régna que 7.mois,7. 1 VIL tlLIl^J iwi-fc — 1 . I . " r^r Piif^rrVK^irous fa iurifci£tîon temporelle enui- ; loars. . , r i i • ' ti rnn 60 m l£m^ la fpirituelle prés de deux 8. Siluius Othon, de qui lesfoldatsauoient tue Galbe, ron 6o.miUeamcs,(X lous 1 p f : n^rninr-î rF.moireoarlamortd'iceluy.c'cftoit vnmon- Cf-ns mille. ^ . i- Quant au pays dcBamere,ilcfttout Catholique. ^(lilEFE IDESC^l^TlON des Empereurs d'Occident , commençant â IvlesCesar fondateur de cet Empire j continuant iujques ^ M a. t t h i a s deu- xième à prefent régnant. ^ V L E s Ce s A R fut fondateur de la Monarchie paruint à l'Empire par la mort d'iceluy,c'cftoit vnmon- ltrevilain,compagnon despaillardifes deNcron,eshô-. té,impudcnt,ambitieux. Mais citant vaincu par Vitet- lius fetué auec vn poignard , après auoir régné feule- ment 4.mois,& vécutjS.ans,,^ 9 Aulus Vitellius grand gourmand , & fort cruel , 8c paillard.il eftoit fanguinairc ôc ctuel,ayant fait malla- crer plufieurs Gentil-hommes Romains,tcllement que les foldats le tuèrent , & iettercnt fa charogne dans le Tybre. Et ne vécut que cinquante- fept ans, & régna 8. mois. I o. Fl. Vefpafien de la race des Flauiens , apres^ les grands defordres Ôc cruautez exercées fous les Caligu- V. E s ^ES A R rur .uu.a..u. ............ i la.Claude Nero,v,Othon,& Vitellius, fut falué Empe> Romaine , & toutesfois il prit le nom de Di- 1 reur du viuant desautres il reftabht vnbon ordre auï >iateurperpetuel , au lieu de celuy d'Empe- i Prouinces,legioiis , armee^,loix&: en larufticc : il en- — - .-cr' 1 vécut 5 6. ans , regn. trois ans & fept uoyafon filsTite affieger Hierufalem le 14. Aunl 1 ao „,ois après fcsouerres finies, ôc fut tué parBruttis , Caf- 2.defon Empire , l'an de grâce 72. ans : il mourut d vn ^s &Cesconfpirateursl'an du monde 3886. qui fut flux de ventre ayant 65,.ans,3.mois,7. iouvs,il rcgna 10. l'an 708. après Rome baftic, & en l'Olympiade 174.& -"s. auant lanaiirancc de noftre Sauueur lefus-Chrift. X Oftaue Auguftc nommé pareillement Ceiar,nepueiT de Iules luy fuccede, ÔC prend le nom d'Empereur, qui fipnifioit chefd'armée,&cnfaitle tiltre d'vne domina- tion abfolué fur tout ce qui obeylToit aux Romains. • Il vécut 7 5 .ans moins i ^ .iours,rcgna 5 6.ms, 1 2. ans aucc Antoine, & Lepide Triumvirs , & moiuut l'an du monde 3 943 . de Rome baftic 7^5- & en l Olympiade I5)8.randegracei4. 3 Tibère beau fils d'Augufte de par Lime, adopte par luy,l'an du monde 35)79- après la fondation de Rome 76o.ans,& le i7.ande grâce fut eflcu Empereur. Il tint l'Empire 2 3. ans: de fa nature il eftoit falcheux , moc- queur,vibin,crueloc malicieux-.l'an 15.dc fonEmpire, noftre Seigneur lefus Chrift âgé de 30. ans futbaptife par faind îcan : le 18. an de l'Empire de Tibère hit crucifié,le i9.an lainaPa-ulalla en Damas , Se fut con- ans. 1 1. Tite Vefpafien fucceda à fon peie l'an du monde 4043.de la fondation de Rome 83 i. & de l'an de grâce 8 : . furnommé les délices du ge^re humain , à cauie de fa iuftice ôc liberalité:il pardonna à fon fi eixDomitian, qui auoit machiné fa mort -.faifi d'vne fièvre mourut à l'âge de 35?.ans,5.mois,& 25. iours, ayant régné 2.3ns, 2.mois,zo. iours. 12. Domitian fucceda à fon frère l'an du monde 4045 " de la fondation de Rome 83 3 . & de l'an de grâce 83. il ne rellembloit-à fon pere , ny à ion frère , eftant cruel, couueft,deffiant,foupçonneux,traiftre,vilain,rapineux, & perfecuteur des ^hreftieus , c'eft la 2.perrccutio*i, comptant celle de Néron pour h I. il fe limita tous les iours vne heure pours'ebatre à prendre des mouches, & fut appelle chaireur de mouches. Il fut inceftueiu,paillard,& pour laquelle il perdit la vie âwc de 45 .aiiS;(Sc le i j .de ion Empire. ° ij.Neru Del'Eftat dcJ^Empi'rc- 401 . ,,Xcrua elhnt i.fon âg. fat Empc.ctu- l'and.. n.on- Calîgula , il occit mf;. nblcmenf l'Inftnrc L„dlh fa 4o.Kdelatond.r:on.dc Rom.. 40..^ dcl;audcgr.- (a..u,6, viola Icsa.ca., ii fuc t.. pai Ma h f co te y5-c ciloit vn bon Pnncc .\ lullc : -Se remit les biens , binc>& par Lctus^rrand Prr no/^ Pu - ht cdlcr Jcs pcrkxiitions coatic IcsC nefl rn rantoit dodx,tamoit cruel, & qui parcourut les Prouin- ccs de l'Empire Romain plus que tous les autres Em H régna 1 5;ans. 10. Pcrtinax fucccda à Gdmmodus' l'an du monde 41 ;6.de la fondation de Rome ^40. &de l'an de -race I P4. ^on pere cfèoic vn ihf .taanchy , & ,1 auoir d\é mail .cd e(cule,pms (oldat , Se finalement fut adnancé de telle lortt: qu'il gouuerna les Prouince. Rhctie,Noa uqucjMihc & DafK'. Et d'autant qu'il clloir Romain. , les meurtriers di eommodus 1 e/lcurent Empereur , niais voulant refor- . UKT les foldats Prétorien. , il fi,t hay d'cux,& pour cet cltect tous le meurtnrent,puis portèrent fa relk au bouC d vnc lance au Camp de Iulian (on (uccellèur : il cftoic agcde 6o.ans,& ne régna que 6.:nok. II. Iulian,pourcc qu'en vn fieclc ilcoirompuies erands' n auoient point dauthorite, les ger.k de guerre efbienE mlolentsô. audacieux iufqucsaubout.sSppiKianPre-^ uolUeRomc, & Didius lulian furent fi Jif.ontcz de marchandera quel prix ils aiï-oicnr l'Empire. i>upp icianpr0,„iE à chaque (bldat Prétorien too.- ' e eus luh.n promit 6.;. elais ^ chacim, &par ainfiii fut cHcu Empereur, c'eftoit viTgourmand , /oiicurde dcz,êc lequel ne tenoit pa. promelïc. am loIdats:de là on commençaàle hayr, 3c deuintfi larche,auarc& vi- pcrcurs : la vie fut tellement odieufe fur la fin de fes ....v-^^xe nayr ^c(emnrr, in iours,qu:ldemandokquel'onlcfilln.ourir:ilvécut7z. lain,qucpou\cétdfeaWÎt tX v^^^^^^^ P.ns,&5.mois, 2c régnai 1. ans, 1 1. mois, fes os furent ^ ne fut £m père ai quey n oi " '"'"S"^'' .nterrezau chaftc.u S. Ange à Rome. Prfr.J....^-,:.^ A' M-ours.- enterrez au chaltc.TU S. Ange à Rome. 1 6. AntoninPic l'an du mondf 4101. de la fiandation de Rome S^^.Sc de l'an de grâce 1 3 ^.gendre d'Adrian, ôc fonfils adoptiÙ'ut Empereur , homme beau 6c plein Pclccmuus Niger Gouucrncur de Syrie, fazùûaè qui auort elle cHeu par le Senar , alla au denanr de Ni- ger lequeiucombatitpar 3.fo,-s,& PefcenniusNi^erc^ ment feurs de Philolbphic , ik autres fciences , il fit oitcr ics daces des limites de l'Empiredlaiioit ibuucnt à la bou- che , Qu'il aymoit mieux fauuer la vie à vn de fes fub- icdls dcl'Empire,quc tuer icoo.dcs ennemis. Parquoy d'rt>rit, d'éloqwncc, & crcs-dcboi„,a:rc : c'eft le liul | i» tcmrnc &,c,,t tuez în la i S „ I "'"'iT" ^'f ^ P^^.ep„^do.ansdcf«u.bleas. il„„.agra„de ..sde.c..fe„,r^ ZI i authorite du Sénat, il ordonna gage auxprofef- leut tousconfifqucz,,"'.- fa race cîlcint^ ^^^-^^n'^s hi- sdePhilolonhie. guaPet:; '^^tS w'^^l^ ;:f"'^'- ro^un,luyfuccedaàl'£mpîre,aucommencement^ls■ad- Angleterre,oùilmoiuutTYorc i If^^v ^^'^r'" ioignit de Ibn frère Lucius Verus , & lors l'Empire fut i vaillant,qu iailfa rmouta^^^^^^^^^ ^7 gouueir.é par deux Empereurs, ayanspuifiTance égale: de Rome qu'il luy ei^f^lTorM^o ■ .^ f T'"^^ uix il ,:>m!r;esdoétcs,&adez heureux en guerre. 24. Claurlin^ A ru,v,.,. r c t ' :,,s . l,H,uclle cclfa ayant obtcnL, v„e bataille pat e la Jer^ rAIbLLw 7 " '^Tc ^""^ i.ovcn d vnc Icgion de Chtriliens , après laquelle îî luv • Zi, A»^. "", ' 'f"' r "^"'P'" ,boliclcsedias1:Hasco.trelesChr;m?nS:iî ù; " „' l^'':;^:^ tr^l' :S. LuL. Verusa,a.tefta,roeiarEn,pireparMarci luTd^^uS^^^^^ ™,nu loufrcte . pour lepeude te^ps de fonregnc, i d/ffaitii. pris. &ie„Ad yvif fs i^ru^^ 1 cllpas nomme eiuie Icsbons ny niauiiais Princes: il ; litdecapiier &Dni.,Vrf„ T J, I c ^ ' e,naauccAn.on..,. ans,nmourucagéde4..a„s. toutelaCjfeK^^^^^^^^ flic uis porté au fcpulchrcd'Adrian. V- j' i> , , fut feui Empereur. 9' ^ommodusl an du monde 414:. de la fondation Anrr.,,;., r /r i , le Rome 9, t. & de l'aa de gtajetk. fucceda à fo" pîeutS dû mo de ^ ""^ I ' ere Marc-Antonin Verus. la Monarchie Rotrraine à C^ao ctllT "^'^.f ' "^i ' .lécnlafleurdcpuisInlesCeG,.iufq„esàMarc-An o!id° f ™a?;f^^^^^^ ;,n.ma,s depuis elle fur agitée rfeUnuelles fed.- lia.cn^ràttLm::!^:^ J,:"! tue ^r' to!.: ions & guerres ciiules Commodus d s l'âge de iz. ans eftant aux eftimcs, ar vn foudain dé-pic il fit ietter le maiftrc dans la four- aifcardantcd'icelle, prcfagede fa cruauté : il beuooft ordinaire toute la nuift iuiques au iour,fe veautroit en xite forte de vices exécrables auec 300. concubines, (. autant deieunes garçons , ii forma fa vie à celle de' couuerte dufang de fou fils , & fut bielFée à la main: neantmoins depuis elle fe maria àfon beau fiJsBalIian 11 fit mourir à Rome grand nombre de Sénateurs! entre autres Papinian Preuoft de la ville. Enfin il fut tué àl'inftigacion de M rcrin,grand Pre- uoft de l'Empire, par vn foldat nommé Marttal.duquel • Il auoK fait iiiourir le frère. Le corps fut enuoyé a . Oh 5 é 461 lulia fa maraftrc & femme: clic le voyant fe ictta dcirus, & s'y fit mouvir. Voila la fin dcsinceftucux.U ve(cLU45. ans,iîc rc^na 6.ans. z6 Antonin Gccta du viuant de l'Empereur Scucvus fonpcrcfiitairociéauccluy , & cftoit (on pmfnc, icunc Prince qui monlboit qu'il leroit héritier des vertus de fon pcre : mais l'Empereur Baflîan confpua fa mort,& pouryparucnir, ilépiade le trouucr feul , &vniour eftant en la chambre de fa mcre lulia, Iccondc tcmme de l'Empereur Seueriis, il le tua. Ce meurtre tant exécrable acquit beaucoup d'enne- mis à Baflian. 17. Macrinl'andumonde4i8x. l'.n de Rome 970. l'andegrace izo. grand PrcuolUcl'Empux, hic crée Empereurpar l'armée q.icftoitcnAlTyne C cftoit vn ferf atfranchy qui auoit efté TabelUoadu temps de Commodus/ U fit fon fils Diadumenus Empereur au commencement de fon Empire. a, ,.u,„Hp<: Il s'addonna à ioucr , & commença a <^ft <= ^^y ^" foldats.à caufe de fon naturel ch^F^^'^;-^"^^^^^''! cruel,irnucnteurde fuppUcc:ilfitcoudrcdeux oU^^^ /pou auoir violé leur hoftelIe)en deux peauxde bœut L lailîant la telle dehors, afin qu'ils puirent pari r De TEftat de TEmptre. à fon fils dans fatcHte , comme ils dormoicnt Cn plein midy,le pcre âgé de 60. ans, ^ le fils de 1 9.ans,ayant ré- gné 3 . ans. 3 I. Gordian l'aifnc fut malgré luy auecfon filspoulTé aufiege Impcrial,ell:aucâgédc 6o.ans, pour deliurer le peuple de la tyrannie de Maximin. Le Prince Gordian fon fils fu'. occis àla follicitation de Capelhis, ^ le bon Empereur redoutant pat trop U fureur de fes ennemis, le pendit, afin de ne tomber vif entre leurs mains .-il ne rcgaa que j.mois.ilfut regretté de tous les gens de bien : Il eftoit fort bon peintre, iculpteur,î5c fçauant. 3 2. Pupicnus Maxiraus fils d'vn ferruricr,s'ellant pat les hauts faiis d'armes obtenu toutes les dignitez que l'on pourroit defucr.il deuint fi fier (3c fi fuperbe.telle- ment qu'il exerça de grandes cruautez fur les Ro- mains, quioccafionna les foldats à le hayi , ^ confpi- rercnt contre luy,&: contre Albinus,<3cémcurent grand tumulte entre eux au Palais , duquel dcchaiFez , ils les traifnerent à leurs tentes,«3c là les tuèrent ayans rcgiié i.ans. 53. Cslius Balbinus fut efleu Empereur auec Pupicnus, pour reprimer la mcfchancetéde Maximin:il eftoit El- îcur lailîant la telle dehors , ahn | ^ ^^^j^ ^ ,ubk les (éditions qui lournelle- rvnàl'autre , iirlques a tant que la ve «^"^'^^^^^^ încntnailloicntaRome, par fa belle éloquence & fça- tcur,&: autres fortes de tourmcns les W^^"^^^^" * 1 la fortune talonna tellement ce Prince, qu'e- futtué cnAntioche,aprcs auoir^icgi.e i4^^^^^^^.^^^^^.^ | ^^^^^^ jj,^,^ Gordians tuez enAfrique, lepeuple de Rome afpiroit à vn autre Gordian,& eullént defiré que Balbinus & Maximus cutlént cédé leur dignitc à ice- luy Gordian , lelquels par la haine des loldats & da peuple Romain/ furent tuez , 6c ne tindrcnt l'Empire 1 uue deux ans. 1 • lU.c M.,rvîmonia- 1 U- Gordian Il.âgé de i G. ans, commença à gouuerner Là éUe publia l'Empire l'an du monde 4x03. l'an de Rome les, ilfe licentia à toutes "^""^.V^;^^^^^^^^^^ ! noftrefaiut .4K après queMaximin CJc fon fils furcnC furpalfa en vilenie Ncron £$cL.augpia. 1 X - ^^^ij^^rtz au lierre d Aquilec,& que Pupienus,5c Balbi- monltre que humain: il viola les vierges Vellaks, U te :WutEmpere.uparlesartificesdcion fa,ran du monde4i84. i de Rome 97^-1 -^"^^ & ce' 11. llalïociaàrEmpircloncoulin Alexandre .il amena fa meie au Sénat . 6c la fitopiner comme Sen.- tcui n:;ïï.:;;^hô;teulespourp^nferei^c^^ me les femn.es , 6c fe maria comme femme , & habita r=c luy comme femme : finalement paruenu ^1 com- ble de fL.ekhanceté, fut tué auec fa mere dan ^..r^^^^ traïc^ où il s'eftoit caché, (on corps lettc a la vouic par îa confpiration des foldats,agé de 1 7.ans,Sc régna i.ans, A^ctaildre Seuere fut du confentement des foldats Pr;toriens , 6c du Sénat fait Empereur , l'an du mond 4i87.ran dcRomc neuf cens foixante-quinzc,! an de grâce 115. ct^ant encoreieime, 6c gouuerna l Empire par le Confeil d'Vlpian. . ^ L'ade le plus feuerc qu'il a faii,eft la mort de Thtm- nus Veronu!s,lequel il fit enfumer, d autant qu il ne fa> mallacrt z auliegcd'Aquilée,(3c que Pupienus,6c Balbi- nus aulîi furent tuez a Rome. Il tut Princcamy de iulli- cc,honncftc 6cpaiiiole , foit aymé , 6c rcueicdes liens plus que nul autie Prince. Bref rien ne manquoitcnlay finon l'.igc, quiferuift de liiiet à vn Arabe nomme Philippe , de le rendre odieux auxgens-d'armcs , leur remonlhant ie bas âge de cétEmpcreur, 6c gaignac). foldats Prétoriens , qui tuèrent ce bon Prince cnî'àgc de 12 ans, 6c de Ibn Em- pire le 6. 5j. C. Valcns Hoftilianus fut crcé Empereur par le Sénat à Rome pour cmpefchcr que l'ordre delà Rcpu- blic^ue ne fuit peruerty , après les nouuellcs rcceués de lamortderEmpcrcur Gordian qui les troubla fort: l'Empereur HoftiUanus eftoit vnbraue Prince, niais li nus Veron:us,lequel il fit enfumer, d autant qu 1 ne rai- , ^ . ^.^^^ ^^^^^^^^^ ^ ^^.^^ foitiullice,6cprenoitargemdesderupar e 1ht vn ^^^^^^^ IF 101ClUlUe«.,Uw ^IV-LV... —5- /. 1 M , 'ir Edid,lcqucl il voulut eftrcobferucmuiolablement, uc entreaturcs chofcs ily auoit, mfma. mmyihofiquem Il commença à cftre hay à caufe de fa feucnte , & fut tué en Gaule par les foldats, àla follicitation de Maxi- ,TÙn:il ne vefcut que 3 9.ans, 3 .mois,7.iours,6c régna 1 3 . Te. Maximin , né dcbas lieuen Thra:e . & de pere & mere barbares , nommé Empereurpar les foldats fans le confentemenc du Senat,l'an du monde 4XOO^l an de Rome 988.1'an de grâce 138. fit aufli(on fils Maximm Empereur. De Ion premier meftier il eftoit berger en Thtaccil vint à Rome du temps de Seuerus, 6c ileftoi fort 6c robufte à merueille , couroit aulfi vifte a pied guelccheualdeSeuerus: il fut icceu Archer fous Ba(- run,ilcut charge de looo.homn^esdepied. Eltantde- uenu Empereur fort cruel 6c fuperbe, le Sénat le deda- ra enr.cm V de l'Empire à caule de fes melchancetcz : il fit mourir cruellement tous lesfcruitcurs d Alexandre fes lours. 3 6. Philippe Arabe après auoir fait tuer Gordian^par- uiHt a l'Empire i'.andumondc42 05>.randc Rome 5)97- 6c l'an de faiut 248.il vint à Ron)e l'an i.dc fon Empi- re : il fie célébrer les leux Séculiers , qui ne le faifoient qu'au commencement d'vn licclc, le 1. iour de May au 1 oco. an de la fondation de Rome. En ces ieux vnc grande partie de Rome fut brûlée , pour le grand nom- bre de flambeaux allumez de mua. On 1k qu il lut le 1. Empereur Chrcftien , 6c en haine de ce , Deciuslon Licutcnantcnillyrie.fercuolta, 6c fut nomme Empe- reur : il ferelblut d'aller à l'cncontre de Decius, laillaul fon fils à Rome : mais les foldats Prétoriens luy coupè- rent la gorge. , , r 1 j I Cela entendu à l'armée de Philippcs , les foldats 1< tuèrent aulB eftant a Vcrone.Il régna 5 .ans. 37. Decius futedcu Empereur l'an du monde 43 '4'd< Rome iG02.de gracci5i. U eftoit dcHongne de no- ble famille : il le âit du confentement du Sénat, ion ni Decius fut auffi nommé Empereur . il pcrfecuta tor ;:;:;;dece.Teur: teucment que les ^o^a^y- s;::;Ki:n::ch^;^r^^^^^^^ ^f^^ la volonté du Sçnat. coupèrent la gorge a Maximm , àc ( ciutiiemcn ^^^^ De rEftat de PEmpire. Pape , Alexandre en Hicmnilcm, DaWas en Antioche 1 De Ton temps ily eut 50. cie (es Lieiiten.ins oiii^fu- âucc fes trois fils furent martynfcz. icnc Alii-z Frii..frf mx rho. m„ a ' ' ,. ii-nc laïu.z tmpeiciîis enacun a Ion armée < tous rv- En diHers lieux 1 on n oyoït que gemiircmcns des [ rans dont ils s cnnetneicnt Ja plus-part oauures Chrefticns , qui eftoicnt contraints de foire leurs demeures aux defcrtSj'parmy les bertes launaj^es: il combattit les Gots par deux fois , dont à la dernière luy îk ion fils furent tuez, le perc âgé de 5 o.ans,n'ayans régné tous deux que 2.ans,6.mois. 3 8. Quintus Hercnnus Hetrufcus ncft pas mis par quelques hiftoriens entre les Empcreurs,toutesfois ion portraift Ce trouuc au lîure de Hubert Goltius & qu'il cftoit fils de Dccius. 35>. Vibius Gallus Hoftilianus fucccda à rEmpire après la mort de Decius : ayant elle efleu par la légion qui demeura entière en la guerre des Scythes : & de là trouua acccz au Sénat , lequel confcntit à l'appcllcr Augiittc , &c de fait le GilUa pour tel, ain/î il le fut plus r i t -- . ce qui alrai- bht beaucoup l'Empire, & luy après auoir perdu plu- fieurs batailles contre Pefthumus , fut tué par vn Ef- elauon. Il régna i;. ans. Celè en l'hiftoire de ce tiallicn qu'il eft prcmicrcmcntparlé des François , qui ont û- couru les Romains en leurs guerres^ 44. Solonin VfJlerianfregna durant la captiuitcde Va- lerian fonperc aucc fon frcrc Gallien: mais il eftoit aiî contraire de fon frere,vn Prince bon,rçauant,ingc,mo- defte,libcral,& fort doélc:le Scnat le tenojc en grande! réputation, mais la haine que le peuple porroit au vi- cieux Gallien fon frerc^, empefcha l'amitié du peuple: tellement qu'eftant auec (on' frcrc à la bataille contre Pofthumus, il futpourfuiuy iufques à Milan, là où les par fraude que par vertu , & plus propre a porter vne François les mirent au fil de i'cfpée , & leurs corus fn quenouillcqu vne eipec, qui fut caufe que l'Empire fut j rent enterrez audit litu grandement troublé. \ ^ ^"^'"'""^ Pofthumus , eftant la Republique Ro- 40. Volufian apt es que l'obfcunte de fes troubles fut maineprefque ruinée, fut efleu Empereur par les Gau cefsee par la deffence du preux ^milian & que la lois. Gallien ôc Valerian fiercs ne voulans point dd fplendeur de la paix parut,! Empereur Gallus retourna compagnon , vindrent vers la France pour imbatre a Rome , eftabht Volufian fon fils compagnon a lïm- Polthumus,lequel les ayant defFaicls, fc rendit maiftre pire , & commanda qu il fuft falùe Cefar comme luy, de toutes les Gaules,& en auoit défia hit Vn Royaume &leur règne cuft efteplus court ( pour cftre recogneus à part, mais vn nommé Lollianus, l'vh des Opitaines vitieux tout outre ) fi la perte fi horrible ne fuft furue- occit ledit Pofthumus , enfemble fon fils , que le oere nue par-1 efpace de dix ans fur la terre, & il n'y euft au- auoit aifocié aucc luy à rEmpire,& fait proclamer Au cun endroid exempt. gufte par ks François. ftu- Cependant^milian fut efleu par les foldats Empc- 46. Flauc ClaudeVut efieu Empereur par l'armée ouf reur, dont les Gallus & Volufian , pere tk fils prépare- eftoit près de Milan , 3c ie Senn t i'approuua en l'an d J rent vne forte arm.ce pour aller combatte Amilian,& monde 4103. de Rome lozi. ôcdc falut'iv, f il y eut vne faiiglanie bataflle en laquelle le pere & le mots qui font recitez au Senar fon zch-Me Empereur hirent dettaids , & iceux tuez fur le champ : ainfi tu esmftrefreu,tucs nofi,epere,tu es noftre amjM es bmSen^ ^mihan le aifit de 1 Empire, & fit guerre ouuerte aux teur, ta es m vray Prime. Par là on peut voir combien ce amis de Gallus les faifant mourir par tout où il les pou- perfonnage eftoit excellent , il chalTa JcsGots &1 9 uoitattraper.Gallus ne régna que deux ans,liuid mois, tailla èn picces:il chalfale Tyran Auréole Ae U & Volufian 1. ans. blique,& mourut apreS auoir régné z ans ^ 41. ^mihan après la defFaite du pere & du fils en 47. Aurele QuintiUe, frère de rEmpereur Claude f„r Mauritame,de pauure race, mais à caufe de fes vidoi- efleu par le Sénat pour le mérite des vertus de fon fi res obtenues en plufieurs lieux , il deuint fi prefom- re .-mais il eftoit merueilleufement craintif & v^eure^t ptueux, & fepromettoit tant de faueur , qu'il ofa bien lequel aymoit la vicpriuée ; c^eft pourquov léLen?S- efcnre au Sénat , qu'en peu de iours il deliurer-oit la auerre cognoifl^ans fon humeur, efleutent Aurelian ert Thrace,Mefopotamie, & l'Armemcde l'oppreflîon de l'armée : cela entendu par QuintiUe dcuint tr fi t fes e^inemis: mais il fut trompe , car [\ receut nouuelle fafché, val defefpoir le prit , il fe fit fa^ner le nied comme les (oldats d'Apius auoient inftitue vne autre reau,afin de ne fentir- point la mort fi riaoureufè mon Prince pour le mettre hors de 1 Empire, mais les chefs rant le ly.iour aptes fon elcdlion ^"^^^mou- de guerre confiderans la grandeur du nouueau Empe- 48. Aureiian efleu Empereur par les ^ens de euerre reur, & la race d'Emilian , les deux armées enfemble l'an du monde 4^?^de Rome ic i/ & d . con{entuent à (a mort,& fut tué par les foldats,de fon homme vailiant,& bien exercé à la luerre- fl deffiri^I âge 4c.ans,&auoit règne 3. mois. Marcomanés,^Sueues: l'Italie pacifiée, il entr^dans 42. Licinius Valerian 1 an du monde 42 1 S.de Ro- Rome , appaifa les feditions qui y eftoie a , fi moud me 1 600.& de grâce 23 ô.defia vieil,fuft efleu pat l'ar- ks kditieux , mena fon armée contre Ze ï^b; P nehen a Rome , & aime du Sénat a caufe de fa Vertu Rome , il mena fon armée en Suaube . dontTS & vail ance & fut du confentement du Sénat & de ks Bohémiens.^ s'en voulant aller en bde , es .ens toutes les autres armées receu Empereur de guerre le tuèrent près de Byzance , & regnaT^aïï Du commencement il fe monftrabening enuers ks 6 mois ^ ^ Ghreftiens, mai^s après vn Magic jen d'Egypte l'incita 45^ Tacite Tan clu monde 4z41.de Rome i 021 &de a les perkcuter,& de facrifier des hommes aux Idoles: , noftre falut 27c,. pour fa vertu fut efleu Flneren, ce qui ne dura lone-temps, car eftant allé faire 1. an^r- 1. A..,..r a., ILl . ? " Fmpeteui par ce qui ne dura long-temps, car eftant allé faire la guer- t-e aux Perles , fut dcftait & pris prifonnier : le Roy de Pcrfe nommé Sapor , fe Icruoit du dos & de la tefte de Valerian au lieu d'efcabeau , toutes les fois qu'il vou- loir monter à cheuahck: finalement le fit cfcorcher tout vif.ll ne tint l'Empire que 2. ans. 43* Gallien après laprife de fon pere,fiit nomme Em- pereur; l'an du monde4213.de Rome zgii. & de grâ- ce 2 6i.monftre Icmblabk à Néron, la pefte du genre humain,& k pins vilain & cruel qui fuft oncqucs: ad- donné à fes plaifus fans fe foncier de retirer fonpere,fe feifant hayr des gens de guerre. le décret du Sénat ; auquel les armées de l'Empire en auoient laifsé la charge. J.1 fut prins & efleu du corps du Sénat, &efleué au throfne Imperialralors la République Romaine via de foniugementàl'eflecStion des Empereurs , il mourut dVne fièvre en la ville de Tai fe k é.mois, 20. iours de fon Empire. 50. Annius Florlan après la mort de fon frère Tacife- fe faifit de l'Empire : mais d'autant que c'eftoit vn Prince mal-adroid, & de mauiiaife fiçon,tant d'efprit que de^corps , ks gens-d'armes cficuient Probus ; ce que voyant' Florian , il fe fît faiguer k pied eni eàtt ^ 4 un 464 De I^Eftat de TEmpire. donr il mourut Is deiuiéme mois après Ton ckaion. 1 multc des pyfans qui s eftoient reuolrez : i V dcrius Probus l'an du mond. de Rome Afnquc ou .1 nut fin a de grandes entrcprUes. lo'o &dccxvacez8o.fur par les voix de iWc qu. Il dcshc les Gcnnans & érigea fm" eux vn ^^^^^^^ cShk en Tatfe du confentemcnt du Scnac,& de toutes \ immortel de fa v.itoucmfignc: li quitta le fceptre Im- les armées de l'Empire erteu Empereur: fi-toft qu ,1 fut ' pénal après auou- rcgne zo.ans , pour retourner a TE- Empereur . il ram'ena toutes Icï forces 6c armes d'O- ftat ^^^^^V^J^^^^l^^^^^^^'^^ _ ricm en Gaule, il vainquit les François, & AUemandsi il réprima les Gots en Afie , il nettoya la Cihcie de tous brigands,pres de Sytmium.il prclFa les foldats de tvauailler à deffeicher certains lieux aquatiques, mais les folda's (c munirent contre luy , & le tuèrent la , & régna fix ans. n , i-t 5 1, Carus natif de Narbonnc, grand Preuoft de 1 Em- pire , fut créé l'an du monde 4000. neux cens ^b. de Rome 105 é.& de grâce 186. _ . Il alTocia Tes deux fils aucc luv, Numenan c< Carin: il fit guerre aux Pcrfesqui seftoient reuoltez , & les rangea à l'Empire . il donna bataille aux Sarmatcs , en laqiTcUa il tua 1 6oo.hommcs, Se print vingt mille pn- ronniers & de grand butin. Il entreprift la conquefte de Ctefiphon , mais cftant pa. uenu au fleuue de 1 y- oris, furuint vn fi grand ôc fi effroyable orage, fouares, & tonnerres impétueux , que ce bon Empereur en lut accablé,apres auoir régné deux ans. 5 z. Numcrian fiicceda à l'Empire par la mort de on perc , Prince des plus parfaits & accomplis de Ion temps,doae & fçauant, bon Orateur, vaillant Chcua- lier , qui auoit efté auec fon perc en la guerre 1 erli- Ce Prince eftant feul au gouuernement de l'armée tout malade & defolé de la mort ue fon pcre , Aper fon beau peie, grand Preuoft de l'Empire, efpia l heiue 6 le temps de tuer ce Prince , lequel cftant ainfi mala- de,fe failoit porter en Udiercà laquelle Aperarriuant, feignant le vouloir confoler , le tua miferablcment, 5c pufs ferma la lisière faûsque perlonnc s'enapperçcut, ôc ne régna que deux ans. 54. Carin durant ces chofes feiournoit en Gau e , vi uant en lieffe & bon temps , qui print fin par la mor déplorable de fon pere &c de fon frère , il s'empara de l'Empire Occidental des Gaules, ce qui caula de gran- des &c fanglantes guerres.lequelon peut appeller la pc fte ôc la poifon du genre humain , le plus abominable que le Ciel ait fait naiftre. Ce monftre époufa neuf femmes,dcfquellesilfaiioit auortcr les enfans quand elles deuenoient grolTes. Dioclctian efleu à Rome , regnoit paifiblcment. Carin marche auee vue puiffante armée contre luy, & fe donnèrent plufieurs batailles rangées, l'vn à Uu- 57. Conftans Prince fort doux & humain , ayant efté appelle à radminiftration de l'Empircil partagea aucc Galère Maximin, ôc eut pour fa part la Gaule , l'Efpa- gne,ritalie,& leDaiiphiné, lelquels il gouucrna paifi- bkmentril pafià en Afie,>5(: dompta les Perfes.iSc mou- rut en Anglcterre,ayan£ efté Empereur 4.ans. 58. Galère Maximiu ayant partagé l'Empire aucc Conftans , il eut pour appannage Illyric de Grèce, & d'Oriciitjil cftoit fils d'vnbergcr,maiscrucl,fanguinai- re,barbare,vaillant,& hardy, qui'luy caufa de grandes viétoires & conqucftes; il efleut auee luy pour Empe- reur Maximin, &Scucrus , &" fe l eferua pour luy les pays Illyriques, où il le retira auec fa femme: il fut faifi d'viie gricfue maladie , Hc voyant qu'on ne le pouuoit guarir,il fe tua luy-melmc. 59. Maximin II. Ru fait Empereur,&cut pour appan- nage la Prouince Orientale : il alîocia auec luy Lici- nius,hQmme vaillant.dont ilfe repentit, mais trop tard; il eftoit vaillant &c adroit , gaigr.a plufieurs batailles contre les Pcrfcs, &c autres nations barbares d'Orient, il pcrfccuta les paumes Chreftiens , defqucls il fiifoit vue cruelle boucherie. Dieu luy cnuoya vne cruelle maladie qui luy print aux parties hontcufcs , d'vne puanteur h horrible.quc nul ne pouuoit approcher de lLiy:& voyant que fon mal continuoit , ilfctiialuy- nicfmc, ayant régné x6.ans auec les compagnons, (Se z. ans luy tout Icu). 60. Seuere alFocic à l'Empire par Galère Maximin: c'eftoit vn Prince vaillant : il eut de cruelles ôc fan- glantes guerres contre Maxencc , lequel prndliqua fi bien les loldats Prétoriens , que fins coutradiaion du Sénat, il fut clleu Empereur: Seuei e après auoir perdu la bataille s'enfuit hontcufcmcnt, Se fut pris àRaucn- ne,où il fut meurcry cruellement. 61. Maxencc paruint à l'Empire par rufe, cauiclle, & finelfe , fe failànr cilirc par les foldats Prétoriens , & confirmer par le Senat,il cftoit grandement turbulent, cauteleux (5c malicieux, fort cruel ôc mefchant:de forte que Seuere qui auoit efté elleu Empereur par toute l'Itahe , &Afrique, fut desfait'& meurtiy par luy : Ce qu'ayant entendu Conftantin qui eftoit pour lors en Gaule, vouloir en auoir la raifon , ôc palfa en Italie, & donna bataille à Maxence , en laquelle il fut dcsfait & fe donnèrent plulieurs Datâmes )angcci,i vu- wu- j - ^ ; tre Ûement à la dernière, cellede Larin fut deffai- P/es le Pont Mikuus par Conftantin ayant règne trcnnaiciuciit « ' 1 rfoace de lent ans en tvran.cruci viripuv. ac , de demeura mort fur le champ, ayant régné deux Diocletian magnanime & prudent , fut eûm Em- oeieur l'an du monde 4150- dcRome io}8. & de no- ftrefalut deux censhuidante huid , Maximian Ion compagnon d'Empire . & pourcc qu'il eftoit befoin d'auoir plufieurs chefs.ils en nommèrent encoresdeux autres Diocletian nomma Galère Maximm, .Se Ma- ximian nomma Flauius Conftantius pere du grand Confliantin. „ ^. • > œ les Empereurs Diocletian, ôc Maximian s allem- blerent à Nicomedie,afin d'exterminer les Chreftiens: ils firent vn Edid , que tous , ÔC en quelque heu que ce fuft/acrifialTent aux dieux à peine de la vie. Cefte perfecutiondura dix ans , & fut remarque qu'en vn mois ils firent mourir 17. mille perlonncs: Diocletian ôc Maximian en vn mefme lour , de leur volonté quittèrent l'Empire . & peu, de temps âmes Diocletian fe fit mourir foy-mcfme,& beut du poilon, avant régné 15. ans. , .6 Valcre Maximian alfocié à l'Empire.homme cruel, Lieux ôc rude d'entendement , appaila vn grand tu- l'clpace de fept ans en tyran,cruel Ôc vicieux. 62. Licinius lUccelfeur de Maximin , lequel l'auoit af- focié à l'Empire , eftoit de bas licu,& fort ignorant, brutal,& haylloit les lcftres:il perfecuta fort les Chre- ftiens à l'occafion dequoy Conftantin le Grand luy fit rude guerre , l'ayant vaincu , il fut occis par fes gens, mefmes , eftant âgé de 7c .ans, ayant régné 14. ans : il auoit épousé Conltantia lœur de Conftantin le Grand, de laquelle il eut vn fils nommé Licinius le leune, lc-> quel Conftantin créa Empereur. 65. Martinian fut efleu Empereur par Licinius , lors que Conftantin luy faifoit Ui guerre : il eftoit incon- ftant , mais hardy : il drelfa vne armée pour fecourir Licinius contre Conftantin , mais il fut desfait, & mis en toute : il havlïbit fort les Chreftiens: il finit mifera- blement les iours , ayant vefcu quarante-ans , ôc régné deux ans. 64. Conftantin le Grand eftant en France , fat mandé par le Sénat pour chalfcr Maxence.mais il doutoit s'il deuoit mener fes forces, ou non: mais Dieu luy fit voir au Ciel vne Croix de couleur de feu, auec vn efcriteau contenant : Sois vicloricux en cecj. Ce qui le fit refou- dre, dre, Se marcha vers Rome, 3c vaînquic Maxcnce , le noya puis après dans le Tybrc. Tellement qu'après Ix dctfaitc de Maxcnce , Con- fl:ancin,& Licinius furent Empereurs cnfemble, l'an du inonde 4z7z.de Rome 1060. «îJc de falut 3 lo.àfçauoir Conftantin en Occident, ôc Licinius en Orient: il vcf- curenr en paix enuiron cinq ans,mais Licinius defcou- urant fa haine contre les Chreiliens,& les perfecutajit à outrance , ils fc retirèrent vers Conftantin , lequel drelTa vne armée , & auec fon fils Crifpus attaqua près de la ville d'Andrinopole en bataille rangée Licinius, lequel y fut; tuéjainfi Conftantin demeura' fcul l'Empe- reur , Se remit toutes choies en bon eftat, comme l'E- glife,la Iufticc,&: les Loix. Le i6.an de (■Empirc,on commença de baftir les murailles de Bi(;incc,& parluy nommée Conftantino- plc , y fit tranfporter le lîegc de l'Empire, il vcfcut 66. ans, (Si; régna 30. ans, dix mois, vnze iours, ilafuoit délibéré auant fa mort de fe faire baptifer au fleuue du lordain. tfj. Crifpus fils aifné de Conftantinle Grand , après la mort de Licinius fut joincîî: à l'Empircpar fon pere, il cftoit doite & fçauant, & fut inftitué és bonnes let- tres par Laitance Firmian. Il fut à la guerre contre Licinius , mais il ne vefcuc pas long-temps. Aucuns difcnt que fa belle mere fécon- de femme de Conftantin , nommée Faufta, le requift d'auoir fa compagnie , voyant Tenoimité du péché, il fe retira , elle fe voyant refusée alla trouuer l'Empe- reur fon mary , luy déclarant que Crifpus fon fils l'a- uoit foilicitée de Ibn dcs-honneur,auec vne voix plain- tiue,6(C entremenée de larmes hypocritiques:cela enté De l^Eflat de l'Empire. 465 Conftancc demeura feul Empereur : il eut pîuficurs guerres contre les François , ôc aufti contre les Alle- mans : il fit Iulian Ion coufin Empereur pour les con- trequarrer , pendant qu'il faifoit la guerre contre les Sarmatcs ôc Pcrfes : il mourut d'vne ficvrc en Clicie âgé dc4i.uns,&rcgna Z4,ans» 69. Magnentius ayant tué fon maiftreConftance , fé fiifit de l'Empire, qu'il ne garda gueres, ayant cftc mis en fuitte , ôc fon armée detfaite : il régna trois ans , fix mois. 70. Iulian l'Apoftat,qui auparauant auoit efté compa- gnon de Conftans, en l'an de grâce trois cens foixante cinq, l'efpace de fix ans, & demeura feul Empereur vil a.n,&c fept mois. Eftant encore ieune , TEuefque de Nicomedie l'in- ftruifit à la Religion Chreftienne , de laquelle il fie profeflîon , & lifoit en l'Eglife. En feci-ct il alloit ouyt le Sophifte Libanius lequel luy fie prendre les liures *c opinions de lamblicus Maximus Philofophe Payen, & deflors defdaigna la dodrine Chreftienne, & fuiuit les opinions Payennes. Il deuint ennemy icirc des Chre- ftiens:fe voyant feul Empereur , il facrifia des hom- mes,il publia des Edits contre les Qhreftiens,n>ouuric les Temples des Idoles , deifend df bailler aucuns Eftats aux Chreftiens, ne permet que leurs enfans fuf- fent receus aux efcolcs de Rhetoriqucicfcrit contre les Chreftiens, 8c en defpit d'eux exhorte les luifs à refta- blir leurEftatjfinalcmcntil mourut miferablemcnt 'àoé de 3 o.ans* ^ 71. Iouian,ouIouinîan,randu monde 43 29.de Rome II 1 7.& de noftre filut 3 <Î7.bon Prince Ôc Catholique: il pacifia auec les Perfcs , il reuint en Afie, & remit plu- I o. I _ - I- I 1 . t . -I _ 7 "t'"-'"* -"^^,11 ituiuL en Anc,ûc remit plu- du par Coftantin,ad)ouftant foy aux paroles de fa. fem- [ ficurs peuples , ôc les Eglifes en bonne paix , r'appella rne,commanda foudainement qu'on le tuaftrce qui fut : les bannispour laRcligion,commajida quonreftiruali hit incontinent. Aucuns difent que l'Empereur fit tuer ! aux Eglifes les reucnus que Iulian leur auoit oftez fit F.i.iftn r, fVm^,. ,^r.c -,„^;,-^.r:,^,.„„..r i. refermer les Temples des Idoles , ôc mourut ayant're- Faufta fa femme, après auôir defcouuert toute la vérité du fait 66. Conftantin II. l'an du monde 4305. de Rome jz. Valentinian l'an du monde 43 3o.d,e Rome 1 1 18* lozf). & de noftre falut 341. auec fes deux fr ' r, , .r. „ . . é feulement huiâ; mois. :rois fils de Conftantin le Grani , fuccedcrent î-eres, tous ' de noftre falut 3 6S. il eftoir de Hongrie : du temps d rent à leur | Iulian il auoit efté priué de fes Eftats , d'autant qu* du qu*ii ^ . f-uv, uv_ , aautar pere, qui par fon teftament leur auoit partage 1 Empi- i eftoit Chreftien , il fut bon Prince , & prudent il fie -e , ceft à fçauoit Conftantin qui eftoit l'aifnê, éuft la | venir fon frère Valens de Hongrie , & le fit Emp'ereur Franccl'EGagne.les Alpes, l'Ànglcterre-.Conftans eut ' auec luy , puis quelque temps après fon fils Gratian .'iralie, Ahique, &Illyrie:lepuifné, Conftantiusjou auflî. l onftance eue l'Orienr,& fut feul Empereur:car l'aifiié Valentinian laiffa à fon frère l'Orient^ôc luy s'ache Mlolt plus fuperbe Se frétillant que les deux au- mina és Gaules j il deifit les Allemands*, il deffit les ;res : non content du partage que', fon pere luy auoit Saxons , il fit punir rigoureufcment ceux qui ven- aifse , ht U guerre a fon frère Conftant pour luy ofter Soient à faux poids ôc faufc mefurcleur faifant coup- Trahe , la ou eftant luec fon armée fut deffaid près pev les mains , il mourut de fièvre en Hongrie âgé de 1 Aqiulee,& foule aux pieds des cheuaux,dont il mou- cinquante-cinq-ans,& régna vnze ans, huict mois, zo, ut âge de vingt-cinq-ans, ayant régné par l'efpace de iours. rro sans. , ^ „ ^ 73 - Valcns qui auoit efté Empereur auec fon frère , il .7. Conftans au moyen de la mort de Conftantin , fa le furuefcut de trois ans,c'eiloit vn ignorant,crueL qui Jart tut augmentée de tous les pay^ de fon frère : il npnobftant les remonftrances de fon frère, fut Arrien^ :ftoit âge de zo. ans quand il deifit fon firerç. Au corn- il traida fort cruellement les Chrçftiens,il fit la -uerre Tienccment il fut iufte Se fort vaillant , fut Arrien , & à Procopius qui fe voulo it faire Empereur , leq^^uel Ces )erlecuta grai^ement les Catholiques , & commit gens-darmesliurerent à Valens, lequel le fit mourir- il )caucoup decruautez. _ ^ 1 alla contre les Gots près d'Andrinople,là où il fut blif- Qui fut caufe qu en Anlbolirg l on fit Empereur sé,on le porta dans vne cabanne, en laquelle les enne- Vlagncntius , lequel tua Conlknce dormant au lid. 5a mort eft notable , en ce que luy-mefme auoit fauué :n Efclauonie ce Magnentius , que les foldats vou- oient tuer,& Tauoit couuert de fa robeùl régna treia* ins. î8. Conftancc le dernier des trois fils de Conftantin :c Grand , mena vne armée de foixante mille-hora- nes contre ce meurtrier Magnentius , qui vint au de- lant en Efclauonie auec le nombre de trente mille- lommes, tant François qu'Allemands: Conftancc gai- ^na la bataille , Magnentius s'enfuit à Lyon,oiji après uioîv tué fcs amis defquels il fe déficit , il fe tualuy- mclme. mis mirent le feu où il fut bruflé tout vif, Ôc régna i j ans,5.moiSi 74. Gratian , & Valentinian IL fils de Valentinian L furent Empereurs enfemble l'an du monde 4344.de Rome 113z.de grâce 382. Gratian fit part de l'Empire à Thcodofc , auec lequel il régna 4.ans , ayant regns auparauant 8. ans auec fon Oncle Valcns: il eltoit do- de, Poëte, Se vn des premiers Orateurs de fon temps; après la mort de Valcns il rappella les Euefques Chre- ftiens , ôc chaffa les he-retiqucs , & commanda à toutes les Eglifes de tenir d'vn commun accord le Symbole deNicée:il reuint en France làoù il tenoit plus compte des foldats Allemands que des Romainsïtcikmenf quff 465 le Gouucrncur de Lyon luy coupiU gorge âgé de 3 De TEftat de l'Empire* ■ Maximushommc cruel &mefchant. apr« aiioir fait mourir rEmpcrcuv Gratian (on maiftre qui fc la^- , foit eouucrncr pat luy , fe faifit de 1 Empue , & dcffat l'Empereur Valcntinian IL frcrc deCratian en batail- le lequel fut conrraint de fc retirer en Orient vers Theodofe,lequcl aûfemblavne puilfante armee,& dct- fit Maximus qui fur pris & mis à mort , & ne legna 76 Vaîèntinian 1 1. par le recours de Thcodofe retour- na en France,laquelle il gouuernafepc ans comme Em- pereur ; mais Fugene Secrétaire & Argobaftus Got de nation Colonnel,corrompirent par argent les valets de chambre de Valentinian.tellement qu'eftant a Vienne en Daupiiiné,ils l'eftranglerent auec vue corde. Eugène fe fit nommer Empereur.fut pris & amené a Theodofe, aux piedsduquel il fe ietta,ma.s les foldats le mircnten pieccs,& Avbogaftus fe tua luy-mefme ^7 Theodofe l'an du monde 4545.'^<: R^"^^ ' \ 3 if^ noftre falut î83.Efp«gnoU &de race noble, fut le der- nier Empereur d'Orient & d'Occident , enfcmble. Les a«oir vaincu Maximus,^^ fait -ournvl retour.^ à Rome.oîi il fie fermer lesTcmplesd.s "oles^abo^ lit dutoLtlesfacrificcs des l>aycns,& leurs Bachanales qui auoient du. c iufqucs au temps de Valens. ^11 redreifa la Religion Chreftienne , les bonne Loix,hIuftice ; mais les nouuclles luy vmdrent que Valentinian auoit elté eftranglc , Se qu Eugène & A - Ibaftùsauoientvne groffe arméevers les Alpcs,qu ds fuoient déclaré qu'ils rettabliroient le, facnficcs des ^'Cainf. Theodofe fe refout de les^ aller attaquer feit p ind e à feseftendars le nom de Chnft , d autant Se nuia eftant pi prière , .S^fommcillant . luy ap- Tuî quelqu'vn qu'l exhorta à aller acuquer fes en- Lmis qu'il deffit en pieces,& mourut a M.lan an 65 de fon âge le 1 ySeptembre.aprcs auoir règne dix-lept Ti' Arcadius aptes la mort de fon pere Theodofe fuc- ceda auec fon frère Honorius à l'Empire, àfçauoir Ar- cadius en Orient,l'an du monde^436x:dc Rome n^o. &dcerace 400.il fut Prmcc débonnaire , &bon Ca L i?ue , ibn pere luy auoit laifsé pour tuteur Rufin. cftimanr qu'il luy fevoit fiJelle,mais Rufin,Franjois de nad^n , fe pvopofa de fe faire Empereur , car il attira XlarTc Roy des Gocs pour effrayer Arcadms , mais la ^S' foncftancdefcouuerte . il fut tué par desloldats î a iens. Il vefcut treize ans après la mort de fon pere. 7 r Honorius fils de Theodofe Se frère d^^rcadms,fut Empereur d'Occident,& eut pour .tuteur Stilicon. Il l'an vnziéme de (on Empire, & de l an de grâce ^00 Redegife mena vue arme'e de zooooo. Gots en It^fie.laqueile fut deffaide & exterminée parStilicou. Sr Redceife pris,il eftranglc. Apres^cefte vidoircHonorius eut opinion que Sti- licon fe vouloic faire Empereur, à caufe dequoy il le fit rii*T auec fon fils Eucherius. ^ , llar cRoy des Gots vint àRome , après auoir efte aeuant dl^ans,.la prie le premier lour d'Auril lan • 6 ae l-Empiie d'Honorius, Se de l'an de grace4i 4- & ^e ^"ÎS^M^^/^S^^-E^^c^fans,^^ LdaàLpcrel'andumonde4î74^deRome.i6É. dctrace 4 u6càc l'an qumzicfme de l'Empire d Ho- tuteur s'appeLt Anthemius pa^ a^fage auqrn:! il fut bien inittuidt en la crainte de Ditu,cV les affaires publiques bien gouuernees. Il pacifia auec les Gots , 6c s'en feruit contre les * Huns & Perfes,& finalement fit aulT. paix auec eux. n remit les EglUes d'accord.^ allembla va Concile en la Ville d'Ephcl^ contre Ncttorius , puismoumta Conftantinople, ayant régné 41. arts, ayant vefcu cin- quante 6c V an. S I . Valentinian III. fat aflbcié à l'Empire, par Theo- dofe fécond après la mort d'Hoiiorius , l'an du monde 43 91. de Rome 1180. denoftre fal.it 450. &: de l'an neufjde l'Empire de Theodofe fecond,&: fut le dernier Empereur d'Occident iufques à Charlemagne:il eftoit aduUere,magioien,meurtrier de grands Capitaines qui luy auoient fait fcruicc. Boniface fon Lieutenant en Afrique, fut defFaift par les Vandales: tellement qu'ils s'emparèrent de Carthage l'an ?4-de l'Empire de Theo- dofe fécond le feptiefme de Valentinian troifiémc l'an de noftrc falut 445. H régna nn pa k ^ape Sc;ls el " r'^T" des Gots e. l'Italie ^ Naries y fut enuoyé qui les ^ EudoxL; uSfï^i^S'S^liS::^^ t:^Z^^-^-^-^^^^^-' .arsilyattirales g^^ aesHims,.^ Du temps de luftinian le recueil des Loix Rit foid ' ,:!::Z^^:^^^:rp::C:fS^^^ ôc depuis appellé Le dmci Ciml. Le Concile fut tenu à par tout & qu'il ne vo.dnlr n - i î r , '^"'^ Con.hntinopIe:les fortifications pour brider les cour- . le drCkeftiens ^ ' " fesdesBarbarcs;ilregna iS.ans. Heririi'uç r,^ c''«n. rr t^. & de grncc 5 (,6. petic fils de luftinian fuc créé ûnpc- : foT& S pZTfi ™ "'""'"^^ rci,r, raodcra les irapofts & vfures : mais à canfe de fa '\ hoifide dTc^ t, eft °'S""'f ™ladienepe»n,aniHesaifai.es.Ma„i„fo„Lie«e-:X.1onElVpS-^^^ .c:,ne..dn„,„e^ h. Tybere fécond l'an dn n,p„de 455.9. de Rome kf^uckSl^rp:'^^^^^^^^^ ii.7. ^- de gcace-579. fut feul Empereur. &furenr rendit aulE k vray7Cr„l^^^^^^^ ^ erre vnc croix d'or cnchafsée dans du marbre , il ne 'ou\ok qu'on marchaft delTus , il enuoya Maurice de ■^apadoce contre les Perfcs , lequel les defKr,& recou i35)iî. &de noftre falut 644. Il fut fort mal-heureux en guerre contre les Sarrazins , il tua fdn frère Theo- dolc , & fit mourir des gens de bien qui le reprenoient nfl cp mil II 0/41-10. . 1 ■« «• . ^ . iraMefopotamie , & à fon retour Tybere luy donna rcVnn' T""^^ ^'"^ 'our femme fa fille Conftantine . & le^efi.i JeZ t Z e '"Ï Monochelites. Par eur en prefence de l'armée , & mourut ayC elné ^t^^:^^'^ Galioppa Exarque^ de Ra- eptans. ^ ^1 P'" ciahifon le Pape Martin & l'enuoya ^. Maurice de Capadoce fucceda à fon beau pere ' Suf'cL'rfom^^^^^^^^^ "^T^''''"^ ''''' andeRomez 3 3 3 .°race584.&futcouron..é -^l^^^^^^^^^^ > ou il mourut de faiiol ar le Patriarche nommé le leufneur. Caignan Roy de Hongrie prit Syrmc ville de l'Em- ire , «Scgaigna vne bataille contre Maurice , Se print icoc. prifonniers Romains , &furuint vne pefte en armée qui fit mourir fept fils de Caignan en vn mef- ^-e iour:ceIa le ht retirer , & manda à Maurice qu'il lypayaftvn efcupour chacun prifonnier , &lesjluy :nuoyeroit, ce que Maurice ne voulut faire : irrité de c,il fit coupper la tefte aux izooo.pnTonniers,à cefte ccalion, & pour autres lachetez, les foldats fc muti- cienc 6d penfa eftre tué à coups de pierres vn iour de Conftantin fut en Italie contre les Lombards , là oà il fut deffait & auec lefquels il fit trefi,es,& après auoir pille Rome vint en Sicile où il fut eftranglé , tomme il le lauoit en vn bain,& régna 27.ans. H. Conftantin IV. le Barbu Ton pere l'aftbcia à l'Em- pire i an du monde 465 2. de Rome^ 1 423 • & de noftre lalut 670. tors que l'armée de mer des Sarrazins ap- procha de Gonftantinople d'où elle fut repoufsée & furent contraints de faire paix auec les Gots pour 30- ans. L EmpereiK- alîémbla à Gonftantinople le 6. Con° elle contre les Monothelices ôe après -auoir pacifié 468 De rEftat de VEm l'En^pirc d-Oricnr à l'EglIÙ , meurut paifiblcment pire. Arabes-.mais les Capitaines n'eurent pas de fideli:é:car vebvouirar.t le chemin coururent fus à l'Empcrcut , & L'aflaillant lics mcfmes armes qu'il auoic prépaie poiir autruy,cn celle furieufe rcnconcre Conftantinople fut nie pnrlo<;. iV rp- Empereur par Ion pcrd'an du ^^ f^^^^^^^^^^^^ ' .ife £ faccagêc^ Anaftate demis, puis enclos. 3c re- 1440.de gvace ^87.homme crueU ngu nane, y L„écnvn n^onallere . après auoir régné vnan, trois Jpnr dateurs qui furent caule de la ruine , a i^Juy ». Thco"rMoi„e qui fuc en tel «cdit que Iuft u«n n,„„. l'a;^,^^^^^^^^^ ' l-autreEft enne Ch ppellain de rEo^pereur. Ces deux mignons tra - cèrent rudement les Capitaines de rEmpu-e,entre-au- tres Leontius qu'ils tindrent prifonmer ans : mai cftant eichappé il le fit Empereur a 1 aide du Pa r arc e &couppale nez à luftinian & 1 enuoya en exil en v c me oil fit attacher des cordes aux pieds de ces deux niignons , lefquels furent trainez par la ville & furent bruflcz par après. rXàÇAnuc Tvbcre troifiéme d'Apfimare retournant d Afuque a où il auoit efté chafsé par les Sarrazins avKC fon ar- „,ée,n'ofant le trouucr près Leontius, fut falue Enjpe- Teuî par cefte armée, & s'eftant laifi de Leontius il luy , coullenezc^letintprifonniei E^Iuftaiian ti^u- uanfie moyen de recouurcr fonEl at par le moven du Roy de Brilgarie , lors il fit her Leontius & Tybeie ÎApfimare Iles fittrainerpar les rues V--^^-^^y^^ „us le pied fur le col leur fit arracher les yeux & tran- cher lcsteftes,& fit prendre Heraclius frère deTybcrc ''^^îïdes gens de guerre d^ucre cofté c^-^^^ Emperc„rPhihpp.i.Bardanes equaj. min vers Conftannnopk:nt aiiacnei u vu "ia i fo. fils Tybeil , lefquels furerjt tuez parl^ commandement. Il régna dix ans auant fon ex l h ans après fon retour : voyla en peu de temps trois bm ^T:::;cc^;XoneftoitPreftre ^ Patrurche de .^tftantino le , il confpira auec cercan. ^-chtic^x d^ rhaller l'Empereur luftiman, ce qu'il fit & exécuta , en a t ec fa^rouppe fediticufc auPalais,ÔC le fit con- fiée" exilcomfife il a eaé dir fe fait faluer Empe- reur Au2utte,& ne fut Empereur que trois ans. o 7 Tvb re roillelme Apfmiare vlarpa TEmpite fui Le*once,& fit pvcndœ Léonce , & luy ayant ait coup- L nez le tint prilonnier.Et pendant ces chofes lu- ^ n an b ny alla^ers fon onde le Roy de Bulgarie ^ hnv dite Hon«rie,par Ion moyen vint ocentia TnTSn^lno^^rfic'^xndre Tibère Ap^ vau;^eur,& Leoîice qui eftoit P"^^^---' " ^t aif- Lràla queue des chenaux par les rues.a la piclence ,1 o. -i.„:„.,r ,.vrGme tous démembrez , * mois. 100. Thcodofe III. ayant efté aiitheur de la fcdition & faccagcment faid parlesfoldatsdc Conftantinople, &:du dcfpoUillement d'Anaftafe de l'Empire , fefic nommer Empereur : ii eftoit de Conftantinople, & de bas licj.i,mais de grand efprir, tuutesfois aucuns cfcri- uent qu'il fut contraint d'accepter le gouuetj-iement de l'Empire. Au commencement il fit remettre les images auxTemples,la domination acquit par fa vertu l'obeyf- fance & amour de fon pcuplc,neantmoins Léon Ifaure fon mortel ennemy , luy faifoit cruellement la guerre, dont le peuple eftoit affligé : mais Theodofe cftant las de tant de guerres ciuiles/e refolut de quitter l'Empire de fon bon gré , ayant gouuerné deux ans, il fe rendit Moine dans vnMonaftcre. - loi. Léon III. auparauant nommé Ifaure Canon, cftant en l'armée contre les Sarrazins, & ayant enten- du que Theodofe eftoit elleu Empereur il reuint de Nicomedie ayant pris le fils de Theodofe, &compofa tellement auec le pere, qu'il quitta l'Empn c, Amfi le fit prelter le ferment par les Capitaines & foldats, l an du monde 4670. dtfitome 1 47 1 • <^ S^ace 7 1 8.& le deu- xiefmc an de fon Empire les Sarrazins afliegerent Con- ftantinople : mais ils furent cha(rez,&leu£s'nauircs bruacz,5c les ayant chalfez il fit la guerre aux images, & commanda par Edi^ qu'elles fuirent oftées des Temples:à cefte occafion il fut itomme IconomachyC eUà dire ennemy des images,& régna Z4.ans. 1 01 Conrtantin V. llirnommé Copronymcparcc que quand il fut baptisé il lafchafon ventrelur les fonds; il fut couronné du viuant de fon pere Lcai^ Ifaure par le Patriarche Germain , l'an du monde 47 o4- de Rome 1 495 .& de grâce 741-11 fut bien plus véhément à chaf- fer les images hors des Temples que fon pere : ce qui occafionna qu'vn nommé Artabardus fut eftcu Em- pereur du confentement du Patriarche Ôc de la no- bleffe • mais Copronyme au bout de deux ans défit Artabardus en vue baraille,& l'ayant prins,il luy crcua les yeux & à fes deux fils,& au Pacriarche,il le fit fouet- ter monté fur afne , la face vers la queué qu'il tcnou d'vne main , & fut ainfi pourmené par les rues, il eftou mat^icien , homme addonné à toùs vices, il régna 35, lier à la queue des cncuauA - 1. ^ ; du peupli , elloient prefque ^^"^^^^^^^^/^ * "^'^ Conftanti« V I. l'an du monde 4744- de Rome puis on leur couppa lesteftes,ayant Tybeie legnelept ,03 chrift 781. fils de Léon & d'Irène , eftant 08 ■l'hilippicusBatdaneseonauifoitl-armée dé met de 58 hilippic £ „e„r par ladite aimee, cela J°'îvTc; fàCol»-^ . li'oùil fi. cuet luftinian cr i annulle ks Deœts du fixiefme Concile, & a la caflè&aimu Icks u ^^^^^^^^^ ^^^^^^^ ''"''"aruant iir uôit pt^edit qu'il fetoit Empeteut rS^te q. n ,eit d'vne Aigle ombrageant le f , cT^t PhiJiDDiccus dormant, l'at fon commande- mel ïe .ma'js î^«nt abb^nés ac iettees hors « îem'ples ce^qu, fafcba -^^^-nt Arra afe a le- quel par on ■mpat,ence& ^ernc.^^ = ZT.à,. de Rome . f. 1^-^ Empereur^ d'autan ..nlaym^^^^^ ;'„:Sr::::^' rCo; contre les Barbare, a. Je de vingt-ans, voulut manier luy mefme les alFairc: de 1 Empire,& pour cét elTed calla quelques leruiteiln de fa mere: elle auec fes complices, foUicita l'armée ds iurer qu'elle ne rccognoiftroit point Conftantin pou: Emperenr,mais l'armée d'Arménie deceftant cela,fit 1( ferrnent au fils,puis après les autres armées enfuumen cét exemple,^ pour cela latrahifon neceHoit:carCon ftantin ayant régné fept ans,fa mere prenant occafioi fiir ce qu'il auoit laifsé fa femme , & mrfe en vn Mona fterepour en prendre vne autre , enuoya certains fol dats prendre prifonnier fon fils , cftant en leurs maim luv creucrent les yeux , dont il mourut de trifteire pei de iours apres,& Ivene régna troi-s ans après fon fils,c fon fils 15. an s- DePEftat defEmpire. 4^9 EH CE TEMTS L'EMTJ^E fut diuisé en deux (jui fut tan de grâce huiFi cens isp vn. Mais nom lairrom les Ewpe- mr s d'Orient} er commencerons aux Em- pereurs d Occident. f ■ 104. /^Harlcmagne après la mort de Conftantin ^ V lAm appelle en Italie connc les Lombards, Icfqucls il challa d'Italie, conquit à force d'armes les villes de RomcRauciine, Milan, & toutes les forccrcf- lesdr kPoiiilIc, Se Campanie , donna lapaîxàrE, héritier du Royaume d'Italie , de par Carlomaa & d'Allemagne, à caufc de Louys , après que le Pape Ican l'cuft déclaré Empereur . chalFa heureufcment les Sarrazins hors d'Italie, puis après il retourna en Al- ^magnc, &gouuerna laFrancc en qualité de tuteur de Charles le Sirnple. Finalement il fut hay &méprirc de fes {liicts,! caule dt les maladies , & que fon efprit fe portoit auffi mal que Ion corps , on le fit renoncer à l'Empire", & Arnoul ftic niisenlonIieu,il mourut toft après en vn petit village deSuaube le 1 3. lanuicr Tan du monde 48 c o.&dc s°à^ ce 888. ^ ^ 110. ArnoulfilsbaftarddcCarlonlani cftantEmpe- rcur.l'Itaiie fe remplit de tumultes & l'càidons. Bereu- ger & vn Duc de Spolcttc s'entrebatroicnt àqui (tcoit I «-oy d'Isalic. Arnoul cmpefché en vne guerre contré 1 les Elclauons de Moi-auie , ne peut aller en Italie qu'il n euft dompté les peuples , ce qu'avant fait il palfa en , Italie , ou .1 appaifa les troubles qui elbient à Rome,& : fut par le Pape Formofe qui l'y auoit faict vcnir,dcclaré : Empereur l'anX. après auoir prins le gouuernemenc dc^l Empire , & finalement ayant pris Spolette , il vint allieger le Chafteau de Cauarin , dans lequel eftoit la femmedeGuy, laquelle cauteleufe, voyant qu'il n'y auoitmoyen de refifter, corrompt à force d'argent vrt desdomeftiquesdel'Empereur, lequel donna vn breu- uagcempoifohné à fonmaiftre, duquel Arnoul mou- rut le vingt-ncufiefme Nouembre l'an du monde 4801 - &de l'an de grâce neuf cent, & de fon Empire 12" III. Louys in.ayant ellécreéEmperéurapresIa mort de Ion pere Arnoul,gouuerna quelque temps l'Empire pari aide d'OthonDuedc Saxe,& d'Othon Archeuef que de Mayence, fes tuteurs : les difcordes ciuiles qui auoientcon;mencé du viuant de fon pere, prindrent accroillement par tout. L'Italie 5c l'Allemagne fout remplies de diuifîons& de guerres ciuiles. Les Hongrois amalTez gaftcnt ôc pillent les limites de Bauiere. L'Empereur Louys alla au deuantauec le plusde force qu'il peut , & leur donna bataille , ouï duradepuis le neufiéme d'Aouft iufques au deuxième «pais en fin il fut deiFaiel Se mis en route , (k perdit la plusbraue nobleiïe d'Allemagne , les Hongrois vido- riei^xgaignerent pays , iufques à ce que Louys achepta lapaixa grandprîx,cequifutcaufede fa mort, car de regret, il tomba malade & mourut le douxiefme lan- uier,l an du monde 4873. de grâce 5,1 i.c^ de Ion Empi- re douze ans. f iii. Henry l'Oifeleurfutefleuàl'Empîrel'an de era- ce neuf centdix-neuf, & procura tant qu'il peut d'ap- pailer les guerres ciuiles,, remettre l'Allemagne en paix.ce quil fit. Il fitla guerre aux Sclauons lefquels . aumontaenbataille,fit .laguerreauxDanois,lefquel. lUurmontaauffienpluficm-sbatailles : ce fait, il alla - en Bohême & pnnt Prague ville capitale du pays >1 rendit ja Bohême tributaire de l'Empire, & tan- Henry dis les Hongrois reuindrent en Allem; R £ 470 alhaudcuant, leur donna bataille , flusdcquavancc millc-hommcs & chana le relie hois grande vidoircil s appreftou pour aller cn'lralic , il fur furpns d vnc apoplexie qui le tourna en oaralvfic , tellement qu'après auoir dcfigne Ion hls U- thon Empereur, il mourut âgé de foixantc ans , régna dix-huia-ans,neufcent trente fept âns après la natuu- té de lefus-Chrift. i-OvG. lU. Othonfecondfuccedaàfonperc Henry lOyle- kur 11 fut furnommé le grand à caufe de fes beaux exploits, ayantpacifié la Germanie, & lesRoyaumes eftransers,&rafermy l'Empire. Ilfot facvé à Aix parHildcberg Euefque de Mayen- ce,rande grâce netkent trente neuf, Câpres rl paifa cn italie, où il rcftablitlePape leanlIL & fitdccla,er ^'fils ithon Empereur ..eftant de retour en Allema- ' ne il fut furpris d' vne apoplexie dont rl mourut 1 an !c grâce neuf cJnt feptante quatre, & le trente- feptie- "^^t 'Œ.rucceda àfonper.l'ande grace.75 le commencement defonEmpire h^;;-^^; J^^^ , r . - Ar^,^np nvdie a l eltat d Allemagne, De l'Eftat de l'Empire. 116. Henry fécond furnommé le Sainâ: , pavaint à l'Empivcvnan après lamoitd'Ochon, il lurmontaceux qui s'cltoicnt oppofez à fon ellcdion , il furmonta les Heneticns qui auoicnt rcictté la Religion CKrcftien- ne, & après auoir mis ordre aux affaires d'Allemagne, drclFa vnc armce,paira en Italic,pour trois raifons. Là première afin de confirmer la poflclTion de l'Empire aux Allcmands.La deuxiefrae, atin de dompter le Mar- quis d'Androuin,que les Euefques la Noblclfe d'ica- lic auoit faidt Empereur à Milan.Latroifiéme pour fai- re tefte aux Sarrazins,& Grecs. Ellant entré en Italie , il gaigna deux batailles con- tre Androuin , lequel fut vaincu &C tué en ceftc guctrci Henry fut prins, & ayant trompé fcsgardcs.ilfc préci- pita d'vnc muraille en bas,mais il fe defnoiia la cuiire, 6c depuis il fut furnommé le Boiteux. Finalement il mourut le 1 5 .Iuillet,ran de grâce 1024- & du monde 45)86.&: au24.ande fan Empire. 117. Conrad le Saliquc futelleu Empereur .-il paflaen Italie , afin de tenir en bride tous ceux qui voudroient tendre à rcuolte , il confirma la polTelfion de l'Empire baillée aux Allemands, &c pour fe faire déclarer Empe- reur, auant que partir d'Allemagne , ildefignafon fils grâce lecommencemLUL ^ x ivO^r H'Allemasnc, leur, auaiu uut i^^iiL.. x...-.....^..- , j,,, „elc Ru pas , ayant donne «^'^^^ ^, ^'^^^^fj '," Henry pour Empereur , eftant de retour en Allemagne il dreiravne grande armée r^^V^l^'^'^^^^^ aux il mourut de mort foudaine, le4. deluin,! andegrace & Sarrazins : eftant -arr.ue il donna bat^^^^^^^^ & du monde .001. ayant efté Empereur 15. ans, &r Sarrazins eitam am^v Grec. & Sarrazins , où il fut dcffait 5c r^-^^^^^ l'Empereur iettant fes armes , pnnt la fmtte veis le Gok hc de Tarante & Rofane , fc ietra a la mer en na- ^"i ,- r fnrnrkdesnauiresdes en- 1039. & du monde 5001. ayant efté Empereur 1 5 . ans, il eft enterré à Spire. " Henry furnommé le Noir , fucceda a Ion perc l'hmpereur leua.a ... ...^^ , r g luinomme le Noir , lucceaa a ion p.ic Golphe de Tarante & RoGvne , ^ ^ ,,,,,,enclment il fe troxiua enuelopé de deux grof- ge , pour le fauucr : -^»-l fut p nauii s ^ ^^^^^^^ Bohémiens qui refuferent nemis,"&n eftant point recogneu, paya rançon aux ^ Orcn ayantperdu fon armée & prefque tout l'Em- nir- recueillit tout ce peu de refte de fon armée : puis ? c„a b guerL en laquelle il tailla en pièces outeslesglrnifonsdes Sarrazins, 6c ut furnommé le palTe-port^dcs Sarrazins ,& mourut d'vn flux de ven- L leLudicfme Décembre l'an de grâce 5)b6. & du monde 45^45 ^u x o. an de fon Empire,il fut cntcrie a riT'* OthonIV. futdeclaréEmpereur,àfonaducnc- Lnt remet l'Allemagne en paix , l'Italie efto.taftligee defeditions,ils'eftudiacommeilpourroitlamettreen tepos.Crefcens auoit vfurpé à Rome vnepuilTance de ConfuU chalfalePapede fon Siège. L Empereur y aîla auec fon armée , il s'arrefte à Rauenne .reçoit nou- uelledelamortduPape , incontinent ordonne po r fucceireur fon coufin Bruno fils d'Othon,lequel fut ap- pelle Grégoire V. Il l'enuoyeàRomedeuant &va Lres,où avant efté receu , il pardonna a Crefcens , fe &arérEmpereurparlePape, fe refo ut de s en fetourner en Allemagne , à çeine f^fors^ac Crefcens de fon authorite priuee chalTe le Pape Gie- ^o re , fait Papevn nommé leande Plaifance, 1 Empe- fcm-oyant ces nouuellcs, rcuint àRorne,entra dans a V U pvinc Crefcens, & le fit mcttrefur vn Afne, la I ftc tmunée vers la queue , le fit pourmener par les Ws & après auoir fouftert mille maux , il le fit pcndie àTa porte auec douze de fes compagnons : 1 Emper-eur avant rcftably Gregoire,fitvne ordonnance du confen- tement du Pape, il la confirma & publiai fçauoir qu a ■adu nir les Allemands feulement auroienttout droit k po^uoir d'ellire l'Empereur Romain , & ne feront f aihlè au Pape de proclamer Empereur Prmce quel- loilible au 1 apc u y ,r Allemagne au- au comniciiLcuiv-iii. 11 1». 1 - fes guerres , l'vne contre les Bohémiens qui retulereiit de payer tous lesausîribut cequ ilsdeuoient,Hcnryles furmonta qui les contraignit de payer , fous le ioug de l'Empire. L'autre pour reftablir Pierre Roy de Hongrie , qui auoic eftéchafle par Othon chct des Bohemiens,Henry marcha en Hongrie , où il dcfit Othon pies lauarin , & lequel fut pnns Se mené au Roy, qui luy fit trancher la tefte, qui fut le quatnefme luillet 1044. „ ,. „ , -Il j n r r Pendant ces guerres, l ltalie & laviUedeRomc lont troublez par Benoift 1 X. Silueftre noifielme Se Gré- goire fixiefme , à qià feroit Pape : l'Empereur va en Italie, & par l'aduis d'vnConcile alTemblé parlon au- thorite Impériale, ces trois Papes font déboutez & au lieu fut cftably Clément dcuxiefmc , & ayant cfte dé- claré Empereur par le Pape, il ramena fon armée eii Allemagne , il n'eftoit pas encore-en Germanie , que le Pape mourut de poifon , Se après luy vn autre Pape nommé Ûamafc , qui ne vefcut que 1 3 . lours. L Em- pereur eftablit vn autre Pape nommé Léon neuhetme, lequel fuiuit l'Empereur en Allemagne , & quclqiu temps après l'Empereur renuoya Léon en Irahe , la. quelle eftoit pleine de feditions, l'Empereur y retour- ne derechef , & auant que partir il fift couronner (oi fils â-éde quatre ans à Aix , Empereur: il demeura ei Italie^n an,où il remit toutes chofes en paix.-a fon retou il drelfavne armée contre les Se auons , laquelle h. toutedéfaite. L'Empereur fafche demeure malade ô mourut pour auoir voulu aualer vn trop gros morce* de pain, le cinquième Odobre 1 an de grâce 1056.^ auoitregnéiy. ans^vcfcut 40. ans ,& fut enterre ^j{T Henry IV. ^gé dey- ans commença à eftre Etr pereurdurantfa leunelTe, ily eutde fanglantes guerre r . ., „ r .^prri p main aux aiiaues "^^Otht v^rRo^: pour la dernière fois amourache delà vefuede Crefcens , ellevoyant quel Empereur fe p eparoit pour retourner en Allemagne,^ ne 1 cpoufe- Lit%int , dedcfpitl'empoifonna, & mourut le; Oiaobrcl'ande grâce looi. ayant règne as'-ws 10. grede 1 3.ans. ... r L'Allemagne fut embrasée de guerres ciuilcs, il lui monta Othon Duc de Bauicre,le Pape Grégoire fcptx n^el'excommuniaàla pourfuitte desSaxons, enuo] vneBulle,par laquelle Henry eftoitprcfcrit de 1 EgW &le Pape enuoyaàRaoul Duc de Suaube , vue co ronned'or, & commanda aux Euefques d Allcmag. dequitterlepartydeHemy , & fe ranger auec Raa De l'Eftat de J'E fequd accepta le nom d'Empereur , 6c fut couronne i Miyence. Il y eue 9. bariilles entre Henry & les Sa- xons. Raoul eft défait & blelTc à mort : car la main droiAe luy fut couppce.auancque mourir.on Iny rap- porta fa main j lors addrclFant fa parole aux Euefqiies qui eftoicnr près de luy ; Voilà ( die il ) la, main quia preftc le (ecraent 6c la foy que i'ay faulTcc par voftre perfidie à l'Empereur de laquelle vous rendrez compte deuant Dieu. L'Empereur ayant donne 8c fouftenu 6i. batailles contre fes ennemis, fe vcit deCpoLiiller de la dignité Impcnale par fon propre fils. Or comme il voiiloit vangcr va tel outrage, di eiraiit vnearmcc,il mourut au ficgr agc de ji. ans le feptiefrae Aouft uûS. ayant règne jo.ans» ^ ■ I îo. Henry V. fucccda , à Can aduenement il furmotita Henry Duc de Lorraine, & Robert Comte de Flan- dres, &les contraignit de luy iurer fidelirc, il mena fon armée à Rome, »1 fut eu l'an mil un. proclamé Empereur par le Pape Pafchal, & par vnc publique dé- claration furent confirmez les anciens priuilegcs de 1 Empire. A peine l'Empereur eftoit-il hors de Rome, que le Pape ne refcindaft toutes les ordonnances d'i- celuy , & retraça fa promelTe , & à fa fufcitation les Saxons 1-uerenc vne grolFe armée. & donnèrent bat- taïUc a TEmpetcur l'an i 1,5.1e ii.Ianuicr, en laquelle û fut desfait : derechef rErnpcreur retourne en Italie, mais fe voyant ainfi agité pat les armes du Pape , & par infinies feditions de ùs fubjeasjtranfportc de rage & fureur ne fe fouciant plus de (a patrie, joint la prière des Euefques.quilc ptioient de quitter quelque chofe de fon droit , il accorda au Pape ce qu'il demandoir , ce q.n fut public à Vvormes l'an i izz.le ij. Septembre. Ayant appaifc la haute Allemagne , il alla à Vtrefth, pour y mettre le pays en paix , où il tomba malade, 6ç mouiut le zj.IuiUet l'an de grâce IIIJ.& du monde J807 . ayant règne zi.ans. lii. Lothairc fécond de Saxe cnuahit l'Empire malgré les Ftmces Allemands , il entra en concurrence aîec Conrad qui eftoufils de la fœur de Henry V. mais S. Bernard appointa ces deux Princes , & l'Empire de- meura àLochaire. L'Empereur alla par dçux fois en Italie, & pacifia les affaires . drcifa l'eftude desloisç & l'ordre de la iufticc,pour l'ornemenc du pays. Comme Il retournoit en Alleoiagne;, fut furpris d'vue maladie, dont il mourut en chemin, Ué.Decembre 1138. & de de l'an du monde 5 loo. ayant rcgné vnzf ans. Ui. Conrad fécond , après la mort de Lothiire fut clleu Empereur par les Eftars tenus à Mayence. Il fur- monta Hniry le fuperbe Duc de Saxe , & de Bauiere qui vouloit eftre Empereur. Guelphc ,on f« ère s'enfer- me en la ville de Vvetnshrg, & aptes vn longfieoe, iccable de famine, cft contraint de ip rendre , 'la vSie Eft donnée en proye auxfoldats , les femmes fupplie. rem l'Empereur qu'il leur permit de fortir auec tout :e qu elles pourroient porter. L'Empereur leur accorde ceftc requcfte , & penfoit îu ils deuiTent emporter ce qu'ils pourroient de leurs icheires, mais elles les laillerent & chargèrent lents naris fur leurs cfpaules , ic prindrent leurs enfans fur «utsbrasà fortirent en tels équipages. L'Empereur voyant lamitié de ces femmes , ieur fit vn bano^jet de cur pardonna,dcpuis •! fut en Ane auec le Roy Louys, combart.c le Turc en bataille r.ngée près la nuiere le Méandre , ou il en fie vne telle boucherie que cette wiere deuint rouge comme fang & coquette de corps norts: ayant par telle viftoire chafTc les ennemis, le hemm fai libre pour alier en letufaiem. L'Empereut ^uint en Allemagae , ayant demeuré quatre ans au- ht voyage , ,1 mourut à Bimb^rg en F.anconie le l"»iz»=;(i^c fcuricr mil cent cinquante ayant règne mpirc. ! 11}. Fridcric (urnommé BaiberoulTe, futcflruparle tcftamcnt de Conrad, il accepte l'Empire, vient à Ro- me , où le Pape Adrian IV. le couronna le vingt- huf- dliefrae luin , il retourne en Allemagne. L'Italie ferc- iiolte contre l'Empereur, il s'y achemine, leur donne bataille en laquelleil y eut 12000. Romains ruez fur le champ , puis alCcgea & print Rome. Le Pape Ale^ xaqdre excommunia l'Empereur & vint à Venile.où il fe profterna aux pieds du Pape , lequel mit le pied fur le col de l'Empereur , & fit crier \ haute voix, r« mAt- ehiras fur l'alpie (ir le bafiUe , l'Empereur répondit au Pape, l'olnyrayt non k tey,m*ii à S.Titrre. Le Pape ré- pondit, « moy, àS.Pterrt. Apres que l'Empereur eut l'abfokition & ayant pa- cifié l'Italie, reuint en Allemagne, fe prépare à la guer- re d'Afie , gagne trois batailks furies Turcs presd't- cone, les met en déroute. SaUdin s'enfuir hors d'Aûe, Frideric pourfuit les viétoires , conqucftc la Cilicie, taille en pièces l'armée des Sarraïins.-chalTe lestioup- pes de Saladin hors de la petite Arménie, l'Empereur battu de chaleur fe voulant baigner en vne riuieçe , s'y noya le 10. luin 1189. & régna ^/.ans. 114- Henry VL fuccéda à fon Pere Frideric, l'an de giace 1 1 90. du confentement des Princes de l'Empire. " Il époufa Conftance fille de Roger Roy de Sicile , la- quelle apporta à fon raary pour doiiaire le Royaume de Sicile. Henry palTaen Italie, où il fur couronné par le Pape Celeftin. Eftant pouiTc' par le Pape , il enuoya vne belle armée en Afie accompîgnce des plus grands Seigneufsôc Princes de l'Empire, mais la morciuopi- nce de Henry roii^pit le cours de leurs entrcprifes. Henry eftoit allé en Sicile pour faire armer & équiper fa galère, afin de fuiure l'armée : mais eftant à Meflîne, fut enipoifonaéparfa femme, pour lahaiuç qu'elle luy portoit, à caufc de fes adultères , il mourut l'an du monde 6 1 60. & de grâce x 198. & régna /.ans, & laif- fa Ion fils Frideric âge de 5. ans , fous la tutelle de fou frère Phihppe. lij. Philippe II. fils de Barbe- roulTcfutelîeu Empe- reur; il eut de grandes guerres, la plufpart des Prince? cftoient du cofté de Philippe, mais le Pape & les au- tres Princes empcfchoient Philippe qu'il ne fuft Em-? pereur , Se le Papcauoit promis la couronne à Othon fils de Henry cinquiefme, &c excommunia Philippe. Ce qui occaûonna de grandes guerres entre Othon & Philippe : & en fîn l'Empire demeura à Philippe! Alors le Pape enuoya deux Cardinaux pour donner I l'abfolutionàPhilippe.lcquelil reconcilia auec Ochou par lî oioy m du madagc de fa fille.Toutes chofes ainlî accordées l'Empereur eftant à Bamberg pour fe faire m-decmer, fie forcir de fa chambre tous ceux qui y efto.ent :& demeura feul auec H* nryTruchcfs , auec ' lequel il pafîoit le temps: fur ce Othon de Vuitelbacl) fnrnoramc le leune, fansmonftrer mauuais viiige en- tredans la chambre, & donna vncoup de poignard dans la gorge de l'Empereur, dont il mourut le 21 luit» l'an de grâce iioï. & du monde j 170» ayant régné dix ans .• l'Impératrice voyant fon maiy ainli tué mou^ rut dè crifteiîè. 116. Othon V. eut l'Empire après la mort de Philippe» mais il n'en iouyt pas long temps.- caril en fut débouté par la fcncencc d« Papequ^l'y auoit efjeué , il fut cour} ronncàRomeparle Pape Innocent U I. mais l'Empe- teiir s'eftant rendu maiftre de la Romagnc , Ancone & la Poijille.le Pape l'excomit^ijnia, l'Eueique de Mayet^l ce publia l'exCommurSicationen Allemagne dont for- tirent piufieurs guerres ciuiles : Othon fe voyant alTail- iy de tous coftez, & que les Princes auoient tfleu Em- pereur Federic 1 1. fe retira en Brabant, où aptes auoir perdu vne bataille contre Fcderic, & le voyant aban- donne des fiens, renonça de fon gtc à l'Empire le j .at? de fon ^ouuerncment. 4 De l'Eftat de l'Empire. 47* t i7 Fedciic II ftit couronne à A.ix l'an de grâce 1 1 1 j. | ne tindcenc plus compte de luy , & s'en mocquerertt il fit alliance anec Phi'ippe Roy de France, 0;hon j ouuertcment. Finalemeiu Albert d'Auftiiche eftant q'iiiteI'Empiic,Fcderic pacifie rAUertngne, onUiy propofe de faite la guette en Afie : ce q-ùl ptomit: part d Bill -ifuic auec fon atmée pout y allet le vnzic- mc Aouft iiiS- ioint l'arm -e des Chteftiens à Pcole- maide . fi' vnerrefae de d ux ans aux le Sultan fott adaantageufe : il entra en la pofTc fion d.i Royaume de Hierufalem, lesptifonniets Clueftiens relauhez fans payer rançon, & après auoit donné bon ordre en la Paleftine.'reuiiU en Italie, le Pape excom nunia l'Em pereut , dont fortirent de grands troubles, ay^nt reco- inuefty de l'Empirefc mit en campagne, Adolphe vint au dcuant de luy , ils fe rencontrent près de Spire , où la bataille fut donnée le i.Iuillet 1198. en laquelle Adolphe fat tue de la main d'Albert comme il fe rele- uoit ayant efté tenueifé par terre , & après auoir n gué hui£t loiirs. 1 ?o. Albert fils de Raoul , Duc d' Aufttiche , fut reccu au gouuernement de l'Empite par les iept EKiàeurs, qui tous d'vnc voix le proclamèrent Emp ruit le 15. luillet,où (e trouva fi grande foule de g ni. que k Duc oereur , dont lortirent aeetaiius iiuuuit», "7 •K'- ■■' Z. ^ , • 1 1 oneuquefesamis.&lebon heur luy dctfa.Uoimr , fe deSaxe y fureftouffc. Albert n entra potnt en Italie, retire en Sicile, en chemin il f..t emp ..fonné , & mo tontesfois il y eftablit des Gouuerneurs & pna le Pape rut au Chafteau de la PodiUe le troifiefme Décembre Boniface 8.dc le vouloir p.o-lamer Emp.r.ur c. qu il I z5o.âgc dccinquante quatteans , ayant régné trente deux ans. ; r ' A^nt le dectds de Fediric il y eut des Schifmes a l' Empire , i(*fftis à R Jolphe , dont Uplnjf^irtdts Ht- jfloriens efcrtuent Us vies des Empt-en-s, me'.ten>po»r interrègne & vacance de l' Empire tout ce temps là, wo vouU's pas tenir pour Empereur Us fumons tuf^ues a Hodefphe , cjut fArent eflfu par d ners paniiy durant Us guerres ctutles ■ & i'attta-it aujft ffn'tisne f'4rent pat cot6 ronnez.à Rome : a'ej} pou^^n^y Mjft naM ne Us compit- rons poi npvAr Emp:ren s, ^ Us mturons fedemett fé- lon leur ordre. Conrad fils de Fcderici. fut créé Roy desRomains du viumr de fon père, Se empoifonnc pac M aifccd fon fcerebaitard, l'an d.' grâce ii> 4- Henry de Undgràue de Turinge fu dieu Roy des Romains'.nhayiie de F-detic i. & de Conrad (on fils, ôc mourut d'vncoup d^fl-fche dcuant Vhne.au lîiet- me an q i'il fut efleu Roy des Romains fit , & anec cela le Pape donna à l'Empet eut le Royau- me d; France,d'autant q i'il auoit excommunie Pnilip- pe le Bel. Albert ne fie point la guerre hors d'-\l'ema- gne, mais dans le pays à diuets Seigneurs l'nnces, pour plufieursCic diu?rfes occuircncts, il fut tué près du Rhin par fon propre nepueu, auqu 1 il auoit ofte le Duché de Suaube, comm à vn prodigne , cftiUt ac- compagne de quelques Barons , le ptemicr de Mjy, l'an grâce i}o8. & du monde $170. ayant règne dix ans. lit. Henry VII. ComtedeLuxcmbourgf.itlei.de Noueinbrecflcu par les Eiledcurs à Francfort, & con- firmé par le Pape,à la charge qu'il rendroir l'iialie pai- fibledans t. ans, l'Italie qui n'auoit veu Empereur de- puis 60. ans nageoit en fon propte fangelpuire: de richelTes par les tyrans qui la tenoient efclaue d'vnc eftf ange forte.à caufe deq Joy elle implotoit le fecours dv.- l'Empereur. an qui tut eueu tsoy ae. ^.u, u.». H ^cne fon armée en I:al|e.toutes l« villes fe met- . GuilLumc Comte de Hollande fut elleu Roy des tent eu (a fauurgarde,.! fc fait couronner a Milan Lci Romains, &approané par le Pape Alexandre. & corn- jGuelphes & G.belins font en trouble , l Empereur „e il penfoit aller à Rome fe faire couronner, il mou- ; uoafe l.s Gibelins, & furmonte les Guelpiies , & faïc rur de fon r.gne le 9. & de falut .zj,. faire de ternbles exécutions. Cela fau il va à Ko^^^^^^ Richard frcre du Roy d'Anglererre fut aufTi eHeu il fut déclare Empereur le premier lour d Aoult mil Rov dïs Romains pat Conrad Archcuefque de Colo- ! trois cens & douze. . ^ , . , cne,& Louys Comte Palatin duKhin , & mourut le 1 II afficgeleç Florentins. lefquels n en pouuansplus 6. an d. fou r%ne cnlanuier .i>7. |apofterent vn morne lacob.n, icque erapo.lonna l hm- Alphoinfe Roy d E p^gne. qui auoic aufli efté cHeu^ pcreur à Beneuent , en luy badlant le S.Sacrement paC par l'Arch-aefque de Ticues.ôc le Marquisde Bande- | vue Holtie : ait^fi mou.ut ce grand Pnoce le .out de bourel'an . 2 (T.en lamnct , les Entaems ne le pou- | faind Barthélémy ^4 Aouftiji}. ayant règne lix ans. > ' gift à Pife. " is' Todolphe de Hafpurg âgé de 54. ans , fut cH :u . 5 1. Fcderic Ill.d' Auftriche fut eneuEmpercur.& en- en'avillc d Francfort foiemn^liemem par l(Iance de l Empire. 11 rut brigands': fit -nouric pat iaftice 19. des principaux lempoifonné d'vn breuuage amatoireTan m 30. le ij. chffs, il n'entra point en Italie, mais il fe tint endeuoit de lannicr auec le Pape. Tellement que par fa fagelT^ .prudence, vertu & te- licité , cfteign't les guettes ciuiles & fut caule que l'Allemagne fut teftaurée, aptes auoir efté fi longue- ment troublée . eftantja vit-il il mourut le i5.Iuillf t, l'an de grâce 1591. Ôcdu monde 11 j j. ayant règne 19. ans, eft enrerréà Spire. 1Z9. Adolphe de NalTau fut le premier de Mny ii<)i. à Francfort par vue iournéc Inipedalecfl u Empereur A fou iduencmentil feprdlaauRoy d'Angleterre qui auoir guerre concre \c Roy dt France, moyennant cent 155. Louys IV. demeura après la mort de Federic feul Empereur, il pafta en Italie où il fe fit couronner luy &c fa femme : il eut de grandes contentions contre le Pape lean ii. qnirefidoit lors en Auignon .tellement que le Pape l'excommunia, & fift tilue Charles 61$ du Roy de Bohême. Louys fift publier vn Ediâ: d'abolition , touchant ceux qui auoient fuiny le party de Federic , par ce mo- yen il remit à foy les Princes Alleraans , il Hr tenir vne Chauibre Impériale à Scrafbourg, où il déclara L cau- le pourquoy le P^pc l'auoit excommunié , «""^ qn'ii fe mil cica. , qui fut caufe que les Princes de l'Empire fo.Imetcoic a va Conale,le Pape commanda a^o.. les i lices De l'Eftat de l'Empire. Princes Allcmans & Italiens de quitter le party de Louys , tcUemei't qu'il ne peut anoir r.ibfalution , ce qui caufadegrjnds troublcsril mourut vn an après l'e- ledion de Charles, le iLOAcbreTan de grâce 1Î47. l'an du monde j o 5 9, & gouuerna l'E.Tipire ; ^.ans, 1 54. Charles I V. du viuant de Louys fut cflcu Empe- reur : mais après la mort de Louys , les Eleftturs le reifttercnc , & efleurent en fon lieu Gontier Comte de Schvartzcmbourg en Turingr, l'an i } 49. le deuzicme Fcurier , mais il ne vefcut guère , car Charles cor 473 aule J<. lam jrc de Ican Hus qui fut bruflc'ail Concile fie Conftance, finalrinent il deuint mila le & mourut à Ziir.-inc l'an du monde j 576. & de g: ace 14Î7. ayant eitc Em- pereur Z7. ans, Koyde Hongrie 5 i. de Bohtm?: 17. âgé de 71. ans : c'cftoir vn excellent Prince.mais mal-heu- reux en f(;mme & en g it rrc. 1 58. Albert d'Auftiichc gendre d° Sigifmond luyfuc- ced.) à l'Empire & aux deux Royaumes de Hongrie & de Bohême l'an 14^8. il f.ur qudqnes guerres cnBo'' rompit Ion médecin par argent, tellement qu'vn iour heme , mais ellps futcnttoft alFoupies l'année fui- Gontier cftant indiiposé , an lieu d'vn brenuage fut | uante il fut furpris d'vne diiTentcrie pour aisoir trop cmpoifonncpatce Médecin : il fe douta d'eftre em- 1 mangé démêlons, il mourut en Hongrie le 17 Oao- poiionnc , car il contraignit le Médecin d'aualler le ' bre 14^9. ceftc mort précipitée fut la (emeacedenou- relte, :i le vu tomber mort dcuant luy , & Gontier ne l ueaiu troubles. vefcut gueres après , il gift à faiiift Barthdcmy à ! i J9. Federic4, d'Auftriche , fut efleu Empereur le r'k "i"' jtrentierme Mars 1440. il cfta k (chifme furucnu en Charles citant demeuré feul Empereur palTe en Ita- l'Eglife touchant le Concile de Biflc : ii alb à Rome, helan ij54.receut la couronne de fer à Milan, il alla il époufa Eleonor filh- d'Eduu :rd Roy de P.>rtugril,fuc àKomeou il fut déclaré Empereur eltant de retour à déclaré Roy de LombavJie , deux iours apr s u fut Mcfs il cinr vne grande ioumée Impériale où fut fait auec ia femme declaïc Emp. reor des Romains , l'an ce tant célèbre Ediâ; de Charles . fous le nom de la Bulle d'or. Il follicua lesEledeursqae fon fils fuft defigné Em- pereur , ce qui fut fait en l'an 1576. car Vvence fias fut couronné Empereur Sc époufa leanne fille du Duc de Bauicre Comteffe cTc Hollande & Zélande. L'Empe- reur loy^ux d'auoir eil.ué fon fils en la plus excellence domin ition de la Chrpftienté, mourut à;Pr3gue le ly. May i}75. ayant régné 5o.ans. i;5 Vvenc.flai âgé de 15. ans, 6 iours après fon elle- ftior. fut couronné Empereur, ce Pnnce auoit la face ttcs diiForme & contrefai6èe , il rcffembloit mieux à vn Magot qu'à vnPrince.il eftoit hcbeté,vilain,lafcif, 1441* ayant entendu que l'Allemagne cftoit « n gran- de troubla , fe hafta d'y retourmr , mais li-toft qu'il ^ fuftarriuéil appaifa tout. Finalement il mourut d'vn flux de ventre fort âgé , ayant régné cinquante trois ans. En ce temps l'Art de I'Imprimerie fut inuentc en Allem-igne , & les premiers liurcs imprimez àMa- ycnee, l'an 144c. la ville de Conftantinopie fut piife par le Turc. 140- Maximilianfils deFederic paruînt à l'Empue le fixiefmcFeurier 1486. il fur fort amateur de gens do- â:es & fit reuiureen Aiiemagn'; toutes /esbônes fcien- ces qui cftoient prefque enieuelies, il eut plufieurs cruel &{ang jinaire,il auoit mauuâife grâce, fon corps guerres dedans & dehors l'Empire , il fut aux^ucrres ndtoit proprequepourgourmâder,paillarder,yurou- fanghnres d'Italie , elquellcs U f.ir peu heureux .• mais guer:i cltoitfoupçonneux&cruel.ruaDt deshocnmes iî eut forte guerre pour la Sicile contre Charles VUL a latablcàla chambre dcfa propre main. i Roy de France. En fin fes lubj.-ds le prindrentprifonnicr.le mirent | Il eut auHi guerre contre les S-jifTes. Finalement il en vn cachot I dpacc de 4. mois , dont ig>imond Roy d'Hongrie & de Bohême fut me Ëleonor fa fœar au Roy d. France , après luy auoic clleubmpcreur.&fitoft qu'il le fut il tafch. d'appaifer fait payer deux millions d'or de rançon : il retourna ea les ttoubh-s de la Chrcfticnré,& d'vnir cous les Princes pour recommencer la guerre contre le Turc. Lors il y auoic trois Papes.à (çauoirBenoift j.à Aui- gno i, lean z?. à Bologne, Grégoire 12. àRiminy. Sigifmond pourfuic vn Concile pour remédier àccs maux , il fit vn voyage par ritalie, U France, l'ECpagne, & l'Anglererre en gian de diligence : il fît tant que les Roys & Princes accordèrent que l'on ticndroit vn Concile à Conftance, là où le trouuerent les Roys & Princes Chreftiens , & les Empereurs de Grèce & Trc'oizonde aufli en perfonne l'Empereur retourne en l'Italie le vingt feptiefme Décembre 1451. fie l'on entrée à Milan : tic ayant reccu la couronne de fer, il pnt (on chemin à Rome où il fut couronné le iour de la Pentecofte ii. May de là il fe retire en Ho;îgrie. mais il y eut vnç horrible guerre ciuiie en Bohcrnc à Allemagne, ôcfedelib ira d'aller au deuintduTurc à Vienne, ^ luy prcfenrer bataille, mais le Turcs'enfaic auec beaucoup de perte: les Princes Proteftans d'Alle- magne iuy firent la guerre, lefquels il mit eu route .- il pacifiarAllemagiie, fit vne ligie auec Iules pour chalfcr les François d'Italie; leua vne puiifante année en Allemagne , vint affieger Mets, làoùiltrouua que fa bonne fortune commençoit à le l3iirer:apresque ion fils eut cpouséMarie Rgyne d'Angleterre, il luy donna le Royaume de Naples,& fc trouuant fort totnmeuté de gouttcs,f énonça à tous fes Eftafs.ôc quitta l'Empire à Ferdinand (onfrere , l'an J- & pu's fut à Bruxel- les , où il fit faire le ferment à cous les Seigneurs a'o- beyrà (on fils Phihppes , &c puis fe retira en Eipagne, mourut le 10 Hc i.Sepcembre mil cinq cens cinquan- te huiâ; â^é de 57. ans , huid mois , ôc vingt vn iours, Rr i 474 De rEftat de TEmpire. ayint rcg ic trente hoift ans Empereur , & 44. Roy | gneur.lefqaels durent encores à prefenc parlât prolon* d'Efpaene. j gacion d'icelles pour 10. 4ns qui fut faii^; l'an 1615. 141. Ferdinand d'Auftriche, frère de Charles V. fut le ! au mois de May entre l'Empereur des Romains Fer-' de lanuier 15^1- proclamé Roy des Romains en la dinand i. Ôc ks CommifTiices du Turc : depuis il eft ville de Cologne, & couronne à Atx le 11. dumefme arri mois, nonobltant la proceftacion de nullité faide par rEleâreur de Saxe des protelbns. Ce différent dura quclqaes années, mais il fut alToupyi Maintenant il faut venir à l'eledion de Ferdinand pour eftre Empereur, l'an ijjS.îesElefteursairemblez à la manière accouftumé ^ils tfleurent Ferdinand Em prreur, lequel enuoya Cuzman (on AmbalFadeur à Rome,pour f ^ire entendre au Pape (on efledlion. Il tint l'an 1 5 59. vne ioutnée Impei iale à Francfort, en laquelle on tiaida de la paix Se de la Religion. ^ L'an 1561. les Princes Pioteftans d'Allemagne s'af- femblerencàNufemberg: comme ils eftoient là , fur uindcent deux Legatsdu Pape Pie, pour les exhorter, &i prier de fe tcouuer au Concile de Trente , iSc qu'ils autoient audience: prefentert nr les lettres du Pape aux Ptiu.es. Au mois de Nouembre 1 séz, l'Empereur , les Ele- veurs, & autres Princes alTembL-z pourcflirc vn uou uefiu Roy des Romains, Maxirailian fils de l'Empereur Ferdinand < peu auparauanc couronné R >y de Bohême fut 4'fleu Empereur , 6c couronne Roy auec grandes poiipes ÔC cérémonies , le vingt-cinquiefme l^i^leç 1564 Ferdinand moutut à Vienne en Auftriche , âgé de 60. ans, 9 mois, & quelques iours , ayant efté feul Empereur 7, ans. G.tl: a Pragues : il eue quinze enfans de Anne Royne d'Hongrie. 145. Miximilian i. fils de F.^rdinan i d'Auftriche , fut . efleu Empereur peu après la moit de ("on pcre: il tint fa ^ première Diette à Aiifbourg. où fpecialemcnt fut trai- aéde la guerre contre le Turc, & le VaiuudedeTran- fyluanie, & quelles forces il falloir employer à la dtf- fence du Royaume de Hongrie contre le Turcenne- my héréditaire des Chreftiens , l'Empereur demanda aux Ëftats d'Allemagne 40000. hommes de pied , St huid mille ch; uanx.pour faire telteau Turc, qui défia eftoit entré en la Hongrie.En ccfte année 1566. Soli- man Empereur des Turcs palTa en Hongrie auec vne atméc de 60000. hommes de pied, & grand nombre de gens de chenal : & auec cefte armée il palFa le Danu be, puis la Diaue,rur laquelle il auoit fait baitirvn pont .pour paCfer (on armée : ce pont fut drelTéen 14. iours, ileftoitlongde & large de 41. toifes, il fut fait en extrême diligence, auec bafteaux !irz& en- ' chaifncz cni'emble pai vn artifice admirable : alTiege Segcth pente ville de H jngne,dcuant laquelle il mou- rut d'vn flux defang. Cependant Mahomet celant la mort de Soliman, print la ville d'adaut, quifutvne grande perte, tant de h mort du Comte Serin, que des autres braucs foldats morts en cefte place , & bien cent pièces d'artillerie piinfes en cefte place. Derechef, à l'mftance de l'Em- pereur l'Archeuelquede Mayfuce a(figna vneiournée Impériale à Fulden, pour aduiCer aux moyens de main- tenir l'Allf magne en bonne paix. Au refte iltafcha de ioiudre le Royaume de Pologne à ("a maifon,pour ren- dre l'Empire plus ferme , pour repouiFer l'impetuofitc du Turc : il fut marié 19. ans, & «ut de fa femme feize enfans ; il moutut le 11. Odobre 1576. ayant régné iz.ans. 144. Rodolphe deuziéme fils aifiié de Maximilian.par Icdeceds defon pcre paruint àl'Empire, ÔC (uccedaau Royaume de Bohême & d'Hongrie, âgé de vingt-cinq ans : il a eu à diuerfes fois de grandes guerres en Hon grie contre le Turc , auec diuers fuccez de part & d'autre. Finalement trcfues furent accordées le douzicfmc Nouembre 1605. entre rEmpereut Se le grand Sei- arriuc de terribles changemcns en Tranfy'uinie Hç Hongrie , tant en l'eftat qu'en la Religion : tellement qu'en l'année 1608. il fut contrainr de céder & quitter à l'Archiduc Matthias (on frère , le Royaume de Hon- grie , ÔC conte l'Atchiduché d'Auftriche, fans en rien refcruer , & mourut fans enfans le dixitimc Feurifr 1611. ayant rcgné trente cinq ans , quatre mois» âgé de 60 .ans. 1 45 . Matthias frère de Rodolphe, luy fucceda à l'Em- pire, ÔC fut cfleu Roy des Romiini à Francfort.le trei- zième du mois de luin l'an \ 6ii. 146. Ferdinandi. jacouronné Roy d'Hongrie & de Bohême 1618. après la mou de fon coufin Mathias Empereur des Romans, atriué le îo. Mars «619 fut promeu à l'Empire dans la ville de Francfort , car ledit Mîthias mourant fans enfans, lailfj par fa mort le Roy Ferdinand , ainfi donc fuiuant la dcmilïïon dt fon Al- telfe de Flandres l'Archiduc Albert, 6c le droid qui eftoit efcheu audit Roy Fcrdinarad , tant pat la dcmif- fion de fonditcoufin l'Archiduc de Flandres , que par l'adoptiô que feu Maihiasauoit faide de (a peribnne, ÔC en vertu de fon couronnement comme Roy de Bo- hême, & de fou droid de premier Elcdeur feculierde l'Empire : l' Archeuefque de Mayence f auquel feul ap- partient la charge d'aduettir les Princes & Eledeurs du S. Empire de la mort de l'Empereur , Se fommer lef- dids Pcitices ^i^Eledeurs pour fe trouuer à la Diette ordinaire, pour procédera i'efledion d'vn autre fouue- rainMagiftrat & adminillrateur de l'Empire) fuiuanc les anciennes couftumes,&: en verru de la B .ille d'or de Charles IV. conuoqui & adiourna perfonnellemenc auvingtiefme luillet l'an i6to. fadite Majefté Ferdi- nand deuxiefme de ce nom comme légitime Roy de Bohême, & par confequent premier Eledeur de l'Em- pire pour procédera l'efledion d'vnRoy ôc Empereur des Romains. ELECriOK (De L'EUTE^EF^ Ferdinand 11. à la Couronne Impériale. \ LE hnidicfme Aouft ftil vieil fe trouuerenr à Franc- fort les trois Eledeors Ecclefiaftiques , ôc trois Ambadadcurs des Eledeurs feculiers , auec pleinçj charges & pouuoir de leurs maiftres de confentir à la-^, dide efledion du Roy Ferdinand : l'ordre de leur ar- riuée fur tel, LeLundy fuiuant le zi^ u. de luiller, ariiuerent ea la ville de Francfort le tres-reuerend en Dieu , très il- luftre Prince,& Sr, Sr, Lothaire Archeuefque de Tre- ues,Archichancelier du S. Empire e» France,&: au Ro- yaume d'Arles, & Eledeur,commeau(ri le foir dumef- me iour l'Ambalfadeur du tres-illuftre Prince & Sr, Sr lean Sigifmond Marquis de Brandebourg, Atclii- chambellan du S. Empire & Eledeur, DucdePruiTe, luliers,Clcue,Berg,& Scetin,&C. Finalement le Mercrcdy enfuiuanr,lc i;. i j. luillet, arriuaauiriletres-illuftie, ôc tres-puilTant Prince & Sr Sr. Ferdinand z.Roy d'Hongrie ôc de Bohême , ÔCd Archiduc d'Auftriche, Duc de Bourgongne ,Sryrie, Carinthie , Croarie, ôc Vverrvmberg, Marquis de Mo- rauie. Comte de Habfpurg, Tirol Ôcc auec braue , Sc grand train, & bel appareil , auquel il y auoit iiifquts à cent a-^quebufiets à chenal: lefquelsfieursEflcdeurs, ôc Ambalfadeurs des fu(dits, furent tous reccus, ôc in- troduits fplendidcment en la ville de Francfott, pir la' caualcrie caualfrie qui auoit eftc Icuc'e par la vil'e , 6c dont h pitîs grande part eiloienc bourg.- ois. Ledit licui Roy Ferdinand (cconJ ayant laiffc [:ou. la garde de Vieunc Ion frète l'Ar Jiiduc Lct..poldc;s'cn De l'Eftat de PEmpire. lieur Adau) Gani, noble Seigneur de Putliz; cdatJt af- lis (ur dis thaiicsde velours noir, en l'ordre que dcf- (us, en la (aie haute de la mai(on de ville , en vn lieu rcleiic de plahchcs d'enuiron vn pied de haut! ur : i'hu- alia à Raiifbonne , 5i de là à Francfort , ayant donne i norable Magiftrat de Francfort leur prella 1 poiiuoir audit lieur Archiduc de fau-c defarnitr la bourgeoi(îe de Viinne , tic vne patrie de la gartiilon Oltce , ahn de s'aireuret coucie la mauuaife volonté de lishabitans. e pvtmiec Icdu Itrraitac , en la forme qu'il leur fut proposée par le Chancelier , l'Eflefteur de Mayencd , le (Icuc François Ph.-lippes Eauft , ôc à peu prés de cette te- neur. A fçaooir qu'auant toUtcs cbofes le Magiflrat d'c j Francfort deuoit en toute fidélité promettre , ik iurcr O^^^E ET SEANCE Z)£J ',"""-'^^""^"'^P^'"'^e&Sr>SrieanSchvvc,kliard, ' Archcuelque de Maye ncc , & Efle^cur , &c. le pre- fentant en fon nom , & au nom des autres Srs Eûe-* «aeurs, ioinc à l'Adminirtratcur de i'rdlcaorat Pala- tin, Se à rAmbadadeur de rt-flc-acur de Brandebourg, de vouloir maintenir en toute lidelle diligence , &c le- rieufe prcuoyance tous & vn chacun des EHrétcurs, foit de la furpri(> l'vn de l'autre , en cas qu'il lurujnc de la mes- intelligence entr'eux , fou contre toute in- jure qui pourroit cftre faifte à eux , ou à aucun de ceux qu'ils ont en leur fuicce à Francfort au nombre de ioo. chenaux , à peine des punirions intimées par la bulle d'or. . Et pendant le temps de i'efledion , de ne lailTer ny pernacttre à aucune perfonne, de quelque tUat ôc qua- lité qu'il puids efl:re, en aucun* façon encrcr en la vil- le de Francfort , hotfrais à leurs meifagcrs , 6c gens de commandement : auifi ceux qui durant ou après l'tn- trée des Princes s'y pourroienc e(ire fourrez, de>fajre lortir de la ville fans delay p^r voye de fait , fous peine mentionnée en la bulle d'or. ' Auiïï-toft après cela Je Sénat le leur promit en mainj & iura publiqueinent:& en prefence de beaucoup d'af- tiftansj(elon la forme du feraient proposé par le Chan- celier i'Efledeur de Maycnce. Cela fait, l'AdminiRratsur de l'Efif deur Palatin, 8ç l'Ànabafladeur de rEfledeut de Brandejbourg, le leue- renr pour s'en aller vers la fensftre de la fais qui re- garde fur la place , 6c âe là virent la bourgeoifîe , qui lelon radujs,.ç-iU4k-é'n auoit reccu ie iour de deuant. Eleveurs j S eigneurs , '(jr Amhajfades au Conjeiltenu au 'l^mery ou mai- jon de 'u///e_,. OR après q^uc les Eflidcurs du Sain£t Etlipire de Maycncf, Fieues , Cologne, 6c l' Adminiltraceut ^ de i'Ellitteur Palatin,lçauoit Albert Comte de Sohiis, qui eftoicnt neuf Seigneurs , aiîKlt z de pluiieurs Gen- tils-hommes, entt'auires lean Richard Comte de Ha- nou Duc des deux Ponts . le Duc de Saxe , ôc les Am- bjilàdeurs de i'£lle6fceur de Brandtbourg,les Ambaila- deins &C l'Eflcdcui de Saxe , fçauoir Volgand Comte de r\Ian$feld,cinq chefs en nombre, aflîftez de 50 chc- unaxi Et Adam Gaas , chtf de l'Aniballade de Bran- debourg , auec luy deux autres collègues auec fuite de plui àt 80 cheuaux, furent arriuez dés le Mardy ei - fuiuant le zi, li. de luiilt t , comme auflî en après par dmerfcs fois, ils tindtent confeil par enfembie au Rar mer, ou maifon de ville, en vne fale fpecialement à ce dcdiéci 11 y eut en cette (au- Icpt (îeges couuerts de velours noir, 6c couflius de melme, diipofez par ordre, l'vn après l'autre prés la fcncftre, fur lelquels s'slfirent Iefd;â:sEflecleurs, i'Ad*nini(tfateur , 6c les Ambaffa- d-urs , à fçauoir pour commencer à la main droide, piemierement le Palatin, après iuy le Roy de Bohême en quali^é d'Efl-.dteur : 6c aprcs fadite Majefté, l'Eflc- deut de Mayence , puis ctluy de Treues , celuy de Cologne , celuy de Saxe , 6c en fin celuy de Btande bourg. Au deuant d'eux cftoit drelfée vue tabie longue, couucrte de velours noir , à lAquelle eftoient affîs les Chanceliers , Secrétaires deidits Seigneurs : 6c fur les bancs d'alentour , 6c autres fi"ges,, eftoient affis leurs principaux Conlcillers. ,. >Mais.entte au- res chofes,defq'jel!es (qui furent tout aulîî-toft tirées en confuUarion ) le p.oindl du (erment en fut vne : lequel félon la teneur de la bulie d'or , les bourgeois de la ville font tenus de iurer» Parquoy &c après que Meilleurs les Efleâreurs l'eu- rent requis, tant du Sénat, que de la bourgcoihe 6c des foidacs gagtz de la ville : -^ obferuç comme s'enfuit. Le Mardy ie iour précèdent de l'Efledion , deuanc raidy, l'honorable Magiftrat de ,1a ville de Francfort, fît de nouueau fonner ie tambour , &c proclamer, que; tous & vn chacun des cftrangers, 6c de ceux qui n'e- ftoient compris en la fuitce des Eflréteuts , pu qui ne (e fut oblige par fernitoc au Sénat , euft quant &c quant à vuider la ville. Et spres midy toutes les portes "de 1| ville furent clofes &|erîr/çes. 47 5 De l'Eftat de l^Emplre, CEREMONIES O^SE%VEES en l'EJleaion ^yale qui Je fait au Temple de S 'Barthélémy : les habits veîlemens EleEîoraux : l'ordre rang que tiennent les Ei^Sieurs allans audit Temple , ce en duiers endroits de la ville , fingaliccement ceux qui aiioietu eftc mis en deux rangs depuis le Rae- nier,iurqaàrEgli(cdeS.Ba:thelemy.patutententtes- ^'EX>cTlé Magiftratfit fonnec vue demie heure durant vue gtolte cloche qu'on nomme la cloche de ^^ApTe^s fcpt heures les Efleftcuts s'alTembletent au Ra:mcr,oii maifon de ville, y eftans venus tres-pom- pcufememàcheual. & y ayans demeure environ vne heure à shabiUer de leurs habits Eledoraux en diuer- fcs chambres i eftans habillez . vindtent à s'entr atten- dre ui la grande fale du Confeil. Sur les huid heures ils defccndirent du Racmer, ■ montèrent à cheual , &c cheuaucherent fclon 1 ordre qui s'enfuit vers le Temple S.Barthelemy. Premier, ment vn grand nombre dt Confcillers.No- blcs & d'autres bftats au feruice des Eflcdeurs mar- choitdcuam;lesMarefchauxdesEaraeursdeMaycn- ce , & de Treurs , lean Philippe de Hoheneck . . ' de M. Ich.or Sr d'Eitz.chacun d'eux portant en mam vne épcccnvn fourreau doté, (uiuoitnt à cheual: après le trcs-renerrndcnDieu Prmce & Sr. Se leanSchvYCi- khard taedeur de Mnye nce , & le tres- reucrend en Die., l'rince 8c Sr, St Lothaire Accheuffque deTre- ues,fuiuirent veftus de leurs habits Encaoraux , à fça- uoir de tubbcs d'écatlatesfouttces, & paicespar de- hors d'h. 1 mme blanche,^ d'vne miire de mclrne cou- ltur,& fourrure : en apits marchèrent à cheual es Ma qu'à l'otdinaiie, on ne portoic aufïî deumr Uiy aucune cVce,d'autant que l'Ell deur de Bcaudcbouig n'cftoit luy-mefme prelcnt en per'onne. Et en céc ordre eftans pairtz entre 1rs deux rangs des bourgeois bien equippr z , Ôc atriutz à S. Baithc> Icmy , qui eft vne grande Eglile b^ftie en croix, & or- née d'vne belle & haute tour deucrs le Septcntrioii.ils defcendirent & entrèrent au Temple , là où Jcs Seut artiuce les trompettes des EQ fteurs . dont il y auait grand nombre,^ qui f ftoient co loqu- z fur vn efchaf- but fait à ptopos.commenctrent tous enlemble a 'on- ncr , & au dellous les tambours de camp à baitte : ce qui rendit vn grand Ion & vn fingulier éclat , lequel ils continuèrent iniques à ce que Us Efl dteu.!, fulleuc entrez au cœur , qui eftoit fou bien ur.ié de toutes lottes de belles & nch-s taprllevi'-s tiir.ecs d or H de foy c.comme auffî les fieges des EHedeurs eftoicnt cou- uerts de velours noir.^c les couffins de mcfra<-.hot(mi$ celuy du Roy de Boheme,qui cftoit ttes-richemeut pa- ié d'vne pièce de drrpd'ou ^ Or chacun des En^dtairs ayant pris U hege qoi luy auoit eftc préparé , à içauoit Us Efl fte uts de M.yen-» ce, de Boheme,& du Paiatinat, a d o de d>i cœur : au milieu là où le Chantre a accoaftun.c de fc leoir.celuy de Tteuesi & à gauche celoy ^ ologne , &c de Saxe, «nfemble l'AmbalTadeut de l'hfl. tteur dt Brandebomg, & quelq its-vns de leurs principaux Conlciiif s , & au Clergé ayans eu cnttcc,le St M.telchal df i-appeuheitn ferma les portes. Et toft aprcs on comiiienç,. a loancc les Orgues , & à chanter Vent [M^th Sptru*u , ^u les Muficiens acheuetent du haut de la galletie qu. lépoud dans le cœur. Sut ce le Suffragant de Mayence le mit a faire l UN fice de la Melfe ; mais le Palatin, auffi Saxe Ôc Brande- bouig.qui n'ont pas accouftumé d'aflîftcr à ces lacres, fe retirèrent auec leurs gens au Conclauede l'cfl^dion, qui eft tout ioignant le cœur, au droid cofté, & s'y ar- refterent iufqu'apves laMelVe finie , qui fut chjutcc auec vric très - bonne mufiquc , puis rttourneimt à leurs places : & aptes qu'on eut chante & achtue l'hymne y««fl* i>ptrtft*i, les Efleàeuts aux <'Ara- balfadeut de Brandebourg fc rtndirent deuant l'Hu- tel, où ils furent conduits chacun pat l'on Martfchal, DOttans vn gUiue au fourreau , hotfmis le luidit Am- leur,., fourrure : en apKS n^arc^herent à cheual ^s r^^:;^^:^^:;:^ là en vertu de la bulle relchaux de l'A.cheucfque de Cologne , & ^u Roy de bfH^?^-^ ^ J^^^^ ^„ ^^^^^ , ^ f Bohême ,rvndelquels , ^^^^^^^ l^'^'^y ^^ .^ '^^^^^^^ lut le plus han, de- portoit en fa main vne épee en vn fourreau dore. & le ^^^^^^^^^^^^^ , ^ rtAc lu. efcha! de Bohême vne autre en vn fourreau de vc- l^'^l^^^^l^^^^^^^^ ,,,, ,,,, ,,,es lottrs rouge. Et imivediatement après eux fuiuoit le tres-reue- rend,tres-illaftte,& t tes-genereux Prince &Sr,Sr Fer- dinand Archeuelquede Cologne. &c. a droiae:& fa M.icfte Rcyale.comme Roy de Boheme,& en qualité d'Eil^deur , à gauche , veftus & parez de mefmes ha- bits ôc bonn. ts,que les deux premiers Eflefteu, s Eccle- fiaft.ques : mais fa Majefté Royale efto.t encote ornée par deHus fon bonnet . de la Couronne de Bohême Lres luy marc hoient Ple,khard de Helmftert. Maref chai du Palatinat , le Sr MaximiUa» de Pappenheim Marcfchal du S Empire, chacun defquels portoit (cm- bUblcTiem en main vne épée dans vn fourreau dore, & aptes fuiuoient à cheual les trcs-Uluftres Pnnces & Srs,Srs leanPalath: du Rhin . Adm.n.ftrateut de Itf- r/aorat Palatin , à droifte . Sr lean George Duc de Saxe. luUcrs, Cleue,& Be.g, &c. tfledeur.au miheu, 6c le Sr Adam G.nz , Sr de Putluz . &c. comme Am- bafl.d & à la joye & applaudiffe- ment d'vn chacun éleu pour Roy des Rumaias,6c Chef du S.hmpire. Or combien que l.'élea:ion foit faide feion le rccic qui en aeftédéduit,fi cft-cequelesEkdcurscontinue- rent à fe rafferabler auant Midy aù Raeraer , en la mai- ' fou de ville , pour y délibérer 6i refoudte des afFaite» importans,&: conccrnans l'Empire. Le refte du temps fe palla en mutuelles carelTcs, Cela faid , on r'ouurit vne porte à la main droiéte du cœur, & on relcua fa M. R. de delfus l'Autel, &: les Eilcftt urs v^' l'Airiballadeur de Brandebourg la recon- duifirent par le cccur vers le thearre érigé par dehors au deuant du cœur , fufpendu & couuctt de tous les coftcz de foute lorte de belles rapifteries: il y auoit fur ce théâtre fept chaires couaeites de velours noir,paur les Efledcms. Et outre ces fept, il y en auoit encore vne autre rc- ^ leuée d'vn degré plus haut que les autres, & couuerte ] feftes & banquets qui fe font faids à diuerfes fois"" de drap d'or, fur 'aquelle s'alîit le Roy nouuellement tres-fomptueux,auec grand appateii,tant de Upart'des «fleu:mais les Eflcdeurs s'alfirent chacun en fon rang, j Princes Efledeurs, que des autres Princts , Comtes & à fçauoir l'Efledeur de Mayence , & l'Adminiftrateiîr Palatin à fa droitle, l'Efledeut de Cologne , celuy de Saxe, & r Ambaftadeur de Brandebourg à fa gauche.de Treues au milieu : I'Adminiftrateur tenoit en main la pomme de l'Empire, Saxe l'efpce, & l'Ambaftadeur de Brandt bourg le fceptre. Cependant que chacun des Eflîdfurs prenoit fa piace,!es trompettes fonnoient,& les tambours battoient«& ayans celfé, la proclamation fc fait oit par le Reucrendfieur George Fridetich Gteif- fencloc de Bolraht grand Preuoft de Mayence & de Wormes ptefque en ce fens. proclamation isr publication de ÏEfleElion Qite vcu par la mort de feu très - tlluftre , & tres- pniftant Prince & Sr, Sr Mathias i. Empereur des Ro- mauis de tres-h ureufe memoire,le S.Empireeftoit de- meuré vaquant, les tres-reuetends>ttes-iUuftces, très- Seigneurs, qui dés auffi - toft après l'eflcdion abordè- rent en grand nombre en h ville. Aptes les banquets fe firent routes fortes de beaux & nobles exercices , courfes de bague ÔC de cheuaux, îufques à ce que le couronnerrsent Impérial, pour le- quel on faifoit toutes lottes d'appareils , s'accomphs heureufement. Diu'fîon des Cercles de l*Allemazne, T Ouce reftenduë de l'Allemagne &i les i'touince» comprifes fous le nom de la Germatue,{ans com* prendre inférieure que nous auons décrite cy~deuant, eft diuiiéc en dix Cercles. Le I. Cercle eft celuy de la Franconie, Le 1. Cf^tclc) celuy de Siiaube. 47 8 DeTEftat dcrEmpire. Le ^ Cercle, eft :cluy .^eBau.ere. Le 4. Cercl .cft ccluy d'Aullnche. Le «. le Cercle du Rhin. Le 6 des quarte Elk(*euts du Rhin.Mayence.Co- loene, Tteue, %OFllgne de la riaicrc du Rhin , du Daaube , de a mer, du Don> ou Tanais . ÔC du Pont -Euxm , ou de la metMajour. , Ceux qui font venus après, comme Str^bon. l tolo mé^. Pompone , Mcle , Pline , &c plufieuvs autres, tant Grecs que Latins , l'enferment entre le ^^''^^^'^ ^" ftule • Ticitc dit que les Allemands font pluftolt lepa- rez des ^armâtes & des Daces.par vne mutuelle crain- te. &i pat des raontagQCS, que par la Viftule. Oc auiourd'huy Ton donne à l'Allemagne toutes Us Prouinces, dont les habitans vient de la langue Alle- mande : fi bien quelle contient au delà des hirntes de Piolomce & du Danube, la Rhetie.ou le psys des Gri- fons,la haute Pannanie,& vne partie de l Eiclauonie, 1 gaitement Ftankenland , a pour fes limites du Midy 1 la Suaiibe , & la Uicre ; du Couchant le Rhm , du 1 Leuant la Boheraf.Ôc le pîys de Tutinge, & du Nord le pays de Htlfcn , & la Tutingc fafraentioanéc. Ses principales villes font Herbipoîis , commiincmcnt Yvirtzbutg , dont l'Euefqne fc nomaie Duc de Fran- conie , non toutesfois de tout le pays , mais de la plus grande partie. On void après Bambetg, belle Ôc bonne Toute cette Prouince obéit à cinq Princes, a Içauoic aux Euefquesde Vvirtzburg.de Bamberg,& de Mayeu- ce, au Burgraue de Nuremberg, & rriaintenant au Duc de Bauiere qui tient la place du Comte Palatin du Rhin. AlTez prés de FranGonie,prcs de la tiuietc du Rhin, on void la ville de Spire, où eft la chambre Impériale, puis Vvormes , qui eft renommée à caufc des Diettei 6c affembices : après cela Mayencc , vulgairement Ments , dont l'Archeuefque eft Eflefteur , &c grand Chancelier de l'Empire. Cette ville eft forte, tant à caufe de fon afliette, que de fes murailles , de de fon peuple. Elle eft affife fut le Rhin.&furleMein. Francfort fut le Mein eft renomme ï caufe des foi- res qui s'y tiennent deux fois toutes les annccs,& à tai- fon auflS que c eft le lieu où l'Empereur eft cfleu. Le feconà Cercle contient fes pays. LA Sucue , ou Suaubc eft la plus haute partie de toute l'Allemagne : elle eft bornée du Leuant de la iulqu au pays y^^^^- ^ , j,^ du Rhin, j Bohême , du Nord de la Franconie . du Couchant de Les Allemands ont aufli occupe au , ^^^^^^^^ ^ ^^^^ ^ ^ ^^^^ uicre, Se des Alpes. La fource du Danube eft en ce pays, qui fut autres- fois vn Royaume , puis deuint Duchc , àc eft mainte- nant fous diuers Princes , dont aucun ne porte le tiltre de Duc de ee pays. Toutesfois le Duc de Vvittcmbergen tient la meil- leure partie. Ses principales villes (ont Aulpurg, ou Aufbourg , aflife fur la riuiere de Lcch , ôc. auffi riche qu'aucune autre qui loit en Allemagne. Vlme fur le Danube, qui n'eft pas du tout fi grande, Hc eft toutesfois fort riche & marchande : ôc Norlingc aflifc en vne belle plaine,ayant jooo de tout.Il y a en- core beaucoup d'autres villes Impériales, qui fe nom- ment Franches. L'Empereur qui règne auiourd'huy poflcde auffi 1« Royaume de Bohême , communément Behaim , qui elldans les limites de l'Allemagne. Ce Royaume a pour fes confins du Leuant la Morauie , & vue partie de la Silefie : du Midy 1 Auftricht &. Bauiere, du Cou- chant le pays de Nuremberg , Ôc du Nord la Saxe , & la Mifnic. La foreft Hercinie l'enuitonne de tous co- ftezal eft déforme ronde,& l'on pafle fon diamètre en trois iours de chemin. Les autres difent qu'il a de longueur }6. lieues de Boheme.Les tiuiercs qui paflVnt par ce Royaume font l'Albie, que les Bohèmes nomment Labc : Multauie, communément Vltauue,& en Allemand VvoldaiSc ou- tre ce TEgte, SalFage, Gifcre, Mile, & Vatto, qui fe dé- gorgent dans le Labe.Ptague,autresfois Bubien,& Ma- robudceft fa capitale ville,ôc en contient ^c'cft i fça- uoitla vieille Prague, lanouuelleCk la petite, qui eft feparée de a. autres pat la riuiere d'Vltaue. La Morauie, iadisMatcomanie, vulgairement Mer- heten , tire fon nom de la riuiere de Moraue , elle eft feparée de la Hongrie, & de la Pologne du Leuant, de la Bohême du Couchant, & de la Silwfie du Nord pat ' des montagnesjôc des forefts,ou dcstmieics : taaisclk eil les vUl« de Conftance.Au{bourg,Str»i^ourg Wormes. May ence, Confluerice. Bonne, Cologne , &C oeaucoup d'autres lieux iulqu'à la mer. On range auffi les Sax^cs auiourd huy efitte les Al- lemands . de mefme que les PrulTiens qui demeurent au delà de la Viftule. Tellement que l Allemagne s e- ftendroitaudelàduRhin, iufqu'cn Picardie , & en Bourgogne ducofté d'Occidmr, &C iufqu aux Alpes du cofté du M.dy, contiendroit du cofte du Leuant la PtulTe an ciela de la Viftule, & feroit borncc de la mer ducofté du Nord. , . Ma.s initiant à part ce que l'ay dit ailleurs de la ba - fc A.lem^gne . en parlant des Pays-bas . ^^^^^^^J^ SmiXe, m pavlant de la République des SuilTes^ & pal- faot fous lilence les Eftats qui ne recognoiir.nt pas l'Empereur , ie comroencetay par 1 Alface, ou le pays d'Elfas, qui eft aux frontières de laSuifle. Ce. te Prouince eft d.uisée en haute & baffe : la hau- te eft vn Laodgrauiat , & contient la Sunrgoye, & la Briieove. Tot:te cette contrée contient grand nombre de villes de bourgs & de villages,^ tft habuee de tous coftez. Ses principales v.lles fom t^^beaquum, qui fut bartie par les Romains.mamtcnantRufachA bcie- ftat . ou Selcftad en la haute Alface , Fribouig en Br.f- povU Argentme.ou Stralbourg en la haute AKace: ce dernier ifeu eft fort au poilible , & l'on y void vne tour admirable > vcu qu'elle eft haute de $74- pas Geo- utays de Vùtemberg,ou Vvirtemberg, confine du LeuanU du M.dy. auec partie de laSuaube, du Nord .uec la Fran, onie , du Couchant auec le Palatmat de Bauiere.Le Necc.t parte par le beau milieu de ce pays. Il y a en cette contrée fores villes ôc chafteaux , outre vne infinité Je ..liages. Sa capitale ville eft Sturgade: les autres villes principales font Tubinge.ou il y a vne Vniuerfité.Sc Vviriembcrg,qui commumque Ion nom i tonte la Prouince. toi La Franconie, autrement France Orientale, 6c vul- De l'Eftat de l'Empire. ^ft plaine qa colle de rAuftrichc , qui la confine du ■Midy. Ses liuicrcs fonda Moi;uic,ia Nuire , la iuirc, Trayze, Igle, Haiicrn,& Siiarrc.U y a en Morauic deux Comcez.aacc quelques autres Se igneuries. Saprincipale ville cft Olmuz, que les Bohcilics nom- ineui: Holomatz: celle qui la fuit le nomme Pruniic, cn Allemand lVtn,&: en BoJicmois Brno. 479 Troipeme Cercle^ de forte odeur , & enyurans foudamement. 6. Defcrtptton des Riuieres,Lacs,fontaines d'eaux chaU^ des medecinalesi& montagnes plus renommées de ce Pays. 7. Du fel minerai de, Mardmarujte , & eaux miracu- leufes conuerttjfans le bois en pi^re. Autres eaux boùiUan- tes, transformans leur élément en pierre. Autres mtreitfes qui couUns en Hyuer,fe glacent & gèlent en pHé. ayiutres iqui ameltjfent le fer comme boue. Autres qttifont la Chry- focolle,ou foudure d'or. 8. Des mines d'airain de aJM eufole : & de l'Abyfmè du Comté de Zolie > défi mortelle odeur qu'elle tué les oy féaux volans par deffas. 5- Hongrie habitée en diuers temps par diuerfes Nations barbare s,de Pannonsens, Gots,Huns,Scythes. 10. Delà difpofition des neuf Cercles qui enuiroiinoi- m anciennement tout le Pays du mot du guet qui fe don- nait d'vn Cercle à l'autre* n.Eongrois anciennement farouches 3 feditieux > vindi- tattfs : auiour.d'huy ciuilifez,& addennei^ l'exercice des armes. Leur manière de viurey& habillements de leurs mà- r loges , & funérailles. Leur langage & façon d'écrire par- ticulière. u. Coufiume des Hongrois , porter moufiaches longues» & barbe raze. 13. Leur richejfe en beftail & abondance de viuret & les fetit es forces de ce Rojaume. H. Des deux & des autres Of[i(iers du Hoy. 15. Du duel & combat d'armes ordonné és caufes dif- fciles à juger. lé. Des fuccejftons dont les feuls majles font capa- bles. 17. Diuerfitede feélesde Religion qui règne en Hongrie, & de la grande conformité du Calvmifme auec le zJ^aho- metifme. 18. Du nombre des ç/ircheiiefcbez » & Euefchez de cet Asiate 15.. LiRe des Rojs de Hongrie , leur règne & mort. 10. Relation des différents & troubles furuenus l'an 160$. en ce Royaume pour lefaiâ de la Religion, &pour les charges & dignités, aux armées. 21. Articles de la paix faille pour la Hongrie auec Botfcayen Septembre 1606, 11. Conférence de Debrita entre les Amhajfadeurs & Députez de l'Empereur & de l'Archiduc Maîhias,& ce qui y fut conclu pour la decifion de leurs différents. 23. Cérémonies obferuées en Hongrie iCn la réception, fa' cre & Couronnement du Roy Math/as. 24. TroubUs en Hongrie fous l'Empereur Ferdinand llk à caufe des rebellions de Bohême & des Hongrois auec Beth- léem Gaber. ^ i<{. Déclaration de l'Emperefir Verdinand contré les vfurpations de l'iniufie titre du Ràj.de Hongrie. 16. Réception de Ernefi Ferdinand fils de l'Empereur Ferdinand fécond Roy de Hongrie. Vt s que cet Eftat à toufioiiris eftc fc- paré de TEmpirc , il efl: à propos d'en faire" vn difcburs particulier , afin qu'ori _ recognoiflTe le Pays que le RoyMathias auoit lous fapuiffànce , n'eftant que leRoy de Hon- La Hongrie comprend au^oûrd^huy toute laba0e t PannoniÈ.nommée la fecôde Ptocofulaire, tout le Païs deSlazygicnsMetanaftcs , que Pcôîomée enferme en- tre le Danuble & leTibifcé , &lcs monts deSarma- ce : & crabrafieencbrla partie delà Dace.qu'on nom- moit Tranfiluanic , qui a toutesfois fes Vayuodes, & n'obeyt pas à ce nouueaii Prince. Elle a tire ce nûm des Huns.ou Hongres, peuples des Scythes qui S'y font habituez, & qui font fbrtis dèluhre ou lugre Pays de Scythic, affis du cofté du Nordoueft , qui eft mainte- nant tributaire du Duc de Môfcouiç. Ce Royaume a pour fes bornes du Midy la Riuiere i du Suaue , qui le fepare de la Croace , & de la SeruiCi qui font en la partie de rEfclauonie,qui regarde la mer Adriatique, du Nord là Pologne & la Ruiïle , diuifces par le mont de Carpathe : du Ponant l'Auftriche, jadis Prouirice Capitale de la haute Pannonie auec la Morsi ue&laScirie , &duLeuantla RiuicredeTibifce, aci jourd'huyTiiTc ou Pat i (Te .'Niai s fi lious voulons enclor- re en ce Royaume la Tranfiluanie i il aura pour limite du Leûant lesz. Valachies.c'eft à fçauoir la Souiàlpinei & laMoldauie, feparées par laRiuierc d'Aîute, nom- mée pour le prelini Oli par les Hongrois * ôc Ali par les Allemands. . On loge ce Royaume entre le milieu du 6. ou 7. 5 climat i tellemcnc qu'il comprend le 11^. & 17. paia!- Icles , & fon plus grand jour û Eftc fcftaui delTus dé ly. heures & demie juiques à 16. La Hongrie eft diuiféc en deux partiessdont oh hoir- me l'vne au deçà du Danube , & l'autre au de là , le miheu de la dernière eft arraic de la Riuicre de Tife; ^f La II I 48 Du Royaume de Hongrie. La Ville CapitaleduP.oyaumceftBude , qui portf comme on dit.le nom du frered'Atilc, ou bien la tire des Budins peuples de Scythie dont Hérodote fait mention, Appian,Ireniquc & Althamere le prennent . pourlaCurtc dcPtoloméc. L€s autres pour l'Aquincum du mefmc Antheur & l'Antonin.EUe eft vulgairement appcllée Offen.Si l'on confiderç l'affiettede cette ViUcqui cftcn partie mon- tueufe , & bien fortifiée, on jugera qu'il eft impofliblc de voir rien de plus agréable , ou de plus fort en toute la Hongrie. Elle fut prife par Soliman Empereur des Turcs le lo d'Aouft ifié. A Les autres font PolTonie communément Prelz- bourgh. bonne Villeoù la Riuiere de Lext diuifant la haute Pannonie d'auec la balTc , fe mené dans le Danu- bc.Cettc Ville eft ancienne, joUit d'vne agréable aOiet- • te&d'vnbonair, & furpaOc en beauté plufieurs Vil- les de Hongrie. Il y a au fauxbourg au fommet d'vne haute montagne vnChafteau fort au poflîble. On void pareillement en Hongrie Belgrade, nom- irée par les anciens Taurinum , vulgakement Albe- grecque & en Allemand Griechs ; VveilTcmburg .qui fut prifc par Soliman l'an defalut ipo. Apres cela du long du Danube on trouue Singidûn que le Turc prit l'an 1459. A my-chemin de ces deux Villes on void le champ de Maxons , où lean Huniade emporta vne vi- étoircfignaicefur Mahomet Empereur des Tuccsi'l'an 1456. Conîremontleflcuueontrouncplufieurs lieux em- portez par les Turcs fur IcsChreftiens , comme la Vil- le de Valpe, prife l'an iy45- cclic de cinq Eglifes fur le Draue prife en la mefme année 1^45. celle de Zigeth prifc l'aiyéô.On void encoren ce Royaume Strigonie fur le Danube, communément Gran, jadis Archeuef- ché,& maintenant la proyc des Turcs. Albe- régale ou Royale autrement Stulvveyfcmburg , place deftmée à la fepulti]^re &, au Couronnement des Roys de Hon- gric,& prife par le Turc l'an i;4?. Prefqne en la mefme conti ce on void Stridon patrie de Saind: Hicrofme, & pareillement la forte Ville de Komore, qaelesTuics ont tant de fois«ttaquée en vain , & qui elt vnc Ifle de mefme nom.Il y a auiïi lauarin vulgairement Rab.pla- ceaffifc fur le Danube, qui fcmblc imprenable , & toutcsfois 3 elle premièrement prifc par le Turc , puis teprife par l'indultric du Sieur de Vanbecourt Gentil homme François:îc palTc fous filcncc tes autres Villes, comme peu conlîderables. Qualité. LE Royaume de Hongrie eft naturellement pour- ucu de toutes chofes, veu qu'il y vient des grains de toutes fartes,& diucrs fruids en grade abondance. Car la terre y eft fi fertile que le froment fe change latroificœc année en vne meilleure efpece, & il y a en ce Pays de fortes de froment qui différent des noilrcs, & le terroir produit du bled, fans eftre prefque cultiué. Elle porte auffîdiucrfes fortes de vins qui font fort fains & fi excellens qu'il y en a quelqucs-vns qui ne ce- dent nullement à ceux deCandie.Ccluy qui croift pi es. de la Ville de Sirmieeft des premiers , mais celuy qui vient en la Comté de Piffil eft d'vne fafcheufe oaeur,& enyure aufîi toft à caufedes eaux chaudes & foufrces. Elle abonde tellement en bœufs & en moutons que ccft chofe mcriteillenfe.Ily aauffi'fûrcGlicures,dains, cheureux, Cerfs, Sanghers, Loups,Ours& fcmbhblcs beftes : de mefme que'diiierfcs fortes d'oy feaux,princi- palement des Tburtres.des Perdriz,& des phaifans.Da- uantaoe on y tt ouue force veines d'or, d'argent.de cui- ure, d%cier & de fcr,& non feulement on y rencontre de l'or aux mines , mais encor dans le fabion des Ri- uieres.Il y a toutcsfois peu d'cttain>& de plomb. Au refte il n'y a prelque Païs qui aye plus tfrâH noua- s bre de grolTcsRiuicrcsquela Hongrie > ry qui loient plusnauigablcs, ou plus'abondantes en poillon. Vous y voyez le Danube, le Saue, le Draue, & le Tylfe dont les trois premiers font communs à quelques autres Prouinces, mais leTylîe n'appartient qu'à la Hongrie. Cettuy-cy"naift en Maramufic fous les hauts fommets du mont deCarpathie , & eft plus abondant en poiffon que tous les autres flcuucs Je Hongrie. Car on y prend grande quantité d'cftut jons, de bra. chets dont le foye a quelquesfois demie aulne de Ion- gueurjdes carpes.ôc d'autres poifTons.Il y a encor d'au- très Riuieres , outre les fufnommées j qui nourriflent grande quantité de truites, faumons, perches, lampro- yes, barbeaux & autres poiffons, &l'on voidauflfirou* 1er de l'or parmy leur fabion. Il y à aufli de grandes montagnes dont la plus re- nommée eft celle de Zarchzal , jadis nomméi par les Grecs Carpathe à caufc du fruid &c rapport de fes mi- nes. LafecondecftcelledeMatran quieft couuertede vignoble prés d'Agrie. La troifiémc & plus grande de toutes eft Erdel. On void femblablcmcnt en Hongrie plufienrs Lacs» dont le principal eft celuy de Palaton , en Allcmani Plathe,qui a de longueur 40. mille d'Italie , & huiék lieuès de Hongrie. Ce Pays abonde auffi en fcl minerai qu'on couppe ainfi que de la pierre à Maromarnfie,& ailleurs, & il y a auffi vne fontaine dont l'eau tombant en terre s'endurcit & fe transforme en pierrcll ya for- ce bains & ciux medecinalcs,principalcti)cntaux cnuîF rons\leBude. On y void auffi des eaux chaudes , d'où les poiffonj : eftans tirez viennent^ mourir s'ils font mis dans l'eaa froide.Lcs eaux de la Comté de Liptoue prés du villa- ge de S.Iean font bonnes contre la galle. Au terroir de Zepusily adcs eaux où le 'bois fe transforme comme en pierre , & prés deTEglifede Sainâ: Martin au mefme lieu , il fort vne eau qui fem- blc boiiillir , qui fe conmertit en pierre , tant delTus quedelTous laterre,& cette pierre eft prefque femblar blc à celle de Ponce. On trouue alTez prés de là des «aux nitreufcs qui coulent en hyuei,& fe gèlent tellement qu'en £fté on a accouftumé d'y aller chercher de la glace. 11 y aen la Comté de Zolie vn abifmé ou vne ouucr. ture de terre, qui jette vne fi grande & morielle puan- teur qu'elle fait mourir les oyfeaux qui volent deffus. Prés delà Ville de Smolnice dans les montagnes, il y a vne certaine eau qui tonibe dans des folfes , oùlè fer dénient en peu de temps auffi mol que de h bouc> &firon vient à le fondre, on en fait de très- bon cui- ure. r 1 i Prés de la fille de Biftric en Allemand Mcnfole,iI y a de fort riches mines d'airain, qu'on appelle mainte- nant Royales , d'où il lort vne eau vcrde qui fait la Chryfocolic, ou fouduredc l'or. Mœurs anciennes, LA Hongrie a cfté long-temps la retraite de plu- fieurs eftvanges Nations. Car elle a cfté première- ment habitée des Pannoniens Ôc Peonicns, puis fut U décadence de l'Em pire Romain.des Gots.qui en furent challez par les Huns. Les Lombards les en forcirent apres.Sc s'y tindrcnl 42. ans ; puis les Huns leur fucccdcrent fous leur Roy Attile, qui enrichit ce Pays des dépouilles des autres Nations. Mais Charles le Grand les vainquit , & 1*"^ ofta vn grand Threfor qu'ils auoient pnucipalcmcnt allemblé àBude. En fin l'an de grâce 900. du temps de l'Empereut Atuould oa vid fondre en ce PjV s Ici Hoi^gruis vcnu^ de \ de Scythie, qm* s'ettans joints aux reftfs des Huns ra nagèrent toute VAlicm^onc , & furenc en fin vn peu macKzparlapme qu'ils recauenc fous l'Empacur 0;lion près d Aufbourg, l'an ° ladis lesHab.cansdccePayslauoienttoutcnuiron- nc de neuf cercles , q„c les Allemands nomment Ha- gyes , dont chacun eltoic tellement drcllc , ôc faid de p.ecesdebo.sdehdhe,oudcchernc,ou de fapin.qu'il concenoK zo. pieds de large d'vn bord à ïamlôc auoit autant de hauteur. Or tous les lieux ainfi entourez cftoient remplis de aye fort gluante, & ferme, ou de pierres fort dures, Du Royaume de Hongrie. tTj'T^T""" ou de pierres u,ii uurcs, & le deflus des remparts ertoit couuert de proffès mot- tes de terre encore toutes herbues .& au coinadefcs ramparts ils auoyent planté des arbrifax qui cftans clpars çiÔclh, teprefentoient des arbres & des herbes tout le long de la forterelTe. D'vn cercle à l'autre il y auoK l'elpacc de zo. lieuës d'Allemagne , & là dedans les bourgs, villages, & hameaux eftoient tellement di- Ipolez^ , qu'on pouuoit entendre de l'vn à l'autre la voix d'vn homme. Les portes eftoient baffes & eftroites,&cn lieu écar- tcanu qu'ils pùiTent plus facilement , & mieux à cou- uertlortir pour aller fturc leurs courfcs ëc piUeries • & chaque cercle donnoit le mot du guet à l'autre de tout cc^qui airiuoit, ou fe projettoit par le Ton des trompée- ProcopicdiftinguclesHans,appellans les vns blancs, & les autres Nomades. 11 parle des blancs en cette for- te. Les Huns Euthalites ne mcincnt pas vne vie pa- Itorale, comme le rcftc des Huns, ains fe tiennent foft propres , & font les plus beaux & blancs d'encre les Huns. Ccux-cy ne vindrent jamais faire des courfes aux ter- res des Romains. & ne font d'vn farouche regard com- me les autres. Ils ont vn Roy qui kur commande & les plus heureux d'entr'eùx ont 20. amis qui font or- dinairement à leur table , ôc ont part à leur puilfance oc bource & fortune. Les Peonicns n'auoient aucunes Villes félon Ap- pian Alexandrin , ains fetcnoienten des hameaux fé- lon leurs fen»lles,&n'vfoient d'aucun jugement corn. mun,n*ayans aucun Prince qui leur commandait , ou 3U1 ptehdalt fur les autres. Les Habitans de Hongrie ont eftc jadis eftimez fa- :ouches,remuans,fcditicux,inconftans, auaricieux, dc- ircux de vengeance ôc peu amis des cftrangcrs. Mxeurs de ce temps. , LE s Hongrois fcnt aujourd'huy d'vn afTez doux naturel ôc aifcz polis & ciuililez.Ils ayment l'oy. mctc&à demeurer fans rienfaire,ou s'amufent àl'e- ercice des armes. Mais ils s'addonnent bien peu aux tts & meftiers, non plus qu'au trafic Ôc commerce, ils 3nt robuftcs aupofliblc. Leurs mœurs lont toutcsfois naturellement rudes, Meurs courages plus propres , & diipofezà la guerre u a la paix. lis mefprifcnt leurs aifes & commoditcz , & ne fe 1 cnnent^aux Villes que comme cftrangcrs , &auec elieiii d'en forcir bien-toft. Les grands logent leurs délices en leurs jardins, & en |urs bains , & ne fe foucicnt en leurs baftiments que fftre au large, Lè rcftc fe tient en des cabanes ôc lo~ fspetites&mal-faites.ilsnedorment dans le lidjuf- ucs a csqu'ils font matiez , mais fe couchent fur des pis, ou fur le foin , chofc commune à la plus grande 3rt!e des Nations voifines. Leurs habillemens font longs ÔC magnifiques. Ils c vionncncaux femmes poui toute chofe en ies ma- 2nt qu'vn accoufticmeuc neuf. L nabic du feuimes cft eftroid, & les couure jufqnes au col. I Elles portent par deffus leurs robbes de longs man- teaux, & couinent leurs teftcs de coiffes , ou d'autres atours de foye , ou de lin , & cachent tout excepté les yeux & le nez, & laplufpart portent des perles & des pierres. Dauantage les hommes & les femmes portent des iz brodequins qui vont jufques à my-greue. Ils portent le dueil de leurs parens &: amis trcpaftez vn an entier. & quelquesfois l'efpace de deux ans. Ils razent toute leur barbe, Ôc nelailfentvenirquelesmouftachesqui font quelquesfois fort grandes. Ils ont vn langage particulier qui approche toutes- fois fort du Bohemois. Ils ont auffi vne particulière forme de lettres : toutesfois ils vfent le plus fouucnt de celle des lettres Romaines. Ils font fort fuperbes & hautains, puilfants en guerre, & plus adroids à chenal qu'à pied. Ils font fort obeyfTans à leur Prince &: à les Lieutenans. ^chejles , ^ Forces, Combien que la Hongrie enuoye en Italie , & en 13 Allemagne grande quantité de bœufs & de mou- tons . dont le nombre eft prefqueinaoptile j êc que quelques-vns rapportent qu'il y a tel Payfan qui aura cenibc^ufs aux'paftis.&nc les verra qu'ils n'ayent tri, pic, tellement qu'on tient que des chairs de cette Pro- uinceon pourroit nourrir toute l'Europe combien qu'il y ait force argent, cuyure, i-er, acier, & mefmc de '' & qu'elle enuoye en diuersendroitsdu monde r or beaucoup decalcante qui eft verd, <^ qui fe vend alfez bien , toutesfois on peut afiez juger que ce Royaume n'eftguereriche& qu'il fait afiez de s'entretenir par . le moyen des fruits qui y prouiennent,& qui font fes principales richeires. Auffi il n'y a rien qui l'ait plus fait fubfifter , ny qui ait -maintenu fes armées que l'abondance des viures qui s'y trouuc. Il cft vray qu'aujourd'huy depuis que les Turcs , fe font rendus maiftres d'vne grande partie du P.^ys , les terres y font moins cultiuécs , & ne rapportent plus tant qu'elks fouloyent faire. Touresfois ce que les Chreftiens tiennent eft bien entretenu, & capable de nourrir alfez de gens, combien que les guerres qui ont longuement duré Payent rendu moins peuplé. Mais le nouucau Roy Mathias eftant parucnu à 1 Ea>piîe, il peut conferucr ce qui refte aux Hongrois, durant ce calme il fepouruoit pour les occurrences de la guerre. Et je croy que fi le Turc venoit fondre fur ce Païs dif- \ ficilcmcnt le pourroit-il fouftehir fans les forces de i l'Empire. j La puiflancc de ce Royaume n'cd baftante à celle ^ \ desOthomans.fes richcftes font trop pcmvs> pour pou- uoir faire de grandes leuées , pourcequelë Paysn'eft guère riche de foy pour le deffaut des ports de mer & du trafic d'où l'argent vient aux Royaumes, l outre ce le Turc en occupe la meilleure partie. leconfelTe que ies Hongrois font bons guerri_ers,mais on ne Joitauf- fi mépriier les Turcs qui les furpaffent en nombre, & ne leur cèdent pas en valeur. Gouuernemcnt, LE Roy de Hongrie gouuerne fon Royaume par le moyen de deuxMagiftrats, dont le plus haut eft ; diuifé en trois Magiftracs. Le premier gouuerne le Royaume au nom du Roy: On compte en ce rang le Palatin du Royaume, qui cft le premier après le Roy,& luge du Roy mefme, s'il eft accufc; & ccttuy-cy cft eOeu par ceux du Royaume , ôc fon ofhce n'eft pas héréditaire. Il y a encore le luge de la Cour qui eft vn deslugcs ordinaires du Royaume. Si 2 puis 484 Du Royaume de Hongrie. ' ' . ■n.s...u^„^Cr„,^Ar re des Sain(as,nous tenons 1( puis le Chancelier perpetncl , qui cft Archcucfqac de Strigoni., Se Piimac du Royaume . &cft nomme prc^ micr Secrétaire , & a la charge d'oindre e Roy quand il eft eOcu , &c de féellcr les patentes , & les prioilcgcs. Il y a cncor le Maillre de la Cour . qui cft contraint de fiiiure le Roy , & eft fon confcvUer intime. Dauan- ^ tagelc maiftre des Tauerniers Royaux a la charge des mines, & desSalincs,& cognoift & )ugedcs caufes des ViUfs, bourgades & Chaftcaux, en ce qui concerne le fifcduRoy. . .Or Le fécond Magiftrat eft commis aux jugements , « ce Magiftrat comprend 3. Officiers de fort grande au- thontl c eft à fç.uoir le Vice-Palatin du Royaume . le lugeperfonel de laprefencc , qui tient la place du Roy auï jugements. & fur les luges . & le Vice-Iugede la Tes moindres font ceux qui font pluftoft exécuteurs des jugements que Magiftrats , ceftà fçauoirz.Pro- tonitaires dulugeperfonnel . •«P'^^f "«^^^^ "f'; ce-Palatin , & Piotonotairc du Vice luge de la Cour. Tous ceux cy font appeliez Maiftres , & ont pour ad- joints ceux qui s'enfuiuent. Le Secrétaire de l Arche- uefque d. Stdgonie.qni eft appelléFiIcal,u.Atreireurs, & quelques Notaires jurez. Il y a outre cela les Officiers du Roy,comme le Thre- forier du Royje grand Chambellâ.& les autres Cham- bellans, le grand Ma.ftrede l'HofteMu Roy. & les au- res Maiftres d'Hoftel, le grand Efchanfon,lcs Gentils- hommes feruans,lcsHai(Eers,&plufieurs autres moin- dres officiers. , , ., Ils jugent félon le droid efcrit. Mais ils ont encor vne autre manière de vuider les diffierentsqm faruicn- nent cntr'cux. Car fi la chofc ieftres au plus-rcelle de M;iaruch,parc.efo le Turc , & partie fous le Comte de Sdnn, & celle d. Ticin,toutes fous le Turc. j.^atvIs Le Cardinal George D.afcouit . pour ayde à fa N tion.obtint de l'Empereur Rodo^he vne partie è re uenus delaPreuofté de Turroch.e pour 1 1 ftuuuo d-vn Séminaire de la jeuneftcHongroifeen la V le Vienne;& defia les Hongrois reP"""'^"^.^'^^,"S, fcTa doétrine Chrcftiéne, & les cérémonies de l EghC t7 OVtrela fefte de Mahomet qui cft fort efpandue en ce Royaumca caufe des places que les Turcs y tiennent,c'eft chofe alTeurée qu'U y a plufieurs fortes ^ ^Caf non feulement on y void régner celles d'Alle- magne . mais encor VArrianifmc y a pus pied , & l A- theffme mefme s'y eft eftably. Etc'eft choie d.gne confideratiô que les Villes fubje^es au Turc font fo peu infeaées d'herefie, & qu'au côtraue les autres qui font demeurées auxChreftiens en font toutes pleines. Ce qui vient de ce que le Turc n'enaure pas aifc- ment qu'on altère quelque chofe en fes Eftats pour pctitequ'elle foitjes hérétiques ne font pas h inlolens parmy ces barbares, qu'entre les Chreft.ens,de crainte d'cftreemp.lez.A.noine PolTeuin raconte qu Mini' ftre Caluinifte voulant vne fois perfuader au Ballade Bade de luy permettre d'enfeigner fa fcde aux Chre- ftiens , alleguoit entre autres raifons q'iil n y auoit grande difrcrcoce entrela Loy de Mahomev, & le C.al- uinifme.Car('di(oit iljnous niOBS comme vous la prii- Roys de Hongrie. Y E premier Roy Chréftien de Hongrie frit Gey^j I qui s'eftant fait baptifer , vmilut eftendre lato feftiennepar fon Royaume,& fut en cela alhl.cdc Allemands. , or c. Eftienne fon fils, qui eft mis au nombre de SS J Roy de Hongrie . l'an de grâce ,97- '^''P^^^^' de l^T,pereur S. Henry no^.mcc G^zele, & en eu et tix autrls enfans S.Emery,qui mourut jcuneauant lo ^''î.erre nepueu d'Eftiennc de par fa fœurM ^^^^ da , & fe rendit infuppoitable par fa P^'l'^^^'' ' J ^ chaVé hors du Royaime par les Hongrois, qui mnei en fon heu le beau freie de S.Eftienne. Aba qu, gouuern. le Roy.ume plus debordcmc que Pierre. & (erendu cd.enx par fon orgueO. 1^ tué en guerre le troUicme an de fon règne . &.dep Picrtc fut appelle , qui fe gomierna plus en iX qu'eu vrayiLy, ^exerça guadc cruauté ce DuRo yaume de H on re- puis fe Prcftr«.*m.on fon ncpueu. ■ Salomon après la mort de Bela fut remis au Roy- aumel'an 1065. par le moyen de Henry 4. qui luy auoit doqnc fa jœnr en mariage. • ' Gey{ra -i)n|]j Salomon du Royaume, &fut procla- mé Roy àAibe-Royale : puis ainfi qu'il vouloitdefon bon g^ é rendre le Royaume à Salomon , il mourut aptes aiioir régné j.ans,& lors les Hongrois ne voulu- ■ 'it pas t'appellcr Salomon qui mourut en vn hermi- ^^joùil le retira enfin, après auoir beaucoup tracaflc ik tafché de r'aiioir fon Royaume. Ladiflans homme de bien, faindt & jufte, & qui fe contint en perpétuelle chaftetc, fat cfleuRoy ducon- Icntcmentde tous, combien qu'il le refufaft, & après pluficurs vidoires , il mourut l'an de grâce lopj-. & de fon règne le 19. après auoir ordonne que fon fils Ai- me Iuy fuccederoit au Royaume.combicn quil fuft le plus jeune. Aime quitta le Royaume à Coloman fonaifnc,mais après cela les frères entrèrent en debatj& les Hongrois qui ne vouloient endurer vne guerre inteftine entre iesfreres.ordonnerent qu'ils combattroicntl'vn con- tre l'autre, & que le viftorieux feroit Roy. Coloman refufa le combatj pource qu'il eftoit bof- fu, boiteux, & louche. En fin il fit acuer les yeux à Ai- me & à fon nepueu , ôc voulut faire arracher les deux bourccs à Bela fon nepueu , afin qu'il ne pîrft auoir li- gnée , mais le bourreau craignant l'ire de Dieu , & que le Royaume demeuraftfans hoirs , arracha celles à'vn petit chien , & les Iuy portant le contenta par cette fainde tromperie. Coloman mourut d'vnefafcheufc maladie,l'an de falut 1114. ôc de fon règne le ir. Eftienne fon fils fut Roy n'ayant pas encore S.ans» & cependant vn autre gouucrna la Royaume en fon nom. Il régna 18. ans , & pource qu'il n'auoit nuls en- fens, il adopta fon coufin germain Bela fils d' Aime , 6c le déclara Roy par fon tcftament. Belaquoy qu'aueugle , gouuerna le Royaume en pnix , & mourut d'hydropifie, l'an de grâce 1141. & de fon règne le 9. Geyfa ion fils régna après luy,& mourut l'an de gra- ceii^i. Eftienne fils aifné de Geyfa fut (on fuccMèur au Royaume5& mourut l'an 1175. Bela frère d'Eftienne. Emeric fon frère aifné régna S. ans j 8c mourut l'an de ialut lioo. Ladiflaus fon fils ne r; rie. 48; André frète ù'Eîîieric laus , lej4. ;gna que (î.mois. fucceda à fon nepueu Ladif- & mourut l'an de grâce 11)^. de fon règne Bela fils aifné d'André régna fix ans, 6c mourut l'an ii7f- 1 Eftienne fon fils Iuy fuccceda, & mourut le 3. an de fon règne. Ladiflas fils d'Eftienne , furnomméChune , fut tué l'an 1199. après anotr régné enuiron i4.afiS. André fils a'Eûiennc rcgnaon^eanSjik mourut l'an IJOI. 4^ Apres la mort d'André , les vns cTIeurent Venccflas Roy de Bohcme, & les autres Othon Duc deBauiere, qui futhonteufcment chaflTéde Hongrie, après y eftrc . entré auec grandes magnificences. Charles -fils de Charles Martel Roy de Sicile , q,ue quelques vns appellent Coroloberc fut efleu Roy de Hongrie l'an mille trois cens fix, Louys fon fils aifné encor jeune , fut fait Roy , fit grolTc guerre aux Neapoli tains, & obtint plufieurs vi- ctoires fur les Italiens. Il mourut âgé de ans , l'an de fàlut 1300. 4. vingts & deux , après auoir laiiïc fon Royaume entre les mains de fa fille Marie , laquelle il bailla en mariage à Sigifmond fils de i'Empereuc Charles. Marie gouuerna quelque temps \s Royaume fous la conduite , ôc par le Confeil deNicolas de Gare, à caufc qu'elle eftoit encore fort jeune. Mais en fin leî Hon- grois enuoy erent l'Euefque'de Sagabrie en Pouille vers Charles fils d'André pour l'inciter à venir en Hongrie pour eftrc Roy. Il y vint, & le Roy Sigifmond , ayant vn peu anparauant cfpoufé folcmnelle'ment Marie qui eftoit paruenuë en âge, s'enfuit vers fon frère Ven- ccflas. ^ Mais Charles- fut tu^'an i;8y. par les menées de Marie5& de famere deNicolas dcGare. En fin la Roy- ne mere Elizabeth fut noyée par Hornach amy de Charles , & ainfi qu'on drcffou l'appareil des nopces , il mourut prefquelou- dainemcnr âgé de dix-ncufans,& ne languit que tren- te-fix heures. Mathias Coruin , fils d'Huniade fut efleu Roy de Hongrie en i'âgc de dix huiéi ans. Et combien que Empereur Srideric cuftèfté efleu en ifteimc têmpsi Si j li 4^6 Du Royaume il s'accoreht auecM?thias , qui fat Couronncpar ks mains de Fridericla fixiéme année de fon rcgne, &de friliit ixr.A II moumt fans sncan$ enfans après auoir reUé i7 an'. Viad>a« fils de Cafmir Roy de Pologne, Qoc les Bohémiens auotent reccu pour leur Roy , fut après aulH edeu Roy de Hongrie après la mort de Ma- Louys fucceda ï Ton pere Vhdia« au Royaume de Hongrie^ mourut en Bataille contre les Turcs,\ an '^^R^rdinand d' Auftricht Empereur luy fucceda, & fit la guerre aux Turcs en Hongrie l'efpace de trentc- hui<3: ans. MaxiîT.ilian d" Autriche Empereur. Rodolphe II.- Empcreur,apres a^oir retiu long- temps le Royaume de Hongrie tel qu -1 cft , la remis entre les mains de Mathias d' Auftnche qui a efte Em- pereur,^ l'a gouuerné. Apres le deceds duquel en ,ouit à prefent Ferdinand II. Empereur d'Allemagne , Roy de Hongrie & de Bohême. Sommmereat des S0ents frruenus audit Royaume , de^ms la paix faiBe auec /o Turc entamée i6os.jufqu'àprefent,pour l'intelligence tant du gouuernement que de la Religion de cet Bjïat. Es DIFFERENTS qui arrïuerent en Hon- gtic. tant pour les Religioris que pour les char2es.& dignitez aux armces.fatent cau- gg^ ed'grandsmaux. car Botfçay Ifthan. Duc ae"c fe reuolta contre ^'^^V^^^-^^^^^Z, Hongrie & Tranfiluanie, ayant attire plufieurs grands bleSvontau deuant deBotfçay viennent aux main^^ rJ^ Hongrois tant de pied que de cheual (e rendent Rotfcav & febattent 6. heures durant , ou BellioeuIc ïïàft?itc,les Allemands ^ Silefiens taillez en pie^ IZ Pets &Pallas Lippay demeurèrent prifonniers de SVçay eq elenuoyaV^^^^^^^ drapT"--Tarc, ourluy monftrer ^n afi^aion & Palus Lippay fut Lieutenant de Botfçay , & publ cen Qu'ils ne ptenoient les armes que pour la hberce de kurs confciences , pour empefcher les perfecutions SgeHqucs contre'le Clergé ficles lef.ues , lefquels furent contraints de Je fauuer à Vienne^ CeuxdeCaffouiefcreuolterent, & muent les c fttes& le Clergé horsleurs Villes , & Ce font Prote- Weloniaclnfeffiond'Aufbourg,Ba^^^^^^^^^^ ael'Empereur.faitpubHervnparo^gn^ nerpur , QUI ne Ictuit de rien . auicj,^. peieurjqui :r„„ 4»^9n<5 de 600O. hommes, vain . ayantvnegarnifon dedans de , leue le fiege, z Ion retour prend Epper , 6c autres pla- ce aux co'nditipns de les laUTer viure en ^^^^ fumant la confeffion d'AuIbourg, ^^l^^^l^^l, ? Boifcav U perdit jo.chariots d'argent & draps qui ve- noSe Vienne. Cette armée de Boeiçay elpouuan- û les plaa! . les Allemands ^loldats earan- sets furent taillez en pièces. „ o »vV.or ^ Le fu,ea de cette guerre fat que Bafte ^y»"^ «'^^^ " té par fes lettres Botfçay d'entendre à la paix , & rai - ner tous les fuh,e6l. de l'Empereur à leur fçayfaitrcfpQnfc qu'il eft content aux çonduions qui 4e vcuonc cy-apres , mais B.ftc LicutenSnc de l Empe- de H( ongne, reur ne voulut répondre aux demarides dts Ho: groii^ &deBotfç:iy. Quant à la Ville dcNeuftatelle eftoit toutecntou- rce d'ennemis,& tous les villages d'alentour de Vienne jufqu'à Dunderkirfch furent aucc defolation mifera- blement embrafez. C'cftoit bien la vérité que ceux de Neuftat firents tout leur poflîble pour endommager leurs ennemis, mais leur entreprife eut bien peu d'efFeâ:,& n'en occi- rentqu'cnuiron jo.Brunne&EncelfJorf furent réduis des en cendtes.Les Wallons logez àMiedlingfaifoient de leur cofté vn infinité de pilleries fur les habitans, auec vn terrible degaft ésenuitons. Les Heiducques furprirentde nuiétAllemburg, Si après s'eftrechargez de butin y mirentlefeu. La Ci- tadelle euft couru femblable danger , fi de fortune ils n'euffent efté repoulTcz par quelques loo. harquebo. J fiers qui fc jctterent dedans. ' Prelburg eftoit alors en grand péril , car la garnilon Impériale refolut de la piller & de l'abandonner, h on ne leur euft faid faire monftre dans le jour que l'on leur auoit promis . de manière que s'ils euflentquu- técetteVille-là, les Heiducques s'enfuirentauffi-toft faifis. , ,. Ces Heiducques prenoient pour prétexte la Reli- gion,. mais il apparoifioit allez combien peud'eftanl» en faifoient, par l'exemple d'vn Mmiftre qu'ils iraiac rentcruèllement auprès de Cobelzdorf Apres qu'ils eurent couru & rauagé l'Auftnchc , ils emmenèrent plus de 8ooo. bœufs cheuaux qu'ils vendirent aux Turcs , auec grand nombre de prifon- niers,eftrange cruauté de voir que ces perfides em me. noient auec eux fur des cheuaux les petits enfans , qui ne pouuoient cheminer.lescris defquels n'auoient pa» affez de force pour les émouuoirà pitié,mais au con- traire accroiffoiéi leur felonnie, & en trouua-t'on p a- fieurs par les chemins qu'ils auoientccachés contre les pierres , ou les oçcirent cruèilement : bref la cruauté des Heiducques reuoltcz eft û grande que les Turcs mefmesl'auoicnt en horreur. La oarnifon de Hongrie qui eftoit dedans Gran . auec v^'ne detcftable perfidie tramée par leur Colonel, prit le partv des Turcs. Pour s'y rendre ils vicient de cette rufe. ' Les Turcs eftans venus près de U Riuierc pour coupper les chaifnc s des mouluis , les Hongrois fortirent de Gran , & faifans femblant d'aller attaquer les Turcs . fe rendirent de leur party , & s'en allcrenc enfemblement vers Pcfte & Bude : Tous ces cnnemis- là firent d'eftrangesrauages prés d'Eifcnftad. ^ Cependant Ncuhenfel ou NeufuUle cftoit affiegcc par 30. mille hommes , ceux de dedans firent vail am- ment tant qu'ils pûrcnt.& fe porterenfen vrays (oldats à repoufler les attaques des ennenr.is , lelquels atteo. doient fecours de 2000. Tartarcs, & autant de hciduc- ques,& de 13,^00. Turcs: ccheftant les habitons n cul- fent pùlonguement fouftenir le ficgc, caries viures<5: les munitions leur eulTent deffiilly- En fin s eî^ar.s faits maiftres de cette Ville, ils firent dc'lf " ^ ^i'^". 7 fieeer Gran, uoco.Turcsayans dép palTc le Pontd .1- fec : Et de l'autre part ncauellcs forces arrïuerent à Botfcw, lequel auoit fait accord auec le Sultan , qucle pren^ie^ d'entr'eux qui feroit faili d'vne place en joui- roit paihblement. . Hcniy Tanhufot qui aup:.rauant commandoit pouC l'Empereur dans Fileck, fe «lit du Confc.l de Botfçay. Et Girmcnehy fournit deviures pour 5. mois la Viue d'Hufta en Tranfiluanie. La Morauie ne fut pas auOi exempte d vn lembla- ble fléau , les embrafemeius & les meurtres que 1 on y commit, au.c 4000. Efcbues que l'on emmena poiiC vendre aux Turcs , furent dcb tcmoiijnages du lauagc que firent les Hongvois. Du Roj aume de Hongrie. LaStyne.futrsmgcepar certains volears.ldqnels ne " * ' 487 tfoluîanspcrfoniicqiii leur refiftaftyfirentde fi Grands degalh que la plufpjf c des villageois furent contraints de (e recirer à Gretz. Ce fut alors quelesComtesdeSerin^deNadaft &de Budc, iclquels auoient fi vnillammenc combattu par tant d'années contre le Tare pour la RepubliqueChre- ftienne redui(5ltf à l'extrémité du hazard . fe rendirent C11X&: leurs biens à la mcrcy de Botfciy. Bafte rcucnu en conualefcence , râlièmbla inconti- nent fon armée qu'il auoit logée és garnirons,& alla le 13. luui audit an faire Icuer le fiege d'Odembnrg , pla- ce qui cft du cortédela HongricCitericure,puissenaI. la camper vers R.iiiorrhe.Les Turcs fe voyâs contraints par ce logement de rep^lfcr le Rab & fe mettre en- tr'eux,(S«: l'armée de l'Empereur,rmnercnt le plat Pays & enamcnerent grand nombredebcftial. Le commun bruit eftoit que le Sultan Achmat ve- noit en petfo une affieger Vienne , mais ce n'eftoit lace Turquefquc qu'il fit ruiner & defmolir. Où la force ne pouuoit ri«n on vfa delà pratique. Le party de l'Empereur foUicita tant Lippay Gouuer, neur dans CalTonie |iour fe remettre en l'obeyiTance l'Empereur auec de belles oâFres & promeffes, que Botfçay en eftant aduerty dla en diligence à Caftonie ■M il luy fit trancher la tcfte auec cinq autres Gentils- hommes & s'accommoda de ce que Lippay auoit pil- c.qui fe montoit à la valeur de plus de cent cinquan- :e mille efcus. Le troifiémc Odobre la garnifon Impériale de Gran 5ar la lafcheté des Allemands fut contrainte de capi- ulcr auec le Turc & luy rendre cette place forte auec i'o.Canons. % ^ Et le 17. OdobreenfuiuantNenhenfclfutauflîren- u à RedaizTerents, Lieutenant de Botfcay , qui la te 01c afii4gée. -i ' ^ La conqtieftcde ces deux pla. es le ir augmenta la olontcdcchaflit du touc l'Emp- reur de laYlonerie Mais 'aroiçe de Bafte qui cftou à Kom .rrhc les en cm- L'hyuer approchant les Turcs fe defLanderenf pour fe retirer vers Bude , & leslChreftiens foi tirent de leur logement près Kom orrhe. Le 2;,Nouembre 14 mille CaualiersTurcsvindrenc charger vn Régiment de Rciftres qui faifoit la retrai- te del'armée Chrefticnne , mais toute l'armée Impé- riale ayant tourné tefte on leur fit regagner le haut de la montagne par où ils eftoient venus, & n'y euft pour ce jour beaucoup de fang répandu. Maisle 3. Décembre, ils vindrent dcsle matin fe jet- ter furl'auant-garde de l'armée de l'Empereur : les Turcs après auoir faid: plufieurs charges voyans que l'armée Impériale s'auançoit aufecours , commencè- rent à fe retirer ; mais eftans pourfuiuis vne grande heuë jufqucstupaftaged'vnc Riuiere , quipze cens Turcs y périrent tant tuez que noyez. Les Chrcftiens pour butin eurent plufieurs beaux cheuaux, & pour mémoire de leur viâ:oue 5. Cornet- tes. En ce combat fut tué le Comte de Laual. Aufli toft que l'âge &.la force permirent à ce jeune Seigneur François, de porter les armes , il obtint congé du Roy pour aller en la guerre d'Hongrie auec fcize Gentils- hommes fous la conduitte d Sieur deu Marollcs,il par- tit de Pans lei<>. Aouii,&: arriuaen l'armée Impériale Sf 4- le 4.88 Du îioyaume cle Hongrie. ic 1? O^ob'e J'^of. oùilf.i:rccffar.i!cc beaucoup c'a demonftW-nn de bonne volonté par le General Baftc & par tous IcsSeigncin-s de l'armée. ^ - UArcbidac M^thias qu'il fa'ua en pafTant près de Vienne , luy auoit faidt des cmlTes extraordinaires, auffi la mcilon de Laaal a eOé nlUéc à celle d'i^a ragon. Il monftt-a des preuues de fon courage & de fa valent aux changes qui fe fiicnt le vingt. cinquième Nouem- bre fur les Turcs. , ■ Mais il momot d'vn coup de balle en cette cy par la hafte qu'il euft de courir eu combat, fans donner ioi- fu- aux fictis de lier fes tsi^tttes par le bas, tout ble.le, il pourfniuit h victoire vne lieue darant touaoarsfrap- mnt & tuant, &al!a rendre fon adieu près le bord de la Riuicre , qui luy empcfchoit de plus pourbiure Vcnncmy comtnun de toute la Chreftieme Son corps fut conduit ù Viennc.fes entra.hes furent enterrées dans les Cordeliers auprès de la tumbc d v- ne Rovnc de France. , î> t . i ,«,ic Le corps embaufri^c fat rat^ené & reconduit à La- mais ual en F ance. Ce Seigneur fut regretté de pUiljeurs ques ; les beaux dons d'efprit defquels Dieu l'auoit doue bon 1 Que Botfcay demcoreroit Prince deTranfiluanie, Corn te de> Sicules, & Palari n dî la haute Hongrie , 8i que fes cnfans mariés luy faccederoient, 6i àfautede- cc le tout retourntroit l l'Empcrcar,les filles leroienc mariccsfelonleurqualité auxdefpensde l'Empereur. 4 Quf pour l'aduenir le Palatin. IcsThreronctsgc- nernu:ffcroientefl?usparlcsEftatsduPays. c Que nul ne tiendroit bénéfices s'il n'eft du Pays. 6. QÏi'vne abolition générale feroit publiée, ahn que tout fuft mis en oubly de pan & d'autre. Pour vne fi heureufe pai:c les feux de loye en Ju. rent faits l Vienne , & par tout. Mais la joye ne dura beaucoup pour Botfpy : ^P^« ^^^^f-^^^fC^'^ lieudeiouyrdeceftepaix , fon Chancelier l empoi- fonna pour joliyr de fes Eftat« , « qu'ayant apperceti le fit prendre. & ayant confeffc . illuy fit trancher la "Apres tous les remèdes faits ^ fa maladie , Botfçay nelaiffa de mourir àCaffouie le treizième Dec^°'br^ premier que mourir fait aiïembler fes Eft«s , ai* il recommande d'obeyr à l'Empereur, & luy faué» . - . n « ^ .^^iv l<»c uns auec par les oeauAuwi.o ^ ^^t--. — -^-i— . Il cftoit fils vnique du feu Comte de Laual , pet. fils du Colonel d'Andclot , nomme leCheuahn fans ^'ll'n'auoit voulu faire fon apprenti(Tagc d'armes en Flandre,oùlagu=rre(efaia:entrelesClKeftiens. lleftoitalléchercheràlafaireaux Tuvcs^Pcu auant quepartir il fe fit inftruke des doutes & difficukez qui font furuenuès depuis Scans en la Religion a caule des nouueaux prétendus qui les ont inuentez pour faire quartier à part. Il auoit eu Tilenus pour Prece- pteur en fa jeunelfe, qui eftoit Huguenot des plus fub- tils, lequel l'auoit inftrait en la Religion prétendue Mais après quelques queftiohs qu'il fit à quelques Théologiens Catholiques qui luy ^«7"'" aiftre ponce par efcrUaefquels il enuoya auffi a fon ma ^re Tilenus,.&quiproduifitentvnemfinucdepetits trai- 6tez de Conirouerfe, il quitta la Rel.g'.on prétendue en laquelle il auoit efté noutry & mourut au dernier combat que les Chreaicns curent l'an i6os. en Hon- ^"Sr sueurs conti.ua de part 6c d'autre. Mais le Turc ayant aduis des allées & venues pourvnac- cord entre l'Empereur & Botfçay , enuoyafon grand Vtzir en Hongrie pour traiter de paix auffi auec 1 Em- Bmfcay enuoya vers le grand Vezir, qui eftoit arri- uéàBade,& demande des AmbafTadeurs. pour 1 infor- mer des propofitions faites pour lapaix de Hongrie, ne voulam contreuenir aux promefles faites au grand Turc , de ne faire paix auec l'Empereur fans luy don- ner aduis , & qu'il fit maintenu les Turcs en leur "le Vezir ne demandant pas mieux que la,paix s'y refout . tellement qu'il fat arreftéqt^e Botfçay députe- roit des Ambafladeurs de fa part à Vienne , pour faire la paix d'Hongrie entre l'Empereur & luy,& que l Em- pereur & le Vezir deputeroient pcrfonnages de quai, tépouraccor-der quelques trefues.&vuider leurs dif- fercns , & s'affembleroient auxenuirArs de Komor- rhe,ce qui fut exécuté après vne guerre de années. Le traiaé de la paix pour la Hongrie faide auec Bot- fçay au mois de Septembre i6oô. à Vienne contenoit fix articles , defquels yoicy le fommairc. ï. Qu'on vmroit en liberté de confcience , par toute * la Hongrie comme les Catholiques , Luthériens & Caluiniftes,& n'y auroit que ces trois Religions, a. Qve l'Archiduc Mathias derocureroit Lieutenant gênerai de l'Empereur par toute la Hongrie : & que tout dciiicureroit en l'Ellat qu'il eft. bon & loyal feruice , &de vuueen paix les vus auec les autres. _ / v ,t- i»Ar Cefte paix dcHongrie faite & figneea Vicnne,l Ar- chiduc Mathias enuoya deux des Députez bien ac, compagnez trouuer les Députez du Vezir , ou il fut aj^ uifé ïntr'eux des lieux qui-feroient compris enla tret. ue . & afin d'eftre plusen feurcté fur leheu près de Ko. morrhe > les Ambalfadeurs de Botfçay s eaoïgnerent de ladite affemblée enuiron fept lieues Françoiles , ah» d'eftre arbitres des différents qui pourroyent lurue^ En fin le 6. Oftobrc partirent de Vienne les Depu- tez,fouslacondui«ede Colonia Budian,& fes troupe» allansquant & euxles deuxBalfas de Bude pr.fonnie« à Vienne, l'vn nommé Soliman , & l'autre Aly, & me- noient auffi fix chariots, fur lefquels y auoit zoooo. florins,&vne horloge très bellc&quelques vafes d ar gent -, l'on deuoit faire prefent de ces chofes au grani ^Te Baffa de Bade auec vingt quatre Nauires mon- tant le Danube y arriua auffi. comme font auffi les de- putez de Botfc/y , pour donner leur conclufion a cefte ^'ïrolmez donc de l'Empereur , du Turc, & da Botfçay après plufieurs afleffiblées , en fin ,1s accordè- rent quinze articles, & les fignerent, defquels voicyle ^Thacunr'entrera en fes biens . rebaftira maifons& Chaftcaux, Se remettra en l'cftat qu'ils eftoient auant la Que l'Empereur s'appellera pere&le Turc fils > ^ fero^les titres qui fe dontieront l'vn à l'autre par leurs Amba(radeurs:&s'efcriuansrefpeaiuenrient,ilsvferon du mot d'Empereur.Sc non de Roy.les l^^^^^f^^ compris en cefte paix . auec deff.nce à eux de faire »u. cun dommage fur les terres de l'Empereur,ny en Hon- Les Royaumes, terres, & Seigneuries de la n^aifor d'Auftriche ferôt compris en cefte paix, que tous acte- d'hoftilité fe; ont defFendus.ôc les tranfgreffeurs pan.. ^^ST:^JE^^^-oftény d.utredefii.,ren^ quelquefortereffcVille, maifon. ny aucun pnfonnier & n'enuoyer aucun efpion à la Hongrie. Que m traïaé de paix fait à Botfcay feragardc d^ bomTe foy. Les marchands pourront librement tra^ quer & vc!yager fur les limites du Pays, ôf fe tiendra 4 ou cinq foires par an aux lieux qui ferononomme, pour céc eiTe£t. \ ^..rJ.ierfe ^ Les parualitcz & diuilions qui Pourront arriuer le Ion Usoccurrcnces dufaiCt , M Balfa dcBude,|^l Gouucrneiirdelauarin , & ccluy d'Efclauonic auront juthorité de les appaifer , Ôc Ci elle eft d'importance, l'Empereur & le Turc en feront médiateurs. Les pri- ibnniers feront mis en liberté félon leur qualité , fera enuoyépar l'Archiduc Mathias vn Ambalfadeur aucc prefents , comme pareillement fera le Vezir Amura- thes à l'Archiduc Mathias, l'Empereur en fera autant au Grand Turcauecvnprefcnt de looooo.florins. j Le Turc en fera autant à l'Empereur de pareille va- leur. Ceftc paix fera ferme & ftabie pour 20. ans , entre leurs Majeftez, cnfans, ou leurs fuccelfeurs, & s'entr'- enuoyeront Amballàdcurs de trois ans en trois ans, auec prefens exquis. Sera permis de part & d'autre fe faire payer de leurs dcbtes , que chacun joiiyra de tous fes priuilegcs & franchifes , comme auant la guerre, ôc Vaccia demcu- icra à l'Empereur, & Gran au Turc. Le Balfa de Bude traitta magnifiquement les Chre- ftiens , donna à chacun d'eux de beaux prefens : il y eut grande refiouylfance à Conftantinople & aux Paysde l'Empereur pour la paix. La mort de Botfçay furuenant après, apporta diuers changemens à fes Prouinces , & la paix eilantmal ob- fcruéecn Hongrie,parles courfes que faifoient les Im- périaux 8c autres. Or pour remédier à ces defordres.les Eftats deTran^ filuanie aflèmblez auec les Seigneurs de Hongrie dans la Ville de Claulfembourg, refolurcnc de ne feparcr la Hongrie de la Tranfiluanie , Apres ceftc refolution prifc , ils allèrent à IXTemblée de Clauircmbourg& edcurentle douzième Feurier 1^07. Sioifmond Ra- gothi pour leur Prince , auquel i l'inftant ils allèrent tous preftcr le feroienE de fidélité dedans la erande îglife. ^ Puis ils députèrent des Ambaffadeurs vers l'Archi- duc Mathias , le Cardinal Archeuefque dcGran y ar- iiua,& Helye Haski s'y rendit le 12. Mars atiec douze chariots , où eftoient plufieurs députez de la haute Hongrie, là lefdids Ambaflàdeurs firent à l'Archiduc Mathias, qui y eftoit , leur excufc de cette eieétion de Ragothy, ôc le fuppUercnt que fa Majeftc Imperialé Ôc luy , crcuflent qu'ils ne l'auoient faictc que par la neceffitc , Ôc k caufe des remuements que placeurs grands tant de la Hongrie que de la Tranfiluanie auoi- cnt eu delTein de faire , prctendans de s'emparer de cette Principauté & que l'eledion de Ragothy ne les eirpefcheroit pas qu'ils ne recogneulTenc à jamais l'Empereurpourleurvray Prince. Ce Ragothy eftoit vn Seigneur admirable en toute bonté, & qui n'auoit recherche cette Efleftion, auffi il l'accepta pour le bien de fa Patrie , ôc puis s'en dcfmic pour le repos d'icelle. Les Impériaux , les Seigneurs de la haute HoJigrie ( que nous auons appeliez cy deuant Heiducques J Ôc les Turcs auoient fignc les articles de la paix,mais l'ob- fcruation ne s'en fie qu'en partie. Le BalTa de Bude manda par lettres à l'Archiduc Mathias que s'il n'empcfchoi't les courfes des Impé- riaux , qu'il fcroit contraint de reprendre les armes, chofe qu'ilferoit àl'enuy , proteftant de conferucr la paixautant qu'il luy fcroit poffible. Les Garnilbns impériales ne lailTcrent toutesfois, faute de payc,de continuer leurs courfes ôc furprendre quelques places, meftKieNeuuenfcl fut vendu & huré a Colonitz le ii. Feurier. Aucuns des Heiducques mal-contens d'autre cofté, fe raifemblerent ôc fe joignircnc aucc quelques Tares, lefquels eu peu de temps fe trouuereiu cftrc vue ttouppede if. miUe-homines , allans par la Hongrie pHlaiis ôc ruinans par touc où ils pailoienc , Budros iJt pat eux pnsjDilié Ôi ruine. Du Royaume de Hongrie. 4^9 Le Balfa de Bude fit faire ce foufleuement par fa pra- tique & fit tenir de l'argent aux Chefs pour entretenir cefte mutinerie. • Pour remédier à tous ces defordres & aux murmu- res des Seigneurs de Hongrie, lefquels dcfiroient auoir vn Roy qui demeuraft dans le Pays &non k Prague en Bohême, afin que par fa prefcnce il diffipaft tous ces nouueaux rcmucmcns. L'Archiduc Mathias alfigna l'afTembléc au nom de l'Empereur à Pn.-fbourg , au mois de Juillet, où nombre de Seigneurs députez de la haute Hongrie fe rendirent. Mais y ayans fejournc juf- ques à la my Septembre ôc voyans que l'Archiduc Ma- " thias ne s'y rendoit point , ils firent vne folemuclle protcftafion par deuant ceux du chapitre de i'Eglife Cathédrale de Prefbourg qu'ayans attendu en vain fcpt fepmaincs ledit Archiduc, depuis le jour affigné pour la tenue des Eftats, qu'ils s'en rccournoicnt versceuX qui les auoient députez. Que s'il plaifoit à l'Empereur afiïgner autre jour pour tenir l'alîèmbiée Ôc le faire publier qu'ils s'y rendroicnt. Cependant que Ci on ordonnoit quelque chofè cou- ' traire aux articles de paix accordez l'an pafTé à Vienne, bien que l'Empereur la ratifiaftjils proteftoienc de nul- lité contreront ce qui fe fcroit en leurabfcnce. Cette aflembléc fut derechef indide au commen- cement de l'année iéo8. où l'Archiduc Mathias ifc trouua, ôc dont je parleray cy-dclTous. Les Seigneurs de la haute Hongrie retournez de Prelbourg à Cafibuie , y tindrent vne afTembicc le 14. 06bobrei6o7. où ils refolurent de ne poinc fcparec la Tranfiluanie de la Hongrie , & qu'il falloir pren- dre les armes pour réprimer les mal-contens Heiduc- ques , &les Turcs qui s'cftoient joints auec eux , ôc pour cet tffe&: cnuoyerent au Ba(& de Bude l'exhor- ter de faire retirer Içs Turcs d'aucc les Heiducques re- belles. Les Heiducques fe foucians peu de ce décret conti- nuèrent leurs hoftilitez plus qu'auparauant, prindrcnt encorcs quelques Chafteaux , publièrent qu'ils eftoi- cnt amis des Turcs & du tout ennemis des Vvalons & Allemands. » cnuoyerent fupplier Humanoy Gouuer- neur dcCalfouie, de releuer le Diadème qui auoit eC- té donné à Bqtfçay & le fupplicnt d'eftre leur Roy: Mais il ic mocqua de leur offre , je ne veux auoix autre Roy,leur répondicil, que l'Empereur. Bref ils faifoient beaucoup de degafts Ôc de mefchan- cetez,pourlefquclles les Seigneurs Hongrois voulans les aller reprimer , le Ballk d'Agrie leur manda de' s'en defifter, finon qu'il joindroit les Tartarcs& s'achemi- neroit à leur fecours. Humanoy ne laiffa pour cefte menace de leur cou- rir fus, il en deffit 1. Compagnies , dontilenuoya les drappeaux à Viennc,des deux Capitaines qu'il pritjl'vn fut pendu,&: l'autre palla par les armes. Ce qui augmenta d'auantage le mauuais cœur dcf- dits Heiducquesmal contcns lefquels aydezde quel- ques pièces de Canon par les Ballàs de Bade Ôc d'Agric ôc de trois cens mille ducats , allèrent affieger Filck, en ce fiege ils eftoicnt bien feize mille- hommes. Thomas Bofniac braue Capitaine,qui eftoit dedans s'y comporta fi vaillamment qu'il les contraignit de fe retirer & de leuer le fieoe. p Pendant cecy l'Archiduc Mathias delfeignoii les mo- yens comme il pourroitvnir ôc fe rendre Souueram de l AuftrichcScirie, Morauie ôc de tout ce que les Chre- ftiens tenoient en Hongrie. o Il auoit faid tenir les Eftats d'Auftriche à Vienne, l'an précèdent. Au commencement de l'an iGoSf il s'achemina à Prefbourg pour affiftcr aux Eftats d'Hongrie qu'il y auoit aÛigacz, où il arriua le i;. lanu-icr audit an, auec cent cbariou & iço.cheuaux. N agrapi 490 Du Royaume de Hongrie. Na.rani Ea.fquc de Ta.arin Se tous les Sdgneûrs rent quittet leur ««ode gagner leur vîeaueclesar; N3-rapi ^^^.^M^- . _ ^•,„^n^a^fJ^..lantdeluv le œes,lachatiuc & IclabouraPe leur cftant a dtfdam. de Hongrie cm y eftoienc , futcnt au deaant de luy le teceaoir,àfon airiuéetout le Canon tira par trois fois & tome la Ville fit de grandes rerioU)rffances pour la ^'LT'lendemain le Cardinal Archenefque de Gran auecvnc belle Compagnie de Seigneurs , y arnua aulll Se fut conduit droit au Chafteaa où eftoit loge l Ar- Hcli Haski s'y rendit aucc douze chariots, danslei- q.iels eftoient pliificurs députez de la haute Hongrie, 6c fut conduit iafqnes à fon logis , marchant deuadt luy cent harquebufiers & quarante cheuaux.car il ren- uoya le rcfte de fa conduide, qui eftoient bien '300. Ca- ualiers. r o n. Le ZI. lanuicr l'ouuérture des Eftats le ht & eltans entrez les jours fuiuans en matière ledit Cardinal & les Ecclsfialtiques vouloient que les articles accor*z à Vienne pour la paixfullent modérez. A quoy Hcli Haski & les députez de la haute Hon- gfie refiftcrent , & jurèrent qu'ils mourroient plûtoft tous que d'endurer que Ton y changeaft vn fcul mot. Et que cette aflemblée n'auou eftc indice que pour regarder à donner ordre aux troubles fuCdiélrs par les H?iducques mal-contens ôc trouuer le moyen de les appaifer. , L'Archiduc Mathias auoit amené auec luy aucuns députez des Eftats affemblez à Vienne pour lefquels, pourparuenir à fon deftein , il fit propofer aux Sei- ïneurs d'Hongrie , qu'il feroit très- vtilc dVnir lefdits Eftats. ÔC P3ys,pour vne ligne offenfuie & deftentiue. Or pource qu'il auoit trop de di&tition auiditts Eftats entre les Ecclcfiaftiqucs & les Politiques qui eftoient les Seigneurs de h haute Hongrie. L' Archiduc Mathias leur fit accorder qu ils le rap- portcroient à ce qui feroit refolu par dix du Sénat d'Hongrie & par dix de celuy d'Auftriche , à quoy ils tombèrent d'accord,& l'elleitionfaiaeils s'afletnble- tent chez Heli Haski , où les affaires mifes en dclibc- ration,iU refolurent que pour le bien de la Hongrie & dcl'Auftriche , il ne falloir rien changer aux articles delà paix accordez l'an précèdent à Vienne: & que h- oae otfenfuie deffenfiuc feroit fai6te entre lefdits Eftats Les 10. Députez ayans dreflfezdes lettres contenans les articles de leurs refolutions , l'Archiduc Mathias les fiona & furent publiez le premier de Feurier. QÎantaux troubles des Heiducques mal-contens Heli Haski &Turfo , prirent la charge d'aller par de- ucrs eux pour tafcher de les renuoyer à leur deuoir,fi- non il fuft arreftc que tous enfemblcmcnt leur deda- reroient la guerre. ^ L'Archiduc Mathias retourne a Vienncht derechet aflembler les Eftats d'Auftriche, où il leur fit commu- niquer tout ce qui s'eftoit paftc à Prefbourg , ôc que ce qu'il en auoit fai(5t n'el^oit que delà peur qu'il auoit eue, que la Hongrie ne fuft diftraite de l'Empire, tant par les Turcs que par les Seigneurs de Hongrie & qu'après cette diftcadion toute la guerre ne tomba fur l'Auftriche. Aulïi il les aduertiffoit de donner ordre a faire viie Ipuée de deniers ôc la tenir prefte pour payer l'armée qu'il faudroit leuer . les Heiducques rebelles ne vou- loient mettre bas les armes , vers lefquels Tuclo s'e- ftoit acheminé pour les y induire. !l fut remercié au nom cjes Eftats , comme eftant ieuï proteftcur &c bien-faic1:eur auec promeftcs qu'eu toutes les cntrcprifes qu'il voudroit faire, de fuuue fa volonté Ôc l'aydcr de leurs vies & de leurs biens. Tufio s'cdant acheminé vers les Hîiducquts mal- conicns , les prie& les conjure de donner repos à leur patrie • mais lourds à fesrcmonfttanccs, lis tiC vuLilu- œes,la charrue & le labourage leur eftant à dtfdain Ce qui contraignit les Seigneurs de Hongrie de publier vne manifefte > afin qu'vn chacun fèpreparaft pour prendre les armes contre eux. Par ce manifefte , ils eftoient appeliez ennemis de la Hongrie, rebeltcsjperturbateurs do repos public, pcn- fionnaires du Turc , ôc qu'ils fc vouloientallcr joindre aux Tertares, lefquels deuoienten peu de jours fe ren- dre à Belgrade > afin d'acheuet de piller & ruiner la Hongrie. L'Archiduc Mathias qui pour l'exécution de fon deflcin auoit recogneu qu'il leur falloir auoir la paix en Hongrie, tant auec le Turc qu'auec lefdiéls Hei- ducques mal-contens , donna charge à Heli Haski qu'en vn mefme temps il pratiquaft auec les Turc» vn pourparler pour mettre ordre à tant de defordte* qui eftoient aduenus depuis la paix , ôc de pratiquer parmy les Heiducques le plus de gens de guerre quU pourroit & les attirer à fa foldc , afin que les plus opi- niaftrei qui refteroient auec la racaille fuifent con train» de fe diuifer , prendre party , ou foigner de viure ttt paix. Heli Haski fe comporta en cet affaire auec telle d^e». terité , qu'il arriua quinze compagnies de Caualeriè Hciducque à la folde de l'Archiduc , tellement qu'en vninftant on ne vid qu'vne diuifion parmy eux , cha- cun prit party & cefte grolfe maife de gens fut en peu de temps du tout difperféc. Quant aux Turcs le Beg de Cap , Député du BafTa dé BudevintàNenhenl'el, où plufîeufs clifEcultez,fuiue- nuës fur les articles de paix furent terminées. Gabriel Battory, vray héritier des Princes de TranfîL uanie qui s'eftoit retiré vers le Turc fut remis en £t principauté. EtSigifmondRagothi , qui aùoit eftc efleu après là mort de Botfcay la luy céda , fe retirant à Sarente , àt feurant par lettres Battory qu'il n'auoit accepté l'elc- 6tion que l'on auoit faidtede fa perfonne , que pour eœpefcher les troubles entre les Grands qui ptetcn- doienr d'vfurpcr ôc troubler cette principauté. L'Archiduc voyant que tout luy fuccedoit à fon fouhaitjfâit publier le dernier de Mars vn mandement à ce que toutes fcs troupes, tant d'Hongrie,d'Auftrichc que des Heiducques nouuellement remis eufTcnt à (é rendre dans le 14. d'Auril fur les frontietes de Mota- UJC. Au commencement d'Auril, fur l'aduis qu'auoit eu l'Empereur de ces leuccs d'armes ( que l'on difoit eftte pource que fa Majefté Impériale ne vouloir ratifier le iraiftédepaixfaiét à Viennejil enuoya le Cardinal Di- triftchtin vers l'Archiduc , lequel luy porta la ratifica- tion de tout ce qui auoit efté traidc tant auec le Turc» qu'auec les Seigneurs de Hongrie. Mais auec cette claufc que la ligue ofFenfiue ôc dcf- fenfiue faide entre les Eftats de Hongrie & ceux d'Au- ftriche à Prefbourg fuft rompue. A quoy l Archiducrefponditqnecclane fcpouuoit faire fur quelques demandes il rcnuoya ledit Cardinal, lequel ayant recogneu que le defTein eftoit autre que la plainte qui fe faifoit en aJuertit l'Empereur , ahn qu'il donnaft ordre à fa feuretc. Sur cet aduis fa Majefté Impériale fit incontinent afTemblerlcs Eftats de Bohême à i^taguc, mande à tou- tes les Villes de fc tenir en armes & de luy cftre fideL les, faidt Icuer le plus de gens de guerre qu'il peut , tant de cheual que de picd,lelquels il loge près de la perion- ne dans Prague , les djltnbuë melme par les maifons des Bourgeois , il tcfciu aux Efi-^dcurs, Princes &Ef- tats de l'Empire de lày enaoyer Iccours. L'Archiduc Mathias adueiry que TEmpcreur auoit pris i'alarmc.pau de Vienne le if . Aur.l 6c le z-f. arriuc à ^zauaym Du Royaume de Hongrie. d'auec l'Auftrichc , où il auoit donné le rendez- vous à Toutes (es troupes : outre vn grand nombre de Sei- gneurs d'Auftrichc, de Hongrie, de Morauie & de'Si- Icliequil auoit attirez à (on party, & trouua fori armé^ compofce de lo. mille vieux foldats tant de pied que de chenal & de iS.picccs de Canon. Les DepuKZ de Moraine le Furent receuoir fur la frontière aucc 4oo. chenaux qui Kiy offrirent tout fe. cours Ôc fidélité pour leurs Prouinces. Il fit publier des lettres qu'il addrcffoit aux Eftats de Bohême, dans Icfquelles il enjoiqnoità toutes les Vil- Jes d'enuoyer le 4. deMiy deux Députez à Czalla Se qu'ils entendroient de fa bouche la caufe de la prife de Tes armes. Siirces icttrcslcs Magiftrats de Prague furent trou- uer l'Empereur, lequel kur prefentant la main les éJc- horta deluy prefter fidélité commeilsaucyenifaid' par le paifé. puis pour marque de fa bien-veillance il leur redonna certains Priuileges que fon ayeul Ferdinand leurauoic oftez.Toute la Bohême à l'exemple delà Ca- pitale , le mit en armes pour l'Empereur & nulncfc trouua à Cz fl i. " ^ Sa Majeiié Impériale pcnfant faire arrefter en Mo- rauie l'Archiduc auec fon armée fans qu'il entraft en Bohême , enuoya derechef le Cardinal Ditrichftin pour entendre fcs plaintes. Le Nonce du Pape refi- dant à Prague & plufieurs Ambalfadeurs de diuers Princes s'acheminèrent versluy. Mais en chemin ils eurent aduis qu'il eftoic defîa entré dans le Pays , & tenon le chemin de Czafl;q , où les AmbalTadeurs de Saxe & de Brandebourg le furent trouuer le nenfiéme May. .Se le prièrent de ncpalTer outre, d accorder vné tiefue de huid jours afin de traiftcr & de pacifier ce trouble. Ce qu'ils ne peurent obtenir, bien qu'ilsluy ■emon.trallént que leurs Maiftres eftoientobligeiz dé lonnerfecours à l'Empereur, tant à caufe de leur Elc- :torat. que pour l'alliance qu'ils auoient auec le Roy- 1. v^ouronne de Hongrie iumedeBoheme,melmcsqu'ilss'armoient&qu'ily ! l'Archiduc Mathias , luy cederoit le Royaume remet ■uoit de/ia du lecoursaduancé juflpes fur lesfrontie- trou le fermentau. Hongrois à condufon qu'iîsTeâ efliroicnt point d'autre que luy 49^ prefenterent plufieurs articles f ir Ir. règlement de là *Iuftice & Police , aufquels il fie faire léfponçe ^i: fut contraint d'accorder ce qu'ils demandoient , excepte en ce qui concernoit la Religion qui fut remis .i la prochaine affcmbicc , afïigncf au jour de S. Michel. Pour ratifier les articles accordez, l'Empereur alla en perfonne'cn l'kiTemblée , le Sieur de V.ildftcin tenant l'efpée niic deuant luy en laquelle les Eftats après lâ Harangue faifte jurèrent d'employer leurs vies & leurs moyens pour fadidc Majefté Impériale, Sur la fin du mois de May aptes plufieurs allées & venues fur 1 hcuaux en diligence, les Hulfarrs les ayans decouuetts 'en retournèrent au camp de l'Archiduc fans rien en- ■ cprendre. L'Empereur fe trouua lors auoir dcuxen- cmis à cornbattre,fon frère hors les murailles de Pra- ue & dans la Ville l'alfemblée des Eftats de Bohême, ncores les Députez de cettejjpmbléc de diuerfes ^chgtons , ceux de la ConfeffliR de Bohême & ceux e celles d' Au/bourg, luy demandoient que lesEccle- aftiqucs. n'eulfent plus à fe melîer deschofes Politi- iiies>ne jugeaifent plus les difficultez lurles mariages '< n'acqueftaftènt plus d'immeubles fans le confente- Qcnt des Eftats. Qu'il donnatt permiffion d'eflire vh '"^graue. Que fi le Burgraue eftoit Catholique Ro- nain , que le premier Prcfident fuft Proteltant. Qoe .outes perfonnes fans auoir égard à leur Religion fui- ent adrtifes à tenir Offices de judicature. Bref ils luy Qu'à la première dime Impériale , îuy Empcreuc feroit propofcrlebefoing que l'on auoit de ieuer vné contribution pour payer les gens de guerre qu'il fauc entretenir fur les frontières du Turc en Hongrie. 3^ Que tous les titrej,enfeigneœens& Priuileges corii cerhansle Royaume d'Hongrie > /croient baillez dans deux mois audit Archiduc. 4. Qu'il cedetoit audit Archiduc &.à fes ehfans malles toute l'Arehiduché d'Auftriche , fans s'y referucr au- cun droiâ: & kiy en feroit ddiurer tous les titres Ôc enfeignemens qu'il en auôit. |. Que les Eftats de Bohême ratifieroiéht la paix fai- 6le auec les Turcs & les Seigneurs d'Hongrie, au noiii & du conféntément de fa Mijcfté Impériale. 6. Que fi l'Empereur mouiroit fans enfanS flrtaîîes.qiié rArchiduc luy luccederoit au Royaume de Bohemei ce quelcs Eftats du Pays ratifierbient Et fiquélq u'vn àuffi auoit des erifans liiafies Ôc qu'il mouruftles laiftànc eh bas âge, que l'Archiduc ici cife leur Tuteur & gouucrherbit la Bohême en leur minoi rué auec les Eftats. 7. Que l'Archiduc promettroic par efdrit aux Eftats de Bohême '( en cas que le Royiumc luy aduint par lé- gitime fucceffionjdê prefter le ferment pour la conlfcr- uatibn dé toUs leurs Pria-iieges , ainfi que IcsRoys de Bohême onf âccouftnmé de faire. 8. Qiie l*Archîduc mettroiii ch fés titres & qualitez deugné Roy de Bohême. 9. Qiic l'Archiduc & fes héritiers aurbiént auiïi l'-id- minlftration de la Môrauie auec titre de Marquis. 10. Qucl'Euciché d'Olmuts 9 lequel a fefté de tout temps Du Royaume d temps rubjcélpourleTemporel au Roy de Bohême ne rccognoiftroit d'orcfnauant eti la tcmporaluc que ledit Archiduc II. Que l'Empereur à l'imercelEon de l'Archiduc con- fcrueroit les Priuilegcs de la Silefic iz. Que les Eftats de Bohême pour la conleruation àès frontières de la Hongrie contre le Turc en temps deguerre,nc contribueroicnt point d'auantage quils auoient accouftumc de contribuer , fauf à l'Archiduc d'vfcr de la mefme liberté enuers eux comme l'Empe- teur s'eftoitreferué. ^ 15. Que de toutes les Prouinccs cédées à l'Archiduc. l'Empereur ne laiflcroitpas d'en porter letitre. * 14. QuerArchiducMathiasrenonceroitàlapartquU teooit en la Comté de Tirol & la cederoit àl'Empe- ""Ou'aux afTemblces des Eftats defdits Pays cédez, l'Archiduc foigneroit qu'il fe fift vne annuelle contri- bution pour l'Empereur. . . lé. Quecequis'eftoit pafle durant ce trouble tant de party que d'autre ne fcroit nullement recherche, ïj. Que l'on mettroit bas les armes. • Ces articles eftans leus . accordez ôc fignez des vns & des autres , la Couronne de Hongrie aucc toutes les marques Royales , fçauoir refpce du Roy Eftiennc, la pomme dor,lesbroquedins , vn vertement fort anti- qne& le Sceptre Royal , furent enuoycz pan l Empe- reur jufquesaucampdel'Archiduccequcl'on ht auec beaucoup d'apparat & de magnificence. Car l'Archi- duc fit mettre fon armée en ordre de Bataille diuifce en auant garde bataille & arricrcgarde & luy au deuant de la Bataille accompagne d'vn grand nombre de Sei- gneurs receut lefdits ornemens Royaux après laquelle réception toute l'artillerie fat tirée par trois fois & tous les foldats tirèrent auffi chacun trois coups ; Puis l'Archiduc Mathias inuita & conduifit au fcftin les AmbafTadeurs de l'Empereur , auquel feftin fe trouua le Compte Palatin de Ncubourg. Ce fait pluficurs fol- dats de l'armée de l'Archiduc cntrercnt^dans Prague pour achepter leurs necefficcz & ceux de Prague alle- rentaulE voir le camp de l'Archiduc. Mais ceux de l'Archiduc pcnfercnt cftre caufe d vn grand tumulte dans Prague , car il y euft des Hongrois qui de nuid furent au quartier des luifs où ils volè- rent quelques boutiques, dans lefquelles il y anou des marchandifes exquifes, mais ils en furent quittes pour laprifon. Au commencement de Iiiillet l'Archiduc ( que nous nommerons cy-apres Roy de Hongrie^ leua fon camp de deuant Prague & prit le chemin de fon retour vers Vienne , feparant fon armée en trois afin de cheminer plus commodément & à la moindre foule des Pays par où ils dcuoicnt palfer. Mais Parovits Seigneur Bohemien,par les terres du- quel les Hongrois & les Heiducques auoient logé en leur venue & où ils auoient faid quelques degats, les attendit en leur retour au partage des forerts & auec 600. harquebufiers leur drelTa vne embufcade h à pro- pos qu'il y en demeura 900. fur la place. Les defchargeans aufB d'vn grand nombre de che- uaux, de beftail, & de butin qu'ils emmenoientdcBo- heme. , Tous les Hongrois falchez de cet efchec , commen- cerent à piller , rauager & mettre le feu par tout ou ils palfoient & enflent continué fans les dettences que leur en fit faire le Roy fur peine de la vie. Ceux de Vienne auertis du retour dudit Roy leur Archiduc & de tout ce qui s'eftoit paffé à Praguc.& comme ileftoit dcuenu leur fouuerain Seigneur, luy préparèrent vne magnifique entrce.laquelle ie fit le 14- luiUet.L'Archeuefquc d'Hongric.le Comte de Trant- fan auec ceux du Confeil Impérial luy furent au de- e Hongrie. . uant ÔC ayans parté le pont de Tabor Us le rencontre- rent entre huia enfeignes de Lanfquencts & qui«izç cens chenaux drertez en ordre de bataille, l'Archcuef- que luy fit vne harangue,le Comte de Ttantfan luy en fitvneautre au nom des Eftats d'Auftriche , l'aflcu. rantde leur fidélité & de leur obcyffance, puis en luy baifans la main droite le congratulèrent de fa nou- uelle fouuerainetc & de fon heureux voyage & les remercia tous de leur bonne affedlion. Cefaiâ: on s'a- chemina pour entrer en la Ville. r • j • Deux compagnies de gens de cheual foriies de Vien- ne de cent hommes chacune, marchèrent deuant, puis lefdits quinze cens chcuaux menez par Buchein.fuiu» de huia enfeignes de Lanfquencts vne trouppe de Noblcffe . les Confcillers Impériaux & après eux le Roy auec fon frcre l'Archiduc Maximilian & toute leurfuittc. Ayant palTé le Pont de Tabor & litois arcs tnom-. phauxque l'on y auoit dreffez de diuetfes branche» d'arbres , il fùtfaliic d'harquebufades & moufquctades par vn bataillon çarré de 3000. hommes habitansd* Viennclefquels cftoient richement vertus & armez. Arriué à la porte Henkel , où le Sénat l attendoir. il Ce mit fous le Ciel porté par fix Sénateurs ôc fut anji conduit tout à cheual , jufque à la grande' EgUfe famg Eftiennc. En chemin les Juifs par certaines ceremom» qu'ils firent, luy demonftrcrct la jeye qu'ils auoiet d e- ftre dcuenus fes fujefts. LeClergé le receut à la delcen- te de fon cheual près l'EgUfe S. Eftienne , ôc le mirctf & menèrent fous vn Ciel jufques dans l'Eglifclàoùil fift prières à genoUil. Puis remonta à cheual & foirt le Ciel porté par lefdits Sénateurs , il fut conduit aa Chafteau,pafl"ant fous plufieursbeaux arcs triomphaol remplis de peintures, deuifcs. vers & trophées , tai- tes en fon honneur. Les rues eftoicnt toutes jonchées de branches d'arbres,d'herbes ôc de fleurs. Tout e Ca- non fut tiré plufieurs fois Ôc cette ferée fut efclaiici* çl'vne infinité de feux de joyc que firent les Habitani de Vienne pour leur nouueau Prince. Au mcfme temps vint aufïï à Vienne l' Ambartadetti desTurcsenuoyépar IcBafTadeBude, pour la confir mation de la paix, lequel fit quelques prefents au Roy entr'âutres d'vn beau cheual , & ayant eu audience 1( 17. Juillet, il s'en retourna auec la ratification qu'il de mandoit & quelques prefents.Puis le Roy enuoya au( fi àConftantinople vn Ambaifadeur auec riches pre fcnts, comme il cftoit accordé entr'eux. En Octobre la Cercnvonie du ferment folemoeld fidélité que deuoyent les Eftats d'Auftriche au Ro) comme leur Archiduc , fe fit en la grande Eglife Ciitit Eftienne. '* ** En laquelle les Proteftans ne le trouuerent poini pourceque le Roy par le Confeil de l'Archiduc Léo polde Euefque fdu PaiTau , du Cardinal Mclin Nonc du Pape , & du Cardinal Forgat Euefque de Vienni auoit faid publier vn Edid portant deffcnceà tous 1( fub)ea:s d'Auftriche de faire aucun exercice de Rel oion Proteftante. Cét Edid fut l'occafion de nouueat troubles , pource que tous les Proteftans s'aflembl rent à Horne,& firent publier leur protcftation coW l'Edia du Roy, auauel ils enuoyerent vne Requefte I gnée de 150. Scign^p,Gouucrneurs & Capitaines, laquelle on ne voulut faire refponcc. Ce qui leur fit encore efcrire le 14. Septembre vi autre lettre aux Seigneurs CathoHques Romains, po tant que s'ils preftoient le fermée de fidélité audit R" Archiduc, auant quelctroublc en la Religion fuftp cifié , ils ne Ce pouuoiét excufer d'eftre caufe des ma qui en aduiendroycnt puis après. Mais afin de n'eli furpris audit Home par le Roy, ils Icucrent des ttpu pes , munirent les places dont ils Ce peuient erroai ôc fe préparèrent pour dcftendre & artailtir. Cel pourqu Du Royaume de Hongrie. 49 j Les Seigneurs Hongtôis charget-ent Turfo de par- ler à l'Archiduc, Maximilian pour lé prier d'intercéder en ce différent Se appaifer ce trouble. Mais l'Archiduc en ayant communiqué au Roy Mafhias , ii leur répon- dit. pourquoy à la prédation dudit ferment de fidélité que firent les Seigneurs Catholiques Romains Au- ftricliiens le dix-huidticme dudit mois , les jjortes de Vienne furent fermées durant qu'il fut faiiSt. Voicy les cérémonies qu'on y obfcrua. Le Roy partit fur les 8. heures du matin du Oha. ftcau , Se s'en alla à l'Eglife faindlEftienneouïr MelFe, tout le long des rues les bourgeois eftoicnt en hay< des deux coftez. Nombre de Gentils.hommes alloient de- uantjles Magiftrats de l'Hoftel de Ville de Vienne mar- choient après, puis les Sénateurs 8c Officiers Archidu- caux:les Seigneurs de qualité . Maximilian de Lichten- ftein, portoit l'cfpcc nuè'deuant le Roy, lequel auoit à fa dextrc fon frère l*Archiduc Maximilian , à fa fene- fttc Ibn coufin l'Archiduc Leopolde,quelques Officiers de leurs maifons 8c leurs gardes les fuiuoient & fer- œoient l'ordre de cette cérémonie. La MclTe difte on retourna au Chafteau au meCme ordre , où le Roy comme Archiduc d'Auftriche affis fur vn Thrôncefleuc.couuert de drap de foye rouge, ayant à fes coftez Icfdits Archiducs , reçeut le ferment de fidélité de 60. Nobles fuiuant laledture qui en fut faide par Crouburg , puis en figne d'obcïflànce , ils touchèrent dans la main du Roy ,1e recognoiflans pour leur Archiduc. Durant cétadbc le Canon tonnoit de tous coftez & les Trompettes 8c Tambours remplif- loicnt l'air defanfares.De là on alla au feftin. Le Roy Archiduc cftoit en vne table à part auec lefdits deux Archiducs. Les inuitez au banquet eftoicnt en hui6l autres tables : après lequel on alla courir la bague , où Colonils emporta l'honneur de la courfe. Trois jours après cefte cérémonie le Roy Mathias partitde Vienne &s'enallaàPrefbourg, où ilartiua le XI. Octobre. Les Seigneurs de Hongrie l'y rcçeurent en toute magnificence & en cette entrée il y auoit plus de dix mille hommes en armes. Le (î.Nouembre on luy prefenta les articles fuiuans conformes à l'Edid de pacification faid à Vienne l'an i6o(j.mais portans explication de quelques doutes. 1. Que l'exercice des Religions proteftantes demeu- rcroit Hbre par toutes les Villes & citez, mefmcs en ceU le que le Roy eftiroic pour fon fiege. 2. Que nul Gouuerneur Allemand ne feroit mis ert ïucune place d'Hongrie, & qu'àIauarin,Komorre, & Viuar,ony mcttroit des Garnifons naiz en Hongrie. 5. Que la Couronne de Hongrie feroit gardée par per- fonnes fccuHeres. 4. Qu'auant toutes chofes on efliroitvn Palatin: 1. Que le Roy feroit fa refidence dans le Royaume, fi- lîon que le Palatin auroit toute la pui (Tance des affaires >uec les Sénateurs , & que ce qu'ils ordonncroient , le Roy l'auroit pour agréable. S- Que nul eftat ne feroit vénal, & qu'on n'en donne- roit qu'à perfonnes naiz en Hongrie. 7. Queles Icfuites ne feroient tolérez dans l^Royau- ine»& quel'on ne donneroit point tant d'abandon aux Ecdefiaftiques, comme on auoit fait parle pafté. 8. Que les comptes des deniers Royaux ne fe rendroi- ent qu'en la Chambre des comptes de Prcfbourg. 9 Que toutes monnoyes eftrangeres feroient mifes au billon. 10. Et fi le Palatin mouroit , que dans vn an on en efli- roitvn autre > pendant laquelle eleélionles Prcfidents de la Cour en chaque Prouincc gouuerncroient. Les Proteftans d'Auftriche enuoyerent auffi leurs Députez à Prefbourg vers les Eftats d'Hongrie, leur Requeftc eftoit. Que ne pouuans obtenir du Roy Ma- thias le libre exercice de leur Religiô, tant dans les Vil- les que dehors & qu'ils eftoient ncceffitez de s'armer pour en jouir > ils les rcqucroiçnt de leur donner fe- cours promis par la Ligue ofFenfîuc & deffenfiuc 1»»- ile entre l'Auftriche & la Hongrie. Que le Roy h'auoit jamais pcnfé d'apporter aucutl changement , ny troubler la tranquiîité publique en Auftriche, contre les priuileges que l'Etr.pcreur Maxi- milian leur pere y auoit oftroyez. Mais quant au faiÀ qui feprefentoic pour l'eftablillemenc de l'exercice li- bre de la Religion proteftante dans les Villes, que fâ Majcfté ne le pouuoit permettre par nulle raifon : par. tiepour la confcienccpartie pour le teal &dangerqu6 l'on en dcuoit craindre de la part de fa Sainteté 8c du Roy d'Efpagne fi cela fe faifoit : Toutesfois qu'il auoft parole de fa Majcfté que fi les Proteftans en Auftriché vouloicnt mettre les armes bas, fe foufmetcre & re- cognoiftre leur faute , bien qu'ils n'eulfent point l't- xercice libre de leur Religion dans les Villes il leur fe- roit toutesfois permis hors d'icelle. Et pour le regard des offices publics que fa MajéftI en pouruoiroit fes fiibjeéis qui en feroient capables fans acception de Religion, Qiics'ils obeyfl'oientàla volonté de fa Majcfté » ils gagneroientplus que d'vfer derefiftancci LesHongroisayans receu cefte refponce admonefté- rent les Proteftans d'Auftriche de mettre bas les armes & de fe foûmettreàla volonté du Roy,lcur difans. Nous ne pouuonç vous ayder de gens deguerrCf ny les enuoyer en Auftriche qti'auec vn cuident danger: & puis ce feroit faire comme celuy qui jetteroit l'hui- le dans vne fournaifepour en efteindre le feu.La Ligué faiiàe entre la Hôgrie & i'Atxftriche eft générale & eft autant faiâe pour les Catholiques Romains.que pour les Proteftans. LaReligion ne fe plante point par It Cimeterre. lefus-Chrift a prefché que bien-heureux eftoiènt ceux qui fouffioyent perfecution & a commandé à faind: Pierre de remettre fon glaiue dans la gaine. Il eft facile d'exciter des troubles , mais de les appaifèr il eft difficile. ; Auant qu'entrer en guêtre il faut aduifei: quelle firt elle pourra prendre: fi les Catholiques Romains de- meurent viâorieux fur vous, vous perdrez dutoutl'é- xercicc libre de voftre Religion. La Hongrieeflant entrée en voftrè deft'cnccen pour- roit encourir beaucoup de dangers , car de nouueauJt troubles non feulement s'y pourroient fou(îeuer,mais il feroit à craindre que quelques Princes ne l'cnuahif. fent par la forcer L'Empereur ayant perdu le droicl qu'il y aje pour- roit bien pourfuiurepar les armes.Le Turc en rompant 1.1 trefue iuiuant fes vieilles prétentions fe la pourroit toute alfujettir. Sa Majcfté qui vous veut promettre de compoftt •^ous ces diffijrens, pourucu que vous mettiezlesarmés bas , monftre en cela fa bonté & clémence. Les Hon- grois n'entreprendront plus aucune chofe contre leur Roy. Que s'il aduenoit que les Archiducs frères mou- ruftèntfàns enfans &que i*adminiftration deleur Païs vint à l'Archiduc Ferdinand 5 il y auroit quelqué appa- rence que nous vous donnerions fecoursiLa Moraliié eft vne Prouince libre,& toutesfois elle n'a prins pour feiïreté de viurc en liberté de Religion , que la fimplé parole de fà Majcfté.Or polirce que les euenemcnts de lagaerrefôtdoubteux iScquel'ô ne la faiâ:poinâ: fars vne exceffiue dépence d'argent, nousauons bien vou- lu vous aduertir de mettre les armes bas Ôc que pai^ prières & Requèftes vous donniez occafioa au Koy de vous accorder ce que vous defirez. Les Députez Proteftans d'Auftriche, âyans éu con- tre leur inscntion vne telle refponce i s'erl rctourné- •' ' - Te tqpt Du Royaume de Hongrie. 494 rent affez mal.ratisfaitsdes Hongrois. Du depuis par l'intcrceffion des Morues ils obtindret après vn peu de ^erre , la paix & vne partie de ce qu'ils demandoiem. Les articles que nous auons dit cy-dcflus auoire te prefentcz au Roy Mathias le 6. Nouembre par les Hongrois.furent vn peu difputcipar les modifications que le Roy voulut y eftre apportées. En fin Helie Haski fut cOeu Palatin Se Mathias proclamé Roy de Hongrie dans Prefboura.lc H- dudit mois. Le i9.»l "t Couronné dans l'EgUfc S. Martin , voicy les cérémo- nies. La Couronne fat apportée depuis le Chalteau iufques à l'Eglife fur vn chariot Royal auec dix cnfei- gnes du Royaume , pliées & le coffret couaert dVn drap d'or , le tout fut dans la facriftie de ladtcc Eghtc. Quatre des premiers Sénateurs par le chemin eiloient au;^ quatre coings du chariot & tous les autres Séna- teurs & grands Seigneurs de Hongrie le famoicnt. Le Roy Mathias demie heure apres.ayâtfon frerc l'Archi- duc Maximilian proche de luy, arriua àladide Eghlc. deux Euefqucs le-vmdrent quenr pour le mener à l'Autel. Deuant luy dix Seigneurs portoient les du en- feigncs. Le Comte Budiani portoit la Croix,Tleik a paix.Turfol'efpéc Royale, Endeodi le Sceptre , &le Palatin Helie Haski la Couronne. Le Cardinal Forgats , faifoit l'office affifte de plu- fieurs Euefques & Prelats.lequel oignit & facra le Roy des le commencement delà MelTe. ., , ^ Pendant que l'onleut rEpittre.^ l Euangile.le Car- dinal mit la Couronne fur fa tefte,& tout le PÇap e e mit à crier. VmeleRoj d'Hongrie. Sur la f^n ac a Metle ayant la Couronne fur la tefle , il prit 1 efpee dcgaince quetenoitSigcfnd , Colonis Marefchal d Hongrie laquelle par trois fois il letta fur les Ecclefiaftiques en forme de Croix , puis il receut la Communion delà main dudit Cardinal. ^ , . ç,,.,^ LaMefTe didconfit largefTede piecesdor &:dar. e<-nt , & à l'inftant le Roy entra par vne gallene de 1 h- gUfe deS. Martin dans celle des DefcliaulTez, ou après que l'on y euft dit l'Eaangile il fit ii. Cheuahers. De là eftant vetlu des ornements Royaux , la Cou- ronne en la tefte monte à cheual , il forcu par h por,:e faina Michel & arriua à vne Colomne que Ton auoit couueite d'vn drap.il prefta le ferment aux Hongrois & eux à luy. , , . ^ . , ^ En fin il monta fur vn chenal inftruit à fauter vne butte de terre , lequel il fit fauter trois fois par dedus, & puis il ietta encores par trois fois en forme de Croix rcfpéecn l'air. Cela fait il retourna au Chafteaa , ou le fcflin eftoit prepaié.L'AichiducMaximilian,le Cardi- nal Forgats, leNoncc du Pape & le Palaiin, Helie Haf- ki,difncrentàfatable,les autres Seigneurs au nombre de 10. difnerenten fix autres tables, lajoye fut grande en ce feftin. On donna à la populace fix bœufs &r 6o. cruches de vin & aux Hciducques quatre bœufs &c cent ^"^Ïe facte & Couronnement parachcuc , le Roy fit accommoder vn lieu dans le Chafteau de Prcfbourg pour garder la Couronne & les ornements Royaux de Hongrie. Puis s'addonnant k plufieurs def^reigle- ments en la Police, il fut comme contraint par les Sei- sncurs Hongrois d'ofter aux Allemands les offices & charges qu'Us tenoient en Hongrie. & en pouruoir d'autres qui fuffent du Pays. Il luy fafcha fort & à l'Archiduc Maximilun que Colonis fut priué de l'office de Marefchal d Hongrie^ Il remonftra les grands feruices qu il auoitfai ptiô dudit Roy côme Elc6teur de l'Empire, pour auoir voix àTeledion nouuclle de l'Empereur à Francfort. Mais nonobftant toutes ces oppoficions des Bohé- miens ledit Roy Ferdinand futefleu Empereur des Ro- mains le 8. Aouft léio. Ce que voyant lefdits Eftats de Bohême , qu'ils n'a- aoicnt peu empefcher fon élection à l'Empire , le 19. Aouft lefdits Eftats auec ceux de Silcfie & Morauie s 'aifemblerent à Prague , conclurent Se proteftcrent par ferment de ne rccognoiftre jamais l'Empereur Fer- dinand pour leur Roy , &arreftcrent qu'il feroit pro- cédé àleledion d'vn nouueau Roy. Le 16. Aouft les E..acs de Bohême cftans derechef jnemblcz eflcurent pour Roy de Bohême Frédéric V. Pilatin du P.hin qui accepte la Couronne de Bohême Du B^oyaume de Hongrie. grie & les otnerrets Royaux, & U'appetit des rebelles Hongrois il fe déclara & fit ellire Roy d'Hongrie le iji Aouft i6zo. Orpôurvoirtout le procédé de ce Prince j'adjou- ftciay icy la teneur del'edit de l'Empereur Ferdinand publié contre ledit Gabor,oil fe voyent les a<5les d'ho- ftilitc qu'il a commis fur les fujcftsde fa Majefté Im- périale. Ferdinand fécond du nom par la grâce de Dieu eÛca Empereur des Rbmains.toufiours Augufte, Roy d'Al- icmagncd'Hongrie, de Bohême, Dalmatie, Croatie & Efdauonie, &c. Archiduc d'Auftrichc, Duc de Bour- . gongne, Styrie, Carinthic, Gorniolc de Vvrtcmberg. &c.GomtedeTyrol,&c. A tous & vn chacun de ceux qiii lie f; font rendué dignes dé noftre grâce & bien-vcillance Impériale Royale. G'cft chofc trop hotbire &rtianifefté à tolis,& fem- blc fuperfluë à tous de repf cfcnter par vne longue fuit- te de difcoursjco^bicn font déplorables les feditions, iebeiIion%"& efraotions ciuiles , quels rauages , pille- ries,meurtrcs,degacs& autres calamitezcxtremes vonè • accablans ôc confommans noftre Royaume d'Hon- grie. Et encore que nous ne puifiions regarder fans eftre touchez dVne cdmpalïïon & affedion pcrpetuel- le,la face de noftre cher Royaume propofée deuant nos yeux toute défigurée & affligée i comme audî les mifc- res extrêmes defquclles nous fommes maintenant op- preftez, & qui fans doute tomberont de noftre dit Ro- yaume pour le trop grand voifinagc d'vn ennemy trcs- puiifant. Toutesfois deuant lê grand Dieu immortel Se tout l'Empire Chreftien , noftre conlciencc ne demeure pas pcuconfolée, en ce que par Iq témoignage deîioftre innocêce nous fommes aflèurez n'auoiren ce mifera- blc & piteux eftat de la Patrie, jamaià efté donné de no- ftre part aucune feule caufe ou dccafion.ce qui fc vérifie par le tefmoignage publicde noftre. dit Royaume de Hongrie , infère dans les Décrets publics des aftera- biccs. Car en premier lieu nouS he fommes point par- uenus à la Couronne de Hongrie , ôc grandeur de la Majefté Royale, parlavoye de force» par les armes ou Se fe rend Chef du party, ligué contre l'Empereur Fer- par brigues Ôc chemins obhques défendus par les Loi^i dinand. Plufieurs faux bruits fe femenc contre les ac :ions & intentions de l'Empereur, les Bohémiens atti- rent les Proteftans d'Auftrichcde leur cofté,voire mtf- me ils pratiquent la reuolte des Hongrois qui preftent l'oreille à leurs femonces pour fc tirer de la domina- :ion de l'Empereur. Pendant la continiiatitJii dë ces troiibles au fujefl de a reuolte des Bohémiens. CommandoitenTranfilua» lie vn VaflTal du Turc nommé Bethléem Gabor , ou 3abricl Bethléem , or cetuy-cy aififté de l'armée du Furc fc rend maiftre de Tranfiluanic , après auoir dc- jolfedé delà Principauté fonSouuerain Seignitiir Ga- jrièl Battory, auquel il eftoit oblige par ferment,&en în le fift mourir , Se occupa comme il occupe encdre lujourd'huylaTunfiluanicjfaifant feinte pour fe con- eruer en cefte vfurpation , de contrader amitié auec .'Empereur, cequ'il fit,mais il faufta îoute promeftc Se ferment Se voyant comme la Hongrie à l'exemple des Bohémiens , fttrouuoit alléchée de fecou'ër le joug de l'Empereur j voyant alors l'occafion fauorable de pro- ît de la rébellion ôc foufleucment des Hongrois con- tre l'Empereur, fe rei'oultdeles affifter Se de jctter vne puilfante armée en Hongrie pour conquérir ce que l'Empereur y tenoit,& enuoye des trouppes aux Bohé- miens pour de leur cofté fortifier leur rébellion , ce qu'il projctta luy vint à fouhait,fait de grands rauages en Hongrie, en Auftriche Se Morauie , le faifit de plu- fieurs ViUes.nommément de Caiïbuie Se de Prcftiourg, Se de fon Cliaftcau d'où il enleua la Couronne d'Hon- ainfi que quelques- vos fuiuant l'exemple de nos re- bellés de Bohême nous ofent cffrontcmcn't objeâreri mais par voye Se raifon tref-jufte , trcf-legitime ôc or- dinaire. Ce que toute la Hongrie a déclaré & protcfté par les articles de la Dictte tenue en Tannée mille fix cenè dix-hui6t, par lefquels ils ont publiquement rccogncu Se confcfté que tous d' vne commune Ôe vnanime voix ôc confentement , 6c félon leur ancienne couftume & liberté de tout temps pratiquée , ils nous ont Icgitii meraent eflcu Se proclamé Seigneur Se Roy , ôe fina- lement après auoir inuoqué ia faueur Se afllftance di- uine,hcureufemcnt Couronné; Lequel témoignage les Eftats de Hongrie fc font tel- lement efforcés de faire inférer dans les Statuts & Or- donnances du Royaume , (Dieu en difpofant ainfi par vnrcffortcâché&iecrctdcradiuincprouidence , afin qu'à Taducnir fous quelque prétexte que ce fuft, noftrè légitime Seigneurie & gouuevnemcnt ne peuft eftre reuoqué en doute J qu'ils en ont follicicé Ôe obtenu particulières lettres patentes dé l'Empereur Mathias, d'hèureufc nniembirc, par lefquclleS il aurbit eu agréa- ble & coh fcnty que les paroles lufditcs fullent inlerces dans les Loix du Royaume , fans aucune altération ou changemerltd'vn fculmot. Lequel lémoignâgc Se déclaration publique, noftte Majefté rte fè peut imaginée Se croire eftre tellement abolie & effacée des cœurs de la meilleiufe ôe plus lai- ne parti: des Habitans & peuples dudu Royaums,q«ie ts 2. !plù- 49^ D'J Royaume de Hongrie. plÛcoft elle ne confijcie & tecognoifTc que les plus gens de bien y foufFrent , auec vn grand regret & dc- plaifitcefteoppreflion indigne de leur Patrie , &qail Y a pluficurs qui n'ofent dire ce qu'ils penfent, retenus par la violêce de Bethléem Gabot &de fes complices, ^ui ti« fe plaifent qu'aux nouueautez & ne relpuent que la confufion. Et pour ce qui concerne l'adminiftration de noltre charge Royale que beaucoup de mefchans ont pareil- lement voulu blafmer pour prétexte & couuerturede leur rébellion infâme & deteftable, nous-nousy lom- ines,affiaez de la grâce & bonté duToat-pui(rant,gou- uernez en telle forte, que nul quel qu'il foit, ou en par- liculier.ou en public ne fe fçauroit plaindre &c dire auec vérité , que nous ayons en aucune chofe ou partie enfraintou violé les Loix du Pays , le droid & la ju- ftice. , Si-toft que l'Empereur Mathias d'heureufe mémoi- re en l'année 1619. vingtième jour du mois de Mars fut palTc de ceftevie en l'autre, noftre premier & prin- cipal foin fut de mettre ordre aux atfaires de Hon- grie, ôc à cet efFed: nous publiafmes & conuoquafmes i' Aifemblée des Eftats du Royaume au jour & feae de la tres-fainae Trinité qui efcheoit pour lors le vmgc- fixiéme May. ^ Et d'autant que félon la Loy de la bulle d'or,& auUi les affaires de l'Empue ainfi le requérant nous fufmes citez par l'Elcdeur de Mayence de comparoir à Franc- fort en l'affemblce Elcdorale , afin de procéder à l'Elc- dion & nomination d'vn Roy des Romains du con- lentement de tous les Eftats , nous donnafmes pleine & entière puiflance à Sigifmond Forgach de Gymcs Palatin de Hongrie , de tenir en noftre nom ladite ai- fcmblcc des Eftats Se outre ce gracieufemcnt&hbera- Icœét nous ofFcifmcs la confetuation de tous les pti- uilcges , droits & immunitez en ladite aflcmblée des Eftaiô qui fut finie & conclue le 13. Aouft de ladite an- née i^ip.toute la Hongrie par vne conftitution publi- que du Royaume , confcfla & déclara l'adminirtration & gouuernement de noftre Majefté Royale en tout & partout irréprochable, & en fuitte de ce creChamole- ment nous remercièrent de ce qu'ils auoient efprouuc nos grâces & faneurs cnuers les fidèles Eftats & ordres, en telle forte , que toutes les chofes qui auoient efte cftablies par vertu de nos lettres patentes Roya.es, par les articles arreftez l'an palTé lors de noftre Cou- ronnemem', nous n'en auions obmis aucune qui pcuft eftcedefirécdcnous. Or nousvoyans ainfi appuyez d'vn fi aduantageux témoignage queftoit celuy de tous les Eftats & Or- dres , nous ne craignons & redoutons rien moins que les foudains & feditieux mouuements en Hongrie , au mefme temps que par la grande &fingul.ere bontc& clémence de Dieu , Ôc du commun contentement & lufFrage des Princes Ekacùrs nous fufmes eOeus promeus àla dignité Impériale & Royale , par la de- mefurécôc effrénée conaoitife & ambition de régner d'vn homme, mais qui auoit gagné & attire a les dam- nables , abominables & pernitïeux deftems & conlpu rations plufieurs & puillants complices Se fauteurs , Se joint fes forces & confeiU auec ceux de nos (ujecs re- bellcs,vn grande trcf-dangereux feu de rebclUon,tra- hifon ^perfidie s'alluma , dont tant la na.ffance que le progrez & l'ilTué ontefté deteftables pour auoir e(te remplis Se fuiuis de fraude , tromptiie, malice Se tyran- nie Caf après que Bethléem Gabor fauorife Se alîifte de l'armée Turquefque euft enuahy la Tranfiluanic . de- pofledé de b Principauté de Tranfiluanie , Ion louue- rain Seigneur, Gabriél Battory, auquel il eftoit oblige par ferment de fidélité , & enfin l'cuft fait mourir, il aduiù des moyens pour fa feureté & conlcruation, & trouua que tien ne luy pouuoit eftré plus falutâité & profitable que rechercher foigncùfement l'alliance del'Empereur Mathias d'heureule mémoire , & trau - der de paix & accord auec luy fous certaines pachcs & conditions. , Et entre-autres articles de la paix arreftee & con. cluéen l'année 1615. fut promistant par ledit Bcth- lécm Gabor, que par les Eftats de toute la Tranfiluanie fous leurs feings manuels Se appofition de leurs .féaux aux lettres patentes far ce faites: Qu'en quelque tcmpj que ce pouiroit élire ils n'auroient aucune prétention certaine ou ennemie , foit contre fa Majefté , fes légiti- mes fuccefleursRoys de Hongrie , & le Royaume, foit contre la tref-Auguftcroaifon d'Auftrichc, les Royâu- mes Se Prouinces auec lefquelles fa Majefté auoit par- ticuhere alliance Se confédération, ôc ne permettoient point qu'il fuft fait aucune dhofe fecrettêment ou ou. uertement au préjudice des libertez , priuileges , Se repos de Hongric,& que toùtesfois & qaantes qu'il feroitbcfoing ledit Bethléem & fes fuccelfeurs, aued tous les Eftats & Ordres de Tranfiluanie qui affifte- roient fa Majefté , fes légitimes fucceffeurs , Se le Royaume de Hongrie,contre tous leurs ennemis (btS Se excepté le Turc ) de tout aide, fecouts, forces ôeti. ^^Et lfin que toutes les ctiofes fufdites furfent d'auutit plus fainaement gardées Se ôbferuées , qu'elles eftou enteftroitteraent eftablics, derechef en l'année 1^19. les mefmes furent renouuellces,confirmces Se ratitieei par lettres patentes fignées Se feéUees : Et iceluy Betii. léem Gabor en fa parole de Prince , par fa bonne foy, Se lesTranfiluains par leur foy Chreftienne , promi- rent d'obferuer cntre-eux , Se faire obferuer falnemcnt & inuiolablement , tant par eux.mefmes que par ic8 autres qui pourroiet auoir quelque intereft, les fufdits articles , à l'obferuation & entrctenement dcfquelsil» voulurent Se entendirent leurs fucceffeurs eftre à p mais tenus & obligez. - , . Par ces liens donc tref-eftroits de ces pacheS d aU liance , nous croyons alTcz pourueu au bien , Icu- reté Se confetuation de Hongrie , & nattendions aucun ade d'hoftilité de la part dudit Bethléem Ga- ''^Mais à peine quelque peu de mois furent efcoulcz après ces traiftez d . paix ôe alliance renouucllez . que ledit Bethléem Gabor contre fa foy Se parole donr.cc, projeta non feulement auec aucuns perfides Se ledt- tieux Seigneurs Se habitans de Hongricmais aufli auec les rebelles de Bohême , Se nommément auec Fciacrk Comte Palatin duRhin,d'enuahir traiftrcufemcntno- ftre di£b Royaume de Hongrie. Et afin que par les foudaines Se diligentes leuee d'armes qu'il faifoit , le public ne jugeaft alTez de es confpirations & entreprifes couuertes , iceluy Bet^ léem Gai,or vfantd'aftuce & artifice fallacieux, réitéra & déclara par diucrfes lettres efcritesaux principaaï Officiers de noftre Royaume de Hongrie , qu il na- uoit point mis en oubiy les paches Se conuentions en vertu defquelles il fe recognoifloit ^^y^^'"'^''!] Tranfiluanie tref eftroidement obhgez d eftre prelts à fecourir noftre Majefté contre tous les enncrnis auec toute forte d'aOiftance. forces Se fidélité .que letcmps eftoit venu auquel il deuoit faire paroiftre par ettcCts fa conftancc en l'obferuation defdites paches Se con- uentions,parquoy fi nous auons pouragreable,il nous fourniroit far le champ , & enuoyeroit contre les tio- hemes quelques milliers de gens de guerre , leites oc bien efquippez. . » Et pour mieux tromper les Tranfiluains , momsad- uifez &clair.voyans.& les porter à prendre les armes Refaire des leuées de foldats , il leur f^preiencaviuc- tnent les conditions des traitiez d'alliance .5: conteac- Du Royaume de Hongrie. 40^ ratfon faiflcaucc nous , que fuiua^t iccllcs ôc h foy i «pabicdc produiî^b.aucoup de rebellions, &rafîirtez donncc.ils ne dcMue^n différer de nous fecourit & pre- de leurs trouppes enuahirenc hoftilement l'Aurt^^^^^^^^^ fter oiam forte En hn après que Bethléem G.boreuft ôc seftans acheminez vers Vienne où eftoi lor no(Ïr<^ recogneuauotr finement trompe &dcccu les Tranfil. - - "coucitoitiorsnoitre uains , Se fc vid allez fort &puilîanî pour exécuter Te? entreprifes , il efcriuit des lettres à nolbe Magnifique General deCafTouie André Doczi , luy fit entendre ^uil s eltoit achemirie vers Varadin» & ne doutoit point que fes ennemis ne femaiTent plufieurs &diucrs bruidsdeluy , comme s'ilauoit dclFcin d'enuahirla Hongrie. Au reftc qu'il luy donnoitaduis, & leprioit inftàm- ment den adjoufterfoy auxdifcours defes malueillats, qu'il nauoit pas encores efface de fa mémoire les cho. les aufquelles par les Capitulations . & la foy donnée il cftoit obligé enucrs noftrc Majefté. Par ces & autres douces paroles Se difcours cm miel- lez, Bethléem Gabor gagna Se endormit tellement l'ef- pr« de noftre-dia GencraUqu'il rejedta dcflors toute defhance , ne fe pouuant imaginer que quelque chofc de finillrc peuft efclorrcdela part dudit Bethléem Ga- bor , mais il en arriua autrement , car au commen- cement deSeptembre del'an pafl'é moyennant la tra- hifon nprfi^i. A ^ ■ ...^^v... .... .a t.a- mais iceiuy neiMècm voyantqiic les aitairesn'elto- Cour Se fiege Impérial . rauagercni bruflerent Se mi- rent tout au fil de l'efpée. Or blé que rious n euflîons faute de conseil pour pou- uoir aller au deuant dVne telle perfidie par des remè- des plus feueres & rigoureux , neantmoins auparauant que de venir aux armesj gagnez par noftre bonté Se clé- mence naturelle nous voulufmes expérimenter toute^ chofcs & voir fi par des remèdes doux Se amiables le-' die Bethléem Gabor & ceux de fa fadion ne fe retl- droicnt point fufceptibles de meilleurs confeils. Et pour nous enuoyafmes nos principaux Comiîiif- faires à Prefburg, par lefquels non feulement offrifmes dtrechef ànx habicans Se peuples d'Hongrie,la paifiblc Se feure joiiylfancé de noftre Royale clémence, de leurs libertez, Priuileges & autres oârroys, mais aaffi boiyie foy de nofl:reP.oyâlebonté,promifmes audit Bethléem toutes fortes de commoditez & aduantages qui pou- uoient eftre par nous accordez fans altérer ou preju- dicier aux Loix & ftatuts d'Hongrie. Mais iceiuy Bethléem voyant que fes affaires n'efto-. fut pris prifonnicr par Bethléem Gabor , mis aux ceps Se enuoyé fous vnc Icure garde en Tranfiluanie , où il deceda. afin qu'en attendant il cuft moyen de negotier auec le Turc, pourvoir à la Tranfiluanie, Se fc garantir de là crainte duPolonois,mefmcsrecognoiftre à quoyabou- Fnf;,iVn*^*- t j- n II' ^'■*'"icuuroionois,meimcsrecognoutreàquoyabou à couri a h. u » ledu Bethléem Gabor cdmmenÇâ titoit la guerre de Boheo^e , vfanc de fon arU Je oVdi & ter u ? T "''T ^''^r'' «^i^^'f^'g"'^ & promit faire en forte que toutela Hon ol icrreur, ji exerça tomes rnrr»»c r^» ^rn-ii.r-T „ r. „.;-r^._j • \ n , ^ & terreur, il exerça toutes fortes de cruautez, violen C«,pilleries, meurtres Se degafts , Se pat des opprcf- lions infâmes & outrageufes'pourfuiuit b ruine Se la grie fc rcduiroit à noftre obeyllance , que pour ce fai- re il falloit du temps , pendant lequel par fcs perfua. fionssles Efprits de plufieurs grandement irritez pour- nrrr- A» Cj 1 r ■ r. V- i 7 A """^5"^3 '-'P"" "c piuueurs granacmcnt itritcz pour- S.ers Tit r-"^^^^ cantEcclefiaftiquesqu^ roient eftre adoucis , qu'il eftoit befoin de cOnuenir outrieVfo K r^^^ ' T'^^' ^'^m"^ de certaine trefue qui dureroit jufque. aU jour & Fe- Preftrc ori t " ^^/h^l'?-^" ■ f f ^^'^ 1« i Ac faind Michel . pendant laquelle toutes chofes d.. bannv 1 " Ecclefiaft.ques . & , meurerbient en l'eftat qu'elles eftoyent lors de l'ac foiem i 1 P i« principaux perfonnages qui refu- { cord d'icelle.& de part & d'autre rien ne feroitattentéi ronncious icnom de Prince de Hongrie , il vfurpa i party RoVatre" &\in^^^^^ ' '"^"^^ ^"'^ nous recogneulïïons aifément que & .ZTf.h f'"""^ ^''^^''"^ G^bor ne qaitteroit point fes anciennes ra- menX tTal'm^r^^ ^'"S-""^" ^-efchancetez,Ltesfois?fîn de luy faire ef^ïou- ^u noS t rrol^hî^rr"'"'^^^^ T '^'^"^"^^ ' "''"^ accordafmes ladite trefue LvaumedeHnnîri. f ^ * le i alatirt de noftrc ^ & dautre, par lettres patentes fur ce expédiées , auec St au L^rT^ . ' î ^"'T ' refcruation ( pour ce qui regarde les Bo- . gm au tref-grand pre,udiçe de noftre droit puis | hemes : pour lefquels ledit Bethléem Gabor infiftoïc ^uela Conuocation désEftats n'appartient qu'au Roy. lume feulement , de publier Se conuoquer à Prefburo 'ne Diète générale. ^ Mais d'autant que le bruit des armes & là teri-eur ty- annique maiftrifoit la petite aftimblée de Prefburcr, )our ce aucuns compUces & adhérants de Bethléem jabor,quiméprifoictit l'obligation tref eftroite qu'ils lous auoient à raifon des foy & hommages à nous reni lus,& aboliifans autant qu'il leur cftoit poffiblc noftre uthoritc. Royale , par vn exemple deteftablc & depuis «lufieurs ficelés inoliy de mefehanccté Se perfidie, omploterent enfemblement l'introduâiion dudit Be- hléem Gabor à la Royauté, ordonnèrent la câffatiori les crefancicnncs prerogatiucs de l'Eftat Ecclefiafti- |ue , appliquèrent aux vfages profanes tous les biens les Eglifes , defpoiiillercnt honteufcmcnt les Officiers 'e noftre Majeftc de leurs charges Se dignitcz,declarci ent bannis & traiftres à la Patrie les principaux per- onnages tant Ecclefiaftiqucs que fcculiers, qui nfc vou- ans approuucr & confcntir aux damnables & furieux ttentatsdes rebelles, s'eftoientabfcntezdU Pays. Et finalement afin que rien ne manqiiaft pour l'en- icre exécution Se accomplilfemént de leur rage Se ma- lic violente, entrèrent auec les rebelles de Bohême eu ne ligue dangcrcufe & confédération pernicieufe 6e fore, & defiroit qu'ils y fuifent compris ) qu'il n'y au^ rOit point autrement de trefue auec lefdits Bohèmes, Ci premièrement nous n'en cftions requis dc.lcur part,5£ que de bonnes, juftes (Scraifonnabics, conditions nous fiilfent offertes. Apres ce nous enuoyafmes auflî audit Bethléem Ga- bor, nos lettres de fauf condui<5£ pou r les Bohèmes , aû cas qu'ils vouluffènt prefentcr des conditions de tref- ue, ju ftcs & raifonnablcs. A peine fut la trefue arreftéc que Bethléem Gaboç par des faux bruits femez à Conft3ntinople,& en y def. criant nosaffaircs , releuant au contraire mefchamméti i&r contré toute Vciité, celles de nos énnrmis,& faifanc {jaroiftrél'occafionfort propre & aduantageufc , folli- Cita Se prelfa Vluement le Turc de nous faire la guerre* ■ Pendant ces menées & pratiques infâmes , iceiuy Bethléem s'empafa des forterelfes du Comte Hombn- nay ; alTiegea par diuérfcs fois Munkach Se Nitrie , fc liiahoftilcmcnt fur les troupes Allemandes , qui fans faire tOrt àperfonne, déccndoient à lauarjn par Ifc DfS- nube: attaqua nôp pas vnc fois laforterèffe de Gomo- them par les HcidUcqUes , chalfa du Chafteau de Prèf- burg la gariiifon Allemande , & exerça mille autireS r.icichahcétei Se entteprifes au préjudice des paches! & coi-ïditîbhs de la trefue accordée T t 5 fin* 49? Du Royaume de Hongrie. Finalement le premier Eftat du Royaume de Hon- grie abfcnt,lcs Ambaffadeurs de tout le Royaume d bl- clauonic&plufieurs des grands, non compatans, plu- fieurs auffi des Députez des Comtes , fuiuans leur m- Uruftion , refufans toutàplat , & s'opporans,mclme l'affemblce eftant défia rompue par nos AmbaUadeurs, afin que de U en auant rien ne fc peuft traider Icgui- mement , & le jour précèdent certaine mort ayant cite dénoncée contre ceux qui voudroient aller au contrai- re, par la tumullucufe acclamation d'vne petite pcignce de mutins & fadicux , vraves allumettes de rébellion, il fefit proclamer Roy de Hongrie le i^Aouft,& ayant ouneitement^rompu la trefae , forcé Nurie , fit pal- fer Tes troupes en AuR ichc , & par nos terres & Sei- gneuries qui font au deçà du Danube , & mettant tout à feu & à fang.enleua nos Villcs,Chafteaux, forterefles & autres places frontières. Aufquelles chofcs faites & exécutées par fraude Se violence, il adjouftaencorescelles-cy , que tout ainli qu'en Tranfiluanie pour s'acquérir les bonnes grâces du Turcapres auoir vfé de furpi ire,& la force en main, il liura au Turc les puiffans bouleuars & defenles de laChreftientc rcconquifes fur luy , fous le règne de Sigifmond Battory, aux fraix & dépens exceUifs & in. numerables de l'Empire Romain, à Icauoir Ly ppe. bo- lym,Totuaradgy,Margit,Monoftor,Arad,Syri & Fac- fah jainfi a-t'il maintenant commencé de mettre entre les rî^ains du Turc les meilleures places frontières du Royaume , & depuis n'agueres luy a Imre Vaczy Ville Epifcopale , fituée entre Bude&Strigonic en vn lieu ircs-iroportant & comme jadis reconquilc Se deTen- due auec vne defpence gcande & immenfe de la Hon- gtie,5cduS.Empire. » ^ Et afin qu'il fc purgeaft du foupçon & fe garentill de la haine conceuèôe néeàl'encontre de luy a railon d>vne fi deteftable & mal-heurefe trahifon , il nous chargea de ce grand blafmc , & pubUa que par noltre ImbalTadeur qui eft refidentà la porte de l Ochoman, nous auons traidé auec le Turc pour luy hurer iceUe Ville de Vaczy : ce qui eft tellement faux & fappo^e, qu'iln'y aperfonne, s'il n eft tres-merchant &trçffce- lerat,qui y puiftc donner foy& créance. - . Cen"elt pas)cy que s'arrefterent les calomnieafes intentions de Bethléem contre nous . car « pre aces des articles de NewenzoU , U fe plamt que les ^ft s d'Hongrie , font oppofez & troublez au libre exercice delà Religion , en la.joliylfance de leurs anciennes h- bertez & immunitcz publiques: combien cefte fuppo- fuion foitcfloignée de venté , bitâs du Royaume faifte en- l'année mille hx censd.x- „ ufcy-delïls rapportée & oubliée prefque vn mois auparavant l'inu^on dudit Bethléem ., le témoigne alTez clairement. . Iladjoufteque nos foldats Polonno.s ont commis plufieurs meurtres en q^^W^^" <^"'^^°'*^/V'r^fi.e' crie, contre les conditions & afleurances de latrehie Etfinalement il ditauOi que "^^""7^0° CommilTaircs à NewenzoU, plus tard qu il ne ^oit. qu'ils n'eftoient point «""P*^ 8""'^^.'^^^^ • affez fuffifans & amples , qu'en iceux il n cftoit fau cune mention des Confederez , f J P,^.'^ ^^^^^ Hongroiseftoient qualifiez da nom de Vanau - M^^^^ qui peferacecy d'vne jufte balance rccognoiftra hcile Lnt.que de propos délibéré l'on s'cft trauaiUe à cher- cher les occafions & la matière de mefd.re denou • Car au moyen de la trefue les chemins furent ren- dus libres départ & d'autre : Sur quoy lesPolonnois s'eftans affeurez fans attendre aucun ordre ny manac- ment de nous , prirent leur chemin vers la Hongrie, mais deûors qu'ils fe virent hoftilement pourlumis K que par tout on leur couroit fus,& que melmes on us aHaffinoit ayans recours à vne jufte & ncccllauedcle- fe pcrmife parles Loix de nature , iJs fe firent palTage k la pointe de leurs efpces : Nous depefchafmes pour ce vnpeu tard nos CommilTaires, d'autant que Bethléem Gabor nous auoit fait direqu'auant la tenue des Eftats, il enuoyeroit vers nous certains fiens Ambaffadeurs, par lefqucls il nous fcroit entendre & reprefenter les chofcs neceffaires pour eftre traiaée«i en la prochaine diette & afiemblée: tandis que nous les attendions,& différions de faire nos inftrudions fur l'incertitude des chofes qui nous pouuoient eftre propofccs parles Am- baffadeurs dudit Bethléem Gabor.nousappnfmesplus: tard qu'il ne falloir qu'iccluy Bethléem Gabor aiioit changé de Confeil & qu'il auoit furfis l'enuoy de foa Ambaffadepromife. Nous fifmes expédier les pouuoirs en la forme or. dinaire & accouftumée,pour effaycr de pacifier & met- treordre aux affaires de Hongrie ( pour laquelle feule raifonicellediettefntpar nous conuoquée ) pour ce qui concerne le nom de vaffal, qui fut infère dans lel- dits pouuoirs , cela n'a point eftéfaïc par aftcclionott recherche de nouueauté,ny nous auôs eu deflein &vo. lontéde déroger en aucune forte par ce mot aux an- ciennes libertez de Hongrie. Et le nom de vaflal ^ eft point tel qu'il puitTc eftre tournéà la dimmut'on dé la dignité de quelqu' vn , puis que les Princes , les Mat- quis ôc les plus nobles ne font diflicuhé d'en acceptée le titre. . Lefquelles chofes eftans ainfi pafices , de pcurque cefte precendiié.injuaeufe. inique & de droi6b nulle& inuaUdeeleaion faifte de Bethléem Gabor au Royau- me d'Hongrie. & l'vfurpation du gouuetncmcnt & ti- tre Royal , nepuilleimirenyprejudicierà.nousouà) nos fuccclleurs en quelque temps & manière que ce foit , & pour quelque caufe & raifon que ce {>uifie eftre, nous de noftrc pleine puiffance & authorue Pvo- yale déclarons toute cette eleûion injuftc , violente, inique,feditieufe, contraire aux droits & couftumes dUi Royaume,& partant entièrement vainc, inualide, nul* le & de nul e&ô:. Outre ce, nous caffons annulions, difons. déclarons & prononçons entièrement illégitime , injufle &in4 ualide, tout ce qui a cfté ordonné &decrette , ^ en quelque façon que ce foit conclud & arreftèenl'aflem- bléedeFrefboni'o ou deNovvenzoll contre nos droits Royaux , contre les Eglifes deDieu & l'EftatEcclefia- ftique, contre les Loix, les libertez & les anciennes & louables couftumes de noftre Royaume de Hongrie, & contre nos fidciles fujedtstant Ecclefiaftiques que reculiers. Voulons & entendons que les ftatats & ordonnai!-, cesde ces petites alfembléesn'ayent jamais & en quel- que temps que ce foie , aucune force 6c vertu veu que fclon la Loy perpétuelle de noftre-dit Royaume de Hongrie,nuUc conftitiftiçn ne peut valider,li ellen cil légitimement approuvée par le Roy Couronc.Et d au- tant que pour ne rien laifïer en arrière qm peuft Icrult à rendre promptement la paix & le repos au S. Empire & au Royaume de Hc^ngrie. nous-nous eftions porter jufquesàeftre tellement abailfez que d'accorder &dew ferer audit Bethléem le titre de Princede Hongrie ia|« cefte condition que s'il ramenoit ledit Royaume de Hongrie à noftre foy & obey ifance, & qu'iccluy Betli; léem Gabor au lieu d'accomplir & exécuter la condi- tion par luy receué auroit mefchamment & auec vne indicible dcftoyauté fait tous fcs efforts pour nous ic rauir & lediftraire de noftre dite obeyffance , a celte caufc nous aboliffons & abrogeons entièrement le lui- dit titre de Piince de Hongrie, & exhortons benigne- ment lePalatin de noftre Royaumede Hongrie & tous nos autres Confeillers en gênerai ; t^^'^'^^lXl Nobles , Citoyens& habitans des Villes 6c les foldat tant de garnifons que les Heiducqaes Se autres qu Du Royaume de Hongrie, font dans tous les Eftats du Royaume deHongrie.-qu'ils (c fouuiennent du lien indifToluble , 8c des foy & horti- mages qu'ils nous ont rendus lors de noftre Couron- nement.qu'iis quittent & fedefpartent du party des rc- be'MfcSj&c. Voila ce que nous auons juge ncceflTairc d'eftre pu- blic par cesprefcntes nos lettres patentes en forme d'E- diift , à tous particulièrement aux Habicans & peuples de noftre Royaume de Hongrie , pour faire voir Tc- quité de noftre caufe . . ^ 499 rentrais en fiiitte, après cela il Ce difpofc pour petar- dcr le ChaftcaujdSc ordonne fon armée de coftéSc d'au- tre. Ce Comte reinply de courage & de hardicflfc s'adi uancc en ponrpoint làns eftrearmé, auec vne hallebar- de en main fur la plate forme du Chafteau , ceux qui eftoienc dansccChafteau tiroient cohcinucilement fur luyjfon Page fiUbicilc prés deluy, fon Lieutenant lé prie qu'il fc rctiraft , fur cela il fe tourne du coftc de la Ville > Se en retirant il receutvn coup demoufquet Donné en noftre Ville de Vienne le 2. Décembre dans les reins à ii.héuies du matin,& en mefme temps l'ân 1610. de nos règnes le i.en l'Empire.le 3. en Hon- grie,& le4.en Bohême. Signé Ferdinand Ôc fccllé. Pour continuer briefuement ce que Bethléem Ga- bor fit après s'eftre fait eflire Roy d'Hongrie, Il enuoyapremierementau Comte de iaTour,ame des rebelles de BohcmejReder Fcrents auec dix mille Tranliluains, aucclefquels ledit Comte s'approcha de Vienne , & tira contre le Chafteau quelques coups de Canon.concre lefqucis le Comte de Buquoy fit diuer- fes (orties de Vienne, & les cfcarmoucha en telle forte qu'ils furent contraints de fe retirer. Cependant Bethléem Gaborafîîegea Neftrie , Cha- fteau fort,& l'ayant pris auoit deiTcin de venir fondre dcuant Viennnc. Humanoy Prince de Hongrie qui s'cftoit retiré en Pologne voyant que Gabor eftoit à Prel'boiirg5& qu'il auoit laifie dans Caftbuie Rocotzy Marefchaf deéamp dudit Gabor auec dix mille hommes pour la garde; pour diuertir le dclTein qu'auoit ledit Gabor fur la Hongrie , Humanoy defcend de Pologne en la haute Hongrie par les montagnes de Portefelt aysnt Sooo. Hongrois, Polonois & Co{àques , & deffait Rocorzy qui luy %'enoitaudeuantauec 7000. TranHluains-Cet- te defroute fut caufe que Gabor r'appella prés de foy Reder Ferents auec les dixmilleTranilluainsqui eftoi- ent en l'armée de Bohême. Bref ce Prince Bethléem Gabor a plus vfijrpé de Pays en la haute Hongrie en 2. mois que le Turc n'a fait en 4o.ans. Le 5. Odobre 1610. il âfïïegca Haimbourg fur le Danabe,&; après 4. aftàuts où il fut rcpoufléauec perte de iooo.hommes,quitta ce ficgc auec honte,&fe reti- ra dans Prcfbourg, Le Comte Dampierre Lieutenant de l'Empereur fc refolut de reprendre ledit Prefbourg fur Gabor, il par- tit devienne auec dix pétards pour feruir contre la Vil- le & le Chafteau , le 9. 0£tobrc il arriuc deuant Pref- bourg, ilbruflevn Ponc que l'ennemy auoit faiét, non fans combat fort a(prc , où les Hongrois de Gabor fu- il en receut vn autre qui le porta mort par terre, le cou- rage manque à tous les ficns, Se Ce retirèrent en dcfor- dre n'ayans piuetirer le corps de ce Comte , les ennci mis luy tranchèrent la tefte qu'ils mirent fur le Cha- fteau auboutd'vnc picque, fa mort caufa vn grand rci gretà rEmpercur,& force mauX en Hongrie; Cependant les armées de la ligue Catholique dé l'Empire, Se les forces d'Efpagne arriuerent au fecours de l'Empereur, le Ducde Biuiere en eftoit lechef, Se luy auec le Comte de Bucquby entrent en Bohemé auec grandes forces , rëprennenr les Villes du Royau- me, pourfuiuent l'arniée dés Bohèmes jufqucs à Prai giie deuant laquelle fe donna la bataille fignalée où tou- tes les forces c!|es rebelles furent mifcs en defordre, Prci, goe reprisai lenouueau Roy de Bohemeen fùitte , la Bohême fut foûmifc à l'obeiflancede l'Empereur. ■ Le Comte de Bucqnoy apres,tantde victoires ga- gnées, fut commandé d'aller en Hongrie contre Beth- léem Gabor, il y reprit force places, mais allant affie- ger NeuuenfoU auec l'armée de l'Empereur allant fe- courir les fieiisque les Turcs Se Hongrois pburfuiuoi- ent, il fut mal-heureufement tue, & toute l'armée Im- périale mifeen defroute auec la perte du Canon. En fin après quelques affemblées tenues tant àPreil> bourg qu'à Edimbourgl'Empereur fit paix auec Gabor auéc grand aduantage qu'il luy donna. Du depuis eh deuxdiucrfes ancées * il recommença à faire laguerré à l'Empereur affifté des turcs & des Tartarcs auec lell quels ils brufla force lieux en Auftriéhe & Morauic* & emmena force Captifs. Finalement le grand Seigneux ayant confirme la paix ie auec l'Empereur Ferdinand l'an iGzf. au mois deMav pour 2o.3ns,Be|hléem Gabor ne pouuaiit piuseftrealî fifté du Turc eft contraint d'entretenir la paix. Depuis quelque temps l'Empereur Ferdinarid a té- nu la biétte d'Hongrie à Prcfbourg où il a fait d&. clarer fon'fils aifné le Prince de Styric Roy de rioni grie nommé Erneft Ferdinand féconds DISCOVRS DE L'ESTAT DV ROY DE POLOGNE SOMMAIRE. î. Ori^.ne,& etjmologie du nom de Pologne: l'efièndue, b les Prouinces de ce Koyaum e. I. Diuifion de la Pologne en haute & baffe , . & leurs principales Villes. 5. Defcription de Cracouie •> Ville Gapitale de labaf- fe Pologne: [es places voifines & Bûchez- 4- De Liuonic, fa Capitale, & autres principales Vil- les, f. Lituanie , fes bernes , fa Capitale ViBe > fes Duchez àPalatinatSé 6. Szmogme, fd îonguéur & confins. 7. La Maifouie , etymologie & origine dU ijotn de^ celte Prouince , fà Capitale , '& autres principales Vih les. 8. Volhinit,yÔB apette& Prouinces. 9. Polodie, fes h :attes & Capitales Villes. 10. RulEe , etjmologie de fon nom ,fes bornes, i?ays, & Ville Capitale. 11. Podlaffie, quand & par qui vme à la Pologne : fti Villes principales. li. Pomcranie,yfj confihs,fon eHetidue, fes principalei Villes étlflei. 13. Prûffei fes bornes & longueur , fes princifàtes T^iuie- res : qudtid réduite en Principauté feculurc , diuifc! jadii T t 4 tft^i De l'Eftat du Roy de Pologne. maintenant en deux paysyfa Capitale en douze Duche^:^ » Ville Mariembourg. 14. E» queUes chofes abonde la Pologne , & l'mcroyaUe ftombre d'abeilles dont les ferefts font pleines. Des mines d'azur, depl0nth,f€r,mure,&de fel. ly. Polonoù originaires, & defcendus des Slaues , leurs cérémonies à l'impofttion des noms de leurs enfans : quels j)ieux ils adoraient en gênerai. 16. Le feu , le bois & les ferpents adorez jadà des Li- thuaniens , & confultez par leurs Prefires en leurs maU- diesUeur facrtfice du Coq , leurs fejles & leurs cérémonies es obfeques & fepultures. 17. (J^antere de viure des Polono'u de ce temps , la forme de leurs caractères a efcrire , & de l'vfage de la lan- gue Latme, commun aux Villes & villages -.le naturel hau- tain & magnanime des nobles , leurs façons d'habits & armes. 18. Leurs riehe^es en grains & bleds de toute forte , miel, cire, lin, chanvres, bcjîail, & notamment des falines d'Olcen & Velifques, azur,mmes de fer, fourrures & peaux de Martes,& autres beps. 19. Des reucnus du Poy de Pologne , a quoy fe montent toutes les années. 10. Les forces Pohnoifes en quoy confident , du nombre grand de leur Caualerie. 21. Leurs confins,tant cnnemU quamis. ZI. Leur ferme de gouuernement , & Police moderne, plus femblaèle À vne République qu'à vn Rojmve : Des Nonces terreftres , leur authorité es ajfcmblees & délibé- rations publiques de cet Pftat. De l'authorité de leur Koy, à" de laNobleffe. 23. De la difcorde des Ordres des Sénateurs & Cheua- liersides familles nobles, & des Proutnces. 24. Des deux membres qui compofent tout l'Ejlat de Tologne :& quel eft le nombre des ,Archeuefchez & Euef chez . des Palatins , Uarefchaux & autres dignités de ce Hoyaume. . . 25. De l'herefte Luthérienne , àautresSeàes tntrodut- cles en Prujfe , & en tout l'Eïlat de Pologne par des mar- chands & par l'Aponafie d'Albert de Brandebourg-,& quel- les [ont les Proutnces qui ont retenu la foy de l'Eglife Ro- maine. 2,6. Généalogie des Ducs &ROJ sels Pologne. A Pologne ou Polanie efi; ainfi nom- cnécà caufe de les plaines, qui font au lan- gage du Pays appellées Pôles, &:a pareil! ment le nom du Royaume de Lcchites, de LecmaT'premier Roy habitant en Pologne , qui eftablit l'on ficge à Gncfne enuiron Tan de falut ^yo. Ce Royaume eft plus grand aujourd'huy qu'il ne fui jamais , à caufc de la Lithuanie , & de la Li- uonie , qui ont efté adjouftcz à cét Eftat. Il s'e- ftend depuis les Riuieres de Note & d'Orbe, qui la diuifent de la Marque & de l'Odcre, qui la leparc pref- que de la Silefie , jufqucs à la Bcrcfine & au Mie- pet , qui la diuifent de la Mofcouie de la mer Bal- tique . jufqucs à la Riuiere de Meftcr , qui la diuifent de la Moldauie, & s'cftend encore jufquesaux monts de Carpathie , qui la fcpar'int de la Hongrie. Telle- ment que depuis les confins de Silefie , jufquesaux frontières de Mofcouie, entre le Ponant &: le Leuant, il occupe prcfque fix vingts licuës d'Allemagne , & au- tant depuis les cxtremitczdclaLiuonic , jufqucs aux frontières de Hongrie. Et pour ce qu'il eftd'vne forme qui approche de la rondeur , il eft beaucoup plus grand qu'on ne croiroit. Il contient vn bon nombre de grandes Pro- uinccs , c'eftàfçauoir, la haute & baiVc Pologne , la Mofcouie , laPruffie , la Podolie, laRuffie , U Vol- hiuie , la Liuonie & la Lithuanie. La Pologne fut trouuce comme defercc : la PrulTe & partie de Po- merani», Podolie, Volhmie, Mafouie &Li uonie, ont efté conquifes par forces d'armes , & la Lithuanie, à laquelle la Samogicie & partie de laRuffie , appar- tenoit premièrement , auoit efté du patrimoine de la maifon des lagellons : car l'an i?8<î. lagcllon jadis Duc de Lithuanie , efpoufalaPtincefte Edigte -, qui eftoit reftée feule de la maifon Royale de Pologne, ^- fut faidb Roy aucc trois conditions , c'eft à fça-, uoir qu'il fe fcroit Chrcfticn, qu'il induiroit auffi les ficns à embralTer la foy Chreftienne , & qu'il vni-. roitfon Eftat à la Couronne de Pologne. Les deut premières conditions furentaccomplies , mais non la troificmc qui ne l'a cftc que de noftrc temps , lors que la maifon des lagcUons eft venue à deffaillir : caries Roys , ne fe voalans priuer d'vn Eftat patrimonial , &c duquel ils eftoient Seigneurs abfolus , ny le foubmci- tre àl'cflcâion des Polonois,difFerenltoufiours àl'ac- compliircmentde cecy, fous prétexte qu'ils craignoi- tm que les Lithuaniens fe rcuoltadcnt . & que par ce moyen ne vinftcnt à leur faire prendre ce qui leur ap- partenoit. Mais voyant d'vn cofté que les Princes de leur fangvenoicnt à manquer ( veu que la race a pris fin , quant aux malles , en Sigifmond Augufte Roy de Pologne d'autre part , rcdouwns la puiftancedcs Mofcouitts , ils ont efté contraints de l'vnir à cette Couronne. Quant à la Liuonie , elle eftoit anciennement des Cheualiers Teutoniqacs,qui y auoient vn grand Mai- ftic : mais ayans efté priuez d'vne grande partie de leur Eftat , par le grand Duc de Mofcouie, l'an 155S. pour punition de l'herefie qu'ils auoient embraftcc, ils fc recommandèrent à Sigifmond Roy de Pologne, qui les prit en protedlion : il eft vray que la Prouin, ce ne futdcliurce de la domination du Mofcouite,que par le Roy Eftienne,l'an mille cinq cent quatrc-vingt deux. - Or venons maintenant à dire quelque choie en par^ ticulier des Prouinces , après en auoirparlc en gen^• ral • la Pologne eft diuifcc en haute & baflc } la haute qu'on nomme auffi Septentrionale , eft couppee pref. que en deux parties par la Riuici c de Varte : & la bafte qu'on appelle Méridionale , eft arrofée de la Riuiete de Viftu'.e. La haute Pologne qui a pourvoifins les Saxons & les Pruchcniens,a reccu ce nom de haute ou de grande, pourcc que , comme nous auons dit, Lcchus premier fondateur des Polonois, y mit fon fiege, en y baftilTanf la Ville dcGnefnc. Cette Prouincc contient ces Vif- les principales , qui en ont d'autres moindres en Icus diftraia & juiifdidion , c'eft à fc^auoir, Pofnanie Ville Capitale &Mctropolitaine,qui a fous elle les Villes de Kofcicn, Medzyrzeczu, Ofticfovu, Vualchavu.Srcn», Prencc,Roeofno:Cahz qui a fous elleGnefne.Pizadry. Vuartc, N3'klo,Land,Konin,Slupeza, Kolo, Siradic, que l'on prenoit pour vne grande Duché , qui appar- tenoit au fécond fils des Roys de Pologne , a ces Villes fous clle.Orluuie.Piatck, Brefinie, Karnazevue, Ino* lodz, Eiechovu , & autres: Cujauie. ou Vladillame» qui a fous elle Bidgofte : Prefte , quia fous elleRad. zneiovu , Crufphicie & Kouualovu : ^oixzm , qui a fous elle Sochaczouie . Goftmin. & Gambin : Plocz- ko , qui a fous elle les Villes de Biclsko, Racziayas.bic- arcz , Srenko, Milauue. Plonzfo, & Radzanovu : Do- brinic . qui a fous elle les Villes de Slonck , Ripm & Gorzno. n A Quant à la baffe Pologne, depuis que le liegc Royal a efté tranfportc à Cracouie. on l'a prefcrécà la haute; & ccftc-cy a 5. Villes principales , à fçauoir Cracouie ou Cracou, Sandoroirc, Se lublin , dont chacune a lus elle plufieurs autres Villes. , , , l r Cracouie ou Krakovu,eft la Ville Capitale de U bal- fc Pologne i & c'eft celle que Pierre Appian dit cltrc mclrr.c De i'Ëftat du R rtjefme chofeqiieCatrddumun de Ptol ornée : mais fans m'fltrcrterà luy débattre cette opinion, Se voulant feulement po^tfuiurc mon difcours, je dis qu'en cette Ville on void le Chafteau , du Palais des Roys de Polo- gne, Se que c'eft le lieu où on les Couronne, Se enter- re ; à raifon dequoy c'eft la plus renommée place de tout le Royaume : il y a aulfi vne belle Se grande Vni- ucrltté au merme lieu. Le plus grand jour d'Eftc eft de i6. hcucss , & de là huitième partie d'vnè heure. Il y a 5. autres Villes qui fontcontigucs à Cracouie, à fciuoir, Clcpardiei Stra- -domie, Se Calîmire : Se cette Villea fous elle celles de Biçcz, Vvoynicz, Sandccz.Lclouian.Kzyaz, SeProfzo- vice. Il y a auffi an diftraift de Cracouie deux Duchcz, àfçauoir celuy de Zaton , d'Ofuuiecine. Sandomire a fous elle les Villes de Checiny, Korczin.ViyflicicPilz- nie.Opozno, Polouiec, Zauvigoft, Zarnovu, &Male- golt.Iublin a fous elle les Villes d'Vrzendu.Lulou,Par- covui & Cafimirc. La Liuonie eft vne fort grande Prouince > qui à de longueur prés de la mer Baltique, enuiron fix vingt Se cinq lieues d'Allemagne,& la largeur eft pour le moins de quarante. Elle a pour fa borne du Leuarît la Ruffie fujedcau Mofcouite, feparée toutesfois par la Riuiere dcNcrue,£kleLacdeBevbas : duMidy laSamogitie, du Couchant la mer Baltique , Se du Septentrion la, Finlande , feparée par le Golphe Fintuquc, ou de Fin- land. La Capitale Ville de Liuonie fe nomme Rige , ou Rig , allife aflczprésde l'emboucheure de la Diuinr: & les principales après cellcs-cy (ont Riualic,vulgaire- jnent ReuvcU ou félon les Rulïicns, Roliuve,qui a vn grand Se beau porcauGolphe de lamer BakiquciDerpt, ou Derbten, & félon lesRuffiens , luriouugorud, affi. fe près du bord de la Riuiere de Bec entre deux Lacs, au milieu de la Prouince. 1 Les autres grandes Villes accompagnc'es de beaux Chafteaux , outre les fufnommées , font Vende, ou Vvendem au milieu du Pays, Velin, Pernouie, Volma- rie, ou Vvalmer, Vvcfembourg, Viteften,& Narua. Ce Pays obcytpourla plufpartau Roy de Pologne:mais il y a quelques lieux en petit nombre , qui recognoiiTent le Mofcouite, Se le Roy de Dahncmarc,& quelques au- tres obeylfent au Roy de Suéde , comme Reuvel Se Narue, & d'auires petites places. La Lithuanie , qui a grande eftcnduë. eft proche de Mofcouie , êe a pour (es bornes du Leuant la partie de la Ruffie, qui recognoift legrandKnez : du Couchant laPodlafie,Malïouie&Pologne,fe dcftournant vn peu vers le Nord,la Pruifcrdu Nord la Liuonie,& la Samo- gitie:& du Midy la Podolie, Se Volhinie. Cette Prouince contient plufieurs Duchez Se Pays, & eft diuifce en certains Palatinats , de mefme que la Pologne : comme au Palatinat de Vilne , de Troc, de Minfce,de Nouogrod.dc Breft,dc Kiouie,& autres qui peuuenteftrepiispour des Pays : toutesfois il y a peu de Villes, mais beaucoup de villages. La Capitale Ville de Lithuanie.c'eft Vilne,qui eft auf fi grande que Cracouie atiec tous fes faux- bourgs. On y compte auffi Nouogrod , qai a de circuit fepc iieuës d'Allemagne : maiseJle eft fous le grand Duc dcMof. couie.ô: fut prife par les Mofcouicesl'ars mille quatre cent feptante fepr. La principale Riuiere de Lichuanié c'eft celle de Ne per,ouNcyper ( nommée BorylthcneparPtolomée) qui venant de Mofcouie , & coulani au delfous de Chionie fe décharge dedans la met Poncique. Samogitie eft proche de la Lithuanie , & a p. mille de long. Elle a pour fes confins du Nord la Liuonie, du Couchant la mer Bahique ou Germanique, qui eft ap. pelicc proprement le Golphe Baltique , c\' cette mer ia borde tournant vn peu vers le Septentrion : &laPtuf oy de Poîognë. ici fe en eft auffi proche. Il n'y a point de belles Ville» qui la rendent remarquable : bieny a il pjufieurs Vil- lettes Se villages,qui appatiiSnent tant au Roy,qu'aux Gentils hommes, mais les ihîiifons yfontdu toutmali bafties. La Maffouie eft vne Prouince de grande cftendue, joindl-eà la Pologne, & porte le nonri d'vn Mailàé, qui en el^Oit Duc,& qui eftantcnticrcmcHU défaiélpar Ca~ lïtoirDucdcs Polonois, en l'an io4j-. s'enfuiten Peruf- fe.où après auoireftcdiuerfcmcnt tourmente , il finit fa Vie auec vn licol. Elle confine du Leuant auec la Li- thuanie.du Courhantauecla Pologne,duSeptencriort ?.ucc la PruiTe , Se du Midy auec la Ruffie Se la Pologne. Cette Prousnccauoit autresfois (onPrince particulier, cftoit dèftinée aux féconds fils des Roys de Po- logne: mais lean, & Scaniflas vniques hericicrs decét Eftat , cftans morts jeunes en l'an ijzô. cette Duché rc- uint à là Couronne d»- Pologne. * - Marchouie eft la Ville Capitale d? cette Prouincê,& a fous elle les Villèsde, Cxirko.Egrod^Kckrozin.CzieC- kanoyu.Czernierensk, Pokouvok,Rolan,Varka,Blo- nic,Z3rfin,Capziek,Pratni,& Loraza. Cette Prouince. fut eftrangerisent ruinée Se ranagés par jMéndog Dud de Lithuanicprincipàlcmcnt en l'an 1 1^6. & 1160. La Volhinie eft affife entre la Lithuanie, la Podolie, & la Ruffie: elle appartçnoi tau grand DucdcLithua- nie,mais maintenant elle eft vnie au Royaume de Po- logne. On la diuife en }. Prouincesjà fçauoir de Leuc- ko, de V /olodomire, & de Ryzemenec, qui font aufîl les noms de j. Villes Capitales , qui en ont beaucoup d'autres fous elles. La Podolie a pour fes limites du cofté du Midy là Moldauie.prcs la Riuiere de Tyre,maintcHant appeliéè Nijefter , au Leuant de grandes campagnes déferres, Se inhabitées jufquesaux mareftsMeotides , oumer des Zabaqucs.On ncvoid prefqucence Pays que de petits villages fort cpars,à caufe des continuelles dourfcs des ' Tarcares. Sa Capitale Ville eft Cam yeniec , prcfque di* uinemcnt baftic entre des précipices , & fi forte, qtie les Tartares ont cfté foauent repoulfcz auec gran- de perte.de mefmc que les Valaques Se les Turcs.On y trouueauffila Ville de Lembours renommée , â eau- ' fe des chairs faiées quelle efiuoys en beaucoup d'cri- droits. ' . LaRuffievqu'on nomme auffi Roxolanie , otsRu^ theniei acdcjadiSj félon quelques- vnsappellceRof- feye , qui vaut autant à dire que peuples cpars, à caufé que ces peuples occupèrent toute leSarmatiè d'Euro- pe,& vne partie de celle d'Afie:&eftendicét leurs colo- nies depuis la mer glacée jufqu'à la Méditerranée, Se ad Golphe Hadriatique , Se depuisla mer Majeurjufqu'à la mer Baltique : de forte que tous lei peuples qui vfene de la languë Efelauone , Se fuiueot la Religion , & cé- rémonies des dhreftiens Grecs , font communcmeiic appeliez Ruffiens j ou Ruthenicn^. Or je ne veux pa^ parler en ce lietl de toute la Ruffie , dont la plus gran- departie obey t au grand Knez , mais feulement de ccU le que l'on nommé Noire, êe félon les Mites Rouge, ou Méridionale. Donc la Ruffie Noire eft bornée dti cofté du Midy*" des monts de Sarmaticquî font auffi nommez Carpe- tiens & Tartares, du Leuant de la Volhmie,Podolie.&: Moldauic :du Nord dé la Lithuanie, & du Couchant de la Pologne. Cette Ruffie contient les Pàys & Villes de Leutn- j iirg, d'Halide, de Bclze.dc Cheirno,& dePromjeffie, qui en ont beaucoup d'autres fous elles. La Capualfi Ville de toute la Prouince c'eft Lcumpurg , où eft ïc fiegé de l' Arclwuefque. La Podiafié grande Prouinoca! du Cotichant la Mo- rauic , Se du Leuant touche la Lithuanie ; elle fut aU- tresfois fous la doraination dis Lithuaniens : mais De l'Eftat du Roy de Polôgne. _ . 1 f» 1 . - '.1 I.,.r *• J02 l'an 1^69. elle fut vnie au Royaume de Pologne par SieifmondRoy de Pologne, & grand Duc de Lithua- nic. On y void les Villes de Byelsko,Bransko.Suras,& Tykolzin , où l'on garde le threfor du Roy : on y void aufli Knyffin > où eft vnemaifon Royale auecvn grand parc remply de diuerfes fortes d'animaux , & de beaux Canaux & referuoirs tous pleins de po'nons. Vous y trouucz auOi les Villes de Narevv, & de Vahl- kovv,& fcmblablemcnt celle d'Auguftovv, Ville fort grande, fondée pat le Roy Sigifmond Augufte. La Pomcranie confine auec la mer Baltique,^ s'c- ftend par vnlong cfpace de terre depuis les «xtrerni- tezdc l'Holface, jufqu'auxfroniieresdcLiuonie : Elle eft nommée Pomeranie , ou la Prouince de Pomcran, icommcquidiroit maritime , & ce en langue Elcla- uone. , „ Ses premiers Habitans l'appelloicnt le Pays de 1 a- morcy , & les Habitans mcfmes eftoicnt nommez Sidines. . ^ Il y a 40. Villes entourées de mer & de foOez, outre plulicurs autres , & beaucoup dcChafteaux, & Mona- itetcs. , , . ,1 Ses principales Villes font aflSfcs près du nuage delà mer , &Uya bien peuauant dans le Pays, & le nuage «ft fi bien fortifié par la Nature, & accommode en tel- le forte, qu'il ne craint aucun débordement de la mer, & donne vn grand accez aux Nauires. Ses Villes qm font dans le Pays, font Stetin v^apita- le de tout le Pays , qui donne fon nom à vnc Duché. Naigardc , Lembourg, Stargard, Bergard, Camenez, Publin.Gri(cmburg,& plufieurs autres. Ceiles du riuagc font Colberg.Camin.Coftin,0,rib- fuuald , où il y a Académie fondée l'an 1546. Sundt, Purck,Revncol,Louemburg, Hechel, Strafvnde. Ville agccabie & de grandtrafic,&; plufieurs autres. On y voyoït autre^fois labelle ViUede luiluy.main- tenant Voltin , qui eft pour le jourd'huy rumce .-mais fur tout Ion y void la Ville de Gdaun, Dants, ouDant- zic>qui eft enuiron à jooo.loi ng de la mer. Il y en a qui mettent cette Ville en Prulle. Il ya tout auprès du Pays de Pomeran 5. ines,àlca- ir.Ragen.où l'on compte Villes; Vfcdam, ou Vie- m . où l'on compte 5. & VoUne, où l'on n en met de Pologne, après qu'il luyCuft prcfté fermét folfnnel, &le fufditRoyluy donna toutes les terres de Pmffc, pour les tenir deluy comme fon homme lige. Or laPruffe fut jadis diuifce en u. Duchcz, ou Pro- uinces, l'an yy^. par Vencdus fon Printe.felon le nom- bre de fesenfans,à chacun defquels il afligna vnc Pro- uinccqui portoit le nom dece Seigneur. CesProuinces ou Duchcz font Sudauie , qui fut en« tiercmcntrauagceparlesCroifcz , Sambie , aujour- d'huy Szamland,Nethanie,Nâdrauie. Berdouie, Gar- linde,Varmiej ou Vvermclande, Hogkerland, Culme, Pocmfanic, & Milchlouie. Chacune de ces Prouinces contient beaucoup de Villes bafties en diuers temps pat les Chcualiets Tcutotîiqucs, veu qu'après que la Reli- gion Chrefticnne fut eftablie en ce Pays . les Croifez y baftirent 71. Chafteaux,& ^i.Villes principalcs,dont le nombre eft maintenant augmente ; tellement qu'il n'y a pour le prefent Prouince en Pologne, où l'on trouue tant de Villes,& de fi beaux Chafteaux. Maintenant la PrulTe eft diuifée en deux Pays, a (ça- uoir en celuy du Duc & du Roy : le Duc a Ion hçgé à Montroyal , que les Habitans nomment Cunizbergj Ville maritime , où l'on void vne Vniuerfitc fondée par Albert 1. Duc , qui a commencé par le moyen du Roy de Pologne , de jouyr entièrement de toutes^ccs terres . comme vaftal du Royaume de Pologne. Ma- tiembourgeft la capitale Ville de la Prufle , c'eft a di* re,de celles que le Roy poiTede particulierement,outre cequ'il a accordé au Duc U y a auffi vne belle Vni* uerfuéàKonigfpeig. Qualité, LA Pologne eft vn Pays plain, couuerî de beaucoup , de forefts , & reroparc au dedans de peu de mon- ''^Ce'payseft froH , à raifon dcquoy ileftpriuc d'oJ liuiers & de vignes : mais il abonde en toutes autres chofesquela terre a accouftumé de produire : car il y vient grande quantité de froment , d'orge ,& de tou- tes foites de légumes ; tellement que les autres Pays qui font au de là de la mer , ne fe fcntent de fa ferti- lué. Elle abonde aufli en bcftail de toutes fortes. &en poilTons. . ,1 Il eft vray que félon fa grandeur elle eft trop pctt cultiuéc , vcu qu'ily abeaucoup de grandes forefts où l'on trouue vn grand nombre de bcftesfauuagcs. Ilya auffi force oy féaux, & grande quantité de fruids , de beurre & de cire. Et quant au miel, il s'y en trouue en UOU'. do m ûu'vne. r LaPrulTc, que quelques-autres nomment Borrule, Pruthenie , Vlmigauic, & Hulmigcric, ^ pour fes bor- nés la mer Baltique du Septentrion , la Luhuanie &C Samogit'e du Leuant , le Pays de Pomcran du Cou- chant , & la Pologne & la Mafouie du M.dy. Sa on- ^Ig---—-^^^^^^^^ deioiog"c» , . , ^ . — r^u^ft-a,, de ruches d abeilles. On n'y trouue point de mine d'or , ny d argent, ex- cepté au terroir de Cracouie . où l'on dit qu'i y en a vnc d'argent . de mefme qu'à Sandoraaite , ou i on en trouue aufli vnc d'azur : mais ce Pays produit d« plomb,du fer, & du cuyure bon en perfedion. &ilya grande quantité de fcl, principalement de celuy de mi- ne , qui eft excellent. En Pologne le plus grand put d'Efté n'eft pas moindre de 16. heures, & nepaflc auUl lefditesi6.heurcs,&40.minutes. La Liuonie eft vn Pays plein de marefcages pour la plus grande partie , & n'ayant aucunes monta- eft fur h frVntiirrd"eia"Ma"fouie, jufques auChaftcau deMemuU. & fa largeur eft de yo.lieuès^Ses principa- les Riuieres font la Viftule,Ncmen,ou Cronon, No- gat, Elbinth. Vvfere.Baflarie.Alle.Pregel.OiTe.Drebu- ciz, Lique, & Lauie. ■ r x .ru. Cett^ Prouince a cfté quelque temps fous les Ctw:- ualiersTcutoniques : mais vn peu après l'an 1419. les Pavs & Villes de PrulTe voulurent recognoiftreCah- n,ir Roy de Pologne, & fe reuolterent contre les Che- ualiers, & depuis encore l'an i4p. ^ Pf^ff* J»»'"^ p us obeyr à ces Cheualiers , & fefoufmit au ^oy de Pologne , & les foldats de l'Ordre qui eftoient en gar- nif.,n vendirent Mariembourg . auecplufieurs autres Villes & Chafteaux.l'an i4y7.476ooo.tiorins. Toutesfois lei Cheualiers ne voulans prefter 1er. mentauRoy de Pologne, l'an 1498- ils s entrefirent la guerre auec diuers eucncments jufques à ce que la PrulTe fut réduite en Principauté fcculicrc , (ous Al bert Marquis de Brandebourg 34. & dernier grand Maiftre de ces Croifez . qui fut hitCheualier de l Or dtc, ôc Prince feculiet à Gtacouie , par SigUmond Roy 11 y a beaucoup de Riuieres quil'arrofent,& toutes- fois beaucoup de lieux demeurent fans cftrecultiuez, combien qu'ils foyent capables de FO'»'^^^ beaucoup, car il por?c du froment , & toute forte (le fruits en 11 grande abondance , qu'il en enuoye vne bonrtepartHj aux Prouinces eftrangeres. Ce Pays abonde fcmblablemcnt en poiiTons . &ett bcftes domeftiques&fauuages > P»"^'P'l^^^^;";j^^ De J'Eftat du Roy de Polo chenaux , qui font aflcurczaupoflïble. IJ s'ytrouue auflî grande qiiantitédc cire, de miel,& de poix feiche. Il ne porte pointd'oliiiiers,ny de vignes. Jl y a beaucoup de Lacs , dont le principal nommé Beybas.qui a 4f. milles delong.abonde en diucrfes for- les de poiirons. LaLuhuanieefi: anfli pour lapins grande partie ma- rercageiire,& pleine de forefts, & pour cette caufe peu acceffiblc. Il y a de fort grands Lacs , quifemblenc des mers en quelques endroits. Ilyaaiiffi beaucoup deRiuieres nauigables qui font plus fréquentées en Hyucr qu en autre temps, à caufe que Icseftangs 6c les marcfts eftans glacez, le chemin eft plus aifé. L'air n'y eft pas tempère , ains fafcheux , froid au poffible. Il n'ynaiftaucuns animaux qui ne (oient pe- tits } & il y a outre les bcftes que l'on trouue en Alle- magne, des buffles, des eiîans & deschcuaux fauuages. Ce Pays produit aufli du froment en abondance, mais il y meurit fort peu fouuent. 11 n'y croift aucune vignc,& il manque aufli de fcl , qui y vient d'Angle- terre. Il s'y trouueforcemartes, zibelines, & grand nom- bre d'hermines , comme aufli beaucoup'de poix, de inicl,& de cire. A Vilne le plus grand jour d'Efté eft de 17. heures , «Se la S. patrie d'vne heure, & n'cft pas moindre en toute la Prouince de kî. heures, & ne 6. toutesfois aux extremitez qui tirent vers le Nord, le plus grand jour d'Efté efl: prefque de 18. heures. Quant à laSamogitie , elle eft du tout froide , Se jrelque toufioursgelce. Elle abonde enforefts, auxar- )res defquelles on trouue grande quantité de miel, qui rft meilleur , plus délicat, & plus blanc , & a moins de :ire meflée en ce lieu qu'en aucun autre. La Maftbuie eft pour la plus grande partie pleine de >ois, où l'on trouue grande quantité de bcuflcs,& des 'ers ou taureaux fauuages. La Volhinie -produit en abondance toute forte de ;rains , ôc de fruids , &a force forefts , oùl'on trouue ;rand nombre de beftes fauuages, ôc des eftangs , qui oifonncnt en poilTons. Il y a quantité de bons pafturages &de miel. Pour le regard delà Podolie.elle eft aufli fertile tout e qu'il fe peut , tellement que pour vn an on aaccou- :umé de recueillir cent , & en remuant vn peu les ter- ts, ôc y femant du froment elles portent 3, années de utte:& raefmeiln'eft pasbefoin de femcr les champs 3uteslcs années,ains feulement il fautfecouèr vn peu imoiflbn , les grains qui y demeurent feruent de fc- lence pour l'année fuiuante. Les prez y portent aufli du foin en abondance j Ôc ;llemcnt grand, qu'on ne voit point prefque paroiftre ;s cornes des bœufs au defliis derhetbe,&mefme elle juure vne perche dans 5. jours. Toutesfois la terre y eft dure , & pleine de pierres, illement qu'il y faut du moins Cix paires de bœufs pour bourcr : ce qui trauaille grandement les bœufs , & îuxqui leslneinent. On trouue pareillement en ce Pays force trouoeaux e bœufs, & de brebis , grand nombre de beftes fau- agc$ , du miel à foifon. Il abonde aufli en fel ^& en leuaux. m d La Ruflîe méridionale eft fernle au pofliblé , & 3onde en cheuaux,en bœufs, en brebis, en martes, & n Renards. Ilyatelleîquantité d'abeilles, que non feulement les cachent & logent leur miel dans les ruches , & »ns les creux des arbres, mais encore dans les Rochers, : dans les cauernes delaterre. Il n'y croift pomt de vignc.Il y a force Riuicres qui artofent , & beaucoup d'eftangs qui foifonncnt en oiflons. e roiogne. ;oj On dit qu'au terroir deChelme , les branches du pin coupées ôclaiirées fur la terre 2. ou 3. années, s'en- durciflcnt , Se transforment en cailloux. On y trouue aufli force craye blanche. . Le Pays de Pome,ran eft plàin,& n'a que fort peu de montagnes. Il eft fertil à parler gencra!emcnt,&: arrofé de beaucoup d'eaux. 11 a fes champs bien cultiuez,& force Riuieres nauigables. Il abondctcllemcnten animauxprinezjen froment* beurre,micI,cire,5(:cho.'cs fcmblables,qu'il fournit de toutes ces chofes aux autres Pays. Les habitans de ce Pays recueillent de l'ambre , que le flux de la mer jette au riua!^e , mais ils en trouuent bien moins que ceux de Pruffe. La Prulfe produit toutes chofes eo3bondance,& eft beaucoup plus heureufe que toutes les centrées qui luy font voifincs. Car elle eft de tous coftez agreablf* &commodeau poflîble,àcaufedu grand nombre de ports qu'elle a f.ir la mer Baltique , ôc desdiuers Gol- phes de mer, & coftes. L'air y eft doux & temperé.tci- lement qu'on y void grande quantité de beftail de toutes fortes. y» La terre y porte auflî à foifon du froment, qui fur- pafle de beaucoup en bonté celuy de Pologne & de Lithuanie. Ce Pays abonde en abeilles ,& en miel» de mefme que toutes les contrées Septentrionales* & ces mouches font leur miel dans les creux des ar* bres. Il y a de fort grandes foreds, ôc du tout épaifles,rem- plies de grandes & puisantes beftes fauuages, entre Icf- qucUes on compte les buffles, & les Efl;.ns, & les che- uaux fauuages. Dauantage,il y a foi ce Riuieres,eftangs ôc Lacs.qui abondent enpoiftbn : &mefme il y a quel- ques Lacs de cette nature qui ont détour leptlieuës de Pologne. Les habitans trouuent aufli au deOus dé la met Baltique de l'ambre nommé Burftin par les hi- bitans, qui eftjcctéparle flux de la mer, &parlcstem* pcftes au riuagc. Mœurs anciennes. COmme ainfi foi^^que les Polonois foncdefcenduâ des SlaueS,auff''ont.ils retenut leurs mœurs aflez longuement , fi bien qu*en fçr.chant celles des vnsoft vient aufli toft à auoif cognoilTince des autres. Pour en dire quelque choft , lors qu'ils vouloyent impofcr le nom à quelqa'vn de leurs enfans,cequi né fe faifoit qu'ils ne fuiîent deda grands : ils le condui-. ^foieftt au temple de leurs Dieux, a< luy coupoicnt Tes premiers cheueux qu'ils leur oiïl-oieiu comme par ar- rhes du feruice qu'il leur deuoit rendre. A cet cfFed on appeiloit les parens & les amis pour fe refioliyr, & l'on y facrificic vn pourceau, & de l'eau mixtionnce, ôc faide comme nonsfaifonsThydromeh Les Dieux qu'ils adoroicnt cftoicnt leiTan.c'eftàdirè lupiter, Ladon,quieftoitPluton, Niam, Diane, Mar^ zan , Mars , Zezilia , Ceres , &Zienane , qui ïftoit Venus , ayans pareille opinion de ces Dieux que les autres Nations , & leur facrifians en la mefme façon que les Grecs & les Romains.folemnifans leurs feftes aucc banquets, dances, chanfons,& toute force deref- joïiy fiance. ^ Et mefme Duglofi'ehiftorien, dit que cette façon de s'cfioijyr auoit duré jufques à Ton temps, qui fut quel- ques années après que les Poîonois eurent receu laRe- hgion Chreftjenne, voire mefme à prefcntjlors que les ^ Lithuaniens fe refiouyflént & dancét, ils répètent plu- fieurs fois ce mot de Ladon en chantant, aucc vn grand battement de mains. Ilsauoient encore, comme dit DugIofle,pourbi<:Ui Ziuie, qui fignifîc cette force virale de /air, qui donné V gueur aux chofes aniaié«s. ' ■ " \ ' . Ils De l'Ettat du Roy de Pologne. JQ4 I!s adoroicnt encore le Dieu,ouU DccflcPogode, qui efloil la ferenité & tcmpcric de l'air. Quant aux Lithuaniens , ils auoient anciennement pour leurs Dieux , le feu, Us bois, les ferpents , qu'ils nourriflbient mcfnae en leurs maifens , comme leurs î)icux doroeftiques, & leur ofFroienc facrifices. Ils adoroient le feu facré , & l'cntretenoient en telle forte qu'il ne s'efteignoit jamais : & les Sacrificateurs & Miniftres de leurs Temples luy foutniiïoiéc toujours force maticre,afin qu'il ne dcfâillift point. Quand quelqu'vn eftoit malade, fes amis feretiroi- entvers les Sacrificateurs,& leur demandoient s'il cou- roit fortune de mourir,ou s'il deuoit demeurer en vie. Ces Sacrificateurs venoient au feu denuiâ:. iic le. len- demain donnoient rcponce à ceux qui leur auoient fait la demande , difans qu'ils auoient veu prés du feu l'ombre du malade. Il y en auoit d'autres plus auant dans le Pays qui adoroient le Soleil & les bois , & fé- lon qu'vn arbre eftoit plus haut ilsluy rcndoient plus d'honneur. Ilscftoient jadis fi pauures,& de fi petite réputation enuers les Ruffiens , que les Seigneurs &c Princes de Kinic ne pouuoient tirer d'eux an figne de fubjeftion, que des haillons , des drapeaux , du liège , & autres chofes vilcsjtant ils eftoient panures. l'ay oublié de dire qu'ils immoloient des cocqs à leurs ferpents, & les nourrilloient de laid. Us auoient des feftes folemnclles tous les ans après îamoilTon vers le mois de Septembre , & lors qu'ils reucnoientde la guerre ils brullaient pour facrifice les dépoiiiUes priftsfur leurs aduerfaircs, ôc mefmc vn des ennemis prifonnier feruoit de vidtime. Quand quel- qu'vn d'entr'cux mouroit.ils brufloient auec fon corps fes plus riches meubles, &fes plus beaux chenaux, of- frans du laid & du miel fur le tombeau. Auant qu'ils enflent reccu la foy Chreftienne,il n'y auoit que les nobles qui enflent l'yCagedu drap & des fouHerSjveu que le peuple s'habilloit de lin, Sck cou- uroient de peaux de beftcs fàuuagcs. Pour le regard des Samogites.ou Samogcces, il n'y a pas long-temps qu'ils ne Tçauoicnt quec efloit d'or ny d'argent,ny de cuiore,ny de fer,ny de vin. Il eftoit permis à vn homme d'auoii pluiieurs femmes , 6i au hls a efpoufcr fa btlle-mere après la mort de fon perc, &au ftercfa belle iœur. Ce peuple auoit pour fon plus grand Dieu le feu qu'il eftimoit facié, & qui nes'cfteignoit jamais.eftant entretenu en vnc haute montagne par le Sacrificateur. Ils auoient des forefts qu'ilsadoroicnt comme fain- aes , & comme demeure de leurs Dieux, & eftoient tombez en telle folie , qu'ils penfoientqMC ces forefts, & les beftcs qui y demcuroient cftoyeni (ainâres, & que tout ce qui y entroit deuoit cftre réputé pour fainét. Ils auoient en ces bois des foyers fcparcz les vns des autres pour les maifons & familles , dans lefquels ils btûloicnt les corps de. leurs grands amis auec leurs che- uaux,fellcs,&harnois,&leurs meilleurs accouftremés. Ils mettoyent prés de ces foyers des efcabeaux , ou quelques ficges faids de liege , fur lefquels i4sappre- ftoient des viandes faidcs de farine en forme de fro- mages, & verfoient de la bierc fur le feu , eftans abufez iufques-ra , qu'ils croyoïent que les ames de leurs morts, dont ils auoient bruflc lecorps,venoient U de nui6t»& y prenoient leur refedion. Si quelqu'vn d'eux venoit à faire la moindre violcn- ce à ces forefts ou aux oy féaux , ou autres beftes qui y eftoient , les mains ou les pieds luy dcucnoicntcoui- bez par art diabolique. Ceux de Liuonie ont efté longuement barbares & inciuils, ôcaddonnez à l'adoration des Dieux prefquc fcmblableà celle que nous auons ja décrite en parlant des autres. La fimplefl'e de ce peuple eftoit fi grandt, ■ qu'après auoir prcfte le miel ils portoyent hors la cire comme vne ordure & fuperfluité. Il auoit ordinairement ce mot de lehu en lâboucl>[^ dont ceux de ce temps en fçaucnt l'explication. Ceux de la PrulTc anciennement fort cruels & barbares & grands beuueurs . ayans pour leurs plus grandes délices le laid des jumens , auant qu'ils fçeut fcnt l'vfage de l'hydromel. Ils prenoient autant de femmes que bon leur fena- bloit en mariage, Se les tcnoient auffi fujcdcs que fi elles euflcntcftc leurs feruantes. Lorsqu'ils cftoycnt las,ou dctrauailjou de trop boire, les bains & les Eftu- ues leur aydoient à fe remettre , & mcfme au plus fore de l'Hyuer ils auoyent accouftumé de fe baigner de- dans l'eau froide. Ils enterroient leurs mortsauec leurs plus riches meubles, armes, & chenaux , & factifioieiit à ceux qui mouroient en la Bataille quelqu'vn des en- nemis qu'ils auoient pris. Ils adoroient le feu , leSd- Icil.la Lune, les beftes, les ferpents , & pludeurs autres chofes. Us eftoient fort charitables enuers les necclE. teux , ôc mefmes alloient au deuant de ceux qui eftoi-, enten danger de la mer,& les fecouroient.ou bien ay- doient à ceux qui auoient efté trauaillcz pat les Cor. faires. , Ils ne faifoicnt nul eftat de l'or ny de l'argent. Us auoyenc quantité de belles fourrures qu'ils donnoycat pour d'autres veftemens de laine. Mœurs de ce temps^ ' LE s Polonois font à prcfent entièrement efloigne* de la cruauté de Sarmates anciens , & de leur defle. Ils font fagcs & difcrets en leurs adions,& foit courtois à l'endroit des eftrangers , excepté le menu peu pie qui tire d'eux jufqu'au dernier dcnier.lorsqu'd le peut faire. Us boiuent volontier5,ainfi que tous les peuples Se- ptentrionaux, mais l'vfage du vin y eft fort rare , & les habicans ne fçaucn: que c'cft de cultiuer les vignes, îlsont certaine boiifon auec du bled, & autres chofes qu'ils nomment cei uoife, Ôc qui eft comme la biere. Les charadercs dont ils vfcnt en écriuant font coJD- pofez en partie du G;ec,& en partie du naturel de lent Pays, & les hommes & les femmes s'y habillent prci- eue à la f^çon des Grecs. Les Polonois abhorrent 1« larcin, & la vol^rie, ÔC le Pays eft tellement aifeute de ce cofté-là,qu'cn Hy ucr on v erra faire vn grand chemin à vn homme tout teul, auec vn petit chariot tité pai vnoudeux cheuaux. , ^^ n. ■ Ce font des hommes remplis de grande indultne, & qui ont lacognoilîance de pluficurs langues, princi- paiement de la Latine , dofit chacun vfe comme de 1j langue vulgaire aux Villes & villages . & elle eft com mune tant aux riches qu'aux panures. Les Gentils- hommes Polonois avment à cftre fuperbcmentveltu! Se armez.Ils font vaillants de leur naturel, & quoy qu« leurs ennemis ayent de l'aduancage fur cu:^ pour le re- gard du nombre, ils nela.flentdc les attendre . voire mcfme de les attaquer. Les nobles qui ne font pas d< condition releuce.n'cndurétpas aifément les outrage qu'ils ont receu des grands Seigncurs.mais l'ofteccs d faye d'en tirer raifon en alTcmblant autant dc les pa- rents & amis qu'il luy eft polîible. En fin pour parler généralement des Polonois , m fontpluftoft prodigues quehberaux. pource qu ils n( font que feftincr,&(e plaifenc à nrcr force pcrlonnes & à nourrir grand nombre dcfciuueurs. Quant aux Lithuaniens , ils fe conda-.fent aUan! oar leur Pays enHyuer par l'Eftoile du Nord , a»^' qu'on fait fur la i^pr. Us n'ont aucunvl-gc de rnoi. uoye. , , De PEftat Roy Je Pologne t« femmes de ce Pays ont des .mis par la permif- - — - ^ «on de leursmans & s'en feruent au .eu d'amour quaad bonleurrcmble,&toutcsfoisfivn L '■ ' • , ""'""■'-^'"'^ " vn homme ma. ricauct quelque maiftreffc, il én feroit biâm^ Les mariages font entr'eux fi peuafFeurcz , qu'ils les Ki^^Lr/^'Î^n'î "'^ ' P^i" y fort bis, à caufe que le bled n'eft guère criblé , ny la farine Les troupeaux les pouruoyentdebrcuuage,pource qu ils ont du la ift en abondance, dont ils fc feruent au lieu du vin. lis parlent Efclauon de mefmc que les Polonois. Lors que les Lithuaniens ont guerre contre quelqu'vn. ils y vont pluftoftauec grand appareil , q^ie bien en point pour combattre. Auflî leurs forces s'cfcoulent incontincnt.s'ils font contraints de pourfuiurc , ils renubyent foudain ce qu Ils ont de plus précieux & de plus cher, foit chcuaux ou bagagcs,en leurs maifons,& fuiuent le General plus par force , que de defir qu'ils aycnt de le fcruir & de combattre.Cecy fe void en ce que les Grands,qui font obligez de fcruir le Roy auec quelque nombre de ses, rachètent cette fcruitude & fubje^ion auec graSde lomme d'argent , & cecy eft tellement ordinaire entt'- eux , & leur retourne à fi peu de honte , que les Chefs & Colonels font crier à fon de trompe parmy les ar- mées , que s'il y en a quelques- vns qui fe vueillent re- tirer, ils le pourront faire en apportant del'argcnt , & qu on leur donnera leur congé. Ils font fi licécieufeœét diipenfez de tout faire.que cette liberté fi dcfbordéc les tait abufet de la condition en laquelle ils viuent. Ils portent les habillemens longs à la façon des Tar- tares , mais ils ont la lance & l'cfcu comme les Hon. ;res. Ils ont de bons cheuaus, mais ils font tous cha- [trez , & jamais ils ne les ferrent. Us les conduifent à eur fantafic auec vn fimple canon , fans vfcr d'aucun nords, qui foit fafchcuxiou rude. Le peuple y eft miferablc , & tenu en grande capti- nte , d'autant que les Grands qui vont par le Pays ac- :ompagncz d'vn bon nombre d'eftafiers, entrent dans es maifons des Payfans . &y rauifTent ce que bon leur emble, & niefmc les battent bien fouuent à outrance, l n y eft Idifible à vn fermier de venir auec les mains uidcs dcuant fon maiftre ; & quant auxautres , outre s cens & la rente , ils font obligez de donner toutes rs fcmaines 3. ou 4. couruécs. Qucfi la femme de leur .urt eft morte, ou s'il fe marie , ou quelque enfant lyioit ne , ils font contraints de luy bailler certaine )mme d'argent , fur cette confideration feulement, u 11 les ouyt de confeffion durant toute l'année. Si uclqu'vn a commis vn crime digne de mort i il faut u 11 le pende luy-mefme , fi-toft que le commandé- lent luy en eft fait de par le Prince , autrement il eft attu, toutmentc,& defchiré cruèllemcnt,auant qu'on ralie mourir. Les Liuoniens font fort addonnez àla gourmandife :àlyurognerie , & cette dilTolution & defbauche fe ratlque plus aux maifons des grands Scigneurs,qu'en >ut autre lieu. Celuy qui peut porter plus de vin , & ■mr plus longuement coup à manger & à boire , eft bien venu : mais finalement il eft payé de goutte, «delang, hydropifie, ou quelque autre fera blablc que tous ferfs, & quand quelqu'vn ne pouuant portet la f3im,ny le fouet, ou la grande tyranicdcs Seigneurs, s en va , fi 1„ Gentils-hommes le peuuent attrappcr après , ils luy couppent les pieds afin qu'il ne s'en puif- (e plus fuir. Ces panures fcrfs font nourris de viandes a^A ' ^""^ poii'ceaux ne daigneroient prefquo taftcr de ce qu'ils mangenr.Ils portent des fouliers faits d elcorce , & la paire ne leur courte que ^.deniers. Au Quelques Gentils-hommes vfent delibcraiitez en- :rs ces goulus & yurognes , & cependant pour entre- nu cette libéralité, rançonnent les Payfans:tellemé^ letout ce que les derniers peuuent acquérir auec aucoup de fu.ur & de peine, les premiers le dcpen nten exc« &deïbordemens. Les Payfans font pref leu de chanter lis hurlent comme des Loups, &ont (ans cefiîr, comme au temps palfé , le mot delehu en la bouche. Quand on leur demande ce qu'ils entendent par ce mot de fehu , ils refpondent qu'ils ne fcauenti mais qu ils fument en cela lacouftume de leJrs pre- deccfieurs. Bref ces panures gens viuent comme dei beftes , & font traidez prefque de mefme. Qusnd ils veulent mettre en terre quelque homme mort , ils tournentautour de luy en beuuant d'autant, & le con- uient à boire,efpandans fa part fur luy. Et quand ils le jettent dedans la foife, ils mettent prés de luy vne coi- gnée, du vin,des viandes, & vn peu d'argent pour faire fon voyage;& tândis qu'ils eftoient tenus fujets parles Cheualiers Teutoniéns , ils difoient à leur mort , Vâ t'en en l'autre monde , où tu auras domination fur les Tcutonicns, comme ils l'ont eue fur toy en ce monde. Quant aux mariages, fi quelqu'vn veut efpoufer quel- que femme,il faut bien fouuent qu'il la rauifie.Les ha- bitans deLiuonie font Je diuerfcs Nations . vcu qu'il y a des Liuoniens, des Curons, & des Litiens j Icfquelâ ont diuersiangages.Toutesfois aux Chafteaux,& dans lés Villes l'on parlepourla plufpart Allemand. On tient que les femmes de la Ville de Reig en Lii uonic font braues & pompeufes , & mefprifent les au- tccsqui viennent de quelque autre Pays: Elles feroient bien marnes fi on ne les appdloit Dames. Elles në s'addonnent prefque à faire chofe que cé foit, ains vi- uent continuellement en oifiueté & en délices. Au Ueii de filer leurs quenouilles, ou de faire quelque autre be- fongne de femme elles ont des coches , ou charioté branflâs, dans lefquels elles fe font promener l'Hyuer, & des nafl^elles en Efté pour s'aller efbattre fur l'eau. Les Sartiogiticns font de belle «Se grande taille.maiâ peu ciuils, rudes , & barbares. Ils font audacicuxi & prompts à la gucrre,ont des corfelets, & s'aidciit d'é- pieux fcmblables à ceux dont nous vfons , mais ils fonc plus courts. Leurs chenaux font fort petits, & toutes- fois ils leuir donnent tant de peine , que c'eft chofe ef- trange. Us rompent la terre pour forte qu'elle foit.noii auec le fer, ain^ auec des focs de bois.de mefmc que leâ Mofcouites. Vn de leurs Gouuerneurs qui les vbuloit foulageri leur ht porter des focs de fer : mais eftant aducnuque durant 2. ou 5. ans la terre ne rapporta que bien peu , ^ caufeque l'air eftoit mal tempéré , ce peuple lourd commença à fe mutiner,& à dire que ce mal- heur pro- ccdoit de ce qu'on faifoit cultiuer contre la couftumes auec lé fer, qui rcndoit leurS terres infertilcs;tellemenc que le Gouucrneur fut contraint , afin d'éuitér fcdi- tion, de les lailTer labourer à leur fantafiè. Et à caufeque Je peuple y eftgrolîîer , leDiabl^ leà feftonne fouuent auec désvifions ëftrangés. Ils efpoufent plufieurs femmes, & fans aucunè con- fid eration de fang ny dè parentagej vèu que le fils aprejJ h feort de fon peœefpome fa belle mere & le frerè ne faitconfciéncè de prendre fa belle fœux àfem me. Ils n vffent d'aucune monnoye,& baftifient leurs maifonjî fort balTés , couurans ces iogertes de boue & de chau- me , & faifans le toidainfi que lés barques ou galères^ & au fominec , ils font vne feneftré fi grande , qu'elle donne clarté à toute la maifon. Le feu brûle toujours dedans , tânt pour appreflef leur viande , qu'àcaufedu froid , qui y eft fi vehe- «cntjque prefque tout le long de Tannée les RiB'ierès Vu y de.. ro6 De l'Eftat du Roy de Pologne. y demeurent glacées. Ils font raftrc , ou le foyer au milieu de la mailon, afin que le perè de famille cftant affis.puiffc en fe chauf- fant prendre garde à fon ménage , & à fes troupeaux, pource que les hommes & les beftes couchent lous vn mefme couuert,fans aucune fcparation. Les plus riches & puiffansau lieu de vafes , ou de coupes d'or,cn ont qui font faites de cornes debuflcs. Ils n'vfent pointd'eftuues.ny de poiles;comme leurs voifins: mais ils font naturellemenc enclins à la dim- nation, aux charmes & forcellcries, & à l'oblcruaiion des augures. i • s> • Ils mangent prefque tous du pain fort bis, & qui ne vaut gucres. Ils ne boiuent le plus fouuent que de l'eau, & vfcnt rarement de bicrc & de mcdon.Quant à l'habillemenr, ôc au langage, ils ne difterent guercs des Lithuaniens. Les Mafouiens ne font difFercns des Polonois quant aux mœurs & aux habits, & n'vfent de mefme langa- ge , excepté qu'ils y adjouftcnt encore quelques fiftle- mens.qui les rendent vn peu difFercns. Au reftc ils font cour3gcux,& vaiUans au poffible. Les Volhinicns (ont auffi pleins de valeur & de courage . mais ils ont mef- mes mœurs & mefme langage que les Ruiïîens. Les Ruffiens Méridionaux foiit forts & vaiUans , & vfent en guerre de l'arc, Se d'vne picque de n. pieds de long. Ils hayffenteftiangemcnt le nom de Roy. Les Polonais ont des colonies prefque en toute cette RuU fie,& prefque tousls5Chcualicrs,& les principaux du Pays font Polonois. Les habitans du Pays de Pomeran ont garde lalan- çue ÔC les mœurs des Vandales jufqu'au temps qu'ils ont receulafoy Chreftienne , veu qu'ils ont apris des lors le Saxonacqucl Us parlent encore a^ijourd huy. Les Pmffiens, principalement les Nobles , delcen- dent des Allemans,& retiennent beaucoup de leur na- turel. „ 1 • p I Ils baftiffcnt plut haut que les Polonois , & leurs couftumes font de plus longue durée que celles des au- tres.lls ont auOi plus d'art & d'induftrie, & vne beau- coup plus grande Police que les autres : pource qu à parler à la vérité , les Ailemansdeuancent beaucoup tous les autres peuples du Nord , foit en artifices , foit en adminiftration.Ôc règlement des ViUcs. Bjchejles. Es richeflfes des Polonois confiftcnt en la grande jL.qaâtité de grains, &de bleds de toutes fortes,dÔt le Pays abonde en telle façon, qu'il fecourut l'an 1590. '&5)i. non feulement les Pays voifins, mais encore la Riuierc deGennc$,Romc,&lcPays deTofcancbien que leur voifinage fuft en grande neceOîtc de (embla- bîes viures. Ils font aufïï force argent de leur miel, & de leurs cires.de mefme que de leurs lins, chanvres,& de leurs bœufs , & de leurs moutons , de leurs chenaux & ^e leurs bufles. , c i- ats Mais la principale richeffe vient des Salines d O- cen , qui furent trouuécs en l'an uyz. & pareillement de celles de Velifque. Ce fel vient en partie de quel- ques mines,& en partie de quelques fontaines : de ma- nière qu'on en tire d'vne forte en grande quantité de h terre,& l'on faidt auffi du fel par decodion. Ils ne tirent pas aufli peu dc^profit de leur azur , & de leurs mines de fer , & de cuiure , lequel ils trouuent en abondance. Quant à l'ambre qu'ils trouuent lut le riuagcde la mer , ils en font grands deniers toutes les années : & encore ils en peuucnt tirer quelque peu de leurs mines de fonffre. , Au rcfte, G l'on olte le port de Dantzic, on n y trou- nera guère autre place marchande qui loit de grande importance. Car quant à ce qu'on tire des autres ports de PtufTc . & de Liuonie, il n'enrichit pas ce Royauwë d'argent , & mefme ne peut prefque payer les draps dt foye , & de laine , qu'on y porte de Flandre , & d'An- gleterre, ou bien les vins & fuccres, fruits & efpice» qu'on y porte d'Efpagne & de Portugal , ou bien la maluoificdeCandicqu'on y vend (îo.efcus le tonneau, voire dauantage. Mais pour dire quelque chofe dcDantzic , on tient pour chofe alTcurccqu'il s'y vend , ou change tous les jours plus de mille charges de froment, & feigle,outre le bois , lapoixfciche& liquide, le lin, le chanvrc-U bierc,& vne infinité d'autres marchandilcs. Pour reuenirànoftre difcoursjles Polonois vendent auffi grande quantité de fourrures , & de peaux de di- uerfes beftes comme des Martres & Renards , qui font fort cheres.Mais pour conclufion,le Pays n'eftant pour tout cela trop marchâJ.horfmis le lieu de Dantzicque nous auons dit , & n'y ayant guère de trafic aux Villes, ny troD d'induftrie aux habitans du Pays , 6c d'ailleurs les Polonois eftans de tel naturel qu'ils ayment à faire bonne chere(principalement les Nobles) & dépencent, exceffiuement en feftins,& en habits, fi bien qu'ils con- fument plus que leur reuenu ne porte.veu qu'ilsman- gentplus d'efpices qu'aucune Nation, & que les vins & draps de foye,& mefme la plus grande partie de ceux de laine.leur viennent de dehors,il eft force que le Pays foit pauure d'or & d'argent , parce qu'vn Royaume ne peut eftre rirhe s'il ncft tel qu'il en forte beaucoup, de marchandifes. &qu'ily en entre fort peu, afin que la fortic luy apporte de l'argent , & l'entrée ne luy en falTc pas débourfer. Et"defait,c'eftd'oii vient la richefTc du Royaume de Naples,& de l'Eftat de Milan.dont l'vn enuoye dehors grande quantité de grains, de vins, d'huilc.defoye, de fafFran,de fruits, de cheuaux,& d'autres chofes, parle moyen defquclles il tire de grandes fommes de deniers des eftrangers : l'autre pouruoit beaucoup de Pays de grains, de riz, drapi,& de fetremens,& déroute lo^ede marchandifes , & en reçoit bien peu des autres. Q^e li le Royaume deNaples ( on peut dire le mefme delà Sicile ) auoit autant d'ouiuiers,& de gens d'induftrie, qu'il a de fruits , & de biens naturels , il ne fe trouue- roit guère de Pays qui luy pûfTent eftre comparez. Mais pour reuenir à la Pologne , fes reucnus ne font fi petits que quelqacs-vns cftiment.car premièrement les rcuenus du Roy,qu'on tire principalement des mi- nes de fel & d'argent, montent à 600. mille efcus tou- tes les années. Il eft vray que le Roy Sigifmond Augu- fte en engagea vne partie , & le Roy Henry vne année auparauant qu'il en partift, voulant obliger vne partie de la Noblclfe , en aliéna pour plus de 5oo.millc tolars de rente. , Mais les Roys pcuuent augmenter grandement e reuenu par la mort des poflclfeurs , appliquant à la Couronne les biens qu'ils ontaccouftumed'oaroyer aux particuliers. Or le Roy peut efpargner la plus gran- de partie de ce reuenu , d'autant qu'il eft defttaye auec fa Cour par la Lithuanie , & encore, au moins en par- tie, de la Pologne, tandis qu'il demeure en ces Pio- uinces. , r Et véritablement on n'eftimera cecy peu de choie fi l'on côfidere que les Royaumes d'Elcoflc, de Nauar re, & de Sardaigne , ne pallcntpasioo. mille efcus d( rente, ny le Royaume d' Arragon, 600. mille en 3. ans Les reuenus du Roy de Pologne feroycnt plus grandi s'il n'eftoit fi libéral à l'endroit de fes Palatins &Cha ftelains, aufquels U donne ordinairemet les deux tiers & quelque:fois plus de tous les droidts de leur gou uerncméc. Mais aux neceffitez de la guerre & des en trcprifes d'importâce, après la deUberatiÔ des Dicttc! on charge le peuple de grolles tailles, oui le payer Ui les terres, ou fur les daccs de la biere, qui arriuet à td De l'Eftat du Rôy de Pologne. yo^ Tomme, que par le moj'cti de <^ét argent le Roy Eftien- I Corn . qu'auffi pource qu^s difenc qu'ils oht àfTez dé ne loufl^n vne fort grande guerre contre le Dm: de courage & de force pour défendre l2 Royaume Mofcouie. efpace de trois années Us n'ont point de gens de pied , poorce Te t'out lé Qnant à la NoblefTe , les b.e.ls font ordinairement peuple du Royaume eft diuifc en Lrc unds & ï t a^re^ b>en partagez entre les Seigneurs & les Gentils- f.ns qui habitent dans les Villes. Se enl Weursqui" hommes , car il n'y en a aucun qui foit de beaucoup ' ^- - ->-^ « "poureurs qui nlus riche que les autres, & les plus grands reuenus ne font de plus de 25. mille cfcus. Il faut excepter de ce î^orabre les Ducs de Curbnde,& de Guinifbcrg. Mais quant à ceux.cy, quoy qu'ils recognoifTent pour fupe- rieurle Roy dePologne , duquel ils fohtfeudataires, toutesfoisilsne font pas membres vifs du Royaume, pource qu'ils ne S'a(remblent,& ne fetrouuent pas aux Diettes,& n'ont aucune part en l'efledlion du Roy.ou bien au gouucrncment du Royaume : ôc ne palfcnt comme Seigneurs du Pays , aiijls comme étrangers, comme ils font véritablement, pource que l'vneîlde la maifon de Danncmarc , à fçauoir le Duc de Curlau- de,& ccluy de Guinilbergeltdela maifon de Brande- bourg : car toute la Prullè fut jadis des Cheualiers Teutoniens qui auoient vu grand Maiftre particulier; mais ne pouuans refiftcr aux forces des Polonois , ils fe foufmirent comme feudatairesau Roy Cafmir. Finalement la grande Maiftrife eftant tombéee en- tre les mains d'Albert de Brandebourg , il dcuint Lu- thérien, & de grand Maiftre Duc de Pi ulTc. ~ , • > •••^t/Mn.uia uui le tiennent aux champs &aux villages , auec la fi4>je. ^ion que nous auOns dit : tellement que les armes ré- ftent entre les mains des feuls Gentils- hommes , qui n'ontaccouftumé d'aller à pied à la guerre. ' Mais lors qu'ils ont eu befoin de quelque Infante- rJCils fc font ferais de celle d'Allemagne , & de Hon. gtie. De forte que le Roy Eftienne euten fon éntrebrifé de Luionieenuiron.16. mille hommes depied de ces deuK Nations, &plusdc 4o.'inille clieuauxdii Royau- me en Ion armée. Qiiant à la conduite de l'Artillerie & âuxCaftadoursj Ils (e feruent pour ck efted des Tartares,& des Payfans du Royaume. Ce Royaume eftalfcz bien pourueu de Canons & de nuinuions de guerre, tant pource que la Noblelïc en a beaucoup en fes Chaft*aui<& maifons partilqilieres , qu'à caufe que la Pologne eftant fi pro- che de l'Allemagne qui produit beaucoup de métaux* & quia force maiftrcs pour fondre, & manier l'Artille- rie. & tout ccqui appartient au meftier des arrhes, elle n en peut manquer en aucune foi tcfe elle en abondé d aucanc plus qu'elle a moins de forcerelTes. Il n'eftpas qu'il n'y ayt des places d'importance, & qui iont de queiqueconlidcration.commc les fortcrcf. v.u.iTo,»,- , "^^'^^Lemburgi &deGaroeiiczenlaRuffieMeridioi gent , gens de pied & de cheual , armes & muni- na!e:leChafteau de Gracouip, en la balTc Pologne, tiens de guerre. Nousauonsalfczpariccy deuantdes > PoJ"^q"e aux frontières (*e Morcouie , & Marieni Forces, LEs forces de ce Royaume cotififtent en viures, ar^ eent , cens de oied & de cheual . armrs m...-,,' viuies & de l'argent,venons maintenantau rcfte. Les Nobles font obligez de Icruir le Roy à leurs dépens pour la defence de cet Eftat. Ceux cyfefêruent de cheual, armes , partie à la fa- conde nos hommes d'armes , partie vn peu plus lege- ^ment , & en partie aufli à ksmaniere des Tartares. Des derniers font nommez Cofaques , le meftier dcf- juels cft de piller, faccager, & ruiner toute chofc , & ous vont \ la guerre magnifiquement veftus , auec des afaqucs bordées d'or & d'argent, bigarrées d'vne in- inité de couleurs , auec force plumes , aiflcs d'aigle bourg,auec quelques autres places qui font en la Prufi fe,& en Liuonie^ & qui ont efté fortifiées, non par les Polonois, mais par les Ghcuahers Teutoniens , qui cri eltoient maiftrcs. Ces forces de Pologne , dont nous auons fait men- tion , font telles & en nombre , & en qualité, qu'il y â peu de Royaumes en l'Europe * ie ne diiraypas quilcs furmontent, mais qui les égalent. Jl ne manque à ces forces que la promptitude; Caril ya4.conditions qui font requifes auk forcc$ dequelqucEftat que ce foit , à fçauoir qu'elles foienfc j T j o x X "«'S'w . — ^— "j vjut te luii , < içauoir qu ciiesioient 'caux de Léopard &d'Ours,& duce beaucoup d'enfci. propres de cet Eftat, & non empruntées ny mandiceS ;nesdediuctfcs façons Se couleurs & plufieurs autres rncmens propres pou ries faire regarder aux leurs, ou our les faire paroiftre terribles aux ennemis, llï ont des cheuaux de moyenne taille , mais bcau- 3up plus prompts , plus adroits ,& plus courageux uc ne font ceux d'Allemagne. Ils courent ordinai- rment jufqucs aux faux-bourgs de Conftantinople I moyen de la mer noire. On tient que la Pologne îtoit en vn befoin 100. mille cheuaux , & laLithua- ie6o. & dix mille, qui reuiendroient enuiron à 100. liile qui pourroient feruir. Il eft vray que les cheuaux e Pologne font beaucoup meilleurs que ceux de Li- luanie. Ils font tel eftat d'vn grand nombre de Cauâlcriej ne mcprifsnc toutes les forces des autres , ils ne le >ucient guère de faire des forteredes. Ils croyent que s armées conduites par ces lieux ouuerts contre les ineinisjdoiuent combattre dcmcilleurcouragepour patrie, pour les femmcs,pour les enfans , pour la li- -îté,&: pour tout leur bien. Ils font ptofeflion de ne tourner jamais le dos aux înemis,quelque accident qu'il leur arriue* Sigifmond Augufte Roy de Pologne s'effaya bien •uucnt de faire refoudre Iss Diettcs à la fortification ïCracouie, à caufeduvoifinagc de l'Empereur: mais ne les pût ja^nais induire à faire ce qu'il defuoit: tant outcc qu'ils ne veulent pas donner aux Roys occafion c fc tendre maiftrcs abfolus par le moyen dcsgarni- d'ailleurs . nombreufcs , vaillantes & agiles : propres pource qu'on ne fc doit fier en autruy que mal-aifé^ ment : nombreufcs afin que quelque inconuenientef- tsnt arriué on en aye toujours de rcftcsqui puifTe repa- rer la perte , ou efhpefcher vne plus grande vaillance^ pource que le nombre ne vaut: rien fans la valeur , Ht mefme il nuit foUuent beaucoup plus qu'il n'ayde: agile : afin qu'on les puiircaifément&promptemenc mettre enfemble, & les pouffer où befoin le requerra. Or les Polonois manquent de la dernière dp ces 4; conditions. Car l'agilité dVne milice dépend princi- palement de deux chofes , à fçauoir de î'authoricé dii Prince, & de la promptitude de Vargent. En Pologne le Roy ne peut refoudre, ny cntrepren» dre vne guerre , ny impofer des tailles pour faire de l'argent (ans leconfentemenc des Diettesi Les Diettesoù il faut alfcmbler beaucoup de gens» font comme des machines de beaucoup de pièces , qui n'aduancent guercs qu'en vn fort long- temps : & au maniement des armes on doit tenir pour prompts, & toft ptefts les Princes qui Te peuuent refoudre d'eux melmcs,& qui ont l'argent à commandement : autre- ment lors qu'il faut affemblêr , ou difpoferlcs Dicttcs ou les Eftats i la rcfolution de ce qu'on propofe , & qu'il faut après cela exiger Siramafter del'argerv i on met tans de temps à ces chofes , qu'il en refte peu pour l'cntreprifc-, & l'occafion échappe cependant; D'ailleurs en Pologne les Seigneurs &c Gentils- Vu 2. hommes . o8 De l'Eftat du Roy de Pologne. ^ . . 1- i-_ j' -llonc Di^t. fnrcesauxNaaires, ont perdu bien fc hommes font de fi grandes dépences allansaux Diet tcs,& y dcmeurans.qu'ils n'ont que bien peu d argent, pour le pouuoir entretenir après en vne armée. Il fe pourroit bien faire toutesfois qu'on fc relou- droit promptement s'il eftoit qucftion de la defenfe & confideratiô de l'Eftat. pource que la crainte du rnal,& la confideration du danger rcndroient chacun diligét. Mais je croy qu'il y auroit beaucoup de longueur s il falloir pêfcr à Tcntreprifc de quelque conqucllc, pour- ce que l'efperance du bien ne nous émeut pas auec tant de force que la crainte & l'apprchenfion du mal. Tou- tesfois on a veu que le Mofcoiiitc ofta à S.giimond premier l'Eftat de Pologne ScdeSmolcnqucfans qu il roontraft quelque retTentiment digne d'vn Roy & dVn fi prand Royaume. Et le mcfmc Mofcouite afTaillu la Liuonie , qui s'eftoit mife fous la protcdion de Sigil- mond.fans qu'il y trouuaft aucune refiftance. Mais il faut dire que Us forces de Pologne nom- breufcs, vaillantes, qui ne dépendent de pcrfonne, au- ront toufiours autant d'agilité , & de promptitude que le Roy aura d'authoritc,& s'y acquerra de puiHance. Nous en auons vn exemple enla pcrfonne d bit, en- ne Battori,au temps duquel la Pologne non f"=^]lement s'cft maintenue en réputation d'eftie capable de le dé- fendre des forces eftrangeres , mais encore taire des conqucftes d'importance fur de puilfans ennemis. Mais pource que nous auons parle de 1 agilue , qui cftvne chofcextrcmtmcnt importante aux forces d vn .. r j- u„«..^c ^'nr^innfter ICV les forces aux Nauires, ont perdu bien fouuent vnebonrli' partie del'Efté, qui eft le temps auquel il falloir faire quelque effed.ôe que les Armes Turqucfques s'en d'é- pechoient promptement. Mais il n'y a tien qui rende les Turcs plus agiles qué nous , que leur couftume de viure & fe contenter de peu . pource que le vin, & femblablcs dclicatelTes cm- •■ pefchent plus nos armées que tous les vinres des Turcs enfcmble ne font les leurs. De forte qu'il ne le faut cf- tonncr fi lors qu'ils vont à quelque entrcprife , il foiié fi bien pourueus de canons, de balles, de poudre, & de toute forte de munitions:poarce qu'ils chargent de ces chofes les chariots par tctrc, & les Galères par mer, & non des vins ou chofes ferublables:& pour concUifiort ils vont à la guerre pour combattre,& non pour yurtf- gner. , r« i * Mais pour renenir a noftre prôpos.les Polonois con. finent auec les Suédois qui ont quelques places en Li- uonie,& auec le Marquis de Biandebourg,& l'Empc reur,cntantqne Roy de Bohême, & il y a enuiron cent ans que les Roys de Pologne n'ont eu guerre auec cç Princes ; mcfme le légitime Roy de Suéde, eftantRoy de Pologne , il ne fe peut faire la guerre à luy nrscifnei & eft feulement après à demander vne partie de fofi Royaumcdetenué par fon oncle Charles. D'ailleurs ce Prince ayant cfpoufe vne hlle de la ' maifon d'Auftriche , il peut viureen paix du coftc de l'Empereur. Etqoantaux Princes d'Allenoagne , les Ella,, ,l„ef.,apa.;™sdepropo=d'ad,oulUr,cylcs . l^'^J'^JJ PoloLs forlem leurs V.il» nousauonsveudepu.lTantesarmces.quiconfunrio.ent "«^P^B^^- j p^j^^^j^ ,^„fi„e„t auec 1« le temps inutilement à caufe que le Chefeftoit lent. Quant & nous auons encor des vidoires i-PO"-^." '^f' I .^tÎ^fcomt f n a/ dil ce qu'il faut au difcoi^Ts de flble , qui n'ont profité d'aucune cho e à ^ute d ar- ; " ^o^^^^^^^^^^^ y ^^^^^^^^^^ , gét.fanslequel on nepeut faire marcher les foldats. La ^ a ^° ii ^ettreen campagne lualitédes^ldatseftaulligran^^^^^^^^^^^ Car on P^^^ "'^^ ^^^^^ "^^^^^^^^^ de des autres Tartares f.s amis . comtne ,1 fit l'an Bohémienne ne manque d agilité , quielt P°P^^ '^" lot. au'àla foiUcitation du Turc , ilmit4.vmgt François,del'Itahen. ^' ;^iP;f- 'iSe "mîri!: Mofcouites . ^ quand il brufia la pom-cequ Ils font plus dilpos d J';^?^ ^"Jf^ y,!,, Mofco l'an i;6i. Mais cettuy-cy ne peut encor pource qu'ils fecomecent de moansâ la guerre. , v , entrcprife d'importance. S'ils'manquent de vin ils ne ^f^^^^^ i L %ftol ion ^ de piller f de picorïr & d'af neperdentpascouragc s ils viennent a eltrclanscnair, , oc cm p.u _ _ , _ r ^. _ r ^ r .«,,>.,v mi*! ailes & les & toufiours ils fupportent n^ieux les mcl ailes &. les incommoditez de la guerre. _ Dauantage la qualité des cheuau* importe de beau- coup en cecy , veu que les Flamans furpallent de beau- coup les Frifons.& les cheuaux d'Allemagne aulTi bien que les Polonois,& les Hongres : les Genêts d Efpagne furpafient les cheuaux Turcs , & »*'b"jont plu vifteque les autres. Quant aux courfiers de Naples, ils ne vont pas fi vifte que les Genêts, mais ils ^-^^l^^^' coup plus au trauail. & çnt auec ce a allez de vitefte. Or l'expérience a monftrc que la Cauallerie Alle- mande n'eft pas propre pour donner k challe aux en nemis,ou pourks fuïr, àcaufe qu elle ^Î^.^^^P P'^^^" ' au contraire h les Valaques, les Hongres,les Polonois, les Turcs, & les Mores de Bubarie ont mis quelqu vn en route,il ne leur peut échapper, & fi quelqu vn lésa mis en defordre,il nelçs peut fuiure:pource que main tenant ils font au dos de leurs ennemis , & loudain Us font beaucoup éloignez. ;,«^nf Quant aux entrepnfes maritimes , les Nauires ont fortfeu d'agilité , pource qu'cU" ne fe peuuent re- m' Ci , ny tourner fansvent : les grolTes Galères le re- mu,lbtvnpcu mieux,maisnonguercs,h b'equU nya que les Galères communesqui font bonnes a cet ctleCt. C'eft pouroiToy nous auons veu que les armccs ChrcUicnncs . qui mettent vne bonncpartic de leuis faffiner , que de faire h guerre comme il faut & d« combattre : tellement qu'il eft plus dommageable qiu dangereux. , n> i i- r,V Ses gens trauaillent grandement la Podolie , 6^ 1^ Volhinie. Onaquelquesfois confulte en qucUebçor on pourroit remedicràleuri courfes : & l'on a oppoU de fortifier quelques lûes de Boryftcne, que esTarta res palTent pour entrer dans IcsEftatsdesPolonois,^ d'y tenir quelques VailTeaux armez , & loutesfois 1î chofe n'a pas efté exécutée. n t Le grand Turc s'cft fort approche de la Pologm en fe rendant maiftre de la Valachie . qui cftoïc jadii feudataue de la Couronne de Pologne . luiuan quelques conuentions qui s'cftoient paflecs cntn Alexandre Palatin de Valachie , & Ladiflas Roy d( Pologne l'année 14.05. & encor l'an 1451. entre W' Palatin & Ladiflas iH. Cette Proumce faifoit jul ques à fo. mille chenaux , & abondoit en tout (orte de bxns : mais les guerres l'ont prelquc rer due defertc , fi bien qu'elle feroit à grand peine ^^ mille cheuaux. , . i Mais j'ay affez fait voir au difcours de l bmpirea Turcles aduantagcsou defauantages qu'on peut trou ucr en ces deux Princes : fi bien que )e remîts les u 6teurs à ce que j'en ay du en cclicu . \ De PEftât du Roy de Pologrië. ^og GoHuernemcnt, A Voir Icgoiruernemcnt de Pologne, & le confî- dcrer foignciifement & dr prcs \ il fecable que «: fyiv pluftoft ct\wY '^'vne République que d'vn Roy- aume. Car les Nobl« qùi ont grande authorité aux Diet- ics,& aux Confeils,ellircnt'leRoy,& luy donnent tel- Je authorité que bon leur femblc; & la puiflance de ces Nobles s'agrandit, & s'augmente tous les jours : vcu que pour le regard de l'cflccaion du Roy, ilsn'ontau- cunc Loy ny reigle, ou forme de la faire, ny par écrit, ny par tradition. On fçait feulement que rArchfcnefque de Gnefnc a fouucraine authorité aux interrègnes Cc'eft ccluy qui dénonce les Diettes , prefidc au Seiiat, & proclame le nouueau Roy) &quelemefmeauecl'Archeucfquedc ^«umpurg, ei' leurs SufFragans qui eftoientau nombre \. ôc les Palatins au nombre de 18. Se les grands ^"^«lainsqui eftoicnt }o. en nombre , auant que ^ Koy clienng inftitué de nouueauxEuefqucs, Pa- latins, aftclains en Liuonie, lors qu'il la conquit, & quelque p^jj nombre d'autres pcrfoncs en cette cfle- lon. Les Xonces terreftres y ontencor vne certaine authorité. Ilsappellent a^fi certains, qui font comme Agents des tours , ou cerd„ ^e la Nobiefte, qui fe tiennent , & le font par les Ptoi^nces , comme on void en Fran- ce les tours des Barons, fùncipalement aux Prouinccs qui fc conduifentparEftat.& «on par Efleus. Ceux-cy au temps des Diettes s'afTcHblent en vn lieu proche du Sénat. Ils eflifent là'deuxMioIu immédiatement defes fubjcts ( il n'a nurdroit »_r ceux des Nobles)& exécute abfolumét les délibéra- os faites aux Diettes. Ileft fouucrainiuge des Nobles ixcaufescriminelles,&:aentrcles mains tout le mo- de bien faire à qui bon luy fcmble. Finalement, il autant de pouuoir qu'il a d'aecortifc,& de prudence. Or à raifon des chofcs que nous auons ditcs,les No- bles viuent en Pologne auec vne fort grande liberté. Ils font ce qui leur plaift,&: les ordonnances du Roy ( comme ils difent cux-mcfmes)ne durent que 5. jouis, & ils reportent en fon endroit comme s'ils eftoyent fcs frcres.Et de mcfme que le Roy.gouuernc fes fujêébi qui font tels imincdiarcmcnt ançc authorité abioiuëi auffiils difpofent immédiatement de, leur vaïfaux, Int: lefquels chacun d'eux a vn pouuoir plus que Royal, tellement qu'ils les traitent comme des Efclaues. Les Roys de Pologne pour affermir IcurEmpirei ont fait vne chofe remarquable, vcu que de mcfmc que les Romains augmentèrent leurs forces en communi- quant la bourgeoise de Rome, & le droid: du Pays Là- tin , aux habitans des Villes & des Prouinces conqui- fes ; âuffi ils ont grandement eftendu , vny & affermy ^ ^ ' ' oblci; leur Eftat, enfaifant partdcspriuilegesde laN^^.^.- fe Polonotfe aux Prouinces conquifcs , ou par force d'armes,on par autre voye, Se en égalant leur Nobleiré j à celle de Pologne. Ce fut en cette forte que le Roy Ladiflas yriitlà Ruffie Se la Podolie à la Pologne , Sigifmond premier la PrufT^, Sigifmond Auguftela Lithuanie, Se Eftiennë la Liuonie: en quoy ils fe monflrerent fort judicieux Se aduifés , pource que les honneurs eflans pareils , Se les commoditez égales , les hommes en dcuienncnt plus vnis aux neceffitez &aux dangers. Les chofcs dignes de confideration touchant le goii- uernement, font que la diuetfité des fedfs qui fe trou- ue au Rt.yaume de Pologne , produit de perpctnclles noifesôc inimitiez entre ces pcuples,&: fait qu'elles ne pénètrent pas feulement aux Prouinccs , aux Villes Se maifons , mais s'engendrent encore entre le pere Se lé fils,& «ntre le mary & la femme. Dauantage la difcorde des dépendances cfl grande en ce Royaume, pource que cette Gouronne.eftant fu- jetteàcleâion , pouffe les cœursdeplufîcursà l'cfpe- ler , & à pourchaffer de s'obliger les Polonois par di- uerfcsvoyes , Se principalement à l'occafiondelcurs voyages , pource que la jeuneffc de ce Royaume defi- reufe de voir les autres Pays, arriuc en d'autres Eflats où elle eft carelfce pat les Princes , Se ces jeunes gens eftans de retour de Pologne, font conuicz par les cour- toifîes receuès à fe rendrcpartifans des Princes qui les ont obligez:& ils ne peuueht monftrer cette partialité qu'en l'élecStion du nouueau Roy , où l'vn peut autant que l'autre; Se par ce moyen on void naiftre vne diui- fion de courages , qui n'apporte point de defordre du- rant la vie du Roy , veu que cette Nation eft extrême- met fîdeleà fon Prince: mais il fe pourroit faire que ces différées & profeffions ouuertesdefaQeur&d'affeétiô les feroit fecrettemét entrer en défiance l'vn del'autîe. Il y a vn autre différent qui eft ccluy des ordres du Koyaume.fçâuoir de l'ordre des Senateurs,& de cclu^ des Cheualiers. Pour l'intelligence dequoy il faut fçauoir, qu'encot queleur principale intention foit toufiours de mainte- nir leur commune liberté, qui eft égale en fon Chef de Noblelfe, neantmoins la neceffité du gouuernement a introduit que ceux qui fe trouuent dignes de quelque conduite font pins eftimez& de plus grande puiffance, que les autres : & pourtant cette dignité fupctieure eft réduite à 2. degrez, fçauoir au Palatinat , &à la Cha^ ftclenicpource que les Roys du temps pafîé introduis firent peu à peu d'appcili? r ces hommes de grande di- gnité auxconfultations publiques. combien qu'îîs euf- fcnt pouuoir de faire toutes chofes fans eux , de difpo- fer,de recompenfcr,& de punir de leur propre mouue, ment. Depuis on ordonna que ces dignitcz fcroient vn corps du Sénat , fans lequel le Roy nepourroit con- fulter, ny délibérer des chofes publiques. Vu 3 ta jio De l'Eftat du Roy de Pologne. Le refte de la NoblefTc cft prcfque en nombre infi- nv, àcauîc de lagrandcuidcce Royaume , & afin que chacun des Nobles , lors que l'occaHon requiert qu on fafTe des ordonnances publiques , y pui(re interpoler fon aiïthorité & Ton confentemcnt , ou au contraire, chaque Palatin à la requifition du Roy doitappcller toute la Nobleffe de fon Palatinat en vne Ville parti- culière , & ayant expofc les chofes qui fe doiuenttrai- aer, & leur volonté eftant arreftéc fumant lederirdes plus fignalés, ils eflifcnt 4-ou 6. de leur corps , qui le nomment Nonces,oa Melfagers terrcftres,qui fe trou- uent auec les autres députez des autres Prouinces au lieu ordonné par le Roy, où les Eftats généraux fe doi- uent tenir,& ces députez vnis font vn corps qu'on ap- pelle l'Ordre de Cheualiers , moindre en dignité que leprcmier.mais égal en au thoritc,& partant ccttuy-cy eft couftumier de contredire à l'approbation de l'Or- dre des Sénateurs. La caufe de cette difcorde naift , de ce que l Ordre des Sénateurs a pour but de complaire à la volonté du Roy, à laquelle ils s'accordent toufiours , comme ceux qui font rccompenfez du Roy mefrne : !k l'Ordre des Cheualiers a pour butlebicn public, & ccux-cy cro- yent que s'ils ne refiftent , ils ne peuuent maintenir leur liberté , & cmpefcherlcfoupçon delà tyrannie: fi bien qu'ils s'oppofcnl tant qu'il leur cft poJilble â l'autre Ordre. ., n L'autre difcorde eft celle des familles Nobles, entre lefquelles il icfte pat d'intelligence , & au cas qu'on vinft à l'eflcaion de quelquVn de ces mailons , lors que l'interrègne arriue , il pourroit naiftre de grandes fautes , félon qu'ils auroient plus ou moins de puil- fancc. La dernière difcorde eft celle des Prouinces,comme la Lithuanie, Ruflie & Liuonie, d'autant que les Gen- tils-hoœmes de ces Prouinces endurent peu volon- tiers, leurs Pays eftans plus grands d'eftrc gouucrnez, & fuiets des Polonois. Mais il y auroit bon moyen detemedier à toutes ces chofes.fuiuant l'exemple du Roy Eftienne, qui s'cl- fayoit aux Eftars généraux d'accorder les points de la Religion, & d'cftablir vne forme aux futures elcdtios, afin que les partis desNoblesdemeura(rétvains,&qu Ô empefchaft par ce moye plufieurs defordres qui pour- rovent naiftre de ces di^orJes & afteftions dmerfes. Quant aux différente des Ordres des Senareurs .«^C des Cheiloîiers , il tafchoitdc les cftcindre le mieux qu'il luy eftoit poffible. il appaifoit les difTcntions des No- bles , remonftrsntfemblablcàtous.&lîsappellanc également aux dignitez du Sénat , en diftnbuant pour rccompenfe Ici reucnji» publics , eftant feuerc aux re- muans & fediticux , & finalementen fc rendant pro- tcitcur des bons & paifibles , & de quelque condition qu'ils fuftent. . • „ . -i r Pour le regard des différents des Prouinces , il tau- droit faire comme luy qui les efteignoit auej beau- coup d'art.principalement ayant eHeu pour la dcmcu- re la Ville de Grodme aflîfe aux frontières de la Li- thuanie & de Pologiie.à caufe dequoy il fcmbloit qu'il fift également part de fa faneur & de fa grâce , aux vns & aux autrcs,& pour condufionil tafchoit deconten- 24 ter toutes les parties. r -c ■ Maintenant pour particularifer & fpecificr mieux les chofesqui concernent le gouuernement de ce Ro yaume.il faut fçauoir qu'il y a deux membres qui com- pofentfon Efta'tPoliciquc. • Le premier eft celuv des Princes Ecclefiaftiqucs,c eft à fcauoir de deux Archeuefques,dont le premier eft ce- luf deGnefne,PnmatduRoyaume,&Legatnay du Pa- pe en toute h Sarmace, qui a l'authotitédc Couronner lesRoys : Pautrç eft celuy de Leampurg en la Ruffic Mctidionalc. Ce membre eft encor compofé c^e plufieurs Eucf. qucs qui font prcfque tous grands P.mces , comme celuy de Krackow en la bafTe Pologne . ccluy de Pof- nan en la haute:celuy de Ploco en MalTouie , celuy de Chelme en Volhinie, celuy de Premil en Ruffie, celuy de Camencsen Podolie, celuy de Kiouie , -Se pluUeurs autres. , . r 1 n L'autre membre eft des Nobles lays qui font les Pa- latins, Chaftelains, grands Marefchaux, Chanceliers, Vif Chanceliers,Colonel$,Capitaines, & antres Mais après les Princes Ecclefiaftiques , le Chaftelam de Cra- couie tient le premier lieu prés du Roy . & eft Imuy des Palatins de Cracouie & de Vilne. Parmy les Pala- tins il y a quelques principaux Chaftelains mêliez > Se après les autres Chaftclains grands & petits occupent les places. , \ r ^ Les Palatins de tout le Royaume de Pologne lont ceux de Cracouie , de Sandomir , de Lublin en la bajlf Pologne , de Pofnan : de Calis , de Sirard , de Lanec* d'Vladiaauie, deBreft,deRau,dePloc,en l^ha^tr^^- logne , le Palatin gênerai de MafTouie : celuy dr hic gênerai de Ruffie , celuy de Belzen Palatirg^""»» de Podolie : celuy de Volhinie en Lithuanir ^,7^,^ Vilne,celuy de Troc, celuy de Minfce. cel./ celuy de Mifcziflaue , ccluy de Vitebfr^ ' ^^'"^ A rnlm. d.]^"e'«bourg,&de Dauantage ceux de Cultne, de ^^^^^^ Pomeranie 11 y a enuiron tout^^^^^^^i^ ^uût ftelains.& deux Archimarefch^ ^n § enLithuame. ^ ^ZZcZ &lesvns&le. 1'-=^ ^ " m^ "on^^^F^ vns terre, autres ont diuers nom^^^^^^^^ ^^^^ ^^^^ r' L^lnun d." -Chanceliers qui ont deux fce- celiersr & autant de vil ru aux , & vont apr^ i« Marefchaux. Il V a deux G^craux d'armées, dont 1 vn elt en 1 0. loane 6. 'au.e en Lithuanie. Il y a pareillement qua- ran e Op cles généraux en la bafTe Pologne , trente Tn S' & douze en MalTouie, qui font au choixdu Roy. Religion, A Y commencement del'herefie desHuffites.cet. te pefte commença à s'épandre par les Pays fa- jets à la Couronne de Pologne : mais ce Roy Ladidas 'affifté des Seigneurs Se des Euefques du Royaume s oppofa de toute fa puiirancc:car ce Roy refufala Cou. ronnc que ceux de Bohême ''"Y «^^«'^"^f J^l" yen empefcha que cette herefie ne palTa de Bohem In Pologne,& l'on ordonnaen vne D>ette générale d Royaume , que quiconque receu toit, ou tauor.fcrc l'herefie en quelque forte que ce fuft . fuft puny /an exception. ^T.,fl.prf* Mais pource qu'au commencement que Luther ma fon herefie, les jeunes gens allo.ent eftudier a L. fie & à >5(^itemberg en Saxcen partie pour apprend la langue Allemandeauec les lettres . en partie pat c riofite^ , >lsretournoientenleursmaifonsouh ret ques tout à fait, ou moins affea.onncz Ca hol.q^^^ Si bien que Sigifmond qui reguoit lors.delcndit ai jeunes gens d'aller eftudier en ces lieux. ' Cette defenfe arrefta quelque peu le cou s de mal : mai s non pas du tout , pource qu en partie à c fe delalibertédesGétils-hommesPolonois.en pat à caufe du voifinage des Pays infedez d herefie reiliement par le moyen du commerce de la me U quel'hereficpridp.edenceRoyaume.&mefm ques-vns y renouuclletent les opinions d Arrms ''It^emiersquireceurentladoarinedeLuth & de quelques aulies Hérétiques , furent ce^ux^ De l'Eftat du Roy de Pologne. yn Prufle , pourcc que les marchands y portèrent aiicc leurs marchandifès ce venin d'Allemagne , ôc l'efpan- dirent en partie atiec des !iures,& après cela les Mini ftres&Maiftresd'Efchole l'aiiancerent encore mieux. Tellement que l'an Uij. le peuple de Dantzicdefireux de nouucautc, comme poulfc par la fureur delà fedtc de Luther, depofà le vieil Sénat, ôc en créa vn nouueau de Qcns indignes, fitConful vn Notaire, prophana les Eglif & le fcruicc de Dieu en futprefque du tout banny. De forte qu'il ne refte pour le prefent à Dantzic qu'vn Conuent de Religieux de l'Ordre de faindl Domini- que, quiy ofRcicntencor aujourd'huylibrcment,& vn MonaftcredcRcligicufes dans la Ville, Se vn autre de- hors. Depuis quelques années en ça on y a permis l'entrée à quelques lefuites qui n'y ont aucun Collè- ge, ik y prefchent feulement. Se font leurs autres exer- cices : Se ccux-cy en ont conuerty vn affcz bon nom- bre. Mais pour retourner à l'hiftoiredu progrez de Ter- reurde Luther, Se des autres feâcs en Prufle.Ies dcfor- dres dont j'ay paVlc , furent fuiuis de l'Apoftafic d'Al- bert de Brandebourg , qui à la perfuafion de Henry Se George fes frères , deuint Luthérien , Se de grand Mai- ftre des CheuiliersTeutoniens de Pruile,fe fit Duc d'v- ne bonne partie de cefte Prouince. Les peuples defonPays embralTerent aufîi to H: cefte fcdc à l'exemple de leur Duc » & après cela elle entra dans la Prufle du Roy de Pologne , oij elle fe fut beau- coup plus ellenduë , fi le foin des Euefques ne s'y fut oppofé. En la Prufle du Duc, outre l'herefie de Luther & d'autres, celle des Anabaptiftes,y a mis le pied prin- cipalement à Guinifliergue : il y a aùffi des gens qui fuioent l'opinion d'Ofiandre. Quant à laLiuonie , il y paflaautemps dcFederic premier Empereur, quelques Prédicateurs qui y firent vn grand fruidSc entre autres vnMcina.rd de Lubec, qui fut pour cefte caufe confacré Euefque de Liuonie par l'Archcuefque de Brème. Il eut pour fucceifeur Bertold AbbédeCiteaux , qui eftant entré au combat contre les ennemis de la foy , y fut tué. t'our cefte cau- fe on iutroduifit en Liuonie l'Ordre des Cheualicrs de l'efpée , pour deftcndre aaec les armes les Prédica- teurs & la foy Chreftienne. Cét Ordre fe voyant foible à la longue s'vnit par l'authorirc du Pape auec les Chcualiers Teutoniens, Se au lieu de Chcualiers de l'efpée, ils furent appeliez Porte-Croix, & depuis ce temps les grands Maiftrcs de Liuonie commencèrent à recognoiftre le grand Mai- ftredc prufle pour fupcrieur ; ce qui dura jufques au temps d'Albert de Brandebourg qui les en affranchit moyennant quelque femme d'argent en l'an mille cinq cens & treize. Ily auoit lors cinqEuefchcz en Liuonie, à fçaaoir» Derpt,Afilie,Oefelie, Curland Se Riuaille, Se l'Arche- acfché de Rig. En l'aa ijzS. le grand Maiftre Se les Chcualiers em- bralferent ouucrtement l'opinion de Luther , quief- toii entrée de main en main en Liuonie , de la mcfme façon que nous auons dit qu'elle auoitefté introduite en Prulïe. Toutesfois les Euefques demeurèrent fer- mes quelque temps. L'an 155-7. les Cheualicrs meurent la guerre à l'Ar- chcuefque de Rigide la maifon de Brandebourg,pour- cequ'il ne vouloit fuiure leur opinion, Se le firent pri- fonniet : mais craignans Sigifmond Roy de Pologne qui s'eftoitmis en armescnfafaueur.ilsfc deliutcrcnt S: remirent au premier eftat, & après fa mort.Rig vint au pouuoir des Polonois. AlTcz toft fiprcs l'Ordre des Pqrtc-Croix finit parlâ mortdeGuiHaumede Fuftemberg; mais auantquc cet Ordre futefteint, ces CheUaliers aflaillispar IcDuc dé Mofcouic , be dépouillez de la plus grande partie dé leurs Eftats,fc mirent fous laprotcdlion de Sigifmond Roy de Pologne.qui leur, dojina toutesfois jfprtpeu dé fecnurs. Cependant le Mofcouite gagna la Ville de Derpt,(?c la plus grande partie des autres Se tranfportant les Li- uoniens ailleurs , y mit d^s Colonies de Mofcoiiiccsi D'autre part Ican Roy de Suéde s'eftanr mis en arnr.es contre le Mofcouite , fe faifit de Riuaille Se de Nerue. Se dequclques autres places delà Prouince, Se Magnci où le grand frère du Roy de Dannemarch, fe fit maiftrê d'Oelilic Se Curland, oùeftl'Eucrché de Vide. Finale- ment le Roy Efticnnc de Pologne fit la guerre h Ican, grand Duc de Mofcouic, Se le contraignit Uuy cedet la Liuonie, pour cuiter vn plus grand dômiriage. Il y a en cefte Prouince fix fortes de gens, à fçauoîri Eftons, Allemands, Sucdois,Danois,Mofcouites Se Po- lonois. J Les Eftons font les originaires du Pays , &ceux cy vfent d'vne langue particulière. Se parmy tant de chan- gemensfveu qu'ils ont efté tantoft fous les Chcualiers, tantoft fous les Suedois,dont les vns & les autres eftoi- ent hereîiques,tantoft fous le Mofcouite, qui eft Schif- matiquc ) ont fans aucune ayde fpirituelle conferuc quelque femencc de l'ancienne Religion. On ne fçauroit croire combien ils honorent les Pre- ftres : ils leur portent lefel,les chandelles, & les f. i iéîij nouueaux, afin qu'ils Its bcnififcnr. Us ont par le Pays des Eglifcs fondées depuis long-temps Se les fréquen- tent auec grande dcuotion, & font grand eftat de Teail bénite. Chacun d'eux a de couftumc de prendre vn Apoftré pour fon proteâeur : ils vfent delà Confêflion.mais cét vfage eft prefquc eftcint , à caufe du long- temps qu'ily a qu'ils font fans Prelires. Ilfautdirele mefœê de PExtreme-ondion , Se par confequent delà fainûé Euchariftie Se beaucoup plus de la Confirmation. Enfin ils ignorent tellement les cérémonies de là Religion Chreftienne , que quelques-fois on trouuerâ à grand peine en vn village vne feule perfonne quifça- che fairelc figne de la Croix, ou dire la Patenoftte , ôc ily a delà difficulté à leur ayder en cela à càufe delà ditFerencc de leur langue. Les Allemands habitent aux Citez qu'ils ont ba- ftics pour la plufpart. Rig eft la Métropolitaine de Li- uonie , oià l'on ne voyoit autre refte de Chrcftientc, qu'vn Conuent de Religieufcs , où il n'y en auoic qué deux l'an 1587. ( Se l'vne de celles-cy auoit cent ans, l'autre n'en auoit gueres moins') jufques à tant que lé Roy Eftienne fonda vn Collège de lefuites, qui furent chaircz à l'incitation des Miniftres , l'an IJS7. ôcainfl qu'on parloir de les r'appeiler, la mort du Roy Eftien- ne rompit ce delîein : maisils y furent remis l'an ijijr. par l'authoritc du Roy Sigifmond , Se des Eftâts dil Royaume. Les lieux qui font poflèdez par les Rôys de Suedé & de Dannemarc, ont feulement retenu qudque foi- ble eftincelle de la foy,&: démeurent priuez de tout fe- cours fpirituek Quant aux lieux où les Polonbis fe font habituez l'on a tafché de réduire leurs habitans à la voyc de fa= lut &ron y trauailietoufiours. Il y a pour cet effedt vn Collège de lefuites à Derpt , Ville prcfque égale au Rig & aux frontières de Mofcouic. Et pour conclurrè le difcours de ce Pays , le Roy Sigifmond fie vn Edi£t l'an 1589. par lequel il detfendit âux Miniftres Luthé- riens de prcfchcr en Liuonie» Vu 4 Miis 7 ;i2 Pe l'Èftat du Roy de Pologne. Mais peur le regard de^a Pologne, l'herefic, de Lu- ■ J theryeftantdelîa épanduc , quelques Miniftrcs Cal viniftes ou Zuingliens y allèrent l'an 1^60. &c furent receus par vn certain François Lifmanin Apoftat : & ipresauoir prefchc contre le Pape, les Sainds.les Re- ligieux & la Meflc , ils s'attaquèrent mefme au myfte- rc de la Trinité , & femerent en peu de jours de fi mef- chantes doébrines , que la moins mauuaife eftoitl'A- tianifme. De là nafquirent en toutes les deux Polo- gnes, haute & baflc, les fecrets & blafphemes des Dui- tes.Triteites, Trinitaires, Arriens, SedateursdePaul dcSamofate. Le Roy Sigifmond Augufte qui n'auoit nuls fucccf- fcurs, leur permit prefque toute liberté, cftant bien ai- fe de contenter en cela les Nobles,& de leur laiffer fui- ure la fedte qui leur plairoit. Et pource que les Gentils- hommes furent abbreuez les premiers de ces dodtines , ils corrompirent aifc- ment beaucoup de gens,partie en defobhgeant les Ca- tholiques , partie en donnant les chaires des Collèges aux hérétiques , & partie en publiant de nouueaux Catechifmcs. Et ceux-cy euflcnt fait encore pis.fi Si- gifmond ne fuft mort en btef,mais ayant eu pour fuc- ceflcur Henry, puis Eftienne Battory , le cours de ces mauuaifcs doftrines fut vn peu arrefté. Ce dernier pourchafla pour cet efte6t que les Euefchez fuflent mis entre les mains de pcrfonnes de bonne vie. Il vfa de mefme foing en l'eflcdion des Sénateurs & Officiers de la Couronne : il inftitua des Seminai- res,dre(îa des Collèges , & reforma l'Vniuerfuc de Cracouie. L'an 1569.1e Miniftre Calvinifte de Cracouie fe con- uertit, & abjura publiquement fon herefie& leTem- pic de ceux de ceftc fc6te fut bruflé par les enfans l'an ijS?. & depuis encore l'an if9Z. Or cncor qu'en tou- tes les deux Polognes il y ait beaucoup d'hérétiques, toutesfois il y en a plus en la bafle qu'en la haute. Il y a là plufieurs Calviniftes,Ebioniftes,&:Anabaptiftes> principalement aux cnuirons deLulin. A quatre lieues ou cnuiron de ccfte Ville cft celle de Lcuatouie , où les hérétiques enuoyent les enfans aux eftudcs. Quant aux Lithuaniens , ils eftoient jadis fujets aux Mofcouites: mais Barty grand Cam de Tartarie, ayant prefque atterré les Ruffiens , ceux de Lithuanie , dont Erdizuil eftoit lors Prince , vindrent à fe fouftrairc de leur domination. Depuis Mindoch grand Duc de Li- thuanie fe ht Chreftien,& fut honoré du titre de Roy par le Pape Innocent IIL mais il retourna bien-toft à l'idolâtrie. Finalement l'an mille trois cens hui6tante fix & le 14. jour dcFeurier , lagellon grand Duc de Lithuanie >cccut la foy Chreftiennc,& fut bapti fé, & ayant cpou- fé l'Infante de Pologne , fit baptifer aulli fcs fujets de Lithuanie. Mais à caufe du peu de foin qu'on a eu de les inftrui- rc depuis de la grandeur du Pays , de la meflange des Ruflîens ( qui outre rherefie& le fchifme ont encore mille cftranges fuperftitions ) & à raifon auflî du de- ftourbier de l'hcrcfie de Luther & d'autres fedcs de ce temps,les habitans n'ont pas cfté bien confirmez en la vraye foy : car en Lithuanie , & en Samogitie , qui eft vnedefcsdefpcndances , l'on defcouurc en beaucoup de lieux plufieurs reftes d'idolâtrie. En quelques Ucux ils adorent vn Dieu domeftique qu'ils nomment Dinftipan , c'eft à dire. Seigneur de la iumce ou de la cheminée j & luy offrent vne paire de poulets , & font de grands feftins à fon honneur. A quatre milles loing de Vilne , en vn village du F.oy, nommé Lauanafchi, on adore encores î^ujourd'huy les fetpents. Les Samogitiens nouriiflènt encore en beaucoup d'endroits certains ferpents noirs qui ont quatre pieds, & les regardent fottir chez eux & y retourner , auec grande mpcrftition,& s'il leur aduient quelque incon- uenientj ils eftiment quclcpeu d'honneur qu'ils pos^ tentà ces ferpens en eft caufe. Les mefmes portent grand honneur au feu , au fou- dre.aubois, au Soleil, à la Luneôc aux arbres qui font fort hauts, ou qui font remarquables pour leurvicil- lefle. En plufieurs endroits de la Lithuanie ils facri- fient des truycsgraflès à la Dccfle Tcllus ou Tnre , & diucrs animaux au Dieu Zicmienny. Il y a auffi quel, ques Mahometans , depuis que Vitolde Prince de Lu thuanie emmena l'an 1596. vne horde dcTartares,&la logea fur la Riuiere de Vache , à deux mille loing de Vilnc . &lcurpcrmitde viurcàlaMahomelanc&il y en a encore en quelques autres lieux. Les Zuingliens dreflerent il y a beaucoup d'annéei vn Collège à Vilne > auec grands frais, &y corrompi- rent prefque toute la jeunefle de Lithuanie : mais il eft aujourd'huy prefque defert pa-r le moyen des l'efuites, aux Efcholcs defqucls à caufe de la réputation de leur doâirine, les hérétiques mefmes & les Schifmatiquei mandent leurs enfans, & tous les jours il s'y cû'niwtti» beaucoup de perfonnes flgnalccs.L'authorité &lczeli incroyable de la maifon de Radiuil, ayde grandement en Lithuanie à laconucrfion des hcretiques,& i l'édi- fication des Catholiques. Pour le regard des RuflRens Méridionaux , les No» bles fuiuent la plufpart l'Eglife Romaine ( combien qu'il y en a quelques-vns d'entre- eux qui font hcred- ques) & le peuple recognoift l'authorité du Patriarche de Conftaniinople & fuit les erreurs des Grecs. A pre- fent en toute la Ruflîe , y comprenant auflî la Lithua* nie.on ne compte que cinq Euefchcz Romains , ou La- iins,à fçauoir Vilne, Samogitie, Kiouie,Ianovu,& Lu- ceoric, auec l'Archeuefché de Leumpurg. Mais les Ruffiens ont deux Archeuefchcz , à fçauoif celuy de Vifne & celuy de Lcumpurg ( ceftc-cy porte encore le titre de Métropolitaine) &fixEuefchez,à fçauoir de Polofquc, de Velodemire, de Luceoric , de Pinfce, de Kiouic & de Ptefmil.il y a encore à Lcum- purg vn Archcucfquc ou Patriarche des Arméniens, i caufe que ce peuple trafique en grand nombre en la fut dite Ville,& à Camenis,&aux cnuirons. Volhinie qui eft comprifcfous la Ruflîe, de mefme que la Podolic , cft la demeure du Duc d'Oftrogoye, qui a fons luy pins de quatre mille feudataires.Ceftuy- cy eft Chef de ceux qui viucnt à la Grecque. Somme les Prpuinccs fujeftes à la Couronne de Pologne, qui font proches de la mer Balthique, parti- cipent grandement aux herefies d'Allemagne i &ccl- leCcy font la PruflcSd laLiuonie. Celles qui confinent auec la Silefie , la Morauie , & la Hongrie.font tachées des herefies de leurs voifins: mais celles qui s'aduancent versle Midy &leLcuant. fuiuent pour la plufpart les erreurs Grecs , & ne font pas exemptes des herefi^es de ce temps. Mais afin qu'on recognoilfe & puifle juger lenom-» brc des Schifmatiqucs , j'en donncray icy deux exem- ples. Luceoric Ville de Volhinie , contient enuiroa mille feux : il y en a cent & fept de Catholiques, & les autres font de Rufldicns Grecs , & quelques- vns d'Ar- méniens. En la Ville de Palocc , que le Roy Eftienne gagna furies Mofcouites ; les Grecs ont fept Eglifes , & les Latins vne , qui cft mefme demeurée fans Preftresl'ef- pace de plufieurs années. Il y en a plufieurs en la bafle Pologne qui fuiuent les herefies modernes, neantmoins le nombre des Ca- tholiques y eft beaucoup plus grand que celuy de^ hé- rétiques. Quant à la haute Pologne, elle eft beaucoiip moins infcttée d'hciefies,cc qui eft entre autres choies pourutu î)e l'Eftat du R07 de pouméuda fokigdcs Archcarfqucs deGncfme , à la jurifdiétion dcfquels elle apparcic-tt prefquc toute. On trouueencorespeu d'Hérétiques à Ploft]ue, deracfme qu'à Vladiilaue : mais il n'y a Pays qui en foie plus exempt que laM-alIbuic , oùl'on ne Içauroit prefque K o^iue vn hérétique public. Généalogie des Ducs cj^ Kgys de Pologn & combien chaque Eue fclic contient de p o roifes. S. Fettilité de U Suéde en miel, -■rgent, air.tin, plomb, acier, poifom de toute forte:a[pre & •':ontiienfe en plufieurs endroits,d'vn air tempcre\pur &j nu 9. Particulière dcfcriptiondes .'jofes dont chaque V^o- utnce abonde. 10. Naturel valeureux des anciens habitans de Suéde, leurs couftumes &Loix, leurs Dieux , 6^ diuerfes fortes de fjcrifices, leurs armes 6" façon de combattre. n. ConUitution robufte de corps ^ & de bonté' d'écrit des modernes Suédois : la fimplicité de leurs moeurs : la diuer- fes fortes de pain & viandes dont ils vfent : la façon je ne laiiîèray de reprefen- srceRoyaumc j comme s'il eftoitentreles mains de anSeigncur legitime,afin de contenter le Leâreur cu- ieuxquidcfircra cftre aufE-bieu informé de cécEftaCj uedes autres. Pour venir au poind , le Royaume de Suéde com- rend la Duché de Finlande,& la Gothicla Boddie.ou iothnique, vne partie du Pays des Lappons, laScricfi- ie,&vnepartiedelaCorelie , les Ifles Alandes > Si [uclques autres, bien que de petiteeftime. On peut ayfcment recueillir de la quantité des de- ;rcz fous Icfquels diuerfes Prouinces du Royaume de ticde font affiles , que le Pays eft de grande eftenduë, eu quedcStokolme, qui eft au foixantiéme degré, & ft lademeurc des Roys de Suéde , jufqucs aux Lap- >ons feulement où l'on compte plus de mille milles l'Italie , & depuis les limites de Dannemarc jufqucs à •tokolme, qui eftquant à lalôgucur commeaurailicu, la Royaume , il faut vingt grandes journées de che- isl fi l'on y veut arriuer : & ceux qui ont voyagé de ong& de large par laSuede , la tiennent plus grande le beaucoup que toute l'Italie & hFranceenfemble,& îiicore beaucoup plus en y adjouftant les Lappons & - Ouchéde Finlande. Le l^ays drouede a pour fcs bornes du Couchant la y a en cefte Pronince beaucoup deDuchez !k de Sci- gneui ics.comme la Duché d'Angcrmanieaux frontiè- res des Lappons, depuis celles deMidcIphat, ou Ml-' delpad, de lentie, Delccarîie, Vermelande, Dalie, Hel- finge,Geftric)e,Fieringe, Capei dalie, c'eft à dire, Vallée de Latone,& Ouplande, ou Vplande. La Ville Royale & Capitale eft Holme , que des ha- bitans appellent Stokolmc : &lesRufllens Stecolne^ qui eft forte par art, & par nature , car elle eft aflifc dans des marefcages, ainh que Venife. On y void en- cores la Ville d'Vpfale , où il y a Vniuerfité, 6c celle dé Nicopi, qui eft maritime. La Gothie, qtiifignifieen Allemand bonne terre, eft i limitée du Leuant delà merOceancdu Couchant.des montagnes deNoruege , & vne partie du Royaume de Dannemarc, qu'on nomme Scanic, du Septentrion la Suede, & du Midy la mer Oceane. Les meilleures places de Gothie font Lodufie , où il y a vn bon port. Vvalburg Ville accompagnée de fonChafteau.Calmor, grande Ville , ayant vn bon port & plufieurs autres» dont quelques- vues portent titre de Duché. La Finlande eft borncedu Leuant du Midy, , & du 5 Ponant de la mcr,& feparce de l'Eglife deMoicouie par IcGolpheFinnique , ou de Finlande, & parlaRiuieré de Poîme: mais il a pour borne du Nord laBoddie, ou Bothnie Occidentaîe,& laCorelie. Les Ruffiens nom- ment ce Pays Chainskafémla, Ses meilleures Villes font Abo affife au Pays d' Vplande, & Wiboug auxex- tremitezdu Pays, LaBoddie, ou Bothnie , eft diuiféeen Orientale, & 4 Occidentale, félon Msgin, mais félon les autres en Se- ptentrionale & Méridionale. La Lapponie s 'eftend depuis les frontières de Suede i. jiifqu'à la mer du Nord. Làeftlemaraiz deLuleJong de trois cens milles. 11 faut remarquer que ceux qui font plus Orientaux , payent tribut au Mofcouite , & font nommez Dikiloppcs,c'eft à dire, Lappes.ou Lap- pons fauuagesrmais lesOccidentaux obeyifent au Roy de Suéde , Se tiennent le Pays que l'on nomme Scric- finnie. Corelie, ou Carelie, félon lean leGrand , eft: au delà du Golphede Finlande , & s'cftend jufques à la mer glacée : fon plusgiand jour d'Efté eft de vingt heures -S- demie : Hexhohuj ouKexoliii , eft faVillé Capitale. Le Roy de Suede tient éncores en Liuonie.Riuaille, Narue,Pernouie,& quelques autres. Outre ce, il aies Ifles Alandesjoù font les Villes de Vamcs, Vibourg, de Caftrolme. Il y en a qui font vnfe autre diuiiîon dé là Suedcj g c'eft à fçauoir.cn onze Prouinces, qui contiennent on- ze Duchez,& douze Comtcz. Les Duchez font Vplan- de, Gothie Occidentale, appelléeVveftrogothie ; Go- thie Orientale, appellée Oftrogôthic, Smoladiç, Vef- manie, Dalakarliejla grande Duché de Finlande, en la- quelle font comprifes celles de Satago.nde, de Garalié> &deTauaftie. Les Comtez font Hïflingè , Angérmariié » Gëftricci MidelpadiejBothnie Orientale & Occidentale: Vlandei Verinlande,Nuice,Dâlie,& celle de l'Iflcd' Viande, qui appartient toutesfois à la Finlande, L'autre diuifion eft en Eueichez,qUi èftoientanciéri- f nementau nombre defcpt,en y comptant rAfchcucf- ché d'Vpfale. Actlies-cy l'Euekhé de Vibourg en Fin- lande fut àdjouftéc , les autres font celles de Lincopie> àt Vctros, appellée Arofcioife,cclle de Scare, l'Impen ? le.appellée deSirigonic, celle de Vexime éc celle '-'■^^ be,nomméeAboen en Finlande. Dans le Diocele d'Vpfale,il y acen: fepta^e & vné pajroilfes , & ec Diôcefe s eftend jtifqfjcs aux tap- ' pop 5 15 De l'Eftat du Roy de Suéde. li 4MI pons ,pc cômpreftcî la Finmarchie , & en celle- cy il y a huiaParroifles fort grandes. Le Diocefe de Lincopie a iiô- parroîffes , celuy de Vexime deux cens dix : celuy de Sacare autant que ce- luy de Lincopie : celuy de Strigoni* a cent patroiffes: Xfcluy d'Abc a yoo.parroiflTes qui font pour li plus gran- de partie fort peijplés. De forte qu'en Finlande il y en a quelques, vns qui contiennent mille familles.d autres Soô. d'autres 500. & quelques autres moins. Le nom- bre de ces Parroiffcs eft tel que j'ay dit fans y compter celles de plufieurs Villes ou places, qui peuuent mon- tée à vn bon nombre. Qualité» LA Suéde eft la plus fertile Prouince de toutés cel- les du Nord , & porte grande quantité de grains, îiy a auffi beaucoup de miel , d'argent , d'airain, de plomb, d'acier, & de fer , principalementpres deSal- bourgontrouue de l'argent pur , quin'eft mcfleauec aucun autre mecail. II abonde merueillcufement en poiflons de toutes fortes,foit dcLac.dc mer, ou de Ri- tiieres : toutcsfois elle eft en beaucoup d'endroits afprc, inontueufe,humide,& marcfcageufe : ces endroits rap- portent moins de bleds & de fruids que les autres. Tout le riuage de la Liuonie eft plein de Rochers fort pointus , qui rendent cette cofte inacccffible, & où les Loups paifent lors que la mer eft gcléc,& y deuienncnt aueugles de trop grand froid , ainfi qu'on dit. Il y a force grandes plaines où l'on void toutcsfois beaucoup de pins, de fapins & de chefncs : toutcsfois l'on femc communemêc entre ces arbres. Le Pays ne manque pas defleuues , mais ils ne portent point de vaiffeaux pour ia plus grande partie , à caufe qu'ils font empcfchcz par les arbres qui tombent dedans , ou par de grands Rochers, ou bien leurs Canaux ne font par bien drcf- fez pour les ayder à couler , & auffi pource qu'ils font gelez plufieurs mois de l'année. L'air y eft communément bien put , &parconfe- quent toute la Suéde eft fort faine , Se il n'y a pas vn air il afpre , ny infupportable , ny de fi grandes froidures qu'on fe perfuade, toutcsfois aux lieux où il y a des ma- rcfcages & des eaux qui croupiftcnt , l'on fent vn air pcfant , & l'on void de grands brouillards. On y vit feeaucoup.ordinairemcnr & principalement aux mon- tagnes & autres lieux plus expofez au vent du Nordj &merme on y void des hommes qui paruiennent à i'âge de 130, ou 140, ans, & encore beaucoup de gens y viuroient autant, s'ils n'abregeoient leur vie par trop manger» & trop boire outre que mefme en la Cour du Roy l'onnetrouue pas deux Médecins, ou Apotiquai- res.On prend en ces Pays force Bcufles, qui fontd'vnc .grandeur extraordinaire. La Gothic abonde en grains, Se qu'il eft en VHy» pogée,ou au lieu oppofc à l'Auge : la nuid y eftdetïoil mois auec vn peu de lumière qui duce bien peu d'h«a«» rcs. Mœurs anciennes, , LEs Gotsfont anciennement fortisde.Wde,&de8 Pays voifins , Se ont aflcz monftré quelle eftoit l'humeur de toutes les Nations de la Prefqu'illedt Scandio.ou Scandinauicjoù eft la Suéde. Les Gots ont donc afîeî tefmoîgné que ceux de cé Pays cftoyent vaillans , & ne pouuoyent croupir fani rien faire, veu qu'ils Çont fortis en grand nombre dfcé Pays , & ont dominé en beaucoup d'endroits de l'Eu- rope aflcz longuement , mefmes ont tenu l'Italie pat beaucoup d^annccs. Ils eftoyent cruels , mais nOn toutcsfois fi barbarei qu'on les veut faite , comme nous pouuons voir par leur conduite lors qu'ils ont occupe quelque Pays, St par leurs avions de faire ordinaires , particulièrement par vne Epiftre de Sidonius Apollinaire , qui defctit les façons de faire de Theodoric^ Leurs Loix nous apprennent paréillement allez que cefte Nation eftoit allez ciuiliCcc & policée , mais que! les autres peuples le flattoient , Se hayffans ces nou- ueaux conquerans,ne trouuoicnt agréables aucunes d« leurs adions , Se les blafmoient en tout ce qu'ils pou- uoicnt. _ Quelqucs-vns ont tenu qu'il y audit vne Loy paN my eux , par laquelle il eftoit porté qu'on ne pourroiï eflire aucun pour leur Roy,qui ne fut gras, °roI. fe corpulence. Ces Gots ont toufiours hay mortcllfr ment les Danois , ou habitans de la Cherfoncfe Cimf brique. On tient que leurs charaderes , qu'ôri nomme Gotthiques font fortanciens. Se pour cefte caufe, que cefte Nation auoit joindles armes aux lettres î Leutl femmes alloyent à la guerre, & fe mclloyent parmy les coups de mefme que les hommes: ilsmettoyent en vers les faits de leur anceftres,& les chantoient. Ils adoroient le Dieu Thore,commc le plus puiliani de tous les Dieux , qui auoit vne Couronne en la telte, vn Sceptre en la main, & douze Couronnes autour ck luy. On tient que c'eftoit le mefme que Iupucr,pourc« que ces peuples Septentrionaux chomoient fort reli- gieufcment le leudy, qui eftoit le jour de lupiter. U qui perfuade encore cela mefme , c'eft qu'aujourd'hu) on appelle encore en Suedc.lesefdairs , les tonnerres, les foudres,& chofes femblables.le bruit deThoron. Ce Dieu en auoit à fes coftez deux autres , Içauoii Othin, & Frigga : Othin reprefentoit Mars eftant toui armé, & les Gots croyoient qu'il les affiftoit en toutei leurs guerres , & toutcsfois ils luy dédièrent le Mecre- dy, qui eft le jour de Mercure. Ils luy facrifioyent ceu; qu'ils prenoient en guerre. , , , j Frigga eftoit la Dccftede la beauté , de la grâce, d& amours , Se prefidoit félon leur opinioH,aux nopccs,S à toute forte de plaifirs. On luy auoit dedic leVendredy , ou le jour de ve nus,& mefme aujourd'huy on nomme encore en Sue de quelques Eftoilles , la quenouille , Se le fuleau à) Friqsa par vne tradition ancienne. ^ On donnoit à cefte DéelTe vn arc & vne efpee , caufe qu'en ces Pays les femmes efto:ét nées à la guer re,& combattoient, comme )'ay du,ainfi que les hom -nés. Outre ces trois diuiniiez,ils en auoient pluUeur autres. ji ^ Ils adoroifnt vn Methotim,qat auait eftc grand Mi gicicn , q«i auoit ordonné plafirurs cérémonies parti, cijliefespour le fetiiicc des Diciu. Fro S.nrape des Dieux, fut aiilE loge parmy eux , Se adoré près d'Vpfale : on luy facrilioit des vidlimcs noi- res>& on faifoit des jeux de nuid en fon honneur tou- tes les années. Ils adoroient encores Hollerc , qui fut grand gucr- ricr , Se Ci grand Magicien , qu'il vfoit d' vn os couucrt de charaâ:.rres au lieu de Vaiflcau pour palier la mer, Ilsadjouftr icnt à ceux-cy Vagnoft , Hadingc , & Ro- ftioph de Finlande, à caufe qu'il predit'oit beaucoup de cho/ès. On met auec ceux cy Roftare , qui Ce pleufl: tant au fang Ijjmain, qu'on luy voiioit les ames de ceux contre :]uion faifoit la guerre. Il y en auoit encores beaucoup l'autres, qu'on ellimoit enfiins du grand Thoron » ou i'Othin. Les Gots obfèruoicnt en leurs facrifices le nombre le neuf, confiderant peut- cftre à la Py tl»agorique , que e nombre impair qui vient de trois fois trois, deuoic ■ftrepreferé aux autres. Et de fait,Zamolxis,& quelques autres Philofophcs :ur pouuoient bien auoir appris cela. Et combien qu'ils rendiflcnt tous les jours quelque onneut aux Dieux, toutesfois ils les honoroient en- tres plus folemnellcment chaque mois , leurs, facri- ant durant neuf jours chaque jour neuf fortes d'ani- taux > adjouftans encore à cela des viâimes humai- és. Et quant à l'homme qui deuoit eftre (âcrific il cftoit longé tout vif dans vnc fontaine, qui eftoit là près, Se il y mouroit , on tenoit cela pour bon figne , Se les reftres le titans de là , l'alloicnt pendre en vne foreft l'ils tenoientpour facrcc , & croyoient qu'il aùoit lé tranfporté entre les Dieux. Ils croyoient l'immortalité des ames » & qu'elles loient en vn lieu plus agréable, où prefidoit certain ieu nommé Bieixe.àqui ils enuoyoientfurvn Vaif. 3U à cinq rames , vn meffager, auquel ils comman- )!cnt de demander à ce Dieu ce dont ils auoient Ils eftoient rellement affeâionnez au (êruice de leurs ienx, que lors qu'ils oyoient quelque bruit en l'air, ; defcochoient leurs fîeches , monftrans qu'ils vou- ient fecourir leurs Dicux.lefquels ils croyoient eftre rs aflaillis par quelques autres. Dauantage, ils auoi- t des marteaux d'airain , auec lefquels ils faifoient and bruit,& imitoient le tonnerre. Ilsanoient anffi de couftume, lorsqu'ils alloient au mbat, d'immoler des chenaux, & d'emporter les tc- :$ au dcuantde leurs armes, & après les vidoires, ils :rifioientauffiàleuts Dieux &faifoicnt des jeux en jr honneur. Leurs armes eftoient l'arc & la fonde. Voila à peu près ce qu'on peut dire des anciennes :an$ de faire des Gots , & de ceux du Royaume de ledc. On pourroit rapporter icy les mcteurs des Herules, andales,& Lombards.qui font fortis de Scàndie. Mais c'eft afîez d'auoir rapporté icy celles que les ots & Suédois ont fuiuis , lilon le rceit de lean le rand Archeuefquc d'Vpfale. Mœurs de ce temps, Ês Suédois font naturellement forts, robuftes,& _^vaillans,tant à pied qu'à cheual,& fur la mer. Ils rcçoiuent leseftrangers auec beaucoup de cour- ifie , Se efchangent auec eux leurs poilfons , belles :aux , cuirs de beftcs fauuages , & autres, leur beur- •lcutfuif,& leurs métaux. Leuis patoiiTcs font cfpatfes pat les forefts, & autres De l'Eftaf du Roy cîe Suedd. lieux plus couuerts , où la commodité de baftir d^s maifons.d'anoSr f^rande quantité de bois,&: d'.?ftie def- fendus du vend du Nor .l les retient plus volontiers, 6e ils ont en leurs maifons leurs troupeaux , Se lesaitifi- ces pour accommoder tout ce qui clt necelfaire pour lé viure,ou le vertement. Gela caufe qu'on ne trouue pas en ce Royaume de Ci grandes Villes, ny Ci peuplées cjvj'aux autre . On vfe en tous les Pays (iijets à la Conrbnnê de Sue^ de,de deux langues diuerfes , 4 fçauoir de b Suedaifci dont on fefertcn toutes les Prouinecsde Suéde, ôeeû GothiejNoruege, & Dannemarc. Surquoy l'on peut remarquer que la langue Saxon- ne approche fort du Suédois en plufleurs mocs.comme le Flamand Se l'Anglois. Apres il y a la langue Finlan- doife, dont on vfe, non feulement en la grande Duché de Finlande ( excepté en vne Piouince où laSueddifè Ce confcrue Se Ce pratique ) mais encores en vne bonne partie des enuirons de RiuailLc, Ville de Liuonie, & les gens de qualité y parlent,& entendent la langue Alle- mande. Les efprits de Suéde font aiTez proprés à apprendréi non feulement les arts manuels , & les mrftièrs : mais encores les difcipli nés, fcienccsfpeculatiites, & les lan- gues ,entrelefqucUes, ceux qui tiennent quelque rang dans le Pays , Se qui font qualifiez , apprennent cota- munem<;nt la langue Allemande, ou la Latine, ou bien toutes les deux enfemble : Se quand ils apprennent les autres , ils n'ont pas mcfaie difficulté en la prononcia- t!on,que les Allemands ont en l'Italienne, où en la La- tine. Leurs mœurs font communément fimplcs , Se telles que les pcuuent auoir des perfonnes , qui n'ayanspas- veu les grandeurs du monde, ny des chofes qui leur ai- guifcnt l'cfprit, ou picquent leur volonté , viuent fans beaucoup de défit d'honneur, ou d'autre chofe, eftans contens delà nourriture naturelle : Se pouç cefte caufè ils ne Ce foucient pas de cultiuer plus grande quantité de terres, que celle qui leur eftnecèflaire, veu que s'ils vouloicnt couper plufieurs grandes foirefts inutiles.ils recueilliroient grande quantité de grain, qui eftant Ce- rné au mois de M3y,vient à eftre moiflbnné en Abafti à caufe de la grande chaleur Se force du Soleil qui eft prefquetoufiours fur la terre. Mais quoy que cefte ancienne fimplicité règne enco- re en plufiejurs , toutesfois depuis la venue des foidats cftrangef&i c'eft à fçauoir des Allemands, Anglois^ Ef- cofllois, & autres, ils ontptrdu beaucoup de cefte naïf- ueté, ayans augmenté leur défiance naturelle : Se leurs hoftelléries ne font pas ouucrtes fans bource dcllicri comme elles ont efté quclqucsfois. Il eft vray que les voyageurs dcfpéfent fort peu, d'au- tant que les Suédois n'ont accouftumé de demander aucune chofe pour le logis , où les viures : Se le plus fouucnt ceux qui voyagent, logent aux anciennes Ca- res,qui eft vn figne de i'hofpi'talité qu'on y pratiquoic au temps que la Religion Catholique y regnoit: & il n'y fouloit auoir nuls volcuts. Se &'û y en ajc'eft depuis qu'vn grand nombre de va^^abonds , s'eft allé rendre en ce Pays,à caule de la guerre. Ils vfent de force bains j principalement aux Villes où les perfonnes d'vn Se d'autre lexe vont alfcz com- munément. Les femmes y font aflcz modeftes Se Cages, cûmmé icUes qui s'abftienncnt dè l*y urongncrie. Leurs viandes font communément du grain de deux fortes. Ilsfement l'vnau mois de May , £5c l'autre au mois de Nouembtc; Ils cueillent en Aouft du fcigle,qui eft fort commun* & font dilicrfcs fortes de pain , à içauoir de grain pur i3c de grain méfié. L'orge qui y vient cft aftezbon. Se pour ccftc caule ils employcnt vne bonne partie dé leut t 5i8 De l'Elbt du Roy de Suéde. îeur froment à faire la bicre , qui eft communément leurbr^uuaaccombien qu'ils en ayent d'autres, dont les riches vfcnt, comme les vins du Rhin , d Eipagne, & de France, & le medon, appelle hydromel , & l'eau de vie. , 1 ' » Quelques pauures gens en temps de cherté mangent du pain de farine faiéle d'efco'rcc de pin , & quelques autres de celle de fapin. qui cftant de qualité plus chau- de, ayde, comme on dit.à l'eftomac, & non feulement ils en viucnt,mais en deuiennent robuftes. Us ont de la chair en abondance , dont ils talent la plus grande partie,comme des bœiifs,pourceaux.oyes, & femblables animaux. lîs ne mangent prefquc jamais de veau, ils vfent de poison frais.falé & fumé, & d au- tre non falé durant le froid,& pareillement de faizans, ëc de perdrix , dont la chair cft plus dure , que celle des Pays plus tempérez. Us auroicnt des légumes en abondance , & de tou- tcs^fortes, s'ils y mettoient foin:mais ils n'vfent gucres que de pois communs.ou d'autres qui font comme des poischiches, ronds & blancs , & de quelque peu de febucs. \> \ ' Le beurre & le fromage leur feruent pour l entrée & iHuè du repas. Ils ne fe foucient gueres communé- ment du fruia, combien qu'ils ayent grande quantité de poires.pruncs,cerifes & fraifes : 5c combien que les herbes y naiflcnt trois ou quatre mois de l'année , tou- tcsfois ils s'en foucient fort peu , finon des choux, qu'ils falent & gardent pour l'Hyuer. L'habillement du menu peuple eft fimple , & prêt- quepareil àceluy du peuple deLombardie. quant à la forme : toutesfoisils vfent de bonnets , & auf rcs ha- billemens de peau, mais c'eft fort fimplcment. Les femmes des Villes, & principalement à StokoU me , portent fur leurs robes vn long manteau de drap noir, aucc force plis. . «, Les Gentils, hommes font veftus à l'Allemande , & quelques-vns de laCouc à l'Italienne , mais le plus fouuentàlaFrançoife. Quand ils voyagent , IcsPaïfans portent pour leurs armes, des coignées en lieu d'cfpées. Les Gentils- hommes & leurs fcruiteurs portent auec leurs efpée's, de petites arquebnfcs. j Leurs maifons( excepté les Eglifesquifont depier. , ïe)(ont de bois, mais beaucoup mieux faites que celles qui font aux campagnes de Pologne- Toucesfois il y a , des Villes qui ont leurs maifons de pierre. On n'y vfe pas proprement d'eftuues, mais de che- minées , qui fe peuucnt , après que le bois eft réduit^ en charbons ardans, fermer auec vnelamedc fer , qu'ori peut pouffer dedans, & retirer quand on veut, excepte en quelques lieux.oùil y a des marcfcages. Les Lappons font petits mais fort adroits. Us manient l'arc des mieux: ils vfent d habiUemens eftroits : en Hyuer ils portent des peaux de veaux ma- rins, ou d'Ours toutes entières , les nouent fur latelte, & n'y lailTent de l'ouuerture que pour la veuè ; ce qui a donné fujet à quelques-vns d'efctirc qu'ils font tous ""us'demeurent en des logis fort bas , qui font cou- «erts d'efcorces d'arbres , ou de gazons, & mottes de "^Quelques auttes difent qu'ils viuent fous des têtes, 'à la façon dcsTartares. Us font grandement addonncz à la clialTe , & à lapcfche , & par ce moyen ils s'entrc- ticnncnt,&fontpart deleur poi.lfon à leurs voihns. UsaccommodentleursVailTeauJwnonauecdcscloux, mais auec des nerfs& des crochets. Us ont vue langue particulière, qui eft fort maUai- fée aux eftrangers. Us font grands forciers, & font ve- nir les vents, les nuées, & Us tcmpeftcs, & font beau- coup de chofes eftrangcs. Us n'ont ny du pain, ny du fel , & ne viuent que de poifTons&beftes fauuages.Us font d'vn naturel amou- reux & lafcif , & ne fe tiennent prefque jamais en vn lieu. ■ Us fant fort fauuages & foupçonneux , & luyuent l'abord des eftrangers , fe cachans fi toft qu'ils Icsap- pcrçokicnt. i ir Us efchangent leurs peaux à d'autres marchandiles, Us commencent vn peu maintenant à s'appriuoifer , à caufc de la fiequcntaiion des eftrangers. Richejïes. LE s richeftes de ccRoyaumcconfiftcntcnrabon dance des viures, qui y eft fort grande; car ils on force gcains,chair,poiffon frais,f2lé &fumé,tcllemen qu'on n'y ttouue prefque vn feul mendiant, & les pat fans eftoient jadis, & font mcfme encores en plufiîur endroits logez prefque pour néant. Mais fes principaux Threfors viennent des mint de plomb , d'airain & d'argent, de quelque peu d'ct^i les premiers métaux s'y trouucnt en d grande quan tité, qu'on tient qu'il n'y a contrée en Europe, qui d( uance en cecy le Royaume de Suéde. On defcouure ces mines par tout , bien que les Fa fans les cachent autant qu'il leur cft poiFible , ahn c n'y porter pas le bois necclTaire , 6c de n'y trauaill pas ainfi qu'ils font obUgcz. _ , ^ , On tire de l'argent extrêmement hn du Pays de V ft"rots,& ficeux delaProuince n'cftoient tant enncm de l'induftrie des eftrangers , leurs richefles fcroie encorplus grandes, pource que les Suédois nefçaue ny cfpargner le bois , ny recueillir la fumée des mir taux pour les couleurs , & ne trouuent pas bon qu'< defcouure les veines des mines : & ce qu'ils fuyent 1 eftrangers , procède non de haine qu'ils Icurportei mais de crainte d'eftrcdeceus par eux , pource qa' font fortfimples en leurs mœurs , avions & maniei de faire,& peu trauaillez d'ambition & d'auarice. Quant aux rcuenus du Roy , il y a quatre fort« chofes, qui font le corps de fes reucnus ordinaires. ( puis que ce Royaume a lailfé la Religion Çathojui Ses ieucnu5 viennent donc des fruiûs des biens Ecc I fiafliqucs,desmincs,dcs taiaes,& desdifmes dcsgra Ôc autres viures, comme auiîi des peaux, & linalemi des j!abellcs,ou douanes. r n j j l'ay dit depuis que les Suédois fe font diftraitsdi i Religion Catholique, vcu qu'auparauâc l'Archeuef( ' d'Vpfale , les autres fix Euefchez, & beaucoup de h ' nafteres, poflcdoiét de fort grands fonds, dont ils r« uoient de bons reitenus. Mais les Miniftres ont h b joué de U langue, qu'iU ont petfuadc aux Roys de ; parer des biens, meubles & immeubles , afTlgnani beaucoup moindres reuenus auxEuefques. Ce qn au commencement que l'on affembla vn grand Tti for , qui tombant entre les mains du Roy Henry, difTipécnfort peu de temps par le moyen desgucr Les mines produifent de l'argent , dont on fait talers de Suéde , qui font fort eftimez pour leur boi Et pource qu'il s'y trouuc de l'or en petite quant on y bat fort peu d'cfcus. Outre les talers, il y a des quarts & demy quart! talers , & vue forte de monnoye appellee Rofques vne moindre de demie rofqiKS,ce qui fignifie mon ye ronde,& vn taler en fait 52. . Or combien qu'ils abondent encuiure,toutcstoi! n y bat point de monnoye de ce metail , cxccpteqi en met quelque peu dans les rofques. On tiouua pareillement , il y a quelques ann certaine mine de fel , mais elle difparut aprcs , con quelques-vns pcnfent,pac la nonchalance de ceux s'en dçuoient prendre garde. 1^ De l'Eftat du Roy de Suéde. ;îo LcRoyabcîixiém. de toutes les mines oiM'on ne |coap de vaiffeanx. qui pourroient, pour I. plus grande .rauaillc pas à fcsdefpcs, & pourcefte caufe paye 1« partie, voyager b,cl loin, l'on tient qu'.l pïur.oit en fiésmec du cuiure& d'autres métaux : ôc Ci les Payfan^ ne cachoicnt les veines de diuerfes mines qu'on def- couure tous les jours , ôc s'il y auoit vn nombre de bons & diligens maiftrcs , on juge que le profit qu'on en tireroit , montcroit à vnc grande (bmme. Outre cecy.lc Roy a par tout fon Royaume la taille &les difmesdes grains, de feigle & d'orge, du beurre, des poiirons, des bœufs , des peaux, acchofes fembla- bles,& on n'a peu fçauoir la fomme de tCut cecy, com- bien qu'on en tienne certain compte en la Chambre Royale Ôc Threforiere. Tant y a qu'il entretient non feulement l'armcc & les Officiers de mer , mais aulîi lej autres de terre-ferme, les Officiers du Royaume, & de la Cour. Quand le Roy doit faire la guerre pour la dcffencc de fon Royaume, ou bien enuoyer des gens dehors, il k fait lignifier aux Prouinces.qui fournillcnt la quan- tité de viurcs qui eft neceffaire. Il y a toutcsfoiscefte) différence en la contribution, que les Nobles.ny leurs fujets ne contribuent ordinai- rement : mais quand on faiî les contributions généra- les pour la guerre du confcntement des NoblesJeuts lujets ont accouftumc de payer la moitié de ce que ceux qui font immédiatement fujets au Roy, doiuent donner. Le peuple eft pareillement oblige de contribuer pour le dot de chaque fille du Roy , quand elle fe ma- rie , & la fomme de cefte contribution a efté depuis long-tcmps,de cent mille talers, outre la vailfelle d'ar- gent, Ôc les ameublemens de fa maifon. Le reuenu des peaux eft tanioft plus grand , tantoft plus petit, félon que les neiges font grandes, ou peti- tes, vcuque tant plus il y en a, taurplus on a accouftu- Bie de prendre de bcftcs. Du Pays des Lappons plus Septentrionaux le Roy tire la plus grande partie des peaux, & fa Majcfté pour tn fçâuoir la vérité, yenuoyetous les ans vn Commis, ijm vfe dételle diligence à fçauoir combien on a pris Je bcftes , que le Roy ne peut eftre trompe. Les peaux qui font fepirées & ch^ifies pour le Roy , font diflri- buéesen la Courà fesparens &amis , &pour recom- 3enfe aux Marchands, qui ont donné,ou doiuent don- ner des marchandilcsjpourl'vfagede fa Cour. Le Roy n'a autre tribut de ces Lappons , d'autant qu'ils ne s'occupent qu'à chafTer aux beftes , lefquelles Is changent après en autres chofes neceffaires , corn- îien qu'il y en a quelques- vns qui trauaillent de l'ai- guille, & font de leur main pluficurs beaux ouuragcs, jui monftrent qu'ils font ingénieux. Il n'y a prcfquc aucunes daces,gabclles, ouimpofi. ions,quc celles des ports de mer. Il eft vray que le Roy a accouftumc d'auoir de ceux la Pays , qui ne luy donnent pas des viurcs à propor- ion de leurs biensjdequi cinq talers» de quifîx, de qui luift, & dauantage par année, & quand le Roy fait du "en à quelques- vns , il a de couftume de luy odroycr :ertain nombre de Payfans,commc fujets tributaires, I qui plus,& à qui moins,felon leur mérite. Oncomptoit en l'année 15 -8. qu'on mettoit d'or- linaite au Threfor du Roy toutes les années, en dcdui- antles charges extraordinaires, ôc les derpcnfes, enui- on (ixcu fcpt tonnes d'or,dont chacune èft prife pour m mille talers d'Allemagne. Toutcsfois les feules fortcrelTes de Riuaille & de /ibourg , qui font fur les frontières de l'Hftat du Mof- ouite.couftent par an cent mille talers de dcpcnce. beaucoup de perfonnes de jugement tiennent que le ^oyauroit beaucoup plus de reuenu , (1 la difpofition »u temps , la multitude des artifans, «5c autres , eufl eftc «lie qu on ia dcfiroïc , veu que la Majsrté ayant beau- uoyeraux autres Pays grande quantité de beaux arbres, ! & de matière de Nauires, & beaucoup de grains, & en rapporter pour l'vfagedu Pays du fel, & d'autres cho- fes neceffaires que les marchands cftrangers vendent au double de ce qu'elles valcnt.au lieu que d'autre for- te.on les auroit à beaucoup meilleur compte. Semblablement on tireroit dauantage des mines, fi l'onyemployoitlescftrangers , tant pour épargner le bois , comme j'ay défia dit , que pour d'autres chofes, Toutesfois du feul airain qu'on tire en deux ou trois raines feulement , la dixième du Roy montoit l'an 78. à foo. fquipons& dauantage, & la valeur de ces fqui- pons eft de 30. mille talers. Il eft vray que l'on tire neuf fois plus de cuiurcj. mais cela s'en va au profit de ceux qui les tirent. Mais fi le Roy veut fatisfaireà ceux-cy par vne au- tre voycjil peut retenir pour luy tout le cuiure & l'ai- rain qu'on tire des mines : &pourceftecaufc, ily a vrt Surintendant du Roy , qu'ils appellent Fauc , qui eft comme fon Fadeur ou Commis gênerai. Forces, CHaquc Prouince a fes gens de pied «Se tîe chcual i4 ordinaires. Aux Royaumes de Suéde & de Go- thie, on compte cnuiron ji.Enfeignes de gens de pied> & chaque Enfeigne enuiron de 700. hommes. Ceux-cy fontpreftsen toutes occafions , à marcher où il faut.&fontprcfque tous Arquebuficrs.On trou- iJe bien peu de picquiers, à caufc de la miiltitude,& d« l'efpailTeur des bois, qui les empefcheroit de manier» ou porter leurs picques.&la Caualerie pour la mefme raifon n'vfc auffi des lances , mais d'efcoppettes , ou de piftolets , à la façon des Reiftres. Ces foldats eftans nez dans ces Pays,&accouftumcz aux viandes qui fc confèrucnt,, fupportent ayfément le froid , & ne fe foucient nullement de la delicatefTe» ou'diuerfitédcs viandes. Outre que chacun de ceux-cy fait fes fouliers, Ôc fes habits, le bois des arquebufcs, & autres chofes necef- faires.Et on a veu bien fouuentau Chafîeau de Stokol- me des foldats en fentinelle , qui veilloient auec vnè grande patience durant les plus grandes froidures.fans eftre rcleuez prefque de toute lanuid , cncores qu'en Hyucr elle dure iS.heures. , _ Chaque compagnie a fon Capitaîne,fon Licutenant, & fon Enfeigne. Le Capitaine mefme en temps de guerre , quand on combattoit dans le Pays contre le Roy dcDannemarc, ou le Mofcouite.n'auoit pas plus d'vn habillement l'annécauec quatre talers de folde, ôc l'exemption , tant pour luy que pour vn petit nom- bre d'autres , du tribut que l'on paye ordinaiiement au Roy. Le foldât ne joiiyt d'aucune exemption , fi ce n'eft tandis que la guerre dure , ou que l'on eft en quelque défiance , ôc qu'à celte caufe on fc tient en armes , ôc jadis il n'auoit autre paye par mois , que cinq parties d'vntaier. Ainfi qu'ils marchent , les fourriers les de- partent,& logent cn diucrfes maifons ; mais lors que tout eftenfcmble qu'ils marchent en Bataille , ou qu'ils campent , le Roy leur donne des viuies fans les faire compter fur leur paye , & fil'ennemy les prend, leRoyeft couftumier de les rachepter du fien , ôc de payer leur rançon , Ôc G quelqu'un perd vn cheual au combat, le Roy eft obligé de luy en donner vn autre. La Cimalenc eftant en chaque compagnie , qui eft moindre en nombre, que non pas celle de l'Infanterie, a vn Capitaine, vn Lieutenant, &vn Enfeigne, ôcl'pn n'auoit accoufbjmé de donner aux hommes de chc- 'la!, que vingt talers paj an, & yn habillement , aucc Xx i les 1 'I 5 2t) De rÉftat du Roy de Suéde. Ir. exemptions ,& conditions, dont i'ay fait mention cyjSTut;sfoisaesC^^^^ fi à p opottion les autres plus confidetables , ceccam- cnt autant de payes , qu Us auoient de feruiteurs après *.iT s'ils les fuiuoicni à cheual. •"îll on"e compagnies ordinaires de Caualer.es en Suedï & Gothie . & deux enFinlande : toutesfois fi le Roy defire en auoirvn plus grand nombre , il le peut bienayfément pourucu qu'il y ait de l argent. EnFmlandeil y adeuxcompagmcs l vne de fimpU foldats. l'autre de GenrUs- ho rames : & le '-«b,ea pour lequa il y a peu de gens en vn fi grand Pays,c eft à cau- feVilcft contraint de fournit la plus grande partie des mariniers , & gens pour feruir aux armées de m . de mefmc que fontencores quelques Prouinces p s Septentrionales,qui,ou pourcequ elles font montuea, fes,&fteriles,commel'Angermame^upource qu elles «manquent decheuaux , ^«--^ ^^^^'-^^''^'itTe t jeftes à fournir l'armée de mer d vn bon nombre de " En Smolande, en Vueftrogothie, & Oftrogothie il y a quelques compagnies de Genuls-homm« a ch - ual , & la Vueftrogothie abonde en Nobleffe plus que les autres : & nul ne peut eftre Capitaine degens de pied.oude cheual, s'il n'cft Noble. ^ Leurs chenaux font vn peu moindres que les Fii- fons.mais puilTans.ôc accoufturaez à la peine, & a man- pcr peu de chofe. , , ^ L'ordre du Royaume eft de faire toutes les années lareueuëdetoutesccscompagnies , & d'aduemr les Scncfchauxdulieu , & du jour, auquel elle le doit fai- re Dauantage.en la Cour du Roy les Gentils-hommes feruoient en telle forte , qu'il y en auoit toufiours joy. De-là vient que le Roy peut mettre en mer ^ peu de frais quelques Vailfeaux de guerre toutes les années, d'autant qu'il ne donne aux mariniers que des viures. au lieu d'argent , & toutesfois ils en font beaucoup plus contens que du rcfte , comme gens à qui iHutht d'auoir leurs neceflitez , outre que le Roy a pluhcuts beaux bois , & des mines abondantes en fer & en au rain . dont quelques EgUfes font mefmes couuerteî: tellement que le Roy lean III. difoit , qu'vne guerre qui couftoit vn million au Roy d'Elpagne, ne luy rcue- noit pas à cent mille talers. La quantité des mines fait cncores qu en ce Pays- U ily a grand nombre de Canons , tanc auit fortcteUçs, que pour armer les NauircJ. j On a compté au feul Chafteau de Stokolme , ^oo. pièces . partie double Canons , partie Couleurines . 5C autres moindres , & l'on peut juger par la quel nom- bre il v en auoit en tout le Royaume. Les'plas grands Vaiffeaux font au port de StokoU me , .«^ y demeurent alTeurezfsns anchre, pource qae depuis la haute mer, jufques à Stokolme , on nauige entre des efcaeils enuiron 4o.milles d'itahe. On corn, ptc ordinairccient en ce port, lors que la glace elt dcU ja fondue , &c que les Vaiftauxertrangersarriucnt, de deux à joo.Nauitcs. j o «jJ Les autres Nauires font en quelque port de Suéde, mais beaucoup plus en ceux de Finlande , pour taire tefteauMofcouite , & pour empefcher qu on ncluy ported'AUemagne.oud'autresendroitsdescholesqut luy donnent plus de moyen de nuire à la Suéde. Il y fouloit auoir en ces Pays beaucoup de torterd- fes , mais par diuers accidcns de guerres , par dmerles deffianccs , & autres occafions . .1 y en a eu beaucoup combien toutesfois que depuis — ftlàm^^t^^icheualalie^ î^;:^^:^ ^;;^R;y de Pologne . âclegitiine fois les Confeillers, & quelques autres Nobles , en el la gu ^ ^ ^^^^^^ ^^^^^^^ injafte vfur- ï:;=;u!^^^^^ i ^"^^^^--^ ^ ' "eŒ^acuUois,5.po. celles qui s'enraiuent.Vers la mer d'Ouèft à £lft.ourg. place proche du Lac de Venus , il y a la forterelfe d El- feUbourgi & non loingde là cncores deux autres,donl i'vne eft nommée Goltbonrg,comme qui diroit, Llu- fteaud'or,& l'autre Cronebcrg. On voit aores vers la mer Baltique,& fix lieues lo r deScanie, Proumce du Royaume de ' Chafteau & la place de Calmas , & en Oftrogothieh Chafteau de Vaffene. , . Il y a la forterelfe de Borlzolomie en 1 iflcd Vlan de, puis celles de Scechorgne, Nicopie, Vicerbin, Gn pfclmie , &C le Chafteau d'Vpfale. On voit encores le forts Chafteaux de Stokolme & d'Ourbou , qu. enel efloignéd'onzeiieués. Ccfont les fortereircs quelo compte au Royaume de Suéde. Chiant àcelles de Finlande .il y en a vne en la V. d'AÏbe , vne autre plus auant appellee Elfingofors, v autreàTauaftieappelléelafFaufthaaus.quilignifieme -tchofe.quemaifondeTauaft. Elleeft encores appellée H.ûet, c eft à dire.Chaft« neuf.ll y en a auOi vneà Vibourg,V.lleproch d M' fcouie. Il y a encores en Lmonie le Fore de Rma.llc, outre ccceluv d'Ennucfpel. Le Roy deLede confine du Ponant auec le Roy > Dannemarc,& du Leuantauec le Mofcouue. Les Suédois ont receu beaucoup de ^omm^g^s ' Danois, veu qu'entre lesautres Chriftierne II. adie S:okolme,la força de fe rendre.& vfant d vn extre cruauté à l'endroit de fes habitans . la remplit de la quelque eftat par chacun mois , o: p tcuràcheuaUl'on donnoit tous les mois au moins cinq talcrs. ,. . . M-, Le Royeftant paifible, auoit ordinairement iNa- uires de gucrreXous la charge d^vn Admirai. En l'an 1^78. fept de ces Nauires eftoyent com- me de bons Galions : les autres portoîent enuiron cin- quante pièces de Canon de fonce , l'vn portant l au- "^Le Roy fçait ordinairement où il peut prendre ftx mille mariniers, en comptant auec ceux-cy non (eulc- ment la chorme, mais encore lesOfficicrs des Nauires. 6i il en pourroit auoir beaucoup dauantagc . d'autant que toute la cofte de Finlande . qui eft longue de plus de 400. miUes.cdlcde la mer Bothniquc.qui eftpre - Queaudouble,le nuage duRoyaume de Suéde, & quel- ques mes , donnent continuel fubjcdb aux gens de ces Pays d'aller fur mer , & par confequent, de le rendre hardis &c expérimentez. . ^ , 1 En lagaertequeleanlll. Roy deSuede»eutaueclc Roy de Dannemarc , auant que leur accord fut fan à Stretin,le Suédois mena 7o.Nauires,outre plufieurs au- tres bons Vailfeaux,& outre la Caualerie qu il auoiten erre ferme,il auoit fur les Nauires ,8. mille hommes, qui lors qu'il en eftoit temps , «^P^ ^ombattre.pource qu'en ces contrées on a de ouftume de comb.ttreenHyuerfurlaglace, tant pour la tacili. té de palTer les Lacs Se les Fieuues glacez , qu à caulc qu'on porte alors les viures plus ayfement , 6.1bltc l'on combat fur la mer. . . Lafaçon d'entretenir ce nombre de marin 1 ers, cou- ftc vne grande fommc d'argent au Roy:mais du tribut que les Prouinces luy payent , il Uur diftribuede h chair.dupoilTon.du beurre, du feigle ,& de l'orge, lur la plus grande [artiç des payes & de corps morts. i^p^v Leur hayne procède des prétentions que le Roy Dannemarca fur la Suéde : «l'i^i* «"^y*" ^^^"^ ft« ainû , vient de U commo due des Ucux cS: des po r)e l'Eftat du Roy de Suecîe. principalement de l'Ifle de Gotlandc , qui ^ft membre de la Gochie. A raifon deqaoy les Suédois prétendent qu'elle cft de leur domination , &qu'ilsy ont droidl. Mais depuis que Gufhue eu 11 recouuré le Royaume, & que Henry &Iean Tes fils l'ont gouuerné IVn après J'aurre, combien qu'il y ait eu de grandes guerres entre les Danois, & Guftaue : toutesfois ce Royaume sert bien maintenu, & la VilledeLubecqui eft fortpuif- fantecn ces mers-là, fe mettant tantoft d'vn party, tan- coft de l'autre , contrebalance tellement les forces de CCS i.Roys, qu'elle ne permet quel'vn ny l'autre s'a- grandidc exceffiuement , à caufe du danger auquel clic teroit auffi-toft reduidtc. Le Suédois fait la guerre au Mofcouite auec plus d'auantage, pource que Finlande , qui confine auecla Ruffic par le moyen des Lacs & Marefcages dont elle cft pleine , a fes entrées mal-aifées & dangcreufcs, 6c il eft arriué plus d'vne fois que les armées des ennemis Ce font perdues eo ces eaux glacées. Dauantage.le Suédois eftcouftumier de tenir en ces ifters-là la plufpart de Ces Vaiffeaux. Il y a la forterelTe de Vibourg , qui eft extrêmement bien munie. Il y a cncores aux confins du grand Duc dcMofcouie, Narue, & Riuaille,dont nous auons par- lé cy-dclfus , Se quelques autres places , par le moyen defquclles il le bride , & en vctité l'on doit cftimcr bonnes fortereftcs qui fe maintiennent dans les terres d'autruy d'autant qu'elles deffendcnt leur Pays, & tra- uaillcnt celuydel'ennemy , ôc defténdent tant mieux le leur, qu'elles s'en irouucnt plus edoignées, pource que tandis que l'ennemy prend beaucoup de peine après elle, le Pays amy demeure paifible, Se par ce mo yen Ton co«ferue les gens ôc l'argent , & l'on fatt les prouifions qui font requifes pour les fecourir & main- tenir. Dauantage elles trauaillent tant plus rennériiy^qu'el- les en ibnt plus voifines. Mais les fortercftes qui font en (on Pays, ne font que dépendre le Cien,6c le dcfFen- dentauecvn fort grand auantage , pource que toutes les fois qu'elles font attaquées,il eft force.que les Pays endurent de fort grands dommages , ôc que (on eftat foit plein de troubles & de bruit , & expofé enproye aux ennemis. Mais pour reuenir au îïoy de Suéde , il a autant d'a- uantage fur le Mofcouitcpour ladeftcnce dcfés eftatsj que les forces maritimes jointes à celles de terre fer- me , en pcuuent apporter contre vn Prince qui n'a point de forces fur la mer, , GomcmerHent. POùr difcbiirit du gouuernement de Suéde, il faut fçauoit que les affaires de ce Royaume eftans pai- fibles , il eft gouuerné par vn Roy , qui ayant eftc cy- dcuant eleâif , fut fait héréditaire au temps de Gu- ftaue. LeRoy a ordinairement ii. Confeilîcrs , & outré eecy , plufieurs autres Oificiersipource que ce Royau- me cftnon feulement diuifé, comme j'ay dit, en Pro- ailîccs,Duche2,&(Comptcz:maise,ncores chaque Pro- uincceft diuifée en Territoires, ou Diftraitsi &Iunf- ili^kions , qui comprennent quelques Paroilfes , qui plus, qui moins, & chacune d'elle a (on Lanfman i ou Conful. Apres cela chaque Territoire a fon Vicbmte, ^uieftcottme vn Podcftat d'Icahe. Il a par delfus les Vicomtes d'autreS Officiers , qui font comme les Senefchaux de France, appeliez par les Suédois, Lamans, comme fouuerains luges : de forte qu'on appelle des Vicomtes à ces Lamans , «Se des La- noans au Côfeil du Roy,& de ce Côfeil au Roy mefmc. Ces Lamans vifitent vne partie de leur junfdiâiion chaque année, jufo[u'à ce qu'ayant acheué défaire leur SU vifite entière, ils la recommencent , & de mèfme que cecy aydeàcognoiftreplus clairtment l'edat des affai- res. & à y mettre vn plus prcfent remède : auflî appor- te-il du foulagement au peuple ; veu qu'ils exigent le Tribut des parbilfcs qu'ils vifitent vhe année i fans crt charger les autres. Or les Territoires eftoicnt autiresfois départis en telle forte , qu'à chaque centaine de familles qui ha- bitoicnt hors les Villes, on affigaoït comme vn Cente- nier,ou moindre lugcqui en certain temps de l'année; encores qu'il ne falfe pas ^demeure parmy eux , Icuir va pourtant adminiftrer la juftice : ôc le Roy fclon la valeur & le mérite des perfonnes, donne quelquesfois à vn de ces luges zoo.familles.Toutes ces charges font données à de; hommcs,partie Nobles,& partie qui mé- ritent tels offices par leur elpiit ôc preud'hommie. Le Lsnfmanjou Conful de chaque paroifleeft ordi- nairement ptis du corps des Païfans mefmes,& aux oc- currences il a lecoursau Vicomte, & entr'autres cho- fes, ce Lanfman a charge de fe trouvier au lieu où le Roy faitlàdeineure, lorsqu'il mande les Députez de quelques Prouinces,ahn d'oiiyr ce qu'il faut faire , Ôc cecy arrriue couftumierement prefque vne fois tou- tes les années. Le Lanfman a encore la charge de faire que les vo- yageurs foient adrefltz au logis, ôc qu'on les pburuoyé de chenaux, bu de Slctcs en temps de glace , budenei^ ge:ces Sietes font de petits chariots fanà roues. Les Vicomtes ont peu d'cftat , vcu qu'ils reçoiuenè des Exadeurs Royaux , qui font difpofëz par tout le Royaume, vn habillement toutes les années, outre 40. talers pour homme ; toutesfois ils ont des cxemptionà des prcfensjSc chofcsfcmbiables. La Smolande lêule , qui confineaucc le Royaume de Dannemarc,5c eft vne Prouince affez ample, a enui- lotiji. Vicomtes, où font les plus vaiUans hommes de Suéde, &quelquesfois elle s'eftmutinéeauec tren- te mille-hommes propresà porter lès armes. Quant à Stokolme , il faut fçauoir que la Ville mcC me fait 4. Confuls pour fon gouuernement polidc ôc ordinaire. Ceux-cy demeurent en cét eftat toute leur vie. 'Deux d'entr'eux précèdent fucceflîuemcnt les aii- très toutes les années, & tous quatre (combien qu'af- fiftez de quelques- vns , qu'ils nomment Sénateurs, qui font Bourgeois ) â'alfembient , ôc délibèrent des choies de la Police. Neantmoins ils diftribuént cntr'eui quelques char- ges particuheresico aime des baftimcns, de juger, & dé publier les nouucîles ordonnances : ce qui ne fe fait toutesfois (ans que le Lieutenant du Chaftcail de Sto- kolme y intéruicnnc , & ce Lieutenant eft par dclTuS les Confuls, &:aux faits de cohfeqilence, les Gonfeil^ Icrs du Roy qui fe trouuent à la Cdur , renuoyeht Icà matières. Le nombre dés ScnâtcUirs qui affiftent les quatre Confuls, eft dedouzei l'office dcfqdels dilrctbute léur V iei finbn qu'ils fuftent démis poUr qufclque faute , oii qu'ils rccherchaftcnt d'en eftrc dcfchargez pour d'au- ti:es caiîfes. Les Lbix dbnt ils vfent gehcralement fbnt ahcién- ,^ nfcs,ôc depuis le temps de S.Henry Roy de Suede,elles ont dUté jufqu'à prêtent en ce Royaume , eicepté les LbixEcclefiattiques, qui demeurent cbutesfois incbr- pbréesaueclesautres,& quand le Cardinal Raymond allàen ces Pays du Nord, l'on y adjoufta vn aitide, qui eft appelle Ecclefiaftiqae , auquel on a deciaic qUe Ici cnfans des Prèftres, ou Moines , ieront tenus en pareil degré.que ceux qiii font nez d'adultère. Les Loix dfc Suéde né font particulière mention d'aucuDé vfure , finon au cas qu'vh débiteur fuft pref- fé par piufieurs créanciers de payer ce qu'il dcutoit ÔC fi quclt^ufvn des créanciers auoit,prêûé au dcbiteuc X X } auec i. De l'Eftat du Roy de Suéde. 522 aucc quelque pachc d'intcreft , le créancier petd le droid de luy demander ladebte;& aie(tiie on a de cou- ftume de punir non feulement l'vfurier j mais encoics ccluy qui s'embrouille auec des gens de cefte forte. Et touiesfois d'autant qu'en ces Royaumes on ne fouloit prefter que gratuitement, ce vice n'eftpas frc- quent.fmon àSiokolme, où plufieursont porte cefte mefchanceté d'Allemagne auec beaucoup d'autres. L'adukcre y eft puny de mort , & beaucoup plus ir- rcmiffiblement fi vn homme marié le commet auec vue femme mariée, pource qu'on le met alors au pou- uoir du mary afin qu'il (oit chaftié : & s'il n'eft marie, on le condamne pour la première fois à vne grande amende pécuniaire. Mais il arriuc peu i uucnt qu'e- ftam furpris la féconde fois,il n'ait la tcfte tranchée. Celuy qui bat vn autre , paye cinq talers d'amende: & s'il luy couppc quelque partie, comme vn doigt.ou autre chofc.il paye le double : & s'il demeure eftropie de quelque mébre, on donne entière recompenfe. S'il blelfe en latefte, ou en la poitrinc&queleblclTé meu- re auant la fin de l'année , ccluy qui ableffé eft con- damné à mort comme homicide. Les corps de ceux qui ont eftc tuez , fi le criminel n'eft pi cfent, ne forit enterrez jufques à tant que l'on aye fait mourir le meurtrier.combien que plufieurs fepmaines fe paltcnt quelquesfois, fans qu'on en puille faire l'exécution. On impofe peine au juge , qui eftant requis pour la féconde fois de donner fcntence diffinitiue la diffère, & par ce moyen les procez n'y font nullement menez en longueur. Cecy procède prefque d'vne ancienne ordonnance, par laquelle il eft deffcndu d'auoir ny Procureur , ny Aduocat : teilcmcntque chacun propofcfon faid de- uant le luge. Mais fi c'cftoit vnevefue, ou vn pupil, ou vne per- fonnc infcnfée , ou du tout lourde & grofficrc, le plus proche parent en pourfuitle procez ; & s'il n'y en a ordonnance, par laquelle ilfutdit qiie les Euefqucs bé |;onedctoieni quecc qu'il plairoit au Roy.^ Il mk les Vniuerfitez de fon Royaume entre lc$ mains des Luthériens , deffendit à tous d'aller eftudier hors du Royaume, excepte à \<^itemberg , & en quel- ques autres Académies hérétiques, en faifant brufler les anciennes Librairies , & porter en fon Royaume force liures hérétiques , & traduire en langue vulgaire la Biblcaiicc poftilles,&: des interprétations fauffcs, & faites à pîaifir : tellement quM abolift en fcs Eftats la foy Catholique , & aduança l'erreur de Luther autant qu'il luy faft poffible. Toutcs-fois le Calvinifmes'efpandit aux Pays fujct$ à Charles m. fils duRoyGuftaue, Ducde Vcrmclaa- dc , deSudcrmanie, & de Nericie , Henry fils dcGu- ftaue , & fon lucceircur plus proche, n'y mift nul remè- de, lean fon frcre, qui luy fucceda,ayant bon entende- ment rccognoiff'oit affez cét erreur , & lifoit les Hures des anciens Percs : mais de crainte de quelque reuoU te, & de fon frère Charles» il ne sofa dclcouurir eniie- rement. Toutesfois- la conucrfatidn de fa femme Catherine, fille de Sigifmond Roy de Pologne , luy fift garder be- aucoup de couftumes Catholique5,veu qu'il obferuoic leCarefme , s'abftcnoit le Vendredy de mangerdela chair , conferua le Monaftcre de ValTene , porta beau- coup d'honneur à fainde Brigide , & luy donna vne Chaffe d'argent , de mefme qu'aux os de iainû Henry Roy de Suéde, lefquels il fit porter aux Preftrcs Catho- I hqùes en l'fcglile d'Vpfale , reprocha bien fouuent I aux Mimfties Luthériens & Calviniftes , leur ignoran- ' ce , leur erreur & effronterie, redreftà les Eglifes qu'il auoit abbatuès,& mefme il fit refaire l'Autel d'où il fe fouuenoit auoir veu diftribuër au peuple lafainde Eu* chariftic. . . Il enuoya premierement~vn Amba(fadeur2kPieIV.' puis à Grégoire m. laiflk l'exercice de la foy Catholif proche parent en pouriuitjc procci , ^ ^.uic - v.ivgv...v »... vy. - pointaeSenatcréevnTuteur, &rafFaire s'expédie en ' que hbre à laRoyne . & luy permift de noiurir auill & en tient compte. Auec ce Threforier il y a dix Chambriers.ou mai- ftres des Comptes , qui ont & tiennent en la Secretai- rcrieRegiftres de tous les reucnus du Roy , & ceux cy s'aflcmblent auec le Threforier , félon les occurren- ces , & rendent compte toutes les années deuant le Commiflairc gênerai , & en prefence auffi de quelques Confcillers du Roy : & le Threforier en chaque Pro- uince , a diuets exadeurs qui luy portent les Tailles, ôc tout ce qui appartient au Roy , qui eft après mis au Threfor. Heligidn. LE Roy Guftauc foUicitc par vn certain Olaus , Pierre Nenicius Luthérien , &par vn Laurens André Archidiacre de Srenge, mais defiaperuerty , & infeaéd'herefie , introduit la ledc de Luther en Sué- de . pour le defir qu'il euftde s'approprier les biens de l'Eghfc à îbn nouueau aduencment à la Couronne. Tellement qu'il s'empara de ce qa'il voulut & fit vne Catholiquemcnt Sigifmond leur fils , qui eft aujoutJ d'huy Roy de Pologne , & légitime héritier de Suéde. Mdmc la Rcyne obtint quelques lefuites pour la con- folation, & pour l'affiftance des peuples. Ces lefuites firent quelque profit jufques à la more de la Royne , qui aduintl'an mille cinq cens odan- te trois. Et bien tort après ils furent chaifcz du Ro-< yaume : de forte qu'il y a bien peu de rcfte de W Re- hgion Catholique. Et aujourd'huy que Charles on* de de Sigifmond vfurpe fur fon nepueu le Royaume de Suéde , il a du tout aduancé l'erreur de Calvin , du- quel il fuit l'opinion : de forte que les Habitans de$ Prouinces qui. le rccogno ilfent , font deuenus prefque tous Calviniftes , toutesfois il y refte beaucoup de Lu- thériens. 'P.OTS VE SVBl>E. IEan Olaus le grand , fait vn long denombrcmcnï des Roys de Suéde , dont les noms feroient ennuy- eux. Il me fuffira doncques de commencer , comme quelques autres, par Sichtrug, qui fut Roy de Suéde, long-temps auant laNatiuité de Icfus-Chrift , & fut tue par Gran , Roy deDannemarcqui mift ceRoyaume fous fon obeillan- ce : mais Suibdager Roy de Noruegc . vainquit Gran, & fut Roy de Noruegc,Sucde,& Dannemarc. Hafmond fon fils luy fucccda au Royaume de Su» de,&deNoruege. Vft'o fut fuccelTeur de Hafmond. Hindin régna après luy.puis. Hunding Régnier fils de Hunding- Hontbro( De TEftat du Roy de Suéde. 523 Hontôrod fils âe Régnier , fous qui le Royaume d Suéde fut foubmis aux Danois. • Athiil«& Hothicr les fils rccomucrent le Royaume d: Icurpcre , moyennant certain Tribut qu'ils deuoi cnt payer : ma;s Rolfo Roy de Danncmarc vainquit Atifle, &mitia Suedefous (on obcïllince. Lors Hiar- tuar, natif de Suéde, gagna telleméc les bonnes grâces de ce Roy , qu'il luy oiftroya 1« Pays de Sucde en titre de Duché, à condition de certain Tribut , & pour le rendre plus fidclle , il luy bailla fa fœur en mariage. Enfin Hiartuar trancha la tcftcà Rolfo , & les Danois tuèrent Hiartuar.Lors Hothierfresc d'Atiflefemit en poirefllon du Royaume, & rangea le Dannemarc fous fon obcïflance,mais il en fut chalfc par Baldéer. Or laiflanticy quelque temps , auquel les Suédois n'ont rien fait de mémorable , je viendray au temps d'Auguftc, auquel Abric eftoit Roy de Suéde. Eric fon meurtrier luy fucceda du temps de noftrc Seigneur lefus-Chrift. Haldan fils d'Eric régna après luy, 6c fut lue. Siuard fon fils luy fucceda. Apres luy Eric fils de fa fille , & de Froton Roy de Danncmarcregna en Suéde. Eric fut tue en guerre,& eut pour fucceîTéur Hildan, qui ne fe fouciant d'auoir descnfans,decla- ra pour fon fuccclTeur Vnguin , qui laifla à fon fils Siluad les deux Royau- mes de DannemarC)& de Suéde. Regnaud fut Roy après Siluad, puis Alain ,'quiertoitrvn des plus grands Seigneurs de Suéde. » lugo fils aifné d'Aluicr. Ingel frère d'Aluier. Riugofilsd'Ingelfucceda,eftant encore enfant : il eut pour fuccelTeur Gotar, qui fut tue en guerre par les Danois. larmericfu: après luy Roy de Dannemarc & deSue- dc,enuiron l'an de grâce j8o. ■ Il faut icy faire vn grand faut pat*fautc de bonnes & véritables hiftoircs.veu que je palTe de larmcric juf- qu'à Froton, qui tenoit le Royaume de Suéde, lors que Louys fils de Charlemagne eftoit Empereur; cettuy-cy fut tue par des femmes de Noruege. Herotjou Gerot. Sort , qui fut vaincu par Régnier Roy de Danne- marc, Se lailfa le Royaume k Biorn fils de ce Régnier, qui eut pour fucccffcur Vyichfert fon frère* Eric?, fils de Régnier. Oftenc le tua,& fucceda au Royaume : mais les frè- res d'Eric vangerent fa mort > & chaifcrent Oftenc & le Royaume ccheut à Scrubiorn fils du Roy Biorn. Eric fils d'Olaue,nepueu de Régnier, chaiTa Eric, Se Jeuint Roy de Suéde; Eric fon fils luy fucceda , & fut le premier des Iloys de Suéde qui receut publiquement la Religion Chre- ftienne, & en fon baptefme fut nommé lacques. Cela aduint l'an de falut looo. au temps de l'Empc- reor Henry^ Efmond frète baftard deîacques feulement Cfiré- ftien du nom, luy fucceda. Stinkcl bon Roy & bon Chrcftien rcgnà après luy, il abolit l'idole que le peuple adoroic en la Ville d'V- pfale,& mourut enuiron l'an iico. ^^Puis il y eut deux Hcnrics, ou Ericà, qui dcbatîi- Royaume longuement , & enfin s'entrctuerent l>n l'autre. Halftenc fils de Stinkcl i. régna après leut mort, mais il fut bien toft chaflc par la mutinerie du peuple- Anaximandre fut lors eHeu Roy , mais pource qu i ne vouloit rien quitter de la rigueur de la Religion i U fut chafle»& Aquin mis en fa place* Magnos fi!$ de Nicolas RoydeDannemarfeluy fuc- ceda Suerco. Charles fon fils. Eric régna après Chârîes, & vécut jufques à l'an de falut 1Z49. Birgier. Valdcmar fucceda à Birgier , Scainû qu'il eftoit aii voyage delà Terre^faindle , fon frerc Magnus s'empa- ra du Royaume, & ne le rendit jamais tant qu'il vefcur.' Birgier fut fon fuccefteur,& alTocia fon fils Magnu^ au.Royaumè, 8c poUrce que fes frères luy auoient'don- né beaucoup d'ennuis , il les fit tuër après les auoir ftf- ftinez. Ce fait efiiieut contre luy les Princes & Sei- gneurs du Pays , qui le chafferentauec fa femme, &i fi-' rent trancher la teftc à fon fils Magnus. Lors ils firent Roy Msgnus fils d'Eric , à qui Birgier auoit fait tranchet la tefte.Cettuy-cy adjoufta là Noruegeau Royaume dé Suede,& mourut l'an i3i(î. Map nus fon fils luy facccdà en fes deux Royaumes^ il en fut demis. Albert fils du Duc de Mecke] bourg , eft mis en là place de Magnus feptiéme.Cectuy cy fut pris auec fori fils Eric , par Marguerite femme d'Aquin fils de Ma. grius, & détenu 7. ans prifonnier, & lors Marguerite deuint P^oyne de Suede,Noruege,& Dannemarc. Eric Duc de PoiKcran , fils adoptif de Marguerites luy fucceda en fes ^. Royaumes ; mais <;nfin il fut con- traint de quitter tout, & fe retirer en Prufic. Chriftophie Prince Palatin, & Duc de Bauicre, nep- ueudecétEricde par fa fœur, fut efleu Roy de 3. Rd- yaumes , d'vn commun accord de tous les grands Sci- gneursdesj.Pays. Apres la mort deChriftophle,Ies Suédois voulurent auoir vn Roy à part , qui fut de leur Nation , & cflcu- rent Charles Canut , qui n'cftoit pas de fort Noble race. Cettuy-cy ayant régné prcfque 7. ans , commença à cognoiftre qu'il s'eftoit rendu odieux à chacuri , ^(«r pour ce ayant mis le Thiefor du Royaume en lieu feur fur vn Nauire , il fe retira à Dantzic. Lors les Sei- gneurs duRoyaume appellerent Chriftietne pour eftré leur Roy. Ce Chriftierne auoit eftc efleu Roy de Dannemarc & de Noruege-, & par ce moyen ces 3. Royaumes fti- rç nt derechef fujcds à vn Prince. Les Suédois luy firent longuement la guerre , à cau- fe qu'il n'auoit gardé les conuentions faiétes en fa ré- ception , qui fut l'an de grâce 1469. die forte qu'il fut enfin chalTc de Suéde , oia il luy fuirent laiiîccs feil- lement deux forterelTes.Sur ces entrefaites,Charles qui auoit eftc autresfois Roy vint à mourir. ican filï de Chriftierne.apres auoir longùetnent faiât la guerre à la Suéde , rangea ce Royaume fous foti obf riTance , mais il en fut aprits chaflc , Se en partit fe- crettement. Chriftierne fils de îean cpntiriuà d'vn grand coura- ge les guerres que fon pcre auoit commencées , fui: tout tatcha de le faire Roy de Suéde ; mais quand il vid que les Suédois lé repouffoieht , écfe dcffendoicni: vaillamment, il y voiilut procifdcr par rufe , tàfcllà de les def vnir , & follicita principalement vit cer.talri Guftaue, ouGoftauc i It difoiit Archeuefque d'V- pfalc. Cèttuy-cy l'an 1117. en gagna pUificurs, & les fit refbiidré de imrer IcRoyaume cnjrc IcS màiiis dèChri- iriernc. Apiês quelques guerres Gbftauc eft defpoiiillc dé fonArcheuelchc , & lors que Chriftierne vint auec vue grande a8:méic,& enfin apresâiioir eu du pire , fi^ Trêves suce ceux de Suéde pour fottir de leur Royau- me. Il rcui.nt après mettre le fiege deuantStokolmc; Xx 4 Ôcf / De l'Eftat du Roy de Suéde. 5^4 & y eftant entre par compofition.fit meurtrir cruelle in€«t les Scnatcurs.& les Citoyens. Goftaue fils d'Eric. autre que le œefchant Archeuel- qued'Vpfalc, s'eftant fauuédeDannemarc.ou il auoic eftc emmené entre les autres oftagcs que le Roy Chtu ftierne auoit receus par finefTc de ceux de Stokolme, commença à fe déclarer Protedeur du Pays • & le qua- trième an après la guerre commencée, il s habilla en pauure homme,& s'en alla par toutlc Pays rcmonftrer fa mifere au peuple. Enfin il chalTa les Danois , & tut Couronne Roy de Suéde. Ericou Henry fonfils luy fucceda,& pour Tes matt. liais deportcmens fut mis en prifon par fcs fujcts , & y mourut. , / o j lean fon frère, & fils de Goftaue,Prince lettre,& de bon entcndemcnt,regna après luy. Sigifmond fils de lean luy a fucccdé. fans jouyr tou- tesfois paifiblcment du Royaume de Suéde , dont il poffedc feulement vne partie.debattanclc rcfte contre fon oncle le Duc Charles, qui le luy vfurpe, aigtiflant principalement les Suédois contre luy , qui eft Catho- lique . par le moyen des fedes de Calvin & de Luther qu'ils ont embraflécs. Ce Charles a fceu malicieufement colorer 1 inua- fion qu'il a faidcdu Royaume de Suéde dont fon ne- ueu le Roy de Pologne eft le vray Roy par droiôt de fucceflîon.& n'y a celuy qui lifant fes lettres & fes pro- cedares Clefquelles il colore & couure de lufticc) n ad 1 n j„.,f- c'-rt- r«rii« rér vluroateu: côme en cette afleblécon ne peut pas de prime abord agir d'vne paix ferme & alTeurée.craignât que le fil cô- mencé de la concorde ne fe rompift extirpant la celfa- tion d'armes , & que toute efperance de paix ne fuft rcjettée& mefprifce , félon le pouuoir, & le mande, ment que nous auons receu de noftre ires-fereniffirae Roy & Royaume de Pologne & grande Duché de Li- thuanie . nous aurions prolongé vne autre ccjfation d'armes conftituée fur la première commencée le i. luin l'an i6z4. prolongée julques au dernier Mars ftil vieil de l'année lûty.fur ces conditions fuiuantes. La première que les Trêves feroicnt prolongées de- puis ledit temps i. luin 1624. entre les principaux des noftres , nos Royaumes de Pologne & de Suéde & en- tre les Prouinccs , Camps, armées, & fujcts tant d vn party que d'autre jufques audit jour dernier Mars de l'année 1625. ftil vieil, &c promettons qui la Sacrée & Royale Majefté Sigifmond noftre trcs-clcment Sei- gneur & tous les ordrcsduRoyaume de Pologne & du grand Duc de Lithuanie, garder & conferuer jufques à l'ilTuè dudit jour prefcrit ces Trêves par nouspermi- fcs & éftablies faindement & religicufemcnt. Or il a efté ordonné & arrefté entre nous , qu'il ne s'excitera aucune guerre de part ny d'autre auparauant ! qu'elle ait efté dénoncée en ftil vieil deux mois auant ! le premier jour de luin.auquel temps là partie qui fera ! aggreffîue& voudra recommencer la guerre , le àc- nonccraparvn Hérault d'armes,par lettres publiques^ cedares (lefquelles il colore& couure "'^l";^^^; | ^ vn Trompette,(ilon la couftume & laforce mi- mire les ftratagemes dont s>cft_feruy cet vlurpateur P ^j.^^^^^ /^^^-^^ pour fe maintenir en fon vfurpation. , „ 1 1 La première lettre qu'il efcriuit aux Eftats de l olo- , cne,porte en fubftanccque par la Prouidcnce de Dieu, lequel gouuernoit les Royaumes : les Eftats libres de , Suéde l'auoient efleu Roy , & qu'il n'auoit pu (puis, . dit il . que fon neueu auoit négligé le teftament de les ayeuls , & n'auoit gardé cnuers les Suédois le (crmerit j qu'il leur auoit juré ) faire autrement que d'accepter la _ Couronne de Suéde : Telle eft ^ordinaire des hereti- ques & libertins , que fi les Roys manquent aux con- ! ucntions temporelles qu'ils ont auec leurs fu jets, curs j fujets foient libres de fe resiolter contre eux.ainfi 1 ont efcritles Autheurs Proteftans r3uchanan,Brutus,& au- tres infinis , qui eft vne impiété dcteftablc deuant Dieu & les hommes, qui deteftent tels prétextes de reuolies contre les Souuerains. Or comme par cy-deuant les Polonois ont eu de «ruelles gueires auec les Suédois , dont le Roy retient les Prouinces qui luy apparticnnent,finalement us ont defué de part & d'autre rcfpirer quelque peu par vne fufpenfion d'armes , & vne trêve qui a efte entre les deux Roys de Pologne & de Suéde de la teneur qui fuit. , . , ^ NousCommiffaiies députez par authoritc Comi- tile des facrécs & Royales Majeftés de Pologne & de Suéde nos tres-demens & débonnaires Seigneurs, dJc de latres-lUuftre République du Royaume & grande Duché de Lithuanie . nous faifons Içauoir & témoi- gnons à tous ceux qu'il appartiendra ou pourra appar- ïenir . que comme auparauant qu'en l'alTembke des Commilaircs de Polopoe & de Suéde les droids eul- fcnt efté receus,& qu'il euft efté accordcqucl on don- rcroit de nouucaux Commillaircs de part & d autre, qui entreprendroicnt & pourfuiuroient derechef le traiaédeîapaix.nousinfiftansfurceschofes . nous fomrr.es conuenus auec les Commiffaires du tres-II- kftrc Prince le Seigneur Guftaue Adolphe du Royau- me de Sucde,lacques de Legordic Sénateur du Royau- me de Suede,& Marefchal de Camp,& General desar- mées & magnifiques Seigneurs Henry FLcmining des Uas ôc Efêbc , Chef de la milice de Finnonic, le Sei- gneur Adam Schraffer de l'Alpc éc Vueft fon Co«nmil- faitc en Eftonc aux limites de la tortetclle de Dalcs. tt litaire à l'autre partie. Or nonobftant la fufdite dénonciation de la guerres les Trêves ne laifteront pas de demeurer fermes , & fe- ront jufques au i. jour de Mars de l'an lézf. ftil vieil. Que s'il ne s'cft faid legitimément aucune décla- ration, ny aucune publication de guerre, ny de part n^ d'autre , alors en vertu des conditions que delTus , ces mefmes Trêves fe doiuent obferuer faindement & in- uiolableroent, prolongées Sceftendués jufques au prér mierluin de l'année fuiuante , fçauoir 1616. auec les mefmes articles & conditions qu'elles ont efté faites. Par après en cette celTation d'armes , toutes chofcs de- meureront au mefmecftat qu'elles font maintenant.& ce que l'vn & l'autre party polTcdent à prefent, fe ticn- 1 dra &c conferuera paifiblement fans aucune nuifance ; ny aucun empefchcment d'vne partie à l'autre , fans I tort ny injures, fans incurfions, trahifons, ny raachi- ! nations manifcftcs, ou cachées. I Nous promettons en troifiéme lieu , & proicftonsr i de franche volonté,que noftre Roy Sercnilïïmcle Ro- yaume de Pologne , & le grand Duché de Lithuanie, qu'ils ne feront aucun zùe d'hoftilité.ny aucune expé- dition ou entteprilcde guerre , manifcftement ny fe- crement jufquesauditjour prefcrit de l'expiration dcf- ditcs Trêves, nypar mer ny par terre, contre le Roy de Suede,le grand Duché de Finlandie. comme auffi con- tre les autres Prouinces.Villes. Citez, ports, fujcts, ny mefmes aux Pays,territoires & havres du Royaume de Poloone , du grand Duché de Lithuanie . ou ailleurs tous préparatifs d'ades d'hoftilité qui auroyent efte faits en quelque autre endroit contre le Royaume de Suéde , durant cette celfati on d'armes feront fcmbla- blement défendus. ' En quatrième lieu.afin qu'il foit traideauec plus de puilTancc & de commandement d'vne paix ferme SC ftablejou des Trêves de plus grande fiftenduè de temp»» & que cette affaire foit faite cependant pcr rneillcure CommiOîon de temps.nous fupplierons fafereniUi- me & Royale Majrfté , noftre tres-clement Scigneut lurcecy.&ficela s'obtient, commeauflidu heu, du temps & de l'enuoy , riUuftre Seigneur le Palatin de Miciflafue en rendra certain au pluftoft rilluftreScu gneur le Compte de Suéde Gcnctal d'?,-;nées. Et De PEftat du Royde Dannemarc. j2j^ En tout cuencmcnt toutesfois qui pourroit Ce trouiier en la nouuellcCommiflïon commcncccil n'y aura rien 'qui déroge ou qui prejudicie à la prcfentc fitfpcnfion des armes : mais au contraire elle demeure- ra en (à force Se vertu , jufqu'à ce que le terme prefix pour reprendre lesarmes,arriue. Mais auffi fi ladite Commiffion (Dicuaydant ) fe recommence , & qu'il foit conuenu entre les Commif faites auant ledit jour dernier Mars,de l'an 1615. alors, fans attendre aucun terme prefix > ce qui aura cflé or- donné fuiura, & fera mis à exécution. Toute conuerfation , négoce Se commerce fera li- bre » 8c permis à tous les fujets du Royaume de Sué- de, de quelque Nation ou condition qu'ils foient, aucc ceux de noftre Pays , Se tous les chemins feront li- bres & affeurez par la Pologne , Liuonie, Ccrian. die , &: Lithuanie , tant p.ir mer que par tene , ôc ne fera commife aucuiie forte d'injures ny préjudice contre- eux. Quant abx injures tant pcrfonnelles que rcsîles qui arriueroient foos cette cclfacion d'armes , vnc par- tienefe vangcra point de l'autre, mais la îafticc en fê- ta demandée aux Officiers & Magiftrats competanjj qui fera aditiiniltrée par tout oïli elle fera requifè . & fera aufli exercée vne fcuere peine contre tons ceux qui violeront la paix fortifiée» & confirmée par la fojr publique. Tous prifonniers captifs qui (ont encores dcteniis de part & d'autre feront mis en liberté fans aucun de- lay, retardement Se rançon; DISCOVRS DE L'ESTAT DV ROY DE DANNEMARC Sp M M AI RE. ' i. Quelles tjles & Pays comprend le Royaume de Dan- nmarctÇes bornes & parties principales', defquelies la pre- mière efi appellee lutte oh lutland , ancienne habitation des Cimbres,ft liniitejongueur, & largeur. 2. Des quatre grands Euefthez compris dans la lutie, à" quels gouimnemens,Jfies,Otcz> Chafteaux [ont contenus fous chaque Euefche. 5 . Du Piocher skarringklint d'énorme grandeur, & du redouble angle de lutte, & defcription des DuchezdeSche- lefez vuich , & d'Holface apfes dans la lutie zJPferidto- nale : Origine de ces deux noms > leurs Villes & Chasie- iUX. 4. Delà Scanie, Prouince jadis diuifée en deux Duchez: fesgouuernernens , Villes & Chafteaux , & de l'admirable Horloge de Londe , reprefentant tous les mouuemens des i/iïires & Sphères du Ciel. 5. De l'yie de Selande» fa longueur, largeur, [es Villes & Chafleaux. 6. De Clfle Tionie, ou Fuyne, diuifée en 24. gout^ne- mens : [on apette & limites » fes principales Villes > Cha- fleaux & Ifies contenues dans fon enceinte. 7. De la^loruege, & fes bornes, fes Chafteaux, gouuer- nemens & Villes. 8. De l'affiette del'lflande diuifée en 4. parties:Jês Euef chez & Monafteres. 9. De la bonté de V air ■,& fertilité des Vrouinces de Dan- nemarc : de leurs bons paflurages , & puiffans cheuaux. Des champs rapportans alternatiuement les trois années poisons & grainsMines d'or,argent,plomb,airain. Despef- ches de Merlus. 10. Fontaines dont la fumée transforme en pierre cz^ qu'elle touche. 11. Les poijfonsveneneHx,&d'exceftiue longueur. II. Des montagnes d'iflande couuertes de neiges, & vo- muantes flammes, & feux par le pied. 13. De l'origine des Cimbres,& defcente de cette Nation en Italie. 14. De la bonne complexion & dijpofition de corps & d'ejprit des peuples de Dannemarc , leur naturel & maniè- re de viure,& veftemens. If. Leur richeffe au trafic de be^îaiLgrains,poijfons,che- uaux,draps deVuatman,foulphrc,béurre falé. 16. Des richefes du EoydeDamemarc,& en quoy elles (onfiAent. 1 7. Quel nombre de Vaiffeaux il peut armvr. 18. Combien il y a de Gouuernemens ( appellÈz Harets } en Dannemarc. De la for me & cérémonies obferuéesau Cou- ronnement à" facredi's Eoysi 19. Des cinq Ordres qui font en tout le Dannemarc , & des principales dignitez-> & offices de ce Royaume. 20. Du gouuernement & PoUce particulière de chaque Prouince. 21. Her'efte de Luther, quand & par qui introduite erti ce Royaume. 22. Lifte des Roys qui ont régné en Dannemarc. E Ro Y A VM E de Dannemarc comptcnd i vn fi grand efpace de terre & de mer auec •lufieurs Ifles , c'eftà fçauoir la Cherfon, icfe Cimbrique, maintenant lutic, laCi- thmarfie, Scanie, Hallandc, Se toutes les Ifles qui fonc cnclofes dans le Gol^e Godan entre la îutie,& la Sca- nie , & ce Royaume a fous fa puiiTance toutes les Nâ- uigations de la Norucge, qui eft maintenant vnie à cet- te Couronne» On y met auffi la Duché d'Holface , Se iTflc d'iflande. Le Dannemarc eft feulement joint en deux endroits à la terre ferme. Il eft borné du Ponant de la mer Ger- manique, du Leuant de la Baltique , du Septentrion de la Noruege Se Suéde , du Midy de l'Holface & du Po- mcran. Or tout le Pays des Danois eft compofé de plu- , ficurs partiesjdont les principales font la lucie, Fionie, Sclande, & Scanie , outre les Ifles proches de chacune de ces parties. La lutie communément lutland , que quelques vns veulent nommer Gothie, demeure ancienne des Om- bres , eft nommée CherfonefeCimbnque par les Hi- ftoriens& Géographes , & eft diuifée en Méridionale Se Septentrionale. Sa borne du cofté du Midy eft la Ri- uiete d'Eyder , Se fa longueur eft d'enuiron 80. milles en tirant du Fleuue d'Elb vers le Nord.Sa plus grande largeur eft de 20.miUes.La Septentrionale s'ettcndant vers la Noruege finit prés de Scagc , ViUc renommée entre les mariniers , à cauie des bancs qui fe rencon- trent auprès. Ce Pays a fa plus grande largeur auprès d'Alcbourg , d'autant que le, Golphe Lunford cou- lant par là , & perçant toute la iutie du coftc du Po- nant , & excepté vn petit efpace fcparant la jurildi- aiondc Gucnfulle , du rcfte faidtprcfque vne Ifle dé toute cette contrée , & s'eftendant enfin par vn large Canal , & faifant beaucoup d'IflesaufC fes branches, diftingue ôc limite beaucoup de Prouinees aucc fon cours* 4 32 6 DeTEftat du Roy de Dannemarc. cours. Cette lutie eft diuifée en quatre grands Euef chcz.c'cft à fçauoir de Rip, d' Acrhus, d'Aalboure, & de Vuibourg. L'Eucfchéde Rip comprend 50. Gouuernemcns, 7 Citcz,&io. Chafteaux Royaux. La Royne Dorothée vefue de Chriftierne III. fonda vne Académie à fes dé- pens à Koldinge.LeDiocefed'Arrus contient ji. Gou- ucrnemens,7. Citcz,& s- Chafteaux. La Ville d' Arihus eft renommée à caufe du port que fait le grand Cap de Hellenis, qui s'eftcnd cnuiron l'efpace de zooo.depujs leChaftcaude Kahoc, parle Pays de Mois , jufqu'à la haute montagne d'Eflemfbancrgh. Ce Diocete a fous luy les nies de Samfoc, Hielm . Zucn, Hiarnoe,Gcr- no , peut cftrc Hilgenes , & pUificurs autres. L'Euel- chédeVandalie , d'Aalbourgon, de Burglauie com- prend 13. Gouuernemens,& 6. Citez. Ses parties plus fignalécs font Vuendy (Tel, Handhc-ret, Thyland , & Morfoe. Vvendyird ou Vcnfilie , c'eft à dire terre & fiege des Vandales , comprend 6. Gouuernemcns , 3. Villes & vn Chafteau. On void en ce Pays le Mont Al- berg , où l'on trouuc quelques marques & reftes des anciens Gcans.Ses Iflcs proches font Gry lholm,Hertz. ^ holm>Tydtholm, & autres. 5 On void en Hendcrcc vn Rocher d'eftrange gran- deur nommé Skarringkk. Ce Pays a fous luy les iHcs d'Oland & d'Oxeholm, 4. Gouuernemens, vne Ville nommée Thyftad , où Chriftierne UI. fonda vne Aca- démie, & le Chsfteau Orunmc. Il a fous luy les mes d'Hansholm,Oftholm,Icgen,Ciflsn,Egholm,Boduni, &Morfce, 5. Gouuernemens, vncCitc nommée Ni- capie , & le Chafteau de Lundflod, qui a auprès vne Ifle nommée Agcroe. Le Diccefe de Vuibourg em- braffe 16. Gouuernemens , 3. Citez , & autanr de Cha- fteaux ; Prés de la pref ou Ifle de Vuendie , où elle h- nit en pointe , on void l'Angle de la lutic , qui eft fi redoutable à ceux qui voyagent fur la mer. Tout le nuage Occidental dclalutie eft tel , que ceux qui veu- lent aller par mer en Noruege , ou en Lcuant , font contraints d'éuiter & de fuyr ccctc cofte par vn long deftour. , La lutie Méridionale di6teN»:dalDingc comprend les deux Duchez de Schlefzvuick & d'Holface. La Duché deSchlcfzvuick tire fon nom de fa Ville Ca- pitale Ce Pays fe nommoic j.idis la Duché de lutie, que Vvaldemar petit neueu d' Abel Roy de Dannemarc îcceut ic premier en fief du Roy Henry enuiron 1 an de grâce i iSo. Or le genaal Gouuernement de ces Duchez appartient au Roy de Dannemarc , & à Adol- phe Duc d^Hulfaccakernatiuement, Se iVn après l au- tre. Crantzius nomme la Ville de Schlefzvuick Heu dcbui en Deideba,difant qu'vne Roync de Dannemarc nommée Hethe luy donna ce nom. Cette Ville eft fort commode pour le trafic , à caufe d'vn bon port On void alTez prés de ce lieu le fort ou Chafteau de Cotorpc , où il V a vne Doane qui eft fi bonne qu'on a veu telle année focoo. bœufs de Dannemarc qu'on wenoit en Allemagne qui y ont payé le peage.On void encore en cette Duché la Ville de Flem (bourg affife entre de fort hautes montagnes , & fur le bord delà mer Orientale . fur laquelle fon port s'eftend , qui eft fi commode.fi profond. & fi afléuré, que prefque tous les Habitans peuuent de leurs maifons charger àc de charger les Vailfeaux & marchandife.On "ouue enco- re en ce Pays les places d'HulTene . &deHaderaebie. Les Princes, Seigneurs Ôc Gentils-hommes y ont fore; maifons, & Chafteaux. , i • L'Holfacequitirece nom de l'abondance du bois ' qui y eft , qui s'appelle Holt en Allemand , a pour le borrles du LeuantlaRiu.eredeBilen, d« Couchant la Score, du Midy l'Elb, & du Nord L'Eidete. Elle eft di- îiifée cn quatre parties . c'cft à fçauoir en Dithmadu- Kolface , Stcrmarie, & Vvagtie. Les principales Villes d'Holface font Segeberg qui eft en Vvagrie 4 4. milles deKubec : Itzoboa telle d'atliettc : Store qui eft en- touréed'vne belle Riuierenauigable : Chilonie, vul- gairement Kilc , qui a vn bon port où les marchands viennent fe rendre d'Allemagne, deLiuonie , de Dan- nemarc » & de Suéde. On void encore les places de Crempc & de Remholfbourg, & encore en Dithmar- fie Heidinkfte & Tellinkfte , & en Stormatie Ham- bourg fut l'Elb. La Scanie eft vne fort grande Prouincc duRoyau- me de Dannemarc jointe à la Suéde. Qiielques|.vns la nomment Scandinauie , au lieu de Scondanie, c'eft à dire plaifante Danie , ou plaifant Pays de Dannemarc: Icsautresrappcllent Scanie, les autres Sconingie , ÔC vulgairement Sconen. Cette Scanie eft entourée de mer de toutes partî.excepté d'vn coftéoù il y a vn bras de terre qui s'eftend vers le Nord . & de là fe recour- be vers le Lcuant où il fe joint à la Suéde , mais il y a cntre.deux de grandes forefts & d'afpres Rochers , pat lefqucls on va fi mal aifément de Scanie en Gothie, partie de Suéde, qu'on a beaucoup moins de peine a y aller par mer. , ,^ 1 Cette Prouince a efté jadis diuifee en deux Duchez: c'eft à fçauoir en celles d'Allande & de Blekinge, maintenant elle contient zj. Gouuernemens , & if. Citcz.Sa Viile Capitale eft Londe.demeure de l'Arche uefque du Royaume. Il y a auffî la Citéde Malmogeoa d'Elleboggen Ville principale de tout le Pays , à caufc de fes foires, & du trafic qui s'y fait. On void en Hallandele Chafteau Nvatbourg bafty fur le fommct d'vne fort haute montagne. Les Illes proches de la Scanie font celles de Landoe , Hannoe, Bornholm , Ifle fameufc, diuifée en 4.GouuerncmeflS, & contenans 5. Citez & vn Chafteau : Gotlandeoù ell Tancienne Ville marchande de Vvifljy , maititenant moins peuplée , & moins riche. Prés du deftroid de Sunde il y a vn Chafteau Royal nommé Cronebourg, où eft la garnifon de l'extrémité de la cofte de Hfle de Selande.Federic2.R0y de Dannemarc fit jetter les fon- dcmcns dans la mer auec de fort grands frais,& main- tenant ce baftiment eft fi alfeuié qu'il n'y a rien qui le puilTe efl^tanler. Il y a en la Ville de Londe vn Horlo- oc metueilleux , & fait auec vn grand artifice , ou 1 oa void les mouuemens du Soleil & de la Lune, & choies fcn#ables , & toutesfois 3i quantes que l'heure veut fonifcr.on void venir deux Cheualiers l'vn contre l'au- tre , qui fe donnent autant de coups quelagroHe cloche pendue en la tour fonne d'heures. Il y a encore beaucoup d'autres fingularitez en cét Horloge.comme les 5 Roys ou Mages qui vont adorer lefus-Lhnit entre les bras de la Vierge . , lors que l'heure fonne: mais fi l'on en vouloir faire la defctiption entière elle pourroit eftreennuyeufe. , . . L'Ifle de Selande ou Sialande eft la plus grande de toutes celles de Dannemarc, fa longueur eft d'enuiron deux journées, & fa largeur eft prefque d'autant, bile comprend i^Gtcz,& i».Chafteaux Royaux. On com- pte entre fes Villes HafHnie ou Copenhagen.Villc Ca- pitale de tout le Dannemarc, grande & riche, & pour ueué d'vn port fort commode &c affeure à cauledo da voifinagcdel'Ifle d'Amagger. Audeflus d'Hafhnicon void Hclfinthorc , & auprès le Chafteau de Crone- bourg dont j'ay parlé , Se de l'autre cofté au delà de U mer le Chafteau de Hclfinbourg , auec vne ViUede mefme nom. C'eft là que la Selande & la Scamc s ap- prochent tellement l'vne de l'autre auec leurs Caps, qu'elles ne laiilcntentr'clles qu'vn petit efpace démet appelle Diefund. C'eft là que tous les vaiileaux qui tendent vers le Leuant font contraints de paftcr , & de payer le péage au Roy de Dannemarc. Et d'autant qu'il y a vn Chafteau de chaque cofté , lors que la nccelluc De TEftat Ju Roy de Dannemarc. nir promptcment vn bon nombre, de gens de guerre. Taffinge, ou Tpffingc, Ille principale entre plufieurs autres, après Svuinebourg Ville de Fionie, a vne lieue de longueur. De cette Ifle de la Ville d'Afens, il y ai. lieuës jufques en lurie : & de Nibourg en Seiande quatre lieues par la mer Baltique , qui eft fcauenifort dangcreufe. Aroë afïïfc à l'entrée de la Duché de Slefuicjoù l'on parte en Fionie par le Golphe d'Arfe à la Viiie d'Af- cens, contient 4. villages peuplez. On compte encores près de là les Ifles de Romfo, Endclo , Ebelo , Eoko- brando, Zoroë, Aggcrnis, HcUienis, lordo, Bitkolm, & autres. On void encore en l'Kle d'Hucne , où l'on void le Chafteau d'Vrambotirg , plein d'inftruinens le- requiert , le Roy peut tellement boucher ce paftage auec Ces N.iaiîes,qu'il empcfchera quelque armée que ce (bit de pAlTcc outre. Il aduient bien fouuent qu'on y voidarriucren vn jourioo. voire 500. VaUleauxdc diuers endroits d'Europe. On void encoreen cePays Roefchildie, jadis Euefché.oii l'on void encore de bel- les tombes de pluficurs Roys & Ducs : mais elle eft maintenant panure & dcpeuplcc. OrlaSelandc a fous elle les nies d'Amagrie, Huen, ou Wen, Moefland où eft la Cité de Stcgoë.&plulîeursautres, La Fionie , vulgairem'ent Fuynen, tient le premier rang entre les Illes du Golphe Codan après la Seiande. Elle tire fon nom de la beautc,veu qu elle eft extrême- ment agréable , tant à caufc de fon affiecte , que de ce qu'on yapperçoit : 8c elle eft feparée de Dannemarc par vu petit deftroit nomme Middelfar,qu'elle femWc y eftre jointe. Elle regarde la lurie du cofté du Cou- chant ôc la Seiande du Leuant, ôc l'on croid qu'elle eft au milieu de tout le Royaume de Dannemarc. Elle eft longue de douze mille pas , ôc large de qua- trc.Sa Ville Capitale eft Ottenfchejafljfe prcfque au mi- lieu de l'Ifle. La Fionie eft diuifée en 24. Gouuernc- mens, 16. Citez, Se 6. Chafteaux Royaux. Les autres Citez autour d'Ottenfche, qui eft comme leur centre, font prefque également efl0ignées,& tell ementbafties au bord de la mjer , qu'elles trafiquent commodément non feulement en la mer Baltique , mais encore par la SuedC: Norucge, Ruffic, Flandres & Allemagne. Entre, ces Villes on compte Nibourch. Scienbourg,Faborch, AlTens, Bogens, Middelfat, Kettemynde. Les princi- paux Chafteaux font Meubourg , Hagenfcovu, Fiinf- gagaljEfchebour, 6c la Cour de Rugard. Il ya en cette ille beaucoitp de villages , & de maifons de Gentils- tommes. On void en la Ville d'Ottenfche deux belles Eglifesji'vne dédiée à faindCanutjl'autre à faind Fran- çois. Les Ifles comprifes fous la Fionie font au nombre ae 90. aflîfcs du cofté du Midy,& pour la plufpart ha- bitables. Les principales font L3ngeland,la Vulande, FaIftrie.Alfc, Tofinge, Aroc. Celle deLangeland a de longueur?, lieues d'Allemagne. On y void la Ville de Runkepinge > ôc le Chafteau Royal de Tranekere, ôc pluheurs villages , parroiftes , &m3ifonsde Gentils- hommes.Faiiftria a de longueur enuiron quatre lieues d'Allemagne, & contient les Villes de Stubccopen , ôc N'.copen. Aric cfloignée d'Elyfie demy iieuë, a trois parroifTes Se quelques maifons de Gentils-hommes » auec la Vil- le (3c le Chafteau de Koping. Elle appartient auec l'E- lyfie à la Duché de Slcfuic , Elyfie ou Alfc » ou Àlfcn, ayant!, lieuës de largeur, & 4. delongucur , n'eftant gueres cfloignée de la Duché de Slefuic , regardant le Golphe deFlembourg,eft feparée des premières terres desAngloisparle mefme Golphe. Il y aenl'Iflcd'AI- fcn la Ville de Lundebourg,auec vn Chafteau de mef- me nom, puis Norboch, Oftctholm , Die HoUc 3 & Gammclard. Elle a 13. parroifTes fort peuplées qui pcuuentfbur- de Mathématique , fbrt admirables Se fort afïèure^. Il y a aufli l'Ifle de Malmogie petite , mais bonne, où l'on voyoit antre; fois les Chafteaux de Synder- bourg, de Nordhourg, Karhecidic & Hamere ; mais on n'en void aujourd'huy que les fojidemcns ôc les ruines. La Norucge , qui obeyt au Roy Je Dannemarc , à 7 pour fcs bornes du cofté du Midy le Dannemarc , du Ponant la merOceane, du Leuant la Suéde, & du co- fté du Nord les Lapponicns , defquels elle eft feparée par de fort hautes montagnes tbufiours couuertes de neige. La Noruegeful jadis vn Royaume floriffant, dont lapuilTance s'eftendoit bien loin : mais il éft aujour- d'huy fous la domination des Danois. On y compté y. Chafteaux Royaux,& 7. principaux Gouuerncmensi dont le premier du cofté du Midy eftBahus. Les Vil- les qui luy font fujettes font Maftrand aflife en vné prefqu'I(îe,pùis Koengées,Cogel &Oddevold ou Od- vual : Je 2. Chafteau efi Aggcrgufe , qui ji fous luy Its Villes d'Anfloye, (îege Epifcopal , puis Tonfberg , oii Koningifbcrg, Fridrichftad, Saltzbourg,& Schin , oit Schon,& la grande & petite Hammarie. Le troifiéme Chafteau eft Bcrgengufe , fous lequel font les Citez de Berg, ôc deStaffanger. Bcrg.ou Ber^ gue , eft la Ville la plus marchande , Ôc le grenier de toute la Noruege , & demeure du Gouuerneqr , ôc dé l'Euefque. Il y a aufli vn port du tout commode , & affeuré. Le quatrième Chafteau eft celuy de Nidrofîe , vul- gairement Truntheim , & jadis Trondon , jadis placé Métropolitaine de toute la Noruege , maintenant re^ duidte en formcde bourg. Le 5. Chafteau de Vuardhus , qui n'eft nullement fortifié , ôc eft feulement ordonné pour la demeure du GouuerneurdccePaysen Efté. L'Iflandc que quelques-vns prennent pourTule,& i qui font combattus en cela par Saxon Grammairien, • Crantzius, Milius,Ioue,&Pcuçcr,eftafïîfe,nonfous le premier Méridien , comme quclqu'vn l'a marquée: mais à hinâc degrez au delà. Sa longueur eft de joo-. lieuës d" Allemagne , & mcfme il y en a qui en adjou- ftcnt encore quarante-quat^re. Sa largeur eft de 6f. lieues d'Allemagne. Elle eft fujette aux Roys de Dan- nemarc , depuis l'an de grâce ii6o. ôc eft diuifée en 4i parties. On nomme la partie Orientale Auftlendinga- fîordung,rOccidentalc Vueftifiordung, la Septentrio- nale Norlendingafiordung, & la Méridionale Suydlc- ningafiordung. Ils n'ontpoint de Villes, ôc onten leur lieu des montagnes. ' Cette Ifle a 2. Eucfchcz , c'eft à fçauoir Holam , qui a fous foy les Monaftcrcs de Pingore,Remedefted,Mo- dur , ôc Munkeniere , & celle de Scalholt, qui a fous foy les Monaftcres de Videy, Pirncbar , Kirkcbat , Ôc Sckirdgi LA lutie Septentrionale produit grande quantité dê froment , de fcigle ôc orge, & chofes fèmblables. Elle abonde auffi en pafturages en quelques endroits-, ôc nourrit tant de bœufs , Se de vaches,qu'on en meinè vn nombre incroyable aux Prouinces cftrangeresj principalement en Allemagne s ùà il eupaife tous les ans prés de ijo.millcsi îl y naiftauffi de beaux & puif- fanscheuaux, qu'on ttanfporte ailleurs en grandnom- bre. On prend force pbilfons en cette mer > & princi- palement des haraasi Les habitans de ce Pays font fort fujets aux rheu-- mes,catharrésifquinànce,& auxpleurefies. Quant à !a Méridionale, laDiiché de Slefuic abon- de aufïi cri bcftail » Ôc quant à celle d'Hoiface , elle eft ^ 4 z8 Del'Eftat du Roy de Dannemarc. eft pleine de bois & de forefts.Mais on n'y troiiue guè- re de orands & forts chelhes , ains feulement prelque par toSt des faax.da fruift defquels les pourceaux , qui y font en grand nombre , s engraiffent. Les champs rapportent alternatiuement toutes les troificmes an- nées force poi(ron,& force grain. Car durant trois ans on laboure , on peine &: l'on moiflonc vn champ,puis durât trois ans on lafche def- fus les eftangs, afin que le poiffon fe nourriOe de l'her- be , Ôc que les champs s'engraiflent de la bourbe que Icau emmeine. Il n'y a en ce Pays ny vignes > ny Oli- uiers : mais on y trouue grand nombre de belles lauua- gcs,& pareillement beaucoup decheuaux. Il y a beau- coup de Riuieres qui arroufent ce Pays , dont la piin- cipale eft Eidere. Il y en a encore quelques autres, mais on en doit nommer plufieurs ruilTeaux pluftoft que Riuieres. , Au refte.du cofté que la mer Baltiqucarroulel Hol- face & la Duchc.de Slefuic.elle fait beaucoup de beaux Golphes qui font fort commodes pour les marchands: & en quelques endroits on pcfche grande quantité de leincs, contre ta fureur dcfquelles les mariniers vfcnt de Caftorfucn détrempe , qui eft vn lemcde fortptef- fant . pource que tout auffi-toft qu'on L'a jctté dansU mer ces roonftres fe cachent au fond de l'eau. On prend en cette met grande quantité de tnerluJ qu'ils appellent Stocn Kaifch.Ils le prennent princip». lementauœoisdelanuier , pource qu'il fefeiche plu- ftoft à caufc du froid. Quant à l'inande.elle eft tres-froide,& pour la plut- part n'eft nullement cultiuée, principalement du code du Nord , à caufe de la bize qui y fouffle auec tant de véhémence , qu'elle n'y laifle croiftre aucune chofe. La terre n'eft auffi propre pour rcceuoir lafemencc, & ne porte aucun froment ; mais on tient qu'elle pro- duit tant d'herbe , que fi l'on n'empcfche le beftail de paiftre , il eft en danger de mourir pour trop manger, lonas confelTe qu'il n'y a en ce Païs autres beftes de tra- uail que des cheusux & des bœufs : & les bœufs & les vaches y font fans cornes , mais les moutons ne lont pas de mefme. Ils ont de petits chiens en grand nom- bre, de mefme que des faucons blancs,& des corbeaux Se en quelques endroits on pcicuc giauui.^^»". ^ _ j«r>.M,rr-an«. poilfons. & principalement de faumons. LePayseft blancs qm font ennemis des agneaux.^ des pourceaux. plain& a bien peu de montagnes. , &les traunillcnt au poflTible. ^ La Scanie ne cède à aucun Pays en bon air, en bon- V -^ffif^O»^^^.' f ^'.^'''^^«^^^^^^^^^^^^ ne terre, en commodité de ports, en ncheft-es mariti- gles qui ont la queue blanche . qui font appe lez pat mes. en pefcheric de Lacs, & de Riuicres.cn beftes fau uages.en mines d'or, d'argent, d'airain & de plomb. L'Iflede Gotlande abonde en froment, en beurre. Pline Pygarges. Il y a peu de bois par toute rifle , oi3l l'on ne trouue prcfque que de genevriers.On y trouue vne fontaine-.dont l'exhalation,& la fumée transforme L'Iflede Gotlande abonde en troment,cu u^ui.^ vw..w..v.w.w.v.^.... ï tT . a.n». dont fromage. & en dmerfes fortes d'animaux. Il y a aufli en pierre tout ce qu elleatteint.il y en a vne autre dont def^rt'grands lapins . & de belles pierres propres à l'eau tue de mefme que fi l'on beuuo.t du po o^^^ baftir. La Selande porte toute forte de grains en abon- . Quant ^l^,'"=7^°'=he de cet^.e Ifl . elle ourni v^^ ^^^^^ ^ j nombre mfiny de poiflbns a les habitans. le me ren* La Fioriie a vn bon terroir , & de grand rapport, car , drois ennuyeux fi je voulois faire le dcno'^bremciit de elieproduitdubledenabondance. &principalement \f^'''^'^''.^''y''°^^V^'?f''^^ . A . _ . ,. „ _ _-r. ^.-.'^r, \m T « o i.n r.r.1 ffnn nnmmp Nahiial , dout 13 Cnau taw du feigle, & de l'orge,& cecy arriuc fans qu'on le me- hore auec le fumier. De forte que Munfter a efcrit qu'il put fort à 1 en- Il y a vn poiflon nommé Nahual , dont la chair faw mourir auffi-toft ceux qui la mangent. Il y a vne denç en la partie de dcuant la tefte, qui s'aduance dehors de 1- 1 j_ r^„, ue lorce que iviunitct a cu-m. ^v.. - , tréedesVilles,àcaufedufientdufumierqu'ony)ette, lalongueur de fept coudées. .^^n. T T fans s'en feruir à engraifler les champs. Elle nourrit i Quelques-vns l'ont vendue pour vne corne de Ll- affivnno^^^^^^ bœufs . de vaches corne.On croid qu'elleeft contraire au venin Ce n.on- t de cheuaux. Il y a^auffi dans cette Ifle beaucoup de ftre entier eft de la longueur de 40. aunes. Le Ro d Leftsoùl'ontrouLforcecl.evreux,cerfs,lievres.& adelongueuri3o.ao^^^^^^^ Renards. La mer voifine fournit vne grande quantité eft bonne & agréable a manger , & ^ « 8^^^^^^^ , -rr plufieurs maux.La Baleine deBretagneelt de la logueur uSeLavrilandeporte tant de froment, & de de 30. aunes, n'a nulles dents ,& a la langue Ion- nooi^^s quec'eft choie prefqueinccoyable : & celle gue de fept aunes : il y a encore vne efpece deBa le n de Falftrie rapporte auffi beaucoup de froment, & en i qu'on y void rarement , qui femble pluftoft vne Ifle pourumt f«v^^ j q^'- P-^-' ^ ^ encore le Stautufualur fembU- le l'on y trouue force Ceifs.& plufieurs autres beftes, ble en quelque force a la raye : mais par «"«^n "<^^/^' tant fauues que noires. Il y vieutauffi du feigL- à fou re, i^nfiniment plusgrand, qm fcmblc vne Hle, & ren- fon, l'on y trouue pareillement quantité de poillon de mer, & d'eau douce. Les pafturages y font beaux , & pour cette caufc il s'y nourrit du beftail en grand nom- bre. La Malmogie n'eft ftenle,ny inutile en aucun en- droit, & porte force grains , & abondance defruidts. de mefme qu'elle nourrit beaucoup de cheuaux , de dains,delievres.conils,& perdnx.Elle eft fort commo- de, & propre pour la pcfcherie. Il y a vne petite foreit de coudriers,dont les noifcttes ne font jamais tarées de vers,&: cette terre ne fouftre point de telfons.Et com- bien que l'Ifle foit petite , il yatoutcsfois force ruil- féaux, & fontaines d'eau douce. & entt'autrcs il y a vne fontaine qui ne gele jamais , ce qui eft fort rare en ces contrées. • , L'aireft fort doux en Noruegc , de forte que la mer n'y gele point . & la neige y eft fort peu de tcmpî. Mais la terre n'eft pas des plus fertiles, & ne futht prel- que pour nourrir fes habitans. Elle abonde en menu beltaïU&en plufieurs beftes fauuages. On y void entre les autres des Ours blancs d'vnc grandeur cxtraordi naire,& pareillement des caftors. Au refte, le nuage de Notuegcquieft du cofté d'Oueft,ftft plein dcforccba- uerfe les Nauires auec les aifles. On y trouue encore des Séeuans, & bœufs marins, de couleur grife,& plu- fieurs autres. Il y a en Iflande trois montagnes fort hautes , dont les fommcts font toufiours couuerts de neige, & le pied eft toufiours en feu.La première s'appelle Heclejla fé- conde la Croix, la troifiémcHelge,c'eft à dire Sainûe. 11 y a aflèzptés de celle d'Hecle des mines de foui- fre. Quelquesfois cette montagne tonne à bon efcient, & jette des caillons d'eftrangc grandeur , vomit du foulfre , remplit tous les enuirons de cendres , telle- ment qu'à vingt milles de là on ne peut cultiuet U terre. ^ Ceux qui veulent rechercher la caufe dccctembra- zemcnt , tombent bien fouuent tous vifs dans des ou- uertures , & gouftres , qui font tellement couuertes de cendres , qu'on ne s'en peut prendre garde. A cau- fe dequoy l'on nomme ce lieu la prifon des amcs foUiU lées, r c i / 11 faut adjoufter à cela , que la glace qui fe fond aU bout dchuiâ: mois venant à donner , & faire grand btuit / De J'Eftat du'RoydeDanriemaré; bruit contre le Riuage, les Habitans difent que c'eft la plainte, ^ le cry des âmes damnées. Le mont Hcl^e eft de mefmc nature : il yatoutesfois de plu's vn goîlfre, ou bien vne ouucKurc,où l'on void plufieurs illufions, "Mœurs anciennes. POurce que ce Pays a jadis eftc h demeure des Cim- bres , il fera bon de dire quelque chofe de ce que les anciens nous ont appris de cette Nation. LesCim- brcs vindrcnt fondre en Italie 105. années auant la Na- tiuue de lefus Chrift.Silanus ne put fouftenir leur pre- mier effort, ny Manys , pource que l'héritage paternel le partage touhouii entre les fils & ks fiVcs. Les Cheualiers tiennent leur prerracrrarg Danne- marc , &le Roy nedonne cér ordre qu'à uesperfon- nes pleines de mérite. Il ya à Vibourg.vn Confeil où fe vuident ies caufes Ciuiics pielquetoi/tle long Je rdnnée,& c'eil i^u'oa juge les diflerens descci res Se des héritages, à. chofes fembiab!es,& pareillement de toùs crime-. Les Villes de la Duché de Slefuic joiiiircnt des meC mes priuileges que celles de Dannemarc , ôc leurs ha- bitans vient de mcGne droiâr. lies fujets peuuent appcUer quelque Magiftrat que ce foit aux Sénateurs & non plus outre. L'ordre des Sénateurs eft compofé le pl'^s fouuent dez4. hommes, qui font del^'ordre des Cheualiers, & l'on leur adjoufte vn ChancelierGeneral , ôc deux Do- cteurs au nom Ût chaque Prince. Ceuxd'Holface auoient autresfois 48. hommes qui prefidoicnt à tout le Pays , 6c ies appellations de tou- tes les Parroiftel alloient par deuant eux- Mais depuis qu'ils onteftéfubjugufz , & diuifez en deux parties, on choifit en chacune douze hommes , auec vn Gou- uerneur, qui eft le plus fouuent Dodeur , ou hccntié en droiâ;. Tous ceux-cy ont allez bons gages des Prin- ces, & l'on leur adjoufte vn Secrétaire, & vnPtefident du corps delà Noblefte de Holface. Celuy qui y eft de la part du Roy eft le plus fouuent le Gouuerneur de Stcimbourg , & celuy qui y met le Duc eft Gouuov. neur de Gottorpe.Mais il eft permis aux fujets d'appel- ler par deuant les Sénateurs de deux Duchez de Sle- fuic,& d'Holface, & non plus outre. Ils ont eu jadis yn droid efcrit. , qui eft vn peu changé ôc reformé félon le droiét commun. L'Holfacca 4. Ordres, c'eft à fçauoif, de laNobleC Ce, du Clergé, des Bourgeois , &des Laboureurs qui font dedeuxfortes.de mefmequ'en Dannemarc* Les Nobles ont leurs terres auec juftice hauie,îîio* yen ne, & bafic,6c droid de chaiTer. Ces tel res font la piufpart alk>diales,& héréditaires. Il y en a auffi quelques vues qui fofitfeudales. Il n'ya pas plus de 24. tiges de familles nobles, mais il y a plu- fieurs maifons qui foni iorties Se dcfcenduës de là, chacune , comme les Ranzouiens tiennent plus dciyo. Chaftenux, & beaucoup de terres. On en trouue pres- que autant des familles des Alefcldes , & des Povvif. ches. Les caufes des nobles font jugées par le Sénat des Duxhcz, Il eft permi5,en donnant fiifltifante caution, d'appicUer dcsarrefts du Sénat à la Chambre Impériale. . Les Bourgeois ont des priuilegfs paiîiculiers,& vfent du' droid Romain, ou dé celt-yde Lubec, Les lujèts^ Y y i peuucnE' De; l'Eftat diî Roy de Dannemaic. 5y- p-a-i-iMopsUerdcs fentcncctdj Scaat des Villes aux Cucz deCtinées pour cét rfFf£k , & il cft permis encore (l'appeller de celle cy aux Sénateurs, d'Holface , en- core de U à U Chambre Impériale , moycnnanc cau- tion.Lcs caafes des Païlans fe plaident en plaine cam- p.igne par leurs Aduocats. Elles fe plaident en prefen- ce de quelques nobles du lieu auec les Gouiicrneurs, &:z.A(fe(reiKS,quirontcommctém6ins,&:aprcs qu'on a ouy les demandes & defences des vns Se des autres on fait retirer toute l'afïcmbléc des Païfans , puis après auoir meurément délibère fur le tout, on rappelle les plaidans,& lors Ton prononce leur fcntence. C^ant à l'iflande.il y a z. Euefques qui font comme Gouuerneurs, l'vn de la partie Septentrionale , l'autre de la Méridionale , & chacun d'eux a vne école pubh que jointe à fa maifon , où il eft tenu d'entretenir a fcs dépens 24.cnfans,& les faire inftruire. 'B^ligion, u y^Hriftierne 2. Roy de D .nncmarc , ayant donné V^cntrcc en Suéde à l'Herefie de Luther , fut auUi caute qu'elle s cpandit par le DanneTîarc , caryeftant retourne de fon village de Suede,il dccouurit dans peu de temps qu'il cftoit Luthérien. Mais il fut bien-toft puny dtrfon impieté, veu qu e- liant pris par les ficns , puis chalfé du Royaume auec la fcmme&5.enfans,ran lyi?. il demeura long temps en la Balfe Allemagne fous l'ombre & la protedion de Charles V. fon beau frère. Depuis ayant drelTé en 1 an 153 i.vne armée de mer , il prit la route de Dannemarc. Mais ayant premièrement efté combattu d'vnc furieu fe tempefte.quimità fonds beaucoup de fesVailieaux & de fes gens , & eftant après cela detfait par fes enne- mis , il vint entre les mains de Chriftierne fon fucccl- fcur, & mourut en prifon. Chriftierne qui luy fucceda, s'cttant allié de Goftaue Roy de Suéde ( tous deux prin- drent z. 'feurs de lean Duc de Saxe,fauteur de Luther; tourna fon efprit à l'entière deftruaion de la foy en fes Royaumes. Ce qu'il obtint facilement mettant tous les Euefques de fcs Eftats en 'prifon où ils mouru- " rent. Et c'cft chofe digne d'eftre ramcntué, que de tant d'Euefques de DannemarcNoruegclflinde, Suéde & Gothic.il n'y en eut pas vn qui abandonnaft la foy Ca- tholique, ny pour-lcs grandes promellcs qu'on luy nt> ny pour la longueur de la prifon , ny pour aucun rude iraidement qui leur fut faid. Les peuples de Danne- marcde Noruege,& des autres Pays fujcts à cette cou- ronne,eftans donc demeurez fans Pafteuts lous vn Roy Luthérien, ce ne fut pas chofe malaiféc de les fedaire & perucrcir par le moyen de loachim Psmeram , Mi- niftre Lutherien.Chriftiecne eut pour fuccelTeui Fçde- ric, qui fut Luthérien , addonnéàla gourmandife^ yuro'^nerie. Auflfi mouruc-il en faifant grandechere le Védredy S. Sous luy les Dannois font non fculemct de- uenus plus obftincz en l'erreur de Luthér,mais encore fe font adonnez à l'art Magique plus qu'aux lettres. Celuy qui règne aujourd'huy cft auffi Luthérien , & maintiét paffîonnénnéc cette Hcrcfie en fcs Royaumes. ROTS D E D AN N EM A RC. LOng temps auant lefus-Chrift , Dan qui adonné fon nom à tout le Pays,e(loit Seigneur de Danne- marc. Il engendra Humble &: Lother. Hurrjblc fucceda premiercmencpuis fut chafle par Lother. Son fils Schiod luy fucceda après. Gran fut fon fucceireur,& mourut en la guerre qu'il eut contre iubidager Roy de Noruege, qui époufa par force 1 fille du Koy de Danncmatc»iX conqueUa ce Royaume. Proton fon fils. Haldan fils de Proton, meurtrier de Roen , & Scats les frères. Helgon par la mort de fon frère cft entièrement Seigneur de Dannemarc. Rolfo fon fils luy fuccede , & eft tué, & le Royau- me fut mis fous l'obeilfance d'AtifleRoydcSuede:& Hothier frerc d'Atifle fut Roy de z. Royaumes. Roric fils d'Atifle. . Vviclet. Vvermond fon fils. Vfo fils de Vvermond, qui rendit le Pays de Saxe tri. butairc, & de lourd , niais & lafche, deuint fagcbien aduifé,& magnanime,& de bègue bien parlant. Dan fon fils. Huclet. Proton fécond. Dantroifiéme. Pudlcue. Proton 5. fon fils, lequel on tient auoii eftédu temp.t que lefus Chrift noftrc Seigneur vint au monde. Hiarne. Fridleue. Proton quatrième. » Ingel. Olaue. Harald premier. Proton cinquième. Haldan deuxième. Harald fécond fut vaincu par Eric ou Henry Roy de Suéde , qui rangea Dannemarc fous fon obcylTance: mais Haldan en rcdeuint Maiftre , & pareillement de Suéde. Vnguin eftoit lorsRny de Gothie , & Haldan l'ordonna pourgouuerner le Royaume de Dannemarc après luy. Vnguin eut pour fucccflèftr Siuald premier. - Sigar. ' Siuald deuxième. Haldan troifiéme, Harald }. qui fit la guerre fept ans en Saede y mourut. Olo fils de Siuard Roy de Noruege , & neveu it Horaldde parfafcEur. Emond. Siuard, ou Siuald J. ' Buthus fon frère, lamcric, fils de Siuard. Broder fon fils. Siuard 4 incogniiA de qui l'on ignoroit la race. Biorn fils de Snio fucceda à fon pere. Harald quatrième. Germo (on fils. Gotric , ou Godefroy, qui fut du temps de l'Empe- reur Chatlemagne. 11 fut homme vertucux.ôc addon- né à la guerre,& fort libéral. Olaue fon fils. Humingfils d'Olauc* Siuard fils de la fille de Gotric , & du Roy de Nor- uege. Régnier fils de Siuard, qui eftoit prompt à frapper, & addonné à la paillardife. Siuard. -, Eric ou Henry , qui fut baptifc auec fon frère Hau raldà Mayence. Eric fils de Siuard. neveu de Régnier , qui eftoit de- meuic prefque fcul du fang Royal, qui ayant perfecuté les Chreftiens en fa jeunelle , mourut toutesfois Chre- tliennement , s'eftan: conuerty par les rcœonftranccf d'Anfcat Archeuefquc de Hambourg. Canute fon fils régna après luy,& mourtit fans mon- (hcr aucun fignedc Chrcftien. ^ ^ Proton. Gotmo. Harald,ccs trois furent bons Chreftiens. Gormo 3.fucceda apres,<5c hu pctfccuteur de la Re- igion Chrçlticnne. Haïald fils de Gormo Chredisn. Sucuo Othon Ion fils , qui vlurpa le Royaume du vmant Des Efhts du Tqrc en Europe. viuant de Ton pere , puis quitta la foy Chrcftienne • " r . . , „ 1 après Yè conucrtit, eftant chafFé de Ton Royaume où il retourna après la more d'Eric Roy de Sued eftoit rendu maiftrc. ' ""^"^ ' * CanutcfilsdeSueuo Otton, furnommé le Grand à caufe qu il rangea fous Ton obeyfTance ^ Royaumes, ceftàfçauoir, Suéde, Noruegue, Angl.terre/Dapne- Xcunilde "'"'^ ni.erpouVa fa Canutej.qui mourut ayant rcgnc'2.ans,fansaucuns enrans. Magnus fils d'Olaue Roy de Noruége. Sueue neueu de Canute le grand dt par fa feur. Harald Ion fils,qui mourut ayant regnéz.ans.. Canute frère de Harad , qui fut tué^pet (es propres fujets en lutie , dans vne Eglife, à caufe qu'il les con- traignoit de payer la dixième partie de leurs biens. Olaue fon frerc > qui mourut en Cy pre. Harald fon fils.qui fut chaiTé pour fon orgueil. Nicolas fils de Sucuo fut mis en fon lieu, & fut fuc par les fiens. Eric luy fucccda,& ftit tué pareillement. Ericfils d'Aquih, neueu d'Eiic le Grand, qui fut ren- du Moine , & pourtant le Royaume échcut à Sueuo, neueu d'Eric le Grand. Vvaldemar,enuiron l'an 1161. Cânurefonfilsi Vsraldemar fon frcre , qui mourut l'an 1241. après moir régné 4o.ans , fouuent viétoricux , & fouuent i^ainca. Eric fon fils aifnc luy fucceda,& fut tue par fon fre- eAbel. ^ Abcl fucceda au Royaume : mais il fut accablé par es Villageois en Frife. Chriftophie fon frcre, Eric fon fils, qui mourut l'an de grâce uoo. quatre S5l i vingts & fix, &fnt tucparfes domeftiques. • Eric fon fils aifné luy fucceda,& mourut l'an de grâ- ce rjir.apres auoir règne ^f. ans, Chriftophie frère d'Eric mourut l'an 155^. Valdemar fon fils luy fucceda, & fut chaif^du Roy, aiimc , puis remis, puisdeicchcf chaffé, Ô^apre-. reftd- biy.II mourut finalement l'an IJ7J. . Marguerite fille vniquc de Valdemar, ayant efpoufé Aqmn Roy deNoruege, fut Roynedcs 2. Royaumes de Dannerrarc , & deNorùege, pursvainquit Albert Duc de Mckclbourg,qui auoit cftéappellé par les Sué- dois pour régner fur eux, <5c par ce moyen elle fut kuf- li maiftrefle de Suéde, Eric Duc de Pomcran adopte par Marguerite , fut dieu Roy l'an de grâce 1411. mais il Ce retira après en Pomcran l'an 1438. Chriftophie Duc de Bauiereeft cfleu après luy Roy de Dannemarcl'an i^^cf.Sc mourut l'an de grâce 1448. Chrcftien , ou bien en Danois Chriftierne , Comte d Aldembourg , fut efteu Roy de Dannemarc , & de Noruege, après la mort de Chriftophie. Il mourut au Royal Chafteau de Coppenhagen l'an de gracemille quatre cens quatre-vingts vn , àpres'auoir fepné trcn- ce- quatre ans. . lean fon fils fucceda au Royaume. Chriftiernei. filsdeïean , fie longuement la' e'ï.'rrc aux Suédois, & finalement fut chafti: mcfme du' Roy- aume de Dannsmarc, à caufe de fa tyrannie : &,von- lant recouurer fon Royaume, il fut pris par Chriftier? ne fon oncle, & mis en prifon à Sumdebourg en Hol- lace,oii il mourut, Frideric Duc d'HoIface , oncle de Chriftierne , fut après fa mort Roy de Dannemarc. Chriftierne 3.fiisailnédeFiidenc. ' Chriftierne 4.qui règne en la prefente mnéï6i6. cft en pleincguerre contre l'Empereur. D I s C O V R S DE TESTAT DV TVRC Eftats du Turc en Europe. SOMMAIRE. 1. Defcription de Veftendu 'e des Eftats de l'Empire du 'itnd Seigneur , &des Pays qu'il occupe à prefent en Euro- ,Afie & Afrique. 2. Particulière hfcrtpîton des Royaumes & ERats te- ts par le Turc en Europe. 3. Topographie particulière de la Thrace ou Hoaianié) ouince ou eft fituée Conftantinople. 4. Stngularitez delà Ville de Conjiantinople. y. Defcription générale du Serrail y ou de I t Cour du and Seigneur. 6, Du Couronnement des Empereurs Turcs , des titres qualffezqu'tls prennent, & de leurs vejlemens, & exer- '.et ordinaires. 7. De la Table du Grand Seigneur , & de fes vian- s, 7, De fa grandeur & grauité,fon ferment & alliance, ' de la réception qu'ilfait aux Ambajfadeurs des Princes hangers, des œuures^^rmeUes du Grand Seigneur, & de s amours. 9' De fes femmes , de leur vie , logement & condui- ■àe ji$ parens , dumariage de fes filles , de fes en/ans maf les , & de leur edMCdtiott>& des cérémonies de leur Circoh- cifton. , 10. Des prefensfaiBs au Grand Seigneur , & de ceux qu'ilfait. 11. Des Threfors du Serrdil^ & du reUenu du Grand Set- £neur. II. De fa magnificence eh fes entrées & forties de fon Serrail,& de Conftantinople. 13. Du Diuan^public dans le Serrail » pour l'executiori des affaires générales. 14- Des en/ans du Tribut , & des Eunuques blancs & autres. iS' Des Officiers iu Grand Seigneur feruans du Serrail, & des viures ordinaires de la prouifm du Serrail. î6. Du traini& de la Cour de l'Empereur des Turcs. 17- De lagrandeur des Bajfas Turcs. 18, Des emprifannemens fi-equens entre les grands Turquicde leurs falles desbauches, 19, Des Amours des Dames de la Cour du Turc , & dz^ leurs ariantes affeâions entre- elles. 20, Les quatre principaux Bajfas de la Porte . & des/a^ uorii du Grand Seigneur. il. Des armes & du seau du Grand Seigneur. 11. De la mort, dueil , funérailles & fepultures des Grandi Seigneurs. Y y 3 aj. Mœuïi Des Efiats du Turc en Europe. , .jMœurs anciennes des Tbraciens farouches & ru. d.s!&dc leurs connûmes, celles desTlnaufcs, leur Kelt^ ^""!' ^^urs âesThraciens de ce ternes , & de la forme A, viûre des Ws en Thrace.& a ConfUminople- ZXuGrece ou ?ro.,r,ce d'AUu^uc . à. U Maceda. ne,de l'Elire le Peloponefe,& autres Pays. - té. Villes de U Macédoine anuennes. 27. De l'Efire partie d'Albanie. t. ZlapZ'Locrois,&Opuntieris, de la Vhocide^, eu efi DelpheJe la Beotic , de l'Jttiquc , de la contres ""Tdu Peloponefe , ou Moréedu nom modme. àe l'Ar- cJkduPajsdeCorMu Pays d Arg^e.Pays laconique, TlteLLe, de Mejfer^e.de nlide, de l'Acbaie propre, \i. IjMacedome Pajs tempéré plus que nul autre en. %'^'Ulhameferttle,agreahle, ejpecc d'or incogneuë.ar- riut'eenicelle du temps d'Anftote. TMie meiLe contrée de mcedome,forr agréa- He & célèbre pour lejltme de [es cheuaux. 2c. DH mont Olpnpe célèbre en bout Lauriers du mnt Athos , tant renommé des Prêtes, toujours comert de ^^^efTefl^bonda^ cAn fel mmcral de la VaUk dcTempe.-, ' 35' Stertluéd.Pajsd'lptre&Amque _ 37. .crtmtédu Peloponefe . & arrête du ^^Pj Ar cAL où Ce faifoit vn vm rendant les femmes faondes CT ^ ou r.a,l 1% -^rennerun^enf^ fnncl & en fon ombrage > & fait momir ceux qui DU naturel des anciens peuples de la Grèce . & Jnterement des Macedomens guerriers addonne^a"^ }aencesérauxfems : V'^-' '^^^ ^MM^"^^^^^^ U Vallée de impé, Religieux, apnans Icsfacrific.s &fe- ^'t . De l'Oracle de Dodone, & de fon bou : ant^tédes Dmens & Vdagtens . vSlance des Eoltens rujiunc de ''^'Z'tbtUhéd'efprtt des Athcmens , & peuple d'Atti- que,lcurs Datez, feftcs U)fteres& Sacrrfces. 41 DugtnmHXcmragedcsL.icamomens.Ccremo- nns de leurs maïiagcs,& autres coujiumes. " ; . /. b.rbar% qu. règne parmy les Grecs modernes, leur Unga^ -o^piecc fur nous jufqu à cette heure que U^^ae Perfe le tient en ceruelle , & les rcuoUes donnent afc d'occupation . ne donne aa'aùcc beaucoup de fujet Talarme aux Eftats de la Ch el enté qa'.l auoi ftue , veu qu'il a tant de moyen de fairevnegroirearmée,enlaleuant fur lesP^^^^ tlT L que^ceuxqui feroient fans apprehenUon d vn cel deK èe de ^.ns,ri.anqueroient du tout de jugement, ^fe ndro.emd.gnesdefoufîrKk , HMc " eu h crainfe . & contre lequel ils ne icroieni I pouraeus de remède. j d-,„c il 9 Hnisf Et afin que l'on voye combien de Pays liaiousl, htannquc ; ^^^^^^^^^^ domm«ion,& combien u e p ^^^^^^l "■.-ant oar tout fonfcmpucue , tx jou.w ! ;; " ue qa manière :ren vay faire premieremen ' bdef iPtion le mieux qu'il me fera poffible : pu ;ahtfa?tledeno..bremcntdetoutc^^^^^^^^^^^^ Je viendrav a»^ defcriptions particulières des Roya ^^es ou des Prou.nces' , &»confidereray fepaicmer Solon ûm,iesauxVe.t.c..^vnepr^ qui - ne.ou Efclauonic & outre ce nc&laSeruicilaRafchic&Uii-.:^ Doncques ce que le Turc uen« en Eurapc^. _ t)es Eftats cîu Turc en Èurop borne du Lfuantdc la mer de Marmorcdu PoiitEu- xin, ou mei Majour , &: de la mer Egée .• du cofté du Midy de la mer Cretique, ou de Candie, 8c encore de la mer Méditerranée' : du cofté d'Occident de la mer Hadriatique : & du Nord d'vne partie dclaHongrie, de la Tranfyluanie , & de b Moldauie. Le ci rcuic des Riuagcs de fes Eftats en Europe peut cftre de dix- mil- les > de enuiron 500, milles d'Italie : & en mefurant la fjiperfïcic. Se reduifant le tout au mille carrez, il peut cftre enuiron detroisccns douzcmilles cent cinquan- te neuf milles d'Italie. EnAlFrique , il pofTede toute la cofte delà mer, de- puis la Ville de Vclez de Gomera.jufques à la mer Rou- ge, exceptez quelques lieux qui recognoillcnc le Roy d'Efpagne, & luy obeïftent, ôc en cet efpace on met les Royaumes d'Alger, de Tunes, ôc Tripoli de Barbarie, & toute l'Egypte, c'eftà fçauoir depuis Alexandrie juf- qu'à la Ville deSicne, maintenant Afne, aucc vne par- tie d'Arabl^ Trogloditique, depuis la Ville de Sues, au Golphc Arabique jufques à la Ville de Suaqucn. Tout le Riuage quc le Turc domine en AfFi iquccft de lyj-o. milles , & la fupeificie de toute l'Egypte peut cftre d'enuiron 3f5i(So.millef. Mais pource que ces pays font inhabitez <;n pla- ceurs cndroids, & pleins de lieux deicrts , & auffi ha- bitez en partie par des gens qui n'obeylTent pas au Turc > nods pouuons dire qu'il domine en Afrique, quant à la fuperficic de la moitiéde eefte quantité, qui fcroit d'enuiron 17 8080. mille carrez. En AheilpolTedc ce que Ptolomée met en la pre- mière Table de cefte partie de la terre c'eft à fçauoir le Pont & la Bithinie , que l'on nomme Turquie, & la partie que l'on appelle proprement Afie , aujourd'hay Natolie, la Phrigie, nommée de noftre temps Parie & Bebrycie.laLycieappelléevulgaircmcnr Briquic : la Paphiagonie, la Galacie.la Pamphylic, laCappadoce, l'Arménie Mineur nommée Anadule, &laGilicieap- pellée Caramanie , qui font aujourd'hey toutes com- prifes en cefte partie, qui porte le nom gênerai deNa- tolie , dont les Prouinces & parties ont toutes changé de nom principalement les Villes. Le circuit de cefte Prefqu Iflc de la petite Afie , ou dé la Natolie , en pre- nant depuis Alexandrete, jufqa'à Trebifonde, appellée Trapezus par Ptolomcc, cft de 2400. milles ou enui- ron. Le Turc poflcde encor vne bonne partie de ce que Ptolomée met en la troifiéme Table de l'Afie , le relie eftant occupé par les Tartares & Perles : & cefte partie eftla grande Arménie, que les Turcs appellent Turco- rnanie. Il dominé encore ce que Ptolomée met en la qua- trième Table de l'Afie , c'eft à fçauoir l'Ifle de Gypre, la Syrie, appellée Suricla Paleftine ou Iudée,& le Riuage delà Surie , en prenant depuis Firamide jufqu^n Alc- xandrie,& cft de 45o.millcsou enuiron. L'Arabie Pier- reufe aujourd'huy Baraab : la Mefopotamie due Diat- berch, l'Arabie , deferce , & Baby lonc , ou Bagadee , ou demcuroicnt les Caldées. Il tient encore partie de ce que Ptolomée met eh la cinquième Table de l'Afie , c'eft à fçauoir l'Aznie > ap-' pcl!ce Afmiepar fes habitans. Et partant donc de Tre- -bifondc il monte vers le Septentrion jufques au de ftroiét ique les anciens nommoient Bofphore Cimme- ricn , que les Italiens appellent Bouche de S. lean , ou JHcr delà Z(?ne,qui borne auec leCherfoncfe que l'on nom^eGazarie.du cofté du Nord, c'eftà fçauoir juf- qu'à Matrique , qui cft peut cftre ce que Pcolomée ap pelle Harmanafla , & il y a de chemin de Riuage ou de cofte enuiron quatre cens cinquante milles,& pattai t auprès de Sues> que Ptolomée a peut eftrc mis fout s le nom de Clifma Prefidium > & cnuironnant l'Arab c heureufe) jufqu àTcmboucheate dcURiuierc duTy- ë. Jis gre, appellée Tîgiljil y a de chemin duIongduRiuag|e 57fo. ' Etalfcmblant touttcquelc Turc pofl'cderdc mari-. timecn Afie, l'on trouiijc qu'il y a 70J0. milles, ou < ri- uiron : ëc la futf;icede. tout le Pay^qu'il domine en Afie«ft 710(540. milles qnarrez. Mais pource qu'en tout ce Pays il y a vnC bonne partie de lieux deferts , ou qui n'obcïHent pas auTurci comme l'Arabie heureufe : pour ccftccaufe venant k fouftrairede cefte quantité le quarr,quicll de 1776(30. milles quarrcz, il refte 552980. milles carrez. Ôutre ce que le Turc polfede en Aficeft borné Lcuant du Golphc Pcrfiquc, ou de la mer d'Elcalif , de la Riuiere duTygreappelléTygil , & d'vne particdu Riuage de la mer Caipie, quel'on nomme aujourd'huy la mer de Bsccus : de l'Occident du Golphe Arabiquei ou de la mer Rouge, del'Archipclague, du dcftroit de Conftantinople , & de la mer Majour , duNortdela mer Ma)our d'vne partie du mareft Meotidc , autre- ment mer des Sabacqnes,& d'vne partie de la Samarie Afiatiquc:du Midy de TOcean Méridional, ou Indique de la Méditerrané e, d e la mer Majour. ^ Or r'ailèmbla^H^e que le Turc polfede aux Ri- usgesdela rricr acl^^^rful'ducs parties , nous trou- ucrons que le coutnBBie à uzoo. quatre vingts mil- les, & la furface de toute la Seigneurie aux fiifdiies trois purties , eft d'vn million deux cents trois milles âcak cents dix-neuf milles. , Thrace ou Romanie, Ource que la Capitale Ville de l'Empire du Turc I eft en Thraccquc l'on nomme aujourd'huyRome- li.ou Romanie : j'ay crcu qu'il falloir commencer par cefte partie, Et pource je dy que la Romanie eft vne Prouincepres diiPontEuxin , ainfinommée, à caufe - que fa principale Ville , qui cft Conftantinople > a eftc nommée Nouuelle Rome. Cefte Prouince 3 cfté aufîî nommée Arie percci Odryffc,Embnie,Biftonie, Creftonie, &Sçythonie,& Thyras en Hébreu , félon le témoignagedelofephe. Ses Habitans eftoient jadis nommez Strimoniens, Bar- des, Dologues, Bngt;s,i3c Sithimcs. Elle a pour fes bornes du Leuanr la Mer Majour, que ks Turcs nomment MauiotalalTa, ou Caradeniz le deftroit de Conftantinople, la mer de Marmore , ôc' rHellcfpont, ou deftroit de Gallipoli. Du Nord ellea pour fes limites le mont Hcme,-qué les Italiens nomment Chaifne du monde , Montagne argentée, Concegnazze, les Turcs Bilkanï&lesEIcla- uons Cumonize : du Couchant la haute Meûe, & vne partie de la Macédoine; du Mtdy rArchipeiague. Elle corameiicc à la Riniérede Strymon aujourd'huy Stro- mone félon Bdon , Marmore , & félon les autres, Rhendiac,& Rhendin, qui eft la borne de la Macédoi- ne de ce cofté, Ôc du cofté de la mer Majour. Elle a dé , long vingt journées ; fa largeur depuis le mont Hemei julqucs au dcftroit de Gonltantinople , qui eft le che- min de y.jours. La Thrace eft affife entre le 4^- degré de t'eleuatioii du Pôle jufques au 44. oii le plus long jour eft de i;; heures te vn quart. Sa longueur contient dcpuis lc 47; degrc.jutques au 36. Les lieux plus renommez de cefte cdtltrée font Ab_' dere.que les autres veulent nomiucrClazomene, Patrie dcDcmocrite, nointènant Polyftilo leion Sophian, ôc Aftrizza félon quelques autres. Nicopeli-dffilcau montHcmes, & Philippoli eftba- ftic en vn coftau dont les ruines font aufli admirable^ •^ue celles d'aucune autre Ville. Il y a vn Amphitea- trefort beau,qui cft demeuré entier jufques à prefenc? & poutrou durer encore longuerrent , fi les Turcs 4 h'zà Des Eftats ou Turc en Europe. * - me, & du depuis des Grecs, aptes la diuifion de l'Em. r,6 n nnaintenancSlfopoh^^^^ Il faut maintenant confide^Mp^^^ P^"'^''" lieremcnt la Ville de ConftaT»ple ôc Içauoir le temps de fa fondation &: nomination. Les Grecs vn jour fétrouueren^ en peine dauouvn lieu commode pour baftir vne ViUc nouuelle au l ays de Thrace, & ncpouuant en refoudre lugcrent, que le meillcar cftoit d'aller trouuer l'Oracle d Apollon Pythien, qui eftanc confuUé là dellus refpondifqu ils commencalfent les fondemenscn Thrace vis a vis du territoire des aucugles , ainfi nommez les Chalcedo. niens,qui les premiers ayans mis le pied en cette pro- uince là . n'auoient eu l'ciorit de recognoiftre la terci- iitédubcauterroir , qu'ils auoient trouue&auolent choili l'autre cofté de la mer, fur les coftes de i Ahc . feloE'erent là en vn heu aflcz dcfagreablc. intercUeCJc dcfel'c, jadis appelle la Ville de GlialccdomeA P-^ modernes Iç bourg de Sciuari. [Jaufanias donc Prince des Spartes^prit le loiog d e- diflervne Ville au lieu que l'Oracle auoit deligne , & Byfe General de la flotte Megaricnnela baptiU de ton noro,&l'3ppcllaByzance,nom qu'elle a retenu Ôc po:- tcl'erpace dcplaGeuts ficcks, auecla gloire de van- ter d'cllre eiUmée au jugement mefrae desGrccs , la plus fameufe Se ferùle de learr.Citez , & commença de le rendre célèbre tous le .egne duduRoy de Sparte, l'an du monde 3^36. &auant l'Incarnation de notlre Seigneur Icfus-Chaft fix cens feptanteans , lous ce nom dcBizancc.iufqaes au regnederEoipereur Gori- Ibntin : & eftoitdés lors comme encore à prcicnt, la porte de l'Europe, Ôc le Pont pour palTer de l Ahe en ''tnlin ledit Empereur Conftantins'eftantrefolu de laUTcrau monde de tres-infignes tefmoignagcs de U Prande pieté.delaillantauxSouuerains Ponciks de 1 b- ilife Romaine, toutel'icalie , pour nche Patrimoine G'icelle.fQ retira en OneiK,& emmena aucc luy les plus puUians Se-igncurs du Pays,& de fa Cour, qui pouuoi- ent troubler h nouuelle liberté E:clefiaftique :^<3c ur l'antiquuc dc Byzancc , fitbaitir vne fupeibe CitcKu le modèle de la Ville de Rome . qu'il appelia nouue k Rome , & du depuis pour eterniler fon nom l appelia Conlbntinople : la grandeur de fes murailles, la leure rédefcs forterelfes , la beauté de les Palais &C édifices, la nchellcde fes Colomnes , qiii lembloicnt auoit at tiré en ce lieu-là tout le marbre,tout le jafpc Se le por- phue delaterrc , cftoicnt les rates merueillcs de fon Architcdure. ' >• Cette Ville fut premièrement le fiegc des Empereurs Romains en Orient quand Us eurent abandonné Ro IIJV-, — w J . , ' ' _ pirc&finilement après fa prife.qui arnua lous Maho, metfecond,Empcreur desTurcs.l'an t4y^.ellcfut arre- ftéc pour la demeure des Ottomans. A taifon dequoy Conftantinople eft aujourd'huy fort riche,mcrfieilleufementpeuplée,& comme le cen- tre de toutes les nauigations,& de tous les commerces del'Empire du Turc. Mais fur toutes ces chofcs paroifToit vn magnifaqu| • Temple , que la pieté de ce grand Prince Conftantm auoit confacré à la Diuine SagclTe, fous le nom de fam- 6te Sophie.dont le baftimcnt & lesThrcfors femblou eut auoit enuic quelque chofe de la gloire du Roy Salomon à vn pareil deirein.au moins fçlon le temps & pouuoirdeGonftantin. ^ Sept riches Lampes donnoient fujet aux efprits eu; rieux d'y remarquer leur rare artifice , elles receuoieni: toutes à la fois l'aliment qui nourrilToit leu^Hammesj & vne eftcinte toutes les autres s'cftcignoi^t. Ce fut en l'an de falut 335- Cefte Ville ainfi la Roy- ne de la terre vit peu d'années après fon Reftaurateuc triomphant du Roy de Pcrfe,& récent la grâce d'enfer- rer dans fon fein le précieux Trefor duChriftiani(mc> vne partie de la Croix du Redempteut du trouuécpar la foigneufe pieté de faintlc Hélène, Mi- re de l'Empereur Conftantin : la joye fa pompe & fon luftre, eftoient arriuez â tel poind. qu'il femblolt n'y pouuoir rien plus eftre adjoufté ; elle cft par fuccef. fion de temps le llegc de plufieurs Grands Monarques terriens : Senerc&ïon fils Antonin , enuient & raïul- fent à fon Reftaurateur , la gloire de 1 auoir nojnmee» ils la font appeller Antonic . du nom de IVn d'eux. Mais tout ce qui a commencement en ce mofldedoU auoir fin , & les plus belles chofcs payent Tribut aa changement. . En l'an de grâce i4f?. vn Mardy troihcroe jour de la Pcntecofte , fut prile de force la Ville de Conftanti- nople,& voicy les caufes & les fources de ce mal-heur arriué. 11 y auoit ja longues années aupatauànt qu'vri miferable Schifmc auoit tourmenté l'EgUfe & trouble iaChrefticnté : on croyoit qu'apresauoirptisfin, elle auroit quelque repos , & que la fin de cefte fièvre qut la tourmentoiî fut paflee: mais las ! parmy cesconi-u- fes & cruelles confufions de l'Eglife en Occident , les Chrcftiens d'Orient qui auoient dés long-temps beau- coup enduré , furent entièrement ruïncz : ilseftoient jaredaits en fort pauure eftat l'an 159^. ( & Ornant l'efpace de yo. ans pendant le tintamarre de ce Schil- me. &lcs opiniaftres guerres de France & d'Angleter- re ) il y aduint bien de plus grands changcmens. No^ Roys Ôc Princes auoient vn fort long temps , &cn vain efl'ayé a reconquérir la ludéc , & y auoient con- fommé vne infinité d'hommes & d'argent , fans rien aduancic : mais Conftantinople . Chef de 1 Empire Oriental , demeuroittoufiouts debout auec " Grccc, Macédoine, ThclTalic & Pays circonuoifins, la Scia- uonielaVvalachie,Ruffie,Seruie,Bulgarie,&vnepar., tie de la Natolie,dontTrcbizonde cftoit Chef de l tm-. Dire, En cette foiblelTc , qui rega' doit faruine , la vamte ayant eftc fi grande entre les Chreftiensque deprom-. gner deux Empires , l'vn European ,& l'autre Afiati- que , & puis chaque Empire elhnt diuiféendiuerles particules tenues par diuers Defpotes ou Seigneurs Souuerains,afia que parmy tant de Seigneurs , il ny eneuftpoint. Cesconfufions amenerent,fortifiertfUt ^ceftablirenç du tout les Turcs(hotribl«s mains de Mahomct)eniie« mis de la Chrcfticnté; ); n'entre pr.s au difcours parti-, culicr de cefte hiftoire Ori-cnral?; . car elle n eft pas d« monfuje6t : feulement je mai que la fuittedu temps» pour monftter U dclolation dé çc: Empire d'Orient. . Aptes DesEftats du Turc en Europe?. Apres que nos François eurenc quitte cet Empire imaginaire d'Orient, les Palcologiies le faifircnt ôc le # pourmenerent diuerfement fuiiiant leurs paffions-Mi- chcl Ancfronic , Ican Manuel ayant fait monter fur le Theairci&en diiierfcs occu ri éces, & en diuers fuccez, •^les plus horribles tragédies que l'impiété pouuoit , cnfanter.au grand des- honneur du nom ChreOien. Enfin Conftantin Paleologucdonnaladerniereqnit- tance de l'ancienne pollèflion de l'Empire.pour en fai- re, vnc nouuclle obligation en faneur desTur'cs, afin que fon nom rencontrait à fon mal-heur. Il fe lit par l'hyftoire d'Hongric,qnclle brèche auoit fait Bajazet en Hongrie , y faiîant vn fi grand carnage denos François, lors qu'il prit prifonnier leanDac de Bourgongne. Ce commencement de viâioire en appa- rence deuoit paficr outre» & emporter lors Conftanti- noplcj lequelleil aflicgea : mais Dieu voulantdonner quelque rclafche aux Chreftiens pour les faire deueoir meilleurs , reprima ce Tyran par vn autre Tyran ; car j Bajazet pris par Tammerlan Empereur des Tartares, 1 porta lors la peine de fa cruauté : mais il laiffa la con- j quefte de cefte grande Ville à fa pofterité , au poind | que la (âge & jufte Prouidence de Dieu auoit ordon- j ré, à fçauoii yS. ans après : car la Bataille en laquelle' ; Bjjazet fut vaincu , après auoir vaincu nosChrefticns : fut donnée l'an ij^s'. & Conftantinople fut pris l'an 1455. le 19. jour de May pai Mahomet fécond, petit fils de Bajazet , inftrument propre pour chaftier l'impiété, la cruauté , & l'exécrable abandon a toute forte dedif- (blution , qui auoit lors vogue entre les Chreftiens, & mefrne en ceux quiauoient entr'eux la première au- ihoriié. Ce Mahomet eft'oit fils d'Amurath , ncd'vnemerc Chreftienne > fille du Defpote deScruie , & inftruiét par fa merc en l,a Religion Chreftienne , afin qu'il fuft plus propre à chaftier les Chreftiens , qui confcflfans Dieu de bouche, & le renians par efFed:,ne pouuoient eftre ruinez par inftrument plus propre, & correfpon- dant au crime, dont ils cftoient coulpables , que par vn Tyranathée , lequel ayant gouftc la,vKaye Religion l'a- iioit vomie pour n'auoir point de Religion, en (emoc- quant de tout ce qui porte nom de Religion. | Ce Mahomet en l'âge de lo.ans voulant eftablir fon Empire jcommeaifncdeia famille-, pour n'auoir point decompagnon , fit tuer fes deux frères ,Turfin &:Ca. i Icpin , l'vn le faifanc noyer dans vn baffin , 6c l'autre le Faifant eftrangler. Ayant ainfi fait mourir fes deux frères par deux de fes BalTas, Moyfe & Haly, il fit mourir les deux meur- iriers pour le fang de fes frères en efpandant le fang Jcccuxqui l'anoient cpandu. j Ayant ainfi inftalé ton Empire après ces folemnitez, ! il bande tout efprit pour ruiner les Chteftiens , tous \ iiuifez par eftranges partialitez, & les conuiant à leur j ruine, il fe faifit pied à pied des Pays de l'Empire, mais ippcUc par les Chreftiens pour dcmefler leurs quercl- es, & fortifiant à deflein le foible contre le plus fort, iommeingenieux,a6tif penible,impericux, l'authori- "e par vne formidable feu:ri té. S'cftant faifi des Pays , ayant cmbroiiillé les affaires Jes Chreftiens , & bigarre leurs cœurs par diuerfes in- :clligcnces , il luy fut aifé d'aflîcgcr Conftantinople, rarill'euftfecouru. Les plus grands ennemis qu'euftent les Chreftiens Jans le Pays>eftoient les Chreftiens mefmes. Les Paleologues aueç les Eglifes d'Orient auoient ■a recours au Pape.à l'Empereur, au Roy de France, & parleur faueur, aux Conciles de Pife,Conftance > de BsHe, confecutiuement l'vn après l'autre ; mais ils n'a- Qoicnt rapporté que vent , dcfefpoir, moquerie. Ainfi Mahomet bien aflcuré de l'Eftat de fes enne- nais , afliege Conftanùnople , qui n'cftoit plus que k mafque de l'Empire , vne groffc maffe de murailles; tcmoignans que le grand baftiment de l'Empir»eftoit ruine. L'Empereur Conftantin Paleoiognc , quiconfigna fon authoritcà Mahomet.n'auoit pour tout que quel- que fecour« de Geneuois & Vénitiens : & Mahomet auoit 2JO. Vailfeaux de guerre & deux cents milles combattans , *ntre lefquels les plus aguerris eftoienc ramaffez des Pays , qui faifolent profeffîon du nom Clwcftien : Les affiegez fe voyans à ce dcfefpoir , firent tout ce qui fe pouuoit faire pour vendre chèrement leur vie aux viâiorieux. . Mais qu'cu(ïent-ils faift.leurs murailles eftans tou- tes par terre par l'honible foudre de l'Artillerie Tur- quefque, leur port emporté par la tempefte de tant de Vailîeaux arn!ez- & eux accablez par vne infinie mul- titude ; ainfi l'aiTaut gênerai donné,Conftantinople eft; cmportéede viuc force. La Ville eftant ainfi prife par vn coftc.comme Con- ftantin Paleologue & ceux de fa troupe Ce veulent fau- uer par vne porte hbre , ils furent fi viuement pour- fuiuis par les Turcs via:orieux,que la porte eftant bou- chée par la foule pluficurs furent cftoiîffez , entre let quels fe troima Conftantin : Le Ttirc eftant irrité d'a- uoir perdu de fon fang , s'aifouuit du fang des pauurés gens deConftanifinopl e . tuant tout pefle méfie , fans différence d'âç^e ny de fcxe, jeiines,vieux,femmes, filles de la plus effrénée cruauté , qu'on ne le peut efcnre (ànscffroy,ny le lire fans larmes ; Tous leshommes Chreftiens y louft.cnt, ou la mort du glaine, ou la ri- gueur de l'E(clau3ge , les femmes & les filles font le jouet de la lubricité des Turcs , puis après cruellement maffncrées. ' Quand nous- nous mettons deuant les yeux que ce - beau Pays de l'Orienc, cefte Ville Capitale de l'Empire, oti la voix de i'Euangilc auoit eftc reteiitie par les bôu- ' ches facrées de tant de fainds perfonnage» & fignalez Dofteurs de i'Eglifc , qui ont heureufdrhent fcruy en leur temps , eftaujonrd'hny le donjon d'impiété, la fortcreiîe d'erreur , le rendcz-vous de toute forte de barbarie & d'iniquité , & d'où Mahomet s'efleue par deffus tous les Roys de la terre, nous ne nous pouuons tenir de blâmer les difcorde - des Chreftiens , qui ont eftc caufc de la perte de céc Enupire. Quelques vns difent que Mahomet fit ces cruau- tez 2 la prife de Conftantinople , pour vengeance du fing & de l'einb^afemcnt que jadis les Grecs fiicnt des Troyens& de Troye, dont les Turcs, difent ils , font defceudus aufîi bien que les François. Mais piuftoft dire, que c'cft pour punition de l'im- pieté des Grecs, Icfqueis blâfpheOTans contre le Ciel, nioient que le S. Efprit procède de Icfus-Chrifl,fecon. de perfonnc de l'ineffable Trinité. Mahomet fut le premier qui y pofa le Trofnc Otto- man , elle changea de nom parmy eux , qui l'ont nom- mée.çr^wio/, la grande, la Royale, l'abondante : Ses beaux lieux foufFrcnt la mcfme inconftanccfes places font appellées Bacftans.lc fuperbe Hippodrome.eft dit la place aux chenaux , Atmaydan , & le merueilieux Temple de fain<5te Sophie, bafty par l'Empereur luftin» lequcleftoit de fon temps beaucoup plus grand , mais alors delà pi il'e de cefle Ville ce fuperbe & magnifique Temple deuint îa prcm'ieie ôc Maiftcefle Molquéc de. la fuperftuion de Mahomet. Cefte Ville- eft ficuée fur vne pointe de terre ferme aduancée dans le Canal, qui vient du PoncEuxin , ou mer Majour, appelléc par les Geograp-hes le Brffphore deThncf. Le tour de la Ville eft de treize milles,& félon quel- ques vns de leizc , voire mefme félon les autres d-e dix-huid: on tientqu'il yayoo. milles perfonnes-elle cftmouiiice en trois endroits par les flots de la mer. Dû îï8 Des Eftats du Turc en Europe. Da cofté du Septentrion par vn Golphe ou bras de ma nomme la Corne , que le Borfphorepo-fredans l'Europe : vers l'Orient elle cftarrofce en lextremit du Canal.ou Bofphore du Midy par les ondes du Pro poncide , & Ta partie Occidentale plus folidc à la terre deThracc pour fes fermes limites : Sa forme plus Ion gue que large eft triangulaire, fes murs d'vnccxtraor d-naire hauteur , auec deux fauflcsbrayes, enferment fcpt collines dans fon fcin : h piCTiere feri deBfatre àlamaifon Impériale du Piince,où e'.leclt commode, ment &rupcrbemcntaflife: la dernière regarde l'extré- mité delà Ville oppofée à cçlle-cy . &voit(uc la terre ferme le chemin qui conduit à Adcianopolis : Mais en- tre la troirié'Be& quatrième , où s'cftend la vallée ap- pclléela grande . eft encore vn aquedud dVne rare ftruélurcquc le grandConftantm fit tirer de fept heues loing de la Ville , &Solyman fécond l'aduança deux heues au dcU,& accreut le courant des eaux en U gran- de ahondance.qa'clles jailUlîcnt pat les tayaux de 740- fonta>.,es qui la verfent au public . fans conter celles qm fe diuifent en pluficurs endvoits . pour fournir le grand nombre de bains qui fctucnt , & aux délices , & aux iupeiftiiions des Turcs. Sut la dernière des fcpt collines fe voycm encore les anciens baftimens d'vne forterclTe munie .e lept tours,au milieu de fa fuuation:les Turcs l'appellerent Giedicula. c'eft à dire la forterdle des fept tours, dans Icfquelles les merue.lles de l'artifice eftoient fi grandes, que ce qu'on difoit à vne tour s'cntendot à toutes les autres , non tout à la fois, mais fucccffiucment & par ordre :2fo. foldats en font la garde , commandez par vn Capitaine qui en a le foin , lequel ne peut fortir hors d'icelle fans le congé du grand V.zir,excepte deux foisl'année.aux deux jours qu'ils feftent leurs Barrans bu Pafques. _^ . rr i Les premiers Empereurs Turcs pui poffederent C«n. ftantinople , logèrent leurs Threfors dans ces tours: l'vneeftoit pleine de Ungots,& de monnoye d or, deux d'icelies enferroienc U monnoye blanche Se les lin- gots d'argent; vne autre auoit les diuerfes armes & pa- ïures pour les hommes de guerre . les harnois des chenaux enrichis d'or,& d'argent & pierreries. La cin- quième feruouà mettre les anciennes Armoiries . les médailles & autres precieufcs réliques de l antiquité. La fix'éme concenoit les diuerfes machines de guerre: & la fepciéme accompagnée des atchiues 6c papiers de l'Empire, où cft vne beile gallerie, dans laquelle eltoi- cnt placées les riches defpouilles , queSchm premier du nom remporta deTauris , lors qu'il triompha de la Perfe. Tous ces Threfors y furec conferuez, jutques au règne de Sclim fécond. Mais il eft fouuent des Eftats ' côme des familles particulières en celle cy, les vtis ont amalTé aueC peine , ce que les héritiers prod>g:iemcnt dilTipcm , là quelques Roysaccumulcnt les tichcUes, qui feruent de matière à la prodigalité de leurs fuccef Lrs : car ce Prince lafche & efféminé , qui ne fembloit eftre né qoe pour la ruine de fon Empire ( Ci les Chrc- ftienseuiVét !ceu préJreles occafionsj dilfiDa aux frais de l'arirée Nauale . que la journée de Lepanthe lout- - mit à la valeur des Chrertiens,&auparauant à la guer- re de Cypre, la meilleure partie des imnr êtes ThreLors que ces Dfresauoicntentalkz dans ces CDurs-la: le re- ?te d'iceux ferouaux laicuietez !k paffions dclreiglc« dcfcsconcubiues. Du depuis Amurat fon fils changea le lieu des Threfors de PEmpuc& des tours.lcs trant- fcra dans fon Serrail : ainli l'on approche de foy ce que l'on aymc, & puis que l'argec polîcde le cœur des hom- mes,il doit blé auoir fon departemét dans leurs Palais. Ce changemét a depuis deftinéces lieux des Thre- fors pour cute les priions des Roys ou Princes que les Turcs prennent en la guerre, car la forterelle eftar t de "cande c.tcaduë , les Captifs y ont plus de liberté, fi on ne les enferre dansla tour noire, quietldtpuispeu d'années l'ordinaire prifon des gens "de qualité où cf. , toircnl'an 1617. le Duc Koreflk, Prince Moldaue, % | où les lanifTaires rebelles cmprifonnccent^ceftranglc- rent leur Grand Seigneur Sultan Olman Tan i6iz. Conftantinople a dans l'enclos de fc£ murs plus d« deux milles Mofquées ou Temples de Tutcs baftispac 1 leurs Empereurs : car je ne defcrisles rarctezde celle I Ville Impériale que telles qucUes font aujourd'huy.on pourra voir les merueillcs de l'ancienne dans P. Gll- luisquicnacfcrit, r > n. 11 . • La principale de toutes ces Mofquecs, ett cclleqai a efté drefféedans l'ancien Temple de fainde Sophie, bafty par l'Empereur luftin, laquelle aefléappellec-de» Turcs^MMw:ellcafixbelles&fori»ptueufesfaaa- des , fes murailles font de brique , rcueftuès dedansfi^ dehors de marbre blanc , de Porphire & autres nchet pierres : les portiques ouuerts autour par fix portes au- gmentent fa beauté , quàtre portes de l'EgMcen ou. inenr l'ettée, la hauteur d^ fa voûte couucrte de plomb audeffus . monflrc la magnificence de Ton ouuragc: feizegrofTcs colomncs luy leruent de premier foulhen, quatre font de marbre jafpé de l'Illc de Cypre , quatre de marbre blanc, quatre de Porphyre & quatre dvne autre pierre auffi riche.Entt'autrcs. il y a vne pierre de marbrc.fur laquelle les Turcs croy ant que Noftrc Da- me bua les linges de noftrc Seigneur , & pour cel c caufe ils iuy portent vn grand honneur.d'autant qu Us tiennent lefus-Chriftpour vn grand Prophète : qua- rante huidt autres colomnes de moindre grande^ mais de mefme matière, feruent encore au fouftien d. ceftc grande machine & vne moindre & plus balle voa te eft encore fouftcnué par z4. colomncs de marbie & Porphyre: les rares ftatués 6c rkhes images dont Con ftantin l'auoit ornée ne s'y voyent plus. Mahomet e cond les voua au fac de la VilU quand il a prit : Seule ment vne image de la Vierge qui enfanta le Di eu hoir me, y cft demeurée entière dans le milieu de la voutc non tans vne particulière Prouidece du CiehLesTurc y ont tiré vn voile au trauers pour en dcftcndre 1 vcué, mais cela n'empefche pasquelesChrcftiens n montent auec des efchclles pour contenter leur dcuc tion.cniand aux heures pcrmifes ils peuuent entfcr d( dans laMofquée: celle Eghfceftoit de fon temps bea. coup pins grande qu ellen'eft : il yauoit vne Abba) qui s'cftendoit bienauant dedans la place, ou cft a pn fent le Scrrail ; mais les Turcs dcuenus maifttcs de Ville la ruinèrent . n'en lailfans tien que le cœur qu 1 ont referué pour leur Mofquée. La largeur & longueur de cefte Egl.fc pourraefti mieux reprefentée par fa hauteur, laquelle eft la limi de la portée d'vne harquebufc : le deffous d'icelle t vouté.earny ^'autels,*?: remply de diuerfes fcpultarj pour le refpca defquclles les Turcs ont fait murer 1 ^°Ën vn endroit proche de là , fe trouuent dixgrofl pipes pleines d'huile du temps roefnr.e de Conltanti qui ont duré )ufques au)ourd'huy, les longues annc l'ayant blanchy comme du laidb:!! fert ma. menant ai mcdicamens que compolcnt les Apoticaites dugra: Seigneur. . r Au fortir de Ta on voit plnfîcurs Cubes , qui 10 des lieux fans en forme de Chappellcs couuates^ Dômes , & toutes de marbre , où lont enterrez les . desGrandsScigneurs. • j r Auprès de rainde Sophie , l'on voit le logis de u nadar, duquel il peut aller loirs terre &pac caudou. ncantmomsinfqucsdanslcSeriad. ■ Par ces mcimes lieux cambrez on defcend cans de grottes , qui vont fous le p^vé de la ViUe , i'vneco juu au grand Scrrail . 6, l'aou emein.bKaauaat K Gonftantmoplc , inutiles aujoutd'nuy, excepte i^_^ Des Eftats duT o icclles , qûi reçoit le jour par quelques ouucrturcs que le temps y a faites , laquelle fcrt^i tirer de la foye, & raporte au coffre du Chafna, ou de rEfpargnc, trois ou 400. fequins de rente feulement : Mais les belles Ôc "antiques febri lues qui decoroicntlescnuirons dece merueiUeux Temple , ont eftc ruinées par les Empe- reurs Turcs , excepté celles qui feruent d'habitation à quelques Congrégations de Religieux de l'Alcoran. Outre cefte grande & admirable Mofquce.il y en a 4.princi pales, les durables marques de la magnificence des Empereurs Turcs. La première fut baftic pa^ Mahomet fécond, après qu'il euft triomphé de Conftàntinople , il l'a fit édifier fur le modelle de fainfte Sophie , mais elle cft beau- coup plus petite , il l'enrichit de 60. miilel ducats de reucnu.fit baftir autour d'icelle zoo. belles Chambres en Cube, couuertcs de pIomb> tantpour logement des Prcftres qui la defcrucnt , que pour y receuoir les Pè- lerins eftrangers , de quelle Nation & Religion qu'ils loientoù ils font nourris trois jours; hors du Cloiftre font auffi baftics ;o. autres Chambres pour les autres 7auures. _ La féconde Mofquce a "eftc faite par B ijazct fécond, ils du mefme Mahomet. Laj.parSclim I.fils de celuy-cy. Et la quatrième par Solyman , fécond 'fils de Se- iœ .• ces trois derniers Princes font enfeuelis chacun lans le paruis de fa Mofquée en des fiperbes tom- >eaux , fur lefquels efclairent fans celTc vne grande luantité de lampes ardantes , Se des Preflres Turcs y ecitent l'Alcoran fie prient à leur mode pour les amcs e ces Monarques. Or la principale de ces 4.eft celle de Solymam ILelle jrpaffe àla vérité en marbre, & autres pièces de prix, i pompe de celle de fainfte Sophie, mais elle cède aux lerueilles de fon Architccaure, à laquelle perfone n'a ncorc peu atteindre. Sclim H. fonda fa Mofquée dans la Ville d'Adria- opolis; Achmat decedé depuis quelques années, em- loya d'exccffiucs fommcs de deniers à la fabrique de :lle qu'il fit baflir és 'dernières années à Conflantino- le , & les autres Empereurs Turcs n'en ont peu faire altir pour n'auoir par aucunes conqueftes aggrandy Empire de leurs deuanciers:Car la Loy de l'Eftat con- )rme à celle de la Religion, défend aux Princes Turcs e baftir aucuns Temples , s'ils n'ont eftendu les bor- es de leur Empire dans les terres des Chreftiens , où s faffent ptcfcher l'Alcoran , aulli bien telles œuurcs f pieté ne pourroient pas feruir au falut de leurs ames fentlcs Muftiphs,lefquels s'oppofent à tels dcfTeins, leurs Empereurs le vouloicnt entreprendre. Les Chreftiens Grecs ont dansConftantinoplequa- ntc Egllfes pour faire le fcruicc diuin à leur mode. Les Arméniens en ont quatre. Et les Latins moins fauorifez que ceux-là , fontlo- rz dehors la Ville à Galata , dite aujourd'huy Pcra, i en faueur du feu Roy Henry le Grand , Roy de ance& deNauarrcdetres-heureufe mémoire , le rand Seigneur y permet vn Collège de Icfuites , qui célèbrent feulement le fcruice diuinj Se autres Chre- iens. Ce lieu de Pcra, efl au bout des jardins du Serrail au ;là du Canal , où les Chreftiens ont quatre Eghfte iur leurs dénotions & fainds Myftercs. Les luifs ont bien le crédit d'eftre dans la Ville en îufdiuers quartiers , jufqucs à jS.Synagogucs. Les luraillcs de cefte Impériale Cité font demeurées en ur entier : Elles font encore doubles du cofté de ter- 'ferre , excepté vers la porte appcllée Ayachapezi, tft à dire Porte faindé , à caufe de la grande muhi- lae de corps fainds qui eftoient en vne Eglife proche f cefte poric.là. Mahomet XL entra par icelle pour urc enhuropëi ' j-j^ foiiiller &contaminer la faindleté du lieu: ip. jjortes, tant du coftc de terre ferme que vers la mer, feruent i l'entrée de cefte Ville. Plufieurs grandes places font efiendues à la com- modicé publique : Quelques. vns jont conferuc les ah; •ciennes Pyramides & ouuragcs de bronze des Empe- reurs Chreftiens , éntre-aùcres celle qu'on nomme lé Petrome, nommé des Turcs Acmindan, contenant cn- uiron 500. pas en longueur , & cent en largeur ou l'on void des obelifques entieirs: au milieu duquel il y a vne aiguille toute grauéc de hyerdgliphiqués,hon du tout Il haute que celle de Populb à Rome. On y vofl auffi trois grands ferpens de inarbre ( les autres d^^fent de brohzejplus hauts que deuxhommesi fe rampas à mont,*ntortillez l'yn dans l'autrcl'vn dcf^ quels cft entamé à la gueule : Les turcs difcnt qu'au- tresfois,ainfi que trois ferpens perfecutoient ceux delst Ville . le peuple eut enfin recours aux priera addrefi fées au Ciel , Se s'eftant deliuré par cè moyen de ces animaux.erigea ceux pour memoire,ainfî que fit Moy- fc au defért ; les autres difènt que Mahomet ÏI. entrant dans U Ville,creuten les voyant quelles eftoient l'ou- urage de quelque forder enchanteur , & pouffant fon cheaal vers cux,fit pour s'c cfclaircir,ceftc brefche auec falânce. Il y a auffi en cefte mefme place vne fort bel- le côlomnè , d'œuure ruftique . dont toutes les pierres font lises enfemble, fanschaux ny ciment, ayantau de- dans vn Efcalier. Ccft en ccftc place que les Caualiers s'exercent les Vendredis & les autres jours de feOe nommée Berlan. tous les jours le marché public fe tient en quclqu'vne de ces places. LeVendredyilcften trois lieux : les plus célèbres fe font les jours de Mecredy,Ieudy&Vendredy : ils appellent Schibazars , c'eft à dire marchez des chofes necelfaires à l'vfage : Autour de ces lieux font drelTés plus de deux milles boutiques de frippiers , qui ven- dent dcquoy fournir à lâneceffite de ceux qui veulent reparer à bon marché leur mauuâifc mine,& la dacc de ces vicias nippes n'cft pas fi petite , qu'elle ne rende tous les ans aux coffres du Prince fix charges de mon- noye, qui valent onze milles fequins, ou 40. milles li- urcs : car l'exaûiôn Turque fait profit de tout. Les boutiques des marchands furpaffcnt le nombre de48.milles : elles font diuifées félon la diuerfité des arts ou marchandifesen diuers lieux, mais châque me- ~ ftiera fon quartier, mefme en diuers endroits pour là commodité An Public. Les feuls Orfèvres, joUaiUiers & marchands de drap d'or,fontcn vnfcullieu appellé Bayftan, qui veut dire marché : les autres font Bazas : Celieu précieux & opu- lent eft entouré de murailles larges de fix pieds. il a qua- tre portes doubles l'vnc deuarrt l'autre, comme vne pe- tite Ville voûtée tout autour. Cefte riche Halle à z4. colomnes qiii fouftiennent la voûte, fouslaquelle il y a plufieurs petites boutiques , comme' des Armoires dans la muraille, ou dans les Pilaftres, chacune cft lar- ge de fix pieds , & longue de quatre, là ces riches mar- chands dcfployent Se eftalent fur des petites tables qui font au dcuant les brillances beautcz de leurs precieri- feS mârchahdifes. Les gains fans doute dôiuent eftré plus grands qu'ed cés lieux icy,& la débite plus fréquente, puis qu'ils pa- yent au Prince joo. fequins tous les ans^ ou deux mil- le francs pôurauoir la permiffion d'y vendre : ce font la feulement les jouailliers& marchands de drap d'or: les Orfèvres font au dehors autour des mufailles de cefte place , & donnèht chacun cent fequins, ou 400. liures tofus les ans pôor meftnefin. Dans vne autre rue ort voit vne grofTe colomhc dé Pc.phyfc fer^^e en plùfiéurs endroits de cercles dé fer : D'^^ autre cofté il y a vne colomnc appellée Hi- ftrialcfart hameitoutc de marbre, rekuée à perfohna- * Des Eftats du Turc en Europe. 540 ces comme celle de faind Pierre &dc faind PaoUqni ?ft à Rome : au dcdansil y a vn e'câlier qm va j.ilqnes cnhaut, quicftcoutrompu , & n'cftoicnt quel^ies liens de fer qui le tiennent, il coarroit grande foua. c de tomber. , . ^ « • On voit après cela l'ancien Palais de Conftantin.qui n'eftautrementbcau : mais il a cela de bon qu'il eftaU' IW agencer daosU Ville deux E ^lifcs des Chreftieos, l'vneded'Ccàrain(aNtcolas,& l'autre à noftrc Dame, furnommée de Conftantinople , qui cR petite & aOez tntiere. Outre le Bayl^an fufdit i il y én a vn moindre en tourré de murs , & fouftenu de fciz*? Pylaftres : dan. lenclos d'iceluy Ce vendent les toiles & les [ôff^ : mais au dehors eft le deteaablc mai ché , où fe vendent es hommes & les femmes : d'vne pue on y achepte le Efclaucs defia indruids à feruir , ou à exercer quelque forte dcmeftier,& de l'autre ceùx qui ne fca^icnt rien faire. Ces lieux reprefentcnt mieux q'ie Cf ux q.n lonc efctits cy deuanttl'etFroyible pourtrv.a U cyrannie duTurc , elleobligeàl'Efchuag^cenxq iele Roy du monde a Cl eés libres , l^s ma, chat.d- y viluent telles roarchandifcs * &Cïux qui veûlçnt.^açh^ptçr voynt premièrement à nud les perfnnnes de IVn & l'autre fcxe, manient les parties de leurs c np,- po urvoir fi ei- les font f.ines, & defcouurt i^^c.- n 1 > i« me'me s'cft efforcée de cachet :U le^ f<-^T> m.^s, îi clicf font bel- les , font chèrement a:h'p é. s p^xir (eruir ?.ux JubFi ques paffions de quelquehidnu cSc épouu i'it^^b'e Mo- re : Celles à qui lanatnre a defnié les giaçes , lont pn- ïis'pour feruir k la ch.ue pe ote dès arandes Oi hies Turques i &C lauer auec i'.-3U.ies partie- df leurs corps , qui fe.uentà derchaigcr le jr v;m-' e autant de foisqu'eiles en ont befoin. Qui peut ai.fïï fan? gt m r voir vn no..'.b' c tn^- y de Chrelhens chargez de f^rs d'vn violent EicUuage par laBarbar.edesfuccs. En vu endroiaproch«delà,cestnhlfile^ennent autre marché j où fe vendent Paiement drs nour- riiïcs , & de cét in]uftc trificlesPattifans d 1 Prince ti- rent feize milles fequins pour la dace , où 6^. milles li- ' ""plufietirs antres liens cleceftefuperbe Ville, rendent aux coffres , du îrefor le reucnu de plulïeurs bonnes foœtnes de deniers. •Les Cabarets qni'vertdent publiquement du vin aux Çhreftiens & aux îuif:> : mais en fecret aux Turcs , & 'qui font plus de quinze cens en nombre , payent ^6. - milles charges de monnaye, & chaque charge vaut fei- ze cents yr fequ'"?' Les Riuages de la m^r qui regard înt Pcra , rendent pour la dace du poifTon qui s'y vend dix huid charges de monnoye par an. La halle, où les blcds, farines & légumes fe vendent, rapporte annuellement H- charges de monnoye. Celle où les màrchandifesqui viennent du Caire fe debitct, vaut touS les âns du pïofit au Chafna ou Thre- for Impérial 24. charges de monnoye. La grande Dace qui fe Icuc depuis le Ghafteau de GalCpoli jufqucs à ccluy de la met noire fur les efpi- ceries & autres raarchandifcs qui font chargées iur les n2uires,vaut cent quatre vingts charges de monnoye. Les grande Boucheries & tueries de moutons de bœufs qui font hors la Viîle,«& fournilTent le dedans d'icellcdc la vfande nccelf*ire, donnent 51. charges de monnoye, elles font ducs en T.irc Chaanarc, zoo. Ca pfapler^ ou Bouchers les feruent , vnfuperieur nom- me Ca; fab ilfi les commande,qui a foing & prend gar- de qu on rourni lie des viandes f aifches : & perlonm ne peu tuer bœuf ny mouton ians fa 'permiffion, ex- cepte |. ou. tauc des iactificcs à la Turque .• Les luih acheptent de' Uiy la licence de fe fournir eux mefmes de chairs necclfaires. Au refte>fi ceCapfabaffaauoitpaC fon auariceenchery le prix des viures &c viandes , oû« trc la taxe ordinaire ordonnée par la Police, & queUs larcins vinffent à la cognoiffance du grand Seigneutj rien ne le pourroit exempter des rigueurs d'vnô cruelle mort : il eft defchiré tout vif , & mis en quatté quartiers qu'on fait porter fur les boucheries , pout feruir d'exemple aux autres : de forte que la crainte le tenant en fon deuoir ; il préfère l'vtilité publique i fon profit particulier. ^« . L'Impoft qui fe leuc aux mois d'Oçtobrè & de Se- ptembre fur le grand nombre de beft^l qui vient d< Hongrie pour fournit Conftantinople, eft trop grand pout eftrçfupputé facilement : car pendant ceftcg^^Of de foire où le peuple feulement, & non les bouchjt^ peut achept-et , on y' void des troupeaux de ly. milUl boeufs &: 40. milles moutons. LeThrefor reçoit encor vn denier ioeftimablede la vente des maifo'ns > Nauires , VaiOeaux de met, Si Barques à voile , que nous appelions lots & ventes & les deux pour cent poUr toute forte de marchandi(èd( mer,yaUent le reuenu de grandes & ineftimables Com mes. . La Dace de ceux qui s'embarquent pout voyager, qu eft d'vn afprc par tefte , s'ils font Turcs : de deux sll font Çhreftiens ou Iuifs,n'eftpas peu d'importance. Le tribut appelle en Turc Charay qui fe leue fur le luifs de Conftantinople à vn fequin pour tefte pour It maftesjvaut onze milles 500. fequins tous les ans.quo qu'il y ait parmy ceftc Nation là plufieurs homo» francs de ce Tribut. .l^-r-n -s, , •) Ils donnent de plus vn prefcnt dejôob. fequins ttt les ans pour la confirmation de leur prit quoy qu'ils ne foient licn moins que cla. ils ont chacun vne chambre pour leur departexnent, îeuxliéts, vn tapis pour table , quatre pains par jour n potage Ôc vne chandelle , on kur donne deux ha- •its cous les ans, Se on leur paye du reuenu du CoUe- ;c, des Maiftres Précepteurs pour les enfeigner , qui )nc nommez Sof'.b.int , c'elt pour la première année |u'i!s entrent dans le College: car la féconde on adjou- :eà leur cntrecenemcnt vn afpre par jour , qui peut ■aloir vn fol,apres deux,trois ou quacre,felon le nom- irc des années qu'Us font :auec ce maigre reueau » ces iourfiers Turcsne pourroient pas faire v.n îtop gi-and rdinaire, s'ils ne receuoient d'ailleurs ; mais k gain u'ils font à efcrire des liures ( car les Turcs ne fe fer- ent point d'Iirsprim.eries ) n'ell jfas il pecic qu'il ne îurnilîe abondamment à leurs ncccfîîtez , voire à !Urs defbauch.es. Ilsvont encore par les maifonscnfeigner les enfans csperfonnes de qualité.AÏais il ne fort point d'aucun litre lieu de la Turquie de jeuneft plus perdue que 3nt ces Efcoliers Turcs : Il it'y a forte de mcil-hance- :qui palfe la fripponerk > qu'ils ne' com,fnetcent im- anemenc : defquels les Empereurs Turcs les ont ho- oreZjOU pluftoftl'abus d'iceux les ajettcz àtoute for- Çjl'audace: on ne les peut prendre pour aucun crime lu'ils ayent commis.fi leurgenéral ny eft prefenc>aqui :ul ce pouuoir a eilé donnéril eft vtay que la prefen- edu Prince cmpelche dans Conftancinoplel'infoîenw e.4e leurs debordemens : Mais la Ville de la Carama- ic & Natoliecn font grandement importunées. Amu- athtroifiéme , voulant à caufe de quelques troubles ivuenUS, i^âuoir le nombre de telsgalans, ils fe trou- èrent monter \ plus de neuf milles , tant eu GiCv^e ju'en Natolie, fans conter ceux qui eftudicnc enSutic» uCaite>en Arabie, & ailleurs. Vn autre grand lieu ceint de ipuraiiles , & fermé de Joni^s portes, décore encore ja Citc.de Conftantino- ple:lc$ Turcs l'appellent Seraiyana, c'eftà dire la Selle- ne , où fc font les fclles les riches harnois des chc- Turc en Europe. 541 uaux de guerre Se de papade ; c'eft vn indicible profit à cciix qui ayment la Caualeric de voir quatre mille ou- uriers dans celle place , tranailler dans leurs boutiquf s aiiec vne loliable propriété aux diuerfcs parures des cheuaux. Là les vus fcment de groiïes perles rondes fur la felled'vncheual Arabe del'Efcuriedu grand Vizir: les autres attachent vn mords de pur or à des renés d'vii riche cuir rouge du pays de Riiflje:quelques vns met- tent eftriuieres à des elhicux d'or enrichis d'vn nom- bre de Turquoifesdc la vieilleRoche : les autres atta- chcnt.fur vne vieille croupière vne quantité de pier- res precieufes : icy paroifl:& jette mille feux, vne'fu- perbe fclle qu'on doit enuoyer au Serrail : le nombre des diamants dont elle efi; enrichie la rendent inefti- roablf:!e mords : les eftricux d'or couuerts auflî dedia- mantsjlcs houpcs de perles qui font aux renés : cellcS qui focit aux pédants de la crou piere, & les autres beau- tez de ce Royal harnois rauificnt à l'adrniratioii de leurs mcrueilles les yeux de ceux qui les regardent, & perfuadent tacitement, à quelques- vns, que la fortune parée des cho(cs plus precieufcs qui releuenc d'elle, doit monter à cheusi Se aller en ciiomphe de Con- ftancinoplc , poui faire voir aux Turcs qu'elle habite maintenant chez eux. Au milieu de cçftc place eft baftie vne Mofquce pour I3 deuotion de ces ouuricrs , & vne belle fontaine au n-.efmcendrnicft.triife pourleui commodité auecgran- de abondance d'eau douce. Deux autres grandes places enuironnées encore de murailles , feruenc dans Conftantinople aux logemàns des lanniftaires , qui font la meilleure Infanterie de la milice Turquc.l'vn de ces lieux eft dit Efifiod£ar, c'eft à dire les vieilles habitations: il eft de forme quarrée & diuifécen plufieurs petits logis , danslefquels demeu- rent les Caporaux appeliez Ayaba/isy qui fignifie Chefs degloire : ils font enuiron lyo. de cefte qualité, Se cha- cun d'iceux commande à dcuxcentslanniftaires , qui n'oferoienc fortic du lieu fans congé : les portes font ; fernpécsla nui*^:, Se les Clefs font gardées parle Gapi- j taine. ■ ■ ' I L'Avfenal eft vne des plus belles & des plus mer- ! ucilleufes choies qui foienc à ConftancinQplc:ileft fur I le Riup.ge de 1* a-ier,& contient cent quatre vingts Ar- ches , (ous chacune defquelles entre vne grande Gale- rcvpire trois y peuuenteftreà couuert. Les Officiers ; qui feruent à céc Aliénai & tirent paye pour ce faire, ; font orîlinaireir.ent eu nombre de quarante fix milles: ' irai^s (a plus grande force eft le bon ordre qu'on y I tient , par lequel il y a certains marchands qui ont fait j party de tenir d'ordinaire huiûante Galères fournies j de tout ce quieft neceftaire & preftpourillercn mer: I les munitions des poudres le gardent dans plufieurs toiirsés roursde la Ville, qui legardenrPera, oni'ap- porre du grand Caire , où les Sultans la font faire. Les greniers danslçfquelson garde la prouifion de bîed,& d'autres grains , font baftis en vn coing de la Ville vers Perajes murailles en font très fortes,& l'es portes font de fer : là ily à deqûoy viure plufieurs années > mais tous les trois ans on en renouuèllc le grain. Duvtemps , d'Amurath troificiTîC on y ci ouua grande quantité de millet, qui s'y cftoit confcruéfain &'énfier refpacede quatre Vingt ans. Or cefte graade Ci.té Impériale ne peut cftrc heu- reufemênt régie fans l'exercice de la luftice , qui eft ramé dumonck, l'ordre de laraifon, vnluge Souue- rain en eft le Chef: les Turcs l'appellent Scambokaàtfh \ c'eft àdire le îuge deConftancinjople. H cognaiftmdifw fcremmentduCiuïl&du-Criminel > 'Se perfonne ne peut cttreexccuté à mprjc pn cç lieu-là , s'il ne l'a luy mefmc condamné. Quatre Lietncnans Généraux pa^ les 4.pïinç^>tinxc|Hartiers de b Ville, exercent lo,t;sluy 54i Des Eibts du r la mcfrr.ejurticc : oiai; de léUrs fcntenccs on appelle au luge. t a- Outre ccux-cy il y a vn grand Capitaine de m'-ticc appellé Soubafy , qui fait la plus grande fanion dêla charge dans les prifons, à ouyr les caufcs,& en faire Ion rapport au grand Vizir : Il a aufîi qaatrc Lieutehans fous Iwyfeparez aux quartiers de la Villcpour l'Ordre & la Police d'icelle , & vn grand nonabie de moindres Officiers , comme Sergens . & autres viles gens qui le feruent Les prifons de Coriftantinople font feparecs en deux chambres , & embellies, ( fi toutesfois il y a de belles prifons) d'vn grand preau au milieu.auec vne agréable fontaine : Il y a deux eftages à celle d'embas où font logezlesmiferàbles criminels : àcelles d'enhaut font -les détenus pour chofes ciuiles. Icy les luifs font fçpa- irezdes Turc<, Ôc les Turcs des Chrcfticns : mais là bas ils font pene-mcnc , comme perfonnés que Itf crime & le mefchef a rendu communs. Les aumofncs & les bonnes œuures qui s'y exercent par les Turcs , furp al- fcntcn peu de jours celles qui fe fpnt en nos contrées, en nos années : la chariic Turque enuers le prochain furmonte la noftre, & femblc que par tels biens le Ciel lesfoufFre dans l'Empire du monde : car fon équité re- compenfe le bien , en quel fujedl: que ce foit aufti bien qu'elle punit le mal. Les Empereurs Turcs y exercent bux-mefmcs lacompaffion.ils deliurent fouuent grand nombre dcprlfonniers ciuils en payant pour eux leurs debtes. Voyla ce qui eft de plus remarquable dans la Vulc •de Conftantinople , fi bien qu'il faut maintenant venir aux faux-bôufgs , âuaiit que de faire la defcription ge- heralc du Serrail,& de là aux lieux circonuoifins, pour voir ce qu'il y a de beau. Premièrement l'on void au bout de la Ville, de 1 au- tre coftc du port près des eaux dans la Mofquce d'A- ' joug Sultan en laquelle le Grand Seigneur , lors qu'il paruient à l'Empire, va prendre fon efpéc. De l'autre ■coftc l'on voit les Efcùries aucc quelques jardins du Grand Seigneur : Pius auancaiibdrd du port a'el'Ar- fenal, où il y a enuiron le nombre de ifo. Galères de- farmées hors dè Teau , & enuiron 60. dedans l'eau ►ouces preftes : & plus auint il y a vne phee appeike Topana , où l'on void vn grand nombre de Canons démontez , dont quelques- vns fonttournez comre le porti lï n'eft pas ràifonfiablc de lailTer derrière vne petite Ifle de Rocher , qui ell au bout du Canal , deux milles dans la mec Noire i toute dèferte, mais rematquable pour vne colomnede marbre blanc mife au fommet d'iccUe pat le grand Pompée , après qu'il euft deffait Mithridatc. Retouf riant pirës dé Conftantinople.l'on trouuefur le danal dé la môfme met deux toursjl'vne dcça.l autre delà.qui gardertt ccfte emboucheure; & c'eft en ce lieU icy que l'on met en ptifon les Cheualieis de Malte Se d'autres Chrcftifcnsdé quahtépris en'guerre. 11 y a de- là à la Ville enuiron dix huiâ: milleS , &: l'on void dVtl coftc Se d'autre vn grand nombre de maifons de plai- fir & de beaux jardins > puis vis à vis de la Ville, & fcn , Afie eft Galat3,au;ourd*huy Pera, fituée entre l'Arfenal & la place de f opanaj Se habitée la plofpart des Ghre- fticn .Franques &Grccs,leS vns & les autres y ont bon nombre d'Eglifcs dont la plus belle , Se dt noftte créance eft celle de fain£t François : les autres font faindc M rie, faind lean, fainâ: Anihoine, faindBe- noift, faindt Pierre & fainâre Anne , toutes feruies à la Romaine.autourdecela il yapluûcurs inaifon5& vil- lages, comme Cafaœbacha, Perfiftar, & la dcmeUre des Ambafladeurs , tant de Fwnce que d' Angleterre & de Venifc. Plus loing & du mefme coftc , l'on voit vn grand urc en Europe. village nômoic Scutati , qui appartencit à laStittane Metc de Mahomet , qui y fit baftir vne Morquéc de grand prix, & vne fort grande & belle maifon,où tous les pallans de quelque Religion qu'ils foicnt peuuent loger , ôc font nourris durant trois jours : Les Turcs nomment ce lieu Caruaferat. Auprès de ceftc Ptouince , on trguue la Chetfonefc dite deTracej Se communément le bras de S. George, où eft la Ville de Gallipoli , qui eft à quatre {ournce» de Conftantinople. Ce fut la première place d'Europcquc prit Amurath premier.l'àn 136Î.& n'a aucunes murail- les , Se fon port n'eft pas capable de grands Vailfeaux: toutesfois il y a vn fein o* Golphe, qui peut aflezcon- tenir : Cefte Ville eft habitée des Grecs , Juifs & Turcs: c'eft vn grand pafTagc dt l'Europe en Afie. Or tout le deftroiétde mer depuis Gallipoli.où finît le Propontide, jufqu à l' Archipelage eft nommée Hel- lefpont,où eft le deftroid des Chafteaux,qui a vn quatt de iieuë de large. C'eft où font les deux Chafteauxde Seft Se d'Abide ( renoiftmez pour les amours de Lçan- dre & de Hcro lefquels Xerces joignit enfcmble pat vnPont)nommez communément Dardanels,& pat les , Turcs Bogafler.C'eft en cefteCherfonefedeThraceau pendant d'vnc Colline en formé de TrcfFe. Abyde eft cnlaNatolie. , « r 1 Quant au Prof^ntide , c'eft la met qui efttnfetméC entre les deux deftroits.à fçauoir entre celuy dcThra- ce ou de Conftantinople , & celuy de Gallipoli , & maintenant on le nomme, de Marmore. Defcription générale du Serrait âîi grand Seigneur». IL y a trois fortes de formes de Serrail dans la Vilh de Conftantinople . l'vn defquels eft appelle E/f/?j SarAy , c'eft à diirc le vieil Sertail , qui fut la premier* maifon Royale baftie dans la ViUe.apres que les Turcl s'en ftiré: rédusmaiftres, il eftfitué prefqueau miliev d'icelle , fà forme eft quarrée, & fon circuit embralï trois inilles d'I:alie,ou vne grande lieuè'de France, tel le qu'on les fait en LanguedOcou en Prouence:les Da' tacs qui ont fcruy aux Empereurs defûfts, leurs fœurs fi elles ne font mariées & les nourrilics de leurs cnfan le po(Ted':nt pour leur logement , duquel elles ne peu uent fortir fi on ne les mârierVneDame à laquelle l'âg Se la prudence ont acquis du mérite, a le foin & la ctjn duite des autres , Comme fuperieure, elles l'appellen Cimra Caduti, c'eft à dire grand Dame. Le Grand Sei gncurcn fes plus folitaires humeurs fc retire par foi quelques jours en ce lieu- là, pour y chercher la confo lation , qu'il ne trouuc pas ailleurs. L'autre Serrail eft de moindre eftendué: il eft fitué ; l'Hipodromc , & fert^ujourd'huy àla folemnitéde jeuxj Pompes & Carroufels d*s Princes Turcs* enfébl d'Académie à 400. Pages du Gtâd Seigneur, qui fôt ei iéeluy initruidts aux lettres Turquesjà tirer des armes Se autres exercices dignes d'iceux : ils font nourri»^ cnfeigncz aux defpcns de leur Maiftre > 8c ne fortcn point^'delà.qu'ils ne foient faits Ejpajn, c'eft i dire hom nés d'armes ; Ce lieu s'appelle Ebreyn Baffay Saray, qu veut dire le Serrail d'ibraim BalTa » lequel eftoitgen dre de Sultan Soliman fécond , & fon fauory peut vi temps , il le fit baftir à fes dépens. Le troifiéme eft appellé Bryach , Sardy^ c'eft à dire 1 orand Serrail , maintenant l'ordinaire habitation de Empereurs Turcs : c'eft aufli de celuy- là que nous en tendons parler. Ce grand ScrraiUla deiifieiire des grands Seigneufs,^ de leur famille, eft plaifamroét placé au même endroit où jadis fuit baftic l'ancienne Hyunce , fut vne agréa blepoincc de letre ferme, qui regarde l'emboucheur DesEftats du Turc en Europe. rolîes perles rondes .• Ce Throfne s'appelleleThrof ^e de dehotts , à la différence de celuy qui eft dedans a Chambre du G; and Seigneur, & c'eft dans celuy là pe s'aflît Ofman fécond dernier maflacré.ne ponuanc loffeder l'autrcqui eftoit au dedans où fon oncle Mu- tapha fut enfermé en l'an 1671* là font donc âfSs les Empereurs Turcs en telles actions» Les murailles de cefte Chambre font reueftucs de :ertaines pierres blanches , cuites ôc teintes de diuerfes :oulcurs,qui en rendent la veue très- agréable. La chambre qui eft attachée à celle- cy,a fês murs re ucftus de plaques d'argent > porfilez d'or , & fon paué couucrt de riches tapis à la Pcrficnnejd'or & de foy e. Le département où font logées les femmes & filles foiiées au plaifir de l'Empereur , eft comme vn grand Monaftere de Religieufes.'mais on n'y garde pas le vœu JcChalîetc. Il a fcs dortoirs, fes refcdoirs, fes bains, resgalleries , fcs jardins délicieux, & fcs belles fontai- nés en fi grand nombre squ'on-les voit rejaillir en tou tes les allées ,& de tous coftez on entend le doux de leurs charmans gafoiiils : les autres logemens pour les domeftiques du Setrail , ont aucc la beauté de leurs fttuûures les commoditez de leur fituation. Deux grands lieux font joindts à ces baftiméns.dont l'uifertau Chafiia de dehors : (car il y en a vn au d«*- dans pl js retire des domeftiques) les Mofquécs , bains HfcoUs, cuifines, lieux pour courir à cheual j lu'utcr. 543 tirer de l'arc, reprcfcntef quelque adlion, augmentent les merueillcs de cefte Maifon Impériale» dont il a eftc parlé en gencraj : maintenant faut dèfccndrc aux dcf- criptions particulières des lieux d'icclle , au moins de ceux qu'on a peu voir jufqucs icy : car pcrfonne de de- hors n'entré dans le Serrail fi l'Empereur nén eftab- fent , encore faut il eftre fauorifé finguliercriient dé quelque pcrfonne de crédit d'authorité en ce licii- là:car les Turcs croiroient ofiencer la Majefté de leur Prince , de permettre l'entrée de fon département au Serrail, à quiconque que ce foit, eftranger ou autre. La premcre muraille du Serrail eft proche de la^prc- micre Mofquée de fainde Sophie, auecfla grande mai- ftrefTc porte de ce fupcrbe Palais, ornée d'vn grand por- tail, peint en lettres cft)r, à fueillages& compartimenté à la lancfque, cinquante Capigis aucc leurs armes, qui font harqucbufes,arcs, flèches ôc cimeterres la gardent: par icclle on entre dans vne grande ôc vafte place, ou cour quarrée , d'enuiron vn demy quart de lieue de longueur, & autant de largeur , dans laquelle à main droifteeftl'Infirmeriedu Serrai! gardée par vn Eunu- que, qui a fous luy vn grâd nombre d'hommes emplo- yet au feruice des malades du mcfrae Serrail:de l'autre cofté à main gauche on voit plufieurs chariots & grande quantité de bois pour l'vfage de la maifon : aii délias clt baftie vne longue gallerie , dans laquelle oti tient plufieurs armes à i antique , qui font tnorions, gantelets , jaqiicts de maille, azegayes & harqucbufes, defquelles on arme les^ OfHciers de l'Arfenal , ôc quel- qu«s autres trouppes pour fortir de Conftantinople en paradciors que le Sultan ou quelque puifTant BalTà y faitfonentrée. Le Grand Seigneur S'en fert comme d'vn petit Ar- fcnal, où font referuées les armes pour la deffcnfc de fa maifon. Plus haut il y a vne petite Tour percée de j"o. ou (5o.fencftres,où lont diftribuez les commandemcnsî du grand Seigneur. Dans ceftc Cour,lés Bafià& grands de la Porte peu- H^nt entrer à cheual : mais là il faut defcèndre & aller â pied' dans vne autre grande Cour , moindre de gran- deur que celle-là , mais plus richement ornée de mu- railles de marbre, ôc fupcrbesbaftimensrla porte en efîi pareillement gardée par les Capigis armez de mefme que les premiers. On pafle plus outre par vne trôific- mc porte en vne Cour encore plus petite , faide eâ forme de Cioiftre,m?-is plus delicieufe: plufieurs belles fontaines y verfent l'eau en abondance , & quelques allées dreflîces à la ligne & couuertes de l'ôbrage d'vn grand nombre de Cyprcz, plantez au long de leurs co- ftez embelli fient le lieu plufieurs carreaux de prc@ , herbus , efmaîilez de piufieûrs fortes de fleurs y au- gmentent les plaifirs de la vcu'è. Pcrfonne nc pafie cefte Cour à cheual que l'Empe^ ' reur Turc, lequel va defcèndre à là trôifiémc pdrtci De l'vn & l'autre cofté font plufieurs belles portiques couuertes de plob^ fouftenuès pat des riches pillicrs de matbrc: hors de ces portiques font rangées en battail- les les Compagnies des lannillaires bien veftus & bien arnicz, lorsqu'il leur commande de patoiftre leftcs i l'entrée au Serrail de quèlque Ambalfadeur eftranger, qui luy va baifer la robbc : là auffi le grand Seigneur » fait quel"qucifois tranehctla teAt aux plus grands dé fa Cour. Dans cefte Cour font lîtoées leé cuifines dù Ser- rail à main droite , îcl'qucUès font neuf en nombre^ fcparées de baftimcns l'vné de l'autré j aucc lèurs dé- pendances, ôc femiés chacune par fes Officiers particur iiers. . La première efi celle de rÊmpercur : la deuxième celle de la Suhahc la plus chérie pour fes grâces i out pour fa fécondité : k trôifiémc celle des autres Sul- tanes : la qiîairiémc celle du Capisga , qui eft le grand Zz z - MaifttÀ Des Efbts du Turc en Europe. 544 Mliftre du Setrail : la cinquième celle du Dman .qui cftlc Confcil . où le Prince rend la luftice par la bou- che de fcs Officiers : la llxiémc celle des Agalans , qui font les familiers du SuUan:plurieurs font Eunuques. & le rcfte cntiers:la fepticmc celle des moindres Offi- ciers du Serrail, la huiftiéme celle desfeainncsqul fcr- ucnt les Sultanes, la neufuicme celle des Officiei^qui feruent au Diuan, comme Gardes, Portiers, Huifficrs, & femblablcs perfonnes. . A main gauche dans le mefme lieu font les Elcurics du Sultan,pour y tenir feulement vingt-cinq ou tren- te cheuaux beaux aupoffible, deftincz pour les exer- cices , aucc fes plus familiers dans le Serrail : au deOus de fes Efcuries fontplufieurs Chambres, dans Icfquel- les on tient les fellcs,brides,& aufres harnois, pour fes cheuaux de plaifir , mais tous fi riches, & fi bnllans de perles & picrrerics.que le prix en eft ineftimable : Il s y «ft irouuc des feules renés, & lacrouppiere , excéder la valeur d vn million de liures. qu'elle deuoit cftrc la fclle& le reftc du harnois: Au long de laRiue du Ca- nal de mer qui mouille les murailles du Serrail . lont fuuéesdix-fept grandes Efcuries , où le grand Seigneur a arand nombre de cheuaux de prix.qu il monte quand il va à la gucrre,ou quâd pour elblouy r de l efclat de (a grandeur les yeux de quelque Ambalfadeur eRranger, il fait dans Conllantinople vne folemnelle & pompcu- fe entrée. r ^ n.\ j Vn peu plus outre , dans la mefme Cour eft le de- partement du Diuan public, oùle grand Vizir, Lieute- îiant General de l'Empire Turc, tient auec bon nom La Chambre du grand Seigneur eft la plus magniB- que des Chambres Impériales & Royales d^ucun au- tre Prince tel qu'il foit : car au lieu de tapifferics à ra. mages ou perfonnages d'or.d'argcnt & defoye , com- me il fe voit es Maifons & Louures de nos Princes , cé ne font que murailles de bois d'ebcne de grand prix, enrichies de Perles ôc de marqueteries d'or & d'at. gcnt. Le lia du grand Seigneur eft de Veloux Rouge cra- moify , la couche & quenouille ou piUiers tout d'ar- sent dorcdes bonnes grâces , contrepointes tout en broderies d'or & de perles,3uec franges toutes d oi pur- Le plancher de la Chambre eft couuert de grands tapis de Turquie fort fins & exquis.garnis d'vne gran- de quantité de couffins &orcilliers de drap d'or.emu chis de perles & pierreries. , , J< Pour mettre les chandelles aufoir,il y a des chande. liers de criftaUcmbellis d'vn nombre grand de piertej fortprecieufes. . . . Il n'a pour ordinaire compagnie que certains bouU fons cfclaues quiluy donnent mille plaifirs,& à ceux- cy il donne l'or & l'argent des bourfes queleThrclo- rier gênerai de fon Serrail luy.foiitnit par chaque le- mainc. , ,. o t On difoit que les Turcs ont les liures & I"»?""** ries en haine & mefpris . fi eft- ce que prés de la t.hJm. bredu grandScigncur fe voit vn cabinet , ouil ya vne très excellente &curieufcBibliotheque. où fontquan, titc de bons liures rares & curieux & fuperbement couuerts, elle s'appelle la BibUotheque particulière : il nant General de l'Empire Turc, tient auec bon nom- - ; Pages ôcOfficiers du Serrail bred'Officiers l<^-»diaces quatre jours de la femaii^^^^ , l^^^'^^Zl^^^^^^^^ Tout auprès eft la Chambre du Chafna ou Threfor "^^P;' ''^^"'^^^d.i.^^.i,^ BibUothequedel'Etn. desThrefoLoM-onmetlefon^s^^^^^^^^^^^^ fcs P'^o"»""«''i°^°"P^y^^"5^r'";;, fe, leurs fueillesfont de vélam fi artiftement parcqu. la chambre aux deniers:le refte fe porte dans le ChaU f ' r , p„ux n. naouThrefor de dedans & plus fecret,duquel le grand Ion Turquie n'y peu Seigneur a les clefs:le premier eft ordinairement feelle ^-;;-P:;,^^«^„™.,;ront les livrées du Vieil ^ du fceau du grand V.zir. . ^^^^^^ Teftament , tous couuerts d'argent dore; Dans la mefme Cour à mam gaucne cit la grancy ^ frmr7 d'vn nombre grand de pierres pre porte du logement des SuUanes:elle eft fo.gneu lement ; .^'^ '[ f/^^ d'L les a conferuez & gardée par vne trouppe d'Eunuques nous & h.deux ^ aucr^^^^ , lacerezôc braQe Lfquekle Sultan en a fié la garde. R t comme i a loge P f'^^\";;^";;^7;^,„ft,,^ , ceux qui reften audedansparlenombredesbeUesfe.mesqu'onluy ^J^;^Xm^ntftlezq^^^ LcsMofquécsdu Serrail font au nombre de deux iVneftducoftcduquartierdugrand Seigneur , tan pourluy que pour les Officiers qui approchent plu près defaperfonne : l'autre eft pour les Sultanes fera mes & filles de plaifir dudit grand Seigneur , pour 1< Eunuques & pour les cfclaues. Finalement pour les jardins qui rendent le Ic)our i la eloirc du Serrail admirable.il yen a jufques au non br?'de vingt, fcauoir 18. tous fur Icbord & Riuagcc la mer, où y a quantité d'arbres fruiftiers aromatique rares , odorifcrans , ôc d'vne agréable bcaute.il y en xrois particuliers à la perfonne du grand Seigneur , l quelques autres pour les Sultanes & autres femn». du Serrail. - . , j c Voila ce qui eft delà magnificence moderne du « rail , ou mailon Impériale du grand Seigneur , pris plufpartdes mémoires deTheuetCofmographcFra. cois , & du liure du Serrail fait & drelTé parMonfiei Baudicr , duquel j'emprunte volontiers la venhcatic des chofes plus véritables qui fe vantent de la magr ficence de ce grand Prince des Ottomans , a'nM"« fetay encore traitant cy-apres de fa perfonne & de Cour. «lu ufcuo'ià par , , , I ' amené de tous coftez, les véritables Images des amours & des grâces : auffi a il mis aux portes celles de la hay- ne& de la terreuml y entiepat vn autf e endroit allez proche de fa chambre. , ^ La dernière partie de cefte belle Cour fait l entrée du département de l'Empereur,laquclle eft défendue a quiconque que cefoit. excepté aux cfclaues qu. le fer- ucntiQue fi 'qndqncai.r. Le grand Seigneur a encore vne demeure d Efte en vn autfe cofté de fa Maifon Impériale, ou il palTe la f u- fcn des chaleurs, pource que les veuès d icelle lepor- lent fur la mer,fur vn Lac & fur des jardinages,auec de belles plattevformcs embellies de fontaines . & aque- ducs excellens , où il prend fes efbacs auec fes fauo- ris familiers , prenant fon plaifir à voie quelques bouN fons & Eunuques s'entre jettcr & .'cnirc. battre dans l'eau. Ve la perfonne iti grand Seigneur, CE que nous auons à voir finguliereirêter C ■ q concerne la perfonne de l'Empereur dci T ir Des Ellats du Turc eh Ëuropê* jAf exiger ^ by le fermée d'amplifier la grâdcur de l'Em- pircATobliger aux loix& côilitutions mentionnées dans l'Alcoràn , lequel il iure & promet entretenir ôc Sardêr:& l'ayât promis encre les mains du grand Pôti- K Mufti.illuy donne la bencdiftion par fcpc fois.auf quelles & à chacune aefquelles le peuple répond Amar ces ccremonfes acheuées le grand Seigneur fc retire en Ion Scrtail, & chacun en fon quartier ell de h prcmfere aftion , par laquelle il prend pofltf- fionde falouuerainetc reçoit en main la puiOàncc de commander abfolument en grand Se redoutable Monârquc, à tous ceux qui recognoilTcnt le fceptre & lepouuoirdes Octomans.C'eft premièrement l'aétion Royale & Impériale de fon facre & couronnemenî: «r apncsqu'vn grand Seigneur eft allé de vie â trépas, lehis ou autre fuccelTeur du delfana , que l'on veut ftirc grand Seigneur eft mandé delà ville ou Prouin- ce, en laquelle il eft Bâcha ou grand Gouuerneur :(car jamais les Empereurs de Turquie ne foufFrent leurs fuccefteurs auprès d'eux) & vient à Conftântinople. comme vnincogneu du eoftédela mer.oùileft fcceu par le grand Maiftre du Palais Impérial, auec quelques gallercs que l'on enuoyeau deuant de luy rayant quit te la gallere on l'introduift au Scrrail, & le fait feoir au Throfne Impérial des grands Seigneurs, où étant alors tous les Seigneurs & grands Dignitaires,ou Offi- ciffs de l'Empire le viennent adorer , & luy baiferle borddsfarobbe comme à l'Empereur & fouuerain Seigneur; âpres ceux-cy le public le va faluër &reco gnoiftrc&tantparla ville que faux- bourgs de Gon- ftantinople font faides proclamations publiques à fon de trompe, que chacun aye à recognoiftre vn tel Prin- ce pour fouuerain Empereur des Turcs , & àelk, mê- mes proclamations fe font par toutes les Prouinces, pays'& villes dépendantes de fa grandeur Ottomane: &oblerueMonlïeurBaudicr en fon Serrait ,& fe voie en Chalcondilc , que le cry accouftumé d'être fait en telles proclamations confifte en ces mots. Ouel'ame de l'tnutncible Empereur Sultan N. toujjfe d'vn?~tmmor. teUeglotre^à' d'vne éternelle paix, &que l'Empire de Sul- t4H]^.fui£eflorir& profperer entoutefeUctté par longues années. Par après fe tient vne aifemblée générale au Diuan ou Confeil, où fe rendent tous ceux qui ont ac- couftumé d'entrer au Confeil Impérial , comme les Bâlfas, grands Gouuerneurs & Officiers de l'Empire, OH l'on délibère deschofcs plus importantes Se nc- ceiîaires à la conduite générale de l'Empire , & toute cefteallcmbléefe tient enl'abfence du nouiiel Empe- teur : le Confeil finy, tous ceux qui y ont affifté vont faluèrfa Msjefté Impériale, fans autre cérémonie, & de là entrent en vne longue fale où eft apprcfté vn fort fuperbe & magnifiquefeftin. Ledifneracheué , on fait affemblerau Serrail tous les grands de la Cour,auec la NoblelTe ordinaire de fa M:)el>é & nouucau grand Seigncur.monté fur vn che- uai debataillc , & le plus fuperbe & excellent qui foit en fesefcuries, tout reluifant de perles & diamants, fort triomphamment du Serrail, fuiuy de tous les Sei- gneurs,Chefs & Capitaines,tant de la garde de fa per- fonne Imperialcque de fon Palais.aucc tous les Offi- ciers & autres grands Dignitaires de fa Couronne , &: en cefte magnificence fe pourmene par les places & grandes tués de la ville de Conftantinople , & fc fait voir& recognoiftre au peuple , qui crie le voyant & pofant les genoiiilsen terre, Vme& règne longuement le Sultan N. ayant faift cefte monftre Impériale auânt qae r'entrerauSerraiUl eft conduit au grandTemple de fainfte Sophie, où fe font les prières pour féliciter fon heureux aduenemtnt à rEmpire,& après quelques liatangues panégyriques faites à fa Majcftc Impériale, legrâhdMufci s'approche d elle pour luy donner la benediélion , luy ceindre lepée Impériale, au coftéj & Les iours fuiuans , if s'occupe à vi/îter les galères Ôc vailfeaux de mer , s'informe du nombre & del équi- page d'i ceux: vifite fonArfenal, voîd la quantité des canons & munitions de guerre, des armes, des mai chines, de l'ordre qdi s'obferuc en l'entretien de fa gendarmerie, tant de Conftantinople que par tofisles lieux de fon Empire. . . * C^antauxTiltrcs& qualitezqué s'atfribuent tes grands Seigneurs de Turquie : ils font certes infoiens', &c par trop fuperbcs & arrogans : ils s'appellent Roy des Roys,Scigneurdetons les'Scigneurs,prince de tous es Princes , Tiltres fans comparatTon, femblables à ce^ luy que S.Iean en fesRcuelations attribue pourplus grands au tout- puillànt Créateur du Crel& dela ter- - fC ; telle étoit la prefomption de Sdim Ottoman. . Pour cequi eft de la façon de fe vécir (Sc habillcr dd > grand Seigneur, il n'y a rien qui excède l'orgueil & l'excellence de fa-Majefté, aucontraite les v«Semfns ordinaires ne pa& à l'inclination dè fcsLoix : mai* s'il y a Princes au monde agitez de l'a- mour, font fîngulierement les Empereurs de Turquie: • auffi pour ce fu je£t tous les Grands qui gouuernent les Prouinces dans les Eftats du Grand Seigneur, font au- tant de chafTeurs qui chalTent aux Lacs d'amour , qui employeur tous leurs foings à recouurer des filles ca- pables d'afTortir lesamoureufes paffions de ce Monalr- quejils les acheptent des Mères, leurs pareds ou les rà- uifTent &c enleuent hors de la maifbn de leurs Peres,dùi dans les guerres , les feparentd'auec le butin dés foU dats, les captiuent, les i nftruifent à la gentillefTe , les ac- couftument aux chants , a^.x airs, aux mignardifeS 6é douceurs des voix, aux inftrumentsdémufique,à dan- ccr, à bien parler, & eftans ainfi parfatétement inftrui- âes les enuoyenc pour ptcfent au Girand Seigneur» duquel ils tirent pour ces foings de très - belles ré- i compenfes ; ces belics filles réduites ^ u Serrail du "tuirci auec plufieurs autres, font expofccs à la concupiffcéncé d'iceluy , lesfaifans toutes alTembler ou danfer ênfem- ble , pour choifir celle auec laquelle il defire coucher: & félon le contentement qu'il en reçoit , il l'enrichifci & luy donne penfion & quantité de feruitéurs Eunu- ques & d'Efclaues , pour eftre fcruie eri Sultane 8t PrincefTe en ce mefme Serrail , jufqUés à ce qu'il plaifi audit Grand Seigneurla donner en mariage à quelqué Grand delà Portc.La première de ces femmes ou fiileS qui accouche en ce Serrail, fi c'eft d'vn fils qui dditefi trc fuccefTcur à l'Empire, elle efl àppcllée Roynè, dri U Couronne d'vnc Couronne de pierreries , &luy fait le Grand Seigneur auoir tout train de Royne & d'Im- pératrice. Il n'efpoufe aucune de fes femmes ou fillcS de fon Serrail , de forte qu'elles luy fetufent toutes dê concubines,& font les enfans , quoy que fucçefTeursà l'Empircenfans nez de concubinage, & fiôii delegiti- me mariage, fi ce n'eft que quelqucsfois l'amour qu'il porte à celle qui la première luy a «ngendié vh maflej ne luy fafTe cfpoufer par la violence de fon ardeur: quoy que les Loix de fon Confeil ne veulent qué leurs Empereurs efpoufènt aucunes femmes. Les femmes du Grand Scignetlr font de déiax IcjrtéSè femmes font sppellées celles qui ont ja eu fa compa- gnie : les autres qui ne l'on-t eue s'appéllcrit filles , & le font véritablement encore. Ces féihtnes ont leur Zz 4 quartt^E .4.8 Des Eftats du Turc en Europe. . _ ... r j.. 1 foifanc nricres à U Turque, ad quarcicr à part dans le Smail des femmes du G nd Sci-neat.eUes font fermes , & vmcnt en toute hberte. les ^filles fontà vn autre quartier , viucnt toutes en commun, & hors les repas, ont des Chambrettes ou elles fe retirent auec des matrones qui en ont chacune dix fous leur gouuernement. Le vieux Serrail fctt pour logement des fœuis du Grand Seigneur , qui font fcparécslà dedans des con- cubines d'iceluy .elles font grandement riches en meu- bles & pierreries,& félon leur qualitc,n'efpoufent que des plus grands Balfas de l'Empire. Les autres parens du Grand Seigneur yiuciit auOi en ce vieux Serrail . *ucc vn train fortablc a leur mau ° LaMere du Prince y loge auOÎ, mais elle jomt de h liberté de faire, & alleroù bon '^'^y.^''''!^^''-^^^^^^ Princeffes dudit Grand Seigneur (ont eleuees & nour- ries auec elle fort chèrement . & ne peuuent cftrc ma- riées qu'à des Chreftiens Romains Renégats. Pour les enfans maAes . fi toft qu'ils font nez . il font logez & eleuez tous enfemble au Serrail,s ils font d'vne Lfme mere : mais de pluheurs mères leurs lo- ceméns font feparez, ^ . A treize ans ces jeunes Princes font Circonc s , qui eft l'vne des plus grandes cérémonies qui fefalient en Turquie : la Pompe le faiftà l'Hippodrome.qui eft vne grande place hConftantinople,d'enuuon quatre^m^^^^ foifes de longueur, & de 40. de l^^g<^"^'/^'- rr^ent fur vne^uantité de pUliers & arcades. La fe font les magnificences de la Cuconcifion des enfans du Grand Turc. . ^ , ,. Le jour venu, l'Empereur y vient a chenal , auec le Pdncc fon fils à fon cofté , veftu d'vne robbe de drap d'or, & tout brillant de diamants : il eft monte fur vn chenal enharnachéd'vn très riche harnois, là fetrou- uentle grand Vizir . les BelgUeblirgs d Europe & d A- fic, & quantité deBaffas de la Porte , fuims des lannif faires , & de toutes les Gardes du Serrad. Toutes ce compagnies entrans à l'Hippodrome font-laluecs de fifres.Tambours,Trompettes,&autresinftrua.cns,c|Ui font retentir l'air de leurs fons & voix, .:uec acclama- tiondupeuple, criant . V^ue Sultan N. jnue Stdtan !^. fon fils 'quelques cierges allumez preceaen. ces de.^ Pnnces , lefquelsfontpicqaez&ornezde onllans & embellis de fleurs , hauts com-me^des chelnes de 40. nieds' de hauteur. ^ , ^ Eftans entrczenlaplace.ilsprennenrleursfieges.le Pcre fe met dans vn T.-.bernacle à luy fepare , fous vn PortiquefaiaU'Arabique,qui regarde toute la pla^ ce • auprès de ceTabernacle du Grand Seigneur eft loin/ celuy des Suhanes : de l'autre coft^ b Cham^ Le du fils , où il entre à fon fiegc qui y eft drefie De plrt & d'autre fe placent les Balias . les Ambaifadeurs Chreftiens Se Mahometans. Le Mufti fouucrain Pontife des Turcs commence la cérémonie, paroift le premier dans la place, & s alL auec Mahomet dans vn Tabernacle porte lur le dos d'vn Chameau, il tient vn liure .qu'il Uc & f^'e>Uette Lce(re,ô.autouryaquantitédePreftres^^^^^^^^ Mahometans , tenans auffi des hures : ^^^^f f ''^'^ J cendant de fon Tabernacle entre dans le Palais ou il faitfesprefens. qm confiftent en quelques hures de U Loy, & apresilferetireauecfonClerge. Enapresfui- ucTlLcuxPatnarchesGiecs . f^' ftezde leur Clergé,& veftusdechappesnQ.res . là auU fi paroilTent toutes fortes de inarchands Turcs . cha- cun venant apporter &: fairefon prêtent ^ f profeffion, feruanr quelque plat de leur «"^ft'" ' P^>^ après fuiuentles feux d'artifice . & la reprefentation des maifons artific.ellement faites & co"ipoleesau grand contentement detous,entrem mon rncercain : car il ne fe recueille cfé fur les aubenes Sc chofes cafuelles , Sc quand les'lurcs meurent fans hoirs, tout eft au Prince : outre cela il eft le premier X principal œconomedes bénéfices de fon Empire : car îî on lailTe quelques legs auxPreftres pour lire 1 Alco- ran , il regarde ce qui eft necelTaire pourl'entretene- ment du nombre des Preftres ordonnez , & prend le refte • ainfi qui pourtoit faire l'entier calcul du reuenu de l'Empire du Turc , trouueroit fans doutcqu il [or- pafl"eroitlesfommesde4o. millions4'or, tant dei or- dinaire que du cafucl. j Maintenant / Des Eftats du Turc en Ëi^rope; 549 nous mena dans vne galleric bafle dedans la Cqim', où on nousauoitapprefté à dffnfr. îtfaintcnant voyons aucc admiration la manière ci) laquelle il reçoit & donne Audience aux AmbafTadcurs des Empereurs & grands Roys qui font encorcs à fa Porte. le ia décriray par l'honneur qui fut faiâ: à Conftan tinople à la réception de Monfieur le Baron de Mole, aifnc de Monfieur de Sanfy Ambafladeur de fa Maje- ftcTrcs-Chrcftienne.à la Porte duGrand Seigneur l'an i6n. félon la véritable relation qui en a efté faiâic par vn Gentil homme dudit Seigneur Baron , qui a efté prefent à toutes les cérémonies qui Ce font faidlesà fon arriuéc dans le Serrail. Voicy ce qu'il en a efcrit. Monfieur l'AmbalfadeurjalEftéde 4.vingts perfon^ nés tous braues & leftes vertus à la Françoife>eftantar- riucàConftantinople.il marcha en bel ordre à pied juf ques à la mer ou C^nalqui fepare Galatic auprès delà Ville, ôc lequel il fauif trauerfer pour y entrer. Se n'eft pas plus loing du logis de Monfieur rAmbalfadcur Quantà Monfieur rAmbafladeur , il demeura auéc vn Dragoman feulement àdifiier auecles Viziri. Cependant je veux difcourir de noftre <^%; » «5c des belles cérémonies qu'ils obferuent.il eftoit prépa- re de telle forte que la viande ne priait point les gens je vous en afTeure , car en ma vie je n'ay vieu fcrfti'ri Royal fi mal apprefté. On ne parloit point icy de ta- ble , de nappe , de feruiette , on auoit mis les pkts qui cftoient affez mal nets &c de mauuaifc grâce , (m vn grand tapis deTurquic à pleine terre,lcs mets eftoient delà panade blanche facc#e , & du potage aux poul- lets,rien autre cjiofe , & cela redouble par pluficurs fois, autant de pain noir que de blancnous nous amu- (àfmes plus à confidercr l'ordre de ce fcruice qu'à en goufter. Il ne fc changea point,& ne bougesfmes auflî de nos fieges , qui eftoient le long de la muraille couuerts de que d'vn bout de laplactf Royale de Paris à l'autre , & j tapis de Turquie , ôc faifions la meilleure mine que iceluy Canal large deuxfois commela Riuierc deSei- nous pouuions , de forte qu'à nous voir ainfi âuecccs* nejquipaffedeuant le Louurc>& a quelque bonce de- my lieuë de long auant dedans les terres , auquel il a fondi, ^^^Jî^ alloit après mondit fieur l'Ambaffadeur » P"^^ mefme psr delfous les bras par les deux premiers Ca- %s . qui le baillèrent aux deux féconds , lefqucls e L^dientfous les bras. & cepédant les premiers ei^^^^^^^^^^ ,.oient vn autre de nous de cette mefme forte, a^ues à ce oue les autres fulTent de retour.qu. lai ^r^''^^^"^ du sieur dedans lachambre: puis pnndrent dcflou^ les bras celuyqu auoient les (econds Capigis , & e Lnercnt en cette forte baifer h rpbbe du Grand Sei- gneur, s'humiUant deuant luy le genoud eu terre. ^ Cependant les féconds Capigis Baffi ^ ep'^'-^^"^ ^ premiers celuy de nous qui (uiuoit de la -efm Le , ay.dit, & continuèrent ainhjufqu au dernier, facoL queces Capigis Baffi teno.êt ^«"'.--Xl'e tré nous delTous les bras , & après auoir ba.fe la robbc auGrandScigncur,ilsferetiroicntallans en arrière,^ f:;fans aller en U mefme forte celuy qu'ils tenoient 6c eftantàlaportelefaifoientlortir.. O de vous dire comme tout ea faid en ce te chambre , c'eft chofe que je ne pu.s , car ) y fus fi p ut^emps , 6. les autres auffi les vus après les au- tres oue ie n'y pû rien remarquer, t.non que la cham- bre eft p itc . ^n'ayant pas plus de dix pas de lon- gueur & enuiron autant de largeur , toute tap.flce fe tapis d or & de foye à la Turque , )e d>s par le bas car les murs fmn cmaillez de certaines fleurs l lf Turque , & le plancher doré à la açon du Pays ?ort gentiment. Eftant entré en icelle chambre,ayant fr^elques huidpas . on rencontroit le Grand Sei- eneu , affi fur vne forme de lid , non toutesfo.s ^^àl aconduPaïs, carfespiedseftoientpen ans fur le plancher ôc le touchoient . & en ce Pays on s af- ficd fur les talons. . .^^^o' On nele rencontroit pas face à face . "'ais de cofte, de forte qu'en ^trant on ne voyou que (on o.ph e, & eftou fur la main droite , ne regardant pas la porte, nuis vnefeneft. e de la paroy treUlU ee, deuan. laquel lecependant pafioyent 3oX .pg.s . lefque s F^^^^^^^^^ chacun vne piccc du prêtent que Morifieut L Amoaila Mais pour due vn mot de la première , qu .Hai quand il veut faire admirer fa grandeur à quelques rr:b:(ïadeurs eftrange.s : it'choific donc lepur u Vendredy (qui eft aux Turcsce qu à nous leDimar^ che ) d'aller à la Mofqnée faire fes dénotions , &. (e n.onftrer au peuple. U fort par la grande porte de fon Serrailàcheual . fimplement v^^" ^«^"^^ 'l^^""^"" ftumé d'eftreen fon Palais , fa tefte .^l/" P/" Turban pour eftre plus léger : il eft ^^^^/^ Bafiis,^ d'autres perfonnes de fa maifon. Le Optame du Guet.qu ils appellent Sobaffi va deuant auec p. An chers pour préparer fon paffage. fes plus familiers a^ compagnent, les Eunuques de fa chambre, fes Page ceuxqu. feruentfa perfonne , 1^^»?"»^"^^:,^^^ ; celuy des Capigis à l'entour de luy , pour receuo.r les plaintes &placets qu'on luy prefente en pa^fann ^ Voila comment U fort duSerrail P""^ P^^^^"" par la V.lle. mais quand c eft pour aller aux champs^ ,1 veut à fon retour faire éclatter fa Po^P^/"."; ^^^^^ desAmbafiadeurs de P^^^'P""^^^^^ ^'^roch pourmener en quelque Chafteau des champs proch la Ville , & donne aduis dés le foir que le Icndcmam l veut faire fou entrée à Conftantinoplc auccgloireS magnificence , & que toutes chofesluy foycnt prepa rées pour luy aller audcuant : les Voyers donnent or dreaux rués , dans lefquelles on relpand force iable comme auffi tout le long du cheraui jurqucs au lici champeftred'oùle Grand Seigneur doit ,art.r , fo . trun.lesBallas , & tous les Grands & Officiers de ( Cour.fcdilpofempourparoUUcàcette entrée RoyaU Des êftats du Turc en Europe, Et alors vous .oyer cfes trouppcs de Gens - d'armes | choifis neantmoins par les pLces, par les Capims du marcher les orcmiers . /ihiuq r^Vn ^m^^U^ d-_; . r> i o • ' . . f . ^ t 8 marcher les premiers , fuiuis dVn ftiperbe Régiment Tutc:en après viennent les Cadiz ou loges de Conftan- tinople. & toute la îiirtice en corps, les Preftres & Do- reurs delà Loy dcMahomet , le grand Vizir accom- pagné des autres , Ôc de tous les BaflTas 8c Gonuerneurs de l'Empire : les hommes du Serrail , & Officiers de la maifon Impériale, nuec les marqués de fagiandeur, les premiers delquels font, dix hommesàpied , menans en main dix chcu.iux barbes & Turcs , hiritachez à la Royale, auec les fcfllcs rehaulfées de broderies d or, & de perles, ;o. lamullaires à pied, 60. Archers à pied auec leurs arcs flefches , au milieu defquels marche le Grand Seigncui , veftu d'vne riche robbc de drap dor en braderie de perles & diamans, fon Turban paré^ pannachfs de plumes de héron , auec ceinture de dia- mansàla pointe d'iceluy , monte fur vnbeauchcual kiinachc à l'Impériale trois ou quatre cens hommes le fuiuetu à cheual portans en main les marques de Iturs charges d'Officiers delà Couronne.Puisvn nom- bre d'Efcuyers fuiuent à cheual auec plufieurs Gen- tils-hommes , en après marchent grande quantité de Moliciens , chantans & joiiîus des inftrumens en paf- faiit : cent Pages du Sultan , tenant chacun vn faucon fur le poing , pluficurs Eunuques parmy eux , 50. Gïrdcs delà porte, fo. fiuconniers, grand nombre de jeunes ^X^es, tirez des enfjns duTnbut, font la fin de cette portpe Impériale , laquelle peut faire if. milles hommes. Qumd le Grand Seigneur feveutauffi pourmener fu!*;j!cr , il H t par vne des portes d'vn /"ardin de fon Serrait , regardant la marine> monté fur des Biigantins de i^. ou jio. bancs, fe place fur la pouppe.couuertc <\t Ta; isdeTurquieoudevelourSjfes familiers &Eunu. qiics (ont debout deuant luy.Lesenfans du Tribut vo guent à la rame, & font voler le VaiiTeau fur l'eau par leur dextérité d'autres Vaiifeaux fuiuent celuy du Sultan i pour faire retirer ceux qui ferc^ent au palfage pendant cette pourmcnade, il ert entretenu par fon grand lardi nier, qui tient le timon du V3ilTeau,qui a feulperqnilîîon de parler à luy : Ôc après qu'il a conten- te ion efpuc en cette pourmenade , il retourne en fon Serrail. Msinténant faut dire qnelqOé chofe'du Diuan ou Confeil du Grand Seigneur,qui fe tient 4.fois la femai- neen la féconde Cour du Serrail > dans vne trefb.He ^llc , c'eft là où fetrouuent les Officiers de la lufti- ce , qui la rehderit également à tous , & les parties y olaident én perfortne fans Procureur ny Aduocat , car les Turcs abhorrent les Chicaneurs, & chacun ame- ne fa partie par le poing au Diuan , où il faut qu'il fciuftifieliiy-mefme,* après la depofitio» foitimairé de deux tefmoingsjacaufeeft jugée promptement. Les Officiers de^ce Diuan font le Biflà , le grând Vizir Prefiderit , les deux Bcglierbeya de Natolis & Aé Remanie , les 2.. luges des armées appeliez des Turcs Cadilefgueres Supérieurs des autres luges , les Thre foriers généraux des finances appeliez fcftardars , le Grand Chancelier , vn Secrétaire d'Eftac , nommé Notangi, les Secrétaires des B tflàs.auec vn grand nom- bre de Notaires appelle;^ Zafitchi , la Ghiaou Baffi, Chef de tous les Chiaoulde Turquie : tous lefquels en leur place eltoient dans le Diuan chacun félon foii rang & qual-té. Le Confeil eft comme celuy du Lou- ure, Confeil des parties , il duré depuis l'aube du jour, iiifques à Midv, ik après le difncr ils vont réndré corn ptcau Grand Seignéur dés affaires qui fe font palTées îu Diijiin , Se vôid-on l'ordre de la lufticé de la Cour du Turc. Outre le grand nombre d'Officiers qui feruent drdi tiaireœent au Serrail il y a des Azamoglans ou enfan-» ^cChrcfticnjj&deTribu,hoiaBi8sde vile condition. Grand Seigneur , entre les hommes les mieux hiâs & les plus enrichisdes dons de nature , ils choîfiilcnt les plus adroits de leurs enfans de trois l'vn , ce qu'ils font de trois en trois ans , & appellent cela exiger le Tribut du Grand Seigneur fur les Chrefticns , ^Sc en ayans alTcmblé yh grand nombre , ils les amènent aii Serrail où ils font habillez des couleurs du Grand Seigneur , & à lâ Turque , portans perpétuellement vn bonnet jaune. Le grand Vizir en choifit des plus adroits pour la guerre ; on les circbncit , Si les met-on fousU garde dugrand lardinier du ScrraU,qui les em- ployé oii ils fôt neceiraires,on les inftruitaux ârmes & aux luittes, on met vne partie d'iccux aux vailîe.iux de mer, on en exerce aux meftiérs & arts des A!tifans,on en donne aux Biffas , ôc aux Grand-^ âc la Porte . qui les font feruir à des offices vils ôc méprifables : Enfin tous ces jeunes enfans font entretenus aux defpens du Grand Seigneur. Entre ces enfans de Tribut , ceux qui font tirez dô bon lieu furlesChreftiéns font feparei des autres au Serrail, où ils fontelleuez & nourris honneftement, ôc drelîez aux exercices qui les ren,derrr dignes des charges de l'Empire; on leur apprend 'la Loy deMajio- mct , Je maniement des armes : ils font tous efclaues Clireftiens , mais cet efclauageies condufc à la liber- té de commanderauxProuinccs. Le gond Chambel- lan du Serrail en introduit quelques vns dans le nom- bre , nays des Turss naturels , recommandabks pour leur gcntillclfe , mais cela auec permiffion du Ptincc: ils ont des EunuqucSjblancs pour maiftres fantafques ôc ombrageux , qui leur font fouffrir toutes fortçs de peines. Il y a cncor plufieurs autres Officiers feruans au Sçr- 1/ rail à la Cpur du Grand Seigneur. Premièrement Les 4. Eunuques blancs font choifis en leur enfance d'entre les enfans tire?: âcs Tributs des Chreftiens : ceux-cy font les princi|)aux,& les premie- res teftes du Serrail après l'Empereur. Le I. eft le Capi Aga grand Chambellan de l'Empi- re Turc, leplusaothorifé de tousauSerrail , comme celuy qpi peut parler feul au Grand Seigneur , quand bon luy femble. / Le 2. eft le Chafnadar Baffi, ou Thréfoi^ier du Thre- for fecrct du Prince , qui en a vneclef , ôc le Prin- ce vne autre. Le 3. eft Chilergi B;iiJî , c'eft à dire grand Defpen. «fier , ou comme maiftre de Gjrderobe , il a le foia des habits du Prince , & de tout ce qui fert à fa per- fbnnci Le 4 eft Je Seruiagafll , qu'on appelieroit Capitaine du Chafteau ou du Louure : il a égard fur tout le Ser- rail, & foin de vifiter tous les lieux d'iceluy. & de faire tenirtdusJes logcmens d'iceluy en bon eftat. 2. Outre cçs Eu nuques ainfi efleus aux grandes char- ges du Serrail, il y a d^auîres hommes qui feruent or- dinairement la perfonnc du Sultan , comme font fes valets de chambre , & autres Officiers de dignité plus eminentéi tous ordonnez par trentaine , trentepour chaque forte d'habit &veftemenr du Grand Seigneur, fonroénage,bagage,armes,marques Imperiâles,tichef- Ces,ôc ornemcns Impériaux. 3. Autres Officiers feruent à fa bouche & à fa Tablé en alfcz grand nombre , comoiandez neantmoins par quatre Chefs. . ^ Les Argibaffi qui prennent gardé furie deuoir d'vn chacun. LcMimmut Page qui fournit tous les jours les de- niers delà defpcr^. ^ Le j . eft le Ghecaya , qui eft com me Controolleuî General de la maifon impériale : il fyit de prés l'authô- luc 4tt Maiftre d'Hoftel. 1^ ^ Des Eftats-au Tufc en Êurope. font des Palais Royaux.baftis aucc d« depences incio. vables : mais cecy n'eft rien à l'égard du luxe dcleuts mcu'ojes & ornemcas de chambres & de lallcs Parmv ces Grands Sc.gneurs de la Coin da Grand Seigneur* il y a mille cnuies &c mille jaloufies les vns fur les autres . & quand Us ne peuaent s entre-nm« oauntement, ilslefontpar inuent.onsmaliaeulcs, & .^noifonnemens : ils fe (eruent de ces abomina- Le4.caicMaiF-riazigi . qui eft comme vn Clerc '^TvTd-nutres Officiers au Serrail encore moindres J ceu\-cy - voasyauezlesBaltagis pour la fourr.erc 1 e bo s en nombre déplus de zoo. Les BoRangis ou Urdiniers en nombre de plus de 8.0. L"/--^'-' ^ 001 lailHer. foo. Les palfreniers 800, de forte qu il fa u etu rl mille biuchcs Se Oftxaers commcn Lx, tantduGrandSeigneur ,quedesfema.es&Sul- tanes,& de leurs departemens particulier^ 6 Qu^nd le Grand Seigneur fort de (on Serra l.poai s'erTlller en quelque Prouincelomgtaine : il «ne ne auccl y vne fuitte & vn train ho.s de toute comparai- fon de puillancc ordinaire d'aucun autre Souuera.n 56. ^nie^ lannilTaires/ont fes Gardes Ordmauesde pied T4 milles Spafi ea fa Caualerie Légère . 2.. m. le Capu l^nlîes irchers de fa porte ^. mUles Solachi. font fes Gardes de pied , quienuuonnent toufiours l per- fonne du Grand Seigneur . 4. milles Chaous . font (es hommes qu'il employé aux Ambalfades & aux expe 1- ■onsdeluftice. Il-"--^ rooTt^dcf; uans , qui portent la viande lafques a h pou. de la chambre.qui eft là receuë par fes Pages : U y a vn nom- br d aut 's hommes de plus balle fon^ion , mais rion «moindre en nombre. Les PaifrCn.ers tout j.mi^les Les "cqu^^^^^^^^ LesBalchagisqui taillent eUispourlaCuirine8.mille.LesTh^^^^^^^^ uoyeurs,ouViuand!ecs,m.!le:Le5Therczi,Taillearde Cour.isoo. Des Boulangers 600. ' Et file voyage eft pouï la gucrre.les OfEçiers de l ar- tillerie 46. milles hommes. 1 ' L;.sSebégiîtrauailhns à la.fabrique des armes , & qui les netcoyent font 14. tn^Ues hommes. ^ LesMaiftresTufechgysouHarquebufiersennom- bredeyooo. Des Topeys ou Canonniers " > ^ c'ela vn nombre infiny d'aatrcs -^nr. O^c,^^^^ qai fuiuent le'tr^m du Grand Seigneur. Les belles de voitures font ordinairement 10. milles, f^on^^)^' :.Ule Cha.eaux, & dix mUie Malets,qui eft or in - re de la feule maifna du Suit.n.fans faire cftat du . rain desRaffas oui le^^iuent , quieftencor très- grand. Et ainh la funoutation dsi nombre des hom.v.es qui ilu- uent b Cour da Grand Seigneur f. monte à cent 50PO 600. homn)espoarvnvoyagédc paix : Mais i ccft pourlaçaetrccc nombre monte à 100. quatre ving.s Lille hommes., fans compter les gcas de combat.^ 17 . le viens d'icy à coniiderer. la grande authonrc des BalTas Turcs, ceux cy font grandement r.ches,grand „,cnt puUrans , à caufe du pouuoir que 1=-^-^^^^^^^ Grand Seigneur auxProuuKes , fur lefquel es ilscom- mandent,& quelquesfois grandement infolens. Ces tant riches & fomptaeux Ballas ne vont pas a pnk train quand ils marchent en voyage , & principa- lement lorsqu'ils vont prendre poMon-de leur gou- uernement. dont le Sultan les a honorez, leurequipa- ,ge ou'ils font aller dcuant &c la belle compagnie de Gentils-hommes & domcftiques qui les fo.uent , lor- nnllent la fuitte des plus grands Princes de l huix>pe,on peut employer vn jour tout entier a voir palier leur train le jour qu'ils font leur entrée en quelque ViUc Capitale de leur gouaernementiil faut quelque.fois te- rar les aarnbcaux aUamez le jour défaillant auparauan hftndecetteoompe : a.iïïtoutel'elUrde de cesBallas eftdeparoiftt egrâd &c orgucUUuxdcuat les hommes, & n'é«argnent aucune o'cpence pour fe faircieruir pai vuno^nbretrcs-gran^ d« feruiteurs & valets : ils lom curieux de belles écuries , garnies de bons cheuaux, ÙC de grand nombre de Palfrcniers pour les penler : vous çn verrez quelquesfois auoir des éF«"es capables de ■monter yn Régiment de CauaUers , auoit u. ou lyoo. Mulets pour k port de leur bagage,& bi(?n autant de Cham'cauxrils ont auOi grand nombre de femmes con- ouucrtement, u5lcl,g;K-ur, huK B^em.ereme parler de fa maladie. Qu^ndil ell malaue , le p^cm Médecin saffcmblc aucc^plui^curs apures au Serr? Des Eftats du Turc en jcurope. SS3 d'argent, de mefme qu'autresfbis : puis MefTape non oîi il$con(uIt«utpourfa guerifon , mais nonobftant leurs fcienees Se rcmcdcs • quand Dieu a borne les jours des Princes.ils ne palFent jamais la dernière heu- rc de leur vie. Le Grand Seigneur qui échappe ainfi drieursmains, meurt félonie décret de nature ; mort qu'il eftjceluy qui luy||oit fucccder prend le ducil npir pour peu de jours , a la teftecouuertc d'vnpetic :urban,& faiwjiinede regretter la mort de fonprcde- refTeur.encor qu'il abonde de joyc en fon ame. Si c'eft à la guerre que cet Empereur decede , tous es BalFas prennent le petit turban pour le dueil , tou- :«sles en feignes , & l'eftendard Royc|l font renuerfées a pointe contre terrejufques à ce que le nouuean Sul- au quitte le dueil, & prenne l'habit Impérial. Le corps du Grand Seigneur decede eft mis dans vn :crcucil couuert d'vn grand lingefort%iche , on met iefTus fon Turban : les Miniftres de l'Alcoran portent :icrgcs& flambeaux ardans, marchansdcuant le corps, chantans en leur langue, & à leupmode : puis fuit le Mutafcragaqui porte le Turban dcl'Empercur au bout i'vnc Lance , aucc vne queue de cheual attachée au- 3res:les lannilTaires.les Spachi & Brefte de la garde Im- )eri3lc fuiuent le cercueil : Se après fuiucnc les OSi- :ier$ 4n Serrail , chacun en fon rang Lk: en fon ordre, bus la conduite du Maiftrc d'Hoftcl:le grand Efcuyer )orte les armes du Grand Seigneur defunét , & la ban- liere Royale traînant à terre. Tous les Balf^s , & tous es grands de la Porte y rendent leurs derniers deuoiis, ,ffi(lcnt à fes pompes funèbres en Habits de tlneil. En ét enccrrenacnt on y fait aller jufques aux cheuaux [u Grand Seigneur decede, portans leurs fclles rcnuer- ces en haut ; ils ont des couuertures de velours noir, raifnantes jufques àterre. Len:nrps de l'£njpercur eft ïnterrc tout joignant la Mofquée qu'il a fait baftir de on viuant dans vne Chappelle fcparée. Le cercueil eft louuert de velours noir: Si le Grand Seigneur eft mort n gucrre.on y met au delfus fon Cimeterre.finon fon furban eft elleuc & attaché contre U muraille plus irochcdelatombe,auecties plumes de héron : deux handelicrs garnis de cierges dorez font mis aux pieds lu fcpulchre, & yVles Preftres gagez pour priet pour on ame félon l'Alcoran. Toiis les Vendredis jours de /iofquéc, les tombeaux Impenâux font parez de nou- caux poiflesj &couuerts de fleurs, ceux qui viennent laMofquce en tels jours prient pour les morts, pleu- ent & gemiirent fur leurs tombes , & prennent vn iou*quct de CCS fleurs s'en*retourn3ns. • Et voila ce qui" fe peut dire en gênerai , tant delà fiWç de Conftantinople , que dç la magnificence du îerrail, & delà gloire, puilîance, orgueil Se Msjeftc Ifi Grand Seigneur. Voyons le refte du Pnys deThrace m Romanie,^ù cette Ville Iiftperiale eft fituce. (Qualité du Pays de Thrace^ LE Pays de Thrace eft froid pour la plus grande part , & abondant en hommes. On y void force belles plaines, où il fe fait grand récolte de bled , Se de légumes : &oucrc ce tirant vers la mer on recueille de bonvin. Pline mefme lolie cette Prouince de fertilité, Si eftime fon bled pour fa pefanreur, & fon vin pour fa bonté Se fâ force. Mais dans le Pays 6c ioing de la mer laTUfice eft plus froide, à raifô dequoy elle eft moins propre à porter bled & vin. Elle manque d'arbres vni- iierfcllement,& fes grandes plaines font entre-coupées tn certains lieux de quelques petites collines. On ac- commode icy l'alun au village de Chapfyllar.qui cftoit ïutresfois vne Ville nommée Cypfele. «> Les montagnes de cette contrée font celle d'Heme^ celle de Rhodope,qui eft fort afpre, & toufiours blan- cHifl&ntcde ncigc:Orbellc,ôc Pangéc» qui a des mines fectoyan defcendiisdeluy. t r l rr Tous les Thraces auoient leurs mailons^ort balle: leurs viures eftoient toufiours en mefme prix , i quant aux vignes elles n'y eftoient nullement en vfag Lors qu'il eftoit qucftiond'cflirevn Roy , la bleftc nel'emporcoitpasfurlerefte , maisceluyq auoit plus de voix eftoit préféré à tous les autres, C le peuple eflifoit quelqu'vn dont les mœurs cftoie fans reproche , «Se la clémence fort rccognuè , &c] outre cela fut defia aduancé en âg.e. Mais on dcma doit ces chofes en celuy qui n'auoit nuls enfans : ( en ayant on ne l'eflifoit iamais,<:ombienquc (esaftio le rendilTent recommandablc , & s'il en engendr après fon eflcârion , il eftoitpriué de la Royauté , ts les Traces fuyoieni de rcfidrc le Royaume herc. taire. Encore que le Roy fe motiftroif fort equitablctc tesfois ils ne vouloient pas que toutes chofes luyf fent permifes. Tcllcnnent qu'on luy donnoit 40. ho mes,qui eftoient comme fes aflcft'eurs,afin qu'il nel pas feul juge aux matières criminelles. Et s'il efl troiiuc coulpablcon le çondamnoit foudain à la mi toutesfois on luy portoit(?ét honneur , qu'auctir mettoit la main fur luy ; mais toutes chofes luy eft défendues & déniées par vn public confentement eftoit enfin contraint de mourir de faim. On faifoitlesobfeques des grands SeignciKS cnj te forte. Le corps eftoiPporté en place publique, où rant trois jours tnani diuerfes beftes ^bur lefacril ils faifoient grande chcre,puis ayans fait quelque pl tefurlemort,ilsl'enterroicnt ou bruftoient meii les cendres fous la terre , & ayans drelTé vn tomt dclTus , ils propofoient toutes fortes de combats , d le plus ordinaire eftoit celuy d'homme à homme. Les armes dont ils vferent en l'expédition de Dai à ce que du Herodote,cftoient telles. Usportoieni morions de peau de renard , & des chemifcs, auec quelles ils auoient des fayes de beaucoup de façons quant aux jambes , ils portoient des chautTes de pea cheureiiil, & portoient outre ccUdcs dards>d^el & des petits poignards. Ils eftoient fort adroits à tirer de l'arc duquel: difoient eftreinucnteurs. Ils vfoicnt de mefme br que les Scythes. Pline efcrit que toute h Trace e diuifce autresfoiscn jo. bandes : Voila tout ce qi Deutprefque dire des mœurs anciennes des peuple rhracc » voyons vn peu maintenant comme on en noftrc fiedc. Des Eftats du Turc en Europe. Jjl Mœurs de ce temp 'S. h T Es Habitans de ce Pays ont les chcueux fort cf. J^pais au fommet de la teftc , font «ctrcmcmcnt fa- rouches, furieux , & pleins de cruauté . ils aymeut à boire autant que Nation qui foit fur la terre , de forçc quon cnvoidplufieursquis'enyurent à toute heure, & n eftoit la defence que Mahomet a faift aux Turcs de ne boire point de vin , on vcrroit bien pratiquer d autres dUÎolutions en cette Prouince. Mais pource qu« la Thrace cft compofqpdc plufieurs fortes de pcr- lonnes, & principalement Conftantinople, de Turcs, de luifs , &dc Chrcftiens. & qu'on ne fçauroit pour «tte caufe difcourir généralement de tous les trois, d autant qu'ils ont des particulières façons qui les di. Innguent les vns des autres , je prendra/ chacun de ces trois à partjpour conlîderer ce qui eft en eux de remar- quable. Les Turcs ne font pas ciuilifez , comme beaucoup d'atjtres Nations qu'on void en Europe,*: leurs habits ont je ne fçay quoy de mal propre , & que nous ne pouuons regarder fans dédain. Car le linge necouure pas tes extremitcz dcleurs acçoulhcmens , & ce qu'ils portent eft fi mal bafty , qu'il femblequ'il ne faut pas w MiUcur entendu pour les habiller , ains feulement vn homme qui fçache tant foit peu bien coudre. U n'y a aucun entr'eux qui mange eftant affis fur quelque banc , ou cfcabeau , ains prennent tous leurs repas aûis à terre, comàe les tailleurs forit ordinaire- ment par deçà dans les boutiques , lots qu'ils trauail- lent fur quelque graadc table. Leur nappe table eft le plus fouuent de cuir de bœuf, ou de cerf, non cour- royc, 3c «ncorvelu, fait & taillé en rond,& ayant.deux pieds (fedemy de large , auecdes boucles & anneaux Je fer qui feruent à lc»fermer auec courroye , ainfi lu'on fait vne bourfe, & elle s'eftend auffi-coft , & eft 3ien aifcment pbrtce. Ilsn'vfent d'aucunes feruiettes 30ur s'cifuyer les mains. _ En quelque lieu qu'ils s'affient , foit en leurs mai- ons, foit aux Mofquces, ils ont des tapis velus, ou des lattes de jonc , & il y a des endroy5î:s qu'ils fontplan* :her , pburce qu'ils font trop bas ou trop fales. Ils i^'ont aucun vfage de clochas , &ne foufFrent que les Zhrcfticns qui demeurent parmyaix , & dans leurs erres en ayent. Tant hommes que fcoames portent leur habillement ,(rez long & large, & ouuert par ledeuant, afin qu'en e baiffant ils fe puiifent plus aifément couurir & ca- ihcr, ce qui eft de honteux aux hommes faifans leurs iffaires.- Ils regardent d'auoir le dos tourné contre le Midy, ors qu'ils vuident leur ventre, à caufe que c'cft la par- ie qu'ils regardent en faifant leur prière , & feroient )ien marris que quelqu'vn les vift en cét eftat , tant Is ont peui: qu'on prenne garde , comme j'ay ja dit , à :e que les hommes font naturellement foigneux de ca- Les Turcs mangent dVn boucchaftré plus que d'au- :iin« autre viande , & c'eft lefujetpour lequel il vient pir deçà tant de bons marroquins de Turquie.Ils man- p!nt auffi de la brebis & du mouton,&: grand nombre 'ccheureaux, & d'agneau x:mais aflcz peu de b^ufs,& outcs ces viandes font pluftoft rofties que d'autre for- e Au refte ils mettent dans vn grand plat.ou pluftoft, il faut ainfi dire, dans vne grande jatte, toute la chair eflcmefle , fans auoir quantité de plats comme nous, oor ranger à part chaque chofe fur la table.Us n'vfcnt ïmais de chair de pourceau, & leurs fauces plus appe- 'lîajitcs font compofces d'ails, & d'oignons , dont le lamr s'eftend mefme julques aux perfonnes de noble anduion,& aux Ptinces.Lear pain ordiflaire cft aifez bis, & ce qui en eft caufe , c'eft qu'ils mettent dedans plufieurs femences , qùi font qu'il ne peut eftrc bien apprefté comme il faut. Alais pour venir è leurs autres conditions ôc façons de viure. il n'y a Nation phis arrogante , ny qui vueille plusaiioirledcft'iisen tout quelaTurque,qui mépcife tous les autres. Et cette fierté procède des viétoircsque ces barbares ont obtenues de tous coftez , & pour la grande eftenduède la domination de leurs Princes. Ils font extrêmement addonnez à la paillardife , & à tou- tes fortes de faletéjufques à la Sodoœie.qu'il exercent comme publiquement.mefmés dans les galercs.où elle leur eft du tout commune,aufli bien quelc manger Se leboire. Ils font déloyaux tout ce qui le peut, & ne fc foucientnullement de manquer à leurs promelfes : tel- lement que leur infidélité a efté caufe de la perte de beaucoup de Chreftiens, qui s'aiTeurans fur leurpvo- le fefontrendus,& ont après efté raiferableiftent maf- facrez, ou menez en fertiitudc. Il ne f^ut croire que les Turcs portent honneur aux AmbaiTadaurs , & quelc droiâ: des gens foit gardé parmy eux, comme ileften- treles Chreftiens : veu que fi le Grand Seigneur fou- pçonne quelque Ambalfadeur , il le fait foudain mou- rir, fans qu'il ait beaucoup de prétexte de ce faire , 6c mefme les principaux de fa Cour n'eftans pas bien fatif- faits de quelque Ambalfadeur Chreftien , ne manque- ront deluy drelTcr dcî aguets , & de luy faire des af- fronts infupportables. Cette Nation- n'eft nullement née aux lettres , ains feulement aux armes.où leur multitude,obeïïrance,& alfcurance du Paradis de Mahomet , & de la deftinée, feruent beaucoup plus que leur courage. Toutesfois quant aux lettres, ils ont parmy eux quelques liures,& quelques Dodeurs.non pour les lettres humaines, ou la Philofophie , mais feulement pour l'intelligence de la doétrine de Mahomet, fur laquelle on a compofé vne infinité de volunjes pleins de difputcs. Ils ont les Chreftiens tellement en haine , qu'ils né les fçauroient nommer que aufll toft ils ne les appel- lent chiens , commej'ay veu moy-mefmeeftantauèc " vn Chaions du Vice Roy d'Alger , auec qui feftoisaf. fez familier , veu qu'encor qu'il me tcmoignaft beau- coup d'alFcétion , & me rendift autant d'honneur que le peu de courtôifie de cette Nadon en peut permet- tre : toutesfois il né fe pouuoit tenir en me faifant quelque difcours des Chreftiens de les nomfner chiens à tous propos , découurant fon animofité contre- eux par fes paroles. Ils font fi auaricicux , qu'ils font leur^ profit de toutes chofcs, & ce qui les conuie à faire amas d'argent auec tant de foing , c'cft que le Grand Seigneur né donne les terres aux Turcs que pour en joiiir durant leur vie : tellement qu'eux qui veulent laiflerquelqué chofe à leurs enfans , aflemblent tout l'argent qu'ils peuuent, aftn qu'il* ayenc dequoy s'entretcnir.fans ra- ualler leur condition, combien qu'ordinairemeiitlors que les Pères ont bien feruy, & que les enfans font pa- roiftrc quelque generofitc de courage , on leur laiifé bien fouuént la joii.ifance de ce que les pères ont poiTe- dc , en attendant qu'auec l'âge ils puilTent paruenirà leurs charges.Ie diray encor ce mot,que lésTurcs n'cuf- fcnt jamais enduré la demeure des'Chrefticns, tant Re- ligieux qu'autres en leurs terres , s'ils n'y cuiTcnt eft-é conuiez par l'efperance du profit, qu'ils tirent du Tri- but qu'on exige fur eux toutes les années, & le (nnâ Scpulchre mefme, qui eft refté entier dans la Ville de Hierufalem, feroit maintenant en pièces, files Turcs n'eulfent crû que les Chreftiens attirez par ce S. & vé- nérable lieu , y viéndroient en Pèlerinage , & y potte- roient forcé argen t. Auffi monftrent- ils alfez ce qui les a pouftez à lefoufïrit , veu qu'on ne vit jamais gen^ plus afprcs à la .£urcc,ny qui rançonnent plus infolcm- Aaa 2. zheni s<6 Dt-s Eftats du Turc en Europe. Pagentà «voyage, &qui fonccin.euxdcvoule Ucu où'noftrc rédemption a cftc confommcc. LeTf-mmes Turques font hôneftes en leurs habits, font fi proprement agencées qu'on ncfçauro.t guère -^oir r,en de plus proprc,& de plus modefte. Leur co. - fa-e cft pointue , & au deffus elles portent vn voile (i eentimentaccouftré, qu'encore qavneparttcpcndc.U elles veulent fortit dehors , ou letrquuercn compa- gnie.oùil y au des hommes . clless'en couurent bu. dainle vifage.fauf les yeux, & outre ce elles portent lut leurs habits vn linge blanc delc . couurant tout le re- fte . en telle forte que les hommes ne peuuent recon- noiftre leurs femmes parmy les autres , abrsqu cies font en trouppe. Elles ne fe trouuent auffi ,ama s en lieuoùleshommesfoientairemblez . & <:,<;ft ^^^°[^ tellement rare , & contre la couftume que l homme parle à v«e femme en public , que fi vous demeuriez vnan en leur compagnie, vous ne les P^^""^;^^ P/f voir vnc feule fois durant tout ce temps. Que o" voyoit vn homme ^npubl.c d.fcourant «'^«^^'"«^ f""" «e,oualUcauecelleaaxchamps,onlctrouueroicdu toiit eftrange. ^ . . r-.f aux J font mariez ne fe jouent ,amais tant foi peuauecieurs femmes en P^=^^»<='^ jamais auffi parole auec elles . à caufe que l homnxe Ldc toufiours vne mefmefe«ntc cnucrs ^ cmme qm ne manque d'eftre continuellement fort relpc aueufe en fon endroid, • . Les Grands Seigneurs qui "«LP^^'"', ' jours au.c leu.s femmes lesl ilTent fous la oharge de 'cena.nsEunuq.es , qu. les gardent fj foigncufe- ,„ent,qu'il eft.mpoffible qu'vn autre que leur mary erureuenne , & qu'cUes viennent aux efFc6^s • q^^^^^^ pcnuenr déshonorer : car encor qu elles en euflent la orné , comme quelquesfois elles n'en manquen nu l:. nr , elles ne fçauroien^ l'effeauer en aucun te.Toutesfoi.lesEfcîaues dont elles difpofenr à leu fantaifie.& qui nefont pas ordinairement roupçonnez comme Icslures, franchilTent cette ^'f^ulce, & ton ^luftoft leurs maiftres cornards que nuls ^ c'Us font trouuez fur le fait , ouquon les conuain- ; e d auoir fait l'amour à leurs maiftrelfes , ils fon pu^ ;!.s auec des tourmens. qui font mefmc horreur a ceux ^";!S::fin:lequelquecho(edeceque luxures nratiTUcnt ordinairemenc dans Conftanunople,u faut rS qu'aux ,ours de leurs feftes . q^'« -ommen Beelan,les Caaaliers vienent ordinairement en l H.p codromè à cheual , chacun vn ballon en la rnain . en Lrt delancegaye.ou Zagaye , ^ f^^tl^^^:^ plufieurs bandes, lancent cette efpece de d^^d vn* contre les autres.En quelques autres^endroits les Che- «a ers galoppans autour d'vne perche , tirent de 1 arc contre vne ^boule couppée . qui eft au bout de cette ^ Danttoute la Ville de Conftantinople on n'vfe point / decharrpy rinsl'on fe fert d'Armemcns.comme de fa- t , ns & crocheteurs , pour porter tout ce qui eft n - Sciceux-cy fontChreftiensde créance femblable Vous':oy:rquelquesfois aller par Conft.nti.ople Jtu es yures'aue^ tant d'infolence qu'il ne fe pre - nne r^en de femblable en toute l'Europe, qui eft Chre- TcZ S' Is rencontrent durant la fumée de leur vm, Lelque Chrelbenp.r la Ville , ils e ruent auffi- toft luyfont mille outrages /& lepisque , y voy, ' c'eft m '.l n'y a nul moyen de tuer fa i^euanche de ces n nr2 autrement on reccuroit auffi toft que que S p^inition . tantlesTurcsfontcuneuxde aire fclpeaer les leurs.encor que coulpables.ôc tant ils de- Ltcut que les autres fouffcent . combe^n qu'innocen. ne prenans pas garde que vouhn^ conferuer par ce moyen leur authoricé . ilsaneanti(rcntlaluftrceparla inefmevoye. ^ Les Turcs ont cela de bon , qu'ils fe monftrent fort charitables, & grands aumofniers : mais c eft fans dif. cretion.ny jugement . veu qu'ils donneront auffi bien de l'arger t p?ur l'entretien des beftcs , que pour celuy des hommes. , . j ij.-T.,r>.. Quant aux Chreftiens qui vlucnt pa^my les Turcs, ils v(7nt prefquc tous de leurs façons de faire, hotfmis ceuxd'eftrangecontrée,qui viuent chacun « ^^^^^^^ de,mais Us ont de couftume prcfque tous d aller entic rement veftus à la Turque ' ««P.^^q;î enoit pat l'habillement de tefte qui n eft pas fembla- ble à celuy des Turcs , je dis cecy de ceux qu. ne font pas de fes terres, ou qui viennent dcsPays, ou cette fa- çon d'habillemcns n'cft en vfagc. Lesfcmmes de la Perfe vont fi proprement veftues, oo pour mieux dire fi pompeu^pment , qu elles coi^ oient le plus retenu à quelque penfee amourcufe , i c arc des attraits dont elles vfent d'ordinaire {^ut chatouiller les cœurs . & volontiers ces F^nq;»^ l'amour fort librement . & fcmblent eftre au monde pour feulement plaire aux plus curieux; qui irouuen alTezde fujet de fe contenter en les accoftant veu que feur conuerfation eft plus libre & plus famiherc q« celle des Turques. Les luif* font afprcs au gain , & s'addonnent pnti. cipalementà la marchandife.laquellc ««^ent aue< tant de tromperie,& d'vfure.qu. s femblentauoir en Lrement mis leur confcience à l'abandon. & n auo autre foingquededeuenir riches,& de fe mettre àleu aïe. Il y en a quelques.vns entr'euxqux s'addonnéni, a ^ed/cine, & qui reuffiffent - CCS & Seigneurs , voire mefme les autres Turcs le Ui uent volontiers de telles pertounes. Tiichejïe, Force, Gomernement Religion, POnxce que nous auons entrepris de difcourit \ fin de toutes ces chofes, nous y renuoyonsle L aeur qui les verra déduites bien ample me^^^^^^^ Ueu.& pour cette caufe i'«n quitte icy Icdifcour,, al de venir aux autres Proumces. La Grèce. LE nom de Grèce eft ptjs.en diuerfes fiiçons cl les Autheurs : car ils appellent P^oP^«"î«"^^^ ntablement Grèce, la P-"-J^ 'î"^ P^^^^'aZ Attique, enlaquelle cftoit lafameufe Vil led Ather & en fécond Heu en eftendant ce nom plus out e , comprend fous luy quatre Prooinces, qu. fon^ al cedoine, l'Epire, l'Achaïe, & la Pdoponefe . ^ le« très Pays qui font contenus fous qaatre,& apte laies nies delà mer Ionique, & del Egee . & ce cette forte qu'on prend communément aujour^ le nom deUGrece. Finalement on peut auffi cfte ce nom en telle manière , qu'il comprend la Thr vne aftez bonne partie de la petite A^^^'°^NaU)Uc ireiesfufdites Prouinces,que les Grecs ont autr« po(redces,où ils ont jadis enuoye Icurscolonies : o ïel'endroia de l'Italie , quifutautresfoisnom^ grande Grece,& qui porte maintenant le nom de te Calabre. . , Mais à la prendre comme on fait commune^ elle a trois mers qui la bornent . Ceft à ' que du Couchant, la Ly bique du Midy,<gf Leuant , & quant au Scptencr.on clic ell bornc_ les montagnes , qui feparent lu Macédoine de la ce,de haute Myfic,& de Dalmattc. ^ Des Eftats du Turc en Europe. CetteGrece prifccommenous allons dit j y com- prenant auflil'Ifle de Candie, de laquelle nous ayons difcouru parlant de l'Eftat de Vcnife eft enclofe entre le paralclle du 54, degré de hauteur , qui eft le dixième, où le plus long jour cft de 14. heures &vn quart, & le paralclle dc45-tlegrcz de latitude, ou eleuation , qui eft le 14. où le plus long jour eft de i;. heures & vn quart,tellement qu'en tout cet efpace, le jour artificiel n'a point de plus grande difFerence,&: diucrfité qu'vnc heure. Quant à la longitudcclle eft enfermée entre le Mé- ridien du degré, & celuy du yj. au moins il ne s'en faut que bien peu. Les Vénitiens y tiennent quelques pie- ces:maiselles font de fi peu de valeur, qu'elles ne mé- ritent pas' d'eftre ramentuës:Tcllement qu'il faut don- nertout au Turcdemefmc qu'on ne laiflede donner à l'Empereur de Marroc , toutes les Prouinces que nous auons defcritcs en leur lieu , encore que les Portugais y tiennent des pièces plus importantes, & y foicnt plus ilVeurezquç ceux qui y font pour la Seigneurie de Vc- nife. Mais afin de venir aux particularitez , confide- cons laGrcce,fesparties,& faifons-cn vne defcription fuffifante. La Macédoine Ce nommoit anciennement Emathie, !lflon Pline , & Peonie, puis Emonie , félon Tite-liue. Vlais aujourd'huy Gerbele & Niger tiennent qu'elle i'apelis Albanie , toucesfois l'opinion de Magine eft, ju'on nomme feulement ainfi la partie de la Macedoi- icqui eft vers la mer Ionique: Mais la partie Orienta- e entre le feinStrymonique, maintenant \e Golphe de Contefa , & lefcin Thermayque aujourd'huy Golphe leSalonique,cftappellée lamboli. Et quant à celle qui ;ft au milieujcUe retient cncor aujourd'huy le nom de ^lacedoine. Ce païs eftaflîs entre deux grandes mers : c'eft à fça- loir entre l'Bgée , ou l'Archipelague où il fait deux lointesdu Lcuant , &la mer Ionique du Ponant, en- re les Riuieres de Dr ilon, maintenant Drino , ou Lo- !rina,& Celidne, quequclques-vns nomment faulTe- nent Salnich du Nord : la Macédoine a pour fa borne a Dalœaci.c, la haute Mifie, & vne partie de laThrace, éparée par les Riuieres deDrilon, &deStrimon , du ofté du Midy l'Epire.propremét Albanie, & l'Achaye. Gerbele met fix Prouinces en Macédoine du cofté [u'ellé touche la Grèce; c'eft à fçauoir l'Emathie,la Pie- ie,laPclapie,rEftiote,la Theffalic &laPhtiotie, entre efquelles la Theftàlie, maintenant Comenolitari , fc- Dn Cîftalde eft la meilleure. Vous y auez les monta- ;nes d'Olympe aujourd'huy Lâcha félon Caftalde, qui :ft haut aupoflible, veuqu'ily a plus de dix ftades, fe- on Pline, jufques à fon fommct , & par ce moyen , fi lous prenons 8. ftades pour vne lieue , il y aura plus IVne lieuëàmonter, àraifoh dequoy les habitans du 'aysnomment fon fommet Ciel,d'autant que les vents l'y foufflent en aucune forte. Il y auflî Pelion, mainte- nant Petras, félon quelques- vns. Cette montagne eft fi haute, que Dicarquc , félon le témoignage de Pline, i'ayant mefurce trouua qu'elle auoit u/o.pas de hau- teur. La montagne d'Ofta.qucSophian appelle Colon- no,&PinetOlUro,eft aufli en cette contrce,de mefme que celle de Pinde , maintenant Mezzon , du pied du- quel fort la Riuiere de Pennée. Vous y voyez auffi le Mont Nymphée ; mais le plus fameux de tous,c'cft celuy d'Athos , qui s'appelle au- joiftd'huy Montagne Saindle , ou félon les G cecs qui s'y tiennent ^giosorostqvii eft mefme chofe. Il eft en forme de Cherfonefc , y ayant vn deftroidt de 1500. pas join6t à la plaine. Son circuit cft de feptante-cinq milles, fa longueur contient trois journées de chemin, & fa largeur n'eft qu'enuiron de demy- journée. Ceux qui voyagent fur la mer , voyent fon fommet de plus trente milles loing. Ce fut cette montagne qu'vn Architede voulut tailler en figure d'homme au temps d'Alexandre , qui ne prcfta guère l'oreille à ce delTcin: Cctte montagne eftoit autrcsfois dedice aux Caloyers, , Moynes Grecs, de l'Ordre de S. Bafile,& on leur auoit donné vn Priuilegp , qu'on leur maintient cncor au- jourd'huy , qui eft, que aucun, ny Grec, nyTurc.n'y peut habiter , s'il n'eft Calois Grec. Aufli il demeure enuiron fix milles de ces Caloyers en diuers lieux de cette montagne.oùilyaenuiron 24, grands & anciens Monafteres clos de bonnes murailles. Il y a entre les autre deux forts renommez , c'eft à fçauoir celuy d' Vn- topeduôc celay d'^^iM Laura. La Macédoine a 4'. principaux Golphes du cofté de la mer Egée, c'eft à fçauoir le Golphe de Conteftcjle Syn- gitique, autrement Golphe du mont Saind , le Torio- naque, maintenance Golphe d'Ajomama, ôc celuy de ThefTalonique, ouSalonique , outre le fein Pélagique» qu'on nomme maintenant le Golphe d'Armire. Les Pviuiercs plus renommées de Macédoine font outre celle de Scrymon , ou Stromon , fur la frontière de la Thrace celles d'Arius, que les vns nomment Bar- dare, les autres Vardari, & c'eft la plus belle de toutes. Se a vne eau fort douce , qui coulans du mont Scandie après vn Long cours fe vont rendre dans le Golphe de Salonique. Les anciens difoient que les brebis qui bsuuoient de cette eau deuenoientnoires.ll y a encor l'Erigone qui s'appelle maintenant Viftritze , félon Sophian&Deuode , félon Mercator. Cette Riuiere forçant des monts d'Illyrie , ou Efclauonie , & coulant parlaPconie,& du long des Villes d'Heraclée, d'Ede- fe, feva rendre dans leVardare. L'AIiacmon , maintenant Pelecas, felonSophian & PI acamon , félon Mercator vient des monts Ganaluics de Peonie, & fepare la Macédoine de la Thrace. Son Riuageeftextrcmemétmal-aifc. Ontiét que fi l'on veut auoir des brpbis blanches v il leur faut'faire boire de cette eau. La Riuiere de Pence, aujourd'huy Salempirc,& Ly.^ coftome félon Sophian, Pezin félon Theuct> & Azaba- ba, félon Mercator , & quelques autres , eftant groflfie de quatre fîeuues fc, va rendre dedans ce Golphe TheC falonique. • On void auflj en Thcflàlie le lieu de plaifirqueles anciens Efcriuans ont nommé Tcmpé , qui a cinq milles pas de long,& prefque fix milles de large,cftant affis entre les deux montagnes d'OlTe & de l'Olympe, ôc arroufé tout au b«au milieu de la belle Riuiere de Pennée ou Azababa. Il y a cncor le Cherfonefe de Patalcne,en rextremité duquel on void le promontoire Caneftrccniaintenant Capo Caniftro,& ce lieu eftoit autrcsfois fepare du rc- ftede la ^îaccdoine par vne muraille. Les Villes nommées de Macédoine furent autres- foisThelTalonique , Pelle , Stagirc , ApoUonie, Dyr- rachiumjAulon.qui fôt encore à préfet habitées. Thef. falonique fut flori (Tante entre toutes les autres au temps d'Auguftc , & fut la Capitale de toute la Macé- doine, ayant vn bon nombre de peuple, ôc eftant afiife en bon lieu ; entre les Riuieres de Cabris , &d'Echc- dorc. On la nomme aujourd'huy Solonique, & cette Ville cftgrande,renommée,& tellement riche & mar- chande . qu'on la peut comparer à Naplesen Italie: fur tout il y a force marchands qui tiennent toute for- te de marchandife des Indes. Elle fut quelque temps entfe les mains de la Seigneurie de Venife : mais enfin Araurath fils de Mahomet l'ofta à cette Republique. On void allez prés de là le village de Siderocapfe, com- me dit Belon , qui fcmble vne Ville. Il s'appcUoit au- trcsfois Chrifiles. Pèlla, qui fe nomme maintenant Icniza , félon So- phia, & Zuchria, félon Niger, renommée par la nour- riture que PbiJippcs , Se Alcxandcc le Grand' fon fils Aaa 3Ç yprint, Des EfratsduTurc en Europe. foic illiiftrc. Stagire , Vi\\e,oùce 1 canananie.Metcator diuife l'Epire î)8 y printjfut nacresfoisfoiciUiiftrc.Stagi grand Philofophe Aiiftotc prie naiitancc, eftaOis ptcs du monc Athos,au Riuage duGolphede Contele , ou Tcn void encore beaucoup de fcs luïnes. Elle Te nom. memaintcnancStelar, félon Niger, félon Sophian Li- banoua. & au rapport de Nicecas Macra. Apollonieà eftc Ville fore renommée fur la Riuiere d'Echcdore. Ce fut où Cefar Âugufte apprit les lettres Grecques. Niger la nomaoe Cetès,& quclques-vnsPiergo. byrrachium . qu'on nomma pareillement Epidau- me, & qu'on appelleaujourd'huy communément Du- i'azzo,c(l: vne Ville afTifeau Riuage de la mer Ionique. Elleeft fort peu habitée , à caufe du mauuais air qui procède des marefcagcs qui font à l'eniour.Bazazet l o- fta aux Vénitiens l'an mille quatre cents quarante- neuf. Elle eft efloignce de Brindes, autrefois Brundufe, Ville de Pojiile au Royaume de Naples d'enuiron cent mille:La Ville d'Aulon,qui a aufll vn pott cft fur la mer Ionique , ^ fe nomme maintenant Valonne UyavnfortChaftcau : mais le rcfte eft fans mura.Ue. Cette Ville eft cfioignéc delà terre ferme d'Italie en- uiron 60. milles de chemin de la mer , c'cft à fçauoir de la Villed'Hidiondcou d'Otrante. Bcllon met auffi la Ville ^e Cauale en Macédoine, qu'il croidmaU propos auoîi- efté nommée Bucepha- Ic. Il dit quelle eft maintenant fort peuplée ( au heu qu'autrcsfois elle eftoit prefquc defpourueaé d'ha- biiansj à caufc de la commodité d'vneeau de fontai- ne, do0t Abrahin Balia fit refaire le Canal ceignant en mefme temps la Ville de nouuelles murailles, y baftil- fant aulTi vn logis, appellé Chatbacara , pour reccuoir ôc nourfir toute forte de paflans. On met femblablc- jnenr icy Croye, qui eft dans le Pays, non loing delà Riuiere de Rifan , que Sophian tient pour l'Ancigonic des andeni: maison croid qu'il s'abufcpource qu An- tigonie eftoit au Pays d'Epire fur lefleuue Celids , tel- leme'tquece feroit pluftoft Epicarie, félon la fituation que luy donne Ptolomée. Cette Ville a efté rudement aaieocepar les Tui-cs,tant auantScanderberg.ou Geor- ge C^'aftrioc, qu'après la reuolce : & enfin elle eft venue fous leur oui (fance, après auoir enduré mille maux. L'Epire eft vne partie de l'Albanie , &lerefteeft compris en b partie de la Macédoine , qui tend vers la mer Ionique. Caftaldc eftime que l'Epi rc eft mainte- nant le Pays de lanne : mais U ficuacion fait ailétnent cognoiftreqae la Prouince de lanne, ainfi nommée de la Ville de Ianne,eft par delà le monc Pinde de Thelia- lic,Richer=& ^néc Syluius, ou Pape Pie II. nomment l'Epire Latte : mais ce Pays n'cft qu'vne partie de l'E- pire. Cette Prouince a pour fes botnes du Leuant , la Riuiere d'Achclois autrement Afpri , félon Sophian Gathoci faïuaut Nigcr,Aracheus,felon l'aduis de Mer. catoï , & dcCâftalde. Et encore félon les autres A{pro- potamo : du Midy la mer I-Iadriatique,du Ponant l'Io- nique,ju{ques à la Riuiere de Celydne, ou Pepylyhne, que Gaftalde nomme Salnich faulïement : d'autant que Salnich eft pluftoft le fleaue Lous, de Ptolomcc : Car Celynde eft vne petite Riuiere qu'on void près du port deRagoufe encre Valone , & les monts Acroce- rau!iies,qu'on nomme maintenant de Clumarc. Et ce Païs a du Nord la Macédoine. Il s'eftend vers la mer Méditerranée l'clpace de deux cens vingt milles pas , entre les Riuieres de Celydne, & d'Achelois. On diuifqit autrcsfois cette Prouince enChaonie.qui eftoit appellée propremet Epire.& qui tend vers l'Occident &c en Acatnamic , qu on nomme aujourd'huy Duché ou Defpotat, ou petite Grèce, 6c Ce tte parue tend vers le Seii Leuant jufqucs à la Riuie- re d'Achelois. A L- . :■ Gcrbelc met outre fes ProuincesThefprotie, Amphi- bchie, &c Ambracic. &c Pcolomée CaiTiopée. Dolopic, & Almcne , qui font toutes entre la Ghaonie & l'Ai- ^7 ...^..Metcatordiuife l'Epire en ancienne & nou- aclle , nommant vieille Epire, ce que les Latinsnom- moient ainfi,& prenant pour nouuelle la partie de Ma- cedoine,qu'on nomme maintenant Albanie. Les ports de cette contréffontPanorme , Onchef- 1 m^.Caffiope, vulgairement Caftbpo. Buthiro, où eft la I Ville de Battinte : mais le Golphe de Larte, autrcsfois fein d' Ambracie eft meilleur que tout le refte. La Ville d'Ambracie aefté jadis Capitale de tout le Pays,& la demeure des Roys d'Epire. Elle fc nomme maintenant Larte , prenant ce nom dVne Riuiere qui en eft proche.Nlcopoh a cftcautresfois vne bonne Vil- le, & fort peuplée. Elle s'appelle maintenant Preuefc. Auaofte la baftit en mémoire de la vidoirc NauaU qu'il obtint fur Marc- Antoinc.Gcrbele mctaufll Adie Colonie d'Augufte entre les Villes d'Acanarnie. Les nouuelles tables la nomment Capo Figalo. L'Achaye , que Ptolomée appelle Helladc, a main, teiiant le nom de Liuadie aux nouuelles Tables. Elle a pour fcs bornes du Nord la Thelfalic prés delà Ri* uiere de Sperchie, du Sein Maluc,& du mont Oete,di] Couchant le fteuue d'Achelois.du Leuant en rencch't fant quelque peu vers le Nord la m.cr Egée, & la Myt tos,jufqucs au promontoire Suricqu'on appelle main tenant le Cap des Colonnes , à caule qu'on y void le ruines des colonnes du Temple de Neptune & di Midy.elle regarde le Peloponefe, ou la Mbree, qui lu eft conjointe feulement par vn Ifthme , ou deftroU larac defooo.enuiron furfon milieu. le trouue cess Reaions chez les Autheurs.la Dorided'Hellade, l'Ett lie.^lesPays de Locrenfes, & des Opunticns.laPnoc dc,la Beoce,l'Attique & la Megaride. La Doridc eft aOife prés du mont de Parnailc , c eftoit la langue Dorique, qui fut trouuce en"e |« * tre»fort douce & gentille , Gerbele dit que l'Hcll^. eft cnuironnée des autres Pcouinccs, qui4ont du No: la PiniotideduMidy, la Phocide.du Leuant l'Attiqu la Beoce, & du Leuant & du Ponant laDoride. L'Ecohe eft aiTife entre le mônt Callidromc , & mer lonioue. Il y a eu autrcsfois de belles Villes, do la principale eftoit Calydon . qui eft aujourd nuy n née ainfi que les autres. . Le Pays de Locrois & Opuntiens,auoit pour (a pri ci pale Ville Amohitle qu'on met encor auec le mcft nomanx nou)iei!cstabieç,combié que Niger die qu' le fe nomme Lambiao. On metau(ïlencePaysla\ le de Naupade, que quelques autres logent en Etol au port de Lepanthe, qui s'appelle ainfi , à caute^. ViÛc qui a aujourd'huy le nom de Lepanthe. Le ii ofta cette Ville par force aux Venities.au mefme ten oueDurazzeen Macédoine, & Modon.autresfoisR thone,& Coron furent réduits fous fapuiifance. LaPhocidecft prés du mont ParnaiTe. Sa princif Ville a efté Delphes, à caufc de l'Oracle d'Apollon, ^ conduifoit beaucoup de gens à aller leconfulter , p( ce qui leur dcuoic arriuer i & ce fut auUi le fujet p< lequel tant de pcrfonnes y cnuoyctent tant de ptcl ineftimables. ^ , , La Beoce auoit pour la principale Ville I hcoes,a fe entre les Riuieres d'Umene , & d'Afope, & maii nant l'on nomme les ruines Stibes, ou Thiua. L'Attique eft toute du long de la mer.vers laqii elle s'eftend auec deux Caps , dont l'vn eft nomme rie, autrement Cap des colonnes, & l'autre CynoU La Ville d'Athènes eftoit autrcsfois Capitale de c Prouince. Elle porte aujourd'huy le nom deSetii & n'cft plus qu'en bourg, où H y a vn Chaftcau , eftoit jadis le Temple de Mincrue.^ La contrée Megaadcqui print Ion nom de la V de Megarc, eft aOife prés du deftroid. Les montac plus renommées d'Achaye font celles Parna Citheron , Hclicon & Hymcue. P^inallc clt 1 DesEilats du Turc en Europe. entoure de forefts,& a deux fommets.Citheron eft vne montagne haute , rude , &mal.ai(ée , contiguèaux montagnes de Megare & d'Atrique. Les plus fameufes Ri uiercs de ce Pays font l'Ifmcne, que Strabon appelle Cnopc, & après rAfopie , & l'E- uene. Il y a auflî plufieurs feins, ouGoIphes, dont les plus remarquables font du coite du Midy , vis à vis de la M*rce.- c'eft à fçauoirle fcin Naupade, ouGolphe de Lepante>&lcSeinCorinchiatiqup. Et vers la mer Egée, il y a le Sein Pclafgifqucmainteiîât le Golphed'Armi- tc&leSeinMaliac, &aujourd'hny leGolphc deZirô. LePeloponcfe fut jadis appelle Egiale,Apiej Argios, & Pelafgir , & aujourd'huy on le nomme communé- ment Morée. Il eft aflîs entre la mer Egéf & l'Ionique, &n'eftjointeàrAchiequeparlefeullfthme , qui eft lî folide > que aucun ne l'a peu encore couppcr : Car quelques Princes curieux, comme le RoyDcmetrius, Iules Ccfar,Caligule, Néron, & quelques autres l'ont voulu feparer de tout le rcftede la Grèce , afin que la nauigatiô de la mer Adriatique à l'Egée fuft plus cour- te, & moins penlleufe, ôc le Peloponefe fufl plus af- feuré , à raifon dequoyl'on a quelquesfois drefievnc muraille fur l'Ifthme depuis vne extrémité jufques à l'autre , du dcftroid de terre, afin de rendre la Mo réc plus forte. Ceftc muraille eftoit nommée Hcxamite , & auoit de longueur cinq milles : Amurath Empereur des Turcs l'abbatit , &c farcagca toute ccfte prcfqu'Klc Mais l'année 1455. elle fut rebaftieen quinze jours par les Seigneurs Vénitiens , qui y enuoyerent exprciîc- ment3o. mille-hommes pour yirauailier : toutesfois elle fut enfin ruinée par les Turcs : Cet Iftime Ce nom- moit Corinchiaque. à caufe que la Ville de Corinthe y eftoitbaftie ; c'eft véritablement le plus fameux de- ftroid: de terre qui foit en toute l'Europe. Au rclte la Morée a du Leuant la mer Cretiquc , du Ponant la mer Ionique , & Adriatique , du Nord Iç Sein de Cotinthe, Se que Strabon appelle la mer Cryf- fce, & Alcyonique, & Solphiem Goiphe de Patras, ôc pareillement le Sein Saronique , nommé par Caftaldc Goiphe d'Engie , & c'eft entre ces Goîphes que le de^ ftroiâ: eft poié. Et quantau coftédu Midy le Pelopo- nefe à la mer Méditerranée. Sa lôgueur depuis l'Iftnve jufques à Modon,eft de cet fèptantecinq milles,& fon circuit d'cnuiron 600. Il eft. fort capable à caufe de fa figure qui approche de la rondeur : car il rclfemble fort à la fuèille d'vn PUntan, ou Plane. LesArcadichs , Cynuricns, Dcyopes, Lemniens & Corinthiens ont habité ce Pays. Cefte prefqu'Ifle eft comme bouîeuart d.e toute la Grèce, & encore c'en eft aujourd'huy la partie la mieux peuplée. Elle a efté fort renommée à caufe de la Ville de Mycenes , & des Republiques & Principautez des Argiues , Lacedemoniens, Sycioniens, Eliens, Arca- diens,Pyliens,& MelTeniens. Mais aujourd'huy tout ce Pays eft fuje£t au Turc de mefme quç lereftedela Grèce, combien qu'il ait efté opiniaftrementdefFendu p»r quelques Defpotes , ou Seigneurs de Gjrecc, ôc par les Seigneurs de Venife. Les principales Riuieres de ce Pays font Afope, maintenant Acbon, félon Thcuct, Encie , aujourd'huy Igl^ac, Alphée, maintenant Rophea, ouOrphcau félon Sophian , &c Niger , & Carbon, Ci l'on veut s'arrcfter " aux mariniers Italiens. Il y a 140. petites Riuieres q^ui fc vont rendre dans ce fleuuc. Panife,queNigernommeStromio, &: Caftaldc, & MercatorPirnazcEurotas.aujourd'huyBahfopotamie, félon Sophian,Mcrcator, & quelques autrcsimais Iris, félon l'opinion de Niger, ôc Inachus, qui s'appelle au- jourd'huy Planiziç. . . S59 Le Pays de Corinthe eft du long de l'Ifthme. Il auoit pour fa Capitale Ville Corinthcde qui lecircuit eftoit d'onze milles : & cefte Ville eftoit forte parle moyen d'vnChafteau qui regardoitla mer Ionique- Le Pays d'Argie fuit celuy de Corinthe du cofté du Leuant, oiilamcr Cretiquc vient moiiillcr le bord de la contrée. Ortelius dit qu'on la nomme aujourd'huy Romanie. . LaRiuiered'Inaquc, oudePlanizzey palfe , & fe va rendre dans le Sein Argolique , ou le Goiphe de Na- poli,ainfi appelle à caufe d'vne Ville maritime, qu'on nomme Napoli,ou Napies de Romanie, autres, N4«. fliaNauale. La Ville d'Argos eftoit jadis la plus renommée dé cefte Prouince. Elle s'apclle encore aujourd'huy dé mcfme,& eft affife en vn lieu fort agréable , arroféc de^ iaPlanizze. \ La Ville d'Epidaure eftoit pareillement i<;y,&: c'cftoic celle qui Ce rendit renommée par le Temple d'Efcu- lape , oii tant de malades reccuoienc prompte gueri- fon. Le Pays Laconique cxpofé au Midy,cft le plus beau de tous,& s'eftend vers les promontoires de Miiée, 6c Tcnazic,maintcnantGapoMalio,&Capho Metsphan, Sc embralTc plufieurs beaux Seins, ou Golphcs je plus large defquel? eft celuy qu'on nomme LaconiquCiau- jourd'huy Goiphe de Golochine. La Riiiierc d*Eurotas , maintenant Vafilopotamo, paiTe parle milieu de cefte Prouincc , ôcCcva. rendre dans le Sein Laconique. La Ville de Lacedemonc eftoir Capitale dp cçfte Prouince. On lanommoit auŒSparte, & maituenant elle s'appelle Mifithre. On void au/Iî vne autre Viik d'Epidaure , au Sein Argolique, autre que celle qui eft au Varonique.EIlc eft encore alfez peuplée, & fc nom- me Maluafie. Le Pays des MelTeniens eft enferme entre le Sein Mclfencin, maintenant le GolpheCoron-,(5c par ia mer Ionique. Il s'eftend en long vers le Midy , & la Lybi- quc. Sa principale Ville eftoit Mifîenes , que CaiUde appelle Martagie , Ôc quelques autres Mofenigue . Ôc Nifin. C'eft eh ce Pays que font les fameufes V>îlc de Methone aujourd'huy Modon , demeure d'vn Saîigtac Turc , & Caron , lefquellcs deux Villes onteftépri- fes parles Turcs , far les Vénitiens : puis on y void Pyle : maintenant Nauarrin ; Cyparifti,mainten3nt Ar- cadie , qui faid nommer le Sein qui luy eft voihr!, Goiphe d'Arcadie. Il y a en ce Pays vn Cap difficile & fafcheux autresfois nommé Coryphrafe , ôc mainte- nant Capo Zunhio. L'Eiide regarde le Couchant , & eft pofée entre la Mclfenie,rAchaie, &rArcadie. Ses meilleures Villes eftoient Elis , quequelques- vns difcnt mal à propos, auoir aujourd'huy le nom de Bcluedcrc : Olympic, maintenant Lareganico ôc Pife> que quelques-vns veulent cftrc mefme chofe quO- lympie. jLe promontoire Chelonite appartient auflî à ce Pays. On l'appelle aujourd'huy Capo Torccfe, à caufe du nom d'vne Ville qui en eft fort proche. Il y a vn autre Pays du Peloponefe , qu'on nomme proprement Achaie , pour le diftingqer de celuy qui eft dans le continer^t de,la Grèce qu'on nomme autre- ment Heellas. Il eft af^s du cofté de Septentrion entre la montagne de Scimphale , & le Sein Corinthiaque- ' Sa principale Ville fut Egirc , affife fur vn coftau rude & mal-ailé. Elle eft maintenant ruïnée,&fe nomme Xilocrafto. On yoyoit icy pareijlement la Ville d'Egie, appellée par les Modernes Voftize, ou Boftifan , & ruinée nar les Tares, ^ Âaa La Des Eftats du Turc en Europe 560 La Ville dePattâs fc void aufïï en cefte Prouince. Et quant a Dyme , elle elle maintenant abbatuc & le nomme Chiarenza . comrruniquant Ton nom au plus prochain Cap > qu on appelloitautresfois le Promon- toire d'Acaxe. „ . v • ^ On void icy le Promontoire Rhie , & vis a vis ci- luY d'Antirrhie , qui font deu3^ Caps de la Grèce qui enferment le Sein de Corinthe : & ce heu fe nomme aujourd'huydeftroitdesChafteauxdeLcpante , &les Caps font appeliez Chafteaux dcLepantc vulgairemet Dardanels. , , Le petit Pays de Sycione eft entre l'Achayc propre- ment lite, de la Riuiere d' Afope. Sa principale Ville eftoit Sycion , aujourd'hay Bafilique, félon Sophian: Mais Mercator met Vafilicont en fcs tables la diltin- Puant de Sycione , d'autant qu'il les met tous deux. L'Arcadie, jadis auOiPelafgiceft au milieu du Pelo- ponefc. Ses montagnes plus renommées eftoientCy- lenc,Pholoé,Licée,Mcnale & Paithcnic. La principale Ville de ce Pays eftoit Magalopolis.au jourd'huy Lcon- tari fi nous nous arrefto^s à Sophian, & Loudario, & fi nous croyons quelques autres. ,i A Près auoirdefcrit le plus exa6tementqn^l nous ' A a efté poffible , en telle forte que le Ledeur ne ^^il^receuoirdel'ennuy . il nous faut confiderer la qualité de tous ces Pays y dont nous auons fait cy dc- uancquelque mention. ^ .i.i>p„ Ce Pays furpalfoit autrcsfois tous les autres de l bu- rope en température , & bonté d'air , & fon terroir eftoit meruéiUeufement agréable, portoit toute (ortc de fruits . nôurriffoit force troupeaux de beftail , les poilTons abondoicnt en fes mêrs , & en fes Riuicres, Se toutes richeffes fondoient eti ce lieu par manière de dire, pource qu'on y peut aller aifément , à caufe d vn orand nombre de Golfes, ck port d'iaes de pref i 3i grand nomore ae ouiic^ , «w'p- ^ . quilles , & de tant de fleuucs nauigables. Mais u faut confiderer l'eftat prefent de toutes ces Proui nccs. ahn de fcauoir s'il répond à cela y du temps palk. La Macédoine eft fertile de tous coftcz, & en«»ron- nèc de grandes montagnes. Ce qui eft ducofte dela mer Ionique eft plein , mais fort couucrc de torelts. ^ Toute la partie qu'on nomme Albanie eft aOrz gra dc,maisfemle& bien agréable. Dauantage elleporte de l'or & de l'argent , & mefme félon le temo>g4.age d'Anftote , ony trouua jadis vne efpce aorqui eltoit incosneuè. . . , , - On tire éncor de l'Afphalte des vc.nes de la t^erre affez près des ViUcs,d' Apollonic,& d' Aulon.ou la Val • loiinc. ..ni n La Thelîalir, ou Cortenolitari eft la meilleure con- trée deMacedoine,veuquec'cft vne fort grande plei- «e toute entourée de hautes montagnes de fort gr?nd rapport,& merueiUeufcment agréable, & ou il fc nour £it des cheuaux qui font beaucoup eftimez. Le mont Olympè porte grande quantité de bois A de lauriers , Se l'on tient qu'il ny a nuls loups en cefte inontssne. . „ j • Lemont blTeCollono,ouOlireeft couuertdene.- oe,& de grandes forcfts, & il y a principalement tant Îepn7que"les branches , lors que le vent ^ouftle font vn bruit fembiable au tonnerre. Le mont P.nde eft aufli fnjet à eftre ordinairement couuert de neige. Quant au mont Athos , fon plus haut fommet èlt conlrnucUement blanc , & la neige ne s en retire ja- mais 11 y a de l'herbe en grande aboadance,bcaucoup déplantes , & vne infinité d'arbres fruitiers. Ony voit auOl grade quantité de vigne & d'oUuicrs & beau- coup d'autres arbres, qui font continuellement verdi, céme les Lauriers des Oliuiers lauuages.& des myrtes. La vallée deTempé eft toufiours merueilleufemelil agréable. La Cherfonefe de Patalene eftoit jadis H fer- tile qu*il y aùoit fept Villes : mais maintenant elle eft toute couueite de bois , & ne rapporte que bien peu de chofe. Près de la Vallohe on tire du fel minerai en abondance , & le terroir y porte d'aufti bon vin qu'on en puilTeboire en aucun lieu d'Europe. , Quant à l'Empire, il eft aujourd'huy fort depeu^^lc, «5 Se fon Pays eft ftcrile , ôe plein de forefts en beaucoup d'endroits : toutesfois eti tirant vers le Riuage de la mer,il eft d'affez bon rapport. U 7 naift auffi de gran- des beftes à quatre pieds , principalement des bœuts, des chiens, de melme que les moutons:maîs oh y void naiftre nul afne. Les monts Actocerohes fontlujetsi cftre frappez de foudre , & fort redoute^ de ceux qui voyaient fur la mer : car toutes & quaniesfois que l'on voit cHeuer de petites nuées,il fc Icueen mefme icmpâ de grandes tempeftes. , ^ Pour le regard de l'Attique, fon terroir eft mainte- nant fec.& aride : mais du temps que le pays eftoit gou- uerné par les Originaires , ce deffaut naturel eftoit re- paré par l'induftrie , & la diligence des habitans, qui tiroient de leurs Pays fort bonne prouifion de ce qui eftoit neceffaire à la vie : l'air y eft extrêmement douX & tempéré . ôe il y fait auffibon demeurer qu en lica que l'on puillechoifir. . LfcPays deBeoce a fon terroit humide» Scmareica* peux , rnais gras & fertile. Pource qu'il eft aJis au mi^ lieu des montagnes , d'où fortcnt plufieius Riuieres, Lacs,& marefts.l'air y eft groffier au polTlblc. La Prouince Doride jouyt d'vn aflez bon air , & lort terroir produiroit adrz de chofes, s'il eftoit bien culur né • mais maintenant que les Turcs en font Maiftres. tout y va en décadence , & la plus grande part des ter* rcs eft en friche. ^ ^ Quant à la Région de Megare , le Pays eft afpre. L* mont de Parnalle eft tout couuert de forefts , & les fommets de neige.Le mont deCytheron porte du bon en abondance. Mais la montagne d Hymettc a le meiU leur terroir que l'on puidevoir , & qui eft capable de porter toute forte de fruits. U y a grande quantité de fleurs ordinairement, ôe grand nombred abeilles qui le vont fuccer , qui tirent delà vn miel excellent, qui eft tant loiié par Alexandre Aphrodifee. _ Le Peloponefe abonde en toutes chofes qui lont necelfaires à la vie , & qui peuuent mefmcs ferme aijx délices , car il y a de fort belles pleines , & des coftaux qui portenr toute forte de fruifts. Auffi c eft encorcs aujourd'huy l'endroit le plus peuple de U Grèce» . . , , j* Le Pays de Lacohie eft le plus beau de tous ceux de là Morée : il Y a de grandes campagnes labourables» qui font fertiles , mais mal-aifces à cultiuer , pource que le terroir fc courbe entre les montagnes , & 1 on Y réconcre de l'afpreté à caafc des coftaux qui l euiron- nent. PUne alfeure que la terre trCmbloit bien fouuent en ce Pays . ce qui fait paroiftrc qu'il y a force lieux creux-. , ,v - j- , Le prômôbtoire de Mallée eft tellement fafchcux, & la m^r qureft autour eft tellement agitée des vents, qt.è ceux qui voyagent , le palTent fai fans vn grand tour,& s'ils en Violent autrement, ils courroicnt plus fouueiu giànde fortune. , r , Qu^ntauPays d'Arcadie , il eft plus afpre que tciH lereltede la Morée : il eft femblablcment hoid, & lu. jeft a dé grands brouillards.Pline dit qu'il fe faifoit er e Pays certain vin qui rendoit les femmes féconde: ce rays tcivam vu. •^i... — . ôcks hommes enragez, ôe les fruits, ou graine Je ur ou'on cucilloit en cefte conticc eftoicnt h venimcates Le quiconque dormoit fouscét arbre , ou mangcoi de ce mauuais fruift, vcnoit à mourir. De^Eftats du T Marurs anciennes. î auons mis la Macédoine première X en la defcription de la Gtccc.il nous faut auflî con- (îdcrer premièrement les anciennes mœurs de Tes lia- bicans. Les Macédoniens ont efté grands guerriers , ainfi que l'on peut juger aifément par les conqucftes qu'ils firent fous Philippes , & encore plus fous Alexandre le grand. Que fi ce Royaume a produiél force hom- mes guerriers , les lettres y ont aufli en grande cftimc: ce que l'oir peut cognoiftrc aux Epithetes que les fça- uans > nommément les Poètes donnèrent aux Mufes, vcu que l'on trbuucra que |es lieux plus fignalez où ils ont eftably le fcjourdes Mufes font en Macédoine: Car elles ont efté nommées Pimpleides de la fontaine de Pimplée, Se Libetrides, de la Ville de Libetre, affife, fur le mont Olympe : d'auantage , Ariftote feul qui print nailfance en la Ville de Stragire en Macédoine» nous feruira de garant pour ce regard , puis que l'on n'a jamais vcu homme plus comblé de toute lorce de fcience. Les Macédoniens ont. efté fortfomptueuxen leurs faftins: ainfi qu'on peut voirenAthcne > lors qu'il fait mentio'n des nopces de Caran premier Roy de Macé- doine j aufquelles chaque eftranger reçcut à fon parte- mentvn vafc d'argent en pur don : car extraordinaire- mentcn ce temps là.vne petite magnificence eftoit te- nue pour cho(è rare. Quant aux Thefialiens qu'on loge en ce Royaume, les anciens Autheurs ont remarque qu'ils eftoient trompeurs , & qu'ils ne gardoient prefque jamais la foy qu'ils auoieni promife. D'auantage ils eftoient re- marquez pour les plus diirolus des Grecs > non tant ea habits, qu'en feftins, & le feuldefir de viurc licenciçu- fement, & fansauoir des voifins , qui les blâmafteiit» fut caafe qu'ils furent enclins à receuoir en leurs Pays les Perfes, qu'ils imitoient en délices , auffi tafcherent- ils par tous moyens de les introduire en Grèce. Us eftoyent pareillement accufcz de grande gour- ^andile, & tenus pour hommes,qui nepobuoycnt ja- mais eftre raftaficz. On les tenoit aufli pour tellement addonnezàla paillardife^ que leur débordement a efté blafphemé tout ce qui Ce peut par ceux.qui ont efcrit de leurs façons de faire. Mais tous ces vices n'empef- chcrent pas qu'ils ne fuflènt vaillans hommes , &tels qu'ilsorii fait fentir aux Grecs, que Icijr diftblution ne les rcndoit pas fi mois & fi lafches qu'on les eftimoiti & que leur bonne chère ne les rendoit pas incapables de manier les ai^mes, & de battre ceux qui fe penfoient eftre plus braues que les autres. Us firent cognoiftrc cecy aux Peloponefiens com-. battans contr'eux en faueur des Athéniens : mais ils curent ce mal , que ne pouuans oublier leur naturelle inconftance.ils^trahircnt leurs amis> & (oufFrirent que les Athéniens furent deffaitspar ceux de Lacedemone non fans vn grand blâme de la Caualerie Theffalienne, qui eftoit renommée entre toutes celles de la Grèce. Ceux qui dcmeuroyent en la delicieufe vallée de TenBpé,& qui fetcnoycnt nommément du long de la Riuicre dePene, s'aflembloyent fouuent,faifoyentdes facrifices aux dieux , & banquetoyent tous de compa- gnie,ayansmisfinàleurs fols Offices. Et d'autantqu'il yenauoit toufiours quclques-vns qui ofFroyent aux Dicux.& facrifioient en ce lieu : ceux qui voyageoient fur celte Riuierefentoient toufiours de bonnes odeurs, paflTans du long de ceftc vallée , & c'eftoit auflî pour- quoy l'on honotoit ce lieu , & qu'on refttmoit facré aux Dieux. En la Ville de Dion^felon Polibc, il y auoit dé belles Efcolcs , ce qui monftcoit afiez qu'ils eftoient curieux urceuKuropé. yêi d» bonnes lettres. L'idole à qui l'on portoit plu< d'honneur en ccfte Ville.eftoit ccluy d'Adonis,& cecf tcmoignoit combien fes Citoyens ^rifoient les dehces de l'amour. ATricale on honbroit EfculapcSc l'on y voyoit vrt Temple fort magnifique , bafty à fon honneur , & aii dedans vn nombre infiny de Tableaux où eftoyent les noms & les portraits de ceux qui auoient efté deliurez dediderfes maladies de ècmalin cfpi it, Dieu permet- tant que le Diable fit des miracles en fon règne, &par- my ceux qui s'eftoieni attachez à la creatice de fon poii- uoir. , , Quant à l'Epi re , on tient que les Chaoniens fortî- rent jadis de Thracè , Se ccux-cy furent tiiis entre les^ plus barbares. On dit aufli que la Prouince de Chaonie fut ainfi nommée, à caufe que les Habitans tenoyent ordinairement la bouche beante,& cntr'ouuerte. Les Acarnaniens portoicnt ordinairement vne lon- gue cheuelure i & ne la faifoyent couper en aucune forte. Ils eftoyent tenus pour bons coureurs & bons me- neurs de chariots , furlefquels on combattoit. oii l'o^ alloitaux courfes 01^mpiqucs,commeon voitcn Pau- fanie, qui fait gagner le prix à yn Arcananien, nommé Polyde, non àlareulecourfed'Qlympic , maisencoc en la Pitié, Iftmique& Nemée. On attribuoit encore à ce peupleladcxccritcde bien tirer de la fonde. On tenoit aufli les Acarnanien* pour fagcs & bien aduifcz • qui auoient bien drelfci'Eftat de leur Police : defortè qu'il y en a qui difcntqu'Ariftote fit cçnt cinquante huiâ: liures fur le feul fujet du Gouuernement, S: deS Loix de cefte Nation : mais les liures fe font perdus auec la Police. En Epire on voyoit aufli l'Oracle de Dodonc , au- $9 quel on accouroit de toutes parts. Hérodote dit fur ce fujet , que les Pteftres de Dodone difoient qu'il fortic anciennement deux colombes noires du Pays d'Egy. pte,dont l'vne vola vers l'Afrique , & l'autre tira vers i'Epire , Se que cefte dernière s'arrcftantfur vn Heftrè parla en voix humaine , difant qu'il falloit drefler vri Oracle en ce lieu \z,Sc qu'elle leur declaroit la volon- té des Dieux,ainfi qu'elle fit depuis. Il adjbufte après que c'eftoient des femmes , que les Dodonêens receur rent d'elles les réponces de leurs Dieux. Le bois de Podooe donna lieu à cequ'on dit.que les hommes atl commenicementviuoicnt deglands,à caufe que les Pe- lagicns fe teoans en ce lieu , & n'ayans encof l'indu.» ftfiedes'aider du pied & en faire du pain , s'aidoient . desfruidts des arbres , & pource que le gland leur eftoit plus à commandement en ce lieu que tout autre fruifStjils en tiroient leur nourriture. Ceux d'Ambracie auoiécvnèLyonne pour leur dé- efle qu'ils honoroient , pource que Periandre Corin- thien tyrannifant jadis cefte Ville , fut mis à mort pat vne femme qu'il cntretenoit , qui pôrtoitlc nom de Lyonne,& par fon moyen les Ambraciots furent deli- urezdes cruautez, & fureursde c6 Tyran. Ilseftoyenc au(E fort curieux , ainfique Phnc nous aprcnden fori hiftoire naturelle lors qu'il dit , que Fuluié Flacqué Capitaine Romain ayant pris Ambracie , emporta le* effigies des neuf Mufes qu'il y trouua , merucilleufc- ment bien faites de la main de Zeuxis,cxcellent peintre de fon âge. ' ^ Venons maintenant à l'Achaye. Les Do rien s font * eftimez après lés Pelagiens les plus anciens de la Grèce:' de fortè que Pline ôfe pommer tout le rcfte de cequî porte le nom GrecBarbare, fauf les Ionien,s,.Doriens; & habitans d'Etôlie. Au^ les loniçns & Doriens font ceux qui fe font faits renommer plus que tous les au- tres peuples dé la Grèce, &^ui ont conduitplus de co- lonies en Payséftrange , comme ayant furmonrévnè partie de l'Afî4& s^eftantfait cognoiflieen Sicile: its Des Ellats du Turc en Europe. V ^ 1 . 1./- », -;n-,,, Les Donens ont coudait de leacs Citoyens à Calce doinc , Ville baflic lur l cmbouchcure de la mer Ma- toar , ou Pont Eujdn : ils ont eaé fortaddonncz aU gucire. vaillants, &hardis entre tous les Grccs:ils por- toient fur les motions &boaigaignottes des crcltes, d'où pcndoient des queues de cheuaux.qu'ils agcnçoi- umce de Bacchus . IcSecretainfe-tenoitàlapdrteduTemple auec vn fouet en la main, & crioit qa il n y euft (crt, ny femme efclaue. ny Etolien. ny Etolienne , qui prit la hardielTc d'enfrer aux licuîi falh^ tandis queleslacri- écès fe feroicnt. ,, , A Platées , on ordonna pour perpétuelle me- | inoire delà vidoire obtenue fur les PerGns, la fefte de , laDeUurance . & l'on d^'-'^^'^ ^''"^f ?f ^^'P/;';.^!^^^^^^ i therie, ou Libérateur , aulieuo^. k B.caules eftoit donnée, où les Grecs s'aiTcmbloicnt toutes les années, & s-exerèoient a la conrfe tous armez . a l honneur de leur Conferuateur . & ily auoU vnprix affigne pour ceux qui vainquaient les autres a la courte. On adora premietement à Orope cét Amphmae Thcbain.qui fut cnglouty tout vit pâr la terre, ÔC après eue lesOropiens l'eurent ed.fié, tous les Grecs rend ^ rent des honneurs diuins à ce Deuin , a c^ai 1 on d^d.a vn Temple, & des jeux, combats qiii furent nommez Amphiaraes» . , t ■ ^ Ceux de Me^ate adoroient l'idole de lup.ter . ou ils àuoientauOi bafty vn têmple à la nuicb . qu ,ls hono roient commeDeeOe.Ils adoroient auftl lup.ter le pou- dreuxa-oratoire duquel n'auoit riu le coancrture^on plus qu'à Rome celuy qui cftou ^ed'e au D.eu Terme- Pôur le regard de la Morée , on fçait allez combie.i ksCitoyensdeGorintheonteftévamans.^com^^^^^^^^^ ils ont aymé & défendu leur liberté , ils ^doro.em la DeelTe Venus. & Ifis y efto.tauffilionoree en vnbo.s où l'on luy faifoit des facrifices. Oa y a de mefme ren du deshonneurs diuinsaux 9'^i°P'=^;;"^^;^'J^ H uteT nnch.ens baftirent vn^Temple & f-^^^^'^/j^^^^t fur lequel ils leur facnfio.ent. Ils auoient encor n l.eu foufterrain dediéàPalemon^ouilscroyo.ent ^u > s'eftoit caché. Ce lieuferuoit pour faire ^^^^^^ Chofesdouteufes . & quiconque fe par,uroit ( d. l au fanie) fut-il Connthien.ou eftWnger, ne pouuoit eui- terlapunition defon parjurement. Mais pour reue nirà Venus, quenous auons dit y auou cftc honorée, on pouuoit paillarder dans fon Temple fans crainte u é- ilre puny , ôc la ébuftumc du lieu eftoit telle , qu'or, y nourriflfoit jufqu'à mille femmes dcfbauchecs»quls a bandonnoient àious ceux qui vouloient âuoit |ôUiU» fance d'elles. . Les Corinthiens quoy qu'eftimeîî bons guest etS, eftoient toutesfois tantaddonfiez aux deiices.qaeleiît moUelTe fut caufe de la Loy publiée àLacedemone.quê nul eftrahger y fuft receu .ou communtquaft âuede» Spartains , pource que par le moyen de UccointàRce des eftràngers , la Ville de Corinthe eftoit tombée eti cefte corruption des moeurs. .^^'^^^\»A, Les tre7,enicns auoient vn bois , & vnl emp edf, diez à Hippolite.où l'on luy faifoit des fachficeUl n y auoit fille prefte à marier.qui ne fuft obhgee P^ï L^ Y des Trezeniens d'aller oflcir facheuelureen Ce TempU auant qu'efpoufer ; & Lucian adjoufte qu'il fallolt qu« ceux qui eftoient en adolefcence ofFrilTent la ptemle* icdefpouille de leur barbe. «^f Les Lacedemoniens eftoient braucs, vaillattS âU pol- fible , comftie ils monftrent par la longue authotUc 1 qu'ils eurent fur toute la Grèce. Auffi «^'eftoient nu • 1 lement addonnez aux chofes qui leur pouuoienE ap^ ' porter de la moUeff. , comme nous ferons ^^on^^^f cours particulier de leur gouucmement. îl. abnlen certaines feftes Gy mnope.lies , oU des eftoient les plus lolemnellcs de toutes , ^^^'^'^'^^ hommes y dançoient tous nuds en l'honneur d Appol^ lon.lls adoroient les Parques,& eur aument ded.é vU Temple au heu le plus apparent de la V.lle. U y liWU S Sparte vn lien nommé Ej hebée, oùles )Cuncs hommei ii,moloient à M.rs vn petit chien . ^«f ^"^^f f^f^ viftime luy eftou du toi^t agréable , & ce faer^ce ft faifoit denuidTand.s q"-c")eunes-genseftomu^^^^^ tentifsà leur facrîfice, ils faifoient battre enferttblfdel raneliersqu'ihauoientappriuoifez.&lorsqu-llseôti». baao.ent^au lieu des exercices , ,1 aduenolt le pluS fol*, uent queceluy dont le fangUer auoir vaincu les autres, enipnttoitlavi£toire fur fes compagnons. Ce lieu où les jeunes hommVs combattoien efto enuuonné d'eau comme vne Ide, il y -^P:5f.P;; deux oon.s.en-l'vn defquelston voyou l'effig-e d Herj cuîc. & en l'aune «He de Lycurgae Ils y venoient paf bande, dont IVne ello.t pour aftailUr ' ^'-"^P^^ fouftenir. Us combltioient là à coup Je pic* . poing.fans erpargner aucunement le viUge,employanï les onoles,& mefmes Us dénis e^ ce combat. llsauoicntvneftatuèdeMats, f^^T'^t^lZ pieds,afin.comme ils difoient. qu'il ne s enfui deU, Ville , & allaft fauorifer leurs aducrfaires. Ils n afte aïonnoient guère les lettres, & s'ils J^" Ole des Mufes . ceftou pource qu'ils aymoient la M« Lue... marchoient au combat au fon des flûtes. Ils n^lnoient plus pour auoir lignée, & afin d auc de Otoyens qui fuiuilTenc les armes . que pour aucifl Sng^u'.heu(rentdelachafteté,a.lesfem^^^^^^^^^ ent tellement honorées parmy eux que les mâris k apc ;étdamesôcmaiftreffes.Onfa,i0itaCcouftume ^exercer les filles à la courfe, à l'efcrime, au ,ea de balle de fer , au trait & au jeu de Zahayes , ou lane. eayes , aQn qu'oubUant la dclicatelfe ordinaire aesD. LL,eUesre\endUrentplusrobuftes^plnsprop^^^^ foufFrir le trauail de l'enfantement. Elles se.erç.^ toutes nues comme les garçons .ch=(htant, ^ dançai en certaines folemnitez en la pre.ence de cun hommes de leur âge, & quoy quelles falTcntainJ d. couuertcs , fi n'y rematqUoit-on r.en deiafcif venoit cefte gaillardifev^ promptuuoe des D.wts Lacedemone , qui eftoient piuftoft meures 6. propr au trauail qu'aucunes de la Grèce. Les filles preftes à marier efto' ent raaty pa? ^ui les dcuoient clpoufVt , 6c le ,ot,rs dc^nop< Des Eftats du T Pcpoufée ayant efVé cond(nte en la chambre de fon époux, on luy rafoit les cheiictix , ;;uis à h venue de l'efpouxonluyoftoit fa ceinture, 6c il luy eftoic feule- ment permis d'cftre durantlanuidlianecelle. Les vieillards qui fc voyoienc inhabilles à faire des enfans pouuoicnt donner leur femme à quelque jeune hoœmcbon & ve.tucux.pour en auoir lignce,& quoy qu'elle fuCtgroife du fait d'autruy, lîcft ce que les en- fans eftoientau mary, fans qu'on leur en peut faire re- proche. Us femocquoient de quelques Nations , qui fuppofoicnt tantoft auec argent , tantoft d'autre forte, des chiennes,& des jumens aux bons animaux de leur efpcce , Se tenoycnt cependant leurs femmes en feure garde:car quant àeux.fLiirent-ilspuifrans ou foibles,ils ne vouloient eftre fans lignée. Les femmes ne lauoyent pas leurs enfans auec de l'eau, ains le vin en faifoit l'of fice, à caufe que l'eau refout les membres, & les affoi- blit. Elles n'enueloppoyent leurs enfans, & ne les te- noyentdans des berceaux, ou des langes, & les accou- fturaoyent aux ténèbres, & à la folitude. Cela faifoit que plufienrs eftrangeis pourchalToyent d'auoir des nou rriccs de Sparte pou r nourrir & efleuer leurs enfâs. Tout le peuple eftoic diuifé en trois rangs & ordres. Chaque ordreauoitfon mot particulier.vcu qu'aux fe- ftes folemnellesles plus anciens difoienten chantant: Nous fufmes jadis fort robuftes & jeunes: & ceux qui eftoient en âge parfaia:,& en leur plus grande force les fuiuoient, difans, Nous fommes jeunes & puilfans , & prefts à en faire l'efpreuue. Lors les enfans venoicnt à dire. Nous ferons auffi bons & gaillards que vous,& mefme vous furpafferôs tous deux. Piutarque dit qu'é- cor de fon temps les Lacedemoniens vfoient de cer. laines chanfons fur leur» flûtes quand ils marchoienc en Bataille. Et quant à cet vfage de flûte au combat, ils ne l'aqoient pas introduit pour donner du coura. ge à ccuï qui alloient combattre : mais afin que par le moyen de cefte douce harmonie ils marchaffent d'vn pas égal , & s'allaiTent prcfenter à l'ennemy fans defor- dre, ilsaymoientaupoOible la briefueté du langa- ge, tellement que le Ptouerbe du parler Laconique cft rncore à prêtent en vfage; Si je voulois rapporter icy tout ce qui fe pourroit lire des mœurs & couftumes anciennes des Grecs , je mefcontenlerois le Leâreur.en m'elTayant de luy fatis- -aire : Ci bien que je trouue meilleur de quitter le refte, juifquc j'ay mis en auant le principal , & de venir aux Tiœurs de ceux qui font aujourd'huy leur fcjour en Grèce. urc en r.ut*opë. Mœurs de ce temps. LEs Grecs qui font maintcnant.fetrouuét réduits àvne mifcrableferuitude, excepte bien peu , qui obeylTent encore à la Seigneurie de Venife. Car le Turc rient encor la plus grande partie de la Grèce , tant en terre ferme, que dans la mer,& les lieux qui recognoif- fcnt les Vénitiens ne font qu'illes , comme , Corfou, Ccphalonie,Zacyncge,Caadie, & quelques autres peu confiderables. Ccùx qui font fujeds aux Vénitiens viuent plus doucement, pour le regard de la Relig!on,comme die Won, que les autres qui obeyiTent au Turc , & en les confidcrant tous deux , on trouue que ceux qui font fonslcs Vénitiens viuent à la façon de leurs Seigneurs, comme auffi ceux qui fe trouucnt engagez fous la do- fnination des Turcs,s'accommodent au !4 façons de fai- re de leur Maiftre,& les imitent prefque entièrement. Mais il faut aduoiicrque la barbarie règne tellement parmy les vns & lesautteS,qu'on n'y trouac point d'A- cademie,en aucune Ville, &: il n'y a plus aucun entt'eux qui fe foucie de faire inftrùire fes enfans , Se de leur «wnner cognoilîance des lettres. Tous vfenc indifféremment d'vn langage fait Ôc tiic de l'ancien Grec corrompu , mais les vns parlent plus gentiment ik plus corteâiement que les ancres. Tou- tesfois leurs mots approchent plus du vieil langage Grecque l'Italien ne faidl du Latin. Leshabitans des Villes qui font fbufmifes aux Vei nitiens.parlét auffi parfaidlcmec Italien que Grecmais les Payfans & villageois n'vfcnc d'autre langue que de la Grecque. Il faut faire pareil jugement de ceuxqui font fous la puilîànce des Turcs.Car ceux qui font aux bonnes Villes parlent également Grec &Turc : mais ceux qui fe tiennent aux villages hameaux , ont feu- lement cognoiflance de la langue Grecque. Ils retien- nent encot les propres noms des chofes , excepte aux lieux où lesautres nations onr efté plus fouuent, 8c ces lâ fe voidaux Villes plus maritimes, qa'é celles qui font auant dans le Pays. Car ils ont pratiqué Ci longuement les Turcs & les Italiés, qu'ils ont mcflé parmy leur lan- gue beaucoup de mots de ces Nations qui lesfrequeri- tent. Les Turcs ont auffi emprunté beaucoup de raotà des Grecs , pour exprimer des chofes qu'ils trouuoyéc en Grece,dont ils n'auoyent auparauant cognoilTance; Or combien que les Grecs n'vfent pas d'vn mefrtvè mot en toutes ces Prouinces.ponr exprimer vne chofc, toutesfois ils approchent fort des mots anciens, prin- cipalement aux chofes qui ont des noms propres. • Les Nobles , & les plus riches s'habillent à la mode de ceux qu'ils recognoillent pour Supérieurs , mais le menu peuple, tant de la domination des Venitiens,qué de celle des Turcs , foit qu'il habite aux Ifles, ou terre ferme , ne retient aucune chofe des mœurs anciennes. Tous ceux qui en font partent ordinairement les che- ueux longs, & coupent ceux qui font fur le front , & au deuant de la tefte. ils vfent de bonnets doubles , 8c fort cfpais. Tous ont le plus fouuent peu de meubles, de mefme que les Turcs , & ne couchent pas fur des liâs deplume,mais fur des matelats pleins débourre. Ils font couftumiers de ne mettre point d'eau dâs leur vin , & fon* encor aujourd'huy des carous à toute ré- fte.Mais les femmes n'affiftent pas à leurs diiTolutionsi ny ne feftinent pas auec eux. Ils ayment beaucoufi mieux manger du poiiTon que de la viande. Les Macédoniens , principalement ceux qui font de l'Albanie que nous auons mife en Macédoine , foncfa- rouches , & femblables aux Scytes. Ils font vaillans ati poffible principaicméc aux combats qui fe font à pied; Il n'y a homme au monde qui prenne plus de peiné pour butiner quelquechofe.qu'eux. Ces Albanoisont vn lâgage particulier, diif;rêcdu Grec,& del'Efdauon. Quant à lEpire- , quieft rue partie d'Albanie , feâ habitans fortent en Efté p^r troupes hors de leur Pay-j à caufe de fa fterilité, Ôc vont en Macédoine, Romanie, & Natolie,où ils trauaillent pour les Turcs\& fc loiient jjour moilfonner les blèds, & les cribler, & nettoyer; Ceux-cy s'en retournent après après en Automne chez eux pour y viure dlirant i'Hyuer , & le Printemps auec leurs femmes Ôc enfans. Ils ont vn langage parti- culier, différent de celuy des Grecs , Icqiiel toutesfoié ils n'ignorent. C'eft de ce Pays que viennent les Aidoncs , VCcoc- ques. Martel o (fes, & Morlaqnes c^ui font des homraëà viftcsau poffiblc,indompcez, propres à fuppdrter tou- te peme, ôc vttillanstout ce qui fe peutj qui nes'arhu- fent qu'à voler aux montagnes d'Albanie , & en tout leRoyaume de Borne,& en Dilmacie,où ils fe mcflent auffi d'efcumcr depfctits efquifs. Goumrnsment ancien à' Athènes, iOurce que no'-s remettons le difcours d«*s richef- fes,des forces, & du gomismement de laGr?<:e,à U defctjption gênerais de i'iîftât du Tatc , que nous , Bbb deixi- Des Eftats du Turc en Europe. eftc en dcfordre , ou î dcftinons pour U fin . & qoc pluficurs qm rçaoent coLbicn la police des Athéniens eftott fagement or- Tonnre%ourroyenc defuer cefte pièce auffib^e^ celle des Lacedemoniens, je me fais refolu de mettre le gouuernement desvns ^ pouuo.entaireuierqu'asn'auoyenteudanleur.^^ origine. Us gardèrent ces noms ,urqa à ce q on v C nailre ceux des fa6Uons,par le moyen f^^"^^ ua la diuifton entre le menu peuple, & la ^^^l^l^^^'; oui dura jafqu'au temps que Dracon ordoan le Ma- /nftrats , & fit que les Acheniens eftabhrcnt l Oligar- £ C eftadi^c . ladominaaandepeudepei.onne. Leurs noms eftoyent les Pcd.ées, ^i-nes Pai.le , & Etimones.Lespremiersbuoriroientcommeplu. torts râleurs richeffes l'OHgarchie. Les D.acnesembra - foyentle.ouuernementpopulaue,commeeftansma- nsq"e lel plus puiHants tinflent le premier rang en la Sis fauorifans tantoft vn party , ^ untoft l'autre , fe rangeoientdu coftéque bon leur femblo.t, ^p Lhans \L propre liberté . & .celle des autres. Cependant toutes les injures toinboient fur les m fe- xables Etimories , qui eftoyent lel hommes de peu de co'lti aints de faire bas , & de fe foubmettre a la vo- ,'mZ1 &%uel ling, & quel efprU es M^^^^^^^^ eurent de le retenir en fon dcuoir.il m a femble a pro- llt Iporter .cy ce que dit Polybe en fon . lur. Le peuple d'Athènes, dit-il, fyt lemblable au 1 1 otc „de quelque nef abandonnée & égarée:Car de melme auaePilotecommâde àfes vailleaux, de fortequ ils iTy ob lient promptemcnt . lors qu'ils font rcun.s „ après auoir efté en defordte , ou i caufe de quelque ,.facieufetempefte.ou pat U crainte des ennemis:& de „ mefme que ces vailTeaux cftans en aireurance , cora- „ mcncent en quelque forte \ mcprifer leur chef.tellc- „ ment que chacun cft de différente opimon , d autant „ que ceux-cy veulent palfer outre . & ceux-lk forcent le Patron de prédre port, de mefme, dif ,e, qu o peut couuer eftranges ces débats , & de voir que les vns cSes voiles' les autres s'efforcer d'aller plu. auant , par le moyen des auirons qu'ils manient , d ou vient qu'ilstombentfouuentende grands f ^nge-rs , .1 ea arriua tout ainfi à ceux d' Athenes.Carleur Repubh- " nue ayant furmontébeaucoup de grands dagers,tant par la vertu du peuple,que par celle de pluheurs Ma- ;;^:ftrats, &Capiuines, fe rurnafinalement pmy des ?hofcs de peu d'importance . & des efcueils qu n e, ' ft^ nt nuUemêt à c'taindre.Voila ce qu'c du Polybe^ Mais pour venir aux rçmuëmens des feaitieux , m hommes eftans de fi mauuais accord , & ayans des vo- lontez fi diuerfes , Us nepouuoyentfaireautte choU nue rechercher la Monarchie,ou faire vn chef qui gou- S des efprits fi difcordans & bigarrez. Doncque p î onfentement de tous, & fpecialement du mena peuple , Solon fut appellé au gouuernemenx tant pour fon intégrité, que pource qu'il n'auoit jamais confen- ;;TaiKune Chofe de celles q«i fe faifoyent au prejud.. "oreCl;u'ilrefafaftceftedignité,toutesfo^^^^^^^^^^ voulut manquer au fecours de la Rcpubliqtre défia de, fefperce,& pourceil s'elTaya de la remettre auec fa pro-, 7Âcc% (ol confeil. M*.s .1 penfa P-mierement qu l falloù releuer ceux qui eftoiét accablez pat l^ PU fl^^ des grâds.fi bié qu'il fit vne Loy. par laquelle il déclara nulLtoutesles obligations, que les pauures auoyent p:^es aux riches , jufques à f^^^mettre leurs^^^^^^^^^ Luitudes . & odôna qu'on n'auroit aucu droift fur la hbertédes perfonnes. pour raifon de quelque mterel qui f ft deub. Ceux à qui il --"-^^f "^^oy au qu'il la pabliaft,furét appeliez Creocopides, c eft à du X u sdesdebtes des autres : ce ^-''^^ ^^^-^"^ P^^^^ o Jficr à ceux qa'ilscognoUloyét defueux d vne cell Loy, Oueluues autres d.fent que les hommes de baf^ COI duion, & peu de moyens, le pouuoyent afFranchi de leurs debtes . & que pour cefte caufe le prix de l at. t f t augmenté , fi bien que ce qui va ou aupara, fa M ntedragmes , fut depuis eft.mé cent muis & s d'ebtes efto ent payée, h raifon du prix ancien. Mais toutes ces deux chofes ne font pas fuppo;"bIe l'vne fans l'autre, pource que le retranchemenUes de tes auroit efté aufS fafcheux aux Créanciers, qu agréa ble aux pauures : tellement que ce n auroit pas efte v moyen d'efteindrelefeu de ces fanions , mais p ufto vne occafion dele renforcer.L'accroifTement de mu adjouftez n'auroit pas efté fuffifant aux P^u^^" P?^ paler, au lieu qu'il faut croire,que Solon fin en mef^ temps tous les deux, c'eft à fçauoir, qu û ^«g""^"";; riches ce qu'ils ne pouuoyent auoir recouuré de pa> ures fuiuant la Loy. Et pource que tous Leg.flateu doiuent commencer de donner exemple par eux-m mes , il remit du fien fixtalens d'or qui eftoyent cnu ion40.ou 4r-iîi''l^s «'cus. Au temps que les afl^ires eftoient furie point de changer,la Loy qu'on auoit faifte ne pleut pas. pour que les riches dilbient qu'ils auoiem efte maUraica. & lespauur:sattendoient les Champs Attiques.to tcsfois auec le temps , & eu égard à la paix qui elt née de telle Loy , elle fut tellement approuuCe d chacun, qu'ils luy donnèrent le nom le Silachue,cs< mirent entre les chofes plus facrées. Les affaires eftans ainfi accommodées peu à peu refolut,commc bon Medecin.de faire qu Ô ne tomt plusen ccfti milere,& pource il voulut qu on cftur Des Eflats du ' le bien du peuple j afin que chacun félon Tes moyens, eftantdebonne vie peuft auoir des honneurs , & di- gnitez en la Repubhque , ne faifant nulle di^Fe^cnce entre le peuple & les gentils-hommes : prenant gatde toutesfois k ce que les Nobles qui fe trouuoyent lors en quelque Magiftrat ne fuflbnt contraints le lailTer maigre eux. Et par ce moyen il joignit ceux qui eftoient de con- dition relcuéeauec les autres qui fe trouunicnt de plus balTequahtc , & ce d'autant plus qu'il n'elloic permis auparauantàaucundu peuple d'eftre en charge, & d'e- xercer quelque office en la Republique. Il diuifa doncques le peuple en quatre parties , par le moyen decefteinuention duTribut qu'on deuoic pa- yer, & leurs noms furent Pcntacofiomedimnos , Hip pes,Zefrites, & Thites. Le vaillant des premiers hommes en dignité, eftoit eftimé5oo. muys. C'cftoit le premier cens,&ceux-cy eftoyenc les premiers hommes d'Athènes après l'ordre des Sénateurs. La charge de Pentacofiomedimnes ef- toit,quand il arriueroit quelque befoin défaire cequi eftoit necelTaire à la Republique. Ceux-cy eftoient fuiuis de ceux qui auoient vaillant 500. muys, & l'on les nommoit Hippes, pource qu'ils pouuoient nourrir des cheuaax,& en temps de guerre ils cftoyent obligez de payer ce qui fuffifoic pour en- tretenir vn homme,&vncheual toute vne année. Les Zefrites alloient après , qui auoyent vaillant 150. me- dimnesjc'eft a dire demy muys. Ariftote ne faid: mention de ceux-cy aux inftitutions de Solon dont il a parlé aux Politiques. Les Orfèvres, Teinturiers, & autres Artifans de pareille eftofFeeftoiét les Thites , & ceux-cy ne payoyent à la République, qu'vnefcu qu'ilsnommoiêt Thitique.Ces derniers ne pouuoiêt jamais obtenir aucun Magiftrat, tadis qu'ils cftoyent pour leur peu de moyens en ce bas degré. Solon ayant ordonnnc les chofes en cefte forte.ren- dit faine la Republique,qui eftoit auparauanten mau- uais eftat. Et afin que le pouuoir d'approauer les Loix fuftplus grand,en lesimpofàntaux Nobles, &au peu- ple, il les fit approuuer aux premiers, en leur promettâc laduréedes tables , & à ceux-cy en leur faifant cfpercr la diuifion des champs Attiques. Et ayant recogneu que c'eftoit vn fort grand bien, il leur pleut en telle forie,qu'ils confacrerent cette Loy àrim.Tfiortalité. Apres auoir veu comme la paix fut rendue au peu- pie , il me femble qu'il eft raifonnable de voir vn peu la première origine des Tribus. Toutes les Nations & Villes, comme dit Tite-Liue , ont accouftumc dédire qu'elles viennent de quelques hommes illuftres , on véritablement de ceux que la folle antiquité a mis au nombre des Dieux, & pource pluficurs font leurs pro- tedeurs & fondateurs, lupiter, MarS;Mercure, Pallas, Vulcan,& femblables monftres. Les Athéniens furent de ceux qui ne fe contentans pasd'vne feule Noblefte, c'eftàfçauoir, de celle dePal- las, donnèrent beucoup de noms à diuerfes parties de leur peuple qu'ils appelloient Tribus , & ces noms ef- toient tirez des Eponomesjou Héros. dontla mémoire duroit parmy les hommes, pource qu'ils auoyent des ftatuès,non tant pour leur vertu, qu'afin que lesautres les imicaftcnt Se s'eflàyafTcntde deuenir meilleurs. ll yeutaucommencemcnt4.Tribus.L'vne fut nom- mée Cecropide de l'ancien Cecrops : L'autre Autoch- lon. c'eft à dire indigène, ou originaire ; la troificme Adée,&laquatricmc ParaliCkOrCranaus recherchant ces noms de plus loing en faiét quatre différents. Il nomme vne de ces Tribus Granaide luy mefme , l'au- tre Attide, la«ierce Diacritc, & la quatrième Mezoge- ne. Attide du nom du Pays , Diacrite , vn lieu efleuc d'Athencs,&lesMczogencs la partie du milieu* Furc en Europe, 567 La mcre d'Eiichtonie pour couurir fon adultère fit femblant qu'il eftoit fils de lupiter , & ce fils feignant de rendre grâce à fon perc , oftant les vieux noms en mit aux Athéniens quatre tirez de ceux des Dieux : fi bien qu'il nomma vne Tribu Diade du nom de lupi- ter, l'autre Athcneadc de celuy de Minenie, la troilic- me Epheftiadtf de Vulcan , & la quaciicmc Pofîîdonie de Neptune , & ayant diuifc chacune de celles cy en trois parties, leur nombre paruint à. douze. Ces douze parties diuifées durèrent jufqnei au temps , d'Alcmeonenuiron 660. années. Ceftuy cy par la rcf- ponce de l'Oracle d'Apollon les nomma dix Tribus, en confideration des Princes de grande réputation qui régnèrent auant luy. On leur donna le no.m de Cecropie, Ereâce, Egée, Pandionie Acamante, Leonte, Enéide, Hipporoonte, Antioque, ôc Eante, auxquelles on adjoufta , l'Antigo- nie, & Demecrie , pour parfaire le nombre de douze* ôc chacune de celles-cy fut diuifé en crois parties , tel- lement que toutes enferable faifoient le no^mbrc de trente fix. On velfra de quelle importance fui cet efta- blilfement en la ftiitte de nofjlre difcours. Ayant donc cogncu le peuple, oc fait le dénombrement de fes par- ties , il eft temps de vetoir au difcours de leurs Magi- ftrats. On eflifoit donc les Magiftrats en trois fortes , c'eft àfçaaoirpar fort , auec le balotement du peuple , & auec l'cfledion par dignité. On eflifoit par fort tous les Magiftrats qui cftoyent eftablis pour leurs juge- mens. Le Sénat qui eftoit efleu en cefte forte, fe nom- moit le Confeil de 500. hommes. Le balotement du peuple fe faifoit lors qu'on vouloir eflire les Capitai- nesjles Maiftres de Camp, & les Généraux des armées. Ceux qui cftoyent efleus par dignité , par Nobleffe, Se par richeffe eftoient appeliez Chorages,& feruoient aux jeux &aux facrifices, aufquels ils vfoient de gran- des liberalitez , ôc magnifidences , &:ceux cy eftoyent au nom.bre de dix. On voit donc que la Republique eftoit affemblée par ces trois liens. Car les luges dcfen- I doyent aucc la raifon la Ville des injures des Citoyens, des voifins & des eftrangers : les foldats confcruoyent 6i augmentoyent l'eftenduë de la domination , & la Religiorl maintcnoit les ames nettes. le traiâeray maintenant par ordre de ces dignitez , commençant aux Areopagites: Le Sénat des Areopagites a efté pour fa juftice& fe- uerité renommé encre tous ceux dont les Hiftoriens I ont fait quelque mention. Et de raefrae qu'ileftoit en grand honneur , aufîî fon nombre n'eftoit pas petit, j combien qu'il fuft incertain , Se cefte incertitude pro- j cedoit de neuf Thefmothétes, donc nous parlerons en I leur lieu : pource qu'ainfi qu'ils auoyent acheué le temps de leurs Magiftrats , qui duroit vn an , & rendu côpce de leur chargeaux Logiftes,quclques-vns eftoiêt receus entre les Areopagites. Ceux qui deuoient aller aux Logiftes dont le Magiftrat eftoit cftably pour rai- fon du public ,,difoient leur nom à vn homme public* qui deuoit crier ces paroles. Qui veut accufer de quel- que mefchanceté vn tel qui eft à la fin de fon Magi- (îrat.Par ce cry tous les accufateurs qui pouuoiêt prou- uer ce qu'ils difoyenc eftoyent admis. Le jugement fc- uere de ces Logiftes faifoit que peu de geiîs Ce trou- uoient innocens & irreprehenfibies pour augraéter lé nombre de cét ordre. Quiconque eftoit accuté d'auari- cc ou chofe femblable , n'eltoit ja.nnais receucn cefte compagnie. Et afin qu'aucun ne pût vfer de tromperie* on examinoit les perfonnes en la prefence du peuple & du Sénat» Les Thefmothétes en oftant donc plu- fieurs tous les ans,laifroyent le nombre incertain. Ce- fte inftitution fut inuentée per Solon aucc la feueriîé des Efetes, qui cftoyent au nombre de cinquante & vrt auaut Solon, ôc jugeoysnt des caufcs Capitale^ , chofe B b b z qui t. c68 Des Eftats du Turc en Europe. qui appattcnoit au Roy auant qu'.ls fafTcnt eftabUs. Doncqaesa..Kclc nô de ccux-cy, SoloneaabhtvnSe- nat de grande aiithorité en la République, vcu qu >l co- cnoilToit non feulement des crimes , -mais encore des autres chofes qui ettoient de plus grande importance. Le Maeiatat des Areopagites eftoit nomme par les Grecs Adiadoxon,c'eft à dire perpetucl,& plein de lou- cy Et combien qu'il punift publiquement tous les cri- minels , toutcsfois leur propre matière eftoit celle des empoifonncmens, des meurtres, des bleffures, des cm- brafemens , desembufches, &des trahifons bradées contre la patrie.&pluficurs autres chofes. Ils auoyent accouftumé de juger en cette forte, Ce- luy qui eftoit accufceftantdeuant eux , après la pre- mière queftion accompagnée de conjeâures , de tel- moins , & de preuues, ils donnoyent foudam leurs ju- oemens , fans donner de longs délais au preuenu. ^ Iln'eftoitloifiblcaux Areopagites de felaUler mou- uoK à compaffion. Ils redembloyent en feuerite aux Efctcs en ce qu'Us punllfoyent le crime fe.lon la gran- deur du fai(St. , Il eftoit auOi défendu aux Orateurs de chercher des difcouEspour efmouuoir les luges. Lccrimineleftant misenprifonfprcnons le cas que ce foit pour quelque meurtre) on faifoit appellcr auxcrieurs publics.les pa- rens , domcftiqucs, & amis du mort , félon l'aduis deU quels on impofoit la peine , & la fcnience eftoit lelon le dommage receu. Mais de mefme que les Areopagites vfoyent de gran- de diligence à donner ces jugemens , aufti il aducnoit peu fouuent qu'ils eulTcnt la charge de ce faire. Ils ]u- seoyent feulement trois jours en vnmois , & né s al- fembloyent qu'au befoin , & pour des affaires d im- portancc.Lucian dift que les Areopagites auoyent ac- ^ouftumé de juger la nuid, &auec filcnce , afin qu ils ne fuirent furpris par l'artifice de ceux qui parloyent en piefence de pluneurs,& pareillement afin qu on ne vint à interrompre les jugemens, & les plaidoyers des autres cependant qu'ils écoutoycnt. Et véritablement ils pratiquèrent le filcnce auec beaucoup de raifon, veu qu'ils eftoyent plus attentifs à ouyr le criminel . & ne découuroycntles fecrets des jugemens,&Us efcnuo.. ent les fentcnccs , afin de ne fe départir jamais de l ad- uis de ceux qui eftoyent plus aduancez en fçauoir & en âge,ou bien afin de répondre à mcfmc fai(St. Valere le Grand dicSt, que ce Sénat auoit le fo.ng de fcauoir ce que chacun des Athéniens faifoit , & de quels moyens il s'entretcnoit, & outre de faire queles hommes fuffent honneftes , 2< qu'ils fe fouuinOcnt qu'ils deuoyent rendre raifon de leur vie. Le melme Sénat voulut que les bons Citoyens fuirent ornez d v- ne Couronne , & mift cefte couftume en auant , corn - me fçachans que l'honneur cft le vray entretien de la Venons maintenant aux Nomothetes dont le nom comprend olufieurs fortes de dignitcz , que je déclare- ray auant que dire autre ch»fe. le trouue en Suide qu il . Y euft trois Nomothetes , ou Legiflateurs à Athènes, c'eft à fçauoir Dracon,Solon,& Efchille, non le Poece, mais vn autre natif d'Athènes. Outre ce les Athéniens entendoyent par ce mot de Nomothée vue aftimblée de mille Citoyens, qui auo. vent puiirance de faire obferuer les Loix,& de les voir, les changer, & les accommoder ,ainfi qu ils jugeoyent cftre necelTaire. , , .. ..u Ceux-cy auoient l'authorité de dire au peuple . U iesLoix ptopofces leur plaifoyent, ou non, & les pro- pofitions qu'on en faifoit ne pouuoient cftre valables, \ elles n'cftoyent fignces de tous les Magiftrats No- mothetes. , Ceux cy fouloyent encor aOifter aux jUgemens des oufes d'importance, & fi le demandeur, ou le dctcn- deut n'obeyffoitàleur fentence.ilsle condamnoienti trois drachmes d'amende en la prefcnce de l'Arcon. C'eft icy l'opinion dePollux.Mais Budce raconte plus amplement ce faiâ: , & en quelle forte l'on auoitac- cuftumé depropofer cesLoix. Voicy ces paroles. Demofthene rapporte.que Solon ordonnaentre au- tres chofes,que quand quelque Loy feroitpropoféeau peuple,elle fetoit premièrement recitée par leLcgifla- teur , puis efcrite en quelque lieu de la Ville qui fut re- marquable , & fort fréquenté du peuple : & après que le Secrétaire la donnaft à lire à l'artcmblce , afin que fi quelque chofe n'eftoit pas comme il falloir , on la peut corriger. & qu'en dernier lieu elle fuft monftree aux Nomochetes,afin qu'ils l'approuuaffent.ôc que pat ce moyen elle vint à eftre obferuée. Ces Nomothetes difFeroyent des Nomophilaces, ou gardiens des Loix,pource queles Nomothetes les euffent en vain approuuées,fi elles n'euflentefte miles en vfage,& gardées.&qu'on n'cuft juge félon ce qu'el- les portoyentrqui eftoit la particulière charge des No- mophilaces. Ciceron exprime leur office au troKicme liurc des Loix en ces paroles. Les Grecs plus dibgens, qui creoyent lesNomophilaces,non feulement remat- quoyent les lettres, mais encordes faifts des hommes, & les reduifoyent en Loy. • , xt Au fécond rang de la dignité 1 on mettoit les No- mophilaces , le chef defquels auoit vn bonnet de lin. Et combien que les Areopagites euffent quelquesfois le foing dcfaire,& deconferuer les Loix, toutcsfois ce- la n'ofte rien aux Nomophilaces, puis qu'il n y a choie qui empefche qu'vn office ne fe melle d'autres chofes que de celles qui luy font ordinaires,lors que le temps le requiert. -ri—» Il y a auoit après cinq cens hommes qui fouloyent coenoiftrc des chofes ciuiles , & des avions journaliè- res deshommes. Ceux cyeftoyentbien fouuent Lieu, tenans des Areopagites ,& leur nombre faifoit que U mefchanceté n'y pouuoit trouuer place. Et poura qu'vne telle multitude affemblée en vn lieu , pouuoii à grand peine exécuter ce qui eftoit neceflaire , onli fouloit diuifct en dix parties félonie nombre des tri bus , & chaque cinquantaine auoit les jours aulque elle ju^eoit , & il auoit trente cinq jours aulquel ils faifoyent le deu de leur charge. Or ce nombf répété dix fois . vient à faire félon les Athénien l'an Lunaire de trois cens cinquante jours. Mais 1 noftre Solaire à plus que le leur quinze jours & v quart , & à caufe du trop grand nombre de ces cmquai te ils en eHifoyent dix qu'ils appelloyent Prehdcnt dont on en tiroit fcpt au fort toutes les fepmame & tous les jours chacun prefidoit aux choies qu falloit expédier, & le foir on portoit les clefs des foi tereffcs à celuy qui auoit efté Prefident durantce )ou là • mais nous parlerons de cecy plus bas. Ce non bre de ;oo. cftant au bout de fon terme,l'on nomme lors Printanie,l'a(rcmblce de ceux-cy qui auoient coc me plufieurs tiennent, le foin des froments, derecoi uret les deniers du Threfor pubhc , de faire qu'on i commençaft pas les proccz mal à propos,& lemblab, chofes. „ 1 I ' 1 CcsPritanes payoyent de l'argent alTemblc des ce fianations de ceux qui plaidoyent , les luges , & ce qui auoyent fait quelque bon feruicc à la Republiq» Ils eftoient ainfi nommez pour le lieu ou ils rendou luftice , & où ceux qui auoyent mente quelque clw de la Republique eftoyent nourris. Cet ordre prcii ordinairement garde aux Edits , aux Décrets , &a Loix.& donnoit fcntence des Loixprifes au rebours au contraire du fens auquel elles deuoient cftre ent( dues • Et véritablement le peuple fe fyt ailementf reuolterfans cefte pouruoyance : pouice qu il mande , & approuu^c bien fouuent des choies qut Des Eftats du Turc eii Europe^. font dommageableSjfi la prudence & le Confeil des au S60 très n'y remédie. Ceux- cy auoient le foing du temps de h guerre, de la ^aix, des trefucs , des AmbalTades, & des Edits. On fouloit efcrirecn ccfte formeau defTousdesces ordonnances : Policle Prince, le Kî.dcluiilccics luges delà Repiibliquceftantdela Tribu de Pandion , De- mofthene Peathonéen fit le décret : Ec ccluy qvii eftoit là nommc,efto!t Arcon,de l'office duquel nous parle- rons en Ion lieu , ikh Tribu nommée eftoit de ces yo. hommes quieftans tirez des ;oo. gouuerncient la Republique. Pource que le nombre des caufes Ciuiles croiffoit tous les jours,& les fo.n'eftoyent fuffifanspourlesen- tendre, ils prcnoienc pour leur ayder 44.arbitres , en partiepar fort , & en partie par efledion. Il falloit qu'ils palfadenc 6o.ans & qu'ils fuifcnt eftimez gens de bonne vie. Ils elloyent toujours en des lieux , où ceux qui plaidoient en pouuoyenttrouuer à toutmo^ ment vne bonne partie, ôc ceux-cy fe gouuerncient en ccfte forte. Le demandeur & le dèfFcdeur eflifoiét dece nom breceux que bon leur fembloit , auecpache , que s'ils commcnçoient de contefterdeuanteuxjil falloit ache- ûcr : autrement celuy qui n'obeyfToitàleur fentence eftoit puny. Ceux qui eftoyent efleus par fort n'eftoy- ent point receus pour examiner la eau fe , mais , pour rapporter au Sénat afin qu'il en jugeaft. Les Grecs , au lieu des balottesd'or & d'argent , vfoyent defebues blanches & noires. Les Zitiercs,c'eftà dire enquefteursjdiifcroienf; fort peu dcsDiettes, l'office deiquels félon Pollux , eftoit de rechercher les caufes dont la nature n'eftoit euiden- te, pour en rapporter la vérité au Sénat. Quant aux ar- bitres efleus , li quelqu'vn d'eux commettoit quelque choie mdigne de ce rang, ou il eftoit griefueraent pu- ny, ou bien chaifé auec grande infamie delà compa- gnie des autres. Qn traidoit tous les jugemens des chofes faindtes Jeuant eux, comme deuant des fainds hommes. Pol- uxefcrit auffi qu'ils ne pouuoient ouyr aucune caufe juipaifaft la valeur de dix drachmes. Ils auoient aufn des Capitaines des galères, nommez Frierarquesjdonc les Autheurs n'efcriuerit pas le nom- jre, pource que félon que la neceffité le requeroit , on ;n augmentoit oudiminuoit le nombre.On fçait feu- ement . qu'il y en auoit douze qui auoient ccfte char- ge & qui au temps de la paix auoient le gouuerncmcnt lu lieu ou les nefs eftoyent arreftées. Au temps de la guerre ils obeyfloient aux Capitaines & aux Généraux. LesTrieratques auoyent aufli la charge de refaire & |ouuernsr les galères à leurs dépens pour la Républi- que. Ce Magiftrat n*eftoit pas contraint, ains on donnoît cette charge au nombre des Citoyens. Cet office def- fâia peu à peu.fut mis en meilleur eftat par Demofthe- ne , qui fit vne Loy touchant ceux qui feroient efleus pour telle charge , comme on voit en beaucoup de lieaxj& particulièrement en l'Oraifon contre Efchine. Voyez-vous, dit- il. Athéniens, combien de commo- ditcz je vous ay apportées gouuernant la Republique: Car voyant le défaut des chofes qui appaitiennent à la nier , & les Citoyens exempts de tributs , ayant payé peu d'argent , & que ceux qui auoyent moyennement du bien reçoiuent la charge , &que par cemoyen vo- ftre Republique s'empiroit , je fis vne Loy par laquelle les Citoyens eftoient contraints de payer félon la taxe, ce qui ie deuoitde droiét, & j'ày défendu les pauures du tort qu'ils receuoycnt de telle chofe. Vn peu plus has il le ditplus clairement. Par la première conftitution des Loix ils fouloient payer enfemble les frais d'vnegalere.enquoy les riches ne mçtîoient que fort peu, tandis que les pauures Ci- toyens eftoyent accablez des charges : mais il fut or- donne par ma Loy qu'on fcroit l'eftime des moyens d'vn chacun, & que celuy qui fournilToit auparauant la dixième partie des frais d'vne galère, pourroit fatis- faireà deuxentour. A raifon dcquoy ils ne voiiloienc premièrement eftrc nommez Trierarques, mais Con- aibutcurs. OntrouuedansPoUui, i^u'il y auoit onze homme^ appdtezNomophylaces, ?cEparqiies,c'cft à dire.Prefi- dents. Les dix hommes,dit-il,eftoient e/leus dechaque Tribu, & le Chancelier parfaifoic le nombre. L'Office de ceux-cy eftoit de conuaincre les larrons , & juger ceux qui eftoient retenus en prifon , & les punir de mefme que les autres malfaiteurs qui nians le faiiSt deuant eux eftoient enuoyez deuant autres luges , & s'ils confeftbient le crime deuant ces derniers , les pre- miers leur impofoiéc la peine.Cesonzehommes eftoi- ent femblables à ceux qu'on nomme en France Pré- uofts des Marefchaux, Le lieu où ces onze jugeoient • (e nommoit Nomophylacion,& ce lieu auoit vne por- te nommée Xaronion , par laquelle on fouloit mener les criminels aux fupplices. Suide remarque que ces Nomophylaces eftoient differens des premiers pource que ceux-là forçoient les luges à viure félon les Loix, & ceux cy contraignoient tout le menu peuple. Quant aux dix hommes qui Prcfidoient , combien qu'ils deuoient eftre mis auec les 503. hommes, d'en- tre lefquels ils eftoient efleus , toutesfois pource que j'ayfuiuy le plus grand nombre aux Magiftrats, &que ceux-cy eftoient remarquables, j'en ay voulu faire men- tion particulière. On tiroir doncquesjo.hommesdesfoo.qui eftoient en dix tri bus, & des 50. on tiroit dix hommes qui gou- uernoient la Republique. Mais quelqu'vn me pourra demander en quelle forte on peut eflire celuy que la vertu rend illuftre& loUable ? Aquoy je réponds, que cela fefait aifément , ainfi qu'on void entre les Véni- tiens, qui ordonnent premièrement les Efledeurs par fort, qui appel-lent, & finalement les noms des appel- iez eftans mis dâs le vafe, on tire les forts felô les voix, l'ay défia dit , qu'après qu'on en auoit choifi cinquan- te de cefte troupe , ou eneflifoitdecenombredixpar fort auec des voix muettes , c'eftà fçauoir auec la plu- ralité des febues. On voit donc que cecy eftoit meflé auec le fbrt,& toutesfois ce n'eftoi t pas ofter la reconoi- penfe à la vertu, ains juger félon elle. De ces dix qu'on choifilfoitjiln'y enauoit que dix qui peu flent obtenir l'office de Prefident.Ainfi le fort tomboit en telle (or- te entre ces dix hommes, que les trois qui reftoient ne fe tenoient nullement oiFencez pour telle chofe. Ec pource que celuy qui eftoit en Magiftrat eftoit nom- me Prefîdent.tous auoient part à l'honneur de ce nom, ôc l'onregardoitfoigneufement qu'aucun ne fuft deux fois dans vne mefme année en cefte charge, durant la- quelle il auoit toûjours deuers luy les Clefs du Cha- fteau du Threfor public , & le Seau de la Republique: & toutes les fois que les Ptitanes appelloient le Sénats il eflifoit dans les neuf tribus neuf Prcfidents , de cel- le qui eftoit nommée Pritanenfe , de laquelle il eftoit Chef, on ne fouloit point en prendre vn autre. Apres cela il eflifoit par fort de ces neuf vn fuccefleur , au- quel on peuft commettre le goaucrnement de la Re- publique. En ion Audience , il auoit le foin de faire qu'on né lailfaft en arrière aucune chofe.de celles qui pouuoient inftruire & efclaircir le luge. Harpocration dit cecy des Epithctes , parlant de la fencenced'Ifée contre Elpagore : Uyadit-il.deux Epi- heces en Athènes , l'vn cfleu par fort par les Pritanes,' ôc l'autre par Ics Proedrcs , l'office dcfqûels eft déclaré par Ariftoce. B'bb' j HipC" Des Efîats du Turc en Europe. -.n »:l 1 S70 Hipctide remarque qu'on nomme communcment Epuhctc tout homme qui a ^'^^'^'^^^^'t affaire Le Procdrc eftoit comme le Chef de la Pohcc. Leur dignité eftoit fort grande , comme on void en ces propos de Oemofthene. , ^ • L onzième jour du premier mois,apres que le teneur public l'aura fait fçiuoir .^^u on aille donner les voix, pourapprouuerlesLoixipremiercmentccllcs qu'_ ap- partiennent au Sénat : puis celles qui concernent le peuple, & en troifiémelieu,cclles qui font introduites par les neuf hommes. Que la première partie de ceux qui doiuent donner les voix , foit de ceux aufquels il femble que ces Loix qui font pour leConfeil , & pour le Sénat » doiuent eftreapprouuccs : La féconde ceux aufquels il lemblc à propos de contredire. r ■ o - i Ce fccondbalotcmentdcs Loix fera prefcrit: 8c s il arriue qu'il faille abroger quelques Loix xqui ont efte auparauant introduites , les Pritancs qui font alors en chart^e , feront le dernier jour des balotemens auec e Sénat poui» ce fait Se les Procdres jugeront auffi de la mefme chofe. Apres qu'on commande de quel heu on doit tirer l'argent pour donner auxNomothetes , afan qu'ils puilfeac gouuerner la Republique. Que ces No- Hiotheces foycnt de l'ordre de ceux qui jurent en Elée Apresl'EUéch lesPntanes nom !c Sénat lelon les Loix prefcrites , & fi les Proedres ng fe gouuernent equitablement , que chacun des Pritanes foit condam- ré à mîUe drachmes, qui foiéc cofacreesaux Thrciors de Pallas, & chacun des Proedres en donne 400. a la mefme Deelfe , & qu'on donne leur accufation à l of- fice des Tefmothetes. Qu'on voye fi eftant en Magiftrat , ils doiuent quel- que chofe au publicque les Thefmothetes les mettent en prifon s'ils les conuainqnent, & s'ils refuient de ce faire, qu ilsfoicnt foufmis à la note d'infamie, chadcz de la compagnie de l'Aréopage, comme mepnfans le pounernemcnt des Loix. Auant que le Sénat s adcm- blc pour donner les voix , celuy qui voudra propoler nuelqueLoy,l'ècriraau lieu des Eponimes , afin que félon leur nombre le peuple peuft auoir des Nomothe- t^s le temps de les pouuoir premièrement examiner. Et quiconque demandera qu'vne nouuelle Loy (oit introduite , la mettra non fedement vne fois . mais tous les jours âu Heu des Eponimes , jufques à ce que le Sénat s'affemble. Que l'Eponime eflife de tout le nombre des Athéniens cinq hommes , qui aujront la charge de deffendre les Loix. C'eft allez parlé des Loix , il faut mettre maintenant h forme du fcrment,tirée du mcfme Autheurnl le fai- foitdonc en celle forte. . m Les Tyrans, ny les principaux ne feront jamais alll- ftez par ma Faueur,ny par mon fecours en la Républi- que , & j" ne fcray jamais du coftc de celuy qui aura corrompule peuple Athénien, ou qui ordonnera, ou voudia le contraire. le ne permettray jamais qu on fa- ce les nouuelles tabl'es , & le partage des debtes adiues des autres , ny celles des champs Attiques& des mai- fons. , ' i r le ne rappelleray nul banny. l'endureray qu on chal- fe de la Ville celuy qui ne fuiura point ces Loix , ny Us o donnances du Sénat , & du peuple Athemen , & ic ne permectray qu'on face tort à aucun, le n cltabli- ray .u^un Magiftrat, afin que celuy qui n'a rendu com- ptedu MamftratpalTé, en puilTe auoir vn autre, ou des hommes , ou de ceux qui fonteiîeus par les Proedres auec les fcbne^ : & je ne permettray qu'aiican exeice djuxfoisvn Magiftrat en vnemefme année , ny deux Magvt'iratsaLiffi dans le mefme temps. Icnerecearay j.«cunerecompcnie. Apres auoir ouy l'acculateur, & e dcltcndeur . je le condamneray auec le deuoir, faiu affcdion , & fans exception de pcrfonncs , lots que je cognoiftray qu'il le mérite. Et jure par lupiter, par Neptune , & par Ccrcsqu'ils me ruinent auec ma famille, & mes enfans. fi je n'obfe*ue Icschofesfufdi- tes.Vorla les paroles deDemofthcne. Or ayant parle fufSfamm ent des dix hommes , & de leur office , il cft temps de difcourir des alTcmblécs pour les voixjoa fuffrages. Ilaque & lUafe eftoit le plus grandTribunal.auqucl les jiiaemens publics fe tradoient par mille ou qum- zc cens Citoyens les plus fignalez de la ViUe. Il y en auoit 500. en vn lieu,miUe en deux jugemens, ly. cens en trois. Iliafeftai eftoit melme chofe , que rendre le droia en ce lieu, & riHafc eftoit s'alTembler aux juge- més.Lyfias vfa de ces deux mots en mefme hgnihcatiÔ. Les balottes dont ils vfoient pour donner leurs voix eftoient de deux fortes , l'vne eftoit entière , & We percée, & vuide. & auec celle-là ils vcnoient à ablou- dre, & à condamner, à affermer & à côtredire. Ils auoi- ent vn vafe, par lequel ils mectoient le fuffragc en deux vrnes,dont l'vneeftoit de bois, & l'autre de bronze, ^ ■ L'interprète del'Oraifon de Demofthene pour Tt- mocratceftfort différer, pource qu'il dit qu'au heu de pierres ils vfoient de febues noires & blanches , aha q.i'on les peuft diftinguer , au mefme téps qu v ne des - pierres cftoit pleine,& l'autre creufe : au lieu que Chu- Leftai fignifie ell.re vn Magiftrat auec les fcbues. Sur- qaoy on dit que Pythagorc vouloir qu'ons'abftint de» fcbues, non pource qu'elles font venteufes. mais pour fienificr que celuy qui vouloir viure paifiblemet iJclaï ambmon.&n'eftrepointfujet aux coups de la fortune, ne dcuoit s'empefcher d'aucun Magiftrat.ny dehrcr les dignitez qui fe donnoient par le moyen desfebues.. Il y en auoit dix Apodeftcs , c'eft à fçauoir vn pout chaqueTribu.Ceux.cy eftoient feblables àceux qu on nomme aujourd'huy communément Collcdleurs d;s tailles. La charge de ces Apodeftes eftoit telle : Apres qu'ilsauoiét rcceu les lettres de laRepubliqucfcomme lesEaeus ont accouftumé de faire en France, quand il faut exiger quelque fomme de ceax de la Proumce pour quelque importante affaire du Roy ) ils contrai- , anoient ceux qui deuoient àla Rçpubliquede payer ft- Ion leurs moyens. L'Antigrcffier,ou Contiolleuraffi. ftoit à la réception des deniers , & lors qu'ils eftoient receus,ilefcriuoU la parc de chacun : & lesdiftribu- tions des aucrescomptes eftoient remifes aux Logiltcs Si après le compte kit il reftoit quelque choie - payer, ils le payoient félon leur puiftance. Maissi naiffoit, comme ilarriue bien fouuent, quelque chol. pour laquelleil falluft plaider, on conteftoit deuant le neuf hommes , ik ils promcttoient de payer ce qui le roit jugé en donnant caution. Les Apodedes differoienl fans plus de ceux cy , ce qu'ils pouuoient feulement receuoir . mais non pa contraindre. Apres ceux-là on eftabliffoit IcsTnrclo tiers, les Capitaines des guerres , ceux qui auoient charae de la chaffe , puis les Receueurs des prelens, i ceux'^qui auoient foin des autres œuures necellaires. Il y auoit après les Logiftes , ou Maiftres des Con ptes.au nombre de dix,tirez des Tribus. Or tous cet qui eftoient fur la fin de leur Magiftrat , dans les tren jours qui precedoicnt leur terme , eftoient obligez ( leur rendre compte de tout ce qu'ils auoient mani Ariftote cfctit que ceux cy différent des Lutines , q oyent vne autre forte de compte. Les Eutincs eftoient affis auec les neuf Princes , voyoienttout ce qu'on auoit pris au public, lorsq quclau'vn eftoir à la fin de fon Magiftrat. Il y auoit deux Logiftes , du Pollux en Athènes , 1 vns qui manioyent lès aftaires du Sénat , & les auP ce qui eftoit neceifaire hors du Sénat. Tous ceux- eftoient efleus par le Sen3t,afin qu'ils peuHe.jc voir comptes de tout le mauicœcnt de la République. ^ \ Des Eftats du Turc en Europe. fyi On p'eiit tirfcr ^d'Oraifon d'Efchine contre Demo- j leur feconH office cftoit d'crcrirctdiis les jeunes hom- fthcnc>& Ctefifon l'offî-c Je ces Logiftes. Pcemicrcmenc la L- y commande, dit-il, que le Sé- nat des Areopagites foit efcrit chez les Logiftes, & ne Toit exempt de leur rendre compte , & là elle veut que les Logiftes foient Maiftres de ce vénérable Sénat , Se après que les cinq cents hommes rendent compte de leur Magiftrat. Car la Republique (ê dcffie tellement de ceux qui nont rendu compte des chofes qu'ils ont maniées, qu'elle veut foudsin que celles gens ne puiC- fentallerhorsdc la Ville, qu'ils n'ayent nulle puifTan- ce fur leurs biens,iS:ne puifFent confacrcr aucune cho - fe,aux Dieux , ny affranchir leurs Efclaucs , ains' que tous leurs biens foient engagez a la Republique : quel- qu'vn dira qu'il n'cft pas raisonnable que celny qui n'a riendcpenfény exigé pour la Republique rende com- pte : Mais il n'y a aucun qui doiue eftrc exempt de rendre le compf; de la Ville. Il adiouftevnpeu après: Ilfalloit, ô Demofthenejlaiiïer dire au Crieur public, fclon la couftume du Pays , s'il y auoit quelqu'vn qui vouluft accufer. Voila ce que dit Efchinc. Véritablement fi cette Loy auoit lieu parmy nous on ofteroitle larcin des Colled:eurs,& de plufieurs au- tres, principalement fi l'on receuoit vne fois lesplain tes de ceux qui les pourroient accufer & conuaincre. 11 y auoit des Controllcurs, ou Antigraphes quicf criuoicnt les comptes. Eichine dit que l'oneflifoit premièrement l'Anti- graphepar fuffragcs j & cettuy-cy deuoit en tous les aducnemens des Pritanes reciter au peuple le compte des reucnus. Suide dit qu'il y eut vn Antigraphe au Sénat. & l'au- tre en l'adminiftration publique.il y auoit encor félon le melme Autheur , trois Secrétaires qui efcriuoient les aftcs du Sénat, & les gardoient. Les Grecs veulent qu'il yen eut vn enchaqueTri- bu,ce qui eft vtay femhUble, pource qu'il euft prefque efté impoffibie, qu'vn telfardeau delà République, né de la fedition du peuple fuft fouftenu feulement par trois Secrétaires , puis qu'il y auoit tant de luges , ôc qu'ils cftoient diftribuez en tant d'ordres. Efchinc adjoufte , que les Secrétaires gardoient dans leurs liurcs les noms de ceux qui n'auoient pas encore rendu compte à la Republique , de ce qu'ils auoyent manié. Les Athéniens auoicnt encor des Dcmarques,ou Tri- buns du peuple, nontoutesfoiî "entièrement tels,com- menous cognoiftrons, 6n confiderant leur charge. Plufieurs efcriuent qu'il y eut dix Chefs des Tribus, Pollux dit qu'ils fuccederenc au lieu des Nacraires , & qu'il y eut en chaque Tribu douze parties , dont cha- cune fe nom moit Nacraire > à laquelle vn Démarque Commandoit. Les Nacraires eftoient tenus de fournir à la Repu- blique en temps de guerre deux cheuaux & vn nauire.* Il y auoit donc fix vings Nacraires , autant de Démar- ques, autant de Nauires , & 240. cheuaux en temps de guerre, fans ceux qui eftoient entretenus du Thre- for public. Ils auoient premièrement foin de ce qui appartenoit aux chofes Nauales : à raifon dequoy ils eftoient du tout fafcheux aux panures , d'autant que chacun d'eux payoit à raifon des champs , des mai- fons , & des marchandifes qu'il poifedoit , & de l'art ou meftier qu'il eicerçoit : & s'ils ne payoientj onlespouuoit gager jufques à la valeur de la (omme dcuë. Or afin que les Démarques peuftent recouureràr- gînt du peuple auec moins de foule, ilsefcriuoiéc aux Pfouinces & aux champs Actiques , ce que chacun y auoit deftetile ou de bon rapport, &exigeoient fclon les moyens & meftiers dont Us ftf melîoicnt. Apres que les Démarques auoient receu l'argent. mes , aufqncls l'âge permcttoit de gouuetner les/"uc- ceflions pour remarque de peine. Aux jugemens plus folemnels on voyoit aflîfter Cix Paredres,qui deuoyent tous eftre hommes de fort bon- ne vie>& fans reproche,& pour cette caufe auant qu'ils peuflent s'afTeoir prcs des autrcs.il^alloit qu'ils rendif- fent compte de leurs aâions paffées > deuant les foo. Pritancs la première fois, la féconde deuant les Areo- pagites , ôc lors on oyoit tous ceux qui les vouloyent accufer de quelque faute. La caufe de cette feuerc enquefte cftoit , qu'on leur remcttoic entre les mains des choies pleines de danger & degiande importance, 6c aufqucUes il eiloit befoin d'vne grande intégrité. Ils prcnoyentgardcaux Secré- taires, 5c à ceux qui efcriuoyent ce que le luge diâroit, afin qu'ils r.cchangeaflent aucune chofe. Ilsauoycnt encore des Capitaines des colonies* qui remarquoyent &enuoyoyent ceux qui eftoycnt efleus pout pc'.iplerdes lieux, ou de l'ancienne poircflîon des Atheniensjounouuellement acquis par cûx.&ceux cy partageoycnt les terres du Pays, ou de la Ville félon le fort qui échcoitàchacun. Il y auoit encorcdix hommes nommés Tamiesjqui eftoyent gardiens du Threfor public, & qui en prefen- ce des Senatturs oftoyenc du Threfor ce qui eftoit ne- celfairc pour IVfage du publicj& principalement pour conferuer en bon eftat les nauires Se chofes apparte- nantes à la mer, d'ont l'on aveu fouuent dépendre la conferuation, non feulement d'Athenes,mais encorcs de toute la Grèce. Mais ils auoient particulièrement foin dez.vailTeaux de merueilieufc grandeur,rvn dcfquels eftoit nommé Paralie, & l'autre Ammon ; combien qu'il y a des Au- iheurs qui adjouftent au Paralie, Salaminie. Outre ce que defTus, lors qu'ils venoient au deuant du Sénat aux publiques fupplications , ils fouloyent porter l'image d'or dePallas,lesenfeigne$ de laviéloi- re donnée jadis par leurs Capitaines,& les autres orne- mcns des chofes facrces. Cccy eftdit fuiuant l'opinion d'Harpocration. Les Tamies m'ont remis en mémoire des Ellino- lamies, l'office defquels eftoit de conferuer, & manier les deniers qu'on tiroit de la partie de la Grèce , qui eftoit fous la domination des Athéniens , afin que ceux làfeportaffent de mefme aux choies ïacrées, que ceux-cy aux Tributs : PoUux dit encore qu'ils auoyent accouftumé d'exiger , & d'amalfer l'argent des Iflcs. Les Autheurs Grecs rendent la raifon de ce nom en telle forte. Apres que le Roy des Pcrfeseut cfté vain- fti par les Athéniens par mer,ces vidorieux diiigens à conferuer leur authorité , commandèrent que tous les autres leur filTent tribut pour payer les frais de guer- re nauale> par le moyen de laquelle le commun ennc- my des Grecs auoit efté chalfé , pource la plus grande partie de la dépence auoit efté premièrement faitte par eux ; ôc pour cette caufe ils nommèrent ceux qui re- couuroyent cét argent, Ellinotamines,c'cft à dire Gar- diens de la Grèce. Il faut joindre à ceux-cy les Hellanodiens , qui auo- yent charge des chofes iacrées de tout le Pays fujed aux Athéniens > de mcfme que les antres de garder le Threfor public. Us rcccuoyent doncqucsles deniers que l'on donnoit pour les chofes facrces , & les remet- toyent après aux Chorages pour la dcpence des facri- fices : ce qu'ils auoyent accouftumé de faire aux facri- fices , & jeux de la Ville , exigeans dcsCitoycns & dcS habitans d'Athènes. Les Gtuaiconomes deliberoyent des ornemens des Damoifelles,puis déroutes les autres f-emmei.afin qu'il n'y en euft aucune qui portail choie indigne de fort rang,& que chacunes'habillaft félon fes moyensrCeux- cy ordonnoyent vnc amande pecuiiiairecontre celles qui en vfoyent autrement, ôc leur fentencè eftoit auffi exécutée. ' . ;. 11 y auoit encore vne Loy du marcher , proporéé par vn certain fils de Philippe. Elle porcoit,que fi quel- qu'vne eftoit peu honnefte en fa démarche, elle deuoit eftre condamnée à looo. drachmes d'amande. PolluX efcrit que cèux-cy eftoyent au nombre de lo. C'eftoit aulEla couftume de ces Ginaiconomes j dé prendre garde aux fcftins , ôc aux conuicz , ôc à leuÊ nombre. le tiens cecy d'Athence,qui dit que les Ginai- conomes , auec les Areopagifes, prcnoyentgardcaux compagnies des hommes en chaque mailbn , tant au3È nopcesqu'auxfàcrifices,pourceque l'on y fouloit man- ger excefljuement,& puis s'enyurer : Mais cét Authcur ne s'accorde pas auec Platon touchant le nombre des conuiez : vcu qu'il ne veut pas qu'il y ait aux nopces pUisde dix pcrfonnes , c'eft ^ fçauoir cinq hommes, autant de femmes : mais ccttny-là efcrit vne chofe ad- uenué , & cettuy cy vne imaginée, ainfi que toute là Republique. Ceux que les autres Autheurs ont nommez Oinot- tes;c'cft à dirci qui prennent garde au vin , font nom- mez par Platon en fa Republique , Minâmes, à caufa (comme je croy) qu'ils ramenteuoyent les Loix : pour- ce que de mefme que les Ginaiconomes empefchoyent que les femmes pairalTéc certaines bornes en leurs ha- bits Se ornemens , ôc prcnoyent garde au nombre des conuiez, & à la façon des viandes :auffi ceux-cy impo- foyent des Loix touchant l'vfage du vin , afin que Ci quelqu'vn eftoit condamné pour auoir trop beu,il ap- prift à fes defpens de ne boire pas tant à l'aduenir. Mais ces Oinottes n'eftoyent pas gens de grandé confideration.il y en auoit trois, qui furent auflî nom- mez Oftalmes; pource qu'auec leurs aduertilfemens ils rendoycnt les yeux de l'entendement à ceux qui pour auoir trop beu,les auoyent perdus>ou égarcz.Les Sym^- pofiarques ne differoyent de ceux-cy que pour le re* garddunom. Il y eut auffi dix hommes qui auoyent foin du Pa- lais , & mettoycnt le prix aux chofes , afin que l'on acheptaft , non pas à la volonté des vendeurs , mais fe- k)n le jufte prix , ôc à celle fin aulîi que l'on n'ache- ptaft quelque chofe , quinevaluft rien, au lieu delà bonne marehandiiè. Ils prenoyent auffi garde à ce qu'aucun CiVoycn ne gardaft de bled ôc de vin , plus qu'il ne luy en falloit pour fon entretien, & celuy de fa famille : ôc ceux cy mefmes fiifoyent que tout le fro- ment qui venoit dans la Ville, au delTus de ce qui eftoit neccifaire, eftoit mis en des lieux publics, au nom de là Republique : & c'eftoit pource qu'ils le vendoyent à juftê prix , combien que la difette des viurts fuftfori grande. Les Efpifcopesjou Êucfqucs, eftoyent ceux qui auot. yent foin des affaires des Prouinces. Ceux-cy eftans donnez comme arbitres par toutes les Prouinces , re- cherchoyenc ce qui concernoic les procez,les ofFenfes publicques & fa Iurifdi61:ion. Si qaelqu*vn auoit vou- lu contefter deuant eux, ils donnoyent fentence , à la- quelle il falloit obeyr , comme fi elle euft cfté donnée par le Principal Magiftratï , Les lunfconfultcs difcntqUeles Êucfques font efta^ blis fur toutes les chofes qui font expofécs zv^ yenie-. Et p es Eftats du Turc en Europe. Par cette inftitution d'engendrer des enfans , difFe. 574- Et c'eft de la diligence dont vfoient à prendre garde à toute chofe , que les Chreftiens ont donne le nom d'Euefquc à chaque chef de Diocefe. G omernement ancien des Lacedemoniens, LA Ville de Sparte, autrement de Lacedemohe, fut illullrce par des beaux fai6ts de plufieurs grands Capitaines,au temps que la Grèce flotilîbit,& ce d'au- tant plus que Lycurguc l'ayant réglée auec fes Loix, fut caufe qu'elle demeura long temps en vigueur.Mais depuis qu'elle commença de les mcprifer , elle vid in» continent fa décadence, & fa ruine. Or pource que j'^y trouuê l'eftablilTement de ce Legiflateur du tout remarquable , ou pour mieux dire merueillcux : j'ay penfé que jedeuois à mon Ledeur ledifcours , de la façon auec laquelle cette Republi- que s'eft gouucrnée. Lycurguene fuiuit pas en cecy l'opinion des autres: mais eftantpluftoft de contraire aduis à plufieurs , fit en telle forte.que fa patrie furmontacn bon heur tou- tes les autres. Car quant à la multiplication des en- fans,il y en a quelques-vns qui nourrirent auec peu de viandes, mais délicates tout ce qui fe peut.les filles qui leur femblent propres à engendrer. Ils leur défendent entierementlevin,ou bien leleurfontboire fort tre'm- pé. Mais peut-on efpcrer de voir jamais naiftre quel- que chofe de grand de ces femmes efleuécs en cette forte:Or Lycurgue jugea qu'il fuffifoit que les femmes Efclaues fillent les habillemens. Ayant donc veu que c'eftoit chofe fort importante d'auoir des enfans des femmes de libre condition , il ordonna principalement que les femmes exerçaient leurs corps de mefme que les hommes. Apres il inftitua tant entre les hommes qu'entre les femmes , les courfes & les combats,pour- ce qu'il jugea que les enfans qui naiftroyent de telles perfonnes, ferointfort robuftes- Mais alors que l'homme Se la femme eftoient ma- iiez enfemble.il eftoit cnjoin£t au mary ( comme j'ay remarqué en paftant dans les mœurs des Grecs) d'aller voir & de quitter fa femme , en celle forte qu'il ne fuft veu de pcrfonne. En quoy Lycurgue euft bonne raifon, veu qu'il confidera que l'on paruenoic par ce moyen auec plus de defir Ôc de douceur , aux plaifirs du ma- riage , & qu'il les erapefchoi t aufïï de tomber malades, combien qu'ils fuflent robuftes , ferrant ainfi le bou- ton à la première ardeur , & ne fe lafchanc que lors quel'vn & l'autre n'cftoit plus fi affamé de ce phifir. Dauantage , il ordonna qu'il ne feroit pas permis à chacun de fe marier à fa fantaifie , & que l'on ne fe- roit les nopces , finon quand l'on feroit parucnu à vn âge meur , d'autant qu'il jugea que cela dcuoit beaucoup aider à la fécondité , line.Lcs autres Grecs, comme les Boëciens accouftu- tnoient cnfcmble les garçons , & les filles: mais il y en mou quelques autres qui ne permcttoyent pas feule- ment que les Amans parlaficnt auec les filles. Lycur- ^ue eftoit de contraire opinion : vcu que s'il y en auoit ]uelqu'vn qui fuft épris de l'amour de quelque fille, tyant rccognu la beauté de fon efprit, il leur permit de lemeurcr enfcmble,& jugea quec'cftoitvne tres-hon- leftedifciplinc. Quefi l'on jugeoit que quelqu'vn fuft eulemcnt amoureux du corps de là fille , il ordonna ^u'il s'abrtint autant de cette fille,que le pere s'abftient ie fon fils, & le frerc du frère, en ce qui eftoit des plai-- irs de Venus. Nous auons aflez difcouru de la difcipHne desen- ■ans,& chacun pourra confiderer bien ail'ément à part uyauec quelle difcipltne dcs Grecs , les enfans pou- joicnt deuenirplus obeyfTans, & plus honneftes , ôc înalemcnt où c'eftoit que les hommes fe rcndoyent pluscontinens aux chofes necelfaires: Car depuis que les autres fortans de l'école de l'efance eftoicntparue- nùsà la jeuneire,foudain quelques vns n'auoientplus de Maiftres ny de Gouuerncurs, ains viuoicnt en tou- te liberté. Mais Lycurgue cognoiflant que les jeunes hommes auoient naturellement le courage altier , auec vn dé- bordement eftrange , & fort grande inclination à tou- tes fortes de plaifir, il les fournit lors à de grands tra- uaux,& s'elTaya de faire qu'ils fuflcnt continuellement occupez.Et adjouftat encore que fi quelqu'û lefufoit de faite ce qu'il enjoignoit, ilneparuicndroit jamais à au- cune chofe honorable:!! ordonna que non feulement 1« perfonnes publiques deftinécs à ce gouuernemcnt: mais encore les parenspriirent garde aux leurs : afin que demeurans fans aucune crainte dans la Ville , ils ne dcuinllenc vagabonds , & infolens. Dauantagc, leur vaulant donner vue honnefteté naturelle, il comman- da qu'en marchant ils tinftèntles mains fous le man- icau , & ne difcouruftent nullement , ny rçgardaflent autour d'eux : maistinlTentla veuè bafle. Et véritable- ment on void eh ceéy , que le naturel des hommes eft plus robuftc en ctqui regarde la pudicicc , que celuy rope. des femmes. On ne pouuoit donconyr ieuirs voix.non plus que s'ils eunenc eftc de pierre , ny leur voir nuL Icr.ient tourner les yeux,non plus que s'ils culîént cfté proprement de bronze. <^and ils fe trouuoienten quelque banquet^il leur fiiflifoit de répondre à ce qu'on leur dcmandoit. Il'' voulut auflî qu'on euft vn grand foin touchant l'infti^ " tution des jeunes hommes , 'pource cfu'il jugeoit qué s'ils deucnoyent tels qu'il falloit , il en viendroit fans> doutcvn très grand bien àla Republique. Voyant donc que tous ceux qui fe fouloient exer- cer naturellement à l'cfiTay, les cœurs eftoient efcoutcz auec grande attention , & les jeux de là lutte regardez auec grande allcgrelTe , il jugea qu'il feroit à propos d'encourager les jeunes gens en cette forte au débat de la vertu , & qu'ils pourroient arriuer par ce mo- yen à vne grande perfection de bonté. le vous mon- ftreray donc en quelle forte il les enflammoit à telle chofe. ' Les Ephores élifoyent trois hommes des plusfio- rilTans.nommez Hippegritcs, à caufe qu'ils aflenabloy. ent la caaalerie. Chacun de ceux cy choifiifoit cent hommes , déclarant ffour quel refpecl: il preferoit les vns en honneur, & refufoit les autres. Ceux qui Ce trouuoycnt des honorez venbyent au combat , &: contre ceux par lefquels ils n'auoyent pas efté commafîdez,& contre les autres qui leur auoient efte préférez. Se l'vn prenoit garde à l'autre s'ilvoyoic qu'on filfc quelque chofe qui ne fuft honnefte. . De ï\ venoit qu'on voyoit vn débat fort Vcile à la Ré- publique , où l'on monftroic ce qu'vn homme de bien deuoit faire : & les deux partis s'effayoient autant qu'il leur eftoit poffible de fe rendre pleins de vertu : fi la Re- publique auoit befoin de quelque chofe , ils la fecou- roient aufli- toft à l'enuy l'vn de l'autre. Ils eftoyent encore contraints d'auoir foin de leui fanté, pource qu'ils fe battoient à coups de poings tou- tes les fois qu'ils fe rencontroyent , &luttoyent auflî enfemble , tant ils auoyent enuie de fe furtnonter l'vn l'autre en toutes chofes. Tandis qu'ils combattoieritcn cette,forte,tout horii- me qui s'y trouuoit prcfent , & qui auoit quelque aU- thoritéjles pouuoit feparer,& s'il y en auoit quelqu'vrl qui ne vouluft pas obcyr , le Paidonome les faifoic ap^ peîler en jugement dcuant les Ephores , qui le punif- (byent feuecemen-t , comme ceux qui auoient ordonné qu'aucun ne fe laiftaft furmonter à fa colère j en telle forte qu'il refufaft d'obeyr aux Loix; Or quand ils eftoient paruenus àvn âge plus meurj & à de grands Magiftrats , quelques Grecs fans fe fou- cier delà force du corps , les chargcoient de i'entrepri- fedelaguerrci , , Mais Lycurgue fit vneLoy qui portoit, que c'eftoiÉ cholê louable aux hommes de cétâge d'aller à la chaf- fe, fi ccn'eftoit entant qu'elle empeichât quelque offi- ce public , afin qu'ils fupportaftent aufïï bien que les jeunes gens le trauail de la guerre. Or Lycurgue cognoifTant bien que LpsLacedemo- niens, de mefme que les autres Grecs , faifoient des fe- ftins en leurs maifons , &confiderant combien telles chofes tendent au vice,il les attira à manger en public» cftimant que par ce moyen ils ne pourroyent paffcr au delà de ce qui leur feroit permis. Les hommes oyfîfs ont accouftumé de faire malà propos plufieurs chofes , Se les riches reifcmblent aufîi quclquesfo-is oyfifs, d'où vient que tandis qu'ils cftoiét affisà table.elle n'eftoit jamais ny vuide ny fomptueu- fe, pourcequ'oftant tous les breuuages fuperflus , qui nuifoientau corps &àrefprit , il permit à chacun de boire quand il auroit foif,fçachant que c'eftoit vne chofe toute faine ôc agréable de boire en cette fortes Car en s'àHemblant ainfi , qui euft efté ceiuy qui eiifî / Des Eftats du Turc en Europe. 576 pû tainer,ou Ton bicn.ou fon corps à manger & à boi- rc excclTîncment. Aux autres Villes . les hommes d égale condition ont accoaftumé de fc frequécer,d'ou vient qu ils n ont au- cune honte eatt 'eux-.MaisLycurgucmena dans la Vil- le de Sparte, la difcipUne & l'expericce des vieux auec la eaillardifc des jeunes.Et c eftchofe qui touche la pa^ trie , de permettre à chvun de dire ce qu'il aura fai<5t honorablemét dans la Viile,àraifondcquoyon nevo- yoitlà nuUevilenic, nyyurognctic, ny aucun a acquiert feulement le nom , & nonobftant le bon & mefchant pratiquent en mefme place : mais à Spai chacun euft eu honte d'eftre en la compagnie d'' homme vicieux.ou de s'éprouuer auec luy à la lutte Etbienfouuentencorvnmclchant , lors que ce: c Des Eftats du Turc en Europe, 1 qui joiioient enfcnable à la balle s'cltoient feparcz.n'c ftoit pas'receii dVn code ny d'autre , & an bal il eftoit mis au lieu moins honorable , &:par les rues chacun le fuyoic autant qu'il luy eiloit poiîîbic , de mcfmf qu'aux afTemblces : Ôc mefmc entre les plus jeunes il cedoit à vn chacun. Il fe rendit aulîî digne d'admiration, lors qu'il vou lut qu'on s'aJdonnad à la vertu jafques à l'extrême vieillciTe : Car ayant mis le jugement de ccc âge en la borne de la vie j il ordonna que les vieillards lèroicnt obligez d'auoir le foin de l'hoiineftctc, & de la bonté. Et ayant ordonne que le combat de la vie fa(î entre- les mains de'; vieillards . il voulut que la vieillede fi\l\ beaucoup plus eitimce que la force de la jcunelfe. Ei ■ certainement elle fe doit exercer en ce combat contre toutes les choies humaines , pource qu'encore que les exercices de la lutte foient beaux , to.utesfois ce font exercices du corps , mais le combat ôc la vieillelTe rend tcrmoignagcdu bon cfprit & courage. Or d'autant que l'efprit eft plus excellent que le . corpsjd'autant les exercices de l'efprit furmontenc ceux du corps. Poârquoy ne lolierons-nous donc grande- ment cette ordonnance de Lycuigue , quiayant cognu que ce jxqui s'addonnent leatement &c lafchemcnt à la vcrui, nepeuuent mettre en honneur leur Patrie, voulut qu'on exerçait publiquement toutes les vertus àSpartc. Lycurgue voulut qu'on ne pûnift moins celuy qui manifeftementnefeferoit foucicde deuenir tres bon, pource qu'il jugea que ceux qui volent quelque cho- , failoient feulement tort à ceux à qui ils la prenoi- ent : mais il eftimoit que les Republiques eftoient trahies par les faineans & vicieux. Il femble donc qu'il auoitraifon d'ordonner de griefues peines contre £cl-~ le forte fle perfonnes. Il adjoufta encor à cccy vn ncceifaire ornement de la vie : car il voulut que ceux qui ne manquoient nul- lement à leur deuoir, euffent égale part en la Republi- que , ne faifant aucun compte de la foiblelTc du corps, m du manquement des moyens. Mais fi qudqu'vn fe monftroit iTBnchalant ôc lafche en fon Office , il ne vouloir pas feulement qu'il fuft compté entre les Citoyens. Quant aux chofes de la guerre , les Ephores deuoi- ent donner aduis du temps auquel il falloit enuoyer l'armée dehors, tant aux hommes de cheual.qu'à ceux qui eftoient armez pefamment , & premièrement aux gens de pif d , puis aux Artifans. Il ordonna pareille- ment que les inftrumens qui font neceffaires à la guer- re, y fulTent tous menez, ou auec les charrettes, ou au- trement , &en cette forte chacun pounoit voir aifé- nient ce qui manquoit. Il vouloir premièrement que lesfoldatseulîent vnç cafaque vermeille,»!^ vn écu de bronze pource qu'il co. gnijt que cét habillement eftoit tres-propreà laguet^ rc.& nullement commun auec celuy des femm?s,d'au. tant quil eftoit pluftoft net, & plus tard fale. Il'pcrmit encor à ceux qui pafîbientlesansderenfanccdepor tovne longue perruque, jugeant que par ce moyen ils «fiblcroient plus grands, & plus heureux. Cecy eftant ordonné en cette forte , il diftribua les gfnsdc pied ôc de chcual en fix Tribus. Chacune de ces Tribus delà Ville auoit vn Tribun , quatrcporte- enfeignes , hui6t cinquanteniers , ôc feizc Chefs d'ef cadre. Mais à'caufequ'il y^ett a beaucoup qui eftiment que l'ordre des Lacedemonicns eftoit embrotiilic: je defire leur faire voir qu'ils croyenc autre chofe qu'il ne faut; pource qu'en l'ordre des Lacedemoniens on void que les Chefs font ordonnez , & chaque rang a ies chofes qui iuy font necciîaires. Et cette inftituuon eft fi aifée àapptendre qu'aucun de ceux qui peuuenc cognoiftre le$ hommes, ne s'y abiifera jamais : Car les vns auoient :harge de conduire , & les autres commaiviement de (uiure. La fjçon défaire mouuoir la troupe eftoit re"- cognue par vnc parole du Chef de l'Ordonnance. Les efcadrons eftoient tantoft'plus ferrez, ÔC tantoft moins, ôc s'il n'y a là chofe qui foit fi difficile à apprendre. Er y a là cnolequi foit fi difficile à apprendr combien^ qu'il aduicnnequelquesfois qu'ils fe mettent en delordre , on frouuc mal aifémcnt quelqu'vn qui fUiille entendre l'Ordonnance qu'elles ont en la ren- contre de l'ennemy, fi ce n'eft vn qui foit inftruidl: en la do6lrinede Lycurgue. Les Lacedemoniens trouuoient encor bien aifées les chofes que les autres tiennent pour fort difficiles en combattant: fX)urce que quand ils marchoient en pointe l'efcadron venoit à la fin , & fi la Bataille des ennemis venoit contre auec cet ordre , on comman- doit lors au Chef de l'efcadron de fe mettre à main gaucheau front en façon d'efcu,& demeurer tonfioars en cét eftat, tandis que la Bataille des ennemis fe tien- droit ferme. Que fi cependant les ennemis attaquoicnc par derrière, tous Les rangs Ce tournoient , afin que les forts s'oppoliiifent toufiours auxennemis- ^ Mais quand le Prince fe mettoit du coftégauche, ils ne jugeoicnt pas toutesfois qu'o,n leur euft donné les pires endroits, à caufe que fi quelques-vns euftec elfayé dclesenuironner de tous coftez.ils auoient céc aduan- tage qu'ils ne deuoiét pastrouucr les parties nues, mais biéarmées.Que fipourquelquecôfideiatiô il fembloit vcile que le General de l'armée euft la pointe droiâe, en faifant pointe de la Bat taiHe , ils ordonno-ycnt leurs gens en telle forte que le General fe trouuoit du co- fté droi(a,& les derniers du gauche. Et fi la Bacai lie de- uoit alTeurémcc cftrc attaquée par la pomte droide des ennemis , ils ne fe foucioiét que de tourner toutes les enfeignes en façôde galere,auec la prçiie cotre les ên^ nemis- Mais fi les ennemis les atraquoiêt du cofté gau- che,ilsneleur laiffoiec pas faircains les repoulToiêc, & ainfi la dernière efcadre eftoit ordônée en façô d'écu. Pour le regard de la façon de camper, Lycurgue ju- geant inutiles les coings d'vne Ordonnance carrez , vouloir que les Lacedemoniens campafi^cnt en rond, fi ce n'eftoit qu'ils fuftent peu alTeurezjà caufe de queJ- quemontagne. Il ordonna les corps de garde de jour & de nuiâ:, & pour ceux qui tafchoyent de fortir la nuiét du camp, il ordonna qu'ils feroient remarquez par les Scirires, qu iauoient la charge de n'en laiifer fortir aucun de fon rang , & auoient encor foin des eftrangers qui alloienc autour. Et quant à ce qu'ils marchoyent toujours auec dés- armes d'aft , il faut fçauoir que cela fe faifoit, pource qu'ils ne laiftoient point les armes aux Efclaues. Et il ne faut aalîi s'eftonner de ce qu'ils ne fe tenoi- entefloignezl'vn de l'autre, nydes armes,finon autant qu'ils fepouuoient cmpefclfet entr'eux.-parce qu'ils fai- fçi ent cecy pour leur fcureté. \ Mais il eft temps de parler de l'honneur, & de l'au- thorité que Lycurgue donna au Roy dans l'armée. Premièrement la Ville nourriftbit le Roy , Ôc ceu^ qui eftoient auec luy ; On voyoitcn garde les compa- gnons , ouquiHiangeoientenfemble,& auec eux les Tribus des foldats , afin que Ce trouuans toujours pre- fensjils fe piilfent mieux confei lier, s'il en eftoit befoin. Les compagnons lonc trois autres hommes enferrsble de mcfme rang. Ces deux eniemble auoient tel foin de toutes les chofes necelTaires, qu'ils eftoient continuel- lement attentifs à ccqui appartenoit à lagtîêrre. Quand le Roy vouloic mener l'armée dehors,il (â- crifioit premicretaent dans la Ville à Jupiter le con- duâeur , & autres Dieux : ôc s'il auoit facrifié là quel- que chofe, le Preftrcqui eftoit nommé Pyrphore à cau- fe du feu qu'il portoit , prenant le feu de l'Auccl mar- Qcc choie Des Eftats du Turc en Europe. / . . - !.. o .\ 1. R «V I Us Loix de Lvcutcue pottoicnt qi choit deuant iaCqucs aux frontières duPays,oùlc Roy n toftau'onaaoit facnficà ces dcax , on palioU lors ux from'e"es , & U fea perpétuel pris de ces Tacrtfices ;archo deuant , & les viftimes de toute forte mar- rhoyent après . pour les facrifier quand tl en eftou bc £ a fe'f aifoit le mefcne àla ponte du voulant acquérir premièrement la bien- veiUancc de Dieu. On Toyoit autour du facrifice ceux qui auoyent charge en On Y voyoit encor aOifter deux Ephores, qui ne fai- foient rien/rle Roy ne les appelloit : mais eaans a^^^^^^^ ufs à regarder ce que chacun faifou . chaftioycnt ceux c U toSboienten faute. Les facnfices eftans parache- uez , le Roy faifoit affembler le Confeil , & comman- doit ce qui (c deuoit faire. ,•, „ %^and leRoy menoit dehors l'ai^mée , s'il ne pa- roiffeit perfonnc qui fe vinR oppofer a luy , nul ne ZtZl deuant Sy hormis les ^-^-f^^^^ decheual qu'on auoitenuoyez pour dcfcouunr. Mais s' Isr eooyent qu'il falluft combattre , le Roy prenant aùec uy rcfcadron de la première Tnbu.lecondu.foit. a faifl tourner jufqa'Le qu'il ^--cnou trouue^aa xnUieu de drux Tribus.& entre deux Tribuns, ou Mai- "Toi^X^uoitlachevreàlaveuedesenne^ LoyTouloU que toutes les trompettes fonnafl-cnt , & 2 nurLace^demon,en ne fe trouuaft fans Couronne: les Loix de Lycutgue portoient qu'on les honoraft, non comme hommes.mais comme demy-DiCQX. POurce que nous auons affez parlé dans les mœurs des Gre« . de leur ancienne Religion lors qu s eftoyentaddonnezàl'idolatrie . -us vicnd,^^^^^^^^^^^ le qu'ils tiennent maintenant. Les Grecs fe font re- tirez de l'Eglife Romaine depuis bien bng temps , & fe font reftablis des Patriarches qu'ils recognoilfenc le lont reitamis Qv. -i p ij^j^hes des Dour leurs Chers. Au reire " 7 * „ 1 I pour icuis r^,„n;r reluv de Conftantinople, Eglifcs Greques , à Içauoir ceiuy ac ^ v celuy d'Alexandrie . celuy de lerufalem , celuy d Aa- o hV. defquels nous parlerons en leur heu : m.s ceux qui fon't dans «-"y^Jî^^^^^^Xd^C 0^ gnoiffent pour leur Chef que le 1 atnarcne ac ""ouantà leur créance, nous la mettons tout au long en^lantdesMofcouues,quincdifFercnt d'eux qu en '"^u'Jeftt'y atce Caloyers. c'eftà 4ire,Preftres 5c Moyne G cl qui font efpandus par laGrece,o„u cha- fun' o it du libre exercice de fa Religion en payan TribL non toucesfois fans receuoir par fois mil dcf plaifirs de ces Barbares , qui dominent auec vne cruau- té du tout infupportable. -.iJ. r^rv le Mais afin de dire quelque particularité de ecj . e lont Athos fat Jadis deRin pour la deme c de^^ Les: Mais Lycurguevoulutye^R^c^^^ SIT l^ege . qui ^ demeuii ,u^ n^a^^ nettes : Mais Y tu 15^»- " / ^ n "uand 11 feroit temps de camper , & qu il mondraft îe Ueu, où il failoic s'arrefter, & faire logement de l ar- ""uauthoritéd'enuoyerdesAmba(radeurs.detraiaer des Alliances. & de mouuoir la guerre, JPP^"^"°" cor au Roy , que tous alkoient trouucr lors qu ils vou- ^T^all^^ï^lÎ^alfïerentaeRo^ aux luaes des débats, fi c'eftoit pour raifon de quelque aïgSxThreforiers. &fi c'eftoit pour quelque bu- tinàceuxqui levendoient. Lycurgue affigna encor au Roy les dons qu il vou- droit prenare deschofes qu'on facrifio.t,& après 1 luy ordonna des fonds en telle quantité , qu.lnauoi bc; ?oin d'aucune chofe necelTaire , 8c ne pouuoi au^^ s^aeuer pour en auou trop. Et afin que les Roys man- ee fent In public , il ordonna les feftins publics , & ^u foupper 11 les honora dVne double portion . non noint afin qu'ils mangealfcnt deux fois autant que les Ces mais afin qu'ils en peu&nt donner à qu* bon Ifiir femblcroit. ,1 11 leur donna encor deux compagnons , qu il pou- uoit choifir à fa volonté & ceux-cy fe nommoyent StXxlTci.-^ ""rit:rfitTn" vneftangprb deleur Palais fçachant combien U eftott neceflaire en beaucoup de '^'tous les Magiftrats faifoient honneur au Roy de ^^^^^^^^^^ Srit^tr^utriela^^^^^ ^"i:^r;ntdaRoyeaoit,qu'ilcom^ Ion les Loix à la Ville , & celuy de laViUe.qa il ma.n- ■endroit toufiouis le règne en eftat Quant aux hon „eurs qu'on faifoit aux Roys de L-^d^-°"^J;^^ qu'ils eltoient morts. ,e diray Iculement ce mot . & que donna vn priuilege . qui eft demeui^ jufqu^à marn^; nant, à fçauoir qu'il n'y a aucun qui y puiffe demeu rer s'il n'eft Calovcr Grec. . l y^enuiron Loo.de fesCaloyers.qm demeurent en diuers endroits de cette montagne , ou il y a enu^ on " anciens, & grands Monafteres c os de bo^^^^^^^^ murailles , pour refifter aux ennemis, & aux Corlaires, qui ne les vont toutesfois trouuer guère fouuent pour de belles Reliques qu'on va voir de toutes parts . CC d s T mples fuperblm ent baftis , & richement ornez. Au efte les Grecs eftiment ce mont de me(me que nous fai/ons Rome. & les ceremon.es Grecq^cs y fon frneufcmentobferuécs , & ces Ca byers ont acqu« p°as de réputation de faindeté , que les autres de tott- Le^Turcs mefmes les ont en fi bonneeftimc, qu'ils leuVfont de grandes aumofnes. Il n'ya perfonneen- eux qui viue fans rien faire , & qm "«"-«^^^^ que art mécanique : Car tous fortent le r^^^^^^l Safteres portans leurs inftrumens » //^^ j^^^^^ trauaillent pour entretenir toute la famille • les vns a^a lien aux vignes , les autres couppent des arbre, îrautres font del nauires.bref chacun exerce quelque '"llsportentdes habits de peu deprix. & font veftu| à la façon des Hermites. Us ne PJ^"^ P^^^f.f^^J; n^ifes de chanvre, ny 4elin . mais de laine, qu ils hi» &coufenteux.mefmes. 3, r ft.,j,J<.clettrei Ilsnes'addonnent nullement i l eftude des lettre & mefmes il y en a beaucoup parmy eux , qui ne ^ uent ny lire ny efcrire. Que s'il y a quelqu vn qm P fe de fortune par cette montagne pour f^^^^ '^^^ , que ce fou.les Caloyers luy fournUÎent des vmres lar ' en tirer nul argent. Des Eftats du Turc en Europe- 57p LES ISXFS DE L'ARCHIPEL AGE^ QJ'Ï APPARTIENT AV XVRC, Et ce qu'il poflede en Efclauoniei SOMMAIRE. DerifledeTbaJfequePtolomee nomme TbalajUe. De l'ip de Sawethrace. De l'ijle d'Imùre ou Embre. De l'ijle de lemnos , & de fon ancien Labyrin- De l'ijle d'Emùee , autrement de Negrepont. De n/li' de Mêlas. Des Iflcsde Polycandre i'Namphio i Palme , Zie ou Cée, ^ermente,Siphano,Cyclades, Maxos,Calamos,lerte. De l'ijle de Pathmos, deUngo. ' De l'ijle de Samos. Quahtéde ces Ijles de l'Archipelage. Mœurs anciennes & modernes, des Infulaires. A MER Ege'e eft vne partie de la mer Méditerranée, qui fepare la Grèce & l'Eu- rope de ce cofté là derAfic. Les Moder- les l'apcllent Archipelage, & les Tares la ler b.c. cfae. Les Ifles de cette mer font ordinaire- lent diuil'ces par les ancieni en Cycladcs & Sporades. s nomment Cyclades celles qui font proches l'vne e l'autre en façon de cercle , & ce font toutes celles u'oovoit autour de Dele, enuiron au nombre de yo. ion Ifidore, combien que quelques autres n'en met- t que 12. Mais on appelle Sporades celles qui font ef- itfes en la mer Egée vers la Crète & l'Alîe , & qui nt deçà , delà , fans ordre. Or de mefme que nous ions commencé par la Thrace au difcours de la terre rme , nous ferons auffi Tentrccde la defcription de s Ifles.par celles qui font vis à vis de cette Prouince. Lille de Ttiaffe, que Ptolo mce appelle ThalalEe , & li a eu jadis le nom d'Eric , & d'Ethrie , félon Eufebe Pline eft proche de la Thrace , entre la bouche du uuc NelTe , & du mont Athos. Elle a de tour 40. lUc félon Niger , ou jo. ainfi que quelques autres fçnt. Il y a vne Ville qui porte le nom de Thaffe, & afïîfeen la plaine , auprès du grand Golphe vers le ord , & fon port eftefloignc de deux milles de la ter- ferme de Macédoine. Du cofté du Midy il y a deux lies aflîfcs en pendant : veu qu'en cccendroid elle t toute montueufe. L'IAe de Samothrace eft efloignée d'enuiron dix illes de la terre ferme de Thract. Pline dit qu'on la )mmoit jadis Dardanie : mais aujourd'huy on la )mme Samandrachi. Il y a grand nombre de ports » cette Iflc , où l'on void vne Ville aflife fur vne fort lute montagne du cofté du Septentrion. L'Ifled'Imbre , maintenant l'Embre félon Sophian eftend en longueur du Septentrion au Midy , & eft us longue que large. Son circuit eft d'enuiron tren- milWs. Elle eft affife prefque au milieu de la Cherfo- îfe de Thrace, & de l'Ifle de Samothrace, & eftefloi- ice prefque efgalement de l'vn & de l'autre d'enui- 'H dix milles.U y a vne Ville affife au pied des mon- gnes. L'Ifte de Lemnos , jadis appellce Ophiufe, à caufe la multitude des ferpens qu'on y trouuoit.qui m Du- rent tous , comme quelques-vns ont dit > eut après nom de Diofpolisjà caufe de 2. Villes gu'elle auoit, »is à cette heure elle eft nommée communément Staîimene. Elle eft plus lôngue que large , tirant Aé l'Eft à rOUeft , & comprend en tout énuiron cent mil- les. Il y eut jadis en cette Ifle deux principales Villes* à fçauoir Lemnos , autrement Myfncj quieftmain- tenant peu célèbre , combien qu'elle ne foit pas ruu née : & fon malvieht de ce qu'elle eft moins peuplée qu'elle n'a jamais efté. Elle eft affife fur vrie colline qui pend, fur la mer , 6c a vne place, où l'ombre du mont Athos paruipnt au Solftice , encor qu'il f ait de l'vn à l'autre enuiron 87. milles , & combien méfmfc que lé Soleil ne foit pas preft à.fe coucher. L'autre Ville eft Hepheftie, maintenant Cochine, entièrement ruinée;,. Au refte encor que ladite Me n'aye pas grand tour, tou- tesfoisilyafeptante-cinqbourgs, ou Villages; Pliné ditqu'il y auoit en cette Ifle vn Labyrinthe, fcmbla^ ble à ceux d'Egypte,& de Candie. Ce Labyrinthe de Leitinos fut jadis faidt , cont^è-' faia:,& conftruiapar Zmilius, Rholus, & Theodorus Archiceftes très ce!ebres,lcfquels fceurent fi bien mon« ftrer ce qui eftoit de leur art &c induftrie en la fabriqué I de ce Labyrinthe de Lemnos, qu'il fut tenu pour l'vné des plus belles & merueillcufes pièces de la terre , car en iceluy il y auoit cent cinquante Colomnes de mar- brctres-artiftemedt polies & elabourées, &auoiteftê conftrui(5l iceluy Labyrinthe, non pour autre fubjeft que pour feruir de fepulchrcàvn grand Monarque, duquel le nom nous eft incognù dans les Hiftoires, Be- lon au liure i. defes fingularite2,chap.3o. dit qu'il n'a pas tenu à faire diligence de trouuer les veftiges & re- marques de cét ancien Labyrinthe de Lemnos, écrit que s'il y euft eu quelque veftige de refte, il l'euft auJEi bien trouué comme il a fait plufieurs autres chc^fes, & n'a pu rien apprendre des Inûilaires & habitans dé i'Iile,fînon le lieu où ils luy dirent auoir efté autres- fois conftruiâ:'. Maisi'Ifled'Eubce, maintenant de Negrepont, fur- pafTe véritablement toutes celles de cette mer en gran- deur ,& eft comme Roynede l'Archipelague. Elle eft feparée du Riuage d'Attique feulement par vn petit de- fttoiâ:, & égale prefque toute la cofte en l'Atcique , & de la Beoceen fa longueur.Sa largeur eft d'enuiron 20. milles,& tout fon circuit eft de 35;. Elle fut jadis nom- mée Macra,& Macris, Abantia,s, Çhalcis, Chalcodon- tis , &A(ropis, à ce que Pline rapporte. Nous la nom- mons Negrepont,& les Turcs Egribos,commeMelinè eftime. Les anciens ont tenu que cette Ifte eftoit jointe à la terre ferme de Grece,& qu'elle en fut arrachée pat vn tremblement .de terre : qu'on fe peut aftez perfua- der.tant pour le voifinage»qo'à caufe qu'elle eft encore fujcfte à eftre efbranlée par ces tremblemens. Sa Villé Capitale eftoit Cbalcis, qu'on appelle maintenant Ne- grepôt du nom de l'Hle, Elle eft affife en plaine du cofté que la mer eft reftrainéle dans vn petit deftroiét, & eft joinfte par vn pont à la terre ferme. Geîte Ville fut prifepar Mahomet II. l'an I4fi.auec grand meurtre dé Chreftiens,& maintenât les Turcs y habitent auec eux penemeile. Il y a encor la vaie de Caryite.qui fe nom^ moitaucresfois Chironie. On voidicy le Promontoi- re de Caphare , fameux par les naufrages des Grecs* nommé Ftgere parNigcr,& Chimy par Sophian. Mclos eft releuée aifez haut en naer.vis à vis du Prd* montoire Malic, Capdu Peloportefe. Elle fut jadis ap- pelléeaiiflSNimaJlidcSiphne, Aciton , &Zepiîirie, G c c 2. Sf. Des Eftats du Turc en Europe. n^.^X,^ t vers la partie Occidentale. Un l*a auflTl nommée autresfois Hydrule. P^de cettelfleon voidcelledeFermenie que les anciens nommoient Scy thie, & Oenos, qui n eR gue resmondrequeZie: poison trouueZephenequ on aooX se pe , ayant ven ViUedc mefme nom vers e a & Te large campagne qui s'eftend ,ufq- ^ la Mer Elle ade circuit quelques i^heoc-sFrançoife Au deflous de riHe de Zerphene on void celle de ^ Siphano, qu'on nommoit autresfois Siphe, ou Syphe, Aci ,Me opio,fo, t belle à voir. EUe a dix lieues Fran- s de tour, 6c vne Ville baft.e fur le Leuant. qui el JSlz bonne : on void du col^e d'Occident l^^oulp lue nom- é Schinoft , & du Midy le port où eftoit jadis la vili^-CaDitaledetoutlePayslnfulaire. ^ S s fufnommées font la plufpart des Cyclades. ,aaont autour de l'ifle de Dele. Ma.sentre elles vers ror ent on void encor l'Hle de Paros, qui a retenu fon l Unent o' autresfois nommée Demetriade, i V Mkioc, eUea so. milles de circuit, qui font près li a s & s'eftend en longueur du Ponant au Le- fanT: rau mUieu on void vi^ belle 6c large campa- "ne auecplur.earsbeauxbaftimens,Sc vn Temple an- ? r; qui eft encore en fon entier. Onyvoidauffile Mont deCampiefe,qui eft fort haut,au P-^ ^^q^^J f S vne V.Ue auec des pierres d'vne grandeur dcrne- fu^ e CeMont fe r^ommoit jadis Marphefie .a Ville d^=Paro eftdu cofté d'Occident . quoy quel ancienne L f r le bord delà Mer, le long du Riuage du fleuue Afope. Leporteft le Septentrion , F'^^uChafteau ou'on nomme Cephalo, & le port eft appelle Bon. Le ?X du du Nord eft toutenuironné de monta- Its Cette fle paruint entre les mains des Vénitiens Ttemp de Em^reur Henry, frère du Baudouyn Comte^de Flandres : mais Mahomet prenant Nègre- «nnt fe faifit auffi de cette Ifle. ., ^"uifle de Nixie,autresfois Maxos,a zo.bonnes lieues Funçoifes de circuit > & auo;iil n'y a pas long-temps vn Duc.coœmc Candie (ous la puiflancc desVcniticns, maisSclim pere de Solyman l'ofta à la Seigneurie dè Venife.La Ville qui a commandement fur tout le Pays, & de laquelle l'Ifle prendlenom dcNizie , eftallife vers leSeptcntrion fur vne haute montagne.ellea efte nommée autresfois ifle de Venus . Die , & Dionifie, comme auffi petite Sicile,& Cahpol.s. Vers le Leuant de Nixie on void l Ifle d Amurge, jadis Brutore . qui a to. lieues de tour , & trois portes, dont IVnc porte le nom de fainde Anne , 1 autre de Cftlors.&latroifiémedeCatapla. ^ Tirant vers la cofte de la petite Afie , près d Amuu pofpoli , ou erutore , on defcouure l'Ifle de Claros, >k prefent appellée Calamo, quia quelques dix lieues de tour, & de fort hautes montagnes. Ony void les ruu nés d'vne ancienne Cité, qui eft du cofte du Leuant. Il y a le long de cette Ifle vn Goulphc nomme Calamo, & vne Ville portant mefme nom. Plus haut que Claros on void l'Ifle de Lero , mam. tenant Lerte,qui a quelques iS.milles de circuit. On y void encor vn Chafteau du cofte du Leuan & du Midy le Port de Lepide, où fut jadis afllie la ViU IcCapitaledel'Ifleaupi.ddelamontagne^ aL prés de ces Ifles on void celle de Pathmos, & ► D^lr^r.r,. nù S ïean rEuangelilte tut conn- maintenant Palmole, ou b.ieanii^u ^ ^ r-,,„ né par Domitian. Etquoy que cette Ifle , ôc pluheuts autres fes voifines fo.ent Afiat.ques . fi eft-ce que ,cle$ ciBbrafl-e auec les Grecques , tant pource qu elles tc^ noient la langue Grecque , 6c obeyflo.ent a fes Em^^^^^ rcurs , qu'à c'aufe qu'il m'eft plus aife de les defcr. eca es voyantproches,que fi je voulois fumre trop exade. ment'celle; qui appartenoient à l'Europe.fans rappor. teraucun fruift au Ledeur auec toute ma peine. Cette Ifle n'a qu enuiron y ou 8- heues Franço.fes deci"uit,6ceft'comptéeentrelesIflesSporades,taat par les anciens que par les modernes. ^ L'IfledeCoos,maintcnantLongo,&desdernets titan ers le Leuant, le long de la cofte d'Afie. Elle ^ fon eftendue du Nord au M.dy,& contient de longueu. enuiron i8.lienès.E!îe fut jadis nomrr.ee premieremen Me op. Les Turcs ont accor^ftumé de l'appeller Scan ^u ^ers le Leuant on void la Ville Capitale nomme Arange . qui a vn Lac au milieu , qui tant en Efte. O y void des magnifiques baftimens cous de marbre^ O loid encores^ois de 1^ Ville les murailles du Pal dugrad Médecin Hypocrate,nat.f de cette Ifle deme le qu'Appelle. On y void encor la Ville de Coe, qu bs Turcs" nomment Scancou . de melme que 1 Ifle qi n eft guère efloignce de la petite Af.e , & eft vis à v, 'ittt^^LCgoonvoidpluneurs petites Iflesp< .entr es, comme Hiali. Nifari, Chiraue, Lefindi Pifcopie,Lire, Carchi . Limone,Lenice,Z.nare,do nous lailîons la defcription comme peu vtilc. L'Ifle de Samos retient encore fon ancien nom. eft plu -nommée que grande. s'eftend du Leuant Pon n ,& ayant .o.Heocs decircuic. Ellefutnomn après que les Cariens l'eurent abandonnée . Dru, An m\fe , Melamphile, CyparilTe, & Mepane , c di Couronne.Il y eut jadis vne bonne ViUe es ru - de laquelle paroiflcnt encore le long de la mer , y ay vn poït acvnArfenal , qui eft fort beau. 6c fpacic auec vne fort haute leucc. Mycone l'vne des Cyclades vers l;Occiaent,au,o d'huy Micolé, a quelques hu^^J'^f^^^.^' a vn port auec fon mole, ôc Arlenal, ôc eft coure h. tée, ayant au Leuant le port 6c bourg de fainae A. au mW S.Eftienne.5c entre l'Eft 6c le Nord le por Préside là on void l'Ifle de Giare, maintenants por.e:qu.n'eftgueregrande,6ceftce.nted^^^^^^^^^^^^ rochcrslLes Romains y enuoyoïent en ex.l ceux q. Des/ftats du Turc en Europe. ; 8f condamnoyent comme dignfcs/™ort » comme auflî les autres Ifics defcrtcs d'entré» Cydadcs feruoyent pour mcftnechofe. / Dclceftlaplus reaommce'5Cyclades , àcaufede rOracled* Apollon. On la r^^me aujourd'huy Dilc. Elle fut jadis appellée OrtycV^caufe dfs cailles qu'on y void plûtoft qu'aillfurs.F a euauffi les noms d'A- Uerie, Lagie,Ccrhc,Mydie»yn«he,& PyropilcÂreii corede Cinthiejk caufe d'f montagne qui y eft. Cet teifle eitoit diuifée par l^oyen d'vn petit canal eu z.parties. en l'vne dcrqu/«on voyoit le grand Tem- pie d'Apollon, duquel ovoidencore quelque refte. Piés de Delc fin voi^'lfle de Rhencjadis Cclada fe, & Artemife , & l'/la nomme aujourd'huy Dile JuffibienqucDtle. / Androeftaufli IV desCyclades , & a pour le Boini vingt lieues ^ France de tour. Elle fut jadis TOmfr ce,commed'^y'^'y'*''E^'c"» Auron, Autan- irc,LalEe,Nouagti& Epage.Sa Ville eft vers l'Orient; k le fort eft affis ^r vn écueil > ôc pour y aller il faut )alîer fur vn popleuis. L'ifle de ChjS eft oppofée à la Cherfoncfe d'Io- lie, maintenan^oram^tf de Smirne , n'y ayant entre eux quVn C»*»l d'eau d'enuiron de«x Iteuës 8c de- lic , tout enruré de bancs &d'ccueils. Elleeftaffife ritrelesI(îes/fcMerelin,& de Samos,&fut première- ment nomn^ie Ethalie. Son circuit eft d'enuiron 30. eues. Sa ligueur s'cftend du Septentrion au Midy- : eft diuifif en deux parties,l*vne nommée Apanome- re, qui fijOifie partie d'enhaut. & l'autre Catometce, êft à dir ) partie d'en bas Elle fut prife par Solyman, an 1565/ On V)id i l'oppoHte du Pays de Phrygie , que les ; i.cs^pellent maintenant Sarcum , labelleiflede rfbo.^au|ourd'huyMetelin:du nom de fa ViiieCapi- ieaicî^'sfois Mytilene. Elle fut jadis appellce Antif- piis Pt-Iafgie > & après Macaréej du nom du fils de pijtr , iurnommcCyrnace. Elle eut encôr le nom Eéertc, Ethalsfie , 8c Egyre, ainfî : que Pline nous r(/grie.Son circuit eft d'enuiron 40.de nos lieues. Quint aux lieux qui appartiennent au Turc en Ef- uonie,on compte premièrement en terre fernie Ca- Inouo, ou Chafteau-neuf, affis fur vnebafleÈolline •s du Sein Rizronique, maintenant IcGolphedeCa- o. Les Turcs l'ont oftc aux Efpagnols depuis n'a- ces. La Ville de S codrc jqu'on nomme communément otti > a efté quelquesfoisfousla paiflancedes Vcni- nsjmais maintenant elle obeyt aux Turcs : Elle eft à milles loing de la mer, & fur yn rocher fort droiâ:, >n« au deftbus du cofté du Leuant vn Lac qui a de cuit enuiron 1^0. milles , Ôc tout autour des monta» ïs,hormis du cofté de Septentrion, -c Turc y poftede encore les petites & mal peuplées lies de Buduë. Antiuare,& Dulcigno,que Ptolomée mmeVlcinium,& quelques autres Olchinium> qui ent ptifes fur les Vénitiens pat Selim ILEmpereuc ï Turcs. Qualité. { porte du lin) du chanvre , du bled, des légumes, 6; da vin en abondance.I] y a auflî grande quancicé de chairs» de laine.& de plulîeurs autres chofès. Elle a toutesfois faute de bois, principalement vers la partie Orientale qui eft plus fèiche. Mais celle qui regarde l'Occident & le Midy.eftplus humide & verdoyante. Les lieux qui font humides,& affis entre Icscoftaux, portent 'ks figues, des noix, des amandes, & quelques Oliue^ Il n'y apointdcRiuicreen cecteiflc , mais les habitansfoiitvne grande pefche au Riuagc de ia mer, où ils trouuent force poiflbns, & particulièrement des huytres, qu'ils nomment Çaideropedes > c'èftàdire» pieds d'afne, qui difFetent grandement dts noftres. Ily i aufli des fou ces d'eau chaude, qui n'a pas toutesfois tant de chaleur que beaucoup d'autres. On trouue en cette Ifle,& non ailleurs Ja terre qu'on nomme Sigillée) ou Sceléc, qui eft bonne piincipale- me tt co ui cla pefte,&les fliisions.On en faidt de pe- tites malfeSiqui font marquées de cara6beres Tu i es. On vfe d'vne grande cérémonie pour la tirer , veu qu'on vient feulement le 6. jour du mois d'Aouft déboucher le trou où elle eft , & il n'eft permis de le voir t< ut le rcftc de l'année, Se mefme rj eft défendu aux habitans d'en tranfporter ailleurs , fur peine de la vie. Les Am- baiTadeurs des Princes en emportent le plus fouuent, lorsqu'ils viennent de Conftanrinople, & croyent en faire vn bon prefent, lors qu'ils en donneV.ti des hom- mes de condition releii^e- Pour le regard du Negrçpont, la mer eft fort rapide en fon deftroid, & l'on du qu'il y a flux & tîrfliix 4t & félon les autres hx fois chaque jour: Tellement que les vaiflèaux mefmes qui ont bon veut ne peuuent bien (cuûenr rien aduancer. Anftotene pouuant fçauoir la caufe de cec y en mourut de fafcherie. Cet - Ifle ao tefteabonde en bled, légumes, vin , & huyle ôc l'on y void auffi fort grande quantité d'ar- bïti i principalement Ceux qui font propres à faire des vaiifeaux. On dit que les brebis decettc Iflen'ont point de fiel > inais je ne içay fi c'eft chofè controiluée ou non. On trouiié prés la Ville de Cari fte de grandes carriè- res de marbre, & pareillemér la pierre Amiante qu'on réduit en fil, ^omme le lin , on en fait de la toile qui fe blanchit eftant jettce au feu lors qu'elle eft fale^ En rifle Meloo on trouue de bonnes fources d'e- aux fulphuiées ou foulfrées, propres pour la fantcdei hommes. Le terroir de cette Ifle eft fi gras & fertil, qu'on y femoit jadis Se après aux Romains > & derechef ailx Grecs qui com- nnandoientà Conftantinoplc. H naquit en l'Ifle de Metclin plufieurs grands per- f(^înages. Et il fcmblequecc fut vne pépinière > tant en Philofophes , que de ceux qui cherchoicnt les Ict très plus agréables , & qui ne requièrent pas que l'ef- ptit foit fi tendu,Theophrafte en eft forty,& Pittaque, i'vn des fept Sages de dcce, cononnc auflî !e Poëtc Al- céc, &Saphon la Poëtelfe , dont les vers font encore trouuczfi mignards. Elle porta pareillement l'Orateur Diophante,& Theophanel'Hiftorien,& le grand Poe- ^.e, &: joLieur de harpe Arion, demefme qucTherpan- drc grand Muficien,& Poète. Les Lefbiens ont jadis adoré Bacchus àcaufe, com- ireditPauranias, qucles pefcheurs dcMfthymneayant tii c de la mer vne tefte faite de bois d'Ohuier, àc vo- ylut quelle rclfentoit je ne fçay quoy de grand , qnoy que la forme fuft eftrange & fort efloigncc de celle des Dieux de la Grèce , allèrent demander à la Pythie, quel Dieu, ou bien quel Héros eftoit reprefenté par ce- fte tefte,& la refponce fut, qu'ils honoralTenc Bacchus, furnommé Cephalenien. L'IlIc de Samothracefut jadis fort renommce,à eau dcguereloing , ilsont des matières qui caufent beau- coup de ftimée , & s'il ya plufieurs vaiflcaux , l'oii fait aulîi des iignals en diuers Jieux , Se lors tous les potts voifins font nduertis de la venue de ces peftes com- munes, & tafchent de s'en donner garde. Quant à la niiid: ,1e feu eft ayfc à voir, ArpourcéilS fc feruent alors de fanaux , faifaiu autant de feux qu'ils auront veu de vailfeaux , ik les voyageurs appellent la mer hette , lors qu'ils ne voyent point de fignal fur ces montagncs,&au contraire trouble lors qu'ils y eii apperçoiuent. L'Ifle dePathmos.oii Palmofe, éft habitée de Chfê- ftiens Grecs, viuans en toute liberté- en payant TnbuÉ au Turc, & .lyant d'ordinaire des Magiftrats Turcs. Ltf terroir y eft cultiuc pSrles Chrcftien,>i& l'on y voit vtt grand nombre de Caloycrs. Les Infiilairesde Cos ont vnc folle fupérftiti6n,véti qu'ils difent que l'on y a veu vn ferpent dé grandeur dcfmefurée , lequel ils tiennent pour vne Fcé , difaiis que c'eft la fille d'Hypocrare qui éft êncoré éii viéj comme celle qui fut jadis grande MagicierinCi Les Turcs habitent feuls en la ville deStancon,fahs aupir aucun Chrefticnqai s'y tienne, non plus qu'cri toutautre lieu de T'At-, excepté en deux villages au plat Pays, où l'dn foulFre que quelques Chreftiens Grecs fé tiennent. En l'Ifle de l'Efboris il n'y a quedes Turcs qui fé tiennent en la Ville de MeteIin,ou d'autres faifans pro- feŒon du Mahometifme : mais les Grecs fe ticnnctit aux champs pour cukiuer, & y labourer les vignes* En l'Ilîe de Stalimcne , ou Lemnos , tous les Grecs s'adonnent au labourage , & viuent là fans crainte qu'aucun les tourmente, cftans dcliurez de cefte peiné par les foldats qui gardent les forterelfes. Ilyaauffi force Caloyers de mcfme qu'en toutes les autres Ifles qui font en la mer Meditcrranéei Quant à l'Ifle de Chio , les Turcs ne véulent péfi fe des cérémonies des Dieux que l'on y obferiîoit,vcu i mettre qu aucun Chrcftien loge dans la Ville qui pot qu'il y auoit vne Efcole. où l'on apprenoit tous les fa crificcs qu'il feUoit à chaque Dieu. MceHvs de ce temps. Combien queTon viue prefque en toutes ces Ifles à la Grecque, toutesfois il ne fera point hors de propos de dire quelques particularitcz des moeurs de ceux qui y habitent aujourd'huy. Premièrement il faut fçauoir qu'il y a vn fi grand nombre de Corfaires autour de toutes ces Ifles , que Içurs habitans font contraints d'y prendre garde en ce- fte forte. Il n'y a fommet de montagnes aux Ifles , où l'on ne mette des gardes du long du jour , afin qu'ils regardent s'ils n'apperceuront point en mer quelques Corfaires : car ils jugent ayfcment de loing, fi c'cftvn vaiflèau d'efcumeurs ou d'autres. Or ils n'ont fi-toft defcouucrt quelque vaifleau de cefte forte, qu'ils font du feuauec leur fufil > & de jour que le feu ne paroift te le mcime nomrcombicn que l'Eiiefque de Pranqucs n'ayt lailfc d'aller célébrer la Mefle en l'Euefché qui eft dans la Ville, oùil y aauflî vn certain lieu,oùtouspau- ures Chreftiens & paflagers peuuent loger trois jours & trois nuits, fans qu'il en couftcrien. l.'on y void pies du foflc leurs fepultures auec dt grandes pierrcsjôc banderoles; A ij-, milles ou enu iron de la Ville, il y a des cafâlsj ou grafidcsmaifonsjoii logent ;o. ou 60. Païfans, qui ne s'addonnent en certaines faifons . qu'à n'ourrir des perdrix , & ont Tindurtrie de les prendre trois jours après qu'elles font efclofes. Ils lesaccouftumentlî bien à leurs logis , qu'ils IcS laiflent tout le jour aller parla campagne : & pour leà faire retourner le foir,chacun va auec vn grain de fro- ment en labouche,& le couche par térre.Lors les per- drix voulans bequetcr ce grain , recognoiflent chacune fon Maiftre,& ainfi chacurl reprend les fiennes.Cequi les rend fort communes, & à bon prix en cefte Ifle. LISLE DE CYPRE OV CHYPRE^ SOMMAIRE. Dfx premiers habitans de Cypre & de fes anciens Prin- ces. Sa fituation ,fon circuit , largeur faralel'c. D« Caps & Promontoires de ceHe longueur climat & Diuifee eH 4- parties anciennement, & a prefent en douze. Ses Villes plus célèbres 0 bourgs plui remarquables. tertilité & abondance de toutes fortes de fiuictsi Ses mines de toutes fortes de métaux. Mœurs &Lotx anciennes des Cyptiens. De leur ancienne Idolatrie& de Venus la Cyprienne» Habitans modernes de Cyprd Ses diuers Gouucrnemens fous les Vénitiens , & a prefent fous les Turcsi * Ccc 4 Ceft* DesEftats du Turc en Europe. «! ■ ^, u.,. niip Vnntîonnoit àSalamincenl'C EsT£ ISLE qui a efté premièrement ha- bitée , comme Ton dit , par laphet hls de Noé , puis fous la domination des Tyrans Grecs , après que la Monarchie des Afly- tïTs fat efteintc.tomba après fous la puiffance des Ro- niains,& parleur moyc obcyt aux PtoIomesRoysd E- CYPte , & lors elle retôba entre les mains des Romams. Apres cela les Empereurs de Conftantinople la^poUe- dcrent enuiron l'efpace de 800. ans. On la vit aptes fous des Roys de la inaifon de Luf.gnan de France. Depuis elle vint à eftre fujette aux Venitiens.l'an i475- & demeura en leur pouuoir jufques à l'année lyyo- qu'elle fut prife par Selim Empereur des Turcs. Cefte me a efté nommée autresfois Crypte.ou Uy- mon, à ce que dit Volatcrran. c'cft à dire,foufterraine, à caufe qu'il femble que les Hots de la mer la cachent. On l'appelloitaufS Ceraftis , à caufe du gtand nom- brede ces montagnes . dont les pointes fc«nblent des corncs.Elle eut auffi le nom de Cethoine, ptus d Ama ^ ■ . « 1 ^ o. -../r J- DV>or,hi* /4«. mpfme au cornes.Elle eut aiidi It nom de t.«home, pn.s a '° " '.^ y,,,, pifcobit que l'on donnoit à Salamine.en l'Occidentale que Ps- uie occupoit . en la Méridionale , qui efto't i Amaihu. fie, & en la Septcntrionale.qui cftoit la Lapathie. Mai* aujourd'huy elle eft diuifée en douze parties , que l on nomme communément contrées , qui font. Nicof.e, Famagoufte.Paphie.Andime. Limiffe. Mafote, Saline, MafToricou Siuori, Grufoc, Panialie, CenncSc Car. ^'Diodore,Pline, & Mele.alTeurcnt qu'elle contenoit neuf beaux Royaumes & quinze bonnes Villes , dont quelques-vnes ont efté ruinées par grands tremble. IJ de terre. Ses principales Villes ^^o^-^^^^^^^^^^^ ucUe Paphos , en la Région de Paphie. Elle porte en. core aujourd'huy le titre de Ville , & fe nomme com- munémentBapha,felon Niger: l'ancienne Paphos qui eftoitenUmermeProuince:Cythere qui donna norn àtoute me. qui n'eftplusau.ourdhuy:ma.sen fon li a on void la Ville deConuche , qui eft des meilUu. resde l'ifle. Il yauoitauffi Curias . 1'^^" « rcb ac / _ , n;r„u;- quieftauuideJ de Salaminie,& de Macarie ou bien-heureufe, d Ama- cantis.Afperie.Colinie&Erofe. Elle eft aflife, félon Ptolomcc, au miheu du lein U- fique, communément golphc deLajazze, & eft conti- sué à la mer d'Egypte , & eft entre les Riuagcs de Ci- Isce.ac de Syrie. Elle regarde du coftc du Midy la mer d'Esypce , & celle de Syrie : & eft auffi bornée du Le- uant de la mefme mer de Syrie . & du fe.n IlTique, duCouchantdelamerParophylie , &duNorddeU- ^''LapartiequiregardeleLeuant, eft cnoignce de la vold mainienaiu v . . meilleures & principales. On y voyoït Amaihus, qui eft maintenanc toute deftruite. Dauancage la Ville de Ceraunie, maintenant Ceri- ncs , baftie par Cyrus ainfi qu'il euft fub)ugue les neuf Roys de Vide. Cefte Ville eft affife en la partie Septen. trionalel'Ule.MaisNicofie.quifutnommeeautresfois Lettre, puis Leuocote, & la demeure des Roys, eft aU fife en la plaine de Maffare. A trente ^.milles deNico. fie l'on voidFamagoufte,autresfois Salamis,puis Con- ftancienne , Ville fignalée. Il y en a quelques-vns qui tiennent que Famagoufte cftoit autresfois Tamafte , & La partie qui regarde le Leuant . eft cflcgnee de la "7'"' "'"g^;; , Veftoit vne des quatre OyrieiOU JUllCCllUllwaa 1 que l'on peut faire en vne nuid. La partie qui regarde le Midy eft efloignce d'Alexandrie de la nauigation de trois ou quatre jours.& autant de me de Rhodes ou cofté du Couchant. Elle eft à 60. milles lomg de la U- lice.ou Caramanie. La longueur de cefte iQe eft du Ponant au Leuant, &quelquesfois elle faid des Iftmes , oudeftroitsde terre aux coftcz qui déterminent fa largeur. Elle elt aflife au commencement du quatrième chmat , lous la dixième paralellc , félon les modernes (on plus grand jour d'Efté eft de quatorze heures & demie , ou enuiron.EUe comprend trois degrez celeftes en (a loA- eueur. Son circuit, félon Strabon, eftde34io. ftades, qui font 417. milles. Pline du que fon tour eft de 57^ milles. Les autres difent que voyageant par mer al cn- tour,l'on trouue 500. milles pas. & que fa longueur eft de zoo. milles , & fa plus grande largeur eft de fo. ou 60 Mais il y enaencores quelques-vns qui luy don- nent 5io. milles de circuit , zoo. de longueur, & ijo. de largeur. , Elle a plufieurs promontoires , ou Caps, comme du Ponant le promontoire Acamas, maintenant Cap de S Pifane; ou Epifane, le promontoire Drepan, aujour- d'huy Trapon, ou Melechie celuy de Zephire,maime- nant Punta.ou Punte, ou Molota, ou Melonta.ou Cap de Chehdoine. Du cofté du Midy l'on void I5 pro- montoire Phœurie, nommé Cap blanc : celuy de Cu- ricmaintenantCappodellegattc: celuy de Dades,main. tenant Cap de Chiri : celuy de Thtone . maintenant Cap de Phila. Du Leuant on voit le promontoire l e- dale, maintenant Kapo de Griego . ou Cap de Gtec.& au fommet de l'Ifte celuy de Qides.maintenant le Cap de S Andté.Du Notd.on void le promontoire Crom- myon , maintenant Cap de Cormachiti, ou Cornac chiete. Au refte, entre le Cap de Cormachiti , Se ce- luy de S. Epifane, l'on void la mer Pamphile, œamte nant le Golphe de Settalie , qui eftoit autresfois fort dangereux, l'efpace de 500. milles. Ptolomcc nous apprend que cette Ifle eftoit jadis aiuifée en quatre parties , c'cft à fçauoir en l'Orientale Villes qui auoient le nom commun d Almoc. On compte outre ces Villes enuiron 8yo. villages, ou bourgs ouuerts . en mettant toutcsfois parmy ce nombre quelques Villes ruïnées.qu'.li appellent coin. muncmentCafaux , qui comprennent enuiton ifio. milles habitans. 11 y a beaucoup de ces lieux qui peu: uent eftre comparez àdes Villes , tant poar leurgran- deur . que pour le nombre du peuple. L« meilleures font,Lapitho Sicuri,S. lean de CarpeircLefcara.fainéfc Conftantin,Limnati.Silicu, Pellendrie, Chillani,Col. lofle Pifcopie.Salincs, Conuelie. Crime.Arzos, Omo. dos,Crnfoc,Solie,Marfou, & Lefque.Tous lesCalaux, ou bourgs eftoient diuifez en trois parties , dont U moitié appartenoit à la Chambre du Roy,& le refte en partie à l'Eftat Ecclefiaftique. & en partie aux Nobles ''n 'y a plufieurs montagnes en cefte iHe . mais celle d'Olympe eft la plus haute de toutes. Les Grecs l ap- pellent Trohodos . & elle a de tour dix-huid lieues, On y void par tout force Monafteres de Caloycrs Grccs.de l'ordre de S.Bafile. Qualité. Toute cefte llle a efté jadis fi pleine de bois , qu'on ne la pouuoit cultiuer, & combien qucles habi- ta.is eulTent conlommé vne grande partie de ce bois i fondre les métaux , & faire des Nauircs , toutesfois i^ nepouuoient gueresdefcouurirla terre , tant de bois pouffoit toufiours. Enfin ils ordonnèrent que ceux qui voudroient couper des arbres, le pourroient faire, & que chacun polTederoit comme propre les champs qu'il auroit defcouuert & nettoyez. Strabon du que l'Ifie deCypre ne cedoit de fon temps à aucune autre, veu qu'elle portoitdu vin & de l'huy'.e en abondance, & auoil alTcz de froment pour la nourriture de 1^ habitans. Or elle eft maintenent fertile au poOible. X abonde de tout ce qui eft necelfaue à la vie humaine. Car outre la grande quantité de froment & d autres grains , & fruits de la terre qu'elle porte , elle produit Des EftatsduTurcen Europe. de Tort excellent vin , que l'on garde jafqu'à quatre vingts ans, & dans ce temps > de noirs ils deuiennent blancs , & font de bonne odcur> Se d'vn gouft du tout agréable. On emporte deCypre ce beau & grand raifin noir, qu'on nomme communément Zibile , & on aaccou- ftumé d'y cueillir toute forte de fruits qu'on a ailleurs, ^ principalement les Limons , Citrons Se Oranges, quifurpalicnten gouft ceux des autres Pays. Elle ne porte pas des Chaftaignes, des cornes , ny des Cerifes: mais elle produit force Dattes , Se du Succre qu'on tire des Cannes , le SatFian, la Coriandre , Se la Lentifque. Et outre les herbes communes, ellea des febuesd'Egy- pte , ou Colocafies , &autres herbes qui font de fort bon gouft. Il y a du miel qui eft excellent & blanc Se du Succre qui eft noir » & eft nommé vulgairement Mclazzo. Ce Pays porte aufîî beaucoup de chofes me- decinales. comme la terebintc, la coloquinte, la rhu- barbe , la fcamonée Se chofes femblables , comme aufll vne herbe , des cendres de laqaelle on fait du Sa- uon. Elleaaufli quantité de mines d'or,deChryfocole, de calchante, d'alun de fer,& de loton: mais elle a plus d'airain que d'autre chofe. Elle produit auffi quelques pierres pfecieufes.com- mcremeraude, le Diamant,le Cryftal, le Corail blanc & rouge Se la pierre d'amiante , dont on faiéè de la toi- le qui ne brufle pas eftant mife au feu > ains s'y blan- chit. Les Habitans tirentauflî de grandes commoditcz de leur coton, de la laine qu'ils ont en grade quantité, & le poil de leurs chèvres , dont ils font des camelots. Ils tirent aufli force fel d'vn Lac qum'eft guère loin de la mer, qui a douze milles de circuit , Se dans le- quel il tombe vne petite Riuierc qui defcend du mont Olympe. Ceux qui demeurent en cefte Ifle fentent vne fort gtande chaleur, pource qu'elle eft affife au trente-cin- qùiéme degré ou enuiron de hauteur Boréale, à raifon dequoy le Soleil n'eft gueres efloigné d'eux , lors qu'il eft au Tropique d'Eftc,ou de l'EcreuiiTe. Toutesfois le Nord (oiiffle fort au bourg de Cerines, & adoucit gran- dement céte incommodité par le rafraichiftement qu'il apporte au gros de l'ardeur : & l'air eft fort fubcil aux montagnes. Son air eft plus fouucnt mal-fain & defagreable , à caufe des Eftangs qui pouffent de mauuaifes vapeurs. Il n'y a point de Riuieres , ains feulement s'il le faut ainfi dire, de torrens , qui venans à fe tarir , lailfent les Hibitans auec vn grand deffaut d'eau , qui eft peut- eftrela plus grande incommodité qui puiffe arriuer à ceux de Cypre.On rapporte qu'auanc le temps du grand Conftantin cefte lUe fut abandonnée par fes Habitans l'efpace de ^6. années , durans lefquelles on n'y vid ja- mais pleuuoir. Il n'y a qu'vn port propre pour l'abord des Nauires près de Famagoufte. Il eft vray qu'il y en auoit autresfois plufieurs , mais ils font maintenant remplis à caufe de l'impetuofitédelamer.^ Mœurs anciennes. . CEftcîfle a efté jadis en gtàndé i-eputatioii,pource que combien que les Poètes ayent fait naiftie Ve- nus de l'efcume de la met : toutesfois la commune opi- nion eftoit, qu'elle auoit pris naitfanceen l'ifle deCy- pre. El de faiâ: l'on croit que cefte belle Dceffe 4'a- mour fut jadis Dame de ce Pays , & que pour couurir fon impudicité, elle ordonna que les femmes y pour roient paillardcr fans aucune crainte. Ce fut auûTi de la que vint la couftume que les filles dcCypre auant que prendre mary.venoient à certains jours (ur le bord de la mcr,pour fe prefenter au premier eftranger qui voi - droit jouyr pour fon argent^ & auec cefte forte de gain elles affembloicnt quelque fommc pour payer leur doliaire Se fatisfairc à la Dccffe Venus pour le rauiflè- mentdelcui honneur.DauantagelcsCypriots auoient appris les cruelles façons des B irbares de l'Afie , veil que Teucer leur ayant enfcigné d'immoler les hom- mes. & d'cfpandrcle fanghumain,en adorant le Diable fbuslenom. delupitcr , ils continuèrent jufques à ce que l'Empereur Adriâp en abolit la couftume. Les Roys de cefte lile portoient autresfois des ha- billemensde tefte faids comme des mythres de nos Euefques,à la façon des Roys de Petfe, auoient leurs robbes longues , ainfi qu'on les void porter au)our- d'huy aux Turcs:qu'^u reftc.ils viuoient à la Grecque. Les Habitans ont efté jadis fi riches , Se puiftans qu'ils ont enuoyé des colonies en diuers lieux Se ont aftcz longuement commande fur toute la mer Méditerra- née, & bafty plufieurs Villes en Efpagne. Mœurs de ce temps. LE s Habitans de cefte Ifle font ciuils Se viuent fplendidement Se delicieufement. ils portent de l'afFcftion auxeftfangers.,& les traiâentauec vne gran- de courtoifie. Ils fontvaillans&nezà laguerre,robu- ftestout ce qui Ce peut, merucilleufement difpes mais du tout fubjedts à la melancholie. Ceux qui s'y tiennent font de diuerfes Nations:tou- tesfois l'on y void beaucoup plus de Grecs que d'au- tres.La plus grande partie de ces Habitans vindrent etï cefte Ifle au temps du grand Conftantin d'Egypte , de ludéede Syrie, de Cilice, deCapadoce, dePamphylie> dcThrace, &: de plufieurs endroits de la Grèce: après que l'Ille eut efté abandonnée à caufe du deffaut de l'eau. Mais pour le regard des gentils-hommes de Cy- pre,ils font pour la plus grande partie fortis de France: car après la perte delaTerre-faindrc, il y eut beaucoup de François qui fe retirèrent en cefte Ifle auec le Roy Guy de Lufignan, enuiron l'an ikjj. Mais depuis que les Vénitiens en deuindrent Maiftrcs , non feulement les Nobles de Venife qui demeuroient en \ ypreeftoi- ent recogneus pour gentils hommes de cefte IflerMais encore tous les Citoyens des terres de la Seigneurie de Venife, deuenoienc Gentils- hommes Cypriots , lors qu'ils s'cftoient tenus cinq ans en la Ville de Ni« cofie. Il y a dans cefte Ifle comme en toutes les autres,des mœursmefléfs , veu que quclques-vns y viuentàla Vénitienne , n'ayans oublié leurs mœurs anciennes: les autres qui font Turcs viuent à la Turque, & peu à peu tous commencent à s'accouftumer aux façons de faire de ceux qui leur commandent. Gouuernement. TOus les Cypriots qui demeurent hors des Villes, font diuiiez en cinq diuerfirs conditions , c'eft à fçauoir en Pariccs , Leiffteres, Perpiaires, Albanois Se. Vénitiens blaacs. La condition des Pariciens eftoit la plus mifcrable, d'autant qu'ils eftoicnttraiélcz comme Efclaues:car ils payoient jadis certaines fomm es àleurs Maiftres toutes les années , & iupportoient d'autres charges fort faf- cheufesrvcu qu'ils deuoiéc deux coruées chacune d'vn jour entier à leurs Seigneurs , toutes les fepmaincs, & outre ce leur dorinoicnc la tro^ifiéme partie de tous les fruiéts de la terre.Ces Seigneurs auoient tout pouuoir fur eux , tellement qu'ils les pouuoicnt emprifonnefs bannir , battrël coups de bafton, &-les tourmeîiter: bref ils en pouuoicnt faire tout ce que bon leur fem- bloit, excepté qii'il leur eftoit deffendade les mettre à . /£t:car le Roy Icul auoit cefte authorité: mais il leur eftoit permis de les vendre & de les changer , &lesP pouyoïcnt aufli rachcptcr pour le pr x de Co, efcus j86 Des Eftats du Turc en Europe. ou cnuiïon, Toutefois leurs fonds demeuroient Pari- ces , c'cft à dire obligez à leurs Seigneursauec la mcf- mc condition. Ceux qui s'eftoietît affranchis en ccftc forte, fe nom naoientLeifftercs, c'cft à dire libres : & leurs enfans eftoient de mefme condition que lesPe- r« exceptez ceux qu'ils auoient engendrez auant leur dcliurance,veu que ccux-cy font tenus pour Pariccs. Les Lcifftcres payoientlacinq ou fixiémc partie des fruits qu'ils auoient recueillis. Au refte il eftoit dcffendu auxLeiffteresde fe join- dre par mariage auec les Princes , pource que les en- fans qui naiflbient de tels mariages,cftoient tenus pour Patices. Les Perpiaires font quelques-vns d'entre les Parices, qui obtindrent la liberté du temps des Roys de Cypre auec tous leurs enfans,& fucceîfeurs, à condition toa- tesfois de payer toutes les années quinze Perpirs, qui font certaines pièces de monnoyc de Conftantinople: mais les fonds de ceux-cy demeurent fubjc6ls comme auparauant. Les Albanoij font certains peuples receuant folde, qui furent autresfois mis en ceftc Iflepour la garder, & ceux-cy engendrèrent en Cypre des enfans qui re- çoiuent la (olde auffi bien que ceux qui portoient les armes , jufques à ce que cefte Ifle euft efté prife par les Turcs. ' Les blancs Vénitiens font certains Habitans de rifle qui eftoient libres,tant eux que leurs enfans.en payant feulement aux Roys , ou bien à la Republique de Ve- nife quelque fomme dargcnt. * Cefte Ifle vint à eftre fubjede aux Vénitiens l an 1475. & demeura en cet eftat jufques à l'an ij/o. qu'el- le fiu prifepar Solin Empereur des Turcs. Pour le Gouuernement dont le Turc y vfe, nous en parlerons au difcours gênerai delà police de fon Em- pire. Religion, qui IL y a eu autresfois 14. Euefchcz en cefte Ifte , eftoient toutes Grecques. Mais elles furent réduites à quatre par le Pape Innocent lll. en faucur de la Rey- ne Alix. Il laiffa donc l'Archeuefché de Nicofic dou- ble, l'vne Grecque , &c l'autre Latine , l'Euefchéde Fa- magoufte pareillement double : l'Euefché de Paphéc aufli double,de mefme que celle de Limille. Or ces Euefchez Latines ont leurs bourgs , & leur$ décimes : mais les Euefques Grecs çxigeoie.u tous les ans certaines fommes des Preftres &D.a(?rcs qui leur» eftoient fubjcfts à la façon des Prélats Grecs des au- très Prouinces. . ^ :r Les Archeuefques , & Euefques Grecs recognoil- foient les Euefques Latins pour les fuperieurs , voirç en telle forte qu'après que les Grecs auoient efte efleu« Euefques par le Confeil du Roy , ils eftoient confi - mezparles Euefques Latins, &quandily auoit qoeli que procez par deuant les Euefques , on appelloit des, Grecs aux Latins. , , Les Euefques Grecs ne demeuroient pas aux Villes, cy-dcifus mentionnées , ains le Pape Alexandre qua- trième leur afEgna d'autres fieges , comme on lit en la. Somme Alexandrine. Car l' Archeuefque Grec de Ni- cofie auoit fon f.ege en l'ancienne ViUc de Solie , ôcic nommoit Euefque de Solie, & conduaeur^u chefdu peuple Grec de Nicofie : l'Euefque de Paphefe tenon, en la Ville d'Arzos : ccluy de Limilfe «ut pour 1» de- meure Amathonte : mais pource que cefte Ville n e- ftoit habitée, il fetenoiten la VilledeLefcare Finale, ment l'Euefque de Famagouftc faifoit fa refidence 4 Capaftir, toutesfois auec le temps ils font retournez aux fufdites Villes.excepté l'Euefque de Limiffc.quieft de- meuré toufiours à Lcfcare. Il ne faut taire auffi que l' Archeuefque Latin dt Nicofie , qui s'appcUoit Ar- cheuefque de Cypre , ne rccognoilToit aucun Patriar- che,ains dependoit immédiatement du Pape : a rai on "dequoy l'on le nommoit Primat du Royaume , & Lé- gat né du fainft fiege. Mais il faut fçauoir qu après ce- la foubs le Pape Pie IV.les Seigneurs Vénitiens deuin- rent patrons de cétArcheuefché . & fouloient eflire quatre hommes l'vn defquels eftoit nomme Archeuel- que par le Pape. , . Outre les Eglifes Grecques & Latines , il y a encot d'autres fe^es en cefte Iflccomme des Armenien^,Co- fres, Maronites, Indiens , Neftoriens, Géorgiens & la- cobites , qui furent toutes chalTces par Salad.napres la prife de lerufalcm, & chacune de ces feftes a fon EucI- Les Turcs y laiifcntviurevn chacun en fa liberté de confcience , de mefme qu'aux autres Pays ou ils domi- nent, veu qu'ils ne demandent rien que la Seigneurie, & le payement du Tribut qu'ils exigent toutes les an- nées. LISLE DE RHODES. SOMMAIRE. iiomsàmrs donnez anciennement à l' ijle de Uodes. Renommée pour fon Colojfe admirable & fa defmpmn. Situation de l'ijle de Rhodes. ^Sombre defes Villes. . Defcription de la célèbre Vitte de Rhodes munie de trois ceintures de muraiUes.de fetze tours,mq Chafteatix. Se]our ancien des Cheualiers de S. UandeHierufalem. Comment fut prife par Soliman Empereur des Turcs. Eftfujette aux déluges & rauage^ d'eaux. Sa félicité & abondance enfruiRs rares. Generoftté, valeur, & puiffance ancienne desRhodter s. Loix & Gouuernement des Infulaires. Leurs meurs & exercices grands Magiciens. Leur Idolâtrie. ^epnge de pSuples qui habitmt au]omdhuy M»- des. Este Isle fut jadis nommée Ophin- fe , Afterie, Ethcrce, Trinachie , Corym- bie . Pœeffe , Atabirie, puis Macarie, & ColoiTe , à caufe du grand Cololfe qu'on y ''°Ceft fans pofe & mefure que le^ anciens exaltoienc ce arand & merueilleuxCololTe d'airain, qui fut jadis efle'ué en cefte Ifle par le ftatuaire Chares Lynd.uJ Difciple de Lyfippe natif delà mefme Ifle Scà^A^t Soleil par les Rhodiens,pource que toufiours il s eftolt monftré à eux beau & clair fans aucuns nuages ny brouillards. Quelques Autheurs efcriuétqu lUut dteU fé par le commandement du Roy Dcmctrius , qui ht U loncuement la guerre aux Romains,& qu'en l edihca- tion de cét ouurage furent employées douze années entières & confommez prés de 3oo.taJcnts. C cltoit certainement vn fimulachre digne de grande admira- tion . qui véritablement meritoit d'cftre mis au nom- bre des fepimetueiUes du monde, commcil fut . car 11 ^ conte Des Ellats du ' conicnoit en hauteur 60. & dix comices , auec 30. fta- tuës d'Apollon & de lupiter qui rcnnironnoicnt. Cet Idole eftoic fi admirable , qu'il n'eftoit pas poflîbic à vn homme d'cmbraflèr Icpoiilced'iceluyaiicc Ces deux bras ; les moindres de fcs doigts furpadbient plufieurs ftatuèsen grofTeur 6c hauteur ; jelaifle maintenant^ penler de la proportion , grodcur Se lotioueur des au- tres membres ôc pièces de ce mcrueillcnx Coloiïe , qui eftoit encore debout Se en Ton entier du temps de Pline le Naturalirte , les plus grands nauircs palîoyent entre fcs jambes ; mais enfin il fut réuerfé par terre cin- quante fix ans après qu'il euft elle érigé Se ce par vn tremblement de terre qu'arriua en Rhodes. De \k en après tous ceux qui d'ellranges Pays arriuoyent en ce- tte Iflc , demeuroyent fans parler , tous rauis & efton - nez de voir vnetelle pièce fi grolfe Se fi longue Se bien- toft après que le Soldam d'Egypte appelle Muauia , fe fiit rendu Maiftre de Rhodes , fit mettre en pièces ce grand Cololfe d'airain ôc en fit charger le dos de 900. Chameaux par l'ayde Se induftrie d'vn certain luif na- tif delà Ville d'Emilfe , & les fit conduire en Alexan- drie, pour s'en feruit félon qu'il luy fut agreable,ce qui aduint enuiron l'an de N. Seigneur n^f. A raifon de ceColoife cefte Ifle fut anciennement appcUce Rho- C.OS Collofuola , & les habitons d'i celle Colloffiens, qui furent('fi jenem'-abufe)ccuxaufquels l'ApoftreSainâ: Paul enuoya quelques Epiftres intitulées aux Collof- (îens. Elle eft efloignéc de vingt milles de la terre ferme i'Afie,& comprend enuiron 140. ou félon les autresjj. milles. Il n'y a maintenant qu'vne bonne Ville qui fc nom- me Rhodes, de mefme que l'Ifle, ainfi qu'elle faifoit inciennement.Elieeftexpofée au Soleil Lcuant, &affi- ^e partie fur vn cofteau, partie près le Riuagede la mer. [1 y a trois ceintures de murailles.treize tours fort hau- es, cinq Chaftcaux, Ôc quelques autres fortercflès qui a rendent comme imprenable. Cefte Ville a efté jadis fort renommée ,& beaucoup )lus anciennement que fous les Cheualiers de S. lean le lerufaiem , & qu'elle n'eft aujourd'huy fous les Furcs. Gar après que les Chreftiens eurent efté depof- edez de la terre Saincfle, cefte Ville auec l'Ifle entière •ut donnée par l'Empereur de Conftaminoplc aux Ihcualiers de S. lean, l'an 1308. Mais l'an lyiî. Solyman Empereur des Turcs s'en endit Maiftre, ayant pris la Ville par compofition,qui ût telle que les Cheualiers fortirent de l'Ifle en pleine iberté,& les habitans du Pays demeurèrent s'ils vou- urent. Toutes les maifons des Cheualiers de Rhodes y ont encore aujourd'huy entières > auec les ^moitiés, jcintures, fculpturcs Se infcriptions,que les Turcs ont ronfcruécs. Qtialhé. PRes de la Ville de Rhodes on void vne plaine du cofté du Nord ( car l'autre eft montueux ) qui eft picrreufe Se peu large : mais elle a aflez de longueur. Se l'on void plufieurs vallons,& collines proche de la Vil- le, auec vn grand nombre de vignes , Se d'arbres frui- ftiers.qui y viennét par Art, & induftrie des hommes, itn que le naturel du Ueu ne porte pas telles chofcs. Cefte Ifle a efté fort fubjede au débordement des ranx : mais on atafchédefaire cfcouler les eaux , & defeicher les marais:tellemei|f que le Pays a cftc rendu Fertile, & non plus fi fujet à telles inondations , dont elle a efté affligée , principalement par trois fois ; La dernière aduint après que le Roy Antigone eut vaincu Eumene , & ce fut alors que toute l'IQe fut couuertc d'eau , Se que tous fes habitans furent noyez. Cccy Lurc en Europe. $îf n'aduint pas par vn débordement de la rner : mais par des orages & pliiyes fort cftrangcs , qui commençans par grefle fiir le beau commencement du Printemps furent fi impetiieufes qu'abattains plufieurs maifonsj & tiians grand nombre de perfonnes , qu'il en fallut dé bien peu que la Ville qui dftoit balfe ne fut ruinée en- tièrement par ce raliage; Mais pour dire encore quelque chofe de la{)onté Aé cefte Iflc en général elle abonde en paflur^ges , & pro- duit vne grande qqantitc d'orangcrs.de citronicrs,d'o~ liuiers , Se autres arbres qui gardent perpétuellement leur verdeur. Mœurs anciennes;, LEs vidloires que les Romains ont eues par îemô- yen des armées Naualcs desRhodiensj Se ia cou- rageufe dcffence des mefmes infulaires contre les Ro- mains auant qu'ils fuflent rangez fous la dominationj peut aifez faire cognoiftrc combien ce peuplé eftoié vaillant,& né aux armées. Les Rhodiots ont auflî furieufement combatu co ti- tre Caffie.Mais aufli long- temps auparauant ils vferenË diucrfcment de leurs forces, tantoft pour les Lacede- monicns contre les Athenicns,tantoft pour les derniers contre les autres,fèlon le party qu'on leur faifoit. Car c'eftoit vn peuple qui eftoit libre , & dont l'on men- dioitle fecours 3 comme on fait aujourd'huy ccluy des Suides. Il falloit fuiuant vne ancienne Loy , que les riches fouftinlfcnt les charges des plus petits. Il y auoit aufli des hommes deftinez aux œuures dii public , qui fournifloient desviures à ceux qui trauail- loient 5 & prcnoient garde que rien ne manquaft de ce qui eftoit neceflâire, & principalement en ce quicon- ccrnoit le fait de la marine. Dauantage il y auoit quelques (ccrets en leur Àrfe- nal, qui n'eftoit loifibie à aucun de regardcr,& fi qucl- qu'vn eftoit fi hardy que d'y jctter l'œjl defliis , ou d'y entrer,il eftoit fbudain condamné à perdre la vie. La Ville de Rhodes fut loijéepour les fciences Se arts libéraux qui y floriflbient. tellement que les Romains mefmes y enuoyoient leurs enfans pour apprendre les bonnes lettres. Les Rhodiens n'auoient fi grande douceur en lent langage que ceux du Pays d'Attique , Se reflentoyenc trop tout enfcmble la rudcfle des paroles de leurs voi- fins,& trop du babil des Afiatiqucs. Les habitans de cefte Ifle , quoyque fort ciuilifez, imrtîoloient, comme dit Eufcbc, vn homme à Saturne toutes les années. Ilseftoientau commencement grands forciers, &fi dangereux, qu'auecl'infufion de certaine eau charmée ilsgaftoi^ntlcsfemences.&faifoient mourir les beftesi îlb eftoient grands cfcrimeurs.fubcils Artifans, de gen!- til cfptit}& remplis de belles inuentions. Mœurs de ce temps^ LA Ville eft habitée des Turcs qui viuent â la mo- de de leur Nation,& dcsiuifsqui y font allez d'È- fpagne.Mais quant aux Chreftiens ils ne penucnt y de- meurer la nuidt, d'autant que les Turcs les foupçon; nent,& ont peur de quelque iedition ou crahifon. Du- rant le jour il leur eft permis d'y demeurer tant que bon leur fcmble.fans qu^in le trouue mauuais. Ceux qui demeurent aux villages font pour là plus grande partie Chreftiens Grecs qui cultiuent les vi- gnes & les jardins » & labourent les terres. Ceux-cy viuent prcfquc entièrement à la façon des antics Grecs, DES jS8 DesEftats du Turc en Europe, ■m DES ISLES DV PROPONTIDE APPELLE'ES DES MODERNES ^ V £ M A R M 0 R A. E Propontide eftpropreîxicntlamer de Conftantinople , dans laquelle coule ' l'eau de la mer Noire,& fe va r?dre en TAr- >£sv^*(i^ cliipeUgo , c'eft ce que l'on appelle l'Hele- fpont de Thrace ou de Grèce, fcparant l'Europe d'auec l'ACie : il y a plufieurs Iflcs en ccfte œer , dont les plus célèbres font. Pordoti fort agréable & plaifante, diftante de hmtt milles de Conftantinople, & tellement belle,qu on ne la peut confidercr fans eftre conuié à l'amour , ou a la folitiide. Sur le fommetdVne montagne de cefte lUe il y a vn petit Conuent de Religieux Grecs , qu ils nomment Caloiera auecfon Eglife , & au delTous ti- rant vers le riuage fe voyeat les ruïncs de grands bains antiques,auec des efcalierstout autour,en forme d am- phiteatce & plufieurs autres mafuresde vieux Palais, qui font cognqiftre que le lieu fut autrcsfois bien ac commode. L'Ifle du Prince eft fituce au Golphc de Nicomcdie à S.milles de l'iHc Pordon,eUe èft alTez grande peuplée de Grecs, & bien fertile y ayans de bons villages,quan- tité de vignes, bois & prairies au Riuage de la mer. L'Ifte de S. André eft la bouche dudit Golphe , elle eftoit jadis appcllce Bifbiens , accompagnée de deux autres petites Iflcs inhabitées de perfonncs,mais néant- moins cultiuces & tenues en valeur par le peuple de Miquaqaous , qui eft vn grand bourg de terre ferme au bord de la mer , fur le penchant d Vnc cofte a main gauche entrant dans le Golphe , il eft habite de Grecs, de peu de Turcs, & tle quelques Iuifs.& les Chreftiens Latins y font le plus petit nombre, ôc ncantmoinsont vnc Chappelle deiTcruie par vn Cordelier Obferuan- tin de Galata. Quant au Pays , il eft montueux , mais grand & abondant en toute forte de biens , fur tout y croift quantité de vins blancs excellents , qui fe por- tent à Conftantinople. à Burfia, ôc autres Villes voi- Vis à vis de lifte de tcnedos au fonds du Golphe fe voyent les ruines dVne ViUe que ceux du Pays difent auoireftéTroye la grande j & au bord dudit Golphe y a vn efcucil fur lequel eft vne petite Chappelle , ou de là on pafle en terre ferme , où tout à l'inftant dudst Riuaoe fevoid vne vieille muraille faîa:e de brique, de marbîe ôc de ciment,krge de quinze pas , & tire trois milles de long depuis le bord du Golphe jufques au fond de celuy d'Aidmo.à cet endroit viennent à fe ren- contrer comme deux cornes de croilTant . qui font vnc Pcninfulc de tout le Pays d'entre-deux , qui ne tient a terre ferme que par ce deftroit , dos ôc ferme de cefte muraille , lequel deftroit à ce qu'on du eftoit )adis coupé par vn grande folTc , qui joignant les bornes des deuxGolphes , faifoit vnc Ifle de ccfte terre; mais par. fuccefïion de temps s'v eftant accueilly du fable , la fone s'eft remplie , ôc le terroir remis en fon premier eftat dcPeninfule. Au milieu de ladite muraille fe void vne grode tour quarrée,&vn portail fort [faut, que les Grecs du Pays nomment Portefer,tenans d'vne commune opinion, que là eftoit l'vne des principales portes deTroye la grande,nomir.ce Seaiàmain droide eftoit buftic ladite YiUe fur des hautes monc-agnes qui fe voyent toutes blanches de raines , parmy Icfquelles reftcnc encore fur pied des pans de mars & de Tours entre des mon-, ceaux de marbres admirables , ôc qui fignalent en leut defolation la fplendeur & la gloire du pafle. Ayant cheminé enuironvnelieuèFrançoife entre la muraille fufdite & la Ville , au trauers d'vnc forcftdc fenoiiib & de lauriers cr«us parmy les mafures , on trouuele' Palais de Priam ancien Roy de Troye , ainfl ce lieu eft appelle duvulgaire : fon affiette eft à la pointe d'vne colline ronde aflez eminentcregardant à fon pied vcM^ Tramontane . vn beau ôc plaifant vallon auec vn Lac; entouré de prairies, & borné d'vn cofte demontagnei,; couuertes & rcucftuës d'arbres, où la veue venant à &. fouftenir , faid vne agréable perfpeétiue , du cofté èk Leuant , il a le Golphe de Palerme , ôc au Ponaift celuy d'Aidmo , ayant derrierefoy auMidy ces montagnes où eftoit ladite Ville de Troye la grande. Quant à l'édifice dudit Palais de Priam , il n'en pj- roift plus rien qu'vn comble de pierre de marbre noir, taillées & elabources bien artiftement, & quafi cnco- re toutes entieres,& de groflcur merueillcufe, auecvn débris de ftatués Ôc colomnes déplorable. Cefte quan- tité de marbre feprenoit anciennement dans l'ifledc Marmora, Ôc autres liéux voifiiy, efloignez feulement de huia à dix mille de là. Defl^ous les ruines fufdites , dedans la terre, (e void vn baftiment encore bon &fain, & dont les materiam font fi bien liez que rien ne s'y dcf vnit finon en quel- ques endroits où les pierres ont efté leuées pour s'en feruir. Ce font de grandes voûtes bien faites. entre-W- fées les vnes dans les autres, comme les rués d'vne Vil- le , eftendaés des deux coftez vers les deux Golphca efquels il y auoit anciennement de beaux ports : dcf- cendansauec la lumière , car on n'y peut aller autre- ment, on y trôuue vne belle fontaine , dont l'eau elt I fraifche qu'à peine en pcut-on goufter, Il y a quclquci années qu'il y auoit quantité d'ouuriers là dedans qu en tiroyent les plus belles pierres de marbre pour 1( Sepulchre que le Grand Seigneur Amet faifoit fain à Conftantinople , en l'honneur de Sultan Mahpme fon pere. Sur la cime d'vne montagne du meliB' lieu , rcftc encore l'enceinte des murs d'vn vieux Cha ftcau. - . , Au bas du fufdit Palais de Priam fe void encore vi vieil Temple.dont la croupe Ôc lamoitié delà cloftut font encoresentieres. Prés cevieilTemple,au milieu d'vne piace rondes creufée vn peu dans terre , il y a vne fontaine enuiror née de grands arbres , dont les branchages cfpaisi fuéiUus feruent comme de gardiens à ce frais lejou des Nymphes;pour empefcher que les bruflans regarc d'Apollon ne foliillent la couche de leurs froides.chi ftctCZ, , n En la cofte de Grèce eft le fort Syrdocaltro, notniï des Turcs Zemenie, bafty en Grèce aufaiftc d'vn |Ct Cap.fous lequel ilyavn aflcz bon port: On tient^i c'eft lepremier fort que les Turcs ayent eu en Europ lequel AmurathIV. Empereur fit conftruire pouf feureté du paffage de (es troupes qu'il traidoit d'Al en Europe. r ru A l'cntiée de l'Helefponl font baftis deux forts fteaux appeliez les Clefs de Conftantinople : l v bafty en Afic, l'autre en Europe , 6c (epaicz de tro Des Eftats du Turc en Europe* j8$> milles iVn de l'autre, de la largcuç du Canal qui les Si- uiTe: ils font entre les mains d'vue forte àc (êiire gar- de, &conftruiâ;s expreflémcnten ces deux endroits, à ce qu'aucun vaideau ne les puiflè outrepaHer , & s'a- uc^ner de Conftantiuoplc plus prés de 200. milles, que ce ne foit aucc licence 6c confentement de ceux qui commandent efdi^i^ deux places , autrement s'ils le vouloicnt bazarder de palTer fans i cndre ce deuoir, on les mettroit à fonds à coups de Canon , y en ayant ]k fuffirantc quantité braquez & flanquez à f^cur d'eau pour cet efFc<5t.Lerdits deux Chafteaux font ceux qu'on appelloit anciennement Lcfbos Se Abydos : Celuvde Natolie eft afîis en plaine rafe Se égale fur la Riue de Ja mer, ayant derrière 3c aux coftcz, qui ne (ont battus delà mer des marets qui le rendent alfcz fort : fa for- me eft carrée, & y a trois tours à chaque face , & dans f^n enclos vn donjon. L'autre,que les anciens appelloient Seftos.eft dans la Cherfonefe Prouince d'Europe fur le Bord de la mer, &au pied d'vnc haute montagne qui le commande. & !c couure , tout fon bourg eft i mont la cofte , plus grand, plus beau,& meilleur que celuy du* Nitolie. f Tous vailïeaux en entrans (ont (^nus de les faliierj ce qui fc fait en baiflfant le principal voile , pliant ëc defpliant l'eftendart par trois fois , &^irans quelques volées deCanons : Au fortiril faut qu'ils jettent le fer, ëc qu'ils uemeurent là jiifqucs à ce que ceux de la pla- ce ayent fait la viiite. Au delà de Tenedos,à main droiâre efi: Tlflc de Sta- limini, jadis appeîlée Lemnos , où les Princes de Grèce firent jadis leur feftin , Se proteftation pour s'en aller afEegerTroye.l'ay parlé de ceftelfle cy-dc(ru5, defcri- uant cellenie d'Archipelaguc : Il ne refte riçn d'en di- re, finontqu'en icelle fe prend la terre figillée, & fe faic l'ouucrture de la veine vue fois l'an feulefnent , le fi- xiéme jour d'Aouftengrande cérémonie: Tous les Re- ligieux Caloycrs du mont Athos auec le Patriarche des Gres y vont en proceflion , fuiuis du peuple des IHes voifinesqui y abordent de toutes les coftes de l'Ar- chipelague. o»A(L- ji LÀ BOSSINE . L A BVLGARIE. SERVIE , RASCIE , ET CE QVE LE TVRC pofTedc en Hongrie. tA Bo s s I NE , ou Bofne eft vn Pays d'iUy- ie , r\omraé Dardaniepar Orofe, & par quelques autres haute Mc/îîe. Elle prend on nom de la Riuicre de Bofne.qui fe def cluiiji oans le Saue. Tout ce Pays eft diuifé en deux pjities, dont l'v'ne s'appelle le Royaume de Bofne, l'autre U Duché. Il eft aflis. entre Danou & l'Efcla- uonie. Le Royaume de Bofne occupoit le bas Pays » & (à Capitale place eftoit Couadze,ou laicze.affife au fom- metd'vne montagne entre deux Riuieres.auec vn Cha-^ fteau imprenable.Le Turc fe rendit Maiftre de ce Roy- aume l'an 14^4. & fit efcorcher le Roy de Bofne norn- mc Eftienne, qui eftoit aufîi Defpoté de Rafcie , & cle Seruie. La Duché de Bofne occupoit le haut F^ys voifin des Ragoufois, & leDucs'appelloitauffi Duc de S. Sabe, ou d'Hf rzegouine , ou de la Montagne Noire. Ceftc Duché paruinraufli entre les mains des Turcs la meC me année mille quatre cents foixante quatre. Telle- ment que toute la Bofline n'eft gujourd'huy qu'vn Gouuerneméc.La demeure duBeglierbei eft à Bagnia- luque.Il y a encore les lieux de Bofchegue.CHiro.Hcr zogaune, Like,Sazefchne,Ifuuornik,Cifrem, & Allat- fchiachiffar. La Seruie.que beaucoup de gens prennent pour l'an- cicn Pays de Tribales, & la haute Méfie, eft affife entre, les Royaumes de Bofne , 5f la Bulgarie. La Vi lie prin- cipale de Seruie eftoit Senderomie , que quelques-vns nomment Spenderobc , les autres Simandric, ou Sy- mandrie.les Turcs ou Semonder,& les Hongrois Zen drem. Cefte place eft aftez proche de Belgrade fur le Riuage du Danon,ou Danube. Elle fut prife par Amu- rat Empereur des Turcs , l'an mille quatre cens trente huiâ:. Vous auez auflî Prifdcns , où l'Empereur lufti- nian prit naiiïance. Les autres meilleures Villes de ce Pays font Vidine, nommée par les Turcs Kiratouu i aflife près du mont Argentaire , puis Nouogarde . qui eft aux frontières de Seruie , & que'quelques vns appellent mal à propos Nouueau Mont , & après le mont-noir* La Bulgarie * comme qui diroitVulgarie, eft ain- Ct nommée de certains peupjes , qui eftans partis d'auprès de la Volgue enuiron l'an 666. s'emparèrent de ce Pays qu'on penfe eftre la bafte Méfie des an- ciens. Elle eft affife entre la Seruie, la Remanie , & le Danube : Sa principale Ville c'eft Sofie , Niger la prend pour la Ville de Tibifque de Ptolomée. Elle eft affife en lieu fort commode , & eft grande Ôc bien peuplée, mais nullement forte. Il y a encore Nicopo- lo, que les Turcs nomment Nigeboli. La Rafie eft entre la Riuiere de Termes , & le Danu- be.Ses principales places font Zarfônie , Crufoneccie, Couin , Nou^arde, Seuerin , Calambes , Colombe- fte, Bodo. Ce Pays euft autresfois vn Dcfpote particu- lier, qui fut depollcdé par Amurath. Le Turc poffede encore en Beflarabie , qu'on ti ent pour vne des Prouinces de Moldauie , les Villes dé Kihm , B;rmen, ou Moncaftre, où fc tient vn Sagiac fujet au Bf glierbei de la Grèce. Ces Villes furent pti- fcs par Le Turc auec le Pays i'an i48i'. Qualité. LE Royaume de Bofne eft plein de montagnes fort afpresjôc de peu dé rapport. Tout l'aduantage qu'il a en cecy , c'eft qu'elles rendent le I-'ays plus fort. Il y" aauffi des mines d'argent , qu'on y crouue en grande abondance. On tircaufïï de ce Pays des meilleurs Fau- cons qu'on voye. La Bulgarie eft pour la plus grande partie auffi plei- ne de montagncs,& s'eftendant tantoft vers le Danoni tantoft vers leDanube : tantoft la Romanié,afon Pays du milieu plus afpre que le refte. «^t combien que hs lieux plus bas contiennent quelques pleines & vallées,' toutesfois la plus grande partie eft couuerte de forefts fort efpaiftes, ou bien ces plaines font toutes deferces, Auffi ce fut ce qui confuma l'armée de Ladifîas Roy dePoK.gne. La Seruie , & Rafcie foiit de mefme nature : roaiâ la Seruie furpafte ics autres en ce qu'elle a des mines d'or & eft fcm blable à la Boffine , à caufe de celles d'ar- gent. Ddd Et. Des Eftats du Turc en Europe. Et quant au Pays que le Turc poffcde «n Hongrie nous parlerons de fa qualité, lors que nous ferons par- ticulière mention de ce Royaume» LE s façons de faire de ceux-cy font femblables k cel- les desEfclauons.que nousauons ja dcfcrites pour ];i plus grande partie. Ils fe fentcnt au(E quelque peu du voifinage des Polonois. Et ces Nations font prcf- que toutes addonnécs au vin , fort ruft»ques & grof. fieres.U nê fe fautgueresalTeurer fur leur parolcpour. ce que ce font gens qui fauffent leur foy pou4 de la Carie. Le vermillon de lonie. Le fablon or des Rimer es de Lydie , & le Safiran de Tmole. Les crois »ies d'animaux du Mont- Chimère en Lycie , le fommet '(quel eïi habité des Lyons , le milieu des chèvres , le bas t ferpens. Les vins , fruiéls , métaux , argent, cuivre, fer. um , Cryflal , \a^es , onix ■ albaftre , cheuaux , abeilles e deux fortes de la Cappadoce. Les cèdres du mont Aman, 7 les Torefts de myrtes en Cilice : & Us Loups nommez iUilaqut : Les Dattes t la Manne , le Corail , & lapier- re d'Amethi^e de l'Arabie Petréei Les Palmiers , lé Nard, la Cajfe, la Canelk, h Myrrhe- l'Encens de l' Arabie heureufe. Les rofes, les fiielons, Citrons OHuiers, ùguiers. Grenades, Vigms , pO'tans trois fou l'an raifinsdelaPa- leftine. Le baume , l'iduniée, les Cannes du miel & du fa- ble de Celo propre àfatre le verre en la Phemce. * 11. Naturel, mœurs, coufîumes , & Loix des anciens itArabes,Sabeans, Nabathéens, luifs, Cappadociens ' 11. Defiripticn de la façon de viure prefcrite par Moy- fe aux luifs , & leurs plus ' Chiarquables Loix. Eté la for- lie des enfans a'ifra'él hors d'Egypte , & leur pal, âge en lu- dée mal entendue des Pajens De trots fecies de luifs , & Phartfiens, Saducéens tfjentens. Relation des mœurs , naturel & manière de viure 2Î. des Turcs, Arabes, luifs, & autres Nations habitans les Pro- uinces de l'Afte : leurs façons d'habits , leurs via:des, leurs armes , leurs logemens foiu voûtes, fous Palmiers, ou en des maifons fous terre. 24. 'Leurs richejfes confiflans au trafic du cotton, pier- re d'Aymant, aux mines de cuivre, aux camelots,fer,alun, Criftal, \ajpe, pierre d'onix, Albaftre, Tribut des eelertm du Saincî Sepulchre,& de Medine,ejpiceries,pierreries,perles, Encens. if. Nombres desforterejfes & places plus importantes de toutes les Prouinces d' Afie fub]eEle au Turc. 16. De quelles Religions & Seules font ceux qui habi- tent ces Pajs :'& premièrement des Chrefîiens , Latins & Grecs , diuifezenplufieurs fecies , fcauoir eH Mel.hiteSy Ncftoriens, Dtofàriens , rAnnemens , lacobues , 44aro- ntt es, Coftes, leur origine, & leurs erreurs en la foy. E Grand Tv r c occupe côat le Pays i qui eft ehcrelePonc Euxin, ou la mer Ma- jour , la merEcjée, ou l'Archipelague, la irrer Méditerranée , l'Egypte, le Golphe Arabique, le Perfique, la Riuiere da Tygre,la merCa- fpic, & ledcftroiéi déterre, ou Iftme» qui eft entre la mer Cafpie 5c le Pont- Euxin. Nous commencerons maintenant par l'Afie mi.** neurc , laquelle nous prenons icy pour toute la Cher- foncfc} ou Prefqu'Ifle entre la mer Majeur & celle dé Cilice, & de Pamphilie , qui s'eftend vers l'Archipei laguc .& fe nomme aujourd'huy Natholie , ou hau- te Turquie. Elle comprend les Prouinces de Pont& Bithinie j la Prouinre particulièrement appeliéc Alîe,' la Licie , Galace , la Pamphilie , la Cappadoce , la Ci- lice , èc la bafte Arménie. Elle a pour fes bornes du cofté du Leuant la Riuiere d'Euphrare , qu'on nom- me à prefènt Apherat , ou Fiat : du Midy l.i mer Me- diterrance qui prend tantoft le nom dft la rflcf Lycie.' tantoft de Pamphilie , & tantoft de Cilice ou Carama- nie , félon les Payspar lefquels elle paiTe: du Couchanc l'ArchipcIaguc de la Grèce , & du Nord la mer Ma- jeur. Elle comprend vn grand clpace de terre, veu quelle eft enfermée entre le 36^ degré & 2.1. & le 45. Ddd i degré Des EdatsduTurc en Afie. degrrc'eft ^ rc5Uoir,entre le milieu du quatrième cli-, mat,& du ii.pâraUU»,& le milieu du <î.climat,& le if. paralelle , ou le changement du plus grand jour n cft que d'vne heure. Car la partie qui approche plus du Su a Ton plus grand jour de 14. heures ôl demie,& la par- tic qui approche plus duNort de if .heures & demie. La largeur de ce Pays/clon Pline, cft de zoo. milles pas ou enuiron , c'eft à fçauoir depuis le Sein Idique» ou le Golphe de Lajazzc>jurqu'àTrcbifondc, qui eft en la contrée du Pont. Enquoyil cft d'accord auec Hérodote . qui dit que lifthme de l'Afie mineure , contient enuiron cinq journées d'vn homme qui marcheroit bien, z Le Pont & la Bythinie furent jadis deux Prouinces feparées par la Riuiere de Sangar , qui palToit au mi- lieu , mais elles furent après réduites en vnc Prouince, qui fe nomme aujourd'huy Burfie félon Giraue > ou Becfangial , félon Caftaldc ôc quelques autres. Ccfte Prouince eft bornée du couchant de l'Emboucheure du Pont,duBofphoreThracien , & d'vne partie de U Pcopontide: du Nort d'vne partie du Pont-Euxin,du Midy de la Prouince nommée particulièrement Afie, près de U Riuiere de Rhyndace,&: du Leuant dcCala- ce près de la Paphlagonie. En ccfte Prouince on voyoït jadis les fameufes Villes deChalcedoine, Nicomedie, Apamie,Prufc,Nicée,& Hcracléedu Pont. Chalcedoine , colonie de ceux de Megarc, a eftê re- nommée à caufe du 4- Concile quis'yiint , mais elle eft à pvcfent ruinée. Toutcsfois il y en a qui dilent qu'elle eft debout vis à vis de Con ftantinople, & diui- fcepar vne partie du Bofphore l'efpace dcfeptftades, & que c'eft ce qu'on nomme Galata. Les autres difcnt que c'eft ce qu'on nomme aujour- d'huy Scutari, qui cft vis à vis de Conftantinople. Nicomedie eft vnc ancienne Ville affife fur vn co- ftau fort agréable, & ayant pluficursfources d'caux.qui faid que beaucoup de Turcs & de Grecs y habitent combien qu'elle foit ruinée. Prufe aujourd'huy Barfie , ou Burfc cft vne grande Ville aOife près du mont Olympe. Ce fut autrefois la demeure des Ottomans,auant qu'ils euftcnt pris Con- ftantinople. . , « rr ■ ur Nicée maintenant Nichie, félon Niger, & Lmich e- Ion les autres.fut jadis la Capitale de la Bythinie. Elle cft affife près du Lie d'Inic. ' 5 La Prouince nommée particulièrement A(ie,tnain- ttnant Sabrum , ou Sarcilm a pour fes bornes , félon Ptolomée, du Couchant vne partie de la Propontide d'HelleCpont. & l'ArchipcIague : du Midy la mer de Rhodes,& partie de la Licie,& de la Pamphilie:du Le- uant la Gilace , & du Nort le Pont, &la Buhinic. & vne partie de la Propontide. Elle comprend le Pays de Phrygie,Carie,lesdeuxMyfies,l'Eolie,l'lonie,la Do- ridc.& la Lydie. , t u . a . La Phrygie eft diuifée en haute & baffe. La haute eft ^ du cofté du Leuant, & la bafli du Couchant . & cefte- cycftappelléc Hellefpontique , &Troadefemblable- ment.Caftalde did qu'on la nomme à prefent Sarcura. La haute Phrygie a aujourd'huy , auffi bien qu au- tresfois plus de villages que de villes : On y compte la ville de Midaie. jad.s demeure du Roy Midas , près de la Riuiere de Sangar. Apamie nommée auffi autrcstois Cibotis,fut la plus grande des Villes de Phrygie. La baffe Phrygie, ou h Troade cft vis à vis du mont Athos.La Ville de Troy e eftoit aflife en ce Pays,ou 1 on void auffi le mont d'Ide, maintenant Gargare:On void auffi les ruinfs admirables de la grande Ville de Troye, comme j'ay dit cy-deuant parlant des Iflesdc Marmo- ra • c'eft à Icauoir les mafures de quelques tours, & les fondemens'des murailles. Hors le pourpris des murs de la Ville on void fur les grands chemins de grandi, fepulchtes de marbre d'vne pièce. Ou void encore les ruines de deux Chafteaux baftis de marbre. Il y a encor de grands Coldftes anciens pat terre, & autour des murailles des portes prelqu*" entiè- res, fuiuant le rapport de Bellon , qui did auffi què les Riuicres de Simois.de Xante,de Scamandre font de 1 petits ruiiïeaux , qui tarifTcnt en Efté , 8c ont bien peu I d'eau en Hyuer. t c n. La Ville de Pergame eftoit auffi en la Troade,& fuft la Capitale de cefte Prouince, & la Patrie du Medecia Galen. Ce fut là qu'on trouual'vfage de parchemin. Il n'en rcfte plus aujourd'huy que quelques ruines , & l'on nomme encore ce lieu Pergame. ^ • . LaCarie affife entre l'Ionie , & la Lycie . euft jadis J pour fa Ville Capitale HalicarnafTc aujourd'huy Meffie. Tabu eft vne fort bonne Ville de Carie. Presd'Ha. licarnalTe à main dtoide commence le mont de Tau. rus. Quelques, vns mettent auffi Milet en ce Pays, les autres le donnent à rionie. La Myfie cft diuifée par Ptolomcc en haute 5c baU fe. 11 y auoit jadis en ce Pays vnc Ville nommée Lam- pfaque affife fur THelefpont, droid à droi£t de Callio- poli-mais elle a efté ruïnée , & le lieu où elle eftoit le nomme aujourd'huy félon Niger, Apifco,& félon Soi phian Lambfique. Abyde, maintenant Aueo , fut vne colonie des Mileficns , c'eft là qu'eft le deftroid de l'Hellefpont de la-largeur dcfeptftades. Cefte Ville dure encore aujourd'huy, & eft aUKc en vn lieu marefcageux & bien fortifiée & fon Chaftcaa auecceluy deScéte , qui eft vis à vis . eft vne des Cleh de l'Empire des Turcs : Car on tire de ces Chafteaux des coups de canon cotre les vaifTcaux qui veuletentrct dedans rHcllefpont , ou en fortir fans permiffion du Turc. On y voyoit autresfois auffi la Ville d'Adrami- tium , colonie des Athéniens , maintenant nommée Landcrmitti. C'eft en ce Pays qu'eft la Riuiere du Gra. nique, maintenant Laffaf e, félon Niger, ou Alexandre vainquit les Satrapes de Darius. , o r Le Pays d'Eolic eft au Riuage de la mer Egee , Scie Villes maritimes font MyrincCumc, maintenant Ca ftri , & Forcée ayant deux ports, aujourd'huy Fog ti Vecchia , ou Fuèille vieille , qui auoit jadis deux mille &demydccircuit,felonTite.Liue. L'Ionie a de longueur en droite ligne 40^ mjlic & 200. du lôg de la cofte où eft la Ville d'Ephefemam tenant F.gene. ou Fiene, félon Caftaldc: mais retenan fon nom ancien félon Sophiad : Elle eft renommée caufe du Concile qui s'y tint , & du Temple de Dian rangé entre les fept mcrneiUes du monde. Quelque vns loocnt Milet en cefte Prouince. La Doride s'aduance dans la mer en forme de pou te & contient la Ville de Gnide , renommée a caule c laftatuè de Vcnus.La place où elle eftoit le nomme ^ poChio.ouCrio. Quelques- vns mettent auffi en ce Pays Halicarn: fe auiourd'huy Meffie, comhie nous auons dit,fuiua Sôphian, & Chafteau S. Pierre.felon Niger^^ Vadja Ce fuft en cefte Ville que régna Maufole P.oy de L rie à qui Arthemife fit baftir vn fuperbe tombeau. La Lydie fuft nÔmée auffi Meonie:Sa Capitale V. fuft Sardis.où eftoit la demeure de Cres^:Ellc fuft abl tue par vn tremblemétde terre,& rebaft.e par Tybc La Lycie fuft jadis nommée Mylas, & Ogygicfel Eftienne Giraue , dit qu'à prefent on luy a donne nom de Brique. Caftaldc luy bail e celuy d Ald.ne mais Thcue?di6t que les Arabes l'appellet Benefaa CcfteProuince téd principalemet à la mer qu on no me Ly cienne à caufe de ce Païs,& a pour 1« bornes Coudiât, ëc du Nort la Cane, du Leuac !a Pamph^. félon le Mont Maficyte qui va jufqucs à la mer , ic Midy elle eft bornée de la mer de Lycie enuuor^ -nilles pas de nauigaiion.il y auoit autre.stou éo.Vul dont on en voyoit cncoi debout du temps S.Patil. LesprincipareseftoiencXanthMyrrc,& Lymiie. La Capitale cftoit Para- rc.Il yauoitau/ïïla ViliedeTclrasrcpiés d'vnCap,ou . promontoire du mefme nom. Lesancicns Autheurs mètrent icy la m§ntagnc Chyœere qui- bru/loir de /)uin circyit, & eft enuironnée de pluficurs treillis de fer gros & me- nus , & y a dedans telle obfcarité qti'on n y peut met- tre le pied fans lumière. , • En ce mefme Temple fe void encore vne autre tout diftante de celle- cy enuiron dix ou u.pas faifte en for- me de nos Chappelles ayant ?. ou 4- P''"" P^^^;"/. trer,au milieu d'icelle eft vn puits profond de ^o.bral- fcs.d'où 7. ou 8. hommes commis P^^.'^.f;;;^^"^ ti^er l'eau pour la diftribuerau peuple qui eft là dedans pour faire fes deuotions.qui font telles. Les Z3.jour de May tout le peuple va de bon matin au Temple, voire deuant le poinadu ,our,& va oncir- cuire fept fds laTour où eft le fepulchre de Mahomet, baifans les coftés d'icelle. . ^ , Puis après on va au puits, qui eft en 1 autre tour, ou ils mandent la chaifne d'iceluy . & ^'^PP^^y*"^^^^^^^^^^^ bord.prononcent telles paroles,To«/ cecjfotta l honneur de Dikoieu far fa grâce me pardonne mes ^echez.ôc pus 1 ceux qui ont charge de tirer l'eau du puits, leur en, et- , I ""t?ois ou quatfe grands féaux fur la tefte , les arro fans jufques à la plante des pieds i^^ns auoir efg rd f leurs robes font de foye ou de velours. Ces pauurcs abufez eftiment cftre purifiez & nettoyez de leurs pe- chez par ceftc eau. . • ^ Les Habitans trouuet pour certain que le lieu ou elt baftie ceftegrâde tour.eft là où le Patriarche Abraham édifia fa première maifon. Etdefaidpout cefujet c fécond jour d'après ces indulgences, vn de leurs Pred - cateursappclléenlangueAraberqueCoedi.monteàla cime de la tour & là delfus faid vne predica.tio qui du- re près d'vne heure, côtenât pluficurs exhortat.os qu . fait au peuple , pour pleurer. gemir& prier Dieu qu .1 leur pardonne leurs pechez,& auffi qu'ils ^ycnt à ^ r,e j penifence en fe frappant par pluficurs fois la poidr-ne & après auoirfaia routes ces remonftrances , il com- ! mence à crier , à hante voix , Ô Abraham ajme de Dieu, 1 bien voulu de Dteu/o ifaac efleu de Bieu.amj de Dieu, fr^ez pour le peuple de Nabo,dc en prononçant ces paroles on^ l'oyoïcictcer force foufpirs&gemilTemens. A l'entour de ceftetour, où eft le lepu chre de Ma- homiJt voltigent vn nombre infiny de colombes & pl. gcons . lefquels ils difent cftre encore de la race de ce- luy qui alloit prendre le grain dans l oreille de ce faux Prophète & faifoit croire au peuple qu'il dcceuoit par fa rnefchante& abominable ^«'^■^/"^'î^^ Efprit qui en forme de colombe luy diftoit & mfpi- ro.t la Loy qu'il vouloit engrauer dans leurs coeut<. Ces Colo^nbes icy vohigét par tout aux gremcrs chc - chans le grain & font pluficurs dommages aux Habi- tans fans qu'aucun d'eux ofe les battre ou tuer , ou le. prendre, s'il ne veut encourir vn gnef luppUce. Ces oés font fi abufez qu'ils croyet que fi quclqu v ne de c?s Colôbes cftoit blclTée ou tuee.toutela ma- chine du monde s'é iroit en ruine : Pouc ce fujeft cl les font nourries auec force grain aux depes du Public. Au m'ilieu du Temple fufdit proche ce fcpulchre d, Mahomet à cofté de ce Temple le void vn petit pan où eftoient par cy-deuant nourries fort fo.gnculemcn deuxLycornes, qui fe monftroicnt au peuple lorsqu les pardons fe tenoienclefquclles Lycornes furent en uoyées au Soldan d'Arabie par l'Empereur d Eth.opu à prefent appellé Prcte-lan, & ce en f .gne d olliancc . d'amiàc qu'ilsauoicnt faidc & jurée par eniemble. L'Arabie Heurcufc jointe aux autres deax,elt en toi me dcPrefqu'Ide , entre les Golphes d'Arabie, & à Ptfrfe ; & la nauigatîon d'autour de ce Pays eft d'enui- ton ,704. milles. Solin & quelques autres l'appellent Heureufe, & Virgile Panchaïe : mais à prefent elle por- te le nom d'Ayaman , ou de Giamen. Ses meilleures Villes U)nt, Medine, Tanalbi, Mecque. Ziben,Zibi,& Aden , outre les autres qui ne font paruenuës à noftre cognoillance. * Jt^}"' ' ^''^ ^ Cité du Prophète, eft affife du cofte de l'Arabie Petrée , Se cil aficz peu- plee. C'eft là qu'eft le cercueil de Mahomet , prés duqueron void cnuiron trois milles Lampes allu- mées. ^ La Mecque en laquelle Mahomet eft né , n'eft gùe- res loing de l'ancienne Petra : toutesfois ce n'eft pas la mefme , ains ce pourroit pluftoft eftre la Ville de Mechate de Ptolomée. C'eft vn lieu allez agréable, mais enfermé entre des montagnes, & desdeferts, & fans aucune muraille. Il y a prés de fix milles maifons. On void tous les ans Carauanes, qui partent du Cairt, de Damas , Se des Indes , & s'en vont à la Mecque pa^ deuotion en l'honneur de Mahomet qui y eft né, puis s'acheminent à Medinc , où eft le cercueil de ce Lux Prophète. Z.den cftVillemaritime,&eftà4o.miIlesloinade la Mecque. Elle n'a point de murailles, mais fcs mai- lo ts lont allez belles. Zeaeth , ou Zibit eft vne belle Ville , & Capitale de cet. e Arabie. Elle eft affife en vne plaine entre deux inonc:péc le Grand, Marc Anthoine, Augufte , rontair^zteffrioigné, comme il fe void en Tacicc , la parole de l'Emperear Tuus.ionna vn grand defir de ce faire aux Romains & luy mefme le voulut entreprendre , & de Bit fe voyant Maiftre de l'Empire Romain, & détoures fes Prouinces & nchelles,ne cro- yoitrienauoir , s'il n'adjouftoit encore à fes fceptres la Couronne du Royaume de Hicrufalem , allant à la conquefte d'iceluy en perfonne aucc vne puiffante ar- mée, dont il le rendit Maiftre, ruina Hicrufalem, tua vne partie des luifs.Ôc fit les autres Captifs , qu'il em- mena en triomphe à Rome en nombre d'vn million. L'Empereur Adrian fcachant qu'il y auoit encore des luifs qui s'eftoient ramallez & recueillis en Hicru- falem après la ruine qu'y fie Titus , fit dcftcuire la Ville de Hierulalcm jufques aux fondemens , puis en ayant reeret la fit rebaftir . & l'appella Helia : Ce mefnriede. fir naturel cfmcut Cofdras Roy de Pcrfe à enuahir ce Royaume,mais il n'en jouit pas long-temps : car 1 hm- pereur Heraclms , indigné d'auoir perdu vn fi grand Threfor , fe mit en campagne,deffit cet vfurpateur Col- dras , & rapporta de Pcrfe la vraye Croix auec les Ca- ptifs qu'il ramena, auquel temps arriuace miracle, par lequel nous célébrons annuellement la fcfte de 1 Exal- taiionde Sainte Croix,lc 14- Septembre. Les Empereurs Sarrazins fçachans qae le"'^ Mahometane a quelque fondement en la Loy deMoy- fc&enlaLoy delESVS-CHRiST , &quecesdcux Loix furent inftituées au Royaume de Hicrufalem, auquel cft le Sepulchrc de noftre Sauueut , lequel confelTcni auec nous deuôir faire le dernier &vniuer- fel lueement en iceluy Royajame, eux ayant pris forces ,& acc^roiflement ( car ils auoient cnuahy la Pvoyaumc deCofdras Roy de Perfe ( ils conquefterent encore la terre Sainftc , & afin de conferuet plus long -temps cette conquefte , ils confacrerent le Temple de Salo- mon à leur faux Prophète Mahomet laiffans au^ Chre- fticnsl'EeUfeduSaindScpulchre : & le plus fouuent cftoient en guerre contre les Empereurs de Conftann- noplc pou r le defendre,& par les armes ils le (ont mam- tenus en cette vfurpatiôn depuis l'ané3«. jufques en l'an 1099. quele tref-pieux & Religieux Prince Gode- froy de Bouillon Duc de Lorraine, alEftc de plufieurs autres Princes & Cheualiers Chrcft.iens , y entra auec l'armée de la faindeVnion , & reprit le Royaume de Hierufalem fur lefdits Sarrazins,^ fut efleu le premier Roy Chreftien , & depuis fes fuccelfeurs l'ont tenu ju(- ques à l'an 1187. auquel ce Royaume fut derechef re- conquis par les Sarrazins : & les reftes dudit Royau- me, qui eftoyent encore demeurées en la puilTancedes Chreftiens , furent enuahis par lefdits infidelles en l an i29o.durant lequel tem ps que ce Royaume fut au pou> uoir des Chreftiens Occidentaux . diuers Princes par le moyen de diuers mariages &alliances , ont jouy de cette Couronne jafquesàl'enuahifTcment d icellcpac lesTurcs,ainfi que je feray voir dans la fuitte des Roys de Hierufalem .depuis Godefroy de Bouillon jufques au temps de la perte dudit Royaume. GENBALOGIB DES ROTS de Hierufalem de C)fre,&^ frinapale- ment des Roys de la Maifon de Lufignan. ODEFROYde Bouillon, fils d'Euftache, 18 Comte de Bologne. & de la ComteiTe Idc fut adopté pour fils par Godefroy Duc de Lorraine , duquel la femme eftoit fa tante macetncl!e , occafion qui leur fucceda pour paruenir au Duché de Lorraine , parce qu'ils cftoient décédez fans hoirs : il efpoufa en premicrcs nopces SyDiUc fille de Foulques Comte d'Angers , qui mourut fans enfans : & en fécondes nopces Florence fille d'Holo- phernes Duc de Calabre : & defirant ce Prince magna- nime s'acheminer auec les aurres Princes au Lcuant, au recouuremcnt de la terre Sainte , vendit la Cite de Mets, & ayant.drelTé vne bellearmée pritlaroutc du Leuant, luy & fa femme & fes deux frères , Baudouin & Euftache : & après milles beaux exploits d'armes qu'il fit auec les autres Princes en l'Afie mineure , en Àntioche , & autres Villes contre les Sarrazins , l'an de graceio99. lex;. jour deluillct.vn jourde Vendredy à f heure de Midy , la Ville de Hierufalem fut pri(e. feant en l'Eglifele Pape Vibain U. en l'Empire d'Oc- cident Henry I V. & en l'Orient Alexius Comneno, régnant en France Philippe l. du nom , ce qui arri- ua trois ans après la Croifade defdits Princes pour cec- teexecutiÔ. Huiâ jours après lefdits Princes tous d va confcntement cfleurent Godefroy pour premier Roy de Hierufalem , parce qu'il auoit eftc le premier qui auoit monté à la brefche , & fur la muraille de la Vil- le du commencement. Raymond Comte de Thoulou- fe y contredit , mais il s'y accorda par après. Ce Prin- ce Godefroy , comme humble & Religieux , cftanc falUc Roy refufa la Couronne Royale , (e difant indi. gne déporter vne Couronne d'or & prccieufe , au heu où le Sauueur du monde auoit eftc Couronné d'cl- pincs: il en accepta volontiers le Gouutrnement, au- quel il cftablit de belles Loix & Ordonnances , qui du ^ depuis \ Des Eftats du Turc en Afie.. depuis ontroufiours eftc appelléescn langue Françoi. Ce , jiftfes de Hieruftlem. Il fit cflire vn PvriarcheLa- tin,& créa des Euefques & Archeucfques.-poiK lesau- trcs Villes il inftitua le Clergé , & vne Cour feculierc, fit plufieurs chofes dignes de loliange : mais la premie- rcannéedcfon règne, il lailla la Hierufalem terreftre, pour monter à la ceieftc:ron corps fut.ainfi qu'il auoit ordonné.enfcuelyau mont de Caluairc.Il mourutifans hoirs. Baudouin I.du nom fucceda an Royaume de Hieru- falem àGodefroy fonfrcrd'an iioo. il quitta l'ii^bit de Clericature , & Tes bénéfices des Rheims & Câbray, &fcmari»àGutture, fille de Guillaume Duc de Nor- mandie , qui depuis fut Roy d'Angleterre ; elle l'alla trouuer au Leuant : mais incontinent mourut à Mare- fic dans l'Afie mineure fans enfans. Apres la mort de Godefroy , iceluy Baudouin donna l'adminiftration de la Duché de Lorraine à Guillaume fon jeune frère: il^ efpoufa en fécondes nopccs la fille dé Tafroc Prince ,d'Armenie> laquelle par après il répudia, & prit Adele- fievefue de Roger Comte de Sicile , toutesfois cftant malade, promit à fon ConfcrTeur de reprendre fa fem- mc,& quitter Adclefie. Il trcpalTa l'an i8.de fon règne, & le jour des Rameaux fut enterré au mont de Caluai- re auec Godefroy fon frère. Baudoiiin I I. Comte de Bourg, ou del'Ifleen Flan- dres, fils du Comte Retcll & de Mclifene.fut le troifié- me Roy de Hierufalem l'an iiiS. il efpoufa Morphie fille de Gabriel Duc de Metelene , Ville d'Arménie mi- neure : il eftoit premièrement Comte d'EdiffciSc don- na cette Comré à fon coufin germain GeflTeli n de Cour- tcnay , prenant pourluy poficflion du Royaume de Hierufalem : Il mourut l'an ij. de fon Règne , &le 21. jour d'Aouft fut mis au tombeau de fes predccelfeurs au mont de Caluaire. 11 efpoufa en premières nopces Guibar, fille vnique & héritière d'Helie Comte du Mans,par laquelle il fut aufii Comte du Mans: eftât deccdce il s'en alla en Hie- rufalem . où il efpoufa en fécondes nopccs Melifene fille de Baudoiiin Il.par le moyen delaquelleil fucce- da audit Baudoiiin au Royaume de Hierufalem, 1 an II. de fon règne pourfuiuant vn lièvre en la campagne de Ptolcmaidctomba du haut de fon cheual.dont il mou- rut : il fut enterre auccfespredeccffeursau mont de Caluaire. Baudoiiin III. du nbm , fils du Roy Foulques, & de Melifene Royne,fiicceda à fon pere l'an 114 i.à la Cou- ronne de Flierufalemril fut Couronné le jour de Noël, l'an 13. de fon âge ; fa mere gouuerna l'Eftat pendant fon bas âge , & après auoir régné vingt ans treipaffa l'an trente-troifiéme de fon âgcle if.Feuricr.fon corps fut inhumé au mont de Caluaire auec fes predecef- feurs. Amaulry fils de Foulques Bi de Mclifene.fut par fon pcrcfaiâ: Comte de loppe & d'Afcalone : il efpoufa en premières nopces AgnesfilledelafTclin fécond Comte d'Ediife , laquelle il fut force de répudier venant à la Couronne de Hierufalem , parce qu'on trouua qu'il y auoit de la côfanguinité par degrcz d'affinité ; & en fé- condes nopces prit Marie fille de Ican Comneno Pro- tefcpafto de l'Empire , frère d'Emanuël Empereur l'an n.defon regneil mourut, & le 15. deluillctfon corps fut porté au mont de Caluaire. Baudoiiin 4.du nom, fils du Roy Amaulry,de fa pre- mière femme,fucceda à fon pere au Royaume de Hie- rufalem, l'an M73. en l'an ij.de fonâge, feantàRome Alexandre 5. & en France Louys pere de Philippe Augufte : ce Roy Baudouin eftoit trauaillé de lèpre, oçcafion dequoy il régna peu : il fut enfepulturé auec fes predeccffeurs , l'an de grâce 1184. le feiziéme Mars. Baudouin j-. du nom fiUdcSybillc , ComtclTe de 59? loppef^heritiere de la Couronne.^;? iœur de Baudouin 4.) & de Guillaume Lon£>ue efpée, Mirquis de Mont- ferrat , après la mort de fon pere , cftant âgé de cinq ans fut deliurc& Couronne Roy par Baudouin 4. fon onclcl'an ijS4 apres la mort duquel il fucceda au Roy- aume: il trcIpalfalcS.mois de fon rcgne,non (ans fou- pçon de poifon. ♦ Guy deLufignan 9. Roy de Hierufalem , après la mort de la Royne Sybille fa femme , &c de fes quatre enfans durant le fiege de Ptolemaïde.par laquelle fem- me il auoit eftc déclaré Roy: & voyantqueles droicfts de la Couronne de Hierufalem cftoient cfcheus à Ifa- l*fcau,fœurde fa femme , il paflà tous les droidts qu'il y prctendoit à Richard Roy d'Angleterre , duquel il achepta leRoyaume &rifl? deCypre la fommcde 100. mille efcus,ainfi que ledit Roy d'Angleterre l'auoit au- parauant vendue aux TempHcrs , après l'auoi/oftée aux naturels Ducs Grecs qui la lenoient au nom de l'Empire d'Orient. Donc l'an 1193. ce Roy Guy auec toute fa Cour , & fon frercAînaulry eftant auec luy,qui eftoit Connefta- ble de Hierufalem , pafta en Cypre , où il fit édifier les Eghfes Latines , y édifia & munit quantité de forteref- fes, fit baftir la Ville de Lemilfo, qu'il appclla Nerriofic, & inftitua vne Cour Royale. Il fit joo.Cheualicrs ou Barons:il voulut que la Vil- le de Nicofiefuft Capitale du Royaume , &plufieui» autres chofes qu'il fit ; Enfin l'an de fon règne en Cy- pre, qui eftoit le li, après fon Couronnement en H.e- ruGlem , il mourut, & futenfepulturé en la Ville de Nifie,en l'EghfedcsCheualiers Templiers Htnry Comte Palatin de Champagtk, fils d'Henry Comte, &deMariedeFrance>-efpoula lavcfue d'£n feconcfcsnopces lole héritière du Royaume de Hieturalcm,fcmmc& fiUe dadit Roy Iran, Comte de Bnenne eta faueiir dequoy il fut Couronne Roy de Hicrufalcm. o i.t i Conrad tils de Fedciic fécond Empereur , &d lole Royne de Hiertffalem , y fucceda cftant morce. Conradin fon frecc y fucceda aufli. Hugues premier de Lufi-nan, fils d'Amaulry & de Ciue.fucccda àfon pere au R^yaumcde Cypre : il cU poufa Alifon féconde fille de la Royne Ifabcau. Emfroy iroifiémc de Thoron , & auoit pris pour «fpoux Conrad Marquis de Monifcrrat, duquel elldit ilTuë la Royne Marie : par ainfi le droid du Royaume deHierufalem appartenoit pluftoft à Ahlon Royne de Cypi-c : Mais puis qu'il pUifoit ainfi au Patriarche de Hicrufalem,& aux Eftats d'icellc,& qu'ils auoient cou- tonne la Royne Marie dcuant qu Alifon la lœurtalt Royne de Cypre : ce Roy Hugues ne prit point le 1 1- tre de Roy deHierufalem : finalement après lean de Brenne Roy de Hierufalem , & luy leuc le ^cge de de- uant le Caire, il s'en retourna en fon Comte de i ri- poly,oùil mourut après auoir régné 15. ans : Ion corps fut porté en Cypre . & enterré enl'Eglifc desCheua- liers Hovpitahers de S. lean. Hen-y premier de Lufignan , fils du Roy Hugues premier, fucceda au Royaume de fon pere . l'an uz4. qui l'auoit laiOc fort jeune : il efpoufa la fœur de Bel- mond Prince d'Antioche appelle Plaifancc : auant que ce jeune Roy fuft en âge pour régner , le Seigneur d'Iblrm&deBarutcnauoit laTutele,&le Gouuerne- ment du Royaume. tl j EncemefmetempsFederic z. Empereur tafcha de l'enuahir parrufe , mais il fut conttamddcfe retirer. Dutemôs de ce Roy,vn autre fien coufin maternel ht fon entrée en CypreTçauoir S. Louys Roy de France, auec la Royne & fes frères , au deuanc duquel alla le Roy Henry , la Royne fa femme , & tous fes Princes & Birons, & ce en la Cite de Ncmofie,d'où ilfc condui- fil en celle de Nicofie : ce Roy s'eftant verfe auec S. Louys en lagùcrrcfainachDamiette, au Caire, il fat pns,& retourna après fa delliurance en Cypre : l'an 35- de fon règne il mourut, & gift fon corps en TEghie du Saind Cimecicre de la Ville de Nicofie. Hogut's 2. de Lufignan diâ auffi Huguet, pource que fort jeune il auoit efté lailTc au îloy-^ume par (on pereleRoy Henry, duquel il eftoic fils vniqne. Sa mè- re pour autant auec Ie?.nd lblim , qui eftoit Gouuer- neur du Royaume, & Sencfchal de Cypre.auoient l'ad- mmiftraiiondu Royaume : ce Roy auott fiance la hl - le de ce Gouucrneur & Senefchal : mais le mariage ne pût eftre confommé , parce que le Roy mourut en l'âge de quatorze ans , qui eftoit le dixième de Ion Royaume : Il fut inhumé en l'EgUfe de Sain6t Domi- nique , au cofté dextre du grand Autel. La Royne la mere régna apies luy. • ,. . • , r Hugues 3. deLufignan,Princed'Antioche,fon cou- fin Hugues z. ellant mortfans héritier, il luy fucceda au Royaum. de Cypre l'an iz66. & après la mort aufîi du Roy Conrandm. comme plus proche parent luccc- da au Royaume de Hierufalem. Apres donc s eltre fait Couronner Roy de Cypre à Nicofie, palla en Ph-x- n!cie,& en la Cité de Tyr récent la Couronne de Hie- rufalcm par le Patriarche & les Grands Maiftres des Cheualierscroifez & Religieux : ilprcnd femme en la famille d'IbUm : à ce Royaume icy Saind Thomas d'Aqutu dedia fon hure du bon régime ^ g^";'""'" n.ent des Princes : Il fit baftir vne fort beUe Abbaye. pi es du Chafteau de Ceri nés, & la donna à 1 Ordre de Ptemonftrc.en laquelle Abbaye il futapres fon trépas, inhuméjl'an 17. de fon règne. Ican i.de Lufignan, fils premier né de Hugues troi- fiéœe, fuccedaauxRoyaumesde fon père, & receut la Couronne de Cypre Tan 1185. en U Ville deN'.c.olie, & celle de Hierufalem en la Ville de Ptolemaidc : il ne vefduit qu vn an après fon pere,& n'eut femme uy eti- fans : H gift en l'EgUfe du Saind Cimetière de la\ ille Hcm^cuxicmc de Lufignan,fucceda és Royaumes de fon frère Tan izi4. & apr« auoir receu la Couron, ne de Cypre en la Ville de Nicofie.il s e alla faire Cou- ronner Roy de Hierufalem en la Cite de Prolemaidc. Il fut le dernier CourÔné Roy au Royaume de Hie- rufalem : car les autres Roys fes fuccciTeurs s en failoi- cnt bien Couronner Roys:mais cela fc faifo^t a Fama- PufteauRoyaumedeCypre , pource cftoient appel, lez Roys Titulaires. Il mourut l'an 53.de fon règne, bon iufticier,patient, conftanr. vierge & contmencn'ayant efté marié, & fut cntené en l'EgUfe deS.F.ançois. De fon temps tout ce qui eltoit du Royaume deHicrula- lem fut cnuahy par les Turcs , & ne demeura rien au« Chi eftiens, au Leuant ou en Afie , finon les Royaumes de Cypre & d'Arménie. r, , ^ r Hugues quatrième de Lufignan, fils deGuy Conne- ftablede Hierufalem, fucceda au Royaume à fon cou- fin Henryfecond, l'an mille trois cens dix-fept. Il fut Couronné Roy de Cypreen la Ville de Ni-ofie, & ea la Cité deFamagufte, fut félon l'inftitution de Ion pr«- dec'cflcur Couronné Roy deHierufalem.auccles cere- monies&folemnitczrequifes. Ce fut le premier qui en fut Couronné Roy hors du Royaume: Il clpouU Alifon d'Ibhm. Il alla par toute l'Italie & la France auec fon fils aiU né,en intention de pratiquer les Princes Chrefticns,&^ leur demander fccours pour reconquerir,finon tout le Royaume de Hicrufalcm,à tout le moins les reftesque fon prcdeceffeur auoit perdu:finalcment l'anjtî.de fon regnç il mourut, & gift à Nicofie, au Cloiftre des Fre- rcsPrefcheurs, prés la porte de l'Eglifc : Sa tombe dt contre terre feulement d'vn fimple marbre, mais beau toutesfois , & vis à vis y a vne autre pierre dedans le mur, qui contient fon Epitaphe. , ^ r j Pierre de Lufignan , Comte de Trypoly, à caufe c^e fes hauts faifts & adtes généreux lurnomrae le Grand, fucceda à (on perc au Royaume de Cypre l'an 1313. & félon l'inftitution de (on ayeul il receut la Couron. nedeCypreàNicofic&ccllcdc Hierufalem à Fama- oufte. j xT Eftant auec fon pere en Italie au Royaume dcN»- ples , il efpoufa Leonore niepce du Roy d'ArragoD. apresauoirvifitépluficursRoys & Princes Çhreftiens il retourna en Cypre chargé de deniers . de pref«ns& de promeffes, oùtoftapresil drelTaaueclc grand Mai- ftre des Cheualiers de Rhodes vne armée de i^o. vaiU féaux , de laquelle il voulut luy-mefme eftre le chef & conduaeur , & auec icellc combattit & va.nqmt M mer le Sultan Empereur du Caire , pnnt la Ville d A- lexandrie , la pilla &faccagea auecd'autres Vi lesd & CYpte , puis palTa en Pamphilie à l'cncontre de Em- pereur des Turcs , fur lequel il print la forrercife d, Candeloro , & quelques autres Chafteaux, après lel quelles expéditions il s'en retournaen Cypre, & ayan trouué que la Royne fa femme ne luy eftoir fidcUeei mariagcil deuint tout furieux & cruèMellcment qa i fut tué par fes propres frères , puis enterre au (epui chre de fon pere, en FEglife Saind Dominiquc.l an 17 de fon règne. , , ^ Perrin de Lufignan , fils de Pierre le Grand . apre que fon pere eufteftc tué , fut proclame Roy parle onclcs,& auucsPrinceS du Royaume, l'an i;70- apre auoir prins laCouronnede Cypre à Nicofie , ada rece uoir celle de Hierufalem âFamagufte. Il mouu.dçii de fon rcgnc& giftau fepulchre de les pères en l Egn le de S. Dominique. . Iacq"< Des Eftats du Turc en Afie. lacques premier de Lufignan fut Senefchal de Cy pre, ondcdu RoyPcrria&fiei cdc Pierre le Grand. L« Génois l'auoicnt emmené pour oftagc à Gen- res , oiVil fut cmprifonnc dans le Chafteau nommé Phare, à caufc que le Roy Pcrrin s'eftoit allié des Véni- tiens . Se du Duc de MiUn fon beau perc , à l'encontre defdits Génois , & s cftoit misen etfortde reprendre Famaguftr. Or ce Roy Pcrrin eftant decedé , les AmbafTadeurs «fbRoyaumevindrent àGennes , redemandans au Sé- nat leur Senefchal , comme le plus proche héritier de la Couronne de Cypre , ce qu'ils impecrerent auf- fi-toft. Le Sénat donc defirant gratifier à ce nouueau Roy, alla au lieu où il eftoit cmprifonné , & d'allc- greiTe l'en retira , luy demandant pardon du mauuais traitement qu'il auoit receu , puis le mena, luy , fa femme, & fon petit fils qu'il auoit eu durant fon em- pfifonnemcnt honorablement à la Cour , o ù fut faiél vn accord , par lequel le Roy lailFoit à perpétuité au Sénat la Ville de Famagufte : cequ'eftant faidlSc paf- fé , le Roy monta fur les galères de Cypre , fes Am- balTadeurs auec luy : Le Sénat enuoya d'autres galè- res pour le conduire , & luy faire compagnie , auec quelques fiens AmbaiTadeurs cxprefTément enuoyez aux Princes & Eftats du Royautnç , pour leur faire approuuerles Capitulations du fufdidt accord , Se les faire pubher. Le Roy après auoir efté receu auec la Royne fa fem- me fort honorablement àNicofie , il y print la Cou- ronne de Cypre ce jour mefme , & ne pouuant le len- demain aller à Famagufl:e,il y receut auffi la Couronne de Hierufalem. Puis Léon de Lufignan Rov d'Arménie fon coufin eftant mort en France ; Il fe fit Couronner Roy d'Ar- ménie, en laCitcdeNicofie, &de là en auancfe mit à fortifier des places & Chaftcaux, & fit tout de nouueau drelfer trois fortereifes , fçauoir eft le Chafteau de Si- gure , Catie &Potamie , comme auffi la Citadelle de Nicolîe , & plufieurs autres entreprifes dignes de mé- moire: Il mourut l'an 20. de fon règne, & giftenl'E- glife de S. Dominique dans la grande Chappelle au fcpulchre du Roy Hugues fécond, & là mefme du de puisfut enfeuclie la Royne fa femme. , lanus de Lufignan , né en la prifon du Chafteau du rhare i Genncs , ou fon pere auoit efté mené pour oftage , & à caufc de Genua ou lanua , eftoit appeUé lanus , fuccedaau Royaume paternel 1401. II efpoufa Charl otte fille de Iacques.de Bourbon Comte de la Marche. En vn mefme jour contre la façon de faire de fes predeceifeurs : Il receut les trois Couronnes , de Cypre, deHierufabm & d'Arménie, l'an 1416. ou fé- lon les autres l'an 1410. LeSoldan du Caire defirant de fe vanger des dom- mages que le Roy Pierre de Lufignan luy auoit faits tn la prinfe Se fàccagernent d'Alexandrie,& autres pla- nts, après auoir dreflfé vnearmée de merl'enuoyaen Cypre , &la fit aflaillir au dépourufu, print la Ville IcNcmofic, ou Lemofon , la faccagea & brufla, & fit narcher fon armée vers Nicofie , où le Roy le vint ^ncontrer, lequel y fut vaincu, & contrainddefefau- kt $cretirer aux montagnes, puis ayant remis fur pied 'ne autre armée, alla derechef contre les Sarrazins, où } futencores vaincu, fon armée mife en routejuy pri- onnicr auec bon nombre de Princes &: grands Sei- îneurs, 8c fon frère Henty Prince de Galilée, tué auec leaucoup d'autres des fiens : Les. Sarrazins pourfaiuans tur viéîoire prirent la Ville de Nicofie , fe firent Mii tresprefque dctoutle Royaume, hormis de Famagu- ■t> & quelques autres places Se Chafl:eaux. Le Roy Captif, rcferué pour vn triomphe fut em uené au Caire , d'où fut après dcliurc & racheptc par [aelques Nobles de Cypre. Ce fut le premier qm fe J99 rendit tributaire. Eftant deretour en Cypre, il fecon- trifta tant de fes infortunes , qu'il trefpafla l'an zp. de fon regne,la Royne fa femme eftant premièrement de- ccdée Se fureut enterrez en l'Eglife de S. Dominique, en la grande Chappelle , fous vne fort belle tombe vis ■i vis du fepulchre de fon pere. lean fécond de Lufignan, fils du Roy lanus , Se de Charlotte de Bourbon , fùcceda au Royaume de fon percrani45 j.&renvnmcfmc jour fut Couronné Roy de Cypre, de Hiei ufalé,&d'Armenie.il eut pourcfpou- fe la hlle de lean laques Paleologue,Marquis deMont- ferrat,laquelle pour le changement d'air mourut bien- toft après. En fécondes no pccs il efpoufa HeleioefiU le d'André Paleologue , Defpot de la Morée, frère de lean Empereur de Conftantinople,qui alEfta au Con- cile deFlorencc:eIle mourut au mois d'Auril l'an 14}-^. en la Chambre Royale au Conuent des lacobins , Se ordonna fa fepulture au Monaftere Grec de Mancha- na , qu'elle auoit fondé depuis peu de temps, oùauf- fi eftoit fon Confeifeur-Trois mois apres,le Roy mou- rut en la Chambre Royale de fain6i:Do.Tiinique,&fuÊ mis au tombeau de fon pere l'an de fon règne vingts neuf Charlotte de Lufignan „ fille du Roy lean fécond, > du viuant de fon pere l'an hj-cj. défia vefue de lean fils " du Roy du Portugal , & Prince d'Antioche , fucceda au Royaume paternel , puis efpoufa en fécondes nop- ces fon coufin,LoiiysComtedeGeneue,filsdeLouys Comte de Sauoye , & d'Anne de Lufignan , fœur du Roy lean fon pere. Elle fut Couronnée premièrement, &'vn aq après le Comte fon fiancé la vint ttouuer, l'ef- poufa , Se fut Couronné Roy de Cypre. Elle futde- poflledée du Royaume par leSoldan du Caire , & lac- ques fon frère baftardên fut déclare Roy par ledit Sol- dan. Apres la mort de ce frère baftard, les Vénitiens veu- lent maintenir Catherine fa femme. Quoy voyant, el- le fait vn voyage à Rome vers le PapeSixte IV. enfin elle deceda. Se fon corps fut porté en la Ville d'Affifie, où il-fut inhumé en l'Eglifc de S.François. lacques fils baftard du Roy lean fécond , Soufdiacre Se clleu Ar- • cheuefque dç Cypre après la mort de fon pere , Char- lotte fa fœur légitime auoir pris droiél.defucccnîon, le Royaume de Cypre : Mai* cettuy-cy pour eftre trop odieux aux Princes & Grands du Royaume, fut trou- uer auec quelques-vns des fiéns leSoldan du Caire, à ce qu'il luy pleuft le mettre en podeOion du Royau- me de fon pere.& empefcher que fa fœur n'en fuft in- ueftie. Sur ces entre- faites l'Empereur des Turcs Maho- met fécond enuoya lettre au grand Soldan du Caire, par lequelil luy manda, moitié par prières, moitié par meaaces, qu'ileuftàchalfer de la Couronne de Cypre Louys de Sauoye , Se de mettre en fon lieu lacques, comme eftant habile homme , Se le fils du Roy , aa refteamy des Mahomctans,& déclara ledit Soldan par les plus Grands des fiens,& par fon fils mefme, ce lac- ques baftard , Roy de Cypre, &l'enuoya auec vne ar- mée pour occuper le Royaume. Il efpoufa Catherine fille de Marc Cornato Vénitien : Se en après fon ma- riage il mourut à Famagafte , & inhumé affez panure- ment Se miferablement, en la Ci. année de fon regnc,v de fon âge le 35. l'an 1471. aucuns ont crû qu'il auoiç efté cmpoiibnné. lacques troifiéme de Lufignan ^ né après lé deceds de fon pere lacques fécond , baftard, & de Catherine Cornato Vénitienne > eftant feul fils légitime , fucceda au Royaume de fon psre l'an 1472. toutesfois fa mere gouucrnoit le Royaume auec les Gouuerneurs Se tu- teurs que le Roy decedé y auoit laîfTez. Elle ïint lé Royaume par l'ayde des Vénitiens 14. ans , jufques en i'ani4S9. Lcfdics Vénitiens aailî- toft commenecrcnt par Des Eftats du Turc en Afie. 600 par le confentement des Nobles du Royaume à cfta. blit & créer des Ofiicicrs & Mîgiftrats en Cyprc . & pat ce moyen ce Royaume vint entre les mains dcldits '^Ta Royne Cathetinc cftant en \'E^\i(c de S.Marc de Vcnife donna au Duc & Sénat de Vcnife . qui là eftoit alTcmblévne lAc de Cyprc toute d'argent, amfi que ce- la Ce peut voit empraint en marbre en l Eglile de s». Sauueur à Venife fur la porte de la Sacriftie : Puis le Sénat donna à la Royne , fa vie durant , le Chafteau d'Afiilc , au Diocctc de Trcuifin , & à les parens per- „,iffion de porter à jamisparmy leurs armes celles de la maifon de Lufignan , & à George frère de la Roy- ne, illuy baiUala petite Commandcne en Cypre.a tai- fon du douaire de ladite Dame Royne . laquelle eftant deccdée , fon corps fut porté à Vcnifc , puis enfeiiely en l'Eglife du fain6t Apoftte. CATÂLOGFE DES PATRIARCHES Latins de Hierufalem. Agobert Euefque de Pife fix mois après la prifc de la fainde Cité de Hierufalem, V l'an io99.(auqacl temps Simeon Patriarche lOT^cii Grec mourut ) fut faift le premier Patriar- cheUtin par le Clergé, & par l'authorue de Godefroy Roy de Hœrufalem , qui luy bailla la quatrième partie de la Ville , comme en jouUfoit le Patriarche Grec par pcrmiflSon desSartazins. , „ , j ^ Vn an après au jour dé Pafqucs le Roy luy donna toute la Ville , trois ans après ce Patriarche demanda au RoyBaudoUin Lia Cité & lurifd.6b.on d .celle.que Go- dcfroyluyauoitdonnée, dont Baudouin luy refufa. ^ EbremLe Preftre.homme fimple & alTez peu letti e du viuant du Patriarche Dagobert fut par Baudou.n . &l' Archidiacre Arnoulefleué auPatriarchat , qui le firent aufli confacrer.il fut c.té ^ Ro-e,d où .1 fut le Pape renuoyc auec G.bel.n Archeuefquc a Arles, Lc2at,quiauo.t charge de juger de fa caufe au Royau- tfmefmedeH.erulalem , lequel Le^at le dcmit du Patriarchat,& luy donna l'Euefche deCchree. SibeUn Archeuefque d'Arles, & Légat Apoftohque. après la mort de Dagobert . & la pnuation d Eorema- re, eftant ja decrepue & chargé d'ans fut eûeu Patriar- che,il mourut le 5.an de fon Pontificat. Arnoul de Maies Couronne Archeuefque de Hie- rufalem . qai auoit entretenu finement les antres Pa- triarches,le fut finalement : mais pour fes mauua.s de- porceméslcPapeenuoyal'EuefquedOrleans comme Lsat en Hierufalem, qui le priua du Patr.archat. Ar- noul va à Rome . & fit tant par fes i-ufes & fa banne r^Tne enuersle Pape, qu'il fut reftably : il mourut 1 an 8 de fon Pontificat. t^- r j.a GaremondFrançois natifdePiqu.gny.Diocefed A- miens, fut elleu Patriarche durant fon Poncificat.com- ^enca l'Ordre des Chcualiers Templ.ers,qu d confir- ^ , e'nrichit & amplifia : H tint vn Concile National Z\lrA\t de Naple de Samarie:il fut Gouuerneur du Royaume auec Euftache Grenier , & auec le Conijefta- We de Bauis , à l'aydt duquel & des Venuiens il pn Tvr furies Sarrazins, lors qucle Roy Baudouin IL el- loit Captif entre les mains dcsTurcs, il mourut l an 10. de fon Pontificat. „ ail^j c : Eft>enne Cheualier, depuis Re igieux & Abb^de S lean de la vallée , D.ocefe de Chartres ,d ou .1 cftou natif de l.eu noble , proche parent du Roy Baudouin z f^tf^ift Patriarche de Hierufalem l'an i.iS.il h.t em- poifonné parce qu'il demandait trop de cholc au R«w,& mourut l'an i.de fon Pontificat. j ' Q^\^^^xmc Flamand du Chaftcaa de Mecline,Pneur du S. Sepulchre , homme fimple . & de peu de fçauoK, fut faid Patriarche de Hierufalem , l'an 1130. il eftpic agréable \ tous . il mourut en Oftobie l aa if . de fon Pontificat. ^ Foulcher Archeuefque Tyr,ayant quafi l âge de 00. ans, fut faid Patriarche, & pource que les Temp lerg luyrefufoicnt lcsDccimes,&luy eftoiet rebelles.il l« fit citer à Rome , d'où eftant retourne auec legamde caufeal mourut fort vieiL& plein de joius. Amaulry François , ^haftea" de Noele.au cefe de Noyon , Prieur du S.Sepulchre , fut falft Pa. riarche . contre la volonté d'Ernole Archeuefciue de effarée, &d' Arnoul, Euefquede Bethléem , àraifon dequoy il enuoya à Rome Adrian Frédéric Euefciue de Ptoleinaïde.qui luy apporta la confirmatiôn.& le «Miu tcau du Paitiarchat auant que les emulateurs y euU Tra'cuê Archidiacre de Hierufalem.fut eaeuPatri»; che du confentemét de tous, il mourut «Jc^ft'»***; uoir veu les Roys pris , fes Princes tuez,& Hierufalem auecle Royaume pris par les Sarrazins. ^ , „ • Albert Hermite Euefque d'Afcalone , f ut falft Pa- triarche , pource que la fainde Cité eftoit occupée pat les infidelles, il joU.iToit du titre ques Iurifd.aions,& refidoiten l> JiUc de Pto^ ma^ de. Ce fut luy qui premièrement ^AfmbU lesHer»^ tes du Mont Cartel , le, rcduifit en Monaftercs . U« bailla les reigles , conftitutions & l habitde leur Or- dre, lefquels puis après furent reform'ez P« I«"°<:«« m. Pape, qui députa pour réformateur de leur reigl* Hugue LCardinal de 1 Ordre de S.Domin.que, lequel lesreduifit cnl'Eftat & reigle qu'ils tiennent à pr^ '"Apres ce Patriarche, il y «"S^"".^?"?/*""?, tous refidens dans la Ville de Ptolemaide,& dcpu que Hierufalem fut tombé és m ins f " Sarrasins .ils ?ftablirent le Patriarchat en la Citadelle de Nicohe en ^ H'erufalem,au fiege de laquelle il mourutplus dVn „,Ul.ondeperfonnes , & '«^^ P^'^^ l!>L & prifonnicrs , n'a maintenant que jooo.habitans . &l la faindeté du lieu n'y attiroit perpétuellement v grand nombre de Chreftiens . cette Ville fcrou peu d< hofe Cette Prouinceeft trauerféedu lourdain, qui nailBi au pieddu mont Liban dedeux fontainçs , dontl'vm fc nomme Ior,l'^yitre Dan, pardeux Lacs, dont le pr« mier eft cehiy de Gal.lée.l'autre celuy de Tyberiade,qu eft plus grand. Finalement il fe rend dans la met mol te,nommée des Grecs Lac Afphaltite. La Phenice eft fur la marinc.vis à vis de la Iudée.S< principales Villes furent S.don & Tyr > Sair &Sur. Tyr eftoitvnc Iftc, mais fi proche de I terre 'ferme , qu'Alexandre rempUt la it^tt àtx^nt, < la combla lors qu'il y tenoit le fiege. Le Prophe Ezechiel parle bien au long de fa grandeur, r.chene.( maanificence. Sidon eftoit prefque égal a Tyten beai té,& en puiirance. Toutes deux eftoient renommées, caufe delà teinture delà pourpre,que les Poètes noi menttantoftTyrienne, tantoftS.doniennc. Onm void prefque nulles reftcsà prefent , non plusiu'ryriceft proprement le Pays qui cft entre le Liban, & l'Antiliban,où eft i i fonrccdcl Oronte, au- jourd'hny Farfare . fur le Rii igc duquel cfl: la renom- mée Ville d'Antiociie, qui eit maintenant vn fepulchre d'ellc-mcline, & vn amas de ruines, pluftoft qu'autre chofe. On y void toutesfois encor debout les murail- les, qui fonc fort belles, & tellement bafties, que trois perfonnes peuuent marcher de front tout autour. Il y a encor vn allez bqn nombre de tours , & vn Chafteau affis fur vn coftau. On y void encore la maifon ou S. Pierre fe tenoit,& vn petit lieu où il baptifa beaucoup de gens. On trouuc auflià Pcmboucheurede l'Oron- ie,Scicucie Picrie.à prefent Soldin. La Camogcnc eft la partie de la Syrie , qui fuit le cours de l'Euphrate,jufques aux frontières d'Arménie, Alep eft fa Ville Capitale, qui tient le troifiémelieu en- tre les Villes-de l'Empire du grand Turc. Elle eft alîife furlaRiuicredeSinga , &avn Canal d'eau fous terre d'où rorrcnt,plufieurs fontaines publiques, & priuées. Elle cmbt aile 4. coftaux ./url'vn defquels on void vn fort grand Chafteau, fes fauxbourgs font grands, mais iln'yaautrcb.iftimentd'impprtancequelesMofquées, & les magiz ns pour les marchands eftrangers. On peur juger du grand nombre du peuple qui y eft , par- ccque l'an 1555.1I mourut en la Ville,&aux fauxbourgs, plus de lix vingts milles perfonnes en trois jours. Qualité, LA Natoliejoiiytd'vn air doux ,& tempéré, & fes ciiamps produifoient jadis quantité de grains , le t fiiaily trouuoitdes pafturages en abondance:& pour SiTeger, feshabitansauoiew tout ce qui eftneceftàirc ^ la vie plus qu'à fuffifance. Mais pour le jourd'huy cette contrée n'eft plus fi fertile , ny fi bien cultiuée qu'elle eltoit jadis : toutesfois aux lieux qui font plus jroches de la mer elle eft plus fertile & de mefme .]u on y culciue mieux la terre, auffi elle yproduit da- vantage. Les lieux qui font auant dans le PaysJont la plufpart le grandes campagnes , où l'on feme du froment, de 'orge,& du coctonoEllceftarrofée de plufieurs Riuie- •es,dnnt les principales fontl'Iris,rH.ilys.Parthenms, I prefent Dolap , le Sangar , qui fe vont rendre dans la ncr Majour, puis rAfcagne» maintenant Ifnie , ôc'lc %ndace,au)ourd'huySindi » qui déchargent leurs ;aux danslePropontide: DauantageScamandores , à )rdent Simores,qui fe rend dans l'Hellcrpont, &aprcs relaie Cay que, ou Giruafti, l*Herme,ou Sarabat , le Gayftre , que Caftalde nomme Chayci » &Ortelius» Chias, & le Méandre qui a fix cens deftours , &qui eft lotnmc Madrés. Toutes ces Riuicres fe vont rendre lans l'Archipelague. • : ». lia pareillement le Flcuue de Mêla? à prefent Gen^ fai > qui fe décharge dans d'Euphrate , outre plufieurs »utres qui vont dégorger leurs eaux dans la mer Me- iiterranée. • ^ LaBythinie produit force bleds , Sc pouruoit la ^our du Grand Turc de farines, principalement ce qui fil prés de Burfe. Ce Pays abonde auffi tellement en bois,& en matière propre pour faire les vaifleaux,qu'il fembie que les galères y tombent naturellement tou- tes faites dans cette mer , tant elles y font proprement icpelchées. Prés de Nicée on trouue de l'orpiment en ilfez grande quantité. La Prouince particulière d'Afieeftoit jadis renom- Tiçe àcaufe de la pierre Synadiqueprefque femblablc > l Albaftre, qu'on en liroit pour faire des Cvlomnesà R-ome. En la Troade l'on trouuc le Pays d'auprès de Tcoye Turc en Afie* ^oî fort maigre &fteri!e, &auecquescela les eaux y man- quent:mais le terroir d'auprès de Pergame eft fort bon, &i rapporte beaucoup : 11 y aanffi des carrières de pier- ie,où l'on a trouuc autresfois des hommes qui s'y eftoi- ent caciiez durant les^gijerrcs,conuertisen pierre. Stra- bon met prés deHierapolisdeseauxchaudesi qu'il dit fe conuerti 11 y a en cefteProuince certains fruids quelongar. de fur les arbres tout le long de l'année , comme de grands citrons & de pommes de Paradis. Dauanta^ ,1 y a des melons & des concombres bons par exceU lcnce,& autres fruits femblables. Elle produifoic auU fi jadis du baume dont elle tivanque à cefte heure, mais: elle a du miel & quelques cannes fauuages de luc- " Ony trouue bon nombre de chevrculs , & de lic- ures,de perdrix,dc cailles.& femblables am maux : mail quoy que j'aye fait ce Pays fi fcrtil , toutesfois il y a des endrouSts qui font prefque deferts à caufe du grand nombre de rats & de foutisquis'y trouuoient telle, ment que fi quelques oyfeaux ne les mangeoient , les habitansduPays ny pourroient femer aucune choie quileurpeufteftrede quelque rapport. Du long du Riuagedulourdain. il croift beau- coup defaules, de bruicres,& plufieurs fortes de can. nés. Le Lac Samachonite tarit le plus fouuent en temp! d'Efté,& il y croift des arbrifteaux,& des nerbes,ou le; Lyons,& quelques autres beftes fc cachent. Les plaines 'prés du Lac Genzareth font defertw àcaufed'vn arbre plein d'efpines qui vient en tell, abondance, qu'il empefche qu'on n'y peut rien femer Toutesfois les luifs d;meurent maintenant près de ù Lac .à caufe de la pefche , & rendent ces lieux micu: cultiuez qu'ils n'eftoicntauparauant. ^ La met morte qui eft longue de cinq journées en tl rant au Nord,au Su, & large de cinqlieues, tendant d. l'Eftàl'Oueft , félon les autres longue de feptanten.!l les & large de dix- neuf , jette vne grande fumée, ô poulTe dehors de grands broUdlacd. . qui rendent tou terroir fterile à demie heuc à l'entour. Celte mer a porte aucun poilfon , & l'on ne void auprès nulsoy feaux,& h l'on y jette quelque befte elle ne va ,arn au fonds, ainsfe rcndauRiuagc . cncorqu elle ait le ^' UGahlée eft naturellement fcrtile.&ptoduit tout forte d'arbres, & eft fort bien cultiuee. Toutes ois balfc qui s'eftend au de- là du lourdam eft en quelque lieux afpre & deferte. ^ La Samarie eft partie montueufe & partie champ ftre.EUe eftplaifante, fertile,& abonde en tontames^ cauxdouces!^ll yaforce jardinages,^ force lieux pla.r d'oliuiers . &detoutes chofes necelîairesàla vie. L coftaux proches de Naples font couuertsd arbres tru aiers , k les oliuiers y font gros au poflible , cornu dit Belon. , „• Quant àlaludée . lePaysqui eft prochedc Hicrui lem eft bien culciué. & porte quantité de pommes,d mendres, de figues , & d'oUues. Les lieux montuei abondent de toute forte d'à. bres,& d herbes fauuage & aromatiques , & lors qu'il y a des rochns on y h, des degrez auec grand foing : tellement qu on y pU te force vignes, & autres arbres fruiciie^ . comme d Des Eftats du Turc en Afie. Oliuicrs , des Figuiers, des Orangers , qui portent des fruiiîts en grande abondance. Prés de h Ville de Rama, il y a bon terroir, mais fort peu d'habitans,à raifon dequoyles champs y font fort pcucultiuez,& les Grecs qui y demeurent y fement du froment, de l'orge, & quelques légumes , mais il y a peu de vignes. Le terroir qui eft prés delà Ville de Gazaeftfertil, &abondecnoliuiers,figuiers, orangers, Se vignes. Il y vient auffi quelques palmiers : mafs les datesy meuriirenc rarement, à caufe que le Pays eft vn peu froid. L'Idumceeftmerueilleufement fertile aux lieux qui font proches de la mer , & de la ludéc , mais fterile fur les frontières de l'Arabie , où il y a auffi force monta- gnes.Ily croicforce palmiers,& l'on y trouuoit autres- fois du baume. Ceux qui en ont efcrit, di fent que les ertrangers ne s'en pcuuent guère bien rendre Miiftres, à caufe des lieux deferts qui y font , «Se du défaut de l'eau.Toulesfois il y a desfomainesjmai? elles font ca- chéesA' n'y a que les habicans du Pays qui le fçachent. Quant à la Phenicic , le terroir d'auprès de Sidon eft fcrtil , & produit aflTcz grande quantité de cannes de miel. Celuy d'auprès d'Acon , ou Pcolemaïde, eft auffi de grand rapport, & l'on y trouue de bons paftu- ragcs, force vignoble, & grand nombre de vergers, oij l'on recueille diuers fruiâis. La RiuiVre de Belo qui palfe prés de cette Ville eft renommée à caufe de fon fable, dont on fe fert pour faire le verre. Le Pays d'auprès d'Emiftc, ou d'Haman a force eau, & produit toutci^chofcs neceiTaires à la vie. On y void vn grand nombre d'arbres fruitiers. Mœurs anciennes. IEs Arabes ne faifoient anciennement aucun eftat ^dcs arts & fciences.Ilslailfoient tous croiftre leurs cheucux: & quant à la barbe, quelques-vns larafoient le plus prés qu'ils pouuoient, & les autres non. Celuy qui eftûît le plus ancien d'entr'eux auoit tout pouuoir par defîl.s les autres. Ils pofTedoicnt toutes chofes en commun pat lignées,&: mefme jouifîoient des femmes en commun, tellement que le premier d'ena'eux qui cntroit dans la maifon , & auoit laiifé fon bafton à la portcjoliiiroitpremierde la femme comniune,& pour le regard de lanuia, elle la palToit auec le plus ancien. En cette forte ils s'eftimoient tous frères les vns des autres , & auoient compagnie de leurs mères ôc de leurs fœurs, tant ils cftoicnt brutaux. L'adukcre y eftoit puny de mort, & celuy cftoit te- nu pour adultère qui auoit joùy de quelque femme qui n'eftoi t pas fa parente. Tous ceux qui ettoient nez en la famille cftoient tenus pour légitimes marys. Ilsna- uoient aucun foin des corps morts : & quant à ceux de leurs Roys trépaffez.ils les enterroient en vn fumier. Ils gardoient leur fay & promeffe fur tous autres : & quand ils vouloient promettre qudque chofe par leur foy, vn tiers fc œettoit entre les deux qui contradoi- cnt, & frappoit la paulme de fa main, à laquelle ils fai- foient que les plus grands doigts des contradans s'ap- pcochoient , & après auoir pris vn petit poil de l'habit ci'vn chacun d'eux, il le teignoit dur fang de fa paulme, Si en efpandoit fur fes fept pierres premièrement pré- parées pour cét efFed, au milieu des deux parcies, & ce ïailant inuoquoic le Dieu Denis,& Vranie. Celafaict, ce Médiateur faifoit promettre à l'vn d'eux, qui eftoit obligé par l'accord , de fe rendre deuant certain Itige qu'il luy nommoir, foit que le contradant qui demcu- toit obligé fuft du Paysjfoit qu'il fuft eftrager, & cette ta(,on cftoic trouuéc hônefte,,&: fe gardoit entre-ceux qui failoienc quelque nouuellc amicic , ou alliance. La candie eftoit recueillie par les Prefties de leur Loy, faccifioient auparauant quelques btftis , &: ne l'a maffoient qu'entre les deux Soleils. Celuy d'entr'eux qui auoit plus d'authoritépartageoit les monceaux de cannelle .mec vnc hache, & l'on enrcfcruoit première- ment vn faiifeau en l'honneur du Soleil ; & ilsefti . moient que s'il eftoit également diuifé il prenoit fciî par le moyen de l'ardeur des rayons du Soleil , ôc fc brufloit de luy mefme. Il y en auoit p.army les Arabes qu'on hommoit Ophiophagc.'i- , pource qu'ils ne viuoicncque de fel:- pens. Quelques vns aufÉ fe f ^^^'^ ^«^"^'"^"^ prendre luy- cXy qui auoit fait perdre vn œil à qUdqu autre, deuoit cfttepuny de b perte du fien. Le Taureau qui auoit caufé b mort ^'vn homme eftoit accablé de pierres, & l'on ne pçuuoit légitime- ment manger de la chair. r-cU;*nc Le fils ne deuoit fouffrir en fon corps ny en fes biens pour la faute du pere.ny au contraire. ^ Moyfe ordonna pareillement que les chofes pri e paVforce (or fonpeuple.parles Nations eftrangeres,oa p^rquei;ues.vns'defaN'ation,fuffentauant^^^^^^^^^^ plus outre, redemandées par des Herauxs & 9 au^^^^^ que ceux qui les auoient emportées ne les vouluftent i pndre, on leur denonçaftb guerre. ^^S'U ad::noit qu'il fuft qucft.on d'aOIeger rennemy, U r^'cftoit per..is de toucher aux Tous rebelles dénotant cftre mis a mort . & les autre qui le rendoient volontairement cfcuoicn. eftre tributaires. . . r»^^,, En temps de guerre il n'eftoit Pe^^^/"'',^^^^^^ ' de manier les armes dont les hommes fe deuoient 1er. "'U eftoit défendu de manger du «g de quelque fte Que ce fuft. Les Ladres, ôc ceux qui perdoient leui lin?ence eftoient chaffez hors des V^ , de mefm. que les femmes durant leurs mois. ^ Ceux en b maifon defquels quelqu'vn eftoit rnort fe d uoient abfenter de b Ville l'^fp-ede 7. 1-- Il eftoit défendu à vne femme --«^^^J^ ' fantmafle d'entrer au temple, finon 40- ^"^..P^ l'enfantement , & celle qui auoit fait vne hlle n y uoitentrer de quatre vingts jours. Celuy qui fe deffioit de b chaftetc de b/^mm. deuoit oâir au Temple vn tonneau de - ; & deuoit après prefentec fa fcmmeaiix po te du Tcn pie , où le Pretlre l'enqueroit fur ^"«^ '"/^ auoû efté chafte. & après le (erment fai6Ufi elle s efto ranurée, il luy arriuoitvn dénouement du haut de, S:^ecvnlput.F.au,ndevenae,S.cette^m^^ ble femme moorou en cette torce- S^^ "^^^Z^"^, chaliement clL- portoit f^VÎ î'" t .ou P ,ucune douleur de venrre , 6c le I^rcUre cft.çou pr le nom de b femme qu'il auoit auparauant clcrit parchemm,& luy aonuoic à boue. To Des Eftats du Toiis adultères, inceftucux» &SoJoinitcs cftoicnf punis de mort. ^ Il eftoit défendu aux Prcftres qui n^auoient Icur^ membres fains Se entiers, d'approcher de l'Aittcl , ik toiitcifois ils dcuQicnteftrc nourris de ce qu'on ofFroic au Temple. Toutes les terres pofledées par les luifs deuoienc eftre lailFées en repos de fept en fept ans. Toute terre qui portoitfruiétd'elfc-noefme deuoit élire commune vne fois de cinquante en cinquante ans , tant à ceux du Pays qu'aux cftrangers , & cét an eftoit nomme Ju- bilé. Les Créanciers deuoient lors donner refpir à leurs débiteurs, ou les tenir quittes pour vne partie. Les ftrfs deuoient cllrc alors mis en liberté , Se les terres vendues à vil prix cftoicnt rendues à ceux qui les âuoient aliénées. Les Ifraëlités fur tous autres peuples ont efté fort Religieux,& âddonnez aux cereraonies,ils ont au coni- mencement vfé de deux fortes de facrifices , dont le premier eftoit nommé Holocaufte faiét par le plus ri- che , auquel il falloit que la befte qu'on voulpit facri- ncr n'euft plus d'vn an. Le Prefti e arrofoit le bord de l'Autel de fang de la befte facrifiéclamettoit après en pièces, puis la brufloit fur l'Autel. Les gens de plus bas facrifioicnt des bcftes âgées au dellus d'vn an , Se après en auoir refpandu le fangfur l'Autel , ils mettoient dans le feu les reins , la grailfe, les entrailles, Seules cuiffcs droidles demeuroi- ent aux Preftres , Se tout le refte deuoit cftre mangé dans deux jours après par ceux qui faifoient le facrifi- ce. Ceux qui cftoient plus pauures eftoient obligez d'offrir deux Colombes ou Tourterelles , dontl'v.nc eftoit facrifiée,& l'autre demeuroit au Preftre. Celuy qui commettoit quelque crime par mégar- de deuoit offrir vne brebis qui n'euft qu'vn an,ou bien vn bouc. Celuy qui (e fentoit coulpablé de quelque crime Ct. cret deuoit facrificrvn mouton. Les Preftres fe nourriflbient au Temple de chairs de toutes ces bcftes. Il faut remarqi^er qu'aux facrifices tant publics que particuliers , on appliquoit certaine mefurede farine au facrifice d'vn Agneau , au facrificedVn bélier dou- ble merure,& à celuy d'vn Taureau trois mefurcs. Ils auoient aufli de couftume d'arrofer les facrifices d'huile. La couftume portoit de facrifier tous les jours vne foislematin,&vnefoisfurlefoir vn Agncau.Au jour du Sabbath ils faifoicnt double facrifice. Le premier jour de chaque mois ils factifioiét deux bœufs & fept Agneaux, vn belier,& vn bouc pour pur- gerles crimes. Outreils adjouftoientdeuxboucs.dont l'vn eftoit mis hors du Temple, Se feruoit pour les pé- chez du peuple, l'autre eftoit mené aux faux bourgs Se bruflé au mois de Mars, & au commencement de leur anncclors que la Lune eftoit pleine , & que le Soleil paiToit par le fignedu belier,ils faifoient Icfacrifice de l'Agneau Pafchal.parce qu'en tel temps ils eftoient for- ùs d'Egypte. lU obferuoyent aufli certains jours de Fcftes des Azymes, ou pain fans leuain, & pendant chacun de ces jours ils brufloient en leurs facrifices deux Taureaux, vnbcllier , &fept Agneaux, & l'on y adjouftc encore vn bouc. La féconde forte des facrifices des Azymes eftoit à l'entrée des nouueaux fruiûs & graine qu'on prefen- toitau Temple aucc certaine mefure d'huyle , & vn Agneau pour Holocaufte II y a beaucoup d'autres cho- fes à dire pour ce regardrmaîs il faudroit vn liurcicntie: pour les mettre toutes : de forte qu'il me fuffita d'eu auoir touche les ppindls principaux. Turc en Afie. 6os Or les Autheurs Sacreï & Payens ne s'accordent pas touchant les luifs : car Corneille Tacite , iâns rap- porter à la volonté de Dieu, la fortie des enfans d'Ifraél hors d'Egyptcite leur paft^igeen ludée, dit qu'il aduint en ce temps vne manière de gale en Egypte , qui eftoit iort fafchcufc. Tellenvent que le Roy Bochoris fut contraint de demander remède àlupitei Hammon, Si rO;aclc luy refpondit, qu'il falloit purger fon Royau- me des luifs , qui eftoient defagreables aux Dieux , & les enuoyerviure ailleurs .ce «qu'il fit, & enfin , après qu'vne infinné degens malades de cette gale fe furent aftemblez en vn lieu , 1,'vn d'entr'enx , nommé Moyfe, ks gagna fi bien, quil leur perfuada . qu'ils ne deuoi- ent croire ny à Dieu, ny à homme forsqu'à luy , &dé cette forte ils prirent le premier chemin que la for- tune leur offrit, &s'en allèrent au hnzard ,& n'eurent durant leur voyage autre trauail que delà foif , qu'il leur conuinr eridurcr, & qui les euftfaia penr, s'ils n'eulTenc aduifé vn troupneau d'afnes (aunagcs , qui après auoir pris leur pafturctjrerent deueis vn rocher fort couuert , à caufe de la foreft qui eftoir à Tentourj auquel lieu ayans trouué à boire, ils receurent de Moy^ fe des cérémonies, toutes contraires à celles des autres hommes. Il ditencor , qu'ils mirentaux liéux plus fainéls dé leur Temple, l'efngie del'afne , par lequel ilsauoyent trouué le hèu , où il s'eftoyenc defaltercz , & auoycnt efté mis en vn bon chemin pour paruenir au Pays où ils auoigjnt depuis fait ieurfejour ,& qu'Us facrifîoient vn belier,pour femocquer delupiter Hammon , Se vti bœuf en mépris des Egyptiens,qui adorent cét animal fous le nom du Dieu Apis. Il dit encor que les luifs s'abftenoyent de manger de la chair de pourceau , pour euiter la gale Se la lepré* à laquelle cét animal eftfujea , Se ils s'abftenoient dé toute œuure le feptiéme jour , pource que celuy au- quel ils furent en repos , Se que pour mefme fiibjeét ils pailoient la feptiéme année fans rien faire , Se qué quelques-vns difoyent , que c'eftoit en l'honneur dé Saturne, à caufe de la faim qu'ils auoient endurée. Se- Ion lemefmeAutheur, ils ne banquetoyent jamais les vnsaueclesautres,&couchoienttous àpart,& eftoient fort enclins à pailiardife. La première chofe qu'ils faifoyenc , c'eftoit de mé- prifer les Dieux. Ils auoyent opinion que les ames dé ceux qui mouroyent en Bataille , ou par punitiiSn dé quelque crime, eftoyent ecernelleSj & que tous iroient au Ciel, ou en Enfer, félon le bien ou le mal qu'ils au- rojcnt faiét. Ôr il y auoit trois fedes entre les Juifs , qui auoient vne façon de viure toute difrcrcnte de la commune» LVne eftoit des Pharifiens, l'autre des EfTenicns, & là troifiéme des Saducéens. Les Pharifiens menoicnt vne vie aufteré en appa- rence , interpretans à leur volonté les traditions dé Moyfe. Ils portoient des cartes en leurs fronts Se bras gauchesjoù les dix Commandcmcns de la Loy eftoient écrits. Ces cartes ont efté appellées Phylâàeries. Ils portoi- , ent aufîi de plus grandes bordures de robbes, & y cou- foyent des épines.afin que leur picqueure leurfift fou- uenir des Commandemcns delà Loy. Ilsattribuoient toutes chofes à Dicu,&^ la i^redefbnatton : il eft vray qu'ils confelfoient que l'inclination & délibération dé l'homme luy aydoient à faite, ou à méprifer les chofes |uftes toutesfois qu'en toutes chofe.s l'homme eftoit conduit par la dcftinée qu'ils difoient confifieràu môu- uement des corps ccleftcs.Ils n'eftoienc jamais centrai^- res à l'opinion de leurs anciens, & Maiftres : ils & de noftre temps,ne recher- chent pas la confirmation du Pape,comme ^^'^'^"^ au temps palfé : mais demandent la licence de lElIc^ élion au BalTa du Turc . & la confirmation du Grand Seigneur,& exercent leur jurifdidion fous cefte auiho- rice^ui leur eft donnée. Les Patriarches efl.fenc , & confacrentles Archeuefqucs. Se Euefques quileur font fubiefts. , Il eft vray que quelques-vns d'entr eux recourent au pape pour receuoir de lu y la confirmation.Tous ces l a- triarches Melchites , & leur Archeuefque & Euefques font Moynes de S.Bafile,de l'Ordre duquel il y abeau- coupdeConucnspartoutleLeuant. Mais les plus re- nommez font ceux de faind SabeH.erulalem,defam- at Catherine au mont Sinay , &C du mont Sainét ut l'Archipclague. Ces Melchites retiennent toutes les erreurs jadis condamnées par les Grecs au Concile de Florence, & l'on tient qu'il y a plus de gens de cefte fe- ae en Lcuant que des autres : car toute la Natolie en eft pleine , & pareillement la Surie , & melmc elle s c- ftend lufques en Egypte,& delà jufques en Ço^razzan, Prouince de Perfe. On met encor entre les Melchues les Géorgiens , qui recognoilîent fous vn Métropo- litain l'aùthorité du Patriarche de Conftantinople. Ceux-cy inuoquentS. George comme leur Aduocat. Il y en a quclqucs-vns d'cntr'eux qui fc font rendus Mahometans. i r Il y a auffien cefte partie que nous auons dclcrite des Neftoriens, des erreurs defqucls nous parlerons au difcours de l'Eftat du Sophy. Ces Neftor.ens parlent ' Caldée-Acabc, Turc, & le langage deOir^eftan, Iclon les lieux oh ils fe trouuent , mais ils célèbrent 1 Oiù^ diuin en Chaldéen. • r j- • On y trouue encor des Diofcoriens qûi font duu- fez en trois fedcs , à fçauoir en Armemens , lacobitcs ôcCoftes. . „ . 1^1 Les Arméniens donnent titre de Patriarche a plu- fieurs de leurs Prélats ; faits partie auec la faueur du Tarc(ceux-cy atferment les impofitions & tributs que les mains des Arméniens payent an Turc , ) & pa"ic eHeus pour coadiuceurs des lufdus P.ur arches,du cou fentemenc des Eueiques.ou du peuple.Mais ils ne don- nent Titre de Patriarches vniucrlels q l'à deux leuls, lyn defqucls eft cftabiy fur la haute Arménie ; l'autre furla bafic. Celuy-là demeure au Monaftere d"fecmea* zin , proche de la Ville d'Eruan en Perfe: & «ftuy-cy en la Ville de Sis an Caramanie aftez près de Tarie. Cefte fefte d'Arméniens eft de bien peu moindre que celle des Melchites. Car les Villes & les Prouin- ces des deux Arméniens, delà CiUce, Bithynie, Surie, Mefopotamie en font pleines : & mefmes on en void bonnombrc en Perfe. - . , „. On trouue encor vne infinité d Arméniens en toutes les Villes de l'Empire des Ottomans, où il y a quelque trafic, comme à Burfe. à Angore, Trebilon. de, Alexandrie , au Caire , Conftantinople, & à ^ La raifon pour laquelle ils ont tant de liberté_par les Eftats du Turc , c'eft pource qu'outre qu'ils lont de arandefpric,& bien entendus au commerce , à cauUs de certain témoignage d'affeaion que leurs predeceU fcurs rendirent à Mahomet, il les recommanda paliion- nément à fes fuccclfeurs : tellement qu'ils ont eu de ^ grands priuileges, par le moyen defquels ils trafiquent librement auec les Mahamerans. Les Arméniens ha- ^ bitent à Sis en Ad à Mara & aux enuirons a Tarie , à Lajazze,en Alep,& à Oarande. „ Il y a enuiron lo.milles familles. Ils ont 18. Mona- fteres.&24.Euefqaes. . , ^. a j„ On void à Sis le Palais,& lès ruines du Chatteau du Roy d' Armenicaucc deux Eglifes qui en font proches, IVnc du Sauueur , qui eftoitau Roy , l'autre , delain- de Sophicquieftoit au Patriarche. ^ . • ' Ils n'ont point d autres Images que des Croix d ai* rain &c de fer.toutesfois il y a diuerfes Reliques en des Reliquaires d'argent. ' , j u-, Le Patriarche fbuloit jadis tirer va roaldin de cna- que maifon : mais le Turcluy aofté ce droiét, de lortf qu'il vit maintenant d'offrandes & d'aumofncs.& pour fe maintenir plus ayfément , il vifitc continuellement la -Prouince^ entretient fa fille des amendes qu il im- pofe à ceux qui deffaillent. Les Arméniens célèbrent l'office en leur langue combien qu'ils en parlent beau- coup d'autres, & ilsvfent tellement de laTurquefque à Conftantinople, qu'Us ne fçauent pas prefque le pa- tenoftre en Arménien. Ils ont plufieurs erreurs qui font communes , tant à eux qu'aux Diofcoriens : mais les leurs particubcres" foncqu'ils confacrent en vin tout pur : qu'ils mangent des cEufs & du laicl: le foir du Samedy Saina, & rnan- aent de la chair tous les Vendredis.depuis Pafqucs jul- nues à l'Afcenfion. Ils célèbrent l'Annonciation de la Vicroe le fixiéme d'Aurilla Natiuité de noftreSeigncut le fixicme de lanuier :1a Purification le 14. Feuner:la Transfiguration le 14. d'Aouft. Ils alTcurent que lefus- Chrift cftoit exempt des paflions & des neccITues delà nature humaine. Ils s'abftiennent durant cinq Same- dis de l'année de tuer de la chair , & d'en achcpter, en mémoire du temps , auquel les Idolâtres prenoicnt leurs enfans , & les facrifioient aux Idoles. Aux Méfies des Trefpalfez ils benilTent vn agneau , &luy mettant delTus la robbedu Preftre ployécilsdonnentà manget du fel bénit, & le mènent autour de l'Eghfe auant qut le tuer , & après la Meftc ils le mangent. A raifon del quelles chofes quelques-vns les nomment SabbatinS &Iulianiftes , comme addonnez aux cérémonies de luiFs , & à l'herefie de lul.an l'Apoftat. ToutesFois il néfent eftic conformes auec l EglUe Romaine, pouro qu'ils font tous feuls des Se6Uiie-. Orientaux qu» cele brent auec du pain fans le vin ,& pour le regard de C qu'ils ne mettent point d'eau au vin : ils dilent qu 1 Eglile Latine en vfou ainfi anciennement : ils ton auiïi le f^gne de la Croix auec deux doigts , & non pa auec vn leul, comme les lacobiies Sç le font première ment du cofté droi(5t, puîsdu gauche , &non au cor uaire comme les lacobitcs. L. Le louuicnnent de leu piCîBit:' \ Des Eftats d première vnion auec l'EgliTe Romaine au temps du Pape Sylucftrcdc l'Empereur Conftantin. Pour venir aux hcoh\ccs , il faut fçauoir que Diof- core & Eutyches ne voijlans confcnci'r au Concile de Chalcedoine , eurent des Si?dlatcurs qui fe diuiferent, comme dit Léonce, en douze feintes , entre lefquelles futcelledes lacobites, ainfi nommée d'vn certain la- cob Syrien qui vefquit du temps de Pelade II. & de l'Empereur Maurice. On fait pafFer Tousse nom vue partie des Chaldéens qui habitent aux Villes , &c villa- ges de Meîopotamic , Babylone&Surie, en nombre deiéo. milles maifons, ou cnuiron , & les principales font en Alep , à Caramic , & en Tue , montagne de Meropotamic. Ilscftoient jadis fujeas à deux Patriarches, dontl'vn demeuroit en la fiilclite montagne de Tur , il' l'autre auMonafterc de Gifran . prés delà Ville de Mordin, qui eft vne fi haute montagne , que les Turcs difenc que ceux qui s'y tiennent ne voyenc jamais voler les oyfeaux fur leurs teftes.Maisaujourd'huy les lacobites n'ont qn'vn Patriarche , qui eft celuy de Gifran , qui pour fa plus grande commodité demeure à Caramit. Ce Patriarche a fous luy vn Métropolitain en Hierufa- lem , &vnautrcàMuf3li , & a des Archeuefqucs à Damas,en Orfe,à Saur,à Caramit, & en Cypre : & d'au- tres Archeuefques.&Eucfquespar iesfuldites Prouin- ccs , auec plufieurs Conucns de Religieux de l'Ordre de S. Antoiiie. Les lacobites célèbrent en Chaldéen,& parlent Ara- be,Turc,(Sv Arménien. Outre les erreurs qui leur font communes auecles Arméniens , ils en ont de particu- lières. Quand ils font le fignc de la Croix, ils fc fignent • auec le doigt qui eft proche du pouce, pour fignifief vne vnitc de nature, de volonté , & d'opération en lefus-Chrift. Ils mangent contre la règle & couftume vniucrfelle des Chreftiens du Leuant, du laidèage , & de la chair le Mecredy & le Ycndredy au foir après le Soleil couchc.difans que quand le jour eft failly.le ter- me de l abftinence eft defiapairé , & que le leudy & le Samedy font commencez. Auec ccfte malice , ils mangent de la chair toute 'année , finon en Carefmc. Quelques Arabes qui de- meurent aux mefmes villages , & lieux, où fe tien- lent les lacobites fc font vnis auec eux , & fe nom- ment Xcmfinir , c'eft à direSolaires, pource qu'entre es autres fuperftitions ils ont celle-là qu'ils adorent e Soleil. On croit encor que les Maronites font vn rejctton u Turc en Afie. 609 des lacobites ; car ces deux Nations eftoient jadis fu jettes au Patriarche d'Antipche,qui eft maintenant en' tre les majns des Melchites,& demeure à Damas , & toutes deux fe fcruent de la langue Chaldaïque, de melmescharadleres Syrj^cs.Ils .noient l.s mefmes er- reurs touchant l'vnitc de la volonté, & de- l'operacioa de lefus.Chnft. Toutes deux putendenrlePatriarchat d Antioche . tdiemént que les Patriarches des laco- • bites laiftans leur nom propre prennent celuv d'Ipna- ce, & ceux des Maronites,celuy de Pierre, & tous cfcux lenommcnt Patriarches d'Ancioche. Ils tirent le nom de Maronites , ou de Marone village du mont Liban* oudel'AbbcMaron , ou comme on tient communé- ment de Maron Herefiatque. C'cft la moindre feâc qui ion encre les Chreftiens d'Orient, veu qu'il n'en y a qu'au nombre de douze mille maifons , la plufpart pauures.lls demeurent aux villages du mont Liban, & aux Villes de Surie.Toutcsfois la Icéle la plus aifed.on^ neeaPendroit du Siège d.- Rome . dequoy elle a faidl profellion depuis 400. ans en ça, &mefme Pierre Pa- tnarcl>e des Maronites enuoya des Ambalfadeurs au ' Concile deLatranJ'an mille cinq cens & quinze. Le lape Grégoire leur enuoya deux lefuitcs , qui ayans fa.a célébrer vn Synode , où fe trouuerent le Patriar- che les Euefqucs , les induihrentà vne entière pro- feUiondelaroy Catholique, De forte qu'ils brufterené les imres pleins d'erreurs , & reduifirent en deux Mo- nafteres les Relig.eufes eiparfes , deçà . delà . donnant °^ a-'^"'' ^"^^""^ en la dodlri- nevjhreftienne. Le Patriarche des Maronites eft de l'Ordre de S An tome. Il eft efleu.par les Euefques & les Religieux^ puis confirme par le Pape. Il fe tient à Tripoli de Su- "c- llaquelquesConuensdeS. Antoine, & quelque petit nombre d'Euefques,qui n'ayans point de demeu- re alleaiec font comme fes coadjuteurs. Ilsinuoquenè entre les autres S. Maron, combien qu'Us dient que ce n elt pas i Herefiarquc , mais vn Abbc de fort f^inéle Entre les Maronites,on en trouue quelques vns qui lont nommez blancs, qui n'eftans point baptifez fe di- ientChreftiens,&feconfdTent&communientfecrct- tement & neantmoins viuent extérieurement à lâ Mahomctane. f Les Curdes font la plufpart Iacobi£es,&NeftorienSi mais auec beaucoup d'autres erreurs , &vneextremé Ignorance ^es chofes diuines. Il y a aufîî parmy mi beaucoup dcMohometans. iDES DES ESTATS DV TVRC EN AFRICVVE- Des Royaumes d'Alger, de Tunes & Treniifen • Barbarie & Mauritanie. eri SOMMAIRE. L'Aut heur ayant difcotiru des Pays que le rare occupa en nurofe&en ^fie , il vient à U defcription de ceux anfjuels d commande en u4frique, commençant par le Ro- yaume de Tremifen^ déclare fes bornes,fon ehenduè,en Ion- gueur & largeur , & les Prouinces que \adii il comprenait . Et ayant defcnt laVilk d'Alger & fin Royaume: U vient a parler du Royaume de Tunes , lequel il diuife en cinq Proutnces , remarque leur ejîendué, en fituation , & prin (tpales Villes: entre-autres s' arrefte à la defcription Cartage la plus ancienne du Royaume de Tunes, & jadis Ca- pitale de toute l'Afrique : Puis defcendam à deux autres re- marques de la fertilité de ces Prouinces & mœurs , ou na- turel de leurs habitans : Quant au premier , il dit auoir abondance de grains , huUes , oliues, dattes , & de toutes fortes de fruits , en la plujpart , boucs , bœufs , & cheuaux. ' Pour le regard des moeurs & couHumes de ce Pays , les fem~ mes portent la cheuelure longue , & vn cercle d'airam en chaque cuiffe , & qu'elles eHnient Anciennement commu- nes : mats maintenant v tuent a la façon des Turcs, qui leur commandent : th ont eHé de tout temps rufez , perfides & ieh oyaux , y ayant en ces Pays deux Religions , le Chriflia- vfme. ^- le Mahometifme , ou la Loj de Mahomet : de la- juellefera parlé amplement cy-apres , traiclant de la Re. igion des Turcs, E RoYAVME de Trcmifen , ouTelen- lim , à la MaaritanicTi ngitane, en laquel- le font compris les Royaumes de Fez & ^ Marroc , du cofté du Ponant, félon la Ri iiere de Muluie , du Lcuant, celle d'Amfaga, du Mi- ly les Numides Getuliens , & de Septentrion la mer 'leduerranée . qui regarde l'Ifle de Sardaigne. Jean -eon d'Afi icjue approche fore de Ptolomcecn la def xiption du Royaume du Telefim. lors qu'il prend fin u cotte d'Occident au Fleuue Zha , & en celuy de \iuluie, & a pour fes bornes du Leuant le grand Flcu . qu'on tient pour celuy que les modernes nom- ment Magrada (qui aeftécogneu par les anciens) fous f nom deBugrades : du Midy les defcrts de Numidie, < du Nord la mer Méditerranée. Ce Pays fut appelle Mauritanie Cefarée du temps « Komains. Son eftcnduè en longueur d'Orient en 'codent , eft de 380. milles, mais la largeur n'cftau que de .,, ailles , c'eft à fçauoir depuislamec ieditcrranee jufques aux deferts de Numidic.àraifon ■quoy 11 eft fujea aux continuelles courfes des Ara 'Squi ha^ucntparmyces defcrts. C'cft ce quiafaid ayent jamais peu fSe ' ''^ '^^ Ce Royaume de Tremifen comprenoit jadis oti.rM Pfoinnces, qui portoient lesno,,,s de leurs V lu! < puales , c'eft à fcauoir, de Trem.ïln V d Algerrmais à prient i n^tiv?i " T'' ^ mifen. Çefte derniïrè v!i 1 f r ^t"'"' ^ aerniere Ville faifoit autresfois le \r ^ 17. milles feux: mais premicrem<.nr A r .. ^ de lofeph Roy de Fez, quTll^^ ^T^' ^"«^rres puis de la gue^rre qu fut en.r^" ' '^P'" 7- ans* quU'auoi,'>.ftfo2r4 o^aio. rendirent finalement le^s ma' ft es i m ' ''' caufedesgaerresd'entreresÏ;^^,,lfC''TU' beaucoup diminuée. *c lurc , elle elt La Ville d'4lger eftqit jadis fous leRovanmp^* riche, & renommée, à caufe d sbut ni infinité de Corfa^es '^^'.''"^'"s qui y font vné c^cft auOÎ la dem ure^nV^ ' ^^^^^^ gneur. Elle efta^ " ^^^^^^^^^^ tagnes , a trois milles de dr uU& -n- ' quatre.vina£m.ll.c r ^"^'^"'^ consent énuirofi Y "e.vingt milles pcrfonnes, Vne petite Ifle Inv ferl- de port , combien que petit & fu/edt au vcn dû No d' Les Turcs ont contuHieile«>ent fortifié cefte plc^t 1 ont rendue comme 'mprenable.Celte Vil e eft al- mentnomn,ceGezair,6deRoyaumed'^^^^^^ jufques a Tetcot , Ville de quatre milles tZi ques à Guargale qui eft^tf fil miWcs. M frat I b^f "r ^"^'^"^ ^ ^'"^'^^^ P^y^ les anc en. ^«""^ndra toute la contrée , qud ^Afr n " r proprement Afrique, ou peti- te Afnque& pareillement l'ancienne Numidie.Ouel, lTpro:":^/«^"^°>^^"'"-"'^'"^ ul cZ. A r ^ Conftantin, le Pays de Tu- nes.celuy de Tnpuly, & celuy d'Eezab. &^eftenTinr' comriienge au grand Fleuué de a Ir iï 5"" aux montagnes de Conftantine,pres de la mer Méditerranée , & cét efpacc eft d'enuirott ' «nt .nquantemilles:& fa largeur'cft prefque de 4^ Il y a quelques Villes qui Ibnt petites , mais afffei S e te" î'r" die,&Choio près de la mer Méditerranée. Mais Bueie ^1 ays. Elleeft fort ancienne , & ballie fur vne haute que c eft celle que Ptolomée appelle Thabuaque. Sabciiique 6m DesEftats du Turc en Afrique. Sabelliqa.U prend pour de ■ mais Caftaldc . à l'opinion duquel les mieux en- tendus s'arreftent. tient que ccfljIgilgiU , a ntuation eft toute femblable. U Y eut ,adi5 en cefte Vikdcbcaux Temples ScCoUcges &deslogisdu tout magnifiques , & outre ce des Horpitaux , ôc des Monafteres à leur mode : mais la Ville fut prife l an ,yo8. par PicrtcdeNauarre,& depuis clic eft demcu- rce fans ornemcnt,& fans beauté. Le Pays de Conftantine eft aOîs entre le mont de Conftantine fur la frontière du Pays de Bagie , & 1 e territoire des Tunes, preslaRiuieredaGaaddbarbac. Sa principale Ville eft Conftantine , que Marmolius prend pour celle que Ptolomee nomme Culcue , a Mettant en la nouuelle Numidie. Toutesfois Paulc îoue,&Oliuier , qui a commence Mêle, & quelques autres encore tiennent que c eft pluftoft Cute demeu- re du RoyMaffimfTe qucPtolomce appelle lu te. La Ville eft ceinte de hautes & forces murailles, qui font fort anciennes.Elle eft prefquc toute entourée de rochers fort hauts. u A,«ill«fa On y compte maintenant enuironhuid milles ta- milles'll y a beaucoup de belles maifons : & l on voU hors de la Vi)le vn grand nombre debeaux & anciens baftimens , entre lefquels il y a vn arc triomphal à la façon des Romains. "on met aufti en ce Pays la Ville de Bofne autrement HiDOGne,baft.epar IcsRomains à cent ««'"«'O^^^' «iro n loing de la mer , & renommée à caufe de S. Au- ^tr^:Ï:d;SfesenlaRiuieredeGuad.l- barbar, que les anciens ont nomme l'Eftang Hipponi- tcoùeftlalongueurduPaysdeConftantine , & a kiuiere de Capelqui faift quelques Lacs, & qm eftoi- ent autresfois le Paluy . ou Maraiz Tntomdc. Ce , rays cftrenomméàcaufedclaVillede Tunes, Capi- ►alpine tout le Royaume. Ily a encefte contrée plufieurs belles ViHes , dont Us principales font celle de Tanes.que nous auons ae- fia nommée, qui eft norr^mée par Ptolomec , Th - m.fe.ou Thunife. Ce fut au commencement vne fort PC Ue Ville : mais après la ruine de Crthagc elle conj L a merueilleufement à fe peupler , Se enrichir tef fement, qu aujourd'huy elle eft tenue pour U prem.e. e vTd toute la contrée : Elle eft fou tpacieule , les lues font eftroia-es , fes ed.ficcs bas 3c Tevrez ^ c ou- vertes en tenafTcs : on y compte enuiron dix milles h- milles, & fon circuit eft enuiron de cinq milles. "Les Turcs s'en impatroniferent . 6c du Pays enfem^ bleau temps qu'ils prirent laGoulette . En ayant chaf fclesEfpagnols.fe firent les Mores tributaires qui en - Ifto entSeigneursnaturels, &^auoient vn Roy: tou- Î: s 1 ne'les ont peu entièrement dompter , & ne fm t bien paihbles que des lieux maruimes,eftans con- tants pour leuer le Tribut des terres yn peu eRoi- au^e% d'y enuoyer tous les ans vn camp. ^ ya nBafflouVice-RoydelapartduGrandSe.- on uî . & quatre milles laniftlui^s foldoyez pour la larde du Pays : l'authorué du '^«"^«^^"'^l'^^^^.f^^"" fre les main de ceux.cy,ou du moins de Cara Oliman, " i gouuerne en leur nom fr abfolument, que tous les Magiftrats & le Balfa melme prennent Loy de lu y. Le Diuan ou Confeil fe tient en la ma.lon de l Aga Colonel defdKs lannUfaires dans la Cour , fous le cou^ u.rtd'vn aouent qui eft deuant la Sale : lord.ede la liancereprefentel.figured'vnefcufton^^ , . Le principal CorUre de ce lays eu ; vieil Coriaire Turc, des plus renommez de ce fiecle. en • ayant exercé le mcft.cr durant éo.ans auec tant de pro- Serué , qu'il fembieauoir eulamer& les^ventsaux r.'; de (a fortune , comme celle-cy àla foldede fa varcut, le pouuant vanter auec ueruc d auoir pris des salières de tous les EftatsChreftiens, qm en tiennent fans que jamais on l'aye fceu accrocher : il eft âge de . 00 ans , petit deftatUre , homme fort bourgeonne au vifage,braue& courageux au poflible : ilyadeux ga- Icres , fiennes , à i6. bancs, les mieux armées de chor- mes & de foldats qui foient en toute la Turquie : elles n'ontpointdeRambaies , afin qu^elles courent plus Uoerement quand befoin eft de chalferou de air La GouletteeftoitaOîfealTez près de Tunes , fur le de- ftroiad'vneftanglongdedixmilles,par lequel on va 1 ^ aahage la plus ancienne Ville de cefte contrée . & ' au^esfoifcapUak de toute l'Afrique, fut baftief^^^^^ les Phéniciens, comme on croit, 71. ans auant la Ville de Rome. Quelques vns difent que fon circuit eftoit dezx.milL-s : Elle cftoit prefque enuironnee de tous , coftez de la mer. ^ . ^ . 1 b Cefte Ville ofa jadis collaterer la fortune desRo- , mains elle eftoit fituée en vne peninfule fut trois col. Unes , feparées entre elles de valons fpaticux , la plus h atebafgnée delà mer , faille Cap ufdid , qm re tient le nom de la Ville , & regarde le Cap bon pa Grec : l'autre a le fort dé la Goulette au Ponent, & fut fa cime fe recognoilTent encore les mafures du Cha- fte u de Bufa:lalo.fiéme a par Meftre vne large ^m- pacne plantée d'olmievs , qms eftend cinq à fix heu ^nlon^ueur, & i trauers d'icelle eft drelTe vn aquedui fur des arcades, lequel fouloit des montagnes prochar, nés conduire l'eau en la Ville:c'eft laplas entière piè- ce qui refte de l'antiquité de ce Pays de Carthage. Il y auoit au milieu vn fort nomme Byrfe. qui com. prenoit vn peu plus de deux milles pas. Cefte Ville fut nnfe & bruflée par Scipion l'an 6oi. après Rome ba- ftre : mais ayant efté rebaftie par Cefar,qui y tranfpor^ U vne colonie, elle fut encor floriftante , & depuis e ^ receut beaucoup de mauxdes Vendales, Gots, & Sar- azins,&a efté mal- traitée en telle forte , qu il n y, ou Won la ^o.partie de cefte Ville qu fo-t habitée. Îl n'y refte ou'vne petite partiedes murailles.c^uelques qn Jduas vn Kien petit nombre de ces anciens ba a mens. On d.t qu'.l s'y trouue enuiron zy. boutique demarchands,&fop.mai.fpns,quifpaMOU,tesfoisfor, bades&malbafties. . . Bifert , ou B-nfart eft vne Ville fort ancienne aliil^ furlamerMeduerranée , & près d'vne Rraiere , qu eftant fort petite au commcncement,deuient peu à pei f:rueUleu'femen,grande. Il y a là vn. beau porc n,er,& capable de receuoir de grands vailTeaux. Que ques-vns difent qcie cefte V.lle eft mefme chofe qu uque . qui tenoit le premier rang après Cartage, & qi SntLtrenommée par la »ort deCaton.On co. pteaufTience Pays la grande V>lede<;airoan,anîre. Jneplainedererce& fablonneufe . f ^/l^^^f ^ " des eftudesde lunfprudence , félon lesLoix du P.ly Se des fuperftitions des Arabes, qui y fontfoigneul ment obferuées. for^Vnl Le Pays de Tripoli commenceauFliuue &Golpl de Capes' &s'eftend 1"^"^-'?"?-^^^ '^^f^S au delà de la Ville de Tnpoly. Quelques^vns d.fe que cefte Prouince s'^^-/-; f"'" ira W Septentrion auant qu'ellefut ^^'b"ierg« . à a^^^^^^^ quoyles habitans fuyans cemal-heur -retirèrent cofté du Midy.Il y a en cefte Prouince plufieurs V.U dont la princioale eft la nouuelle Tnpoly , qn on ng re:ntrLentTripolydeBubari.CefteV.!leaacq^^ de la réputation de noftre temps , à caufe de. Cortai qui y demeurent, & qui efcument toutes les cofte c Ihcl au heu qu'autresfois il y auo.t vn g-n^ ^^ord marchans Geneuois,Venuicns,SK-;.l,en., & autres Ezzabe dernière Prouince du Royaume de lui eft afïïfe au delà de celle de Tnpoly vers le Leu^ Elle comprend quelques Villes qui ne lont pas gra Des Eftats du TurcenAfriquë; grande importanccLe principal pays de cefte prouin- ce fe nomme Mefrar.qui cft près de la mer Méditerra- née, & à cent milles ou cmiiron de Trypoly , Scce païs comienc plufieurs bourgs . & villages bailis, tant «n la pJainc qu'aux montagnes. Qualité, Sl nousvoulonsconfiderer en gênerai le Royanme de Tunes , il faur dire qu'il cft alFez fertile, propre à nourrir force beftail, & à porter vn grand nombre d arbres qu'on y void principalement du coftc^ du Po- nant : car de celuy du Leuant , il n'eft guère de bon rapport, & a ce mal qu'il n'a guère d'eau. Mais pour venir à efplucher les chofes plus par le xnenu , le pays de Bugie eft en quelques endroits agréable , & de bon rapport , veu qu'il produit a/Tez grande quantité de grains & defryifls. Mais en quel- ques autres , il cft Ci fterile qu'on ne fçàuroit rien voir de plus mifcrable. Le terroir de la vi'Ie de Bugie n'eft propre à porter des bleds, mais prodoid des fruits bons par excel- lence. Il y a en ce pays des montagnes merueiUeufe- menc hautes &arpres , où l'on void force forefts , & grande quantité de fontaines, comme auflî vn «^rand nombre de boucs . & bœafs , & de cheuaux, " Au pays de Conftantine on trouue force huiles & bleds, grande quantité de beurre, à caufe des trou- peaux qui s'y nourriirent. On void prés dcBone vne fort grande campagne , lohgue de4o.milles , & lar^^ de i5.qui porte des bleds en abondance. ^ En la prouince de Tunes , on void prés de fa princi- pale ville , & à quatre ou cinq milles loin tout à l'en- cour des campagnes pleines d'oliuiers:mais elle man- que de froment & de tout autre chofe de grains, à :aufe que les habitans n'ofent labourer les champs juifont autour de la ville , de peur des Arabes qui :ourentdc tous coftez à toute heure. La prouince de Tripoly porte grande quantité de lattes , & de fruids de toutes fortes , mais elle n'eft mllemcnt propre à porter des bleds , toutesfois elle >roduia de l'oi ge alTez abondamment. La prouince d'Ezzab a force belles campagnes, oh cfromet ne peut venir non plus que les autres grains- nais en recompenfe , il y a grande abondance d'oli- ics , & de dattes, &c de plufieurs autres fruids. Mœurs anciennes, LEs femmes de ce pays , auoient anciennement.e'n chacune de leurs .cuilTrs vn cercle d'airain ; ce qui 'dbferue encor auiourd'huy en plufieurs endroits "Afrique parmy les Mores, & portoient la cheuelu- cfortlongue.Ils eftoient en quelques endroits fi peu mils, ou pour mieux dire fi fales , qu'ils mordoient Ctuoicncàbelles dents les poux qu'ils prenoient fur ux,& après les jettoient en terre. Ceux-cy s'appel- aient Andrimachides , qui eftoient mis entre les Poé- ies,qui cnuoyoient (Scproduifoiet leurs filles vierges, 'tcftes à mariera leur Roy,qui defpuceloit celle d'en- re celles qui luy eftoit ptus agréable, Religion. -r-Ods ceux de ce pays font ?jf<^<';!''^'^'^X i ,e de la loy de Mahomet.de laquelle nous patle- .ons I fonds.loJs que nous tr.iaeton. " geue-UcU Relision des Tutcs. Er quanc aux rf''"'"Ch«ft™^ Us, viuencenleur Religion auec v« ."fi»«f^^ fct's.cftanstiaiaezdc mefoie.ou peuteftte plus ra iZT l'autre eftou 11 ipa- tieux qu'vne gallere y pouuoit voguer , & coupant cefte langue de terre,queiay du faire la lepa. ration du Golphe & duLac donnoir palfage aux bour- geois qui v*.oient de la ville au port pour le charge- ment & defchargement des vailleaux. Entre l'vn & l'autre folié, fur vn large rempart il 1 auoit deux forts, l'vn deffendant leD^Jon du cofte J Lcbefche.- l'autre fuuée vers le Grec, ceftu>-cyayan el5é ris le premier par lesTurcs : ^f—^^^^^^ de iour. :ipres trouuant à propros d abandonner u te comme il reiir oit fes foldats dans le Donjon, ennemis leur donnèrent à dos, & les chargerenx 1 dément & de fi près , qu'Us entrèrent pe^^ mefle au eux dans laforterelTe , ôc ^ rendirent Mai^^^^^^^^^^ n^ille cinq cens feptante quatre,le lour deS.Barthj cn^ vingt- quatricfme Aouft a Midy , du ^g^^ d P^'^'PP acuxieLe Roy d'Efpagne , & de Sultan Sehm Em rcur des Turcs, ainfi fut lafchement perdue cefte pla. qu;rante ^ours après que Siuan Baffa & Cochuh C pxcaine és mers du Grand Seigneur l^urent aflf & Lec vne armée de trois cens galères , vingt g offes n ues, ôcplufieursCaramonfaulx , qui foiit vailfeaux diu^rî^ grandeur, defquels les Turcs fe feruent enm. ''L"edit Siuan BalTa General de l'----y;";^f nir deuant foy le Capitaine qui ^^ni^mandoit deda laGoulette,nomméDomPietrodeCarroga,luydo na vn fouflet , en luy reprochant aigrement fa laïc "puis le fit mettre Lx ceps,où il mourut peu de 10. après en chemin de Conftantinople. Celuy qui gouuecne auiourd huy Tun^ sapp Cara Ofman ,^Turc de ,ation fimple laniO^ure . 1 charge , cordonnier de fa première vacation^ n qui par fes menées & fadions §o""f "^^ P^l^^^ ans en ça l'Eftat de Tunis au nom de la Mihce des I faites. Il abfolument , que toutes chofes dépendent luy, n'ofant aucun, non pasleBafta '"ermc.^ treprcndre que par fon aduis , & bien qu 1! dcmeu rp^;«e du Pakisdudid Baira , auec la trempe d compagnons p«ar fa garde noutcsfois .1 hc tej DesEftats du Turc en Afrique. refoudre dcjlhns aucun a^dire, ny prendre .mcunc dc- tcrmiiution au Diuan, ou Confcil dudit Vice-Roy, que premiercmenc elle ne foit communiquée àCara Olman, & ce qu'il arreftc, ayant recucilly les voix de les compagnons palTe pour loy irréfragable. "Quant à fa pcrfonnej il eft de moyenne taille, gros Se rob^c, décontenance fiere , Se arrogante à merueille, ayant l'œil furieux, ôcqui ne regarde iamais en face, le vi- fagcplain& rond, portant le menton raz, & la mou ftachc grande, comme tous les autres lanniffaires de Barbarie : Ion vertement llmple, Ôc non différent du commun, vn bonnet rouge entoure de trois ou quatre plis de Turban, fa chemife oualoc iufques au defTus îcgcnoiiil, vn laye de drap violet venant à la moitié des cuilles : par deflus vnc longue robbe de mefmc rftoffe qu'il porte ordinairementàlafantafquctrouirée uitour ducol,attent à qui enofFrirale fpe£tacle:mais premièrement leur font rionilcr deux ou trois afpres pour payer la pofte .• ils ne les ont pas «^- toft mis es maii^ de ces commères, qu'elles les fcirent contre leurs bouches, Se elles mcf- mes s'efquipent au combat , fe couchant emmy la place, plufèoft naïfuemcnt qu'eiffronrément, puis com- mencent la lutte. palTans lesjâbcs furies épauIes,iScleâ cnlaceans fermement autour du col des compagnons^ à la mode.du pays : quoy faiét prenant vne petite cru- che pleine d'eau qu'elles ortt toufiouis présdefoyà cét vfage, nettoycnt &lauentleurs corps, conformé^ ment aux loix delà Religion Mahumetane, lefciuelles lians la pUreté & mendicité de l'ame auec celle du cofps ordonnent ce lauement aux leurs, après qu'elles ont fatisfaid aux fundions naturelles:Cefte cérémonie achcuéc clic ic rafenr. ^faut auflii obferuer que les Turcs de Barbarie ont vne Mufique compofée de quatre fortes d'inftrumens, qui rendent vne harmonie agréable : ils ont deuxfor- tes de tambours, vn reftèmblant aux noftrcs, qui ac- compagnent les meneftriers de villages, lequel por- tans pendu au col, ils les touchent de la main droite auec vne petite maifud courbe par le bout comme vne croife, & deia gauche en frappent le reuers auec vri |j[enufion de verge : les autres font d'airain , & de là grandeur d'vne falade ou d'' ne bourguignotte , ainfî clos d'vn bout, ne pouuant eftre battus que par vn cofté j il y en a toufiours deux enfemble , lefquels vou- lans toucher ils les pofertr en terre & fe bailfent, & les touchent àucc deux petites houlîînes fort déliées.- voyla leur commune Mufique, tant pour la paix que pour la guerre. Pour leurs nopees, Circoncifions, & autres feftcs & folernrîirez.aux cerertionies pubhquesî comme au Berran, qui eft leur Pafque, ou à la Circon- ciiîon du Prince, ils y adiôuftent d'autres gros tam- bours, qu'à peine fix hommes les peuUent porter. Alger ville capitale du Royaume, eft fituée fur le penchant d'vne roide coUine, & s'eftend du fommet d'icelle iufques au riuage de la mer, rcpreferitaht là face d'vn theatre,eftans les maifons efleuëes par degr ez l'vne plus haute : de forte que toutes lâns que les pre- mières nuifent aux dernières, iouyflent également dé l'afped de la mer : fa figure eft quadrangulaire , plus longue que large : fes édifices ferrez fans' jardina- ges , ayant feulement leurs petites cours, Se deflbui icelîe% t'es ctfternçs , efquelles fe reçoiueni les eaux depluye, pour s'en feruir au befbïn, d'autant qu'il n'y a' aucunes fources dans la ville , ains y eft l'eau apportée de dehors par canaux, Se aqueducs, qui fe peuuent trancher aifément de celuy qui l'affie- geroit, & pour cela folivlfent-ils lefdites cifternes: les maifons (ont couuertes en terralTes Se enduites de chaux dedans & dehors, tellement de fort loing, là ville fe voidcorhme vne tâche blanche dans la mon- tagne. Autour des murailles qui feruent du cofté de là rner de quatre en quatre cens pas fon baftis de grands hoftels, en chacun defquels loge vne compa- gnie de lafliffaircs, & dedans leurs enclos y a . des cours fpacieufes, ou les l'oldats ff peuuent ranger en bataille. Elle a bien quatre cens milles de circuit, & contient plus de cent milles ames y campris les dix milles de la garnifon. Il y a vrie citadelle aiitbur de s murailles en laquelle font plus de deux cens pièces de fonte, tant groffes qiié petites. Dehors du cofté du Midy fur le fommet d'vne mori- tagne font conftrùides deux fôftereifes qui la com- mandent , & vers le Nord à cette pas de la porte y à vti efperon furie riuage de la mer, que l'Occhialyfit faire p0ut flanquer la cofte , Se en empafcher l'abord aux 2;aleres ennemies. La principale force du Royaume d'Alger Connfte en ces dix milles foldats entretçnus en cefte villci tant Fff z en Des Eftats du Turc en Afrique. 616 en paix qu'en gucrrç , fçauoir f.x mUlél lanillaxres, «ntrclcfquels foncîoo. Maufoulagas qu ils appellent, Soo.Boulocbaffis. 6oo.Odobaflls& le refte loldaches, ou fimples foUats : plus trois milles, tantTop.gia & Mutafaragas , que Dognengia & Spagis & milles Mo- rifqucs, Granadins ou Taganns. Lefditslaniiraires font le corps de laMihce Se geu- uerficnt abfolument l'Eftat d' vne façon la plus tumul- tueufe & eftrange qu'on vid iamais,ne recognoiflaiis le -rand Seigneur nonplusquelcBaira,lequel bien lou- Sentilsiettent en prifon, s'il manque de leur donner leurpayeàiouc nommé; au refte font prefque tous Chreftiens reniez^gens perdus, fans foy.fans contcicn- ce & fansReligion, ramalfez comme en vn cloaque de tous les Eftats de Turquie Se de Ghreftiente,& hMms ou fugitifs d^eurs pais pour l'enormité des crinries par eux perpétrez :11s vont tous rafés, fors la mouftache, brauem^nt armez, n'efpargnans les trente , 40- oû 50. efcusenvneharquebufe, tres-bien veftus,commede fove, d'efcarlate, qui leurs viennent iufques aux ge- noliils : la plufpart de leurs habits & fayons garnisde boutons d'argent oud'or,&pardeirusvndonguerob_ bede mefme eftoffe, en tefte vn bonnet rouge auec vtfjl petit Turban, à l'entour , aux iambes ils portent des chaufTesd'efcarktteôc des boutines de marroqumde diucrfes couleurs. ^ , i rr str Les Chefs, comme les Boulacba{ns,Oaabaffis. & autres differens des ûmples lanilTaires, par lacoitture, s'afFutans d'vn chapperon rouge dont ils replient la queue fur l'oreille, êc ceignent la teftiere^e fept ou huid tours de turban rouge, comme cordons Ivnâ cofté de l'autre. Ceux d'entre les gens de guerre quine font point mariez tirent outre leur paye ordinaire quatre pains le iour pour deux deniers , lefquels pains ils vendent feize deniers,^ ce en toute faiton, quelque cherté de grains qu'ilyaye Outrecefte fold.atefque, quine faidqu* tadixicmf partie du peuple de la ville, elle eft encore habitée de Mores Se de luifs, ceux-cy en grand nombve:majs pan- ures plus qu'en autre lieu du Leuanr, d'autant qu'ils ontlefditsMores pour compagnons de commerce.auffi fimàc rufez qu'eux. Ils fe veftent de loingà l'vfagc au pays, portans fur leur foutane vn baracan ou gran- de cape de farge noire, tilTuè d'vne pièce fans couture auec fon capuchon derrière Les vns fe couurent la tefte d'vn bonnet noir ou violer gros , haut en forme de poire : les autres, fçauoir qui defcendent de Cata- logne & leur pofterité fe coitfent d'vn chapperon de drap noir, dont la queué leur pend derrière iufques à la ceinture, femblablesiuftement à ceux qu'y portent les vieilles matrones de Paris. Quant aux Mores, leur eftantaufli bien qu'aux luifs interdit le maniment des armes, ilss'addonnent ail trafic, leurs habillemens eftans longues foutanes de couleur de baracana blancha, par deftiis leurs coiffures ils ont des Turbans blancs defquf Is ils paiTent deux ou trois plis fous leur gorge. Les fepimesdes vns Se des autres, par la ville le cou- urent & enueloppent tout le corps d'vne grande pièce de ferae,ou d'eftamine,&fe cachenUe vifage auec dcift lin<^es^rvn.qui leur voile le front iufques fur les paul- pi e'^res d'enhaur,& l'autre la partie inférieure de la facft tellement qu'elles ne monftrent que les yeux, & def- fous leurs mantes elles portent foutanes de dmerfes eftoffes, defoye & de brocard. Au lieu de chaulles elles vfent de longs calcons, de toile fine,qui leur deuallcnt iufques aux cheuillcs des pieds. & fe parent le col, les bras & les jambes d'orfeureries, enrichies de jo^jux & pierres prccieufes-.ellesfe teignent les ongles en rouge, auec vnc certaine herbe appellée des Turcs & de» Mores ^ena fe nourriflent les^paulpieres, les fourcijl & leurs cheueux auec de l'antimoine bruflc. DESCRIPTION DE LEGYPTE ■ ET LA TROGLODITIQVE SA VOISINE. SOMMAIRE. 1. De r^jjiete du pays d'Egypte. z. Laphralm des noms d'où les anciens ont baptise rEçypte, d'ok ils ont tiré leur ormne. Vefïendue de cejte Tfomnce en longueur & largeur fa figure refemhlant a vne bande de fon long -.fom quelclmat & en cruelle para- lelle. r ■ j , Les dmerfes partitions ^ue les anciens ontfattaece pays, & comme jadis eUei^oit dimsée en haute &baj]e. 4. Le arandnomhre de fes viUes montant ax6.mil es du reone d'Jrnafis : le nom des plw renomm ees, entre le[- auellts eft Syene, cufe monflre vn Puits fort profond, au- luelonL voidpoint d'ordre, le Soleil entrant aufignede l'Efcreuilfe. Memphis celebreponr la demeure desRoys d'Enpte, & pour le voifin âge des Pyramide, mife s entre lesfevt merueiUes du monde. Laville du Caire défigure TriLiiktirc^ui a dans fon enceinte -vne tour par le mo- yen de laquelle en cognoift & preuoit la fertilité oujieri- Inéfuturede toute l'Egypte. Alexandrie ville bsftie en forme de Croij]ant,ok l'onvoid de belles cijhrne.s,les ruines des anciens F al au de Cleopatra & du Roy p ère dejawtte Catherine. Dix aiguiUes hautes de dixmfes & autres jm- çularitez.. . Le NU fleuue admirable en fon nom , cjui enjes lettres pme Je nombre des tours de L'amée> & célèbre pour /es \fept bouches ^ui innonâans les terrés d'Egyfte , les renj .fertiles. La fource duquel ignorée des anciens a efte dfj- couuerte en noftre temps. 6. Entre les fuperbes édifices de ce Royaume font Ui fepultures des Roy s , les obfe^ues les Sphinx, les Pyra- mides, j 7. Les richeffes d'Eg'/pte caufes de l abondance Ai toute forte de bien's y &' de l'Arnettfle & aufret pierre, precieufes. 8. Des mœurs anciennes des Egyptiens ; leur exercice leur duetljeur façon defcnre, du veftement de leurs Pre Jîres, facrifices,vtandes,feflins,de leurs pompes funèbres obfe^ues ér funérailles de leurs Roys. ç). De la Religion ancienne des Egyptiens. 10. Les mœursç^ couftumes^des Egyptiens de ce temps II Du gouuernement y de leurs lotx & couftumes,C authontéde leurs Roys, l'ordre qu'ils tenaient à tratm les affaires. ^ , , 12. L'Eftat de la Religion moderne des Egyptiens A ce temps, des chreftkns appelleXCofiteSyOH les Oireflien de la ceinture. 13. Des'Rsy^ ^ui ont règne en Egypte au conment^e ment de ce fie Monarchie. , 14. Des %oys d'Egypte furnmmeHjharaons de i feriittude des Jfraelites en Egypte. 15. Des Roys Ptolomées qui ont aouuerne ^"S^* me d'Soypte iufques à U mm d' yînthotne & de Ueo patra. 16 ♦ DesEftats du Turc en Afrique. fù. Des Princes Calyphes qui ont re^ê sn Eaypte. 17 Des So!dansçy Vrinces d'Egypte dont la race fut exterminée aitec celle des Mamriielmpar Selim Empe- reur desTnrcs, (]Hi a réduit ce Royaume fom la pmfj'arJie des Othomans en UqHelk tt a demenré mfques h prefent. Veiqves ancien; Aucheiirs ont vou- lu que l'Egypte T.. r vnepaicicdu mon- de, feparéc de i Ah iquc, de l'Ahccn- tre lc(t]iicls ils l'enferment. i-cs autres qui prennent le Nil pour ,i vraycboine derArie&: de l'Afrique, mettent vne ^arric de ce pays en Afie, A: l'autre en Afrique. Mais ^folomce, (Scplulieurs autres qui ont pris le Golphc Arabique, ou U mer rouge pour vne borne plus com- uode de ces deux parties, ont loge l'Egypte en A/rj- jue. Elle fut jadis nommée i£rie,^tie,Potamie,Ogyais fe précipiter auec vne grande & extrême vio- :nce. 11 a pour fa borne du Leuant les deferts d'Arabie, font entre l'Egypte & la rher rouge, & toute cefte ontfceeft dcferte, fans eau, à huid iournées de lon- Jeur. Il aboutit duNorc à noftre mer, qui eft nom- ce en cét endroit mer d'Egypte du pays qu'elle bor- Ce qui fait alTez cognoiftve que les anciens ont 3mRié feulement Egypte, ce qui eft habité, &arrofé 'Nil, c'cft à fçauoir le pays qui eft enuuonné de -tnds deferts, coihmençant depuis les lieux quifont •^ches de Siene iufques'à la mer Méditerranée. Er partie qui eft aflife des deux coftcz du Nil,dcpuis ne iufqties à Alcair, ou.^uÇairé, reilcmble àVne 6\y bande déployée de fbn long, fi vous en excepter 1« dcftours (ic la riuiere, comme dit Strabon, qui fout en tres-grand nombre. Ccftc figure eft faite par quelques montagnes, près defqucUcs le flcuue conlant toutdro-ft & reftrt-inâ: cntre-ellcs,n'eftcontinucllcnicnc large de- plus de cinq cens ftadcs ou d'eniui on 57. milles, bt me(me il n'a puS partout ccftc mcfmc largeur. Mais quelques moder- nes difent qu'il n'cft large que de fcpt ou huiâ: milles, & mefmequil eft quelqucsfois tellement contrainâ: entre les montagncs,quc fa largeur eft feulement de4. ou 5. milles. Mais depuis le Caire, ou près d'iceluy cefte riuiere fcdiuifant en deux principales branches, donneà l'E- gypte vnç figure triangulaire , dont les deux coftez font deux canaux du Nil dcfcendant de deux coftez dajis la mer , c'eft à fçauoir à main droide, iufques à l'cmboucheure Pelufîatiqucou de Damiette,& à main gauche iufques à l'emboucheure de Canope, où eft à prefent la ville de Rofette. La baf^ de ce triangle eft la cofte de la mer d'E<^y- ptc, entre l'cmboucheure de Damictte & celle de I?of- fette , qui s'eftend refpace d'cnuiron 300. ftadcs, ou milles d'Italie,felon Sttabon, pu fuiuam quelques autres de i7o.milles pas. Doncques la partie la plus Septentrionale d'Egypte qu'on nomme la balfe Egypte, eft en forme d'Ifle , en fermée de la mer, & de ces deux canaux du Nil, & comprife fous le nom de Delta par les anciens Hifto- ricns; Géographes & Poètes, pource .quelle eft fort fcmblableàcçfte lettre Grecque. Ccfteifleade circuit, félon Strabon, enuirontrois milles ftadcs, qui font 375. milles d'Italie, Toutesfois les modernes difent que ce Delta contient de circuit 3oo.milles , veu que depuis la ville de Rofette iufqu'à Damiette on compte cent quarante milles , & cha- que canal eft long de feptanfe milles.Ptolomée appel- le cecy je grand Dekajlequelil diuife encor en petit, & troifiefmciappellant petit Delta, ce qui eft contenu entrelefîeuuedeBubafte, ^dcBufir^e, &troifiefmei ce qui eft compris entre les riuieres de Bubafte, & d'A- rribe. Tous prennent prcfque la longueur de l'Egypte, de- puis la ville d'Afne iufques à la mer Méditerranée : & cefte cftenduë eft félon Pline de |ooo.dante 5. milles pas , mais quelques modernes difent qu'elle contient ■ cnuiron 500. milles. Léon d'Afrique eftend la longueur de ce pays pat delà Afne, iufqaes à la grande de ancienne Afie, qui eftcfloignéc duNil d'Egypte d'enuiron quatre- vingt milles du cofté d'Orient .• & de Midy fur la frontière du Royaume de Nubie & des peuples de Bugie. Le meffiie autheur le fait long de 450. milles d'Italie: mais à caufe qu'il les fait plus grands qu'il ne fauti il eftbefoin félon l'opinion deSaind d'y adjoufter vni quart, tellement qu'il y aura cnuiron 56Z. milles ordi- naires. IlcftaffisafTez prés du Tropique de l'EfcrcUice, en tirant vers le cercle Ardique, entre le reptieme & le dixiefrae paralcUe, principalement fous le fécond cli- mat : Aràifon dequoy fon plus grand iour d'Efté eft d'vn peu plus de treize heures & dennic, &■ aux parties plus Septentrionales, il ne pafTe de guère quatorze heures. Il eft enclos entre le Meddien d'Alexandrie & de TenefîeonTeneze.dôntle premier palFe par le (îo.degré & dexny , & l'autre prés de 6j. degré & vn quart. Nous ttouuons diuerfes diuifîons de ce pays dans Icsautheurs, veu que ceux qui feparrnc l'.-vfie de l'A- frique par le moyen de la riuiere du Nil, diuifent cefte pvouinçe en trois parties, c'eft à fçausir en l'Egypte i- d'Afie , auBtcmejit Thebayde, & maintenans: Said, ou F f f } Seid : i / Des Eftats du Turc en Afrique. 6it Scid.-cn i'Egvprc d'Afrique, qui cft partie qi|i me au Ponaiu, & en la bade EsYptc, comprife vers k Norr, e;ucrebaiiiirionduNii,(ouslaforme de Dcita. L'E'^ypf c eft encore diuifcc anciennement en.haute & balic. On nommoit haute la partie longue & eftroi- dtc, qui commence aux Cataraéles au delFus de Syenc fur'la frontière d'Ethiopie, &tiinc prés du Caire. La balFe comprenoit ce qui cftoit enclos entre les deux canaux du Nil. depuis leCairc, iufqucs à la mer Médi- terranée fous la forme de la lettre Delta , ou d'vn triangle. U y en a d'autres qui diuilent ccfte prouincc '^n haute, moyenne Se balFe. Ils prennent la balîe depuis la frontière fufdite d'Ethiopie, & l'cftendcnt feulement iufquesàAntinoè, ville aATircfurle Nihque Léon d'A- frique appelle Anthius ; ceae-cy eftmelmechofc que Thebay, oulepay deSahid. ■ • a Ils prennent pour moyenne Egypte la partie qui eifc entre la ville d'Antibe , & le fommct du grand Delta, qui fe nomme Hcptapolis, & Heptanomie. La baffe Egypte eft félon ceux-cy , la partie com- pi-ifefous la figure de Delta, & ccfte- cy fut appellée parles Romains Auguftamnique. ou Auguftamic. lu- iïinian la diuife en fcs nouuclles Conftkutions pre- mière & féconde. Finalement Léon d'Afrique apporte vne diiulîon de l'Egypte, qui fur faite lors que les Mahometans s'en rendirent maiftres. Il la diuife donc en trois régions, c'eftàfçauoiren celle de Sahid,c'eft à dire terreftre, qui eft depuis les frontières de Bugnie, iufqucs au Cai- re. &i c'eft icy la haute Egypte en l'Errifie . qui eft (a contrée Occidentale du Nil depuis le Caire iufqucs à Rofette, Se en Bachrie, ou Marennuc, qui eft du cofté d'Orient cft proche de la riuiere du Nil. Il faut auflî fçauoir que l'Egypte fut autresfois diui- fce par Alexandre, en plufiears gouucrnemens, & que les Romains pratiquèrent après mefmechoCe. Héro- dote metdix-huict gouuernemens,ouNomes:Strabon 19. Ptoloniéc quarante fix. Pline enuiron 50. Mais Orchclius a rccueilly de diuers autheurs plus de 66. Nomes. Pour le regard de CCS vill,cs,quclqucs- vus ontefcnt qu'il y en auok autrefois enuiron 16. milles lors qu'A- ir.afis resnoitj&Diodore dit qu'on en voyoit encor de fon temps 5. milles, .^lais Ortlulius n'en a pélitrou- ucr que 500. quelquediligence qu'il airpcu apporter en ceftc recherche. Tellement qu'il faut croire que ces anciens autheurs coprcnoient en ce compte les bourgs & les viila<'es. Toutcsfois nous ncfiionspas que les truerres des Syriens ; des Ethiopiens &dcs Romains n'ayenr ftîmépluficurs villes. Mais laiffanc ccfte dif- pute, ic dy, que les plus renommées d'Egypte eftoient Syenc,Thébes,qu'on nommoit auOi Diolpo!is,Tehty- re.Heliopolis Memphis,Babylon> Alexandrie, PcUife, & quelques autres. Sienne maintenant Afne , eft precifement fons le Tropique de Cancer . ou de l'Ecrcuifle. Ce fut en ce lieu, feion le témoignage de Pline , qu'on fit vn puits fort profond,auquel on ne void point d'ombre,lors que le Soleil eft au commencement de l'EcrcuUrc. LavilledeMemphisaffifc par delà le Nil, du coflc de l'Occidenr,fuî autrefois la demeure des Princes d'E- gypte, & les Pyramides, doHt les autheurs ont fait tant de mention en font bien peu clloignées. Le Caire fucceda au Heu de ceftc ancienne ville, & fut le fejour ordinaire des Sotidans d'Egypte. U cft vray que plufieurs tiennent que le Caire cft aumefmehcu où l'on voyoit jadis Babylon. CarBcl- Icn quia efté par tous ces pays, fcmble alîcurcr que la ville noiîîméc Babylon par les anciens, eftoir vn peu au dclfus du Caire, &c de fait, on void plulîeurs ruines & rcftcs de beaux & magnifiques baftimens eu ce lieiv qui eft auiourd'huy vr» villagc,ou il demeure afTcz bori nombre de Chreftiens Grecs, 6c Aimer.iens, & l'on y void vne Chap pelle, où il y a vne voûte fous terre, où l'on dit que labien-heureufe Vierge demeura cachée aucc fcn fils noftre Seigneiir , lors quelle s'enfuit de ludée. La ville du Cdre eft plus longue que large , & la forme eft triangulaire. Elle cft fort grande & ceinte d< murailles, non toutcsfois de tous coftez, pource que la plus grande partie eft "bordée du Nil qui luy fcrt di murailles. Hors du pourpris des murailles on voie beaucoup de baftimens, & vn fort qui cft l'vn de coings fut le rocher oui quelques degrez onteftc tail lez, & dont la demeure cft faine Ôc agréable ; d'autan qu'en regard.int des fcneftres, & jettant fa veuè tout , l'entour le plus auant qu'il eft poflible,on void toutl pays d'Egypte. . ^ j> La plus grande partie des maifons cft couuerre d v double paué,à caufe de la chaleur, & les portes des ma fons font tellement balfes ôc eftroittes qu'il fe fai ballfer par necefliré lors qu'on y veut entrer. Toute! fois les maifons des grands ont des hautes portes qi font hautes comme celles qui font en Europe. Ily acn ceftc ville comme vne tour folide , par moyédelaquelleron co^noift lafertilitcquidoiteft en Eeyptc toutes les années, en y remarquant combii la riuiere du Nil vient à croiftreicar il y adiuerfcs ma quesparlefqucUesoniuge delà récolte, Carquand Nil paruient au plus haut trou, l'on vient à recueil du bled en abondance, & de ccfte forte ils iugent d biens qu'il doiuent auoir félon là hauteur de cette ea Toutefois le Baron de Bcauueau en fon voyage,dit q c'eft en vneMofquée nommée Efchial , que l'on m fure, combien le Nil croift en vne colomnequi; crouue. Mais Palerine en fes Pérégrinations > dit q c'eft vne Ifle prés du Caire, que l'on va prendre gav à la hauteurde cefte riuiere, de laquelle nous fcro mention en parlant delà quaUtc de l'Egypte Il y a auflî dans le Caire vn lieu ceinr de muraill nommé Bafeftau, où l'on vend force argenter ie, dra d'or, d'argent & de foyc. & quelques rares efpiccrl. C'eft là que beaucoup de gens accourent, & s'aflei blcnt ordinairement pource que l'on y void ce qui peut trouuer de plus rrac en toute la ville. Quelqu* vnsdifent que tome ceftc ville a plus de 8. milles circuit,&plus dc24.miUcs mes qui fe ferment !a nui Il y a dedans & dehors la ville de fort beaux jardi qui outre les herbes ordinaires, portent des cannes calTcde tamaricdcs palmiers.des fycomorcs,des or; fcs, des citrons & des limons fauuagcs, & encore ( cannes de fuccre, & les hayes qui entourent ces j; dins, font toutes plaines de Chameleons. DES OVmAGES^ MAGNlFIQif^ des anciens Egyptiens. He o p E s Roy d'Egypte ( ainfi que raco Hérodote liurefecond)fut celuy quifirbafti : riger la plus grande des trois fuperbes Py mislcsd'Egyptclcquclfaifant fermer touslcsTcmf des Dieux & deffendant les facrifices ordonna qucti les fujeds de fon Royaume culfentà trau.iiller & citer le deirein qu'il aiioit de faire ériger cette Py midc Il voulut donc pour cét cfFcd qu'vn certain ne bred hommes fuftent employez à tirer des pierres certaines carrières quiie trouuent en vre monraj voifine d'Arabie , &i que les nyans tirées ils miii peine àles faire conduire par terre \u(^]ma au bort lariuie.e du Nil , pour puis après les fauc pa( ei ' l'ai Des £ftatsdu Turc len Afrique. l'iiitre collé du flcuue au moyen de ccrraincs barques &bacrc;uix, où eftans dcfcluigccs elles eltoient rc- cciics par vn certain nombre d ancres hommes, qui du Nil les failoient tranfporter iufqucs au dcdlis de la inofitagncqui regarde l'Afrique . lur laquelle monta- gne dcuoit ellre baltie cefte grande Pyramide , & cttoientà céc ouurage employez iournellcmcnt , dit Hérodote, cent mille-hommes , qui au bout de crois mois ciblent rafrairchis& rcleucz de leur trauailpar centmillcs autres, de forte qu'en ceJabcur & trauail de tirer Se traîner les pierres depuis l'Arabie iulques en cefte montagne, futtrauaillc 6c employé ce peuple d'Egypte par l'elpacc de dix ans, peine àla vérité qui fut plus grande &c fafcheufc qu'à baftir la Pyramide entière, conftruicte de pierres taillées & grauécs de fi- gures de dlucrlcs beftcs, à quoy faire futent confom- mees dix autres années entières , en comprenant la ftrudure du logis qui eft fous le coftau où font aflî- fes les Py ramides,auquel logis eft le Sepulchrc du Roy Chcopcs,enuironnéduNil,quieft tiré là dedans par vn canal & conduid foufterrain, Ôc ainlî firent em- ployez vingt ans pour l'entière pcrfctaion de cette grailde Pyranijde , laquelle eftant déforme qiiariée auoir en chaque front Soo.pieds de large, & autant de hauceur.eftanc chacunepierrc de3o.pieds fort artifte- roenttaiHcc. Qu.-Îques-Yus appellent.tablesd'aftcnre,& les au- tres cibles d'hoftel, les pierres qui fontaffifes en cette Pyramide en forme de degrez.-carbaftillànt la Pyrami- de lors que la première pierre elloitaiîife, les anciens auoient certains petits engins de bois qu'ils pofoieut dclfus pour monter les autres pierres, & par ce moyen çftoit la première leuée de terre aùec fon engin parti- culier, puis fur icelle eftoit drelTé vn autre outil pour monter la féconde, & ainfi femblablement les autres, tellement qu'il y auoic autant d'engins que de marches, ou bien vn feul fuffifoit, Ôc pour ellre ailé à manier îftoit leuc de degré eu degré quand beibin elloir de monter vnc pierre,auec cette indullrie fut ballie cette »rande Pyramide, en laquellefont grauées certaines ertrcs.exprimans combien les anciens dépendirent en aucs, aulx & oignons, qui montentàlafommede 800. talens ,^ qui font plus de 1080000. efcus à 600. feus pour Calent. Mais d cét article eft receuable en ignc de compte , combien ell-il vray femblable qu'il IK dépendu en inllrumensd'ouuriers, en veftemens, ^ au relie de leur viure, ce font iufques icy les paroles l'Hérodote. Bclonlin. i. des ouurages antiques Se admirables, h.j s'cllonne de telle menterie, principalement de ce [U'Hcrodote dit que chaque pierre aupit trente pieds e longueur, &:s'cmèrueille comme il y en a qui fe eleclent ainfià faire des comptes à plailir, car il die ucluy-mefmeaelléfur les lieux, Ôc qu'il a mefùré m curieufement la fufdite Pyramide, en prefcnce de lonfieur Fumet Gentil-hommeFrançois , AmbalTa- eur vers le Soldan d'Egypte pour le Roy de France, :«trouuéqu'enlamcfuretant defa hauteur que de l largeur, Hérodote & ceux qui l'ont fuiuy fefonc 'Urdemenc trompés & abufez, félon qu'il raconte, îctc grande Pyramide eft appellée par le vulgaire d'£- /pte^PharaonJaquelle contient enuiron 250. Icfquels 'Ut 11 larges qu'vn homme de fes deux bras ne peut 'uchcr les deux extremitez des trauers de chacun içcux.oc font hauciï^îlleucz d'enuiron de quatre oieds demy> ce quieuft donné beaucoup de peine à ceux li auoientdefir de paruenir à la fommicé delà !*yra- ide, n'cuft elle que les ouuriers pour obuicr à cette ificLilré, ont fait fur chaqucmarche aux quatre ân- es de la Pyramide trois petits dcgrez, pour Ibulat^er uxquiy voudrcient monter. la bale& le pied de cette Pyramide eft en forme 6jo quatrée, comme aulîl lont la plufpart des autres ayant ceU-cyparle bas trois cens vingt-cinq pas de chai que face. _ jîi quclqu'vn fe vouloit rcprefenter dcuant les yeux 1 Idée Cîc imagination de l'cftcnduc & grandeur de cct-a te grande Pyramide, n'auroit qu'à prendre aucc luy quatre grands pieux de boh,&lc, allcPplanter en quel- que plamc ou campagne en forme quari'ce cgallenient. àc mettant de la diltance de l'vn à l'autre trois cens vingt-cinq pas, & en mulripliant quatre fois ce nom- bre, Il Içaura tout le tour de la grande Pyramide qui eft de 1300. pas. * G'cft ainfi que l'ont écrit le fufdit Scion, & Pierre Bcrtiushur^3- de fes Tables Géographiques, contre ce que difoit Hérodote, qui ne luy baiiloit que dix toifes en largeur fur huift de hauteur, & cinq ftades en pro- fondeur, & contre aulîî ce que dit ViUamont en fes voyages, que la bafe de cette Pyramide anoit en lar- geur 400. pas de chaque face, qui font 1600. pas dé' circuit, reuenant chaque pas à deux pieds & demy,qui lont4oo. pieds de tour, qu'elle auroit félon fon dire. 1 our ce qui eft de fa hauteur, le commun dire eft qu ellccontient cnuiron mille pieds , chofe qui fem- bieeftrangec^ incroyable, & to^sfois il eft très- véritable. Cette grande Pyramideeft bufe creufc par dedans,' ^ on y peut entrer, non toutesfois fans fe courber^ par vue certaine petite ouuerture qui eft au pied d'icel- le du cofte du Septentrion,|& y eft l'obfcurité li aran- dequapeineypcut-onallerfanslumiere,d^ pource tujet ceux qui prennent refolution d'aller vifiter i'm- teneurde cette Pyramide, auparauantî^ue partir delà ville du Caire, font loigneux de le fournir de certains petits fufils , auec de la bougie, on bien vnflambeau lequel ils allunscm desauffi toft qu'ils font entrez de- dans,& on n'y peut autrement aller que i\ n après l'au- tre, pour eftre l'entrée fort petite, balTe & eftroite tltant paruenu au dedans on appercoit à main dtôiéèé vn certain puits, duquel Pline a fait mention , dilanc qu II auOTt 86. coudées de profondeur, au fond duquel Il y auoit autresfois de l'eau, qui prouenoit du Nil mn elt fort peu diftant de cette Pyramide, laquelle eau fer- uoit a la maçonneric,& pour abrcuuer les ouuriers qui trauai loient en icelie,ma^s à prefent ce puits eft tout comble Ôc remply de pierres & de terre. De l'autre cofté de ce puits, fçauoir à main sauche encrant en cette Pyramide, fevoid vn certain trouca- uerneux par lequel pourentrer il conuient fe coucher lur le ventre contre terre rampans à la manière deslerpens, encore trouue-on bien delà difficulté à y palîer.Apresiceluy on trouue vn autre efpace d'vh cÔ^ duid de gallerie quarrée alTez bien entaillée qui va dii bas en liàut,où vn homme peut aller tout droid fans fé bailler, l'efpace eft large & haut. Cette gallerie eftfaicle fans aucuns degrez , mais elle a des relaiz & certains crampons dé chaque cofté de la muraille,pour ayder à ceux qui y veulent moiitcr lans lefquels diflieiiement pourroit-on paruenir eri haut, d'autant que cette gallerie & aliée eft paoée dé grandes & larges pierres qui font fort polies & glilfan-^ tes, & quand onaaidiî monté 15. ou 16, pas, on entré en v^ne belle chambre que l'on trduuc, laquelle eft dé forme quadrangulaire ayant llx pas de long fjr quatre de large, & en hauteur fix toifes,dedans laquelle eft vri coffre de marbre noir faiû d'vnc feule pièce en loriné ' d'vne cailfe, long de douze pieds , haut de cinq, & large d'autant , eftant fans couuercle , lequel cof- fre C fi ce que difcnc ceux qui l'ont veu J eftoit le S'epulchre d'vn certain Roy û Egypte,pour lequel cet- te Pyramide fut fjiélc, & fat ce fepnlchremis dedans ladi:c chambre en faifgnr lamaçonneiie de .ecte Py- ramide, Fff Qsi 6lo Des Rftats du Turc en Afrique. Qui confidcrera de prés par dehors la partie de cette Pyrai^K^e oui regarde le Septentiioatrouueraqu elle eft beaucoup plSs gaftéc de ce coftc que des autres, pourcc que l'humidité tant des rofees de la nuid, que du Nil , eftant agitée par les vents Septentiionaux , la ruinent & luy foi^it vn grand dommage:car les vents de bize en Egypte font fort humides,au contraire des au- tres p3ys où ils font fort fecs. Celuy qui eft au pied de cette Pyramide lugeroit en regardant fa cime qu'elle eft très poinauc-, ny plus ny moins qu'vn Diamant,taut elle eft haute & prodigieu- fecn grandeur, mais ceux qui prennent la peine d y monter font tous grandement eftonnés de voir au haut d'icelle vne fi grande platte forme alfez fuftiiantepour contenir 5o.hommes,comme dit Bfotius. ^ ^ De cette platte forme on peut voir tout a decouuert la grande ville & Cité du Caire , qui en eft diftante près de quatre milles,enfemble tous les delerts arcYieux qui font à l'entour , & vne grande partie du Heuue ''"Ccft chofe cftrangc d'ouyr ce que les Autheurs difent ôc racontent de lademefarée eftenduc & gran- deur de labaze de cette Pyramidccar la pUifpart d eux affcare que le meilleur Archer eftat monte fut la platte forme d'icelle, venant à décocher de toute la torce vne flèche en l'air , il ne poutroit iamais l enuoyer h loing, qu'elle ne tombaft toufiours fur la baze de la Pyramide. . - Confidevez donc vn peu quelle prodigicufe gran- deur elle a, puis qu'il eft ainfi que le plus fort Se le meilleur Archer du monde n'en peut pafler la moi- tié auec vn traid d'arbalcfte. Ilyaquelques-vnsquidifentquc Cette grande I y- ramide eftoit anciennement renduite & recouuerte de certaines lames & tables de marbre, ciees fort fubtile. ment, eftant chacune d'iceUeslargede7:pieds,ce qui luydonnoit vn grand luftre t mais ils afleurent qu vn certain Soldan d'Egypte les fit ofter de a Pyramide pour endecorer&cmbellirlepont de la ville d^iCaire.- toutesfois Belon dit que cela eft faux & qu'il n'y a pour le prerent aucune apparence que ïamais il y ay e eu des ponts fur lefleuuedaNiUcommemelmctémoignenc les Es-ypcicns. le me contenteray de dite après quelques autres que 6oo.millcs hommes ont demeuré lo. ans a la conltru- alon de cette Pyramide , & y ont feulement dépendu en aulx, oignons &rauencaux iSoo.talens , qui lont plus de loSoooo.cfcus à 600. efcus pour talent. • Les Fvoysde l'Egypte îcsfaitcient baftirtant pour leur feruir de fepulrurc, comme pour rraiiailler & oc- cuper leurs fubjeds, mais à vray dire les Pharaons fu- rent ceux qui firent baftir cettePytamide expceflemcnt pour fatiguer&trauaiUer les Hébreux qui demeuroient captifs en Egypte, &quieftoient bien au nombre de 6Q0.milles hommes quand Moy fc les tua de (eruitude, l'Efcriture Sainte femble alfeurer cela.ainfi que l'a re- marqué Benedidus Pcrerius lefuite en fes queftions ^" Hero°dÏte parlant de la féconde Pyramide d'Egypte, dit qu'elle fut baftie par la fille du Roy Chcopes, la- ■ quelle eftant defireufe de laiiler quelque {ubieâ:& ma- tière de faire parler d'elle après fa mort, requeroit a vn chacunquivenoit vers elle de luy donner vne pierre pour faire conltruire vn certain ouurage qu el c auoit cncrepris,de forte qu'ayant amaifé^ alfemble pluficurs pierres toutes taillées , elle en fit éleuer cette féconde Pyramide vis avis de la grande que fon feupcre auoit faitbaftir, laquelle Pyramide auoit en chique front i50.pieds,c'eftainfi que l'écrit Hérodote, & ditl'auou appris des Preftres Egyptiens. ^ , • Ceux qui de noftre temps ont confider^* de loing Se de prés ces crois grandes Pyramides, confeffenc que cette féconde icv apparoift eftreplus gtande & pluS haute que la première & troifiéme, pour autant qu'elle eft affife quelque peu au delVus de la précédente en hè« plus haut & plus emincnt, mais l'approchant On s^âf.^ perçoit qu'elle eft beaucoup moindre que la ptemïferc, tant en hauteur qu'en largci.c. En icelle il n'v a point de degrez par dehors Comme à l'autre, de forte qu'on n'y peut monter, aufti n eft-i! befoin d'en prendre lapeine,car e le a fa cime en forme d'aiguille tres-poptuë, en laquelle il n y a nul efpacc pout fouftenir feulement vn homme. ^ , ^, . Elle eft pareillement de forme quarree,rehaufleed( ciment par dehors pour eftre mieux conferuee&detcn dué de l'humidité-.mais toutesfois ce ciment n a pun; fceu fi bien la défendre & empelcher, qu'aufli bien qa la première les vents humides du Septentrion n ayen grandement endommagé l'vn de fescoftez lournc a vent de bize. ^ ,. , . Elle eft au contraire de l'autre toute fohde par u< dans,&n'y a feulement lieu que pour tenir & enferm. le fepulchrc d' vn certain Roy d'Egypte, ou bien ceh de cette fille de Cheopes le corps de laquelle y h fomptueufementenfeuely après fa morf . ^ Ce Tepulchre ne fe peut voir, parce qu iln y a poi de trou ny d'entrée en cette Pyramide pour y entrt comme en lapremiere : car il y fut mis l<^rs que 1 < paracheuoit encore la m^içonnerie d icelle, amh q '^'^LatToifiéme Pyramide ne peut eftre aucuneme comparée aux deux autres, tant en grandeur qu en l: geur, mais elle eft beau coup plus bell^ & mieux baft pour eftre fai6te d'vne certaine forte de marbre- pierre Ethiopique,qui eft plus dure & forte que le f à raifon dequoy elle eft aufli entière, que fi elle vcn d'eftrcfai6te,n'eftant aucunement endommagée égratignée tant par les pluyes que par les vents hur des,commelesdeux autres précédentes. Elle eft diftante de la féconde pour le mois d bon traiél d'arbalefte, & eft pareillement baftie en fi me quarrée.toute foUde par dedans fans aucune entr il n'y a aufli aucuns degrez pour y monter.car ainli c Ln piecedente elle a la cime en forme d aiguiUe&po te dediamant.Et fibiencettetroifiemePyramlden ri-nauprixdes deuxautres.fi eft-ce toutesfois,( ny en Grèce ny en Itahe , ny en aiicune partie d, terre ne s'en peut voir de fi grande, filarge & fi ha. Pline dit qu'elle fut conftruide par le neftcd'vncCourt.fanne Egyptienne appellee Rhod ouRhodopis, laquelle eftoit fort belle & de bo i^iace. . . . j. Hérodote eft d'vne autre opinion, & dit que phrin Roy d'Egypte la fit ériger, mais tout cela c incertain, fi vieux & fi antique, qu'il n y a moyen cun d'y adieufter foy , car il n'y a hiftorien fur lec on fe puilTe affcur er touchant l'autheur de cette 1 ) mide , aufiî bien comme des autres: toutestois q que c'en foit,c'eft chofc tres-veritablequece lont quelques Roys regnans autresfois fur l'Egypte,qu oût fait baftir & conftruire exprcflement , tant y monftrerleur magnificence, que pouryehrele de leurs fepultutes. O'ifrc ces Pyramides fe void encore en Egypt( CololTe quifurpafie toutes les mcrueilles de Rc Coloire qui iufques àprefenteft demeure lurf fans eftre nullement endommagé Ceft vnepiecc plus anciennes de la terre, &nefetroaue en toute gypte autre CololTc que cettuy-cy qui ait ancei mcntefté appellé Sphinge, bien qu'autrestois U ayeeu plufieurs autres ctigéz & conftunas, qu ^laps de temps & le malheur des guettes ont elle al tus.rompus&fracaficz. le fçay qu'à la vérité les anciens non fans < Des Eftatsdu Turc en Afrique. 6ii (qu'ils difcnt aiioir eftc Roy d'Egypte ; fe tiouocrcnt çcc cftar, pi^.oyans quclongwcn^cnnls ne pourrcncn <=uos fcduion tt,muirc. duafcrcnr ro.rc l'EPvpcc nf u. égales portions, comme écnc Hciodote à la fin de a féconde Mule , pour lefquellcs régir 6< ^ou erncr ^ouue'rnercnc d telle ioire que nul ne fie iamnis aucun dommage fur a ISl ^^■^f '^-f-"^ P-i'Wcmcnt dehbererc^nt d^ laUFeU la polterité quelque ouurage digne de mcmoi! rc comme pour tous & f.rt ce fuj «prifent refoluTon dcfaucbaftuauecg loire vn fupcrbe& célèbre labyï; rimhe vnpeuaudcllusdel'eftang deMedetis oui eV encre es v.lles 'du Caire & Arfmoé. Lab Lhe quî quil elt impoffible de l'exprimer, car il furpalfa en excellence routes les merueiïles de Grèce & deCtn^" n yauoic en iceluy 12. falles voûtées, ayans leurs pelantes q^, en les ouurant il fembioit que ce fuft vrt le X aal.t " ? ^^^g^^doient leSeptentrion,&. nf mb "r r'"' ^''^i^^' ^^^elles fallesi enlemble tous les autres baftimens de ce labyrinthe eftoient r enfermez dans l'enclos d'v.^ feule ml raiiie ^Ce labyrinthe eftoK cpmpofé de. .grands corps d'ho.' chauHee. Dans ce uy qui eftpit deffus terre eftoient que celle d'vne femme 5c d'vnLyon rout"eïo;;con£: 1 à faiîe"dffie"cSrthr ^^^'^ t"^'^""™""""^"^ ' rantccheuicydePIine,auecceluyd'Herodoteappel- Pulchr^ de Crdcod.H ' pI"^î^urS autres fê- lé Androlphingc.car cet Hiftorien en f. feront. A^^r. L.' q^'^ie pro, admiroicBt ce grand * mcvueilleiixCcloirc du Solei. crigc en l'I/lc de Rhodes,concé par eux pour l'vne des fept merueilles du monde, & toutesfois c'Utoit peu de chofcen comparaifon de Sphingc d'£gypte:ce Coloilb cft prodigieux en hauteur, fous lequel fut enfeucîy le corps de ce grTlnd Roy Amafis qui rcgnoit ancienne- ment lut 1 Egypte. Ce grand Lololfe du Sphînge cft élcuc outre le fïeu ue duNil.& les trois grandes Pyramides,fur vnc eran- decolomnefaidte d'vne feule pierre de marbre, ayant en hauteur 81. pieds, & puis 6z. que contenoit l'Idole duSphingeen hauteur, qui fait que ce Cololfe, en tout & par tout contient en longueur 14?. pieds, qui cft bien autre chofe que le Cololfe Rhodien , qui ne contenoK pas dauantage en hauteur de 105. pieds. Pli- ne a parlé de ce Cololfe, 6c l'appelle Sphingc en fon hure i6, ch. 12. de l'hiftoire Naturelle, car parknt des Pyramides d'Egypte , il dit ainfi, AntihaceFlSphtnpe ; €jl Mtemfnxo natHrali , cr laborata & Inbrica, Capis monfiri ambitmperfiontem centurn duos pedes coUigit, longitHdopedHmi^i, 'efi dltitudo À ventre ad/ummam npicem m capite 61. C'eft à dire, deuanticelles Pyra- mides cft le grand & merueillcux Cololfe du Sphinc^e, lequel cft faiiSt &c taillé d'vne feule pierre,ayant latefte de ce monftre io2.pieds,poiar le circuit du front en lon- gueur lyySz en hauteur depuis le ventre iufqucs à l'ex- tremité de la tefte d'iceluy 61. pieds. le ne me pouuois du commencement tenir de m'é- merueillerpourquoy Pline appelloit ce grand Cololle iphinge, veu que c'eft vn monftre qui n'a autre forme le Androiphinge.car cet Hiftorien en fa féconde Mufe, parlant du Roy Amafis, dit, que iamais Amafis n'eut cure des Temples des Dieux qui l'auoient abfous, ne leur fit aucun bien, & n'y entra pour facrifier comme a ceux qui n'eftoienr dignes de rien , & qui rendoient des oracles faux&menfongers,au contraire il eutgrand loin des Temples des Dieux qui l'auoient condamne & lugc comme larron, eftans dits Oracles véritables, & non mcnfongers, 5c fit fuiuant ce foingbaftir-dei Por- tiques admirables en hayes au Temple de Minerue, lurpallant de beaucoup tous autres, foiten hauteur ou en grandeur de l'édifice, & y pofa encore de grands Gololfes & Androfphinges de meriKilleufe longueur. Dauantage, outre ces ouurages d'Egypte fe veyent aulTi en iccUe des Obelifques merueilleux, de forte après les Pyramides il ne fe peut excogiter pièces fJus excellentes & admirables , voire antiques. Ces Obelifques furpalfent en cela les Pyramides, en ce qu ils font faits & taillez d'vne feule pierre, là où les Pyramydes fontfai(aes& compofécs de plufieurs oier- ics taillées. ^ Les anciens Hiftoriens racontent que les Roys d'E- gypre àl'enuy l'vn de l'autre firent faire & tailler qua- tre Obelifques, dont chacun d'eux auoit 570. coudées de longueur ou hauteur. Pline 8c quelques autres autheurs écriuent qu'vn cettain Monarque appelle Ramifes, qui regnoit fur i Egypte du temps que Troye la grande fut deftruifte par les Grecs, fit faire vn Obelifque en la ville de Sie- ^e, quiaûoit4*o.coudces de hauteur , & 4. en largeur de chaque cofté, ouurage digne d'admiration en telle lorteque CambyfcsRoy des i^erfes ayant lubjui'ué la ville de Sicne, & fait réduire en cendres , voyait que c feu s alloit prendre& attacher à cette fuperbe pièce admirant pour fon excellence, en la co.ftruéture de laquelle 10. milles hommes auoion^ efté employez commanda auffi-toft que le feufaft efteint, de peur îuil ne bruflaft ce magnifi:îne ObeHique. Unalementles Egyptiens, apreskmort de Vukan ^H^Fi^yauoitmi^p-Sf^;:^^^^^^^ Pour fe baftiment de deflus, il cxcedoit tout ouura- ge que ïamais les humains fe feroient aduifez de baftTr. car ies efcahers qui conduifoient & menoient par les voûtes, trauerfes, tours & recours qu'il y auoi p my es faUes, eftoient fi dfents qu'ils'dpnLent S veus n..Tll" " ^'"''î"' iamais ne les auoient veus Des falles onpaffoitaux cabiaets,aux chambres,- d auSks! ^-^i-f^--binetser. • Le comble de tout l'édifice eftoit de pkrre, comme a^ifi pareillement lesmurailles remplies & embeTlks de diuerfes peintures. Chacune de ces falks eftoit embellie de coloranes faites d'vne certaine forte de pieri^e blanche fort polie. Au long du labyrinthe eftok vne Pyramide haute de 40. roifes,fur laquelle eftoient grauees plufieurs fortes de beftes fauuages:bref il n'eft pas poilible de décrire par le menu toutes les particu-" iaritez de ce labyrinthe , qui fant autant au loeis fou- fterrain qu'en celuy de deftiis. Il y auoit dans l'enclos d'iceluy autant de Tempfes que ks anciens Egyptiens recognoilToicnt deDkux, Jelquels Temples eftoient enrichis^ embellis d'vne in- finité de belles colomnes de marbre & de Porphyre, auec les fimulachres des Dieux, ftatucs de Roys, & vn nombre infiny de reprekntatipns de monftres &c dé beftes. Tout le Labyrinthe eftok diuifé enu. prefedures, chacune defquelks auoit vn grand logis à part, que Strabon appelle falle de prefeârures, aufquelks pour y entrer, il y auoit plufieurs chemins & certaines allées fort longues,murées & voûtées de toutes parts>fai(5tcs en tournant auec vn artifice admirable, qui eftoient fort obfcures & tenebreufcs .• de forte qu'vn eftranger eftant entré en ces falks par tels chemins & deftour', n'en pouùoit pas fortk a fémeni s'il n'euft efté eonduiâ: d'vne guide: Pour le preknt ce labyrinthe eftant ruiné , & n'ert reftant plus d'iceluy finon quelques reliques & vcfti- ges qui rendent encore témoignage de l'c-cceffent de àdrairablç i f 11 5 n^^ F ftats du Turc en Afrique. conlttu et. f^i^ j,, ,e,„e- ^p^ ^^^^^^ ou Alie.qui Vaacic ceimc Je \ far 1 bord de la «er. baftic en forme de crorl neux, Se lur ic Dora ^ ^ j^^^. fanr, plas large & diuUe en vie I aoremiereabien 3000- de long, ayaiu "an 'oucrc pluf.c«s chofes rares, deux ""«S""/;, -.«rnrr debout, wais Ic dcdaus eltprei4uc u l'on r.'en a point d'autre que celle ' ° bras du NlUppelé Calix, par eeriains can ux po i remplir ces cifternes vne fois 1 année, qm elt le q "tr;ftà de 'fort belles & grandesruês, aufquellp tre, de vingt V ^ ^, .^^^ ^ le lieu ou SM^i^fu^dJc pfé^U^àtneEgUfe oùlesCofites tfdeatlapïrre'^ur laquelle la telle luy fut tranchée. « la chaire où " P-^^J- ; ,^ j f,i„a, Catherine, „^l.^::'r:;e™oâtqu:frée.fur.aquelleontran- 'Vrl::^ttrSi:s^drpirt.i-on^^^^^^^^^^^^^^ ,.efquefe™bUbles.ro^^^^^^^^^^^^ X"^--"^-"'' ''"^ """" Ltre. ayant on.e P'^f^^ anciennement U^pair; e^ae';:;: oTeranoit vne gal.er.e qui auançoi^furla nfer. ainfi que l'on peut voir par (es "h="' d- la ville l'on void vne colomne que Cefar fit de quatre-vingts pieds de Koy, k y ^ "^'Ou^nt à la viUe-neufac , elle ell vn peuplas phi- fet pll^ q.^^ quelquesfois dcsgaleres ôc ^^iSr^oide l'on void le porc neuEqui n'eft qaV ne prace co °bat„c delà Tramontane, on du vent du Nofd":::^Tl eft défendu d'vn rhifteàux-qu ils nomment Farilos,dont 1 vn elt lur vne petitei rci i i „ j^^s la ville. '°"outK'ceIvrs?.lyenaencores d'autres afe re- Outre . .joui eft prefquc aufli grm-, nommées^commeMichack^q P q^ ir^aniT-o-i- visàv^isrmed'E- fcb que e Nil fait en ce lieu. 11 , a encores vr. grand l' ^2 villes & villages en Egypte, principalemcnv ^ila dlredu Nil.V ^ï-l^'".- ^''(^rtlT^lW^font éloignez du Nil. le. Quant au.x vu h Ueux hauts, poureultec habitans es ont fff'^,"' if„„, fog, bafties le débordemen, de 1^»^ J'^^^^', ,,„,„\, ^ «u- ^„:tstrp:t:s\.tu:r;f:is.is.„.ro„uea.T.,ui ^"olJk «garddesTroclodites, ils occupent lepay. dioidte, iquand Jcs autres dccioi/rcnr,5c de le voir amoindrir lorsque les autres viennent à gi offir. Or durant le temps de fon accroiiTcmcnt iufqu'à là fin de fa retraite , toutes les villes d'Egypte fout com- Inedesines, pource qu'elles font alfifcs fur dc^; lieux hauts, afin que le debor Jcment du Nil ne leur puiffe nuire.Tellementque l'on n'y peuraller que fur desbat- teaux en nageant: Ôc c'eft lors que prefque toutes ks beftesfauuages fe noyent. Ôc celles qui peuucnc cchap^ per,s'enfuyent en des lieux plus eflcuez,& les ahimaut domeftiques que l'on tient lors dans les eftables,y font nourris par leurs maiftics , qui ont auparauant pour- ueua leur nourriture. . .. Au refte , d'autant que la quantité de creuë du Nil a efté moindre autresfoii , l'on peur conieauter'qu ellp fera nulie quelque iour,& que Is rmage égalera la hau- teur du fleuue. ^ 11 y en a qui tiennent , fijioànt le témoignage de Strabon , que TEaypre fur toyre couuerte , fubmergéé anciennement de là mer, iufques aux marefcages d'au- près de Pelufe , du monr Caffîe , & de Sarbonidc : mais que par le moyen du Nil , qui porta eoritinuellemenc auec fon inondation du limoia,& de la bourbcelle dc- uinttellequ'onlavoid.Et ce qui fait foy de cecy , c'eft vn grand nombre de coquilles de mer que l'on y trou- ue fotis le fable. Le pays d'Egypte eft plairi , bas, & fnns monta- gnes: à raifondequoy l'on ne le peut voir de guerei loing. ' ° ^ Son air eft chaud , Ôc niiifible , qui fait que pbuc euiter la grande, & infupportable ardeur de l'Efté, & jjourprendrelaft-aifcheur, & receuoir quelque vent, les habitans ont accouftumé . félon le rapporc de Leod d'Afrique , de baftir en toutes les villes , de fort hau- tes tburs, qui ont au plus haut , & au bas vtie porte i qui eft vis à vis des raaifons,& le vent vieiit au bas pé lefaifte. Toutesfois cette Prduince n'cft pas ftibjette auss vents du Midy, qui fontardahs comme le refte d'Afri- que , ains elle eft principalement exposée aux vents dii Nord, qui font humides, atu lieu qu'aiix autres paysili deireichenr. / Le pays n'cft aUlîî (libjcét aux trembîemetîs dé terre: tiy aux pluyes , dont il n'a pas bcfoing , à caufe quèla terre eft ^bus les ans er^grailTée par ié groififTem^nr du Nil. Et s'il y tombe quelques pluyes , ce qui aciuiepc toutes fois fort rarcment,elles apportent des catharresi desfîéures , des enflcures decouillons , & autres! ma- ladies. Au refte il eft fertile aupoffiblè, à caufe de ce débor- dement du Nil,au défaut duquel on y void vnc cherté extrême. Il y a pîufieuts folfcz qu'on y a faiârs , afin que les villes , qui font loing du Nil au milieu de la Prouince, ne fuffent dépourùeuës d'eau , lors quç le Nil viendroit à s'écouler. Troge affcure que îa terre d'Egypte eft fi fecondei qu'il n'y a pays qui porte eh plus grande aboîidance leschofesqui font ncceiîaires pour la nourriture de l'homme. Aulfi plufieurs d'entre Us anciens ont nommé l'E- gypte , Greuier de la terre, Ôc Pline alTeurequek grandeur de ^Empire Romain , n'euftgueres pu durer fans la richefle , & les grains d'Egyptip t d'autant que l'abondants;» 624 Des Eftats du Turc en Afrique. raboïida'ncc , ou la famine du peuple Romain , ne dé- pendoit que de la riuiere du Nil. ^ Le mefme dit cncores, que la terve d'Egypte abonde tellement en herbes bonnes à manger , que ce païs fe peut aifemcnt iScfort facilement palTerdc bled, ô On doit dôcques pluftoft admirecque l'on ne peujc eftimer les Richefles d'Egypte , li l'on conlîdere la tnagnificence > l'orgueil des fepultures des Roys , le Labyrinthe, & Obelyfques , les Pyramides , & les Sphynx qui furent parfaiéts auec vne dcpcnce in- croyable. Cette Prouince abonde de toute forte de grains,& de légumes. Elle a de tous coftcz de fort bons partura- ges, èc des oliuiers en fort grand nombre. Toutesfois la haute Egypte , ou le pays de Saîiid , furpaffe toutes les autres parties en abondance de légumes , & de lin, & en nombre d'animaux,de poulcs,& d'oyes. La partie de la baffe Egypte exposée au Leuant.qui s'appelle Errife, produit abondance de fruits, d'orge, Ôc de ris , Se la partie occidentale grande quantité de coton , & de fuccre. On moilTonnc en ce pays au commancement d'Auril,tout aulTi-toft on bat le bled, tellement qu'enuiron le zo. du mois de May,il ne rcfte plus vn feul cfpic à couper. ^ ■» Les champs qui font autour du Nil , pour la plus orande partie, à ce que dit Belon , font pleins de ris,& de cannes de fuccre. Mais au delà du riuagc du Nil, on cultiue mal-aisément les jardins , pource qu'il faut par le moien de certains inftrumens que les bœufs portêt,auoir perperuellemét de l'eau pour les arrofer. Outre les herbes , & les grains , il y a de fort bon vin, & en grande abondance en diuers lieux : veu qufc proche du lac Mareotide on recueille detres-bonvin, qui eft de longue garde. Mais il n'y a gueres d'huyles, ny de bois taiUis , & mefme l'on n'y void gueres d'au- tres arbres que des palmiers, qui ne vallent rien pour faire des baftimens.Ces palmiers deuiennent merueil- leufement hauts par tout le pays, d'Egypte , & l'on a veu, félonie récit de Belon , fortir d'vn feul tronc vingt grands arbres feparez. Outre les palmiers , les jardins portent auffi des fycomores, de la calfe , des grenades , des oranges , & du tamaris , dont la plus grande partie deuient extfcmement haute : mais les tamaris n'y viennent point fans eftre fcmez,(Sc viénent auflî bien aux lieux fecs,qu'cn ceux qui font humides. Quant aux fycomores, ils font fi verds , qu'ils far- palfent en verdeur tous les autres arbres. On y cultiue auffi foigneufement vn arbrilfcau nom- mé Alcane , duquel on void des bois taillis , il rend jaunes fes feiiilles lors qu'elles font feiches,&: les fem- mes qui demeurent dans les terres du Turc en tei- gnent leurmains, leurs pieds, i trois fois le jour bien fouuentî& deux fois la nuit. Les Sacrificateurs Egyptiens ne mangeoient jamais les tcftes des animaux qu'on auoit facrifiez, ains ils les msudilfoient premièrement auec des .cxecratiôns ef tranges , Se des mots crusls Se abominables , puis les vctjdoient au premier eftrangerqjiipafToit , ou s'ils ne fetronuoient marchands pour les acheter , on les jet toit dans le Nil. • / Tous les Egyptiens tmmoloient les bœufs , les tau- reaux , & les veaux : mais il eftoit défendu de • facnfiei 62'jr les vaches Se les gcniffcs ,1 caufe qu'elles eftoient dé- diées à la Deelfe Ifis , à laquelle ils pcfrtoieat va ho», ncui: particulier. Ilsviuoientde pain de feigle , &vfoientdcbière . i caufe qu'il n'ycrollfoit point de vin. Ils mangeoient au)îî des poilfons crlids en pairtie. Se • feichez au Soleil, ou falez & confits en leur làumure. Ils auoient au/fi pour leurs vidndesdes oyfeaiix cruds falez , les plus riches d'entr'eux mangeoient des cailleâ Se des canârdsj qu'ils tenoient pour leurs plus "l andeS délices. ^ Lors qu'ils eftoient affemblez en quelque fcftin, & après que le repas eftoir finy , il y en âuoit qui por- toientvn corps mort fait de boi;,du âatrement bieri rcprefcnte , ayant vne ou deux coudée^ de hauteur , 6c monftroient cette figure à chaciln deceux^ui afTiftoi- entau feftm luydifanc, Biy, & mange, Se regarde cet- tuicy: car ayant vécu à ton aifc, tu luy feras fembhblc après ta mort. Lors que les plus jeunes rencontroient ceux qui les deuançoicnt en âge , ils fc deftoUrnoient du che- min pour les laiilk palîer , & les voyans venir eri vncaliembiés , fe Icùoieni; pourleur faire place , ôc donner leur ficge ; & lors qu'ils Ce rencôncroyent par les rués , ih fe faluoyenc fans pjrler , tcndanà kulcmemlamain , & l'abbailfans jufques aux ce- Ils portoyent des habillemens de lin frangez au;^ manches, qu'ils appelloient Cafilries , jetcâns par def- lus des métaux blanc5 pour les couurir : car les vefte- mens delaineeftoyent défendus quand onentroit danà les Temples , Se l'on n'eiift ofé les enterrer auec le corps d'vn trelpallé. Ils eftoient fort fob,res,veu quils ne mettoîeût ftlr là ^ table que du veau,& quelque oye,& il y auoit certain^ melure devin ordonnée à vn chacun par repas , afiti quonnerempliftlcventrcplusqucderaifon , &que perlonnc nebeuft jufqu'à s'enyurer. Les Roys vfoicnt auec vne telle douceur enders leurs fubjets , qu'ils gaignoient le cœur & l'amitié dvn chacun: de force que non feulement les Preftres, ains touslçs autres, auoient plus de foucy de la confer- uation Se profpericé du Roy que d'eux-mcfnies , ou de leurs femmes & enfans. Lors qu'vrt Pvoy eftoit mort, c'eftoit pitié de voirlè miéil que cous en mcnoient engeneral,déchiransleurs habits, & fermansles Temples.n'allans ny à foires, nf à marchez,ne folemnifans aucunes feftes , fouiilané leurs certes de boue l'dfpacede deux mois donze)ours, portans vn linge ceint delTous les bras , Se s'affemblanS deux fois le jour 2. Se 500. tant hommes que femmesi ainfi accouftrez , pour renoaueller le dueil, Se la com- ' plainte , chantans cependant en vers les vertus , & là faintetc de vie du Roy , qui eftoit mort en ce der- nier lieu. Durant tout ce temps ils ne mangeoient d'aucuiié viande cuitte, & s'abftenoienc de boire du vin, & dé toutes viandes delicieufes, Ils ne fe lauoient ny oigno- yent, ny ne couchoient dans le lit,& n'auoient alots li compagnie de leurs femmes, ains durant tout ce temps ils pieuroienc & lamcntoisnc la morcdu Roy i coai. me de leur enfant propre. Ainfi que toutes ces chofes Ce faifoyent, on drèfioic tout l'appareil des funerailles,& le dernier joUr,le corpâ eftanc porté deuanc Ja porte, ôc fuir l'entrée du tomJaeau & fepulchrcoùi'on recitoic vn abrégé «Scfommaire de la vie,& des ations du Roy defunt, & il eftoit permis, à chacun d'acculer le trcfpaffé. Les facrificaceurs affiftoiéc encor en ce lieu,& lùiioi- enc la vie palTéj de celiiy dont le corps eftoit expofé à la veuè du peuple , qui approuunk âsèc battémêc des' mains , Se force acclamaiîuns ce qui eftoit de loiiâbl« Ggg rejettaat I 626 Des Eflats du Turc en Afriq ue. rcjetwnt aucc vn grand &c fafchcux bruit les chofes qui luydcplaiiwientau difcours de cette vie. Ceft ccqui a bien fouuenr cauféque plufieurs Roys, dont le peuple eft cnnemy , & des adtions dcfquels le peuple s'ofFençoit , cnoyant faire le difcours, furent priuez de l'honneur de leurs obfeques , & de la pompe accoutumée aux funérailles desRoys.Etce fut vérita- blement cette crainte qui en contraignit plufieurs de viurejuftcmenl, pource qu'ils eftoient alTeurez que le peuple ne manqueroit à les dcshonorer> 5c à denier ces derniers offices à leurs corps. Au reftc.les Egyptiens ont eftéles plus fupcrftitieux, ou potir mieux dire les pins ridicules d'entre tous les idolâtres > veu que non contens des ftatues des hom- mes , ils ont encore adoré les beftcsviues & mortes, commeles chats,les chiés, lesichneumons,efpreuicrs, ibidcs, loups, crocodilles, ôc vn grand nombre d'au- tres animaux. Et tant s'en falloir qu'ils eulTcnt hon- te de faire publique profeffion de cette folie & beftia- lité , qu'au contraire ils s'eftimoient dignes de loiian- ge,& d'honneur, lois qu'ils pratiquoientvnefi vilaine idolâtrie. Ils portoient les figures & rcprefentations de ces ani- maux autour de leurs Viiles,& par les villages.lcs mon- ftrans de loing comme Dieux conferuateurs , aufquels il falloir porter honneur. Lors que quelqu'vn des Dieux de ces Egyptics mou- roit, ces fols le metcoient dans vn beau linge-le faîiiant auec grands cris ôc hurlemens,& battant eftraxigement leurs poiétrines , puis l'oignant auec liqueur de cèdre, ôc autres drogues precieufcs & aromatiques ils les cn- terroient en certains lieux deftinez pour cét eiïeâ, afin que leurs charognes duralTeni dauantage. Si quelqu'vn mettoit à mort vnc de ces beftes,il n'y auoit nul moyen de luy fauuer la vie , à caufc que le peupley accourant le mafTacroit fort cruellement , & fans attendre ce qui en feroir ordonné par juftice. La crainte que plufieurs auoient d'eftrcmal trai£t^z en cette forte , faifoit que lors qu'on voyoit quelqu'vn de ces animaux morts, on fe mettoit aufli todloin d'eux à lamenter cette perte , pour faire cognoiftre qiie cela n'eftoit pas arriuc par leur faute. La charge de nourrir ces deux belles ,e(loit donné; à des gens de qualité releuce, qui s'y portoiêt loignea- Icment , & les entretcnoient à grandi frais , veu que leur nourriture eftoitd'vn breiuiage délicat fai6td'e- peaute,ou efcorgeon , ôc de bouillie faide de fleur de farine , & il y auoit encor pour ces animaux d'autres, viâdcs compofées auec du laiâ:,& outre ce, on mettoit deuant eux des oyes tant bouillies qne rollies pour les rafiafier. Ils donnoientà ceux qui viuoient de chairs cruès,des oyfeauxprisà la chalTeauec des filets, ou au- trement , & pour le faire pUrs court, on employoit beaucoup d'argent,«Sc de peine pour leur entretien. Ils eftoient fi fots que voyans mourir ces belles ils les pleuroient, &:cn raenoientvn grand ducil, comme fi leurs cnfans fufl'ent decedcz, & les enterroient ai;ec beaucoup de frais & de magnificence , tellement que du temps de Ptoloméc furnommé Sage Roy d'Egypte, vn bœuf eftant mort à Memphis de trop de vieillefie, celuy qui auoit charge de le nourrir employa en Tes funérailles vne grande femme qu'il auoit eue pour fa nourriture, Remprunta encor du Roy jo. talens d'ar- gent pour faire la dépence de Tes obfeques ridicules. Quant aux honneurs qu'on rendoit aux hommes morrs , les Egyptiens eftoient excelfifs encor en cette dcpcnce. Car aufli toft que quelqu'vn eftoit decedé , les pa- rens du dcfunét s illemblans , fe couuroicnt la tefte de boue , & alloient autour de la ville lamcntans & plorans fans celTc > jufques à ce que le corps eftoit çnccné. Durant ce temps ils ne fe lauoient comme de cou- ftume,nebeuuoient duvin, ny neprenoieiK nourri tu. te d'aucune chofc délicate , &c tous les accoiiflremens dont ils vfoient alors , eftoient de peu de valeur. Leurs enterremcns eftoient de trois fortes, lesvns fomptueux , les féconds moyens ,& les autres de peu d'importance. En la première ils employoient vn ta- lent d'argent, en la féconde 20.mines:& pour latroifié- me , elle fe faifoit à fi peu de frais qu'elle ne meritoit pas qu'on en tinft compte. Ceux qui auoient la charge des funérailles, comme yeftans nays & nourris dés leur jeune âge , portoient les rooles des dépences pour s'enquérir des parens du mort combien ilsvouloientdépenccr , & lors qu'ils auoient conuenu du prix, on leur liuroit le corps, aân que les préparatifs des obfeques fuflcnt félon ladépcn^ ce qu'on y vouloir faire. En premier lieu , le Greffier,ou Efcriuain ayant mis le corps fur la terre nue , nnarquoit fur la hache com« bien il falloir fendre, & incifer du corps du cofté gau- che.Celuy qui auoit charge de faire l'incifion prenant vnepierreEthiopiquefendoitlecoftédumort , puis s'enfuyoit foudainà toute courfc, eftant fuiuy desafli- ftans , qui en le maudifiant luy jettoient des pierres, comme s'il euft commis quelque crimcd'autant qu'ils auoient par opinion que celuy qui faifoit cette ouuer- ture au corps de quelque homme , dcuoit auoir vne hayne fecrcîte contre letrépalTé. Ceuxqui faloientou embaumoientlecorps, eftoient tenus entr'eux pour hommes fignalez &recomman- dables , veu qu'ils pouuoieht fréquenter les Temples, & conuerferauec les Sacrificateurs. Lors que ceux cy eftoient prés du corps , l'vn feu- doit par dedans toutes les entrailles.fauf lecœur,& les roignons , & foudain vn autre lauoit cét endroit auec du vin Phénicien , parmy lequel ils mettoient de bon- nes odeurs , puis ils oignoicnt tout le corps de liqueur de cèdre premièrement, & après de diiierfes compofi. lions aromatiques par l'efpace de plus d'vn mois : 8c non contens de l'auoir oingt de cette forte , ils fai- foient encorinfufion de myrrhe, de canelle,& d'autres efpiceries , tant pour conferuer longuement le corps, fanspourriture.quepour le rendre de bonne odeur* Ce corps eftant embaumé de cette façon ils le ren- doient aux parens , après auoir premièrement fi bien ageancé les membres, & toutes les parties du corps jaf- ques aux rourcils& paupieres,qu'on euft jugé quec'ef- ftoitvn honime endormy. Apres cela ils commençaient le difcours de fa vie dés fon enfance , ôc racontoient fa pieté vers les Dieux, fon fcauoir , l'innocence de fes mœurs , puis venant à l'âge parfai6t, fa religion , fa juftice, fon intégrité, f^ continence,&fafageirc. Cela faidijilsinuoquoicnt les Dieux infernaux, les prians de mettre le mort au rang des bien heureux. Le peuple rcpondoit à fes prières, louant hautement le mort, comme celuy qui joiiifioit de l'ayle desames fortunées. Lors chacun enterroit fon mort en fon propre Ce- pulchre : ôc quant à ceuxqui n'en auoient point de par- ticulier , on les mettoit en la maifon dans la plus forte muraille qui y fuft , y diclFant le cercueil tout droit, &maçonnr.nt la clofturc , afin que les fiicceficurs s'c- ftans enrichis , ôc faifans tout deuoir de payer ce qui eftoit deub par le defan6l,euiTcnt moyen de l'enterrer honorabtement. Lors qu'ils empruntoient de l'argent , ils auoient conftume de mettre en gage les corps de leurs parens: £< s'ils manquoient à les racheptcr, ce leur eftoit vnc fort grande infamie , ôc outre ce ils eftoient eux œeG mes priuez de fepulture. Pourfinirccdifcours.'esE,^yp"icnss'eftim )icnttou& Gentils-horomei , &ont cftéq^^elqnesfoispareflèuxr délicats. Des Eftats du Turc en Afii délicats, muabl«, vantciix,grands parleurs 8c peu veri- tables en leurs difcours. Ils cftoient naturellement fu- perbcs, furieux, Se plus prompts à remuer, & innouer quelque choie, q*i'à bien faire quelque affaire. Ils ertoicntinjurieux,& peu vaillans, iScignoroient les Loix, & fur tout ne pouuoientfoufFrir la domina- tion des eftrangers. Ils cftoient fi fubjcdts à cmonucir les feditions , & às'ylaidergiilîer, qu'ils ont cmcu de grands troubles 'pour de fort légères caufes. Mœurs de ce temp. s. 0 TL rcfte aujourd'huy de vrays Egyptiens veu qu'ils X^ont réduits à vne poignée de Chreltiens, & les au- tres s'arreftans au Mahomctifme , fc font mcflez par- niy les Africains.&lesArabc;. Car la noblclfe ancienne Se tnbut eftoit diuifé en trois lots , dont le premier eft:oit pour les Sacrificateurs , qui eftoient extrêmement hono- rez du peuple , tantpource qu'Us eftoient conlâciez aux Dieux , & auoient la charge des chofcs lactées» que pour leur finguliere doélrine , par laquelle plu- fieurs eftoient aduancez. On dirtiibuoic donc ce reuenu aux Preftres pour l'employer aux facrifices & or nemens des Temples, Se à fecourir ceux qui eftoient en neceflïté , &auoicnt bcfoin de quelque alfiftance. Car les Egyptiens n'auoient garde d'oublier aucune chofe qui fei uift aux cérémonies de leurs Dieux,& n'e- ftimoienr auffi que ce fuft bien faiâ; de laifter fans fiip- porc, & nourriture ceuxqui departoienc le fçauoir, & fcruoientdeConfeil pour le profir. Se aduantagc de la Republique , veu qu'ils eftoienc toufiours appeliez giu Confeil, &àrefFeâ: des chofes plusimporfantes à cau- fe qu'ils pouruoyoïent à l'aduenir , Se predifoient leS futurs fuccezdes afFairesjOu par iem.oyen de l'Aftrolo- gie, ou en deuinant à la confideration des viârirres qui eftoient immolées : outre qu'ayans les hiftoiies eii main , ilsproc^uifoientlesfaids des Anciens, afin que les Roys prlnfient en les voyant aduis, & Confeils de ce qu'ils auroient à faire. Les Egyptiens ne fiiiuoient pas la couftume deà Grecs ,ç]ui vouloient qu'il n'y euft quVn homme, ou qu'vne femme qui pretidaftaux chofes facrées.veu que plufieurs auoient le aîefme honneur, & s'addonnoienC au lêruice des Dieux, laifîàns la mclme charge à leurâ enfans pour héritage. Ces perfonnes eftoient franches de Tailles , Se de tous fubfides , Se honorées fur toutes les autres du Royaume après le Roy. L'autre portion du reuenu du Royaume efloit pour le Roy, qui l'employoitaux frais des guerrcs,&: à l'en- tretien de fa maiibn Se en departoit libéralement aux hommes vaillans Se illuftres , en donnant à chacuti félon fon mérite. Cela faifoit que le peuple n'cftoicgreué , ny chargé d'aucun tribut extraordinaire ; pourceque les gens dé guerre eftoient foudoytz , ou recompenfez de la troi- ficmepartie du reuenu, cequieftoit ordônéafin qu'ils! fuffcnt plus affeâionnez à s'expofcr aux périls, &ha- zards pour le bien public. Leur Republique fut aufîî diuifés en 3. Eftats pour lé feruice , & fouftien de tout ce corp|, c'eft à fçauôircri laboureurs, & pafteurs , &enarciùns. Les premiers; ayans pris à ferme à vil prix les terres du Roy, des Pre- ftres , ou des foldats s'exercoiét dés leur enfance au la- bourage» ou fans cefTe ils empioyoient tout lereftedé leur vie qui eftoit caufe qu'ils furent les plusexcel- lens laboureurs de la terre , fuft: qu'ils tinfTent cela dé natiire,&: comme pour héritage àe leurs A.nceftref> ou que le long exercice les en fïfl fi bons Maiftrej. Les pafteurs ne s'amufoicnt au(E à autre chofe qu'à! Ggg 1 gouuec Xi 628 Des Edats du Turc en Afrique. gouucrnei* les troupeaux, & ainfi qu'ils l'auoient ap- pris de leurs prcdecelTeuts pafTant toute leur vie en céc exercice. ♦ Pour le regard des Artifans , c'eft fans doute que les Arts irerhaniques furent conduits en Egypte à leur pcrfcâ:ion,pource que ceux qui s'en mefloient n'exei- coient autre office, queceluy , quelaLoy Icuroftro- yoit > & qu'ils auoient appris & receu de leurs Ance- ftres, & n'eftoient admis au maniment des affaires pu- bliques. De forte que l'enuie de celuy fous qui ils fai foicnc tel apprentifage > ny l'ambition des honneurs ne les empefchoicnt de paruenir à vne parfaire co gnoiiTance de ce qu'ils rechcrchoient. Leurs jugemcnsne fefaifoient àlavolée, ainsauec grande prudence,pourcc qu'ilscroyoient que les biens faits eftoient de grande confeqaence pour le bien pu blic. Ils aucient auflï opinion que le vray moyen d'ex- termincrtoute mefchanccté, c'titoit de punir les mef- chants, fupporter les aftligez..& suoir pitié de ceux qui eftoient réduits i quelque neceflué Ôc mifere, & qu'au contraire tout eftoit en confufion & en defordre , fi l'onlaifToit impunies par faueur,ou par prefensles fau- tes qui meritoient la mort. Pour cette caufe ils choinifpient dans les Villes de Mcmphis, Heliopolis, Ceres, Meffer,»!' Thcbes, des hommes de bonne réputation , pour en faire des lu- gfS,donc lesfencences n'eftoient moinscquitables que celles des Areopagicesd'Athencs.Ceux cyeftanscrécz trente en nombre efiiloient pour Prefident & chef du Confeil celuy qu'on cognoi ifoit pour le plus vertueux, excellent ôc fage , & i'aiîemblée metroiten fon lien vn autre pour Confciiler,& AlTelTeuriafin que le nom- bre fut parfaiét. Ceux-cy eftoient entretenus à grands frais > mais fur tout on donnoit vn bel eftat au Prefi- dent > qui portoit vne chaifnc d'or auec vne médaille toute enrichie de pierreries , l'on voyoit en cefte mé- daille l'Image de Verirc , par laquelle ils donnoient à «ntendre que c'eftoit elle qui deuoit guider le cœur du Princeen fon jugement. Or i'Arreft de quelque cas eftantdrcfTé, & l'image de la Vérité mile en auant , on porcoir les liures des Loix,quieftoient huiû en nombre,pour ne s'égarer du droidlen la caufe propofce : & la Couftume portoit que celuy quiaccufoit vnautre de quelque cr!me,don- naft fon dire parcfcrit,& fit entendre fort parle iTsenu> comme le cas auoit elle executéj& combien il eftimoit \cefte faute préjudiciable*. On donnoit à l'acculé certain temps alîez fnffifant pour pouuoir répondre à chaque article de l'accufa- tcur, & mettre le tout par cfcnt deuant les luges . & lors ilnioit, oualleguoit des laifons pour (e juftiner, ou rcmonftroit que fa fiate ne mentoic Ci grande pu- nition, ou amende que celleque l'accufaceurauoicpro- pofée. Les luges ayans ouy deux fois chacune des par- ties, & le faidt cftant mis au Confeil, toutes chofes de- baïuès & conclues , le Preh Jent tournant l'Image de la Vérité vers la partie qui auoit plus de droi6c pronôçoit îa fentence de ce, dont il eftoit queftion, Ôc voila l'an- ciêne façon de plaider,*: de donner jugeméc en Egypte. Et pourcc que nous auons parlé des Loix, & ordon- nances en gênerai, il ne fera hors de propos d'éplucher vn peu par le menu les anciens ftatuts de ce peuple, afin qu'on cognoii'Ié co:nbien ils auoienc mieux or- donné leurs affaires que tous autres , & fi leur ordre n'cftoit le mei!!eur,& plus vcile. En premier lieu , ceiuy qui fe parjuroit en jurant, eftoïciansremiffion mis a mort,commeconuaincu de double crime , entant qu'il ne gardoit plus le rcfpedt qu'il deuoit aux Dieux , & aneantilï'oit la Foy, qui fert d'vn grand & tres-crtroit lien pour conferucr la Socié- té humaine. Celuy qui voyant voler ôc dcualifcr vn paftant ne tenoit compte derayder,&n'ernpef:hoi:fasïort,ouIa perte de ce qu'il portoit,s'il le pouuoit fairceftou fans remilîîon mis a mort:& lors qu'il ne lepoauoit feceu- rir, il eftoit obligé de dononcer le (nOi.ôc les voleurs qui auoient commis le criroe,s'il les cognoiilbic.Que s'il y manquoit , il eftoit mis en jugement, ôc foiictté jufques à certain nombredc coups,&tenus trois joues prifonnier fans manger aucune chofe. Celuy qui accu- foit faulfemét vn autrceftant conuaincu de calomnie, portoit la mefme peine qtie celuy qu'on auoit accuf(^ euft fouft'erte,fi fa depofition fe fuft trouuée véritable. Les Egyptiens eftoient contrainfts par la Loy de porter aux Prefidents leurs noms par cfcrit , & de luy déclarer aufli l'eftat dont ils fe mefloient, & fi quel- qa'vn eftoit trouué menteur , ou fi Ton trouuoit qu'il vefcuft d'vn gain falé, & qui fuft contre les Loix, on le faifoit mourir par juftice. Si quelqu'vn auoit tue vn homme de franche con- dition , ou bien vn Efclaue, de propos délibéré ôc fans juftefujet j il n'y auoit nul rcfpic pour luy, ains il luy falloir perdre h vie félon les Loix, qui n'auoient aucun égard à la condition du meurtrier,ains à l'ordonnance, afin de deftourner les hommes de fe faire outrage les vus aux autres , ôc qu'en punilTant le meurtre commis en la perfonne d'vn Efdaue , la vie des libres fuft en plus grande alTeurance. LesLegiflacenrs des Egyptiens n'auoient eftably aucun fupplice contre les pères qui feroient mourir leurs enfans ; ains il leur eftoit ieulement enjoint que parl'efpace Je trois jours contincels , ôc d'autant de nuids, ils fe tinlfent prés du corps mort, & afin qu'ils n'y manqrjaircnt , on y mettoit deshommespoury prendre garde. Ils vfoientde ce jugement gracieux , pource qu'ils eftimoient chofe injufte de faiie perdre la vie , à ce- luy qui l'auoit donnée à fon fils , &tenoientpl'jftoft pour choie raifonnable de les punir par vne douleur, & repentance de leur cholere précipitée , que parvn autre tourment , qui feroit trop léger , an prix de ce defplaifir, qui rendoit leur vie fafcheufe, ôc pire que la mort. Mais fi quelqu'vn eftoit fi defnaturc que de tuer fon pete.il yauuitvn fupplice cruel ordonne pour fa pu- nition : veu qu'après l'auoir percé & defchiqueté auec des Poinçons & des Ganiuets , & auec des Cannes ai- gués, ils le faîfoicn: bruiler tout vif, eftimans que ce- itoic le plus deceftable crime du monde , depriuerde viecelny de qui l'on tenoit ,& l'eftre, & la conferua- tion & nourriture. Lors que quelque femme condamnée à la mort eftoit enceinte,onattendoit qu'elle fuft deliuiée.d'au- tant qu'ils tenoienc que ce feroit commettre vne grande injuftice , fi l'on punilfoit auec cefte crimiiîel- le l'enfant innocent, & fi l'on faifoit mourir deux pcr- fonnes pour la faute d'vne fi;ule. Quantauxordonnances de la guerre, elles eftoient telles. Celuy qui abandonnoit fon rang aucombac, ou refufoit d'obéir a fon Capitaine , eftoit rendu infâme, calfé, Ôc priué de tout honneur, & détoure efperance de gloire , & il luy eftoit deffendu de jamais porter ar- mes,& de retourner à feu premier exercice. Cefte Loy accouftumoit les hommes à bien faire, & à craindre plus que la mort vne marque fi hontcii- fc c<: pleine d'infamie. Ceux qui dcfcouuroient les fecrets à l'enncmy, & pratiquoicnt auec luy , auoient par la Loy la langue coupée : & quiconque rognoit , ou falfifioit la Mon- noye, changeoit ou gaftoic les poids & mefures ,f3lfi- fioit les fignatures, conti cfauou les efcritures, ôc cor- rompoit les cedulcs & les inftrumens.ou adtes publics auoit les deux mains coupées : afin que-le membre quiauoit faïUy fe fcntift à jamais de la faute , ôc que les autres DesEftatsdùTurcen Afrique. autres prcnans exemple à ce fupplicc Ce donnalFent garde de tomber en pareille faute. Les Loix procedoient encor fort rigoureufemetît contre ceux qui s'oublioient à l'endroit des femmes- veu que ceUiy qui forçoit vne femme de libre condi tion,eftoit cliaihé , (.Se pcrdoic le membre, 8c les deux adjoints, pource qu'en faifant ce mal, il auoitcomttiis trois grands & eftranges forfaits à fçauoir.l outrage.lc rapt & corruption de la femme d'aiuruy, &auoitciiV fc vne confufion & trclange des enfans baftards auec les légitimes. Ccluyquieftoitfurprisen quelqueadul tere fans vio'ence efèoit condamne à receuoir looo coups de verges, 5w' l'on coupoit le nez à la femme,afin que par la mutilation deccmembrcellefuft panieen la partie qui eft vn des plus beaux orneracns du vifage. Quant aux couftumes &z ordonnances faites fur les tr;ifîcs , & commerces, on tient que Bocoris en fat l'Autlieur. Ces Loix portoient.quefiquelquVn nioît d'auoir receu Urgent qui luy auoitefté preftc fans cedule > le créditeur deuoir eftre crû à fon fimple ferment ; veu que les Egyptiens eftoiéc hommes qui faifoient grand eftu de la folcmnité dfs fcrmens , comme dechofe SaiiKflc&Religieufe. Carpource qu'on adjouftcma- laifcment foy à ceux qui jurent à tous propos , auflî fe donnoient-ils foigneufemcnt garde.que les gens d-' bien ne fuflentcontraints de jurer que fort tard , afin qu'ils ne perdiffét la réputation de leur preud'hommie. il edoic femblablement ordonné qa'il ne feroit pas raifonn.ible de refufer de croire celuy à qui l'on au roitprerté fans cedule. lors qu'il jureroiten fa propre cauie. Le Lei^-flateur ne voulut que l'vfure promife par écrit égalait le double de ce qui auoit efté prefté. 6c ordonna que le payement feroit pris feulement fur les biens du débiteur , fans qu'on le puft empoigner ait corps, çy le mettre en prifon, ou le rendre Efclaue.veu qu'il crût qu il fuffifoit que les biens fulfent foubmis à telle obligation, &qaeles corps des Citoyens eftoi ent obligez à la République , q ii s'en vouioit feruir en temps de paix Se de guerre: Car il j igeoir qu'il euft efté mal à propos, que les foldats qui hazardoierit leur vie pour le Glut de leur patrie , fulfent emprifonnez pour des debtes. Les Egytiens auoient vne Loy touchant les larcins, qui ePtoit telle. Ceux qui auoient refola de les prati- quer, fe deaoïent faire enrooUer au Regiftre du Prin- ce des Sacrificateurs , &luy porter la chofe dérobée, Buflî-toft que le larcin auoit efté commis : ôc d'autre cofté il falioitque celuy a qui l'on aaoïc pris quelque chofe , vinft écrire, & dénoncer deuant le mefme, le jour & Thème de fa perte. Par ce moyen les larcins eftans facilement décou- uerts , celoy qui auoit perdu recouuroit fon bien, fauf que la quatrième partie eftoit ordonnée pour le lar- ron.pour punition de celuy qui auoit fi peu foigneufe- ment pris garde à fes affaires , d'autant que le Legifla- tcur eftima qu'il valoit mieux qu'on perdifh vne par- tic de cequi auoit efté dérobé , qu'eftte entièrement priué de la chofe volée. Les Preftres Egyptiens efpoufoient vne feule fem- me: les autres en auoient autant qu'ils vouloscnc , Se qu'ils en pouuoient nourrir. Il n'y auoit pour lors aucun cntr'eux qui fuft efti- rr e baftard , encor qu'il euft efté engendi é de quelque Efcl aue;d'autant qu'ils eftimoient le léul pere autheur delagcneration , & que la mere ne leruoit que pour receuoir la lemêce. Se !uy donner nourriture, qui n'c ftoit de guère grande ^ épenfe, veu qu'ils cntre'enoiét leurs enfans de racine de jonc,& d'autres cho'esqu'i's cuifoient fous la braile , ou bien ils ieur donnoient des herbes qui crniftenr dans .es matais , les faifans boiiillir,ou les mettans fur les charbons, quelquesfois 629 ils les leur donnoient toutes crues. Ils faifoient aller les enfans pieds nuds , S: le plus fouucnt fans aucun habillement: en qupy ils eftoicnt fauprifcz delà tem- peraturede l'air naturel à cette Prouince. Somme tou- te la dcpcnce que les parés font pour leurs cnfins>juf. qu'à ce qu'ils foict en âge, ne leur pouuoit couftcr 20. drachmes.ou du moins elle ncpaftoitpas cette fomme. Les Preftres inftruifoient leurs enfans aux lertreS tant facrées, qucprophanes , ^> leur apprcnoient fur tout la Géométrie, &i'Arith!Tierique : Pour le regard de l'efcrimc & de la lutte , ils ne voiiloient qu'on les y accouftumaft, à caufc que ces exercices eftoient trop violens & dangereux.fi l'on y employait tous les jourâ des corps qui eftoient encor fi tendres. Cetixqui voyageoientjou eftoient en guerrceftoiét traidezfans faire aucune dépenccs'ils tomboient ma- lades, à caufe que les Médecins y eftoiét nc^^irtis&fa- lariez du Public & eftoiét tenus par la Loy de prendre garde aux malades, &delesguerir fuiuant lesOrdon-* nance$,receptes, & écrits des Anciens de leur Art,qui eftoient authorifez , ôc en réputation parmy cm, Si le Médecin ayant fuiuy les reigles du liui e facré n'auoic pu guérir le malade,on ne l'acciifoit point de fa mort» mais s'il leguerilfoit en vfant d autres remèdes, on le failpit moaiir fans remiflîonvà caufe qu'ils eftimoienc jaftement que l'ordre de penfer vn mala<-lé qm auoic efté depuis long téps gardé par les Médecins , & inué^ té auec beaucoup de peine par les Ancies, eftoit b eaui coup meilleur. qucles^receptes nouuellerrient faites. Quant aux Roys d'Egypte , ils n'abufoient pas u li- cencieufement dé leur puilfance , que les Princes de^ autres Nations, qui n'auoienr pour toute Loy que leur volonté ; veu qu'il falloir que fuft à leuer les Tributs, fuften leur nourriture , ils fegouuernalTent félon les Loix 8c Ordonnances communes des Pays , ainfi que dit Diodore en fon deuxième Liure. Ceux qui eftoient de la fuitte du Roy, & qui le fer- uoient ordinairement , eftoient non Etclaues.fuflent- ils eftrangersjOu nez,(& nourris en leurs maifons,ainâ enfans des Gentils-hommes Preftres>qui paftoient l'â- ge de 20. ans , ôc qui deuoient eftre plus fçauans Se mieux morigénez que tous les autres, afin que le Roy fuft conuié par la prefence de ces feruitcurs fi pleins de vertus, à ne faire chofe qui pûft cftrc blâffiée , d'au- tant que nuid Ôc jour ils Taffiftoient , ôc efciairoient en fes sélions & affaires. 11 y auoic des heures ordonnées de jour ôc de nuiél, aufquelles la Loy permectoitau îloy dç craiâer deSiaf- faires : veu que le matin il receuoir les lettrfSjReque- ftcs , & autres m eraoires de ce qu'Uluyfalloit exécu- ter y afin que répondant à tous, il y pourueuC auec le temps,& à fon rang,& félon jaftice. Cecy faiét, eftant accompagné d'vne troupe d'hommes meurs ôc fages, il fe lauoit le corps, puis eftant vefta richenient il alloic faire Prière aux Dieux, & des (âcrifices au Temple,au- quel eftancarriué, après qu'on auoit mené au coingde l'Autel les beftes deftinées pour le facnfice , lePreftre en prefence du Roy , &de tout le peuple l'oyant , luy fbuhaittoit longue & heureiife vie , pourucu qu'il fc môftraft doux,& jufte enuers fes fujeds. Apres la pneic il fe rriettoît à difcourir des vertus du Roy,&môlkoic combien ilhonoroic les Dieux, aimoicleshomajes, & eftoit jafte,fage,chafte,veritable, magnanime & libéral. Si qaeiqii^c faute eftoit arniiéeau gouuernement . il en purgeoit &excufoitieRoy, la rejettant fur (esofîi- ciers qui luy auoient donné faux aduei tulenrsent,S£ l'a- noient mal confeiUé contre la Loy ôc la lufticc Cela paracheué , le Preftre exhortoit le Roy à bien viuie j & à fè rendre par ce moyen agteable aux Dieux 5 & luy confeilloit de fuiure Taduis de ceux qui 'ui ptopoieroient b vertu, ôc les exercices qui rendent la vie des hommes gloneufe. Ggg j A la 630 Des Ellbts du Turc en Afri - A '.afin le Roy ayant faciificvn Taureau à fcs Dieux, le Prcftre lifant les faifls , ôc diùs mémorables des hommes plus Illuftres , exhortoit le Royà gouucrner le peuple auec toute douceur & jufticeà leur exemple, fanss'amufer à l auariccàrentaOTemcnt des Thrcfors. Il failloic audî que fcs adions plus particulières, com- me de fepourmener, lauer, coucher auec fa femme, & autres femblablcs , fulTcnt mefurëes félon l'ordonnan- ce, fani l'outrepalTcr en aucune chofe. ,1* L eugwn. 'Egypte efi: peuplée de Mahometans , de Chre- ^ ftiens,& de luifs en bien petit nombre.Quanc aux luifsôc aux Mahomçtans, nous remettons le difccmrs de leur créance ailleurs. Mais pour entamer celuy des Chreftiens, ceux d'Egypte font,ouefl:rangers ou natifs du Pays. Leseftrangers y viennent pour raifon du tra- fic qui s'y fai6t , principalement en la Ville d'Alexsin- drie& au Caire. Car ce Royaume eft aflis entre la mer Rouge,& la Méditerranée , void le Ponant auec le Leuant par le moyen d'vn fort grand trafic,& eft comme vne échel- le , par laquelle les richelTes des Indes , &du Leua-nc padent en Natolie , en Afrique & en Europe. A raifon dequoy l'on y void venir , non feulemeait les Vénitiens, Florentins.^ Ragoufois en grand nono - bre, mais encor les François, & les Anglois. Les Reli- gieux de S. François , qui demeurent en Hierufalemj s'employent à leur afliftance fpirituelle , s'en allant adminîftrer les Sacremens, prefcher la parole de Dieu aux Chreftiens qui trafiquent en Egypte, & le befoin de leur alTiftance creift continuellement à caufe des hérétiques Anglois qui pratiquent cette Prouincc. Les Chreftiens natifs d'Egypte , reftez de l'innon- dation des Barbares , & de la cruauté des Sarrazins, dcsMammclus, & des Turcs, nepalTent pas le nom- bre de cinquante milles perfonnes , qui habitent cà & là , principalement aux villes du Caire , de Meffie , de Montfalut, de Buquet.d'Elchiafe, tou- tes afilfes furie Nil , il y en a encor beaucoup à Mi- nie , dans le territoire de laquelle on void diuers Mo- nafteres. Mais les plus fameux de toute l'Egypte font que. ceux de Saind Antoine , de Sain6t Paul , & de Saincl Macaite. Le- 1. cft en la Trogloditique en vne montagne ou S.Antoine fut battu par les diables. Le 1. n'eft guère loing de cettuy cy au milieu des deferts. O.i void le }. parmy les deferts deBoulacques du cofté d'Occident. G'eft le Monaftere nommé Nitre dans les Hiftoices des Sainds Peies, pource, comme j'eftime, qu'en cette contrée les eaux du Nil condenfées , & referrées pat la force du Soleil , aux lieux bas , fe conuertifient en fcl, & en nitre. Il a eu vn magnifique Conuent fur le Nil. à éooo.dc la Ville de Menfis , fous le nom de S.George. On y a veu plus de zoo. Moynes auec vne fignalée commo- dité des paflans qui y eftoient rcceus, & traiûez cour- toifement : mais les Moynes eftans morts de peftc , il y a enuironijo.ans le lieu demeura abandonné.^ Mais pour dire quelque chofe de la qualité des Chreftiens, ils fe nomment Cofites , & Chreftiens de la ceinture : pource qu'encore qu'ils foient baptifez comme nous, ils font circoncis comme les Iuifs:telle- ment qu'il femble que leurfoynepalTe plus basque la ceinture : Mais qui eft pis, ils fuiuent depuis 1000. ans en çà l'herefie d'Euthices,qui admettoit feulement vne nature en lefus-Chrift , de forte que par le mo- yen de cette herefie,ilsfefeparent del'vnionde l'Egli- fe Romaine. L'occafion de ce Schifme fut le mauuais Concile d'Ephefe , alTemblé par le Diofcore pour la defence d'Eutiches , qui auoit déjà efté condamne au Concile de Calcédoine par (î5o.Peres alTemblez pat l'authorité de Léon I. Et les Cofites craignans que cê fuft aduolier deux hypoftafes de mettre deux natures enChrift, deuindrentEutichiens, pourncfevouloic plonger en l'erreur de Neftorius. llsdifentla Mefle en langue Chaldaïque, difans par plufieurs fois AUeluya. Us lifent l'Euangile première- ment en Chaldéen,& puis en Arabe. Qnand le Preftre dit , Paix fait auec vom ou Paix vous [oit donnée , qui ell noftre,P4.r vofe.le plus jeune d'entr'eux va touchant la main à tout le peuple qui alTifte à cette MefTe. Apres la confeaacion donne vne petite pièce de pain fimple à chacun des affiftans. Ils obciïfent au Patriarche d'Ale- xandric&difent qu'Us tiennent la foy duPreftc-Ian. E^STAT DV ROYAVME D'EGYPTE. IVSQVES AV TEMPS DES ROMAINS, Q^VI FVT REDVICT EN PROVINCE. 14 O V R paifer fous filence toutes les fables lui ont conirouuédes Dieux ôc des Deef- "esauoir régné en Egypte , & gouuerné les Egyptiens , je me tiendtay aux Roys premiers qui ont eu le furnom de Pha- raon,& de Ptolomcejufques au tépsquece Pvoyaume. après la mort d'Antoine Ôc de Clcopatra a efté fubju- Pué des Romains Se reduicl en Piouincc,& en cecy je fuiuray la Chronologie de fai Maiftre Gilber Gene- bracd, qui rappoitc les Roys qui ont régné en Egypte, depuis la defcente en icelle du Patriarche lacob. Roys d Egypte fumommez vharaons. NEcao Pharaon fut celuy fous le rêgnç duquel le Patriarche lofeph après auoit efté vendu de |es propres frères , defcendit en Egypte , & en fut f.ii6t Vicecoy , l'an d'après le Déluge 453. &c du monde 2109- Le fécond Roy qui porta le nom de Pharaon en Egypte , fut Mena , ce Roy enfeigna awx Egyptiens la manière de facrifieraux Idoles. Le troifiéme Roy Pharaon fut vn nommé Gnefart, qui régna long-temps après Mena, il eftoit fils du Sage Vbichoride.comme obferue Diodorc Sicilien libr.i.dc fa Bibliothèque. Or il faut fçauoir que les enfans d'Ifraël demeureret depuis le règne de Pharaon Necao en Egypte jufques à celuy d'Anîafis Pharao, l'efpacede 430. ans, ils entrè- rent l'an p.dc la Principauté de loCeph^qui fut l'an i.de la famine d'Egypte . lequel lofeph après auoir vécu 71. ans, mourut,' &c fut mis dans vne Arche d'airain, embaumé auec des aromates fort excellens par les II- raèhtesrdurantce temps- là les Egyptiens adoroycnt les animaux plus horribles , comme obferue Clément Alexandrin. Les Hébreux plufieurs années après trauailleret à la conftrudion des fuperbes Pyramides d'Egypte Ob)eéb magnifiques de la vanité des anciens Egyptiens , lel- quelles (ont miies entre le.^ meniei les du monde, & eojployerét aies côftruire quatre CCS ans, a ditlolephe ' hu. Des Eftats du Turc en Afrique. 631 r Ikj.dc (es antiquité/ Indaïqucs ch. après luy l'a auf. li cfcrit&r remarqué BencdicTius Pcreiius en f« qnc- ftions (ùrrExock. MaislesHcbrcnxdifenrjau rapport de Genibrardquece mdeuauail &: cèlle oopreffion du peuple de Dieu en la compofiuon des briques, ne commença qu'à la nailfancc de la fœur de Moyfe , de ne dura que 87. ans & pource le nom fut donné à cc- fte fœur de Moyfe , aJliaria qui amorem figmjicdt , Ci- gnifie amertume que fouffiirent les Ifraelices en ce trauail çftans payez en coups de bafton , puisque dés fa naillànce les Egyptiens commencèrent à opprimer le peuple de Dieu de trauail & fatigue. Amenophis Pharaon fut autheur de ccfte calamité ôc tiauail des ifraelites qui commença fèpt ans auant Moyfe. Ce Roy Amenophis fut le premier Roy de ceux qui cftoicnt appeliez Pharaon. Themofis Roy d'Egypte fut celuy qui chaffa les Bergers nommez Aicfos hors du Pays. Amafis Roy d'Egypte régna io. ans. Chebron régna 15. ans, Cenchrisjfut celuy dont la fille fut celle qui. retira Moyfe de deffas les eaux ou il auoit eftc expofc dans vn pan'er de joncs & le fit cfl?ucr dans la cour de Pha- raon oùeftantgrand&adopcé pour fils rejecta la Cou- ronne qu'on luy mit fur la tefte aymant mieux eftre afflige auec le peuple de Dieu qued'eftrecflcué & ré- gner aux grandeurs d'vne Cour Idolâtre. a/^pm Cenchris fucceda Cecropit au temps de Moyfe. 1. Apres Cecropis fat Amalis fécond du nom , ce fut luy qui s'cntrctenoit auec des Magiciens & employa lannes & Maures Princes des enchanteurs du Pays pour refifter à Moyfe qui faifoit fes merueilles de uant ceRoy , queDieu enduroit & ruina auec fon ar- mée à la poutfuitte d'Ifraèl dans la merrouge. 2. Chrebron Roy d'Egypte commença à régner après la ruuie & la déconfiture de Pharaon. 3. Amenfi fut le fécond Roy qui régna en Egypte après la fortie du peuple,& régna zi.ans. 4. Puis luy fucceda Mephra qui régna 12. ans. 5". Apres luy Mifphrumtofis qui régna 16. ans. 6. Rutomolè régna 9. ans. 7. Apres vint Apis autrement dit Serapis. 8. Puis Sefoftris qui attacha quatre Roys vaincus au char de Ion triomphe. ç. Par après régna en Egypte Oro, Magnus. 10. Mena Acenfere fucceda & régna ii.ans. 11. Achoreregna 8. ans. * lî. Cheucer qui régna 16. ans. jj. Chencre lecond. 14. Aehore régna 8. ans. 15. Cherrc régna ly. ans. j6. Armcus rcgnaô.ans. ly. Rcnelîe ou Egyptus régna 16. ans. ;8. Menothe régna 40. ans. ! en renouuellant lacouftumedes Pharaons & des Ptolomées. Le dernier des Roys de ce nom là cfcheut au temps que les Chreftiens fous la conduite de Godefroy de Buillon Se de Raymond-, ayans couru toute rAric&: toute la Sirie par leurs armes vidtorieufes fondèrent le Royaume de Hiei ufalem. Ce Roy eftant molefté par les armes d' Aumery.qui auoit (acccdè à Baudouin au Royaume de Hierufalem, & ne pouuant que mal ailement fouftcnir vne fi pe- fante 6c onereufc guerre auecfes feules forces;deman. da au Soldan de Surie armes Se Secours : ce Soldan qui s'appciloit Sarracon y conduit vne armée en per- fonne, & comme il eftoit autant defloyal que prompt & hardy aux entieprifes de confequence , ayant de- ftrui£t&: reprimé les efforts d'Aumery , eflanc deuenu le plus fort en Egypte, fefaifu delà perfonne du Ca- lyphe, qu'il fit prifonnicr,& fe faifu du Royaume d'E- gypte, n'attendant rien moins,qucce traidt de perfidie ôe de Tyrannie de ce Soldan Sarracon. Depuis ce temps là, les Calyphes ayans perdu la Seigneurie feculiere du Royaume d'Egypte, y curent feulement la charge des chofcs diuines , leur eftant donnée la puiifance de confirmer les Roys , comme nous voyons que les Empereurs Romains'par ancien necouilume reçoiuent lear Co-aronne du Pape. 17 Au Soldan Sarracon facceda vn îîen fils nommé Sa- Iadin,quidcffitairez dj fois, Se mit en roate les armées Chreftiennes en Surie & en Paltftine , Se finalement ayant fort affoibly lear pailfance ruina tout le Royau- me de Hierufalem. Apres Saladin , qui mourant lai (Ta fon Royaume à fon fr ère, plurieursfils& arrière fils tindrenc l'Egypte jafques à Melechfala , qui eftant le dernier desenfans de cesPvoys, fit concinueile guerre aux Chreftiens , & ayant (comme Dieu permit qu'il arriuaft) perdu tous fes vieux Se les plus valeureux de fcs foldacs aux guer- res , partant de Baîtailles qu'il donna , fedefîiantde l'humeiit des Egyptiens Se de leur affeftion , comme de fes forces , remit vne puiùàntearmée fus pieds com- pofée de ferfs & d'Efclaues expofez en venie : En ce temps les Tartarcs peuples de Scichye auoient enua- hy l'Arménie ScTAfie par les portes Cafpicnnes , Se auoient vendu en plein marché par droid de guerre les peuples Comans qui font voifins de Capadoce, après auoir efté domptez en Bataille : ayant donc Me- lechfala achcpté vn grand nombre de ces Comans pour vne grande fomme de deniers, les mena en Egypte,& les arma pour la guerre , Se par leur effort non feule- ment il deffendit les limites de fon Royaume, ains en- core afîîegea S. Louys Roy de France en fon Camp d'Efté prcsdeDamiette , qui fut jadis H.-liopolis , ou Pelufium , & toft après luy ayant deffait fon armée par vne mémorable Bactaillts il le prit vif, dont il paya rançon pour fa deliurance , biffant la Sainéte Hollie au Barbare, pour le gage & oftage de plus précieux qu'il cuit pour la moitié de la fomme. En fin if s ferfs de fon armée ayans confpirc contre luy, le tuèrent & maffacrerent fur cefte félicité de vi- dboirc, en telle forte qu'eftant mort, le plus hardy Se \t plus courageux des Comans nommé Tutquernen , fe faifu de la Principauté , Se fe voyant cftcué envnfi haut degré s'oublia de fon premier cftat , & par vne outrecuidance trop grande , venant à mèprifer fej conforts qui luy auoient mis h Principauté entre fcs mains, leprindrent en tel dcfdain, qu'il fut malTacrcc!! fa maifonpar vnCathos aufllCanalier Coman. Cathos eftant faUié Roy , Se SolcUn fur ccftc mefnae Principauté, par l'exercite , & ayant tué quantité des Tartares laifTez par Hialon en Surie , fut auflî maifacre par trahifon, Se fut la Seigneurie d'Egypte transférée^ Bandocader fon meurtrier. Ce Bandocader fut vaillant aux armes , & fous fa conduide les Efclaucs Comans chafl'erent Richard P.oy d'Angleterre , & lercfte désarmées Chreftiennes hors de Surie. Apres Bandocader qui mourut empoifonné, Elpis, Se après luy Melech , & Vftreph jouyrent du Royau- me, l'vndefquels chaflfa de Tnpoly les Chreftiens , Se l'autre ayant attaqué Ptolemais , qui eftoit la feule Vil- le demeurée en la garde des Chreftiens , les força d'en fortir auec vne grande & puiifante armée. Apres ceux-cy , par vne longue fuitte de temps plu- fieurs vaillansperfonnages dételle condition , ont te- nu l'Egypte, mais leurs noms ne font point cogneus: parce que leurs geftes, encores qu'ils fulfent mémora- bles, n'ont eftéen ce temps-là rédigez en nuls mémo- riaux de lettres n'y defcrits. Toutcsfois de la fouuenan ce de nos Pères, Caritbeies fut de beaucoup plus renommé en puiffance & en guerre , Se ayant appris de main en main la difcipline de fcs anccftres , augmenta & continua le train de cefte guerre feruile , plus diligemment Se liberalementque nul autre auant luy : en forte neantmoins qucl'on fe donnoit de garde par vne grande preuoyance de Itt muhitude des fous-fcrfs, qui peu de temps aupatauant auoient fait vne conjuration Se pris les armes , Se auoi- ent fafcitc vne fafcheafe guerre au Roy mefme , Se à fes Cheaaliers leurs Mai ftres. C'eft'ceSoldan qui eftant Roy d'Egypte , par vne finguhcre bien.vuei!iance,fit eftime des Princes Chre- ftiens, félon qu'il auoit onyparlcrqu'vn chacun d'cai eftoit excellent en magirificence. Se en vertu d'cfprit, ennoya entx'aucres pour prefent vn Camcleopard-,ani-, mal de prodigieufe hauteur, à Florence, pour Laurent de Médias. Ceftuy-cy ayant furmonté les Turcs en CiliQie , Se debellé par grande valeur , les Perfesqui auoient enuahy la Surie du cofté de Mefopotamie, dompté les Arabes en portant fes armes jufqucs à la Mecque, Se aux dernières fins de l'ilrabie heureufe, 8c gaignéle furnom de Grand, partit de cefte vie, l'an 33.. de ion règne , prefque au mefme temps que les Fran- çois combatirent les Vénitiens à Taro. ' Eftant mort Caritbeies, Achardia &Canripronnia,qui obtenaient les plus grandes charges en Egypte , après auoir longuement d^'batu entr'eux par grandes forces de la Principauté, fort cruellcment,& mis toutes cho- fes en troubles, en tumultes Se en armes, ayant fajt di- uiferlesMammelusenfaâions, donnèrent occafion à Mshomet.fils de CaitbeiSjd'enuahirlaPrincipamé d'E- gypte. Mais dcuxans après iceluy Mahomet, qui suoiï- enuahy le fiege paternel contre les Loix Se conftitu- tions de l'ancienne inftitution d'Egy'.e,cn banquetant auec fes Conrtîfans , fut maffacré par vn Cercaffien:,- lequel , parce qu'il auoit fait cela , comme ayant eilc égard à lacauîe publique des Efdares , Se fcmbloic, auoir reftitué le droi, eftantallcjufqiK-- ' ^ ' ^ au Caire auecvnc forte arrrér.le d. jcctadcfonThrof ne Royil, \e fit pnTonnicr. Si clf-cc que les Mammeliis de faftion aduerfe &: ennemis de ce Giapalat, qui regnoit cruellement, aua ricicalement , & fyranniqucment , le prirent en p^i fonne , & le mirent en garde feure dedans la Roqju d'Alexandrie , fous la conduite & la gardedc Tomou- beics. Qnmd cet aftefut f^it , Tomonbcies n'pyintrien au premier poind de fa Pi incipauté en plus grande re commandation que de furmonter en cruautez Se ty ranniesexcc/Tuies.voire en auarice, Ôc en toute forte de mefchanccîc Giapalat , qu'il auoit fait l'ecrertcment eltrangler ; en peu de temps s'acquit la haine gsneraîe du peuple en telle forte . que les Mammeius par Con feil public , ordonnèrent incontinent de le prendre & punir. Ai n fi To m oubeies au huifticme mois de (à Princi pauté , lors qu'il tafchoit par vn lieu foufterrain à ^ c- tiader, & à fuir en defefpoir de fon falut, eftant aTie^é & pris fut cruellement ma/Tacré par les amis deGu- palar. Apres la mort deTomnubeies , les Principaux de la Cour d Egypte, afin d'obuieraux fedicions fanglantes des Mammelus, par lefquelles on auoit combattu par 1 cfpacc de quatre années presque à lexternaînation ds leur entretien, prefenterent la Principauté a Campfon Gauri, homme jufte& martial , & nullement ambi tieux: Ceftuy-cy cftonné de la fiaifche calamit é de tant deSoldans , qu'il auoit veu tomber par leur ambî- t!on ruineufe , en peu de moi;, lors qu'j! vid qu'il eftoit porté au Palais Rryr.1 fur les épauUs des Princi- paux Seigneurs du Pays & des gens de guerre qui l'a Uoient hautement cflcué à cefte grade de Princpauié. Commença à refufer cét honneur fouuerain &i refi- ler grandement à ceux qui le vouloient fJii;r Soldap, &à direcu'ii en eftoit indigne : & finalement ayant Ja larme à l'œil,à prier fcsami5,& les Principaux delà Cour , q!ie puis qu'il eftoit fi content de viure en fon particulier, ils ne vouluflent lejetteren vn mani- fefte péril de fa vie, attendu qu'il n'auoit aucun aro-ent prcft pour depajtir aux Soldans, comme tous les autres Soldans auoient accouftnmé de faire à leur aduene ment à la Couronne,&qu'iln'eftoit pas homme pour auoirtant deConfeil Se d'authoritéxqu'ii eftoit Recef faire de rompre les impetuofitez des fcduieux,f n celie confufion où toutes chofes fe voyoient reduides Au contraire les Grands Seigneurs l'admoneftercnt qu'il n'cuft à œéprifer par vne folleobftinat ô d'efprit, &par vnefiiuoie modcftie , l'occafion de la fortune prefenre, & qu'il fe laiflaft receuoir au Gouucrneraent de la Republique, affligée de maux intérieurs , Se tref bûchante à fa ruine , & acceptaft ce nom de Soldan qui luy eftoit offert par l'vniqueafFediô d'vn chacun. En fin ils iuy promirent tous par ferment , qu'ils ne luy manqneioient nullement à entretenir la dignité de Soldan, ny de main,ny d'induftrie;ny de leurs biens, fie que les foldats ne demanderoient point le Donati f auant que les Receueurs & Threforiers euifent amafté & recueilly fous l'authorué publique , tel argent des Tributs des Prouincesdcleur appartenance. Par lefquelles exhortations Campfon eftant confir. mc,foutfrit patiemment d'cftreappelléSoldart, &cn- treprit la charge d'adminiftrer l'Ëgypte. Or après qu'il tuft diftribuéen nom de Donatifvn million d'oraux foldats, & qu'il cuftparfa finguliere modération , fait moir bonne opinion de foy, quant àfa preud'hommié Se prudence , il appaifa l'Eftat de l'Egypte troublé & ourmcnté par troubles &tempeftes au dedans, après ?n suoirfaia mourir aucuns par poifon, qui bralfoiefit luclqucsnouucautez,& par celle induftrie, qui dura feize années . jamais la'Surie ny rEgyptc.nouyrrn^ parler de tumulte ny de guerre: Auffi à la verit.^ Cam pion eftoit digne du nom du (iltre qu'on Iny donnoit Jeperfonnage heureux & tref bon , fi luy aai auoit ^^ar> vertu fonde vne fi bonne paix , pldne de tr.a- -lUihte 6c d'opulence, cuft mieux ayrépuis après vi~ ure en vn domefti.jue repos, & fouMVir la tranquili- 'c publique , q,ie non p.s par la.piife téméraire des armes hizarder la fortune. Ainfi doue lachis & Je Cadilefcher eftans partis H^Agogna, arriuerent dans peu de jours vers U Soldan Lampion , qui pour lors eftoit campé fur 1" Flenue Orontes,aujourd'huy nommé Farfara . ceux-cy ?y,ns enca-^,abIementreceusparluyA'..yantpar après d.f- couru fur le (ubj.a de leur dépuration par hann.nes doquerttcs & célèbres , le Confeil alFembié au lo^ s, en la maifon du Soldan Campfon , .coondit Jue l ancienne Co ifta.ne des Soldans d'E^.yp^e qui ob- cenojent le principal lieu au fau de la Rdigioa , de maintenir auec induftnc & dilig.nce.I s Roys &peu- i les Mahomecans en paix & bonneamic é,re l'q.id- Ic il auoit finguheremenf efté curieux d'obtrruer & entretenir que pource il eft ent.é aro é en (a Prouince de Sune afin de perfuader cefte paix à S, Lm , oue s' I per(iftoiten(onopmiaftr: téa la giJerr.,& co> t nuoit cl attaquer Ifoacl , qu'il (ç.uoit luy eftre confoincapat -;^vll!ancc,ilpouruoiroic3liconferuationdel3dion!té réputation, & neiouftnroit pss dauancagequî par lamouion & conuonife d'vne homme ambuieux, ic rrouble fuft fulcué entre les cl>ofes diuines & humai, ne- s. Ces Ambaifadeuts fçichans que Selim ne quitte- rou jamais les armes.dirent que la paix leur eftoit fort afouhait , &erperoientflechir le courage de Sel-m. comme ayant entrée familière en fes rffus fecrets Con- teils. Et ainfi fur cefte efperance , eftans renuoyez auec ^'■f !A I'M*^""'^""^"^^^'^ '^c''™' qui pour lors eftoit à Carfarée. Auffi de fon coftc Campfon ayant remué fon ramp qu! eftoit a Oronces vint à Comagene & a A'ep, Vdle edrhee des ruines de Hitrapolis , par Alepoius Piefe6t " Jer£mpera:rîulian,laqudlçH alon Rov des Scythes, pncd'alfault , & la brufla entièrement pour luy auoir valeureusement refirté . lors que les Chreftiens débat- tojsm ds la polfeffion dcludée&de Surie,auecles Sol- dans d'Egypte. Apres que Selim eut efté aduerty par ces AmbalTa- deurs de Surie , qui auoient tout efpic au Camp deS Egyptiens , de la venue & du nombre de fes ennemis, & del'arrogance de Campfon , Ce refolut de îuv faire la guerre par vne autre voye que celle qu'il auoit tenue par cy. deuant, il feignit d'aller attaquer les Perfes , & fit auanc er fon bagage auant luy jufques à Sinac , jadis appellé Sebafte , puis le refpandant en Mefopotamië entre en Comagene , & attaque (es ennemis au dcf. pourueu , Se déclara fon deffein aux îaniftaires &'genS • de fa garde : ceux cy s'eftans leuez d'entre les bandes, ils s'ciciient qu'il les mcnaft où il luy plairoit. Sf lim mena fon armée par plufieurs chemins diffè- rens & incogneus : mais qui iuy eftoienc fort auanta- geux , & promit recompenfe aux foldats pour les en- courager à trauerfer ces lieu.xfafcheux , ilenuoyedes efpions , pour defcouurir Se recognoiftre le lieu ou eftoit l'armée du Soldan Campfon , & fit fi bien fon re qu i r 1 ofta le moyen à Campfon de fçauoirnoa- ifai uelledeia ucnne En fin iur l'aduisqueSdim approchoit auéc fon ar- mée, Campfon qui le cherchoit s'arrcfta pour l'atten- dre au combat : fon Csmp eftoit en lieu commode & auancageux fur leFleuue Singa ; LcsMammclus qui eftoienc auec eux , à peine ciioicnc ils douze n-.iHês: mais 6u Des EftatsduTurc en Afrique. mais auoicnt vne grande faitte de valets brauemcnt armez & montez fur des cheuaux.à la vérité Campfon auoit vne armée braue Se inuincible, fi on euft cobat- tupar prudence : les Mammelusportans longues bar- bes hideux fur les yeux qui menacent , mufculeux & fournis par toutlecorps,& fe maniansfort dextremet, entrent en bataille auec tel artifice , que toft après les premiers coups des lances donnez , ils combattent par agilité & vigueur^maintenant de l'arcayans jetté leurs efcus fur leur dos , puis dVne malTe de fer , & par fois du cimetcrre,ainil que le lieu & la rencontre le requcr- roient : leurs cheuaux eftoient puilTans & généreux, & fort femblables à ceux d'Efpagne en le.jr taille & vi- telTe, ^ ce qui cft par delfjs l'opinion des hommes de ce temps, eftoient tant dociles , qu'ils entendoient es fignes & les voix de leurs cheuaucheurs , comme les avans apprifes par nature & p^r couftumes , & pat ces lignes leuoient les lances & le^ flèches hors de terre, enlesmordans auec les dents, ils cognoifToient l eue- œy, &le harpoientaux dents, & batcoientauectorce ruades tout ce qui eftoit à l'entour d'eux,fans s'efton- ner à la veue de leur fang : on voyoit à tels cheuaux des freins & des mords d'argent, des fcUes dorces, & des birdcs de fer à ouurage efcaïUé pour le col,&: pour lapoidrine : le caualier quiles monte eft content d vn halccret ou dVnc cuiralTe jointe auec lames de ter. Les Caualiers des premiers rangs. & les riches portent leurs armes fur la tefte : les autres s'eftiment efttc bien couuerts contre ceux qui frappent de taille . par vn ac- couftrement de tefte fait de linge , & ployé en rond auec plufieurs tours . les vns dedans , les autres en mi- pnotife & braucric : mais les fimples Caualiers vfoicnt de chappeaux velus & rouges , qui ne peuuent eftre coupez d'outre en outre à grands coups d efpec. De toute laquelle armée Campfon ordonna cinq bataii Quant àSelim il auoit ordonné fa bataille en telle for^que fa Caualeried'Afie eftoit àfa droKae.&cel e a-Europe à fa gauche , & l'Infanterie des lanifuircs Sc des foldats de la garde auec le Cnnon au milieu , & les plus braues lanrilaiies & Caualiers tenoient le front: le combat commence après plufieurs efFoas. la victoi- re balance : mais voicy le mal pourCamplon.ccft que Cayerbeies feignant eftre pourluy , le trahit , & caufeque Selirii vainquit & fut tué Campfon au cow- bat , auec Damafquin &c leTeirarche de Tripoly , & tous les fiens deftaits : & donna Selim le pillage du Camp à fes foldats , alors il- rendit à luy Alep : ccfte battaille fut donnée le vingaéme Aouft : Damas & au- tres Villes du Surie , voyans approcher les armes de Sehm fe rendent à luy , comme auffi Tripoly, Barut, Sydon& Piolomais. Les Mammelus réfugiez au Caire fous la conduite deGafcUi , elleurent pour SoldanTomoubcies, tous ayans grande efperance en luy , qu'il releueroit leur arandeur & fortune. Eftant noma.é Soldan , & teceu Prince d'Egypte , il met fus pied de fort grandes ar- mées , & ayant joind Gafelly auec luy combattirent Sinam Baîfa Lieutenant General de l'armée de Sehm, où l'armée de Tomoubcies fut deffaite , & fe fauua au Caire tout blcflé. ParapresSehm allant joindre Sinam Bafla, entra en Eoypte auec vne puilfante armée contre Tomoubeies, qui eftoit fony du Caire.s'eftoit campe vers e jardin de la Materée , auec tout Ion Canon & attirail , & s y eiloit retranché. Tout le rcfte des Mammelus eftoient aflembkz auec forccCaualenes Arabes: l'armée de Sehm approchant f t fore endommagée pat les craids & ArtiUcacs de Tomoubeies ,& fans doute les Tuics caftent ehe mis à vaudcroute fans la trahiion d'aucuns qui eftoient au carop de Tomoubcies , qui dcicouurucnt à Sehm les deifeins , &les embûche, que Tomoubeies Iny dref- foit:Le combat pourtant fut furieux,& la vicloire fort douteufe à caufc del'ArtiUetic des deux parus, la bat- taille s'acheua en quatre combats ; où IcsMammehil firent merueiUeufement bien , & les Arabes auffi, lef. quels rompirent la garde, les lanidaires &: la Caualerie d'Europe du Turc , fon Lieutenant General Sinam Balfa V fat tué : La Battaille dura quatre heures cntie- res,où Tomoubeies fit des merueilles : mais en fin fon armée fe diuifant fut mife en déroute , de forte que fonnant la retraite , afin que fcs gens (emblalient le retirer, non pour la crainte des pourfmuans, mais par commandement de leur Chef. Les Mammelus fuirent vers le Caire. . Cefte Battaille fut donnée vn leudy 14 lanuier 1 an de noftre Seigneur 1517. en la pourfuite des fuyards fut pris le Diadarc chargé de plufieurs playes , & auec luy Bidon,auquel vn boulet tiré d vn fauconneau auoit rompu legcnciiil. , , r /r ■ \ Le lendemain Selim commanda qu ils fuftcnt mis à mort. Cependant Tomoubeies n; perdant point courage r'aUielesMammelas,&campeentrela nouuelleMem- phis & la riuiere du Nil, &arma jufques à huid mil- les efdaues Ethiopiens, & ayant ouuert l'ancien Ar- lenal , auoit donné des armes aux enfans des Mamme- lus , à quelques Mores fes valfaux , & à des luifs & des Arabes, en voulant faire guerre plus grande concre les Turcs , & fercfolut la nuid fuiuante de bruftcr leur Selim voyant ce delTein, que quelques Mammelus luyauoientreuelé , commande que l'armée fort fur pieds toute la nu^a,Ôc qu'on allumaft des feux de tou- tes parts en tous lc> quartiers de fon camp, diligence, qui empefcha l'intention de Tomoubeies , qui faifant quelques cheuauches vers le camp Turc , fut rcpouflc auec grande perte par le premier Battaillon , pour s e- ftre trop témérairement aduancé : Et auffi fans doute Tomoubeies euft cfté entièrement detfait cefte nuiôt Ta . fi fe voyant aduerty par la lueur des feux du camp Turc, & voyant le peii! eminent où il s'engageoit , il n'euftfait retirer fes autres compagnies. Apres celaTomoubeiesferctireau Caire auec tou- te fon armée qu'il fait entrer dedans, où ils armèrent coûtes les familles de la V.Ue.&garnilTentlc plus haut leurs maifons de baftons & de traidls , prient les Egyptiens chacun en fon quartier de prendre les ar- ffrcs,& fe tenir fur leurs gardes. Sehm eftantaduerty de la retraifte de Tomoubeies au Caire,& de tous les Mammelus auec luy,& de tou. ce (on armée.approcha fon camp de la Ville,& exhorta fes gens à tout vaincre. L-s foldats Turcs brufloient après laproye,& eltans ordonnez n'attendoient plus que le hgne de Sehm pour donner dedans le Caire , quand Sehm eftant entrt par la porte de Balfuek enuoya fa Caualerie par plu- fleurs endroits enfemble, & les lamft^ircspar la voy« plus largc:la Caualerie du Turc fe battit rudement aue< la Caualerie de dedans parmy les rues du Caire, mais U choc fut bien plus rude quand les Mam melus vindreni aux mains aueclesTurcs , aux fortifications & retran. chemens qui U auoient faits en la Ville,& que les Turc tafchoient à démolir : ce n'eftoit pas jufqaes aux fem- mes qui ne vouluftent eftre du combat ; de fortcqu, par ce conflit on voyou les Turcs tomber les vns lu les autres dedans les folles cachées : ils tuorent à coup d-Arquebufes tout ce qui paroilToit aux feneftres de maifons , les rues eftoient toutes trempées de iang Ce conflit cruel dura deux |ours 6.' deux nuids.&n fcauoit on lequel des deux partis auoit du pire ou di mcillcur:ncantmoins les Mammchu qui eltoient peu furent contrainds de ccder au trauail , fe retireter rcculetcni Des Eftats du Turc en Afriq ue radièrent HatT! IpçIiViivI^ci.,^ r- ir- , . -* reculèrent > & Te cachèrent dans les lieux les plus Ce crcts & incogncus de la ville, abandonnans leurs for- tifications & recranchcraens. Au troificmc jour fevoyans au dernier hazard, fe battirent aucc tant de valeur , qu'ils rcpouflcrent les Turcs en arrière . ôc furprircnt quelques fauconneaux: auquel cas , on dit que'Selim defcrpera de la vidèoiie, & commanda qu'on mift Icfcu à la Ville,aux maifons de pas en pas.Les Turcs combattirent plus lafchcmcnr que dcuant , oyans les cris ôc les efforts des Egyptiens, ik attendoient que l'on fonnaft la retraite , quand il fur annoncé par plufieurs enrcmblc,quc les Egyptiens ayanseftérepoulTez de leurs places, & furmontez fur vn autre quartier à la pourfuittc de Muftapha.auroienc mis leur dernier fecours en la fuitte. Car Muftapha conduit & guidé par les Egyptiens &:Mammclus,trai ftres à leur patrie , eftoit arriuc à vnc grande place., ou les Mammelusauoient rangé leurs cheuaux tous IcUez & bridez, afin que s'il arriuoic quelque chofe de pief fé, ils fe retiralTcnt promptement , & cftans montez deflis fe fanuaifent es lieux qu'ils auoicnc deftincz; Mais Muftapha en ayant dechaifé la garde qui efloitde muletiers, faific&emmenatous CCS cheuaux : ce qui débilita grandement les Maromelus , ôc leur firperdrc courage: Ils s'enfuirent hors le Caire versle Nil qu'ils traiierferent au moyen de quelques vailfeaux qui ef- toicnt preftsauecTomoubeies : vne autre partie Ce ca- cha es maifons desEgyptiens,& aunes s'enfuirent à la campagne: les autres,en nombre de plus de deux mil- les, fe renfermèrent dans vn Temple de faux Dieux le plusgrand de la ville,où s'eftans long temps défendus, le rendirent» la dilcretion du vainqueur , dontpartie forent maflacrez par commandement de Sclim. Selira tenant la vidtoire entre fes mains,fit efteindre le feu de la ville , & enuoya des trompettes , & com- manda de publier quetous lesMammelusqui Ce vou- droicnt renJre en douze jours feroient pris à falut, & non hors le temps : A cefte publication les Mammelus fortoient des lieux cachez ôc Ce venoient rendre entre les mains des Turcs . qui aufïï les ayans enchaifnez les conduifitent es prifons où ils les maiTacrerent. Tomoubeies remet fus vne autrearmce , qu'il leue en la Région Sejeétique , verslaCyrenaïque, audelà du Nil : d'Alexandrie luy eftoit arriuce vne nouuel le compagnie de Mammelus qu'il auoit appeliez : plu- (îeurs autres grandes troupes luy furuindrenr, dont il :ompofâvne puiflTanteartrée. Sclim ayant aduis de cela, eft foUicitc par Albucho- T)ar perfonnage Egyptien , de faire accord aucc To- îîoubeies. luy delTeignant fes forces, qui hiy pouuoi- :nt rauir la vidoire des mains & mettre fa perfonne kfon armée en danger. Selim au contraire enuoya fes Imbaifadeurs àTomoubeies, auquel il commanda par ux de m ettre les armes bas: Les Mamm élus les voyans efuèncde(rus,& les mairacrentfanslesauoirouys.ce |ui irrita grandement Selimj& alors ferefolut de van- ercefteiniure. Il fit faire vn pont fur le Nil , par lequel il fit pafiTcr ïute fon armée : Tomoubeies le voyant, s approche aec 4; milles caualiers armez , & deux fois autant de lores ôc Arabes , eftant party de bon matin de fon imp,pour tromper & furprendre les Turcs. Muftapha General de l'armée de Selim, aduerty de irriuée de Tomoubeies, crie à l'arriuée , Voila To- oubeies qui arriue : tous ceux qui eftoient paffez ôc :ux qui eftoient encores fur le poncs'aduancenc pour s aller reccuoir : Selim enuoye parMuil:apha force opcteric de Grecs, qui forcei éc & rcpouftcréc furieu- tncntTomoubeies:AlorslesMammclus ne pouuans us combattre, leurs cheuaux eftans las,recreus & fa- ;uez,ilnerefterent plus que les Arabes & les Mores, i fouftindtenc grandement contre les Turcs toutes- ^5f fois les lanifTaires à pied furuenans fur les gens de romoubeies.mircnt tout en fuitte ôc en déroute. Le lendemain Muftapha pourfuiuant leurs ennemis pnrcnt Tomoubeies fur vn canal d'vn fort profond l^ili>s,oii il eftoit arrcftc. Au troi(îc.'T,cjounl fat mené au Caire. Selim qui le? vouloit furc mourir ne le voulut point voir : il le fie mettre encre les mains dcsgchenneurs,afin qu'il fceuft de luy ou eftoient les threlors de Campfon. Lejourd'.ipres , il commanda qu'il fnft menépar toutes les places de la Ville du Caire & fur les plus célèbres nics,chargé d'vn vieil chameau, habillé d'vne robbe vfee. ôc les mains liées, derrière le dos, comme les mal-fiifte'Ks ôc larrons ont accouftumé'de les auoir,afinqMclcsEgyptiensvi(rcnt(;eluy:mefmequ'ils auoient honore pour Prince & Soldan : vn peu dé- liant, eftant la chance tournée, & luy précipité en vne extremt miferc, finir les jours de fa vie, Ôc de fa Prin- cipaute enfemble.par vn mortel Ôc fatal cordeau, ôc le I '^'[(f;?"' pendu auec vn crochet de fer à la voÛte,afia qu il fuft vcu ôc mocqué des paftans. Telle mort fut donnceàTomoubeies, dernier des Princes Soldans d'Egypte, le i;. jour d'Aurilapres la Naciuucde noftreSeigueur, Tan ipj. vn jour de Lun- dy après Pafqu es Ainfi la Principauté des Egyptiens a efté efteiridte ôc tombée entre les mains tyratiniques du Turc, qui y domine auiourd'hoyabfoKiment, &eftend fon pou- uoir en Afrique dece cofté là jufques dans l'Ethiopie, ouEmpirô du Prête- lean , duquel il a encore vfurpe l'Hc grande partie-de l'vn de fe Royaumes!, qui eft ce liîy de Barnagas. 1 Difcours des Turcs en seneial. Mœurs de ce ternes, LEs Turcs font en partie naturels, qui ont tiréleiir origine*des Scythes ou Tartarcs , Ôc defcendent auffi en partie des Chrefticns Apoftats : Ils ont pouÉ la plufpart le vifage large: de les membres bien pro- portionnez , ôc font naturellement gros & robuftes: ils ne lailTentcroiftre leurs cheueux , ains feulement leiU-mouftache:Ilsont l'efpricaffez lourd,& font lérs, & paredcux , ôc tardifs en leurs affaires : Ils ne font liuilement propres au labourage : Ils font auares au poflîble , & ayment l'argent fur toutes les nations diî monde; Auffi la jtifticc fcvend en Turquie, par ma- nière de dire, au pkis offrant & dernier encheriffeur,& les Turcs ne fontplaihr à perfonne , s'ils n'en reçoi- uent de l'argent. 11$ font humbles entr'eux , ôc obeyffent eftroi qu'ils n'eftimefi: pas qu'il y ait au monde nation qui fe puiffc comparera 1.1 leur. Ils monftrcnc en parlant vn grand orgueil,font tromt pcu. s, &ne tiennent parole, (inon entant quelachofe leur eft aduanrageufc. Dauantagc ils font oyfifs ôc fai- neans, ôc addonncz à h gourmandife & à l'yurongnc- ne, tellement qu'jls paiîeront quelquefois trois jours entiers à faire grande chère , &ilsboiuent volontiers du vin,mcrmc auec exccz,bien que leur Loyie deffen- de. Ils font auffi fort enclins àla paillardife, &mefme pour la plus prandc partie Sodomites ; ce qu'on void furies vaiftcaux, où sis ont toufiours quelques vns de- ftinez pouriouffrir ce mal heureux effeâr. Ils croycnc de léger , font extrêmement fupcrfti- tieux ôc adjouftent i^oy aux fange s,3uxprerages,& aux dtaioa* 6x6 Des Eftats du Turc en Afrique. .•^ ... 1 - Ji» One fî 1/»nr<; «•nrrfnT'.t <^euinaoon<; , ^. tiennent que la deftince d'vn chacun, & 1 heure de fa mort eft efcrite (Ijr fou froat , & que nul ne peut fiur cefte heure : ce qui fait qu'ils fe préci- pitent fi témérairement aux dangers. Les Turcs ont permiffion d'au.oir autant de femmes qu'ils en pcuuent entretenir, & les maris (e fcparenc fa- cilement, & font diuorced'aucc leurs fem mes,qui.lor- tentpenfouuentdulogis.encorc'eftaueclevifagccou ucrt. Elles vont pompcufcmcnt veftuès.Ôc portentfor- ce or & pierreries , & elles ont auOI de couftume de teindre de rouges leurs cheueux , leurs mains, leurs pieds : mais pnncipalement leurs ongles. Elles vont auffi aux cftuucs deux fois la fepmaine de mcfme que les hommes. , . Ils ne jouent,ny aux cartes, ny aux dez. Ils lont chari- tables & grands Aumofniers,non fculemeta l'endroitt de ceux de leur fe6te:mais encor à l'endroit des Chre- ftiens , & des hommes de toutes fedes : voire mctme ils femonftrent charitables enuers les animaux , veu qu'ils achcptent quelquefois des oy féaux, qu'ils met- tent en liberté par manière d'aumofne. Leurs habiUemens font longs & ouuerts par le de- uant jufques aux pieds, excepté la chemife qu'ils por- tent hors de leurs chauffes , tellement qu'on a void quelquefois lors qu'ils marchent. Leurs habillemcns font de fine laine , & de foye , garnis quelquefois ce perles & de pierreries : Leur Turban eft blanc , excepte dcccluy de ceux qui fe difentparensde Mahomet , qui lepôrtentvetd. . , i ri- Ils n'oftentpasie turban lors qu'ils veulent laluer ^luelqu'vn ,& luy faire honneur : & chez eux le co (te aauche caie plus honorable. Ceux qui four riches, & qui tiennent quelque rang parmy eux , vont prelque ordinairement à chcual. Ils font fales en leur manger, & n'ont les délices qui font parmy nous. Ils mangent trois fois le jour, c'eftà fçauoir à l'aube du jour, a mi- dy , & au foir. Us n'vfent nullement de nappe , ny de feruiette , & ne s'aOicnt pas à table fur des elcabeaux, ny fur des chaires , mais à terre , ayant les^ambes croi- fées comme nos tailleurs ont quelquesfois , &ih (ont en cefte pofture autour d'vne table ronde qui elt fort ' Ib mangent au refte toute forte de chair, excepté de celle de pourceau, qui eftdetfcnduëpar lecj^rLoy Ils fe nourriifent leplus founent de riz : & les i urcG Afm tiques ne mangent pas volontiers du poiflon , mais ceux d'Europe l'aymcnt beaucoup plus que la chair. Ceux qui font bons obferuaceuvs de leur Loy s'ablncn- rentduvin , & ne boiuem que de l'eau : mais les plus riches y meflent du miel , ou du (uccrc , & en Hyuer ont de couftume d'efteindre dans l'eau vn chafbon ardant , afin qu'elle ne leur nuife. Dauantage les Turcs vfent fort de jus de pauot , & il n'y a aucun d'entreux qui n'en prenne,afin d'eftre plus Hardy, & de ne crain- dre les dangers: Ils s'aCcroupiifent en pUîant. • Leurs n^aifons font pour la plufpart de bois & de terre, & font eftroiaes&mai.baffies : & ils tiennent que c'cft vn grand péché de baft.r des maifons qui durent plus quela vied'vnhomme. Toutesfois ils ba- ftîffent de belles Mofquces, ou Mefquites, & de beaux Hofpitauxpour receuoir les paifans, de mefme que des b,ins publics,aufquels Us adjouftent de très belles fon- uinesfnon feulement pour la commodue des hommes mais encores des beaes , & auili afin qu ils aycnt^ des lieuxtousprefts,&proprespourlefaluérauantquen. trer dans leurs Temples. Dauantage ils font fort cu- rie-^.x de faire des aqueducs conduits d'eiu , & cie tai- re paucr les grands chemins . toutes lefquellcs croies font magnifiques en Turquie. ^ Ils pourpenfent toufiours les moyens ci auoit de l aduantage fur leurs voifins ce qu'ils ne peuuent obtenir par force, ils lalchenr de i'auou: pat luze , & par pcrfidie.Quefi leurs enu-cprifes ne reViililient hen-' rmfement jls n'ont point de honte de prendre la fuite. Toutesfois ils font aifez bons foldats , & qui eft le meilleur, ils font foigncux de garder vne-bonne difci- plinc Militaire. , . r llsfontfortobeyffans à leurs Chefs , fupportenc patiemment la peine & toutes fortes d'incommo- ditez : fe contentent de peu de viande, & qui ne vaut ouerc. Ils ont pour leurs armes, des lances . des traits, des maffes d'armes , des haches , & des efpées, qu'on nomme communément fymeterres , où ils n'efpargncnt le plus fouuent l'or n'y l'argent pour les enrichir. Ils gardent vn grand filence , & vne grande modeftie, non feulement lors qu'ils campent, ou quils s'arreftent en quelque lieu : mais encor lors qu'ils font chemin : veu qu'encor qu'ils foient en fort ocand nombre , ils partent bien fouuent d'vn lieu , deuant ie jour fi coyement, qu'il y a peu de voifinsqui s'en donnent garde. Ils n'vfent point d'enfeigses , de guidons , ou d c- ftendars,ains feulement ils ont vne lance qui a au fom- mct quelques houppes de diuerfcs couleurs,par le ma- yen defqaclles chacun fe fçait retirer prés de fon Capi- taine.Us ont toutesfois des fiffrcs & des tambours poue encourager les foldats. Tandis que l'Empereur des Turcs eft en quelque guerre, les Turcs qui font dans les Villes prient pour les foldats qui (ont au C3mp,tant«n leurs feftins qu'aux alfemblées des Motquées : & prient encore pour ceux qui font morts en quelque combat , les eftimant bien- heureux de n'auoir pas mis fin àleurs jours, parmy les pleurs ScgeroilTemensdeleurs femmes. Ils defcriucnt les vidoites de leurs anceftres,& les chantent fort vo- lontiers, croyans que cefte façon de faire fcrt de beau- coup pour animer les foldats , & pour les rendre plus hardis en toutes entreprifes. Ils- n'vfent d'aucun fceau ou cachet , foit aux paten- tes du Roy, foit aux autres lettres, & ne les marquent d'aucune figure. Ils n'ont aucun vfage de cloches , & ne fouftrenc que les Chreftiens qui demeurent en leurs terres en ayent , ils quittent leurs fouliers lors qu ils veulent entrer aux Mofquces , & les reprennent lors qu ils en forcent. En quelque lieu qu'ils s'affifent , foie en leurs mai- fons, (oit aux Mofquées , ils y ont des tapis velus, ou denattes de jonc,& il y a d'autres endroits qu'ils font plancher de bois, pource qu'ils font trop bas.^ou bien iales & bourbeux.' Ils ne font trop addonncz à la con- templation, ny à l'Eftudes des lettres. Ils ont toutes- fois de belles <:><: grandes Efcoles , où l'on lit les lois pnblicesparlesi^finces , & les enfans y font inftruits, afin de feruir aux Morquées,& d'eftrc capables de gou- uetner la chofe publique. Les Turques ne fe trouuent jamais en lieu ou lei hommes font alfemblez , &c il leur eft encorcs fori eftroidtemcnt dctfendu d'aller au marche , de vendre & d'achcptcr en forte quelconque : & en h grande Morouée elles ont vne place du tout efloignec de ce i( des hommes, tellement clofe,quepcrfonnenepcut le: voir, & ir.oinsy auoir entrée. C'eft chofe raredevoii vn homme luu parle à vne femme en public , que i vous demeuriez vn an parmy eux, à peine le pourriez vous voir vne feule fois. Ceux qui font matiez ne l< jouent jamais tant foit peu auecleursfeçnmes en pre fcnce des autres , 6c les maris tiennent touliours loi réputation piés de leurs femmes , qui leur portcn d'autre part beaucoup d'honneur. Les grands Seigneurs q.u ne peuuent-cftre conti nuellemcnt aucc leurs ^eauncs>!.s b.Uent fous la cha. PC de certains Eunuques , qui les gardent tellemem ■ qu'il eft impoffibie qu'autre que icurs n,.uis les entre tiennent, ^ qu'elles talicnt tort a leur honneur. Des Eftats du Turc en Afrique. 637 2{khefes. I 'Empire du Tnrc comprend des Pays' qui font ll^abondans en toutes choies : car y a il Pays plus iiche de froment, 6c de toute forte de grains, que l'E- gypte, l'Afrique, là Surie, & l'Aiîe, ny rappor:eplas de toutes (orces Jcchofes qus la Hongrie, la Grèce, & la Thrace? En tous ces Pays il y a des 'Villes,donl la ri- clieireour le profiîQu'iis'fenf«;tirent,tout feroir drlia ruRîé ;-car ksTu'rcsft'ieltnes on; de cQ.uituinc de dire, Hnh qu'il 638 Des Eftats du Turc en Afrique. qu'il ne croift plus d'herbe au lieu où le chcaal du Grand Seigneur met le pied. Ces Ti mars entretiennent enuiron cent cinquante milles cheuaux,tous prefts & en poind pour marcher au premier commandement qui leurcncft faidt, fans que le Prince dcbourfe vn feul deni)cr pour cétefFeâ:, & toutcsfois ce nombre de gens de cheual ne peut eftte entretenu pour guère à moins de quatorze mil- lions d'or. Araifon dequoy jem'eftonnc de quelques- vns , qui faifans comparaifon des reuenus du Seigneur aaec ceux des Princes Cbrcftiens , ne font aucune mention d'vne fi grande partie de la richeffc des Ot- tomans. Et de faiâ: , en la guerre que le Turc fit aux Perfans, il y a vingt ou jo.ans.ilconquiftvn fi grand Pays, qu'il fit quatre mi lies Timars. Cet eftablifiement de Timars, & l'eflitc des Azam- gliansjou jeunes gens qu'on elleue Se pi endpour eftre lanniffaires, font les deux fondemens de l'Empire Tur- quefque , & fcmblentcdre inftituez à l'imitation des mains : car les E-opereurs RoA-nains fe feruoyent mcf- mepour la guerre de leurs fujecs.dont l'armée Preto- tienne , qui ne 4'cfloignoit jamais de la pcrfonne de l'Empereur , eftoitcofmpofés 6c Tacite monftre que l'cflite qu'on faifoit Ses jeunes gens pour cet cfFea, occafionna la reuolcedesFlamans. Au mefine Empi e Romain , il y aaoit des Timars donnez par vfufruidb aux gens de guerre durant leur vie, Ôc pour recompen- fc des fcruices qu'ils auoienr rendu?. ? Alexandre Seuere oÊtroya aux héritiers des foldats de pouuoir jouyr de ces prouifions, pourueu qu'ils al- lafTent à la guerre, & non autrement. Conftantin le Grand donna à fes Capitaines qu il, recognoiflbit auoir bien faid, les terres , qui jufques alors auoyent feulement eRc données pour en jouyr durant leur vie : & même en France les Fiefs qui n'c- ftoyent que pour certain temps , font deuenus perpé- tuels fous quelques-vns de nos Roys , quivoulutcnt contenter ceux qui leur pouuoyent donner des affaires. Mais pour paruenir à noftre propos, cefte Caualcrie Tiuqucfquc faid deuxcffcfts importans,donc l'vn ea, qu'elle tient en bride les fujefts du Turc, en telle for- te qu'ils ne fe peunent fi toft remuer, que ces gens de cheual ne foyent fur eux , Se pour cefte canfe Us font diuifezpartoutcn cét Eftac : l'aatre,qu*vne parue de cefte Caualerie eft coufioars en poind pour les entrc- prifes qui fnruicnnent. AiuG elle fert comme de gar- nifon, & de fouftien de l'Edscpour cmpefchcr les fc- ditions , & de nerf principal pour la guerre. Outre cefte Caualcrie , leTurc encrccicnt vn bon no.mbre de gens de cheual payez près de (a pcrfonne, &: ccux-cy font diuifcz eii Spaqucs, Vlufages,& Ca- rapices, qui font Comme les pépinières des principaux Officiers de l'Empire, veu que c'eft de là qu'on tire or- dinairement les BaOas, les Beglicrbeys,& les Sangiacs. Outre ceux-cyj'oncomptccncores les Alcanzes : & de plus, ceux qui viennent fcruir le Turc de Tartaric, Valaquic&Moldauie. L'autre partie des forces eftl'Infantericqm conlifte aux lannifTaircs , aufquels on confideredeuxchoXes, à fçauoir la nation , & la difpoficion au maniment des armes. Quant à la nation, on re reçoit point ordi- nairement au roolc des lannifiaires les hommes d'A- ficmais ceux d'Europe :pourcequcles Turcs tiennent les premiers peuples pour mois , & lafches , comme en effeét ils ont toufiours eu la réputation de guer- riers , & de gens de courage : tellement qu'en Leuant les foldats Afiatiques du Turc portent le nom de Turcs , mais les Européens font nommez Rumy , c'eft à dire Romains. v Quant à la difpofitioWon prend les enfans,aufqacls l'on void de plas grands indices de force , d'agiliic ôc décourage , qui font Icî trois parties tequifés ett Vl! foldat. On enuoye faire cefte recherché vné fols «(i bout de trois ans , fi ce n'eftquela ncceffité eomii 4f la faire plus fouuenti Ces enfans eftant menez à Conftarttinople, foHf #iw fitez par rAga,qui fait perdre le nom ài l'enfatîfj^U cognoilTance de fes pcre de mcre* & mefme de fë p*» trie. Apres cela, l'on en mande partie en Natoli^ êé partie aux autres Prouinces* où apprenant là latig.ueiU Loy , les vices, & façons de faire de ceux auêé léfqUfll ils fréquentent , ils deuicnnerit Mahoméïans j ëé i'§li en diftribuë vne partie par les Serrâils du Grâlid §lU gneur.qui font à Conftantjnople, &à Perej^ les glai beaux de vifage , & plus difpos de lêuf fttCotiM tefJt pour le Serrai! particulier de ce Prince. Or tandis qu'ils portent le nom d'AzarnôgllâfiS ) lll n'ont point de chef certain . & ne s'occupeiiiëfl àti exercices q«i leur foyent dete||^inez : mais les vfiS fQflt employez aaxjardins, les autres aux baftitnenS, 1« aa« très aux fcruices domeftiqucs,& chofcs femblablesi Au bout de certain temps ils font appeliez àvi iifïm des Azamoglians : ( ils fe rlbcfltiiéni amfi jufquês À ei qij'ils viennent i eftre îânniflaires ) fous leUfSchcfli Ceux cy les employent à diucrs exercices fflatîUéls » SC penibles,& auectout cela ils font mal nourris , 5f fflsl veftus : ils dorment en des lieux fort grands j Si feai* blablcs aux dortoirs des Religieux, auecde lâ lumieff» & des gardes , fans la licence defquels Ils ne peuUf HI bourrer de là. Ils apprennent après à tirer de l'artf* &' dé l'arquebuze, & ayans àcquis quelque habitude,^ pra- tique en cela, ils lont faiÂs lanniflTaires, ou Spahes > 8c ceux-là ne tirent moins de cinq , ny plus de haîâ flU pres:& ceux- cy en tirent dix. ^ Apres qu'ils font Ianniiraires,ils vonti Ugu«ffe,eU en garnifon , ou demeurent» la Porte » ou CôUf dtt grand Turc , & ces derniers ont pour leur hâbitflfieft trois lieux qui font grands comme des Monaftefei» Ils viuent là fous leurs chefs. Les jeunes fefueflt 1« plus vieux à faire la defpence , &àcuifiner, & chaffl femblables,auec grand refpedl & grand filcnde.;& «UX d'vne mefme troupe, ou efqwadre , viuent cnfembleà vne table, & dorment en certaines fallcs fort longues; . & fi par hazard quelqu'vn demeuroit vne nuiâ dch/Sïl fans congé , le foir d'après il auroit force Coups de bi- fton, & ia difcipliney eft fi grande qu'après que qu«l« qu'vn aeftébatcu, il va baifer les mains àfon chef. Ils ont plufieurs f5riuileges , font refpedez noflob» ftant leur infolence, & crains de chacun. En leurs voyages ils faccagent les maifonsdcsChre» ftiens , fans qu'on s'en puilfe reuanchtft feuleflient de parole : en achetant ils font le prix des chofes à leuf plaifir , ils ne peuuent eftre jugez que par l' Agâ, & ne font punis de mort fans vn grand danger d'efmcute » à raifon de quoy on les faiâ: mourir peu fouuent paf juftice,& mefmcs ils font exécutez fort fecrettement. Ils ont mille prefens des vns & des autres , vea qu'on en donne quelques-vns aux AmbafTadcutS poaf leur feruir de garde, & d'autres aux voyageurs de qua« lité, & femblables perfonnesqui veulent marchef en adeurancc par l'EftatduTurc. L'Eledion du Prince eft entre leurs mains , poutce qu on ne peut dire qu'elif ioufaiélre, s'ils ne l'approuuent, & tous les Èmpeteufl nouùcUementreceus leur donnent quelque chofe» ÔC leur augmentent leur paye. Lors qu'il arriue quelque grolTe guerre, vne partie des lanmlfaircs y va fous la côduitedel'AgajOudefoO Lientenant.Le nombre des lannilfaires eft de quatorze mille hommes.Ces gens de guerre le font abaftardisde noltrc temps,prcmicieiTietpoiirceque^L-sTuics mcl- mc d'Afic, font faits Iani(raires,aii heu qu'auparauant onnereceuoiten ce nombre cjuc des Cniefticus d Eu- rope : d'auantage , pource qu'ils le marient contre l andcnue DesEftats du Turc en Afrique. 6io !r"r!?!ll"AT!l?„[^^^^ & «ne de CoU^s font souu.rne. n.. !.. .1^ qu'ils ont faite à Conftancinoplc, qui eft'vne dos plus dclicieufcs Villes du monde , les a ramollis & rendus infupportables. On tient communément que le nerf desfoscesduTurcconfifteen fesIanifTaires, outre lef- quds Jl y a des Afapes , qui font gens de pied de peu fcruentplosauccle pic,& la p3le,qnV vec 1 efpee : & font plus propres pour IdFcr les enne. mjs a«c le nombre , que pour les vaincre auec lava, leur. Ce lont ces derniers qui ontdecouftumederem plir lesfolTez de corps morts,& de faire cfchelle aux la- niflaires pour monter fur la muraille de leurs ennemis. Quant aux forces maritimes , premièrement il n'y a Prince qui aye plus grande commodité de fiire des artncs de mer que le Turc : car les forefts d'Albanie, &de Caramanic. miis fur toutc<^lles de Nicomedie,' & de Trebifondc , font fi grandes , fi efpai/Tes , Se plei nés d'arbres propres pour faire des vaiffeaux de toutes fortes qu'il femble, par manière de dire, quelcs c^ale- res tombent toutes faides de ce bois dans le golphc de Nicomedie,&: dans la mer Noire. Il n'a pas auffi faute de gens entendus pour mettre « bois en œuurc , pource que l'auarice meine mefme en iesArienauxdcs charpentiers Chreftiens,tcllement que 1 auriee d'après la perte qu'il fie à Lepante.il mit lur la mer vne armée qui eut le courage détenir ferme dcuantlaChreftiennc. il a pareillement vneafliz grand nombre de gens expérimentez en mer , à caufe des galères qu'il tient en garde à Metcrin,àRhodes,en Cypre^en Alexandrie, & pour la retraide qu'il donne auxCorfaires à Tunes, à Bone, à Bugie , & en Alger , d'où il tire au befoino-' des chefs, & eft le nerf de fes mariniers. ^ Oria vcu ce qu'il pouuoit faire tant aux armées qu'il a eues à Malte, au Curfolaires, qu'àLepanthe , &à la Goulette. Dauantage , il a force munition de guerre , & vn grand nombre de Canons. Il en tira de Hongrie cinq milles pièces, en gagna plus de foo. en Cypre, & pref que autant à la Goulette. Les Turcs ont des pièces d artilleries fi grandes & grofii;s. que le fcul vent, fins parler du coupsefbranflc les murailles. Ils ont fort grande prouifion de poudre & de bal- les.comme ils monftrerent à Malteoù ih tirèrent plus deôo. milles balles de fer , à Famagoufteoùl'on en conta iS.milles, & à la Goulette où en 39. jours ils eù planèrent , 8c abbaiirentà coups de Câuûn toutes les fortifications que les noftres auoient faiftcsisn quaran- teans. Oraux lieuxoij ils nefbnt jouer l'artillerie , ils empîoyenc le noyau, 6c où ceftuy cy n'a lieu, ils rem- plilTem les foflez de terre , & fi cecy ne fuffit , ils les coixibléht des corps de leurs foldats. , Les Turcs ont trois chofcs qui efpouuantent , c'efl: I fçauoir vn nombre infiny d''hortimcs i vn# <>randc difciplinc , & force munition. La multitude caufe na- turellement la confufion à raifon dequoy bien fou- ucnt les grandes armées ont efté vaincues par les pe- tites : mais la multitude des armées Turquefques c»ar- de vn fi bon ordre, que mefme paf ce moyen elle vainc le plus petit nombre des ennemis qu'on peut ordon- ner plusaifément. De ibrte qu'ils (urmontentlesau- très en artsilcntreprendroit vne guerre contre luy : 5c de fai6t en auoit quelque deffem. Les Princes d'Auftriche confinent auecles Turcs plus qUetous les autres du cofté du Nord : Cequi eft catue qu'ils defpcnfent beaucdup en garnifons ds L»urs tor. tere(rcs,où ils entretiennent plus de vingt n^i les hom- mes.partie à chcual,& partie à pied, & auec le fecouru d'AllemaPne joindt à leurs forces parncal.eres , ils ont efté plus attentifs à deffendrc & à garder, qu a conque- ftcr le leur , ou eftsndre leur Seigneurie , & Ferdinand tenta l'cntreprifc de Cude, S: de Poflegae.auec plus de valeur que de fortune. , 1 r -li (T. Il 'eft vray que cela ne procedoïc pas de h foiD^k dcshommes.mais dudeffaut de l'agilité, & de l adrefle. I. veux dire que Icsarmces de cePnnceeftoientat- fez -randes & fournies de toutes chofcs ncceilaires, mitclleseftoientcompofcesd'Allen)ans,&deBohe- mois, Oui-font lents tardifs & peu propres a débattre quciquc^hofe contre le. Tares qui lont agiles , & adroits" aux fadionsmilicair*^. Les Vénitiens confinent encores auec le Turc par mer & par terre l'efpace de pluGeurs centaines de mil- les , & te maintiennenc contre luy , en fortifiant au poffible leurs places,en fe pouruoyant de bled à temps par le moyen du négoce. & en fe portant vai lamment aux occafions qui le lont offertes , tant pour le bien de lcarsEftats,quedelaChreftiente. Quant au Roy d'£fp3gne qui le confine pate.lle- menT, il n'y a pas grande ditterence entre les force . ôc celles des Ottomans car quant à l'argent on peut al- fez voir au diuour» de ce Monarque qu il ne ccde rien au Turcquoy que l'on y ad,oulte la valeur des T.mars, en mettant toutesfois d'autre part en com te ceux qui font obligez de le feruir à leurs delpens en les Koyau- "^Dauantage U Caualerie que le Turc entretienrpar le moyen des Timars , n'at ^as U ledoutable pour la valeur , que pour le nombre, P°"^« 'l^^^^'J^Î ^^^^^^^^ ont ramolis,& rendus lafches P^^^^l^ £.^«^^""f^ v.U3ges,6c desUetu qui letji: ont efte affi,nez ^^^^^^^^^^ r,r de s'enri chir des fruits de leurs tcrres,^^. ci e-P^^.-,"" : u l^echofe . leur f-pluftoft defircrlaf^^^^^^^^^^^^ aucrrc • tellement qu'ils quittent peu volontiers leur» S.;,..ontlen^H^-^^^ Tain^nd vn foldat moins defueux de la guerre oa r combat . que fera vne pofteffion de bcauco de biens accompagnée de femme & d'enfans , que loU ^'ÎJ -S jSi eft certain que cefteCaualer^^^^^ nue par le moyen des Timars , a pluftoft cfte nftituce pour^tenir en bride les peuples fub.uguez , que po". aller à la guerre contre fes ennemis : car les fub,«s da Turc luy obeylTent par force,& 1« "/^"^;Xmi^^c; tant à caufe de la Religion,que de la ^on de dommcu Les Arabes, &les Mores luyveulent n^»l » <^^"^^^^^^^ diuerfité de leurs feaes,& les Chreft.ens qui font plu» des deux tiers de fonEmpire.le deteftent . tan a a^^^^^ de fa Religian,quede la manière de ^^^^^ ^ '^^^^ forte, que la plus grande partie de ccfte Caualcnc de '°ul;^ploy'éeen^esm^lfons,ne^epouuam^^^^^ fans danger de l'Eftat. Dauamage. elle eft diudee paC ;„ fi grand efpace de Pays , & tellement cfparfe deÇ^ de là ,\aJ n'en peut .lier guère grand n.mbrc vn entreprife,fiy s'entretenir long-temps aux ^'^""'^•| tomber en neceffité, fi elle n'a autre ayde que celle de» ^T'experience des chofes palTées nous a ^^ff^' leurs forces font pareiUes.pource qu on -PP^;'^ » ^^^^^^^ tedel'arméeTurquefquc deuant Malte , à la perte de armée du Roy d'Efpigne en rifte d' Alzerbe, à la ^er- te du Pignon de Vêlez à la perte de la f^^^'''''^'' deux Princes ont efté également c;r^?c(ch.zj i vn eji Perfe , l'autre aux Pays bas,qui a efte caufe q";'^ peu fc faire .la guerre l'vn à 1 autre auec grandes forces.Les fufdices guerres ont efté d'excreme defpenfe rdeax Princes, à caufe que les Pays fe ronurouu^^^^ e^oionez. mais elles ont plus courteauRoy d Efpagne a 'au Tu cr , pource qneencor que la Perle oit efioi. 2 I de Conftantino?le , d'où la plufpart des forces 'i^artou , toutesfois el le confine auec la Diarbequen, & quelques autres de les Eftats , à raifon aequoy 1 armée - cftoK aifément poui ueué d'argent & de viurcs , au 1 eu nue les Pays bas font diu.lez d'vn grand ^^^^P^" 'J" ^«^^ ues Eftats de ce Roy.On peut adpufter -,cecy d autres confiderations , que le defir de brietuete mefaiapaC fer fousfilcnce. Goumrnement. LE Gouuernement des Ottomans eft abfolu,pour. ce que le grand Turc eft tellement maiftre de tout ce qui (\ troutiedans fes Eftats , que les habitans fe nomment fes Efclaues . & il n'y a aucun qui le pnil e dire maiftre. je ne ditay pas de la mai fon ou il fe tient, n'y des terres qu'il cukiue , mais encor defcy metme, excepcé quelques /amilles qu. furent pnuileg'.ccs paC Mahomet 1 1 à Confentinople : & . l n y a li grand perfonnage en Turquie qu. le puilTe alTeurer , je ne di- ray pas de l'cftat auquel il le trouuc , mais nçiefme de la vie.fi ce n'eft par grâce du grand Se.gneur.U maiot.em cefte Seigneurie abloluë par deux moyens l vn elt qu 11 olteentiereir^étlesar^csa fes fub,ets:rautre qu il mec toute chofe entre les mains de crax qui ont renie la Relicrion Chrefticnne, & qui ont eltc emmenez par voyel de d.lmes de (es tltats en leur enfunce. l ar ces deux voyes il joUic de d:ux biens , I vn dt qu il p"u< les Prouinces de ia ficuc,A du nerf de leuis hommes . pourc< Des Eftats du Turc en Afrique, 641 pourcc qu'on choifit les jeunes cnfans plus robuftes, \ l'Arabie Heuren fe , Chebciz de Cypre, Sheherczuleà &plus propres aux armes : q jc par ceux-là mefnies il s'armej& s'alfeurc iuy-mefine. Le premier liège des Empereurs Turcs a eftc àBurfe, ou Prcufe Ville Je Bitbynie , Se fut npres tranfporté àAncfrinoplc,& dont le premier cftoit de Rumelie , c'eft à dire Roœanie, ou d'Europe Se l'autre de Natolie. Mais Se- lim I. y en ad|oufta vn tïoificme qui juge en Egypte, Syric,Arabie,& ^rminic.Ces Cadilc(quers ontautho tréfurlfsauf^cs Cadis, qui font les luges particuliers des Prouince";. Apres ies Cadilefquers font les Vifirs Br-Has , qui font Confeillcrs du grand Seigneur, & le nombre de ceux-cy eft incertain . H n'y en auoit jadis que trois ou quatre, mais ils font à prefent au nom bre de neufentre Icfquels eft le grand Vizir j que les Turcs nomment Vezirazem , qui gou - uerne tout feul l'Empire ?uec vne grande puilfance,& l'Empereur prend ordinairement confcil de luy aux affaires d'importance. Ceux qui ont beaucoup de puiffance après ceux-cy font les trois Beglieibeis , qui font comme Généraux d'arnr:écs. Le premier eft Beglieibey de Romeliequi a autho- riié fût toute la Romanie ou Grèce. ;r Le i. eftBeglierbey de Natolie ou de toute l'Afîe. Et le j. s'appelle Deonzt Beglierbey,c'eft à dire Ge- ncialdelamer ; & ceax cy ont mefmè rang& feance que les Vifirs Baffàs au Diuan,ou en l'Auditoire public où plufieurs autres officie s s';.ffient. LcsProuinces fubjedes à l'Empire du Turc font diuifée? en plufieurs Sangiacas , qui eftoicnt jadis au nombre de 710. mais depuis la guerre des Perfes ils furent beaucoup augmentez de nombre. Ceux-cy font Gouuerneurs des Prouinces,& ontau icfius d'eux des Bcglietbeys ou Bafl'as dont il y en a fix fn Europe , c'eft à fçauoir le Bafla de Romelie, ou de Grèce i le Demzt ou Capitaine de la mer, le Bafta de Bude.ceuxde Themefuart.de Bone,&deCafFe. Il y en 1 quatre en Afrique , à fçauoir d'Alger, de Tunes, de rhpoly, & de MiiEr,qui eft eftably fur le Caire,&:fur îoute l'Egypte. Il y en a en Afie vingt-neuf , à fçauoir de Natolie, I^aramenfe,Siuas,Tocat, Dulgarid^Alep, Scham Tri- 3oly dèSurie, Maras.Diaberquen, Bagadec , ou Baby- onci Balferc,Caramanie,oiiLaxeiGemenûii Adcnde Affirie , \V^an aux frontières de Perfe, Arzerum en h haute Arménie , Teftis aux frontières du Gur^iftan , Faiïecn Mingrelie , Sochun aux confins du Gurgiftau Batin , lamiefmeRcuan&: Somaquie, comme on pcii voir en Leonclauius. Il yaquatre Arfenaux ia Turc L'vn eft àPcreqvu a 13J. loges dédiées à autant de galères. Lcfecondeftà Gal!ipoly,de zo. loges, & le Capitai- ne ou General de la mer a la charge de ces-deux cy,auec quelqucs-vns de fes»^Sangiacs. Le troificmccftàSuczprcs de la mèrRouge. oùiî y a 15. loges. Le dernier eft à laBalzerc fur le Golphe Perfiquri qui contient 15. galeres,& ces deux font fous la char- ge de Beglierbis de la Baizere & du Caire. Les Turcs ont cefte couftume après qu'ils fe font emparez de quelques Prouinces d'en exterminer coûté la nobk-fle, principalement ceux qui font du fang Ro- yal : & quant aux familles riches & puifTantes, ils les tranfportent en d'autres lieux accouftumez à leur doi miriation. Toutcsfois ils permettent à chacun de fuitffè la Rè-,; ligion qas bon luy femble, & ne contraignent aucuii de la renier; mais ils ne permettent â leurs fubjedbs de cdmbattre,& d'aller à lu guerre fous vn autre Prince. V£ LA RELIGION DES TFRÇS des fabuleufes impoftures du faux Prophète Mahomet, E NOSTRE temps laiflànt les Idoîatres,il y a trois Religions principales au monde,' celle des Hébreux , des Chreftiens Se des Mahomctans, lefquellespar tant de fiedel combattent enfcroble,de leur excellence & principati- té , chacune ayans diuers fecStateurs, qui ont embraflc ces opinions , & qui ont recherché les plas piraignanteé raifons pour emporter le delfus & les faire juger meil- leures. Les luifs allèguent contre nous que laLoy de Jefu^ Chrift eft tirée de la leur, qu'il n'y a jamais eu deReli; gion au monde qui ait adore vn feul Dieu , aucc vné plus parfaicSbefincerité qu'eux, qu'il ncfevid jamai's dff plus grands & admirables miracles qucceuxqui fonç defcrits en la Loy Mofaïque , qu'il ny a nation plus noble que celle des Hébreux qpi s'cft confcruée juf- ques icydés le commencement des fiecles parle mo- yen de tant de Roys.de Patriarches Se de Prophètes dç Dieu & que bien qu'ils ïoient difpetfez Se quafi errans par le monde que leur Royaume foit deftruiéi, qu'il^ aycnt changé leur Empiîe en vne honteufe feruitude, que cecy toutcsfois leur eft arriué, non pas pour auoir inhumainement eftendu les membres pretieux dii Sauueur en la Croix Se luy auoir faidl; fouffrir la mort, mais bien pour auoir leurs anciens mis les mains & aduancez lè trépas aux Sainits Prophètes Se meftagers cnuoyez de Dicu^qu'ils ne voulurent jamais efcouter, Semblablement les Mahometans rcleuent ainfi la gloire de leur Religion , que les Chreftiens n'âdorenç point Dieu firoplement comme ils font , communi- quant vne partie de la Diuinité à ion fils , & que s'il f auoit plufieurs Dieux ils feroicnt contraires les vns aux autres : car c'eft la maxime des Royaurres qu'ils ne peuuentcftre régis &gouuernez de plufieurs fanscori- currénce &quec'«ft vnechofe impie & abaroinafclc, de vouloir attribuer vne partie de la diuinité & de ren- dre plufieurs autres égaux & compagnons àDi^ tres- grand i tout puiflant & qui n'a befoin de fils." i 64 Des Elbts du Turc en Afrique. Que les Chreftiens attribuent à lefus-Chrift ce que luy mefme ne s'cft jamais imaginé : qu ilsfont mal d'à- dorer les Images, les côuainquansparcecy demanl^e- fte Idolâtrie : adjouftans à ces raifons les grandes vi aoircs qu'ils ont remportées fur lesRoyaumes Chre- ftiens.des dcfpoliillcs defqucls ils font à prefent fi puil- j&ns, que nulle autre grandeur ne peut entrer en com- paraifon auec eux, qui eft, difent-ils, vn argument m- faillible que Dieu fauorife ceux qui ont meilleure opi- nion de luy. Ils n'oublient pas les jeufnes , les oraifons Se leurs adorations (impies , qu'ils s'ab/lienncnt de meurtres, des jeux, desadultercs& de blafphemerltf Sain^lnom deDieu : que les miracles que nous alléguons pour lâ mémoire des Saindsleur font bien plus prefens & fa- miliers qu'à nous: car beaucoup d'eux demeurent plu- ficurs jours fans goufter aucunes viandes , les vns fe bruflent , les autres fe taillent & incifentauec des cou- fteaux, fans aucun relTentiment de douleur, & fe van- tentque beaucoup d'entreux font naiz de mercs Vier- ges , qui ont conçcu & engendre fans s'eftre méfiées auec les hommes. Outrequ'ils honoroientencorla mémoire de leurs Sainds.defquclsils rcçoiuent de grandes aydes & con- folations , principalement d'vn nommé Sedicliafim, qu'ils inuoquent pour auoir la vidoire : d'vn Aflîchus pour obtenir la paix & r'allier les cœurs enflez de colè- re & de defpit, de l'homme& de fa fémc fans les Loix de la concorde : d'vn Mirthinus, pour chaffer la mala- die delcurbcftail,d'vnChirgerel,p0ur fauorifer leurs voyages & difent que ce Saindb s'apparoift à ceux qui font le voyage de la Mecque , monté fur vn cheual bUnc qui leur monftre le chemin. Ils allèguent encores pour miracle les fouliers de celuy lequel injuftement condamné à la mort fottit des viues flammes , où par jugement il auoit efté jette comme les trois enfans rapportez dans les faindbes pa- ges par Daniel: comme encore le miracle de Mirath- begio &plufieurs autres. Mais nous autres Chreftiens nous portons au con- traire ce témoignage de l'ancien Tcftament , dans le- quel par la bouche desProphetes& leur doâe plume, conduidcdu Sainét Efprit , eft fi bien defpemt le trcs- haut miftere de l'incarnation de Dieu vray homme, de fa vicfes mœurs & de fa morcqu ils chanteréc beau- coup de ficelés auparauant quiis aduinlfent & qu'Hs defcriuirent long temps auant qu'ils fulTent arnuez, dans les efcritures, efquelles il.n'eft hide aucune men- tien de Mahomet. De plus qui pcutimpugner l'authorité des miracles de lefus-Chrift faits en fi grand nombre & fi admira- bles,comme d'auoird'vne feule parole guery les mala- des,fait cheminer droit les boiteux, illuminé les aueu- gles , & refufcité les mores , fcra-ce , la vanné des pro- diges de Mahomct?car faire tomber des pierres par des oyfeaux noirs , & les cacher dans lescauerncs. comme chante Mahomet dans fon Alcoran , d'eftre porte de la Mecque en Hierufalem , en vne feule nuift , Ôc d'auoir diuifélanué.oudeb'eftrecfleuédanslcsairs , toutes ces chofes ne font pas argamens infaillibles d'vnc di- uinitè,& pour mieux dire, ce ne font pas miracles. Car qui confiderera les pierres jcttées par Cédas oy - feau , concède que cela fuft vray , bien que cela fuft vn prodige, ce ne feroit pas toutesfois vn miracle : & faire appatoiftrela Lune diuifée Se feparée,n'eft ny miracle, ny prodige , bien eft vray que d'eftre porté de la Mec- que en Hie- uralem,ou bié ad Ciel,ce feroit vn miracle: mais ce fait cy n'a point de témoing , c'eft vn pur men- fonge rapporté feulement dans d'Alcotan par cet im- pofteur Mahomet. Outre que la Siinaeté de la vie du Sauueur&de fes DÎuins prcceptesj qui ayant tant de fyropathic auec fa Philofophie naturelle & morale, donnent vn fflanU fefte témoignagcqu'il eft l'Autheur ôc le Créateur des hommes & de la Nature , fe voyant encore , que plus on s'efloignc de luy , plus on s'efloignp de la verta & s'approche-on des brutes. Au contraire la vaine doéirinc de Mahometi ^elnc d'erreurs manifeftes & de folies , qui ne commande rien de plus doux que le carnage & le meurtre.monftre clairement que l'Efprit de Dieu n'en eft l'Authcutitnair bien l'abominable Sathan. , . , , / l'ay bien voulu parler vn mot de l'opinion de cet impofteur , touchant les chofes furceleftes , afin qu'etx toutes façons on voye que non feulemét il n'eftoit pas vn des plus pernicieux démons d'Enfer , mais aulu vil homme du tout ignorant , priué de toutes lettres t & nefcachantrien,finonfeduire&fcmocquer : & afio qu'on voye qu'il n'y a*omît.e de fi peu de^ns qm ne fe gaulTe&ne fe rie de fon ignorance gtoffiere , la- quelle pourtant il n'euft pas grand peine d'impnmec dans l'ame de ces peuples infidelles & fansLoy.parmy lefquels ne fe trouuoient aucuns Philofophesny Lo- giciens , ny qui obferuaflent le cours desEftoilIes& prift peine de rechercher la vérité des chofes, dequoy ùiO: foy fon mefme Alcoran. AuflTilit on qu'en ce temps là aux deux Arabie» , en la grande & l'heureufe,en Pcrfe,en l'Arménie ily auoit douze fortes de Religions,ou pluftoft Idolâtries. Cac les vns adoroient vn arbre.auquel ils facrifioicnt Se de- dioyent vne fefte folemnelle, ils le nommoientDetu- langarar, & le Seigneur de ceftcProuincedutcmps de Mahomet.s'appelloit Azamachinali. Lesautresen Ar- ménie adoroient vne ftatué de metail, beaucoup noire & longue de trois brofl'es : Cet Idole s'apelloit Boh- mun Se le Capitaine de cette nation Alganazard. Les autres comme les Perfes adoroient le Soleil,& comme Adam, & enleur forme comme Chrift. Qu'il ne croiftroit plus jamais, &n'endnreroit au- cun déplaifir ny injure des temps , qu'à l'entrée du Pa- radis il y aie foye dVn poiflTon nommé Albychutd'vn gouft tres-delicieux , pteparc pour manger après les fruidès des arbtes qui font dans le Paradis , & après ils ont à fouhait ce que plus ils défirent , & ce que là ils mangent indifféremment de toutes fortes dcviandesi mefmes du porc. Quant aux plaifirs du monde , cét impoftcur dit que jamais dans IcsCieuxne manquent quelques plai- firs que cefoient, &qu'on joliytà cœur faoul d'iceux, où & en quelque lieu l'on la plus agréable , & que ce- luy qui aura en viuant icy bas d«s femmes fidelles.il aura viuant dans les Cicux fans compce & fans mefure desi, concubines , fcruantes & filles de joye , belles en toute extrémité. Et en vn autre il dit qu'au Paradis les habitans au- ront des femmes tres-agreables , les eaux defquelles feront de ceux de Cupidon qui décocheront des flè- ches artfantes aux cœurs des hommes, qui feront char- mans Se attrayans. El en vn autre lieu il dit que ces gens heureux fe pourmeneront en de beaux jardins, arrofez de belles fontaines,accompagnez de belles filles aux yeux clairs, fou rciIsnoirs,& au refte très- blanches , & que félon leur appétit ils mangeront des fruids de ces beaux vergers qu'ils dcfireront le plus , & fans auoir plus au- cune apprchcnfion delà more. . Il controuueencor vne autre fable de âeux Ancres, l'vn d'eux appelle Harot, & l'autre Marhot, qui fur^ent ehuoyez de Dieu en terre pour gouuerner ie môde & Mifcigneraux mortels le fecrcc de la gencraaonvdefen- Voila le fommaire narré des impoftures que Mahô met a imprimées dans l'eiprit des Turcs , & comme cet impofteur s'eft feruy des liures de Moyfe qu'il a re du.ts en fables , auflî fa Religion tient du Paganifmè & du ludaifincj du Pag.nifme,en ce qu'il mec vn D-cii cntroisperfonnes diftindtes, du Iudaïfme,en ce qu'il n a voulu adjoufter à la Loy de Îes vs-Chr, st, nort pliis que les Iuif5,reténant d'eux fes lauemens profanes; la Circoncifion & l'abftinence du vin 8c de la cHair dé porc. Or pour parler de lafouchede Mahomet , fui: uant 1 hiftoire dés Ottomans , Mahomet eft filsd'Ab- dalaldolatre delà race d'Ifmael, &d'Hennine, luifuej tous deux dalîez^allccondition.nâquitranft;! Amfi qù',1 fut défia grand , les Arabes Scenites ac, couftumcz a faire des courfes& à piller , le prirent & vendirent à vn marchand dcPerfe, qui le cognoiflanc propre au négoce l'afféaionna , & en fit tantd'eftati qu après la mort de fon maiftrc il efpoufa fa veufue; Eftant ainfi riche il efleua fon efprit plus haut , & mu^r""' "'"^^ ' '^'^^ P^"*^ • Les, Arabes eltoiènt (ors mal fatisfàits de l'Efflpe^ reur Heracjius Les herefies d'ArriusacdeNeftoriuS auoient mifcrablemcnt déchiré l'Eglife , les luifsfai- loyent vn grand nombre. Les Sarrazins eftdient puifl-anS.^Sf' l'Empiré Romaiii eftoit plein d Efclaucs. Mahomet voyant cette occafion hnma vne Loy od tous eurent quelque part. Il fut aydé en cecy de deux luifs Apoftats , & deux hérétique^ dont l vn lean delà fcdtedc Neftorius , & l'autre Set- glus de celle d'Arrius. A raifon 4eqùoy le principal but de cëtte LoV fut' de renuerferladiuinitédelEsys CHRisx.combattuë malheureufement patlesldifs , & parlés Arriens. Il perfuada en premier lieu faifant entendre à fa femmes & par fon moyen à fes voifins, que l'Ange Gabriel par- loit à luy , tellement qu'il attribuoit le mal câdùc donc Il eftoitatteint.àla fpicndcur de cét Ange qui l'abba- toit a terre: puis il l'eftendit en permettant tout ce qui agrée aux fens & à la chair , & en offrant liberté ^ux Efclauesqm fcceuroieht fa Loy.. De forte qu'eftanc pourfuiuy par les Maiftres des Efclaues qui s^ftoient joind à luy , & lefquels il auoir reuoltez , ii s'enfuy^ài Medine ^aualc7,& y demeura quelque temps. C eft de cette fuite que les Mahometans prennent le commencement de leur Here, ou dénombrement de I^^rs annçes Mais il n'y a rien qui aydaft d'auanta- ge à .eftendre laTe^e de Mahomet que la multitude des viftoiies de Mahomet qui dcfîîclesPcrfeans. fe rendit inaiftre de l'Arabie, & chafla les Romains de j '?c . cftendirent après leur Empire depuis l Euphates jufques à la mer Atlantique, occiipc- rent les Efpagnes ^ la Sicile & plufieurs autres Prouin- ces , & voulut vfurperenticremeBt l'Empire pour luy, & pour fon fils Chriftophle. Mais il fut pris en vne guerre qu'il eut contre Simeon Duc des Bulgaires par les fils Eltienne & Conftantin , qui le dépouillèrent de l'Empire, Se le mirent en vn Monafterc: mais en vou- lant faire de mefme à Conftantin ils furent pris & :cC- ferrcz eux mefmeî. Ainfi Conftantin demeura paifible: Se feul Empereur. Romain le jeune , fils de Conftantin feptiéme , fut Empereur l'an 5)59. fous la conduite de Nicephore Phocas. , Il chalfa (à mere, & fes fœurs , qui gaigneccnt leur vie après au jeu d'amour , & quant à luy , eftantad. donne au jeu & à la gourmandife , il mourut empoi- fcfiné. Nicephore Phocas fut Empereur l'an sXJ^. Il rccouura la Cilicc , Se la plus grande partie de la Natolie des mains des Sarrazins j ôc incontinent après prit de nui(5t Antioche. Mais à caufe quepour faire toutes ces guerres il metcoit force impofitions fur fon pcuple>& qu'il fie battre la Monnoye de mauuais alloy, en fit diminuer le poids , il fut hay fies fiens , & tué de nuiâ; dormant dans fa chambre paj: Ican Zimifces, & Thcofanie femme de Nicephoredonna mefme entrée au meurtrier,& à ceux qui eftoient auec luy. Ican Zimifces fut Empereur l'an 569.Il fut vaillant, & recouura toute la Bulgarie que les Roxôlains te- nojent. Se après il futempoifonné. Il fie compagnon de fon Empire Bafile Se Conftan. tinircreSjcnfansdeRomain , predeceftèurs de Nice- phore. Bafile II. & Conftantin VL furcntEmpèrcurs l'an 976. Souscux toute la Bulgarie fucalTujcttie a l'Empe reuc de Conftantinoples'eftanttoufioursauparauant teuoltcc. Conftantin fut compagnon del'Empireauec fon frère Bciu e : après là mort fut Empereur prés de trois ans, t2c niôuruc plongé dans les dclicss. Romain Argytc , ou Aigyropile , gendre dcConllantin kui- dicmc luy fucceda l'an delàlut mille vingt neuf. Il fut par la trahifohde fa femme Zoé , &defori paillard,noyé en fc baignant aux eftuues. Michel Paphlagorl paillard de Zoé, & quiauoit fuf. foqucau bain fôn rnary Arqyropile , fut par elle faid Empereur de Conftantinople-J'an 1054. Il tomboicdu mal caduc écuhiant de la bouche. Il eftoit vn peu beau, J^f pour cefutaymédeZoé,maisil n'auoit guère d'en-- rendement, & en fin ilmourut.hydropique. Michel Caiaphar fils adoptif de Zoé, luy ayant juré qu'il pe tiendroic l'Empire que d'elle, fut faidl Empe- reur l'an 1041. Peu après il machina contra Zoé , di- fant , quelle le vouloit empoifonncr. Ainfi l'enferma dans vnMonaftere, & la fie tondre. Mais le peuple s'e- ftant mutiné contre luy.fic Théodore fœur de Zoé.Im- peratrice,& retira Zoé du Monafteire.pourfuiuit Cala- ph3r,& luy creua les yeux Se à fon frerc. Zoé retiice du Monaftere fut remifeau gouuerne- ment de l'Empire auec fa Cœur Théodore. Ce fut eii la mefme année que Michel Caiaphar régna quatre mois, Zoé âgée de fdixance ans » mais encor toute amoureulêr'appclla d'exil Conftantin Manomach, & le prenant pour mary , le fit Empereur , lors que ces deux femmes auoicnç à peine tenu l'Empire trois mois. Conftantin IX.fut nommé Monomache,ou Mond- maqucqui eftoit de race Iraperiale,futfaid Empereur par la femmeZoé l'an 1041. Il fut krche &addonné à les plaifirs , Se tint vne belle paiUardeau lieu de fa fcm- m.e : toutesfois il vint à bout de deux grandes guerres ciuiles,& de quelques autres. Zoc mourut âgée de 70; ans, Se luy cftsnt tout goureux,ôc furprisd'vne plcure- fie, mourut quelques années après. Théodore fœur de Zoé.qui auoit tenu l'Empire en- uiron trois mois auec fa fœur, le gouuerna toute feule après la mort de Monomaquc, l'an loj-;. enuiron deux am. Elieconduifit fi bien les affaires, que tout fut en< repos durant fon gouuernement. Mais d'autant que les maladies la preifoient £?u.ec l'âge par les remon- ftrances de les feruitcurs,eUe fit participant de l'Empi, revn homme défia vieil nommé Michel, & ne vécut guère après. Michel l'ancien fut Empereur de Conftantinople, auec Se après Théodore: il eut à peine règne vn an, qu'ifaac Commene le cémic de l'Empire : de forte que VUiant en homme priué , il mourut au/fî-toft après, Ilaac Commene fut Empereur Tan loyS. Il priua de l'Empire Michel l'ancien , & fut vaillant & de grandcourage, maisarrogant. Il eftoit de noble lieu» Si diligent en fes affaires. Mais vn mal de cofté le prit comme il eftoit à la chalTe ; fi bien que n'efperant plus de fântc il fefitMoyne : & prononça Empereur Conftantin Dacas , du confentement du Sénat Se dU peuple. j Conftantin Ducas X. de ce nom, paruint à l'Empiré l'anioiSo. 11 fut deuot,(5<: grand jufticier, maisauare,&: pourcc hay des fienîy&: méprifé desennemis.il mourut âge de do. an s, lai {fan t fa femme Eudoxie & trois de fes? fils héritiers de l'Empire. Eudoxie & fes fils tindrenc l'Empirt après Conftart- tin Ducas. Cette femme pouuoit bien gouuerner l'es affauesjî la guerre nefuftvenué'dé de.hors.Mais pour- ce que les cftrangérs fe ruoicnc de tous coftoz fur l'Empiré , l'opinion de ceux qui tenoiehc qu'il falloit qu'vnhdmi me capable en printia charge, l'emporta. Si bien qu'hudoxie contre la pfomeflc fuiéte à Ion mary mourant : aprcs auos: reg'.ic 7. mois Se quelques jours, le remaiia a Romain Diogené , dont elle fe repentit bien-toft, eftant fa chee de i'arrogaûçe de cet homme t]ui vouloit tout gouuerner. Romain Diogcnc tint l'Empire de CoçftantinopW l'an I 64.6 Les Empereurs de Conftantinople. Van i6o8. Il fut pris en guerre pat les gens du Turc Sultan Azan qui luy fit honneur , & le renaoya aucc prefens,3presauoir traidé de paix aucc luy. Mais tout fut renuerfé tandis à Conftantinopl e Eudoxie fat chaU fée, Diogene demis, & Michel de Conftantin fut faidt Empercur,& fit arracher les yeux à Diogencpuis l'en uoya en exiUauquel eftat il mourut , & fut enterre par fa femme Eudoxie. Michel furnommé Parapmace , à caufe de la grande famine qui fat de fon temps , hom- me mal propre à telle charge, fut Empereur l'an 1071. Comme il s'amufoit àcompof:r des vers fous fon mai- ftre Pfellus, les Turcs alfaillirent l'Empir: de tous co- ftcz,principalement du coflc de l'Afie. Lors on fat d'ad- uis d'eflire vn autre Empereur , & Michel fut mis en vn Monaftere auec fa femme ôc ion fils. Niccphore Botoniat de la lignée de Phocas fut mi^ au lieu de Michel Parapinace l'an 107S. H fut dejette par les Commenes , & referré en vn Monaaerc , ou il véquit peu de temps. Alcxius Commene fils de l'Empereur Kaac tint l'Empire l'an 1081. Il s'etforça de rompre l'Empire des François pour le recouuremeat de la terre Sainae, maisV. fil) il fut contraina de promettre qu'il four- nirou des viures,& autres chofes aux François.Il mou- rut d'vne longue maladie âgé Ai 70 ans. Calojan fils d' Alcxius tint l'Empire l'an ni8.Il mou- rut d'vn coup de dard que luy-mefme auoit empoi fonné, s'en frappant en la maui , en le voulant lancer contre vn langlier. Manuel , frère , ou comme qaelqu:s-vns ditent, fils de Calojan , tint l'Empire l'aa 1141- Ce fut vn Prince fort perfide , & plein de melchancete. ^ Il fit guêtre contre les Turcs , Ôc après auoir règne près de 38. ans , ilvécuten Moync , & mourut dcmala die. Alexius fils de Manuel paruint à l'Empire l'an 1/80. & le gouucrna fous Andronic fon coufin germain, qui fut fon Tuteur , puis fon compagnon d'Empire, & en fin fon meurtrier. Car il luy fit fecretcement trancner laten:e,& jetter fon corps dans la mer, lors qu'Aiexius n'auoic pas plus de i5.ap.s. Andronic Commene fils d'Ifaac tint l'Empire après Alexius l'an 1185. Guillaume Roy de SicUe l'iy ht la guerre pour venger la mort d' Alexius , & co.time il cftoitalfailly detouscoilez, iCiacl'.^ngeluy vint don- lier delTus, le vainquit, chaifa deTEingire, lepru,luy fit arracher vnœil , le fie monter iurvnc AIn-lk a re- culons, le couronna d'aux, ou de porreaux , luy bail a a la main la queue de l'AtnefTc en heu de Iceptt e, .S: luy fit faire monftre en cette forte p-ir Conlbntinople, Lors le peuple luy difant 1000. poiiilles , luy jetca d? la bouc contrelcvifage, & le pourfnitàcoups de pierre & de bafton. Ainfi tout raeurny,& rompu il mourut, & fut pendu, & les femmes encore à beaux crochets le déchirèrent, & mirent en pièces. Ifaac l'Ange paruint à l'Empire l'aniiS)". Son Itère puifné Alexius luy arracha les yeux & l'Empire , & le tint en prifon/jufqu'à ce qu'Aiexius fils d'Iiaac obtint fecours des François & Vénitiens » & deliura Ion pcre, qui mourut bien- toft après , pour auoir pris trop d'air après auoir eilc fi longuement en prifon. Alexius l'Ange frère d'Ifaac fut Empereur après luy l'an ii9f. Mais il fut enfin challé , comme nous auons dit,par Alexius fils d'Ifaac, à l'ay de de Baudouyn,& des Vénitiens. . ^ Alexius le jeune, fils d'Ifaac l'Ange,fut remis au he- ge de l'Empire l'an 1104. Maisainli qu'il commen- çoit de gouuerner , Murziphle forty de bas lieu , mais clleué par luy.le tua. Ce Murziphle trouuan. après de larefiftances'tnfaytdenuiâ:auecfarcmme , les pu- tains,& les Threiors.Ôc peu après fut ramené de la Mo- réeprifonnisfr en Conllautinople , où il mourut œilc- rable. Tellement que la Ville demeura aux François, & Baudouyn fut en Leuant premier Empereur de la na- tion Françoife. Biudouyn Cotote de Flandre fut fai£t^ Empereuc l'an izoy. Il recouura tout ce qui cftoit de l'Empire de Conftantinople, hormis Andrinople, qui futprife par Théodore gendre d' Alexius le meurtrier pour le dot de fa femme, & fut le fiege de fon Empire. Et comme les François l'a(Iiegeoicnt,& eftoicnt fur le poinâ: delà prendre,' Baudouyn fut pris & mis à mort.ayant à pei- ne régné vn an. Henry frerc de Baudouyn fut Empereur après luy l'an 1106. Il lailTa héritière fa fille Yoland , qui cftoit mariée à Pierre d'Auxcrre. \ PierrcdeCourtenay petit fils dcLouyslcgrosRoy de France, Comtcd'Auxerre fucceda à l'Empire par le moyen de fa femme Yoland l'an iii6. la tcftc luy fut tranchée en vn feftin par Théodore Lafcare »qui fe di- foit Empereur d'Andrinople Se des Grecs, qui l'auoict attiré fous ombre de paix , & fous vn faux ferment. Quelques autres difent que Lafcare auoit mis des cm- bufches aux forefts deThcffalie au lieu appelle Tem- pé,& qu'il y furprit Pierre , l'emmena , & le fit mourir en Captiuicé. Sa femme Yolandtint l'Empire deux ans durant fa prifon. Robert fils de Pierre ayant ouy les nouuelles du ée~ faftre de fon percpart de France, & va à Conftantino- ple,où il cft rcceu Empereur l'an iiio. Il pritàfeoome vne jeune Dame promife à vn Gentil- homme de Bour- gogne , qui ne pouuant foufFrit ce tort monta au Pa^ lais^,couppa le nez de la Dame,& )etla fa mere qui auoit drelTé ce nouueau mariage dâ-^^ la mer. L'Empereur qiû alloit à Rome pour prendre la Couronne n'en ofa dij3 re mot , mais après retournant en intention de fc Van- ger,il mourut de maladie en Achaye. Baudouyn 1 1. Fils de Robert fucceda à fon pere Pan 1. 28. en fin Michel Paleologue entra dans la Ville pit intelligence , ainfi que Baudouyn eftoit à l'entrée du dsftroia: de Conftantinople auec vne grolle arnséc.; Lors les Grecs recouurerent l'Empire de ConftaïSti-. nople , que les François auoient tenu prés de foixanttf- ans. . ^ Michel Paleologue à qui Théodore Lafcare mou- ranc lailTacn garde'iean Lafcare fon fils, comme la bre- bis au loup,fQrpric Conftantinople l'an iiyg- aya"^ premièrement chaifé GuUlaameRoy d' Achaye , auec l'aydedesGennois, (?cvfurpéfon Royaume. Il vint au Concile à Lyon, & le Pape Grégoire X. & luy, ende- uindrent fi bons amis , que pour cette caufe il en fu» tellement hay des Grecs,qu'apres fa mort il ne r^ceuc aucun honneur de fepulture. Toutesfois l'Empire de- meura aux fiens prés de zoo. ans, & jufques à ce que les Turcs le prirent. Andronic II. Fils aifné de Paleologue fucceda a fon pere l'an ub> 1} fie fon fils Michel, que quelques- vns tiennent auoir lié fon gendre, participantà l'Em- pire, mais il mourut en l'an 1319. De forte qu'il appella lors vn autre Andronic Conftantin Dcfpot pour auoir part à l'Empire au lieu de Michel, dont Andronic fils de Michel irrité, s'efleua contre l'Empereur fon grand pere , & le vainquit auec l'aydc des Gennois , mais les Vénitiens le reftablirent. Enfin il mourut âgé de 70.' ans. Andronic III. Fils de Michel , fit plus de fix ans durant la guerre i fon grand pere. Ils firent fouuenc la paix par le moyen de leurs amis : mais elle ne tint point jufques à ce qu'enfin l'an mille trois ccnr, tren- te-deux , le jeune Andronic entra finalement dans Conftantinople : & y eftant ne fit autre mai à fon -, ayeul , que de lelaillei régner auec luy tant qu'il vé- cut. Apreslamort de fonayeulil cmpoita victoire de fcsennçmis j puis eftant âgé de yo. ans, ilfut iurpris d'vne Les Empereurs de Conftantinople. d'vnefiéarc, &d*vn mal de tcftedont-il mourut dans • ^ 4. jours. • IcanCantacuzen fut Tuteur de lean Palcolo<^ue, c^- /on compagnon d'E in pire, l'an 1J41. lea n Pal col ogn c, tj o m mé au rîî Ga I aj 3 n fucceda à fo n pere l^n i^i-Son Tuteur lean Ontacuzcn fut chairé mais il fie après f.ans la guerre contre fean Palcoloouc & fa m£re, & fut le premier qui mena les Turcs armez en Europe.Enfin Conlbntinople fe rendit à luy,& loti qu'il la tint , il ne fit cote à pcrfonne , & fc porta fca lement pour compagnon d'Empire de lean à qui il (ionnafa fille en mariage. Apres cela fean Paleologue ayant cftc bannyfic laguenc , affiftc principalement des Turcs , aufquels tl donna prem'icre habitation en Europe, & il enjra dans Conftantinople l'an i^j-;. Lors Cantacuzen lailîa l'Emfpire, fe retira dans vn MonafldI rç,& Mathieu fon fils voulant faire du compaonon auec PaIcologue,fut contraint de s'en defifter , ksn Pa leologue mourftr l'an 1584. ayant règne i<î.ans , ane: Çantacuzen, ôc 17. ans tout feul, qui font en tout 4; ans: & Andronicfon fils aifné,qui toutesfois n'eft mis au nombre des Empereurs (rois ans. Manuel fils de lean Paleologue paruint à l'Empire l'an mille trois censhuiétante-fept , & le plus remar- quable de fa vie eft , qu'il lailfafept fils, dont l'aifnc nommé leanjfucceda à l'Empire. lean fils aifné de Manuel fucceda à rEmp?re l'an î f M. Çettuy cy eftant plus addonné à la paix qu'à U guerre , accompagné des Princes & Pielats de toute la Greccaffirta fous Tauthorité dij Pape Eugène IV. ^je ce nom au Concile de Ferrare , qui fut depuis tranf- porté à Florence. Lots des deux Eglifes Grecque & Latine , n'en fut fait qu'vne. Eftant de retour à Con- ftantinople. il ne vccutguere après , &mourutfans laifTerdes enfàns.l'an de grâce 1445. Conltantin IL fils de Manuel, après la mort de fon frère lean, paruint à l'Empere l'an 1445. E^ant aupara- uant Roy de la Morée , il fut appelle Dragon , pour la cruauté qu'il exerçoit contre les Turcs. Mais quand Conftantinople fut prife par Mahomet IL filsd'Amu- rat fécond , lors fe retirant à la porte de la Ville pour s'cnfuy r,il fut eftouffé à la prefle de ceux qui fuyoien t, le 19. May 1453. Sa tefte fut portée par tout le camp ics ennemis au bout d'vne lance. Ainfi Conftantino- ple efleuée Se enrichie par Conftantin fils d'Helene, d'hny Burfcdcmeure ancienne des Roys de Bithy^c y rcceut vn coup dont il mourut la première an' née de fean Roy de France. I! régna zi. ans. Soliman fils d'Orchanes régna deux ans après fon nu II défit les Bulga.res , & prie en Thrace les Villes L.1'H°^ '"^ de Philippopoli. Quelqnesautrcsdi! kn* qu 1 moum du viuant de fon pe.e. eftant tombé dttcheual a la chaftc , & que peu de temps après fon perc mourut de dueiL Ceft pUrquoy qu^elq^ue" n. ne le mettent pas au rang des Empeteurs Turcs. Amurach L fils d'Orchanes fut Empereur des Turcs L n'''°V "^r^ V"'"^P"^ P^eologue enuo- ZiT ,^'- >?""'^^"""°P'^- Car eftant alléché de la ri- chelfe de i r^uropc . ,1 fit palTcr vne autre fois dans les galères Geneuo.s 6006. Turcs, fous couleur de don- ner fccours a 1 Empereur de Conftantinople , mais en intention i'vfurper la Grèce. Ainfi il trauerfa le bras de Hdiefpont, en Abydeil prit CalJipoli , &autres Umces. Mais vn des gens de Lazare Defpote de Ser- uie. en vengeance de fon maiftre qui eftoitmort. t«a AmurathJ'an 1^78. ^ Bajazeth Empereur des Turcs L du, nom , après H mort de fon pere Amurath tlia Soliman fon frère aifné par trahrfon, & jouyc feu-l de l'Empire, l'an 1378. Pour venger la mort de fon pere,U fie la guerre contre Marc Sieur de Bulgarie, le vainquit, & le mit à mort, & fub- j.ga vne graiide partiede fon Pays. Il fut appeilé Ba- iazch Hil*n çeft à dire foudre,tant il efto^t prompt en fesaftanes II fubjagua prefque toute le Grèce , ôt ïfiegeaXonftantinople , mais il fut pris par Tamcr- lan, qu.Iemite« vnecagede fer . &lemenaencét eftat par toutlePays d'Afie,&deSyrie, & enfin Ba- jazeth mourut en cette mifere. Apres fon decedson de fes fiïi ^ «ntre-regne jufques à Mahomet l'vn lofua fous ce ConftantinA d'vne autre Hélène, fut prifê,& eduit fous la puilTance des Turcs, Quoy qu'il femble a propos de mettre icy de fuitte es EmpereursTurcs.depuisceloyqui fe renditmaiftre le Conftantinople : toutesfois pource que je difcours cy de l'Empire de ces Princes,jay jugé meilleur de les Dettretous encelicu , & de commencer depuis le empsque les Turcs commencèrent à viure fous vn Monarque de la famille des Othomans. ,Othoman donc fils d'Orthogule, fur Empereur des 'urcs l'an 1300. Il fut le premier qui renouuella la loirede fanatip, qui auoit pris Hierufalem raniooS. lais auoit efté vaincue par les Chreftiens fous Gode- :oy de Bouillon; de forte que ceux qui tefterent fe rc- lerent à Nicée, & n'eurent depuis aucun Roy de re- oro jufques à ccttuy cy qui fe fit Monarque , & qui ent le premier rang^en l'hiftoirc des Turcs. Il fubju- aa grande partie de la Bithinie, & prit plufieurs forts es de la mer Poniique. Mais ce qui l'honora dauan- ge , fut la prife de la Ville de Sina.autresfois appellée îbaftia. Il mourut vieil , la première année du refîne îPhilippes de Valois. ^ Orchancs fils d'Othoman futEmpcrear des Turcs Tes fon perc , l'an 1328. Il fut plus vaillant que fon re.liberal , & de bonne grâce. Il conquit le Pays de yfie,Lycaonnie,Phrygic & Garicprit Prufle,auj'oar. r 1 n ' qu'aucuns nomment mal Calaptin fils a.fi-.c de Bajapeth , après la défaite de fon pere fut depoudlé d^ pa. Ta'merlan . & mené c" pnf à 1 Empereur de Conftantinople . qui letraidaéii Prince , pu.s le lailTa alleUn Afie , où il recouura le' Rcyaume de fon pere. Il fut tué par fon frère Mufta- pha^autrement Mufulmari cn la fleur de fon âge,4n Muftapha,ouMufîilman\,fbtEmpereurdesTurcS fe'ir'hT- Moyfes'emparadé 1 Eftat, & le chafTa. Quelques-vns nomment ce Mufta- pha Orchanés I L & difent qu'il a efté filà ôc héritier de lofua. & qu ,1 fm tué par Moyfe fon onde pater- nel : mais Moyfeen porta bien-toft la punition qu'if inentoK Car il fut auflï tué par fon propre frère Ma. homet.Il y en a quiefcriucnt que ce Mahomet régna immediatementapres^jazethfonpere,&nefontau. cune mentionde lofua ny de Muftapha. ny de Moyfe, ains mettent auffi^oft après Bajazeth fon fils Maho- met. .Moyfe chalTa, ôc mit à mort fon frère Maho- mct,ou Mon les autres fon nepueu Orchanes, & après Il fut auffi tue par Mahomet fon frère . ces deux ne font mis par qudques-vns au rang des Empereurs Turcs.' parce qa ils n'ontguéres régné. Mahomet L frère de lofua, Mlahomet I. fucccdaàfonpsre Dcrc'de loz. enfans.& deuintfortgn Il ordonnale premier pour h gude de Ton l'an I41S. il OlUUlllI.» It l-'ll.lIliVl. j^uui la ;^.»€.v-^ corps les laniiUires Chreftien? reniez.U ainilHt les païs de Hon'nit-jBofiie.AlbanicValaquie & Grèce. Il pvint Tlieiraloniqne fiu les Vcnitiens.U tint l'Empire 5 i.ans, & le laiira à fon fils Mahomet II. l'an 1450. Mihomec U.fic cuer aufîi toft l'on jeune frere.U fut très- mefclianr, & ne croyoit en aucun Dieu , & difbit que Mahomet eftoit faux Prophc!:e,& femblableà luy: & fe mocquoit des Sainds Patriarches & Prophetes.il acquit , &C lailTa le furnom de grand à la maifon des Othomans. Il ruina l'Empire de Conftantinople, pre- nant cette Ville par alTaut le vingt- neufuiéme Msy 145-5. & n'en fit moins de l'Empire de Tre'pifonde. Il pru douze Royaumes, & zoo. villes fur les ChreCciens l'an 1478. Il affiegea l'Illede Rhodes , mais elle fut bien défendue par les Cheualiei s' , & leur grand Mai- ftre Pierre d'Aubudon, ou d' Amboife^Francois. Enfin il mourut de colique l'an y3. de Ton àge,& le 51. de fon Empire. Bajazeth fecond,de Mahomet fecondifat Empereur parle moyen des lanilTaires , l'an 1481. llfabjuguala Valaquie , puis alla contre le Sultan d'Egypte , qui fut le plus fort. Il prit fur les Vénitiens Lepanihe, Modon & Datas. * 'Sehm fon fils puifné , quMl auoit par le moyen des lanniliairci préféré ion aifné, & déclaré Empeieur de fon viua u, lechalîa>puis l'empoifonna l'an 1511. Seum fut Empei-ear l'an mille cinq cens douze. Il ad,oaftaau meuctre de fon pere celuy de fcs frères Ac- inct , Ôc Corcuc, & fie eftrangler fspt enfans de les frè- res, il vainquit & chaffa le Sophy de Perfc""& défit les deux Soldant, Campioa,&Tomobeies, auecles Mam- mclus. & Arabes. Uadjouftaà fon Empire l'Egypte» l'Arabie , & pi ic le grand Caire : puis tftan: de retour en Grèce, }i s'engendra en (es rems vn vlcere^e^ui croif- fant toufiours, le fit mourir h' haictiéme année de fon £mpire,& de notlre lalac 1^19. Soliman que quelques-vns difenteftre fécond de ce nom Empereur desTurcs.recouura laS-yricdeficGazel qui s'eftoit tcaoUé , prie Bd^jrade Se Rhodes , puis Ba- de par deux fois. Il pnt en l an rniUe cinq cens quaran- te & trois Sc!;igom£:,&Albetegale en Hop.griê.Il con- quit les Royaumes d' Allyrie, & de Melopo:anie, au'ec la \^lc de Bibylone-til ràuagca les fromiere* q Arm^- nie3:de Mcde, &*de Peife, ^k'fm Tauris Vilic Capi- tale de Vciic par deux fois. Il fit eftungSer Ion hi'^.aiU né Mutiipha , pouï complaire à fa^oncubine Rofe, qui dcfiroi: au- ton hls S,îÙiri faft Ecaperearapres (a^ peré. IL aiïieg^ea l'ifle de MaUc,& Vienne en Aaftnche, mais if fut repoulié patie Grand- Maiftre François , nommé i'icrre ParUououla Viecte, par Charles V. Empereur, & Soliman rnouracl'an lyôcî.en Hongrie, deuant le Chafteau de Sighec qu'il alliegeoit , *pres auoir rei'né 74. ans. Selim fécond par le môyen * Mehemet BalTa.entra en poUeOion del'Empireauaat quela mort de Ion pè- re fuit Sécouuerte. Il printmedeChypreUniyyi. n^ais 11 perdu fon armée Nauale la mefme année, en la Bataille deLepanthe qu'il eut contre les Chrelhens. Toatesfoisil laremu fus bié toftapres,& ayant recou- uréen A'friqae Tunes, &laGoulette fur leRoy d Ej- tout ce que delfus pMs Bailas . tandis qu'il prenoïc fes plailirsicftant fort addonné aux temmcs.& au ym. Amurath tro.ficme fils de Selim jouyt de l Empire huid jours , après que Ion pere fut mort l an 1574. U fie tuer j.frercs qu'il auoit, ik deux concubines de ton pere , qui eftoien^ enceintes, il commença à gouuer- ïm n'ayant que vingt- huict ans.ll dtoit fore afeÈlion. né à la Religion Mahom'^tane , & grand jufticicr. Il s'addonuou fort aux femmes, & a bien manga. 11 tut pcrc'de loz. enfans,& deuînt fort gros & gti?.& moil-- «rut en lanuier 159^. année de fon Empive, & n'ayant encore atteint la fo. de fon âge. Mahomet troifiàmc fucceda a fon pere Amufafh l'an If 9 î. Il fit mourir 19.dc fes freres,& quelques con. cubines, de fon pere qui fe trouuerét groffesaatéfnpS de fon deceds. U fit mourir fon fils ailne * &!â mer*, pour s'eftre enquis des Aftrologues combien detctfipS il re2neroit. En l'an 160^. le Sophy de Perfc reprit fdf luy Tauris, & Bsges , & de tres-grands Pays que Selim I,& Soliman II. auoientvfurpez fur luy. Il mour uug pc^le en lanuier i(îo4.apres auoir régné 9.âns« «lÉÉ. Achmet fucceda il'Empirc de fon pere en l'afli^^ n'eaant agéquede i5. à 17. ans. Il prit l'an i6o^Strt- oanïc , & quelques autres places en Hongtlï. ©n d* nf aux armées il faifoit porter lefcorps de fon peté eSU lîaumé dans vn cercueil de plomb , ayant opinion qu« fes delfeins 'auroieut meilleure illuè. 11 a fait trefiiet auec l'Empereur Rodolphe,& ceux de fa mai(on d'Au- (Iriche pour if. ans > & tourna tes armes entièrement contre le Sophy. , ' r j .' Cetttiy cy a pafîé quelques articles en faucur dtt P.oy de France Henry le Grand par l'entrcmife ét* Monfieur deBreues pour lors fon AmbafTadeur à Con- ftantinople , & ce pour lefâidt du commerce libre en Orient, pour tous ceux qui y trafiqueront fous la baiiu 'nierc de.France,& auffi pour la conferuation duSainét *S-pulchre,& autres lieux facrez de la terre Sainde.qui font entretenus en leur entier, & auec la dcuotion de* Chreftiens,en faueur dudit feu Roy . lefquels articles no^sauons icy inferez pour le contentement du Lc- dcur en la teneur qrfi s'enfuit. MOy qui fuis par les infinies grâces du ju(le,g£âfi|v tout-puitrant Créateur , & par l'abondâoctf des miracles du chefde fes Prophètes , Empereur dê» vidoneux Empereurs, diftributeurdes couronnes aux plus grands Princes de la terre, feruiteur des deu^ trel- factées, & très- Protecteur & Gouuerneur de la Sainte Hierufaleffl, Q.Vncur del'£urope,Afie. &: Afrique, conquifes âtiW noSreviaoneuf.épée & épouuantable lance ; A fça* uoir des Pavs & Royaumes de la Grèce, de Thcmituar, de Bolfena, d.Segoccvar, des Pays & Royaumes de r^r.cde laNatolie,de Caramanie.d Egypte, & detouC le Pays des Parthes , de Cars , des Géorgiens, de la Pof- ted'fer, deTiflis, deSivuan . ôf^s Pays du Pnn« des Tartares-nommez Ceiim , & delà campagtie nom. mée Deeft Cipehac,de Chipre,de Zeulcader.e,de Che., refeul, de Di^rbequier, d'Alep. de Rom, de Childeuft d'Arzeron,de Damas, de B.bylon.-, demeure des Prin- res,de Cioufe,de Bafera. d'Egypte, de Araoïe heureU- fe d'Abs, d'Aden , de Thunis. la Goulette, Tripoli de Barbarie,de plufieurs autres Pays, Villes & Selgneu,,^^ conquîtes auec nottre puifTance mperiale , Seiga^dJ. des mers blanche.^ noire, & de hnexpugnaWe tottj. relTe de Aigria, de tant d'autres diuers Pays. Ifles, de- ftr^.&.palfages peuples, fam-.!lcs,generations , ôzé^^ ant de cent milhers de vidorieux gens de guerre q renoCent fous l'obeyiîance, & jurtice de Moy, quiffl» l'Empereur Amat , fils de l'Empereur Me.emet,^* l'Empereur Amorat, d. l'Empereur Senm, ae 1 E^^pe- reur Soliman, de l'Empereur S.lnn,de 1 ^-^?^^ jazet,de l'Empereur Me]iemet,del ^-l-^- ^^^"^J &' pir la arace de D.eu recours des grands Princes dU monde,& refuge des honorables Empereurs- V plus glorieux, magnanime, & grand ScigOSOlf de la créance de lESVS éleu entre ie P. mce* dtf bnaton du Meffi., Mediateur'd.s d.lkrcs qui nent entre le peuple Chrdl.eM,Seigacur de Grandc«ir, Ti..é,6cuLL gloneutegu.de des plus grand, Les Empereurs de Conftantîllople. Empereur de France. On.. !-> fin f-c ^«^«o iT Henry IV. Empereur de France, Que la fîndefes /ours loit lieiireiifs?; II. Ayant nolhc Alteffe eftc priée du Sieur de Breues au nom «^cl'Empereur de France fonSeigncur,comme Ton ConreilIerd'Eftat,& Ton Ambadadcur ordinaire à notre Porte de trouucr bon, que les traiéèez de paix,& capuuIanons,qui font de lon<>iie mémoire entre nôtre Empire.^ celuy de fondit Scigneiir.fuirent renouuel- ltcs,&,ureesden6treAlteaè,rous cette confideration, pour J inclination que nous auons à conferucr cette ancienne amitié, auons commandé que cette capitula- tion foit efcrite de la teneur qui s'enfuit. A SçAvoiR Kl. Que les AmbafTadcurs , qui feront enuoyez de la part de fa Maicfte à noftre Potte,ies Confuls qui feront nommez d'ellepour refiderparnos haures , & ports, les marchands fes fubjefts . qui vont , & viencnt par i ceux, ne foient inquiétez en aucune façon que ce foit, ains au contraire rcceus & honouz,au'ec tout le foin qnile doità la foy publique. Voulons de plus, qu'outre l'obferuation de cette no- Itrc Capitulation .celle qui futfaiae,& accordée par nofti c defund pere l'Empereur Mehemet, heureux en la v,e,& martyr en fa mort,foit inuiolablement obfer- uee,& de bonne foy. ly. Que des Vénitiens, & Anglois en Ta, les Efpagnols iorîugais,Câtcclans,Ragufois,Gc!3euois,Anconitains, Florentins,^- généralement toutes autres natiôs quel- les qu'elles foient, puilfent librement venir, trafiquer par nos pays, fous i'aueu & fcureté de la bannière de I-rancclaquelle ils porteront comme leur fauuegarde, 6rdecèttc,façonils pourront aller & venir trafiquer par les lieux de noftre Empire comme ils y font venus d'ancienneté, obeifTant aux Confuls François, qui refi- dent & demeurentpar nos havres,& échelles. Voulons ^entendons qu'en ufant ainfi , ils puiflTent trafiquer auec leurs vaiOeaux 3c gallions fans eftre inquiétez, & «feulement tant que ledit Empereur de France.con- leruera noilre amitié, &c ne contreuiendra à celle qu'il nous a promifc. Voulons Se commandons aufll que les fubjeârs du- didl EmpereurdcFrance, ôc ceux des Princes fes amis, alliez & confederczjpuifTcnt fous fon aueu, & prote- ftion venir librement vifiter les fainéts lieux de Hie- rufalem.fans qu'il leur foit ftit ou donné aucun empef chement. De plus pour l'honneur & amitié d'icelliy Empereur,nous voulons queîes Religieux qui demeu- rentenIerufalem,&feruentrEglifedeCoumane(c'eft à dire le S. Sepulchre de noftre Seigneur lefus- Chrift) y puilfent demeurer,aller & venir feurcmêt & fans au- cun trouble &deftourbier,& y foient bien receus,pro- tegez, aydez ôc fccourus en la confideration fufdite. V. Derechef nous voulons & commandons,que depuis les Venitiens,& Anglois en là touteslesautres nations aliénées de noftre grande Portclefquellts n'y tiennent AmbalTadeurjVoulans trafiquer par nos pays, elles ayét d'y venir fous la bannière & proteélion de France,fans que jamais l'Ambafîadeur d'Angleterre,ou autres ayét àe s'en em.pefcher, fous couleur que cette condition a tfté inférée dans les Capitulations données de nos pè- res, après qu'elles auroicnt cfté rédigées par efcrit. VI. Voulons & ordonnons que toutes permiffions qui le ttouueront auoir efté données, ou qui le pourroient cy après par furprife ou mégarde contraires à l'article precedent,foientdenulcfFed: «Se valeur.ains que cette Capitulation foie inuiolablemet gardée & entretenue. VII. Item permettons aux marchands François en confi ie?ation de la bonne & parfaide amitié.que leur Prin- :e.onferuc auec noftre Porce.d'cnleuer des cuirs^cor- 1 ^40 doans,circs,cottons ; cottons filez.jacoit que ce ioien. marchandifes prohibées & defenduès dlleue;": ' hons la permiffion que noftre bifayeul Sultan Selim,& noftre defund pere Sultan Mehemet en ont donnée^ Nous voulons aufli que ce qui eft porté par cette no- ttr^e Capitulation , en faueur , & pour la feureté des François, foit encores dit & entendu fn faueur des nations eftrangeres. qui viennent par nos pays, terres, & feigneuries fous la bannière de France, laquelU bannière elles porteront & arboreront, pour leur feu- delTut'"'"^"' P''^'"^^'^"' dit eft cy. VIII. Que les monnoyes qu'ils apportent par les lieux dé noftre Ernpue , ne puiifent eftre prifes de nos Threfo- riers, ny de nos monnoyeurs fous prétexte & couleui: de les vouloir conuertir en monnoye Ottomane,& ne vou_^ns parei lemein qu'il fe puilTe prétendre aucuri droiéb fur ny à caufe d'icelles. IX. Et parce qu'aucuns fubjeds de la France nauigent lur vaiflcaux appartenans à nos ennemis, & y chargent de leurs marchandifes, ôc eftans rencôtrcz ils font faits le plus louuent erciaues,& leurs marchandifes prifes. i our cette caufe nous commandons & vouions que d icy en auant ils ne puilîent eftre pris fous ce prétexte, ny leurs facultez condfqi^écs, s'ils ne font ttouuezfuc vaifteaux de cours.Voulons, & commandons que ceux: qui ont cfté faits efclaues de cette façon, foient mis en pleine hberte , & leurs hardes, & marchàndifes refti- tuées lans aucup concrediél. X. Défendons, que les vailTeaux François qui feront rencontrez chargez de viftuaillcs , prifes és pays , & leigncuries de nos ennemis, puifl'ent eftre retenus Se confifqucz , & les marchands & mariniers faiéts efcla- ues. XI. Défendons, quXux François qui fe trouueront pris lur les vaifTeaux de nos fubjecls , portans des viurcs ^ nos ennemis.encores que nofdits fubjeas,& vai (féaux en foient en peine.il loïc fuit ny donné aucune fafche- rie, ains_eBjo-gnons qu'ils foient relafchez , & mis en libextc fans aucune peine, ni punition. XII. Défendons, que les vailféaux François , marchands,' mariniers, qui fe trouueront chargez de bled nchtptê- de nordits fujets , puiftènt eftre pns, faiétsefclaues, ny leurs vaîfteauxconf.fquez, encores que ce foit choie prohibecmais demeurera ièuiement lé bled confirqué;. Voulons & conimandons que ceux qui fe rrouaeronf par tout noftte empire auoir efté faids efclaues de cet- te façon , foient misen liberté Se que leurs vailTeaux leur (oient-reftituez.Que les marchandiles, qui feront chargées à Noiis fur VaifTeaux Erancois,appartcnantes aux ennemis de noftre Porte , ne poUfent eftre priics fous couleur qu'elles font de nofdits ennemis , puj> qu'ainfi eft noftre vouloir. Que les marchandifes, qut feront apportées des marchâds François en nos haures & ports,ou celles qu'ils enkuent d'iceux,ne foieni fob- jeâres à autres droiéls &impofts, que ceux aui font de l ancienne couftume. Voulons & ordonnons , que les marchandsFrati- çois, & leurs vaiftxïaux, qui viennent par nos pon&y puiflent venir feuremcnt fous la foy publique , & en cas que la fortune & orage jettaft aucun de leurs vaifl!eauxau traucrs fc rencontrant de nos galères ou vaifleaux , aux lieux circonuoifins : Nous commandons tres-expreflcment aux Capitai- nes d'iccux de les aider ôc fecourir, portant honneur & refped aux Patrons Se Capitaines d'iccux vaifleaux François, leur faifant donner aûcc leur argent , tout ce qui leur fera ncccffaire pour leur vic,& autres aecefli- tez. XXIV. Et en cas qu'aucun d'iceux vaifl'eaux face naufrage, nous voulons que tout ce qui fe recouurera foi: remis au pouuoir des marchands i qui les facultez appartien- dront, fans que nos Vice- Roys, Gouuerneurs, luges, Se autres Officiers y contreuicnnent : ains voulons qu'ils les fecourent à leur befoin, leur permettât qu'ils puiflent aller, venir, fejourner& retourner par tout noftre Empire.fans qu'il leur foit donné aucun empef- chcment.s'ils ne commettent chofe contre l'honnefte- té & la foy publique. XXV. Nous ordonnons auffi ôc convnandons aux Capi- taines de nos mers , leurs Lieutenans , & tous autres qui dépendent de noftre obeyflance. de ne violen- ter ny par mer ry parterre lefdit;; marchands Fran- çois, ny pareillement les eftrar.gers qui viennent fous Les Empereurs de Conftantinople. 5„ la feurctédt leur bannière; Voulons toutesfois qu'ils foicnt tenus de payer les droits ordinaires de noscf- chelics. • XX Vf. Qu'iceux marchands ne ppi/Tcnt cftre contraints d'achepter autres marchandifes que celles qu'ils vou- dront, & leur feront duifibles. XXVII. Et en cas qu'aucuns d'iceux fetrounentredeuables, «)uIons que la debtc ne piiiUe cftrc dcmandcc qu'au débiteur, ou à celuy qui fe fera rendu pleiqe & caution pourluy paï contraftpaiTcpar deuantperfonne publi- que. , ' xxviir. Et fi aucuns d'iceux marchands , ou autres d'icelle nation meurent en nos pay5,que les facultez qui feront trouuées leur appartenir,foient remifes au pouuoir de celuy qu'ils auront nomme pourexccuteur de leur te- ftamécpour en tenir compte à leurs heritiersjMais s'il arriue qu'ils meurent abinteftat,voulonsqucles Am- tiaHadcurs,ou Confulsqui font par nos échflles,fcfai- filîent de leurs facultez pour les enuoyer à leurs hcri- tieis,comme il eft raifonnable, fans que nos Gouuer- ncurs, luges, ^ autres quidependencde nollre obeyf faiiceen puiflcnt prendre aucune copnoIfTance XXIX. Que les Confuls ou interprètes Frâçoisjou ceux des heux ayent en leursventes&achapts,plaigeries & tous autres poinâs d'en paiTer adre deuant le luge ou Cady des lieux où ils fe trouueront.au défaut dequoy, nous voulons & commâdons,que ceux qui auront quelque prétention contre eux.ne foientefcoutez ny receus en leurs demandes, s'ils ne font apparoir comme dit eft par contradt public leur pretcnfion &droi(a. Voulons quctous les témoins qui feront produits contre eux & à leur dommage.ne foient receus ny écoutez fi pre- mièrement, comme diteft.il n'eft fuiui afte public de leurs ventes, achapts &plaigeries. XXX. Eftant formée quelque accufation contre les mar- chands , ou autres à'xctWt nation , les accufans d'auoir parle, ou blafphemé contre noftrefainfte religion, & produifans de faux témoins pour les trauailler'^; Nous ordonnes qu'en telles occafions nos Gouuerneurs & luges ayent à fe porrcrprudemment,que les chofes ne le pallent plus auant, & qu'iceux François ne foient indeuement & calomnieufement vexez' & trauaillez. XXXI. Si aucun d'eux fe trouuant endebté.ou ayant com- misquelquemauuaisadèe.fuioitjou s'abfente j Nous roulons & commandons que les autres d'icelle natiô îe puiiTent eftre refponfables pour luy, s'ils n'y font îbhgez , comme dit eft , par contrait authentique, & 'aile par deuant perfonne publique. XXXII. Que fe trouuant par noftre Empire des efclaues rançois eftans recognûs pour tels des Ambafladeurs c Confuls,ceux au pouuoir defquels ils fe trouueront lifans refus de les deliurer foient obligez de les ame- er ou enuoyer^ànoftreporte, afind'cftrè jugé à qui 11 Jpartiendra. XXXIII. Qu'aux changemens & eftabliiîemens des Confuls ranço) s en nos échelles d' Alexandrie, Tripoly, Syrie, Iger , & autres pays de noftre obeyirance,nos Gouuer- rurs, & autres Officiers ne fe puilTcnt oppofer ny em- ;fcher qu'ils foient eftabhs ou changez, XXXIV. Si quelqu'un de nos fubicts a différent auec on Fran- iis,dont la cognoiffance appartienne à nos luges.No" >ulonsqueleIugequien cognoiftra nepuille écou- c la demande du dcmandcur,qu'un interprète de b nation ne foit prefent,& fi pour lors il ne fc trouue au- cun interprète pour comparoir deuant le luge, & dé- fendre la caufè du François, quelelugercmettcla caii- fe à un autre temps, jofques à ce qu'il trouue un inter- prete,Iequel toutesfois le François fera obligé de trod- ucr, & faire comparoir, afin que l'eiiëa&expeditiori de la jullice ne foient diftt rcz. XXXV. S'il naift quelquecontention &differententredeux François.quel'Ambaffadeurou Confuls ayent à le ter- miner,fans que nos luges & Officiers s'cnempcfchent & en prennent aucune cognoiffance. XXXVI. Ordonnons que les vailfeaux François efquelsfira efté fai(5tela recherche en Conftantinople , ne foient rechachez en autre part , finon au fortir des Darda- nelles : Défendons qu'ils foient forcez delà fouflPrir à Galipoli , comme ils y ont efté contraindtspatle paf- XXXVII. Les vaiireaux,galcres,& armées n anales appartenari- tes \ noftre Altcffi-, fe rencontrans a uec ceux de la Frari- ce, Nods exhortons les Capitaines d'une part & d'au- tre,qu'ils ayent à s'ayder & feruinfans fc procurer les uns aux autres aucun dommage,ain$ tout aide,récours & confort. xxxviir. Voulons & nous plaift que tout ce qui eft porté par les Capitulations accordées aux Venitiens,ait lieu pour les François. XXXIX. Que les marchands, leurs faculrez & vàiftèaux ve- nans par les mers & terres de noftre Empire,y foient bien receus, maintenus en toute feureté, & défendus de toute hoftihté,ainfi qu'il doit eftre fai 61 félon la foy publique. Ordonnons qu'il ypuiflent venir, aller, re- tourner, & fejourner fans aucun empcfchement, & fî quelcun cftoit volé , qu'il fefaffi: une recherche tres- exaâiepour le recouurementdefa perte, & chaftiment de celuy ou ceux qui auront commis le mesfaic. • XL. Que les Admiraux denos armées naualrs,nosVicê- Roys, Gouuerneurs de nos Prouinccs, lu^es, Capitai- nes, Chaftclains, Daciers, & autres qui dépendent de nôtre obeyffance, foient foigneux d'obferuer «nôtre traidé de paix,& Capitulation, puis que tel eft n'oftré plaifir & commandemenç. _ XLL Déclarons que ceux qui coritreuiendront à ce hoftré^ vou!oir,rebelIes, defobeyffansA' perturbateurs du re- pos public, & pour ce voulons que fans aucune remifé ils foient condânez à un grief chaftiment,eftâsappre- hendés,afin qu'ils feruent d'excmpleà ceux qui auroiét enùie de les imiter à mal faire.Et outré la promeffe que nous faifohs de l'obferuation de cette noftre Capitula^ tion , Nous entendons que celles qui ont efté faides auec noftre bifayeul Sultan Soliman , & confecutiué- ment celles qui ont eftéfaides de temps en temps par nos ayeulx & pcre , aufquels Dieu faflè mifericordei foient obferuécs& entretenues de bonne foy. XLIL Nous promettons & jurons parla vérité du grancl Dieu tQUt-pui(r3nt,Creareur du Ciel & de la terre, & par l'ame de nos ayeulx & bifayeulx de ne côtrarier ny contreuenir à ce à^m eft poi té parcetraidé de paix & capitulation, tant que l'Empereur de France fera con- ftant &fermeà laconferuation de noftre amitié.Acce- ptons dés à prcfent la fienne , auec volonté de la tenir chere,& en faire eftime: & telle eft rô:re intention & promefTe Imperiiile; Efcrit cnuironle 20. M^y \Ga^. A ccttuy . cy a fijccedé Sultan Ofman fon fils ^ àu 1 1 » -* iiciî 652 Les Empereurs lieudefonondléMuftapha, qui pour eftre inhabile à l'Empire,fut renfermé en fa chambre au Serrail.Sultan Ofœan fut malfacré & afraffinc par les lanilTaires auec fon premier Vizir l'an I6ii. au mois de May. Lefquels tirèrent de fa chambre Sultan Muftapha fondit oncle, & le firent régner cnuiron unanapres le malTacre de Sultan Ofman. Le grand Seigneur, nom me Sultan Ofman , âgé de j8.àiî>-ans,fit courir un bruit par tout,qu'il vouloit al- ler en pèlerinage à la Mecque.où eft le fepulchre de fon grand Prophète Mahomet , & fur ce delTein, ainfi crû de tout le monde,il fit un grand amas de tichelTes qu'il tira tant de fon threfor , que de celuy de fes predecef- feurs,aufquels iln'eft permis toucher que pour faire la guerreauxChreftiés.n prend toutes fes vailTellés d'orj d'argent , &fait fondre tout en lingots, jufqu'à des pommes d'ojt-qu'il voyoit pendre au lambris des falles de fonSerraiLIl amalTe toutes les pierreries qui eftoiét dans tous fes threfors, & en emplit jufqu'à 40.cai(res, déplus de deux pieds de longueur, chofe qui femble- roit difficile à croire aux François , qui n'auroient ja- mais entendu parler des richefles de cet Empire -, enfin le tout eftant fuffifant pour charger 4. galeres,aucc fes munitions ordinaires: (& ce qui fut trouué fort mau- uais ) qu'il entra dans la fepulture de fon Pere Sultan Acmetjoù il prit fur le TurbâRoyal qui eft fur le poifle, y. ou 6. plumes de Heron,auec de beaux diamants de grande valeur,& fur le poifle de fon petit fils.qui eftoit mort depuis peu.un groscarquan d'or & de pierreries, que j'y auois veu depuis peu de jours, Scprenoittout cela fous la créance qu'il faifoit donner au peuple,quc c eftoit pour faire des presés au fepulchre de fon S. Pro- phete,auquel il auoit fait vœu. Sur l'attente de fon par- tcmêt, il met ordre que les auenuesdeGonftantinople par la mer blâche ou mediterranée,& par la mer noire, foient bien gardées , à ce qu'en foti abfence la ville ne pûft eftre furprife,comme elle eft tres-facile;Et pour ce faire partirent iS .ou 20. galères, aflei mal equippées, qu'il enuoya fur la mer noire.pour empefcher la venue des Roux & Polonnois leurs énemis mortels, qui auec de mefchantes petites barques leur viennent donner la fieure julques détis leur port.ll difpofe encore zo.gale- res pour la mer mediterrance , pour fe parer des Efpa- gnols.-de forte qu'il ne reftoit plus que fa Majefté à pat- tir.Surle dclay qu'il enfaifoit de ipuràautre,& defe- tnàincen femaine,un grand murmure fe glifle par tou- te la ville,ne pouuât approuuer ce long voyage, qui ne pouuoit eftre de moins que d'un an & demy,&: le trâf port qu'il faifoit des threfors de fes anccftres , les pau- tires gens ne fcauoient pas qu'A auoit une intention bien plus préjudiciable pout eux.que d'aller à la Mec- que, & qu'flauoit intentiô de quitter Canftantiftople, ÔC tranfporter ailleurs le ficge de fon Empire, car ils enflent bien mutmuré d'une autre façon, comme ils firentapres qu'ils le fceurent , de la manière fuiuante. Sa majefté ayant écrit une lettre au Bâcha du grand Caire,qui portoitcequifuiten fubftance. IE t'aduife que pur beaucoup de confideratiom , now avons ïcfolu de changer le fiege de tiofire Empire de cette ville de Conaantinople , oti il n'eft nullement ajfeuré, & le tranjporter en la ville du Caire.& four ce faire avons trou- ne bon de porter auec nous^nofire threfor . 6" le plus que nous pourrons de celuy de nojîre pere i C'eft pourquoynous t' en donnons advis y à ce que la prefente rectue tu viennes au deuant de nous j par terre & par mer, auec nos galères, & nosfoldats, & efclaues de ces quartiers la, Ayant fait cette lettrcil appella z. ou j . de fes fauo- ris.qui eftoicnt prés de fa perfonne: à fçauoir le Queif ■ filar Aga, chef des Eunuques qui gardent fes femmes, leSiliitar Aga.celuy qui porte l'elpéc de fa Majefté, & leCapi Aga,chcf des portiers de fon Scrrail. de Conftantitioplei Cette communication de deflein futlecoupdelâ mort de ce Prince : car après qu'ilsluy eurent remeti* ftré,à leur poffiblcjle hazard auquel ilexpofqjtfaville, fon peuple &fon Empire par ce changement , voyatit qu'il f'eftoit fermé fur cette refolution^ils fivent con- traints de baiflcr la tefte , foûmettant leur vouloit âU fien. Mais que fai: l'un d'iceux, qu'on dit eftre le SiU- dar Aga,il s'écoule douceinent de la chambre * & sVtl va donner cet aduis à tous les chefs de la milicci corn- me qui diroit en France, à tous les capitaines dcsgaf* des du Roy,dc fes Suifles,& de fes Archers: au Boutâgi Bachi, chef des Jardiniers; au laniflairc Aga, Capitâiné des laniflaires: au chefedes Iamouglans,cnfans des Tri- buts,& aux Cadis, qui font les luges; lefquels toUs VO-» yans que le grand Seigneur eftoit fur fon pattemcot* que c'eftoit à bon jeu bon argent,&quc ce jour-là meC me dix- huiûiefme May à neuf heures du matin,l€ Bâ- cha de la mer auôit amené i|. ou 14. galères àjapointtf duScrraih Tout proche de la poîtc de d .^ricre de fes écurîes,pât oïl on auoit ja chargé touS fes threfors, & ou fa Majefté s'alloit embarquer.Que font- ilsî ils courent viftemenC par toute la ville ramafler leurs foldats> difans i VoiU noftre Empereur qui no' laiffc,voila noftreEmpeteuf qui nouslaifle-, & veut quitter fon Empire, nouslaif* fant dans les mains des laours infidèles Chreftiens &c I la mercy de nos ennemis, permettons-nous celarâllons» allons, & l'en empefchons. A moins d'une heure,oudeux,piusde8ooô.foldâtS» tant laniflaires qu'Èfpahis.fc trouuercntaflèmblezàlâ grande place de la Mofquatte neufue , où tous, enfem* bicilsrefolurent d'aller affieger le Scrrail poutpren* dre le grand Seigneur, & parce que le laniflaire Aga f alloit froidement, ils lefchaufTercnt prompteffiént à beaux coups de bafton. Sa Majefté entendant ce grand bruiâ: ( elle qui long- temps craignoit cette reuoltc) fit fermer les pof» tes du Serrail ou Palais,& faifant fortir un des Boufl:afi» gis.pour s'enquérir d'eux cequ'ilsvouloientjcepauur* ferpent n'eut pas à peine ouuert la bouchcqu'il fe reti» dit le premier objcél: de leur fureur,& le premier repd» foir de leurs coutelas: car fe ruan; fur luy, chacun vou. lut auoit l'honneur d'auoir quelque morceau de fes re» liques.Qui luy couppe le nez, qui les oreilles , qui lel bras, qui les jambeS , & enfiri mis en mille pièces , St après luy 3. ou 4. de fes compagnons qui en penfoient parler.! out cela ne fut que des rofes, au prix de ce qui s'enfuiuit après. Le grand Seigneur voyant qUctout autant d^ho m - mes qu'ily pourroitenuoyerjce feroit autant d'hômei perdus. Il ferefolut d'y aller en perfonne.maisun peu plus feurcment & hors de Ijcurs atteintes. Il monta en un petit cabinet,qui eft bafty fur la muraille du Serrail, & leur parlant au trauers d'une jaloufie qui eft à la fe- neftre, il s'enquit d'eux queleftoit le fu jed de cette mutinerie, & qu eft ce qu'ilsattehdoicntdc luy. Vn des chefs l'épondant à fa Majefté, fans autre ref* peâ: luy dit. Le iujeâ: pour lequel tout ton peuple fa foufleue ainfi,& fpecialement ta milice,eft parce qu'il! voycnt bien que tu t'en veux aller hors de cette villl tenir ton fiege , & que pour cela tu emportes tous lel threfors du Serrail. Qui te meut à faire cela ? Si tu vcuX feulement allel en pèlerinage à la Mecque, à quoy bon porter tant Ai richefl~es.Qaand tu eulFcs pris 500. milles ieqdins.Vol. re un million,voiredeux,trois & quatre millions d'ûfi n'cftoit ce pas aflcz pour ton voyageA' faire tes liberâ> licez: & tu prends des threfors innôbrables,tU empot^ tes ce qui n'cft pas à toy , mais à nous, nous les auohî amaflez à tesaycals,pour faire la guerre à nos enncmisj &,les tiensjà içauoir les Chiens de Chreftiens, fi tu les emportes, dcquoy ferons - nous payca de nos gages, Les Empereurs de de nos peines & de nos Icruiccs : Que fini esdcfirciix de c'en aller, va t'en à la mal- heure, tk. laifTc les tlue- forsjnoiis ferons un autre Empercur.Mais qui ce pouf- le de c'en aller, n'es^tii pas bien icy.anr.c nousï Le Prince luyrompanc fon difco as cemcraire , & oiicrecuidé,lc teHf:llac d'un courage i<.oyaI & généreux leur dit à tous: Allez, vous ncmcritcz pas dem'auoir auec vous , ny que ic vous craiûe plus couicoiCcmcnt, puis que vous ne m'auez iamais Icruy fidcllemcnr.Lors que ic vous ay voulu employer me fcruir de vous pour la dcfence de mon Empire, vous n'aiiez iamais , voulu obtempérer à mes vouloirs, qu'en rechignant. \ Qu.md ic voiisay voulu mener à la guerre de'Polo- gnc.quelle pchie ai-ie eu?II vous a fallu rrainer maigre vous:Eftant lài'ay voulu voir fi tous ceux qui font à ma paye ouiinaitc m'3uoiécluiuy,&: pourle cognoiftre ie lesay vonhi payer de mes propres mains k la monilre que le fis faire, où au lieu de 40. milles que ie croyois cronucr, ic n'en rrouuay que 8000. Da depuis i'ay voulu armer feulement 40. galeles pourcnnoyerfcuiemcnt fur la mer blanche , & fur la mer noirc.pour vous garder en mon abrence,&: à pei- ne ay-ic pu rrouuer des foIdars,vous fçaucz qu'il a fal- lu q-cmoy-me{pie enperfonne, en habit deguiféi'aye rfté dansroiiies les tauernes vous chercher, & vous poiillcr par force dans mes galères: & encor eftant em- barquez dc!> le premier gifte où vous auez touché terre 1.1 moitié fe (ont échappez. Que vousfemble de tout :ela, luis ic (cruy, n'eft-ce pas là donner beau ieu aux Chrcflicns.Qi.und l'ay veu tour cela,& fçachant com- me ie (çay que mes deux ennemis ordinaires,le Roy de Perle, 6c le Roy de Pologne ne dorment pas .• l'ay crû que ic n'eftois pas alîeuré dans cette ville,n'y eftant pas (cruy. Outre plus , c'eft que ie fuis afleuré par toutes mes Prophcries, que Conftantinople fedoit bien-toft perdrcmais queie ladois reprendre une autrefois.Le panure Prince côtoit fans fon hofte.Toutes ces chofes ie moy c6fidcrces,m'ontfaic refoudre de tirer ma per- [enne d'icy,6c tout mô threfor,pour me mettre en feu- reré.iSc auoir dequoy vous faire la guerre pour repren- dre ma ville,& le lieu où ie voulois aller le plu? alTeuré :ftcic le grand Caire; Aduifez fi ie n'ay pas raifon,&: s'il :ft ainfi,pourqaoy vous y oppofcz-vous ; Neantmoins 3uis que ie voy que cela caufe tapr de rumeur , ie vous sromcts qneie defifteray demonexitreprife, & pour es mieux a(rcurcr,il leur ietca cette promefiTe par écrit bns un morceau de papier- Tour celanefir rien; Ilsperfiftenc en leur fureur,& uy refpQndent qu'ils ne fe contentoient pas de cela,&: ju'i's dcmandoiec bien d'autres chofcs:mais que pour e prefenrils luy demandoient les ceftes du grand Vc- :ir ou Conneftable de fon Koia, c'eft à dire,fon Prece- >teur,duQaeirilarAga,& duTafcarda,c*eft à direSe- retaire d'£ftat,& qaelqu'autre encore,& quand il les eurauroitdonnées,ilsluydiroiem le refte de leur vo- ontc.Pourquoyf die le Prince jles voulez-vous ruer ? Hr:cc( difenc-i!s)que ce font eux qui t'ont donné con- eil de faire ce que tu veux faire, ou du n^oins ne t'en Mit pouitempefché. le ne vous les puis pas donner , dit le Prince, parce |ue ie ne les ay pas prés de moy: ils eftoient pourtant me partie dnns le Serrail, mais il ne leur vouloir pas lire. O bien ( die cette troupe ) nous te donnons 24. leurca aies trouuer, au bout defquellesfi nous ne les luons, fois afteuréque nou^ forcerons le Serrail. Là deffus cette populace fe retire à fon quartier, & 'amafie plus grand nombre que deuant , & eftoient )lus de dix mille foldacs. Cependant voila le paaure jeune Prince bien em- 'cfchc,penfant queqaoy qu'il fift on luy jouëroit un nauuais tourjfur cette crainte,& fur la rcfolutiô qu'il iu»it de ne point donner les teftesd rrâ 'éesiktéps fe Conftantînople. palFc que les foldats luy auoicnt donne' pour tcime, & les tcftes ne viennent point. Ce que voyant cette Cohorte impatiente,elle s'en- court droit au Serrail (S^: rcfcailadcr,moncant par dcf- iiis une petite maifon, qui cft deuant la Mofquée deS^ Sophic,& touche la muraille dudic Serrail, une quan- ritc de lanilîàircs eftant dcfcendus dedans auec leurs harqucbufcs, il font tefte aux Bouftangis qui les pen- foient repoulîcr du dedans, cependant que les autres defccndent, & vont ouurirla porte à toute la gendar- merie. Où en paifant vous remarquerez la valeur de ces gens qu'on eftime fi valeureux, qu'il n'y en eut au- cun de dedans, qui ofaft tirer un coup, pour la deffen^ ce de leur Roy , fe laiflTant prendre comme poltrons: aduifez fi le plus poltron des François n'auroit pas fait autre chofe. Si toft qu'ils furent entrezj une partie s'encourt vi- ftement vers la chambre où s'eftoir enfermé le grand Seigneur,auec fcsfauoris fufdics criant à la porte qué les teftesia demandées leur foient données, ce qu'en- tendant fa Majeftéjvoyanc qu'elle ne pouuoic deftour- ner.cét orage de defiiis les fiens , elle tafcha au moins de le deftourner de de/Tus fa tefte , & pource elle ou^ utit la porte de fachambre,& leur expofa les teftesde- mandéesjà fon tres-grand regrec,ne pouuant faire au^ tremeiic. A peine ces Meflîcurs eurent un pied hors de la por^ te,qu'ils fu rent hachez 'en pièces auec milles ignomi- nies exercées contre leurs membres niortSiComme vo"* verrez cy-aprcs, fans faire aucun tort au Prince,pour lors ains le laifierent là. Tandis que ceux-cy faifoient ces beaux jeux:Ies au^ très couroiét par k Serraihcherchât la prifon où eûoit le Sultan Muftapha,Oncle du petit Princclequelauoic efté toufiours en prifon tlcpuis qu'il fut depofé de l'Em^ pire, il y a neuf ans & plus, & he pouuant trouuer leâ clefs de la prifonpour ouurir la porte i ils montèrent d^rus,elle eft faide comme un petit dofme, couuerte de plomb,fi queleuant leplomb, & rompant la voutè ils entrèrent dedans,& tirèrent ce panure homme de- hors auec des cordes, qui occafionna plufieurs mal in- formez de l'affaire, de croire qu'on l'auoit trouué dans vn puits d'où on l'auoit tiré, mais affeurement ce fut dé cefte prifon qu'il fut tiré,plus mort que vif,tant pour- ce qu'il n'anoit beu ny mangé de trois iours que peur l'apprehenfion qu'il auoit qu'on le prcnoit ainfi pour le faire mourir, chofe affez aifée à croire à luy , voyant tant de foldats en furiejOn luy apporte incontinent un verre de cherbet, qui eft de l'eau emmiellée & fucrées, pour luy faire reuenir le cœur : mais voyant cette li^ queur trouble &: cfpaifTe, croyat que ce fuft du poifon qu'on luy vouluft donner ,'^comme jà autrefois on luy en auoit donné) pour crainte qu'on euft qu'il fe vou-' luft faire Roy à l'abfcnce de fon Neueu. Il leur dift d'une voix tremblante: Ahl que voulez vous me faire» n'eftes-vous pas contens de m'auoir voulu défia au- trefois empoifonner, de m'auoir oftcla Couronne de delfus la tefte5&; de m'auoir tenu quafi toute ma vie ert priron,fans me vouloir ofter la vie à moy panure Der- uich (c'eft à dire Religieux, & diioit cela,parce qu'etl cfFcd il eft Reli gieux des leurs.) Alors les foldats refpondirent .-Non, norl,ne crains point, ce n'eft pas pour te faire mourir que nous t'a^ uons tiré de prifon , mais pour te faire Empereur à la place de ton Neueu.Luy, croyant qu'ils fe mocquoienc illeurdift. He! de grâce laiÛez-moy la vie, ie renonce librement à la Couronne. Chofe admirable, ce Princé ayme mieux eftre afleuré de la vie dans la condition la plus miterable du monde * qu'cftre àu hazard de la perdre, & de fe la voir abbreger dans la condition la plus releuée du monde, comme eft celle d'Empereur, ou ie void clairenjent comme la vie nous eft chère. 1 i i I li 654 Les Empereurs de Conftantinople. Il ne voulue donc iamais boire ce cheibet,mais de l'eau toute claire qu'il dcmâda, ce qui luy fie reuenir un peu les erprics,& palTcr ion apprehcnfion.A l'heure mefme une partie de les foldats le prirent fur leurs épaules, iSc le portans par tout leSerrail,ils le proclamèrent Em- pereur, crianstout hautjSultan Mufl:aphaRoy,Sultan Muftapha Empereur, ôc tous les autres refpondoienr. Amen, amen, qu'il viue à jamais, qu'il viue à jamais. le vous laiile à penfer quelles viues atteintes ces voix,& ces clameurs d'allegrelTe donnoient au cœur du petit Prince Sultan Ofman, qui de là chambre entcndoit publier un autre Empereur,& par confcquent fe voyât à la veille de fe trouuer dansla prifon d'oùl'auaii; tire fon oncle,ou encre les mains d'un bourreau, comme il fe trouua lelenderaain. Or pour reuenir à Sultan Muftapha nouuellerrient efleujil faut que vo" fçachiez qu'il fe trouua fi fort agi- té de deux paflîons côtraireSideTapprehenfion grande qu'il auoic eue de la mort j & la grande joye fubite de fe voir proclamé Empereur ( com.me il l'auoit jà cfté trois mois ^qu'il s'cuanoliit, & on eut peine de le faire reuenir : maisenfin eftanc reUenu à foy i dit qu'il auoit fait vœu de deliurer tous les prifonniers qui cftoient dans toutes fes prifons,tanc de Conftantinople que de Galatta, ce qui fut fait auflî-tofta Et peu après on enuoye les Crieurs par la ville,qui au lieu de trom- pettes, vont publiant Sultan Muftapha Empereur de Turquie,& tenoient en leur main une grande fueille de papier, oùils lifoient les fuiets de la depofition de Sul- tan Ofman,difant que c'eftoit parce qu'il eftoitlaour, c'eft àdirelniidelle,& qu'il vouloit mettre fon Empire es mains des chiens de Chreftiens, & ils difoient cela pour le rendre plus odieux au peuple > & à ce que leur aftion fuft mieux receue du public* Sultan Muftapha eftant donc publié Enlpereur,il fut tiré du grand Serrail neuf,& porté dans l'Efqui-ferrail, c'eft à dire le vieil Serrail qui eft au milieu de la ville, où il fut toute la nuit iufques au lendemain i^. May. Cependant le ieune Prince Oîman bien affligé , a" bandonné de tout le monde , aucun n'eftant fi osé que de l'aller voir,ny le plaindre s'il ne vouloit eftre alîom- méjil paiïaune partie de la nuiét dans fa chambre auec les fanglots que chacun peut s'imaginer , luy qui s'e- ftant veudeux iours auparauant la terreur de tous les Roys du monde, fe voyoit delailfé , &c mocquéde fes propres efclaues, dont la condition cftoit pour lors beaucoup meilleure* Le lendemain zo. May , auant le iour , il s'encourt deguifé,,couuert d'une cuiralfe blanche,dans lamaifon dulaniliaire Aga fon intime, & y fait venir un ficn au- tre fidcUe nommé Vflîm Bâcha qu'il fit grand Vezier, félon l'authorité qu'il en auoit, quoy que non le pou- noir de le maintenir,comme vous l'allez voir.AlTem- blez qu'ils font ils tiennent Confeil,& cherchent quel- que expédient pour appaifer ce peuplc,&euiter un plus grand malheur , dont il fe voyoit menacé de fort près, & l'expédient que le petit Prince iugea plus efficace pour luy, fut que le Vezier Vflîn Bâcha, & le laniifairc Aga allailent trouuer cette rroupe,&; après leur auoir doucement remoiiftré l'obligation qu'ils auoient à leur Prince légitime l^ulcan Ofman, leur offrir de fa part à chacun 6o.zequins,qui font plus de 60. efcus,& de re- haulTer à chacun la paye de 2. afpres par iour, c'eft un fohce commandement fut auflî-toft exécuté par lefdirs fleurs, mais mal-heur en prit, car fi toft qu'ils eurent acheué les propofitiôs qu'ils leur oftioiêt de la part de leur maiftre,les foldats redoublèrent leur furie,& leur dirent;Comment,vous en voulez encorparler,& vous croyez que noftre iufte courroux peut eftre appaifé pour de l'argent: Non,non,& auflî-toft ils fe ruerét fur eux, d'un coup de coutelas fendirent la celle au Vezir» puis luy atràchcf cnt route la grande barbe qu'il auoir; &c luy hachèrent tous lesrhembies,aufànten firent-ils au lanilfiiire Agàf E fc ha ufFcz qu'ils cftoient au carnage,ils courent en la maifon où eftoic Sultan 01man,& s'en faifilfent fans obleruer aucun refpcét à l'abord de ia pcrfonne, l'ayans pris ils enuoyent demander àSuîtan Muftapha* nouuel Empereur ce qu'il vouloit qu'on en fift, & s'il ne vouloit pas qu'on le luy menaft pour luy faire baifet les mains : cette demande attendrit le cœur de Mufta- pha voyant ainfifon Nepueu àlamercy des foldats,& dit qu'il ne le pouuoit pas voir,& qu'on l'efloignaft dtf luy , & qu'ils le miffent 011 ils voudroient : les foldats ayans receu cette refponfcfont monterSultanOTmart fur un mefchant cheual d'un Chaoux, & le menèrent au Camp de la milice , qui eft une grande maifon oii couchent les lanilfaires. Si jamais ils'eft veu au monde un obieâ: excitant à la compaflîon, c'eftoit de voir ce pauure petit Prince monté fur ce cheual , auec fa cuiraffe blanche, on luy auoic ofté fon Turban Royal,&; eftoit tout cefte nu'c,la tefteraze comme font les Turcs, & auoic feulement une mcfchâte petite calotte fur la tefte,les larmes grof- fei côme des perles quiluy couloient lelongdesiou'és, & mille foufpirs que fon cœur affligé lançoit deuers le Cieljcequi donnoit delafurcharge à fa dou!eur,eftoiE les paroles & aélions impudentes que quelques foldats enragez luy diioient, & faifoient par dépitjl'un grinçoit les dents l'appellat iaour,l'autre crachoir contre terrej & frappoit du pied,& un entre les autres luy monftrâr une corde luy dit.-Ollarrô tu meriterois d'eftre eftrâglé auec cette corde, comme un larrô qui a voulu dérober nos thrcfors: Et pour comble de couCes les ignominies qui fe peuuêt faire à un Prince fi grâd,eft qu'on portoit deuât luy au bout d'une lâce,la tefte du Vizir Ion fauo^ ry.qui eftoit toute fendue : l'autre portoit le bras d'un «utrej^c ainfi chacun portoit quelque pièce de tous fes feruiteurs qu'on auoir tuez,aduifez quelle tragédie. Le petit Prince eftant arriué au Camp de laMiliccj monté fur ce cheual >il fut mis dedans un mefchant cha^ riot, tenant une portière, & leSour-Bachi l'autre: cê Sour-Bachi eft comme un maiftre bourreau,iugez l'ef- pcrance que cette belle compagnie pouuoit donner à ce ieune Prince , & ainfi fut conduid: aux fcpt tours fur lebord de la mer blanche. En allantlà,ce pauure petit Prince fortant par fois In moitié de fon corps hors la portiere,il tiroit un grand mouchoir qu'il auoit à fa ceinture, & fe le liant autour du coLil le tendoit aux foldats qui eftœient à l'enroui deluy,& auec dcgrolTes larmes il leur crioit d'une voij entrecouppée delanglotSjHélmes smisjhé me.s frères^ hé ! que quelqu'un de vous me fafle ce plaifir que de m'eftrangler renez , tirez ce mouchoir , ne craignez point que i'aycpluftoft l'honneur de mourir de la main d'un foldat, que le def-honneur d'eftre eftranglé dans une prifon par la main d'un bourreau : mais il parloii en vain:un feul le trouua,qui répondant plus à la voi> de fon cœur,quiapprehendoit la morr,qu'àla voix de fa bouche qui l'alloit mendiant, luy dit Prince , ne t< defefpere pointjencore qu'on te meine dans la prifoOf peut-cftre que ta fortune (eia meilleure que tu ne pen fes,prendscourage;bon gréjmalgré, il fallut bien qu'i le prift. On le meine donc aux fept tours , & on le fait entrer dans une prifon qui -eftoit fort baflè , où i, fallait paifer un guichet fort bas & eftrold. Peu après qu'il fut arriué là dedans , voicy venir 1< grand Vezirnouuellement faict par le nouuel Empe- reur Sultan Muftapha,& qui eftoit beau-frered'iceluy lequel luy prononça la fcntcnce de mort delà part de Muftapha.luy difant:Pnnce tres-cxccUent, ie viens k) à mon cres-grand regret , mais envoyé de l'Empcreui Sultan Muftapha ton Oncle,raaintenanc couronné àci place Les Empereurs cîe Conftantinople. placcpour te prononcer le trifte aireft de mort.il faut que tu meure tout à céc heure. Ha (s'edda ce petit Prince) moy que ic inctirc, moy que ie meure, il faut qiieic meuicî Qi\^y-k ùit qui mcricc la morr? Quoy, fauf-iique iepatilîe pour les autres , qnc l'innocent mcuio pourIcscou!p.iblcs? le n'ay rien faidque par . le confeil de mon grand Vczir, de mon Koia & des au- tres qui cftoient près de moy , ii eux fculs cftoient coulpabîes, ôc vous Icsauez foit mourir, n'cftcs-vous pas conrcns; Et lue vous promets queie delîilcray de toutes mes cutreprifes, cela ne fuffit-il pas pour me fendre pardonnablc,pourquoy donc me veut-on faire mourir ? Prince, dit le Vezir , il faut que tu meure:-. Ah! queie meure, mefaut-il mourir/pcrmettcz-moy donc que ie falle ma prière auant que de mourir , ce quiluy fut permis, 6c la fit auec les larmes ôc lesfouf- pirs que vous poauez penferrpuisfeleuant d'une gran- de videllc dit. Hc ! n'y a-il pcrfonne qui me vueiile prcrter un poignard, pour me donner le moyen de ven- ger ma morr, & me deiFendre contre mes bourreaux, mais en vain faifoitril ces demandes ; c'eftoit la icu- ne/fe ÔC le faflg Royal , qui bouillant dans Tes veines, neluypouuoient permettre d'enuifager lamort. ources conteltesdel a vie & de la mort , voila cinq ou lîx eftafiers qui l'abordent pour le fainr,contre lef- quels i! k rua fi courageufement , que des poings feu- lement il enietta trois par terre.Tout cela n'eftoit que prolonger fa morr,& nonl'euiter, car un de ces hom- mes qui eftoient là , efpia fi bien fon temps, qu'il luy iettaune corde de foyeau col.&l'accrocha.-Le pauure petit Prince fe fentant ainfi ferré, & aux dernières agonicsjle démena fi courageufement des pieds & des mains,qu'ils auoient peine à l'eftranglerjCe que voyât un de ces bourreaux,il luy lafcha deux coups d'une pe- tite hache , l'un fur l'efpaule , l'autre fur le col , feule- ment pourl'eftourdir, & luy débilita fi bien les for- ces , que ne (e pouuant plus reuancher ils l'eftrangîe- rent à leur aife.voila donc noftre petit Prince mottiSc fon corps tombé par terre, rendant une grande quan- tité de (angparle nez & par la bouche. La cruauté & l'ignominie ne font point encor cef- fées,elles vont feulement côraencer fur ie corps du def- funâ:. Car fi toft qu'il fuft mort , le grand Vezir prc- fent, luy couppa une oreille qu'il mift dans fon mou- choir , & l'apporta à Sultan Muftapha pour i'a/feurer que Ion Nepueu Ofman eftoit mort. O cruauté plus que barbarefque ! O fped^cle cruel, voila bien main- tenant accomply le fonge qu'il auoif eu il y au,oit enui- ron trois fcpmaines. Il fongea une nuiâ: qu'il eftoit en chemin de fon voyage prétendu de la Mecque , monté fur un grand chameau , & que furie chemin fon chameau s'efcou- lant de dcffous luy, s'enuola au Ciel, & ne luy demeu- ra que la bride en la main,luy bien empefché à l'inter- prétation de ce {onge,confulte fon Koia, ce qui luy en fembloit,mais il luy refpondit que ce fonge cftant my- fterieuxjiln'ofoit entreprendre de luy en dire fon ad- éiis , & qu'il eftoit d'aduis feulement qu'il allaft voir fon Oncle Muftapha» enfa prifon, &c que luy qui par- loit ordinairement auec les Anges, luy en pourroit donner l'explication. Il fe refout de fuiure cét aduis, Ôcdc fair,iele visdegrand matin fortir del'Efqui-fer- rail où il auoit couche deux ou trois nuits , ôc venir dans Ion Cayque par eau dans le grand ferrail pour rrouuer {on Oncle Muftapha,auquel ayant expofé fon fonge, il luy refpondit : Sçache que ce grnd chameau fur lequel tu fo.ngeois eftre monté, eft ton Empire qui t'a cfté fujet & obeyifant jufqu'à p-efent , ce qu'il te Icmbloit qu'il s'eft efcoulé de delfous toy veut dire que bien toft il fe rebellera contre toy, & t'efchappe- ra des mains; tu le perdras, & la feule bride qu'il t'eft Rftce à la main, veut dire que de ton yiuant mefmejfera un autre Empereur à ta place,& ne te rcftera que le n.5 ôch marq,'!c d'Empereur; voila pas une intcrprctatio auffi admuablç queie fonge eftoit myftcrieuxjN'tftoit que le l'ay fccu le iour mefme qu'il eut ce fonge àucc rnifcrprctatiou fuldide , trois fcpmaines auant toute ccfte rumeur,&^iuant raccomplificmcnt d'iceluy fon^ gc, i'aurois creu qu'il auroit cfté hitt à plaifir, après là tragédie iouée. Songe que vous auez veu accomplir de poinét cil poind , puis que Sultan Ofman vit de fcs yeux un au- tre Empereur à fa place,& fon Empire luy efchapper» la feule bride luy eftant rcftée aux mains,d'où elle tom- ba encore, lors que fon corps mort tomba par terre» comme nous auons dit cy-delfus. Le lendemain qu'il fut eftranglé 20. May i tèii. lé corps mort du petit Prince fut apporté de la prifon au grand Serrail, pour le faire voir à Sultan Muftapha, à ce qu'il ne doutaft point de fa mort ;& tout d'un pas* vei-s les huidt heures du matin fut porté enterrer, dans la fepulture de fon Pere Sultan Acmct , ôc près de fon petit hlsj Cet enterrement, fut fi trifte,& auec fi peu de pompe ny compagnie, que perfonne n'y ofoit afl^fter» depeurd'eftrefoupçonnéauoireftédefonparty,fcule- mentyauoit-il desifemmes quiparleui larmes & pa- roles appelloient tout haut le Ciel à tefmoing dê cet outrage comKr.is en la perfonne de ce ieune Prince. Vpila que c'cà que d'un Royaume où il n'y a point de Prince légitime pourfouftenir le party de fon Roy coiitre une canaille de populace^ ^ Muftapha ayant fort bien recogn^eula ruine & la perte eminente de la Monarchie Ottomans & queie Baiîa Arpiron ayant aflemblé une armée de 50. mille- hommes auec de/Tein de venger la mort du Sultan Of- man & que défia commençant la vengeance, ij,raua- geoit , brufloit, ruinoit&gaftoit une infinité de lieux appartenans aux Turcs & entr'autres s'eftant emparé par force d'une certaine place grandement munie , y auoit ma/TaCré mille foldats lanilTaires d'une façon pltis que barbare & tyrannique,& Ziguk n'ayant peu relifter ny refufer de permettre que les foldats fe joî- gniflcnt auec fcs grandes forces par un commun Ôc vnamme confehtemcnt & volonte'^de tous fes foldats* tous remirent l'Empire entre les mains de Sultan Amu- rath,h-ere de Sultan Ofman,quoy que jeune & n'ayant alors encor atteint l'âge de 12. ans, & emprifonneient le grand Vizir nouuellement efleu pour auoir efti mauuais adminiftrateur des finances de l'Empire , & le contraignirent de rèndre un compte gênerai de toutes les mifcs ôc defpences par luy faites. Ainfi donc Sultan Amurath prenant poifelfion de 1 Empirei'an 11. de fonage,apres que Muftapha inca- pable du gouuernement , fe fut renfermé en fa cham- bre au Serrail fort content de fe defifter de tant d'affai- res qu'il ne pouuoit pas fupporter, il s'en alla à la Mof- quee en grande pompe ôc magnificence>affifté du Prin- ce Gratiofe , où felonMa couftume des Turcs fort fo- lemnelle , il fut couronné Empereur & à l'inftant par tour Conftantmople furent faits feux de ioye auec de tres-grandes refiouïftances. Apres ce Couronnement le nouueau Empereur re- çeut le grand Vezir à pardon, le déclara Gouuerneur d'Afiei parce que cettuy-cy n'auoit donné aucun re- pos à la Mere de Muftapha ( laquelle auparauant auoit commandé que l'on cftranglaft l'Empereur Amurath auiourd'huy régnant auec fon frere}mais au contraire^ ayant fait prendre fes deux fils,& iceux enfermez en un lieu (ecret , il afteura par ce riioyen fa vie contre leur mauuaife volonté. Amurath au commencemeltir de fon règne s'adonna à faire quelque reformation en fa Cour,& fie trancher la tefte à quelques principaux Officiers pour auoir vfé de mauuaife adminiftrariGn auec la République^ en- I i i 4 tre-aurres 656 Les Empereurs de Conftantinople. ... _ - . . * . . . ^ 01 /-..ccf i„ ^.i; tre- autres AbhauetjBiiftain >qui cftoit retourné du Gouuerncmeuc du Caire à Conftantinoplc , & quant au BalFa Ailînon,eftant forcé de venger la mort de Sul- tan Ofman, il luy envoya pour ce fubiedt pluficurs ri- ches ptcfcns-Par après ce mefme BaiTa fe monftra re- belle, car par plufieurs fois le grand SggneurAmurath l'ayant fait admoncfter de retourner à robeyflTance» & fc retirer de cette rébellion > il ne peut rien gaigner fur luy. Au contraire Arlîron ayant affemblé de gran- des &c innumerables forces de toutes parts fur le com- mencement du mois de lanuier 1624. Il rauagea Se endommagea l'Empire Ottaman plus qu'il n'auoit faidt auparauant, ce que voyant le gtand Seigneur, commanda à toutes fes troupes de Natolie d'aller du cofté oiJi eftoit l'armée dudit Arfiron rebelle, Se le tail- ler en pièces. Mais tout cela n'eftoit que commence- ment au prix de ce qui fe palTa du depuis entre les Balfas rebelles & le Perfan contre le grand Seigneur en fon Empire.Car le Perfan baillant fecours au Balla de Babylone s'en eft rendu maiftre Se a puiflamment fortiftc cette ville. •■ . D'autre cofté Larmil ou Emir Facardin,Gouuerneur de Sarepte, ou Sydon en Syrie (ancien rebelle du Turc &c qui receuoit les Florentins à fon port en leurs cour- fes de Leuant) s'eft rendu maiftre de toute la Palcftine & feveut dire Roy deHierufalé& deludée.Le grand Seigneur Amurath auoit enuoyé un Balfa contre luy auec une puiffante armée > mais ils fe trouucrent mal receus de Facardin qui a en fon armée 60 mil caualiers très - habilles hommes qui taillèrent en pièces l'armée du Turc, il eft fauorifé du Perfan & tire de Perfe fe- cours Se aide quand il en a befoin. Ainll cet Empire tombe de iour à autre en decaden- ccjCar les grands changemcns qui s'y font donnent af- fez à cognoiftre le decHn de cette Monarchie.La gu.er- re de Perfe 6e celle des Roux, c'eft à dire Cofaques & Turcs & donne preuuefuffifante de cc:U- vciiré. L'armée de terre que le grand Scignei.i Amuratâ mifc cet Eité dernier i6x6. compolée de lyo. milles hommes, a tenu longuement Babylone afficgcc du co- fté de l'Occident & de l'antre cofté de la iiuicie vers l'Orient, eftoit l'armée du Roy de Perfe moindre en nombre mais plus fraifche Se moins fatiguée , qui fc font tous les ioursefcarmouchez auec furie Carnage tres-grand.lalfans^: trauailkns les Turcs par leu . s fré- quentes efcarmouches,lefquels Turcs ne pouuan s plus fouffrir à caufe de l'extrême difette des viures , que pour les grandes & excelTuies chaleurs qui ont règne en ce pays , furent tout hors d'cfperance de prendre Babylone. ^ Pour de l'argent ils en auoient fort peu, c'eft pour- quoy cômandement fut faid par le grand Vizir à tous (oldatsde l'armée d'apporter tout l'or Se l'argent qui eftoit à leurs armes,ccincures,brides de chenaux & au- tres harnois ou ils ont ordinairement force boucles d'argét pour en faircàyâni des montagnes entre deux , & le pays des MedeS dU Leuant. Elle a cfté jadis en réputation à caufe de l'Étft'^ pire qui y eftoit eftably, & delavilic de Niniué, âlBf* près de la ville du Tygre,& plus grande que Babylôfie» Elle contenoit jadisles Prouinces d'Arapachit,d'Adiâ» ~ bcn , & de Sittacen , que quelques-uns nommefij^ au- jourd'hiiyBotan, Sarca,& Rabia. La Sufiane , ou la prouince de Sufes j ^ qui Nigél j donne le nom de Chus, & Mercator de Cufiftanjcft bornée du Nord de rA(Tyrie,du Couchant de BabylQ- ne près de la tiuiere duTygre.du Leuant d'une pàltle de la Perfe, & du Midy du Golphe Perfique. Elle à eus ce nom de Sufiane delà renommée ville de SufrS» qu'on appelle maintenant Chus,felon NigerAlelôn quelques autres Suftre , & qui «^ft baftiê fur la mïtît d'Enele, maintenant Tircir , ô£ auoit jadis quitizé mil= les pas de tour, eftant pluftoft longue que d'aUtrês B» gures. ' » ( La Mefopotamie nommée dans l'Efcritutê Afa»>6U Charam,& pour lejourd'huy Diarbech,felon Mcrei» tor.mais feulement partie de l'Azemie , dont l'AlTyril faia le refte , félon Belon, eft aflîfe entre les deuxfa« meufes riuieres d'Euphrate. & du Tygrc, & a poUf fcS bornes du Septentriô la haute Armenie,presdu Biofiï Taurus,du Couchant la Sy rie.pres du flcuue Euphrâte» du Leuant l'Afty rie feparée par le Tygrc , & du Midy l'Arabie deferte. Ses principales villes font Ofé,qui a fept mille BâI de circuit, & eft renommée pour la mort de CralfuSi Caramit, c'eft à dire.En Turc ville noire, &fê nôlîieiÉ jadis Amida , & eft au pays qu'on nomme AlêcH » Se capitale de toute la Mefopotamie,qui fut prift par Sê» lijn Empereur des Turcs , Merdin fiege duPatriarehe des Caldcens, & Mofus fiege du Patriarche des Néftô- riens, dont l'authorités cftcnd jufques au Cathay » 3î aux Indes. r r ?i j- - 1 La particulière prouince de Perfe , fuft jadis tiômée Panchaie , du noiu de fonRoy Pantgée.puislesGrêêl luy donnèrent le nom de Ccphcc,& après elle a reeeU ccluy de Perfe,a raifon de Perfée,qui fut ttanfporte de Grèce en Afie: mais maintenant elle s'appelle Erafi, OU Frafiftan, fclon Mercator, combien que quelques^ufi» tftiment que ce foit l'Azemie , & que Cedten nc>fti= me là dedans , du pays Cherafan. Elle a pour bofnes du coftc du Nord la Medie, du Couchant la Sufiane, du Leuant la Carmanie , &du Suie Golphe dcPcïj fe qui reçoit fon nom de cefte prouince, & s'cfteild au long d'icelle de la longueur d'enuiron fix miliei pas : Sa ville Royale c'eft Siras . qui fe nommoit jâd\i Perfepolis, félon quelques.uns,ou Cyropolis fclon les autres , & fut autresfois la demeure des Mages Royi d'Orient. C'eft aujourd'huy une des plus belles & del plus grandes villes du Leuant, vcu qu'elle a lO. miliei pas detour,en y comprenât toutesfois les fauxboutgiSi & eft affife fur la riuiere de Pindimir, & GontietitÊ©. milles maifons. La Parthie,maintenant,Charairen, félon Nigcr.pté- nant ce nom de la ville capitale Charas, félon Met- cator nommé Arach,ou félon Alphonfe Hadrian leX, a pour fes confins du Leuant la Ptoumce d'Arie , du Midy la Carmanie deferte , du Couchant le pays des Medes, ôc du Septentrion l'Hircanie. Ses principale! villes fontCa(ran,qui eft fort nche,Sembran,Teracaft Amadan, Imammadulafat, Malam . Mafliar, Safuaf Coran , Culbat, Cur, Cien.Turbat. TutfuS, & autres Mais la capitale eft Hifpaham , que quelques-uns di ienc eftre l'Ecacompyle des anciens, ik qui çftfigran de ôc fi belle,que les Percs difcKC que c'eft la moitié di monde. L'Hircân? De l'Eftat du Sophj de Perfe. 1 L'Hircani? t?c nômce par quelques Barbares,fclon Niger, Girqinm , ou Corcam : mais il dit qu'ellcefl: iitimméeMcdindrc ducoltc des v«II« de Stranue , & d'Ei ric min.ado , elciic que toute l'Hircanie s'appelle Mefandre, mais Erithréela nomme Hyracli. Marie Angioleireliiydonnclenom de Strane, & Mercator de Diargument. Ses limites font du Couchant la Medic , du Lcuant la Margiane.du Midy h Parthic,le mont Coron eftant nu milieu, &: la mer de Bachu du Nord.La capitale vil- le de cefte prouince eft3ppe!)écHyrcan,& elt très for. te d'nffiette: Les Scythes la nomment Charizat félon Plinc.-Lcs autres villes Bcftan,Mcfandran, & quelques autres. ) La Marqiîne cfl nommée Tremigin par Pinet , Se Niger tient que c'eft une partie de la Tartarie de Za- catiy: mnis Caftalde , & <^ielques autres l'appellent lefelb.is. Elle a pour fes limites du ccfté du Lcuant la B.T^iriane, du Couchant l'Hii canie, du Septentrion la j-iuicu" d'Ovr,&: du midy une partie de l'Asie capitale villedela Margianecfl Antioche, à qui quelques-uns donnent nnjourd'huy le nom d'Indioy.On met icyle marais d'Oxinne, qu'on nomme maintenant le lac de Bar'iacamheriou de Maru. La Baftriane porte aujourd'huy le nom de Battcr félon Ramufius, mais Cartel, & d'autres la nomment Charalïèn, & Niger veut que ce foit une partie de la Tart«riedeZacatay. Elle a pour Tes bornes du Leuant Se du Septentrion la Zogdianc près delà riuiere d'Oxe, & du Couchant la Aiargiane-pres des montagnes, & du Midy la Prouince d'Arie,lemontdeParopamifréeftant au milieu. Il y a eu anciennement de belles villes en ce pays, dont quelques-unes furent baftics 8c ruinées par AJc- xandre.Mais fa ville Royale fut Ba61:re, qui tira ce nom d'une riuiercqui s'appelle aujourd'huy Bochara félon Niger , & félon le mefme eft ?ncor capitale du pays, & lieu de la naifTance du Médecin Aviccnne &de Zo- roaftre. Quelques autres difent qu'Iftigias eft la capi- tale ville de cefte Prouince, quin'eftpas toute fous la domination des Sophis. LepaysdeParopamifle, ain fi nommé, pource qu'il eft faidl: en f^çon d'Ille.veu qu'il e(f arroufé de riuiéres prcfque de tous coftez,a le nom de Dache félon Niger, mais Minadocluy donne celuy de Candahar, & les JutrcsdeSableftan:Ses limites font du cofté du Nord, inc partie de la Baéèriane près du mont de Paropamif- e,du Leuant l'Aric, du Su l'Arofie, & du Leuant les [ndes.Gandahar eft la ville capitale du pays. L'Arie,à qui Niger donne encoreaujourd'huy mef- ne nom,& les autres celuy d'Eri,eft nommée par Ca- lalde Corfan,& par Mercator Sernere, eft éclofe entre a Margiane, S< la Baâriane du Septentrion , & a pour à borne du Couchant la Paithie,& la Garmaniedcfef e,duMidy la Drangiarnc , & du Leuant le pays de 'aropamille.il y a en ce pays trois riuiercs principales, i fçauoir Arie, Tonelet, &c Arapen. On y void a,u{fi le narais Arien, qu'on nomme aujourd'huy le Lac de Jurgien : Sa tille capitale eft Eri , qui a de tour treize niilcpas. La prouince de Dagiane fe nomme maintenant Si- ;f ftan, félon Mercator, & plufieurs autres: mais Niger lit que l'Aracofie auec la Dcangiane, s'appellent Sege- :an. Quelques autres difent qu'on nomme cela le Royaume de Cabui.qui eft fur la frontière du Royau- oe du Sophy cofté de l'Oiieft, & quil y a un Roy par- iculier qui eft Mahometan; Ses bornes font du Nord, c de l'Oiiîftl'Arie, au dsflous du mont Bagoé, du 4idy une parçic de la Gedrofie , & de l'Eft l'Araco- e. Cefte Prouince eft diuiféecn deux par la riuiere de )rangic,quelcsnouucausfaifeurs de cartes nomment Ilnnent:& ce pays eft tellement dos de montagnes.duc celte riuiere ny trouue prefque point de palTage. La Gedrofie porte aujourd'huy le nom de Charma, 15 félon Niger, & de Circan, félon Caftalde. Mercator la nomme Geft, & Giraua & Molet l'appellfcnt Guzarate: mais c'eft chofe afTeurée que Guzarate eft le Royaume de Camboye. Elle a pour fes limites du Septentrion lâ Drangiane , & l'Aracofie , du Couchant la Carmanie, du Leuant une partie des Indes , oii le Royaume de Camboye, & du Sud la mer des Indes . LaCarmanie,aujourd'huyChermain,fcftdiuifêe en deux félon Ptolomée: Vne partie s'appelle deferte, & I autre eft comprife fous leieulncmde Carmanie, Se eit nommée la hautei par quelques autres. Quelques- vns la nomment maintenant Culcinde la Carmanié delertc , ou il n'y a nulles villes,màis feulement quel- ques villages fort efpars. Ses limites font du Septcn-- trion,Ia Parihie, du Couchant une partie de la prouiri- ce de Pcrfe: du Midy l'autre Carmanie , & du Leuant 1 Ane. L'autre Carmanie eft affife entre la Gecjrofie deferte, une partie de la Perfe.Sc la mer Indique , & eft appej. lec haute, ou grande , pour ladiftJnguerdeladelèrtt. routecefteprouincea d'eftenduë ptes delà mcrzbo. lieues:mais ,1 n'y a„ulbon port.ny abortpburlesna- uires, 3 caufc des efcucils & des bancs. , . La ville capitale du Pays eft ChirmaU ^ QuflqueS- uns diuifent aujourd'huy la Caramanieen deux parties* dont 1 une fe nomme Dulcinde , & eft fa partie plus Urientalc aux frontières de la Camboye, Se contient lesKoyaumes de Macran,Eracan,Gu3dcl,& Patan qui cltoient jadis tributaires des Roys dePerferiSc tout ce pays là eft mal habite. L'autre partie de Carmanieefï piusOccidentale,a des portes plus conmodes,& beau4 coup de villes. ' Ceft fuccintement ce qu'on en rerouue parmy 1^ autheurs, & les relations de queltues uns qui ont voyage en ces contrées- là; mais il fenble que Texierei duquel il fera parlé cy^apres parti.uliercinent , l'aie aucunement mieux diftinguée, nomnai toutes tbofe* parleurs nomspropresj faifant par:e moyen cognoi- ftre & remarquer plus clairement ts lieux où it font paflecsies avions plus fignalées, qu;fe verront dans le lommaire de l'hiftoire en fuiete d< cefte petite rela- tion. Car comme il a eftéfoirtexad àrecherciier tout ce qui eftoit rare par tout où il a palfc, cncores s'cft il da- uantageeftudié d'auoir une plus fijnaléc cognoi/lànce des affaires , Ôc de la fituatioh decc grand Royaume pour le delîein qu'il auoit d'en écrire quelquei-foiS i'abregé de Thiftoire^comme il.a fid. Il intitule donc ainfice petit dicours , qu'ilacfcrit fur cefujet. RELATION DES PLVS Notables Pro'vmces ^ qui ont plus lon- guement duréfouhs la Seigneurie de la Perfe. A Perfe , dit- il , que les mturels cju pays appel- 17 "4^ lent Parc où Agcm , d'où vient qu'on appelle communément les habitansPar^ou Agemy.eftant une des pliis grandes Monarchies.dîs plus célèbres & plus- peuplées quifoyent au monde, ne fe peut pas defcou- urirny borner certainemét pour la variété qui fe trour ' ue en fa donlinïtion,les Royaumes éc pf oui ncés de la- quelle ont efté tantoft de fort grande , & auttefois de bien petite eftendue,defquelles je rapporteray briefue- ment celles qui ont le plus loiigucmcntpeififtéroubî ce I 66o De TEftat du Sophy de Perfe., ce Gauuernement, & qui ont le moins change, & des princi paax oc-jplrs encore, pour fcruit de plus grande lumière \ ce qui en a efté efcrit, laiffant le dire de la h- tnation aux profelTeurs de la Cofmographie. ?aïc. Cefte prouincc n'eft pas des plus grandes du Royau!iie,3yanc b grande & noble ville de Seyraz pour capitale : elle eft abondante en bleds, chairs & fruicts, ayantgrandequantité d'eaux rorcs,& de cordoiians.ou marroqmasrdefquelleschofcs ellefai^un grand tra- fic aucc tous les Royaumes fujeds à la Perfe, ony tra- uaille auffi en quelques eftotFes de foye de celle qui croiftaux enuiions. ^ Celle qui par après a ic plus de réputation , c clt la ville de Lar ou Lara , comme difcnt les Portugais , de laquelle les Laris ont pris leur nom.une forte de mon- noye d'argent tres-fin , fort cogneuë. & qui a grand cours par toutl'Oncnt. Ceftecy eft chef d'un Royau- niG.on y fait les meilleurs arcs pgur tirer qui foient en toute la Perfe. En cefte ville au mois de Septembre, l'an de ûlut i^rr il s'y fit un fi grand tremblement de terre, qu'outre plus de iioo. raaifons qui furent ren- iicrfses, la plas grande partie des murs fut ruince , & plufieurscifterncs (car ils n'ont point d'autre eau en ces quartiers là que celle qui vient de la pluye ) & ht Mourir trois mille perfonnes. Il y a encor en cefte Prouince de ParcTaromjIaha- rom.Zazron, & Laftam, qui portel'Ingo (qui eft LalTa fretida Scahabanon,les habitans de laquelle font tous chauucs)Nerij, les termes de laquelle font abondantes en veines de fer ^ de fin azur : il fe fait la auffi de fort bonnes armes, & autres chofesfortcurieufes,Paçah& Daragucrd cckbiiçsà caufe de$ fruits verds & fecs dont ils ont en abond*ice auec de l'eau rofe. Il y a encore outre ceux- cy plifieurs autres lieux qui font de moin- dre eftimc. , , n r 4 Hierak.Ceft i^e autre prouincc de laPerfe.grande &iinportante,qula pour fa métropolitaine Lufphaon, Cité fort peuplée! & qui a efté quelqucsfois le fiege des Roys de Petft : Il y a un fort grand commerce, eftant bien fournjide tout ce qu'il luy eft neceflaire. Les lieux & viles plus remarquables de cefte pro- uince font Yardlenommée,non pour fa grandeur, mais pour eftve fdt plaifante & delicieufe, & pour les riches tapis Perfiiis qui fe font en icclle. qui fondes meilleurs de tout \ monde. Il y a aufli quantité de foye, & d'excellent eau rofe. io Kachon eft rencbnméc pour la grande abondance des foycs de toutis fortes qu'ils ont là dedans. Son territoire eft fort fe^il en toutes fortes de f tuiâ:s,entre lefquelsonfaitgratl cas de coings de Kachon, corn me fort excellens. Il y atncore Kom, Saoah, Kazuin, Cité célèbre, laCour,àbrefent des Roys de Perfe, depuis la dernière perte dl Tabriz, Amedon , Nuhaoand, largazin ,DamaoanlTaharon,Rey Charcar, où on recueille grande quaitité de m^nne, mais non pas de la plus pure , & pluleurs autres lieux de moindre ré- putation. I . 21 Aderbion, ou Azabion.Quant à cefte proumce elle eft fort grande,la prhcipalevillcdc laquelle eft la fa- meufe Tabriz Ja Cou des Roys de Perfe > auparauant qu'elle fuft en la puilljnce du Turc: on retrouue en el- le abondance de plullurs chofes rares.eftant outre ce- la fort bien fournie d tout ce qui luy eft necelTaire.cl- le a auffi un grand commerce auec la Ruffie, Pologne, Mofcouie, Circaffie,4irgeftan,& auec toutes les pto- uinces de Perfe : elle broduit de l'argent en quelques endroits,quantité d'AÎun,& degaranceou paftel, que les habitans appellentCalangcs. En cefte prouince iïy a encore Seyrnan, Naxtohan, Hordobat,Ardauel,ou Hardeuil,Halkhan,& plufieurs autres. ■ n.r il Gucylon, ou Guylaij. Cefte autre proiunce eft louf la domination de la Perfe,& de grande eftenduë, auffi contient elle plufieurs grandes éc riches contréesrelle coftoyela meiCafpie,quia pris fon nom de cette pro- vince : car lesPerfes l'appellent Duryah Gneylanj , c'eft à dire Mer deGueylon, elle eft diuiféeencinq Gou- uernemens , les Citez principales dcfquels fontRach, Laion, Gaechkar , Langar , Canou , Kudam , 6c quant à Gucybn ils l'appellent communément Eudfafdy c'eft a dire l'Inde blanche , à caufe que c'eft une terre plaifante & fertile: elle confine la Mofcouie, que les Pertes appellent Mofeuu. Ces villes fui'vdntes font fur le n'vage , ay* aux environs de la mer Ca^pie. MAzanderon, Strabat, Boftam.Sabzabath, Nichi- x\ bur , d'où font venus les Turcs , & autres qui toutes fouloient eftre jadis chefs des Royaumes & Prouinces:m3is maintenant elles font reduitesfous des Gouuernemens particuUets delà Perfe: toutes ces citez font fort peuplées. Karafen. Les Portugais l'appellent communément Karafoû,qui eft une autre Prouince fubjedbe au Ro- yaume de Perfe, en laquelle il y a plufieurs peuples & villes de fort grande réputation; la première de toute» lefquelles eft MecUed ville grande & peuplée, & en laquelle les Roys de Perfe, & depuis encor Seaeh Ifmaél Sophy ont leur fepulture. lly aauffila ville de Thuntres abondante en plufieurs Hncs foyes : Tabas fort peuplée, Kahcra fertile en fafian, Hrey oùfe re- cueille grande quantité de très- bonne mannctles murs de laquelle font baignez de la frefche riuiere de Habra, Marvvo,Herat,& autres en grand nombre. On tire auffi de cefte Province grande quantité de lapis Perfiens, de l'alTafredita. & autres chofes , abon- dantes encor en ce qui eft neceflaire pout la vie : elle auoitcfté toufioursfu jette aux Roys de Perfe: mais el- le eft main tenant en partie fous la domination des VI- beques ,qui les voyans occupez à la guerre contre les Turcs, entrèrent en leurs terrcs,&s'empaierent en ce- fte prouince de beaucoup de places. Kermon. Ceftef r-ouince eft encre la Perfe Se Kara- fon.la Cité principale de laquelle s'appelle du mctme nom, qui eft fort penplée,mais qui n'eft pasfort vieille elle donne quantité d'eau rofcs, de tapis Perfiens >Tu. tie.de l'herbe contre les vers,& du fumach. llya encore en la Perf plufieurs autra provinces. ; ■ SAgiftam,Turbaftam,Kablphaar, Siftatu , Curdeftum , Loreftam, & plufieurs autre» qui ne font pas fi celebrcs.lefquelles ne font nommée; icy, de crainte d'ennuyer le Lecteur. Toute la terre de Perfe , ou pour le moins la plui grande partie eft fort bien fournie de bleds, de chaiis de fruids verds ôc lecs.tant de ceux de noftre Europe que d'autres , le tout à bon prix: le peuple eft W beau , & de gentille difpofition : leur habillcrr,i . , quafi fcmblabtc au Turquefque : ils fuiuent h feclc c Morth Aly , qui eft différente de quelques articles di celle de Mahomet. ^ ^ ' Us combattent pour la plufpartdu tempsàcheua auecla lance Se rerai,!es atcs,les flèches, les coutelas ou cimeterre, chemifcs de mailles , maQes à la genett( Ils font forts en la guerre, & fouftrent beaucoup e; icelle. Les PerfesControiis addonnezà !a ledure ds liures.dont ils font grand ca's. Ils font fort verfez à ! Poélïe, en laquelle ils ont en des hommes fort'cscci lens, Icfaiicls leur ont Uulé dss œuures fort polie! l De l'Eftat du Sophy de Pcrfe. 6^, Ils font d'amoureufe compicxion , <^ ont la cootipif- fanctf detous les arts &: fcienccs fpeciilaciiies , % les Profdièurs d'icelics les traident auec beaucoup de cu- riofitc Ardefubcilité. Leur droia commun ne tient pointplus de volumes qucceluy de la fcâe de laquelle ils font profcflïon, fommettant l'adminiftracion delà jufticeà pcrfonn«s de teputation. Les hommes y font fort jaloux, les femmt:< peu chafîes. Enfin la Perfecll vue des plus polies Mo.^archies du monde, ôc qui ne doit pas eftre mifes entre les plus petites. Ils viennent ordin.rirement de toutes les parties de la Pcrfe à Harmuz de grandes carauanes pour trafiquer auec lesPortugais,& beaucoup de Chreftiens,Gentils & Mores qui y refident, auec lefquels ils trafiquent de ce qu'ils ont ; à fçauoir,or,argent, foycs effilées «S: mi- fes en œuure , de brocardors, tapis Per/îens ; chenaux, paftel, alun, thutie.rheubarbe, eau lofe , & autres di- uerfes marchandifes , comme en contre efchangeils énleuent de-là des robes & des tocques tres-fines > du cloud,de la canelle,de l'agnus caftus, cardomome, gin- gembre,du macis,noix, mufcades,du fucrc,de leftain, du fandalA' fapin qui eft du bois de brefil, de la porce- laine de la Chine , du mufc, de l'ambre, bois d'aloè's, pierres fines, femence de perles , de l'Inde (couleur qu'onemployeau lieu de paftel J de l*acre,& plufieurs autres fortes de chofes. Les Pcrfes n'ont point d'autre nauigationquecelledela mer Cafpie,&: quelques vns qui palTcnc en l'Inde le font par Harmuz en nauircs Portugaifcs ou autres auec leur permifïïon. Tous les habitans de Perfe font Mores Chyays , qui Font la meilleure partie , ou Payens Gaoryazdye qui idorent le feu , lefquels , bien qu'ils foient plufieurs, ont peu toutesfois aa regard des autres. Il y a auffi des laxfs qui viu«nt en leur liberté par toutes les prouin- :es de la Pecfe , &: y ont bien de huidà dix milles mai- ons. I! n'y a pas peu aufli de Chrefticns Arméniens, 5cNeftoriens. ^ Mavrenabar. Ainfi appellent ils les terres qui ont au delà du fleuue Getum , qui les fepare du Kara- on, là eft Koarrazin & Gazuetien, après fuit Turque- lam Vfhek, TaturKeato Kotan , & autres quafi fans ombre , non moins riches 6c opulentes que belli- Heufes, VsBEk. Ceftvne très- grande Prouince,& quiaueit fté de tout temps fubjeâie à la Perfe , maintenant elle 'en eft: pas feulement feparée, mais luy faiâ: la guerre, ■ luy a vfurpc quelques terres de fa domination. Ce- e Prouinceefl: d'vnefort belle eftenduë , & contient iufieurs peuples & citez de réputation : La Metropo- taine eft Balk , la eft aufli Samarkand , partie de Tey- urlangh , Damarkand, Bokara, partie deBoaly, ou uicennc, Kachghar , & Achkhar, d'où vient la bonne leu barbe, & plufieurs autres chofes. Les habitans font belliqueux, ils combattent à che- ilauec.l'arc,& les flèches, la lance, l'efpée, l'efcu , & cotte de maille , fuyant toufiours , mais ils non pas ilTé de nos jours d'accroiftre beaucoup leur Seigneu- !, entre-autres ils ont conquis le Royaume de Kan- r,!e Roy duquel y a quinze ans,fe voulant fortifier, fit valfal du grand Mogal , lequel encore qu'il foie en puiifant,n'a peu toutesfois le reftabli r en fon Ro- I &: ne Ce rapportans nullement aux anciens, le Lefteur /etrouueroit qiielquesfois bien embroiiillé aux narra tions qui s'y rencontrent , principalement aux temps que les affaires de Pcrfe ont cfté en plus grande confu non. Qualité. ume. Les Vfbckes n'ont point de Roy qui vienne à la )uronnc par hérédité , mais quand le chef qui les uuerne eft mort,ils en eflifcnt vn autre. Ces peuples it membrus & forts,& parlent du milieu des nari- 5 comme les Chinois , aufquels ils refiemblcnt fort geltes, en façon de faire, &en leur prononciation: Il ce qu'en dit fommairemenc Texierc, qui fertcom- 'd'vneincroduaion â fonhiftoire , d'autant qu'il le de tous ces peuples, & les noms efcans changez, C N toute ceftc longue eftenduë de Pays, on trouuè JL^vne grande différence touchant la qualité de la terre , veu qu'en qiSelques endroits elle eft extrême- ment fertile , comme du coftc du Golphe Perfique à caufe dtl grand nombre de riuiere? qui l'arroufent , & pareillement du coftc de la mer Cafpie, tant à caufe de la commodité des fkuues , qu'à caufe auflî quel'air y eft plus tempéré , & le yent plus frais. Le refte eft du tout fubjeftà la fechcreire, & defpourueu d'eaux, & il y a beaucoup de deferts , & des montagnes fort afpres. Dauantage il n'yapoinc de riuieic cômune, &mefmes tous les fleuuesy font fort peu nauigables . toutesfois le Pays abonde en métaux ô: en pierreric. Mais il faut efplncher toutes les parties de cét Empire, Ôc confide- rer la qualité de chaque P/ouince. Quant au Pays de Medes , il eft pour la plus grande partie, moncueux & froidprincipalement du cofté du Nord, à raifon dequoy l'Ô y void peu de grains, & l'on n'ytrouueprefquequedesfruids des arbres , & des bsrtesf3uuages:Car leblcd n'y vient guère bien.& l'on n'y nourrir point d'ani.nauxpriuez: Mais la partie qui eft du cofté du Midy abonde au poflîble en froment, en vin,& animaux domeftiques.La haute xMïdie jouit d'vn bon air prés de Tauris,côbien que les vents y régnent, & qu'il y face vn peu froid.Le terroir de cefte Ville eft fertile en toutes chofes. Qulc à l'Atropatie elle eft fort fertile à caufe des riuieresd'Araxe & de Cire , qui l'ar- rofent : & il y auoit jadis grande quantité de foyes. L'Affyrie eft vn Pays plain, abondant en^fleuues, Se o fertile au poflîble.Quant à la Sufiane du cofté du Gol- phe Perfique, elle eft marcfoageufe. Il y fait extrême- ment chaud à caufe de quelques montagnes fort hau- tes qui y font du cofté du Nord, & qui la dcffendent de ce ventdebize. Il produit force froment , &grande quantité d'orge, toutesfois il y a quelques lieux^eins de Bitum , ou les plantes ne croiffent que malaïf^ n)ent:&leseauxquien fijrcentfentent le Bitum, & en- gendrent du mal aux inteftins , à raifon dequoy leS hommes y viuent fort peu. Il y a fur tout force naphte qiiifortent prés delà Ville deSuze. On ytrouueauffi grand nombre de ferpens dangercux,& qui font beau- coup de mauxaux perfonnes. La Mefopotamie eft merueillsufement fertile, en quelques endroits,& propre à la nourriture du beftail: mais en quelques autres endroits elle eft fi fubjette aux grandes ardeurs , que beaucoup d'animaux y endurent pour fon extrême chaleur. Il y a en ces lieux-là bien peu de fontaines , & mefmes les habitans font fi rufez & fi malicieux qu'ils les cachent.Il fait fort mauuais eit . Hyuer en ces-Pays là, à caufe de la boue , d'oij ceux qui voyagent ne pcuaent prefque retirer leurs pieds. Il y a encor en ceftc Prouince de grands deferts , & beau- coup de Heux de grande eftenduë , où l'on ne trouue que fable , fans y pou-joir apperceuoir aucun fruiâ:. Toutesfois il y vien de l'ammonc qui eft vne drogue de bonne odeur.I! y vient auffi force naphte,ou Bitum liquide. Le terroir de la Ville de Caramit eft noir Sc fertil au poffible ; & celuy de la Ville de Merdin abon- de en coton. Quant à la Prouince de Perfe elle eft de diuerfe natu- ' re, veu que fa partie Septentrionale eft montueufe & froide , & peu propre à porter des fruids. On y trouue des Emcraudes , mais elles ne ioiic gueres claires. Le milieu de ce Pays eft aftez plein , & pouiueu de beau- coup denuieres &de lacs,-&.produ!<ïl:abon^|Drtcnt K k k touiss 6 6 1 De lEftat du Sophy de Peife. toute, choff!^. Mais la partie qui tire vers le Midy, & qui tend au GolphcPcrfique cft chaude , ventcufe , & marefcagcurc,& ne porte autre fruift que des dattes de "^^'p^ur le regard de la Parthie elle cft fort pleine de bois, & ceinte de fort hautes montagnes, & combien qu'elle foit fujeftc aux grandes chaleurs , ellepottoit toutcsfois toutes <;hofes,& principalement de grands arbres, mais elle ne porte nulsoliuiers. EUeeftarrolce d'vne alïcz grande quantité d'eaiîx. ■ L'Hircanie eft pleine & fernle,veu qu'elle prodattt en abondance du froment , du vin , des figues & des fruids , & porte aulll dis arbres q-ii diibllentdu miel, on y fait auffi force foye. La partie qui tue vers le Septentrion eft pleine de grandes-forefts , ou lori vpid force chefnes , pins , f^pins , & il Y a autli grand nombre de beftesfauuag^s, commeTygrcs,Pantheres, & Leopards:mais la pàuie qui eft proche de la mer de Bachu cft toufiours pleine d'herbe?,& de flears,a cau- fc de l'humear des eaux douces qai fortent des ro- chers qui /ont au delUis. • , r La Margiane eft pour la plus --inde partie delerte & pleine d: fable , excepté h partie qm eft ^rratee de riuieres de Margî, d'Ane, veu que céc endroia elt l-er- tilau poffible. La partie deferte eft maintenant appel- lée le dcfertdeBigcil : maiscellequi eftcaltme:fut ja- dis nommée le champ Margien , ayant de tout cent quatre vingts & d;x milles pas , An:iochasSoter,lclon Niger , l'enuironna de raarailks , car c'eft vn heu ou il vient de beaux ceps de vigne , qui font tels .que deux hommes n'en pcuuenc quelquesfois cmbrafter vn Leul. Ces ceps portent bient foauent des raifins de deux cou- dées de long, & la nature du terroir, & l'air de ce heu porte.qu il n'y a que cét endroit en toutes ces contrées, où l'onvoyc des vignes , & qui cft plus admirable : ce Pays eft de tous coftez entouré de montagnes, & preU que par tout de fable. Lî Badlrianc eft de diuer-Tenature.veu qu elle elt dul- tiuée en partie,& en partie deferte : La partie cultiuee eft proche de la riuiere d'Oxe, & produid du froment, & chofes fembhbles. Il y a d'aff.-z bons pafturages & beaucoup d'ean.S: elle pjctîp':-erqje toutes tortesd'ar. bres.excepté l'oliuier:Qu tnt à la partie deferce on n y voit rien que fable (k ^oy igîiirs y paiL*at cornoie en vn? mer, en fe c^onduiiant par les EftoiUes d'aatanc que bien foausnt U n'y a poiac deche.nin à Ciafe da moiuiemenc du fable,p.i,idpalemeat lors que le veat d'Oiieft vient à foafil;r,qui renuiè quelqaesfois tellc- lent le fable, que les pallias en demeurent couuerts. Mœurs anciennes. & y meurent : Dauantage ce Pays produit des métaux, & quelques picn-es prccieufes,:omme des elmeraudes, hyacintes , & chryfolites, & eft arroiée d? plulieurs ri- u'cres qui fe rendent toutes deux dansl'Oxe. La Prouince d Ane eft f.i jeté aux grandes chaleurs,& cnuironnée de deferts & de f.refts . ik de montagnes. Et a toutesfois quelques lieux champellres qui por- cent des fruits prés des montag-^es quiles deftenaenr de l'ardeur du Soleil. En ces champs ,oun e lesautrcs hui6rs,il y viér de bon vin,qai dure jufqu'a 90 ans.On recueille auffi vnc drogue lembliblc à la myrrhe , & lly vicntauffi des faphus noirs, & comme jaunes. La Georofie eft pour U plus grade partie delertc,& pleine de fable,& a grande faute d'eau-combien qu el- le au des pluycsen Elle , eft fubjedje aux ardeurs du Solcibà ra.fon dcquoy elle eft infertile: toutesfois elle produidlenard&lcmynhe. LaCararnanie delerte cft aulTl inf:rtilc, & expofee aux grandes chaleurs , ôc quant à la haute, les endroits maïuimes font deferts l\: defnucz d'arbres . exccpie qu'on y voit des palmiers de la branche Vrfiue,& des bmycrs ; mais le milieu du Pays cft aifcz bon , & porte beau^^p de fruits, mclmc de bon vin. LE s Roys Perfans faifoicnt baftir leurs Palais foï ■ des montagnes, oiiils tcnoicnt leurs Threfots, & argent des tailles , & tributs leuez fut le peuple , êUé cn^témoignage de leur efpargne ôc bon tncfnage. Of ils cxigeoient les gabelles, les tributs & les péages dU uerfement , prenant argent du trafi: qui fe faifmt luE mer , mais de ce qui palfoit en terre ferme , ils fe edti- tcntoicnt des chofes dont chaque PaysabondoU.cert». m - laines,drogucs, medicamcns, & chofes lemblâblei, jufqu'à y comprendre le beftail. Quelque grandeur que le Roy euft entre les Pcrfcs, il n'euft oie faire œou. nr vn homtnCS'il n'au oit commis qu'vn fimpU efU me . & nul Perfan ne pouuoit vfcr d'àucune rudefll contre fes domeftiques. c a> ■ U Chacun efpoufoit plufieursfetnmcs, ahn d auoir IL snée,& encore il Iny eftoit permis d'auoir grand nom- Ire de concubines. AuOi les Roys propofo.cnt ptU 5c rccompéfeàccux qui en vnan engcndroiet grândfi multitude d'enfans, lefquels eftans nays, n'eftoient té- prefcntez à leurs pères qu'ils n'eulTcnt atteint l âge ài ans: car la Loy du Pays vouloit qu'ils fuflcnt noUt- ris durant ce temps deUcatement en la compagnie dei femmes. La raifon de cecy eftoit. afin que fi durant « temps quelque enfant venoit à décéder , le pcre nel yant pas veu n'en receut fi grande faicherie. Ils celebroient leurs nopccs fur le Printemps, €nUi. ron l'Equinoxe. La première nuidl'Efpoux ne iftàtl^ gcoit en tout fon fouper qu'vne pomme * ou qlielqu« peu de moelle de Chameau, & après cela s'alloit CoU; cher le long de fort efpoufe. ^ j f &/, La jeunelTe de Perfe, des le cinquicmêâti de loti ag< jufques au vingt- quatriémcapprcnoit à fetenirà éRC uaU voltiger,à tirer le dard, & la flèche, Ôc fur tou£ . parler véritablement. AuflS les jeunes f^'^^^f pour maiftres & gouuerneurs les plus fages ver tueux, fobres &continens qu'on pouuoit choifir, ou leur enfeignoient & racontoient deshifto.res fable honneftes.les louanges des Dieux , ôc des chaulons qU contenoieut les faits des vaillans fie ilUiftres petfonnâ ges , & ce quelquesfois en chantant, & d autresfols Ci îcKî récitant con^me vne leçon. Les enfans s'aÛ'embloient pour ôUyr Cela àu (bl d'vne clochette , au lieu otdonné pour cet cfteét, ik 1 ondemandoit conte aux enfans de ce qu'ils auoyen ouy dire, ils fr rendoient fort adrous à lacourlcchoi iUlant quelque enfant d: grande maifon pour Icu Capitaine , & falloit que le champ ou ils Courroie^ contint au moins trente ftades , dont la chacune de ii5.p2S,afin de s'endurcir contre le froid ik le chauc ils s'cxercoient à palîer à nage les torrés & les riujeri impetueuYes.trauaillant touliours fansceaer,& eltar foisneux détenir leurs habits bien nets* & leurs arm< fans roiiilleure. Les fruids plus délicieux cftoietlth raifins du Terebinthe,qui eft l'arbre qui porte la poi: raifine,& les glands, & les poires fauuages & aigrette leur viande ordinaire après auoir couru,fué,& trauai lé en leur longexercice,eftoit du pain tre5-dur,d allt mauuais croult. du erclTon alenois auec vn grain de Iç de la chaîr bouillie 6: toftie , & de l'eau claire pot tout brcauaae. ^ , ^ . ■ 1 I ors qu'ils alloient à la chaffe.ils fuiuoient leur pr< ye à chenal auec des dards & jauelois acerez , Si rorc ,leches,& vfoient auflidu jed de la pierre auec des h>i des.Lcur ordinaire exercice auantMuiy dtou de plai ter &c enter les arbres, d'arraché; les . acuie. . des occi per au jardinage , & à cuitiuer Ic.^ terres, ou à forge tremper, (Scaccoulher leuis armes & d'autres i ami foient a tiltrc uu hn ,ou a taittt des hiets pour la chai (Sciapclche. Les enfans cftoieutpaici ncheroent .■ ^ fiiior De l'Ellat du Sophy de Perfe. nourris fi délicatement Jurant leur enfanccqu'il n'e- ftoi t permis de les mener à la cha/fe. Ils aiioientvnecerntne aieue nommée Pirtope,de grand prix entt'eux , qu'ils n'euircnt pour rien laiffc toucher ^ vn corps mort, tant il? l'edimoient, & le feu meimcn'eftoit point porté auxfimcrailles.afin qu'il ne fcmblaft qu'ils tu.ilent peu décompte de celuy qu'ils auoient en fi grande rciurcnce. Dc«. l'âge de vingt ans jufques à cinquante ans , ils fuiuoieut les armées, ne fçachans queceftoitde plai- der, ny du trafic de marclundife. Ils vfoiegt de petits boucliers faits en forme de lozinge , & outre le car- quois Se l'arc ils portoicnt l'erpce & la dague allant à la guerre, &vn bonnet en pointe , &auoient deuanc le corfelet fait d'efcaille bien forte. Les Princes por- toicnt des hauts dechauires,& leur hocqueton à man- ches vcntnt jufques aux genoux 8c doublé de blanc, & parle dehors peintou teint diuerfement.En Efté ils alloicnt veftus de pourpre , & en Hyuer diuerfement, & félon leur fantafie : Le peuple ponoic double habit' qui leur alloitjufqu'à my-culife , &entefte vnegran- de entortilleuré de Imge , prefque femblable à leurs turbans du jourd'huy. Les lis & vafes à boire cftoient enrichis-d or : Ils confultoient de leurs affaires à jeun, mais ils n'en prenoicntnydonnoientrcfolution qu'a- près auoir bien beu, eftimant les affaires mieux trai- <^ces , quand l'cftoniac&cerueau eftoient vn peu ef- chauffez devin, que lors quelejsafne les rendoit lan- gui ll-ins & fans force. Ceux qui s'cntrecognoifToiét & efloict égaux en for- tune âge &grandeur, fecareffoiencen fe rencontrant, & fc baiioient à la bouche. Ils baifoient ceux qui eftoi- ent vn peu moindre qu'eux à la joue : mais ceux qui efloient dé baffe condition paflànt deuant les grands leur faifoient vne grande reucrence. Ilsenterroient les corps deStrefpalTcz oingts de cire, exceptéceux de leurs Mages, qu'ils laiffoient fans fepulturepour eflre deuorez des chiens.Ils auoient vne fale ôc vilaine cou- ftume de toute ancienneté , que les fils Ce mefloyent auec leurs propres mères. Ils eftimoient vn grand for- fait de cracher deuant leurs Roys , & difoienrqueles Grecs eftoient dcteftables , en ce qu'Us affeuroient que les Dieux eftoyent fortis des hommes : ils tenoyent pour chofe vilaine d'eftre cndebté , mais fur tout de dire menfonge. Ils permettoyentaufîl aux pères qui tomboient en neccffité de Ce foulager & fecourir , en proftituant & abandonnant leurs filles. Ils eftimoient que le Ciel eftoit Iupiter,& adoroient le Soleil qu'ils appelloient Mithra , félon quelques- vns.fur toute autre Deité. Ils adoroient encore la Lu- ne, Venus, le feu,la terre.l'eau & le vent> fans vfcr tou- tesfoisdcftatuë, ny d'autel quelconque , voire & fans auoir aucun Temple,facrifiant en lieu haut,& fur quel- que coline, afin que chacun levift, & que la chofe fuft plus proche des deux. Ils ofFroient la befte du facnfi. ce al'aurel toute couronnée, mais chargée demalcdi- aions,& après l'auoir mife en piecesflePreftre faifant cet office ) chactf n en portoit fa part en fa maifon, fans qurlcs Dieux,cn eufîent aucune referue : d'autant que leur opinion eftoit que les Dieux ne demandoient que l'ame de la chofe facrifiée , toutesfois quelques-vns d'entr'eux auoyent accouftuméde brufl;r les entrail- les fuiuant la façon des Grecs,& des autres nations en reursfacrifices. - Lors qu'ils facrifioientau Ctn c'eftoit du bois fecen oftant l'efcorce, & jîctant par delfas la graifT.- pb- voi- fin« des os , & puis y efpandoyent de l'huyie : Us ne roVfïloient jamais le fcn auec la bouche , ainsauec vn rfuantail : &fiquelqu'vn eftoit fi hardy que d'y fouf- 1er, orfjetter dedans quelque chofe morte,ou laie, on c faifoitmourir fans remiffion. ^ Il n'y auoit aacun entt'eux qui fc lauaft dans les ri- 66i uieres, & nul n'y pilToit , ny jettoit atlcunc beftc mor- te : voire mclme il eflgit défendu d'y cracher , & fiaa- ement ils honoroient l'eau en cefte forte. Lors qu'ils arriuoient près de quelque Lac, riuiere, ou fontaine , ils faifoyent vne foffe dans laquelle ils couppoycnt la gorge à l'hoftie , & beftc du facrifice, prenant lur tout garde que le fang ne coulaft point iuf- qu'a l eau prochaine , à caufe qu'il euft poilu & fouille toute leur cérémonie, & la chair de la befte tuée eftoit mifc par les Preftres fur du myrth ôc du laurier . & brufîéeauecdcs bûches fort menues & déliées, & non (ans vfer de certaines imprécations & maudifîons, du- rant lefquelles ils mefloiencàleur facrifice. du lai^-du miel & del'huyle. Ces maudiffons n'eftoycnt addref- fez à l'eau, ny au feu, mais pUiftoft à la terre , & ils les continuoientafiez long-temps, tenant cependant vn faifleaudes verges fort menues de myrth. Celuy qui defobeyftbit au Roy après qu'on luy auoit coupé la tefte & les bras, eftoit jette aux champs,,& priué de fe- pulture. Quant aux Paithes qui ont efté tenus pour extre- )i mement vaillans , auant que les richeffes le^ rendiffent fupcrbes , ils alloyent veftus affez groffierement & auoyent vn habit particulier à leur nation : mais fi toft qu'ils furent deuenuspuiffans , leurs habillemens fu- rent riches âc pleins d'or en toute pierre , ou blancs en perfedion , en quoy ils imitèrent les fuperfluitez des Medois. Quant au fait des armes , ils auoyent leurs foldats Se gens-d'armes non ch9ifis d'entre les hommes francs ôc libres de condition , mais pris entre leius Efclaues: ' ce qui eftoit caufe qu'il n'eftoit permis à aucun du peuple d'affranchir vn ferf , fi bien que le nombre en croilîoit de jour à autrfr, &Icurs forces en deucnoyenc plusgtandes. Ils les tenoient auffi chèrement , Ôc les nournfToicnt auec pareil foucy, que leurs enfans pro- pres.les drelfant à bié tirer de Vitcôc à manier vn che- ual, afin de s'en feruir en guerre, ôc de là venok que le Roy marchant en guerre auoit toufiours vne puiffan- te Caualerie prefte à tous euenemens. Auffi lors qu'ils s'attaquèrent à Marc- Anchoine , entre cinquante mij- hommes de cheual qu'il y auoit, il ne s'en trouuaque 8oo. qui fuffent de libre condition , tous les autres cf- tans Efclaues. Ils ne fcauoient combatre bras à bras , ôc venir aux mains en Battaille rangée, & moins cncor aller à l'af- faiv de quelque Ville , ôc laforccr. Leur combat eftoit àcourfedecheu3l,ouenfuyant,&quelquesfois difÏÏ- roulant leur fuitte , afin de Ce ruer fur l'ennemy, s'il Ce mettoiten defbrdre,& n'vfoyent pojnt de trompettes, ainfi que fait noftrc Caualerie, mais de tambours com- me nos gens de pied. Ce peuple faifoic jadis fi peu d'cftat de l'or & de l'ar, gent.qu'il ne s'en feruoit que pour l'ornenaent de leurs a/mes. Quant à la vie priuée, s'ils eftoyent fort fujets à leurs plaUirs : c'eft pourquoy la pluralité des femmesy eftoit receuë : mais eftoyent fi jaloux de leur réputa- tion, que la feule mort purgeoit la faute des adultères. Et afin de ne tomber eiuels inconueniens, les rparis ne fouffroient jamais que les femmes Ce trouualTent.je ne diraypasauxfeftinsdes hooîmes , mais en leurprcfen- ce. Quelques-vns ont laiifé par efcrit , que les Parthes quinepouuoientauoirlignc-,prQ4uifoientieutsfefii- mesàceux qu'ils tenoieupotu leurs bons amis , afin qu'ils en euffentdes enfaos par leur moyen. Us ne yiuoient que des beftes qu'ils p;cnoient à la chafTej&trafiquoycnt, & parlementoye. t enfeir.bie à cheual. La différence des E'tats £k conditions entre les Paithes, fut jadis remarq-i^olecn cecy, queles tK,'b es ôc francs marchans par Pays alioygfit a cheual , &les ferfs alloicnt à pied comme elrafiers. Les morts n'y;eftoient^ucrcs honorez veu que leurs Corps 664 De l'Eftat du Sophy de Perfe. corps eftoyent laifTez Car terre pouf h pafture des a._.f>n..ntm.néesdel'areen cWns , & des oyfcaux , & lors qu'ils auoyent mange toute la chair.ils entetroyent leurs os allez loigneule-^ "''ils eftoycnt aflcz deuoticux , & addonnez au feruice de leurs Dieux , maisfuperbcs , fcditieux, fins, trom- peurs, & opiniaftrcs, comme ceux qui tenoyent que la cruauté & violence eftoit chofe vertueufe aux hom- mes, & la douceur & courtoifie aux femmes. Gela fai- foit qu'ils n'cftoyent jamais en repos , ainfi falloic , ou qu'ils s'entrefiflenï la guerre , ou qu'ils attaquaflcnt leurs voifmSi Ils elloyènt fort fecrets en leurs aftaires, & de peu de paroles , & s'ilsobeyfloyent àleurs Roys & Magr- ftrats, c'eaoit pluftoft pour crainte du chaftiment,que pour inclination qu'ils cujfTcnt à telle chofe. Ils ont ctté loiiez d'vne grande fobrieté en leur man- ger, mais on a tenu qu'ils faifoyent peu d'eftat de leurs promclTcs fmon entant que la neceffite le fembloit requérir. , ^ 35 Les Medois ont toufiours cfté tenus pout «lois & effeminez.mais ils cftoyent fort adroits àcheual, & a tirer de l'arc,& portoyent vn fingulier honneur à leurs Princes.Us portoienc vne tyare & bonnet rond en ^or. me de turban , Se leurs robbcs auec des manches. Les Roys de ce peuple auoyent priuilege d'auoir pluheurs fcmmes,mais enfin chacun vfurpa pareille hcence, laut que la ditterence eftoit telle, que le Roy en tenoit au. tant qu'il vouloit,au lieu que les autres n'en pouuoy- entépourer& tenir que fcpt. Les femmes metme tc- novent à grand' honte,fi quelqu' vne fe contentoit d vn m/ry,&penfoit que cela caafaftfterilite , fi pour le moins chacune n'en auoit plus de quatre pour Ion paflctcmps. . . i r' . is en leurs diuinstions ils s'arrcftoict plus fur « «es afpc Les habitans de Carmanie vfoyent jadis d'afnes en la guerre, pource qu'ils auoyent faute de cheuaux, ôc ûcrifioyent vn afne à M Jrs. Nul ne prenoit femme en. tt eux qu'il n'euft coupé la tefte de quelque ennemy qui eftoit portée au Roy , qui la faifoit mettre en Ton Palais , & couper menu la langue , laquelle il mefloit auec dupain,engouftoit, &labaUloit àmangeràce- luy quirauoitapportce , &àrcsfamiliers,ceîuy qui en auoit plus apporté eftoit en nîeillearccftimeque les autres. Quant à ceux de la Margiane,Strabon efcrit que de Ion temps , lors que quelquVn eftoit paruenu à l'âge de 70. ans , on le mettoit à mort pour vne bien légère faute , Ôc fes proches parens venoyent après manc^er Ion corps.Quant aux vieilles femmes ils les fufFoquoy- cnt,puis leur donnoientfepukure.Arriuant qui jnou rut enuiron en la 70. année n'eftoit point mangc,nîais enterré. Mœurs de ce ternes. LEs Perlàns font auiourd'huy à parler générale- ment les plus doux , ôc plus gracieux hommes qu'on puifte voir au refte du monde , & c'cft chofe fort aflfeurée qu'ils font plus libéraux qu'aucuns autres qu'on cognoilTe.Les mœurs ne font pas barbares com- me celles des Indiês, & des Scyres leurs voifins, ains ils font gentils au poffible , s'addonnentà tenir en leur Pays vne fort belle police , & outre ce ne mefprifent pas les lettres. Il y en a beaucoup parmy eux qui font confommezjôc fort fçauansen Médecine, ôc en Aftto- logie, ôc d'autres qui affedionnent la Poè'fic , & y relif fiflcnt en telle forte, qu'on trouue leurs inuentions ôc leurs façons de parler du tout,jene diray pas gentiles, mais admirables. Vn Poème Perfan paruenu à Rome entre les mains d'vn Cardinal François extrêmement entendu en toutes chofes , qui fe le fit expliquer , en rend fuffifant témoignage. Ils s'addonncnt pareillement au commerce , &:aux ms mechaniques,& font vne grande quantité de draps Je foye.Les frères, fœurs, & autres parens gardent vne »rande amitié entr'eux , & l'on y fait grand eftat de la noblclTe : en quoy ils font contraires aux Turcs qui la mefpnfcnt , & n'cftiment que ceux qui fe rendent rc- :ommandables par leurs aélions. Il yaau/îi parmy eux beaucoup d'hommes UluftreF, & qui font venus d'vneancienne tige , &font riches de longue main : & finalement ils doiuent eftre beau- coup préférez auxTurcs, tantpourlc regard de la no- blelFe , que de la ciuilité ôc de la gentilleflTe de l'elprir, Diuantagc , ils font courtois au poiïible à l'endroiâ: des cftranecrs, & lèurfonc vu gracieux accueil , ôi les traident klon le Pays le mieux qu'ils peuuent: mais ils iont grandement fujets à la jiloufie. A raifon dequoy les femmes n'ont pas permiffîon de fc monftrer au5Ê eftrangers , combien qu'en toute âutre chofe ils leur donnent tout le contentement qu'elles défirent , ôc qu'ils les adorent par manière de dire,au contraire des Turc$,qui tiennent leurs femmes comme des EfclaueSj Les femmes y font merueilleufement belles,& y vont fi bien parées pour donner encore quelque plus grand efclar à ceftc beauté , qu'on ne peut rien voir de plus agréable. Les Perfans fe laiffent volontiers emporter à leurs paaions,& autant quegens qui foient au monde, ôc fe plongent dans toutes fortes de plaifirs.cherifiant le jeu d'amour fur toute dhofe.Ils vont magnifiquement vc- ftas.font ordinairement parfumez , & portent mefmé des pierreries. Ils ont ce mal-heur * qu'encor qu'ils epoufentplufieurs femmes , ilsayment toutesfois les jeunes enfans , ôcCc ruent à la pourfuitte des mafles aulïïardamment , ou pcut eftreplus que des femmes. En quoy ils imitent les Turcs , ôc d'abondant ils ont des lieux deteftables deftinez à ces voluptez , ou l'ort garde des jeunes enfans pour cet elFe6t. Leur langage eft gentil ôc fort agréable , Ôc eft prati- que par vne bonne partie des Cours des Princes du Leuant. Ilsauoientautresfois des charaiaeres particu- iers,qu'on ne trouue plus prefque aujourd'huy parmy les anciens monumens. Mais depuis le temps qu'ils ontreceu lafedte du mal-heurcux Mahomet , ils ont auflî vfé de langue Arabique. On les nomme Azames, ou Azamies,à caufe de l'At fyrie, qui porte le nom d'Azamie , comme quelques, vns eftiment. Ils ontauffi le nom des Perfans,à raifon delà Prouincede Perfe, qui eftla principale du Royau- me, & celuy de Chefelbas , à caufe du bonnetrouge qu'ils portent,& encor ils s'appellent Sophiens,pou£cfi qu'ils font fous la domination du Sophy* Rkhejjes, N fait vne fi grande quantité de draps de fo^e en 4j _ Perfe, que les habkans duRoyauttieen ontnon feulement àfufHfancepoureux,mais en vendent encor beaucoup aux nations,qui font mefmes afTezefloignécs de la Perfe,veu qu'on en porte par tous les Pays du Le- uant, ôc mefmes jufqu'en Syrie. Il fe fait pareillemenc en Perfe grande venté & grand trafic de perleà ôc de pierreries :^ Ce qui rend le Pays de Perfe riche c'eft la commodité de la mer , par le moyen de laquelle on y abolrde de beaifcoup d'endroits pour aller quérir ce qu'on defire. Mais pour particularifer quelque chofe on trouue en la Prouince de Perfe des efmeraudes que les marchansacheptent àbon prix , pource qu'elles ntf lontpas trop claires. C'eft auffi cefte Prouince qui fait part des foycs à bcaUcoujj d'autres ; dé mefme que faie THircaniejOu le Pays de Ûiargiirnent. Le Baétriané produit auffi des métaux, & quelques pierres precienfes côme des efmeraudes, hyacinthes,& chryfoiites , dont fes habitans tirent vn profit remar- quable. En la Prouince d'Arie on recueille je ne fçay qu'elle drogue (emblable à la myrrhe que les Perfans vendent aftèz bien aux eftrangers, de mefme que leurs Saphirs noirs Ôc jaunes. La Villede Chirrnain en Car- manie eft renorrmée à caufe de la grande quantité e dra^s d'or ôc à' ai gét que les habitans y font & débit t. Kkk j Veno s 666 Dei'EftatduSophydePerfe. 44 Venons maiiucnant aux tcacnus nue le Roy pcvu auoic , après auoir vcu en quoy confiftent les cichcfTes de fon peuple. Véritablement on n'a peu {çauoit juf- ques à prefent à quelle fommc montent les reuenus de ce Prince, veu que ceux mcfmes qui onccftéexprefTc ment pour s'enquérir des moyens de ce Monarque n'en parlent pas tous de mefme forte : Car lesvnsluy donnent 5. millions d'or de rente , & les autres f . mil- lions. Toutesfois il y a deux chofes qui pcuuent faire comprendre ayfément que ce Prince ne peut eftre fort riche. L'vne eft que Tammas Sophy de Perle qui re- gnoit n'agueresjordonna qu'on ne leueroit plus la gi- belle de ce qui cntroit dans Tes Eftacs , & en fortoit , & celle gabelle montoit à 90. milles tomans , c'eft à dire, (pourcc qu'vn toman vaut lo. efcusjà vn million 800. milles cfcus : ce qu'il n'auroitfait fans douce s'il n'eull eu de grands reuenus d'ailleurs, qui l'eullcnt conuiéa foulager encefte force les efttangecs , & fes fujefts qui fe medoient du trafic. L'autre chofe eft , que tous les eftats de Perfe (ont diuifez par les Perfans en fept Prouinccs , ou pour mieux dire generalitez , dont celle d'Ifpaan rend fept cens milles cTcus, & celle de Syras autant, qui ne font pas toutesfois les plus riches, veu que celles deCorol- fam & de Diargument les furpalTcnc beaucoup , dont l'vne abondcen métaux & en turquoifcs , & l'autre en foyes. Mais fi quelqu'vn demande d'où il tire fon reucnu, puis qu'il s'eft dépouillé de la gabelle qui luy pouuoit apporter l'entrée & fortie des marchandifes : je luy rel- pondray qu'il le tire des terres de fa domination , de la difme des fruits , .&c du profit des mines & des bouti- ques, veu que celuy qui veut drclfer vne boutique ou vn magazin de quoy que ce foit , eft obligé de payer certaine fomme au Roy toutes les années. Il reçoit audi beaucoup de prcfens des particuliers ,& des dons des communautcz i & les confifcations & chofes fem- blables luy apportent des fommes alTez notables, ou- treles tributs'des Princis fujcts à la coaronne,com- mc celuy de Lat, Se quelques autres. forcer 45 T Es force? de ceRoyaume confiftent plus en va- ___,leur qu'au nombre de, hommes. Il y a trois for tes de foldacs , l'vn eft de ceux que le Roy entretient continuellement près de luy, l'autre eft des Timanots, veu qu'il a vn grand no.-nbrc de gens de chenal , qui en lieu de folde ont des terres qui leur font aOîgnees pour leur entretien à la façon des Turcs. Latroificme forte eft d'eftrangers qu'on tire pour de l'argent, ou de Gurgiftan,ou de Tarcarie. Mais parlant des deux premières fortes qui font pro- prement du Royaume , & quiappartiennentau Roy, les vns & les autres de cesloldacsne combattent qu'à cheu'.l, d'autant q'ie les armes font entre les mains des nobles , il n',y a volontiers guère d'inrantene : &c de là vient que les Perfans font entièrement priucz des tor- ces maritimes. De forte qu'encor qu'ils ayent d vn cofte la mer de Bachu , & de l'autre le Golphe Petfique , toutesfois ils ne fe font jamais feruis d'armes de mer ny d'vn cofte ny d'autre. Et mcfme bien que la mer de Bachu au 800, milles de long.ieur,& 6oo.de largctoutesfois on n'y voyage point delfus » &on ne void en tous ces lieux de par dc4à autres vailTeaux que ceux des Por- tugais . qui coftoyans le riuagc du Golphe Pernquc e maintiennent maiftres , par le moyen des flottes qu ils tiennent ordinairement en riflc d'Ormus. Et combien que le Pays abonde en métaux & en trempes excellentes , principalement la Prouincc de Coroflan, toutesfois ils n'ont guère d'vfage de l'artil- lerie , & encore moinsde pratique pouf fort tr.ic battre, d'afTieger, de garder, & de deftendrcvr e place, pource que toutes ces chofes font propres de l'Infan- terie , au lieu qu'il appartient à la Cauâlene d'c corn» battre en campagne , ouïes Perfes (ont certainement capables de faire plufieurs grands eftects. Outre ce la milice Perfane a vn autre dcffaut im- portant, qui eftlemanquementd'vnion &ccfte diui* fion procède de deux caufcs : l'vne eft la grandeur des Princes, qui eft ordinairement accompagnée d'orgueil &d'opiniaftrife, l'autre eft la ditïîculté delà conduite &c des voyages : Se ce défaut vient du manquement des eaux & des riuieres nauigables. Car les riuiercs de Perfe font telles qu'on ne va point delTus , ou fi l'on y va , c'eft fi -peu que ce n'eft pas chofe qui pdlFe grande- ment feruir. Toutes ces riuieres courenfTou au Golphe Perfique» ou 3 la mer Cafpié, laillant le Pays du milieu fans eau» à raifon dequoy elles ferucnt peu pour vnir les forces des Pcrfans,& les mettre enfemhle, veu que le milieu du Royaume dcmci.ue fec , & n'y a aucune riuiere qui foit commune prcfque à tout l'Eftat comme pourroit eftre la riuiere de Loire à la France, le Po à la Lombar- die,laViftu!eà la Pologne, la Schclde à la Flandre. Il y a outre ce, force deferrs & montagnes qui trauerfent diuifentlePays ; à raifon dequoy ce Royaume eft fort femblableà l'Efpagne, où il n'y a point de riuieres de grand trafic , fi ce n'eft aux extremicez , & oij il y a force montagnes , & beaucoup de contrées comme defcrtesicaufc de leur fecherelfe. Toutesfois la natu- re voulant ayderau commerce, & à la commodité de la vie humaine,a pourueu I2 Perfe aux lieux qui man- quent de riuieres nauigables , de chameaux qui font du tout propres à porter la charge , veu qu'Us l'endurent beaucoup plus pefantc qu'vn cheual , & durent plus longuement à la peine. Car le Chameau portera vne charge de mille liures, & continuera fon voyage l'eU pace de 4o.jours & dauantage : & pource qu'il doit al- ler par des lieux fecs,telsquelaLybic,&rArabic,&la Perfe, où l'eau & la pafture manquencil ne boit point ordinairement que de cinq en cinq jours vne fois, & en vn befoin il demeurera fept , voire dix jours entiers fans boire; & poUr le regard du manger , après qu'on l'a defchargé , il k)y fuffic de manger vn peu d'herbe, ou de branches d'arbres , tellement qu'il n'y a point d'animal qui dai e dauancage à la peine , ou qui foit de moindre defpence. A raifon dequoy il eft fort propre pour les Pays fecs de l'Afic , & de l'Afrique , où les hommes ont grande faute d'eau, & de viures : de forte que les Ciiameaux n'en ayans pas grand befoin pout eux,en peuuent porter grande quantité pour leurs mai- ftces. 1! yen a de trois'fortes,les vns font petits, £c ne fcruent que pour porter les hommes , les médiocres ont deux bolfes , & font encore bons pour porter des charges:les plus grands, & plus gros lont ceux qui poi> cent jafques à mille liures. Pour le regard du nombre des gens de chciial que le Rov de Perfe peut mettre en campagne , on la veu aux guerres qui fe font pallécs entre Ifmaé'l , & Schm premierde ce nom Empereur des Turcs : &encor en- tre le mefme Ifmaèl, & Soliman,& entre Codabandc, & Amurathtroificme , veu qu'aucun de ces Roys n'a jamais mis enfemble contre les Turcs plus de trente mille chenaux : mais armez en telle lotte , qu'ils n'ont jamais craint la rencontre,d'vne beaucoup plus grand? armée. Ceux qui font plus aifcz , & plus riches s'at- mentainfi que nos hommes d'armes : les autres, qui font les deux tiers , fe contentent de fatades , de mail- lcs,& d'efcus,& fc feruent tantoft de l'arc, tantoft de la lance. , Le Sophy confine du Lcuant anec !e^ MogorcJ , du Septentrion auec les Tartares du Zacatay , du Ponani De l'Eftat du Sophy de Perfe. 4, j > 14. Darius âejpomllé de fon Impire par Alexandre /• Grandy&en quel temps. ly. ouand& comment le Royaume de Perfi retourna e» fin ancienne jplendeur. Origine d^Artaxerxes &fagrat!» deur, perd vne Bataille contre l'Empereur Alexandre Ma^ mécePoit fort ver fi en la fcience des Mages. 16. Sapore conque fie vne partie delaMefopotamte^&plu- fieurs Villes fur les Romains, perd vne Bataille contre l'Em- pereur Gerdian , en gagne vne autre contre Valertan , ot) U printcét Empereur prifonnier.Odenal Roy des Palmireniens défait Sapore en vne grande BataiUe qui luy empefcha le cours de fis conquefies. 17. Var dame fait paix auec l'Empereur Vrobrn Carus, reconqmflefur les Perfes la Mefopotamie. 18. l^arfée homme de grandes entreprifes : vaincu par Maximian en vne grande & honorable Bataille, qui ruina les affaires des Perfis. ^ \ 19. çj^îifdat couronne dés le ventre defamere. Sapore grand ennemy des Chreftiens , obtint hui^lfo'u la viiloire contre l'Empereur Confians: mais il fut vaincu en Arménie par Arface,defait l'armée de lulian l'Apoftat, &fait la paix auec l'Empereur louinian. 10. Dijputes pour la fucccfion delà couronne de Perfi entre les enfans de Saporccruautez d'Artaxerxes. 21. Ifdtgerté Tuteur du leune Empereur Theodofi , & les bons offices qu'il fit à fin Pupile. Il perficuta du com- mencement lesChrepens : mais enfin ils oppofa à laper- fuafion d'Antique, le Gouuerneurdu teune Empereur Chrt- fîuH fin fils qui eftoit démoniaque', guery par les prières du bon Eucfque Matbunte. 11. Varané perfecute les ChreUiens. vaincu par Theodo- fi le ieune, qui arreïle laper fecution, paix auec l Emperet» &luy. . . , 25. Guerre entre Perofi & les Euthatires , ongtnede ce peuple, Perofi rend hommage & me fidélité au Roy des Eu- thalites,fa perfidie qui luy coufie la vie. 14. VulensfirendtribiitairedisEiitluhtes. Couadate en I rn fecûué lejoug , cruauté de ce Prince , ô foneïîrmge^ ordonnance pour rendre les femmes communes. 2)-. Les Regens du Royaume de Perfe deuoyent efire du f.tng Royal , confeil de Giinnfcade fur te qu'on feroit ^on ùns mcnzilcj^y^* de le faire mourir. Et s'eftant après addrelTealg Ma- ges & deuins pour fçauoir l'eucnement de fes att;a!res, tous luy confeiUerent de ne plus fuiure foti tteueu, ains de luy laiiTer jouyr du bon-heur que les deftineej luy auoient mis en main, mais luy croyant que ceu« qui luy donnoient ce confeil , fuffent pamfans de foa . ennemy.ilics fit tous pendre.puisaffembbnt derechef tout ce qu'il auoit de force , il vint luy- mefme a la ba- taille, commeilauoit efté à l'autre, mais non a fi bcm marché, car fes troupes défaides, il fut fait pnfonniet de Cyrus, qui le défpoUaia de fa Monarchie, fans tou- tesfois le faire mourir , ains voulut qu'il Commandait fur lesHircaniens : car l'Empire d'Aftiage s'eftendûlC jufques là . & du cofté d'Occident il Benoît ( ofte kS A(rynens,Syriens& luifs) jufqu'au fleuue Halys, & la Capadocie, le rcfte eftant au Roy de Lydie. '^gne de Cyrm, Ciaxaré ou Darius. Cyrus ayant ainfi vaincu fon ayeul , commença de régner auec fon oncle Ciaxaré, autrement Darius , hls d'Aftiagcs, félon quelques- vns , &qui aurolt pluftôit efté fon frère : car Zonare le fait fort vieil , & néant* moins Aftiagcs quand il fut défaiél P« Cyrus , qu eftoit cette mefme année luy-mjsfm e à la Bataille qu il perdit. Ce fut ce Ciaxaré qui fit jetter le Prophète Da- niel dans la foife aux Lions , carcSmmeilyeutvnc drande ialoufie entre ces deux Princes a caufe du graOc honneur que chacun rendoit à Cyrus pour ^a va>llatl; ce les court! fans de Darius prenans vn fujedt là dej. fus pour fe venger de Daniel, luy perfuaderent de fai revn Edift.par lequel durant 30. jours nul de lonRo. yaume ne prefcotaft aucune Requefte à Prince , Sel cneurny Roy quelconque , non pas mefme a auc«! Dieu qu'a luy feul : car par ce moyen (difo^cnt-ilsj 01 rcttancheroit le chemin à fes fujccs d'auoir recours ; Cvrus , ainfi qu'ils auoient en toutesleUrs affaires . lir prcfentans leurs Requeftes comme à leut fouueraii Roy , qui toutesfoisn'auroit aucun foupdon ny me contentement fur cet Edid.veu dit Zonare.qu'on n c excepteroit pas mefme les hauts Dieux. Or ces deux Princes n'ayans régné que z.ânS enfert ble , Cyrus commença de régner féul par la mort d Ciaxaré, lequel auoit auparauantrauagérAdyrie * l défait en champ de Bataille le Monarque AlTyrici mais cettuy cy s'eftant allié de pluficurs grands Pril ces tels que ceux des Arabes,Syriens &Lydiens,cei^ cy faifoient après des maux infinis aux Mcdcs , quifi caufe de fairé refoudre Cyrus d'abattre cette gloi; Babvlonicnne , comme de faiét après pluheurs routï & défaites qu'il leur fit fouffrir , il vint mettre le h ae deuant la fuperbe ôc ancienne Ville de Babylone, . îa prit d'allaut, après laquelle conqûefte il prit en gra, les luifs , leur donna licence d'aller rebaftff le TempI de feruir Dieu félon leur Loy, & le pner poiar iuy fon Royaume. Si bien qu'Us corn m eiicerent lors à b ItirleTeaiple.&clorreia Ciiè deHierufatein : ceq aduint l'an du monde z4'7- '"O yaipude foixa tiéme.rcgnancàRome SeruiusTullîu». desRoysdePedè. 6yt Règne ilc Cyrus ^ feul premier Momrque des Pcrjes, Les Medes ainlî fubjugiiez & les Adyricns accablez, Cynis pour fe venger du Lydien, lors le plus puiiranc Prince del'Afic , pada le mont deTanr, ou Corthc (tan,& l'Aman ou montagne Noire .• 5c ennoyant fou grand amy Harpagus en la petite Afic pour la dom- pter, il fut quant à luy contre Croefus, le vainquit en Barsill'', le prit pnfonnier , & peu s'en fallut quil ne Iffliftbruder fansfe fouuenirdu bon aduis que Solon auoitaiuresfois donné è ce Roy Lydien , à fc nioir que l'hom me ne Ce deuoit dire heureux jufqu'à là mort, comme l'Hiftoire en eft alfez triuiale. En la ruine du Royuimc Lydien fut enueloppce toute l'Afie», depuis rHellefpont jufques au Corthc- ftan, laquelle branfliit fous Cncfus bien que lesGrecs Ioniens d'Afievécudent en liberté , alliez (èulcment du Lydien , Icfquels toutesfois furent contraints de faite joug fous le Perfan , le recognoiftre pour fouue- rain : de forte que Cyrus commandoit alors depuis la mer Egée, & le Propontide.jufqu aux Indes &: terres Orientales : mais comme l'ambition eft infatiable^non Content de dette grandeur , fe refolut d'adbjettiries Scythes, qui auoient fait de grands rauages en l'Afîe, fi biéqu'aueL fon armée il tira vers ce cofté Scytique, qui eft outre 1 flcuue Araxe, & pardê-là les Biélricns &: Hirçaniens , en la Région dcsMadagctcs & lifedons, qui eftoient ceux que l'on ap|!elle Tartares , & la Re- gi'^n du Samui cund. O Cyrus n'ayant encor rencon- tré aicun Prince aftez pu 'iTant pour luy faire tcfte:& fçachant qu'il n'y auoit pour lors qu'vnc femme qui commandart à ces Scythes & Maftagettes , qu'on ap- pelloit Torairis , l'enuoya demander en mariage, non qu'il fe lonciaft d'elle, m3is pour auoir moyend'em- picterfon Royaume. Mais elle entendant les dedeins du Perfan.luy défendit l'entrée en fes terres,& arma ce qu'elle pût de forces, pour faire tefte à Cyrus, faifanc vn fien fils vnique General de fon armée , l-equel n'e- ftant encore pratiqué aux rufes de laguerrcfucfurpris en vn ftratagefme de Cyrus : car cectuy cy feif^nanc de s'enfuyr, laifta fon camp remply devins &de vian- des, 9^ encrans ces pauuresMafTagettes, non accouftu- mez àtclledelicateire , banquetèrent , &bearent de :çlle forte qu'ils s'endormirent en cette yuredè: mais ^efutleurdsrnierfommeil : car Cyrus qui eftoit aux îcoutesfuruintlà ieirusqui en tailla vne partie en pie- ■çs , & prit le refte prifonnier : Encre les captifs fut Ipagarpifç fils d; Tomiris,& Chef de l'armée:La Roy. iç aduertie du defaftre de fon fils,depefcha vn He. aut vers Cyrus pour le rauoir, l'admonneftant de for. ir de fa terre , ou qu'elle le faouleroit de guerre plus [u'ilnevoudroit. Cependant Spagarpifé fuppliaCy- «s de fe faire deflier; ce qu'il fit par courcoifiè,& alors ç Prince fe voyant dcliurc , & ayant encore l'efpée licofté, deteftantfon mal-heur de fe voir ainfi captif, occitdeuant le Roy de fa propre main.Tomiris ayant :ponfc du refus de Q-rus , vint le combattre auec le tfte de fes forces , & b:en que les Perfans 8i Medois dent merueillede bien combattre, fi eit ce qu'ils fu- :nt à la fin vaincus, & la plufpart ta. liez en pièces, & Krc les morts fut aufïï le grand Cyrus , pour s'eftre op fie en fon bon heur , Se n'àuoir pris exemple fur defaftre des Roys plus puidans que luy , lefquels il loit luinez.&priuez de leurs Seigneurie';. Tomiris ^hant cette mort, en fie auflî toft chercher le corps, quel ayant trouué , elle luy fit trancher la tefte qu'el mit dedans vn vafe plein de fang , en luy difant par ocquerie : Raflafie toy du fang en ta mort i duquel fus fi infatiablc en ta vie. Telle fut la fin da grand Cyrus, les Perfes emportèrent le corps,qu'iIs portèrent i Pilagarde, où fon tombeau fut drdic. Cette Pafagar:. deeftoit anciennement le (îege des Roys dePerfe. Auf- fi Alexandre le Grand y fut i) après qu'il eut bri;(îé Percepoly ; c'cftoit là auflî où les Pi cftrcs facroyent les Roys; Quint à Cyrus , il eftoit fort courtois, libéral, ver- tueux, & Gentil Prince, aimant ce qui eftoit digne d'e- ftre relpcâ-é, aifcz jufte &: équitable, vaillant aux com- bats, & des plus grands entrepreneurs de la terrc,fa de- meure ordinaire , quand il n'eftoit point occupé à là guerre , c eftoit és citez de Suze . Ecbatane ou Babylo- ne : cefutluyce feinble , qui fut lepiemierappellclc Roy des Roys. car on le trouua en l'infcription de fort tombeau, au rapport de Scrabon, lequel titre fut conti- nué à fes fuccedeursi ainfi le peut-on voir chez Efdrasi liure I. chapit.7.& aux Epiftres mcflangées d'Hypocra- tes, en celle qu'Aicaxerxes çcriuit à Poècus : cefucauf- fi Cyrus qui apporta l'vfage de la robbe longue mi Roys de Perfe, qui eftoit vn vcftement, félon Procopë, d'or& de pourpre, diuerfifié de plufieurs figueres,ani- maux terreftres , & d oyfeaux :lcs Grecs appellent ce veftcmcnt WfjfptK , outre ils auoient la tunique qu'ils appelloient KaiSh i qnclquesfoisv.n mancfcau de pour- pre : on dit touçeîfois que ce manteau eitoic pluftoft vnç force de robbe , ayant les manche' pendantes juf- ques iar la main. On ne peut pas sfleurer'ifi ce futjaj^ ou Artaxerxes qui commenç; a porter latyne , mais tant y a qu'elle fe portoit de ces plus anciens temps. Cyrus laida enfin pour fuccedèur fon fils aifné , qu'il auoic eu de fa femnie Cadadane fille de Phatnafpé { ci\x'i\ ayropic de telle forte,qa'il porta non feulement ledueil à fa mort , mais iîvoulut encor que fes fujets filîènt le femblable} après auoir régné z-p. ans, ce qui aduint l'an du monde 343;. Camhi fes II. Monarque des Perfes, Cambifcs plus cruel que vaillant,&autant infolent, fuperbc&ennémydevertij , que fon pere auoit cfté doux , affjbie , & doiié de belles parties dignes .is en recompencé les Athéniens plus fauorifez du Ciel q l'jy l'an 36. de fon regne,du mon- de , trois mille quatre cens nonante hiii premicremenr à Salamine par les Athéniens, fous la conduite deThemiftoclcs, depuis à Platées foas cel- le d'Ariftide , il bien que ce qu'il fit de plus remarqua- ble en cette expédition, ce fut d'auoir rauagé les con- trées par où il auoit pafle, bruflé la Ville d' Atlienes, & fait vn pont fur la mer,depuis ayant encore r'affemblé des forces auflî puiflantes qu'auparauant > ayant vne flotte de (joo.voilcsjou 5^9.fclon lesautres,fous la con- duite des Titbrauftes , & vne tres-puilTante armée de terre fouscelle de Phcrandates , l'vne & l'autre armce fut défaille prés le fleuue Eurymedon , par la valeur & bonneconduirc deCyiion Athénien. Ce qui rabailTa tellement l'orguril & la prcfomption de Xerxes , qu'il fut côtraint de fe retirer chez foy,& de faire ce notable traidé de paix aucc les Grecs , par lequel il promit ôc jura que de là enauant les armées n'approcheroient point plus prés que la carrière d'vn cheual de la Grèce, ôc ne nauigeroit point plus auâ: que les Idîs CKelido- nicnes ôc Cyanées auec galères ny autres vailTcaux de guerre. Bien-toft après il fut occis ainfi qu'il dormoir> par Artaban le méprifant à caufé dt fes dcfaftres , & fe perfuadant de fe pouuoir faire Roy; mais il tomba luy- mefme dans le piegequ'il s'eftoit prépare, ainiî mou- rut Xerxes , qui auoit fait trembler toutes les nations de l'Vniuers , par fes puifTantes armées lefquelles tou- tcsfoisne firent aucun elîedt digne d'vn fi grand appa- reiLapres auoir régné 21. an; Àrtaban ayant ainfi afiafliaé traiftreufement fon Prince , s'addrelTe au plus jeune des cnfans Royaux nommé Artaxerxes luy difa;it que Darius fon frète àifné auoit tué le Roy (on père, le priant de fe joindre aucc luy auant que Darius occupait le Royaume : mais qu il deuançaft en vengeant fur luy vne fi cruelle mort. Ce qu'ayant entendu Artaxerxes meu d'vn )uftc dé- dain s*aimc,& fcfic fuiure furprenant fon pauurc frè- re qui ne s'attendoit rien moins qu'à cela , & le fit mourir. Artabao dspefché de celuy duquel il fe dou- toitle plus, fe fortifia de fes enfans.& entrant au Palais vint fe ruer fur Artaxerxés , lequel il blefTa , mais non pas mortellement.fi bien que le Prince s "cfiiant à l'heu- re fauué à lafuitte recueillit toutes fes forces , & en la plus grande diligence qui luy fut polEble fc vint ruè'r fur le traiftre qu'il tailla en pièces, demeurant par ce moyen en vne jouïfiance paifible de fa Royauté. Arta- ban s'eftantaflis fur le thrône Royal 7. mois feulement qui acheuent la dernière année des Perfes» contre les Egyptiens fous la conduite de deux exééllens Capitaines Megabize &: Artabaze , Icfquels âpres^^lu- fieuf s combats , afiauts & fiege de Villes » contrâignu rent les Egyptiens de s'eftranger de l'alliance Atlie.. nienne,& à la fin accordèrent auec les Athéniens qu'on les laificroit fortir en fcureté de la Prouince : pourueu qu'ils ne fe meflafient des affaires du Roy de Pet fe en Egypte, puis mourut ayant régné 44. ans , il futbôû Princc&quiembrafiala paix,&vrant degrandeiôUf» toificaux luifs, enuoyaric Efdras en lerufalem pour l'é. ftabliffement de leur policé : auancement du Temple, & reucnus ordonnez pour l'entretien ôc facrifices d'i. celuy. Xerxes IL du nom, Artaxerxes laifia à fa mort i.fils.l'aifné tiomûié Ktt* xcs II. du nom, qui ne régna que 2. mois. Sogàl xn. Artaxerxes VI* Monarque des Perfes, ti Dés aufli- toft qu Artaxerxés fut eftably en la Roy- auté, il pourfuiuit cruellement tous ceux qui auoient confenty & donné la main à la confpiration faidte contre Xerxes fon pere j changeant ou ruinant les Gouuetneurs des Satrapes ,defquels il ne fe fioit point, & polifiant fi bien fon Royaume que tout le monde îouoit la fagcfie de ce jcunePrince.vers lequel s'éfuit Themiftoclcs Athénien chalïé par Tenuie de fes con- citoyens , & fut le bien rccCu & careiïc par ce grand Monarque, cepédant les Egyptics voyâs à leur aduis les affaires des Perfes bien efbranlez, fc reuoltcrent & fi- rent vn Roy,chairans les Gouucrneurs, luges, Threfo- riers & Receueurs , ôc autres Officiers qui eftoient pour le Perlàn en Egypte , & s'allièrent des Athéniens pour donner plus d'eifroy au Roy de Petfe, lequel en- uoyant Acamené hls de Darius 3UCC500. mille combat- tans , eut preique aulfi toit la nouucllc comme les Athéniens auoient défait toute fon armée,tafche d'in- citer les Laccdcmomens contre les Athéniens , ce que n'ayant pû fa^rciiL enuoya encore 500. milles Jiommes L'autre nommé Sogdian , qui ne régtîâ què Kuî(^ mois, fans que l'vn ny l'autre ayent fait cnofe digne dé mémoire > c'eft pourquoy ils ne font point ordinaire- ment mis au rang des Roys , mais j'ay fuiuy en ccêy Eufebcqui les a compris en ce nombre en iàChrôtlU que. Darius furnomméle Baflard VU. ou félon let autres XL Monarque de Perfe, Apres la mort des Princes fufdiéls Dariuis furnôflài- mélcBaftard paruint à l'Empire * fous lequel les Egf. ptien* s'émancipèrent ôc fe firent libres , & tegnà fii! eux nommé Saït.auec ce Darius s'allièrent les Làcedês moniens, ôc les Medes fe reuoltans furent pâr luy fûB? juguez & contraints de venir le recognoiftré pôiif Seigneur , & ce Roy auoit deux enfans de Parifatidê fa femme , l'aifné appellé Artaxerxes , & le pins jeurté Cyrus, cettuy cy eftoit vaillant, fage,courtois,&: biert- aimé de chacun , lequel le Roy fit Satrape de Lydie ôé, lonie , & luy commanda de donner fccours aux Lacé* dcmoniens contre leurs aducrfaires.Mais foninfoleii* ce contre quelquesSeigneurs du fang.qui ne l'ailoiièttt fallié à la Royale i à fçauoir les mains endofes dans les manches de leurs robbcs , qu'il fit mourir pour cetté occafion , fut caufe que fon pere cftant malade le maH^ da venir pourrendre raifon de fon forfaidl, &en eftré puny , fuiuant le jugement des Sages : àquoy obeylfanÉ Cyrus laifia fon Lieutenant Lyfandre Lacedemonien> duquel ôc des autres Grecs , il fe feruit depuis contré fon frère , luy cftant fur le chemin > il fut aduerty dé la mort de fon pere , fut neantmoins conduit vers foll frercquile détint prifonnier, & mourut Darius le Ba- ftard en l'an du monde 3J-: grande Ambaflade. en laquelle cftant Pelopidas Thebain ; furcommc ré- cite Plutacque, honoré lur tous les antres,6<: ayant ré- gné ce Prince 36. ans, il mourut, laiflGint pour héritier Darius Artaxerxes. Darius ArtaxerxeSjfumomméOcchm, IX. Monarque de Perfc, L'entrée du commencement du règne de ce Monar- qne,fut contre les luifs , lefquels faifans des brigues pour le faiél delà fouuerainePreftrife , ilyeutentre iceux vn nommé Ican , lequel occit dans la Temple de Iclus fon frère quicftoit fouuerain Pontife,mais Dieu ne lailTan ce forfaict impuny : car le peuple perdit fa liberté . & le Temple fut poilu par l'entrée de Bagofej lequel y punit le délinquant , & impofi la taille de 7. ans aux luifs, &quçique temps après Occhus prenant certaine VUlc d'iceux , en bannit les Citoyens d'iccllc, & les tranfporta prés de la mer Cafpie, qui font ceux qu Eufebe appelle Abramis , & lefquels obferuent en- cote quelque chofe du ludaïfme. Contre ce Darius Ce reuolta vn de fcsSairapcsSc principaux Caprtaines,ap. pellé Artabaze , & tint telle longuement contre les Lieutcnans du Roy , fouflenu des forces des Prouin- ccs Yoiiincs : mais enfin il perdit la vie , & le Roy re- couufa le Pays d'Egypte> Cypre, & Pheniire,& prit par trahifon la Cicé de Sydon , faifanc occire celuy qui la luy suoit trahie. Enfin ayant régné vingt fix ans, il fat empoifonné auec tous fes cnfans ( vn excepîé JparBa goas Eunuque , & Arfamé échappé de ce venin , régna en la place de Ion pere , mais fon règne ne fut guère long; cardcdansl'an quatrième le mefme BagoasJ'em- poiionna auec tout le Sang Royal , & touresfois ne pcac-il empiéter le Royaume , qui vint i Coloman, Perfan, & qui fe fit appeller Darius IV. du nom, lequel lîagoas.pcnfant empoifonner, comme ilauoicfaicles autres, il luy fit à luy .mefme prendre le poifon qu illuy vouloit donner , & parainfi fut puny de fcs mcfchancctez. Darim IVAunom^^' dernier Monarque de Perjij, Des Roys de Perfè. ou ans Darius ainfi vangé de Bagoas paruint à l'Empire, il ne fut pas longuement : car ayant régné fix > Alexandre IcGrand luy fit h guerre , le déDoiiil- la de fon Empire & de fa vie , & ruina la Monar- chie ce Perfe en l'an du monde trois mille fis cens trente cinq , en la "cent douzième Olympiade , & depuis que Cyrus la rauit aux Medes , deux cens vingt- huid ans , qui n'efl: pas grande chofe , qui prendra égard à celle des AlTyricns ,qui dura partant de ficelés : mais elle ncfutpasfi puiflante que celle des Perlés. ^7S Le Royaume de Perfe retourné en fa premiè- re Jflendeury quand comment, La Monarchie des Perfes ainfi abbattué demeura Efclane , &: comme cnfcuelie dans celle de» Macédo- niens , laquelle dura bien l'cipacr de j^j. ans , mais neantmoins ils ne commandeicnr pns lona temps en la Perfc: car après la mort d'Alexandie le Grand , les Seigneurs Macédoniens fc faifans lagucrre les vns aux autres , à qui leroit le fouuerain entVeux , vn Arfage Gentil-homme Parthe. d'autres difent Baarian, pour l'amour duquel tous les Roys des Parthes fe nomme- rent Arfacides , prenant fon temps fur cectediuifion, ferua fur Andiagore Perfan , auquel Alex.^ndre auoit donné le Gouuernement des Parthcs , le dép. iiJladu PaysParthian,& s'en redit Souuerain/ans vouloir dé- pendre ny releuerdu Prince de Mjcedoine: cequi adl uint en l'an de la Création du monde-, trois milles fept cens dix. feptjOlympiade cent trente-trois. Si bien que la pu i (Tan ce Grecque s'aneantifTant en Leuant, les Parthes auparauant incognus, & fans force fe firent Monarques de l'Orient , ce qui dural'efpace dedenxcens ans, jufques au temps d'Artaban der- nier Roy des Parthes , lequel fut priué de la Monar. chie,& delà vie par Artaxaré. ou Artaxerxes Perfan de nation , mais iflli de bas lieu , l'origine duquel on ra- conte en cette forte. Oeftquefa mere fut mariée à vn nomir é Pauechomme de balfe & vile condition,coœ. me cftant Conroyeur de fon Meftier , lequel néant» moins eftant grandjudiciaire;& preuoyanr,cotome on dit , par fa fcience ce qui deuoitaduenir , il aduint vn jour qu'vn certaih Gentil-homme appelle S^nné , paf- faut le terroi r des Cadufiens.vint héberger chez Pauec" bien que fa demeure fuft fort pauure . lequel voyanc par ces arts que fon hofte deuoiteftre le chefd'vnefa mille très grande & très Illuftr*-, ilfecontrifta deprc" mier abord , de cequ'il n'auoitny feur nyfillcouau trefcmmeen fa maifon qui luy touchaft de fana, pour luy faire auoir lacompagnic de Sanné , & auoi? de luy des enfans qui luy t Michaflent de confanguinité enfin voyant qu'il n'auoic point u'autre moyen pour parue- nir à ce bon-heur , il banda les yeux à toute confidera- tion , & luy mit la nuidlfa propre femme coucher auec luy^efperant de changer d'cftat & de fortune. De cet accouplement iliicitement fai(5t , fortit cét Artaxaré duquel eft quefl ion , lequel fut nourry en la maifon de fon pere putatif, mais ayant l'enfant acquis de grands honneui s par fa vaillance , tousdeux vin- drent en débat à qui il eftoit. Pauec le difant cftre fien, & Sanné l'auoir engendré : mais enfin i! fut condud qu'il fcroit appellé fils de Pauec, iflu de la femence de Sanné. Telle hit, ielon Agatie. l'origine de ce Roy, le- quel fe fit prefque en vn moment Roy de toute l'Afie, ce qui aduint l'an de noftre Seigneur deux cens vin^c huid , feant à Rome au fainft Siège Vr bain premier, & tenant l'Empire AlexandrefilsdeMarrée, contre le- quel le Perfan eut guerre qui contraignit le Romain de fe retirer, qui eftoit pafTé jof]ues au Pays des Medcs^ toutesfuis il y a grande apparence qu'il défit fi-ulement quelque camp volant deTEmpeieur , & qu'Aîexand- g auec toutes fes forces.ayant liuré la Bataille au Perfan, le défit, d'autant qu'il derT|^uta toufioursen laSyrie,& Mefopotamic , attendant la guerifon de fon armée ,'le Perfan n'ayant l'afléurance del'attaquer , ce qu'il n'èuft fait, s'il fuft demeuré vainqueur au premier combat,& ce qui témoigne bien que les Perfes n'eurent pas du meilleur , c'eft ainfi qu'on peut accorder Lampridc auec Herodian. Or cét Artaxerxes mourut ayant régné if. ans, il cf- toit fort verfé en la fcience & cérémonie des Mages 676 Abrégé de l'Hiftoire & Philofoplieà Perfes , ce qni fut caiife qu. ccucfortede gcusfut plus en crédit & infolcnte qiu jamais : car ils^ii'elbient oncques paruenns au degré de licence fi effrénée , que lors que regnoit ccttuy-cy leur compagnon , car fans leur authorité, il n'y auoii rien de bien faî61:. Vardant IILdn nom.Yl Roy de Pcrfe, ■ Vardané HI. du nom , qui ne vcquit que 4. mois, pource Narféc vint à la Couronne. ^ Sa^oré IAh nom,lL 'Roy de Perfe, ^ Saporé premier dii nom,& deuxième en rang de cet- te nouuelle race des Roysde Perfe, qui vint à la Cou- ronne l'an de grâce 145. feant au S. Siège Anthère, & tenant à l'Empire Gordian , qui eut vne grande guerre contre ce Roy , lequel faifanc profit de la difcordc qui cftoit entre le Sénat & les deux Maxirnins , occupala plufpart de la Mcfopotamic ac Syrie , de forte que le jeune Empereur Gordian fut contraind d'armer con- tre luy, en quoy il fut fi heureux qu'il le vainquit , luy oftantplufieurs Villes occupées fur l'Empire , ce que déclare Gordian.mefme en vne fienne Epiftre qu'il en écriuit au Sénat. Mais Gordian aymt efté occis par l'Arabe Philippedequel on dit auoir efté le premier des Empereurs qui fit profeflîon du nom de Chreftien, Sa- poré ne lailTa de fuiure fa pointe : car Philippe ne fut lono-aemenc en l'Empirccomme auflî ne fut le tyran, & pcrfecuteur du nom Chreftien , ains fe nia fur la Syrie & Cilicie, & Capadoce, au deuant duquel , com- ms Valerian fut allé penfant l'effrayer de fa prefence, cettny-cy en obtint vne fi gloricufe viftoire , qu'ayant défait les Légions Romaines , il print l'Empereur Va- lerian,& le conduifit prifonnier en Perfcoù il mourut en cette miferable feruitudc, chofc non jamais encore aduenuéàrEmpireRomain , que de voir Captif fon Souuerain , toutesfoisOdenatRoy desPalmeriens, occupant l'Empire du Leuant, s'oppofa aux efforts de Saporé, & eftans venus aux mains, le Perfan fut vaincu & pourfuiuy jufqucs en AfTyrie : Odenat joUi t du baga- ge & Concubines du Perfan, & de faidl, fi ce Palmirc- nicn ne fe fuft oppoféau Pcrfean,c'eftoit faiét de l'Em- pire de Rome. De là en auant fe contient en fon Pais fans rien remuer & ayant régné 51. an, il laiffa ce mon- dc,& eut pour fucceffeur Ormifdate. Ormifdaîc trotfiême "Koy de Perfe, Ormifdate ne régna qu'^n an fans faire rien digne de remarque. Vardané W ^^Roy de Perfe, JSlarfée feptiéme Roy des Perfes. Cettuycy fut homme de grandes entreprifes, &fe ig fafchant que les Romains tinfiént enl'Ahe les terres qui luy fembloient eftre de l'ancien appanage t^^ Pcr. fcans.en voulut auoir la raifon, pource fut contre 1 Ar- menie & Mefopotamie , qu'il ébranla fort par guêtre: mais il fut rcDoulfépar Gaieté Maximian , la première fois qu'il batailla contre luy , & eut la fortune fauora- ble : mais la féconde fois qu'il combattu entre Carra & Callinique, comme il y fut allé plus témérairement que lafchemcnt , à caufe qu'à peu de forces il y auoit alfaiUy vne très puiO'ante armée , il fut chaffe & battu, & fe rétira vers Diocletian, duquel il fut fi mal receu, qu'on dit qu'il le fuiuit à pied tout vertu de pourpre vn long efpace de chemin , fans que jamais l'Empereur vouluft qu'on arreftaft fon chariot pour luy parler, ce- a fut caufe qu'il fit auffi tort vne grande leuee d'hom- mes parl'lUyrie, & Pays Mefien,& prenant la route de Leuant,U rencontra Marfce,Afcub,Dormifde & Sapo- re en Arménie Mineur , le combattit auec très heureux faccez, auec non moindre confeil.que force & vaillan- ce , veu que luy mefme fuiuy de deux ou trois hom- mes à cheual fit l'office d'Efpion,& fut vifuer le champ de l'ennemy, lequel ayant vaincu, il caffa Natfee, prit fon baa3ge,& butina fesThrefors.eut pour prifonniers fes femmes, fœurs & enfans , & emmena vn nombre infiny de laNoblcfiéde Perfe, & des richcfTesdcfquel- les on ne fcauroit dire la valeur , & foi ça le Roy Nar- fée de fe retirer és plus cachées folititdcs de fon Roy- aume , pour laquelle fi grande viéloire luy retournant en Mefopotamie , où Diocletian cftoit auec fes forces pour le féconder , il fut receu amiablcment . & auec honneur tel qu'on fait à ceux qui triomphent , & em- mena les femmes & fœurs deNarféeen Italie, comme encore fes enfans . lefquels furent menez deuant fon chariot, brs que triomphant il entra dedas Rome:ain. fi Narfée qui afpiroit à l'Empire d'Afie perdit , & c< qu'il auoitcôquis,&r de (és propres Prouinccs,outr< le Tigre rlefquellestomberenten la main , «Se lous U puiffance desRomains. Apres ce malheur figrand, le: affaires de Perfe furent bien fort reculez, & Narfeen. véquit guère plus longuement , ains irépafla celle an née mefme de fa défaite, & de fon règne le 7. 17 Vardané fut fucceiTeur d'Ormifdate , mais on ne trouue rien deluy non plus que de l'autre: car les Per- fes furent long-temps fans rien remuer, voire comme dit Vopifque,ils enuoyercnt des Ambaffadeurs, ^ pre fens à l'Empereur des Romains, Aurelian. Vardané II. du nom , K. % de Perfe, A Vardané I. fucceda Vardané II. du nom, cinquiè- me au rang des Roys dePerfe, lequel aucuns appellent Narfée,cettuy-cyeutguerrecontrePtobusEmpereur: mais ils firent la paix , quelques Villes demeurans aux Perfes, de celles qu'il au^conquifcs : &cecyfaiét, Probus ne pouuant conte" fes foldats en deuoir.aufli fut-il occis bien-tort après , & eue Vardané beau loifir de fe pourmener , & de conquérir en Orient , fi Carus natif de Narbone, auec fes enfansCarin & Numenien, s'eftant faiâ: Empercur,ne luy euft fait empefchement lequel reconquit la Mefopotamie fur Vardané, pafla julques bien auant en l' Aliyrie,& eurt fait dauantage a la mort ne l'cuft; faifi. Vardané régna 16. ans. Mtfdatc FI IL Roy de Perfe. Mifdaté fon filsluy fucceda,qui fut le huidiéme Ro de Perfe, & viuoit du temps de Conftantin le Grand, fuc par le commandement de fon pere Couronne a ventre de fa mere, chofc non leuè d'autre, quvn fruu non encore en lumière ?ye porté la Couronne dv Royaume : il mourut ayant régné 7.ans,9.mois,l an c noftre Seigneur 310. feant à Rome Marcel . Se tenar l'Empire Maximian Galerius . & Conftantin le Gran, fans auoir fait aucune chofe digne de mémoire. Saporé IL du nomJX. Roy de Perfe. Sapové fils de Mifdaté paruenu en âge pour cor mander, recouuratout ce que fes prcdccelfeuisiuo' perdu , outre le Tigre en l' Aiîyrie 6: UcC paumie , ^ en i'an de noftre laiut irDjs cens trente- fix. au meln temps que les Chteftiens corr^m^nce^em àparoiftie* Tes terres. & folioté p^r 'es M:i-es 5c Sacrificateurs^ la volonté defquels dé^^er doi: tore toute c-tcc f-ir.il d'Artaxi) d'Artaxare, fotty dVn homme de mcfme vacation , Ce mk à perfcciuer fjrieufcmenc noftre fa infbe Reli- gion, d< fie mourir le S.EucIcjuc Symeoii.atiec cent au- tres bons (?c'fidelles hommes en vn feiil jour/oti Goa- ùernciir merme,& aiiant procédait par exaftioii & fub- fides , & à la fin par banniircment & fiipplices, jafqu'à ce<.|iieConî];antinleGi-and le pria par lettres de celler d'ainfi traider les amis de l'Empereur de Rome. Apres la mort de Conftantin , Saporc fc mit à perfecutcr les Chreiliens plus que jamais, comme on le peut recueil- lir de l'Hiftoire Ecclcfiaftique : de forte que jes pau- urés folitaires qui Ce tenoicnt par lesdcferts& folitu- des d'Adyric Se Mefopotamie, fentirent la fureur de ce tyran , lequel Ce fit Seigneur des Pays i'aiioifinans , & pourcc tccomméça la guerre entre luy 6c les enfans de Conftantin, en laquelle les Romains ne gagnèrent au- tre cas que desbaftonnades , ainfi que le rapporte Eu- tropeHiftorien Romain,difant,Conftans eut la fortu- ne diuei it , &fort contraire: car il foufFrit de grandes affligions des Perfeans qui luy prindrentfouuent des Villes, en afliegercnt d'autres, luy mirent au fil de l'ef péeplufieurs de fes armées , & en fommc jamais il n'euft combat contre Saporé, duquel le barbare n'em- porcail la vidoire, fiuf que prés la Cité de Syngare,où le meilleur eftant de fon codé , la furieufe témérité des foldats luy oftacefte feliciccque de dompter à celle fois, l'orgueil de fon aduerfaire. Plus clairement en parle Pomponius Letus, lors qu'il dit ainfi, Conftans ne fit onc rien en Louant qui iuy reliflît heureufement : d'au- tant que fon ennemy eut toufieurs le delïus : car l'an XI. de fon Empire, la palme & vidoire tftant rauie vne feule fois fut reperdue par la temerit^es foldats prcs de Syngar : auffi Conftans ayant huid foiseftc vaincu , comme en cefte Bataille , la vidoire fat pour liiy, elle demeura aux ennemis, non fans grande perte, d'autant que Syngar fut perdue & Bizabde & Amidc. Apres ceftc Bataille Saporé feriia fur les Arméniens, & futaflîeger la Cite dcNifibis, mais les Malfagettcs l'af- laillirent, & il alla contre eux , non que pour cela on laiiTalt le fiege,& tandis Conftans enuoya vers luy pour auoir la paix , laquelle luy fut odlroyée. Saporé après ce, futguerroyerles Arméniens, mais il apprit que la fortune ne luy fuiuoitpaspar tout: car Ariaccle vain- quit, & le força de fe retirer en Perfe.: mais csfte guer- re Arménienne nefut degrands coufts , &caufades ruines d< dcffaites infignes à l'Empire de Ro.me : car luîian l'Apoftat penfant faire mieux fes befongncs con- tre Saporé , que fon predeceiTeur y alla auec fes forces, loucesfois il s'y fit malfacrer, & fon armée mife en rou- te d'autant qu'il combattoit contre celuy qui auoic Dieu pcurgarand, quoy qu'infidelle: mais il s'en fer- uoit pour la punition de cet Apoftat , le plus defloyal & infi Jclle homme de la terre, lequel fut occis le deu- xicmean de fon Empire,& de noftre falut 357. & le fS. du règne de Saporé Roy de Perfe. La mort decécEmpereun&ladeftaitedes Romains ne haufia le cœur de Saporc , comme celuy qui confi- dera le nombre infiny des fiens deffaits , la multitude des Elephans occis , chofe non encore veuë & vit les Romains encore difpos & prefts à recommencer la noi- fcayans vn chef fi bon ôc Ci vaillantqu'eftoit louinian, ^' pour cela iln'ofâpaficr outre, ce qui fut caufequela paix fat faite: quoy que non trop auantageufe pour les Romains, & qui toutcsfois leur cftoit neceftairc , veu l'cfchec que le Pcrfan auoit fait d'eux , & qu'ayans ce- ftuy cy en tefte , & d'autres fe reuoltans, il fcroitaifé i'efbranler la grandeur de l'Empire , & neantœoins Ammian condamne fort cefte paix, commeprocedant I vn cœur mol & efféminé , ôc accufe louinian corn- ue hommecoUard, &depeud'efFe6J: : mais il luy faut ordonner à caufe qu'il Ce tranfporte en fes afFedtionf, quï prcfque il ne peut louer que fon Iulian l'Apo- DesRoysdePer(e. ftat, à la fuite duquel il fut à laguerrtfi Artaxcrxes X.Roy de Perfe, 677 Saporé âgé de yo.ans,^ ayant régné autant quevef- cu.mourut l'an de noftre filut 579. laiffant fon fils Ar- taxerxes,& héritier & fuccelfeur de la Couronncmais non de fon bon-heur : car Saporé ayant eu plufieurs femmes auoiteu des plus Illuftres trois enfans.Ormif- da , Ardanafté&Narfé,& de celle qui eftoit de plus bas lieu , excellente toutesfois en beauté , il euftArta- xerxes: quant à Ormifda , il tenoit le party des Ro- mains , ce quidonnoitle droidl d'aifncffe à Adarnaifc qui dcuoitfucceder à la Couronne : mais fon pere l'a- yant tecogneu d vn naturel trop cruel, ne voulut onc- ques entendre à le faire fon fucceifeur. Car commtf les Mefopotamiens eurent fait prefent d'vne tente de cuir de^chameaux enrichie d'or,& autre broderie,il l'a donna à fon fils Adarnaifé , luy demandant fi ce pre- fent. là ne luy eftoit pas fort agréable , il répondu quÈ s'il eftoit Roy il auroit bien plus de plaifir de voir vn pauillonfait dccuir& depeau des homœesrrellement que cefte réponlè , Se plufieurs adions cruelles de cé Prince luy firent perdre la fucceffion:car fon pere ayant aifemblé le Confeil, il fut conclud par le commun con- lentement que Saporc commandcroit & fuccederoit après à fon pere : mais ils ne rencontrèrent pas mieux en Saporé : car fon pere eftant decedé, il fit auffi eofl: mourir fon frère Ardana(fé,creua les yeux à Narfc, mit en prifon Ormifda , Se donna commencement à fon règne auec vne infinité de cruautez & de tyrannieside forte qu'il ne fefaut pas eftonner s'il fe porta fi rigou- leufement contre les Chrefticns,puis qu'il ne pardon- noit à fon propre 'fang. Ormifda eftant prifonnier , fa mere » fa femme & fa fœur furent le voir auec le congé du Roy.lcfquels luy donnèrent vne liraeauec laquelle il lima & rompit fes fers , &s'cnfuit,fe retirant à l'Empereur Conftantin le Grand,auquelil fift de fignalez feruiccs. Artaxerxes donc joliyt de la paix que fon pere auoit jurée auec les Romains , Se les Prouinces qu'on luy auoit quittées , fans qu'il euft guerre à perfonnc : & ayant régné onze ans il mourut laifiTant pour fucceffcuc Saporé fon fils. 9 Saporé lî, du nom, Roy de Perfe, Saporc IL du nom fils d'Artaxerxes régna cinq ans fans fairechofe digne de memeire. Farané XIL Roy de Perfe, ' A Saporéfucceda Varané,lequel garda encore fidèl- ement la paix auec les Romains , voyant l'heur qui les accompagnoit depuis que Theodofe le Grand eftoit venu àl'Empire,& fous le règne des enfans duquel, à fçauoir d'Honorius & Arcadius, il tenoit le Royaume" de Perfe, lequel ayant gouuerné dix ans il mourut.- Ifdegerté XIII. Roy de Perfe, Ifdegerté vint à la Couronne; l'ao de grâce 40^. feafit à Rome Innocent premièrdu nom, cefutcn ceftuy-cy qu'Arcadius eut vne telle confiance , qu'il le conftitua Tuteur du jeune Theodofe fon fils i tant pour tenir en bride les remuans , que pour cmpefcher que du cofté d'Orient fon fils ne fut inquiété en fa Seigneurie : Ôc comme on luy eut porté ce teftaœent il le reccur auec grande joye, maintenant la paix auec les Romains que Ion pere & ayeul auoient jurez auec vne grande équité Se fidélité & c^ui plus cftil enuoya vn Gouucrneur LU 5 pour il 678 Abrégé de pour le petit Pnnce nomCné Antioquc , homme cxccl lent , vertueux Se fage, & digne d'vnc telle charç^e , le quel fc rendit le Protcdeur de l'Empire , & leConfcr uateur des droids de Ton Mineur : ce qu'il manda an Sénat en cette manière , au rapport de Paul Diacre : .1?-- câdm ejlant mort,& m' ayant éleu Tuteur defonfiU,\svoits enuoje vn homme capable de tenir ma ^Uce : qu 'il n'y ait donc homme fi hardy de drejfer emhafUjes À l'enfant , afin quvMC guerre intolérable ne fait caufe de U ruine des Ro- mains.Eti^n qu o n'euft aucune daute de Tes intécions, il renouuella les alliances d'entre les l^crfes & les Grecs, mefme qu'Antioque écriuoit fouuenc à îrdigertc.pour le bien & fupport des Chreftiens : de forte que la foy Chreftienne s'épandit grandement par le Pays de Pcr fe.à qiioy trauailloit beaucoup le bon Mîrunchc Eucf- que de Mefopotamie.Car auparauant toat cecy.ce Roy les pcrfecutoit cruè'lletnent , plus poiilTc à ce faire par les Mages & Sacrificateurs de fes Dieux.que par fa pro- pre malice & luftind naturel : Ce fut en cc'.te perfecu- tion que Auda Euefquc de faindbe vie abbatit aflez mal à propos k Templedu feu adoré par les Perles , &le Roy lay commandant de le rebaftir , il ayma mieux mourir que de ce faire : en quoy il eftoit plus louible qu'en le démolifiant , ayant en voulant bien faue eft= caufe de tant de mal : toutebfois,comme il a efté dit,el- Ic ceffa du viuant mefme de cî Roy, qui voulut en ce- la fatisfaire non fculomcntaux Ennpereurs, mais enco- re au bon Euefque Mirunthe , lequel , félon Paul Dia- crcluy avjoic gaery Varané fils du Roy fufdit , lequel cftoit demoniacle.Miis Socrates en fon hiftoire Ecclc- fiaftique raporte qae cela aduintà caufe que Kdigerte cftant fujeft à vn grand mal dételle que les Mages ne luy auoient fceu guérir , Marunthe auec l; figne de la Croix le luy ofta , fans que jamais le Roy en fuft après tourmenté: ce qui fut caufe en partie que ce Roy don- na licence à ce bon Euefquc de baftir tout autant d'E- glifes quebon luy femblcroit en fes terres & Seigneu- ries ; de forte qu'il y a grande apparéce qu'il fc fuftfait Chreftien fans les Mages . c^ui auoiêc vn grand pouuoir dans le Pays. Il mourut l'an de grâce 417- ayant rcgné ZI. an, laiflant fon fils Varané héritier de la Couronne- Varané ILàu nom^XIKRoy de Verfe. il Varané deuxième du nom pouruea à la Couronne des Perfei.fc monftra d'autant plus feuere perfecvuenr des Chrelîiens , quefon pere Us auoit fauorifez. E-t des anffi toft que fon pere fut deccdé, il déclara la guerre à l'Empereur Thcodofe deuxième du nom, & (urnom- m é le jcune,lequel toutesfois luy eftanc venu à l'encon- tre le vainquit, & l'euft pourfuiuy auec plus d; violen ce , n'euft cfté que les Chrcftiens qui caoïcnt en Perfe luy eRoient en foucy , craignant que ce Tyran ne les tourmcntaftcncotepis quedcuant. U aùoit commen- cé fa perfecution aux Princes & Grands Seigneurs qui auoient rcccu la foy , defquels il defapointoit & redui- foit en telle extrémité, qu'ils eftoient contraints d al- ler garder les Chameaux ou de faire quelque mcftier plus vil : puis les voyant ferme en la foy , il les faifoit mourir du plus cruél genre de mort que les Mages pouuoient cxcogitcr , lefquels eftoient fes Confcillers ordin3ire5:mais cette dernière défaiacqu'il receut par Thçpdofe fit celler cette perfecution. Car l'Empereur fans auoir égard à l'aduantage qu'il auoit fur luy, pour le bien & repos des Chreftiens enuoya Helion Patrice Anatolius Prêteur d'Orient , en Perfe , pour recher- cher de paix Varané , lequel ne rcfufa point la condi- tion,ains promit de faire la volonté de l'Empereur, & dtflois cclTa la perfecution. Il régna zo.ans, & mourut l'an 447- ^cant à Rome Léon 1. du nom, & lors ^uc Theodofe failoit laguer- re contre les Vandales. oire Varané III . âu nom.XV.Roy d:' Pcrfci Varané troifiéme du nom eftant prcffé delà necelTÎ- té qui auoit fait accepter le repos à fon pere : ne tcmixî rien , ains fe contint touiiours en repos q6e fon pctc • auoit obtenu, & mouiuc après auoir rcgné dix-fept ans, quatre mois, Verofé XVI. toy de Verfe, Perofé luy fucceda au Royaume grand gucrrier,har- dy & d'vn fort haut courage, lequel plus par témérité que par bon confeil pcric en l'cntreprife contre le$ , Neptalites, non tant par la force de fes ennemis , que par fon indifcretion & folie : car au lieu de marcher en défimce par le Pays de fes enncmis.il auoit vnc tel- le prefomption, fe fiant en fesforces.quc les autres eu- rent le moyen de le furprendre lors qu'il l'efpecoit le moins, penllantainfi auec toute fon armée, fans auoit acquis aucune gloire ny réputation. G'eft ce qu'en dit Agatias : mais Procope appelle ces Neptali^es Eathali- tes, & dit ainfi : Perofé Roy dcsPcrfes vint en difputé pour les limites defon Paysa iecles HansEuthahres lefquels on appelle Albes , contre lefquels il alla aaec vne puilfance avmce. Or ces Euthalites font delà race des Hun$,& tou- tesfois ne font point leurs voifins . auec lefquels ils ne marchent point , ny ne leur font point limitrophes, ains auoifincnt les Perfcs du codé du Septentrion : la Cité principale defquels eft diftc Gonfa fur les hmueî des PerfaiW , lefquels ont fouuent combattu pour les confins de leurs terres auec leurs voifins , & ne fônC point Nomades (c'elt à dire Pafteurs) comme le rcfte des Huns , audi n'entrent ils jamais dans les terres des Romains pour les guerroyer, fi ce n'acftc en la compa- gnie des Perfans. Ilsfont(dit-il)blancs en couleur,pro- pres , & n'ont le regard furieux,comme les autre5,auf- fi ne les imitent-ils pas en leur beftialité, ayans quelque police entr'eux.Gar Ic^, Euthalites obeyaent à vn Prin- ce & feul Monarque, Se s'occupent à viure ciuilement & politiquemcnc, vfans de raifon & juftice auec leurs voifins,commefonttouceslesNations ciuililées.Ceux qui enite-eux font eftimez les plus heureux , font ceux qui ont jufquesà lo. am;sou dauantage, auec lefquels ils mangent d'ordinaire , ayans leurs biens & la Sei- gneurie commune enfemble , & ont couftume que quclqu'vn des leurs mourant ils les portent en terre. Puis il adjoufte , que Perofé fe voyant en lieu , d'où il luy eftoit impofiTible d'efchappcr, le Roy des Euthalites luy manda,quc s'il vouloit fe dcUurer de ce penl,il n'y auoit point d'autre moyen que de luy venir faire hom- mage,e!^ jurer, fuiuant la couftume de fon Pays , que jamais les Perfans ne feroient guerre aux Euthalites. Perofé en ayant demandé Confeil aux Mages.ils hiv rcfpondirent, que quant au ferment,il en pouuoit faire à fadifcretion : mais quant à l'adoration, rcucrence & hommage que le Roy des Euthalites demandoit , que cela eftoit impoffible , veu que les Perfes n'auoicnt li- cence d'adorer autre chofe que le Soleil. Mais ils luy donnèrent ce Confeil, à fçauoir, que l< matin furie poinddu jour,ilallaft.vcrsl'£uthalite,& que fe retournant vers le Soleil Leuant il luy fift la rc uerence,&adoraft le Soleihcar par ce moyen il efchap- peroit du pcril, confcrueroit fon honneur, & ne viole roit en aucune façon les couftumes de Perfe. Ainfi fe fauua-il pour lors,mais il Fut PuOi delloy.Hj garder fa promclTe.cÔme il auoit elle rôiideié en la co duue.caril ne fut pasfi toft derecour e;i fon Pais, qu i allembla vne armée pour marcher contre les Euthali tes ayant laiflé fon fils Cauacé aup.Vis pour gouuernc en Ion abfcnce : & ce fut ior. qu'il y dcmtuia auec le autre Des Roys de Perfe, autres cnfans , toatf fa Noblcffe , & les pins vaillans hommes d'entre les Perfes, après auoir rei>nr 20. ans, V?.n de noftre Seigneur 484. fennc pour lo.s à Rome le PapeStmpli^ius , & Leoiuenans l'Empiic des Grecs, porcantauffi letitre d'Empereur de Rome. ^alem XVI 1. Roy de Perfe, 14 Ceftny-cyeftoit frère du Roy deffund, lequel gou- uerna le Royaume après la mort de Ton frère , a caufe du basàgede Cauadé, mais il ne fut qu'vne ombre de Roy , fans faire rien digne de mémoire: à la vérité c'dtoient les Enthalites qui gouucrnoict pluftoftquc luy , Se au(quels il Ce rendit tributaire , à caufe de fon hiitoeurpaifible. & nullement' propre à manier les af- faires Il embrouillées queftoient lors celles de Perfe: cela toutesfoisnedura pas long-temps : car il mourut ayant régné 4.ans,«& payé 2. ans de tribut. Caualdél. XniI. Hoyde Perfe, Valent eftapt mort,Cauadé fils de Perofé vint en fin à la Couronne : à fon aduenement il trouiia les Perfcs fort tyrannifez parles Euch.^iices : maisco^mme il f.C toit Prince belliqueux , & qui n'euft pas peu demeurer en repos, quand bien il eufteu la paix de toutes parts: il pnn: bien-toftlesarmesçontrefes ennemis , com- mençant parlesEuthalites, &les vainquiclecoUanc le joug de leur domination : il fie aufïï la guerre aux Ro- mains, &aucres peuples fes^oifins, defquels ilempor- talom>ent la vidoire. Il eftoit natureilement cruel, & Il colère, qu^il eftoit impofTiblede l'appaifcr <^and il il s y eftoit mis : fon cfprit remuant ne luy pouuoit per- mcctre auffi de s'arrefter quM ne broliillaft quelque chole,foit auec autruy, ou auec les fiens, &en fon Ef- tat : de forte qu'il prenoit plaifir à changer les ancien- nes conftuutions & Ordonnances de Perfe , & en faire de nouuelles : vne entre*autres indigne dVn Grand Koy , & qui pcnfa renuerfcr fon Eftat, celle, à fcauoir par laquelle il vouloir que toutes les femmes fuft^ent communes.car tous les EftatsdefesPays trouuerent la choie il hors de raifon, & de la bien- feance queles Sei- gneurs ^ le peuple , comme au fon d'vn tocfin fe re- uolterent vnanimemcnt contre luy , le prindrent & le mirent en prifon , ayant régné onze atis. Blafe ou Lamafé XIX, Roy de Verfe. Cauadé ainfi mis prifonnier, & n'ayant aucun hoir maftc pour tenir fa pTace,les Perfes s'aftemblerent pour fflire vn Roy, & choifirent Blafé freie du feu Perofc- carielon leur couftume il ne leur eftoit pasloifiblede faire aucun Regent du Royaume , s'il n'cftoit du fang Royal fi cen'cftoitque cefangfutvenu dequelquefa! mille de balTe condition. Ccftuy cy eftant cfleu Roy, mitaufli-toft en délibération au Confeil , que c'eft qu;ondeuoit faire de Cauadé : le peuple ne vouloit point en forte aucune qu'on le fit mourir , quoy qu'au Confeil les opinions fulfcnt diuerfcs : carGufanafcadé qui eftoit Chanarangé : c'eft à dire le Gouuerneur du Iays,voyantle«udei-efolutiondu Confeil , tira vn pentcoulieau au fong d'vn doigt , &gros àl'aduenant que les Perles portoient ordinairement pour rougncr ku rs ongles, fi le monftrant aux autres leur dit que ce petit coufteau fuffifoit pour lors à faire ce que yinac mil e hommes api-es ne pourroient exécuter, declaram- par la les maux que feroit Cauadé, s'il efchappou vnt fois de leurs mains : mais toutes fes perfuafions ne peu rent gagner fur les Perfes de faire mourir leur Roy bien confentit- on que ce Prince qui eftoit cruël k mal aduifcfutmisen prifon perpétuelle, écDlaf-, La înalcou Zambazé (car on luy donne ces nams) com- mcnçalors à regner,homme jun:e:c6urf?)isÇ& fort dé- bonnaire , ^ fous lequel les Perfans fe faifoient defor." mais forts de viurc à leur àife , m ais Cauadé leur fit bierl changer dé penfée par le moyen d'vn amy qui fe nom- moit Seofc, lequel ffctenoit près del.T prifon. Ceftny cy eftanc vn jdur & nuicfl: à rcfuerfurleS moyens qu'il pourroit trouuer pour deliurer fon Priri- ccne tafchoir que de rechcrcher^es moyens pour par- lera li,y:d'2ucant qu'il eftoit permis à la femme deCa- uadé de l'aller voir, ^ luy donner ce qui luy feroit ne- cedaire.: Seofé fit entendre par elle, que là ou il auroit moyen de fortir,Seo("é auoit les chenaux & autres cho- fcspreftes pour le conduire là où il voudroit aller, & luy defigna le lieu où tout l'appareil feroit dreffé. Ce qui fut loudain exécuté ; car la Dame eftant en priforl defpoiitlla fes habits, &veftit ceux de fon mary, & luy veftu en femme fortit ayfément de la Geole , & auec Seofé & fes troupes qu'il auoit fecrcttcment aniaffées* il s'enfuit vers le Roy des Euthalites qui luy donna fa fille en mariage. D'autres difent qu'il s'en alla de- là vers l*£mpereur Anaftafe ; mais il y a fort peu d'ap- parence que cet Empereur Cb-reftien ait voulii don. ner fa fille à cétinfidclle qui auoit défia plufieurs fMp- mes : cela eftant bien plus vray femblable ce que di- fent les autres , que ce fut la fille du Roy des Euthali- tes qu'il cpoufa pour lors , vcu mcfmS que les Perfes auoient fait mourir celle qui auoit préféré la liberté de fon mary à fon contentement, & mis fa vie au hszard pour le tirer de feruicude. En quoy les Perfes firent bien cognoiftre leur animofité contre ce Prince, puis qu'ils ne. pardonnèrent pas mefme la charité conju- gale,Iaquclle ils deuoicn.t pluftoft rcuerer que chaftier en cefte Princefttf. ^ Auec les forces donc du Roy des Euthalites, Cauà- de s'achemina contre les Perfes lefqucis luy venans à 1 encontre,il mit foudain en fuite , & là s'en venant au Pais,& Satrapie de ce Gufanafcadé ,qui auoit donne Confeil qu'on lefitmourir.il le defapoindadefa char- ge de Ghamrangé, ou Gouuerneur,& y mit Aderanbi- nadeen la place : puis eftant venu au Palais Royal , il s'eii faific fans grande diflSculté.faifanc mourir Zamba- lc,& Gulanafcadé, puis il fit fon grand amy Seofé qui l'àuoit deliuré de prifon, Adraftadaram SeUné, qui ef- toit vn Magiftrat ayant charge fur toute la gendarme- rie, tel à peu près que leConneftableen France.EtSeo- le fut le premier & le dernier, auquel jamais vn tel Et tat fut cohferé en Perfe. Cauadé forîy Je prifonJerechefRoy de Perfe. Cauadé ayant ainfi reconquis fon Royaume j &: dé- uenu fage par cè reuers de fortune , fegonuerna par après plus modeftement qu'il n'auoit fait auparauânt. Of deuoit-il de grands deniers au Roy des Euthalitesi cela fut caufe qu'il en enuoya a emprunter à l'Empe- reur Anaftafe: mais en ayant efté refufé cela luy ferait de prétexte de luy faire la guerre : tellement que les 1 erles fe ruèrent lur l'Arménie , & y firent des maux infinis, prirent auffi la Citéd'Amide, & voulans pafFer plus outre, ils en furent deftournczpar les Euthalites qui leur firent lk guerre. Ce qui fut caufe qu'Amide Kit rccouuerte par les Romains , lefqucis, comme die Piocopo.corrompirenc à force d'argent le Gouuerneur de la Ville, que Cauadé y auoit iaifté. Cependant Cauadé fe yoyarnt vicil,& craignaht quel- que changement d'Eftat en Perle aprtS la mort, il re- folut d'ordonner de fon fi-ecelfeur. Comme donc il eut trois fils , il tafcha de donner le Royauméau pltis jeune, nomméCofrbé, d'autarit que l'ai îné qui fenom- moit Cauadé,Bc luy eftoit point agréable : & le fscond. ^ £11 4 / àppelié Abrégé de VHiftoire 68o< appelle Baié.elbntborgncnepouuoit venir à ta Coa tonne , pourcc cpelaLoy dcPcrleen exclad tous les «ftropiats,ou qui ont faute de quelque membre. Mais le troifiéme luy eftoit plus agréable , à caufe meirne q.u'il l'aumt eu de fa propre feur nommée Abenede: & pratiqua tant cecy.qu enfin il l'obtint. Des lors il le mit à perfecutet les Chreftiens, faifantà quelques vns roupcr le jarret . qui pour celanehilTcreat de chemi- ner • mais afTlcgeant vn certain Chafteau des Indiens, appelle A4ubdabar,& ne le pouuant forccr,il l'empor- ta par la prière des Chreftiens, dedans lequel il trouua vn Threfor ineftimable , ce qui fut caute que delor- mais il ne fut plus cruël , ains qui plus eft , il permit a quiconque voudroit de fe faire baptifer , &c enhn lur- feoir les recherches & punitions. . r , Il euft suerre contre l'Empereur Iuftin,qui ne fat de grande durée, car la paix s'enfuiuit toft_^pres,& Caua- dé fit mourir tout . tant qu'il trouua des Manichéens en fon Royaume, à caufe qu'ils auo.ent tafchc de fair^ fon fils Roy luy eftani encore fain, & plein de vie: & avant reené depuis fa deliurance de prifon trente ans, & onze îuparauant. U tint en tout le Royaume qua- r^ue & vn an , qu'il laifTa paifibleà Co(roe , a caufe que l'aifné de fes cnfans fut occis auec les Manichéens, pour auoir confpiré contre fon pere: &aduint lamort de Cauadé.l'an de grâce y5i-^"eant à P.omeBoniface le- cond, & luftinian tenant l'Empire. CofroéXX. Roy de Perfe, %6 Cofroé vint après fon pere à la Monarchie des Per- fes , des louanges duquel parle Agathie en cefte forte: Non feulement, dit- il , ce Roy eft loué & admire par les Perfans , qui le prifent plus que de «raifon , ains éfe- core plufieurs d'entre les Romains le font homme Itu- dieux, & amy des bonnes lettres , qui paruint à la co- gnoilTance parfaite de noftre Philofophie, tourna pla- ceurs Œuures Grecques en langue Perfiennc , & y en a mcfmesquilefontfibonPlatonique,qucThinQcene- ftoit pas pour le furpalfcr : mais Agathie ayant propole . cecY,dit franchement cela eftt e impoffible en vn hom- me barbare, nay, nourry de eHeiié entre des courcifans mois, effemincz, ignorans, & fliteurs : de forte que les pcns de fcauoir ne pouuoient auoit loidr d inltruire ainfi ce Pcincc. Et ce qui luy donna ce bruidfat pour la crande multitude d'hommes de fçauoir qui tre- nue'îitoit en fa Cour , chacun s'elbahiflant qu vn Roy Grand, puiifant , & fur tout barbare , aymaft de telle forte les bonnes fciences,& fift tel compte de ceux qui en faifoient profenTlon. Ailleurs toutesfois Agathie le loue par deffus Cyrus & Xcrxes. Quant aux affaires de la guerre.ayant eu r.ftairc con- tre l'Empereur luftinian, qui auoit lurrr.Ôte les Goths, la plus fiere,orgueilleufe,& puilTante Nation de la ter- te & fait tcfte aux Vvandales, & autres fortis de Scpté- tdon , auec lefquelsneantmoins il fut contraint de faire paix pour cent & dix ans , laquelle on appella la paix fans fin. Mais Cofroé ne la peut tenir , ams dans iroisans après il la rompit , & courut jafquesenC.il- cie & Syrie,prenant la grande Cite d'Antioche Mais Belifaire luy allant rencontre,lcfit retirer, & le vain- quit^ainfi que defia il auoit fait à la première guerre. Apres cefte detfaite,il fc rctiraen Perfc:mflis il ne de meara pas long-temps qu'il ne reuint fur les terres de l>E'.Tipire,commc celuy qui afpitoit à plus grande cho- fe qu'au RcynumcPetfan , & fe rua fur la Comagenc, jadis Eufraiilîe , mais Belifaire luy empefcha encore fesdeflcins,& le vainquit. Cefte guerre fut fort lon- gue , car elle continua trente quatre ans , du temps des Empereurs luftinian & luftin,& jufqu'à tant que Mar- tin,coufin de l'Empereur luftin vint contre les bar- bares , & leur donna Bataille «n vn lieu appelle Sagar- the, où illcs vainquit. Ce fat cefte mefme année quff mourut Cofroé,ayant régné 4^.ans,ayans eu toufioars quclaue chofe à demefter auec les Romains. Agathie ^dit cû'il mourut de regret enla Cité Royale de ScUu- cie ; dautanc que Maurice General del armée de l Em- peieur luftin en Orient . eftoit venu fortuitement taV ïe des courfes vers les confins des Arpians,voifins d vn village, où Cofroé eftoit pour lors de fejour . met- tant le feu de toutes parts , & paft-ant le fleuuede Z.r- ma , mettoit tout à feu & à fang par dù .1 pa(roit:& luy qui r^'auoit point accouftumé d'eftre ainfi braue en fa prefence , prit cela f. à cœur . qu'on fat cotitraint de l'em porter du lieu qu'il eftoit,à Seleucie. ou il mourut, ayant régné félon Agathie 48. ans. Cecy aduint l an de noftre Seigneur 574- Teant à Rome lean III. tenant l'Empire laftin le jeune , & régnant en FranceCloiai- re forty du fang de Clouis. Homifda XXLRoy de Perfi^^ Hormifda fils de Cofroé , patuenu à la Couronne ^ après la mort de fon pere, efperant bien mieux faire (es affaires contre les Romains, que n'auoit fait Ion pere, vint courir les terres Impériales enuoyant Armiarda- né fon General, lequel ayant fait fes courfes , scn re- tourna riche des dcfpouiUes en la maifon , emmenant quant & foy vn nombre infiny de prifonnicrs: maisil fut repoufté la féconde fois qu'il fe mit en campagne: car Tybere cftant venu à l'Empire après luftin le leu- ne,enuoya vers Hormifda fesAmbalfadeurs, pour luy offrir la paix à fon nouuel aduenement. Maisleler- feandfiuenu plus fuperbe par fon heureux fuccez, re- fufatoutappointemcnt , & ne voulut entendre à au- cune compofition. Ce qui irrita grandement Tybere, & fut caufe qu'il affembla vnc trcsjpuiftantc armée auec plufieurs camps volans , pour affailUr le Perfean de toutes parts. Hormifda cependant cftoU al e raua- ger l'Arménie , & les deux armées s'eftans finalemenC rencontrées , ils fe donnèrent vne forte fanglante Ba- taille ■ mais à la fin les Babyloniens tournansle dos tu- rent caufe d'efbranler tout le refte,& de la perte entic- rc du Perian, fi qu'il fut entièrement deffait, fon pamt Ion & ba^^age pr.s.fes Elephans & ce qu'il auoit de plus riche. Et poar la confufionqui fat en cefte Bataille. Horrr^ifda fie vne Loy. par laquelle il eft deffendu que d'orelnauant les Roys de Pcrfe n'euffent à fe nazar- der d'entrer aux combats , crainte de !a perte de leurs perfonnes. Apres cefte dcffaite Hormifda arma dere- chef, maisTybereayantenaoyécomteluy deuxvail- lans chefs de aaetre,Maurice,& Narfeces.les Perfes in- rent à celle fois fi bien battus . qu'ils leur oftercnt ce qu'ils auoientaaparauantfouslearpuiffance, &qu Us auo.entconquisdu temps des Empereqrs luftinian, & luftin : Neantmoins Hormifda tafchant d effacer (s honte par quelque genereafe aaion,s'efforça de pour- fuiure la vengeance des torts qu'ils auoient receus.mai! le tout en vain , car il ne faifoit qu'accroiftre fa perte: d'autâc que Philippique Lieutenant de l'Empereur pru fur luyNifibin,CitëdeMefopotamie , &paflabiei auant dans PeRoyaumede Perfe, d'où il emmena vn, grande proye qu'il condaifit feuro^^ent en la Regioi desMedcs. Et deux ans après Maurice tenant 1 Empire , lemel me Philippique entra en Perfe , & rauageant de tou^c parts donna vn grand cftonnemcnt a tout le Pays ayant pris laGté d'Armene , & vaincu les Perfeans e /ne Battaille, de laquclleils fe faifoient fort d emroi ter la vidoire. à caufe que le» Mage, les e n auoient al reurez:mais l'éaenemcnt dei^encit leurs fanffes pred, aions:carilsy receurent vue lourde iecoalie. En lo!T metout le temps que régna H..rm.lda . il ne combat qu'vnc fois heureufciiïcnt coiuic les Romands . poii ' laqueii laquelle cfefFaite '"Empereur Maurice depofa Philippi- que de la chargexle General de Ton armée , & mit vn nomme Commenticl en fa place , qui e(toit Gouuer- neur d'Oriet;t. En ce mefme temps Hormifda fît les Turcs fes tribu- taires , les prenant après à fa folde pour marcher con- tre les Romains : mais tout cecy n'empefcha point que Bara General de l'armée Perflenne ne fuft mis en fuite, &la plufp-»rtdefes foldacs taillez en pièces. Ce qui fut caufe qu'Hormifda le defapoiiua de fa charge ; ce que ceituy cy ne pouuant fupporter , Ce reuolta contre fon Roy failant vne telle confpiration contre luy, qu'enfin Hormifda fut depofé de fon lîege , emprifonné, & in- jurie par Bindoé, que ce Roy tenoit en prifon, & que Bertafon frère auoit deliurépar la conjuration du fui- dit Bara : de forte que Cofroé fils de Hormifda, fut mis en la place de fon pere , quelques proteftations ou re- inonllrances que pcuft faire ce pauure Roy captif , & qu'il mift en auant les biens qu'il auoit faits aux Pcr- fes , de les auoir défendus contre la puilfance des Ro- mains , d'auoir tant de fois expofé fa vie pour leur fa- lut,&delesauoirencoresde nouueau rendu IciTurc* tributaiies, mais tout cela nepeuftfsire chaîner de re- folucion à fes fujeds mutinez. Il les pria encores , que puis qu'ils auoient ainfi Ci opiniartremcnttcfolu de le démettre delà Couronne, de ne îuy point donner Cofroé pour fuccciTcur , qu'il auoit vn autre fils plus propre à régner, hommedoux & paifible , au lieu que ceftuy- cy eftoit naturellement cruel & ambitieux. Mus ce fut ce qui hafta encore da- uantage fa totale ruïne : Car Cofroé voyant que fon pereluy eftoitcontraire,vfant de la fortune qui fe pre- fentoit , fefit Couronner Roy de Perfcl'ande noftre Seigneur 589. & les faftieux prenant le pauure Hor- milda.lâ femme, l'autre fils, vferent d'vne très grande cruauté , tant fur la mere que fur l'enfant, les faifans, (cyer commevnepiecedebôisàlaveuëde Hormifda, lequel fut contraint decontemplcrcepiteuxfpeâracle, & voir mourir fa femme, ôc fon fils mieux aymé, fa- çon toute eftrange& cru ëlle,puis on luy crcua les yeux à luy-me(me, & condamné à paifer le refte de fes jours Des Roys de Perfe. 681 defquels il fe dcffioit. Deqnoy le cafftp s'eftant tout ef- meu,& mis en armes,il fcfauua foudainement à Cor- cefe,auecfes frmmes, trois enfans, &qUf-lqiîes-vn3 de la Noblelfc de Perfe qui le voulurent accompaglie^/5^ comme luy mcfme confeiTà depuis) il paruint jufques àce lieu par miracle, ayant prié en fon cœur, inuo» que le Dieu des ( hreRiens comme fon Sauueur , ôc (à meilleure &■ plus feure guide. Enfin il (e vint jetter encre les bras de l'Empereuï Maurice, où il trouua en luy ce qu'il en cfj.eroit : caril luy donna de telles & fi puisantes fërces.qu'il mirfoii ennemv en route & outre le nombre infiny des T.ortsJ Narfé Gv-neral du caonp Romain, prit fiife t iU-s Perfes naturels qu'il donna à Cofroé : & quant aux Turcs , il lesenuoya à l'Empereur à Conftantinoplé. L'Hifloire cfl: fort remarquable de fes Turcs , qui fii- rent enuoyez à l'Empereur Chreftien : car comntjeiU eftoienctous marquez au front auecvn fer, & de l'an- cre bien noir,& qu'en icelle marque il y euft vne croix emprainte, l'Empereur s'enquit d'eux dequoy leur Cet- uoit ceftefigure , puisqu'ils nel'honoroient point, ny celuy encore qui auoit fouffert mort en iccile marque! ils répondirent que quelque temps auparauant ils auoi- ent eu vne perte fort eftrange au Pays Peri'ean , de fo rte que prefque perfonnc n'en elchappoit : mais y aymC quelques Chre{|:iensparmy rux , ils leurs appri; enc dé porter ainfi le figne de la croix , & que fan<. failli . ils verroicnt ceifer celle peftilence.ce qu'ils firent,&auflt- tort ils fentirentrefFcd: de celle deliurance, &que c'e- ftoit la caufe pourquoy ils portent ainfi la marque de leur falut &gueiifon. Apres cefte vidoire Cofroé eftant inftituécn foti Thrôrie, ne fe fia plus aux Perfaus , ains retint mille Chreftîens prés de fa perfonne , que Naifc luy donna dei plus gentils compagnons de fes trouppcs , ôc ainii la necefEté de Cofroé mit fi 1 à la guêt re des Romau S auec les Perfes, laquelle dura fei^e ans , & jufques à ce quePhbcas ayant oqgisMaurice , occupa tyrannique- ment l'Empire des Romains , l'an de grâce ^04. feanc àRomeleS. t^apeGrégoire furnomméleGrand : car alors Narfé qui auoit feruy Maurice, & fait de grands. •en vne prifon perpétuelle , où Cofroé le trai6ta pour | & notables feruices à l'Empire , (e voyant maintenant: quelque temps afTez doucement : mais le pere ne fe j entre les mains de ce tyran, fe reuolta & s'empara de la pouuant empetcnet d acculer (on ambition , itahifon ' &felonnie: à la fin ce fils dcteftabic fit tant battre fon pcreà coups de bafton , que le pauure Prince en perdit la vie. Cofroé II. du nom, XXIL Roy de Verp, Cet exécrable parricide s'eftant ainfi eftably fur le Thrône des Roys de Perfe , par le fang, & la vie de fon pere , les Perfes trbuuercnt le fait fi eftrange, qu'il n'y eut pas vnd'entr'eux qui ne fe refoluft d'en prendre la Vengeance , & qui ne recogneuft bien que ce Roy ef toit tel que fon pere rauoit dépeint , à fçauoir ambi- tieux,cruël,& fans aucune pitié. De forte que ceux qui s'eftoient auparauant reudl tez contre le dcffunâ:,& auoient eftc caufe de fa ruïne, furent ceux-là mcfmes qui confpirererit coiître celuy qu'ils auoient eux mefmes eftably , vengeanfainfi le (âng d'Hormifda , de la more duquel ils auoient efté caule: car le mefme Bara,ouVaramé, ne pouuant fdp- porter vne telle mcfchanceté , fit vne nouuellc confpi- ration contre Cofroé , lequel entendant que ceftuy cy marchoit contre luy auec les forces du Royaume, luy alla au deuantauec vneautrearmée qui n'cftoit point à mefprifer , & Ce vindrent rencontrer en vne campa gneprés leFleuueZabc : naais Cofroé voyant que d^ jour à autre les foldats s'enalloient aucampdcl'enne ioy , & qu'on luy drcflbit des cmbufches pôur le faire aoQrir , il tiia prcoaicrcmcnt plufieurs de ion arrr ce Cué d'Edeile en Melopotamie.Ce que voyant Phocas. il commanda à Germain Gouuerneur d'Orient de l'af- fieger , rhais Narfé eut recours à Cofroé qu'il auoit re- misen fon Thrône , lépriantlc fecourir en ce fi<^n af~ faire,& d'aifembler le plus de forces qu'il pourroit,afiri de courir furies terres de.~ Romains. Coïî'oé fe fentant redeuable à Narfé, ne faillit aufîi- toft d'enuoyer toutes fes forces.qui liurerent lecombac à Germain , lequel perdit la Bataille , & luy blelfé à i'é- paule , mourut a quelques jours de là de fa bletlcure. Cofroé euft encores vne autre viéioiré contre les Ro- mains , en laquelle il fift trancher la tefte à tout autant de Chieftiensportansles arrncs, qdi luy tombèrent en main, ce qu'entendant Phocas,il trouua moyïn de fai- re venir Naifévérsluy , promettant pat ferment de ne luy faire aucun dépiaifir .• mai^ dés qu'il le tint.il \é fit bruflertout vif. Cependant Cofroé fe fit Maiftre de toute la Mefo- potamie, & Pays Syrie, & emmena vn fort grand nom- bre de prifqniiiers , fans que pas vn Ioy fit rehftancc, tant les affaires de l'Empire eftoient lors en mauùais termes. Et l'arinéc d'après Cofroé vint derechef liir les terres îîomaines,& fe faifu de la Paleftine,& de la Phe- nicie , & dei terres & Ptoui nces d'Arménie , Capado» ce,Galachie, Se Paphlagonie, & vindi ent enfin jufques à Calcédoine , gafians hïuûans , bucinans , &c emrrje- nans hommes ôc fenbmes enfâns,àr beftul en leurs cerrcs. Si grand dommngc porta à la Chreftien é :a : y- ranmc de Phoca^s » & k àcLpk du N Abrégé de l'Hiftoire J mieux voie vn barbare rainer tout , que non pas vn fienennemy jouyr en liberté de l'Empire. Mais après la mort de Phocas , Herachus tenant l'Empire,& feantà RomeBoniface IV.Cofroe aftnan- de aux conqueftesdes terres des Chreftiens, (e mu de- rechef en campagnejan de noftre Seigneur 615.& vint en Syrie , où il print les Citez d'EdeiTe . & Capellc, & coutut jufqaes à Antioche , où les Romainsluy venans faire tefte. furent rompus & rais en fuite, &y fut fait vn tel & Cl grand malfacre , que peu de Romains .e ga- rantirent à cefte fois de paffer fous refpce de leurs en- nemis: puis Cofroc continuant fes conqueltes,print la Cité de Ccfarce . & de Capadoce , & en cefte meime faifon les Sarrazins commencèrent à faire des cour- fes fur le Pays de Syrie , en laquelle Prouince Colroe ptint la Ckc de Damas, &emmcnavneinhnte rnulti- tude de peuple en Captiuité. Ce qui caufe qiie l Em- pereurHeracliusluyefcriuit. le priant de fc déporter dcl-etTufion detant de fang humain , & prenant tribut des Prouinccs qu'il tenoit,condercendre àla paix.Mais le Perfan qui afpiroit à la Monarchie, ne voulut point entendre . mais vint en la fainde Cité de Hierufalem, Tan 61 «. laquelle il print, comme aulTl Zacharie le 1 a- triarchefut mcnéprifonnier en Perfe.&les ornemens Ecdcfiaftiques, joyaux . & richelTes des lienx Saindts. Sur tout il emporta la fainde Croix , enlaquelle Ie- svs-Christ noftre Seigneur fouffrit mort pour le rachapt des hommes. Apres cela, Cofroé fe rendit fi effroyable, que l Egy- pte, Alexandrie, & Lybie, & jafques en Ethiopie, tout InyobeyOant , il conquit encores plufieurs Vi les en r Afie • de forte que plufieurs commencèrent à douter s'il slemporteroit point la Monarchie du monde. Cecy efpuïllonna tellement Heradius , quefaitant . h paix auec fes Anares, & les Huns , il vint contre les Peifes , fecouru des Sarrazins , & venant aux mains 1 les deffit en prenant fo. milles prifonniers. lefque s il laift-a aller depuis fans rançon:mgis Sarbora General de l'armée Perficnne . vfam del'infidelite naturelle aux barbares , courut encores far les Chreftiens. A cefte caufe Heraclius s'arma derechef . & recori. nuit tout le Pays vfurpé par les Perfeans , jafqnes a h terre des Medes recouura la famcle Croix & la rappor- ta en Hieruaiem. Enl^n Cofroè ayant règne leipace de^g.ans, mourut miferab'ement.eftant occis pu (on ptppre fih qui le fie mettre en pnfoa auec vne chailne de fer au col, le nournftant de pain & d'eau. & luy re- prochant qu'il en auo:c fait mourir plufieurs de tel genre de fupplice , receuant ainh par fon propre hls le chaftimcnt de la cruauté qu'il auoic exerces enucrs Ion ce qu'il auoit tant defiré , car ayant rogné fiX mois» fes fujeas l'occirent comme n'eftani point du fang Royal. ^ ^ perc. SirocXXIlL'KoydePerfe, Sîrcé ayant ainfi fait miferablement mourir fon pè- re, vint à la Couronne des Perfes : mais (on règne ne fut pas long : car il ne dura qu'vn an , durant lequel il d.hura toSsles Chreftiens qui eftoient lors captifs en Perfe, & enuoya fam& faut le Patriarche de Hierufa- lem,auecle.ornemens&joyauxEcclefuftiquesenfon PaysdePalcftine. AàhefirXXlV. Roy àe Perfe, Apres la mort de Siroé régna Adhefir fon fils.leqnel ne tint la Principauté que fept à mois , caule que 5ar baraluy courut fus,roccit , & s'empara du Royaume, fur lequel il pretcndoit, il y auoit long temps. Sarhara XXV, % àe Perfe, Sarbata ne fut pas long-temps en la jouylTance de BornanXXVL Roy àe Perfe, Les Perfes s'eftansainfi defFaits de Sarbata. ils ertea- rcnt en fon lieu Borna fils de Cofroc lequel ne jouyï de la Couronne que fept mois. HormifàalL àu nom.XXVlLKoy de Perfe, Hormifda fécond dunom,luy fucccda.&futlcdcN nier des Roys de Perfe, de la race d'Artaxarcfur lequel leS Sarrazins & Mahometans conquirent le PaysPej- fan.l'an de grâce 654.& 4i5- depuis qu'Artaxareoftala Monarchie aux Parthcs,ayans occis Artabanleur tou- uerain. Des Roys àe Perfe Mahometans, D'Efcrire maintenant la généalogie , & lafuccef- JQ Ci9n des Arabcs,qui ont polTedé la Perfe lors que le Mahometifme s'eftablit en ces quartiers là, celaeft fi confus , & ceux qui en ont efcrit en parlent auccU peu d'ordre , qu'à peine le le^eur en pourroit-il tirer quelque inftniftion . ces fiedes là n'ayans point ren- contré des Hiftoriens fi diligensquVn Agatias,quicti voulu obfcruer l'ordre particulièrement. _ Laiftantdoncquesleschofesen leutoblcutitc , cet Abrégé ne permettant pas de s'eftendre fur ce fubjeft. comme la chofe le dcfireroit , il fuffira de dire que les Arabes ayans tenu longuement cefte Prouince , les Turcs vindrent après qui les en depolTedercnt en leurs premières courfes : lefquels paffans outre, vindrent en la petite Afie , où ils dreflerent après cefte Monarchie que nous voyons à prefenl,defquelsfortirent alors ces ?Ioraains,i?c Saladins, qui depuis firent tant d'cnmiys aux Chreftiens en la terre Sainde.Mais ceux-cy eltans ch^ffez, Se de leurs Pays Turqueftan,& de la Per^,par lesTartares auec changement de race, aduint aufll ce-^ Uiy de l'Eftar,& du nom des Prouinces:car Zacatay frè- re du orandCham deTartarie , ayant pris jadis les ter- res nommcf s Margiane,Segdiane,& Badriane.elles fu- rent aufTi dites Royaume de Zacatay , comme à prefcnt elles fontapnellées : Apres cecy Ocatacham vfurpant lesRoyaumesde Mede, Parthe,& Perfe , il voulut que I tout cela fut dit Azamie.De-làeft venu quelesPerbns ' font appeliez Az?miens. ^ , • Cefte race des Tartares régna en Perle depuis enui- ronl'ani26o.jufqufsàcequeTamerlanfcfit Seigneur delà plufpart del'Orient , après auoir vaincu Ba)azec Empereur des Turcs.Car des enfans deTamerlanfont fortis les Roys de Perfe,qni ont règne jufqu au Sophy. le règne dcfquels n'a efté de gaeres longue durée : car Tamerbn mourut l'an de grâce 140?. & le Sophy em- pietalePaysdePerfc.enuironrandenoftreSe.gnciu 1478. De forte qoe ce grand Yfun-CalTan , qui eut fi Ion- temps aft^aire contre les Turcs , eftoitfils dc Tarî:erlan,ou de l'vn de fes enfans , comme ainfi fo.i nue les terres de Z.catay font demeurées fans guerr( fous la Seigneurie des Roys de Perfe, depuis qu Vfun. CaHan en eut chaffc vn certain nomme laufa qu. l'on difoit eftre encores de l'ancienne race des barra zins. Vfun-Cajfan.oH Affamhey % àe Perfe. vfun - CalTan s'eftant ainfi rendu paifible polTelTeu de fon pays , s'allia auec l'Empereur de Treb.fond^ époufant Defpinacateon, que ce: Empereur Chrelt C luy bailla en mariage , pour auoirdu fiipport contre Mahomet fécond du nom Empereur des Turcs qui luy faifoit la guerre. Ccftc Dame eut permiffion d'Vfun- CaHan de viure en liberté de confciencc&auec exer- cice de fa Religion , ayant ordinairement auec elle des Caloyers, qui celebroientlediuinferuicedeuant elle eut d Vfun - CaiTan vn fils & trois filles ; la première delquclles fut donnée pour époufe à Scchaidar pere de bophy , & les deux autres fe tindrent auec fa mere lors qu elle fe retira auec le congé de fon mary . pour viurc (ohtairemcnt en vne Ville d'Adyrie nomméelf- cartUbiert , où elle fut vn long temps auec fes filles nourrie aux dcfpens du Roy, qui luy faifoit richement fourmr toutes chofes neceifaires jufqu'à fa mort : & el- le decedee. fut enterrée en la Citcd'Amid,cnl'Eglife Sr" V?^"^^ • °" encores l'on void fon tombeau. Uun.Caflan eut guerre contre leTurc.&: pour le faid de ion beau pere l'Empereur de Trebifonde , & pour- ce que le Perfan querclloi t le Pays de Cilicie , à prefent «-aramanie, que le Turcdifoit eftrefien. Or comme il permit la Caramanie, le Turc en eftant faiél leMaiftre, auUi ne peucil rien faire pour le fupport du pau- ure Trapefontin , lequel Mahomet vainquit . & fe fit bcigncur de fes terres , ai nfi qu'il auoit faiét de celle de i-auman, non que les Perfes ne foientauffi vaiUans que les Turcs : mais pource que l'vfaoe du Canon eftant en- tre- eux incogneu, & le Turc en ayant en abondance, il es eflonna , & rompit auec cefte tempefte orageufe de 1 artillerie. Ce qui fut caufequ'Affambeyrequift aux Vcnuiens defairela guerre au Turc , &qae de fon co- tcilncfailliroitdel'airaiUir . & qu'au refte les Turcs 1 ayant mis en route auec leur artillerie , ils feroient bien de 1 en fecoutir , afin qu'à forces pareilles ils puif- Icnt affronter leur aduerfairc. Le Turc cependant fit grande aiTemblcc pour cou- rir fus au Perfan , &luy faire la guerre en vengeance de ce qu'il auoit fecouru Pirohomat Roy de Carama- me, & ayant pafTé la Paleftine & Syrie, trauerfa le fîeu- ue traat, & vint jufqu'au Lac d'Argis ou Gelucalat, & prit la Gîte d'Arlingan, pour n'eftre point forte ny te- nable. En ces quartiers luy vint au deuant Vfun-Caf- l^n auec fes forces , & ayant fes enfans en fa troupe* le premier nommé Calul , le fécond Vguilîmehemech, le :roificme Zaincl: ôc fon campalTembiéde diaerfes na- tions telles que font Perfes Parthes , Albanois . ôc géorgiens Tartares , & ce ncantmoins Yfun-Caffan foyant l'ordre que tenoient les Turcs à fe caraper,il eji at .^puteftonné , & ayant cfté long-temps fans mot lire, à la fin dit ces patoles>Baycakxemne deriadir, qui 'gnifie. Ha ! fils de putain, quelle mervoicy : car ildi- 3itque l'oft Turquefquereifembloit vne mer, puis oyant comme les Turcs commençoientàpaffer : il fnuoya vne troupe &efcadron des fiens pour leurem- efcher Jcpalfage , & là s'attacha vne furieufe cfcar- louche , où mourut grande multitude de peuple tant 'vn cofté que d'autre : mais la deffaite des Turcs eftoit lusgrandcàcaufcquelesPerfans fèpouuoient don- sr fecours les vns aux autres : ce qui n'eftoit loifible IX Turcs , plufieurs defquels eftoient noyez , ne fça- lantfuiureiegué duFleuue. Et à la fin mis en route. fun-Caflan en fit vn piteux mafTacrc, & lanuiélve- >nt, les fit retirer, chacun fonnant la retraite : mais vidoire demeurant à Vfun.CafTan, à caufe qu'il per- t peu d'hommes des fiens,ou par glaiue,ou par la for- >& impetuofité des eaux, voire vn feul n'en fut faid ifonnier,là o ù les Turcs perdirent douze mille-hom- es, entre lefquels, il y auoit plufieurs hommes de re- arque. Et cecy fut l'occafion que Mahomet n'ofa paf- : plus outre au Païs du Roy de Perfe, voyant la diffi- Itc fi grade de le vaincre à caufe des riuieres, dcferts, montagnes qu'il falloit palTer. Le Turs fe retirant, Pcrfansprindrent plus grand cœur , ôc paifant le Des Roys de Perfe. 68j Fleuue , furéc fi fols que de dôner defTus les Turcs. mais ceftefurie ne leur dura gueres.carVfun-Ca/Tan fuyant fur vn chenal Arabe,dôna occafion aux autres de faire e femblablc:& en ce defordre fut occis Zainel fon fils. Il eft vray que les Perfes combatiréc fcpt à huidè hen- res,& cuficnt encore tenu telle plus long temps, n'euft elle qu Vfun- Caffan craignant que Muftapha fils dé Mahomet Roy Turc nel'enfermaft auec fes r. oupes, prit lafuitte,comm. diieft,& caufa la mort de fon fils. & de dix mil^s-hommcs de fes foldats , 6f de la perté de la Cite de Caratfar. qui eftoit chef du Pays fu jeft au Gouuernernentdelacnelfilsd'Vfun-CalTan , qui fut occis en la fiifdite Bataille: après laquelle en l'an 1474; comme le Roy Perfan fut de propos d'aller à l'herbe^ fumant la couftume de ces Pays, que pour le chaud on eft contraint.de changer de pafture deux ou trois fois I a;inee,eftant près le la Cité de SoItanie,iI luy fut por- te nouuellç comme Vgurlimehemet s eftoit reuolté deltjy, &auoitprifelaCitédeSiras, &pourceIeperé drelfant l^n^armee s'en allaaufli-toft pour punir foa fils de telle folie : Vgurlimehemet oyant que le Roy venoit contre luy n^cut garde de l'attendre / ains pre- nant fa femme, enfans, meubles & joyaux, il s'enfuiÈ vers le Turc.enuoyant de fes gens pour auoir fauf-cori- duit de Bajazeth IL du nom.lequel le fit foudain entcn, dre à Mahomet fon pere, qui vouloicque le fauf con- duit luy fut donné , mais il défendit à fon fils de fortir de la Cité d'Amafie pour aller au deuant du Perfan,le- quel il defiroit bien qu'il fut honoré, mais queceperi- dant on prit garde qu'en fon fait n'y eut quelquecaU- tel^ & tromperie. Vgurlimehametfedoabta de ccftë deffaance, pource enuoya-il fa femme & fes enfans de- uant comme pour oftages: puis il arriua âuec quelques trois cens chenaux , & Bajazeth le receut fort courtoi- feraentjlctraiéta & banqueta auec grande magnificen- ce. Apres cecy le fils du Perfan fut vers le Turc Maho met qui luy fit encore meilleur vifage que fon fils , & luy promit de le faire Roy dé Perfe . &dedeftruiré Vfun-Caflan, qui luy eftoit mortel ennemy. Ainfi il luy donna forces,& Vgurlimehemet repre- nant la route de fon Pays auec les trouppes Turquef- ques , ne fut pas fi toft à Siras , qu',1 fe mit k faire des courfesfur lcs terres de fon pere. Viun-CalTan cnuoyà quelques foldats pour luy faire tefte , mais non en fî grand nombre qu'on ne vit bien qu'il ne fe foucioit pas beaucçupdece que fon fils entreprenoit, mais c'e- ftoientrufespour le pluftoft attraper , car il fit courir le bruit d'eftre fort pafïïonné de la reuolte de ce fiert fils, & qu'il l'euft ainfi perdu ; & pource on feignit en-^ coréqu'il eftoit fort malade . & pour mieux le fairé croire il fut quelque temps fans fortir de fa chambre, & fans que perfonne y cntraft que ceux aufquels il auoit plus de fiance: fi bien que le bruit courut jufqu'à Conftantinople que Vfun-Callan eftoit griefuement malade de melancholic de ce que fon fils l'auoit ainfî • delaiffé. Or ce bruit dé fa maladie croiffant de jour à autre , quelques-vns de fes plus loyaux donnèrent à entendre qu'il eftoit mort, enuoyerent lettres à Vguf- limehemet qu'il s'en vint (ftcuper la Seigneurie auant que pas vn de fes autres frères le deuancâft,& afin qu'il ne fe doutaft de fraude on célébra les obfcques du Roy par tout le Pays.ce qui donna plus d'afteurance à Vgur- limehemet qui auoit receu trois meffagers fecrets qu'on luy auoit enuoycz pour cét affaire.de s'en aller à Tauris où il fut receu & conduit au Palais, auquel il trouuafon pere fain, fauf & fans maladie quelconque,' qui le fit empoigner & mourir fans aucun égard que ce fuftfon fils,&ccluy que juftement il dcaoit ordon- ner fon fuccelTeur à la Couronne. , Apres la mort de ce panure Prince rebellé , Vfuni CafiTan drelfa vne grolTe armée en l'an 1477. feignant d'aller contre le Turc , mais ce fut pour courir fus au Roy / 684 Roy delà Gcorgeanicjadis Ibevie,â caufe que les Gcor geaniens Iny auoient rcfu(c le fccours lots qu'il cftoit allé contre le Turc : Mais le Roy & encore vn autre fienvoifin pratiquèrent l'accord auec quelque fomme de deniers qu'ils luy donnèrent > & ain(î retenant vn fort qui eft fur les paffages appeliez Tiffis , il Ce retira àTauris , ou en l'an de noftrc Seigneur 1478. laiflant quatre fils , trois d'vne mefme mere , & le quatrième qui eftoit forty de Defpinacaton Princefle de Trape- zondclcqucl eftant âge d'cnuiron 2.1. an, fut eftranglé par la confpiration des frères , Icfquels ne vouloient pas que le fils d'vne Chieftienne, & luy- mefme peut- eftrc fe relTentant de laprofefllon de fa mere cuft quel- que commandement fur la Petfe. lacuh ?atifcha ît. Koy de Verfe de la race d'Vfun-Cajian, Le fécond des enfans d'Vfun.CalTan quis'appelloit lacub Patifcha fit accord auec fon troificme frère nom- mé Mango » qui fut caufe que l'aifné fut contraint de s'enfuïrjfibicnquelacubfefitRoy l'an 1479. Ceftuy- cy eut guerre auec le Souldan d'Egypte, lequel enuoya fcs Mammchis jufques en Alfyrie en l'an 1400.. odante deux: & après longue guerre , diuers combats, cfcar- mouches & futprifes , les Perfeans emportèrent la vi- étoire, repoulTeréc l'Egyptien, & chairerétdel'Alfyrie & Mefopotamie.où ils eftoient entré ce qui aduin: l'an de grâce 1487. Ce lacub Patifcha qui vfurpa la Seigneu- rie de Perfc print à femme la fille du Seigneur de Sa- mura, laquelle fut caufe de fa ruine : car elle eftant cx- tremcmêt delbordée, s'amouracha d'vn gêcil-homme de la fuitte de fon raary, & d'autant que fon galant n'e- ftoitpas petit Compagnon, elle ne cherchoit aufli que les moyens de faire mourir fonmaty,afin que fon Sei- gneur vint àla Couronne , lequel elle voyoit eftre des plus proches pour luy fucceder. Ainfi ayant intelligen- ce aueC fon paillard elle compofa & méfia auec luy vn poifon fort fubtil &c dangereux: puis dreftant vn bain odoriférant comme les Perfes ont decouftumc d en vfér, lacub y vint auec vn fien fils âgé de fept à huid ans , & encrant au bain y fut vn fort long temps : puis s'en venantau Serrail des Dames , elle qui fçauoit que fon mary fouloit boire forçant du bain luy vint au de uant , luy prcfentâ en vn vafe d'or le breuuagc de fa morr,auec vne c'oncenance plus g^ye que de éoullume, fàuf que la traiftrelTe n'aaoit pas fi bonne couleur , ce qui donna quelque foupçô au miferable Prince:&pour cefte caufe il voulut que fa femme fit l'clfay, ce qu'el- le n'ofa fef'ufer.ainfielle beut,puis le Roy, lequel don- nai fon pauure enfant : & fut cefte mixtion de telle & fi violente opération que dedans la minui6t enfuiuant trois en moururent : ecqui donna vn grand eftonne- ment & confufion à toute la Cour, voyans les Princes & Seigneurs vne mort fi foudaine , laqueile caufa de grands troubles par tout le Royaume de Perfe , qui vint comme en Conquefte & partage entre les plus forts: car ceax qui eftoieft du fang d'Vlun- Calfan vfurperent des Seigneuries , celles qui leur vindrcnt le mieux à propos. ■lulauer UL Koy de Perfe de cefte lignée. lulauer parent dudefuniftRoy fucceda ; car l'autre eftoit mort fans hoirs> lequel icgna trois ans, & ne-fit chofc dii^'ne de mémoire. BafyngirlV. Rov de Perfe de cefte lignée, A lulauer fucceda Bafyngir celuy qui auoit confpirc !a mort de lacub auec fa paillarde d'époufe , lequel ne régna que deux ans. Abrégé de l'Hiftoire Kuflan V. Roy de Perfe de ocfte lig/tée. Apresluy vint vn nommé Kuftan . jeune Seigneur, âaed'enuiron zo.ans , & lequel en régna fept : ce tut contre luy oue le père du Sophy fit la guerre. Ceftu y- cy fe nommoit Secaidar, & auoit ( comm^l a efté dit ; cfpoufé Taifnée des filles d'Vfun Caftan . eftant le chef de la feae de ceux que depuis on appelle S.)phis : c clt à dire , de ceux qui ne reçoiuent point l' Alcoran , qui fuiuent l'interprétation de Halygendre de Ma homet, lequel auoit dreft'é vne nouucllc fedeenla doétrine Mahometifme. r ^ Or fous ce Secaidat il y en audit plufieurS efpars çl & là qui fuiuoient fon opinion , & le reucroient corn, me vn faind homme , leqùel fe tenant à Ardeuil, Gitê affife non gueres loin du Lac Vafthart, prelchoit (â do. dtrine au peuple, & en auoit attiré vn nombre inh .y à fafuitte. Il auoit fixenfans^troismancs &autant defe. melles,enncmymorteldesChrcftie..s. LesMahome^ tans croyans faire paroiftre leur perfcôlion , d autant plus qu'ils portoient de haine aux Chreftiens: cettny. cy alloit fort fouuent faire des courfes fur les CirêaU fiens , Icfquels le voyans ainfi prelfezpar la plus g. ..u de puilTancedesSophians , eurent recours au Roy utf Pcrfe,qui lors fe nommoit Alamut» Alamut VL Roy de Perfe de cefte lignée. Cét Alamut auoit fucccdé à Ruftan, &eftoulorsà Tauris qaaRd on luy apporta les nouuellcs que Sceau dar s'eftoit emparé de la Ville de Derbent . atllfe fur U mer Gafpic » fcruant de pailage ôc dcffence d aller dé pais en autre pour n'y auoir qu'vn dcfttoit. ^^la tut caule qu'Alamut enuoya vne armée contre les àô» phians, lefquels fe préparèrent à la Bataille , & venanJ aux r;iains,quelque refiftâce que les Sophians fceuifenS fairc,& qu'ils cuffcntfaid mourir plus dequatremiU les Pcrlans , fi eft ce toutesfois enfin qu'ils perdirent la Bataille : Secaidar eftant occis fa tefte luy fut tranchée & dbnnée aux chif ns pour la defchirer , le rcfte des So. nh.ans fut misen route. & la plulpart taillée en pieccà} car la haine qu'on leur portoit eftoit h grande , que quelque part qu'on en tceuft quelqu vn . il eftoit im^ poffibledeluy lauuerlavie. , n Les enfans de Secaidar aduertis de cette nouucl é s'enfuyrent , l'vn en la Natol.e , l'autreen Alep , & le troifiéme en vne nie nommé Armming alhle lui l»,uae de Vafthan ou Gelucalar:ceftuy-cy le nommoit Ilmael, âgé de 13. ou 14. ani,bcauàmeiucille, la façon gtanaC, & néanmoins courtoife . & qm promettoit^cn la Uc« quelque choie de grand àl'aduenir. Le P'<=ft^^ ^rmc^ nien qui print cet enfant en garde eftoit grand Aftrc Wue,*3c.cauanccnlaludiaaue,lequafùtdetantpl.is loienéux de Tcfteuer.qu'il rccogncut par fa fcicnce que cét enfant eftoit pour aducnir vn jour à vnc grandi Seigneurie. A cefte caufe il U tcnoit fecret à caulé qu'on le cherchoit par tout pour le faire mourir. 0« Frcftrc cafchoic de l'endodriner en la Loy ^-^i cKieii- ne. A quoy peut eftre il euft gagné quelque choie , U l'ambition n'euft d'auautagc poftcdé le cœur de cejca. ne Prince eue la p:eté. mais luy qui auoit d autresin^ uentions demanda le congé à fon Maiftte & Gouucr- neur qu'il tenoit au lieu de pere , comme il relpctt» auûi toute la vie le lieu d'Armining, fe monftrant allez fauorableauxChreltiens.Et partant a Àrmming.l s en alla a Chilan ou il le tint chezvn O.teurfi gut-d amy de la leaeSophianc&aftedtionnéicuateuraiaœai- .ou de Sccaidai. De- U il elctiuoit louuent à (es amis à ArdculUauccleiquels pratiquant aiiiU parlccut&isc ie' aetsmcllagcs:c.)tinayans,ce icui lembloi.. , tgic bien diipolc leurs aftaires, iis le rcloluieucae venger .V la * mon des Roy s dePerfè. mort de leur Prophète Secaidar& la défaire ôc maffa- cre des Sophiens à Derbenr pai lesfoldars d'Alamur. La première tnrieprirc d'IImaëlfuc furie chaftcau de Maumuraga afljfe fur la mer Cafpie , lequel il em- porta parfurprifcà caufe que nul ncpenfoiten luy.iSc que la place eftoir tans aucunes forces. Se fans que les gardes Ce fouclalfenc beaucoup de fe tenir aux portes. Ce chafteau leur fcruir de rerraite,apre - auoirfaidl leurs courfes, comme cAâc en lieu imprenable, (^ciyanc tout moyen de fournir de viures fur la mer , à caufe que là abordent tous vailfcauj: qui voguent le long de la mer Cafpie. Or voulut le bon- heur d'Ifmaël qu'au bourg afîis au dclfous du chafteau, il trouuavn threford'vnpiixine- ftimabJe.auec lequel îîcommêça à gagner le cœur des hommcsjà faire leuce de foldacs, enuoyer des prefcns aux grands, & à fe fcruir de tous les artifices qu'ont ac- Co:iftiimé d'vfer ceux qui afpirent à l'vfurpation des Empires,nelaifsacrienen arrière qui peut feruir àl'ad- uancemenr de fa caufe : Ci bien que luy qui n auoit que aoo hommes lors qu'il prit le chafteau fufdic, aHeclef- quels il commença plus hardiment à courir les terres d'Aiamau, & à gagner paï -, comme q^erelant la cou- ronne à luy deuc pour eftrc ilfu de la fille d'AlIarnbey, &r que celuy qui regnoit n'cftoit point, comme ils di- foienr,v^u iang Royal de Pes fe. . Al am ut d'aut re part voyant l'irnpoflîbilité de prêdre 5t l-oiccrMaumutaga,nc voulut y enuoyer armée pour l'aflicgcv, joint qu'il penfoir que 'te Sophy ne paiTcroit point outre, ains fe conte nreioit de ccfte pièce, &que ;ependant luy tenant le bec en l'eau, & faifant fon ;ompre de l'alfaillii il celferoif de fe tenir fur fcs gar- les,A:ainfi il auroit auecle temps le moyen deTactca- Jer&lepunirde ics fautes tour à vnefoi-s.Mais c'çftoic romptei- fans Ion hofte .• car Ifm.:cl ayant adèmbic vue ilfcz puilfanre armée, vint affieger la cité de Sumachia, grande & riche ville alljfe entre les Arméniens & les Vledes , non loin de la mer Cafpie. Sermanglogy Roy l'icelle ne fe voyant pas aifez fort pour tenir tcfte aqx iOphians,qi7itta la ville,&s'enfuir au chafteau de Ca- iftan,qui eftoit vne place imprenable : Se Ifmael princ îumachia, & y fit vn piteux maifacre d'habicans, en aquelle.il s'enrichit & les autres foldacs de fon armée; ellemcnt qu'il les attiroic par fes largelfes & courtoi- les, fi que le bruit eftoit prefque cfpars par tout l'Afie, u'Ifmacl eftoit le plus fage, vaillant courtois; ôc libe- al Prince de la terre: ce qui eftoit caufe que piufieurs 1 : faifoient Sophians feulement pour participer aux ' utins & conqueftcs de ce Prince. Cependant 'Al mur voyant l'heureux fuccez de fon nneray aflembla fes forces, comme le Sophy de fon ofté,& ne s'oublia point. Se enuoya vers les Roys d'I- erie ou Georgeanie, qui eftoient trois , l'vn appelle cendetbcy.le fécond Gargarambcy , & le troifieme Hrzambcy pour leurdemandcr fecoursauec grandes tomeffes d'affranchir les Chrefticns par toute la ( erfc :arlesGeorgic(isfontprofeflîon de l iReligionChre- icnnc)propofant encore d'enrichir tous ceL.x,qui le oudroient fuiure. Ces trois Princes luy enuoyerent chacun d'eux 3000. >heaaliers,& iufques à é.milles lberiens,tous vaillans : hardis guerriers,& des meilleurs combartans qui fe :rrouuententoutrOrienc, lefquels venans trouuer mael à Sumachia furent par luy courtoifcmér receus, : leur fit de grands prefens des richeftes qu'il auoic ïgnées à<6umachia.Alamut qui n'cftoit lors âgé que enuiron feizeans &ïfmaël de dix-neuf, voyant le rand appareil de fon aduerfaire vinr à Tauris, Se de la iintla route de Sumachia,en refc lutiô de l'aller crou- :r &: de la combattre.comme aufTi [fmaél luy alla au ïuant accompagné feulement, à ce qu'on dit, de feize io.miihommesr mais tous gens d'eflite &cres-b6ns (5% combattans. Ces deux icunes & courageux Princes fç rcnconrrercnt entre Tauris Se Sumachia, où ayant vri grand fleuue fcruantdc barrière à l'vn & à l'autre, &lc ^ophy fit tanr qu'il en trouua le gi,é, enne fcèur , qui luy ofta la plufpart de la fcigneurie , & le tout par4es menées du Sophy,qui le faifoit exprès peut ruiner tous les Princes naturels du pays qui luy pouuoicat faire teftcaffeuré que les eftrangers par luy aduancez,n'au- roient moyen de long-temps de luy faire refiftance.Lc pays de Diarbek réduit fous fon obeylfance , il afpira incontinent à celuy des Aliduliens peuples de la petite Arménie qui auoienr vfurpc quelques terres du viuant de lacub.alfembla de grandes forces l'an 1510. Vfta- gialu qu'il y AUoit enuoyé auparauant n'y ayant fçeu rien faire; il y vint doncqiles en perfonne, &c fit vn plus grâd amas de gens de guerre que de coufturne,noh qu'il en fut tie befoin pour ruiner ceux à qui on auoit affaire, ains feulement pour ce qu'il craignoic que le Turc ou l'Egyptien n'cntrCprilTent la deffence de ce- luy qu'il vouloit chaftict : ainfi enuoya-il à l'vn ôc à Tautre les prier de ne fe méfier poirlt des affaires de l'A- liduly,&quant à luy il proteftoit de ne rien entrepren- dre fur quel que ce fut de ces deux Princes, ayant cefte affeurance, il courut lepaysd'Aliduly qu'il conquift pour la plus grande parciejoccit quclques-vns des en- fans Royaux, & fit vn grand maffiicre de ce peuple: mais à la fin il fallut qu'il fe retiraft à caufe des grandes & exceffiues froidures qu'il faidl en ce pais : mais en s'en allant il print la ville de Cafirie ou Cefaréc dcf- ■ fendue par le Carbey fils d'Aliduly,quoy que ce Prince fut bien accompagné , & que la place fut fournie de toutes ckofesneceffaires, en laquelle s'eftant faifi de ce ieunc Prince, il print plaifir de luy trancher latefte de fa propre main» comme il.fit auifi incontinent aptes à fon predeccffeur Alamut, car ayant efté trahy par Anubey, auquel il auoit toute confiance : fi toft qu'il fut amené deuant IfmaéUil le tua de fa propre main. Or eftoit- il d'vn naturel du tout impatient du repos, cela fut caufe qu'ayant mis fin à la guerre d'Aliduly > & voyant que Sultan de Babylone, Muratchan dbnt nous auons parlé cy deffus,luy pouuoit qucrelcr fa eouroiii ne, il refolut de le ruiner du rout, & print fon fujeé fur ce que ceftuy-cy après la mort d'Alamut s'eftqit mis en pofi'cfTion de la grande cité de Siràs, chcf& Metrb- politaincdelaPerfejCommefedifantle plus proche dii fang Pvoyal des enfans fortis d'Vfun-Caffan : tous les dèlik Princes auoient grand nombre de peuple, hiais Ifmaël auoit les plus vaillans , Se Muratchan S'eftoit plus fortifié en forçaiit plus fes fubjets à le fuiure , qtig de bonne volonté qu'il eulfent de marcher fouS fort eilfeigneife refouuenans que l'autrefois queMuratchi auoit bataillé contre le Sophy près deTauris, de 30; milles combatans qu'ils eftoient,ne s'en fauuaprcfqmi vil feul. Cfefte contrainte de feS gens luy donna >nc mauLlaife efperancede lavidoire, pouree encoya^ii vers Ifmaëhle prier delereceuoirpour fonvairal,mais Ifmaël fie trancher les teftes aux Melîagers.difant que fi Muratchan auoit défit de le recognoiftre pour Sei-: gneur,il fut venu luy mefm.e luy prefeater fon feruiccj fans luy enuôyer d'autres pour ce faire : cecy entendil par Muratchan, & craignant qu'il ne luy en aduint comme au Roy Alamur,fe defroba defo.n camp,&pre- nant 5. mil- hommes choifis eiitre ceux qu'il penfoit luy eftre plus fide!les,s'enfuit en Alep-fliais eftant arri= ué au fleuueEtiphrate,il fit rompre les ponts,dont biett luy prit : ca r le Sophy le faifant pourfuiure auee vhë fois autant de gens de guerre,il n'eut pas fi toft paflclé fleuoequ'ilfe vid àdoslesSophians, qui s'en retour- ncrentpar ce moyen fans rieii faire, & Muratchanfé fauuaen Alep.oùauec Aliduly,il fut traitté & entrefer nu aux defpenis du Souldan d'Egypte; Les afi^airesduSophyprofperansainfijilcorhrhenÇd d'efire redouté à fes voifins : de forte que le Charn des Tartares qu'ils appelloieiit lefalbas, à caufe qu'ils portent leTurban verd,voulant deftournerle cdursdt fes profperitest, vint courir fur le païs de Corafan i Si print plufieurs belles villes le long de la mer Cafpie, telles que font Eyé Strauy, où fe font de fort bonne! foyes,Amixandarant& Saré,ce(Juifut caufe que le So- phy vint furies frontieres,pour empefcher le Tartarc de paffer outrccomme il fitjencores que leTartaretal- choitdelefurprendre, feignant d'aller vifiter le fc- pulchre de fon Prophète Mahomet, 6c faire ee pèleri- nage de la Mecque. Mais le Perfan n'y vouloit ohc en tendre. Apres cecy, comme Sermandoly Roy deSer- uan, qui cftoit le pays de Medes, eut rompu l'accord faid entre luy Se ifmp.cl , le Sophy courut fur liiys ruina lepaïs,& luy ofta la feigneurie,& de là palfa er Carapae, où il choifir deux Capitaines , l'vn appelle Dalebeyjl'autre Bairabey.aufquelsillaiffala charge d< la conquefte deSumachia qu'ils prindrent fans aucune refiftance, comme auflî fut pris depuis le chaftenu des Calaftans, Se tous les forts qui font depuis le fnont Taur, iufques au plus haut recoing de k mer Cafpici fi bien que tous les SeigneUrs de ce païs prindrent le Caffelbas, Se firent hommage au Sophy. Au demeurant, il eftoit en telle réputation parmj les ficnsjque peu s'en falloit que fes foldats ne l adoraf fencayans telle confiance en luy qu'ils alloient à h guerre pour fori feruice fans aucunes arrnes deffenfî- uesj&combatansauec lapoidrine& l'eftomachàdé- couuerr.ils crioieiit SchiacjSchiac, qui fîgnifie enlan- quePerfienne,Dieu,Dieu,comme l'appellansà témoif de leur bonne volonté; Or c'cftoit au Sophy qu< ce riom de Schiac eftoit rapporté : car enigpresenfej tiltres auiourd'huy on appelle Schiah Ifmaël, & en ù monnoye il auoit faici grauer d'vn cofté ces motSi jUahc, lUallaha . MuhammeduU feful allahe, c'cft à dire, i n'y a point de Dieux, qu'vn feul Dieu, Si M-ihomet ell MefTager deDieu,&au reuers il y auoit cet w6ts,lfniat. halift: htllahé> c'eft à dire, Ifmaël cft Vicaire de Dieu, qu( De&RoysdePerfè. que il quciqii'vn vouloit bien prier, il nVCoic point d'autres termes, dit Leonclauius Schiac accomplilTc ton defir, & qu'il foit fauorable à tes entreprit, il changea auflî la forme des prières que Mahomet auoic mftituces, & en fît d'autres toutes différences : voila comment pourl'amour de luy les Pcrfes prindrent en hayneles autres fcdateurs de Mahomet: de forte que ccluy qui auoit commis tant de cruautez,& faidmou- nrfapropremere,quieftoit hérétique en fa loy, & auoit rempy fon pays de flammes& de fang, fut néant- moins tenu parles ficns comme vn Dieu, Ôc luy mef- me fouffrit qu'on le nommaft ainfi , tant l'éfprit de l'homme fe laiffe ayscment tranfporter par la prcfom- ption, & tant nous auons vn groflier de lourd fenti- meilc de Diuinitc, de la rapporter à'chofes fi baffes & Cl imparfaites. Voila doncques fommairement l'ori^^ine des Sophians, Si comme ils font paruenus à la gran- deur de laquelle ils iouyffent à prefent. Mais comme il venoit de {ortir de cefte guerre , il rentra bien-toft dans vne autre : car la maifon Ottho- mane ayant efté de tout temps ennemie,non feulement dcsSophians,mais encore delà famille d'Vfun-Caffan, Se de leurs deuanciers,eftansles feuls qui reprefentenc auiourd'huylepartyduCaraman, les dcfcendans du- quel^ fe font autrefois retirez en Perfc&lef^ls ayans touliours eftc les mortels aduerfaires des Monarques Turcs.la hayne leur eft d'autant augmentée que ecux- cy fe font emparez de leur feigneurie. A ccfte vieille c]uerelle deux occafions fe prefenterent pour leur met- tre les armes en la main,deux ieunes Princes, à fçauoir Selim Empereur des Turcs,& Ifmaël nouueau Roy de Perfe, tous deux ambitieux, vaillans , entreprenans, cruels & fort heureux en leurs cntreprifes. Or ee qui doit entretenir les voloniez, & qui concilie le plus les «mitiez,ce fut la caufe de leur guerre:car Ifmaël ayant enuoyé des Ambaffadeurs vers Selim,pourfeconiouyr auec luydefonioyeuxaduenement,pourtous prefens illuyenuoyavn grand Lyon. Selim qui comprenoit allez que ce Hieroglyfe, le vouloir taxer de cruauté, fe mit en fort grande colère contre l'Ambaffadeur, fi bi en que quoy qu'il luy peuftdire, que ce que fon Roy en faifoic n'cftoit que pour prefenter à vh grand & Royal courage, la befte la plus courageufe, & la plus Royale de toutes,ceIa ne lepeuft fatisfaire : de forte qu'il ren- uoya l'Ambaffadeur fans aucun honneur, ny fans en faire aucun cas, & quand il fut en fon logis, il luy tn- joya quelques grands chiens qui auoient la gueule :oute enfanglantée pour les emmener quant ôc luy en Perfccommandant auxfiens que faîis aucun delay cét ^mbafladeur eut à fe retirer vers fon maiftre, Se qu'on . accompagnaft lufques à ce qu'il fut hors des terres des Seigneurs Octhomans. Ceftuy-cy retourné vers fon maiftre,mit en fi gran- ic furie Ifmûël, qu'il iura de s'en venger, comme il ef- Jeroit faire par le moyen d'Amurat Zeleby nepueu de Jelim,qui après la mort de fon pere Achmet auoit efté contraint de fe retirer à fauueté en Perfe,cc fut ceftuy- :y que le Sophy arma contre le Turc, fi bien que ce- tqy-cy vint le premier courir les terres de fon oncle, equcl réduit alors à la dcffenfiue, mena vne tres-puif- ante armée en Perfe.lors qu'Ifmaël y penfoit le moins, les'atrcndant pas que fon ennemy deuft vfer d'vne elle diligenceifique mal informé mefme de leurs def- eins, il cftoic allé faire la guerre aux Coraxéens,peu- 'les qui habitent les riuages de la mer Hircaniennc, juand on l'affcura que les Turcs eftoient entrez dans on pays, cela le fift retourner plus vifte que le pas:car :;s ennemis eftoient-defiaarriuezpresde Tauris,enfin Is fe donnèrent cefte fignalée bataille de Zalderane.la icboirc de laquelle demeura auxTurcs,apres auoir efté >ien dilpmce,&:Umaël contraint de fe fauuerdansvn nmù. tout fangeux, perdanc la meilleure partie de fes 68^ gens,&tout fon bagage i cefte batailie fut donnée l'art 1513. en fiutte de laquelle Schm print la ville deTau^ ? ' ayant conferuée quelque temps en fon en- bSn ï r r'''' T'''' "--bre des ha- bitan àConftantinopIe. Ainfi comme il fe retiroit, Ifmael luy donna fùr la queuë, ôc deffit vne partie de fes gens,auec le; pillage de tout fon bagage : enfin If- maël après auoir regnézo,ans,il paffa decefte vie l'aii 15^5- ayantlaiffe quatre enfans, aUec vne tres-ttellc & ampleSeigneurje.alaquelleilauoit donné vncom- mencement fort heureux; Scham ou Xa Thamas ou Thdcmas IlRoy dé Perfe de la famille des Sophians. .o^^^A^Tr^ ^'^T d'Ifmaël,paruintà la Cou-,, ronne des Perfes, après la mort de fon pere, ayant eu prefque tout dulongde fon regnequelque diofeàde- mefler auec les Turcs, vn Seigneur du pays nommé yW, ayant efte vne des caufes principales delà guerre s eftant.reuolté contre fon Roy, & rangé du part y des Turcs, fi bien que Soliman qui régnait pour iorsfureux.entraauecvhepuiffantearméeehlaPerfei pnnt & pilla la ville deTauris, ôc y fit baftir vn forti lequel toutesfois les Perfes reprindrent auec granci mallacre desTurcsrmaiscflan'empefcha pasque So.: • limanne fe rendit le maiftre de toute l'Affyrie, & Aie- Iopotanne, & particulièrement de Bagadet la capitale du pays,où ,1 fut côuronné Roy de Perfe par le Calift duheu,& depuis ayant feiourné Quelque tempsi ilre^ tournaencore pour la féconde fois à Tauris, contrai^ gnant Tachmas de s'enfuir : les Turcs y firent à cefté fois vnmerueilleuxdegaft, enleuans de là tout ce qu'il y pouuoit auûir de rare & de beau , & mectans le feu en tous lesheux circonuoifins : mais Delyment tn Ca- pitaine Perfan eut bien après là raifon.carfuiuantl'ar'-. nere-garde à la trace, il fit en forte qa'il la furprint à ion aduantage,la taille en piece,& mit Vlamar en fuit^ te,ccftedeffaiteaduintle I5. iour d'Odobre, l'an luô, Delyment fe retirant ainfiplcin de gloire ôc d'honneur vers ion Roy, tant y aqu'encoresqueles Turcs ayenc rauagepour lorstantdeProuinces, fi éft-ce que quel- ques- vns ont laiffé par efcrit que de près dc]oo. mil- hommesfnÔbre merueilleux)quipafferent l'Euphfâtej Il n en retourna pas defains ôc difpos plus de quatre- vingts milles.Depuïs encore Baiazet le filsdeSolimaiî s alla ranger vers les Perfes , lefquelsfe feruirent vrt temps de cefte occafion auec de l'auantage .• mais en- finSohman craignant que cette guerre aliaft en lon- gueur,& que fur fes ^'ieuxans,il luy en aduintdu mal- heur, il negotia en forte auec Tachmasj qu'il luy per- fuada faire mourirBaiazer,qui s'eftoit réfugié chez luvi crahiffant aihfi fôn hofte pour quelque ârgènt qu'il eti ' reçeut. Il régna f ^. ans, & nîourut l'an 1^76. laiffarit deuxhls Schaeh Ifmaël & Mehemet l'aueugle; S chaeh Ifmaël IIL Roy de Perfe de la lignée des Sophians. Ifmaël filsaifné de Tachmas,fuccedaà fon pere à la - Couronne de Perfe, mais ce fut pour peu de temps : il mourut vn an dix mois apres,fans auoir rien fait digne de remarque, on raconte toutesfois cefte hiftôlre d'v- ne autre forte, c'eft qucle plus ieuiie des enfans de Tachmas liommé Cardar s'empaia du Royaume, Ce- ftuy-cy ayant mis fes frères en prifon,cotnme il fe vid en affeurancc de faRoyauté.il fe monftra d'vn courage fi lafchei que les grands du Royaume commencèrent à le mcprifer, puis à le haïr, fi bien qu'ils le maffa- crcrcnt,& tirèrent fon frcre Ifmaël hors de prifon,& M m m 2 i'aflî Abrégé de l'Hiftoire 688 l'alTircnt fur le thiône Royal , auquel ne le trouuant trop aliciiré pav l'exemple roue récent qu'il auoit de la moi: de fou frcrcvoulant rccognoiftrc en fondslabô- nc voloncc de fcs (ubjcts, il (e cacha en les Palais , & ic conduiricfifecrettcment en (on dclfein , qu'ayant faid publier fa mort, elle fut facilement crue , princi- palement par fcs ennemis, Icfqucls aueccefte créance fc difpenfcrent de defcouuiir toutes leurs plus fecret- tcspensécS:alleurczceleurfembloit qu'il ne leur en pouuoic arriuer aucun mal, puis qu'il eftoit mort,mais les mouchards qui auoient eftc mis au guet pour reco- onoiftre les adions & les paroles d'vn chacun, en ad- uertircnrfidellcmcnclfmaël, lequel forçant de fon fc- pulchrc, comme vu corps noauellementreflufcitcpa- rurà fcscnnemis,non comme vn fantofmcmais com- me vnPiince iuftcment irrite : mais il s'y comporta fi cri!cllcment,qii'il remplit tout de meurtres,ce qui cau- fa de nouucaux troubles & des confufions inopinées cntrcfcs fubjcds qui augmentèrent cncores par la pu- blication de fa nouucUe loy , qu'il vouloir eftre em- , bradée à Calbiniaifant mourir les des-obeylfans qui ne la vouloicnc pas fuiure. Toutes fes cruautez furent caiifc qu'il fe fie vue grande coniuratibn des Sultans, c'efl: à di-i-e,des plus grands du pays, qui vint à tel point que fa propre fœur nojnmée Perça, qui s'cntendoit aucc les Sultans le tua : ce qui confondit vniuerfelle- mcnt tour cet Empire.de fotce qu'il sébloit que laPerfe s'cn alloit ruinée, & qu'il n'y auoit chofe qui fut ca- pable de rcfifter aux moindres attaques de fes ennemis: cèftc foiblcfre&confniiond'Hftat allant empirant tous les iours , ils cflearenr au thrône Royal Co^dabandc, homme ignorant des affaires du gouuernemét,& de la aucire, malade des yeux, qm a fait dire à quclqucs- vns qu'il eftoit aueugle, craintif, & inconfideré en fes adiôsj&cequiemportoitle plus,peu,ou point eftimé desSulians. Si bien quaraifondetoutes ceschofcs ce Royaume jadis tant redouté commêçad'eftrc méprisé de fes voifms. & de ceux qui en cftoient efloigncz. Schach Mahamed dit t aueugle premier Roy deVerfe de la race des Sophians. Apres donc tous ces remuëmens que vous auez en- tendus eftre arriucz fous Ifmacl, Mahamed l'aueugle vint à la couronne, lequel eftant tel qu'il a eûé cy-def- fus, cela donna fubjed à Amurat Empereur de Turcs de faire plufieursentreprilesfurles Perfes, y enuoyant vndefes BalTas nommé Muftapha,lequelprint le fort d'Eres.lcs villes de Sumachy & Deunenopy, & fe ren- dit maiftre de tout le Seruan, toutesfois les Perfes en reprindrcntvnc partie par après : tout le règne de ce Prince qui ne dura que fix ans. fe paffant ajnlx en priles & reprifes,& quelques deffaites qu'ils fouffrirent tant de part que d'autre. ^ Schach Aha^ V, 'Roy de Perfe de la race des Sophians, Ce Prince commdiçoit defia à manier les affaires du viuant de fon perc,& depuis eftant paruenu à l'Empire rcprint fur les Turcs Tauris,& deliura vne bonne par- tie de la Perfe, auecplufieurs deffaites, tant d'vne part que d'autre. 11 fit trefucs toutesfois, auec eux : mais ce n'eftoit que pour reprendre haleine : car quelques t emps après principalement fous Achmet Empereur des Turcs qui règne à prefent , laquelle recommença plus fanglantcqu'auparauant.il cnuoya quelques Am- badadeurs, tant vers l'Empereur Rodolphe, que vers l'Archiduc d'Auftriche,pour empefcher de conclure la paix, qui fenegotioit lors entre les Chreftiens &, les Tiu csjafio de pouuoir plus facilement deffaire fon cn- nemy •• mais les affaires de la Chreftientc cftoient fi dcfcoufués & Icbus forces fi débiles qu'il fut contraint de s'accommoder à ce qui eftoit de plus necciraiie, mais quant à luy il nelaifTapas de continuer la guerre, & en eftoit encore en ces termes en l'an 1609. ayant defia régné 55. ans. , p , C'eft fuccindemcnt ce qui fe trouuedes Koys de Perfe dans les Autheurs , tant anciens que modernes, reft e maintenant à voir vn Cathalogue d'iceux,pour le foalagement du Ledeur , les diftinguant félon les di. uerfes lignées. • MONARQVES DE PERSES., Ans du monde. Ans du règne. Mois. 3417. i.Cyrus & Ciaxare ou Darius. i.Cyrusfeul. ^' z, Cambifes. En luy finit la race de Cyrus. 7- 5* ^.Smerdis Mages, du cofté des maf- les. 3464. 0. 36. II. 44- o. i. 15). X.' s. Moù> 4. Darius fils deHiftafpc. 5. Xerxes. (j.Artaxerxes. y.Xerxesjdeuxiéme du nom 8. Sogdian. ^ Darius le Baftard. Ansdefalut. Ans de règne 10. Artaxerxes. ^ 3^* 11. Darius Actaxerxes furnornni.c. Occhus. 4 II. Darius quatrième du nom. 6. LIGNE'E DES ARTAXARIDES. Ansdefalut. 228. i.Artaxarreou Artaxerxes. z.Saporé. 3. Hormifdatc. 4. Vardanc. 5. Vardané deuxième du nom. 6. Vardané troificme. 7. Narfce. 8. Mifdaté. ^.Saporé. 10. Artaxerxes. 11. Saporé deuxième. 12. Varanné. 13. Idegerté. 14. Varanné deuxième. 15. Varanné troifiéme. 16. Perofé. (, 17. Valent.* 18. Cauadc. 15). Blafé ou Lamadé. 20. Cauadé derechef. 21. Hormifda. 22. Cofroé. •23. Siroc. 24. Abha^fir. 25. Sarbaca. • 2.6' Bornan. 654. 27. Hormifda. . ,„av LIGNE'E D'VSVN-CASSAN QV ASSAMBAY 1403. 1. Vfun-CafTan. 2. lacub ParilTu. ' lulauerc. Bay Singfr. . Ruftan. Alamut & Murar. . LIGNEE DES SOPHIAN^. o, I. o. 6. «• 7' 7- 70. 10. XI. 20. 17- 20. IR 2. 44. 39- II. 12. 3- 2. 7- 10. 1495. Ifn^açl Sophy. Schacch Tachmas. Schaech Ifmacl. Influe Schaech Mahamed aueugle. l'a \(>i$. Schacch Abas. 20. Si' I. 19' PREFACE- Des Rojs PREFACE. jgpjEr/e Hijîoire abrégée des Perfes eft fi remplie d'à ^SSç (lions dignes de remarques que fi on les votitoit far ■ riittUri fer félon la méthode qt} on a renuè par tout ce Lt are, il fandroir plufiafi faire vue relation qtt'vri Sommai re: &cefte longue répétition fer oit plus emiuj/eufe & mal agréable , qu'vtiU .& profitable au LeBeur qui aurait fluftonfaift de lire tout ce petit abrège, la leâure duquel f{t fifuccin(te,qu'tlle ne luy peut apporter que du conten tement. Il fuffira feulement de dire pour vri plus grand tfcLnrctffenunt ,& pour luy donner quelque lumière, que teUe Chronique abrégée dts Rop de Pcrfe fe diuife en plu fieurs familles: la première cetnmençant à Kayumar ras fils A'Aran, filsde Sem , fils de Noe, infques a Alexandre le Grand, par l'ejpace de pres.de, mille ans. Apres Alexan- dre, il y eut vu cntreregne de 70, ans , & depuis iceluj les Perfi's efiant rentrez dans leurs dominattons, vn des de f- tendans de Dar eh rentra dans cejle fuccefion interrom fué, qui dura encore plus de 300. ans : de forte que cefte p entière famille de Kayumarras premier Ro/ de Perfe, dura plus de mil trots cens ans : le dernier Roy d'icelle fut LtzDegerd. qui enfut depofiede par les ^Arabes & Cali- fes de Bagadet , lefquels font difiinguez en trois familles : Upremtere , d'Homar qui ne dura que dix-fept ans : la f.conde.fut celle de Ben-Humya qui duraenuiron quatre- vingt dix ans : après vint celle de Ben-Abas , qui dura 600. & douze ans ou enuiron-.mais les derniers Califes ne portdtcnt plus que le nom : chacune Prouince eftant com- mandée par vnRoy, qui toutesfois eftoit Arabe, mais ils en- furent enfin chajfez par les Tartares , foubs leur chef Chin- guii-Kam , qui dépofedd du Califat Almoilacem , U 58. ér dernier Caltfe , parles armes viùlorteufes d'Ola Kukan Tartare fien Capitaine , lequel fit mourir le Calife, Les MagoUs ou Tartares de la race de Chinguu Kam corn- mandèrent nonante-fept ans ou enuiron. Apres eux vin- drent les defcendans de Tejmurlang , qui gouuerncrent, nmpasvn feui, mais plufieurs en mefme temps, ce qui rend cefie famille la pliis emhroïtillée en cefte htftoire, é" te l'ejpace de 200. ans : le dernier d'iceux vn nommé Mirzarh Abncar,fut chajfé & faiB mourir par Kara- Ijfuft Turkoman , la Perfe eftant lors diuisée en deuy fartiesdes Kara l^yonlu & des u4kiiyonlu : ceftuy cy fut U premier des Karakjonlu qui commanda à la Perfe : mats ils ne durèrent que 6yans,car ils furent chaffez par hs Akuyonlu, qui eurent pour chef Ozud, Acemk 'k^ mais cefte famille ne dura que 54. ans , ayans efté chaffez par les Sofhians,qui eurent pour chefcha, ifmaèl, Sophy , qui commença de conquérir la Perfe, l'an i s o 1. Us defcen- dans duqud régnent encore à prefent, ayam défia regrté plus de cent ans. APrf s auoir fnccinftemcnt defcrit déJa Perfe, & des Roy s qui luy ont commandé depuis qu'ils commencèrent à tenir la Monarchie foubs Cyrus leur premier Roy, iufqucs à prefent, félon que les Autheurs tant anciens que modernes en ont efcrit : il fera main tenant bien à propos d'en faire voir l'ordre, & la fuc- ceflion comme elle fetrouue dans les Annales efcritcs par les Perfes mefme3,& complices par Carik-Mircond, ainfi qu'il a eftc promis au commencement de ce petit fommaire. 11 dit donc qu'enla Prouince d'Azerbaion ou Ader- baion, comme elles'appclle à prefent , qui a pour ca- pitale la riche & fameufe cité de Tauris ou Tcbris, i'vne des plus peuplée qui foit en l'Orient. Les habitans de cefte Prouince voyans les diuifions qninaiflbientiournellementenrre-eux, pour n'auoit peint de chef qui leur commandait iouueraiacment, de Perfè. 6^9 efleurentd'vncom.mun acord vn Roy appeFIé Kayu- marras,lequel du commencement s'excufa autant qu'il luy fut poffible,s'cftimant trop foible pour vne fi gran- de charge:toutesfois il fut tellement importuné par les prières de tous en gênerai, qu'enfin il confcntit a l'efle- dion qu'ils auoient faide de fa perfofine, &c alors le iranfportant en vn lieu public , ceux qui>eftoient dé- putez àcelalevcftirent en prefence de tout le peuple de robbcs différentes à celles du commun:&pour mar- que de Royauté, ils luy mirent en la teftevne forte dé* petite capuche,qu'ils appellent tsgc , qui eft autant en- tre eux comme à nous vne Couronne ; & pour reco-' gnoiffance d'obeylTance & de vadclage, ils luy allèrent tous baifer la main, conftiime qui (e pratique encor en ces contrées-là. Ce Kayumarras , félon Mircond»; eftoit fils d'Adam, fîls de Sem,fils deNoè,queles Per- fes appellent Adam Aifany, c eft à d re fécond Adam* d'autant qu'aulïï toft que ccluy-cy fut crée Roy, il voulut qu'on l'appcllaft Adam ; delà eft venu l'crreui^ entre les Perfes du temps du Paganifme, lefquels té- noient que leur premier Roy auoit efté Adam premier^ pere de tous les hommes. KayUmarras L J{oy de Perje^ Ce Roy comme il fut le prennieren commândemenf en la Pcrfe, aufïï fut il le premier qui y apporta de l'or- dre, & de la police, faifant régner la iuftice entre leS' fîens, lefquels ildefFendit valeurenfement contre toUi leurs ennemis, laiifant ainfi fon Royaume paifibl-eà fa pofterité,apres auoir régné 40. ans. Or ce Kayumarras auoit vn fils nommé Nazek,adoni' neàla viefolitaire & contemplation des chofes nacu«^ relies, qui fé retira auee fa femme en la prouince de Da- maoandi depuis Aderbaion, & à prefent de Hierak , Se comire ce Prince eftoit de fort bon entendement, foiî père alloit quelquefois le vifiter de fôn viuant, loré ' qu'il pouuoit auoir quelque relafche de Ces plus gran- des affaires : mais on nefeait pourqtioy ny comment il fut trouuémort dans fa petite retraite, ayant plufieuré playes, fàhs que fa femme ny pas vn des fiens eufleiit: peu defcoiiurir qui auoit faid le coup. Apres donc auoir efté pleuré de fa famille, & qu'oti eut bruflé lé corps félon la couftume de ce temps là, comme cha- cun eftoit defireux de fçauoir qui auoit coicnmis vn 4 nricfchantade : ils trouuoiènt enfin que c'eftoit quel- ques eôureurS des contrées Voifines: dequby ayant cfte aduerty Kayumarras , il affembla des forces de toutes parts, & alla les rencontrer en h. contrée de Macharek, &obtintvi6boirecontr eux en la prouirvcé de Traba- ftanj où après auoir taillé plufieurs en piieccs il emmené plufieurs captifs en fa^maifon, lefquels luy feruirenc après à baftirlacitéde Balk, laquelle îl fondai commé il fit aufïï celles de Stahhar, où il tenoit la Cour, Arde- nel, Kabulftan,Kamuz, Macroa, Nachibemi qui eft Nii diue, Gerion, Sagiftoti , & Goms,îouçcs Icfqiielles, cftoient fubjedtes au dpmaine dePerfé,ilcn foada ertJ cores plufieurs autres diuérfês prouinces, comme il fe dira félon les occurrénces. Celle de Balk eftoit eft là prouince de Vzbek fort peuplée, riche » belliqucufe^' comme font celles de cefte contrée. Siamek^ 1 1. Roy de Perfe. Nazekayantà fà mort laiffé fa femme eiîceîntc,âti bout de quelque temps de là elle accoucha d'vn fils appellé Siamek, lequel fon ayeul fit nourrir & inftruiré félon les loix du pays, puis arriuc en l'âge dé difcretionj auec le confcntCmentdu peuple il le déclara fon fuc« ceftcur. .Et enfin renonçant au' gouuerncment il le mit entte les mains de Siamek, lequel à peu de iours de là alk courir les t«rrcs de fés ennemis, & les ayant' • M m m 3 tsneom 690 Abresé del'Hiftoirc rencontrez auec leur armée , il leur litirala bataille,en laquelle il demeura viftorieux: mais il achepta chère- ment cette vidtoire, car ayar t recen vue mortelle bief, feurc , il fut emporté diligemment en fa tente où il mourut, laiffant fa femme enceinte, laquelle il coniura en mourant qiif fi elle accouchoit d'vn enfant mafle, qu'elle fit en forte qu'il pnft vengeance de fcs enne- mis , & en difant ces paroles il rendit l'cfprit > de forte que le Royaume retourna entre les mains de Kayu- marras , lequel à l'inftant alla contre fcsenncmfS > qui cftoicnt encrez en la Perfe, les vainquit & emmena plu- fieurs captifs , entre Icfquels il y auoit plufieurs qui auoient efté caufe de la mort des Princes cy-deflus rÔmez On attribue à ce Kajyumarras l'inuention delà plufpart des armes , delquèlles on vfe en ces quartiers là , & particuricrctnentpour l^s bardes ôc autres cnhar- nachcmens de chcuaux, Ouchanh î IJ. Roy de Perfe. Apres la mort de Kayumarras , Ouchanh fils de Sia- mck entra en poir.lîion du Royaume, lequel il gou- uema auec le conlentement d'vn chacun : &comm,cil culV alFen blé viie armée: fes ennemis cftans venus r^iroiiUircnt eu vne terre qui eftoit proche Damoand, où II leurliura le combat, où il fut blefféfd'vn coup de pieircduquel coup il mourut, lailTant vn fils après luy, qui le nommoit Thamurcs, après auoir régné 50.ans. Thdmures Vmhanâ I V. "Koy de Perje. Ouchanh eftant mort Thamures fon filsluy fucce- da, lequel fut fiirnommé Diuband , c'efl: à dire en lan- gue Pcrfunne dompteur de Diable > àcaufc des infi- gnes vidoires qu'il obtint contre les ennemis des Pcr- fes qu'ils haylToient comme le diable. Et d'autant que fon peuple auoit beaucoup foufFert durant les guerres pafiecs , il le defchargca pour trois ans de tousimpofts» & comme il eftoit autantamateur delà paix qu'enclin aux armes , dtfirant lailfer fon Royaume mieux expoli- cé qu'il nel'auoit trouué,il fit plufieurs belles ordon- nances pour le repos d'iceluy. Ce fut luy qui créa pre- mièrement en Perfe vn premier Vizir ou Wizîr , que quelques - wns par corruption de langage appellent Guafile ,qui eft le premier & plus foaucrain Msgiilrat après le l^rince. . Il eftablit pareillement des gunifons fur la fiontiercde Ardebajon, comme celle qui eftlV- ne des priudpales de Peife, & la plus importante. Les viéloircs & fages conduites de ce Prince , furent caufe que plufieurs Seigneurs fes voifins fe vindrent rcnger fous fa domination. Mais après toutes ces prof périrez il furuint vne grand? peftecnla prouince qui fit mourir beaucoup d'hommes & grande quantité de beftail , de laquelle Thamures ne fe peut exempter qu'il n'en mouruft en la prouince d'Vbek en la ville de Balk, ayant régné 30. ans. îamhxed V,Roy deVerfe, A Thamures Diuband fucceda au Royaume lamb- xed, qui félon lesvns eftoit filsdu dcfFunâi.les autres difent fon frère, & d'autres fon coufin , homme de grandeprudence & grand ertendemeni , & qui ou- tre ce n'auoit pas moins de vaillance , ayant adiouftéà fa domination fept grandes prouinces qui fe gouuer- noient toutes par leurs loix & couftumes, faifantplu- /leurs bonnes & grandes chofes pour les maintenir en paix, & deliwrer des maladies contagieufes, sufquelles elle? eftoient'fuiettes pprlecÔ ei! de deux fort renom- mez Médecins qui floriffoient en ce temps , l'un def- quels s'appcUoicFaeUfufRibon , &<. l'autre Facychor- res,& fefouuenant delà peine qu'il auoit eue du temps de Thamures à caufe de la nectffité: dcfirant y pour- uoirpourl'aduenir.il fit faire plufieurs grands greniers, dans lefquels il fit mettre toutes fgrtes de prouifions pour s'en feruir à la neceOité. Il inuenta les cottes a ar- mes. les poignards , & fi on luy donne l'inuention n a- uoir le premier fait faire des loyaux d;or,& d auoit fait mettre en cruures les pierres precicufes.il fit faireaufli des eftoffes defoyedecouleur.defquellesil portoit de* robbes. Il aymoit fott les chofes aromatiques & d a- gre=.ble odeur , qu'il faifoit venir à grands frais des contrées plus cfloigriccs. On tient encore que ce fut luy qui apporta en l crie l'vfa'^e du vin, duquel toutesfois il vfoit fobrenncnt:» propos dequoy on raconte vne hiOoirc d'vue fienne efclauc qu'il aymoit fort pour fa grande beaure,laquel. le eftant fort tourmentée d'vne grande douleur de teite. & le Prince luy faifant fane lout ce qui Iny eftou pot- fible pour la guairir, fans qu'aucun remède luy peult donner de l'allégeance, elle toute defefperce de recou- vrer fa famé , fe cacha (ecrettement au heu où l'on en- fermoit le vin , & qui eftoit garde en ce pays^ là com- me vn threfor, elle en but vne bonnequantuc:& après quelques heures fe fentant fort allégée de fa grande douleur, elle retourna boire plus qu'auparauanr : ce qu'ayant fait, c\ fe retrouuantentiereiT-entgueMe ,eHe defcouurit auffi toft au Roy "omme le tout j'Hloïc paflé , lequel admirant la force de cette liqueur en hc bien plus gronde eltime qu'il ne faifoit auparauanf. Ce Prince refidoit la meilieure partie do temps en la prouince & Cité de Sagiftam & pour pouuoir mieux defcouui'ir ce qui fepalTc it par les prouinces, &y don- ner l'ordie qu'il y verrou eftre necclTaire. Il fonda la cité de Scyraz, Isq.ielle eft le chef du Royaume, qu'on appelle proprement la Perfe. La Cité de Scyraz elfant fondée . lambxed , y fat la demeure ordinaire, où il commença à traiârcr du gou- uernement, & des choffS qui auoient iufques alors eftc en confufion & fans ordre ; donnant auxSagesle foino & legouuernement gênerai de tout,il voulut que les gens de guerre eulTent vne lui ifdidion diftinde des autres, ne voulant point que les laboureurs & ceux qut cultiuoient la terre s'entremilîent de faire autre choie. Il donna aulTi quelque règlement aux arts mécaniques, les accommodant à l'vfage & vtilité de tous : en forte que autant qu'il eftoit poffible chacun fut content de (onmeftier. , . Outre ce,il donna de bonnes loix.procurant le bien de fon peuple: de lorte que la Perfe iouyt de fon temps de la paix, fanté & richcffe: toutesfois cette prolpetite fe conuertit bien toft en trauail & mifere,car lambxed voyant ces pays fi florilTaLS , & attribuant le tout a Ion fcauoir & bonne conduite , fut fi prii,c d'entendement qu'il fe fit adorer comme Dieu , faifant mettre entoiis les lieux publics de fcs Eftats, que toujiur peine de la vie eullent à l'adorer: mais il ne demeura pas long- temps impuiw de cefte impieté : car enlacontiée de Sagiftam s'efleua contre luy vn fort renommé Capitai- ne nommé Ahad^parent de bnr-bxed, lequel alTemblanC vne grolfe armée , en donna la conduite à vn fien coia- fui nommé Xoahk. qui vint au delfus de Scyraz , ou iltrouua larr bxed qui luy venoit au deuantauec vn autre puiflant extrcue, & s'eftaus liurcz le combat la vidciie démettra à Zoahk. & lambxed demeura prl- fonnier, & fut mené â fon ennemy,ieqiiel le fit mafla- creren fa prefence. Il laiftavn fils a l'âge luy confeillans d'vfer de moutons au lieu d'hommes, luy monftrans pluficurs raifons que c|la cftoit plus propre pour la fanté, aufquels il affer- ma que deux couleuures luy rongeoient continuelle- ment les entrailles, (Scpadà pluficurs années en ce mar- tyre , au milieu duquel on dit qu'il fongeavne nui£l que trois hommes le lioient , l'vn defquels le tua d'vn coup de mafllîë qu'illuy donna àla tefte: lesdeux au- tres luy oftans la ceinture de laquelle il eftoit ceint, l'attachèrent auec iccUe par les pieds, & le tranfportc- rent en la terre d'Amoand. Zoahk ayant fait ce fonge , comme hors de foy, fit appeller tous les Sages du pays lelquels luy dirent que cela fignifioit qu'il lêroit priuc du Royaume , & delà vie: car entre If s Perfes la ceinture eft marque d'hon- neur, & de dignité, laquelle on luy auoit oftée. Or craignoit-il que ce malheur luy arriuaft par Frayhdun fils de lambxed: cala fut caufequ'ille fit chercher de toutes parts.raais fa mere Framak l'auoit deftournc de- quoy eftant grandement irrité Zoahk, il déchargea fa colère fur Afpéen pere de Framak, & le tua, Lamere cfui craignoit qu'elle ne pûft toufiours garder fon en fant fi fecrettement qu'il ne fuft découuert , le bailla à vn vacher pour le garder. Ce qu'oyanr Zoahk,il vint luy-mefmc trouuer le vacher : mais il l'auoit preuenu; car il l'auoit caché dans vn petit cuuier qu'il auoit fait exprès , de forte que Zc^^lik ne l'ayant point trouué.il s'en vangea furies vaches, dont il fit mourir vnegran- dequantitc. En la cité de Hifpaon , chef de la Prouince Hierak en laPcrfe , qui auoit efté autrefois le fiege des Roys, il y auoit vn homme d'importance & de valeur nomti.c * Kaoah, &furnomméAngar,qui en langage Perfien fi- gnifie ferronnier ou forgeron , à qui Zoahk auoit fait mourir deux fils qui cftoient défia en âge d'homme,& de grande réputation, defireux de fe vanger,fitvne confpiration de plufieurs qui haylToient Zoahk, & ayant aiïemblé bon nombre de gens de guerre, print plufieurs citez de la Pcrfe , qu'il courut au long &au large, & y fit vn grand rauage , le armées de Zoahk le rencontrant plufieurs fois , mais il en fut toufiours le vainqueur. Si bien qu'encouragé par ce bon faccez.il engroflît fan champ, & prinr la volte d'Amoand , où Zoahk tenoit fa Cour, & en chemin fe faifit de la vilie de Hrey, chef anciennement du Royaume5& inconti- nent après celle de Karafort. Cette ville de Hrey eft encore célèbre; tant pour fa grandeur , que pour les chofes excellentes qui fé retrouueot en elle , entre au- tres la manne. pour eftre la plus parfaide & la plus pu- M qui foit en aucun licujlaqucilc fc ttanlf ortç en gran- de Peife.' 6gi de quantité à Ormus oii Harmoz , & de là par tout. l'Orient, Zaoah Angar s'eftant ainfi empare de Hrey* il alïembla à l'cntour de luy tout le peuple, & tous lefi fiens, aufquels il déclara que ce qu'il auoit meu àcetce cntreprife n'cftoit qu'vn zelc delà liberté de fa patrie; pour laquelle il lu y fembloit deuoir faire tous fes ef-^ forts de la deliurer auparauat que de partir de cette vic^.' remettant aux Dieux après fa viâoire de donner le gouuernementduRoyaumeàqui il leur plairoit. Alors tous d'vnevoix s'écrièrent qu'ils le rccognoifToienc pour Roy & Seigneur, & qu'à luy feul appartenoit le Royaume pour fa valeur. Mais luy en S'excufaOt dit: qu'il redonneroit iamais vne telle tache à fa famillé & à fa renommée , que d'auoir le nom de Tyran: mais qu'ils auoyent Frayhdun le fils de lambxed , lequel il defiroit qu'ils recogneulTent, & luy obeyflentcommÊ à leur Roy. Ce qu'eftant accordé par toute l'airemblée* on ne parla plus que d'aller combattre Zoahk , lequel leur vint à la rencontre, & fe donnèrent vne grande «Sc fanglante bataille, que Zoahk perdit , & eftant pris fut emmené deuant Frayhdun, où eftant il fut tué d'vn coup de mafluè qu'on luy donna àla tefte ; puis luy ayant défait fa ceinture, luy lièrent les pieds, & 1ê traifnercnt en la terre d'Amoand j ainfi qu'il auoiÈ fongé.' Les Perfes font grand cas de la fcience decePrincé aux choies naturelles , & de fa longue vie; toutesfois ori ne dit pointcombien jla regné,la reftembLncedu non» a fait penfer à plufieurs que ce Zoahk fut Zoroaftes* ce grand & célèbre Magicien-. Frayhdun VIL Roy de Verfe. Frayhdun ayant ainfi obtenu la vidoire de Zoahîcg paruint par fa mort au gouuernemcnt duRoyaume,5é ayant rangé toutes chofes fous Ion obeylTance, fîg Kaoah Capitaine gênerai de. fes armées, auecvnforë bon appointement , & l'çnuoya vers Icsterres deMa-i gareb ,qui font terres deuers le Ponant: & à Gàrchace^ fon parent vn autre bon appointement à Macharcks qui eft la partie Orientale. Kaoah fut vingt ans en fon entreprife.durant lefquels il reduifit en l'obeyiîancc de! Frayhdun plufieurs Prouinces , & Royaumes , à la firi defquels il fut contremandc par Frayhdun , qui le fie Seigneur de Hisfaon &à Adcrbaion,oùilfut fortbient receii des naturels habitans, qu'il gouuerna l'efpacedd dixahsjauec beaucoup de fatisfaéiion d'iceux, & dil Roy , au bout defquels il mourut. Ce qui caufa vntf grande triftefie à Frayhdun , lequel laifTa la joijiffancd de fes pôfteffîonsà fesparens : & pour le regarddelè» enfans, il les fit tefider à fa Cour , les honorant beau- coup ,& leur faifart de grands biens. Quant à luy, iÉ efpoufa vne des filles de Koahk, qu'il auoit faft mou- rir : il auoiteu auparauant vn fils nommé Irege,d'vne fi grande Dame Perficnne ; il en eut depuis deux au- tres de cette dernière femme l'vn nommé Salna, l'autre Tur, qui furent d'auffi mauuais naturel que leuc ayeul Zoahk. Quant à Itege, il eftoit fort courtois^ & à cette occafion ayméjferuy & refpeftc de tous : cë qui donncit vn grand contentementà fonpere, qui Taymoit pardclTusles autres. La Perfe floriHoit alorS en vne grande paix , & Frayhdun fe voyant chargé d'ans , ôi de maladies, defirant d'ordonner de fes aiFai- res deuant que de mourir y aftembla les plus grandi de fon Rcyaume, pour fentir d'eux leurs volontez fur ctluy qu'iif defiroient pour fon fucceffeor : tous d'vnt comn^un cot ientement demandèrent Irege. Ce qui ne déplut nullenient à Frayhdun , lequel toutesfois pour oftcr tout iuitâ de n écontentement aux autres» donna s Salo le s terres df Magarcb , qui font vers le Poi ant , ôc à Tur celles de Macharek,pui cftoient versi i'Otient , à lregç)|laifla la Perle, Ailyrie, Se Mefopo- M m m 4 tamf^ 692 xajtnic, auec tiltrc deRofjafin quMfuft recognû de fcs ftercs : &c tnarquani à chacun les bornes de fa iurifdi- éiion il enuoyalcs deux derniers en leurs terres» aucc chacun vne armée pourladcfence d'icelle. Quant à Tur, il fonda vne ville, qu'il nomma de for\ nom Turon, de laquelle le Royaume & la Région fut depuis nommée Turqueftan, comme elle s'appelle encores auiourd'huy. Cette uillc cil fituée prés la mer Cafpie, vers l'Orient , &c aux terres qu'Us appellent Maui'«nahar. Ce; fut icy le commencement & l'origine d'où font yffus les Turcs, &c de là ils occupèrent ce qu'ils polTe- dentauiourd'buy : De forte que ce n'cft point des Turcs, ou Troyens.ny des Thraces qu'ils lont dcfcen- das : mais de Tor fils de Fraylidun , qui donna à ce pays-là le nom de Turqueftan , c'eft à dire.Prouince ou Région de Tur. Salm, & Tur ayans ainfi leur par- tage, furent fottm.-U contens de Ce voir réduits fous la fubjcâion de leur f^erc, qu'ils difoient cftre baftard, fi bien qu'ils commencèrent à faire chacun à part foi quelques entreprifes , puis ayans communiqué leurs delfcir.s par lettres lesvnsaux autres, ils alfemblerent leurs forces, & s'en vindrent à la Prouincc d'Aderba- jpn, d'où ils écriuirent à Frayhdun leur père, fe plai- gnans de ce qu'il auoit préféré leur frère baftard, luff «yant donné la fouueraine authorité, que s'il vouloir les en priuer,îlss'en retourneroienten paix,finon qu'ils feroient contraints de défendre leur droid. Frayhdun le fit auflî toft entendre à Irege, luy man- dant que fans aucun retardement il euft à fe préparer pour marcher à rencontre d'eux : mais Irege defirant de fortirdc cette affaire par des moyens plus doux que ion pcte dcfiroit, il luy propofadc les aller trouuer,dequoy le pere le reprint aigrement , fans y vouloir confen- tir. Mais Irege , qui dcfiroit la pajx , & le foulage- ment du Royaume, prenant auecque foy les plus fages, &les plus prudens de fa Cour, les alla trou- aer pour conférer auec eux, ùm que fon pere en fccaft rien. Eux qui ne defiroient autre chofe, fe faifircnt aufli- toft de fa pcrfonne , Se luy firent trancher la tefte quilsenuoyerentàleur pere. lequel pourvu cas fi la- mentable déchira fes vaftemens, monftrant des fignes d'vne extrême douleur. Irege laiffa vn fils nommé Manuher, lequel Frayhdun mit à la place du pere.Cet- tuy-cy fit la guerre à Salm, & à Tur, & les vainquit en vne bataille : & eux pour fe fauuer , fe cachèrent entre les morts , où eftans cherchez en diligence.& trouuez, furent emmenez deuant«Manuher , lequel tout à che- val donna vn fi grand coup d'épce àTur qu'il lui mit la tefte à bas, dequoySalm print vne telle épouuante, qu'il tomba mort fubitement à fes pieds. Ainfi mou- lurent "ces deux , auec plus de iiooo. hommes de leur armée , que morts, que prifonniers. En ce temps Frayhdû eftoit aueuglé,& fort maladif,vers lefquelss'en alla Manucher vidtorieux, & comme le bon homme ne le pût voir,& qu'il eut demandé qui c'eftoit. l'autre luy répondit : le fais voftre petit fils Manucher , vangeur du fang d'Irege mafTacré de Salm , & de Tur.Ce qu'en- tendant Frayhdun, il le receut à bras ouuerts,auec tou- tes les demonftrations d'amour & d'allegre(re,& oftant de fa tefte la Tyare d'or qu'il portoit, il la mit fur celle de fon petit fik.commc en confirmation du Royaume qu'il Iny auoit donné , & voulut qu'il euft pour Wazir Som,fils de Narimon.homme fage,& de grande valeur. Ce qu'ayant fait, il mourut bien-toft après. Frayhdun fut vn bon Roy,fage, & amy de ceux qui eftoientjfort, courageux & libéral. On recite de luy plu- fieuis belles & grandes chofes , Ufquelles ne peuuent eftre déduites en la brièveté de ce fommaire,en la fup- putation des temps quefonjt les Pcrfes.ils difentque ce Ftayhdua eftoit du temps d'Abcaham. Abrégé de l'Hiftoire Manucher VÎIL T^y de Perfe. Par la more de Frayhdun , Manucher fils d'Irege commença de gouuernerfeul fcs Royaumes : & com- me ils cftoicnt de grande cftendue, il fut contrainélr d'cnuoyer fon Vvazir Som Marimon vers les parties Orientales. Comme cetcuy cy eftoit en fon Gouuer- nement , il luy nafquit vn fils , lequel dés le ventre de fa mere fe trouua tout couucrt de poil grand & blanc. Som Narimon trifte & épouuantçd'vn casfî eftrange, le fit nommer Zal. Cecy paruint iufqu'aux oreilles du Roy,lequel écri- uit au pere qu'il luy enuoyaft ceieune enfant pourle voir: ce qu'ayant fait , le Roy confulta tous les Sages fur cette nouneauté : tous lefquels alTeurcrent que ce petit feroit vn iour fort vaillant aux armes. Se fidelle à fon Princc.Ce qui fut caufe qu'il voulut qu'il fuft eflc- ué à fa Colir, iufques à ce qu'il fuft paruenu en âge de pouuoir ayder à fon pertiCn intention de le faire après Gouucrneur des terres dcNimRués; c'cftàdire, les terres du Midy, qui fut la retraite de Zal. Par après- comme cettuy-cy s'excrçoit vniour qu'il eftoi.tde re« pos à la maifon , illuy prit enuie de fortic defes limi- tes , Se d'aller au Gouuernemcnt de Kabufcam, q#i toutesfois dcpendoit de celuy de fon pere:auffi y auoif- il mis pour Gouuerneur vn Capitaine qui eftoit faidî: de fa main , nomme Merabah , lequel fçîchant fa ve- nue , alla au deuant le reccuoir auec prefens de grand prix , & pour auoir l'honneur de luy baifer la main,& l'emmena fur le champ chez luy , ne fe pouuant laftcE de loiier deuant fa femme , & deuant fa fille, qui eftoit d'vne grande & extrême beauté, nommée Rudabahj, les vertus & !a valeur de Zal. Ce qui plût tant à la fille , que fans l'auoir veu, elle s'eftoit affcdionnée à ce jeune homme , ne fçachant toutesfois les moyens de luy faire cognoiftre fa paffion. Mais enfin elle s'aduilâ d'cnuoyer fes efclaues fe promener vers le pauillon de Zal , faifans femblant de cueillir des fleurs ; fi bien que palTantpar là, il euft quelque fujed de demander à qui elles eftoient: cellcs-cy ayans dextremlaiflàntla viftoire àfonennemy, pour fé retirer en grande hafte en la fortereffe de Amal , où Te viélorieux le pqurfuiuit , ôc l'alljcgea de toutes parts. Il fit toutesfois ce qu'il pût pour le faire entendre à quelquecompofition de reddition : mais le Prince s'e- Itant opiniaftrcà la refilbnce, l'autre fe refolut au/ïï à le forcer, ôcfe rendre mailbede la place. Mais ce n'e- ftoit pas l'intention des fiens, Icfquels voyans l'Hyuer s'approcher, deliberoient défia de quitter tout pour s'en retourner en leurs pays. Dequoy cftant aduerty Afraciab, craignant quelque chofe de pis, pcnfa qu'il eftoit plus à propos de traiéèer delà paix , que de faire vné fi honfcufir retrai<3^e. Quelques vns furent dohc- qucs députez de part & d'autijc pour cet effeâ : en forte que la paix fut concluë,àcondition que le fameuxfleu- ue de Ichun feroit d'ores en auantlcs bornes de Perfè & du Tijrqueftan. La paix ainfi accordée ehtr'eux , 8c Afraciab auec fonarirsée retiicau logis, Manucher fortic de laforte- rede, prenant le chemin delà Royale Cité dçSagiftam, où il tenoit pour lors la Cour. Mais à peine Afraciab èftoit-il forty de la Perfe , que Manuchei fit tous fes efforts d'alfembler V ne grande & puifTante armée pour marchci contre luy : dequoy l'autre eftant aduerty , & n'ayaiiC point encore licentié (es trouppes, vint fe ruer fur !à Perfe, où il fie de grands rauagcs. Mais à bien af- failiy bien défendu: car Manucher plus prouidentqu'ij i/auon eltc la premiett fois,ayani fon aimée toute pre- lle, dnnna auec vne telle impetuofité contre fes enne- mis qu'il les dcfit,6i: en emmena vn fùtt gràtid nombre de captifs. Ce qui luy acquit la paix le refte dt fon rtgne, qui fut fort long : car oh tient qu'il ne régna pas moins de fix vingts ans , laiffant vn fils nommé Naudar, auqœl il donna plufieurs bons & fages confeik auparauant que de mourir, touchant le Gouuerncment de Ces Ro- yaumes. hJaudar IX. Roy de Verfe, Les nouuelles de la mort de Manucher,&du nouuel àduenement à la couronne de Naudar , eftans portées au Turqueftan.Pachang Roy de cette Prouince, appel- lafes fils prés de fa perfonne, pour les inciter à ne per- drepas cetteoccafion fur ce changement de Prince, non encores bien eftably.Afraciabfut celuyqui dôna le pre- mier fon confentemcnt, côme cftant plus pratiqué aux affaires de Perfe que fes frères , fi bien que mettant la roainà l'oEuure,il affembla vneatmée(côme l'on dit)dè 4oo.mille$hommes, tant à pied qu'àcheual, qu'il fît marcher droiâ: à Sagiftan : Naudar en eftant aduerty, appcUa auflî-toft Som Narimon perede Zal, qui gou- nernoit Kabuftam,àce'quefansauoir égard à fon âgé il le vlwrt trouuer , comme il fit, auec de fort belles trouppes. Eftans enfemble ils traiéterent de ce qui eftoic de faire pour le meilleur. Som s'en alla donc aii deuant d'Afraciab : mais fa grande vieilleffe ne luy pouuant permettre letrauail du chemin.lamaladieluy iuruenantle fit mourir : ce qui apporta vne grande ré- joUifl'ance à Afraciab. Naudar qui penfoit fuiure incontinent Som auec la tcfte de fon armée.s'en allant vers MafandaroO, fe rCft- contra fans y penfer dans fes ennemis. Ayant donc fait halte, &les deux camps eftans Vvn deuant l'autre, vn foldat des Turcs fe m-it en auant, de- mandant le combat contre quelqu'vn des Petfes , à rencontre duquel fe prefcjità vn nommé Kôbid, peut de Perle. 6gi fils de Kaoah Angar, duqucî il a efté parlé en la vie de Frayhdun. Le combat fut à l'adnantage deKobad,quR tua Balmin, & l'ayant dépôliillc, fe retira en fon loge- ment. Les Turcs ayans foufteit vn fi bon fuccez auec vn grand mécontentement, r'aflemblerert auffi-toft Icuis trouppes.&vindrent inueftir celles de Naudar Juy donnansla bataille, durant laquelle il furuint vne fî grande pliiye, qu'ils furent cohttaints de fe fcparer , ^ caufe principalement de l'obfcurite. En cette feparatibn Naudar recognilt bien qu'il n'eJ ftoit pas baftant pour refifter aux forces de Afraciab, Ce qui fut caufe qu'il fit encores venir à fon fecouré deux de fes fils, l'vn nommé Thus ,& l'autre Goftam»- accompagnez de Caren frère de Kobad , qui eftoit for- ty deSagiftamjd'oùil auoit tiré toute fa famille & thre- fors, & les auoit tranfportez à AlbotsKurh, ( c'cft vne certaine contrée où les Perfes Payens fouloient adorée lefeu.^ Afraciab fçeut auffi-toft la délibération de Naudar: cela fut cauie qu'il eruoya au dtuant d'eux vn ften Ca- pitaine nbmmé Karahhon,qui les rencontra, & com- battit contre eux. Caren y demeura fur la place, & les prinfcipaux de cet^e troupe fe fauuerent comme ils pu- rent; Durantqueccschofesfepaffoient ainfi, Af/aciab- combattit pour la (ecqnde fojs contre Naudar , & le vainquit, auec la perte de plufieuts Perfes, & grand nombre, defquels eftoit iNaudar , lefqucls Afraciab vouloir faire tailler en pièces fans Agarireis fon frère» lefquels firent mener les Capitaines ien vnt fortereffe. Cette viiftoire fi fignalée obtenue par Afraciab , luy donna.l'alTcuranced'enuoyer vne armée de 30. milles hommes à Sagiftam , lieu delà Cour de Naudar, la- quelle ville fe rendit bien toft. Lanouuclle dccetté viûoire s'épandit par toutes les Prouinces de Perfe, pariiintiufquesaii lieu où fe tenoit Merahb bcau-pere de Zal, lequel prépara auflj-toft vn prefent de ce qu'it auoit de plus précieux, èeTehucya à Afracisb, luy fai- fànt dire qu'il defccndoitde la famille de Zoahk, du- quel il eftoit parent : fi bien que pour ne pouùoir faire autrement, il auoit efté contrainél de rendre obcyffan- ce au Roy de Perfe: mais puis qu'il auoit maintenant l'honneur de luy appartenir , il luy rcndroit bien plus volontiers toute fortede feruice de d'obcjffance, luy" pàyerûit autant où plus qu'il falfbit aux autres. D'autre coftéil adùifa fecrettement, & en diligence fon gen- dre Zal de ce qui fe pailbit, ce qii'erirendant, ilfiivné leuée, &au pluftoft qti'il luy fut poflîble , fans qu'oii s'en doutaft ny cftre apperceu, il fe fai fit de Sagiftam. Ce qlieAfraciabreffentit grandement, de fortequcplciii de colère & d'ennuy, il enuoya trancher la teftcsNaùj dar jmourant ainfi après auoir r egaê /.ans; 'Afraciab L Roy de Perpi Afraciab s'cftant ainfi emparé de Is Perfe, le anànda 1 fon pere Pachangh, Roy de Turqueftati , 6c auec quei fucccz fes sffaïres auoient hcurcufcmét rtliflî, depuis iî fe conduifit fi tyranniquementenuers fon peuplé , qué tous les Perfes confpirerent contre luy, demandans Agarires, auquel ils écriuirent parleliîoyend'vn Perfe hoinméKaharan, le prians de les aflifter. Cettuy cy leur répondit qu'ils appellaffent à leur fètours Zal, ôc qu'ils commençaflcnt la guerre de leurcofté: ce qu'ils firent dés le Printemps prochain, & Zal qui eftoit lors à Sagiftam donnaordré atout ce qui eftoit necéffaire ^ la guerre , enuoyart Ghechuad Capitaine de grande réputation , vers Tabraftan,pour faire des m.cnécsnë ces contrées.là. Ces choies ne fe pûrent négocier fi difcrétteroent^i qu'elles ne vinffent à la cognoiflance d'Afraciab , le- quel sfl«'iiié de tout ce qui It pafioit & de leurs incel- lig^ces mefmcs, que fon frère Agaïues lenoit ieparty 694 Abrégé de l des Perles , renuoyâtuctî & Zal pour vangeançe de cette moit qu'il reirentitaucc beaucoup d'impatieticc, incitatoutouuertement les Pcrfesà la guerre cehtre les Turcsylcfquelss'eftansaiïémblez de toutes parts, ils allèrent prefcnter la bataille à leurs ennemis, la- quelle dura tout vn iour auec grand meurtre, tant d'vne part que d'autre,la nuidl les feparaiit, fans qu'on pûft remarquer qui auoit l'aduantage. Et delàs'eftans retirez chacun chez foy,ils continuèrent à s'efcarmou- cher fix mois entiers, où il fe perdit beaucoup de peu- ple en toutes ces rencontres. EtlàdelTus furuint vne grande cherté & famine, fuiuie d'vne maladie conta- gieufe:fi bien que la maladie ayant gaigné tous les deux camps, chacû fut obUgc de rechercher la paix, laquelle ne fut point defagreable à Afraeiab, qui fut content de fe retirer à Turon, lailTant la Perfe après l'auoir tenue i'efpace de iz.ans. BaT^h XL Roy de Perfe. Afraeiab ayant ainlî quitté le Royaume, les Perfes en donnèrent le Gouuernement à Bazab, qui eftoit de la maifonRoyale,lequel le teceuf.mais comme il auoit défia quatre-vingts ans,il prit pour compagnon vn fien coufin nommé Garchafef. Èt d'ailleurs confiderant Bazab la mifere&le tourment auquel auoient vécu les Perfes durant les guerres paflees, il procura à fon pof- lible de conferuer la paix, comme il fit tant qu'il vé- cut , qui fut bien peu , quittant libéralement à fon peuple les droifts Royaux, pour le pouuoir r'auoir de leurs pertes paflees, & pour la commodité de la Perfe il y attira deux riuieres,encore que leurlictenfuft fort cfloigné, l'vne dcfquelles il appella Habin ,& l'autre Rabazin. lamais il n'eut de threfor,ny n'en voulut auoir;que s'il receuoit quelque fomme, il la diftribuoit à fes Ca- pitaines, & foldats. Mais d'ailleurs il eftoit fort gour- mand. Se addonnéàboire ôc manger, & inuenta plu- fieurs fortes de fauces &pot3ges.C'eft ce que Mir-Kon dit de plus remarquable. Kaykpbad XII . Roy de Perfe, Par la mortdcBacabKaykobadneueudeNaudar paruintau Royaume,& fit fon Capitaine General Ro- ftanfilsdeZal, Se eftant accompagné de Ghecuad, Karacn; ôc autres Capitaines en grand nombre, fe mi- rent en embufcade au deuanr d' Afraeiab, qui leur ve- noit à rencontre auec vne grolfe armée : de forte qu'il fut défaid, la victoire demeurant aux autres : Roftan faifant tant d'armes, qu'il contraignit Afraeiab à de- mander tréue pour deuxiours, pour la grande crainte dans laquelle il eftoit pour lors,lefquels luy furent ac- cordez, à condition de traidter de paix, laquelle fes fubjedsluy approuuerent,& enuoyerent vers Kayko- bad pour l'accepter.mais les Perfes n'y ayâs point vou- lu entendrejilsvindrent à vne féconde bataille, en la- quelle Afraeiab fut vaincu, où ils combattirêt plus opi- niaftrement qu'auparauant. Et comme l'on eftoit en la plus grande ardeur du combat, Roftan demanda qu'on luy monftraft Afïa- ciab, lequeWoyant , il fe mit à courre à toute bride contre luy, & comme ceftuy-ey eftoit d'vne grande force & dextérité, il le jetca-par terre, luy lia les pieds auec vne corde, d'autant que c'eftoit la couftume en Perfe, & laquelle eft encores auiourd'huy en vfage,de porter vn cordeau auec foy pour tirer de l'eau aux ci- fternes,qui font fort communes en ce pays-la, le mena à courfe de cheual,& le lailfa entre les morts; Or comme Afiaciab eftoit fort aduisé,il fit en forte qu'il fe deftacha, & y mit vn autre mort en fa place, puis fans qu'il fuftapperceu, il fit en forte qu'il fortit oire de là, & échappa pour cette fois. Roftan tout ioy eux vint porter ces bonnes nouuelles au Roy penfant qu'il n'y euftqu'à cnleucr Afraeiab, ce qu'il offrit de faire: mais voyant la tromperie, tout confus & plein de hon- te, luy demanda pardon, iurant qu'il ne le trompc- roitpas vne atatre fois. Quant à Afraeiab , il s'en alla au Turqueftan , d'où jl cnuoya vn Ambafladeur à Kaykobad luy demander lapaix, laquelle luy fut ac- cordée. CelafaiéiiKaykobad ayant dcparty festhrefors àfcs gens de guerre, fe retira en fes terres, aufquelles il ad*; miniftraiuftice, faifant office de bon Prince tout le temps qu'il véquit. . .-r r Il perdit la veuë long-temps apres,& fon indilpoli- tion augmentant de iour à autre, il mourut en Isfaon chef de Kycra;^,où il renoit faCour,laiflant en fon lieu fon fils Kaykaus,aprcs auoit régné cent ans. KaykauSy ouSaîomon XI IL "Bsy de Perfe. L'occafion des querelles précédentes auôit donné raffeurance à vn Capitaine Perfien, de faire des me- nées en la ville & Prouince de Mafandron, à l'aduene- mentde ce nouueauRoy à la Couronne. Ce qui fut caufe que Kaykaus leua vne puiflTante armée contre luy,&renuironna de toutes parts. La ville eftoit forte, & bienpourueuc de gens,& de battions, pour fe bien dcfendre.Cela fit retrancher quelque ftratagemeàKay- kaus, puis que fa force n'eftoit pas fuffifante pour en auoir la raifon. Il feignit donc d'auoir faute deprouifion, & trouua moyen d'auoir quelques intelligences auec les aflîegez, lefquels gaignez par le prix cxceffif qu'on leur don- noit de leurs denrées,les vendoient fansconfîderation: & comme ils s'en furent defia dégarnis d'vne grande quantité, ils éprouuerent bien-toft, que par faute d'i- ccux ils viendroient en la puiftànce de Kaykaus : ce que luy mefme renoit autrement du tout impoflîble. Cette ville de Mafandron eft des plus fameufes de ces quartiers-!à,au delà des terres de Gueylon, fe joignant ducoftéduNordàlamerCafpie.Les naturels habi- tans de cette nation font forts & belliqueux, & font nombre» entre les fHbjeàsdes Roys de Perfe. Mafandron ainfi conquis, Kaykaus vifitant fes ter» res.entra en celles de l'Arabicentre laquelle&la Perfe il y a vn deftroit de mer,nommé le fein Perfique,au de- uant duquel leRoy Arabe nommé Zaulzogar,vint auec toute fon armée pour le combattre,où l'Arabe fut vain- cu, & s'enfuir (laiffant fon pays) en vne forterefTe, en laquelle il fe fioit beaucoup), & où il tcnoit pour lors toute fa famille, & vne fille qu'il auoit d'vne rare& excellence beauté. _ . Quelques pour-parlers fe traiderenr, qui fe ter- minèrent en vne paix,moyennant que Zaulzogar don- neroit fa fille Sodaba pour femme à Kaykaus, vn fien frère la luy amena auec mille belles efclaues, & ainfi célébrèrent lesnopces auccrvniuerfel contentement de tous. Cependant que ces chofes fcpaftbicnt ainfi en Ara- bie , Afraeiab entra fur les terres des Perfes auec fon armée, où il fit de grands degats : ilfut toutesfois rcpoufré&r battu, fi bien qu'il fut contraint de fe re- tirer. QuanràKaykaus,ayant ordonné les chofes ne- ceîTaires au Royaume d'Amon, & en la meilleure paiS tic des terres qu'il pofTedoit en cette contrée, il, s'en retourna en Perfe auec fa fcme Sodaba,oùarriué qu'il futjil ordonna àRoftan IcsGouuernemelis de Sagiftam & Kabulftam.aucc plufieurs âiittei honneurs, préémi- nences & liberalitez. Ce Prince auparauaht que d'aller en Arabie auoit vn fils des Roys de Perfe fils qu'o'iappdloitSyauex. auquel Roftanauoic voiic beaucoup de fennecs & d'a/Fed:ion .- ccftuy-cy efèoit » ^ - — r ■wv.iii^ y-j >,>>.u>i. veicucux.aymcde tous pourfà douceur :le mafracrerent,voulans faire le mefme à fa fem- Franguys , afin de faire périr la créature qu'elle l'fpitauoir dans le ventre : mais Pirond Vayfa la de- 6gs Cefte-cy ayant enfante en fon temps vn fils, on l'ab. pclla Kaykozrrab.lequel le mefme Pirond Vayfa fit ca- cher aucampiufqu'à ce que GuynfiRde Gudarsl'en- leua par après en Perfe.laquclîe eut beaucoup de ref- kar.mentdelamort de Syauez, & principalement le pere, lequel fe voulant vanger de la mort de foft filsi donna vuepuilfante armée à Roftan, auec comman- den^ent exprès dp liurer la bataiUcà Afraciab, ce qu'il hi.ledcfit & vainquit, faifant mourir Garcenes forf fi-ere : fi bien que Roftan s'en alloic viétorieux quand il eut aduis que Chaydah fils d'Afraciab venoit au de- uant de luy auec vne autre armée. Roftan alors^en la compagnie duquel eftoit Frayborz fils du Roy Kay-» ^aus, ôc flere du mort Syauez^ recommença le c6m- bat auec p us d'animofité qu'auparauant,&recognoif- lant Chaydah courut contre luy la lance à l'arreft,& le renueria mort par terre, ce qui fut caufede mettre le reftc des Turcs en fuite. Roftan pourfuiuant fa viétoi- re entra dedans Turon.le lieu où eftoit la Cour d'Afra-' ciab,&le chef du Turqueftan, que les Perfes pillèrent &mirentà fac, oftans tous les threfors&richelTesdes habitans dicelle. Franguys femme de Syauex eftoit pour lors en cette ville, laquelle Roftan enuoya prier de luy monftrer fon fils.- dequoy elle i^'excufa . difant qu elle ne fçauoit où il eftoit, fi bien que Roftan s'en retourna en la Perfe, auquel le Roy fit plufieurs hon- neurs & prefens,& le renuoya à fon Gouuerttement. • î;°>',^^y^aus defiroiî infiniment d'auoir fon pe- tit fils Kay kozrrao fils de Syauez & de Franguys , qui eftoit lors aTuron, cela fut caufe qu'il enuoya au Tur- queftan Guyn fils de Gudarz,noble Perfien.i de eran- de iuftifance, pour négocier cefte aftkire, laquelle il fie il dextrement reuftîr, qu'il entra à Turon, veid Fran- guys^&lepetit Kaykozrraa auquel il perfuada d'a- bandonner ce pays-là,&s'en venir en Perfe, ce qu'ils firent, accompagnez feulement du mefme Guyn, & de Pirond Tayfa^uraydaht le long du chemin, iùf- ques à ce qu'ils fulTent arriyez à la Cour du Roy de l erle, ou lis furent receus comme il leur appartenoit. Au bout de quelque temps le Roy Kaykaus voyant re- luire pluheurs vertus & perfcdions en fon petit fils Kaykozrrao, e fie Capitaine gênerai de fes armées: tailantauffi plufieurs recompenfes à Guyn pour fes leruices, Cecyfut caufe d'vn grand remuement à fa Cour Royale entre Thus oncle de Kaykaus, à caufe deTrayborz autre fils de Kaykaus, & Kaykozrrao.xar celtuy-cy iupportoit fort impatiemment, que les def- cendansd'vnfang fi cruel & fi ennemy delà Perfe, hilt préfère aux naturels du pays : fi bien que la Cour hitdiuisee endeux partialitez, l'vnedeFrayborz:l'au- tre de Kaykozrrao,,auquel Guyn s'eftoit ioinâ: pour ' ieiecourir.Tous ces diuorces eftoient fort contraires à l intention du Roy, lequel pour y remédier fit ce qui senluit. ^ A l'heure gouuernoit la ville d'Ardauel vnBahaman^ lequel couroit& infedoit toute la terre dePerfe-Kay- kaus fit donc i. çamps égaux en nombre d'hommes. & en f orces,en donnant à vn chacun des pretendans,leur diiant que celuy qui auroit le premier le deifus de l'en- nemy, ce feroit celuy qui deuanceroir fon compagnori cngrandeur,&: en dignité: dequoy ils furent tous deux contents. Frayborz périt le premier. & nç fit aucune cjiofe di- gne de mémoire : mais Kaykozrrao combattit contre Bahamâ,le vainquit,& s'alîqieait la Cité d'Ardauel,& retourne à la Cour fut declaré.hericier du Royaume,& Guyn fon Capitaine général. Èt qiîanr à Kaykaus il fc retira enfohtude, aptes auoir régné feomme on dit) cent cinquante ans. Cette ville d'Ardaucl, ou Ardauil eit vne Cité en la i erlCcnlaProiiinccde Ardebaion.diftantede peu de journecsde Tabris,Qu Tauris, non moins grande que renonvnce. / 696 Abrégé deTHiftoire. renommée, à caafc qu elle a efté la partie de Chèque, Mdâr peve de e*eque,ouCha ifmael Sophy.les del- cendans duquel régnent eneor aujourd'huy. Kciyhoxrrao IV, Roy de Perfe. Kaykozrrao ainfi païuenu à la Royauté, autant pât fa valeur &bon-heur,qac par la parriculiere bien- veil- lance de fon ayeul dés fon aduenement à la Couronne pour donner vne preuue à fon peuple , qu'il n'auoic point fait mauuais iugement de luy , il reforma la lu- flice.quis'eftoic toute deprauée&corrompue pendant les Guerres palTées, tafchant de remédier aux pertes & ruines d'vn chacun, par fa liberté & manfuetudc, puis il alfembla fesElVats^aufquelsilpropofala guerre qu il pretendoit de faire auxTurcs,en fatisfadîon de la mort qu'ils auoient donnée à fon pere ; ce que tous approu- uerenc & s'offrirent de le fuiurc:de lorte qu'il enuoya Frayborz frère de fon pere,& Thus fon grand oncle & fils deNaudar, auec 3o.milles cheuauxpour couru les terres duTurqueftan. ^ Kaykozrrao auoit vn fils nommeSy auex,lequel pre- nant de fort mauuaife part , que lonfift la guerre à fon ayeul, comme s'il euft leceu quelque grande in* iure, le retira àTuron. PyronVayfa , lequel comme il a efté dïGt cy-deffus . eftoit venu en la Perfeauec Guyn, quand il emmena Kaykozrrao auec famere Franeuys, & s'y eftoit marié , ayant eu vn fixs qu on appelloit Ferud, lequel comme il fut venu en âge,s en alla àTurqueftan. ' r c\. . n LeRoy aymoit ce ieunc homme comme Ion Ws . n bien que lors qu'il enuoya Frayborz au Turqueftan> ayant entendu que Ferud auoit la garde d'vne forte- reifcil commanda exprelfément à les Capitaines qu il fe deftournalTent d'icelle, mais eux eftans obhgez par le chemin qui les conduiloit^d'ypalTer , ils pnndrent leur ch'emin à l'entour d'icelle : ce qu'ayant entendu Ferud, il fit vne fortie fur iceux, & les combattit, mais il demeura fur la place, ce qu'ayant entendu le Roy de Perfe,il en eut vn extrême deplaifir,& comme on luy dit que Thus en auoit efté la caufe , il le ht ve- nir en fa Cour. & mettre en prifon, Frayborz de Gu- darz conrinucrent.la guerre contre les Turcs , ou Us eurent mauuais fuccez.d'autant que Pirond Vayia les vainquit auec vn grand mailkre desPerfes, & entre autres foixante le pays fi bien qu'il fe fanua (eul , &en mauuais :quipagc-,pairant au Turquétan,où eflac arriué par vne certaine auanture, U le maria fans eftrc cognû , à la fiile iu Roy de ce pays-la , ce qui aduinten cette manière. Ccltcu vnecouftumeanoenne au Turqueftan que ors que le Roy vouloir marier quelque iîennefillcde allembler tn vn csmp,où tout le peuple s'alfembloit. |Ui eltoit en cette faifon - I2 en la Cour , chacun le Mn^Aj a o ^"""'^''-^r comporta auec tant d adrefîe . & de galanterie,que le Roy le loUa fort, a quoyil répondit qu'il ne fefalloit paseftonner s'i'i auoitvnerel e dextérité à fe battr*. ^ -I.- , "'^'^'^ biOnn A. n , ^"'^^ ^ cheual auec vn balon de Canne, luyqu, auoit nettoyé le Royaume des perturbateurs d'iceluy, ceqne le Roy ayant en- tendu. & informé comme le tout s'eftoitpafié, en de, meuradauantage fatisfaiâ:. Gulbfph cependant fçachant combien fon pereluy vouloir du mai, poureftre retué chez Tes ennemis . & qu .1 cherchoit moyen de s'en vanger,penrant au grâd d.fterentqu 1 auo.c eu auec fon pere, & de combien il auoit deurelîentufonabfence, ne fçachant point en- cor en que! heu il s'cftoit perda.il fe refoiut de luy fai- re la guerre , & auec defir il perfuada â fon beau pere de luy .efuier le tnbut qu'il luy payoit pour fon pays, Ambalfadeur de fa part pour luy dénoncer la guerre. Cette nouueaute eftonna fort le Roy Lorafph:& s'en- querac de la cairfe principale qui mouuoit le Roy des 1 urcs à fe leuoher, trouuant les raifons de l'Amb. (fa- deur fort foibîej pour vne affaire fi importante , il dé- couunt enfin que c eftoit vn elîranger,bÔme de valeur qui par vne inopinée auanturc auoit cfpousé la fille de ce Roy, qui eftoit caufe de tout ce mal.Cela fut caufe quil s.nforn^aplus particolicreir.ent qui tftoit cét elhager, &trouua enfin que c'ertok fon fils Guftafph, dequoy eOac bien aireuré,d d.fpefcha vn Ambaftadeur vers Ion leune fils , nomn^é Zana, , fre. ,e de GuOafph, afin qu eux deux enfèmblel'allaiTent trouucr,& i'inci- tafientde venir prendre la poffeffion du Royaume. Guftafph ayant eu aduis de cette depefche partit de la Courau deuant d eux auparauant que fon beau pere eu euft la cognoiftance,& parla à fon frère Zari., recelant la Il3rfr>m"mn r>«r ^ I . ,w, •. -i • bm t„us„,is en ordre /cVIl^qL^of c£ m r é; i^^ „■ . '-«^l'cquiacuoiceitre mariée [toitprifc du Roy fpn pere par vne main,& en l'autre •noit vne pomme d'or de la figure & grandeur d'vne range, toute enrichie de très fines pierreries: puis tant mife en heu où ellcpourroit voir particulière, et cette affemblée.regardoit & confideroit l'vn après lutte fort long-temps, finalement en ayant remarqué 'elqu vn quiluy plaifoit, elle luy alloit donner cette >nime,&cettuy là eftoit tenuinuiolablement pour mary. Or il arriua qu'aux temps que Guftafph entra la Cour, le Roy vouloir marier vne de fes filles, la- melle par cunofiré,cenouueau venu voulut aller voir lis Ion aduanture voulut qu'il plut à cette Princeffe, bien quelle luy donna la pomme,dequoy le Roy fon rc fut fort marry, pour ne iccognoiftre Guftafph,& -Grands qui fe trouuerent là firent plufieurs plain- .comme 11 tout ordre euft efté renuersé : de forte epoureuuer qu'à l'aduenir il n'arriuaft femblable Ole, on fit vneloy, par laquelle il ne feroit plus per- s d'orefnauanc aux filles du Roy d'eftremances à atics qu'à ceux de leur qualitcz & mérite. Ce Roy Mt encore deux autres filles d'vne rare beauté, qui ' fureijt demandées par deux fils dvnRoy fien voi- aufquels il les promu, à cÔdicion qu'ils reduiro lét ;sfa puiilance deux des plus grands Seigneurs de pays, & qui auoicnt efté caufe de beaucoup de mal Ion Royaume î leparty &i'entrepnlc leur femble- tfort difficiles: mais ayans eu cogoilfance de la eur de Guftafph, ils trouuerent moyen de luy fa-.re reprendre cette charge, à la perfuahon de les amis: ;nant donc qu'il s'en alloit àla chalTe auec vncfui- iccelFaiire à Ion delTein, il donna vn fi bon ordre , k iduifitfidextremenqcncette entrepriie , qu'il le' les dompta,! es mettant en la pui fiance des deux es qui eftoient auec luyT lefqucis les ailcrer.t pre- (T I , ' . r, - r ^^''^ °^ cette aftemblee.cequeftatfait^ilfitappeller fon beau pere, lequel eftant arriueilà,& le voyât en cet eftat fut trou- blc &confus, penfant que ce fot quelque menée & trahifonpotirledepoïïederdefonRoyaumemaisayâc Içeucorameletouts'eftoitpaftc.ill'embrafta plufieurs fois auec grande joye, Guftafph ayant pris incontinent après coge de fon beau pere. il s'en alla en Perfe, em- menant quant & foy fa femmcKarahud (car ainfi s'ap- pelloitlafil!eduRoy,qui luy auoit donné la pomme) Se grande compagnie de gens ôc de chameaux charaez degades riche(re.:Lorafph fon perele receutauecis demonftrations de grand amouivqui creut encore da- uantage pour fes feruices qu'il luy rendit parapres, enfin le pere ayanè paifé quelques années auec fes fils, lalk du maniemêt des affaires.le retira de la Cour pcur pafler fes lours en vne vie lolitaircoù il mourut quel- que temps après, donnant àfoji fils de très- bons & ne. ceftaires confeils,pour le Gouuernernent de fon £ftat, on l'auoit fufnoramé Lorafph Bsikah d'autant que la meilleure partie du tem^psil relîdoit à Balk. Guflafph XVI, Roy de Perfe, Quand Lorafph fe retira de la Cour, il laiffafon filg Guftalph.ou Guftafef commandant au Royaume:cetr cuy cy fut vn Prince fort vaillant à la guerre,& prudêt à la paix.fort addonjné à l'idolâtrie & veneratiô du feu s laquelle fupcrftition il fut tellement zelc, qu'il fit la guerre à ceux qui ne vouloient pas fuiure fon opmioc, :omme il fit à Ariafph,ou Ariafph Roy de Tnron poor Pauoir repris en vne de fes lettres, fur cequ'iUuy ma- doit qu'il fuiuiftla fedede Zarduch,qtii eftoit çelle dê 'eu, c'eftoit de la Prouince d'Aderbajô eu Araibuon, -eft à due Prouince du feu, que rette fupeiftu on Nnn auoit 698 Abrégé de l'Hiftoire auoit pns fon cours, & «luy qui fat le Premier inucn- twr dcx«tc kdc, s'appclloit Zardach, ccftàdice Guftafph donc en colère d« peu de reipeft qu A- riafph auoit rendu aie reprendre enreslettres,re mit en camp3gne,accompagné de fon frère Zazjr,& de Sphan- diar fon fils, auec le plus grand nombre de gens de suerre , qu'il pût, prenant la volte deTuron donna la bataille contre Ariafph, le vainquit,mettant a mort les fils & Tes frères, fans perdre le temps s'en alla contre Turon, laquelle il prit & faccagea , & de là s en retour nantenPerfe , où arriué il fit mettre en prifonfonfi Sphandiaren vne forterelTe nommée Guerdkuh en a contrée de Rudbar , pour quelque foupçon qu il au 01 deluyrdurantquececy fepaffoit en Perfe, Arufph aya alTemblé vne nonuelle armée entra dans le pays , p^mt Balk qu'il faccagea , emmenant caprines quelques h . de Guftafph , & ne fe contentant pas de cela , il entra aaant dans la Prouince,auec vne telle promptitude que Guftafph n'ayant pasaffez d'a(renrance pour lauendre féal, ayant appellé fon confeil, il fut d'adu.s de delmrer fon fils Sphâdiar. & luy donner la charge de cette gue - re,laquellecettuy cynevoulut pomtreceuoirny for r de p?ifon: enfin toutesfois aux prières de «"on frère la „,afph. &auec la paroUe que fon pere luy donna.dejuy bifler la charge du Royaumcs'il reuenoïc vidorieux , , fcrnu en chemin auec vn bon nombre de gens de game,il marcha contre Ariafph , donn. la bataille , & Lportalaviftoire , ^ s'en retourna auec icelle en Perfe, fon pere luy allaft aufTwoft audeuant. luy de- monftrant toute la bien-veuUlance qu'il fe PO""°'^ ' f Ldiatoutesfoisque cette vidoue deuoit eftre eft - Sepeude chofe. tant que fe.fœurs fero.ent captiue Sesmains del'ennemy : dequoy Sphandiar ayant honte, & pour ne faillir à fon obligation.il fit vne efti- te de tout; fon armée de zj- milles hommes , uoco. de pied,& uooo.de cheual,& accompagné de Buchutan fon ieune frère . pourfuiuit fon ennemy : rnais ils adui- ferentparlechemin de fefeparer . ce qu'ils firentà vn carfour , dont les trois chemins alloicnt tous aTuron, donnant le plus grand chemin à Buchutan fon frère , ou il y auoit de grandes prairies . le chemin eftant plus ay- séà tenir , auec commandement qu étant arriuc en vn eu nom-éParuindez. il fe miften embufcadeauec fes croupes. & fe tinft Ta coy fans bruift , de cra.nte " ils fuVnt entendus de ceux de Turon , Se comrne il faifoitdéjanuia : comme c'efto.tla couftume en cette ville d'allumer alors de grands feux, q» ajors ' donnaft dedans , auec la plus grande impctuofite qu il Dourroit. , 1 ^ ^ Quant à Sphandiar , prenant auec luy quelque com- paome , allèrent par vn autre chemin habillez en n.ar- Kands ; à Aptko'n , c'eft à d,re fept Roys ^ou fq>t e - pneuis,ayans porté auec foy force joyaux ,& p. errene ^e orande valeur , car c'eftoit la couftume des Perfes allai à la guerre . de porter quant Se eux toutes leurs r hedes, lequel chemin eftoit beaucoup plus court que BucLtan. Sibien que Sphand.ar ^--^^JT^ auec fcs compagnons en fept ou huid lours, fe preien- an a nf enLcouftremenrde marchand deuat Ariafph auec les joyaux qu'il porto,t , fe coridmfant de forre n fon emrlprife , qu'il l^S^'^^"^^? Tftl ar ' Roy, & comme il eut eu aduis <î"«^^^^Vf^"7^; Le' au rendez-vous, il demanda P^^"^'^^" ^r^^r our fuiuantvn banquet .u Roy, &à ceux de fa Cou , oa'.l auo.t intention de drelTer en la campagne voifi Z de là v.Ue & fur l'occaf.on de ce feftin il fit plufieurs feuxorés de la n uiaille o'ice le. b 'c u.an qui aooit l'ail au guet . les deconurU in. cent nent , & alors for.rt de fon embufche vint occu- per ous Us chemuis, & auec vne grande imf^tuofuc L tta dans la ville où il fit vn grand malfacre , àc la fac cagea , ne referuant pour luy de tout le pillage qu vn thïofne d'or, enrichy de fipes pierreries d vne merueil- leufc beauté auec vn Eléphant blanc. Cela fait , il deliura fcs deux fœurs queSphandtar lu ura à fon frère Buchuran, pour les remmener en Ferle, & quant à luy. il prù fon chemin vers la mer de l Inde po2r forcer quelques nations à fuiure la fuperftu euf opinion dufeu,deliils'en retourna en Perfe.ou il fat fort bien receu de fon pere, lequel au lieu du Royaume qu'il luy auoit promis, il luy fit faire plufieurs grande & perilleufes entreprifes, defquelles 11 fortit a fon ho^ neur, finalement Ion pere voulut qu'il allaft chercher Roftan qui s'eftoit retiré en Sifton fans le venir trouuet au commencement de fon règne. Sphandiar y fut, mais contre fa volonté, & feulement pour obcuàlon pere, auquel il ditque ce n'eftoit pas accomplir ce qu il auoit promis , Se que c'eftoit mal tecognu l'obligation qu'il auoità Roftan, .1 s'en alla donc à Sifton menant auec foy vn fien fils nommé Bahaman,lcquel comme 11 alloit deuant Ton pere , il vid de loin defcetjdre d vne collineRoftan,au deuantduqucl il fut, &luyduqm .,^„^iro«»mr de 1 OUI* couine ivuudu , ..u uvu.- 1- - j^i eftoit toute cette trouppe qu'il voyoït venir de loin, dequoy Roftan fetrouua tout étonne , toutesfois cltail^ allé au deuant bailèr la main à Sphandiar,& comme cét- tuv cy luy eut déclaré la caufe de fa venue , qui n «ou autre que pour le faire venir à la Cour de fon pere,l au. tre luy répondit que Ton âge le deuoit mamtenant dit pcnfcr de telles 'obligations ; & qu'en cas de neceltit- on le trouueroit toujours à propos. Sphandiar incuoi au contraireXi bicnqu'é ces difputes ils en çindrent au paroles plusaigrcs. &fe défièrent, mettant fouuainl Lin aux armes : quant âSphandiar , il ecoit tenu pou vn des plus mdes & hardis Cheualiers dela Pecfe.aat reduifit. il fon aduerfaire en tels termes, qu'il ne hlU) plus que parer aux coups , toutesfois comme l çxtreir neceffité fait renaiftre fouuent nouuellcs forces , ill vn fi grand effort , qu'il blcffa mortellement Sphandia lequel mourut incontinent de cette bleiTure.recomiri dant fon fils Bahaman à Roftan , auparauant qucde re, dr£ l'efprit Se fon corps , à fon frère Buchutan , qu. le emporter en Perfe.où on luy donna fepulture condi^ à fa grandeur , fon pere Guftafph en eut vn grandn fentiment dedouleur, ne tenant plus conte de rien e treprendre dépuis cette mort,toutesfois le Ro/ de Ti queftan eftant venu couri r les terres de Perfe . il fut co traina.de mettre fus vncnouuelle armée, auec laque il battit Se vainquit fon ennemy . fe retuantapres ch roY,où il vid venir fon petit fils Bahaman.qui eftoit 1( à Sifton , auquelil refigna fonRoyaume. & fe retira vn lieu nommé Chozglinar, poury paflér le refte de iours en vie folitaire: ce lieu eftoit vne maifon dep fance, laquelle pour fa belle Architedure , ceux du [ difoientcftre vne œuure de Soliman Bendaut , ce dire Salomon fils deDauid, diftante de Scyras de milles, Guftafph fonda la cité de Afuartah . qu il ! nomma Herbout , & ayant vécu quelques années a{ il mourut ayant régné fix vingts ans. Bahaman Vara^daJÎ XVIL-Koyâe Per^ Apres la retraidte de Guftafph , Bahaman fon pctii luyfucceda, qui fut furnommc Darazdaft,c eftad la longue main.on l'appelle auiïi Ard ch.r.qui eft le commun qu'on luy donne aux Chroniques de 1 qui luy fut donné pour vne telle occafion : comn mere eftoit grolTe de luy, vnAftrologue vint von ayeulGuftatph , &• fon pere Sphandiar, lequel apn auoirfalucZs'addrefrantàSphâdiar,&luy prefenta. petit panier.luydit quec'efto.t pour y mettrele ht: naiftioitdeluy , lequel ayant decouuert,ny auoui chofe dedans qu'vnvaiflcau plein de laiôt , « vn de farine , leur difant que Ion pouuoir ne s eltct Des Rojs de Perfè. pas àplus gra^id prefentrfcs Princes demcurerét fort fa tisfaidsdu difcoius . de cC fagc, prirent fi grand plaifir à fon prefent, qu'ils donnèrent vn nom à leurs fils des chofes qu'il auoit offertes ; car Ard en langue Perficnnc eft àdirefarine; & chir c'eft à dire lai ce qui fit croire au lauandicr qu'il venoit de quelque Uiuftte maifon,renlcuant donc de'là auec tout ce qu'il auoit quant & foy , il le porta à (à femme, laquelle le nourrit &c efleiia auec vn grand foinj& l'appella Darab , formant fon nom de la caffette où il auoit eftc enclos, <3c de l'eau fur laquelle il auoit eftc expofé : car Dar en langue Perficnncfignific quel- que table ou bois,& Ab fignific eau : à quelques ans de là , Darab eftant aflez grand pour apprendre quelque chofejle lauandier qui le vouloir drciler ("elon l'eftat où il fe trouuoit pour lors, luy voulut faire apprendre quel- que métier: mais l'inclination de Darab y eftoit tout contraire, l'eftat de la fortune ne luy ayant pu faire pcr-. dre le reflentiment de fon grand regret , & qu'il eftoit plus porté aux armes qu'à toute autre vâcation:cela fut caufe que le lauandier cognoiffant fon humeur luy achepta des armes, & lemit en équipage lemieuxqu'il piàt> luy donnant vne petite prouifion pour fa vie j & l'cnucya chercher quelque place aux compagnies.' Alors la Royne Homay eftoit en guerre contre la nation de Rumeftan , contre laquelle elle vouloiten- uoyer vne puilTante armée : ce fut làoù Darab s'enrool-' la , & fie fon premier apprenti liage , les Perfes de cette armée curent iournée auec leurs ennemis , en laquelle il fit de fi cftrangcs faids d'armes, qu'il remplit d'cfton- rcment tous fes compagnons, leiqucls ne parioient plus que de fcs faiéts. Les affaires de Rumeftan eftans pacifiées , le Capi tainc General vint rendre Compte de ce qui s'eftoit pafféàHomay, & entr'autres d'vn ieune loldat tout nouucau venu aux armées, lequel il ne le pouuoit laffer delolier, ce qui fut caule que la Royne voulut qu'il fut amené dèuant elle, où eftant, elle s'en- quit de luy comme il auoit nom, & de qui il eftoit fils : luy répondit que fon nom eftoit Darab , àque pourpere & mete il ne recognoifloit qn'vn lauandier & fa femme , raconta la caule de fon nom , ôc com* ment il auoit eftc trouué , ainfi qu'il l'auoit entendu d'cux:par ce difcours la Royne vint à recognoiftreque cettuy-cy eftoit fon fils , &c en eftant alfeurée luy remit entre les mains le Royaume, duquel elle auoit joLiy 31. ans . elle fonda la viile de Gerbatkon , & fit efleuer par la Perfc lufqu'à mille Pyramides d'vne cftrange _Archite6turc, lefquclles Alexandre fit toutes abattre par après. . * , Abreeé de l'Hiftoire Darab-kcbar X I X.Rd-fWPerfe, Darab fils dé Homay paruenu ainfi à la Couronne de Perfe, entra au Gouuernement auec le contentement r cor desRbys fei vo!fins,cxcef)té de Phaylacus Roy de Yundn > ccft ceiuy que nous nommerons Philippe de Macédoine. & perc du grand Alexandre, lequel en- orgueilly pour les victoires qu'il auoit obtenues en la Grèce, refufa le tribut que fes predeceifeurs fouloicnt payer long-temps aupatauantauxRoys dePcrfe > ce qui fut caufe qu'il print les armes contre Darab , lequel luy fit lagucrre,premicremcnt par fes Capitaines,& de- puis en propre perfonnc , en laquelle Phaylacus fut vaincu , & contrainft de fe retirer en vne forterefle, où Darab l'aflîegca : La paix toutesfois fut conclue en- entr'eux moyennant 40. milles pcfans d'or, que Phay- lacus &les fiens payeroicnt chacun an à Darab, &à fes fucceffeurs : & afin que ce traidté fuft plus inuiola- ble, Darab demanda à Phaylacus vne fiennéfillete- nuë pour vne des plus belles Princcffes de fon temps, ce qui fut fait: mais elle fut fort peu auec Darab qui la ré- pudia, à caufe quelle auoit l'haleine mauuaife. Ce fut en ce temps que Karimath femme de Phaylacus , de- uint groffe ( non de fon mary , comme difent quel- ques- vns) & accoucha en fon temps d'vn fils nomrtié Afcandar , ou Alexandre. Darab après cette guerre s'en retourna enPerfe , & mourut bieu-toft après laiffant fon Royaume à fon fils Darab, après auoir régné 4,anj. Darah S eguer^ ou KmhehjC X. Koy de Perfe, Darab furnommé le petit, I L du nom,& fils du pre- mier Darab, après la mort de fon pete paruint au Ro- yaume, il auoit vne mauuaife inclination , fanscourtoi- fie dcfloyal, d'vn regard farouche, fi bien que pourtou- tes fcs mauuaifes conditions, ilfutautat haydeseftran- gers & des fiens, quefon pere en auoit elicaymc, & s'acquit tellement la difgracc de fes fujeds , qu'ils con- fpircrent contre luy, & refolurent de fe mettrcentre les mains d'Afcandar, ou Alexandre fils de Philippe,au- queltouslesVvazirs ou Seigneurs ccriuent d'vn com- mun confcntement qu'il vinft en diligéce en Perfc, auec le plus grand nombre d'hoiftties qu'il luy feroitpofli- ble luy promcttans toute afSftance , & donnans con- feil poiircommencerla guerre, auec quelqueapparence de rcfufer letribut de 40. railles pefans d'or auquel fon perc l'auoit obligé. Afcandar qui naturelle.ment eftoit belliqueux, vo- yant vue offre fi conforme à ce qu'il dcfiroitle plus ,ne perdit pas l'occalion, ains fuiuit le coufeil qu'on luy donnoit, & refufa le tribut. Darab qui vid fon fubjeÀ vouloir fecouèrleioug, le luy enuoya demander par vrt Ambaffadcur , auquel Alexandre répondit que ceux qui payoientles tributs eftoient morts. Darab luy enuoya aptes vne féconde Ambaffade, de par laquelle il enuoya vne petite cachuette, vneboullette.vn fac plein de piet'j res, & vn buffet de deniers.U y a plufieurs opinions en» tre les Hiftoriens de Perfcde ce quevouloient fignifier ces chofes : mais la plus commune, c'cft que par la pre- miere,il vouloit dire qu'il eftoit encor vn ieune garçon fans iugement ny confideration : par lafeconde,il figni- fioit le grand nombre dépeuple qui eftoit en fesRo- yaumcs:&par la dernière ,1a grande abondance d'or & d'argent quil poffedoit , le tout voulant dire quec'étoit vne grande terneiité à luy fi petit compagnon desad- drefter à vn fi riche &puiffanî: Monarque, (car c'cft la couftume entre les Orirntauxdc fe faire entendre plu-', ftoft par figures & comparaifons » que par plus longs difcours.) ' ; Afcandar receut cette Ambaffade comme il eftoit défia en campagne iauec vne armée non grandeen nom- bre , mais tous de gens d'élite & de grande expérien- ce à la guerre v &faifaïit vne ailufion de tout ce que luy enuoyoit Darab ', il conoerrit le tout à i'aduaiuage d'vn heureux fuccez pour fcs deffeins , & pourfuiuanc. fon chemin cnir» dûns l'Afie fans aucune notable tefi- ftance. ■ Il fonda cn Egypte-en vn po;t fo«t cam,iT;oJepouc DesRojs de Perle. Ces affaires en vne ville qu'il nomma Hc fon nom Aie xandrie. Cctfe vilie de qui la renommée s'cfl épandnë paitouc le monde : Il f^ncaum Macère qui elt le grand Caïre.hquelleatoufiouri efté la première & la princi pale de toute l'Egypte , comme le^ Authcius i onc lailTc par trad-ition, c'eft celle que l-s Latins appellent Mem- ph^«,^ î .'fijsahen des Hcbi eux , & depuis les A. ahes- Per- les & Turcs par corruption de langage l'appellent Mef- leré,qui n'eft diftâ-eque d'vn mille de fa première ficua non, ce futlàqu'arriua la fortune du chaftelofeph, là aufll où nafquit le Prophète Moyfe, & là où il fut expo- se fur le Nil.Iequel baigne les murs de la villc,& quant au nom de Cve , qvi eft celuy que nous luy donnons à prefent:Mn cond en la 4. partie de fon Hiitoire, au raos portdeTechireen la religion qu'il faiû des Califes du Caire après plufieurs & diuers fucccz , il dit que Meile- rcainfi s'appelloit elle alors, vint au pouuoird'vn Roy nommé Moliez, lequel enuoya de Damas vn fienefcla ue grand Capitaine Se conquérant nommé lauuarKa- den, pour gouuerner cette cité qui eftoit lors fous fa puiiFance, pour la fcureté de laquelle ceccny cy fie baftir vne forterede proche d'icelle qu'il nomma Kayrchen l'honneur d'yne des femmes de fon Seigneur, qui eftoit ainfi nommé, &à la fuitte du temps cenouueau bâti- pient ciiit dételle forte qu'on mit quafi en oubiy le nom de Melîeré.fi bien qu'on né la recognoiftplus en ' l'Europe que par le nom de Kaych ou CaîVe peu de let- ' tre changée. Alexandre palTe de là en Armenie,où eftant il récent vne lettre de L)arab,par laquelle il l'exhortoic à ne fe pas ' hazarder en bataille, tantofl: luy voulant perfuader, commes'ileuftefté curieux de fon bien, tantoft vfant de menaccs,Alexandreluy répondit que les Royaumes & les Empires n'éroient tenus d'autres que de Dieu.qui les donnoit,& oltoit ainfi qu'il luy plaifoit & comme il eltoit (eruy, les AmbalTadeurs expédiez il continua fon chemin en la i^rquinced'Adcrbajon.où il combattit vn Capitaine de Darab qui la gardoit & le vainquit.&de là entra en la Prouince de Gueylon. Ce Gueylon fut autrcsfois vn grand Royaume,main. tenant reduit en Prouince, & diuiséeen gouuerne- mens:les Perfes l'appellent Gueylon ou Guyîon , mais les naturels le nomment Endlafet, c'eft à dire Inde Blanche pour eftre forte,gaye & plaisate,à comparaifon delavrayelnde.-elle tientles ports & l'entrée de plu- heurs Royaumes,& en laquelle il fe faidvn fortprand trafic, telle comme Kefahport, en cette ciré principale des Tartares , & le ficuue de Arakam. peuple de Mof-o- uie, qui a plufieurs autres nuicres marchandes oui ont leur confluant en iccluy. ^ Mais pour retourner maintenant à Alexandre laif. fant les terres de Gueylon , il s'en alla en la contrée de Nacudunya.&s'adrellant à la ville principale du heu il la fit brufler mfques auxfondemens : delàifentraen'la Perfe,oLi Darab luy vint à l'encontrc auec vne armée in- nombrable, oijil fe donna vne grande &fanglante ba- taille, de laquelle Afcandar eut la viftoirc, & Darab s'enfuit du camp , lailfant en iccluy la meilleure partie desfiens fur la place &tous fcs threfors , fes femmes & • les hllcs tfaptiues , & au pouuoir d'Alexandre. Plufi'-urs des foldats de Darab lefuiuirent en fafuicte, bon nom bre defquels^enoya aupafîage d'vne riuiere, àcaufe qu'étant glacée , plufieurs eltoienc palTez deuanc pour ionder le gue , &rayans trouué à propos, Daras palfa puis après tout le reftedefes gens, dcfquels plufieurs fe noyèrent. Apres que Darab fut en lieu de feureté, il enuoya desAmbalfadeursà Afc-andar. luy promettant que s'il ^ vouloit rendre fes femmes &fes fiiies,&s'en retourner V en la Grèce, qu'il le déchargeoit du tribut qu'il luy de- uoit pour fes terres, &mefmes le tiendrait quitte des années qui luy eltoient deuës : Et cependant que ce trai. 7oi élé'fe negocioit il enuoya d'autres Ambadadcurs aux Roys de Macharek , Se de l'Inde fes vaflaiix Garnis, !cf, quels (cachas l'eftatdefcsaffiires le fecoururent.- de for- te qu'il mit fis vne armée plus puifâce que laprernici e. Quant à Alexandre il fe mocqua des conditions de Darab , & luy prefenta derechef le combat, duquelil demeura viâoneux, contraignant Darab de fe retirer en vne forterefifey où quelques vns de (es nibjedlsluy don. nerent plufieurs coups de poignards, & lelailfans pour mortjfe retirèrent au campd'Alexandre,tequel ayanteu aduis de leur trahifon^alîa en grand hafte (;ù eftoit pour lors Darab,& l'ayant trouué preft de rendre les derniers foulpirs auec vn regret extierce de l'eftatoij illevoyoir,, il répandit beaucoup de larmes, leuant les yeux au Ciel, qu'il prenoit pour témoin de fon innocence , en cette aâion-là Darab luy répondit abec paroles de rcmercie- ment.qu'il le croyoit,le priant de prendre le châtimentj & le vtnger de fes ttaîUres, efpouler fa fille Ruchanch, & de ne permettre point que les Royaumes vinlTent en main étrangère, Alexandre iuy promit- d'accomplir le tout:puis ayant fait plufieurs plaintes fore lamentables lut la mifere de la vie huniaioe, &rïnconftance des biens temporels , ( que Mircond écrit fort amplement) il fendit l'efpnt ayant régné 14. ans. ■ ' Monarchie des Macédoniens. 'Afcandar:, on Alexandre X II. Roy de Perfe S c A N D A R , on Sacandar, ainfi appellé des Merfes,Arabes &Turcs,&par vn autre nom ^ Zurkamheh , qui eftlemefmeque nousdi- sôs Alexidre, paruintnô feulement à l'Em pire i^erle, mais encoreàceluy de Grèce, ïnde,Tarta. ¥ane.&dvnebonne partie du monde: LesArabesparlans delà Perfe, la dmire^îen d.ux I rouinces, qu'ils appellent toutes deux H.cr^khen, i vne qui a pour Ciré métropolitaine frohann, & rt-rre- cy s'appelle Hierakagemy. quieft leHierakde la Perfé, 1 autre de BabyioneouBigadet, qui fait vne paniede 1 Arabie, & contient l'Egypte, Se autres « rou-nces: cette-cys appelle Hierabraby , mais quand ils difent Hierakhen , c'eft à due , des deux Prouinces en- lemble. Tous les Autheors Perfiens difent qu'Alexandce ne fut point fiîs de Faylakos, ou Phslippes mais difenc qu vnhen vaiTal nommé Koîus deuinc amoureux delà Keyne (afemn^e, lequel aiîc que le moyen dejouyr d'elle anec plus de liberté , eftoit de faire mourir le Roy- I hilippes,ce qu'il mit en executio quelque temps après: ce que (cachant Alexandre accompagné d'vn nommé Barachiis ion principal Capitaine: à allant tfouuerle traiftre Koiusletua de famain, cequ'.yant faid, il s'en adatrouuer Pnilippes quafi expirant :& après plufieurs plaintes, Philippes cognoi0ànt fa mort print Alexan- dre, &le mitaumiheu de tous les Grands qui eftcienc lapreicns , les requérant qu'ils le receuffenî pour Roy & luy rendifient obeylfance : après cela il le mit entre les mains d'Anftotepour eftre d'orénauanc fon maiftre, comeil^fut auec vn fort grand fosng,il luy enfeigna aui; Iicequ'ij deuoitfaire.pcar bien & equitablemcnr régir les lul- jets, puis il mourut. • Alexandre donc ayant conquis la Perfe, après la mort de Darab, efpouia fa fille Ruchank , leauetnom igmhe lumière, telle que peut faire vne chandeileal-. lumee.Il mit auffi leR^yuimede Perie entre les mains d vn parent de Darab . 6c diuila toute cette N^onarchic en S'o.Gouuernemcns qu'il donnaftàaurancdc fcsGa. puaihes» N nn î II Abrégé dcI'Hiftoire 702 H fît traduire de langue Pcrucne en la Grecque trois liurcs ,lVn nomme Tcb , qui traidoit de la Médecine» l'autre Noiun de l'Aftrologie & Mathématique, (Noiû ert le mefme qu'cftoillcs en langue Perfienne} &: l'autre de Philofophie. Il fonda furie fleuue Ichun vnc ville appellce Maruvoh ou Karacon , autrement Herat & celle de Samarkand en Vfbek. Puis ayant donné ordre aux affaires de la Perfc , il s'en alla conquérir l'Orient: & ayant palTé plufieurs afpres & dangereux chemins arriua en l'Inde. Mais tout cecy a eftcfor: particuliè- rement efcrrt par plufieurs Autheurs, qui empefchera d'en déduire l'Hiftoirc plus particulièrement. Et après toutes fes grandes conqueftes , il vint enfin mourir en Babylone en l'âge detrcntefixans , en ayant régné dix- fept. Il commanda durant fa vie fur iz. grandes Prouinccs aux trois parties du monde, de treize dcfquellcs les Roys l'accompagnèrent toufiours. Les Perfcs tiennent la vie de ce Prince pour mer- ucilleufe , & ont écrit plufieurs liures de fcs beaux faifts » tantenprofe qu'en rime, pleins d'excellentes conceptions & fentenccs , que Mircond déduit fort amplement. ENTRE-REGNE DE PERSE. A Près la mort d'Alexandre les affaires vinrent en trouble & en confufion touchant le Gouiternement : fibien que la Perfe eut vn cntre-regne , qui dura foixante é'dott^e ans, durant lefquels elle fut gouuernée par Vvaftrs é" Satrapes , iufques à ce qn' enfin le Royaume retourna en lapuijjance des autres Roys precedens, qui continuèrent de- fuisicomme il s'enfuit. Les Perfcs font derechef commandez par ceux de leur pays. Chapur XX IL Roy de Perfe. Les foixante & douze ans de l'encre- règne eflans pafTcz depuis la mort d'Alexandre , les Perles firent vn Roy fur eux nomme Chapur parce de Darab, que Mir- cond appelle fon frère , félon la commune manière de parler des Perfes , & Arabes, qui appellent tous leurs parens frères, couftumc qui s'obfcrue encor en l'Ef- criturc fainéxe. Durant le temps de Chapur il ne fe paUaatiaine chofe notable de laquelle on aye écrit ny fait aucvsnc mention » bien qu'il aye régné (comme on dit) 6o. ans. Ardechir Bahakon XXI IL Roy de Perfe. Au Rûy Chapur fucceda Ardechir - Babakon , qui eft en langue Perfienne le mefme qu'Abumalck, c'cft àdire , pere& feigncur , ou percRoy: ccttuy cy fut fort bon Prince, & gouucrna fonpays au grand con- tencement d'vn cKacun, félon la computation des Perfcs. Ce H.oy regnoitlors que noftre Seigneur 1 E s V s cftoit fur terre : à quoy on pourroit faire quelques objeâiions qui feroient trop longues pour ce nommé Ardechir fils d'Hormos , lequel plulîcurs des principaux du Royaume voulurent recognoiftre pour Roy , & plufieurs des Hiftoriens Perfiens le mettent en cenombre& en ce rang, toutcsfois Mircond dit qu'il refufâ, & qu'il gduuerna le païsaucc vne fort grande prudence au milieu de plufieurs menées & confpira- tions, puis ayant gouucrné quelques années, lorsqu'il leiugeaàpropos.ilfit venir Chapur, Zabel-Ketaf, le- quel gouucrna,le temps qu'il vécut auec vne grandefa- tisfadîion de tous pour cftre doiié deprudcncg & vertu» laquelle comme elle ne manque iamais d'enuieux,com- mc Chapur dormoit vne nuiâ; en campagne,où il auoic fsit tendre fes pauillons, onnefçauroit dire qui entra dans fa tente,&qni rcftrangla;mais tant y a que ceux- cy eftans fortis dehors ils coupèrent les cordes qui la fouftenoicnt, & la lailTercnt ainfi tomber,dc fortune cette nuidteftoitfort pluuieafeôc venteufe, que ceux- cy auoieni ainfi, choific, afin qu'on pûft dire qa'vn tourbillon de vent l'auoit emportée, & fai6t mourir le Roy.lequel mourut en celte Ibrte, fans qu'on ayt pu de- couuiir la confpiration. toute la Perfe pleura la mort de ce Prince à caufe de fa bontéàl régna 6o.ans. Baharon Kermoncha XXV. "Koy de Perfe. Il aefté parlé cy - deuant d'vn ieune frère qu'auoit Chapur , Zabel-Ketaf, ccctuy cy s'appelloit/Baharon, lequel fon frère auoit faid Gouuerneur dcKermon, d'où luy vint le furnom de Kermoncha, comme fi on difoitRi .y de Kcrmon , qui eft vne grande Prouince& des pnncipalesen laPerfe: en elle eft la contrée de Ka- rachon célèbre en rOticntpoutvles chofes qui le tirent d'elle. Or parlant de Chiraz , il a efté remarqué qu'il ië ti- roit de là vne grande quantité d'eau rofe , comme on faid encore à Yazd, laquelle ils font par infufion &dc- codion: 1 e mefme fe faidt en Kermon & Dufgon , l'eau rofc s'appelle de deux noms en langage Perfien, les vns difent Giilappôc les autres Arckj.GHl,qiii veut dire fueur de rofcnom très propre pour m on ftrer qu'elle fefaid pardiftiliation, dcfquellcs il fe tire fort grande quanti- té de Kermon tous les ans , quife tranlporte après par tout l'Orient. En trois particsdela Perfe il fefaiddes tapisqu'on t>ppcllc du nom du Pays Perfien , & en Perfe on les ap- pelle Kalichcy 5 les plus riches defquels, Se qui font les plus eftimcz.fe font en la contrée dçYazdde telle ex- cellence , qu'il y en a tel qui vaut plus de mille ducats: les féconds en bonté font ceux du Royaume de Ker- mon , les troificmes ceux de Karafon. EnKermon (e trouue aufli la Tutie qui fe trouue feulement en ce lieu, laquelle en propre langue Perfienne s'appelle Tu- tyah , en vn canton de cette Prouince diftant de la ville de douze farfanghes,qui font36.milles, & de làfetrâf- potte en grande quantité par tout le monde , laquelle ils font en cette manière. Ils prennent dclatcrrede cette contrée, & l'amalfent auec de l'eau pure.puis ptc- nans de certains pazons de terre glaifc , ils la mettent cuire après dans des fours comme des pots» & après eftrebicn cuicre .lapoliflent & cclairciifeni» iufques i' ce qu'cllevienneen la forme deTutie, puis ils la met- petit fommaircion ne trouue point que durant le temps 1 tent dans les caiires,& l'enuoyent vendre a Orinus. C'eft d' Ardechir il fe foit faid aucune guerre , ce Roy j enquoylc Doéleur Garciaa efté mal informé , lequel palfant toufiours en paix les cinquante ans qu'il regn a. Chapur , Zahel-KetafX X I V. Roy de Perfe. Ardechir lailTapour fucceftcurs au Royaume dePer fe deux enfans, à içauoir Chapur & vn autre plus jeune que luy :& d'autant qu'ils eftoient en trop bas àgc furent mis en la garde & tutelle d'vn de leurs oncles cnfes Dialogues qu'il afaidt desfimples de l'Inde, dit que la Tutie fefaiit de» cèdres d'vn certain arbre nom- mé Guné. 11 eft bien vray qu'en la Pcrfc il fe trouue vn fruift qu'ils appellétGaon, delaformc&Jgrâdeurd'vn noyau de cerife, couuert d'vne petite peau verte ôc jau- ne, de laquelle les Naturaliftes vfenten plufieurs chofes séblabJcs à ce que nous failbns du pignonrcar cecy fait Dien vn contraire eftcél à la Tutie qui ic fait en Kcimon» auquel lieu on trouue encore vnc chofc non moin< profitable profitable que la précédente , à (çmon de Lauronne ou Gardcrobbe , propre contre les vers qu'ils appellent en langue Perfienne Dramck Kermony, & ce nom que nous difons de kermez , cft équiuoque deceluyde kermon : car kermès efi: vn fingulier , kermon vn plu- riel , & de cekcrmez , c'eft à dire , de la graine , fc font des vers dVn œcrmc nom. C'eft de kerraez que les Médecins font leur confedion,qu'ils appellent cncores de ce nom. Mais pour reiicnir à Baliaron , il eftoit fortdVnc fai- ne compo/îtion , dVn grand iugement &: dVnc grande prudence, qui le fit régner aucc vn contentement vni- uerfeldetous fcs fubjets , lefquelsilgouucrna refpace de douze ans, au bout defquels vne grande fedition s'cfmcuten fa Cour, dételle importance, que Baharon fut contraint d aller en perfonne l'appaifer. Ec comme toutes chofes eftoient défia pacifiées , vn fienfubjeâ: qui ne defiroit que cette occafion pour luy faire dé- Jjlaifir , du milieu de la prelTe il tira vne flefchc fi feu- reroenr,qu ille perça de part en parc,& demeura mort fur la place auec vn regret extrême de tous les fubjeâis de fes Royaumes . qui viuoient en repos fous fa dqmi- nation. TarT^l Gerd X X VI 1. Roy de Perfe. Les Perfesayans aifez regretté la mort de Baharon, efleurent en fa place Yard. Gerd fonfils, Ceftuy-cy auparauant que de prendre le gouuernement eftoit fort aymé(?c refpedé de tous , prenant pbifir à fe rendre affable & courtois enuers vn chacun. Mais fi toft qu'il fcvid Roy , il changeafes bonnes habitudes en airo- gance, cruauté & auarice> fc monftrantd'autantpius implacable, qu'ileftoit prié dequelquVn aueclarmes & humilité de luy faire mifcricorde.il fouloit dire auflî qu'on ne deuoit point efperer de compaflïon en trois chofes , atj feu, en la mer, & en vn Roy irrité, il eftoit marie, maisil viuoiten vn fort grand diuorce aaec fa femme d'autant qu'ayant eu plufieurs enfans elle n'en anoit fçcu efleuer pas vn: maisparmy fes mccontcn- remens elle devint grofte, &enfantavn fils qu'on ap- pellaBaharon , lequel ayant veu viureplus que les au- tres qui n'auoient p^s duré chacun plus d'vn mois, par le Confcil des Médecins il l'enuoya hors de fa Cour en vne certaine contrée de l'Arabie , & le mit entre les m.iins d'vn Roy fienvaftàl nomme Neaman- ben Amarahulkeis perfonne de fort grande confiance lequel efleua le petit en ce bon air , luy faifant appren- dre la dodlrine conuenable à la religion de laquelle il faifoitprofeffion :& eftant arriuc àl'àgededifcretion, Neaman mourut, laiUant en fa place vnfils nommé Manzar,de telle valeur Se fidélité que fon pete , lequel auoit régné 15. ans. Or cependant que les chofes fe palToient ainfi, Yarzd-Gerd gonuernoit fon Royaume auec la difgrace & vniuerfel mécontentement de tous, pour les tyrannies & cruautez, auiquelles ilperfcuera iufqu'à la fin qui fut telle que fa vie: car vn iour qu'il regardoit vn cheual degandprix, & qu'il luy plaifoit fort, la befte fans aucune apparente occafion luy tira deux grands coups de pied, defquels il mourut fur le champ lâns proférer aucune parole , ayant régné vin^t- deux ans &rj-. mois, Sa mort bien qu'elle ne fut point regrettée caufa neantmoins de grandes diflcntions en- tre les grands , les vns en voulant eflire vn à leur fan- lafic , & les autres defirant que la couftume du Royau- me fut entretenue, mais il craignoit que Baharô imitât fon pere en.fcs mauuaifes mœurs , dilânt que l'on de- uoit donner le Royaume à quelqu'vn qui le meritaft par fa vertu. Si bien que ceux deceparty - làeftansles çlus forts, preualurent contre ceux qui vouloient cUre le fils du dcffund: Roy, & donnèrent le Royaume àvn nommé Kçzeré-khozorrao fon parent fortprochc DesRojs dePer/e. 70j I qui outre les bonnes parties qi^Til auoit en luy, s'eftoir encores acquis ce Royaume à force de belles pro. méfies. ^ Baharon qui eftoit en Arabie, ayantcu aduisdela mort defon pere , c\' pareillement des nouueautez qui fepalloicnt aux païs , il communicTua à Manzar fils de Neaman, le priant de luy ayder,& lefauQ*ifer à recou- urer vn Royaume qui dedroiftlny apoa.tenoit. & le- quel Kezere-khorrao vfurpoit iniuftement , Minzar inclina ^uorablement à fa prière, &: luy donna dix mil- hommes de cheual , aueclefquels il fe mit en chemin, les fumant de loing auec autres jo. mil- hommes, qui tousenfembiefaifoicnt le nombre de 40, milles, la- quellearmée donna affezdequoy penfcr aux Perfes: fi que beaucoup des principaux s'allèrent joindre à luy • toutesfo.s Kfzeré-khozrrao luy fut au deuant auec vne puifiante armée Plufieurs cependant auoient grand regret decctte guerre ciuile, fi bien quedeuant que de venir aux mains, ils tafcherentde comptïfer leurs difterens traidans cela de forte que Baliaron fut receu, &obeypour Roy. Et le premier qui le recogneut , &' luy obcu, .futlemefmcKfzcré khozrrao, lequel plu- fieurs des Hiftonens Perfes mettent au nombre de leurs Roys. Baharon Gur XXVÎIL Roy de Perfe. Bjharon eftant mis ainfi en po/reflîon du Royaum e la première chofe qu'il fit à l'inftance de Manzir.futde pardonner l tous en general.ce qui s'eftoit pafié durant les diftentions ciuiles, & ce que l'on auoit entrepris contreluy. Apres cela.il nriit à reformer la iuftice , & la police, embellifsât fon Royaume d'édifices, réparant les anciens qui eftoient allez en décadence durant les guerres & en baftiffant de nouueaux. EtquantàMaa- zarqui l'auoit eileué , &qui auoit eftécaufequ'il auoit recouuert fon Royaume, il luy enuoya plufieurs beaux & riches prefens.auec de grands &3fFc(aion,nez remer- demens , fîilânt dem^eurer en fa Cour vn fien fils iuf- ques à ce qu'il fut grand. Ce Prince fecomporta auec les fiens, auec telle fa- gefi'e, (S< prudence, & fonhumaine conuerfation ac- compagnée de libéralité le rendit fi chery , &eftimé de tous.qu'iisbeniiroienrle Ciel de leur auoirfaiét lagra. ced'eftre ^ enus au monde fous vn bon Prince , & en vn temps fi comblé de félicité: car il auoit donné vntel ordre à toutes chofes , Se auoit tellement pour- ueu fes frontières defortesgarniions, & Gouuerneurs fages & aduifez, qu'il iouït longuement d'vncbien- heureufepaix, duranflaquelle les Perfes nepenfoient qu'à fc donner toucf s fortes de plaifirs aufquels ils pri- rent vne telle habitude, principalement le vulgaire ,que chacun croyoït que les armes leur deuoient eftre d'ores, en auant inutiles , pour la continuation de ce profond repos. Quant au milieu dece calme ', & lors qu'ilsperï- foientiouïren plus grande afteurance de leur tranquil. lité , il leur vint ncuuelles queHhakhon Chiny.Roy desTattarcs , voyant l'oyfiueté en laquelle les Perfes auoient défia pris de l'habitude, s'afieuranr qu'il les furprendroit au milieu de leurs elbatemcns , il leua vne arméede 2p. mil ho.mmes,& entra dans les prouinces de la Perfe qui luy cftoient voifines , où il fit de grands rauages. Cela donna vne cftrange épouuante d tous les Barons 6c principaux Seigneurs du païs, ne fe voyans aucunes forces preftcs pour s'oppoler àila violence d'vn fipuiifant aduerûire , & s'en vindrent tou5 trou net Baharon leur Roy , luy reprefcntant la prefente ne- ceflîtc , lequel leur répondit fort froidement comme- s'il n'eut pasfaift grand compte de ce qu'ils luy di- 'oicnt. Et fur cela il commanda qu'on appreftafttout l'équipage necelTairc pour la chalTe. Il auoit d'ordi- N n n 4 naircî 704 Abrégé naire en fa Coitr Cept Royi Tes vafFaux , aufquels il fit fçaaoirqu'il vonloitqu'il i'accompagnafîcnt à lachafTe. Ceux-cy fc dnrenc preftssuecvne kiitte médiocre , ce luy mefme ne print que 500. hommes de fcs gardes: mîis les meilleurs qu'il eut. Et ainfi tout enfemble for- lirent en la campagne auec faucons, leuriers , &toute forte d'inftt«mens de chaffe pour fairequelque bonne priTe. Les Roys principaux Seigneurs entre les Perles, font d:' tout temps fort addonnez à lachalTe, pour lequel o ercice ils font tous de fort grandes defpences , tenans cela pour vne marque de grandeur. Ce fut à caufe d'î- celuy queBaharon fut furnommé Gur:carce mot eft cquiuoque , & veut dire en céc endroit Afne fiuuage. Ses fubjeds l'ayans ainfi furnommé, àcaufequece Prince eftoit fortaddonné àla chafle de cécanimal. Il fignifie aulîl la foflfe où l'on doit enterrer vn corps mort. De foite qu'aptes la mort de Baharon,Ies Poètes qui chantèrent fes lolianges après fa mort , difent qu'il . aymoit fort cette forte de chaife. Et quaiu à ce que Gur fipnifie folTe, cela conuient fort à la manière que l'on chalfe ordinairement en Perfe. Ils drelfentauffi leurs faucons & autres oyfeaux de proye; de forte qu'ils le rendent maiftres de ce grand Se furieux animal. Car l'oyfeau venant fondre encre les cornes de la befte , il luy piquotte tellement les yeux, Se luy donne tant d'inquiétudes, qu'il leforcede s'arrefter , & cependant les chalîcursarriuent , qui le tuent. Ils chaflent aufïï outre les leuriers, & autres chiens au'ils ont , très-bons , & tres-viftes en tout l'O- rient,auec des Onces, & Léopards domeftiquesjlefqucls ils font traifner quant & eux dans des charettes, & les particuliers les portent fur la croupe de leurs cheuaux qu'ils arment de lames de fer, de crainte que les on- gles de ces beftcs ne les déchirent. La forte dechalTe qu'ils eftiment le plus entre eux, c'eft celle d'vn ani- mal qu'ils appellent Gazai , quia le corfage à peu prés comme en nos contrées lecheureul , ayant les cornes aiguessdroittcs & retorcillécs, les yeux grands, Se qui eft oVneextreme viteife. lis ont suffi vne forte debelliers fauuages Eni'Inde ils fontbierr fouuent leurs chafTcs des be- ftes fauuages cotre d'autres, car ils en ont en leurs maiiôî vne quantité de domeftiques qu'ils ont drellées à céc exercice . lerqaels ils mettent en Icfie com.tr.e des le- uriers 5 S< les tncinent en paysdechaffe , où ilsleslaf- chent contre d'aiitres de pareille efpece dont le pays eft fort peuplé. Mais vcicy ia rufc , c'eft que les domefti- queï , alians rcquefter dans les prez, &c renconcrans delà venaifon, elles touchent de leui;s cornes à celles des au- tres., en figne d'amitié : mais à cefte corne il y a vne coracaccommodce,de forte quelors que celles cy fe re- tirent , les autres demeurent prifes dans ces lacs. Mais en la prouince deZeilan ils ont vne étrange inuencion pour prendre l'Eléphant , vcicy ce qu'ils font ; ils en- uoyenc aux forefts vne femme qu'ils appellent entre eux Aleah,3uec vn Cornaca qui eft vn Indien qui fçait parler, & gouuerner l'Elcphant.iequel il attache indu- ftricufementau ventre delaAleah, puisfe mettant en- tre eux,il Iny dit en fa langue les carelfes & mignardifes qu'elle luy doit faire pour le prouoqucr, & quand l'In- dien fent qu'il eft aftez cmeu , alors il dit à lafemmc qu'tUes'en retournei&alorsl'Elcphantla fuit en laca redantjiufquesà entrer auec elle,& delà en auâtils'ap- priuoife du tour. Quant à la chalTedes Tygres , defqucls il y a fort gtand nombre partout l'Orient , ceux de l'Ille deZcy- lan les chalfenten cefte manière. Vn homme s'arme le bras gauche iufques au coude auec vn gantelet de la- mes bien fbrtes <ïc acerées,& tient en la maindroidbe vn poignard fore poinélu , puis faifant vn faut fe lance contre l'an-imal auquel il donne plufieurs coups dans deTHiftoire le ventre, & le tue. En quoy il y a des hommes fi adroiârs, qu'ils en viennent heurcufementà bout: mais il y en a d'autres aufîî à qui il en a confié la vie : car tous les Tygres de l'Orient font fort grands, & fort cruels- * Les Nayres de cette terre qui font les Payens deMa- lauar en l'Inde , tiennent à grand honneur de tuer des Tygres,Tcixieresquia faiét cefte recherche, & voyage partout l'Orient, tient que cet animal au rcfpeft des autres eft fort tardif , bien qu'il le tienne extrêmement cruehmais il dit que l'experiéce apprend tous les ionrs que quelque animal que ce foit qu'ila lefentimentde luy,re fauue toufiours à la fu.itte,f3ns que l'autre le puif' fe atteindre. De forte que fa chalfe eft ordinairement contre les hommes , à caufe qu'ils peuuent moins cou- rir que lesautres animaux, Se Ce fauuer quand ils font pourfuiuis : qui eft la vraye raifon pourquoy ils s'adrcf- fentpluftoft à eux, & non pour defirer leurfang, ny à caufe queleur chair eft plus dehcatte , dit Teixieres en- core que cecy les y pourroit bic rendre plus afpres,apres qu'il en ont déjà deuoré. Mais à propos du Tygrc, le mefme Autheut raconte qu'en Malaca fur le flcuue de Parannaque, en l'an léoa, vn Tygre combattit vn Crocodile , &que le mefme eftoit aduenu fur le fleuue de Cuama. Ecafin de ne rien laiflèr pafi'er des chofes dignes de remarque, qui ont efté curieufement recherchées par cécAutheur,joint que cela eft en quelque façon des dé- pendances de la chafie. Il dit qu'au Royaume de Campa , qui eft entre Cam- boya , & Cochin-China fur la mer de Sur de rinde,par toute la cofte de Mardel , il vient de certains palfetaux reflémblans à peu prés aux arondelles , qui en certain temps de l'an entrent en chaleur, & cependant que ce- la leur dure, il fort de leur bec vne certaine bauc & hu- meur gluante, auec laquelle (enfeignez qu'il font pat la prouidence de nature ) ils vont par les rochers , & pré- cipices faifans leurs nids auec vn merucilleux artifice, enfaifsnt vn fur vn autre, tant qu'ils foiçnt afriuczen lieu fortfec, faifant vn nid en forme d'vne cueillier. auec les bordsvn peu cficuez : fortahs de chaleur , acheuans leur.nid prefque en vn mefme temps,dans le- quel ils mettent leurs œufs&: y vont efclorre leurs pe- tits. Ces nids fabriquczen cette forte , on les alfem- bleenvn, defquels on fait plufieurs quintaux que l'on enleue de la pour vendre & trafiquer defquels les Chi- nois acheptent chaque quintal fo. Taheis, qui fonten- uiron yoo. ducats , lelquels, ils mangent, d'autant qu'ils difent qu'ils font fort profitables pour le cerueau, & l'eftomach : quelques Portugais qui en ont mange , qui difent s'en eftre bien trouuez. Mais cefte digrelîîoii, aeftéiufqu'icyalTez longue pour ces petits fommaires laquelle toutcsfoisi'ay iugcne deuoir point palfer fous filcnce,commc chofes aflez curieufes pour contenter le Lcâeur. Pour retourner maintenant à Baharon, s'eftantac- compagne, comme nous auons dit, ilfe mitàchalTet par les chemins, en tenant vn tout contraire à Karafon où eftoit fon ennemy , ayant lailTé pourgouuerneurcn fa place vn fien parent appellé Narfi , que quelques- vns d'entre les Perfes mettent au rang dcsRoys, lequel auecles grands du Koyaum.e s'eftant perluadc nueBa- haron s'en elf oit enfuy:ils cnuoyerent des Ambula- dcurs à Hhakhon Chiny pour iraidkr de paix auec luy, pour fe libérer en quelque manière des dangersoù ilsferetrouuoient pour lors. Hhakhon ne rcfufa point l'olFre laquelle il accepta , &aflturé r-n'il fut de lafuite de Baharon , il relâcha fa première impecuolité , &te tint moins (ur fes gatdes,fon armée fit aulfi le (cnibh- ble. Cependant Baharon s'éloignant de la cité, pnnt le chemin le plus approchantd'Adetbajon , ôcde l'Ar- mcme ayant , feulement auec luy fcs gardes, &deux mil-homm«s de clicual qu'il auoit remarquez pou gens de valeur : & auec ce peu de force, il s'en allapa. chemins dcftournez. & le plus fecrcttement qu'il luy hit poUible , s'cnquerant touiîoufs de fou ennemy .-puis comircilfceut qu'iieftoit fortprochc dcluy, ilenuo- ya par trou diuers endroits trois efpions, pour remar- quer particulièrement laffictte de leur camp, & leur nombre. Et ceux-cy eftans retournez : & l'ayant alFcu rc de toutjmcfmes que ceux-cy viuoient en toute alFeu rauce fans le tenir fur leurs gardes. Defirani ne point perdre de temps : il diuifa fa petite trouppe qui n'cfloit que de quatre mil liommes ( mais tous gens de mainj «n quatre compagnies , Ôc prenant l'occafion d'vne nuKafortobfcure. au fon de leurs trompettes & Ata- baies, ils allèrent charger par quatre endroidts leurs en- nemis , auec vne telle furie , qu'eux eftans tout diuifez lans &le meime i'alfeure encores des fa- meux fîeuues de Içhun &c de Digilah, quieft Tygris: dç.forK que grande qiiaucité de peuple, .^dcbefti^ moura- yo 6 moururent de faim & de meGiife:l« ckamps eftoicnt couucrsd'oyfeaux quitomboient de l'air faute d'eau. &la terre cftoit entièrement fterilc, fans rapporter aucune chofe. Pheruz cuft vn grand relTcntimcnt de ccftc vniuerfelle calamité , & fit ce qui luy fut poUlblc pour y remédier. Mais le mal eftoit fi grand, qucfon trauail , ny fa libéralité ne furent pas baftans pour y re- médier. I n. • .M Et voyant que toute fa preuoyance luy cltoit inutile, ilafTembla vne grande multitude de peuple de toutfe- xc & âge, aucc lequel il fortit aux champs faifant peni- tence , & implorant la mifericorde diuine , En quoy ils perfcuererent plufieursiours, iufquesàccqu'il pleut.de forte que la terre commença à fiudlifier , &les ani- maux à profiter & multiplier. , . , V Apres cela quelques peuples fe vindrent plaindre à Pheruz que le Roy de Abtelah couroit. ôcrauageoit leurs terres. Ce Roy eRoitcelay auquel Pheruz auoit rendu les terres de Mermerdpour le fecours de3o. mil hommes , defquelsil l'auoit fecouru pour le rccouure- mentdela Perfe. De ce Roy d' Abtelah les H;ftoriens Athio & Tournamire efcriucnt qu'il s'appelloit bu- thalitas, &quc c'eftceluy dans les folfes duquel mou- rut Pheruz, qu'ils nomment Peruzas: ce qui ne doit point fembler eftrange pour la proximité qu'il y a en l'cfcricure Arabefqueôc Perfienne , entre les letcres 1 . & F &mefmes en la prononciation: Equant à ce mot Euthalitas , c'eft le mcfme que les Perfes appellenc Ab- telah , l'vn & l'autre iîgnifiant Eeaiidor , vne nation qui eft Septentrionale renia Perfe.Pheruz ayant donc eu aduisdeces rauages, feprepara pour luy faite la guer- re • ce que fceut auffi-toft Gox Nauuaz ( ainli s appel- loit ce Roy d' Abtelah ) c'eft à direbon iolicur d'inftru- mensquifut fort étonne & confus: carilneftoit pas ignorant delà puiffancc du Roy de Perfe , ny dugrand courage de Pheruz. Maisvn fien \C^afir recognoif ant en quelle perplexité fon Prince eftoit réduit pour lors il s'offrit à le tirer de cette peine , pourueu qu'il le lou- uint après fa mort du feruite qu'il luy rcn^ou & faj uorifaft fa femme & fesenfans. Ce que luy ayant el e promis auec toutes les alTeuranccs que peut donner la \ parole d'vn Prince redui6t eu cette extrémité. Le Wafir fe fepara de luy, & s'eftant fait couper les mains, les pieds, & le nez , aini'i mutile , il fe fit pbrter en vne certaine rctiaidc par oii i! fçauoit qu'il falloit de neceflité que Pheruf" & fon armée vinlîent palier. Aufllfutil trouué des auant-courcurs de cette armée, lefquelsl'enlcuerentdclà , & le porterentau campde Pheruz , lequel efpouuanté de cette cruauté , luy de- manda qu'il eftoit, &qui l'auoit ainfi mal traidé. Et l'autre luy répondit auec paroles dignes de compaf- fion , qu'il eftoit le Vvafir de Gox Nauuaz Roy de Ab- telah , lequel faifant fes apprcfts en intention de faire la guerre au Roy de Perfe, & voulant félon le deuoir de fa charge en quel danger il fe precipitoit, le deftour- ner par les raifons de fon entreprifc qui luy fembloit trop difficile pour en venir heureufementàchef: qu'il auoitprisla finccre affeûion & fideUcc défi mauuaife part , qu'au lieu de recognoiftre qu'il luy difcit la vente, qu'il l'auoit faid tronçonner commeil pouuoit voir, & Tauoit fai que lesvns nomment Anuchi- ron, & les autres Nauchiruan. Kobad ayant ainfi demeuré quelques jours après ces nopcas, illailFa fa femmeen la maifon dcfon pere, & luy continua fon chemin du Turqueftan,oii arriuc il Ce mit tout aufli- tort au feruicedeHhakhon Chiny, qui pour lors gouuernoic ce Royaume, auec lequel il de- meura quatre ans,au bout dcrqucls il demanda à Hha khon vue bonne armée pour recompence defesferui ces : ce qu'il fit , & auec laquelle Kobad s'en alla en Pcr- (è contre BelaxRoy d'icelle, qui lagouuetnoit auec vn grand contentement d'vn chacun. Kobad fut vois-fa femme en Nichabur, &: s'eftant réjoiiy quelques iours auec elle, & auec fon fils quiil n'auoit encore point veu : comme ils'eftoit mis en chemin pour continuer fon voyage, il eut nouuelle que fon frcre Bclax eftoit mort n'ayant régné que 5. ans. Quant à Nichabur c'eftoitvne prouince fujecSbe au Roy de Perfe , fitoée entre Karazon , Vfbek & Tartar, terre fort grande & pleine de deferts& fablons, lef quels ton ient pour chofe véritable qu'ils boiiiilonnent continuellement. Ce fut en cette prouince qu^ondit qucTammerlan ou Teymurlan fit mourir en vniour (selon que le racontent lesHiftoires de Perfe) 400000. perfonnes, C'eft à Nichabur quecroilfent les pierres qu'on appellcTurquoifes, nommées ainfi àcaufe que cette prouince eft limitrophe du Turqueftan, & ne fe trouueen Perfe aucune pierre precieufe qu'en celieii, excepte les Bezoards les plus parfaits , iefquels croif fent en Perfe, ce nom de pierre fe diten langage Perfian Sengh , & en Arab Aher : mais quant à celle de Bezoard ou Bezar , les Petfcs l'appellent par excellence Pazabar, c'clt à dire Antidote , ou remède contre le poi. fon : car Zahat eft vn nom gênerai, qui veut dire poilon. Envn certain détroit de la Perfe .nommé Sthaba- nom d'vnecité qui porte le mcfme nom, il y a vnevil- le nommée Lara.à trois iournéesdu chemin, aux cam- pagnes de laquelle il y a grandequantité d'vne plante fort femblable à celle du (afran j laquelle pai(rent les moutons de ce quartier là: dans Teftomach defquels s'engendre vue certaine pierre qui en bonté & vertu eft préférée à toute autre , de forte que Scach Abas à prefcnt Roy de Perfe les tient fi chères, que celles qui paffent vn certain pords luy appartiennent. La caufe naturelle de cétefFedviêt de la nourriture, caries mou tons tranfportez en vneautre terre ne produifenc plus ces pierres là.les habitans de cefte Prouince n'ont poin t de poil à la tefte , ce qu'ayant remaïqué vn feruiteur de Scach Abas , il luy demandaen fatisfadtion de (es fer uices , que chaque chauue de fon Royaume euft à luy payervn Ghcrafin , quieft vnepiecedemonnoycdela valeur d'vn ducat, laquelle demande n'ayant eftc tenue pour ridicule, il luy accorda. Ceftuy cy qui fçauoit bien le fecret la mit en pratique , & deuint fort riche en peu de temps. Quant aux Bczoars de l'Amorique ils font de nulle valeur. KobaâX XXI. Roy de Perfe. La nouuelle de la mort de Belaxfut caufe que Kobad entra en la jouïlTance du Royaume de Perfe plus paifi- blement qu'il n'efperoit , ion frerc n'ayant laillé aucun iîls pour luy fucceder : de forte que plufieursfurcnt au deuantdeluypourle receuoir auec toute la demon- ftration de bien-veuillance qu'il eut fceu dcfirer en fct fubjcds. Le Royaume eftoit cependant gouuerné par Sufarax, lequel pour fa grande bonté & prcud'hommie eftoit vniuerfellement bien voulu de tous , excepté de Kobad, lequel le voyoiten cette authorité auec grano legret, délirant iniiniment del'abaifrrr & de s'en def dePôrfe. ^07 faire, ce qu'il délibéra d'exécuter pâr le moyen d'vn hardyd: vaillant Capitaine qui eftoit à la fuifedc fa Cour, auquel ayant découuert fon intention, il le fit confentir à la mort de Sufarax, lequel à quelques iours delâceftuy cy alla vifiter , & de propos en antredif- courantde diuerfes affaires, ils entrèrent en différent l'vn contre l'autre . d'e forte qu'ils mirent main aux armes, & Xamo le tua. ' Eriuiron le dixjefmedu règne de Kobad , il s'eflfua en Perfe vn homme nommé Mczdakh, qui eftoit enu de la contrée deStahal , lequel s'cftorçnit défaire vne nouuelle fede touchant la vénération du feu , y trou- uantde nouuelles folies & fupeiftitions. On l'appel- loit Prophète, & feignoit que le feu parloir à luy , St luy reueloit plufieurs hautes & grandes chofes, lefquel* les il faifoit croire au vulgaire, auec quelques autres inuentions defquellcs il vfoit. Il permettoit vnecom- munauté en toutes chofes, en biens, femmes,& enfans, &en tout le refteil deffendoit de tuer aucune chofe vi- uante, &auoit encore plufieurs autres chofes abfurdes qu'il donnoit à entendre au peuple ; plufieurs qui n'a- uoientencore point recogneu la fauftèté de la dodrine le fuiuirentpour viure diHolument & en liberté, entre Iefquels fut leRoy Kobad , lequel le Iciioit be.'o:nr(p, & ceux qui eftoient de fes fedaccurs, & qui le luuioi-nt l'honoroient granderr entjcn faifant conte conme d'vn faindt homme. Les grands & fages du Royaume qn^ confideroient le danger que cela trai(noii après loy, & combien le Roy eftoit trompé , le prièrent de s'fo def- faire, &dele faire mourir, ou dek bannir , & de l'en- uoyerà Mezdakh : dequoy l'ayant prié plufieurs fois, &voyant qu'il ne vouloir point entendreà leur re- quefte, tous d'vn commun confentementledepcftede- rent au Royaume, & le mirent en prifonbien fermée, donnât l'inueftituredu Royaume à lainafp vn fiea pro- che parent , lequel toutesfois eft conté de quelques- vns pour le Roy dePerfc; Kobad eftant pris , les Perfes tafchercnt de fe deffaite de Mezdakh , & de le faire mourir , mais ils n'en peu- rent venir à bout pour la grande m^ultitude qui le (ui- uoit , & qu'il fe tenoit fort bien fur fes gardes : toutes- fois il y demeura àlafin comme il fera dit cy- après Or Kobad auoit vne fœur d'vne excellente beauté, de laquelle eftant deuenu extrêmement amoureux , il fe maria auec elle ayant eu la difpcnccde Mazdahk , qui n'eftoit pas homme fort fcrupuleux. Cette- cy voyant fon frère &: fon mary prifonnier, obligée par des liens fi eftroitsàl'afFeaionncr plus que l'ordinaire, elle rc- cherchoit les moyens autant qu'il luy eftoit poffible dcledcliurcr: enfin elle s'enaduifa d'vn qu'il luy fem- bla qu'elle pourroit venir à chef de fon^ntreprife, eile feveftit donc de fes robbes & ioyaux plus précieux pour donner encor plus d'efclat à fa naturelle beauté, puis s'en alla à la prifon oij eftoit Kobad , auec prefens & promcfl^cs qui n'eftoientgueres licites, elle euttant de pouuoir à l'endroit deceux qui legardoient, qu'ils luy permirent de dormir cette nuid- là auec luy, la- quelle eftant paftee elle fit tirer fon lid , &lefitenue- lopper en iceluy , & en cette façon emporter en fa mai- fon. Elle cependant entrctenoit les gardesafin dedon- nertemps àKobadde fe retirer àffauueté : ccqu'il fitfî fecretement , & auec telle vitefte, qu'ils ne s'apperccu- rent qu'alors qu'il eftoir en lieu de feureté. Eftant ainfi forty des terres de Perfe il s'en alla au Royaume d'Ab- telah.auec efperancede tirer quelque fecours du Roy, lequel le receut fort humainement, encore qu'il ne le fecourut pas furie champ :il le fit toutesfois quelques annéesaprés luy donnant 3o.mil!es hommes de chcual, auec Iefquels & autres qu'il peut recouurer, Iefquels fe joignirent à luy, entra en la Perfe: ce qui apporta vne grande combuftion entre tous ceux dupais, à fcauoir s'ils le deuoientr^euoir : les vus voulans que ce fut comme 7o8 Abrégé del'Hiftoire , commccnncmy , & les autres pacifiquement. A la fin ils conclurent de le receuoir auec toute routniflIon,& le premier qui le recogneut, & qui fe mit fous fa puif- fàncc fut lamafph. auquel on auoit commis le gouuer- ncmcnt : ce qui futcaufe que Kobad recompenfa cet- te obeïirance par vn paxdon gênera! détoures fcs of- fenccs palTécs qu'il mit en oubly. Il employa lerefte de l'on règne à reformer fon Royaume, Il fut fort curieux de badir, & fonda les ci- tezdeBardah & Guania, &cn peupla plufieursaa- tres. Il mourut enfin de maladie , ayant régné qua- rante trois ans. Ke^eréAni4xiron XX XL Roy de Perfe. Kezerc Anuxiron Nauchiruan.caron le nomnqie de l'vn & de l'autre nomjfils de Kobad & de Zarmecher fa femme luy fucceda au Royaume : ceftuy - cy fut dolic de piufieurs grandes vertus qui le rendirent chery (8c honoré tant des fiens quedeseftrangers , après auoir donné l'ordre (Scia reformacion necefTairc àfesEftats? la première choie qu'il fit fut de condamner à mort Mezdahk & tous fes fedateurs : ce qui fut exécute auec tant de rigueur, qu'en peu de temps ils furent du tout efteints encore que !e nombre en fut prefque in- iuimerable,deliurant ainfi la Pcrfe de cette pernicieufe fcéte : (& afin qu'il peuft gouuerner dorefnauant fes' Royaumes, fans vn fi grand trauail de fapcrfonne , il les diuifa tous en quatre Vuazilas ou Vuizirs , c'eft à dircGouuerneurs , qu'il mit entre les mains des pet- fonncs en qui il auoic de la confiance & fidélité > & qui eftoient alliez à fa Majellé. Le premier des Gou- uerneurs auoit les Prouinccs de Karafon, Sagiftam, Kermon,Maurenahar;lefecond, Ifph3on, Kom, Ader- bajon , Se Arménie : le troifiefmc auoit Farc ou Parc . qui eft h Perfe , & Aîiuua: le quatriefme > Kierak , ce qui eft à l'entour de Babylone,& des terres de Rume- ftan qui eft la Grèce. Ayant ainfi donné ordre à toutes chofes , il leua vue grande armée, auec laquelle il conquit Ta- chaftar, Zabulftan, Kabulftan , lugonyan , Abrelah : mais comme il eftoit en cetîe entrcprife , Hllakho n Chiney Roy des Tartares entra dans fes terres, luy prit Berchach , Ferna, Kaich, Samarkand, Bock^ra, Celle Samarkand eft vue ville fort puilïànteen la con- trée deMorenahar, de laquelle nâcjuit Tamorlan ou Tamborlan , Prince tifameux & renommé parl'vni- ucrs, laquelle naquit des parens nobles , n'eftant point defcendii,ny d'vnPatre ny d'vn-bandoulicr, ou autre femblabîe origine comme o nluy attribuë,ainsdusâg deChinguis Kara Roy des Tartares , duquel il fera parle cy-apres eftant paruenu au Royaume non potir fa Jjeauté, car il eftoit manchot, boiteux, (S<: borgne: mais pour fa grande valeur (Se dextérité aux armes.il fe- rendit le maiftre d'vnegrande partie delà terre habi iable,fe rendant humain & gracieux à ceux qui feren- doientàluy, &trescruelà ceux qui luy faifoientre- fîft.'înce : on l'appelloit en fon propre nom Teimur,& futfurnommcLangj c'eftà direboitcux: delà eft ve- nu la corruption da nom qucnous luy donnons de Tamberlan:lcs Perfes i'appelloient ordinairement Sa- haybkharon, c'eft à dire (lominateur de la fortune. Il yavn Hure particulier de fa vie en langue Peifienne dvn ftylc fortcleganc. Il laiifaaprcs fa mmt piufieurs fils qui partagèrent fcs terres, &encôre à prefent le grai»! Roy de Mogol eft l'vn de ceux que les Pcrfcs tiennent des plus grands ik puillans Monarques du mondiî nommé Gtlaciinax- bar eft le huiû'éme defcendu d'iceUiy en ligne direde. Les noms de ces- gr, nd^ Monarques que tiennent les Penès lont ccux-cy , celuy des Tprcsjdcs Perfes , des Tir. ares» delaChme:&: dcMogoi,lapuiirancc duquel s'eftend depuis le fluue du Gange iufques au Royau- me de Makion, au Sein Perfique : entre lequel efpace iont contenus piufieurs grands Royaumes & riches Prouinces , il eft Paycn , mais tout différent des autres parce qu'il ne fuit aucune fedte , prétendant en auoir vne particulière : il fefait honorer desfiens comme chofediuine, & tient toufiours auprès defoydesEf- criuains qui ne font autre chofe que remarquer &ei- crire tout ce qu'il dit(Scfait :les gardes ordinairesdc Ton corps font fix Roys fes valTauxqui font conti- nuellement à fa Coiîr.Jl y a piufieurs chofes dignes de remarque en cette prouince qui feroicnt trop lon- gues à raconter. Quant àBokara , c'eft vne ville en la prouince de Vfbbek, de laquellenâquit Auicenne, que les Perfes appellent par nom propre^oaly fort fcauant ôc expé- rimenté en la Médecine, & des efcrits duquel ils font vn grand cas . iSc le nomment ordinairement Chequc- ris , Boaly Sina, ouEbenSina,c'cftà dire le Seigneur deBoalyfils de Sina ; il eftoit noble, mais non pas Prince d' Vfbbek , ny Cordoiian, ny l'Efpagnol , il cf- criuit piufieurs chofes quife voyent encore à prefent, Se particulièrement en vn voludie contenant lo.liurcs Je Médecine, 8c compofa toutes fes œuures en langue Arabefque pluftoft qu'en laPerfienne, d'autant que la langue eft plus vnjnerlelleSf éloquente, on tient qu'il féntoit rnalde la lo'y Mahometane, ôc à propos des Médecins , cecy eft à remarquer que en Perfe , tous les Med ecins tiennent bou.cique , donnant les drogues &c médecines à ceux qui ont affaire d'eux, ils les appel- lent Mulah.c'eftà diremaiftre: mais pour rctournerà Kezerc .4:nukiron, fçachant l'entrée de Hhakonchiny en fcs terres ,ilenuGyacontreluyfonHormoz,auec plus grand nombre de gens de guerre qu'il peuft , ce- ftuy cy fit telle diligence qu'il approcha bien-toftde fon ennemy , auquel il donna tant d'aflauts & d'efcar- mouches, & vfa de tant de ftratagemes , qu'ayant receu vn très grand dommage, remplyde crainte & de fra- yeur, il fcietiraen fon païs,abandonnanttoutce qu'il auoit conquis: fi bien que Hormoz s'en retourna en la Perfe auec beaucoup de gloire ôc d'honneur. Cette guerre du Tartare ayant ai nfi pris fin , Kezeré eutauffi toftaduis que Kalcd, Benjulas, Gualànij Ca- pitaine du Roy de Rumeftan , eftoit entré dans lester- res de Manzar Roy d'Atabie fon vafial.aufquellesilfit vneftrangerauage, & mit à mort piufieurs de fes fu- jets , dequoy Kezerc enuoya fe plaindre parvn fien Ambafladeur au Roy de Rumeil:an , demandant que le tout luy fut reftitué &: Kaled chaftié, de'laquelle Am- baifade l'Empereur Grec (qui eft le mcfmt que Rume- ftan ) fit fort peu de cas, ce qu'ayant enten(ju Kezeré, il leua vne grande armée, & entra dans les terres de ce- luy leua vne grande armée, qu'on dit auoir eftc de 400. mille hommes : non pourfccourir fon neueu, mais pour s'emparer de fes terres , comme il fit, & paf fant le Fleuue de lehun, il vint en la côtréc de Karazô, ce fut lors que Hormoz recogneut la faiite qu'il auoit faite de faire mourir les Principaux hommes de fon Païs,n'ayant prefquc maintenant perfonne pour ôppo- fer à fes ennemis > & en cefte confufion d'efprit ayant I appelle ceuxdcfonConfeil,ilfut refolu qu'on quitte- roic àTEmpercur dcRumeftan les terres qu'il deman- doit j afin qu'ayant quelque aiîeurance de ce cofté làj ils conuertiffcnt toutes leurs forces contre les Tarta- res,commeilsfircnt:carlc Roy Hormoz ayant alTem- blc fes forces de^toutes parts » il en donna la charge à vn Capitaine Pcrfien > le plus Courageux qui fuft pour lors en toutes les contrées de l'Orient, nommé Baha- ron Chuby , qui eftoit Gouuemeur des frontières de rArmenie,lcquclarriué àla Cour,& receu lecomman- dementde fon Prince, fans perdre temps, ilfitaduan- cer fon armée contre IcsTartares , n'ayant toutcsfois auecfoy que douze mille foldats » vieux routiers tou- tesfois, &fort expérimentez, aueclcfquelsil eut bien l'affeurance d'attaquer vne fi puiffante armée que celle que le Roy Tartarc y fut rué auec la meilleure partie de fes gens, & grand nombre de prifonnicrs. Chabacha eftant mort , les TartareS mirent Ton fils en fa place , lequel continua la guerre auec la mefmc difgraccqu'auoit faidt fon pere: car les Perfes demeu- rèrent toufiours les vainqueurs, & principalement en vne grande Bataille,où les Tartares furent entièrement defFaits , faifans vn tel butin , que Baharon Chuhy en- uoyaprefentcr par vn ficn fils au Roy Hormoz, douze cens 50. Chameaux chargez d'or'& d'argent monno- yc , & non monnoyé , & aucc plufieurs autres riches meubles : mais tous les beaux faits de ce vaillant hom- me furent mal recompcnfez : car ceux qui eftoicnt en h Cour du Prince, ennuyeux de fa gloire & de fa pro- fperité , le calomnièrent de forte vers Hormoz, qu'en- trant en apprehenfion que ccftuy-cy euft quelques en- treprifcs contre fon Eftat : à Ibn arriuée on luy donna pour fa bien venue vne prifon , dequoy Baharon fe relfentit tellemént de cefte ingratitude,qu'ayant trou- uc le moyen d'efchaper , il pratiqua KozrraoParuez, fils aifné dê Hormoz , luy donns les moyens de fe re- beller contre fon pere, lequel auffi-toft fit battre Mon- iioye en fon nom ♦ & marquer du coing de fes armes, fe faifant appeller Roy dcPetfe. Or auoit- il deux on- cles de fa mcre qui luy feruoicntd'appuy.l'vn nommé Banduhyéj&l'autreBoftan. Le Roy Hormoz ayant fccu toutes fes confpirations, s'etïorça d'y donner ordre, & d'en empefcher le cours, ce que les autres ayans entendu , & ne fe jugeans pas aiTez forts pour y refifter.ils fe mirent en fintce. Kozr- rao fe retirant en Armenic,& de là en Aderbajon,quànt aux deux beaux freiesde Hormoz , ils furent pns pri- fonni ers .-mais ayans brifé les prifons ils amafterent de noLiucliesforces, & vindrcnc furprendre Horrooz,lors qu'ilypenfoit le moins , fi bien qu'il tomba en leur puiiîance à fon tour : mais ils neluy firent pas pareil traidement qu'ils auoient receu de luy : car ils luy firent creuer les yeux. Kozrrao cependant aduerty de tous ces troubles , s'en retourna en Perfe, où il fut re- cogncu pour Roy > & fe voyant paifible en fon Eftat, i l'Hiftoire il alla demander pardon i fon pcrc, ce qu'il luy accofi da,pourueu t qu'il le vengeaft de fes deux oncles qui luy aooient fait pcVdre la veuë. La Perfe eftant ainfi tout en trouble de toutes patts> Baharon Chuby qui auoit pour fe venger de l'injure receuè , conucrty fa vengeance en ambition , afpirant au Royaume d^ Perfe i ûbien qu'auec vne puiffant* armée qu'il^^oit , courut toute la Perfe, & y fift fort grand degaft.contre lequel Kozrrao Paruez, eftant ve. nu au combat, le Roy fut vaincu &contrainâ: de s'en, fuir à Conftantinople,auec fes deux oncles qui l'accom- pagnèrent , lefquels luy confeillercnt pour ofter tout prétexte à fes ennemis défaire mourir fon pere : car en ce faifant il n'auroit plus que craindre : mais ceux* cy voyans que l'amour paternel auoit plus de pou* uoir fur ce Prince, que le defir de regne&ils feignirenr vne occafion pour fe retirer , & laiifans là Paruez, ils s'en allercntau lieu où eftoit Hormoz,lcquel ils eftran» glerentauec la corde d'vn arc , telle fut la fia digne d« la vie, Ôc de la cruauté de ce Prince. Quant à Kozrrao Paruez , que comme nous auons dit s'cftoit retiré à fauueté vers les Grecs , il cpoufala fille de l'Empereur , lequel luy donna pour luy ayder \ recouurer fes terres , cent mille hommes cnuoyanc auec luy vn ficn fils nommé Ben Athus , en rccom* pence dequoy Kozrrao Paruez luy donna vn grand morceau de bois de la trcs-fainde Croix que fon pere Hormoz auoit. Kozrrao s'eftant donc mis en chemin aucc vne fi belle armée , rencontra en la Perfe fon en- nemy Baharon , lequel félon plufieurs eft mis au nom- bre des Roys, &: comme les armées eftoicnt plantée» l'vnedcuant l'autre, il fortit de celle de Baharon, trois Capitaines lefquels défirent les plus vaillans du party contraircKozrraô voyant la brauade de ceux-cy fe fit armer fur le champ,&: fortit defon camp pour les aller combattre contre la volonté de fon bcau-frere qui l'en diffuadoit,auquel combat il (c com porta auec tant de valeur, qu'il les vainquit tous trois l'vn après l'au- tre, ce qu'admirans les foldats de Baharon.ils abandon- nèrent leur Capitaine , & fc rangèrent du party de Kozrrao , fi bien qucBaharon fut contraindde s'cn- fuïr au Turqueftan , & abandonner la Perfe, il fc mit depuis au fcruice de Hhakon Chiny , oii il mourut quelque temps après. Ko'xirAo ParHe:^XXXiy. de Perfe, Kozrrao Paruez ainfi deliurc de tous fes embralfe* mens » & rendu Roy pacifique de la Perfe, accomplit lors ce qu'il auoit prorois à fon pere , & fit mettre ctt prifon fes oncles Boftan zrrao , lequel tant s'en faut quM le voulucefcouter. qu;.! luy donna mille mnledid-ons: l lt T f f^^aenelaifTa pas de pulluler en Arabie. & autre. Proumcescirconuoifines. Pour re tourner maintenant à Kozrrao, la guerre des Grecs ap. c .1 V 11 ^^^^'^^^^'î'''' vne nuidl qu'il eftoit tlr/^r ^"-'^°"n« de fortes murailles auec onze ton . Icfq.elles toutes fc ruinoient jufques au fonde- men luccellîuement iVne après rautre\ jufques à ce que h Luc demeura fans fortifications . à foi refueU tout eftonnc& confus en foy m^fmede cefonge il dant la fign.fication d'iceluy : vn entre- autres luyref pondu, que les onze tours fignifioient onze Roys , nui deuo.entencoregouuernerlaPerfe.apres iefqucis cet- te Monarchie prendroit fin. ^ Kozrrao pour empercher,celuy fembloit,cefte pre- roit eftie la caufede ce changement feroit la difcorde de fes enfans , c'ell pourquoy il les fit prendre tous, dctîendant à chacun d iceux de fréquenter ny parler à pcrfonne , ôc mefmes de ne communiquer pas auec leurs propresfemmes : Entre fes enfans^il y en aaoit vn nomme Charear, lequel aymoit fur toutes fesfem. mes vncappei.ce Cherin pour fa finguliere beauté, ce mot Chcrin en langue Pcrfiennefignifie doux , & fe trouueyn Imreencefte langue.intituléK.zrraoChe- r.r. , qu vn Prince du Païs ( non celuy de qui nous ef- criuons la vie, mais vn de moindre qualité; a compofé vers fort mignards & elegans . & defquels les Per- i-s font vn grand cas , comme eftant pleins de plu/Ieurs belles conceptions & inuentions aufquelles Us font grands Maîtres. Charear donc fe fouuenant de fa Cherin . & fouf frant ..es inquiétudes nompareilles pour fe voir priué ce U chère .enè , commel'amour ne manque jamais dmacntion . il trouuavn moyen pour remédier à fa F:ne . feignant d'eftre malade, & qu'il auoit befoin o. itre Ir.gne, & fdort i'aduis qu'il auoitdonnéà Che- tîn. e.,.riede(gun'a en barbier, & vint ietrouuer en la pn on , ou ayant efté quelque temps auec fon mary. elle ieret.ra : mais enceinte d'vn fil, , qu'elle nomma Yaldegert lequel fut efleué en îa maifon du P.oy Kozr rac Ion ayeul. jufques à l'âge de rans,rans qu'il en fceut rifn : ma, s en ayant efté aduerty ,il commandaqu'on le mit a mort, en quoy il fe monftra fort entier . fans voulo.r changer d'opinion : ce que la mere ayant fceu elle le vint nouuer,où elle fit tant par Ces prières & fes larrres , qu elle gagna fur luy qu'on ne le mit point à mou : mais qu il fut porté en quelque bocage o„ bru yeres , a la mercy des belles fauuages ( çe qti eft rap. porte en ceheu, pour l'intelligence de ce qui fedira cy après Kl b..e que lacroyanccqueKozrrao adjouftaàce deu.n lerend.tfoupçonneux , timide, auare &fuper- be.mal. voul., & hay des fiens, defquels il faifoit mou rirpiuncurjlans autre raifon que fafantaifie entrelef quels hu vn nommé Neaman neueudc Manzar.qu. luy auo.t rendu defort grands feruices. ^ Il y auoK défia 38. ans que Kozrrao Prauez regnoit fnlerle , quand les lujets ne pouuansplus fupporter V.!!!71 j "^^^^^y^annies d'vn commun confente- Jl ^'J'^'^'J'''^' i"^ Royauté, le mettant entre \ITT ^" Capuaine,auquel ils auoient fort gra-,. e conhance , & elhblireat au fiege Royal Ton fil?K inn 'p^'' an 6it. de noftre falut peu pIU. bU moin^ ce Kozrrao Prauez , & celuy que ifous'appdlonT^^ J^oUChyruyhéXXXK RoydePerfi, Les Perfes penfans par ce changement auoir aucii ncment adou cy leur m. fere, qu'ils receuro^enr 1' ce Pnncetout bontra.clement , 'eurent^ft edt de fe repentir , d'autant que ceftuy cy fe voyant confirme en la Roy.,,é, la première chofe qu'.l irfu défaire tu^r fon pere qui elto.t prifonnier ?ce ou Int. acquit toutd'vn coup ^la haine vninerfelle fi^Ï^ |e6ts , car encore que ce Prince fut hay par fes ma ' ai fes cond.t,ons:toutesf .i. pas vn d'entr'eux ZoiTZ lu fouiller fes mains du lan?Rrvnl • n..i. ?" iourss'eaan.pir.zdepu,st^ri.arn'^^t^^^^^^ Hormoz fils d'vn Mardorr cb ^ que Partie* a.mu mandé detuér , s^ofFr. à K -baLe .a ^ce .^^^^^^ entrant doncdanslapnfonoùeftoitK zrra^^^^^^^^^^^ trerefpe6tnycompliment,illuyditcesparoles II 1 {ufte de tuer celuy qui a tué mon pere : & en d' L L Î lay trancha la tefte , lequel eftanc r'etourn "e ^ b't qu. elloit fort content du fait , il demanda à cellb-y 1' comment ilauoit procédé en celle adl.on, lequel peu fant en ^aou vne bonne recompenfe , luy du les mef -es paroles qu',I a.o.t proférées en tran!-h n Tarfi^ a fon pere , & lo.s Kohîd , fans s'eftonner au re^f^t h^y d.t tout le mef^c. V. eft raifonnable de tuér S qu. a tue mon pere & le fit monrir fur le champ 2 non content de s'eftre a.nfi defFièb de cluvZi In^ auo.t donncla vie,il fie tant enuets fes VuS^gI? uerneurs, qu 11 fit mourir x,.f.cres qu'il auou ce s exécuta fort promptement. ^ Sur fcecy,il furuint en la Perfe vne grande deftilen ' ce, de laquelle elle fut fort affligée . ^^fur I f^ e^ d" fes c lam,tez,les deux fœurs de Kobad,l'.,fnéecle queÏÏ les sappelloitTuronDod, &laDlii. i^nn- dc^^prindrentoccafiond;!^^!:^,;:^^^^^ fontn'i "/h péchez &md?hanc«e?l Ion impiété d auoir fait mourir fon pere & fes frères* efto.ent caufede tous ces mal heUrs , que les dIS leur enuoyoïent , le m.enaçans encore de plu grandi & partant qu'il fe repent.ft des maux qu'il auou corn- m.s & amendaft à l'aduenir fa vie , ?ant pou crab- te^q^u.ld^^^^^^ Telles & femblable^ paroles Itiy dirent fes fœurs, cé qui luy fie auoir vn tel relTentiment de tant de maux qu 11 auou commis , que la violence de fa triftelTe le fit tomber en vne grande maladie , de laquelle .1 mourut laiHa vn fils qui luy fucceda au Royâume; Arddk ChymyhéXXXFI. % de Perfe, fur^^Th T'^' ^oh.dM, Perfes affirentauflî- toft nvh fi!^ vnique ArdchirChy- Mais vnfien parent nommé Charear i autrement ^herkham,qui eltoit lors Gouuerneur delaProuince d Agen , ayant entendu la mort de Kobad , & fçachant le bas âge de fon fuccefîeur , l'occafion luy leaiblanE -res-propre pour bien faire fes affaires , il afieïï^bla le ;Uis grand notnbre de gens de guerre qu'il peuft , & e . T' '"^l^pecitauecplufieurs ^'nt . ^^''f P^'^'^iP^^S^'-êc deccllequ-a auoit em- ^^neequant& luy, il fe dc.laraRoy dePerfe,lej.une ^^^^ Turon Dokt fille de Kozrrao Paruez , l'aifnéedes deux qui auoient fait vnc fi grande réprimande à Kobad leur frère : ce nom de Turon eft vn nom propre de femme, & Dokt,c'eft à dire Damoifelle.ou Vierge,cefte cy fat vne femme fort prudente & de bon Gouuernement, mettant fes Royaumes en repos & tranquillité , cha- ftiant fcuerement les feditieux, & qui yapportoient quelque trouble.rcforma la juftice , rcdifta plufieurs édifices publics.qui auoient efté ruinez par l'injure du temps : elle fit fupremc Vuazir de tous les Royaumes, vn des trois frères qui auoit fait mourir le Tyran Cha. rear , & contrada vne eftroidte amitié auecle Roy de Rumuz , c'eft à dire l'Empereur de Conftantinople: mais lors que fes fubjets commençoient à tirer vne orande vtilité & contentementde fa conduite, la mort îa Icurcnleua , n'ayant gouuerné que fix mois & fix iours. ' lafancedah XLIIL Roy de Perfe. Apres la mort de Turon Dokt, les Perfes efleurefit Iafancedah,k l'Efleftion duquel il y eut de fort grandes difputes, mais enfin il fut admis; on dit que lors qu'on luy mit leTagé fur la telle , qui eft ceque nous appel- ions Couronncnl dit que cela le chargeoit trop, & qu il n'en vouloit point : quelques vns difent que c'eftoit pour monftrer la charge , & le poids des Gouuerne- mens : autres que c eftoit par pute ignorance , comme c'cft la plus probable opinion : de forte que les Perles eftans fort mal-fatisfaiâs de fa perfonncils le dépolie- derent auûTi ignominieufcmcnt qu'ils l'auoicntprom- ptement eiicu. n'ayant régné que fix jours. Ai^^rmy Dokt XLIV. Royne de Perfe. lafancedah ainfi depofl'edé du Royaume , les Perfes en donneicnt le Gouuernement à Azzarmy Dokt, fe- ronde fille du Roy Kozrrao Parucz , ôc jeune fœur de Turon Dokt,douc dVne rare bcauté,& d'vn grand en- rendement. « Alors cfbic Gouuerneur de la Prouince de Karalon, & des le temps mefmes de P.iruez vn fameux & re- nommé Capitaine nommé Fcrrok Hormoz lequel luerte par la renommée de la beauté de Azzarmy Dokt, comme il euft efté contraint par la difpofitiou des affaires du Royaume de quitter fa Prouince : s eu vint ^ la Cour, laiffant vn fien fils en fa place pour gou- uerner,en intention de rechercher la Roync,& de luy fairel'amour , ce qu'il fit auec tant d'importunue& d'inciuiUté, qu'elle fut forcée pour fon honneur defc deffaire de luy, Ôc le faire mourir : ce qu'ayant ictfu ton fils,nommé luego.qui eftoit en Karafon,fe mit en vne telle furie , qu'ayant aftemblé promptement vne ar- mée,entra inopinément à la Cour.où il fit cruellement mourir la Royne , fans auoir aucun égard aux prières ny aux plaintes qu elle luy fit , n'ayant règne que lix mois. Keferé fils de lafamedah XLV.Roy de Perfe, A Azzarmy Dokt fucceda au Royaume Keferc fils- de lafancedah , lequel nous auons di: cy-delfus auoir efté depofé du Royaume pour fon incapacité , mais ce- ftiiy cy n'cftant,ny plus capable.ny de meilleure vie & gouuernement que fon^pere, il donnà occafion a (es fujecs,pour fes imprudenccs,de le faire mourir,n'ayant régné qu'vn an. Ferrog^d XLVl. toy de Perfe, En parlant du règne de Kobad Kyruyhe , il a eft;î dit qu'il fit tuer quinze frères qu'il auoit , ce qui don- na vne telle crainte à tout le reftCde fes parens , que chacun defirant d'cuiter la furi£ de ce Prince , fe fau- uoit où il pouuoit : mais après fa mort quelques- vns retournèrent en Perfe , entre lefquels fut Frerogzad fils de Kozrrao , & neueu de Kozrrao Paruez , lequel eftant recogneu pour ce qu'il eftoit, fut faid Roy,don. nant grande cfperanccd'eftre fort bon Prince, s'il euft vécu plus longuement qu'vn mois , au bout duquel il mourut empoifonné par vn fien Efclaue. laxdgerd XLVIl.Roy de Perfe, de ceux de leur nation. En la vie de Kozrrao Paruez , il a efté remarquéque du temps du Charear , fon fils eftoit prifonnier, voulât empefchcr l'efFed de la petfedion de fon fonge , que ccftuy- cy euft de fa femme Cherin , vnfilsnomme Yazdgerd, lequel eflEt après recogneu par fon ayeul, il, l'auoitfaitexpofcr aux beftes farouches dans vne fo-^ reft,où ayât efté quelque téps, quelques Paftres palTans par là l'cnleuerent, & par compaffion l'cfleuerent, lan« fcauoir qui il eftoit : mais comme tout fe fçait auccle téps, ce jeune enfant venu en âge, fit en force qu'il de- couurit fon origine , par laquelle cognoilTance eftant porté à plus hautes & grades chofcs que ne portoU e lieu où il auoit efténourry,pârtit de là.& s'en vint àla Cour du Roy de Perfe , fe conduifant fi dcxcre.ncnt, qu'enfin il fut recogneu pour ce qu'il eftoit : de forte qu'on le fit enfin Roy de Perfe , lequel 1 ayant allez bien gouuerné l'cfpace de ip.ans , vne grande multi- tude de Turcs vindrent en Turqncftan , entrant en la Perfe par Nahaoand , faifant vn fort grand rauagc par toutoùilspalTerent : fi bien qui !^ obligèrent Yazd- perd d'aller au deuant d'eux . & de (e recirer enfin en ia contrée de Karafon , où eftant, il evift adois que les Arabes, Capitaines de Mahomet , eltoient entr.z er les terres par vn autre coftc , Ôccommeil s'apprelloii à marcher contr^eux , il fçeut qu'ils eftoient pr;»ches de ée]ny,8i fc venaient trmiw : ce qnc fcachant il s'en retourna à Karalon.oC, il mounn fubitcnicnt,ayant re- gnc 20. ans r II fut le dernier des Pei fcs dcfcendans de Kayumarraz & anqud hni c la Monarchie Perfienne, &pa/îaa.xCdito.iuccdleursdeMahorrer,auim,rct le.r fieqepreaiierement en Kufa,& depuis en Ba^adcc, comme il icra dit cy après. DesRojs dePerfe. 713 que contre^Afie,qui eftoit préfquètôate à leur dj. 'J^TS DE PEUSE DEPUIS QVE les Arabes ont commencé d'y commander ptjques â nos jours , filon tHiftorwiraphe PerfanMirkond, ^ ^ IV. Calife. i crlcqu a peine fçauroit on donner aucun commencement à vne bonne & véritable iia...aon ; toutesfois rHilloriographe MirJcond en . ayant aucunement efclaircy la Chronqlog.e.le Ledèeur ne lairra pas detrouuer vne laite deRoysauffi conti- nuée en cefte famille des Califes , & autres Princes Arabes qui ontgouuerné la Perle, comme iUfaid en celle Gj:Ivayumarraz. Il dit donc que Mahomet le faux Prophète , ayant commande à plufieu rs Nations refpace de dix ans jaif- U par (a mort ion Eftat fort embrouiflé, pour les diui. lions qui naquirent entre les Principaux Capitaines- mais qu après pluheurs grandes difputcs, la foauerai- nete tomoa entre les mains de AubabaJor, lequel fut le premier qm Ce fit appelicr le Calife, ture, lequel fes liiccelleurs voulurent auoir depuis.car comme cesTy- rans voulo.ent fonder leur Empire fur vne apparence de Religion . ils couurirent leur ambition & auari'-e par des noms fpecieux de fainéteté Se de pieté, comme celtuy-cy entre-autres qui fignifie Dieu , donné par vne rencontre toutesfois toucc contraire à leunnten- tion ; car ,1s vouloient dire qu'ils eftoient donnez de Dieu pour le ialu t des peuples : & ,1s eftoïent enuoyez de luy comme vnieau , pour punition & chall,n.ent Cet Abûbakar continua les conquêtes de fon prede' ccheur,mais ce fut fort peu de temps.car il ne gouner- na que deux ans ôcdemy. H omar ll. Calife , e^- premier Roy de Perfi, dcpms que les Arabes l'eurent conquis. Apres la mort d^Abub.kar , le Sceptre Mahometan vint entre les mains de Homar , lequel ayant défia te r.n dix ans & demy , voyans fes entreprifes luy fucceder en toutes chofes , aduerty qu'il fut combien la Perfe eftoit tourmentée par les Turcs, il penfa qu',1 donne roi t vn grand accroiffement à fa domination , ,\l fe ve no.t jetter à la trauerfe , comme .1 fi: du temps de îazd- gerd, comme il a efté dit cy-delTus, ce qui luy reUŒt fi le rendu Seigneur fouuerain de cefte Prouince . auer plus de promptitude ôc facké qu'il ne fe l'euft ofé perfuader,eftablifrantpar luy& fesfuccelFeursCahfe ' fon fiegc Royal à Bagadet,& mourut vn an apres,cnu Mahomet le Faux Prophète , après fa mort lâilfa vii fien coudn gcrmam, quieftoit auffi fon oendre noi AI & des Pcrfes Morts Aly.l.qud vfn à U CoT,: ronneMahometnneapres Ocman / les fecStateurs du J^^l content de grandes conquêtes qu'il fit. & d fent dt^r- r Sf'^'^ -leur. p;;.aoa- dignes J^.^' terr os!^ f Mahometane. qu, par fucceflion dé enis ^^"^7^^"^.-; Sophians, qui s'en difent def- tenr l ' '^^"1!.^^= ^" ^"^'^«" Parvn fien ferai- eur, eftanten la Qtc Cu(à en l'Arabie : ceux de fà ^::^!7r!'' ''''' ''^'^^ n^ortZerlnt e miren.t leur coultume, puis e mirent fur vn Chameau ( car on d.t qu'il auoit ain. loidonncdeuantquemourir J lecjud.Is lailferent al- ler a la volonté , leloiuanttoufiûurs jufquesà ce ou'a près piuneurs deftoars ,1 vint s'arreL? en vn d^. d Arabie proche de Cufa , où ils luy enge.ent vné rort nchercpulcure.àlaqaelle,comme auecie temps on eue apporte pluheurs dons & oiFrandes parla de- uotion des ledlateurs qu. y , enoient comme en pele- rinageiOnybalHtvne forcloiïiptuemeMo-quée , & d vne Arch.teâure fort caneule: mais comme auec lé temps la deuocions'eft refroidie. & que les prefens 6c offrandes ont manqué : i'edifice a auiïï beaucoup per- du delonluftre.vne bonne partie tombant en ruine. ÀcemK Califes, La mort de Aly apporta de grandes dilTentions cii: tre les Arabes fur la fuccelïïon du Califat, daut.nt que les vns vouloient que Acera fils du delFujict Aiy lue» cédait a fon pere: les autres vonloient que ce fut Maa- uya hls de Safion , fils de Harab de la race de fienha- mia , toutesfo s aprcs pl'ufieurs delbats ils elleurent Calife Acem, duquel il ne jouît fix que jours-, , Ofman:, ouOtmanllU AHomarfuccedaOtman, duquel noftreHiftorien ne ait autre chok.finon qu'il régna onze ans &der^y, commeau[rilesguerresdeMahom.:ans,c. la ooinéle de kurs a .^-s tournoit pluftoft contic l'Europe, Mauuya VI , Calife, Mauuya vint enfin à la jouilTance^du Califat ap^eé la lîjorc de fon competiteur,l'an dcnoftre lalut û-ûi.dc de l'Egire quarante & va , & duquel li jouît i'erpacc de io.années,(àns toutesfois auoir fait aucune chofe pour la Perfe digne de mémoire. Du temps de fes diffe rens contre fon predecelfeur, il auoit elle fort bien Ici uy6c fccouru par vn grand & renomoié Capitaine Abdal- zyard, auquel pour recompenfe Mauuyadonna la Cité de Bafora,qui eft proche de deux Fieuues, Tigris & Eu- fratcs , cnuiron le lieu où ils confluent enierable , & fe viennent engoulpher dans le fcin Perfique.Maùuya mourut l'an de noftre falut 600. osante deux, & dé l'Egire 61. ThezidVIL Califi, Yhezid fils de Mauuya fuccedaà fon pere auCalifati & a la Seigneurie de Perfe , en la jouïlîance de laquellé il ne fut pas pluftoîl encré quë Occm fils de Aly neueu de Mahomet, & frère de Acem luy hiUa guerre, & fe liurcrent Bataille en la campagne de zabelahj où ,1 y a aujourd'huy vne ville appellée M^chet Ocem fondée en cedcfcrt pourla deuotion de la fepujrure. Sur le fujea de la mort de Ocem vn Cap caine Ara- bc nommé Abdslazuber piint les armes cotre Yhezid* Ooo j Cornait Abrégé de l'Hiftoire comme pour venger la mort de Ocea : & luy fit vne cruelle guerre l'efpace de trois ans qu'd gouuerna , & pre a mortil eLadans toutes les Prou^nces de .(on Empire.r3uageant l'Arabie, bPerfe, Aderbajon, Kara- fo? & autres : puis s'eftani jettè far l'Egypte . .1 prtnr [on Chemin par U Mecque . Cttc d' Arab.e , où il y a vn ^ port des pluL*marquablesdelamerrouge,& rnouruc Yhezid en l'an de falut 600. osante & cinq , & de 1 gire 64. Mamaya II nom, VlU- Caltfe, Mauuya fécond du nom,neueu du premier Mauuia, & fils du defuna Yhezid fut inllale au Throne de (on p«e incontinent après fa mort : mars fa g-n^e Ufche- [é,5c fon incapacité, luy enofterent l^ io^^^^^^,^ P^^' oùeauOi. toft qu'il l'eut receuë, ayant c(k depofe le 40. TZZc jou'r de fon règne . l^q.el e depofit.on a ^ porta vn grand temuèmcnt à tout c« Eftat, chacun d Jands Seigneurs afpirant à la Principauté : ma.s Se party de Maruuan fils de Akam Ebenhum.a ; fcnt drclufe,qur auort f^^^^^^^^^^^^ tous les autres,moyennant le fupport & la t^"^^^^ îay fie AbdeUziad, auquel nous auons dit que Mauuya 1. du nom auoit donné la Cite de lîafora. Marman IX. Calife* Maruuan parent de Mauuya , & de la Hiefme race pa..intauC^lifatenl'àgedequatre.vingtsar.s^^^ baruint auUalifat en i âge de qu»^.- . ---^ _ L fut pas fi paifiblement receu , qu .1 ne fulUorce d leuer vne grande armée pour empefcher les Arab« dc nom.»^.- en l'Arabie , & U V"''"f'^'.'^'}^Tf' dcftruiac de « -;;P , ruerenl delà Hgnée Prandma(racrcdetoutcequubv l,.niipl ad- deBenhumya , delaquelleefto.t Maruuan, kque ad uercy du cli^-in, ôc du de^ejn defes enn - vint au deuant );^^- fj,! J;/^ nom Ra- tamie.ainfi appellee à preUn 6cp hi r'eftoit anciennement la Ville de y rjuu na, ccuocaïc n,,.]^ Patriarche Abraham, pour décns voulurent brullei ici acnarcuc , p. . . n»^,-, r<.iiY eftans idolâtres, v^e l'adoration du vray Dieu, ceux, cy cita fut en ce mefmc lieu là où Maruuan donna la Bitaille à L ennemis,delaquelle.l demeura viaorieux,auec Tpr^s «K'^^^^^^ ^'en retourna & amis qui en ftrang a la nui6l ^8.. de noftre l'âge de quatre vings & vn an , c 1 falut,&dcl'Egire6y.&ayantregnevnan. . Al?delmalek.X,CaUfktar. Eben Ebiab^b Kakafy acco«,P té d'vn autre nommé EbrahemAchur , "^^^^^ '^ fe.blefortgrandnombrede foldats en campag^^^^^^^ s'en vindient rauager les Prouinces de Adcrbaion, Diarbek,Auuas,& autres Prouinces fopotamie . faifans vne cruelle 8^'-^^ P;:^,^;^,^^ paLent , qu'ils nelai(roient pas vn drceu. d^ P*»^ Lntraire, qi'ils ne taillaiTent ^^P^^^'^' ^^^XZl cy Abdelmalekleua vne armce de 70. ««^ll '^^2' /eguerre.&s'enaUapremi<.ement^uaq^^^^^ Bataille & la vie , y Gouuerncmênt des î^::=,!;«eM.Mefop— ^^^^ r;l::^?e^e'de7uS""B^^^^^^^^^^^ Mokca, & le défie & ùiaen 1"'''"^"^'^^^^^;^^ ;:E:ttt^rAbde,.alekfonda.p^^ grande & populcufe Cité nommée Vvacet , c clt â uirc Su"eu , d'aLnt qu'elle e(t fituée entre ^^-^[^^^'^^ & au milieu de la Mcfopotamie de '^^^^^^^^^^^^^ plus que les ruines.Puis ayant AWeljnal.k règne «ng l vn an &c vn mois : .1 mourut Un ^^^^^^^ & de l'Egire 86. Uiffant quatre fils , Oelid . bolcy man. Yhezid, iJcOchon. OeUd XL Calife. Acres la mort de Abdelmalek Oelid fucceda à la Pr^n ^aulé. Ce(luy-cy furpalTafes dcaanc..r. cn^^^^^^^ ,o r& richelTes, dilatant fon Empire par ^^^^'^ ^^ terres de l Lmpercui d'kelles , & obhgcant ■ "1T::pa in ib OrfiOelidf. '■'":;P"tible , &'qu r, i.u,nciblepoat fon grand „„d,t '' Oelidàged» meteforc^ulldh^^-y- hui£t mois. S oleymanXIL Calife- n fiU de Ahdel Malek,& frère de Oelia»luy Soleymanfi d^^^^^^^^^ p,Ue u-cltoit pa, It^ut ce à rob.ùi^uce de* Califes , auffi cacores tout« yauou,^ Des Rojs de Perfe. y auoît-iltoufiours quelque ftôuuéaucc , & quelque , vn AbdalahBenAbas lujca de guerre , bit en vue Prouince, foit en vne au- tre. Entre les autres il y en auoit deux qui nes'ertoient point encore rendues, Oerion, & Tarboftam , conne lefquelles il enuoya Yezid Eben Mahalep fort bon Ca- puaine , auec vne ballante armée pour les conquérir, lequel ht fi bien, qu'il lesafTuiettitdu temps de Soley- man , par le confeil delafar Barmaki fon Vvafir , on fit vn règlement Ûir la valeur des monnoyes , qui juf- ques alors auoit eu cours auec grande confufion , & grand intcrcft des peuples : & peu après il mourut à Damas dVne grande do uleur de cofté,ayânt reen » deux ans&dcmy. ° HomarXII, Califi^, ASoleynjanfucceda Hamar,ou Homar , fils de Ab- dala Azis, fils de Maruuan, frcrcaifîié du dcfunâ: Cali- ^ fe : les vns difent volontairement , & les autres que ce fut par force, nonobftant les empefchemens que luy voulurent donner Tes autres frères. Encore en y a. il qui difent que Soleyman deuant que de mourir l'in- troduifit à l'Empire : mais en quelque façon que cela il ef toit fort al'^eélioné ; toute«foiS ayant découuert qail trriccou ZMC quelques perfon ies , & compuoic con- tre fa vie, ii le fit mourir , & d jnna ia jharge à Kaieb Barmaquy,lequcl s'y comporta fort prudemft-.ent. Eti- fin Safa ayant régné 4.'^.ns & 9- mo»s . mouiut l'an d< noftre falut 75f . & de l'Egire 136. Ahutafa XX J. Calife, A grand peine Abuiafar frère du defunél Calife.fut- il pariienu au Califat par la mort de fon fierCqu'il eut aduis que Abufalem Gouuerneur de Katafon , le(^uel nous auons dit auoir vfé de tant de refped enuersie mefme Abuiafar, quand durant la vie de fon frère, il auoit efté vifiter fa Prouince, fe vouloir reuolter : mais ce Prince trouua moyen de le faire venir en fa prefcn- ce, & auflTi toft le fit tuér,par la mort duquel les affaires de Perfe furent plus paifibles. Mais cela n'alla pas ainfi en l'Arabie , où ceux de Mekay Bafora s'eftoicnî reuoltez , contre lefquels il enuoya fes Capitaines auec forces baftantes pour les faire r'entreren laçognoilTancc de^leur deuoir » com- me ils firent, non toiucsfois fans y répandre beaucoup defang. En l'an de noftre falut 7^3. & de l'Egire Hf- Ab- uiafar au fortir de cette guerre voulut vificer fon Ro* yaume , & partant de Cufa traucrla la Mefopotaraie» & arriuant fur les bords du Fleuue Tigris , la fituation luy en fut fi agréable , ôc la bonté de la texre, & com- moditc du lieu pour vifuer de là fes Prouinces:il y fon- da vne grande Cité, laquelle à caufe de plufieurs déli- ces & pbifans jardins qui font en toute cette contiee: le peuple le nomma Bagadad de Baga , parole Petlien. ne.qui veut dire Iardin,puis ayant régné 15. ^ns,il mou- rut au chemin de la Mecque , au dcfett dcByr Biy- mum,c'eftâdirc,lepuits de Maymum,le nom decelu/ qui le fit creufcr en l'année fcpt cens feptante-fept , Sc de l'Egire 1J9. Mahaây Btla XXII. Calife. Abuiafar laifla après là mort vn fils nomme Mshady Bila, lequel paruint au Califat, & gouuerna pailible- ment i'E.npire , fans qu'il y euft aucun remuement no- table, refpacc de quatre ans, au bout defqueh vn fietl Capitaine appelle Akemben Ochem , quialioitefte Secrétaire de Abu M^'-ilsm , Gouuerneur de Karafon, que Abuiafar aaoit fait mourir , fe reuolta contre fon Prince, rendant ces Prouinces là participantes de fa ré- bellion. Cettuy-cy auoit vn œil creué, le gefte , & la façon terrible, lequel ne îè vouloir pas feulement faire reco- gnoiftre pour Roy.raais s'cftorça encores,tant il eftoïc abominable, de fe faire adorer pour Dieu.Etafin qu'on l'euft à pareil refpedt, il couaroitfaface auec vn voile, difanc que les hommes eftoient indignes de voir fa fa- ce. Et comme ce. monftrcs ne manquent jamais de ffl- datcurs , pour les libcrcez & infolences qui leur (ont pcrmifes en leur compagnie , plufieurs fe rangèrent fousl'cnfeigne de ce meichant, foit par crainte, ou par- ignorance, les peuples eftans na:urcllement portez à la nouueauté. Si bien que plufieurs Prouinces le rccea- rcnt pour Roy. Cela fut caufe que le Calife Mahady ayant eu ad- uis de toutes ces menées , enuoya contre luy vne puif* faute armée , dé .laquelle il donna la conduite à vn nommé Monfaeb', lequel faifant la plus grande dili- gence qu'il luy fut poilible , arriua à K iron. Ce que içachans les parens , ik les plus proctics partifans de Àkcm , voyans leurs forces trop dcbiUs pour lefiftet à vne telle puiifance , pour fauiier leur vie, ils empol- fonnerent Akem , cioyans par fa mort tirer vne meil- leure condition du Capuainc Perfien , pubiians par tout qu'il eftoit monté aux C^euxrtoutesfois Monfaeb aptes auoir lubjugué toutes cêS terres là : voyant qu'il ne Des Rojs de Perfè. "nepoiiuoitauoirfon «vinemy, ny mort, ny vif,ilp;int vne feiicrc punition de les partns , Se de Ces partifans, en faisant bruflcr autant qu'il en pouuoit auoir , qui ne furent pas en petit nombre. Tout cecy arriua en l'an de nôtre falut 7S6. en laquelle année mourut Machn- dy Bila en Tâgc de 43- ans , ayant cfté Calife dix ans & vo mois. - £Uy Bild IMufa XXIII. Calife. A Mahady fucceJa Ton fils Elady Bila Mufa , mais ce fut pour peu de temps , au grand regret de tous les /lens, poureftre vn Prince fort affable , debonnatu- rehmais toute iagaye humeur , ny la belledifpofition qu'on difoit qu'il auoit, ne le pûrent garantir qu'il ne niouruft,n'ayantregncqu'vn an trois mois, l'an 78/. &lei7o, de l'Egire. ArrachidBila HammXXIF, Calife. ^ Arrachid fécond fils de Mahaby, par la mort de Ton frère fucccda à l'Empire. Il eut pour Vvazir Hyahya , Kaled Bermalcy, homme de grande prudence en affai- res de Gouuerncmcnt. . Ce Prince en l'an de falut 804. & de l'Egire 187. en- uoya malfacrer IcsBerameques , qui eftoient de fort Noble famille, &fcs Vaziris , pour le loupcon qu'il auoit , que ceux cy vouluifent attenter quelque choie contre luy , & trois ans après les Grecs luy firent la guerre.-mais enuoyant vne armée contr'eux, il en fceut prendre telle raifon, qu'il contraignit l*Etîipereu/ile rechercher de paix, & de l'achepter auec grande fom- mc de deniers. Cette guerre acheuée , il en eut vne autre enMau- renahar , d'oùs'cftoit faidl nommer Roy vn nommé Rafh Eben Naccr de Samarkan , contre lequel Arra- chid voulut aller en pjErfonnc;rnais la mort le furprint en chemin , qui luy fit perdre la vie, à Thus, Ville Ca- pitale du Royaume, & de la Prouince du mefme nom, ayant tenu l'Empire xf. ans. Cecy aduint l'an de falut 8io. & de l'Egire 15)5. Ce Prince eut quatre fils , à fçauoir Mamcd Ham- mi , auquel il donna tout ce qu'il poffedoit en Alep, & aux enuirons versleCouchant. Mahamum , auqiiel il donna la Pcrfc.Karafon, & toutes les terres dépendan- tes d'jcelles , &au troifiéme nommé Kaccm,il donna le Gouuernement des Prouinces d'Aderbajon , Ôc de Diarbek. Quant au quatrième nomméMatacon.d'au. tant qu'il neTaymoicpoint , auflî ne luy fit- il part de rien, mais toutesfois la fienne ne fut pas enfin la pire. par le chemin , après auoir tenu l'Empife 4, msôcj; moisjl'an de falut 814.& 198.de l'Egire. Mahàmum Ben H arum XXVÏ. Calife, Mahanftum Ben Harum frère du dcfunft.queleVvài zir Taher auoit fait mourir, luy fucceda au Califat. Il fit lors fon principal Vvazir Fazcle Ben Saleh, homme prudent , & fort entendu au Gouuernement; & com me les affaires de fon Empire cltoient lors paifi- bles , il fit vne fi grande dépcnce pour faire traduire dé la langue Grecque, & Surienne,cn Atabefque, cous les liures qu'il put recouurer^de Philofophie, Mathemati- que, Allrologie, & JVledecine: mai-; cette paix ne dura paslong temps en Pcrfc : car vn nommé BabckCo- ramdin , fe reuolta en Aderbajon, contre lequel il en- uoya quelques trouppes. Mais là guerre ne laifTa pas de durer quelques temps, à lafin toutesfois ils s'accor- dèrent , l'an de falut huidî cens vingt & vn, & deTEa gire 20J. Ce fut en cette année que Maliamum enuoya Taher Zulemin pour gouuerner les terres de Karafon : mais î(4ahamum s'en repentit bien-îoft,car il fecut que cec- tuy-cy afpiroic à plus grande chofe que le GouucrnCi ment, &brairoit quelque nouucauté. Cela fut caufi* qu'il fit apprcftïr Himed Abichaled , pour s'oppofer aux entreprifes de cectuy cy : mais cela fut incontinent appaifé par la mort de Taher. Le Calife toiueîfois, nonobfiant les menées du de- fund, ne lailTa pas de donner Gouuernement à vn fien fils nommé Talahe Ben Taher : mais le defunâ: Taher auoit vn autre fils nommé Abdula , lequel le Pereauoit enuoyé faire la guerre aux Vft>ckes,d'aucanE qu'ils ne vouloient pas receuoir fa fcde , S<. eftant re- tourné victorieux decette journée , il trouua fon perc mort,& fon frère en polTe/ïïon du Gouuernement. Ce qui luy fut vne chofe fort fafcheufe à fouffrir : mais fon frère auecleconfcntemcnt du Calife, ieprintpoutr compagnori au Gouuernement, & ainfi toutes chofcs demeurèrent p3ifibles,en laquelle paix elles continue^ rent le rcfte de la vie de Mahamum , qui mourut l'an de falut 8z6. & de l'Egire 210. ayant règne douze ans & fept mois. Ahu E%ach Matacon XXVII, Calife, Mahameà Amm XXV. Calife. Arrachid Harum auoit nommé pour fucceffeurau Califat Mâhamed Amin fon fils , auquel eftant initalé, il luy fafchoit fort de voir fon Empire fi diuifé,& d'en auoir fi petite part,fi bien qu'auec cette penfée, la pre- mière chofe notable qu'il fit , fut de penfcr aux mo: yens qu'il auroit pour depolfeder quelques-vns des liens : & fiir,cela ilailemblavnepuiffante armée,com- mandant aux chefs d'icelle d'entrer dans la Perfe. Ma- hamum , à qui nous auons dit que le père auoit don- ne cette contrée , ne fe tenant pour afTeurc du remué", ment de fon frère Amin,fetenoit fur fi;s gardes,& vo- yant que l'otage eftoit preft de tomber {ur luy , il leua vne puilfante armée , de laquelle il donna la charge à vn fien Vvazir nojiîméT.-ihcr Ben Ocem , lequel alla auffi-toft attaquer fes ennemis, leur iiura la Bataille, & les vainquit, les pourfuiuantjufques à Bîgar, dansla. quelle il entra par force , &print le Calife Mahamed Amin, lequel il emmena quant & foy, & kfit mourir Apres la mort de ces deux , cettuy paruint en fi» â l'Empire, lequel le père auoit autresfois tant raéprifé, que de ne luy point faire de partage en fon héritage: car il eftoit fils de Harum, & frère des dcfurnSs. Cet-^ tuy-cy à fon aduenemcnt à la Couronne fonda vne Ville à cofté de Bagadet vers le Septentrion , diftanté de celle cy d'enuiron 3000. fur le Fieuue de Tigris, qu'il nomma Samarrah , laquelle fat quelque temps florifTante , mais elle vint depuis en telle décadence, qu'il n'en refte aujourd'huy que les ruines. A la mort de Mahamum Babek Coram , qui auoit le Gouuerne- ment d'Aderba)on,s'eftoitreuolté par deux fois : mais à la dernière Matacon y enuoya vnefipuifTante armée contre luy, qu'il futdcffaicè, & pris prifonnier, auquel ce Prince fit couper les pieds & les mains i puisle fit pendre & cftranglen II y eut toutesfois encores quel- ques remuemens en la Prouince de Karafon j à caufig de la Prouince de Sifton , qui eft au Pays- bas de Kara- fon & Kcrmon , vers le cofté du Sein Perfique , & eft contigué dvn cofté à la Perfe , au Gouuernement de laquelle Sifton eft fujcdie, & d'vn autre cofté au Ro-=' yaume de Macron , voifin des terres de l'Inde. Car il s'efleuaen ce temps vn homme en cette Prouince de Sifton , qui accompagné de tous ceux qui le vouloient fuiure , occupa à forcu à'armes la meilleure parue d'ieeikj d'iccllc. Etcommccela de qaoys'eftoit emparé reflor- tit à la larifdiélion de Karafon,Talahe qui y comman- to\t pour lors «rma en diligence , & alla au dîuant de Amzah , ainfi s'appelloit le rebelle qui continuoit fcs conqueftes , le combattit, & emporta la viâroire, & de s'en retourna à Karafon , où il tomba malade incôti- denc après, & mourut en l'an de falut 819. & de l'Egi- reiij. laiffant en fonlieu Aly BenTalahe fon fils.con tre lequel les Princes fevoifins firent vne longue & fafcheufe guerre, jufqu'à ce qu'enfin Aly fut tué en vn rencontre qu'il eut aucc eux. Mais la guerre ne cefTa pas toutesfois , au contraire il fembla que cette mort ne Tauoitfaiâ: qu'enflammer d'auantage. Durant que tous ces rcmuèdaens fe faifoient en Kirafon, Matacon faifoit la guerre à l'Empereur Grec , fur lequel il em- porta plusieurs vidoires , puis mourut en l'âge de 48. ansd'an de falut 8J5.& de l'Egire iiy.ayant régné g.ans. îl laiflTa après fa mort 8. fils & 8. fillcs,8oco. Efclaues, print 8. Citez Capitales de 8 Royaumes, dcfquels il fit mourir 8. R' ys- On trouua auffi 8. millions d'or en fonThrefor, tous lefquels Octonaires font remarqua- bles. C'eftoit vn fort g-'an^ guerrier , affable neant- moins, & libéral , aymé de tous , mais principalement des gens de g^tiic FvacekXXFIIL Calife, Vvacek fucceda à fon pcre Maracem , duquel Cali- fe il ne fe trouue rien de notable. Voicy feulement ce qui aduint en Karafon.c'eft que par la mort de Aly Ben Talahe fon oncle , Abdula BenTaher luy fucceda au Gouuernement du Royaume de Karafon, duquel en- cores que les terres de cette contrée foient tres-ferti- les & abondantes , il arriua vne terrible & vniuerfelle famine, caufée d'vne fort grande fecherelfe , qui dura quafi trois ans en toute cette contrée , qui la rendit ' prefque toute dépeuplée. Mais il vint après de grande, pluyes, qui la rendirent fertile comme auparauant , fi bienquelespeuples retournèrent chacun chezïoy. Or en cette reiinion , les Perfes 6c les Mores s'af fembleientpour faire la guerre aux Gentils, qn eftoi- cntcncor pour lors en cette terre , & delà melmcNa- tion qu'ils appellent toutesfois vulgairement Miyuli qui font ceux qui reuerent le feu , defquels il y a enco rcaujoiird'huy grand nombre en h Perfe : mais ceux cy en firent toutesfois vn grand malfacre , Se alors mourut Abdula Taher en Karafon , auquel fucceda fon fils Taher Ben Abdula , y eftant confirmé par le Calife Vvacek , lequel mourut aufli à deux ans de là, ayant commandé cinq ans & neuf mois , en l'an de fa- lut 858. & de l'Egire zxi. lailTant le Califat à fon frère laf^r. * AÏmoto t^'vakel , Bita lafar XXIX. Calife. Alraoto Vvakel, Bita lafar fucceda à fon frère Vva- £ek , du règne duquel les defcendans de Aly s'efle- uerent , aufquels il empefcha de tout fon pouuoir leurs pèlerinages à fa fepulture , qui eft en Mcfchat Oeem,aux deferts de Kalbelah.comme il a efte didl cy- dclTuï. Et afin que cela luy pû!t rcUilir plus heureufc- ment , il fit rompre les ch.)ufiées del'Euphrace en plu- fieursendroids , afin que noyant les champs de toutes parts > il leur empefchaft ainfi fans grand trauail le plTage de toutes parts , pour la grande plaine de ce defert. Du temps de ce Calife , Taherban Abdule mourut en Karafon , laiiîanc fon Gouuernement à fon fils Ma- hamed.lequd donnaàvn lien oncte frère de fon pere, les terres de Tarbaftan pour vmre & demeurer en iceU Abregé de l'Hiftoire les , dcfquelles toutesfois il )oiâyt peu de temps , com- me il fera dift en fon lieu. ^ Quant au Calife Vvakel , il auoit vn fils nommc Moncager, dcfireux infiniment de régner, fi bien que fon arrîbition le porta à vne fi grande mcfchanccte, qu'il fit tuer fon pere par les mains de fes Efclaues, ayant régné douze ans , l'an de falut 8yo. & de l'Egire ^34- Montager Bila XXX. Roy de Perfe, Cet exécrable parricide paruint ainfî à l'Empire: mais ce hiy fut vne courte )oye,car au bout de hx mois vne grande maladie le priua de la vie , & de ce qu il auoit tant defiré. AUa Ahds Hamed XXXI, Calif<^. Abula Abas Hamed fils de Mahamed , fils de Mata- con , comme plus proche parent du défunt, luy fuc- ceda au Califat : mais y ayant commande s. ans & 9. mois aucc fort peu defatisfadion des fiens , fcs foldats le prindrent , & le jettcrent en vne fort cftroi, ilsvindrem aux véritables. De forte que Yacub ayant oublié ceux-cy par la li^ bertc,qui a toufiours accouftumc d'émouuoir les plus refroidis * il les trouua bien difpofez à le fuiurc , lef- quels il arma de telles quelles armes qu'il pût recou* urer,& commença d'épier les chemins,vfant toufiours de fa naturelle libéralité enuers fes compagnons, deÙ quels ils fut appellé Capitaine > ayant parray cela compaffion des miferables qui tomboient entre fes mains , leur oftanc feulement vnp partie de ce, qu'iiç auoient. Alors gouuernoit à Karafon Taher Ben Abdula» duquel il a efté parlé cy defl!us > auquel s'addrefTercnt ceux qui auoient efté ainfi détroufTez, luy difant qu'vil certain Salekh Ben Afar auoit attiré en fâcompagnié Yacub Leys auec les fiens, & qui luy auoit donné qua- lité de Capitaine, & l'auoit pris à folde : que cettuy-cy ' eftant entré en la contrée de Sifton auoit pris la Vill^» & l'auoit pillée. Cela fut caufe que Taher Ben Abdulà enuoya fes forces contre ceux-cy,qui le firent-fortir dè Sifton. A peude temps de là mourut Taher Abdula.ïaifTant à fa place fon fils Mahamed Ben Taher:& aufïï toft quê cettuy-cy entra en poiTeftion du Gouuernementyngu- tre Capitaine appellé Dram Ben Nacer i, attirantauïiï Leys de fon party,il fit encor vn autre rauage aux mef- mes terres & s'empara d'icelles:& Dram dcfirant pour^ fuiurefon entreprife,laiïïalcGouuernement de Siftoft à Leys. Taher ayant fçeu toutes ces intelligences con- craignitDram B.'n Nacçt de venir aux mains, où il eut vn tel aduantage qu'il prit l'autre , & l'enuoya prifon- lîier à Bagadet , oùleCalifcle fitînectreenvncfortel^ troiétç prifon,en laquelle il fut fort long temps. Cependant Yacub Leys lie perdant aucune occa- fion , fe voyant déchargé de l'obligation ^u'il auoit à Abrégé de l'Hiftoire 720 Dram , Te 6t Seigneur tJcSiftorii fe gouuernanc cepen dant en forte qUe de jour à autre l'anaour des fiens croilToit toufiours en fon enaroit: fi bien qu'il fortifia la Ville > & mit en icelle > & par toute la Prouince les gàrnifons neceffaires pour la bic dcfendre.puis il com- mença de courir fur les terres de Karafon , en l'an de lioftre falut 865. & de l'Egire 155. auec vn fort puifTant cxercice-affujettiiTant tout à fon pouuoir par où il paf- foit. De là il pritHerat & Fuchanh , &defcendantà kcrmon , il le prit chafTant gàrnifons de cette Pro- uince qu'y âuoit mifes le Gouuerneur de Sciras.laquel- le Ville il afliegca j &ncpouuantfe défendre contre fes forces elle fe rendit i où les foldats firent vn tres- grand butin, de tout lequel il ne voulut que vingt fau- cons qui auoientefté au Seigneur de SciraSjdix blancs & dix de diuerfes couleurs, & 200. mains de mufc tres- pur,qui font quelques 4fco.liutes, lefquelleschofes il enuoya au Calife de Bagadct , s'ofFrant à fon fcruice auec tout ce qu'il poffedoit. De làayant ordonnétoutès chofes commeil jugéoit à propos.il s'en retournâ à Sifton.Mais en l'an de falut 872. & de l'Egire 257* ayant entendu qu'il fe faifoit quelque remuement à Sciras,il y retourna pour remet- tretoutes chofes en bon ordre.Or le Calife Yacub Leys gouftoit fort mal tous Ifes prôgret de cettuy cy.de for- te que nonobftant toutes les offres qu'illuy auoit fait faire , il luy enuoya dire qu'il fornftpromptement de Sciras,&des terres delà Perfe , ôc qu'il n'euftjamis la hardieffe d'entrer en icelles, fe contentant deeequ'il auoit tyranniquement acquisi Leys qui nefe trouuoit pas en eftat de refifter à vne fi grande puiiTance que celle du Calife, ne répondit au- trechofe, finon deluy obeyri&Cottit de Perfe s'en al- lant de là à Balte en Maurenahur i & de là il paiTa à Ca- bul vne contrée qui eft entre Karafon &rinde>laquel- le il fubiuga,puisil print fon chemin par Harat, & def- cendit à Nichabur , où il combattit Mahabed Ben Ta- her.comrofcil a eftédiâ:, ôc puis s'en allant à Karafon, îl paiïa partaberftan, ÔC s'arrefta à Sary où AcemBcn :ie\d A.lauuy, duquel il a efté défia fai6t mention, vint rencontrer Leys auec vne très belle armée, & le com- battit , feàis il fut vaincu , & contraind de s'enfuyr à Delmon, Delimon.ou Delon, car on appelle cette Vil- le-là de tous ces noms là , & elt fituéc en la Prouince de Gueylôn. r - ■ Leys s'cftant ofté cette efpine du pied pourluiuit Ion énnemy jufques à Amal:on eftoit alors entré défia bié auant en l'hyuer :& ces contrées font ordinairement fort froides , outre cela il furuint tant de neiges , & de ïempeftes fitetriblcs.qu elles le forcèrent pour l'heure de quitter fon chemin.auec la perte de 4000. combat- taris qui périrent par l'inclémence de l'air. - Le Calife ayant fçcu cette déconuenue , & fe vou- lant fcruitderoccafion propre, ce luy fembloit, pour diminiièr les forces deLcys,defpefcha en diligence des courn ers par toutes les terres fubjedles à Leys,perfua- dans à ceux qui gôiîuernoient pour luy defe teuolter, ^ de ne luy plus obeyr : mais il fucceda tout au con- traire de ce que le Calife pretendoit , parce que Ma- pamed Ben Vvacel Tamimy Capitaine Arabe de ceux quieftoient pour lots en bon nombre en la Perfe , fit V ne entreprife contre les gàrnifons que le Calife auoit pour lors par les Citez & forterelfes , defquelles il tiia vne partie,ôe fit reuolter le refte. Cependant vn nom. •S-ré MucaBen Bugan Seigneur de Becora , de Hauuas 8c- Hyamama terres de l'Arabie , & voifines delà •Pen"e,ayant aduis de tous ces rcmun aïs ilfut vsincu»& pris de l'autre. :epen lequel voyant vn fi mauuais fucccz s'enfuit du camp; Hamer fit après le femblablcjauec fort peu de cens. Depuis ayant recouuert nonuelles forces,& r'af. lemblclercfte de fon armée déconfite> il tenta vne au- tre fois de rentrer dans Sciras , Mais Monfek frère du Calife,ayant eftcaduerty de fon deflein, s'alla ictter à grand'hafte dans la ville.ce que fçachant Hamer, eftant deferpcrc de le recouurer, il s'en retourna à Kcrmô vi fiter les terres de Sifton,& de là paflTa àKarafon.Ce fut en ce pays que mourut le Calife Aîmat Hamcd Bila, ayant règne 23.ans,l'an de falut 8<>3.& le 275). de l'Egire. Mata-^d BiU Hameà^XXVlXdtfe, Matazed Bila Hamed fucceda au Califat à fon pere Almat Hamcd,cettuy. cy fut fort prudét & courageux, & neantmoinsfort fenfuel. Or comme il a eftc di6t, Hamer Leys ayant perdu l'efperancede recouurer Sci- ras palià à Karafon > où vn des Gouuerneurs de cette Prouince appelle Rafcahy Ben Arfuma,s'cftanc rebelle contre le Calife,ptint le party de Mabamct Ben Zeyd Alamy,contre lequel Hamer Ben Leys,auec la permif- iîon du Calife, fit marcher fon armée, le vainquit, & leprint captif ,& l'ayant fait mourir ,ilen ennoyala tefte au Calife, qui eftima beaucoup ce feruice , d'au- tant que Rafeahy auoit fort trouble ces Prouinces; de forte que pour recompenfcr Hamer, il luy fit vn nou- neau don de Karafon, Maurenahar, Parcy.-Kermon Ôc Sifton , voulant que (on nom fuft écrit aux bannières publiques,afin que fon obeylTance & fidélité fuft reco- , gneuède tous , ce qui fc palîàl'an de falut & de l'Egire 200. quatre-vingts quatre, & d'ailleurs Hamer, Ben Leys en jecoghoiftance de tous ces biens-faiârs il cnuoya pour prefent au Calife vne grande quantité d'argent monnoyé , plufieurs vafes d'or & d'argent, quantité d'ambre, mufc & cyuette, & plufieurs robbes defort riches brocardors. Il y auoit long-temps que les terres de Nfaurenahar étoient paifibles,& qui auoient quafi fecoLié le joug de la Seigneurie de la Perfe.vn Ifmaè'l Ben Hamed les tc- noit pour lors , contre lequel Hamer Ben Leys fit vne Icuée de gens de guerre,& marcha contre luy , lequel l'attendoitprés le flcuue de lehun qui fepare les terres de Maurenahar.de celles de Karafon,où après plufieurs &diuerfes rencontres, Hamer fut vaincu & pris d'If maèl : on dit que cettuy-cyeftoitaffifté del'argentdu Calife,qui étoit bié aife de fe défaire de Hamer,toutes- fois cettuy-cy le traiâra fort bien , après qu'il eut iuré qu'il mairitiédtoit la pkix& l'amitié entr'eux,& qu'il neferoitianaaisla guerre,ny par foy, ny par autruy,& i'emmenaquat & foy à Maurenahar, dequoyiladuer- tit le Calife , & de tout le fuccez de cér affaire , lequel luy écriuit qu'il le luy enuoyaft à Bagadet, ce que fie If maèl : mais quand il y fut, le Cahfe le fit tuer , y ayant 2j ans qu'il eftoit Roy, il eftoît borgne & fort colère: auparauaht cela, Ifmaè'l en l'an de fâlut S5?4. & de l'E- gire 280. eftoit paffe de Maurenahar, au Turqueftam, où après âuôir éu plufieurs viéloires furies Turcs ; en- fin'ilprint en vne bataille le Roy de Turqueftam, fon perc & fafemmei &dix milles hommes, & dit-on qù? la prife & le butin fut tel de cette vi<5boiré, que cha- cun des foldats d'ifmaèl eut bien pour la part 1000. deniers d'or, qui font enuiron 10500. ducats. Ayant obtenu cette vi<^oirc il s'en vint à Simar> 1 sdePerfe* 721 kand> & de là il vint combattre contre Hamer Leys auec vne armée de 60.&: dix milles combattans;Iequcl îl vainquit, comm eilacflédic, & pour cette caufe le Calife Matazedlay donna le tiltrc de Maurenahar, Karafon, Sciras, Sifton, & Kermon. Cela étant ainfi pafsé, il fçeut que Muham'ed Cen Zeyd Alauuy,couroit &rau;igeoit les terres deTabar- ftan, cela luy fit écrire qu'il eùft à s'en defifter : cepen- dant prépara vne puiftante armée qu'il enuoya contre luy fous la conduite de Mahamed Ben Aron Somony, lequel le vainquit, fi bien qu'il adioufta encore à la do- mi nation d'ifmael les terres de Gerion &deTabaiftan. defquelles Prouinces il eut le gouuernemcnt fous l'au- thoricéd'Ifmaël: cecy arriua en l'an de fahit 5)oi.& de l'Egire 2S7. & le Calife Matazed Bila mourut 2. ans ' après ^ à fçauofren l'an 003. & de l'Egire 285). ayant rc- gnép. ans & 9. mois. MoktafyBUaXXXFII. Califi. Moktafy Bila fils de Matazed fucceda à fon pere, du temps duquel plufieurs compagnies d'Arabes s éleue- rent,&fe mirent à courir par TArabie, dctrouffanslcs paffans, & empefchans le pèlerinage de la Mecque, Se en la Perfe. Taher Ben Hamer Ben Hamer Leys.qui au lieu de Ton ayeul auoit eftc, fait Roy de Sifton, entra au mefme temps en laPerfe auec vne puiftante arniée, en intention de s'en rendre le roaiftre, après auoir défaiâ: lesgarnifons du Calife, commeil fit, & lareduittoute fous fon obeïfTance, palfant apresà Auuas, le Gouuer- neur delaquelie Prouince s'appelloit Abdula , lequel demâdaaufli toft fecour à Ifmaël Roy de Maurenahari qu'i 1 écriuit à Taher Leysje priant de fe defifter en fon entreprifc, ce que ccttuy-cy fijit par amour ou par crainte fut d'accord de faircpourueu qu'Jfmaël obtinft du Calife qu'il poficdaft les terres que fon pere & luy auoient conquifes, & qui luy enconfirmaft la pofteP- fion, le Calife netrouoaft point le party mauuais,& le fit pour l'amour d'Ifmacl,&- Taher ayant cette nou- uelle donation s'en retourna à Sciras, ce qui aduint l'an defalut6o7. & de l'Egirè 295. & en la mefme année mourut le Calife Moktafy de débilité pour les exccz qu'il auoit faits ayant régné 4. ans. MoktaderBîlaXXXniI, Calife. Moktafy n'ayant point laiftc d'enfans , on donna le Califat à fon frerc Moktadet,fous le règne duquel Ma- hgmed Ben Arun Somony, qui LÔme il a eflé dit,vaini quit & fit mourir Ben Zeyd A!auuy,&: ayant recouuert les terres de Gerion & deTabarftan qulfmaël îuy en auoit donné le gouuernement,fe rebella,& ayant leué vnearmée par le moyen des intelligences qu'il auoic auecles habitans de la ville de Rey,il s'empara d'icelle> ce qu'ayant fçeu Ifmaël luy alla à l'encontrermais l'au- tre s'enfuit ^ bonne heure, toutesfois il le pourfuiuit àCafuin, Zcnian Tabarftan.lcfquelîes Prouinces il re- duifit fous fon obejftance , mais il ne pût attraper Ben Arun i fi bien qu'y ayant mis des garnifons nepeftaires pour la dcfence du psïs,il paftà pour la féconde fois au Turqueftam y conquer?i)t de nouuclles terres & nou- ueaux Royaunnes, où il fit vn butin ineftimahle, auec lequel il s'en retourna à Maurenahar, en l'an de falut 905). & de l'Egire 295 laiflant au Royaume fon fils Ha- med auquel le Califc confirma (es gouuernetnens,auec plufieurs aduantages:car d'autant que les Califes étoièc tenus pour fouuerains tant au fpirituel qu'au tempo- rel, ceux-là étoient tenus ne pofteder pas leur feigneu- rie àbon tiltre, qu'ils tenoient fans leurconfirmation. Cependant Taher joliiftoit de Sciras, Se des autres ter- res que le Calife luy auoit accordées & s'en eftant al- lé à la chaftcen la contrée de Sifton .Sanghery vn P p p cfclaué y II ,e.rdau6 Je Leyi fils d'AUy fon oncle , s'cropara à l'im pourueu deSc!ras,& Cahcrcftant venu pourluy fairf lafchcr piife , cectuy-cy>à!çauoirSanghs:y eut l'affîn rancede luyliurer la bataille , en laquelle Tahec fiit Vaincu & prifonnier auec vu fien frère , & enuoyez à iBa^adét apies auoir régné llx ans , & pour icuir de fa conquefte auec plus d'afTeurànce , il print cncor le fils de Leys nommé Ally, & vn autre fien frère appelle M.ided , & les cnuoya à Bagadet > ce qui aduint en l'an de falut P14.& de l'Egire 300. Cependant Hamer fils de Yacub petit neueu de Leys, voyant la contrée de Sifton reuoltée en tout trouble, entra à main armée en i celle , & la fubiugaen 9. mois, faifant mourir plufieurs fcditieux,nriais il mourut à peu de temps de là lailîant eti fa place KalebbcndHamad fon frère aifné, cettuy-cy voulant aller en pèlerinage à la Mecque.laiirapour gouuerreren fa place,vnfien pa- rent nommé Taher Benocem.lequelle voyant abfent fe reuolta auflTl tort contre luy , & s'empara de fon païs, fi bien que l'autre étant retourné de fon pèlerinage , il trouua les portes dofes pour luy, de forte qu'il fat contraint de s'en aliet à Bckara en Maurenahâr dcnr; a dcr fecours 2 Manfur j lequel luy donna de belles for- ces, auec Jefquclles il reconquit fon paï; d; Sifton;Ta- her s'en eftant enfuy.Kalef fe voyant ainfi remis en fon Royaume,&déja tout piiliblcjlrenuoya à Manfur les trouppes qu'il anoit données, ce que fciacKant Taher vint derc.:hef àSiiion , qu'il conquit pourja féconde fois , fi bien que Kalef fut contraint d'aaoirencor re- cours à Manfur qui luy donna nouuelle armée , & cô- mç il s'en venoit à Sifton,il eut nouuelle par le chemin que Taher eftoit mort,& que fon fils Ocem luy auoit fuccedé, lequel ayant eu aduis del'arriuée de Kalef en la ProuincedeSifton,il fe retira en vneforterelle.en la- quelle kalef l'aiTiegea fi étroiteméc que route efperan- ce de fecours luy eftât oftée, &: ceftuy-cy fe voyant re duit à l'extrémité il mendia lafaueurde Manfur pour obtenir quelque grâce de Kalef, lequelluy écriuit que pour fon rcfpcd il donnoit liberté, à Ocem & aux uens, auec moyen de fe pouuoir retirer iufqnes à Bcka- ra, & que là il leur donncroic des terres pour viute. Tous ces Royaumes eftoient tributaires à Manfuf * mais Kîlef fe vôyant paifible du fien oubliant fcs mi- feres pairécs,& le fecours qu'il auoit tiré de Maniur.hç fit pas grànd conte de païer lé tribut qu'il luy deuoit, bien qu'iLen euftefté requis, ce qui fut caufc que Mâ- fui Icua vne puiilante'armce , de laquelle il donna la conduueaU mcfme Ocem pour marcher contre Kalef, lequel nt S^cfiant point tenii fur fes gardes , fut con- traint de fe(âuUtr dans vnc fortcrelIe,qui par nature &" par art étoit imprenable:de forte que cettuy-cy la tint a/ïîegce 7. ahS, & voyant qu'il n'eftoit pas ballant pour la forcer, Manfur y enuoya vn autrcCapitaine nommé Aboal y Ben Seniar,lequel auec les plus grandes forces qu'il pût airemblee feioignità Ocem : l'armée de cet- tuy-cy fit fortir Kalef de la fortercife nohiméeDarck, laquelle illaiilaà l'ârtréc de Mâfur.qui^e remit après én fon Royaume* telle eftoit l'inconllance de la for- tutie de ce Prince.d'étrc à tout propos chafTé & remis: mais la difgrace qui lé toiichâ de plus prés l'ut la reuol- 'tcd'vn fien fils nomméTahér,qui le chafTade fon Ro- yaumc5& nevoyacauéun moyen d'y pouuoir r'entrer, ny fatisfaire à cet enfant ingrat, il feignit d'edre mala de, faifantpublierpar tout, qu'il cftoitreduit à l'extré- mité, «Se qu'il defirdit fort de voir fon fils auantque mourir,& luy décôuurir de certains threfors, l'amour paternel l'obligeant de leprefcrerà tout aucre,& de ne le poirîtfieren fes feruitedis, le mal aduisé & conuoi- teux ieune homme eftant aduecty delà volonté de fon pere,& croyant déjà tenir ce grand threfor qu'il efpe- roit, vint trouuer Kalef , lequel à fon artiuée en l'cm- brallantpour fa bié venue, le tiia de fes propres mains: Abrecré de l'Hiftoire o ■ . & ainfi entra en la polTcfllon de fon Royaume>que de- puis il perdit Se reconquit par deux fois, & enfin il mourut le laifTantà vn fien fils appellé Abu- Afes. Haraed filî d'Ifmaél , qui par la mort de fon pcré eftoic paruenue^n la pôfieflîon du Royaume, auecle confentemçntdu Calife Mauktader vifitafon Royau. me,& entrant dansSanvarkand print le gouucrncmcnt d'icellesoù eftoit fon oncle nommé Ezach,pour quel- que foupçon qu'on auoit qu'il fe vouloit rebeller,5f jé mit en prifon : toutesfois à quelque temps de làillu'y rendit la liberté & le gouuerncrhcnt de la t'rouinçci Tabarftan fe reuolta par deux fois, mais ceftuy-cy cdÉ loufioursla raifon,& châtia les rcbellcs,il prit auffiSi; fton,l'an de falut 5>^0i& de l'Egire & l'année fi^i-i uanteil donnale gouucrnement de NichaburàMâfuc filsaifnédu mefmeEzach, l'année 914, &del'Egiré 3(W.Eftant à la chafTejil luy.vint nouuelle quelaPro- uince deTabarftan s'eftoit reuoltée pour la troifiéai(i fois fur laquelle notiuellei'eftant retiré fort mal contci en fa ténte,ilfut tué par fes efclaues comme il dormoit, fon cops fut cnfeucly à Bakaraiapres auoit règne (î.anj cV 4.mois5C'£ftcjit vii Prince d'vn grand (ÎDuragc.mais d'ailleurs extrêmement en colère & fubiet à fort plaifir* il lailfa vn fils appelle Naceré Ben Marne en l'âge ii dix ans, lequel 'vnnôméHîmetBen,Hamet Leys Gou- uerneurde Bokara print fur fes épaules , & accom-* pagné d'vn fort grand peuple qui le fuiuoit criant pat toute la Cité que c'eftoit le Roy , le fit ainfi recognoi? ftré pour telicependant le Jeune Prince fe voyant em- porte en cette façon pleuroit tendrement , demandant à ceux qui eftoient à l'entour de luy, fi on Icvoulol'c tuer, comme on auoit.fait fon pere , mais chacun l'af* feura , & luy fit perdre lé doute auquel il eftoit. Cependant Ezach oncle du Roy defun£t eftoit dfi ce iour à Samarkand , qui entendant la mort de foti neuen'i & laieunefieen laquelle eftoit- fon fils» leui vne grande armée pour s'emparer de ceft Eftat : Na- cere , qui autrement s'appelle Amit Se]^r, futconi (èillé d'enuoycr contre luy vn Capitaine nommé Hamuyé , lequel defiit Ezarh par deux fois , & à la dernière il fut contraint de s'enfuir deuanc Hamuyé à Samarkand , deiaquelieil auoit laific poutGouucr- neur vn fien fils nommé Alias ouElias, lequelaban- donnala ville, & s'enfuit .: fi bien qu'Ezach eftant pourfuiuy de furt ptcs par Hamuyé , fut contrainét de fe rendre à fa difcretion , lequel l'enuoya à Boka- ra , où Nacere le fît mettre en prifon , en laquelle il mourut ; cette mort fut caufe que Manfur fon fils, qui eftoit Gouuerneur à Nichabur , print les armes contre Nacere, &s'accofta d'Ocem Ben Aly Capitai- Vit du mefme Nacere , qui fe ioignoit à. Manfur , à caufe de quelques mclcontentèmcns qu'il auoit tcceu de lu^, Hamuyé fe preparapour aller contrecux,mais il fçcut par le chemin que Manfur eftoit mort, Ocem Ben Aly continua toutesfois la guerre , mais elle ne fut pas de longue durée» d'autant qu'en la pïC- inierc bataille il fut deffait, pris prifonnicr , & cnuoyc à Bokarà* Au meifîîc temps que cccy fepafioit , Nacere auoit ériuoyc vrt Gouuerneur à Karafon nommé Hamet Ben. Sel, lequel s'eftant reuolté auec la Prouince > le- ua des trouppes , & s'empara de Gerion & Miruucî. Hamuyé fut auGl combntrc cettuy cy, le vainquit. & l enuoya à Bokara » où il mourut en prifon , ce qui aduihten l'an de falut 914- ^ de l'Egire 301. au ]Ufl temps mourut le Calife Mauktader aprei auoit tena l'Empire 7. ans* îafar BenMata'^dXXXIX. Calife. Apres la mort de Mauktader , on donna'.W CalifaÉ àlafar Ben Matazed fon ftcrc , lequel nè ioUit p*S * • des DesR esKoysae Ut-s ph$ giaiidcj paix que Tes tenanciers: Car en la Prouwce de Tabarftam il sVfleua vn nomme Lcilahé Ben Neaman , lequel fit quelque rauagc aux Prouinc« voi(nic>, aucc heureux fiiccez. Nacere futcontraind d'enuoyer vncarmée contre luy , & luy liurervnc ba- taille en laquelle Ldlahé fut vaincu .lprcf laquelle vi- dtoire fes foldats Ce voyans mal- heureux aux arme?, fe mirent à efpier les chemins, & voler les palTansrCeque voyans les fu jeds de Nacere , s'alfemblercnt de toutes dePerfe. ils ne le lailTerentpas lohguementiouyrde fonCali- fat , car au bout dVn an &demy ils luy creuercnt les yeux, l'andefalutî)3; & del'àgire 322. donnant lè gouuernementàRazy Bila. Ra^ Bila MahamedXLL Calife^ ^p9rts,& firent en foite qu'ils firentperdrc à ceux.cy,& la vie, & ce qu'ils aooient defrobé , prenant raefme Lcilahc auquel ils tranchèrent la tcfte. Encc mcrme MBipsil y eut vnautrerebcllecnia ville de Rey, con- fcre lequel Bit Nacere qui rcprim la ville, & y laifTa vn Cap.iamenammcSingur,auecvnepuiffanteParniron: puis senallaaMaurenahar, oneftoitlors enl'annc'e ■^6. & de l'Egiretroiscens treize, quand vç, nommé AzhrBcn Sciruihé fit vn nouueau remuement en la Perle pour telle occafi(||. Vn homme de Pcrfe nommé ABùfuia fort pauure, »ais de grande &illuftre maifon : comme ccluy qui eftoit defcendu des Aiiciens Roys de Pctfc , eut 3.6!$, 1 vn nomme Emandu Dauié Aly, Acem & Akmer.cct- tuylcyfongcoitvncfois , que de fa partie virile il luy lertoitvnfcu qui embrafoit vne grande partie de la terre , puis qu'il diuifoiten trois,& fe conferuoiéfort long temps.Alors plein d'eftonnement,il alla commu- niquer fon fonge à vn Afttologue, lèqucl luy dit. que ceiadgnifioK qu'il commanderoit à de grandes Pro- UinceSjaufqucUes luy fuccederoiét après fes 5.fils. Alors eaou Seigneur de tabarftam vnMakonBenKaby.au leruice de qui fe mit Abufuia auec fes 3. fils , fous la conduite d'Azfar Ben Sciruihé, & Mardaauagé Benzad, & Vvelmaguir fon frcire. Or il aduint qu'Azfar fe re- bflb contre Makô, auquel il fit la guerre un an entier îfti bout duquel mourut Makon . après fa mort Azfar s empara de Roftandade, Rey.Cafuin, Hebar,Zenian, Taromin & Amedon.-par toutes lefquclles terres il fit eftrînge degaft , de forte que Nacere fut contraint cfe marcncrconiïe luy anec vne grolte armée, &3pres pluhcurs& diuerres rencontres, ils s accordèrent en- fin, a condition qu'vne bonne partie de ce qu'Afar auorc conquis luy demeureroit, durant i'abfencc dç Nacere,jls'eftoitfait quelques remuëmcns en fes ter- ris: m«istoutfut appaisépar fa prcfencctontesfois il y eut toahours guerre en quelqués-vnesde ces Pro- umccs durant fon regnci, * Durant que ces chofcs pafToient en !aPerfe,dcgran- des trouppes d'Arabes s'cllcuerent en l'Arabie , lef- que'sentrerent en la Mecque Medine , qu'ils pillèrent j& d«rpoii:llerent de pluficurs grandes richeilcs.quela fuperft'ticufe dcuotion des Mores auoit offerte en ce licu.oftans mefmes vne pierre qui cftoit tenue de tous en ^.ande reuerence, & l'emportererit àCufa,dela.. ^aci-ic pierre l«s Mores content vne infinité dc fables, cmr'auties qu'Adam l'auôit emportée du Paradis ter- rcft <> quand il fut chalTé d'iceluy ; &que depuis elle vint . j pouuoir d'Ifmacl . premier filSs d'Abraham, éi qtAuec letempsonl'appeila àla Mecque ou Medi- ne : is diient auffi que de fon naturel elle eft trcs-blân- ch. Hiajs que fi élleeft maniée par les pécheurs qu'elle dej'.cntfort ncffre, deforte que c'eftoit comm'evne pr-irede touche aux péchez .-mais tout cela cftant di- g'V; Q*- nsce , nous retournons au Calife lafar , lequel 3; csatioir régné 20. ans , mourut l'an de ialuc 5)33. & de l'hg^fejio. ayant cfté durant fon res>ne fore aymé de les foldats. Knheybila Mahamet X L , Califei ^'^ lafar eftant mort , les foldais donnèrent l'Empire à fon fxets Kiherbila Mahamct Ben Mathazed , mais I ^ " "y''"* ^'"'^ ^""^y B'Ia Mahameâ ! fils du KahfcMauktader , fit fon >^afir Eben Mokalé, auquel ppu de mois après il fit couper la main droite. & pendre au gibet, pour auoir efcrit en fon nom vne lettre de peu d'importance, fans la luy auoir commu- niquée. C'eftoit la couflume en ce temps là que les Ca- lifes prefchalfent eux-mefmes la loy au peuple :mais cettuy cy ordonna que ce feroient dorefnauant les W'afirs. Razy Bila régna 40. ans, & mourut l'an de fa: lut5)35J.& de l'Egire ^16. Maaktajy BiU Ehrahem XLIL Calife, Mauktafy Bila Ebrahem fils de Mauktader,fut crée Califéaprcsia mort de fonfrereRazy , du temps du- quel il ycutvnefort grandefamineen Bagadet,quifut fuiuied'vnc fi grande pcftilence, qu'elledepeuplavné grande partie de cette contrée , & quant à Mauktafy, les foldats luy crcuerent les yeux , l'an de falut 94;. & de l'Egire 330. n'ayant régné que 4, ans,il nelailTapas de viurcencore 24.305, après auoir eu les yeux creuez, fans toutcsfois iouir de l'Empire, car on auoit mis fon fils en fon lieti. , ^ 'Mauktafy Abdela XLIÏ, Rày de Perfe. erXLIIhCahfe. Au lieu de Mauktafy Bila , les foldats efîeurei^tfdn fils Mauktafy Abdela, fous le règne duquel Nacere- ayaiit accordé auec Azfar, il tomba malade de Phtsfie} que les PerfcS appellent Ccl. Ce Prince cutfcomme il a cfté dit) pluficurs guerres durant le temps de fon rè- gne , qui fut de 3S. ans,& mourut l'ap deiâlut c)44.& de l'Egire 331.1/ fut Prince fort affable & libéral durant fa vie, il auoit fait déclarer pour Prince & fon héritier prefomptif fon fiisaifiîé nommé Ifjîiael, mais ceftuy- cy eftar.r mort deuant fon pere , fon plus ieunc frère nommé NuéBen fucceda à fa place. Quantà VÎ5ufuia& fés fils qui combattoienj: pour Azfar, vôicycd,mme il alla de leur affaire, Azfar après s'eftre accordé auec Nacere ennoya Émandn Daulé Aly le plus grand des 3. fils d'Abgfuia auec fes deux autres f rerts , & grand nombre de gens de guerre pour allet contfc Hifphaon capitale de Hierax,laquellc gouuer- noit pour lors le Calife nommé Mofafar bon Yacur, lequel ne fe cognoiflTant point à combattre cotre ceux- çy , leur quitta la terre, s'ënfuit à Sciras , vers fon peré Yacur qui étoit Gouuei)neur, & alors eux dèuxioints enfembleallerenc combattre contrelcur ennemy, & rencontrant Mardauuege combattirent cotre luy,& le vainquir^nt:dcXoTtequ'il fut contraint de s'enfuir , & d'appellcr â fon fecours Emandu Daulé Aly & fes deux frères à Loreftam, contre léfquels Yacur marcha auec fon armée, faifant rfiarcher dcu^t fon infanterie auec ce ftratageme, il letirâUoic baille vne forte de pots ou bouteilles cômmç grenade à ietter du feu d'artifice/ Icfquelles il remplit de Biî'uroc& déNapth, aUecdcs mefches allumées en icelles pour les ietter contre leurs ennemis,comme ils firentrmais le vent leur îftant contraire,ncn feulement ces feux ne firent aucun mal à leurs en hemis,maisils en furent eux-mcfft-! es brûlez. Se lâcaualcrie de Yacur furuenant Udélfus cela époa- uanta: tclkmeut les cheuaux , qùe prenans les mot di aux dems , ils té mirent à» courir à toute bride»- Ppp X Esnanud 724 E-mandijDaulcies poutfuimt.&curde cette route plu fleurs riches dcpoUilles, & quantité d'or ôc d'argent, ce qui fit croiftre le pomioir & le courage d'Aly &_des ficns, accomDagnédefquels, & entre autres dercshc- les, il entra en la Pci Ce, laquelle il s'aiTubietlit (ans grandeetfafion de fang,allant après tnette Ton ficgede- uant Scyras chef d'iceile.le fac de laquelle à caufc de la Nobleflc . kara,& en Damas Seyf Daulc l'an cf^j.Qc PEgire Il y eut par tout le Karafon Koeltam,& plufieurs au- tres terres de la Perle vne grande & vnmerfellc pe- l\ilsnce:& outre «il yauoit la'pUisgtande confufion qui fefoitpeut ctre ïamais veu'é lutques alors, parce quêtons s'ofFencerent. & tous craignoient.& perforer ne n'cftoitcn feurctc durant ce trouble vniuerfcl qui dura Quelques années, en l'an 5)6i.& de l'Egiie 3fO. Abdula Meltk fils dt Nué 'ouftat à chcual(les PcrfcS s'exercent fort fouuentàla louftejiltôba defonche- ual, & mourut ayant régné y.ans & 6.mois,en la place duquel fucccda Manfur fon frère : lequel auoit de fuiî^ viuant pour fon Wafir vn nomme Albataquin,lequcr s'oppofa à l'efledion de Manfur autant qu'il luy fut poffible , mais !e party de Manfiir preualur. Se Albata- quin étant accopagjié de 3ooo.foldats,qui combatliréc contre luy fur les confins de Balk,& furet deffaits,il / enuoya encor pour la fecôdefois:Maisceux-cy ne fu-;^ rentpas mieux fortunez queles autres : de forte qu*/ Manfur voyant le bon fuccczde ceftiuy cy tourna les armes contre Hierach & la ville de Rey:Rokna Daulc^ Acem qui la poffedoit , fe mit auffi toft en campagne,, enuoysnt cependant fon fils auec de helles trouppes fairedescourfcsen h Prouince d^ Karafon , poutdi- uertir Mâfur le Capitaine General de l'armée. Rokrta Dauié Acés'appelloitChâguit, lequel eftant mort de maladie, on donna fa charge à Abul Occm. Ccttuy-cy voyant tant l'vn que l'autre l-'rince difposé à la paix oii commençad'entraider; & enfin fut conduë,à condi- tion que Rokna Dauié payeToit de tribitt par chacun an 50. milles deniers d'or qui font izoooo.ducats: & pour la plusgrâde affeurance de cet accord Mltur prinit pour féme vnc niepcc dcRokna oaulc fiUed'vn fié fi ère Des R oys c!e Perfe. ec qui'adiunt l'an de Calât s?7ir. 8c de l'Egirc jffj. au- 'qucl mourut leCalife Motyah Bila dVne grande pa- ralyfie, ay^nc régné 29. ans, & ayant lafflc auparauant leGouuememcnt à vn ficnfilsnommé Tayaha Abdel Carin. Ilmouruc àdixmoisdc là. Et<^ant à Man- fiiu , il mourpt 2. ans après, à'fçauoir l'an de fâlut 977. èc de l'Egire 365. ayant règne i j.ans, lailTant pour fuc- cefTcur fon fils Nué. Tayaha Ahdcl Carim X L K Calife. Tayaha> Abdel Carim fils de Motyah paruint ainfi aU Califat par la mort de Ton pcre , commcTil a efté diô . durant le règne duquel > ou pluftoft l'ombre de laRoyautâ d'iceluy, car les Califes commencerenrà n'eftrc Seigneurs que de nom > plufieurs chofcs nota- bles aduindrent en la Perfe. Deux ans après qu'il fut Califip mourut Rokma-Daulc,qui déclara fon fils Azu- du Daulépour Roy de Hierak, lequel acciiît grande- ment foiî Royaume. Quant à Nue Ben Manfur qui auoit fuccedé à fon pere à cefuy de Maurenahar, il trouuaaflez dequoy s'exercer, d'autant qu'encore qu'Abataquin , lequel il auoit fuieâ: de ciaipdre, fuft mort, Kabirs fils de Chamguir Capitaine de fon pcre Manfur fc re- uolta, &print les Prouinces deGeiion , & deTa- barffam. Au mefme temps aullî il y eut de grands differens, Azudu Daulc,& Fakoro-Daulc fon frcrccôtre lequel Azudu Daulcleua vne armée, & côtraignitFakoro de s'enfuir en la Prouince de Kabus, qui lereceut & trai- ta auec beaucoup de courtoific & de refpeâ:, luy of- frant fa perfonne, & tout ce qu'il auoi« pour fon fer- uice, Azudu-Danlé marry de cette Aointance marcha contre eux > les vainquit , & rec^ura Gerion & Ta- barftam : de forte que Kabus & Faj^oro Daulé furent contraints d'auoir recours à Nue Ben Manfur , lequel . leur donnant du fecours, ils retournèrent contre Azu- du-Daulé, & rccouurant Gerion le forcèrent de fe re- tirer dans vnè forterelfe , laquelle ils afficgetent, mais comme ce ficgecut défia duré z. mois, les affiegcz fen- tans leurs munitions leur défaillir ,prindrent intelli- gence auec vn des Capitaines de ceux de dehors , au- qnelils donnèrent bonne fomme de deniers, ppurueu qu'il voulufteftre à leur deuotion, & s'eftans accor. dez entre eux de ce qu'ils auoient à faire.ils prandrent le temps que les afllegeans y penfoient le moins, fi- rent vne fortie fur eux du cefté où eftoit ce Capitaine qu'H auoient cortompu , lequel commença auiîi-toft 3 fuyr auec ce qu'il aujpit de troupes fous fon comma- dement , ce qui donna l'efpouuante à tout le refte qui fe mit en fuitte , & la place deliurce par ce moyen du fiege;ce que fçachant Nué qui eftoit lors en Nichabur, ayant fceu la difgracé de fes alliez , il commanda à Abul Occm fon Vvafir de leuer vn bon nombre de gens de guerre pour marcher contre Azudu Daulé: aciais ceftuy cy fe fentant le plus foibie , ileuita le combat.Fakoro Daulé mourant depuis, fon frère vint à eft^ Seigneur de toutes fes terres. En ce temps mourut aufli Abu Ocem Vvafir de î^ué,la.|^ort duquel cft remarquable. C'^p]ue ceftuy-cy voulant auoir la compagnie d'v- ne femme efclaue qu'il aymoit extrêmement : comme il eftoit auec elle il mourut fubitemcnt ce qui donna l'efpouuante à tous pour la nouueautc du cas. Il laiflTa 1. fils, l'vn nomme Boaly qui luyfuccedaen h charge &gouuernement de Karafon & Nichabur.-l'autreap- p.ellé Faech , à qui Nué donna le Vvazirat de Hieraka . lefqueîs par enoic & ialoufie des vns des autres s'armè- rent tous deux,&fc firent la guerre. Mais Boaly ayant efté plus diligent que fon frère jasrcha auf&lc premier contre luy à Bokara , lequel / 2f s'enfiiit à Maruuo , où il alTêinbla (csiovcK de toutes parts ce que fçachant Nué il enuoya contre eux Inna- hak5i Bakturundcux de Tés Capitaines pour faireve- nir Boaly à la raifon. Ceux cy fuiuant ce commande- ment, lepourfuiuireîit &ledéfirent,le contraignât dé s'enfuir à Balk,& delà à Trcmed.d'oii il écriuitâJBok- rakham Roy de Turqueftàm , l'incitant à la guerre contre Nué. Durant toutes ces diflinfions.Aboaiy Ben Ocem ef' criuitàNuc, luy demandanc pour la recompenfedej fetuices fignâlez que luy Se les fiens luy auoient fait» a luy 6i ï fes anceftres , le gouuernement fupremefur toutes les terres deKaras6& Maurenahar:ce que Nue luy accorda fans grande difficufcé , & à condition deleS tenir comme fon valfal. Mais Abcaly fe voyanten poffeflîon de ces terres, fe côporta par après en Tyranrdèquoyayâteftéplufieutîi foisexcitéà defifter,&:à(e modcrer.il ne fit non feulé- mcntaucune réponce à ce qu'on luy mand6ir,mais fe préparant fecreteméc à la rébellion, il efcriuit à Bokra? kan Roy deTurqueftaJuy perfuadant qu'eux deux en- femble vinflent courir fur les terres de Nué , & qu'ils partagcafient après entre eux ce qu'ils auoiêc conquis. Le Turqueftàm trouua cette propofition fiàpropoS qu'il roitincontinent vne armée en cannpagne,& aulH fit Aboaly &ainficonnmcncerenttous deux àfaire de grands rauages aux terres de Nué, lequel auoitauflîar- I mé rie fon cofté , donnant la charge de fon armée àlti- I nabak qui auoit vaincu Faech, lequel prefentalecorft- bat aux terres, auquel il fut vaincu & enuoyé prifon-» nier au Turqueftàm. |t Nué fçachant cette perte,& fe voyant réduit il ci- trcmité , tafchant de faire fes amis de fes ennemi» , fc reconcilia à Faech,& auec toutesjes carelîes & compli- mens qu'il pût , l'auoit rangé , ce luy fembloit à fa de- uotion : de forte qu'il l'cnuoya à la defence de Samar-' kand , otj-eftant arriuéil fceut que Boktakham vcnoit contre luy : il ne fe voulut point défendre , ains aban? donna la terre , & s'en alla à Bokara en defpit de Nue, lequel il publioitl'auoir beaucoup ofFencé» Cette trahifon fit perdre courage à Nue, lequel né voyant aucun moyen pouuoir s'oppoferàla puif- fance defon ennemy.luyâbandônna fbn Royaume, ^ fortit d*iceluy,Bokcakham cepédant fefaifit de Sa«nar- kand ,& delàpa(fa àBpfcara, où Faech fe ioignit à luy & Boktakham l'enuoya auec vne armée contre Balk & terres dépendances d'icelle. Nué cependant le plus fecretement qu'il pût palfa lefleuué de Gehun , & fe mit auxenuirons dcHamulchet , où plufieursde fes fubieâsjlefquels lecherchoient, arriuerent autour de luy par diuers chemins/i bien quele nombre croiflant de iour à autre commençoit d^fia à faire vn corps! d'armée.-dcquoy Nué comméça d'auoir quelqtie cfpe- ranced'vn meilleur fuccez, & pour efprouucr toutes chofesécriuità Aboaly, luy reprefentant , lesbicnsÔâ adaantagesqu'il auoit receus de luy, luy en promet- tant encorde plus grands s'il fe vouloir conuertirôs retournera fon feruice. Mais Aboaly ne luy refpbndit qu'auecdes efperancgs feintes & diffimulécs,cherchanfc cependant moyens comment il lepoutroiç tuer. Durant ce temps Baktakhon deuitit roalade,& ayant efté pensé fans qu'on y vift aucun amendement , pat le confeil des Médecins, il s'en retourna au Turquefta, efperant de pouuoir mieux recouurer fa fantéen fa pa- trie, mais le mal croiflant de jour en iour , il mourut par le chemitixe que ceux de BoKara ayans fccu,il$ for- cirent fur fon açpée , laquelle eftant fans chef fut deCi confit«,& firent de leurs ennemis vn merueilieux car- nage , & vn tres-grand & riche butin qu'il* curent de leurs defpoiîilles. Alors Nué fe feruant d'vne fi bonne ocçafion, s'en retournaen fon Royaume» aûqu^ilfût cccca auec vn vniucrféi confcntemeht. ppp j Aboaly *7l6 Aboaly voy.int la mort du Kùy de Turqiieftam, dé- libéra de fe ranger fous la puiirance deNuc , cequ'a- yant entendu Facch fon frère , bien qu'il fut fou capi- tal cnncmy, il tafcha de le diuertir de cette délibéra- tion, comme il fit s'accordans eux deux de faire la guerre enfemble à Nué , lequel auparauant tous ces foufleucmcns auoit enuoyéen l'Inde, pour faire nou- uelle conqucfte, vn fien Capitaine nommé Sabuta quin , lequel eftoit à l'heure de retour , riche Se vido- rieux , ayant acquis la réputation d'vn homme rare & très cxperimenfc aux armes. A ceftuy-cy Nué donna la charge decefte guerre, & ayant fait la plus grande Ic- ûéc de fol Jats qui luy fut podible , auec ceux que l'au- tre auoit défia , il l'eniioya à Caznehen contrée célè- bre en Karafon. * Aboaly fçîchant les préparatifs qu'on faifoit contre luy, Se deîîrant preuenir fes ennemis pat quelque heureux fuccez , rechercha l'amitié de Fakoro Daute qu'il gaigna par le moyen des riches & précieux pre- fens qu'il luy fit. Cependant Nue & Sabutaquin forti- rcntde Nichabur,cherchans Aboaly, accompagnez en- core des Gouuerneurs de Balk, Gerion &Gurgetbm. Quant à Aboaly il auoit receu quelques compagnies de vieux foldats, que luy auoit enuoyées Fakoro Dau- lé que Darabkabus auoit ioindtsauec vne puilfantc ar- mée, &ainfi fortans de FlieraK , les deux armées Ce campèrent vis à VIS l'vne de l'autre , où ils ne furent pàs long temps qu'ils ne vinlfent à la bataille. . ' Aboaly difpofa ainfi la fienne.il donnal'aifle droide àPaech, & à vn fien autre frère appelle Abalcaccm BfcnSamur la gauche,quantàluy il fe mit au milieu. . Quant à celle de Nué , les pointes de fa bataille fu- rent données à fes meilleurs Capitaines , maisAmir Sabutaquin , & Sci^a Daulé fe mirent au milieu : les deux armées s'eftans ainfi atFroncécs , chacunfitmcr- ueille de bien combattre de fon codé, mais ceux de Nué firent vntel deuoir , qu'ils forcèrent les aifle^ de la bataille de Aboaly de tourner le dos , ce qui aug- hncnta tellement le courage à leurs ennemis , qu'auec tout le gros de leup armée ils donnèrent dedans le re ftc , auec telle impctuofité qu'ils leur firent perdre leurs rangs, & enfin prendre Is^uitte. % En ce meflangc Darab Kabus quittant le party de Abealy fe rangea de celuy de Nué : ce qui ayda bien cncores à acheaer de défaire cefte armée, laquelle tail- lée en pièces en pariie, le rcfte fort mal mené, fe retira comme il peut à Nichabur. La vidoire ainfi acquife , Se les dcrpoiiilles qui fu- rent fort grandes partagées , Nué fit fon Capitaine gê- nerai Mahumud, fils de AmirSabutaquin,à larcquefte mcfme de fon pcre. Et c|uant 9 Nué.il s'en alla àBoka- ra , Sabutaquin à Gaznehen , Mahamud à Nichabur, & quant aux frères de Aboaly & Faccli, ils s'en allerét à Gerion de la domination de Fakoro Daulé , qui les c receut , & traida auec beaucoup de bien - veiilance: toutesfois ils fe comportèrent fi mal en toutes chofes, • qu'ils ne demeurèrent pas long-temps en fa grâce, de- quoy s'apperceuant Aboaly, ingrat & mefcognoiffant qu'il étoitdes bien • fait qu'il auoit receus de Fakoro, il rechercha les moyens de le tuer. A quoy ne voulut point confentir Faech,au contraireil le diuertit autant qu'il peuft de ce deficin, luy confcillant de fe ruer plûi toft fur celuy de Nichabur, &: le furprcndrc aupara- uant que l'autre euft recogncu leur delTein ,. duquel toutesfois fe deffiant , il cnuoya demander fecours an Roy , & à fon pcre ; mais aupaïauant qu'il fut arriué, ces deux - cy auoient défia combatu contre luy , l'a uoient vaincu , Se chafic de la proiilnce. Ce que ayant fccuSabuiaquin.leua des trouppcs auec la plus grande- diligence qui luy fat pofiSble. & partit de Si fton pour s'ei^veni! à Nichabur, & rencontrant Abbaly à Thus. il le combattit > mais comme ils elloient au plus fo. i Abrégé de THiftoire du combat, Mahamud furuifit auec vne nbuuelleax. mécqu'ilauoit afiemblée , & donnanc àdos cie fes en- nemis, en fit vn terrible malTacre, prenant captifs pref- que tous ceux qui rcfterent en vie. Et quant aux deux frères, ils (V mirent auec.grand.e difficulté dans Calai, place merualleufemenfforte , & de là accompagnez de quelques-vns des rcftes de Icurdesfaitc , ils pafTe- rentà Marvvo , où cftans ils s'efforcèrent d'obtenir pardon dcNué, lequel accorda à Aboaly, fous condi- tion qu'il ne fôrtiroit point Ade Gerina, fans fon ex. prcfie permifîîon:à quoy il s'accorda contre la volon- té de Facch, lequel fe retira versIlechkanï^&ydeTut* quc(iam,qui auoit fuccedé i Bokrakan. Or il y auoit vU Abu Abdula Gouuerneurde Kôt- razm , qui eftoit ennemy de Aboaly. Ceftuy-jcy doiv. nant vn affaut à l'improuifte à Gcriania, l'emmena pri- fonnier. Le Gouuerneur de Geriania qui l'auoit en garde par le commandement du Roy Nue, afTcmbla fes forces,& i'en alla à Kat où eftoit celuy de Korrazm, le print prifonnier & deliura Aboaly, & retournéqu'il fut en fà Ptouincc , il mit le Gouuerneur de Korrazm» en prifon.Et quant à Aboaly, il Ictraiéta fort humai, nement.banquetant tous les iours auec luy.Et vn iout entre-autres com'me ils auoient défia bien bcu.Miha- mum qui eftoit Gpuuernear de Gcriania , fit tirer de prifon le GouuerneujrdeKarrazm , &luy fit tranchée la tefte. Cela cftant ainfi pafTé, il ccriuitleéoat à Nue, luy dfcmandant pardon pour Aboaly.lequclrefpondit qu'il y auoit défia long-temps qu'il luy auoit pardôné, luy enchargeant de le luy enuoycr,d'aiuant qu'il auoit quelques affaires d'importance à luy communiquer: Mahamum l'éuoya, mais aufiî-toft qu'il fut à Bokara, Nué le fit mqftrecn vne étroite prifèh , où il mourut. Quant à Faech fa^rere , qui s'cftoit retiré vers Ilcch- kan , il lepcrfuawce faire la guerre à Nue, lequel ayant eu aduis de tous leurs deffeins, mandaàSabutt'- quin qu'auec les compagnies d'ordonnances qu'il auoit , qu'il les deuançaft entre KehK & Necaf, enioi- gnant aufîi à fon fils Mahamum qui écoit à Nichabur, d'aller trouuer fon pcre auec le plus de forces qu'il pourroit, enuoyant à ces deux cy encore de belles trouppes , fi que le tout eftant aficmblc en vn , ils anoient lors vne puifiante armée. Ce que fçachant le KoyTurqueftarr.jVoyantqu'il n'y faifoitpas bonpouT luy, traida d'accord, lequel Nué ne refiifa point, pour le moijcn duquel on donna le gouuernementde^ Sa- markand à Fatch. Ce fut par le moyen de cefte paix que tons ces trou- bles furent appaifez, en l'an defalut90(î, SideTEgire ^Sy. Nué demeura paifible iufqucs à fa mort , quiad. uint deux ans après, fçauoir l^aiî de falut 99S.& dcl'E- girejSy. ayant régné 22. ans,&laif|ant{îour fucceffeur Ion fils Abiil Hares Manfur. " Tandis que ces chofes fe pafToientainfi à VfbcK, Maurcnahar & Karafon , le bas païs de la Perfe, ne de- meuroit pas oyfif, d'autant queles Daulés, dcfquels il a efté parlé cy-deflus, (qu'on a laifîé de propos délibéré en arriercpour ne s'ernbroUiller pointdans cefte muî- cipliciccd'affaircs , & donAer plus d'efclairciiîement i cefte narration ) continua leurs remuè'mens.la tfauail- Icrent fort, parce que Azudu Daulé, auquel eftoit arri- ué ce que nous auonsdic,fuccedaau Royaua»e cnuo- ya AhulFauares fon fils à Karafon, pour tcr^n fon deuoir vn fien Gouuerneur qui s'cftoit reuolté.duquel il demeura vidorieux. En cefte faUon mourut Moeze du Daulé Roy de Bpgadct , frère de Azudu . en la place duquel fut mis Naktear fon fils auquel le pcre enchargea deuant que de mourir,qu'il fuiuiten toute chofc le confeildefon oncle, & des prudcnsVvafirs qu'il luy laitfoit. Mais ceftuy-cy fit tout aiftremcnt qu'on ne luy auoit en- chirgc , car il donna fubied à Sabutaquin , ôc depuis à Albataquih, DesRoys dePerfè. Albataquin > cfcnlrcr dans Tes terres auec grande com- j & huidïmois , Tan de falut 5)91. & de l'Egire 380. pagnic de Turcs , lefquels /dans arriucz à NTacet, le I quel Bahao Daulcfiicceda aucune (?ontrouerfe. Al"*^ mirent en grande dctrefTe. Baktear demanda fecours à ' Azudu.ltqoely vin* en grande diIigéce,combatiirent lesTnrcs & les mirent en route , !« pourfuiuans iuf- ques àBagadet , où ils furent aflîcgcz par Baktear. Et après auoitfaitchoresroerueiilcufes pour la dcfFcnce, forcez de la neceflîté , ils laifTerent la cité, & s'en allè- rent auec le Calife , à Tecrit peuple de Diarbok fur le riuagc du fleuuc Tygris.fi que la ville vint en lapnif- /ânce de Baktear qui fit retourner le Calife , & la luy conCgna. Azudu Daulé eut beaucqup d'ennuy de tout cecy>dc forte qu'il fe faifit enfin de la perfonne de fon nepueu , le mit en prif<)n,de laquelle il le deliuta tou- tesfois incontinent aprcs. Ces 'affaires ainfi mis à fin, Azudu Daulé fit marclier fon armée contre HieWK d'Arabie,& Baktear fe voyât abfeni,^ entra auflî-toft en (es terres où il fitvnfort grand rauage> «e que fon oncle ayant fccu à fon re- tour Baktear fut contraiffd: de fe retirer à Mpful gran de Cité en Diarbck (que plufieurs tiennent cftreNi- niue) elle eftoit lequel auec vne armée de io. milles combattans fe vint ioind're à Baktear, & rencontrèrent Azudu Daulé à Tecrit qui les vainquit, Abufaleb s'enfuit , 8c Baktear fut prins, auqu^ fon oncle fit trancher la telle, âgé de 63. ans, & ayant tenu le Royaume onze ajns , 6c quelques mois. ' , Apres cela la contrée de Moful fcmblant fort bonne (comme elle eftj à Aaodu Daulé, ii i'arreftaen iccUcs, aufqucllesil en adioufta plufieurs autres , Tan de falut 5)§o. & de l'Egire 368.& enuoya r'éepi'ficr Bagadet,qui cftoitquafi ruinée des guerres pafîées , defchargea les peuples de plufieurs tributs qu'ils (ouloient payer, fie ouurir pfufieurs puits par les chem!ns,fe niôftra fauo- rableauxSages de fa fedte, aux Philofophes, Médecins & Poëres qu'.il recogneut exceller les autres , donnant 'pcrmiflîon aux Chreftiens qui eftoient en fcs terres, qu'ils edifialTent des Eglifes, leur aydant à vne partie des frais à fes defpens. Et l'an de falut 981. & de l'E- gire 371. il fit baftir vn fort bel Hofpital à Bagadet, qu'il dota d'vne grolTe rente ; & à Sci ras vn autre non moindre que ceiluy cy,puisayant fait plnfieurs autres chofes dignes de mémoire, & d'vn bon Pfjnce,il tô- ba malade d'vn mal qu'ils appellent Sara , qui eft vne efpece de manie , & mourut l'an de falut 983. & de l'Egire 37z.ayant régné 34, ans , laiffant trois fiis, Scer- fa Daulé.Scams Daulé, & autrement ABKalganiar Mar- fabanc , & letroifiefme Bahao Daulé. Les deux pre- miers diuiferént entre eux les terres, fans demeurer toutesfois contens. ScerfaDaulé s'en alla enlaPcrfe, & Scams Daulé à Bagadet , lequel prit Scerfa en vne entreueuë qu'ils eurent enfemblcrmais il mouriu bien- toft après, Tan de falut 95)0. & de l'Egire 379. Cela fot caufe qu'on tira de prifon fon frère Scams Daulé, ou AbulGaniar Marfabane, &fut mis en la place: ceftuy cy salTocia auGouuernemcnt de fon ieune frè- re Bahao Daulé: mais ayant eu quelque différent en- femblc, ils cnvindrent enfin aux mains ,& Scams , Daulé luy fit la guerre aiiec vn Boaly Bçn Hoftad Hor- iroz qui Icpourfuiuitcn toute rigucur:mais lors qu'il auoitlemoins d'efperance d'aucun fecours, illuy vint nouuelles que les foldats ayant demandé vne paye à Scams Daulé & luy leur ayant refusée, fe mutinéienr iî qu'ayans pris par efcalade vnefortcrefTe, où il y auoit dedans quatre fils» & quelques parens de Baktear, ils les tirèrent deU, iScs'eftansioinàsàeux quelques au- tres troupes, iltdonncrent vn affaut à Sciras , où eftoit Scams Daulé, qui print aaûî toftla fuitte :mais ils le fuiuirent, & fut pris à Dudmond, à deux fatfanges,ou lieues de la Cité, en laquelle on le ramena, &lcfi- 'ItvA inoutir auec fa merC) après auoir efté Roy 9. ans eftoit Roy de Gerion,commeil aeftédit,Fakaro Da"~ lé, qui fit la guerre contre vn nommé Sahayd'Heba^^* plus riche d'argent que d'hommes, lequel il vainquit» &: fut Seigneur de fon threfor,puis ayant terminé cefte guerre , & plnfieurs autres qui ne furent pas de petite durée. S'en eftantalléen l'an de falut 989. & de l'Egi- re 378.cn TabaraK vne fienne fortercne,eftant vn iour à table il mangea auec tel excez (J' vne vache falée qu'on luy auoit feruie,''& fur le champ vne fi grande quantité deraifins , que cela luy caufa vne telle dou- leur d'eftomach , ^u'ilen mourutd'en peu d'heures, eftant fort peu regretté à caufes des tyrannies qu'il auoit exercées en fa vie. Aux nouuellesdecefte mort , il y eut vne telle con- fufion & révolte en la ville,qu'on îi'eultjjas feulement letemf^ del'enfeuelir , iufques à ce que l'exceffiiîe puanteur de ce corps mort les força de le mettre enterre. 11 eut 3.6!^', de l'ajfné defquels, &defamere Suyda , il fera parlé en fon lieu , Bahao Daulé ayant donc fuccedé au Royaiiœe, print pour principal Capi- taine & condudeur de fes arrrjées Boaly : ce Capitaine qui faifoit la guerre pour fon, frere.auquel il donna la charge de le faire fottir de Perfe , les fils de Baktear, defquelsle plus grand appcHé Abu Nacere , s'en alla à Kermon ancc quelques troupes qu'il auoitjfurprenant de forte IcGouuetncqr de cefle contrée , qu'il le con- traignit de l'abandonner, & s'empara de ces térres.1â7" Bahao Daulé enuoya contre luy Moufek , qui le com- batit & dcfconfit,& comme il s'enfuyoit , vn ficn fer- uiteurfe mitau deuant de luy.qui luy paffa l'efpée au tràuers du corps , laquelle mort luy auoit efté progno- fliquéclong temps auparauatit : Moufek mit par tout des Gouuerneuts aufquels on pouuoit auoir de la cort- fidence,& content defà viétoirc, il s'en rctourn» vers le Roy, qui le receut auec beaucoup d'honneur : mais eftant calomnié pat les ennemis, il fut prislemefme iour, & peu de temps après on le fit mourir, Bahao Daulé leprcipieran de fon règne depofa le Calife Tay- haAbdelcarim^en Maria, ayant iduy d'e fori Califat 17. ans&deox mois. En telle manière eftoit lors re- duidt l'Eftat de cefte Principauté , queluyqui fouloit commander aux autres^ftoit Iops commandé de tous.' Boaly mourut aufîî à Bagadet, l'an de falut 1012. & de l'Egire 401. Bahao Daulé mourut vn an après , ayàné vefcu4i.ans & 9.mois,& rcgné24. Kaàer Bila FiameàX LVL Calife» Encore que les affaires du Califat fu/Tent d'prcfna- uani réduites à tel eftat,que ces Princes n'auoient plus que lé riom> &quelcur cornmandement fut pluftofti leur manière pour lés chofes fpiritueiles, n'îfyans au- thôrit^ qutf celle que les Princes qui regnoiept alors leurdonn6ient,ayans mêmes perdu cet ombre dèfiuiC. fanceîPmporelle , qu'ils s'cftoientconferuéeiufques ^ ces Daulés , dtfquels nous auons fait mention cy-dcf- fus.toutesfois d'autant que tout commençoit par eux &que Mirkond mefme, &Teixiere les mettent tou- jours au rang des Princes , ccfte fucceflîon pcrfonnelle feruant toufioùrs d'vnê rcigle plus affeurée, qui ofte toute confufion ; Nous auons fuiuy le mef^e ordre, joinéï les grandes confufioris & rèmuè'mens qui ré- gnèrent en la Perfe durant ce fiede, qui font perdre bitfn fouuét la trace de leur Chronologie au mojns en ces Califes on trôuûe toufioùrs le nom, Bakao Daulé ayant donc déposé le Calife Tayha Abdecarin.il don- ,na fa place à Kadér Bila Hamed , fils de Ezach , fils de Moktader.Sous lé nom de ceftuy-cyj voicy comme les" jhofes fe pafTcrént; FakorçdâuleRoy deOerion eftant mort, comme • P p p 4 ' vous' •-7 / .g Abrège de i'Hiftoire i-... . i.nnMT anoitfaià. lonfilsl fdn, sVi alla contrcB-.7.ar2, où & defiroit luy faire quelque fcruice. Alors eftoit Seigneur de Gerion.coœ- Bieilaeftcdit Fakoro Daulc ,Sabutaquin tàfchoit de l*oppriroer , afin d'introduire Kabus en ce Gouuernc- nient: pour ce faire il demanda dix milles foldats à riech Kan , Icfquels ioindts auec les trouppes qu'il auoit, firent vn puiffant exercice, le rendez vous- du- quel eftoit à BalkjOÙ tandis queSabutaquin attendoit fes trouppes , la mort le furprint: Aufli fit- elle Fakaro Cfculéenla place duquel fucceda Maiudu Daulc fon fils.fous la tutelle de Saida fa merc, comme nous auons dit. Abul Kacem refidoiten Kumes , comme nous auons di(5t,qui après la mort de Sabutaquin s'adrelTaà ÎCabus , auec lequel il accorda qu'ils occuperoient les terres du defunâ: Fakoro Daulc, & en iouïroient entre çux,& ainfi mirent leurs armées en campagne, entrait en ce païs pardiucrs endroits : Kabus fc miftSen Ni- chabur, d'oùil defpefcha vn SiabedCharear ficn Ca- pitaine : lequel eftant rencontre par Mazabah , onde du defFunû, & qui eftoit auec vne armée dans la pro- \iince deGejrion>pour la defFcnce d'icelîcil le conn bâ- tit , &l^rompit, ayant eu de ceftevidtoire vne fore bonne prifc, mit vne grande partie de cefte prouincc fous robcïlTance de Kabus , ôc en celle de Tabarftam: ils occupèrent Amal, place d'importance , au fccours de laquelle, comme Acem Feruzan fut venu auec vne bonne armccceux de dedans allèrent à l'cncontre auec Siabed Gharear , & luy donnèrent bataille laquelle il perdiÇjderocurantprifonnicr auec plus de ^ ©.Capitai- nes des fiens. Ces fuccez donnèrent toufiours plus grande efpe* ranceà Kabus, qui luy firent afpirer à plus grandes chofes : & pour ne point perdre le temps, & (ans don- ner aucun relâche il vint à Gerion , où il fut procla- mé koy en l'année ÏO0I.& del'Egire4oo. 11 eut encores depuis quelques rencontres auec fes ennemis, mais le tout luy fucceda toufioursfort heu- reufcment : de forte qu'il commanda enfin par tout le G'jcylon > qui font prouinces de fortgiandr eftcnduc, au GouucrncmentdcrqucUes il mit fon fils Manucher, enuoyant de grands prefens a Mamud,afin de fe forti- fier par cefte cognoilfance en fon nounel Eftat. Or Kabus faifoit fi grand cas de la luftic'e , & l'ad- miniftroit auec tant de rigueur, qu'au lieu qu'il eftoit fort aymé des fiens auparauant,il futen horreur àtous rapportans cela à la crainte , fi que ne le pouuans plus foufFrir» corne il étoit vn iour en fon camp il* entrè- rent en fa tente pour le faire mourir ; il cfch-sppâ tou- tes fbis de leurs mains, mais ce ne fut pas fans une ires- grande difficulté , & fe fauua à Boftam : mais ceux-cy conucrtilTans leur rage contre fa tente , ils mirent à fac tout ce qui y eftoit , qui n'eftoit pas peu , ny de peu de valeur : voulans mettre en fon heu Manucher fon fils, qui gouucrnoit à Gueylon , à condition qu'il ne fe vangcroit point de ce qu'ils luy auoient faid: , Se ne donneroit point ayde à fon perc contr'euxtmais il re- fufa le Royaume, fi fon pere n'en eftoit confentant, préférant le refpcâ: paternel à la CouronneRoyale.fi que quelques-vns d'cntr'cux furent trouuer le pere, lequel eftimant beaucoup l'obeïftancedcfon fils, il ne voulut pas qu'il demeuraft à fon fernice comme il de- fireroit. mais le fit retourner,luy donnant li beralement le Royaume , & tout ce qui leur appartenoit , dequoy Manucher print la poflcflîon auec vn applaudiftemcnt vniuf rlcl de tous:& Kabus fe retira pour palfcr le re- ft^ de fes iours en la fortcrefle de Kakek , où ceux de Gerion , ctaignsns que tant qu'il viuroit qu'il leur ht ie l'Hiftoire du mal.ilstrouucrent moyen de le faire tuer, fansqnê Manucher fçeut pour lors qui auoieht efté les ag^ref- feurs : ttiais quand il les fçeut il print d'eux vn feuçrè chaftiment. Manucher fils de Kabus, appellé antrerhent Malêê^ Amaly» fc voyant Roy de ces terres que le pere auoU acquifes en celles de Gerion & 'Gueylon(dans lefqUÉft les Maiudu Daulé en teboit vne bonne partic)^nuoyâ fes AmbalTadeurs à Sultan Mamud, pour fe déclarer fon valfal, & luy offrit de tiibut 50. milles derilctsdof par an > qui font eniiirbn éo.'ittilles dueajts , & Maifiud luy donna pour ftmme vne fienne fillermais quelques iours âpres qu'ils furent époufez, Manucher mourut» demeurant en fa place Darab fon frère. Darab fils de Kabus, & frère de Mandcher fe meflâ fort, comme il a eftc dit parmy les diffcirens de Nue Boaly , le party duquel il fuiuit, & par après celuy de Nue, par la mort duquel fon pere occupant le RoyâU* me de Gerion, il le futferuir, lequellenuoya auee troupes à Tabarflâ, pour la garde des terres qu'il pof* fedoit en cefte prouince i mais ayant eftc accufé de quelques crimes en fon Gouuernement.il is'en purgea dcuantfon pere : cefte accufation luy apportant tou* lesfois vn tel mefcontentement,qu'il fe refolut dé fe retirer vets Mamud , lequel il receut auec honneur» toutesfois par fa mauuaile conduite il tomba enfin en fa difgrace, ce que recognoiflant il l'abandonna, & Cé retira deucrs Scachar Roy de (^urgeftam , qui fur ta prière de Mamud le fit^retirer d'auprès de luy : enfin il iucceda à fon frère, où il demeura peu de temps. Mirkon recite en cet endroid les proiielfcs de Sa- butaquin en l'Inde, qui fcroient trop longues à recitei'i joindt que cela feroit hors. des termes de la briefueié qu'on s'eft prefcrite encesfommaires» Or comme il a sfté dit cy-dcflus il y auoitpluficutB difi^erens entre Mamud & Ifmaël fon frère après lâ mort de leur pere,lefqucls eftoient terminez par lesat* mes, au dcfauantage delfmièl, qui auoit eftécon- trainét de s'enfuir : & Mamud fe voyant en repos de cecoftc là auoit faiâ paix , & contraâé amitié aliéé llechKan, pour le delîr qu'il auoit d'allier comme nuoic faidl: fon pere à la coqueftcdeTIndcoù il obtint de glandes & fignaiees viftoires & emporta de très» riches dcfpouiUes. Parquoy Ilcch Kan enuicox de fon bonheur^ & fans auoiraucun refpeâ h la foy qu'il auoit donnée , voyant c'eftuy cy abfent entra dans fes tcnes, ôc enuoya lafar Taquin Ion parent contre Balk, Arfalon Bslu tcnoit lors le Gouuernement de Herat» & de tout leGaznehen iufques àBafinon (qui font Prouinces fort grandes) pour Mamud:ceftuy.cy s'op» pofaauec les garnifons delà Prouince contres les ef- forts d'Ilech Kan,& lafar Taquin. Mamud cutaufii-toft aduis de la perfidie de Ibn al- hé,fi que laifTant là fes conqueftcs de 1 Inde,il retourna en diligence pour la deftcnce defon païs , donnant tel ordre à fes affaires parle moyen d'A'rfalon Balu,Capi- tai ne fort expérimenté , qu'il défit premièrement Abu Abdula Capitaine Arabe , qni conduifoit l'armée de Taquin, laquelle fut finalement mifc entièrement en route, le mit en fuitte, Ôc tailla en pièces la meilleure partie de fes gens , le refte fe fauuant à la faueur du fleuue de Gehun, qu'ils pafTcrcnt âuec leur General , le- quel perdit de cefte iournce plufieurs de fes parens , ÔC lailTa vn fien frère prifonnicr. _ Cefte défaite toucha de bien près Ilech"an : car U voyoit bien qu'il luy eftoit du tout impo/îîble de refi* fterà la force, &au bon heur de fon enr.cmy;celafnt caufe qu'il fit alliance auec Kader kan RoydeKetaa,- kotan , que nousdifonsCatny , afin qu'il iefecouruf en ccfteguerre,& empeKhafTcnt le cours des vidoires de Mamud, lequel fit vne grande leuc;, tant au Catay, qu'au Turquef^am Si Maurenahar,& i"c joignirent aux %rces forces de IlcchKan,ils palTercnt de compagnie le flcu uedeGcIiun. ; , - La nouucllcdece grand appareil futbien-toft ap. porccc à Mamud, qm eftoii^lorsà Tabarftam, lequel s'en alla en diligence à Balk , où il alFembla vne fore belle armeede Turcs: Calanges,Garneys,&Auepanys allant au deuant de les cnnemislcur liura la bataille, en laquelle ceux de Uech Kan eurent du commence- nientdel'aduantage.ce que voyant Mamud.quafi de- iefperede la vidloirc , il itionta fur vn Eléphant, q«il pouna auec grande -fureur au milieu defesennemis. . dclquels.il fit vn grand abatis , quelque effort que fif- fcnt ceux dllech. àcaufe que l'Eléphant s^eftoit mis en cholere, ce qui redonna nouueau courage à ceux de Mamud: car voyans ainfi leur Prince en tel danger, hrent tous leurs cfForts pour l'en tkcr , & ainfi obtin- rent la vidoire, mettans leurs ennemis en fuitte. On tient que ccftc bataille a eftc des plus fanglantes qui ayentefte données en cefieclclà. Cccy aduint 1 an de lalut 1008.& de l'Egire 397. Cefte vidoirc rendit tellement paifible Mamud,que nul ne luy peut empêcher sô deirein,qui eftoit de faire touslesans, luyoufes Capitaines vn voyage aux fn- des pour conuertir cespeuples-U à fa fedc . ceque .voyans les Roys du pais , -mais principalement vn nomme Bal,il trouua moycn^tant par Tes proorcs for- ces que par celles de fes allicz.de leuer vne tres-grande & puilîante armée, & vint au deuant de Mamud, con- trelcquel il combattit tout vniourrmais Mamudob- tint la vidboiredes Indiens.où il fit vn très grand & ri- che butin , & y gagna 4o.Elephans de guerre ,Ôc le re- . lté le retira après en vne forterelTè tenue pour impre- nable, pour eftrc fituée au milieu d'vn grand étan<7, en laquelle ilsauoientamalTc tout leur threfor, & l?s ncheHe.de leurs Pagodes ou maifons de leurs Idoles, qui cltoit ineflimable. Mais le baftimcnt citant foible, Mamud trouua le moyen d'y entrer* Ily auoit dans cefte forterclTef félon Mirkond)rcpt iriliions de dragmes d'or.joo.lingots d'or pesas 2800. îiiaics, aucc gundc quantité de perles & de pierres precleules&plul.eurs autres riches pièces de grande valeur , rpettant le tout en vne maifon qui fcruoit de depofitaire à ce threfor. Mamud ayantfdd vne fi belle prife.ilsVn retour- da à Gaznchen.lailTant ce qu'ilauoit conquis à perfon nés de confiance : Cecy aduint l'an loii. &de r£pirc quatre cens. ^ Il euft encore vnè autre iournce contre les Goarês, qui lont ceux de Guzarare comme vn nommé Ma- hamcd Ben Suty Capitaine des Vaneanes eut voulu prendre leur tlefençc en main, il fut dcffai6t,& vn fièn his pus pnfonnier.lequcl mourutcn chemin, scellant DesRoysdcPerfe. ^Tu V^ P°""°""''l rendit S u tre t '^?"fi^-^"on du Royaume, •ï^d autres g and.s piefens.Mamud toutesfois defiranc lors m if T'''''' ^"^Mamud d,ffiq,«la pour Lx' n^^ï; f ^"""y^ contreluy Altun' tax & Abu Mahamcd le pere de ceftny-cy.il Penuoya en Bagad«: mais il priua lefils du Royaume, leque cueft'n T " rfi'''''"^'' P"^ ^ -'^ à erandthVr'"' "^^T ^«"^^^-«^ ilaooit mis vn grand threfor.qu on difoit qu'il auoit:& depuis eftanc lemenr , & le mu en vne eftroffte prifon : puis ayant tout L"" f .'^'^-"'^^ ' prix de & fir 1 Gnrgertam, &.uGaznehen. " 6c luy fit pluueurs autres aduantages , afin qu il eue «noyende viurefeo.^.'orablement pr?^ de luy , iufques enlanneeio6^^^dei'Eg.re4o4vUmo'u;ut:^^^^ cnct en 1 Inde, ou il gaigna encore plufienrs batailles, ■& en rapporta de tres-belles & rich« dépouilles. Alors gouuernoit le païs de Koarrzm' Ma.,nun qut fiTAbll""".A'P"^^^ V'^'' pourrucdleurL' luy portabeaucoup d'afteéiion : de fo.te quMp.OkL vmt Tr 't T^"''^^'^^'^^^' parlalrtLqael m1 n R " M °" R")^^""^^ vn fien frère nomr.é MamunBen MamunJequel mourut à peu deioursde lafubitement, non fans fonpçon depoifon , qu'on auoi opinion luy auoir efté 'donné p^ar vn nLué e^tpîacT"'" " ^"'^^ ^" fi^^ f^^^"'^ delfberad'fr"^ ^'^^^ --t de Mamail Tu' 1 fi?^ T -t".?-^' pour ce faire ^\ leua vne a:.-n,ée lîvL " ^^«J"-->Mais Noalataquin l'alPa,!. lu vne matinée au derpourueu,&apporta vnegrai oauanteatOLue fon armée.-fiquela vidoire foc f luy melkecmpoilonné auecdupoifon , q:';i p:: ^ ^ G^iZ^:^^^^'' en vne petite malle. { " ""^'"^"'^ ''^ Ivoarizm a l'Alcuntax. en vne petite malle, Il y eut en ce temps vne grande famine en la con. trec de Karalon ; de forte que les hommes & les fem- mes ^ mangeoient les vns les autres, fans aucun relpett de icxe, âgcny condition. ^pres cefte grande bataille fufdite, Ilech Kan s'c- itoit retire à Maurenahar, & ayant entendu que To- gan Kam Ion frère , qui auoit efté des fiens en icclle ievouloit feparer de Mamud, il printles armes contre Juy : mais Mamud furucnant là dcftus , ils s'accorde- Ces troubles ainfi appaifez, Mamud s'en alla contre 132gadct qu'il affiegca.de forte que le Calife Kadtr Bila qm cftoit dedans fut contraindb de fe rendre , & de le contenter auecy.millions de dragmes,chaquc dragme va ant vnerealed'argent, moyennant laquelle fomme lUe iajfla en paix,& fe retira en la Perfe. . Du temps, de Nuéfils de Manfur,Chachar Abu Na çei hls de Abu Mahamed auoic le gouuerncment de 2it ^^f--"^"'" '^-^^ cô:rain6t des'enfuir,& com- «îeu vouloir psiïervnTi.Hw^. il 11 vn baftelier i> "u'eie.U print querelle auec q«erà..r' ^^y^"^'^^<^°gneule diffimula.iuf. gnon s, ,1s K,y i„ ^ ^ ^^^^^^^^ ^ ^ ^udJequel auoit du commencement intention de luy -"«"^uj 1 j-iuuntax. Mamud pafla encore vne autrefois en l'înde . où il eu vne fort %nalee via:oire;:antre Gulkand Roy païen . qm fe voyant vaincu auec la perte de co.mille. avCn^ qu'vnefemmequ'il auoiU qu'il aymoit infiniment pour fon extrême beauté , ne vint en la puiirancede fes ennemis , il la tua, s'en faifantà luy mel.Tne autant fur le champ. Mamud alla plufieurs fois en l'Inde, où il vainquit les Roys Gipal, & landebald'où il remporta làeacore de nch.s dclpcti:ll.s.puis eftant retourné à Gaznehen, grâces defes v.doires : delà i! entra ^ P.rfe.où il print a vUlede Rey & celle de Hifphaon en Hicracic , oui appartenoitaMagidu Daulé, le Gouuernement d;f. ^ns malade, il mourut en l'an îo,m'& de l'Egire 4Z1. • Deux leurs auparauant que demourir,il fi? apporter deuant foy tout le meilleur & plus précieux de L tre- tors, comme û les vu. ,1 rclpandit beaucoup de larmf s fars Abrégé del'Hiftoire /73^ :fans airtinot.de forte qu'on ncfçait fur quelle conH . deration : mais d'autant qu'il commanda quonles gardaft foigneufemcnt, on iugea que fa tnftcffe proce- doitdecequil n'en pouuoit pasiouu ongucment- Quand il voulut moarir,il fit venir le plus icune de fes ftTs , qu'il croyoit deuoir eftre fort remuant , lequel il nda de luy donner parole,qu'aprcs fa mort il viuroit doucement auec fes freres,& qu .1 refpcaerou & ober- roit i raifnc , comme la taifon le vouloit : l autre luy refpondit qu'il ne fe tiiit point en peine de cela , & qu'il fe gouuerneroit auec eux comme il auoitfaiôt aucclefien» ^. . r ^ Tandis que ces cKofes fepalToient a.nfx à Karafom Maurenahir, Vfbck,les àffairesde laPerfe n eftment pas moins troublées ny confufes: car Mag.du Dau^c iftant Roy de Gerion fe gouuernoit fort "«nf/^^* nient , & auec 'beaucoup d'.mprouidence : Mamud Prince très -ambitieux, tie voulant pas perdre vneli belle occafion,enuoyi contre luy vne puiflante armée conduite par vn de les plus expcrimentei Opita, nés. auquel Msgidu Daulc fe rendit fans coup férlr,fe fiant for ce que n'ayant point offenfé Mamud, ilnelepri- ueroit point de fon Royaume : rtiaisil ft irott^çi: c^^ eftantprifonnier vn fieftfils nômmc Abuyeyf:à peine lefccutMamUd,qui eftoitlorsen la villede Rey qu'il fe fit apporter lethrefor deMagidu,oÙ il y au oit vn million de deniers d'or,ou toonnoycqui cft quali vn million &demy de la noftre,2f. trilles deniers d or en joyaux, & grand nombre de vafesd'or &d argent, & autres pièces de grand prix , puis il fit ennnûener de- uant foy Magidu Dalilé , il luy demanda s il auoit la^ maisleuChanoma,quieftlaChroniquedeleursRoys, auquel il refpondit qu'ouy, puis il luy demandas il fcâuoitiouèr aux efchets » l'autre dit qu'ouy. Auez- vousiarnais leu dit lors Matnud.qUedeuxRoys polie- daffcntehfcmblement yn rncûneRoyautee; ouaue2 vous S vcu en ce jeu des efchets , qUe deux Roys fu fient en vne mefme place: à quoy Magidu Daulé difant que non:Mamud luy fit lors vne grande reprimcnde de fes ignorances. & nonchalances , puisl'cnuoyà aued ion fils & vn Wafir,à Gaznehé où Mamud auoit vne fort bel'le [ibiairie, laquelle il fit apporter à Karafon, où il auoitlaifré pour Roy fon fils Mafud. Il fe fit encore plufisurs, remuemens entre les DaU- lcs,tancen Perfe comme en Kermon.entreprincipale- ir.ent Albufauares, & Gelala frères de Tom Daule, qui auoit fuccedc à fon pcre Boadaulé : mais enfin ils s ac- cordèrent en l'an loi?- & del'Egire 409. En Diar^ bek il y aiioiî Acem Ben Boadaulé , autrement nomme Mochaiaf Daulé , qui eut intelligence auec vn des principaux Capitaines de Sulton Daulé,laquellc eftant dcfcouuertc,il fut mal-aifcd'y remédier fans venir aux armes : & après pluiicurs rencontres, ils s'accordèrent à la charge queMocharaf Daulc gouuerneroit la pro- uince dcHiersk d'Arabie, & Sulton Daulé auroit Au- Uaz, & laPerîe.Mais Sulton Daulé cftant retourné à la inaifon. alTcroblà vne plus puilfante armée qu'aupàra- uancfous la conduite deEbcnSa!ax,qui l'enuoya con- tre Mocharafimais ceftuy- cy fut vaincu & afliegé dans vne forterefie » ou il s'cftoit retiré, & enfin contraint par la néceOîté de fe tendre à fon enneœy la viefauue, ce qui cHena tellement Mocharaf , qu'il s'en fit après âppcller le^oy des Roys : ce qui aduint l'an 1021. del'Egire 411. l'année d'après il fie creuer les yeux à Ebeu Salah.En c«te mefme année Gela Daulé fut faidl Roy de Bsgadet.qui eut pour Wafu Abugalcb, lequel les foldats ma(î"acrcrent > d'autant qu'il cftoit vn don ijeut de calfades. ' l r Il fcfit après vn nouuel accord entre Moncharai Daulé,^ S .lton Daulépar le moyen du fils duSulton- à conaa ô que Hierak d'Arabie iefneureroit â Mon- charafA laPcrfe, & K«raonàSulton,lcqucl noourui deux ans après, àfcauoir l'an mille 13. & 413. delh^ pire,apres fa mort Abu Mokarram vn de (e$ premiers Capitaines enuoya auec forces fon filsAkul Ganiarà Auuas: mais les Turcs ou Turcomans qui refidoient en la Perfe appellcrent Abulfauares frerc de Sulton, qui cftoit en Kermon , & l'mtroduifirent en Scirai aupatauant qu'il fefuft misen chemin: ce que fça- chant AbulGaniatleua vne nouuelle armée qu il en- uoya contre Sciras , ce qui fut caufe que fon cotapeu- teur ftit contrain-a de fe retirer à Kermon : mais ceU ncmiftpas dauantage le pais en repos , d autant qllC les vns demandoient la paix, les autres voulant qu Oft fift la ouerre à Abulfauares, & le Roy n'ayant pomC d'arge^'ntfut contraindde s'en aller à Noababandian, fa arande ieuncîTe ne luy ayant pas encore donne aifei d'expérience pour remédier à tant de trauerleS.ccU fut caufe que les partifans d'Âbulfauares le firent retour- ner à Sciras.& déclarèrent Roy, Comme ceux auffi dti partyd'AbulGaniar luy mirent tellement lecœuratt ventre, qu'il arma contre fcn oncle, & après pluficurs bons & mauuais fuccez. enfin il contraignit derechef d'abandonner Sciras , ou l'autre entra, & tut de nou- ueau déclaré Roy. L'an 1026. & del'Egire 4i6,M«cheraf Daule mou- rut àBagadet en l'âge de vingt- trois ans & trois moiSi ayant régné y. ans 3c 25. iours, fa mort fut caufequ on trianda de Balora Gthh Daulc pour luy fucceder » lc« quel n'eftantpas venu auec la diligence requifeen tel- les sfFaires^on donnaleGouuernement à vnautte; de quoy fe voulant venger Gclala>il vint contre Bagadet, le Calife Kadar tafcha de l'appaifer auec raifon» ÔC prières : mais tout cela ne les peuft empcfchec deve- nir aux taams âu dcfruantage de Gelala, qui fut dcftaïC & contraint de s'enfuir àBafora»ayant perdu lâmeiU leuie partie de fes gens, & vn très- bon butin» L^âunée fuiuante , les Turcs vindrent à grandes trouppes à Ba- gadet, qu'il ptindrêt,& fàccagerent, & y mirent le feu, 2e qu'ils fil et pour s'aifcurer contre les Arabes qui de- meuroienten ce païs-Pa : cela fut caufe que leshabu tans appcllerentGcIala à leurs fccours, & le déclare- renc Roy de Bagadecdans laquelle entrant, il alla en la maifon du Calife pour luy baifer le pied . J* receut benigneroent, cela aduint en l'an 1029. & de l'E»ire 419. mais en ces entrefaites les Turcs quU auSt amenez quant & luy demandoient leur paie , & comme Gelala n'auoit point d'argent, ils firent de grâ- dcsihfolenccs.pincipalcroentenlamaifonde Aboàly Ben Maicula Vvafir de Gclala,qu'ils fàccagerent & em- portèrent tout ce qui eftoit dedans , qui n'eftoit pas peu,& renfermèrent le mefme Gelala dans vne mai^^ d'où ils ne le voulurent point laiiTer fortir qu'ils n eul- fentcultCalife pour refpondant qu'on les paietoit» comme il fit auffi, vendant pour ce faire plofieurs pie- ces de grande valeur.C'eftoit en ce temps que Mamud Gaznehy tâfchoit de s'emparer de la Perfe, ce qu Abul Gahiàl- fit entendre à fon oncle Gelala Daulc , afin de s'vnirenfcmble. & refiftcr àleur commun eftnemy. mais l'autre au lieu de marcher contre Mamud , il alla faccager AVvas , qui eftoit des terres de fon coulin , de laquelle il tira grande fommede deniers. ^ f. ^ ' Lesdilfentionsn-eftoient pas moindres en Bafôtâ, entre les Turcs & ceux de Dialema. les vnsfauotil^i S MalckA^is, fils de AbuManfur» & ncueù de Gelala Daulé.duqucl ne vouloient point ceux de D:alemâ,ne durant leurs difcordes. Abul Ganiar prenant fôn temps le print à fon aduantage . & s'empara de Bafora, oc di là patîaàVvaeet , fi que tous les biens de fes parent vindrent en fa puiflTance à quoy Gelala vouioU do irtêt tout l'empefchement à luy poirible.mais l« foldats. ne voulurent iamais marcher pour luy , 9";^* " «'jf receu vne païe , & à faute d'argent il en demaudà pàE manière d'emprunt aux plus riches de B.;gaact. ce qui 4 Des Rbys de Perfe. Acquit rinimicié laquelle Abul-Ganiar perdit, ts: fut contraind defe retirer à Avvaz> & Ge- lalal aillant à Vaacet des ga rnifons futfifantcs pour la •garder? il s'en retourna à Bagadet en l'an 1032. Ôc de l'Egire 4ZI. en laquelle année Kadat Calife mourut ayant tenu le liège 41. an Ôc 4. mois , en la place du- quel on mit Kahcm, ou Alkahem Beamaryla Abuiafar Abdula Ton tils. KAHEM OV ALKAHEM Beamaryla AbujaEm Ahàula qmrante-fe^îtefme Calife, ^Tg^rf E temps de Kahcm, ou Alkihem Beamaryla Ab- uiafar Abdula fils deKadar,ne fuft pas plus paifi- bleque ceLuy des autres,&: commençant pat le Kara- fon, a eilé parlé cy-deuant de la mort de Mamud , en la place duquel on mit Mahamet Ton fils.Or ccftuy-cy auoit un frère auquel le pere des Ton viuan: auoit do- nc le gouuernement d'Hifpaonj lequel aulfi-toft qu'il fçeutla mort defonpere arma contre fon frère : rnais ceftuy-cy commandoit à fcs fuie6ts auec tant de ri- gueur, que l'ayant tous en horreur, le voyant abfent, ils reuokerent:mais Mamud retourna prompteméc étourer la villcqu'il print &c chaftia les rebelles , puis continua fon écrcprife contre lyàrafon auparauant que d'y arriueriil efcriuit à Ion frère Mahamedd'aireurant que fa venue n'cftoitque pour le feruir , parce que les terres qu'il poiredoit eftoiét pP quefuffisates ponrluy faire palfcr ioycufemêcra vie.Mahamedquine defiroit point ccfte vihcc , luy fît dire qu'il le prioit de l'en ex- CL»fer,& qu'il s'en retour naft, ce qui ofFçnça fort Ma- fud: de forte qu'il Ce déclara tout apparemment enne- my de Mahamedi auquel on confeilla fort de le recon- cilier,mais il Ht la fourde orci!le,& enuoya contre Ion frère un Capitaine nommé IlTuf Sabutaquin , «Se luy- mcmc le fuiuit auec le plus grand nombre de gens qu'il ,luy fut poflîble.-mais its'arrefta un mois à Tangana- bafsoù il fit le Ramcdon,ou Carefme Mahometanien- fin Mafud l'enuironna, & par la trahifon d'IlTuf , & la mefchanccré d'un Amir Aly un des principaux hom- mes de Mahamcd : il fut pris & liuré à Mafud , lequel rlrcompenfa les traiftres comme ils auoicnt mérité, car il fit mettre lir^f charge de fers en une balFe foire, & fit prendre Amir Aly,& quant à fon frère Mahamed il luy fit creuer les yeux , demeurant ainfi maillre des Royaumes de KarafonjSr de Gaznehen,ourrc la Pro- uince de Hierak, que fon pere îuy ajioit donnée, ce qui adiiint l*an 1032. &; de l'Egire 422. .après ctla il éuoiya Altuntax Goituerneur de Koarrazin contre Aly Tatjuin,quitenôit Samarkand & Bokara, & y eut ba- taille entr'eux, eh laquelle Altuncax eut du pire du commencement à caufe du ftratageme, dont fe fcruit Taquinicoutesfois la vi(îloire demeura enfin à l'autre, mais elle luy couftabiencher: caril y perdit beaucoup dcfes gens,& laiflala vie,àlafinde laquelle le fentant cpprocher, il fit accorder les ficns auec l'ennemy , de ci.iinte qb'ils n'encoumirent quelque dai\ger, quand ils feroient fans chef. Eu l'an 1034. & de l'Egire 426» la Contrée de Gibal, ' 6c la ville de Rey fe rcuolterenr contre Mafud, cômë firent encore les garniions que fon pere auoit laillceà' en l'Inde, mais en rccompcnfc il fubiugua Gerion ; ik. Tabarftan: & comme durant fon abfcnce deux Capi- taines Turcs fe fu(K;nt foul]eucz contre luyjl'unnoni-; mé Tohorcl on Togczelbck,& IakarbckSalinquy, il les fubiugua à fon recour, de là il fit un voyage en In- dcimais les Turcs ne s'eftas qu'efcartez fans auoir cftc rompus, fe ralkmblcrent,& àlafaueur de fon abfcnté fubiuguerent plufieurs villes en Karafon, & contrai- gnirent Alao DauléBen Kakuyha, & Abufale de for- tir hors de leurs gouuernemens , ce qui fut caufe que Malud \%int auffi-toft àGerion,& comme en pourkù- uant fon chemin, il eut fçeu qu'un guetteur de eue- mins s'eftpit letiré cn uneforterefle auec cent de fes compagnons, il les fit venir fous fort fauf-conduitl 6c aireurance : mais quand ils furent venus deuant luy, il les enuoya pendre, disant que telles manières de gens deuoient eftre chaftiez en quelque manière que ce fnft: & continuant fon chemin, on luy Jfift plufieurs plaiii- tes des tyrannies de Nur Taquin Gouuerneur de Ba!k; mais il eftoit bien mal-aifédc fansfaire à leur demaii- de , à çauic que c'eftoit l'Hyuer i ôc qu'il faifoir de grandes pluyes.-coutesfois pourfuiuant fon chemin,ii eut nouucllcs que IDaud Capitaine Turc amenoit de grandes forcés pour le fecours de Balk , en faucur de Nur Taquin:de forte que Mafud craignant d'eftrp en- clos, alla au deuant de Daud, ce que fçachant NiiV.T^i- quinil le pourfuiuit, (S: luy dona fur laqueu'ci cùilSfj mourirgtand nombre de fes gens,& empcrra Uiifort bonbutini Mafud ainfi mal-trai(5té,ne laifTa pas de poinrLi' jrè fon chemin contre Daud, lequel le vainquit, 6i le c6- traignit de s'enfuyr àGaznexen, où il fit mourir plu- ficurs Turcs quieftoient de fes fbldatSsd'autantqu'iiè auoient trop lafchemêt ccjfftbattu etî la bataille qu'ils auoient eu'éauec Daud Saliuk; puis ayant enuoyé ion fils Maodud àBalk,accompagné duNacetHamcd 'on Vvazir,& de bon nombre de gens de guerrcemrn-nâ auec foy fon frère qui eftoit aueugle:& fes ÛÏSiôc s'en allant à rinde,& arriué qu'il fut à un paiTage du fleuue deSend, que les Perfes appellent Pang , Se qui n'efi: autre que l'indus : il pafla Ihy & les fiens derautie cofté,demeurans fur l'autre riue fon frère aiici.fgfè auec fes threfors, en la glirde d'un Capitaine appci- lé Nuftarquin , lequel fe feruant de cefte occaiîon , il départit aux foldats les threfors j & faluërenc l'ar,tu- gle Roy,lèquelle refafoit:maisenfitî ili'àccepta poor la crainte qu'il auoit de la mort,de laquelle ils le iîic-- naçoient , s'il n'yconferitoit, puis palîèirent le fleuùé auec luy,& fe ruèrent fur les gens de Mafud -, qui n'é firent pas grande refiftance,ne s'attbndans pas à ceftè fecOu(re:de forte que Mafud fut pris, toutesfoisilsné luy demandèrent point d'autre fatisfa(5tion,fino-n qu'il fe contenteroit de viureen paix en quelque lieu, ce qu'il accepta Se demanda la fortereflfe de Kobrakëbir^i laquelle luy fat accordée auec bône garde: au départir Mafud pria fon frère de luy enupyer quelque argeric pour faire fon voyagc:Mais Mahamcd qui eftoit foré auarcdit qu'on luy donnaft cent dragmes, qui foiiC enuiron 500. reaies, ce que Mafud foufFrit auec iiiî* grarid reflentiment : mais ccluy qui luy pbrtoit l'ar- gent luy en dorina encore du fien 1500. deniers d'orj qui font enuiron deux mille ducats, lefquels luy furet après bien payez. Quant au Roy aueugle, fe voyant mal-projpire aii gouuernement, à caufe de fon aueuglement, il refignà fon Royaume à fon fris Hamed , lequel par le confeil d'un fils de Ifluf Taquin ôc de Amir Aly Kachaoâd, les petes defquels Mafud auoit fait mourir en vengeance auflîbien qu'il auoit fait au Roy aueugle , ils q lièrent fccreïtcpicnt àKobra Kebirj &c tuèrent M.ifud ayant i 754 Abrégé de cft/Rcy dixatis: iîîctloit fort courageux & liberal,& commeila efté dit, il auoi-, ehuoyc Ton filsMaodud a Ôalk, où ayant encendu l'aduanturede fonperc, &lc retour de Mahnmed de l'Inde , il les fut attendre au palfage à GazneKhen , où il les firit fi mal à propos, qa'il les combattit les vainquant, & print prifonmcrs Mahamed, Ton fils Hamed , & d'autres encores qui y cftoient,Nuftaquin,& les deux confeillers de la mort de Mafud auec un bon nombre de ceux delà maifon Royale qu'il fit tous mourir , excepté un Aderrhairï, fils del'aucugle, auquel ilfauua la vie pour une telle occafion , c'eft que Mafud eftant prifonnier , un fien frère Abderamon le trouuant auec la Tage bu Cou- ronne fur la t€fte, laquelle Abderramom ayat iettc par grand mefpris en terre Aderrhain trouuant ce faid fort eftrange, Scia leuant du lieu où cefteTage auoit efté iettée,il la mit fur la tefte de fon oncle , auec pa- roles de grande confolation,& cet ade de pieté eftant Venu à la cognoilfance de Maodud, il furuint en ccfte occafion, ôc le recompença de la vie. ) Maodud avant obtenu cefte vidoircil fit baftir ^n fort lomptueux édifice , qu'ils appellent Fal HaÇad,& félon le langage de Karafon le lieu de Adogage. La mort de Manlud apporta encore pkificurs rcmucmes en laPerft, & en l'Inde, d'où Maodud craignoit fort que fon frère Maiadud reuint , & qu'il luy fit quelque trouble.-mais ceftuy-cy mourut en chemin, iibien que Maurenahar,& les terres de l'Inde vindrent en la pinf- fance de Maodud.Toutes-fois les Turcs Saliuquis qm eftoiêt lors à Maurenabar,& Karafon ne le recognoif- foicnt point contre lefquels il enuoya fon armée , l'an mil quarante cinq , & de l'Egire 455. à laquelle s'op- pofant Olob Arfalon fils de Iakarbek auec de fort belles trouppcs, combattit l'armée de Maodud , rem- porta la vidoire. D'autre coftélesTiu-cs ayâsfoiti de TurgeÛan à grande multitude, pillans & rauageans les côcrées de Garméer & Kandachar: mais les garnifons de Maoul les attendirent au palTage , & en firent un grand carnage. ^ En ce temps les R.oys dé l'Inde, qui cftoient vaOaux de Maodud fe rebellèrent contre !uy,& ayans faidfc al- liance entre eux,vindrentaaîeger Lahor,que Maodud cnuoVa fecouïir en grande diligence : mais les diflcn- rions que ces Roy s eurent entre- eux,furent caufe que • Maodud pacifialecout plus faci!emenr,& faitretour- ncr le= autres en leur r^recedete obcïïlancc,& comme il euft terminé ce différent , il fit marcher fon armée contre les Turcs Saliuquis qui occupoient le Karafon. 11 mourut en chemin d'une colique , l'an mil cinquan- te, & de l'Egire quatre cens quarante un. Or encore qu'il eut deux fils , les foldats voulurent toutcsfois qu'Aben-Mafudfonfrercluyfuccedaft,maisccftuy-cy ne jouit pas long-temps de la Royauté: car un Vuazir de Maodud mit en liberté Abd, & Rachidv& le déclara koy,lc portant, de forte que l'autre fut contraind de !uy quitter la place. ' Quant àBagidet , les chofes eftoieft toufiours en confufion: car le peuple fe reuolta encore une autre- fois contre Gelala Daulé,enmc{pris duquel ils procla- mèrent Roy de Bagadet Abulganir, & l'enuoyerent quérir , mais il s'en excufa, & bien pour luy : car les Turcs s'accorderêt bien- toft après auec Gelala Daule toutesfois ceftc réconciliation ne fut pas de longue dur-^e, car ils firent un nouucau rauage dans la ville, où ils mirent le feu pour auoir plus d'occafion de la piller, & vouloient faire fortir Gelala, ù bien que tous ces remuémens durèrent tout l'an 1037- & de l'Egire 417. &c le faiuant encore, auquel il fit un fi grand fro d , que le flcuuc Dcgile , qui eft le Tygris, fut^^elc douze iours continuels,& tomba tant de nei- ges^aux enuirons de Bagadet , que toute la terrt en eftoit couuerie à la hauteur de trois palmes, ce qui eft l'Hiftoire afTez digne d'admiration, veu k-fituation de la terre. Gelala fut quelque temps d'accord auec les Turcs. Mais l'an 1044. & de l'Egire quatre cens trcme qua- tre , un de leurs Capitaines Ebrahem NealySahuquy entra en la Pcrfe , en la prouince de Hierak, & ptint Ameddn. Tokzelbek autre Capitaine print auffi la ville de Rey,&: lar ces étrefaites mourut Gelala Dau- lé , ayant 17. ans fon fil's Abu Manfud eftoit à Vvaccr que l'on manda : mais les troubles eftoient li grands de toutes patts,qu'il n'ofa abandonner le pais,de lortc qu'on donna le gouuernemcnt à Abul Gamar.Tokfcl- bek cependant auec une armée viftorieufe rauageoit toute la Petfc , cela fut caufe qu'Abul Ganiar voulut faire alliance auec luy : & maria fon fils auec une fille de Daud Saliuquy coufine de Tokzelbek , & l'an fui- uant , qui fut l'année mil quarante neuf, & de l'Egire quatre cens quarante, il mourut en Kcrmon , laiflant cinqenfans,AbuManfur,FuladSotun.KozrraoFeruz, Abu Tahcr , Aabucayd Aboaly Kaykorrao. Sotun, comme l'aifné penfoitfucceder : mais Kozrrao Fctuz s'empara duRoyâume,& changeant denomfe nom- ma Malek Rhaym, fi qu'il y eut de grandes guerres ^ entre tous ces freres,auecdiuersfuccez: enfin Rhaynl ^ àl'ayde de Tokzelbek print Scyras , & la meilleure partie de la Perfe , tout y eftant en confufion, & puis s'en retourna à Vvacer. . Les troubles continuoiérauflî àBagadet,quiauoiet efté continuez depuis la mort de Gelala,par le moyen du Calife de Damas qui eftoit de la famille de ceux d'ifmaël qui vouloit faire chaffer de Bagadet,le Califé Kahem ou Alkahem, comme de faidilfut contrainâ: de quitter le fiege: & s'en aller fe réfugier à ToKzel- bekauec lequel il auoit quelque amitié, ceftuy-cy en- tra en Bagadet,laquelle il mit à feu & à fang.lans par- donner,ny aux viuans ny aux morts,faifant ouurir iuf- ques aux fepulchres , pour voir s'il ny auoit point quelqu'un de caché,& le remit ainfi en Ion Califat. En CCS entrefaites arriua à Bagadet Malek Rhaym, lequel nonobftant toutes fes allcgaticns, & bien qu il fe fut retiré en la maifon du Calife , il ne peut empcl- chcr qu'il ne vint en la puiffance de ToKzelbek qui le mit en pvifon,cn laquelle il mouruf.m.ais cefte rn^ort n'apporta pas plus de concorde entre (es frercSjMifuc &c Abufayd,de foire qu'éfin ce dcrnier,apres plufieiirs dïuers cucnemcns>fur pris prifonnier par Maufur qui le fit mourir: il fie le mefmc après unficnVvazir,qui l'auoit efté auflî à feu fon pere,3c mit en fa place Fazcl Ben Acen , lequel fe voyant bien eftabli en fa charge* pour recompenfe il print fon Roy Manfur , & le mit prifonnier en vnc tour, où il m^ourut. ^ Il y auoit en Kermon un Capitaine Turc, nomme Sahcuquy, autrement Malek Kaoerde qui ayant en- tendu que Fazel auoit faid comte Manfur , leua une grande armée contra luy :de forte que l'autre fut con- traint de s'enfuir,& de fe retirer vers Olob Ar falom, auec lequel il acquit de grandes richcflés , toutcsfois ce ne fut pas auec urntdefeureté pour luy,qu'il ne fut pris prifonnier auec un ficn filsàNazonde Molk, & mis prisônicrs en la forrercffe de Stahhar, où ils mou- rurent en l'an 1057. & de l'Egire quatre cents qu^r^n- tc huid, quantà Aboaly Kay Kozrrao fils d'Abul Ga- niar,auquel auoit efté laiffé le Goiuiernement du perc, il s'en defmit volontairement entre les mains d'Olob Arfalon , qui luy donna les terres de Naoban lan &C Akrak où il paffa le reftc de' fes iours.Aifalon le t^'ai- dant toufjours auec beaucoup de courtoifiejl velcut encore 4ci.ans après fes frères, & mourut en l'an 1095. & de l'Egire 487. qui fut la fin du gouuernemcnt des Daules en la Pcrfe. . , , Quant àTogorel,ouTokzelbck,il pourfuuntAbd Rachid,lequels'eftoit retire en une torterclle fi toifc, que voyant qi>'il ne gaignoit ikn deuani,ilhc en lortc f par prcfens qu'il cofrompit . les gardes fans ceux qui cftoicnrdcdans.SiqueAbd Rachid luy fut liuré auec pluficurs autres de les parens , Icfqnels il fît maflacrcr ëc puis Ce déclara Royjcpoufant une fœur du dcfund, maisàpcùde iours de là cftant enla place publique poury receuoir la falutation qu'on a àccouftumé de faire en ces quartiers- là , dix des principaux hommes dupais,bien unis enremble,vindrencpburla luy don- ner,& s'eftans mis en rond à i'entour de luy , mirent tous la main à l'efpée &c le maflTacretenr. Bien peu de temps après Charkir, un Capitaine qui venoit deis Indes;, fit fortir de prifon Ferrogozad , fîls de Mafrud,& frère d'Abd Kachid, & le fît Roy, Dauid Sahuquy,de qui Ferrogozad auoit eu la vidoire , leua une armée pour aller contre Karafon,côtre lequel Sa- Iiuquy Roy de Turqueftan enuoya plufîeurs de les Car ï)itaines, lefquels furent vaincus : cnfîn Ofob Arfalon combatit & le vainquit, prenât plufieurs Garneys pri- lonmcrsjlefquelss'en reuancherét après fur les Turcs, qui efloientcap^tifs cn Gaznehen, Ferrogozad ayant gouuernc fix ans ^ourutjlai/Tantpbur fon fucceifeur fon frère Hebrahem BenMafud. Etcetempsmefme mourut Kalem ou Alkahem Calife, l'an mil feptante- ■quatre,& de l'Egire 467. ayant tenu le Califet 44.aHs oc quatre mois. Des Roys de Perfé. ^^^^y AimoftarcT^ed fut vaincu, &fefauua à la fuirtc-il fut toutesfois pns incontinent aprcs,& prcfcnré à Madid qui le fit ruer,l'an de falut 1136. & de l'Egire 525). ayan-- gouuernc 17. ans & deux mois. '• » Almokîady Bila XLVIIL Calife Apres la mort de Kalem, Alrtioktady Bila fut mis en la ï)lace,au temps duquel il fe fit plufîeurs remuëmens en la Pcrfe:mais de peu d'importânce,& quant au Ka- rafon & terres de Maurenahar;Ebrahcm,frere de Fer- rogozad,qm par fa mort luy auoit fuccedc, s'açcorda auec les Turcs,& ayant mis fon Royaume en paix,fit un voyage en l'Inde , où il fît dé grandes conquefles, &gaigna de tres-riches defpoiiilles : mais kalekcha Roy de Turqueflâ voyant la Perfc iouïr d'une profon- de paix, pehfa que le temps eftoit propre pour y bien faire fes afFaires.&leua pour cetefFed: une grande ar- mee,dequoy ayant eu aduis b Ebrahem luy enuoya des Ambafiadeurs, qui firent en forte qu'ils le deftourne- rcnt de fon deffein: ôc pour plus grande affeurance de leur ammcEbrahem maria fon fils Mafudauec la fille de Malekcha, ce qu'eftantfait Ebrahem, mourut l'an de lalut io85).& de l'Egire quatre cens quatre-vingt & un.tSc fix ans après, à i'çauoir l'année io5)5.&de l'Elire 4S7. mourut le Calife Almoktady Bila , ayant re^né 15). ans 5. mois. ^ Almofiater Bila XLIX, Calife. Aimoflazer fils de Almoktady fucceda à fon pere au Califat du temps deceftuy-cy , Bagadet ayant eflé ruinée par le defbordement du fleuue de Tygris fut changée de fituation,& baftie de l'autre partie du fîeu- ue, vers l'Orient, oùelleeft maintenant aïTife en une affieteplus commode que la première, ayant eua?. Calites,depuis fa première fondation faite par Abuia- far,fans que pas un foit mort en icelle,ce qui eft dieïié d eflre confideré. Quant à Almoftazer Bila, eut quafi la paix tout le. temps de fon gouuernement , qui fut de M; ans & fix mois, à la fin defquels il mourut , Tan de lalutiu5>.&de l'Egirejii. Almoflarcheâ Bila Fai^k L. Calife, A ce Calife tout pacifique fucceda fon fils Almo- Itarched, fort courageux & enclin à la guerre,laquelle îl fit a quelques Princes de Perfe,& ayant occupé quel- ques Promnces deMafud Saliuquy Roy deKarafon, ils combattirent cnfcmble auec diuers fuccez,mais la viaoïre demeura enfin àMafud, près de Tabris, où 'Kdchei Bila L I, Califcj; Rached Bila fils de Almona(iarched',parui)u au Ca^ hfat après la mort de fon pcrc, dcT laquelle voulant prendre vengcanccil arma le plus de gens qu'il pcul}, & s'en alla contre Mafud en Pcrfe, de laquelle il con-~ quit une grande partie : mais s'eflant rencontré auec ion enemy qui luy liura la bataillc,il fur vaincu>& s'e- fuit à Isfaô Chef de Hierak er. la Perfe, où Maliid le fie tuerenrann35.&de l'Egire 53i.aprcslamort duquel, Mafud vint en Bagadet.ouil erra fans aucune refiftâce; Almokîafi Bila LIL Califz^. Mafud s'ieftant rendu lemaiftre de Bagader, mit eii la placedeUachedAlmokcafy Bila oncle du defFuildj & bien peu après Mafud mouruc là en Perfe , chacun de fes Capitaines fe contentant de ce qu'il auoit en gouuernement:ce qui donnal'afrcurance à Almoktafy d'afTembler Une belle arriàée,&; s'en alla en la Perfc où il recouura fans grande i>efiflace,ce que Mafudy auoic vfurpcjlaquelle ayant poffedée l'efpace de 24.ar!sfaPS aucune notable nOnucauté^ il mourut en l'an 1161. 6ç de l'Egire J5;. ^ AlmoHanger Bila ijJùfLîIÎ. Calife Au Calife Almoktafy fucceda fon fils Almoflanget Bila IfTuf, & comme du viuant de fon pere Zvlafud fut mort enla Perfe, comme il a efté dir, Arfalonchafon fils aifné luy auoit fuccedé en Gaznehen, lequel à pei- ne fut-il paruenu à la Couronne qu'il fît prendre tous fes freres,qui eftoient en grand nombre,un feul exce- pté nommé Baharoncha qui efchappa. Or ceux-cy auoientdeux parensjlun GouUerneur de Karafon ap- pelléSaniar,«Sc l'autre de Hierak de Perfe qui s'appel- loit Mahanicd.Ces deux cy eftoient frères ; Baharoifi- cha fe retira vers Saniar , lequel tafcha de l'accorder auec Arfal6n,Iequeln'y ayant voulu entendre, Saniar luy fit la guerre,& entra dans Gaznehen: de ^orte que Arfalon fut enfin vainÇu. Vne ficrtne tante tafcha de les accorder,niais Sani.\r à laperfiiafion de Baha- ochâ retourna aux aimes, (Scà^anceu une féconde vidoire de Arfalonchajil entra derfechef au Gaznehen, où i! fit un trés-richc butin.-puis ayant mis Baharon en pofTef- fionde cefte contrcci il s'en retourna chez foy. Arfa- lon le voyant abfcnt retourna derechef au Gaznehen, contraignant Baharon de s'enfuir,que Saniar reftabhc âpres: & Arfalon s'enfuyant , il fut pris & emmené à fon frère, qui le fît tuer,ayant régné trois ans. En f'aii 1119. & de l'Egire 512. Bahâron deiiieurant ainfi paifî- ble poffefTcur.il fut fort bon Princej gracieux &c hbe- rd, qui aimoit les gens de lettre, 6c luy hiefme eftoic fort fçauant,de f@rt« qu'il efcriuit quelques deuures eii Philofophie, l'cftude ne luy fît pas perdre toutesfois foncourage guerrieride forte qu'il fit quelques entre- prifés eri l'inde & eh la Perffe où il riioùrut l'ah 1153. & de l'Egire 547. ayant régné 35. ans. Kozrrao fon fils luy fucceda^raais eftât arriué quel- ques reniuémens à ce nouUeau règne , 'ne fe tenant point affeuré en fon pais,il s'en alla en rin.de en la pro- vince deLahbr, il retourna depuis à Gaznehen: i'nais trouuant fon RoyaUmetjccupépar Saniar Roy deKa- rafon,& qu'il n'efloit pas affez fort pours'oppofer à Ci puifTance , il s'en retourna à Lahor où il mourut l'an 1161. & de l'Egire 555. ayant régné neuf ans. Son fits KozrraoMalck fucceda à Lahor chef du Royaume de Qjq q i Mukori Multôn cnl'IndccarpouirlaPcrfctouslesRoyaumcs cftôicnt occiipez,& pour les r'aHoir,il falloit un elprit ■plus belliqueux & moins vicieux que le lien , qui fut caufe de le faire haïr de tous, & priticipalcment des gens de guerre. Vne partie des terres de Gaznehetl cftoient pofTedées par un Saltan Guaya Cadin Ma- hamed Gaury : ceftuy-cy fit quelques courfcs en l'In- àc vers Lahor , laquelle il prit : de forte que Kozrrao Malek retourna au Gaznehen,où il mourut l'an 1169. Se 6e i'Egire 565. & enluy prindrent finilesSabuta- quisttrois ans après mourut le Calife Almonftanger, à fçauoir l'an iiyt- & de I'Egire 566. ayant gouuerné onze ans. Almonpnig Bemr Elah Acen LIV, Calife. Almonftanzy Bçnut Elah eut le Califat par la mort de ronpere,ilfutbonPrinee,libcral,&; ayracdeshens, jlgouuernaj. ans & huift mois , & mourut l'an mil cent huidtance, & de I'Egire cinq censfcptante cinq, Tans que durant ce temps il foit arriuc chofe digne de remarque. X^acer ou Nacere Ladin LV . Calife, ' Almonftanzy eftant mott,fon fils Nacer ouNaccre Ladin vint au Califat , lequel 11 tint quarante fept ans fou jleqael Ba^^adet florit grandemencDarant le gou- uerncment d'iceluy ceux de Koarrzm vindrcnt contre iesSaliuquys, les vainquirent & allubiedirent, & les Tartaresjfous la conduite dfe Chingaisk im s'empare- ftntdes contrées de Turon & Agem , les mctcansà ÎFeu & à fang.auquel temps mourut le Calife, Nacer,à fçauoir l'an mil deux cens vingt fix, & de I'Egire, fix €cns vingt-deux. , Al-^her ou Altaher Bila Mahamed, LVlf Calife. Le fils de Nacer nomme Alzaher ou Altaher Bila Mahamed fut faid Calife au lieu de fon pere, mais ce ne fut que pour 9. mois, car il mourut en l'an iij. Se de I'Egire 615. AlmonfldncerBtlaLVIL Calife. Almonftancer Bila Manfur fucceda à fon pere Alza îier:ceftuy-cy fie tant de cas de la liberalitc,qu'ayanc donne enprodigue,il deaint panure. Du temps de ce- ftuy-cy la Perfe jouilfoit d'une grande paix, mais les MogolesouTartaresy ayans fait la première entrée, fe rendirent les maiftresde quelques Prouinces d'icel- le aufquels s'oppofale Calife Alraonftancer , les con- traignant de quitter la meilleure partie de Ce qu'ils auoienr acquis, & les ayant battus par plufieurs &c di- uerles fois , il mourut le 17. an de fon gouuernemcnt. Tan dcfalut 1144. & de I'Egire 640 Almojîacem Bila Ahdula cinquante huiftiémey ^ dernier Calife de aux de Bagadet. » - Abrégé de l'Hiftoire LesTartarfes ayans eftc vaincus, comme vousauez étendu, par Almonftacer Bila, ils en eurent leur railon fous le gouuernement de fon fils Almoftacem: car Olakukan Tartarc le vainquit & le fit mourir,Ôc après auoir tcilu le Califat quinze ans & fix moisiainfi le fi- nirent en luy les Califes de Bagadet , que nous difons Babylone ou Baldak, les Tartarcs s'empatans d'icelle & de toute la Perfe,ayant elb: jt- de ceftc famille , & commande joo. vingt-trois ansjpeu plus,pcu moins. defqucls on a traité particulièrement , d'autant qu'ils font comptez en la Chronique de Perfe pour Roys d'icelle, rant parTauarik queMirkond. Amoftacem mourut l'an defalut mil deux cens cinquante huidl» & 'an 655. de I'Egire. DES MOGOLES OV TARTARES qui ont commandé en la Perf^. Chinguisk^n ï; Roy de Perfe & des Tartaresi Hi H G V I s K A N qui fut le premier des Tartares qui fit voir fes armes en la Perfceftoit fils de Su- kvd Badu , c'eft àdire le vaillant , duquel voici la gé- néalogie : Bador eftoit fils de Partant Badur , fils de Filkan,filsdeTomanahkan , fils de Bayfangovkan fils, deKayduhkan , fils de tominkan,fils de Btikahkan. fils de Buzaniar , qui eftoit en ce faifant le 8. ayeul de Chinguiskan, lequel nâquit en l'an de faluc iijz- 5c de I'Egire 546. ceftui-cy perdit fon pere n'ayant en- cor que treize ans , & comme on le vid fi petit , on fie auflî plufieurs entreprifes & remuëifiens qui s'efmeu- rent, de forte qu'ils ne finirent que iufques en l'an mu cent foixante & fix , & de I'Egire 5^9. en laquelle ar- mée Chinguiskan vainquit tous fes empefchcmensrf & ceux qui lui difputoient le Royaume , jouyflant en fin de tout ce que fon pere & fes anceftres auoient ppL- fedc.On l'appelloit auparauât Tamachin, mais quand il fut eftabli au Royaume , qui fut l'an de falut uoy & de I'Egire fix cens & deux , il fe fit nomtfiet Chin- guiskan, c'eft à dire en leur langue Roy des Roys: ceftuy- cy fut un tres-puilfant Prince, reduifant fouS fon Empire & obeïfsâce toutes les Hordes ou familles desTartares,auecles Royaumes de Ketao Kotan,He- lan, Tangar & autres, lefquels ayans fubiuguezen l a que l'on comptoit izip. & de I'Egire 915- il lof""^ f fes confins auec une armée prefqae innumerable, le vint ruer fur les terres de Maurenahar:à laquelle puil- fance s'eftant oppofé Mahontet Koarremcha,& voyâc combien fes efforts eftoient de peu deffed contre un fi terrible ennemy, il luy abandonna la terre x & s'en- fuit en Karafon. Chinguiskan entra en Maurenahar l'an 1224. & de I'Egire ^zo.mettant au fil de l'efpée tout ce qu'il trou- uadeviuanten cefte contrée là, & fit le mefme à Balk d'où il enuoya 30000. hommes à la pourfuittc de Mahomet Koarrazemcha , qui fuyoit toufiours deuant luy , mais enfin il fut r'atteim à Abiskon en Gueylon,où ils le malfacrerentjmettant toutes fes ter- res à feu & à fang : de là il s'en alla contre la ville de Rey,en laquelle & aux enuirons on tient que les Mo- goles ou Tartares firent mourir 6ooooo.perfonnes,& aux Prouinces de Nichabur, fans les femmes & petits * enfans 1150000. hommes , encor y en a-il qui difenc léoaooo. faifant le mefme rauage un an durant par toutes les contrées de la Perfe. Almonftancer Bila Manfur Ben Alzaher, Calije pour lors de Bagadet , aflTembla le plus de forces qu'il peut pour s'oppofer à cet orage,& empefcher qu il ne vint fondre fur fes terres : & de fait ceux-cy eftans tous diuifez & feparcz en diuerfes contrées, il les prit fi à propos qu'il les contraignit de fortir quafi de tou- te la Perfe,& fe retirer à Maurenahar en l'an 1227. & de I'Egire 625. r a\ C Par la mort de Mahamet Roy de Koarrzm,lon hls le voyant n'eftïc pas baftanr pour refifter aux Tartares, s'enfuit en l'Inde ceftui-cy s'appelloit Suhan Gclala- din,lequel les Mogoles fuiuirent àla trace, & i'ayar c trouuépreslefleuueinduz, luy donnèrent bataille, en laquelle il fut vaincu & contraincït de fc retirct ^ àMulton, Des k Muirotijvn Royaume fîtuc en la plus intérieure par- tie de l'Inde : quant à Chinguiskan après auoir ainfi fraye le chemin aux ficns,(Sc donné le premier l'entrée en laPcrfe, il s'en retourna àKctaoKotan où ilmou- ■ lut, en l'an de falut izzS. & de i'Egire 624. de fon âge le 78. & depuis qu'il fut paifible poirciFcur de fes Royaumes le vingt-cinquiefmc.il eufcinq fils, l'aifné defquels s'appelloit Tuchlcon , auquel le perc donna legouucrnement des Royaumes deDaft, Kapechah RolT Albiigar , qui mourut fix mois deuanr ion père Chagataykon, qui eut le gouvernement des Royau- mes de Maurenahar, Aygort ôc Koarrazm,ayatpoirç- dc fes Royaumes iufqucs en l'an 1241.& de i'Égire 638. le quatriefmc Oktayitu XII. Roy de Perje des Tartares, Le gouuernement du Royaume tomba entre les mains de Alyapru frère du Roy défunt, lequel s'eftant fait More,fe fit nommer Sulton Mahamed Ben Argou; il n' auoit que vingt ans quand il commença à gouuer- ner,&: tint fa Cour à Tabrizril fut fort feuere en l'exé- cution de la iuftice,par le moyen de laquelle il tint fes peuples en repos Se contens,ce fut le premier qui in- troduifit la couftume de prendre un tribut fur les en- fans des Chreftiens& des luifs, pour les former à fa mode Se s'en feruit : en l'an de falut 1306. & de l'Egire 705. il fonda la ville de Sultanie, & en l'an fuiuantil s'empara de Gueylon & flacht, il- s'arma encore con- tre Cham ou Damas,qui eftoit reuoltc pour la fccô- de fois , en l'an de falut 1513. Se de l'Egirê 711. mais les ayant fait retourner à la raifon, il s'en retourna en la Per fe , & mourut en la ville de Sultanie , l'an de falut 1317. & de l'Egire 716. ayant eftc Roy douze ans & neuf mois. Ahuzayd Bahederkgn XI L Roy de Perfi des Tartares, Sultan Âbufayd Bahederkhon, fils de Alyaptu .hé- rita du Royaume de fon perc en l'âge de douze ans , il eut pour Vvazir vn nommé Amir Chupon,lequel auoit vne fille d'vne rare beauté qui eftoit mariée,de laquel- le le Roy deuint paffionncment amoureux : de forte qu'il la demanda à fon pere, lequel s'en excufa, & ne la luy voulut point bailler,difant qu'elle eftoit mariée, & qu'il n'y auoit que fon mary qui eut pou»oit fur ellc:mais Abufayd plein décolère &tranfporté d'af- fedion , l'enleua de force, faifant mourir le pere & le maty,eftans ceux qui s'efforçoient de L'en empcfchcr. Se luy donna le nom Kondekar,qui eft un titre Royal, laquelle s'acquit vne telle puiflance fur luy, qu'en peu de temps de là il lay mit en main tout le gouuerne- ment du Royaume, OÙ elle fe comporta prudemment & fagemcnt , & luy cependant menoit vne vie vct- tueule, s'addonnant à la ledure des liures, aufqucistt eftoit fort affedtionné: Il eftoit de gentille difpofition. & de bon entendement, il pafToit ordinairement les Eftés en Sultanie, Se \ës Hiuers en Bagadet, & aiant règne 19. ans , il mourut l'an de falut 1357. & de l'E- trirefept cens trente fept. Par fa mort iepouuoirdes Tartares fediuifacnla Perfcchacun fedifant Roy de ce qu'il auoit en fon gouuernement, & demeura ainfi jufques à l'arriuce de Teimurlang,quifut enuiron foi- xante & trois ans, TARTARES QVI COMMANDE- rent a la Perfe , des defcendans de Teymurlang. Teymurlangl, Roy de Perfi de cefle ligné^, Eymvrlang qu'on. Appelle vulgairement Hxamberlan , c'eft àdire,Teymur le boiteux, fut fils de Bajankâ,& le quatorziefme fucceifeur de Chin- guiskan,dufangduquelildefce'dit:cariln'eftoit point corne l'on a voulu dire,vn voleur, ny vn meurtrier, ny vn paftre,mais vn homme de guerre & d'un tres-grad courage , comme fes adions l'ont fait aflez paroiftrc. Il nâquit enSamarcand , Se fuiuit les armes comme fes majeurs, Se fon cinquiefme ayeul nômé Carachear Nuvon , partit de la Tartarie auec Chinguiskan au temps que le mefme Roy enuoia Chagarayhkon Ion fécond fils,pourgouuerner les Royaumes de Maure- nahar, Argor Se Koarrazm, ou il fut fait premier Vva- zir , en laquelle dignité , lui & les fiens continuèrent- jufques à Teymur, auec d'autres charges côuenables àfa Qualité & à fon iUuftre origine. Or du têps deTeymur regnoit en GhâgataySoyor- eat MechkÔ.au feruice duquel fut Teymus , auec qua- lité de Vvazir & gtandCapitame , & eftanr arriuee la la mort de Soyorgat en l'an de falut 1370. & dcl'E ^ gireyyr. Tcymurlang fut proclamé Roy aùecl'vna- lîime confentemenc de tous: puisfe uoianteftabli an Royaume il fortir d'iccluy aoccune armée innombra- ble , n'entreprenant rien qui ne luy reliffift heureufe- nient : de forte qu'en" l'cfpace de trcnte-fix ans qu'il régna, outre les Royaumes qu'il pofledoir, il conquit cncor ceux de Maurenafiar, Turqucftam, Koarrazm, Karafon, Siftam , InduÇtam , Hierakhen , Parc , Ker inon>Mazandaron,A4erbajon,Kufiftam,tous Icfquels & autres encore fes enfans & Capitaines diuiferent entre eux après fa mort. On comptoit ij88. de l'an de falut, & de TEgire 785?. quand Teymur aduerti de certaine rébellion qui s'eftoit faite à Hifphaon chef de la Prouince deHieraken laPerfe, s'en alla en per- fonne pour y remédier, comme défait il mit au fil de l'efpée jufques à 60. milles perfonnes. Toktamech- khon eftoit Roy de Kapechak par la grâce de Teyrnur, qui fe voulut rebeller comme les autres , mais il n'y gaigna que des coups , car Teymur enuoia contre lui . vne armée , laquelle le contraignit d'abandonner fon Tloyaume,& de s'enfuir en Gugeftam. En l'an de fa- lut 1402. &: de rEgire8o3.Teymur mena une puilTan- armée en Suty, & deftruifit Aled & Damas, rompit en bataille Sultan Farache Roy d'Egypte , de là il re- tourna contre Bagadet , qu'il prit auifi , puis s'en alla àKahkaauxcnuirons de Tabriz , où il hyuerna, & l'an iuiuant aiant airemblé une plus puifTante armée qu'auparauantjil s'en alla en la plaine d'Angory contre le grand Turc Bajazet, lequel il combattit , & vain- quit , l'emmenant priionnier , conqueftant & deftrui- fantpiufieurs de festerres^:quant à Bajazet, il mourut prifonnier l'année d'après. Tandis que Teymur eftoit ainfi occupe contre les Turcs , vn nommé Karaifluf donna à l'improuifte un alTaut à Bagadet , en fit fortir Vveishelkony, auquel Teymur l'auoit donnée : mais comme il fut de retour de Rumeftam, il enuoia con- tre KaralfTuf fon neveu vn nommé Abubacar, qui re- Couura laCité,& la rendit à Sulton Vveis ,C(^:ime il fe dira ci-apres. Teymur paiTa après à Ardiuil, où il demeura quelques jours, Ôc fit grâce à Chèque Safi d'vn grand nombre de Gaptifs,comme il fe dira en fon lieu:puis lailfant la Perfe, il s'en retourna en Karafon, d'où il s'achemina puis après à Saroarand fa patrie , où il fut quelques mois en feftes ^ grande refiouiffance, faifant contracter plufieurs mariages entre fescitoiés. Finalementils'en allaàAnzar vne contrée qui dépend duCatay , où il mourut l'an de falut 1405. 6c de l'E- ~gire 807. Teymutlang eut quatre fils , l'aifnc defquels s'ap- pelloit loon Guir,qui mourut vnan deuant fonperc, lailTant deux enfans. Mahamed Sultom, ôc PirMaha- med, lequelTeymur ordonna par fonteftament qu'il luy fuccedaiï en fes Royaumes de Gaznehen & de l'Inde , mais Pir Aly le fit mourir. Le fécond fils de Teymur appellé Hamar Chèque , eftoit du viuant du pere Gouucrneur de la Perfcmais il mourut en la for- tereUe deHormatu.qu'ô appelle Kormavvat enLore- ftan:& le troifiéme nommé Mirûchà,fuccedaau gou- uernement des terres que tenoit Vlahkukhart , en Hyerachan,Aderbajon,& iufques à Damas. Il mou- rut l'an de falut 1408. &de l'ÉgireSio. par la main de Karaifluf Turcoman. Le^ quatrième fils de Teymur nommé Mirzachcharok,qui auoir touiours accompa- gnéle pcre,luy fuccedaauflî à l'Empire^ Des Roys de Perfe. 739 Anzacrluy eftant donc parugnu à l'Empire , il he t rou- ua pas ion Royaume paifible comme il efpcroit : car ceux de Hyron & Tyron ne le voulurêt pas rccognoi- Itre pour Roy,puis aiant appaifé tous ces remuëmens; 11 mena ion armée contre Kara I/fuf en Aderbaion, le- quel s'eftant armé en intention de fe bien défendre , il mourut en chemin laiiFant deux fils,I'vn nommé Myr- zach Scandar,& l'autre Myrzach Iooncha,qui vindreC combattre Charok , mais ils furent vaincusjil reccut depuisneancmoinsenfonferuiceMiizachIconcha,& le remit en polfeflîon du Royaume d'Aderbajon.Cha- rok fonda après en Maurenahar vne ville qu'on appel- la de fon nom Charokia, puis ajant régné 43. ans , il mourut l'an de falut 1447. & de l'Egire 850. Il eut cinq filsjàraifnp defquels nommiMirzah Ologhbek, il donna les terres de Turqneftan & Maurenahar: le fécond Ebrahem Sultam, mourut deuant le perc aiant gouuerné la Perfe 10. ans, l'an de faitit 1435. & de l'Egire 838. aiant fait baftir plufieurs^difices dignes de mémoire. Vn an auparauantla mort de cettui-ci mourut fon troifiéme fils nommé Baèsfangor : le qua- , triéme nommé Mirzah Soyorgat Mechkhon,quigou- iiernoitles Prouinccs de Gazfla ou Gaznehen, & de l'Inde, mourut du viuant du pere : Ôc le cinquiérne nommé Mirzad Mahamed luguy, mourut auflî du vi- uant de Charoc. Lors que Teymurlang mourut, ceux deSamarkari auoient falué pour Roy un ficn parent nommé Sulton- Kalil , contre lequel fe révolta vn fien vaifal nomme KodahdahHofceny , & leprint,puis appella àfonfe- cours Chama Ioon,Rey deMalgoftan ou Tartarie,& luy donna entrée en cette Prouincc:mais cettui-ci ert eftant en poireflîon,il fit mourir Kodahdah Hofc Mir:!^chcharol^IL Roy des defcendans de Teymurlang. ' Mirzachcharok le plus jeune des quatre fils de Tey- mutlang, eftoit en Karafon quand fofl pere mourut à le paiant ainfi dé fa trahifon,& donna un autre ^.oyau- me à Kalil au lieu du fien , où il vécut content le refte de fes iours, WrT^h Olothbei^liL Roy des defcendans de TeymurUn'g. Ologhbek, qui du viuant de fon pere Charok eftoit GouuerneurdupaïsTurqueftam & Maurenahar, vint à Balk en l'an de falut 1448. & de l'Egire 851. où il eut aduis qu'en Hicrak & Karafon Mirzah Alahdaolet fonparent fe faifoit appeller Roy,s'arma contre luy, ôi le fut rencontrer à Morgab , où il le combattit ôc vainquit : l'autre eftant contrain<5t de s'enfuir vers vri ■fien frère nommé Mirzah Babor,en la compagnie du- quelil s'en retourna contre Ologhbek qui laiifant He- rakalla f)<îur r'aifcmbler fes forces à Balk.'mais il trou- ua qu'vn fien fils nommé Hirzah Abdelaife s'eftoit re- uolté contre luy •* dé forte qu'il fut contrajnd de luy donner une bataille,laquelle Ologhbek perdit auecla vie, Se celle d'un fien fils qui eftoit quant & luy noni- riié Mirzah Abdrazis, ayant commandé quarante-vri anen cescontrées là, & deux ans feulement depuis la mort de fon pere, & qu'il auoit embraiTé route fa fuc- ceflîon, l'an de falut mil quatre cens cinquante, ôc de l'Egire %3. 'MirxachAhdelaùjfe IV. Roy desdefcendms de Teymurlang. Mirzach Abdelatiffe s'eftant ainfi dcffait de fort pere & de fon frère, il demeura paifible pofleireur dd Royaumermais ce ne fut pas pour long temps, car au bout de fix mois fes foldats le tuèrent a coups de flèches. Abrégé àt l'Hiftoire 740 Mir:^ach Jhdula K Roy des. defcendans de TeymurUng, AbdclatifFe ainfi jaftefflcnt payé de fon parricide, fon frerc Mirzach Abdula eut le Rot^aume pat la mort d'iceluy, duquel ayant ioliyvn an, Mirzach Sukon Abufay d Roy de Karafon vint rauager fes terres , au deuant duquel fut Abdula . mais il perdit la bataille & la vie.rande falut l'Egue huiél cens cin- quante-cinq. Miri^ch SulmAkfayâ VL Roy des defcen- dans^de TcymurUng. Mirzach Sulton Abufayd fils deMahamcd , fils dc Miromcha,fa5deTeymur,ayant ainft mis a mort Ab- dula , s'empara du Royaume. Or nouuelles guerres s'érnèurêt entre Mirzach Ebrahem,& Muzahcha Ma- humud, contre lefquels fut Mirzach Ieoncha,duque ces deux-cy s'enfuirent, & prit leurs terres, que les autres armèrent contre luy,mais ils n en vindr en pa iufques aux coups.carils s'accordèrent en faifant des deparremens de leurs gouuernemens. A peine cet ac- cord eftoit-il fait quand Mirfach Saniar accompagne de MirfachAladaolet.fonfils MirfachEbrahcm Pr m- ces particuliers vindrent combattre Abufayd à S.rak, mais il le vainquit . Saniar y demeurant pour les ga- ees; les deux autres fe mirent enfuitre > Abufayd pof- fedoit lors les Royaumes de Badachon. Gaznehen, Kabud,Siftom & Koarrazm. En l an de 1^1^^ H68. & de l'Eeire 871- Mirzach Acembek Ben Alibek Ben Kara àtman, tuaMirzach looncha : a l occafion de bquelle mort on appella Abufayd au g^"""",^^^"^ de Keimon,Hierafc ScAderbajon, Acembek s eftant tenu caché le fit requérir de paix par vn AmbaHadcur, lequel n'y voulut point entendre. Cela fut caufe que Acembek fe retira à Karabag, (ce font des montagnes aux enuirons de Tabriz, & fur le chemin) ou il fe fai- ù: de tonsles palTages , mettant Abufayd en telle ne- ceffîcé de viures , que defefpeié de tout fecours il fe mu en fiiitte-.maisil fut pris & mené à Mirzach Ma- hamcd,qui alloi^ en la compagnie de Acembek, lequel le tua, Tah de falut i ^69- & de l'Egire 875- Mir:(ach Sulton Hamed VIL Roy des defcen- dans de T eyynurlang. Abufayd ayant eftéainfi mis à mort , MiKi^ch Sul- ton Hamed fon fils luy fucceda au Royaume de Mau- renahar,duquel il jouit l'efpace de iS.ans, ala hn del- qucls il mourut,ran de falut ^e l Egire 899. Wir%dch BaborRoy des defcendans de TeymHïlang. Mirzach Babor coufin de Hamed,5^ neueu de Abu- fayd,fucceda au Royaume de Maurenahar paC la mort de fon oncle«n l'an de falut 1500. & de l Êg«^ 9°4- mais IchaybXn vint d' Vlhek qui le depolfcda de ton Royaume, auquel il n'y eut plus de Roy du lang de Têymurlang,MirzachBabor ainfi échappe de Maurc- nahar,pafTe cnGaznehen,& delà en l'Inde, ou il ht la demeure, & ayant régné en l'vn & en l'autre pais 5». ans, il mourut l'an de falut 1551. & de l'Egire 937- laifTant deux fils , Homayon Mirzach, & Kamoran, Mirzach,qui furent Roys après le pere Homayon eut les meilleures Prouinces de l'Inde. Il a^oit un Vvazir appelle Chyrkan, qui fe reuoh a contre luy, &luy nt lacTuerre , le contraignant de lay quitter fesRoyau- mcs,& de s'enfuir en la Perfe>où regnoit lors Chata- mas, lequel luy aida de douze milles hommes choihs. fous la Conduite d'un ficn Capitaine nomme Bcyram- kan , leLel emmenant auec loy à Homayon le remit en fes Royaumes les reduifans tous à fon obeyiiance, auec li mort du rebelle Çhirkam & de ce Homayon eft fils Gelaladln AKbar qui eft le grand Mogol qui viuoit l'an i6®9. MiYTan Hyadigar IX. Roy des defcendans de Teymurlang. Mirzan Hyadigar fils de Mirzah, Sulton Mahamed fils de Mir2ach,Baesfangor,ou Bayfangor fils de Mir- zach Charrok , fils de Tcymurlang. Apres qu en 1 an de l'Egire 873. eftant accompagne d'Acembck , il eut tué Abufayd, comme il a cfté dit , cettuy-la le Ic^ courut d'vne armée auec laquelle il s'achemina contre Srrabat. • . , n 1 AlorseftoitenKarafonOccmMirzahfilsdeMan- fur,fils deBahekata,fils de Hamar Chèque , qu> efto* fils de Tevmur , lequel entendant le defleindc Hiadi- gar , vint' à grande hafte au fecours du Sttabat, & le combattit &vainquit,l'an de grâce 1470.& de l'Egire 874.lcquel ainfi déconfit , s'en retourna à Tabris vers Acenîbck , qui le fecourut vne autre fois d'vne plus gr âdc armée que la première, auec laquelle il alla atta- quer Ocem Mirzach, duquel il remportais vidoire, & le mit en fiiitte , le faifant fortir du Royaume , & prendre la route de Fariab & Mayma du cofte deBclk: Hiadigar ainfi introduit au gouuernement dupays, le donna tant de bon temps,s'addonnant à toute forte de vicp,que cette nonchalance & oifiueté donna courage à Ocem de le venir attaquer vne nuift , accompagne feulement de loocbons foldats , auec lefquels il con- duifit fi dextrehient fon entreprife , qu'il fe faiht de la pevfonnc de fon ennemy , lequel ayant entreies mains ilfitm^rir, & en cette façon t'entra derechef en la poircflîon du Royanme.Ceei aduint l'an de ialut 1471. • 6c de l'Egire S75. En Hiadigar finit la race de Mir- charrok , & d'autant que cy-dcuant nous auons deha compté l'anwéc 1531. & q"e neantmoins les choies qui arriuerent fous ce Prince furent exécutées en 1 an 1471. comme il a efté dit, bien que nous ayons mis Hiadicrar après Hirzach Babor,le Ledeur fera aduerti que les Prouinces de la Perfe eftoient pour lors duu- fées,& commandées par pluficurs Roys en un mefme temps. Et d'autant qu'ils ont qUelqucsfois chacun à leur tour commandé an total du Royaume , ils lont aulTi comptez pour Roys, finon de toute la Perle , au moins des Provinces qui en dépendent,!' vn après 1 au- tre,fans que pour cela il y ait de la confufion en la Chronologiccomme l'on pourra allez facilement re- marquer. Mrr-^ch Sultam Ocem X. % des defcendans de Teymurlangr Mirz-^ch Sultam Ocem fils de Manfur, de Bahckara filsdeHamer, Chèque fils de Tey mur , ayant ainli te- couuert le Royaume que Hiadigar luy auoit oftcgou- uerna fon peuple long-temps en paix, laquelle luy Kit autant recommandable comme il cftoit -dateur d a iuftice. Il orna fon Royaume de pluhems fuperbes edifices,cntre lefquels & les plus fameux fut vn. Ma- drefe ouHofpitaUpoury reccuoir les panures pcleuns eftran2ets,œuure digne d'vn grand Prince. En Ion temps les Vfbckcs vindrent en Mauccnahar, où ils prindtét quelques tetrcs,& les ortcrenc du pou- Des R oys de Perfe. iuoir des defceridans del eymurlang, qiiiiiifqucs alors les aiioienc poiredces > aufquels le voyant oppofcr Ocem > il Icua une arme pour marcher contre eux & s'cftantmisen chemin > mourut àVvadereis, l'an de falut 150(3. & de l'Egire 9a. ayant régné 34. ans , & 4. moisdc^ioutleKarafon, il vécut feptanteans, vingt defquels il fut toufiours malade de paralyfie,fans qu'il piift monter àcheual. Il eut 14. fils, deux defquels luy luccederent. Bahady ou Pedy AmaT^m, Mufafar Mir'^ch II, Roy des defcendans de T eymurlang. Bahady ou PedyAmazon,&MufafarMirzach,fre- rcs &C fils du defun€t Ocem, régnèrent après leur pere cnfemblcment, contre Icfquels vint Charbek Vfbck: mais eux ne fe fentans pas alTez puilTans pour luy re- fifter abandonnèrent la terre,& îbrtirent d'icclle: Ba- hady Azamonsenallaà Truchis, où ayant afTemblc quelques armées, il vint contre Vfbek , duquel il fut vaincu,& contraint: de s'enfuir en la Perfc vers Cha Ifmaël qui regnoit pour lors, lequel le recueillit , & traidla humainemét,& luy donna les terres de Gham- bc Gazon en Tabrisjdefquelles il vécut, & outre dix Serafs d'or par chacun iour pour fon plat:chacun Sc- raf d'or de Perfe vaut huid latines , & chaque larin vaut deux reaies d'argent, peu^moini- Bahady fût en T abris fept ans, iufques en l'année i;^. &de l'Egire j)io. que Selim Empereur Turc print la ville de Ta- bris, & l'emmena auec luy à Cônftantinople , ou il mourut de pefte l'an de falut de de l'Egire neuf cens vingt trois» Mir^ch fiomdr XÎI. 2^y des defcendans de Teymurlang. Miromchatroificme fils de Teymurlàrig eut deux fiisjl'un nommé Mirzachtloniar, qui luyfucceda au gouuernemcnr d'Aderbajon,& Abudahar en Bagadet: après la mortdeïeymiar, Homar fe fini^Tant ainfi en luy la lignée de ceux de Karakuyonlu, qui auoient coi^mandé à la Perfe , ce qui aduiotTan 1469. & de l'Egire 875. FAMILLE DesRoys de Perfe, FAMILLE DE AKVYONLV, ou Moutons Blancs, autrement ^ nommez Bayonduryah , qui ont commande à la Perfè. 07:un Accmhekje premier de la lignée des Ak^yonlù, E paity de Karakuyonlu ayant pris fin par la m mort de 'Accn Haly, le patty des Akuyôiuïnon- ta aulfi-toft à la Royauté par le moyê de Ozun Acem- bek; cettuy-çy eftoit fils de Oimonbekfils de Cato? lukBek, il eftoit Turkomanj& fi vaillant &geiîcreux à laguerre,qu*il conquit la meilleure partie de la Per- ferl'on l'appelle communément Vfum-Caçam Ofnion ou Otmonbek ayeul de Acembek qui poflTedoitjcem- mcilaeftédirjes terres de DiarbeK.lelquellesKaraf- fufluy auoit quittées par fa mort , duquel après la fé- conde fuccelîion vint en Perfe du temps de looncha, lequel ayant fait mourir, comme il a eftc dit, il recon- quit fes terr§s,& s'empara encore de Tabris & Ader- bajon,tua Mirzah Sukon Abufayd, Iqui eftoit party de Kaiafon pour venir le combatrr^. . Oï comme nous auonsdir,Iooncha,ayantlai(rédeux fils, Actmbek en fit mourir l'un, & creua les yeux à l'autre «lequel fe retira à Scy ras, ou il fut recogniî de tous pour Roy & fouuetain Seigneur: mais Acembek ayant mené fonarmée contrela ville,la prit par force, faiianc mourir lavefuelfiuf , & delà palFa-aKermon qu'il conquit conime fit le mcfme de Bagadet, & ayant réduit fous fonobeyiranceYerakhen.AderbajôjParc, Kermon,& autres Prouinces de la Perfeën l'an 147Z. & de'l'Egire %e,6. il fut combattre Sultan Mahaméd Roy de Rumes ou des Turcs,par lequel OzunAcem- heK fut déconfit en Àrzenionauee la mort de Zeynel Bekfon fils qui eftoit Gouuerneur de Cafuin.* Acem- bek vaincu s'enfuit à Tabris, & les Turcs s'enretbur- nerent à.Conftantinople. Peu de temps après mourut Ozun Acembek,à fçauoir l'ani^yS.&de TEgireSSz. &C au merme tenlps mourut OgorluMahamcdrôn fils aifné de fept qu'il auoir , defquels le fécond fut Sulran Calil.letroifiénie Yacub Mirzah, le quatrième Ma- çifih Mirzah, le cinquième IlTuf Mirzah, le hxiémè MakfudBekjqui tua Sultan Calil fon frère, & le fcp- ticmc Zeynel Bek mourut â la guerre contre les Turcs. ; 7Ai Taaè èekll. Roy de Ecyfi de Ufimille des Akuyonlu, - « Yacub Bek fils de Ozun Acembek, ayant dcpofîê* de & fait mourir fon frcrcparuint à la Couronnc. maiSr en l'an 1482. & de l'Egire 88(5. un ficn Capitaine norh-- meBayandurBck luyfitla guerre 3 lequel Yicub Bei^ vainquit,& fit mourir enSauahaux cnuirons de Kora: En ceftemefmc année mourut à Gonftantinople Sul- tan Mahomet fils de Sultan Murât, & luy fucCeda en l'Empire Sultan Bajazét fon fils. En ce temps aulîî Sultan Aydar de Ardauel faifoit la guerre à ceux de Gurgeftam,& prenant le chemin Scyruan enintcnti'0 d'occuper ce RoyaumcFarrok Yacat Roy du mefmJ Scyruan le preuinr,fe fortifiant de Yacub Bck,luy de- mandant fecours, lequel luy enuoya bon nombre de gens fous la conduitte de Solcymon BckBigen fore bon Capitaine, leouel rencontrant Aydar en Tabafa- ron,levai,nqiyc, & le fit mourir fur le champ, prenant, deux de fes fils qui eftqient encore fort ieunes, l'aifné defquels s'appelloit Aly Mirzah, & JefecondCha if- macl, lefquds furent mis enUfoi tereiîe deStcrkfaci defquelsllfe parlera ,cy- âpres. Quant à Yacub Bek ayant régné 12. ans, ii mourut cnKarabage aux enui- rons deTabrizi l'an ï4,c)i. & del'Egire '^96. BayfangorMtTT^h îîî, Roy de Perfe, de la faynille dès Akuyordu, Sultan Calil ou Hhalil H. 7^y de Perfe de la famille de Akuyonlii. Sultan Calil ou Hhalil par la mort de Acembek fon l^ere demeura poirefleur du Royaume , il enuoya fon frcLc Yacub Bek gouuerner les terres de Diarbck, & print les armes çpntre Calil ou Morad Bek contre le- quel il combattit, & le mit en fuite, le contraignant de fe retirer en la fortereife de Feruz Kuh,dans laquel- le il auoit un Capitaine d'Ocembek appelle Gcloy, lequel ayant receu Ocembek amiablcniét dans fa for- teveirel'ennoya après prifonnier àCalil, quilefit tuÉ à Karafon où il eftoit pour lQrs,En ce temps fe reublta Yacub Bek frère de Calil, & Gouuerneur de Diarbek, ricnant une armée contreTabrisaccopagné deMak- fubBekfonfrerclefquelsprenansCàlilati dépourueu le déconfirent,(Sc Makfub le mit à mort de fes propres nuins, n'ayaac régné que fix mois. \ Bàyfaiigor Mirzah fils de Yacub Bek paruinr M. Royaume par la mort de fonpere , mais d'autant qu'il eftoit encore en bas âge,on luy donna pour Gouuer- neur un fien Capitaine nommé Kufy Kalil Mufulu: à fon aduenement au Royaume il furuinc de grandes partialitez.d'autât que ceux du party de Bayondurayli pretendoient de faire Roy Maçiah Mirzah oncle du ieane frère de fonpere,& fe metrajit ducofté de cetr^ tui-cy firent la guerre à Sufy Calil, qui s'eftant mis ett campagne gàigtia une bataille fur eux,en laquelle de- meura Maçiah fur la place, & fon neueu Roftan Bek fils de Makfud foafrere fuc pr"isprifûnnier,Sc etnmetié enla forcereiîc Aleniak. En ce temps vint Diàrbek contre Calil Solcymoii Bigen, quenous aijonsdit auoir vaincu,& fait hiourii: Chèque ou Sultan Aydar en faueur de Farrokaycâi: Roy de Scyruail? duquel Calil eut la viéloire, &c le fit mourir à Vvoam. ■ - ' Tandis que les chbfesfepalToierit ainfi,Sijlton Ba- yondur prenant quelques compagnies auec luy donna vii; a/Taut à Aleniak, où Roftambek eftoit prifonnier, & le mettant en liberté , le proclamèrent Roy : ceiix-^ cy auec d'autres qui fe reuolterent quant & euX:prin- drent auffi-toft le chcminKle Tabriz pour furprendr'e ^ayfangorilequel fut contraind d'abandonner lepaïs ai,iec Calil, ôcs'enalfçr à Diarbek, oùib furent pour-^ fùiuis par Roftan,lcquél chuoia ion àrïnéé contre Ca- \\\; qui fut défaia & tué. Et qùant à B:iyfangt»r*,'il» écl^appa pour loi s la poiTcffion du Royaume, dcixicû-^ ran^àRoftambek.•Cec^ aduint l'année 1463. &''deî£- gire%7. ■ . KoflamkkjV. t^y de ferfè de la famille . ■ "-des Akuyonlpi. ■ .o> Bayfangor ainfi mis eh fuitce i Roftambek Ûi'^k Makfudcôméçade ja>uirdu Royaume, hequel au iîj^-fôî qu'il fut mené en Tabriz fit fortit du lieu où .eftoient prifonniers-AlyMirzâhou Aly Parchai.6<; GhaîGîiïél « \ Abrégé deTHiftoire 744 les fiis d'Aiiai-, Hc fiayfangor qm vint au deuant d'eux cnGuania & Bardah,oùil Icut liui:alabacaiUe,en la- quelle il fot vaincu, & mourut au combat, ^pres cette viâ:oire,Roftam s'é retourna enTabriz, St Aly Mirzah auec fa permiffion fe retira à Ardauel fa patrie,& l'ancienne demeure de fonpcre. Roftambek fe repentit bien toft après de l'auoir lailTé aller > crai- gnant que la preience ôc la mémoire de feu fon pere fut caufe de quelque grand remuement au paisrde for- te que fans y penier dauantage il le fit fuiure, ik com- me celuy qui ne fc tenoit point fur fes gardes, fuft ai- ifcment attrappc ôc malTacré , fon frère Chalfmaël el- chappa comme il pût , 8c fe fauua en Gueylon, où re- gnoit pour lors Kar Kia Mirzah Aly , auquel Roftam- bek enuoya fes AmbalTadeurs pour le prier de luy re- mettre Ifmaël entre les mains : mais l'autre n'en vou- lut tien faire,nous eftions lors en l'an de falut 147S. & de l'Egire çoi.quand Hagmet Bex fils de d'Ogoriu Mahamet & petit fils de Ozun Acembck vint auec une belle armccqu'il leua en Diarbck pour v.enir combat- tre Roftam,comme de fait ils fc donnerét bataille prés de Tabriz de laquelle Hagmet Bckeut la vidloire, cô- traignant Roftam de s'enfuir en Gugeftam,où il mou- "tut en la mefme année, ayant régné 5. ans 6. mois. Jlagmet Bek^' "Roy de Perfe, de la famtll^ des Akuyonlu, La mort de Roftambek rendit le Royaume paifible à Hagmet Bek petit fils, comme il a efté dit, de Ozun Accmbckjil fit Gouuerneur du Royaume de Kermon, Haybé Sulton, & à Kacem B k Pernaque , il donna le fouucrnement delaPerfe : ces deux-cy confpirerent contre luy,*3£ luy fiient la guerre , & après quelques rencontresjil perdit une bataille aux enuirons deHis- faon en Hierak en laquelle ilmo'irut,de forte qu'il ne reftoit plus dclamaifonde Ozun Aceml^ek que trois ieuncs petits fils,à fçauoir Sultan Morat fils de Yacub quieftoit cnScyruan,Alvven Bek fila de Vfuf Bek en Aderbajon, ôc un frère deMahamedMizachen Yazd, ces ttois-cy partagèrent toutes les terres que ceux «à'Akuyonlu pofledoient enlaPerfe. AlumnBekyi. Roy dePerfe, de la famille de Akuyonlu, Pernarque ayant ainfidepolFedé fon bien-fafteur, jît déclarer Roy Aluuan Bek fils d^e llfuf Bek, &j)etit fils de OzunAcem Bek, lequel àTaydexicGeybek Bayondur,6c autres Tiens Capitaines ôcparens, vint à Tabriz fe joindre à Haybé Sulton, Mahamed Muzard frerc de Alvvan qui eftoit Yarzds'appelloit Rcy d'if- faon ou Hierak, contre cet^uy-cy Alvvan fit marcher fon armée, lequel fans l'attendre fe retira en la fortc- reiîede Sthia, de laquelle eftoit Capitaine Ocem Ge- lohi,lequel ioint auec Mahamed, furent contre Alvvâ, ^uis'en eftoit défia retourné, & fc rcncontrans, ils le donnèrent une cruelle batailledaqucUe Alvvan perdit &fe retira à Tabii* , où Mahamed le fuiuit : Alvvan fortit une autrefois contre luy, mais fut derechef mis en route. En cette bataille mourut Haybé Sulton, 6c quant à Alvvan, il s'enfuie à Diarbek : durant toutes ces reuoltes.deux frerts de Hiybé Sulton s'efleuerent coi tre le Roy de .Hierak Sukon Morad,qui eftoit en Scyruan , 3C y ay intmené de grandes compagnies de gtns de guerrcailerent contre Mahamed Mirzach, le yènconi tercnt prés de Isfaon,où ils fe donnèrent une bataille,! vquelleM.ihamed perdit auec la viejl'an 1500. & de i'Jj^ire c)05. n'ayant régné qu'uni ai» Sultan Morat VU. Roy de Perfe, de U famille de Akuyonlu. Sultan Morat fils de Yacub Bek eut par la mort de Mahamed Mirzach,les Royaumes de Parc & Hiciak, & Alvvan deura auec la Seigneurie deTabtiz & Ader- bajô. mais en l'an mil cinq cens & un,& de l'Egire 506. tous deux fitcl une leuce de gensdesuetrcpour vtur- pcr le bien de fon compagnon , de lorte que mettans leurs gens en campagne,ils fe rencontrèrent à Cafuirti ils ne combattirét point tdutesfois par l'cntremife de quelques perfonnes qui les firent accordei,àconduio que chacun fe tiendrait à ce qu'il auoit : En ce temps laPerfe eftoit pleine de volcrie,de violence, de faim, de cherté & de mortalité,auec un trouble uniuerfchon I comptoit l'an 1502. & de l'Egire 907. quand Cha,It- , i maël fils de Chèque Aydat fortant de Nakchoan leua ^rmée , & s'en vint contre Tabris où eftoit Alvvan, lequel qinttabien-toftlepays,& s'enfuit à Bagauet,5c delà palfa à Diatbck,où il mourut bien toft apres^'art de falut 1505.& de l'Egire 619.de forte que Tabiis vint au poinioir de Cha Ifmaël , lequel enl'anné. 1505 ÔC de l'Egire 908. print les armes contre SuhonMoiad» qui fortit deScyras,& vint le combattre«en Adamon: mais Morad perdît labataille,& fe retira à Scyrasi & delà à Bagadet,de laquelle Bathiek eftoit Gouucrneuï qui le recueillit,& le prit en faproteâ:ion,puis l'année fuiuante,à fçailoir 1504. & de L'Egire 909. ifm; cl vint contre eux, lefquels furent contraints de luy quittei^ le pays, & fe retirèrent en Karamanie: de là Morad s'en retourna à Diarbek , où les Kazelbac ou Cafieibas le tuèrent, l'an de falut 1515. & de l'Egire 920. de forte qu'en cettuy-cy finit le gouuernemcnt de ceux des Akuyonlu fur la Perfc. D E S DESCEND ANS D E Cliinguiskan, qui commandèrent en Vsbek Maurenahar. Caauhek.KhonRoy de Maurenahar. Ependant que les chofes pafioicnt en la Pcrfe comme ilacftédiét.lesdefcendansdeTuchykQn fils de Chinguiskancommandoicnt en Vibck, & tc^- noient toutes ces terres-là qui lont de fort grande eft^- due. Or l'an de falut 1496. & de l'Egire 900. Chaybe- kon fils de Budalk Sulton partit de V (bek, & s'en vint courir & rauager leste,rres de Maurenahar & deKara- fon , lefquelles en l'efpace de 4. ans , il occupa toutes jufques à l'année 1500. & de l'Egire 904.qu'il fut^con- traint de les quitter aux defcendans de Teymurlâg, & en l'an 1508. & de l'Egire 915. Sultan Ocem Mirrh s'cftant rencontré auec Chaybekon Herak en Maure- nahar où il regnoit,&r eftat mort fur le champ, il don- na fa place à fon fils Pady Azamon "Mirzach , lequel n'eftantpasbaftat pour luy refifter, s'enfuit à XanSar où ayant recouuert quelques gens, il vint combattff Chaybck, lequel eut la vidoire,forçant Pady de s'en- Ipier en la Perfe,& de fe preualoir de la faueur de Cl">* ifm.aëlSufy qui letraitta auec honneur,puis en l'année '1511.& de l'Egire 916. Cha Ifmaël fut contre Ghaybek, & fe rencontrevcni tous deuxàMnrvvo, où ils com- battirent : mais Kabekhon fut vaincu , & mourut au combat,ayant tenu fa fcigncuric .douze ans. Kuchevgy \- DesRovsdePerfe. Kuchengj Khon Roy de Maure/îahar-, des defcen- duni àe Chlnguys Khm. Kuchengy Khon demeura à Maurenatiar au lieu de Chaybckcn lannée 1515. &: de TEgire 918. Cha Ifmaël «nuoye vne puilïànte armée à Maurcnahar fous la con- duite de Nagemy Sony , lequel fe vint ioindrc à Babor Roy deTlnde, lefquels vnisenfcmble , viixdrent pour combattre les Vfbckes en Gagydaon: maisceux-cy les vainquirent, Nagemy Sony demturant fur la place, & quant à Babor tout déconfit futcontraindt de (e retirer en l'Inde : Kuchengy Khon voulant après en auoir fon rcuanche, l'année 1^30. derEgire 955. entra auec fon ar- mée dans la Perfe, en laquelle écoit pour lors Gha Tha- ft)as, fils de Cha Ifmaè'l > lequel s'oppofa à fcs forces , le combattit, & obtint la vidtoire. fi bienqueceluy d'Vs- bck fe retira vaincu en Maurenahar, d'où il vint encore vne autre fois en Marwo , en intention d'entrer en la Pcrfc.mais la paix fe condud entr'eux, qui empêcha Ku- chengy de paÀcr outre j & le fit retourner en Maurena- har, où il mourut le mcfme an ayant régné 20. ans. Abitfayd Khoiti Roy de Maurenahar , des defcen- dans de Chinguys Khan. Abuzaykhoh fils de Kuchengy , pat la mort de fori pere paruinc à la Couronne, laquelle il pofTeda quatre ans , i la fin defquels il mourut fans auoir fait des cho- fcs dignes de mémoire > l'an de falut 1335. & de l'Egi- re 9.9. Oheyd Khon Roy de Mauremhap-, Roy s defcendans de chinguys Khan. Obeyd Khon frère aifné du defunâ: Abufayd fils de Nahamand Khon , frère de Chaybek auffi toft qu'il fut déclare Roy fit palFer vncarméeenKarafon »en ititen- tïô delà faire entrer en la Perfe.maisil fut empêché par Chamas , qui le força de quitter les terres deKarafon, &Cha Thamas s'étant retire il reuiîitpour la féconde fois , & les rauagea auec fon armée défia fort haralTée, iufques en l'an if4o. & de l'Egire 946. auquel il mou- rut ayant régné fix ans. Abdula Khon Roy'de Maurenahar^ des defcendans de chinguys Khan. Abdula Khon fils de Kuchengy Khon eut le Royau- me de Maurenahar par la mort de Obeyd Khon^auquel toutesfois il ne fut que fix mois , au bout defquels il mourut l'an 1541. & de l'Egire 947. Abdelatife Khon Roy de Maurenahar , des defcen- dans de ChengUys Khan. Abdelatife Khon fils de Abdula Khon fucceda au Royaume, lequel il tint iufqu à l'année IK2-.& de l'E- gire 940. en laquelle il mourucfinilTant en hiy le Gou- nement de Chinguys Khan en Maurenahar. OIIGINE VE SCAHISMAEL SOPHT ] ^ àe ceux qui font dépendus de luy , <^ ont commm dé a la Perfe iufques • en ce temps. OvRsviVANT maintenant la fuitte des Roys de Perfe , il fera bien à propos aupara- uant que parler des adiôs d'Ifmaél Sophy.de ttaiâer de fon origine le plus bnefucment 74^ toutesfois,qu'ilfe pburra,ceEtuy cy doc fut fils de Chè- que Aydar , fils de Sultan luney, fils de Chèque Aly, fils de ChéqueMucha. filsde Chèque Sopby, & enfin lé treizién)epietit fils des defcendans de Morts Aly, coufiri & gendre de lUahamed. Quand TammCrlan retourna en la Perfe apires la delTaite de Bajazet , il emmena auec luy vne grande multitude d'efcîaues , tant de h Carâ- manie que d'autres nations , lefquels il auoit délibère de faire tous mourir: &: auec cette refolution il entra enArdauel, où il s'arrefta qdelques iours ; il y auoic en cette ville vnChequeSophy, quieftoit tenu de tous ceuxj non feulement de la ville , mais encores deS enuirons, pour vnfaindi homme ^ fi bien qu'il eftoit honoré & refpedlé de tous : la renommée de la vertui & de la bonne vie de cettuy-cy paruint iufqu'àTam- merlauj qui en voulut auoir la cognoiffance , & procu^ rçrfon amitié: de forte que luy -mcfme l'alla vifitei: chez luy plufieurs fois , & s'en voulant aller d'Ardueil, il s'offrit à luy accorderce qu'il luy denianderoir. Chè- que Sophy qui feauoit l'intention deTeymur pour lé regard desprifonniers , prenant fon temps fur 1 offre que ce Prince luy faifoitjle pria de leur pardonner.Tey-- mur qui defiroit luy complaire,non feulement leur par- donna, mais les luy remit tous entre les mains pour eri difpofer à fa volonté. Chèque Sophy les receut , & les pourueut à tous le mieux qu'il ptic de robbes ôc autres chofes neceffaiies, les renuoyant libres chacun en fa maifon dequoy non feulement les captifs, mais ceux en- core des nattions defquellcs ceux cy efloient, fe fcnthrét tellement obligez au Sophy, qu'en fignede recognoif- fanccd'vn fi grand biê fait,il ne fe pafloit guère de iouc qu'il né fuft vifité de plufièurs auec dons & prefens; continuanstbufiours cette recognoiffance aux defcen- dans mefraes du Sophy, & iufques à Sultan luneyd fort ij.neiieùjou fils de fes fils,qui viuoierit du temps de lo- onchafilsde CharaKTuf, duquel il a efté parle cy dè- uant:car ce Prince là voyant les vifites continuelles qu'on fàifoit à leuneyd, & le grand "nombre de gens, tant de pied que decheual , qui efloit d'ordinaire à fa porte, la grandeauthoritéencore qu'il auoit:toutes ces chofes enfembleluy donnèrent fubjet d'auoir quelque foupcô de luy,de forte qu'il luy du.qu'il ne vouloit plus qu'il fiat fi vifité devant de gens:dequoy luneyd fefen- tant grandement ofténcé , fans y péûfer dauantage,for- titauin toft de Ardauel accompagné defesdeuocs, & prit le chemin de Diarbek : Ozan Acembck , qui eftoit alors Roy de cette Prouince, le receut benignement, luy donnant pour femme vnefienne fœur nommée Ka- diia Katum,de laquelle il eut vnfils nomme Aydar , ce lunéyd auoir ordinairement autour de luy de certains courcnrsqui infedoient tout le Gurgeftam fous Ictil- tre de Zdos de fa fc&e , fprçant ceux qu'ils prenoient captifs de la receuoir, & en continuant tes courfes, il atriuaqu'vnefois étant entré dans le Royaume de Tra- bizonda, ils tuèrent le Roy,& s'en emparant mettât en icelle Aydar fon fils qui eftoit auec iuy.il arriua depuis queAccmbekfic mourir looncha , commeil acfté dit, cela fut caufe que Aydar psfTa en Ardauel, où il fe mafia auec vne fille de Acembek, nommée Alemcha laquelle luy enfanta Aly Parcha , & Cha Ifmaël , qui nâquit eri l'an 1488. & de l'Egire 892, qui s'appella Sophy , pouc lacauie qui adéjaefté due ailleurs. L'anenfuiuant, Aydar cftant entre au Royaume dié Sciruan,FerrekYalîur Roy de cette Pi ouinccauec l'ay- dedeYacub Bck deffit fon armée, Aydar demieuranc mort fur la place , & ces deuxfils.Alz Patcha, & Ifmaël pris pnfonnvers,lefqu<;ls Sulcon Roftan Bek mit depuis en liberté : toutesfois ayant après fait tuer Aly Patcha, quùeftoitl'aifné . ChaUmaelfè reCirâàGueylon, où il fut fix ans, à la fin defquels la Perfe eftant toute en con- fufion pour les reuoltes de Akuyonlu , il s'en alla à Ar- zeuion, oii ayant affemblé iufques à 7000. hommes, Rr£ Cira-_ Abrepé derHiiloire Caramencs, tous Sophiens, des familles de Eflayaln, Kanlu Tukaluh , Verfatla, Romlu, Zulkadeilu Auchar Kayar Scfiaphyaradak , & pluficursaatres qui le fuiui. rent, l'an de falut 1501. & de l'Egirc sx^^- n'ayant encore que l'âge de 14. ans, il vint en Scyruan> où il combattit contre FarrokYana, qui auoit fait mourir fon pcre, ob. tint la victoire de luy>& luy fit perdre la vie,fi bien qu'il fc mit en poiTefllon de ce Royaume, & l'an enfuiuantil fit la guerre à Avvan en Nachoan , & le contraignant de s'enfuir, Ifmaèl print Tabris, ayant obtenu cette vi£toi- rc, il inftituc la Tagequi eft vn Turban ouChaperofi rouge aueciz. bandes à l'entour, qu'il fit porter aux ficns en mémoire des douze fils de Ocem , fils de Aly tenus entr'eux pour fainâ:s,& dcfquels il fe vantoit eflre décendu, appellans cette nouuelle Milice les Cazel Bak, comme fi on difoit tefte roisge. Cela étant faid.il paflTa à Aizenion.oii il affembla fon armée pour conquefter le Royaume de Zulkader:mais en fon abfencc Alvvan re- uint contre Tabris , au fecours de laquelle Ifmnci ac- courut incontinent , & contraignit l'autre de s enfuir à Bagadet, & de là en Diarbck.où il mourut i.ans aprcs.il mourut en l'an i;o5. &de l'Egirc 908. Apres laquelle mort Ifmaèl s'étant vn peu reposé à Tabris , mena fon armée en la Perfe contre Moral Bek, qui fut par luy dé- confit , auec la perce de dix milles foldats , en l'an 1504. ôc de l'Egire 909. & luy abandonna la Perfe & le Ker- mon.qui vindtent au pouuoir d'Ifmaè'l , lequel alla paf- fer fon Hyuer à Kom , d'où ildepelcha Eliafbekauec 'vne armée contre la ville de Rey, lequel Ocembek Ge- lohay Capitaine de Kaat:Fcrus Kuh s'eftantmisen em- bufcadefur les aduenucsdes chemins, luy prefenta vne bataille que l'autre perdit auec la vie: Ifmaèl fçachant cette route s'en allacontre Ocem bek Gelohay , qui fe retira à Feruz Kuh , lieu très fort , tant par nature que par art : ce que fçachant Ifmaèl, & ne voyant point de moyen d'en auoir la raifon, luy retrancha l'eau qui cn- troit là dedans, de forte que les foldats furent côtr^ints de fe rendre vn mois après le fiege : mais encores qu'il ce fuft pas long , cela n'empefcha pas qu'il ne mouruft en cette guerre plus de 36. milles hommes. Cecy eftant appaisc. Umael print le chemin de Karafon ; mais fi tort qu'il fut party, vu Roy nommé Mahamed Karrahy, ayant auec foy quelques troupes , s'en partit en la con- trée de Yazd, Ôc s'en rendit le maifttc : Ifmaèl vint con- tre cettuy cy, lequel fe défendit courageufement ; enfin toutesfois il entra dans la ville, & print Karrahy,lequel Ifmaèl fit brufler l'an 1506.& de l'Egire 911. De là Ifmaèl fc retira à Scyraz , où il fit vn Ediél en forme de prefcription, par lequel il commanda que tous ceux qui auoient porté les armes en la bataille, où étoit mort fon pere Aydarcuflènt à mourir, dcfotte que cela fit mourir plus de 50. ou 4o.milles hommes Et comme il hyuernoit à Taron,où il fccut que Sulton Ocem Mir- zadRoy de Karafon eftoit mort.des terres duquel s'em- para Ghoybckkon Vfbck , & les fils du defund Roy fc retirèrent vers Ifmaèl, lequel partit aullitoft auec ion armce,& s'en vint courir fur les terres de Rumeftan,ou des Turcs , ayant donné le Gouuernemcnt du Diarbek à Mahamed Khon Eftayalu , 8c l'an 1511.& de l'Egirc 916. il fut cor/tre Bagadet que Barhick gouucrnoit pour lors, lequel fut contraint de s'enfuir , ôc de fe retirer vers les Turcs: ce fut lors qu'il perdit vn fort grand nombre de foldats au palTage du fleuueTygtis, qu'il ne peutguaïer;il conquit après leKufiftan,qui eft Icmef- nae que 1: païs de Sufe, où eftoit iadis Alfucrus & Eftcr, &au pKisfortdei'Hyuer il mena fes gens contre Scyr- uan Baku & Darban qu'il conquit en l'an 151 i.Sc de l'E girc 517. il aila en Karafon comte Chaybekkon, lequel fçachant fa venue fc retira à JMarvvo, mais Ifmaèl fi. tant qu'il arriua en la campagne, où il luy donna batàl le , la:îucllc Chaybekkon perdit auec U vie , & parce moyen le Karafonvint au pouuoii d'Ifmaël, En cette année mourut Bjjazcth Rcy de Rume , ou Turc, & luy fucceda à l'Empire Suftan fon Hls,& en l'an ifi4. nafquit Thamas le fils d'Ifmaël Sophy l'année fuiuante, àfçauoir de falut ifiy. & de l'EgircQio. Sc- lim vint auec vne puiiTantc armée à Arzenion , &fit partir Ifmaèlde Hifphaon , & vint l oncontrer fon en- nemy à Chaldcron, où il fc donna vne grande bataille, laquelle Ifmaèl perdit , de fe ret i a à Tabriz, & de là à Gazin. Sulton Sclim entra dans Tabnz,où ilfut quinze ieurs , lefquels pafTez il fc retira en Amafiah, Ccftean- nce les Cafelbas firent mourir en Diarbek Sulton Mq. rad, & enuoycrcntlc rcfte au Sophy ,Sc l'an fuivantSe. lim print Kcmack, place fort importante en Saladulie,! & Zulkadel,& Alep eh Surie.puis en l'an 1517. &de l'Egirc 9 2Z. fubiuga Dama & l'Egypte: & l'année d'a- près Diarbek , & la Mefopot£(mie, où il mourut finale- ment en l'ani52i.&: de l'Egire 9i(j. auquel fucceda fon fils Solcymon. Quant à Ifraacl Sophy , ayant commandé fur toute la Perfe l'efpace de zo. ans, il mourut l'an mil cinq cens vingt-cinq :& de l'Egire neuf cens trente , en l'âge de 38.an5:il fut terrible à la guerre,rcfolu,fans crainte, plus cruel & feuerc que doux & humain : il fouloit dirc.quc } comme il n'y auoitqu'vn Dieu au Ciel: qu'il falloir aufTi qu'il n'y cufl qu'vn Roy en la terre, c'eftàquoy alpiroit fon infatiable ambition. Ilfut tanteflimé& rcfpcdé des fiens qu'ils le tcnoicnt pour vn homme Religieux & faind, & quelqucsfois il y eut quelques- vns de ceux qui le fuiuoient, qui luy attribuèrent l'hon. ncur deu à la diuinitc, ce qu'il faifoit femblantdc rc icttcr,mais ce n'eftoit qu'en mine ,:car vne foisentr'au- tres, après auoirobtenu vne grade & fignalce viéloirci & dettes grande importance, commeles vns l'appel- loicnt Prophetclcs autres Ange, & les autres Dieu, tant s'en faut qu'il les diïïuadaft , qu'ayant fait creufcrvnc grande & profonde folfe.il ietta dedans fon foulicr , di- fant queccluy qui l'aymcroit le mieuxl'allaft requérir: Apeinceut-il ditlaparolc,qucpluficurs milliers lêiet- terent dedans, où ils ne^ furent pas Ci toft, que la terre quiauoitcfté tirée de cette foffe , fe bouleuerfa fut eux,& les enterra tous vifs, payans ainfi la peine qu'a- ncit mérité leur impiété. Il eut quatre fils fçauoir Cha Thamas, Alcas , ou Elias Mizah , le troifiimc Son Mir- zah,& le quatrième Baron Mirzah. Cha Thamas 1 1. Roy de Perfe , de la race des Sophkns, Cha Thamas fucceda à lfm.3èl Sophy fon pere, ileut plufieurs guerres durant fon tegne, qui dura J3.ans,les plus importantes defquelles furentcontre les Turcs, il mourut l'an tj7^. & de l'Egire 9^5- laillant deux fils Cha Ifmaèl,& Mahamed i'Aucuglc. Cha Ifmaël III . 'Roy de Perfe Je la race des SophknSr Cha Ifmaël fils aifné de Cha Thamas, ne fut qu'vn an & dix mois Roy de Perfe, à la fin dcfquels il mou- rut, laiiTant le Royaume à fon frcrc Mahamed l'Aueu- glc.l'an i;7S.& de l'Egire 98;- Cl?a Mahamed IV. Roy de Perfe Je la race des Sophkns, Ifmaèl n'ayant làiffé aucuns enfans , fonfrerc Maha- med fécond fils de Cha Thamas luy fuGceda ; lequel en- or qu'il fut aueuglc, ilnclailTa pas de gouucrncr7.ans. ila findcfquols il mourut, l'an de falut ifSf, Se del'E- gire 592, lailfant Cha Abas fon fils pour fuccclfeur. Cha Abas V. 'Roy de Verfe , de U race des Sophkns, Par la mortderaueuglc Mahamed, fon fils Cha Abas entra en poiïcfliondu Royaume de Perfc. Durant fon règne il y eut pluficurs guerres.aufquelles il donna plu - fieurs batailles , les plus fignalcésdefqucUes furent cel- les de Gueylon quis'eftoit rebelle , lequel ilreduifit à fonobeïlTance, non fans vn manifert© danger de luy& des fiens. Il fut afficger Balk en Vipck , 6c tint le fiege quelques mois deuant qu'il fut contraint de Icuer , de- ftruifitle Royaume de Lar ou LaraenlaPerfe & print le Roy d'icelle qu'il fit mourir à caufe des larcins & violences qu'il faifoit aux Karauannes des Marchands qui paffoient par là.il quitta Tabris aux Turcs , laquelle ilspoifedoient dés le temps de Cha Thamas fon ayeul. Plu fieurs chofes mémorables fe pafl^erent durant le rè- gne de ce Prince , ôc principalement contrôles Turcs, lefqucls perdirent depuis Tauris , & la meilleure partie des places qu'ils tenoicnt fur les Perfans. Il enuoya vn Ambaflade l'an i6n. à l'Empereur Ro- . dolphe.-Archîduc d'Auftriche,pour empefcher d'arrcfter la paix qui fc traiftoit entre les Chreftiens & ies Turcs, àfin qu'ils euflent plus d'ennemis fur les bras, il régna $î-ans. Cha Ifmaël 3. de ce nom ,'fixicme Roy de Perfe , de la race des Sophiens, n'a dégénéré en rien dss aftions vertucufes de fbn pere Cha Abas , & a par plufieurs ba- tailles aifailly la puilTance du Turc , & repris quelques fortes places quieftoient en fon obeïiTance, l'animofitc & la vengeance s'alluma fi furieufement entir'eux que fans cefle ils «fpioient l'occafion ^ de s'emparer de ce qu'ils pofTedoient. On remarque iqu'en deux batailles qui fe donnèrent aux champs d'Arfenion & de Scyrac nx vingts milles hommes demeurèrent fur la place de part &d'autre:Toutesfois l'arriuce du nouueaii fecours qui leur vint le chargerétfi courageufemét, qu'il receut vn fécond échec plus calamitcux & déplorable que le prcmier,fes victoires furent toufiours accompagnées de quelques pertes, & la fortune ne Iby donna guère de re pos qui ne fuft troublé, pour ce neantmoins iamais le courage ne luy manqua.il en donna de grarfdcs prcuues quand au paflTage du fleuue Tigris il perdit fon armée & la vie.ll régna 35. ans, & laifla trois enfans mafles. Cha Thamas fécond du nom, fon filsaifnc luy fuccc- da,mais auec grande difficulté, parce que ces deux frères puifncz fe liguèrent enfemblc, & Voulurent eftre alTo- ciez auec luy en la domination des Perfes , on en vint aux mains, ou l'vn des deux puifnez mourut,cc qu'étant ils s'accordèrent moyennant quelques Prouinccs que Thamas donna àfon frère. La vieille rancune que le Turc portoit à fon pere.luy ietta dans fes terres de grolTesarmées aufquellesil s'op- pofa valeureufement, & leur tint tefte.de forte qu'il n'empiéta rien furluy.on foupçonnafon frère de l'auoir fait empoifonner, dont il mourut après auoir règne zf. ans,& a laiflc vn fils. Cha Kara frère Thamas après la mort defonfrerc s'empara du Royaume des Perfes , combien qu'il y cuft vn légitime fuccelfeur , pour la defence duquel Sultan Kakil a pris les armes. C'eft ce Prince qui règne à pre- fent fur les Perfes, Ôc qui a faid: toutes les guerres der- nières w Turc, & luyaoftéBabylone,& vne partie de Mefopotamicainfiquc i'ay dit dansl'Eftaçdu Turc cy- 4euant. Des Roy S de Perfe. 747 ROTS ^ ONT COMMANDE' A LA PERSE iujquesà ceque les Arabes entrèrent en icdle jelon Mir Kond:La fufpitanon générale ejl en U marge , ceux a qui U lett re G. ejî adiouHée, cejl a dire qu'ils ont efe Gouuerneurs éejue neantmoins quelques-vns les ihe ttenî au nohrè des Roy s : la marque S enferme le Roy , fous le- quel ceux-cy ont ^ gouuerné.Ceux qui nont foint^de nonibre , ceji d'autant quonejlen doit^ te du temps de leur regne:on a mts l cojlé les ans de falut ceux de l'Egire, auf quels ils ont gou- uerne , quad ils ont ejîé remarquez far l'HiJioire Ans de Ans /^ Ayumer'as Salut l'Egire. Syamek. Ouchan ThamuresDioband. lambched. Koagk. , Fraydhun. Manucher. Naudcr. Afraciab. Zaabjou Bazac. Kay Kobad. KayKaus. KayKozrrao. L6rafph,ou Lorafeph. -Guftafph, ou Gufta- feph. Bafaamandaras daft,ou Ardchir. iHomay Roync. ■ Darab. Darab. Scapder, ou Afcander. É NTRE - REGNE. Chapur. Ardchir Babakon. Qiapur Zabel Ketaf. G ArchirFrazand Hoirmzo. o. Chapur, BaharoBJCemon Çha; Yazd Gerd. Keferé Khozrrab Baharon Gur. Narfy ONarfaG. Baharon Gur. Narfy, ONarfaG. Baharon Gur. Yazd Gerd, Narfy G. . Yazd Gerd. Yazd Gerd. Homoz, Farzandi C Férus. < Sufara Gi Férus. Sufara G, Férus. Belax. J Iamifp,Go 1 Kobad. Keferé Anuchiron. O Nauchiruan. Hormoz. baharon Chuby. 'Khezrrhao Patuez. . Rr t Ans.M.ois.lours. 40 0. 0. 0. , 50. 0. 0 30. 0. o* 0. o* 0. 0. o* 0. 0; p* I20. 0. o.' 7 0. 0, 11. 0. 0. 5 0- 0. 100. 0. 0. 1 50. 0. 0. 60 0. 0, y Uo. 0. 0. 0.. 0, 112. 0 0. 30. 0. 0. 12. 0. 0. 12. 0. 72. 0. Q 60. 0. G* 50. 0. O* 0. 0. O* . 0. 0. 0. 60. 0. 0. 0. à. 22. 0. 0. 0. 0 0. 6. 0. 0. 0. 0. ô. 0. 0. 0. 0. 0. 0. 6. 0. ' 0. 0; 0. 0. o* J ô. ô. 0, 0. 0. 0. If 0. 0. 0 0. 0. 0. 0. 0. 0. 0. 0. 0. 0. 0. z6. 0. 0. S- 0. cf. 0. 0. 6. 43- 0, 0. 0. 6. 48. 0. 0- 12. 0. ■à- 0, 0. 0. 3S. 0. 0. 74^ , Afis de Ans de Salut. l'Egire. Abrégé del'Hiftoire u4ns. Mois. Iturs. Kobad Chyruyhc» Ardchir Chyruyhe, Charear. loon Chir. Turon dok Roync laçançeda. AzarmyDokRoyne. Kcfcré. Ferroghzed. Yazd Getd. o. I. I- I. o. o. I. o. 20. O- O. O O. o. o. o. o. o. o. o. o. o. o. o. o. o. o. o. Califes de Bagadet, qui commandèrent à la Per- fey depuis que les Arabes entrèrent en kelle. 623. 644. 646. 661. eu- 681. 68;. 687- 688. J06. yi6. 718. 710. 710. 743* 744. 745- 748. 7^1- 754- 777- 786. 7S7. 810. 815. 853. 838. 8yo. 8jr. Uo. 26i. 893. 5J14. 5> 3- €,45. *^47- 2. Abubakat. i2k Homar. 23. Ofmanjou Otman. 35.Morts Aly. 40. Accra. 2. I. II. 4. o. o. -O. 6. 6. 6. De U famille de Ben Humya. 41. 61. 54. 66. 67. 5,6. 100. 105. 114. 1Z5. Mavvya. Yczid. Mavvya i. Mstvvan. Abdel Malcx. Oclid. Solcyman, Haroar,ou Homer. Yczid 1. Ochon. Oclid. Yczid. 3. Ebrahem. . Marvvan i. ao. 3- 1. 21. 5>- i. z. 4- 19. z. o. o. J- o. o. ' • o. I. 8. 6. 3- 8. 8. I. 6. 1. S- De la famille de Ben Ahas, 136. 170. 195' 19S. zio. 217. Z22 234. Safa. Abu lafar. Mahady Bila. Eladi Bila M a fa. Arachid Bila Hacum. Mohamed Amin, Mahamunn. Abu Ezach Mataçon. Vvacck. AlmotovvaKalBila. lafar. Montaccr. Abul Abas Hamed. 4. i3- 10. r. 13- 4- 12. S. j". 12. o. 5- o. o. o. 5- o. 7- 7- o. o. 6. 6. o. 243. 247. IJI. 179- 289. 293. 301. 310. 322. 319, 330. 334- Vacance du Califat, Moftahhin. Almatez Bila. 3* Motady Bila. o- Almat HametBila Ha- med. ^3- Matazcd Bila Hamcd. 9- Moktafy Bila. 4* Moktadet Bila. 7- lafar. Kaher Bila Mahamcd. i. Razi Bila Mahariaed. 4» Mokcafy bila Ebrahéi. 4- Moftachfy Abdala. 4" Mutya Bila Fazelc. ^• 4- o. 12. O. 9' o. o. o. o. o. 4- 1015 932. 1074. 1095-, 1119. ii3(j. 1159. 11(51. 1117. I180. 1226 403. 422. 4^7- 487. SU. 529. SU. 575- 622. î7- II. 44. 19. o. o. o. o. o. o. o. o. o. o. o. o. o. o. o. o. o. o. 4- o. o. o. o. o. o. o. o. o. o. o. o. o. o. o- o. o. o. o. o. Ani d: Ans de Salut de l'Egire. 077. 2(5f. Tahia AbclKanm. Kâder Bila Hamcd. Kahem , ou Alkahcm Bcaonaryla Abu lafar Abdula. AlmoktadyBila. Almoftacher Bila. Almoftachcr Bila Fazcle. 17. Rachct Bila. ^• Almoktafy Bila 5. 2.4- Almonftangcr Bila IfTuf. lî. Almonftaozybcnur Elac Accra. . 9- Nazer, ou Nacercladinla. 47. Alhazcr,ou Altaher Bila. Mahamcd. o. AlmonftanzerBilaMâfur. 7. AlmonftancemBila. Abdula. ï5- Ans Mois- tours-' 4* S- 6 z. o o. s. 0. 1227. 1244- ^13. <Î40. o. o. o. o. Oi o. o. o. o» o« Oi Q* Oé 17- LesUogoles ou Tartares des defcendans de Chinguysk^n, qui commandèrent k la Perfe, 1207. 1230. 1246. ■1247. izéo. 1266. uSz. 6az. ChinguysKan. 626. Orkaykaon. 643. Gayukkaon. 644. Manchiikaon. 657. VlakukRaon. 663. Haxbay khaon. 6S0. Hamed Khan, ou Ni. cudat Oglan. 680. Argon Khon. 690. Goniaru Khon. 693. Bulkan. 694. Gazunkhan. 703. Aluaptukan, qui après s'appcllaSultâ Hamed. 1317. 716. Sulton Abzay Baha- der khan* 1283. 1292. 1x96. 1305. I. ij. I. é. 17- » z. 7- z. 1. 8. 12. 19. o. o. o. o. o. o. z. o. o. o. o. Oé o. o. o* o* o. o* o. e* o. Moggles ou Tartares defcendansdeTeymur- ' lang, qui commandèrent àlaPerfe, 140J. »447. l4fo. 1451. i4yi. ^469. 1532. 1469. 1471. 789. 807. 8yo. 8f3. 854. S54. 873. 9}7' S73. 875- 116. Tcymurlang. Mirzach Karrok. Ologhbcrk. Mirzah Abdelatifc MirzahAbdula. En Mmenahar. Mirzah SultôAbufayd. .^8. Mirzad Sulton Hamcd. 28. Mirzah Babor. i^. £,n Karafon. 36. 0. 0. 43- 0* 0. z. 0. 0. 0. 6. o* I. 0. 38. 140^. 1407. 809. 8io. Mirzad Hyadigar.2. Mirzad Sulton Ocen. Bahady ou Pcdy Azamon> & Mtizafa Mirzah frcres enfemblcment. i. £n Aderhajon. Mironcha. Mirzah Abubakar. o. o. o. o. 4- o. o. o. o. o. Turkomans desRoysdePerfè. Ain de Ans de Sultit de 'l^t^ire. Ans. Mois, lours Turkpmans de la famille de Karakuyonlt^y^ qui commandèrent à la Perfe. 1431. Si;. Kara llTaf. 1421. 823. AmirScandar. J431. S41. loonclia. ' 1468. S7i. AccnAIy. 14. o. 1^;. o. 32. o. I. o. Turkpmans de la famille des AknyonlH , qui commandèrent à la Perfe, 1472. Ïj6. Ozun Acembck. 11. o. 749 ^yi»s. Mois.Uurs. o. Ans de u4us de Salut. l'Egire. 147^' 882. Sulton kahil. b. 6. o. 1482. 88^. YacubBckBayfangor.u. 10. o. 1495^- 89(î. Mirzah. i. (j, „ 1453. 857. Roftambek. j-. p. o. i49y.' 5)02. Hagmet Bek. î. 0. o. 1499. 903. AlvvanBek. i. o. o, ifoo. 5)of. Morad Bek. i. o. c. Lignée des Sopkians des defccndans dlfmM Sophy^qui commandèrent à la Perfe r ijoi. f)o6. Cha irmaèl Sofjhy. 20. o. o. ifif. 920t Cha Thamas. , yj. o. o. \p6. 985. Cha Ifmaë!. 7. q. o. 157S. 98;. Cha Mahamcd l'Aucugle.7. o. oi i;8y. 99i. ChaAbas, 33. o. o. DISCOVKS DE L'ESTAT DVGRANDDVCiOV EMPEREV D E M o s c o V I E. SOMMAIRE. 1. circuit & limites du pays de Mofcauie. 2. E» quel parallèle & climat eft ajfis cét Em- pire. 3. Defcription de fes Prouinces,& deMofekuuay ou Mofco vtUe capitale de l'Empire, 4. De la Duché de Voldimer. y. De la Duché de la baffe Nouograde. 6. De la Proutnce de Jihefan,& fes villes. 7. De laVrouince &vtlle de Smolenski. De la guerre entre le Roy de Pologne & les Mof- couites. De la prife des villes de tlans , boeufs^ ours , cerfs., loups , lièvres, mouches à miel, abondance de lins & chanvres , & bonté ie l'air. 19. Defcription des plus célèbres riuieres , & lacs de Mofcouie,& de l'origine & four ce du Bortjîhene recogneué ie nofire te}»ps,& ignorée des anciens. 20. Particulière remarqut de la fertilité ou infertili- 'cde chaque Prouince, & des rochi rs Eiphées > ou Hiperbo- ''ées d'admirable hauteur. ai. Coutume eftrange des anciens en l'ejpaif^ des bois feruans de rempars , & le rendans de difficile acccz , & en la grande cauale^ rie. 28. Du grand nombre de Caualerie de ce Royaume, & f^auoir s'il peut mettre en campagne trois cens milles cheuaux. itf. Des puijfans ennemis voifins, & qui confinent auec cét Ejîat , & premièrement du Procop Prince des Tar- tares' }o. De deux aiitr es voifins ennemis des Roys de Suéde & Pologne. 31. De la fouueraine authorité dugrarid Duc en foH Eïïat,& les moyens qu'il tient pour le maintenir. 32. En quel temps la Religion Chreftienneyfut intra- dutéle ,& quelles font leurs certmanies en la célébration de la Mejfei 33. De la Circoncifion & Religion des Morduois, viuani félon la loy de nature. , Ors que nous faifons en nos communs difcours mention de quelque Duc > it fembic que fes Eftats foient de fort pe- tite cftend'uë , pource que nous voyoné ordinairement que ceux qui poflTedent auiour- d'huy ce tiltre j foie parrny nous , foit parmy nos voifins j ne ioliilfcnt que de petites Prouinces, & troti- ucnt auflj - toftde tous coftez les bornes de leur do- mination & Seigneurie. Maisceluy de qui nous vou- lons parler ,inauitenant eft^bien Duc à meilleures É.r r 5 cnfcigncs 7S0 enfeif^nes que toos les autres que nous cognoilTons en noftre Europe, Car non feulement fcs pays fonte gaux en grandeur à ceux de pluficurs grands Roys:mai les furpalTent encore en telle fortcque celuy qui vou- dra conférer lesPrincipautcz auec celle-cy , ttouucra qu'ils ne font la loy qu'en vn bien petit efpace de ter- re, au regard de celuy que recognoift le grand Ducou Knezde Mofcouie. Auffi les fiens fuffifammcnt infor- mez de la grandeur des Pays qui leur rendent obeïflan- cc le nomment Cefar , ou Empereur , & luy portent autant d'honneur qne^iamais on ait veu rendre à Prin- ce du monde, Et véritablement , Ci l'on prend la peine de confiderer ce que fon Empire cmbralTe, on remar- quera qu'il mérite vne plus haute qualité que celle qu'on luy donne ordinairement , à faute du nom de Roy qu'on a fçeu eftie extrêmement odieux aux Mof- couites. Voyons maintenant à fonds îafques oùs'eftendent fes limites , & s'il eft fi puiflant que nous auons dit à l'entrée de ce difcours.Ie dy donc que tout l'empire du Mofcouite occupe à prefent toute la Ruflicen excep- tant toutesfois la Pologne , Se la Lithuanie , qui font auffi comprifes fous ce mefme nom de Ruffie. Or ces Eftats font partie en Europe > partie en Afie, & cefte fcparation eflrfaite pat la riuiere de Tanais,au- trcmentle Don.qui eft la commune borne derAfie,& de l'Europe.Ils font encore confinez du coftéduNord de la mer glacée , comme ils font auffi au Lcuant , en flechiOantversleMidy, des Tartares. &ducoftédu Midy la Lithuanie, âe mefme qu'ils ©nt pour leurs plus proches voifins du coftc d'Oiieft , ou d'Occident, ceux de Liffland,ou Liuonie, & pareillement la Finlâ- de pays diuisé par la riuiere de Polne , & appartenant au Roy de Suéde. Tous ces Eftats tirent leur nom gê- nerai d'vn païsaffis au milieu de laRuffie blanche, quis'eftend vers le Septentrion & l'Orient , &qui s'appelle particulièrement Mofcouie. Or il eft à confiderer que la partie de la Ruffie qui obeyt au grand Knez , fe no m me Blanche Ruffie, de celle qui recognoift le Roy de Pologne,Noire Ruffie, combien que le Roy de Pologne polTede auffi vn peu de la Blanche. , Cét Empire eft affis entre le dix-neufuieme parallèle à cinquante deux degrez de laticudci ou d'clcuation de pole,& lequarantc -croificmc parallèle, qui eft à foixâ- te- fîx degrez de l'Equateur, ou bien l'expliquant d'au- tre forte, il eft entre le milieu du huitième cHmat, & le milieu du vingtième, & eft compris encre le Tro- pique de l'Efcreui(re,& IcCercle Arélique. Tellement qu'on y remarque vn très grand changement enla qiiâticé du plus long ïour d'Efté.Car au parallèle plus Méridional de Mofcouicle plus long iour n'eft que de fcize heures &r demie, au lieu qu'au parallèle le plus Septentrional de ce mefme Empire,le plus grand iout eft de vingt deux heures , & demie, ce que monftre af fez la grande diftance qu'il y a de l'vne à l'autre fron- tière: car^prendre chaque degré pour trente lieues de France comme on fait ordinairement, on trouuera qu'il contient de largeur feulement en tirant delà partie q ni approche plus de Midy à celle qui eft plus voifinedu Nord, 4io.lieuë3,& en longueur la moitié autant voire dauantagc , ou pour parler félon quelques Itahens , ce« eftats ont de longueur trois milles , & de largeur quinze cens. La feule Prouincc particulière de Mofcouie contient ^ de l'Eft à rOlieft, ou du LeuantauPonant,enuiron fix cens lieues , & c'cft en cette Prouince qu'eft la ville capitale de rEmpire,qu'on nomme Moskuua>ou Mof co,du nom d'vnc riuiere qui GOuleauprés.LeChafteau du grand Knez eft au miheu de la ville entre les riuic- tes deMoske,& d'Heglime,qui vient à fc ioindrc auec icMoikeau delTous de cechaftcau, qui eft fi grand, Du grand Dut.ou Knez qu'on le prendroit pour vne grande ville il eft garny (îe dix-fept tours. & trois baftions :& c'eft là que le grand Duc fc tient d'ordinaire, accompagné de 15. milles hommes. La ville n'a ny bon folTé , ny muraille , ny rtmpartqui la puilTe défendre, & les maifonsyfonc prcfque toutes de bois : elle eft grande ôc fort boueufe» Il y peut auoir cnuiron quatre milles quinze cens maifons, & Tony void beaucoup de places, mais dif- persées &fort écartées, & au milieu des grandes cam- pagnes, Le plus long iour d'Efté en la ville de Mosko eft de prés de dix huift heures. Les autres Prouinces font la Duché de Voldimer,oîl ^ l'on void vne grande ville de mefmenom ,auec vn chafteau bafty de bois. Elle eft efloignéc de la ville de Mofco du coftc duLeuant, d'cnuiron trente fix lieuè's de Pologne. Il y a de plus la Duché de la baffe Nouo. J grade,où l'on void pareillement vne villeportant mê- me nom,baftie de bois, & efloignée de Mofco d'enui- . ron cent lieues de Pologne. Dauantagcla Prouince de Rhezan eft affife entre les € tiuieres d'Oque & Don , de laquelle le grand Duc porte letiltre, & outre ce on y voidlaDuché de Vo- rotine, comme auffi la Prouince de Seucre, qui eft fort grande ; elle contient plufieurs villes , entre lefquellcs on compte pour les plus fameufcs celles de Starodud, Pctiuule, Se Czemigouu. 7 La Prouincc de Smolcnfquy eft affife fur la riuiere de Neper.ou de Dencper,nommce Boriftene pat Pto- lomcc, Ce pays fut pris par Bafile Duc des Mofcouites fur le Roy de Pologne, qui en eftoit Protecteur. Sa principale ville fe nomme auffi Smolenfquy,qui cftaf- fez grande, 2^ efloignéc de Mofco cnuiron huiitaûte lieues de Pologne. Le pays de Mofaiski a de longueur enuiron trois 8 cens cinquante milles d'Italie : & autant de largeur. Il fut emporté parican Duc de Mofcouie, prcdecefleuc de Bafile, fur AlexandreRoy de Pologne. Biele , ou Bielski eft ferablablement vne Principau- té, ou Prouincc de Ruffie, ayahtvné ville, &vn cha- fteau de mefue nom fur la riuiere d'Opske : ce lieu eft de foixante lieues d'Alleroagne,loing dcMofco,& y 6. de Smolenfquy. La Duché de Rofchouea vneville demefme nom, 9 auec vn chafteau de bois,& eft loingde Mosko,tirant vers le Ponant d'enuiron 25. heues. La ville eft affife fur la renommée riuiere de Volgue. Le pais de Tuncr,ou bien Otuuerjl'vn des plus grâds de Ruffie , a vne ville nommée Tuuerde , qui eft plus grande, &plus magnifique, que celle de Mofco, delà- quelle elle eft éloignée de la diftance de ^(î.lieuës La Prouince de Pleskouie , ou Pleskonie, a d'éten- due trois cens milles d'Italie>& eft d'vn tiers plus Ion- * gue que largçrfa ville capitale eft Pleskouu, grande , & puiffante, & ceinte de murailles, qui manquent à tou- tes les autres villes de Mofcouie. Nouograde la grande eft la plus grande Duché de j, toute la Ruffie,& prend fon nom de la grande & riche ville dcNouogrod.qui furpaffc toutes celles qui font affiles du cofté du Nord , combien qu'elle ait la plus grande partie de fes maifons faites de bois: cette ville eft à deux cens milles, ou enuiron . de la mer Baltique» à cent vingt de Mofco, en tirant vers le Sudoiieft, à trente fix de Pleskouu , & à quarante de luuanouu- ^ grod. Le pays de Volske, ou Votzke,eft affis entre l'Oc- t cident,& le Septentrion,& a à main gauchele chafteau de Iuuanougrod:& la Prouince de Carclle eft cloignce de Nouogrod de foixante lieues de Pologne du cofté du Nord : elle n'étend iufques à la mer glacée : Se (on plus long iour d'Efté eft de vingt heures & dsrr.ie>du- rant lefquelles le Soleil y luit : tellement que l'on n'/ void point alors de nuid bien obfcure. La deMofcouie. ^ I.aProuiiK«deBieleiezioro,ouBioly(cro>ayant vnc ville appdlcedc tncfme , tire Ton nom du lac Blanc, prés duquel elle fft affifc, & dans lequel onvoidvne fortercfîcque l'on tient imprenable, où le grand Duc met ordfnaircmcnt fon thrcfor , & où il ?c retire en temps de neceflîté, quand les ennemis les prclTcnt. Ce Pays eft étoigné de cent lieues , tant de Mofco que de Nouogrod la grande- Volokde eftaufli vne Prouincc, en laquelle on trouuc vne place extrêmement forte: oùle grand Knez 'retire auflî quclquesfois vne partie de fes threforsjLa Duché de loroflaueaucc vne ville & vn chalteau de mefmenom fur la riuiere de Volgue> eft à 4^. licués loin de Mofco. On met auffila princi- pauté de Roftoun après Nouogrod la grande» La Prouince de b Duqinc tirant le nom de la riuie- re qui l'arroufei eftoit autrefois du rcfTort de Nouo- grod .& la riuiere areceu fon nom du concours des riuieres du luch, Ôc de Suchaue,veu que la Duuine en langue Ruthenique (ignific d'eux. Or encor que ce pays ait cent lieues de largeur toutesfois il n'a autres places que le chafteau de Comogor , celuy de Pinegue, & la ville de Duuine affifeau milieu de la Prouincc. Il y a toutesfois aifcz grand nombre de villages , mais fort efloignez iVn de l'autre , à caufe de la fterilité du pays. Le Soleil y luit au folfticed'Eftc, lors qu'il eft parucnu au Tropique deTEfcrcuice, vingt & vne heu- re & demie : tellement que la nuiét y jelfemblelors à raubc:mais lors que le Soleil eft au folftice de l'Hy uer, il nedemcurefurce pays que deux heur« & demie. On loge la Prouince de Sufdaly , auecvne ville & vn chafteau de mefme nom entre Roftoun & Voldi • mcr.La ville deSufdaly a vn fiege Epifcopal , & eftoit autr«sfois belle & peuplée , c'cftà fçauoir lors.queles Ducs de Mofcouicfe tenoientà Voldimerrmais à cet- te heure elle eft prefquedeferte, à caufe des continuel- les courfes des Tartares. La Prouince de Vuiathke , au delà de riuiere dcKammceft efloignécd'enuiron cin- quante lieues de Ho^o : elleobeyflbit jadis aux Tar- tares , mais elle fut prife fur eux par Bafile le grand, Duc deMofcouie. Permie eft vne fort grande Prouince , efloignce de ijo. lieues de Mofco, & a vne ville de mefme nom fur la riuiere de Vifchore, ou Viftoroie, Le plus grâd iour d'Efté y eft de dix-huid heures. Le pays de lugre , ou Iuhre,ou lugariccftaffis du coftc de la mer du Nord, & c'eft de lï que les Hongrois étans autresfois fortis, fefaifirent de la Pannonie, qu'ils appcllerent de leur nom lugarie.Hongrie. La Prouince de Petzore a fon eftenduë qui eft fort longue , en tirant vers le Leuant & le Nord , iufques à la mer glacée. Les habitans de ceftc Prouincc ont leur plus grand iour de ii. heures, LcMofcouite a encorcs fous fon Empire les Czere- luilTesqui font au deffous de Nouogrod , de mefme que les Mordues près de la Volgue au deftbus de la balTe Nouograde. II y a encore d'autres païsaflisdu cofté du Nord, qui recognoiffent le grand Knez,com- mc celuy d'Obdore, Candore,Culomorie> Lappie, & pareillement quelques Hordes Tartares , comme la Horde de Cafan , la ville d'Afttacan , ou Cittacan,lcs Hordes dcNahaicois, & quelques autres. Qualité du Pays, POurdifcoutir en gênerai detoutcepays,il eft plein de marcfcages,boueux,humide,& peu fertihà eau fe que l'air y eft rude, & peu tempéré, & que les châps y font plus pleins de fable, & la terre ny eft guère bon- ne, de forte que les grains n'y mcurilient guère fou uent, à raifon de la violence du froid d'vn long Hy ut c'eft pourquoy ils font fècherlcs-herbcs dâs leurs poi fles, Ils ont toutesfois aftez gtande quantité de fro poigna de fes bras ,ôc lefFroya à^'grands cris / 1 qu'il l'émeut à fortir de là , s'étant attache à 7Sr ment,&d'herbcs.La terre ny porte.n'y vigne,nyoli- uier.non plus que desccrifesA'des noix, elle produit des noyfettes,& quelques autres fortes defruids,mais. ils ne sot gueres d'vn gouft agreable.Lehaut pays eft plein de bois, 8c de grandes forcfts.où les arbres font: hauts 8c efpais 8c en ces bois font quelques parties de la foreft Hercinie. Au rcfte on y trouue grand nom- bre d'Elans, de beufles, d'ours, de cerfs, de loups, & principalement des Heures. Les brebis y font beau- coup plus petites que les noftres. Il y a grade quantité de mouches à miel, qui non feulcmét fc tiennent dans les ruches qu'on leur s^^xpreffemcnt dreirées,mais en- core rempliffent de miel les creux de quelques arbres qui Ibnt dedans les forefts , voire en telle forte , qu'vn Mofcouitc nommé Demetrius, enuoyc à Rome en AmbaflTade, raconta vn iour qu'vn villageois de fa co- gnoilfance , & fon voilîn s'cftoit laiflé couler du haut d'vn fort grand arbre creux, pour chercher du miel & qu'eftant en bas il fe trouua dans le miel ibifques à la poi6trinc,& demeura deux ioursen cét eftat, ke viuant d'autre chofe que de miel , iufqu'à ce qu'ayant apper- çeu vne Ourfequi eftoit là venue pour mar^'ger de ce miel , 8c s'écoit baiftce à la façon des homn/esjiU'em- tellement à elle & fe retira par fon moyen de cette fondrière. Les bsftes à corne y font pour la plus grande partie efcornces. La terre y picduiftgrande abondance de lin , & aufïidu chanvre, que l'on porte en beaucoup de Heux d'Euro- pe pour faire des cordes. On ne trouue en ces pays au- cune veine d'or, d'argent, ou d'autre metail,excepté de fer. Il a forces paftu rages , & par confequcnt grande abondance de bcftail, & de chair. Au rcfte la Mofcouieiouyt d'vn fi bon air , que ce feroit vne meruçille d'y voir la pcftie. toutesfois ils y ontvn mal chaud qui les tourmente fi fort,s'attaquant principalement à la tefte &aux inteftins , qu'ils meu- rent en peu de ioufs. La terre s'y ouure , & deuient béante pour le grand froid, comme elle faid: en nos contrées pour l'excez d'vne trop longue chaleur. Ce n'eft pas qu'il n'y faffe qiielquefois bien chaud , vea que l'année ijiy.l'ardeur de l'Eftcs'y trouua fi violcn- tcque les froments 8c les forefts mefmes y bruflerentj ainfi qu'écrit Sigifmond. ' Il y a grand nombre de belles Riuieres , entre lef quelles il y en a pluficurs fort rcnommces,tant à cau- fe de la nauigation , que pour Içur grandeur, & pour l'abondance des poifTons qu'on y trouue.Les prmcipa- Ics qui paifrent,& ont leur fource dans le pais mefme, ou bien qui l'arrofentifont leBoryftencvuIgairement Dnieper,ou Ncper,&Mefter,oupnefter,dont la four- ce a cfté ignorée d'Hérodote ; mais recogacuè" deno- ftre temps prés de Dnieperke, village deMofcouie, en la foreft de Vpulkonzky. Crtte riuiere coulant vers le Midy,& mouillant premièrement la ville de Smolenf- ky,puis Kiouie, & quelques autres villes, étâtgroflie deplufieurs autres eaux , fe va dégorger dans le Pont Euxin,ou la mer Majour. Le Turunte, maintenant la Duine,& félon Harbeften Rubcpart du lac deDuine^ afîèzprcsde la fource du Neper en la mefme foreft* Le Rha maintenant la Volgue & l'Edil, eft encore vne: autre riuiere de Mofcouie , qui tire fon nom d'vtnlac appelle de mefme, qui eft éloigné de if^ lieues de Mofco en tirant vers la Lichuanie. La riuiere deTa- nais, ou de Don, ne vient pas des monts Riphéesi comme quelques vns ont crcu : mais d'vn fort grand lac qui eft dans vne foreft, afleiprés dç la riuiere de' Tulle. Doncques la tiuietc de Don venant deMofcouie* Apres auoir fait vn long chemin, rebroufle vers le Mi- dy.&: fait les maraiz qu'on nommoit Mcoddes,& qui font auiourd'huy appellcas de Temennde. Çîc fîeuué Rrt 4 po"e 19 porte force poifTons, Se a cîc beaux nuage; conuert? d'herbes, &c d'arbres fruiiliers : Se c'cft auffî là qu'on irouuc des racines d'vn goull flgreable,Herbcftcin dit ' queccfleuue croilt tellement e.n Automncqu'il eft ca- pable de porter de grands nauires marchands bien chargez. La riuicred'Ocque prend fa foarcecn la Prouince deMifcenek, & rend fertiles toutes terres qu'elle ar- rofe, elle abonde en poiiïbns > qu'on eftimc^lils que tous les autres de Mofcouie, Il y a dauantagc beaucoup de lacs, dont quelques- vns font grands au poflîble : car outre IcIacdeVol- gue, deDuine, & autres, d'où les riuicres de Mofcouie prennent leur fourcé ; on y void le lac d'Ilmen, que les Rutheniens nomment Ilmen, au delTus de Nouogrod la grande, qui adouzeiieuès d'Allemagne de long, & huid de large. Mais afin de particularifer encore mieux la qualité de ces pays, c*eft chofe aflèurce , qu'en la Prouince de Voldimer la terre eft fi bonne & fi fertile,qu*vne mc- fure du bled fcmce , y rapporte bien fouuent vingt voire mefme qutlquesfois if. mcfuresi Il eft vrày qUé èelle de Rhezan eft beaucoup plus fertile , & de plus grand rapport que toutes les autres qui font foas le Mofcouite , veu qu'on dit que bien ibuuent vn grain de bled produid deux épies, voire dauantage , & les tuyaux y eroiffentfi épais, que les cheuaux n'y pcuuent aisément pafTer, n'y les cailles s'envoler, & s'en retirer qu'auec beaucoup de diffi- culté. 11 y a en cefte Prouince grande abondance de miel»dcpoi(Tons & d'oyfeaux,5?remblablement gran- de quantité d'hermines, Se de caftors,& les fruids des arbres y font meilleurs qu'en nul autre pays de Mo fl couie : c'eft en ce pays qu'on trouue la fource de la ri- uieredeDon. Quant au Pays de Seuère, il abondé en toute chofe, combien qu'il y ait force grandes campagnes defertes, & présdeBrankivn Bois de fort longue ccendue. Les forefts y font pleines4'hermines , S< de marches zcbe Unes. Pour le regard de la Duché de Smolenski , il y a grand nombre de forefts fort épaiffes, d'où l'on em- porte vne grande quantité de diuerfes peaux. Mais fi nous confiderons la Prouince de Volfque.nous y trou- uerons vne chofe mcrueiileafc , veu qu'on lieric pour chofe certaine,que les animaux qu'on y porte,de quel- que poil , ou couleur qu'ils foicnt, y deuicnnenctoiis blancs après qu'ils y ont faji5è quelque demeurc.Quant à la Prouince de Bieleicziorc , elle eft prcfquetoute pleine de bois,& de marefcagcs.Pour le regard de celle d'Vfiyng, il n'y a guère de bled, mais force chair , Se poilTon. llyagrand nombre d'animaux de toutes for- tes , Se par confequent force belles peaux, excepté de martes qui iiy font , ny belles, ny en grande quantité. Le pays de Roftouua a fcs terres alTcz fertiles, & abon. de en (el,& en poiflon. La Prouince dé Duuineeft aftez fterile. mais elle eft pourueuè de force poiflbns,&d'vn grand nombre d'a- nimaux terreftres. Aux lieux maritimes de ce Pays.il y a grande quantité d'Ours blancs , qui fc tiennent le plus fouuent dans la mer, à ce que ceux du païs rap- portent. Celle de Viuatke cftfterile, & marefcageufe, mais il y a grande quantité de micl,poiftons,& de be ftesfaauages. En la Prouince de Permie il n'y a nul grain : mais en recompenfe ils ont grand nombre de Cerfs, & d'autres animaux. AupaysdePetzoreon void de grandes montagnes, &des rochers merueilleufcmentelleucz , au Iquels le5 anciens ont donné le nom de Riphces,ou d'Hyperbo rces. où l'on void toufiours force neiges. Ils lontdc telle hauteur , qu'il y en a qui ont mis dix-fcpt iours à y montcr,& n'ont peu paruenir iufques au foramet. Il ii'yaaucun bled en ccpays-là.mais ony void force beftcs iâuuages. Dii g!;rancl Duc,ouKncz. Ivîceurs anciennes des hahitans^ CEiixquife tenoient jadis dans la ville deMôfco» auoient vne couftume que la fucceffion des grâd» D ics a du tout abolie. Il y auoit vne pierre quartét au milieu du marché , & fi quelqu'vn pouUoit mohtet deftiis fans eftre abbattu, il obtenoit la Principauté cte t la ville.Les habitans combattoicnt aucc grande ardent l'vn contre l'autre pour monter fur cefte pierre» St pourempécher d'y monter ceuxquis'eflàyoientdcle faire.Plufieurs ont rapporté que les femmes des Mof» couites pleuroient autrefois , &fc plaignoient à boa écient de leurs maris, s'ils ne les battoient fouuent» croyans qu'ils manquoicnt d'amaur en leur endroid» pourcc qu'elles ne leurvoyoient produire nuls effcdbs de jaloufie:tcllement que ceux là mcfmes qui eftoient plus paffionncz de leurs femmes , eftoient contraints de les battre vne ou deux fois la fepmaine pour les ren* dre contentes , & leur donner quelque aftèurance dê l'affcdion qu'ils leur portoient, & par ce moyen tou- tes noifcs eftoient afloupies. Mœurs de ce ternes. LEs Mofcouites font pour la plus grande partie ro- u buftes , Se viftes. Ils font de moyenne taille, mais quarr«.z d'épaules. Se rcnforcez:IIs portent volontiers la barbe longue. Se des fayesfort longs fans plis , qui leur battent iufqu'aux talons , auec les manches fore eftroidcs à la façon des Hongroisjôc leurs habits fonC volontiers,ou blancs ou de couleur d'azur : ils portent des bottines qui font pour la plufpart rouges, &qui ne vont pas iufqu'aux genoux: mais la femelle £(l peu relcuée fur le bout, Se garnie de petits doux de fer. Ils ont cela de bon maintenant , que chacun porte des habits félon fa condition > & fuiuantles ordon- nances du grand Duc, qui a limitéà chacun ce dequoy il peut aller veftu. Ils ont pour leursarmes, la troufle pleinede flèches , l'arc, la hache , l'épieu » de longs coufteaux » Se dcgans de piùfieurs doubles garnis de plomb,dont l'on vfoit autrefois en Grece.Les gens de pied même porter des lances.ils font armez de lôgues cuirafles,& portét auffî des falades,&morions:ils vfenC de cheuaux hôgrois,& châttcz,qui sot petits, &harnâ- chf z fort Icgcremcnt.Ils cheuauchentàlagenette, & tirent leurs coups de traid mefme en fuyant, aucc vne merueillcufc addrclfc. S\ toft qu'ils commencent de fuyr, ils n'ont plus aucun efpoir qu'en leur fuitte , & lorsque les ennemis les ont atteints» ils ne fe deff^n* dent nullement , de étans pris , orme les void iamais demander la vie, ou quelque bon traitement, ny vfer d'aucune forte de prière. Dauantage ils viuent aftifi miferablement , n'ayans pour brcuuage que del'eâu, Se de la bière, ou du medion , ne leur étant permis de boire de quelqueliqueur qui enyure, excepte deux ou trois fois de l'année, ils font outre cela accablez d'vne rude Se infupportable tyrannie, veu que les nobles & les plus grands fonta/Ièruis au grand Duc , qui en dit polêcommc defes ferfs , & le peuple eft tyrannisé par les grands Se les nobles. Us ont ie ne fçay qu'elle naturelle inclinatiô qui les poufte à dire des outrages> Se s'entrepoliiller les vns les autres , (ans s'efpargneren aucuneforte, & pareillement de s'accufer , foiiaucC raifon» foit à tort Se fans caufe. Ils ont mefme cefte lufe, ou méchanceté.de tranfporter aux maifons d'an, cruyà ladérobcc,& en cachette, ce qui leurappartient, afin qu'en faifant la recherche, on condamne ceux, aux logis defquels les chofes perdues fe letroiuienr, Ils font tellement barbares Se perfides qu'on ne tro':- ae parmy eux aucune franchifp , ou finceriré ; Se Irur naturel eft fi mauuaisjqu'on ne void iamais qu'ils s'cn- trcpottcnr deMofcouie. treporient vnc amitié bien f^rme , Se bien affeuréej & meCme on ne void point qu'i!s gardent la foy àceux à qu'ils promettent, or qu'ils aycnt quelque efgard au parentagc, & à l'alliance. Ils font aufli rufez & trom- peurs tout ce qui fc peut, & mefme en toutes leurs paches ils ont quelque arricre- boutique ) Se quelque double entente , auec laquelle ils tafchent de s'abufer les vnsles autres, & de trouuer moyen de rompre leurs contrads, ou de les interpréter à leur fantaifie: & c'cft cho(è tellement comn.une parmy eux, & fi bien pu- bliée & recogneuë , qu'eux mefmesfe fen tans atteints de ce vice, feignent de n'cftrc pas Mofcouites lors qu'ils ont affaire auec quelques eftrangers. Se qu'ils veulent padifer & trafiquer auec eux. La iuftice , par manière de dire > s'y vend à l'encan , au plus offrant & dernier encherilTeur : Se ccfte mefchanccté fe pratique prcf que publiquement, & les panures n'ont aucunement accezpres du Prince , mais feulement presdefes Con- fëillers , mefme auec vnc extrême difficulté, & qui efl encore plus cflfange, les pauures & les hommes inco- gneusnepeuuent que mal-aiscment aborder les Gen- tils-hommes communs, Se qui ne font des plus relcucz dans vneProuince , Se les Gentjls-hommes paroilfent peufouuent , afin d'acquérir plus d'authorité , &d'e- ure plus relpeâez, enfe laifTant voir rarement au peu- pic. Les femmes y portent ordinairement quantité de perles, & de pierres precicufes, & ne manquentfur tout d'en pendre à leurs oreilles. Celle qui eft mariée pour la féconde fois, fera réputée pour affcz chafte,mais celle qui viendra iufqu'aux troifiefmcs nopces , eft te- nue pour impudique, ils ont mefme opinion des hom- mes : le peuple y eft pour la plus grande partieextre- mcment addonné à lapaillardife, & à l'yurongnerie: ils font fort foigncux des malades : ils labourent auec cheuaux ; au heu qu'autrefois ils n'auoienc aucune fortfrde monnoye marqyée , ils en vient maintenant: le Langage qu'ils ont eft Sclauon , mais tellement œeflc d'autres langues , Se fi corrompu , que les Scia- uons & Mofcouites nefe peuuent entendre les vnsles autres. Le grand Duc ne permet à fes fuicts de fortirdefes Eftats,& c'eft ce qui fait que les Mofcouites ne cognoif- fans autre monde que leur païs. Se necxoyans qu'il y aye aucun autre Prince qui foit fi puiflànt que le Icur.ils font extrêmement fiers , & pleins d'vn orgueil infup- portabler ils n'ont parmy eux ny Médecins uyApoti- caires. Mais pour dire quelque «hofe en particulier de cer- taines Prouinces de Mofcouie, ceux du païs de Rhczan font cftimez courageux , & nez à la guerre, &ceux deSeuer, combattent aufli auecvn grand courage , à caufe des continuelles guerres qu'ils ont auec les Tarta- rrs. Ceux de la grande Nouogradeeftoicntautrasfois courtois Se gracieux au poflible , mais ils font main- tenant fort corrompus , & ofit perdu leur bon natu- rel par la-, fréquentation qu'ils ont eue auec les Mofco- uites. Ceux de Volfque ont vn langage particulier , qui n'eft gueres différent de celuy des Prulîîens. Les ha- bitansdu païs de Permie n'vfent nullement de pain, mais viuent de chair de cerfs , & d'autres animaux. Ils ont vn langage particulier. Se des charadetes pareille- ment, qui diflerent de ceux de Ruflîe. Ilsvfentdc chiens , Se de cerfs grands & forts , au lieu de cheuaux pour charier & porter quelque chofe. Ceux de Uigre ou îugatie , parlent Hongrois , Se ceux qui demeurent en la prouincede Pexzore, font hommes du toutfim- ples>qui ont vn lâgage particulier,& né mangent iamais pain. Les Czeremifîois fc tiennent dans de grandes fo- tefts, Se nyont aucunes maifons baftics :ils vfent d'vn langage différent des autres , font grands coureurs, & ficchecsfocc aifeucezàls poctcnc cpncinuelleaicnt leurs arcs en main , & l'ayment en telle forte, qu'ils ne don- nent iamais à manger leurs enfans qui font vn peu grands , iniques à ce qu'ils ayent frappé vn blanc qu'ils Icurpropofent: ils viuent pour la plufpart de roi du boisjdes ccndtes.des chanvres, & toutes fortes de peaux» & tire detout ce que dcflus de grâdeslommcs d'argent. ^6 Mais afin de vous reprefenter en quelque forte la grandeur & richcife de ce Prince, ie croy qu'il fera fort à propos de mettre en peu de mots ce que PhiHppes Pctniften AmbalTadeur de l'Empereur prés du grand Ducde Mofcouie» rapporte du traiâeajen^ qu'il tcccut deluy. &de fa magnificence. 11 dit que le grand Duc portoitvne couronne, quifurpalToit en valeur celle du Pape, du Roy de France;, du Royd'Efpagne ,& celle de l'Empereur , 6i qu'elle cftoit d'vnc valeur ineftima- blc : fa tobbc cftoit toute femce de Diamans , rubis, ef- meraudes , & autres pierres grandes comme des noi- {ettes:de forte que Perniften s'cftonnoit comme il pou- Uoit porter vn lî grand fardeau:fon fils aifné eftoii veftu de meCme que luy. Us furent feruis à leur repas par cent Gcntils.hommes ou enuilon, qui portoient toufiours autant de plats d'or fur la table » m ettans ceux qu'ils le. uoient » fur vn certain buffet fort grand , l'vn fur l'au- tre, fans fc foucier des viandes qui eftoient dedans. Il enuoya à Perniften , iors qu'il partit de fa Cour» hui(5l quarantaines de zoboles, & de martes zebelines, dont chacune fuftcftimce à Vienne en Autriche. 200. liures» &: l'entretint durant tout le temps qu'il demeura dans fcs Eftats, fans qu'il dcbouiçaft vndenici. Ilditauffi que lors que le grartd Kncz ictraifta , il y auoit en l'antipoile vHcgrande quantité de plats tondis, talks & femblablcs vaiftcaux d'or & d'argent , fi grand que trente charriots n'cuflent peu porter toute ccfte vaif- fclle, & toutesfois ce n'eftoit pas la fienne principale, ains feulement celle duSChallcau où il difna. Il doit auoir vnc grande quantité d'argent , veu qu'vn de ces Ducs, après la prife ôc le facde Horcograde , emmena 300. charriots chargez d'argent monnoyé, auec vfie quantité infinie d'autre or & argent. Il a infinis mo- yens de tirerdc l'argent, veu qu'il manie fcul toute for- te de marchandifcs de tout le Royaume, comme nous uc,ou Knez. rien qui fafte mieux remarquer la prudence d'vn Pritt* ce» quela difcretion qu'ila decognoiftrequclltentrl» prife eft vtile à fcs Eftats, & quel dcflein leur eft domma- geable» & foniugement à ne felaiflcr pas ébranler à ii ne fcay quelles apparences de grandeur, qui le mettent hors des bornes de feureté,& le reduifent à des extremi- tez dangereufcs. Car celuy qui aft'oiblit les Eftats dé gens, ou deœoyens»fous efpoir des'aggrandir» eft fem- blable à ccluy qui ruineroitlc fôdemcnt de famaifon» pour leucr les muraillcs,ou pour faire le Couuert,& l'ott' (çait alTez que le premier chef d'Eftateftde feconfet» ucr, ôc les conqueftes que l'on fait auec diminution dê fcs forces, font contraires à cefte maxime,qui doit eftre foigneufementobfcruée. Les conqueftes font comme des entcS» qui dôiuênt meilleurer la condition de quelque Seigneurie» ôi non l'empirer; car dcmcfme que l'on fait les entcs,ou pouc rendre plus beau quelque arbre fauuage , ou pour faire porter du fruiéià quelque plante qui n'en produiétau- cun : aufîi les entrcpnles doiuent eftre de telle forte» qu'elles portent de la commodité, ou de la richelTcàU" tremcnt elles ne feruent que de charge & d'cnnuy » & font plus propres pour confumer & perdre j que pôut aggrandir,& pour affeurer vn Eftat* Telles font ordinairement les guerres qui fe font pour conquefter des païs,qui n'ont nulle forte de coaa- munication auec les noftres , qui (ont efloignezsou qui ont befoin de plus grandes forces que les noftres, pouc eftre conferuçz > car c'cftchofe trop certaine que tou- tes les entrepnfes doiuent eftre fondées fur trois cheft» dont l'vn eft le droid qu'on a fur ce qu'on prétend de conquérir, 1/autrela facihtéde vaincre » ik. le tiers» le ftuift de lai victoire , tellement que les guerres qu*on entreprend fans efperance de fruiâ; ,nc font que pute* folies. Les grands Ducs de Mofcouie ont veritablemei^ eftendu les bornes delepr domination bien auant>mâts pour tout cela ils n'ont nullement augmenté leurs for- ces. Et l'on peut dire qu'aucun d'eux n'a entrepris plus loin, ny fait plus de defpence que le grand Duc lean» qui prit les Royaumes de Cafan fur laVolgue, & d'A« fttacam fur la mer Cafpie , & fubiugua vnc bônepartie de la Liuonie , mais il fit périr beaucoup de fes gensaujt voyages, aux batailles & aux allants , ou par les mainS des ennemis, ou de maladie , ou de faim, ou detrâUaiU & depuis la conqucfte , il fallut entretenir de grofl'eS garnii'ons dans les fortere(res,ouy mener des colonies» A raifon dequoy les hommes cftans employez loin de leurs maifons, ou pour acguerir,ou pour conlcruetce qui cftoit acquis » les femmes demeuroient au lôgi» comme vefues, fans efperance de lignée. AinfileCcEUt demeuroit dépourueu de fangqui s'épandoitaux exire» mitez de forte qu'eftant par après aftàilly par Eftienne auonsja dit,(ans defpcnfcr vn fcul denier en aucune oc- i Roy de Pologne, il n'eut pàs alTez de forces pourdef- cafion , & tous ceux qu'il mande aux cnuirons de fcs Eftats , ic défrayent eux mefmcs. Il ne donne fembla- blcment aucune chofe aux foldats , ains en allant à la guerre, & en retournant , il leur paye chaqye fois enui- ron fix blancs pour hommes. Voila ce qu'on peut dire briefuemcnt des richeifcs de ce grand Ptfcnce : venons maintenant à fes forces* Forces. C'Eft chofe aftcurée que lescourfes des Tartares Prccopcs 6c des Norgays qni ne demeurent iamais en repos , & n'y peuuent/lailler leurs voihns , ains em meincnt les peuples entiers, qu'ils vendent après aux Turcs & à quelques autres , fonc caufequela Moicouit eft fort dépeuplée. D'ailleurs les entreptilcsfai6tes pai les grands Ducs aux païs loingtains, ont grandement diminué le nombre du peuple en Mofcouie. ILn'y a fendrel'Eftat de Liuonie. , & tant d'autres plâcesim- portantes qui luy furent oftées , fi bien qu'il futCOft» train£t de quitter toute la Liuonie aux Polonois. La plus grande pàrtie des baftimens des MofcouiteS font de foliues jointes enfemble, auccdela terreau milieu : ils font auffi pour la plufpart des tours de fo* liues , qui font fi fortes , qu'elles fouftiennent , ôC por- tent toute forte d'artillerie , pour groflcs & pefanteS qu'elles foient. Quelques-vns difputent qu'elles for- terefles font les meilleures , ou celles qui font bafties de pierre & de chaux , ou celles qui font feulement di^ bois, & déterre: Se les vns allèguent en faueuf des dernières, qu'elles fe font plus promptemcnt» &auee moins de defpence , ôc feruent mieux contre les batte, ries, Se que fi elles font aifcmcntdcfraites, on les refait iuffi en fort peu de temps , Se qu'on les peut accotîi- moder auec peu de facilité, à diucr(cs manières de dcf- fcnfe. Toutesfois c'cft chofe sifeurée que le< foriifica. lions \ tions faites de pierre dfuoient eftre préférées , pourde qu'y ayant plurteuis moyens d'olfencer vne fortercHe, c'cll: à fçauoir, aiiec le canon, |.i mine, la fappc & le feu, poffible que lamuraillc dure moins en cédant au ca- non,que la terre en luy refiftant,mais elle eft beaucoup meilleure que la terre contre le refte. La fortereire du païs con(i(le partie en la multitude desmarcrcages& des riuieres , partie en l'efpailfeur des bois qu'on y trouue.Ei les Mofcouites ont accouftumé de laillcr entietcmct dcferts les païs voifins des ennemis, afin qu'ily croillede grands bois (cec|ui arrine infailli, blement, àcaufederhumidité de la tèrrej ôcquecejla feruecomme d vn rampart aux. villes. Au/fic'crt chofe quia donné beaucoup de peine aux Polonois, d'autant que pour Ce faire voyc iufques aux terres de leurs enne- mis, ils furent contraints de couper force bois , ôc d'y perdre beaucoup de temps. Il y a auffi quelques fortereffcs bafties en partiede pierre, en partie de gazons de terre, mais fans aucuns flancs, &: fans aucun art de fortification, comme font celles de Mofco , de Nouogrod. de Plefcouie, àe Porco- uic/de Staricie, de Slobode d'Alexandre, & de Smolenf- quy, mais les murs des places fortes font ordinairement faidls de grofles peintres], lefquèls on range en telle forte.qu'on y lailfe au milieu vne crpaceipour y mettre delà terre qu'on y alTéure &: affermit le mieuxqu'sl eft poflîble , y laifTani quelques trous , ou canoniercs pour les arquebufiers, &"cefte forte de deffencceftaf fez bonne pour l'artiletie, mais ne refifte pas au feu, comme nous auons ja dit. Les fubjcdi du grand Knez ferucntleur Prince en la guerre en telle forte , qu'ils monftrent pluftoft da- uoir peurd'eftre punis , s'ils ne font bien , qued'auoir quelane valeur & courage. llf >beillènt promptement à leurs Capitaines, voire au moindre clin d'œil, fupporcent patiemment toute forte d'incommoditez , ne fe foucient ny de froid , ny depluye, endurant la faim plus que gens du monde, & fe contentent de peu. Ceft pourquoy l'on tient qu'ils font plus propres pour defFcndre les forterelTes, que pour combattre en campagne, d'autant quela pa- tience eft requifeau premier: mais il faut du courage, & de la hardiefte pour l'autre. Au contraire les Poïo- nois font beaucoup plus propres pour combattre l'en- nemycn rafe campagne que pour deffenJre quelque place. Le grand Duc îean cognoiflant par expérience la grande lafcheté des fiens aux efcarmouchcs & batailles. & su contraire la hardiefte des Polonois . cTifoii que les liens auoient befoin d'efperon pour aller contre les en. nemis,& les Polonois débride. Les principales Ârplus importantes forces de ce •*rince confiftent en la caualerie • mais il eft mal aifé de çauoir au vray, combien il peut faire d'hommes de :hcual. Toutesfois icnecroy pas qu'il en puiftemet- ;re en campagne joo.milles, comme quelques-vns ont lit, pource que fon païs eft defert, & non çultiué en )eaucoup d'endroits : car on ne trouue prefque vn fcul 'illagede Cafanà Aftracan, combien qu'il y ait deux Durnées de l'vn à l'autre : Et en la guerre que le Roy ^ftienne de Pologne fift aux Mofcouires , encores qu'il l'euft pas dauantage que le nombre de 6o.mil. hommes e pied, ou de cheual,le grand Duc ne peut jamais mèt- re tant de gens enfemble, qu'il euft lepouuoirdes'op, olerà luy en campagne, ny d'empefcher la prifede olefque, de Vilchiluque, & de quelques autres places, a de diuertir du fiege de Plefcouie. En l'an ijéo. le Prince des Tartares paflfa auecqua •e vingt milles cheuaux iufques au cœur de l'Emptre a Molcouite , & brufla la ville de Mofco , demeure rdinaire des grands Ducs. Mais ceux qui 'difent que 8ran4 Duc de Mo^co^ic peut faire 300. milUs che- deMofcouie. ! U3UX, Se le Roy de Pologne zcû.miIJes,font pluftoft compte des cheuaux que des hommes Qi<* 4'ii ya grand nombre de cheuauxen Mofcouie , l'on fçiitaf- lez que tous ne font bons , ny propres pour la guerre, que chacun n a pas moyen defc rrîoncer& de s'armerj oc que les vns manquent d'argent, les nucres deforcï,(Sc les autres décourage. Et combien qu'il y euftenMof- couie tant de milliers de cheuaux & d'hommes , il n'cft _ pas poffibledeles mettre tous enfemble en vn lieu : ou ] pource que le Prihce n'a pas aifcz d'aigêt pource faire ou pource qu'ilne faut faire fi grande p oinfioode vi- ures i^ecciraircs, daurant qu'ilfaut 300. milles cheuaux décharge & de bagage, â 200. milles cheuaux deguer- reenMofcouie.&apresceux cy tant de viuandiers , de marchands, d'artifans, & degoujacs, ou garçons de ba- gage , que pour les entretenir ilfaudioit réduire toute la Mofcouie en yn lieu: & fi tout cela faifoit vn voya- ge,on vcrroit manquer depuis vn bout iufques à l'autre* la plus grande partie des beftes & des hommes. Mais encores qu'il fut ppffible d'viiir & de joindre tout ce- la, ce n'eft pas chofe qui fe doiue faire, fi l'on a égard aubiendecéc £rtat,pource qu'il faudroit par ce moyen defgarnir les frontières de leurs garnifons, & les Pro- uincesdeleur nerf & de leur fouftien, de mefmequc les villes des Magiftrats, Se les champs des laboureurs. Tellement qu'on voidafTez quVn Princ<-qui peut fai- reences Eftacsiyo. mille cheuaux,fait allez d'en mettre fun'pied yn tier5,lors qu'il luy arriueqwelquc grande guerre, Quelques- vns plus retenus efcnuent que le Mofcouite peut mettre eofemtile ijo. milles cheuaux, lors qu'il a befoin de fe deffendre contre quelqu'vn qui l'attaque , & que I«an troifiéme grand Duc de Mofco- liie, menaà l'entreprifed'Aftracanfix vingt milles che- uaux;& 20. mil-hommes de pied.Le mefme aftkillitla ' Liuonieaux temps d'Alexandre Roy de Pologne , auec trois greffes armées , & en retint vne autre fur lafron- ticrc. Le grand Duc Iean adiouftaà la caualerie quelques milicrs d'arquebufiers , entre lefquels il y auoic beau- coup de foldats eftrangers , qui luy firent de fignaiez fcruices en la deffence de fes terres. Ce Prince fait fai. re de deux en deux ans par toutes les Prouinces.le dé- nombrement de ceux qui font propres pour la guerre, & l'on ymeç les fils des Gentil- hommes , auecle nom- bre des^fcruitcurs , Se des cheuaux qu'ils peuuent mener. Les gens de cheual , principalement les riches, vfent decuirafies de falàcies faites de lames fines & déliées, quiviennent de Pcrfic&fe feruent auffi de la lance. Les autres portent des cafaques de cotton , qui font telle- ment coufuè's & doublées , qu'elles refiftent aux coups de trâi(as.,,,& quelques vns de ceux-cy portent l'arc, l'es autres rarquebufe,& tousl'épéeiS: le poignard.Cc Prin- ce fe fe'rt auflî des Allemands pour la guerre, & des Ita- liens pçur les fortifications. U ..confine auec leProcop Prince des Tartares de la Checfonefe Taurique, auec les Circaffiensdci. monta- gnes (ceux-cy habitent vn païs qui a huidiournécs d'é- renduë, & .«^>. v.». du le Roy de Suéde plus fort que les Mofcouites, aux lieux delquels ces forces maritimes peuuent s'appro- thcr. Et par ce moyen il a ofté beaucoup de places à ion ennemy fur la cofte de Liuonie , & aux lieux voi- fins : mais il femble que le grand Duc a toufiours eu de l'aduantage aux cndtoias où la caualerie fe peut ma nier àl'ayle, .&c où l'on peut faire combattre vnbon nombre d'hommes, c'elt à içauoit , aux grandes cam - leincc aueciefquellesii — --: , o^^Uni". ques âFielha diftant d'vne grande lournce Smolenl quy , où ayant rencontré quelques troupes MolcouU" lins leur donner lo.fir de fe rccognoiftre les ch rgea fi furieufement , qu'après en auoir deftait v"» P^J"^ ' contraignit le refte de feietuer dans Zaroba ou il le» Chontfquy ne voulant lai&r petdre Zaroba & ceux quieftoient dedans, cnuoya fous la conduire de Ion ticrc vne armée de lé. mil hommes à leur Icvours , « De Mofcouîe, iacompofadc diueiTcs nations,clequoy le General Po- lonois ayant rcceu certains advis le dix-feptiefme luil- Ict par quatre Boyards f ainlî s'appellent les Gentils- hommes de Molcoiiic qu'elle auoic paflc la tiuierc de- vant la ville de Mclaifqua Se vcnoit loger à quatre lieux de l'ai mce Polonoiic auec intention d'y fejour- ner le lendemain jour de Dimanche, fçachant, dif-ie alïèzquc lavigil3ncc& diligence enfantent les victoi- res,3prcs avoir communique fon dclFein àfes plus am- dez Capitaines , il arrefta aucç eux de partir la nuiét pour les charger Se ne lailler deuât: Zaroba que quatre cens lances lixccnsCofaquesàchcual>(S<: mille mouf- quetairrs, ôc qu'il prendroit auec luy dix-huidt cens Huflarts,( c'eltàdii c dix-hui6t cens lances jtcpt cens hommes de cheual fans lances , mille Heiduques à pied auec le moufquet Se cimeterre, Se feize cens Co- laques k cheual auec leurs arcs, flèches, cimeterres &: harqucbiifcs. Toute cefte armée ne fc montoit qu'à 5. milles cent hommes. Suiuant cefte refoiution,il part à l'étrée de la nuid, & en cinq heures fetrouue à la pointe du iour range en ordonnance pour charger des Mofcouices,qui pen- foient pour leur grande multitude qu'il deuft pluftoft fonger à fa retraite vers Smolenfqui que de leur liurer le combat. Sulcofscyayant exhorte les {îens à bien faircatta- que fes ennemis auec tant d'heur ôc de courage qu'a- près quelque refiftance il mit ce qui iuy vint au dcuant à vauderoute. Le gênerai Mofcouite qui y eftoit prit Ja fuite,mais fe penfant fauuer,ilfut tué dans une fo- reftjle refte de l'armée prie le plus court chértiin qu'el- le peuft pour fe mettre à couuert. Pontus de la Garde Colonel des eftrangers, voyant qu'il falloit céder aux Polonois, fit la retiaide aucfta- fteaù d'Oftrefque , où il fut fuiuy fi chaudement des Polonois> qu'il fut contraint de rendre la place à con- dition que les eftrangers qui voudroient ptendrele parti Polonois feroient les biens venus , ôc ceux qui voudroiont retourner en leur pays le pourroicnt faire auec toute feuretc. LeChafteau de Zaroba pèU de jôurs après fe rendit auflîàla deuotion du Roy de Pologne, qui eftoit lors au fiege de Smolenfqui j & là où il receut trente-fix draîppeaux auec le baftô,le cimeterre & la cuirafle du General Mofcouite, que luy enuoya Sulcofscy fon Lieutenant. • • L'Empereur Chontfqui ayant entendu cefte deffai- reperdit prefque toute efperance,& que les Sénateurs depourueus de tout fecours commencerêt de plaindre fon infortune, voyans deux grandes aimées, à fçavoir celle du Roy de Pologne^^ celle du faux Demetrius, le(quels approchoient de leur villejce qui leur fit auoir recours aux prieres,&: le fupplier de pouruoir au falut de luy & des fiens Ôc qu'il quittaft l'Empire, afin qu'il peuft regarder d'ailleurs à foy & à fes affaires*. que fur CCS remonftrances Chontfqui s'eftant dépouillé des veftemens Royaux, ôc reaeftud'vne robbe^qu'ont ac- CQuftumc de porter les Nobles, on le mena comme homme priué en la maifon qu'il auoit en la ville , & puis après au Monaftere Zudnoua , où l'on le reueftit d'une rob'ce de Moine. #Ces chofes achevées les Mofcouites fe diuiferent en trois partis : le premier eftoit celuy du Patriarche auec fon Clergé & plufieurs autres , qui à main forte de-mandoient pour, Empereur Bafilc fils du Duc Bafile Gâlirchinle premier Sénateur de Mofco : de l'autre parti eftoit chef le Prince Meciflaus Gouverneur de Mofco qui auoit intelligence auec les PoIonoi5 , 8c fc declaroit ouuertemcnc tenir pour Vvladiflaus Prince de Pologne, letroifiefme eftoit celuy du noble Telc- pun,qui opiniaftrement l'arreftaauec prefque tout le peuple du cofté du faux Demetrius ; voila les trois 7S7 grands partis ou fadioUs qui eftoient dans Mofco: Hc voici ce qui ejjarriua. ^ Meciflaus ayant defcouuert l'intention de^clepui^» & qu'il auoit reiblu d'introduire dans la ville par cer- taines portes le faux Dcmetuus,il enuoya vn mcfUiger auec des lettres au Seigneur Sulcofscy General de l'ar- mée du Roy de Pologne , luy mandant qu'il fe haftaft au pluftoft de s'approcher auec fon armée des murail- les de Mofco, afin que fon (ecouis fuft prompt , fi on luy en dcmandoif, à quoy Sulcofscy promit de n'eftrc point par eficux. Pendant qu'on traid^ décela auec luy, le faux De- metrius ayant pafle le fleuue de Mofco fous les hayes du fauxbourg des Allemâds nommé Slouoda, s'efforce d'entrer dans laville deMofco. Meciflaus demandefe- C0urs à Sulcofscy qui luy enuoie incontinent grand nombre de Mofcouites ôc Polonois: aux Mofcouites commandoitSyolticof,qui auec les fiens auoit aupara- uant iuré fidélité au Roy de Pologne^ Ce Syolticofattaqua fi viuement le faux Demetriusj qu'iipres luy auoir defFait & tué plufieurs des fiens , le contraignit de s'aller camper au delà delà riuierc de Mofco.En ce combat l'Iiluftre lean Sapicha fut bleffe au vifage, &5 quelques Mofcouites pris par les Polo- noisjlcîquels furent incontinent relafchez afifl d'atti- rer les autres par cefte courtoifie à prendre le parti PolonoijjCcneantmoins le faux Demetrius en fe reti- rant ne laifla pas de mettre le feu au bourg de Slouoda* qui eft le fauxbourg des Allemands. Cefte victoire fut attribuée au bon-heur du Prince de Pologne,aprcslàquelle victoire le parti du Duc Me- ciflaus qui le fauorifoit, fe trouua le plus forr: rouces- fois tous les Mofcouites s'accordèrent en cela de ne receuoir aucun pour Empereur , s'il n'eftoit efleu dil cbmmtin confentement de tous , & qu'ils tiendrofenc le faux Demetrius pourvu impofteur, ôc par confe- qUent qu'ils ne l'efliroientiamais pour Prince* Il ne reftoit donc plus que deux partis en Mofcoi vn de Meciflausjl'autre de Galitchin: Mais Meciflaus ayant perfuadé à Galitchin den'expofer point la Mof- couie en danger &c qu'il n'etreprint point vne charge, pour l'exercice de laquelle fi Chontfqui reprenoic i'Empireiil ne fe troUueroir pas mefnïe aflez battant: mais que pluftoft fansTaffecacr il donnaft lesfufFrages qu'il auoir,& conioignift fon parti au fien pour Vvla- diflauszce qu'ayant efté meutement confideré par Ga- litchin tous d'vn confentement voyans l'eftat de leurs affaires , refolurent de donner leur voix à ce Prince Polonois pour eftre leur Empereur j fous certaines conditions. Alors les Mofcouites commencèrent de traiter de quelques conditions auec le General Sulcofscy , luy fignifians que tous d'vne voix ôc d'vn commun con- fentement ils efliroient Vvladiflaus fils du Roy de Po- logne &gradDucdeLithuanie pour grand Empereuc de Mofcouie,Sulcofscy qui n'auoit point de charge de fon Roy en cela,finon fous d'autres conditions, con- feilla aux Mofcouites d'envoyer leurs Ambaffadeursà faMajefté au fiege deSmolenfqui:toutesfois pcurad- uancer les fruits delà paixils confentirent cependant de ptefter le ferment de fidélité à Vvladiflaus comme leur Proteâ:eur,& afîîgnerent le iour au Vendredi lui- uant, qui fut le 13. Aouftiéio. auquel iour ils dreflïe- rent vne tente Mofcouite entre le camp Se la ville », à laquelle vindrent tous lesGouverneuri,les Sénateur* de Mofcouie& le General Sulcofscy auec grand nom- bre de Capitaines. De ce pauillonfortirêtdeux Archlprefties enuoyea là du Patriarche &c Métropolitain pour faire prefter le ferment. Premièrement le Prince Meciflaus auec Bafile Galitchin & plufieurs de la Noblefl'c iurerenc fidélité à Vvladiflaus fils de Sigifmond troificfme S s s Roy 7îS Du grand Duc, ou Knez. Roy de Pologne & grand Duc de Litliuanic, félonies ai ticlc«ccoidez.Celaeftât paiacheuc le General Sul- Cofscy^a au nom du Roy de Pologne & de fon fils, de garder lefdits arciclei.: le Icmblablc firent conlccu- tiucment aucuns Gouvcnieius & Seigneurs. Cepcndanc du camp des Polonois & de la ville de Mofco on riroïc foiceni tilleiicles cloches ("onnoient Se tous les habicans fiifoicnc demonftration d'vnc grande ioye : ils contraignirent rftefme ledit General de dépurer cjuelqaes-vns pour piendrc le ferment de tous les Citoyens où on fut à Icprendte depuis le Ven- dredi iufqucs au Mecredi. W Le fei^icfme Septembre Sulcof:icy auecpluficurs de fes Capiraincs fe rranfporta au camp des Polonois au Chjfteau de Mofco où on leur auoit préparé le feftin, à riiîu'è duquel la Noble (Fe Mofcovite leur ficpiufieurs prcfens. Et le lendemain les Polonois remuanslcur camp joignirent leur armée auec celle des Molcouites pour combattre le faux Demetrius, lequel fe deffiint de fes forces , de inftruit de tout par pluHeurs melfa- gcrs , accompagnez de qu itre cents Cofaques , s'en- fuit à chcijal OLitre le fleuue Vvolga, abandonnant les Chafteaux & places qu'il renoit aux environs de Mofco. Son armée fe dilfipa ôc chacun prift party où il penlh les vas auec les l^olonois , &c les autres auec les M.-){'couites. Que de divifions par toutes les Provinces de Mof- conie : que de raiferes tous ces peuples fouffrirent pour les guerres civiles & fadions, où le Polonois leur ancien ennemy tenoit le plus fort party, & la campagne. Le Roy de Pologne tenant toufiourslc fiege deuant Smoléfqaijpenfe à tout coup l'emporter, car les Mof- couites , c'eft à dire ceuxduCôfeil Priué qui reprefen- toient les Eftats de Mofcouie,& lefquels auoient trai- té à Mo(co la paix auec le Polonois Sulcofscy,ne de- uoientplus donner fecours aux aflîegez. Le Roy de Pologne penfoit auflî que la grande Am- balTade que les Mofcovices luy cnuoioient pour luy voir faire le ferment de prder les articles entr'eux ac- cordez,ne feroit Ci toft venue que SmoléTqui luy feroit rendue , comme eftant fîcnne & du domaine de la Li- thuanierce qui n'aduir>t,car cét AmbaiTade où eftoient Chefs les Ducs Galitthin & Mcfeki, Telepun Chan- celicr,&: Zeleld,Vice-Chancelier accompagnez de ii. cens cheuaux,eftant arriuez au camp deuant Smolenf- qui(bien que le Palatin Borifuift qui commandoit dans le ch.iTreau de Smolenfqui euft offert de le rédre audit Roy de Pologne yTArcheuefque, les Citoyens & tout le peuple fe roidirent àl'cncontre.fouftenans qu'ils ne deuoienteftre defmembrez de la Mofcoiiie,ains auoir lesmefmcs conditions & iouïr du mefme traiûé que ceux de Mofco. Huiâ: Députez eftans fortis de Smolenfqui pour traiter auec le Confeil du Roy de Pologne,iIs requirét d'eftié receus& conferuczaux meimes conditions de Mofco, fans vouloir eftre aftrainds de faire ferment qu'au Prince Vvadiilaus comme leur Protedeur Ôc non au Roy fon Pere comme leur Seigneur naturel. Sapicha grand Chancelier de Lithuanie leur rcpô- dit , qu'ils n'eftcîent de la condition de ceux de Mof- couie, fur lefquels le Roy de Pologne n'auoit aucune pretentiô mais que le Chafteau de Smolenfqui appar- tcnoit audit Roy, comme grand Duc de Lithuanie, qu'il n'cftoit plus queftion de chercher tant de petites diftindions , qu'il leur falloit obeïr &. rechercher la clémence de fa Maieftc finon qu'ils s'attendilfent d'e- ftrc traidtés comme rebelles. Ces paroles rapportées par les Députez aux habitas, ils rcfolurcnt piaftoft de mourir que de fc rendre aux conditions que vouloienc les Polonois. La faiion eftoit ja bien aduanccc . ils prefumoicnt que l'hiuer eftoit proche & pendant lequel on Icspouuoir forcer , que le temps apporreroit du changement aux aitaii es & peut eftre la con(eruation de leur entière liber tc,qLi'aii pis aller leur ville valloit bien de les recevoir toûjouis à vn accord: mais les hommes fouuent fc propofent des chofes,dont Dieu en difpofe tout autrcment,ainfi qu'il adiùnt. Le Roy de Pologne fut contraint de faire hyucrner (on armée aux Chafteaux & places qu'il tenoit aux en- virons de Smolenfqui , & en enuoyer meime la plus grand part allez loin en garnifonrmais des que le Prin- temps fat reuenu, il recommença ce fiege plusani- meufcment qu'il n'auoit fair encorcs , & fe refolut d'y f.iirevn effort gênerai & l'emportèrjCe qu'il exécuta le fécond luin de l'an auec vn fuccez (elon fon dcfir. Suiuan: la refolution prife d'y faire vn effort pat quatre endroits & en vn mefme temps > fçavoir en deux endroits par efcalades, par la brcfche faite l'an paffc,qui n'cftoit tr.op bien rcmparée,& par vne grade mine faite du cofté du Borifthene. Quatre cens Alle- mands conduits par leur Colonel François , Louys Rump, (ouftenus d'autant de Polonois, eurent la con- duite de feizeefchcUes pour attaquer & entrer du co- fté d'Occident. Mille Cofaques menez par leur Chef Camineccy,eurét la charge d'efcalader à l'Oriétde I9. ville. Cauilcry auec nombre de Polonois, de faire iouér la mine qui eftoit du cofté du Septentrion «Se entrer par icclle auec le Marefchal de Pologne qui le fouftenoit aftîfté de 200. caualiers par mille qu'Hon- grois que Polonois de donner en mefme temps à la brèche ancienne. Suiuant le deftein, l'exécution fe fait, les Allemands entrez parl'efcalade fc faiûffenr des Tours prochaines: la mine ayant iouc fit vne fi grande ouuerture à la mu- raille que le Marefchal & les fîens entrèrent dans la ville tout à cheuaUôc les Hongrois & Cofaques gaj- gnercnt chacun de fon cofté le haut des murailles fans trouuer grande refiftance.LesSmolenfquilcsfevoyans ainfi aflaillis en divers endroits & en un mefme temps, n'e'urent autre recoars que de fc retirer dans les boule- uards danslesEglifes&au Chafteau, ils veulent tenir bon,ils refiftent, tafchent à repouffcr leurs ennemis, mais les cris.le briMt,l'épouuente ik le feu qui brufloit le Chafteâu,rarfenal,la grande Eglife & plufieurs au- tres maifory;,leur fit choir les armes des mainsôc tom- ber fous la puiffance du Roy de Pologne. Borifuift Palatin ou Gouuerneur,auec l'Archeuef- que furent prefentcz vifs au Roy, /qui s'enqueftanc d'cuxjdelcur eftat pendant le fiege, ils luy affermèrent que depuis qu'ill'auoit aflîegée la première fois l'an i(309- iufqucs à la prife, iufqucs audit iour i. de luin ]6n. eftoient morts dans la ville plus de zoo. mille pcr- fonnes. Trois mille Smolenfqui tes furent tuez en cette prife, mais beaucoup de peuple petit parle feu dans leurs maifons. Le pillage fut petit,pource que les flammes confumerent grand nombre de richeflés & les deux tiers de cette belle ville. La Pologne fit des feux de ioye de cette prife, & le Roy voulât y rctout net pour tenirla diette àVcrfonip, ëc laiffer le moins qu'il pourroit occafion de troub||p fes affaires en Mofcouie, fit par le moyê des MofcouJ- tes qui luy adheroienr, enleuer l'Empereur Chonrfqui & deux de fes frères du Convent de Zudnoua &c les fiî conduire en Pologne par Sulkofscy. Et après donc qu'il eut donné ordre à la garde de Smolenfqui, il s'achemina à Vilne 6c de là à Varfauie auec la Reyue fa femme & le Prince fon fils , où les Eftnts commcnceréc à fe tenir fur la fin de Septembre. Il fe troaue bien peu d'vfuipatcurs d'E;rats,donc la mémoire foit honorée àlapofterité:au{ri Thiftoire af- feiue De Mofcouie. feure que 5. armccs après que Choncfqui eue f.iir maf- lacrer l'Empereur DcjTieni(^s fon Seigneur ôc qu'il fut snontc fur le throfne des Mofcouires,où il fut bic-toft faoul des trjuaux& dagers que l'Empire vfurpc porte ^o.iin & foy, il a ferui de triomphe à Sigifmond troi- lic imc à prefent Roy de Pologne en l'allemblée qui fuc tenue à Ver{onic,car en pleins Eftacsle Roy cftant en fon trofne* vellu des orncmens royaux Sulkofscy amena à fcs pieds Choncfqui 6c l'es deux frères , lef- quels s'y tindrent vn long-temps dcbout,nues tcftes: iuy (ans faire paroiftred'elhc trouble ou efmcu, mais fes hcres auoicnt les larmes aux yeux. Apres que Snlcofscy euft faidfc vnc harangue alfez longue lur ce qui s'cftoic palfé en Mofcouie & de la fortune où eftoicnc combcz les Chonrfqui , ils Çe mi- rent tous trois à genouil pais relcuez on leur dit que le Roy ne vouloir qu'ils ne fortifTent de Pologne fur peine de mourir & qu'on leur donnctoit vn entretene- ment ielon leurs qualitez. Or après auoir ouy de ce que delTus la prife de la ville de Smolenlqui par les Polonois en l'année 1611. voyons comme ils ont derechef perdu ccfte place qui fcft demeurée iufques à prcfent aux Mofcouites. Le Roy Sigifmond III. n'auoic ri«n tant enl'efprit que d'allet en Mofcouie ôc y mener le Prince fon fils pour l'en faire couronner Empereur ou Duc, félon la promclTe qui luy eu auoit efté faite par des Seigneurs Mofcouites. Codkouits Lieutenant eh Mofcouie & qui tenoit gcv;nifon dans le chafteau de Mofco, faifoit tout fon pôfllble de retenir les grands de Mofcouie en bonne intelligence auec fonRcy. 11 luy auoit donné aduis des le mois d'Aouft lôii. qu'il ne pouuoit tenir les foldats fans paye, Se craignoit que la licence qu'ils fé donnoient pour n eftre pas payez, nefuft caufe de la ruine de (es affaires en Mof- couie Toutefois que tour ce qu'il auoit pûfaireieftoit d'auoirpns aireurance d'eux de ne Tabandonner iuf- ques au iourde S.Matthieu. Auiîî l'aduis porroit, que de iour en iour l'armée qui eftoit à Orfa prés Smolenf- qui.lediminuoitdc foldatspour le mefmefuiet &s'en alloienr auec Icsmatin^z j Mais tant d'affaires qu'il y 3u.oiC lois en Pologne ne peurent donner ny ad Roy riy à fon fî!s là commodité d'aller en Mofcouie , hy mefmed'y enùoyer la fdlde des gens de guerre. Or ceux de la lignée du feu Empereur Boris Fedcr- vits, lelquels en leur grande afïlidioiia qui leur aduint en l'an 1605. (lors que céc Empereur &c fon fils mou- rurent) furent challez & exilez de Mofco , efperoicnt toufiours de remonter au throfne de Mofcouie, & de faille règne de Demetrius ne fut qu'vn efclair, celuy de Chontiqui n'a veu que quatre années pleines de trotibles,au bout defquelics ks Polonois(ennemis na- turels des Mofcouites^ l'emmenèrent en triomphe & prifonnicr en terre eflrangc. Et les Polonois tehoient leulcmenr depuis vn an le Chafleau de Mofco , les in- folences & neccllStez defquels ne feruirent que d'aug- menter contr'eux la haine naturelle que leur portent les Mofcouites. Les Federuitiens voyans donc l'occaliô de fe prefen- ter, pratiquèrent toutes fortes d'alliances & fccours, tant de leurs parens & amis que des cftrangcts. AyanS amalfé plulîeurs troupes tant de cheual que de pied & fait corps d'ârmée,ils s'emparèrent de Tfatmidgrod d'où ils chaircteur les Polonois. Ce premier clFer fuivi de la voix générale de la liberté Mofcovitcy apporta vn foufleue"fnent gênerai contre les Polonois,Trubeccy & Pofafcy auéc Michel Fcdcruits,chefdesFedctvitiens tournèrent lacefte de leur armée vers Mofco. Cocikovitsqui voie ce remuement & qui iuge qu'el- lefuitte il pourroit auoirjfortit de Mofco, laifiant ia 7S9 garde orduiafre qui eftoitjîe u.cenrs hommes dans le Chafteau. Ayant affcmblé fou armée ii vi au deùanc dcsFcdcrui.icns pour les combattre auant qu'ils fuf- fent plus grand iJombre, mais il les rrouua à cheual qui lecherchoicnt,fortifîez d'vn arrcfl nouuea* donne par le Sénat dans Mofco , portant imondion à tous Polonois dcfortir hors de la Mo'cojie. Ces deux armées râgées en bataille les Cofaques qui tcnoicnt Tanargarde de-. Polonois, furéc chargez auec tant d'ardeur par les Mofcouites, qu'cftaiis rcnuerfez ils prirent la fuite, ce qui épouuenta tellement l'îwrmée Polonoife queCodJcouit> preuoyaht fon entière def- faitc au lieu de s'en retourner à Mofco , (e retira auec >jnc p. rcie de l'armée vers SmolèniquijLifTant la gar- nifon du chafteau de Mofco à la difcretion des vido- rieux,qui entrèrent tSd dans Mofco ôcdansleChaftcaui où toute lagarnifon fut taillée cnpfccccs. Michel Federuits cirant cfleu Empereur ou Czar dé Mofcouie, en l'année i6r^. conumia la bonne fortune des aimes des Mofcouites contre es Polonois & alla metrrele fiegedcuanc Smolenfqui, il auoit foixante mil-homnies de guerre en fon armée. Codkouvits Lieutenant de l*arméc Polonoifc, fe feiitant inégal en ioiccs pour luy prcfenter bataille fe retira en Lithua- nie Se ietta dans Smoicnfqui vne garnifon de Cofa- ques.Heiducques & Allemands, leur promettant tout fecours & de leur faire tenir les miihitiorls qui feroienr neceifaires. Mais les Cofaques & Heiducques ne fu- rent guère dedans ccfte ville, fcntanKics Mofcouites, appvocher,îk: ayans médité leur fuite, ils l'abandône- rent très lafchemént,laifranc les trois Cehi Allemands feulement dedans. Ainli Sniolcniqui abandonnécl'arriîée desMofco^ vites s'eftanc campée deuant lcs Allemands Se quel- ques Polonois qai cftoienc dedans, n'eRans capable^ pour faire tefiiftance,furent forcez & tous palfezau fil du Cimeterreicetre ville & chafteau retournant enco- res une fois en la puifïànce dés Mofcouitf Si Gouuernementi L èft tres-certain que le grand Duc de Mofcouie dif- pofc autant abfolument de fcs fubjedsj que Prince du monde> commeTon à défia peu voir en quelques endroidsde ce difcours, veU qu'il a toute puifîànce fur leur viei& fur leurs biens. Se eft tellement redou- té, que lors qu'il a commandé quelque chofe, on ne peut aller au contraire , & n'y a perfonne qui en ofe former quelque plainte. C'eft pourquoy Mchemet Vvifir du grand Seigneur,difoit que le Mofcouite&Ic Turcéftoiét feuls entre toutes les Prouinces,maiftrcS abfolus de leurs biens: à raifon dequoy il ténoit pour malailée l'entreprife au Roy Eftienne de Pologne. Or le grand Duc vfe d'vn merveilleux foin, & d'vri art incroiable,pour fe maintenir eh cefte authotitéicat en premier lieu il n'eft permis à aucun de fes fubjeds de fortir de fes Eftats fans perniifEonsfur peine de la vie. Et pour cefte caul'e il ne fe trouue perfonne des fiens qui voyage fur mer, & mefme ils n'ofert, & né peuucnt en aucune façon parler à vnAmbafTadeur, ny fefervit d'vn Médecin çftranger en leurs malr.dics,fans auoir eu premièrement congé de ce faire.ll tafche ai flf de fe rendre plein de Maiefté,par la pompé & magnifi- cence de fes.habiti,veu que ioignat prcfque la grauitc de Pontife auec la Royallc,il porte eU teftc vnc mitre garnie de fort belles & fines perles,& de riches pierre- ries , & s'il ne la porte , il la tient deuaht foy én fort throfne,& en change bietifouuént pour monftrer fa grandeur. Se fa richcfTe. Il tient en lamaingauthe vne efpccede crc fTefôrtj riche, il porte vne robbe longue emblablc à celle du Sss 2. Pape 760 Du grand Duc, ou Knez Pape lofs qu'il va à la chappelle ponciticalc , auec les mains pleines de bagues de grand prix : il tient à la main droite l'image de IcfusChrift, & au haut delà . chaire celle de la Vierge Marie. On void en fa chambre, & en Ton antichaaiWe des hommes tous vertus 6c couucrts d'or iulques aux pieds. Afin qu'aucun ne puilFc fçauoirplus que luy , il n'y a point d'cfcoles que pour apprendre à Ure ôc à efcrire, 6c l'on n'y lit que les Euangilcs, & la vie de quelque Saindt, ou quelques Homélies deSaindIean Chiyrollomc,oude quelque autre. Que fiquelqu'vn failoit femblant de vouloir palFer plus outre aux fcié- , ces.on le foupçonneroit aufli toft de quelque mauuais déircin,&: fon entrcprife ne demeureroit lans punitiô: ce que le grand Duc fait oblerucr, afin qu'aucun des fiens ne foit plus Içauant, ou mtfmc ne içache pas tant que luy. De là vient que les Secrétaires , ôc le grand ' Chancelier , n efcriacnc, ôc ne refpondent ordinaire- ment aux: Ambalîadeurs dcsPrir»ceseftrangers,que ce que le graudDuc leur dide. On ne nomme iamais le grand Knez aux aftaircs qu'on traite , que tous ne fe leuent auec stand honneur ôc reuerencc.Le mefme fe fait à table lors qu'il conuie quelqu vn a boirc> on luy fait parr de fon plar, ôc en piufieurs autres fembbbles occaiions. On leur apprend auîfi dés leur enfance à parler, & faire cftat de leur Prince comme d'un Dieu. Dieu feul (difent-ils)& le grand Seigneur fçait cccy.Noftre grad Seigneur fçait tout, toute la famé,& toutes les cômo- ditezque nousauons procèdent du grand Seigneur. Ainfi les fubiets inftrui£fcs à cet hônneur, & voyar>s tant de grandeur ôc de majeftéenleur Pi;ince, ôc n'en cognoiifans nul autre, le reuerent Ôc luy obcïirent>non comme fuiets, mais comme efclaues, en faifans eftat, non comme de leur Prince, mais comme d'vn Dieu, Il n'y a en Mofcouie nuls Seigneurs de titre > comme oous voyons parmi nous des Ducs & des Barons , ôc s'il odroye à.quelqu'vn la pofTeflion de quelque lieu, cela ne palfe point à fes fucceireurs,s'il ne le confirme: &quoy qu'il ait donné celle Seigneurie, les païfans ôc villageois ne laifFcnt de luy payer partie des fruids, Ôc de luy deuoir des coruces. Enfin tout defpend de la vo- lonté du grand Duc,&: tant plus vn homme eft riche, tantpjusil luy eft obligé. Pour le regard des coniura- dons , afin d'empefcher qu'on n'en falfe aucune en fes Eftats, il tranfporte les familles entières d'vn lieu en l'autre, enuoyc les vns&lcs autres aux garnifons, loingde leuts maifons, Ôc comme en exil. Kehgwn. ,j T Es Ru(îîens& Mofcouites receurem la Religion ' X-*- Chreftiennc des Grecsjl'an de falut'^Sy. ou com- me quelqués-vns di ientjl'an 941. lls cftoicnt aupara- uant addonnez à l'adoration des faux SDieux , lefquels ils lailTerent lors auec tant de refolution , qu'ils ont toufiours pcrfiftc depuis en la Religion qu'ils auoient receuë, combien toutesfois qu'ils y ayent adioufté beaucoup de fupcrftitions par fucceflîon de temps. Ils difent qu'eux,^: les Grscs.font feuls vrays Chrefticns, & que les Romains , & les autres Chrefticns, font des defcrteursdelaprimitiue Eglife, ôc ne fe tiennent pas aux fept facrez Synodes.Ils vfent de la langue Sclauo- ne,de mefme que les Polonois ôc Lithuaniens, & cé- lèbrent leur Mcire,& leurs cérémonies au mefme lan- gagceny méfiant quelquesfois des chanfons ; & l'E- vangile , & l'Epiftre en Grec llshaiirent les luifs au pofliblc,& ne leur permettent aucunement de demeu- rer parmi eux. Ils tiennent pour grand meffait de tuer vnvcau,& de manger de la chair. Perniften rapporre que lors qu'il y fut AmbalTadeur pour l'Empereurjtous les Mofcouites monftroient vn grand defu de voir Rome , & de vifuer les lieux où ils cntcndoicm qut tant de Saindts âuoient efté martirilcz ôc cnicueiis: Ôc principalement ils témoignoient d'auoir vn cxticma defir de voir noftre Uarnc de Lorette.ils portent giid honneur à S. Nicolas, duquel iis gardent le corpb tptc foigneufemcnt,£c auec vnc cxtremeieucrence.Iisfont beaucoup plus cérémonieux que nous aux choies de la Religion: veu qu'ils ne paflcnt jamais (ïeuanr vnMo- naftere , vnc Eg'ifc, ou dcuanr quelques Croix, dont toutes les vues font pleines aulfi bien que les carre- fours>fans mettre pied àterre,s'ils fe irouuoiét à clie- uahpuis s'agenouïiler de mefmesque lesgensde pied» en faifant le ligne delà Croix, ôc difant les paroles qui fuiuent, Aiilo) HoIpody^Miloy Hofpody, Miioy Hqf- pody,cç(i à dKCyKyrte eletfonyKyrte eleifon,Kyrteelep- fin. Seigneur ayez pitié de nous. Le mefme Perniftei» dir,quc lorsque ceux qu'on luy auoit baillez pour luy tenir compagnie apptochoient de quelque Egliie, oii l'on difoit la MeiTe, il n'y auoit moyen de les faire pal- fer pins avant fans l'aiioir ouycSc enle iettant à deux genoux. & frappant piufieurs fois la terre, ou le lieu, voilîn auec le front, principalement lors qu'on leuoir». & portoit i'£uchaviftie,ils n'ofcnt entrer aux EglileSj» ains demeurent dehors , lors qu'ils ont efté auec les femmes,îufqucsà ce qu'ils fefoient baignez, ficlauez» Quand ils célèbrent , ils font veftus comme nosPre- ftres: mais vne de leurs Meifes dure autant que deux des noftres , ôc ils la difent en langue vulgaire. Il y a ïoulîours deux ou trois Diacres prefen$,qui chantenc continuellement yW//<3j)' Hoifody,Ôc ^lielnya, ôc tous les alTiftans chantent auec eux,faifant bien fbuucnt le figne de la Croix. Ils vfent de chandelles de cire , d'i- mages, ôc autre cbofe de mefme que nous,& fpeciale- ment de l'eau bénite, ôc du fel bénit. A la fin de la MelTe le Prcftre diuife certains petits pains bénits, ôc les diftribue au peuple, & tous les ayans receus&portez auec grande rcuercnce chez eux» tafchent d'en donner au moins vne petite parcelle à chacun de leur raaifon. Aux- Monafteres on dit toujours à l'aube du iouc uncMeife, à laquelle aflîftent les hommes feuls , ÔC piufieurs par grande ferueur ôc deuotion, demeurent toute ia nui6k dans l'Eglife auec les Religieux,qui fuc- ceîîiuement fans iamais finir , pfalmodient , ôc louent Dieu. Ils font femblablement fort deuots en leurs affai- res: veu qu'ils ne torrent iamais du logis,& n'^y entrent iamais fans s'cnclincr par trois fois deuant une image duCrucifix>ou de la Vierge Marie,qu'ils tiennent auec quelque lumière en tous leurs poiles , ou en leurs- chambres, & font le ligne de la Croix , en difant trois fois ces paroles Miloy Hofpody. Ccfte cérémonie eftant faite , ils commencent de parler à ceux qui fe trouuent près d'eux, ou bien ils prennétcongé.Ils fonrde mefme àlatablclors qu'ils veulent prendre leur repas. Les proceflîons y font auffi fort frequentes,& quoy qu'il fafle fort froid, elles ne lailfcnr d'aller bien loin. Le Baptefme eft eftimé, ôc adminiftré par eux comme par nous,excepté qu'ils difent,^? l'enfant fiit baptifé en ce/le fomamca» norndn Pere ç^c. Le Sacrement de Pénitence eft ptatiqué de mefme par le Confefleur, &: le Pénitent demeure debout au milieu de l'Eglife fanss'alTeoir iamais.Lafatisfadioneft fort fréquente^ & rigoureufe entre eux , auflî bien qu'en la primitiuc Eglife. Ils fe comfnunient, & vont tous Jes ans receuoirlc fainét Sacremécqui eft confacré pour les malades fcu- Icmenr le ïeudy Ç^wù-^ôc gardé dans l'Eglife auec fort grande reuercnce fous la icule efpece de p.iin , du- quel ils rompent vne petite panic auec vne cinliier d'argentb& la mettent après dans vn peu d'eau tiède, &5 la De Mofcouie. la donnent aumaladcraclorentroufiouiscieiioccmcnt: de ioi tc qu'ils ne s'clloignenc guère de nous en cecy, linon en ce qu'ils vknc de pain icucjlclon la couftume des Grecs. lis honorent les Sainâ:s au poflîblc , & les inuo- qiicnt aHn qu'ils prient Dieu pour eux î & mefme ils portent vn honneur paiticulier àS.Nicolas leur patrôj comme i'ay dir. Son image eft en la ville de Malfonie, &: le Prince fait ôtfiir tous les matins au lieu où elle cll>grande quantité de pain, de chairj & d'autres cho- ies, qui (ont après dilhibuces aux Minilltes de l'Eglilc, qui olHcient lans celFe , & y pfalmodicnt , priant Dieu pour la ptolperité de ce grand Prince,qui nourrit en- cor vn autre Monaftcrc allez proche de celuy où eft l'image de S. Nicolas, appelle lainde Trinité,oti il y>a continuellement zoo. Religieux , en l'Eglile defquels eft enfeuely S. Ignace, qui fait fouuent des miracles. Dieu voulant rendre cefainét glorieux,(5(: mefme e«tre fes ennemis. Les Rehgieux font tous de l'ordre de S. Bafile , tSc viuent fort exemplairement j de mefme aullî que les Hermites,& l'on ne fçauroit faire deux ou trois lieuës fans trouuer\nMonaftere. Il eft permis aux Preftres de fe marier viie feule fois, &lors que leur femme viét àmpurir,il faut qu'ils de- meurent enCelibat,fans pouuoir rechercher defecô- des nopces. Ils nient le Purgatoire : & toutesfois en leurs Melfes & oraifonsjils prient Dieu pour les fidèles trcfpaflez , c'eft à fçauoir que la diuine Majefté leur vueille pardonner les peines qu'ils ont meritées,& les vueille receuoir en la patrie celefte. Leur plus grande erreur à mon iugerhent eft, qu'ils aftèurent qu'il n'eft permis à aucun de célébrer d'autres Conciles que les fept premiers : & de mefme qu'ils cmbralTent entièrement ceux-cy,aufli ilsrefufcnt tous les autres fuiuans, & c'eft delà que vient leur difcord âuec le S. Siège de Rome. ^6t Ils ont leur Metropolitain.dc qui le Clergé ik tous les Euefqucsdelpcndcnt. Ils défèrent à ccftuy-cy au- tant que nous faiions par deçà au Pape. Ce Métropolitain deuoit deipcdre félon eux dii Pa- triarche de Conftantinople»mais il eft tres-vray qu'il y a fort peij d'intelligence entrc-eux,à caufc que le Pa- triarche eft au païs duTnrc > & l'autre en ccluy des Mofcouitcs qui font naturellement fort grands cnnc- mis.Ce Métropolitain celcbre tous les ans vn Synode> auquel (e trouucnt tous les EucfqueS & autres prélats, qui ti nt porter dcuar eux leur ballôpaftoral corne les Légats duPape ont accoût umé de faire porter laCroix» &c chacun eft accompagné de quelques Religieux. On ne fait aucun Euelque qui au lieu que celles de l'Erpagnol tonr efparfes &' diuifécs au poflible:ceux dis-jc qui ont pris la peine de vouloir iuger à peu près du vray le contenu des pays que ce Monarque polTe- dëjont recogncu qu'il cftoit de près de deux millions io'o. milles carrrz d'iralie. 1 Or ce grand Empire nommé deshabitansMonguI, qui tire le noi^ de Tartarie de la riuiere de'Tartar qui en arrofe vne grande partira pour Tes bornes du ccfté du Leuantjle grand Royaume de la Chine > la mer de Cia, &c le deftrciél d'Aman : du Couchant, le mont Imaus.qui le rend clos de' ce cofté làjfi l'on éii excepte quelques Hordes de Tartares qui font cncor au deçà de ce mont, & qui tecognoilTcnt le grand Cham: du Midy jl'Indoftan, la riuiere de Gange , & celle d'Oxe, maintenant dite Abiam, & mefrae en fa plus haute partie, le Royaume de la Chine : & du Septentrion , la met glacccquiafes liuagei fi froids,à caufe de fa pro- ximité dn Pôle, que tout ce pays eft incogncu, & tenu de nous pour defert & inhabité. Bref, ce Prince com- mande à tout le pays nomméparles ancicns,laScythie / par de là le mont Imaus , qu'on appelle maintenant AltOfidc la religion des Scres, quia pour leiourd'huy le nom de Cacay, on félon quelques-vns qui femblcnt plus entendus, ^on Empire s'eftcnd depuis le defert du Lop d'vn cofté, & le lac de Kytay de l'autrç, iufques à la muraille tirée entre le 45. & 45. degré, depuis la ville d'Ochioy afllfe entre deux monts, iiWques à vne autre môt.igne qui aboutit à la mer,diuife les Tartares des Chinois, & depuis l'Occan Scyrhiquc, iufques aux frontières de Tipi*rc,& des pays voifins. Cét elpace comprend beaucoup degrands Royaumes, & des Pro- vinces de longue eftenduéjèmbellics d'vn grand nom- bre de bonnes villes, i La capitale ville de cet Empîrefc nomme Cambalu, que quclqucs-vns veulent auoir cfté nommée autres- fois IJJëdqnSerica, bail:ie en forme carrée, alîîfefur la riuiere de Polfangy,&'ayanr détour cnuiroti 24. mil- les d'Italie, aucc druzc portes, chacune dcfquelles eft accompagnée d'vn faux bourg,oii les eftrangcrsj ife les marchands demeurent. Cefte ville eft au milieu de la Prouince de Catay5& comme le centre de tous les païs d'alentour. Outre le grand, & riche Royaume de Catay, il y a plufieurs iurres beaux & grands Royaumes , comme ceux de Tan^ar,de Camul, de Tendue, deTairifur, de Thcbcc , & de la ville & Prouince de Caindo , de tous îefquels pays on ne peut faire vne guère curieufe def- cription, pource qu'il ne fe trouue perfonne qui en ait eu entière cognoilTanccou qui l'ait donné aux autres. d Gham Onalhé. ON tient que le pays de Catay abonde en rix, en 5 •froment , ik autres choies Icmblàbles combien que l'air y foit froid. Il a auffi quantité d'argtnt & d'or, de foycde ïhubaibe,& de miifc,& grand nonibvc d'a- nimaux, & pour acUcuer en un mot, on ynouuetouE ce qui eft nccclTsire , non feulement pour viure, mai* encore pour s'entretenir deiicieufcment.On y void vfl * foit grand nombre de chameaux, de mclme qu'on y I ■:oi'ue auflî des cheuaux en telle abondâce, que quel- qucs-vns ontefcrit quelc grandCham nouirilîoit dix millb-caualcs blanches , dclquelles il beuuoit le laid. On n'cfcrit point qu'il s'y recueille beaucoup de vin> & mcfme c'eft choie alîeurée que la Prouince de Ca- tay n'en prodiiidt nullt ment. On y trouue auffi des^ pierres qui brûlent , dont on fait feu de mefme que de tourbes au pay's bas,& dcUilles au Licgc. L'air n'y eft guère tempéré, les tonnerres & les foudres y font lî terribles & eftrangesen Eftc,queles hommes mcuiét prclquede peur en les oyant. Il y faittantoft exticmcmeitt chaud, & bien-toft 4 après il y fait du tout froid, & l'on y void tomber gran- de quantité de neige. Les vents y font quelqucs-tois fi rivdes & û vehemés,qu'ilsarreftêt ceux qui vont à che- ual,oubienles jettent par terre,rêuet{enîlesarbres,& Ici arrachent metme iufques auxiacines,& en un mot ils y porter beaucoup de dommages.!! n'y pleut iamais en hyucr,& l'on y void tomber peu fouuét la pluycci» Eftc,& l'eau qui tombe eft fi menuë,qu'elle ne moiiille point prcfque'la terre.Il y a en ce pays grand nombre d'oifeaux , principalement de faizans , & autres fem- blables.ll y a beaucoupdelacs,dont le dénombrement en fcroit ennuyeux, toutesfois ie mettray ici les noms de quelques-vns pour le contentement des Lecteurs. En la prouince de Caniclu il y a un lac où l'on trouue tant de perles, qu'elles feroient incontinent à vil prix, s'il cftoit permis à chacun d'en emporter autant qu'iS voudroif. mais il eftdefFcndude pcfcher des perles en ce lac fans la permiffion du grand Cham. On trouue en ce mefme lac grande quantité de poiftons. Il yen a vn auflî abondant en poilFons , ayant cent mille de tour en la prouince de Caraim. Ces pays font arroufez de plufieurs riuieres, entre ^ lefquclles celle de Polifane eft fort renommée. Elle fe defchargc dans la mer i & c'eft par elle qu'on void monter plufieurs vaiffeaux , chargez demarchandife. II y a aulTi le fleuue de Coromoran qui fe delgorge dans la mer, & eft fi haut &lî large, qu'il n'y a point de pont qui le trauerfe. La riuiere de Quiamfu large de demi mil!e,cft aulTi fort profonde,& abondante en poilIon.On y void auffi celle dc Quiam, que Paul Vé- nitien cftime la plus grande du monde : car il efcric qu'en quelques endroits elle eft large de dix mille, en d'autres de huiâ:, & fut le premier qui tafcha d'ofter l'idolâtrie d'entre IcsTar- tares,dcfendant par Edid des qu'il fur Royjl'adoratio des idoles, enioignant qu'on adoraft vn feul Dieu, par le moyen duquel il eftimoit auoir acquis une fi grande dignité.Enfin Canguifte fe voyant fort, ne manqua de feruerfoudainfur les Scythes fes voifins , tant deçà que delà le mont Imae, Se les fit fes fuicts & tributai- res,&: rendit les Tartares plus hardis , Se plus redou-^ tables , au lieu qu'ils ne le meiloient auparauant que d'eftre pafteurs. Mœurs des Tartares de ce temps. LÊs Tartares font de moyenne taille,ont la poi£tri- ne & les égaules fort lavges,lei yeux gros,& hors de la teftccoiiuercs de paupières grolïcs, Se efpailTes: ils ont la face large. Se peu de barbe, finon qu'ils ont de grades mouftai-hcs fur les leuresàls font faite com- munément leurs cheucuxderriere la cefte,&: de l'autre part les laiflenr, & font venir lorjgs, puis en font deux cordons. Se les font tenir derrière l'oreille. Et non feulement les Tartares font rondus en cette forte, mais encores tous ceux qui vont en leurs payTs pour y faire leur demeure. Ils fonr adroits à cheual , Se fort légers & difpos, mais mauuais piétons. Nul d'eux ne va à pied , mais font cous montez fur des chcuaux ou des bœufs,quand^ ils vont par pays,pour petits qu'ils puiftent eftre. Ils ciennenc pour chofe fort honorable, quand leurs che- uaux porcenc de pecite clochecces pendues au col , Sc qui fonnenc clair.Ils fonc grands criards,voire.mefme quand ils parlcnc familièrement entre eux, & quand ils chancenc on diroit que ce font des loups qui hur- lent , Se couc en chancanc ils fccouent & branlent la tefte. Quand ils boiuent, ils ne ceflent jamais iufques à tant qu'ils fe (oient enyarez. Se font gloire de cette viiainie. Il y en a beaucoup parmi eux , qui n'ont ny villes ny villages pour leur ordinaire fejour, mais vi- uent emmy les champs fous des tentes. En Hyuer ils ont acpouftumé de demeurer en la plaine.maisenEftc ils habitent aux montagnes,cherchans les bons paftu- rages. Ils n'ont pour la plufpart aucun pain, ne pai- ftriflent point. Se n'ont ny nappes ny feruiettes. Ce peuple niéprife tout le refte du monde, en forte qu'il croit qu'il n'y en a pas vn plus digne d'honneur que fon Prince, & ne fouffre point que l'on inuoque le nom d'vn autre. Us appellent tous les Chrefticns chiens, & idolâtres. Ils vfcnt d'arts magiques, & s'amufent à interpréter les fonges. Se ont des Magi- ciens qui font truchemcns de leurs refuerics , Se qui s addrcftenc aux idoles pour ouyr leurs oracles, Se ex- plications. Us font tellement conuoiteux de biens, que quand quelqu'vn a veu quelque chofe qu'il defirc auoir , il la rauit par force , s'il n'en ioLiit du confen- tement de celuy à qui elle appartient , pourueu qu'elle ne foit pas à un Tartare , Sc chacun d'eux croit que cela luy eft permis par les Ordonnances de leurs Roys. ' , 1 ■ Quand les Tartares tropuent par les chemins vn homme qui ne porte point de lettres, ou de fauf con- duit du Roy: ils s'en faififtent , Se fe l'approprient, & depuis en vfent comme de leur efclaue. Ils preftcW de l'aroenc à ceux qui en ont befoin , mais c'efc auec grande^ vfure. Us ne donnent iamais l'auroofnc aux mendians : mais ils ont -cela de louable, que fi qnct- qu'vn arriue fur leur difner , ou foiipper, il peur m.^n- ect Se boire auec eux, veu qu'au lieu de le congédier» ° ils De Tartarie. ils le colniient courtoisement > 5? luy donnent de bon cœur ce qu'ils ont. Ils lont du tout (aies en leur boire i5c manger, vcuqu'ounc qu'ils n'ont nappes ny fcruiet- cfs, lis ne lauent iamuis leurs mains, llsn'vrent , ny tl hcibes , ny de pois, ny de febvcs, mais pour tduces viandcslcs chairs de toute lorte de belles, mefmc de chiens, de chats, Ci<: de gros rats. Quelques- vns d'en- ii'cux ont de coullume, lors qu'ils ont pris quelqu'vn de leurs ennemis, de le faire roftir, pour monftrer le dci.:r qu'ils ont d^fe vangcr , ôc cela hid:,ils s'airem- blent oïdinairemcnt en grand nombre,& mangent,& deuoren§cc corps somme loups atFamez : mais auant que de le fane ioltir,ils rc^oiucnc lelang,^ le mcttét dans des cailes , ou gobelccs , Hc le boiuent. Ils vfent pour leur breuuagc ordinaire de laid deiument. Ils tiennent pour grand péché de laiffcr perdre quelque cbole de leur viande,ou breuuage,& pour cette caufe ils ne Jettent poinc les os aux chiens, ou aux chats, (ans auoir premièrement riré la moiielle de dedans. Dauantage,ils fonrli chiches& vilainsiqu'ils ne man- geront iamais vne bcfte entier^, ôc faine: mais atten- dront qu'elle Idit boiteulc , ou autrement mal atour- nce, ou malade, ou bien li vieillcqu'ellc ne falTeplus que languir. Us fc conrcntent de bien peu de chofe, ils boiuent le matin i. ou j. gobelets de laicl, & après Kjcla, ils font quelquesfois cout le jour fans boire , ny manger. Chacun d'eux, foît homme , oh femmci n'a prelque qu'vn habillement. Les hommes au lieu de bonnecs, porcent des mitres qui ne font guère pro- fondes , plattes par deuant, ôç ayans par derrière vne longue qucuëuSi afin de les faire tenir, & d'empefcher qu'elles ne tombent j & que le vent ncles abatte , ils les attachent auec de petites bandes couluespiésdes oreilles, & lices fous le menton. Les femmes mariées vfent d'vn habillement de tefte fait en forme d'un pa- nier rond d'oûer , long d'vn pied 5i demy, enrichi de belle (oye & de plume de paon,6«: auec cela elles por- tent desperlesjdes pierreries, Ôc beaucoup de dorures: & quant au refte du corps,elles font accouftrées félon leurs moyens, & les plus riches y font veftus de foyej ou d'écarlatte. Leurs robes font faites en cette forte:Ia fente eft^u coite gauche : & c'eft par là qu'elles s'habillent , ôc fe dépouillent, 6c y ont quatre ou cinq boutons qui les ferment. Les habillemens qu'elles portent en Efté lont couftumierement noirs, 6c ceux qu'elles porcent enHyuer,ou en tempsde pluye font blancs, iSc nepaf- fent point les génoux.Les Tartarcs porter les fourru- res vcftemensde peauxi dont ils vfent d'ordinaire, au contraiie des autres, veu que pour faire parade de la beauté du poil , ils le mettent par dehors, & la peau contre la chair. Ils font fort bons Archers, bien adroits àcheual, bien exercez à la guerre, &y fçauent bien faire leurs befognes/ils n^intnt leurs femmes Ôc leurs enfansauec eux, & mettent quelquesfois des inîiages d'hommes fur leurs cheuaux,afin qu'il femble aux en- nemis que leur armée eft plus grande , & que par ce moyen ils les eftonnent davantage. Ils n'ont honte de foir; lors qu'il en eft neceffaire , &:qu'i]y a appareilce d'elhe battu en refiftant. Ils corhbattent par troup- pes, & fuyent auffi par bandes,ou crouppes, & quand les ennemis les pourfuiuent, ils onte-ncor des flèches toutes prei'les pour leur tirer: mais s'ils fe voyetït fui- uis de bien peu de gens, ils fe remettent en ordre, re- commencent le combat , & fe font faire place à grands coups detraids , biellans leurs ennemis , & leurs cheuaux déroutes parcs , ôc finalement ils ob- tiennent la vidoirc,lors que l'oniuge qu'ils font vain- cus. Quand ils veulent attaquer quelque.pays,ils diui- fentleur armée, & l'alîaillent de cous coftez, afin que Tonne puifFe venir au deuant d'eux, 6c (juc nul ne 76; puilîc échapper, 8c pair ce moyen ils demeurent ordi- nairement vidorieux. Ils vfent de la vidoirc auec in- folence , veu qu'ils n'épargnent aucun de tous ceux qu'ils ont pris, nyfemjncs, nyenfansny vicuxi ny ieu- ncsjfic les tuent tous i/idift'crcmmentjexceptez les ou- uricisj leiquels ils gardent pour faire leurs ouura- ges- Quand ils les veulent tuer, ils les diftribucnt aux Capitaines, qui en aflignent dix, ou dauantage, à cha- que feruiceur pour les tuer , félon que le nombre eû: grand , 6c tous font foudain tuez , comme beftes auec vne hache,ou coignécafin que les autres foient efton- ncz 6c intimidez par cet exernple. Us en prennent de mille vn,ôc le pendent à une perche la tefte contre bas au milieu des autres qui ont efté mis à mort , en forre qu'il admonefte,6c qu'il efcoute parler fes compagnes. Il y en a pufieurs d'entre les Tartares,qui s'approchent des corps morts gifans par cerre,& hument le fangfor- tant des playes encore toutes fraifches. Ils ne gardenc nullement la foy promife^quelque parole qu'ils ayenc paifée, 6c qui pis eft , ils exercent par ce moyen beau- coup plus grande cruauté à l'endroit de ceux qui fe ^lonc rendus à eux. Ce font les "hommes du monde les plus addonnezà la p'aillardife , veu qu'encore qu'ils aient aucât de femmes qu'ils en peuuent noutrir,ôc que nul degré d'affinité 6c de parencage ne les empefche de fe marier enfemblcli ce n'eft auec la mere,la fille,ou la fœur, nonobftât ils font execr^blemét adônez à l'hor- rible pecl,îé deSodome.Ils netiennéc pour leur femme ce^ie qu'ils prennent, iuTquesàce qu'elle leur a fait des enfàns, 6c n'en rcçoiuenc aulfi nul doiiaire que cela ne foir,Sc par ce mcime moyen ils peuuent répudier celle qui le trouue ftcrilc, en prendre vne autre en fa place; Si quelcun eft furpris en adultère, il eft puni par la loy foit homme,ou femme.Chaque femme a fon logis,fori ménage, 6c fa.famille à part, 6c toutes vivent chafte- ment au poffible.Apres que les hommes font de retour de la guerre i ils meinent les beftes aux champs, les gardcntj s'amufent à cbaffér, & s'exercent à la laite; les femmes ont charge de tout le refte, ôc foin des choies qui coneern-enc le boircle manger, 6c les vefte- mens^. Ce peuple eft addonné à beaucoup de fuperfti- tions. Il n'eft loifible àperfonne de pilTer aux lieux pu- blics , 6c s'il arriuoit que quelqu'vn fe vouluft ôpinia- ftrer au contraire,il ièroic tué fans reiniflîon:mais 11 la., neceiîîcé contraind, il y a là vn pauillon , auquel fî quelqu'un a pillé, ils Ifc purgent, Ôc tout cè qui cftde- dar]^s,encefte,maniere:lls font deux feux,dans lefquels ils fichent deux picques , 6c attachent vne corde qui tient par l'vn des bouts àl'vn, 6c par l'autre à rautre> 6c font palfer par le milieu des picques , comme par, vne porte , les chofes qu'ils veulerit purifier. Il y a lî mefme deux femmes , l'vne d'vn collé , 6c l'autre de l'autre , qui refpandent de l'eau delïus , marinottans quelques charmes 6c forcellesf les. Nul eftranger n'eff admis deuant la face du R6y,que1qut dignité qu'il aiti 6c quelque affaire d'importance qi^'il puiffe auoir, s'il n'eft premièrement purgé. Celuy qui marche fur l'entrée du pauillon,Qu le Roy,ou quelque Prince, oui grand Seigneur fait fa demeure ordihaire, il eft mis à mort fur le champ. Il y a plufieurs autres chofes qu'ils tiennent pour fautes irrcmil^blesrmais s'il eft queftiotl de tuer, onbleffer vn hoinme, d'ehuahir les terres des autres , de rauir contre tout droit les bièns d'au- tray, 6c méprifer les commandemens de Dieu, ils lé tiennent pour chofe de rieant, 6c le font fanS ajicuri fcrupulè. Quand quelqu'vn eft deve'nu malade , 6c approche delà mort, ils fichent viie picqrte, ou halebarde, auec vn penonceaunoir, auprès dù lien où il gift malade,' afin que ceux qui paficnt par là n'y entrent point. Apres qu'il cljt trelpallé, toute fa famille s'afîcn'iblei' 766 &ron porte fon corps hors du pauillon, en un lieu qu'il auoit choilî auparauanc, puis après J^y auoir fait vne folfe large & profonde , ils y dréflenc une petite tcntc,y mettant vne table chargé* de viandes, ëc iet- tentlàlecorps du trcpairé', reué^ftu des plus précieux habits cu'il eut ,& tous cnîcmbic lecouurent de terre. On enterre auflli auec kiy une iument, ëc vo cheual ca- paraflonné.Lcs plus riches cflifcnc durant leur vie vn de leurs ciclaues, le ivarqueni d'vn fer chaud > & le font cnrcrrcr auec eux , afin de s'en (cruir en l'autre monde. Api es cela , les amis du ti épaflTc prennent vn autre chenal, & le tiient,puis le mangent. Les femmes du defunâ: bruflenc (es os pour la purgation de fon amc. Pour concUifion de leurs manières de viures, ie di- ray que kuisni'-illcursbrcuuagesfont de riz, 6c d'ef- pincs , qui cnyurenr encore mieux que le vin: ils ay- menc auffi le laid aigre de mefme que les Arabes, & le laid dilhllé, lS<: pafic par l'alambic , qui a grande force à enyurcr,& mcrme ils accommodent en telle (orte le laid de leurs iuments, qu'il femblcdu vin blanc, & eft alFez agréable à boiic.Ils i'abfticnncnt entièrement de la chair de pouiccau E' pource qu'ils (ont vagabonds & n'arreftent gueres en vn lieu , ils fe conduifcnc ?n leurs voyages par l'Eftoile du Nord, & cômc ceux qui tiennent ordinairement la campagne , ils ont grande cognoilïîmce des Aftres. H n'y a que bien peu d'arti- fans parmi eux,&: mefme il n'y a aucun vfage d'argent monnoyé, qu'entre les marchands , veu que le refte efchange vne chofe à quelque autre. Leurs chenaux font volontiers chaftrcz,& petits, mais forts. Ils les nomment Bachmat , Se les harnachent de felles, auec descftriersde bois, de brides fort légères. Ils vfentde fouets au lieu d'efperons : que s'il aduient qu'ils foienc portez par terre,& defarmez , & mefme griefuement blelTez, ils ont jiccouftumé de fe défendre des pieds & des mains,voire à belles dents, iniques au dernier foiff- pir. Ils fupportent aifément le travail, & le défaut de viure , & ne font que fort pe-u addonnez à la mo- lefle, & aux délices. Les Royi font enterrez au mont Altay, nomme par Hayton Arménien, la montagne de Belgian , 8c lorsqu'on porte le corps pour le mettre en terre , ceux qui l'accompagnent tuent tous ceux qu'ils rcncontrenr par le ch€min,di{ans. Allez, & fer- uez noftrc Roy en l'autre vie. Et pour preuue de cela, Marc Pol rapporte , que lors que Mongu-Cham fut porté en terre , qui fut du temps que Pol fe trouua en Tartarie , les loldats qui accompagnoient le corps tuèrent pour cefte caufe plys de dix mille hommes qui paflToient parle mefme chemin. Les habitans dclaPro- uince de Camul s'addonnentaux ieux & aux danccs,& reçoiuent courtoifement les eftrangers,iufquesàleur proftituer leurs propres femmes. Richejjès. CE fcroit eftredcpourueu de iugement de croire que les Tartares qui ont fait tantde courfes en Europe,& en Afie, qui ontrapporré defi grads butins de Mofcouie,& d'autres cdroits,& principalement de la Chine, qu'ils ont pofTedce alTez longuement, ce fe- roit,dis-ie vne grade folie de croire qu'ils ne font pour le iourd'huy guère riches, puis que l'on fçait alTez que ces peuples ayas eporté de tant de prifes de Provinces, les choies plus precieufes qu'ils y ont trouuces, fe (ont depuis fi bien maintenus en leur Pays,qu'aucun ne leur a arrache ce dont ils s'eftoient rendus maiftres.-de forte que toutes chofcs leur font demeurées. Voila ce qui peut perfuadcr facilement à chacun, que les Tartares ioiiilTcnt de grandes richeiïcs. Et ce qui les conferue encore en cet Êftat , c'eft l'affiette de leur Pays extrê- mement propre à la ebnimunicatiô> &c&\ic6metC€,Sc Du grand Cham trafic d'vne ville auec l*autre:Ce qm procède en partie de ceque le Pays eft plein, en partie de la grandeur des lacs f entre lefquels l'on void celuy de Cazayc auec fon eau falée, celuy de Cujam,celuy de Dangu,& ceux de Xandu,& deCatacora)& én partie aufli de la gran- deur des riuieres qui trauerfent ces Eftats auec un lôg cours.Ce qui les rend paicillemcnt riches, c'eft la di- verfitc des marchandiles qui y nailTent , veu que ce Pays abonde vniuerfcllement en riz,laine,foye,chan- vrc, ihubarbc, mufc, & camelots txcellens de poil de Chameau. Marc Folelcrit, que iepays de Chaindu produit auffidugingcmbrcdcla canclle,& #u girofle, combien que ce foit chofe aflez malaifce à croire. Il y a auflï quelques riuieres , qui font rouler l'or patmi leurs lablons. Or d'autant que la monnoye dorit l'on y vfe > n'eft pas d'vne fortcd'autanc qu'en Catay on employé cer- taine forte de monnoye noire, qui fe fait de cefte petite peau déliée qu'on rrouue entre refcorce,& le troc des arbres , & qui eftant après pilée Se accommodée auec certaine colle, eft marquée du fcau du grand Cham:& aux Royaumes de Caiacan, & deCorafan, on vfe de certaines coquilles de mer. Le Prince rire aluy toue l'or & l'argent du Pays,& le faifant fondrc,lc confer- ue en des lieux forts & alfcurez > fans le tirer iamais hors de là : tellement qu'on croit que cét Bmpereitf polfede des threfots ineftimables. C'eft auec séblabte artifice que le Prete-lan^qui fait courir pour monnoye des grains de fcl,ou de poiure , a de fort grandes ri- cheffes. Or d'autant que la ville de Chambalu eft au milieu de la grande Prouince de Catay: on y porte de toutes les Indes Oi icntales , de la Chine , Se d'autres Païsjbeaucoup de belles marchandifes: &entr'autrcs des pierreries, de perles, de la foye, des efpiccriesj ôC chofes femblables. Quant au rhubarbe qui eft conftf- mé par toute laterre,onletiredu Royaume de Tâgur* qui. eft fous la domination du grand Cham. Il y a eit laprouince deTenduc de très - riches ftiines d'or» Se d'azur, dont les habitans tirent de fort grands deniers, de mefme que ceux du païs de Thebet s'enrichilTenC par le moyen du corail dont il al-'onde,comme auffi do. mufcde la canelle,& autres efpices qui luy portent \n grand profit. Bref on ne {çauroit trouuer gueres de Principautez,qui puiflent faire plus grand amas d'ar- gent>& route l'incommodité qui eft en ce grand Em- pire, tombe fur ceux qui approchent près du Nord, qui ont faute d'vne infinité de chofes, mefmes necef- fairesàla vie, que leurs voifins fubjets d'va tnefmc Prince, ont en abondance. Forces, CEux qui con fidereront attentiucmct les forces de ce grand Empereur,pourrôt iuger aifémêt qu'el- les confiftent premièrement en l'aflîette de fes païs, que nous auons cy-deuant monftrée eftre forte au pof- fible en la grandeur & eftcndué de fc$ Eftats , en U grandeur des villes,comme de Sucuir,& de Campion, bafties & fortifiées à noftre mode,d'Ergimul , de Ce- razam.de Thebet Se de Çaindu,toutes capitales d'au- tant de Royaumes:& pareillement enl'abondancc dçs viures qui s'y trouuent,& en la grandeur de fes enne- mis : veu qu'entre autres chofes , il tire la dixme des laines,des foyes.des chanvres,des grains,& du beftfHl & il eft Seigneur abfolu de tout ce que les Tartares polTedét.mais le nerf de fes forces confifte en fes gens de guerre , qu'il tient continuellement fur pied, & en armes. Ceux-cy demeurent en la campagne, à plus de quatre mille loin de toutes villes : Se outre la folde qu'ils tirent du Prince,ils reçoincnr encores vn^rnnd profit d'vn gros nombre de beftail quileur appartiet» &deleurlai6l, &de leur laine. Que s'il ad vient que le V Dé Tartarîe. le grand Cham ait bcfoin de leuet vue grande armée: il prend le nombre qui Juy cft ncccllaire de tous ces ^ hommes cpars > à la t'açon des Légions Romaines par les Provinces.Les Tarcaresnc combatccnc point ordi- nàiremcnc à picdjexcepcé les Vachens,qui ne i'ont pas fous l'Empire dugi âdCham. Leurs principales armes font l'arc & la flcche,donc ils le leruenCjainfi que nous avons délia dit) autanc en fuyanc> qâ'en attaquant. Us ne le chargent de gueres de choies , lors qu'ils s'en vont à la guerre: vcu que leur principal bagage confi- fte en des rentes de feutresjlous Iclquellcs ils fe reti- rent qijand lapluye atriuW Ils viuent pour la plus grande partjde lai6t,qu'ils fcichent uuSoleil, après en auoir tiré premièrement le bcurre:(3i lors que la necef- fitéles prciFe > ils viuent du fang qu'ils tirent de leurs cheuaux.lls ne viennent que bien rarement aux mains aucc les cnncmis,lcs combattent tantolt defront,tan- toft ils attaquent par les flancs,auec vn perpétuel def- cochcment de traid:s,à la façon des Parthes. Ceux qui fe portent vaillamment çnt de fott belles recompéfcs, font eflcuci àdc plus hautes charges , & honorez de prefens exquis> l'Empereur leur dit encore : Doncques la pa- role de ma bouche vous ferùira déformais de glaiue ÔC fera vengeance des rebelles. Le peuple applaudit des mains à ces propos, fignifiant par là qu'il accepte cefte condition : Et cela fait , les Princes le tirans de fori throfne Royal,le mettant à terre fur vn feutrcluy di- Icnt comme nous ôuoris dit cy-defiTus : Regarde eii hau£ \ 768 haut & recognois Dieu , enfcmblc vois le lieu ou eu esà prcfent ai^s :Si tu gouvernes bien ton Eftat,tou- :es chofcs te fucccderont à fouhaif.m.ns fi tu ne con- duits ton peuple comme il eft i aironnable,a(kuïc coy quc,tu{cras:ellcmcnt anéanti, abattu, dénué de ot â Icu. s 6c de ïichcires.que ce feutre qui te Cevt mau> unant de Ticge, ne te fera peut - cftrc laillc pour ton fcruicc. Cela fait , ils luy donnent celle de (es fem- mes qu'il aime le mieux,6: les haulTans tous deux auec Icsfcncres, Icspioclamcnt Empereur, & Impératrice des Tartares, & fui l'heure les grands de l'Empire , & les Députez des Provinces.fur lefquelles il a comman- dcmcnr,Uiy portent des prefenscn figne de recognoil Du grand Cham lance. On porte ai uflTi ail meGne lieu les meublcipre ciëu'k laiir/z par le Roy defund, dont le nouucau Prince en diftribue partie aux grands Seigneurs du pays, & fait garder le rcftc pour s'en feruir,& toutes les' cérémonies eftans paracheuécs , chacun fc retire en fa Province. 18 Cet Empereur tient tout fous fa main,& n y a hom- me de fes fuiers qui ofe , ou puilfe dite qu'il a la pro- priété de quelque chofe. il n'cft permis à pcrfonnc d'habiter en autre terre qu'en celle qui luy a cfte alli- enéc par l'Empereâr,qui choifit aulTi lesGouuerneurs, les Généraux d'armées, & les Colonels , & ceux-cy cflifenc les Capitaines, & les Capitaines font choix de membres de leurs compagnies, & ceux-cy du reftc qui cft necclTairc pour parfaire leurs troupes. Le (eau dont le qrand Cham vfe en fes patentes, porte ces pa- roles:DÎeu au Ciel, Chuichuch Cham en terre : l'Em- pereur cft la force de Dieu & des hommeJ.Ce Pnncc ne parle iamais aux AmbalTadeurs cftrangers, & ne foufFre pas mefme qu'ils luy foicnt prefentez,fi eux & leurs prefensf car c'eft forfait de venir deuant ce grand Seigneur les mains vuides J ne font purifiez par des femmes députées à cet effedt. Lors il leur refpond par ti'uchement:Et tandis que fes pcrfonnes tierces & in- terpofées parlent,il faut que les efttangers de quelque condition qu'ils foient demeurent toufiours à genoux, & foient fi attentifs,que leur truchement ne laillc ef- chapper vne feule des paroles que le Prince profère. Car il n'eft permis à pcrfonne de changer vne feule des paroles de cét Empereur , ou de manquer à exécuter, quoy qu'il ordonne. Ce^ Prince maintient la luftice auec vne extrême rigueur,veu que les criminels ayans eîié foiicrtcz la première fois qu'ils ont commis quel- que fautcfont Iciez la féconde fois par le milieu pour quelque crime que ce foit. 19 En quoy il femble qu'ils fuiuent les opinions que lesSroïquesauoicnt de l'égalité des péchez. Il a deux Confcils, l'vn de guerre , de deux hommes fages & cxperimcntez;l'autred'Eftat,d'autant de gensdegtand lut^emcnt,& pleins de cognoiflance des atfaites.Cèux- cy manient tout le Gouvernement , de ont foin de punir les mefchans , & de recompenfer les perfonnes de mérite: & ceux-cy n'vfent pas de moindre diHgcn- ce à rccognQiftrc les faits fignalcz, & les feruiccs faits à l'Empcreiir , tant en temps de paix que de guerre, qu'à chaftiér ceux qui font mal, ou qui fe font portez lalchemcnt en quelque occafion. Et certainement la bonne conduite d'vn Eftat confifte tellement en ces deux chofes , c'eft à fçauoir en la punition & recom- penfe, qu'on peut dire que c'eft par leur feul moyen que la plus grande partie des Princes barbavcs main- tiennent leur grandeur. Et de faid, le Turc, le Setif, le Mogor, & le Sophy fe conduifenr-ils d'autre forte: iU n'vfent de cecy qu'en guerre, pource qu'ils ne fon- dent leur domination que fut la force des armes, & ne fe foucient delà paix ni du repos , maisteulement de la vidtoire, & de la grandeur, fi bien qu'ayans ce feul but, ils n'vfent d'aucune modération , ny en la punition des couards, ôc dés lafches> ny en la cognoif- fancc des vaillans,& des courageux.Et iamais il n'yeut- Republique , où l'on propofaft tant de belles tecom;- p^nfes aux hommes hardis , qu'on f.'iit entre ces bar- bares. Mais on en propofebeaucoup plus parni(i les Turcs qu'aillcursipource que les Tartares.les Arabcîs 6c les Pcrfans font quelque eftat de la Nobiefle: mais les Turcs abbattent 6c dcftruifent par tout les familles noble$,& n'cftiment rien que la valeur & la hardieffe, &c mettent tout leur Empire entre les mains de gens iftiisdcbas lieu.pourueu qu'ils fe foieatfaifscognoi- ftrc capables de quelque grande fortune. Ce qui fe pratiquoit auffi parmi les Mamelus. Mais pour re- tourner au Gouvernement des T?.rtares,il femble qu'ô faffe parmi eux grand eftat des Aftrologues & qu'ils conduifent en ce pays- là prefoue toutes chofes. Paul écrit qu'il y en auoit de fon temps en la ville de Cam- balu environ 5000. 6c que Cublai Cam ayant appris d'eux que cette ville fe devoit vn iour révolter , en fie faircvne autre nommée Taidu, qui en eft fort proche* Au reftc , fi quelqu'vn a defrobé vne chofe de peu de prixjpour laquelle il ne mérite pas de perdre la vie, il eft battu par y.fois à coups de b£fton,& reçoit 17. ou 27.playes,{elon la grandeur QumefFait:& en cette pu- nition l'on peut donner iufqu'àcent coups, cnadiou- ftant toufiours dix. Il y en a quelques-vns qui meu- rent eftans battus de cette forte. Que fi quelqu'vn a defrobé vn cheval ou quelque chofe de prix, pour la- quelle il femble mériter la mort, on le tue d'vn coup d'cfpcc,& s'il veut racheter fa vie, il le peut en payant neuf fois autant que la chofe defrobée cft eftimce. Mais auant que de quitter ce difcours du Gouucrne- mcnt,pource que je vous ay parlé de quelques Hordes qui oîîeyirent au grand Cham: i'eftimc qu'il fera fort à propos d'expliquer ce mot , quipourroit arrefter le» Ledeurs moins entendus» & eftant entendu , pourra contenter ceux qui font plus curieux. Horde eft vne a/Temblce de plufieurs hornmcs ran- gez en façon de Republique, mais diftribucz en telle forte, que cas de guerre il y a desDizcniers qui obeïf- fent aux Centcniers , ceux-cy commandent à mille hommes, ces derniers à ceux qui ont commandement fur dix milles,& ainfi de fuitc.Entre ces Hordes il y ^ a quelques-vns qui recognoiftent des Ducs^iarticu- hers:d'autres qui obeyftcnt au ^iofcovite , & qui font fes tributaires :d'autrcs qui font fujedes à l'Empereur, dont nous faifons mention à cette heure. 16 xi Relig ion. L Es Tartares qui obeïftent au grand Chim ne font * pas tous de mefme Religion , ainsfont différents en crcance,veu que quelques-vns fuiuent la fauife do^ drine^de Mahomet , qui fut rcceuëences pays-là cn- uironl'an ii46.Ils obeiftent auPentateuque de Moy- fe,& obfcrueutles chofes commandées par la loy ati- cienne, & crient tous les iours,Iahi Ulo lUoloth^il n'y a qu vn Dieu. Parmi ceux de Catay il y a quelques Mahometans, mais beaucoup plus d'idolâtres, dont la créance eft telle en chacun de ces articles. Ils tiennent qu'il y a deux Dieux , l'vn du Ciel|, & l'autre de laterre. - Ils ne demandent au premier, lequel ils encenWht chaque jour,que la fanté & bon entendemêt,& à l'au- tre abondance de fruids , grand nombre de beftail, & chofes femblables. c « Ils difent auflî que ce dernier a femme Si enhins,K foin du beftaiUdes fcmcnces,& de leurs aftiires:& tou- tes & quantcsfois qu'ils mangent,ils frottent auec h pins graire chair la boucha de l'Idole de !a femme , & des enfans , vc u qu'ils en ont force pecircs cffigie<; en leurs maifons, 6c iettent après du boiiiiion de la chair auxefpritshorsde lamaifon. De Tartarie. n 7^9 il^^ Uftineut leiic Dieu du Ciel en lieu fort haut , & j rile Alexandrin. Ils difent qn* c'eft autre chofcd'eftre ccluydclateire eu bas Ilscroyentqiiï nos amesfont immortelles, mais <]»'cllcs pa.Tènt d'vn corps en autre, & font logées mieux ou plus rr.a!,felon leurs aôlions precedentcs,cn quoyiJs fuiuent îc Metempfycofe de Pytii agore. lis honorentcncor le Soleil, la Lune , quatre Elcmens,&leur font des ficrifices. Ils appellent le Pape , & tous les Chreftiens Dzin- tins , qui lignifie Payens . & Cluur , c'eft à dire infi- délies , chiens & idolâtres. Ce qui eft ai riué depuis, qu'ayans cftc conuies; par le Pape Innocent I V. à re- ceuoir la foy Chrcftienne, ils furcn^ incitez par les Mahomctans à fuiure la Religion de i'Alcoran , com- me la plus pure, difansqu'eUe n'enlcignoit que l'ado- ration d'vn feu! Dieu, au heu que celle des Chreftiens eftoit farcie d'idoles, & d'ailleurs que la leur cftoit gaillarde,& pcrmettoit tout aThommelibrcloy met- tant lesarmesaux mains , au lieu que celle de Chrift n'eftoit bonne que pour les eifemincz. Se pour eaux qui demandent le repos. Ils font leurs Idoles de feutre , ou de drap de foye, leur portent grande reucrence. Ils ne chôment, iiy folcmnifent vn iour plus que l'autre, àneieuTnenc ny ne s'abftiènnent en vne fai- fon plus qu'en l'autre , comme font les Mahometans, ai ns les iours &: les fiifons coulent chez eux d' vne m é- me forte. Quant auxTartares Juifs, ils font defcendus des Tributs d'Ifraël, trâfportées par le commandement de Saimai:azar Royd'Aftyncau Païsd'Arfareth.du temps du RoyOfce.Les Efcriuainsfont en différent couchant ce pays d'Arfareth , & en parlent diuerfcment. Quel- ques- vns veulent que ce foit le païsde Colchos,appcl- lé pour Iciourd'huy Mingrelie,pource que Hérodote écrit que les Colchois vfoiêt de la Circoncifion. Mais la plus gi ande partie eftime qu'Arfareth eft la Prouin- cc dè BclgiatJ, d'où les loifs fortirentfous le nom des Tartares, l'an iioo. fous le grand Chingis fondateur de l'Empire de Catay,& pource qu'ils auoient retenu la Circoncifion , &: qucJqu'autvechofe delà LoyMo- fayque.iii deuindrcnt ayfément Mahometsns.Toutes- fois ils font prefque tous, idolâtres encore en Catay, hormis qtj 'outre les Mahometans, dont nous auons parié, il y a encore quelques luifs ôc Chreftiens, mais en petit nombre. Et quant aux Chreftiens , leur Religion eft fort al- térée vicnt à mourir. L'aniiicj. le Preftre lan qui comniandoit en laProuincedc Hatay, ou comraequdques autres difent, en celle de Tendue (les habitans du pays nommoient loane) rcceut cette h«rcfie Neftoiicnne J mais il fut ruine par le grand Chingîs , ou Canguifte Roy des Tartares , l'an mille cent foixante deux, & 4o.ans après qu'il eut receu cet erreur. Toutesfois il rcftavn Seigneur d'vn petit Eftat, qui fut recommande par certain Religieux de Saini5t Dominique au grand Cham, par le commandement d'Innocent quatrième , & l'on trouue encore auiôur- d'huy parles Eftats qui font fubieds à cet Empereur, beaucoup de Chreftiens qui fuiuent toutesfois cette Ceùe condamnée. Et mefmequelqucs Anglois qui ont eflé en ce pays- là, rapportent que l'Archcuefquede Cambalu couronne le grand Cham , lors qu'il vient à Cucceder à i'Empire. Généalogie des Empereurs Tartares, Î L faudroit auoir d'autres relations que celles'qui nous font tôbccs entre les mains,ou bien eftrc plus proches du pars dont.nous parlerons, pour faire le de* nombrement des Empereurs qui y ontrcgnciufquçs à ce iour , & les fpecifier tous l'vn après l'autre. Mais pource que nçus n'en pouuôs auoir vne fi parfaiâe & entière cognoiïfance, il fe faut contenter feulcmct de ce qu'on a pil apprédrede ceux quifontaduancezplus que les autres , à di(courirde lafucceffion de ces Prin- ces, Paul Vénitien tient cet ordre en nommant les Em- pereursqui ont dominécn Catay.Il met premier Câ- guifte, ou Chingis , ou Cinchins, puis loge au fécond rang,Chny,au troificme Barchim^au quatrième Allau,' puis Mongu, & nomme après Çublay.en laCourduP- quèl Paul demeura qu,elque tcpSkMaisHayton Armé- nien leur a baillé les nonns qui s'enfuiuent. Il nomme premier ChangyCam,puis Hoccora Cam, & après Gi- noCam , Se met après ceux-cy Mange Cam, puis Co- bila Cam , qui baftit la ville de Ions en Catay , qu'on tient efîre la raefme que Cambalu. Il fait fuiure en cette lifte d'Empereurs Tamor Cam , qui regnoit en Catay du temps dcHoyton en l'an 1308. Entre les autres f loccota Caina eut beaucoup d'enfans, le plus* vieil defquels eft nommé Gino Cam , qui fuccedaà fon pere à l'Empire de Catay, &Iochy fon frère vint aux parties Occidentales, Se s'empara du pays de Per- le de Turqucftam, ôc de quelques autres ProWnces, & i;h autre frère nommé Baydo conquit les païs SèfJ;çn- -, trionaux. & prenant le chemin d'Europe vint en Hon* ' grie,& engendra Tamerlan, celuy qui fit tant demauxr aux Proûinces Occidentales d'Afie, & àq-uelques vncs d'Europe. Or Gino Cam mourut ieune en Orient, ôC h plus pioche après luy nommé Mango fut faidt Em- pereur. Ceftuy-cy afiailiit certaine Ifle Orientalc.dont les habitans étoicnt rebeilcs.Mais les alTaillis fe plon- gèrent fecrctenrienï dans l'eau, & percèrent le nauire où étoitMango de forte qu'il pcntau'ec tous ceux qui ctoient dedans. Lors fon frère Cobila nommé Cublay par Paul, fut crée Émpercur,&fit profeffion de la Re- ligion Chreftiennej'que les fucceffeurs n'ont toutesfois nïàintcnuè, Celuy qui a fait labregéde l'Atlas de Gé- rard Metcàtor décrit encore cette Geneaifegie d'autre.' U s'accorde auéc tous les autres touchant le premier» & Icno'nimeChitigyCau,0»C»m>difanc-Vqijé c'eft: De l'Eftac du Roy 770 ^^eluy-là même que Paul Vénitien nomme CUinchis, qui viuoitcnuiron i'an de grâce ui. Les Tartarcs Uoient auant fa ilomination brutalement , fans ioix & fans ciuilité , n'auoicnt aucune réputation parmy les Scythes.ny les autres nations,& payoiet tribut a leurs voifins du beftail qu'ils auoicnt. Ce Changy étendit fon Empire depuis la Chine iufqucs à la mer Cafpiecn bien peu de temps.ll eut pourfjls lochucham.qui en- gendra Zam Cam troifiéme Empereur, nommé Balhy par quelques autres. Ce fut çettuy -cy quirauagcala Ruffie,laPologne,la Silefie,la Morauie,& la Hongrie. LequatiiémcEmpcreiu fils dcBathy fut Ternir Cut- lu.qucnos Hiftoires nomment Tamcrlam.qiji courut toute l'Afie.pafla infquesen Egypte,j)rit Bïjazet Em- pereur des Turc5,&: le mena lié de cluine d'or par toUr tcTAficLe cinquième Empercur.fils de Ternir Cutlu, fut Ternir Gzar.qu'on difoit auoir ciftc tué en coJtobat- rantvailbmmcnt contre les Cheualicrs Porte- croix de PrufTe.Le fixiéme forty dcTemirGzar deMacmet- czar , qui eut pour fuccelfeur Armecczar, & celuy cy engendra Sziachmec huidicfme Empereur des Tar- tarcs. D I S C O V K s DE LESTAT DV ROY DE LA-CHINE- SOMMAIRE. « T. Diuerfes appellationf du Royaume de laCh^^^ ' ^'^^^ anciennes que modernes. 1. Son circutt,& combien il contient de lieues. 3. Partition de ce Royaume en quinze Prouinces. Le nombre des villes & Citez qui font en chacune Prouince. Leurfmation & forme debajîimens, & grands chemins fauez > vnïs iufques aux montagnes, & taillez ^ coup de marteaux. 4. Defcription de la muraille qui fepare les ChmU d'auecles Tartares, contenant ^00. lieues. f. Du Palais & demeure Royale des Monarques de la Chine. 6. De la couleur & compofition d'humeur des Cht- notf. Fertilité incomparable des terres du pays, qui for tent trois à quatre fois l'année. Tiuicls de diuerfes fortes qu'il produit, miel, fucre, melons, prunes, oranges de mu fortes. Abondance de feye , liris , chanures, cotîons, bleds, nuieres, arbres, m:tfc , 'befiiaux , & poiffonsde toutes fortes , herbes médicinales, mines d'or & d'ar gent,& autres métaux, & perles precieafes qui fe trou- uent en ces pays. , 7. Chinois induftrieux , difpUs , laborieux , & na- turellement enclins à faire bonne chère , & ^fl>'^ bien veftus , la ferme de leur vifage , & hauteur de corps. 8. Taçon défaire le mufc en la Chine. 9. Forme & couleur des habits & yeflemens des'i^o- bles , & du peuple,des hommes,& des femmes , lafuç m de leurs cheueux & fard. 10. CouHume des Chinoifes déporter des petits fouiters é'ies pieds ferrez de bandes,& ponrquoy. ir. induftrie grande des Clmois en l'Art de fculpture & peinture,& à faire chariots à vents & à voiles. n. Quelles font les marchandtfes que les marchands vendent communément aux efîrangers. * 15. Comment ftfait la vaijfelle de Porcelaine en ce ■pays. 14. Du dot, mariage, feïlins nuptiaux ,& polygamie des peuples de la Cime, & leurs loix tâchant lesfuccef fions & hereditezy ij-. Leur couïlume e(lrange,par laquelle ilsfontcon- trainas dans certains temps, de/ fe marier, ou d'entrer en Religion. 16. Du mariage desRoys,à de leurs enf ans, & lesfeftins folemnels qi^ on y célèbre. ■ 17. Cérémonies pracliquées és funérailles & obfeques> fejlinsfuneraux,& dueil deiChintts, ' » 18. Leur breuuage faicl de l herbe Chia % au lieu de vin, Et de quelles viandes font apprenez leurs fejlins , & ban- quets folemnels. 19. De l'inuention de leur artillerie .& de leurs cha- raàeres , ou lettres hyeroglyphiques , & de leur façon ejîrange d'efcrire & tirer leurs lignes du haut de la page en bas'. 20. Quelles font leurs montures Ù earrojfes en leurs voyages , & quels leurs vaifeaux & équipage de ma- rine. il. De la pefche qui fe fait par l'indujîrie des Corbeaux marins , ou plongeons. 11. Des refpeElueufes rtquefles prcfentées enLoytia' à" des façons de faire efir anges en leurs vifites, & cojnuer- fationsdes compagnies. 1^. Richeffes delà Chine en mine d'or, d'argent, & autres métaux, perles, vafesde Porcelaine, fourrures pre-^ cieufs.de linJe laine : cotton, foye, fucreimiel, rhubarbe, carafre,veîmilliofi,paM,mufc. 24. Reuenus du Roy à quoyfc tnop/cnt , & quel tribut il leue fur chacune forte de manffandife. * 25. Quelles font fe s forces, f s gens de guerre , & l'or- dre qu'iîy tient , & premièrement du Conftïl de guerre eftably en chaque Prouince. iG. De l'infanterie & caualerïe Chinoife , leurs appa- reils deguerre,leurs armes àfacons de combattre, 27. Des forces Nauales. 28. Particulière relation des gens deguerre,entreteuiu & foudoyez en chaque Prouince. i^.Des Académies de la Chine: des Vifiteurs efïabiu fur icelles par le Roy: &des Prouifions folemnelles qui s'y font de t rouans au garde de Loytias. 30. Serment que preftent par deuant les Vtfiteurs, ceux quidoiuent receuoir le degrède Loytiis. 2,1. Du Confetl des douze Auditeurs , érigé en U vill^> de Thebatn. il. Des Vice 'Reys & Gouuerneurs des Prouinces appd- lées Conion,lnfuanto. 35. Des autres officiers particuliers, comme le Tom- P"' Quwquay,& autres luges, & leur ferme de procedeif en (admmiftration de la luflice. 54. Des fupplices dont ils vfint contre les criminels. 35. Leurs loix touchant les veyageurs & Mendians. 36. De l'idolâtrie des Chinois , & quels idoles ils ado- rent, leurs facrifices au Diable, 6" leur croyance touchant leCieL&chofescelesfes. ij. Defcription deplufieurs manières de fort , dont ils vfent. 38. Leur opinion touchant la création du Monde, qu'ils difem auoir eftébajlypar UurTain Daté logée au CieU lfflf'(('r croyance touchant Veftat des ames fe pa- rées du corps. Et if forme de leurs prières pour les Tré 40. De leurs konafi^et y & quatre Ordre de Reli- gion,quiant chacun leur Général appelle Tricon. ^i. Gcnealogie.des Rop deUchtne. 0 E grand Royaume, des Chinois , dont Ptoloméc a cqAû le nom, & ignoré la puilTàncc, eft celiiy mcnoeque Marc Paul - nomme la Prouince de Mangi , Se que nous appelions ordinairement la Chine , Yans qu'on puiircfçauoirqucl fondement on a eu , quipùftcon- uier les premiers Autheurs de ce nom à l'impofer en cette forte, fi ce n'cftque lachofc foit arriuée par cor- ruption du mot, &que la Sine on ait fait la Chine, changeant vne lettre en (^eux,& que la coulb'mc,& la continuation ait eu cet aduantags fur l'antiquité, de le faire palier ainfi altéré iufques à noftrefieclc. . j La Chine eft /îtuce fur le tropique de Cancer , de toute fa cofte s'étend au Nord - Eft, Â'au Sad7Eft la longueur de 400. lieues, .au cofté du Midy il y aie Ro- yaume de Cochinchina} au Nord & au Couchant, la Tartarie, S:lcCathay,où on dit que le peuple eft blâc, & y a beaucoup de Chrefticns , aimuel pays le Royau- me deJPctfe eft Rmitrophe. Anciennement les Tartares ont poffedé ceRoyau- mcfelon qtiè les A*nà!es metmes du pays enfeignent: mais ils en onteftc chalfez parles naturels, lefqucls voulans pouruoir àTalTeurancc de leur pays pour l'ad- uenir , ont drclîc vn mur,3fin4'eropécher Icscourfes & pilleries de ces peuples coureurs , ôc depuis lors fc fonttrouuez alTeurez. Ceux qui fontvoifins de cet Eftac luy donnent or- dmairèment le nom deSanglei:mais lesChinois,fdon Magin,&: ^tercator,luy baillent celuy de Tame, ou bié félon l'Autheur de l'Hiftoire generalcde la Chine, ce- luy dcTaybi^co , qui ne fignifie autre chofe que Ro- yaume , & les habitans Ce nom ment tfux- mefmes Tan- gis. C'eft le pays le plus Oriental de toute l'AficayanC pour voifiD ^u-cofté l'Orient la mer Oceane , &vn peu plus auanc l'Ifle de Corée , &puis les Ifles du la- pon,du Midy, en partiê la mer Oceane, & en partie !e Royaurne de Coc^iinçhine, du Couchant les Bramas ou Brachmanes, & vne partie de Tarcarie,& du Nord, la feule Tartaric, de laquelle ce Royaume cftfeparé perdes montagnes,& àleur défaut par des murailles. Il rétend preîque depuis le Tropique de l'Efcreuice iufques au 531» degré de latitude, Ôc contient en fa lon- gueur tous les Méridiens compris entre le 130. & le 160. degré. Mais afin de fçauoir.plus exaétenient fon cftendué, & fa grandeur,nous rapporterons icy ce que Içs Chinois mcfmes en ont çfcrit , ôc qu'on a trouué ââns les liures. ' - Ce Royaume contient donc en circuit , félon eux, ^fié. diez , qui eft vne mefure dont ils vfent, ôc ces diez réduits à la façon de compter d'Efpagne , font prcfque trois milles lieues détour , Se 1800. lieues de long. Onatrouué dansle mefmeliure, d'où ce calcula cftc tiré , que les Chinois ont feulement 3. mcfures pour arpcntef.qa'ils appellent en leur langLie,Lii,Pu,& Icham ,^q^ui eft autant prefque , que fi nous'difions fta- de, qui élôit de cent vingt-cinq pas , lieues , iournéç. . Lameiure qs'ils nomment Lij, comprend autant d'cf pacc, que l'on en neutafligner àla voix qu'vn homme ^uifc detoute^Torcc en vn temps coy, & en vne belle plaine. Dix de ces Lijs , font vn Pu , qui eft vne ' grande lieue Efpagnole, & dix Pus font vneiournée entière, par euj^ppellé Icham , qui reuientà douze grandes lîeués. Suiuant ce compte,' l'on trouue que ceRoyauine contint les lieues fufmentionnées. Il Chiné. "yy] eft vray que par Je calcul de quelques autres ifures.l'ou a trouué de heué's: mais Je Pere Martin de Herrade Prouincial des AuguftitisauxPhiiippines , Ôc trel ex- cellent Geometrien & Cofmographe, a veu &:c*gnu quç ceux que nousauons f'iiiuis étoient véritables t& quecepaysauoit3ooo.lie|jjè's,de tout,&i8oo. dclofig, <*>mmençant à la Prouince d'Olami qiji tire plus vers le Midy.& eft plus proche de Malaca, ' " . Ce Royaume eft diuifé en 15. Prouinces,y comprifc l'Ifle d'Anayo , ôc chacune a fa ville çapicale , Sca plus d'étendue que le plus grand Royaume dont,nous ayÔs cognoiftanceen Europe. Quelqiies-vnes de ces Pro- uinces portent le nom delà ville capitale, où fc tien- nent les Gouuerneurs,Prefidens,& Vicerbys de ces 15. Prouinccs, il n'y en a nulle qui n'égale en grandeur quelqu'vn dei pins grands Royaumes d'Europe. Encre ces Proyinccs il y en a i.Paguia, & Tolanehia qui font gouucrnées par le Roy en perfonne & par (on Confcil , à caufe que ce Pdnce refide toufiours en I l'vne de ces deux, qui font 1-es plus grandes de tout fon* Eftac,& les mieux peuplées. Ce n'eft pas toutcsfois que ce feul fuiecftle conuif^4 s'y tenir ordinairement, veii qu'il le faiârpliîcoft àcaufe.du vbifinagc des Tartares, auec lelqucis les Chinois sot côtinuellenr)éc en guerre; Etafînquc le Roy de la Chine pûft plusaiféracnt remedierauxtroubîcs&inconueniensquipourroiènt , furuenir dcce cofté là , & par mefme moyen olFencér fon cnnemy auec^plus de commodité, il y a logé/à Cour,& éta'bly fa demeure. , Aa milieu de ce l^yaume il y a vn fort grand Làp, duquel fourdcnt pluficurs riuieres & torrens.auec tel- le abondance d'eaux , qu'on y peutnauiger aifément par tout auec barques & brigantins, de cette multitu- •de d'eaux procède l'abondance Ôc la fertilité de toutes chcfes au Pays ; le long de ces riuieres d'vn cofté ÔC d'autre Ce voyent diuerfes villes , qui apportent àe grandes commoditez à vn chacun. Leurs Annales«cHiftoires font mention qu'en ces quinze Prouinccs il y a 500. quatre vingts onze Citez,;:) ôc villes , fans compter diuerfes bourgades , qui fontennombreinfiny, dont ie circuit eft aufïï grand que beaucoup de villes. ' ' La ville Royale^& capitale ' du Royaume s'appelle Kuntien ou Tabijn, & d'aucuns Quinzay, lenomde Kuntienen langage Chinois fîgnifie Cite du Ciel : fa grandeur eft telle, qnec'eftcè quepcut faire vn hom- mede cheuaNc la trauerferen vn iour,car ilfaut tout autant de temps pour aller d'vne porte à l'autre, fa / largeur eft la moitié de cela, & fon circuit ttes-vafte, les faux bourgs contiennent tous enfembleautantaue la ville. « Les quinze Prouirices s'appellent Pafquia , Canton, Foquien, Olam, Cincay, Sufnam, Tolanchia, Canfay, Oquiam, Aucheo.Honam , Xanton, Quiçheù , Che- queam,^ S3xij,ou Sanci^Toutes.mais principalement les dix qui font.maritimes &afïï.fcs prés des coftes de la merjfontprefques detouscoftcz feparezpar de bel- les riuieres d'eau douce,*prpfondc.s & nauigables , & bSrdées de p^t & d'autre, de grands riuagcs , Ôc dé beaucoup de Bonnes villes, qu'on peut non feulement nombrer, mais nommer,, à caufe que les Chinoisfont' . fî curieux , qu'ils mettent en leurs liurcs iufques aux " noms dçsmaifons dé plaifîr.qus les Seigneurs &Loy-, tias yj3oftcdént. Mais il me fuïHra de mettre le nom- bre cRs villes & Cirez qui font en chaque Prouin- ce, ôc d'être bricf en cécy , pour n'ennuyer pas .moii Lefteur. La Proui-nce dé Paquia, où le Roy & fon (jonfeil demeurent ordinairement, contient quarante fèpt Ci- cez,& ijo.vill.ei. ' La Prouince de Cantbti contient' j^. Citez , & cen6 quatCfringcs ôc dix viliés; " Ttt Celle 77i Celle^cï-oquiemîJ. Citez, & cent quatre vingts dix villes. Qelle d'Olam no.Ckez.Ôc i^o. viHes. •Jûîlle de Cin(ay 58.Citez,& 114. villes. Sufnan44.Citez,& ijo.villes. Tolanchia fi.Citez,& fix vingt & trois villes. Canfay 14. Citez , & iiifvillcs. Oquiam dij&neuf Citez . & foixante & quatorze villes. Ancheo if.Citez,& 29.villcs. Honamio.Citez.&ioi.villcs. Xanto» trente-fept Citez , & foixante & dix-huift villes. Quichcu 4f. Citez, ôc 1 1 3.villes. Chequeam trente - neuf Citez , & quatre - vingts quinze villes. , . Saxij ou Sancij 41- Citez, & 10 j. villes. Or ^s Chi- nois ont coullume de terminer le nom de Cite par cette ryllabe^u, qui vaut autant à dire que Cite, com- me Taybinfu, Cantonfu,& le nom des villes par cette fyllabcChcu. En la feule riuiere de Canton , il y a plus de barques Se fregattes qu'il n'y a en toute l'Efpagne : l'air elt doux,la terre très- fertile,& abondante en froment.nz & légumes, & n'y a nulle faifon de l'année qui ne (oit propre pour y (emcr, ou moiironner. En chacune des villes principales, oùlesGouuer- ncurs& Viccrovs commandent, eft élcueleportraiét dû Roy voilé d'vn riche tapis : auquel portrait tous Officiers , Loitiers & Mandarins , font honneur auec telle rcuerencccomme fi le Roy»mefme étoit prefent, Le tiltre qu'on luy donne , Le Roy & Seigneur du mon- de,& fils du Ciel. Nul ne peut porter en la Chine, ny auoir dard en la maifon, finon ceux qui ont cet honneur d'être aux ga- ge« du Roy , les fils defqucls aufli reçoiuent ce droiél de porter arènes, commehcreditaires. En ce grand nombre de villes & de Citez , il y en a prés de 200. de marque,qui font pour la plufpart ba- Iftiesfur des riuieres qui portent bafteaux, & ceintes de fofTez larges & profonds.clofes de murailles de pier- res de taillcdepuis le bas iufqucs au haut.&: fur le haut il y a delà brique faite de mefme matière que la vaif- DeTEftatauRoy felle de parcelai ne.ôc fi propremenceimentéc'qn'é peu de temps elle durcit en telle forte, que l'on ne peut mefroe en difioindie les carreaux à coups de pics& de marteau. Les murailles fonifiépaifles , que qua- tre hommes pour le moins y peuuent marcher de frôt, vou e fix en quelques endroits, outre les guérites, galè- res Se promenoirs cachez , où les Gouuerneurs vont ^ rlaifir : le parapet,dcdans §c dehors,cta.nt fi fpacieux & libre , que fix hommes de cheualy peuuent marcher enicmbletout de front.Pourla commodité des batte- ries & défFences, il y adestours ôc des bouleuards pro- che les vnsdes autres, qui ont leurs sétinclles commo- dément difpofées,& leurs cafemattes propres.On trou- ueque quelques vues de ces murailles font debout de- puis de plus I-Qoo. ans , fans q,u'il y paroifie nulle cre- uafie.ou ouuerture,tant les Voyers (ScContreroolleuBS des baftimens publics,prcnnent garde àec qu'il ne s'y faite aucune fente,ou ouuerture. Chaque ville démarque eft baftie comme s'enfuit. Il y adcux grandes &largesru£S,droites,my-parties en Croix & longues , autant que la portéc'He l'œîl le plus viffe peut étendre , qui aboutiffentà 4.portes, égale- ment diftantes, toutes garnies de fer , & magnifique- tnét bafties.&dontlaveuë eft metueilleufemct agrea- ble.Ces deux rues croifées font entrecpiTp|ïc'es d'autres rues & mettes , & enrichies de baftimens publics & particuliers,qui feruent à la remarque des places & des deftours diuers. On void aux deux coftéz des rues des portiques, qui s'adaaacent » ôc feruent à cont^jjjirdcr lesallans Se les venans,outre cela les boutiquesjJp* tifans les garantilîcnt des pluyes, tif autres inc<^mo- ditrz de l'air. Dauantage, on y void de grandes & bellesiarûldes depier.res polieSjmagnifiqucaCkdrelTées.que les Gou- uerneurs font faire auecdiuerfes infcriptions , auant que de fc retirer des villes , après auoir feruy le temps que le Roy leur a prefcrit. Aux plus commodes & frcquens endroits de chaqué viUd'on void les plus fu^Rbes baftimens & \og\s dti Gouuerneurs.auec leurs beaux iardins, vergers, forai- nes d'eaux viucs, &:rui{reaux.quiarrofent artificielle- ment les parterres, pour le plaifirdeces Scigneurs,qui ont aulîi leurs voHeres, parcs,garennes, & bocages.tel- lemét qu'il n'y a Palais de Gouuerneur qu'on nepuif- fe comparer à vne ville. Les maifons des particuUers auprès de la mer, font balTeSjôc en terre férme ont di- uers ct3ges,& font peintes par iflehorsjou enduites d' va blancclair,& net aupoffible. On vt)id à l'entrée vn porche fpacieux , &ouiKrt)i garny d'armoiries proprement agencées» qu'ils rem- pli fsétd'idole5:& après l'on void des viuiers pjeinsde poi(rons,& des iardins au haut des maisôs. Les pierres des baftimens font foigneufement polies, & tellement cnduites,qu'on diroit qu'elles fomt dorétfs.Le couucrt eft poly de mefme, igc cimenté fi proprement, que les pluyes ne luy peuuent nuire,& ces toiâs là durent plus décent ans, lesgouticrcsieftansfaiiips de-m^bre ingc- nieufenwnt mis en œuure.On void au deuant des por- tes des maifons, desarbres touffu» & verds, arrangez par ordre patcompas , fi plaifans à voir , que les yeux plus las &plus foiblcsén font aulfi-toft recréez. Oc outre qut plufieurs de ces villes font trauerfces de grands fleuues.il y en a aufli quelques -vncs accommo- dées decanaux.pour donner entrée aux vaifleaux mar- chands , qui j chargent Se déchargent force biens , de mefme qu'on void à Vtrea & autres vilfçs du pays- bas: & il y a des leuées propres pour aller aufllî par ter- re , ofltre les ponts de pierres qui font taSt aux villes, qu'en plufieurs endroits de la campagne. Quant aux riuieres qui s'ciflent & hauflent telle- ment , qu^on ne peut y planter des pau*,ou baftir des archcs,on dte(^c dcfilis des ponts de batteaux.Hors des villes, fur tout maritimes . l'on void des faux bourgs iuperbeqjent baftis . auec de belles & grandes rues, «i\ font les tauernes & hofteleries pour les marchands étrangers, & l'on trouueen ces lieux là,outrelcs boif- fons delicicufes.fclon la couftume du pays,toutes far- tes de viandes, cuites & crues. Pour le regard des petites villes & bourgades, dont quelques-vn.es font compofécs de 3000. feux, y conr- pris les villages fort proche les vns des autres , il y en a tant , qu'on n'en fcait pas le compte. Elles font pout la plufpart en fort belle airiette,bié fournies d'eaux » de bois,& l'on ne void prefque autre chofe par les catn- pagnes, que des maifons de riches laboureurs qui font, fort hautes. Toutes les maifons ont ordinairement trois portes, celle du milieu qui eft grande , & celles des deux co- ftez plus petites, Refaites à proportion, fçlon leur mo- de de baftir. Il faut aduouer qu'il y a d'cxcellés Architeétes en ce Royaume, & fi les ouutiers y Cant bons.lcs matériaux poury baftir y font les meilleurs du môde,pourcequc, comme i'ay déjà dit,ily avne terre blanche, dont l'on fait des carreaux, qui font fi f&rts, qu'il faut auoir de bons marteaux,& vne grade force pour les rompre.En toutes les citez capitales on void le logis du Roy, dd* meure du gouuernemcnt,qui eft toujours magnifique. Les chemins y sot les meilleurs,& les mieux pauc^ de toutes les terres découuerîes , & fi plains , Ôc vnis par tout,que iufqucs aux môcagnes il ya de§r|çl* chemins taillea de la Chine. willc'z à coups dtf marteau , Se pauez de pierre &d? quarrcaii : de forte qu'au dire de ceux qui l'ont Veu, c'eft m ck'S plus remarquables ouur:i^es , Si des pins commodes qu'il y aye en tous les Royaumes. L'on void en la ville de Fuchco vnetour deuant lelogis du Threforier gênerai du Roy , qui furpalfe , félon le te moignage de ceux qui l'ont veué » tous les édifices Ro inains,ctantfondc'efur 4o.colomnes,dont chacune eft baftied'vne feule pierre , qui eft fi grande & (i gtolfe, qu'elle étonne ceux qui la confiderent. 0 Mais pource que nous auons cy-deuant parle de la 'muraille qui fepare les Chinois d'auccles Tartarcs , il me femble qu'il eft à propos d'en difcourir icy plus particulièrement, pour fatisfaircau dcfir de ceux qui défirent en être informez au long " Cette murailleiOu enceinte>qui a 5oo.lieuès de lôg, & commence depuis la ville d'Ochioy , qui eft entre deux montagnes fort hautes , & s'étend du Ponant au Leuantjfut faite par vn Roy nomme Tzintzon,à celle fin de dépendre la Chine des Tartares. Toutcsfois il faut entendre j que de ces ;oo. lieues qu^ contient cette murail!e,il y en a 4Îqui soc fermées de fort hautes montagnes, pour le regard des ico. au- tres qui eftoient pour cloi% la diftancc qu'ilyauoit entre ces momagnes, ce Roy fit faire cette muraille de pierre de taille très forte , qui a y.braifées delarge par bas, & autant par haut. Elle commence àa coftc de la mer, en laProuince de Canton, & va pat celle de Paf- quia.&de Canfiy, & finit à celle de Sufan. Ce Roy voulant faire cette œuure admirable» prit la troifiéme partie des habitansdc fon Royaume, qui moururent prefquetous en-cette befogne, ouàcaufe du chemin , ou pour le changement d'air , combien que chaque Prouince aboutiftàla partie la piusvoi- fine. Auffi cet ouurage fi fuperbe, fut caufe que tout le Royaume (è reuolta, &c qu'on tua le Roy,apres qu'il eut régné 4'i,'ans , & vn fien fils nommé Agaitzi au- tant que luyi Venons maintenant à la demeure du Roy , pout acheuer entièrement la defcription de ce qiiel'ofi void de plus beau, 5c déplus remarquable en ce Royaume. Il la tient ordinairement en la Prouince de Pafqaia en là ville deThaybinjOu Suntien,ou commenous auons déjà dit à caufê des Tartares dont elle eft voifine , ou •peut-ctrepluftoft àcaufe de i'air duPays, qui eft plus fain Se plus doux en cette Prouince qu'aux autres , co- rne il eft facile de cognoiftre par le mot de Suntien.qui vaut autant à dire en leur tangucqus ville celefte.Cet- tc ville eft fi grande, que pour la traucrfer de porte en porte,ilfaat qu'vn homme m.arche toute vne iournce fur vn bon cheual, & en diligence, encore n'ycotn- prcnd on pas les faux-bourgs.qui ont autantde tour, ou peu s'en faut,que la ville. Il y a fi grand nombre de peuple dedans, que les Chinois afieurent que s'il eftoit besoin de faire Icuéc de gens pour quelque preflante occafion , on pourroit aifemblcr zoo. milles hommes armez , dont les cent inilles fçroient gens de cheual. On void à l'entrée de la ville vers leLcuant,le grand & fuperbV: Palais du Roy, où il demeure d'ordinaire, combien qVil y en'ayt deux autres, l'vn^au milieu de la ville, l'autre au bout deuers l'Occident. Ce premier Palais eft fi grand,& plein de tant de'fingularitez, qu'il faut 4. iours entiers pour le bien voir à loifir , ainfi qu'on rappoite. Premièrement , il eft entouré de fept murailles ran- gées en relie forte, qu'en l'efpacc qu'il y a d'vne mu- raille à Wutre , l'on peut aiîément faire tenir dix mil les foldats » qui font eti^K^rde ordinairement au logis du Roy. 11 y a dedans 60. ôc ip.falles magnffigues,& d'vn ar- tifice admiiablc > oùA'on void vn grand ûombrc ^73 I de femmes qui feruent le Roy, au lieu de Pà^es &■ de J Gentih hommes. Mais les principales pièces de ce Pa- lais font quatre belles fales, oii le Roy donne audiau- ceaux Ambadadeurs.qui viennent des Paj's Se Royau- mesétr.mgcrs , & pareillement aiix Seigneurs &c priri- ripaux de fe Eftars lors qu'il tient faCour.ce qui n'ar- riue guère fouuent, pource qu'il rie fe lailfe gu^re voie a i peuple hors de fon logis , Se prelque toufiours il ne paioit qu'à trauers vne verrerie, j La 1. de (es (aies eft faite de fonte auec grande ctl- riofité, & grand nombre de belles figures. La a le plancher de l'air fai(Sb de liiaflonnerie d'argent degiande valeur. La 5. eft de fin or parfaitement émaillé. La 4. eft de fi grand prix, & l'on y void tant de ri- cheiTcs , qu'elle furpaiTc de beâuconples trois autres précédentes, d'autant qu'elle reprefente la puiftancc, &Ies movens de ce grand K.oy, ôc pourcette caufe ils l'appellent eo leur langue, Il falle du threfof dtl Roy, allcurant qu'elle eft bien digne de ce nom , at- tendu qu'elle contient le plus grand thrcfor qu'aucun Roy puiffeanoir. Encores outre le threfdr , il y agrande quantité de joyaux de valeur ineftimable,& vne chaire où ce Prin- ce s'affîed en majefté, faite de marbre , dans lequel on void plufieurs pierreries precieufes enchaiféeSi &dcs cfcarboucicsfi ricKes, qu'en îa plus grande obfcurit.c dçla nuiâ: elles tendent la fallc auffi claire que s'il y suoit beaucoup de chandelles allumées. C'eftdans ces 4. fallcs que le Roy donne audiance aux Ambafiadeurs des Princes étrangers , & mefure l'honneur qu'il leur veut faire à la réception dans ces falies : car ceux des moindres Pnnccs fes tributaires,ne font teceus qu'à la première falle, Icspluseminensàk féconde, ceux des grands Roysqui ne le cognoiftenc point à la troificme Se quatrième. Il tient auffi fa Cour dans ces fallcs , & donne audiance dans icellcs aux Principaux Officiers de (à couronne. Les parois de cette fallc font de diuerlês piçrres de grande valeur, raifes en œuure auec beaucoup d'in- duftrie , Se pour comprendre en vnmot tout ce qui feditde cette falle, il fuffit de fçauoirqucc'eftlaplus belle pièce qui fe puifle voirén tout le Royaume > ôc «qu'elle contient tout ce qui eft de meilleur , Se déplus riche- " Cl 11 y a en ce Palais de tres-beaux iardipsdiuerfifie2; de toute forte de fleurs , arrofèz dé fontaines d'eau clai- re , oùlegazolitl de leurs petits boitillons fcmond le ramage des oifillons au concert naturel d'vne agréable mufiquc dans leurs belles allées, il charme les ennuis &c les foins qui fuiucnt la Royauté. Le nombre des femmes qu'entretient le Roy de la Chine font fa plus ordinaire compagnie , il fe plaift à contempler fur leurs beaux vifages pius de rofes ôc de fleurs que fes parterres n'en produifent, ^ A coftc de CCS iardins font plufieurs beaux vergers qui rapporter toutes fortes de fruiéts delicicux,&plus auant s'étendent de grands bois , les vns taillez, les autres de haute fuftaye , où il prend quelquesfois les plaifirsde lachafie. Ils font eq^tourez par endroits dé plulj^eiirs larges écâgs,tous couuerts d'oifeauxderiuie- re parmy lefquels les Cygnes qui couurct d'vn pluma- ge blâcvné chair hideufemét noire, paroiflans les plps beaux aux yeux du Priiice font tacitement vne fagc le- çon à fon cfprit,que les belles apparences du miondeÔé delà Cour couurent plufieurs dcioimicez^ peciidies. Qualité, N Dus auons veu rétenduë de ce grand Royaume nous.auons fait le dcnôbrementde fes villes, & rcmanjuc la naagnificenrcc de -fes baftimens: voyons, "Tts 3 aiainte- r 74 ti I / mr.inte^ant Ci le pais mérite d« telles dcpences , &s'il eit capable de fournir aux frais exaffifs de ces edi- ûce>. Pour cc^tamencer donc, il faut fçauoir que le tem- pérament des Eîtats fubieds à ce puilTant Monarque, cftfortdinc's, a caafe qu'ils font prefquetous adîs en tirant du Midy au Septentrion , & ont vnc fi grande ellenduc de pais , qu'encores quel'lfle d'Aynan qui ed proche de ce Royaume foità dix-neuf dcgrczde hauteur, ou latitude , on atoutesfois cognoifTance de quelques Prouinces efloignées de l'Equateur de plus de -50 degrez ainfi que nous auons défia dit en defcri- uant ce Royaume. Or l'on peut aflTci cognoiftre la diftance qu'il y a d'vne extrémité du Royaume à l'autre, par la grande différence des couleurs qu'il y a entre «s habitans:car les Portugais qui ont trafique ordinairement à Cantô antïcles Chinois , pource que cette villecft afiez près dc:M^ :ao, où lefdits Portugais fe font habituez des long temps , rapportent qu'on void en ceux qui tra. fi jacnt des vifages de couleurs fore différentes , & en tout difTcmblables. Ceux qui naiflent en la Prouince de (Canton , &: en toute cette cofte font noiraux , comme ceux de Fez en Afrique.pource que ce païs efl; en mefme patalelle que la Barbarie : mais ceux des autres Prouinces en dedans font blanc$ la plufpart , les vns toutesfois plus que les autres , fevon qu'ils font plus aduancez dans le pays froid.-veuqii'ilyen a quelques - vns qui rctircntaux Erpagools,& d'autres qui font plus blotids.qui refiem- blent à peu prés à des Allemands, eftâs blonds & rou- ges* Bref, on ne peut dire en gênerai de ce grand Ro- yaume qu'il foit chaud ou froid, d'autant qu'il eft en clos dans laZone.ou ccinture.quc les- Géographes ap- pellent Tempérée , & aufli pource qu'il s'cftend vers vn mefme climat que l'Italie. Et par là l'on peutaffez entendre fa fertilité ,qui efl fans doute la plus grande qui {oit au monde , encores qu'on luy veuille compa- rer le Pérou, & la nouuelle Efpagne. Car c'eftchofe alfeutésque la terrcy porte trois & quatre fois l'année , ce qui faiâ: encores cognoiflre la bonccderair, c'eft que le païsy fourmille d'enfans, qui font beaux à merucille en leur petitetTc. Miisafin de fpeCifier quelque chofe,cepuï'-" produit toutes fortes* de verdure, ■& vnc grande quantité de diueri fiuits pa- teiîsià ceux qui viennent en Efpague, outre beaucoup d'autres que l'on necognoift point par deçà, pource qu'ils font dilferens des noftres,& tous ces fruifts font bon*', comme l'on du par excellence. Il y a crois fortes d'otanges , les vnes fi douces , qu'elles (urpalîent le fucre en douceur, les autres vn peu moins, les autres qui ont vne petite pointe d'aigreur fort plaifante au goud. Il y aufli ❖ne lorte de prunes, qu'ils appellent Le- chias,qui font d'vn gouft extrêmement agréable, & ont outre ce telle propriété , qu'elles ne faoulçnt iamais,& ne font point de malà l'eftomach , combien que l'on en mange beaucoup>il produit des melôi en abondati- ce,qui font fort gros,& excellé. ncnc (aaourcux,& vne forte de pommes de coulfur brune,qni font gro(fes,di tres-bon gouft. Il y a Vue quantité de fucre par toi^t ce Royaume, qui cft cfa'afe qu'il eft à fi bon marché , que cent Hures du plus fin , & du plus blanc, mefï^e lors qu'il cft plus cher, ne vaut pas plus que de fix realcs. Ily afcmblablemenc du miel en grande abondance tellement qu'il y de l'auoine , & plufieurs autres fortes de grains* qui rapportent beaucoup, & autant les vnê que les putres. Aux terroirs humides & aquatiques qui y font en grand nombre, à caufc de l'abondance de belles tî- uieres qui font en ce Royaume , ils fement du riz,qai cft la commune viande de cefte nation , & «n recoelU lent en telle quantité , qu'au temps qu'il eft plus chef, vne haneque , mefure d'Efpagne alfez grande, ns vietit à valoir qu'vnereale,& la terre porte o r dînai rem «Hg . de ce grain , & de tous les autres , trois & quatre fois l'année, comme nous auons ja dit AuxhâuÉs pays, qui ne font pas propres pour femer , ils ont de belles ran- gées de pins , qui portent de gros pignons fort fauoa» reux , & des chaftaniers autifî, & outre ces arbres, ils y fement du maiz , qui eft le changer & pain ordinaire des Indiens de Mexique , & du Pérou , aucc beaucoup depaniz, pour ne perdre vnefpan de teSrc. Toute lâ plaine campagne eff très agréable à voir» l'on y fenC beaucoup de diuerfes fleurs odoriférantes de toutes forces qu'elle pfodaid.Dauantageelle eftcmbeUie dé belles rangées d'arbres , qui bordent communemenfi les riuieres &auffi les rulffeaux. LesLoytiasontcouftume deplantet de grandes fo» refts fortépaides , où ils nourri (fent force fanglier*, dains ,connils, lièvres, & autres beftes diuerfes , des peaux defquelles ils font dettes bonnes fourrures >ÔC fpecialemcnt de martres zibelines, quiy font en grand nombre. Il y a du mufc en grande abondance, qui vietit dV- ne efpece de petites beftes, qui ne mangent autre choffl qu'vne racine odoriférante, nommée Caraarue qui cft de la grolfeur d'vn doigt. Outre ce, il y a grande quantité debdeufs& de va^' ches, qui valent fi peu : qu'on en a vncbonnepotlK moins d'vn efcu & demy , &auffi des beuflcs, qui va- lent la moitié moins , &des pièces de venaifonquC l'on trouue entieres,pour dix fols ou cnuiron»& beau- coup «le pourceaux , qui ont la chair auflî bonne & aum faine que le mouton en France, ou en Efpagne. 11 y a grande abondance de chevrcs,& fi grand nom- bre d'oyfeauxqui fe nourriffent aux lacs & riuicrcs, qu'il s'en confumechaque iour aux moyennes villes du Royaume , beaucoup de milliers , combien que CA foient canards pour la plufpatt. Et on a remarqué par- ticulièrement qu'à Canton,qui 'n'eft pas des plus gran» des villes,on en iriange tous les iours douze milles. I! y a force poules & chapons , de forte que deiit liures de cefte chair fans plume , & toute habillée, nd valent ordinairement que deux fois, qui eft vne efpece demonivoye valant enuiron deux doubles tournois» & ainfi des autres. Il y aaufîî beaucoup d'herbes propres pourlamede» cine,& de rhubarbe très- fin,& en fort grande quâtité, & deia racine nommé Chine> du nom du Royaume? & des mufcadc-s en ttile abondance , qu'on en peut chaiger de grandes flottes, & toutes à fi bon marchi que4^'d. ne valent qu'vne realc, & fix liures de girofîe demie reale.C'eft vncmerueille de voir lepoilIon,qui y cft de toutes fortes , non feulement aux coftcs de lâ mer, mais suffi aux dernières Prouinces du Royaume, & qui en font plus efloignées^à caufedes belles gran- des riuieres qui fe trouucntpar tout ce Pays. Outre cela, il a force mines d'or, d'ni gcnt,& autres métaux , au fquelles il eft dcffendu par Ordonnance du Roy de foiiiller , au moyen deqaoy tels métaux y fort apportez d'ailleursrm.ais leurs maiîons nelatfsét d'etrè •garnies de meubles d'or & d^||^cnc , e le premier delà rue, on peut cognoiftte auffi - toftquc toute cefte rué eft pleine de gens de ce mefme eftat. Ceux qui tiennent boutique affichent vne tabl«teen laquelle e ft contenu k roollc des marchandiles qu il ont à vendre. r r ■ c . u Ceux de ce Royaume font foigneuxfur toute.cholc de donner de bonne heure vn Eftat à kurs enfans auat qu'ils fedébaachent& fepuilknt corrompre : & ce foingeftcaufequ'il y a moins device en ce Royaume qu'en beaucoup d'autres. Or ils vfcnt en ce fait de fi grande diligence qu'il aduient fouuent que les enfans étans encore tous petrts , & mefme auant qu ils foient nays, les pères k font défia accordez de les maner , & mettent par écrit kurs connentions & contrats de mariage.La couftume du pays porte que k mary dotte la femme qu'il veut époufer. Quand k tcmps la confommation du mariage eft venu, le pere delafilk faift vn grand feftin en la maifon,conuiant les pere & me. e , & les parens & amis du gendre. & k lour d a- pres le pere de l'époux, ou le plus proche paret en fait demcfme. Apresk feftin k mary donne la dotte ala femme en prefencede tous.&elle la donne z fon pere ouàfamere.s'ils lont viuans.pour la peine qu'ils ont eue à l'ékuer. De là vient qu'en ce Royaume celuy qui a plus de filles eft tenu pour k plus riche- Et quant uirs'ilsen ont bcioin", & lors qu'us meurent tout demeure à la fiUcafin ft klallfcri fcs enfans , ou en • difpofer autrement s fu volonté.Les hommes peuuent prendre autant de femmes qu'ils en peuuent entrete- nir, pourueu que ce ne foiét kurs fœuts, ou kurs cou- fincs germaines, & fi quelqu'vn k marie en ces deux degrez deparantaee , il eft griefucment puny. Ils tien- nent la première de ces femmes pour leur légitime é- poufe,& ks autres pour amics.Ils viuent & demeurent auec la premiere,&r quant aux autres,ou ils les tiennéc endiuers logis, ou bien ils les départent ça & là, fi ce font marchands & gens de trafic, par les lieux où ils font kurs commerces, & telles femmes font comme kruantes au regard de la première. Lepere venantà mourir , le fils aifné fucccde en la plus grand part du bien de la première femme,& les autres frères d'après fuccedcnt entrc-eux par égales portions , foit qu ilsfe trouuent fils de la première femme, ou des autres. Au. défaut du fils delà première , k premier quivienrà naiftrede quelqu'vne des autrcs,emporte la plus gran- de part delà fucccffion , & par ce moyen ils meurent bien peu fouuent fans laifier des fucceikuts de leur lé- gitime époufe.on des autres femmes. On dit qu'aux Prouinccs proches de la Tartarie, il y i avnecertainccouftumefort étrange , qui eftqucles , Vice-Roys,ou Gouucrnearslimitcntauxhomœes,& ■ aux femmes certain temps dans lequel ils fontobligfz fe mettre en Religion.ou bkn de k matkr.Ce temps étant venu . tous ceux qui fe veulent marier , viennent à certains iours en vne ville dcftinéc pour cét efkd en chaque Prouince. Lors qu'ils y font arriucz . ils fe vont prcfentcr deuant douze hpmmes des plus princi- paux & anciens que leRoy a nommez pour cefaid, qui prennent par mémoire k nom d'hommes, & fem- mes, &kursqualitez, & s'informent en même temps du bien que les hommes ont pour dotter les femme* qu'ils veulent prendre. Apres cela ils regardent la lifte des hom mes , & des femm.es qui fc prckntent , «Si s'ils ttounent plus d'hommes que de femmes, ouao con- trai re : ils lettent k fort, &lai(kntceux qui reftent pour cftrc mariez ks premiers l'annéeapres. Les fix de ces douze fufmcntionnez font trois bandes des hom- mes, mettant en la première ks richcs,fansauoir égard àlagentillclk, ny à la beauté : en la féconde ceux qui font moyennement riches, en la dernière, ks pauures. Cependant que ces fix font k département des hom- mes , les autres fix font celuydes femmes en troisau- tres bandes, mettans en l'vnc les plus belles , en l'autre celles qui ne k font pas tant , & en la troifiéme ks lai- des. Celafaiâ: , ils donnent ks belles aux riches, qui baillent certaine fomme , à laquelle ils font taxez par les luges, puis ondontî^e à ceux qui ne font pas li ri- ches. celles qui ne font pas fi belks,fans qu'ils baillent aucune chok pour elks:& après i^s donnent aux pau- ures les laides auec tout ce que les riches ont donne pour ks belles, qui eft partagé égakment entrc-eux. Les mariages étans achcuez , on faid de. grandes feftes aux maifons quek Roy a en chaque vilk , qui (ont garnies pour cét eika de grand nombre de Istfts , de buffets, & antres chofes necelTaires à vn ménage, afin, que ks mariez prennent ce qui leur eft necellaire ce- pendant que la feftedurc, ^ après cinquante iour^ chacun des nouueaux mariez s'en retourne en fa mai-^ fon. Cequcdcffus doit cftie cn(endu dupeupk , & non des Seigneurs, & gens de qualité qui né'îonc obhgez d'obeyr à cefte ordonnance , ains k mavunu â leur volonté. , Pourkregard du Roy delaChme, après qu'iUit marié il choifit trcnt« concubines , les premières de coutle Royaume, qui demcurcut dans fon Paluis tout k temps qu'il VU , car Ls Roys Clunois viucntfort ^. retirez de la Chine. >^*«> ., P^"^ des femmes aufc lefquéilvc Ils c^nuerrencd'ordinaircles commettant fur Icfoine de leur nourriture & leur confient la conferuation de leur lantr & personne. Quand le Roy eft mort ilslauent Ton corps dans des eaux aromatiques, parfument Tes habits Royaux & le veftent plus fomptueufement qu'il fut iamais , & «n cet équipage l'alîéentdans vnThrofneafinquc fes encans, les Princes, les grands & tous les officiers de la Courluy viennent rendre les dernier* dcuoirs. Les premiers qui s'approchent de ce Throfne font les enfans héritiers du Royaume,fuiuis de la Royne fa femme & les parens de leur fang, tous fe iettent à ge. nouxdeuant le corps, &apres quelque teftips ils fe releuentcn pleurans. Par après viennent les Officiers de l'Eftat.comme le grand Chancelier, les Prefidcts & Confeillers du Confeil , qui luy rendent chacun à ge- noux l'honneur funèbre qu'ils luy doiuent, toute la nobleire,& tous les officiers delà maifon du Roy.vien- nent par ordre & félon leur rang à pleurer Se reatctter la mort. Cette cérémonie achcuç'e on dépouille le corps de Tes précieux habits, Icleuent duthrofne, lemettent dans vn cercueil faia de quelque bois odoriférant tte, Us brullcnten l'y mettant les peintures de plu- lieurs efclaues , dVn grand nombre de chenaux , dVn tas d'or & d'argent, & de quelques pièces St foyo- qa lis croyent fuiure le mort en l'autre vie. Leschofesainficonfommces par le feu &les pein- tures reduidles en cendres, ils defcendent & enferment ' dans vn peu de terre celuy qui commandoit à yti monde d'hommes & depaibs,qui pouuoit couronner fa telle de quinze diademes:(carJcs Prouînccs delaChi^ ,nequi font ce nombre là, font tout autant de Royau- mes) & en ce faifant reduifcnt en poudre la plus gran. de & plus efclacante pompe du monde. Lorsqu'on a feia fes obfeques , le fuccelTeur du Royaume h«bille les trente femmes fomptueufement , puis les faid mettre fur vn magnifique lieu drelTc enl'vne des bel- les (aies dont nous auons parle, & écans U, elles ont le vifagecouucrt, de forte qu'elles ne fçauroienteftre cogneuës. Apres qu'elles font placées , on void venir trente Chcualisrs des principaux du Royaume , que le Roy deffunaanommezen fonteftament, qui vont félon leur ordre d'^cienneté.ou félon la nomination q'ue le Roy en a fiia^ôc fors chacun d'eux prend l'vnê de ces femmes par !a main, & l'emmcinccouuerte comme il ferme & ferré en telU fnrt^Z \' par la mam, 6c remmcmccouuerte comme il entTer.ns leTofen^^^^^^^ ^ ^ ^Tf' T'"' I ' ''^°""^^*^»^'^1^^^ à ce qu'il foitep fa maifon , où il b^t^V le^W^^^^^ ""r'''' '^^'V'^^'"- "^"^ 1^ ^^^"^ P"'^^ ^^^-'«e. au moyen de q"i eft poS^ eftendenr P!"f/°™P^"^"^^-^"^ I q-yonluy fait de grands dons tous les ans pour ay qu iieitpouidle-, çltendent au delfus vn linge blanc der àfa defpence. traînant iiiiniii»c ^ trainammlqucsàterrc , fur lequel le portrait du Roy dettun^eft dépeint au naturel.l'antichambre eft auffi parée fuperbement& dansicelleplufieurs tables font drefleesauec grand nombre de cierges allumez, parmy lefqueJs on fcrt vne grande quantité de viandes pour les Preftres & Religieux Chinois, qui viennent chan- ter à leur mode, prier & faire des facrificcs pour le re- pos de celuy qui eft mort, A ces vaincs dénotions ils adioufvînt pluficursfor- Celleries , apportent fur le cercueil vn grand nombre de petits paniers peints,defqucls i^ briiflent vne partie là melme. attachent le rcfte audit cercueil auec de pe- tites cordes & les mouuent fans celte auec des cris & des hurlcmcs fi effroyables qu'il eft makifé de les ouyr fans terreur. Us difeht que par cecy ils enuoyent l'ame du Monarque dcffunadansleCieUu nombre de ccl- lesqm font bien-heuteufcs.C^bruit & tintamarre des Preftres Chinois dure l'^^jace de 15. iours après lef- quels on conduit le corps du Roy au tombeau, le con- uoy fc fai t en cette forte. Deuant le corps marchét tout autant des Preftres 8c Religieux Chinois qu'il s'en troouc alors à la Coui?, ils vont portant chacun en main vne châdclle ardant^» Les parens du fang du Prince fuiuent le corps , ve- ftus deducil aiiecde grandes fayes de laine poilfez contre la chair & fangicz autour des reins âuec des cordesjeurs teftesfimplcmentcouuertes de gros bori- nets de laine à grands bords.commc des chapcaux,car à la Chine le dueil ne confifte pas à la mine,ils palTcnt au de là des larmes & des foufpirs qui ne fc font que par bien-feance. Les plus grands pour bien obferuer le dueil de la mort d'vnperc ou d'vnc mere,fe priuent de leurs char- ges, &lesVice.Roy$en pareilles chofes , remettent entre les mains du Roy leurs Gouuernemens qu'ils aâoicnt reçeus deluy,le faire autremét n'cft pas moins honteux & impie que feroit en nos contrées àvnfils de rite, dancer & fc réjoiiyr pubjiquement de la mort de fon pere. > Le Confeil auec les marques honorables de fa di gnité marche immédiatement après ceux-là &tous lesof&ciers de la maifon du Roy. Anciennement quand les Roys de la Chine ma- rioient leurs enfans, ou leurs parens , ils faifoient va feftîn folemnel en leur palais, auquel ils conuioient tous les)Cheualiecs , 6c les plus grands Seigneurs de la Cour , leur mandant qu'ils menalTcnt auec eux tous leurs enfa»s, ce qu'ils faifoient volontiers.voire telle- ment que diacun tafchoit défaire que les fiens fuf- fent plus richement vertus que les autres. Le feftin étant acheué , chacun des Princes alloit au lieu où les Dames eftoient affifes de rang félon leur âge,& choififfoit pour feacime celle qui luy étioit plus agreabie:& les PrincelTes faifoient le mefme des Che- ualiersduRoyaiîmeimais telle couftume n'a main dCi nantpiusde lieu, pource que tant les Pj:inceS j^queles Cheualiers fe marient tousé leurs parentes , hormiç au premier, ou fécond degré , & mefmesquelqucsfoiS' ils nefont difficulté du fécond. Quant aux funérailles & cérémonies qui concerrîcnt' les morts,, elles fe pratiquent en cefte forte. Lors que quelqu'vn meurt, ils luy lauent àl'inftat tout le corps, ôc l'habillent des meilleurs accouftrcmens qu'il ayt eu durant fa vie , qui font parfymez , & féntent fort boni Apres l'auoir ainfi veftus , ilsl'affientfur la plusbcllel thaire qu'il euft , & lors enfans , & fa femme , ou bien fon pere , fà mere & ks frères viennent prés du mort, & aprft s'être mis à genoux deuant luy, fe reti- rent chacun à part touséplorcz. Apres on Void vcnit félon leur ordre, tous les parens & amis du trèfpafte» & finalement fes ièruiteurs , fi le deffunft en auoiti Cefte cérémonie étant faidte, jls le mettent dans vrt cercueil fait de quelqu» bois odoriférant, & aromati- que qui eft bié clos & fcf me de peur de quelque mau^ uaifc odcur,& foudaineméî ils le pofent ftir deut bâcS» ou ïùr vne table , dans vné chambre parée des plus beaux dr3p$,& t^is qu'ils peuuent auoir, puislecou- urent d'vn linceul bien blanc, qui va trainant^ufques à terre ,Wr lequel l'on void l'effigie du mort tirée atl plus près du naturel qu^il eft poffible. En la chambre qui eft deuant celle où le mort rcpolè , ou bien à l'en» trée de la porte , ilsdrfclTent vne table auec des chan- delles ardaaitcs , qui eft toute couuerte de pain, & de plufiears (artes defruiéls., |f le tiennent en cefte feçon 778 De i'Eftat du Roy rlos de nuinzc. ion.s,durj.ir iciqads ont voidairUitr I fons.s'eimjyans i« vns aox autres d.-s prtfen. magni- chaque nuia I eues Preftrcs Se Religieux.qui chantent des prières, offrent des r2crifices,& font d'autres ccrc, monics payennes : car ils portent beaucoup de papiers 4)cin6», & les bruflfnten la prcfencedu mort , & en métrant deuantliiy beaucoup d'autres pendusà de pe- tites cordes , qui font mifes japour cét effcâ: , & re- muent ces papiers par pluficurs fois , & font de grands cris par le moyen defqucis ils difent qu'ils cnuoyent au Ciel l'ame du dcffund. ^prcs les quinzciours , du- lant lefquels les tablesJonc toufiours drcffées auec beaucoup de viandes,pour faire boire & manger leur* Pteltres, & les parens& amis , qui viennent vihter le mortjils prennct le cercueil où eft le corps.& le portée aux champs, & lors tous Tes parens &c amis vontà foiT conuoy , auec vn grand nombre de Prcilres , & force chandelles ardantes. Ils l'enterrent ordinairement fur vn petit tertre , & dans des fepulturcs qui leur appar- tiennent , & leur font particulièrement dédiées pour cét effedi:, & qui font toutes faites de pierre de taille. Ilsdreffent furie champ prés de fa fepalture vnpin, lequel ils ne coupent iamais:& s'il arriuc qu'il tombe, ilslelaiffentlà iufqu'à ce qu'il fe confume par long traidt de temps, & le tiennent pour cho(f facrce. Ceux qui fuiuent le conuoy vont par ordre , & en forme de proccffionjmcnansauec eux des muficiens, & loiieurs d'inftrumens, qui chantent &ioiient toiijoursiufqucs à ce qu'ils ayenc laiffc le corps dans le tombeau , & l'on tientpour plushonorable l'enterrement auquel l'on void plus de Prcftres & de meneftriers. Ils chantent au fon deleurs inftrumens beaucoup de prières , qu'ils font à leurs idoles:en dernier bruflent fur fa fepulture plufieurs papietSi, où l'ô void en peinture desefclaues, des cheuaux, del'or,& de l'argent.dela foye,& beau- coup d'autres chofes , qu'ils difent que le mort pofl'c- deraen l'autre vie. Ils fe réjôuyfTenr grandement , & font des feftins en le mettant au fcpulchre,tenâs pour certain que les Anges , ôc les Sainds qui font au Ciel, font la mefmc fcfte au dcffunft. Les parens font tous en ce temps- là councrts de dueil, qui eft defayede grolTe laine poiffez contre la chair , & fanglezde cor- des. Us ont encore pour lors fur la tefte de gi.îc!s bon- fiques. lU font des feftins famptueux, & reprcfemcnt la^iuidt des comédies & tragédies', où nen n'cft cf- pargné. Ce font poéhes compofées a plaifir, ou hîftoi- res anciennes. Apres ils font venir des fauteurs , des baftelleuts,dcs iolieurs de farces,& des faifeurs détour de fouplcffe. Les murailles des maifons,& les portes font couvertes de verdures,de rofes,& djc tapis de prix, les rués font parfumées, &couuertes de fleurs odori- férantes. On ne void alors que falots & flambcaox.les arbres, les treilles , & les fencftres font comme en feu : toutes les rués retentilfent au bruit des inftrumens de mufi- qucsîdesfleuttcs,& des voix entremêlées. L'ordre de leurs feftins eft tel. Chacun des conuiez ^ a fa table', ôcû l'on met deux perfonncsà vne table, , c'eft le plus. Ccfte table eft de bois luyfant comme ^ ebcine, marbre de figures de beftcs fauuages.auec de j certains filejs d'or ou d'argent entrclaffez fort dcxtre- ^ meBt,ouuragc particulier aux Chinois. ^ ^ Cette belle marqueterie fert de nappe , & la table 1 eftaarnie de parcmens de foyepcndans iufqu'à terre» Lci^conuicz fontaffisen des chaires à dos, garnies de . couffins propres à repofer ayfcment. Ainfi qu'ils lonc en cet eft'at,ron apporte premièrement des corbeille^ couronnées de chapeâiu de fleurs,& chargées de ffuid le long des bords.Les viandes font au dedans.Or com. bien que les Chinois ayent grande abondance de vo* lailles , de venaifon , & de poiflon & de coquille, & d'efcaille, voire de toutes viandes exquifes,fi eft ce que la viande la plus eftimée entre -eux, c'eft la chair dtf pourceau. Ce font gens fi délicats , qu'ils nomment lourdifc de porter la viande à la bouche auec les doigts. Ils s'aydent de poinçons , ou de fourchettes d'or, ÔC d'argent , pour prendre les morceaux coupez menus , ôc les mettre en la bouche fens^ toucher dt» mains. ■ ' * l i Ils boiuent à diuerfes repr ifes eii de petits gobelets, pour appaifer 4a foif : & conuient auec beaucoup de cérémonie ceux qui içangentauec eux à leur faire rai- fon. Cependant le» valets feruent & deffcrucnt en erandfilence, ôc bon ordre. Les hommes mangent à dcs.lls ont encore pour lorsuiria teuc ac_^i.i..^ uiMi- 5.....-......"." rie fr^nr ^vtrem^menr nets de meCmelaine', fa.ûs à grands ipords comme vn 4>^rt, ôc les femmes, dont les ^/^^^^^^ chapes , qui leur viennent iufques fur les yeux. Us jaloux, en q^ejque chambre pau.culieie,& ec^^^^^^^^^ 18 portent ce dueil pour leur pere.cu leur merc,vtï an ou deux,«& fi le fils eft Gouuerncur, il fe retire le plus fou- ucnt auec congé du Roy laiffant .la^charge qu'il a. Ceux qui ne font pas fi proches parens, s'habillent l'efpace de quelques mois de linge creu leind, & pa- reillement les autres parens, & amisa mais c'eft feule- ment iufques à ce que le deffund foit enterié. Voila ce oui fe peut dire toucha/it leurs enterremens. Encore que les coftaux abondent en vignes.l'on n'y faid toutesfois point de vin de raifins,comme pardc- ca:m^isils ontaccouftume de confire les grappes, ôc en faire referue pourl'hyucr. En échange ils tirent vn fuc de fort bon gouft d'vne herbe nommée Chia, qu'ils boiuent chaud, comme font les laponois.Cebreuuage Quant aux falucations, le menu peuple y procède ainfi, ils ferment la main gauche , & la couurent de la droide.puis portent plillLU S fois la main à la poidri- ne, accommodant Us parojf s h la contenance , mon- ftrant qu'ils ayment paffionnement l'amy qu'ils faluér. Les riches & principaux font vnc profonde reueience étendans &courbans leurs bras en forme d'arc, puis en trauerfans les doigts des mains les vns entre lesau- tres,& auec beaucoup de paroles de comphmens s'ef- forcent de furmonter en courtoifie. Ils ont efté fi m. duftrieux, qu'ilsont fait que les fourneaux de leurs forges n'Ôt bcfoin d'hôme qui hauffe & baifleles lout- flets veu qu'ils ont inuenté certaine forte de tuyaux li bien agencez , Ôc rcccuans l'air de quelque creux par boiuent cnaud,commeronncMdpui]ui5.^cuicuu<.yc u.^.. — 1, AmP*. vent les purge de phlegme,de pefanteurde tefte, de chaffie, tels contrepoids, que.ama.s 1 s n ^''f l^' l^^^^^^ ScL m^ald'yeuxf ôc decefte forte ,1s viuent longue- L'imprimerie. l'artillerie, la - - . . très choies appartenantes aux œuures,ont cite en viagc al d'yeux : incnt,fans eftte iamais pr^qu«s malades. Pour lemcdier en quelque» forte aux véhémentes chaleurs dcrEftc , ils s'aydent du moyen qui s'cnîuit: ils crcufentaflez auant en terre quelque caueaux , d'où ils donnent air en tous les endtoidsde leurs maifons, fort, ou foible, comme bon leur femble,aucc vn mcr- ueilleux artifice. Ils comptent leurs annéespar douze lunes, de forte que de trois en trois ans ils adiouftent vn mois lunaire à leur année, & commencée l'an à la nouuellc lune de Ma. s. Ils font lots vnc folenjinellercjoiiytrancc, com- me autii le iour de lanaiii|itc^qu ils cclcbr.cnc auxmai- en h Chine il y a ja quelques fiecles,tcllement que l'o- nome furpaffc toute mémoire d'homme.Leurs Anna- les racontent que le premier Roy du pays étant grand Magicien, a f ftc inucnteur de l'artillerie , & autres iji ftrumens de guerre. • c " Ils ont vncmucntion en faid d'artilieric d^^ mn- dre certaines qui fe démontent par pièces qui ionc ayfément portées par <îes bfftcs de voiture,on des.pof. te-faix au lieu que I on dchrc.Ils s'ayfient de longues feuilles de papier fin au poff.ble,titam les lignes, do» delà gauche àla droidc comme les Criées,, Lacjns,*<ï: » ■ autre'- de la CI aiJtres peuples de i'£urope,ny de la droiéteà la gauche, comme les Hébreux, Turcs, Arabes, & autres: mais du haut dela pageen bas. Leurs lettres r'eircmbient aux hieroglifiques des Egyptiens.chacune fignifie vn mot, & par fois les périodes , voire les (cntences entières. De là vient eue les Chinois , qui pour élire éloignez les vns des autres , à caiife de la grande étendue de tant dcProuinces : ont diuers Ijng^ges, entendent bien toute^foiscequi eft contenu dans les liuresimprimcz, Oatt< le langage commun an pcuple,& pirticulicr en chaque Prouince, les hommes fçwans en ont vn qui leur eftpropre, ils l'appellent le Mindirin , quieil fa- milier aux courtifans , aux Secretaircî, aux (utifcon- fultcs,aux luges, & aux Magiftrats. En leurs voyages, outrcles montures dedifterfes façons,ils Ce feruenc de litières Se carroires traifnéî : pit deschîuaux attelez, ou bien de cliaciots à vent dont nous auons pirlé ■ cy dclfas. Ils nourrilFeat foigneufe ment des oyfeaux.aufqueU ils apprennent à parler à fauter en diuerfes fortes , Scies parent, & habillent fantafquement,outre leurs couleursnuurelles. Leurs équipages de maiine fontprefque incroya- bles : ils ont leurs grands vaideaux appelles lonc . qui- ncvontqn'i voile-Auciiris d'iceux fonc équipez pour la guerre, ayans en pojppé Se en prôiie des hauts cha- UeletJ : les autres fonc plus bzs, 3c leur fement à porter les marchandifes,& macicfcs pelantes. Ils ont encorcs d'auci^s vaiffeaux nommez Lantes, Bancons , & Longs. Chaque Lance vogue 'à douze grandes rames , fix dVn cofté, Se fix de l'aucrc , Se en chaque banc il y a quatre, ou fix hommes pour tirera la rame.Le Bancon n'^n a que la moitié autant. Quant auxLongs, ilsotit quclque'rapportauee nosgaleres, mais ils ne font propres que pour aller fur les riuieres. On void d'autres vailfeaux qui ne feruenc prefque qu'à l'ebatement des riches au long des riuagcs , ayans les pouppes , les chambrettes , & les feneftres treilliffées, «^les-portiques tous garnis , Se couucrts d'or & d'ar- gent , puis des jardins de plaifance au haut dcîvaif- feaux , prefqûeen dcfpit de la mer. Ils godronncnt leurs naUires de certaines matières fort propres à empêcher lavermolure. Se à tueries animaux qui percent le bois. Pour épuifer vn lonc ils y appliquent en dedans près du tillac vne pompe gar- nie de plufieurs petits vaifreaux aucc tel artifice.que le premier qui fe trouue là,remuant doucémcnt fes pieds l'vnapres l'autre, mec en peu J'heuresia fcntineà fec Il dcm eure lurles riuieres > & dans les batteaux plu- fieurs familles encieres : les vns y trafiquenc , les autres y cuifincnt,& nourrilTent les palTans, les autres y exer- cent diuers mefl:icrs,&pour conclufionrien nedefaut à laviehumaine en ces maifons flottantes ; tellement qu'on y tronueautâc decommoditcz qu'aux villes af- fifes' en terre ferme. On trouiie dans ces batteaux des gens qui nourriflent force v(vlaille,fur tout d'es canards à grandes troupes, ce qui leur eft ayfé , d'autant qu'au lieu de bailler les œufsicouuer à la femelle, ils lés ac- commodent proprement en des lieux chauds, qu'ils font cfclorrc autant de petits que bon leur fcmble. La nuiâvenu'c, ils ferrent toute leur volaille dans les batteaux, & dés lepoinâ: duiour ils leslafchent pour aller paiftre aux campagnes pleines de riz ; Se lors pour le grand foulagemcnt des payfans , ces belles fe nourrilfentdes herbes qui nuifentau riz femé. Sur le foirau fon d'vne cloche, ou d'vn tambour, ils retour- nent en volant dans leurs batteaux. Les barquettes Se nalTeiles fouriiilTent à ceux qui habitée en terre ferme force pciilfon d'eau douce, & de mer aufE.en celle force : Au Printêps lors que les nei- ges Se les pluycs font enfler les riuieres Se que les ■poiflbns de mer accouréc par croupes aux embouchu- tcs d'eau douce poui fraycfplus à l'Ayfe,ojï void venir line. I des concrées voifînes force gens alléchez dugainqui Ce \ prefêncent en la pefche qu'ils fonc aupc les filets. Les pefcheurs d'eau douce acheptent lors*à vil prix force bons poi[Comde^ mariniers, puis enferment leu'- em- ploite dans des nalfcs proprement couuertcs , Se cm-' paquettéesde parchemin poi/fé. Se changent fouuenC d'eau. Se baillent fouoent quelque chofe a manger k leurs poiffcjns.les tranfportenc auant en terre fermc.oU ils les déchargent en des referuois, viuiers & larges follez des villes, où l'on les pefche pour fournir du- rant toute l'année les cables des riches. Pour les pren- dre ils ont vne adreife bien gentille enCre les autres> ils nourri Ifenc des corbeaux marins.ou plongeons pri- uez , fort grands fSc accouflumezà viurede poilTori, tefqucls ils lerrent par le co! d'vn laz courant vn peu lafche,tellement qu'ils peuuent engloutir vn poiflTon. mais non l aualler.Lors qu'on lafche ces corbeaux ain- fi equippez.on les voit plonger auec vne addrefife mer- ucilleufï au fond de ces viuiers& foflez , où ils pren- nent les poiffons, puis s'en retournent d'où ils otic efté !afchez&, lors on peut ofterlaproye. C'eftàquoy les Mjgiftrats palfent volontiers vne partie du temos.On a peu voir Cfs années palfées à Fonfaine bleau frre le mefmeà des Cormorans gouuernez par des Anglais,- àquoycoute la"Gour prènoit grand plailîr. Il fe trouue beaucoup de Chinois qui s'addonnent f?rc à l'étude , mais peu fe rangent à la Médecine, à la Philofophie Sek l'Aftrologic". Ils Ce tiennent promelTe autâr. que la neceflîcé de com.'nerce.& l'opinion qu'ils ont de s'enrichir au defada:înt3ge d'autruy, le peut porter. L'étranger leur e!l fufpeâ: &c odieux , & ne le veulent , ny loger , ny fréquenter. S'ils fonc prelfez de debces, ils vendent leurs enfans pour fe dégager , oa bien en fôc vn courtage infâme Se deteftable. Au refte ils ne prifent rien que leurs inuentions.donc il fe van- tent auec beaucoup de babil , difans qu'ils onc deux yeux, & que ceux d'Europe en ont vn, Se cous les au* très font aueugles. Qjiand quelquVn de bafle condition va parler à vn ii Loycia , il fe mec à genoux dés qu'd encre en lâ fale où ell le Loycia en bailsâclacefte Se les yeux concre cerre. Se va couliaurs à genoux de cefte force ,iufques au mi- lieu de la fale, où il s'arrefre&faic fa-cequcfte auec vne voix fore hij#mble , ou la donne par écrie , puis ayant reccu fa léponce, il s'en retourne à reculons coufiours à gcnouXjiafques à cani q.i'il foit dehors, fans tourner iamais le dos au Loytia. Et fi quelques vns du peuple trouuentpar la ru'e quelqu'vn des principaux du pays, ou quieft en dignité, ou noble, ils s'arreftent inconti- nent de pied ferme . &: s'attendent en mefme lieu en baiifant la telle, & auec vn grand filence.iufques à tant qu'il foit piCCéySe s'ilsy manquoient.ils feroientfur le champ fuftigiez bien afprement. Quând l'vn vavifiter l'autre, celuy quieft vifité fort iufques àla rue accom- pagnant celuy qui l'cft venu voir. Ils vfent auffi d'v- ncfaçfon de faire fort étrange, qui eft que fi par fortu- ne quelqu'vn de dehors , ou bien delà ville les vient voir,& fi lors quel'oxi appelle à leur portcou quel'ôri tfouue parmyla ruëccuxquc l'on va vifiter , ne font pas bien en ordre,encore que celuy qui les vient voir parle à eux , Se foit leur plus proche parent , ou cognU de longue main , toutesfois ils ne répondent vn lèul mot,ôi nefont femblant de le voir, ny cognoiftre, ainS Ifiy tournent le dos , &s'en vont de ce pas chez eux, où ils prennent promptemcnt leurs plus beaux habit?; puis ils fortcnt dehors pourrcceuoir celuy qui les viéc voir, auec auffi bonne mine, que s'ils ne l'aucicnt vea auparauant, ny faidt tout cebadinage. Ils font grande caicfle à leurs hoftes,en IcUr donnant aufli toft la col- lation aucc force fruids Se confitures , &lcur'faifant boire d'vne forte de breùuage dônt ils vfent générale- ment par loue le Royaume, qui eflifatitdc certaines herbef 7 8o herbes médicinales, propres pour conforter le cœur Cette cérémonie fe pratique auflî entre les voifins quand ils fe vifitent. Mais quand il aduient que quel- qu'vn d'vn lieu rencontre vn autre dehors lequel il Cognoift,ou vn qui eft du mcmelicu» iftais qu'il h'aura pas veu depuis quelque temps j incontinentji lluy de- mande s'il a beu & mangé, & s'il luy dit que non, il le meine dece pasàla plus prochaine tauerne, où il le traide magnifiquement, car en tout ce pays il y a bon moyen de ce faire , à caufc qu'aux places , & rues des villes, & aux faux bourgs mefmes , il y a beaucoup de tauernes où l'on faid grand chère , & à peu de frais, à raifon des viures qui y abordent , ôc font à fort bon De l'Eftat du Roy marché. Que fi celuy de dehors répond à l'autre qu'il j Hyuer &treuuent par expérience qu'elles en ontvntrauail plus doux. Apres renfautcment , elles lauent incontinent l'en., fant d'eau froide , & ne noutrilTcnt la mcre que bien petitement ôc légèrement, au lieu que la couftumc de nos accouchées eft de fe traiétet largement & deli- cieufement. La manière de leur repas eft telle, chacun afa table à part, fans nappe ny feruiette, ils prennent leurs vian- <^es aucc deux pièces de bois comme les Chinois , ils boiuent leur vin fait de riz iufques às'enyurer. Apres difner on leur met vn pot plein d'eau chaude , la- quelle ils boiuent toute bouillante tant en Efté qu'éri. i déjà beu ôc mangé, il le meine en certaine boutique oàil y a tout plein de confitures, & telles autres frian- difes .& luy donne en ce lieu la collation fort libcrale- Lc%Turcs tiennent prefque vne même maniereau breuuage de Chaone,lequel ils font de certains fruits fembbblcs à la graine de laurier, lequel breuuageeft fer , à en chalfericB vents , Se faiic couuetiâre aux ob- ftrudions. aues .oc luy aonnc en ce lieu la CU11.411U11 iwii iiuc.».v o n i r \ c n. ment.lls vfent aulfi d'vn fort grand rcfpea à l'endroid | par les Egyptiens appelle Bon ou Bari , dePque s fruidts des femmes tant étrangères , que du pays, de quelque i Us prennent vne liure & demie , & ecant quelque peu qualité & condition qu'elles foient , fpecialementà ! f.cs, les font moyennement bouillir en eau du poids l'endroid des mariées, tenant pour chofe du tout blâ- 1 de lo. l.ures.ils prennent tous Us marins en fe leuans mabledeleur dire des parolesdes honncftes,& dene ; ce bieuuage tout chaud en pots de terre, de même les faluèr , ny leur f«re place quand elics patient par la j nnaniere que nous beuuons l'eau de "'^y" ' « ^ r T tiennent qu'illcrt a conforter l »ftomach,&lechaut. Il ya vne inimitié extremeentre les laponois&les Chinois.dont la fourceeft telle. Uy a longées années qu'vn Roy de la Chine ayant découuert quelque coniuration defes amis, fe reiolut d'en prendre vne rude vengeance, & en auoiifait mettre déjaà mort plufieurs des principaux, auecre- folution d'en faire autant de tous les autres complices. Mais les Gouuerneurs &Magiftrats, amis& parens des Coniurateurs interuinrent , & allereni trouuer le Roy , & lefupplierent de vouloir changer Icfupplice de la mort en autre peine remonftrant qu'il y auoit des Ifles incogneuès, efquelles fi on les relegaoït , cét exil Içur feroit autant ou plus dur que la mort, Ôc parce moyen le Roy modérant fa iuftice aucc clémence , fe- roitgrand plaifir & faucur aux innocensqui écoient en peine pour leurs parens coulpables à quoy acquief fant le Roy,il enuoya le refte defdits Confpuateurs au lapoujoulafemence de leur haine.ainlî que de leur ra- ccn'a peueftre éioulFéc: car encore auiourd'huy les laponois font des couries en laChincoùiU pillent & rauagent tout ce qu'ils y trouuent , & n'ont aucun commerce auecles Chinois, finon par l'entremifcdes Portugais. Pour la pliîs grade inimitié,eft à remarquer ladiucr- fuc de leurs humeurs entièrement contraires aux ma nieres de viures des Chinois, l'ennuyerois le Ledcur fi ie voulois dire tout ce qui en cft , l'en diray feule- ment quelque chofe. Au lieu que les Chinois baificnt la tefte, & joi- gnent les mains en faliiant ceux qu'il rencontrent, les laponois au contraire déchaulTent leurs fouliers en fi- gues d'honneur. Au lieu que les Chinois receuans leurs hoftes fe tiennent debout, les laponois les reçoiuent alîîs, & reputen: àgrandc inciuiluéfc tenir debout quand on faid accueil à qnelqu'vn. Au (brtir de la maifon , au lieu que nous prenons noftre manteau , eux le mettent bas s'accouftrans de chaulfes fort larges ôc flottantes. Us s'étudient à noicir leurs dents , tenans pour lai- des les blanches &les cheueux blonds , au contraire des autres nationsziacuulcur blanche leur eft couleur de deuil , & la noire de ioye . la mefmecontfarieté fe void aux femmes, quand elles cheminent elles font aller les valets derrière, & les feruantcs deuant elles àt,ebours denous. Lors qu'elles font enceintes , elles fe ceignent foi t cctoidemcm , n'cftans le refte du temps guère feriéc^i Ktchejjès, ON peut alTeurerque ce pays eft vn des plus ri- ches, ou pour mieux dire, cft le plus riche qui foit au monde, veu que toutes chofes y abordent en telle forte, qu'outre la prouffion des Chinois, ils ont cncor dequoy fournir les terres voifines & éloignées. La cofte de la mer. qui eft de grande étendue , a beau- coup déports, ôc de havres fort commodes pour y re- ceuoir , &enuoyerhors toutes fortes de marchartdi- fes. Leshabitans amaftent de plufieurs mine' grande quantité d'or,d'argent,& d'autres métaux. On tire de la Chine vne grande quantité de perles , de vafcs de porcelaine, de fourrures precieufes, de lin, de laine.de cotton , de foye, & de toutes fortes d'étoffes ; comme auflî forcqfucresmicl cire.rhubaibe, camphre, vermil- lon, 6i paftel poui les teindures, corne auffi du mufc, qu'ils ont en abondance. Quam aux reaenus du Roy de la Chine , on tient qu'ils montent à fix vingts mil- lions d'or toutes lesannées . qui eft bien vne fi grande forr.me, que ce grad ôc riche Empereur Vefpaficn n'en amaflaiamais tant en toute fa vie. le fçay bien qu'il y a beaucoup qui en doutent, mais c'eft chofebien aue- rée , que du fcul port de Canton, qui n'eft pas des plus riches &: renommez de la cofte maritime ,lt Roy tire par an quatre vingt milles écus de la gabelle du fcl» ôc en vne autre petite proche , plus de cent mille ef- cus dedilnaes feulement. Ainfi il ne faut douter qu'il n'entre annuellement aux coffres du Roy des mon- ceaux merueilleux d'or ôc d'argent, fi l'onconfidere retendue de tant de Proumces , le grand nombre du peuplcles contributions pour chaque tefte & porte.les peagesdes matchandifes.les difmes de toutes fortes de fruidsje reuenu des mines,& les autres aydes, tailles, impofts, & fubuentions. Mais afin d'informer le Le- deur.il fera à propos de fpecificr,& déclarer mieux par le ri.enu toutes chofes. k^our venu ànoftrebut, il faut voir le nombre des tributaires qu'il y a en chaque Prouince, dont les Ofticiers du Roy tiennent regiftre par deuers eux.Rurt de leuer les tailles & irupofitions ; 3: aueccela il fauç remarquer qu'il y aautant de gens qui ne paient rien» qu'il y en a qui payent,d'autant qi^e nul des Lcytiasi^^r des officiers de iuftice n'y eft taxé , non plus quelesfoL datk>uiu de mer que de (cite,(^ui en funt tpus exemps. Venant de la Chine. Verant Jonc à nortre pbinâ , ic disante ceux qui fe fgnt mcUz-d'en ccrirc,& l'ont (ccu fur le pays , ou appris de quelques relations afFcurées , qu'en laPro- uince de Paguk le Roy a i. millions704.millc hom- mes qui luy payent tribut,la Prouincc de Canton trois millions fix cens mfUc , celle deFoquien , deux mil- lioni+oy. nnillc:cclle d'Olam,deux millions deux cens quarante mille , celle de Cinfay, trois millions treize cents quatre vingts millccelle deSufuan.deuxmilliôs cinquante mille , celle de Tolancia, qui cftlaProuin- ce où le Roy demeure , fix millions quatre vingts dix mille, celle dcCanfay deux millions i5.censj-. mille, celle d'Oquiam, trois millions huiél cens mille, celle d'Aucheo, deux millions huia cens quarante mille, celle d'Honan , vn million , deux cens mille, celte de Xanton, vn million neuf cens quarante quatre mille: celle de Quincheu deux millions 34. mille : celle de Chequcam.dcux millions 200 quarante quatre mille. & celle de Sanci j, qui elHa plus peti te des if . Prouin- ccs , vn million fix cens foixante douze mille Se cinq cens. Outre Icfquellcs richeircs & reuenus dont le Royaume de la Chine eft en polTeffion, il tient en chaque ville capitale du pays fes threfors cachez, 6c amallez de long- temps. Or le tribut ordinaire qui eft deirpar chacun d'eux qui a feu, & lieu, eft de deux mafcs l'année, qui eft vne efpece demonnoye vallant autant que deux realcs d'Efpagne. Etquoy que ce tribut foit fi petit, & que les toycias qui font vne bonne partie du Royaume,ny les Gouaerncurs & Officiers, ny pareillement les Ca- pitaines & foldats , n'en payent aucune chofc : toutes- fois la multitude du peuple y eft fi grande , que feule- ment ce qu'il donne pour la dcpcncc delà perfonnc du Roy , & de fon Palais , auec ce que valent les droits des douanes, ports ,& autres rentes , en ne comptant point ce qui fc paye aux morte payes , gensdegarni- 'fon , & autres foldats du Royaume, nyaufficequi s'croploye à la réparation des murailles des villes, cn- femble les frais de toutes les armées de mer , & de ter- re, auec les gages des Gouuerncurs & Officiers délu- ftice.qui n'entrént point en ce ^ptc : il demeure au Roy de rcucnu ordinaire ce que lemettray en ce lieu, quiaeftctiréduliure®iftrede fes comptes. Et en- cote les Chinois difent que c'eft beaucoup moins que ce qu'on luy paye auieurd'huy, & que ce compte eft du plus viefl temps. En fin or de 17. à 22. carats, on luy donne 4. mil. lions deux cens 56. mille,neufcensTahes,dont cha- cune vaut dix rcales, &Z4. marauedisdeCaftilIe, Ip marauediâ valantenuiron vn doubîe tournois deFri- ce.En argent fin 3. millions,cent cinquante trois mille deux cens dix- neuf Tahcs. Les perles qui font en grÉ- de abondance par tout, combie qu'elles ne foient guc- ics rondes , luy valent ordinairement deux millions fix cens trente mille Tahes. En pierreries de toutes fortes, &trai(Si;es des mines, vnmillion quatre cens foixante & dix mille Tahes.En mufc&ambre.vn mil- lion & 35. mille Tahes :& en porcelaine quatre vingts dix milles Tahes, Outre ce,lc Roy a pat tout fon Ro- yaume beaucoup de terres qu'il adonnées à fes fujets, àla charge de luy bailler vne partie de ce qu'ils y re- cueillentjou qui y croic,&pour cette caufe i\s luy pa- yent ce qui s'enfuie. En riz,qui eft la viande & nourriture du Royaume, & des circonuoifins, 60. millions cent foixante (^on- ze raille 832. mefures. En orge vijjg . neuf œiiliors 391. mille neuf cens quatre vingts & deux mefures. En froment trente-trois millions fix vingts mille deux cens mefures. En fel vingt - cinq millions trois cens quarante mi lie quatre cens mefures, qu'il recueille ep fes iâlines, ôc dont il reçoit vn tres-gcand reuenu cous les ans,. En bled appelle maix, vi igc millions deux 78. cents cinquante mille mefures. En milJet vingt quatre millions de mefures. Ën panit quatorze mil. lions & deux cens mille niefure*. Puis en Autres grains, & diuers légumes 40. millions i Ôcà ou bien il y en- uoyequelqu'vn qui luy eftfort affidé : &l'onneles peut onurir le matin iufqu'à ce qu'on ait recogneu le mefnoc cachet, & qu'on foit bien affeuré qu'il eft en méàk eftat qu'on l'auoit laiffé le foir. De forte que fi quelqu'vn veut aller hors la ville , ou faire quelque voyage en diligence , il fort le foir atiantqu'on ferme les portes, & va loger aux faux bourgs : autrement il luy eft impoflîblc de partir de bon matin, pource qu'elles ne s'ouurent qu'après le Soleil leué. Ils pofent de nuiûles fentinelles , ôc les changent a leurs heures* il y a toufîours des gens qui vont faire les rondes auec vn nombre de foldats. Et afin de tenir les villes en plus grand repos , il n'eft permis à aucun de porter armes ofFenfiues , ou deffend'ues fi ce n'eft aux gens de guerre que le koy entretient, & né leur eft permis d'en auoir en leurs maifons , ny d'en porter fur les champs. Outre cela le Roy tienten la ville de Ta- bin,autrcment Suntien, & pareillement aux villes cir- couoifines,vne grade awpée de g(yxs de pied &de che- ual , dont il fe fert pour futucnir aux ncceOîtez qui pourroient arriuer en ces lieux, & auiffi pour la garde, feuretc & majcfté de fa pcrfo.nne.. Les foldats de ce Royaume font de deux fortes : les vns font natifs des villes , à la garde defquellcs ils foht cftablis, 8c ceux-là s'appellent Cumen leur langue. Ils fu.cccdent à ces places de foldats de pereen fils, Se Ci quelques vns viennent à mourir fans hcritiers,1e Roy en met d'autres en leur lieu. .Chacun d'eux a fon nom écrit envn créneau desmuraînesioiiiil eft obligé d'al- ler s'il vient des ennemis contre la ville. Les autres foldats font éuâgers& ordonnés par mois,ouparan hées, & ce font eux qui font ordinairement les fenti- nelles, & qui rcçoiuent & accompagnent les Cspitai^ hes,& outre ccfont fuiets d'aller par tout où l'on leur fioœmâde, & ceux-cy s'appellent Pon en leur langue. Chaque compagnie de mille hommes a vn Capital, ne&vn Porte-enfeigne,& chaque centaine de foldat femblablement vn Capitaine, & vn Porte- enfcigné qui defpendent des autres : & partant pour fçauoir le nombre des gens qui font en vnegrandearmce , iînc faut que;regardcr & conter les enfcigncs de raille hommes qui font fort cogncuès.Chaque Capitaine tàt de cent que de mille hommes, a vne maifbn baftie fur la muraille, & fon nom eft écrit , & c'eft en ce lieu qu'ils doiueot demeurer tandis qu^a guerre dure.Les Capitaines font faire tous les mois l'exercice aux fol- dats, tant en temps de paix que de guerre , & leur font apprendre à feruirpromptement , & auec addrclTc des armes dont ils vfent,qui font ordinairement arquçbu- fes, piqUcs, rondelles , coutclats, baguettes fcrréîS, & d'autres faites en demie lune , haches d'armes.dagucs & cuiraffes. Les gens dé chenal ont quatre efpces pendues aux arcons , & combattent de deux à la fois auec grande dc'xterité.Us ont de Côuftume d'entrer en bataille ctans entourez de beaucoup de fcruiteurs& doméftiques à pied bien armez i Se équipez le mieux qu'il leur eft poflîble.Ces gens de chenal font rufcz& expersau fait de la glierre auffi bien que les gens de pied, 6c fçiuent vfer de beaucoup de ftratageraes, & fe ^ruent degrâds enginsàfeu» & principalement de certaines boliettes de feu pleines d'aiguillettes de fer , ôc de longues fîe- chcs faites de poudré à canon , auecquoy ils font vn grand dommage à leurs ennemis. J^cs gens de chenal combattent auec des arcs, des fl:ches, ôc des lances, &c auec les deux cpées que nous auons du,& quelques vns portent encor des arquebu- fesjUs neiçauét pas bien manier leurs cheuaux, à caufc qu'ils ne leur mettent en la bouche qu'vn fer qu) leur feu de mors,& pour les faire aircfter ils les tirent auec vneiefne > en viant de cris Si de.foiicts qu'iU portent. Leurs fcUcs ne font pas bien faites, & préfquc toiià font armez à la légère, & mauuais hommes de che- ual. <- . , ' Quant à la mer, le Roy y vfe defnefme foin qu'il fait fur la terre, & y lient ordinairement vn grâd nom- bre de flottes auec^, leurs Généraux & Capitaines qal gardent foigneufement les coftes de tout !e Royaume; Ils payentfort bien leur gendarmerie, lantde mer qué de terre , & ceux qui fe portent vaillamment font te^ compenfcz félon leur mérite. Quand les Chinois préii; nent quelque prifonnier en guerre, ils n'ont accoûtUi mé dé le tuer, ains le font feulement feruir de morte- paye aux frontières qui font loing defon pays, auquel lieu il eft foldoyc dli Roy comme les autres.Ccs foU dajs portent tous des bonnets rouges , poureftré diftinguez des autres:& (^uant au refté de l'habillemét* ils ne différent point des Chinois, & ceux qui font aufîî condamne^ poat. quelques crimes à feruir les f^iontiercs, portent femblables bonnets rouges. Il refte maintenant de traiiter en particulier (les gens de guerre que tout le Royaume en gcrreral , & chaque Prouince entretient ricre foy. Il y a commé i'ay ja dit , en la ville capitale de chaque Prouince vil confcil de guerre composé ^de quatre Côfeillers Se vti Prefident , qui font ceux qui doiuent auoir foin.dc li conferuation & defence de telle prouince; Ils fonÉ I appeliez entr'cux Capitaines, &fJouruoyent detbuS officiers , 6c déroutes munitions de guerre qu'il! enuoyent aux lieux qui en ont befoin. Etafinquç rieti ne manque en. ce fait, ceux du Confeil des finances on| charge de leur bailler tout ce qu'ils dehianderont fané aucun delay. Le nombre des gens de guerre qu'il y auoit en chaque prouince l'année 1577. lors que leP; Martin Herrade fut en ce Royaume, qui fut en tempâ de paix.ctoittel qui s'enfuU; . ^ . En la prouince de Pagu^a, où le Roy fe tiéntordU nairement , il y auoit deux milhons ijo. mille hôm* mes de pied, 8c 400. mille hommes de cheuah Èn ccU le de Canton uo. milles hommes de pied, & 4c;mil- les dechcual. En celle dcFoquien JS. milles , & ^oOs hommes de pied, ^2.. milles quatre cens de cheuah En celle d'Oian 1 "milles hommes de pied , Sc i pource que le lapon étant diuiféen plnfîcurs Ifles Se Principautez , qui font prefque toutes de mau- uais accord, ils ne pcuuent aller contre les Chinois qu'enpetit nombre. Toutesfois ils font plus coura- geux & mieux aguerris que ceux de la Chine. D'autre part ce Royaume confine auec les Philippines polTedez par les Efpagnols , quj font fufpeds en ce pays - là Se non fans iai(on,veu que les Philippines font affifes en telle fortejqu'elles font capables de donner beaucoup de peine aux Chinois.Us ont auffien mémecôfidera- tion les Portugais, qui font pareiUet^êt fuieéls au Roy «fErpagne. Toutesfois le Roy de 1^ Chine leur à per- inis de s'arreftcrpour raifon^ trafic en la petite Ifle de Macao, où ils ont fodé vne c6lome:mais fort terri- ble,pource qu'ils font entièrement fujccs à la volonté des Chinois,qui fe deffiâs d'eux pour l'amicié & intel- ligence qu'ils ont«ucc les Efpagnols des Philippines, leur rcftreignét tous les iours la liberté du trafic,& taf- chent de faire que de leur bon gié ils ferctirént aux ludcs. Gouuernement, LAgrande étendue de toutes ces Prouinccs que nous auons defcrites cy-dcflusjeft fous la domina- tion d'vn feul Roy, Se les Chinois ne fçauent quec'cft de ces noms deComte,Marquis,ouDuc,ny ayant pcr- fbnne autre à qui l'on payeimpoft n y gage. Le Roy- donne tous les offices, & laNoblelTe même, il eft non feulement reueré comme Koy , mais adoré prefque comme Dieu. Cecy fe void en ce qu'en chaque pro- uinceilyavnportraiétduRoyqui efl^d'or > &tou- fiours couuert d'vn voile, finon qu'aux nouuelles Lu- nes, auquel temps les Magiftratsfe vont' mettre à ge- noux deuant luy comme deuant le Roy même. Ce qu'» abbat extrêmement le courage des peuples, & les rend pluftoftefdaues que fuietsde leur Prince, Il ont des loix écrites depuis plus de deux mille ans, qui font demeurées en mémeeftat qu'au comna^nce ment, ainfi que les Chinois le œamtienneni.Et pour ce que telle iurifprudence eft la porte poui enuer an?, honneurs & charges publiques, plulîeurs y étudient i bonccient; &nefont quedifputcr • tt'tax d'afFaiics politiques,& des moyens de bien gouucrner l'Etht:^ quand l'occafion s'en prefente . ils s'en enquiereni ^oigneufemenC..dcs étrangers qui arnuent en leurs 7h ports. Le Roy entretient de ProfelTeurs prefque en toutes les villes. On choifit aux petites écoles les enfans , & ieunes hommes bien auancez, qu'on cnuoye aux Académies, où il y a des gens qui prennent foigneufementgardeà ' eux : & s'ils découurent quelque.? écoliers débauchez, ou pareiïeux , ils fe contentent pour la première fois d'vfer dç remonftrances Sz reprimendes.les chaftiem à la fecon^e,&àlatroificme les chaffcnt ignominicufe- ment : & d'autre part loiicnt, Se encoiiragtnr ceux qui font bien leur dcuoir. Dauantage , les Vifiteurs or- donnez par le Roy, font de trois en trois ans la publi- que vifite des Académies , où ils font des promotions folemnelles. Lors que quelque Vifiteur a acheué la vifite de la i Prouince,il fait faire vn cry publicpar lequel il ordon- ne que tous 'les écoliers qui veulent prendre le degtc deLoytiarqui eft autant que ccluy de D^deu rentre nous, combien que le mot de Loyrias fignifieenleur langue vn Cheualier, ayent à fe trouuer en la ville ca- pitale. Tous étans doncalTcmblcz au iour aflîgné, Se fe piefentans deuant le Vifiteur , il fait vne lifte de tous &determineàquel iour fe doit faire leur examen. Ce iour étant venu, le Vifiteur inuitetous lesLoytias de lettres qui font en la ville, & après le feftin ils font en- femblc l'examen à toute ngueur,interrogeant les éco- liers fur toutes chofes, & Spécialement fur les Loix & Ordonnances du Royaume, félon lelquciles lU cioiucc iuger &gouuerner. S'il en trouue quelques vnsfca- uans, & outre cela s'il foit qu'ils font vertueux il les niet par lifte, & leur aflîgue le iour auquel il leur doit donner le degré , ce qui a de coutume de fe faire auec grandes ceremoniesv& deuant plufieursperfonnes, en prefênce defqucis le Vifiteur leur donne au nom du Roy les marques & en feignes de ce degré, enîcmble le nom & tiltre de Loytias:& ces marques font vne cein, turc garnie d'or, ou d'argent,& vn chapeau qui a deux fanons pendans par dc.r#iere. Et combien que les Loy- tias , autant ceux qui le font par le moyen des lettres> que ceux qui le font par la voye de? armes, ou de grâ- ce du Roy , ayent tou^ le même nom & tiltre de Loy. tias , fi ne font-ils en pareille eftime & authorité:Cac ceuxdq Cortfeil du Roy , enlèmble les Gouuei neurs Vice- Roys,&yifiteiirs,le font degracedM Roy en re- compenfedc quelques fefuices. Ces derniers neioiiyfl fent pas de plus grande franchife, ou noblelTe, Se n'ont point plus d'honneur que les autres Loytias,& d'iceux il y agrand nombreen chaque ville. Il y en a encor d'autres en grande eftime qui font mis au fécond degré , Se ce font ceux qui paruiennent à telle dignité par la difcipline milixaircétans faits tels' par les Généraux, qui en ont le pouuoir du Roy après qu'ils ont fait preuue de leurs perfonnes en pieftfncc des témoins dignes de foy On donne à ceux- cy outre le tiltres.dcs moyens pour s'entretenir honorabieiriét» & auec profit : & cela fait que tous les foldats s'cftcr- cent de bien faire pour receuoir ccfte recompenie. Quant à leur manière de pourmener le gradué par la ville eft telle. Au iour affigné pour donner le dcgré,tous les Loy- tias s'alfemblent derechef auec le Vifiteur en la mai- fon , & la fais Royale , où ils ont faitTcxamen étans tous bien en ordre , & vcftus de. leurs plus beaux ac- couftremens, & côme ils [ont ainfi alFembleïi on voit entrer ceux qui Moiucnt receuoir le degré qui font en chaunesj& en pourpoint, ayant chacun aeuantéux vn .ariain,auccles n.arques qu'on doit donner au filleul, iîfquelles marques chacun d'eux dsmâde aux Vifiteurs iiicc grande humilité en fe mettant à genoux.Surquoy eVifiteur leur fait faire le ferment en cette lorte: Qu'aux Eftats & Offices qui leur feront confé- rez , ils fe porteront ca gens de bien , faifansiuftice V u a X égale 784 cgilement à toutes petfonnes, & ne receurom aucun prefenc:& qu'ils feront fidelles au Roy, fans confentir iamais à aucune trahifon contre luy,& pluficurs autres chofes aûfquelles ils s'arreftent affez long-temps. Le ferment étant prefté.le Vifiteur parlât à eux en la per- fonne du Roy, leur met les marques &enfeignes fuf dites: & en même temps les embralTejétant fuiuy en ce- la des autres Loytias qui font prefens. Apres cela ils fortcc de la fale en bon ordre, & lors on fonne les clo- ches de la Ville , qui font bonnes & en grand nombre par tout le Royaume,& en même inftanton tire beau- coup de pièces d'artillerie : quoy fait ils meincnt pro- mener les nouueaux graduez par toute la ville auec bonne côpagnie,& comme ie diray prefentement. En premier lieul'on void marcher deuant vn bon nom- brede foldatsauec des tâbours, des trompettes& au- tres inftrumcs de mufique,& après eux force maffiers: puis les Loytias à cheual, ou dâs des chai res couuertes, tous en râg, Apres on void marcher les parrains,& der- rière eux les nouueaux Graduez en chaulTe&pour- point,montez fur des beaux cheuaux blanci tous cou- uerts de richei houlfes de toile d'or, chacun d'eux porta- vne liurée de taffetas fur l'ép3ule,& fur la telle vn chapeau qui a deux fanons pendans par derrière, comme ceux qui font aux mitres des Euefques.Sur ce chapeau il y a deux bouquets qui font d'or,ou d'argct doré, faits en façon d'vne branche de palme. Deuant chacun d eux on porte fix enchalTcures de bois, chacu- ne portée par quatre hommes, & la dedans eft tendue vne pièce de fatin, où eft écrit en lettres d'or l'examen fait au Gradué enfemble letiltre qu'on luy a donné pour cette caufe-& fes armoiries y sot auflî, auec plu- fîeurs autres chofes que ie laiflc pour n'être auffi long que leut pourmenade qui dure huift heures entières. Depuis ce iour les nouueaux Loytias deuiennent capa- bles de tenir tout Office,& d'auoir quelque gouuerne- ment que ce foit,&; pour cette caufe il s'en va incon- tinent en Cour pour y paruenir,& y allant il eft hoijo- ré de tous , & reccu ôc logé aux maifons du Roy qui font en chaque lieu pour ceux de fa qualité. Eftantar- riué à la Cour, il va rendre l'hôneur qu'il doit au Pre- fident, & Auditeurs du Confeil du Roy, dont chacun luy promet de le pouruoir quand l'occafion s'en pre- fcntera& dclorsil eft couché fur le regiftre du Con- feil, & fe mec de !à en auant à faire la Cour aux Audi- teurs pour être pourueude quelque charge. Le Roy a en la ville de Taybin vn Confeil compo- fé de douze Auditeurs, ou Confeillers , ôc vn Prefi- dent, hommes choifis, & expérimentez aux affaires. Pour être de ce Confeil , outre qu'ils doiuent eftrc tres-fçauansenlaPhilofophie Morale, & Naturelle, & bicnverfez aux loix du Royaume, il eft requis en- cores qu'ils foient Aftrologues & ludiciaires , pource qu'ils difcnt, quequiconque doit eftredece Confeil fouuerain,par lequel toutes les quinze Prouincesfont gouuernées,il fiut qu'il s'entende à prognoftiquer les temps, & les chofes futures, afin de pouruoir aux ne- ceffircz a venir du Royaume. Ces douze Auditeurs tiennentle Confeil d'ojdinaire du Palais du Roy, où il y a vne fale richement accouftrée, auec treize fieges: c'eftà fçauoir fixd'or, &fix d'argent : mais le treiziè- me eft plus riche que Icsautres, pource qu'il eft enri- chy de beaucoup de pitrres precieafes de grande va- leur. CÎbfiegeert au milieu des douze fous vn daiz de toile d'or, auquel (ont bordées les armoiries du Roy, qui font des (erpens tiffus auec du fil d'or. C'cft là que le Prefident eft affis/ile Roy ne fe crouue pas au Con feil , & s'il s'y crouue, ce qui aduient rarement, U Prefident s'aflTie i au prentier fiegc de la main droidc, oùtontlc^ fix lièges d'or. Chacun à (on rang d'an- cienneté, fumant lequel ils faccedeac en ces fieges les vnsaux autres. Quindvnuegc vient à vacquer, les De l'Eftat du Roy Auditeurs, 8^ le Prefident y vrtnt pjr éledion , S< Ci ccluy qui a plus de voix eftabfent , & gouuerne quel- que Prouince, on l'enuoye quérir, & s'il eftau lieu même , ils le mcinent deuant le Roy , à qui ils rcn-; dent raifon del'éleâiion qu'ils ont faide i & lors ïl la peut confirmer s'il en a la volonté, ou bien la de- faduouèr. S'il eft confirmé par le Roy , il prefte entre fes mains vn ferment prefque femblable à celuy qi»e nous auons mis cy - deffus. Ce ferment étant faiél ils le meinent au ficge vacquant , de fa main gau- che ,& le mettent cnpoffcffion auec gtandc folem- nité. . Il n'^ a quele Prefident du Confeil qui parle au Rojr quand il pft befoin.ou s'il vient à être malade, c'eft le plus ancien Auditeur des fieges d'or. Ilsfçauentcn ce Confeil chaque mois tout ce qui fe paffe au Royaume digne d'être fceu, à quoy l'on ne manque iamais, d'au- tant que les Gouuerncurs des Prouinces ont commaii- dement exprès de mander par écrit tout ce qui furuiet en chaque Prouince, foit affaire de guerre , d'Eftat, de finance , ou autre chofc, ce qu'ils effeduent fi foig- neufement , qu'encor qu'vneprouince foit diftante de cinq cens lieues de la Cour , toutcsfois le Courrier ne manque pas de s'y rendre au iour limité , pource que ceux qui arriuentles premiers attendent les derniers iufques au iour affigné pour donner les diuertiffe- mens,&ceux qui fontloing.voulâi faire arriuer leurs Courriers auflfî à poindt que ceux qui font près, les ennoyentfi dru, & leur enioignent de faire telle dili- gence qu'ils fe rencontrent les vns les autres. Les aduertiffemcns étans veus par le Confeil , & le dif- coursfommaire de tout étant pris par le Prefident, il en fait le rapport au Roy, s'il y aquelque chofeàla, quelle il faille remédier, luy & fon Confeily pour- uoyent incontinent, & fi quelque luge doit aller en coipmilEon, pour ce faitilyvafi fecrcttement,^u'il eft fur les lieux à faire l'enqueftc , fans que perfonne fçache aucune chofe de l'affaire , ny de la ville cù elle fefait. , Or quoy que ces Officiers ayent grade a«thorite,& que ce Royaume foit de fi grande crcnduë , toutcsfois il n'y a Vice Roy , Gouuerncur.ou luge quelconque qui puiffe faire mourir quelqu'vn par Iuftice. fi le Roy ne confirme la fentenceauec fon Confeil, excepté lors qu'il y a gaerre,auquel temps il eft permis au General d'armée; 'ou à fonLicutenant, de faire exécuter le fol- dat qui aura commisquelque crime, fans en aduertir le Roy ny fonConfcil,en prenant feulement l'aduis du Threforier du Roy, & du Maiftre de Camp , qui font deux hommes de grande authorité, qui doiuentétre tons deux conformes en opinion, autrement on n'en peut faire aucune iuftice. Les Prouinces de Paquia, & de Tolanchia , font gouuernées par le grand Confeil du Roy.par le moyé des Officiers qu'on y enuoye, & les treize autres Pro- uinces ont là chacune vn Vice Roy, ou Gouuerneut qu'ils appellent Infuanto, qui fait toufioursfa demeu- re en la ville capitale. Et combien que les Officiers 6c gens de luftice du Royaume,s'appellenttous générale- ment Loytias,ficft-ce que chacun d'eux a vn nom par- ticulier. Iclon l'Office qu'il exerce. Le Vice Roy qui eft le fouuerain Msgiftrat en cha- que Prouincci: qui rcprefcntela pcrionne du Roy,fe nomme Comon. Le deuxième en dignité , qui eft le Gouuemeur de toute la Prouince , s'appelle Inûianto. Le Gorreélcur qui demeure en chaque ville, où il n'y a ,,y Vice -Roy, ny Goauemeur, s'appelle Tutan, & ce Corrcélcur v'atraicftcr des affaires d'impof :âc2 de cha- que ville, aueci'Inkianto, &cc(luy cy en conk-rer auec te Comon , qui a. charge d'enuoycrao Roy , & à onC,>n(e y icilus. Le ttoilicme s'appelle Pouchafi , &:eft conhme le il / .1 de la Chine. 7h le Piefident duConfeil des Finances , ayant des Audi- ; Outre les (As.'û y a encore d'autres Officiers par- .. Icurs.ou Con(èil|ers,& beaucoup d'Officiers fouslny, comme desfergens qui feruent à leon le rcuenu du Roy en chaque prou in ce, lequel reuenu eft porté par ce Ponc liafi au Tutan , après qu'il a paye les gages & frais ordinaires & extraordinaires des officiers Royaux quieft le Prelîdent de laluftice ciuile & criminelle, qui decideauec Tes Auditeurs de tous proccz & diffé- rents qui viennent à luy par; l'Autzatzi , qui eft comme le Maire , ou Pre- ' & entend eftre fait. uoft de la^ille-Ij y en a auffi trois qui font comme les Les luges font obligez par eipres commandement )y- d'aller tenir l'audience àieun , & c'eft vnc Alcades , Preuoft ou luges de Cour en Efpagne,nom- du Roy- a ancr tenir i auuicncc a icuu , oc c eu vnc inez en leur langue Hu!tay,Tzia,& Tontay, qui don- couftume tellen^cntinuiolable entr'eux.queceluy qui nent audience en leurs ipaifons vne fois la fcmaine,& \ y contreuiendroit feroit puny. Au moyen Je ces fa- quand il eft temps d'ouurir les portes ils font lafchér j çons de faire qui Ce gardent ainfi rigoureufemcnt eii quatre petites pièces de canô, pour faire fçauoir à tous ! public, il eft impofîible 4 vn Officier de fc laiffer cor- leurs flegcs, où ils écoutent I rompre fans que quclqu'vn de fes compagnonsd'officc qu'ils fe vont mettre en -* , , «J - tous ceux qui vont leur demâder iuftice, Et s'ils trou uent quclqu'vn qui ait faiUi , ils l'enuoyent auec vn Scrgent(car chacun de fes luges en a dix ou douze) pat deuersles luges ordinaires delà ville, quifenomment ipre lansque quclqi lefçache* Si quelqu'vn mafique en ce qui eft de fa charge, ori luy met foudain vnc petite banderoUe en la main , ôc "on le fait tenir à genoux auéc cette marque, iufqu'à Zompau,&: font départis & ordônez par chaque quar- 1 tant qde l'audience fe leue: & lors le luge commande ti^r an^r i/rv prrir . on oH- mtrr<,^pa\^n.-,^,r:„^ j , L„ ■ is r j ,r..a.~ l..., î , . , ^ , ■ T 1 1 — . — . rt- ticr,auecvn écrit, ouelt marquée la punition qu'on ( aux bourreaux qui font làprefens.de fuftigerccluy qui n de CCS lu- a failly,& luy fait donner autant de coups que fà fau(:e doit faire de ccluy qui a fait faute. Chacu ges ordinaires à mille habi tans fous fa charge , Se leur lunfdiélion ne s'étend hors de leur quartier, & n'y a aucû qui puiffe eftre luge du quartier, où fa mai- foneftafEfe.Châcun d'eux va de nuict faire le tour par fon quartier,& met ordre que chacun fe tienne coy en iamaifon, & qu'on éteigneles lumières de bonne heure, pour cuitcr le danger du feu,qui s'y eft rais fou- uentà cauîedesmaifons qui lont ferrées , & proches les vncs des autres, ayans toutes le haut fait de bois- a la mode de celle de Bifcaye. Ccluy qu'ils trouuent à heu- re inducauecdela lumière eft puny r'goureuicmcnt. Il y a appel de ceux cy au Preuoft,ou luges de la Cour, ^ ' mais non des autres , & cet appel vaiulqu'au Viliteur gênerai , qui repare les griefs commis par eux tous, & pour cette caufc il s'appelle en leur langue Hondm, c'elt à dire Réparateur du mal. _ failly,e$c luy ^ ^ femble mériter, & cecy n'eft paâ autrement ighomi . nieuxentr'eux,po,urce que c'eft chofe ôrdihaire; En tous procez, tant ciuils que criminels -, leS lugei procèdent toufîours par écrit, & font leurs aéles , Se examinent les témoins publiquement en preiencedcS Officiers, de peur qu'ils n'vfcnt enleur endroit de quelque rufe ou fauiïeté , en les interrogeant futcé qu'il n'eft pas bcfoin de îeut demander, ou en écriuant ce qu'ils ne difpoft nt pas. Ils examinent particulière- ment chaque témoin , & s'ils ibnt contraires en leurs difpofîtions , ils les recollent & confrontent tous, 8c les interrogent iufques à ce qu'ils viennent à débattre enfcmble, afin que par les faifons qu'ils allèguent , la venté foit mieux connue : & quand ils ne la peu- uent tirer clairement par ce moyen , ils leur ba?Lenc la gcfnc pour leur fauc dire vra.y , excepté aux pcr- Vun I ionncs 786 I m \ Tonnes de qualité qr/ils liennci.t pour véritables, ad- jouftansfoyà leurs propos , fans gefne quelconque. Aux affaires de grande importance^ qui touchent de grands perfonnages , les luges ne fc fient pas au gref- fiers pour ccrlre'les informations , mais eux - mêmes gcriuent de leur propre main tous les aâ:cs,& leur di- ligence çft caufc qu'il y en a bien peu fouuent qui fe ' plaignent d'auoir receu quelque grief de leurs luges. Les luges comptent par tous les endroit de leur lu- tifdidion.les maifons qui y font, & les mettent dix à dix en des tableaux qui font pendus en chaque mai- fon, qui fait la dernière de fa dizaine,& là font mis les rroms des dix maiftres des maifons' auec vne Ordonna- ce.par laquelle il eft dit & enioindl à tous qu'aufli- toft cju'ils entendront que quelqu'vn d'eux aura faiâ: quel- que chofe au preiudice de la Republique, ou du voi- finagc., ïls l'allent incontinent dénoncera la iuftice, afin que la punition dcccluy qui afailly luy férue d'à- mcndcment, & d'exemple auxajjtres, & quiconque manquera d'aller faire cette déclaration , fera con- traint de fubir la peine que l'autre auoit méritée. Quand l'vnde ces dix veut changer de rue, ou aller (iemeurcren vne autre ville, ou faire quelque long voyage, il eft obligé de fonner vne clochette, ou bien vn badin de cuiure par toute fa dizaine , & fon quar- tier, dix iours deuant qu'il s'en aille, & d'aduertir tous Icsvoifinsdc fondclfcin, &dc l'endroidou il va, afin que s'il doit de l'argent , ou fi on luy a prclU quelque thofe, on le loy puilTc demander auant fon départ. Et fi quclqa'vn s'en va (ans auoii vfc de cefte diligence, les luges contraignent les autres de la dizaitie nom- mez 2\i tableau de payer pour luy ce qu'il doit.à faute d'auoir fait fçauoir fon dclogemcnt, & d'auoir aducr- îy les créanciers, &:la Iuftice. Quant à ceux qui doiuent , & ne veulent pas payer, la debte étant verifice,on les exécute en leurs biens, & s'ils n'en ont point on les faiâ: mettre en prifon , leur donnant vn certain terme dans lequel ils doiuent pa- yer, & Cl dans le terme ils n'ont payé, ou contenté leur créancier, ils font fouettez modérément pour la pre- mière fois,& l'on leur limite vn fécond terme,dans le- quel s'ils ne fatisfont ils font fuftigez pour la fecon- defoisplusafpremenrque la première, &:parméme irtoyen on leur donne vn troificme tcrme,dans lequel s'ils ne payentjils font battus cruellement au polTible. Cela'Mufe que chacun d'eux eft foigneux de payer ce qu'il doit , ou rechercher fes parens pour l43y ayder à s'aquiter, ou fe donne pour efclaue aù créancier de peur de fouffrir vn tel torment. Ces mêmes luges vsêt de deux fortes de gefne.Ils en donnent l'vne aux pieds, & l'âutre aux mains, & l'vne ny l'autre ne fe donne ia- mais qu'il n'y aye tant d'indices, que cela feruc de preuue fuffifante. Les lages fouuerainsaffiftenc lors qu'on donne ces deux fortes de gefneidont on vfepeu fouuent, pource que les criminels confcffent la véri- té deuant que de s'y voir expofez. Quant aux prifons, elles y font du tout facheufes& cruelles. Or quoy que chacun de ces luges ne foit que trois ans en charge, & qu'il doiue rendre compte de tout ce qu'il aura fait durant ce temps par deuant les luges à ce députez, qu'on nomme eiclaues : toutesfois le Prince depcchc tous les ans en chaque Prouince d'au- tres vifiteurs nommez Leuchiz , qui font gens reco- gneus pour grands Iufticiers,& de bonne vie.Ces Vifi leurs s'enqtticrent de lieu en lieu fans fe donner à co- gnoiftre, & s'informent fecrettement des torts, & griefs que font les luges de la Prouince , & fi ceux-cy irouueni les luges en faute ils les peuuent prendre & punir, ou les fufpendre pour vn temps, ou Icspriuer entil icmcnt de leurs charges , & en fomme faire tout ce que bon leur femblera , pouruei\qu'ils ne s'aduan- ceut point à donner lèntéce de mort contre perfonnc, De l'Eftat du Roy ' veu que nul Magiftrat "c If pè u faire fans deman^et premièrement aduisau Roy. Ces Vifiteurs ontauf- fi pouuoir quclqucîfois de rec">mpenl"fr ceux qu'ils trouuent auoir bienexercé leu's charges, voire me- mes iufques à leur donher des places & charges plus honorables. De forte que la recompenfc , & la puni- tion étans fi aOèurées , chacun s'eifaye de bien faire, & la même chofe fait que ceRoyaume eft vn des mieux ordonnez qui foient au monde. Les fortes de fuppHces, dont ils vfentfont de pedrc, H biijler,& empaler, ôc la peine du feu eft feulement or- donnée à ceux qui ont eftc traiftres au Roy.Lesadul- teresyfonttous condamnez à la mort. 5c ceux qui les foufFrent,& y confentent font auffi chaftiez exemptai, rementauec des peines inuentées pour cét effeâ:. Il eft défendu qu'aucun, fur peine de la vie,ne com- mence , ny fafic la guerre en aucun lieu , fans expreTi congé du Roy , & de fon Confeil ,& pareillement qu'aucun ne voyage par mer fans mémeconge , & il y a auffi vne Ordonnance, qui portequ'aucun n'aille trafiquer qu'en baillant caution de reuenir dans le ter- me qui luy fera limité , fur peine d'être banny , & dc- naturalifé ,& pareillement qu'aucun étrangern'cntrc par terre, ny par mer au Royaume, fans exprelTe per-. miffion du Roy. ou des Gouuerneurs des ports,& au- tres lieux où il arriuera, & que les Gouuerneurs ne le permettent fans grande confideration , &lànscnad- uertir premièrement le Roy. Auiourd'huy les GouuerneiKS des ports difpenfent qu^lqucsfois defortir, nonobftant cette loy, & ce pat le moyen de quelques prefens que leur font les mar- chands, aufquels ils donnent congé fecretteœét d'aller trafiquer aux Prouinces & Ifles circonuoifines, com- me aux Philippines. & ailleurs, & même il y a trois marchands Chinois qui allèrent iufques à Mexique, l'an 1^85. ■ . . Toutesfois ils n'ont iamais ce congé (ans auoir au- parauât baillé caution de retourner au païs dans vn an. Les luges & Gouuerneurs permettent pareillement aux étrangers, moyennant quelques prefens , d'entrer aux ports, & y vendre,& achepter quelques marchan- difes ,lcur donnant toutesfois ce congé, à condition qu'ils n'iront point par les villes , n'y feiourneront pour voir les choies fecrettei. On baille ce congé par écrit fur vn aiz plâtré , que les étrangers rleuenr en la proue de leurs vaifteaux quand ils vont furgir en quel- que port, afin que les gardes du lieu ne leur faifcnt pointd'ennuy,& les lailfent vendre &achepter en pa- yant les droiéts ordinaires du Roy. En chaque porte y a vn Greffier commis de la part des Gouuerneurs, qui met par cnemoire l'heure & le iour que chaque naui- re eft entré , auec règlement à chacun comme il doit charger félon leur entrée au port. Ce qui fait qu'enco- re qu'on voye fouuent en vn port deux milles vaif- feaux, tant grands que petits , toutesfiais on les charge ou dépêche auec auffi peu de bruid que s'il n'y en auoit qu'vnfeul. Les panures n'y vont point demandant par les rues, ny parles Temples, où ils font prière à leurs Idoles, & il y a vne Ordonnance, par laquelle il leur eft de- fendu d'aller mendiant , & commandé aux autres de ne rien donnera ceux qui demandent , mais de les dénoncer auffi-toft au luge des panures , qui eft tou- jours vn des principaux de chaque lieu , & n'a point d'autre foing que de pouruoirauxncceffitez des pan- ures , fans contrcue.jir à la Loy. Çe luge fait crier par tout le premier lour qu'il cômence à exécuter fon office, que tout homme, ou femme qui aura vn en- fant tellement gafté , qu'il ne puille pas trauailler , aye à le luy venir déclarer, afin qu'il pouruoye à ce qui lera necefl'aire, fuiuani l'ordonnance du Roy , qui L^L» * - porte que l'enfant eftant spport; après auoir veu le ■* défaut de îa Chiné. Hefaut qu'il a* s*il eft iiigé capable de pouuoir exccrder quclqucart, &office,6n linlitc au pcrevn terme, dans lequel il eftobligcde le mettre i mcfticr, & de luy ftire apprendre ce à cjuoy Icluge aura cognu qu'il cft propre. Que fi l'enfant eft fi mal qu'il ne puilTe cxcr ceraucun état, le luge mande au perc qu'il ait à le nourrir en là maifon toute fa vie,s'il adequoy,' fk s'il n'a pas le moyen, ou s'il n'a point de pere , il s'adrelfe au plus proche , & plus riche paient > & à faute de ce, enioinâià tousles parens de contribuer à fa nourritu- re, & de bailler quelque chofe pour leur parc à ccluy qui tient l'enfant chez luy. Et s'il n'a point de parens, ou s'ils font fi pauures qu'ils ne puilTent pas entretenir cét enfant, le Roy le nourrit entièrement à fes dépens» & le tient en fes Hofpitaux, qui font en chacune ville de fon Royaume , où l'on met pareillement tous les hommes vieux & necc/îïteux, qui ont vfé leur ieunef fe en la guerre au fcruice duRoy & du pays. Aucun Quant aux petits garçons qiiè les iliéres vendent auflî par nece/ïïtc , oh les met à meftier , & quand ils ont appris , ils doiuent fcruir leur nourricier jufqu'à certain temps,nprcs lequel les nourriciers font tenus de leur donner liberté , Se outre cède leur chercher femme, & les marier , & les mettre en quelque lieu Sic train où ils puilfenc gagner leur vie : à quoy faire ils font contrainéts par toutes voycs de luftice , au caS qu'ils ne le vucillcUt faire de leur bon gré. D'autre co- fté, les jeunes hommes font obligez, en figne de reco- gnoiffence du bien fai6l receUjd'ailer chez leurs nour- riciers tous les premiers jours de l'année , & certains autres jours,auec quelques prcfchs. - ^ En i'achapt des marchandifes ils ne s'aydent de piè- ce de monnoye marquée : mais pour empefchcr tou- te tromperie, ils vendent & acheptent à poids d'argenc cizailld'jportans pour céc efFcilenleurfein des cizeaui propres , & vn trébucher bien|adjufté dans vn eftuy dé pauure nelpeut fortir hors l'enclos de l'Hofpital fans j bois. ^S'ii e>1 queftion d'vn poids pefant » ils ont cii lapermiffiôduluge, ouduMaiftreadminiftrateurqui i leurs m&ifons des balances , &dcs poids auec la mar- «ft fous luy : & ce congé ne leur eft iamais oétroyé que Royale, ôc ne battent monnoye que de pièces de quepourquelque voyage qu'ils veulent faire, &qui cuiure de la valeur d'vn liard, percées & enfilées en^- îcur eft necelTatre. Ces mêmes pauures,& vieux hom- ' femble, qui feruent au fupplément de l'argent pcic, ott mes nourriflTent là dedans des poules , des cochons , & plufieurs autres beftes, don t ils fe peuucnt feruir , tant pour leur récréation, que pour leur profit. Le luge vifite fort fouuent l'Adminiftratcur , &eft aulE viiité par vn autre qui part de la Cour ^xprelfément pour vifiter les Hofpitaux de la Prouince. Lcsaucuglcs du Royaume ne font point tenuspour gens, que le Roy Tou leurs parens doiuent nourrir , pource qu'ils les font ttauailler, ou à moudre aux moulins de froment, &: de rizjou à remuer les foyflets aux forges des Maréchaux, ou à choies femblables, où la vcue n'eft nullement re<- quifc. Et fi c'eft vne fille aueugle , quand elle cft deue- fiuc grande , elle faidtle meftier des filles de joye, & ces filles ont vne merc entr'clles qui les pare 8c ac- <;ommode,& eft du nombre de celles qui ont quitté le métier pour eftre vieilles & inutiles. Or toutes ces femmes d'amour logent aux faux - bourgs, & hors des villes , &il leur eft ehioinâ: étroidemtnt de fe tenir en ce heu, fans pduuoir mettre lepied hors de la porte tandis qu'elles font ce métier. Les pauUres veufues qui font en neceffité peuuent vendre leurs enfans pour fe fecourir : & pource il y a tout plein de riches mar- chands qui font gros trafic en cecy, achetans depcti- tesfiUesqu'il nourlifientfort foigneufem.cnt, leurap- ' prenans à chanter , àiouerdes inftrumens ^ chofes femblables.puis quand elles font grandes,ils les mcinét aux maifons affignées aux femmes publiques. Le pre- mier iour qu'ils mettent vne fille à ce métier i auant que delà proftituer au lieu public, ils la meinentde uant vn luge que le Roy éntretient en chaque ville* pour prendre garde àtelles fémesiCe luge la reçoit,& î charafterede leur Alphabet, & difcrstque ceCiela vri i'inftaledefamainence lieU public, & depuis ce ioUr- Gouuetrneurpour les chofes de là haut , qui s'appcUé pour achepter des menues denrées. Les vfuriers, pefté de l'Eftat public, furpriien leurmefchanceté , font en- tr'autres punitions, condamne? à de grandes amendes; Il cft feulement permis aux eftropiez impotes & aueu- gleis d'entre le menu peuple, dçpfefter quelque argent àinierefts pour fe fccoutir* ILs font tous idolâtres en la Chine , iextepté quel- qucs- vns que les lefuites y ont conuertis , & ceux-cy font en bien petit nombre. Or pour décrire les idoles qu'ils adorent , iIscnDntvnc d'cftrangc figure , à la- quelle ils portent fort grand honneùr. Ils la dépei- gnent auec vn corps , des épaules duquel fortent trois tefteSqui fe regardent l'vne l'autre, qui fignifient > di- fent-ils , que toutes trois ont mefme vouloir, ce qui fait croire qu'Us ont eu jadis quelque cognoiffance de laReligion Chreftienne. Ilyaaulïî, à ce qu'ils di- fent,quelques peintures à la façon,& auec les marques des douze Apoftrcs. Mais quand on demande à ccui du Pai's quels hommes ont efté ces douze Apoftrcs, ils refpondent que c'cftoient de grands Philofophes qui ont vécu vertueufement, à raifon dcquoy ilsont efté faits Anges des Cieux. tlsontauffila peinture d'v= ne femme belle à incrueiile.tcnant vn enfant entre feS bras, laquelle lis difent auoir enfanté eftant Viergci & aubir efté fille d'vne grand Roy. Ils cïoycntque le Ciel eft Créateur dé routes cho- fes vifibles ôc irtuifîbles,& le marquent par Iç prfemiet 1 public, ôcdep là le nourricier n'a plus dciurifdidion fur elle: mais vient fiïulement chaque mois trouuer le luge^pour re- ceuoir ce qui luy a déjà efté taxé par le même luge:& outre ce il eft payé de tout le temps qu'il l'a nourrie & rembourfé de l'argent qu'il a donné en l'achcptant, & de ce que l'apprentiffage de toutes cesgencillclTes luy a coufté. Il y en a donc entr'clles d'aueugles , & d'autres qui baillent , tout ce qui leur rcfte après que le nourricier eft payé à leur luge, qui le leur garde fi dcllement, & en rend compte tous les ans aux Vifi- teurs, puis quand elles font vieilles, le leur baille & di- ftribu'é de fa main , aduifant à le leur mefurer fi bien, qu'elles n'en ayent pas neceffité: & fi cela adulent on leur donne gages pour fe nourrir , afin qu'elles parent les femmes aueugles , ou bien on les met à l'Hofpital, que le Roy tient pour ceux qui n'ont pas moyen de viure* ■ pot Lacon TzaUtcy, c'çft à dire en leur langue Gouuerneiic du Grand Dieu , & ils adorent ccttuy-cy , comme lé plus grand aprfes le Sblcil. Ils difeht qiie ce ÎGbùùcr- nèurn'a pbint efté créé : mais a efté de tout tempsi qu'il n'a point de corps , mais qu'il cft efprit; Ils di- fént éncoi: qu'il y en a vn autre de meffee nature , qiii s'appelle Canfay , qui eft auftl crprit,& qu'il â baillé i ce fecbnd la chargé des chofes des ça-bas, & que la vie & la mort des hommes eft en ta main. Ce Oanlay a trois fubjets fous luyiquifbiK pateillementefprits , & quiluyaydent au Gouuernem»nt. Leurs noms font Tanquam,Tciquami & T7,uiquam,& chàcun d'eux i vnepuiflance diftinde. Tanquam a la charge des plu- yes , & de pouruoir d'eau à la terre. Teiquameft celuy par qui les hommes naiflent ,. &: qui a Ij charge d ce que Tayn fc voulut vanger de quelque irtjurc qu'ils luy firent , &auflîd'enuie qu'il eut de ce qu'outre ce qu'il leur auoitcnfeignc , ils Icauoient dcfiaprcfque autant que luy , & ne le recognoifToienc point pour fuperieur , ,comme ils luy auoycnt promis , lors qu'il leur influa fa fcience. Apres cela il aduint que le Ciel tomba,& foudain Tayn vint à ie rcleucr,& créa vn au« tre homme fur terre nommé Lotzizam auec deux cor- iies, d'où fortoit vne odeur foliefue, de laquelle venoi- tnt à naiftrc plufieurs hommes- Ôc femmes. Enfin ce Lotzizam difparut, laiffànt défia beaucoup d'hommes 6c de femmes au monde , d'où font venus tous ceux qu'ô y voit aujourd'huy.Ils difent^e le premier qui nafquit de ce Lotzizam fe nommait Azalam , qui \c(^ cutpoo. ans. Aufll toft après fa mort, le Ciel créa vn homme nomme Atziôn> rendant grolfe fa mcre nom- mée Lutin,aucc vne tefte de Lyon qui eftoit au Ciel. Il nafquit en la Ville de Truchin en la Prouince de Can- ton, & vefcut 800. ans. Depuis vintà naiftre Vfao j ôc lors il y auoit défia beaucoup de gens au monde , qui ne mangeoiét que des chofes crues. Cet Vfao leur don- na induftrie de faire des petites caheuttes auec des ar^- bres , pour fe garder &dcfFendre des beftcs farouches qui leur faifoient beaucoup de dommage > & il leur montra au/îï la manière défaire des habiilemens. Apres cela vint vn nommé Huntzuy,qui fut i'inuen- teur du feu, & qui enfeigna comme il falloit frire j ôc comme il falloit roftir , &caire les viandes, & la ma- nière de vendre de troquer vne chofc auec l'autre, ils difent qu'après cela , vne certaine femme nommée Hautzibon eut vn enfant, qui fut appelle Ocheutyjqui inuentamaintes chofes, & ordonna les mariages. Ils alîeurent qu'il vint mtraculeufcment du Ciel pour le bien de la terre,d'autant quefamereallant par vn che- min rencontra vne trace d'homme, ôc pofant fon pied dclTus fut enuironnéed'vn efclair qui vint du Ciel, & demeura fur le champ gtoffe de luy. Cet Ocheuty eue vn filsappellc Ezomlon.qui fut inucnceur de la Medc- cincjde l'Aftrologie5& delaIudiciaire,&monftra à la- bourer la terre. Ils racontent de cefluy cy qu'il man-, geoitdefept fortes d'herbes venimeufcs & mortelles, fans qu'elles luy filTent aucun mal , & qu'il vefcut 400. ans. Us eut vn fils nommé Vitcy, qui reduifit la Chine en Royaume. Voila ce qu'ils croyent de la création, ôc duprogrczdumonde. » Us croyent tous l'immortalité de l'ame , & pareille- ment la recompenfe, ou punition f]u'cl!edoit auoir en l'autre vie , fclon les œuures qu'elle aura faites en la compagnie du corps. Us tiennent auffi que l'ame a eu fon commencement du Ciel qui luy a donné vn cftrc immortel , & que celle qui aura toufiours vefcu félon lesLoix du Pays, eftant dans le corps , ôc n'aura point faid de mal , ny de tort à perfonne , fera enleuée au Cieljoùelle viura éternellement en grande joycjdeuc nant Ange , 6c celle qui aura mal vefcu , ira en la com- pagnie des Diables, da:nsdes prifons obfcurcs, où elle touffrira des torffiens> qui ne finiront jamais. inc. 789 ^ Ils confelfent qu'il y a vn lieu, où les ames qui doi. Uîht deucnir Anges fc purgent de tout le mal qui-lcs a foliillées tandis qu'elles cftoient dans le corps,&i que le bien que les parents & amis font, fert beaucoup à faiie aduanccr cette purgation. ^ C^and ils veulent prier pour les trefpalTez , l'vtî d'eux, qui eft comme le Preftre ôc Sacrificateur, porte vn petit Tâbour, ôc l'vn des nouices a vnefpece dccli- quette.v, & l'autre vne clochccce, & ils font vn autcl,où ils pofent ceux qu'ils tiennent pour Saints &Aduocats desdefunfts i ôc à l'inftant les parfument de Itotax, d'encens,& d'autres bonnes odcurs.Apres cela ils dref. fent cinq ou fix tables couucrtes de beaucoup dé vian- des pour les morts, & pour les Saints, ôc incontinent au fon du Tambour,& des cliquettes, ôc de la clochet- te,ils commencent à chanter certains Cantiques, & les difent à tour de cœur : & de temps à autres les petits nouices vont à l'Autel offrir certaines Oraifons écrites fur le papier.Us paflfcnc prefque toute la nuid auec ces ceremonies,& plufieurs p.utrcs.'& apres,tous commen- cent à manger des viandes qui font fur les tables que nous auonsdiébes. Quant au menu peuple,il croit que IcS ames qui vi- uent mal , auant que d'aller en Enfer f qui eft vn heu .qu'ils penfent ne deuoir point eftre reftably que le monde n'ait pris fin jfont enuoyées pour leur mefFaits dans des corps de beuflcs,& d'autres béftes,& celles qui ont bien vefcu dans des corps dcRoys , & Seigneurs^ oùiclles font en grande joye. il fetrouue entr'eux' beaucoup dé lieux faits , com- me des Monafteres par toutes les Villes ôc Bourga- des , & mefmeparmy les champs, où il y a beaucoup d'h ommes & de femmes qui viuenten communauté, ôc en Cloiftre,4 la mode de nos Rehgieux. Ily a feulement quatre fortes de Religions , dont ^6 chacune a fon General, qui démeure ordinairennét en la Ville de Suntien : ce General s'appelle Tricon en leur lâguej ôc pouruoit.en chaque Prouince d'vn Pro- uincial,qui vifite tous les Côuëts, corrigeât ceux qu'il trouue auoir failly en leur règle, & manière deviurc; Ce Prouincial pouruoit auffi d'vn homme en chaqué Conuét.quieft comme Piieur, ou Gardié.auquel ceux qui s'ytiêuent doiuétobeyr. Ce General exerce toute (a vie la charge qui luy eR dôncé, finon que l'on troii- ue qu'il ait commis quelques fautes,pour lefquelîes il mérite d'eftre priuc. Ce ne font pas les Religieux qui l'eflifcnt en leurs Chapitrés: mais le Roy,ou fon Con- ■ feil le nomme. CtPiuy-cy va vcftu'de foye delà cou- leur de fa Religion à rçauoir,denoir,ou dé pafle,ou dé blanc, ou de brun, qui font les quatre couleurs de ces Religions : ôc le mefœe ne fort jamais de fon logis que^ dans vne chaire de marbre, ou d'or, qui eft portée par quatre ou fix homes veftus de'm efme habit. LesRbli- gieu'x fontla quefte parmy les rues, châcâns & faifanâ fonner de petites cliquettes , & certains autres inftru- mets. Us ont tous la barbc,& la tefte rafe,mangeant en commun, & leur habit ordinaire eft de farge.Én priant: ils parler au Ciel, qu'ils tiennét ôc reputcnt pour Dieu, & à vn Sinquian, qu'ils difent auoir i'nuenté cette ma- niéré de viure,& qu'ils tiennét pour Saint.-Pac les Loix du Royaume, le fils aifné d'vne maifon ne fe peut met- tre en Religiô,& iacaufe de cela éft,que tout fils aifné eft obligé de nourrir fes pere & mereeh leur vieil âge; ' Us oftrst au matin & au loir à leurs Idoles de l'encens, du benjoin, du bois d'alcës,& du cayolac qui fent fort bon , & quelques loticG de p5ités de très- bon odeur. Quand On mec quelques Vaiifeaux fur Tcau , ces Reh- gieux s'y en vôc pour faire leurs facnfices en la poupes oùlcsChinois ont leurs oratoires:&' làils prefenîét du papier peint de diiierfes figures , lequel ils mettent eri pièces deuant leurs Idoles auec des Caciques, Ôc en fô- nant de petites clochettes , &lors font la reUerence au Diable 79^ diable,& le tiennent peint en leurs va.flcaux, afin qu il ne I-eur falfe aucun mal.Cela foid.ils mangent & boi- uenc au n.cme l.eu tout leur foaul . & P^'^f.*.™^^;" ' leur cft aduis que le vaifTcau demeure fanathe, & que tous ceux qui iront deffus auront bonne fortune. Pour leurs Académies . elles font en fplcndcur par tout lcRoyaume:les études de Philoroptiie,& lesLou du Pays y floriflent,fans aucune préférence dcperlon- ne.quant aux hommes,nayans égard fmonàladodtri- ne & érudition. De là vient que les Magiftratures ^OfficesTont ouuertsaux hommes dodes, ^'cur font déferez en grande folemnité. Toute leur vie cft plailante , douce ôc magnifique. Ccuxqu'on porte «^éleuc aux fiegcs auec voiles de foye.couuertes d'or & d'argent, font appeliez Loitia3& Mandarius , lef- quels fe plaifentà fe donnerdu bon temps, & à faire bnnne chère. Loix fondamentales àe lEHat de la Chine, LEs loix que les Chinbis appellent fondamentales de leur Eftat font celles qui s'enfuiuent. I. Que le fceptre& la Couronne du Royaume de la Chine ne tombe jamais en quenouille, &que les feuls maflcs , & non les femmes fucccdent à la Cou- ronne, r r u J J 2. Qu'aucun habitant du pays ne foit h hardy de fortir les portes d'iceluy pour aller demeurer ailleurs fans l'expiez congé du Roy , figné de fa propre main, Ôc qu'aucun étranger n'y foit receu fans la même per- miflîou , c'eft ce quiconferuc l'intégrité des bonnes couftume's de cétEftat. Ques'il fe trouue quelque étranger parmy eux , " eft bellement découuert de tout le monde, caries Chinois ont accoultumc de toute ancienneté d'écra- fer le nez de leurs enfans fortans du ventre de la merc, ce qui rend la plufpart des Chinois camus, & por- tans le nez plat, mais vn qui fera venu d'étrange pays en ce Royaume fera auffi loft recogniî par cette diffé- rence de nez. 3. Ileft très -expteficment défendu pat les loix du De l'Eftac du Roy chez leurs parens,lefqucls font obligez à chacan d'eux Cclon fon ponuoir de recotcUcr pour lanourfitute& fubuention d'iceux,ou bien à faute de parens qui aycc moyen de ce faire, il y a des maifons pies , & des ho*- pitaux fondez par le Roy & le commun des lieux ou fontreceus les inualidcs & nourris du bien deidits hofpitaux,mais s'ils font valides, ils font contraints de trauailler pour leur pain àplufieurs exercices, aulquels on les employé pour empêcher la faineanufe & cay- mandcrie. Généalogie des "Roys de la chine,. POurce que Vitey fut celuy,qui côme nous aaons 41 diét, reduifitla Chine en Royaume , nous com^ mcnceronspar luy,& viendrons iufqu'au Roy qui rè- gne à prefcnt, en difant quelque chofe, des faits& chofes remarquables de ce Prince. Vitey fut donc le premier Roy de la Chine , & l'on raconte de luy entr'autres chofes.qu'il étoit aufli haut que fept mefures de ja Chine, chacune defquelles fait autant que deux tiers d'Efpagne ; de forte qu'il -auoït enuiron quatre aulnes & deux tiers de haut» Dauanta- gc , ils diîcnt qu'entre deux épaules il auoit fixépans de large, & qu'il fiit auffi vaillant, que grand de corps. Il eut vn Capitiwe nommé Lincheon , qui outre ^ valeur,& la force#uoit encore vne fort grande pru- dence : de forte qu'il affuicttit au Roy Vitey toute cefte grande étendue de pays, & le rendu redoutable à tout le monde. Ils tiennent que ce Roy inuenta la fa- çon de robbes, les teintures, & les nauires , & pareil- lement la fcie pour couper le bois. Sur tout ils difent qu'il étoit grand Architecte , qu'il fit vn grand nom- bre de baftimens magnifiques. Il inuenta encor le touret de foye , dont ils vfent audit Royaume , & fut le premier qui amena en ce Pays - là l'vfagc de porter de l'or, des perles, des pierreries , & des habits de toile d'or d'argent & de foye. H départit tous les habitans de fon Roy-iume en Citez.villes, & villages,*: ordon- 1. 1 eit très - expreuciiiciu uciciiuu uai ^v. ...v . j r , „ Royaume, de donner les charges de l'Eftat . ny d'in- na tous les mortiers & Offic«,commandan£ qu aucun ivoyaumc, Qc uuniiti » J i r« ™,^l^r ri'^.irrf- *>ft2c aue de ccluv de fon pe- — * — o troduire & admettre cni celles que des hommes nour ris aux lettres aux longues expericnces,dignes & doii;z de tres-rarcs vertus , & de grande probité de vit 6c de mœurs, , 1 r 4. Que nul ne foit honoré du tiltre de Noblelle, s'il n'a acquis fa NoblclTc par quelques infignes mar- ques de vertus, & non autrement. 5. Que nuls enfans ny héritiers de grands dignitai- res & Miniftrcs de cet Eftat, ne leur fucccdent en leurs charges & dignitcz , s'ils n'ont rendu des témoigna- ges dignes &°vrays d'être recognûs vrays imitateurs des nobles aaions& vertus de leurs Pères. 6. Que les enfans innoblcs ou roturiers, quoy qu'ilTus de riches marchands & familles, ne foient ad- uancez à autres Eftats qu'aux arts ôc exercices feule- ment de leurs pères, s'ils ne font recognûs pour l mge- nuofitédeleui efprit capables de tenir charges pour feruir à l'Eftat &en la chofe publique , car en ce cas encores auecla volonté Se permiffion du Roy après plufieurs preuues de vertus s'étans ainfi rendus nece - faires de rendre feruice aux -affaires du Royaume, ils font honorez & éleuez par grâce Royale autiltrcdes Cheualiers , Nobles & Loyti3S,cc qui fe faiét auec des cérémonies fort mag|iifiques & iolemnellcs. Finalement la Loy défend de fouffnr la nonchalan- ce & l'o.fiueté-qui cft fouuent ngourculcment punif, & lont tous faiueans exilez du Royaume, interdilans aux habitans de fouffnt des Caymands . & de donner à viurc aux vagabonds , mais feulement auxpauurcs inhabiles & prcffez de neceflitc quifcdoiucnttetutt n'euft àfe mêler d'autre eftat que de ccluy de fon pè- re , fans permiffion Ipeciale du Roy , ou des Gouuer. neurs du Royaume. Il mit tous ceux d'vn même eftat en des rues particulières , & ordonna auffi qu'aucune femme ne demcdraft fans trauailler, ou à l'eftat de fon maiy, ou du moins à filer, ou à ouurer de raiguille:& cette Loy fut fi générale , qu'elle fut gardée par fa femme mefme. Ce Roy eut quairefemroes , & vingt - cinq enfans d'elles, & régna cent ans , & y eut depuis luy iufquesà celuy qui fit la grande muraille , cent &feizeRoys, tous de la lignée de ce Vitey,qui régnèrent 2 zy7.ans.Ie ne les nommeray point icy de peur d'être trop long; mais ie me contenteray d'y mettre feulement ceux qui me femblent ncccffaites pour déclarer la fucceffion de la Couronne, 'depuis les cent & leize Roys dont nous auons faid mention , iufques à celuy qui règne à prefcnt. Le dernier Roy de la li^ée de Vitey s'appelloit Tzihzon , & ce fut luy qui fit cette grande enceinte; fe voyant affaiHy des-Tartarcs par beaucoup d'en- droids. Enfin, pource qu'en la faifant il mourut vu grand nombre d'hommes, il vint à eftre h.iy Je tous, tellement qu'ils confpircrcnt enfemble pour le tuer, comme ils firent après qu'il eut rcgr^é quarante ans &:vnfienfils heritiet du Royaume, nommé Agntzi auec luy. Ce Tzinzon étant mort, & fon fils auffi, ils prindrcnt pour leur Roy vn qui fe nommoit Ancho- au, homme de grand efptit,i?c plein de valc«r,qui re- gna douze ans- Acettuf de la Chiïie. A cettuy-cy fucceda vn fien fils appelle Fiucy , qui rcgna -'.ans.'&moumciVanc. Par le crcpas de ccftay-cy ismcrequi ctoic de fang R<*yal,viin àregncrA-gouiierner le Royaume.au grad concencemcnt de tons, ['eCpacc de iS.ans, &d'auunt qu'cl le ne Iniffa jamais hoirs maflcs, vn'fils que Ton mary Anthofau auoiteu dVne autre femme , hiy fuc- ccd)..Ccfttiy-cy régna ij.ansA' eut pour fuccefTeur, Cuntcy Ton fils.qui régna i6.3ns,8.mois. Huntey fils de Cuntcy, regàa après luy 54. ans , & laiiw pour lucccflTcur, Chantey fon fils,qui regna,i}. ans. Châtcysô fils luy fucccda.LHc régna if.am,|i5.tnois. Cantey fils d'Ochantcy, regna'i6,ans,2.mois. Tzentzey fon fils régna 26, ans, 4.mois. Authey fils de Tzentzey, regnaiculemcnt<î.ans. Pintarey fil» d'Aiithey.regna j-.ans. Tzintzumy ^rédePintarey, fu^ceda àfonfrerc, pource qu'il n aoitpas encore marié quand il mourut, ^ ccftuy cy régna feulement 5. ans-.y.mois. Huyhannon, cncor frère deTzintzumy & de Pin- tarey.leur fucceda, & régna «.ans. Cubum fils de Huyhannon, régna 25, ans. Benthey fils de Cubura,regna zS.ans. Vnthey fon fils.regna ij.ans. Othey fucceda, & régna i/.ans,;. mois. Yanthey fils d'Othey, régna feulement S.mois. Anteyafou filç,rcgna i9.ans. Tanteyfon fils mourut auïïi-toftprefque après fon pere,n'ayant règne que 3. mois. Chitey fon fils régna vn an feulement, Quantey frère de Tantey, de Chitey, leur fucce- da,& régna zi.ans, ' , Linthcy fon fils régna 2z.ans. Vantheyfilsdc Linthey, régna 51- ans. Ceftuy-cy auoit peu d'entendement.fi bien que ceux du Royau- me le haiïî'oient, & enfin vn fien neueu nomme Lau- •py fc reuolta contre luy ccant aflîfté de deux Cheua. liers, frères, qui eftoienclors à la Cour.vailians hom'- mes,dont IVn cftoit appelle Quathey,& l'autre Trun- thcy,qui pouf chailercnt de faire Roy Laupy. L'oncle lefceut,&futfilafche,& fimalaffilté,quiln'eut pas la hardieHcny le moyen d'y remédier: qui fut caufe que pluiicurs partis s'éleuerent par le Royaume , ôc fpe- cialement quatre Tyrans,dont les noms cftoicntCin- coam, SofocGuanfian, & Guanfer. Laupy leur fit la guerre, fous couleur de fauorifer & affiftcc fon qncle: & après aùoir fait durer la guerre quelque temps , fit paix auecGincoam, prenant vne fienne fille en maria- ge > & fit aufS toft la guerre aux trois autres Tyransj suecia Faueurdefbn beau-pere. Lors ce Royaume fut diuifé en trois parties, dont l'vne, & la principale, fuiuoit Laupy après la mort de fon oncle, 1 autre Sofoc, & l'autre Cincoam,beau-pere (Je Laupy. I,e Royaume demeura ainfi quelque temps , iufques àccquc Çuithey fils dcLaupy, vint àrcg^ner après fon perf..Vn tyran nommé Ciambuteys'éleua contre luy: mais il letii2:& futfi vaillant, qu'il rciinit tout le Ro- yaume qui auoit cfté diuifé l'efpace de 4i.ans,rcgnant depuis tout fcul 2f.ans. Fontcy fon fils,regnaâpres luy i/.ans. Pour abréger, il y eut de cette lignée ij. Roys , qui régnèrent 176. ans. Le dernier de ces Roys fut Qniontey , contre qui 5'eflcualcTyran^zobu.Ily eutiia fangdcccttuy - cy §.Roys,qui régnèrent (îz.ans. Contre le dernier nom me Sitey ,s'efleua vn nommé Cotcy. de la lignée du- quel il y eut j.Roys.qui rrgnerent 24.ans. Le dernier nommcOthcy, fut tue par vn appelle Dian , & il y eut de fa lignée f.Roys, qui régnèrent 5X. ans. Contre le dernier de cetre maifon s 'éleua un cer- tain Tzuy, & y eut de fa lignéc3. Roys , qui régnèrent trente fept ans. Contre le dernier s'cleuaTonco qui gouuerna fort bieiî le Royanmc,& eut pour fuccelîeurs zi.Rovs de fa lignee.qui régnèrent 294 ans. Ledernicf appelIcTroncon,femaria à vnequi auoit efte femme de fon perc , & s'appelloit Bjafa , belle à merueiKf, & pour l'cpoufcr il la tira d'vn Monaftere, Quelle s'eftoicmifeReligieufe. Enfin cette fem.'sie le fittuer , & gouue'rna après le Royaume touce feule lefpace de 40.an«. Leurs Hiftoires difent que cette femme fut foa defbordée , qui s'cftant abandonnée aux Grands Seigneurs du Royaume, elle efpoufa vn homme de baffe eftoffe, afin d'auoir moyen de fuiure fcs volontez: mais'auantque de feremaricr , elle fit mourir les erffans mafles qu'elle auoit eu de fon pre- mier mary , afinqu'vn fien neueu fuccedaft â la Cou- ronne. Ceux du Royaume ayans fçeu fon intention, & in- dignez de fa façon de viurc,enuoyerent cherchervh fils de fwn mary,quoy qu'il fuft baltard, 8c d'vncom- mun confentemcnt l'éleurent'Roy.-ceftuy cyfcnom- moit Tautzon , qui fitfaire rigoureufe iuftice de cette mefchante femme. Il y eut de fa lignée 7.Roys,qui ré- gnèrent fix vingts ans. Le dernier fut CoùcHam, contre qui s'éleuàvn nom*î. mé Dian , qui û faifit du Royaume , & il y eut deiîx Roys de fâ lignéesqui regnerehc iS^ans. 06ton s'éleua contre le dernier deceux- cy, &ily eut de fa lignée j.Roys,qui ne régnèrent que ij.ans Outzin s'éleua contrele dernier deces3. & lailTa après luy deux fuccclfeurs de fa lignée , qui régnèrent 5?. ans, 3. mois. Tozo s'éleua contre le dernier , Se luy , & vn fien. fils,regnerent feulement 4. ans. Anchiu eut guerre contre le fils de Tozo, 8c le tiia &luy fucceda au Royaume, luy, & deux autres de fa ligtïce de Vitey premier Roys,s'éleua contrele dernier de la race d'Anchiu,&le tua. Il y eut de la ligase d? ce Zaitzon 17. Roys , qui régnèrent tous en pai!l l'efpacé de 200. ans. Le dernier de cette lignée s'appelîoit Tepim,contrè lequel vintlegrand Cham de Tartarie nomme Vzou qui entra dafts la Chine, & s'en rendit raaiftre, telle; ment que^.Roys Tartarcs y régnèrent l'efpace de qua, tre vingts & treize ans. Tzintzon le dernier des p.ftît fi inefchant, qu'il fut càufe que le Royaume Ce des - vnit , & que tous éleu- rent feçrettemêt pour leur Roy vn nommé Hombou, homme de grande valeur de la lignée des anciens Roys , qui aflTemblant feaiicoup de gens fit tant qu'il chalfa les Tartates hors de tout le Royaume. Il y a eu douze Ro^s de lalighée de ce Hombdii, eii ' comptant celuy qui règne â prefent : les onze precc- dens ont règne l'efpace de 200. ans. Celuy du iour- d'huy fe nomme Bonog, &a fuccedé au Royaume pair la mort de fon frcrè aifnc,qui mourut d'vne cheutèdè chcual. On le tient pou^gentiI, plein d'entendement, & grand iufticicr. Il eft fâarié à vne fienne eôufinei Sk en a vn fils. *" isc©tRs 79i D I s c o V R. s DV RO YDV I APON. SOMMAIRE. I. ià longueur largeur-, eftenduë, & confins du la^on àiuiséen trois membres. Et combien chacun d'iceux con- tient de Royaumes, ou Seigneuries. z. Defcription de l'eftat ancien de ce Pays,gomerné lors parvn feul Prince appelle Vo,ou Dair. De. Meaco principale ville du lapon : ojfacaye, iunquo , & autres célèbres Citez '■ leur fituation & grandeur. 4. Bonté de l'air de ce Tiojaume , abondant enriz> metaux,&or,hauts cedrest& d'étrage grojïcur en animaux ierreftres & volatiles. De deux admirables montagnes, dont l'vnepajfe les nuées en hauteur-, & l'autre bfujle tou- fiourSi Ù vomit flammes. 5-. De la fttbttltté d' efprit > é" difpofition de corps des lapono'u : la façon de leur cheuelure , de leur breuuage, manger, & dormir : la couleur de leur vifage, leur langa- ge, & lettres dont ils drejfent leur efcriture : leurs armest éf l eur Académie pour infiruire la ieunejfe. 6. Leur richeffe au trafic de riz t perles y or» & pierres precieufes. 7. Du reuenude leur Roy. 8. Des forces maritimes . & gouuernement de cet Efiat & premièrement du fréquent changement des Princes Gouutrmurs des Prouinces. 9. Des trois principaux Magiiîrats Zaco,^co, Cubaca- ma,& des cinq Ordres, efquels le peuple efi diuisé. 10. Des fuppliccs des criminels. U. De l'impiété dts laponoii . nians la Prouidence de Dieu, & l'mmortalitédes ames : & de leurs Prejlres appiclkz Bonzes, dtutfez en onze fedes différentes, & con- traires. • 11. De leurs Temples, & Dieux Potoques , & Cames, à" de la fréquente apparition des Démons & diables en diuerfes formes, la rufe,& force dont ils vfmtpour fe faire ttdorer. 13. Cérémonies es pompes funèbres, & obfeques des la- fonois. i^.Des lefnitesdu Japon, & l'admirable conuerfion des peuples au Chnjïianifme , par la Prédication du Pere Xauier,& autres de cette Compagnie. E lapon, ou lapan , ancîennemcnt nom- mé Chryfe , & félon Marc Paul. Zipangry eft vn corps & amas de plufieurs Iflcs fc parées par des petits Golphes > deftroits, & tournoycmcns de mer . ôc cét amas s'étend depuis le 31. degré de hauteur , iufqucs au 39 On ne fçait bonnement fa grandeur : fa largeur n'eft pas égale, veu qu'en quelques endroits clic n'eft que de dix liîués , & pour le plus de trente. Ses Iflcs regardent du Leuant la npuuellc Efpagne > du Nord les Tarta res, & autres peuples incognus , & (àuuages, du Cou- chant la Chine , ik du Sud les terres incogneuës, auec vn grand cfpace de mer au miheu. Elles contiennent 66.petis Royaumes, &font diuifées en troismembres principaux, dont le premier & principal nommé la- pan . contient yj. Seigneuries > Royautnes> donc les plus puifTans fofic ceux de Machau , où les Portugais négocient, & d'Amaguncc. Le Roy de Machau a fous luy Z4.0U 26. Roy aumes, &celuy d'Amaguncc 12. ou 15. Le fécond membre cft appelle Ximo, & comprend c). Royaumes , dont les principaux font ceux de Bun- go. &dcFigen. Le troifiémc membre eftceluyde Xicoum, qui contient quatre keyaumcs, qu Sei- gneuries. Les plus illuftres de toutes ces Principautez font z celles de Coquinay.où cft là renomée ville de Machau. Autresfois tout le lapon a obey à vn feul Prince, qu'on appelloit Vau, ou Dair , iufqu'à ce qu'vn de ces Monarques s'étanttrop plogcdans les délices, fut txip- prifédes Gouuerneurs de fes Prouinces, & principale- ment des Cubes, qui étoient les deuxprincipauxfdont l'vn ruina après lapuiffance de l'autre) tellement que ces deux s'emparerét de tout ce qu'ils purent, ôc en dé- poUillerét le Dair. L'ambition creuft de main en main, &tantoftrvn, tantoft l'autre fc reuoltant, lesvnsfc faifirentd'vncpartie,les autres d'vneauircfouslcnom de lacatis, qui veut dire Roys.Toutesfois ils laiflerent au Dair le nom de Seigneur vniuetfel du lapon , mais fans aucune iurifdidlion oupuifTance, ôc Seigncurie:& c'eft àgrand peine que les Princes qui ont leurs Eftats voifiins de Machau, luy fournilTcnt des viures,& des ve- ftemcnsjtellcment que ce Dair n'eft que comme l'om- bre de l'ancien Monarque du lapon. Mais au lieu du Dair,dcpuis5oo,ansen çà,ccluyqui fcfait Seigneur de Coquinay, Ôc s'appelle Prince de laTenze, où font les f. Royaumes d'autour de la ville deMachaii.fc dit lou- uerain Monarque du lapon , tel qu'a ertc Nobunan- ga, &: après luy Faxiba, l'vn de fes principaux Capitai- nes, qui fubiugua du moins p. Royaumes.ôc tel qu'eft à prefent T3Ïcofama,ou Taïco. . La principale ville du lapon c'eft Machau , qui a eu de tour ii. milles ; mais eft maintenant moindre d'vn tiers , par le moyen des guerres ciuiles des lapooois. C'eft là que fe tient le fouucrain Magiftrat du lapon, compose de 5. hommes.Il y aapresIavilledjOffacayc. qui eft grande & puiffante, & comme on tient, la plus riche du Leuant, Il y demeure en cette ville beaucoup de marchands, dont ceux qui ont moyennement de quoy,font du moins riches de 3o.milles écus : & ceux qui font plus riches, poftcdent des sômes incroyables. Bungo eft la ville principale de fa contrée en vne aflSet- tefort commode. Coye eft vne ville dédiée à certain Bonze, qu'ils appellent Combodaffi. Tous les Princes font enterrez en cette ville , ou fi on loge leurs corps ailleurs , on y enuoye pour le moins vne de leurs dents. On compte encor en fes Iflesla ville de Pi^ngo, éloignée de Machau dix huid lieufts. Ceûc ville fiiC ruinée pour la plus grande partie du temps de Nobn- nanga,& vn tremblement de terre l'ébranla tellement l'an ijgô.qu'vne grande partie eft allée parierre,& peu après la plus grande partie,comme on tieHt,a cfté brû- lée. On y loge auffi Nangafche, où les Portugais vont trafiquer au havre, ville afliz belle, à 5. lieues loing de la mer , ôc opposée à Sacai , & pareillement celles de Vofuquin,Funay,Tofam,& pluf^urs autres. ^atiti âu îap on. Qualhê, 'Aîlr de ce Païs eft fort fain,combicn qu'il foit fort ^fiiieâ au froid,& aux ndges,& moittf ,à caufc des pluyes fréquentes, demémcquemontuciixj&fterilcs. Ils recueilleritleriz au mois dcSeptembre,& en quel- queslieuxle froment au mois de May. Les habitans tirent delà terre diucrs métaux : & Marc Paul Véni- tien, dit qu'en ce Pays il (ètrouuc fi grande quantité d'orjque de fon temps le Palais du Roy cftoit couucrt delâmes dor, de mcfme qu'on void les Egiifescn France cbuuertes de plomb, Ilya forceatbres qui font feœbiablcs aux noftres , & l'on void en diucrs en- droits J-es cèdres fi hauts, & fi gros, que les chaïpen- tiersen fonfdcs piliers de leurs Têples.& de mafts de quelque nauire quecefôit. On y void par les prez & par les châps force troupeaux de beeufs>& de cheuauxj écpar lts/oreftsdesIoups,Iieures,fangliersj&cerfs:il y a auflî force phaifans, canards de riuiere, tourterelles, cailles, &geiinotes : ils n'ont ny beurre, ny huile d'o- liue, mais feulement de l'huile tirée desbalaines. Les animaux domcftiqucs que nous auons en ce pays,font au leur. Entre les montagnes qui font en toutes ces ifles , il y a en deux principales , dont l'vne eft fi haute qu'elle furpalTe de Beaucoup les nuës,& eft appelice Fi- genoiama, l'autre brûle continuellement, & iette for- ce flammes,Le peuple vit vnc bonile partie de la chaf- fc des belles fauuagcs. , Mmrs, LEs laponois font pour la plufpart fubtiis , aduifez, fins,& de bon entendement , dociles, & de bonne memoire.On ny reproche à aucun fapauureté,&: l'on y fuit & detcfte la medifance, le larcin, & la couftume de iurer , & toute forte deieux de hsèiard. Ilsfe tien- nent glorieux d'ctre de belle taille, îls font pour la plufpart vigoureux,& l'âge de porteries armes s'éccnd lufques à 6o.ans.lIs ont peu de barbe,& pour le regard des chcueux, les vns tirent ceux de deuant, les autres ceux de derriere:& les pay fans ont la moitié de la tefte pelée auffi bien que le menu peuple. Les Nobles ne fe laifTent que fort peu He chcueux derrière •& fi quèl- qu'vn touchoit àcequirefte, ils leprendroient pour vnegrande offence. Ils couurent le bas du planchér de leurs chambrcs.de nattes enflées en façon de coete, & fort nettes. Ils n'ont moins de foin de la propriété què les Chinois. Ils vfent en mangeant de deux petits ba- ttons fi proprement , qu'ils ne laifTent tomber aucune chofe, & ils n'ont nul befôin de fe torcher les doigts, & les elTuyer à quelque feruiette. Ils prennent leur repas fur ces nattes.dont i'aypar- lé,& dorment auflî deflus.îls fe déchaulTent allas pren- dît leurs repas, afin de ne falir la natte aueç leurs fou- liers. Les panures , principaleiflcnt du long de la mer, viuent d'herbcs,dc riz, & de poifTon, mais les riches y font grande chcre, & s'y traiîtent magnifiquement & delicatemeBt,&: à chaque mets.lors qu'ils feftinentjon change aux conuiez la table fans nappe qu'ils ont de- uant eux,qiii eft de cedre,ou de pin, de la hauteur d'vn pied ou enuiron. Les confitures y font faites en forme de pyramide, Se font couuertcs d'or5& ont de petites branches de Cyprcz,qui s'aduancent dehors pour leur donner grace.Bien fouuent on porte la volaille auec le bec &: les pieds dorez. Ils font pluftoft oiiuaftiesque blancs, fupportent patiemment la peine, font defitcux dc.gloire, ne peuuét foufFrir les offenccs,mais fçauenc bien dillxmulcrledefirde vengeance, c'cftpourquoy l'on les tient pour traiftrcs. Il y en a parmy eux qui é- touffent leur cnfans à mefure qu'ib naillent , afin d'c- îjiter la peine de les nourris, 1,1^ n'ont qa'vn langage, mais telleriieut mclc de dj'uers mots , qu'il (cmble quq ce foicnt pluftoft plufieurs lan<^ues quVne feule.Lcurô caraderes ne fignifient pas /împlcment des lettresi mais des mots entiers. Leurs armes font des arquebu- fes,couteIas,poignards,& autres armes aduantagcufes, qui font fôrt legeres.lls ont le plus fouuét la tcftt nucj & quand ils portent le dueil il s'habillent de blanc.I's ont pour vn breuuage délicieux de l'câu,où ils mêlent j certaine poudre precieufe , qu'ils nomment Chie. Quelqucs-vns boiuent auflfî du vin , qu'ils acheptent des étrangers. Ils ayment beaucoup plus la venaifon que la chair des animaux domeftiques. Ils ont vne Ef. coic on Académie en la ville de Banoum,où le^ BonzcS enfeignent. Il y a auflî entr'autres vn Séminaire de le- fuitesàBungo, où les laponois apprennent lePortu- gais,& ceux d'Europe le laponois.Ceux du lapon vfent de l'Imprimerie de même qUe nous. Si quelque Noble a commis quelque crime , il eft affiegé à graqdes trouppes en fa maifon , 014 on luV commande de fe faire mourir luy- même, que s'il eft trop à ce faire,ils entrent dedans,& le tuent,luec tous ceux qu'ils y troiiucnt.pour laquelle violence euiter Ic^ maifons implorent fouuent la main de leurs fèrui- teurs , les requerans de fe fendre le ventre par le mi- lieu jleqlel genre de mort , alTez commun entr'eux les feruitcurs fbntcontens de fubir, pôur témoignage de leur fidélité chuets leurs maiftreS. lis n'ont point deprifon , rnais chaftienl les crimi- nels fur le champ, où les bannilTenr. Toute captures'y doit faire par furprife , aucrement lecouipàble fe de- fcndroit furieufemcnt. K,ichejje es. IL y a fort grand trafic de plufieuris chbfe S àu îaponi veu qu'outre le riz ^ue l'on y vend auk étrangers,& dont on charge force îkuires , on y trouue auffi des perles en grande quantité , qui font rondes & groffes, mais rouges ; & toutesfois autant ou pluseftimêes que' les blanches.Il y a auflî force pierres precietires,& fors, ce or auffiitellement que ces deux chofes rendant ce Royaume fort riche. Quant au Roy, outre l'obligation que les autres Roys ont de luy faire desprefens, &dcle feruir en tempsdepajx &de guerre, il y a deux millions d'or de rente de riz qui fc recueille aux polTcflîons qu'il s'eft refeirué, & l'on peut iugerpar là à combien fe monté Icreftede fes reucnus, doht le calcul n'a efté fait pat aucun quÊ ie fçache. foires , ^ G oÉUernemenL ON peut alTez cbgnoiftre quelles font les foi-cèè de ce Prince, puiis que Raxiba.qui dominoît auât celuy qui règne à prelent , âuoitdeffein , après qu'il fé fut rendu maiftre de tdut le lapon , où il ûionquit joi Royaumes,& ou il auoit vne grande armée,de paftcr à la conquefte de la Chi ne , & pout cet effed auoit faid: couper du bois pour iooo. vailTeaux pour païîèr dclluâ fon armce,D'ailleurs les laponois font vaillans âu pof- fible,tellementqu'vn petit nombre de ces gcnseU dé- fera vn bien grând nombre des Chinois. Or le gouuernement du lapon eft fort différent des façons de gouucrner que nous cognouTons en Europes veu que la puiftance & la grâdcur de ce Prince ne con- (ifte point en feis reuenus ordinaues,ou en l'amitié des peupies,mais.en l'authotité & eh l'Empircveu qu'aufli toft qu'il a acquis quelques Eftats, il les diuifcàfes amis & à fés affedlez, àla charge qu'ils le feruirbnt i leurs dépens , tant en temps de paix qu'en guerre, auec certain nombre de gens. Ceux - cy partagent encor leuis Eftats à leurs confidents , pour les aucis: 794 plus prompts leur femîce. Tellement que tous les biens dn lapon, tant publics que pavticulirrs . dcpen dent de peu de gens, & cepeu d'vn feul . qui eft le Sei- gneur de la Tenze » qui donne & ofte en vn moment ce qu'il veut . haufTe 6c baifTe , enrichit & appauurit les Princes ; Se lorsqu'il ofte quelque eftat à l'vn , ou change tous les Nobles & les foldats de cepays là,ou il ne demeure que les artifans & les laboureurs. Cette forme de gouuerncmcnt engendre de perpétuelles re- uolutions : premièrement pource que le Dair(qui combien qu'il n'ait aucune puifiance ny feigneurie.eft loutesfoisen grande efti me parmy lesYcuples)fait que les Seigneurs de Tenze,& les autres Princes.femblent tous tyrans, vfurpateurs du bien d'autruy , deftru- â:eurs de la Monarchie, ennemi? de la grandeur du lapon : ce qui leur ofte la réputation & bien vcuil- lance des peuples. De là vient qu'ils prennent aifément les armés, & que l'vn efpcre des'éleuer facileifient en âbaifTant fon compagnon. Dauantage, d'autant que les Princes fc changent tous les iouis , ilsnepeuuent eftieaymez des peuples, commeScignei^rs naturels, & ces Princes n'ccans af- feurez de la continuation de leur authoritc, ne s'afFe- ôionnent pas plus à vn eftat qu'à l'autre rains efperans qu'auecla même facilite qu'ils ont enl'vn ,ws en ac- querront vn moUeur, ils mettent ccluy là au hazard pour cettuy cy, & maintenant tous feuls, aiiec quel- ques autres poutfuiuent diuerfes entreprifes , & tien- ncntparce moyen ces Ifles en guerre perpétuelle. Or Faxiba.pour demeurer plusabfolu.auoit de cou^ ftumedctranfporter fouuent les Princes d'vn paysâ l'autre, afin que les Seigneurs ctans chaffezdes feig- neuries , & mis parmy des fubiedts étrangers , demeu- raient foibles, & fans moyé de fe rcuolter contre luyj 8c afin qu'ils le pûiTent encor moins,il diuifoit les Ro- yaumes & les Eftats.Tellemcnt que chaque Seigneurie n'auoit pas vn grand Eftat , & à caafe que leur pays eftoit étroit , ils ne manquoient iamais de fubiet de difcordcs & de guerres. Outre ce il voulut qu'en tous ces changéméns.tânt ceux qu'il logeoit mieux que ceux qu'il partageoit plus malluy allaflent faire la reuerence,preftei: hom- mage , & faire de riches prefens toutes les années: au moyen dequoy il tiroit à luy la plus grande partie des richeflcs du lapon. D'ailleurs il entretcnoit les peuples aux baftimens de diucrs Palais merueilleux , de Tem- ples magnifiques , de bonnes fortcreffcs, & de belles villes , & auoit aux dépens de fes fubieéls plus de cent mille ouuriers tous les iours , qui trauailloient à tou- tes ces chofes. x , c j cr ■ Il entreprit de faire vn Temple, où il nt deflein d'employertoutleferdu lapon ,veu qu'il commanda ^ que tous les marchands , & le menu peuple portafTent leurs armes en vn certain Ueu , pour ayder au bafti- ment de ce Temple : fi bien qu'en même temps il def- armoit le peuple , ôc faifoit des ouurages qui étoient admirables^ Quittant ce difcours, ie defire faire cognoiftre par qu elles gens ce Royaume cft gouuernc.Premierement il y a à Machau 3.hommes qui font les principaux Ma- giftrats de tout cet Eftat,qui ont fouueraine authorité, & difpofent de toutes chofes. Le premier.qui eft com- me le Pontife . & cft nommé Zazo , eft ctably fur les chofes facrées félon eux, Le fccôd.appellé Vco,furles dignitez Ôc honneurs.Le troifiéme,qui a nom Cubaca- ma.difpofe de la paix & de la guerre. Ce peuple eft diuifc en 5. ordres,dont le premier eft de ceux qui ont quelque authoritc & domination , & ceux-cy font tous appeliez Tones d'vn nom commun, combien qu'entr'eux il y ait d'autres degrez de dignité, comme parmy nous ceux des Roys , Ducs , Marquis & Comtes. L'autre ordre cft de ceux qui ont la char- De l'Eftat du Roy ge des facrifices, & du feruice diuin , & ceux- cy ont la tefte & le menton raz , font profeflîon deviurcGns femme, & font diuifez en beaucoup de fedesrmais ils font tous appeliez d'vn nom commun Bonzes Letroi- fiéme eft des bourgeois, & du tefte delaNoblelfc. Le quatrième comprend les gens de métier, ÔC de marine, & le dernier eft des laboureurs; Tous criminels font punis de mort, ou du moins font bannis,pour fauorables qiieleur foient les lugcî. On les fait prefque tous mourir à coups d'cpée , il cft vray qu'en quelques lieux on a de couftume de mener les larrons qui font attrapez, fur vn chariot, afin que tout le monde les voye,&: puis de les pendre. lorii LEs laporiois en Religion font femblabîes aux Chi- jj nois.iisfont plongez en toutes fortes d'impietez, & ont des opinions fi étranges , qu'il n'y a homme de iugement qui ne s'en étonne.ïls ont pour Preftres, & pour Dodcurs de leur loylesBonzes qui font di- uifez en onze fcôes différentes & contraires , toutes- fois elles s'accordent toutes à oier la Prouidencedc Dieu, Ôc l'immortalité des ames. Mais ils ne commu- niquent ces fecrets de leur impieté qu'aux Nobles.veu qu'ils traidlcnt auec le peuple des peines d'Enfer , & de l'autre vie. lUontdes logis magnifiques,& viuentpour k plat- parten commun. Ils nefe peuuent marier nonpluS que les Bonzes Rehgieufes , qui vont vêtues diuerfe- ment, Ils ont diuerfes Academies,dont la plus fameufc eft celle de Frenojama à pooo.de la ville de Machau. U y aenuiron 800. ans qu'vnRoy du lapon baftit en ce lieu jgoo.Temples, auec leursConuentsde Bonzes eCi pars en diuerfes vallées , & afin qu'ils pulTent vacquee à l'étude plus aifément,il baftit au pied delà montagne deFrenojama î.villages,qui les deuoientpournou dtf toutes chofes. Cette Académie monta à telle réputa- tion , qu'on n'en donnoit la principauté & conduite qu'aux fils , ou aux parens fort proches du Roy,d'au- tant que les Bôzes de ce lieu ioiiylToient prefque d'vn , tiers du reuenu du Royaume de Vome,& gouuernoicc auec authoritc celuyde Machau.Apres cela les chofes variées au déclin , tous ces Temples furent réduits à. 800, & les Bonzes lailTerent l'étude pour fuiurc les ar- mées : tellement 'que l'an is^y après pluficursaflaffi- nats &iroleries , ils entrèrent en la ville de Machau,felon l'hôneur qu'on luy porte. Ilauoit decoucu- çjnc defeprcfcnteren vn lieu en telle forte, Celuy qui (.ferufloit dedefir du bon- heur de l'autre vie,it ôtou fur vnmontoùil attendoit quelcdiable fe la-flaft voir à luy.On voyou après lefâtofrr.equiluyappatoiffoit en certains lieux folitaires, iufqucs à tant qu'il le precipi- toit en quelque lieu où il mouroit. Cette tromperie fut découuccte pst va 'eunc homme en cette forte. Vn ieune homme n'ayant pu retirer fon pere de telle fu- pcrftition,ferei'olut d'aller fecrettement après luy auec l'arc en main;pour en voir le fuccez. Le diable vint en vne certaine femblance^mineufe , & tandis que le' vieillard profterné en tenfe l'adore , le fils' tend fon arc foudainemcnt, & tranfpercede la flcchc vn renard en lieu du diable. Apres cela fuiuant la trace de ce renard, il arriua à ce précipice que i'ay dit, où il trouuaplu- fieurs olTemens de morts. Par ce moyen il deliura fon pere de mort,& les autres de tromperie. Il faut adiou- fier à cette folie celles des oblèques des morts , qu'on fait auec vnc grande pompe & cérémonie. Car les la- ponois, qui font defireux d'honneur, font vne infinité de fraiz aux funérailles deleurs trcpafîez, &les Bonzes amaflentforceargentpar cette voye. Ceux dont les héritiers ne pcuuent porter cette dcpence , font enter- rez de nuiâ; fecrettement, ou bien iettez aux voirie»* Ceux qui font plus deuotsà Amide,qui eft vn deleurs principaux Dieux.lors.qu'ils font faouk & fafchez de viure, fe mettent dans vne grotte tellement fermée de tous codez,, qu'il ne leur refte autre foufpiral s que d'vne petite canne percée. Ils demeurent là fansman- ger,inuoquansAmideiufques à la rnort. Aux lieux ma- ritimes , ils vont d'eux mefmes à la mort en telle for- te.Ils ami^Tent premièrement force argent d'aumofne, & l'ayant mis dans leurs befaces, prefchent publique- ment au peuple 'déclarent l'intention qu'ils ont de palfer à l'autre vie pour voir Amide, ce qui eft loiié de tous , qui s'étonnent d Vne fi grande deuotion. Ils fc pouruoient après de faulx pour couper les ronces &: buiflbns qu'ils tfouuent parle chemin» & montent fur vne barque ne«ifue,ayans le colJes hràs, uw3,içs cuiires,& les pieds chargez de cailloux ; puis ainfi quVîâ Ionien pleine mer, ils fe lancent dans l'can, ou ils te noyent. Us ador<-nt outrcles Focoqucs, les Cames, & Amide,le Dieu Xaqucqui eft vne des prihcipales î)d- tez qu'ils ayent. On y void la feéledes îanfuans.qui ne croyentque ce qu'ils voyent ou touchent. Il y a parmy tous ccsidoî.nres vn aftcz grand nom^ brcdeChreftiens, qui font plus pleins de zele & d'ar- deur que nous, tellcmetitqu'encot que les Roysde là Zcnfe en ayent fait exécuter plufieurs , & que Iw Chrefticns y ayent enduré de fort granJs tourmens ôc ennuis, il y en a toutesfoiscncor beaucoup qui n'ont iamais quitté la Rehgion qu'ils auoient embrafrée.Leâ Pères Xauier , & Turiam ïefuites, y ont longuement trauaillé, & conuerty beaucoup d'amcs , veu qu'en Amaguce on compta looo.ChreftiensJ'an îf^6.8c en Fiinie autant, l'an if^c,. le nombre des Neophices , ou nouuellemcnt conuertis , étoit de 1300. à Firande l'an ij(Î2.z.beaux frères du Roy deCangoximafurent bap- tisez auec leurs femmes, l'an 15^3, SumitancIeRo^ d'Omure fefitChrertien, & fut appcllé Barthelemyi puis le Prince Simbara fit deméme,& an p:ïs d'Ir^nry on b3ptifajooo.pcrfonnes,en refpacedcio.mLÎie , aii tour de Machau on baftit jo.Eglifes- donc i & fes ports prin- cipaux. - • f. Defcription du Royaume de Siam , fa fituatioti & (irmtifehreuinsfs, & villes prinçtpalesi ô. Muant aji 7. De Camhyei 8. De Càmpaé'ySyincapure, Quedèe,Aue,P'effne, 9; Pegu abondant en riz^ petits cikuaux , elephans, f èr^ roquets, ciuettes,çanncs de la grejfeur d'vn toneau, îubté.Ja' que s you gommes, poiure,beniom,mufc, alosSiOr^ tygresjiosp 10. 'Naturel de ceux de Pegu , addonnez aux femmes & délices, à la mufique,,& aux fciences. , ^ ' 11. Barbares mœurs des habitons de Canib.tve , ou les femmes fe iettent dans lefem , & bûcher funèbre de huè mar'ti, & les Nobles dans celuy de leur Prince. 11. HabiHemens cottonnez feruans d'armes à ceux de Tarmajfery, leurs boucUers d'étorces d'arbres, leurbreuua- ge d'eau fucrée, & leurs licis de cotton. 13. PuneratilesfoUmnehs%s facrtfiiaieurs , & leurs (eremonsesi " X X X a 14-. li^ur'^ De l'Eftat du Roy de Brame, 796 — ^ ,4 Lemfuhdes au trafic de leurs riz. cheuMux,ele- &1« rafraifchiffe par trani«e de drc en fon tcmp3.«c 14. Lean Tui>tji>:j ^ ^ j _ ^ ^^^^^^^ faite venir après elles des atmccs , des munitions, des viures, & autres chofes necclTaircs à i'vfage de la vie , & au maniement des armes. Et pource que les re-. uenus des Princes ( de même que les moyens des fub- jeâs d'où ils Ce tirent) font limitez. & que s'il tire du- rant vn ou deux ans force deniers hors de fon pays, il s'appauurira foudâin,& demeurera bié toft cpuife d'oc & d'argent : de là vient que les guerres éloignées ne le peuuent entreprendre,& fc peuuent encor moins con- tinuer , Cl ce n'eft parles Princes qui ont de grands threfors affemblez de longue main, ou pour le moins des mines qui ne peuuent faillir , veu qu'il eft cemia que les threfors pour grands qu'Us foient , prendront fin en peu de tcmps.d'autant que ce qui s'amafle peu ài peu , & par le menu en temps de paix , fc dépenfe en gros en temps de guerre:de forte qu'vne année en con- ïbmme beaucoup d'autres. C'eft pourquoy vn Capitai. ne dit auecraifon à Dom Sebaftien Roy de Portugal, lorsqu'il confultoit l'entreprife de Barbarie * qu'oa auoit befoin de trois torrcns pour cette gucrre,l'vn d€ viures, l'autre d'hommes, égl'autre d'argeitt:& vtj au- tre difoit à bon droit.que pour faire la guerre,il falloU de l'argent fans fin. Mais fi toutes les guerres requiè- rent yne grande dépence , celle quifefaitauloingl» demande comme infinie. , n r • Le grand Turc a éprouuc cecy en la guerre de Pctfe. oùvn Prince fi puiiTanta confommé fes threfors de telle forte, qu'il fut côtraindl d'abaiiler l'alloy de l'oc &dc l'argent . & d'en haulTer le prix au double, , & de fouffrir la faufTeté des monnoyes,& milles choies lem- blables,pour Icfquelles les laniffaires fe font fouuent mutinez, & ont couru furieufemct la ville de Coltan- tinople.en brâlantôc faccageant vnc grande partie. Et certainement l'argent eft vnechofe. Ci neceffaire à vi» Prince qui entreprcd quelque guerrcque leau lacques Triuulce, Capitaine fort renommé lors qu'on luy de-, manda quelles chofes étoient necelTaircs à h guerre, dit qu'il en falloir auoir trois toujours preites , c elt 1 fcauoir, de l'argent,puis de l'argent,&: encore après de Tarecnt Cequciedy fe doit entédre,lors qu vn Prince tire de fes Eftats la dépence de la guerre , pource qa il aduient quelquesfois qu'vne armée s'entretient d elle- même en faifant chemin,& de fa propre conqucfte,ÔC que la pourfuice d'vne entreprife donne meime des forces pour la continuer. Ainfi les Huns,les Vandales, les Gots,& les Arabes, Alexandre le grand,& du temps de nos ayeuls le grand Tametlan.emretindrent defort grandes armées hors de leurs pays bien longuement, pource que ceux - cy entrans dans des Proumces fans îrouuer prefque aucun qui s'oppofaft à eux . facca- eeoient les villes,& les païs.ôc s'entretenoiet de ce dc- aaft. Le même eft aduenu aux Portugais , aux Indes Orientales, & aux CaftiUans, aux Occidentales, & plus à ceux - cy qu'à ceux là , veu qu'rin'y eut '^'"'"^P*^": ple , qui fans dépcncer aucune chofe du lien ht de U grandes conqueftes, que lesEfpagnolsen ontfait de noftretempsenlanouuelleEfpagne,& au P"«-Mai? cecy n'eft pas fi aifé i prcfent qu'au temps paae, & le peut praéliquer encor moins en Europe qu'en Afic.oa en Afrique.à caufedu grâd nombre des fortcrcUcïjCa-' pables d'arrêter l'efpace de plafieurs mois, voicede pluficurs années de fort puifsâs ennemis, &; de les lait- fer ainfi que les Turcs éprouuercnt à Zighct petit ChafteaudeHongrie:veu que Solimâ l'étant venu af- fieger l'an mil cinq cens foixante - fix,auec 3fo. milles homjnes,ille prit finalement, auco vnc fi grande per- te des fiens, que d'vne fi grande armée U n'en ramena pas vn tiers , & les Portugais , qui au commencement de l'entreprife des Indes firent aucc peu de s , & en peu de temps des conqueftcs figualées , n'ont pa$ paflc outre depuis que ces peuples ont cftc pourucus (iRirtiUerie, p*4«j, or, argent, tacque, benioin, mufc,perreries,heurre, buile,& poivre. If. De la garde du Vioy compope de fix milles hommes, ér trente milles Elephans. Des Timars , & le grand nom- bre de gens de guerre qui fe trouue par tout le Rôyaume de Tegu. lé. Des terres du kojaume tenues toutes en fief du Roy ivie,à non à perpétuité. Et des fuppUces & peines ordon. nées contre leshomicides & les débiteurs. 17. De la Religion de cepajs, & quelle ellleur créance, de U Diuinité,& de deux efprits qu'ils attribuent à l'hom- me: De laftatué duPere des hommes Jongue de cinquante fof, entr' autres dreffées dans leurs Temples. Leurs Prejîres & facrifces. \%. Quelles opinions ils ont de la création & durée du monde. Quels font les Dieux qu'ils adoret,&de la condi- tion,& lieu des ames après qu'elles font feparées des corps. 19. Des Conuentsde leurs Preftres port ans tefteù bar- be raze,partie rente^ipartie viuans d'aumofnes. fi V A N T que paiTer plus outre en ce difcouri, il faut fcauoir que queliques Royaumes des Brames, ou Bracmanes» obeïffoientiadis au Roy de Pegu,le long de la riuierc , & vers le lac de Chianay, où U ccnou fes Lieutenans. Or il y aenuiron6o.& tant d'années, qu'vn Lieirtenant qu'il auoit au Royau- me de Tangut, fe confiant aux gens qui le fuiuoient,& en l'authorité qu'il Vétoit acquife pat fes faits d'ar- mes,fe reuoltaxontrece Roy, & luy ofta ce Royaume, en tuant tous les principaux , & prit encore les villes & Royaumes de Prom,Melintay, Calam,Bacam,Mi- randu , & Aue , pays habitez des Brames, qui tendent vers le Septentrion , & ont de longueur plus de 150. lieues. Il entreprit encor de fe rendre maiftre de Siam, & vint iufques à la veuè d'Odie.capitale du Royaume de Muantay : mais il n'y pi'it aduancer aucune chofe. Il fe mit à cette entreprife auec 300. milles perfonnes, em- ploya trois mois \ fe faire chemin par des montagnes fort afpres.par de grades forcfts, &par des Ueux inac- ceflîbles, où il peiditfix vingts milles hommes, & emmena zoo. millesSiamois prifonniers. Eftant après de retour en ion premier eftat , ilalfaillit le Royaume même de Pegu, & le conquit, puis l'an 1587. retour- na à l'entreprife deSiam , & en vainquit le Roy, qui fe fit mourir par poifon , mais les enfans demeurè- rent prifonniers , de forte qu'il conquit vne bonne partie de ce Royaume. Cettuy-cy auec fes fucceffeurs, eft nomméparles Hiftoriens modernes Roy deBra- rac » ou félon quelques autres , dcBerme, pource que fa grandeur commença par la conquefte des Royaumes des Brames. Mais les Portugais luy donnant le nom delà plus noble, &plus cognue partie de fes conque- ftcs , l'appellent Royjde Pegu. H a eifayé depuis bien fouuent de fe rendre maiftre de la ville de Odie, & eft venu à cette entreprife auec vn million de perfonnes. Et afin que celane fcroble chofe fabuleufe ( pour ce que nous auons dit ailleurs chofes femblables)il ne fe- ra pas hors deproposdemonftrer icy d'où vient qu'en CCS quartiers - là , & en^queîques autres , on met en campagne défi grandes armées, le dy âanc premièrement que les guerres fe font, ou i fur les fron;u>3 munitions, & tout ce qui eft requis pource regard.eft d^ineftitnable dépcnce.de laquelle la plufpart des peuples du LeuanE font exepts, principa- 797 Pegii. Icmencceux qui n'on!: pratique les Arabes, nyles Portugais, & qui fe ticr:ncnc loin delà mer ,&auanc dans le pays. Ce n'eft pas ai-iiî chofe peu confiderable. que CCS peuples vont à !a i.;uerrc fans armes defenfi- ues.fanscuirafTeSi fans morions.fàns maille,& fanSpIa- ftfon, en quoy nous dépenfons beaucoup , ôc outire et nous les charrions d'vn lieu à l'autre fans vne autre dépence, étans en cela fort difFerens des Romains, qui portoient fur fiuxles armes offenfiues ôc àthn(\\xt%, lors qu'ils alloicnt à la guerre, & bien fouuent encot leurs viures pour dix ou douze iours. Or CCS peuples ayans ces aduantages de la bohté dU païs, de la facilité de fe nourrir , de fc vêtir, & de s'ar^r mer.il leur eft aifé de mettre en vn befoin de beaucoup plus grandes armées, qu'à nous,àquiil faut tîeaucouji de chofes , dont ils n'ont pas cognoifiTance, Ainfi nous Hfons de fort grands cfFe6is des armées des AlfyrienSj ôc des Ethiopiens, de Bc'lus.de Nine.de Semiramis,dé Cambyfe, de Cyrc, de Daîre,deSefoftris:& aux temps moins anciens, des'Arabes, des Tartarcs,&desMogo- res: ôc pour n'alléguer pas des exemples fi éloignez vojrc même pour acquérir de la créance aux chofeS pàffées par les fu»:cezprefcns , celle qu^ aduint en An- gole l'an 1584. eft fort fignalce. Angoleeft vne riche Prouince de l'Ethibpie Occi- dentale , voifine du Royaume de Congo. Paul Diazi Capitaine Portugais, rencontra en ce pays lei. iourdé Feurier vne armée de lioooo, milles Ethiopiens , que le Royd'Angoleluy oppofa , qui fut toutesfois rom^ pué, &mifeenfuite. lleft vray que les grandes ar- mées durent peu , ôc font plus fcmWables aux torrens qu'aux riuieres:veu qu'on les peut bien mettre enfem^ ble,mais non les,entretenir,finon autant que ce qu'ils portent aueceux dure. Delà vient qu'elles font difli- pées en peu de iours , & abandonnent bien toft l'cn^ treprifc: d'autant qu'ils nemeinent rien qui puiffe ti- rer après eux les marchands , & les viuandiers auec les cho/êsneceflaires pour le fouftien de la vie, poiic IV^age de la guerre.outrc qde pour pouruoit vn mil- lion de foldats de ce qui leur eft neceifaire , il'faudro è vn autre million d'hommcs,de charrettes,de beftes dé charge, & de goujats de marchands , & de viuandiers qui les fuiuiiTcnt £k les riuieresne pourroient prefqué pouruoir à vne telle multitude d'eau, ny les campa- gnes de bleds.à raifon dequoyil faudroitqu'ellefe rui- naft , & s'aneantift d'elle même. CcsRoys deLeuant ^ qui mirent fur pied des armées extraordinaires, ôc les menèrent à la guerre en pays loingtains, & cognoifi fans bien ce que nous venons de dirc,fircnt première- ment grande prouifion d'argent Ôc de yiures.de muni- tions, & détoures autres chofes neceifaires Entre les autres Xerxe , qui mit en campagne la plus grande ati mée dont on aye iamais ouy parler, dreifa tou^fon ap- pareil l'efpacc de fept années. Mais pour retourner au Roy de Brame j il prit ceS années dernières les ports de Martabane, & de Tarnat ferj puis tournant fes armes tantoft du cofté du Nordj tantoft du Ponant, il trauailla les Princes de Caor , de TipUre& fe tendit maiftrcdu Royaume de Marciri & Aracan , ayantmené à cette cnireprifc 3©o, milles hommes,&4o,milles Elephans. Ce Roy 'poifede auiourd'huy les Royaumes de Pe- gu, deTangu, de Prom, Melintay , Galem Bacam^ Mirandu , Aue, & Brame , qui (ont expoféz au Nordj puisle-Royaumedé Siam, &les ports de Mattabane* & de Tarnafler, & encor le Royaume d' Aracan , & de Marcin. Le Royau/ne de Pegu eft aflîs en forme de demie lu- ne,entre les môtagnes habitées des Brames, &des lan- t^omes , & s'étend le long de la mer depuis la ville de Rei^poTce fur la coteau quatorzième degré ôc vU tiers, mfqucs \ Sedqe, qui eft au dix - feptiéme degré txx i pareil 798 De i'Eftàt du Roy de Brame, pareillement fur la coftcl'efpacc de ço.lieuès, & com- prend bien enuiron autant en largeur dans le pays. Les autres difcnt que le Royaume de Pegu occupe du cofté de la mer prés le riuagc Occidental du Golphe de Bengale 300. milles , & prennent cet efpacc depuis la villede Tauay, iufques au CapdeNigraes: 11 eft trauerfépar le milieu de la villede Pegu, qui donne fon nom à tout le Roygume.Scs ports principaux Ton t Pegu, fur la riuicre du même nomjTauay, Martabanc, & Lofmin. j Le Royaume de Siam, qu'on nome auffi de Sorneo, eft très- grand, & s'étéd tant du cofté d'Eft.que d'Oiieft, iufques à la mer. Il eft aflis entre le païs de Cauchiuchi- nc,& le Royaume de Terme pour le regard de ce qui eft auâten terre,& pour le regard de la cofte,!l s étend depuis /a villede Campae iufques à celle de Tauay, & cétefpace fait enuiron 300. licuds. Il eft vrayqueles Mores & Arabesen ont vfurpé prés de ioo.& tiennent les villes de Patane, de Paam , d'Ior , & de Pcrc , & les Portugais fe font faifis de la ville de Malaque. Or ce Royaume en comprend quelques particuliers , c'cftà fcauoir ccluy de Siam ou Chaumua premièrement, puis celuy de Muantay, où eft la ville d'ddia, & celle de Brame, Caipumo,Cheneram,Cambayc,& Campaè, & outre ce lamgomc, Cucray, & Lancaam, lefquclS 3. Royaumes font habitez des Layes. Les principales vil- les de tout ce Royaume font Siam , Odie, Cambaye, Campae, Sincapure, Malaque , & Quedoe. g Siam eft vne fort grande ville & propre au commer- ce , vcu qu'elle eft aflîfe furie bord de la large & pro- fonde riuiere dcMenam, il y agrand nombre d'ha- bitans , veu qu'outre les naturels , on y compte préi de 3o.millcs familles de marchands Mores. Odie capitale du Royaume de Muaatay , eft plus grande queSiam, veu qu'on ycompte prés de 40. milles maifons. 7 Cette ville eft baftie à la façon de Vcnife , telle- ment qu'on fc peut pourmencr par tout fur des bat- teaux, & l'on dit qu'on y en trouuc bien deux cens milles. Cambaye eft affife furie bord de la riuiere de Me non , qui venant delà Chine , auant que fc décharger dans la mer des Indes, reçoit beaucoup de riuicres , ôc prés de fon emboucheure forme vn lac qui a de tour enuiron aoo.milles. Cette ville eft capitale du Royau- me deCambaye. Campae eft vne ville maritime, qui communique fon nom à tout le Royaume. Celle de Sincapure eft aflîfe en l'extrémité Méridionale de ce païs fur vn Cap, que quelques ■ vns prennent pour le grand Promon- toire , où Ptolomécmet la ville de Zabe : mais Magi- nceftimequc c'eftpluftoft Palure dePtolomée, d'où partent ceux qui veulent aller par mer en Chryfe , ou au lapon. Quant à la ville de Malaque , ie l'ay d'écrite audifcours du Roy d'Efpagne. Quedoe eft vne ville renommée , à caufe du poiure qui naift en fon terroir. Aue étoit vn riche Royaume des Btames.ou Brac- manes , auant que le Roy de Brames s'en emparaft. Sa ville capitale eft Aue, affife fur vne ruiiere de même nom. Le petit Royaume de Vcrme eft voilin de celuy de Bengale . 6c n'a aucun port de mer. Quant à ccluy d' A- racham , ileftaflîs au bord du Royaume dcBengale prés la riuicre de Chabery.La ville capitale qui donne fon nom à ceRoyaumceft affife fur ce flcuue,& à 45. de la riuiere de Pegu , qui courant pzr toutle Royau- me, s'enfle quclquesfois fi fort , qu'elle inonde vn grand efpace de terre. Cé païs nourrit aufli force ani- maux , entre lefquelsil y a vn nombre prefqueinfiny de petits chcuaux , qui font toutesfois bons , propres à porter, & force Elephans qu'on prend, en certaines montagnes fort hautes, & qu'on garde pourl'vfagedt milles loing de la mer. Qualité, LE terroir du Royaume de Pegu eft extrêmement fertil,& propre à porter du froment.On recueille ordinairement vue incroyable quantité de lisb à cai^fc la guerre. Il y a pareillement des Perroquets y qui ont la voix meilleure , font plus beaux qu'aucuns autres qu'on voye ailleurs. On y trouuc auffi grand nombrede ci- ucctcs, il y croift des cannes de la grofleur d'vn ton- neau. On y void auffi force rubis qui y naiftcnt. Il y vient auffi force laqucque quelques- vns difcnt être la- gomme de quelques arbrcfjles autres difcnt qu'on l'a- mafte fur les feuilles comme la manne. Le païs de Siam eft plein, mais entouré démon- tagnes , fort herbu , plaifant , gi as & fettil , ôc abon- dant en riz, en bled, & autres chofes neceflairesà la vie. Il porte quantité de poivre, de bcnioin , d'or , d'ar- gent , d'étain , ôc d'autres métaux. Ils'ytrouue aulîî force mufc, & grand norribre de chcuaux 6^ d'Elc- phans. On void en ce pays le lac de Chianeay, duquel fortent les riuicres d'Aue,Caipuno,Menam,Menon,& autres, qui arrofent plufieurs Prouinces, & rendent leurs tenesgraflcs.ainfi que le Nil faiften Egypte. Il y aducoflé du Leuant fur la frontière de Chanchin- chine de grandes forefts;OÙ fe noutriflcnt force tygres, lyons,& autres beftes fauuages. Le païs deCambaye eft abondant en riz,en chair, & en poifloDjde même qu'en chenaux, & en Elephans, & produit auffi quelque peu d'or. Le Royaume de Campae abonde en or , & en tou- tes chofes neceflairesà la vie. Il produit de meilleur aloés qu'on puiflTe voir , & qui nailTantaux monfa- gnes n'eft moinseftimé detous leis peuples d'Orient que l'argent. LeRoysumc d'Aue porte force fpinelles , & rubis' qu'on amafle en. fes montagnes. Il nourrit auffi des animaux qui portent le mufc,& femhlablementgrand nombre d'Elephans & de chcuaux, & la terre abonde en tijUtcs choies ncceflaircs à la vie. Mœurs anciennes. A Fin de n'ennuyer le Ledeur par desret^'tcs im- portunes, iele remets pour ce chef au difcours du Royaume de Narfjnge , oùil pourra voir premiè- rement en generalles mœurs anciennes des Indiens, & en particulier celles de quelques païs quifontàpre- fcnt fuieéts au Roy de Brame. Mœurs âe ce ternes, CEux du Royaume de Pegu font de moyene taillg» & pluftoft gros que dcliez,Ils font agiles & robu- ftes,& toutesfois peu propres à la guerre.IIs vont tous nuds excepté qu'ils couurcnt leurs parties honteufcs. Ils couurcnt leur teftc d'vn drap blanc, qui eft accom- modé en façon de mitrc.Ils font cxtremcmentaddon- nez à l'amour des femmes , & portent pour l'amour d'elles des clochettes d'or ou d'argent pendues à leur membre, afin qu'elles fonncnt lors qu'ils vont par la ville. Quelquesluifs tiennent quclcs mines d'Ofir re- nommées en l'Efcriture étoient en Sumatre, & quel- ques autres en ce Royaume, 6i que ceux de Pegu ont tué leur origine de quelquts luifs qui y furent confi- nez par Salomon. Mais les fots Peguins difcnt qu'iU fontfbrtis d'vn chien & d'vne femme Chinoife', qui rcftaence païs du bois d'vnnauire. Us font du tout addonnez ou de addojinez s toutes fortM de plaifirs , & milles/upcr- llitions étranges ôc ridicules, Ceuxdii Ro.yaumcdeSiam fe plongent en toutes fortes de délices, aymcntpalEonnément les femmes, &fontfuiets àgourmander an poflible. Ils affedion- nent la mnfique , & s'y plaifent tout ce qui fe peur. Ils n'exercent poiut d'arts mechaniques j mais ont grand nombre d'cfclaues dont ilsfeferuent pour cet cfFeft, toutesfois ils vacquent au labourage. Ils ont des éco- les publiques , où ils enfeignent leursloix & leur reli- gion en langue vulgaire: & quant aux fciences, ils les enfeignent en vne autre langue fort différente de la commune. Ils s%ftiment des plus nobles , & font pro- fcflîon de l'honneur. Ilsfont magnifiques en leur ha- bits. LesRoys de Siamétoientiadis obligez à leur ad- uenemciicà la couronne de commencer quelque tem- ple, lequel ils ornoient de fort hautes pyramides , ôi dVne infinité d'Idoles. Leshabitans du Royaume deCambaye fon£ vail- hns au polîïble , & s'addonnen t à la nauigation, Se au trafic: toutesfois leurs mœurs fo nt fort barbares, veu qu'ils péfentqueles hommes & les belles font de mé- 1 me condition. Leurs fcrrtmes feicttcnt dans le feu, où j . elles bruflcnt après la mort de teurs maris: Se après 1 yla mort de leurs Roys, non feulement k'urs femmes, I mais encore quelques nobles fcprecipitoicnc volon- j tairementdans le feu oubrufloient les corps de leurs | Princes. Ceux deCairpaevferiC fort du bois d'aloës, tant en leurs bains <5u'aux funérailles des principaux delà Ptoiiiticc- Ceux de TarnefTcy s'arment d'habillemésfort cot- tonneux, d'épces courtes & de boucliers ronds faits d'efcorces d'arbres , viuâs de toutes fortes d'animaux, excepté dé vaches. Ils mangent à terre fans nappe, ny fèruiette, &: ont pour leur breuuage de l'eau fucrée. Leurs lifts font hauts éleucz,& faits de cottoni& leurs habits font auffi de cotton,ou defoye. Ils cultiuent les terres de même forte que nous , 6c viuent prelque de même façon. Mais ils ont de couftume de ne dépuce- ler point leurs femmes , ny les toucher , qnê<]uelque blanc, loil Chreftien ou Mahometan, n'y ait donné la première atteinte : & de là en auant , fi les maris les trounenten faute , il leur eft permis de les tuer. Lors que les Sacrificateurs viennent à mourir , ils bruflent leurs corpj, & font vn facrifice folemnel au diable, & les cendres ctans recueillies, ils les mettent dans les vrnes, ou pour mieux s'expliquer, dans de grands ysfcs bien clos 8c bouchez, qu'ils enfuiiylfent fous terre, 6c tandis que lé corps brufle, iis y ietteiu force aloës, myrrhe, beri!oin,corail,encens,fandal,& autres odeurs foiiefues ,& aromatiques, &cependant les trompet- tes & les fleuttes Tonnent. Durant' cette folemnité il y a vingt ou trente hom- mes defguilêzcn diables, ainfi qu'ils les peig,ncnt, qui vôntautour du bûcher fautelant, & trepeignant de^ joye, & comme alfeurant le mondedu repos du de- fund:,de qui la femme eft toute (èule prés du lieu bat- tant fa poiétrine , pleurant & gertiflant , & s'éeriaht luecvn grand témoignage de triftclfe, & tout cela fe fait enuiron la minuift. Quinze iours après cccyla femme du delFunâ; conuietous fesparens , & les plus proches du trépaifc,& leur fait vn grand feftin au lieu même oùfon mary aeftcbruflé, où elle fe trouuepa. rce de fes robes & i oyaux que fes parens y portcht , & faifaat vne folfe profonde, ou bien vh puits, ils l'em- jplilfent de bois fée & aromatique , l'entourent de ro- fcaux comme vne haye ou clofturc , êc couurent ce lieu d'vn drapde foye, afin que le puits ne foitap- perceu. Apres le feftin plufieurs meneftriers iciient de leurs inftrumens autour de cette folfe , & cela fait on facitifie au Diable ; ôc foud^ia cjuc le facsifice eft Pegu. . finy, la, femme vient comme toiite forcenée , danfanc & fautant en tirant vers ce puits qui eft tout en feu, 8c ai vomit force flammes, fe recommande aux prières eceux qui font dcguifezen diables, afin que Satan la rcçoiuc en fa compagnie , 8c luy rende le voyage feur & aifé. Ces propos acheuez elle court vers le puits , s'cnueloppant de fon drapde foye, & fcJancc toutevincdans la flamme, & foudainfes par es la char- gent de bois , 8c de poix refine , afin que ces roâtiei:eS ainfi combuftiblcs la facentpluftoft mourir. Qiie fila femme oublioit cedeuoirà l'endroit de fon mary, elle feroit des- honorée à iamais. Il faut toutesfois nottcc que cefte couftume eft feulement obfcruée par Icà grandes Dames, & que les plus grands dupaysaffiftcnt ordinairement à cette cérémonie. Leshabitans de Vcrmc font noirs, & vont tous nuds , excepte qu'ils couurent de toilcde cotton leurâ pairties honteufcs. Kichejfes: LA fichelfe de ces Royaumes peut eftre comprife par leur fertilité : car le pays étant plein & arrofé de plufieurs belles & grandes ^iuiercs qui engrailfcrit les terres, ainfi quèlc Nil fait en Egypte, onnefçau- roit dire combien toutes chofes yabondent. Ils tirerit beaucoup de leurs riz,ch!"u3ux,& Elephans,de leuror, argfnt , & écain. Les marchands y abordent de tous ^oliez , emportent du Pegu force liz , comme i'ay ja dit, delà lacque , du benioin , du mu fc , des pierre- ries, de l^rgent, du beurre, del'huiie, du fcl, des oig- nons, & chofes femblables propres à manger. On tire de fes ports quarante vaiîfeaux , voire dauantage, char- gez de riz pour Sumatre. Le Royaume de Siatn cnuoye dehor^sdu poivre, dti , mufcdu benioiujdel'orjde l'argent & del'étain, & vri nombre pi:efquc iiifiny de cheuaux & d'Èlephans. Cc- luy de Cambaye porte quelque peu d'or , & pouruoit les étrangers de force cheuaux & Elephans. ' Ccluy de Campaê ne tirepeu de profit de fon bois d'aloës. Qiiedouè eft renomnictfà caufe de fon poivré , qui ell fort bon , & pour cette caufe eft recherché des ! marchands étrangers qui abordent éspays de pardé- ] !à.^ . ■ j 11 y a au Royaume d'Ane grand nombrede mat- ; chands de pierreries, princi paiement de rubis 8c de fpi- nelles. Ils vendent auffi quantité de mùfc , & force cheuaux & Elephans. Par ce que deifus on peut iuger fi le Roy de Bri- mes , qui a des p.Tys fournit de tant de chofes qui font recherchées de toutes parts, doitauoir de grandes ri. ch elles. ON rié peut douter que le Roy de Brame ne fcjit vn pui fiant Monarque, puis que je RoydeSiam, qu'il a dépc tiillé de fùn Royaume , qui n'eft prefque qu'vne quatrième ou cinquième partiedfc fes Eftats» auoit ordinal remetat éooo.mille horiimes de garde,&: trente mille Eieghans , dont il y en auoit trois mille propres pour la guerre, ce qui doit cftte beaucoup cftîÊné, à caufe de la grande dépcncè dé ccsanirrauji; Il auoit comme des Tirhars par ion Royaumes & pat ce moyen vingt triiile cheuaux-,& deux cens cinquan- te mille hommes dè pieds tous prtfts à le fuiarcà la guerre , fans charger autreinent le IloyaiJme :&s'il «uft voulu roeitre iur pied de plusgrandes forces , el- les fulfent mdVitées à vn million d'hommes', polircé que le Royaume eft fort grand, Scies villes JiPro- I uinces y (ont du tout pleines , 8c peuplées ; car la fetj- ie ViUc d'Vdici capitale t U Ro/aume de Siam , peut Xxx 4 cnuoyef r 800 De l'Eftat du Roy de Brame, ou de Pc gu. eauoyer dehors cinquante mille hommes. On peut comprendre par ce que dcffus , combien ce Prince eft puiflànt > puis qu'il abonde, non feulement en viures , & toutes fortes de richcflès * mais encore en hommes. Gomernement, TT E Roy de ce pays eft Seigneur abfolu de toutes JL/les terres de fcs Eftats , & les baille à tenir à des laboureurs pour certaines fommes, ou bien il les don ne aux grands de fon Royaume pour leur entrctcne- mcnt, &pour quelque temps , ou bien pour leur vie; mais non à iamais à perpétuité pour en difpofers&lcs laifTer aux leurs comme vn droit héréditaire. Il donne encore aux principaux des villes & des terres auecla- rifdidion , pour quelque temps , ou pour leur vie , à condition qu'ils le viendront feruir aux occafions de guerre, auec tant de gens de pied, de cKeuaux,ou d'E- Icphans. Le Roy de Pcgu fouloit auoir autresfoiscn- tr'autres foldats de fa garde, mille Chreftiens,aufqucls ilfefioit, & qui manioient toutes les affaires de fa Coiir, On tient que ce Prince les chargea d'étranges impofts. Entre ceux de Tarnafler , l'homicide eft puny de mort, fans qu'aucune grâce liiy foit faite. Les debteurs font condamne/, \ fatisfaire, fi le créancier montre la cedule , veu qu'ils ccriucnt en du parchemin , prefque fcmblable aunoftrc, au iieu que ceux de Calicut écriuent en des ccorces &tab!ectes de bois. Si vn étranger y decede iâns hoir , le Roy fuccedc à fon hé- ritage, d'autant qu'aucun n'y peut tcfter , les Roys fe difant Seigneurs de tout • 7(eligion, ^7 Eux de Siam , qui font eftimez antheurs de pref- ^ yque toutes les fupcrftitions des contrées de par de- là, tiennent Dieu pour Créateur du Ciel (3c de la terre, Se pour celuy qui doit rccompenfer les bons, Se punir lesméchans. Ils croyent que l'homme a deux ef prits autour de luy , donc l'vn le guide au bien , Se le garde, & l'autre le tente & le trauaille.lis baftilfent pln- lîeurs Temples fomptueux. Se y drelfcnt beaucoup de ftatués d'hommes qu'ils difent eftre montez au Ciel pour leur bonne vie. Entre les autres ftatucsonen ' void vne du pere des hommes, comme ils difent , qui eft longue de trente pas. Ils ont opinion que ceftuy cy fut cnuoyc du Ciel , Se que de luy nafquirenc certains perfonnages qui endurèrent de griefs Se fafcheux tourmcns pour l'amour de Dieu. Les Preftres qui font fort honorez en ce pays, vont vécus de drap iaune ( veu que tout ce qui eft jaune pour larcifemblance qu'il a auec le Soleil & l'or, eft là dédié à Dieu )& les femmes n'entrent nullement en . leurs maifons , où ces Preftres ne nourrirent point de poules, parce qu'elles font femelles. C'eftvn fi grand forfait parmy eux de boire du vin, qu'on lapide les Preftres qui font conuaincus d'en auoir beu. Ils ieuf- nent fouuent : mais principalement en vn temps , au- quel tout le peuple court aux Temples , & aux Pré- dications qu'ils font. Ils difent leurs Offices , à heures i8 déterminées , partie du iour , partie de nuid. Ils tien- nent que le monde a eu Gommencemcnt,& doit durer huid mille ans , ôc qu'ils en ont déjà patTc fix mille. Ils tiennent auffi que le monde finira pat feu , &que lors 00 verra ouiirirau Ciel fept yeux au Soleil, qui fechcront les rmieres , Se la mer. Se brûleront la terre, êi qu'il rcftcta parmy les cendres deux âeufsjd'où for- tiront vn homme Se\'nc femme qui reijpuuclleront le monde , Se lors il n'y aura plus de mer qui foit eau (alée, mais de plaifans lacs , étangs, luiiïcaux , & flcu- ues , qui arroferont la terre de toutes parts , en telle forte qu'elle abondera eil tous biens fànsttauail d'homme. Ils ont infinité d'Idoles, & adorent entr'autres cho- fes les quatre Elemens , & chacun élit en fa mort la façon des funérailles, félon l'Elément qu'il a adoré. Ceux qiii ont adoré la terre font enterrez , & ceux qui ont porté honneur au feu font bruflez, ceux qui ont rcueré l'air font pendus , afin d'être deuorez des oy- feaux, & ceux qui ont eu l'eau en pafiiculiere vénéra- tion font noyez. Au Pepu.les plus fages mettent des mondes innom- brables, iucceffiuement l'vn après l'autre , & vneinfi- nité de Dieux , mais non tous cnfemble , ains plus Si moinsà chaque monde. Ils en donnent cinq à celuy auquel nous Cbmmes, & difent qu'il eri a déjà palTc quatre.Ils croyent que le monde finira par feu,& qu'il fe renouuelle continuellement auec fes propres Dieux. Ils mettent encore au nombre des Dieux quelques hommes: mais auec condition qu'ils foient aupara- uant palfcz en des poiftbns , des animaux tcrreftrcî. Se des oyfeaux de toute forte. Us tiennent qu'il y a trois lieux établis après cette vie , c'cft à fçauoir vn de tour- meris, l'autre de délices , &letroifiémc d'aneantille. ment, qu'ils appellent Miba. Ils difchtqueles ames demeurent tant aux deux premiers lieux , & en for- tent , retournans en ce monde tant de fois, qu'elles font enfin dignes d'être admifes au Miba. De ces prin- ci pes naiffent tant de vanitez & de fuperfluitez , St tant de folles cérémonies & opinions que tout homme de iugcment les pourra mieux imaginer qu'on ne les fcauroit exprimer. Us adorent auflî certaines malfes de terre & de chaux , dorées de feuilles faites àlafaçoa des Pyramides d'Egypte, lefquels ils nomment Vare- les, qui font de telle hauteur , que le moindre eft de la hauteur de quarante braOees. La plus grande cften la ville de Dcoum, de telle hauteur, qu'on endcfcouure la plus gi ande partie du Royaume. Il y a au faifte quel- ques malles de fcr,aiicc vne pomme, & vn chapeau de bronze , entouré de clochettes , 011 ils pendent les jo- y3ux,& toutes les autres chofes qu'ils leur oftrent.il» adorent ces Vareles comme leurs Dieux, Se les font hautes pour fignifier leur grandeur, ainfi qu'ils ditcnt. Ils ont auffi des Côuents de Preftres, voifins des Tem- ples de leurs îdoles.en nôbre de plus de joo.poar cha- cun heu. Ceux - cy ont la tefte raie, & le menton fans barbe. Se vfent de robbcs longues, auec l^ manche qui va iufquesayx pieds. Us ne fréquentent nullement les femmes , & pratiquent peu auec les hommes:toutes. fois ils reçoiuent fort courtoifement les écrangers. Quelques 'vns des Conuentsviuent de leurs reucnus, les autres d'aumoihes. U y a pareillement des maifons deftinées pour les femmes qui fe veulent retirer. Ils ont quelques logis qui ne ferucnt que comme d'ar- moiries d'Idoles qu'Us y mettent & gardent pardeuo- tion,& il y en a vn oùl'on tient qu'il y en a plus de fiX vingts m ille. Us ieufnent 30. iours l'année, & ne man» penc rien iufques au foir. Us croyent qu'en l'autre vie le larron fera efciaue de la perfonncà qui il a dérobe quelque chofe,& croyent que c'eft péché de tuer quel- quechofe que ce foie qui ait vie : à railon dequoy le Roy commande fouuent par deuotion qu'on nepef- che point Se qu'on ne face mourir aucune choie qui viue:mais cela eft peu obferué , à caufe de l'auaricc des Officiers qui/c lailfcnt aifcmcnt corrompre auec de l'argent. DISCOVRS D I S G O V R S DV GRAND MOGOR SOMMAIRE* 1. De la grande étendue de l'Empire àu grand Àiogôr, qui contient quarante- fept Royaumec:& del'eftablijfement des dtux muueaux Princes en cet Efiat. 2. Defcription des Royaumes qu'il pojfede i & en pre- mier lieu de ctluy de Cambaye .fa longueur y fes botnes , & fes places plus fameufes & remarquables. 3. Du Royaume de Bengale. 4. DeSanque. f. Dely. 6. De l'origine &, fource d'inder , principale riuiere du Royaume de Cambaye : & deV abondance du pays en fro- ment > riz\ cire, fucre , encens, fruiils , efpiceries, cotton, foye , elephans, dromadaires > theuaux, pierreries, grojfes (annes. 7. Des riches armes des anciens habitans , leur libre coniond:tony& eshontée accointance des femmes en public, ér la crnelle coujlume de majfacrer leurs pafens deuenus vieux, & fur l'aage. 8. De la barbarie de cette nation mangeant les cerps de leurs partns trejpafez- 5. Quels étaient leurs Dieux & facrifices. ko. Du naturel de ce peuple i leur, couleur, & confli- tution de corps , leurs vefiemens , mariagie & for celle- fies. II. Leurs rtcheffes au trafic du^otton >foye, efpiceries, Ù pierreries, threfors d'or & d'argent du Roy. n. Leurs forces au grand nombre de caualerie , canons de bronze,elephans de charges & armes, ij. Nombre de Caualerie , infanterie, & elephans qu'en vn btfoin le grand Mogor peut mettre en cam- pagne. 14. Difceurs des empefhemens du progrez & accroif- fementde cétEinpire. 15. De troU feéles de Religion dé ce peuple , Vaganijme Mabometifme & ludaïfme. l'ÈMP I kE de ce Princfc enabraffé la plus ( grande partie de ce qui eft contenu entre Jlemont Caucafc , auiourd'huy Daîangucr, ^'ouNaugrOcôti &lannier,&entrele Garl- ge,&la riuiere d'Inde, ou Indcr. il pofledc force Ro- yaumes j veuquè quelques - vns en mettent iufqul «juarante- fept. Toutesfois IcNizzamaluc j &i'Iclel- can, qui font deux grands t^rinccs prefque nouuelle ment établis, en tiennent en ce pays vn fort grand,qui fc nomme Decaujqui a delongueur de coftedemcr feulement deux cens cinquante milles. L'vn de cés Princes.c'eft à fçauoir leNizzamaluc fc tient en la vil- le de Danager, & l'Idelcan en celle de Vifapore , cota- bien que la principale ville du Royaume foit^Bider, aprft' laquelle on met celle de Decan , qui a donné lé nom àtoute la contrée. l'ay dit cecy . afin qu'on euft quelque cognoilTance de ces deux grands Princes pro ches du Mogor,puisqiienous ne la pouuonsauoiren- «iere > & qu'on ne leur peut donner vn difcours parti, ailier. Mais pour reuenir au grand Mogor , les prin ^ipaux Royaumes qu'il tient font ceux de Cambaye Dely , Sanque > Mandro, Bengale , outre pluGcurs àu- tres,& la ville de fa demeure s'appelle Delly,dc laquel- le tout vn Royaume prend fon liom; Le Royaume de Cambaye, qui fe nomme auflî Gii- zarateja dé longueur dé cofte dé mer citiqccnS milléf, depuis la riuiere de Date i qui fe décharge dans la meir, prés dé la ville deCaul) iufques au pays de Circam, dé Périe , & des autres coftez il ioint aux Royaumes dé Dulcinde , & de Mandaco. Tellement qu'il a poui- feé boracsdu Lcuantle pays de Mandaco , du Ponant le$ Kautaces ou GedrofienS : du Nord les Rôyaumes de Sangue, & de Dulcinde, & du Midyla mer Ôceàncj & les froiitieres dliRoyaurhe dé Decan. Ce Royaume eft de fort grande étendue ,& plein de villes, bourgsi villages, & d'habitans, tellemcsjt qu'on y compte (oi- xante mille lieux peuplez. Le^^ places plus fameufes ôc remarquables de ce psys du long de la cbfteifont la vil- le de Damàn,Bandore,Ciîrat,Rauél,& Bazuin,doht leS deux premières ont cfté quelqucsfois ruinceàpar IcS Pbrtugais.Mais âu milieu du pays on trouue Madabari ouAmodabar, Cambaye, qui a communiqué foii nom à tout le Royaume, & qui contient 130. mille fa- tnilles, &eft la plus belle villede tes quartiers là à raifon deqUoy on la nomme la Caire des IndesiCam- panel, qui eft l'ancienne demeurt desRoys diipaysè affifé au fommfet d'vne montagne,&ayaht fept encein- tes de murailles,puis la ville de Tanaé, & quélqlies au» très entre lefquelles eft Diu.poflcdée par les Portugaisi de mêmes que Damauj dont nous auons delà fait mentioni ^ Le Royaume de Bengale eft très - graîid & contient plufieurs villes, tant maritimes qu'autres i &ade lon- gueur de cbfte cent vingt lieuè's,& auant dans lé pays; Legrand Mogor s'eft rendu maiftrê de ce grand Ro- yaume depuis peu detemps. La villede Gouro éftoit ^ la demeure des Roys du pa^s , & celle de Behgaléi qui donne fon nom i toute là proiiince, eft roifè entre les plus belles i &plus grandes detbutes ieé Indes; LeRoyaumc de Sanque, nommé par qUelqllés alii très de Citor , a pour fa ville capitale Citor, qui ( feloh MafFée ) eftaflife en lieu aduantageux . adouzemillé de circÉHt, & force belles maifons, tant publique* que particulières , & eft fortifiée de baftibns beaux & bons par excellènce , Se ccinté dé bonnés miirailles; Ce pay^ a efté prcfque de noftre tempà fuiet à vne femme nommé Crementîne, autant cburageiife que belle, qui s'écant reuoltéé cdnttç le Roy Bàdurie.à qui *lle payoit auparauant qîielque tribut , futdépoUillce delà ville de Citor, où elle s'ctoit fortifiée aucc trert- té mille hcimmes eîe pied , & ioooi cheuaux, ôc depiiié lègrand Mogor s'eft reridu maiftiré delà plus graiidé partie. Le Royaume de Delly éft affis entre lés RôyaUmies dt Decan, de Narfin^tlés d'Orixe; & de Câmbayc: mais il eft feparé dé Céîiiy de Cambaye par des mbnta- gnes.Il fut iadis liabité dé vaillantes femmes, bU Aina- zones ,dont il en réftèehcore qu-eUjues-vnesqui vont à cheual comrhë des hommes. Il y àuoitvnRoy Ma- hometàn^îtli régnoitnagucreàcn cepaïs, de qui là femme raàrfchpiE ordinairement accompagnée de deux inttic 802 De l'Eftat milie femmes à chcual : maïs enfin ce Royaume eli ; tombécntrcles mainsdugrafid Mogoi;, qui encftà prefcnt maiftre. Ce grand Princefc tient en la ville de Delly, capitale du Royaume. Qualité. ç "tr E Royaume de Cambayeeftarro^ de pluficursri- JLjuieres.dont la principale eft celle d'inder qui paf-. feau milieu.Cctteriuiere vient. du mont Caucafcau- iourd'huy Naugrocot, & après vn long cours d'cnui- ron 900. mille> fe va rendre dans la mer Oceanc, par deux emboacheures fort grandes. Le pays abonde en fromenti riz>cire,rucrejencens, fruidlsde toutes fortes & efpiceries , & il y a (î grande quantité de cotton & defoye» qu'on en charge quclquesfois 40. voire /o- nauires> pour les porter ailleurs . On y trouue pareille- ment grand nombre de chcuaux , èc d'Elephans ,d'A- bades,qui font deux foisaufligrands que des taureaux, ayans fur leur mufle vne petite corne , & ont la peau fi dure .qu'il n'y a homme qui lapuifle percer dVn coup d'eftoc : Se dans les montagnes la pierre d'Onix> vulgairement Coraline , & force Diamants & Calcé- doines : & ce pays abonde encore grandement en fto- rax liquide. Le Royaume de Bengale eft arrofé de la riuicredc Chaberis, à qui quclques-vns donnent auiourd'huy le nom de Gnengc , penfans que ce foit le Gange des an- ciens , combien qu'ils mettent vn autre flcuue a(Tcz prçs de ceftuy cy , qui partant du mont de Gâte fe de- charge dans IcGolphe de Bengale, alfezpres dcl'em- boucheure du Chaberis. Ccpays produid abondam- ment toutes chofes neceffaircs à la vie humaine » veu qu'il porte grande quantité de riz , & de froment , de fucre, de très - bon gingembre , ôc du poyurelong. Dauantage.iln'y a pays où l'on trouue plus decotton> & de foye: Se quant à la chair , ôc au poifToUji) eltim- polîîble d'en rencontrer davantage en aucune autre contrée: & le meilleur eft,quc tout ce pays iouyt.d'vn T.air doux, Se tempère, qui fait que de tous coflez bea i- ^coup de gens y abordent : Il y a deux arbres nommez Mofes , qui portent vn ftuidt fi" doux, & fi délicieux, que les luifs , & les Mahomctans qui s'y trouuent, croyentquec'eftlefruidqui fit pécher Adam. Il y a auffi de fi grofies cannes, qu'elles fcruent de bai ils, Se femblablesvaiffeaux, &à grande peine vn homme en peut cmbrafier vne feule. Le pays de Delly > outre les chofes que nous auons îrouucesaux autres Royaumes, abonde on chcuaux, en «lephans>&en dromadaires. Mœurs anciennes, POurce que le grand Mogor, &ceux qui auec luy fe font emparez de cette partie des Indes, font ve- nus du Zaghetay, à raifon dequoy ce Prince fe vante d'être y (Tu de la race de Tamcrlan , & que les Mcfia- getes ontefté habitans de cette contrée: il ne fera mal à propos de dire quelque chofe des anciennes mœurs de ce peuple. Ils entichiflbient d'or leurs baudriers,morions &fa- lades, Se les épaulieres de leurs harnois, & outre celés poidrails de leurs cheuaux écoicnt couuerts de fin or, duquel ils faifoicnt aufïi les mords des brides, félon Strobon, & les bardes, & les chanfrains. Le bout de leurs lances eftoit d'airain, donc ils garnifloient auffi leurs carquois 5 n'ayans aucun vfage de fer , ny d'ar- gent. Chacun d'eux prenoit vne femme , quoy que tous les accointadent en public , Se làns aucune hon- te. Siquclqu'vn d'entr'euxdefiroit d'auoir affaire à fa femme , il ne faifoit que prendre fon carquois à fon diariot, Se ooipuignou fa femme, fans le foucicr nullement de tous ceuit qui le pouuo(rnc regar- d"- . , ... Ce peuple auoit cette couftume , qu'auflî-' toft que qneîqu'vn étoit deuenu fort vieil , fes parens Se alliez s'afièmbloient, & malTacroicnt auec luy quelques bre- bis pour luy faire compagniCj &'faifant cuire enfem- ble indifféremment la chair de l'homme , Se. celle de brebis , en dreffbient leur feftin , fictenoient cette -mort pour la plus heureufe qui leur euft fceuarriucr. Ils ne mangeoient point ceux qui mouroient de lan. gueur , Se de maladie, mais les enterroient , déplorans leur fortune,pour n'auoir eu ce bon heur d'être man- gez parleurs parens &amis. Us ne fem oient chofe quelconque pour pouruoir à leur vie , d'autant qu'ils fe contentoient de leurs troupeaux , & du poilîon que leurs nauîres leur foutnilfoieht , & vfoicntdelaiâ: pour breuiiage. Entre les Dieux, ils honorbicnt for tout le Soleil à ' l'honneur duquel ils immoloient le cheual , comme s'ils euffcnt eu égard defacrifier au plus bel Aftre, le plus courageux de tous les animaux. Mœurs de ce ternes, LEs habitans de Cambaye s*addonnent pour la plus grande partie à la marchand! fe, Se font inu- tiles ï la guerre , ils font de couleur oliuaftre , & vont tous nuds, excepte qu'ils couurent leurs parties hon- teufes. Quant à leur tcfte, ils portent deffus vne man- te, & comme vn chapeau de couleur de pourpre , Se n'ont la plufpart Jdu temps , qu'vne chemife. Ils ne mangent point de chair, ains viuent feulement de laid, de riz , d'orge, & d'autres chofes inanimées. Ils peignent mignonement leur barbe . & lauent leurs cheueux ï l'imitation des femmes, faifanscomme vne châifnedeleur poil entortillé. Les femmes ne fe ma- rient iamais qu'à vn feul homme , Se les hommes de même, &f viuent fort chaftement étans en viduité.Ils font grands forci ers , & fe mêlent de f^redirc les cho- fes à venir. ïlsauoient accouftumê lors qu'ils auoicnC vn Prince particulier , de venir les vns à cbeual , les autres fur des Elephans , le matin deuant le Palais de IcurRoy, pour le faluè'r, donnans plu fietus chama- des auec des trompettes, Se des cots , & vfoientde mêmes cérémonies, lors que le Roy fe vouloit mettrç à la table. Le Royaume de Bengale eft habité de plufieurs fortes de nations , à eau fe de la beauté Se tempeçarure de Pair, &de laricheire du pays. Les originaires /ont pour la plufpart blancs , de fubcilefprit , d'vn doux Se courtois naturel , & bien entendus aux chofes dont ils fe mêlent , il eft vray qu'ils font quelque peu trompeurs. Us fontaddonnezau trafic, Se fçauent bien le train de lamarchandife.Ils ne vont pas nuds , com- me font prefquc tous les autres indiens , aînsfccou» urent d-'vnc chemife rffcz blanche,qui leur va iufqucs aux pieds. Se ont encorepar delîus d'autres habits de foye. Us portent des Turbans à la façon des Turcs». Leur Roy d'auparauant eftoit ordinairement efleu d'entre lesefclaues Abyfïïns,dont toute la Coureftoic prefquc reinplie. Ils font délicats , Se magnifiques, tant en leur viisre , qu'en leurs veftemens. Us font ig- norans pour le regard des fciences , de même que ceux de Cambaye: il eft vray que quelques - vus ont voulu dire qu'il y enaparmyeux qui font quelque peufçauansen Philofophie , Aftfologic, (SrMedecî' ne. On dit que les habitans du pays portent grand honneur au Gange, & ne fe mettent iamyis dcifus qu'auec grand rclpeâ, croyans fermement <^ue quand ils fe lauent dedans, Ion eau emporte tous les pé- chez dont il fefont fouillez. Mais l'auarjcede Iturs Princes a cfté fi grande , qu'ils ns pcuuenc s'aller baigdcr du grand -^taigt^er dans cftte ridieirb > (ans payer ccccainèfomme à leur Roy. Richejjès'. OVrrece que i'ay dit du cottonA: dt la foyé, qui font en fi grande abondance en ce pays , qu'on en charge bien (ouuent à la fois quarante , voire cin- quarttc vaiflcaux, pour conduire cette marchandife en des pays extrêmement éloignez, outre l'efpicerie, & les pierreries que les habitans vendent' aux étran- gers, ôc par le(quellcs on peut cognoi ftre la richcflTe de ceRoyaume.ie diray feulement ce mot,quepour être mieux alfcurc du grand threfor qu'il y peut aiioir en ces contrées, & principalement de cciuy quèle Roy po(rede-.il faut conlîderer fans plus ce que MafFce rap- porte de Baduric» qui ne poffedoit que le Royaume dcCambaye. Il dit doncentr'autres chofes , que loirs qu'il fe mit en campagne l'an mille trois cens trente fix, pour combattre contre le grand Mogor , qui étoit venu au fecoursdu Roy de Mandao, il faifoit mener cinq cens tonneaux pleins d'o|^ & d'argent pour payer fon armée : & après auoir eftc dcffait par deux fois, & i auoir perdu tout ce qui eftoiten foncarap, ilenuoya à Solymâ Empereur des Turcs vn prefent qui fut efti- méfix cens mille efcus, en lu^ demandant fecours: pui^ fe repentant de s'être addrefîc à vn Prince qui nell^ pourroitfi toftaflîfter, ils eflaya de gaigncrl'a mitié des Portugais fes voifins,non (èulementeji leur laiiTarit tlrelfcr vn fort en l'Ifle de Diu, mais encore auec des prefêns exquis. On peut comprendre par là qucUçîVfont les richcfles du grand Mogor , puis qu'il polledenon feulement la plus grande partie du pays ^ye tenoit Baduric , maitencore vn grand nombre d'aùtres Prouinccs , dont la plufpatt ne cède nulle- ment à celle de Cambaye: forceSi Apres auoir montre quelle peut étire la richéiïè de ce Prince > il faut venir à fes forces , & confide- ter de même l'armée de Paduric , qui ctoit compolée d'vn nombre prefquc infiny de foldats j veu qu'on y comptoir cent cinquante mille chenaux , dont il y en^ iiuoit trente - cinq mille bardez, & outre ceilyauoit cinq cens mille hommes de pied : dauantage.il y rfuoit vnfî grand équipage, ôc tant de munition, que le rapport de MafFce feiftble vnc chofe incroyable , fi l'on veut conférer ces forces auec celles des Roys d'Euro- pe. Il au9it auec cela deux mille canons de bronze, & entre ces pièces quatre bafilics tirez par autant de centaines de bœufs, cinq cens charcttcs chargées de poudre, & de baies, & deux cens Elephans armez. De forte que prenant vne femblable conclufion à celle que nous auons faite pour le regard des richeflcs , il faut dire, que puis que le grand Mogor pofledetant d'autres pays%utre ceux du Baduric, qu'il peut drelfer des armées , dont le feul nombre feroit capable de donnenjé la terreur à tous fes voifins, s'ils ne fe trôu- uoient po'irueu de beaucoup d'hommes de même que luy , à proportion des terres qu'ils tiennent. Et certainement ce ne leur eft pas chofe mal-aifée de mettre tant d'hommes fur pied, pour le peu qui leur faitbefoin, foit à les nourrir , foit à les armer , & de même ils pcuuent alTcmbler vne ineftimablc quanti- té de munitions, & de machines de guerre, pource qu'ils ne meinent autre chofe que ce qui eft neceflai- reàla guerre. L'abondance du vin , la diuer^îté des viandes , & chofes femblables , qu'on ne peut mener fans vne fort grande dépence , & fans vngrand eœ- bara(reracnt& détourbier, n'enc point de lieu parmy eux :tûutej chofe y eft ordonricc pour la guerre le Mogor. ^03 cuyure., le fer , l'acîelTi'^taîn pouf faire les pièces, & autre machines de guerre : le-fer , le plomti pour faire des balle5,& le fer ôc l'acier pour faire des épées; & les bœufs, & les Elephans pour les tirer. Or tous ces Princes font tyrans , fi bien que pour aflcurer , & accroiftre leurEftat, ilsfoulcnt les peuples, &met- tent tout entre les mains des foldats, afin qu'ils leur foient plus fidèles, Méracs les Princes Mahomctan» ne fient, nyleur places, ny leurs entrcprifes d'impor- tance qu'à leurs efclaues,qui fe reuoltcnt bien fouuent* & s'emparent des Eftats de leurs maiftres , & pour fe mainteniren poiïeflîon mettent les peuples en proye; car il fautnecefiTaireiiient que lapuiifance d'vn Prince s'appuyc fur l'amitié de fes fubieéts, ou dequelques autres , pource que celny qui eft craint de tous, ne Ce peut maintenir long - temps en eftat. Or d'autant que les tyrans ne fepcuuent promettre la bien - vcuillance des peuples qu'ils traiélent, non comme fuicéès, roaiSi- comme clclaues : il eft force qu'ils s'appnyent fur les" foldats, ôc qu'ils les gaignent, en leur proœcccant tou- te chofe. Ainfilc Turc s'appuye fiirles lamlTaires, qui ne recognoîffcntnon feulement point d'autre maiftre» mais point d'autre pete : & pour eftre aymé, & s'en- ■ tretenir d'eux , il kur donneperjniffion, & liberté de tout faire, àinfiplufieiirs Pnnces de Malabar tien- nent leurs peuples comme de htÛes , ôc fondent leuc puiUancefur les Naircs. Le;^ Roy d'Ormus, de Cam- baye, deDecan,& d'Acen, font eftat deselclaues. Or pour ce qu'ils logent le fondement de leur grandeur en leurs foldats libres, ou efclaues, naturels , ou étran- gers : il eft force que b guerre foit entr'eux le but de toute chofè, &qu'ils n'épargnent rien pour fcmain» tenir pourueus de foldacs, & de munitions. Pour reuenir à noftre grand Mogor , on tient qu'il if peut mettre en campagne , par manière de dirc^ dans yn moment5,irois cents wille cheuaux,cinquante mil- le Elephans, & vn nombre prefqucinfiny degpns de pied* Mais dira quelqu'vn , d'où vient que ce Prince étant n puiffant , il ne fe rend maiftrc du refte des îndcs , & duLeuant-, Aquoy ie répond qu'il y a beaucoup de chbfes qui en empêchent : L'vne eft cpmmel'efprit, & l'art del'hommc ne peut produire vn mouueinent perpétuel, efFeét propre de la nature , à de Dieu , auflî l'on ne peut donner vn cours continuel aux entrcpri- fes humaines : car encore que les grands Empires ne foient trauaillez des forces étrangères , ils tombent fous leur propre pefanteur, & s'accablent eux . mê- mes. Dauantageslors que la puiflàncecroift , l'égalité manque ,, ôc quoy que lesforccs foient plus grandes, elles font toutcsfois peu propres , ie ne diray pas à fai- re descourfcs, maisà femouuoir. Ces forces donc ne fe meuuent que fort lentement , & l'on fçait affcz combieri la promptitude eft importante en lafguefr^. La grandeur des conqucftes porte auec elle le foin de ^ les maintenir, ScalTcurer , &pour ce faire il faut da temps. Cependant les voifins fe fortifient, & pour- uoycnt à leur feurcté , & la fecilitc de vaincre s'enfuit auecl'occafion. Dauantage, celuy qui a vaincu fesennemis, craint ordinairement fes compagnons , ôc ceux qui ont par- ticipé à fa viftoire : & pour s'aKTcurer d'eux , il faut in- terrompreles entreprifcs, & faire retraite pluftoft: que l'on ne defireroit, & dcuroit. Outre ce les viéloi- rcs rendent les Capitaines infolcns, & les foldats pei» obcyftans , & fi. ceux là veulent aller plus auânt,ceux- cy ne veulent pas fuiure , comme il aduint à Alexan- dre, ôc àLuculle. il ne faut auffi pafter fous filcnce, que les grandes entreprifes qui reliffilTent, enrichiiTenc les particuliers : mais ie plus fouuent lailfent le Prince fans argent, qui eft la chofe qui rend les armées mieux vnies, &pîus promptes aux fadlions.il faut dire cnco- .04 De l'Eftat du Grand Mogor, encores quVnc grande armée, telle que fut celle de Ba- duric , parle moyen dc'la ruine des pays , par Iclqueis «llepalTa.&s'arrefta, fcpriua elle- même du moyen de s'entretenir. Ccftpourquoy, encores que les cnne- mis ne la deffacent , elle eft confuméc par la faim , qui eft ordinairement accompagnée de la pcfte. Etpour cette caufe on ne fçauroit prendre vne meilleure re- folution contre ces grofTcs armées , que de temporilcr & demeurer fur la dcffence , pourcc que c'cft choie certaine qu'elles ne pcuuent demeurer long temps en cet eftat, & qu'il faut que faute d'argent, ou de vi- ures.QU par le moyen del'infc6tion de l'air ou par ma- ladie,elles fe diflipent. , Cequi rcfifte encore aux progrcz du Mogor , c elt la nature des lieux, car IcCaucafc s'cpand par ccscon- trces là auec mille branches, dont quclques-vnes bor- rient les autres Royaumcs,les autres non contentes de borner , les ceignent détoures parts , & leur fcruent de muraille, les autres bouchent entièrement les pat- faees, lesautreS les rendent fort mal - ayfcz, Se ces dit- ficultez font plus graiî-des au Mogor , qu elles ne le- roiét à d'autres.pource que la force de Tes gens de guer- re confifte en caualcric:de forte qu'ainfi qu il eft puil- fant en razc campagne, il ne peut gueres aduancer .aux'paysmontucux: ce qu'on peut afiez mgerparles Refbutcs , qui s'étans rendus forts aux montagnes de Cambayc, n'ont aucune peur de ce Prince. CesRc- Ibutes font les rcftes de la nobleffe idolâtre de ce pa- ys.qui la première fois que les Mahometans s'en laili- rentfe retirèrent aux montagnes , qui font entre la vil- le de Cambayc & Diu,& maintiennent en ce lieu leur liberté auec ks armes en main, faifans bien fouuent degrandsrauagcsenplaine.il y a après des pays fteri- iesrvoire qui ont faute d'eau comme eft celuy de Dui- cinde, aux frontières de Cambaye. tellement qu'il n clt poffiblc d'y conduire des armées- H fautadioufter à cela la grande perte de temps, que les Princes qui ont de grands Eftats, font en leurs voyages , pource que l'Efté palTe le plus fouuent qu'onarriuc au licudeftiné, & quand l'on y eft auec les chcuauxdemy morts , & les foldats diminuez de nombre, & aftoiblis , on void furucnir l'Hyuer con- traire à celuy qui attaque , Se fauorableaux ennemis, pource qu'il faut que l'aftaiUant tienne la compagnie parmy la boue , eu la glace : & les autres lont cepen- dant à couuert , & aaec toute forte d'incommoditcz. De là vient que tous les Princes qui ont proiedc d c- xccutéc de grandes cmrcprifcs , icaufe-dcs ôifficoU:e qui fe trouuent à mener des grandes armées d'vn pays à l'autre , ont efté contraints de mettre leurs gens, ou' fur la mer , ou fur des riuieres comme fit Germanique en la Guerre d'Allemagne. Or le Mogor n'a nulle forte de forces nauales,tant ^ caufe qu'il manque de ports , qu'à raifoo qu'il a pour voifins les Portugais, qui ferment tout le Golphede Carobaye, auec deux fortcreflcs importantes, qutfont ^ celles de Daman, & de Diu. La dernière chofe qui arrefte le Mogor , ça eftc la puiftance de ceux auec lefqiiels il confine , qui l'em- pêche de s'ccendrc au cofté du Leuant , car il a peut voifin le Roy de Brame, qui ne luy cède nullement en puiftancc » & force , veu qu'il poftèdc tant de Royaumes , & d'Eftats , ôc a fous luy tant de nations ouerrieres , ôc en met Vft fi grand nombre en campa» gne , qu'il ne redoute aucune puiffance contraire. Que fi le Mogor a. étendu fon Empire entre le Gange & l'Inde , ceftuy - cy ne l'a pas moins accreu entre le Ganoe & le Royaume de Siam. Et finalement la fortification eft auiourd'huy en tels termes, quvne petite place de guerre eft capable de lafler, & d'af- foiblir lapuiffance d'vn grand Empire: tellement que par cet art peu de gens refiftent à plufieurs , & con- fumcnt les forces ôc les threfors de ceux qai les at- taquent. Depuis peu de temps le fils du grand Mogoi selt reuolvé contre luy ôc s'eft ligue auec les Perfjnsqui ont guerre aucclu/' LA mal-heureufe fefte de Mahomet s'eft tellement i; cpanduèen Europe , eji Afrique , & en Afie , que les plus grands Royaumes de ces deux dernières par- ties du monde font infedez de cet erreur. Or entre les autres , l'Empire du Mogor qui fuit la loy de ce faux Prophetceft pour la plus grande partie Mahome- tan. 11 y a encore force Idolâtres, dont nous parlerons au difcours du Roy de Narfingc . auquel le'rcmets ce propos pour n'être contraint de dire deux fois vne même chofe. Il va pareillement affez bon nom- bre de luifs, qui s'addonnentà lamarchandile fur tou- te chofe ,& pareillement quelques Chrcftîcns Abyf* finsque le traffic ,& ledcfir dcgaigner a attirez en cet- te contrée. DISCOVRS DV ROY DE CALICVT. SOMMAIRE. I. Longueur, & largeur du Royaume de Calicut& de- fription de fa principale ville, & la forme defesbafit- mens,& maifons. 1. son terroir dendant enpoyure, & qu'elle forte d ar- briffeau porte cette efftcerie , le temps & la façon de le cul- tiuer & cueillir. V Dugingemhre,aloèsy & autres fruicts que produtâ ce paystauec la manière de le cueillir. 4. Defcription des animaux &oy féaux que cette con- trée nourrit,entre autres leSarau chantant plus doucement que le Perroquet. /. Des Singes & Guenons , & d'yn merueiUeux arbre qui porte datte ou noix, & duquel on 0t & fait des cordages , des draps femblables au fatin , vin,fucre > & huiUe. 6. De deux fortes de ferpns de ce pays, dont l'vn nt porte venin. 7. Du mariage desRojs de Calicut , qui n'époufent femme quelle n'ait efté depucellée par le plus honorabl<^ de leur s Prejires. 8. Des cmqprdres du Royaum^^, & de la manière de vittre de chacun eftat : notamment des nobles & mar- chands. 9. Leur façon d'écrire fur des feuilles de palmier auec plums de fer. . , „ 10. Leur rtchefft au trafic du poyure, gingembre , canelle doux de girofle, notx mufcalc, macts^muf, perles, gouffet de nard, & mirabolans, emens, aloes, camphre, cjjfc^- II. Leurs de Calicut. ir; Leurs forces en l'hiptitefie & /frmes de mer. Leurs armes & f Pambe corrocapcl , comolangat, & beaucoup d'autres qui nous font incogneus, cntte Icfquels queiques-vnsontlegouftdc l'aubergcles au- tres de la prune de datrsas 5 les autres de la figue, & quelques autres du melon. Il y croift auilî de TalocSj qui eft vne gomme qu'on cueille fur vn arbiifleau, qui n'a qu'vne racine , comme vn bafton fichéen ter- re. Il a le tronc tendre & rouge j la fcntcur for^c j 8c legouftamer. On trouue en Calicut pluficurs fortes de beftcs, coromelions, fangliérs, cerfs, chevreuils,loups, bœufs, bcuftes, clephans, & autresrtoutesfois on dit qu'il n'y de ces contrées , &cftappelléZamotin, qui veut di- ^ a pas vne des beftes qui naific , & qu'on les y meinc rc Empereur, fuiuant le commandement de Perey mrlRoyde tout le Malabar , qui ayant' diuifé fon Eft><: en plufieurs parties, lorsqu'il voulut aller à la Ms que poui y finir fcs iours.voulut laifTer le nom de Z mo' in à ce Roy de Calicut. Ce Royaume a donc vingt-cinq lieues de longueur, &fa largeur n'enpaf fe pas dix. La ville capitale qui communicne fon nom à tout ie Royaume eft aflîfe fur le bord de la mer, & a 3. milles d'ctendiiè'. Elle n'eft pointcÈtntede mu raille, & contient enuiron éooo.maifons feparces d'vn aflez grand efpace l'vn de l'autre, A vn mille loing de U , elle a fon port, qui eft nommé Capocate. Les mai- fons de cette ville font ba(rfs,& de peu de prix, pource que i on trouue de l'eau fi toft qu'on a fouy cinq pieds auant en terre: de forte qu'on ne fçauroit iet- terdes fondemens gueres profonds. Les raaifons des jnarcbandsy font eftimécs enuiron vingt écus: mais celles des autres ne (c vendent au plus que deux écus. La hauteur de ces maifons eft égale à celle d'vn hom- me qui cft à chcuaU Qualité. LE terroir de Calicut produit du poiure, & l'on en cueille auffi quelque peu danslavilU. La tige du poiure eft foi blcj ôc ne fe peut tenir droiâe.ains elle a befoin d'échalas comme la vigne. Il rcftcmble en cela au lierre , qui s'aduance en croiflànt , & fi toft qu'il fe peut joindre à vn arbre voifin, il l'embraftc & fe lie auecluy. Cét arbre, ou pluftoftarbrifteau ,aplafieurs rameaux longs de deux ou trois épans. Ses feuilles font comme celles d'vn pommier d'Aftyrie , finon que cel- les cy font vn peu plus épaififes & plus groftes, & ont de petites veines a trauers. En chaque plante on void fjx grappes pendantes, longues d'vn pied : & ceç^grap- pes ont la couleur femblable à des raifins qui ne font pas meurs. On les cueille au mois d'061:obre& de Nouembrejors qu'ils tirent encore fur le verd,& on les met feichcr au Soleil fur des nattes, ou couuertures dff joncs, & en trois iours le grain deuient noir ainfi qu'on l'apporte par deçà. Au refteon ne le taille point, itTon n'a nul befoin de le cultiuer , d'autant que la terre le produit fans y mettre la main. Pline di: que les arbrifteaux du poivre font fcmblables&uxgcne- uriers que nous auons par deçà, & quelqucs-vns defon temps ont dit qu'ils ne croilfent qu'en l'endroit ou mont Caucafe , qui eft droidcment expoféau Soleii; Mais nous auons auiourd'huy appris le contraircpar les nauigations des Portugais» d'ailleurs Quant aux oylèaux il y a des perroquets verds,d'au- tresqni fontrouges,& d'autres de diuerfès couleurs.Il y én afi grande quantité , qu'on met expreftémcnt des hommes aux champs pour gardtr le riz de peur que les perroquets ne\le mangent. Ils gazouillent meruciî- lcufeœent5& necouftent pasbcaucoup.Uy a auffi vné forte d'oylèaux nommez Saiau , qui font vn peu plus . petits que les perroquets, mais chantent plus douce- ment. Les fleurs y font toufiours en vigueur>& les ar- bres verdstout le long dei'année> à caufe que l'air eft doux& temperé,& qu'il femblequ'on y foit toufiours au Prin-tem.ps. Ce païs produiéb auffi des finges& des guenons, qui font beaucoup d'ennuis aux laboureurs , principa- lement à ceux qui font pauures pource qu'ils montent furies arbrcs.qui font comme noyers, & répandent la liqueur , dont les Iiitdi-eJîs font leur breuuagc, & ren- uerfcnt les vaifleaux.dans lefqucls on le reçoit : Car ils ont vne forte d'arbre, qui furmbnte en bonté tous les autres. îl porté des dattes comme lepa]mier,on en fait du bois pour fechaufFer,6n en cueilled.es noix qui sot de bon gouft,on en fait des cordages, on en tire des pe- tits draps déliez ,du vin, du liacre, & de l'huile, &lss premiers fruiéls que cét arbre porte font des noix fem- blables aux dattes ils leur oftent la première pelure, & la m.ettentau feu. Il y a vn autre arbre qui n'eft guère différent de celuy - là qui porte le cotton & crefpe. Dé fes feuilles on en fait du drap prcfque femblable aii fatin , ou taffetas , puis on file la coftc, & l'on en fait des cordons. Sous la dernière écorce il y a vne noix groffe csmmele petit doigt. Au rcfte il s'engendre dé l'eau auecla noix, & félon que la noix croift, cette eau croift auffi , voire en telle forte , que quand la noix eft venue à fa perfection, lé dedans delà noix cft plein d'ezu s qui eft fort claire , & non. guère différente de l'eau rofe,6c de cette eau ils font de l'huile fort graffe; Ils font auffi le matin , ôc le iûir vne incifion au tronci &cn tirent vne liqueur fort excellente, qui leur tient lieu de vin doux. Lesferpens de ce païs font fort hauts pour la plus grande partie , & prefque auffi grands que des pour- ceaux. Ils ont la tcfte beaucoup plus lar^s &• groffe que des iâgliers, quatre pieds lôgs de quatre coudées, & naifïcnt, & fe tiennent en des lieux martfcageux. Lt S habitans difent que ces ferpens n'ont point de vcnrn. Il y en a d'autres qui ont vn venin fi mortel, que s'ils ont vne fois fuccé tant-foit peu du sag d'vn hornmcil mourra foudainementill y en a d'autres grands comme Y y y Ai'çksi So5 De l'Eftat du Roy afpicj , & d'autics teaucnup plus grands.qui tuent vn j plies de Lyui.oii China.diflant dcGalicût jc.iieuëti da homme d'vnefeulc mor(iuc , grand nombrr. &cciix-cy font en fort J Mœurs. Q Vand le Roy veut piendre femme il n'a point de couftume de coucher auec elle , qu'aptes qu'elle a efté dépucelée par le plus honorable de tous les Preftres, &lc Roy donne pour ce beau coup qu'il a fait cinq cens ccus. Quand le Roy veut prendre fa ré- fection il le couche partcrre,ranscouiierturcny tapis: & a autour deluy des Preftres qui affiftent à Ton difner ou fonper , & n'approchent de luy que de quatre pas, ccoutans au»c reuerence les paroles du Roy. Apres le Roy, les plushonorablcs.font les Preftres, & après eux les Naires, qui font en même eftime par de là, que les g Gentils - hommes en ces contrées. Ceux-cy pcuuent porter répce,le bouclier,lapique,ou halebarde quand ils fortcnt dehors. Le tiers ordie cft des artifans £< gens de métier. Le quatricmecflidcs'percheurs.Lc cinquicf^ me de ceux qui recueillent le poiurcle vin & les noix; & le dernier cft de ceux qui fement & recueillent le liz, & ceux - cy ne font pas beaucoup cftimez des Gen- tils- hommes 5c des Preftres. Le Roy & laReynenc portent des habits gncies magnifiques, & leshabitans delà ville font ptclqae tous nuds, n'aysni qu'vn petit tilîu de cotcon deuanc leurs parties honteufes. Quand le Roy va dehors , pour chaftcr , ou pour autre chofe, les Preftres gardent la Reyne en fa maifon. Les Gentils- hommes, & marchands viuent à la façon qui s'enfuit: S'il y a quelques amis qui foicnt mariez , il arriuc fouucnt qu'ils changent de femmes , pour rendre leur amitié plus ferme : & quant aux enfans ils demeurent à ccluy qui en eft le perc II y a quelques autres qui ont bien d'auires façons de faire, veu qu' vne femme cpou- fefept maris qui couchent l'vn après l'autre auec elle, Se s'il aduicnt qu'elle foit giolle , elle baille l'enfant à l'vn des fept tel que bon luy femblc. ôc ceftuylànelc peutrcfufer. Ils fc couchent par terre quand ils veu- lent prendre leur repas, &en lieu de cueiiliers ont des feuilles d'arbres. Ceux qui fuiuent le Roy portent en leurs teftes des bandes de foye teintes en écarlate.Tous y lailsêtmerueilleufemct ctoiftre leurs cheueux. Aores le trépas du Roy , tous Tes fubjeds Ce font couper leurs cheueux & la barbe en figncde triftcftc , les vns dVne forte, lesauties de l'autre, j) Les femmes uc s'addonncnt à faire chofe que ce foit,forsà fe parer & à fe rendre le plus qu'elles peu- uent agréables: tellement que lors qu'elles fottenten la rue, quoy que nues , elles font chargées d'or> & de • pierreries, veu qu'elles en ont aux oreilles, au coUaux i»ras, &auxiambcs, & encor qui leur pendent fur la poidrinc. Ils écriuent fur des feuilles de palmier auec des plumes de fcrjfans aucun ancre. RicheJJes. ÎO LE grand trafic qui fe fait en Calicut rend lePaïs extrêmement iiche , veu que non feulement ils vendent leur poiure&: leur gingembre aux marchands étrangers : mais ils leur font encore changer de i'efpi- cerie , qu'on apporte d'ailleurs en ce Païs - là. Car on y conduit de iacanelle qui vient d'vne Ifls nommée Zeylon à cinquante lieuès d'Allemagne par delà Ca- licut, en tirant vers le Leuant de même que du poivre de Comnucol qui eft douze lieues par de là Calicut, des doux de girofle de Mclcuze , qui eft diftant de Ca- licut de quelques licu^s>des noix mulcades,& du ma- cizdes Moluqucs, du mufc du Pegu , des perles de l'ilL- d'Ormus, des gouffes de Nard,& des mirabolans, de Canibaycdc l'encens d'Arabie,de i'aloes, ôc de cam poiure long du Sumatre , & du brehl de Darnaffer, oa TarnalTcr. Calicut cnuoye auffi dehors la caâç qui croiften fon terroir. Toutes ces matchandifcs qu'on emporte de cette ville, qui eft prefquc le commun abord des marchands Arabes qui trafiquent en Le- uant , eft caufe qu'elle eft vne des plus riches des In*.' des , & l'on peutaufïî cognoiftrc par de là les richelfes de fon Prince.des reu«nus duquel nous n'auons aucun rapport aftcurc. On peut dire feulement que le trafic del'efpicetie qui s'y fait . eft de telle confequcnce , que non feule- ment il rend les Princes riches par le moyen des ga- belles & des daces:mais encore enrichit les marchands en telle forte , que quelques- vns d'entr'eux fe peuuent égallcr en moyens à des Ducs d'Europe, & des Roys d'Afrique- forceSé EN laProuincedcMalabar,onnefait pas la guerre continuellement à chenal , non tant pour ceque le Païs n'engendre nuls chcuaux ( veu qu'il y en vient vn grand nombre de Perfe, & d'Arabie )que pour ce que le Païs ne ie porte pas. Car de même qu'en Suéde les gens de pied n'vfent point dépiques, ny ceux de cheual de lances, à caufe des bois qui empêchant de les manier: ainiî en Malabar on n'vfe pas ordinaire- ment de cheuaux , à caufe que le Païs eft étroiâ: , & traucrfé en vne infinité d'endroits de riuieres, de bras de mer, &c de marefcages. Il faut donc que leurs forces confiftent en l'Infanterie , & aux armes de mer. L'In- fanterie dcce pays cftauffi bien ordonnée qu'il eft poiïîble. Premièrement les foldats font tous nobles, & s'ap- pellent Naires. Ceux - cy étans âgez de fept ans , font mis comme à l'école de la guerre , où l'on leur étend par le moyen de quelques hommes excellens en cela, les nerfs, & les ioinâurcsj lefquelles ils oignent bien fouuent d'huile de Se{àmej& par ce moyen ilsacquie- rct vne difpoficion prefque incroyable, vea qu'ils tour- nent & ployent leurs membres aifément de tous co- ftez , comme s'ils n'auoicnt point d'os. Apres cela ils s'exercent fans ceifeau maniement des armes ,& efti- mansque nul ne peut deuenir excellent en placeurs chofes , ne s'addonuent qo'à vne forte d'armes, félon qu'ils fe fentent piusdifpofez. Leurs armes c( oient au- trcsfois lapique,l'arc,répée,& le bouclier; mais depuis que les Portugais arriucrent en ces contrées , ils ont apprisl'artde fondre l'artillerie, & défaire les arque- Lufes, & les manier, & même de faire tout ce qui eft neceffaire pour s'en feruir.tellement que leur poudre eft beaucoup meilleure que la noftre.Ils vôt à la guerre tous nuds, excepte le nombril, n'vfent ny de motion ny decorfeler. De là vient qu'ils font fort difposau combat, &en toutes fadiions militaires , Ils fe prefentent à l'cnnemy à rimpourueu,& s'en éloignent en vninftantcomme des faucons. Quand on croit qu'ils font plus éloignez» ils font au dos de leurs ennemis : tellement qu'il efl: • mal-aifédeles fuyr, & de lesfuiure veu qu'ils ne font moins légers à pied, que les Parthes l'étoicnc à chenal. S'il eft beloin de venir aux mains (cequ'ils ncfonc que par necefhté , ou par occafionjils frappent le plus fouuent de pointe.Ils portent certaines lames d'airain ou d'argent , attachées à la poignée de leur épéc , & le fon de ces lames leur fert de trompette, ou de tambour pour les animer au combat. Il y a parm y les Naires vn rang de foldats, qu'on nomme Amoques , qui auec de grandes executiÔ5,auf- qutlles ils fe foubmettent auec leur famille , & poftc" rite font profcûïon de venger les oflcnfis faites à leur* pagnons : Mais Ci l'on tue Ir Roy.ils courent aiiec tant de fureur à la vengeance , que les grands dangers neles tciiucnt arrefter, A raifon dequoy.felô que le nombre des Atnoques eft grand , ou petit , les Roys des Indes tont cftimez pIus,ou moins puiirans.Cequi augmente la hardjelTe des Naircs. & le peu d'état qu'ils font des dangers,c'eft qu'ils n'ont point de femme particulière. Car il y a beaucoup de fiecles qu'vn Prince de ces pais ymtroduifit lacommunautc des femmes. Il faut ad- loufter à cela la grande licence, ou pluftoft arrogance t j ^"'■^"'«ft pwmis au peuple de s'ap. procher d'eux, autrement ceux qui s'en approchent lontmal traitez. Ces Naires enuoycntdeuant leurs leruiteurs aux détours des rués pour adoertir le mon- de de leur venue, & faire que le menu peuple fe retire &s ecarte.Que s'il eft vray que les lanilTàires deuifcn- nent courageux à la guerre pour la liberté qu'on leur donne durant la paix , les Naires qui ne felaiiïenè feu- lement regarder aux hommes de balTe condition , de- uroient être bien courageux. C'eft ce qui fait qu'ordi- rairement ils ne fe tiennent dans les villes , mais de- Hors, ayans leurs maifons entourées de foflez, & de terres, les hayes fort épailTcs, & de bocages, aucc les chemins tellement embrouillez l'vri dans l'autre. qu ils femblent des labyrintes. Or fi l'on defirc fçauoir qu'elles forces le Roy de Calicut peut mettre en campagne , on le peut cognoi- itre par les entreprifcs qu'il a faites contre les Porfti- gais. vcu que l'an i;o3.il mit enfemblefoixame mille coml)attans contre Edouard Pachete, Capitaine d'E- manuelRoy de Portugal, qui defFendoit alors le Roy, & le Royaume de Cochin , & deux cens vaiflTcaux dôguerre , Se perfeuera en cette entreptife l'.efpace de cinq mois. L'an 1x29. il affiegea la forterelT» que les Portugais auoicnt faite à Calicut auec cent mille hom- itoes,& continua la guerre durant toutl'Hyuer. Et bie que les Portugais monftrafTent vne grande valeur en ladeftence de cette place , toutesfois ils la ruinèrent eux-mêmes . confiflerans la puiflance de ce Roy. Le iTicme auec nouante mille hommes affiegea l'an icfio. la forterefTe de Chiael qu'il emporta, contraignant ie Capitame Portugais qui eftoit dedans de féren- dre. Quant aux forces maritimes , il aauÉmonftré fa puiffance plus d'vne fois : véu qu'étant maiftrc de beaucoup de ports, oh il y a grand abord , il arme tou- de Calicut Quant aux debtes , le créancier voyaiiè qùe celuy S qui il apreftc luy fatisfaic feulement de.parolc. retire le contra(a,& prenant vne écorce verte de quelque arbrè s en vapourfuiure ledebtcur, & l'ayant attaint , le lié auec cette écorce verte.lc coniurant de la part dés i3ra- mins, & du Roy, de ne bouger de la place iufques à ce qu'il ait fatisfair. Ccluy qui eft ainfi adiuré ne bougé decelieu qu'il n'ait païé : car s'ilfaifoit femblantdé vouloir fuyr , il fer oit mis à mort fans rcmiffion- Rcligion-^ us les fois qu'il luy plaift vn grand nombre de vaif- lÉaux.Il eft vray qu'auioUrd'huy toutes les forces mari- times des Indes cèdent de beaucoup , tant pour le re- gard des vaiflêaux, que des foldats , à celle des Portu- gais, à qui l'vfage des armes defenfiues donne viï grand aduantage, tant fut inet que fur terre. Car cer- tainement il eftmal aiféquVh homme nud ne craigne le fer , "& qu'vn homme couuert de bonnes arjnes, ne foit plus hardy qu'vn qui eft defartoc. C'j^ft pour- quoy nous voyons que les peuples qut n'vfent en guerre d'armes defenfiues, fontpluftoft profeffiori d'a- gilité que de force, &de combattre en fuyant, qufc de pied ferme , & fc fient plus au grand nombre qu'en la valeur. ^ Gouuernemnù QVand le Roy eft mort, (es enfansne Iny fiiccé- dentpas, ainsle%de la fœur dudcfFundt de meure Prince de CalicutJcaufe comme ils difcnt,que c'eft le Bramin,& non le Roy quia dépucelé la Reyne, joint qu'il y a toujours quelqu'vn decesPreftres auec la Reyne , pour luy tenir compagnie : ils vfent de telle luftice, que fi quelqu'vn a tue vn homme il eft empalé toutvif, &apres pendu.maiss'il nel'aque blefle, il en eft quitte en païani l'amende au Prince. Eux de Calicut croyent vn Dieu, Créateur cfii V^Ciel & de la terrè,& la caufe première de tout ce qui eft en l'Vniuers.-mais ils le font oyfif, ôc difent que pour fc repofer,il a donné le Gouucrnemcnt du mon- de au diablcqu'ils difent être celefte, afin qu'il foit lu- ge de la terrc,& qu'il puniiTe^ou tccompenfe les hom- mes félon Icuris adions & mérites, ils a[)pellcnt ce dià- bleDeume &Dieu Tamerain. Or le][loydeCalicuta yn Oratoire en fon Palais, toutfeméde figures de diables, aufll effroyables qu'otl nous les peint par deçà & non gucres plusgrandes que des médailles , mais au milieu de cette chapelle , il y à vn throfne d'airain.où l'on void affis vn diable de rtic- jne matiere,ayani fur la tefte vne lyare ou mitre pareil» le à celle de nos Papes. Il y a trois grandescornes fui: cette tyare,& le front de l'Idole en porte quatre. Il a là gneulcbcâtc, auec quatre groflcs & longues dcrits fort aiguës de çhaq^ué cofté.'&lenez diftormej& fait com- me le bec d'vn oyfeau ,les yeux étincclans , &hideUxj la face furieufe , & épouuantable, les doigts faits en hameçon, &jes piiéds tout ainfi que les ergots d'vrt coq. Ce diable tient encor en fagucule l'Ame d'vn homme , & l'autre en la main, preft à en faire dé , même; * Les Sacrificateuris qii'ils nomnient Bramihs fbht obligez de lauer tous les matins d'eau ro(e , & d'autres liqueurs odoriférantes ce monftre»ëpandàm deuant Uij^ force odeurs arbmatiques, lors qu'ils l^encenfent ils fë proftcrnent , & facriheht quelqliesfois fur lafemainc àcétidole. Leur facrifice fe fait en cette maiiiere :ilà ont vn comptoir fait comme vn àutel,ayantvn pied Se demy de hauteur, deux pieds de largeur i & prés dë trois de longueur & épandcnt delTus toute fortfc dé fleurs,& dé poudres de sétcur.Apres cela ils dnt vn vafë d'argent plein dè iàng de coq, qu'ils misttentfurléS charbonsardans, auec vneinfinité de chbfesardinati- ques pour encenfcr, & prcnansl'encenfoirj ils itriui- ronnent l'aUtd|en leparfhmant , & tahdis que cela le fait , il y a vhe clbchéttc d'argent qlii ne cefîc defon- ner. Ils coupent lagorge d'vn coq , deftiné pour le fa- crificeauec vncouftêao d'argent auéc lequel ilss'éH criment quelque temps. Cependant que lé Preftre fait ce facrificë , il a Ui pieds &lcsbras enrichit de pièces d'argent, tjiii reh- deht vh foh pareil àceluy dts fonnéttés,& âuéc ce iU vhe bagué qui luy pend au col fur l'eftomâc , & c'eft U marque qui fait cognoiftre les Bramihs d'entre le reftc dû peuple. Le facrificë étant finy, il prend du froinent en chaciinc de fcs imains & fort du Teinplc à rcéulbnisî tenant tbuilours fes ycuxarreftéz fUr l'Idole , iufqûes i ce qu'il eft preft d'vn arbre qui eft hors du pOurpris,& lorSil épand legirain qu'il auoitentrelei mains , leC quelles il met fur la tèfte i & rehtraht dans l'Oratoire ofte l'brnemeht de l'autel.Le Roy ne préhd iamàis fort repas qu'vh de ces Btarnins tt'âiUé auparauant offrir quelques viandes ad diâble,èc foudain qti'ii à difhé,ce« Preftres recueillent les reftes , &leS voht.dbriner aux corneilles ; Le Roy, hy les prihd'ijaux de ta ville n'oferoièrit migcr de la chair,faps la permiffiô des Bramins,au lieii go8 De l'Eftat du Roy que les autres en vfent indifféremment, e.cepté que .«.n.l.T.^nl.l.n: nul ne touche aux vafcs. .:ic^„.»^„ç le ne veux oublier vn pardon gênerai qu ils ont tous lesansaumois de Décembre, qui fait que le peuple vient de toutes les contrées,& Prouinces vK^ifines vifi- tervnTempledeleur Idole, qui eft bafty au milieu d'vn lac , & où l'on void deux beaux rangs de colom- nes,& vne grande lampe faide comme vnnauire,pleK ned'Mepour éclairer tout autour. Ce Temple el grand, &emiironnc d'arbres de toutes parts, acnul n'entre dansleTempîe tans Te l'^aer darsVctungi Ôè lors que quelques-vns entrcr^t en ce lieu, IcsBramins les arrofent de l'huile de b. hm^c. puis ils fe vont pre- fenter au facrifice : & ayar.s adoré & prie le diable, cha- cun fe retire. Cependant Iss Bramin? leur promettent pardon gênerai de leurs fautes , & l'efpace de trois iours, ce lieu eft comme vn azile , & retraide de fran- chifek chacun, tellement qu'on ny oferoit meftaireà perfonne.ny fe vanger defonennemy.non pas même poilrfuiure vn criminel pariuftice. D I S C O V R S D V ROY DE NARSINGE. s o M M A I R 1^. I. situation du pays deNarftnge, fa longueur & villes frincipales.mrfinge & Bifnagar. 1. De la Vrouince de Canara , ou Concan , & [es prin- cipales villes maritimes, j r 2. De U fertilité de ce Fays abondant en bleds , /«- tre', gingembre y & autre efpieerie. fo}e y cotten , figues, noix. ,11 A. Mœurs & façon de faire de ce peuple* & générale- ment de tous lestndiens diuifez en Brachmanes Je fendus d'Abraham,& Germains , félon la partition d'Onefmte & Strabo. , t - J ■ y Des Uioboles , ou Gymnofophttesfortans habits faits d'écorce d'arbre oudelinincombufîible : leur auflerité de rie , & abfiinencede vin , & de l'aBe vénérien : leurs exer- cices pour confenier les forces du corps & de l'efprit , leur dolirine, Thilofophieù fubtilsdifcours auec lesKojs , des _ chofes diurnes & hum aines du mouuement des deux & fe- eut de nature. . , , 6. Des Germains addonnez a la fpeculatton du corps hum ain, à la cure des maladies . & aux dmnations & né- cromancie. ■ y. Des autres Ordres & Eptsdont eïloit compoje ce peuple mdtenrfçauoir eft. Laboureurs exempts d'aller en guerre. Pafteurs demeurans aux champs en des tentes hors les viUes & villages. Artifans faifans tnftrumens de guerre & du labourage : le cinquiefmf ordre de Sol- dats : le fixiefme de Magistrats y le fepttifme de Confeil- 1er s. S. Veftemtns des Modernes Indiens : & quels habits /o ■Roy porte allant en guerre^. 9. Des grands reuenm duRoy montans a douze mil- lions d'or par an. „ a r 10. En quoy confifie fes forces. QueU^ efi fon in- fanterie . caualerie, fes armes , à fes munitions de ^'"n.^Dc l'Idolâtrie de ceux de Narfinge adorans le dia- ble, & luy drejf an s des Temple s. u De deux fortes de fectes gotiuernans la religion de ce 'peuple appeliez Baneanes, & Bramins:leur doart- ne& manière de viureaujiere. & Deitezqu tls adfi- vervtj. " E Prince eft vn des plus puiffans Monar- ques qui foicnc encre la riuicre d'Inder àc du Gange , veu qu'il eft maillre d'vn grand païs aflîs entre le Cap de Como- tin, & ccluy de Guadauerin,& entre les montâgncsTeGate, & Le Golphe de Bengale, & fa lon- gueur eft de ^deux cents lieues ou fix cents nwlles. Quelques -vns difert que ce Royaume tient autant dc^ays qu'on pourroit faire de chemin en vn voya- ge de fix mois. Il y a deux villes royales , ceftalça- uoir Narfinge , & Bifnagar nommée Bcfenagal par quelques-vns, quiatroisenceintes.&rcnoxnmeepouc leconamerce. A caufe de ces deux grandes villes ort appelle ce Prince tancoft Roy de Narfinge . & tantolt deJîirnagar. . La ville de Tarnaffer appartiec à ce Royaume com- me quelques-vns difent , mais elle a efté occupée par le Roy de Brame, Il y a en ce Royaume deux villes , maritimes habitées des Chreftiens , c'eft à fçauo.r Co- romandcl ouColmander,ôi MaUpur,ou les Portugal» Le"Ro"yde Narfinge poffcde auffi la Prouincede £ Canata,autrementConcan . qui eft en quelque façon vne partie du Royaume de Decan. Les principales vil- les maritimes de cette Proumce font Onor , Batticale, Magindre & Mangalor. Mais 1q# Portugais fe font fail de la ville d'Onor , & celle de Batticale leur eft tributaire. Le Roy de Trauancor qui eft en la Proum- ce de Malabar eft pareillement fubieft au Roy de Narfinge. Qualité, GE Royaume abonde en toutes chofes, tellement j qu'on y ptut trouucr tout ce qui eft neceflaireî la V ic humaine. Car il y a grande quantité de bled , de fucre , de gingembre , & d'autres efpiceries . & l on ncfcauroictrouuerau monde vn pays plus abondant enfoye& en cotton. Le terroir de Bifnagar eft de grand rapport, & il y a auprès des forefts fort agréa- bles. La prouincede Canara produit du nz , du lucre, des figues & des noix, mais elle ne porte ny froment, ny de l'orge , ny de légumes. Le terroir de Trauan- cor eft maigre & peu propre à porter du bkd, ou des fruiéls. J> Mœurs anciennes. POurce que beaucoup de mœurs anciennes de ceux de Narfinge fe pcuuenc rapporter aux autres In- ^ diens, i'ay rcferué ce lieu cy Dour en faire le difcours entier , qui donne à cognoilR en gênerai leurs façons de faire. Les Indiens donc fuycnt le larcin fur tontes chofes & auoient les loix non efcritcs , vcu qu'ils n'auoient aucun vfage de lettres , ains apprcnoient par cœur les vns des autres- Us beuuoientduvin feu- lement lors qu'ils faifoient quelque facnficc , &c leur brcuuage ordmaire étoit compofé d'orge.& de nz,dont ils failoicnt auffi potages, lis ne plaidoicuc point en- femole de Narfinge, fetr(bî«;,&: auoftaucunfeloy parthy eux qui fit mtn- lion de la garde dfcchofe qui fut , & n'auoicnt befoin de témoins, ny de cedules.dc féaux ou éciriturcs » d'au- tant que chacun croyoït à la fimple parole de l'autre. Ils laiflbicnt au(E leurs maifons feules , & fans gârdC) qui ctoient tous fignesd'vnc grande bonté > & inno- cence de ce peuple. Dauantage ils viuoiehttbuàfeljls, &n'auoict point d'heure dcteiminée pour leur rejjas, lequel ils prenoient à mefure qu'ils çntroicnt en appé- tit, ou qu'ils en auoientfantaifie. Ils fc faifoicnt fou- uent frotter le corps , lequel ils fe polilToient auflî auec de l'ebene. Ils étoient peu magnifiques à drcffer les tombeaux ôc fepulchres des trépaflcz, 6c àu contrai- rej ils femonftroient fuperflus en leurs habillemens, veu qu'ils portoient fur eux beaucoup d'or & de pier- reries. Ils auoient suffi pour ornemînt vnlingefort délié , duquel ils fe couuroient le vifage de peur de ha- flc.faifani tout ce qu'ils pouuoient pour fe maintenir, ou fe rendre beaux. La vérité étoit tenue cntr'eux pour grande vertU5&: les vieillards n'ctoient nullement efti- mcz s'ils n'ètoieni prudens. Ils pouuoient auoir plu- iîeurs femmes j & les achetoient en donnant à leurs parens vne paire de bœufs, ils choififlbicnt les vues pour leur feruice , le» autres pour auoir des enfans , & les autres pour leur paflTe- temps, & ne les côtraignoict de viure chaftement , âins il leur étoit permis de pail- larder à leur aife. Ils ne facrifioient, ny cncenfoient les autels ayans des chapeaux de fleurs fur lateftcainfi que plufieurs autres nations , & ne maffacroicnt ny é- gorgeoientlcs beftes du facrifice , ains les éioufFoient en leur fang. Oncoupoitaux faux témoins le bout des doigts , ôc ccluy qui auoit coupé ou eftropié quel- que membre à vn autre , non feulement enduroit pareille peine » mais perdoit encore la main qui-auoit fait la faute ; mais qui creuoiî Pœil'ou côupoit la main à vn artifan perdoit latefte fans rcmiffion. C'cftoit aux femmes efclaues àgârd$r& fcruir le Roy : 6c l'armée fe tenoit hors des villes foiis deâ ten- tât Si vne femme tuoit le Roy en le voyant yure , ellfc cpoufoit fon fucceffeur, & les enfans fuccedoient lé- gitimement au perc. Iln'étoit permis au Roy de'dor- mir fur Icjiour, 6c durant la nuid il changeoit à toute heure degifte , craignant les furprifes: Lorsqu'il n'é- toit point en guerre.il fortoit fouuent hoirs delà mai- fon , mefme afin d'ouyr les parties, & leur faire iufti- ce, & fi durant le temps qu'il fe faifoitirotter il luy falloit ouyrquelqu'vn,il nelailToit d'entendre les par- ties & de leur répondre;. Il fortoit encore pouriàcri- fier & pour aller à la chaiTe , où vne grande troupe dè foldaîs couroit après la béfte.Le|licU où le Roy prenoit ce plaifir étoit enceint de cordages, & les gardes de fon corps fe tenoient hors de l'enceinte, &fiquelqu'vn entroit cependant dans les tentes du Roy pour fe ioiier auêc quelqu'vne des Dames de fa fuitte , il per- doit la vie. Lors que le Roy marchoit par pays , il y auoit des clochettes & des tambours qui alloient deuant luy , & s'il entroit dans quelque parclos pour y chalfenil auoit loufiours pour fa perfonne trois ou quatrefemmes armées : mais s'il couroit en pleine campagne , il étoit monté fur vn éléphant, 6c auoit autour de luy force femmes, les vnesfur des chariots d'autres fur des elc- phans,ou des cheuaux, 6c ces femmes manioient dex- trement toutes fortes d'armes. Les Indiens adoroient Uipiter le pluuieux » Ôc leui ritliere de Gange , 6c les Génies , & ceux qu'ils nom îuoicnt Dieux de chaque pays. Lors que les Roys fai foient laucr leurs cheaeux,chacun folcmnifoit ce ioui conime vne grande fefte , Ôclesvns faifoient degrands & riches prefens aux autres. Ce peuple fut iadis diuik «n fepi ordres & états , dont le premier étoit ccluy de Sages , ouPhilofophcs>Gymnofophiftes, &Bracliina. nes,qui étoiét hôrtorez plus que tous les autres.Ceui- cy étoiét fi âcs de tout labeur, Se ne feruoient à pétfori- nchon plus qu'ils ne corhmandoient à aucun, &: recc- uôient feulement de chncun en particulier ce qui (ei-^ uoit pour les facrificcj des Dieux» Ils auoient lefoini des trépalTcz, comme eftans tenus pour bien aymc:^ des Dieux , 6c qiii fçauoient les chofcs qui fe faifoient aux enfers. Ces Sages leur predifoicnt dés le com- mencement de l'année les fcichereffcs , vents - pluycs, maladies & autres telles chofes qui deuoient adnenirî & dbiît la Cognoifiànce leur étoit poflîble , d'autant quclt Roy & le peuple tafchoit d'euiter le mal hcuc dont ils étoient menacez. Mais fi quelqu'vn de cc^ Philofophcs prcdifoit quelque chofefaufiéjil luy étoit enioint pour peine de garder perpétuel filence. Lci Gymnoiophiftes alloient tous nuds ainfi que leurnô le mairqùe , 6c fe tenoient en des Ueux deferts & écar- tez, où ils difputoient des caufcs naturelles , & étoient attentifsdês iè matin iufqùes au foir à regarderie So- leil, fans remuer prefque l'œil. Ces hommes étoientfî patiens qu'ils fouffroiét de tenir tout le longdu ioiit ' les pieds nuds dans le fable ardant. Entre ces Sagci étoient encor les BrachmancS , qui nè defiroient que et que là nature requeroit , & ne viuoieiit qiie de ce que la nature produifoit de fon bon gré. On tient que ceux -cyfortirent des enfans des concubines d'Abrà- ham,qui lescnuoya eh Leuaht , âinfi que nous lifons auxfaindtes lettres, où il eft dit qu'ils emportèrent, de luy quelques dons .Gt ces dons d'Abraham , outrcloc 6c les habillemens, font les arts,& les fcienccs, princi- palement l'Aftrologie, & la Magie naturelle , aufqûels nonfculetnentilsont excellé, mais font encore parfai- tementfçauans, fi nous voulons croire les Portugais,; qui en parlcht comme l'ayans vcu, Strabo , fuiuanE Onefiriteles di4^ife en Brachmanes,& Germains. Lei Brachmanesmcttoientcn vfagc la fcicnce qu'ils a- uoient^eceue de leurs anceftres,& receuoicnt à l'éttidé deUPhilofophielcs Germains qui étoient eftrangers» & qui n'eftoient de la race des Sages; Les plus honorez de tous étoient les Hyobolfes oii Gymnofophiftes , qui n'étoient couuerts què d'écorcé d'arbre,ou d'vn lin fort délié qu'on ne lauoit pas aucc de l'eau , mais qu'on mettoit dans le feu pour le net- toyer, lors qu'il eftoît fàle, fans qu'il receut aucun dommage. Ils nebeuuoient du vin, 6c ne Ce niàrioienrl ny auoient cognoiflance des femmes, qir'apres auoit mené cette vie Tefpace defcpt ans. Ils difcoùroierii: fubtilettient auec les Roys de la République, descho- fes diuines 6c humaines , du cours & mouucracnt des cieux,& des fecrets de nature.Us fortifioiêt leurs corps auec vn fi ^rand exercicc,& par même moyen ils don- noient auffidelaforceàleursefprits, & les rendoicnt immuables en leurs confultations 6c iugemens. Toute leurPhilofophie tendoità faire qu'vnc bonne mort tcrminaft vne bonne vie- Apollohius deThiane alla trouuer ceux- cy auec beaucoup de peine , afin d'ouyr difcourir larque leur Prince dr.là nature, du mouuc^ ment deS cieux,& du changement des iôurs; ^ , Ilsreprindrcnt Alexandre viftorieux de ce iquen'e- ftant pas content de fon Royaume, il molcftoic aueC fon armée tout le Leuant. Voila tout ce qu'en dit Strâ., bon,qui cft fuiuy de Pline eh fon Hiftoire naturellé.lis ont grahdtment énrichy la fcichce iftôrale cbmiiie on peut voir par cesparolcs d'Apulée. l'admire ceux - cy qui fçauentnon pas prouigner la vigne,ou labourer lâ terre, ou chtcf vn greffcou dompter vn chcuaUou vn i:aureau,ôa tôdréiou paiftrè vne chëvre.oti vtie brebis, mais qui s'addonnent à la rapièce. 6c encbr ie ne loiié rien tâfit de cequ^Us font que la hayne qu'ils rnort- ftrent porter àl'oifiucté. Car lors quclatable èftmi^ re,auatit ciù'oti porte la viade-^tous lés ieunes Hommes s'aficmblcht 6Z arriaent là de dîners licùs 6c offices; y y î De l'Eftac du R Les maiftrcs demandent ce qu'ils ont fait de bon , de- puis la pointe du iour , iufquesi cette heure là > & lors IVn d'eux di6b , qu'il a efté éleu arbitre pour met- tre deux hommes d'accord, & qu'illcsa rendus bons amis:i'autre qu'il a obey à Tes parens qui luy ont corn- mandé quelque chofê , l'autre qu'il a trouué quelque chofe de luy même j ou qu'il l'a apprife d'autruy > & chofesfemblables.Cclny qui ne s'eft employé à chofc (du monde , & qui ne peut montrer ce qu'il a fait , eft 'îenuoyc dehors fans difner. Or les Germains s'arreftoient à cognoiftre le corps humain, fe lenoicnt à couucrt, viuoient de riz 6c de fa- mine, & remédiant aux maux loiioient entre les médica- ments principalement les ionârions, & les cataplaf- mcs. Qoelques-vns d'entr'eux étoient addonnez aux diuinations & cnchantemens, exerçoient la Nécro- mancie , & alloient vagabondant de ville en ville , "& de lieu en autre. Les premiers étoient ennemis de tous ceux-cy , 6c ne fe jjlaifoient qu'à reprendre les autres , 6c ces pre- miers étoient diuifez en Montagnats , Gymnetes , 6c Ciuils, Le fécond rang fut des laboureurs, qui furmontans tout le refteen nombre eftoient exempts d'aller à la guérie. L'enncmy ne leur faifoitiamais ennuy , ains chacun les laiiToit viure paifiblement , comme les efti- mansnez pour le bien & profit de tout le monde. Parce moyen onvoyoit' abondance de toutes chofes en ce pays, & ces hommes viuoient ;aux champs auec leurs femmes &cnfans , 6c payans au Roy fon tribut. Lf tiers ordre étoit de toute forte de Pafteurs , qui ncdemeuroicntaux villes ny aux bourgades, mais aux champs en des tentes, oùils viuoient delà chaiTc, 6c drelToient des pièges aux belles , & par ce moyen ils alTeuroient les femoncesdes bcftes , qui fourmillent en ce p3ÏS;& endommagent grandement les fruids, 6c les femwiccs. Les artifans tenoient le quatrième rang , ôe les vns faifoient les harnois , &les inftrum.ens de guerre, l,es autres les outils du labourage & autres inftrumens profitables 6c neceffaires , dont on fc dcuoi^/eruir, Ceux-cy n'étoient pas feulement exempts de tributs &defubfides, maisencoron leur dirtribuoit du bled des greniers du Roy. Lecinquiefme ordre ccoit des foldats.qui eftoient toutesfois le fécond en nombre. Ceux-cy fe rendoicnt par vn exercice ordinaire adroits à la guerre , ôc quel- que grand nombre qu'il yen euft j leurs ^heuaux & Elephans propres pour la guerre écoi^ nourris aux dépens du Prince. Le fjxicme rang étoit celuy des Magiftrats.qui pre- nans garde à tout ce qui fe palToit en adueniifoient le Roy, afin qu'il y remcdiaft. Le feptiéme & dernier ordre contenoit ceux qui prefidoient aux Confeils publics , qui eftoient en fort petit nombre, mais fignalcz en prouidence &en no- bleiTe.C'cftoit de ce nombre qu'on choififToit les Con- feillers des Roys , 6c ceux qui auoient le maniement des grandes aftaires,& qui lugeoient de tous difterens. On élifoit encor d'entre ceux . cy les Capitaines & Gouuerneurs des Prouinces. Il y auoit auffi des Seigneurs députez pourempef cher qu'on ne fift aucun tort aux étrangers , 6c quand quclqu'vn d'eux lomboit malade on auoit foin de le fccourir, 6c s'il mouroit ils le faifoient enterrer, ren dant fon argent & fa marchandile à ceux qui fe difoiét fcs plus pioches parens. Les luges de chaque lieu a- uoientpuiHancc de punir ceux qui croient atteints de quelque crime. Vers la mer de Sur 6c de Malaca il y auoit des Pa- ftcuts qui viuoient de chair cruë,qui s'appelloient Pa- 07 des.dontles façons étoient telles- Quâd quetqu'vn des leurs fuft homme ou femme, étoit malade,ceux qui fc touchoientdepluî preznemanquoientà le tuer , di- fans que s'illanguiftbit longuement ainfi, il cauferoit la corruption de leur chair par fa maladie , & après qu'ils l'auoient tué ils le mangeoient , & ils trairfoienc de mêmes les vieilles gens. En d'autres endroits il y en auoit qui ne faifoient mourir ny homme ny bcfte,voirc même ne femoient* nybafti(roient,& ne fe tenoient en aucune maifon,vi- vans feulement d'herbes, & d'autant qu'ils auoient ccr- tain grain femblable au millet qui nailToit de fon bon gré,& fans aucune induftrie,ils le cucilloient,& le cui. fant s'en aidoient pour leur viure. Dés quequelqu'vn d'enir'cux tomboit malade, ilfe retiroitaux deferts,& foit qu'il y vécut, foit qu'il y mourut, on n'auoit fou* cy de le;penfer,ny de fa fepulture. Mœurs de ce temps* LEs plus riches de ce païs portent vnefaye, ou ho- queton alTez court, & portent fur leur tcftedcs turbans de diuerfes couleurs à la façon des Turcs. Le menu peuple pour tout habillement couure fes par- ties honteufes , 6c le reftc du corps eft nud. Quand le Roy veut aller en guerre il prend vnerobcdc cotton, &fur cette robe il porte vn manteau couuert &enri- chy de petites feuilles d'or. En lieu de broderie il y a tout autour de riches pierreries de toutes fortes. Son cheual efteftimé d'vn prix exceflîf à caufc du harnois qui eft tout couuert de pierreries. Les habitans de ce Royaume nemangcnt point de pain,viuent de riz , de chair de poi(ron,& de noix que ce pays produit. Quant à ceux de Coromandel , s'il adulent quft. quelque anace palTe fans qu'il y pleuue ils tombent en telle extrémité, qu'ils font contraints de védre leurs enfans pour vn real : toutesfois cela arriue prefque en toutes les Indes , veu que les pères y vendent leurs en- fans à fort vil prix,&plufieurs fe vendent eux mêmes. Les Princes font beaucoup d'eftat d'auoir desefclaues nobles, qui demeurent fouuent maris desfilles,& hcr ritiers des biens de leurs maiftres. Kîchejjes^ ONtient pour cholè certaine que leRoydeNar- finge a douze millions d'or de rente, & qu'il en 9' épargne trois ou deux & demy toutes les années : Il employé le refte à;rcntrctien de fa maifon,ou des gens de guerre. Outre ce il a 200, Capitainesraufquels il di- ftribuè des terres defonEftat, àla charge qu'ilscnrre- tiendront tant de chenaux , d'Elcphans, & de gens de pied , 6c ces reuenus font fi grands , qu'il y a des Capi- taines qui ont vn milliô d'or dereuenu toutes les an- nces.Ce qui ne doit pas fembler incroyable, veu qu'en ce païs comme en la plus grande partie du Leuant, toutes les terres,lcs mineSjles forefts,& même les eaux de quelques riuieres font des Princes:tellement qu'au- cun ne (e peut laucr de l'eau de Gange qui court par le Royaume de Bengale, ou de celle delà Gangue qui coule par le Royaume d'Oryxe , fans payer certaine iomme aux Roys de ces deux païs,& le même de Nar- ùnge achepte l'eau de ces flcuues. & fe la fait porter de ioinpour febaigner,&s'en purger fuperftideuferacnt. Le Roy eftant donc maiftre des fontaines de fo^' Eftat 5 il ne reftc au peuple que le bras & le l^râuaij , & c'eft chofc vray femblable, que puis que le Roy parta- ge toutes les terres entre luy 6c fes Capitaines,!! en ti- re vn tiers pour luy, & fcs Capitaines ont les deux tiers , il faut que quclques-yns d'entr'eux tirent de gtollcs femmes. de Narfinge. Forceh I o ONtie^itque le Roy de Narfîn^e entrttiéntordi- mirement quarâte mille Na-rcs qui font comme Gennls-^iommesdeftinez à l.-guerre. & payez en tout p^'T "^'^^^ '^'^'^^ ^ q« il «coit Elephans. Mais lors qu'il eft befoin d'aller à la guer- re il met en campagne vn beaucoup plus grand nom- bre d hommes &d-Eiephans, veu que quelques-vns on c(aKque.ron armée occupe quelquefois l'efpace de trente mille. lean de Bartos nous monftre alTcz arme defFenlî.e. le ne veux taire qu'en cette guerre llldacan ayant fait vne grande dcrout* en l'armée d,i Roy de Narfinge auec Ion art,]ler,c, ce Prince s'en- courageantluy .tr.emedit des paroles véritablement rl"7 /a ^""."^f '''^ ^ fouoirqu'Mvou. loit pluftoft quel'lldacan fe vantaft d; l'auoir tué, que vaincu :& ayant dit CCS mots Us'aduanca, & donna courage aux Tiens, Se défit fonennemy: Entre autres chofes on prit en cette defFaite quatre mille chenaux iirabes,centclephans,4oo.gros canons, outre les peti- ts pièces, & vn nombreinfiny de bœufs.debeuflLde tentes, & de prifonniers. liy auoiten cette guerre 40= quelles forcesfepeuuenttirerde7.Rr 7 ^^""s. & de prifonniers. H y auoiten cette .uerr'e 40 qu'il defcrit l'arSTu/Seflt^ LT^^^^^^^ r;rD:roft 'f'"^"; ^^^deNl?: gc, mena contre l'Jldacanen l'cntreprife de rTh o flnf ^7°^^^ ^^"^P^ Y ^^oit z. Capitaines qui fé Il ditdoncque l'armée étoi di rl'^'l^^^^^^^^^ J^-^^-ontreceRoy, dcntl'vnî^^ Ti 1- t , , — »-""cpm.c ae tvacnio. M dit donc que l'armée «oit diuifée en bluficurs membres qui etoienc fous leurs Capitaines. On vo oy> donc l'vn qui Vuapanay demeure àN.gapatari, & l'autre quis'ap''pëÙ JeVengapatir,s'eft rendu maiftre des lieux voifinsdc vmi. ^...u h -wtpudiucs. yjn vo- le Vensai prcfts à toutes occurrences , fait faire tous les ans cer TiZt7 i ^T'^''''^ ''''' ^'''^ mille cheuaux, vingt elephans . & cinquante mille fantaflîns : & après Timanapaïque auec trois mille cinq eens chenaux, trente elephans, & foixante mille foldatsà pieds. Ha- dapanaïque venoit après, & menoit cinq cens mille chenaux .cinquante elephans . cent mille hommes de p.ed.Cordomanc auoit fix mille cheuaux,foixante de- phans.& cent vingt mille hommes de pied. Comore condu.ioit deuxm.lle cinq cens cheuaSx . quarante elephans, & quatre-vingts mille hommes .de pied- Gendraye mille cheuaux , & dix elephans, trente mil le hommes de pied. Apres ceftuy-cy marchoient des Eunuques de lamaifon du Roy , auec mille cheuaux qumze elephans, ^quarante mille hommes de pied Le Page du Bétel menoit deux cens cheuaux . Lot ckpham^ quinze mille foldats; Comarbequecof dui oit quatre cens cheuaux ,vingt elephans , & huidt millchommesdepied. LeRoy'venoLpresaue lel gens de fagarde, c'eft à fçauoir fix mille cheuaux pied, & a Tes coftez on voyoit marcher le Gouuerneur de la ville de Bengapor , auec diuers Capitaines , fous les enfeignes de(quels il y auoit quatre mille deu^ cen cheuaux, vingtcinqelephans, & foixante mil! hot^ rheua ix't ^"^-.ft,^— y il y -oit deux mme cheuaux ,& cent mille hommes de pied diujfez en pe uroient le pays par les coftez, par derrière , & par de- uant, auec tel ordre qu'on fçauoit en vn inftantla inoindrechofequi furuenoit. On voyoit aller auec tTc 'fJ^/""^^"'^'!*?""^"" d'eau, vingt mille pu- tains, & des goujats marchands , artifans, & blanchif- leurs, qu ils nomment Mainates, bœufs, & beufles de charge lans nombre. On conneut la multitude defes gens au pafe d'vne riuiere,pour ce que leau qui ve- «oit lufqu à my.cuilTe aux premiers, ne pouuoit pref. que (uffirc pour abreuer les derniers.Le Roy auât qu'af 1er à cette entrcprife facrifia en neuf iours vingt mille %t cens trente, fix animaux , la chair defquels on lacrihoit. Ces gens etoient vêtus d'habirs de cotton taines montres, ou tous doiuent comparoiftreJl priué làdclcurs charpes ceux qui mdnent moins de geilâ qu ils ne doiue|,ou qui ne font bien en poinaf Religion^ T Es peuples de Narfinge croyent premièrement eri A^vn Dieu, Seigneur de tout l'vniuers, puis aux dia- - . a — vv,iuj u iiauHs ae cotton fi ^^^'^""«fc.forts, qu'ilsrefiftoientàquelquecoup de Janccqu on peuft donner, auffibien que fi c'eulTcnt cfte des plaltroH? de fer, & les cheuaux,& les cicpharjs étoicnt couuetts de cotton façonné de même. Clnaque éléphant auoit fon chafteau', auec quatre homme- armez au dedans. Ils portoient auec cela entre les dents certains coutelas, qui coupoient tout ce qui îrouuoitdeuant eux. ^ L'Infanterie étoit diuifée en archers, piquiers & gens qui portoient l'épée . & la targue , & pource que ms derniers portçnt de fi grandes targues, que toute la bles sutheursdetout mal , lefquels ils honorent plus que ie Créateur de toutes chofes . leur baftiffant beau- coup demagnifiques Temples , ou Pagodes bien ten- tez, n le tient en quelques -vns de ces Temples des hommes qui ont charge du feruice de l'Idole , & éit quelques autres des femmes d'amour, qui éaiPriene auec le corps quelque chofc pour entretenir ceferui- ce, & nourrilTcnt plufieurs petites filles pour le même meltieri Or il y a tant èn ce pays , que prefqUe en toutes les indes^deux fortes de gens quigouuernent les ceremo- nies deleurdeceftablerel.gidu, & manient la fimpic confcience de ce pauure peuple. Ce font les Banea» nes,& les Bramanes.ou Bramins. Quantaux Baneanes, qui font en grand nombre en ce pays, combien qu'ils différent en Icdcs, s'accordent toutesfoistousàncfai- re mourir aucune chofe viuan te, & ne manger de celle qui aeftctuee. Ils gardent cecy fi étroitement qu'ils racheptent les oyfeaux qu'on a pris , & les remett.nc en hberce. Ils ne mangent ny naueaux, ny aulx, & n'v^ lent ny devin, ny de vinaigre,ny pâreillemét denym- nes.ny d ortaquc, fortes debreuuage des Indes. Ils fe mattent par de grand ieufnei . ptenans feulement le loirvnpeudefucreauecdu laid, & les plusfuperfti- «eux d entr'eux demeurent quelquesfois vingt iours ans manger chofe que ce foit. Ils donnent à boire de leau lucree aux oyfeaux & aux fourmis : & même eii Cambayeils optdreffé vn hofpibl où l'on a foin de glierir les oyfeaux maladcs.Il y en a quclques-vns d'en, tre eux oaifevoyans proches delà mort, ont de cou- Itumede léguer à d'autres, certaine partie de leurs bicrjs,afin qu'Us âiiient par les deferts Ôc lieux du tcue ecariez, prefèntet de l'eau aux pafians & voyageurs pour appaifer leur folf. Ils portent au col vn caillou dé la groiïcur d'vn œuf , auèccertaines lignes qui loncti- rees par le milieu pour leur Dieu. Ils tiennent les chan*- delles allumées dans les lanternes, afliilcjuc les papil- lons ne s'y bruilent.Ils appellent bien fouUcnt certains autres de leur fede,mais plus auftcreè qu'eux,afin qu'ils leur tirent du dbs les poux qu'ils ont , ôc les prennent pour les nourrir. ils [§ marient feulement vne fois. Se quand ils meu- ili De l'Eftat du Roy de Naifinge. rent,lcurs fémes font enterrées aucc eux.On n'enterre pas l«aatr«-s hommes, mais on Icsbruflc , de mcmc que les fcmmes.Les veufuesqui ne fe veulent pas içt- tcrdans le feu , demeurent infâmes , comme li elles ctoientconuaincuès d'aduUcre.Les Baneanes vient de mêmes habits que les anciens Brachmanes, & croyent la metcmpficofe, & que lésâmes pafTent d'vn corps en vn autre. Pour le regard des Bramans, ou Bramins , ils font beaucoup plus eftimczque les Baneanes, & font diuifez en deux fcdcs; veu que quelques- vns fc ma- rient & demeurent dans les villes , & ceux-cy retien- nent le nom de Bramans : les autres ne fe marient la- mais, & s'appellent loques. Ceux-cy n'ont aucunes rentes, le maintiennent en fort grande aufterité , vi- uent d'aumofnes, voyagent en façon de pèlerins par les Indes, Ôcs'abftienncnt de tous plaifirs charnels ml- qu à certain temps , aptes lequel ils dcuiennent Ab- dutîf i c'eft à dire exempts de toutes loix,& comme in- capables de pcchc. Lors ils fe plongent en toute falete & vilenic,&: prennent tous les plaifirs dont ils fe peu- uent aduifer. Us ont vnchef qui difpofc d'vn grand reuenu,&le dittribuë.3c cnuoycen certain temps plu- fleurs loques pour prcfchcr deçà delà îeursfolics. Ot les Bramins adorent vn certain Parabrammc, & trois fiensfils, en l'honneur dcfqiicls ils portent trois cordons attachez au col. Ils rangent entre les Dieux non feulement les hom- ines qui ont fait quelque grande proiielTc, mais enco- re les belles , & leur baftilfcnt des Temples magnih- qucs, ôc à très grands frais. Ils adorent les finges, &les clephans , mais encore plus les bœufs , &lcs vaches. Tellement que quand le Roy a crée les Naires, qui font comme Chcualiersjil leur recommande de garder les Bramins , & les vaches. Le fuieâ: pour lequel ils forit tant d'cftat des vaches, & des bœufs , c cft pourcc qu'ils eftiment quclcs .amcs des morts palTcnt en ces animaux pluftoft qu'aux autres. Ceux d'entu les Bra- mins qui fe tiennent aux lieux maritimes , appeliez Cuncamme, mangent toute forte d'anirtUux , excepté la chair de bœuf & de pourceau.Ilsont certains liures, de Prophètes, par le moyen defquels ils établirent leur fuperaition. Ils tiennent que Dieu eft noirefti- mans cette couleur la plus belle de toutes, àraifon de- quoylesidolesfontnoires,& tous huilez,& fi vilains qu'ils font horreur à ceux quilesregardent.Ils perfua- dent au peuple que leurs Dieux font fort grands man- geurs , & pour cette caufe qu'il leur faut porter force argent, ôcdiuerfes viandes, & par ce mcnfongc ils ac- quièrent dcquoy faire bonne chcre,à caufe que le peu- ple crédule faidfc deux fois le iour des offrandes aux idoles, & ces Bramins les mangent.U y en a quelques- vns parmy eux qui font fçauans en Aftrologie, mais prcfquetous ont plus de malice, que de dodtrine.Ils tiennent ordinairement plufieurs femmes , & fçanenc I les dixcommandemens delà Loy, &lcur explication. • ' Us contraignent ceux qu'ils reçoiuent en leur difci- pline, deiurer qu'ils ne rcuelcront à petfonneda monde les myftcres qu'ils entendront. La première chofc qu'on leur enioinâ: , c'eft de ne publier iamais qu'il faille adorer vnDieu, Créateur du Ciel & de la terre. Us ont certaine langue étrangère , comme nous auons la Latine. & enfcignent en leurs écoles la Ma- gie, les enchanccmens. Leurs Doûeuts vaquent le Di- manche au feruice diuin, prians DicU Créateur du Ciel & de la terre , & redifans fouuent cts paroles; le t'adore, 6 Dicu,auec ta grâce, & ton fecoùrs éternelle- ment. Us laiflcnt croiltte leurs cheueux ptefque des leur enfance, & iugent que c'eft vnfacrilege, de pren- dre leur viande delà main des Chi^eftiens. DISCOVRS DE L'EMPIRE D V P R E T E • 1 A N. SOMMAIRE. 1. opinions diuerfes des Géographes touchant l'eften due en longueur &largeur,& Imites de l'Empire du Pre telan^ X. Tiltres & qualitez que ce Prince fe donne. 3. Defcription des Prouinces fubiettes au Prete lan,& premièrement de Barnagas , l'étendue, limites decepays, é'fituatien de fa principale ville appcllée Beroe ou Barue, é' autres Citezdacs,port Ô caps célèbres- 4. Autre defcription des pays qu'il pojfede en terre fer- me,& de fa demeure principale , & Cité de Bemalechi où il tient fa four. j. Fertilité de ce pays abondant en orge , millet , poids, chicbesifebvcs , & autres légumes incognus : Sucre , m, oranges-, citrons^ limons,huiledeGoue,miel,cire:lin,cotton, beRes à quatre pieds, & ojfeaux de toute forte, chameaux^ elephans , lyons , tygres , {excepté les ours,connils & char- donnerets)fmges,perdrtx,0ies,lieures,}mnes d'or,argent.fer, airain.Ce pays ejiencor remarquable pour y auoir deux Hy- uers,& deux E/tez l'année. ^ 6. Origine des Ethiopiens , inuenteurs des cérémonies de facnjiccs,& des lettres hieroglifiques : idolâtres de leurs B.0 Sifaifans peus d'état de l'or au pHx du cuiure-.adorans le Soleil leuant, & m^udijJantU couchar.mettam Imstref- pafezdanseksvafes de verre, & croyant deux Deita l'vne immortelle. l'autre mortelle. 7. Defcription delà Cour du Prête- lan , fon logement ordinaire fous des tentes, fes vtpmens & bagages lors qu'il voyage. . 8. DunaturtU couleur d'habits , forme dedtpces des modernes habitans de cét Empire , leur viande ordinaire^ ér leurcoupme de banqueter fur tapis fans nappe en ter- re. Leur breuuage composé du frui^des Tamarins. Leur langage,characieres,& lettres. Leurs cérémonies au dueil. Leurs nauigations. Des peuples Acridophages^ 9. Leurs richeffes procedans des mines d'or, argent, cuiure ,fer ifucre , cotton , Et quel eftlereuenu du Prête- lan. 10. Quelles font les forces de cet Empereur , le nombre d'lmnmès iufques au coiiynenceracnt de l'iflc de Me- roé, appelle de noftre temps Nobe , qui s'étend l ef- pacc de 12;. lieues. De U il faut faire vn arc , non oue. re courbé vers le Midy , iufques au Royaume d'Adtâ aux montagnes duquel naift là riuirse qùe Pcolomcé appelle Ratto, quifcreiid dans la ruer au deiTous dé Melindei pai'refpace de 259.1:eues,!.ci nceà de certains- peuples idolâtres noirs, ayans les cheueux crefpez. De là il tourne & finit au Royaume d'Adcl , dont lâ ville capitale eft Alar,quia neufdegiezdehauteur.Deforte que tout cet Empire n'aufoit de tour qu'cnuiroii 6-»z lieues. " Ce Prince j-qni fe dit eftre yiTu de Dauid , Ce donne les tiltres- d'ErTîpcreor de la haute & baiïc Ethiopie, Roy de Goa, des CafFœces, deFatigar, d'Angole, de Barn, de Baliguaze.d'Adcl.de Vangue, deGoyame,où eft la fource du Nil, d'Aumarie, deBagàmbdri. d'Am- bcc,de VàngucijdeTigTemahon,deSabaim, païs de lâ Royne de Saba,dc Barnagas,& Seigneur iufqUes en Nui bie.qui s'étend vers l'Egypte. Mais prenant fon Empire ainfi qu'il eftaulourd'hu^i nous en décrirons lesPiouinccs auec plus debriefue» té.& le mieux qu'il noiis fera poffible; Or entreles Prouinces fiîbiettes.au Prefte- lat^, il n'y en aaiicuneque nous cognoiffions dauantagcqùe celle qu'on nomme Barnag as , à caufé du voifirragë dclamcrRouge , vis àn'is de laquelle elle s'écendde- pnis Suaquen , preique iufques à l'entrée du déftroiti Toutcsfois ciller n'a far la mer autre port que celuy d'Er- roco. La ville capitale du païs s'appelle Bieroe , ou Ba- rue , & eft afïïfe fur vne riuicre fort agretblc. lln'y a gneres d'années que les Turcs firent vn grand rauagé en ce païs, ruinant beaucoup de places ^ & emmeî nant vn grand nombre de peifonnes , & finalement on s'eft accordé auec le Ba(ra(qu'on nomaied'Abafiici qui fait fa démeure à Suaquen ) en luy pâïanc mille onces d'or. En la partieplus Occidentale de laProuincedë Barnagas, on void vne montagne, qui étant affezfpà- cieufc au commencement . fe va retreffiffant peu â peu , puis s'élargit de nouueau, en forme d# Champi- gnon, & a enuiron vne lieue détour. Onvoid.au dcfTus des baftimens Royaux , vne Egîifc , & vn Monaftcre, & deux fort grandes cifter- nes , Se vn efpacc de terre , qui'pcut entretenir àifé~ ment cinq cens hommes. On n'y peut aller que par vri endroit , & encore iufques à certaine marque feule- ment au delà de laquelle on ne peut haonter qu'aiiei: des cordes, & des paniers : ôe pour condiifion , ce lieu eftde telle forte.qu'il ne peut eftre pris par force à caa- fe de fa hauteur, ny parfajîiincà caufeque les viuresf CroifTenr. Sortant de Barnagas. on rencontre entre le Leuant & le Midy les montagnes de Mandafo, d'Ofale , & dé Grarc , qui feparent l Eftat du Prefte- Ian du Royaunie d'Adel. En la Prouince de Dafila, qui eft fuiiette au Royau- me dcBarnagas, outre la viiUed'Errocô , dont nous' auons fait mention, on compte encdr celles de Santari Giabel,Laccari,Abarach. Apres cela le Golphe d'Erro- co va en fe courbant au lieu qui eft appelle par li^s an- ciens Adulitc, qui eft fans doute la pointe d'Errocol qui s'étend iufques à Bebul eh t-cftechiffeme^nt quela mer fait versl'Aiabicj& furie commencement du dé- troit par lequel on fort hbrs du Golphe Arabique , od de la mer Rouge, qiii eft en ce lieu fort étroite, & fbri eau baîTe Se chargée dlfles. . . . Apres auoir palié la ville d'Erroco , qui^a poui: fbri obiet l'Ific deMcnfuria, vous venez à Zanagui & 1 Zama,qm fonidela Prouince deLacca : puis au poit de Vellc. iadis Anthiphile, ayant pafTé !a pointe d'Er- rocd i voustrDuuez deux lacs qtii nourrifîeni dfS i craco- 8i4 De l'Empire crocodiles, eomtnc le Nil. & de 1^ vous venez au port èc promontoire nommé iadis Mafylon,& maintenant le Cap de Docono,qui eft au Royaume & païs de Dan- gali. En ce liculde Dangali , & de Docono, la met fai6t vn peiit Golphe , & vient foudain à ferctreffir , telle- ment que le canal ne fçauroit auoir plus haut de dix ou douze bonnes lieues de large , & fur ce canal on void cinq ou fix Iflcs , qui empêchent le partage tellement ^u'il faut que les voyageurs foient bien expérimentez pour fe garantir des rochers voifins de ces Iflcs. Apres le pays de Dangali on vient au portdeZei- loi o u Zeila, on vient à Daphnc port ancicn#où eft la ville de Barbara , prés du mont Fêliez > puis le Cap de Guardafuni>oùeft la ville deMattc, autrefois Accanc, c'cfticy où l'on double le Cap ,& duLeuant on tour- ne félon la cofte vers le Midy , & vers l'Ethiopie inte- tieure.En cette coftc on trouue premièrement Carfur, jadis Opcnc,lc Cap de Zingi,& courant ce Golphe on void.vn recourbement de Ta mer tirant vers Azun Se Zazclle> iadis Effina , &Tonica , puis on trouue Ma- gadazo>où les Portugais trafiquent, ôc après la dernière Prouince maritime, qui eilBatris, comprifc dans les tiltres du Prête- lan , ayant fur mer les deux villes de Paté & de Brauclcs terres defquellcs feparct les terres du Roy de la grande Ethiopie, &du Roy de Melinde, Mais ayant ainfi raféla cofte, & peut eftre confideié plus de lieux qu'il n'ctoit befoin pour la defcription de l'Empire du Pretc-lan,voyons vn peu cequ'il pofle- dcen terre ferme. 4 Le Royaume de Tygremaon eft affis entre la riuie- re de Marabo , le Nil , la mer Rouge , & le Royaume d'Angole. L'on met en ce Royaume entre les pays fii- jets au Prête lan, pource que le Roy de ce pays eft fon tributairc> Le Royaume de Trigay a la bonne ville de Caxumo , qu'on dit auoir iadis eftcla demeure delà RoynedeSaba, laquelle on dit auoir eu le nom de Maqueda qui eut de Salomon, félon les Ethiopiens, vn fils nomme Meilec. Cette ville feruit auflî de de- meure à la Royne Candace.Cc Royaume a eftccnua- hy par le Turc, comme aufllvne grande partie de ce- luy de Barnagas iufqucs à Suaquen. Le Royaume d'Angole eft mis entre les Royaumes dcTigremaon ,& d'Amaran. Les Prouinces d'Abuga- rcjdc lannamore, & autres, font fou sce Royaume.En ce Royaume on void fur la riuicre de Sabcllctte les villes d'Angorinie, Bachle, Corcore, & Bccmarie ,& Voila tout ce'que l'on peUt dire de ccc Eospire, e»i la defcription duquel la plus grande partie dcsCofmo- graphes ne font que begayei , veu que les rapports qui leur ont efté ftiits par les Abyflins, dépaïfez font pleins d'ignorance, ou fi mal rangez, que le pluspatict n'en peut trouucr la longueur gueres agréable. Au re- fte ceux qui ont ctably la principale demeure de cet Empereur en la ville de Gazumo , fe font abufcz , veu que c'eft chofe afleuféc , félon le récit même de ceux du païs ,qu'ilfait le plus {ouucnt, &plus continuel- lement fonlfêjour in la ville de Beimalechi, qu'en aucune autre , ainfi que les Hugues de Linfcot , qui a rafé toute la cofte d'Ethiopie,& qui n'a pûeftre trom. pé en cecy par les Abyfïîns.nous rapporte. Ce ne feroit qu'enfler le liure, & peut eftre de men- fonges, de décrire plus amplement cet Empire. II fuf- fit que nous en ayons veu les principales pièces» car il y a fort peu de villes>& ler^cnc mérite pas que l'on en parle. QualitL TOut l'Eftat de ce grand Monarque.à parler gene. ralement eft très fcrtil : car encore qu'il produife peu de froment , toutcsfois il porte grande quantité d'orgcde millet» de poids chiches , de febves, & d'au, très légumes , dont quelques-vns nous font incognûs. Il produit aufli grande abondance de fucre: mais les Abyfljns ne fçaucnt pas • i façon de le faire cuire,& dff l'affiner. Il y a auflTi beaucoup de vignes. Uycroiftvn fi grand nombre d'oranges, de citrons , & de limons, que c'eft chofe qui furpafle prefque la créance : mais il ne porte ny mclons,ny raucs, ny oliues.toutesfois l'on y fait de l'huile de certain fruidt, que leshabitansap- pclleGoue. Au refte, on y trouue du miel en grande abondance , veu que les mouches à miel font entrete- nues mêmes dans les lieux où les hommes font leur demeure ordinaire : à raifon dequoy il y a tant de cire, que ceux du pays en ont aflcz pour faire des chandel- les,fansemployer le fuif àcét vfage. Ce païs porte auflî du lin , mais les habitans ignorent l'art de faircla toi- le, & en font le plus fouuent de cotton, duquel ils ont grande quantité. Dauantage , ce païs a prefque de toute forte de be- ftes à quatre pieds , tk auffi tous les oyfcaux quenous voyons en Europe, & ailleurs commedcs bœufs ,des brebis, des afncs, cks chenaux & des chameaux, &^ou- . fur la riuiercd'Ancone eft la ville capitale d'Angole, i trece des clepluns, des lions, des tygres, des onces, & ... clcscerfs;maisilmanqucd'ours,dcconils, & dechar- dôncrets. Ces païs ont ce mal, que les fauterelles y vié- nent quelqucsfoiseti fi grâd nombrcqu'eUes obfcur- ciflent l'air par leur multitude,& rauagent tantoft vnc Prouince , tantoft l'autre, mangeans toute la moiflbn, & rongeans les fciiillcs, & les écorces des arbres. Les chenaux du païs font petits, mais ils ont force race de chenaux d'Arabie, & d'Egyptcdont ils font al- laider les poulains aux vaches î,ou4, ioursapres leur naiflancc.il y a de grands fingcs qui font furieux, & fa- rouches au poffible. Ces païs ne manquent pas auflfî de mines d'or & d'argent,de fer, & d'airain, mais les habitans ne le fça- ucnt pas tirer. Au Royaume de Zagamcdre on trouue des mines de tres-bon argent, iequel ils ne fçaucnt ti- rer qu'auec le feu , qu'ils alongenten verges. Le Ro- yaume abonde enor , & au Royaume de Damur on le tire,& l'affine quelque peu mieux. Les campagnes y font toutes pleines de perdrix, d'o- ycs , & de lièvres , pource que les Abyflîns ne vont ia- maisàlachaflc.Enfin il n'y a païs plus pEpprc à la gé- nération des animaux , & des plantes , que cettuy cy: mais les habitans ne fe fçaucnt guère bien feruir de ce bon- heur, & de la bonté de leur païs, qui les pourtoit rendre aufli accommodez que gens de la terre. Les aflczprésde laquelle on void vnc autre ville qui por- te le nom de S. Pierre. Le Royaume d'Amara a pour fcs bornes du Nord îe Royaume d'Angole, du Leuant celuy deXoa ,du Midy ccluy de Damut, & du Ponant il s'étend prefque iufqucs à la riuiere du Nil. Le Royaume deXoa eft entre les Royaumes d'A- mara, de Damur, & de Fatigar. Le Royaume de Sagamedre eft plus grand qu'aucun autre decette Ethiopie , veu que félon la riuicre du Nil> il s'eftend depuis le Royaume de Gayame iuf- ques par dclàTIflc de Guéguerre, iadis Meroc, & cétefpacc ne contient pas moins d'enuiron fix cens milles. L'ifle de Metoé, ou de Guéguerre, n'eft pas fubiedte au Prcte-Ian, comme quelques-vns eftiment, ains elle eft habitée des Mahometans, qui font ennemis iurez de l'Empereurdcs AbyflSns. Le Royaume de Fatigar eftaflîs entre les Royau- mes d'Adel, ôc deXoa , & celuy de Damut eft voi- fin de celuy deXoa , & enclos auec le lac dcBarccne, & le païs de Zanquabara. Quelques autres mettent le Royaume de Damut au delà des Royaumes dcVan- guc, & de Goyam.e vers l'Occident, ce que ie trouue plus à propos. du Prefte-Iafîi Les habiwn^ de «pays ont deux Eftcz, & deux Hy- uers > que l'on ne diftingue pas par la chaleur , ou la froidure , mais par les Longues pluyes \ Se par le beau temps, & l'air ferain. Mœurs mcknncs, LEs anciens ont crû que les Ethiopiens n'étoient point venus d'ailleurs au pais où ils habitent , Se qu'ils furent les premiers qui inftitucrent le fcruice des Dicyxj& les cérémonies des facrilîccs. Ils vfoicnt de deux fortes de lettres , dont les vnes qu'ils nom- moient facrécs, cftoient incogneues à toute forte de gens, hormis aux Preftrcs, &les autres ccoient com- munes à tout le peuple. Toutesfois les figures de leur* lettres ne furent pas telles qu'il s'enformaft des fylla- bes,mais fort femblables, & rapportantes aux figures de quelques animaux.des extremitez du corps humain, & de pludeurs inftrumens des artjfans, & chaque figu- re auoir fa fignification, comme l'efprcuier fignifioit la vitelfclc crocodil dn maU'oeil vne foigneufc gardejôc ainfi des autres. Ils eftimoicntle plus fainét d'entre leurs PreRres ce- luy qui couroit comme s'il euft eftc maniaque : &lors qu'il auoit efté crée Roy, comme s'il euft eu quelque diuinité en luyjou du moins qu'il leur euft efté donné par la prouidcncc diuine, ils l'adoroient , &c celuy qui cftoit ccably en cette dignité , il deuoit viure fclo n les loix,& faire toutes chofcs (êlonla couffumedu psïs.ll ne ponuoitrecompenfer, ny punir aucun de ceux qui étoient fous fa puiflance. Mais lorsqu'il defiroitque quclqu'vnfuftpUny de quelque mcfaidt, il luy enuo- yoit vn Sergent qui portoit vne marque de mort , & loudain celuy à qui elle auoit efté portée , ne maquoit, après l'auoir veuë , de fc faire mourir. Ils honoroient tellement leur Roy , que s'ilarriuoit par fortune qu'il fuftou borgne ou boiteux, ou fcmblablechofejtousfe priuoicntdVn œil,ous;cftropioient d'vneiambe,ou de quclqueautre partie du corpsjeftimans qu'ils feroient mal leur deuoir s'ils dejneuroient eni)on eftat lors que leur Roy ctoit incommode en quelque membre ou partie. On tient auffi que ceux qui eftoient aymcz du Royjfe prjuoient de vie lors qu'il venoit à mourir, croyans que ce trépas leurapportoit de Ja gloire* & ccoit vn afTeuré témoignage d'vnc véritable amitié.^ ladis l'Ifb de Meroe eftoit la demeure des Roys d'Ethiopie, & cette Ilîc auoit pour fes habitans des pafteurs, qui s'addonnoient à la chaiTe, & des labou- reurs qui vacquoient à l'agriculture.Herodote dit qué les Ethiopiens Macrouies eftimoient plus l'airain que l'or, qui eftoit tenu fi vil parmy cux.Les AmbafTadeurs de Cambyfeétansallczence païs - là , y virent des fontaines toutes enuironnécs & comme liées de chaif- nés d'or,les autres difent que c'eftoitdu Lote.Lesfem^ mes s'cxerçoient à la guerre , & fe perçans les fevres, pafloient dans le trou qu'elles auoieot fait^vn cercle d'airain. Quelques- vns adoroient le Soleil leuant,& maudif- foieniauec milles imprécations le couchant. Les vns iettoiétles trépaftcz dâs les riuiercsrles autres les met- toient dans des vaifl'eaux de terre, & quelques autres les logcoicnt dans du verre » où ils les gardoient en leurs maifons vne année, & les adoroient auecgrande deuotion , leur ofFrans mêmes des prémices. Il y en a qui tiennent que l'on declaroit Roy principalement celuy qui furpafloit les autres en beauté, & a fçauoir bien nourrir le beftail,& qui eftoit plus riche.On dit auffi qu'ils croyoicnt vn Dieu immortel. Créateur de toutes chofcs & Roy del'Vniuers, & vn autre mor- tel & incertain. Celuy qui eftoit leur Roviécoit hono rc d'eux comme vn Dieu, de même que celuy qui aprcj, U Roy étoit cognù plus plein de mérite. 8;j Mœurs de ce temps^ L'Empereur des Abyffins.que les Arabes appellent Aniiclabaffa , ou Aticlabafli , & quclques-vns des ficns,Bel ou Relui Giâ qui veut direpnifïànce de Prin- ce (& delà par corruption de langage non» luy auons donne le nom de Prête- Iarj)& les autres Aceguec, quî fignifieEmpei-eur, ou Ncguz,qui veut dire Roy, fui- uant vneancicnne couftume.n'a point de demeure af- feurce& ordinaire: ains fc tient tantoften vn lieu. tantoftcn vn autre, & demeure la plus grande partie du temps fous des tentes qu'on porte auecluy iufques au nombre de éooo. à raifon dequoy la Cour occupé prefquedix ou douze mille , lors que chacun eft loge en pleine carDpagnc. Il y a vne grande quantité de vaiffelle d'or , & d'ar- gent ,& d'autres meubles fort précieux. On dit qu'il n'cft pas noir, comme les autres Ethiopieris i ains qu'iï tire fur le blanc. Ses iburnées ordinaires lors qu'il voyage , comme auffi celles de fes fuiets* font de iiooo. ou de fix lieues de France. Quand il va par païs, il eft enuironné de certains rideaux rouges, hauts,& longs par derricre,& aqx co- ftez, il porte en la tefte vne couroiiné moitié d'or & moitié d'argcnc,& en là main vne Croix d'argcnt.Sori vifage eft couucrt d'vne piçce de taffetas bleu , qu'il haulîe & baifte plus ou moins, félon qu'il vcut fauori- (cr ceux qui ont affaire aucc luy. ' Les habitans de ce pays font noirs, & du tout igno- rans,& dépourucus de toute cognoiiTance de do6irinei félon quelques-vns, combien que ceg^and homme de rEfcale ,qui horsfa Religion»nouS alaiffé beâucoiip de fubjeâ dele louer, noui témoigne en fon liurcvdela Correction des temps, qu'ils n'ont pas tant d'ignôran- ce qu'on leur donne. Ilsn*ont nui vfage delà médeci- ne. Leurs habillcmens communs fo,ntdepeâux de be- fte,oii. de draps de cotton:maiS les grands &plijs riches portent des peaux de inoiiton, & les pluS relcuêzi de Lion, de tygre,ou d'once. Leurs maifons font baiïes,& de peu de valeur , vëii qu'elles font baftics dç craye, & de chaume ;& ils né demeurent qu'au plus bas étsge. Ils tiennent toufiours leurs portes ouuertcs, mais il n'y aucun qui entre dans la maifon d'vn autre.Ils n'vfent ny de tablcs,ny de nap- pes, & quand ils prennent leurs repas, ils font affis cri térre fur des tapis,ou fur d'autres draps. Il y en a beau- coup parroy euxqui mangtnt la cKair de bœuf fraif- che toute crue.Ils n'vfent point de monnoye, maisert fon lieu ils donuét dei'or'au poids.Ils vfentde trbcqs pirefqué en toutes ehofes ,& ce dequoy l'on fefert le plus en cela, c'cftlefel& le poivre. Ils nés adddnnerit guère à la chalTcny à pefcher,& y a fort peu d'attifatîs entr'eux. Ils appellent Francs tous les peuples d'Euro- pe, à caule des François qui ont fait autresfois bruire léurnom parmy le monde, pritlcipalementen la con- quefte de la terre Saiùdte.Mais ils nomment Ghiibcres tous leà autres peuples qiii font blarics. Encore qu'ils ayent des vignesj toutesfois il ne ie fait du vin qu'en la œaifon du Roy,&du Patriacchc,qu'ils nomment Abu- na : mais en lieu de vin , ils font certain breuu.sge da fruid des Tamarins, qui. éft vn peu afpre. Ils font pour la plufparc d'vn erpritl&nt, & târdif au pèffiblc;veu qli'îls ont du lin i & n'en fçaucnt faire de la toile;ils ont des canhes de fucre, & ne le fçaucntf pas tii er.-du fér , & ne le fçauent pas ttiectre en ceuure. & mefmcils cftimentles forgerons forciers , & mc- chans horhtr.es. Les grâds y traitent fort rudement le paiiure peu- j^le, de lorte qu'il ne femc iuftement que ce c^À luy eft nccsftaire, poaice que les plus puifsas luy rauilict/i ur; Leurs 8i6 Leur pavler eft fans reigle , Se pour écrire vnc lettre il icurfaut beaucoup de io«rs. Ils ont toutesfois de beaux caraaeres, plus agréables de beaucoup que les Arabiques ou Turquefques.ainfi que l'on peut voir au liure de la Correftion des temps de lolephe de 1 blcalc, & enTOnomaftiquede Tuncrc.LesNob!es,!es Bour- seois,& le peuplcont leurs habitations rcparées,& les derniers pcuuent acquérir la Nobleffc en fe fignalant par quelque beau faidl. •• , «l r Il n'y a point de lieu peuple en tout le pais aes Ab yl- flns.qui ayt plus de 20oo.fcux,& même on y void fort peu de force.Ils demeurent pour la plufpart épars ça Se là,par des hameaux.On y donne le Tel au poids de l'or. Les peuples neiuientiamais que par la vie du Roy,en quoy les Efpagnols les imitent,ils fe feruent de mulets pour porter les charges , & pour voyager , & des cne- uaux pour combattre. Ils ne font iamais vctus de no«r que lors qu'ils portent le dueil, d'autant qu ils tien^ nent cette couleur pour vne vraye marque de triltelic. ïb pleurent leurs mortspar Tcfpace de quarante lours. Lors qu'ils font quelque grand & magnifique feftin, le fécond fcruice eft de chair cruë , qu'ils mangent fortefpicée, &trouuent que c'cft vne de leurs plus délicate viande- o j r Ils s'iddonncnt fort si la nauigation , & de fait prcl- que tous ceux qui font de libre condition aux Indes OneBtales. fe mêlent d'être mariniers , & iontbien entendus en ce métier : fi bien qu'ils font diftnbuez par les nauires marchands de Goa, de la Chine, & de Bcngaîe,& d'autres Ucux-lls feruent à ce métier a bien petit prix, & font prompts à toute forte de feruice,en- durants fort patiemment des coups de fouet,& d'autre chofe , ri'étans guère difterens des efclaues. Us ont prefoue toute leur famille en ces vailTeaux. & Icmblct proprement nays pour eftrc ferfs. Siquelqu'vn laifle tomber dans la mercequ'il porte fur la tefte,ou quel- que autre chofe de moindre prix, mêmes lors que les vaiffeaux marchent, il y a vn d'entt'eux qui fe lette da$ la mer,& en nageant recouurc la chofe perdue Us cha- tent prefque toufiours en trauaillant, & quad ils n ont rien à faire , principalemet aux vailfeaux des Portugais, ils ne font qu'yurogncr aucc leurs femmes &c leurs en- fans difans mille chanfons au milieu de ces dcbau- ches : leurs femmes portent auffi de longues ciiauflcs àla Matelote aux Indes Orienulcs, à la hqon des Ara- bes, & Mahometans. Les Acridophages(c'eftàdire mage-fauterellesjfont peuples d'Ethiopie.comme êcriuétStiabon hu.y.de la Géographie' &Diodore Sicilien liu.?. de fa Bibliothe- que,ch. 5. aboutilfans & limitrophes du defett, de plus balTe taille que les autres hommes , maigres & fort noirs Au Prin- temps certains vents chauds deuersl« Couchant leurcnleucnt &apportétdu defert vn nom- bre infiny de fautcrelles , que ces peuples faupoudrent defel. dont ils abondent, & les gardent pour viande dclicieufe dontils fe nourri{rent,n'ayans autres viures en toute leur vie:car ils ne peuuent cleuer de betail,&: ne mangent point depoilTon,- pour eftreelorgnez de la mer, ny n'ont ayde ny fecours d'ailleurs. Ils ne font gneie chargez degrailTe.courent vifte au poffible, &le plus vieil /entr'eux ne paffe point 40. ans, leur mort U étrange: car approchant leur vieiilelfe , nailTent en leurs corps des poux ailez de diuerfe forme, hideux a voir, qui en peu de temps leur mangent le ventre , puis lapoikrine, & finalement tout le corps. La maladie commence par vne demangcaifon encremeflec de douleur ôc de plaifir au patient qui fe g^cte , lufques à ce qu'ayant fait ouuerturc aux poux , le mal le rend li douleureux Se véhément, qu'il fe déchire à behes on- gles & à bauts cris tout le corps dont la vermine lort en telle abondancccomme d'vn tonneau perccqu im- pofilble eft de les nettoyer,ains iccluy à caufe du fang De TEmplre fi corrompu, del'air, 8c 6e fa nourriture, n'étant autre chofe quepourriture &verminc, finit ainfi mifcra- blemcnt fes iours : & on peut bien dire que les fau- tcrelles nourrilTent ces peuples , Ôc puis les man- gent. Rjchejps, L'Or & argent qui fetrouue en «c p3Ïs,feronttcû- joursaduoiier qu'il y a de grandes richcifes.bntre ^ l'airain, & le fer ,& principalement lefucre, dont il y a grande abondance , &c qui luypourroit apporter beaucoup d'argent, fi les habitans auoientanffi bien l'efprir, ôc h curiofité de l'affiner , que le bon-heur de *ecueillir en fi grande quantité. CcPtinceairois fortes de leuenus, ven qu'il y en a qui confiftent aux frmdsdc fes fonds , & defon do- maine, qu'il fait labourer par des bœufs, & parles eC- claues,qui multiplient continuellement, pourcequ'ils fc marient entr'cux, & les enfans demeurent en la con- dition de leurs pcrcs. Les autres reuenus kiy viennent des peuples qui luy paient tant pour fciî, & la dixième partie de tous les înineraux qui font «irez par autre que par luy des deniers , luy viennent des Princes fes fujets,dont les vns luy donnent des chenaux, les.autres des hcufs , les autres du cotton , Ôc les autres d'autres chofes : &ccux- cy luy donnent le rcuenu d'vnede leurs villes , potirnen que ce foit celle où ils font leur demeure ordin.airc. On tientqu'il a de grands threfors , tant de draps. Se de pierreries,qued'or,& qu'il en a degrandslieuxtoiiî pleins. Ce que l'on peut affez conieûerer par vne let- tre écrite au Roy dePortugal,par laquelle il ofFroitde donner pour la guerre contre lesinfidelles 100. mille drachmes d'or,&vne infinité degens,&: de viures. On tient qu'il met ordinairement toutes les années 5. mil- lions d'or au Chafteau d'Amara.ll eftvray qu'auantle Roy Alexandre ils n'y mcttoient pas tant dor.pourcé qu'ils ne le fçauoientpas raffiner , ny nettoyer, mais en recompenfe ils y metîoient force pierreries , & des pièces d'or. Le Vicc-Roy de Batnsgas donne tons les ans au Pretc-Ian i;o. bons cheuaux, & grande quanti- té de draps de fnye. Le Roy dcïigremaonluy baille auflî toutes les années 2co. cheuaux d'Arabie, beau- coup de draps de foye , force cotton , & vne grande quantité d'or:& les autres luy cnuoyent les chofes, ou qu'ils ont pn abondance , ou qu'ils pcuuent rccou- urer bien aifcment. Forces. LEs peuples fuicfts à ce Monarque ne font guère vaillans, tant pource qu'il les tient comme des ef- daues, àraifon dequoy ils manquent de cette gencro- fité de courage, qui rend les hommes promps aux ar- mes, & hardis aux dangers, fi bien qu'il leur femble qu'ils ont continuellement les mains liées patleref- peâ: qu'ils portét à leur Prince, & parla crainte qu'ils ont de luy: qu'aufli pource qu'ils n'ont nulles armes defenfiues, excepté quelque méchante falade , quelque morion,& quelque maille dont les Portugais !c» ont accommodez, i l faut ad jouter à cecy le défaut des for- tcrefi'cs, vcu que ces peuples n'aySsny des places fortes pour fe retirer, ny des armes pour fe défendre, demeu- rent auec leurs biensen proye àleurs ennemis. Leurs armes defenfiues font des flèches non empennées, ôc la zaaaye, ou lance gaye. Dauantage, ils font vn Carême de%.iours qui les e^tenuc,ac afloiblit en telle forte à caufe de la grande abftincniCe aucc laquelle ils paftcnt ces iours - là , qu'ils n'oijt pas la force defe mou- uoir, n^ durant ce temps , nypUuuurs louisar'-f^ Aulli du Prete-îan. Âiiffi c'el^cequi fait que les Mores attenclent cette ocwrion,|& les attaquent auec vn grand adnàntage. Et poiirce que l'on ne tfouuejainfi que nous auons dit.aii pay!ç du Prête - lan aucune place confiderable jwnr le regaVd de la forttrefTcny autrement» les Portugais ont qnf IquesÉpis monftré aux Abyllîns en dilcourant auec eux , combien il fèroit meilleur pour euiter les grands rauagesquc les M ihomctans,&: les idolâtres font con- tinuellement en ce pays, emmenant, & les biens,& les perfonnes ; que leur Prince fit ballir des villes & des Chafteaux,& les fortifiaft auec des folïezj muraillés,& autres chofes nccclïaires pour mettre vne place en état de defence. A quoy ils ont répondu que la puilTance de leurs Neguz ne confiftc pas en des murailles de pierre > mais au bras de fon peuple. Aluarez écrit que ce Monarque peut mettre enfcmbleplufieurs centai- nes de milliers d'hommes : toutesfois l'on a bienveu qu'au befoin il n'en a pas mis fur pied vn Ci grand nombre. Il y a vne Religion militaire fous la protediondé S.Anthoine, à laquelle chaque pere de Famille noble doit deftiner de trois de fcs fils vn, non pas toutesfois l'aifné ôc de ceux-cy on tire 12. milles hommes de che- nal pour la garde du Roy. Lcbuitdc cette Religion eft de défendre les frontières de cet Empire, & défaire te- fte aux ennemis de fa foy. Au reftele Preftc-Ian confi- ne auec trois puilFans Princes,dont l'vn cil le Roy de Burnc, l'autre leTurc j & le traifiéme le Roy d'Adcl. Le Roy de Burne commande au pays qui s'cftend de Guangale vers le Leuant cnuiron yo. milles , entre les defertsdeSet &deBarca, &cepays eft a fîez inégal, d'autant qu'il coruient en partie des pleines , &cn par- tie des montagr^es : Le Roy de Becurno a force gens, qu' l ne charge d'autre impofition que de la dixme des fruits. Léur métier eft de voler j & d'aftaflîner leurs voifins,& de les rendre efclaues, puis de receuoir ené- change des chenaux des marchands de Barbarie. Il y a fous luy plufieurs Royaumes,& trauaillent grandcmët les Abyffins , prenant ce qui fe trouue en leurs mines, & emmenant les hommes captifs. Ces peuples com- battent àcheualà la genette,vfent de lances à deux pointcside zagayes,& de flechcs,& entrent dans le pais, tantoftd'yn cofté,tantoft d'autre àTimpourueiiéimais ceux-cy peuuent pluftoft eftre nommez affaffins & vo- leurs,que iuftes ennemis. Le Turc qui confineauei les AbylEns du Leuanjtj& le Roy d'Adel qui ceint leur pays entre le Lcaant & le Midy, trauaillent grandement le Prete-Ian , &c ont re- ftrein<5b les limites de fon Empire, ôc réduit fon pays à vne grande mifere.car outre quelles Turcs ont faccagé vne partie du Barnagaz, où ils entrèrent l'an 1558. & combien qu'ijs fuflent repouflez,ils ont encore oftcau Prete-Ian tout ce qu'il tenoit le lôg de la cofte,& prin- cipalement les ports de Suaquen &d'Eroco, aufquels deux lieux les montagnes qui font en»re le pays des Abyffins, & la mer rouge,s'ouurent pour faire partage au traficentre les Abyffins & les Arabes.Mais ilne re- çoit pas moins de dommage du Roy d'Adcl, qui con- fine auec le Royaume Farigar,& domine iufqu'à la mer ro.uge,oii il y a A(ram,Salit,Mct,Barbore,Bidar &Zel- le.lUrriue à Barbore beaucoup de vaifleaux d'Aden & de Cambaye, auec leurs marchandifes à changer, & ils reçoiuent force chair,&: quantité de viures, de miel, Se de cire, pour Aden:quantité d'or,d'yuoire,& d'autres chofes pour Cambaye , & l'ontirc encor plus de viures deZeiîâ.pource qu'il y a du roicl,& delà cire en abon- dance,&: force grains,& fruids diuers,que l'on charge pour porter en Aden , & en d'autres lieux d'Arabie, puis du beftail,& particulièrement certains mourons, dont la queue pefc .liures,voi re dauantage auec la te- -fte & le col noir , & tout le refte blanc , & certains au- tres tous blanc$,auec la queue longue d'vne braftée, & tortue comme vn cep de vignc,aùec rencoùîcurcperi^ dante comme celledcs taur&au:x. 11 y a certaines va- chcs qui ont des andoiiilles comme le cerf:II y en a qui font noircs,& d'autres rouges, auec vne feule corne ail front longue d'vn pied ëc demy , courbée en arriére. La capitale ville de ce Royaume c'eft Arat, 338. lieocS de Zeila contre le Sudeft. Le Roy decepaïs , qui eft Mahometan , auec vue pei petuclle profeffion qu'il fait défaire la guerre aux Chreftiens du pays du Prête- lanj s'eft acquis le nom de faind: entre fes Barbares. IlattC(i que les Abyffins fe roientaiffoiblis,& confumez parce long & rude ieufne de 50. iours : lorsqu'ils ne fe peu- uent prcfque remuer pour faire ce qu'il faut en leurs maifons ; & lors il entre au pays , faccage les villages, meine en captiuité force perfonnes » & fait mille mauis aux Abyffins. Les efclaues Abyffins font de grand profit hors dé leurs pays: ceft pourquoy les Princes én font grande eftime» & plufieurs d'entre ces efclaues fontdeUenuS par le moyen de leur induftrie à fcruiri libre, & richeiï en Arabie,en Cambie.en Bengalc,&: en Sumatrerpouri ce que les Princes Mahomctans d'Orient étans touj Tyrans des Royaumes vfurpez fur les idolâtres, ne Cé peuuent fier à leurs fuiets , lors qu'ils veulent aifcurec leurs Eftats : aijns fe font forts d'vne multitude d'cfdà- ues étrapgers : aufquels ils fient leurs perfonnes , & commettent ie gonuernement du Royaume. Or entre tous les efclaues on fait plus d'cftat deî Abyffinsaà caufc de leur grande fidelité,& de leur bon- ne complexion. Et pource que le Roy d'Adel auec lé grarid nombre de prifopnicrs qu'il fait -fur les terres dû Prete-Ian rêplit l'Egypte & l'Arabie d'efclaucs de cette nation,en échâge defquels il reçoit des armesjdeismu- nitions,& des foldats duTutCj& des Princes d'Arabiç; Claude Roy des Abyffins fe trouuant prefle l'art r j50i par Gradamel Roy d'Adel > qui l'auoit défia fort trauaillé durant 14. ans, auec des coUriês peirpetuellesi ôcCe voyant cohtrainâ: d'àbandonticr la frontière, & fe retirer au cœur de fes Eftats : demanda fecours à. Eftienne de Gatiima, Lieutenant de Ican troificme Roy de Portugal aux Indes , qui fe trouuoit lors fur la mer Rougeauec vnebône arméeiGamrnaluyenuoya Chri- ftoflefon frère auec 400. Portugaisj&vn bon nombre d'arquebufes, &autrcs arrticsi II deffit deux fois auec ceux-cy fon cnnemyiàcaufe de l'aduantage desarque- bufes,mais eh la troifiéme bataille le Roy d'Adcl ayant eu mille arqucbuficis Tuicsdu (Souuerneur de iiebiti auec dix pièces d'artilleries, les Abyfiins furent mis en route,& beaucoup de Portugais,demeurcrét morts fui: le champ. Mais le Roy d'Adcl ayant après renuo^é les Turcs» futaftailly à l'impourueu piés de la riuicre dë Zeila , & au mont Sanal par lie Roy Glaudcaucc foixl- terâille hommes depied , 500. cheuaux Abyffins ,\cs Portugais qui étoiêt reftcz de la dernière deffaire,rvii defqueisblcfia griefuemét Gradaamed. Mais l'an ijjcji le Roy Claude étant venu au combat auec les Moresi demeura mort furlethamp , le Roy des ennemis en triompha fur vnafne: il eut pour fuccefleut Adainas fon frère contre lequelfpource qu'il ctoit demy Maho- metan ) voe bonne partie de la Noblefe Abyffine Ce rcuolta, fi bien que ie Vice- Roy de Barnagas le deffit l'anij-éi. Mais les affaires d'Ethiopie ayansainfi flotilr quelque temps,fe remirêt après quelque peu fous Ale- xandre , auec l'ayde des Portugais , qui y portèrent dçs armes ofFenfiues 6c defenfiues, & éueilleicnt les côura- ces , ^eles éfprits des Abyffins par leur exemple en là guerre:car tous ceux qui refterent de la route d,e Chri- itophlc de Gâma> (Se plufieurs autres qui y fontartiuez depuis,s'y font retirez & mariez:fî bien qu'ils y ont in- troduid noftre façon de faire la guerre, l'v(àge deis armes , & la manière de fortifier le pays , & les lieuX d'importance. Quelques Fiorcntins (ont auffi allez 8,8 *n ce païs,en partie par curiofité , en partie pour y tra- fiquer. Or l'Empereur des AbyfEns a accouftumé de caref- fcr & dôner entretenenoét aux Francs (il nomme ainfi les peuples d'Europe ) & leur permet bien mal-aifé- naent de fortir hors de Ion Royaume depuis qu'ils y font vne fois. Or le Prete-Ian a beaucoup d'ennemis, outre ceux que nous auons dit, comme le Roy de Dancali,à qui appartient la placeA le port de Suela fur la tner Rouge. D'ailleurs les Mores qui font en la Pro- uince de Dobediuifce en 14. Seigneuries, luy donnent beaucoup de peine : vcu qu'encore qu'ils demeurent dans les confins de l'Empire du Prête - lan, ils ne laif- fcnt defe reuolter la plufpart du temps. Il y a vne loy pariry eux qu'aucun ne fe peut marier,s'il n'a premiè- rement fait mourir douze Chrcftiens. De noftre temps ce grand Prince prit en vne ba- taille le Roy de Monzambiquc.mit en route la Royne deBcrfaga au Cap de bonne Efperance, deffitTermide Prince de Nègres du colle d'Occident, vainquit le Roy deManicongo , qui cft vis à vis de l'Ifle de S. Thomas, fous la ligne Equinodiale,& après vn de fes Capitaines mit trois fois en route Azamur , Bàtfa duGrandTurcàSuaquen,& à la troifiéme il prit fon fils,& luy fit couper la tefte,luy oftant plufieurs pièces d'artillerie. Il tient l'Egypte en grande crainte, 8c beaucoup de Seigneurs Arabes, à caufe de l'eau qu'il leur peut oiler, pour laquelle ils luy paient tribut. Il peut affamer l'E- gypte, & l'inonder, comme le Pape Pie II. & plufieurs autres autheursécriuent, en luy oftant l'eau du Nil. Ceque les Abyffinsfçauentairczrmais ils difent qu'ils ne le fontpas.afin que les Tuics ne deftruifent le S.Se- pulchre de noftre Seigneur. ^ Enfin il ne faut nullemêt douter que fi le Prete-Ian auoit des hommes d'Europe, qui fceuftcnt fortifier fes païsen beaucoup d'endroits , 1 e remplir d'armes félon noftre vfagc, & inftruirc les Abyflins , & les exercer à noftre façon de combattre, il feroit capable non feu- lement de chalfer le Turc de tous les païs que fes pre- .dccclTeurs tenoient anciennement : mais encore de faire la loy à tous fes voifins qui l'attaquent, veula grande quantité d'or & d'argent qu'il a ,ôc le grand nombre de gens de tous fes Royaumes. De TErtipire Gomernement, CE Monarque tient fes fuiets bas le plus qu'il luy eft poffible , & non moins les grands que les pe- tits,& les traiâepluftoft comme efclaues que comme I fuiets,& pour les entretenir encor mieux en cét Eftat, il fe maintient prés d'eux en telle réputation qu'il fem- ble que ce foit vne perfonne comme facrée & diuine. Tous febailTentcnoyantlenom du Prince,&touchct la terre auec la main, font reuerenceà fa tente, même quand il n'y eft pas. Les Roys des Abyflins auoient ac- couftumé defe monftrcr au peuple vne/eule fois l'an- née, puis ils parurent trois fois , c'eftà fçauoir aux iours deNoél, de Pafques , & delafainéte Croix de Septembre, &c depuis ils font dcucnus vn peu plus fa- miliers. Le Roy ofte& donne les Seigneuries à qui bon luy femble, & il n'eft permis à celuy qui en eft priuc de monftrer qu'il en eft mal content. De la collation des fàinds Ordres, & de l'adminiRration dcsSacremens en bas, il difpofe tant des Religieux que des laiz, & de leurs biens.Il n'y a aucun qui ajt des vaifteauxque le Roy , auquel les Roys fes fuic£ks viennent tous les ans prcfter hommage, & promettre obeilfance. Ce Prince eft Chreftien,& a fous luy 6i.Roys Chre- ftiensjoutre quelques Roys GencilsjiSi Mores tnbutai- res:ii décend, comme l'ay ja dit, d'vn filsde Salomon, &de la Royne de Saba nommée Meillech, & ces peu- ples receurent la Foy Chreftienne fous la Royne Can- dacc, au temps de laquelle la maifon de Gafpard com- mença de régner en Ethiopie , & ce fut de luy que dé- cendirent après treize générations. lean kSainft qui enuiron le temps de l'Empereur ConftanjS , n'ayant point d'enfans laifla l'Empire au filsaifné de^aïe fon frère, &inuctitdu Royaumedc Fatigar , Balthazar, & Mclchior , du Royaume de Goiame. A raifon de- quoy le fang Royal demeura diuifé en trois familles, de Gafpard, de Melchior, & de Balthazar. Ceftuy- cy ordonna que l'Empire fuft donne par clc(5tionà vne des fufdites trois familles, encore que ce ne fuft pasl'aifné , pourceque les Royaumes particuliers dc- meuroientauxaifnez. Etpouréuiter tous troubles, il ordonna que les frères de l'Empereur, & fes plus pro- ches parcns feroient enfermez au Chafteau du mont Amare , & gardez foigneufement, &il voulut encor qu'on y mift les filsde l'Empereur , hormis celuy qui eft aifné, au lieu duquel, s'il vient à mourir , ils tirent toufiours le plus proche. Ce Monarque donne & ofte les bénéfices à qui boa luy femble, & ne fait nulle différence entre les Clercs, & les Laiz,mais l'adminiftration des Sacremens appac- tientà l'Abuna, quieftleur Patriarche. Lesfcmmcs d'amour,ou filles de ioye demeurer hors des bourgs & des villes , & font païées par les Communautez. Il ne leur eft permis nullement d'entrer dans les villes, & faut qu'elles foienr par neceflîté vêtues de jaune. Les aifnez fuccedent aux biens de leurs pères, félon les loix du païî. Il eft ordonné par vne loy ancienne» que le Royne fe tiendra point enfermé plus de deux iours, à caufe que fi le Roy s'arrêtoit longuement en vn lieu.il y fbuffriroit de grandes incommoditez de vi- urcs, veu le nombre infiny des Seigneurs, d'Officiers & d'autres gens qui font à la fuitte de fa Cour. ■> Le premier rang de dignité , & le plus haut cft ce- luy des Euefques & du Clergé , le fécond eft celuy des Sages &:fçauans qu'ils nomment Balfamates & Ten- quares ; &la Noblelfe tient le troifiéme. Les derniers font ceux qui reçoiuent foldeen quelque état qu'ils foient appeliez. Encor que les luges cognoilfent des crimes dignes de mort , fi cft ce qu'ils font obligez de faircleur rapport aux Gouuerneurs du lieu où ils demeurent,qui eft celuy qui porte le tiltre &reffeâ: de Lieutenant du Roy, &quireprefentefaperfonne. Ils n'ont aucune loy par écrit , tout y eft vuidc félon la raifon natu- relle. Si vne femme eft accufée d'adulterc, la punition en appartientà ceux à qui le faidt touche, qui s'enref- fentent comme offcncez en leur honneur. Le Vice RoydeBarnagas demeure dans la ville de Barue,a fous luy les Gouuernemens de Danfile , & de Canfile,qui fopt fur les frontières d'Egypte. Le Roy du prête lan eft le premier.Roy,& la premiè- re nation de s Gentils, fuiuant le rapport d'Eufebe, qui fe confacra à Dieu, comme premice des Gentils, & receut le S.Baptefme, qui fut donné par l'ApoftreS. Philippe à l'Eunuque de la Royne Candace , &pui$ S.Matlhieu qui conuertitiphigenie Vierge, de grande maifon, ôcl'Apoftre apparoiffant en vifion au peuple, l'exhorta à faire Roy le frerc d'Iphigenie , qui ctoic Chreftien.aulieu du Roy qui mourut de la lèpre pour auoir fait moiyrir l'Apottre S.Matthieu. ion. LEs fuiets du Prete-Ian font Chreftiés pour la plus grade particqui demeurer obtïlfans, & affedion- nez àleur Prince tout ce qui fepeut. Il y a d'ailleurs quclqucs vns de fes iributairei qui font Mahometans, mais / du Piete-Ian. mais ceux-là ne cherchent à tous propos que des oc- cafions dcreuoite. Or pour parler de c*ux qui fuiucnt la Religion Chrefticnnc, & ditoiirir de leur créance , qui diffè- re aucunement de la noftrc, 'combien que nous reco- gnoiflîonstous vnmcfme Saïuieur, il cft à p^ropos, ce me fcmble, de prendre le faicT: de plus haut ', 6c de rapporter icy de quelle forte la fo\ Ce glilh en ces contrées. Les Abyffins receurentau commencement le ludaïf- me , qui s'eftendit aux Pays voifins par le moyen de Meilcch fils de Salomon.dcla Royne.Marqueda fa rae- re.& des luift qui l'accompagnèrent. Pour le moins les Abyffins difent quetout cecyCe trouue en vne an- cienne Chronique qu'on garde aliec beaucoup d'au- tres liures enla villedeCazume. Ils rcccuient la foy Chrefticnne par le moyen de l'Eunuque de la Royne Candace , qui fut baptisé par S. Philippe, comme nous liions aux Aâres, des Apoftres. Le premier lieu qui fe conuertit à *la foy fut celuy de Tigie , & Ton fait au- iourd'huy toutes les écritures publiques en la langue deTigie. Ils tombèrent aucc les Cofites d'Egypteen l'erreur d'Eiityches, pource qu'ils depcnden*. du Pa- tiiarchs d'Alexandrie, qu'ils recognoilTcnt pour Chef, & duquel'ilsreçoiuét leur Abunejou patriarche. Car ce peuple fuiuant l'authoritc de ce Patriarche d'Alexan - une, ôc fadodirine, vint à fe corrompre,veu qu'il fal- bit bien que le ruilTeau tinftcn cecy derafource; pnnci'palemcntàcaufe que les Abyffins ne pouuoient pratiquer aiîcc ceux de Rome, fi ce n'cRoit par le mo- ' yen d'Alexandrie,&: de l'Egypte. Mais pource que lemal vatoufiours croiflànt , les Abylimstiennét auec les erreurs des Cofites pluficurs au^ts impertinences. Leur ignorance & leurerrcur s'augmentent par le moyen du commerce , & delà conuerfation des Idolâtres, & des Mahometans, dont ils font enuironnez de tous coftez, ôc mefme pluficurs Idoles demeurèrent au milieu des Abyffins, comme aux Royaumes deDamur,& Corague,& Agaos. Or afin de vous faire entendre leur créance , vous aenczfçauoirquelc Roy d'Ethiopie èftSchifmatique, & fùii; les cérémonies ôc la croyance du Patriarche d'A- lexandrie, par lequel il eft confirmé en fes erreurs con- tre plufieu' s nbus , aufquels il s'opiniaftre. Les Abyf- 8: '9 du nombre des Euefques, ôc le plus anci«n Èuefque cft faid Archcucfque. Les Moines portent vn habillement longtrainanfc lulqu'à terre,qui font icunes pour la plufpart,auec vne longue cheudore. LesReligieufès vfent d'vne cour- roye. Elles ne font pas renfermées dans lesMonafte- rcs,ma!s en certains villages.fousl'obcyirancc du plus proche Conuent. / Les Eglifo ont deux courtines.l'vne prés del'Auteli auec certaines petites clochettes, ôc il n'entrecnce heu que des PrcRrcs, l'autre au milieu où font les Clercs, au moins ceux qui ont les moindres Ordres. C eft pourquoy plufieu rs pour y auoir accez . pour- chaHent deles receuoir. Chaque Eglifc n'a plus d'vn Autel , & l'on ne dit plus d'vne Méfie par iour en chacune.Les murailles de ces Eglifés font couucrtes d'Images de noftrç Dame,& des Sainds , & particuherement de S. George à chc- ual. Ils n'ont point d'Images relcuées en bofie , & l'on eftime que ce n'cft pour autre fuieâ, que pource qu'ils n'ont pas iVfprit d'en faire. Ils ne veulent pas •qu';o!^ Piignelefus-Chrift crucifié, difans qu'ils ne (ont pas dignes de le voir en cette paffion , & en ce tourroenc. * lis font le pain Ôc le vin qij^îies Prcftrcs confacrent après la Méfie, auec vn foing & vne cérémonie incro- yable.^ Ils n'entrent point' aux Ëglifes qu'ils n'ayent qnictcleurs fouliers. Ils n'y crachent poiht,& ny laif- fent iamais entrer aucun animal:Et fi quelqu'vn paiTé à chcual dcuantles Eglifes.il defcend, pour témoigner l'honneur qu'il leur porte. Leurs cimetières font ceints de bonnes & hautes murail!es,afin que les beftes n'y puiiTent entrer.Ils oni: " des cloches de pierre,longues & déliées, ôc les battent auec vnbafton.Ils en ont aufiî de fer auec le batail de mefme, & ils ont cette couftume, qu'ils en portent quclqucs-vncs aux proceffions , & les Vonnent. lean Huguede Linfehot Hollandois, au chap, 40. de fes nauigations, dit que les Abyffins Chrcftiens par vn ctrtange baptefmc , {'s bruflent le vifage de quatre marques enfoririede Croix:la première cft au dcfiTus , dunez,iufques à la moitié du front.-la féconde & troi- fiémeà coftédesyeux , prefques iufqucs aux oreilles: la quatrième depuis la lèvre d'embas iufques au men- f • . . . ' c — — 7' vJu«ll.l•^.l»lw >Ji.|juiJi<»icvic u ciiiDas luiques au men- lins retiennent opiniâtrement la Circoncifion,& non [ ton. Ces tnarques leur feruent dcBaptefmfc, vfans'du leulement on y circoncit les hommes , mais auffi les feu au lieu de l'eau femmes en iene fçayde quelle forte j ce que toutes- fois les luifs ne faifoient pas. Dauantage, fuiuant la loy de Moyfe.ils nfc mangent aucun animal qui ait le pied fendu ,& pour cette caufe ils abhorrent le lièvre, l'oye ôc le cariard. Ils portent plus de reuercnce au Samcdy qu'au Di- manche, fuiuans en cela la façon des luifs , qui étoicnt fi Religieux, Se fi alFc;àionnez à garder le ibur du Sabbat. Les Laiz nourrifièntde longs cheueux ôc fe font rà- fer le menton, Se le defius des levres,& portent vne pe- tite Croix au col. Au contraire les Preftres fe font ra- zer larcfte,& portent h» barbe longue,& la Croix eh la main : ( ce qui n'eft permis entre les Laiz qu'ai^x feuls Seigneurs ) & vn vaic d'eau bénite , pour en donher à ceux qui en demandent, atiec la bencdidion,& ilsont accouftumcde ietter cette eau bénite dans les viandes qu'ils mat>g»nt,& dans ce qu'ils boiuent. Le Roy lean ordonna qu'il n'y euft plus de quatre paroilfcs en chaque ville. Ces paroifles font faites en façon de Conuents , &en chacune il y a 13. Preftres pour dire laMefTe: ceux-cy iugent les caufcs ciuiles, de mefme que les luges les criminelles au nom du Roy: De tout le nombre des Preftres on cflit iz. Chanoines, qui affiftent continuellement l'Euefque, qui eft choid entre ces douzes ,de mefme qu'on tirerAtcheucfquc | qui Ils nebaptifent point les enfans malles que4o.iours apre.slcur nàilfahce , Ôc les filles qu'après 60. & s'ils meurent cependant fans baptefme, ils difent que lâ communion de la mere au temps de fa grofiefiTc fuHîti êc ils ne baptifêntque le Samcdy, ou le Dimanche, Ôc donnent foudain l'Euchariftic à ceuxqUi font bapti- fez en tîicmoire du Baptefme de noftre Seigneur, ils Ce font baptifer tous leS ans le iour de l'Epiphanié.ou des trois Roys, Ôc pour cet eftcdbil y a deseftangs, &de petits lacs où ils fe tranfportent. Ils fcconfefi^enteftans tous droiéts, & l'on ne gardé point aux confeffions beaucoup de fecrct. Ils commu- nient fous toutes les deux efpeces, ôc confacrent du pain fans le vin. Ils vont à la Communion auec les mains oùucrtes , & Icuées deuant les épaules , & la re- çoiuenc étans debout. dnnc dit iamais la MclTefans encens ,ny faris qu'il interuietine trois perionnes, qui fontlePreftre,le Diacre,& le Sous- diacre. Les époùfailles fe font par le moyen des Preftres, mais les mariages n'y font pas ftablcs ôc fermes, tes Preftres fepeuuent marier, mais non auoir plus d'vne femme,fi elle ffieurtjils nefe mariée plus,ou s'ils lefôc ilsdcuiennent iaiz (ce que les Mofcouitcs font auffi) de même que s'ils couchent auec vne autre femme. • Les Religieux font tous de l'Ordre de S-Anthoine^ eft enterré fur les frbhticres d'Egypte. H eft Zzz z vray S20 vray quedeccttuy-cy.il en tft venu vn autre appelle Ccftifanez , qui cft pluftoft tenu pour luif , que pour Chrefticn. , . • • . • Il règne en cfet Empire vne herefie , qm tient qu on ne doit adorer autre Croix quecclle ou Icfus-Chnft endura pour nous. Ils nont point de figure de noft te De l'Empire il ne leur eft pas permis d'entrer aux Eglifes, mais ils pcuuent faire diuorcc. Ils craignent extrêmement rexcommunicacioa.Ih font Cl dcuots , qu'on en void venir au S. Sepulchre toutes les années. Ils (;onfe(rent,& tiennent l'Eglitc Romaine pour la endura po"^ "o"^' Il'"'°"VP°'"|?' ^^^^'^V^^T^^^ première du monde , &le Pape pour le plus grand ScigneurlefusXhrift en Croix difansqu,^^^^^^^^ CmeVui foit. ôcpour VKaL5eIeflis-Chr.(l , & pas dignes de le voir en cette paffion. Ils ne donnent pas l'Extrême Ondion à ceux qui font proches^de la mort • mais ils encenfcnt les morts, les lauent les en- ueloppent , difcnt l'Office pour eux, & les portent en terre auec la Croix.l'encenfoir. & l'eau benuc. Ils gar- dent le Carême ccroiacment , & lepalîentauec vne orande abftincnce. Leurs meilleures viandes d'alors font dcshcrbes,dcsr3ifins confits, & quelque poillon: toutesfoisl'oncn vfe en bien peu de lieux. Maisplu- ficnrs P:cftres , Religieux & Religieufes , ne mangent que des herbes, ou durant tout le Carefme. ou bien de deux en deux iours. Toutesfois au Royaume de Bar- nagas , & de Tigtemaon, ils mangent de la chair le :>a. roedy & le Dimanche. Les Religieux & Religieufes font diuerfe^peniten- ces fort rudcs,côme^lepoiter la ceinture de fer fur la chair, palTer tout le Carefme fans s'alTeou ïamais . de- meurer au gros fioiddans l'eau iufquesau col, ou bien dans les bois , dans les valées , & les cauernes lomg de toute conuerfation. Tous les Clercs icûaent depuis la Pentecofte lufques à Noèl, hormis le Samcdy & le Di- manche , Se les Séculiers depuis la Fcfte de la Tnnite iufques àl' Aduent, le Mectcdy & le Vcndvedy. LcsPrefttcs ne peuuent fc marier depuis qu'ilsont bris les Ordres, mais ils les pcuuent bien receuoiré- tans mariez.poutueu qu'ils ne foient pas bigames. La femaine Sainfte on ne dit MefTe qae leleudy & le Samwiy , & durant toute cette femaine les Abyflins ne fc huent pas l'vn l'autre , Scs'ils fe rencontrent ils paffentfans Icuerles yeux :& les hommes de qualité vont entièrement vécus de noij:,ou debleu,& l'on n al- lume point la chandelle aux EgUfes. LeIeudy Abfoîu "ils font la cérémonie de lauerlcs pieds aux pautifes. Le Vendredy S. ils font des adccs aufli pleins de pieté , & donnent tant de témoignage d'vnc grande douleur, que c'eft chofc prefquc incioyable. Ils fc frappent les vns les autres auec les poings, & des verges, llsre- çoiuent roefme des Prcftres fort volontiers , tant de coups , que le fang coule à plufieurs en bas par tout le corps. „ o • Tandis qu^on tient le Corps denoftrc Seigneur au Sepulchre, ils s'habillent de dueil.ne mangent aucune chofe, ny nefortent iamais del'Eglife. Ils tiennent 7.Eglifes pour les plus anciennes,pour- ce, difcnt. ils , qu'elles furent bafties au même temps qu'Us teceurent l'Euangilc. Ils veulent que celle de Ca- xumo . fous le nom de lainde Marie de Sion . foit la première, pourcc que la première pierre de l'Autel y fut enuojéc de cette montagne : U y a i5o,Chanoines, & autant de ReligieuJ^. Les femmes n'entrent point dans les Egliles . li ce ■ n'eft à Bszua, où l'on en void deux, l'vne pour les hommes fous le nom de faind Michel, & l'autre pour les femmes, fousletiltre de faind Pierre & de faind Paul. On ne fcauroit dire lenombre des Monalteres: A iiooo. de Câxumo on en void vn entre les autres qu'on nomme Alléluia, pource qu'vn Religieux at- tentif àfes prières ordinaires, ouyt chantervn Ange en ce Heu AUcluia. Les Moines ne fe peuuent marier aux Conuents des hommes a n'entre nulles femmes, ny pareillement aucun animal du même fexe. ^ ■ On en void beaucoup parmy ce peuple qui epou- fcnt deux femmcs,voired'auantagc tout à la fois, fans toutesfois qu'ils en foient nullement punis.Toutesfois homme qui foit, & pour Vicaire de lefus-Chnit , & fucccfïeur de S.Pierre. & leur Siège qu'ils appellent de Dauid.duquel ils fe difcnt y llusje fécond. ■Ils ont des Propheties,qui portent qu'ils ne doiuent auoir plusdeioo.Abunes, c'eft à dire Patriarches de L'Eohfe d'Alexandrie, &celuy qu'ils auoient en Un Kio.eftoit le dernier, après lefqucls ils attendent vn nouueau Rc6Veur, & Chef de l'Eglifc Romaine. Ils ont des Prophéties de deux fainfts Hcrmites qui portent, que les Francs fe doiuent ioindre auec eux,& détruire le Turc, Ziden. & la Mecque,& prendre lE- 2ypte,& au alors le chemin pour s'vnir auec les Chre- ftiens de par deca fera ouuett , ôc les Mores ont vnc Prophcticqui dit qucla Mecqne,où Mahomet a (on fcpulchrcfera détruite par les Ethiopiens.Ils n'ont pas l'herefic de$ Monothelites,ains ils tiennent deux natu- res en Chrift,commcnous:ce qui fc void en leur Mcl- fcEthiopique traduite en Latin. ^ Le Ptcfte^Ian dit à vne lettre enuoyee au Pape, qu il eft écrit en la vie de S-Vidor, & aux hures des Saindts Percs, qu'vn grand Seigneur fe doit loindrcctroitte- ment auec le Roy d'Ethiopie. , a. r Maintenant que nous auons expofe 1 Eftatdes Abyl- fins touchant les chof^s fpirituelles , U fera fort a pro- nos de dire ce qui eft faid de noftre temps pour leur réconciliation auec l'EgUfe Romaine. & nous com- mencerons pat vne fort célèbre AmbalTadc. _ Vn peu auant noftre fiecle.Dauid Roy des Abyffins combien que ieune, & encore fous la tutelle d'Helenc fon ayeule , meuë de la renommée des heureux fucccz des Portugais auxlndes>enuoya vn fiomme Matthieu, Arménien de nation, auec vn Seigneur AbyOïnàAl. fonce d'Albuqucrque< Vice-Roy des Indes, pour faire amitié auec le Roy Dom EmanuéUauquel ils portèrent lettres dclcurPrince en vn petit.canon ou tuyau d or, &luyprcfcnterent cntr'autres chofes vne picccdela GroixdeIefus.Chnft. envneboéce d'or. Ceux-cy étans après retournez de Portugal aux In- des . furent dix ans après leur partement conduits à Eroco par Sequcira General des Portugais, «^^ la par le moyen de l'accueil, & des carelfcs qu'on ht à Mat- thicu,& de l'allegrclTe que les Abyffins monftrcrenl à fon retour : les Portugais afTcurcrcnt de ce dont ils a- uoient douté , à fçauoir, qu'il écoit Ambalïadcur du grand Neguz. , Auec cette occafion, Sequeira fit amitie & paix per- pôtuelleaunom de fon Roy auec ce Monarque , .lU nom duquelle Vice-Roy de Barnagas lura l'alhance. ScQucira en même temps enuoyaà la Cour de ce l rin- ce Rodericde Lima AmbalTadeur.auec lequel alla bra- çois Aluarez,qui écriuit aprestoute cette Hiftoire.il re- tourna de fon Ambalfade 6- ans après fon partement. c'eft Lfcauoir l'an ramenant auec luy Zagazabe, Ambafladeur renuoy é par le Prete-lan au Roy de 1 or- tuaal, & Frâcois Aluarez auec les prefens, & des lettres enuoyôit au Pape. Les lettres furent prefentces à Bologne à Clément VII.au couronnement de lEmpc- reur Charles V. L'Empereur de* Abyffins faifoit men- tion dans fes lettres du Pape Eugène IV. qui auoit en- uoy é à fes predccelTcurs le Concile de Florence : & ra- menteuoitl'vniôdel'Eglifed'OrientaueclaRom^^^^ L'anw. leanj.Roy de Portugal ht deHcindelTa. ver tous les moyens qu'il pourroit ?^ukryom recon- cdier entièrement lePrete-Ianauec Ibghle Romame Carcnc«r que l'Amballadcur de Dauid eiift^prefte 0 du Prete-Ian. obeifTancc k Cltmcnt VIII. au nom de Ton Roy:tou- • o., trois de r.c w tcsfoisondoutoit(cor«neiIyauoit apparence) mic I ^'o T - '"«^«mpagnons, pour trâiâcrauec pluj par faute de fccours fpintuel , cela feroic inutile . puis qu'ils fuiuoient les hercfics d'Eutiches & de Dioftore, & décendoientde lauthoritc du Patriarche d'AIcxan- dne, &receuoient de luy l'Abuna , qui eft.it Arbitre deschofes Ecclefiaftiqucs . & adminiftrateur des Sa- crenaens.qui donnoir les Ordres par toute TEthiopif, & etoit maiftre des ceremonicj,& Doreur de la Foy, Araifoijdequoyilne fembloit pas qu'on pùft faire choie plus vtilé ny plus nccclTaircque luy cnuoyer vn 1 atriarchc légitime de Rome , pour;gouaerncr ces a- nies,& auec luy quelques Preftres'de bonne vie, & de grande dodrine, quiconuertilTent & maintinlTent en la vrayefoy ces'peuplcs auec difputes .Prédications, « dilcours publics & particuliers. Il fembloit qu'il yeuft vne grande ouuerturc pour cetefteét, pourcc que Claude Roy des Abyffinsauoit rcceu quelques années auparauant du fccours d'impor- tance des Portugais comme Gradaamet Roy d'Abdel, qu ilanoit reduiét à l'extremité:& en vne autre lettre çcritc i Eftiennc Gama,Gouucrneur des Indes,il auoit , appelle martyr Chriftophle Gama sô frère qui mourut en cette guerre. Ayant donc communiqué ce dcffein. premièrement au Pape Iule puis au Pape Paul iVe lis conclurent qu'on enuoyeroit en Ethiopie treize i reUresde la Compagnie de Iesvs, tous pleins de pie- J& doarine:Ican NugnczBarette fut fait Patriarche, & Ion luy donna deux Euefqucs coadiuteursrc'eft à Içauoir Melchior Carnée.Si André Oniede, fous le til trcd'Euefques de Nicée,& de Hierapoli, Le Roy lean 1 adortu cette Ambaffade , non veritablemenrde ce qui ' ctoit requis pour le voyage, maisdetout ce qu'on pourrott defir«r, pour ce qui concernoitleschofes fa. crées, & de riches prcfens pour le Prete-Ian. Toutcsfois,pour rendre la chofeencore plus aifée, ônenuoya deuantparle commandement du Roy de Portugal delà ville deCoa . lacques Dia2,& auec luy Colaluenoderic en Ethiopie pour recognoiftreieco^u- rage du grand Neguz . & ladifpofition de ces peuples. Ceux-cyayans eu aduisde ce Prince, luyremonftreret a lettre du Roy lean.par laquelle il fe téjoiiilToit auec uy au nom de tous les Chreftiens , de cequefuiuant l'exemple de fonayeul.&de fon pere,il auoit embraf- lela foy,&l'vmon Catholique. Dequoy ce Monarque demeura du tout étonne, comme de chofe non péfée, & ayant recherché pourquoyle Roy de Portugalluy auoitécrit ces paroles , s'cxcufa fur le Secrétaire, ou l'interprète de la lettre adiouftant , qu'encor qu'il fîft ctat de ce Roy,comme fon bon frerc , toutesfois il n'a- uoit iamais eu delTein de s'éloigner tant foit peu delà foy de fes anceftres;Roderic ne perdit pascourage,ains m premièrement tout ce qu'il piît pour réduire Claude à la vérité. &la plus grade difficulté qu'il trou- uaen cela fut l'ignorance des Conciles , & détoures Hiftoires Ecclefiaftiques , qui fe rencontra au Roy, & en tous les Princes d^Ethiopie. Voyant donc que legrand Neguz ncluydonnoit pas volontiers audience, il corapofa & publia vn liure en langue Chaldaïque, auquel réfutant clairement les erreurs des Abyffins. ilmonftroit la fouucrainfautho- ritc de l'Eglife Romaine:<5£ cecy caufa vne grande ru- meur , tellement qu'il fut befoin que le Roy le fit dex- trement fupprimer pour fortir de peine. lacques Diaz, voyant qu'il pcrdroit le temps,&: que le terme de fon retour approchoit , prit côgc du Prête Iàn , & ayant après déclaré à Goa en quel état il auoit lailie la chofe, il fut refolu qu'il n'ctoit à propos que le 1 atriarche mit en compromis auec fa perfonne , la ré- putation du fainél Siège. Mais on aduifa, que pour "abandonner pas entièrement vnefi belle entreprifc, JlfaUoit renuojct l'Eucfquc dcHicrapoii, auec deux s auec vn fi peu de fruid. - ■* "aictc Cet Euefque ayaac embrafTé auec beaucoup de contentement cette entreprife . femit en thïmih auec le Pere Emanuel F.rmandez/, & quelques autres^ qu.etolent en petit nombre. Eftant arriué au Païs des Abyllins, il eut plus defuiet de foufFrir que de difpu- ter,pource q.ic le Roy Claude ayant efté vaincu,&tuéi Il c.t pouHuccélTeur Adamas fon frère , ennemy juré du Siège. " ^ ' Cettuy.cy traioa àuec luj. en la guerre cét Euefque, & (çs compagnons, & les traiûa du tout cruellement. &nviade moindre riidcfTe à l'endroit des Abyffins qui eftoientconuertis.il fut après defFaiét envncba- taille par les Turcs . qui ofterent auflî toutes chofcs à Ihueique, & à fes compagnons:de forte qu'ils tombe-- renten yneli grande mifcre& pauureté, que tout fc- cours leur manquant , ils furent contraints de pour- chaflerleur vie en labourant la terre, iufques à tatïfc qu'ils ymo-ururcnt tous, hormis vn, qui gouuerna là enuiron 500. Catholiques , partie Portugais , partie. Abyffins conuertis, auec vne méruèilleufe patience. ROTS QVI ONT REGNES en Ethiopie depms l'an du monde 40 8pi infatués â prejenh ; Aazcnaregna 27. ans, l'an du monde 40851. Lucafa ou la Roync de Câ dacefa fille régna ro.ans. Baazena fa fille régna 10 ans , l'an du roôde4ui. Mefné fon fils régna 6. ans Seâiua régna 5» ansu Agdala ib.ansi Agba (>.mois. Mali 4.ans. Akleij.ans. Didima 10. ans- Autete z.ans. Aida 3o.ans. Zeachim de Rama 8. aps. Gafele 26.ani, Beze 4.an8i ' Afgua77.ans Herch 21. ans» Saghelj.ans» AfFe i4.ans. Azgeba ij.ans. Askeba 23.ansi Samra3,ans. AibaiiS.ans. Stenden27.anss Zachan cj.ans» San ij.ans. Igga iS.ans. Alamida jo.ans. Achinnaj.ans» Abrahâ & Afba frères feg nerent enfemblc 27. ans. Abraham feul 24. ans» Affa 7.ansi Sachal, & après luy Adaana i4.ans. Afba lé.ans. AÏu amedan y.ans. Sahcl a. mois. Gebel i4.ans, Sckulvnan. Afban 5. ans. Abra& Adakana lë.zm Zaban 2§.ansi Amida u.an*-. Sahan i.ansv Azba2.ansi Zahan ly.ans. Gabez 2i.ans, Arma 14. ans j 7, mois •. iours. ; Zitthauana û.alnsi Iacob4.ansi. Conftantin 28.ahSi, Bcth-Efrael §imois. Gabra-Mafcoal H.ans. NJabkri.ans. Bezcn, Henfaghed, Bahàfti faghed ont règne én= fcmble 2.ahs. Saliuba, & par ordre fuc- ceffif Cailulafion . Sarg» ne Zaraî , Bagaharnal I Granfcheda-. Scpharad 4.ans. Agdnii Abrafa. Asfa-. Afra 7.ansi Amfii Ahan 4.ànS'. Arada. Arcàdâi Âladini 4.ans. Tabenâ. Caleb 4.ahâ Cabrà-Mâfchel 7.ansi Conftan:in 2.Befaaghon Asfa 2i Arma Gianasfai Gianafcheda. Zzz ^ FfcfènnaJ* 14 822 Ftefennaj. Adahahaz. Aifar. Delnahadum 4.ans. Madai & Hafata Royne ont régné enfemblc4o. ans. Ambafandin. Ghemacfphare. Gergus. Degnc Michael. Bcdegaz. Arma-Cullandin^ Arma 3. Sbinahani. TraddaGabez Royne ré- gna yo. ans. Son fils 60. ans. Puis fon neueu Anonyme zo.ans. Zalibala 60. ans. Itnra42,. a'ns. Naakatolab fo.ans. Icun Nuamlachij-.ans. lacha-Hàzcon^. ans, De l'Empire au Prete-Ian. Ses enfans Baarfada > Ebra- had.Cademfaghed, Vdin Raab oiat régné if . ans. Aindizeon. Seipharad zS.ans. Vdma Asfam 10. ans. Dauid 33.ans. Théodore z. mois. Ifaac 17. ans. André 4. ans. Hefbinaan & Ande fils de lefu. Zcrab lacob. Bethemarian lo.ans, deux mois, 14. iours. Schender ly.ans- é. mois. Nahad i4.ans. Hclue fa femme régna pendant le bas âge^ de fon fils Dauid. Lebnaddenghel Dauid fon fils, régna auec fa mcre. Afnafaghct Claude. Adamafte. Alexandre i. qui règne à prefent. 1 depuis l'an du monde Ce font les Roys qui onti 4089. iufqucs à i'an du régné en Echiopie>main-| monde ^655. & iaC- tenant appellée Pays 00 j ques à l'an de falut Empire des Abyffins.l 1566. Ce grand Empereur du Prete-lan , quoy que très- puilTant, & qu'il puifle mettre vn nombreinfinyde milliers d'hommes pour la-defcncedefesEftatsjncant- moins cela n'a pascmpefchéquc les Turcs qui l'auoi- fincc du cofté de la mer rouge p»r les ports qu'ils tien- nent à Aden.Erroco & Huaden &:par l'Egypte qui eft fous leur puilTance.ne leur ayêt fait bea'ucoup de dom- magesA kiy ont occupe quantité de lieux au Royau- me de Barnagas:toutcsfois depuis quelques années en ça que les Turcs ont eu la guerre aueclcsPcrfans,qni ont efté fauorifez des Arabes contre les Turcs,ils n'ôt cefTé de courir fur les terres del'Ethiopie.joint que les rebellions d'Egypte commencent auffi par l'exemple des peuples de l'AlIyric leurs voifins , qui ont quitte l'obeylfaHcedu grand Seigneur pour fuiure celle da Perfan. Ainfi les peuples d'Egypte las delà tyrannie des Ottomans fc veulent entretenir auec le BafTadu Caire qu'on tient eftre rebelle du Turc. & par ainfi à prefent l'Empereur du Prcte lan peut ioiiitdu repos fans appréhender les courfcs des Turcs. DISCOVRS DV ROYAVME DE MONOMOTAPA. SOMMAIRE. 1, Defcription de la Jttuat ion, figure, & circuit du Ro- yaume de Benomotane » ou MoHomotapa , & fa principale ville Beneniotaxe. 2. Température del'air de ce Pays abondant en riuie- res'.portans l'or en leur fable, en forefts, en grains , en Fle- fhansicn pafturages, d'en mines d'or. 5. Complexion & bonne dijpofition des corps de ce peuple, de moyenne taille, & teinct noir , fes habits & draps de cotton , leur façon de viure, de chair , & de riz, poijfon, millet, huile de Sufpnan, la manière de fer uir à genoux leurRoji fes gardes & fes armes. La generofitè des femmes qui vont à la guerre comme Amazones. 4. m quoy confïïle 1er euenu du Prince. j-, Tolice de cette nation , & la prompte expédition de iuftice, qui décide furie champ les caufes par témoins , & fansprifcns, & punit feuerement trou crimes, la forceUericy le larcin, & l'adultère. 6. Apojîafie de ce peuple, qui auoit ejîé conuerty par le Pere Confalue de Sylue lefuite, lequel ils firent après mou- rir à laper fuafion de certains Mahometans. Et comment fa mort fut vengée par les Portugais. lEN que nous n'ayons guère de cognoif- I fance de cet Eftat, toutesfois il en faut dire [deux paroles, félon le petit rapport qu'on ]nous en afaiél; par ce moyen on pourra faire lugement de diuers Princes voifir-s-^ comme des Roys d'Abdel , de Monoemugie, de Matamc &c d'An glois,qui font vn peu moindrcs,& moins puiflans que cclnydont nous entreprenons déparier. Doncqucs le Royaume de Benomotane,Benomota- xe, ou Monornocapa, cft de fort grande citcndut & obcyt à vn Prince qui porte le nom de Monomo. tapa , qui veut dire Empire en la langue de ce Païs. Cet Eftat eftaffis en façon d'Ifle entre deux bran- ches d'vncgrande riuiere,qui coule du lac de Zembre vers lemidy, & c'eft de celacque le Nil prend fa fourccvers leLeuant ,' & le Nord, & le Zaircverslc Ponant. La branche de cette riHiere,qui enferme le collé Septentrional de cette Ifle fc nomme Cuama : Se l'autre qui borne cette Ule du Couchant, & du Midy porte le nom du fain6t Efprit, puis du cofté du Leuant elle eft bordée de la mer. On tient que cette Ifle a de ' circuit 750. Iieuës,ou 3000. La principale ville du païs s'appelle Benomotaxe,oii le Roy fait prefque ordinairement fa demeure : & il y en a vne autre nommée Simbas. Outre cette Ifle , ce Roy cômande encor à d'autres lieux.veu que (on Em- pire i'étend bien loing, tant auant en terre, que loing du riuageiufques aux Caps de Mozambique, & de bonne fefperance : plufieurs Roys voifins font fes tri- butaircs.Entre les Royaumes «n compte celuy de Tor- re, ou deButué, qui s'étend depuis la riuiere du S.Ed iprit iuïques au Cap des Courantes , & encore bien a- uant en terré. On void en ce Royaume le fameux édi- fice de Sifibaocbafty iadis de pierres carrces.dures au poflîble,& d vne grandeur merueilleufe:& l'oncroid qu'on doit loger en ce lieu le Païs d'A^yffimbc de Ptolomée , tant à caufe de l'affiette . que de l'approche des noms. Qualité, CE Royaume eft arrosé dephîficurs rinieres.com- % me de Panami , Luanga , Arruya, Mangiono, & autres qui portent de l'or auec elles. L'air eft tem- péré, & le Païs du tout bon &: agréable , toutesfois plein Du Royaume de Monomotapà. plein de forefts. Il cft abondant en grains ,&cn diuers I font mnr^a^,, animaux, principalement en clephans.dont il y a forr gr;»nd nombre, tellement qu'à voir les dents d'Ele- i fort gr;»nd nombre, tellement qu'à voir les dents d'Elé- phant qu'on tire de ce pays, on iuge qu'il y en meurt cinq mille toutes les années , & ces animaux y font fort grands & gros. Mais pour en particularifer quel- que chofe, la partie de cette lûe, qui s'eftenddela ri- .iïierede Cuamaau Cap des Courantes, iufqu'au S. Ef- prit , on voit des Campagnes pleines d'animaux gros & menus.'mais froides , à caufe des vents qui viennent de la mer. & ces campagnes ont faute de bois. Le long de la rmiere de Cuama, il y a beaucoup de montagnes couuertes d'arbres . des collines & des vallées arrofées de Heuues , & des lieux fort peuplez & agréables . & ceit en ces lieux qu'on trouué force elephans. On trouue par tout çet Eftat force or, tant aux mines, qu aux pierres ôc aux riuiercs. Quant au Royaume de Butue . il y a de fort riches mines d'or ; & outre cède tort bons pafturages:mais il maque de bois, & il y fait fort froid à caufe des vents qui y viennent du cofté du l^le Antarâique. 823 font courageux .-maislemal-heurpour eux. cft qu'ils «ont mal- armez. * Mœurs, /^Espeuplesrontdemoyennetaille>noirs, de bon- S^nc complexion, & difpofts.Ils font vctus de drap decottonquilsfont. ou qu'on leur porte d'ailleurs: maiîle Roy ncpeut porter du drap venant de quelque autre pays, de peur de poifon . ou de chofe rerï;blable, &les gens de bade condition font couuens de peaux debeltes. Les plus guerrières gens que ce Prince ait, ■ ainh qu'on nous veut faire croire, font des femmes, qui fe conduifent à la façon des anciennes Amazones. Elles fe ferucnt de l'arc des mieux, cnuoyent les fils à leurs pères hors de la Prouince , & retiennent les filles pour elles qui demeurent du cofté du Ponant , affez prez du Nu. chofcdesa/Teoir deuantluyque dedemeurcrdebout entre nous, & cecy n'cft permis qu'aux grands perfon- nages. On luy fait la créance de ce qu'on luy met de- uant après qu il a beu & mangé. Il a pour fes armes vn hoyau , & deux dards- Il meine pour fa garde deux censchiensi ° Les habitans de ce pays viuent de chair, de riz , de poiflbn, millet, ôc de certain huile de Sufiman. Ils font aflez courageux, & futmontent les chenaux à la cour- le. Ils epoufent autant de femmes que bon leur fem- ble.En quelques endroits de cette Monarchie, prin- cipalement au Royaume de Butuc, ils bruflcnt le ficns en lieu de bois- kichejjès Forces. Eft chofetoute claircque puis qu'il ont fi eran^ y^de quantité de ccmetail qui eft tant conuoité dvn chacun, ilsnepeuuent manquer d'eftrc fort ri Gouuernement, CE Monarque rient auec luy les héritiers des Prin- ces fes va , pour s'affeurcr d'eux. Il n'a au. cuncs prifons : pource que les caufcs s'y dccidentj en mefme temps que le crime fe commet auec des té- moins, & l'on ny punit nul aime fi feuerement, que la iorcelene . Je larcin & l'adultère. Combien qu'ils é- poufen c autant de femmes qu'ils veulent : ton tesfois la première a de l'aduahtage flir le refte , tellement que es enfans font héritiers du mary, & les autres femmeé luy obeyflcn ^laferuent. "E^ligion, LËsfuîesas du Roy de Alondraotapa nefont Ido- Iacres,mais adorent vn fcul Dieu,qu'ils nomment Mozijîio. Du temps de Sebaftien Roy de Portugal, le' Roy d'inantor , vadalde Monomotapà, fut conuerty par Je Pere Confalue deSiîuie Ieruite,qui baptifa quel- que temps après le Prince de Monomotapà , & fa fem- me : & le Roy fut nommé Sebaftien , & la RoyneMa^ ne, & depuis trois cens des principaux furent bap- Maisiladuint que quatre Mihoroetans, aymez «Sé chéris du Roy, luy donnèrent à entendre que Confal- ue etoit Magicien. & qu'il remierftit les Royaumes auec fes enchantemens,& qu'il eftoit venu là pour ef- pier Ton Eftat,& faire reuolter le peuplc:tellement que le Roy qui eftoit ieune, perfuadépar cesméchahs , fc relolutde .%e mourir lePere Confalue, qui fut tué parhuiârferuiteurs duRoy.tandis qu'iirepofoit apreS vne longue prière. &fon corps fut iettédans lariuie- re de Menfigine.ôc après de là on tua aufll auec k mê- me furie cinquante perfonnes qui s'étoient fraifche- mentconuerties.Ceîte farie eftant palTée : après que les principaux du Royaùme,& quelques Portugais eurent remonftré au Roy la faute qu'il auoit faite . il s'excufâ le mieux qu'il luy futpoffible , fit tuer cesMahome- tans qui l'auoient fedui6t,& fit chercher les autres qui s'eftoicnt cachez , afin de les faire mourir : tellemcnç ' qu'il fembloic que la foy fedeuftaduanccr plusqueiai mais en ce Royaume.Mâis les Portugais, au lieu d'en- uoyer en ce pays là de nouueaux Prédicateurs , poui^ conferuer ce que îcfus Chrift y auoit acquis, &c y faire denouuclles conqueftes, fe rcfolurent de fe venger auec les armcs.II partitdbncdc Portugal vnearmée de mer , auec vn bon nombre de gentils hommes Por- tugais conduitspar françois Barret. Le Monomotapà plein d'efFroy, aii bruit de cette guerre qu'on luy vcnoitfaircenuoya demâder lapaix à Barrct. Mais ce General afpirant à l'or de ce Royau- me , méprifa toutes les conditions qui luy furent of- Le Rov nr-i. ..-u . j r n. - |^^""-L'»^îuè' de l'êcreprife fut.que Cette arméé redou .e^^^uesTour JeLl! r'^' "^'^^ vn fipuinant Monarqiie, fut confumée par sTSefaf^^^^^^^ . P' ^- "^'^''^'^^^ infupportabie I ceu. d'Europ 15, 'ansieiquelsonnepeutcomnaro ftr^ n^m„c r-L„,aL_- r . . quelq f-„c ^ - -7 ^"^'•^^"«^e, «force prc- lens , lanslefquelsonnepeutcomparoiftre deuantce Pnnce Pour ce qu, eft des forces . il y a grand r^^' bred hommes enccpaïs. quife pafTentdepeu , & — • --j"» «ijiii|.'jjvjn.aui V a (.CUA u JUiitOpe» Depuis quelques Chreftiensy fontreftezien petis nombre. & le demeurant eft encore pisur le prefcnt èrt ténèbres. izï 4 D1SCÔVR9 824 / SOMMAIRE. î. L'e/iendu'e & hrnes du Royaume de Congo , & ft diuifion en ftx Vrou 'mccs defcriptés chacune en particulier^ auec leurs villes capitales. 2. Tmperaiure de l'air de ces contrées ejlimees inha- bitables par les Anciens : l'égalité des tours & nuicls en toute l'année, & pluyes continuelles durant l'Hjuer ( qui eft l'Efiéde noHre horifon.) j. Defcriptiondes principales riuieres de ce Pajs , def- quelles les phis célèbres font la Zaïre , & la Lelonde , qui engendre des Crocodiles, & les Hippotames. 4, Spécial dénombrement des fingularitez qui fe trou- ucnt en chaque Prouince. Les Elephans & les T}gres en celle de BambaJa Zèbre animal femblable au Mulet, Em- falanges, Bitftesfrtiuages, Ciuettes.ferpens longs de vingt- cinq pieds, qui feruent de viandes aux habit ans de ce pays. Béliers aijlez < Caméléons , Perroquets , PelUcans. En la Prouince de C'^ngo]^ les Elephans , Singes, Chrislal, Au pays de Pemba le Luco efpece de grain. Le millet blanc, fgues d'Indes , ou Barnanes , & vne efpece de Palmiers, d'où l'on tire de l'huile , vin , vinaigre , fruicls à pain: montagnes de lajpe & de Porphire. En l'ijle de Loande les Coquilles grifes & fort luifantes: & le merueilleux ar- breEnfanda , qui porte certaine efpece de toile qui fert pour faire habillement au peuple : Balaines noires, & Sar- dines. 5-, Quelle efî la couleur , & la difpofition du corps, & la forme des habit ans de ce pays , la forme de leurs mai- fons & édifies : leur monnaye pour le trafc, & leurs bat- teaux de guerre fur lefquels ils bataillent. De la pefche de îeurs coquilles : Et de leurs coujlutnes & mœurs fembla- Mes à celles des autres Wgru:La façon de leurs faluta tions au matin : de leurs habits de nattes, ou e forces d'ar- bres , de leur boire , manger & manière de coucher , & defernedeciner eux-mef mes par la vertu des fimples her- bes , dont ils connoijfent la vertu, &le refpeè qu'ils por- tent à leur Roy. 6. Leurs richeps confiflansen trafc de met aux, Ele- phans, Ciuett es, pefche de Coquilles, Toiles de Congo, qui fe tirent des Palmiers, & du Chryjîal. 7. Eorce de ce Royaume , leurs armes ,& combien de milliers d'hommes on peut armer. 8. Quel ordre tient le Roy à polijferfon Royaume , & fes loix , <s Gouverneurs qu'il cominet en chaque pro- uince pour y rendre la iujlice. Et quelle eft la dtfciplme mi- litaire , en quel ordre marche leur année , & les trouin- firumens dont le General de l'année vfe , comme de fignals pour la faire marcher , ou arrejîcr & faire entendre fa volonté par tous les Efcadres. 5. De l'idolâtrie des habitans du Royaume de Congo: en quel temps , & par qui la foy Chrefiienne a efie an- noncée, & comme eUe eft amour d'huy receuè par le moyen des lefuites qui s'y font ejlablu. NcoK que nous n'ayons pas vne afTez ' grande cognoillance de cctEftac, &c qu'il [o\i impoffible d'en parler comme des autres, comn-c nous auons trai6té : toutcs- tuis nous elbmcronsaaoïr ficisfaïc ^cn particulier à DISCOVRS DV RÔYAVME DE CONGO- \ ce qui eft deu au Leârcnr , fi nous luy rapportons ce que nous auons peu apprendre de cet Eftat > qui eft véritablement de grande étendue. 11 s'étend depuis le Cap de fainde Catherine, qai eftà deux degrcz & dcmy loing de l'Equinodlial , en tirant vers le Midyjiufquesau Cap de Lcdo. Il a pour Ces bornes du coftc d'Occident la mer Ethiopiquc : da Midy les montagnes delà Lune , & leCafrcs ; du Lo- uant la montagne, d'où fortent les fleuuesqui cou- lent auxfonrccs du Nil, & du Nord le Royaume de Bénin. Et ce Royaumequi comprend depuis la moi- tié du troifiémc degré du coftc du Midy iufques au ij. degré de hauteur, contient par ce moyen fjxccnsfoi- xante mille d'Italie ou enuiron. Le Roy de Congo commande encore à l'Ifle de Loande , qui eft entre vne branche de la riuicre de Dande nommée Bengo, & la riuiere de Coanze'. Il y a cncor quelques Ilies fur la riuiere de Zaire , dont les habitans font fendataires , du Roy de Congo. Oc ce Royaume eft diuifé en fix fameufcs Prouinces, qui font Bamba , Songo : Sunde, Pango , Baita , & Bamba. La Prouince de Bamba eft du long du riuagedeîa mer, depuis le fîcuuc de Aqibrifi iufques à la riuiere de Coanze, & ce Païs contient beaucoup de Seigneuries. La plus renommée ville de cette Prouince fe nomme Bamba , veu que les villes capitales donnent leur nom à tout le refte du Païs. Elle eft entre les riuieres de Lo- fe , & d'Abrifi , & eft cfloignce de la mer enuiron cent mille d'Italie. La féconde Prouince du Royaume de Congo fc nomme Songo , ôc eft aflife autour des riuieres de Zaïre, & de Loango , «Se s'cftend iufques au fleuue d'Ambrifi ducoftédu Nord au fepticfme degré & dc- my, qui corn- prend enuiroû deux licuës d'AUemâgne. Elle efl: toute couuertede bourgs,dc villages, 5c dcmaifons,& il s'y tieiu plus de cent mille perlbnnes. Qualité. SEloiî l'opinion des anciens, cette contrée eftoit in- habitable , veu qu'ils eftimoient que toutcequi eftoit fous la Zone lorridc , où ils la logeoient eftoit tellement bruflé , qu'il ny auoit moyen d'y demeu- rer en aucune forte. Mais ils en ont parle autrement que la vérité ne porte , veu le tefmoignage d'E- douard Loup Portugais , qui a demeuré en ces quar- tiers - là aflczlong - temps auec beaucoup d'autres Portugais. Cét Autheur rapporte que l'air y eft tellement tem- perc,que l'Hyuer eft fcmblable à l'Automne de Rome, fi bien qu'ils ne changent point d'habillement, & ne cherchent point de feu en cette faifon. Les fommets des montagnes mefmes font exempts d'vncfafcheufe froidure , ôc même généralement en Hyuer la chaleur y eft plus grande qu'en Eftc , à caufedelâ pluyequi y tombe fins ccfte , principalement parl'cfpace de deux heures auant Midy, & après. Et c'eft cette chaleur, qui cft principâlement infuppottablc aux hommes d'Eu- rope qui s'ytrouuent. Lanui£t yeftprefque égale au iour , & en toute l'année on n'y remarque que bien peu de diîFerencc. Ils ont leur Hyuer lors que nous auons le Prin- temps. Il commence lé quinzième de Mars de même que l'E- ftcfurle nnilieu du mois de Septembre. Lcspluyesy continuent l'efpace de cinq mois, àfçauoir, d'Auril, May, luin. Juillet, & Aouft. On ne void guère en tout ce temps- là des iburs clairs ôc fcrains, & les pluyes tombent à fi grofles gouttes , que c'eft prefque mer- ueille, toute l'humeur étant confumée & digérée par les pores de la terre feiche &aride. L'Eftcy eft au con- traire extrêmement (êc , & il arriue bien peu foiiuent durant cette faifon qu'il y pleuue. Delà vient queles riuieres fe rempliflfent d'vneeau cpaifle & bourbeufe, & s'eftcndant fut la terre luy communiquent cette humeur gralfe. Il y a en Eftc les vents que luleS Ccfar , Ôc Mippocra- tes auaht luy nommèrent Etefies. Les Portugais nom- ment ce vent Maeftro , ou General, comme ccluyqui eft ordinaire à ce pays.Le même vehtcacfe des pluyes parvnfc agitatioh des broiiillards vers les fommets des montagnes, veu que venans à eitre choquez ils fc refoluerit en pluyits, & tombent en terre. Et l'on void les brouillards ordinairement fur les hautes monta- gnes quand là pluye s'approche. Ces pldyes continuelles caufent la creuè" des riuic- icsjc'eft àfçauoirduNil & duNiger,ou deSenega,&- autres de cette contrée, quifevont rendre dans la mer Oceane,ou Meditcrranée,& humedent&engrâilfcnt les terres des pays qu'elles arrofent. Donc pour ce qu'il tombe de fi grandes pluyes dil- rant leur Hyuer,qui eft noftre Efté, tant au Royaume de Congo , qu'au pays du Prête- lan , il ne fe faut nul- lement eftonner de la creuè' & inondation dcsriiiie- rcs, combien qu'en Egypte, & aux plus arides, qui nè font iamaisarrofez d'aucune pluye , excepte aux pays qui eft aux enuirons d'Alexandrie , ils tiennent pout merucilleufcs lescreuès du Nil, qui ne hianquc toutes les années en certains temps de venir engtaiiTcr auec fon eau gralTe & bourbeufe les terres des Egyptiens, qui ne rapporteroient nulle chofe , fi elles n'cftoient abbreuuées en cette forte. A taifon dcquoy l'on facri de Congo, 82; fioit auircsfois au Nil , en luy donnait le nom de bon Génie, tefmoin Ptolomce, & mêmes les Chreftiens de ce pays-là tiennent cncor auiourd'huy pourchofê miraculeufe l'inondation du Nil , fans laquelle on mourroit de fairn en Ecyptc.Doncques l'Oiieft Noro- ueft qui foufFle par deçà en temps d'Eftc, durant Icqu ci ils ont leur Hyuer, aflcmble les brouillards ,& les va- peurs autour des fommets des montagnes, & appellent les pluyes qui tempèrent là l'Hyuer , à caufe de leurs chaudes vapeurs. Ce font doncqucs ces pluyes qui cau- fcntordinaircmentle débordement du Nil, & des au- tres riuieres de ces contrées. Mais lors que ces peuples ont l'Eftc > leurs ventà font contraires , veu que c'cft lors que le Sudcft , Se le Nordeft, qui font vents froids , régnent , ôcrafraif- chilfent la terre , ainfi que nos vents font en ce pays; car ils rendent Ifiuc air tout ferain, au lieu qu'ils ren- dent le noftre couucrt de broiiillards , auec menace de pluycpar vne naturelle difpofition del'airjde la terre, ôc climats.Et certainement fi ce vent ne rafraifchifibit le pays de Congo, & d'Ethiopiesfans douce la chaleur y feroit entièrement infupportable. Les habitans de Grèce, de Candie , de Cypre , de Natoliç, de Syrie, & d'Egypte, iouyiTent du mefmc vent. Dr ilfaut noter qucla neige ne tombe iamaisfui: les montagnes d'Ethiopie.dc Congo, ou dès pays voi- fins : finon qu'on regarde celles qui font portées vers le Cap de bonne Efpcrance, ou bien celles qui font auxlieuxquc les Portugais nomment les montagnes de Neige. Si le Royaume de Congo auoit de la neige ou de là glace, fans doute l'vhe de ces deux feroit beaucoup plus eftimée que l'or,pource qu'on pourroit par ce moyen rafraifchirla boilTon. Tellement qu'il faut dire pour conclufion,que c'eft beaucoup eftte éloigné delà véri- té , d'aifeùrer que les riureres croiiTcnt quand la neige vient à fe fondre, veu que les grandes pluyes qui du- rent cinq mois en font caufe. La^rincipale riuiere de ces pays,c'eft celle de Zaire, qui vient du fécond Lac du Nii, eft fort grande entre toutes celles d'Afrique. Son emboucheurc a vingt- hui<5t mill« de largeur* Elle fait pluficurs grandes IfleS durant fon cours, ôc reçoit entre les autres riuieres la Vambe, & la Batbellc, qui viennent du premier iac;& encore pliifieurs autres qui prennent leut fourceaiî lacd'Aquelonde i les: prin ci pales font la Coanze , qui borne les Royaumes deC.ongo,&; d'Angola, & la Le- londe qui engendre des Crocodiles , des Hippopota-- mes, dcfquelsi'Ifledcs chcuauxa tiré fon nom. Elle I engendre encor le poiifon qu'on nomme Poujtceaui qlii eft fi gras ôc fi grand , qu'il y en a du poids de cinq cens liurcs voire dauantage. , L'kippopbtamèjou cheual dé riuiere eft tanne,a peu de poil , faute en terre pour y paiftrc, retourne le iour dansl'eâu. LeS Afriquainsén appriuoifent qùelques- vns qui font viftes au poffible : mais il fe faut bien oarder de palTer fur eaux de riuieres profondes, vciî qu'ils s'y plongent ai]ffi-toft,il s'engendre encor en ces riuieres quelques bœufs d'eau , qui viuent durant aîielqucs ibuts en terre. . ' . ' L'abondance de l'eau iointe auec la chaleur caulce paf le voifinage du Soleil , rend le pays fertil au poffi- ble, Ôc le fait abonder en plantes , herbes , fruifts , & graihsjil en portctoit encore plus.fi l'indufttie des ha- Bitans aidbic à lanature. , / Mais vènbns vn peu aux particularitez dès Prouin- cès qui; hôds auons dïfcrites en premier licu,puis que nous audns âiïèz difcoutu eh gênerai dé toutes «s Conirêesi . v En la Prbuince de Pamba, il y a vne montagne ou l'on trouué pluficurs mines d'argent, & d'aoïrcsme- «aux» ) 4 826 Du Royaume de Congo. aux.On trouue auflî en ce pays plufieurs Elephans,à r diligence en quelque voyage , changent foi»aent de caufede la grande quantité deForefts & dcriuieres, dont il eft plein. Ces elcphans font grands au poffi- ble.veu qu'ils croifTcntiufqucs à la moitié de leur âge, & ils viuent ordinairement cent cinquante ans. Ceux quionteftcveu en Portugal, & ailleurs en noftre Eu- gens, qui les portent& par ce moyen ont depefch^ le chemin qu'ils ont à faire. On] y trouue encore d'autres beftes 3 dontlcs vncs font de la grandeur d'vn bœuf: les autres plus petites qu'il nomment Empalanges,puisdesBeuficsfauuagcs» rope, croient plus petits, pource qu'on les auoitem- des loups qui fcntencdeforcloin.&quiaiment^cxtre- menez encore trop ieunes. La grandeur de ces be- ftes peut eftrecogneiic par leurs dents qu'on a ramaf- fées , dont quelques - vues o^t efté troiiuces du poids de deux cens Hures. Au langage de Congo , la dent de l'Eléphant eft appellceMcne Manzao. Les ieunes Elephans font nommez MoanaManzo. Ils n'ont pas les oreilles moins grandes que les plus grandes targues des Turcs , les plus grand» les ont longues de fix pieds en forme d'oeuf , ôc elles vont en s'appointanc vers l'épaule. Auec te mouuemcnt de leurs oreilles , & de leur queue ils chaifent les mouches de même qu'ils les tucnr,ainfi qu'elles fe repofent fur cux,en ridant,& ramalfant leur peau. Ils ont les poils delà queue fort cpaisj-femblablcsà de petits ioncs noirs & luifans, 8c ceux des ieunes font plus beaux ôc plus fort$j& de plus grand prix. Véritablement les anciens n'ont pas cogneu la na- ture des Elephans, lors qu'ils ont dit qu'ils ne pou- noient plier le jarret , & que pour cette caufc ils s'al- loient appuyer contrequclques arbres pour dormir, & par ce moyen (e rcndoicnt de facile prife. Caries Portugais & les Flamansont vcu que la chofealloir autrement , veu qu'ils montent mefmes fur les arbres en Icuant les deux cuirtcs pour prendre des feuilles, ou des branches , ou bien ils fe baillent aifémcnt lors qu'ilsveulent boire en quelque lieu qui eft bas : ce qu'ils ne pourroient faire s'ils étoicnt priuez de ioin- ttures. Cette Prouincca auflî des Tygrcsjde la même for- me que nous les voyons peints en ces quartiers. Ces beftes , félon le témoignage d'Edoiiard , n'attaquent iamais les hommes blancs, mais elles fc ruent fouueiit fur les noirs: tellement que quclquesfois tropuant deux hommes , l'vn blanc ôc l'autre n-oir , qui dor- moicntl'vn près de l'autre, ces animaux alloientde fu- rie contre le noir, fans oftencer le- de forte que les Portu- gais bni entre leurs Proucrbcs celuy de la viteiTc de la Zèbre. Cette befte eftant appriuoifée pourroit feruir au lieu du cheual aux guerres , portant ôc tirant le* hommes , &:les charges , afin que l'on voye comme Dieu apourueu en chofcs necellaires. Mais d'autant que ce pays manque de cheuaux, & que les habitans ignorent l'art d'adomcftiquer la Ze bre, & ne fçauent le feruir des bœufs , combien qu'il y en ait beaucoup en ces contrées , les hommes font l'office des beftes , vcu qu'eftans difpofez aux coingî des riiès,ou des chemins, ils portent les iitticrcs ou lei chaires. A raifon dcquoy ceux qui ont beioin défaire mement certaine huile que l'on tire des palmiers. On y trouue auflî des renards , des cetfs,des chevreuxi des conils , & lièvres en grand nombre, pource qu'on ne les pourfuit pas iufqucs à la mort en chalTant com- me en Europe. Ils ont auflî vn grand nombre de ciueties , qu'il» appriuoifcnt pour amaftcr la bonne odeur qui fo:c de cette befte, qui leur eft merueillcufcment agréable. Il y a diucrfcs fortes de ferpens ôc de vipères, qui ont quclquesfois vingt cinq pieds de longueur,& cinq de largeur , & ont le ventre fort large , de mefmc que l'ouucrturc de la gueulé, qui eft telle » qu'ils deuo- rent vn cerf ou vn autre animal dépareille grandeur. Ils viuent auflî bien fur la terre que dans l'eau. Lors qu'ils font bien faouls ils s'endormentaifément, ôC iors les habitans les tuent , ôc fe noarrilfent de leufS chairs,qu'ils trouuêt meilleure que celle de la volaille. Au rcfte,il y a des vipères qui ont vn venin fi puif. fant, qu'ainfi qu'elles ont mordu quelqu'vn il meurt dans 1). heures. ' On y voiJ encore des animaux de la hauteur d'vii F5clier> qui font aillez comme des dragons, ont vne queuè,vn long bec j & pluflcurs rangs de dents. Ils vi. ucnt de chair creue , n'ont que deux pieds , ôc ont la peau rouife, ôc bigarrée de verd ôc de bleu. La mefmtf Prouince a des Chamtfleons. Dauantage, ils ont grande quantité de poulies & coqs d'Indes , de Paons , d'Oyes , Canards , de Perdrix prruées,& fauuages , de Faifans, Pigeons, Tourtes» Aigles[, Faucons, Efpreuiers, ôc PeUicans. Ce pays abonde encore en Perroquets , verds ôc gris : & il'y a auflî vn grand nombre d'oyfcaux rouges, qui fonc fort beaux, qui ne font gucres differensdes Pheni- coptercs . ou Flarabards^. On y void auflî force cfpe- cede.petits oyfcaux , qui chantent comme ceux de Canarie. La Prouince de Congo nourrit beaucoup d'Ele- ph3ns,& il y a auflî beaucoup de fortes de Singes, dont quelques-vns font mille badineries ôc batclages,vou- lans imiter les perfonnes qu'ils voyent. Il y a pareillement plufieurs Vaches , & beaucoup de ces autres animaux que i'ay nommez cy-deiTus. Ou« tre CCS chofcs il y naift grande quantité de cryftal, & d'autres métaux, entre lefquclsles habitans donnent le premier rang au fer. Au païs de PembaJ'on trouue du fer en cette gran- de montagne, dont nous auons déjà parlé en la deCcri" ptiondes Prouinces. La terre de cette montagne eft de grand rapport à caufe de la bonté de l'air. Il y a de fort bonne eau , qui ne fait iamais mal aux hommes qui en boiuent. Ily a force herbe , ôc grande quantité de be- ftail, & d'arbres fruiéiiers , qui font continuellement verds. Ce terroir porte toute forte de grains qui font ordinaires en ces contrées, principalement celuy qu'ils appellent Luco, lequel ils eftimcnt autant, que nous noftre meilleur bled, Il reflcmble au grain delà moutarde,finon qu'il eft tant foit peu plus grand. Ils viennêt à le moudre dans vne meule qu'ils tour- nent à belles mains 1 & ilcn vient vne fore bonne fari- ne,de bon gouft,& du tout agrcable.Lepain qui en eft faitnecedc gueres en bonté au noftre. Il y a grande .abondance de ce grain en Congo où il a efté porté de- puis quelques annééS feulement du pays , où le Nil prend fa fource , pruicipalement de celuy oùle Nil remplit le fécond lac. Ce Du Rovaume die Congo- Ce païsporte encor du mil! h blancrn abondance, qui tfft appelle Mazze , c'eft ' dircgrai-i de Congo. I] produit auffidumaiz, oin ledde roïvjuie, qu'on eftimetoutesfoisfort peu , ciic|i»e les ! icans nom- ment Mazza Mamprito, c'eftàdire, b' Portugal. Il y a au/E force riz, mais on n'en f:' - iill c cftime.' La jnémeprouince porte diuers arbr . sjudiers, dont le menu peuple fe nourrit & fiibitanie comme des ci - tronniers.des limonnicrs.qui portant des fruits d'vn gouft merucilleufemenc agréable. Il yvicntauffi des Bananes, que quclques.vn$t?ennent élire ceux-là rac- mes , que les Egyptiens & Syriens nomment Mufe,& qu'on nomme autrement figues d'Inde.Leur gouft eft fort bon, & agréable, ayant la douceur mclceaucc l'aigreur , & c'cft vn bon aliment , qui n'a rien qui nuife. Les campagnes y portent au/ïï be£»ucoup de forte de palmiers, dont les vns portent des dattes, & les au- tres des noix d inde. Il y vient encore vn autre efpe- cede palmiers femblables aux deux autres, d'où l'on tire de l'huile, du vinaigre, des fruiéts 6c du pain. Ils tirent de l'huile du dedans des fruicas.^comme des oli- ues , & cette huile a la couleur , 6c la fubftance de no- ftre beurre , toutcsfois il eft vn peu plus verd tendant Jur le iaune. Ils vfent de cccy au lieu d'huile & de beurre , &en mettent dans leurs lampes , & s'en frot- tent le corps afin de courir plus légèrement. Pour can- cluhon elle fcrt fort en temps deneccficc, veu que ceux decepaïs- cy qui ont voyage par delà , fuflent morts de faim fans cette huife. Ils tirent le vin des lommets des arbçes qu'ils percent, & lors il en coule vnchqueur blanche, clairet fraifche. Elle eft pre- mièrement douce , puis elle s'aigrit tellement qu'on en peut mettre fur les laitues au lieu dû vinaigre. Cette liqueur étant prifè fraifchement, excite i'vrine, qui eft caufe„qu'on void bien peu de perfonnes en ces contrées qui foient fuieds à la pierre ou à la grauelle» Dauantagc lors qu'on en boit iufques àl'excez, elle enyure& nourrit au poffiblc. Ils font du pain des no- yaux de ces fruits, 6c ces noyaux font de laformedes amandes, mais vn peu plus durs. Ce qui eft dedans eft de fort bon gouft , & tout ce fruiél: verd dehors & dedanï,&cft bon crud &cuit.Il y ad autres arbres qui produifent des fruits nomrael Cola , grands comme vne pomme de pin : ayant d'autres fruids femblables aux chiiftagnes , dans lefquels il y a quatre noyaux rouges , ou incarnats , qu'ils caftent auec les dents , & les roulent dans la bouche afin defe defalterer. Ces fruids étans iettez dans l'eau la font aigrir , & la ren- dent agréable au palais, fortifient l'eftomach,& corri- gent la corruption du foye.On y trouuc encor d'autreà fortes de palmiers fauuages,qui portent grande quan» titc de fruits bons à manger, 6c dont les feuilles fer- ucntà couurir leurs cahuettes,& à faire des paniers,& autres chofes propres à la maiibn, & au ménage^ Il y a encore d'autres arbres nommez Ogegues, qui portent des fruits femblables aux prunes iaunes , & qui font d'vûe odeur 6c d'vn gouft fort agréable. Ils ont outre ces fruids d'autres qui peuuent grandement fcruir en medecinc,& qui font auffi de fort bon gouft, comme les Tamarindes qui font aigres, doux 6c bons contreles fièvres chaudcs.Les Mores & les Turcs vo yageans par terre prennent la poulpe de Tamarinde,& Icmelentaucc de l'cau,laquel le ils boiuent après pour rafraifchir le foye, les reins, & les parties intérieures, comme auffi pour iafcher le ventre, vfansauffi delà cafte pour le même effed. La même prouinceades melons, des concombres, & chofes femblables en grande abondance. Il y a auffi grande quantité de pic-rres , 8c des mon- tagnes d'auŒ beau marbre qu'on en puiffe voir, telle- ment qu'on en pourroit baftir tout vn Temple. On y §27 void outre cela des montagnes de iafpe, & de porpîijr. rc, comme auffi de marbre blanc, deplufieurs aucrés couleurs , & c'eftce,marbre qu'on appelleàR jmedc Numidie, 6c d'Afrique. Au refte il naift en quelques pierres desHyacintes qu'on pourroit aifémét feparer du refte. On pourroit faire de même des colomnes entières, des obclifqufs, &autresouurages , qui feroient beaux, ou pluftofl: mcrueilleux,p3r le moyen de ces Hyacintes qui y font mêlées. Il y a encore d'autres rochers, où l'on trouuc des métaux , à fçauoirde l'airain qui eft verd & iaune, & l'on en pourroit faire de belles ftatuës , & diuerfes autres chofes. Mais ie fuis d'aduis de dire encore pour conclu; fion de cecy , quelque chofe de la riuiere de Zaire, qui eftlagrande riuicredu Royaume de Congo qui fort en partie du même lac . duquel le Nil prend fa fource; Ce fleuue a del'eau en telle abondance , que c'eft pref- que chofe incroyable, veu qu'il y a de largeur cinq « mille & demy auantqu'ils'aiilç rendre dans la mer,& lors qu'il y eft encre fon eau coule parmy lafaléc fans perdre fa douceur» Tefpace dehuid;, 6c dix, voire même les feize lieues. Ce qui fait que les mariniers confidercntaifcmcnt en quels iîcuxils font. On peut aller auçc de grands batteaux , contremont lariuierè l'efpacede cinq lieues en toute afteurance ; maisl'oa troaue après des eaux rapides & impetueufes , à cauft que la riuieretombeen cet endroit dVn précipice, auec Vngrand bruit femblable à celuy, que le Nil 6c le Da- nube font en quelques lieux. Quant àlariuiere deLelonde, qui coule au pied delamontagne, où la ville Royalle de Congo eft ba- ftic , lorsque les pluycs ont cedcjclle eft du tout tarie 6c guayablc. Ontrouuefur le riuage derifle dcLoandire certain nés coquilles gtifes, 6c fort luifantes : 6c combien qu'il y en ait aux autres riuagcs du Royaume de Congo:tou- tcsfois celles deLoandre font pîuseftimécs. Il croift auffi vnmerueiUeux arbre nomme Enfànda , qui eft toufioursvcrd,& a force vertus. Ses branèhes deuicn^ ncnt fort hautes, & il décend de certains filetsfort dé- liez , qui yenans à toucher la terre, prennent racinçi tellement que ces arbres fe multiplient au poffible* Sur la première écorce de cet arbre il vient certaine eÙ pece de toile ,qui étant nettoyée fert pour faire des habits au menu peuple. En là partie qui eft plus proche de la terre ferme il croiftcertains arbrési au pied defquels l'eau delà mer vient. On trouue là des huitrcs de la grandeur dek main, 6c de fort bon gouft, & qui font aftez cogneuës des habitans,qui les nomment Ambiximitare,commé qui diroit poiifon de pierre. Prés de cette Ifle j autour dé fa partie extérieure ott void beaucoup de baleines noires , qui s'entrefont or- diijairemeht la guerre i tellement qu'il en meurt plu-i fieurs que lesjhabitans pèchent, & les ayant prifes leut oftent la graifle , de laquelle -, mêlée aUec delà poix , ils gaudronnent leurs vaiifeaux; En cet endroit on trouue auffi force fardihe§ , 6é grande quantité de foies, d'étburgeonsj de muletSj d'ér creuiftcs de mer, qui font gcandes* MœurSi LEs habitant de ce païs font noirs , colmbieh qûë quelques fêmes tirent fur le iaune.Elles ont poujr la plufpartdcs chcueUîc noirSjOii roux, mais roux ten- dant fur lerouge.Les hommes font de moyenne taille* &: prefque femblables eft cela aux Portugais. Tous y ont en la prunelle de l'ceil de diuerfes couleursjnoires, &c de lacouleur de l'eau de la mer. Leurs lèvres font g!^oftes:ma!s non tant queeel' îs des habitas de Nubiêi Du Royaume 5e Congo. & des autres Neercs. Leurs vifagcs auffifontdifte- , pot auatit quMls femeuetità boireJls ne boiaent ia^ rents, ven qu'il y en a qui font maigres , d'autres qui - -^irn.n^ • m.u .nv.. 1, r.n,. ,1. fe defakeicnt à font èras,& d'autres qui font entre deux comme ceux des Portugais, & ils différent aucunement des autres Nesres, qui font du tout laids,& defagreables. Ceux de laProuincc dePambafont fi forts , qu'ils couperont vn efclaue par le milieu:& trancheront la tefte toute nette à vn bœuf d'vn fcul coup. Ceux de laProuincede Congo font continuelle- ment en guerre auec les Anzicains leurs voifins : & quanta ceux delà Prouincede Suna.ilscftiment plus le fer quenous les autres metaux,ainfi que nous auons ja dit.pource que l'on'cn fait dcscpécs,des coufteaux, & d'autres chofes.qui font fort vtilcs,au lieu qu'on ne fefertpas dés autres à vfage fi ncccffaire. En la prouincc de Pemba , qui cft celle où eft la vil- le de Congo, les habitans découpent les branches des arbres appeliez Ogcgues,& en font des haycs,& pareil- lement des allées , & des tonnes pour cftreàcouuert dirSbleil. Ils portent auflî de la Tamardinecn la bou- che pour fe garder d'altération. Les maifons des habitans du Royaume de Congo , _ m r.? attachez i font baffes , & font eftroides , & non par faute de portent aufTi de gros trouffeaux '^^.y^^''"^''^^^^^^^ * ' „ , r n._ ' I- u-.,-.,,, o.,-^ fils f^r.T v a beaucoup auU mais en difnant : mais après le repas ils fe defalteient à bon ccient auec de l'eaujou du vin de pommier, ou de l'eau mêlée dp miel. Lors qu'ils fe rencontrent le matin, ou fur le iour, ilsfcfaluènt, & quand ils trouuent quelqu'vn qui tient rang entr'eux , ils en font de même. Et quand ils veulent honorer quelqu'vn , ils fe mettent à genoux, & battent des mains demeurans enccteftat, iufqn'à ce que l'autre rende la falutation auec ces paroles Fa/a, Fuioy Futo, auec Icfquelles ils fefouhaiuent du bon. heiyr. . Ils defrobent volontiers aux eltrangers : mais ils n'iifent guercs de larcin parmyeux. Les femmes y font du tout addonnées à faire l'amour , principale- ment auec les étrangers, fans fe foucier nullement de leur réputation , pourueu qu'elles fatisfaffent à leur dcfir. ^ * Les femmes & les hommes y vont également à teltc nue, ayans les cheucux gentiment hez, & toutesfois courif. Quelques-vns portent des chapeaux d'ecorc* d'arbre, ou bien faits de noix d'Inde. Quelques vns matières , ainfiquenaus auons défia monftré parlant des pierres, & des marbres qui y font , outre lefquellcs ils ont auffi de la chaux & du bois en grande quanti- ic.mais à caufe du peu d'induftrie des habitans^qui ne fçjuent nullement baftir , ny ayant entr'eux. ny char- p';ntiîrs,ny maffons , qui leur fçauent drelfer des mai- fons telles qu'ils en pourroient faire. Ceux de Congo vfent de coquilles au lieu d'or , ôc demonnoye,& font auec cela tous leurs trafics. Les Infulaites de la riuiere de Zaire, ont autresfois «udegrofTes guerres contr'eux, & combattoientfur des batteaux qu'ils font du tronc d'vn arbre crcufé. Cet arbre eft nommé Liconde, & eft quelquesfois fi gros.quc deux ou trois hommes, voire dauantagc ,nc le peuuent embralTer , tellement que bien fouuent vn batteau fait des plus grands & gros , fera capable de contenir deux cens hommes. Ils fontaller ces batteaux auec vne grande roideur, chacun tient rauiron,& l'arc,&: lors qu'il cftquertion de combattre,il$ laiffcnt rauiron,& fe ferucnt de leurs arcs contre leurs ennemis. Qaantà ceux de rifle de Loande, ils font la pef- che de leurs coquilles en telle forte. Quelques fem- mes décendent du riuagc quelque peu dans la mer, & en tirent certains paniers pleins de fables > &les mettent enterre, & oftent le fable des coquilles qui font fort menues , & de diuerfes façons : car il y en a de maflcs , & pareillement il y en a de femelles , qui font de plus belle couleur , Se plus agréables à la veue. Toutes chofcs s'acheptcnr auec ces coquilles, mefme l'or, l'argent ,&lesviures. Au refte non feulement onoftel'vfagc de la monnoye d'or , ou de quelque autre métal en ce Royaume ( car on en vfe de même, comme i'ay dit en tous les Eftats du Roy de Con- go ) mais encore en d'autres endroits d'Afrique , & au Royaume de la Chine , ôc en quelques lieux des Indes: car en Ethiopie l'on donne du poivre au lieu de l'or, ou de l'argent monnoyc,& au Royaume de Tombude prés la riuiere deSencga, on donne des coquilles de la mer. Cesinfulairesont desvaiffeaux faits depalmier,ou de noyer d'Inde, qui font à voylcs,& à rames. Us fonx tellement experts à bien nager, que le plus fouuent ils pafienttout le détroida la nage, pour aller enterre ferme. Mais pour parler à cette heure généralement des mœurs de tous les Congeois,ils tiennent beaucoup de celles des autres Nègres , au moins de ceux qui font leurs voifins. Us veclent toufiours quelque goutte du leurs cheueux auec des fils de fer.ll y a beaucoup auU fi, tant hommes que femmcs.qui portent des pendans d'oreillèsfort pefans. Leurs habits font prefque tous'de natte, faite de l'ccorce rouge des arbres.Us mettent fur ces nattes des peaux de finges , & d'autre animaux.Plufieurs portcnc des ceintures de cuir de beuflc, & quelques-vncs de ces ceintures font larges de deux ou trois pieds, voire dauantage. Beaucoup de ces femmes ceignent leurs cuifles de grands anneaux de fer, de cuiurc ou d'eftain, & les bouts font tellement vnis enfemble , que l'on ne fçauroit prefque dire comment elles les ont peu met- tre en cette forte. Il y a même quelques hommes qui fe plaifent à aller de même qu'elles^ Ils couchent fur des nattes à terre, & mangent diucTfr fruifts, & pareillement du poiffon & de la ch.air , fans mettre CCS chofcs feparément , veu qu'ils les lettent toutes dans vn mefme plat . Les principaux d'entr eux mangent prefque ordinairement fculs , étendus lue la natte! Us ne font iamais leurs affaires contre la terre, cftimansqueccfsroit pécher: mais pour cetcftcdlils creufent des trous qui font fort larges. Ils vient de tambours étroits parle bas, & larges en h3Ut,& Huttes de dent d'Eléphant. Cecyfe pratique volontiers pour la plufpart entre ceux qui deroeurent aux chaps, combien qu'il y ait des chofes,donfon vfe dans les villes, où l'on vit toutes- fois auec plus de ciuilitc,dedelicatefie,& dedchces. Les habitans de Congo font honneur à leurs Roys. en balayant foigneufemcnt tous les chemins par lej- qucls ils doiucnt paffer. I'ay dit que les hommes al- loient vêtus de natte.Mais maintenant ils imitent tort les habitans des Portugais. Et quant aux femmes elles ont trois iuppesl'vne fur l'autre , dont elles couurent la partie d'cmbas de leurs corps. Chaqueiuppe a ta ceinture, & la plus bafl'c bat iufques aux talons , la fé- conde iufqucs aux genoux , & la troifiéme iufques aux cuifTes : ôc par tout au lieu de bords il y a des houppes de diuerfes couleurs. Elles fe couurent par deuant iuf- ques à la ceinture d'vn voile , par derrière d'yi^ petic manteau, ôc le tout eft fait de feuilles de palmier. Elles couurent leur tefte de quelque bonnet à la façon des hommes , ôcom levifage découuert. Il eft vray que les fémcs de bafic qualitc.& l«;s eldaues n'ont ncn dfi découuert que le bas. Mais il faut fçanoir que les femmes tafchent de s'habiller auffi à la Portugai- fe, portant fur la tefte des bonnets de velours auec de la pierrerie , Ôc des chaifnesd'or. 11 ell vray qu'il h'y a que les femmes de condition plus rclc ce qui foient ^ vcfttt«S Du Royaume veftues de cette fortc'> veu que les autres luiuent l'an- cicnne couftume. Le Roy mange à la Portugaifc , rend la iuftice en public, fans grande formalité de proccz , veu que toutes chofes font débattues dcuaiit luy en peu de pa- roles. Les Courtifansvfentdc flé'uftcs au fon defqucllcs ils djanfent la Morefque auec grauitc, cadcnce.dVne gentille difpofition,& d'vne façon agréable. Tous fçauent les vertus de pluficurs herbes: telle- ment que chacun eft fon Médecin, &:fon Chirurgien. IlsgU€riflcnt|la fièvre auec du bois de fandal pulueri- . (é.ôc le mal detcfteen s'ouurant la veine. Ils Ce pur- gent parle moyen de certaine poudrefaitede l'efcor- ce de quelques arbres. Rkhejjes, . ON ne peut afTczcrtimer combien ceux du Royau- me de Congo font riches,puis qu'ils ont fi gi an- 'M abondance de métaux qu'ils peuuent communiquer ' à jeursvoifinsen retenant cncor pour eux vue quanti tcincroyable.Et fi l'on vent aufficonfiderer leurs Ele phans , on iugera bien aifcmcnt qu'ils rcçoiucnt en é- change de Icu.s dents , donc ils ont grand nombre des chofes qui ne font de petit prix. Et fi l'on iette auffi les yeux fur les ciuettes,dont ils abondent,on verra bié tort comme elles doiuentcftic recherchées des mar- chands eftrangers qui trafiquent eu ces contrées. Que fi paiTant plus outre on monte iufques à leur Roy, on ne doutera nullement que celuyqui a tous ces pays fous fon obcïllance doit eftre grandement riche.il eft impolBble de dire ce qu'il tire de fes Eftsxs pource qu'il n'apas fes reuenusen argent monnoyé comme nos Princes:mais on peut bien alfeurcr auec raifon que ce Roy reçoit de grandes richcfîcs de tous coftez,vcu que fi fes fuicts'^font fort riches par le moyen du grand commerce qui s'y fait , on doit efti mer leur Roy puif- fant , extrêmement riche , & auffi fourny de toutes chofes que Monarque qui foit en Afrique. La pefche des coquillesde mer derifledeLoande eft de fort grand rapport à ce Princer Auffi tient il or- dinairement vn Gouuerneur en cette Ific, qui^a fqin de cette pefche. Il tire beaucoup de la Prouince de Pamba, qui eft eftimcc fo*ït riche à caufe de fes mines d'argent , ôç d'autres métaux: & à raifon auffi des coquilles de mer qu'on y trouuc Iclongduriuage, qui feruent en ce païs au lieu d'argent raonnoyc. On y fait auffi giand trafic d'efclaues dont les Portugais acheptcnt vn grancj nombre, les enuoyant vendre en d'autres prouinces. Apres cela , les toiles de la prouince de Congo , qui fe font de palmiers d'Inde font fort recherchées de tous coftez , & l'on en fait vn grand trafic en ces con- trées ,de même qu'on les va chercher auffi en la Pro uincedeSundi , &les Portugais s'en chargent auffi fort volontiers. Le chryftal auffi qui vient en cctté prouince n'eft pas peu cftimc , fi bien que les habitans en reçoiuent quelques commoditez : mais non comme de tout le tcfte, dont i'ay défia fait mention. Ce Roy reçoit auffi du Roy d'Angole de grands prefcns,qui tiennent lieu de tribut. Forces, CE Monarque a tant de gens au pays de fa domi- nation, & ceux qui s'y trouuent font tellement nays, & propres aux armes , qu'il donneroit beaucoup de peine à ceux qui voudroient entreprendre fur fes Eftats. Toutesfois il manque de villes , & places fortes, & n'a rien fur les frontières qui foit en dcfFcnoc. Ses die Congo, I gens ne fçauent pas auffi fe bien armçf.qui fcroit eau- ' fe que ceux d'Europe le trauailleroient grandement, s'ils en troient dans ce païs en bon npmbrc.mais quant à leurs Voifins , ils font aiïez capables de, leur faire la loy, & de les terur toufiours en bride,oumémc deles emporter en les attaquant. Mais afin d'en particularifer quelque chofe, Pam- ba eft le bouleuart de tout le Royaume de Congo, C'eft de là qu'on vafaireJa guerre à tous les rebelles,à caufe que les habitans de cette contrée font extrême- ment courageux, ^ accouftumez à lagucrre:telîement quelôrsqu'vne ncccffité arriue , le Roy entireâyfc. mcnt quatre cens mille hommes armez à la façon du pays. Çcs hommes qui font forts au poffible,ainfiquf i'ay . ditailleurs.portent des épécsIongues,& larges , fcm- biables à celles des Suifies, &ce font les Portugais qui les leur fourniffent. Outre ces épées, ils fe fetotnt fort bien de leurs arcs, & n'vfent pas moins adroidtcmcnÉ de leurs efcus qui font fsits d'écorce d'arbres. Le Gouuerneur de Baâraa des arqûebufiers , àcau(é qnc du cofté des montagnes du Soîeil,& dUphronirej vers lacontiée Oiientaic & Occidentale du Nil, Uyà certains hommes nommez Giaquas parmy ceux dé Congo, & en leurpropre ligue Ag3g,qui font furieuxy & attentifs à faire ordinairement quelque butin, telle- ment qu'ils font concinutHement des courfes dans les Prouinces qui leur fontvoifines > en particulier dans celle de Batte ,à raifon dequoy feî habitans font toû- jours loigneuxdefetenir prefts, pour fe mettre en ar- mes au moindre bruid de leur venue. Cette Prouince peut cnuoyer à la guerre feptantc oti oftante mille bons hommes de guerre bien armez , jSi propres à faire quelque bon effet. On peut iugerpar ces deux Prouinces , dont nous auons fait mention, cé qui eft des autres. ' Gouvernement LE Roy tient en chaque Prouince vn Gouuerneur, g qui fait fa demeure ordinaire en la capitale ville du pays qu'il gouuernc. Il y a beaucoup de Seigneurs en Ces Eftats.'mais tous recognoiuent le Roypour Sef- i, / grieur abfolu de tout ce qu'ils polTedent. Ces Sei- gneurs font nommez Mani, comme Mani Loanda* ManiCoanza, &c. "Seigneur de Loande , Seigneut de Coanzc.Le Roy eft extrêmement honore des fiens^ auffi tient-il toufiours vn bon ordre en tout fon Ro^ yaumepar le moyen des GouucrneurSi LesLoix& Ordonnances n'y font pas efcrites,ains feulement l'oii y iure félon les anciennes çouftumes , & leis apparen- ces déplus de droift en l'vn qu'en l'autre. Il y a vné Loy entre autres, qui portcque l'on ne peut vendre la peau de la Zèbre , fans vendre par même moyen cé qu'elle a fous fes aiffelles (qui eft venimeux, ainfi qnâ i'ay déjà dit ) afin que l'on ofte tout fujet & moyen dé mal faire. Et quant au pourceau marin ; les pefcheuris font obligez fi toft qu'ils l'ont pris de le porter au Roy, fur peine de la vie. Les façons de ceux de Congo cp (èinp^ d'é guerre font telleSiUs font tous gens depied,& s'épandent, ou fe referrent félon la commodité du lieUi ou fe diuifent en pluficurs parties. L'armée marchc5& eft gouuernéè félon les fignals , ôc le cry qui vient du General étant au milieu : car foit qu'il vuéille quel'on com- mencedecobattresOu^queTarmée tourneà main droi- te, ou à main gauche, ou qu'elle aduance,ou recule» ou faflc quelque alltre chofe: il y a fes fignals parti rii- liers , 6c certains cris , qui déclarent fa volonté , & ce 'qu'il faut dire. Il y a trois principaux inftrumens dont on vfe > pour donner quelque fignal quecefoit:carils vfent en premier lieu de certains inftfumês de bois qui ÀAaa foni 830 Du Royaume de Congo. fontvn horrible bruift lors qu'on les entonne, ou bien des tambours , aufquels ils mettent vnc peau fur l'écorcc dVn arbre creufc , & les battent auec des ba- ttons d'yuoire. Ils ont encore vn inilrument triangu- laire fait en forme de Pyramide renuerfée , qui étant compofé de lames de fer bien iointes , eft battu auec des battons de bois. Ils vfent en troifiéme lieu des dents d'Elcphant crcufcs , lefquelles ils percent à co- ftccommele fiffre, & leur font rendre vn fon guer- rier, qui reucille le courage ; & le poufle à méprifcr tous dangers. Le General de l'armée eft contraint de porter vnc grande quantité de ces trois fortes d'inftrumens, tant grands que petits : car lors qu'il faut donner le fignal à toute l'armée, il faut vfer de grand inftrument: s'il Le Royaume de Congo fe conuerti't à la foy Chte* ftiçnnc , parle moyen de Dom lean fécond Roy dtf Portugal en ccftc forte : lacques Cauo , Capitaine de ce Roy , coftoyantpar fon commandement l'Afrique, paruint après vne longue nauigation au grand flcuue de Zaire , & continuant fa nauigation découutitle long de fon riuagc pluficurs terres, où il trouua les ha- bitans beaucoup , plus agréables que & des autres villes : en fuccepon de biens laijfes:. par les Gouuerneurs de fes prouinces , qu'il prend après leur mort. 24. Ses forces confifians en gens de guerres & cauaîe- rie, & fa gendarmerie de plufieur s fortes , compofée de plu- fieurs , par la conf.deration defquelles on peut facilement luger quel nombre de gens ce Monarque peut mettre en campagne. 2y. OucUe efi la famille qui commande maintenant aux Royaumes de Marroc & de Fez : &par quels moyens elle efi parvenue à cét Empire. z6. Confeil du Roy , & Chambre de lufike efiablie dans Marroc. 27. De la création , & Cour des Rojs de Fez > les officiers , Capitaines &Caualiers , Gouuerneurs efia. blis en chaque ville , fommijfaires ordonnez > fur les peu- ples pour la Jufiice, Barons , Gardiens, Pouruojeurs, Matfired'Efcune, Trompettes , Maifire de cérémonies, àc. Et quel ordre ils tiennent , le Roy marchant en cam- pagne. 28. Du. Gouuerneur, luges, Gabelleurs^Apoticaires, police de la ville de Fez. 29. Du Mahomettfme diuisé en ptufieurs feétes : & qui fut celuy qui introduifit la loy de Mahomet en Bar- barie. 50. De l'introduélion & eftablijfemcnt des luifs aux Royaumes de Fez Se de Marroc :& le miferable e/îat des efclaues Cbrefiiens de ce pays. le De l'Eftit de l'£mpereur de Marroe. Hjj É""^ E viens maintenant à faire le difcourî ^ d vh Ellat , qui ne peut demeurer en vo f^eftre, & qui a roiirtd t& efproiuiétant ^^..^rtj-vî:^' dtfchangemens, depuis peu d'années, que la chofe f& Tcdlete. La Prouinced'Hce a pour fes bornes du Ponanf, & de la Tramontane la mer Oceanc , duMidylemont Atlas, & du Leuant la riuiere d'Esfiuale. L'vne des villes d'Hce , Ôc des plus anciennes , eft qui font auffi grands vanteurs , pleins de foupçon,& jaloux tout ce qui fe peut. Dauantage, ils font merueilleufement agiles & difpofts . principale- ment aux combats qui fe font à cheual, où ils fe mon- ftrent auflS prompts que l'on en puifTe voir : mais ils ncpcuuent fupporter guère long, temps le trauail , & lîur naturel eft d'acheuer prompcem£nt,oudc quitter toft vne bcfogne. Voila les mœurs générales ébauchées , & auant que deveniraux particulières, te vay dire quelque chofe des Arabes qui viucnt> & demeurent parmy ces peuples. Ces *gensfe tiennent communément aux deferts, nournlTent leurs cheuaux, Chameaux,& grand nom- bre de b«ftail,duquel ils fournllfent les terres voifines. Ils font fortpuiflàns > tant à caufc de leur valeur Se addrellc î que deleur nombre , mais ils font fore mal armez. Ceux qui demeurent prés dli mont Atlas , & entre iceluy,& la mer Méditerranée , font les plus ayfez , ôc plus riches de tous,s'habil!ent proprement.font bien montez > ont déplus beaux &C plus grands pauillons que les autres(car ils viuent fous des tentes)& ont des cheuaux plus gras & plus polis , mais non fi polis que ceux des deferts deNumidie. Ces Arabes font addonnezau labourage. & habitent envn pays fertil, & cueillent abondance de grains , & ont vne inHnitéde troupeaux. Se des bœufs tans nom- bre, & pour cette caufe il faut que de lour à autre ils changent déplace, & remuent leurs pauillons pour chercher nouaeau pafturage 5 de ceux-cy vfentd'vne affcz grande liberahté, & courtoifieà l'cndroidl des c- trangers qui palTent par leur contrée, au lieu que les autres Arabes leur font fort cruels. Quelques • vns de ceux-cy payent tributàl'Empe reur de Marroc: lesautres ont efté long-temps fans recognoiftre aucun Seigneur , & fans paiVr aucun tri- but : mais depuis que les Portugais ont tenu Azamor, & Alaphy , ils font contraints de receuoir loix d'eux. Au refte ils fontfortaddonnez à lachalTe, fi bien qu'ils nourrirent force chiens , & bien qu'ils logent courtoifement les palfanSjfi font ils li accouftumez au larcin, qu'on ne fe peut prefque garder de perdre quel- que chofe ; mais il ne s'y parle aucunement de toucher aux perfonnes. Ils font fort addonnez à la Poèïie en leur langucqui n'a plus (on anciennenïïfueté,& tou- lesfois Us ont vne grâce finguiierc en leurs vers , Se ceux qui les fçauent mieux faire, font veus de bon œil de leurs cheis , recognûs Se recompenfcz de leur gen- tillelîe. Quant aux femmes des Arabes,elles font allez bien vêtues à la mode du Pays , ayans pour habit des chemifes noires àgrandcs Se larges manches , fur let quelles elles portent comme vn drap de même cou- leur,ou de bleu Turquin5& elles s'cnueloppent Ci gen. timent dececy, lemetcansen plufieurs plis, qu'elles viennent à fe ioindre furies épaules , Se l'attacher auec des agrafFes d'argent faites fort proprement. Elles ont aux oreilles des uagues d'argent , de même qu'aux doigts, &fe ceignent lesiambes de petits cercles de melme étofFc , comme font les autres femmes d'Afri- que. Elles portent ehcor de petits mafques de toile.oii il n'y a ouucrture que pour les yeux , de peur de ten- ter ks hommes, tant elles ayment à viure honefte- rnent, ôc h toft que ces femmes voyent queiqu'vn qui n'cft de leurs parens , elles fe couuient le vilage. Se ne le veulent entccccnir en aucune forte : mais denant ieui s psrens , ou leurs maris elles tiennent la face dé cuuuertc. Les Arabes allansd'vn lieu en l'autre, mc^- fcllcs couucrtes delquelqucs tapis,afin que lec&aud né les ofFêce,& ces felles font faites en telle forte,qu'iln'y peut demeurer qu'vne femme feule , & lors mêmes qu'ils vont à la guerre, ou lé propre iour de bataillé ils ont auec eux leurs femmes pour les encourager au combat. Ces femmes auat que d'aller vers'leurs maris, foit le iour de leurs nopces j foit en autre temps pour coucher auec eux, fe peignent le vifage, lcfein,les bras, & les mains auec certaine couleur azurée , leur étant aduis qu'elles font fort gentilles en cette forte, Se elles tiennent cette couftume des premiers Arabes , qui en- trèrent iadis en Afrique , & ceux - cy l'apprirent des Africains, bien qu'àprefcni és villes de Barbarie qui font naturels du pays , n'imitent cette façon de faire, ains leurs femmes ayment à fe maintenir en leur cou- leur naturelle. Il eft vtay quequelquesfois elles ont certaine peinture noire faite de fumée de noix de gale Se de faffran.auec laquelle elles fcipeignent les iouës en rond,& les fourcils en forme de triangle:&le mettejit fur le menton quelque chofe qui reflPemble vne feiiille d'oliuier , & cecy étant loilé par les Poètes Arabes en leurs chanfons amoilreufes , il n'y a grand perfonnage Africain qui n'en vtiiille porter par galanterie. Mais il faut fçauoir que les femmes n'ofetoient porter cefard que z. ou j.iours, ny paroiftre deuant leurs parens«n cét équipage, à caufe que cela fent facourtifane.Ell«s en donnent feulement la veu'c & le plaifir à leurs ma- ris, pour les incitera l'amour,d'autanc que ces femmes en ayment fort le deduiâ , Se il leur femble que leur beauté reçoit vn grand éclat dê ce fard. Mais c'eftafle;^ parlé des Arabes , venons maintenant aux mœurs des Prouinces des Royaumes de Marroc. Ceux de la Prouince de Heez mangét du pain d'orgé faiâ: fans levain, commedesgafteaux, & lecuifenten des paifles de tcrre,pareilles à celles où les Italiés font cuire leurs tourtes fur l'atreechaufFé.carils'entrouue bien peu qui cuisct leur pain au four comme par deçà. Ils viuent encor de farine d'orge trempée, remuée dâs l'eau chaude,comrac qui feroitdela boiiillie,ny met- tant de l'huile, finon en Efté,& au Prin-temps,qu'ils la font cuire dans du laiâ: , y mettant au£G du beurre en ^icu d'huile.Ils n'ont ny nappes ny feruiettcs,& fe 1er- ucnt en leur lieu de quelques nattes qu'ils étendent par terre, & mangent en s'alïeant là de/fus. Ils font vê- tus d'vn certain drap de laine,fai6t comme les couuer* tures communes que l'on met fur les lifts. Ils agean- cent ce drap fur les corps>& le ceignent contre \es fcf- fes, & couurent leurs parties honteufes de ic ne fçay quel drap faiâ: auffi de laine. Us ont fur latefte des bandes de la même laine, longues de 5. pieds, Se larges d'vn pied, lefquclies ils teignent en noir, Se les entor- tillent tellement autour de la tefte.que le haut leur de- meu re toufiours déconuert, Se n'y a perfonne qui por- te bonnet queles vieillards,ou les gens de fçiuoir , s'il yen a, Se ces bonnets font ronds & doubles, comme gens d'Eglife les portoient iadis en France. L'eurs lids font des couuertures femblables à celles que nous appelions de Catologne,dontl'vne leur fert dematclaz , 2e l'autre de drap & de couuerture , leurs cheuets , & oreillers font des facs delaine.afpres& rii-> des, ceux qui sot à marier n'oferoiét porter batbe:maff auflî-toft qu'ils ont pris femme,ils la laifsêt croiftre.Ils ont force venaifon , mais ils ne fe foucient nullement d'aller à la chalTe.Ils ont force riuieres,& toutesfois ils n'vfent aucunement de moulins, & c'eft aux femmes à faire la farine. Il n'y a prefqucaucû qui fçache lire,oiv écrire. Il nes'y trouue Médecin, Chirurgien, ny Apoi'î. caire, leur ordinaire eft de s'ayder du feu pourtour re- mede. Bref la vertu de ce peuple confifte en la guêtre, durant laquelle ils ne font iamais tort aux ctvo ngers, ains leur donnée fauf conduit.Lc peuple d'Uevifugcghé cil 31, • ■O^'.V De l'Eftat de l'Empereur de MarroC. \ 839 & Icpliif cruel de tous les Ro- qui veuille prendre quelqueart. Quand quelqu'vn fe marie, qui a quelques enfans denouueau, il fait vnffeftin à toute la compagnie, & chacun en rcuanche luy faidvn prefent , & nul ne peut eftre de leur troupe, fans auoir premièrement feftinc les autres: «Se s'il y entre autrement , il ne peut auoir en trauaillant que la moitié du gain que font les autres. Quand ils trauaillent ils ont certain habillement court, qu'ils portenttous de même couleur :mais lors qu'ils ne font rien, ils font vétuscommeils veulent. Il y a vne place où l'on void descarrottes & d" na- ueauX;dont l'on fait tant d'eftimc, qu'il n'y a petfonnc qui les puilfe achepter , que quelques ■ vns qui en pa- yent certaine fomme à ceux qui tiennent la Douane. ôc tous les lours l'on en vend jo- charges, voue c]ue{- .jucifois dauantcge. J .On / De î'Eftat de l'Empereur de Marrôc. 84I Onvrnd ailleurs (îe petites boules de chair pilée»^^ frite à l'huile, aijcc beaucoup d'erpicc>& chaque pièce edgroOe comme vn? figne commune. On y vcndauffi certains pains fiitsà l'huile . fèm- blable&au pain miellé qui fe vend à Rome» & ceux de la ville mangent fouuent de ce pain à déjeuner , prin- cipalement lesfeftes, Ôc auantlesiours du ieûne, &ils en mangent auec de la chair roftie , ou auec du miel, ou auec certaine chair pilée , qu'ils pilentpour la fé- conde fois après qu'elle eft cuitif , en faifant après du broliet, lequel ils teignent auec-diç la terre rougc.Ils ne roftilfcnt'pasla chair aucc labrochfr, mais ils ont deux ^ fours l'vn fur l'autrcfic mettent le feii en celuy dedef- fous: lors que celuy d'en haut eft bien chaud ,ils y mettent des moutons entiers par vn trou qui eft au deifus, afin que le feu ne Icurbrufle pas les mains. La chair fe cuit fort bien en cefte forte, & avn gouft de- licat.à caufc qu'elle ne fent point la fumée, ny vn trop grand feu : mais eft cuitte auec vne chaleur tempérée l'efpace de toute la nui61: > & le matin ils commencent à la vendre. ^ On y void cncor certaine chair fricalTéc , du poif fou de même, & vne autre forte de pain délié qu'ils mangent auec du beurre & du miel. Les bouchers y pefcnt la chair, & la vendent à la liurc , & l'on ne tue p3s les beftes en la boucherie, mais en lieu à part prés de lariuicrc où ils les efcorchent. Quant aux draps/i quciqu'vn en veut vcndre,il faut qu'il les donne à des Crieursjqui les chargent fur les épaules, ôc vont criant le prix , 6c l'on faiâ ces cris depuis Midy iufques au foir. 11 y en a beaucoup qui font des cages deCannes poury tenir la volaille, pource que chaque Citoyen en lient vn grand nombre qu'il engrailïc , afin de tenir les maifons nettes , on tient toute la volaille dans ces cages. Il y a aufîî des gens qui vendent du grain, ôc des légumes pour femer, & l'on void en vne placeforce porteurs de ce grain auec leurs mulets & leurs che- uaux. En la place où l'on vend les toiles , on trouue quelquesfois vfi nombre infiny de femmes, qui vien- nent fouuentaux paroles, & des paroles aux mains, en fe difans les plus grands outrages du monde, ôc don- nans du plaifir à ceux qui les oyenr. Jl y a des gens qui font des écus-»- & des targues de 'ciiir,felon la coutume d'Afrique. On y void force blan- chi(reur5-,hommes de balTc côdition,qui laucnt le lin- ge des mieux , & le font fcicher en l'étendant fur des cordes.ainfi que l'on fait par deçà,& le pliét auflî pro- prement que gens du monde. Ils mettent fur lafellej. faufl'es houifes , l'vne plus belle que l'autre. Il y a des cordoniers qiii font des fouliers pour les Gétils- hom- nics,& ny les artifans.ny les foldats,ny les autres Cour- tifans n'en péuuent porter de cette forte. Il y a même vne rue de certains artifansqui font des treffes au bout des draps que lés habitas de Fez mettét fur leurs teftes. bles. En Hyuer elles vfcnt de certaines robbes 1 largeâ Il y a au/Iî des vendeiirs de laine qui *cheptent 1? «î peaux des bouchy^rs.tenans dés garçons qui les hufîr;r. Ils en tirent aufti la lai nc&accouftrent les peauxjmsiià non d'autres béftes que des moutonsrcar il y en a d'.ià- tres qui habiWent celles d'-s bœufi. On y trouue .iii(îî des gens qui,font ccrtainis liens , auec lefqiiels on tache les cheuaux par les pieds. Il y a par là ville plii- fienrs lieux, où l'on fcie du bois de diiiérfes fortes . ieà Chrcfiïens efclaucs font employez à cela,& leurs maï- ftres les nourriïfent d'vhe partie de l'argent qu'ils ci- rent de leur trauail, & iamais ils né les laUfent en re- pos que le Vendredy,depuis Midy iufqu'au foir,& crl- uiron 8. iouris en diuers temps de l'année, lors qiic \:è Mores ont leurs feftes. Il yaauflides bourdeaux piiblics, où les filles d'a- mour donnent dii plaifir pour petit prix , & celles-cy fgnt fanotifées , ou du Capitaine , ou du Guet, ou du Gouuérneurdcla ville. Ilya certains hommes qui tiennent du vifi ,&c des femmes en leurmàifon, &pour de l'argent on y a ceè deux chofes. Ils gardent leurs grains en certaines fofies fort pro- fondes , qui tiennent quelquesfois plus de deux cenâ muidsdcbled , &leshabitans du lieu où font ceâ foftes , qui font communément des hommes du me- nu peuple , viuent du profit qu'ils tirent du loiijge defdices folfcs , qui eft vn muid pour cent toutes les années. Les habitans de la ville font veritablflment ciuils, ils portent en Hyuer du drap de laine fait hors du pays; Leur habit eft vne iuppc fur lacheroife, auec certaines nnanches fort étroiâres , Se là dclTus ils portent quel- que robbclarge coufue par deuant, & par delTus cncoc leurs manteaux à la Morefque,qu'ils nomment Albor- noz. Ils portent fur la tcfte des fimples bonnets faidbsi comme quelques vns qu'on porte lanuiéien Italie, mais fans oreilles. Ils mettent deffus certaines bandes de toile entortillées fur la tcfte,& ne portée pour chauf- fes que des maroncs de toile faites à la matelotej excepté en Hyuer.auquel temps voulans aller à cheual, ilsprennent des brodequins. Le peuple porte des fayes & des manteaux fous iâ robbe, dont noils auons fait mention , & n'ont fur la tefte autre chbfc que des bonnets de peu de valeur. Les Dodcurs & Gentils homines portent des rob^ bes auec des manches larges, comme les Gentils; hom; mes deVenife, qui ont quelque charge honorable; Enfin ceux qui font dutout debaife condition por- tent quelque drap blanc grofficr , faiét de la laine dii pays, & leurs manteaux font de mém? étoffe. Les femmes y font aftez bien vcftn'ès ; mais en Ellé elles portent feulement la chemife , & ceignent leur front auec certaines bandes_qui ne font guère agrea- Lcs Apoticaires n'y fçauent faire, ny iuleps, ny fyrops, ry ele6tuaires, d'autant que les Médecins font toutes ces choies chêzeux,puts ils les rcuoyent en leurs bou- tiques» où ils tiennent des garçons qui les difttibuent félon les Ordonnances des Médecins .Mais la plus gra- de partiedu peuple ne cognoit ny Médecin, hy Méde- cine. Il y a quelques boutiques deceux qui vcndêc des oyfeaux » tant pour manger que pour ré)oii!r auec leur chant. On y trouue aulfi des gens qui. font certaines njulcs, que les Gentils hommes portent quand il fait crotte. & ces mules sot faites fort gentimri auec quel- <|ues ouurage3»& lont bien ferrées, auec certaines cou- uerturcs de cuir coufuè's auec de la foyc. On y fait des balais de certaines palmes fauuages, comme font celles que l'on déporte de Sicile à Rome. Cesgensicy por- tent leurs balais pat la ville. & les troc ]Oent auec de la cendre, Ôc de vieux ioulicrs. Ils vendent la cendre aux blanchilTeurs, Se les fouliers rompus aux fauctiers. manches , couluès deuant comme celles des hommes, Mais quand elles fortent du logis , elles portent des cliaulîcs à la matelotte , qui leur couurent toutes les jambes, & vn vodc qui leur couure la tefte , Ôc tout lé corps. Elles couutent pareillement leur vifage auecvri drap de lin fort fin & délié , tellement qu'elles ne. laif- fént rien paroiftrc que les yeux. Elles portent aufti aux oreilles certaines grandes bagues d'or auec de fore beaux loyaux, & celles qiii ne font pas de qualuc eit portent d'argent fans pierrerie. Elles portent auili dcS. otacéléts d'or, dont les i. peuuent pcfercnuiron toc. d'ùcats. Les autrcs en portient d'argent, & beaucoup do CCS femmes d'vne & d'autre condicion en pôrteiu de cnéfme aux iatobcs. Qoîiitàleur manger,le peuple a accoutumé de pren- ire delà chair fraitchc i. iours delà (en.aine : msis i.t:^ Gentils-hommes en mangent tous les ioars îclon ka: u pctili & font 5. rcpaslcioiir. ils pcennsDC ceiuf Blibb dit i 842 De PEftat de l'Empereur de Marroc* àa matin f9\^ lcgercment,veu qu'ils mangent du pain I 4. pour parades fur les buffets qui font aux chambrés. & du fruidi,& certains potages faits de farine & ic fro inct)qui font plus liquides qu'autrcs,en Hyuer,au lieu de ce brouet ils prennent de la farine liquide auec c^e la chair falée. AMidy ils mangent quelque chofe légère, comme de la chair falée >, ôc des oliues : mais en Efté ce fécond repas eft fort bon , & à plein vcntrc.Lanuiét ils en font vn autre qui eft plusleger,veu qu'ils mangent du pain auec des mclôs,dcs rai fins, ou du laidr-Mais en Hyuer mangent de la chair boiiillie, auec du Cufcufu, qui eft fait comme nos tartes de parte . qu'ils mettent en vn vafè perce à petits trous,pour reccuoir la fumée "des autres pots , fur lefqucis ils le mettent, &c après ils mcflcnt dedans du bcurrc,& l'arrofent du bouillon, & ils n'ont pas accouftumc de manger du roft. Voila de quelle forte viucntles artifans,& les pauures.Lcs hom- mes de qualité viuent beaucoup mieux, & plusdclica- temct.Mais âu regard de noftre façon de viure, la leur eft du toutmefquine, & miferable,non pour la petite quantité des viandesrmais à caufe de la fale fjçon dont ils vfcnt en leur manger , veu qu'ils prennent leurs re- pas en terre fur certaines tables baiîes, fans nappes,ny feruiettcs, & l'on n'y vfe d'autre inftruraent que des mains. Quand ils mangent le Cufcufu, tous fe feruent d'vn fcul plat, & mangent tous (ans culiere.Ils mettent peflc mcdc en vn plat de la chair & le broiiet,& cha- cun prend autant de chair qu'il Iny plaift, & la met de- uant luy , fans auoir pourccc cÛc6\ aucune affiecte: & lors fansvfcr de couftcau il lapréd à bellcsdcnts,& en préd tât qu'il peut,& lercfte luydemcure aux mains. Ils mangét fort vifte,& nul ne boit que lors qu' il eft bien faoul de manger.Lors chacun boit vne grande conppe d'eau, & voila comme ils en vfcnt communément. Il eft vray qu'il y a quelques Dpôcurs qui viuent mieux> & plus proprement.Mâis pour condurrc, le plus pau- ure Gentil - homme de France vit plus magnifique- ment que les plus grands Seigneurs d'Afrique. Pour le regard des mariages, quand quclqu'vn veut prendre vne femme , fi toft que le pere luy a promis fa fl!ie,fi tant eft qu'elle ait vn pcrc,ila(îcmb!cfes amis,& les prie de venirà la Mo(quéc,& meinc auec luy z.No- taircs, qui écriuét Icspachcs 3c conditions du mariage, le mary & la femme y ctans prefens. Ceux de moyéne qualité ont accoûtarflc deWonner3o. ducats en argent comptant, vnefclauc Nègre du prix de i;. ducats, vne pièce de certain drapfaid: de foye &de lin de diuerfcs couleurs, en façon d'efciquier, & certaines autres peti- tes étoffes de foye, que les femmes portent en la tefte. On a accouftamé auffi de leur dôner vne paire de fou- îiers bien faits, & deux paires de brodequins gentimét ouurez , & pluficurs ouuragcs d'argent , & beaucoup d'autres petites bcfognes.commc des pcignes,dcs par- fums, & de fort beaux éuentaux. Apres que lecontrad eft pa(rc,& que les deux parties font contentes,répoux Bicine difner auec luy tous ceux qui ontaffiftçàfon roatiage,&leur dônede cefte chair fricaffée dont nous auons parlé auec du roft ôc du miel. Le pere de l'épou- féefait (emblablerocnt Ton feftin,& y conuie fcs amis. Que fi le pere veut parer la fillc.il le peut faire,mais ce- la vient de fa libéralité , d'autant qu'il n'eft tenu de donner autre chofe que de l'argent. Toutcsfois ce luy eft vne honte,s'tl ne baille rien dauantage. Etauiour- d'huy outre les jo.ducats, le pere,ou ccluy qui afoing de faire le mariage a accouftuméde dépenferz. ou 500. ducats à fournir la nouuclle mariée , tant de robbes, que de meubl2s;mais la couftume eft de nedonner au- cun fonds. L'ordinaire eft de donner aux époufes 5. robbes de fin drap , & 3. dctaftctas , (atin , ou damas, pluficurs chcmifes , & beaucoup de lin bien ouurez, auec certaines bandes de foye de chaque cofté,&: outre ce des cheuets & des oreillers ouurez richement. Ils 4odnent auOî S. matelats > dont elles en tiennent en mettent en leur lift deux qui font de laine groflierc & elles en ont encor deux autres faidsds peau pour parer leurs chambres. Les pères leur donnent auffi vn tapis velu d'enuiron dix aulnes, & j. couuertures couuertes d'vncoftéde draps de toile, ôc de l'autre de laine. Elles couurcnt le vne partie liâ d'vne de fcs couuertures , en mettant delTus, & l'autre delTous, pource qu'elles font longues d'enuiron 4.aulncs.Ils leur en donnée encor j.de foye, qui ont de beaux ouurages d'vn cofté,& de la toile de l'autre ; ôc ces couuertures font pleines de cotton.Ce lont proptcmét les loudicrs.dont nous vfons en Fran- ce. Ils donnent encor vn autre loudicr fort léger pour l'Efté, puis vn petit drap de laine fine diuiféc en petites parties en façon de flammes , & plein d'autres beaux ouuragcs.bordé de certain cuir doré crenc!c,fur lequel on void psndre des houppcsdefoye ds diuetfes cou- leurs , & fur chaque houppe il y a vn bouton defoyc pour attacher ce drap contîc la muraille. Voila ce que le pere adioufte à la dot , voire quel* quesfois dauantage:fi bien que plufieuts Gentils hom- mes font fouuent deucnus pauures pour auoir trop donné de ces bcfognes à leurs filles. Quelqucs-vns eftiment qu'en Afrique les hommes donnée certain dot aux femmes, mais ils s'abufcnt. Or quand l'époux doit mener fa femme chez luy, il la fait prcmiercmét entrer en vne loge de bois faite à 8. faces, & counerte de beaux draps de foye,& mefme de toile d'or,&des porte faix la portent fur la tcfte , accompa- gnez de fcs amis ,& de fon pere, fi elle en a , ôc de fon mary.aucc des fifres, &plufieurstrôpcttcs,tambours, c'eft à fçauoir vnc fois le matin , ôc vne fois lefoir, prenans grand plaifir à les voir voler, & celuy qui volcdauantage eft de plus grand prix. Et poui'ce que le plus fouucnt les pigeons de l'vn fe méfient auec ceux de l'autre.ils viennent fouuent aux mains.Il y eti a tel , qui auec certain petit filé en fa main , agencé au bout de quelques cannes longues, cftant furlctoict prend autant de pigeons qu'il en palTe. Quant au jeu , le^ hommes de qualité n'en vfent dé nul autre que de celuy des échets Jls ont bien des ieux, d'sutre forte , mais ils font greffiers , ôc iln'y a que le menu peuplequi y iciie. En certain temps de l'année lesieunes hommes s'allemblent , &ceux du quartier combattent contre ceux d'vn autrerôcquelqucsfoisleS deux partis s'échauffent tellement , qu'ils viennent enfin aux armes , il en demeure beaucoup-fur la pla- ce , principalement les fcftcs, aufquelles ces ieuneS gens s'aflcmblent hors 1^ ville? ôc lors quelamcfléé eft finie , ils viennent ^ ruer des pierres les vns con- tre les autres ; tellement que le Capitaine do guet ne les peut quelquetfojs retirer du combat , oins eftconv traindl d'en prendrequelques- vns qui font mis cri prifon » puis fcliettez par la ville. La nuiét plufieurs mauuais, garnitr.cns vont enfemble hors de la ville tous armez, & courent par les iardins , ôc paries cam- pagnes, & s'ils rencontrent les mauuais garçons dii quartier ennemy , ils commencent enfemble vii cruel con)bat i mais fouuent ils en font rigoureufe- ment punis. Il y a auffi grand nofhbre de Poètes qui font des vcr^ en leur langue vulgaire fur diuers fubiets,mais princi- palement d'amouriSc quclqnes-vns décriuent l'amour qu'ils portent aux fcmmes,d'autres celuy qu'ils portée aux enfans,& même ils nôment bien fouuent fans au- cune honre ceux qu'ils ayment. Ces Poètes font tou- tes les années des vers à û lolîâge de Mal?omet au iouc de fa nailTance, & s'alTemblans le matin en vne placée montent en chaire,& chacun par ordre l'vn après l'aii- tre récite fa chanfon en prefencc de force peuple. Lors celuy qu'on iuge auoir fait mieux, & récité des vers,eft publié 8c tenu pour Prîneè des Poètes toute l'année. - Mais au têpsdc la maifon de Martiîivlc Roy conuioit en fon Palais tous les hommes Içauâs maisen de grandes tables.La leçon qu'ils ap- prennent > c'cft tous les iours vn article de l'Alcoran, qui étant acheuédans 2. ou 3. ans, ils recommencent encor,voirc t<^ntde fois,que l'enfant l'apprend tout par cœur) & le plus fonuent ils mettent y.ans à cet étude. Aprc« cela les maiiires leur monftrcntvn peud'orto- graphe , qu'on enfcigne par ordre au qui veut dite Froteu-. fes. Et certes ont cette mal-heurcufe couftumedcft frotter l'vne auec l'autre comme les Tribades> & lors qu'il fe trouuc quelque belle femme entre celles qui les vont trouuer, «lies en deuiennent amoureufes> comme vn ieune homme deuient amoureux d'vne fil, le, & leur demande pour payement de coucher auec elles, en quoy elles font fi ru fées , que beaucoup de pauures fortes croyans deuoir complaire à l'efprit y confcntent bienfouuenî. Il yen a plufieurs, qui prenansplaifir à ce jeu femet- tentdcleur compagnie. Tellement quefeignans d'eftre malades , elles mandent quérir vne de ces femmes, & fouuent le fot mary en fait le mefl^age. Elles décou- urent foudain leurs dcfirs à ces clcuines , qui difenta- presau mary qu'vn démon eft entré dans le corps de fa femme ôc luy monftrent que s'il ayrae fa fanté > il faut qu'il luy permette d'eftre du nombre des dcaineSa 5c de pratiquer fecrettementaucc elles. Le mary croit à ce qu'on luy ditj&faifanc vn mag- nifique feftin, fait danfer après le repas, la.lailF? aller où bon luy femble.Mais il y a tel qui faitfortir l'éfpnt dit corps de fa femme auec le fon des coups de bafton. Quelques autres feignans d'eftre poffedez abufentles deuincreftes de la même forte qu'elles ont trompe leurs femmes. Ilyavne autre forte de deuins qu'on nomme Mu^ hahazzimin, c'cft à dire enchanteurs. Ccux-cy font efti- mczpuilîans pour deliurer vn qui eft polTcdé , non pour autre fiaiet , que pource que le fait leur rciifïïc quelqùesfois,&: s'il aduiét qu'il ne reiififlc paSjiîs diienc que ce Démon eft infidelle,ou que c'eft quelque efpric celefte.Leur façon de conjurer eft tel!e,qu'ils écrruenc certains caraâeres , ôc font des cercles , puis quelques marques fur la main , ou fur le front du poftedé, & le pat fumée auec certains parfums.-Apres ils font le char- me , & demâdans à i'efpdt comme il cftentré danscc corps , & de la part de qui , comme il a nom , & enfin ils luy commiindent qu'il dcftoge.Il y en a d'autres qui opèrent par vne reigle nomuiée Zairagia , c'cft a dire capable Mais ils ne tirent pas leurs opérations de l'Ef- crunre,vcu queleur fcicnce cft tenue pour naturelle. Et véritablement ceux-cy fçauent donner vne ré- ponfe infaillible des chofes qu'on leur demande. Mais cette reigle eft extrêmement diflicile , pource que cc- luy qui s'en veut feruir doit eftre parfait Arithméti- cien, ôc Aftrologue. Ils font plufieurs cercles l'vn dans l'autre. Au premier Us forment vne C-foix , auxextre- mités de laquelle ils marquent les 4. parties du mon- de. Dans la croix,c'eft à fçauoir où les 2,pieces de bois fe rencontrent , ils marquent les 2. Pôles , ôc hors da premier cercle les 4.Elemens. Apres ils diuifeot ce cercle en 4. parties , ôc le cercle fuiuant en 3utQnt,& après ils diuilent chaque partie en ■/.Se marquée en chacune certains grâds caradercs Ara- biques, au nombre de 17. ou iS-pour chaque élément: En l'autre cercle ils marquent les 7.planetces,en l'autre les 12. mois de l'année, en l'autre les4S. maifons 'oa demeures de la Lune,en l'autre les 36j-.iours de l'année, & horsdeceluy là les4.vents principaux. Ils prennent après feulemcntvne lettre de la chofedemâdce,& vont multipliant auec toutes les chofes cy deifus dites, iuf- qu'à ce qu'ils fçauent le nombre (^ue le caraâere por- te. Apres ils ia diuifent en certaine façon , puis ils ]a mettenten quelques parties , félon que le caractcrc eft 5 & félon fondement, iufqu'à ce qu'après la multi- plication & diuifion,iisvoyéc quel catadlere conuicnc à ce nombre qui eft rcfté.ôc ilsfôi du caradcre trouua De l'Eftat de l'Empereur de Marroc. 841 ce qu'ils ont faidt.du premier , Ôc ainfi de fuitte, iuf- cjucs à ce qu'ils font naiftre 2S,cara(acrcs. Lors ils en compofcnt vn mot, & de ce mot vue fentcnce , félon la qualité des perfonneS. On leur donne encor du drap , de la foye pour s'habiller, des armes ofFenfiucs &■ drfenfiues,& des cheuaux.auec lefquelsils feruent à la guerre, & s'ils meurent en quelque combat,on leur en donne d'autres. Chacun de ces Chefs tafche de mener fes gens bien atme2,vétus, & montez, & outre cela.ceux cy tirent de 24-à jo.on- ces d'argent toutes les années. La quatrième (orte de gendarmerie eft des Arabes, qui viuent continucHepieiK en leurs Auares(ils nom- ment ajnfi leurs peuplades, dont chacune eft com- pofécdeioo. ou 200 tentes) diftribuez fous diuers Gouucrneurs, afin qu'ils foient prefts auxneceffitc* (^i s'offrent. Ceux-cy feruent à chcual. mais ils tien- nent plus du voleur que -du foldat. La cinquième forte de gendarmerie cfl: fembablc aux leuées que font les Princcs.Chrcftiens, & c'eft en celle cy que font enroollez les habitans des villes ou villages de l'Empire-'Il eft vray que les Roys font peu d'eftatdeceux-cy,& ne leur mettent pas volontierslcs armes en la mainrde peur des reuoltcs>finon auxguec- res contre les Chrcfticns:pourcc qu'alors iU ne les en peuuent mêmes empcfchcr. Car d'autant qu'ils ont en leur loy, que fi vn Mahometan tue vn Chreftien . oti meurt de fa main,il s'en va droidt en Paradisjles hom- L'Empereur de Marroc n'a point de fortereffe de meurt de (a main,il s en va droitt en i-aradis.les nom- grande importance, fi cen'cft fur leriuagedela I mes, & les femmes de tout 5gc . & de tome quahte mer, où il y a le Cap d'Aqueto, Larachc , & Tcruan: Caril loge la force de fon Eftat, de même que le Turc &lePerfan, en fcs gens de guerre, & principalement en fa Caualcric. Ceft le fuic6l pour lequel il n'eft guère bien pourueu d'artillerie, combien qu'il yen ait vne aficz bonne quantité que fes ptedecelfeursont ptife fur les Portugais, & autres à Fez, Marroc, à Taru- dant,& aux ports fufdits, & chaque Empereur en fait fondre quand il eft befoin , & pour cétcffcâ: il ne roanquepas de bons maiftres. Il yavn Arfenal plein démunirions àMarroc, où l'on fait ordinairîment tous lesmois4(j. quintauxde poudre , auec plufieurs arquebufes. L'an 1569. le feu fe mit en cet ArCènal auec tant de furi€, qu',vne partie de la ville en demcuriruinée. Mais quant à la gendarmerie de ceMonarquc, cîleeft de plufieurs fortes. La première eft de iooo. & 700. cheuaux , & 2000. arquebufiers qu'il tient, partie à Fez ,& partie à Marroc : mais bien plus au dernier lieu , où il fait fa demeure ordirwirc , & ceux-cy fontprefquc pour fa garde. La féconde eft vn bataillon de 6000. hommes de cheual, tous Gentils - hommes, &gcns démarque. Ceux cy paroiftentbien môtezfur des cheuaux fuper- bemcntenharnachez auec leurs armes, &illesfa^t extrêmement bon voir, tant pour la diuerfité des cou- leurs de leurs habits & harnois,que pour leur richefic. Car on y void luire force or, argent , & grande quan- tité de perles,& de'pierreries,& tout ce qui peut con- tenter les yeux, & plaireà la curiofité de ceux qui les regardent. Ceux-cy tirent, outre la prouifion de bled, d'auoine, d'huile, de.beurre ,& de chair , tant pour eux , que pour leurs femmes & cnfans , de 70. à 100. onces d'argent. La troifiémc forte degédarmeric eft des Timariots. &pourcc que l'Empereur de Marroc aaccouftuméde donner à tous fes'fils, fes frères, & autres perfonnes de marque,&d'authoritéqui fontparmy les peuples d'A- f riquccommc aufTiaux Princes des Arabes,& aux plus grands d'entr'cux l'vfuft^ia des terres. Ceux-cy font labourer les champs, & recueillent après les froments des tctrts qu'ils tiennent pour l'entretien de la caua- . , , r j IcricSc les Gouucrneurs tirent dutiz,derauoinc, de ^ pû apprendre , & pourfaue comprendre la ^çon du courent à la guerre , afin d'y mourir pour le moins, & parce moyen d'acquérir le Ciel , félon leur folle opi- nion. Et l'on ne void pas moins d'ardeur à noftre grâd dommage, aux Turcs principalement,pour ladefence de leur fede.Il femble qu'ils vont à nopccs,& non à la guerre,& ils ne peuuent prcfque attendre le iour qu'on leur a prefcrit. Ils tiennent fain(5i:s,& pour bien heu- reux ceux qui meurent auec les arnves en la main con- trelcs ennemis, & pour mal- heureux &:lafches qui meurent en leurs roaifons entre les pleurs des cnfans, & les cris des femmes. • On peut comprendre aifément des chofes fufdites, quel nombre de gens ce Prince peut mettre en campa- gne .mais on le iugcra mieux par l'expérience ; Car Mulay Abdala l'an if^i. afîîegea Magazan auec ioo. mille perfonnesicorobla le fofiéauec vne montagne de terre , &' éplanaies murailles auec fon artillerie: mais aijec tour cela, il fut forcé d'abandonner l'cntrèprife par la valeur des Portugais, & pour le dommage qu'il receut des mines. Dauantage ce Prince a cetteincojn- modité , qu'il ne peut continuer plus de 1. ou 3.1110!$ vne grofl"egucrre:àcaufe que ces gens ne viuent que de la prouifion de viures qu'ils tirent de iour en iour, & cette prouifion ne pcuteftre conduite , où il fcroit be- foin pour bien faire la gucrre;tellcmét qu'ils font con- trainds de retourner en leurs maifons pour viure : & c'cft chofc claire, queceluy qui n'eft riche d'argent ne peut faire la guerre long temps. Le Moluque quiSeffît Dom Scbaftien Roy de Portugal .auoit 40. mille che- uaux,& So. mille hommes de picd.outre les Arabes,& les voloncaires.-mais on tient qu'il euft pu mettre cn- fcmble6o.& ioooo.chcuaux,& plus d'Infanterie qu'il n'en mit f ur pieds pour cette fois. Gouuernement, ■ Combien que ce foit chofe difficile de difcourif du Gouuernement d'vn Eftat qui eft toujours en trouble, &lubieâ:à des changemens perpétuels , 5c qu'auiourd'huy laforcc l'acquiert à rvn,demain à l'au- tre^: que par ce moyen il n'y puijfe auoir que du def- ordrcuoutesfois ie m'eflayeray d'en dire cequeren ay De J'Eftat de l'Empereur de Marroc. Gonuernement d« tous ces pays, ieviendray à ccluy de Fex lors qu'il étoit en la fleur , & comme il eft en- cor pour la plus grande partie , priant leLedenr de confiderer , queparmy tant de confufions, dont il eft itnpoflîble de remarquer comme il faut vne po- lice. Vu -Royaume de "/V:^. POurce qu'il femblequele Ledlcur n'eft guère fj- tisfaitlorsqu'ô luy parle d'vn Ellatjoù quelqu'vn ^domine , fi au même temps on ne luy fait entendre qui eftceluy qui legouuerne :i'ay creuque ie donne- rois du contentement à ceux qui feroicnt fur cette attente, fi ie leur faifois entendre quelle eft la famil- le qui commande maintenant aux Royaumes deMar- roc & de Fez , ôc par quels moyens elle eft paruenuè à cctEmpire.il y auoit vn A!faqui,ou Pontife de la Loy Mahomerane, natif de Tigumedct, lieu deDara,hom- ire ruzé , & non moins ambitieux , que bien inftruiét aux rcicncesjaufqucllcsles Mahometans s'addonnent. -Ceftuy-cy qu'on nommoit Mahomet » Benamet , & qui (e faiibit auffi nommer Xerif , que nous dirions elle- if er noftie langue, co-mmença d'être en quel- que réputation enuuon l'an ijdS. Il fedîfoit cftre ilTu de la race de Mahomet» &propofadansfon efprit vo- yant la diuifion des Eftats d'Afrique (où les Portugais étôient alors fort puiffans ) de s'emparer , & de fe rendre maiftred* la Mauritanie, &Tingitanie. Pour cet cftèt il enuoya premièrement fes trois fils, Abdala, Hfmct, & Mahomet, en pèlerinage à la Mecque, &. à Medine, pour v fiter & honorer le {êpulchrc de Ma- homet leur faux Prophète. Ces ieunes gens firent le voyage auec tant de répu- tation , de faintctc & de religion , qu'à leur retour les gens leur ailoient au dcuant , baifoient leurs habille- mens, c'c les honoroient comme dcsfaints hommes. Ces abufcurs feignans d'eftre éleuez à quelque fort haute contemplation, marchoient par les pays, foufpi- rans & appellaws Ala , ou Dieu, auec des cris inter- rompus de foufpirs de de gcmifTemens, & ne viuoient que d'aumofncs. Lepere les ayant rcceus enfamai- fon auec vnt allegreffe nompareille: mais ne voulant pas laiflèr refroidir rapplaudiflimeut.&: la créance que fes fils venoient d'acquérir par vn tel pèlerinage , en enuoya deux , qui furent Hamet, & Mahomet à Fez: oùayans efté receus fort courtoifement du Roy , l'vn d'eux dcuintLeâeur de l'Amorodache, Collège fort renommé de cette ville-là, & le plus ieune Précepteur des enfans du Roy. Et lors qu'ils fe virent fort aux bonnes grâces du Roy,& en bonne opinion parmy le peuple , étans pouflez parleur pere, prenant leur fujct furies dommages, que les Arabes & les Mores fai- foient àceuxdc leur loy,fous les enfeignes des Portu- gais,à la folde defquels ils combattoient.ils demandè- rent au Roy permiflîo'n de déployer vn Eftendart con- tre les Chreftiensjluy promettant,comme il aduint en effet, qu'ils tireroient ayfcment à eux les Mores qui fuiuoientles Portugaiî,& par Ce moyen alTeureroient les Prouinccs de Suz, Hcc, Ducale, Marroc, & autres qui étoicntmal-mences.&trauaillces continuellement par les Portugais. Muley Nazzer frère du Roy , contredifoit à cette piopofition & demande , difant que fi fes frères , fous prétexte de Religion & de fainteté faifoicnt quelque progrez auec lesarmes en la main, il feroit impoffible de les arrefter après , &dc les mettre bas comme au- parauant , pource que les armes rendent Icshomnf cs hardis, &ies vidoires les font infolents , &laf;itte des peuples les rend defircux des chofcs nouuelks. Mais le Roy qui auoit grande opinion dt '.eurfaiiK; !.c, fai Tant peu d'ctat des raifons que Ton fcrc iuyaiie- ,^47 guoitjleur dbnna vn étendard, vn tamboiir d'airaiji,fl£ outrecf vingt chebaux pnnr les accompagner , 8c dés lettres de recommand.nion aux Arabes, & auxSci-i gncurs,& villes d & en U Cour de ce Prince. Entre tous les Seigneurs de l'Afrique, on ne trouue pas qu'aucun ait iamaisefté crée Roy ou Prince par eîcâ:ion du peuple , & en la loy de Mahomet il n'y a Seigneur temporel qui fe puilfc dire légitime, excepté les Pontifes. Mais depuisquc l'authorité des Pontifes fut diminuée, tous les Chefs des peuples qui étoient dans les deferts , commencèrent à s'approcher de pays habitez, & par force d'armes établirent, diucrs Sei- gneurs contre la loy de Mahomet, & contre leurs Pontifes, comme il cft arriué au Leuant, où les Turcs, les Tartaies , & autres vcnans de mefme contrées, s'emparèrent des terres de ceux qui fe trouuercnt plus foiblçf. Ainfi les familles de Sonturna,& de Marin régnè- rent en Afrique. Il eft vray que les gens de Lomuriii vindrent au fecours des peuples de l'Occident. Donc- ques pour cette caufe on'n'y fait les Seigneurs par vrayc fuccelîîon, ny par elcdion du peuple , des plus grands & du General de l'armée : mais chaque Prince auanc fa mort fait promettre aux plus grands , & pluspuiC fans-dcla Cour, qu'ils créeront pour leur chef après fâ mort fon fils ou fon frère. Mais cela n'empefchc pas que pluficurs ne fauficnt fouuent leur ferment,pource (ju'il arriue prefque toufiours qu'ils élifent pour Sei- gneur celuy qui leur cft plus agréable. C'eft en cette forte que fe faifoit ordinairement 1^ création du Roy de Fez , qui n'ctoit pluftoft crcétcl, qu'il faifoit vn des plus nobles de fon Royaume fon grand Confciller, & luy affignoit aulîi vntiersdurc- uenu de fon Royaume. Apres ilélifoit vn Secrétaire, qui luy fcruoit auffi de Threforierj&de grand Maiftre de fon Hoftel. 11 creoit après les Capitaines de ta Caualerie , qui étoit deftinée à la garde du Royaume , &cc*ux cy de- meuroient le plus louuent en campigne.. Il établilfoit auffi en chaque ville vn Gouuerneur, quiiouyfioit des reucnus de la ville , & étoit obligé de tenir à fes dépens vn certain nombre de cheuaux, qui deuoienc eftre prefts au befoint & toutes 8c quantesfois qu'il fal- loir faire vne armée. I! ordonnoit encore certains Commilfaires fiîr les peuples qui dcmeuroienc aux montagnes , & encore fur les Arabes qui luy étoieiit fubjeâs. Les Commifiaircs adminiftroientîa hiftice félon la diuerfiîé des loix de ces peuples. Ils auoient suffi char- ge d'exiger les rentes, & détenir compte des paye- mens ordinaires & extraordinaires. Apres il ordon- noit certains Barons, qu'on appelle au langage-deFez par vn mot qui fignifie autant que Gardiens, dont cha- cun auoit vn chaftcau ou vn ou deux villages, & dont il tiroit certain reuenu pour viure , & maintenir fa qualité , & pour pouuoir accompagner le Roy en fes armes, îltenoit aulîî des cheuaux légers à fes dépens, quand le Pvoy fe tcnoit à la campagno: mais en temps depaix illenrdonnoitdu bled , du beurre, &dela chair à faler pour toute l'année.mais fovr peu d'argent* lieft viay qu'il leur donnoit vn habillement toutes les années : car ceux - cy n'aîioient nul bcfoin de leurs cheuaux, ny dedans la ville, ny dehors, pource que le Roy leur fourniiToit déroutes choies, 5c tonsles va- lets d'eftablesiécoientefclaues Chreftiens,& portoicnt de pefans fers'aux piedsrmais quâd l'armée femettoit en campagne, on les faifoit monter fur des chameaux de bagage. Il auoit encore vnautre Çommiftaire far les chameaux , qui diftribuoit les campagnes entre les Pafteurs, Si faifoit ptouifion des chameaux dont le Roy auoit befoin , & chaque Chamelier tenoit deux chameaux tous preftî, pour charger auffi-toft qu'il en receuroit le commandement. Il auoit après vn Pouruoycur qui auoit charge de fouroir , garder ,& diftribuer les viures , 'tant pour le Roy, que pour fon armée :& ceftuy cy auoit dix ou douze grands pauillons , où il mettoit leldits viures, changeant de chameaux continuellement à en faire porter des nouueaux , afin que l'arméen'en euft faute. Sous ceux cy eftoient les ofiîciers decuifine. Il aubic après vn maiftre d'Efcuric, qui auoit charge de tous les cheuaux , mulets , & chameaux du Roy , & le Pouruoyeurluy fourniftoit tout ce qui luy faifoit be- foin.Il auoit auffi vn Commift^aire écibly fur les bleds qui auoit charge de faire porter l'orge , ik ce qui eftoic necelTaire pour l'entretien dcfdites bfftes : & ce Com- miilàire auoit des Notaires pour efcrire tout le bled qui fit diftribuoit , & en rendre compte au grand mai- ftre- Ilauoitencor vn Capitaine de 50. cheuaux, qui eftoient comme coureurs, & faifoient les impofitions de De l'Eftat de l'Empereur de Marroc. 49 l'autre la couuerture de la felU de Ton chcual auec le iico! i, âc quand leRoy incttoit picdà terre, on coii- nrOïC cette Iclle auuc c-fte hou!îé, & le licol fuc ia bti. Je du cheual afin delc'icnir. Le Roy écoic fuiuy du Chef Se de Ces eftafïîers; puis des Eiinuqucs , puis de (a imilon , puis des che- . uaux légers i ôc lînaledijcnt dcsarbalcftiers, & ârque- bufiers, . Quand le Rôy (e tenoiten campagne, l'on dreflloic premièrement au milieu de tous vue grande tenté pour luy, quicîioit faite comme les murailles de quel- que chaflcau auec (es créneaux, ainfi quci'ay vcu à quelques grands Seigneurs aux armées étrangères , & quarrécs de tous coRcz. Cette tente auoit quatre portcsrâ chacune 'dcfquei-- lesonvoyoit lagardc des Eunuques. Autour de fa ten- te étoicnt les logemens de Tes Officiers , des Cour- lifâns plus fauoris , Ôc autour de ceux-cy les tentes dcS gardes , faites de peaux de chèvre , ainfi que celles dcé Arabes. Prcfque au milieu l'on voyoit la dcfpence, la cui- (îne , ôc la fommeîcrie du Roy , & aflfez près dè là l'oQ voyoit les paiiillons oij logeoient les chcuaux légers , quimangeoient tous eH lafommclsrie diî Roy. On voyoit allez, prez de là l'efcuriè , c'eft à dirê quelques lieux couuerts, oti font logez les cheuaux, Ôc 1 hor$ de là on voyoit les muletiers du bagage du Roy & les boutiques des bouchers. Les marchands & ar- tifans j qui viuoient en l'armée , fc logeoient à coRc de ces muletiers , tellement que cetoiu venoit àeftre comme vne ville,pour ce que les tentes des gardes Csr- uoient de murailles, d'autant qu'elles ctoient tellemenÉ drclTces l'vne près de l'autre , que l'on nepouuoit en- trer en ces logemens , que par des lieux ordonnez : ôC on faifoit bonne garde toute la nuiét autour delà ten- te du Roy.mais toutes ces gardes eftoietperfonncs vi- les,&quine portoiët iamais armcs.Ily en auoit demé- mc forte autour de l'cfcurie : mais bien fouuent à eau» fe de la fencantifc, & lafcheté de ces gardes.non feule- ment l'on dclroboit des cheuaux : mais encore l'oti trouuôit dans la tente du Roy des (^nnemis qui vc- noient là pour le mettre à mort. Le Roy écoic prefque toute l'année en campagne, tant pour garder fon Royaume , que pour mainiènii: en paix, & en amitié fes Arabes fes fuiets.Nous auons alTez parlé du Roy de Fez , & déroute fa Coui: , vo- yons vn peu maintenant comme il Conduifô^t tout lé rèftc. En premier lieu, dans Fez il y auoit des gabelles éta- blieSïDour ce que les draps fe vendoient en façon d'en- cans , & ceux qui en aubient là charge , les portoienc premièrement à cesgabclleurs pour les lèeller, puis de la i '^Tt du Secrétaire du Roy, au nom dudit Roy, it auoit cnL'ovvn autre Capitaine, quiéioit comtne chef d'vnc earde recre£te,& auoit authoritc de commander de lilpart du Roy aux Oiîjciers qui failoient les exé- cution» , & les confifcations. Il pouuoit prendre les plus grands & les mettre «nprifon , & vferen leui endroi6b de la rigueur delà iufticcj fileRoyle hiy commandoic. Il y aaoïtauffiprcsdeluyvn Chancelier qui gar doit les feauxjiSc écriuott les lettres qu'il falloir, ôc les fe^lloit par même moyen. Il auoi t vn fort grand nom- bre d'eftafficrs , qui auoient vn Capitaine qui les lece- uoit, les chaiïoit ,& leur donnoitpeu ou moins de gages félon leur fuffifance. Et quand le Roy donnoit Audience , ce Capitaine, ctoit toufîours prefent. Il auoit encor vn Capitaine du bagage, ôc de qui l'Ofïî ce eftoit de faire porter les tente? . où logeoient les cheuaux légers du Roy : Ôc il faut fç-auoir que les ten- tes du Roy croient portées par des mulets , & celles des foldats par des chameaux. Il auoit vne troupe de gens qui portoient en marchant les étcndarts ployez: mais il y en auoit vnqui marchoit toufiouts deuanr rarmcc,& auoit vne enfeigne haute ôc déployée. Tous ceux cy fcruoient de guide , & fçauoicnt les chemins, ^ les paÏÏagcs des bois, & des riuieres. Il auoit auffi vn grand nombre de fonneurs de tambour.qui auoiét de grands tambours d'airain en façon d'vn grand plat, larges en haut, & eftroits par le bas, couaertsdc peaux , les portoient fur des cheuaux baitcz : mais ils auoient vis à vis des tambours , certains contre- poids ,pour ce cju'ils font fort petans ,& ces cheuaux lont des meilleurs, ôc des plus viftcs quel'on puille voir, pour ce que c'eft vncgrande honte parmy eux 'de perdre le tamboitr, & lefdits tambours font li hauts, qu'on les oyt de bien loing, & on les bat auec «îes nerfs de taureau. Le Roy ne tenoit pas à fés dé- pens les trompettes , auis ceux de Fez elloient obli- gez de luy en delFrayer vn certain nombre , & ceux- cy écoien'L auffi bien employez aux.trclpas des Roys qu'aux armées. , Il y auoit vn maiftredcs ccremonies.qui etôit toir- jouts aux pieds du Roy.lors qu'il aitembloit fon Con- ieiUcu donnoit l'Audience, ordonnant les places ,ôc ifaifant parler lesvns après les autrçsjfelon leurs rangs &■ digtîitez. La maifon du Roy eftoit toute pleine d'efclauçsr r.oiiesjqui feruoient à la Chambre de la Royne. 11 2iiùit encore quelques efclaues Chrefticnnes, qiîi eftoientpour la plus grande partie Efpagnolles; ou Poitugaifes , & toutes ces femmes eftoient foubs lac;srde de certains Eunuques, qui étoicnt efclaues noirs. Quand le Roy vouloir aller cri quelque lieu, le Mai- ftr«: des Cérémonies le faifoit premièrement entendre \ ïcsalloient crians parmy les rnar'chahds , ôc il yauoic au>c coureurs i ôc ceux-cy le faifoientfçauoir auxpâ rems du Roy , aux Capitaines , aux gardes , & aux du- ticr, hommes de cheual , qui s'alTembloient tous en la pla..:e qui eft hors du Palais, & par toutes les rues qui ien tïftoient proches. Et ainfi que le Roy vendit à for- tir du Palais, lefdits coureurs ordonnoient la façon que l'on deuoit gârder à marcher. Ceux qui portoieuE les enfeignes aliolent les premiers , puis les tambours luiuoieut , ôc après le Maiftrc d'Efcurie auec fcs ofH- «fiers, & fa maifon, puis après le Pouruoyeur auec les flkcs , puis les Gardes , le Maiftre des Ceren^onics , les Secrétaires du Roy , le Threforier, le luge , ôc le Ci- pitaine de l'armée. Le Roy march.oit aptes auec le grand Confcillier, & quelque Prince , & il y auoit toufiours quelques Officiers du Roy qui marchoient deuant fa pcrfonne, & l'vn portoit fonépée,& l'autre fonefcu 5 ôc vn autre fon arc. Ses eftaffiers alloient au- tour de luy, dont l'vn portoit la pertuifancdu Roy, (tnuiron èo.Cricurs de cette forte. Les Apoticaires auoient vn quartier qui fe fcrmôit de deux coftez auec deux belles portes êc tenoient i leurs dépens des gardes qui aiioient la nuiâ: tout à l'cntour auec des lanternes, des chiens , & désar- mes. 11 y auoit des gens qui failoient les mefures dti bled 3 quelïConiul àdiouftoit , prenant vn double de chacun pour ce faiic, DanSla ville il y a leulcmcnc quelques pccics Officiers ôc Magiftrats qui ont charge de rendre le droictà\^n chacun. Il yaUoitleGouuer- neur qni étoit fui: les c^ufes ciuiles , & criminelles, vn luge, qiiiprenôit cogAoiiïance de Ce qui Concernait les Idix desliures de Mahomet , ôc vn autre luge qui ctbit comme Lieuî^;nant du premier, & cognoiifoic des chofcs appartenantes au mariage, âuoit aUthorire d'cxarnincr lès témoins, & mcimes rendoit iuilice vniuerfcllément. 11 y auoit vn Aduociir , lequel on confultoit furlaloy? -&par deuant qui l'on appelioii: 1 ( ■ dè^ 8jo De l'Eftat .de l'Empereur de ]Vfarr^c\ dss fentences des luges» ou quand ils s'ctoicnt abu- fez, ou quand ils auoient iugc par l'authorité de quel- que Doàeur moins exccllét. Le Gouucrneur tiroit de grandes fomnaes de condemnations qui fc faifoient en diuers teinps,& prefque toute la punition d'vn crimi- nel, n'étoit que d'auoir le foiiet en prefencedu Gou- ucrneur, & on luy donnoit cent > ou deux cens coups. Apres celalcibourreau raetioit vne chaifneau col du criminel» &lemenoiten cet eftat par toute Ja ville tout nud , excepte les parties honteufes , criant &c pu- bliant le mal qu'il auoit fait : & bien fouucnt l'on en incnoitplufieurs cnchaifnczcnfcmble.Lc Gouueriieur auoit de chaque criminel vn ducat, & vn quart> côme auffi de tous ceux qui entroient dans la prifon,il auoit certaine chofe qui luy ctoit donnée par certains mar- chands • &artilansdcftinc2àtellcchofc. Lesiugesdu droidt Canon, ou delà loy deMahomct,n'auoiétnuls gages,pource qu'il cft defFcndu parla loy de Mahomet de donner rien du monde à vn luge pour telle chofe. Mais ils viuct d'autres gagcs,ou recompcnfcs. comme des Lectures , ou de la Prcftrifc de quelque Mofquée. Senoblablemcnt les Pçocureurs, & les Âduocats fout pour la plus part pleins d'ignorance. Les luges auoiét vn certain lieu>où ils font emprifonner les debteurs,ôi: autres pour chofes légères, & de peu d'importance. Dans la ville il y auoit quatre Capitaines du Guetjqui alloient par la ville depuis la nuid venue iulqucs à deux heures après , Se ceux cy n'auoient autres gages que certaine chofe de ceux qu'ils prenoient, qui étoit prife pour l'amcde à laquelle ils eftoicnt condamnez. Maiscftoit permis à chacun de tenir tâucrne,& d'être macquereau.LeGouuerncurdelavilic n'auoitny luge ny Notaire : mais donnoit fentence à fa volonté , Ôc comme bon luy fembloit.ll n'y auoit audi qu'vn hom- me qui-affermaft la Douane, & la gabelle , qui payoit tous les iours à la Chambre du Roy trente ducats, ôc auoit en chaque porte des gardes & des Notaires, ôc toutes chofes de petit prix payoient leur droit à la por- te. Les autres croient conduidles à la Douane, & ac- compagnées depuis la porce par vn des gardes, &ily auoit certain argent deltiné pour les Notaires, &pour ces gardes, felonla quantité des chofes qui entroicnt, ôc quelquesfois ces gardes alioitnt hors de la ville pour rencontrer les muletiers , afin qu'ils ne pcuticnt cacher aucune ckafe 5 & s'ils en cachoenc quciqu'vne, jls payoient après double gabelle , & l'on payoït or- dinairement deux ducats pour cent. Toutcsfois l'on ne payoit rien du bled, du bois, des bœufk,& de la vo- laille qu'on y menoit , ik. l'on n'auou pas accoultumc de payer à la porte la gabelle des moihons , ains feule- ment en la boucherie. Le Gouuerncur chef des Confuls, auoit ordinaire- ment douze Sergents, & alloit fouuent à cheual par la l'ay peu apprendre touchant les Gouuernemens dés Royaumes deFez & de Marroc. Et quant à cequei'ay dit'de ce qui fe pratiquoit à Fez , c'eft cholè affcurcc qve l'Empereur de Marroc garde prefque maintenant les mêmes façons de faire, tant en fa Cour qu'ailleurs , & il y a bien peu de cho^ Ces changcesi Religh ville pour voit le pain , «ScclTayer les poids des bou- la melmc opinion. ion. TOos les habitans de ce Royaufne font Mahomé- tatîs, excepté les efclaucs, dont nous parlerons à la fin de ce difcours. Or cft il qu'il yen ieh la Loy de Mahomet beau- coup de fcdes, qui ont leurs tihefs, & leurs Docteurs qui les dcfFcndent.car il s'en trouue beaucoup qui ont commencé l'Alcoran, & qui ne s'arrcftcnt pas formel- lement à ce qu'il porte, ains paiTent delTus, &contre- difentà beaucoup de chofes qui s'y trouuent. Entre autres il y en a vne qui commença enuifon quatre-vingts ansapres Mahomet, & fon premier , & plus fameux authcur fe nommoit ElhcferabnuAbil- hafcn , de la ville de Bafta , qui donna certaines rciglcs à fes difciplcs:maisnclaiira rien par écrit. Cent ans après il y eut vn autre homme fort habile en ceRematiere,noinméElharit IbnUiEfed,de la ville dcBagadet , qui écnuit vne belle œuure vniuerfellc- mcnt à tous fes difciples. Apres cette icde fut trouuce mauuaifepar les Pontifes de la Loy, & tous ceux qui obfcruoient les reigles de ce Doéteur , & s'arrcftoicnt à fes maximcS,furcnt déclarez bcrctiqucs en la Loy de Mahomet. La même (eâc fm remife fus de là à quatre vingts ans, par vn autrefort habile homme, qui fut fuiuy de plufieurs difciples, ôc prefcha publiquement fa do- dirine , de forte que tous les Légales, &;leurs Pontifes condamnèrent ccftuy- cy à la mort auec tous fes difci- ples , & conclurent qu'il falloit trancher la telle à tous. Ce que ce Doéîeur ayant entendu , il efcriuic aulli - toft vne lettre aux Pontifes, les priant de luy faire tant de faueur , que de luy promettre dedilputer contre leurs Legiftcs,s'olfrant à mourir au cas qu'ils le lurmontaircnt, ik requérant au- contraite , s'il leur monftroit que fa dodtrinc eftoit meilleure que la leur, que tant de paumes innocens ne periiTcnc pas par vne faufle calomnie. Les Pontifes trouuerent cette requcfte fort iulte , ôc luy accordèrent ce qu'il de- mandoit. Cét homme doftecftant donc venu à la diipute, vainquit ayfrment tous les Legiftes : de forte que le grand Mofty pleurant, fe rangea à cette fcde, & la fa- uorifa toufiours tandis qu'il vefcut , faifant baftirdcs Collcges,& autres demeures pour ceux qui étoient de chers, & confîderer ce que l'on y vendoit. C'eftoit luy qui failoit pefer le. p^ain , ôc s'il n'y trouuoit le poids ordonné, il le faifoitimettreen plu- fieurs pièces , donhoit à celuy qui le vendoittantde coups de poing fur le col, qu'il le lailïoit tout brifé , ôc mêmes il Icfaifoit quelquesfois foliectcr s'il le trou- uoit trop leger^ Le Roy donnoit cét office il yacentans, aux Gen- tils-hommes qui leluydemandoient, mais auparauant l'on ne lé donnoit qu'à des hommes fçauans , &qui auoient vne grande réputation de preud'hommie. 11 y auoit pluheurs lieux où le Gouuerneur auoit ac- couftumé de donner audience, ôc de rendre iuftice. 11 y a auûî dans Fez vne prifon, qui eft fi longue ôc large, qu'il y peut demeurer trois mille perfonncs , ôc il n'y en a point de leparée, pour ce que ce n'cft pas la cou- ftume à Fez de mettre quelqu'vn en vne prifon fe- cretce» ôc particulière. Voila à pau près tout ce que Ccftc fedc dura enuiron cent ans , iufques à ccqi c l'ô vit venir d'Afie Malicfach Empereur de h race des Turcs, qui perfecuta cette fede : fi bien que quelques- vns s'enfuirent au Caire , ôc les autres en Arabie , Ôc demeurèrent l'efpacc de vingt ans en cét eftat , iufques au règne de Cafclhah nepucu de Malicfach , le Con- feiller duquel nommé Nicam Elmule, homme de grand efprit, quiefcoit de cette fede, la remit iur pied, iScl'afierniit tellement, que parle moyen d'vn fore fça- uant homme, nommé Elgazzuli , qui en compolâ vu gros volume, diuifc en lèpt liures , il accorda les Legi- Itcs auec ces Sedtaires , en telle forte, que les Legiiics curent tiltre de Dodeurs , ôc deConletuatcursdc la Loy du Prophète , ils s'y poufTcrent auec la prédication & le trafic. 'L'hercfie d'Arrius, de laquelle les Vandales , &:les Gots habitans d'Afrique étoient infedez, fauorifa grandement leur entreprife. Ils introduifîrcnt , pour faciliter IcurdefTein , la langue , & les lettres Arabi- ques : ils fondèrent des Vniuerfîrez, ôc des eftudes, ôà ioignirent de grands reuenusaux fuperbcs baftimens» qu'ils firent pour céteffet à Marroc , &àFez. Mais il n'y a chofc qui ait plusaduancé lafede de Mahometi que les vidoires de Mirarriamolins d'Afrique , ôc de- puis cefte pcfte y eft toufîours demeurée. Il y aeficore en cet Empire des luifs , qui s'eftans multipliez à bon cfcieîit en Efpagne , pafTercntpeu à peu en Barbarie , principalement ceux qui cftoienc Orfcures *. car cet ait eftant deffendu à ceux de la loy de Mahomet , exercé de tous coftez cntr'cux par les luifs, de mefme que piufieprs autres , principa- j lemcnt celuy de marcfchal , comme l'on void en la montagne de ScfTaue 5 én la Prodince de Marroc;. On ' ditqu'Edeuer , lieu du Royaume de Marroc , ctoit habité par les luifs de la race dcDauid ( comme ils aifeuroient ) qui font toutesfois deucnus peu à peii Mahometans. Les luifs s'augmentèrent après en Afrique > quand Ferdinand Roy d'Efpagne, furnommé Catholique, ôc EmanuelRoy de Portugal, les chafferent delemsRo- yaumes.- car il en palfa besyacoup alors aux Ro/sumeS i 852 De l'Eftat de l'Empereur àe Marroç. de Fez , & de Marroc. & introduifirent les arts,&: les exercices d'Europe 5 qui éioient auparauant incogneus à ces Barbares. On en void encore ^pour le prefent les rues plei- nes à 6elis> àTeze > à Elmedine» àXezze > ôi à Seme- gelTe. Quant aux Chreftiens qui font aux Royaumes de Fez &de Marrochormis ceux qui fe tiennent dans les places occupées par les Portugais , il n'y en a guère qui ncfoicntefclaues , ôc le nombre de ceux- cy cft fort grand , voire plus que l'on ne Ce peut imaginer. L'Eftât auquel font ceux-cy eft véritablement digne de compalÊon & de pitié , non feulca*nt pour la mi- fereen laquelle ils paiTcnt lenir vie , mais pour le dan- ger de leur ame . qui eoatt tous les iours fortune de (c perdre. Us palTentles iours en perpétuel trauail,&: font fans repos la plus grande partie de la nui6t , cndurans force coups , & portans des charges infuppor- tables. Somme > ils endurent plus de peine entre ces Bar- bares>quc les beftcs mefme ne font parmy nous.on les charoe de grofTeS'chaifncs de fer , on les bat auec des nerfs de bœufs fort cndurci5>& auec Jes cercles de toiv- neaux,on les furfondauec de l'huile ardence,& de lard. Mais fi la peine da corps eft grande, celle de l'cfprit n'eft pas moindre > poutce qu'outre ce que ccsmifcra- blcs n'ont aucun qui leur prefthe > Ôc annonce la pa- role de Dieu , & qui leur aydc à bien viure , & à bien mourir auec les Sacremens , on ne fçauroit s'imaginer, encore moins exprimer combien iisfonrtrent de ten- tations pour le regard de la foy , vcu quenon feule- ment le dcfir de s'affranchir de cette mifere les tente; mais encor l'ayfe,& les dclices>où ils voyentceux qui ont du tout abandonne la foy. Or ils ont deux petites confolations au milieu de tant demiferes, dontl'vne eft des Preftres qui onceftc ré- duits en feruitude auec eux , d'autant que ceux-cjT leur adminiftrent tantoft les Sacremens , & tâtoft leur prêchent la parole de Dieu le mieux qu'ils peuuent:â raifon dèquoy ils font grandement honorez, & refpe- 6tez des autres. L'autre confolation leur vient desRe-» ligieuxquis'employent pour leur deliurance.Enquoy l'Efpagnc mérite vne fort grande loiiange» pour ce qu'il y a deux Religions, qui ont pour leur exercice le rachapt de cts mal-heurcux : vne de ces Religions fe nomme vulgairement de la Merced.-qui cft en Aragon: l'autre qui cft beaucoup plus grade s'appelle Rachapt» ou delà Rédemption des Captifs. Ces dcnx Religions alfcmblent tous les ans de fort grolfes foœmes d'ar. gent , auec lefquelles elles deliurent vn très -grand nombre d'efclaues.ElIcsenuoycnt des hommes, à Fez &i Marroc, de mefmeauflî qu'en Algcr,qui manient cét affaire auec autant de diligence, que de fidélité, & racheptent premièrement tous les Religieux, &lcs Preftres, puis les plusieunes . commcnçans par les fu- jets du Roy d'Efpagne,6(: après les autres. il y a toufioursvn Religieux à Fez, qui s'informé de la qualité, ôc neceffitc des efclauCs , pourfaciliteÉ l'année d'après leur deiiurance. Mais l'Efpagne y a incereft plus que niil autre Pays» d'autant que la plus grande partie de ceux qui font efclaucsen cét Empire , eft des fuieéts du Roy d'Ef* pagne. le diray pour conclufîon,que les Mores dés Royau- mes de Fez ôc deMarroc différent en plufîeurspoindts* des Turcs, touchant la faulfe loy ôc religion de Maho- met, & entre autres chofess'allujettiffcnt au Calife de Bagadet, laiffans celuy du grand Caire, auquel Itô Turcs rendent obeyiTance. ESTAT DES RELIGIONS QVI GiN^T ESTE' PARMY LES HE B R E V X , T AN T E N la Loy de Nature, qu'en h Loy efcrite , & de celles qui font auiourd'huy approuuées du faint Siège en TEglile Catholique. N o c H le feptiefme homme après Adam commença, dit l'Efcriture , d'm uoqucr le nom de pieu. Les Rabins tiennent que c'eft à dire qu'il fut le pre- mier qui alîcmbla vne compagnie de gens dcuots Ôc Religieux pour inuoqner le nom de Dieu , à certaines heures : & de fait, il faut neceffaire- mentque ce foit l'interprétation de ce paffage , d'au- tant qu'Adam , Abel , ôc le refte iufqucs à iuy , auoit inuoqué ôc adore Dieu , comme il eft tout clair par le texte facré: au flï tiennent les Pères de noftre Eghfe, que ce qui eft dit au fîxicmechap. duGenefe, i. que les fils de Dieu voyans les filles des hommes é^c. Les fils de Dieu ne font autres que ceux qui s'eftoient particu- lièrement deuoiiez au fcruice de la Diuinité. 2. Abraham le premier de tous les Patriarchcs,n'a il paseftc aufti le premier qui a donne la forme , ôc le commencement à la Religionj'Car ne fut-ce pas par le commandement de Dieu qu'il laiffa la terre de fa naif fancc, ôc qu'il abandonna fa parenté , & maifon pacer nelle pour fcretiierau lieu que leSeigncur luy môtra? 3. En la loy Mofaïque, les Nazaréens tiennent le premier rang, la loy defqucls cft rapportée tout du iong au 6, chapitre des Nombres , leiquels faiioiént certains vœux, offroient certains facrificcs,& ne 'beu- uoient point de vin, tel fut Samfon , Elielc Prophe- tcfaint lean B.iptifte.& noftre Seigneur mefme. 4. Eliele Prophète, l'Ordre duquel rcgneencorc ' auiourd'huy, les Religieux Carmes tirans leur origine de luy, auoient vneautre manière de vie, &.de verte- ment quelecommunjl'vn&l'autreremarqué en l'Ef- criture par fa folitudc,& par fa ceinture de cuir. f. Elifcc & les enfans des Prophètes viuoicnt en commun: mais fcparez du commun, comme il fe void au5.& 4.1iure des Roys é.iîudith , la fainte vefve , & qui a fcruy de patron aux fagesvefvcs qui font venues apt es elle , fe fit ac- commoder vn lieu fecret , apresla mort de fon mary, au haut de fcs palais, où elle fe retira auec fes fcruantes: pour vacquer plus librement à l'Orail'on :clle portoit la haire, & ieufnoit tous les iours hormis les fcftcs de la folemnitcde la maifon d'Ifraèl,Iudith,c 8. 7. L'Ordre des Rhecabites au trente cinquième chapitre de leremie , fous l'Obédience de lonadab, fîls deRhccab, leiquels ne bcuuoient point devin n'y n'habitoient point en des maifons : ains fenlerr.enc fous des tentes tous les iours de leur vie , fans ienncr du bled nycultiucr des vignes dont vindrent. S Les De toutes les Rel igtons. 8jj 8. Les Scribes habituez cnlabcz , qui chantoient& j depafferfous filence» la tres-faintc SiTtres-glorieufc faii'oient le leruice diuin.i.Paral.z. 3. Hoia Prophetcifc Se comnurvnc AbbeflTe, qui re- û Joit en la féconde cloftu re de Hierufalcm jque le Tar- i;um,ou paraphrafc Chaidaïque tourne pour raiforî de do<£brinC)^inlfî que pourroit eftre 4uelg"crables,& inénarrables, que tout ainfi qu'elleeft plci^^e de grâce, par deilas route plénitude, après celle de foR~£l5, auflî faudroit tl vne plénitude de cognoiftance & d'eloqucce pour les pou- uoir exprimer.Heureufes les congrégations qui fe con,- forment à fon imitation , & tres-heureufes lésâmes qiii la prendrbnt pour miroir,& pour pacronç/en leurs plus réiigieu fes actions , O Roynefacrécjfainte Sc he- ttîte,bellc'& verdoyante verge de UfCc, qui n'a courbé iamais fousle faiz du péché, fleur très odoriferantei qui fleuris auec autant de gloire, que de gracejcn tou- te perfeétion dont la fragrante odeur embaume Se remplir dclicieufètïïerit le Ciel de noftre Eglife, puif- fions nous fuiurc la trace , & les veftiges de vos pàs^ afirJ d'eftre agréables à ce bien- heureux fruidde vo- ftre ventre Seigne»rlefiis-Chrift. Mligions de lavems de nofite Seigneur lefui-Chïifi au Monde. Le premier fdndateur de Religion ,&vie Monafti- quea efté lemefme Seigneur, ôc tous ceux qui ont de- ^ puis fondé desMonafteres , ont tiré leiirs reigles dj?. luy,car ayant afiémblé douze Apoftres,il leur doiinala ■ règle qu ils deuoicnt girder , les adiiertidant que qui- conque voudroiteftre fon difciple déuoit eftre refdtu d'abandonner le monde, &toùtcequi eftau mondes & qui éftbit le plus important, fallbit lailTct fa propre volonté. . i Il voulut auffi (Qu'ils s'entr'aimaftentj difant qu'en cela cogiioiftroit- on qu'ils feroicnt fes vrays difciples, II leur nionftra la forme dë parfaite dbediéce, leur eii- fcignât limmilitê, les exhortant à patience. Qiie poiic eftre fon difciple , il falioiÈ laitfer cousjes plaifirs du monde5& fe préparer S endurer toutes fortes de mefai- fes, Ôede perfecUcions: Que ie$ comiisandemens dé Oieu doiuent eftre obreraé d'vri cœur pur & net,lcuc monftrala manière, comrr.c ils doiuent prefenter leur prière à Dieu, il leur loiia grande^hent les pauures d'eC pritjles debônaires,les mirericordicux,lc5 amateurs de uftice, ôc de paix , ceux qui fdntjdc cœur net , Ôc ceux |iu endurent p>our la iufticé, ôc pour le Royaume des Cieux. îl ne lii^Ia rien à les i»ftruirc, & endoctriner en C G c c soatss 1 \ 8;4 Difcours (îe VOn toutes les vertus > qui leur eftoicntnecefTaires pour les rendre parfaits & immortels, «Si finalement leur laifTa fon S. Euangile'à garder , à fçaiîoir les préceptes com- mcà ceux qui étoientChreftieiis , & les con(cils cômc à homme parfaits. De cette reigle tous les anciens Pè- res ont tiré celle dont ils ont commencé leurs Reli- gions , leurs dclleins , furlefquels ils ont fondé leurs trois vœux. Car fon S. Collège ctoit vn petit Conuent, d'autant que depuis qu'il eut rcccu les Âpoîkeî en fa compagnie ils alloienc auec luy, mangeoicnt auec iuy, dormoient auprès de luy , l'appelloicnt Seigneur > Ôc Maiftrc, «Si luy obcyifoient en toutes fortes. Infiittitton du. Sacerdoce en U loj notiuelle. Outre ce il inftitua le Sacerdoce. Car comme il eut cHeu les douze Apoftrcs , à fçauoir douze Eue fques, aufqaels il donna le pouuoir dr délier &Mc confacrer, & facnfier fon précieux Corps, & (on précieux Sang,il lescnuoya prefclier fa dodrin'e, à fçauoir l'Euangile par tout le monde : puis il cfleut encore foix^ntc & douze difciplcs , lefquels ayant fait Preitres , il les en- uoya auffi prefcher:& ce comme dit Origînejsfin qu'à la iemblancedcs enfans d'Aaron , iis eull'ent- le fvmple Sacerdoce, comme les Prcftrçs qiîc nous appellcnsau- lourd'huy. De ceux cy donc Tordre des Prcftres a eu fon origine , ainfi que de ceux là eft venue !a dignité des Eueiques, parce qu'ils ont fuccedc en leur lieu. Quant aux Diicipîcs ils furent inRituez pour le fe- •ours, la moilfon venant à s'augmenter, dit le Pape Anaciete ., & noftre Seigneur ayant eftabiy ces deux or- dres , il cflcut faint Pierre pour cilre gênerai & fouue- rauî Pcntife de toute l'Eglife, Des Clercs de l'Eglife injlituez j>ar S. Pierre. 4 Au lieu de S.Pierre les Papes ayans fuccedés de vou- lans fuiure les Hébreux , ils commencèrent d'cftablir des Huifïîcrs,,, Leâ:curs,Exorciftes,Acolit,cs,DiAcres,& Sous-diacreî,tou's ccux cy toutesfois eftoient ordinai- icment près de ceux qu'on appelloit Clcrs.Car le Prin- ■ cèdes Apoftrcs S, Pierre eftant venu à Rome , après suoirmisbon ordre pour le Miniftere de la parole de Dieu,aux Egîiîes Orientales, il choifitdc toiftela mul- titude des fidcllei,& des meilleurs obferuatears de nô tre Religion ( à l'excmpîedcs Egliles de Hieiufalcm &d'Antiochc ) certains hommes meurs d'âge bienay- mez du peuple, & pleir.s du faint Efprit , de fspience, de fidélité, de bonté , lefquels (e!on Panuine Veron- nois furent appeliez Clercs, Iciquels il facra auec Tim- pofuion des main$,fai!ant vne partie d'iccux Preftres, & lesautres Diacres, afin que ie Pontife ouEuefquc Romain fc feruit d'eux pour inflruire les Catholiques, qui lors croilToient Se eOoient en i? grand nombre, qu'il n'y pouuoitpâs fatiifaire tout feùW II donna la principale charge s àTcaucirle foin des ames,aux Fre- intes , afin qu'en adminiftrant les Sacremens au peuple de Dieu ils peulTentauffi auec l'Euefque vacquer aux prières & ptcdications:Aux Di3cres,il commit la char- ge de fubuenir aux vefues.aux otfeiins, & autres pau- uresfidcUcs , &leur diftribueries aumofncs des gens de bien, qui leur eftoient données à cette intention, & outre leur ordonna de feruir aux Preftres cependant qu'ils facrifioicnt : Les Papes, Clete, & Euariftc les reduifirent après à vn nombre prefix , car Cctus arrefta le nombre de Preftres .Romains à vingt- cinq. Et Euarifte conformément aux Apoftrcs, augmenta les Diacres j iufqucsau norribrede fept, auquel outre les prcccdens, il donna la charge de prendre garde quandl'Euefquc prcfcheroit s'il vaneroit point en la vérité de la foy * quelques vns ont dit que le Pape Caïus , premier du nom , ylfu de la race de l'Empereur DiocIccian,fut aufïï le premier qui mu diftinûion aux Ordres , afin que de degré en degré on paruint à l'ellat dePreftiife: d'autres dilènt que ce fut le Pape Iginius: cent quarante huid ans dcuant Gaye> mais c'eft choie e J^ngine certaine que l'inftitution vient des Apoftrcs qiii oni ordonne fept Diacres , Se que cela eft continué , de temps en temps. Des Chanoines Réguliers de Latran & delà Trifonnuye. Apres auoir parlé du Sacerdoce , il femble bien à ^' propos ée dire^n mot des Chanoines réguliers, ap- peliez la congrégation de Latran,' qu'on tient pour ve* riBable auoir pris leur origine premièrement des Apô- très, & depuis rePvablispar S.Marc d'Alexâdrie,au port de Caftraiu , & comme le defreiglement s'yeftoit gliiTéaueclc temps , iis furent reformez parle Per« de S. Augufl;in,fclon Poffidonius.il commença à florir eu l'EghfcdeBeauuais fous maiftre Yucs Prcuoft> qui fut depuis Eucique de Chartres. Depuis en Tan 1596. vn vénérable Ecclelîaftiquei nommé Barthélémy, citoyen Romain^excclicnt Picdi-* cateur , s'ctant affociéd'vn nommé lacques des Auo- gardsdu pays de Bergame , remit fiis cet ordre, qui s'en alloit en decadéce, en vn pauureMonaftcte qu'on Bômoit faiuîc Marie de la Frilonnaye, qui pour lapau- ureté du lieu, furent fecourus par les gens de bien. Et quant à l'Eglife S. îean de Latran, le Pape Gclafe Afriquain de nation-, &l difciplc de fùnt Auguftin, aprcs b mort de fon maiflre Vint à Rome, s'artcfta en cette Eglife auec fes compagnons , où ils vefcurent ie- lon la reigle donnée par ce laint Doâieur, & ceux qui vindrent après eux , l'efpacçde huicl cens ans, &iuf- qucs en l'ar^ mil deux cens nonante huift ]q«c le Pape Bonifacey mit des Chanoines fcculiers. Grégoire XIL y remit après des reguliers,& voulut que toute lacon- gicgation d? Latran fe nommaft de faint Sauueur. Ca- liikl II. y remit des fcculicrs , & le Pape Paul II. du nom y rclfitua les réguliers, mais enfin fous Sixt« IV. les réguliers en perdirent la poflfeffion , ne leur reftant rien que le tiltre,& les droiéls & prinilcges de l'Eglife de Latran. La principale charge de ces Chanoines tegulicrs, ait premier temps eftoit de vacquer tous les iours princi- palement à l'adminiftration des Sacremens,& aux priè- res publiques, fans s'occuper à chanter, pour ce que le peuple faifoit alors cécoiîice , chantât & pfalmodiant: ce qui fut après transféré aux Moines de l'ordre S. Bc- no!il,quand la ferucur de deuotion commença des'at- tiedir , l'Eglife de Latran n'cftant plus fréquentée ; les ChanoinesVeculiers toutesfois pfalmodicrent quelque temps après que le Monaftercfut eftè deftruidl par les Lombards. La règle de ces Chanoincs,& ceux de la Frifonnaye, dont il aeftépariécy deifuSjConfiftoit ptincipalemenî en trois poin6ts,à fç tuoir de n'âuoir rien de propre, dé- ftre chartes, & degarder le Cloiftre.Les Chanoines fc- culicrs font demeurez à Latran iufques auiourd'huy. Des Chartoines de S. Marc de Mantouë. Outrelcs Chanoines réguliers de Latrâ,il yaencor ^ les Chanoines de faint Marc de Mantoué , leiquels fc difent auoir efté fondez premièrement en Alexandrie d'Egypte pat fiint Marc l'Euangclifte, , c'eft pourquoy ils (ont appeliez Chanoines de S.Marcnon Iculcment du tiltre de fon Eglife , mais encore du nô de leur Au- thcur.Quant à ce qu'ils ont eu faint Marc pour patron, Thiftoire Eccle(ïaftique le témoigne , & te Pape In- nocent Ill.du nom le confirme par vne Bulle dattéc de Tan 1250. Honoiiuslll, adioufta à leur congrégation, quatre Conuents. Pluficurs Papes leur ont confirm.é leur règle & leurs priuileges. Ils fouloient prendre leur repos fur des paillaftes.v. foient de linceuls de laine, icûnoiét depuis Todauedc la Refurrcélion, lutques bien auant en Septembre , Si TAduent,& tous les Védredisde Tan née. Ilsgardoient vngrâd rilcnce,&: viuoienten commun fans aaoir riê de propre, prcnoic: exercice z.heures leiour,faifoient Itur profcîTionaa bout de Tan, n'sdmcttoicat aucun De toutes les Religiohs. âriiabit qu'il n'eut dix- fcpt ans , s'addonnoient à l'e- ftudc&atix Prédications. Il yauoitauffi desMonaftr- rcs de Religieufes de leur ordre.Ils n'ont à prcfent au tieMonaftereque celuydciaintMarc de Mantonè,& vn nombre dépendant d'iccluy àNiefe, près du P?- doiian. Enleurs maifons, ils font habillez comme les Chanoines de Latran.auec le roqacc,& la traucrfe,mais quand ils vont parla ville, ils iéttent vnfiocblanc deifuS} ils portent le bonnet quarrc blanc. Quand ils vont au chœur , ils ne portent pas le froc > mais lf ro- quct)&: mettent delîus vne mollette blanche.commc . font les camailsdes Eoefquts.Ils portent encore l'au- mulFc fourrée fur le bras, comme les Ch.moincs fccu- liers. Ican André fur la première Clémentine dit que dcfon temps ils fe vcrtoicnt ainfi. De la Religion folitaire de S. Paul premier Hemite. Encore que le bien heureux S.Paul premier Hcr- miîe.n'ait fondé aucune Religion en fon tempsfueant- moins d'autaiTt qu'il a efté félon S. Fîicrofme le chef de la vie folitaire, & le Peredetous les Hermitcs,il cil bien raifonnable qu'on die quelque chofe dcluy, Ce S. homme flori (Toit l'an zjo. ibus TEmpire de Dc- cius,&: Valcrian, lequel durant la pcrfccution, que ces Empereurs faifoient aux Chrcftiens, s'cftant retiréà vnc petite ferme près de Thcbe , car il eftoit de cette viljeià.& fçachant que fon beaufrere levouloitac- cufcr.il s'en alla'en vn dcfcrt où il trouua vnccaucrnc» au dedans de laquelle il y auoit vn fort beau Palmier, qui cftcndoit fes rameaux par vne ouuerture d'enhaut: cr Paimieï eiloit fi grand qu'il couuroit tout ce plai- fant lieu , auprès duquel eftoit vne claire fontainc.il y auoit là encore piufieurs cachettes, où l'on fouloitbat tre fccrcttement de la toonnoye du temps de Marc Antoine & de Cleopatrè: ce fut la retraite deceS.pei- fonnagc, où il fu: fubftantépar vn corbeau l'efpace de 70. ans, qui luy âpportoit tous les iours vn demy pain à heuf heules de matin. Il prenoit du fruift de ce Palmier,& fc vcftoit de fes feuilles, eftant la plufpart du iour & de la nuid en contemplation. Il demeura en ce lieu cent & dix ans, & il y entra en l'âgé dè fcize ans , ayant rbené vne vie angciiqUe en t&rte. l De le Religion de S.Antoine Uermite. Quant à?., Antoinè, qui a efté le Pere des Moines d'Egypte, il fe retira au defert tn l'âge de i8. ans& de- my,& y demeura S3. ans. La couftume dcc« temps tfi-oit , que qui vouloit laifferlc môdéfë retiroit cb quelque lieu à l'cfcart,où eftant fe parc du peuple, il faifoit telle pénitence qufc bon luy ièmbl*oir,& chacun prenoit l'habit qu'il pcrt- foitel^relc plushonncfte, mais c'eftoitfans forrtie, on règle de vîure,& n'y auoit parcillemént aucun qui s'o- bligcaft par VOEU .-mais il éftoit en liberté de toute per- fonne dé s'en aller où il luy plaifoit, & fi quelqu'vn changeant de volonté s'en allôit autre part , il n'eftoit point noté de Iegereté,comme il fe Void auioùrd'huy. ^ Ce furent tous ceux -c^ qui làint Antoine fe rrit à yifiter, commed'office tous le recognoifloient pour Pcre;auffiaileftéd'vnefigrandc vertu, «Se tellement fignalée par tout le monde i que les Empereurs, les Roys & les Princes luy cfcrinoient l'ouuét pour auoir fon conleil , S: pour fe recommander à fes piieres. Il mourut Tan denolire falu:34s. fous l'Empiredc Con- RantinlI. qui regnà auecConftant & Conftaiice fes frères, iauqucl temps Iule (econd, faini pcrfbnnage, tenoit le fainft Siège Apoftolique. 11 a efté fdrt pro- prement appellé lePeredes Moines , fi on a eigard que c'a efté le plus vaillant Cb.ampion, voire le plus excellent Capitaine qui (bit cntié en lice contre le diable. Toutcsfoiscen'eft pas à dire qu'il ayt tftérAuthéur de h vie Monafliquc, car le Grand S. Denis Atcopagi- C-- teau liurc delà Cclefte Hiérarchie, Hitque cet oidre eftoit le premier des trois qu'il mcten auant , tefmoi- gnât que les Apoftres appelloicL les Moines feruitcurs deDicur&Philon luii^, quiviuoitdu temps de l'Em- pereur Tibère Calicula, tn fon trai(ftc qu'il a fait de la vifc contcmplatiue ; auquel il magnifie grandement les Chreftiens , lefqucls il appelle feruiteurs du grand Dieu, lenom deChrcftien, qui prit fon commcncè- méntcn l'Eglife d'Antioche , n'eftant pas encore en vfage.Il dit qu'il» n'auoient rien de propre cntr'cux,ntïl d'eux n'eftoit richè.nul paunre , ils vaquoicnr ordins^ ' rcraent â prier Djeu,& pfalmodier.dèfireux de fçauoirâ & viuans en grande abftinence. Il dit auOÎ que leurs habitaitions s'appelloient Mo- najferidt c'eftà dire folitude. S.Hierofme tient que S. Mire Euangeiifte a efté chef, & fondateur de la yiè Moniftique,f^ que ce qu'a efcrit Philon en la loii^ngê des Chreftiens, eftoit à caufe des loiiabies dcportémciis. qu'ilvoyoitdsS. Marr, &c de fes Moines en Alexarf- driercequi c'ftœniirmé par (Pierre Damian &Caffian à fçauoirquç l'Ordre Monaftiquceftoit du temps dei Apôires , ce n'eft pas toutesfois à dire que S.Antoine n'aytcftéle Pcrc des Moines :carà fon exemple , & là réputation de fa faintetc fut caufe de remplir de Moi- nes les deferts de l'Egypte .-mais cela ne fait pas confe- quencc qu'il n'y en euft auparauant, & non feulement en ces deferts-là, mais encore en ceux de laThebaïde» Lybie.Palcftine & Arabie. Religion des. Hilarion , & autres congrégations d'Hermi' tes O' Religieux de Thehide d'Egypte, ■ ^ Le bien-heureux Hilarion fût chef d'vnc grande multitude de Moines en la Syrie. S.Mâcaire difciple de S, Antoine &du même temps qu 'Hilarion fut lechef de ceux de Thcbayde. En la mefmeThebaydevnS.Abbé.nommcApoHo- nius qui hab.toit és confins de la cité d'Hermepol , ets laquelle fe retira la Vierge Maric,& le bien heureux S. Jofephauec le petit Icfus fuiant lecrue! Herode , ce- ftuy-cyau rapport d'Heraclîdc, commandoit àcinq mille Moines. Lemefme Autheur dit que l'Abbé Ifidore fit baftir auffi en laTliebayJevn Monaftcre cnuironné dernii- railles.oùhabitoient plus de mille Moines. En la montagne de Nitnc félon le même Autheur, diftinflre d'Alexandrie de quarante milles , il y auoit plus de cinq cens Monaftercs, l'vn auprès de l'autre. & vn feul Pereles gouuérnoit tons , ce qui femble du tout émerueillable, encore, adioufte-ii.qu'ilrrduua en ces Mbnafteres voifins d'Alexandrie plus de deiix mil- le Moines, dettes grande perfedion , & p-lus de.cinq mille en la montagne de Nitrie, S.Hierofme affeure , âufti qu'il troiiua en vne ville de Thebayde plus de- vingt mille Vierges, ôc plus de dix mille Moines, qui dcmeuroientlà. Le mcme miroir depenitcnce,S.Hierofme écriuant à Euftachius dit qu'il y auoit en Egypte trois fortes de Moines, à fçauoir des Cœnobircs, que les Gétils appel- loieiit Sacrezjla féconde des Anachorètes, leiquels de- meuroicnt par les deferts i la troihémélcs Romobors, gens de peu d'eftiire;& de valeur, qui n'Ctôiént fujcts à aucune cbediéce.ne yiuoicnc point feals , ains deux î deux , trois àtrois , ou dauahtage félon qu'il ieur ve- noit à la fantalie. Ils trauailloient de leurs mains,& ce qu'ils gaignoient , ils le tenoicnt en pr ople, en confé- rant quelque partie pour viurc en commun. -ils auoiéc leur deineure le plus coairriuncmcnt aux vidés Se aux Chafteaux, & comme fi l'air eftoit làin , ÔC non la vie, ce qu'ils Vendoient ils l'eftimoienc d'auantage que le bien degautiés. Il ya^rfoit toufiouts entr'cux quelque murmuré dit débat, pource que viuans du leur , ils ne v'oulbient «ndurer qu'autre leur cqmandaft.lis auoiéc toutes chofes èxccffiuetïient affedées , les mant^fs par le Pape Eugc ncl V.dc ce nonj. Quant à S, Bafileil mourut'l'an ^-j^. du tetnps que Darnaïc premier du nom j tcnoit le S. Siège, & que l'Empereur Valcns Artien gouucrnoit l'Empire. Ordre de l' Abbé Vaconie. Apres S. Bafile» l'ordre des temps requiert qu'on parle du bon AbbéPacome, lequel on tient auoir ré- ccu la Loy , qu'il donna depuis à Tes Religieux : écrite | fur des tables de metail , par le miniftcroi d'vn Ange, lequel l'ayant bien inftruit en tout ce qui eftoit necef- faire pour la vie monaftique > difparut , luy lailîant vne telle ferueur d'exécuter fa commifiîon, qu'en peu de iotirsilafleniblaplusdefeptmille Moines, lefquels ^fe logèrent en diuers Monaiteres , qu'ils habitèrent les vus auprès des autres. A l'entour du piincipallicui où fc rctiroiîPacome.quc Gennadius au liurc qu'il a fait des Confonanccs Eccieiîaftiqucs, appelle homme doiié de grâce Apoftolique , tant pour fa façon d'enfeigner, que pour les miracles qu'il faifoit.il en eut encore de- puis mille cinq ccns.outreles fept mille fufdits , tous Cqas (adifciplinc, & Icsdiuifaen vingt-quatre ordres ouclaires, félon la difpofition des lettrcs^Grecqucs, ainfi qu'il auoit eftéenchargc patl'Angé , car parce moyen il n'auoit qu'à eruoyer quenr les chefs pour fçauoir tout l'eftat de Tes Religieux. ^ Tousceux-cy trauailloient chacun de leurs mains, ainfi qu'à tous les Monafteres d'Egypte , & ne rece- uoientpetfonneàleur profefïîon , qii'il ne promit de irauailler de Ton métier, quel qu'il fut,& ce qu'ils gai- gnoient (cconfignoit entre les mains du dépenciër, lequel par ordonnance de l'Abbc pouruoyoit à toutes leurs neceflîtez. goirs deToùrsliure 10. de Ton hirtoire Françoifc , &c vu autre que (ans ci ainte il prefchoit la fain de Tri- nité, dont il fc retira en Gaule , car il conucrtit beau- coup de Paycns , rompit leurs Temples & leurs Sta. tues, Se fit beaucoup de fîgnes pârmy le peuple , & banicvnMonallcreàPoidliers.oùil s'artefta luy & (es Religieux viuans d'une fi fainde vie, qu'on s'èilimoit hcureux,qui en pouuoit auoir vn pour Euefque,<5i luy mefme fut quelque tcm^s après efleu Euefquc de Tours où il fit ce célèbre Monadere de Masmontiet à demie lieue decette vil!;- là, où il édifia vne EgHfe en l'honneur des Apoflres faint Pierre & faint Paul, perfonnage au demeurant de graiide faindeté, tant pourfon obeyflànce, patience & humilité que chari- té & pauureté , faifant plufiîurs grands miracles entré eux.- Il reffufcita trois morts, il rendit la vieaplufieurâ aueugles &:gucric plufieurs malades de diuerfcs infir- mitez : Il édifia desEglifes aux villages fuiuans,^ Lan- geft , à Soîonac, à Ambroire,à Cifanagç,à Tournefn;^,- ge : il trépafla du temps des Empereurs Arcadius 6c Honotius , Syricc premier du nom feant au faind Sîege. Religion de faint Uieràfme. Mais qui pourroit pafler fous filence le grand S-Hie- ij rofme,ce mnoir de pénitence qui a feruy de pere à tous les autres Dodeurs , & duquel l'Eghfetire iour- ncllciTsent vn grand fruid de fes labeurs. Ce grand pet fonnage eut pour père vn Gentil- hom-^ me nommé Euiebe, Seigneur d'vn Chaftcau nommé Stridoniecs coafins de la Pannonic & Dalmatie, le- quel paruint à vne dodrine fi reîeuce par deifus lé communiqué S. Auguftin dit de luy, que telle a eftéfa cognoifiance en toutes les fciences libérales 6c aux langues, que iufqucs à Ton temps, il n'a cogneu aucuti autheur qui fe peut comparer àluy:Ilfut fept ans en- tiers fans faire autre chofe que voyager auec grand peine & difficulté, après lefqùels il s'en alla aux plus afpres deferts de l'Egypte, oii il fit fa demeure l'efpacè de 4.ans entiers, Se qui voudra fçauoir fés ieufnes , fcé pcines,& fes au fteiitcz,qu'il fit en ce lieu, iife la lettre qu'il éçrir luy mcGste à Euftochius , à la fin defqueîles années il s'en slia en Bethléem cite de ludée, hors les portes de laquelle du colié de l'Occident, nongueié Ce faint homme mourut l'an 405.de fon âge le cent j loin du lieu où nafquit noftre Rédempteur, par la pet dixiémeranp.del'Einpire d'Arcadius & Honorius, & miffion de Cyrille Archeuefque delà. du temps que. l'Eglife Roittaine écoit gouuernée par Inuocentpremier du nom. Abbaye de S. Sjmpimieh & de fes Religieux^ Enuiron le mefme temps de Pacom-e, viuoit aufiî le bon Abbé S. Symphorien, lequel fit baftir vn Mona- ftere hors de la ville de Milan, oùil feretira auec plu- fieurs Difciples , aufquels il donna vne règle , laquelle ne fe trouuc point , ny mefme comment ils étoicnt ve- ftus, d'autant qu'incontinent après l'ordre monaftiquc a efté tout réduit en vn : combien qijie depuis S. Be noiftils'étoit diuifé en plufieurs membres. Il viuoit du temps de S. Ambroife , & ce fut à luy que cé faint Euefquecnuoya S.Auguftin après fon D3ptefmé,com- ineà vn homme pluî; fignalé en pieté & en dodrine que les autres. il eftoit tres-dode, & conuerfa familièrement auec Vidorien excellent & fameux Orateur, du- quel faindHicrofme fe dit auoii: elié difciple*^ au- diteur. MonaHere de faint Martin de Tours. Reftent encor deux autres perfonnagcs qui ont fon- dé des Monafteres r le premier.S.Martin natif de Saba- ric,Chafteau fameux en Hongrie, auiourd'hu> appelle Stain,nourry à Pauie.baptizé à Poidiers par faint làireËuefquede cette ville là : ilficbnftir vn Mona- fteteàMilan. cnitalic, mais il fut fdictié de verges Il édifia vn beau Monaftere , dans lequel vn peu dé temps il afTembla grand nombre de Difciples, entré lèfquels furent le faint perfonnage Eufcbe deCretno- ncquia dépuisécrit la vie de fon maiftrc&Symphro- nie qui a écrit aufii fort dodement.S.Hierofme écriuit eri cclièuaucc fés difciples, Ce\on l'inftitution dcà Apoftres,fans que par le grand trauail auquel il s'exer- çoit continuellemctJten la tradudion des faintesEf- ctitures il relâcha de fa pénitence. Son ordre s'appelle des Hierbfmiens ou Hieronymi- tcs, qui fonténcore auiburd'huy beaucoup en JSfpa- gncriis fe vêtent par deifous d'vnc tunique blariche,& par dèfilis portent vn mantcali dé couleur taunée.plif- Ice paren haut, comme on vféen là cdûgregation de^ leluites.. Leprincipil Monaftere de toute cètte congrégation s'appelle S. Biithe]eii-,y de Lupienè, qui eftaffisàtroié lieuësprcs de la ville de Gardayes , & font de cét Or- dre bien trente deux Monafteres en Efpsgne. ' o. On les appelle vuîgaireriient , les Mbinès dé iaind Hierofmé de Garde Loup, ils font la profcf- fiondefaindl Auguftin, & obferuent quelques con- rtitutions à'icelu-f : il n'y a point de Religieux dé cette profcOîon en italie ; finon qu'ils entretiennent vnPiocurèùr. Quanta faind Hierofme 5 i! mourut le dernier luur de Septembre l'an ifzo.ledouxicroe de GCcc 3 l'Empire 4. Difcours de lX3rigine 16 85S l'Empire d'Honotius,& du Pontificat du Pape Boni- face l'an premier. Religion de famt Auguftin. U première reiglc approuace de l'Eglife^apres celle de S. Bafile legrand , a efté celle du Doreur des Do- reurs faint Auguftin :C« efpritfi digne & fi releue &qui ne fera iamais honoré (clon Ton mente, nal- Quit enuiron l'an 558. au Chaftcau dcTagaft. &eut pour pcrc vn nomme l^atricc & fa mcrc Monique : en l'âge de dix - huia ans , la Icdured'vn hure nomme Hortenfc, le rendit Manichéen , & comme il fut venu à Rome, il acquit vnc celle réputation pour fa dodri- ne , que les Romains érigèrent vne ftacué en Ion hon- neur : Et de là s'en cftant allé à Milan les prières de fa nîere faintc Monique. & les dod« Sermons de S. Ambroifc, le tirèrent de l'erreur, où il auoit cfté lul- ques au trentiefme an de fon âge. Delà s'en ixtourna en fonpays,& ayantobtenu d« rEuefque d'Hippone vn iardin hors la villcil fie baftir vn Monaftcrc auquel il viupit du labeur de fes mains, en toute intégrité , (elon l'inftiuKion de la prim^uuc ^Lors qu'il print l'habit de Relîgioh, il auoit douze 1 compagnons , dcfqucls voicy les noms , Auguftin, Nembnde, Enode, Alipc, Pontient, Dicu donncSim- plician, Fauain,Grcc,Hordule,Valere,Iuain,&: Paul, lefquclsfe ceignirent tous d'vnc ceinture de cuir, au rapportdumèfmcfaint Auguftin , à la différence des Moines. Apres donc auoir efté quelque temps en ce Mona- ftere, auec d'autres compagnons toutesfois que ceux qui ont efté nommez cy-dellus , voyant l'afflucnce du peuple qui le vcnoiuvifitcr. U fe rctiraà deux milles de la ville, & ceux qui le voulurent fuiure, baftilloient de petites logettcs fur les .cofteaux de la montagne, De là vint l'origine des Hermitcs de S. Auguftin, îcfquels pour lors eftoicnt bien iufques au nombre de îzo.fous fonobcyftance:nul d'eux beuuoit point de vin.finon en cas de neceflTué. Cenombrepar après multiplia, de forte qn en pfu de temps onvid en Afiique pluficurs Monaftcrcsde cet ordre : mais les perfecutions des Gots & Vandales, les contraignirent de quitter le pays & de s'en aller aux autres Piouinces dcMcfucftienfc, où cet ordre fut encore tellement pcrtecutc pdr les hcrctiques & Inftdelles, qu'il fut prefqiî« du tout éteint , & cciu - que* au temps dcGuilUume Duc deGuiennc. quiic îenditHcrmitedecét ordre, !a fainceic de vie duquel futcaufe qu'il obtint des Papes Anaftafe Ôc Adrun, tous deux IV.de leur nom,dc pouuoir lailfer les Hcr- îiiîtagcs Si fc retirer iuy & les frères de fon ordre dans les villes. , >■ , n- l » Et aucc cette pcrmiffion il fit baftir vn beau 5c stand Monaftcrcà Pans, qui fut le premier de cet or- dre bafty dans lès villes, & fes Religieux à caufe de leurreft?urateur, s'appclloicnt GmUcmins.cclaaduint l'an 1157. , , Depuis enuiron Tan ixoo. cet ordre commença de florir en Italie par le moyen de faint lean furnommé le Bon , natif de Mantouè. qui fe rendit Religieux de cet ordre , acquérant vnc réputation, tant pour fa fainteté que pour fadoârine ,qu Uon occafion on fit plufieurs Monafteres dc4'ordre faint Auguftin,tanten Romagnc, & Duché de Spolcte , qu'en la Marque d'Ancone&en laLombardie, fi qu'on lepcucnom- roer le reformateur de ccc ordre en Italie. U mourut l'an mille deux cens vingt -deux fon corps repofc à Mantouècn l'Eglilcfaime Agnes, iliuftre de plufieurs miracles. a' j Quelques-vns tiennent qu il a eftc précepteur de faiiu François d'Affifc . & qU'il fit profclSoncncre les iTiaiubdudu Ican. Apres fa mort l'ordre fc liiultipli a grandenacnt. mais les Religieux prindrent diners habits , les vns fe norn- mans de faiiit Auguftin , les autres de faim Guillau- me, d'autres de faint lean le Bon, aucuns de la congre* gation de faint Fabien, autres de celle des Britins. Celafuicaufc que l'an ■1145- le Pape Innocent IV. du nom , ordonna que tousHerœite^s & autres Religieux de l'ordre de S. Auguftin feroient appeliez d'vn nom feul, à fçsuoir Augùftins, ou Heremitains de S.Auga- ftin, & combien qu'ils fiftent leur refidence dans les viîîes,qu'ils feroient neâtmoinsappellcz Heremitains, & viuroicnc félon la profefllon 01iuc- | Charlcmaqnc , &:S RacliifeRoy des Lombards, I tains , & de ceux de Tainte luftice- / premier dcfqucls , fçauoirS. Carlomari , eut aharae Comme toutes ces chofesforlignentauec le tctnps ) del'Eftat, S. Rachife du labourage, &au lien de Se fe déuoyent quaiî infenfîblcmeiit d» droid che îhin.l'Ordre defamâ; Benoiâ: ayant flory auec grande réputation, s'cflrvigna tellement de l'iiiftitution pre- ttiicredeleur fondateur, que les Conciles tant géné- raux que particuliers auoient déjà faitplu(icurs ordon- nances pour les reformer, & les faire retourner à leur premier principe. Mais ce que les Décrets, ny lauthoritc des faindls Pères n'auoient pu exécuter, lafainfteté d'vn bon Ab- bé dcClugny,nommcOdo,lc fit heureufemcnt rciif- lit faifant rcirufciter prcfque de mOrt à vie l'Ordre Monalliquc , contraignant d'obferuer , & obferuaht luy- même de poindl en poinâ: tout ce qui fe pratiquoit du temps de S. Bcnoift , de fortè que plufieurs autres Abbcz attirez par fon bon exemple , reformèrent âulE leurs Abbayes , ce qui fe fit non feulement en Francej mais en Efpagne.cn Allemagne, & en Italie. Et d'autant que cette reformationauoiteu foncom- ihencement à Clugny, l'vnion de tant d'Abbayes, qui croient enuiron bien looo. fut appellce la congrega- • tion de Clugny , &c tous les ans par h pcrmi{Éon& fou* i'authoiitc des Papes , tous les Abbcz de cette congrégation s'ancmbloicnt en vn certain lieu, & ap ' pclloicnt celaChapitre gcncraljoù il fe traidoit du rei- glement;& façon de viure des Religieux, oftant ôc pu- liilfantceux qui auoient failly. Ce bon S. Odo^iuoit l'an 913. 6c mourut fous FEmpire d'Henry II. durant le Pape leanX, natif de Raucnne. Le Cardinal Baronius l'an yi6. de noftire Seigneur, parlant du Monaftere du mont Caffian , dit qu'il ny aura iamais Monafterfe en la Chrcftienté d'où foient fortis tant d'hoiiimes illuftrés en faintetc & dodrinê, du viuanr même de S. Bcnoift, y étant outre S. Maùr Se S.Piacidc) S;Hcrculan, S.AnEoinc, S,Felician,S.Fau- fte, S.Conftantin, S.Simplicc, Abbédudit Monaftere, comme auffi S. Vital, S.BonihS, Petronax,S,Apollinai- rcS.Dieu donné.S.Berthere, S.lean premicr.S.Vtbain Pape. On fait eftat dans lés Chtohiques dç cet ordre, Qu'il y a eu dans ce Monaftere du mont Caffian iufques au nombre de ffji. Religieux fainds tous canOnifcz & enfeuelis en iceluy. Le PapeZacharie fut eti perfdnné en ce S.Monaftè- le pour yconfacrer la féconde Eglilè.où fe trouucrtnt (comme il eft rapporté en faBulle}i3i Archeucfques 63. Eucfques. L'Abbé dudit Monaftere du riiont Caffin adit qua- lifié de ces tiltrcs, Patriarche de la Religion facrêe , Abbé du fdcré Monaftere du mont Cafm , One & Prince de toiis ies Abbez& Religieux : Vtce . Chancelier du ficré Fmpire far l'ltalie,Chancelier des Royaumes de l'vne é de l autre 'Sicile y de Rierufalem & Hongrie ,' Comte & Recteur de la Compagnie, de la terre de Labour, & de la Prouince mari- tmcVice- Empereur le Prwce de h paix. Cedernicr tilcreeftoit donné à l'Abbé du mont Caffin, d'autant que perfonnenc fc pouuoit recon- cilier à l'Empire > finon aacc le conlentcment dùdit Abbé. Pour c* qui eft des richeflss , reitenus & dépendan- ces^ l'on rchiarque que 4. Euefchez cftoicnt en fa mnf didlion & domaine : enfcmblc luyécoienc fabjedes i. Principautez, i. Duchez , 20, Comtez, outre ce, ^5. Villes fcrrhécs, 440. Bourgs, 25o.Chaftellenies, 25. ports de mer : 33. Illcs, 500. ccrritoires, 200. moulins, iq52. Eglifes , & auoit de renié 300. mille efcos. En ceMonaft;ere furent Religieux S. Carloman,qui auparauancauoit efté Roy d'Auftrafie, & d'Ai 'emagne & fi cfc de Pépin Roy Ft5cc5(?c oncle de l'Empereur 1 Couronnes Ôc de Sceptres on leur donna vne houllct- te& vn hoyau. De cet Ordre maintenant on fait eftat qu'il a ;5.mille& ifiocfaindts canonifez. Il ya eu 46.Papes de cet Ordre. Cinquante vn Patriarches. Deux cens Cardinaux del'Eglife Romain^. Millé i/x cens Archeucfoues. Quatrè mille fix cens Eucfques. Il y a eu des Monaftercs de cét Ordre, oùviuoient 2. & 3000. Religieux, comrriC à lumiegcs. en France,& à Bcncor en Irlande. ^ Fclongc , Chroniqueur de l'Ordre de S. Bcnoift, Ôc Genebrard eh fa Chroiiographie,ont obferués qu'il y a eu des temps aufquds on pouuoic compter dans la Chrcftienté , trente fept mille Abbayes , q^iinze mille Prieuriez,& quinze mills Monaftercs de filles, tous dê l'Ordre deS.Benoift. H y a 40. Archetiefques Benediiftins en Gantor- bie Metropolitaitie d'Angleterre , la moitié defqucls fonp fainârs cangnifez, 11 y a eu î8. Empereurs , [qui ont milité fous la règle de $.Benoift,&: ij. Impératrices. ^ Pn^S4S Roys,&y^; Roynes. Cent qusrante. fix enfans , d'Empereurs , & de Roys de très - illuftres maifons d'Auftiafie , ôc Lor- raine. Quarante Princes, ou enuiiron. Marquis enuiron ico. C'cft cét Ordre de S. Bcnoift qui a donne les prémi- ces de l'cfprit à S. Ignace de Loyola premier inftitii- teur de la Société de Ièsvs , Ôc l'a euroolc au nombre dcs foldats du Ciel à Mont-ferrac, étant auparauant , (bldat du mondé. C'cft cet Ordre qdi a enfcignc les bonnes mœurs & les premières lettres à ic grand Dodeur Angélique S.Thomas d'AquiP. , CétOrdrea auffi donné le Prieuré de noftre Dame dés Champs éà faux-bourgs S. lacques lez Paris , pouc y commenèer la première mâifon des Rcligieufes Carmelinescn Francci C'eit finalement céc Ordre facté qui a produit les 4» grands & trcs faints Dodeuis de la tres-fainte Vier- ge, fçayoirfainâ: Bernar d,S.Ildephonfe,S, Anfclrnc, & ce grand S. Rupcrt, qui -a étondéle monde de fa raré dodriné. Ordre de la Càiigregatién de Cimalduly. Quant à la Congrégation de Catsialduly, cUccut poiir fondateur S; Romuald natif de Rauerine, de \i fariiille de Saxes, lors noble & illuftre en cette Cité; lequel étant naturellement porté à la folitude, encor - qu'ilfuftl'àifné «Scl'vriique de famaifon, il quitta lé monde en i'àge de io. ans , &fctetitâati Monafteré des Chadcs prés deCaucrme, où il s'acquit paria bon- ne vie , infinies perfonnesà Noftre Seigneur» de forte que félon Pif rrt- Daiïîian non feulement èn la marque Trénifane 5 Rorisngne , & Tofcahe , maîsencor en la France, & en ia Syrie Ir grand nombre (ê conuertil- foienc , que i'il n'y eùft ntis ordre, prcfque la meil- leure partie du monde, par manière de parler, fe fuft mife en Religion , plafieurs Comtes , Marquis , Ducs. & autres pcrion/i'agc5 illuftiçs écânsordinâireraÈnt lés Difciples. il édifia plulicur.4Abbaj'cs én la Tofcane,'én la mar- que d'Anc-ineièn la Komagne, & és parties d'ifturie, lefqucHcs ii tcmplit toutes de Moines, puis ii fit baftir le fameux & tel cbreJi eu dé Camatduly en laTofçanc prés d'Arczxp appcllé ain^i d'vn certain Maldo Gen- cil-hoiiim'jÂrecm , lequel cognoilfant la faintetc d« eCéC 4 Romuali' Difcours de l'Origine 860 RemuaMluy donna vne partie de l'Apennm , oùeft auioutd'huy bafty ce Monaftere,lcqucl Romuald vou- lut qu'il foilainfi nommé, «î recognoiffancc de Ion bienfaâicur. ^ Ce lieufe maintient encoren fa première vigueur, gardant fon obcyirancc iufques auiourd'huy, ce qui le rend honorable & reueré entre tous. QnantàS.Romualdil flonfToit l'an de falutiooo. étanTrEmpire des Grecs tenu par Bafile & Conftan- tin , & celuy des Allemands par Othon 3. d« nom. 11 mourut âgé de 120. ans, ayant efté lo.ans au monde,3. ans Moine,& 97-Hermit1 leur défend d'acquérir terre , ny même d'accroiftrc leur première habitation, en quelque part que ce foit. Louys VU. Roy de France furnommelc Icune , a la différence de fon pete Louys le Gros , fii venir de ces Religieux del Ordrcdu Grand mont , ap|>ellez pour lors Bons-hommes, ou Hermites, étans arnuczle koy leur donna entièrement le bois de Vinceijne. aueclcs baftimensquiy croient conftruits , au heu ou lont auiourd'huy les Pcres Minimes , & leur odroya pour leur viurefept muids &demy de froment, à prendre par chacun an fur la grange de Goncflc , comme il ap- pert par les lettres patentes dudit Roy l'an de ialut 1164. figné Louys , & auec luy le Comte Tibauld, de S. Matthieu grand Chambellan, hgnc Guidan grand Bouteiller, & (îgné Radulphe Conneftable, donne par h main de Sigon, Chancelier, Eucfquc de Soillons. C" Copucnt demeura à l'Ordre de Grand - mont iufqu'enl'an 1J84. q^e IcRoy Hen>y lU. ht vn Con- cordat auec le ReuerédPetecn Dieu.Fiâçois de NtuK uillr, Abbé & General dudu Ordre, par lequel Con- cordat iceluy Abbé confentant , fousicbonplaihrdc iioftrcS.PerclePapc , que ce Prieuré dudit bois de Vincenncauec tous fcs droits, polfedions & reuenus, fuft diftraift dudit Ot drc , & transféré à tel autre qu 1 1 plaitoit àfaMajeftc,laqucllecn recompente bailla aux Religieux du Grand- mont le Collège de Mignon auec fcs appartenances, félon la foime prelcntc dudit Cou- cordât , fait entre Meffirc Phihppes Hiuaui heur de Chiuetny , Chancelier deFrance, & le Prieur dud.t Prieuré du bois de Vincenne , & Meffirc Claude Mar- cel Intendant des Finances , au nom , & comme Pro- cureur du Roy , & par luy ratifié par fes patentes don- nées à S. Maur des FolTez l'an 1584. le M- May,& con- firmé par le Pape Grégoire XllI. fuiuant cet accord & permiffion du S. Perc, le Roy y introduiht les Frères Mineurs, ou Cordcliers de l'Obferuance , lefquels ne s'y purent accommoder . & la melme année qu'ils y eftoient entrezs'cn retournèrent au Ccnuenc de Pans, à raifon dcquoy au" mois d'Odobtc ijSy. la Majclté tira du Conuent de Noftrc Dame de toutes Grâces de Nigeon lez Paris 18. Religieux Minimes , lefquels transferez à Vincennesy commencerenc le dimn fer. uiccle 17. 06tobre aux premières Vefpres de la feltc de S. Luc audit an , ce que le Pape Sixte V. a confirmé par fa Bulle du ly. lanuicc i^i6. & le Roy par fes pa- tentes données à Pans , au mois û'AouilijS/. a con- te fîrm-é aufdiis Mimmcsle don du lieu deVinccnnes, 8c de tout ce qui en dépend , confirmé encor p-r le Koy Henry IV.par fes lettres patentes données à Fontaine- bleau au mois d'Oâiobrc 1599. Ce Conuent deVincennes, pendant qu'il a eftede l'Ordre du Grand- mont , & fpecialement depuis l'In- ftitution de l'Ordre de S.Michel fait par le Roy Louys Xl.en l'an i^6ç,À\ en eutvn beau priuilege quieft,quc quiconque cftoit Prieur de ce lieu, eftoit Chancclicc dudit Ordre de S. Michel, & auoit lefeaudu Roy, du- quel on feelloitlcs lettres deccux aufqucls fa M5|cftc deuoit donner le collier duditOrdrc. De l'Ordre des Hojpitalicrs de S. Antoine. L'an 109J. futinfticué l'Ordre de ceux qui ferucnt w aux malades des Hofpuaux deS. Antoine , c'efl à dire, ceux qui vont perdant leurs membres peu à peu con- ^ fumez, comme on dit, par le feu facré , & ce par ce Gentil-homme François, nommé Gafton auec Gucrm fon fils étans compagnons,lcfque!s comme ils çfloicnc las,prindrent pour marque la lettre Tau. Ordre du Val d"Ombre. Celle du Val- d'Ombre a eu (on otigine de lean Gualbert, lequel cftoit Seigneur de Petiiuol & du Val de Prcfche:cettuy-cy ayant rencontié vn fien enncmy . leiour du Vendrrdy S.lequel IV-yant tué.fon frerc,& Pautrefe voyant ferré de fi près qu'il n'auoit aucutï moyen d'échapper le pria de luy fauuer la vie.pour l'a- mour de celuy qui Ce lour - la auou voulu mourir en l'arbre de la Croix,pour le falut de tous, delqucUes prières lean fut tellement émeu , que non (ealemcnc il luy donna la vie , mais encor ayant mis pied à terre l'embralia rendrcment,& luy promit à Taduenir ac k tenir au lieu de fon frcre qui cftoit mort, De là il s'en alla en l'Eghfe de S.Mmiat près de Flo- rcnccpour fane fon Oraiton, où s'clhnc mis à genoux deuant l'Image du Crucifîs, qui cftoit su heu du 1 cm- plccUeinchnavifiblemcncla tcftc deuers luy,auccvn croulement& fracaircment du bois, dont elle cftoit pvcfqu'e toute . monftiant par là que Dieu auoit eu agréable l'œuure qu'il auoit fait . & s'il fain ainfi par- ler, ieremerciou de ce qu'il auoit pardonne à !on en. „emv nour l'amour deluy. Ce miraclel'induiht as al- ler rendre Religieux en ce Monafterc de S Miniat, au- quel ne pouuaîu demeurer pour de certaines caulesT raifonnablss,il s'en alla furvn bris de rAppennin,di. ftantde Floréce io.maies,& s'arieftaen vu heunotti- me Val ombreux,où il édifia vnefimple & panure Atî- baye, laquelle dcuinc riche & fameufc par aprcs.de ce hcaprintlenom& l'origine la Congregaiion du\al d'Ombre.Il iBourutl'an i057.rous l'Empire de Henry j.eftant Pape Grégoire y.lcquel le canonifa félon quel- ques-vns,d'3ucres difcntque cefutCahxte. Les Relipieuxde ce heu fevcftent d'habit clauflral de couleur de fumée ou perfc.à la diflercnce des Moi- nés noirs,& obferuenr la règle de S.Benoift. ; De l'Ordre de S-Bruno. & des Charireux\. Vn autre miracle, mais fort épouuantablc, q"e^"« temps après l'établUkment de celuy du Val d'Ombre, futcaufedel'ongine deceluydes Cfiartreux, a Içauoir l'an 1080. de ce Dodcur de Paris, homme f^m^ntôc de reputationJequel étant trépaffé & porte en l'Egli le. auxVigiles qu'on chantoit fur vu corps , àcettc leçon qui commence Rcfponde mtin. s'cftant leue en fon leant dans labicre. relpondit le premieriourauec vnevoa tcrnble,/«/?o D':iiudicio aaufatus funiycc^ a dircpar .e iufte lugement de Dieu le fuis acculé : au fécond loiit , car on d.tfeta pour lors fa fepulture , comme on au mefmc endroit des Vigiles, U felcuacom".^ lour de deuant, prononçant fore haut ces paroles L./.'U Dei tudtcio tudtcatus fum , comme ou eut rcaUa encore au lendemain de voir la in. de cette n er «cille , la nouuellc de laquelle s'cltoil clpandue parcoure la ville, le peuple eftant accouru déroutes pvts, & les Vigiles recommencées,conjnie on fut ve ru à la même leçon & qu'on eut dit ces mêmes paro- les , Refponde mihi , il fc Icua comme Icsiours de de- uanten àiCim,ltt(ieDeiiudicio condemn^m fum , auec vnevoixfi étranger épouuantable , qu'elle eftonna, «on feulement ceux qui étoient là prcfens , mais en- core ceux qui en oUirent parler. Or entre pluûeurs Dodeurs qui affilièrent à ce con- uoy, ctoit vn nommé Bruno Alemaii , natif de Colon- gne, de riche & de noble maifon , Chanoine en l'Egli. feCathedralede Reims en Champagne. Doreur en i heologie &cn Droidcômun lequel cmeu de ce fpe- aacle,non ïamaisauparauant vcu nyouy. délibéra de quitter le monde & fe retirer en folitude , & ayant communiqué fa délibération à fix de fes compa- gnons. Louys Docftcur Parifien , qui fiit le premier i rieur de la Chartreufe après Bruno deux qui por- toient lenom d'Eftienne.&rtous deux Chanoines,Hu- gues Preftre,& André & Guerin hommes laics,Iefquels «cchis par les remonftrances du S.homme, fcrefolu- rcntde le retirer en quelque defert, & s'en étans allez â Grenoble . eue de Dauphinéen France, ils allèrent fe ^1^1^ ^ Hugues , qui pour lors en ccoit Euefque, ahn d obtenir de luy quelque licufolitairepour y paf 1er lereftedeleursiours. ^ Or arriué deuant l'Euefque ayant eu vifion que Dieu ctoit decendu, cejluy fembloit, au lieu où cft à Drcfenc Jagrandc Chartreufe, & qu'il voyoitfept eftoiles de couleur d'or.qui s'éleuoient de tctre,difFcrcntcs de cel- les du firmament : ce fut la nuid de deuant que le S. homme & fa troupe arriuerent , lefqucls cftans venus trouuer l'Euefque Hugues, comme il les vid au nom- bre de fept: & qu'ils luy curent déclaré leur dcffcin, il ne douta plus de l'interprétation de fa vifion, de fdrte qu'il leur donna en don perpétuel , vn lieu defert, di- itantde dix milles delà ville de Grenoble appëllé la Chartreufe , lieu froid, comme étant entre deux très- hautes & tres-ftcriles montagnes.au demeurant plein d arbres touffus, mais fans frui'd.habité feulement des xipftes. _ Céttë ddnatfon confirmée par Hugues Archeucfque de Lyon, & par après par Vrbain ll.ià ils commencè- rent a baftir des logcttes, tellement feparécsqu'vn ne imifott point à la folitude de fon compagnon.edifians vnfc Eglifeauhaut de la montagne, vacqUanâ en ce heu à Mcditàtions, Oraifons, & à k Icdure des fain. ares Icttreà.à l'exemple des faints Pères d'Egyptctra- uailloieht de leurs mains, maceroient leur chair par leufne & difcipHne i & enfin fe propoferent des abfte- nir, tellemcrtt démanger chair toute leur vie, &de porterla hairefur le dos :ce qu'ils obferuent cncor auiourd huy. Il fe veftirent tousde blanc, fors la cappe qu'ils portent noii:e, &outreccquiaeftfc ditéieufncnt louuent.gardcntvn grand filence, mangent feulâ ordi- nairement hormis le Dimanche, & quelques certaines Wtes, aufquclles ils mangent tous enfembleàu rcfe- «OTC, ont certains ioùrsaufquels il leur ePc permis C'Ure Nonê&Vefpre de pouuoir deuifer enfemble lans lcrupule;leur office cftfortlong,enfin ils ne s'étu- dient qu'à la vie folitaire. î ^l"^ Congrégation s'étend en diuerfes parties de Chrcfticnté , & eftdiuilce en dix-fcpt Prouinces, autquelles il y a'nonante & trois Monaftercs. lis ont eltc nommez Chartreux > du lieu ou fe retira prcthie- "n^ét leur Predicateur,lequel ayanccfté mâdé à Rome par le Pape Vrbain qui àuoit efté auparauant fon difci P'Cj i! yfut , & luy fcruic grandement pour appaifer les troubles qui etoient lorsen l'Eglife.- auccfà benc- diélion il partit de Rome» & prenant fon chemin par îa Calabre ,il arriuacn vn defert appelle la Tour ou Dioccfe de Squilc; où si i sri £fts> faifanc aocclcs com- de toutes les Religions; ,A»_^ . O 85/ pagnon, qu il auoit auec fpy, fa re/îdence fcn certaine^ cauernesfous terre; ce qu.fç.durit Roger PHn^d. ^:^:!^?^^;^^'!^-^r'--^omme^r:n::^i^r A c V7'"""* '""'«^f »c^.nommeBruno,&Jfiv on td.lioren.encorevneamt. non^rdoindSi an« w, Monance a„p,„ où àoic^, les fi "„ '"fa Df l'ordre de Ctfleaux & cleruàux. lef!,T . nP''u^°^" del'Abbave de Mo- LaZ;« f ^"'^^'^^^«""rgongneauxenuironsde ITI I'^ T fi^perbes &larcifs, prmtauecluy vingt Ce vn des plus gens de bien d'entr e.îx , & partant de Chaa ons, vne des principales ville, de la Bourgon- gne ; alla faue fa demeure en vn lieu folitaire appdlé 2uTI''a 17 '^PfT^^"" Gautier Êuefque du tl Tnf '^^^T.^^^^^«<^^quede Laon. auecceque luy fit Odo Duc de Bourgongne.il donna comrnëce- mentauMonafteredeCifteaux, duquel toutecette Congrégation àpris fon nom & fon Origine , mais les Religieux de UbbayedeMolefme firent tant enuers 1 Euefque qu il retourna à Molefme, & vn d'entr'eu^i nomme Eftienncjfutcflcuiien fa place. Or quinze ans après cectefondation Bernard, natif du UK^au de Fontanay en Bourgongne' duquel foii L 'ÎT ' ^" compagnons, ^'^tre lefquelsilyauoit trois de fes frères , fe rendit Kchgieux en ce Monaflere , où il fit vn tel progrez eii a vie fp.rituelle qu'il deuança de bien loin tous les au- i très Religieux de fon temps, tant en fainteté de vie. que fcicnce infufe & acquife :fcsdolannois , afin qu .1 ne rcftaft aucune memoue d'eux , ,1 y fit f^cr du fel. & confina plufieurs Nobles & Illuftres perronnages,non feulcmem de Milan, mais aulE detoutes les citez, vo.- fines auec leurs femmes &enfanscn cxilcn Allema- pne , entre Icfquels étoit Gualuagne Vicomte , & dcja Duc dcMilan,filsdugrand Andrr : tous Icfquels après pluficurs années, ennuyez qu'ils cftoicnt d vn fi long txil, ils fe veftircnt tous de felanc . & s'ecans icttez plu- ficurs foisaux pieds de l'Empctear . ils obtindrenc en- fin de retourner en leur patrie, où auec cet habit rrcme ilspafTerent Icreftc de leur vie en grande chaftete & fainteté. gaignans leur vie à faire des onuragesde laine , Se donnans aux pauures le gain qui en proue- roit , fc nourrilfans du demeurant fort fobrcment. Mais voyans qu'Us ne pouuoient pas viureainn lon- puemem fans fe mettre fous quelque règle, par aduis d'vn bortPreftre nommé Ican,qui eftou oentil hom- me & natif de Corne au Duché de Milan , autres di fcnt'dc Mede, vnc terre de Corne clloignce d'enuuon i.ooo. ils fe mirent fous celle de S. Benoift : la règle qu'il leur donna fut depuis approuuee par le Pape In- nocent III. &par les autres Papes les fuccelTcurs: de manierequ'euplufieurscndrotts d'Ital.e , i l y a plu- fieursMonaftcresde cette Congrégation Ils ont a Milan dix Preuoftez, ainfi les appcUent-ils , & trois Conuents de RcHgieufes, le plus renomme ûcfcïiiels cft celuy qu'on nomme le Cerucau.ils ont efte les pre- STiicrsquiont traduit à Florence l'art dcbcfognecn lainclors qu'ils y allèrent habiter. Cette Congrégation commença 1 an nSo. du temps du Pape Luce III. du nom , & de l'Empereur Fedcnc Ils fomvcaus de blani. portent vne patience, auec vn petit capuchon coufu derrière, & mettent par dc(- fus vne longue robbe fendue par les coftez, pour palier les bras dehors , fous laquelle ils portent cncorvn grand capuchon, qui leur couurc la plufpart des épau- les, àlamaniereldu Camail des Cardinaux : ils ont vn bonnet rond en la telle, & leurs Prélats pour eftre re- marquez les portent quarrez , comme font les autres Preares , neantmoins de couleur blanche : ils iou- loient viure en commun, mais leur rcuenu cftant tom- bé entreles mains de leurs Prélats, ils fc iaiflerent aller àivturc àleiirlicence:maisl'an 1568. le famt &Illu- fttiffimc Cardinal Charles Borromée s'efforça d'e les temeltte en l'cftat premier auquel ils eftoienc ladis , a fçauoir de viure en commun & en Religieux , mais ce ne fut pas fans faire fouftril beaucoup à c e faint per- fonnage. fans qu'il aduinft quelques grands fcan- dales , pluficurs d'cntr'eux ne s'y voulans pas re- former. De l'Ordre des Cames. Combien que l'Ordre des Carmes ait tiré fon com- mencerocnt& fon origine du Prophète Elic, duquel il a efté fait quelque mention cy-deuant, toutestois l'ordredestempsa fait qu'on a remis à en parler luf- ques à maintenant. Ce S. Prophète viuoitau monde ^K.ansdeuantl'aduenement de noftre Seigneur , & fut emporté en vn chariot de feu en l'an de fon âge. Son perc eut nom Sabata de la terre d'Arabm, & de la lignée d'Aaron. S. Hicrolme tient qu'il fut le premier des hommes qui ne fe maria ïamais.U donna commen- cement à fon Ordre , non au terroir de Charith, mais au mont de Carmel où il viuoit.folitairemcnt & rcli- picufement , obferuant les trois points principaux dé la Religion, à fçauoir pauureté , obcdience> tk cha- Entre pluficurs Difciplcs qu'il eut, il s en trouuc quatre fort fignalcz , & tous Prophètes , le premier le Prophète Elifée , le fécond lonas qui prophetila en Niniuc : le troifiéme Michce de lemba fils de Hcrclm, qui prophctilaen Ifraèlauparauant Hclie , & depuis la rOrlgine difparition d'iccluy:Le quatrième fut Ab3ias de la tèt- te de Sichem & natif de Bethscofoii.^ , Elifce fut celuy qui demeura au mont de Carmel auec pluficurs cnfans des Prophètes qui s'en allerentau iardin couper des fafcines, dequoy ils firent des loget- tes auec du mortier, lonas s'habitua auec fes Difciples en SarcpCe, Abdias en Samaricquclqucs autres en Gai- gala,Ierico& Ephraim. , • • -, Ceftccquedit Icliure de la Concordance du vieil & dunouueâu Tcftamcnt , difanl^la vie prophétique pafTad'Ehe en Elifée, lequel cftant en fa plus grande vigueur , înftitua l'ordre des Conuents , & non feule- ment Elie garda la chaftcté , mais encor Elifée &c les difciples.Voita le premier eftgt de cet ordre. Le fécond commença en S. lean Baptifte , S: en fes Difciples qui ficquentoient les lieux d'auprcsle lor- d3in,& qui furent après la mort de ce faint , conucrcis àlanroftffionEuangeîique, defèndans cônftammenc l'Ealife auec les. ^Ipoftresjlors qu'elle efto/it encor nail- fanïe, & tenant toutîours fmftitution du grand E!'.c. Ils baftirent vneEglifean mont de Carmel à l'hon- neur delà Vierge Marie, laquelle ilsauoicntja clieue pour tutrice, & cette Eglife fut la première dédiée par les Chreftiens^la Vierge Marie , pcrfcucrans en cette manière de viure Tefpace de 400. ans. Mais en l'an 412. ou emiiion, lean Dodteur Grec* & quaiante-qnatricme Patriarche de Hierulalem , qui auoiteftc auparauant Supérieur des F. ères durr-^nt Carmel, àTiuftanccde Caprafe ion fucceHeur en ce'- te charge, éci'iuit vne lettre aux Frères de cet Ordre, laquelle iUira de l'inftitution du grand Elic i & de la règle de faint Bafile. En ce temps les Carmes ccoient appeliez de diuers noms : les vns les nommans Rch- gieux, les autres Hermites, nommez Carmes, & frères delà Vierge Marie. . Or ceux qui tcnoient Elie pour leur inftitateut étoientde deux fortes , les vus voulans fuiurcla viè Monaftiquc & Prophétique inftituce par Elic,voulans eftre proprement fes fuccelfcurs au mont Carme! (ous la protcaion de la Vierge Marie : les autres vouloienc eftre fes imitateurs en la vie foHtairc viuansautrcinent dans les defcrts & lieux inhabitez. Cela dura iufques en l'an 5,5- fe des troubles tombé en ruine , s'y habitijçrcqtauec d'autres Religieux dudit Ordre i & rcftablircsu ledit Conuent par les aumofncs des gens de bien qiii le vo- yoicnt viure fousvnc belle Reformacton. En Tan lytjcj. le Pcre Prouincial de la Pioiiiïîce Oc- citane , faifant fa viiùe, palFant par ce Conaenc'dç Clermont , admira cette reformation ^rauftcrité de tous ces Religieux , tellement qu'cftant arriué i Tiiou- loufe la plufpart du Conuent des Fieres Prefchears dc- fîtans viure fuiuant la reforme de Clermont , &.ria. yans point de Prieur, ledit Pere Michselisfut cflcu, & nonobftant les trauerfes que luy donnèrent aucuns Religieux qui ne vouloicnt l'y rçceuoir , fut confirmé en cfledcion , & en prit polleffion. Comme auffilcdtc Pere Belly enl'aniôoi. fut efleu Prieur du Conuent d'Alby^qui receut auffi ladite reformation. Voila les 3. premiers Conuents où les frères Prefcheurs le range- icut àla reformation du Pere Michaëiis &c Belly. En l'an i(5oz. ledit Pcre Marins acheua Ton temps dft Prouincial, & le Pere Bourguignon eiknt efleu en fa place eut plufieurs ditt'crents auec Icfdits Frères Pref- cheurs Reformez (Icfquels continuaiis de s'augmea- ter,s'cftablirent en 3.autrcs Conueius rcformez.fçauotr à Bcziers, en l'an 160^. . àBriguier prés Tliouloufe en l'an ibo6. & à S. Maximin en Prouence en l'an liJoy. ) tçllctticnt que ledit Pere Michaélis fut conttainct d'a- uoir recours au Roy Henry IcGrand d'hcuceufc me- moire , afin que par fon entremifeenuers fa Saindetc, les Frcres Prefcheurs reformez fulfcnt érigez eu Con- grégation , & feparcz des autres Frères Pieicheurs de la Prouincc Occitane. En l'an iéo8. fur l'inftance qu'en fit Monfieur de Brcucs Ambaffadeur dudit feu Roy vers le Pape les Frcres Prelchcurs reformez obtindrcnt leur feparation de la ProUihce Ôccitane,& IcGeneral de l'Ordre le Pc- re Auguftin Galamini (à prefènt Cardinal fous le titie de AraCali , & l'vn des Cardinaux qu'on appelle Spiri- tuélsj inrtitua ledit Pere Michaélis, Prieur Vicaire Ge- neral de la Côgregatiô des Frères Prefcheurs reformez. Du depuis ils fe font encor cftablis en d'autres Gon- ticnts de Frères Prefchturs.quicftoient du tout ruinez par le trouble lefquels ils ont fait rcedifier. Auffi au Chapitre General de tout l'Ordre des Fre- ï>es Prefcheurs tenu à Paris en l'an 161 ï. ledit Pere Mi^ chaéUsauec y. Pères de fa Congrégation y eRans arri- vez au mandement du Pere General , on y traiéla fort alors, fi le Conuent dès lacobinsdc Parie pouuoit lui- ure ctitt reformation.en quoy on n'aduança rien,pour de arandes riifons que diioient ceux qui ne vouloient rien changer de leur ancienne forme de viurctelle- roent-queîedit Pere General Galamini fupplia le Roy & laRoyne Régente faMcrc de donner Ictcres dcper- miffion audit Pere Michaélis pour baftir â Pans vn Conuent & Maifon nouuelle de Frcres Prefcheurs re- formez. Ce qui fut accordc,& en obtint lettrés en fot- me de Chattre en Septembre l'an i6n. En lanuier l'an i6u. ces lettres en forme de Ch&t- treayans cftcfignificrs au Pere Prieur &c Sindicdu Con- «ent des lacobins à Pans ( auec celles de permiffibn (que l'Euefquc de Paris auoit aulS données auidits ïreres I^refchcurs reformez de s'habituêr & demeurer «u la dite Ville ou faux-bourgs de Paris. ) Il forma vne oppofmou , fur laquelle apresauoir vn an durant cfté fait plufieurs produ6tions,interuient Arreft de la Cour de Parlement du 25. Mats l'an 1^13. enfumant lel^ucs lettres il fut permis aufdits Frères Prefcheurs reformez de demeurer i"^ s'habituer à Paris. ^ Au commcnccmcRt donc de l'an jéi4. Icldus Fictes 865 Prefcheur;^ Reformez firent baftit leur Chappelle ait faux-bourg S. HonotSé lez Paris , en vne maifon achc- ptée des deniers de leurs bien-fadeuvs , depuis ils en ont eu 7.'. autres circ'onupifinîs , teilcment qu'ils ont fc.it vn be".nvgr:HKÎ des Dortoirs , Refe- . (f>oir5,Efcoles,& d'vnc belle Biblioîheqae,& outic ce- la de très- beaux grands !ardins,Qui voiïinent lcsHoft,çl Silardin de Monfieur le Duc de Vcndofiïie. Ledi: Pere Michnelis Vicaire General , & le Pere Langer fùb'litui ont gouuerné ledit Conuent jufqucs à ce\]ne le Pere d'Ambrun en ait efté cileu premier Prieur, oui en prit poircffion l'"an 1605, i: S- Décembre le jour Conception deNcfli e Dame. Le Pere Mi- chaèlîs y .iemcuré jafquf s à la mort , & tft inhuiwe au coùé droïc da grand Autel de l'Eglife dudit Côucc. ' De l'Ordre de S. Franço'u d'Apfe. Au mermetemps deSainâ: Dominique floriiïbitce g' ad & admirable S. François natif delà Ville d'Aiïîfe, au Paîsa'Off.brcou Duché de Spolette, loin dePerufe enuiron8ooo. lequel s'eRoit meflé de la marchandîle jufqu'en l'âge de 2z.ans:maisvnefortc maladie fu^cau- le de le faire transformer en vn autre hofi^me de forte qu'il deuinctres-hurhble, grand Aumofnicr, de riche panure, d'amateur du monde, vn conîépreur d'icluy: rl eut vne viiion en laquelle il vid force croix, ce qui fi- gnifioit lacroiiadequi dés lors fe faifoit pour aller fai- re la guetreauxTurcs, & luy fëbloitque Dieulcvod- loit fiire vn grâd Capi taine , de force que fon pere le fit habiller en homme d'armes, & s'eroolla pour aller à la guerre, mais commcil pafToic vn jour deuant l'EgUfc S.Damian, eftant entré en icclle pour prier Dieu,l'ima-| ge du Crucifix deuant laquelle il faifoic fon oraifon* parla à luy miracuîeufemet, & luy dit,François,va t'eri regater ma maifon , laquelle tombe en ruine . ce qu'il faut eniédre rpiricuelleméc de l'cdificcde la Religion. Dés loirs ayant conformé fa vie à la paffiondeéôtrc Seipneur Iesvs,iI mit vne hairc fur fâchait mié,lk vn fac'par delTus, &c fe ceignit d'vne corde, allant aufïï fans chauffes nyfoùliers pour fç rendre plus contemptible, de forte que fa renommée s'eftantépanduë par les con- trées circonuoifines, plufieurs perfonnesataréespàr fa~ fainéiccé . abandonnèrent le monde, & fe rendirent de fcS Difciplcs , faifans profeffion de pauureté Si mendi- cité , ce qui fut caufe qa'il écriuit vne resgie , tant pour ceux quilorsefloientvnis auec luy , que pour ceux qui vicndroient par après, laquelle il prefcnca à îniiocent m, fcant pour lors au S. Siège , qui la confirma l'an de falut iii2. Elle fut pareillement approuuéc par Honorius IIL du nom , (uccefTeur d'Innocent. Et depuis la confit- mation d'içelle , il ordbnna encor que fes frcres s'ap- |)eUa!rent Mineurs pour témoigner vne plus grande humiliic. , . n. ■ Ce qui cfl: remarquable en cette teigle , c eft que ja- mais Religion inuencée par hom.'ïîe ne fut pluftofï au- s>mcntëe que celle-là; car eu vn moment, par manière dé dirê,ellerefîiplict;out le ix.ondc,de forte que ciiacua s'enéraeruciiloit. ■ i n QuanîauScrapHiqueS.François,ildecèdalc4-06to- brc ii2ë. & fut Canonifé par Grégoire IX. l'an 1x^6. Outré les frères qu'il appclla Mmearsài ellablu encoc vn ieèond orde dcReiigieufeslous la conduittcdcfain- dejClaire, donc i'cta parié cy après. D?s trou Ordres de S. Françoii,& leurs différences. du tïotjieme. , Pour bieii entendre i'inlhtut de ces trois Ordres auec leurs différences & rcfdim.ès,ilfaut ptefùppofer DDdd que 55 866 Difcours de l'Oiif^ine que !e glorieux &Scraphiqiie P. S.François par reuc- lacion diuinc a inftituc & fondé j.diuers OrdreSjainfi qucj. Efcadions rangez m bataille dans le champ de l'Eglife militante pour combattre 6c abattre les 3. ca- pitaux ennemis de noftie falut, le monde> le Diable,la chair.Le premier ordre cfl: appelle des frères Mineurs. Le fécond, des pauures fœurs de fainte Glaire. Et le iroifiéme , des Penitens, Le Premier n'admettant que des hommes.Le fécond ne rccenant que des filles. Ede troificme admettant des pcifonncs de i'vn & de l'au- tre fexe, le tout conformément à ce que chaïue i'Egli- fe le jour de la fede de ce bien - heureux Patriarche en cette petite antienne. Très ordina lue onlirut ■, fnmumque fratrum nominat Mmonim , pauperum fa dammarum medm. Sed pœnitenimmterrm fexitm capit rtrum. Chacun de 5. Ordres a fi reigle dilHnde & dir- terentel'vnede l'autrejcomme aoiïi font dillcrcnts oc diltinguez les obfefuatears d'iceUes > non tealcment d'vnc reigie à vne autrcains aulli dans vn mcime Oc- dre y ayans plulîeurs& diuers profellcurs d'vne nic(- me règle. Le premier Ordre fuit inl'ticnc l'an de noftre ialut j2.oj". coniirraé par les Papes Innocent Ho- noré m. fon fucceiîeur5& conhfte maintenant en qua- tre principales diff^Tcncci : la première cft des Conucn- tueisainh nommez par ce qu'ils poiledent la plus gran- de part dcî premics Conuents de S. François,fpccia- lement ccluy d'Alîîfc où repofc Ion faint Corps. La deuxième citdes Ôbfcruancins>ainfi appeliez d'autant qu'ils furent les prcmieisqui taicherent de réduira ce premier Ordre en iàpriibnc; obilnuancs ja aucunement rclalchécj ils font comnxunémcnt en France appeliez Cordeliers à cauic de leur ceinture de corde & chacun d'eux a fon General particuUei.La troifiéme dirîcrence eft des Capucins ainfi nommez à raii'on de leur grand Capuce & ont vn Vicaire General particulier. £t la «juatficme cft des Recolets titrez de ce nom à caufc de là rccolleélion, & Congrégation qu'ils ont fait de tous ceux d'entre les Cordeliers qui voudroient plus pun- âruci'ement garder leur rcgie,ces diifcrenccs ainû ad- uenuès à railon des diuerfes reformations qui le lont faiébes de temps en temps, par les Religieux zekz à l'e- fttoitte obferuance de Iq règle à melure que la ngucur d'icelie fe reialchoit , & bien que leurs noms inucniez pour la plufparc par le vulgaire, habits, ceretnonie,ob- icruances èc Preiacures, ibicnr diifercntes 6c dillindes, reantmoins Us ont tous vtic mefmc règle, & font tous vne mcrme & pareille profeliion , comme e(t.^ns tous d« premier Ordie , nommez par vn Inlhtuteur des Frères Mineurs. Le fécond Ordre fut inftitué par S. François , (ix ans après fa conuerfion l'an 1112. fçauoir quatre ans après k confirmation de fa pi cmierc regîe. Il fut première- ment confirmé par le Pape Grégoire XI. Allcman voci6 oraculo , & depuis par Balle authentique d'Inno- cent IV. l'an IZ45. Le fécond Ordre confifte en deux différences principales, à fçauoir en Damianiftcs , Ôc Vrbaniftcs. Les Daœianiites ainiî nommez, à caufe du premier Conuent de fainde Claire , qui cftoit de faint Damian , car celles de ce premier Conuent n'ayans ja- mais voulu confentir à aucunes mortifications da leur rcglcclles furent fuiuics de piufîeurs autresConuents, lelqucUes ont pour cetçe raifon gardé le nom de Da- inianilles & ce l'ont celles que le vulgaire a nommez en France de l'Aue Maria, Capucines 5c Recolle«£>es,& les Vrbaniftes furent appeliez de ce nom à caule que Ic diuifans des Damianiites elles reccurcnt les modifi- cations que le Pape Vrbain ^uoit faiétes pour adoucir & muiger la 2. règle de S. François : nous les appellpns vulgairement en France Cordcliersj& jaçoit qu'il y ait plulicurs & diuerfcs lortes de reformez de l'vnc ôc l'au- tre iortc , neantmoins elles fc rapportent toutes à ces dtux principales diffctcnccs. Letroilicme Ordre donc duquel nous prétendons particulièrement parler maintenant , futparedlemenc inftitué par fon pere S. François Pan 1221. le 14. an de fa conuerfion ôc fut auflî approuué par le Pape Hono- re III. feulement l'ittx roca oraculo ^ confirmé par Gtc- goirelX. par vn bref Apoftoiique Pan 122S. depuis eff- cor par Innocent IV. Se enfin plus authcntiquement que jamais par Nicolas IV. par fa Bqlle qui commen- ce SMpra montem cft, l'an de noftre falut 1289. <^ ce cer- tes fi authentiquement que quelques vns ont voulu due que la règle des 5. Ordres auoit efté faite par Ni- colas ÏV. mais ils s'àbufcnt fort lourdement, veu que cetie régie auoit ja eftcapprouaée par Honoré 111. in- nocent àV.Giegoire ÎX.& Alexandrei\\ainiî que nous auons du cy-de(fus> qu'il fe void dans le Hure inti- tulé Firmanientuni tiium Ordinum , & tous ceux-cy eltoient predecelieurs de Nicolas IV* ilTcpeutbicn faire pourtant qu'en l'approuuant & confirmant tout de nouueau il l'aye remiîe en meilleur ordre,^& meC- mc(peut cftrs)adjourté & fouftiait quelque chofe,!pe- cialement pour la rendre plus propre & conuenableà l'Eftat régulier des R.ciigieux ôi Religseufes du 3. Or- dre qui ja la profeiîoicnuLcs ProfeiJeuis de cettc^. rè- gle ou 3. Ordre de S. François, font appeliez Pcnitens* tant à caufe de i'occahon de leur premier Inftitut , qu'à raifon qu'ils font pénitence, & qui plus eft> font vœu de faire les penitGcts,qui leur (ont enjointes par leurs Supérieurs, pour les manquemensqu'iispeuuent corn- mcttrc contre leur règle. Ce troidc.Tic Ordre des Penitens, .cft femblablcmét diftingué en deux principales & ctlentielles difFercn- CCS : la première ctl desicculiers , &C la féconde des Réguliers de celt Ordre. Or pour ne confondre l'vn parmy l'autre , ainfi qu'on fait ik. font encor quelques- fois certaines perionnes , peu verfées en la cognoillâcé des Ordres de S. François , nous parlerons de chacun d'eux en particulier. Des Séculiers du troificme Ordre. Donc la prenvcre différence de ce troifiéme Ordre ( pariant originau"emenc,&: félon l'ordre du temps } eft des perionnes (eculiers de l'vn & l'autrefexe, de tou- tes (ortes de conditions mariez &c non mariez, ieiqucU Ics viuenr en leurs mailons pnuées auec leurs famil- I ks , gardans cette tfoihéme règle de pénitence. L'oc- 1 cafion d'icéile fut , que faint François allant ^reichcr i par toute l'itaiie la Parole de Dieu , & fpecialc.T.en.c ces Paroiesde noftre Sauucur , !ic de fon bien-hcurcux Precurfeur , facile pœniter.tiam , quia appropinquat re' gîiuffi calorum. Faites pénitence , car le Royaume de Dicuapprbche: c'eftoit auec tant d'eflicace ôc énergie, que quciquesfois les Villes Se bourgades ie depeupioi- ent, pour fuiure & entendre ce Prédicateur vrayemcnt Apoltolique , ôc furent enfin fi puiflammcnt perfua- dez de faire des fruits dignes de pénitence , qu'ils l'im- portuncrent tous en gênerai , ôc en particulier de leur en donner, & prelcrirc les moyens, leur drcifant pour ceft eftet, quelque règle, que les perionnes du monde mariées ôc ausres , de toutes conditions peuvent gar- der, ôc la gardans faire pénitence» & viurccn cftat plus adturc de leur falut.à quoy il délira obtempérer ; mais parce que cela eftoit ians exemple du pallc , il femir en prières, pour fçauoir fur cela volonté de Dieu, la- qaeileayantféué , par reuelation diuine, il mità bon elcicnt la main à l'œuure,& inftitua cét Ordre approu- ué & confirmé du S.Siege. Le premier qu'il récent, fut vn fain perfonnage nommé Lucias , qu'il fit premier Miniflre de cette Congrégation , en laquelle entra ioudainvnc fi grande quantité de perionnes , de l'vn &rautieicxe , grands & petits , [auufes & richtf. libres ôc (crues, jeunes & vieux , que ce fainâPatriat- che j vilt prefque tout le monde cltre de fon Ordre; mefnies les Empcr.cuts , Ro/s s Fru'ces , & Grands Sfigneais, de toutes les Reli Seigneurs, dcfquels plùïîeiirs ont eftécanonifcz , com- mcS.LouysRoy deFrance, S. EIxear Comte d'Arrien en Proucnce, S. Gucn en Bretagne, fainéte Elizabeth Royne de Hongrie , fainfte Elizabeth Royne de Por- tugal , fainéle Delphine efpoufc dudit S. Elear, fainde Claire de Montefalco , AngelincdeFoligny , & plu- lîeurs autres.qui ont refplendi par lenr fainâctc de vie en ce troificme Ordre , & qui fc pcuuent lire dans les Chroniques des Frères Mineurs , mais particulière- ment dans la Rcigle de nouucau imprimée en faueur des feculiers de cet Ordre , à la pourfuitte & diligence d'vn des Religieux reformez d'iceluy en ce Royaume, aufquels la réception 5c diredion des perfonnes fecu- lieres dudit Ordre.appartient priuatiuemenià tous au- trei,&:cc parla BtiUe de Paulc V. donnée l'an i6v,. & de nouueau confirmée par noftrc S.Pere Vrbain Vll.à prefent feant, ainfi qu'il fevoid à ladite rcigle. Or jà çoit que les Sectateurs de cette première différence du troifiémeOrdrcfalTcnt profcflion d'vnc reiglc approu- uée de l'Eglife**?: ayent efté fauorifcz des fouuerains Pontifes,de plufieurs grâces, faueurs & priuileges, por- tent vn habit qui relîent aucunement fa pénitence, & les diftingue en quelque façon d'entre les autres mon- dains , neantmoinsne faifans pas les 5. vœux ellcntiels de Religion , ains certains vœux fimplcs félon leur do- uotion demcurans d'ailleurs en leurs maifons pti- u ces &fecu hères , ils rcftent toufioursfubjeds àleurs Eucfqucs& Paftcurs ordinairesicomme les autres per- fonnes du monde.fauf quelque obeylfancc qu'ils doy- uent à la vifitc des Supérieurs, pour le refped fculeméc de la reigle,& encor qu'elle s'appelle de pénitence, clic eft ncantmoins foi t douce n'y ayant tien en iceîle qui oblige à péché mortel ny véniel, n'eftoit qu'on nefuft d'ailleurs oblige de droit diuin ou humain.Et les Supé- rieurs pouuans librement difpenfer des petites autori- tez d iccllc félon l'âge , condition, qualité, ôc neceffitc d'vn chacun , à'raifon dcquoy elle elt en grande vogue & eftime des autres Royaûmcs de la Chrcfticnié, plu^ fleurs perfonnes de grande qualité & mérite en faifant profeffion , ainfi qu'il fe peut voir en la reiglc cy delTus mentionnée i imprimée de nouueau , & mcfme com- mencée , à eftre fort recherchée & embralTée en ce Royaume , quantité de diuerfes perfonnes faifants prot-effion d'icelle , y ayant apparence qu'eftant vne fois cognuë elle y fera en auffi grande vénération qu'el- le eftoit du temps de S. Louy s Roy de France , l'vn des principaux ProfclTeurs d'icelle. Venons aux autres de l'eftat reguher dé ce mefmê Ordre. La féconde donc, mais plus Noble, Se plus parfaiébe différence de cét Ordre , eft celle des Rchgicux Ôc Re- ligieufes d'iceluy, qui viuent en Congrégation coUc- gialement.ôc en communauté, portent l'habit de Reli- gion,& font les 3.vœuxéirenticlsdepauurcté,obcdien- ce,& chafteté. L'occafion de cette Congrégation fut que du nom- bre des premiers qui gardoient la reigle de pénitence qvi^S. François auoit fait pour les fcculiers , plufieurs d'cntr'eux de l'vn & l'autre fexc fctrouucrcnt de libre condition, lefqucls pêfàns allumer en leurs ames, ainfi que parle le Rcueréd Pcre Denis le Chartreux, expofi- teur dé cette reigle, lebrafier d'vne plus grande chari- té, fuiuafitlcconfeilde l'Apoftre , Emulatifitnt ch.mf mat.t meliora i ils Ibuhaittercnt arriuer à vn plus haut degré de perfcdion , &pour céteffeéî: (comme dit le mcfme Dodtcurjprocurercnt & obtindrcnt licence du Souucrain Pontifcde faire les j.vœux eflcnticisde Rc- ligion.viurc en communauté,& fe conformer en tout & par tout , comme font les profeffcurs des autres oi- ce que bcnignement leur accorda le Souucrain Ponti- fe Grégoire IX. par Bulle exprelTe Tan 1118. leur don- nant pouuoiE de fe congregec , & faire les 3. vœ-ix ef ^wm. 867 fenriehi ainii qu'ils fe fôt èn toutes les aijtres Religîôs, déclarant leurs vœux folemnels, & leur départant tou- tes les faueurs,giaces, priuileges, & indulgeces du pre- mier & lecond Ordre, ainfi que rapportent Bonfinuis DfcaJc féconde, iiilre re'puc-hae,'& le bié heureux lean dcCapiftran en foniiuie du woifiéme Ordre. Ce mef- me S. Pontife, pâr vne autre Bulle qui commence. Cum iîlorum qtti fuà efl , en d^ite du quaciicme des Nones d'Aouft 1230. leur permit de celcbrer la Mefiej chanter le diuin Ofîicc , enterrer dans leurs Eglifes , melmeS durant de temps d'inte< Ji(S , pourtieu qu'ils ne fuffent coî\pables de la caufe ôc fubjeâ: d'iceluy ,Sen fuitteâi- quoy les autres Papes fublcqucns ont de temps en temps confirme & faiiôrifé cét Ordrcde plufieurs gra- ces&faueurs. Eugène IV. l'an 1442. par fî Balle qui commence , Ivjuntlumnobii clefiiper déclara : ((ur quel- ques occafions qui fc prefentcrent de ce tcmps-là) ies_ Profeflèurs de cet ordre eftrevrays Religieux, qu'aucûâ u'écr'eux après la proieffion ne pouuoicnt coiuradtcc mariage, exercer aucun office (eculicr, ny mefmetenic aucun bénéfice Ecclefiaftique , non plus que les aucres Profcz des autres Religions approuiiécs , leur concéda pouuoir d'cllire vn Vifiteur gineral de leur corps, luy donnant plénitude de puiffance pour les regiî jgouuer- ncr,corriger,ab(oudre & difpéfer. Nicolas V. l'an 1459; confirma leiic Vi fiteur gênerai & mefmeluy donna le titre tS: qualité de M, niihe gênerai, approucà & cuti- firma cét Ordre aucc fes vœux ôc obleruances regulie- rcs,declara les Profcz d'icciuy vrays Religieux Eccle- liaftiques , ÔC comme tels exempts de tontci les choies dont les autres perfonnes Religieufes Ecclefiaftiques font exemptes , & leur départit tous& chacuns les li- bcrtez , priuileges, indulgences, &immunitcz concé- dez aux autres Religieux approuuez , enfin leur prèf- crit beaucoup de tres-beaux reiglemcns , le tout pair deux diuerfes Bulles. Paul II. l'an i^ôy.odroya à tou- tes les autres Prouinces de cét Ordi-c tous les priuile- ges ja concédez à certaines Prouinces d'iceluy. Sixté IV< confirma & approuua derechef tout ce qucEuge- ne IV. Nicolas V. Ôc Paul II. auoient fait, approuua, ôc confirmatoutes les reccj^tions des Conuêts,fai£tcs par les frères, & foeurs de ce dit Ordrcdonna puiffance aii Miniftie General d'iceluy, de vifiter,reformcr,cha(l:icr, Ôc dépouiller tous ceux qui vagabonderoiét auec leuir habit, oâroya tout de nouueau aux Preftres de cét Or- dre pouuoir de côfelïer les feculiers , feruatis feruandù, déclara ceux-là cltreexcommuniez d'excommij'nicat!6 lata [entent idt, qn\ pretumeroientdeperlecuter, ou in- quiéter les frères & fœurs de ce mefobe Oidre en au- cune chofe contraire aux exêptidns ôc libercez Eccle- fiaftiques. Manda à tous les ordinaires des lieux qu'iliî ne fouffriffent lefdits frères , & fœurs eftre grctiées, & moleftées en aucune de ces chofes,&: qu'ils eufiet à dé- clarer pour excomniunicz, ceux quil'ofoiêtattéter,de- dara tncor les vœux dcfdits frères, ou fœursjcftre folé- ncls, & auoir la melme force ôc vertu des vœux fole- nels faits en toutes les autres Religiôsapprouuécsjtoiit cela en 5. diuerfes Bulles en datte des années 1471. 1473» 14S0. Iule 1 1. 1 an lyoS. confirma derechef tout ce qué défias , communiqua à cét Ordre tous les priuilegesi indulgence , & conce(Soti> oétroyées au premier Or- dre, CNCdcfcndic lur peine d'excommunication to^c'/^«- tentu aux Religieux de ce ti oificme Ordre d'éciet âui autres Ordres mefme Mandicnès fans la licéce du Vi- fitëur General, ou du Proumcia!. Et parce que la reiglé dudit tiers Oidre long-tcmpS auparauant approuuc & confirmé par Nicolas IV. contenôit encor beaucoup dechofes peu propres atix pcrionnages réguliers, le Pape Léon X. l'an 1511. y remit luy- mefmciâ main ati S. Concile de Latfan, & (èpara (commt il dit en fa Bal- ie) feci'.ndum voluntàtem Dofnini petiofum a viihh tefot- a a(3: reduiîlttoucale nctiueau en beaucoup meilleuf DDdd X eltatj 868 Difcours d eftat , puis rcnuoya publier par tous lesConucnts de CCI Ordre : &en vne autre Bulle précédente déclara les fcsurs de ce mefme Ordre)qai viuent en communauté, & font les j.vfieux. cftre vrayement Religieufes,& jou- yrtantes de tous les priuilcges des autres Ordres félon la déclaration de Sixte I^. Clément Vll.l'an lyiS.con- firma > approuua & rcnouuella les anciennes coilftu- mes.ftatuts & ordonnances, & mefme en la fufditc rei- ole de cet Ordre , déclara les fieres 6c fœurs d'iccluy eftre vrayement Religieux & Religieirfcs , & leur con- céda en tout & par tout les mefmes priuilcges donc joiiylTcnt les autres Ordres Mindians , & les gratifia encorde beaucoup d'autres grâces , & faneurs cres-fpc- oiales.Paul III. l'an iy47.confirma de nouueao la reiglc & ftatuts des fiercs & fœurs dudic Ordre. Quelque temps après Pie V. defiranc retrancher la trop grande multiplicité des Supérieurs & mefme introduire quel- que nouuclle &: meilleure reforme dans ce troifîémc Ordre, les Religieux d'iceluy s'cfta,ns rcîafchez de leur première Obferuance par la trop grande indulgence du Miniftre General, & Ptouinciaux de leur corps, les abrogea & reuoqua tous , renicctant tout cetroiliéme Ordre régulier fous la jurifd'fViondu General, & Pro- uiuciaux de l'obfcruance. Mais Sixte V. voyant par ex,- perience combien il efl: important que les Ordres ré- guliers foiéc régis & gouucrnez par perfoniies de leur proprecorps, &combienrinccncion de Pic V. auoit cftc fraudée , céi Ordre cftant grandement tombé en defordre, depuis qu'il auoit tllé remis fous les Pères de rObferuance, iceux ne pouuans entendre au bon régi- me &gourfcrncmcnt,reformc de ccux-cy pour eftre af- fczempefché à fc maintenir & conferuer cax mefmes. L'an iy46.reftitu3 & donna aux Religicux,& Rcligicu- fes du troifiéme Ordre d'Italie , vn Miniftre General, & Prouinciaux de leur corps, dcmeuransau rcfte fous l'obcyffance du General de l'Obferuance. Cetroiliéme Ordre a flory , & s'eft fort dilaté en diucrs Royaumes &Prouinces de la Chrefticntc , fpccialement & pre- mièrement en Lombardie , puis partoute l'Italie , la Dalmatie,rEfclauonie, l'AllemagncIa Flandre, Portu- ^al,Efpagnc,& en noftrc France.en tous lefqucls lieux îl y a eu , & a cncor grande quantité de Conuencs de Monaftercs de Religieux , & Reiigieufcs qui ontpro- duidt pîufieurs & diucrfes pcrfonnes Reiigieufcs de i'vn & Pautre fcxe célèbres en doélrine : ôc fuindtetc de vie. Le feul fufdit General d'Italie a cncor de prcfent fous lu^ I6.0U ly.Prouinccs.partic defquelles contien- nent ij-.ou 20.Conuentschacunc.Or jaçoit que parcy- oeuant cét Ordre fuft grandcinent décheu de fa pre- mière obferuance en ce Royaum<; de France . il s'eft neantmoins , par la grâce de Dieu, fort hcuieufement relcué depuis quelques années , & de là les Religieux de Picquepucc ont pris leur reforme. De l'Ordre des Capucins. 34 Le commencement de la Congrégation des Capu- cins vint pour telle occafion : en la Marque d'Ancone fous la Seigneurie de Ferme , eft vn Chafteau appelle Montfaucon , dans lequel les Frètes lacobins ont vn Monaftcre : là eftoit vn Religieux nommé Matthieu: Bafcy , homme de bonne vie, Se grand obferuatcur des faindes lnftrudions.il aduinc qu'vn jour qu'il s'en al- loit aucc quelques- vns de fes compagnons en vn lieu là auprès poiiraffifter à quelque office ; comme il fut p2rachcué,& que tous s'en retournoient en vn Mona- here , luy eftant demeure vn peu derrière, fes compa- gnons trouuerentvn pauure homme qui eftoit couché par terre quafi tout nud tremblant de froid , pour autant que c'cftoit en Hyuer , & qu'il eftoit force nei- ges, lequel leur ayant demandé l'aumofuc d'vn peu de drap pour fe couurir, il n'eut aucune rcfponfe des au très, dont furuenant après le fufdit frère Matthieu, & voyant ce pauure homme meu de compaflion, & crai- iel'O o gnant qu'il ne mouruft de froid , il print dcujs bpnnirs pièces de drap qu'il auoit fous fes habillemcns, félon la couftume de leur Religion , & les donna à ce pauure homme,& puis reprenant fon chemin vers le Monafte- rcil fut cfbahy que ce pauure difparut incontinent , ôc ne le vid plus. Cela fit p^fcr k ce bon Perc qu'il auoit fait profef- Û6 depauureté,& que neantmoins il y en auoit de plus panures que luy : De forte qu'il n'cftoit pas vray imita^ tcutdefon Pere S.Frâçois:&encor moins obferuatcur decequ'ilauoit proîDisentranten la reigle d'iceluy, fi bien qu'il ne ccifa depuis de prier Dieu jour&nuidf, à ce qu'il pûft accomplir !c vœu qu'il auoit fait. Ôoncaues aprcs s'eftre bié laméié , il eut vneinfpi- ration qui luy dic.qu'il donnaftde nouueau cornmêce- iréc à i'anciéne obferuance de fes Pères, lefqucls fuiui- lét prerniereir.ét l'inftitution de S. Frâçois,dc manière qu'il prit vn froc le plus dcfchiré & rompu qu'il pût trouucr,&y attachavn capuchô à la mode qu'ils en vléc I aujourd'huy.puis fans en parler à perfufinc il s'éallaà ; Rome tror-ucr le S. Pere CLetr.éc VII. luy demandant 1 congé de potterThabit tel que leportoitan comméce- ! métS.Fr5çois,&: (esReligieux.'ce qu'il obtint fans dif- I Écultc, luy difant par trois fois qu'il vouloit que cette I reigle fuft obferuée de pointSb en pointSf , & de mot à I mot. Quelque téps apres,vn nômé frère Louys,auec vn I lïcn frrre, tous deux obferuaiuins dcFoire-bonnc, Vil- i le de la Marque, & du Duché d'Vrbin, pouiTtz du zde j de l'obfci nation de leur icigîc , fortirent de leur Rcli- [ gion,& s'vnirent aucc ledit Matthieu : mais afin que la chofe fuft plus pcri,nanéce,& qu'il y euft moins de fcru- pulcLouys s'en alla au Pape, & obtint vn breuet, non feulement déporter l'habit & obferucr la reigle, mais de la donner auffi à quiconque la demanderoiticequi aduint l'an i^i6. le aS.jourdc Miy,&rantroiGcmedui Pontificat de Clément VII. fi bien qu'en peu de temps ils fe virent douze frères : leur preraicr Gieneral fut Matthieu : le premier Monaftcre qu'ils curent , fut eii ; laVillcde Camcria en la Marque, qui leur fut donné \ par Catherine Cibo DuchelTc deCameria. I Cette Congrégation multiplia tellement, qu'en l'cf- I pace de 41. ans elle s'accult en fortequ'cilc aaoit i?.:. Monaftcres, dluifez en 15. Prouinccs, Si auoicnt 1140. Religieux. ! Des Reiigieufcs du troifiéme Ordre de S. Vrançoif. j Comme ainfi foie que le troifiéme Ordre S.F:ançois iS I tant feculier que régulier comprend des pcrfonnes de i'vn & l'autre fcxe , Sedpanitentiumttrtiiisfexumcaptf j vtrimque , fçauoir hommes & femmes, Religieux ou Rcligieufes.ayar parlé des Religieux refte que nous par- lions aufli des Reiigieufcs , lefqucUes jaçoit qu'elles ayent toijjours cfté de mefme pas que les Religieux, ayâs toujours eu vne mefme rciglc,& fait les mefmes vœux , & que tout ce que nous auonsdicdel'inftitut & cftablifTcir.ét des vus s étend parcillcmét de l'inftituî «Se cftabliOement des autres, neantmoins cnpouuant parler le plus diftindlcrocnt des vns & des autres, nous auons jugé à propos d'en faire 2. articles diftingu A & fcparez d'auec les Religieux de cet Ordre. Elles confi- fient en i.ptincipalesdifFcréces.lcs vnesfont appelleés Hofpitalieres ou fœurs giifes du troifiéme Ordre faint François , iefquclles outre les 3. vœux clfentiels & la troifiéme reigle de S. François qu'elles profcirenl,cUes font auffi vne particulière profclïion de feruir & aflî- ftcr les malades ; ce qu'elles font tn beaucoup de licui aucc grande charité & édification. Les autres s'apcllét les fillcsou Religieufts dcS. Elizabeth , du 3. Ordie deS.Fr^çois, celles cyfôtvœu declofturc perpétuel- » le , & au lieu de vacquerauietuice du prochain ,vac- quenc & s'addonnent entièrement au culte & feruicé de Dieu. Les premières ayans choifi la vit de M itthc, les autres <^ontemjplaiiue. chacune félon rcftcnduc Se capacité de fon fcxe. La première Religieufe de cet Ordre fut la bien- heu i eu fc fainfte Elizabeth > Royne de Hongrieilaquelle fe voyant d'vn cofté défia du troi- fiécne Ordre feculier de S.Frâçois.ou que d'ailleurs elle eftoit demeurée abfoute, Se libérée des loix du maria- ge, fentant allumer en fonamele brafier d'vneplus fainélc flamme, afin d'arriuer à vne plus haute & fa- biime perfedtion elle defira d'adiouftcr aux trois vœux eirentieU de Religion ceux dudit troifiéme ordre fecu- lier de S.François dont elle faifoit profeffion:à l'efFed dequoy elle auec quelques autres de fes Dames d'hon- neur & autres Dames deuotes j procurèrent & obtin- drent licence & pouuoir du Souuerain Pontife Grégoi- re I X. de fe faire Religieufes du troifiéme ordre de S. Franco! sjenadiouftant les 5. vœux elTencielsaux vœux fimpîes qu'elle auoit défia faids. Cette fain(5te& ver- tueufe Royne en écriuit tant pour elle que pour fes compagnes au fufdit fuuucrairi Pontife Grégoire IX. lequel approuua grandement vn fi S.& loiiabledeireini luy rccriuitauffi l'exhortant de le mettre à chef &exe- cutior,& pour cet cffefSt luy fit dcpefcher vne Bulle par _ laquelle il luy donne pouuoir Se permiflion de s'aiTem- bler&congregcren communauté, & faire les vœuJc elTentiels auec ceux qu'ô auoit couftume de faire en cet ordre.les approuuant & déclarant auoir force & valeur de vœux folemncls, ainfi que ceux des autres Reli- gieufes ; ce qui arriua en l'an 1218. féconde année de fon Pontificat. Sainde Elizabeth ayant receu la let- tre & Bulle de fa Saindtetc , elle les communiqua aU reuerendiflimePereMaiftre Conrad deMajaiurgcfon proche parent* Maiftre de l'Inquifition d'AUemagne, fon Confefreur,& diredeur ordinaire,& d'ailleurs hô- mefort dode & pieux.lequel l'exhorta encor,&l'affifta grandement à effeduer promptemcnt vn fi S. & reli- gieux projeâ; luy remonftrant comme HHefcit tarda mo- limina Spirttus fancligratta.Et luy dônant aduis de tout ce qu'elle auoit àfaire.Soudain donc fuiuant les Con- feils Euangeliques elle s'en alla , Se vendit tout le peu qu'il luy reftoitde tous fes grands biens,pour les achc- uer dediftribuecaux pauures,& fuiure noftre Seigneur lefus-Chrift, à la rcferue feulement de quelque chofé, qu'elle mit Se configna entre les mains de quelqiies perfônespicufes & deuotes,pour luy bâtir Se dottec vn Monaftere fous letilcre de S.François proche du Çori- uent des frères Mineurs, afin d'y demeurer & paifer le refte de fes iours,en retraide Se repos auec fes compa- gnons, en fuitte dequoy elle prit & receut l'habit l'an- née iiiS. des mains du Reuerend Pere Bouchard Cu- ftode des frères Mineurs en la Prouince de la Hafte,fon compagnon,& les Reuetends Pères Henry Se Placide prefens,& le fufdit Reuerend Maiftre Conrad de Mar- purge,fon Confeifeur célébra laMeire.& lacommania auec toutes fes compagnes,ainfi que rapporte & témoi- gne l'Autheur Anonime M.S.qui eftoit contemporain de cette Sainde, & a écrit fa vie imprimée à Louuain. Ce œefmcAutheuradioufte qu'elle voulut que fon ha- bit fuft gris.ralôgé Se rapiécé de diuers môrceauxpour mieux fuiure & imiter fon bien-heureux Pere S.Fran- çois, fi grand amateur de pauureté , qu'elle fe ceignit d'vnegroife corde.fe fit couper les cheucux, quitta fes fouliers pour prendre des fandales,ôiau bout de fon an-, née de probation le mefme Reuerend Pere Bouchard la receut auec les compagnesà profeffion,à laquelle gran- de quantité deperfonnes mclriiede qualité ayans aûS- ftés.plufieursd'ctr'eux admirez &rauis de la fingulieté humilicé,& deuotion de cette fainde Princcife.quitte- rcnt le monde, & à fon exemple Se imitation entretêt âuffi en Religion. Cette petite congrégation des Reli- gieufes du troifiéme Ordre s'agrandit & dilata biétoll en diuers endroits de la Chreftiété.tant en Monaftcres eiîgions. 869 qu'en perfonnes qui ont éclatté en grande faindeté Se miracle,côme fainde Elizabeth Royne de Poi:tugal,& depuis faide Rcligif ufe de cet Ordre , ainfi qu'il a cfté authentiquemét vérifié en l'année 1625. dans le procci de fa canonizationjfaindc Claire dé Montefalco aupà- rauant du troifiéme Ordre fccuiicr, Se puis Religieufe de cet Ordre, dans le cœur de laquelle s'efttrouué im- primée l'Image du Crucifix auec tous les inftruineris de la paflîon, Se de pltis 3. boulettes de chair,dont Vvnc e.tant mife dans vne balance pefe autant que les 2. aii- tres,& toutes les j.enfemblene pefent non plusqu'vnc leule.qrti eft vn des plus grands miracles que Dieu Cemi blc pouuoir faire pour nous infinuer& faite entendre l'égalité des trois perfonnes de la très faindte Se indi- aiduë Trinité en vne feule tres-fimp!e eifence; Ily â plufieursautresfaindes& Bien-heureiifesde cemeimc Ordre qui fe peuuent voir dis la reigle impri mée pour les fcculiers das la Vie des Sainds , Chroniques de cét Ordre, & ailleurs. Mais il eft bié à remarquer que plu-, fieurs de l'vn Se l'autre fexe n'eftans auparâuant que fe* culiers decctOrdre, fe font depuis faits Religieux, &: Religieufes d'iceluy, tant pour fe voir en condicion li- bre,que par vn dcfir d'vne plus grade perfédiô.à l'imi- tation Se exemple des premiers Religieux Ôc Religieu- fes de cette congrégation, ce qui eft csufe que dans di- uers ant heurs , voiie dans les mefmeS l'on trouue vne mefmepcrfonne tantort cntr« les feculiers , Sctantoft parmy lés Reli£*ieux Se Religieufes de cét Ordre. De l'Ordre du Val des EfcoUers. L'Ordre du Val des Efcoliers commença en Cham- pagne Prouince de France par vn Dodcur Théologie nommé Guillaume , natif d'Angleterre , lequel après auoir eftc long temps Efcolier à Paris, depuis Profef- feur en la dite ville & en Bàurgongne , à la fin il fe ré- tira en quelque Hermitageauec fes Difciples & Efco- liers, & pourtant fut cet ordre nommé du Val des Efco- licrs,& fut appronuc par le Pape Honoré lU. l'an 1218. Entre les premiers compagnons dudit Guillaume fu- rent Richard , Euerâird , Se ManaiTes. Ils tienneht M rçigle de Saind Auguftin , portans vn habit blanc, Se puis vne cappe ou manteau noir.Ils ont desConuents à Mons en Haynauc,àMalines,à Leevven,enBrabant,ii Gerontfartiau quartier de Namur, au Liege,& àHorfa- lize, à Paris, à Loniumeau,& à Orléans, «5c le lieu oli fe tient ordinairement le General de l'ordre, eft en l'Ab- baye de N.Dame du Val prés Chaumûnc en BàQjgny. Ordre des Religieux de la pénitence dé lESVS fondé par S. Loujs. Le grand S.Louys,duquel la pieté ne fçàuroit eftre alTez recominandée à la pofterité , eftant incité parla Royne Blanche (à mere en l'an 1261. retira en vnë grande maifon dcuant le Palais, & de l'autre coftc de la riuiere de Siene qui paife par delfous le Pont S. Mi- chel , des Religieux de la pénitence de lefus-Chrift, vulgairement dits eri Latin fatcarij, c'cftà dire, fache- tez ou frères des facs , à caufe qu'ils cftoient veftus de facs, leur en faifant don pour y demeurer à perpétuité: mais ils n'y firent pas longue refidence^car l'an 1295; le 14. d'Odobre ils le cédèrent Se quittèrent par con- tradcs mains de frère Gilles deRomcpour lorsPtieuC General de tout l'ordre des Herrcitfcs AuguftinS , allc- guans que fans fcrupulé de confcience i ils ne pou- uoiént plus tenir ledit lieu , àcaufe^dela pauureté;^ que leur ordre diminuôit de iour à autre. Il y auoit aufli des Religieufes de cette Congréga- tion qui auoient vn Côfîucnt derrière S. André dèS Arts à Pans, lefqucllés onappellôit Sachéttes,mais el- les en furent expuifétfs du témps du mefme Roy,& ont feulement laiiîc à la rue le nôra des Sachettes: le mef- me ordre païut en Angleterre én la ville de Londres l'an 1 2 j- 7. au rapport dé Matthieu Paris>lequel les ap- le Saetati; DDdd 5 De 3« gjo Difcours de l'Origine De l'Ordre des feruiteurs de la Vierge. Incontinent après k deceds de S.François commen- ça l'Ordre des frères nommez Seruiteurs dclaBien- heureafc Vierge Marie , quiprint fon origine de fept riches mtwhands de Florence , qui eftans dVne con- fraitic nommée les loiimges de la Benotftc Vierge, lefquels eftans vn jour de l' AfTomption en orailon.en- tenduéc vnc voix^jui leur dit, qu'ils deaoïcc eftrc com- tae fept Eftoiles , & que danspea de temps ils dtinnc- roicni commencement à vne Religion portant le nom de lafaindeMcre de Dieu, leur confcillant cependant cette voix de fe feparer de leurs parcni, viure d vnc vie plusefttoiae , & vacqueràoraifon.ce quMs exécute^ rent, & ptindrent la tobbe noire en mémoire da ducU que la fainde Vierge auoit porté en la mort de Ion tils. & fe retirèrent en vne haute montagne nommée Scna- rie.ou le mont Alcnay à 8ooo.dc Florencceftant fitace au milieu de fix autres montagn cs,où ils menèrent vnc vie tres-auftere , employans tout leur temps en orai- fon,pour les neccffitcz de l'Eglifc Les noms de ces fept font Bon SM'autrcs difent des Monaldy,Amcdce,Bonaionra Manctto d'Ancelli,Alxis Fauconnier, SoftegnnodesSoftegni , Vgnccionc de a fa.nille des Vgnccioni;& comme vn jour des Roys ils eftoicnt venus à Florence demander l'aumofnclcs pe- tits enfans commencèrent à crier comme mfpirez dmi- nement. Donnez l'aumofneaux feruiteurs dc a Vier- gc Marie.fi bien que dés lors cet ordre fuc appelle de ce nom,& le Pape Innocent VlII.leur confirma. Quant àlarobbe noire & le fcapulairc qu'ils pnn- drer,& qu'ils fe muet fous la reigle de S. Auguftin. fut caufe qu'il leur fut reuelé , ainfi comme on dit , par a fainde Vierge,7.ans après qu'ils s'cftoient retirez en la montagne, fi bien qu'ayans pris cette reigle, le premier Chefde leur ordre fut le Pcrc Bonfils , puis ils edihc- rent l'Eglife & leMonaftcrc de l'Annonciadc célèbre par toute l'Italie , fe void le pourtrai£t du vilage de la œetedeDieu,peint(commeontient)parlcs Anges. Vingt ans après leur fondation , vn nommé Buv.uj eftant entré miraculeufement en leur ordre , il receut tant de grâces delà faindc Vierge . qu'il fe rendit ad^ mirable tant en France, qu'en Allemagne, conuertU' fantvn fort grand nombre de pécheurs, h bien que ia renommée de fa faindbccé , & celle de plufieurs au- tres de cét Ordre , commença k s'efpandrc de toutes LePapc Alexandre IV. l'an Ujy.confirma &approu- ua cette Religion, leur donnant pouuoir de créer vn General, comme les 4.Mcndians: s'eftant tellement au- gmentée qu'elle s'eft eftendiie, par tout le monde. ^ L'an 1417. Nicolas Perufien leur General diuila cet ordre en z. & delàeft venu qu'on appelle les vns Frè- res feruans Conucnîucls , les autres les Pères fcruans de rObferuance. Cette Congrégation commença l'an 1155. du temps de Grégoire IX. & que les Guelphcs & Gibelins com- mencèrent à faire leurs rauages en Italie , qmfut fort tranaillée encor de trcmblemens de terre , inonda- tions ôc extrêmes froidures. Ordre des Celeftins. 35) Celuy qui fUt Chef de la Congrégation des Cele- ftins fe nommoit pfemicrement Pierre, & furnommc S.Moron , natif de Heruia,terre des Samnitcs , aujout- d'huy appclléc Sergue en la terre de Laban l'an U15. fon perc s'appelloit Angelicr , ôc fa mere Marie: hoin- me porté tout à l'aufterité & à la folitude , des fa plus tendre enfance, & après auoir tné l'efpace de trois tns fur vne montagne à faire pénitence , finalement il fut receu Moync au Monaftere de leCcli de l'Ordre de S.Benoift , où ayant eftc quelque temps , il demanda permiflTlon à fon Abbé de fe retirer en vne caucrne dc- fçiic fur la montagn» de Moton, de laquelle il prit fon furnom : mais y eftant recherché de trop de peuple qui y abordoit detoutes parts , il s'en alla en la montagne de Salmonne appelléc la Magclle , où finalement n'a- yant pû eftoufFer l'odeur de fa fainéleté ^ plufieurs l'ayant fuiuy , il commença àTonder la Religion des Celeftins , baftilTant fur cette montagne vne petite Eglife qu'il nomma du S. Efprit. Il portoit toufiours vne chaifnc de fer fur fa chait nue , ôc par dclTus vne hairc fort rude , vacquant en j continuelle prière, & reformant la reigle de S.Benoift, qui en ce temps-là s'eftoit abaftardic. La renommée de fa faindcté décorée de plufieuts beaux miracles s'efpSdic tellement par toute l'Europe* que le nombre des Celeftins s'augmenta grandement, & le Concile fe tenant pour lors à Lyon en France fous Grégoire X. de l'Illaftre maifon des Vifçomti: Il obtint du S. Pere la confirmation de fa Religion , & de là s'en retournant en Italie,il y célébra le premier Chapicre General de fa Congrégation, finalement apies le deceds de Nicolas IV. l'Eglife Romaine ayant cfté deuxansfans Pafteur , il fut efleu fouuerain Pontife, l'an U94. & de fon âge le 79 après auoir faid ce qu'il auoit pu pour éuitcr cette charge , en laquelle toutes- fois il ne fut que fix mois , car il s'en démit volontai- rement : d'autres cUfcnt par l'artifice de Bonifacc III. fon fuccefTeur j lequel le condamna après fans aucun fubjcâ: à tenir perpétuelle prifon dans le Cha- fteau de Saint Simon à prefcnt furnommé, où il fut dix mois:d'autr« difent deux ans faifant des miracles.pre- difani les chofcs futures , ôc priant Dieu pour fon fuc- dclTcur , en laquelle prifon il mourut » difant ces mots du Pfalmifte : Tout efprtt loùe le Seigneur i il fut depuis Canonifé par Clément V. Cette Religion eft diuiféé en 13. Prouinces , par la France , Allemagne & Italie, & tient h prefent fix vingts & quatre Monaftcres. Ordfe delà Religion du Mont d'Oliuet^ L'An de noftre Seigneur feant à Rome lean 40 XXIL &enAllemagne Henry VII. commença la Re- ligion dumontOliuet par trois Gentils-homme^Sic- nois , le premier nommé Bernard Tholomei , l'autre Ambroife Piccolomini , le troificme Patrice de Patn. cij, lefquels à la perfuafion de Bernard fe retirèrent en vn mont appelle Oliuct.fitué au Comté de Montalein, & s'arrcfterent là pour faire pénitence , &ayans efté accufczenucrs le Pape, comme autteurs denouuelles fupcrftitions , ils le furent trouuer, lequel ayant ouy leurs raifon's les enuoya vers Guido Pietramala Eucf- que ôc Seigneur d'Arrczze , fous le Diocefe duquel eftoitle fufdit montOUuet , lequel auparauant qu'Us arriuaficnt , auoit eu vne vifioncn laquelle il vid la Vierge Marie , enuironnée d'vne grande multitude d'Anges.laquclleluy tendoitvnerobbe blanche,& des mémoires de S.Benoift,l£quel luy donna l'habit blanc, en l'Eglife de la Trinité , auec la reigle de S. Bsnoifty fous la protedion de la Vierge Marie. Apres cela ils édifièrent vn beau Monaftere fur le mont Oliuct, appelle des Cloftures, le Chef de la Con- grégation , laauellc ne s'cftend point plus loingque l'Italie , & a ju(ques à foixante Monaftcres , ôc plus ils portoicnt anciennement des fabbots en leurs pieds, Se n'yapas iong-tcmps qu'ils les faifoient porter àleurs Nonces au mont Oliuct , mais ils fe font depuis eflar- gis&licentiez. De l'Ordre des lefuafies de S. Hiertfme. Quant à r Ordre des lefuaftes deS.Hierofme.il a. tu 41 ré fon origine de S. lean Colombin Gentil-homme Sienois,dcs plus Illuftres de cette Villclcquel l'an 15^. fc conuertit à Dieu par le moyen de la ledlurc qu'il fit de la vie de fainde Marie Egyptienne , la manière de laquelle conuerfion feroit plus longue à reciter.queue portcl'eftenduè des jsrefens fom maires : maisayant enfin lellcmét difpofé fa femme qu'elle luy permit de viufc viure en chaftetéj vn miracle dVn Ladre qu'il appor ta chev. luy, lequel il InylaifTaen gardcfuicaufe qu'el- le fut contente elle mcfme de faire vœu de chaftecé, & de dvonner tous leurs biens aux pauurcs ; Carau lieu du Ladre «Hé ne trouua ellcmcraje dans la chambre où il auoit efté laiflc quVne tres-foiiefue odeur , de forte qu'ils creurenc que ç auoit eftc noftre Seigneur Icrus.:Chrift, qui fous la figure dVn Ladre s'cftoit ap- paru à eux ; & s'cftant aflociéaucc vn nommé Fran- çois Vincent des plus apparents dclamefmeVilledè >iene , ils furent deuK ans à mener vne vie fort aufteré t contemplatiue , fi que plulicurs Ce mirent de leur Congrégation jufquesau nombre de foixante ôcdixy la meilleure partie d'emr'cux eftans lettrcz:ce que vo- yant Colombin il s'en alla trouuer le Pape cy dedus nomme à Viterbe l'an 1567. encore qu'il y eut défia veu en Tofcanelle : car il fut accufe luy & les ficus de tenirl'erreur des Fr?.ticelles. Mais ayans eftc exami- nez par l'Inquifiteur en prefence du Cardinal de 2Vîar- fcille , ôc trouué que ce n'eftoit que calornnie.le fainét Pere les receut , & voulut qu'ils fuiTent tous vertus de drap blanc , & les bailla tous à Tes dcfpens , leur donnant après l'habit de fa propre main. Il voulut <|o'ils fe retiralfent aux Villes Se bour53des,& eurent pour premier Protedeur le Cardinal d'Auignon frère du Pape. Cccy aduint l'an 1357. le jdur faint lean Baptiftf. Quant au nom dc^efuaftcs, Paul Maurice alTcui e qu'il ne leura point cfl,édonné,d'autantqu'ils auoient fou- iicni; le noiT» de leiîis en la bouche > mais piac'vn efpric prophétique les petits cnfans crians dés qu'ils les vo- yoient , voila les lefuaftes y SCqae ràefœeSainâk Ican Colombin en cfprit prophétique dit vn jour à fes con- frères, Nous auons beau fairci Icfus-Chrift par fa puil^ fâncc nous a donné fonlàintnomo Et d'autant que leur règle , qui Côtis celld dé faînt Auguftin , n'eft pas commune , ïl ne fera point , peut- èftre 5 flaal à propos de la rapporter icy particulierc- ircnt,ainfi qde l'a déduit le mefme Paul Maurice. iîeftdit donc que par obligation, ils ne font tenus de dite que 165. Pate)- mlier Ôc autant d'^ue UMaria, vont trois fois à l'Oratoire , ayans à chacune fois vn certain nombrcr à direi fans que pas vn foit éxempt de céb. ' Entre le matin Ôc U foir ils^fdnt etï prières l'elpiactï d'enuiron cinq ^ fix heures , les prières dn matin cftans finies , le Prieur leur fait tous les jours quelque leÇon, puis vn petit fermon , lequel eftant paracheué on de- meure vn peu de temps à prier Dieu mentalemét: oir- tre cela deux fois le jour fans jamais y faillir, fors aux trois principales feftes de l'année , chacun fe difclpli- ne en fon Oratoire,vne fois au point du*|our,& l'autre à vne heure de nuiâ: tout en particulier ; en quel- que temps que ce loit ne faillent jamais d'aller deux fois à l'Eglifé , & allumer vn cierge fur l'Autel puis font leur oraifon à part pour la fainde Eglifc pour leurs bien - faiâieurs , & principalement pour les ames' deceux en recommandation defqueis leur font faites plus d'aumofnes : joinâ: aufli que tous les Luodys s'il n'y efcheoit quelque fefte , tous en commurt , fi toft que la^MelFe eft acheuée ch'antent au choeur cer- tains Pfcaumes, Ôc autres O'raifons pour les ames des trerpaflez ; femblabl ement tous les Samedys au foir après s'cftretous accufcz de leurs fautes , ils font prie- res pour toutes manières de gens tant fidellej qu'infi- délies , ne plus ne moins que la fainte Eglifc Romaine a accoaftumé de faire le jour du Vcndredy faint. Au- ta.nt de fois qu'ils entrent à leur OraToire , ils difcnt toujours cinq Pater noHer , ôc autant d'^iue (J^aria, en reucrence & commémoration de la Pa0îon de no- ftre Seigneur : ils ne difent point la Melfc à l'imitation des anciens Moines. ) de toutes lesiReligions. 871 Quant à l'Office de h Vierge lequel neant,moins tous difent quafi vniuerfcllçment , celuy des Motts> les fepc Pfeaumts penitenticls , ôc mcfmc tout l'autre Office diuin n'eft point d'obligation à ceft Ordre, mais de; deuotion feulement. S. lean Colombin infti- tua auûl l'Ordre des Rcligieples lefuaftes , defquelles la principale a cfté la bonne fainte Catherine de Sic- ne confine d'iceluy Colombin : il y en a à Luqucs vB Monaftere qu'on appelle les lefuaftcs de fainâ: lo- icph. Quant à ce qu'ils font nonnimez les lefuaftes de faint Hierofmc , cela vient que dés le commencement de leur Congrégation , ils prindrcnt ce grand miroir de pénitence , & lumière des Religieux pour leur parti- culier Protedteur : jjoint que leur deuotion eftoit telle enucrs ce faint , jp^n'ils édifièrent prcfque toutes leurs Eglifes, Ôc fecrets Oratoires en fon nom. Le Pape Ale- xandre VI. ordonna par yne Bulle , qu'ils nes'appelle- roient plusfimplement lefuaftcs i raaislesîefuaftesde , faint Hserofme. Des Chdnoines 'Réguliers de S' Sauueuu L'ordre des temps requiert après les jefuaftes , de parlerdcs Chanoines réguliers de S. Sauucur, lorigine dcfquels cft Melie. A deux milies près de Boulongne eftoit aiîtresfois vn Colicge de Chanôines de l'ordre S. Auguftin qu'on appelloit fainte Marie du Rhin , lequel ayant eftc de- ftruit par lean Vifcoiui Diîc & Archeuefquede Milan, iors qu'il print la Ville de Boulongne , les Chanoines furent contraints de fc retirer dans la Ville au Mona- ftere de S. Saiiucur qui auoit eftc bafty long temjjs àu- parauant en mémoire du grand mirsicle cjuî eftoit ad- uenu en l'iiwàpc du Crucifix en la Cire de Barucaii Pays de Syrie , viuant Achanafe Euefque d'Alexaiidrie Tan 785.1e Ê^.jour de Novembre. Durant ce temps il y auoit vn nommé Eftienne>de la Ville de Sienne de l'ordre des Hermitains de Licette, . lieu diftantde Sifneenuiron trois milles : de la fainte vie duquel le Papfc Grégoire XÏLeftant informé,& fça- chant la bonne volonté que ceftuy cy & fes compa.^ gnonsauoîent de mettre fus l'ordre catiionique: if don- na charge à trois Cardinaux de vcftir Eftiennè , & vtt nornmé frerc Iacques,de l'habit canonique : ce qui fut exécuté en la Viliede LuqueS) le 24. Anril 1408. & le rnefmc Efticnne ayant par après donné le .mefme ha- bit à ptufieiits deceux de Liccttc , ils prindrent lors l'habit de faint Sauueur , à caufe que le lieu où ils ' auoycnt fait profcffion de l'habit Hefmiéain , s'appcl- Ibitde ce noœ:or tn ç-t Cloiftredc faint Siuueur, dot iil a efté parlé cy«deffiis , eftoit demeure lèul vn nom- mé Guillierjlequel entendant la renommée d'Eftienne ôc de Ces Chanoines, defirant de voir cet Ordre Cano- nique remis fùj.enùoya quérir Eftîennei& après auoir confère er.femble,ils ènuoyerent vn Procureur au Pa- pe Martin V.dc la mai fon des Colonnes,qui auoit fiic- cedc à Grégoire lequel ayant ouy lèiir demande don- na commiffion ^ Nicôlas É>albergati lors Euefque dfi Boulongne,, & qui depuis fut fait Cardinal de fainte Croixpar le Pape Eugène lV.de mettre ordreà Cequ'ils demandoyent. Et lors il vnit cnfenhble (e Conuént de S. Ambroife ' defeobre , &c ce!uy de fainte Nlarie du Rhiil,auécla; Chanoinérie de S.Sauuéur de Boulongne , cequi fut confirmé par authorité A'poftolique;comme il eft por- te par vn breuçt donné dû îuillet 1518. & leur fut baille pcrmifilîon de célébrer le Chapitre General, pa? vne Bulle donnée a Manfouë le 14. Décembre ï'àn 2» du Pontificat du Pape Martin V. du nom : depuis l'v- nion de certains Gonuents , cet ordre commença à prendre le nom de Congrégation , & s'appclloit Cha- noine deS.Sauucur:ils onttoutcsfois efté appeilezSco- ; pettc qui eftoit dê cette Congrégation : irais c'cftoit le DDdd 4 quatriéoî-e 87 Difcours de TOrigine quatncœeConuent.aucontrairc l'autre fat le premier auffi furent ils appeliez plus vulgairement Chanoines de S.Sauueur. Ordre de S. Vierre de P'tfe. 4J Apres les Chanoines de S. Sauueur , fuit en ordre la Congrégation de S. Pierre de Pifc , qui eftoit de la fa- mille des ïambes. Courtes, des plus Illuftres de cette Ville là. Lequel ayant refolu d'imiter la vie de ce grand Do- aeur faint Hierofmc. il fe trouua incontinent luiuy de plufieurs Difciples, aueclefquelsil s'en alla au Com- bat d'Vrbain en vne belle colline nommée Monte bel- le , laqucllf eft enuironnce d'vnc fort agréable foreft, il ybaftit vne petite Eglife , qu'il nomma la Trinité, auec quelque peu de logis , fait en façon d'vn Mona- fterc, gagnans leur vie au trauail de leurs mains,& ob- fcruans la communauté Euangelique , ne cclcbrans point de MelTc : mai^ cftans affiduellcmcnc en prière, voulut ce bon Percque ceux de fa Congrégation s'ap- pelblfent lesHsrmites defainiHierofme , comme ils s'appellent encore aujourd'huy, adjoulbnt feulement de la Congrégation de laint Pierre de Pife , laquelle Congrégation a fi bien multiplié , qu'elle a encore à prcfent 37. Monafteres en Italie feulement : car hors d'icelle lis n'en ont point. Ils font vertus dVne tunique , '& d'vnc ceinture de cuir, portans par delTus vn manteau , iur lequel Us jet- tent leur fcapulairc : mais quand ils vont par la Ville, ils jettent par dclTus ledit manteau, & tout leur habit eft entièrement de couleur de bure:le Pape Pic V. vou- lant qu'ils fident profelïïon , catauparauam ils pou- uoient fortir, & aller où bon leur fembloit:cctie Con- grégation commença l'an 1380. L'Ordre de la Congrégation de faint Hierofme de Fefole. ^4 La Congrégation de faint Hierofmc de Fefole com- mença quelque temps après . à fçauoir l'an 1046. du temps du Pape Innocent VII. par vnnomméCharlcs Compte de GraucUc Florentin , lequel eitmt infpirc de Dieu , s'en alla aux montagnes , où fut autrestois ; l'ancienne Ville de FefoUdeftcuite par les Florcntinsnl prit l'habit d'Hermite, & aucc luy Rhcdon Graucile &c Gautier Marfi , où ils ne furent pas long- temps , que plufieurs s'alTembler cm autour d'eux.autquelsils don- nerent vnercigle , laquelle fut approuuéeparle Pape Grégoire XII. pour lors feant au laint Siège . qui leur donna vn autre habit de couleur gnze,fe ceignans par dellusleur frocd'vne ceinture de cuir , &c dellous ils portent vn manteau plilTé , & fendu par deuant : ils portoiét lors des fabots , mais depuis ils les ont laillcz, Ôc parce qu'ils auoicnt eftc dits Auihcurs du tiers Or- dre de S. François , comme eftimcnt aucuns , vn habit gtis qu'ils portent encor pour le jourd'huy , leur fut donné. ' , ^ Ils ne s'eftendent point plus loin que l'ItaHc , où ils ont trente ou quatanteMonaftcres : ceux qui demeu- rent à Milan font appeliez les frètes de fainte Anne. Ordre de la Congrégation de S. Grégoire. L'an 1407. feantà Rome le Pape Grégoire XII. & en l'Empire Robert de Bauicre , commença la Con- grégation ditte de Saint George, Dallegucfurnommée Azzurinclaquelleeut pour Autheur Antoine Gorrare Gentil-hommc Vénitien , qui cltoit delà compagnie des Clercs réguliers de Icfuartes Saint^Hierofmc , les frères de laquelle portoient des fabots, & mandioyent leur vie : ceftuy-cy leur donna quelques règles , con- firmées par prcgoiic VIL lequel y en adjoutta d'au- tres , mais principalement làint Laurens lultinian pre- mier patriarche de Venile > lequel fut à cette Congré- gation ce qu'a clic autresfois faine Bernard à celle de iKiiteaux. 45 Ceux de cette Congrégation fe veftetit par deffouî d'vn habillement de drap blanc , fai£t eujmanierc de foutane tout boutonné deuant , & portent deflfusvntf robbe de pers ou de couleur d'azur , vn bonnet à li tefte.ôc vn chappcau fur l'efpaule dcmefme couleur. Ils viuent en commun , leurs Chefs s'appellent Prieurs, & créent vn General.lls ne fouloient pas faire profeffion : mais fi queîqu'vn d'entt'eux après auoir efté vn temps en la Religion , changeoit de volonté, ils luy donnoycnt certaine fomme d'argent, & leve- ftoyenc en Preltte feculier, puis le laiffoient aller où Ct^* fantafie le portoit : mais le Pape Pie V. l'an 1570. ofti donna qu'ils eulTcnt tous à faire profcflîon folcmnel >, comme ils font fans déroger fîeantmoins à leurs pti- uilegcs,ny à l'ordre Scpreleance des lieux aux procef- fions publiques. Toutesfois il y en a encore quatre Monafteres de cet Ordre, qui viuent à leur mode,ticnncnt leurs Cha- pitres, & créent leurs Prieurs comme bon leur femble. Et combien qu'ils ne foyent de ccux-cy que quatre Conucnts,neantmoinsilsont vnGeneral,& leur Chef eft le Monaftcrc de Lo Vieil. Ordre de la Congrégation de fainte lujîine. La Congrégation du Mont Caifin , qui print fon origine de Louys ie Bègue Gentil-homme Vénitien, commença dans le Monaftcrc de fainte luftine , & de là fut appelléc Congrégation de fainte luftine l'an de noftrcfalut 1410. fous le Pape lean XXIIl. & Sigif- mond eftant Empereur en Allemagne où les Papes Martin V. & Eugène IV. voyans cette compagnie au- gmenter de jour en jour en faintcté dévie, lUla grati- hcrent de plufieurs priuileges , ce qui fut caufe de la remphr de plufieurs hommes de lettres. Depuis auec le temps s'eftant accrue de TAbbayse du Mont-Caflin , d'autant que c'eftoit la première & la plus honorable "de toutes celles de faim Benoift , eU le print ie nom d'icelle , & fut dite la Congrégation du Mont-Caffin : Par ainfi tous ces Moyncs noirs qui viuoyent fous l'Obferuanccfont les vrays& premiers Moyncs de S. Benoift , lefquels ont efté par plufieurs fois deftruits & reformez. Cette Congrégation de S.Bcnoift eftoit venue à tel- le grandeur, non feulement de ncheftcs , qui auoycnt cftéla principale cauledc fa ruincmais encore du nom- bre d'hommes & de Monafteres , qu'elle fe trouue auoir eu jufqucs à trente trois mille Abbayes > & qu^ torzc mille Preuoftcz & Prieurcz" : &c lorsque fe ht U dcrnierre rcformation de fainte luftine , elle eftoit tel- lement mifc bas , que le nom des Moyncs de S. Be- noift eftoit prcfquedu tout ei\cint : mais depuis elle s'eft tellement augmcntécqu'cUea plus de mille Ab- bayes, tant en Italie qu'en Efpagne , qui viuent félon cette reformation : plufieurs defqucls outre ce qu'ils viuent félon la règle de S. Bcnoift,s'addonncnt à l'eftu- dcauxdifpuces pubUques, & à la prédication, ne plus ne moins que les mondains, ce qui les fait grandement rcfpcfter en ces conttécs-là. Des frères de faint Ambro'tfe. Il fembleipit de premier abord , qu'il euft efté plus à propos de mettre la Congrégation des frères de lamd Ambroifeau bois , auec les plus anciennes Re- ligions,quc maintenant,mais c'eft à caufe qu'ils le iont plus dilatez , & ont paru dauantage en leur forme, que leur origine , laquelle aduint en cette maïucrs aux faux-bourgs de la porte de Come^à Milan , ou eft maintenant l'Eghfe de faint AmbroUc aux cois, il y eut autresfois vn beau bois fort efpais , aumuicu duquel eftoit vne petite Chapelle , uu etloit dej cin- tc l'image de la Vieigc Marie , & raauprescouloii va ruilîcau d'eau claut , qui dclcendou d'vnc belle icn- taine , laquelle y eft cncor aujoutd'huy tenue en telle rcuereucc». de toutes 1 renercn w, qut piiifàeurs boiuetit de cette eau par déiiO' tion. En ce bocage demeoroient trois Gentils-hommes Miîannoisj q«i viuoient commeHermites, le premier dcfquels fut vn rrommc Alexandre , de l'Illuftre famil- le deCriuclle : le fécond Albert Bozoirc;,& l'autre An- toinc Pierre fainte , d'où eft venu que les Pierres fain- des jufques aujourd'huy ont certaine jurifdidtion en vn Monaftcrede cecte Religion nommé Cartcrnc. Or en mefme temps que ccux-cy viuoient en leur folicude, l'admirable S. Ambroife reluifoiten la Ville de Milanjlequcl eftant aduerty de la façon de viure de ces perfonnages . lesalloitvifiter fouuent,&: mefmcs par fois demcuroit auec eux vn jour ou deux prians Dréu> ou difcourans des chofes diaines. Depuis eftant morr , ils demeurèrent plufieurs an- nées en ce lieu, & par fucceflîon de temps , lequel on ne peut pas bien cotter,ils ad jouftercnt à l'habit d'Hcr- mite qu'ils portoient , la patience & la Cappe , & pri- rent la règle & profcflîon de faint Auguftin : les Mi- lannois leur firent après baftir vn Monaftere au mef- me lieu>qu'ils fondèrent à l'honneur de faint Ambroi- fe»&:le nomroerentS. Ambroife au bois,à caufe du faint qui frequentoiten ce lieu duranc fa vie: ils fc font de- puis augmentez en diuers lieux, mcfmementau Du- ché de Milan. Ils ont en gênerai des Vifiteurs & Prieurs , &tous les trois ans célèbrent leur Chapitre gênerai toufiours en celicu-là.d'où ilsonteu l'origine. Ils ont plufieurs lieux , où il font le fcruice félon la règle de faint Am- broife. Des Moynes Hermitei de Saint Hierofme. ^8 Le femblable peut-on dire de laCongtegation'des Moynes Hermitains de faint Hierofmé,duquel il a efté dit quelque chofe cy-deuant: mais depuis il fut refor- mé par Loup Solmete Efpagnolfçauant homme , le- quel eftant artiuéà Rome obtint îa permifïïon de re- former cet Ordre , impétrant de luy l'Eglife de faint Alexis de Rome , aflïfe fur le Mont Auehtin , auec les cnuirons , & toutes les rentes & reucnus d'icelle , auf- quels il donna la forme & règle de viure félon l'or- donnance des Apoftrcs, laquelle il auoit tirée des œu- ures de faint Hierofrnç. Aucuns difent qu'ils commencèrent dés le temps d'Eufcbe de Cremone.difciplede S. Hierofme, &que les Moynes de Garde Loup d'Efpagne, fuiuant leur rè- gle , pourroit bien eftre qu'ils auroient eftc reforrtiez par iceluy Loup, & que voyans depuis leur Ordre s'en • aller en diftolution, ils l'auroiét de nouueau reforme, Se que Loup auroit diuifc ceux-cy d'auec ceux-là , & en auroit fait vne nouuellé Congrégation; Ils fe ve- ftent d' vne tunique blanche auec le fcapulairedecou leu r tannée. Quand ils vont par la Ville ils portent vne Chappc fermée deuant à laMonachale , de mefme cou- leur que le fcapulaire. Loup d'Oliuette mourut Tan ï435.l'an troifiéme du Pape Eugène IV.Cettc Côgrcga- liô peut auoir en Italie enuiron vingt Monaftcres , def- quclsle Chef ôc principal, eft l'Hofpital deLodeyanc en Lombardie. Ils auoient en Efpagne fix Monaftcres, le Chef defqucis eftoit faint Ifidore , diftant de la Ville de Seuille d'vne lieue , ils font profeflîon & obferuent larcgledeS.Aiiguftin. De l'Ordre des Sahl>otiers,iaJîituepar fainéi Bernardin. L'an 1400. qui eftoit le lubilé ï Rome,il régna vne grande pelte à Sienne & autres lieux prochains, de la- quelle mourut vn grand nombre de gens, fi bien qu'à Sienne, fut pour le peu d'hommes qui reftoiert, ou pour la crainte qu'ils auoient de laiiler la vie , il nefe trouuoit perfonne qui vouluftptnfcr Icspauurcs ma- lades dcl'HofpitaL es Religions. 87 j I Alors viuoità Siennfe (àirit Bernârdin . ïé pere du- quel s'appelloit Patrice , &:famere N one , laquelle eftoit de Noble extradiort , nstifue de Mafle de Ma- ranne, Ville prochaine , & fubjctte deladitteVillede Sienne- Ce iaiilt perfonnage poufté d'vne faih-e& ardaôté charité, s'en alla à l'Hofpital , où il femit àpcnfer les malades tous pcftiferez qu'ils eftoient , &:n'en bougea que lapeftilcncene fut cclfée, n'eftant lors âgé que dç vingt ans, ôc de là il fc retira en vn bois, où ayant vcf^ eu quelq,ue temps fort auftei ement, il fe fit enfin Rcli- gicux de l'Qrdre des Frères Mineurs , où il ne porta rien auec foy qu'vn fimplc habit , Se vne corde pour fe ceindre, ôc comme deCm la Sainteté commencoit à Ce refroidir en cette Rcligi6,il co'mroéç.i de mettre peiné que l'ordre de li bonne obferuance fuft maintenu ôc gardé, oftant tous les abus qui s'eftoienc introduits cii iceluy, de manière qu'il le reforma fit en forte que les Frères furent réduits à viure en comnnun fans auoii: rien de propre , fuiuant fimplement l'iuftitulion àé leur Pere Si François, en quoy il fut aflîfléde plufieurs qui fuiuirent fa nouuelle reforme , mais d'autres auiïi ne voulurent point quitter ce qu'Us aubyent acquis auecpcine & trauaii. De là eft venu , au moins y a. il grande apparencfe» que la Congrégation de S. François eft en deux fortes de Conucntuels , bfçîuoir, & d'Obferuans , Icfqucis s'appellent les Sabottieis : qui S'augmentatclleroent depuis qu'elle furpafle en nombre beaucoup d';.utrcs Religions. Gccy aduint fous le Pape Engine quatriè- me du nom, & du temps de l'Empeveur Fcderic III. dii nom. De l'Ordre des Aiinimes de lefus Maria. L'Ordre des Minimes prend fon origine de S. Fran- 5^ çois de Paulcqui nafquit audit lieu, l'an 1416. & fc retira en vne terre quiappartenoit à fcs parents és en- uirons de Paule, où dés la troifiéme année de fon âge, il mena vne viefoirtaufterc viuant en folitude : ayant ainfi vefcu fix ans tout feul , il futinfpirc de Dieu l'an i^^6. de fonder vn nouuel Ordre en l'Eglife, ce qu'il fit , ôc ayant premièrement obtenu licence de Pynhus Archeuefque de Cufancc ( car la Ville de Paule tft fi- tuce dans ce Diocefe ) puis du Pap« Sixte I V. l'an 1474. comme auffi de fes fucceftcurs Innocent huiéliê- me , & Alexandrefixiéme , & de Iules fécond , ce der- nier approuua fes trois règles , la première pour les Religieux , la féconde pour les Rcligieufcs , la troifié- me pour les feculicrs de l'vn & l'autre fexe. Vn peij deuant le deceds de faint Fr?nçois de Paulé ( qui mourut en fon Conuentdu Plcflis lez Tours,) le jour du Vendredy famt fécond jour d'Auril de l'an 1507. ôc fon corps demeura onze jours fans eftre en- terré , pendant lefquels plufieurs malades furent gué- ris de leut maladie, & s'y firent plufieurs grands mira- cles , ôitout ce temps fon corps demeura incorrupti- ble ôc doux flairant aucc'admiration de tous ceux qui le vifiter.ent , de forte que onze ans après fon deceds il fut Canonifé par le Pape Léon X.à l'inftancc & reque- ftc de François premier Roy de France , de pluficUrS Princes ôc Seignetirs de ce FLoyaume ôc d'Italie. Les Religieux de cet ordre font habillez dedfapdelainc4 naturellement noire fans teinture; les Profés portent vn chaperon qui va jufques à my cuiffes ôc vn cordoti rond delà mefme couleur auec cinq ncuds j les Noui- ccs ôc frères Oblats n'en portent que trois,ils ne man- gent point de chair, nyd'œufî. beurre, formage , ny laitage , ils n'vfent point de draps ny de linge : finon en maladie. anc a i'adminifttation de céc ordre , lé General eft efleii de fixans en fixans , les Prouinciaux de trois ans en trois ans , les Supérieurs des maifonsi qu'ils appellent Cotrcéleurs , ne durent qu'vn an , & î'cflifenc Difcours de l'Origine 874 s'clifentle if. de Septembre, & font confirmez le jour | ftat du Roy Henry fécond , quittant le monde & \d S Michel ' honneurs au'iivDouUoitnrpr«»nf1r(«.é>mhrafrarhnmt. * Cet ordre s'cft multiplie grandement par toutes les principales Prouinces delà Chreftienté.dc force qu'on compte maintenant trois cents quatre vingt dix Con- uents, fçauoir en Italie, 176. en France 129. en Efpagnc Si. en Allemagne quatre ou cinq.en Picdmont vn , à Thurin. Il y a plufieurs grands pcrfonnages tancen fainteté qu'en Dodrine qui ont flory en cet Ordre, & quelques-vns mcfme d'iccux ont refpandu leur fang pour la defenfe de la foy & Religion Catholique, defqucls le Lefteur pourra voir le dénombrement dans l'hiftoire qu'en a efcrite ces années palfécs le Re- ocrcn d Pere Louys d'Actichy Religieux de ce mefmc Ordre, oii il a rccacilly fort fidellement tout ce qui fe pourroit defirer furcelujet. Catalogne des Pères Généraux de ! Ordre fa- cré des Minimes depuis SainH François de Paule ju/quà celuy qui efiaujourdhujj. I. OAint François de Paule Inftitutcur & premier j3Gcneral de fon Ordre mourant . nomnoaen fa place pour gouuerner l'Ordre jufqu'aupremietChapi- tre leR.P.Bernardin de Ciopolato fon confelfcurjper- fonnagedefainte vie. 2. Le R.P.François Binet,François, fut efleu a Ro- me le fécond iour de Tan i;o8. au premier Chapitre gênerai. , , 3. Le R.P.Germain Lyonnet,François,de la Prouin- cedeTouraine , lequel fat eileu au Chapitre gênerai tenu à Tours l'an lyii. 4. Le Reuercnd Pere François Binet , eileu pour la féconde fois au Chapitre de Thoulouze l'an ip4- f. Le R.P.François Ccrton,François,de laProuince deTouraine, fut efleu au Chapitre tenu à Rome l'an ^ é. Le R.P. François Binet fut efleu pour la troifié- me fois quoy qu'abfenc dn Chapitre , & employé près de fa Sainteté en des affaires grandement impor- tantes. 7. Le Reuercnd Pere Martial de Vicinis , Fran- çois , fut efleu auChapitre gênerai tenu à Rome l'an 8. Le R. P. lean Sutoris, François,de la Prouince de France, qui fut efleu l'an lyzô.aû Chapitre gênerai te- nuàMalagaen Elpagne. 5». Le R. P. Didier delà Motte, François, de la Pro- uince de France, efleu au Chapitre gênerai de Greno- ble l'an lyip. 10. Le R.P.François de Belle.mcre,François,hom- me DoGte , efleu au Chapitre gênerai tenu à Gennes l'an i;3z. 11. LeR.P.Gafpar de Foflro,Calabroi's,vn des grands Prédicateurs & fçauans hommes de fon tcps , fut efl.ni au Chapitre tenu à Paule l'an 1535. auec titre de Pro- uincial deCalabre. u. Le R.P. Bernard de Fabro, François,fut efleu au Chapitre de Bolcgnel'an lyjS. 13. Le fufdit R. P. Gafpar de Foflb fut efleu pour la féconde fois au Chapitre de Valence l'an 1541- quoy qu'il en fut abfent, & cependant pour fes rares mentes le Pape III. luy donna l'Euefchc de Scale , & depuis celuy de Calui au Royaume de Naples , & finalement il fuft fait Archcuefque de Reggio en Calabre où il cfl: mort faintement. 14. LeR. P. Marcel Palmcrius, Italien, fut efleu à Boulogne l'an 1544. If. Simon Guichard,François,fut efleu au Chapitre gênerai de Freins en Prouince l'an iS47« 16. lean MalrasjFrançois, ayant cftc Confeillcr d'E- honneurs qu'il y pouuoit prétendre , embrafla l'humi- lité de lefus-Chrift en l'ordre des Miiiimes,& fut efleu enfin General l'an lyyo. au Chapitre tenu à Valence en Efpagne. 17. Le R.P.Hugues de la Chaux,François, fut efleu l'an 15^3. 18. Hierofmc Arnou , Calabrois , au 1. Chapitre de Freiusen Prouencel'an i^f6. 19. lean de Beauregard François.fut efleu au Chapi- tre tenu à Gennes l'an i ^59. 20. lean lude François, fut efleu au Chapitre tenu à Valence en Efpagne l'an lytJi. - 21. lean de Fleuuefroid, Calabrois, fut efleu à Fre- jusen Prouencel'an ijôy. 22 Marcel Palmerins fut efleu pour la fecondefois au 5. Chapitre tenu à Rome l'an 1568. 23. Gafpar Paflarel , de la Prouince de la Poiiillc, fut efleu au quatrié.Tie Chapitre tenu à Valence l'an 157 1. 24. PereValentin deMalTaa, Italien, fut efleu l'an 1574.au 4.Ch3pitre tenuàGc ineî. 25. lofeph le Tellicr , Fiançois , natif de Pa- ris, fut efleii^au premier Chapitre tenu àAuignonl'an 157S. 26. Alphonce de Villamajor , de la Prorince d'An- daluzie, fat efleu au Chapitre tenu à Barcelone l'an ijSi. 27. EftienneCa/ neiVnli d? Francir3,Italien,de la Pro- uince de la haute Calabre , fut efleu au Chapitre de Gennes l'an i;84. 28. Grégoire Carbonellojfurnommé de Paule, Ca- iabroisjfut efleu au Chapitre tenu à Romel'an 1587- & depuis fait Euefque de Neocefarée à l'inftance du Se- renifl^Duc de Mantouë. 29. Ifidorc Semblas, Calabrois, fut crée General à Valence l'an 15-95. 30. Pierre de Mena , Efpagnol , fut efleu à Gennes l'an iyp6. 31. Hierofme Durant, François.fut efleu au 2. Cha- pitre tenu à Auignon l'an iy99. 32. Pierre Hébert, François , fut efleu au Chapitre deBarcelonejl'aa 16^02. Icy le General a t commence règlement â durer fix ans par authorité du jaint S iege. 33. Edienne Auges , François , fut fait General l'an 1605. au Chapitre de Gennes , il mourut deuant la fin de fon generalatA' en fa place fut fubduuc, 34. Mathias Chico , Efpagnol, qui tint cette charge près de trois ans. 35. Diego Arias de ValcarcelEfpagnol.de la Prouin- ce de Grenade , fut efleu gênerai de tout l'Ordre l'an ii^ii. 36. François de Maida, CiUabrois,fut^cuà Rome le 13. May l'an i<îi7. d< deuant que d'acheuer fon genc- ralat, fut appelle pat le Pape Paul V. à l'Euefchcde Ca- ucUo en la Poliille. 37. GillesCamart, François, fut efleu rani^25. & faifant fcs vifices mourut à Paule le dernier Aoufl: I<Î24. Simon Bachelier natif de Rheims en Champagne efleu le jour de Pafques l'an i6ty à Gennes, & tient maintenant legouuernail dudit Ordre- Saint François de Paule venant en France, fut fore bien rcceu , carcflc & honofé des Roys Louys XI. Charles VIII. &c Louys XII. lefquels en fa confidera- cion , & pour l'honneur qu'ils Itiy portoyent auancer lent vndc fesncucux, duquel fou!: yiiucs pluheurs millestrcs-honorables , defqiicls voscy ta Généalogie qui s'enfuit^ De toutes GENEALOGIE DES NEVEVX O'Nieccs- dn Glorieux Percfamt Fran- çois de Panle 5 Inflimteur C^fonidtcur de tOrdredes Frères Minimes /felorijO^ ain- fi qu'elle eH juflifiée par titres oritrinaux authentiques qu'ont en leurs mains ceux qui demeurent en France, Si T Acqufs Martotilie natif de Paule en Calàbrc , marié Jla Dame Vienne , natifue de Cliallel-Fourcaùt , ont eu deux enfans. I. Saine François de Pauie Inftitutcur & fondateur de rOidrc des FrercsMinimcs. 1. Dame Brigide Martotilie foeur de S. François de Paule mariée à Antoine d'Alexio , natif de Pauie , qiii eurent cinq enfans. I. Nicolas d'Alexio Religieux Minime. i. Pierre d'Alexio au.lî Religieux Minime. 5. Ahgela d'Alexio mariée à Bernardo Maldotc, 3 eu vue fille. 4. Paul d'Alexio qui â eu trois cnfan?. f. André d'Alexio , lequel faint François de P?ule fit venit en France par le commandement du Roy Louys XI. qui le fit l'vn de fes vallers de chambre, puis rhonoradu titre de Miniftre de faFouniere , 6c d'Efchanfon de Ton Hoftel , &C fut marié auec Damoi- fcUe lacquette Maulendrin , natifue de Blois, qui euft quatre enfans. i. Ican d'Aleflfo Sieur deLezcau & d'EraignyjCdn- feiller du Roy, & Maiftrc ordinaire en fa chambre des Comptes à Paris, marié iDamoifelleMariede la Sauf- faye , nièce de Moniîeur de Moruillier Euefque d'Or- léans, & Garde des Sceaux de France i quionteufix énfans. i.Marsn d'AlelTo, Abbé dfeFermonîliersPrieur de no- ftrc Dame de LiefTe , & Chanoine de faindt Martin de Tours. j 3. François d'A4eflb Religieux Minime . lequel né îîîuet,pieds & mains totfes , fut miraculeufement gue- 17 à l'aage de fept ans par les prières dudit faind Fran- çois, & a efté jo.ans Religieux , & fc tt ouua au Chapi- tre General célébré à Paule l'an 1536. 4. Anne d'Aleflo Religieufe à fainéte Glaire de Gien. ï. Michelle d'Alelfo , fille aifnée de lean d'AleOb, mariée à MonfieurleClcr, Sieur de Courfclles , Cdn- feiller du Roy , & Lieutenant General à Tours, & ont eu 4. enfanâ. I- Claude ie Cîerc Sieur de Courfclles, Confciller la Cour dcPai^lemenr. i. Marie le Clerc, vcfucdeMon(îeurGuyner,Con- feiller au grand Confeài. j.Michelie îe Clerc mariée àMaiftre Claude VifStôn, Confeillei: & Secrétaire du Roy, & de fes FinaUccs , & ont fept enfans. François Vidon Religieux Minime, Pomponej Ni- colas , Timolcon Vi61:on , Marie Victon Religicufe à Beaumonc , Françoife & Marie Viâon. 4- lean le Clerc Sieur ddBoifrideau Maiftrs d'Ho- du Roy,marié à Damoifelle Louyfe de Va(Tc,& ont 4- enfans. Claude le Clerc, Ican le Clerc, Marie & An- ne le Clerc. ^ 2. Anne d'AlelTo féconde fille mariée à Maiftre Oli- uier le Febure Sieur d'Ormeffon, d'E3ubonne,& Le- zeau , Confciller du Roy en fon Conleii d'Eftat &fâ- UC.& Prefidenten fa Chambre de C(imptes , & a eu" 3. enfans. u Oliuicr le Fcburc Sieur d'Eaubonnc, Confciller les Religions. ,iu Confeil, d'Ertai , & Prefident en la Chnmbre des Comptes , mariée à Dame Marie Hénncquin , &onc ;u cinq enfjns. André le Fcburc Sieur d'Eaabonne Confeiller au i^irlement, -feannc lef c;bure Rc!igieulè,Ieaii le Febure ConlcillerauChallelet , Maiie IcFcburc Rcligienie à S. Marcel, & Marguericc. 2. André le Febure fieur d'Ormefion, Confciller du Roy, & Maiftrc des Rcqucftes ordinaire, de fou Ho- Itcl , marié à Dame Anne le Picuoft , & ont cinq eh- fans. • Marie le Febure, mariée à Monfieur de Coulange Threforier de France,Magdclaiue le Febure, Religicu- fe, Anne & Nicolas le Febure. 5. Nicolas ie Febure fieur de Lez eau aqfli Confcil- ler , & Maidre des Pvequcfl.es , marié à Dame Marié Hinfelin,& ont eu vn enfant. Pierre leFebure. 3. Fra»;Çois d'Aleflo , fils aifné de kan d'AlclTo; fieur d'Eraigny , Conrciller du Roy , & Maiftrc Ordi- naire dù (es Comptes à Paris,nUrié à Damoiiellé Mariè- dc Vigny, & ont eu treize enfans. r. Fraricoiî d'Aleflo Religieux Minime. 2. 01 iuier d'Aleifo fieuf d'Eraigny , Confciller dû Roy , & Gdrredeur en fa Ch-imbrc des Comptes, ma- rié à Daraoïfcllc Anne du Bailfon , &■ ont deux én- fans. Fiançoife d'Aleflo & François d'Aleflo. 3. Magdelaine d'Aleflo mariée àMonfîeur le Preftfé ConiciUer du Koy. & Auditeur de fes Compter. Ican le PreftreaufîîAudueurdcCdicsQomptes, Marie le Pie- ftre Religieufe , Françoiie le Preftre , M gdelaine ië Preftre, Françoife& Oliuier le Preftre. 4. Ican d'Aledcj-. Birnabé d'Aleflo decedc's^.Char- les d'Aleflo Religieux Chartreux, 7. Mairie Reiigitufe àSoiiîbns , 8. Icanne d'Aleiîb Religieufe à Variu:llei p. Anne Religieuleà Soiiîons, 10. Elizabeth mariée à Gilles Lebeau fifcur de Mon'thligeon , Confeiller , & Secrétaire du Roy , François le Beau , MagdPÎàinc lé Beau , Gillcle Beau , Elizabeth & Claudele Beau , 11. Dcnife d'Aleflo, li. Gèneuicfue d'Aleifo, 13. EtFran- çoife d'AlelTo. 4. André d'Aleflo , fécond fils de Ican d'Aleflfo , fuÉ fleur du Mefnil , Confeiller du Roy,& grand Maiftre Enquetteur, &.Gencra! Réformateur des Eaux & Fo- refts de France, rmané à.Damoifelte Marie de Longucil. éiTont eu cinq enfans^ 1. îacqucs d'Aleflo Secrétaire à\\ Roy , ï prefenc Religieux Chartreux. 2. iacques d'Aleflo Religieux à S. Yidor. 3. Nicolas d'Alciïb Efcuver de i'Efcurie dii Roy- , - 4. Anne d'AlclTo mariée à Noble homme Maiftxé Pierre de Lalane, Confeiller & Secrétaire du Roy,, & ont eu 4. enfans. Pierre Lalane , Magdelaine Lalanci Nicolas & Marguerite Lalane. j-. Elizabeth d'Aleflo Religieufe à Soiflx)ns. S- Magdelaine d'Aleflo troifiémefille^de lean d'A- leflo mariée à Pierre Chaillou, Confeiller, Secrcçai- re du Roy,& ont eu 4. eqfans. 1. Oliuier Chailiou Chanoine de l'Eglife de Paris, & depuis Religieux Miaime. , . . 2. lean Chailiou fîcar de ThoifyConfeillcr du Roy & Maiftie ordinaire dçs Comptes , fnarié à Damoi- felle Lucxeflc de riSrra,ç\oni eu 4. enfans. François Chailiou j Claude Chailiou . Iacques &c Ican Chail- iou. M ?. Catherine Ghajy.Qiijmariée en première nopces à Antoine de Cofte '5:È5bi!yer heur dudit lieu ; dont cfl; yflb Oliuiejc de Cofte Religieux Mmimç , ïippellc l'ère Fîilanon , qui a efcrit i'Hiftoire Catholique de ce fiecle : & en fécondes , à Monfieur Verforis Con- (cii'ict en; la .Cour de Parlement. Catherine Ver-^- loris mariée à Monfiçur Vancl , François. Federic» Vëfrorisj 876 Difcoufs Verforis , Pî«re Verforis , Denife & Louys Verfo- ris. 4. Elizaboth Chaillou mariée à Monfieur de Sain, étyon, Siear de RubeUes, .CoufciUci- du Roy , & Mai ftrc des Rcqueftes ordinaires de fpn Hoftcl. Elizabeth de Saindyon Rcligieufcà CUclIes , Catherine de Sain- ayon Religieufe de fainte Marie , Marie de Sainayon Rcligicufe de fainte Marie , Marguerite de Sainétyon Religieufe à Chelles, Germaine de Sainâ:yon , An- toine de Sainélyon decedé. Marie d'Aledo , quatrième fille de lean d'Alei- fo , mariée à Monfieuc des Champs , morte fans en- fans. ^ De la Congrégation des Amedées-, ou Amis de Dieu, y2 Du mefme temps de faint François dePaule» viuoit le faint homme Amy - Dieu , natif de Portugal, lequel vint en habi': d'Hermite en la Lombardie.où cflanc ar- tiac il s'arrcfta en vn lieu appelle fainte Marie en Bre- fanoisvers Crémone, des dépendances du Duché de Milan, où il donna commencement à la Congreoa- tion; De là à quelque temps il s'en alla à Rome , & de- meura au moint- d'or qu'on appelle aujourd'hny Saincl Vitne Inmontorio , lieu où le Prince des Apolhes fut crucifié la tcfte contre bas, oià il y a maintenant vn fore beau Monaftere de céc Ordre. Il eftoit fort contemplatif , & a eu pluficurs voifins pleins de Pro'phetie , piedifant les chofcs à venir. De luy cetté Congrégation a pris fon nom des Amis- Dicu, ou Amedées.Us font veftiis de gris,& portét des fabots fans haut de chaulîes, fe ceignans d'vn cordon, comme font les Sabbotiers : ils polfedent maintenant 28. Conuents en Italie : car plus outre ils ne s'eftcn- dent point. Leur Congrégation commença en l'an 1490. mais le Pape Pie V. l'vnitauec celle de Clcruaux , & des Sabbotiers , c'eft à dire de l'Obferuance faindt Fran- çois. Ordre des Açoftoltns ou Barnabites. ÎJ Quant à la Congrégation des Apoftolins , autre- ment des frères des Apoftres , elle cat fon origine de fainâ: Barnabe Apoftrc , lequel eftant venu à Mi- lan , fut le premier qui celcbra la Mclîecn cette Vil- ic-là. - ... En ce lieu il afiembla vn bon nombre de fes difci- pics qui venoient félon la couftume de la primitiuc Eglife 4 qu'ils appellercnt pendant qu'il vefquit, difci- plcsChteftiens,& après fa mort Apoftolins , mainte- hant frères des Apoftres Barnabites. Ils ont efté long. tcrtlps efpars ça & là. & ne cclebroicnt point la Meftc, ains vacquoicnt feulement à l'Oraifon & à viure en commun comme on faifoit en la primitiue Eglife. Mais l'an î484.ïnnocen: VIII. du nom, eftant prie par eux, il leur permit de dire MclTe , & leur donna l'ha- bit,à fcauoirjle fcapulaitc & la patience coufus cnfcm- ble.&vnc ceinture de cuir, leur ordonnant défaire profcflîon & leur donnant la règle de faint Auguftin à obfcruer. Il leur odlroya de joiiyr des mcfmes priuilcges que IcsAuguftins , ils fc veftent d'vn froc de drap tanné, âuec la patience & fcapulaire de mefme couleur, &c en cette forte vont en public fans porter autre cap par delTus , finon en Hyuer qu^ils portent vn manteau de la couleur mefme,à la mode des Sabbotiers de faint François. Ils ucnnenc Chapitres, & leur Chef cft apel lé Vicaire General. Les premiers de cet Ordre qui dirent la MeflTe , fu- irent frère Simeon de Morane, frète Icaa Scarpc,& fre re Nicolas Ccftcry Gcneuois» e rOrigine Des Ordres àe VobferUAnce de fnnt Àttgujlm. Or combien qu'on ait cy-deuai)t dtfcourudc l'ori- î4 gine des Religions qui militent fous îa règle d.; îaind Auguftin , il ne fera point mal à propos de dire quel- que chofe des Congrégations qui viuent félon cette règle, fous le nom & le titre de l'Obferuancc. I. Ordre d'kelle Obferuance , Congrégation de Lucette. La prehîiere eft la Congrégation de Lucette. Ce S'y lieu eft di ftant de Sienne enuiron trois milles , & s'ap- pelloit ancienement LiffiettcFoItigan , fondé de faint Sauueur,&: depuis S. Sauneu^de Lucette au Bois Lac. Ce Lac a efté habite par les Hermites de S. Auguftin des l'an lofo. Cette place s'eftoit toufiours conferuc'e en fa fainactc , pâuureté fort fccrette & propre à là contemplation. Baitelemy Vénitien y fit depuis de beaux reigletncns l'an Î5S7. &: depuis par vn Maiftre Nicolas Cadin , & Maiftre Gérard de Remini , tous deux Pfieui-6 Généraux de cét Ordre , lequel commcn-, ça depuis à s'augmenter > de forte qu'ils ont aujonr- d'huy onze Conuents, tant au Pays de Sienne,que Flo- rentin , & n'y a ccluy où il n'y ait pour le moins cent Religieux. z. Congrégation de la niefiné. Celle dé la' Cha'/bonnicre, La fecondeCongrcgation de l'Obferuancc des Hcr- miiains , eft cclie'de Charbdnniereen laterrede La. bcur qu'on appelle aujourd'huy Champagne , laquelle cftà prcicnt nommée la Congrégation de SaindIean de Naples. Elle eut fon commencement d'vn frère Si- mon Cremonois grand Philofophe , & théologien de fon temps . qui eftoit l'an 1599- ^. La Congrégation de Perufme, La Congrégation Perufine , autrement appcUée de fainteAtatie du peuple, en la Prouince d'Ombrie , qui commença l'an 1414. & a enuiron i^. Monaftercs.' La Congrégation de Lombardie, ainfi nommée par ceux mefme qui en font : elle fut commencée l'an 1444- p^t vn bon Pere appellé Jean Roque de Pauic, & vn autre nommé frereGregoire deCremone dedansleChafteau de Cranc. Cette Congrégation eft la plus grande & la , plus célèbre de toutes celles de robferuance des Her- mitains , tant à caufe du grand nombre d'hommes qu'ils ont, qu'à caufe de ceux de cet Ordre , qui font gensdefçauoir , & qui font grand profeffion de prel- 1 cher. Il y a en cette Congrégation 6S. Monaftcres qui font aflez bien rangez. 4. L'Grdede fainte Marie du Mont- Orton. Li Congrégation de fainde Marie du Mont-Orton, 5^ diftant de la Ville de Pudone enuiron cinq milles, inftituéepar vn Doéteperfonnage , nommé frère Si- mon, natifde Camerny , vne Ville, en la marque Da- u erne. Elle n'a pas plus de trois Conuents , & fut com- mencée l'an 1460. 5. Ordre des Baptiftes. La Congrégation des Baptiftes, ainfi appellée à eau- ^9 fc du frcre Baptiftequien a efté l'Authcur. commen- ça l'an 1484. Ils portent des fabbots , & font aufïï ap- peliez Geneuois , parce que leur fondateur eftoit de Gènes. ^ 6. L'Ordre de la Congrégation des Hermites appellec te. La Congrégation des Hermites, appdléePoiiilloife, l^e on autrement la Doucette, qui print fon commence- ment en la Poliilie, par vn nommé FeUx de ce Pays-là» l'an 1492. 7. L'Ordre de la Zutfip.me. LaZumpame, laquelle fut inftuuée en Calibre l'an 61 ipi. par vn nommé François Zumpama Calabrois, qui eftoit en ce temps-là fort horiorc pour fes bonne* qualiteZé 8. L'Ordre S.L'Ordff dâS.Au^uftin de Dalmatie. La mefincihnée commença la congregatioa ; didte dCjfaint Auguftin de Dalmatie , pour auoir eftc com- mencée en Efclauonic. Quatorze ans après s'inftitua en Allemagne vnc nouiicllc côgregation d'Hcrmites, qu'on appelle la congrégation d'Andréa Proies de Ger- manie. 5). Ordre de Ja'mt Paul premier Hermite. La dernier* congrégation de cet Ordre fut de faint ''3 Paul premier Hermite de même habit que les autres laquelle commença l'an ijyo, Ilyades Monaftcres de cette congrégation en Italie &en Efpagne, toutesfois ilti'y en a pas plus de quatre qui font és enuironsde Rome. Or de ces congrégations des Hermites de l'Obt'eruance , il y en a fort peu de cogneues en Italie, fors celle deLombardie, qui eft la plus fignaléede toutes. Mais celle des Conucntuels eft cpanduè, non feulement en France, Italie, Erpagne,Flandres,& Ger- manie, mais auflîellea pénétré iufques au Monde nouueau. Congrégation de fainâ Paul premier Hermite en Hongrie. Lacongregatiô de S.Paul premier Hermite en Hon- grie, fut commécée au Monaftcre de S.Iacques de Pa- tach en Hongrie , par vn Strigonnois nommé Eufebe, lequel obferuoit auec fes compagnons vne certaine rè- gle & manière de viure, qui leur auoit cfté baillée par , Barthélémy Euefqucdecinq Egiircs,ran denoftre Sci- [ gneur liij. I Quelque temps après étant déjà cette congrégation en bon nombre>ils requirent au Pape Vrbain Vl.qu'il j leur vouluft donner la règle de S. Auguftin, ce que toutesfois^lsne purent obtenir dslay. Quoy voyant Paul Euefque de Vcfprin leur donna la forme de viure qu'ils tiennent, l'an ii6}. & lors cét Ordre commença de s'appeller la congrégation de S. Paùi premier Hermite, & depuis l'anijooJls firent leur premier Prieur gênerai vn nomme frère Lautcns Strigonnoii. Enuiron S.ans après Pordte fut confîrtnc par vn Car- dinal que le Pape Clément V. aufoit enuoyé Légat en Hongrie,qui s'appelloit frère Gentil de Mont-fleur,& auoit eftc premièrement frère Mineur, lequel donna à ceux de ladite congrégation la règle de faint Auguftin, &leur oâiroyapcrmdfliondc pouuoir faire conftitu- tions , & tenitiChapitre gênerai , ce qui aduint lc6. Décembre ijo8. au Monaftere de faint Laurens , prés la ville de Bade. Depuis eftant efleu au S. Siège lean XXIL du nom» il confirma leur Ordre, & le receut fous la proceétion du S. Siège Apoftolique, & deflors il commença de croiftremerucilleufement, non feulement en nombre, mais en faindeté de vie , fi bien qu'en Hongrie ils eftoienteftimezles meilleurs Religicu)!: qui fullcnt en tout le Royaume. Au temps de Nicolas Vida nomi l'Eglifedc S.Eftié- tie dejla Rotohde à Rome au mont Celicleurfut don- née pkt leS.Siegeaucc tout le reuenu d'icelle,& y ont efté plus de izo.ans , fans auoit eu en Italie autre Con- uentqueceiuy-là, aufqiicls ils n'admettent que tous Hongres, & pas vn Italien, ils fe vêtent tous de blartci portent vn fcapulaire grand & rond, qui leur couutc plus que les épaules, & delTus cela vn manteau ici qu'on le porte ordinaitement , fidon qu'il eft de cou- leur blanchc,&vn peu plus court. L'Ordre de fain^e Brigide. L'Ordre de fainte Brigide commença foiis le Pape GregoireXI. l'an 1576. lequel le confirma à cette fain- te Dame Royne de Suéde, qui écoit allée à Rome : elle obtint de luyque lesMoûafteres dudic Ordre feroient communs , tant aux hommes qu'aux femmes, & tou- îesfois qu'il y euft telle fepataiion de murailles que de toutes lès Religions. ©77 l'vri ne peut aller vers l'autre.fans neceflîté, il voulut ^5 au(ÏÏ qu'il n'y euftqii'vne Eglilè pour les deux,ains que les Religieux comme Miniftres des chofes facrces fe- roient en bas, & les Religieufes en haut pour dire leur Office Ôc oraifons:neantmoins que l'AbbelTc com- malideroit aux vns Ôc aux autres combien que les hommes auroient la charge de ce qui'appahiendroic au diuin fèruice ôc aux omemcns de rEglife,& qu'il y en àuroit vh d'entr'cux qui feroit appelle Prieur oii Confcfleur. \ , Fut auflî ordonné qu'ils auroient des biens, & paÙ feffions dequoy ils pendent viure , mais que la fupeir- intendarice de poliruoir à tout ce qui leur feroit be- foin aux vns & aux autres , tant pour viure que pour îê vêtement, appartiendroit à l'AbbelTerqu'il leur feroit deffendu à tous & à tontes de fortir de leur Monafte- re fans eui dente neceffitc, & qu'en cas ils demande- roient congé à i'Abbeffe:Ils tiennent la règle de S.Ad- guftinauec quelques articles adiouftei par cette illii- ftreRoyne. Aucuns font d'opiidfon qiie dette forme de Reli- gion auoit efté prernieremcnt inuentée èn laGrecé, mais que les bons Pcies auoient ordônéque les hom- mes demeureroiét fcparcment des filles, de peur qu'el- les ne donnaffcnt occafion de malparler}& que pariant fainte Brigide voulant rersetcie fus ledit Ordre qui eftoit prelquc allé en décadence, elle trouua moyens ^ comme fans aucun foupçon l'Eglife ôc h maifon fétoit commune àtous deux.Llle ordonna qu'ils portèroient l'habit gris , ôc deflus vn raanteau de mefme.auec vrie Croix rouge fur l'eftomach. Elle voulut que les Religieufes ne fufTent point plus de éo.ny les Religieux plus de zf. en chaque Rio- . naftcrc, fçauoirij. Prcftres , félon le nombre de ij. Apoftrcs, y comprenant S. Paul : puis 4.Diacres , lef- quels pouuoient auffi eftrc Preftrcs , ôc reprefentoient les 4. Dodeurs de l'Eglife , & huid Conucnts qui fe deuoient tenir prcfts pour trâuailier aux affaires delà roaifon:de manière que tous enferoble les frères & les fœurs fiftent le nombre de 15. Apoftres , & de ji. Dif- ciples de noftre Seîgnçur, ôc afin qu'on les peut en- tre- cognoiftre les vns des.autres , les Preftres portent la Croix rouge fur le cofté gaùche de leur manteauj fous laquelle Croix ils mettent vne pièce de drap blanc au/îi large qu'vne petite Hoftie pour la reucrcn- ce du fainéï Sacrement. Et les quatre Diacres à la dif- . fcrence des Pj cftres , portent vn rondeau de drap blanc, qui fignifie , ainfi c^u'ils difent, la fapicnte des 4. Dodeuis , lefquels ils reprèfentcnt , & rocttenc dcftus 4. petites pièces de couleur rouge faites en for- me de langues , pour monftrér que le fainét Efprit enflamme leur langue à réciter les facrez myfteres de la Diuinitc : mais les frères Conuèrs portent fur le manteau vne Croix blanche qui dénote l'innoceh- Ce deleur vie , fur laquelle il y â cinq pièces rougcsi itil commémoration des citiq playes de noftre Sci- gneilr. Cette fainte Dame mourut à Rofirtc, ôc fâ fille Ca- therine Princeflc de Nerice,fit après fa mort confirmée fa règle par le Pape Vrbain V.EUe coiamença fcs reue- lations en l'an 1(44. & l'an '46. elle fut à Rofne âgée de4^. ah^i où elle demeura iS. ans : elle fut canoniféé rani35(î. De l'Ordté de î'rimoHjIté> & dë fon Orïgihe; L'Origine de l'ordre de Prèmonftré eft venue d'vri nbhimé Î^Iorbet natif dè Côloghc, ôc depuis cficu Ar- cheiiclquè de McmBbùrg , ahquél la Vierge Marie état vn lour apparoë > Uiy diiàht , Norbert prends la robbe , blsnche, il ijiiitta le inonde , ôc auec quelqùes corrpa- gncris qti'il ati6it , il fe retira en vil lieti fort afprc & loiiiaire , fibrome Premonftré j our faire pehitece.l'an iizci ce ^u'il fit fous la pcrmifiion deTArchetieique ÊEee de S78 Difcours de Lyon , à caufeque ce defcrt eftoit en fon Diocc- !e ; Ainiï de ce lieu appelle Prcmonftré , la congré- gation a piis le nom qu'elle porte encore aiiiour- d'huy. Depuis il fit confirmer fa règle par Calixte î I. l'an 1112. & deieclief par Honoré 11. fon fucccllear, lequel leur donna laregledc S.Auguftin , & les inftitua Cha- noines réguliers , laquelle ordonnance fut de nouueau approuuée par Innocent III. Cette congrégation s'eft tellement multipliée en France , Efpagne & ailleurs, qu'elle eft diuifée en trente Prouinces, efquelles ils ont plus de 1300. Monafteres > ôc bien enuiron 400. Çon- uents deiîlics. Leurs Abbcz font perpétuels, & doiuent cftte facrez par Euefqucs. Ils ont puiflfance de conférer à leurs Moyncs les Ordres mineurs , & bénir tous les ornemens de i'E- glife, & faire toutes les cérémonies , finon qu'en tel- le benedidion il fallut faire la confccration , ils pcu- Hcnt neantmoins célébrer 1|^ Melfes folennclles'ÔC publiques aucc la mittre , la crofTe , le bonnet , & au- tres ornemens qui appartiennent à la dignité Epifco- pale : ils font vn office différent de celuy de Rome, &ontvn Brcuiaiic conforme à leur Milfel, & fi obfcr. uent par toute leur Religion , vn chnnt qui leur eft •particulier: quanta leur accouftrement ils portent vn frocblanc , &c vn roclict de fin lin , & par deffus vnc chappe blanche ouuerte dcuant j comme celle des Carmes. Cecy fnt inftitué fous Henry IV. du nom Empe- reur d'Allemagne , Guillaume de Tir dit qu'en fon temps vn nomme Almeric Chanoine régulier de Premonftrc > fut fait Euefquc de Siene l'an 118. Qn^ant à leur fondateur , ayant fait plufieurs mira- cles, tant durant fon vivant qu'après fa mort il fut ca- nonizc. Religion de Tont aueUane. Lepremier fondateur de la Religion de Fonc-auel- lane, futS. Lodolphe, lequel eftanc pcrfecutc par vn Seigneur temporel , fe retira entre z.des plus hautes montagnes de l'Apennin qui font le mont Latria , & lemoncCoruo,celebrez tous deux parle Poëtc Dante, lefquclsfont proches de la ville de Cailles enuiron de jooo. & Ducale d'Vrbin cité de 20000. Hc neantmoins fous le Dioccfe d'Agobbie. Ce bon homme s'eftant retiré en ce lieu , où il vi- uriit comme vn Hermite , il acquit en peu de temps telle réputation de faintetc , ique plufieurs s'en aile- rent rendre à luy , pour enfuiurc fa manière de vi- ure:partant il fit baftir vn Monaftere , portant le tiltre de fainde Croix » de là vient qu'ils s'appellent enco- re aniourd'huy parceuxVies cnuuons, le mont faindle Croix. Mais après fa mort , cet Ordre ayant commencé à fe lafcher , & n'eftre plus ce qu'il fouloit eftrcPierre Da- mi3n,qaî eftoit lors Religieux de l'Abbaye de Cluffi ï Rauenne, de l'Ordre de Camaldo!i,gtand pcrfonnagc, non feulement pour auoir efté Eucfque & Cardinal, mais auffi pour la grande fainteté,pour laquelle il a mé- rité eftrecanonizéj remit derechef cette congrégation en fa première règle &obfcruance, leur failant obfer- uer la reiglc deS.Benoift , & ayant fait baftir vn Cloi- ftrcy mit des Hecœites tels qu'il cognoiiîoit propres à tel maniement. Leur habit eftoit vn froc blanc , le fcapulaire de lai- ne, le collet & le capuchon blanc : ils faifoicnt profef- fioncn lamaind'vn Notaire: depuis ils fe licenticrcnt encor , fi bien que rAbbayefuttenuë en commande, & depuis tout ordre & difcipline monaftiquc eftant renuersc le Pape Pie V- donna cette Abbaye en com- mande perpétuelle au Cardinal de Rouere frère du Duc d'Vrbui> IcquçU'an jj'/o.print des Pères de l'Ordre de de rOrigine Camaldoli , fi que ptefque tous les Religie ix qui é- toient dedans , prirent l'habit & j)rofefiion d'îccux, mais les ieunes iettetent bien toftle froc aux orties, les vieux demeurèrent auec les autres faifans le nom- bre de trente Religieux qui vefquirenc depuis auec vne fi rcligieufcobferuance, que ce Monaltese s'eft rendu recommandable iufques aux Prouinces plus efloi- gnces. Leur premier Abbé s'appelloit PîerreBalucoli & de Bagnacausli & !ear Prieur , Ambroifc Cagnoli Gen- til- homme de vSodefei Le Poète Dante a quclquesfois feiourné en ce heu , & y a composé vne partie de fes vers.Cct ordre commença enuiron l'an 1050. Congrégation des Hermites appeliez de Madame de Gonfague. La congrégation qu'on appelle des Hermites de Ma- 6S dame de Gonzague , aduint pour vne telle occafion. François deGonzaguc 4. Marquis dcMantouè.qui s'eft fait renommer entre les plus valeureux & fignalez Ca- pitaines de fon temps, s'allant vn iour ébatre en vne ficnnemaifon diftante de Mantoueenuiron de douze milles, en palTant auprès d'vn pan de muraille oii eftoit peinte l'image de la Vierge Marie ) foudainement foa cheual fe drefTsfur les pieds de derrière , fi bien qu'il tomba à la renuerfe, &luy-defrous, eftant tcllcm- nC œeurtry que tous fes Gentils-hijmmes letenoient pouc morr. Alors vn de la compagnie nomme Hierofme Rcgi- ni du Chafteau Geoffroy , qui eft fituc au pay? Man- toiian, homme deuot Sc craignant DieUjextrememenc fàîché de la perte d'vn fi grand Prince , porté d'vne grande foy fe ietta à deux genoux en terre deuant cette Imagc,& ntvceuà Dieu & à fa fsinte Mefe^ques'il luy plaifoit par fa mifcricordcreftaurtr la vie au Marquis» il abandonneroitic monde, & fercndrolt Hermitecn ce lieu m.ernaeilaquelle prière fut exaucée fur le ehampj car le Marquis fe icua fain & fauf, Ce qu'ayant fccu après le Marquis, fit baftir vnMo-' nafteie à Hierofme, auquel ilafîîgnavn bon rcuenu.oij ceftuy cy feretira, & futcaufe que plufieurs i'y rendi- rent comme luy. Q^uelque temps après fous la faueuc dei'EuefquedeRhege, ils clïeuerent vne règle &r ma- nière de viure,laquelle ils dlfent encor garder à prefci.t, qui fut confirmée par le Pape Alexandre Vl.ils ne fonc point de profeffion,& nes'obligent à aucun article fur peine de péché mortcl:Ils ontquelques priuileges qui leur ont efté donnez p^r leS. Siège : Ils créent vn Genc^ ral , & ont auiourd'huy , de foixante à foixante & dix Monafteres, defquels le chef & principal eft celuy de Gonzague , où il y a enuiron 11. Hermites. Elle com- mença fous le Pape In/iocent VIII. & de l'Empire de Maximilian, premier du nom. L'Ordre des dix vertus ou f.aifirs de la Vierge > dit de l'Annonciade, in^ituéfar laReyne leanne, ejpoufe du Eoj Louys XIL La Reyne Jeanne eftant rcpadiccle Roy Louys XIL luy donna la Duché deBi;rry , où elle fe retira, ne fai- faut plus fa dcmeureàlaCour,ainsen la ville de Bour- ges, capitale deBerry ^ là elle paffale refte de (es iours en dcuotion & piccc , édifiant toute la France de (a bonne vie & fainteté , macérant melme fon corps tres- tcndrc&: délicat par Les liaireE & cilices , portant ordi- nairement fur foy cinq doux d'argent fort aigus > de deux doigts de longueur au coftc de ion cœur : fon vi- ure eftoit de potage d'huile aux iours maigres, & ne mangcoit que des, viandes les plus groffiercs& rudes qu'elle pouuoit faire trouucr : eut vue grande corop.i{^ fion despauurcs necelîîtciix & makdcs , aufquels elle faifoit de gi ands biens & grandes libci;al!îe2,& fur tout elle témoigna la chanté & pieté enuers les infirmes ôC malades, leiquclsclle failoit .-îffiftT par fc5 Medeans & Chirurgiens , ik. comciand» à les Apoticaires de cJe toutes les Religions. de fak^ force onguientS > qu'elle mçftne faifoit appir. qucr en (a prefcnce par fcs Chirurgiens « & fouuent les appliquoitellemefine par leconfeil & aduis de Ces Médecins, à raifon que ponr Tordinairc les nnalades recouuroient leur gueiifoij Se fantc , q^iand ils auoicnt dlé touchez de Tes matnisvrayement Royal^^s. Dés Ces plusieuncs ans elle auoit vne particaliere deiiotion cnuers la très fainte & immaculée Vierge Marie>pictc qu'elle aupit apprifc du Roy Louys Xl.fon Pejei qui fit baftir en l'honneur de cette Reyne des Anges l'Eglife de Clcry . fa deuote maifon , en laquel- le il voulut par fon Tcftamcnt cftic inhume : eftant feulement âgée de y. ans ne r'efpirant que de feruir Dieu dans quelque maifon régulière, préférant le voi- le facré aux plus ptecîeufés Couronnes Se diadèmes, elle fceut par rcuclation qu'elle fonderoit 3c inftituc- roit vn Ordre de la Vierge.cequi aduintvn iour qu'el- le eftoit en prières &Orai fon en l'Eglife, demandant à la fainde Vierge , qu'il luy plcuft luy manifefter en quoy elle luy poutroit faire fcruice plus agréable & honorable. Cette reuelation luy fit entendre qu'elle fondaft vne Religion à l'honneur de la Vierge.ce qui fut manifcfté par voix fpecialc , ce qui luy demeura tellement graué en l'ame , que des qu'elle fut vn peu plus âgée , elle j médita toute force de moyens neccflTaites pour inlli- tuer & fonder vn Ordre à la gloire de Dieu & de noftre Dame,mais par fon mariage auec Louys d'Orlcâs Duc de Valois 6c de Milan , fon delTcin fut enîpefché j tou- tesfois elle dcffiandaau Roy fon Perc pour ConfefTeur & Direâieur en fes exercices de pieté le R. P. lean de la séepliis d'vn ionr , & comme elle eftoit fort humble, «Jle acquiefçi facilement & fuiuitle confcil de ce fien Pere fpirituel , Ôc fut l'efpacc de deux ans fans luy en parler, durant Icfquels ce religieux dflTein demeura en furfeance,de manière qu'il fembloit qu'il ne deuoitctré cfFcduc. Cette Princefîè pendant ces deux années ne perdit point courage à ce qu'elle peut mettre ordre à cet affai- re qui luy eitoit fi chère : corr.meelies'attriftoic de ce retardement elle tomba jhoaladc, durant quoy le Pere Gilbert fut appelle pour la vifiter &confoler , auquel elle communiqua ie fu jet de fa grande maladie qui ne prouenoit d'ailleurs que des délais difficultez qu'il faifoit pour erapelchcr qu'elle ne fondaft vn Ordre en l'honneur delà Reyne des Anges-l'airearant que dés la année de fon âgc/affiftant auecfcTueur &deuotiô ati ' faint St-crifice de la Melfe, elleauoic eu cette reuela- tion (ijj'eilefpnderoitauant fa mort vne Religion de la Vierge, à laquelle elle n'auoit iamais refiffé , ains eu ' toufiours la volonté de l'cffeducr quand elle feroit eri âge & en liberté de le pouuoir faire.&rcroyoit que tou- tes les dïfgraccs qui luy eftoient farucnucs prouenoi- ént de ce qu'elle n'auoit mis cette fainte infpiration à cxecucionj Le Pere Gilbert voyant la confiante refolution de cette Princeife luy demanda pardon d'auoir empefché iufques à cette heure fon faint defir , 8c que fi elle luy euft parlé plus clairement la première fois,il n'eufi; fait aucunedifficulté à Condefcendr^ à fa volonté, &à l'af- filier pour féconder cette entreprife. Cette Prince'lfe dc- ifteura tellement fatisfaittc de la refponfe de ce fien Pe- Foniaine,,Religieux de l'ordre de S.François , & Gar- refpiritiicl , qu'ejlcrccouura peu de iours après fa fan dien du Contient des Cordeliers d'Ambroife, ce que le Roy fon pere luy oétroyatres-facilcment &le luy en- uoya dcs-iois qu'il eut rcceu fa dcmande,& fçcu fa vo- lonté. Ce boil Gardien prit pour compagnon auec foy le P. Nicolas Gilbert i non moins deuot que doâe &c verfc en la fcience des faints i qui fut depuis Perc fpi^ rituel de cette fainte & vertueufc Princcfle , elle porta souiours l'honneur & rcfpeét qu'elle deuoit au Roy fon pere & à la Reyne fa mere, CharlotedeSauoycdi- $>ne roere d'vne telle fille : Il pleuft à Dieu de retirer â ioy le Roy fon pere fur la fin du moià d'Aouft de l'an 148?. Quelques années aupariuant Càt\ déceds il fit appcî- !er dt Calabre famâ: François de Paule , auquel il re- lîi^nda qu'il afliftaft cette Princcfle fa fille ; ce qu'il fit auec tout le zele & la charité qui luy fut pof- fible; Apres qu elle euft elle confirmée par lu^ en fa fain- te relolution de fonder vne famille âc congrégation des filles en l'honneur de l'Annonciation de la Vierge Sa- crée pour la deuotion qu'elle auoit eu dés fes ieunes ans à cette diuine mere de Dieu, elle le communiqua encore à fon Confeflèur & pere fpirituel le P. Nficolas Gilbertqui du commencement luy fat vn peu contrai- re , dilànt qu'elle auroit de grandes difncultez pour «ftablirvnnouuel Ordre en l'Eglifc,& qu'il fcroit plus «xpedict qu'elle fondaft & fit baftir vnMonaftere defil- ks de fainte Claire , ainfi que celuy de i'Aue Maria , â Paris , où la Reyne Charlotte de Sauoye fa metc les jâuoit mifes au lieu de Béguines qui y demeuroient au f aîatwnt * l'auoit fait rebaftir & augmenter pour I0-. ger ces bonnes Rcli^ieufes qui viuoientcn grande oi>- feruancc&aafterite, gardans ires-eftroiârement leurs règles & ftatuts. Nonobftant toutes les railons qu'ellepcuft alléguer ce bon perc ne luy fit aucune refponfe , félon quelle defiroit, finon qu'il iugeoit qu'il falloit implorer le fe- cours & l'affiftance diuine pour vne affaire de tel- le confequcncc , & qui noetitoit d'cfttc pourpen- te: elle le choifit ôc déclara des lors premier inftituteuc de fon Ordre , Pere Vigil fur toutes les filles qui s'en- rooUeroient fous les enfcignesde la mere de Dieu eh cette Religion, defirant qu'elles fulTcnt gouuernées&: conduites par luy & les Percs Mineurs Obferoântins, pour la deuotion qu'elle auoit cnuers le Pere Seraphi- que faint François, luy donna la charge de choifir cel- les qu'il iugeroit plus après Ôc propres à feruir lefus & fa Mere en la congrégation qu'elle defiroit cftablir. Ce qu'il fitpropremcnt, 6V amena vn nombre de filles de bonnes maiTonà de Bourges , Icfquelles apprirent là pieté tant dé cette benne Princclfc que du Pere Ni- colasj ^ Deuant qiie commencer l'cftablilTement de la nou- uelle Religion de l'Annonciade, elle fitcompofer vnè règle , laquelle elle dcfiroit que les filles qui fe confa- creroient au fêruice de DicU en l'ordre de la Vierge, gardaiTcnttres-eftroidement & rcîigicufement, & ne fuft fi toft compofée qu'elle i'enuoya à Rome pour eftre approunécdu Pape; le R.PMorin grand Prédicateur & fort deuot à la Viergcfut député poiir porter cette rè- gle à Rome & la porter au Papcqui eftoit lors Alexan- dre VÎ. qui le reçeut fort humblement, ôc témoigna qu'il defiroitapprouuer ce nouuel ordre des vertus de laVierge.tant pour l'honneur qu'il portoità lamercdc Dieu,que pour donner confolationàcettcbonnePrin- celic . la pîcté de laquelle eftoit cogneue par tout lé monde : le Pape fut long^aenàeht auant que faire expé- dier cet aftaîrc.& ne le voulut faisc fans l'adiiis da facré Col.ege des Cardinaux : dont pluficurs refufercntde fapprouuer.Cefutpourquoy le P.Mo.rin fut contraint de reuenir en France : ,P>'.r après la PnncelTe enuoya le 1 ère Nicolas Giloert a. Rome pourîmpetr<îrdp Pane& des Cardinaux l'approbation de cette rcple il cïi^i, t-iouiîent auxpicris ànlhpé, le coni-uantau noih de Dieu ne rompre vne teuure fifaintcauquel laPrîn celie n cftoi't poufiée oue car vn ielc qu'elle auoit Alexandre cfiï>eu par fer poufiêc que par au feruice de îcfus & de fa mere: feà prières Si par fes larmes, fit afle^^^è EEce i quelquesf Cardf"" 88o Cardinaux afin d'opiner derechef fur cette approba- tion , mais après pluficarsconfultations le Pape & les Cardinaux Ce monftrerent encor plus difficiles que la- mais à confirmer cette règle ; le Pere Gilbert ne perdit courage, ains ayant recours au Ciel & à la faucur de la Vierge . le Cardinal lean Baptifte Fcrrier Euefque de Modene , homme de grande authoritc à Rome, chc- ry & honore du Pape Alexandre , duquel il eftoit Da- taire , l'cnuoyî quérir pour l'aduectir qu'il defiroit prendre en main fa caufe, ayant eu pour ce fujet vne vi'fion du glorieux Martyr faint Laurent & de laint iFrançois , qui luy auoient rccomrfiandéde faire con- firmer la règle , des dix vertus eu pUtfirs de U Vierge' le Pape & tous les Cardinaux eftonncz de la vihon qu'euft ce Cardinal , approuua & confirma la règle qu'il demandoit. Cette confirmation fut faite le r4.Fcvrier l'an ifôi. datte remarquable parce qu'enuiron ce temps l'Here- fiarque Luther porté non d'aucune deuotton.ains plu- ftofttranfportéd'effroyàraifonqu'vn fien compagnon d'eftude aucc lequel il fe promenoit aux champs auoit été renuerfc roide mort fur la place du foudre>s'alla ict- ter dans le Monafterc des Auguftins de U ville d'Erfor, duquel il eft depuis forty faifant banqueroute à l'Egh- fe Catholique. n » r i Cette fainte règle & inftitution n'a pas eftc ieule- mentapr.rnuuéedu Pape Alexandre VL mais auffi de Léon X.' le 25. luillct de l'an U17. & du depuis a l'c- Xeavplede laditePrinccircinftitutricc, pluficurs filles s'enroilans fous les bannières de lagloricufe roere de Dicu,ont à l'exemple de cette vertueufe PrincclTe.fon- dé, bafty & édifié des Chappcllcs, Oratoires. Eghfes & Monafteres és villes principales de la France & de la Flandre. Telle fut l'origine de cette facréc Religion, qui du commencement ne fut que de filles , & por- toient vn fcapulaire rouge en mémoire de la paflion de noftre Seigneur,& du depuis les nouiccs en vferent de blancen mémoire de l'innocence du rcdempteur. plus portoient encore vne cordeoù il y auoit dix nœuds«qui reprefentoicnt les dix plaifirs de la Vietge auec les 3. cordons au bas pour fymbole des fouets aueclerqucls noftre Seigneur fut flagellé , attaché à la colomne chez Pilate. Durant qu'on edoit allé à Rome pour obtenir l'approbation de la fufdite règle, la Ptinceiîc Madame îcanne fondatrice d'icelle Rcligion,obtinc du Roy per- miflion de baftir en quelle ville où elle voudroit du ]koyaume,desmaifons& Monafteres de l'Ordre qu'elle defiroitinftituer& fonder en l'Eglife, mais auantque d'acheter la place de Ton premier Conuent.elle trauail- la à la reforme d'yn Conuent de Pveligieufes de l'ordre de S. Benoift , qui ne viuoient pas félon la règle de ce grand Pere des Religieux, de laquelle elle vint àbout, nonobftant toutes les refiftances.oppofitions &contra. rietez qui fe prefenterent,lefqucllcsclle furmontaauec vn grand courage. Cet Ordre commençant lors à fleurir, & ce Mona- ftereeftant remis en bonne odeur par tout le pays l'an i^oi. cette PrinceiTe acheta des Chanoines^ de Mon- termoyen, desiardins, & maifonnettcs où viuoient des filles perdues & abandonnées, pour là faire baftir & édifier le premier Conuent de fon Ordre, ôc incon- tinent fit mettre la première pierre à l'Eglife, & bénir la place par l'Archeuefque de Bourges Meffirc GuiU laumedeCambray : à laquelle benedidion adiftercnt le R. P. Guy luuenal , Abbé de faint Sulpice , le Pere Gilbert Nicolas Prouincial des Pères Cordeliers de la Prouince d'Aquitaine fon Confclfcur , & plufieurs autres Seigneurs &c Dames de qualité qui l'accom- pagnoient , & donna charge de la fabrique Se bafti- ment à fon Efcuyer Aymé George pour tenir la main à rœuutc. Difcours de l'Origine Dh fécond Ordre de l' Amonctade appeUéeà prefent des Celefies. Ilfautremarquer,qu'ily aauiourd'huy deux Ordres 1^ qui portent le nom de l'At>nonciade-,à quoy quelqiies vns ont efté trompez.qui l'ont prins l'vn pour l'autre, & l'ont confondu toutenfemble.Maisily a bien à di- re; car l'vn qui eft: le premier,a efté inftitué pat la bien- heureufe leannc de France,fillc>fœur & efpoufe de nos Roys: l'autre qui eft le fecond.a efté fondé par vne Da- me Gcneuoifc. Le premier a commence en France l'an dcgrace 1501. & le fécond en Italie l'an 1600. l'vn s'appelle dîs Rehgieufes de l'Ordre de TAnnonciade, ou bien des dixplaifirs-ou vertus de la Vierge. L'autre s'appelle fimplement de l'Annonciade , àraifonqu'il fait profeffion d'honorer particulièrement le myftcre facré de l'Incarnation , & les Rcligieufes font furnom- méesou feulement de rAnnonciade,ou bien Celeft^s, à caufe de leur habit qui eftbleu.D'où fe prend la troi- fiéme différence de ces deux faintcs Religions; car l'ha- bit de l'Annonciade de France eft gris &Le fcapubîre rouge, auec le manteau blanc,& l'habit de celles d'Ita- lie (qui commencent pourtant maintenant à fe peupler en France) eft blanc.le fcapulaire & le manteau de bleu cclefte. Et cette raifon de leur diftindion eft la mefmé qui a trompé le P.Nicolas Grifct Religieux de l'Ordre de faint François & Confcfteur des Annonciades de Bcthune, quia creu que les Rcligieufes qu'on appelle de l'Annonciade , lefquellcs ont commencé à Gennes, fulfentles mefmes qu'a cftablies en France noftre Prin- ccfie , à caufe qu vn peu aiTparauant qu'elle leur don- naft l'habit de religion, elle les reucftitd'vne tunique de coulcu r cclefte. ' Il eft bien vray , qu'il y a bien du rapport encre ces deux Ordres , non feulement en leur nom , mais encore à la deuotion qu'ils portent à lefus & à (a faindie Mere , qu'ils font profeffiofl d'itfiitcr & honorer en tout & par tout, car mefme les principaux points deleur religion font drellez fur la vie Je noftre Seigneur & de laglorieufe Vierge , & iufqucs â leurs vcftcments& obfcruancesou polices exterieures,tout y eft plein de myftercs , particulièrement de celuy de l'Incarnation : neantmoinsil appert qu'ils fontdiftc- rens l'vn de l'autre. Laquatriefme différence de ces deux Relig!c;^ns, eft qu'en la première, fçauoir des Au> nonciadcs'dc France , on ne reçoit guère que des Vier. ges, quefi par quelque priuilegefpecial on venoit à re- ceuoir quelque vefve , quand bien elle feroit de farg Royal, elle ne peut pas eftre cfleuè pour Mere Ancelle: qui eft la caufe , que la bien-heurcufePrinceflé ne s'cft iamais voulu donner de fon viuant cette quaHté de Mere Ancelle , quoy qu'on tienne pour tout afteu- ré, qu'elle a toufiours efté Vierge.au contraire en la fé- conde, c'cftà dire és Annonciades venues d'Italie, les vcfves & les filles font indifféremment receues & ad- mifcs. , , 1 Cecy eft tiré de la Préface ou Tableau lacre de la fainde vie & mort , vertus & miracles de la trcs- illuftre & tres-precieufe Rcyne, Madame leannc de France de Valois, DuchefTe de Berry.fille de Louys X 1. fœur de Charles V 1 1 1. & époufe de Louys X 1 1. Roy de France , fondatrice du premier Ordre de l'Annon- ciade. , Fait par le Reuerend PereLovvs d attichy Re- ligieux de l'Ordre des Minimes de fainr François de Paulc- 1 ft Ce fécond Ordre de l'Annonciade dit des Celcltes, a commencé en France, comme à Paris ruéfainteCa.- therine du Val des efcoliers,à Verd^in.à Bcthune, & en quelques autres lieux. De l'Ordre des ^eltgimfes Beneàicîines, du Royal Momftcre du Val de Gracejit de la Crèche. Ce Conuent du Val de grâce, a efté transféré du heu ^ de Bieure , aux faux-bourgs faint lacques lez-Paris au' 75 de toutes les iFteîigions. AU lieu dit - deuatit l'f^oftel du petit Bourbon , la " " R«yne de France en eft-îbndatrice, & le Roy Loûys XIII. fon cher Efpoujt a donne le piouaoir auxReli- gieufes de ce Nfonafterc , d cflire leur AbbeflTc , félon l'ancienne & fainteînftitution , & à prefent fœur M. Marguerite d'Arbouzcditc de fainte Gertriîde,eft Ab- berteduVal de grâce. Ordre des Bons- hommes , de la \rtgU defa'mt Auguftin en Angleterre. Richard Comte deCarnoliaille frère de Henry III. Roy d'Angleterre ayant demeuréi quciqu 881 Allems 74 7; 75 c temps en agne, & s'en retournant en fon pays remporta auec foy vne petite portion du fang de lefus-Chiift* & édifia vnMonafterevn peu au dcfTus deBircmiftede, village diftant de Londres vingt cinq milles , où il mit ce précieux fang, introduifant cette Religion , qu'on nomma des Bons-hommes, lefquelsobferuent la règle de faint Auguftin, &s'accouftrent d'vn habillement de gris enfumé , prefquefemblable à ceux des Her- xnites. Leur Prieur ou Abbé s'appelle Reéfccur, & le prin- cipal & plus célèbre Monaftere de leur Congrégation eft nommé AflTerisiclle commença l'an ii^j. Congrégation delà vie commune. La congrégation de la vie commune commença au temps du Pape Grégoire XL par vn nommé Girad, hommcde grande faintetc, au Diocefede Tarantd'an 137;. li eftoit Allemand denation , & a coropofc beaucoup de belles œuurcs , dignes d'cftre Iciies, pour fa dodbrine. Congrégation des pieds nuds en Bfpagne. En Efpagneil y a vne autre congrégation , nommée des déchaux ou pieds nuds, qui fcveftent de gros drap, comme font les CapucitK, maisils portcntle capuche rond : ils font vncgrandé pénitence , & gar- dent eftroiacmcnt la règle de fainâ: François. Ils ont plufieurs Monaftercs, tous Icfquèls font en lieux rcti- rçzdu monde. Congregatibn dufainélEfprit à Venife. A Venife, il y a auffi vn fore beau & honorable Mo- naftere .qu'on appelle du S. Efprit , qui eft fcul delà congregatipn , finon vn membre qui en dépend fituéà Padoiie, qu'on appelle faiiu Michel, ils s'habillent comme les Chanoines réguliers de Latran , viuent en commun , & obferuent la règle de fainét Augu- ftin ; ils font tous Vénitiens Se poftcdent vn grand reuenu. Ordre de nojîre Dame de la Mercj , de la Redemftim dei Captifs d'entre les mains des Turcs. L'an 1264. du temps de Clément IV. du ndm cdm- mença la congrégation de rançon des captifs* la charge dcfquels eft de rachcpter les prifonniers qui étdient en- tre les mains des Turcs , afin de les remettre après tn leur pleine libertc:ils fe veftent tous de blanc, & portée vn manteau ouuert deuant, comme celuy des Carmes* finon qu'il eft blanc:ils ont fur leur eftomach.du coftc droiftjvn efcuflbn large d'vne pomme, où il y a depuis le milieu vers le haut vne croix blanche en champ rou- ge » St t\\ l'autre partie les armoiries du Royaume d'Arrâgôn.ll n'y a point de frère de cette congrégation en Italie, excepté huidl qui font en l'Eglifc dcfaind Qutrie,pré$ de la tour du Comte à Rome,lefquels ob tindrentcela du Pape, aucCjquelque reuenu, l'an i;é4. ils obferuent la règle de S. Augaftin.Il y en a à Paris Thouloufe & Bourdeaux , Se font ceux qu'on appelle de la Mercy. Ordre de la fainte Trinité auj?i pour la rédemption des captifs. ^5 L'Ordre de la fainte Trinité , fut inftitué pourdeh urer lespauures prifonniers des mains dcsTurcs. Paul Morifc tient que leur premier Monaftere fin faint Thomas des Monts au mont Gelic » Se fc fonde 77 I fur ce que dedans la petité'Eglife ( car la grande eft toute découuerte& à demy démolie )onvoidimain droite entrant vn arc ou fepulchre antique tout de marbre, dans lequel ces mots Latins font grauez en ces termes, AnnoBomini Ù Incarnationis Papa iiBj.Po- iificatw \>ero Domini hmbcentis Papa II I : anno primi i/i Calendis lanuari] , infî, tutus ejt nutu Dei ordofan- £lipm<& Trinitatis à" captiuôrnm : àfratre loanne , fuh prôpria régula fibiab Apofîolic a fede conceffa. Sepultui eïlidem fraterloannesinloco ■> antio Domini iii^. menfe Decembris 21. Elle fut commencée lors que le Pape Innocent III. déclara Othon cinquième Empe- reur d'Occident, &le couronna & au mefmc temps queConftantinoplefut prife par les François & Véni- tiens. L'ordre du S. Efprit en Saxe à Rome L'an de fioftre Seign#«r upS. Innocent î I ). du nom , qui pour lors fcpit au faint Siège, fit edifierà Rome le beau & célèbre hofpital du faint Efprit en Saxe (lequel lieu eft ainfi appellé,d'autànt que iadis les Saxons peuple de la Germanie y habitoient ) ledota de plufieurs belles poffclEons, pourfubuenir auxpai»* ures malades & autres indigenis: & à celle fin qu'on yfiftleferuicediuin , il ordonna vne règle pourtouS frères & fœursqui voudroient eftrcde cét Ordre, lai quelle a efté depuis confirmée par le faint Siège Apo^ ftolique, ncancmoins l'an 1564. le Reuerend Perè Bernardin Cyrilli de Aquila précepteur & maiftre Ge- neral dudit Ordre j y mit quelque reformation, ayant fait en telle forte , que les malades y font fort bieri penfcz , les aumofnes augmentées , grand nombre dé filles mariées, le feruicc diuin bien adminiftré, le reuenu amplifié , & très-bien entretenu de répara- tions. Cette règle commande qtie tous les frères ôc feuri viuent en obédience , & chafteté , fans auoir rien dé propre > & qucfur tout ils lôient foigneux des ma- lades^ Et quand ils font leur promeflè & vœu , ils le font en cette forte, (en termes Latins toutesfois.)Ietel,mé dône & prcfente à Dieu , à la Bcnoifte Vierge Marie» au faint Efprit, & à mes Seigneurs les pauures malades pour cftrè tous les iours de ma vie leur fcruiteur. lê promets de garder chàftetc moyennant k grâce dé Dieu, & viure fans rien polfedei: qui me foitpropre,& à vous mon maiftre gênerai, & à tous Vos fuccefleurs* de vous porter toute obeylTance , & d'auoir fidel foin du bien des pauUres , ainfi Dieu me foit en aide , & les faints Euangiles : ainfi Ce prefente k l'Autel âuec le li- Ure des Euangiles,Alors le Prcceprcur,ou celuy qui eft le plus ancien luyrcnd telle tefponfc.Pour la promef- fe que tu asïaiteà Dieu & à la Vierge Marie, &à tous nos Seigneurs les pauures mal3des,nous te reccuons & les amesdetcspere &merc , pour participer aux Mef- fes, Matines, leufnes, Oraiibns, Aumofnes,& tous au- tres biens , qui fe font & feront tn la maifon du S. Ef- prit , Dieu t'en falTc telle part comme chacundenous en attend auoir. Au demeurant là maifon du S. Efprit té promet pain & eau,& tedohner vné robbe humble. Cela dit r.4.ncien prend vn manteau , où il y a vne Croix, laquelle il luy monftre, en luy veftant fur les épaules, & dit ainfi. En vertu de ce figné de la Croix , foit chafTc de tojr toutmauuaisefprit>(Sc Îcfus-Chrift teconduifeau Ro- yaume éternel : Cette congrégation à plufieurs Hofpi- taux en diuers lieux delà Chrcfticnté , defquéls celuy de Rome eft le chef Les Chapitires généraux s'y alTemblent i & s'y rend compte de l'adminiftraticin de tous les au- tres. - Si vn freré de cét Ordre , fuft il Redtcur du \iea,oa * EEcc 3 General 75^- General cft trouué ayant quelque chofe de p^opr^à fa mort.on ne l'enterre pas en lieu faint : mais il ftft tenu comme excommunie. Ils Tonc vertus d'habit noir fa- cerdotal , & doiuent portervne Croix blanche à leur robbe, comme celle des Archeucfques fur le milieu de la poitrine , & au manteau fur le coftr gaucher les en- fans font vêtus de bleu. Congrégation des Prtftrcsqui recueillent les Orphelins. 80 L'autîieur de la Congrégation des Prclhcs qui re- cueillent les Orphelins , ctoit vnGentil-honoîTie Vé- nitien, appelle Hierofmc Miani , lequel ayant déjà in- tention de faire quelque œaure qui fut agréable à Dieu comme il pcrHilioit en cette faince refolutiôn l'an jp8. il aduint vne grande cherté quafi générale à cou- tel'italie, maisparticulierement à Venife, où elle fat n grande que les paoures y mouroient de faim par les '"ceque voyant ceft homme de bien , cmeu de cha- rité & de compsffion le d'abandonner leur bien pour le luiurc, & viure aiiec loy en pauuietc. S'eftant ainh cibbly en ce licu,dcfirant de fai re en- core des frmas ailleurs , il s'en alla en la ville mctme dcBergame, où il fit en ce heu 3. Hofpitaux , vn pour les pàùures orphclins.l'autre pour les conucrtis,& Itj. pour les petites filles orphelines. Cela fait il print fon chemin vers Milan , où cftant arriué il commença à rechercher & mettre cnfemble ics pauures orphelins , & en alTcmbla bieniufques à cinquante en l'Eglife du Crucifix , où il auoit pris Ion ^°'Vl ne fut guère en ce lieu que le bruit de fa fainte- ré ne paruintiufques aux oreilles du Duc, qui eftoit lots François Sforce II. lequel luy ayda fort àconti- micr cette faindc cntrepnfe , luy donnant le lieu ou ils logent maintenant , & s'obligea de payer le louage ' d'iceluy au grand Hofpual de Mila,parcc qu'il eftoit de fcs appartenances , de manière qu'encore auiour- d'huy la chambre Ducale paycledit.louagcà cétHol- ^'^Or après que ce bon Gentil-hommc fc fut bien tra- naillé en cette faintc œuure . allant par diucrfes villes pour édifier les Ueux propres à receuoir les pauures orphclins:Ilfe retira à Somafque, oùvl cftoitdéjaalTez cognu& y finitfes iours. Apres fa mort cette congrégation eft toufiours al- lée en augmentant, fi bien qu'elle s'cft eftcnduè en ■ pluficurs villes d'Italie , & principalement en Lom- b..rdie. LcsPrcfttes de cette compagnie tiennent tous les Difcours de l'Origine ans vne fois leur Chapitre & pcuflcnt confitmèr leur General auec deux Confeillers pour trois ans , & de- meure en la puilTance d* ce General d'alTemblcr le Chapitre où bon luy femble , & là font appeliez par nom &par furnom tous ceux de la Congrcgation.tanc ConucrsquePreftres, lefquels-font chargez de lieu en autre.felon qu'il efl:debefoin,& mettent grande peine, à ce que les p.iuures Orphelins foient bicnt gouuetnez, tant pour la conhderation de l'ame, que pour celle du corps, & pour le General eft tenu devifiter par chacun an, du moins vne fois, tous les licuxqui fontdeftinez pour leur demeure & entretenement. Ils obfcruent diligemment tous les poinârs de leur inftitution , & ne foijt toutesfois point profcflion lo- Icmnclic; .mais qui veut viure auec eux faiu qu'il. pro- rnette.d'eftreobeyflTantaux fuperieurs: Au demeurant ils viuent en comrrain. Cette Congrégation fut aprou- uée & confirmée parlePape Paul Farncfe 111. dy nom àc depuis par Pie VI. lequel luy permit dç continuée ainfi comrrie ih aiioienc commencé, & accepta fous la protcdion de l'Eglife, non feulement tous les lieux & Conuents qu'il» fe trouucrent auoir pour lors , mais auffi tous ceux qu'ils auroient à l'aduenir. Depuis qu'ils ont commencé à faire profeffion , laquelle leur a efté confirmée par le Pape Pic V. Elle commença l'an J518. feant au faint Siège Clément VU. du nqm, &en l'Empire Charles V. . Congrégation des Prefires réguliers de S.Paul. Lors que tous les Princes Chreftiens cftoyent en guerre les vns contre les autres , &que l lcalie le trou- uoic extrêmement trauaillée , qui fut l'an i54(î. Fran- çois Sforce , dernier Duc de cette maifqn fut aflîegé dans MilaB,& s'eftant retiré dans le Chafteau.futcon- - trame par faute d^viures,de fe rendre à Antoine Lcue> & au Marquis de Pefcaire , laiflant la Ville & leCha- .fteau à l'Empereur Charles V. Outre cecy la Ville dd Milan fut tellement affligée de peftc , qu'elle cmport* pour le moins le tiers du peuple En ce temps dif je trois Gentils-hommes le premier inommclacques Antoine , delà maifondes Moris, la- quelle eft très ancienne , commeon peut voir par lc$ deux Maityrs Nabor & Félix de ladite maifon,lefqucls receurent la Couronne de Martyre fous l'Empire de Maximian & Diocletian , qui fut cnuiron 70. ans de- uant faint Ambroiferlc (ccond eftoit Cicmonois nom- mé Fr-inçois Marie Zacharie, le troifiémc cftoi^t de Mi- lan, & s'appcHoK Barthélémy Ferrcre , lefquels infti- tncrécla Congrégation des Preftfcs réguliers de Saindfc Pauldéî celle de Milan , fe dedians à vne vie deuotc ôc contemplatiue : & s'abftcnans des plaifirs du monde fans cellcr d'exhorter les pécheurs à pénitence, & lire publiquement les Epiftres de Saind Paul , ouyr vn chacun en confeflion,& adminiftrerles Sacrcmensde lafainte Communion : Au demeurant ils viuoient en commun , &: ne poifedoicnt rien de propre:ils auoienc de ccuftume de fe difcipliner dcuant vn chacun par les rues & places publiques, pour mcfpnfcr dauantage le monde ; Apres Itur mort ils ont efté tenus & reue- rez comme Saints : ils ont quelque nombre de l^om- ftcrcs , mais leChefde tous eft ccluy de Milan fondé de faint Barnabé. Ordre des PreJIres réguliers Theatws. L'Ordre des Preftres réguliers Theatinsapris fon orioine de lean Pierre Caraffe, fils de lean Antoine Ca- raftc. Baron lUuftre de la Ville de Naples , lequel ayant efté Euefque de Theade , & renoncé à fon Euelche, pour viure foluairement en vn endroit du mont Pia- tio.enfin le jour de l'Exaltation faintc Croix en l'armcc lyzS. du temps du Papat de Clément V. & de l'Em- pire de Charles V. accompagné du Seigneur Cajctan Ticnnée de Vicencs & Protonotaire Apoftoliquc . le Sciencut Bonifacc Coliy Alexandrin , Ôc le Seigneur ° Paul 81 81 De toutes les Religions, Paul Romain > tons quatre concurrens en vije mefmc dcuotion, s'é allèrent cnfemble en l'Eglife de S.Pictre, 6c furent conduits par tout le Cler([;c en folemnelle pro.ccflïon iufqacs au grand Autel où font les faiudtes Reliques deS.Pieire & S.Paul : fur lequel Autel ils iu- rcrent & promirent deuant tout le monde, dobfijruer les trois vœux que les autres Religieux ont accouftu- mc de promettre en leur profcflïon, à (çauoir pauure- té , chaftctc , & obeyffance. Ces quatre furent les pre miers qui firent ainfi ce vœu : & tous les autres qui font entrez depuis en cette congrégation ont fait le fcmblable:& pource que le chef de tous fut l'Euefque Theatin , de là eft venu qu'on les appelle Theatins. Il ert vray que cet Eucfque après auoir inftituc cette con- grégation fut faid Cardinal par le Paps Paul>& depuis après la mort de Marccl,qui ne fut Pape que ii.iours, il fut cfltué au S. Siège , & appelle Paul IV. dont plu- fieurs decét Ordre font nommez Pauliftcs , mais plus communément Theatins. Ordre des lefuttes. L'Ordre des lefuites eft maintenant fi coonû par le monde > que ce feroit quafi chofe fupetfluc d'en écrite plus particulièrement: il fuffita feulement de icmarquer que leur fondateur fut le Bien- heureux Ignace Cantabrois , de la noble famille de Loyolcs, qui iadis fut Capitaine des Efpsgnols , dans la Cita- delle de Pampelune , l'an ijii.lors qu'elle eftoit a{Iîe- gée par les François,lefquels Loyolcs font aux confins de la ville d'Alpcchia , enla Prouincede Guipufcoa en Efpagnc , qui étant accompagné de Pierre le Febure, AlphonfeSalmeron, François Xa^ier,l3cques Laynes, Nicolas Bauadrllc, Simeon Rodrigas.Clande layejesn Cordme & Pafquis Broèt , alla laChappelle des Martyrs.qui eft fur le mont de Montmartre proche la ville de Paris,où après auoir demandé l'ayde de la bien- heureufc Vierge, & de S. Denys Areopagite patron & ptotefteur de la ville de Paris, ils firent vœu à Dieu de renoncer du tout au monde,& de feruir en perpétuelle pauureté à lagloire de Dieu , & au falut des ames, fi- gnamment à iour nômé de paifer par mer k Hierufalé, en intention de s'employer de tout leur pouuoiràcô- ucrtir les infidelles,&: tafcher par tout moyen d'acque, rir la couronne de Martyre:que s'il aducnoit que leur refolution ôc delfein fuft empefché par quoy que ce fuft, que l'an expiré ils s'en iroicnt à Rome, & offri- roient leur trauail & fcruice au S. Pere pour le falut & fecours fpirituel du prochain , purement ^ fimplc- œent, fans en prétendre aiicune recompenfe , Se fans exception de lieu , ny du temps : lequel vœu ils firent l'an 153S. & lei5.iourd'Aouft, que rEgUfefolcnanife lafcfte del'AlTomptionde la mere de Dieu :& depuis l'an 1540. le iS. Oftobrc la règle d'Ignace ayant efté confirmée par le S. Siège, fçauoir parle Pape Paul III. l'an i)4o. & Pie IV. le Vendredy plus prochain des Ca- lendes de Mayenfuiuant,Ignace& fes compagnons fi- rent à l'Eglife de S. Paul à Rome , vne nouucHe pro- fçffion ranij'4i. Le prcmicf qui nauigea aux Indes Orientales > fut François Xauier Nauarrois , ôc après plufieurs grâds fruiârs qu'il y fit enla conuerfion d'vn fi grand nombre d'Indiens , 6c y auoir refufeité 30. morts, il y mourut l'anijji. Cette règle fut confir- mée &approuuéc au Concile dcTiente , comme il fc voiden la 9. tcffion , chap. 15. La vifion que ce bien- heureuxPere eut de noftte Seigneur , qui luy promit deluy eftrc fauorablc à Rome , fut caufe qu'il impofa le très faind Nom de I es v s à fa focicté. Entre les /ainds canonifezdc cét Ordre furent en l'an lôii. S, Ignace de Loyola , & le Pere François Xauier , fur noiîif/ié l'Apoftre des Indes : où après auoir relfufcicé 30. moriSj fait plufieurs miracles , il y a efté martyrifé, puis canonifé pour S. à Rome par le Pape Grégoire XV. ol^^Ti depuis quelques années en çà, a elle auflî ca- 883 nonifé à Rome Louys deGbilzagne de cette mefme Compagnie , par le Pape Vrbain V I IL auiourd'huy feant ; cette Compagnie a fort pullulé parmy la Chre- fticnté , où ellcaproduit, &faircncor à prefent de grands fruids.tant en l'inftrudion de la ieunclfe qu'en la conuerfion & correâion des errans , au rcfte grands ehnemis des herefies , &c peux bien dire qu'ils en font le vray poifon & l'antidote véritable, ils aymcnt les confciences , mais ils. arguent les vices 6c les erreurs, qu'ils ne pcuucnt foulFrir fans combat, d'où vient leur perfccution en Angleterre (1^ en Hollande, pour la dc- fence de la Foy Catholique , & de la vérité de l'Eglife pour laquelle ils fouffrent le martyre , & expofent amoureufement leur vie. Lamefmeannce, fçauoir if^o. Luthe.r Augufiin, deuint Apoftït. & fut déclaré Hérétique par les Théo- logiens de Louuain, & de Cologne , Icfqucls par com- mandement de l'Empereur , & du Pape Léon XI. brû- lèrent fe^liures. L'eu 15 41. les Théologiens de Parié condamnèrent fes liures &écrits d'herefie,& l'Empe- reur Charles V.leprefcriuir. Il femblc que Dieu par fa prouidence ait fait naiftre la très belle Compagnie des lefuites au mcwne temps que Luther fema fonhercfie, comme de forts athlet^ potfr la combattre auec celle de Caluin , aufîî font ils les vrays fléaux de fa feéte. Les lieux où cette Compagnie fïorit , fontcnItai|t outre Florence.SiennrjPife & Loretce.ôc en la Prouin- cedeRoroanie , où ils ont quantité de Maifons l\o- felfes, Séminaires 6c Collèges ils y ont plus de 20. bel- les maifons. Au Royaume de Sicile ils y poffcdent 16. maifons. Au Royaume d« Naples ils ont ij. maifons. ; A la traide de Venifè 13. maifons, Vcnife lesayans congédiez lors du différent qu'ils curent aueclcPapé Paul V. & du depuis ne les ont voulut rcccuoir , quoy que Monfieurr le Prince de Gondé en fon dernier voya- ge d'Italie en cuft requis trés-humblement la Seigneu- rie étant à Vcnife. En la Lombardie ils ont dix maifons. En Suiffc ils ont vne maifçn à Friburg,& vne aiitrc à Lucerne cantons Catholiques. En Sauoye ils y en ont 3 à Chambery , Turin^ Se Saluffe. An Allemagne fur le Rhin ils ont ij-.dchneures. En la haute Allemagne ij. maifons. Au pays d'Autriche 15. demeures. En Pologne îy.maifons. En la Tranfliluanie x. maifons , l'vne à Acirîapoîià 1 autre à Albe-Iulic. En Hongrie z. maifons, l'vne ï Prcsbourg , l'autre ! Neuhenfol. ^ En Lof raine 3.maifons,au Pont âMoofTdnjà Nancyi & Verdun- ,. AupaysMefîîn ont vne demeure à Mets parl'ini fiance de Monfieur le Marquis de Verneiiil Eucfque dudttMrts , & de Monfieur le Duc d'EfpernonGou- uerneur d'i celle. ~ En la Franche-Comté 4. maifons, DblcBcfân^oni Verou,& Saims. En France outre la Ptbuince de Paris, où ils ont 10; à li, maifons» ils ont encor des demeures fur le Loire» Moulins, Neu&rs,Orlëans,Blois, Toursjlà Fleche,Rcri- ncscnBretagne)& Nantes. En Normandie, Pohcoife,Roiien.CsënjAlcnçon. En Picar Jie,Amiéns, Boulongne. En Champagne, Rheins,fous ChaalonS fur Marne; En Bouigohgnc,Dijon,Auxerre. En Ly6nnois,Lyon,&Rion. ^ En Aq«!t;iiue,Thouloufe,Bourdcaiix,Auchs> Agi:h» Lin oges i Pe ligneux , Bcarn , Pdi(5tiets , Bourges 6i Cihors: l ■ È E e e 4 7 884 Difcours En Prouence,Aix,Arles,Auignon. En Languedoc, Narbonne.Carcatronne, Aubenas» Rodes, le Puy. En Daulphinc', Valence, Tournon. En Flandres ils ont 19. demeures. En Irlande,vne maifon cclebre. En Angleterre eft le tombeau de leurs martyrs , & îeuremprifonnennent. En Hollande leur expulfion & bannilTcment, En Portugal ils ont if.maifons , vneau Royaume d'Angola. En Efpagne , en laProuincede Tolède 27. maifons. EnCaftillc ii.maifons. En Aragon, ij.maifons. En Catalogne.Kî.maifons- ï,n Sardaigne,i;.mairons. Jux Indes Occidentales. Dans le Peru ils ont onze demeures. Dans le Mexico onze demeures. Dans le Brcfil 20.dcmcurcs:lcs hérétiques HoUan. dois ont ruiné la maifon des Pères lefuites en la vil- le de S. Saluador lors qu'ils l'ont Taccagée au mois de lanuier i(j24. &ont emmené en Hollande leProuin- cial d'icellc maifon , & quelques Religieux de fa Com- pagnie.Mais Dieu les a punis,car en l'an 1625. ils en ont j efté chaiïez honteufemcnt par les Efpagnols. ' I Aux Philippines ils ont p.maifons. Au lapon ils en ont douze. Au Royaume de la Chine ils ont vnc rcfidence en la ville Royale. En la Cherfonefe, deux: à Malacailsy ont vn Collège A Amboin vn autre. A Cochinvn autre. A Cambayc vn autre. A Calecut vn autre. A Meliampore vn autre. A Bcngalavn antre. Etplufieurs autres aux Royaumes maritimes des Indes au delà du fleuuc du Cange ; & à Goa il y a vn célèbre Collège où eft le fcminaire de toutes les fortes de langues & de fcienccs. En Ethiopie vn Collège. Au Royaume de Marroc vn Collège. A Congo vn Collège. Autre à Angola. D'autresau mont Liban. Vne maifon à Pera^faux-bourg de Conftantinople. Congrégation des Pères de V Oratoire. 11 y acncor des Pères de l'Oratoire, defquels le bien heureux Philippe Nerio Florentin fut fondateur en l'an 15-^4. Ses trois premiers nourrilTons furent ces célèbres & tant renommez perfonnages Cefar Baro- nius, le fécond lean François Bourdin , depuis Arche- uefqued'Auignon , & letroifiéme Alexandre Fidelle. Ils commencèrent leur congrégation i Rome en l'E- glife de S. Hicrofme , où après que leur nombre fut plus grâd, ils efleurent par iour quatre d'cntr'eux pour prefcher au peuple. Il n'y auoitquele Saœedy excepté: l'on intention principale eftoitdc ramener l'Ordre de Preftrife en fon ancienne fplendeur. Il y a quelques années que naaiftrc Pierre Bcrulle François , natif de Paris de bonne & noble famille , & duquel la pieté ôc Tainéteté ne fçauroit eftre recommandée ny fon zele ardent, encor qu'il a à la gloire de Dieu , & au falut des ames,ayant infiniment trauaillé pour laconuerfion de ceux qui font deuoyez de la vraye Religion , a inftitué vn ordre de l'Oratoire , lequel eft en plufieurs chofcs éifFerent dupremicr,approuué toutcsfoispar le S.Pere Paul V. du nom , defquels on ^(ttcnd de grands fruidts pour les beaux reglcmens &c reformations qu'on efpe- re qu'ils apporteront en plufieurs chofcs. de rOrigine Leur première demeure fut en l'Hoftel du petit Bourbon és faux-bourgs S.Iacques }du depuis ils ont acheptc l'Hoftel de Bouchage prés du Louure, où ils fe fonteftablis. Ce font tous Preftrcs ayansdes com- moditez , &gcîîs doétes viuans en commun, commé RcHgieuxda plufpart du iour ils font en prières & mé- ditations , ils portent la fouftanne comme les Preftres Romains,& vn longmanteau,le collet abbatu,&non pas haut, comme celuydes lefuites.Plufieursont loiié cette congrégation , comme aufli eft-elle loiiîble :Sc d'autres leur ont efté contraires , comme il fera dit cy- apres. Le RoyLouys XIII, par (es lettres patentes en for- me de Chartres données à Paris au mois de Décembre 151 gratifiées en Parlement le 4.de Décembre 1612. ho- nore cette congrégation de Preftres du tilirc de fon- dation Royale en ces termes. LovYS Par la grâce de Dieu Roy de France & de Nauarre &c. Nous ayant efté reprefcnté parla Roync RegenteiHoftre très- honorée Dame & Mere,quepour lecognoiftre aucunement les grandes grâces qu'elle a receuë's de Dieu, & procurer quelque eftabliftcment à la difciplineEcclefiaftiqueen ce Royaume, pour repa- rer autant qu'il fe pourra les degafts &deprauatiohs de l'hercfie, & les dcfordresque les guerres ontfai6l:& font ionrnellement tant en la Religion qu'aux mœurs, elle defircroit fonder en cette ville de Paris, ou es faux- bourgs d'icelle vne congrégation de Preftres viuans en focicté, defquels le principal but fut de tendre à la perfcéitQn de Preftrife félon fon ancien vfage&infti- tution , inftruirc le peuple, tant en ladite ville , qu'es enuirons d'icelle, & autres lieux du Diocefe,enla do- (ftrinede Icfus-Chtift, s'employer par l'ordonnace de leur Euefque,és fondrions Ecclefiaftiques à quoy il les voudraoccupet, prendre le foing & la conduite des bonnes œuures qui leur feront commifes par luy, & generalemcc faire ce que les Preftres de nôtre Seigneur lefus-Chrift doiucntaccomphr en fon Eglifc pour ne rédrc inutile la grâce qu'ils ont receuë de luy en Teftat de fes fucccireurs & ceux des autres Diocefes , à cét exemple ayans toufiours à la main plufieurs ouuricrs propres & idoines, pourront facilement & vtilement pouruoiraux grandes œuurcs & neceffitez qui fe pre- fcntent iourneliemenr.Nous auôs eu cette propofition très agréable , Iciiant la diuine Bonté deluy auoir in-^ fpiré vne œuure de tel merite,Sc duquel nous efperoiw vne ties grande vtilité pour la gloire de Dieu,& vtili- té de nos fujets à quoy defirans contribuer denoftic authoritc,& J'aduâcer par tous les moyens dont il fera befoin. Sçauoir faifons qu'inclinans hbcralement à la fupphcation dcnûftrctrcs honorée Darae&Mere, la Royne Régente, dtfon aduis & de noftre grâce fpe- ciale , pleine puiftanèe & authoritc Royale par ces pre- fcncesngnécs de noftre main:nous luy auons permis & permettons d'ériger, ou faire ériger , & arrcfter en cette ville de Paris, ou faux bourgs d'icellc, du confen- icment de noftre amé & féal l'Euefque de Paris vnc congrégation de Preftres viuans en focieté pour vaquer félon la fin & intention cy - deftus rapportée , prier Dieu pour nous , pour noftre très- honorée Dame & Mcie, nos fucceflTcurs, pour la paix & tranquillité de cétEftat. Voulons & nous plaift ladite congrégation eftre dite, tenue & eftimcc de fondation Royale, ôc qu'elle ioiiilTe de tous & chacuns les droids & priui- legeSjdontioiiiftentles autres maifons & familles fon- dées par lesRoys nos predecclTeurs, laquelle à prefent auectous les droids, biens, rentes, reuenus & hérita- ges qui luy appatticdrontcy- après, nous auons pris &: mis prenons & mettons en noftre f?.uuegarde fpeciale» defendans à toutes perfonnes de quelque degré quali- té , & condition qu'elles foientde donner aucun cm- pcfchcmcnt à la fondation ôc arrencemcnt de ladite coogrc- de toutes les congrégation & confttaélion de ceux qui luy feront necelfaires fous quelque couleur ou occafion que ce foitjfi donnons,&c. Donné à Paris au mois de Décem- bre i ^ i 1. figné Louys. La Royne Régente fuiuant ces lettres de permiffion, fit expédier les ficnnesipour la fondation de ladite con- pregationjdefquelles voicy la teneur. Marie par la grâce de Dieu Royne Régente de Fran- ce & de Nauarre , à tous prcfens Se aduenir falut. ta pureté de la Religion , & fmceritc des mœurs qui ont rendu cy-deuantla France fi recommandable , & fouuentcsfois incite le Ciel d'en prendre la protection contre tant de violents efforts , defquels elle a eftc agi- tée , fe trouuant auiourd'huy tellement corrompue & deprauce, que fil on n'y apporte quelque ordre & re- formation , il eft à craindre que ce qui rcfte de Pieté fe diffipe entièrement, & qu'alors Dieu retire les grâces & benediftions dont elle eft ordinairement acçompa- ance. Aquoy defirant de voir donner quelque remc- , de , & de noftre-party contribuer tout ce qui fe pour- j ra, jugeant que comme ce defordrc s'eft grandement j accru par l'inobfcruation de la doârine Ecclcfiaftique, j auffi pourroit-il eftre reparéjen le reftabliflant : mais , ayant eftimé qu'il cftoit à propos de vifcr à ce but, & prenant le foing de procurer l'aduancemenÉ faire corn- ■ mencerpar la fondation en cette ville & faux-bourgs , de Paris d'vne maifon & congrégation de Preftres vi- , uans en focicté , dcfq\iels la principale fin foit de ten. - dre à la perfedion de l'Ordre de Preftrife,& par ce mo- \ yen s'employer continrtcllement par l'ordonnaijce du i Sieur Eucfque de Paris à inftruire le peuple en la do- | (Strine Chrcftiéne,l'exciter par bôs cxéplcs & enfeigne- mens,parœuures picS,& généralement vacquer à tout ce en quoy les Preftres de ndftre Seigneur lefus-Chi ift font obligez par leur inftitution , efpcrant qu'en ce i faifantplufieurs que la corruption du fiecle precipitoiî j aux vices, hercfics débauches , en feront retenus | pour fuiure la voye que Dieu nous enfeigne par fon ; Eglife, &que cette bonne œuure cftant imitée en di- ! uers autres endroits de la France , fera rcftablie , pour aucc l'affiftance diuine fucceder à fon houncur & gloi- re, à l'exaltation de fon S. nom Se bien commun des François. Ce qu'ayant faift entendre au Roy , hoftrê très- honoré Seigneur & fils , il adroit approuué cette noftrerefolution, & voulu qu'elle fuftefFc6kuée, ho- norant ladite congrégation du tiltte de fondation Ro- yale . auec pouuoir de la dotter & tenter ; cnfemble de jouir par elle de tous les droifts, frànchifés, & pnuile- gcs concédés aux maifons fondées par les Roys dé- funts, félon qu'il eft au long contenu aux lettres pa- tentes fur ce expédiées au mois de Décembre dernier, en confequence defquelles,enfemblc le confentement donné par ledit Sieur Euefque de Paris, Se afin de ren- dre par cette adion.quelque marque de iccognoiiïan- ce des grâces que nous auons receuës du Ciel , , à ce qu'il luy plaifeauflîdefauotifcr le dcfir que nous auôs de conduire les ieunes ans du Roy de noftredit Seigneur & fils, enfcmble les affaires de fon Eftat au pbinét que les gens de bien peuuent fouhaitter. A ces cautes & autres à ce nous mouuans , de noftre pure , franche & libérale volonté , nous nous fommcs déclaré & decla- lons-par ces prefentes fignées de noftre main, fondatri- ce de ladite maifon & congrégation de Preftres viuans en focieté , lefqucls s'employeront aux fondions fu(- âites , ainfi qu'il leur fera ordanné , & prieront Dieu pour le Roy noftredit Seigneur 8c fils,pour nous & nos autres enfans; comme auffi pour la tranquillité de l'E- oîife, extirpation des herefies, falut & profperité de cet Eftat, pour eftre ladite maifon & congregationeftabhe en tel cndroidb de cette ville, ou faux-bourgs de Pans, au'il feraiugé plus commode, & icclle eftre diâccen- ùcôc réputée de fondation Royale, que comme telk, Religions. 88y elle foit dans l'Eglife nommée noftre Dame des Vertus: y fàifans tous fcruices & fondions ordinaires, commeeftant vne Eglife de girande deubtion, fingulie- reracht pour le peuple Parifîen, Se de tous les pays cir- cbrnuoifîns,, pour les puifTans fccours que plufîeurs dénotes pcrfonnes ont tirées des prières & inteirccf- fions de la glorieufe Vierge , dide noftre Damé des Vertus; Lefdits Pères de l'Oratoire defïrans eftrc du corps de la Faculté de Théologie , comme font les maifons deplufieurs Collèges , &Monàftcres de Paris, aufïï que les Sieurs Gibicuf , & Bertin , Dodeurs de ladite Faculté,' s'eftoient mis de cette congrégation, il y eut de grandes pârolcs és aftemblées de la dite Faculté: tenues au Collège de Sôrbonc : vne partie des Do- deurs eonfentantqu ils y falfent incoirporez , l'autre Y concredifant. En la première affemblée qui fe fit pour en délibérer s le Redeurde l'Vniucrfué de Paris s'eftant prefcnté pour y auoir fcance , aucuns y con- tredirent, & fut contraind de s'en plaindre à la Couc de Parlement , laquelle par fon Arreft le maintint en podefïion de feance aufdides afTemblées : Mais en la féconde affembSée du premier luillet 1613. les con- leftations qni s'augmentèrent entre les deux partis, ^ ^ firent Difcours de l'Ori firent naiftre des proteftations qui font cncor ï iuger par la Cour. Or bien que lefdits Pères de l'Oratoire fuflent pcr. fonnes dont la dodtrine & la vie eftoient cogneuè's telles qu'il ne fepouuoit rien dire au contraire : tou- tcsfois l'enuic fe ioignant à la médifance , tafcha de leur porter nuifancc par des vers, & des libelles, com- me il aduient d'ordinaire aux nouuelles inftitutions d'Ordre, & congrégations , mais ce furent des flots de calomnie » qui après tous leurs efforts fc rendirent en écume. De tous les Ordres & congrégations de France, il n'y a que celle des Pcrcs de l'Oratoire, quiayentefté eftablis dans la ville delà Rochelle , dans le Temple de (ainéle Marguerite , & ce par exprès commande^ ment du Roy Louys XIII. glotieufement regnantjde- puis leur cftabliiTcment en cette ville-la , ils ont efté contraints par deux fois d'en fortir pour la rébellion des Rochelois hérétiques , & maintenant y font re- tournez par la faueur de la paix , & y demeurent en repos. Monfieur de Beriilleeft General Supérieur de cette congrégation , & outre cela par Bulle du Pape , il cft creéSi pericur de tout l'Ordre des Carmelincsqui font en France : plusieurs defquelles defirans cftre régies & adminillrées par les Pères Carmes de leur Ordre, ont eu de grandes sfflidtions à foufFrir. Celles qui eftoient à Bourdeaux , fe font retirées en Lorraine, pour n'eftre régies par ledit Sieur de Berulle: plufieuts autres Reli- gieufes Carmelinesont suffi refufc l'obeynancc audit Sieur de Berulle en Bretagne , lefqncllcs pour auoir efté mifesfous la protcdion de l'Euefquede Léon , fe fontenfuiuis de grands difFcrens , qui fuient accordez l'an léif. pat Mcfficurs du Clergé de France, aflcmblcz à Paris. Du Conuent des Vr fuîmes. Des l'an Madame de faindle Beuuc ayant eu permiffion de fonder vn Monaftcrede filles & femmes vefves , qui auroient pour principal vœu d'inftruire à la pieté, & aux bonnes mœurs des petites filles , tant de celles qu'on leur donneroit en penfion , que de cel- les qu'on leur enuoieroit de dehors , elle fit baftir& acheuer l'an 1613. au faux- bourg S. lacqucs , & pref- qucdeuant l'Eglifc de S. lacqucs du Haut-pas , ledit Monaftere de Rcligieufes Vrfulines : mais encore du depuis és années 1624. 162^. & 1626. elle a agrandy leur Monaftere iufques deuant la roaifon de S. Marcel, qui eft pour les peftifercz : & y faiéibartir vne tres- bcllc Eglife auec vn Cloiftre , & quantité de clos &c de beaux îardins. : Cette inftitut-ion fut approuuce parle Pape Paul V. le 23. Septembre icjii. la principale rcigle qu'elles tiennent cft celle de S. Auguftin, toutesfois elles ob- ferucntauffi d'autres ftatuts particuliers que l'Arche- ; vn autre Crucifix , qui eft auffi fort reueté pour les lin auecvn capuchon en fa tefte , comme ceux que portent les Religieux, comme faifoient aulTi ceux qui le fuiuoient tant hommes que femmes. Il portoit vne image du Crucifix en fa main, & felamentoit des mi- feres humaines des calamitez de fon temps , & des péchez des hommes , fi bien qu'auec le grand main- tien qu'il auoit, la démarche modefte , le parler bien compoÊé,& autres belles apparences qu'il monftroit,il eftoictenu & honoré comme vn homme S. Adonc toute fa compagnie qui eftoit grande, le fuî- uoit deux à deux en manière de proceflion , les plus apparcns deuant : pour le commun peuple & les ieu- nes alloient les derniers , & allans ainfi de ville en ville, ils crioicnt fouuent tous cnfcmble mifericordc» paix , & autres inuocations : mefmcment cette con- templation de latrcs-fainéle Merc de Dieu, compofés par S. Grégoire , à fçauoir, St abat mater dolorofa, Se où lanuiibles prenoit, ils fe couchoient à riiefme ter- re , & viuoient de ce que les bonnes gens leur appor- toienc:cequi incitoit tellement le peuple à dciiotion, que plufieursperfonnages mefmedc grande cftolte iSc gens d'Eglife, femeitoicnt à les fuiure, & fe vedic de blanc comme eux ; c'cft pourqiioy ils ont efté ap-/ peliez les Blancs. Or ayant ceite compagnie couru beaucoup de pays, finalement il fut refolu par leur chef,qu'ii les mcncroit droit à Rome : comnr c ils s'y acheminoicnt , le Pape BonifacelX. eftant à Viteibe, diftantede Rome d'en- uiron 4o.milles, en fut aduerty, &fit mettre la main (ur leur chef, & le fit mener à Rome , oùeftant bien examiné • il fut condamné à mort , & exécuté corr.-' me fuperftitieux:par ainfi k guide eftant ofté« à cette compagnie, elle fe rompit, & s'en retournèrent cha- cun en leur maifon , ce qui aduint l'an 1400. Le Cru- cifix que cét homme portoit pour bannière eft à Lu- ques, & fe font • ï ce qu'on dit, pluficurs miracles par iceluy ; ainfi que fait foy le grand nombre d'ima- ges qui font pendues en l'Eglife où il eft , qu'on ap- pelle l'Eglifc du Crucifix,& mefme lors qu'il fut ap- porté par ceux de Luques à leur retour après la more de ce chefjil monftra de grands miracles par le chemin, commeon peut voir par les écritures authentiques fai- tes par mains de Notaires publics, qui font gardées au threfor de la confrairie des Blancs. De manière que voyans ceux de Luques la conti- nuation des chofes miraculeufcf que Dieu faifoit pat cette fainde Image , ils y baftirent cette belle Eglife qui en porte le nom , où ils la mirent très honorable- ment fur l'Autel principal. Ce lieu eft adminiftré par vne confrairie en confra- ternité , laquelle â retenu iufques auipurd'huy le nom des Blancs, on y fait le Icruicediuin fort deuotement: il y a encor à Florence en l'Eglifc S. Pierre du Moron uefqucde Paris a approuuez , fous l'obeyflance & iu rifdition duquel elles font. Depuis en d'autres en., droits de France aucunes perfonnes dénotes ont auffi fondé plufieurs Monafteres d'Vrfulincs, recognoiflans le fruiftde l'inftrution que ces Rcligieufes donnent à CCS petites filles. Ordres conâamne^^^ar ÏE^ip, A Près auoir traité des Ordres approuuez de l'E- glifc , il ne fera peut-eftre pas hors de propos de due vn mot auffi de ceux qui font condamnez , entre autres des Blancs qui eurent vne telle origine. Au temps de Bonifacc I X. il vint d'Allemagne vn certain Piettrclequcl dcfcendant des Alpes aucc quel- ques vns qui le fuiuoient , il s'arrefta à Luques où il am^IIa incontinent plus de 2ooo.perfonnes à la deuo- •ion , & fe veftit tout de blanc > portant vne aube de grands miracles qu'il fait , & dit-on que c'cft cc- luy que portoient les femmes de la fufdite compa- gnie en proceffion, lors qu'elles fuiuoient cét homme d'Eglife. Il y a auffi en cette Eglife vne confrairie des Blancs. Cette congrégation commença enuiron l'an iy^S. Se futefteinte l'an du lubilé 1400. En cette ville de Lu- ques il y a vne Eglife de S. Martin , que le Pape Ale-^ xandrc II. fit baftir lors qu'il eftoit Eucfque d'icelle: Se quand il fut paruenu au Papat, il otroya priuilcge aux Chanoines qui y font , de pouuoir porter mitrrcs de foycblancheen de certaines folcmnitcz : cequ'ilsonç toufiours fait depuis, iufques au temps de Paul lî !. lequel non feulement leur confirma ce priuilcgcmais y adioufta de porter l'habit Epilcopal etJtieremcnt 1 & quand ils voudroicnt. Apres ccux-cy on peut mettre ceux de la coquine- rie , lefqucls aymans mieux cnduici toutes autres incooiTiu-. de toutes îes Religions^ incommodée > que trauailler auec cette krchcté du cœur , neantmoins ils voulurent fufciter vne congif- gatiiîn fous cfpece de religion : ainfi Ce veftans d'vnc fcqueme de grolfc toile, tefte nue ôc pieds nuds , al îoient comme vagabonds çà & là, s'arrcftans aux pot tes des Eglilcs, ou au coin des rues pour demander raumofne. On dit qu'vn. fainéant de Cremone,appelIé lacques, en fut rautlieur;ils mangeoient de toute forte de vian- des , & tant qu'ils vouloient , dormoient tant & à tel- le heure que bon leur fembloit, alloient où il leur plai- .foitj& manioient argent à leur fantafic,& qui eftoitle pire j ils n'auoient perfonne àqui ils rendiltent obeyf- "fance> ains viuotcnt à difcretion , fans cftre fubieds à Euefque, Prieur, ny General , ny autre feigneur temporel. Il y a CD auflî la congrégation des Frères de l'Opi- nion > laquelle print fon commencement l'an 1278. d'vn nommé Hcrmjn , & fat affcz fauorifée de plu- fieurs Princes , mais finalement quand leurs mef- chancetez furent defcouuettes , on les fupprima , ôc fût leur congrégation excommuniée par le Pape Boni- face VIII. L'an 15001 commença la congrégation des Douî- fcins', qui fut mife fus par vn certain pcrfonnage natif de Nouarc , ville du Duché de Milan , nommé Dout- cin, lequel en moins dVn an mit enfemble,tant d'hom- mes qu^dcfemmes » plus de ôooo. petfonnes qui lui- uoiétprefquemcfme ordre, ou pour mieux dire, mef me defordre que ceux dont nous venons de parler. Cette congrégation fut excommuniée par le Pape Clé- ment V. Quant à la congrégation des pauures de Lyon, ils fiïrent chafîcz par le Pape Ican XXII. Ils fc di- foient du tiers Ordre de S. François , & tenoient vne certaine opinion fantaftique contre la Foy Catholique: parquoy le fufdit Pape nefe coîitcnta pas de les chat 1er, mais ordonna qu'ils fufïcnt tous bruflez l'an 1520. l'Autheur de cette (eâe fut vri frère Pierre de l'Ordre des frères Mineurs. Ordre du Bien-heureux lean de Dieu , ou des frères de l'HeJpital de la Charité. Cette congrégation a cfté receuë en l'EgUfc ( fui- uant l'inilitution première d'icelle ) par le Bien-heu- reux lean de Dieu Religieux & difciple de S.Auguftin Euefque d'Hippone , dont il a choifi la rcigle pour faire les conftitutions de la fienne pour la gloire ôc 887 4. Defenccs à tous leurs frères de reueler aux feculiers ou aux Nouices les ordonnances 8c fecrcts de la Reli- gion &de l'Ordre, toutes lest fois qu'ils en (èront con- uaincus ils feront punis de la peine la plus grande, comme dcftrndteurs de b Religion. 5. Ils font vœu d'Hofpitalitc, & n'acceptent point d'Hofpicaux fans la licence de leur Perc Gçneral , ÔC de leurs Confeillecs » ils n'en accepteiont aux villages, s'ils n'ont atout le moins des entrées pour entretenir fix pauures. 6. Ils feront des queftes par les Proninces , Se pat les villes, & les Prpuiiiciaux limiteront aux frères les bornes du pays auquel ils fèroix la quefte , ôc ne permettront point que l'vn eiiapejche les quefteS de l'autre. 7. Si quelqu'vn d'entre leurs frères ofe introduire parmy eux vn nonueau genre de vie qui répugne àu vœu de l'Horpitaliré dont ils font profîffion,fcra pdué de rhabit)& enuoyé aux galères pour 3. ans. 8. De 3^ en 3. aas le Chapitre changera les fatiiilleS - des Hofpitaux, ôc ce c^langcmcn^fera faict par le Ge- neral & par les Prouinciaux qui feront en forte de fà- tisfàire à tout. 9. Les Prieurs pourront recenoir en leurs Hofpi- taux quelques pfetfonnes pour terciaires , kur don- nansvn habic , vn chappcau , & vn nianreau de cou- leur de l'habit de Religion , les ayans auparauant rc- c6gnûs pour gens de bien , Se qu'ils n'ayent psfié 55. ans de leur âge 10. Ceux qui oRencsnt légèrement doiuent cfrre punis, en confeifanc leur faute publique, manger à ter- re , baifer les pieds des frères , viure durant vn iour au pain ôc à l'eau , les reprimcn^es publiques , dire des Pfcaumcs & des Chappelets.^ 11. Pour vne faute grande les peine,s font la prifon, les fers,& les menottes : f!.ifp£n(îon Se priuation d'offi- priuation de voix atftiue à temps & pafllue : .ban- ces nilTemcnt de Prouince. Quant aux Supcrieuts , Chefs > Prieuts & OfK» ciersdudit Ordre , ils ont leur rang tSc pouuoir en cet- te forte. . Le {îremier & lé plus authorifé eft le GeneraMequel s'eflit au chapitre General, dé mefrac que îes aiitrcs Officiers. & fa charge dure fix ans , au bout dcfquels lé Chapitre fe tient, &onen eHit vn àutre. 12. Apres l'efledidn du General, le Chapitre alTem- blé aiLiec le vieil & nouueau General, le vieil donne la laloiiangc de Dieu, pour Icfoulagement & folide pro- | première voix pour l'eiledion des Confcillers & des uidenccdircélion & gôuucrnement de chofes faindte- ment inftituées, faides & ordonnées par les Chapitres généraux dudit Ordre, afin qu'elles demeurent & per- fiftent fermes ôr alTeurées. Premièrement les frères de cét Ordre par folemneî- le , exprelTe ou tacite profeffion renoncent vcrtueufe- ment & parefFeâ: à tous les biens , railons ôc adions qui leur appartiennent , ou qui leur appartiendront à l'aduenir en quelque manière que celoit , ôc mcfme louchant l'vfufruid, ne fe referuans rien d'icelles en aucune façon , fi bien que pour l'aduenir ils ne puif- fentappeller , non pas mefme par paroles aucunes cho- fes propres ou appartenantes à eux; ils font obligez de refigner toutes chofes de quelque forte 6c qualité qu'elles foient , meubles ou immeubles, &:en quel- que manière qu'elles ayenteftcacquifes, & diians que mangerons, que boirons, refcruant le lendemain à la prouidence de Dieu. 2. Nul ne trauaille pour foy , l'aumofnc que l'on leur donne pour leurs MciTes c!t pour le commun , & rien pour foy , comme auffi tout autre trauail , artifice ououurage. Les Supérieurs des lieux feront obligez d'obfer- Prouinciaux à' Ordre , félon que les Prouinces en auront befoing : l'office des Conféiîlers fera pour fix ans . 8c au premier Chapitre General le premier Con- feiiier fera etîeu en l'office de Procureur General , & lé fécond en la charge de celui de Prieur de Rome.'l'offi- ce des Prouinciaux durera 5. ans. 15, Par après s'eflit vn Prieur au Chapitre General par vne voix fecrctte, & la plus forte l'emporte. 14. 1! y a des Sourprieurs.des Secrétaires, & des En- fermiers , des Sacriftains, d«s Procureurs , des Con- uents , du grand Enfcrmier, dè l'office des garderobbcâ dcsHorpitaux; \ De iHoffitalitéi 'T 'EnfermierreceuraaaCo ucr ôc par toute la communauté. nuent suec toute charité _^&amourles maUdêsqni s'y preremeronî,&auanc- qii'entrer au Itâ: , il leur fera laner les pieds j Ôc fçaura que pour b g jt^omhre des fufdits Hojpitaux de la Charité. I. L'Hofpital de S.îean Çalibyte à Rome. I I. L'hofpital de S.Deodatedc Beneucnt. 3. L'hofpital defainéte Marie de la paix de Naplcs,^ 4. L'hofpital de S.îean Baptifte de Naples. j. L'hofpital de S.Pierre de Rome. 6. L'Hofpital du S.Suaire deThurin. 7é L'hofpital de S.Pierre csliensdePalcrme. 8. L'hofpital de S.Nicolas de Pcrug. 9. L'hofpital de fainfte Croix de Coroneto. 10. L'hofpital de S.îean Baptifte de Verrery. II. L'hofpital de fainfte Marie de l'humilité dcFlp- xence. 11. L'hofpital de S. Anthoine de Liuorne. 15. L'hofpital de fainfte Marie de lafantc Lancian. 14. L'hofpital de S. Vitto de l'Aigle. ij. L'hofpital de la fainfte Trinité de Piombin. 16. L'hofpital de fainfte Marie Ara.Cœli de Milan. 17. L'hofpital de fainfte Marie de Cefence. 18. L'hofpital de Noftre Dame de Lincorauata de Crémone. 19. L'hofpital de S, Benoift de Bologne. 20. L'hofpital de fainfte Marie delà paix de Mont- Bc^file. 21. L'hofpital de fainfte Marie de l'arc de Trois. 12. L'hofpital de faindte Catherine de Foggea. zj.L'hofpitaldelalà nfte Annonciade de Tharente. 14. L'hofpital de la fainfte Trinité de Barletta. '25. L'hofpital de l'Annonciadc de fainfte Agathe. gine 26. L'hofpital de la fainfte Annonciade deMuli- erno. 27. L'hofpital de S.Charles de Lotito. 28. L'hofpital de Nofhe Dame de la pitié de Cor!» glianoi 29. L'hofpital de fainfte Marie de la fantcdcCon- feza. 30. L'hofpital de la fainfte Annonciade deRaffauo. 31. L'hofpital de S.îean Baptifte d'OftauiaUi 3i.L'hofp!tal deS.Bafilc de Bouin. 3j.L'h©fpital de fainfte Marie d'ItriradcMoran* 54 L'hofpital de la fainfte Annonciade de Salcrne. 3f.L'hofpital de fainfte Elizabet deMeffene. 36. L'hofpital de fainfte Marie de la pitié de Syra- cufe. 37. L'hofpital de fainfte Marie de Lauteni. jS.L'hofpital du S.Efprit de Galtagerone. 39. L'ho(pital de S.André de Traena. 40. L'hofpital delà fainfte Trine deTermini. 41. L'hofpital de la très, fainfte Annonciadede Pa- liazi. 4 2.L'hofpital de S. Anthoine de Caltanizzeta. 45. L'hofpital de S.Marc de Bouin. 44. L'hofpital de fainft lean Ba^tifte^ez Paris, Faux- bourgs fainft Germain des Prez . premièrement fondcparlaRoyne Mere du Roy LouysXIIl. &da depois augmenté par Monfieur le Duc de Ncuersen mémoire defeu Madame la DuchefTe dcNcucrsfon Efpoufe. , , . , j Ordre des Religieufesde la Vtfion en tihîôpie^ Mais auparauant que démettre fin àcepetitfom- gg maire, il fera bien à propos pour contenter la curiofite du Lcfteur , de dite vn mordes Religions qui font en Ethiopie. Le plus grand & principal Monafterc qu'ils ayent en ce pays- là , eft celuy de feifan , c'eft à dire de la Vifion.lequcl eft proche delà Ville d'Ercocco, qui efï gouuerncment duBarnagas fubjeftd'u Prete-Ian.Il y a en ce Monaftcre plus de 5ooc.Religieux,cftant cettuy- cy chef de fix autresquifont fitucz aux enuirons,donc le plus efloigné en eft diftant de 30. milles. En chacun d'iceux il y a un Dauite, c'eft à dire gardien, lequel eft fubicft , &rcnd obeyffanceà l'Abbé delà Vifion : ce Monaftere eft afîis fur la pointe dVn rocher fort haut, d'où on void vne profondeur épouuantable > de quel- 'J. que cofté qu'on puifle ietter la veuë en bas. Il y a là de- dans vne grande cuifine toute garnie d'utenciles , au- près de laquelle il y a vn grand tefeftoir où ils prênent tous leurrefcftiou, & m'angent 5. à 3. dansvn plat de bois.qui eft bien large,& guère profond. Les viandes dont ils vfent font fort groflieres , & leur pain mcmeroent qui eft faift de millet & d'orge, ôc d'vne autre efpece de petite gtaine noire qu'ils ap- pellent Tufe. Ce pain eft faift tout rond de la groffeur d'v.je pô- me d'Adam , 6c en diftribuent à chacun des Religieux trois pour fa portion, & aux Nouices chacun vn & dc- my feu!emét:on leur donne auec cela quelque pende choux fans fel & fans huile, de laquelle viâdc ainfi mal afraiibnnée,ils enuoycnt par honneur aux plus anciens & vénérables de la maifon , lefquels font difpenfez de venir au refcftoir.ils nourrifTent grand nombre d'enfâs au deftias de S.ans, la plufpart deiqucls font manchots, eftropiczouaueuglcs. Mais quant auxReligieux,ils ne mang.-nt iamais dechair,nyne boiuentiamais de vm, finon hors du Conuent, quad ils font feuls;ils ont vne courtumequefi toft qu'ils ont donné l'habit aux No- uiccs.ils les enuoycnt hors du Monaftcre gaigner Iruc vie,& trauailler pendant qu'ils font icunes,pour autant qu'ils ne le pourroicnt pas entretenir au Monsftere, s'ils nes'aydoientde leur induftrie, encor qu'il y ayt vn grand rcuenu : mais quand ils font dcucnus vieux, alors lis fc tiennent tout à faift au Monaftcre, où ils paffcnt / de toutes les Religions. pitTent Itrefte de lears ioursâls (è donnent bien garde 22g que fenjmes.ny inulew,ny vaches, ny poules,ny antre beftc quelcôquc de (êxc féminin, n'approche du Con- uent d'yn grâd traiad'arquebuze.'cn chaque Monafte- re de cet Ordre ils nourrillcnt vn coq auquel ils atta- chent deux,fonnettes aux pieds , & leur fcrt pour leur fignifier l'+ieure de Matines ôc de Vcfpres.Ccux qui de- meurent aux champs ne s'addonnent à autre chofe, fi- nôà cultiucr les terres pour auoir du millet,& à entre- tenir des ruches d'aljeillesi&quâd la Huidl: approche, ils Ce retirent incontinentàleurs maifons,de peurdes beftes fâuuages. Le reucnu de ce Monaftere de la Vi- fiàn eft fort grand, car en premier lieu la montagne où fl eft affis contient bien enuiron 3oooo.du païs,oii il y vient grande quantité de millet, otges.feigles&tufes, dcquoy on leur paye les difmes , & même les paftis où fe nourrit le bétailleur rendent tribut. Au bas des mô- lagnes il y a plufieurs belles fermes, defquclles la pluf- part appartient à ce Monaftere, ôc^e là iufquesà vne iournée ou deux on trouue infinis autres lieux de leurs poMons qu'ils appellent Gultus, c'eft à dire les fran- chifes de la Vifion : ils ont outre loo. petits villages qui leur pîïent tous les trois ans chacun vn cheual,qui i fcroient 33. chcuaux par an,mais;rAlicafin, c'eft à dire | le Maiftred'Hoftel ou Procureur du Monaftere au lieu ' de cheuaux prend des vaches, àraifon de jo.^our chaque cheual, eftam lacouftumc telle, de manière que de tous ces lieux-là qui font diftansdu Monaftere iufques à;, iournées, il reçoit bien par aniéjo.va- . ches, outre lefquelles ils font encore chargez de plu* fleurs redcuances de grain, qu'ils payent à ce Monafte* re, les dépendances duquel s'eftendcnt plus de i^.iour- nces dans les Royaumes de Tigremalun : ces terres s'appellent Adetyefte,& payent par an 4o.cheuaux ap. preciez à vaches comme deflus,&vne infinité d'autres droits. Il y a encorplufieurs autres lieux qui font au Roy jlefqucls payent quantité de cheuaux, & tien- net cela d'ancienne couftumc:enfin on tient qu'ils peu- uent aller plus de 50. ioiîrncesfur le leur: quelques- vns d'entr'cux font fort dcuots, les autres vicieuxjils ont beaucoup de fuperftiiions qu'ils tiennent des luifs; ils gardent fort eftroidtcment le Sabbat , faifans cuire leurs choux, & leur pain des la veille, de peur de rien faire de leurs mains ledit iour de Sabbat, non pas al- lumerdu feu , de manière qu'ils font les plus déréglez de toute l'Ethiopie. Leurs habits font faits de peaux de cheures accouftrcz comme Chamois, qui leur pendent iufqu'à terre &font teintes de couleur jaune , puis ils ont deftus vne chappe comme celle dcsiacobins, qui eft faifte de mêmes peaux.quant à l'accouftrement delcurteftc, non feulement eux , maisauffitous les ' Religieux de l'Ethiopie portent cheueux, finon les Ttrefttes qui font tondus. Le reftedes Religieux d'Ethiopie font prefque tous d'vn Ordre,à fçauoir deceluy de S.Anthoine combien qu'ils.ayent quelque diuerfité en leurs ieitnes & abfti- ncnces : car il y en a qui mangent de chair , & boiuent do vin, & d'autres qui n'en veulent pas feulement voir,ny laiffer entrer en leurs Conuents. ^curs habillemens font tous de couleur Saune * les vns eftans faiéls de gros cotton ,'les autres dç peaux de chèvres accouftréss comme chamois. Les femmes de tehgion font habillées de mefmc, excepté, qu'elles ne portent point de manteau par delTus leur froc, ny de cheueux comme les hommes , ains vont auec le froc ieulement, & la tefte toute razc, à l'entour de laquelle « es portent vn bandeau de cuir4)ien ferré, fnîon quad ell«s font vieilles qu'elles y mettent par deifus certai- nes coiffes, & voiles:elles nedemeurent point rcnfer- jnces dans les Monaftercs,mais dans les fermes & vil- «ges qui en dépendent. |t pource,comme nous auons dit, que toutes leurs Religions font de mefme ordre , elles fôntfuiettës aii plus prochain Monaftere où elles reçoiuent l'habit.el- les n'entrent point à l'Egli/è, non plus que les autres fera mes. Aucunes d'icelles font de bône 8c fainôc viei les autres qui ne font pas reformées ont des èhfans. Tous les Religieux &: Prefttes decepaîs-là portent en leur main vnc CroixMc bois noir ,& quant aux Pi c- ftres ils vonttoufiours tefte rafée , & portent longue barbe, mais les homes laïcs nourrifTent leurs cheueux» & font razer ledefTous de leur menton Se leurs mou- ftaches, la plus grâd part des Moines vont ntids pieds, I & n'y a guere'd'Eglifes de Preftres ou il n'y ait aulïî des ! Moines , & s'en frounenr aucunes où il y a iufqu'ài 200. Debeteras , c*eft à dire Chanoines, & autant de I Moines qui font entretenus bien honorablement, I Enl'Eglife de Caxumo, qui fut la première édifiée I par la Royne Candace , après qu'elle eut efté baptifce i par l'Eunuque , qui auoit premièrement receu le bap- I tefme de S.Philippe , & y ajoo. Lharsoines ,& autant 1 de frères , ils ne difent iamais plus d'vne Mefte le iourï } &ne vicnment point la dire qu'ils ne foient 3. Pre- j ftres , tous préparez à l'Autel , & qu'ils n'ayent de l'en- i cens, & fi font tous nuds pieds, car nul n'entre en I i'Eglife qu'il ne foit premièrement déchaufte, ils net crachent point depuis qu'ils y font ehirez: les hom- mes laïcs , ny les femmes n'y entrent iamais, ains de= meurent dehors tous en vn rond , & là reçoiuent les Sacremenspar les mains des gens d'Eglife, foient Pre- ftres ou Moines. Ils ont des cloches de pierre & de fer,& les Religîciïx fe leuent toufiours 2. heures deuant le iour ,pour dire Matines , lefquelles ils difent par cœur , & n'y a autre clarté finon d'vne lampç,qui demeure toufiours ardâ- te au milieu de I'Eglife , 6cy mettent du beurre au iiçù. d'huile.parce qu'ils n'ont point d'oliuiers en ce païs-là ils chantent Matines à haute voix, Ôc de fort mauuaife grâce, comme gçns q|ui crient fans air ny accord , leuC feruice ne dit pas par vers ny couplets,mais tout ain^. fi qu'en profe,& confiftetout enPfeaumcSjaufquels ils adiouftent aux iours de feftes vne profe,l€lon la folem- nité qu'ils célèbrent, &tant qu'ils font à I'Eglife, ifs demeurent toufiours debout à Matines , ils ne difenç point plus d'vne leçon, laquelle ils entonnent auÛi tnal que le rcfte, & prefque de mefme façon quel'ôn a aCt couftumé de reprefenter la parole des luifs èn la paC fion de Noftre Seigneur :& auec ce qu'ils ont lavoijê fort rude & mal accordante, ils courent tant que la langue peut aller, &feliE cette leÇon deuant la fefte principale , laquelle finie, ils font la procelHon auec 4. pu f. Croix entées fur des ballons qui ne font pas plus longs que les bourdons que portentlcs pelerins,& les fouftiennent en la main gauche , en ladroiâe ils tien- nent vn encenfoir , car il,y a toufiours autant d'cncen- foirsque de Croix. Au reftc ils fereueftent de cer- taines châppes de foyefort mal propres:parce qu'elles n'ont pas plus d'argent quenelle d'vne pièce de damas, ou quelque autre pièce de loye. Quant à leurs ieunes , ils commencent le Carefmé dés le Lundy de la Sexagefime > qm font 2. ioUrs auanè nôtre Carefmc, prenant leur générale abftinencè : pen- dant leur Carefmé ils viuentau pain & à l'eau, car aufir bien ne trouueroient-ils pas dé poiflon s'ils cri vou- lolent manger, n'y en ayant pas beaucoup en crpaïs-Ià pource qu'il eft trop éloigne delà rner ; il eft bien vfa/ qu'il y en a de boni ôc en quantité dcdâs leurs fleuués, mais ils ne les fçauét pas prédre , & s'ils pcfchent quel- quesfois,c'eft bien peu fouuét,& ce à l'étang dès giids Seigncurs:le'ur fnSgéi: dôc ordinaire eft de pain, car état leur Carefmé iùftement au coeur de leur Efté,à faute dè pluye , ils ne pcuuent auoir de choux, combien qu'en plufieursMoriafteresils les cultiuent fi bien qu'ils en ont toute l'année: en d'autres endroits ils viuent dé FFff râifins Spo Difc. de l'Origine de toutes les Religions. raifins&depefches . qui commçncentà meurirfarla ---A — . fin dcFeuricr, & durent iufqu'à la fin d'Auril, dont ils mangent, 3c ceux qui ont de tels fruits font beaucoup mieux traitez que les autres , outre le pain ils vient pour viande d'vne forte de graine qu'ils appeUent Caufa, &en fontvnefauce où ils trempent Icurpam qui eft afpre , & cuit à la bouche , ils font encore v ne autre faucc d'vne certaine graine qu'ils nomment Thebbajlaquelle ils appareiller en manière de mouftar- de, & l'appcUét Cenafrique , & de toutes ces chofes ils vfent le long du Carémc.ils ne mangent point de laid, ny de beurre,& ne boiucnt de vin faiél deraifin, ny de miel, mais leur boiffon ordinaire eft d'vne forte biete qu'ils appellent Zauna, & la font auec de l'orge ou du millct.laquelle a vn gouft pareil à celuy de la ceruoife: ilfe trouuc beaucoup de Religieux,qui par dcuotiô ne mangent point de pain tout au long du Carefme j au- tres tout le long de leur vie, & au heu de pain ils vfcnt d' Agi icones,qui eft vne.herbc de ce pais là, à laquelle ils donnent vn bouillon, fans fel , fans huile, & autres allaifonnemens ; & quand ils n'en peuuenc trouuer,ils mangent du Rhabazas , ou maulue , & des lentilles, qu'ils mettent ramollir dans l'eau claire. Quclques-vns portent vn habit de cuir faris man- ches, ayans les bras tous nuds ,& plufieurs portent fur leur chair vne ceinture de fer large de 4.doigts,dôt les pièces lont ioindes enfenoble auec de ccitaines poin- ler,queUes en font les cérémonies, & quelles chofesfe tr ai- llent en iceux. Des Chapitres Prauinciaux > qui fe tiennent tous les Ansy& comme on y procède^. 16. L'Ordre de uiftice &iugement, & des deux fortes de Confeily & des luges qui y prefident & aftftenf.Des Bal- l9ttes,audienceptihitquey& de U forme du lugement nom- mé Efgard. 17. De l'obeyffance que tous ceux de l'Ordre prefleni AUgrandMaiftre-.fa dignité, grandeur, & puijfance, fies droicls & .priudeges,& quelles font les Commanderies de- ftmees pour fon entretien y & defquelles il peut difpofer & conférer à qui bon luy femble. i^-^e l'office des BaiUtfs,Drappiers,grandConfmiateur grand Marefchal, grand Prieur del'Eglife de Malte, leuri gagesU quelle fin inftitueZ' 15. De l'eJleHion du grand '\maiftre : & cérémonies ob" ' feruées en tel aile. 10. Delà capacité ou incapacité de tenir Commande- ries , ^ qui appartiennent les acquifitions faiUes pair les Commandeurs. ' 11. De la vifite de cinq en cinq ans qui fe fait à^s Com^ mmderies. 22. Trafic de marchandife y TeHamens & ddnat ions in- terdises aux CheuaUers > & de plujîeurs autres chofes qui leur fûtit défendues. 2j. Quels font les crjmespour lefquels on peut efter l'ha- bit àvn cheualier. 24. De l'Euefque de Malte fuie^ à C Afcheuefque de Palermeidu feruke diuin , & des ieufne;s & abfiînences aufqtielles les CheuaUers de Malte à'frerfs de l'Ordre font obligez. , Î5. Des grands Maiftres de Malte, auèc l'abbregède es qui s' efl pafié fous legotmernement d'vn chacun. Ès CheuaUers de l'Ordre de S. lean de f Icrufalem ayafis efté rois hors de Rhodes par les Turcs l'an 1522. |a propre vigile de _ Noël , après auoir tenu cette 2ï2. ansî vindrenc premièrement en Gandicoù ils dcmeurcrenc quelque temps» puis fe retirèrent partie à Venife, 6c partie en d'autres lieux d'Italie. Or après qu'ilscurcnt fait quelque fciour à Venift, & aux autres lieux d'Italie , ils obtindrent du Duc de Sauoye permiffion 4c fcpouuoir retirer àïSÎiire, Ôcd'f établir fejour & fiege de leur Ordre,& ce d'autant pluS facilemêt que les TuteS & Mores d'Afriqiitj& de Bar- barie rauagÈoicnt toutes lescoftes demer des Chrc- ftiens*& attaquoicnt toutes leurs villes maritimes Jlsrèfolurcnt après de s'aller tenir à Sarr^golfe eti Sicile , comme en vh lieu plus proche de la Grèce , i caufequelç bruiâ: courdit quele Turc deuoit venir ^ attaquer l'Italie, & principalement l'Iflc de Sicile, (S^ le Royaume de Naples. Enfin l'Empereur Gbarles- Quint leur donna l'ifle de Malte , pour y demeurer, côme en vn lieu cômode pour empêcher que le TuCC gaignaft pays par dcçà,^ fit reiiffir les entreprifes. Or auant que de m'engager plus outre en ce dif- cours , il faut fcauoir qu'il y a eu iadis trois lieux quï ont eu ce nom de Malte ou Melite i vcu qu'il j cri auoit vn en Grèce près de Marathon , & vn autre en Gappadoce, nonloingdcla riuiere d'Euphrate > 6t ceftuy-cy duquel nous parlérons à cette heure. LTfle de Malte cftcfloignéc de la Sicile d'cnuiro/i <îo.millesdu cofté du-Cap PaflstùA d'Afrique plus dé éo. bonnes lieues demer etofe, qui adOnnéfuieiï pluficurs de la mettre entre les Iflcs de l'Europe. Elle a de tour cnuiron 50. petites Ueues , & fa plusf grande longueur cft de20. milles, & fa largeur de i2. Elle cft affifee.n la mer d'Afrique, a^'ant au Nord le CapPalfaro Sicile ,au Midy, l'Afrique „&la ville de Tripoly eu Bu baricdn cofté du Ponanc l'Jlle de Lam- padouze,& du Leuant la mer Mcditerrahce.Elle prend là longueur & éftendu'é verslaMorèe , & eft poréeaa commencement du cinquième climat &haiétiéme parallclcà cnuiron 33.dcgrez delà Ugne. ^Fff * EU« §9^ Difcours Elle a beaucoup de ports>mais entre autres deux ca- pables dcplufieursvai(îeaux,dontl'vn fe nomme Mar^. zamuzettojl'autre Marzafirocco. Ces ports font fai&s par desgolphes qui s'aduancentcn l'Ifle, qui font pre- mièrement ctroiéèspmiss'eflargifTent ayant p^lTérena- bouchcurcS: font dc^^ prefqu'Ifles de quelqu principalement le droiâ) les Cheualiers ont bafty de- puis n'aguere vnc nouuellc ville aulieuoù ctoitS. El- mc j ou Herme, auparauant il n'y auoit rien quipes vi- gneS.& on appcUoit ce lieu le mont Perbcfac,bien que Icchafteaude S. Elmefut dcja bafty du t^mps du grand Maiftre d'Homedes & luy ont donné le nom de Giand-Maiftre la Valette, qui défendit ce lieu fort vaillamment contre les Turcs. On void fur. vnc autre pointe S.Michel,&: le Bourgi Au milieu de l'Ifle prcfquc , Se entre ces petites pref qu'Iiles la vieille Cité» que Diodore écrit auoir efté ba- ftieparles Carthaginois,& quia'cfté iadis fort renom- mée pour les fins draps qui s'y faifoient. L'Ifle de Goze eft celle - là ipcfmc que quelques anciens ont nommé Glaucos, & d'autres, comme Strabon, Gaudos , qui efl: vne lieuë ouçnuironde Malte. Elle a de tour etiuiron 200000. & ilyavn Cha- fteau appartenant aux Cheualiers de Malte. Les Turcs «ramenèrent de cette Iflc jooo. hommes, l'an i;^!. Qualité^ CEtte Ifle a fon terroir prefque par tout pierreux, mais la pierre efttendre , & aifce à ©ftre mife en oEuure. La terre eft 2.& 4. pieds par dcflus la pierre. Il porte toutesfois des figuiers, des pommiers.dcs aman. diers,des vignes, & d'autres arbres, nommément des palmiers, mais il y a fort peu de vignes, & cnuiron vne douzaine qui font fttîrilcs , mais quant au froment, & aa bois,il vient de l'Ille &deSiciIe- Or les chofes qu'elle produit y viennent en toute excellence : comme le cotton, les fruiârs, & les fleurs, principalement les rofes , le thym , le fenoiiil , & cer- tains charcjons fauuages, qui font bons, encor ils ont cette propriété que les habitans les bruflentau lieu de bois. Il y naift peu de bcftail, quelques chevres,bœufs,af- nes.mulets, conils, & perdrix. On y fait auffi du fd, en vn lieu, qui fe nomnriC les falins. il s'y fait auflï du meilleur miel qu'on puifle man- ger, & quant à fon cotton,il eft mol.delic & blanc au poflilble< On y fait !a récolte deux fois, principalement d'or- ge & de cotton. Il y a de belles fontaines en cette Iflc, & en beau- coup d'endroits. Ceft pourquoy en Hyucr , & en Automne tout ce qui naift vient auec vne couleur plus gayc,& plus pro- prement qu'en Efté. Elleaaufliefté aipresfois fort'cftimée pour les pe- tits chiens qui s'y ttouuoient, qui eftoient propres pour les Dames. Elie eft expofée aux vents au polEble de œefmequ'à la chaleur ainfl quenousi auonsdit. Elle a cette particularité que depuis que S. Paul y fut on n'y a veu nulle forte de ferpcns , bien qu'aupa- rauantily en,euft, ainfl qu'on peut iccueiUir des de l'Eftat ftdesdcs Apoftres, & les^corpions qui font ailfcuts fort nuifibles, & le deuroienteftre en cette Ifle autant ou plus qu'en nul autre lieu , àcaule des chaleurs «x- cefHues , ne font nulle forte de mal ï ceux qui les ma- nient. Et outre ce Dieu a voulu donner force & vertu aux chofes infenfibles qui ont eu l'heur de loger des Sainds. Car les pierres tirées delà grotte où S. Paul fut prifonnier , font portées par l'Europe, & ont vne grande vertu contre les Serpcns & leur morfure , & principalemêt contre levcnin des Scorpions & des vi- pères, & ces morceaux de cocher font appeliez la grâ- ce de S*Paut. Mœuys anciennes. Lorsque les Romains conquirent cette Ifle fur les Carth2ginois,on cftinnoitles Maltois dutoot heu- ^ reux,à caufcdu commerce de diuerfes nations, & d'vn grand nombre d'arts qui fe pratiquoient en cette Ifle, & l'on faifoit beaucoup d'cftat du drap de cotton qui fe faifoit à Malte , tellement que Cic<îron n'obieâia'ia- maisà Verres leluxe, & ladelicateflc de Malte, qu'à catifc des habits qu'il postoit.Et c'eft bien auflS la^veritc que les Maltois eftoient extrêmement délicats &dch- cieux, & leurs femmes pleines de moleflc . & addon- nées à la volupté. Ce fut en cette Ifle que le Roy Bal- te recueillit Didon,& AnnefafcEur, & Phalaris tyran d'Agrigenteen Sicile étoit grand amy des Maltoisyôc lesalloit voir fouuent. Appian Alexandrin dit que les Maltois s'cftansre- uoltez.Cefac les vainquit anec vnc grande & fafcheu» fe guerre , à caufe qu'ils tenoienc la mer , & faifoienc des courfes par tout tliansles petits enfans.ôc expofans le refte en vente. Et puis qu'il eut tant de peine à les dompter , il faut croire que les Maltois eftoient richw &puiflàns, &qu'encor qu'ils euflcnt efté fubiugueï lorsqije les Romains vainquirent les Carthaginois* ils auoient tojiîtesfois repris cœur , & fe fentans forts reiettoicnt la feruitude Romaine, Ils adoroicnt la Dccfle lunon, & fl y auoit vn Tem- ple fort ancien , où tous les peuples voifins portoient des dons de grand prix. Ils auoient encor vn Temple d'Hercule,dont les ruines paroiflcnt encor. Il eft auf- fi certain que ceux de cetteifle eftoient ordinairement amis dés Siciliens. Mœurs de ce temps, LE peuple y eft alTez farouche , & fe fcnt des façons de faire d'Afriquc.Toutesfois il eft fort aftcftion- 6 né à la Religion CathoUque , & a fait tout deuoir contre les Turcs pour la defenfe de fon pays.U vit fort mefquincment à caufe du peu de rapport de l'Iflç.Tout le monde y a vne particulière deuotion à S.Paul. Les femmes y font belles & gracieufes, & demeu- rent enfermées dans leur logis, (elon l'anciéne couûu- me du pays , ioint que les hommes y font ialoux , & fo»pçonneuxau poflible.Eiles ne marchent ïamais fanj^ eftre voilées , & le plus fouuent il y en a vn grand nombre de fort deuotes , veu qu'elles font d'vn natu- rel d'cftrc extrêmes en toutes leurs avions, de forte que fi elles s'addonnent au mal, il n'y a rien quelles n'entreprennent , ôc ne faflènt pour fatisfaire à leur mauuais defir. La^languc de Malte eft femblable à l'Africaine , au moins il y a fort peu dedift'ercnce , &tousdeuxne font autre chofe qu'vn Arabe corrompu,ou Arabe vul- gaire , qui eft du tout différent de celuy des liurcs , le- quel on parle feulement autour de la Mecque. Il y a force cfclaues Mahometans , qui font traiûcz aflèz rudement , mais non à l'égal de ce que ceux de leur des Cheua^liers de îvfalte. icur Ceâe font Coaffàt aux Chrcftiens qui font fous leur ptiiiïànce. LcsChcualiers qui font de diufrfcs nacions ont auffi des rateurs diucrfcs, & il me fuftit de dire qu'ils font fort abfoliiS5& qu'ils difpofent fdit librement de tout Ce qui eftcn l'Illc, principalement ceux qui ont quel- que authorité, & qu'ils fe donnent du contentement, fans trouuer grande refiftance lorsqu'ils en défirent, le diray ce motencor , qu'au temps du Carneual ils inuentcnt mille palfe-temps honnciteSi Les vrisfont des ballets, les autres font des parties pour courre la bague > ou pour combattre à la barrière, les autres dreflent des fortercflès , & y ont des gens qui les dé- fendent »& d'autres qui les aflaillent. Maisle Carefme étant venu, on ne peut voir rien déplus deuot que toute cette compagnie. Et le leudy de la femaineSainâe, le grand Maiflre laue les pieds àplufieurs panures , après les auoir fait mettre à table , ôc leur auoir fait apporter pluHeurs vi- ures en iS-fcruices tous de diuers mets.St: fans comptée le dernier» qui eft de quelque quantité de pièces d'àt- gcnt, ou d'or, qu'il leur donne.tellement qu'ils en ont plus qu'ils n'en Içauroicnt dépcncer en toute l'annéej de après auoir leruy ces pauurcs de fa propre main, les Grands Croix luy ayant apporte le fetuice,il va vifiter l'Holpital ,& porter à manger luy- mémeaux malades qui font tous fcruis en vailfclle d'argent; Rkhejps, j Ol cette Ifle tire quelque chofe de fon cotton i & j^cbofes femblables, elle débourceauffien ce qu'on luy porte de dehors. Elle rend de domaine aU grand Maiftre 18000. écu s à ^4. fols pièces, tous les ans le grand Maiftre tire du threforpour fon appointement 13000.GCUS4 Les Cheualiets & autres qui arment & portent l'é- tendard de l'ordre donnent au grand Maiftre pour fon droit d'admirante la dixième partie de leur prife. Quant à l'Ordre, il eft extrêmement riche, veu le grand nombre de bonnes Commanderits qu'il polFede pai toute la Chreftienté. Ei- certainement le threfor de l'Ordre groffit fort dé toutcequi luy vient de là , & pareillement des butins que les Chcualiers font en leurs courfes. 'Auill puis qu'il faut qu*ils fouftiennent en tout temp? la guerre, il faut auiE qu'ils ioii iFentd'vn beau reueiiu qui leur eft cchcU par la libéralité des Princes* Ccitlacaufe pour laquelle tous les ansilfautquc tous les Baillifs,Prieurs,& Commandeuts donnent le dénombrement de leurs biens &:reuenus au Chapitre Prouincial , & payent les charges aufquelles ils font obligez au threfor public de la Religion félon la va- leur delaCommatiderie, & fur ce il y a vn Rcceaeur Cheualicr député par Tordre, auquel il faut que ces de- niers foient payez tous les ans ^ la S.Ican Baptifte. Il fautencor fciudir que nul n'eft, receuà laProfcf- fion de cet Otdre,qu'il ne paie le droiâ:,qu'ils appellct iepallage au threfor public, zoo. écns d'èr au folèil pour chaque Chrcftien, & lôb.écds pour chaque frérè Itruant, & rien les Preftres , Ci aptes lé paffage ih nè les ont baillez,ilfauf queceluyqui les reçoit pour j'ordre en faife la maille bonne» quelque dirpcfile qu'il puilîè monftier ,ik lots qucquelqu'vna fatisfait à cé dcuoir on ne luy peut empefcher le droiél d'ancieiineté. Les dépoiiiiles dcsCheualiers morts viênentaufti au thre- for public ■> fauf s'ils auoieni parmy leurs meù'blès des vafes d 'or ou d'argent qui fuifent propres au feruicc de l'EglifCî veu que ces chofes font dèftinces à TEglifc, luiuant l'Ordonnance du grand Maiftre Deodat de Gozotï. Mais quand les Oftieiers qiU font à la fuite du grand Maiftre, comme lebcnefchal, le Chaftelain , & ï «93 >utrcs Cheualiers qui font à fort feruîce, viennent à mobrir, leurs biens & dépoiiillèsne font point au thrcibr,dnsviciincntfeulèmèntàu grand Maiftre. Fc orces. 'Ifle de Malte a toiatcs fes aduenuès fi bien en dc- fence , Ôc toutes fes placés fortifiées en telle forte qu'il eft non feulement difficile , mais prcfque impoflî- ble même d'y faire quelque dcfcente , où l'y ayant fai- d'y pouiioii- aduancer, ou gaigner quelque chofc. Mais i'cftime plus que toutes ces fortereftcs la valeur , des Cheh^iieisquis'y tienncntj & leur refolutionor- dî»sii« , de même que celle des frères feruans , & des foldats qui y demeurcnt,veu qu'elle eft véritablement telle que leur petit nombre eft capable de défaire vnè gtoiïc armée,ainfi qu'ils ont témoigne iadis lorsqu'ils bnt fait mourir vn fi grand nombre de Turcs deuartt le Chafteau de S. Elme , combien tju'ils ne fulTcnè qu'vnc poignée. Au reftei tant s'en faut qu'on les vienne maintenant attaquer eti leur lilc : qu'au contraire ils font tous les ioufs des courfes en Grèce vers Rhodes , & en Barba- rie ,& même vont foiiuént iufques bien prés de Con- , ftantinople. Ils ont ordinairement beaucoup de galè- res capables de tenir chacune 4. ou joo.foldats , ^ bons candtisi dont ils les gafnifrencitellemcnt qu'il n'y a iiiunitidn dcgucrrequi y manque. Bref ils fe font rendtis fi redoutables qu'on les laiffc paifibles eh leuir Ifledepuis vn long- temps. Des Ports de Mal'te. IL y a en cettcïlîe plufieurs ports , dont Icprcftiièr ' fe nomme le grand port , ayant fon emboucheure ^ par les vents de Maieftre & Trainôntane , & à fon en- trée eft le Chafteau de S. Elme, tout le long de ce porc eft la Ville neqfvc, au cofté 1/altetto, de l'autre coftélc Chafteau de Si Ange, le bourg &rifle de S. Michel ca- pable de telle quantité de vaiffeaux que l'on y voudr^ mettré , auèc vn fi bon fonds qu'aifcment étant fur le bord dedans des barils vous pouuez faire ayguade fans mettre pied à terre par lé moyen dè certains canaui qu'on a fait venir è la marine d'vne fontaine que le grand Maiftre V'ilfnacourt fitvenir de la campagne en la villci qui iettc vnf grandiûînie âbohdance d'eau, quî va rendre à la marine, pour faciliter l'ayguade des Na- uires & Galères: & au bout dé ce port il y a vne fon- taine Salinaftre, c'eft à dire,qui tient tant foit peu de lal faline, de laquelle on fe fert aux voyages de mer,ayanc (Jette propriété defe conferuet fans fc putrefiéè,& prb» dujre ce gouft de Salinaftce. Il y a vn autre portappellé Marzumanchctto ayant fon emboucheure versGrcgal &Grece,& auLeuantà fon entrée eft le même Chafteau de S.Ejmcfur la poin- te, capable d'vne grande quantité de Nauires&- Galè- res, mais noh fi bien couùert que le grand port,l caufé que le terrain qui l'enuironneeft plus bas. Il y a cncor d'autres pbrts à Malte qui ne toetitenÉ d'cftre appeliez ports , pburce qu'ils font fubic6ts au vent de la Ttauctfic, qui cftfifroid & violent qu'iî peut faire écHoûct ou donner à irauérs. GoUUernemeni. iL y a trois ^ahgô de ccnx qui fb.nt profcfEoni de cet- 9 te règle , veu qotf les vns font Cheualiers , qui doi- iichteftre dè noble lâ^s, les aiitrcs font Pteftres, & lès autres font noahmez frcres feruans. Après ct\i les Preftres Croyfez font diuiftz en ceux qu'on tibminé Conuentuch, ôc ceux quî font appeliez de Tobedicncc : & quant âux frères feruans, il y a les F F f f 5 fcniàns' 894 Difcours de l'Eftat feruans d'armes . & les fcnians d'office, dont les der- niers ne penuent venir au degré d'honneur des armes tels que les premiers. Caries frères feruans d'armes prennent 1 habit & font profcffion de même que les Cheualiers, preftans vn ferment femblable au leur , & il n'y a différence de ceux cy aux Cheualiers , que pour le regard delà No. blcflTe, pource quen'étans pas Nobles ils ne (omauUi receus aux Grands Croix , grands Prieurez, Baillics.ou autres grandes charges de l'Ordre. Les Cheualiers, pour entrer en l'Ordre payent 250.CCUS d'or au SolciU les frères feruans d'armes payent 100. écus d'or au Soleiljles Preftres rien. Quant aux Commanderies ils en ont . & peuaent eftrc faits gouuerneurs des places de la Religion , 6c appeliez au maniement des deniers , & à la vifiiation des lieux qui appartiennent à l'Ordre, au lieu que les autres feruans ne peuucnt eltre receus à l'Ordre de Cheualerie, non plus que les PrefUesJoicntConuen- tuelsoud'Obedience.Les ordonnances delà réception font celles qui fuiuent. Selon les Ordonnances d'Hugues Reucl grand Mai- ftrej Nulsbaftards ne doiuent eftre receus >n cet Or- dre fans le confentement du Chapitre gênerai , ou fans eftre fortis de quelque grande maifon : & dauantage entre les légitimes & Nobles nul homme fortyd'vn ïuif^dVnMarran,oud'vnMahonnetan,full il fils, ne doit.eftre admis en cette compagnie: ficelu,y quivou- droit entrer en cet Ordre auoit fait profciïîon d'vn au- tre, les Ordonnances portent auffi qu'il n'y foitpas receu. Toutesfoiscecyn'a pas cfl:é toufioursobleruc, veu Cju'on a veu que les Chanoines du (àinâ: Sepulchre ont efté ioints à cet Ordre par l'authoritc du Pape, combien qu'ils eulTent fait profeffion fous autre que fous le grand Maiftre. -Dauantage vn homme trop cndebté ne peut eftrc receu , non plus qu'vn qui cft marié. Outre ce , l'on n'y peut receuoir vn homme qui a commis quelque meurtre,ou quelque crime infan^e.U neft permis de donner l'habit à chacun qui n'ait at- taint pour le moins l'âge de 18. ans.-toutesfois le grand Maiftre peutchoifir ô.enfans de quelque nation que cefoit , & les faire CheuaHers , pourueu qu'ils foient Nobles,& s'ils fonr autres les faire frères feruans,pour l'exercice des armes, &c les difpenfer de rout fcruice, mais il faut qu'ils ayent au moins i4.ans.& l'on peut ofter à ceux - cy le droidt d'ancienneté au rang des Commanderies. il faut que celuy qui veut eftre receu foit fain, & bieiicompoféde fes membres, & propre au trauail,& ccluy qui veut entrer prouuc auparauant qu'il eftGé- til homme de nom & d'armes, de la langue ,& du Prieuré, dans l'Auberge duquel il veut faire fon en- trée. Auberge fignifie autant que maifon , ou domici- le,& c'eft vn heu oij chaque langue s'aftcmble à Mal- te pour y manger & tenir langue , c'eft a dire conful- ter des affaires de la maifon. Apres donc que quel- qu'vn a fait fes prennes dcuant ceux qot ont efté dé- putez par le grand Prieur, & par l'alTemblce de la Pro- uince en la langue de laquelle il entre , lors il eft fo- lemncUcmcnt receu : mais quant à l'habit il faut qu'il le rcçoiue par la feule auchorité du grand Maiftre, il faut que l'habit des Cheualiers fou vn manteau noir, & vne Croix blanche , félon l'ancien ftatut par Icfquelles il eft porte que fi quclqu^vn eft receu <;ontre la forme ordônée, s'il cft Chcuaiicr il fera frère feniant, fi fcruant d'armes il (crad'oiîice , 8c s'iUft Chapeiain il fera frère d'obédience, fans qu'il puillciamais tenir Commanderie , ny paruenir à au- cune dignité de l'ordre, ou au nianiement des biens de la Religion. Quant aux Preftres & Chapelains, nul n'y eft receu s'il n'a premièrement (cruy i'clpacc d'vn an ei!tier,ahn qu'on puiiîe cognoiftrc fa vie , 8i fa fuH:Uince, ôcda- tantct temps il cft noiirry aux àè^.tns dcuhrelorde l'Ordre. . il n'eft permis aux Cheualiers de receuoir de letr propre authorué autre tutc que les Ch^peiams k n des Cheuallerscie Malte. àu'iJ y en a faute en leurs Eglifes ou Chappcllcs. & auffi des lemans d'office pour le fcruicc de leurs Com- mandcties> & mêmes il faut que ccux-cyfoient ap- luuez, & confirmez par le Chapitre Proui^^^^^^^ Lfquels ils doiuent eftre prefentez , auec Uffigna- tionqu'onleur donne pour letir viure &leur vcte- Tv à encordes Confrères & Donnez en l'Ordre qui „^ vouent pas les mêmes chofes que les frères, ams feulement ils promettent d'aymer l'Ordre . & ce qui en dépend, & défendre le bien de la Religion de toute Icurpuiir.ncc, &découurir aux Supedeurs ceux qui Us trahiircnt.& leur,nuifcnt,autant qu'ils « pourront auoir cognoiirancc. Ceux-cy contribuent à 1 ordre le- lon leur deuotion. comme les Confrères font en vnc Confrairiepourparticiper aux biens qui s y font Ettoutcsfoisil n'eft permis aux Prieurs, Chattel- lains, & Baillifs . ou autres d'entre les Commandeurs & Chcualiers , de receuoir aucun de ces Contrercs fans le commandement du grand Maiftre , (i q^icU ] Qu'vnlefaitildoit eftre priué de fon habit, & les rc- | ceus ne feront cnroollcz entre les Confrères, ny louy- , roue d'aucun priuilegc dont les Donnez louyflcnt or- , dinairement. , ^ . -ri Les Donnez ne portent pas la Croix entière, amli j que fonttous ceux qui fontreceus à profcOion, ains , elle a hmplement trois branches, comme on voîd aux habits des Religieux de faind Anthoine , ou la partie de delTus la Croix cft oftée:&: s'ils font autrement ils | perdent la iouyfTance de leurs priuileges. j Quant à la piiuation de l'habit il le fait en cette , forte. . 1 i Quand quelqu'vn de l'Ordre a commis quelque crimT, ileft menéau principal Chafteau 1^ "J^^ft"^» Efcuyer&par commandement, du grand Maiftre ou du Marefchal de l'Ordre , cclafait, CommiiTaires (ont ordonnez par le Confeil pour informer du famletq'^e « ne font delà langue du criminel, car s'il eftEfpagnol. l'on luy donnera pour Commiffaire vn François , & vn Italien, quien tirent ce qu'ils peuuent en prelence des témoins.lefqtiels puisapres font confrontez au crimi- nel . auquel U # permis de débattre fa caufe & d vier , -dtreproches co^trelefdits témoins, & le procès eft , iugé au ConfeiUoXle criminel étant condamne à per- dre l'habit , eft introduit pour ouyr prononcer la lefl- | tenccpuis reconduit prifonrau chafteau par le mai- j ^Ce^fait à certain leur nommé on affcmble l'Efgard à l'Eclife de S. lulian , ou Eghfe Çonuentuellc , qui cft compofé de graiides Croix de chacune langue . 8c y prefident toufiouts le grand Commandeur , & en fon abfence-le chef oupilhe.c d^ Lambage &Prouince, .e criminel étant à genouil vis à vis de luy , appuyé au vnpetitOratoirede bois> 1« ^P^«''«^^J";"^" ^."^^ l'Autel :écantle tout aiTemblé, vient le Maiftre d Ho- ftel du grand Maiftre, ayar^ fon bafton de grand Mag ftre , accompagné de quelques Cheualiers du Palais & fc prefentant deuant ledit Grand Commandeur, de- mande mftice du Criminel de la part du Grand Mai. ftre , ce fiit il fc retire , lors le Grand Commandeur commande au Vice-CKancelier de lire la rcntence. .a- «ucllc leuèjau vne petite harangue a l aliemb ec,lur i'enormucdu fau qui a caulc la pnuation de l habit au frète; puis s'aàdrciîant au criminel luy demande à haute voix' s'il demande luftice ou milcncordç.,& répondant mifencordc , tous les Seigneurs de i &igard le leuent, hormis le Prcfidem, qui demeure a io" he- «e, & ie retirent dans h Sacnllic , en vn heu à l cfcart %c là le votd le procès de nouueau i ce fait , vont en corps trouuer le Grand Maiftre au Palais , luy font le tJc de la teneur du pioccs. 6c luy deti.andent grâce pour le aiminel.laqutllc il refulc ordinairement pour la première ois , 8c les prie en leur confcienccde bien confulter le procès , Ôc fi befoin eft prendre quelques Aduocats aucc eux, ce qu'ils font fe retiransau même lieu , & dans la Sacriftie , où derechef le procès eft rcueu, tant par lefdits Seigneurs de l'Efgard, que pac les Aduocats qu'on appelle renfort de l'Efgard, & l'ayansbicn confideré retournent derechef au Palais demander grâce au grand Maiftre, laquelle il leur dc- nieencore ordinairement, & les prie derechef dere- uoir encore le procès &ioindre auec eux perfonnes ca- pables pour le bien & meurement confiderer. Se s'ap- pelle cette nouuelleadiondlion de perfonnes renfôrC du renfort de l'Efgard , & font ce qui leur eft com- mandé , Se prenans auec eux autres nouueaux perfoh- nages rcuoyent lepcoccsdu criminel , 6c l'ayansbieri vcra& meurement confiderc, s'en vont cnfemble en corps accompagnez de quantité de Cheualiers , 8c de- mandent pour la dernière fois auec inftance , grâce ail Grand Maiftre , laquelleliî leur odroye, s'en retour- . nent & font fçauoir au Prefident,la volonté du Grand Maiftre, lequel fignifie au criminel la grâce que l'oti luy fait & qu'il fc garde bien à l'aduenir de commet- tre telles fautes, fi pteiudiciables à fon honneur Ôc fcandaleufcs pour l'ordre. Ce faid le Prefident com- mandeau Maiftre Efcnyer de ramener le criminel eii prifon au chafteau , où vom entendrez > dit le Prefident au criminel, comme il flaira au Grand Maifire void traiter. . , , . Que fi pour l'enormitè du crime le Grand Maiftre refulc la giacc, & qu'ildefireque iuftice en foit fsitei le Prefident ayant fçeu fa volonté par le rapport , des Seigneurs de l'Efgard. dit au criminel , puis que vo- ftrc crime eft fi énorme , qu'il ne mérite grâce , nous vous priuons de noftrc focietc, comme vn membre infedl & pourry , ôc dit auflî - toft au Maiftre Efcuyer, maiftre Efcuyer, faites voftre office , ce qu'il répète { par troisfois , à la première defquelles ledit maiftre ! Efcuyer luydcnoue le cordon, à la féconde luy le- I ue le manteau > & à la troifiéme foule le manteau aux: ' pieds. Il y a des criminels, dont les crimes Bien auerez: font fi cxecrablcs'qu ils ne méritent aucune grâce, ori ne laiffe pourtant de procéder à l'encontre d'cux,com- me il eft- dit cy - dcilus, mais leGrand Maiftre s'opi- niaftrantau chaftiment , abandonne le Religieux à là iuftice fccuhere pour le traidler félon fcs démérites , ôc pour ce le maiftre Efcuyer le deliureàlaportede l'E- ôhfe au grand Vicomte ou Preuoft qui l'emmené li Chaftcllenic , où il eft iugé , condamné ôc exécuté 0:- ^rettement. ^ On vfe ptsfque de pareilles cérémonies contre vii àbfciit,qui aura refusé de comparoiftre. Il eft vray qu'on «"y procède que fort tneuirementi &auccdespreuucs tres-euidentes. Mais les punitions h'y font pas telles , que fi l'oncognoift que vcritable- ïîientquèlqu'vn eft repentant de Tes fautes , bn rte vienne à luy pardonner. De forte que le criminel ayant efté long- temps eri priionj& étant cogncu plein de dcfir^d'amender fa vici bn luy Bu grâce , & l'on luy rend fon habit auec cette «ferèiHoniCf r • r ■ i Le grand Maiftre i du le Lieutenant fait Idnfler la tloche^polir l'ailÊrfibîée , bÙ Ib grand Maiftre, les Bail- hfs, & autres étânsàfBs , chacun félon fon rang , le grândMaiftri.ou Licucenafit coiiimandent qu onfafTc venu-iepnionni^;r , qùi eft conduit en babit Seculier par r'Efcuj/ct qtd luy aùoi t ofté !bn habit , & quelque- fois toîueii chemUc, la corde au col.felon la grandeur du crimes 5ï ^yant k's mains liées , il tient vn cierge al- lumé.& tti ca eftat s'agerroïnlle dcuàut le grandMai» ftre,& le fiipplie humblement qu'il luy plaifeluy reit- dte l'habit, ëc le t^itiettrc en rOrdre,& en U côpagnië V FFff 4 896 Difcours des fccres , proteftc de viur* en homme de bien & de ] ne faire iamaischo(c contraire à la rcgle> de laquelle il âfait profcfHon. Lors le grand Maiftre luy repond. Encorequetcs fautes nous ayent autresfois contraints à t'ofter l'ha- bit , fi eft - ce que fur l'efpoir que nous auons de ton amendement , nous te rendons ton habit > te par- donnons ton crime , ôc te remettons en la compagnie de nos frères. Pource fois homme de bien, & fais que par cy. après nous n'ayons fubieéi d'vfer contre toy en toute extrémité, de la rigueur de noftre iu- ftice. Lors le Maiftre Efcuyer luy remet le mânteau auec la pareille cérémonie qu'il le luy auoit oftcaupara- uant: mais étant ainfi rcrhis , il neiouytpas du droift defon ancienneté , ny de fa refidence , fuiuant vne loy faite par le Grand Maiftre de la Sangle. Cela ne fe pratique que bien peu que quelques- vns lè baillent entre les mains du Secrétaire du commurs Thrcfor en cachette, & au retour de Ifcur voyage 1ère- j tirenr. Lorsqu'ils vont en courfe il faut qu'ils faftcnt dé- claration de tous leurs biens comme fi déjà ils s'en dé- poiiiUoient , & appellent cecy d'vn mot propre Dé- propriemcnt, comme qui diroit renoncement de fon . propre. Us baillent le tout feeilc , & fignc au Prieur de TE- | glifc, lur peine de icuner quatre iours .-d'auoir la dif- , ciplineau Chapitre , de perdre par vn an le reucnu qui eft appliqué au profit du thrcfor à coux qui font Corn- anand^urs. \ Le Cheualiers ne portent pas tons les iours le grand manteau de l'Ordre qu'il prennent lors qu'ils font pro- fcffion.ainsil fuffit qu'aux cappcs, & manteaux com- muns la Croix foit coufuè aucofté gauche comme en leurs faques & cottes d'armes, lors qu'ils vont à la ! guerre. Miis il y a des iours aufquels ils font obligez j de les porter, comme la veille de Noël àVefpres,lc ! iourdeNoèi à la McfTe & à Vefpres , le iourdefainâ: lean à la Mcffe , le iour de la Circoncifion à la Mef fe, & pour abréger, aux fcftes principales de noftre Seigneur, & de la facrée Vierge Marie .defaint lean ' Baptifte , & des bienheureux Apoftres, lorsqu'ils doiueni communier, aux Chapitres généraux & af- femblées, &en l'cledion du grand Maiftrcii faut que les Prieurs , Baillifs , & Elîcfteurs portent le grand' manteau , à peine de fubir le iugcmcnt de la quaran- taine. ^ Uy avn Commandeur delà petiteenfermcrie.& le Greffier auec des hommes de bien choifis pour la vi- fitc des malades , & pour les faire pouruoir de toutes chofes necelTaires ; & ceux . cy font ferment d'vfer fi. dcllement delcur charge ôc de ne rien diftribuer aux malades que par l'ordonnance du Médecin. Il y a qua- tre médecins qui feruent chacun vn moisattentme- i ment. C'cft à eux dé faire tous les ans inuentaire de ce qui eft en l'Enfermcric, foit or, ou argent , ou autres meu- bles , ils fignent cet inuentaire, &font iurer àl'enfcr- mier qu'il ne fbuffrira qu'aucun de ces meubles s'éga- re , ôc qu'il nelesemployeraà autre vfage qu'au ferui. ce des.malades : ioint qu'il faut que la boutique de l'Apoticaire foit vifitcc tous les ans , afin que les mala- des neioientofFenfez pat lavieiUelfe , ôc corruption des dropues. o Ily a vn ducil pour porter en terre les Clercs , Ôc Frères , mais font portez par les Cheualiers , ou tout cela eft pour les feculiers qui meurent en la guerre. Il y a des Médecins , & Chirurgiens gagez de l'Or dre, pour les frères, tant Cheualiers , Clercs , que fcr- uans, & s'ils meurent ils font enterrez comme ilap- parucntriucc leur habit j ôc Gtoixblanchc, & il y en de l'Eftat a quatre vêtus de dueil , qui les portent en terre>fans qu'il foit permis à nul autre de porter le ducil.non pas même au trépas du grand Maiftre , fuiuant l'Ordon- nance de Claude de la Sangle. En quoy il a voulu monftret que c'eft vanité de s'at- trifter de la mort dcceuxqu'on tient bien-heureux,ou bien que la pompe du dueil n'cft bien feante à ceux qui font profefEon de pauuretc. L'Enfermerie de cét Ordre fert de franchifc : de forte qu'il n'eft loifibled'cn tirer les criminels qui s'y retirent. Il eft vray qu'on n'en iouyt pas en tout cas, tellement qu'oo regarde fi le fait mérite ou non cette franchi fe. " S'il la merite,on enucye le criminel auec le premier vaifleau qui vient hors de l'ifle fans qu'il luy loitplus permis de retourner dans les pays qui font delà iutif- didtion de l'Ordre : Mais ce priuilegc ne fert de rien aux voleurs, ny à ceux qui gaitent de nuiét le plat pays, ny auxboute-tcux , auxSodomitcs, larrons, nycon- fpirateurs,ny à ceux qui de propos délibéré font mou- iir par poifon , ou autrement vn homme , ny aux do- meftiques des Chcualiets qui commettent quelque crime. Ceux qui frappent , ou blellent quelqu'vn de l'Or- dre ou quel que ce fou de Ces kîges & officiers, ne iouylfentdc ce priuilegc , non plus que ceux qui font endcbxez, ny les faux témoins,&fauflaircs,ny les facri- legcs ,ou ceux qui ont commis le crime dans la même En ferme rie. Pour le regard des Rcceueurs,& Procureurs dés de- ''J niers, il faut qu'ils iurent entre lés mains do Grand Maiftre ou Prieur, ou Baillif Gonuentuel , qu'ils fe- ront leur dcuoir en la Recepte, ôc font tenus tous les ans de porter leurs comptes au Chapitre Ptouincial» ôc les noms de ceux qui ont payé, ou qui doiuenc encore. Afin d'ouyr les comptes, & prendre garde aa thrc- for , ilyenavn qu'on nomme le grand Comman- deur , ôc deux Procureurs choifis d'entre les plusfages de tous les Cheualiers , qui portent chacun vne clef du threfor, pareillement tous les magafins, foient d'ar- mes, foient munitions, ou autres chofes font fous leur garder Mais ce grand Commandeur ne doit bouger du Con^ uent tandis qu'il eft" en charge , non plus que les Pro- cureurs qui l'affiftent & le feruent l'efpace de 2. ans, ne s'en peuuenc aller, ou laiifer tous enfembleleur of- fice , ains aux changemens on y lailTe toujours vn des anciens , afin qu'il yen ayt quelqu'vn qui entende le maniement des affaires. Dauantagc, ils ont vn Confèruateurdu threfor, qui a la charge de diftribuer les deniers fuiuant la volonçc du grand Maiftre &c auec la licence du grand Com- mandeur , ôc ce Conferuateur n'eft qu'vn an en char- ge,&: eft changé au chapitre toutes les années,& choifi de quelque langue que ce foit. Mais cela ne fe prati- que à prelênt. H y a encor huiét Cheualiers, vn de cfiaqué lan- gue, qui font comme Auditeurs des Comptes , Se ont toutes les femamcs vn iour dcftiné pour céc efted. Leur puifiance confifte à rcconnoiftre,& voir com- ment les affaires le manient, & lors qu'ils voycnt quel- que faute où il eft befoin d'vfer de reformation, ils en font le rapport au grand Maiftre , ôc au Confeil ordi- naire. Ccux-cy font en charge z.ans, ôc l'on ne doit faire aucun payement des deniers du threior commur, ians leur affiftance , afin que tant de témoins empcfchent qu'il arriue de la faute en ce msnre/nent. On donne au Conlcruateur vn adiomt appeilé Preu- d'homrae, choifi d'entre les plus cxpcrs de l'Oi drc, Se qui- des Cheualiers de Malte. qoi s>nt«n4e mieux au fait des comptes & rinances,& ceftuy-cy âflîftc à toutes les receptesdu Confcruarcur général, de même qu'à la reddition de fes comptes, Ôc de deux liures qu'il y a de la rcc<»pte. Les Prcud'homrr.es font comme conrroclleurs, Se nefontiaroaisjcs Prcnd'horam«s de la langue ou na- tion de ccUiy qui controollent. LeConferuatciic en tient vn , & ccftuy cy l'autre, y ccriuatit ce qui a efté rcceu, afin qu'on en ait par- fai(5bement cognoilTancc , ceftuy- cy en eH: chargé au- tant de temps qu'il plaill au grand Maiftrc,& au Con- fcil ordinaire. , Or pour le regard du Chapitre gênerai de cet Ordre, ceft au grand Maiftre à l'ordonner , ôck prefcrirelc temps ôc le iour qu'il fe doit tenir. Le ioLir eftant venu Se toas eftans aflemblcz , auant que parler d'aucu«es affaires , on va dés le point du iour àTEglife, où la Méfie eft chantée par Ic Prieur Marefchal , & Commandeurs qui les auoient mis en- tre Içs mains du Grand Mailhe, & le Chapitre picnd fin c^i citie forte. Lots ils s'en vont en pcoceffionà l'Eglifr. Mais il faut remarquer que fi l'vpdes feize Capi- tulans voit qu'il y ait quelque cas on débat qr.ile touche particulicicmenc, il ne doit ertreprcfenc lors qu'on décidera, de mefme qu'il n'eft permis à au- cun deprotcftcr contre eux, oud'appelitr delcurfcn- tencc. Pour leregard des Chapitres Proninciaux, c'eft aux Baillifs , & aux grands Prieurs à les faire tenir tous les ans en leurs Prouirices ,quiîfoni:, France autre qua- rante cinq Commanderies.-Àquitaines ayant (îy. Com- mandeurs eh fon gotjuernemnir , Champagne vingt quatre: Auucrgne 7*7. S. Gilles 5'4. Toloze35. Rome 19. Pile 16. Vénîfc 27. Lonibardie 45-, Barletce &: Ca- poiiezy. Meffiné u. Balïe Allemagne 40 Haute Aile- Conuentuel, & après le grand Maiftre auec toute l'af- ' magne 27. Leon,Caftille 27. Chaftelain d'EmpoTt,-? fcmblée des Croylez,& le Cierge va en procellion au lieu où le Chapitre fe doit tenir,où l'on chante l'Hym- ne du S.Efprit. Cela fait le grand Maiftre , les Baillifs,Prieurs,&au- îres ayans,voix au Chapitre.s'alEcnt félon fon rang,& puis on fait vn fermon , à la fin duquel on fait fortir ceuxquine doiuent pas aflîfter au Chapitre, tel qiie font les Chapelains , & au premier tour on a égard à ceux qui font abfertS:& l'on confidcrc fi leurs excuies que leurs Procureurs allèguent dcuant l'alfcmbléc font légitimes ou autres. Apres cela les Baillifs, Prieurs, & le.Chaftelain qii'ils nomment d'Empofte,& autxes Commandeurs, portent vnebourfe ou il y a cinq pièces d'argent en fignedepriement, &vn roUet autour , qui contient les noms , & la valeur de leurs eftats , ôc offices , ôc pareillement leur aduis fur ce qui eft à faire pour le profit public, & lear cachet y étant mis chacun d'eux va prefcntcr fa ,boutfe félon fon rang au grand Maiftre, enbaifant la main, &:luyfaifant la reuercnce. Cela fait le grand Marefchal de l'Ordre vient à fon rang prcfenter l'étendard delà religion au grand Mai- ftre , & les billets ou rolcts prcfencez font leus par le Vice -Chancelier à haute voix, puis on procède à l'c- flc(5liondcs 16. Capitaines anfquclson doit donner la charge de vuider ce qui doit eftre dcbatu ôc allègue au Chapitre. Ils font efleùs parles langues à part ,& chacune en choifit d'eux , qui fçaucnt bien la langue, Se les affaires Cataloigne 28. Nauarre 27, Portugal 51. Il yen auoit ladis trente- deux, mais les Cheualiers n'en tirent pluâ aucune chofc depuis que la Religion Catholique y eft: éteinte. ' \ En ces Chapitres Prouinciaux , il eft deffendù auxBaillifs, ou Grands Prieurs , denerien faireny dire au defaduantagc d'aucun des Cheualiers , Se de troubler le repos oU le droiâ: d'aucun ds kur Pro- nince. On y procède prefque comme au General quant au^ prières, puis on lit la règle à haute votx,afin^'aduertiE chacun delà garder,& l'on y parle de fcsÔ|bferuateurs, Ou de fcsinfradeurs delà iurifdjétion des Proninces, des Commanderies, &: Commandeurs, des vifites, Se autres affaires qui concernent lé profit des mâifon,s de la Prouince. . Mais pource qu'il eft impofliblè que parmy vne (î grande trouppe , de différentes humeurs , de façons de faire, & de langage.iln'arriue des débats, & des noilèsj ony a auffi fagemetit pourueupour le fait des mge- mens ,veu que pour ne rendre des procez iramortelsi ils ont ordonné qu'on rie mettiroit par écrit les diffe- rens qui arriueroiét entre les frères, voire qu'il n'y au- roit point.d'autres Aduocats ou Procureurs que Içs parties , qui doiuent déduire leur fait de leur propre bouche deuant ceux qui font députez pour cognoiftrë de leurcaufe. Il eft vray qiî'il y a dés matières, comme celle deS debtes , ou les écritures font neceffaires, & 014 il faut des témoins propres pour la preuue .• & il faut que le^ cnouit deux, qui it.ducui.uicwi» .»"5v--> , mw., ,.,iv^^i».a j^^^ui i-pn-uii,. . vvm-v.wvjuivi.wii de leur nation , ôc lors qu'il n'y enade fufnfans en 1 cedules & les depofitions foient couchées par écrit > & quelque autre langue de ceux qui font du corps du Chapitre, ils en prennent d'v ne autre; Ceux - cy prefteht ferment au Grand Maiftre , & à toute l'alTemblée dfc iuger finceremcnt & fans fe laifTcr emporter à leur paffion particulière, tout ce qui fera à l'honnçur , ôc au profit de l'Ordre , ôc le Grand Maiftre, ôe nntres , promettent de tenir pour bon & valable tout ce qu'ils ordonneront. Lors ils entrent en vn lieu fecret i & auec eux le Procureur General du grand Maiftre qui y a voixde- liberatiue: mais il n'y peut définir ny iuger aucune chofe. Us décident là ce qui touche Icsirnpofts furies Commanderies, pour la fubucntion de l'ordre, du gouuernement du Threfor public i de la reformatic)n des mœurs , ôc conftitution des loix, & en commun de tous les affaires qui furuiennent » &qui concer- nent le bien public. Cela fait ils fortent,& en prefencc de tous , tant Chapelains qu'autres on publie par la bouche du Vice - Chancelier les chofes que ceux cy ont aduifées. ôc lors les bourfes font rendues, dfr mefme que 1« féaux &,l'eftcndard aux Baillifs, qiic les luges fe rapportent aux écritures qu'ils v6* yent. Mais afin d'entendre qui font ceuxqu'on com- met pour ces iugemcîis, ielcdeduiray le mieu^ qu'il mé fera poflîblc. LesMaltois ont deux fortes de Confeil i l'ordi- naire, & celuy qu'ils nomment accomply, OU par- fait. - ' . En l'ordinaire afïlftent le gi:and Maiftre , foiiLiéiî-' tenant, s'il yen a, l'Eucfque de Malte, le Prieur de l'E- glife des Croifez, égal àl'Euefque' en Ce qui eft dti rang , &les 8. Baillifs Conuentuels , ou leurs Lieute- nans , les Grands 'Prieurs des Prouinccs qui font aa Conucnt, le grand Tlîreforier ou Conisfiis, ôc leSe- ncfchal du grand Maiftre , mais ce dernier n'a point de voixauiugement; Au iugement accorsiply outré lés fuf nômez il y a 2. Cheualiers de chaque langue, & il faut que le Vice- Châcelicrfoit Eppeilé par tout;mais il n'y a nuls autres quifoient necelîiauement obligez d y affiftcr que les Baillifs Gonuécuels, fans Icfquèts on ne pCUttenirTaf- fembléei & ny ceux-cy, ny aucuns autres, nepciiuenc tenir Cour, fans auoit la pcrmiffion du grand Maiftcc, I Les Ï98 Difcours de l'Eftat Les parties meisRtes, ou qui craignent la faueur de leurs aducrfts parties, pcuuent refufer quelque luge que ce foit, voire le grand Maiftre, en donnant iufte caufe derccufation , fuiuantrordonnancc de Baptifte desVrfins. Il faut que les parties auant qu'aller au Confcil, ail- lent à la Chancellerie donner leur nom par écrit. Se le fuiet pour lequel elles font en proccs,& enrcgiftrez au rooiîe,puis chïcaneftappellé en fon rang & ordre par ic Vice-Chancelier. Et d'autant qu'on iuge diffinitiuenrîent' encct Or- dre,il n'eft aniSpcrcnis qu'autres que ceux qui en font s'entremettent de vuider , & iugcr les caufes de ces Religieux. Il efivray que les Séculiers qui ont affaire auecces Cheualiers , peuuentauoit des Procureurs & Aduocats, pour les dcffcndre où il pourra arriuer quel- que différent , & aux; Chapitres Piouinciaux , & aux affcmblces. ïisontaufE vn bon ordre de halotcr lors qu'il yen a 1. qui prctcnrient vn mcfme office, où l'on a égard à i'ancienncté, finon que ce fut vn de ceux de la grande Croix, veu qu'on le préfère toufiours, & J'on procède au balotement en cette forte. Apres le ferment prcllé par les competiteur$,ûn bà- iote pour ce!uy qui débat pluftoft que pour celuy contre qui l'on intente procès : & le Vice-Chancelier met deux vafes en fesniain5:rvablanc,& l'autre noir, & s'âddrelfe premièrement au grand Maiftre . puis à chacun dss Confeiliiers, félon l'ordre de leur feance, leur offrant ces vafes, hfîn qu'ils nicttent leurs balotes en ccluyque bon leur fenibicra. Car s'ils veulent fauorifer celuy qui amené le pro- cez,ilsîcs mettront dans le blanc, & au contraire dans le noir. Cela fait on compte les balotes publiquement, & le Vice-Chancelier met les blanches parefcrit , & vfe de mefme façon de faire s'il y a deux ou trois compéti- teurs, puis il vient à compter toutes les balotes,& ce- luy qui en a le plus eft fans , aucun contredit appelle à la dignité qu'il a pourfuiuie. Que s'il y a autant de bslotes d'vn coftéque d'au- tre , le plus ancien l'emportera , ou le tout fera re- mis à la difcretion du Confeil , qui eft iuge auflî à tous les auti^es débats où les balotes fe trouuent efgales. Les Chanceliers vfentauffide ce balotement cha- cun en leur langue, lors qu'il eft queftion de grâces, oU de nominations , & cflcdions de Bailliages , Se digni- tcz : pource qu'il n'eft permis de faire gracerc'eft à di- re d'odroyer quelque dignité à quelqu'vn desfreres auant fon rang, fans le confentement de tous les Che- ualiers. Il eft vray qu'il n'eft point permis aux Cheualiers de délibérer en leurs Auberges ou Confeil des langues, d'autre chofe que des poffeflîons , vignes , maifons & autres chofes qui appartiennent à leur langue fans paf- fer plus outre, fans difputer des affaires publiques de la Religion. Ils ont vne Audience publique qui fe tient tous les Vendredis à Malte , où afïSftent ceux qui font du Con- feil ordinaire,& parciilfment les luges des appeaux.ou appellations , Si l'ordinaire, & le Vice - Chancelier, comme auifi le Capitaine de l'Iflede Malte , & encore le iuge de la viU On k:z là rasfoa au:: habicans de l'Ifle , & à tous au- ttes Séculiers, qui fora fuicts des Seigneurs de cette Rfiigioiocu qui ont afEii rc auec eux. VnChcdalier ne peai faire conuenirvn autre par deu.inr auiifc luge que celuy de fon Ordre, pour quel .jUe cau^e eue ce foi: , & quicnriquc fait le contraire p^rd fon dtoi(ît d'ancienn,eié, eli priuc i'cipace de 5. ans ds toute adminiftracion en cét Ordre,perd facaulèjôc ne peut iouyr de ce qu'il pretendoit,bien qu'il l'eû/l obtenu par fentencc. ^ véritablement ils ont raiTon.pource que telles ap- pellations dérogent grandement au dtoiâ: de fouuerai- neté, & s'ils lailfoient paffer par conniuence cesappel- lationsjou fcntences deuant d'autres Iuges,on les pri- ueroit àlalongue de leur ancienne authoritc, comme quelques autres qui n'ont pas bien fçeu conferuer ce qui leur eftoit acquis. Ces Cheualiers ont encor vne autre forme deiuge- ment qu'ils nomment Efgard,qui eft propre pour vui- der bien toft les differensde ceux qui n'ont loifir de s'amufer àdemefler des procez. On choifît vn Cheualier de chaque langue & Au- berge. & l'on en adiouftevn neufieimeà ce nombre de quelque langage qu'il puiffe eftre. Ccftuy-cy eft fait prcfident de l'Efgard parle grand Maiftre , ou par le Marefchal de l'Ordre i lors que les frères font de fa iurifdiâion, & les autres 8. font nom- mez par les huiâ: BailHfs Conuentuels , aufquels l'Ef- cuyer en porte la parole,mais aucc telle condition que les Baillifs des langues n'en peauent nommer d'au- tres que ceux que les parties reçoiuent d'vn accord pour luges* De cet égard on a recours au Renfort d'Efgard,où le nombre des luges eft doublé, & encor au Renfort des Renforts, où l'on en prend 3. de chaque langue auilieii d'vn : fans auoir toutesfois autre Prcfident que celuy qui a efté cileu la première fois. Mais lors que l'affaire ne fe peut vuider de la façon, le grand Maiftre y adiouûe l'Efgard des Baillifs Con- uentuels ,ou de leurs Vis- Baillifs : &s'il aduenoit que le Prefident fut Baillif,il eft demis,& vn autre des plus anciens d'entre les Cheualiers eft mis enfa place, ôc tous n'ont qu'vne voix,, excepte le Prefident qui en a deux. Ce Prefident demande aux parties fi elles ont quel- qu'vn des luges pour fufpeft. Lors chacun deduifant fon fait véritablement on leur fait fommaircment iuftice , fuiuant l'ordre des ba- lotCSi Quant au grafid Maiftre, tous ceux de l'Ordrctant i clercs , que laiz, font tenus de luy prefter toute obeïf- fance , Se nul ne peut paruenir à cette dignité que ce- luy qui eft Cheualier , & par confequent de noble ta- ce,& né de légitime mariage. Mais bien que le grand Maiftre foit chef&fouue- rain de cet Ordre , toutesfois toutes chofes ne luy font permifes, veu qu'eftantefleu &faifantfon voyage (fi par fortune il ne le trouuoità Malte au temps de fon eflc£bi©n),il ne peut prendre plusd'argent que le Con- feil en aura ordonné aux Receueurs qui luy en don- nent , Se s'il en veut dépencer dauantage, il faut qu'il le prenne en fabourfe. Au refte fes Eftats , Dignitez & Commanderics vacquent dés le iour de fon efleâion, & la collation en eft deuè au grand Maiftre, au Con- aent , & à l'aft'emblée : Se mefine il ne peut rien figner, ains il faut que la diftribution de toutes ces chofes paffe par le Confeil, bien qu'il ait fa part de puilfance à les conférer , puis qu'il eft défia grand Maiftre. Quantàladépciiillede fon predecefTeur il en peut feulement prétendre la quantité de bled & de vin qui iuy ferabefoin depuis le iour qu'il aura eftéefleuiuf- ques à la prochaine fefte de Noël, & le refte vient aa Threfor de l'Ordre. Pour le regard de la vaiffcUe d'argent il en aura iuf- ques à la concurrence de 600. marcs , fans paifer plus outre, ôc vne coupe & aiguière d'or s'il y cna. &lc furplus eft mis au Thi efor public. ' On a detout temps deftiné à la Chambre du grand Maiftre vn bon nombre de Co«nmanderics, tellement incorpo- des Chcualiefs de Maîtë. i^covporces à fa dîgniîc (fl'ilcftimpoflîble de les en démembrer} & cela fe fait afin qu'il puiffc plus bonne, ftement entretenir fon train Se fa'fuitte. Maisila pouuoir de les donner pourvn temps à qui bon luy femble des Chcualiers , ou deleur ordon- ner là deffus quelque penfion. Ces Commanderies font celles qui fuiuent. Au grand Prieuré de fainâ: Gilles , la Commande- riedc Pefcnasluy eft affcdce.en celuy deTholoze cel- le dePoyfubran:en celuy d'Auuergnela jCommandc- ric de Salins , en celuy de France celle de Haynaut : en celuy d'Aquitaine la Commanderie du Temple de la Rochelle : au Prieuré de Champagne celle de Metsiau Prieuré de Lombardie d'Iuerny :au Prieuré de Rome la Commanderie de Mugnan ; en celuy deVenife cel- le de Treuife : en celuy de Pife celle de Part: en celuy de Capouë celle de Siciah : en celuy de Barri celle de Brindes : en celuy de iVlcflîne en Sicile celuy de Polizi: en celuy de Cataloigne celle de Mafdcc: en celuy de Nauarre celle de Caizetc.-en la Chaftcllcnicd'Empofte la Commanderie d'Aliaga : au Prieuré de Caftille celle d'Oln^os : en celuy de Portugal celle de la Couë: au grand Prieuré d'Allemagne celle de Buccs: & en Boë- me la Commanderie d'Vvladiflauie. Somme qu'il n'y a grand Prieure en la Chrcfticntc où le grand Maiftte n'ayt quelque pièce. Le grand Maiftreeflitvn Lieutenant tel que bon luy femble,&c'cft luy qui donne permiffion à tous les frè- res jdece qu'ils demandent > veu que commenous auons ia dit j ils renoncent à leur volonté en en- trant dans l'Ordre. Mais il faut remarquer qu'auant qu'vn frère accufe foit'condamné . le grand Maiftrcncluy fçauroit don- net grâce de fon crime ny à ceux qui font priuez de leur habit à perpétuité fans le confentement du Cha- pitre gênerai. Toutesfois il peut changer la peine en vneautre plus légère , mais il faut que les Baillifs l'en ayant prié auparauant. Et cecy fe fait lors qu'vn frère a blefifé l'autre , vèu qucl'anciennetc eftoftce àceluy quia le tort, Ordon- née aux nouueaux venus, qu'ils appellent Frerc Ar- naud, finon que la mort s'enfuiuift» ou quelque muti- lation de membres , veu qu'en ce cas il faut fuiure la ' loy félon fa rigueur. Le grand Maiftre ne peut aiiflî faire aUcùn don fur les droidts.prerogatiues, &: reuenus delamaiftrife, qui puilTe preiudicier à fon fucceffeur, ôc s'il le faut, la chofc de nulle valeur , ne peut demeurer en cette foite. - h Quant auxBaillifs.ils furent iadis inftituez pouraf- fifter au grand Maiftre , comme Confeillers, & Séna- teurs. Ccux-cy s'appellent Prieurs Conuentuels, & ont 899 biécs, où le grand Prieur Ecclefiaftique èft oblige de Ce trouuer. C'cft encore au même à faire Gonfalonnier , où porteur du grand étendard de l'Ordre , celuy qui bon luy femblera, 'mais non toutcsfois fans le Confeil, & confentement du Grand Maiftre, ou de foh Lieute- nant. Mais ny le Marefchal, ny l'Admirai, ny aucuns Baillifs ne'peuuent ofter de leurs offices ceux qu'ils y auront mis, ains cét honneur eft deu au grand Maiftre , & au Confeil ordinaire qui iugeront des crimes pour Icfqucls on les veut démettre de Icuts charges. Les viures font fous la charge du grand Coraman- deur.qui eft auffi, comme nous aoons ia dit, Surinten- dant des finances. Le grand Baillif d'Allemagne auoit iadis charge dti Chafteau S.Pierre, qui fe irouue aflîs où la ville d'Ha: lycarnaiTe étoit autresfoiÉ : cette charge fc perdit \otk que les Turcs prirent Rhodes. Le Marefchal a la charge de la Tour oii l'on met les prifonniers, fans qu'il en puifle toutcsfois dcliurer au- cun que par l,e confentement du Confeil. C'eft à luy aulîi à regarder Ci l'Efcuycr fait fon deuoir , Se à r emC"» dieràles dchauts. Quant à l'Hofpitalierjil a charge de l'Enfermerie.ôd: d y mettre vn Erfcrmier, qui doit cftre de la langue de France, s'il yen a defuffifant, quc/i cela n'eft, il eri choifit des autres à fa volonté : & cét office d'enfer- mier dure feulerhent deux ans: Les Baillifs ont foixante écus de gages feulement toutes les années , lors qu'ils demeurent au Con- uent : mais 4^«-qu'rls en font abfens ils perdent leurs gsges. Quant à leiirs_Lieutenans , ils en ont quarante pour fupporter la charge des Auberges .-lé Prieur de l'Eglife qiiarantc-hui6i & le Thrèforier pa-" reille fomme. LeThreforier ne peut être choifi d'autre langue que de celle de Fiance, il eft mis entre les Baillift Gapituiaires , ayant en fa garde la Bulle ferrée de l'Ordre, fous les féaux du Grand Maiftre , & dcS Baillifs. Il a/Iîfteau Confeil , & à la reddition des comptes,' & eft choifi tant des Cheualiers que des fcruans d'armes & Chappelains. , ^ 1 Il eft vray que fcs gages font plus grands -S'il èlt Cheualier que s'il fetrouuedcmoindre qualité. On y void après le Chanceher qui fait le huitième Baillifqui doit toufiours eftre delà languè d'Efpagnc,' & a fous luy vn Vice - Chancelier , qui fait les depef- ches en fonabfence, & fcelle glatuitement les paten- tes , fauf ledroid que le Senechal du grand Maiftre a fur telles depefches. encore les tiltres de grand Commandeur,duquel nous Tous les Baillifs font delà grand Croix, laquelle auansparlé,deMarefchal,duquei nous auons fait men- |Birtesfois ils ne pcuucn?^ prendre {^^•^^"^^^^"'î^ tion , d'Hofpitalier ancien tiltre du chef de l'Ordrei d' Admirai, qui a la charge de galeries & autres affaires delà marine. Il eft vray que le Marefchal étant eh vne armée il V commande, comme eftant General fur tous IcsChc- ualiers,&: Frères feruans qui portent les armes.Toutes- fckis il n'a pouuoir fur les Baillifs tant Conuentuels, eue Gapituiaires, ny fut les Prieurs, &Chaftelains, qui font confidercz comme compagnons du Grand Maiftre. Il y a encore celuy qu'ils nommo!entDrappier,qui cft celuy des Baillifs que l'on nomme à prefent grand Confcruateur , &auffi celuy qu'ils nommoiént Tur- copolicr, qui fignifie Capitaine decheuaux légers, des le temps delà guerre fainâ:e,& cét office cftoit ptopte ala nation Angloife. G'cft aa Marefchal à faire conmander lesafTem- arriucnt en l'affemblée Conuentuelle de Malte Et puis que nous auons fi fouuent parle des Bail- lifà. il fera fortà propos d'ên faire le dénombrement, qui cft tel. Les BaiUifs de la langue dé Ptouence font legrand Commandeur, le Prieur de fainét Gilles,; le Prieur deThouloufe , le Baillif Capitulaiie deMo- nofqùé. , , /■ 1 è Ceux de la langùe d'Auitergne font le MareE. chàl. îegrandi>rieùv d'Auuergnc, leBâilllf dcLyon,; qu'on nommoît aïîcîchnement le Lureoil. Ceux de la langue de France fônt h grand HofpltaUer, les grands Piiaurs de France. d'Aquitaine, Ôc d« Champa- gne , le Baillif CspitUlaire de laMorée, &lcThreIo- tier gênerai. Ceux de h langue d'Italie font 1 Admi- rai, les grands Prieurs dé Rome , Lombardie, yenile. Pife, Barri, Mcffinc, Cappoue, leBaillif Capiiulaire de fainac Eufçmie , de famâ: Eftienne , pioche de Mo, i ■ ' - - liopou,' 90O nopoli , de laTrinhé , de Venoule, & fainO: lean , de Naplcs. Ceux des langues d'Aragon,CataIoigne, &Nauar- re,font le grand Conferuateur, iadis appelle Drappier, leChaftelaind'Empoftcjles grands Prieurs de Cataloi- gne, &deNaoarre, & le Baillif Capitulaire de Mâ- iorque. Ceux de la langue Angloife cftoient iadis leTurco- polifr, les grands d'Angleterre , & d'Irlande.lc Baillif Capitulaire de l'Aigle. Ceux de la langue de Caftille, Lon, & Portugal font le Chancelier , les grands Prieurs de Caftille , de Léon & de Portugal , & le Baillif Capitulaire de la Bouede. Aurefteles Baillifs Capitulaires , le grand Prieur de l'Eglife de l'Ordre & le Commandeur de Chi- pre , & de Langon . font commis à toutes langues^ au lieu que ccluy de Negrepont n'eft commis qu'aux langues d'Arragon , & de Caftille , dt tous lesfuf- dids font de la grand Croix , & du Confeil ac- comply. Le grand Prieur de l'Eglife de Malte a puiflance fur tous les Chappellains , & autres qui font du corps du Clergé , fans ceux qui feruent â la Chapp elle du grand Maiftrc , i'cntend fur lesChappclains qui ont leur de- meure à Malte,vcu que les autres font fous l'obeylfan- ce des grands Prieurs & Commanderics defqucls ils fe tiennent. * Or pour ce que nous auons affez parle du Grand Maiftrc ,& de fa dignité , grandeur, & puifTancejil eft à propos de dire maintenant quelque chofe de ion efteftion, & de ce que fait celuy qui fe trouue en char- ge lors qu'il fevoid accablé de maladie ; ainfidonc que le grand Maiftre fe fcnt fort malade , il fait cacher en vn lieu fecret les Bulles d'argent , & de fer , & fcel fccrct ,afinque perfonne n'en puifle abulcr, &s'il nele peut faire, quelcSenefchal en prenne la charge : & fi toft qu'il eft mort, il eft obligé de le porter au Confeil ordinaire, où le tout eft rompu > afin que l'on ne s'en puilfeiamais plusferuir. Apres cela l'on fait enterrer le corps le plus hono- rablement qu'il eft polBblc, & toutcsfois fans aucune fuperfluité. Apres qu'il eft entcïré , l'on eflit vn Lieutenant du deffunt , la dignité duquel dure iufques à tant que l'on ayt nommé le Commandeur qu'ils appellent de l'Eledion. Cependant, l'on prend garde aux biens qui fetrou- uent en lamaifon du grand Maiftre decedé, puis on fe prépare pour en eflire vn autre , & l'on affigne vn iour pour rele<^ion. Le iour venu , l'on s'aflemble à l'Eglife où la Méfie ouye> l'on vaau lieu publicoù les altembléesfe tien- nent ordinairement. Le Lieutenant propofe les caufes pour lefquelles l'on eft en ce lieu, & commande que les Cheualiers & autres frères de chaque nation aillent tenir lan- gue chacun à part, &ccux-cy doiuent iurer qu'ils procéderont en toute finctritc à l'efledlion d'vnPre- fident^ & de trois Eflcdleurs du grand Maiftre, fça- voir d'vn Cheualier,d'vn frcre feruant > & d'vn Chap-- pelain. Huidk de ces Frères choifis des langues , vont enco- re faire le ferment pour le choix du Cheualier Prcfi- dent de l'efledbion, & ce dernier eftant elleu , il faut que le Lieutenant fe déporte de fa charge. Ce Prefident del'efleâiGn eftant en fonfiege, les huiét fufnommcz des langues viennent deuantJuy, & prcftcnt ferment de donner les trois Eficitcurs fansfaueur aucune : & il faut que ceux - lâ eflifent ceux aufquels doit toucher i'efleâion du Grand Maiftre. Difcours de l'Eftat Cela fait, iïs entrent au Condaue , & nomment 1^ fecrettement entre eux ces trois Eflcareurs , puis ks nommentàTaflemblée, & foudain fc demettentde leurs charges. Les trois derniers viennent lors prefterle ferment entre les mains du Prefident de l'efleâ:ion,qu'ils nom- meront vn quatrième qui ne fera point de leur lan- gue, & ceftuy-cy eftant receu Us iunentd'cflire de mê- me lecinquicme, & amfi des autres, iufquesàtant qu'ils viennent au nombre de hui6t, &dcceshui6t iufques àfeize, tellement qu'il y ait de chaque langue deux freres> entre lefquels on peut mettre deux Chap- pcllains , & trois feruans d'armes feulement , veu qu'il faut que les autres foient Cheualiers. Ceux-cy eneus,&s ctans confe(rez,& communiez fe vont prefenter dcuant le luge de rEfleâ:ion,où la te- fte nuëi& les genoux à terre , ils iurentl'vn après l'au- tre à haute voix, qu'ils efliront legitimement,& fuiuât les anciens ftatuts de leur Ordre , vn chef, & Prince homme de bien,& profitable à la Religion. Apres ce ferment fait, le Commandeur de l'elle- âion, & tous les afliftans iurent aufl[î qu'ils tien dront pour ferme & ftablc ce que ceux - cy feront ptiurce regard , & d'obcyr au grand Maiftre qui fera eflcu par eux. Or étans ainfi entrez au Conclaue ils commencent à dire librement leur aduis'furlavie ,& les mœurs de ceux qu'on propofe , & pour lefquels quclques-vns parlent. Apres qu'ils ont diligemment épluché la vie de cha- cun des anciens, ils mettent des balotes dans des vafesi & ainfi le plus de voix l'emporte. De forte que le Commandeur de l'efleftionn'ofe- roit en nommer vn autre que celuy qui fera choifi par ces fcizc Eflcdleurs , à caufe du ferment qu'ils ont Cette eflcdion finie , ils viennent dcuant le Prefi- dent de l'airembléc, demandant j.fois à tous s'ils trou- ueront bonne leur ordonnance,& s'ils laratifieront,& chacun ayant dit ouy , les i6. en eflifent 3. fçauoir vn Chcualicr.vn Prefidcnt,& vn Clerc. Le Grand Maiftre, qui eftant prcfent, eft conduit au grand Autcl , pour y faire ferment de garder les droids de la religion , de maintenir fes priuileges , & de ne rien faire lans le confentement du Confeil : & s'il eft ablcnt , l'on entre encore en Chapitre pour eflire vn Lieutenant iufquesà fa venue au lieu, que s'il eft prefcnt , il choifit vn Lieutenant à fa vo- lonté. Durant le temps de l'efleâion , il n'eft permis à aucun Cheualier de porter les armes au lieu oii elle fe faidt, veu qu'il perdroit le droid de fon balotage, & fi quclqu'vn en formoit plaïfttc. on luy ofteroit l'huit. Quantaux Baillifs , & Prieurs Conucntuels , l'e- fleétion s'en faidl deuant le grand Maiftre , qui en dif- pofe , ayant aucc luy le Confeil ordinaire, ce qui eft auffi obferué en Tcfledion du Prieur de l'Eglife de Malte. LesCroifcz de Malte ont ordinairement vn Procu- reur, ou Agent en Cour de Rome, qui eft créé aux Chapitres généraux, & bien fouuent le grand Marftrc, ôc le Confeil le peut ca(Icr,& en mettrevn autre en fi place pour certaines raifons ;& félon qu'ils font co- gnoiftre foninfufiifancc. C'eft luy qui doit deftendre les graces,priuileges, & libertez del'Ordre, & tenir la main aux odroits de na- tion & prouifion accordées , tant par legrandMaiftre que par le Conucnt , 6c c'eft encore luy qui doit s'op- pofer à ceux d'entre les Frères qui vfent de rebellion,& de dcfobcïflance, & les doit tancer, 3c pourfiiiure auec toute rigueur , 6c donner aduis au grand Maiftre des a fa ires des Chcuaîièh cîe Malré. ^6î affaires qui tpuçhejnt la Religion, fans qu'il puilfe pré- tendre autre chofc que les gages ordinaires qu'il a du threfor. Somme il n'y â office qui nefoit eleétif en cet Or- dre,de forte qu'eftant qwcftion de la guerre , & d'eflirc vn General par terre , il le faut prendre de la langue d'Auuergne , s'il y ena quclqu'vn'qui foit capable , & digne de cette charge : 6c s'il faut auoir vn Chef pour Ia.iner,ils le prennent de la langue d'Italie. Et lors qu'il n'y en a point de fuffifans.onen prend d'aiileurslfans preiudiceioutesfôis delalangucny de fofi ancienneté. Pour le regard des Commanderies , il n'eft permis à aucun Cheualier d'en tenir deux à la fois, nyaux grands Prieurs , ou Chaftelains d'en auoir ailleurs qu'en leur Prouince. Il eft vray que les Prieuis, ou Baillifs légitimement pourucus peu^j^nt auoir les chambres magiftralcsqui leur font accordées , ôc les Commanderies qu'ils au- ronjt oftées aux feculicrs, qui les vfurpoient , ou celles dont la iouylTance leur arriue dedroidtparlapriua- cion de quelque frère criminel de leur Prouince. Celuy qui auani que prendre l'habit, ayant efté ma- rié ; aura des enfans , ne peut auoirniny obtenir aucu- neCommandetie tandis quHls viuent, demefmeque ne peut auoir vne Commanderie de grâce, ou de Ca- "biment, c'eftàdire, venant félon l'ordre de fon an- cienneté , s'il n'a feruy cinq ans pour le moins de- puis là prife de l'habic , Ôc mefme il ne peut louyr d'aucune penfion ou d'aucun membre, s'il n'a feruy trois ans. Pour conclufion, on ne peut iouyr d'vneCom- mandcitefoit de graccd'ordre.ou melioration, fi l'on n'a efté au Cônuent,& fi l'on n'a eu fon ancienncté,ou expeftatiue : & il faut que les lettres de ces expeétati- ues foient Icuées dans l'année de r fans encourir la peine des pariures , & IcsJCheualiers ne peuuent aller en courfe , que du confcntement du grand Maiftre , Se auecla pcrmifïïon du Conieil ordinaire. Ec même il fautauant ce congé qu'ils ayent fait 5. ans de fcruice.Ôc qu'ils iurent de ne faire aucun dom- mage aux terres Ôc havres des Chreftiens : ôc tandis qu'ils font en courfe ils iouyirentdu droidde leur ancicnnetéicommc s'ils étoienc à Malte. Iln'cft permis qu'au grand Maiftre, &auConfcil Ordinaire de donner desfauf-conduitsauxCorfaires,& même il faut que ce foit pour vne extrême necelfité, non plus qu'aux fugitifs > & aux marchands qui font banqueroute. Il n'y a aufli que le grand Maiftre» & le Confeil ac- comply qui puiflè faire tréixjou accord auec les Turcs, ic les Mores, & autres infidelles:& il cft deffendu à vn chacun de tiret l'artillerie, les poudres,& autres muni- tions hors de riflf,& des maifons de l'Ordre.fauf que le grand Maiftre , & le Confeil y peuuent pousuoir fe- ?on que la necefiuc le requiert. lleft defFcndu auxCheualiers, & fcruans d'armes de femefler des guerres qui font entre les Chreftiens, ny d'y prefter ferment, & reccuoir folde, fi ce n'eftque le Prince du pays leur en fit exprès commandement, veu qu'ils feront alors difpenfez ; mais ils iront fans porter les cnfcignes de l'Ordre, fi ce n'cft pour la dcf- firnce de la religion. Il y a punition pour ceux qui ne portent la croix «ou fuè à leurs manteaux. Les querelles leur font defFenduës aux Auberges;& lîquelqucs-vnsy vfent de voyc dufaiét il y a des pei- nes cftablics félon le cas , & fuiuant les loix de l'Ordre. Mais pource que nous auons parlé de la peint qu'on dpnne aux frères en leur oftant l'habit, i'eftime que ie dois encore dire au Lcdteur les fuiets pour iefquels on l'eurfait cette honte. Ils reçoiuent donc cette infamie s'ils font accufcz, atteints, & conuaincus d'hcicfie, fodomie,larcin,vole- rie, ou de s'eftre retirez près des infidelics , s'ils ont abandonné l'étendart de l'Ordw déployé en la guerre . contre les ennemis de laFoy , fi quelqu'vn s'enfuit de la bataille,' & lailTc fesconnpagnons ,s'il rend quelque forterelfc aux ennemis , mais on procède en cecy auec vne inquifition fort diligente, afin de ne condamner pas vn homme fans ouyr fes iuftifications. Les faux témoins , les fauffaires qui falfifient les let- tres de la Religion, &ceux qui fe pariurent, &^qui s'a- niufent àpillcrétansàla guerre, en doiucnteftre pri- -Uczpour vnan. Ceux qui accufent les autres de ces crimes , & ne peuuent prouuer que leuraccufationeft véritable font ^ fuiets à receuoit la hon^de la perte de l'habit qu'ils pourchaftoient aux autres. Les concubinages,& toutes fortes de débordemens» ont leurs deftcnces particulières dans les règles de cet Ordre:& pour conclure on ne peut rien voir de mieux police, & fi toutes chofes n'y vont comme il faut, ce n'eft pas le defFaut de l'inftitution & du règlement qui en eft caufe, mais celuy des efprits qui ne font pas difpofez à bien faire. Religi ion. C^N (çait aflez que les Chcualicrs de cette Ifle /font les boulcuards delà Religion Catholique contre les infidclles. Ilyavn Euefqije en l'Ifle de Malte , qui eft fous l'Archeucfque de Palerme en Si- cile. Au refte, les frères de cét Ordre font obligez par ancienne couftumc , & par leur profefEon de dite I tous l«siours,ouà vnefoij.ouidiuerfesheures ifô. Patenoftres , aa lieu des heures qu'on nomme Cano- niales. Mais lesPrcftrcs, Diacres, ou autres du Clergé font tenus dedireleferuicc tous les iours fuiuant l'ordre & la couftumc de l'Eglifc de Hierufaleœ. Tous font obligez de ieûner le Carefme entier , de- puis le lourdes Cendres iufques à Pafqucs, aux Roga- tions, àlaS.Marc.à la Pentecôte, aux quatre- temps,les vigiles des Apoftres , & de S. lean Baptifte, de S. Lau- rens, de l'Aifomption , Nariuilé , Conception, Puri- fication, & Annonciatio« deNoftre Dame , de la feftcdetouslcs Sainds, & delaNatiuitc de noftre Seigneur.' . , - Ils font pareillement obligez de^communier à Noël, à Pafque.à laPentecofte, Et lors qu'ils vont en courfe il faut aufli qu'ils fe confeftcnt , & ils ne fe peuuent confcflér qu'à leurs Pteftres, finjon qu'ils n'en cuftenc point vcu, lors auccU Permiffion du Prieur, ou fouf- Piieur.en l'abfence du chef, ils peuuent en telle necef- fité fe confcflèf à vn autre. Lei Cheuahfrs font tenus,ctans au Conu£nt,d'affi- ftcraux diuins fèruices &procellîons chacun en fon rang & félon fon «nciennetc, fans qu'aucun foit fi har- dy des'aiîeoir en la place des Prieurs, ou Baillifs Con- ncncuels, 1^ de leurs Lieutenans, afin de garder l'hon- neur qui cft deuaux Ecdcfiaftiqucs. On di t po ur chaque frère dccedé 5o.Mcfrcs,à la pre- mière delqiielles tous les frères qui y affiftcnt vont offrit vn cierge, &vn denier qui doiteftre diftribué auxpauurcs. Les Pteftres doiuent au dcffunt chacun vne Meftè, les Diacres , & Soufdiacrcs vn Pfcautier, & les fetuans l'office des Morts,ou cent cinquante Patenoftres. 11 eft ordonné qu'il y aura vn homme doftcgagc pour irJtruirc les ieunes Clercs: , & leur enfeigncr les lettres LatineS;& vn autre pour leur apprendre à chan- ter, & que nul ne fera reccu Sbufdiacrequi h'aitdix- huidtans, ny Diacre fans en auoir vingt - deux, ny Preftrefans être aagé de vingt- fix, & de plus il faut que ^ousayenc i3U% profcÛlon de leur Ordre. ESTAT DES GRANDS MAISTRES de Malte qui ont gouuerné iujques à prepnt, L'Ordre & milice de S. lean de Hierufalem a eu fa naiftance & première origine en la Cité fainftc de lerufalcm , &a palTé en icelle les premières années de fon enfance, & vne grande partie de fon adolefcen- ce. Lorsque les Sarrazins croient maiftres de lafain- te Cite &du pays d'alentour, le Temple du fain laquelle âpre* vn lon^ fiege de trois ans. fut reprife par les Chrettiés (urlcs infidclles , le douzième de luillct mil cent no- uante vn ,& en cette ville l^les Gheualicrs deS.Iean ' fi rent leur refidence «Se demciue ordinaire , & lamef- me année les Chrcftiens obtindrent vue fignaléc vi- doire contre les Barbares , &SalaclmlÉiu chef, où ils, furent grandement aydez pat les Cheualiers Hofpita- licrs & Templiers. L'année {'uiuanteen Hyuer.qui fut l'an 1192. mourut ie grand Mailtre d'Apsen la ville de Ptolemaidci &làmcfmçfut clleu grand Maiftrc.en fonheu. ii.Frcrc Gcofroy de DailTon : De Ton tcm^sll y eut trêve pour cinq ans entre les Chreftiens qui étoicnt en la terre Sainte &c Saladin qui fut caulèque pluficurs Seigneurs 8c Gentils -hommes dejdiuerfes nations qui s'eftoient croiftz & auoient acquis de grands biens & poncflïons. s'en retournèrent en leurs pays , ôc donnèrent leurs biens àla Religion defaint lean.'cequi augmenta grandement leur rcuenu , ôc après le deceds de Henry Comte de Champagne, les HofpitaliersSi: Templiers dcmeurerent^gouuerneuts ôc adminiftraieurs du Royaume dcHieruùlcm , quoy que ce (oit > de la petite partie d'iceluy qui eftoit reftée aux Chreftiens, lefquels efleurent Amaury de Lufignan , quiauoitfuccedé au Royaume de Chy. pre, Roy deHierufalem, auec le confentement du Patriarche, des Prélats & Barons du Royaume en l'an mille cent quatre vingtquatorze.& peu après mourut legrand Maiftrc dcDuiiron, & luyiucceda parcfle- âion. it. Frère Alphonfe de Portugal , Cheualier de l'Ordre de faindlean , llTu delamaifon des Roys de Portugal , mais il n'eft encore certain de quel Roy il eftoit fils : il a faiâ des ftatuts fort dignes & loiiables, dont aucuns encoie à prefent font gardez inuiolable- inent en la Religion , & parce qu'il eftoit de grand courage & trop rude & feuere, il encourut la haine de la plus grande particdes Cheualters , Hofpitaliers, qui fut caufe qu'il renonça au Magiftere, & s'embar- qua pour s'en retourner en Portugal au mefmean de fon ciledion qui fut en mille cent quatre vingt qua- torze , & y mourut l'an 1207. le premier, iour de Mars. 15, Aumefme anqu'Alfonce renonça àla grande Mailtrife, fçauoirl'an mille cent quatre vingt quator- ze , Geoffroy le Rat qui eftoit grand Prieur de Fran- ce , fut cflcu grand Maiftre, & mourut Saladin , au- quel fucceda Ion fils Noradin > Seigneur d'Alep: De fon temps Simon Comte de Montfoct fut cnuoyc par le Roy Philippe Augufte auec vncarmce en Sy- rie» ou trouuant bien du defordre, ilfit.tré\'e pour dix ans auec les infidelles l'an mille quatre cent vingt dix-huiâ:, & pendant cet eftat tranquille, il y eut vn grand différent entre les Hofpitaliers & Tem- pliers, fonde fur ce que les Hofpitaliers fe plaignoient que les Templiers auoient entrepris fur leur iurifdi- âion, & i'auoient mcfprirée & violée lequel différent aptes pluficurs rencontres & furieufes efcarmouchcs, fucappairé& accordé par l'entremife du Roy Amaury, des Patriarches d'Antioche & deHierufalem, & d'au- tres Pances Se Prélats Chreftiens qui les firent com- pro.iiCttre de leur différent en la pcrfonne du Pape In- nocent m. Ce qui fut caufe d'vn grand bien : cat aprss Dieu, l'vniqueefperancc & fouftien des affaires de la terre Sainéte, dependoic de l'amiiié & concorde deccsdeux Ordres & Religions mriitaires, & mef- mes le Roy Amaury de Lulïgnan pria le mefmc Pa- pe de le recommander au grand Maiftre & Cheualiers dcfain6tiean , &lcar lailfa legouuernemcnt de fon Royaume de Chypre l'an mille deux cent cinq, mou- rut le RoyAmaliry, & pareillement la Roync liai eU le, laquelle infiitua Ton hericiere fa fille Marie qi^'cl- le auoit eue de ConrsddeMontfcirat, &luy lailFa pour tuteurs los Hofpitaliers & Templiers , l'an mille deux cent foixantc , palfa de cette vie en l'autre le grand Maiftre le Rat , 6c luy fuc- céda. 14, Frère Gueriil de Montagudela langue d'Au- uergne, lequel auec les Cheualiers de fon ordre fe- counttLiuon Roy d'Arménie, contre les Turcs Ôc Barbares qui s'eftoient iettez en fon Royaume, & pour recompenfe il leur donna la ville deSalef auec lesChafteaux de Camard «Se de Chafteau - neuf , & leurs dépendances , ôc fe recommanda , cnfemblc fon héritier & fon Royaume aux Cheualiers de l'Ho- fpital fainâ: lean, ôc ce don fut confirmé par lePa- pc le cinquième d'Apuft l'an treizième du Ponti- ficat d'Innocent 111- qui renient à l'an de faluC mille deux cent neuf, lors que lean de Brienne ôc Marie fa femme , ôc héritière du Royaume furent couronnez Roys deHierufalem : le mefme Papecotï- firma auflî les ftatuts & pi iuileges de l'Ordre des Ho- fpitaliers, & les amplifia, il dcccda l'an mille deux centfeize > peu de temps aprcs'le Concile General dcLatran , & le Pape Honorius H I. luyayanifuc- ccdé iladucrticlcs Hofpitaliers de fon cfledion , ôc le Roy de Hongrie, & l'Archiduc d'Auftriche s'ctans croifezàfa perfuafion , furent par luy recommandez au Grand Maiftre Gucrin & aux Cheualiers de faind lean . pour les conduire & affifter au recouuremenc de la terre Saindte: & defaid André Roy de Hon- grie logea en leur Palais, & les pria de les receuoir au nombre dés Confrères de leur Religion, & leur donna cinq cents marcs d'argent de rente , qu'il leur affigna fur le reuenu des falines de fon Royau- me, & le don eft datte de l'an mille deux centdix- fept. L'an mille deux cents vingt- deux legrand Mai- ftre Guerin appaifa vne grande d'fcorde qui s'eftoic mené entre la Reyne de Chypre , Ifabelle , & le Roy Henry fon fils, &les Seigneurs & Barons du Royau- me d'vne part :& les Archeuefqucs, Eucfques, Pré- lats, & le Clergé de ce Royaume - là d'autre , pour raifons de leurs décimes & poffcfîîons , &: puis après il vint à Rome au maniiement du Pape ■■, & cftanC retourné en la terre Sainde , il fut ptiué auec les Che- ualiers de fon Ordre d'accepter fous laprotcdion dti faindSiege, ladcfîcnfe du Roy , le g^îuuerrîemcnc du Royaumede Chypre .-finalement en l'an miidcuJC cents trente , le grand Maiftre Guerin mourut en la ville de Ptolemaide , lequel fut pour fa prudence grande valeur beaucoup chery ôc eftimc des Princes Chreftiens , & grandement regrette des Cheua- liers Religieux de fon Ordre, qui efleurent cnfonlieut frère Bertrand de Texy ^ duquel le pourtraid ne fe' trouue. Diuant la grande Maiftrifc d'iceluy, toutes les affai- res des Chreftiens en la terre Sainde dependoichc totalem.ent de la Religion des Hofpitaliers & de cel- le des Templiers , leiqueis combien qu'ils cufTenc des différents & querelles enti'eux , touccsfôis ils eftoient bien d'accord de ce qui concernoit lé bieri ôc aduancemcnt des Chreftiens contre les Infi- dcllesi -, L'Empereur Fcderici I. eftant réconcilie auec lé Pape Grégoire iX. il le fupplia d'interpofer fon authotitc vers le grand Maiftre Bertrand & les Ho- fpitaliers, à ce qu'ils priffcnt ia protedion de fes affaires en Syrie, ce que le Pape luy accorda, & én rc- criuit en fa faueur au grand Maiftre le luillctTan 1 GGgg 5 ^ Difcours de l'Eftat 906 Eji ce temps viuoit S.HuguésCheualier de cet Or- dre,& commandeur de Genncs.qui fut canonisé par le mefme Pape Grégoire IX. L'anj240.frere Bertrand roourat en la ville de Pto- lemaide > peu aptes l'arriuce de Richard Comte de Cornouaillc frère de Henry Roy d'Angleterre en la Palcftine,aucc vne armée de 400oo.hommes, &luy fucceda parefleâion. i;. Frcre Guerin duquel l'on nefçaitle fiirnom, donna au Comte de Cotnoiiaille vnc petite par- tic du Sang très - précieux de noftre Seigneur le fus- Chrift , qui eftoit gardé en Hierufalcm par le Mai- ftrej'de l'Hofpital de faint Ican , qu'il apporta en An- gleterre. L'an 1241. palTa de cette vicie bien - heureux frère G«rard Meccari, frcrefcruantderOrdredcS.Iean na- tif de Villcmagne , qui eft vn Village proche de quatre % cinq milles de Florence , lequel ayant pris l'habit du tiers ordre de S. François, vécut fi religieufcmcnt qu'il efloit réputé vn autre S.Hilation. Le grand Maiftre Guerin combattant valeureufe- ment contrôles Corafœins InfidelleSjfot retenu captif &prifonnier} & enuoyéau Souldan d'Egypte» où il mourut l'an 1244. & en fa place les Cheualiet J de S. leaneflcurenien la ville de Ptolemaide pour grand Maiftre 16. Frcre Bertrand de Comps , du temps du Pape In. noccnt I V". qui conuoqua vn Concile gênerai à Lyon l'an iz4j-.& du Roy S. Louys, lequel grand Maiftre Ce crouuaen vnc furieufe bataille 5 qui fut donnée con- tre les Turcomans , qui faccageoient le pays d'alcn- to"r Antiochcau mois d'Aouftmil deux cens qua- rante huift , où ayant rcceu des blellures mortelles il finit fesiourscn la ville de Ptolemaide , & fut efleu grand Maiftre le vingt- quatricfroe du mefme mois d'Aouft. 17. Frère Pierre de Villcbrid*. De fon tem ps le Roy S. Louys fe croila contre les infîdeUcs j aucc piufieurs Princes & Prélats de France,& vintafficger Dainiecte, où il fut afljfté des Cheualiers HofpitElieis & Tt-m- pliers, & la ville fut bien toft rendue au Roy S.Louys l'an I2JO. leSouldan d'Egypte donuavne bscaille aux Chrcftiésjoù le Roy S. Louys fut fait prii'onnier auec fcs frères Charles & Alplionfe , & le R.oy de Chypre, comme aulïï furent les grands Maiftres des Hofpita- liers & Templiers , aucc la plus grande partie de leurs Cheualiers , laquelle prife fut caufe d*vn accord qui fe fift entre le Roy S.Louys & le Souldan,& les Hofpita- liers prcfterent de l'argent à faint Louys pour païcrfa rançon. L'ani2 5i. le grand Maiftre de Villebride mou- rut en la ville de Ptolemaide, & luy fucceda par cfle- dion. 18. Frère Guillaume de Chafteau - neuf ou de Ca- flclno, de la langue d'Auuergne, lequel fut grand ob- feruateur de la luftice, fous le Pontificat du Pape Ale- xandre I V. qui donna aux Hofpitaliers le Chafteau & terroir deBethanie en l'an iijC. De fon temps les Chreftiens de la terre Sain6be perdirent toute l'efpç- rancc qu'ils auoicnt d'eftre fccourus par les Princes de l'Europe. L'an i26o.le grand Maiftre de Caftelno mourut, & les Hoipicsliers efleurcnt en fon lieu 19: Frcre Hugues Reucile , ou Reuel , du temps du- quel le Pape Vibain IV.dônaaux Cheualiers de S.Iean IcmontdeTabor , l'an iz6i. & l'an i2éi. ils achetè- rent IcChafteau d'Aftur , & Ici deux années fuiuantes ilsprindvent furies Sarrazins vn chafteau nnrnméLi- hon & dchrent & taillèrent en pièces deux Emus ou Capitaines ik Colonneis des Sarrazins , qui fgt caufe que le Souldan d'Egypte fe délibéra de ruiner les Hof- pualiets : & de fait l'an 1z65.1l pnnc de force fur eux le chafteau d'Aftur, à la^prifc duqôel il y eut de tuez iufquesau nombre dç 5)o.Cheualicrs de S.Iean, Ccqui abbaifla fort la Religion de S. Jean , & l'an 1157. Hofpitalieij & Templiers furent alTaillis & rompus en bataille par Us Sarrazins près de la ville de Ptole- maide, qui gafterent & faces gèrent tout le pays d'alen- tour,& l'an IZ70, les Hofpitaliers perdirent le chafteau de Crac , qui fut pris d'aflaut par le Souldan, & tous les Cheualiers qui eftoient dedans furent mis au El de l'efpce. On tient que legrand Maiftre Reucl affifta le Roy S.Louys au voyage de Thunis>où ledit Roy mourut de fièvre; & enfin l'an 1Z78. legrand Maiftre Reuel finit l'es iours, ayant tenu cinq Chapitres ou aftcmblées de la Religion de S. lesn , où furent faits plufieurs beaux ftatuts pour le gouuctnement & refotmation de la Religion. zo. Apres fon deceds fut efleu grand Maiftre de rOfdre frère Nicolas Lorgne, lequel pour ne céder en rien k fon prcdécelîeur , fçachant qu'il n'y auoit rien qui apporta pîuftoft la ruine aux Republiques & Communautez que la diicorde & dilTenfion , il mifl: telle peine de reconcilier les Holpitaliers auec les Templiers qu'il les mift d'accord & rendit bons amis. En l'an i z8i. les Cheualiers de fainâ: Jean ob- tindrcnt yneii^nsiée vicboire contre les Sarrazins qui eftoient venus aiïïeger le chafteau de Margâtleur principale forterclTe , cela donna occafion au Soul- dan d'alîicscr cette forterefte ; ce qu'il fii l'an mil- le deux cents hnidbante cinq laquelle fut valeureu- fcmcnt delFenduè parles Hofpitaliers, & enfin quit- tée par compoficion par les Cheualiers qui fe re- tirèrent Icsenfeignes defployées'cn la ville de Ptole- maide. L'an mille deux cent quatre vingt huidi le grand Maiftre Lorgue dcccda de regret qu'il auoit de voir les afraiics des Chreft.ens en la terre Sainte aller toû- jours en décadence, & de mal en pis, fansypouuoir apporter du remède. 21. A'i meCme an fut efleu grand Maiftre frerc lean de Villicrs de la langue de France. De fon icînpsla ville deTripolifut prifcfurles Chreftiens par les îiifi.^eHJcs, comme auffi les villes de Sidonia & n:iruc en l'an mille deux cent quatre vingt neuf» -Icf.^ueUe'i furent pillées , ruinées ôc bruflées, & la vilic de Tyr fut réduite fous la main du Souldaa, auec lequel les Chreftiens de la ville de Ptolemai- de firent trefve , & cependant le grand Maiftre vint à Brindifi auec le grand Maiftre des Teip- pliers pour foUicitcr les Princes Chreftiens de fc croifer. En l'an mille deux cent quatre vingt vnzc , le Souldan vint affiegerla ville de Ptolemaide , qui fui vertueufcroent deftcnduepar les Cheualiers de l'Hof- pital Se du Temple, qui firent plufieurs forcits fur les afllcgcans , mefme legrand Maiftre de Villierî, ayant efté blcilé fouftint long - tcraps la {charge des Barbares infidclies , & les Cheualiers le bar- ricadèrent en vn quartier de la ville , laquelle enfin fut furprife le Vendredy dix-huiétieilnc May audit an , mille deux cent quatre viogt vnze , & aucc cette perte furent les Chreftiens chaifez de la terre Sain- de cent quatre vingt vnze ans dix mois trois iours après que Godefroy de Bouillon l'eut conquifc. Le grand Maiftre auec le rcftcde fcs Cheualiers fe fauua par mer dans l'ille^dc Chypre , où ils furent bien rc- cens par le Roy de l'iflt , qui leur afîigna &auxTcm- plicrs la ville de Limoiion , qui cft vu port de mer pour s'y habituer, où le grand MsUtrc dcViliieis af- lembla deux Chapitres généraux , i'vn en l'année mil- le deux cent quatre vinjjt douze en Décembre . des Cheualiers de Maltd. ment de la terre Sainfte, 8c firent de giandes proiief- fes au Sirge delà ville de Ptolemaidc > Lqtielle après vn long fiege de trois ans/iit rcprilè par les Clireltiés l'ur les infidelles , le douzième de luillct mil cent Jio- nante vn , & en cette ville- là les £heiiâliers de S.Iean firent leur refidence & demeure ordinaire , & lamef- ine année les Chrcftiens obtindrenc vne fignalcc vi- âoire contre les Barbares . & Saladin leur chef, où ils. furent grandement aydez par les Cheualiers Hofpita- liers&Tcmpli'îrs. L'année fuiuante en Hyucr.qui fut l'an 1192. mourut le grand Maiftre d'Apsen la ville de Ptolemaide> xnefmefut efleu grand Maiftre.en Ton lieu. 1 1. Frère Geofroy de DuilTon : De Ton tem-ps il y eut trêve pour cinq ans entrç les Chrcftiens qui étoienten la terre Sainte &: Saladin qui fut caufcque plufieurs Seigneurs ôc Gentils -hommes deîdiuerfes nations, qui s'cftoient croifcz & auoient acquis de grands biens &po(Teffions, s'en retournèrent en leurs pays , & donnèrent leurs biens àla Religion de faint Ican:cequi augmenta grandement leur reuenu , & après le'deceds de Henry Comte de Champagne» les Horpitaliers& Templiers demeurerent^gouuerneurs ôc adminiftrateurs du Royaume deHierufalcm, quoy que ce foit , de la petite partie d'iceluy qui eftoit rcftée aux Chreftiens , lefquels efleurent Amaury de Lufignan , quiau oitCuccedé au Royaume de Chy- pre , Roy deHierufalcm, auec le confentement du Patriarche, des Prélats & Barons du Royaume en l'an mille cent quatre vingt quatorze;& peu après mourut legrand Maiftre deDuiffon, & luy fucceda par efle- 6lion. 11. Frète Alphonfe de Portugal , Cheualier de l'Ordre de faindlean , llTu delamaifon des Roys de Portugal» mais il n'eft encore certain de quel Roy il eftoit fils: il a faiâ: des ftatuts fort dignes & louables, dont aucuns encore à prelênt font gardez inuiolabls- ment en la Religion , & parce qu'il eftoit de grand courage & trop rude & feuere, il encourut la haine de la plus grande partiedes Cheualiers , Hofpitaliers, qui fut caufe qu'il renonça au Magiftere, &s'embar- Quapour s'en.recourner en Portugal au mefmean de fon cfiedbion qui fut en mille cent quatre vingt qua- torze , & y mourut l'an 1207. le premier iour de Mars. 13, Aumefmc an qu'Alfonce renonça à la grande Maiftrife , fçauoir l'an mille cent qiwtre vingt quator- ze , Geoffroy le Rat qui eftoit grand Prieur de Frani ce , fut eflcu grand Maiftre, & mourut Saladin , au- quel fucceda fon fils Noradin , Seigneur d'Alep: De fon temps Simon Comte de Montfort fut enuoyc par le Roy Philippe Auguftc auec vnearmce en Sy- rie, où trouuant bien du defordrCi ilfit,tré^e pour dix ans auec les infidelles l'an mille quatre cent vingt dix- huiârj & pendant cet eftat tranquille, il y eut vn grand différent entre les Hofpitaliers & Tem- pliers, fonde fur ce que les Hofpitaliers fe plaignoient que les Templiers auoient entrepris fur lelir iurifdi- âion, & l'auoient naefprifée & violée lequel différent aprcsplufieurs rencontres & furienfes efcara;iouchcs, futappaifé& accordé par l'entremife du Roy Amaury, des Patriarches d'Antioche & de Hierufalem, & d'au- tres Princes & Prélats Chreftiens qui les firent com- promettre de leur différent en la pcrfonne du Pape In- nocent m. Ce qui fin caufe d'vn grand bien : car après Dieu, l'vniqucefperance & fouftien des affaires de la terre Sainéte, dependoit de l'amiiié & concorde decesdeux Ordres & Religions militaires. & mef- mes le Roy Amaury de Liifignan pria le mefme Pa- pe dele recommander au grand Maiftre ôc Cheualiers de faioâ; lean , & leur laiifa le gouuernement de fon 90J Royaume de Chypre l'an mille deux cent cinq, mou- rut le Roy Amaury, & pareillement la Roync Ifàt el- le, laquelle infiitua fon héritière fa fille Marie qu el- le auoit eue de ConrjddeMontferrat, Scloy laillii pour tuteurs los Hofpitaliers 6c Templiers , l'an milie deux cent foixancc , paffa de cette vie en l'autre le grand Maiftre le Rat , Ôc laf fuc- ceda. 14, Frère Guerin de Montagudela langue d'Aii- uergne, lequel auec les Cheualiers de fon ordre fe- courutLition Roy d'Arménie, contre les Turcs ÔC Barbares qui s'eftoicnt iettez en fon Royaume , & pour recompenfe il leur donna la ville de Salef auec les Chafteaux de Camard ôc de Chafteau - neuf , & ^ leurs dépendances , ôc fe recommanda » enfemblé fon héritier Ôc fon Royaume aux Cheualiers de l'Ho- fpital fainét lean, & ce don fut confirmé par le Pa- . pe le cinquième d'A^Mift l'an treizième ,*!u Ponti* ficat d'Innocent I II. qui teuient à l'an de falut mille deux cent neuf, lors que lean de Brienne ôc Marie fa femme , & héritière du Royaume furent couronnez Roys deHierufalcm : le melrae Papecon- firma aufli les ftatuts & ptiuiiegesde l'Ordre des Ho- fpitaliers , ôc les amplifia , il deceda l'an mille deux cent feize , peu de temps après le Concile General de Latran , ^ le Pape Honoiius 1 1 1. luyayantfuc- cedé il ad ucrtit les Hofpitaliers de fon eflcftion, & le Roy de Hongrie, & l'Archiduc d'Auftriche s'ctans croifcz à fa perîuafion , furent par luy recommandez au Grand Maiftre Guciin & anx Cheualiers de faindb lean , pour les conduire Ôc affifter au recouuremenc de la terre Sainfte: ôc defai6fc André Roy de Hon- grie logea en leur Palais, ôc les pria de les receuoic au nombre des Confrères de leur Religion, & leur donna cinq cents marcs d'argent de rente , qu'il leur affigna fur le reuenu des falines de fon Royau- me, & le don eft datte de l'an mille deux centdix- fept. L'an mille deux cents vingt- deux legrand Mai- ftre Guerin appaifa vne grande difcorde qui s'eftoit noeuè entre la Reyne de Chypre , Ifabelle , Ôc le Roy- Henry fon fils, &les Seigneurs & Barons du Royau- me d'vne part :& les Archeuefques, Euefques, Pré- lats , & le Clergé de ce Royaume - U d'autre , pour raifons de leurs décimes & pofTeflions , ôc puis après il vint à Rome au man^pmcni: du Pape ; ôc eftant retourné en la terre Sainâe, il fut priuéanecles Che- ualiers de fon Ordre d'accepter fous laproccélion dii fainél Siège , la deffenfe du Roy , ôc le gouuernement^ du Rôyauroede Chypre .•finalement en l'an mil deux cents trente , le grand Maiftre Guerin mourut en la ville de Ptolemaidc , lequel fut pour fa prudence maisclle ne fut tenuèà caufedu decez du grand Maiftre, lequel mou- rut le 28 May 1365. Et fut fort regrette des pauures,principalemcnt vers lerquelsii eftoii charitable & grand aumofnier. 30.Fiere Raimond Bcrcnger de la mefme langue de Prouence fut efleu gï^ni Maiftre 1565. Qui cftoit auparadant Comrrandeur de Caftel Sar- razin , & députa incontinent fes AmbalTadeurs vers le Pape à Auignon pour luy rendre obeyflance &iurcr fidélité. De fon temps le Roy de Chypre, & la Religion de S. lean fii ent vne ligue enfemble, & prindrent de force la ville d'Alexandrie d'Egypte, laquelle ils pillèrent, faccagerent,& bruflerent, & en l'an 1566. le Pape écri- uit aux Roys & Princes Chrefticns , les exhortant & priant de vouloir recourir la Religion de S.Iean, & le Roy de Chypre, & donna de grandes Indulgences à ceux qui les fecouroienc. Les Arméniens ayans efté chalfcz par les Sarrazins dt leurs maifons , font receus charitablement par ceux de la Religion dans l'Hlede Lango,& en mefine temps la ville de Tripoli de Syrie eft prife, & faccagée par le Roy de Chypre & les Che- ualiersdeRhodes. . En l'an 1371. le grand Maiftre eft efleu par le Pape, Nonce du S. Siège Apoftolique, pour appaifer les ru- meurs & dmifions quieftoient au Royaume de Chy- pre, où il alla en perfonne, Ôc par fon authorité & pru- dence il fit cefler toutes les dilfcnfions & troubles qui y cftoient. ^,n l'a» 1375. le grand Maiftre eut volonté de re- noncer à la grande Maiftrife.& enuoya peur cét efFeél vn Théologien fon parent aa Pape pour luy en de- mander permiffion : ce que le Pape Grégoire XI. ne voulut odroyer, ains luy commanda de demeurer en cette charge pour le bien de laChreftientc. En la mefme année fut tenue à Auignon vne afliera- blée générale de ceux de la Religion, & peu de temps après alla le grand Maiftre de vie à trépas, ayant gou-, uerné la Religion de fon Ordre enuiron iS.ans & de- my , ayant tenu de fon temps z. Chapitres généraux â Rhodes. l'vnenMars I3é6.& l'autre en Oftobre 1370. où il futfaicl plufieurs bonnes ordonnances félon la neceffité du temps. 51. Au mefme an 1575. frère Robert de luUiac ou de luly grand Prieur de France fut efleu grand Maiftre, lequel eftoit lors de fon eflcdion au gouuernement de fon Prieuré , & ayant fceu la nouuellédefon efle- dion.il s'en alla incontinent à Auignon baifcr les pieds à fa Sainteté, où il fut fort bien xecueilly & grande- ment honoré , & là fut tenue une aflemoléç genei aie dclaReIigion,&le Pape bailla legouuerneiiient de la villede Smyrneà la Religion deS. lean, & cc-nmanda au grand Maiftre de l'accepter fous peine d'excômuni- cation ^ lequel en l'an 1374. s'embarqua pour aller à Rhodes où il arriua hcureufement , & par fa prefence appaifa toutes les rumeurs qui auoient couru du dc- fordre , qui y cftoit pendant fon abfence. Il fe fit vne autre aftcmbice à Auignon l'an i37(î. &en ce mefnne temps !e Pape alla tenir fon fiegeàRome , que luy & fes prede^efteurs auoient tenu en Auignon par l'cfpa- ce de 7i.ans,& en la mefme année le zji.Iuinjdeceda le grand Maiftre de IulUac,&fut 31. En fon lieu efleu frère lean Eernandes d'Herc- dia, de la langue d'Arragon. natif de la vdlc de Valen- ce, quiauoit efté Prieur de Catalogne ,& Chaftelain d'Empofta, 5c auoit efté marié deux fois.& étant veuf, il prit l'habit de la Religion , & fut faid Chcualier de Rhodes du temps du grand Maiftre de Ville-neufve,& étant fimple Cheualier auec permiffion du grad Mai- ftre , il alla viflter le S. Scpulchre & les autres lieux de la terre Sainûe: il fut Ambafladeurdu Pape Clément Vî.vcrsle Roy de France Philippe VI.& EdoiiaidllL d'Angleteri e, & fit vn bon feruice au Roy Philippe Tan 1346. Car eftant dcmonté de fon chenal en vue iournéc de bat.iine contre les Anglois.il luy bailla fon cheualfur lequel le Roy fe retira en lieu defeureté,& pareillement il fortifia de battions & nouuellcs mu- railles la ville d' Auignon , de laquelle il étoit gou- uerneurde par le Pape, qui en recompenfe luy fit con- férer le Prieuré de S. Gilles lors qu'il vint à vacquer. Eftant grand Maiftre il print la route de Rhodes l'an 1377. ôc eftant requis par le General de l'armée des Vénitiens de s'vnir auec luy , & d'aller en la Morée en l'an 1378. ils aflTiegerent la ville dePatras , & la prin- , drentaueclechafteau , & le grand Maiftre combat- tant corps à corps auec le Gouuerneur de Patras. il le tlia : ôc depuis il fut en vne embufcade deTurçs pri- fonnier , ôc par eux recognû , qui fut caufe que pour moyenncr fa liberté on rendit aux Turcs Patras , & les autres lieux qu'on auoit conquis fur eux , & tou- tesfoisils ne laiflercnt de l'emmener en Albanie,& le tindrent efclauepar trois ans, iufques en l'an 1381. Du- rant fa prifonle Pape Grégoire XL mourut à Rome, & Vrbain V I. fut efleu Pape par impreflîon du peuple Romain , qui ne vouloit qu'aucun Cardinal François fuft efleu Pape, & les Cardinaux écansen liberté en la ville de Fundi Clément V II. qu'on a tenu à Rome pour Actipape.ce qai caufa vn long & pernicieux fchii- meen l'Eglife. Aufll en l'an 1380. dutanc la ce qu'il ne peut obtenir à caul^ de la guerre qui^cftoit lors en- tre le Roy de Franc«jfi:ançois I. & l'Empereur Charles IcQuint; i'an i;2i. au mois de luincoromcnça ie riic- morable Hegc de la ville de Rhodes , qui fui affiegce d'vne arœccdezooi mille Turcs, ôc depuis Vsimés s'acciâc Difcôurs de l'Eftat s'accrût iufques à trois cens mille hommes » lesaffie- gezfe défendirent tres-courageulement, &y furent faiasde grands exploids de guerre, & fpecialemem par le grand Maiftre, lequel durant le ficgeeut toû- jours lacuiralfe fur ledos,lcs affiegcans furent en plu- fieurs aifauts repouifez , & en vnd'iceuxilyeut 20. mille Turcs qui demeurèrent fur la place, & Soliman ^toit refolu de leuer le fiegc, mais il y eut des traiftres quil'empefcherent de ce faire , & «s traiftres furent punis, & enfin le grand Maiftre n'étant fecouru, fut contraint de rendre la ville à compofition le 24. iour de Décembre iyi2. Les Turcs ayans perdu plus de 100000 .hommes. Soliman voulut voir le grand Maiftre , & le voy^t les larmes luy fortircnt des yeux par compaffion ,m le i.iourde Ianuieri525. Le grand Maiftre aucc 50. voiles partit de Rhodes, & prit la routedeCandicapresauoir l'iflc de Rhodes efté en la puiflance des Cheualiers Hofpitalicrs par l'efpace de 215. ans, fçauoir depuis l'ani505). iufqu'à la fin de l'an 1^22. Apres la perte de Rhodes le grand Maiftre & les Religieux n'eurent aucune demeure afleiuée , iufqu'à cequel'Ifle deMalte leur fut donnée par l'Empereur Charles V. Car ils fe retirèrent premièrement en Can. die, & de là ils vindrent en Sicile & Italie , où lé Pape les accommoda de la cité de Viterbe , où il fut tenu vn Chapitre gênerai , depuis ils fejournerent quel- que temps à Cornetto , & puis à ViUefranche, &à Nice. Lors que la Religion refidoità Nice , le grand Mai- ftre fit vn voyage en Angleterre, & de làen Franc<',& eftantà Lyon, il fut détenu d'vne grande maladie.mais après fa gucrifon iKalla à Chambery tenir fur les fonds Baptifraaux le Prince Philibert Emanuèl, fils de Charles Duc de Sauoyc, 6c de là il retourna à Nice, & y eftant il s'achemina auec l'armée de la Religion & tout leConuentpourvenirà Malte , où il arriua le Mecrcdymatin vingt-fixiémc Octobre 1550. où il fit baftirvn Palais au Cliaftesu S.Ange pour fa demeure ôc de fes fucccfleurs, ôc y ayant fait (on entrée folem- nclle.il y fie aufli baftir vn autre Palais en la vicillecitc de Malte , & finalement après auoir gouueiné la Reli- j^ion 13. ans, 7. mois, âgé de 70. ans , il deceda le 21. Aoufti5H à Malte. & y fut inhume en vne Chappei- Je qu'il auoit fait conftruire au chaftcau S. Ange,& luy fucceda par efleârion. 44. FierePcrrin du Pont natif d'Aft de la langue d'Italie le 2^. Aouft l'an 1514- ilétoit auparauant la prife de Rhodes Gouuerneur de l'Ifle de Lango , & après la perte d'icclle, il en partit auectous les Cheua- liers de fon gouuerneaien£,&: fc vint ioindre en l'Ifle de Candie à l'armée de la Religion , il fut fai£t Senef- chal ou grand Maiftre , ôc Baillif de Lango , ôc fut en- uoycen Ambafladevers le Seigneur de Lautrec, il fut cfleu Baillif de fainéle Eufemie du Conuent àNice,où étant il fut créé grand Maiftre après le decez de fon predeècfleur , lequel il regretta grandement au lieu de fe rcjoiiu de fon.eflediion , & s'étant embarqué à fon. Bailliage fur les galères de la Religion, il arriua à Malte le 10. Nouembre au mefme an 1524. De fon temps l'Empereur Charles V. entrcprint d'aller en perfonnc au Royaume de Thunis en Afrique , où il fut aflTifté des galères de la Religion ,& les Cheualiers d'icelley firent de grands exploits d'armes, ôc particulière- ment à la prifc de la Colette, qu'on cftimoiteftre vn fort inexpugnable. Apres cette guerre finie le grand Maiftre mourut âgé de 73.ans, lci7. NoucCilDre im. ayant gouuerné Iculement 14. mois & i2.iours, ÔCTUt enterré loignant Ion pr.-decdlcur dcVilliers. 4j. Le 22, du mefœe mois fut cfleu grand Maiftre frère Defiré ou Didier de fainûc laille de Tholdn de la langue de Prouence , Prieur dcTholofe , où il refi- doit lors de fon efleélion , de laquelle ayant entendu. Içs nouuelles, Le bon vieillard leuant les mains au Ciel > dit fem- blables paroles: Mon Dieu fi ie fuis neceflaireà voftre peuple, ic ne refufecettepcine& fatigue, & quelque temps il s'achemina pour venir à Malte, mais étant fort vieil , arriuc qu'il fut ï Montpellier , Il tomba en vne grande maladie dont il deceda le vingt-fixiémc de Septembre i;3(î. & fut inhumé aucc grand honneur en l'Eglife de la Commanderie de S. Gilles hors les portes de la ville de Montpellier , & delaifla confor- mément à fon nom vn defir indicible de foy-mcmeà la Religion, pour la grande opinion qu'on auoit con- ceué de luy,defaiuftice, de fa bonté, & de fon extrê- me valeur. La Religion ayant efté aducrtic de fon de- cez le 18. Odobrcau mefme an i55(j. on procéda le 20. dudit mois àTcfleétion de 46. Frère lean d'Homedes de la langue d'Arragon, lequel cftoit lors en Efpagne dont il partit lur la fin de Tan 1537. ôc arriua à Malte le Lundy zi. dçlanuicr 1^38. où il fut receu auec grande allegrc^e , quoy qu'il fuft mal content de ce que l'on né luy auoit cnuoyé des galères ny la Carraquede la Religion pour le con- duire , &à cette occafionilfit defarmer& deffairc^ la grande Carraque, dont ily eut quelques plaintes fai- dcs contre luy. En l'an i;^ 9- fut tenu à Malte vn Cha- pure gênerai,, & vn autre en l'an 1543- Volontiers il difcouroit du fiege de Rhodes pour donner à cognoi- ftre à V n chacun qu'il auoit perdu vn œil. Il fit faire vn Parc d'animaux,& vn beau iardin dans i'Ifle de S.Michel, & là il pafloit la plus grande partie du iour, ce qui donna fuieél de murmurer contre luy> qu'il eftoitlafche au gouucrnemcnt public • mefme il fut taxé de négligence ôc de trop peu de foin à pour- uoir l'Ifle de Make contre l'armée Turqucfque > parce qu'il fc coufioit par trop en la fortereiîe du CaltelS. Ange. De fon temps la ville de Tripoli en Barbarie fut perdue pour ceux de la Religion , ôc prifc par le Turc, donc il demeura grandement étonné & eftourdy. L'an 1551. IcPncurdeCapouë frère Léon Strozzi fit vue encreprife fur l'iflc de Zoara, laquelle rciilfit mal, ôc y furent tuez plufieurs Cheualiers de la Religion,dc tou- tes langues, & mêmes plufieurs François Auuergnacs ôc Ptoucnçaux, ce qu'étant rapporté au grandMaiftr©» il en eut vue très - grande triftefli ôc vif tcfl'entimcnt> difant qu'il n'cftoit point aduenu déplus grande perte à la Religion que celle- là depuis la prife de Rhodes. Il fitbaltir.lesfortercflcsdcS.ElmeacdcS. Michel, ôc âgé de huiétanteans il mourut le fixiéme Septembre mil cinq cens cinquante-huiâ;,ayant gouucrncié.ans, lo.mois.ij.ioursjéc fut enterre dans la Chappelledes grands Mailtres. 47. Frère Ican deVallette, dict Parifos , delà langue de Prouéce, lequel fut éleu grâd Maiftre le 2i.d'Aouft 1J57. Cette ellcétion fut vrayemcnt très- agréable à tout l'Ordre de^^S. ican, parce que le grand Maiftre ctoit généralement aymé de toutes les nations, ôc vni- uerleliement defiré comdnetrfs. digne deccttc charge & grande dignité.En moins de 2.ans il fut General des Galercs,Baiilif de Lango, grand Commandeur,' Prieur de S. Gilles, ôc Lieutenant du grand Maiftre, & finale- ment il paruint à la grande Maiftrife. Si toft qu'il futpromeu à cette fouuerainc dignité, il fe refolutde faire baftir àMalte vne ville ncufue fur la montagne de S.Etme, cognoillant que toutes les au- tres, forterelfcsn'étoi ci; t aflez munies, pourfouftenir la barrière d'vn puifiant eniicmy , mais ce deilein hic différé à vnautretemp:-. Il fit fortifier le Chaftcau de l'Ifle de Gozc&laif- fant la demeure du Chaltcau Siind Ange, vint habiter dans des Cheualiers de Malt ei dans le bourg de Malte » qu'il defîcndit trcs valeurcu- feroent contre le fiege de l'Empereur Sultan Soliman, où il foc griefuemcnt blelTcen vne iambeen l'an 1^65. mais ielïegc eftantleuéàla honte & confufion des Turcs ,il fortifia grandement l'Ifle de Malte , & com- mença à faire baftir la cite nouuelle , qui fut nommée àe (on fnrnom Valeice,dont la première pierre fut mi- fe par luy folemncllement le leudy iS. Mars ij66. En- fin le ii. d'Aouft ijtîS. le grand Maiftre mourut à pa- reil iour qcry] auoic cftc elleu> ayant gouuernc la Reli- gion 1 1. ans enders & accomplis , il fut merueilleufe- ment regrette de tous fes Religieux , & encore particu- lièrement du Pape , Se de tous les Roys & Princes Chreftiens. De fon temps furent tenus à Malte deux Chapitres généraux , efquels furent faits plufieurs nQ.uucaux ftatuts pour le règlement de la Religion. 48 Apres les obfèques du grand Maiftre Valette le 15. d'Aouft i;(58. on procéda à l'efledion d'vn Cacctf- feur > qutfut frère Pierre de Monfte de la langue d'I- talicjqui éloit lors Prieur de Capouè'.incontinét après fa promotion à la grande Maiftrife, il fit porter le corps de fon predecefleur dans la ville - neufve ,& inhumer honorablement dans la Chappelle de noftre Dame de la vidoirci lequel mérita d'eftre ifurnommélepere des foldatSi le bouclier ôc le dcfenfeur de la foy Catholi- que,& le grand perfccutcur& dompteur desinfidelles. Lenouucau grand Maiftre auparauant d'eftre jjaruenu à ce fouuerain degré , auoit fait paroiftre fa prudence ôc valeur en d'autres charges belles 8c honorables : car ' il auoit efté premièrement Patron de la galère Capitai- neife de la Religion, puis Lieutenant du Capitaine des galères , Chaftelain ou gouuerneur du chafteau S. Ange de Romt : Il fut Admirai , puis General des Ga- leresjAmbaffadeur de l'Ordre vers les Papes PielV. &: Pie V. De Rome eftant arriuc à Malte, il fut eflcu peu de temps après grand Maiftre , & y eftant il fit en for- te que la nouuelle cité fut paracheuce , où il délibéra de transférer l'habitation du Conuent , car le bon vieillard eftimoit acquérir autant de gloire enfaifant habiter la ville-neufue de Valette, que fon predecefleur! en auoit acquis en la faifant edifier,& de fait le Diman- che 18. Mars 1571. le grand Maiftre y fit fon entrée fo- lemnelle auec le Conuent ,& les Cheualiers de la Re- îigion. De fon tempi'la mémorable bataille nauale de Le- pante fut donnée, 5<:la viâoire obtenue fur les Turcs, en laquelle les Cheualiers de la Religion firentde beaux exploits dcguerre.Il deceda à Malte le 27. de lanuicr 1572. &lejo. du mefme mois il fut efleu grand Maiftre. 49. Frère lean l'Euefque de laCaflîere de la langue d'Auuergne , lequel auparauant fon eflcdlion fit paroi- , ftre fa valeur en plufieurs belles charges, car à l'entre- prife deZoarail fut Porte enfeigne delà Religion, | i'eftendart de laquelle il défendit courageufement & la rapporta à Malte , s'eftant ietié en mer auec iceluy. | &fauuéen vne galère delà Religion , après auoir par ' long efpacede temps combattu valeureufcmcntcôtre ; les infidelles , puis après il fut efleu Capitainegeneral i delaCaualcrieCommiflaire des fortifications, & Ma- refchal.dela Religion , ôc finalement il paruint au de- gré fouuerain du grand Maiftre, où il a vécu fort reli- gieufcment, ne fe paiTant aucun iour qu'il n'affiftaft au ieruice diuin , & qu'il ne repeuft de fesmains propres ij. pauures:de fes deniers il fit bâtir la grade Eglife dé- diée à S. lean Baptifte, dâs la nouuelle cité de Valette, & la dota de mil écus de reuenu & fit édifier vn.tres- bcau fepulchre , pour y mettre les corps des grands Maiftrcs fes predeceflèurs. Sur la fin de fes ioui's il y arriuavn grandifliipeinconucniencicar ayant encouru ■ la mal veillance de plufieurs Cheualiers mal-contécs. Il fut par leur menée fufpcndu de la charge de grand 9'3 Maiftre, &: arrifté au chafteau S. Ange auec gardes qui luy furent baillées Je 6, luilletljSi. ce qu'il fupporta fort patiemment 8c vertueufemeiA, Ôc s'en étant plairtt au Tape Grégoire XlII. & aux Roys ôc Princes Chre- flicns.le Papeenuoya à Maltele Seigneur Gafpal Vi- cotDte auditeur de Rote,& depuis Archeuefque de Mi- lan, pourgouucrner la Religion en l'abfencë lu grand Maiftre, auquel il roandoit de venirà Rome,quoy que les Cheuali ers cuflent cflcti pour Lieutenant du grand Maiftre, frère Mathurin de l'Efcut, dit leCheualiec Romagas François , lequel s'excufa d'auoir pris & ac- cepté cette charge par force ôc contre fongi é. Le fieur Vicomte eftant arriué à M.îltc , le grand Maiftre s'embarqua dans les galères de la Religion, ac- compagné de quatre Seigneurs de lagrande Croix, & de deux cens Cheualiers, & entra dans Rome , où il fut receu auec grand honneur, &iogcau Palais dti Cardinal d'Eft àMontecaual, Ôc depuis il alla faluërief fainét Pere & les Cardinaux , & il fut aoflî vifité d'eux réciproquement, enfin foit d'ennuy oudelaffitude d'vn fi grand voyage fait en fon extrême vicillefl'edè 78. ans, U deuint malade dont il mourut le 21, Décem- bre i;8i. ayant gouucrné près de j6, ans la Religion; Son corps fut porté en depoft en KEglifêdeS. Louys, où lesobfeques furent faides . & ce grand Orateur Marô Anthoine Muret y prononça vne harangue fu- nèbre qui fctrouue entre fes oraifonsifon cœur fut en- terré à'S.Louys,& fon corps porté à Malte, & inhume autnouueau fepulchredes grands Maiftres qu'il auoic fait baftir en la cité de Valette , en l'Eglife cachedrale de S. lean Baptifte. Apres fon deceds le Pape déclara k fufpenfion dudit grand Maiftre nulle & iniufte pat décret qu'il ordonna eftre enregifttê dans lesregiftres de la Religion. fo. Le 11. lanuier 1582. frerc Hugues de Lou- beuxVerdale de la langix de Pronence, fut efleti grand Maiftre, lequel auoit conioinét les lettres, ôc fciences auec les armes : il fut fait Cheualier forticu- ne,& fe trouua à l'entreprifc de Zoara , Ôc après auoic vaillamment combattu il fe trouua ayant eu plufieurs! charges honorables. Il fut député Ambafladeur dela Religion vers le Pape Grégoire XIII. dont il s'acquitta fort dignement & agréa tellement'aux Cheualiers feS Confrères , qu'ils l'efleurent grand Maiftre vnanime- ment , après qu'ils eurent eu certaines nouuelles dji dccez du grand Maiftre de la Cafliere. Il appaifa en ;,f eu de temps les diuifioqs qui eftoient entre les Cher ualiers, & la Religion auec beaucoup de prudence." Le Pape Sixte V. en l'an i^Sy. à la fin de Décembre le fit Cardinal Diacre, & eftant retourné à Malte il ba- ttit vn Conuent de Capucins , il fortifia l'Ifle, reforma les ftatuts de l'Ordre, fit dreflcr l'hiftoire de la Reli- gion parlacques Bofius en langage Italien , & acquit-, ta les debtesd'icelle qui montoientà plus deioo.ccuF»' il ne laiflà pourtant d'eftre accufé vers le Pape Clé- ment VlII.d'auoir mal admineftré|le threfor,& afin dé fe purger de cette accufâtion , il ènuoya (on neveu à Rome, mais ce procez eftant indécis, le grand Maiftre & Cardinal Verdale deceda à Malte le iour de l'Afceri- fion le 4. de May rjpy.âgé de 64.ans,apres auoi rgou- uerné 15. ans 3. mois 21. iour laiflànt au thrcfor vne grande quantité d'or monnoyé, ôc fut enfepulturé en' l'Eglife cathédrale de S. lean auec grand honneur pompe funèbre. 51. Frère Martin Garzesdé lalangiied'Arragon fut le 8. May ijt)^-. eflcu grand Maiftre au heu du dcflùndt, il étoit Cheualier dé grande bonté ôc généralement ay- mc , ôc reueré die rousj 6c combien qu'il euft paflc 60» ans.il ctoii d'vrié Camplexion aflez forte & vigoureufc. Il pacifia incbntiiient le defordre furuenu entre les Cheualiers qûi s'étoient bâdez cotre fon predecefleur: il ofta leï'gabclles quiauoientefté imposées,&interdit HHhh pouï^' 914 Difcours de l'Eftat pour vn temps les Officiers de la Religion pour don- ner noiuiclle forme à Ton gouaernement,& ce qui fut •fur toutes chofes très agréables anx Clieualiers, il dé- fendit «xpreflciuent qu'aucun Cheualier.non pas mcf- me le grand Maiftre , peut auoir particulièrement des vailTeaiix fur mer pour y faire des courfcs ï fon profit» 6c enfin après auoir gouuerncfort paifiblcment la Re- ligion cinq ans, neuf mois, il mourut à Malte le y.Fe- urier 1601. & y fat inhume au fepulchre des grands Maiftres. Apres le dccez du grand Maiftrdcs Cheualiers s'af- séb'.ccent pour en,eflue vn nouuea«,& le lo.de F cuirer 1601. fut inftalc en cette fouueraine dignité frère Aloph de Vignacour, de la lang-je de Franccleqnd en l'anij66. le 25. Aouft eft^nt venu à Malte auec beau- coup d'autres Gentils-hommes François , fur le bruit qui couroit queTlfle fcroii en peu de temps derechef affiegée par l'armée Turquefqucil auoit pris l'habit de la Religion fous le grand Maiftre Valete, & depuis il y a eu de grandes charges oû il a fait paroiftre fa bonté, valeur & fa prudencej& entr'autres ayant eftc Capitai- ne de la ville de Valette , & peu après grand Hofpita- licrdela Rcligion.Ses vertus iointesauecfon bon- heur l'ont eilcué à ce fuprcme degré de Principauté , où il continue la gloire &:la réputation des autres grands Maiftres François fes prcdecefiTeurs , defquelslcs plus mémorables adions ont eftc cy-defTus bricuement & fouucraincmcnt décrites. Il mourut l'an 1613. & Fut efleu en fa place le Seigneur Paula grand Comman- deur de Prouenccqui commande auiourd'huy. , ORIGINE DES ORDRES MILITAIRES TANT REGVLIERS QYI ONT ESTE' APPROVVRZ^ PAK LE S. SIEGE SOVS Q^^ELQ^VE REIGLE ET DISClPliN E que SecLilies inftituez par les Empereurs 5 Roys & Princes Chreiliens, auec leurs blazonsj ô^deuifés. rougcs,& d'autres couleurs en la forme prefquequ'c le appàrut au Ciel au grand Coaftancin, ayant vn A au coftc droit vn n au;cofté gauche, ôc vn Labarumaa milieu,à fçauoir vn X & vn P^entrclaifez l'vn dans l'au- tre , eftar.s crénelez par les 4. bouts. Et d'autant qu il n'y a guère eu de R©yaumes,ny Républiques au mô- dç.qui n'aycnc eu quelque Ordre de Chcualerie , il eftou bien raifonnable qu'il fc fift quelques congrcga- tionsqui priifent l'Ordre du Roy des Roys, & tevcair alfent particulièrement à fon feiuice. Auflî tient - on que du temps melmc de Conftantin le Grand, l'Ordre des Cheualiers du S. Scpulchre de noftrc Seigneur commença de s'cftablir : car faindte Hélène fa mcre eftant ailteen Hierufaîcm pour y chercher lafaindc Croix, & îeS. Sepuichre , & les ayant trouuez par vne diuinerciiclation, clic fit baftir cnadion de grâces vn Tempicfoicmagnifiquecn l'honneurde la Relutfc- (Stion gloiieufe deÎEsvs Christ , lequel par letraid de temps fut conftruiâ: en vnMouaftcre de Chanoi- nes réguliers de S. Auguftin. Mais pour lors la garde du S. Sepuichre fut commifc à quelques Gentils hom- mes de fa fuitte,qui furent les premiers Chcuahers de cet Ordre . qui fe conciuua en ce iieu-la» ôc s'y eftabli- rent,de forte que du temps mefme que les Sarrazins& les Turcs s'emparèrent de tout rOnent,& particuliè- rement de la Paleftine , tyrannifans les Chreftiens de Hierufalcm , enucts lefquels ils vfoient de toute forte de cruautéjceux cy furent tolérez moyennant le tribut annuel qu'ils leur payèrent , fans communiquer ne- antmoinsau commun malheur des fîdeilcs, ces barba- res ne laiftàns pas de les trauerfer en tout ce qu'ils pouuoient. Leur principale charge eftoit de garder le S. Sepuichre faire la guerre; aux infidelles détou- re leur puilîance, racheter les efclaues , ouyr tous les iours la fainde MelTeen ayant l'opportunité.rccitcr les Heures de la Croix , 6c porter cinq croix rouges en contemplation des cinq playcsde noftre Seigneur. Qusrlques-vns rapporteur leur origine & inftitucion à l'Apoltrc S. Jacques Euefque de Hierulalem, qui en- dura la mort pour !a foy l'an, 65. Et fcmble qu'en conlidcration de cela les Chiclncns de cet Ordre font fous l'obcyllance du Patriarche decettcville. Près auoir faiâ: voir parlctraidé précèdent combien le délectable iar- din del'Eglife s'cftoit embclly en tous fiecles, & en tous âges , par la diuerfitc des congrégations qui ont épandu vne fuauc odeur par l'Vniucrs , d'autant plus qu'elles fe font renfermées dans leurs cloiftres, ne plus ne moins que de belles ôc odorâtes fleurs, lefquelles rédent d'à- uautage d'odeur plus elles font preffécs ; Il fera bien à propos maintenant de dire'aulîî quelque chofe de cel- les qui comme le mufc , & l'ambre exhalent d'autant pli^s l'odeur, qu'elles font expofces au public. le veux dire des Ordres de Cheualerie., lefquels à guife d'autres Machabées fc font efforcez de combat- tre les combats du Seigneu!-,& qui par vne vraye vail- lance ont auec la force de leur bras,& leur magnanime courage donné le plus fouucnt l'épouuante aux enne- mis de leur Rédempteur , Se de fa fainéle Religion, quelques puiifans & redomablcs qu'ils ayenr eftc,afin que fi les autres combaitoient en leur enclos les enne- mis inuifibles , ceux - cy défhflTcnt , & taillalfenten pièces les vifibles en plain champ de bataille , tous dcuxtendansà vne mefme fin , à fçauolr de donner la paix à l'E^lifc, &faiie que le Sauueur du monde fuft îccognu pour Seigneur de l'Vniuers. Ceiuy donc auquel aefté donnée toute puifTance au Cicl& en la terre, voulant faire voir les efFc6ts de la vidoire triomphant^ , tant fur les chnfes fpirituelles Cjue corporelles , incontinent après la naiftsnce de fon Eglife, Se que le fang des Martyrs en eufl cimente vne bonne partie de l'édifice , fit que non feulement les ef- prits tranquilles, & pacifiques fevolicrent pour toute leur vie en fcinfteté , mais qu'encor les efprits les plus belliqueux confacrerent leur valeur & leurs armes, tant à l'ajîcroiflément ôc augmentation de la Religion Ca- tholique, qu'à fa protection ik dtfenfe. Si bien queles Monarques,& plus puilfans potentats du monde msr- chcrenc Ions l'cftendard d'iceluy, auquel ils faifoient ; bien peu de temps auparauât.vne fi fanglance & cruel- le guerrc:témoin le grand Conftantin, Valentinian,!es Thcodofcs, ôc autre grand nombre d'Empereurs , qui tous commeenc.e'x de porter la Cioix en leurs bla- 2ons&armoii:es, toutes^^ncantmoins de diuerfcscou- leu£i i les vns blanches jes autres vertes, ÔC les autres Injiitution De l'Orisne des Ordres Militaires 9iy h:ftitutior. des Chei/alidS de l' Or lire de la fain^e Am puîle de(£glifi de S.KeinydtRams en France Clouis 1. ée ce nom, premier L<.oy Chreftien en '"r;:nO!"," aynnt cfté connerty à la foy Chrefticnne à 1» ioUu '.ron d-fCloiilJe fa femme > fillcdii Roy de Îku ic le Baptefme des mains dc S.Remy i L^liivv.. 1, & protefta de la Religion Chre- fiienne, Se Cathoiw.',iie dcnatu Dieu & les hommes *uant cnç rcccuoii le S. Sacrement de Baptefme . au fefiôtdaqL'c' ; rut vn miiade ciJidéc,qui fiuque com- lirton ne ttouua l'huilé du Crefmedans le vafe ordi- naire pour oiiidrc la pcrfonne de. ce p/and Roy, on vid vnc Colombe blâche tcnan; vue phioie de criftal plei- ne de l'huile diuine ôc faciée enuoyée du Ciel pour iupplcer miraculeufcmcnt à ce défaut, laquelle décen- dit entre les mains du très digne & S. Aichcucfc|ue S. Remy.dont il oignit le Roy , &fic cognoiftre par là le foin vifible que Dicuatoufiourseu de là profpcritc, & conleiuation de la vie & pcrfonne de nos Roys, qui des lors commencèrent à porter le nom de Trcs-Chre- ftiens,& eft encor en mémoire de ce referué encor fort relif;ieufemcnt ledit vafe plein de ladite huile facrce que l'on nomme taindie Ampoulle, dont depuis ont , elle oinfts prefquc cous les Roys de France, dans l'E- ghfe Abbatiale de S.Rcray audit Reims. Lapiecé de ce grand Roy Ciouisqui crut auec h foy luy fit enrichir degi ands dons, retunus & priuilc gci , ladite Egliic de S. R;my en recognoidancede ce grand benen jc qu'il auoii; rcceu de Dieu, de l'auoir fait ^Chreltien , par l'ondlion de l'huile qui! luy futen- Uijyce du Ciel. Pour mémoire de fon zele, & de Ton ffticition enuers ladite Eglifc de S. R^rriy pour le fu- fcd que dvjffusjil créa quatre Barons Gentils hommes nés - nobles fcudataires de ladiâeEglife , pour eRre Cheualiers de la fainde Ampoulle , Ordrequ'il infti- tua pour honorer ce faindl ornement & marque de la vraye Religion. Ces Cheualiers de la fainde Ampoulle oni de bc3ux& grands p ri ni leges confirmez par les Roys de France aux iours de leur Sacre,^ Couronnement. Efdids iours dudid Sacre de nos Roys Icfdids quatre Barons Cheualiers font tenus & leur appartient porter le Dais fous lequel eft apportée proceffionncl- lemcnt ladite (ainde Ampoulle pnr le grand Prieur de l'Abbaye, depuis ladite Eglife de S. Remy iufques en celle de Noftrc Dame de Reiras , ôc la rapporte à Tif fue' de la cérémonie dudit Sacre. Les noms des Baronnies defdits Barons Cheualiers delà fainde Ampoulle,font le Baron duTerrier,dont la terre mouuante de l'Archcuefché de-Reims , & en plein fief àcaufe de ladite Abbaye de S. Remy a droit de fe dire premier Vaflàl , Baron & Cheaaher dudit fîeur Archcuefque deRheimsi de porter le prerriet bafton dextre du dais qa'and on porte lafamôle Am- poulle de S.Remy à Noftre Dame-. Le fécond Baron Cheualicr elt celuy de laBaron- nie deNeufuifi. Le troifiéme Baron cft celuy delà Baronniè de Lou- urecy. On en met vn autre à la cérémonie , pource que le 4. Baron qui deucit eftre Cheualier,& tenir fon rang, cft delà Religion Prétendue Reformée. L'Ordre des Cheualiers de S. Maurice, & de S. Lazare entre les Sauoyards. ^ . . 5 On tient que l'Ordre de S. Lszare a commencé du | volailles, iieft le plus Maittai, les aijc '^ns î'ajppeijoicnt res &.autresiniurfsde ccspremiers tetr ps,elle fer.ibia renaiftrc, & fe rcftablir ae nouuciu en cet heureux fiecle auquel les Piipces ChrclUcns vnis en vue faune ligl^e, ofterent aux Sarr;:zins la ville de Hieiuliilcfn, & les autres lieux de la 1 cric-Lii de : le- GTiciiâiiei.'. de cétOrdre receuans cli-aiitablcmf m ci. icuis Hof-i " taux les fidelles'qui accouroicnt detuutrslcs pauic^ de l'Europe à vne lî heurcufe conquette,voi:e rnctiiie fourniiïans aux frais de cette glorieu'e entreprife,"]e- quelbon oHice fut caufe que Its Princes Chrcltiens leur donnèrent plufieufs maiions & herit.jges l'ad 1154. kfquelles donations leurfurcnc ratifiées f-ar les Bulles des Papes Alexandre V L Nicolas V. Cieménc IV.Ic3nXXiI.& Grégoire X. lis font profcffioRcJe h reigle de S.Auguftin,6£ por- tent pour le blazon de leur Ordre vue croix vercoàon àtl fouuerain Pontificat prie le nom de Félix V. ayant tout abandoniié ie confiiiaà Ripailleprés du Lac Leiîiana accompagne de dix C^hcuaiicrs d illuftre famille, oùii embrall'a la vie d'Hermke en vn Monaftere fondé par fesancelhes à la mémoire, & honneur du fâinft Mau- riceji'cftant veftu d'vne longue tobbede couleur cen- drée, qu'il.ceignit d'v ne ceinture rccaœéed'ot, auec vn manteau par deilus de mefœe couleur que la robbej auquel eftou coufue vnc croix blanche d'or.François Modius en fes Pandadcs , adeurc que ces.Hermites, qu'il appelle Cheualiers de S.Maurice, affifletent ainfi veftus à la confecration de Félix V. leur fondAteuc l'an 1440. monftrant par là qu'elle auoit eftc la Reli- gion , & quels accouftrcmen^ orliinâircs ce nouueaii Pontife auôit porte par le palTé. L'Ordre des Cheualiers du Chien Ù du C^i en France. Les Autheurs n'ont rien dit de certain touchant l'inilitution de ces deux Ordres, on lesatiribuë nc- antfifioins à iamaifon de Montmorency. Le premier, d'autant que ceux de cette maifon por- tent (iirla creftc de leurs armes vn cinen , ïointque Philippe Moreus en fes Tables des armoiries de Fran- ce , écrit que Bouchard de Montmorency vint en la Cour du Roy de France Philippe i. du nom , fuiuyde plufienrs autres Cheualiers portans tous vn cfailier remply de celles de Cerfs , oij pendoient l'effigie d'vn chien , & cela pour fignificrla fidélité & affcdson fin cere qu'ils auoient , & auroient coi^ijours aul^ruicei ptotedion , &dcfcncc de b & les ont heureufc- mens combattus. Ils auoierit conquis fur eux l'I/le & la ville de Rho- des, mais ils la prindrêr quelques ansaprcs;Soliman II. du nom Empereur des Turcs, s'emparaiit d'îcelle, & durant ce temps qu'ils lapodederent} ils furent appel- iez Cheualiers deRhodes. Depuis l'Empereur Charles- Quint leur donna l'Jfle de Malte, laquelle ils o'it toiî- jours couragcufement défendue > &' principr:!emcnt durant z.fieges que les Turcs ont mis dcuant,l vn fous Soliman fufdidl:, & l'autre fotjs Selim II. du nom , tous deux Monarques des Turcs,quc leurs ennemis.ont efté contrainds delcuerauec beaucoup de perte dés- honneur. Du nom de cette Ifle on les appelle encore auiourd'huy Cheualiers de Malte. Ai;.cun ne peut pasuenir à ce degié s'il n'eft denoble cxtraftion. Leur premier grand Maiftrc fut Raymond de Po- die , qui depuis compola & publia les conftitutions fé- lon lerquelles viuent encor à prefencces Chrefticns. Ils obferucnt la reigle de S.Auguftin,& difent cha- cun certain nombre de P/î/fr Kq/?fj' ,au lieu des heures canoniales , & piomettent foy,obediencc , & chafteté* Ils poitét les armes en l'honneur de Dicu>& de S.Iearî Baptiftc, lequel (comme nous auons dit ) ils tiennene pour patron pour la defencc de la foy Cbreftienne. Or au mefmc temps que ces Cheualiers comment cercnt à s'eftablir en 1 Hofpital S.Iean de Hierufalem, il y eut auffi des femmes qui firent le mefmepour re- cueillir les femmes pèlerines, ainfi que Gçfard en auoit faitvn pour les hommes. Ceiuy dés femrries ^'appelloit defâinélc MatjcMag- delaine, le tout fous la conduite d'vnefort honnefte Damenorr.mée Agnes, laquelle auec fa trouppeprit rh2bit;& vieregulitre.ainfi qu'auoitfait Gcratd. L'Ordre des Cheualiers nommé Ttmplurs. „ L'expédition de la guene faindte ayant efté autant heurcultmcnt acheuéc que religieusement cntiepri- fe fous la vidtorieufc conduire de Godefioy deBuil^ i Ion l'Ordre des Cheualiers du Tcmpie, ou des Tem- pliers , (duquel l'on rapporte i'iuftitotion du temps de Gelafe II.) fut eftably par les Princes François , pour conferuer en la Terrc-Sainde > ce qu'ils y auoient ac- quis fur les Sarrazins. Les deux premiers Autheursde cét inftitut furent Hugon dcPayennes , & Godefroy defaind Aumard Chaualiers. Et d'autant que le Roy Baudouynlcur de., ftina certain lieu prés le Temple pour y demeurer, les Cheualiers de ce temps furent nommez les Frères de lamihcedece temps , ôi plus communément Tem-; pliers. Depuis le Roy auec les Principaux du Royaume, & le Patriarche Grandmand , qui prefidoit pour lors en l'Eglife de Hierufalem, leur alîîgneient quelques biens & reuenus pour leur viure , &: vefture. Il leur fut enchargépar le Patriarche,& par lesEuef- ques , que pour la remiffion de leurs pechcz.Ils eullcnt à maintenir de tout leur pouuou- , ces chemins libres de voleurs, pour la fcuretc des pcicrins,lcfquels ils doi- uent conduire,& remener en Icureté. Depuis leur^inftitution ils demeurèrent l'efpacede i neuf De rorigine des Ordres Militaires. 917 neiifans en l'habit fccalier , lequel leur cftoit fourny par le peuple par charité, &r aumofnc. Mais il y eut depuis vu Concile k Ttoyes en Fran- «if'ù leur fut donnée vnercigle qu'on tient auoir eflc dicilcc par S. Beisard , fans aucune Croix , far ordon- «lapcc du Pape Honore > d'Efticnnc Pati'iarchc de Hierufâlcm. Ils demeurèrent encor quelques ans en céc habif.mais ils commcnceieuC dés lors à multiplier félon qu'ils enchcriflfoient. Et au temps du Pape Eugène IILdu nom,& par fon authoritc ils commencèrent de coudre des Croix rou- ges fur leurs manteaux , afin d'cftrc par cette difFeren- ce remarquez entre lcsautres,& pourmonftrer qu'ils auoientconfâcrc leur (angpour la protccSbion , & de- fence de la Terre- fainde . & des autres lieux de là Cheftienté contre les infidelles. Cette Croix eftoit oftogone. &l'inftar de celle des Cheualiers deS.lean: ! bien que Hierofme Romain Efpagnol , maintienne ' qu'elle eftoit double,& comme Patriarchale, tclleque ; la portoient les Hongres en leurs armes. Cette Religion deuint enfin (î puilFante , qu'elle I égalloiten richefTcs les plus puiflans Roys,Et comme | l'an mil eent huidante-fept Hierufalcm eut eftc prife ! par leis Infidelles , les Cheualiers Templiers ne laiiïc- j rent point de combattre toufiours vaillamment pour la Religion. ! Toutesfois l'an 13 11. il plût au Pape Clément V : d'abolir cet Ordre de TcmplierSjpour les énormes pe-. ! chf z , & grandes fautes qu'on difoit qu'ils auoient | commifes : leurs richeflcs furent diftribuées àdiuers ! Cheualiers, comme à ceux de Rhodes, de S. lacqucs.de I Calatraua , & d'Alcantara en Efpagne, Il n'y en a plus j maintenant finonles Cheualiers de Malte , les grands Prieurs & Commandeurs qui portent nmplementdcs Croix blanches fur leurs robbcs , foutanes & man- teaux, comme aufli les Preftres qui célèbrent le feruice diuin aufdits Pricurezjôc Commanderies dudit Ordre deS-Iean. l'Ordre des Cheualiers Theutoniquèi de l'Hofpiial de fainde Marie en Hierufalem , ou autrement , Les Porte-Croix ôu Mariahes, Enuiron et mefhie temps Frédéric li.à l'indance du Pape Grégoire VIT. ayant conduit vne mcfme armée en Syrie pour ddùanccr le progrez dé la guerre fain- âe,ilfutcaufèd'inftituercét ordre, & delesinftaler eti l'Eglife &HofpicaJ de faindc Maîieen Hierufalem i & fut approuuc du Pape Gcleftin UL fous la reiglé de S.Auguftin; Ceux, cy auec les Cheualiers du Temple êc de S.îeah confpirôientà mefmcfin & mefme intention, s'eftans commealTociezà vne mefme profeflîon , n'en eftans prcfque difFerens que de leurs Croix noires qu'ils por tent coufués fur leurs manteaux blancs. Henty Vual- pot fur le premier grand Maiftrc: depuis ils adioufte- rent à leurs eculfons le Refaire , qni cnuironnoit la Croix qui^ à efté dite cy- delTus.De là éft venu^u'oh leà a appeliez Marianes,& Porte-Crôix. Et après la prife de Hierufalcm, s'eftans retirera Ptolcmaïde. l'Empcfeut Frédéric les tranfportacn Al- lemagne, & les mit en la Prouinccde Pruffic, ennemie pour lors de noftrc Religion , afin delà conquérir, & l'a(Tubie6tirauChriftianifmc, & ce fous l'audoritéde Grégoire IX. enfin l'an de noftre falut 1175?. cette Pro uince ayant eftc fubiuguéê, on les appclla Tcutofiitcs, & Pruflîensi Cette conquefte fe fit fous la conduite de Hertîiah Salza, qui arbora le premier l'enfcignc delà Croix en cette Prouincc.Ce qui leur concilia l'amitié Se la bien Veillance de tous les Princes Chreftiens. depuis ilsno c eu de grandes guerres concti les Lithuaniens, Polono s &Tartarc5. ' Les Prcftre« & ^cs Cheualiers de cet Ordre portent 10 en leurs mnnteanx catc croix noire coufuëdeflus en broderie d'argent. LeScreniflîme Maximian d'Auftriche eft mainte- nant leur grand Maiftre,quipprteccs2rmes my-parties de la maifon d'Ai)ftrichc,& de celles de l'Ordre. Et bien que la Prufic foit maintenant 'fubicfte au Roy de Polognejtoutesfois on ne lailTc pis d'efiirc vn grand Maiftre, qui ioiiit auec les fiensdes biens qu'ils ont en Allemagne. L'Ordre des Cheualiers dès. lean d'u^ccotiy , & de S. Thoma^s. A l'imitation dès Ordres des Cheualiers fufdits, l'on a inftituc plufieursautre^, entre Icfqucls fut ccluy des Cheualiers d'Accon,& de fainélThoma^id: l'ori- gine & infticution defquels , bien que l'on ne trouufi rien de certain , l'on trou,ue toutesfois qu'^u com- mencement d'icelle ilss'occuppiènta adifter charita- blement ceux qui venoient vifiter les lieux faindsj de tout ce qu'ils auoient beloin : mais auec le tcmips ils y adiouftercnt les armes à l'exemple des Cheualiers dcS.Iean. Ce qui a efte caufc de les faire inférer entre les Or- dres Mili;aircs,Hierotme Romain dit qu'ils florilToiee en Efpagne, y régnant Alphonfe furnommé le Sagei& que ce Roy leur légua par fon teftament tous (es meu- bles , auec quelque fomme d'argent. MaisToftatfuE lofué die qu'il n'cftoit prcfque plus aucune mémoire d'eux. Quant à l'ordre de S.Thomas, qui militoit fouS larcigledeS. Auguftin , il fut coniotnâ: aueclcptecc- dentparle Pape Alexandre IV. La Paleftinc nous adonné encor quelques autres Ordres, comme ccluy de S.BIaife, de Câiuâs Marie, ôc celuy de la Pénitence des fainéts Martys. Hierofme Romain alTcure auoir vcu les frères de cc'dernier Or- dre.quiiportoientvne croix rouge.&tenoicntla règle deS. Auguftin. L'Ordre des Cheualiers de S-Sauueur en Arragon. Enuiron l'an mil cent dix- hui6l, Alphonfe Roy ^ d'Efpague, deNauarre jd'Arragon, de Caftille;&dc Tolède, du cofté de fa femme Vrraca defitant d'extir- per les Mores deSarragoifc & d' Arragon , & voyant combienles Prouinces voifines s'eftoient bien'trou- uéesdes Ordres Militaires que chacun auoit eltably chez foy,il inftituaen la ville de Montréal après la priic de Calatraua,rOfdredes Cheualiers deS Sauueur,aucc lapromeifedefauorifer, & d'cftrc le fupportde ceux qui fe porteroicnt plus valeurcufemcnc à la gucnc qu'il pretendoit faire contre les infiJclles: ce quiluy relilïït fi heuteufcment que l'an iiio. il les foréa de vuider toutes ces contrées qu'ils auoient occupéirs, cela fut caufe que ce Ë.oy donna à cét Ordre de grands & riches reuenus. V Ordre des Cheualiers dcUont-ioye en Syrie, qu'on appelle en Cafîitle de Monfiac , & en Catalogne de Montgota. î)u temps que les Princes Chreftiens conqucfterent jj, la Syrie, l'Ordre des Cheualictsde Klont-Ioye fut in- ftitué, lefquels prindrent ièur nomd'vne montagne ainfi nommée, proche delaville de Hierufalc, comme enfait foyla Bulle de fon approbation donnée par le Pape Alexandre HL l'an iiSo.confcruécaux ArchiueS de Calatraua. Cét Ordre recéut de gtands biens des Princes Chre- ftiens , en coufideration de l'affiftance qu'ils leurs auoient rendue pour recouurer la Tertc-Sainéle. Lcrnefme Hierofmé Ronnain fait mention d'vii autre Ordre de Cheualiers qu'il nomme de TruxiUci ayanc pris ce nom lï de la ville où ils commencèrent cét drdrc i qui fut enrichy de plufieurs grands dons par IcRôy Alphonfe, lequel leur donna encor faindé Croix.2lufiolc, Cabime, Albate , & quelques autres, &C ce l'an 1235. H H h h 3 t'Ordif t^ 1 9iS De rOrigine des Ordres Militaires. . j. . . inftitué l'an ii/o.aux Royaumes dcLfon &Gsiice 13 L'Ordre des Cheualieas de Porte-glaiue ou Gens- d'armes de Chrift en Liuonie. Entre la Prufle, Lithuanie,Ruffie, & Mofcouie , cft fitucc en la Prouincc de Liuonie, les potentats de la- quelles'eftans alliez des Cheualiers Tcutoniques , def- quclsil a efté padc cy-dcfTus, à Icnr imitation firent vn Ordre de Cheualiers confirme par Innocent III. pre- nans poutblazon 2. cpcesde couleur rouge en forme de Croix S. Andrcqu'ils faifoicnt coudre fur leurs mâ- manteaux.Lc premier grand Maiftre s'appelloit Vnius, auec lequel ils firent de grands progrez, ôc conquirent plufieurs places en la Rutiïe. Depuis ils s'vnirent auec les Teutoniques: mais ayans cuplufieurs difFerens enfemble iis.Ven fcpare- lent moyennant vne bonne fomme d'argent qn'ils payèrent enuiron l'an 1348. Enfin cette Prouinee ayant efté infc(5bée de l'hcrcfic de Luther , cet Ordre fut du toutcfteint ayant floryl'cfpacc de if7.ans. L'Ordre des Cheualiers deS.lacques en Ejpagne. 1 4 La fepulturc du glorieux Apoftrc S. lacqucs ayant efté découuerte en Efpagne, & la renommée des mira- cles qui fc faifoicnt ionrncUement en ce lieu , épandue de toute parts , caufa vne grande deuotion non feule- ment aux peuples de l'Efpagne, mais à ceux encore des.Prouinccs plus cfloignécs. Mais d'autant que le chcmin,à'caufe des rochers & fterilité de la terre, eftoit fort difficile, & que les Mo- res voloicnt & pilloicnt les Pèlerins , la crainte du danger empcfchoit pluficurs d'entreprendre le voyage par Dom Ferdinand Roy dcfdits Royauroes : >i< queloug- temps auparauantil yauoitvne compagnie, oucon. frairiedes Cheualiers de S.Iacqucs, fans'furme dcRc- ligiôn. Il dit'plus que cet Ordre a efté introduit en Caftille par le Roy Dom Alphonfc I X. Se approuué Tan 1175. de manière que les fondateurs de cet Ordre militaire font ce Roy Dom Fernand ,& Dom Pierre Fernandez premier grand Maiftre. Onufrc Pauini en fa Chronique rapporte cet orioi- ne à l'an 1170. Les ftatuts de cét ordre font nouueile- mcnt imprimez par Plautin à Anuers. Cataua ayant cfte emporté fur les Mores par le Roy Sanciuslll. furnomméle Dcfiréj'an ii;8. il fut mis entre les mains des Templiers , afin que par le moyen des fortifications qu'il y fcroit ils la rendiifent comme vn boLil.'uart contre les infidtllcs : mais les Templiers ayans cfté^auertis que ceux-là aîloient fondre fur eux auec vn nombre prcfqueinfiny, ils remirent la place à la volonté du Roy. Se en forcirent, ne la trouuam pas aflTcz forte pour fouftenir vn fiegc, & comme pas vn^ des grands Seigneurs du Royaume ne voulut entre- prendre de la gerdcr, deux Moines dcCiftcaux,faifans pour lors feiour à Toicde par occafion , l'vn nommé RaimondFilceiius AbbcdePiforic ,& l'autre Didacus Velcfcns, tous deux fort valeureux aux armes , qu'il: auoientlailTcesncantmoins pour feruiràDieu , fc re- folurcnc d'y entrer, & de la confcrucr &defFendrede «^clatut caulequeles Chanoines réguliers defaint | tout^lcur pouuoir : ce qu'ayant communiqué au Roy tloy, qui auoicnt leur demeure non guère loin de Cô- | Sancius il l'eut pour trcssagrcable , commeeut aiiiîi poltele, pour y donner quelque remède baftircnt plu- Ican Archeuefque de Tolède, qui leur fournit des fieurs logis fur,le chemin de France, pour y loger les Pèlerins, afin de les garantir du danger :1e principal &plus excellent defquels fut celuy qui futbafty aux faux bourgs de la ville de Leon,fous le nom & tilcrcdc S. Marc: qui leur acquit tellement la bien - veillance d'vn chacun ,j que plufieurs Roys & Ptinces leur en fi- rent de fort grands prefens en recognoclTance de ce bienfait. Depuis l'imitation de ces Chanoines piu. Iicurs Gemils-horomes de Caftille defueient défaire le même : & pour mieux parucnir à leur dcllcin firent de toutes leurs polTeffions & richcifes vne malTe , afin de s'en fcruir en commun. Ces Gentils-hommcs donc par !a diligeece du Car- dinal lacynte, ayans piins rcfolution deic conioindrc auec lefdits Chanoines , ils propoferent de drcifer vne manière de viurc telle qu'ils defiroient obferuer à l'ad. uenir , félon la règle de S. Augufti,n laquelle ces Cha- , noincsobferuoit , & l'enuoyerent au S. Perc Alcxan dre III. qui eftoit pour lors fouuerain Pontife, faifant le chef de cet Ambaffade Pierre Fernandez du Pont Eucalatc, lequel obtint du Pape vne Bulle,& la maniè- re de viurc qu'ils deuoient garder en datte du i5.1uiHct 3175. Leur premier grand Maiftre fut ce Fernandez, Se pour demeure fut donnée^à ces Chcuahcrs lamaifon de S. Marc à Léon : leurliuréc ou marque honoraire eft vne Croix rouge en forme d'épée. Cecyeft félon l'opinion de Ican Mariana , auliurci. de (on hiftoi- re d'Efpagne.Mais d'autres tiennent cét Ordre plus an- cien,ramenant fon origine au.temps du Roy Alphonfc ic Charte : autres, à l'an 848. quand Dom Ramirc Roy de Caftille défit 60. mille Mores près de Clauige , d'au- tant qu'en cette bataille les foldats s'efcrioletit , Dieu nousayde &S,lacques, lequel onvid àchcual portan vne bande blanche marquée d'vne Croix rouge. ' Mais laBulie fur laquelle on fe fonde , qui a efté donnée aux Rcligicufes du Cloiftre du S. Efprit en Salamanque,n'eftpas authentique , comme l'a remar- qué ledit Mariana , Se François Rhados Dandrada qui a dan en Efpagnol la chronique de 3.0rdtes de S,Iac- quesjdcCalatraua, Se d'Alcantara,d,u que cet Ordre fut moyens & d'hommes fclon fa puiflànce, perfuadant par fon authorité & par fes prières, tant nobles qu'au- tre^ , d'entreprendre la deffcnce de cette place auec fcs deux Religieux pour le bien de la Religion Chreftien* ne : ce qui l'aduança de forte que des hommes detou» tes conditions vcnoient à tronppespour Icfecours de CCS gens de bien : de manière que la ville fut fi bien munie, & fortifiée que l'ennemy n'ofa iamais entre- prendre de la venir attaquer. Voila l' heureux commencement de cette milice : G bien que le Roy donna ce lieu en rccompcnfc à ces Re- ligieux & à leurs compagnons, au nom de la Vierge Marie p-îrone de l'Ordre des Ciftcaux. L'Abbé donna à ces derniers compagnons la veftii- re & régie de Ciftcaux. Les blazons de cet Ôrdie fu- rent au commencement vne Croix rouge,& deux ct-ps au bas d'icclle^où furentadioudéespar traiéî de temps quatre fleurs de Lys par BcnoiftXlH. qu'ils portè- rent au heu de fcapulaire. Alexandre III. l'an 1164. ap- prouua depuis cét Inftitut par vne Bulle exprefîc, Se le premiergrand Mai ftre s'appelloit Garfia. Quand ces Cheualiers font en quelque afTemblée ils portent vne robbc blanche,&fur icelle comme aufH fur la poitrine, vne croix rouge de la forme que nous venons de dire. Le Pape l'an 1596. leur, concéda de fe marier vne fois , fans toutesfois prendre vne féconde femme, car ilseftoient iadis tenus de viurc comme Rcl igieuxen chafteté perpccuellc:de forte que comme vous pouucz voir, les premiers inftiturcnrs de cét Or- dre furent Sanche Roy.de Caftille , Se Raymond Abbc de Fitcre. L Ordre des genf. d'armes de lefus-Chrtfi inftitué par S. Dominique pour extirper les Albigeois hérétiques. LcsComtez de Tholofc Se de laLombardiceftans prefque toutes infcflécs de l'erreur des Albigeois , S. l Dominiqueprclcha contr'cux auec vn tel profit qu'on tient qu'il en conueititiulqucs à cent mille, choifi'sât quelques dcuoces perfonnes pour extirper par leglsi- ue roatcrul ceux-là de ces hérétiques, qui ne felaiffe- rpjcnt De rOrign e des O rdres Militaires* 919 roient toucher du gla^iic Ipii ituel de laparole de Dieu, I du lieu principal de leur rciîdence, ayant efté inditué à ceux-cy il ordonna vne certaine règle de viure fpiri- tiiellementparddlus le commun des Séculiers , t ne laifrerent pas de continuer ce genre de vie , iufqu'à leur mort , ôc leurs femmes les furoiuansjelles viuoient encontinencç,& les hommes faifoient le femblables'ilse! fufuiuoient les femmes. Quelque temps après des perfonhes indif- féremment mariez, &non mariezontembralTc cette milice, qui fut finalement nommée des Frères, ou des fœurs de la pénitence de S. Dominique: Innocent IV. approuua leur règle l'an 15(30. L'Ordre des Cheualiers d'Alcantara au Rojaume de Léon. me temps que celuy des Templiers fut abolv. de forte que tous les biens que ceux-cy polîcdoicnt au Royaume de Valeoce.furent conflgnez à ceux de Mon- tcfe , à condition de défendre &c g'arder les frontières de Valence à l'encontre des Mores, Leur ordre futap- prouué par Benoift XH I. & Martin V- Us porten- l'habit blanc, & par de/Tus vne Croix rouée toute fini pie. ^ L'Ordre des Cheualiers de lefas-Chrifl en Portugal Denis.furnommé Pcrioca,Roy de PortugaI,neucu d'AlphonleX. Roy de Cattiile & deLeon, inftituacct ordre appells communément de Portugal i ou de Chrift. Il ordonna que leurs blazons feroienr vne rob- be noire & vne croix noire couppée d'vn autre bran- che y attachée. * Le Papelcan XXII.l'an ijii.lcur prefcriuitde tenît la règle de S. Benoift. Leurdeuoir eft de faire la gucr,- Comeljns Ferdinand, Cheuaher,& grand Seigneur j re aux Mores qui habitent la Betique. Ceft parlent treceux du Royaume deLeon fous lesa.ifnirMrl*. verriinn*i l'Pmm entreceux du Royaume deLeon fous lesaufpicesde Ferdiiiaud Roy de ce RoyauiTie, & deGalice, inftitua cette Cheualerie contre les Mores, qui eut au corn- mencemcntlc nom deS.Iuiian dePirrrio, d'autant quela première maifon qu'ils eurét,cftoit en vn bourg ninh nommé. Le Roy lé déclara protedcur de cet Or- dre pa' les lettres expreflcsa'an 117 é.Et le Pape Alexan- dre ili.l'^pprouua. Ec l'an iiSj.le Pape Lucius III. le confirma , & Te- Xr. rnpta de iaiarifdidion des diocefains. Leurs armes fuiécvn poirier vert en champ d or . iufquesau temps qu'Alphonle VIII. donna aux Chanceliers de cet Or- dre Alcancara, place fituée au bourg dufleuue Taaus (remarquable en Tingenieufc ftrudlure de fon ponr) par l'incorporation qu'il en fitauec ceux de l'Ordre de Calatraue, auquel ce lieu auoit efté prcmieremct don- né.-mais la raifon d'eftrc remis à ces derniers, auec cô- Uention coutesfois, qu'ils feroient fuiecsà ceux -Ia\ pour marque dequoy par l'ordonnance de leur grand Maiftrefurentadiouftcz deux ceps qui eftoient en de- uifc desautres, ôc furent appelles par après Cheualiers d'Alcantara. Finalement l'an 1411: les Cheualiers de cét Ordre obtindreht du Papp Benoift XIÎI. qui fe difoitPape en Efpagne, de porter fut la poitrine vers le cofté.gau- che.la Croix verte.faitc en forme de jyj^ Ils viuent fous la règle de S.Benoift, &^rometteht en leur profelfion obcyftancc à leurs Supérieurs , cha- ftetc conjugale , &dc viure le plus faintement qu'il leur icrâ poUÎble tous les iours de leur vie- Le Pape AdrianVL annexa depuis en faueur dé Charle Quint iadis fon difciple, ces 3. Ordres, de S.Ia- ques.Calattraùc. & Alcantara, ôc la Couronne de Ca- ftillcj& de Léon à perpétuité. L'Ordre des cheualiers de la Glorieufe Viefge Marié en Italie. L'an 1235. Barthélémy deVicency de l'Ordre des Frères Prcfchcurs , fut autheur de ces Cheualiers, qu'il inftuua pour concilier la paix par les villes d'Italie , & exterminer toute efpece de difcorde,& de diuifion. Le Pape Vrbain IV-l'an iiôi.l'approuua ; leur ha- bit eftoit vne robbc blanche , & vne robbe grife i & ponoient pour leur deuife vne Croix pourprée en champ blanc , aucc quelques Eftoilles au delTus. Leur vertu que l'Empire des Portugais s'eft étendu iufques bien auant en l'Orient encore en Afrique, aubrafil ôc autres parties Occidentales. L'Ordre des Cheualiers de la Bande ,&dela Scamài entre le s Efpagnolsj & de la GaUa entre les Vénitiens, L'an i332.Alphonfc II. Roy de Caftille,deuant qu'il fut paruenu à la Royauté inftitua en la ville de Viéèo- ria rendre des Cheualiers de la Bande , ainfi appeliez d'autant que leiour qu'ils eftoient ordonnez par le Roy, comBne grand Maiftre de cetre Cheualerie j il leur pendoit vne bande rouge large de quatre doigts en écharpe,du deflus de l'épaule droidte au deftous du bras gauche. Les enfans des nobles y eftoient admis après auoitr efté au moins dix ans aux armées, excepté lesaifncz. Il a efté forteftimé autresfois , mais enfin pour ncpoint démentir la viciflîtude des ehofes humaines , il eft de- cheu. Quant à celuy de la Scama,Iean 1 1. Roy de Caftille en fut autheur , ôc fut en fort grand honneur de fon rè- gne , au rapport de Hierofme Romain , bien qu'il difé n'auoirpcu apprendre que c'eftoit que ce la Scamaj quelque recherche qu'il en ait peu faire. A l'imitation des Cheualiers de la Bande, les Veni* tiens inftitucrenr au mcfme temps ceux de la Galz?, prefque auec les mcfmcs loix. Aucun n'y pouuoit eft/rê receu par le Duc , ny par le Sénat , qui ne fuft noUe d'extraélion. Cét Ordre fc ronouuella l'ani;éi. &futfauorifé de nouuclles grâces, & priuileges. André Etten , excel- lent en l'Anatomie de Médecine, & bien verséen tou- tes fciences, netrouue pas qu'ils ayent eu autres armes qu'vn collier d'or , otj pendoit l'image de S. Marc où d'vn Lyon aidé , auec cét Eloge Fax tibi Marte, Ën- cor le die il parconiedèure, fondée fur ce que le Duc Ôc le Sénat de Vcnife , voulans dignement recompcn-, fer pluficurs grands perfonnages d'en£r'eux,qui auoiét oblige la Republique par quelques fignalez fcruicei,ils les ordonnoient Cheualicrs,& leur donnoient cdi lier d'or, aucc cette dcuile; lOïdre des Cheualiers Auifien 's i vulgairement appeliez des Aduisen Portugal. Les Chreftietîs s'cftans rendus les mailjlresde la ville 2d , a 1"-- '-""'"•.c. au i.ituus. jucur Les VjnreiiieDs s ciians rcnaus les maiijtresde la viiie dcuoircUoit de prendre en leur protcdion les vefves, d'Ebors, célèbre en Portugal pour le feiour ordinaire les Orphehns. cVdrnrnf'iir^.r lîi r,o.vX^ , J ^, r.r- ^1 n..^i n *^ . , i r ■ r xi Ôc les orphelins, & de procncer la paix & concorde en tre les autres. lIsont,efté appeliez les Frères loyeux, d'autant qu'ils viuoient paifijjles, & contents en leurs maifons auec leurs femmes & enfans,ainfi qucdit Si. gonius,& autres. L'Ordre des cheualiers de Monteje au Royaume de Valence. Les Cheualiers de Montcfe, furent ainfi appeliez qu'y faifoient les Roys,leRoy Alphonfe rccognoifsat quefona(lîeic& 1j force eftoient tous propres à guer- royer les Mores , il y cftabiic la principale demeure des Cheualiers qui fe nomment au Royaume de Caftille de Calatraua , &cn Portuga'l des Aduis, iefjUtrls fu- rent coutesfois appeliez au commenccmenc Eborea- ccs , du nomd'Ebora, qu on ti^nt leur auoir efté don- ne patFerdiuaridMontcyro 5 leur premier grand Mai- HHhh 4 ftre ï De rOrigîne des Ordres Militaires. ftrc en l'honneur de la Vierge Marie , Patfone de l'Ordre de Cifteaux j afin que par leurs continuelles courfes fur les Barbares,ils les contraignincnt enfin de vuider le pays. Orleur 5. grandMaiftre, qui s'appelloit Alphonfc Auenfis ayant conquis fur les infidelles le Chafteau Auifin , il ledonnaàla compagnie > laquelle il tran- fporta,afin & de les trauerfer dauantage : depuis le nom de ce Chafteau leur eft demeure: cet Ordre fut confirmé par le Pape Innocent 1 1 1. l'an U04. Au rcfte Rodcric GarziaS- grand Maiftre de Calatraua , ayant enrichy de pluficurs grands reuenusces Cheualiers Auifins , ils fc foufmi- rent aux loix, & reformations de fon Ordre > fans le gouuevneroent duquel ils demeurèrent iufques au lèmpsdcican leur gtand Maiftre, qui fut fils naturel dePierre VlII.Roy de Portugal. Car ce Royàlafol- licitation ( comme il .eft croyable) de fon fils , fepara cet ordre des Auifins d'auec celuy dcCalacraua , leur ordonnant qu'ils portaffent d'orefnautint vne croix verte fur vn tionc aucunement long en leurs blazons, en ayant ofté le poirier à la diftindion'des Cheualiers d'Alcantarajbien qu'ils la portaient tougeauparauant ^ telle que la portoicnt les Cheualiers de 4^alatraua,ain- fi qu'il fcvoid en l'ancien fccl dcTOidre, où eftoient à la baze de la Croix, ainfi que dit François Radofius, deux petits oy féaux, Ilsf.:iuent la reiglede Cifteaux: quoy que s'en foit Radolius confond bien à propos ces deux Ordres des Auifiens , &de Calacraua .- puis qu'enfin par traiét de temps, des deuxnes'cn eft faitqu'vn, & au concraiie Voiaceran s'eft trompé qui les ioint auec ceux d'Alcâ- tara.comme l'a remarqué Hierofme Romain,& Gon- falue Argorcs de Malina au liure i. chap. u. de la No blcffe d'Efpâgne. L'Ordre des Cheualiers de la Tal/le Ronde. 53 On dit qu'Artus Roy d'Angleterre, ayant choifi vingt-quatie Gentils- hommes les plus belliqueux , & les plus expérimentez aux armes qu'il peut , il les or- donna Cheualiers & comme cftans égaux en vertu , il les aymoic également, pour leur ofter toucfuiec d'cn- uie , & qu'il vouluft en fauorifer l'vn plus que l'autre, il fit faire vne table ronde, où ils prenoienc ordinaire- ment leurs repas, en laquelle comme il, n'y auoit ny haut ny bas-bout , en ce faifant nul ne pouuoitdire ny premier ny dernier afîîs , ny plus ou moins honoré que fon compagnon, & de là ils ont cftc nommez Cheualiers delà Table Ronde. Le menu peuple d'Angleterre, croit que cette table eft gardée au Chafteau de Vvinton, & que delTusfont graucz les noms de ceux qui ont efté de cette Cheua- lerie. Guillaume Camdenc croit l'inftitution de cet Or- dre plus récente , & la rapporte à la couftume qu'on auoit autresfois de faire des Tournois , où l'on s'cxer- çoit aux armes. Car.afin que les premières ou derniè- res places ne donnallenc quelque fuicd de querelles aux grands qui y afliftoient , l'on n'vfoit quede tables rondes, oûils s'afleoicnt indifteiemment, fanspren- j die gardcqiii cftoitle premier ou le dernier. L'Ordre des Cheualiers de la lanière en Angleterre. Le Roy Edouard IIL d'Ajigletcrre , inftitua cet Or. drc de la Iattie;e I a;. .350. pour purger le foupçon qu'aucunsauoient pris de la Comtefte de Salisbery, qu'il ayn oit fageaicnt, de laquelle il auoit Icué la lar uerebkcs qui luyeftoit tou.bée en daniant,& adiou (i3^oaïdem(cHonnffoit qui mal^ penfe^ à cauiequc ii.*: Gentils hoin >..!(,;, ,jui eftoienc là prcfeiiss'cftoiem rribà rue, dilàn^ qu'il f-etoii en iortc que cette iartierc k:y rcndroit tout honneur Ôc teuercncc : ce qui admnt parl'inftituticn de cet Ordre de Cheualiers,aufquelsil en douna le nom. D'autres difent, que cét Ordre printfon nom d' où ils fedciieftolcntcle leurs acconftremens precedens, & des gands qu'il arra- choient à leuri manteau d'vnc petite corde blanche, puis ils moncoient fur des cheuaux fcilez Se houlFcz de cuirnoir meflangé de blanc , auec vnc Croix atta- chée fur le froint. Leurs laquais roaichoient deuant eux, portans leurs épces dorées, où pendoicnt leurs efperons fcmblablc- mcnt dorez, Icuis Efciiycrs eftans à cheual à leurs co- ftez , & en cette pompe ils venoient chez leRoy , les trompettes fanfarans au deuant. Et cftansainfiarriuezenfaprefencc, ils fontcen- duits par deux anciens Cheualiers , puis leurs la- quais donnent leurs efpées auec leurs pendans au grpnd Chambrier , lequel les prefente au F.oy en grande reiierencc , pour les ceindre aujc nouueaux Chfualicr» : ce qu'il faifoit : puis il commanddit aux anciens Cheualiers de leur chaufTer les efperons: & ceux - cy louloient autresfois en finifTant cette ce- rcn-onie , leur baiier les genoux en leur défilant tout bien. Or ces nouueaux Cheualiers ainfi ordonnez,auoient de couftume anciennement de couurir la table du Pvoy , puis y difner tous enfcmble , affis d'vn mef- me cofté. L'heure de Vefpres venue , ils alloicnt à !a Chappcllc , & là olfroient leurs cpées fur l'Autel, Icfquellcsils racheptoicnt d'vne certaine fommed'ar- gent. En retournant, le maiftre cuifinicr du Roy leur ve- noit au rencontre, & leur prefcntant fon cqufteau, les mcnaçoit de leur couper ignomineufement leurs épe- rons, s'ils ne fe raonftroicnt fidelles , & bons foldars. Auiour du couronnement des Roys ilsles accompa- gnoient en pompe en leur rang, leurs épées ceintes, éperonnez , & couuers de leurs manteaux de couleur de bleu celcfte * fermez deuant d'vn ruban de foye blanche nouée en Croix auec le capuche pendant de- ucrs l'épaule gauche, C'eft ce qu'en dit particulicr^- me Guillaume Camdcne. Le blazon de cét Ordre eft trois couronnes d'or dans vn cercle d'or auec cette deuife, Triain vnum, at- taché à vne bande de lin teinte en efcarlatc. V Ordre des Cheualiers dé l'Éfloille en France. lean de Valois Roy de France, au mois d'Oitobrc l'an i3jz.inftitua vn Ordre de Cheualiers, en memoi L'Ordre des Cheualiers de l'Annônciadeèn Satioyc. Amedéc VL Comte de Sauoye, ayant inflitné cet 2. t demeura àî Amedéc , & à fes fucccflcurs, en menrioire de fà valeur. Les cérémonies de cet Ordre fe rcïierent tous les ans le iour de l'Annonciation de laVicrg2,6ç y font ordonnez Cheualiers ceux que le Prince choifit. Quant au Comte Amcdée , il ne fe contenta pas d'inftituer cét Ordre, maisil voulut luymefme y eftré cnroUé , auec 14. Seigneurs des plus apparens qui fuf- 1 lent en ce pays , auec lefquels il faifoù le nombre dé 15. en l'honneur des i;,myftcres de la ires-facrcejVicc ge Marie. L'Ordre des Cheualiers de U Toifdn d'or chez les Bourguignons , & ceux de la maifori d' Aujiriche^. Philippe , furnommé le Bon, DucdçBourgongne, if pour l'amour qu'il portoit à laNoblefTe , l'an 1450. au mois de îanuicr , érigea cet Ordre le ipur dç fes nopces auec Elizabeth la fille de lean Roy cîe Portugal ; à la gloire dcDieu, defafainét^-Mere, & de faint An- dré Apoftre : & pour exciter dauantagc les cœurs à l'cxàltation de la S. Foy , & les émouuoir à la-vertu, il donna à cet ordre le Tiltre de la Toifon d'otjfaifant il-* rede l'Eftoille qui conduifoit les Roys en Bethléem : lufion, à la toifon de Gedconqui fut trouuéc en l'air pour y adorer le Sauueur du monde nouuellemcnc d'vn cofté pleine de rosée , & de l'autre feichc , ainfî né,qui furent appeliez les Confrères de noftre Dame ' que l'on void dans des tapifferies de fon temps, qué de S. Audoen , pource que le lieu de leurrefidencé | l'on tend à la fefte de S. André, iour dedic aux folem- s'appelloit ainfi, lequel eftoit cfloigné de Paris enui- i nitez decét ordres Ilcftvray que quelques-vns difent ron plus ou moins vne lieuè : autresfois on l'appelloic j que ces Cheualiecs onteulcur commencement delà le Palais de Chelcy, lequel fut donné auec rEglife;& , légion Thebennc: mais cela eft trop obfcur pour y les appartenances & dépendances, qu'il y auoit. Au commencement Ton n'admettoit en cette co ni pagnie que les plus grands du Royaume : leur blazon eftoit vne eftoille pendue à vn collier d'or , ou attachée au capuche leur robbe, ou bien en quelque autre Heu plus apparent , auec cette deuife Montrant Regibm Apa. viam. Mais comme plufieurs pcrfonnes igno- bles & roturiers fe furent introduites en cette focieté lous des faux donnez à entendre, elle delchelubien toft après de fon luftre : de manière que Charles fils de lean ,'onna qu; Gardes en porteroient lesen- . ^^'g' . -^""^ icïeudce plus vil : Auionrd'huy les Ar- chers du. <îu« cii ii vi ik de Paris les portent fur kar caiac- • ;■ alîeoir aucun fondement. Le Duc Philippe ayant donc érigé cet ordre, il s'en déclara le grand Maiftre, & donna à ces nouueaux Cheualiers vtie robbe de laine teinte erl efcîirlate:qué fon fils Cahrles le Hardy changea en vnéde foye au Chapitre de Valencicnncs , &c vn collier d'or où eftoîc enlafté vn fufii qui fcmbloil faire fortir du feu d'vrt caillou , l'Emblème de feii fôri pcre, & au boutdecé collier la toifoiî d'otslc tdut auec obligation de remet- tre cela en l'Ordre adueuant qu'ils mourulî^nt, poui: eftre donné àceuxqrtile mencoicnt. Paradinen fes Symboles interprète ce blazon en iorrt qu'au fufil il donne cette deuife, An te fent quam fla'àma mifcet. Et à la toifon, Pretium non vile laberu. Les premières charges de cét inftitut fonr le Chan-^ celier>leThtefôricr,lc Roy d'armc5,&: le Gï^ffierjoni jugent De 1 Origine des Ordres Militaires 8 922 iiigent fans appel de tousles débats qui intçruienncnt entrcux, & des crimcss'ily efehct. Philippe, n'en fit au comtnenceraent que -17:. mais trois, aiis aptes il en adioufta encore fixi , de forte qu'ils cftoient trcn- te-vn. i ■ Depuis Charles le Quint pour les diucrfes Piouin- ces où il commandoit, çn augmenta le nombre iufr: ques à cinquante & vn , ma s depuis le Chapitre tenu à Gan.d par Tauthorité de Grégoire XIII. on accor- da à Philippe 1 1. Roy d'Efpagne, confirmée cnccre à Philippe III. par Clément V II 1. qu'ils pour- roicnt créer des Chcualiers hors de Chapitre, quand il leur plairoit. ..Ces Chcualiers nepeuuent eltrc que des maifons qiv'ciî Zipagne ils appellent Grandes, • Richard de Vvaffébourg en fcsantiquitez Bclgiques, fait menti.C)n des anciens Cheualiers du Cygne , in- ftitiicz par Sulius Brabon I duquel félon aucuns , le Brabant apris fon nomjleur donnant cet o yfeau pour hicroglyfiquc de la concorde qu'il vouloir cltrc en eux. L'Ordre des CheuaUers du Porc-Ej)ic en la maifon d'Orléans Charles, Duc d'Oïlcans,qui fut après Roy de Fran- ce, & fixiWme du nom, à l'imitation de Phihppes Duc de Bourgongnceiigca l'ordre des Cheualiefs'du Porc- Epic > portsns en leurs baudtieis la figure decétani- Ce Prince honora de cet Oicir; les Gentils honfi- mcs quiauoient rendu quelque leiuice (îgna'càla maifon de Bourbon :& quant à luyiiil s'en déclara grand Maiftre ^ En figne dcquoy il en adioufta à les armes le colliet^ qui cftoit tout parfcmé de fleurs de Lys, ou en champ d'argent , & de gueules fur vn efcu de couleur bleue, auec cette infcripiion> Efperance» Quiint à cet Emblème compose de Lys , & de chardons , le Duc Louys a voulu fignifîer fa con- fiance contie toutes les aduerfîtez qui luy pour- roient arriuer , 5c mefme qu'il auoit efperance de plus grandes proiperitcz , le chardon par fes fcuilles,pi- quantes reprcfentant cç qui afflige , & le Lys qui a toufiours Ces feuilles vertes , l'cfpoir comme de tout temps iicn aefté le Hicroglyfiquc entre les an- ciens... L'Ordre des Chcualiers de fainH Andrc du Chardon , & de la Hue au Ko)au- me à'Efcojfs^. ^gues Roy des Efcoifois eiWu fur le point de don- ner la bafaille à Aithelftam Roy des Anglois , il lujr apparut au Ciel vne Croix fort lu minenfe delà figure de celle fiir laquelle faint Andrémourut martyr pouc nofci e Seigneur. Ce qu'ayant pris pour fon augure , il choqua fon er-nemyile vainquit>& mit à morti& taii;- la en pièces toure [on armée. En mémoire de laquelle victoire qu'il auoitobte- mal ,atiecle Symbole. Co?K/«/«£??îi«î«} comme dit l nue, comme i! eft croyable, parles mérites de ce glo- Paui loue. • Aucuns n'cftoient enrôliez en cette compagnie, qu'ils ne fulTent de grande noblelTe, & dcgiande per- fetlionsux armes. Depuis Louys XII. Koy de Fran- ce, & pourtant Duc d'Orléans , & Comte de Biois, comme fon héritier , pour la deuifc d'vn Porc-Epic couronné, auec cette infcription,, Vltus aiios Trou: fiir fa monnoyc même il en fit graucr la figure , laquelle auec celle du loup eïloit anciennement les armes des Comtes de Blois. Qui fat caufc que Charles print cette denife > ce fut que le Porc - Epicfe dciftnd (k pies & de loir.g contre les chiens , leur dardant à guiie de fagette ies picquerons :& Charles pour faire paroifbe qu'il fc tenoiî alTturé Loiurc tous reuers de fortune , toufiours prcll de le diffendie contre quiconque l'oflcnferoiî , le donna pour blszon à fes Cheualiers. L'Ordre des Cheualiers du Chardon de la en la maifon de Bourbon. Vierge Marie ■ Louys fécond Duc de Bourbon, furnommc le Bon, fils de Pierre premier , qui fut tué en la bataille de Poidiers que le Roy lean eut contre l'Anglois , après auoirleruy les Roys Charles cinquiefint, & Civi- les fîsiefire . contre ces peuples leurs ennemis- Re- tourné qu'il fut d'Afrique , où auoit conduit vne ar- mée contre lesinfidelles , Icisque par les fa de la Religion , de pieté & de clémence Royale •, afin que ceux qui en feroicnt ho- norez , fe fouuinirent de s'aduancer d'autant plus en la petfcdlion de ces vertus fur ces animaux» que la nature de l'homme e(l plus excellente que la leur. L'Ordre des Cheualiers de Cypre, La m^ifon de Lufignan qui a donne tant de Roys,& de Princes à la Chreftientc, particuliccementau Ro- yaume de Hietuf3lem> d'Arménie, & de Cyprejà don- né commencement à cette Cheùalerie > encor qu'on ne Içachepas en quel temps. ' Ses enfeigncs eftoient vn collier fait d'vn cordon d'or , où eftoicnt enlaciez de grands charaâetcs, & au dtdous pendoit vjr}e efpceays^ntlalame d'argcnt>& poignée d'5iE—qa*oi> tournoit cttttc deuile Françoife, Four loyauté maintenir , poqr apprendre à ceux qui eftoient de cet ordre qu'ils ne doitient iamais lailfer pafier Toc cafion de femonfti e r gencreux & d'vn grand courage , ne portant l'efpce que pour cela, & qu'ils doiuent confcruer entr'eux la concorde & l'a- Oiitié pour ladefenfe de la partie, la terre Sainéle dénotant le (ilence entre les anciens Romains. Les ar- mes de ceux delà maifon dê Lufignan font ceintes de ce collier. LOrdre des Cheualiers de U Colomk, & de la Raifon en Caftille. Ican premier Roy de Caftille, pour exciter fes cour- tifans & Gentils - hommes à entreprendre quelque chofe de grand , & digne du rang qu'ils tcnoient , in- uenta cét ordre l'an 1300. leurs blazons eftoient la fi- gure d'vne colombe, où pendoit vn collier d'or entre- meflé derayons Solaires:defqueis colliers eftant àSe- goblele iour qu'on celebrou la fefte defaindilacques, il en diftribua dedans la grande Eglife vn grand nom- brc, les prenant fur l'Autel auec beaucoup de ceremo- nie &dc foiemnité , & les donnant à ceux qu'il vou- loit faire de cét ordre , auec vn liurc de conftitutions qu'il defuoit qu ils obferuadcnti Ce Roy inftitua vn autre Cheùalerie qu'il nom- ma de la Raifon, moins noble que le premier, à laque!- 9^3 leilamettoit les Gentils-hommes de moindre mar. que ; mais neantmoins qui fe portoient valeureufe- mentaux exercices militaires, comme à courir la lan- ce, & autres-. L'Ordre du Dragon entre les AilttHands & les Honores , du Vu fin : en Bohême , à des difàplincs en Aufiriche. L'Empereur Sigifmond à tcmo'gné un fi grand zele j4 à laduancemetit dïT 1:a "Rtli'Mon Clii cllicnne , qo'iliie s'eft contente d'auoir liuré pluficufs combats -anx Turcs , & d'en auoir rrmponé piulîcuis grandes vi- ctoires : mais encore 3 l'a foUcitAtion ont clic tenus deux Conciles généraux , l'vn à Conrtance , & l'autre à Bafle , pour l'cxtirjiation des herefîcs & du (chifmei qui trauailloit pour lors la Chrcftienté, &: fpccialc- ment en Bohême & en Hongrie. Et pour comble de cette tienne deuotion il erigesi l'ordre militaii c du Dragon,ainii nommé d'autant que les Cheualiers portoient pour deuife vu Dragon preci- pité.pour témoigner que par fon moyen le (chifme& l'herefie (dragons deuorans la-Religion ) auoienteftc vaincus & lupplantez. Hierofnne Romai n dit ^ que du temps du Roy leari & des Empereurs Sigifmond & Albert , il y auoit en Allemagne trois Ordres illnftres & infignes, & vn nomme Moyfe Didaco de Valera Efpagnol , pour Ç3. force & valeur les obtint toutes trois , à fçauoir d'Al- bert, de Draconiqae, comme Roy de Hongrie deTu- fin, comme Roy de Boheme,& du collier de l'ordre des Difciplincs, enrichy d'vne Aigle bianche(^ qiii iont les armes du Roy de Pologne , eftant en cham de gueule) comme Duc d'Auftrichf. . Aux hiftoires de Hongrie eft faite mention des Cheualiers Hongrois , dcfqueis le blazon eftoit vne Croix verte attachée à vn manteau d'efcar- late; Hierofme Mcgyferus Hiftoriographc de l'Archiduc d'Auftrichc,au traidé qu'il a fait des trois genres des Cheualiers , dit que cét ordre a eftc inftitué il y a 200, ans en Hongrie, pour s'oppofer aux Turcs qui taf- choicnt de l'occuper. L'Ordre Militaire auRoyaume de Suéde. Le foin qu'ont eu autresfois les Roys & Princes 3? des Gots , de faire perpétuer aux fiecles à venir l'hon- neur ôc la gloire qu'ils auoicnt ac^quife par les ar- mes , fe remarque en leurs armoiries , de drappeaux» blazons, boucliers qu'ils ont latlfez gratiezen plu- fieurs liçux en la Flandre Auftrale , dans !e magni- fique port d'Angouê , ville où les Roy s de Suéde prcnoient leurs refolutions de la paix , ou de là guerre. On void encorefur des rochers giauez par ordre Alphabétique les anciennes armoiries des excellens perfonnagcs qui ont autresfois flory enrrc ces peu- ples-là. Ces Roysauoient anciennement pour deuife deux vierges couronnées» veftuès de drap d'or,s'embraflans ir.crueiilcment dans vnefoteft verdoyante,comme fai- fant gloire par là des belles nymphes & DeelTcs qui frequentoicnt en cette Prouince. Apres quelques fiecles toutesfois les Princes dé Suéde prindrcnt pour leurs armes trois couronnes en champ d'azur à caufe de leur grande eftcnduë de leui: demination, leurs magnifiques expéditions enguer- te,ék. l'incfpui fable abondance des métaux qui lelrou- uent en ce pays. Depuis qu'ils fc furent conuertis à la foy , ils infti- tuèrent des ordres militaires à l'imitation des auires Princes Chrefuens , defquels l'vn ailoi t pour blazon vn carquan d'or fait de plufieurs Chérubins & Séra- phins attachez lesvns aux autres, & entrcmcflez dé -.roix Patriarchaies ,lctout enrichy de l'iaragc de no- tre Seigneur* ^ l'Ordre De rOrigine des Ordres Miliaires. 36 37 9^4 L'Ordre des Cheualiers du Glaiue & du Baudrier en Suéde. Il y en a vn autrejordre en Suéde appelle des Por- te -cfpées, acaufequc lcut colHer eftoit eftofFée d'c- pces d'or jointes les vnes aux autres par vn Baudrier, & lerquellcs fe fenabloient choquer de leurs pointes enfanglantces, comme fymbolc delà lufticc , &: des armest les dcuxcolomncs d'vn eftat : leur blazon eftoit vn bouclier d'or, quiauoitla bofferoufToyante > où eftoit peint vn Lyon iaune & rampanr, à l'entour du- quel jl y auoit trois couronnes royales auec autant de clochettes rouges : delfus ce bouclier eftoit vn heaume couronne d'vnc couronne muraille argentée & couuertc d'vn panache verd , de laquelle fortoient deux cnfèignes argentées , lerqucUes portoient peints en leurs drapeaux dei coqs rouges ; depuis que ce pays à change de Religion , cét ordre a cfté cnticrc- Œcntefteint. ^ L'Ordre des Cheualiers de l'Efpic en Bretagne, François premier de ce nom , Duc de Bretagne, fils de lean cinquième > & neveu de Ican quatrième > fur- nommé le Conquérant , qui tranfporta le premier ce Duché en la maifon de Montforc defcenduë de ce grand Euerard de Montmorency , inttiiua l'an mil quatre cens cinquante.rordrc de l'EfpiCjtant pour ho- norer la mémoire de fon ayeul . que pour decourirda- uantage fanoblefle. Il donna à ceux qu'il y admit vn collier d'ortrefTé d'efpics de bled > & notiez en lacs d'amours leurs queuiîs Ce iettans derrière , le tout rcucnant prefqne à la forme d'vnc couronne de Ceres. A ce collier pcndoient deux chainettcs,vne Hermi- ne dellus vne petite coline verte , auec cette deujfe de lean le Conquerant,>4w4ir;,fymbolc d'vnc ame pure, & genercufc. Cet animal félon Pline,ctant fiamoureux de pure- té , que s'il cft pourfuiuy des chafteurs, fe voulans fau- uer dans fon clapier,s'il en crouue l'entrée fale,& vilai- ne, ilayme mieux fe laiftcr prendre que d'y entrer, & fefoiiiller en y entrant. Anne fille de François fécond Duc de Bretagne, & de Marguerite de Foix , fille de Gafton de Foix , deEleonor Reyne deNauarre, print prcfque vne /êmblable deuife, à fçauoir Fluftoft mourir , ainli que l'on void encore auiourd'huy au Chafteau de Blois. Cet ordre des Cheualiers de l'Efpic print fin lors que la Duché de Bretagne fut incorporée à la Cou- uoquc à cela par l'exemple de fon pere Charles VII. ronne de France par le mariage de la fufdite Anne auec Charles VIII. depuis le deceds de ccftuy - cy àLouys XIl.Roy de France. L'Ordre des Cheualiers du Croijfant entre les Angeuins & siciliens. René Duc d'Anjou , & Roy de Sicile,de Naples & de Hicrufalem , fonda cét ordre en l'Eghfe de S. Mau- rice Cathédrale de la ville d'Angers , ôc donna à ceux qu'il y admit vn collier d'or où eftoit attache vn croif- fant auec cette deuife, loj en aoifant. VevÇonnc n'e- ftoitreceucn cette Cheualcrie, fi premièrement il n'a uoit tendu quelque fignalé témoignage de fa valeur: ce que l'on recognoilloit au nombre des combats auf- quels il auoit aflifté , par des petits baftons enfermez chacun auec vn anneau qui leurpcndoit du col , auec vne petite bande. Les premiers qui furent honorez de cét ordre fu- rent lean frère aiihc du Royiufdit, qui eftoit Duc de Lorraine,& de Calabre,lc Vicomte de Ballore.& corn muniquer efgalement à la fortune, bonne ou mauuai- fe , des vns ou des autres , & de (e prefter charitable- ment ayde , &fecours en toute necclEtc fans qu'au- cun peut ofFencer l'autre paratmcî. La famille d'An- jou ayant cfté efteinte par la mort de ce Roy, cet ordre print fin auflî. L'Ordre des Cheualiers de la Nautre ou de la Coquille. Les François eftoient anciennement fort fçauans,& 39 expérimentez aux armes , félon que le rapporte Paca- tus , Apollinaris , & S. René , s'addonnant à la mari- ne auec une telle afFetftion , qu'ils arrefterent , que (i en quelque nation que ce fuft,ils baftiftbient vne ville -' po ur y faire leur demeure , les armoiries feroicnt vn Nauirc. Ceux - cy difent qu'ils pouuoient bien auoit appris cette expérience des Gepides qui on,t autres- fois tenu tout rOcean Germanique : s'y eftans en- fin tendus fi bons maiftres, qu'ils ont excellé tous les autres peuples par de fi belles expéditions d'ou- tre-mer. En tefmoignage dequoy fain£fc Louys fit marquer certaine monnoyc d'vnnauire, &dc coquilles de mer .• Et l'ordre d'vne certaine Cheualerie en France, qui portoit pour deuife deux nauires de couleur noire, dansvnefcu en champ d'or fait de coquilles de mer, dans lefquelles eftoient deux demies lunes de couleur rouge,pour mémoire de tant de vidoires que les Roys de Fiance ont emportez fur les Barbares de l'Orient, & de leurs drappeaux qu'ils leur ont enlcuez, mar- quez de la figure de c et aftre noâ:urne,lequel eft l'en- fcigne des Turcs, comme l'Aigle l'cftoit des Romain?, l'ayant pris de l'ancienne Byzancc qu'il auoit pour fes blazon», ainfi que Lipfius dit ll'auoir obfetué dans Busbec, &,de certaines médailles antiques aux reucrs delquelles eftoit vne demy lune auec cette infcri- ptionBYZANTION. L'Ordre de fainâ Michel en France. Louys X I. tranfporta des Romainsaux François la couftume que les grands ont de porter vn collier d'or, lors ditGaguin , que le premier d'Aouft l'an i^6^- il inftitua à, Amboife l'ordre de faint Michel , qu'il au- gmenta de nouuclles conftitutions au Plcflîs lez Tou rs , donnent pour deuife à ceux qu'il admit à cette Cheualerie le collier d'or tiftu de coquilles attachées les vnes aux autres, à guife de celle que les Sénateurs Romains y portoient fur le bras vn peu efleuécs en dehors, auec cette deuife : Immenft tremor Oceani , pro- qui auoit en fes enfeigncs l'image de cét Archange, lors qu'il fit fon entrée à Roiien , à caufc que par vn miracle fpecial il auoit eftc veufur les ponts d'Or- leansjdcffendant cette uillc là contre les Angloisen vn aifauc qu'ils luy liuroient.Au commencement le nom- bre de ces Cheualiers n'eftoit que de ?o.des plus grands & plus vertueux du Royaume defquels le Roy voulut eftrc le grand Maiftre. Or ceux qui font admis à cette compagnie s'obli- gent par promellc particulière d'obcyr au Roy,& n'en peuucnt cftre calTcz, fi ce n'eft pour crime d'hercfie, ou de lcze-Maiefté,ou pour auoir quitte fon rang en guer- re & s'en eftre fuy par coiiardilc. Or lors que quelqu'vn eftoit mort s'il falloir en cflirc quelqu'vn en fa place, on ne le faifoit point par vœux & fuffrages, mais auec des petits billets lignez que les Vénitiens appellent ballotes, qu'on mettoïc cnvnbaffin, après que leChancclier les auoit coid- ptez, ccluy qui cntiroit le plus eftoit receu par le Piince en la place du decedé auec ces paroles; l'ordre ie tient four frère & compagnon. C'eft pourquoy il te .^onnece collier ; plaifc à Dieu que tu ie porte long- temps, Apies De rorigine des Ordres Militaires. 925 Apres cela en figne d'amitié il baife chacun des 1 Ils portent vrc robbe de catndot khhc au'ec vne C^heuahers.Cét ordre a Ion Cheualicr, Ton Threforicr, ' croix rona- fur le " ' fonPorte-bafton, nommé S.Micheî , 6c fon Greffier qui tient regiftre des noms & beaux expioifls des Cheualiers. Nos Roys honorent encores de cet ordre les Prin- ces cftrangers,en tefmoignage d'amitié.lcfquels.s'ils fe veulent déclarer leurs ennemis , leur rcnuoyent l'or- drc.pour eftre libérez de leur ferment. L Ordre des Cheualiers de Saint George de Carinthe. Rodolphe d'Habfpurg,quifuc le premier de la mai- fon d'Aulhiche , qui paruint à l'Empire pour defFen- dtcla Hongrie,la Syrie, & la Carinthie, contre les. ar- mes des Turcs qui fembloient les menacer de ruine, inllitua l'ordre defaind: Georges , donna au Maiftre General d'icelu y vne Ville de Carinthe de fort belle affictte.pour y faire fa demeure ordinaire, (ScThono- ra de la dignité de Prince. Il voulut encore que l'E- ucfque de la Cite venu d'Auftric , dependift de luy pouc le temporel,auec les Chanoines qui furent tranf- portczà caufe de cela en la forterefTe , &c portèrent la Croix rouge de fainél George dans les armoiries de leurs maifons. Et à ce que rien ne manquait ï la fplcn- dcur de ce nouuel ordre , cet Empereur luy transfera les Chafteaux & domaines des Topars de Cranichbeg rout fraifchement occis auec leurs familles , à fçauoir les terres deTrautmantdorf, Scharfenech, & de faince Patonille. Bernard de Luxembourg en fon liure qu'il a fait des Ordres Militaires , dit queceluy de faind George fut inftitué du Pape Alexandre VL (ScdeMaximilian Em- pereur contre les Turcs i dont les blazons furent vne Croix d'or , auec vne Couronne dans vnannesu d'or. L'Ordre de la Croix de Bourgongne ati Royaume de Thunk. Charles le Quint Empereur & Roy des Èfpagneâ rôfté g.mche, tant au manteau qu'à leur habit ordinaire , & font tenus de porter les armes pour la defence de la foy Chreftienne tant par mer que par terre, de racheter le* prironnicrs Chrefticns, & (iibucnir aux panures, & de dire chacun jour cent Tater nofier. Se cent Ane Maria , pour leur feruioe ordinaire & à certains jours folemnels , ils font tenus au double: & lorsqu'il meurt queJqu'vn de la compagnie , cha- cun doit dire en ion intention cent Paier nofter Se cent Ane Ma? ta , ou bien l'ofKcedes Morts. Leur grand îAaifticcft le Djc de Fioienc:e : lafor- me de leur Croix eftfemblabic à celle de Mahe, ils oni: auffi entr'euxdes Preftres Se des Frères Seruans. L'Ordre des Cheualiers de fainB Eflkme , m- Hitué dans t Eflat de Florence , parles Princes de la maifon de Medicis. Ce't Ordre Illuftre des Cheualiers de faindî Eftien- ne fut grandement amplifie par Ferdinand de Medi- cis , ils tiennent leur Eftat dans Pife & la rendent vne vraycVilledc Mars. Ces Nobles Cheual cis portent le nom dcfainâ: Efticnne Pape & Maicyr,& font toaà Nobles de race, qui fe font rendus infignes pour leurs exploits mémorables faits par eux tant par mer que parterre , contre les ennemis communs de laCbre- ftientc ■ & n'y à jlf-efquc Ordre qui ait plus valeureu- femcnt combattu contreles Turcs , queceftuy-cy. La Loy de l'Ordre leur permet de fe marier, 8c toutesfois il y en a peu qui efpouicnt femme , afin qu'ils foyent plus libres aux affaires de guerre. Les Princes de li maifon de Medicis ayans ïnftitué cet Ordre , afin qu'il fuft fréquenté à Pifc , y ont faiâ: conftruirc vri magnifique Palais , auec vn très- beau Temple , le frontifpice duquel eft recouuert de marbre , Se la voûte eft enrichie de pluficurs belles tables dorées, fur lefqucllcs fgnt repreiêntées en de trcs-ancienneé peintures , les faidls & les expéditions glorieufes dn- dit Ordre : mais ce qui rend leurs vidoirés encores après auoir remis Mulcaifes Roy de Thunes en fon î plus Illuftres & véritables, font la quantité desenfei- Royaume, qui en auoit eftc chafTc par cet infigne Cor- faire Barberouflfe , eftantentrcen pompe, comme vi- â:orieux,dansTunes , portant vn manteau fur lequel il y auoit vne Croix de Bourgongne , laquelle il auoit accouftumé de porter en la guerre , comme il éftoic d'vn grand & magnanime courage j Se qui défiroit fe concilier la bien- veillancc d'vn chacun, defirantmef- me recognoiftre la valeur de ceux qui l'auoient affifté en cette conquefte , en mémoire auffi de cette figna. Ice vidtoire , inftitua l'ordre de la Croix de Bourgon- gnel'ani;35. lejour de Sainte Marie Magdeleine : à laquelle Croix il adjoufta vn fufil qui tiroit des eftin- N:clles de feu d'vn caillou i auec cetté infcription Bar- h Aria. V Ordre des Cheualiers de fainB Eflienne en la Tojcane. Cofme de Medicis premier Duc de Floi:ence l'an mille cinq cens foixante-vn , inftitua l'Ordre de Saint Efticnne Pape & Martyr , au jour duquel il auoitga- gnc la Bataille de Marciano le fixicme d'Aouft • S^ eh mefme année le Pape Pie iV. le confirma l'an mille cinq cens foixantc-vn le premier jour de Février, leur odroyant tous les priuileges qu'ont ceux de Malte tous la règle de faindt Cenoift , à condition que tous ceux qui voudroycnt eftre de cét ordre feroient vœu de charitc,chaftetéconjugale,&obediencc.fans admet- tre perfonne s'il n'eft Noble , & ne en légitime maria- gc,& nommément Catholique , & fans noue d'irfa- mic. gnes , drappeaux, & guidons , fignes , & marques dé leur vertu niilitaire , qui font attachez autour de ce Temple auec plufieurs dcipoliilles & trophées arra- chez aux Turcs; L'Ordre des Cheualiers du fainB Ejj^rit en France, Henry troifiéhnë du nom , Roy de Franie , & dè Polongne , pour marque d'vne eternellè piété , Se dé la rccognoiffance qu'il defiroi t rendre à Dieu des bien- faits qu'il auoit rcccus de fa Majefté le jour de la miC- fion du fainil Efprit , ayant efté en pareil jour eflcti Roy de Polongne , fucccdc à la Couronne de France par iamortdu Roy Charles neufuicme fon freré , Se pris naillanceen mefme jour. il inftitùa l'Ordre des Cheualiers du faind Efprit, l'an mille cinq cens Teptante neuf, le premier jour dé lanuier, à Paiis, en î'Eglifc dcsHertaitesdcfainâ: Au- guftin. Cét Ordre inftitué pour l'extirpation des herefiei & pouç i'augmentatson de la Réîigiôn Cathôiiqiié Apoftôliqnc& Ron^aine. Il voulut qu'aux cestmonies ces Cheualiers euf- fcnt chacun vn mantesu de velours noir , tout parfe- mc de L) Sj& de flammes en brodtric d'or,& d'argent; auec vn grand colier d'or entreiaftc de Lys. & df flam- mes, ^su bout duquel eft vne Croix deMaîtf. &au œi- lieu de laquelle eft vne colombe. Jl yavn Hureparti- l culier de cét inftitnt qui eft afte^ vulgaire. itii L'Ordre 46 47 926 De rorigine des L'Ordre des Chevaliers du Sacré S ang de nofire Seigneur leJus-Chrifl^ a Mantouë, Vincent de Gonzague ,1 V. Duc de Mantouè, & fé- cond de Montferrat , inftitua cet Ordre , l'an mille fix cens huia , aux nopccs de Ton Fils François aucc Mar- pucrite de Sauoye, pour la deffciice , & augmentation de la Religion Chreftienne, & inftitua jafqu'au nom- bre de îo.Cheualicrs : lequel Ordre a efté confirme par le Pape Paul V. Or d'autant que TEglife Czinù André à Mantoue âiennenr qu'ils ont vnc partie de l'efponge de aotlre Scioneur , & trois gouttes de Sang que l'on dit auoir efté'recueillies par fainft Longis, Cencenier , & Mar- tyr , il érigea Ton ordre daz ce iubjct , aucc cette infcri- pcion , mu ijlo tnp recepto. Et pour le collier il le fit faire de petites vcrgcttes d'or liées enfemble, Se du feuaudelTus , entremeflées toutesfois d'autres pièces où CCS mots fonicfcrits. Domine froba^ïi we, vouant par ce fymbole apprendre à ceux de (on Ordre , qu'au plus fort de leurs aduetfitez ils le deuoycnt garder la foy , viurc enfemble en amitié , & concorde perpé- tuelle. VOrdre des CheuAiers de NoHre t> ci- me du Mont Carmel, ô^'^de faint Liixare en France, Au commencement de ce Traité il a efté parlé delà reunion des deux Ordres de faint Maurice , & de faint Lazare en Sauoye : mais les Cheualicrs Saind lean auoyent obtenu du Pape Innocent VlII. auffi , qu il fut reliny au leur pour le regard de la France : ce qu ils rctindrent jufques à Amarus le Chafte Ceftuy- cy eftantChcualicc deS. Iean,& grand Maiftredcl Ordre de S.Lazare, s'efforça de faire rendre a fes confrères les biens qui leur appartenoyent. Sa mort luy empefcha de faire reulTir Ion deliein: maisde nos fours Philibert de Ncreftan , doiié d'au- tant de pieté . & de courage . que de force , & de mo- deftic, a repris les mefmes brifces de fon predeceileur, bien qu'il ne fut Chcualier de Saind lean comme luY , &à cét effet s'en alla à Rome vers le Pape Paul V où il obtint ce qu'il defiroit , & de plus , qu* d o- rcfnauant les Cheualicrs François de fainâ Lazare, fe nommeroyent Cheualicrs de noftre Dame du MontCarmel, &de S. Lazare , & que pour leurs bb- zonsils porteroyent au col vne Croix violette , ou feroit limage de noftre Dame , & vnc autre coufue furl'vndcscoftezdc Icuc manteau, demcfme couleur & figure. des Ordres Militaires. VOrdre de la Cordelière ou Cordon ïn- (iituépar Anne de Bretagne, Royne de France, Comme la Roync Anne de Bretagne , efpoufc du 4^ Roy Charles Vlî.eftoit vne Pt inceftc chafte & vertueu- (e , elle fit toafioars eftat des Dames d'honneur & de vertu, lefquelles pour honorer dauantagc &i recognoi- fïrc leurs mérites , elle inftitua l'Ordre de la Cordeliè- re , à l'imitation des Roys qui ontdreffc plufieuts Or» dres de Chcualsric, leur en faifant don, comme d'vné efcharpe ou collier de Cheualerie , les admoncftant de viurechaftemét& faintemêt,& auoir toujours en mé- moire les cordes & les liens de lefus-Chtift , & elle même pour les éguillonner dauantagc à la vertu & fai- re eftat de ccCordon ou Cordelicre.en Gouronnafon Efcuifon my party des Lys de Fiance & de l'Hermine del3rctagnc,nosRoys bordentlcurs Efcuffons des col- liers de leurs Ordres du S.Efprit & de S.Michcl. Des Cheualicrs inHitucT^^ar les Papes. Les fouu«rains Pontifes ont ihftituc plufieurs Or- 4? dres de Cheualier^ , qui fdht les Cheualicrs de Icfus- Chrift.duS. Efprit,de^'.Pierrc,àeS.Paul,&de S. Geor- ge/du Pape Pic, de Lorette, de S. Antoine, delulius, & de Lys : Chcuahers dis jcles vm Ecclcfiaftiques les au- très laïques , tous penfionaires du Pape , diftinguez les vns des autres par des Croix de diuecfes couleurs. Les Cheualicrs de lefusXhrift portent la Croix rou- ge cnuiron telle que la portent les Cheualicrs de mê- me nom en Portugal,enfermce dans vne bordure d'or. Ils furent inftituez par le Pape lean vingt-deuxième, ainfi que difent François Tarafe , & Ican Confetrius* dans le Recueil des ptiuileges des Mendiants^ Les Cheualicrs du S.Efprit,appellcz à Rome les frc^ res de l'Hofpital du S.Efprit , portent la Croix blanche fur leurrobbe, ou fur leurs manteaux. Eram Azoredis qu'éSaxe ily a vnOrdre aufli deCheualiers duS.Efprit^ Léon dixième fonda les Cheualicrs de S. Pierre con- tre lesTurcs,ainfi que dit Alphonfe Ciaconiusen l'hi- ftoirc des Papes,& des Cardinaux,Iequel Pape Paul IH. confitma.Ccux de S.George par Alexandre IV. Pape Pie IV. l'an mille cinq ces (oixante inftitua ceux qui portêt fon nom , lefquels il voulut qu'ils preccdaf- (ent tous ceux des Empereurs, & autres Princes , & les Cheualicrs de Malte mefmes , dautant qu'ils eftoyenc fes domeftiques, ou commefaux. Sixte V. l'an mille cinq cens huidantcfix inftitua ceux de Lorette. C'cft fommairementcequi fc peut dire des Ordres de Cheualerie qui ont eu quelque nom parmy lesChre- ftiens •• Quant à leurs ftatuts, & conftitutions particff- lieres le Leûcur s'en pourra inftruirc plus amplement dans les Authcar«. « 9 INSTI- 927 INSTITVTION DE L'ORDRE DES CHEVALIERS DE LA MILICE CHRES TIENNE FAITE PAR MONSIEVR LE DVG de Neuers , en l'année 1 62.0. (ç-)'j^ 'Eksvi VENT les ftatuts de l'Ordre des ' Cheualiers de la Milice Chrefticnne > fous le titre de noftre Dame Se de faine MichcU inftitué par Charles de Gonzagues de Cle- ues, Duc de Niucrnois & de Rcthclois, Pair de Fran- ce , &c. Et Adolphe Comte d'Altham , &c. En la Ville d'Olmits Capitale de Morauie , le Samedy 17. jour de Nouembre r6t8. & depuis receu & accepté à Vienne en Auftriche le Vendrcdy S.jour de Mars 1019. par plufieurs Princes &^eigncurs dediuerfcs Nations aifemblez à cét effcâ:. I. i - Cet Ordre de Chcualerie a pour fondement les i. principaux Préceptes de la LoyDiuine , Aymer Dteu de tout [on cœur & de toute fon ame,& [on -prochain commet foy }refvte,Si pour but de procurer la paix & vnion, en- tre les Princes & peuples Chreftiens , &delîurerdes mains infidellcsccux qui font fouïleur oppreiîîon. II. Tout Êccîefiaftique & Laïque de quelque nation qu'il foitjpourra cftrc rcceu audit Ordre,pourUea qu'il foie trouuc auoir les qualitcz qui enfuiuent. m. La première , qu'il foit homme de bonne vie êc irœucsjfans reproche, ny note d'infamie» ny charge de debtes au delà de fcs biens &faculccz. . IV. La feconde.qu'il foit né en légitime Mariage, excë- plé les enfans naturels de* Empereurs» Roys, & Prin- Cie$ Souuerains. V. La troifiérae j qu'il preuue cftre defcchdu de Noble racejjufqucs au 4.degré,ou qu'il faflc apparoir que luy bu fon pere foycnt parucnusàia charge de General d'armée, ou auttc eminente dignité par leur mérite &c valeur. VI. La quatrième , que pour eftre admis en l'Ordre , il ait douze ans accomplis , & pour entrer aux chargcs> qu'il en ait aumoinsiS. VIL Cet Ordre fera cbmpoféd'vn Chef,de douze grands Prieurs 72. grandes Croix, de Commandeurs, & Che- ualiers. VIII. Et d'aùtanÉ que le fondement & but dudit Ordre pourra donner defir à quelques pccfônnes vertueùfes, & de courage d'y entrer , qui pourtant auroienc peine de faire pteuue fi exaûe de leur Noble^^c , ils y fetont receus pour frères d'armes, pouiucu qu'ils ayent les au- tres qualitcz requifes, & n'ayent fait aucun aélc déro- geant audit Oidre , & pourront même par leurs méri- tes &c fcruices rendus audit Ordre , parucnir de grâce à plus haute dignité. IX. Seront eftablis en l'Ordre diucrs Offices, lefoueis pourront eftre polfedez les vus par les Grands Croix, les ancres parlesCommandcurs & Cheualiers, & quel- ques- vnsauffi par les Frères d'Armes , félon les digni- îez dcfdics oflhceSsainfi qu'il fera plus particuliercaienc dctcrminc au Chapitre gcnecalj lequel ils feront obli- gez tenir dans 3. ans j au lieu qui fera cntr'eux conue-' nu ôc eftimé le plus commode pour procéder à l'efle- dionduditChef (Scautrcsprincipanx oficiers di l'Or- dre. X. Ceux qui fe prçfentcront pour eftr^ receus dans le- dit Ordre , y entreront par la qualité de Cheualiers pour aprcs paruenirauxaucres dignitsz,&: ncantmoins jufqùes à ce que ce Chapitre gênerai ait c(îc adem blé on pourra reccuoir des grands Prieurs , grands Croix ôc Commandeurs pour remplir l'Ordre de perfonnes capables d^' rendre prefenteinent feruice, fans qu'aptes ledit Chapitre General tenu , aucun de quelque tmi- nente qualité qu'il foit y puilîe eftre rcceu «Si admis, ^quc par les degrez fufdics. XI. Celuy qui deura cftre reccu en l'Ordre eftant con- fefte fera conduit .en l'Eglife ou Chappelle par les deuX plus ?nciens dudit Ordre qui s'y rencontreront, & par eux mefmes prefenté à genoiîii fans cpée ny manteau à celuy de l'Ordre qui aurapouuoir de le luy conférer^ lequel ayant receu fon ferment enla forme qui fe verra à la fin des prefens Statuts , luy donnera l'habit cy- def- fous déclare, rcpce& la Croix, &l'eiïibraflrant luy dira. Nous vcm receuons en l'Ordre des Ch£ualiers de la Mu lice Chreftienne , fous le titre de no^ire Dame & de faint Michel , que par letfr intercepon la fainte Trinité vom con- firme en la gloire de fon nom > à la paix des Chrefiiens & a ladeliUrance de ceux qui font foiul'opprepon des Infidelles. Aïnen. Cela fait le Cheualier fe leuerà', & embraftera les 2. qui l'auront iccompagiié, &■ tous les autres dudit Or- dre là prefen£,& fera par lefdits deux nommez conduit <^euantrAurtl y ouyrla Mefte deuotcment , êc iccile diâc Communier. XII. Cét Ordre aura pour marque 2. Croix, l'vne d'6t: émaillée de bleu, en l'vn desioftczde laquelle fera l'I- mage de noftre Dame tenant N. S. cntie fes bras , & en l'autre cofté i celle de faihd Michel , & fera cette Croix portée au col auec vn ruban de foye bleue , & or,largcjde 3. doigts, tant par lefdic Grands Croix, Commandeurs qu^ Cheuaîiers.l'autrede velours bleu, en broderie d'or, dans le milieu de laquelle fera l'Ima- ge de N. Oj enaiiônnée dè rayons d'or. Couronnée de iz. Eftoillcs, portant N.S. entre fes braSjvn Sceptre cri lamain droidc , ayant le Croiflanc fous les pieds , au tour d^ laquelle fera lé Cordon de S. François, & for» tiront c|é quatre angles de ladite Croix auuRC de flam- mes d'or; Iceile Croix fèia portée llir le co-fté gauche du manteau tant par les giands Croix, Corxîmandeurs, que Cheualiers , fans y auoir diiTerènce des vues aux aùtres.de quelques rayons d'or. , Xilî. Aux jours de cérémonie les Grands Croix , Com- mandeurs & Cheualiers,auront tous l'habit de delfous blanc auec l'épée argentée s le fourreau & la ceinture blanche , & les Grands Croix dclTus ledit habit blanc Ilii i vnê Statuts de TOrdre des Cheualiers. 920 me Dalmstiquc de toiled'or cramoifie à fleur coup- pée à demv bras &defccndantejurques aux gcnoliils, doublée de Taffetas blanc , & bordée de Galon d'Or. Sur laquelle Dalnaatiquc, ils porteront le grand man- , icaSeicarlatc rouge à queue trainante, doublée d'vn Satin blanc bordé d'vn tiiîu d'or ouuert d'vn cofte ^rolc depuis le haut jufque» au bas , & ritaché fur l'é- paulcdVn cordon rond aueclcs houppes au bout de foye cramoifie & or , & fera ledit manteau rclcué du cofté gauche, en fort* que le bras &l'efpce demeurent libres:ils fera auûien haut couucrt d'vn mâteletd'Hef- m'ne mouchetée, venant jufquesau conlde, fur lequel ilsaurontle grand Collier de l'Ordre Compolé de 15. Cordelières de S. François , & de if. EftoiUes faites d'orfevretie,& fera au bas attachée auec trois chaifnons la fufditc Croix d'of , & au deuant dudit grand Man- te3u,celle de velours bleu en broderie d'or ; Auront vn bonnet couucrt d'Hermine mouchetée, dont le bord d'tfcarlatcc rouge , fera large de dcmy pied , borde a'vn tiffu d'or conppc en quatre cndioits auec égale diftance, & retroalTc dnous coftez, porteront les bro- dequins de Marroquin rouge jufqucs à my jambes fer- mez de boutons d'or par les coftez. , XIV. Les Commandeurs , deffus ledit habit blanc met- tront vne DamakiQue de Satin bleu,doublée de Taffe- tas blanc , bordée d'vn galon bleu , & P^/ delTus , le grand Manceau deTabis bleu onde, double de Taftetas blanc, auec le Mantelet du Satin blanc : Au dcBous du- quel Tur le grand Manteau , fera attachée la Croix de vcloucs bleu en broderie d'or,& feront les brodequins de Marroquin bleu , àboutons de foye bleue, le tout de mefmc façon que les habits des grands Croix : 1 or- terontauOivn Toque de velours noir pliflc, auccvn cordon rond, de Taffetas. XV. Les Cheualiers. defrusl'habitblanc.auiontyncDal- maiique de Taffefas blanc, doublée de blanc, le grand manteau de Tabis blanc ondé , doublé de blanc , & le ir.antclct de Satin bleu. Au deffous duquel (ur le grand manteau , fera attachée la Croix de Velours bleu , en broderie d'or , les brodequins bleus à boutons de foye bleue Ja toque de velours noir, auec ic cordon blanc, de mefmc que les habits cy-deffus. XVI. Les Frères d'Armes porteront au col ladite CroU d'or émaiUée , auec vn «ordon de foye bleue , & fur le cofté gauche de leur manteau vne Croix de velours bleu,comme celle des Cheualiers, hormis qu .1 n y au- ra filets ny broderie d'or. XVII. En chaque Prouince . où il y aura vn Grand Croix eftably , & trois Commandeurs , feront fondées trois Eohfcs ou Chappelles en trois lieux differens , dediccs à Noftre Dame & à S. Michel , oh troi. Chappclains porians la Croix de l'Ordre, feront obligez de célébrer la Meffc^tous les jouts defeftes & Dimanches. Xvin. En ces mefmes Prc)uinces,y aura vne Maifon , tant pour s'y affembler lors que les affaires de l Ordre le re- querront , quepour y receuoirparHofpitalitéIcspfci:- fûnnes dodiâ: Ordre. XIX. En chacun des 11. Grands Prieurés , fera érigée vne Académie pour l'inftrudtion de tf. jeunes Cheualiers, tant aux bonnes mc2urs,que fciences & exercices hon- ncftes,lefqucls y ayans demeure j.ans ou moiris feront obligez d'aller faire vn voyage , ou carauane fur les Vaiffeaux de l'Ordre. XX. Aux fafdites Prouinces tous lesans le jour du leudy Saint , fixpauui es feront habillez de bleu, au nom de Noftre Dame,3. de roiigeau nom dcS.Michçl 3. de gris au nom de S. François, & en après te Grand Croix, ou en fon abfence le plus ancien des Commandeurs, afli^ fté des Cheualiers de Prouince , mandez à cét effet > la- ucralês pieds aufdits pauures, leur donnera à difncr,& les fcruiraà table. XXL Aux mefmesProuinces, tous lesans le jour de l'Af- fumpiion de noftre Dame, de f j. pauures & honneftes filles,choifies,}.feront tirées au fort,pour eftre mariées Ôc dottées chacune diccllcde la fomme de jo. liures. XXIi. Seront obligez ceux de cet Ordre . fe Confcffer 8c Communier tous lesans , aux jours & feftes de l'Af- fompcion noftre Dame.de S. Michel, ôu de S.François, & d'entendre la Meffe tous les Samedys , pendant la^ quelle ils recitcrôt deuotement les Litanies de noftre Dame , & en cas de légitime cmpcfchcmcnt > don- neront quelques aumofncs félon leur deuotion , s'a'b'- ftiendront pareillement de manger de lâchait toutes les vcilles'des Feftcs de noftre DamCi XXIII. Seront auffi obligez d'auôir en particuli^rré recom- mandation lesVefves & OrpheUns , & de vifiter les Hofpitaux pour le moins aux quatre Feftcs annuelles, &à l'Affomption de noftre Dame, s'ils fetreuuentlors en lieu où ils puiffcnt exercer cét œuure de charité. Aduenantque quelqu'vn d'eux eftant employé 3« feruice dudit Ordre, foit pris prifonnier, & détenu El- claue , il fera racheté aux defpens & frais communs. XXV. Et quandaucun dudit Ordre décédera * le Secrétaire du grand Prieuré.dans l'eftendue duquel il fera dccede, en donnera aduisaux autres grands Prieurez, à ce que dans chacun d'iceux , les PrcftresÔc Chappclains qui auront efté fondez dudit Ordre , ayent à dire chacun vne Meffcpour le falut de fon ame. Mais s'il meurt en combattant, oufaifant quelque genereufeadion, pour le feruice de Dieu & l'Ordrcafin d'honorer dauantage fa mémoire , fera de plus faite vne cérémonie particu- lière 6c folemncllcpar le conuoy que les Grands Croix indiqueront à tous les Commandeurs.^ Cheualiers de leur Prouinccauquel ils ne manqueront de fc trcuucr, s'il ne leur arriue quelque légitime empefchcmcnt: Et fi l'adion en laquelle il fera mort,eft jugée digne d'vne oraifon funèbre, fera inuicée.quelque pcrfonn« capa- ble pour la faire. INSTÎ- 9^9 FORME DV VOEV ET SERMENT Qyi SE FERA SVR LES SAINCTS EVANCILÈSiPAîl CELVY qui fera prefentépour tllrereceu Cheualier: EN. PROTESTE df liant Dieu , & jure par ma Noblcflè d'obferuer inuiolablc- ment les ftatuis de l'Ôrdre des Cheu'a- liersjdcla Milice Chreftienne>fous le titre de noftrc Dame, & de fainéè Michel » & les articles fuiuans. En premier lieu de procurer par toutes voyes li- cites , & raifonnables , la paix entre les Princes & peuples Chreftiens, conjointement auec ledit Or- drc. En fécond lieu , de trauailler à la deliurance des Chreftiens , détenus captifs, fous l'oppreffion des Infi- dcHes. En troifiéme lieu, detoufiours garder fidélité à mon Roy.ou Prince Souiierain, à peiried'eftre dégradé dudit i Ordre. | En quatrième lieu » de toufiours porter la Cioii; marque dudit Ordrci Ën cinquième lieu, de rendre volontaire obeyfTan- ceaux fuperieurs dudit Ordre , aux chofes concernan- tes le feruice & adudncement d'iceluy* AinH je le jure & promets. Le ferment ainfi preftc , celuy qui aura aiiâto- rité de l'Ordre , de rcccuoir le fufdid Cheualier; après luy àuoir baillé rhabit , l'efpée & la Croix di- rà les mots , rapportez , en l'articli; onzième cj- defTus. Fiidb&arreftéà Oimiérs , le Samèdy dix fepticmè jour deNouembre, mille fi^ cens dii.hui<5t, Signe Charles DiJc de Ncuers i Se Adolphe Comte d'AU tham. ACTE DE L'ACCEPTATION DES STATVTSC Y-D Ë S S V S> Par les premiers qui Yeceurent ÏOrâre à Viennes pFS fouhftghei^i ajiaHs eBéréeUs fuflit Ordre , auons accepté [acceptons lesjîatutscy-defots. Iceux auons promis c> promettons garder entre- tenir 5 félon leur forme ^ teneur. En tef moin âequoy nous auons figné lèpre fent aàe 4 Et à iceluy fait appofer le Sceapi de nos arrdeSé A Vienne en AuHriche , le Vendredy huiBié- me jour de Mars, mille fix cens Sx-neufi ainfi figné, Radulio , Prince de Valaiie. Iulius Henricus, Duc de Saxe. Samuel Duc dcCoreski. Albert Duc de Raziuil. Gcorgius Comte Homanai Grand Chambèlari du Royaume d'Hongrie. Stanifiaùs Làbomierrslci Palatin de faiiiâ Do< mier. Lu cas Opalin,ski Caftelan de Panonie. ^ loannes VincentiuSjGomte d'ArcOi Henricus du Val Comte de Dam pierre^ loannes Ohriftûphorcis > Comté dè Bu* cham. Emanuël de Sauoye , Marquis de Villars, Louys de GotjMarquis de Rouillac Nicolaùs Petrasko , Vvàiuuode én Val^» ki^. . Abraham îrlarquis de Miroua. loannes Comte de Conopaski. Efme dè fainâ: Eftienne. FrancifcuS Tegnagel., Stcphanus Baron de Kcndî. Paulus Liefneu vofik. Frideficus de Gcifberg. Guftauus Baron de Sparréo ^- _ , - , Marc Anthoihe Scètè^ Comté DagsÈ De Torigine des OrdresMllitaires. 930 PctrusTarnotrski. Martinus , Baron de Strafoldo. Petrus Braniski.Comte de Rufca. Rodulphus Baron d'Oppeifdorff. Gafpard Naufero. Paulus Baron de Spavur. Burquardus àZalderens. Et quelques jours après Ferdinand Duc de Matt- touè, entrant dedans cet Ordre, accepta pareillement fes fufdits Statuts. Cet Ordre fut confirmé à Rome lefixiéme F^viiet l'an mille fîx cens vingt - quatre par le Pape Vrbain VIII. Le Duc de Neuets y eftant > portant l'habit & la Croix entre plufieurs autres Chcualiers & Sei- gneurs , la cérémonie en fut faite par le Cardi- nal de Sfortze fils du Roy de Fez , & furent ad- mis & receus audit Ordre par le Pape le Com- te Marc Antoine de Piafents , deux Comtes François > & vn Baron de Pologne. TABLE S) TABLE GENERALE DES CHOSES PLVS MEMORABLES COiSrTENVES EN GE LIVRE DES EST ATSiEMPIRES. ' ET ROYAVMES DV MONDE- A. Angleterre. Vant - DrscovRS monftrant la rairon pourquoy la dcfcription des Eftats & Em- pires du monde commence à l'Angle- _ terre. page 2.. Raifons pourquoy l'Angleterre ne foufFrc point desLo. Des Alliances faites entre la Franct & l'Angleter- Tfc 'vk'-'^' ' .. :^ .' ibid. ' Le Pays d'Aapentzel âinfi appelle d'vn village du n0m,efl; di'uifc en ii.Gommjunautez, 410. De la Villf d'Abdcrc enThracc , patrie de Dçmo- critc. ■ . - ^ ...,■>,, ^ ^ ■ 535. Accord faid entre le Pape & Dom Çefar d'Eft pour lefaiddeFerrare. ; i ; , 354. DeîAchaye.fa Ville ptinciipalc fut jadis Egire. ^58. DerAchayc,& defes lieux. ibid. Adcrbion ou Azarbion fbrt grande Prouin cédé Per- jfe% la principale Ville eft Tabriz , Cour des Ro^s de Perfe. • . 660. De la VilleRoyale d'Aden la plus bellcd' Arabie. J5)5 Affaires des pays- bas & des Prouinccs vnies , font digérées & gouuernées par les Seigneurs & Eftats gé- néraux des Prouinces; ijy. Air fort humide és Pays-Bas. 245. De l'airain des Monts Marins en Efpagne dont par- le Pline. 105). Du lieu nomme Alcaçar prés de Grenade , qui a dix portes* ioi. Albret trafique en poix & raifiné. ià^ Alcanc arbre fréquent en Egypte , duquel on void des bois taillés,& fes proprictez. 6^4; De la cdcbrc Ville d'Alexandrie d'Egypte , de fcs belles ru"ds,& marques d'antiquité. 6it De la Ville ncufuç d'Alexandrie plus plaifante ea belle afficttc. ibid. De la Ville d'Alger repaire des CorfairesduTurc, qui ont fortifié cette place.. , 6n. Du lieu dit l'Alhambre, Palais des Roys Mores» ex- cellent pour fes belles fontaincs,& fesCifternes admi- rables. ^ befcriptipn générale des Prouinccs de l'Empiré d'Allemagne. 439. & fuiuaiis. Dcfcription de la Ville de Cologne. 44* Ses antiquitcz & fon Dioccfe. ibid. Efleâiioh de l'Arcïiiduc Ferdinand à l'Empire. 474' Les cérémonies de fon Sacre à Francfort. 47<î. Diuifion dé toutts les Prouinccs d'Allemagne cti dix Cercles. - , 477' Qualité de l'Allemagne, fous quel climat elle eft (I- tuéei air fafchcux, fpn dur Hyuer, abondante en bleds & legurnês,mines d'or, ci'argent, cuiure, fer,& plomb, fontaines Se mines de fel, vignes, fafFran, fapins. 445 Remarque particulière des chofes que chaque Pro- uince d'Allemagne produit. ibid. & 444» Allemands pourquoy appeliez anciennement Ger- mainsjn'ayans l'vfage de rbi:,de l'argent, n^ de l'efpcc, quelles cftoicnt leurs armes & façons de combattre- Femmes Martiales d'Allemagne , tld fort couragett- fcs. Leurs facrifices d'hommes k Mercure. ibid. Obferuation delà rioUucUc Luric en leurs ent^epri- fcs. ibid. Leurs exercices hors le temps de la guerre: 446. Leurs affcroblées, habits, femmes chaftcs. bânquets^ oh fc traitent affaires de paix & de guerre , leurs ar- mées parties en trois faifons , exercice de leur jeunelft aux armes. 44y.&fuiuans Andalufie porté plus de fruifts & de grains que le refte de l'Efpagne: . Angeuins d'vh cfprit gentil & fubtil. 59- L'Angleterre ne foaftre aucune forte de bcftes ve- nimeafes; ilii 4 Elle Table des Matières. 1 Elle efttfx«nnpf« des Loups,& pourq-uoy? ibid. Angleterre Ettat premier qai donne entrée large aux Eftats de l'Europe. ^ L'Angleterre a les deux proprietez qu'Aridotc re- cherche en l'afllette dVne Ville. ^ 8 Villes d'Angleterre font gouuernces par les Offi- ciers du Roy. , Des dernières terres que les Anglois ont tenues m France. ^5* Anglois fofttefueiîler , prompts & fubtils.capables de tous arts & fciences. . J' Leur humeur altiere. Anglois „Saxons pofiedcrcnt jadis la grande Breta- gne. ^' Anglois auoient jadis des femmes pour leurs Chefs d'arméesjfelon Tacite. S- Les Angoumois ont outre leurs blcJsdcs chanvres en abondance. 64. Angoumoifinsgens de bon efptit,font foigncux de maintenir leur réputation , font les Gentils- hommes, &ay ment les lettres. Angoumois, & fes places. Anjou,& fcs places. Animaux en grande quantité en Egypte. Anne de Bolen caufe du fchifme d'Angleterre De l'ancienne Ville & territoire d'Aquilée. Aquilée jadis Colonie des Romains ruinée par At- tila. 382- D'Aqni|->aXima,Trugillo & autres heux. ii4 Des A.3bes,& de leurs formes de viure. 606 De l'Arabie heureufe , defertc & Pettée. 55)} Prife de l'Arrache en Barbarie par les Efpagnols. 148. De i'Ârcadie, fa ville principale Mcgalopolis , & de fes renotnmces montagnes. fCo 59 45 45 369 Archeuefque. Archeuefque de Milan a le priuilcgc de Couron- ner les Empereurs. "74 Du nombre des Archeuefques & Euefques de Hon- grie. 4S4 Archeuefchez & Eucfcbez du Pays-Bas. 249 Des Archeuefchez & Eucfchez du Royaume de Na- pies. , Archeuefchez & Eucfchez qui font du Parlement . Archeuefchez & Euefchez du Parlement de Thou- loufe. »î;''|- Ses Prouinces. Archeucfché & Euefchcz du Parlement de Nor- m an die. 37 Arcbeuefchc ,. Eucfchez & Prouinces du Parlement de Bourdeaux. Archeuefché & Euefchez du Parlement de Dauphi- né. ibid. Archeuefché & Euefchez du Parlement de Proucn- ce. »bid. Des deux Armenies haute & balfe. 593 Des difficultczqu'onaeucn laconuerfion des Ar- menienb. ' Des Armentens,& de Uor (eâe. 606. 607 Articles-paircz entre le feu Roy Henry le Grand de France & deNaiiarre, &: AchmetErapcrcur des Turcs, par l'entrcmife de Moof.^ur de Breueb Amba{radeut de France à !a porte du g. and Seigocor. 648. & fuiu. Articles de la paix faide auec Borhlcay en Septem- bre. 48<î • Artois riche en fcoïnentainfi que ie Haynsi'lt. 245 Ds i'AfieMiîicucc qui comprend toute La Chcrlo- nef^.aujourd'huy appeîlce Natohc, ou haute Turquie, ie.il'iouinces&Viilts. 59^' AlTeinblée faiâc ^ S. Gale entre tes 4. Cantons qui à lien de Loy & de Ligue. . 415 DeralTémblce des Barons de Sicile par le Vice- Roy, auec quelle cérémonie. 166 Des Chefs dont il fe traide en icellè. ibid. AfTemblcedes Eftats d'Angleterre comment fe tient. II. & II. De la Prouince d'Aflyrie » où jadis cftoit Niniuc. De l'Afturie dont fa principale Ville eft Ouiedo. 104. De l'ancieniic Ville d'Athènes à prcfent réduite en Bourg. 558 De l'ancien gouuernement d'Athènes. 5^5. & fui- uans. Des anciens Athenicns,de leurs mœurs,inuentions, couftumes, Loix & Religion. 5& de fes places. 55S Audiance donnée par l'Empereur du Prcte lan à l'Ambalfadeur du Roy de Portugal, & des cérémonies eftrangcs. 810 Audiance des Ambafladeurs des grands Princes au Scrrail du grand Seigneur , les cérémonies , feftins ÔC prefens. ibid. & fuiuans. Forme du Serment du grand Seigneur quand il ju- re alliance auec quelque grand Prince* J47 Defcription de la Ville d'Auignon. 274 Des Villes d'Auila,de Segouic,& Signeud^. 104 Paysd'Aulnix. 4^ Auuergnacs rufcz.ardans Ôc afprcs au gain & au tra- ficquerellcux & doubles. $9 Auillane bonne Ville de Piedmont, riche & mar- chande. 394 Auuergne haute & ba([c, ôc fes Villes. 4r- & 4<5 L'Auucrgne tire grand argent de fes fromages > de fcs drapsjcamelots Ôc tapillèries. 64- Les Auxerrois font de bonne trempe,afFcdiotinc2 à leur profit. $9 D'Axaxe jadis Promontoire célèbre. 55^ B. LaProuince|) Adriane, qui a eu jadis de belles Vil- 13 les ruinées par Alexandre. 659 La Prouince de Bamba , fes Seigneuries , & fa Ville Capitale Namba en Congo. 82.4 Des Pays de Banda & Amboyna. 184 Banniflementdes Motifques hors d'Efpagne , en l'année 1610. Bar le-DucavnbonChafteau. 479 De ladiuerfuédcs Barbares , & de la façon deprcfr cher l'Euangile. ijo De la code de Barbarie combien s'cftend. 611 Bcau(re,fesPays& places. 4* Beaurtctons de mefme naturel que les Chartrains addonncz au labourage. 58 Beauuoifis abonde en fins lins. il n'a de couftume de coucher anec elle qu'après qu'elle a efté dépucelée par le plus honorable de tous les Pre- ftres. _ Caliz ne cedoit jadis à aucune Ville de l'Empire au dire de Strabon. '^î Du Cambrefis,& de la Ville dcCambray. 244 Du Pays de Cam baya. 184 Du Canon de France. De Capadoce. 593 Capitaines d'armées en Sicile ;font detrois fortes. ï66. DeCaramanie; 595 Caramanic diuifééen deux , toute deferte , fa Ville Capitale eft Chirman. ^ <^^9 Cardinaux qui ont juré , prorois & figne la Coufti- tutiondeGiegoireXV. 3^^ Abbrcgé hillorique des Cardinaux d'à prefent. 325? Sifuluans. ., Catualfcrats lieux grands pour loger des cftrangers, en nombre de plus de 300. baftis Conftantinople. j42. De Carie, '& de fa Ville Capitale appellée Halicar- De la Ville de Cartagc jadis Capitale de 1 Afrique, ôc ce qui en refte à prefent. Cafal place très- forte , qui a vn Chafteau imprena- ble. De Ca(ramalaca,& auttes places du Peru. 216 Caftille nouuelle eft plus plaine que la vieille 109 Des deux Caftilles vieille &nouuellc. 105 Çaualetie de Mantoue la meilleure d'Italie. 352 Cauâlerie qu'entretient le Roy d'Efpagnc en fes Êftats. ns.ôcuô De la Cauâlerie & infanterie Allemande. 45'2- Catalogue cjc la vie & fuitte des Comtes 8c Ducs de Sauoye. depuis l'an ioo<9. jufqucs en l'an 1627- cxtrai£t de la Chronique de Sauoye. 400. & fu«uans Catholiques Irlandois n'ont ny Collèges ny écoles pourinftruire la jeunelTe. ^'^ Pcrfccutioii atrocé contre leSCatholiqiîes d'Angle- terre du temps de la Roync Elizabcth. '5 biuifion des Cercles d' Allemagne. 477 Prouinces comprifcs en la Franconie premier Cer- cle, .V^. Prouiticcs du fécond Cercle, ' i^'d; Prouinces du troificme Cercle. 479 Prouinces du quatrième Cérclci |hid. Prouince du cinquième Cercle. Prouinces des 4. Efleéteurs du Rhin 6. Ccrcle.48o Prouinces du 7. Cercle» ^ ]^\~' Balle Saxe,& fes Pays S.Cercîc. »Did. NeufuiémcCercle,& fes Prouinces. ibid. , î3ixiémeCcrcle,& fcsProu;ncès. 481 Le païs d'Efchaftufe affis du coté du Rhin.a vne Vil- le de même nom : près de là fe void la ville de B.^de.410 De la Ville de Chambery Capitale de Sauoye , de Nicy,S. Ican de Maurienné .Monftier, Tonon, Mont- mehan,&' auciés. ,; , ■ ^^"^ De l'inftitutiorï de la Chambre Impériale de bpite. Champagne Haute & ba(re,& fes Pays,& Villes. 43' Champenois &Brioisteftus &opiniaftrcs , mais cette impei fc£ïion eft couuevtc de bonnes .vertus qui les rendent loi5ables; Chancellerie t Table des Matières, Chancellerie d'Lfpagne. ii9 De la Celefyrie. 601 ChaponsdcKent font fort grands. 4 Chariots ny charettcs pour porter nulles dansCon- ftantinoplc , font des faquins & Arnneniens qui por- tent. 5r5- & fuiuans. Des 12. Chapelains du Pape ou Auditeurs des caufcs du facré Palais. ipi Pays Chartrain & Bcaulfc abonde en bleds. jo Du Chafteau RoyalJ de Fontainebleau. 40 Chaftcau Royal de Chanabourg prés Blois. 41 Dcfcription du Chafteau inexpugnable de Milan. 171. Dcfon Arfcnal. ibid. Du ficge Prefidial duChaftclet de Paris , & defon relfort. 39. & fuiuans. Cheualiers dorez en EfcofTe quels. if Des Cheualiers de l'Ordre de fain£t Eftienne infti- £ué par le DucCofmc. 341 Des Cheualiers de Portugal. i;i Cheualiers d'Angleterre de diuerfes fprtes. 11 Chcuaux d'Irlande faits à la volonté des hommes. 30. Irlandois inuincibles s'ils n'eftoyent contraires les vns aux autres. 51 Chcuaux d'Angleterre nommez Guildins font la plufpart hongres. 4 Cheuaux d'EfpagncdeRhenez.dcBourgongne > & de Flandres,font les meilleures races de l'Europe, iif Cheue Capitale d'vn beauMarquifat,qui a pla- ces en Picdmont. 35)7 Des longs cheucux des anciens Gaulois. ^3 Loiianges de la"cheuclutc entre les anciens Fran- çois. y5&54 Cherté incroyable de viures furies aduenuès de Pa- irs. 58 DelaProuincedesChiarques. De la Pfouince de Chile. nz Des defcendans de Chinguiskan qui commandè- rent en V{btk& Maurenahar. 744, Chine, Chinois font fort grands mefnagers,& labourent la Serre au»c grande peine. 775 Sont de bonne di^pofition & gaillards de leurs pcr- fonnes. ibid. Femmes Chinoifes fe parent fort ciuieufement. ibid. Chaque marchand met vne Table deuant fa porte où font écrites toutes fcs marchandi(cs. 776 Boutiques de porcelaines de diuerfes fortes, ibid. Les Gouuerneurs Chinois voifins de Tarrarie>lirai- tent aux hommes & aux femmes le temps d'entrer en Religiousoufc marier. ibid. Colomne. Colomne de Cefar drefiee auprès d'Alexandrie pour mémoire delà défaite de Pompée. 6tt Des belles colomncs de Conftantinople. 535) Du grand CololTe d'Egypte appelle Sphinx. 6ii Du ColoiTeadmirable de Rhodes. , 5)14 Compagniesdela garde du Roy de France > deqnoy compofécs. 66. ôcôy Compagnies d'ordonnance en France cntretenuès ordinairement. ibid. De laComtc deNiffediulfé en quatre Vicairies, (es Villes principales font Nilfc, le Pogct , Barcclonnette ficHolpelfe. 394 Les Comtez deLoraine font Vaudemont , Ch/li- gny, Amcnce>Richecourt»Remiremont,la Mothc. 434 De la Comte d'Arthois & de fcs villes. 245 De la Comté d'Angoulefme. 4; De la Comté deTcndc conioiniSbe ï celle deNyfle au Duc de Sauoye. 35;^ Des Seigneurs Se Comtes de Flandres. 250 Maiftres des Comtes en la grand^ Chambre des Comptes d'Efpagne • leurs Officiers & leurs gages. IIC). Conils en quantité en Angleterre. 4 Confeil du Roy en Sicile dequoy compofé. ï66 Des diuers confci]scompo(èz d'Auditeurs, Confeil- lers.Prefidents pour la juftice aux Prouinccs delà Chi. ne. 7Û4 Confeil de guerre, fcs Officiers & leurs gages. 119 Confeil de Camora,fesofficiers,& leurs gages, ibid. Confeil des Defchargcs. ibid. Confeil de Bois. ibid. Confeil de Portugal. ibid. Confeii auec lefqueis le Roy d'Efpagnegouuerne fes Eftats. 116 Confeils d'Eftat du Roy d'Efpagne,& de fes officiers &Miniftres. " 117 Confeil de Caftille,& fes Officiers 3 & leurs g^ges. ibid. Confeil d'Arr3gon,& Cçs officiers, Se leurs gages, ibid. Confeil des IndeSj&r fes officicrs,& leurs gages. 118 Confeil d'Hazienda,fesofficiers,cf leurs gages, ibi- dem. Confeil des Ordres>fes officiers Ôc leurs gages, ibi- dem. Confeil d'Inquifition , fes Officiers & leurs gager, ibid. Confeil de l'inquifition de Toledcj fes officiers , & leurs gages. 11$) Du Conuent magnifique de S. George fur le NiKoù eftoient jadis 200. Moynes, à prcfent defert. 6301 Dcfcription de la Ville de Conftantinople appelléc! jadis Bizance > jufques à Conftantin qui luy donna fon nom,&nouuelle Rome. 536 Siège jadis des Empereurs d'Ofient.de l'ancien Ten - plede faindle Sophie bafty par Conftantin , à prefenc changée en Mofquée. ibir'. Schifme des Grecs caufe de la ruine & de la perte de Conftantinople. ibid. Conftatitinople prifefurlcsChreftiens par Maho- met II. auec vn gênerai maffacredcsChreftiens. 557 Delà Ville de Saindle Croix du Mont. 217 Des Curdesqui font partie lacobitcs Se Ncftoriens. 609. De la Ville de Cufco Siège de luga Roy de Peru. zi6. D. E la Prouincc de Dafilafujette au Royaume de Barmagnac. &15 La Prouincc de Dagianc a vn Roy particulier qui eftMahometan. 6js> De la Ville de Daman en la cofte des Indes Orienta- IcSî & autres plsces qui y font. 182 De la Ville de Damictte , jadis appellée Heliopolis. Dauphinc fait force argent de fes bleds qu'il enuo- ye en Sauoye & Italie. 6% Dauphinc,fcs Pays & Villes. 4S Dauphinois fort jaloux > &foigneuxdeîeur libcr- té,& à confèrucrle leur. 60- Du Royaume de Delly jadis habité des Amazones. Soi. De Delphe , lieu où Apollon r»:ndoic fes oractee. 5î5. Des trois fortes de deuins, Philofophes.ChimiRes, clTflirncurs Table des Matières. charmeurs & enchantenri? du Royaume de Fez. $45 Des trois confeils qui fe trouuent aux Diettes>& de quelles pcrfonnes font compofez. ^ 45^ Quelles font les fcances aux Diettes , & de Tordre garde és Proceffions publiques. 'bid. Comme le Diable auoit contrefait au Peru quel- ques Sacremens de l'Eglife. ^^4 Les dons faits par les Roys de France aux Roynes feurs femmes durant leur mariage valent. 7^ Des grands Dignitaires de France & Officiers de la Couronne. Officiers du Confeil du Roy. ibid. Officiers de la maifonduRoy. 85. & 84 Département du Diuan public lieu de confeil &: d'audience du Grand Vizir. 54?- J44 De la Doridc , & fa Ville de Guide , célèbre à caufe de fa ftaïuè devenus. 59^ Draps d'Angleterre fort eftimcz. * Des vieux Druydes de France , delcurs créances, Religion, mœurs, Loix & couftumcs. s6. & fuiu. Dtics. Le grand DucdeTofcane eftbien auec tous les Prin- ces de l'Europe. 341. & 34^ Un'apoint deConfeillers d'Eftat en fa Cour. ibid. La luftice s'exerce en fon Eftat par les Magiftiacs 6c Gonfeillers. .34i Duc de Mofeouie ne permet à fes fujets de fortir de fesEftats. 7f9 Titre de Duc quand introduit en EfcolTe. 25 Prouince de Ducale en Marocôi fes lieux. S33 Du Duché de Bofnc voifin des Ragoufoiszdela Ser- bie , Bukarie, Rafle, Baffarabie , tous Pays pofTedcz du Turc. ' : Des Duchez, Comtez, Pairies fimplès & pàrticuhc- res reiinies à la Couronne de France. 73 De l'eflcétion des DuchezPairies qui fùbfiftent en France au jourd'huy. ' 76. & fuiuans LaDuchefTc douairière d'V'rbirt , après la mortjle fon mary.lè feu Duc d'Vrbina efpoufc TArchiduc Leb- polde frère de l'Empereur Ferdinand IL 35 Les Villes qui dépendent de fon Eftat. ibid. Du duël & combat d'armées ordonne és caufes dif- ficiles^ juger en Hongrie. 484 Prouince de la Duuine & fon Chafteau de Cano- 75Î gort. Des Loix ancieiines couftumes des Egyptiens, ibid. L'Egypte n'cft fubjeû-e ny aux tremblcmens de tcn f,ny aux player. ^-5 Elle abonde en riz & en toutes fortes de grains , ?C poarce sppcllccdcs anciens gicnicr dcTAfnqiie. 615. 624, j I b- Fertilité de l'Egypte procède du debord de la Ki- uieredu Nil. . Mœurs anciennes , Loix, couftumes , fupei ftuionS, idolatries,facrifices,vœiix Egyptiens. 614.& fu'uans. Mœurs & couftumes des Egyptiens modernes. 617 Eftat du Royaume d'Egypte jufqu'au temps des Romains qu'il fut réduit en Pi'oumce. ^3® L'Egypte fait vh fort grand traficauec toutes les Ma- tions. , -KA ' Des Villes plus célèbres d'Egypte,dc Sicne.de Mcm- phis à prefent le Caire, & fa dcfctipiion. 6i5 Ses beaux jardins. „ DelaVilled'Erroco.&defonGolphe. «ij De l'Egli fc Gallicane Tres-Chreftieune, de iesMc- tropolcs ôc Eiierchez, ^ , Elephans & Tygces fe trouuent au Royaume de Conéo" °El.zabeth Royne d'Angleterre Couronnée auec les cérémonies Catholiques. Maintient fon authoritcparle moyen de l heteiie. Fit faire vn Edit feusre contre les Séminaires An- glois Catholiques. Réception de Erneft Ferdinand fils de 1 Empereur Ferdinand Il.pour Roy de Hongrie. 494 Diuifion de l'Empire d'Orient &d Occident , & quel en fut le partage au fiecle de Charlemagne. ^ 439 ^ Quand & par qui l'Empire héréditaire à eftc fa.d Les trois membres de l'Empire dont les fept Efle- De la Doride où eft le Mont de Parnafifc cdnfacré aux Mufes. 55^ E. EAux miraculeiifes conucrtilTans le bois en piferrè. 48i. . r . Autres Eaux bouillantes d'Hongrie , trànsfofmans leur élément en pierre. /^ Autres Eaux qui amoliftcnt le fer comme boue. ibid. Autres qui font la Chryfocollc ou foudurc d'or. ibid. De l'Egypte , de fes anciens noms, & de fes bornes. Son eftenduë. 'bl^' Egypte diuifcc en haute & bafle. ibid. Autre diuifion félon Léon Africain. ^ Anciens Egyptiens diuifoyent l'Egypte en piufieurs | Gouuernemens, & le rcuena du Pays eftoit diuiic en trois Lots. ^^J Eftoient fort cérémonieux enucrs leurs Dieux, ilid. Leur Repubhque diuifée en trois Eftais. Laboureurs Pafteurs&Artifans. ibid^ Leus fprmc de lufticcj • <528 deurs font le premier , vt li . iu j. Du fécond membre des Grands & des Nobles.ibid. Nombre de foldats que l'Empire peut leuen 451 Quelles forces VE^^eu.r Ch.ûc^^- &Maxir«r. lian ir. ont tué d'Allemagne lors qu'il ont arme con- tre le Tiirc -^.^^ Ses forces maritimesi , . , . Dedeuxchofcs qui manquent à l Empire. ibid. Des charges & dignitez de l'Empire réduites au tiombre de quatre. r '^V- Du etoitléme a,™bt. de l Emp.r. compof.^de règne & mort. 460.& fuiuânt. Èmp. >ire du Turc, L &la .sEmpereursTurcsn'ontaucunesarm sgtau.es famille des Ottomans n'er; ^^^^.J^ Des funérailles obferuées à la mort de l Empereur '"Drïmper.urs de Conftantinoplj. , Ch.- ftiens . que Turcs , ^/^l fuU main en celuy d'Ocicnt & d Occident. uans. . £m'pefeHrs âeP'crJc, litrs en Èftoffe ne ftcadc"' .ttCunep.M.e pcre. { Table des Matières. DcsenfanîdesChreftiensoa Tribut, corn ment ils font nourris & entretenus au feruicc du grand Sei» gncur. 531 Entreprife de Bologne parl'Anglois. 10 Eunuques commis pour la garde des Sultanes du grand Seigneur. 551 Bfcojle, EfcofTe jadis nommée Albanie. 2.1 Paysafpre &montueuxpeu fertile. ibid. De l'ancienne Alliance de l'EfcolTe aucc la Fiance. De l'antiquité de la garde d'Efcoffe auprès les per- fbnnes des Roys de France. 24 Leurs priuileges & fecours que l'EfcolTc à donné à la France. 25.24 Prifon & exécution de mort de la Royne d'Efcofle Marie Suiard,en Angleterre. 173 Efcofle moleftéc des Loups. 3 Eftats du Royaume d'EfcolTe ont vne authorité fort abfoluè. EfcolTe donnée en proyc aux hérétiques après la mort de la Royne Marie. 27 L'Efcofle compoféc de trois ordres. 25 EfcofTois modernes» enuieux, fuperbes , qui mefpri- fent les autres hommes. z Font Parade de leur NoblclFe. ibid. Sont diuifcz en ciuils & fauuages. 16 Ont beaucoup d'cfpntd'indufttic > fort vindicatifs êc cruels. ibid. Sont hardis & courageux à la guerre. ibid Efcrit du Cardinal Baronius touchant la Monarchie de Sicile condamné par Edic du Roy d'Efpagne. 16 EJj^agne, Situation duRoyaume d'Efpagne. 99 Elle eftprefque vne lOe. ibid. Decequ'cftoit anciennement rEfpagne & de fa fituation ôc forme. 99 Eftat gênerai de ce que l«Roy d'Efpagne polTcde au- jourd'huy en l'Europe , en Afrique,Afie > 6c nouueau monde. 9^? Les Royaumes & Citez jointes aux Cours de Mou- çon. loi Quand la Ville de Murcia a efté deliuréc des Mores & de fon gouuerncment. 44 Déluge déplorable arriué à la Ville de Scuille le 24. ïanuier 1^16. 102.103 Déluge eftraRgc arriué à la Ville de Salamanque. 104. Difcours touchant l'vfurpation du Royaume de Nauarre fur le Roy de France par les Roys d'Efpagne. 105. De la Police de Murcia fur le fait de la marchandi- fe. 108 Ce qui cft compris fous le Gouuernemcnt de Mur- cia & de fcs marchandifes où cft la Chancellerie Ro- yale,& des belles cifteines de Grenade. 109 Des diucrs Confcils d'Efpagnei des Officiers d'iceux & de leurs gages. 116. & fuiuans. Des Vice-Roys , & autres Gouuetneurs que le Roy d'Efpagne pouruoit: des Ambaffadcurs que le Roy en- iioyc,& des Souuerainetez qu'il pouruoic. iiS Taxe des gages des Officiers de la maifon du Roy. 119. Des Seigneurs de marque, & de titre, auec leurs ar- nîes,maifons & rentes. 121. & faiur>ns Des autres lignes & maifons defquellcs les noms ny leur* titres & rentes ne fe peuuent fçauoir , mais ku- 'cmcnt leurs armes. i^-, Des Vicomces,Generaux,Admtfatix, & Prieurez, & le t 3utes les Commanderies d'Efpagne auec leurs ren- és. Dénombrement des Prélats d'Efpagne Se de leurs eucnus. Des Commanderies de S.Iacques , Calatraue , & les lieux où elles fonr,& leurs rentes. ibid. & fuiuans Des Villes d'Efpagne qui ont cftc au pouuoir des Mores Ôc combien de temps & comment deiiutccsaux Chrefiiens. Banniflcment des Morifqucs hors d'Efpagneen l'an 1610. J4j_ Ptife de l'Arrache en Barbarie par les Efpagnols. 148. Eftît du Royaume de Portugal. 145) De la jufticc Se gouuerncment de Lifbone. 150 Places fortes des Portugais hors leur Royaume, ibi- dem. RichcfTe&rcuenus dePortugal. ibuK Dcfpcnce annuelle duRoyaume. ibtd. DelaVilledeLifbone. ibid. Catalogue des Roys de Portugal jufques au Roy Philippcs.tils de l'Empereur Charles V. ôc fui- uans. L'Efpagneeft pleine de montagnes , a pçu deRiuie- res & y pleut rarement. tpS . Villes d'Efpagne qui ont efté au pouuoir des Mo- res, & combien detcmps> Ôc comment dcliurces aux Chreftirns. 141 Diuifion de l'Efpagnc du temps des Romains, ibi- dem. Il n'y a Nation qui cognoifTe mieux fon aduantags & defaduantageque l'EfpagnoI. no Efpagnols pleins de rufcs , d'ariogance & de varie- rie. ibid. Defireux de choies nouuelles. loji Portoycnt jadis des robbes courtes & noires, ibi- dem. Frotoyent leurs dents auec de Tyrine. ibid* Femmes Efpagnollcs s'exerçoyent jadis à l'Agricul- ture, ibid. luftin dit qu'ils font fort fobres. no Vloient de gland en fécond fcruice d-itTrogc. ibid. Mangeoienc couchez par terre dit Pline. ibid. Erpagnols eftoycnt la garde plus fidelle de Csfar. ibid. Ils font chauds & fecs de nature , furpalfant les au- tres Nations en cérémonies, flatteries , en titres fuper- bes ôc magnifiques. ibid. Efpagnols ne fortcnt jamais de leur logis qu'auec vne grande fuitte de fujcts. ibid. Ils ay ment la luftice & la rendent exaftement à tou- teperfonne. 110 L'induftrie des Magiftrats fait qu'il y a peu de lar- cins, ibid. Nui impuny quand il a failly contre les Loix. ibi- dem. Endurent la faim , lafoif, & veilles ôc toutes fortes de trauail quand ils font campez. ibid. Ils font foi t mclancholiqucs. ibid. Ils ayment le repos & fc fondent fur leur alTcuraii- ce. ibid. Se battent mieux à pied qu'à cheual. ibid. Font paroiftre qu'ils portent vne grande reuerence à 'Eglile &aux choies (àcrccs. ibid. Habitans de Valence font engouffrez dans les déli- ces dont le Pj^ys abonde. iio Lavotupicdeuancc en ce lieu l'honncfteté. ibid. Les habitans d'Andaiiilie font po,lis Se ciuilifez. ni Bifcayns loiu cxccllens à la mer , Ôc lont bons fol- dits. ibid. De Table des Matières. ©e b Ville d'Edimbourg Capitale d'Efcoflè. n Des ElUnptamics qui maiiioyent les deniers publics d'Athènes. ' ST^ Du Pays d'EoIic au riuagc de la mer Egécfes princi- pales Villes. 592- Eftain d'Angleterre fort eftimé. 4 De TEftat du grand Duc ou Kncz de Mofcouic » fcs limites, & ce qu'il occupe. 749 L'Eftat de Marroc cft diuifc en fept Prouinces. 855. Eftat de la France comme elle cft à prcfcnt. 36 Ses limites, ibid. Eftat de la grande Bretagne comprend 3. Royau- mes. " 2. Eftats d'Irlande ont plus de puiflance que tout le rcftc> & font aflcmblez à volonté du Roy. 35 Eftatî du Duc de Sauoye, fcs limites. 395 Diuifion des Eftats du Duc de Sauoyeen 2. parties, en Sauoye & Piedmont. . ibid. Eftat du Royaume de Gongo cft de grande eften- duè. 8i4 Ses bornes & limites. ibid. Il contient ^(îo.miUcs d'Italie. ibid. L'Eftatv^c Marroc comprend z. fameux Royaumes, fçauoir Marroc & Fez. 833 Eftat de France eft Monarchique. 72 Eftat des Pays-Bas eft appelle la baffe Allemagne. ^55- , , . Eft aufli appellé d'vn nom General de Flandres. . ibid. Ses limites » fon circuit, félon Guiccardin. ibi- dem. Ses hmitcs principales. ibid. Leur forme de gouuernement , & Police moderne plus femblable à vnc Republique qu'à vn Royaume. 247- Eftats généraux des Prouinces vnies des Pays-Bas eft vne forme de Republique. ibid. Quelles font les Prouinces & les Villes qui font conuoquées aux aftcmblées générales , & qui contri- buent. 235 Nombre des Villes, places & villages dcsPays-bas. ibid. ôci^ô. Comment s'affembknt ccsEftats,& quelles perfon- hes y fontappellées. 247.&248 Eftat du Royaume de Fez diùifê en fept Prouinces. 834. Eftat de l'Egypte après la mort de la Roync Cleo* patta, qu'il fut réduit en Prouince par les Romains. 650. De la Ville ancienne d'Epidaurc renommée pour le Temple d'Efculape. 5553» De l'Epire partie d'Albanie, fon eftenduë , fcs Pro- uinces & Villes. yjS Demeure d'Eftc au Serrail du grand Seigneur tres- agreable. 544 De rEftremadurc,& de fcs Villes. 103 Là cft l'Image de Noftre Dame de Guadâlupc , lieu fort fréquenté pour fcs miracles. ibid. Del'Etolie,& de fcs Villes. 558 Eucfchezdu Parlement de Bretagne. 57 ' Euefchez duParlcinent de Bourgogne. ibid. Euelchez du Parlement de Bearn. ibid. Euefchez du Parlement de Mets. ibid. Euefchez du Duché d'Vrbin; 351 Euefques prétendus d'Irlande ont leurs fieges Preli- diaux où font citez les Catholiques pour dire où ils ont fait baptifer leurs enfans. 17.18. & 24 Des difterens entre l'Euefque de Coire & les Gri- fons , d'où eft arriuc le trouble de la Religion. 422 Des Euefques d'Athènes qui auoicnt foin des affai- res des Prouinces. 575 F, DcuxT^ Avions en Efcoffc caufedela ruine delaRe- X ligion Catholique. Des familles qui régnent & commandent aux Ro- yaumes de Marroc & Fez. 847 Famille de Akvyonlu ou Moutons blancs , autre- ment nommez Bayonduryah , qui ont commandé à la Petfe. 745 Efleition de l'Empereur Ferdinand II. à la Couron- ne Impériale. '+74 Femmes de Tunes font Lubriques & Publiques «Se fcprefentcnt à chaque paffant. ^^S Ferrare quand reiinie au S.Siege. 35^ Ferraredetout tempsaeftérAzyledcsIuifs. ibid. Le Pape voulut qu'ils portaftcnt vn cordon jaune, ibid. Defcription,4cla Ville de Ferrare. ^73 Ferrare reiiny au S.Siege par le Pape Clément VIII. & comme il y laifta viuic les luifs du depuis. 3fî Des Feftes que folemnifcnt les Turcs dans Con- ftantinople , & des jouftcs & courfcs qui s'y font. Feudataires d'Efpagne font obligez defcruir le Roy perfonnellement à leurs defpensaux occafions de de- fence. Grand nombre de Feudataires en Efpagnc. ibid. Defcription de la belle & grande Cite de Fcz. 854 Tilsaifhé du Roy de France porte le titre de Dau- phin. 7i Flandres agréable en bons pafturages. Florence, 335 ibid. Florence peut vanter fon antiquité. Ses diuers noms. Safituation très- belle. S'eft accrue depuis les Gots. Son circuit de ^000. 337 Totila Roy des Gots la ruiniancienneroent. ibid. Amplifiée par Charlemagne. ibid. Son ancien gouuernement par Confuls & Magi- ftrats. 't*''^- De fes Palais & Eglifes magnifiques. 33^ Delà Ville de Pife. 357 Delà Ville de Sicne. 538 Origine de la maifon de Florence , & des grands Ducs dc^Tofcanc. 343 Florentins font d'vn efprit fubtil , cauteleux & def- fiant. . 538 Florence a réduit Pife fousfapuiffance. 537 Florence célèbre pour rexcellence de fes Temples, Palais , ftatuaires , ftatuës , & ouurages de bronze. 35^ . . .1 Florence pleine d'Artifans & d'ouuriers qui trauail- lent en laines & draps d'or. 535^ De la Floridclucatan, nouuelle Efpagnc.' ioS Fontaines. r Fontaines d'Edimbourg en Efcoffe où l'on yoid na- ger les gouttes d'huyle; . A quoy fért cette liqueur. . ' Fontaines nôuuellés pour l'embelliffement de 1 a- ris faidles Antzni la Preuoftc de Meffire Nicolas de B illeal Lie.utsiïant Giuil. }8. 39- ^ usns. , ^ Fo naine dis fel en Angleterre. ^ ^ KKkk Fletué I Table dles Matières. Flcuue de la Magdclaitîc au Peru qui a 7. lieues de large. zi5 Flcuued'OriIlanelargedc70. lieues > ccuxdel'ar- gent ou de la place large de 40. lieues. ibid. Forces du grand Seigneur qui l'accompagne al- lant en voyage. f 50'55» Les forces du grand Seigneur puiffantes & effroya- bles en multitude d'hommcs>tant de pied que de che- ual. é57,& fuiuans. Forces du Roy de Pegu en quoy confiftent. 799 Forces du grand Mogor font en nombre infiny. 805 Ce qu'il peut mettre d'hommes en campagne, ibid. Des forces &garnifons du Royaume de la Chine. ) 781 Des gens de guerre que toutes les Prouinccs entre- tiennent, ibid. Fortcrcffes fur les frontières. 7^5 Les Forces du Roy de Narfinge confiftent en 40. milles Naires, qui font comme Gentils-hommes dcfti- ncz à la guerre. S'ii Forces maritimes & terreftres d'Angleterre. 8. & 9 Du fort de Cananor prés de Malabates. iSj Du fort de Cochin. ibid. Du fort de Coulon. ibid. Du fort de Columbo en Mfle de Zeilon. ibid. Du fort de rainâ:eHeleine,& les trois de la Flori- de- 105 Dcfcription de la Floride. ibid. Trafic de l'or & de l'argent que font fes habitans. 106 Les Efpagnols y tiennent trois places. ibid. Foreft de fenouils & de lauriers auprès de l'ancien- ne Troye. ^88 Foreft riche pour fon fer Ôc fon acier. 6^ Forefiens pouruoycnt fagemcnt à leurs affaires, ay- ment le gain, & trafiquent partout. 60 Foreft de Calcédoine célèbre en Efcoffe. 21 Fortereffcs deSauoye,Montmehan,Conflans>Char- bonniercs,& de l'Annonciade prés Rauilly. 397 Fortcreffe de S. Alban entre Niffe & Ville Franche. Fortifications de la Ville de Nyffe en Sauoye. ibi- dem. Des fottereffes qui font dans les Eftats de l'Ar- chiducheffe, citadelle d'Anuers, Bofleduc, Grauelines, Dunquetke, Oftande, Artas, Hedin, Mons, Valen- fiienne>Philippeuille,Maricmbourg,Namur. 247 Le Roy d'Efpagney a trois Confeils d'Eftat,Priué, & dcsFinanceSjOfticiers de chaque Confeiî. ibid. Forterclfes du grand Duc, & le nombre de foldats qu'il entretient, & qu'il peut mettre fur pied. 99 Fortereffcs d'Efcoff?. 25 Fortereffcs d'Irlande garnies de gens de pied & de chenal jufques au nombre de 1200. ibid. Fortereffe de S. lulien en Portugal prés du Tage pour garder le paffagc de la Riuicre. 115 France. La France ne craint nullement fes voifins. 6G France a 2. fortes de gens de guerre , de mer & de terre. ibid. Le François a cela de particulier, qu'il s'entretient loufiours au defir de l'honneur. 67 Diuifion de la France félon fes hui6l Parlemens. ^6 De la ville de Paris appellée jadis Lutccc , & des an- ciens Parifiens. 37 Du bruHement des 2. Ponts des Orfèvres diâ au Change^ des marchands. 38 De rcmbcUiffcment de la Ville de Paris par la beau- té des fontaines nouuelles qui s'y voycnt. 39 De l'excellence de la place Royale , & Hofpital de S.Louys. ibid. Des maifons Royales de France. ^9 Defcription de S.Germain en Laye. ibid. De Fontainebleau. 40 De Chambourg. 41 De la Ville d'Orléans , fon origine, fon antiquité & priuileges. 42 Dcfcription de la Ville de Tours , fon antiquité , & Pays de Touraine. A'^-Ah Defcription de la Ville de Lyon. 45 De la Principauté de Dombes. 44 Defcription de la Ville de Toloufe Capitale de Lan- guedoc. 4'5«: particuliè- res reiinis à la Couronne de France. 75 Des douze anciens Pa"irs de France , auec l'efledion des Duchez & Pairies qui fubfiftent aujourd'huy en Finance. 7^.& fuiuans. De l'eftabliffcment des Parlemens de France , des Cours Souueraines de lufticeôc de Finances , nombre des Chambres & des Officiers d'icelles. SiJ. 87 Table de l'Eglife Gallicane tres-Chreftiennc auec les Archeuefchez. Métropoles & Euefchez. 91. & fuiu. Defcription de l'Eftat moderne du Pays deBearn.94 Fribourgbafty furvnroc. 410 Du Frieul,& de fes Villes. ibid. & 381 De Foffan & de fon Chafteau agréable. 395 Delà SeigneuriedcFofligny où eft Ripaille , lieu agréable au Duc deSauoye. ibid. La Frife Occidentale ou Weftfrife, fes villes , Leu- uarde,Grouningue. 251" La Frife Orientale a pour fes Villes Eradem & Au- "ch. ibid. Frontignac eft riche pour l'excellence de fes vins.<î+ Fruidts diucrs que produifent les Prouinces de F""«- 50. p. 52. & y j Funérailles communes des Chinois. 777 Comprent leurs années par 12. Lunes, de leurs fe- ftinsjôc de leurs apprefts. jj^ Leurs falutations. ibid. G. De /^Alace ou Gallogrece. VJÎGalicefaiteftat de fes vins d'Orcns , &dela pcfche des fes habitans. jjj De la nouuelle Galice. 213.& fuiuans. Garnifons ordinaires qui font pour les Turcs dans Alger , il y a dix milles lanniftàires. 615 Nombre des Garnifons quelcRoy d'Efpagne tient au Royaume de Naplês,&i: des principaux Officiers du Roy qui y font. Antiquité de la garde Efcoffoifc auprès des Roys de France, 22.23 Leurs priuileges en France. ibid. & 24 Gardes du corps du Roy d'E(pagne en fon Palais, & de leurs gages. Garde puiffante du grand Cham de Tartaric- y<»6 Forme de fon Couronnement. ibid. Il eft comme l'Empereur des Turcs abfolu du bien, &dela vie defes rubjc6ts,& nul ne doit dire qu'il a la propriété de quelque chofe. j^y Les Gafcons font tous boiiillans & pleins decou- ragcalticrb & rodomonts. Gafcogne tire grand argent de fes vins. 64 DaPaysappehcGaftican. Gattloti. \ Table des Matières. Gaulois. lîe nom d« Gaulois a fa fource incertaine! î'5 Nom Gaulois toit ancien. i^*^' Anciens Gaulois appeliez Celtes pour la No- blelfe du peuple Senonois , & du Pays d'autour de Paris. Milice des Celtes rendoit jadis la Gaule & les Gau- lois redoutables aux eftrangers. ibid. Ce qui eft compris fous le nom de Gaule. ibid. Noms de Gaule & de Gaulois changez en ceux de France & François. ibid. Eloquence renommée des Gaulois. 55 Gaulois ont appris aux habitans de Marfeille à clor- rc de muraille les lieux de leur demeure. 56 Ne vouloient eftre commandez , eftoient prompts a la guerre. 'bid. Gens de grand couragc,& fans crainte. Î7 Quelles eftoient leurs armes. ibid. Leurs cris cfpouuantablcs aux combats. ibid. Ordonnance de leurs armes. ibid. Deux fortes d'hommes en repution parmy lesGau- lois,les Druydcs & les Cheualiers. 57 Quelles eftoient les maifons d^s anciens Gaulois, ibid. Leurs habits.leurs autres façons de faire. ibid. La Gedrofic à prcfent appcllée Charhian. 6$9 Généalogie des Ducs de Venifc. 38 ; & fuiuans. Généalogie des Ducs ôc Roys de Pologne. 513 De la Géorgie ancienne ïberic. 595 Gennes, Genncs a fouffert diuers gouucrnemens & Seigneu- ries,elle a obey aux Romains, auxLombards,àCharle- magne. 359 Elle aeftèfort excellente en guerre, fur la mer, a eu de grandes guerres auec les Vénitiens. ibid. Ils ont eu jadis des Ducs comme Venifé , & fe font les Gennois donnez à diuers Princes. ibid. Ont demeuré longuement fous la puiflance des François. ibid. Maifons plus fupcrbes hors de Gennes que dedans, ibid. Gennois autresfois grands cfcumcurs de mer. 360 Quclques-vns difent que cette Nation eft defcen- duë des Grecsjles autres des Siciliens. ibid. Gennois de ce temps ont l'efprit vif & fubtil, qu'ils font paroiftre en leurs affaires. ^Ci Il y a entr'eux de fort bons hommes de guerre . de bons Capitaines, font vaillans fur la mer, & entendent fort bien le commerce. ibid. On dit qu en^matierc de confcil ils font ignorans. ibid. Reuenu de la Republique de Gennes. 361 Enquoyconfifte. ibid. Ce que le Roy d'Efpagnc leur doit félon le dire du Change : peu d'argent public à Gennes , & toute fon aflcurence eft en la protection d'Efpagne. ibid. Gennes Ville Capitale de Ligurie , fon aflictte, fon beau port , eft fort peuplée , & a de fort magnifiques Palais. 3J5> Gennes appellée lafuperbe eftvnedes Clefs d'Ita- Ue.acfté jadis pui (Tante fur la mer, & a obtenu de gran- des victoires en Grèce. ibid. Forme du Gouuernement de la Republique de Gen- nes, de la forme deflire leur Duc & Maigiltrats. ibid. & 362. & fuiuans. Genêts de Marchcnes les meilleurs d'Efpagne. 105? La Ville de Geneue comprife dans latiauoye , fa fi- tuation plaifante. 407 Son territoire eft debon rapport , produit bledsj vins,raucs,melons, légumes, orge,foin& atioine. ibid. L'air y eft fain mais l'Hyuer n'y cftji fafchcux qu'en Allemagne. 'bld. Les Ha»bitans de Geneue font greffiers en leurs mœur,ils onilcrptii bon , & fçiucnt bien conduire leurs affaires, lesfcm«ies y font chartes plus qu'en lieu du monde. 4°7 Leurs richeftes ne procèdent' que de leur grand tra- uail. . 'bld. Cette Ville eft bien fortifiée, & fournie d'artiHeriesi 5: de toutes munitions de guerre , on y fait en tout temps bonne garde , on y efpie les adtions desertran- geis.nul n'ôfc le promener par le tour ci? leurs murail- les : ily a vn Arfenal aflfez bien garny de toutes armes, ibid. Plufieurs forts font en ce Pays, mais les GeneuoiS ne joiiyflent que dexcluy de Ripaille qui eft entier, ibid. Différent d'entre les Euefques & les Comtes de Ge- neue. , Geneue fegouuernc par vncConr compoféede 15. Sénateurs. ibid; Gentils-hommes 3e France fe yifitent fonuent. 6i Se plaifent aux lettres pour occuper leur efprit, leurs exercices ordinaires. 'bid. Gentils-hommes de la Chambre du Roy d'Efpa- gne, & leurs gages, ï^'^' Gentils hommes Anglois pleins de gentille(re&; de courtoifiè. S Remarque particulière des mœurs de quelques peu- ples de Germanie. 447-& fumans* Defcripiion de S. Germain en Laye. 39 4<^ Des Ginaicomones qui deliberoient des orncmens des femmes d' Aihene. 5 Claris a vn lieu principal, du Pays de mefme nom,oii S'eftendfalurifdiaion. ^5? Gogl, La Ville de Goa eft la Capitale de toutes les cbii- trces des Indes , où les Efpagnols & Portugais pradi- quent. -"^^ Eftpleine de belles maifons. Jbid; Cette ineéft fort fterile. ' ib'd. Il y a peu d'eau bonne à boire. ipid: Mœurs des Habitans de Goa , & des Portugais dé toutes les Indes. 1S6.& fuiuans. J.a liberté de confcience dans Goa. 194 Dom Gonfaluë de Cordolia GoUucrneur de Milan pour le Roy d'Efpagne. . ^7* GolphèSi Du Golpbe de Venifc i Se de TerteUr qu*on fait de Ci cognoifTancc. GolphedclaGoulette. Comment la Goulette prifé par les Turcs fur l'EL- pagnoh i^i'^^ Du Golphe de Lepanthe , ôè autres de ce Paysi 559. Du Golphe de Mexique. Goulette place pnfc par le Turc fur les Efpagnols. 611 Gouuerneur de Montferrat fait fa demeure d^ns Cafal. Gouuerneur de chaque Ville des Pays-Baseft com- pofé de 4 membres, ./-^j Gouuernement de la Ville d'Anuers. ibid. Du nouueau Royaume de Grenade. , , Grenade a plus de 40. milles feux , & plus de deux milles fontaincSi ^ , Jf?^ KKkk z Di» Table des Marier es. Du Pays des Gnfons, & limites. 409 LciGrifons habitent au Midy , & font diuifez en trois ligues. 'bid. Du Pays de Grèce , ôc des anciens noms de Grèce. Mers qui les bornent. 557 Griues abondantes m Royaume d'Andalufic qui font très- Excellentes. Ï09 Du Pays de Guaiimala. 209 Delà Gueldre qui a 11. Villes, entr'autres Nimc- gae,Ruremondc, Zurphen. & Arnliem. Guerre da Turc concre le Perfanjcn laquelle le Turc a perdu B.ibylone, & pluficurs Pays. 553 Gueylan ou Guylan, Prouincc delà domination de la Pcifc, de grande cftenduë, elleeft diuifce en 5. Gou- uernemcns auec leurs citez principales. 660 De Guipurcoa,(?<: (es places. 105 Guyenne, fcs Pays ôc Villes. 47 H. Les T 1 Abitans de Congo font noirs. 817 |]~j[Les Habitans de Congo (ont prefquc tous Idolatïes, & y a fort peu de Chfcrtiens. 830 De la ViUf Hadrinapolis en Thracc , jadis fcjour des Emperears Turcs. Haranga^de Monfieur le Marquis de Cœuurcs faiâ;e aux SSkÛes en l'aOcmblce de Bade. 4^1' Prouincedc Hafcorac,de Marrcc,& fcs places. '834 De la Comté de Haynault , & de fcs Villes. 244 De la Prouince d'Hertif en Marroc , & fcs Villes principales. 835 De i'Herefie Luthérienne ,& autres fcdes introdui- ses en Pruflc , & en tout l'Eftat de Pologne , par des «Qarchandsj&par PApoftafied'Albrct dcBrandebourg» ôi quelles font les Prouincesqui entretenu lafoy d& l'Hgirfc Romaine. 510. & fuiuans. La Prouince de Hierak tres-grande , fa Capitale eft Luciphoan, Cité fort peuplée, quiaeitc jadis (îege des Roys de Perfeja vn grand commerce.il y a cncor beau- coup d'anirrs Villes. 660 De rHipodronic place de Conftantinople fort fu- pcrbc pour la courfe des chenaux. 542 Des Hippegntes hommes des plus florilfcns des Ephores. S7f Des Hellanodicns gardiens des chofcs facrées d'A- thènes. J75 Del'Hcllefpont.&cequec'eft. 541 De la Ville d'Hcraclée Capitale de Cilicie. 593 De la Hollande, de fes Villes Dordred,fa Capitale, Delft, Lf-ydcn, Harlem;Amfi:redam,Goude,Naerdcm, Muuc , \<^efop,Ecem, Parmeronde, Armer, Inkufe> Horn. Defcription de la Ville d'Amftredam. ibid. Des coftes de Hollandes , Zélande & Seigneurs de Fiife. 2j7.z58.&z5S) Hommes que peuuent fournir laMarque,laRoma- gne.lc patrimoine de S.Pierre,& la Campagne. z/z Hongrie. Quelles Prouinces & Pays font la Hongrie, & d'où elle a pris ion nom. 4^i Bomescie Hor.giie,&: fon climat. ibid Dmiiion d' ii Hni igne en z. parties. ibid. • Da noîii de Bude.VilleCapitale du Royaume,(a bel- le 6s: fotu ^iinecie. 482 Hongrie habitée en diuers temps par diuerfes na tions bâibaicssPdnnomeiiSjGoiSjSyuns, Scythes, ibid. Des fromeiii a'Hougric iechangcans en autre meil- kurc cipwce la tioiiiéme année. ibid. Langage Ôi façon d clcruc des Hongrois. 48^ Cérémonies obferuccs en Hongrie en la réception. Sacre & Couronnemcntdu Roy Matthias. 45) f Relation des difFerens,&troubl^s furuenus l'an 160^. en ce Royaume pour le faiét dé la Religion , & pour les charges & dignitez aux armées. 486 Troubles en Hongrie à caufe desrebcUions de Bo- hemc,&: des Hongrois fous l'Empereur Ferdinand IL ôc Bethléem Gabor. 496. & fuiuans. Hongrois anciennement farouches, feditieux,vin. dicatifs,aujourd'huyciuihfez, &addonnez à l'exercice des armes. Leus manière dé viure& habillemens.de leurs ma- riages & funérailles, ibid. Sommaire des diffcrerîs furuenns en Hongrie de- puis la paix faiéte auec le Turc en l'année 1605. jufques * présent. 486. & fuiuans. Defcription des Villes principales d'Hongiie, entre lefquclles eftStridon , Pays natal de Sainâ Hierolme. 482 De l'excellent Horloge de Venifé. , 373 De la Bibhothequc de la Ville de Venife. ibid. De l'Hofpital de S.Louys à Rome pour la Nation de France. ibid. Les Pères de l'Oratoire l'occupent à prefcnt. ibid. Hofpitaux à Rome pour les eftrangérs. i6c^ Dafaperbe& Royal Hofpital de S. Louys pour les malades de la contagion^ 3^} Des Hoftcls lupecbes des Princés & Seigneur , qui fe voyent tant en la Ville qu'es faux-bourgs de Paru, ibid. DclaVilledcHierufalem,&:dc fon Royaume. 595 L'Hyucr commence en Congo , lors que nous auons le Printemps. gzj De la Prouince d'Hyrcaniejfes limites, Hyrcam elt f» Ville Capitale. 1 Des T Acobitcs , & de leur fcfte. 6oçf JL laloulie d'Efpagne fur la France , pour l'al- liance des Suilfes , excrai6l de l'hiftoire de la Paix de Pierre Matthieu Hiltoriographe de France. 424 Le lappon eftvncorps&amasdcplufieurs Iflcs fè- paices pai de petits Golphcs. 790 Elles contionnent ôiî.petits Royaumes,& font diuu fez en trois membres principaux. ibid. De la principale Ville du lappon appelle Machio, fon grand tour,c'eft là que fe tient le fouuerain Magi- ftrat du lappon. lapponnois fubtils, aduifcz , leurs mœurs, 8c forme deviure. -93 lapponois font femblables aux Chinois en Reli- gion,ils font plongez entoures fortes d'impietez. 794 Il y a force Chteltiens parmy des idolâtres qui ionc plus pleins de zele,& d'ardeur qiie nous. 79; Le peuple lapponois eft diuifé en cinq ordres. 79J Gouuernement du lappon eft fort différent des fa^ çons de gouuerner d'Europe. ibid', Places des iannillaires dans Conftantinople. 54 1 lardins admirables du Serrail de Conftantinople. lardin de Belueder à Rome , enrichy de belles fta- tucs. zè6 Des lardins du Pape admirables. zsx? De la fortercil'c de fauarin imprenable. 582 Comment rcconquile fur les Turcs par le Baron de Va ibecourt Fiai,çois. ib.id« Réfutation de l'erreur populaire touchant la prccen- yè Papofle lacnric. 305 De Table des Matières. Bc l'IdoUtrii des peuples du Peru enuers les Tref- paflcz. Imprimieriff) artillcricpondre à Canon en vfageen la Chincjil y a quelques ficdcs, 77S Infanwtic ftalicnipc de terres du Roy d'Efpagnc ètt apabie de luy rendre vn bon feruice. ^ '5 Iniraitic extrême entre Us laponbis & les Chinois, d*ôù en f ft la fourcc. 7^° Ihquifucurs de Sicile pour le fait delà Religion. 167 Se rionic où eft la Ville d'Ephefc renommée pour fon Concile. 59^ Irlande. Irlande appcUée des anciens Hibernie & luernifc & d'autres noms. ^9 Son affiettc eft appellée petite Bretagne par Ptolo- mée. ibid. Eftoit jadis appellée Efcofle félon loannes Major. 30 Delà Religion d'Irlande. 35 Par qui plantée en ce Royaume. itiid. Des ftatms du Pays contre les Catholiques Irlan- dois. De leur cruel traidtemcnt. ihid. Du feminairc des Irlandois eftably à Paris. 34 Des Archcucfques,Euefqucs,& Roys d'Irlande, ibi. Anciens Itlandois plus fauuages quclcs habitans de la grande Ikctagnejfelon Strabon. ibid. Mangeoient les corps de leurs pères & mères après leur mort. 'hid. Quand l'Irlande efttombcefoùs la puiflance des Anglois. \ 33 Des Cours, Sièges &Officieri d'Irlande. ibid. Loix Se ftatuts fondamentaux d'Irlande faits au pic- jàdice des Catholiques. 33* ^ 34* Irlandois modernes font fort agilcs>& de grand cou- ragssj^'expofent librement aux haza!rds. 3^ Amateurs de la mufique. ib^'l' Leurs viures ordinaires. 3^ Marchandifes qui fe tirent d'Irlande quelles^ ibid. LnflcdeFran^cc&defesVillcs&Pays. 3^ De< îflts de Fiance. . 49 Dr i'ifle de Negrepont. 579 : D»? i'IOe de Nixie célébrée des Poètes. 5^^ ] De i'ifle de Cypre^fcs premiers habitans, à fouffcrt diuers Gouuernemens. Sa longueur & largeur. ibid. SonalTlette. 'bid. De fes Caps ou Promontoires* ibid. Son ancienne diuifion. 'bid. De fes Villes principalcs.de fes montagnes. ibid. Cypriens diutfez en 5. conditions. 585 De i'ifle de Mebs. 579 De rffle de Pathmos lieu dé l'exil de S. leanl'Eu.an- gclifte. jSo De rifle de Samos. ibid. Des Ifles que le Roy d'Efpagnc pofiedc en là mer Méditerranée, Majorques.Mmorqucs ifj Des Ifles Philippines. 184 Dcl'lfledeGoa. l'^^'S Confideration générale fur les Ifles décrites ôcles places que les Efpagnols tiennent en Afrique, en Afie & aux Indes. De I'ifle de Calis pour la plus célèbre d'Efpagne. lOi Anglois y eftans entrez en furent chailcz l'an i(5iy. le fi.Nouembre. ibid. De l'Iflc de Rhodes, Tes anciens noms. 585 Eftendue de I'ifle de Rhodes,fcs Vilîcs principales. hïà. Prife par Soliman fur les Chcualiers de Rhodes. 587 De rifle de Thaflc ou de Thalaflie. 579 De l'Iflc Samothrache. ibid. De I'ifle d'Imbrc ou d'Embrc. ibid. De i'ifle de Lcmnos. ibid. De I'ifle de Crète & de Candie. ï84 De lifledeCorcyre àprefentCorfou. 585 De I'ifle de Cephalonie. 386^ . DerilledcZaive. ibid. De l'Iflc Efpagnole. De rille de Cuba ou Ferdinande.' ^^9 De rifle lamaiquc appellée aujourd'huy de Sainâ: lacques. ibid. Des Ifles des Canibales ou Caribes. ibid: Des Ifles du Propontide appellées des Modernes dé Màrraora. 5^8 De I'ifle de Tenedos. ^ ibid. De I'ifle appellée de S. George de Venife, où eft vn fomptueuxMonaftere fait demarbre, fonCloiftreeft ^ admirable. , . . i '".' , 3,74 Ifles d'Afrique du cotté del'Ôccein Athlantique ap- partenantes au Roy d'Efpagne. 174 De l'Ifle du Phare qui eft vis à vis d'Alexandrie; ! Defcription des Ifles de TenerifFe , de la grande Ca- narie,de l'Iflc Palme. ^ 190 Des Ifles Canaries diuifées en fepr. 174 Arbre qui diftiUc l'eau à fuffifance pour abbreuueç les habitans de riflsdcfer. ibid. De rifle de Palme abondante en Palme?. i75 DeslficsduCapvcrd. ibid. De rifle du Prince. ibid. De l'Ifle Sainûe Hélène- ibid. De l'Ifle Saind Thomas. ^1^ Desifles Acotes,fçauoir la Tercere, S. Michel,fainte Marie,S.Georges,laGracieufe,Pico&Fayal. v 177 Eftat des Ifles & des places que les Portugais & les Efpagnols tiennent en Afie. 180 De rifle & Royaume d'Ormus. »bid. de rifle Diu. >8i Du Pays de lucatan qui a de teurjpo.mille. Du luge de Conftantinoplc qui eft Souuerain & fes quatre Lieutenans. 54^ luges de circuit ou d'Aflîfes en Angleterre qùels. 14. ^, Des luges des Aflîfes d'Ii;lan de quels. \ luges Royal & principal tient fon fiege à Edim- bourg Capitale d'Efcofle. i lOgemens dcj.fottes en Angleterre. 13 luifs afpres au gain & s'addonnent fort à la mar- chandife. SS\ Des luifs.de leur Religion, Loix anciennes en quel nombre. 607. & fuiuans. Àchon renommée pour fon abondance en foyc§ ^àc toutes fortes; Kazuin eft Cité célèbre fcjour àprefèntdesRoys' dcPcrfe. Desdefccndans d'eKarakuyonlu , ccftàdireMou- ton noir,qui commandèrent en la Pcrfe. 74/ duT Abyrinthc tfelcmnos. _ , 579 i ^ De l'ancien Labyrinthe d'Egypte & de fes^ patticularitcz. ■ ib''^- Lac de Barcene cff le Cùtrc de rEftat du Prete-Ian, roneftrndné. . , . ^bid. Ds la Ville de Lacedemohié jadis appellée Sparte. . ' iKkk 3 Des Table des Mati Des Lacecîcmowens hraucs & vaillans. 577 Leurs feftes des Gymmopedies, adoroycnt les Par- ques.Ieur forme de viurctenant la ftatuè de Mars lice de fer: exerçoyent leurs filles à la coarfe; elles eftoyent rauics par ceux qui les vouloycnt efpoufer. ibid. & fuiuans. Du Pays Laconique plus beau de tous. Laines de Cartagcnes, appellccs laines d'Efpagne fort excellentes. m Languedoc a fes paftcls qu'il cnuoyeau loing qui rendent riche cette Prouince. 64 De la Lapponie,fon eftendue & limites. ibid. Du Latium ou Campagne dcflammcfadiuifion & fef Villes. Du Patrimoine de S. Pierre oij s'cftend. ibid. De la Ville de Lcon Capitale du Royaume de Léon . 104. Lignée de» Sophianj. (SS^. Se fuiuans. Lieux forts en quantité au Royaume de Grenade 114. &1IJ-. Ligue de Zurich auw les 4. Cantons. 415 Ligue de Zughauec les 5. Cantons. 417 Ligue de Claris. jbid. Ligue de Berne auec les j.Cantons. ibid. Ligue héréditaire faide entre l'Empereur Maximi- lian & Charles Archiduc d'Auftrichc & les SuilTes ères. Limites ôc Riuicres de Lorraine. 435 Les Lorrains font grand trafic de la pierre d^azur ^ des perles que l'on pefche aaffi au pied du mont vogete. auffi de leurs toiles &de leurs ouuragw! Reuenu annuel du Duc de Lorraine. ibid ' De la Ville de S. Nicolas de Lorraine ï prefcnt fort peuplée. Des autres places de Lorraine, Pfuard,Ormus,Bayn! LuneviUe, Pont à MoulTon, célèbre pour fon Vniuer- litc, Gcrbeviller, Charnies,Chaftenay,Moranges,Vau- coulcur d'où eftoit leanne la Pucelle ôc plufieurs au- très. 434 418. Ligne des 4.Cantons, de Lucerne,Vry,Suits,& On- dreuald. Vjiion des trois Ligues des Grifons auec les Can- tons. Ligue de S. Gai. S'enfuit la forme de la Ligue. ibid. La Ligue & Ton afliettc, fes frontières. 3^8 Qu'cft-ce que l'on appelle Riuierc de Gcnnes. ibi- dem. Places plus importantes de la Ligurie. 359 Ligurie pourlaplurpartarprcmontueufe . pleine de Rochers ôc précipices, & y a quantité de bons vins. 560. Auec de fort bonnes huyles, force citronniers, oran- gers, Oliuiers, & fur tout le lieu de Nerui eft vn autre Paradis de délices. ibid. Duché de Limbourg & Vaikembourg, Dalcm,Ro- de & Carpon & autres Seigneuries. 245 Le Limofin fait grand trafic de toiles ôc de fes huy- les De la ville de Lorette place de grand refpea à caufe i de la Chambre de la fainte Vierge. • Lucerne Canton & de fa ville. 409 Lieux de leurs jurifdidlions quelles. ibid» Luques^ Luques fort bonne Ville affife en Tofcanc , pour- quoy ainfi nommée* 3^ Son circuii,cft édifiée fur la Riuierc de Seruie. ibi- dem. ^ Carfaguancs prés Luques bonne vallée & pleine d'vn pcupleguerrier& prompt àla main. ibid. Croix d'or dans l'Eglifc d- fainte Croix de Luques. 414 j que les Pifois ont engagée aux Luquois à condition de Limofins font fobres , boi]s mefnagers , fort labo rieux. Delà Ville de Lifbone. i^i Catalogue des Roys de Portugal jufques au Roy Philippes fils de PEmpereur Charles V. 151 Lifbone eft l'abord de toute la marchandifc & le lieu où fefaidttoutlc trafic des Indes Orientales, ibi- dem. Lifbone en Portugal eft vnc des meilleures Villes qu'on voye en tous ces Pays, elle eft fournie degrandS magafins d'armes de toutes fortes. ibid. Le feu, le bois & les fcrpcns, adorez jadis des Lithua- niens ôc confultez par leurs Preftres en leurs mala- dies.leur facrifice du Coq, leurs feftes ôc leurs cérémo- nies ésobfcques & fepultures. jo4 Liurc des Conftitutions Ecdefiaftiques drelTé par ïacqucs VI.Roy de la grande Bretagne. 16. ôc 17. Loîx fondamentales de l'Eftat de la Chine. 7^0 Loix cfcritcs du Royaume de la Chine. 783 Loix ôc lurifdidlions diuerfes d'Angleterre. rachapt.qui ne fc fait point. ibid. Luques a en diuers Maiftres.mais vn Cardinal Gou- uerneur d'icelle mit cette Ville en franchifc pour 2j. mille efcus. Luques eft la première Ville de Tofcane qui arc- çcu la foy Chreftienne, ibid.' Les Luquois font fort courtois , bons&mocJeftes ôc procèdent auec beaucoup de franchife en leurs af- Maires. ibjj^ Ils ayment fort l'Eftude des faindècs lettres, ibi- dem. Langue dcLuques eft cftimce en Tofcane fort dou- ce & pure, ibid. Luques a de riches familles pour ce que les Luquois font de grands traffics &ont des corrcfpondances en toute la Chrétienté. ibid. Luques eft forte dafïïete ceinte de bonnes mu- <î4 j railles ôc pourueue de munitions Ôc d'artilleries. Lorraine, Principale origine de la maifon de Guife. Des Princes ôc PrincelFcs qui en font fortis 43^ ibid. Nombre des perfonnes qui font dans Luques. ibi- dem. ' Le Confeil eft le fondement de la Republique de Luques , duquel dépendent tous les Migiftrats. ibi- dem. Dcquoy eft compofc le Confeil de Luques. ibid. Luques eft diuifcc en trois parties qu'on nomme Tierciere.defquels s'eflit le Confeil. ibid. Comment fe fait l'eflcdion des Officiers duCon- feil de Luques. jbij^ Du Confeil du Colloque de Luques quel eft. m- Dodeurs de la Rote doiuént cftre eftrangersde ^o. mille loing âe Luques. ibij. Des Magiftrats & Officiers de la Republique de Luques. Soldats eftrangers au nombre de loo. pou^ la oarde , du Palais de la Seigneurie de Luques. tbid. li Foy Chreftienne prefchée en France par Saind: Luxembourg moncueux mais bon & fertile en bled ôc en vin. Duché d; Luxembourg & de fçs Villes «ScvïHages. ^44- De Table des Matières. del ■M' De la Lycie , fes Vill«s jadis eftoyent au nombre dé 60.6C83. 59'- De Lycurgue & de fes Loix da^s la Ville de Sparte Se de Laccdeinone. sjj^.Sc fuiuans. De la Lydie & fa Capitale Sardis. J9i Lyon fait vn grand trafic de foyes & de toutes for- tes de marchandifes. .<54 Lyonnois font gracieux , gens de grand trafic qui font argent de tout , les femmes y paroiiTent magnifi- ques. 'M. Acedoinc & de fes Villes & Prouinces. 556. & 557. , r- SesGolphes. ibid. & fuiuans. De l'ancienne Theflalie. 557 De la Ville de" Madrid, fejour des Roys d'Efpagne. 103. Des deux Magittrats principaux d'Hongrie Palatin eft le 1. Ôc des autres Officiers. 483 Création des Magiftrats de Vcnifc. 379 Dti Mahometifme qui tegne es Royaumes de Mat- iQCÔcde Fez, qui eft diuifé en plufieurs fcdes. 850. Marie de Londres en Angleterre eft obligé détenir maifonouuerteàtout eftranger. 5 Dcfcription des Maifons Royales de France. 39. ôc fuiuans. Forme des Maifons des Villes de la Chine. -776 Des Seigneurs Mammelus qui ont floryen Egypte & qui ont efté extirpez par la tyrannie des Turcs , & la fin miferable du dernier Souldan d'Egypte Tomom- beius,aUec fc facçagcmentde la Ville du Grand Caire. Manceaux cautcleux> induftrieux, malaifez à dece- uoir , quelque peu plus rufez que leurs voifina 59 , Mantouï, 3P ibid. Dcfcription de la Ville de Mantoue. Du lieu de Marmirol. Le Duc de Mantoue ne tient pas vn petit Eftaten Italie & eft le i. après le grand Duc deTofcane. 351 Marqtyfat de Montferrat plus grand que l'Eftat de Mantouè.dontlc Ducjouyt. ibi'l' Defctiptioiî de la célèbre Ville de Mantouë. ibi- dem. Fut jadis Chef des douze Colonies des Hctruriens. ibid. D'où elle tire fon nom de Mantouë : & des dîuers Maiftres qu'elle a eue. 'bid. . Mantoiians amateurs de la Langue Hébraïque. 35^- . . î Reuenus annuels du Duc de Mantouë. ibid. Fortifications & afllette inacceffible de la Ville de -Mantouë. »bid. Du magnifique Palais de Marmirol lieu deplaifan- ccdiftant cinq mille de Mantouë. 352- Mariage de Madame Ifabelleauec l'Archiduc Alberc en faucur duquel Philippe I. Roy d'Efpagne donne à fadifte fille les Pays bas. ij? Suiuant latranfadtion conceué en Langue Françoi- fev. Laquelle fut ratifiée par lettres patentes du Roy Philippe m. du nom, feu Roy d'Efpagne. 237. & fui- uans. Mariage de Charles I. Roy de la grande Bretagric «uec Madame Henriette Marie fœar du Roy de Fran- ce Le uys XIV. 19 Marie Royne d'Efcoife exécutée à mort en Angle- terre 41. Ses alliances auecdiuers Princes. 26.27 Marie fille d'Henry VIII. Roy d'Angleterre main tint toute feule la MefTe & le S.Sacremcnt en faChap- pelle. . ij Marroc. Prouince de Marroc Si fes places. 8^5 Les Prouinces de Marroc & de Fez abondent en huylcmicl, lucrc,ciie,cotton, laine de Chevrcs,pcaux de Chèvres dont fc faid le marroquin. 836 8}7' Des Maronites rejctton des ïacobites. 609 Dcfcription du Marquifat de Montferrat & de fes Villes & places. 5f£ Qui font ceux qui foht appëllcz Marrans entre les luifis. 35? Les mafles fc«ls admis à la Couronne de France: Du malTacre des François occis en la journée dicSté Vefpres Siciliennes. Maffacre de l'Empereur Sultan Ofmanpar fes fujets Turcs. <:5z.(;j5.& fuiuans. De la Maflbuie , ctymologic & origine du nom dé cette Prouince, fa Capitale Ville «Se autres. joi De, la Comté de Maurienne auprès de Sauoye & de fes Villes. _ Du Pays de MauritaniCjfon eftenduë. 2.07 De la Prouince de Mechoacan. De la Cite de la Mecque & du Sepulchre du faux Prophète. Mahomet qiii çftcn icelleCité. Î94 De la Medie haute & baflc.en lahautecft la Ville dé Tauris,peupleé de 200. mille habitans àuantqu'Amu- tat la prinft l'an 585. fut fiegt^oyal des Sophis. 65^ De la Ville deTurcomaiî?ntrcTauris&Cafbin,ôc autres Villes. 'bid; De la Megaride & de l'ancienne Ville de Megarc. 5^8' 5^9- . Pays de MefTeniiens & de fon ancienne Ville Miue- nc. SS^ Mcffine Ville , Chef du Royaume de Sicile pour la commodité de fon port. i<^4 Pays Meffin fes Villes. ' 49 L'abondance des Metaui fait que le Royaume de Congo eft fort riche. 7^5' De la Prouince de Mcfopotamic oIj paflc l'Euphra- te& le Tygrcfleuues célèbres. De la Prouince de Mexico. ^07 Mœurs & natiirels anciens & modernes des habi- tansi M3-i54 Delà Ville de Milan combien de foisprifcnoinbré de fes habitans. ,^7» Du ChaftêaU inexpugnable de Milan & de fes mu- nitions. • *7* Des Villes de Creinonc, Parme,Plaifance,& Pauiç. Anuquité de la Ville de Milan & la force , fa fituâ- tion. ' Riuierê du Milannois. ^J^^ A fouffert dincrs Gouuetncmcns de Princes & a èfte ruinée plufieurs fois. 'bid. Milan & fes faux bourgs ne font quvn corps de Ville fermé d'vn mur. '7^ 2vlilan d'oùa prinsfon riom; ibid. Eftcnduë de la Duché de Milan. ibid. Nombre de fes habitans : fes édifices font magnifi- ée ibid. ques. , , Hommes îlluftres fortis de Milan. ^ 171 Lac? & Riuieres en grand nombre en cçt Eftar. ibi- dem. .... Ses carhiîagnes abondent en bleds. Milannois propres aux lettres & aux airmcs. ibidi KKkk 4 Hrquc- Table des Matières. Harqucfcôfee de Mihn de grand prix. ibid. Bas de foye de Milan renommez. ibid. Argent que le Roy d'Efpagac tire tous les ans de l'E- ftat de Milan. ibid. Garnifom qu'il tient en cet Eftat. ibid. Généalogie des Ducs de Milan. . 175 Mincrue & Ccres adorées jadis des Athéniens. 561 D'Elufie & de Tes My fteres. ibid. Des Mines d'airin de Mufele en Hongrie & de l'a- byfme du Comte de Zolis de fi mortelle odeur quelle tue les oyrcafux volans par defTiis. 481 Ville deModcne fort trauaiilce entre les mains des. Romains. 354 Rainée par les Grecs , rebaftie du temps de Çhatle- magnc. * ibid. .Poites de Modene bafties aux defpens des ptinci- paux Seigtisiirs d'icelle. ibid. Pic de la Mirandc Lieutenant de l'Empereur Henry Vn.daiis Modene.en fut chalTé par les Guclphes. 355 Ploficur$ Prince; rontpofTcdée. ibid. Modene 6c Rhogge font retournées àl'Eglife. ibi- dem. Mondeui a force peuple & plus qu'aucune du Pied- mfent. ^ . 353 NouucaH Monde, Diuifion du Nouneau Monde. 104 En Amérique & MagcUanique. ibid. Diuifîon de l'Amérique en deux grandes Pen-in- fuieJ'vneScptentrionalesii'autrc Méridionale, ibi- dem. Des 3.Pays de grande eftenduë vers le Leuant j Tça- uoirEftotiland, terre de Labrador , ou Laboureur & NorcœbeIgue,en l'Amérique. ibid. Difficultczà trouuerle nouueau Monde. 201 Des Eftats du Nouueau Monde diuifez en Ifles & terre ferme. ioo Des Ifles Lucayes & de Botichen.' ibid. L'iile Je Cube & derErpagnolc. ibid. Du Nouueau Monde & de l'Eftat auquel il eftoit qaand il fut premièrement decouuerr. 202 Dilcoursen gênerai fur le Nouueau Monde. 220 Du gouuerncmcntEcclefiaftique. ibid. Cognciiïance que les peuples du Nouueau Monde oiKdeDieu. 221 Des difpofiiions du Nouueau Monde à receuoir l'E- uangilc. 225 De leur Idolâtrie enuc-s les ftatuès. 222 De leurs Guagnes ou Temples. 223 Des Pays déterre fermcfçauoir du Nouueau Mon- dcjFondure, Maragua, Caftillc d'or,Cartagenc,Veuer- zole,Nicaragua. lop Monarchie des Macédoniens qui a régné fur la Per- fe. 701 Monafteres & Euefchez Catholiques d'Angleterre confifquez au Roy. 15 Monafteres qui fe voyent ruynez des anciens pères d'Egypte. 6^0 Montagnes. Du Montgibcl & de fes fiâmes. 16^^ Montagne au Royaume de Congo toute couuerte de bourgs, villages.^ maifons. 814 La Montagne Grampmsqui fepare l'Efcoflc d'An- gleterre. 21 De* Monts d'Hclicon , Parnalfe, Cytheron , Hy- mette. j^s Mojitagncs Mandafcd'Ofalc, & de Gtare,feparans "~4'Eftac da Prece-Iun du Royuume d'Adcl. . 813 De la Montagne Rhodopé. 5^3 De celle de MefTape admirable pour l'àfpreké de fes Rochers. ibij. Des Montagnes plus renommées d'Hongrie, joj Montagnes de Thrace qui ont des mines d'argent. Des Monts Pyrénées , feparent la France d'auec l'E- Des Monts d'OlTe & d'Olympe. J57 Du lieu de Mont-Sara lieu facré àla Viergcdillant fept lieues de Barcelone. 100 Du Mont de Parnafle confatré aux Mufes. 558 Des Monts Nymphée èc d'Athos fort fameux an- ciennement. De la Morce jadis Peloponefe,fonafIîette,de la mu- raille faite jadis fur l'Ifthmé afiri de rendre la Morce afleurée. ^j-f, ^ De fes Golphes & des peuples anciens qui ont habi- té ce Pays. ' ibid. Mort du Roy lacques VL Roy de la grande Breta- gne. . 19 Mojc corne. Tout ce Pays deMofcouie eft plein demare(cagfs, boueux, humide & peu fertile» ayant vn air rude , &c des champs pleins de fable. 7^1 Les Riuicrcs de Mofcouieen grand nombre, ibi- dem. Mofcouites trafiquent auec leurs peaux d'Eflans, de Cerfs , d'Ours , de Loups qu'ils ont en quantité. 753- Prouince particulière de Mofcouie & ce qu'elle con- tient,& de la Capitale Ville Mofco. 749. 750. Richclfesdu Grand Duc deMofcouie en quoycon- fiftent. 753 Des guerres que ce Prince de Mofcouie a eues auec lesTartares & les Polonois. 71-4.755. & fuiuan% Pays de Mofaisky emporté fur le Roy de Pologne par Ican Duc de Mofcouie. 750 Mofquécd'Ajoug Sultan à Conftantinople , où le grand Seigneur arriuanc à l'Empire va prendre l'efpéc. 542. La Motte en Lorraine eft forte d'aflïette & pour la nfcuuelle fortification. " ^jj' Mur des P/£les quel eftoit jadis en Ai^g'.eterre. 22 Murca quand deliurée des Mores. 142 Eft grandement peuplée. ibid. Police belle en cette Ville. 143. & fuiuans. Mufcrions de Sardaigne dont les peaux feruent d'armes. i(Sçf De la célèbre Ville de Mycenc & des Republiques & Principautez des Argius, Lacedemoniens,Synaiens, Eliens,Arcadiens, Preliens & Mclfeniens. 559 Delà Mifie haute &baire. % 592. Ville Capitale de Lorraine & fà defcri- Nancy eft vne place grandement fortifiée,ily a en icelle vne belle Arfenal plein d'armes & de munitions. 43;- - . NAncy ption. es. De la fertilité du Royaume de Naples. 1^7 Defcription de la Royale Ville de Napîcs. 1/4. & De fes Chafteaux , & de fon Arfênal, nombre Je fes familles. ^ ibid. Naturel &c mœurs anciennes & modernes des Kra- pohtains. ifg Ncapolitiins Table des Matierel. Neapolitiiins fujctsaux rebellions. '59 Delà Comte de Naiïiiu,& de fcs places. ^75 Delà Ville de Caiccte. 555 Des Villes de Capoil^ , & de la flonlfantc Ville de Nnpics. 'b'^- De l'efcric du Cardinal Baroniiis touchant la Mo iiat chie de Sicile , condamne par l'EdiddaRoy d El- pagnc. , De la Conjuration d; Siciliens contore les François appciice velprcs Siciliennes. Narfmge. Narfinge produit tout ce qui eft necelTaite à la vie humaine.' . Les peuples de Narfinge croyentvn Dieu Seigneur de tout l'Vniuers,puis aux Diables Authcurs de tout mal. Su. &fuiuans. Nations eftrangercs qui ©nt efprouué les forces des Fiançois. ^6.67. Se fuiuans. Naturel valeureux des anciens Habitans de Suéde, leurs couftumes, ôcLoix » leurs Dieux, & facri6ccs leurs armes, & façon de combaufc. 5i(î- 517 Du naturCi ancien & moderne du peuple de Sicile, hutocur r.nciennedes Seigneurs d'icellc. 164. Natu i cl d'Irlande affcdtionnez à la Religion Catho- lique. Du Royaume de Nauarrc , & de la Ville de Pampe- lune; 9f Traité de Tinjurtc vfurpation de la Couronne de , Nauarre par le Roy d'Efpagnc. ibidem , 6c fuiuans. Neptune, & Diane jadis adorez à Lepante comme Des autres Officiers de l'Empire du Turc, ibidem. Se fuiuans. Officiers domeftiques des Roynes , & Mercs des Roys ont pareils prmileges que ceux des Roys en France. 7 2 Des Oinottes qui prenoient garde au viti dans Athè- nes. ' 575 Bois d'Oliuiers qui dure trente lieues près de Se- uille. ^ ^ ^57 De la Principauté de d'Ombcs, 44 De l'Ombtieau Duché de Spolette& de fes Villes. Or en quantité au lappon dit Marc Paul Vénitien, 79? De l'Ordonnance du Pape Alexandre VI. fur la con- uerfion des Indiens du Pcru. 2.19 Quelles chofes a facilité leur coouerfion. ibid. Des empcfchemens de la conuerfion des Indiens. ibid. Origine de Schachimaè'l Sophy.&deceux qui font dcfcendus de luy,&: ont commandé à la Pcrfc jufqucs à ce temps. 745 Orléans produit de bons vins,& force bleds. 6^ Orlcans,&: fa dcfcription. 4i Orlcanois polis , & ciuilifcz ont vn langage fore agréable. Du Pays d'OuerylTeUfes Villes font Dcuenttfr. Cam- pcr.Zcuucl, Stenvnick, WoUenhorre, Haifele, Outi- narfie& Oldefcelè. 563 59i ibid. ibid. ibid. aulli Venus. De la Ville deNice Capitale deBithinie. De la Ville de Nicomedie fort ancienne; De là Ville de Nicdpoli en Trace. De la Ville de Philipoli en Trace. Niuernoisa quantité de mines de fer Nombre de la Noblelfe du Royaume de Naples. i6û ■ Nombre des Citez,ChaftéauX,& bourgades du Ro- yaume de Naples. 11^. & fuiuans. Nouograde Duché plus grande de laRuffie , & fa Ville de Nouograde riche & grande. 75° Noms anciens de l'Ille de la grande Bretagne. i Normands fins , rufez , viuent félon leur ancichnc Police. & ne fe veulent gouuerner pat les Loix cftran- gcres. ■ 59 Normandie,fcsPays,& Villes. 47 Ohelifqué. OBelifquÉS des anciens Roys d'Egypte. Cli Del'Obehfque de la Ville de Sicne éti l'Egy- pte. ' , ibid Des Obelifques d'Egypte. ibid. Obelifques plantés fur leTothbeau des Nobles Ef- ccflois autant qu'ils auoient tueîz d'«nncmîs. 21 Du Pays de rOcrois,& de fes places. fjS Des Officiers delà maifon Impériale du Grand Sei- gneur. 5)i Officiers de la Chaffe du Roy d'Efpagnc&leursga- ges. Officiers de la Chapelle du Roy d'Efpagne, &leuis gages. ibid. Officiers de l'Efcuriedu Roy d'Efpagne, & leur^ g^ges. ibid. Offices Royaux d'Angleterre font à vie. u Des Officiers du Diuan au Confçii du Grand Sci gncur. 53 P. P Ain excellent près de Bilbâo en Byfcaye. 109 La dernière Paix faite auec ceux de Zurich le jour de S. Odauian l'an i j8i, . Paix de Berne 1537. i^i^- Palais du Pape proche le Temple de S. Pierre.ou fc voycnt des Chappelles magnifiques pour leurs belles peintures. Defctiption de magnifique Palais du Roy de la Chine. ' * il feplaift en la compagnie des femmes , & hlles dont iU bon nombre. ib»^' Dcfcription du fuperbe Palais du Duc de Venifc. Palais ancien de Conftantin àConftantinople. 540 De la Paleftine. . 595 Ses r*rouinécs,Iudée,GaUléc & Samarie. ibid. De Parophihe,aujourd'huy Stilitc. 595 Des ii.anciens Pairs de France. 7i Originaire des Pairs de France depuis quel temps, ibid. besPiirsEcclefiafttqués de France. 7<î Paris attire à fby la meillcûtc partie de l'argent de France. Pafes. te Pape tient & pofTedc Bologne, Spolehtf.Féfrarei Pcrùfè,Afc6li;Ancbhc,F6rli,Raticnne. Ferme» Viècrbe.- 171 îbi- L'Eftat dii Paf»c s'cflend d vibâ thét t l'autre. dèm. , 1, , . De la Seignéiiric direâé (ies Papes» ibid. Le Pape èft pô'iirîlèa d'èxceilents Câpitaines« Des gratids reuè'iias ddPape , & en quoy ils confi- Iknt; . fuiuans. Ce que le Pape donfie aùx Cardinaux, ÔC ce qu tl de- pence èn àtiiiêk chofés. Palais d*Bfté du Pape. /.^^ De k miU% dtt Ch»fte*tt S; Ange. i^^^^ Table des Matières: l'Eftat dcTEglif» à plus de joo.millcs de longueur 8c prés de loo.mille de large. ' ibid. CctEftat de TEglifc contient plus de 50. Euefchcz. ibid. Le Pape eft en continuelle deffiance du grand Duc de Tofcanc pour le Duciic d'Vrbin. 350 Puiffance des Papes des temps pafles. z8z. & Du grand Penitentier de Rome & fon pouuoir. Des Procureurs de la Penitenccrie. ibid. Ce que fa Sainteié donne à Tes Nonces. 2S1 Ce que le Pape baille de gages à fes Gardes, ibi- dem. Du Procureur du Fifc, & fa charge. 150 Du CommiiTairc de la Chambre Apoftolique 6c fon authoriié. ibid. Prêteur donné par le Pape aux Citoyens Romains, qu'on nomme Sénateur > qui eft a/ïïfté detrois Lieute- Kàiis. ibid. Des Officiers abbregcurs, ou abbreuiatcurs de Pars , de* Soliciteurs , Plombcurs & Enregiftreurs. De l'Audience de la Chambre Apoftoliquei où font iîx Prélats efl«ruz du Pape appellés Clcrs de la Cham- bre. 2tjo Da C|jambclan>ouCamerlingue>& quelle fon au- thoritc. ibid. De l'Auditeur de la Chambre qui a charge de cho- fès fpirituelles. ibid. Du Prefidcnt de la Chambre Apoftolique qui a les comptes de ceux qui oat manié les deniers de la Cham- bre, ibid. Des Référendaires de la fignature de la grâce rc- fufent les Rcqueftes qui appartiennent à lufticc ibi- dem. Des formes d'cfcrire a Rome en cas de luftice. ibi- dem. L'Office de la Chancellerie à vn Cardinal eftably qu'on nomme Vicechancclier. 2.90 De l'efledtion du Cardinal Barbarin pour Pape Vr- bainVlIl. 51^ Dcfcription de l'humeur de fa Sainteté Vtbain Vili. ibid. Chronologie des Papes depuis Sainél Picire > juf- ques à Vrbain VIII. à prcfent fcant. Z94. & fui- uani. Conftitution du Pape Grégoire XV.pour i'efle>îlion des Papes. jkj Capitale. Manière de viures des Polonois de ce temps, la for- me de leurs carcéteres àefcrire&de l'vfage ie la La- line , commun aux Villes & villages : le naturel hau- tain & magnanime des Nobles , leurs façons d'habits & armes. * Du Pcru fon eftendué,diuifc en ?.partics,il ny pleut, ny neige &ny tonne jamais. Les peuples font diftinguez en trois fortes de per- fonnes diffcrens en langues. ■ 2,4 Paris anciennement difl: Lutece , n'eftoit jadis qu'v- nclfle. ^ ^ Anciens Parifiens n'auoient des cheminées mais dés Po^^es. ibid. Clouis I. Roy tres.Chreftien, fit Paris Chef du Ro- yaume, où il fe rctiia. ibid. j Fut le fejour principal de Hué Capet & de fes fuc ! ceifeurs. jbid. Paris appellé Chambre Royale & pourquoy. ibi- dem. Appelle Chef des Gaules par Foulques Archeuef- quedcRheim. jg Les autres l'appellent la bouchede Normandie & de Brctagne.aiinéc des autres Villes>Dame & Maiftref- fe de. Villes. jbid. Parifiens fidelles à leurs Roys. ibid. Temple de Noftre Dame de Paris bafty aux frais de PhUippeAuguftel'an 119^. Miracles de la Vierge en iceluy l'an 1616 dcm. Preuoftc de Paris diuifée en 4.partics. Paris jadis eftoit tout enfermé de la Seine. Son entendue moderne diuifé en j. parties fes portes principales. ^^bid. Du Chafteau Royal du Louure. ibid. Du Palais fiege fouuerain de luftice. ibtd^ De l'édifice fuperbe du Pont-neuf 38 Brunementdu Pont aux Marchands, l'an i6iu ibi- dem. ibid. ibi- ibid. ibid. Et de celuy au Changeurs. ibid* PayS'b. 'OS, Diuifion des Pays- bas en dix fept Prouinccs. 23^ Les Romains comprenoyent tous ces Pays-bas fous le nom delà Gaule Belgique. ibid. Les Prouinces des Pays- bas ont efté réduises fous 4. Ducs deBourgongne. Nombre des ParoilTes comprifes en chaque Diocc- fe de France. xj-^ Des Prouices des Pays- bas dont joiiyt à prefcnt l'In- fanterie Archiduchcfle. 241. & fuiuans. La Comté de Flandres Se de fes Villes. 243 Forme dont vfe le Prince des Pays-bas quand il veut traiétcr auec fes Eftats. 24S , Comment &c quand ces Prouinces des Pays-bas ont efté reduiétes comme elles font à prefcnt. 257. & fui- uans. Pays-bas comment paruenus M'Archiduc Albert. Mi Payf.4ns d'alentour de Paris fiers autant qu'en lieu du n on Je. jS Du Pays Paroparmiffè , dont Candahar eft fa ViU; Defcription du Temple de Noftre Dame de Paris.* ibid. De la fainte Chappclle du Palais de Paris & de fon Tl^if'^'-- ^ ibid. Du nombre des Collèges de l'Vniuerfxté de Paris, ibid. De.l'eftabliiFement de la Cour de Parlement de Paris,& de toutes les Compagnies fouuerainespour le fait tant de la luftice que des Finances. 8é. & fiii, uans. Dcfcription^e la Ville de Parme. 177 Les Princes de Parme tiennent le party d'Efpagnc. ibid. . r o S. Patrice Apoftrc d'Irlande pour y auoir planté la ^Religion Chreftienne & Catholique. 35 Religion Catholique non jamias quittée en Ir- lande nonobftant les tyrannies &c perfecutions. ibi- dem. De la; Ville de Patras. Catalogue des Patriarches Laiins de Hierufalem. 600. ôc fuiuans. Perche & fes places. Dffcription du Peru. ' ^^j^ De la Ville de Peigamc Capitale delà Troade,patrie de Galien Médecin. Du Pcloponefc aujourd'huy appelléc la Moréc. Le Perigord a les Porceaux & mines de fer d'acier 51. &64 l'crigouc dont il tire lorce argent. Table des Matières. Perigourdins gaillards & fobtes font fort laborieux & vn peu rudes. Perpignan en la Comte de RoufliUon eft vne Ville & à vn Chafteau des meilleurs d'Efpagnc. 1^5 Perfe, Des Villes de Perfe qui fdnt fur leriuagc & aux en- uironsdelaMerCappie. De la Prouince de Parc en en Pcrfe,a vne noble Vil- le nommée Scyraz pour Capitale , puis Lar ou Lara Chef d'vn Royaume & plulîeurs autres Villes. 660 De plufieuts autres Prouincesqui font encore en la p^j.fç/ ibid. &fuiuans. La terre de Perfe eft en quelques endroits très, fertile du cofté du Golphe Perfique à caufc de les Riuieres . mais le refte eft aride,& fujet à feicherelic. .... Mœurs , couftumes & formes de viures anciennes desPerfes. fuiuans. Pcrfansdece temps font doux , & fort gracieux, plufieursfçauans& lettrés entr'eux , en Médecine & Aftrologie. Entre-regne de Perfe après la mort d'Alexandre le Grand. , ^oz De Pcrynthe autrement Heraclée en Thrace , avn beau port. ^'5 Perfonnages excellens au lettres & aux armes lortis deModene. ^ 355. & fuiuans. Les peuples de Monomotapa font fort riches & ont abondance d'or. ^/-î Leur Roy n'cft feruy qu'à genoux. ibid- Peuple d'Hybernie anciennement appeliez Scoti. Exploits des Hybernbis fur le Royaume de Breta- Cette Ifle eft en forme d'ouale. ioid. DclaPhrygiehaute&bafle. 59^ Picards de bon naturel. Francs, courtois, prompts à faire plaifir^vaillans & courageux. J9 Picardie haute & baffe, fcs Villes. 37 Ses Riuieres. ^ ^'^i'^- Pièces d'airain vfitécs jadis en Angleterre. 4 Des peuples Paraguays aux confins de Tucuma. 218 Du Piedmont & fes limites* ?9} Nombre des places fermées du Piedmont. ibi- dem. . * Des Villes de Rauel, Doglian, Verzole, Mante, Pa- gny,Staffarde célèbre Abbaye en Piedmont. ibid. & fuiuans. - Delà Ville de Turin Capitale de Piedmont Se le- jour des Ducs de Sauoye. 1 393 Sa defcription. fid. Des Villes d'Aft . Ivrée, Vercél, Aoufte, Mondeui, Foflan , Saluzze , Carmagnole & autres de Piedmont. ibid. , Richeffe du Piedmont a paru aux guerres que le Duc de Sauoye a eue auec la France. 396 Piedmont contient 50. Comtez, quinze Marquifats, erand nombre de Seigneuries , vingts riches Abbayes. ibid. Aft peut eftrc comparée aux- plus magnifiques, Villes de Lombardie pour la grandeur de fes Palais. Piedmont produit forces grains, vins.fruidtsjchairs fauuages, fromages, chaftagncs, chèvres & minéraux. Piedmontois font bons pour la guerre & pour les letttes,oaucrts,francs,affezciuils. ^ 35"^ Pierre quarrce au milieu du marche de la Ville de Mofco i fut laquelle fi quclqu'vn pouuoit monter dclTusfans tomber, il auroitlaPrîncîpautédela Ville. Delà Ville de Piongo qui eft en ccslllcs du lapon. De la Ville de Pife treS ancienne & Icsviftoires des Pifans. 557 Elle a vne belle Vniuerfité. fondée par le grand Duc Cofme. '^'<^- Piramide, Des fuperbesPiramides d'Egypte. iJip. & fuiuans. Piramidcs & ouurages de bronze des Empereurs Chreftiens confcruéesà Conftantinople. DelaPhonicie. <5oo De la Place Royale & du Carrofel magnifique qui s'y fit l'an i6it. « r^^ Placesfortes par les Prouincesdc France. 69. & Im- uans. r j ' T Defcription de la Ville dcPlaifance, poHcdee par les Princes de Parme. Poiaou& fcs Villes. 4^ Sa defcription. ^ ^^'l^'*- Poiacuins fubtils &défians,grandsgauffcurs &hns au poffible. Pologne. Origine & Etymologie du nom de Pologne. joo L'eftenduè Se les Prouinces de ce Royaume, ibi- Diuifion de la Pologne en haute & baffe Se leurs Principales Villes. , , ! * 1 Polonois originaires &defcendusdesSlaues,lcQfS cérémonies à l'impofuion de noms des leurs cntans quels Dieux ils adoroienten gênerai. ^03. ^04 Des deux membres qui compofent tout lEltac de Pologne. , -1 • Des Archeuefchez & Euefchez de Pologne, ibid. Se fuiuans. ,. • j o , Des Palatins.Marefchaux & autres dignitez du Ko- ibid. vaume. . „ ,,, En quelle chofe abonde la Pologne Se hncroya- ble nombre d'abeilles dont les foreftss font plein«> mines d'azur , de plomb , fer , cuivre Se de lel. ^° Des forces Polonoi'fes'en quoy confiftent , du nom- bre grand de leur Caualcrie. DelaVilledePiftoyc. , 337 Appartenantes au Duc de Tolcane. ioia. Du Pays Saina Ange , jadis appelle Pont tUe. DuPont&delaBithinic. ■ r . Port de Seuillerapportoitvn grand proht à Itipa- ^"^Toutes les flottes des Indes Occidentales y abor- d nt 'port de Cartagene fortifié par Philippés fécond. 9 lOZ ibid. 45* j(5o 167 Ports de mers en quantité en Angleterre. Du Porc appelle Porte-Real près Caliz. Autre Port appelle de Sainte Marie. Des Caps Se Promontoires de France. Du Promontoire de Rhic. , Prélats de Sicile ont gi-andauthorite. Des Prétentions da Duc de Sauoye fur Gencuej fur leRoyaume.de Cypre Ôe de Hietufaicm. 35)8.& lui- Des Prefidiaux, Sencfchauffces Se Bailliages de Fran- "'Lcs Princes de laChreftlenté ont toufiours carché de fe rendre amis du Pape. ^^.J^^^^ Table des Matières. Principale Origine de la Maifon de Guife. Princes & Princcfles de la Maifon de Guife. ibi- dem. Princes Se Pànceffes de la Maifon de Mayenne. 437 Princes & Prince/Tes de la Maifon d'Aumale. ibi- dem. Princes Se Ptincefles de la Maifon d'Elbœuf. ibi- dem. Princes & Princeflcs de la Maifon de Mercœur. 438 Prifons de Conftantinoplc Se leur dcfcription. Prouince dcPUsKonic , auec vnc Ville de mcfme nom. 7fO De la Podolie fes limites & Villes principales. Procuration de l'Infanterie en qualité de Prin- ccffe des Pays bas à l'Archjduc Albert fon Sire. 141 Prouince fes Pays & fes Villes. 48 Prouence enuoyc fes bleds , fes Citrons , Oranges, Raifins confits, Figues feichcs.Grcnades.huyles & Liè- ges dont elle tire force argent. 51 Prouençaux font grandement fobres>aflcz vaillans, maisauares &inconftans. 60 Prouince de Pctzore. 750 Royaume de la Chine appelle de Marc Paul , Pio uince de Mangi.fa fituation. 771 Aeftcjadis polîcdcedesTartares, mais enfin chafitz par les naturels. ibid. Mur enire la Chine & la Tartatie bafty par les Chi- nois pour fe garder des Tartares. 771 Circuit de ce Grand Royaume eft diuifé en quinze Prouinces & ciiacune à fa Ville Capitale, ibi- dem. Entre ces Prouinces Pagnia &To!anchia font gou- uernces par le Roy en perfonne & par fon Confeil. ibi- dem. Du Royaume dcPotugal , fa fituation Se eftendué. 149 Du nombre de fes Villes. ibi- dem. De fes bornes & limites. ibid. Son contour & fes ports de mer. ibi- dem. Places remarquables de Portugal. i;o De la luftice de Lifbone& de Portugal. ibi- dem. Places forte que les Portugais tiennent hors le Por- tugah ibid. Ses richefifes & reucnus. ibid. Sa defpcnce annuelle. ibid. Des reuenus annuels du Roy de Pologne à quoy fe montent. 150.151 Royaumes Ôc Pays que le Roy d'Efpagne polfede aujourd'huy en Europe tant dedans que dehors fon Royaume. 55 Royaume de Calicut eft le principal des Royaumes de la Prouince de Malabar. 804 Du Royaume de Catalogne & de la Comté de Rouf fillon. 100 Royaumes de Fatigar entre Adel &Xoa. 813 Du Royaume de Naples, fes diuers noms. 154 Soneltcnduè; fa diuifion en fix Prouinces. 155 Ses porcs de mer. ibid. Du Royaume de Galice & de la Ville de Compo- ftellegardienneducorpsS. lacques. 104 Du Royaume de Cambaye. 802 Royaume du lapon par quelles gens ilcftgouutr- né. 753. 7^4 Roys. LeT) Oy de France a toute pui(ranceabfoluë& Xvfouueraine. 72 Cronologiedes Roys dePrance. 95 Comme Tes Roys de Portugal font ilTus en ligne mafculine de la maifon de France qui tegne aujour- d'huy. ifi Par quel droit le Roy de France prétend la Duché de Mijan appartenir. ijz Du Sacre & Couronnement des Roys de France & de leurs cérémonies. 71 Généalogie des Roys d'Efpagne. 133. & fuiuans. Roys d'Angleterre nommez Seigneurs d'Irlande jufques à Henry VIII. qui fut nommé Roy parles Eftats du Pays. 35 Du Roy Charles I. du nom Roy de la grande Breta- gne. X9 Généalogie des Roys dcHierufalem & de Cypre ôc principalement des Roys de la Maifon de Lufignan en France. 55)?. & fùiuans. Cronique des Roys de Perfe félon la Sainte Bible, Philon & autres Authcurs. . 66s^ Cronique abrégée des Roys de Perfe félon les au- tres Autheurs Grecs & Latins. i Religion des Turcs Ôc des fabuleufts impoftures da faux Prophète Mahomet. 641 Religion Ôc chofes qui concernent l'Eglife d'Efpa- gne. ijî Religion des Gaulois. 5^ Religion ancienne des premiers Romains. 177 Religion Catholiqûc perdue en Efcoflc & le fujcâ: de fa perte. 16 ReUgion Chrcftienne quand receue en Angleterre. Reuenus. ' Reuenus du Roy du lapon en quoy confiftent. 75>j Reuenus d'Eicoffc fort petits. 25 Reuenus annueli du Roy de Perfe en quoy confi- ftent. 6G6 Reuenus de tous les Archeuefques & Eucfques d'E- fpagne. 119 Rentes ôc reuenus annuels des Eftats d'Efpagne re- uenans au Roy. 137. & luiuans. Reuenus du Duc de Sauoye à combien montent par an. 396.3P7 Reuenus annuels du grand Ducde Tofcane. 339 Reuenus de la Couronne d'Angleterre à quoy mon- :e. 6.7. & fuiuans. Reuenus annuels du Duc d'Vrbin. 3 .; 9 Rcuenui incertains du S. Siège. lîo.ôc fuicans, Reuenus exccffîfs du Roy de la Chine. 780. Ôc luiu. Prouince de Rezan & Duché de Voroîine& Prq- uii.ce de Scnece>aucc pluficurs Villes. 750 Régiment Table des Matières. Rcgim ent des SuifTes coitimandcz par Monfieur le MarefclialdcBafTompierre. ^3 Richefrs, kicheircs du Roy de Narfinge & combien montent, tous les ans. 8io. Il ett. Maiftre des fontaines de fon Eftat. ibi- dem. Les Richcffcs de Perfe confident en draps de foyr, en perles, pierreries, & force efmeraudcs, hyacinthes, Chrifolitcs. ibid. RichelTcs incroyables de l'Empire du Prete-Ian. Si6 RichefTes de l'Angleterre ^ • Richeflcs du grand Mogor comment fe pcuucnt el- les nombrer. 8or Richeffcs de l'Empire du Turc en quoy confident. 637 Les Richertcs du lapon confident en traffic. 793 Richefles de la petite fille du feu Duc d' Vrbin en quoy confident. 349 Richeflcs du Royaume de Fez d'où procedeni fes forces,& gens de guerre de pluficurs fortes. S^^.&c fui* uans. Richcfifcs du Royaume de Pegu en quoy confident. 799 ^ r Defcription de la Ville dcRimini , pourquoy ainli appellce. ^7* 'Rluieres, Riuieres de France. 49 Defcription des Riuieres , Lacs, fontaines d'eaux chaudes medecinales d'Hongrie. Riuieres du Royaume de Valence. i Des Riuieres plus célèbres du Pays de Thrace. 5^5 Riuieres du Royaume de Monomotapa. 8z« Eloges de la Ville de Rome* f Grandeur & eftcnduë de treize mille pas de l'an- cicnnc Rome. Auant difcours fur l'Edat de Rome; Des portes principales de Rome. ^^7 Des cheminsjou des voy es publiques de Rome, ibi- dem. Des monts qui font dans Romé. ibid; Des fept Eglilcs de Rome, où fe tiennent lés Sta. lions, & des fix Temples dont les portes font d'airain, &autres lieux Saints. De l'Hofpital de S.Louys de Rome, pour les pau- ures de la Nation Fran^oife. ^7° Des trois Bibliothèques du Pape aq Palais du Va- tican. ^7' De fes jardins délicieux* ibid. De fon PalaiSé 'bid; De fa Cour. ibid. Chadeau S.Ange. ibid. Edat du Pape en gênerai. ibid. Defcription de la célèbre Ville de Perufèi iyi- ^7^- Sa Citadelle. ibid. De Ville d'Ancona. ibid. Son port de mer. , ,ibid. Dulieufactéde Lorette. ibid. De la Ville de Raucnnes. ibid. De lacelebrc Ville de Bologne- i73 Delà Ville de Ferrare. ibid. Réputation de l'erreur populairt touchant la pre- teiiduë Papefle leanne. 305 Conditution du Papç Grégoire XV. touchant l'cfle- âion des Papes, 3*6 Des difFcrens arriuez au Conclaue de Rome en l'ë- Icâiion du Pape Grégoire quinzième. 318. Se fui- uans. Hidoires Chronologique» du Pape Vibain VIIL des Cardinaux, Prélats, & Officiers delà Cour deRo- me. 335 Cotmbien de fois Rome a edé prinfe. 169 Trois cents Eglifc de Saints dans (Rome. ibi- dem. Des fept Eglifes de Rome,où font les dations ordi- naires, jbidi Six Temples à Rome dont les portes font d'airain ibid. Quatre lieux faints 8c facrcz pleins de caueaux,& fe- pulchre de Saints. ibid. Hofpitaux à Rome pour y receuoir les malades auec grand foin. ibid* Rome cd àujourd'huy commandée & gouuernce par le Pape. ^ ^^8 Du Collège des Cardinaux, & de leur alTemblce ap- pellécConfidoire. ibid. Ancien Gouuernement des Romains. 28;. & fui- uans. La Rochelle Riche à c;^ufe de fôn traffic de mei:. De la Ville de Rofctte fur le NiL 6ii Duché de Rofchoue auec vne Ville de mcfme uom. yyo Roiicn Ville Riche pour cdrc fort marchande & fes marchands fort expérimentez au traffic. De U Pronincc de RuiEc qui fe nomme blanche. 750 Les Rudes, & Mofcouites tiennent la Religion de l'EglifcjGrecque. 7^0 Leurs Predres font mariez. 7^^ De la Ruffie , Etymologie de fon nom , fes bornes, Pays,& Villes principales. 75^ Royaume, Du Royaume d*Angole cd entre les Royaumes de Tigremaon Ôc d'Armaran. ^'4 Du Royaume de Murcia de la célèbre Ville de Mur- cia. ibid. Forme de la lùdice Criminelle qui s'y exerce, ibi- Du port deCartagcnefur la mer Méditerranée, ibi- dem. , De la Prôuince des Parthits, fa Ville Capitale Cha- ras,& plufieurs autres. ^5® Delà Prouince de Pantaie , fes bornçs & fa Ville Royale Siras, demeure des Mages Roys d'Orient, ibi- dem. . Prouinces dépendarftcs du Parlement de 1 ans. 58. àc (uiuans. Prouinces de Pcmba , où ed la Ville de Congo; 814 Prouinces plus notables tjui ont duré foUs la Sei- gneurie de Perfe. irw^^/ Prouince de Permie fort grânde, auec vne Ville de mefme nom; ^ J^^ Prouince de Pango qui a edc jadis Royaume la Vil- le is 'appelle Pango en Congo. , _ï3ji DelaViliedePrùfe, Burfieiou Bui:fe grande Vilici ancienne demeure des Ottomans. Delà PrulTe (es bornes, fes Riuieres, quaûd rcduidte en principauté fcculicrc. r w^n* Diuiléc jadis en u-Duchez , à prèfent en z. iaViUe . 1 Jbid. Capitale. . , , Puits qui ed à Nizze en Sauoye , appelle miracle da monde.commentiled fait. Du Purgatoire de S. l?atrice en Irlande. 35 ^ LLU / Table des Matières. De la République de Ragoufe . jadis appcllée Èpidaure , aûïfccn Efdauonic ou ancienne Dalmace. " i6s Qu'eft-ce que l'EfcIanonie. ibld. De l'ancienne Ville d'Epidaurc ou Vieille Ragoufe. ibid. Forme du Gouuernemenî de RagoufcSc de l'Ordre ^e leurs Magiftrats & Officiers publics. 3^7 Il y avn Reéteur qui eft Chef de tous IcS Confeils, fftefleu au grand Confeil par trois fortes d'cfieétions. fbid. Porte l'accoudrement de Duc ibid. Du lieu dit la Grauofc fur la mer pleins de jardins, d'Orangers , Citronniers Se Grenadiers. 3^f Ragoufois jadis cru'éls & barbares. ^66 Ils viuent àprcfcnt fans cérémonies » n'oftcnt ny çhagpeau ny bonnet & faliient fimplemcnt. ibi- dem. Leurs femmes ne portent que du drap , finon lors qu'elles fe marient porcent vn mois de la foye. ibi- dem. Ragoufois font Riciies,la caufedeleur commerce, ibid. Pour la garde de leur Ville ils ont cent Hongrois. Reuenus des Ragoufois en quoy confiftcnt. ^66 Le territoire de Ragoufe ftcrile , produit deshuyics, vin excellent & de bons fruids. 365 Defcription de la Ville de Raucnnc , tres-antiqae & fuperbeen baftiment. ibid. De fon Exarchat. ibid. R-ebellions de pluficurs BalTas & Gouuerncurs de Prouinces contre Amurath. Rébellion n'efl: à craindre en Efpagne. iij Régences quand font ordonnées en France. 7; Defcription de la Réception faidc à Conrtanrino- ple , au Baron de Mûle aifné de Monfiear de Sanfey Ambafladeur à la Porte du grand Seigneur Tan i<îii. jj4i?. & fuiuanso Religion. De la Religion diuerfe des Allemands. 45(3 DucoxTimeacement &c progrez de l'hercfie de Lu- | îhcr,de Zuingie & autres , & de l'Eftat auquel elle eft 1 maintenant, & quelle Religion tiennent les fcpt Mé- tropolitains. ibid.& fuiuans. Roys qui ont commandé «n la Pcrfe jafqucs à ce que les Arabes entrèrent en iccUe félon Mirkond. 747 Des Roys de Perfe félon que les Autheurs Grecs & Latins en ontcfcrit. 670. & fuiuans. Roys de Perfe de la lignée de Ben Abas. 716. & fui- uans. Des Roys de Perfe Mabometans. 6Si. & fui- uans. Roys de Perfe depuis que les Arabes ont com- mence d'y comrDander . jufques à nos jours fé- lon l'hyftoiiographe Perfien Mukond- 71}. ôc fui- uans. Des Roys d'Egyte futnommez Pharaons. 650 Des Roys d'Egypte appelles Pcoloanées. 631 Des Roys Galyphesqui ont tenu l'Egypte après la diuii'ïon de l'Empire Romain. ^31. 6yi Généalogie des Roys de la Chine. 790 Le Roy de Narfinge eft des plus puiiTants Mo- narques qui foyent en la Riuiere d'Inde ôc du Gange. SoS. ^ On dit que fon P,-îvs tient autant de tetics qu'on pourroit faire de chemin en fîx mois. ^ Le Roy, de Narfinge poflède la Prouince de Cauar ra , fes principales Villes. ibidem j & fui- uan's. Le Royaume de Narfinge a deux Villes Royales, ibid. Roy de Calicut eft fort pui/fant , & eft appelle Za- morin(c'eft à dire) Empereur. ' 8oj Le Roy de Calicut a vn Oratoire en fon Palais tout fcmc des figures des Diables. V 807 Généalogie des Roys & Empereurs du Prete-Ian. Sii L'Ife des Roys de Hongrie , leur vie & leur mort. 484. & fuiuans. Le Roy de Congo a des peuples nains & propres aux armes , ils manquent de fortereffe. 8 2.9 Le Roy de Brame prit ces années dernières les ports de Martabanc&dcTarnafler. 797 Il poftedo aujourd'huy les Royaumes de Pegu , de TangUjde Prom, Mclintay,Calen>Bacau,Mirandu,Aue & Brame. ibid. Généalogie des Roys de Naples. ï6z. Roys qui ont régné en Irlande jufques à Rodcri- que dernier Roy du Royaume. 5f Le Roy de la Chine tient fa Cour en la Ville de Thaybiii en la Prouince de Pafquia. 775. Le Roy de la Chine eft adoré prefque comme Dieu, 785 Le Roy de Congo commandcà l'Iflc de Loande,qui eft diuifée en fept Prouinces. 814 Roy d'Angletf' retire la cinquiétiic partie du bu- tin des Corfaii es. 7 Roys d'Efpagne font aymez & honorez grande- ment de leurs fujets. 116 Et difpofent de toutes chofcs, ibid. La Royne vcfue en France eft appellée Royne Blan- che. 7i Du Royaume d'Aragon, & des Royaumes & Citez joinétes aux Cours de Mouçqn. loi Eftats qui fe tiennent où le Roy fe trouue en per- fonne. ibid. Du Royaume de Grenade^Sr de la célèbre Ville de Grenade qui eft diuifée en quatre parties différentes, ib!d. Royaume d'Angleterre diuifé en 4. fortes de pcr- fonnes. it Du Royaume d'Amara & fes bornes. 814 Da Royaume de l'Andalufie qui va jufques au dc- ftroic de Gilbratar. loz Fruits de toute forte en Efpagne. " 109 Lieux particuliers de la Ville de Rome. z6j. zé8. ôc fuiuans. Quelles Ifles & Pays comprend la Royaume de Dan- nemarc, &c fes bornes. 515- & fuiuans. Ses principales parties dont la première eft appel- lce>Iutie, ou Iftland ancienne demeure des Cimbres.fâ limite, longiieur& largeur. 52^ Des 4. grands Euefchez compris «lans la lutie , ôc quels goauernemcns, IflesCitez, Chafteaux,font con- tenus Tous chaque Euefchc. ibid. Defcription des Duchez de Schelezez , Wich , & d'riolface affis dans la lutie Méridionale , origi- ne de ces deux noms.icurs Villes & Chaftcaux. ibid. «Se 5^7 De la Scanie Prouince jadis dîuifce en deux Du- chez , fes gouuerncmens , Villes Se Ch'.ftcaux, & de l'admirable Horloge de Londe , reprefentanc tous les raouucments des aftres ôc fphcres du Ciel. De rifle de Zelande.fa longeur,largcur,fcs Villes & Chaft«aux. , 'b"*' DeriftedeFionie, ouFivyne, diuifée en 24. Gou- ucrncmeiits» Table des Matières. uctments , fon aflîfftte & limites, fcs Villes principa- les} Challeau.v & Ifles contenues dans Ton enceinte De la Noruege & fcs borneSjfes Chaftcaux.Goiiuer nemcncs & ViHes. ibid- Du Rocher Skarringklint d'énorme grandeur , & rcdoutabfe Angle de lucie^ irf^id- • Peraflictrc de l'Irlande diuiféc en 4. parties , (es Eucfchcz & Monaftcrcs. , S^7 De la bonté & fertilité des Prouinces de Dannr- inarc. ibid. De leurs bons paftutagcs,& puiflans chei»aux. ibi- dem. Des champs rapportans alternatiucment les 3. an- nées grains. 5^^ Mines d'or,argent,plomb>airain. ibid. Des pelches de merlus. ibid. Leurs RichelTcs au traffic de beftal,grains,poi{I'ons, chenaux draps de Vatinam» foulphre, beurc faic. ibid. Des Richeffes du Roy deDannemarc , &enquoy 529 c i nombre de Vaiflcaux il peut armer. ^50 , . ; . ;fin ji adeGouuerncments j appeliez Hsrcts K.Mic. ^ ' 550 'oi nc & cérémonies obferuées au Couronne- .:c tacredc lesRoys. ibid. j^te^ c.uq Ordres qui font en tout le Danneraarcj SmKIÊ p.-M-icipalçsdignitez& Offices de ce Royautne. (•V.Ct. Gouuernement & Police particulière de cha- ■ oc L-'ïouince. ibidem, &531 Hereiie de Luther, quand & par qui introduite an ce Royaume. 55^ L'iitc des Roys qui ont régné en Dannemarc ibi- dem; Royaumedc Monomotapa de fort grande cftenduèj le Prince en porte le nom. 822 - L'afSctte de ce Royaume de Monomotapa. ibid. - Rceimcnts qui fe Icuent en France en cas de necef- fuc. 66 Hiftoirc des Roys de t*erfe fuiuànt les Annales ef- crites par les Perfes mefmes. 989. Se fuiuans. Des Preftres &: Religieux des peuples idolâtres du Pcru. • Leurs Richeffes, grains.& bleds de toute forte.micl, cire, lin, chanvre , bcftail , & notamment des falincs d'Olcen & Velifques,azur , mines de fer, fourrures ôc peaux des Marthes & autres beftcs. 214 Du Royaume de Vialence. 101 Royaume de Sagamedrc eft plus grand qil'aucun autre d'Erhiopie. • 814 Du Royaume de Siam a vnc Ville fort grande de mefmc nom. 75^ S. Des C* Abcens & de leurs formes de viare. Du Pays de Sabine où s'eftend. 607 Les places principales. ibid. Les Sacrificateurs de Calicutfe nomment Biamains. 807 Delà Ville de Salamanque Se du déluge dcfaftrcux. qui en a ruiné vne partie l'an mille fix cens vingt fix. 103. Marquifat de SalufTes donné pour la Biefle au Duc de Sauoye par le feu Roy Henry le Grand. 656 De Salulfe Capitale du Marquifat Ville grande em- bellie d'vn grand Chaftcau. v Sardaignc Iflc appartenante au Roy d'Etpagnc. 169 Sardaigne diuiféc en 2.Regions,elle abonde en tou- te force de fruiâs ôc de bleds. ibid. Religion de Sardaigne , fflè Àrchenéfaïîes 5f Hiief- qties. ibi4i. Dû Royaume de Sanque auec Litos fa Ville Opi- :.ile. ^o'. De la Ville de SaiTone fort ancicnne,a des baftimeny magnifiques : d'iccllc fo»nfoitiS3. Papes ; &ei1fuje^l"e à Gcnncs. 35^^ Droit prétendu par le Duc de Sauoye fur la Cou- ronne de Cypre &: de Hierufalem. 39^ Cakaloguedelavie& fuitte des Comtes & Ducs de Sauoye. 400 La Sauoye abonde en quantité de bleds en fes Val- lées , & force pafturages ,& en quelques' lieux de foi c bons vins. ^ 35)^Akrna Mnitmayoù l'on 1 meitoit les foldats eftro piez. Des Tamies ou dix hommes gardiens du Thrclor public d'Athènes. 575 Tartarie. Tattares font Riches des defpoliilles de leus voi- fins. . 7^^ Ce que leur Prince tire îde ce puiiTant Empire. 767 Tartatcs jadis fujets àleurs voifins,& leurs payoïcnt tribut. 7^7 Sont fort adroits à cheual , fort légers & difpolts, mais mauuais piétons. 7^4 Preftentauec grande vfure. ibid. Les autres couftumes & façons de viurci ibidem, & fuiuans. Les Tartares font parties Mahomccans , partie font idolâtres , partie obeyffcnt au Pentatcuque de Moyfe, tiennent qu'il y a deux Dieux , crôycnt l'immortali- té des ames , honorent le Soleil, la Lunefic les Elé- ments. ' 768 Des Mogoles ou Tartares qui ont commande en la Perfe. ^ ^ ^ 73<î Tattares qui commandèrent à la Perfe, des deicen- dans le Teymurlang. 75^ Les Tartares font tous compris fous leS noms des Scythes. 765 lamais n'ont efté domptez,& contraignirent Darius defuyr. , ibid- Brcuet des tailles de France de l'année mille fix cens neuf. Tare de Sicile efpece de monnoye quelle. 167 Taxe des gages des Officiers de la maifon du Roy 'd'Efpagne. 119.& fuiuans. De Tempe lieu de plaifir en ThelTaliei 557 Temple^ temple Illuftrc de fainté Tecle à Milan. 174 Defciiption du magnifique Temple de S. Marc de Venife. 570 Du Temple de fâint tbmiiiiqlJe de Venife admira- ble. 575 Temple d'Hercule de Milan , pièce adnsjirable con- facré à S.Laurent. ^74 Teatre érigé au deuant dU chœur pour le Roy de Romains nouuellcment efteu * & pour les fcpt Elc- ■ifteots. 47J Proclamation & publication de rcfledtion; 'bld. Dcfcription de la Thrace ou Romanie. ^55 Ses diuers noms fes bornes*. ibid. Delà Ville de Trianopolis en Trace. 53^ La terre du Royaume de la Chine porté trois & quatre fois Tannée. .^74 Il y a des muf«en grande abondance. >bid. ■ *Tcrrcs & Seigneuries des CatJioliqueS d'Irlande données aux Proteftans. 34 Terroir de Valladolid ires. fertile. 'oîd. Les Tholofains font Jiez aux lettres,, & (ont de bon efprit,mais fujets b fedition. 6i Tholofe en Languedoc & fa defcription. 46 Titres que les Roys d'Angleterre donnent aux No- bles. II. &IZ Royaume deTygray où efl: la Ville de Caxuno , fejour jadis delà Roynedc Sriba. S14 Du Royaume de Tygtemaon fujci^ au Prete-Iau, ibid. Tons qui s'engraiflent grandement du gland qui tombe dans la mer, des chaifncs qui font prochez de Gilbartar. Tours tres-fortes qui gardait le Canal de Conttan- tinopl.?. H* Tours en France & fa defcription. 4^ Traffic d'Angleterre à combien fe monte tous les ans. . ^ Royaumc de Tremifen.ou Tclcnfm , comprend Us Royaumes de Fez &deMavroc. ^''i Themife fleuucd'Anglercrre necroift jamais pour pluye qu'il fade. \ n ^' Des t rêves faites aux Pays-bas l'an i609.entre le Roy d'Efoagne & les Eftacs d'HolUnde. ^ ^^4 Roys & Princes enttemeueuf s defdices trêves, ibi- dem. . i>cr Fin dcfdites trêves , luilliers affige Se pris par pagnol, comme auOiAix la Chappclle& autres places. ibid. I r. • Nombredes Tributaires qu'ilyaen chaque Prouin- ce de la Chine & dont les Officiers du Roy tiennent Regiftre. f., ,7^^-^^^ Du trouble de la Valtolinc arriue en lan 1610 Somcc des ttoubles d'EfcolTcdu viuant de la Roync Marie. i ,. r,4 Des peuples & Pays de Troglodites. 6^7 Ses lieux principaux. , Du lieu où eftoit jadis Troyc la grande veftiges an- ciennes qui s'y voyentencores. ^ > (i^La Du Pays de Tripoly de garbarie , ou il s eltend Dcftîiptîoft du Threfor admirable de S. Marcd"e Venife. , ^'J' Des Threfors du grattd Seigneur. 54^ De la Marche deTrcuire& de fes Villes. De la Ville de Trente. DelaVilledeTreuife. Tribunaux de luftice eftablis par les Royaumes „cr - 117. & fuiuans. dElpagne. 1 8 Tribut des Catholiques en Angleterre. De la Ville de Tunes fort Riche & peuplée & pre- mière du Pays loii.lcs .Turcs l'ont polTedée. Dueouucrnemem de/Tunes par les Turcs- i^id. Du Royaume de Tucuma enirelaChile&le Krc- fil Gouucrnement des Turcs eft fortàbfoUt, nul des fujets du Turc n'ofe fe dire maiftre de famàifon , tous fes peuples font efclaues de fa tyrannie. 64j> Mœurs, couftumes , Loix iSc formes de viures des ^ , V 6;î.& fuïuans; Turcs de ce temps. ""'"^ Eftatsque le Roy poffcdc en Europe. 5j4 Ce qu'il poifede en Afrique. Ccqu'il potTedcen Afie. . Defcription de la Ville de Gonftantinoplc. 55^ Dcfcription générale du Setrail du grand Seigneur. De^ïperfènric du grand Seigneur. M4 De fon Confeil àppeliê Diuan,dc la façon de veftir. dèfa table & repas. r>r;r.r#.c Gomme û reçoit les Ambaffadeurs des Princes. Desïmours du grand Seigneur & de fes£Ues d^a- lïiour & SuUanne. ^^^^ ^ Des prefens qui fc font ao grand Seigneur par tous les grands de fon Empire. ^48 DefcsThrclors. jbid. De la réception faite à Monfieur le Baron de Mo- fe,aifnc de Monfieur de Sanfi AmbafTadeur pour le Roy à la porte du grand Seigneur. 549. & fui uans. De Tes yfTuës , & entrées fuperbesen Conftantino- De Ion Conlcil,& des Officiers du Serrai). 551 Du grand & merueilleux CoIofTe de Rhodes & fa defcription. ^.gg De l'iflc de Tenedos & des Reliques de Troyc la grande & du Palaij de Priam. ^t,^ Du Sepulchre du Faux Prophète Mahotnet qui fc void en Arabie en la Cité de la Mcquc. 594 , Généalogie des Roys de Hierufalem Se de Cyprc, & principalement des Roys de la maifon de Lufignan. 996 ^ Catalogue des Patriarches Latins de Hierufalem. 600 ' Defcription moderne de la Bai barie,Tunis Se Alger, félon les mcmoircs du voyage d'Orient de Monfieur de Brcues , Ambalfadcur de (a Majcftctres-Chreftien- ne au Leuant. Des ouuragcs magnifiques des anciens Egyptiens. 618 Eftat du Royaume d'Egypte jufques au temps des Romains. Roys d'Egypte nommez Pharaons,& des Roys Pio- ^omces. ^ ibid. &fuiuans. Eftats de l'Egypte depuis la mort de Clcopatre,& le vray Empire Romain , jufques à l'vfurpation du Ro- yaume par les Turcs. faiains. De la Religion des Turcs , & des fabuleufcs impo. ftures du faux Prophète Mahomet. (J41 Articles arreftez entre le feu Roy Henry le Grand, & l'Empereur Achmet par l'entremife de fon Aœbaf- fadeur Monfieur de Brcues. Hiftoite de la mort J'ragique du Grand Seigneur Sultan Ofman , par fes laniflaires , & de l'efleébon de Muftapha fon onde. Muftapha fe démit de l'Empire entre les mains de Sultan Amurath , frerc de Sultan Ofman , & des criiél- Ics guerres que depuis la mortd'Ofinan, Its Turcs ont euëi auec les Perfans par leurs BalTas rebelles , & de la Porte de Babylone & Mcfopotamie. g^j- Mœurs & formes de viures des Turcs. 5^4. j Haïllent fort les Chreftiens , font fort auanacux. ibid. Femmes Turques honcftes en leurs habits, fe cou- urent la face à la veuë des hommes , femmes des Sei- gneurs abfens font gardées par des Eunuques. 556 Le Turc n'a pas de gens de mer qui puiifent aller du Pair auec le feuls Cathalans , Bifcains & Portugais, 114 Turcs font fort grands Aumofnier». De l'Jfle de Tyberne ou cftoient jadis deux Tem- ples , rvndelupiterLycaonien , l'au trc d'Efculape i66. ^ Comtes de Tyxon , & de Tircancl réfugiez d'Irlan- 4c pour la Religion Catholique. 34 Table des Matières. habitent fur le RhofnCi ValtoUnèi 4-9 Du trouble de la Valtoline artiuç l'an lêio. & des difFercns entre l'Euefquc de Coire Se les Gtifons. laloufie d'Efpagne fur la France pour l'alliance des SuilTes. 4i4 Harangue de Monfieur U Marquis de Cœuure aux SuilTes en l'aflemblée de Baden. 41; Mémoire de ce qui s>ft paflc aux Grifons & Val- toline en l'armée du Roy conduitte par Monfieur le Marquis de Cœuure, «z années 1614. & 16^5. 426;. 427. & îuiaans. VaiiTcllc d'or & d'argent n'a point de cours fur les tables du grand Seigneur, ny des grands & Nobles du- rant leur Carefme , mais feulement la vailTelle de Por- celaine jaune pour fa table, & de bois ou de terre pour les autres. ^-4^ Veines de vermillon prés d'Almaden en Efpagne. III Vcndcmois ont l'efprit doux & gentil* 59 ibi- DelaVilledeVenife. De la magnificence des Palais de Venifc. dem. Du Temple magnifique de Sainâ Marc dans Veni* Te. Création des Magiftrats de la Ville de Venifc* 379 Defcription de la Ville de BrelTc. 380 Des Villes de Veronne, Bergame, Vincance, Crème» Villes de Fr iul, & d'Aquillée. 381 Des ViJl Des tours d'Eglifes garnies de cloches. J 369. Des Cheuaux d'airain efleuez en diuers en- ' 370. droits. Des Puis pour l'vfage du Public. Des jardins de plaifir. Defcription du logis des Marchands Allemands qui eft dans Venifc, ibid. De l'abondance des biens qui croififent aux terri- toires de Venifc. ibid. & 374 Reucnus de la Seigneurie de Venile. 375 Nombre des perfoones qui viuent à Venilc. 576 Du grand circuit de la Ville. ibid. Defcription de la grande place de Sainâ Marc de Venifc. De la forme du gouuernement de Venifc, de la quan- tité de fes Confeils & Magiftrats. 378.375) De quels hommes fe fert Venifc pour employer à la guerre. 377 De la tour 4^ Temple de Saindt Marc de Venife. D€S ■(Table dès Matières. Des laes autour cîe Venife jaCqucs au nombre de 6o. pleines de Monafteres & de jardins agréables, ibi- dem. .... - pesPoics de mer de Venife. De la Comté de d'Auignon qui a 4 Citez, Anignon, Carpentr3$,Caiuillon Vefon. iJ4 Dclcription de la Ville de Venife : les eftrangers l e- iHment admirable à «ufe du grand nombie de les Palais & pour fes Riches Temples. . 369 Du Palais de l'ancien Patriarche d'Aquilee , appelle ibid. Onmani. .. . , Et des ftatuës Se fimulacrcs qui s'y uoyent. ibid^ De l'enedion des Duis de Venife. 3 6>> Les Vénitiens poffcdent des places extremcmenc fortes en terre ferme. 57<î Des Villes de Bereame, Vincencc & qui font de Ve- nife Ville où eft Eftablie l'Inquifition «n Efpagne. 119 Villes d'Efpagne comment goauernees. ^ * 117 Ville Franche renommée pour la commodité de Ion EftauDucdeSauoye. ibid. D'vne Ville au Royaume de Bifnagar ou eft le corps deS.Thomas. 1^3 De la Ville & forterelTe de Malaca. ibid. De la Ville de Vérone qui eft de Venife. î8i Dceire de Vefta piincipalcDcïtc.lapiter & Tellus, des Scythes. , . 7^3 Leurs formes de fepuhures pour les pcrfonnes pti- , ibid. uces. , „. f * Defcripùon de la Ville de Vércel , en Piedmont. Des' vins fulphurcz d'Hongrie de forte odeur & ènyuransfoudainement. '^^^ Vice-Roys & Gouuerneurs que le Roy d Elpagne, 119 ^°Vigrtes de Pommiers en Bifcayedes fruits defquels les habitans font du e ydrc. " Des Vicomtes Généraux , Admiraux, Prieurez , en- femble toutes les Cbmmanderies qui fe rrouuent en Efpagne aucc leurs rentes. fuiuans. Vice- Roy Gouuerneur d'Irlande pour le Roy d An- gkterre. ^ Viures en grande abondance en France. 6« Vndetual en Suifte.comment^uifé. 409 De la Duché de Voldimer auec la Ville Capitale de tnefmcnom. .^5° PaysdeVolke. »bid. Voleurs éngratid nombre éii Angleterre. 5 ht Vry premier Canton qui n'i aucune Ville fon lieu principal eft Arrof. 4o9 Vry eft diuifé en dix parties on Communautez;. 414 Les voifins du Turc auec lefquels il a guerre. 6^0 VoifinS du Roy de U Chine amis & eiîneiriis. 783 Voyagé de l'Archiduc Albert en Efpagne pour fe çiaricrauccl'Ihfanté. j „ 11 . j-^"*^ Refolutiôn à la guerre des Eftats de Hollahde en-, uoycrent vers la Royne d'Angleterre pour eftré iccôû- ibid. tus. j p \ Voyes extraordinaires pbur trouuer de 1 argent à Venife en cas de neccffitc. 37<î Vrh'mi- Duché d' Vrbin. partie en Omvrie, partie en là \^aa- que.fes Villes & fes Chatleaux. 548 Affaire touchant la Duché d'Vrbin entire te Pape & le grand Duc diTolcanc. ^ 35» Ville de S. Léon Capitale de la Comte de Montfd- Longuèur & largeur du Duchc d'Vrbin. . ibid. Duché d'Vrbin eft vn fief de l'Egh^c ^ '^^ d. Ce qu'il paye tous les ans de cens , tant * * qu'au Duc de Florence. , ,. ? Vrbin eft vne des plus ancicOhes Villes d Italie, ibi- dem. . La beauté de cette ViUc fejour ordinaire du Duc. ibid. ' De la Ville de Pifaure pleine de belles mailons. J49 Territoire d'Vrbin tres-fertilc en bons fruits; ibi- dem. . . Pifaure & fon territoire produit des vins excellens. ibid. Folfambroneabonde en froment. ^d'^* Les folJats du Duché d'Vrbin les plus aguerris & meilleurs d'Italie. ^ " Le Duc d'Vrbin eft maiftrc des cœurs de (on peu- , ibid. pic. Places fortes du Duché d'Vrbin. 3^9 Des Ducs & Princes d'Vrbin. 1 GuyBalde vieil Duc rcftably auDuche d'Vrbin apreS lamort de fort fils François Marie. La Duché d'Vrbin après la mort du Duc Guy Bal- . n Ibid. de retourne au Pape. , . ' j.vrkiM Iules II. Pape inueftit fes neueux du Dtichc d Vrbirt ofté à Laurent de Medicis. , c c- L'inueftiture des fiefs dependans du S. Siège . s^en fait aux maflts,& non aux ftlles. , , f'I' Le feu Duc d" Vrbin n'a laiiTé qu'vnefille de là foeuc du feu Grand Duc de Tofcanc qu il auoit efpouiee; La déclaration du Duc d' Vrbin.Guy Balde faiite ad Pape dudit Duché , a cfté ratifiée par le gt^ndDuc de _ V 'bld. Tofcane. , Reuehus du Duché d'Vrbin. . . r n 1 ! De la Ville de Valladblid fort agréable . de fes Palais magnifiques. , „ i,t-/°^ Wallons font meilleurs fbldats du Roy dEfpa- 114 yV Du Royaume de Xoa entre Damora , Da- muriS: Fatigar. 814 2.. DuCaiitori de Vrich.& de la Ville tjdi eft dnciéri^ Zljne&affife er^ beau lieu , lesgou- Uernémens qui font deffous cetté Ville. ^ ^là Zuah Ville qui donne foo nom au Pays, ce qu elle i fous elle; . 1 1 i. a l- - De la Ville tnaritittie tje Ziden Capitale de l Arabie heuréufe. , . u DelaVilledeZebetsbuZibit. ibid. De Mlle de Zélande, & de fts Ifles yoifînes qui font au nombre de fept. ^ ; . j t 1 Delà Ville deZetfezcc \i t^lus àncienne de Telande, deDuueUtide . qui a quatre de milles circuit. Tolén, Middelboiirg. Flexingue, Arundcott Armuc, & Vere: ibid. fin des Tables des Matières, iili 4 Ï'ABLF -"''■-"''>irwv^r;^w^r;/yi{V'«XPVvW TABLE DE LORIGINE DE TOVTES LES RELIGIONS QVI ONT ESTE' AV MONDE jufques â prefenr. E lA Religion D'henoc enlaLoy de Nature. gj^ 2. De la Religion d'Abraham, ibi- dem. 5. De la Religion des Nazaréens en laLoydcMoyfe. j^id. 4- De L'Ordre d'Hclie le Prophete,qui eft de l'Or, dre des Carmes. jj^jj $: De la Religion d'Heîizce. ibid! 6. De la Religion de ludith. ibid. 7. De L'Ordre des Rechabites. ibid. 8. De la Religion, & Ordre des Sctibcï. 853 5). Delà Religion d'HoldaProphetellc. ibid. ïo. De la Religion des Pharifiens ibid. > De L'Ordre desSaduccen*. De L'Ordre des ElTcens. Df la Religion de S. lean Baptifte De la ProphetcfTe Anne. De la Glorieufe Vierge Mere de Dieu. II. II. cntrc les luifs. ibid. ibid. ibid. ibid. I. Religions des la vcnuéde noftre Seigneur Icfus- Chrift au monde. ^^id X. Inftitution du Sacerdoce de la L07 nouuelle. 854 5. Des Clercs de l'Eglifeinftimez par Saindt Pierre, ibid. 4. Des Chanoines Rcliguliers de Latran , & de la friïonnaye. j^id. 5- Des Chanoines de Sainâ; Marc de Mantoue ibid. ^. De la Religion foiiraire de Siinû Paul premier Hermite. g, 7- De la Religion de Sainâ: Anthoinc Hermiti ibid. S. De la Religion de Sain^ Hilarion , & autres Congrégations d'Hermites & Religieux de laThebaï- ded'Bgypte. -^.^ 5>. Des Cœnobites. g^^j DuMonaftcçc delrfiuw baftypar Cariton. ibi- dem. . - De l'Ordre de ^ainaSafile. ibid. De 1,'QrdredcrAbbcPacome. s^j j ïjtfi De L'Abbaye de S. Symphorien, ôc de fes Reli^. ' • ■ \. . ■ ibid. 14. Monaftere de S.Martin de Tours. ibid. ij. Religion de S. Hierofme. jbid. i<î. Rclig on deS.Auguftin. ♦ g,g 17- DeL'OrdredeS.Benoift. ib/d. 15. Ordre de la Congrégation deCamalduly, Sfc, ip. DeL'Ordre de Grand mont. 8 ,q 2û. De L'Ofdre des Hoipitalicts de Sainâ: Anthoi- ne. .^.j il. De L'Ordre du Val d'Ombre. ib,d 22. DeL'Ordre de SainappeL le L Ordre des FueiUans. S64 25?. De L'Ordre de fainde Croix^ ibid. 30. De L'Ordre de S.Dominique. ibid. 31. De L'Ordre des Frères Prefcheurs Reformez. 865 31. De l'Ordre de S. François d'Affifc. ibid. 33. Des trois Ordres de S, François , & leurs ditFe- refjccsdutroifiémc. ibid. Des Séculiers du troifiéme Ordre. S66 34- DeL'Ordre des Capucins. 868 35- Des Reiigicufes du iroifiéme Ordre de Saindt François. j^id. 35. De L'Ordre du Val des Efcoliers. S^^ 37. Ordre des Religieux de la pénitence de Ies v s fonde par S.Louys. ibjjf^ 38. De L'Ordre des fcruiteurs de la Vierge. 8;p 39. De L'Ordre des Celettins. ibid 40. De L'Odre de la Religion de Mont d'Oliuet. ibid. De L'Ordre des lefuaftgs de Sainâ: Hierofme. ibid. Des Chanoines Réguliers de Saind Sauôcur^ S71 De L'Ordre de S.Pierre de Pifc. 87» De L'Ordre de le Congrégation dcS.Hierof- me dç.Feioie. ,bid. 4j. Ordre de la Congrégation de Sainâ Greeoire, ibid. ^ 4«î- Ordre de la Congrégation dù Sainâe luftine. ibid. 47- DesFreresdeS.Ambroife. ibid. 48. Des Moynes Hcrmites de Sainél Hierofme, ^ S73 - 50 De L'Ordre des Safîbptiers, inftitué par S. Ber- nardin. ''^ jbid, ;i. DeL'Ordre des Minimes delcfusMaria. ibid. . Catalogue des Pcrcs généraux de l'Oidre facré desr Minimes, depuis S. François de Paule jufques à celuy qui.elta'ujourd'huy. ' g^^ Gçiiealogicdes neucux niepces du glorieux Pere Sainâ François de Paule , ainfi qu'elle clt^uftifiée par. turcs originaux authentiques , qu'om en leurs mains ceux qui demeurent en. France. 87^ De la Congrégation des Amedces » ou amis de ^'^"•^ 87. 8 UOrdredcS. Aogut^tndcDalmatie. §77 4 9. Ordre de faind Paul premier Hcrmite. Ibi- dem. , ... 46. Congrégation de faind Paul premier Hermi- te en Hongrie. . . , ^, ! ,* (jf De L'Ordre de fainfteBngidc. ibid. 6J. De L'Ordre de Piemonftré, Se de fçn origine. éy'.^ReUgion de Font-auellane. S78 «S. Coneicgaiion des Hermites appeliez de Mada- medeGonzagues. " 1 -c j 1. 69. De L'Ordre des 10. Vertus . ou plaihrs de la Vierge , did de l'Annonciade , inftitué parla Royne lcan7ie,F,fpoufe du Roy Louys XIL ^bxd. 70. Du fécond Ordre de l'Annonciade appellce à prckni deiCeleftes. . ^So 7i De L'Ordc des Religieufes Bcnedittines du Royal Monartcre du Val de grâce , diét de la Crcche. 75!^Dc L'Ordre des Bons-hpmmcs de la Reigle de S.Auguftin en Angleterre ^^i 74- dem. ... 75. Congrégation des pieds nuds en Efpagne. ibu 76. Congrégation daS.EfpritàVenife. ib.d. 77. Ordre de Noftre Dame de la Mercy , de la Ré- demption des captifs d'cocre les mains des Turcs, ibi- 78!''ordre de la fainfte Trinité auffi pour la Ré- demption des captifs, . 79. De L'Ordre du S.Efprlt en Saxe. «hid. 80. Congrégation des Prcftres qui recueillent ks h lins tiBi ^'congrégation des Preftres Réguliers deS.PauL otdrc des Preftres Réguliers Theatins. ibi- dem. . 1 TvT j Te 85. De L'Ordrwde la Compagnie du Nom de^lE- sys,diaslefuices. [ De la Congrégation des Pere* de L Oratoire. 88+ 84. DuConuencdesVrfelines. ^sj 8y. Ordres condamnez par l'EglUe. Œt, 86. Ordre du bien heureux lean de Dieu 'W^^ Frères dcl'Hofpital de la Charité. .^^J 87. De L'Hofpiialité. , ^, . , Nombre des Hofpitaux de la Charuc. 88S S8. Ordre de Religieux de la ViGon en Ethiopie, ibid. fin de la Table de tontes les 'Religions T A B LE DES ORDRES MILITAIRES TANT REGVLIERS (Xy E s E C V L I E R s . IscevRS detoutL'Eftatde Malte, & des Cheualiers de Malte. 891. &fuiuans. I Inftitution des Cheualiers de L'Or- dre de la fainde Ampoulle de l'Eglifc de Saindt Remy de Reims en France. 9^5 2. L'Ordre des Cheualiers de S. Maurice , de Lazare,entrelesSauoyards. i^id. X L'Ordre des Cheualiers du Chien & du Coq ' ibid. en France. . . ^ 4 L'Ordre des Cheualiers de la Genctte en Fran- ce ^ ' '< L'Ordre des Cheualiers du Lys au Royaume de Nauarre. . „. 6. L'Ordre des Cheualiers de S. lean de Hieru- falem. difts au jourd'huy de Malte. ^bid. 7. L'Ordre des Cheualiers norpmez Templiers. 8. * L'Ordre des Cheualiers Teuto niques del'Hof- pitaldefamdleMarieenHierufalem , ou autrement les Porte-Croix, ou Marianes. 9i7 9. L'Ordre des Cheualiers de S. d'Accon,& de 5. ibid. Tliomas. . „ . 10. L'Ordre des Cheualiers de Sainél Sauueur en * ' ibid. Aragon. , , , , . „ 11. L'Ordre des Cheualiers de Mont joyeen by- tic qu'on appelle en Caftille de Montfîac &en Cata- logne de Montgota. »bid Iz. L'Ordie des Cheualiers de Porte-glaïuc ? 01 gendarmes de Chrift en Liuonie. .«cfnf " 15. L'Ordre des Cheualiers de S. lacques en E(pa- ^"u. L'Ordre des Gens-d'armes 'l^, inftUué par S. Dominique contre les Albigeois hère- "^15.'" L'Ordre de Cheualiers d' Alcantara au Royau- - incdeLeonenErpagne. ' M^r^^-nfe Vict- 16. L'Ordre des Cheualiers de la ^loncute Vu^ ^t^tSSesCheualiersdeMontefc.uRoya^ "t^L^îL des Cheualiers de l^-^^ '"rL'OrdredesCheualiersdelaBande&d.^^^^^^^ ma,entre les Efpagnols , & de la Galfa entre les Vem- '''"o. L'Ordre des Cheualiers Auifiens.vulgairemenc appeliez des Auis en Portugal. Rnnde XI. L'Ordre des Cheualiers de la Table Ronde. 2.f' L'Ordre des Chetraliers de la I^rretiereen An- ^''''3!'" L'Ordre des Cheualiers du bain A'Jgjj; '"m. L'Ordre des Cheualiers de l'EftoiUe en Fran- z,''*L'Ordre des Cheualiers de l'Ânnonciade^de Sauoyc, ^ ï^'Ordrc r-7 Tabie des Ordres Militaires. i6. L'Ordre des Cheualicrs de la Toifon d or dîcz es Bourguignbns,&en la maifon d'Auftrichc. ibid. 2.1. L'Ordre desCheiialiersduPorcEfpiccnlaniai- fon d'Orléans. ' iS. L'Ordre des Cheualicrs du Cordon de la Vier- ge Afarie en la maifon de Bourbon. ibid. ii). L'Ordre de S. André du chardon & de la rue* au Royaume d'Efcoffe. jjjjj 30. L'Ordre des Cheuaiiers de Sainde Marie, & de l'Eléphant. 31. L Ordre des Cheuaiiers de Cypre. ibid. 32. L'Ordre des Cheuaiiers de la volonçc & de la raifon en Caftille. * jj^jj 3^ L'Ordre du Dragon entre les Allemans & les Hongrois.dc Tufin en Bohcaîe,& des difciples en Au ftriche. 'i^-j 34. L'Ordre Militaire au Royatftne de Suéde, ibi- dem. 35- L'Ordre des Cheuaiiers du Giaiue & du Bau- drie^n Suéde. ^^^Ordre des Cheuaiiers derEfpic en Bretag^nc^ 37. L'Ordre des Cheuaiiers du Croi/Tant entre les Angeuins& Siciliens. 38. L'Ordre des Cheuaiiers de la Nauire ou de la Coquille. ibid. 35)- L'Ordre de S. Michel en France. ibid. 40. L'ordre des Cheuaiiers de S. George en Ga- | •rinihie. me5eT(;S'"'^'^^"'^'^'°"^^°^"-"^X? 4z. L'Ordre des Cheuaiiers de S.Eftienne en xifJ cane. ^ .^^.^ 43. l'Ordre des Cheuaiiers du S. Efprit en Ftanl ibid 44. L'Ordre des Cheuaiiers du facrê fang de No* ftre Seigneur lefus-Chrift en la Ville de Mantouè 45. L'Ordre des Cheuaiiers deNoftre Dame du Mont - Carmel . & de Sainél Lazare en France, ibi- dem. 4(î. L'Ordre de la Cordelière ou du Cordon infli- iibid. ibid. ibid. ibid. ibid. ibid. ibid. ibid; ibid. ibid. ibid. , -"»- >JU uu V-iU tue par Anne de Bretagne Roync de France. Des Cheuaiiers inftituezparles I^apeSé 47- Les Cheuaiiers de Icfus-Chrift. . Les Cheualicrs du S.Efprit. Les Cheuaiiers de S.Pierre, Les Cheuaiiers de S. Paul. Les Cheuaiiers de S.George. Les Cheuaiiers de Lorette. Les Cheuaiiers de S. Anthoine^ Les Cheuaiiers de Iulius. Les Cheuaiiers du Lys. Les Cheuaiiers du S. Efprit en Saxe L'Ordre des Cheuaiiers de la Milice Chre. inftituée par Monficur le Duc de Neucrs 48 45» 50 51- 5i- 55- 54- ftiennc 927 Fm de la Table des Ordres Militaires. X