DE GVILLAVME BOVCHET SIEVR deBrocourr. ET NVGÆ S.ERIA DVCVNT. ^ P ^ R I S, Chez Adrian Perie R,àla bou* tique de Plantin, rue S. lacques. M. D.XCVIII, •^uec P riuile^c d» R • A M O N S I E V R M O NS I E V R D E LA Clyelle , Coufeiller & maiftre d’Hoftel ordinaire du Roy. parles amk de ÏAutheur , fett mnfieur Bouchet) Sieur de Bro- court )Ù^ fçuchettes d^fcoHrsyfont autant Qui captiuent noi cœurs ctvn rauijjc’»- mmt douXy ils font pleines de laiSl i ou M. ercurc ialouxi Trempe fon caduce pour charmer nos aureîües. De diferentes fleurs comme font les abetUesi t Tufaçones tomiehdont legouji pUiJl 4 tous Et ton fçauotr} f4 bas: eji vnique en- trt nous Corne ej} ton *me m Ciel vntque etr^ tre les belles, MaU tes veilles (Thonneur^jp* tes belles Serees : Fuffet des enuieuxt^des ms deuorees Sms le fitppQrt heureux d'vn Soleil dececemps, D vn doSie U Cljellc Mxvertuifauo- rable Qm rendant ton trmail cotre les ms durable. Te rend aime des bons, craint des mèdifans. La R OC HE DOSSEAV. V R DE BOVC de Brocoui Bouchet te le dy fam mentir VonsfatBes fi hault retenrir Voftre nom, (par vojîre Que iujlement on vom Car rien ne fe voit dépita doux Tltadoêtenjplué a^reahle: Jîa ! combien cejl chofe loUable Refaire bien au gré de tom. Y.B.S.D TOMBEAV DE B P V C H E T SlE VR deBrocourt. . jl nejî rten q^ni nom fuljfe exempter du trefptts, Bouchet repofe tcy j toj pajptntne croy pas Qm pourtant il/oit rmvtyl a mrant fa 'Vie Dompte par fi vtrta^ & la mort <2;* tenuie. HutSi fois dix ans completSy en ce monde mconjîanty Sans peine fans douleur fia vefat contant^ Puis iufe il a paye, te tribut à nature, Soname efl dans le Ciel, fon corps e» fepulture. J>oiie,aux ioSles efcritSyfon efpr.it exerça lufques M iour fttdîy que le corps Jl latjja, Son temps fut compaJ^éjfis mures me- Jûrees, Car fnijîatfes tours , il finit f es fer tes. P A s s A N T A R E s T e"t O Y PRIE D I E V ,Q_v’a ses os La Terre so i't l e g e r e ETERNEL LEREPOS, y.b .s^d.l.c. AVTRE EPITAPHE. Bien que l'on an compris , en fi petite efpacey Bouchet qui de la mort fut le trifle hu" tin N cantmoins fis vertus , fa valeur fxgrace, N'ont pour but limite que des fieeles U fin. M.R.D, Ragveneav. TABLE DES SEREES çiy I S O N T E N C E troiûefme &c dernier liure. Des zens àe guerre ^ fueilletu Des perfonnes grojjes gy^tjjes fueil. I J Des Barbiers , <& du mal des dents fueil. ' . ^ Des peintres Û* peintures fueillet Des Mores, des N egres,^ des Noirs, f^eil Des Pauures O* des Mandtans jueil. Des R ichesié^ des ^uartcieux, fueil. De la mufique, des loueurs itnjlru- mens.fuetL 3 ^ 4 * Des gens i Eglife, fueil 557 ‘ Des fols , flat/anS} idiots ^ badins, fueil. ^ ^g^' I>e la diuerfitédes langues ^7* du lanr fueil. lies ladres des Meneaux fueil. 483. E X T K A l C T D Pritfilege du Koy. P At gtace & Priuilege du Roy, il eft permis à Pb r e M i è P erier, marchand libraire à Paris, d’imprimer ou faire imprimer. Toutes les Serees de GUtlluunte Bouchet, sieur de Brocourt defenfes cxprefles,font faiétes à tousli- bi'aireSjimpiimeurs , & autres de quel- que eftat,condition,iiîilles& lieux qu’ils fbyent, denelesfaire,oufaire faireim- primer , à peine des articles portez à l’original du prefeni Priuilege, nonob- ftanc toutes oppoûtions ou ap^peUatiôs quelconques , & fans preiudice d’ied- les ; Car tel eft le plaifir de là Majefté^ Donné à paris le dernier iour de luin, 1597. Sc denoHreregncleneufiet me. J? 4r le R oy k ht R elati on. De Baigneavx; deri^ier livre des s E R E E s D E G. B O V c H E T Sieur de Brocourt. Seree Vin g TCI N i e s m e« Y>e$ de guerre, • e-' E ne diray point qiii fut roc- caEon^qifen ceftc Sere^ 6n ne parla que des gens de guerre.’veu qucdu temps de nos redirions Giuiles(durant lefquelles ces Sereésonr efté faîâ:es) il n’y auoit heure au iour qu’on n’enten- difl: parler de leurs deportemens, & fi n’y a gueres perfonne qui n ay t experi» inété leur pilleriCaqu’ils appellêt,s’a‘cc5- modet, qneles hailTc & dcfeftc,fors ceux qui ont participé à leurs larrecins & mefchancetcz. Pourtant quclqu’vn 2. ViNGTC IN Q^I ESME ij’a pas d-ir fans raifon.quc mditu & m*. Ltta^la. rniiitie & la rnaHce ,conuiennent quaüdé nom,& qu’ikontauflîvne mef» iT!eciefinitiô;pai-ceiuffi cjue parefchan- ge de t’vn , ayfément fe faiâ l’aiure;& qu’ Ariftote appelle les Grecs barbarCjde ce quils alloyent armez rencores qu’il n’y ait cliofe plus neccllaire à rentre» tien de nollre vie que la guerre ; toute ebofe venant à Te defreiglcr fans fou ay- de, parce qu'il fe trouue toulîours des hommes qui ne veulent-obeyr aux Loix que par forae:& les Statuts ne pouuans rien faire contre telles gens , il fut ne- celfaire queles armes accompagnaifenE les Loix. Car quelle force .& authorité auroyent les Loix , Statuts & Ordon- nances , fl l’on ne trouuoit qui lés fift obferucr î Et qui le peut mieux faire que lés hommes- vaiilans duitsg manier les armes î Certainement fins 'f ux les citoyens ne feroyent pas- alTeurcz en leurs propres maifons , on ne ppufroit défendre les çonffq's des feigneunes.on ne repouireroit les iniures,l’on qi met» îroit pas fin aux feditions , les vertus «e feroyent pas maintenues , la paix s E R ^ 5 ■'ôc le repos public çonfemc jlcs voifins ne craindroyent de nous foire tort, de nous occuper nos biens, & faire violen- ce à rhonneftet^Et m^eft aduis,vcu tou- tes ces raifons,que les loix fontfoides pour maintenir les vertus, lesarmes pour la defFenfed^iccllcs, car autrement elles s’en iroyent en ruyne , voire, com- me difoitXenophonda Iuftice,lcs Loix, & les fubieft fon t fous la xiuelle & pro- tedion dés armés. Et comme les Répu- bliques, les Roys,& les villes, doiucnt mettre toute diligence à conferuer les gens de bien & pacifiques, elle deuoic cftre redoublée en k milkie , tel eftanc Leftat d’vn cliacun , qu’elle eft l’inten-. tion de celuy qui l’exerce : car en quel home doiteftre ^uslacrainte deOieu, qu’é celuy qui fo foubmet cous les iours à périls infinis ? En queMiomm/C doit re-^ chercher la patrie plus grade foy ,qu’ea celuy qluy promet de mourrir pour elld .Enquel.homme doit eftre l’amour dek paix', qu’en celuy qui peut eftre feûleméc ■ofFenfc de k guerre î Et ay toufiours rrouuqj^onne laloy de Solo, qui vouloir q^ue je's 4c celuy qui meurt en ba- 4 Vin g\c i n i e s m e raiile^fuffent nourris du pubIic:&iacou- ftümé dVn.pays jlà où les femmes, qui perdent leurs maris en la guerre, fe pcù- uenr remarierjks autres non. Mais il eft aduenu queja medecine eft plus à crain» drequela maladie,, (3è commedirquel- Quwn y NOjh-e md s'empoifonne Du Jecours quon luy donne: x\ts gens de guerre s’e^ ftans fi mal gouucrnez en la difeipline militaire , qu’on a mieux aymé laifi fer les Republiques en leurs maladies que tafeher à les guérir par les armes:Si bien qlîe ceux qui maimenoyent lapaix, & la iiiftice, repouffoyent la violence ôc la tyranie,ôc qui pour cela eftoient hon- norez,& refpedez de tout le peuple, font fi reculez de toute modeftie^ bon- té, que tout le monde-^ mieux ay me laif- fer leurs maifôns, leur pays , & tout leur bien , queles y attendre <3c rencontrer: qui eft caiifcque le (oldat en eft mal trai* (fté, (Se ne trôuuanrrien que manger eh vn lieu , eft- contât de s’efearter au loingpohl* trôùuèr des viures , pour foy'ioger : & eftans ainfi feparé les vus des autres, font fubieâs à cftre chargez par iknnemyy ou par ceux du pays s'ils --Serbe. J les trouuent demeurez apres leurs com- pagnons & à plutîeurs autres inconue- niens;côme il arriuaà vn lbldat.g.éftant logé à l'efcan, trouua vi^bo,n liét, garny de cQUuerture & de draps, fc met deflus le liébjdedans les draps, &deirous la cou* uerture. Et là cftantbicnalbnayfe, & fans îjruir, dort depuis le foir iufqucs au- l’endemain apres midy : foit qu’il euft efté de garde la nuiél precedentie , foit qu’il fuft grand dorrnard , pour auoir les veines fort petites : foit que la froideur du cerneau iuy caulaft vn fiprofôddor- '' minfoyt qu’il euft la tefte grofle, contCf nant beaucoup de vapeursilbit qu’il euft mangé d’vn Heure, qui ptouoque le dor- mir,fe!on Catomfoit qu’il euft trauaillé, les cfprits ayans befoin d’eftre recreez. Or eftant ce foldat ainlî endormy,il arri- ue en ceftetnaifon vn Sergent, qui cxc= eute Icliét , où il eftoit, & enuelopant dans lacouucrrurc les draps. le foldat, & le liét.lcs gatrote déchargé das vnc char- rette, conduifant le tout iufques au plus prochain marché, fans que le foldat en fentift iamais rien , &c fans que le Sêr- gentfceuft que lefoldaty fuft. Eftantle ^ ViNGTCINQ^ lE S^ M E Sergent ârriué OÙ fc renoitie marché^, il fâi£tfesproclamatiôs,reçoitles enche res^crie à pleine cefte^^Ielict àcent fols^ qui dit , qui dit^ & ce pour l^derniere foiSiSoitque le cry du Sergêt,ou le bruit de la foire intcrrôpîft le forameil du fol- dat > ayant rair,qui efl: renfermé en fon oreille, cfté meu & pouffé par vn autre air venant du dehors: Toit que Theure de fon refueilfuft venue, les vapeur moiv teesau cerueau,procedentes delavian* (de digeree en l’cftomachjeftâs cuites,at- tenues, & confumecs par la chaleur, qui ie retire au dedâs durant les dormir:foit queles fémes,qui rnettoyent à 1 cnche^- re,en maniant Je liét, fiffent tourner Je foldardVn cofté rur haiure ,ilfevaref- ueüler far lès quatre heures du foir,& fe defueloppant du l\âr, des draps ^ & de la coutiercure/orr horstout nud/é ictranc au beau milieu de la foire comme vnc mouche fas teftè:unic d’auoir exécuté de pau- urcsgcs quiauôict tât demauxdes hom» mes n eftans pas plus aflcurezq les fem- mes, àcaufe qu’ils MC pouuoient arfeftcc ces femmes, qui fuioyent qui çàqüilà, voyât cefoldat tout nud auec Ton pifto- let bandé & efmorché , n’en ayas iamak veu de tel qualibre. Bref comme fi c’euft cfté vne tremeur Panique , tous ceux de la foire s’enfuyiêt.&arnucrét bien tard àleur logis, àcaufe de la peur qui leur auoit entraué lespieds ,&auffiqu ils^ne penfoiét pas qu’il fut fi tard,ayâtvcu l’ai* guille furie midy. Ce pauurc foldat fc trouuant ainfi fout nud.fans fçaiioir qui l’auoit là apporté, & que tous ceux de la foire le fuioy ent CÔme s’il euftefté ga- beloux,penfoifeftrc envn autre mode, & eftre enchanté, que quelque forciere de Bodin, l’ayant graiiré,& luy ayant mis vn ballon entre les iambes ,reuft enlc- iié en l’air, &lailTé là.-eftantfi eftonné qu’il ne faifoit femblant de couurir ce qu’on ncpouuoitdire fa pauureté,Quc fi ou ne veut croire celle hi(loire,qu’ou ne laiffe à lire tout ce q i’ay peu recueil- lir de ce qui fut dit en cefte Sercc des A iii) § VlNGTCINQVrESMS, gens-darmcs,& on verra bien déplus glands & eftranges cas. Er pour le vous donner a cognoiûre , des l’entrce de ce- lte Seree^ il le Icuà vn Franc=à-tripe,qui nous va conter le deportemcntd'vn Ca- piraine bié efueilié,Iequeîn eftoit point endormy comme noftre foldar. Et com- mcnçaainfî;Il y auoit ces iourspaiTez en vnÇapitaine, & des foldats,qui viuopcnr à dircretion,on pluftoft , pour mieux parler, fans difcre- nomencores que le Capitaine fîftrouf- iours tnetrrelbnbôfteaupresdeluy àla table , l’inuitanc à boire, & bcuuantà iuy plus fouuent qu’il ne vouloir. Ce bon-homme , en lieu de luy faire bonne chere, demandoit auCâ^tainc , &àles Ibldats: qu au droiclaucz vous de man- ger ainfi noftre ben î Le Capitaine luy va refpondre,Par droidl de gnerre.cora- mefic Bremns aux Romains, qui luy de- mandùyenr, Qitomreh^cfaàtpsiqaândil leur refpondic, lure hcüt. Ce Capitaine prenant plaiftr à la liberté de parler de Ion hofte, luyvadire,Mon pere,ie vous prie de boire à moy. Lebon-homme cftantpreftà boire, le Capitaine luy va s E R E E . ?? dire .• mon hofte, donnez vous garde de mettre ce bon vin en vn mefcliant vaif- leau.Ec quoy? luy répliqua ce villageois, penfez vous que ie le veuille verfer au voftre ? Ce Capitaine ne s’eu faifant que rire, ne laüToit pourtant à mettre vue mainau col de ce bon homme,& Tautre en fa bouffe. A la fin tomesfois ils ne laifferent encores de boire bvn à l’autre: de en bGiiuant,ôc faifant bonne cherche Capitaine difoit à fon hofte, dites,Mau- ^ dite foit chicheté ; lequel pour luy com- plaire, difoir,maudit foitle déchiqueté. Vous ne dites pas bien , repliquoit le Capiraine,il faut dire, à tous les Diables chicheté. A tous les Diables ledechb quêté , difoît tbufiours le bon homme. Le Capitaine ne s’en faifoit que rire, mais Ion- hoiîe n’en aiioit nulle enuie; autîi que ce feroic vue grande folie de rire, 6c voir manger fon bien deuant foy. Geluy qui faifoit le conte, fur imerrom- pu par vn de la Scr ce, lequel fouftenou que déchiquecé efloit venu d’vn nom- mé Chiquari , car on dit Braué comme Chiquart, ou bien de chic à chic , c eft a dire, de petit à petit, & dont eft venu ^ ÎO Vingtcinq^xisme chicanoiix,qu'onprononçoir ancienne- iTienc chichc-à-nous : car iamais ils ne veulent debouveer. Mais , adioiifta-il, foie venu le mot déchiqueté d où on voudra/i cil ce vne mauuaife chofe de découper Je drap3& les foyes, de relie forte qirclîes ne peuuent durer beau>- coLip, ny feruir qua vn ftîàiftre: eeque les Turcs nous reprochent à bon droiéi, BOUS appeiians enragez & forcenez de ga{ler,eôme en defpjt de Dieud.es bieià qnJlnoiis donne:& cncbresquJls ayenc de k foye plus que nous i il efl: deffendu fur la vie de là decouper.Celuy qui auoic commencé le conre, reprenant la parok îe^ vadire que ce Capitaine trouua fqn hqfte fî a fon gré, qinl parla ainfi à luy.* Mon bon-homme , ie vous veux bailler quelque ebofe^affin qukyez bonnfe fou* uenance de moy. Le villageois luy reC- pondjMonfîeur^e me killèzrien^caril men fouuiendra bien toute ma vie,& à mes enfans aucc. Lors le Capitaine va dire à les foldats , il veut que nous em- portions tout, êc que nous ne luy laiC- iîonsrieo. Le bon homme répliqua, ic dy,rien du voftrc. Lors vn de delà Serec s E R E E. Ï1 va déplorer le piteux eftat de la guerre de maintenant,& va dire ^Barthélémy Giùrgeniîus,qui a demeure ferf en Tur~ quie trexe ans,ditqu’eftant à laguerre du Turc contre les Pcrfcs,il vit décoller vn homme d armes , & fon fcruitcur, & fon cheuahpour ce que le chenal s'eftant deflié auoir entré dans le champ de quelquVn. Pour n’entrer plus auant en ces difeours tragiques , on commença à conter comme s’eftoic porté à la guer- re vn homme de village eftantdeuenu foldat. Pour faire le récit de ceft archer de Bagnolet , il fut dit, que du temps de Charles fepticfme, les Francs-archers & Francs^'taupins cftoient cfleus & choifis par Icsparroiffes , pour feruir dc foldats à la guerre, comme on faid au- iourd’huy les pionnicrs.Ceque les Fran- çois faifoyent à rimitation des Ro-^ mains, quieftimoient leroftic plus pro- pre à la guerre que le citadin: le villa^ geois eftant plus accouftumé à dormir fur la dure, au traüail,à endurer froid & chaultjfaim & foif , que lesnoblesy ex: ceux des villes : eftahslcs Romains fi curieux à eflire &choifir leurs gens de A vj "îf' V I N GT CI N QJVIES KE guerre, que le lurifconfulre eftimc ce mot Mlles ^ eftre did comme qui diroit millefime:p6ur autant que de mille Ton en eflifoitvn: comme Centefmm fignifie Tvn decejit . Or pouracheuer comme noilre Franc-taiipin s’eftoit porté à la guerre , il fut adioiifté , qireftant bien habillé, & bien armé (car en ce temps " là riiomme de pied auoit la falade , & le corcelet ) les fabriqueurs de Japarroif- fcluy demandât ETon habillcmétcftoic bien faid s'il ne le bleifoit point, il refpondit,Je m’en rapporte à la par- roiire: fl les fouliers ne le preffoyent point , il s’en r apportoit aufli à la par- îoiffe ; fi-û falade & fon corcelet ne le. ferroyent point par trop, il s’en remet» toit tmifiours àla parroilTe , tant il eftoit doux & paifible, Toutesfois il ne trou-^ uoit pasboir dequoy ôn le chargeoit de tant de harnois ,„di{ant qu’il eitoitalTez har^y , & qu’h ne craignok rien que les dangers. La parroiffe luy répliqué, nous ne t^auons par armé comme fi. m auois peur , mais nous t’auons aîn» fi equippé ,afEn que tu tu n’euffes point: de peur.- Parquoy ies. garioifliciis. le s I R- E S. ty TOyans armé iufques au collet , Scbien embaftonnéjluy vont dire :Va liardimêt à la guerre , n^ayes point de peur , il ny a' perionne qui te feeuft bldrer^ battre ^ ne tuer. Le Franc- archer leur reipond, ils. feroient bien mefehans de me faire mal, carainfi que ie fuis, ie ne me içaurois defendreny ayder en façon du monde. Ceft aduanturier ne laiiïà pourtant à e- ftrerec^uàla monftre, & eniioyéauec les autres de là les Monts. Là où il ne fur pas long temps 5 qu il ne fe defrobafi; de fon régiment , ne demeurant en Ltalie que TEfté . Eftant de retour , on luy de-* mande pourquoy il s’en eftoic reuciiu- fl toft : Il dit , qu’il ne s en eftoit pas fuy .de peur des coups , ne fuy d’ vne bataille ouefcarmouche, la crainte luy clouant & entrauant fi bien les pieds qnand il faut ioifer des coufteaux , qu'il luy eff impolTible de bouger d vn lieu, &auffi qu’il auoit fouuent ouy dire d’oùil ve-* Uoit,qu aux batailles & rencontres d’ar- mes , plus dliommes mouroyent en fuyant qvf en coiïibatant . Mais ce qui m’a fait E toft reuenir , difoitee Franc- archa* de Bagnolet , c’eft que MelUeiu's Î4 VINGTcINQVÏESMÈ Icsifâlicnsne mont fai6t manger tout rEfté^quei’ay cfté en Italie, finon des herbes , que fi i y fullc demeuré ceft hy- ùer ils m’euffent fait mâger foing : ay~ic heu donc bonne raifon de m’en venir? Icrirdifoitil. On n’auoit pas acheuéde* rire, qu’on va dire que ce n’eftoit pas de maintenant que riralieii mange forcer herbes, fi nous en croyons le Gomic qui diXi^pponunt pratapatims. Puis rviv deux va demander, &c. dont eftoit venu ce lîiüc de Franc^taupin , Gcluy qui a- lîoitfait le conte refpondy qu a fon ad- nis , ce mot de taupin veneit du mot Gieer-^^;«G5,qui vaut autant à dire(com- me on luy auoit dir}queZi!«w/7/5 en Latin parce, difoir- il , que ces Francs-taupins eftoyée leuez du peuple le plus bas^c’eft aflauoir des ruftiqu^s& gês des champs, là ou auiourd^huy on Icue les gens de* pied de toutes condirios & eftats,qu.on< appelloit n’a pas long temps Aduantu- y ^uajl parMi ad^omnem euentum , &c Soldats maintenant, à lamodedesRo=> mains & Italiens , quajijolo dati^oxx félon aucuns , folidHmJHpendtum en daretur^ Ces gens de pied , que nous appelions s E R E E * 2J auiourd'huy Soldats , va dire vu autre m’ont fai<3: foimenir des Pionniers , que onleiie des champs qui fi-irent leuCz pour alïïeger vue ville , lefquels furent prins pour foldats , tant pour eftre bien veftus des couleurs de, leur ellectioii, que pour faireaiuant de mal qu’eux , iur- rant-commeeux , & comme s’ils euflent efté gentibhommes , appelloyeat les gens des" champs , où ils paflbyent & îogeoyent, vilains , pitaux , mlliques, pieds gris^&paiTans: mermes les foldats du camp ne les pouuoyent difeemer de e'ux,tant ils eftoyent defbordez en piller- ries & blafphemes. Parquoy eftans mar^ ris les foldats dequoy i vn eftoit prins pour L’autre, & que les Piôniers iurayét auffi bien qu’eux , leur vont dire. Ne iu5- rezpjus mort-Dieu, fang-Dieu, il n ap- partient pas à vn vilain de iurer Dieu:iii- rez tant feulementjfi vous voulez qu on vous croye,ie nepuiireiamaispartir d’i- cy.'Cequi aduinuVous m auésmis en me moire, va dire quelqu’vn, la refpôfe que fit en ccftallîegemêtvn Capitaine à ceux qui fe plaignoiêt à luy que Tes foldats les aiioient deftrouirez : car ce Coilonnel ‘ 16 Vin gt cm qjvîes ms. voyant que ceux qui fe difoyent auoir êflé volez par ceux de Ton rcgimenr,a- lîoiêc encores leurs ^-îourpoints & leurs Ghauffès^parlc corps Dieu, leur difoit-il, cenesôtpoinrmes gésjie m affeureque ^ fi c’eftoien/t eux,ils ne vous euflènt laiflë ny pourpoint nychauircs . Mais cfcoii-- tez,adioufta il,qu’il arriua à ce capitaine lequel s accômodant auffi bien que fes foidatSyiè laiffa pourtant tromper en partageain vn butin d vue ville prinle d’afîaut; ne prenant pour fapartqu vn prifonnier tout habillé de velours, auec force paffemens d or,6c de boutons : car ce Capitaine penfant en retirer quelque bonne rançonsle traideit inagnifique- mentj-luy baillant toufiours le premier lieu de la table. Mais quand ccfiitàfe inetrreà rançon, on frouua que cenV- ftoit qu’vn coufiurier tailleur, qui n a- uoitpas vaillant fix blancs, oftez les ha- biiremens qu’il auoitrur luy ,dcfquels, pour fefauuer d’eilretué auec la popu- lace, il sVftoit accouftré, prenans les -meilleurs veftemens qui fuffent en fâ bourique.Lc Capitaine, apres Tanoir lôg ^ temps nourry , dcrpauille ce tailleur, 5c s E R E H. 17 renuoye , 5c ne f'en falut giicres qu’il nefuft mal accouftré, tant pour la mo- querie des autres capitaines fes compa- gnons, que pour n’auoir rien gagné en cefteprinfe. Vn de la Sercc prenant la parolle leur va dire ,Puys qu auez ris du Capitaine, ie vous feray rire d’vn fodar. Durât les gueresciuiles,comniençail à contcr,il y auoit vn Seigneur,qui faifoic fauter du haut de fon chafteau en bas ceux qu’il prenoit de fadion contraire,, s’ilsnâuoyent moyen de payer leur ran» çon • Il arri^ qu’vn foWae incongneu lombacntre fes mains , lequel n auoit aucun moyen de fe ractieprer. Parquof ce Seigneur le mene à la cime de fa tour luy difanr,il fai^t que fautiezdu haut en bas.Cefoldar, comme aflTcuré , luy de- mande,Monlieur,fant-'il que ie faute tout d’vn coup : le Seigneur luyTerpond qu’oLiy:touc d’vn faut, repliquale foldat pardieu, mon Capitaine, ie vous le don- ne en trois.Laireurâce du foldat, adiou- fta-il,& k rencontre en tel danger , & auif que Dieu tient le cœur des hom- mes, ploya fi bien l’affeél'ion de ce tiran q^u’illiiy fâuua la vie. Que fi ie ne lauois i8 Vikgtcin.q^isibsme vcu difoit if,ie ne Içay fi ie poitrroiî croire qu’en vn tel danger vn homme, tant affeuré foit-il , peuft auoit dit celas la peur en fes afraires glaçant le fang', le^ quel glacé eftoupe fi bien les conduits par où nous refpiroas, qu’en telle crain- te nous demeurés muets , & infenfiblcs, &fansmouuemems , voire mefmeslc'S plus refolus. Du depuis i’ay ouy dire que il eftoitmirerablement : car enla guerre & en hoftilité mefmcs , il y a quelque borne que la nature a preferite Sc lirai- teepourles vainqueurs:outre & par défi fus laqueUè ce qui Ce faiâ: & commet,nc Ce peut déformais couurir du nom de guerre,quia de s5 collé ,comraelà paix, fes droits & coullumes.Parquoy éscho»' fes , où l’on procédé par violcnce.il doit encoresyauoiclieudequclquedouceur, pitiê,& humanité Si nos gens de guer- re , répliqua quelque aùtre,eftoyenraufi fi alïeurez que ce foldat, vous ne vurricz point tant de vanteries que font ces iar- nignois , quifonttréblerlefalé-iufqucs dans les celiers : puis quad ce viét à baifi Ici' ie pain benift delà côfrairie, font les premiers , non pas à fuir , ce difent-ils , s JE R E E . rÿ niais à fe retirer. Et ne faut point que ceux-cy craignent, que leur trop grande audacè leur race tirer le fàng de la veine, comme il fe faifoit entre les Romains: ayas biê plus de befoin dVfer &manger du Pauot corne font les Turcs,qui ont v- nc certaine opinio qif ils en font plus fu- rieux,, vaillans & defcfperésàk guerre, quandsilsen ont pris: ce qui les fai6t ex pofer témérairement aux périls, ce dit Beiô.Si cft ce,repliqua vn aurre,que my leu que anciennement on puniiïbit les foldats qui auoyent failly en leu r tirant du fang des venes ; dequoy on ne peut rendre raifon,finon que ceux qui com- mettent des fautes ne font pas fains : car des rnauuaifes^ humeurs vienuent les mauuaifes mœurs. Et feroit de befoing que nos gens de piedsfufTenc armez co- rne les Romains armoyent leurs foldats, le plus pefamment q^u*ils pouuoyent, pour les rendre.plus fermes contre les ennemis,& que fentans leurs perfonnes ainfî chargées, ils ne s’atteiidiflènt point' de fe (auiier. Qi^ pleuft à Dieu,dii^oit-il, que la Loy Trefmta^ des Lacedemo*- niens, c’eftà dire de ceux,qui auoycnt peur , euft lieu pour le iourd'huy 20 VjNGTCINCJJVIÏSME VOUS ea veniez beaucoup fans dignitez, ians omcesyfàns femmes,ayansdesrob- bes de couleur rapiécées , Ja barbe feule- ment dVn Gofté , &auec tout celafuiets a e^re frappez & outragez, faits sofer deiendre nereuager , I aymerois mieux, répliqua vn Drolie, que la Loy de Cha- rondasfuft pradiquee, par laquellcles fuyards n eftoyent que contraints de s habiller en femraes.auffiqu’il fe trouue par elcrit de vaillans gens-d armes auoir fuy: comme fitCatulus Ludatius , capi- taine Romain, lequel voyat fuyr fes iol- dats de dèuant les Cymbres,fms les pou noirarrefter, femit entrelesfuvards, & ht lexouard , afin qu’ils femblaifent plus tort fmure leur chef, que fuyr hennemy,. pourlp fauuer de reproche ; combien qiri n y ay t pas beaucoup de perfonnes qui donncntleur honneur à autruy . Et h ^ime adiouftoit noftre Drolie , pfus Je Conful Varron, qui s’enfuit, que Paul Ion collègue, qui y mourut : & nô autre- ment en lugeale Senat,&lepeuple Ro- main , qui luy rendirent grâces publi- quement de ce qivil n’auoit point de/êf- pere de la République. Vn homme d’ar- s ;E R E E- Il i7ics> qui eftoit en cefte Seree , voyant qu on parloir de ceux qui fuyenr, va feu- lement dire , que les hommes d’armes François,qui fe doiuent tenir fermes, & comme en vn fort, ne dcuoyent $*accou- ftumer aux courfes & efcarmouches , là où il faut le plus foiiueiic fuir : car ils s’y font fi bien actcouftumez , que là où il faut tenir bon , ils monftrerit les talons. Les peuples nolîuellement defcouuerts, que nous appelions Barbares &Sauua-^ ges , nousaccufent depeur & decouar- difè , combien que nous nous difons les plus vaillans du monder eftant chofe ef- merueillable de la fermeté de leurs combats, qui ne finilFent iamais que par meürtre ôc effufion de fang:car de crain=» te de mourir, de rouéë^^ d’efftoy, ils ne fçauent que c’eft. Et comme dit de Mo- taigne, Iene fuis pas marri fi nous re^ marquons l'horreur barbarei^ue , mais ouy bien dequoy iugeons bien de leurs fantes,nousfoy6s fiaueuglez es noftres. Ces Barbares, que nous n eftimons rien, ne demandent àleurs prifonniers, autre rançon que la confeffion derecognoifi- fance d eftre vaincus ; mais tant ils font ^ NGTCIN QV Ies m E hardis Sc vertueux qu’,ï «e svn trouve FS viv, qui n’ayme mieux la mort, «ue de I elafcher , nyp* conneimnce ny par Fix^re ynieul point decourageinufn cmk. Dauaiatage,difoic-il,cequifai(a leuinequeiesieunes.-c’eftqa’ijsontgrad amas d excremen^pimiteux. où lafha- leur naturelle agift, qui eft caufe qu'elle Ide ! ^ i?- a d’humeur radicale, , ne de la mal.edu corps. Par ees raifons, nous trouuons qucs villes affie?ces, OUI y a lamme , les ieunes meurent les premiers de faim . Combien de iours peut on vmre fans manger ? demarda quelquVii. A qui il futrefpondu , qu’il ^ftoirimpoiCble parnatur'e quel’hL- me fmn peua viure plus de lîx iours fans nen manger^ tancaytil les porescfeoirs & tant lort-il abondant en erolfes bit- meurs&gJ„.ntes,.qudquecLfe;^^^^^ qu vn eftant condamné à mourir de ptiefme on le rrouua mort , ayant nange de la chair d’vn de lès bras. Que s E î\ E E. 23 s'il y a quelquVn qui ait vefcii trente iourSjOU d’auantage, (ans manger^com- xneaireurent Albert 6c Atiicenne, cela vient du flegme ou de la melaacholie, qui leurferuayét d’aliments & nourri- ture.Et fl fut adioufté que nousenduriôs plus toftia faim quela foifiparce que la loifnous CGtrifte plus que la faim,prenâs plusde plaiflr à boire , quands nousa- uons grand foif .5 qu a manger quand nous âuons grand faim , rhumeur nous deledant plus , d’autant que la vie en efl: Î )Ius entretenue que de toute autre qua- ité : or ce qui nous eontriftc le plus.5 ceft ce qui contrarie le plus à ce qui nous plaift . Soit la faim ou la foif , va direvn de la Seree , qui face plus toft rendre les villes , fur toutes nations il n eiiy apasvne qui les fupporte moins que le François , & ie falche plus de boire de l’eau & mâger des rats que luy: ne fe contétant pas de lard, de birciiit,& de viivaigre , comme les anciens R04 mains. Enepres trouuonsnousdans les CôiUeiitaires de Gefaivque de fon temps Les fpidats Romains n’auoiêc pour toute 2 4 ~ V I N G T C î N CCY I JE s M B munition que du bled fans^eftr^ moulu, & vnffeudc vin-aigre, pour meflerauec leur eau : ôc les Athéniens ne portoyent à la guerre que des viures aiîfquels Ue falloir point de feu : les autres, ne por- toyent que de iail , dont eft venu le pro- iierbe \.zûn fahis alliis ahffinendum^ c eft à dire des magiftrats,&de la guerre, n y ayât pire nouuelle , que de prédire &: annoncer laguerredes Grecs eftanteou-^ ftumiers de dire à ceux qui apportoy ent quelqlie mauuaife nouuelle , Ell-ce la guerre que vous denoncezfParquoy,ad- iouftoitql, ne faut mettre le François où il eft befbin de eombatie ce rnonftrc de faimjnV ayant au monde chofe plus mi» (érable, ce dit Ckero ad : comme Font bien monftré les doéles Egyptiens eh leurs facrees lettres , qui peignbyenc vn aigle ayant le bec crochu, pour (îgni- fier vn homme qui meurt de là plus mi» ferable mort du monde , qui eft la faim. Qpefi voulez renfermer vn François, bail iez jüyjpouf le moins , vn pot de vin par iourr, & deux liures de pain, ou ail- leurs qui laguerre, trois lenourriirenr. Que fi voulez renfermer des femmes a- uec s E R E E. 15 c liée des homes , baillez leur plus à boire qu’aux fiommes,& moinsà manger: ear on tient que les fem mes font ordinaire- mentplus altérées que les homes, mais qu'elles mangent moins.Et pouree, di*« foit-iI,qiieceTafcmbleraefl:rangeà plu- iîeurSyic vous diray leurs raifons . C'eft , que rien, n'altere tant que le beaucoup, louucnt , & vehement parler , que nous difons babiller, dont les femmes fe fça- uent fort bien eferimer : Et fi ne laiffent les femmes fans parlamêtér de s altérer, mais c’eft par trop filer : car en filant & mouillant fouuent le fil , ell^s cfpuifent l’humidité aqueulè , dont lés glandules de la langue font arroy (ees> ôc de ce de~ fechement vient la foif, & neft (ans pro pos lecommun dire,macommere, quad ie file,ie boi tant. Et aiifli que la complet» xiôchûlerique fouucc atteinte de foif dl que fi la femme ne l’eft d’humeurs, el!é le fera de mœurs , 6c par accident, ayant îoufiours quelque chofe à demefler , à fc fâicher.Plus, nous auons ditqîre les femmes mangent moins que les hom- mes:or dî il, que tant moins qu’on man> ge,plüs on boit : tefmoins les femmes z4 V I N G T C I N QJV I E S M 1 qui difcnt , Q^and ieicufnes ma com- méré, ic boy tant . Que fi nous voulons renfcrmerjadiouftouiljlcfoldac Frân-* çois^ilfauc renouuelier ia compofition àt ^limA 6c\y'£dippt , (\m oftoit la faim, & la foif : ou bien luy bailler vue herbe que le, s Ameriquains ( quieft vue partie du monde, nouuellernenc defcouuerfc, contenant plus de deux mille ikuës) nomment Petum: de laquelle ils pren- nent quatre ou cinq feuilles , qufils font ddlecber,puis les enuclopent dans vne autre grande feuille d arbre , en fa- çon de cornet âefpice : cela fait, ils met- tent le feu par le petit bout, &rapro- chét ainfi allumé dans leur bouche, & en tirent la fumee,quiles nourrit cinq ou iîxiours fans manger aucune chofe : faifanc cela principalement quand ils Vontàlaguerre,& que lanecelsitc les prefie. Qacfi vous prenez de la isr/Vo- ou herbe à la Roy ne ( qu’aucuns mai nrenan rappellent ) &onny Cf oiîiie celle vertu ,foyez alTeuré que ces deux plantes n’ont rien de commun ny en fortune , ny en propriété , auec le \uyPettm des Aracriquains,non plus 'S E R E E. i7 ique rAugoimiôifc,qp’on vante cftrc le ^viay. Pf/^.Plincauiïi dit^adioitftoic il en- corcs , que les Scy thes , pauure;pcuplc^ prenoyenc en la bouche vne hierbe nô- mee HiŸpcm^(\uc les Latins nomêcauffi Sj^^rtitmA^ZÀMtts Seithycx , portant le nom des Scy thes qui rinuenteienc premk- rcment , qui failbit qu^ilsne fcntoyenc poin t la faim douze iaurs tous entiers apres quils lauoyent prinfe : & que mcfmes kurs cheuaux ayans mangé de cefte herbe, enduroyenc long temps la faim & la foif. Les -Scythes aulli , die Auk=»GelIc,par le rapport d’Entfiftrace^ pour ^ndurejc la faim , fe fenoyent le ventre & reftomach auee de grandes bandes : parce que ne laiffanc gueres de vuidc , k faim tourmente moins: . laquelle vient ^ félon Eriftratus, des fi- bres du ventrieule & des inteftins, quand ils demeurent vuides . Parquoy nous voyons couftumicremêc que ceux qui ont de grandes obftruétions és par- ties vifcciales & inteftines ^ iv'ont pas grand appétit . Maisie craindrois, ré- pliqua incontinent vne felfc tondue, que cefte ligature me prouoquaft à l8 \^ÏNGTCr-N Q^^I ESME. Jafciueté: car on tient que ceux qui fe fer renx fort/ont plus incitez Â: enclins à liixurc:d0t il en y a qui defFendêt aux fil- les 6c femmes de fe ferrer ïî fort, pour ne femir les aigiiillons delà chair ^ & auiÏÏ poiireuitcr d’eftre bofiues6c côtrefaites: ^ mais ie vous diray, adioufta il, Venus eft mal aggreablc à ceux qui endurent grâé faim.Que fi ceux dLi-iourd’huy,qui ne fc forent point, ôc ne contraign’ent point leur panfe, le font pour cefte occafion, i’approuue leur maniéré de fe habiller auecleur cotton. Aucuns ont dit, difoic il encores,commcTurnebus,que le fro- niagede iament pouuoit nourrir dix ou douze iours,fans manger autre chofe: mais ils ne difent riçn de nouueau , car les Scy thes la pluspart du temps ne vi- xient d autre chofe * Les autres aiTeurent que pour fe palfer long temps fans man- ger, qu'il n ya rien meilleur que de boire oleum yioUcetùm , méfié auec vn .peu de greffejou de i’huyle d’amandes , ou bien manger du beurre , Autres affèrrn eut que le papier malèhé eflâchc la foifaulE bien que de tenir des boules de fer en la bouche, côrae il fe rroiuie en Thiftoire s E R E E - des Portugais.Ec fi ie nen puys rrotiucr de fer,replîquavn des noftres^prenez en de merde,luy refpond Franc-à tripe.Ce- luy qui auoit cfté affiné,ne laiffa en liant à dire qu’il aqoic -^xperimeii té ^eftantà la guerre que ce que dit Pline diiPoùliot eftoir vray qu’il engardoit d’auoir fmf aufii bien que les graines de Halinus /au uage^renues foubs la lâgqe : & quayant enduré la faim, il seftoit bien.uouué puys apres de ne mager guercs., & d’vfer de bouillons de vieilles poulaiiles bien confumees,& laiét de cheures,& autres chofes propres pour eflargir les boyaux retraiâs.Vn de la Seree , cncores qu*il cxcerçaft le meftier de la guèrrc,ne laiflà à faire vn conte d vn de fes compa- gnons d’armes, lequel eftoit forty d’vne ville âffiegee. Et le commença ainfiiVn hommes d’armesdenoftie compagnie, ayant cfté renfermé en vne ville al- fiegee,& pour cela luy fémblant que tout le monde luy eftoit xenu,en paffmc par vne ville fit quelque excès , penfant cncores eftreàla gucrre,dontul futre- - cherché iufques à (bn hoftdlerie : ou ne le trouuant point, ou princfonchcual. 3^ VlKGTCINQ^lSîtSME ftns S amiifer à prendm la fcile . Moi? compagnon de gend arme , fafché m | 3 oiîîble de fon cheuai% menace;toute la vilkjiure qu’ils s en repentironr5& qui! fçaiioit bien qu’il fsroit . Par ladiiis idc la ville ^ fon chcual luy eft rendu; îes plus aduifez dc: la ville difans qu'il vcnoit d vne viiic qui auoit endure le liege long temps , où il auoit enduré la faim ^ ôc qifîi ne falloit iamàis irriter telles gens ^ia faim ayant augmenté la cholerc . En r en dan t le cheual à mon compagnon d’armes , ceux de la ville luy deman dent 3 Et bien Moniieur, que cufficz vous faiél , fi on ne vous euft rendu voftre cheual? Qixe i’eulïe faiâ:, niort-Dieu ? Va-il reipondre , i^ullc vendu la Telle . Lors ceux de la ville co- gneurent bien qu il neftoitpas figrand Diable qu’il elloit noir. Audi Ihofte^ad^ > iouftaceluy qui faifoit le conte , m’a-^ uoit conré que ce fendant eftant logé en (on logis , vn iour fs voulant cou* cher auoit demandé vn couure-chef , & voyant que les chambrières fai.- foyent les longues , il s’çftoit fi bien s E R E t. 31 prins à iurer & maugréer , que tous ceux du logis ne s’ofoyent trouuer dé- liant luy. A vne foisildifoitquilmec- troitlefeuaulogis , qu’il eftoit gentil- homme de bonne part, & bien appa- renté , que ce n eftoit pas à luy à qui on fe deiioit ioucr : que fi on le voyoit mal en ordre , qu’il venoit d’vn fiege , & qu il auroit bien cinq & fix paires d’ha- billcmens s’il vouloit , 6c qu’il ne tc- n oit qu’à l’argent qu’il ne les euft. En ce courroux , perfonne n’ofoic prendre la hardieife de iuy prefenrer Vn cou- ure-chef , fçaehanr que de Thomme courroucé fe faut efearter pour vn téps, 6c de rennemy pour toufiours. A la fin, fon hoftefie print la hardielTe , apres luy auoir baillé vn couurc-chef , de Iuy demander i Et bien , monfieur,queuf- ficz vous fait , fi on ne vous euft appor- té vn couure-chef Que feulfe faieft, fang Dieu i va-il refpondre à l’heure: ie me fuffe coefFé de machemife . Lors, fonhoftefle , qui le cognoiflbic,en s’ex- cufantyluy va dire. Et vrayment , mon- ficur , ic ne me fuis pas auancec de vous 31 Vl NGTCI N (5^1 E s M E.- portei'vn couurechef , car iay veu que ne portiez rien en voftre tefte.. le n y a- âuifi iamais rien porté refpoiidiîiljfinon depuys que ie fnys marié. Uhoûeffe > en en fe riant , luy va dire que fon mary en, eftok ainiî . Ce conte finy,vn habille home delà Seree , répétant ce qui auoit efté ditque la cholere eftoit augmentée par la faim^en va rendre laraifon: difant que de la faim & de la foifla chaleur en eftaugmcnteedaquellc ne trouuât point où elle agilfch la nature & Hiumidité deÆaillantcs, ne fampas trouuer eftran* ge;files &ns fe trouuâs aliénez^, & les ef- prits diflîpez Jes perfonnes font ren- dues nôfeuleméc farouches, mtris ayâts vne efpece de rage;aufliquon dit, îl en- rage de faim. Dont ne fe faut efmerueil- ier ii ceux qui endurent faim , Pont des^ chofes prodigieufes^ & cruellesenf ex- trémité de la famine , là où au parauanr ils n’eudénr ofé penfer .On dit ,adiou- ftoitihqùe les François eftans alficgez par les Cimbres de Theiitons^prcirez de faim, fubftarrterent leurs vies des corps, de ceux quipour raifon de l’aage eftoyé t s E R E E 35 inutiles à partcr les arm es.Et fans recu- ler ârricrc iufquesaux calamitezdele- rufalcm,au moys de luillet 1575.il aduint àSanxcrre,queles aflîegezjrcduits à Tex» tremité, & contraints de manger cuyrs , parcheniïns,6<: autres immondices, que yne petite fille de Taage d’enuiron troys ans , cftant morte de faim à vu pauure • habitant de la ville , vne vieille , qui fcr- uoitluy &fa femme ,lcur confeilla de s’ayder de leur infortune de fait en mangèrent les entrailles, la faim con- traignât la merc de remettre en fon ven tre Tenfant qui n’en faifoit guerçs q de fortir .Maisayâs mislatefte acuyredas le por,cela eftant defcouuert par les fol- dats,ils furent bruflez. Les Allemans e- ftans affiegez par les T urcs,& ayans fau- te de viures,ôc principalement d’eau, ils tuerent des chenaux, & auccleur fang méfié auec vn peu de farine, ils remc- dioyent àlafoifôc à la faim. Ceux de deCrotte a(ïîegez parMetteIlus,fe trou» uerent en telle necefiîré de breiiuage, qu’ils fe feruirent de Wrine de leurs chenaux. Mcrme le cheual prefic de de faim mangera fon maiftre : comme V INCTCINQVIESMI. ^ nous troLiuons c^’vrv cheual renferme auec Limone.par la fentence de fon pe- re Hyppomenc de grande faim mangea fa fille. Âaeimar dit que la famine fut £ grande en Ton païs, qu’on desenterroiî les Gorpô morts, afin de fiicccr la moelle des Gs defgarnis de mufcles & de chair, &de fepaiftrcde leurs charongnes: de forte qu’on fut contraint de mettre des gardes aux fepu! dires. Apres qu’on eut conte les effeds de la foim, qudqu’vn rc prenant ce qu’auoit dit le gentil-bommc: lequel eftant deipourueu de biens de na^ ture,& de fortune, les recherchoit en fes anciens & predecefleurs, s’en mo- quoi't , allegant ce vers: Et fi difoit que Homere,quand il veut recommander vn bon gendarme il mettoit l’antiquitéde la noblelîê tou- te la derniere , & apres toutes les autres louanges dcceloy quH veut louer : la vraye noblelfe s’acquerant en viuant, & non pas en naiffant: & comme dit Erupide. p'e^re de mhlejmg t ( e^^yn tikrehsn- s I R E U nolkjfe en croïfl en ceux mi ont fcm^ bUle Vertu, que leurs ayeulx» Et apres luy le Seigneur de Pybrac: Ce n'efi peu ndjfmt d[yn tige illuJlrCj Ejlreefchire’pArfesanteceffeurs: ceflhien plus luire a psjuccejfeurs^ Qjÿ des ayeulx fetdement prendre lujlre» Puys que vous moquez, répliqua vn au* tre,dcceux que ne font nobles que de race, que direz vous de ceux qui (e font cnnoblyr ?ll luy fur reipondii, ce que Tay leu ilif y apas long temps: Tu dis que tu esgentiUhomme Tay la faueur du parchemini ' si yn rat le trouue en chemin, Qi^firas-tu } comme yn autre homme, Mais,^eniâdaquclqiryn, puis que nous voyons ceux qui ne font que babiller & caufcrdelcur noblelTe , éc ceux qui fc Vantent & menaffcnt,eftre plus poltrps & couards , que ceux qui ne difent mot, les babillards defendans leur eau- fepar la langue , ne pouuans faire au- tre chofe, les paroles cftans vaines où l’cfFcd auec rœuure fe manifeftent: B vj 3^ Tl N GT C I N Q^ï M^E €[ui eft caufe de la hardie^^ & de la tmiiditc des autres? il luy fut reC- £>Guda ^, que lès anima^ux qui ont le cœur grand , lafehe: ôc mol 5. font fort craintifs^paureux , timicies-^ couards: & le proüua. par les cerfs , Heures 3 & afnes 3, & qutres beftes timides > qui ont le cœur fort grand , ayant efgard à la: ptoportion des autres meitibres du dedans ; or eft-il que la chaleur n’eft pas fi gtaiidé en viie grande elpace que ©ri v^ne petite , vn mefme feu efehauf- fant plus vue petite, chambre qu’vne grande :, ce n’cft donc pas de meruciî- le: Æ ces beftes timides n’ayans pas grande. chaléiir au cœur ont le fang ; îroid : la hardieirc venant de la cha- leur du fang . Au contraire , des ani- maux quioat le cœur petit , clpoix, dur &lerrc , comme l©lyon,&lcchien, lefquels font courageux. à caufe quci^ là chaleur fergarde mieux adft pas fi debile en vn petit lieu qu’en va autre, grand : rhommê: tant plus qu’il eft cHauld’,raat plus ayant de hardiefle : routêsfois contre la commune , qui ditdvn.homme. hardy, ëc courageux,. 5-B.R-EEa Jf lîagrand'cœur^çarc’eft coût lecontrai- rc. Ainli voir onccux quinc craignenr rien,& fonralîcurcz>auoir la voix haute & greflc^à caufe de l’extrcme chaleur qui cil en eux.Mais d’où vienr^repliqua quelqii vn,filachaleur cau^e la hardief- fe,quci’ay vcu de braues foldats & har- dis,qui creniblo.yent quand cevenoit à- iouër des couteaux, la cbaleur fc retirant audedanSy& delaiiîànt les membres cx« terieurs froids , fembkns le :Franc-ar- eher de Bagnolet, quitrembloit de har- dieire^Il fut refpondu, que combien que la Loy Trejentas elle ainiî dide, com^ me eftant faille contre ceux quitremV blent ,qu il ne s'enfuyuoit pas qu’on ne troiîuaft des peifonnes vaillantes &har- dies>qui tremblét. & muenrdc couleur^, cncores qu’elles n’ay en t nulle peur, 5c fby ent des plus courageufes. Gela fc fai«- faut, difoyentdls ,de ce que leur corps- n’cft pas efehauffé d’vne mefme chaleur quand ce vient aux diftribuîions ma«* nuelles,5cque par rimpetq^fité de la chaleur bouillante , qui les fùrprcnd,ib fë. fait vn mouuement iiaegal en toutes les pjarties de leui corps , qui catife ce j 8 V1N6TC ÎNQ^ÎESME tremblemêt tumultueux pay trop gran- de abondance d’efprits & de Tangtdont aduient que ceux cy,en vn bon aftàirc,fe frappêt de leurs mains, afEn qu’ils foyéc cfcbaufFez en tous leurs membres d*vnc mefme chaleur, qui fera celTcrcc rrem- blemcnt : àTimitation du Lyon ,qui fc bat de fa queue , pour se/ehaufFer & en- trer en cholerc. lecroyyvadircvnmai* ftre es Arts, & en route archipedéteric, qui eftoic encefte Scree , que ie n’anrois pas jS grancf peur , & ne tremblcrois pas tant*(îieme battois moy-mefmc,que lî d autres me frappoientrmais ie me dou- te bien , difoit il , que tous mes batte- mens ne m’empefchcroiêt d’auoitpeur, & de trembler s’il me fallok deffendre ou aflaillir:veuque toutes les fêtirrelles, corps de gardc,patroüîlles,r 5 des, qu 011 m’afaiâ: faire durant les troubles ne m ont fçeu rendre plus hardy,& fi n ont peu m’engarder de trembler, feulement quand il falloir demander à vn fallot^ ou à vnc knterne,Qui va la ? Ma grand’ tnerc au(E m a fonuent dir,que quand ie Vins au mondes il fe fit vn tremblement s E R E E. 59 de terre y mefine qu’arhcurc que ie naC. quij.il tonna bien fort , & qu’elle a- uoit ûuy dire autresfow à mon grand pere , fon mary qui eftoit niaiftre es Arts comme moy, que ceux qui ijaiil fent l’annee que la terre tremble , ou leiouc qu’Ü tonne ,|font naturellement craintifs & timides. Et aufll que ce grand pere, regardant mes bras cours» me difoit que ie ferois fort couard & poureux ; la longueur: & grandeur des bras cllant ligne de chaleur , comme les courts de froideur, & que de la cha- leur procédé la hardiefle.&de la froi-^ deuE 1& crainte.. Et ay bien cogneu depuis, que mongrand pere dilbir vray, & ccuxqui faifoyentla fcntinclle aucc moy jfentirent bien vne nui<5b, qu’on nous bailla vn faux alarme, que i’elfois des plustimides :comme aufE fit la ron» de vne autresfois . laquelle monta en vne tour, où i’eftois en fentille , qui me vouloir tuer , parce qu’en paflant , & appellant fentinelle, ic n?auois rien ret- pondu , & diloit que ic dormois. le luy dy,que iene luy auois véritablement 4P Vingtcinq^ïesme rien dit,pourcc que ife n auois pas nom, fentinclle : mais qu’on m’appelloit mai- ftre Ican.Et n’eulTe iamais penfé/ans ce» h npftre maiftrc es Arts, que la peurferuiftd’apothicaircjôe de elyftere, &ne voulois pas croire la recepte que pradtiquoir Meflîre Pantolfe de la Cal- lîne, Sienois, quand il cftoit eonftipé.nc que les^rmoiries dcFrance mifes es pri- ticz des Anglois leur feruiircnt de quel- que chofe. Mais maintenant ie fçay par expérience, que les fymptomes &acci- dans de la peur feruent de faire ouurir le guichet du ferrail ,_auqiiel i temps la matière fecale eft retenue : à caufe que la chaleur naturelle qui eft en nous, & quafi comme noftre vie, fuyant ce qui luyeft contraire ,& qu’elle craint, ve- nant du dehors, fe retirant au dedans. Tient à efraouuoit & fondre noftre ven- tre &Xaveffie;6i âuffi que lapeur faifant retourner le fang & la chaleur au cœur, & au dedans, faidt que la vertu retendue Aivcutte perdfa force^Que 11 le llegc ddla ville où i’eftoisr’cnfermé,adiou- ftoit noftre maiftre lean , euft duré plus long temps , i’auois délibéré de porter S" E n E E mcticres que luy,nc qui fift plus gaigner jes Chyrurgiens. Vn foldat accort eftant fafehe de fon babil , &^c les vanteries, luy va dire-: Puis que tu es fi bon foldat, comme tu dis, mets le nezà mon cul, 6c crie ville gaignee. Ce babillard failânt femblant d’entrer encbolere, vadireà celuy qui fe moquoitde fâ vaillantifc.Si tu me tache, ie t accouftreray fi bic qu’il ne te faudra Médecin ne Barbier. le le croy bien, luy répliqué ce foldat, car tu ne me feras point de mal, ru es trop bon. Ce Trafonelquc luy va dire qu’il lejfçroit auflî ayfément qu'il aualeroic vn verre /ie vin , mais qu’il ctaignoit qu’il ncfüft pas confeffé : & par là bn cogneuft bien , difoit celuy qui auoit commence le conte, que les parollcs eftoyent femelles.^ les cifebis mafles, & pourtant fi l’euffiez vous prins pour vu vaillant homme , tant il iuroit en» trant en cholere. mais ie ne m’arrefteray iaraaisàccs Picorcholcs,qin fe chole- tent pour peu de chofe ; car, comme dit C JO V IMC,TCINQJ^IESME Scncque , Tire&lacholere ne rendent pointThomme deguerre, ny autre, plus hardyda vertu fe contentant d elle mer- me, fans auoir befoing dvn vice, qui eft la cholere.Et me fouuicnt,adiouûoic- ilencores, auoir entendu dvn vieil fbl« dat, qu Vn iîen compagnon de guerre, arriuan t au logis , calloic les bouteilles à vinaigre & faifoit mille infolences; du rapport defqaelles Ton Capitaine alTa- uanté ,1c gardoit pour combler lefoffé à quelque raifonnable brefehe. L'heure qu'il attendoit venuc,vouIâc faire mar- cher fon homme à la première pointe d'vn ailàuî, qui fe donnoit à Vezelay, il letrouua tout autre qifil n ’eftoit man- geant le cul des poulies fur le bon hom^ mes: car tçemblanfde hardie{rc,pria Ibn Capitaineauoir pitiéde luy, difantpour toute raifon qu'ij eftoit fi chaud & te» meraire,qu’il fe feroit tuer incontinent, fi on hcnuoyoit en lieu fi dangereux. Vn autre pour foulager celluy^y qui en a- uoit aifez conté , luy va dire,Ic vous prie mettez mon foldac auec le voftre:lequcI faifanebien lequantàmoy en vnc que- relle,& voyane que fa partie aduerfe s ciî renoit à luy/c renferma en vn logis/on cnnemy luy crianr,forts poltron/orts fi tu es homme de bicn.lc foldat renferme mettant le nez à la fencftre,luy demade» Et fi i y allois que m e feroîs tu?Que iè rc ferois: répliqua eeluy qui vouloir rom-^ pre la porterie t afleurc que ie r e conpe- rois la gorge Le foldat refermé lors luy va dire , Pardieu ie n y vois donc pas. Et quâd il luy difou,T u n as donc point en- nie de te battre? Il refpondoitquenon, & qu’il s’aymoit trop. Que fi cesdeux foldats,adiouftail cncores,eufictefté en tre les pauurcs Scythes, on les euft bien empefehé de communiquer à leurs ce- remonies:cflât deffendu àceluy qui n’a- uok Uïé perfonne en guerre,d entrer en leurs têplcs,& moins leur euft çfté per- mis défaire vnfacrifîce, que les Grecs appeloyêti^rr^ tomfhonU\\QQ^uQ[ n’efto it permis qu’à ceux qui auoyêr tué cét ho- mes en guerre , Et nefébloycntpas ces deux foldats le Lacccdemoniê,qui aüoic fô hôneur en fi grade recômâdatiô , q'ue cftât rôbé en terre , il pria fô cnnemy de le tuer parle deuant :hôteux de mou- rir eftant bleffé par le derrière, affih que Cij Jl VlNGtCINQ^IESMH îcsfiensn’cuflcnt pomtde deshonneui le voyant mort.rhora me généreux efti- manc plus Thoncur vniuerfel des fiés, & de fa race,quc fa vie particulière. Le Sci-- gneurde Montagneà ce proposa laii^ ïe par efcrir,q le Capitaine Bayard cftant blefle d'vne harquebufade,ôc contrainâ: de fc retirer de la meflec^ommâda à vn fien gcntil-hômede le coucher au pied d vn arbre, mais que ce fuft en faço qu’il mouruft le vifage tourné vers 1 cnnemy: affin qu'on ne péfaft qull euft tourne le dos à rennemy.Quc fi cesgens là auoyêt fbucy de Teftirue qu o auroit d eux apres leur mort, equel foucy pêfcz vous qu'ils cuirent de leur honneur eftans en vie? Ce qui leur oftoit- toute exaétion &pil* lerle àllans à la guerre , car tfint plus qu'il eftoiem gens de bien, tant plus on les cftimoit vaillans &hardis,rhommc de guerre mauuais & melchanr , & auec cela vaillant & courageux, eftanta com- parer à vn mauuais chié , qui faid biê la guerre aux loups, & toatesfois eftranglc les brebis:ceux qui font profcflîo des ar- mes doiuct cftrc féblables aux bôs chiés de garde,qui fôt mauuais cotre ceux qui s E R X fi . 5Î vîfenncntdii dehors pour mal faire, 8c au contraire,doux à ceux qui font au de- dans. Vous voudriez donc,luy fut il ré- pliqué q les gens de guerre fiiffent cômc îc gentil- home, lequel eftant à la guerre jicfrappoiircnnemy que duplat defon cfpec , dont eftant reprins, il difoit qu’il auoit peur de le tuer, le voulant prendre tout vifteomme faifoyct IcsGladiatcurs, que les Romains nommoient KetUms. Et voicy le nom & Tepitaplie de ce bon homme de guerrc:Cygift Froiiîn, fol- dat,hommedebien, qui ne tira iamais cfpee, &nc bleirapcrfonnc, n’entrant iamais en cholere , & fi ne pilloit point les fubieéls. Son efpce donc, répliqua vncfeffe-tonduc,dcuoit auoir bien du laid, n’eftant pas fouuent tirce : & ic croy qu’il ne pilloit point fes fubieds, n’en ayant point.Que s’il euft cfté Lace- dcmonien,iln’cuft point eu d’epitaphe, ne d’inlcriptionfurfon tombcau.cftanc d’efendu parlaLoyde Lycurge de n’et crirc fur vn tombeau, fi celuy là n’eftoit mort en guerre. Les Cariensayans efté les premiers inuenteurs de faire mettre armoiries & fignes en leur efeus & pa« C iÿ 54 ViNGTCINQ;V lESM E uois, efquels quelques vus eferiuoient leur notti:alfin qu’on pèuftrecognoiftrc ceux qui auoyent bien fai^il en guerre; les Athéniens aufli ayans vne place à Athéncs,où eftoyent enterrez ceux qui eftoient morts en guerre , didé Pt^mle, pour la variété des hiftoices y depindes. Eftant reçen de tout temps non feule- ment d elïedre le foing que nous auon/s de nous au delà cefte vie , mais cncorcs de croire que bien fouuentles faneurs celeftcs nous accompagnent au tom- beau^& contiennent à nos reliques.Et ü anciennement il n’y auoitque lesvail- lans qui peufTent porter leurs boucliers peints.xarceux qui n’eftoyent point ex- périmentez à la guerre, & n’auoiét faid quelque ade vertueux .portoient leurs rondaches toutes blanches (ans peintu- re : ynde ejt, VArmke^ue wglorius alba , id ejb,. nonpi^ia. Et ain£ les armoiries fc doi- uent feulement attribuer à ceux qui ont faid quelques beaux faids d’armes, feulement. Le Decanreron dit: Nous foraines nais tous cfgaux , & auec cA gale vertu; mais ceux qui furent plus vertueux^ furent appeliez noblesse ec- fte demeurant non noble : Et Diodo» s E K E E. re dît que beaucoup de nations , ôc entre autres les dodes Egyptiens, n'e- ftoyent point plus nobles les vns que les autres :(& n eftoit permis à leurs funé- railles de louer leurs parents & prede- cefleurs. leifeftime pas moins, adiou-- ila il yCeft homme de guerre, pour n^â=- uoir tué perfonnc;car peut cftrc qu’il n’a iamais combacu que contre des gens qui ne fe deffendoyent point: eftant fi- gne de polrronife quand on ne s’ad^ drelfe qu aux foibles & timides, imitans les vilaines mouches, qui ne piquent ia- mais que les bœufs maigres , chétifs , & defeharnez, & non le Lyon, qui affàut pluftoftles hommes que les femmes, & iamais les petits enfans que par famine; Pline ayant eferit qu’il auoic ouy dire à vne femme de Getulie, qu’elle auoit ap- paifé la fureur de pluheurs Lyons , fe difant femme fugitiue 5c debiletcn fup- pliant le maiftre, & le plus noble des animaux , d’auoir pitié d’elle, & qu^élle eftoit vnc proye indigne de la noblcffe de ceft animal : ce Lyon mignardaUt les petis chiens & fe ioiiantauec eiix, & dc- iiorant les grands. Et à ce propos,difôi c ii,ie vous conteray vnbraue ade d’v^^ VlNGTeï.NQ^VIESMr georiî-hojnme, Icquclfe monftragejîc*- leuxen vnc quci-elle qu’il eut contre vn- ficn côpagnon d’arracs:car fon aduerfe partie eftant tombée en combatantinc la voulut ofFcnfcr,maisau contraire,luy va direileue toy;iet’affeurc que ic ne te fc- ray aucun mal tantquc tu feras à terre, Ccluy qui cftoit tombe, fe, fiant en fa promellè, ne voulut iamais bouger de couché, tât'que fon ennemy fut là, quel- que afieurancc qu’on luy peut fairede ne l’ofFcnfcr couchéne debout. Il mefem- ble, commença à dire vn des plusadui»- fezde noftre Scrce , que les Romains, exemplaires de tout bien , u’culTcnt pas faidteeque firent les Hemmyers à viiC; pauurc femme, comme récite Froiflàrd, qui eferit que le fils duGôte de Haynaut s’en alla à grand force pour conquérir la Frifc.Mais quâd fes gens voulurct pren« dre terre,l’armec de ceux du pays vint à bencontre pourlcur armec,fortant vne- femme vcfiue de bleu, qui s’aduaçafeule vers l’armce eropefchctla defeente de leur du Gonte de Haynaut , & eftant a vn iedt de fiefehe près de Hennuyers,. leur tourna le dos, & Icuant fes draps, (à; robbc,&fà chcralfe,leur monftrafon s Z K I 57 dcrricr,cn criant , prenez là voftrc bien- venuë^M efficurs.E t dit Froifiird que les Hcnnuycrs,qui eftoient aux nauircs,ti- rcrent apres elle flefehes & viretons,qui lenferrerent par fon derrière de plus de cinq cens flefehes, iufqucs à la mort. Ce conte achcuG,ceux de la Scrcc entreront en débat lequel cftoit plus eftime à la guerre, ou bien aflaiIir,ou bien fc defFen» df e,fc troùuâtvne grande contrariété en Gclaentrelcs Romains & les Grecs ries Romains eftimas plus le bras droiâ: que le gauche, Fcfpce que le bouclier, laflàil- lir que le deffédrciau côtrairc des Grecs, qui auoiét plus d*cfperace à la main gau- che qu a la droide^faifans plus d^eftime de leurs boucliers q de leurs elpcesreftât defFédu par leurs Loix à ceux qui auoiét perdu leurs boucliers à la guerre, de fc trouuer en leurs temples & facnfîces. Parquoy Archiloc fut banny de Lacc- demone,pour auoir eferit qu’il valoir mieux laiflër fon bouclier q la vie. Il fut dit qu’vne fême dcLaccdemone difoit à fon fils,en Farmatitô père t’a tou Cours conferué ce bouclier, adiiifc de le garder auffi,ou de mourir ; & les Latins ont dit C V Vin GxciHQ^îESMï. dit qu’elle difoit à ionfàs^mt cum m kÿc redi : les Grecs voulans dire que Ion doit penfer premier à fe dcfFenë dieque d’alTaiilir.Er ceft pourquoy Ho» niere deferit. coufiours les plus vaillans hardisjes mieux armez . Aulîî qu’E- l^aminondasjà demy mort , demanda E î çnncmyluy auoit pomtofte lonbou- boiiclier en tombanti&tjuandcn le luy €nft apporté, le va baifer en mourat,c6- irrecompagnon de feslabeurs & defa gloire : par cçla voulant rendre tefmoi^ gnagc,ccdit meffirc FfancifqucLotin> que les braues&gcncreux ades parluy faiéls aux a&ires delaguerres Tbebai» ncs^ , auoycnt cfté par luy enrreprins y poùrfouftcnir la^ paix , & conferuer la^ Thcbainc Iibertéy-& non pour faire au- cune offenfeidcmonftrâs les Grecs, que Idionneur deu aiixvaillas hômes^deuoit cftre plus toft donc auxdcifendas qu’aux alîaillans^’fncores que celuy qui aflàut, face demonftration deftre plus Hardy que celuy qui defFend;& auffi pourdô- ncràcongnoiftre qu'il faïUTiure en paix ^ quand ores on feroit force de com- batiCjil faut que ce foit pour deffendrcj, non pour ofFendre. A celle caufe les Ro- s I R E B, Jc) mains, etiGores qu’ils cftimaflent plus le brasdroi6è que le gauche, auoycnt de couftume toutefois de mettre l’anneau militaitcàla main gauche, & non à la droite , qui auoit manié l’efpce; pourcc que la main gauche eftoit celle qui a- uoit porté le bouclier auec lequel l’ho- mcfcdefFend,(anscn faire ofFêfcàper- fonne, les gens de guerre ne deuans pas tant s^àyder de l’elpee , qu^ils nefefer- uent auflî du bouclier : principalemét fi c’eft vn chcfdeguerre,ou capitaine, qui doit mourir vieil, cobiê qu’en vn befoin ilnc fedoyucclpargnenmaisauec fa ver tu &.hardiefic, qui eft fort rccommâdec à vn Capitaine & gendarme , n’aura pas tât d’elgard à fhoneur,qu’il ne fe foucic de fauuer fà vie.Cômc fit le foldat,qui c- ftam blclfé & tout plein fie playes & fio ftng,pour auoir bic côbatu,& qu’on Kly ^trioit qu’il s’allafl:,ainfi fanglât corne il e* ftoif,monftrcr au chefd’armee,lcur ref- pôd,mais plus toft au chirurgien: ayât Gl lanté enauffi grade rccômandarion,quc l'hôneurdc la chcualerie' qu’il euft peu auôir. Et qu’il eftoit meilleur de faire les cheualiers apres quelque aéte vertueux q É<3 VlNGTCINQ>IESME Icsfaitcauantlabataille. Les aucresdi- foicnr, que les chcualieis fc deuoyetit> pluftoft faire auant la bataille, pour l’o» pinion qu’on aqu’ils en feront meilleur deuoir, comme futpalTc cheualier par Bayard le grand Roy François « auant •qu’entrer en bataille en la iournee de Marignan ; qui eft contre ce qu’on de» mandcjLe Roy eft il Cheualier. Qu’on: doiue donner l’ordre de Gbeualcric- auantJe combat , celaeft confirmé par l’ancienne praétiquercar les François 6c Anglois eftans vn iour rangez en batail-^" le , palïà deuant le camp François vn Lieure,dont fefit grande huce par le derrière de rarmee , peBfant que cc fuftv commencement de la bataille» dont au- cuns lors demandèrent chcualerie;mai$' les deux armées ne faifans.rien , furent; appeliez Cheaaliersdu Lieurc. Mais de- manda vn delà Serceà celuy qaiauoib acheuc cc conte, N’aduint il xieh du de- puis de finiftrc & raauuais aux François,,., veu que le Lieuré eft toufiours prins; pour vn mauuais prefage , comme il ad- uintà Amurat par vn Lieurc qui vine ffic.u.ri,ràfes pieds,.cepédat qu’il prenoit; Si K E B. plàiiTr devoir fauter en l’eau ( cftant c;i lieu haut ) des Grecs attachez IVn aucc l’autre deux à dcuxîQue le heure foit de mauuâis prefage , c’eft par ce qu’il cft, HermaphroditCjfclon aucuns , & qu’il mue de fexe tous les ans : & shl eft cefte année mafle , l’autre il fera femelle « Perfonne ne rclpondant à cefte deman» de.vn de laSerec vadire,Ic vous ptiene parlons plus de la guerre , afin qu’on ne nous reproche en parler comme clercs d’armes^^ que ne loyôs moquez , com- me fut yn Philofoph^lequel en Ephefe prefchoitledcuoir d’vn grand Capitai- ne , & comme la guerre fe déuoit faite ; car Hannibal l’ayant efeotuc, dit auoit veu beaucoup d’hommes vieux,qui ref- uoyentj &n6fçauoyent qu’ils difoyent, mais que ceftuy lespaftbiten toute folie parlant fi alTeurement , &en maiftre, d’vn meftier duquel fl n’auoit l’expe- ïience n’y l’vfage , Ôc, où il n’entendoir tien . Toute la Scree eftbit muette, de peurde tomber en la moquerie du Phi- lofophe Epheficn , quand quelqu'vn va demander pourquoy les anciens deffen» doy ent qu’on n’cuft à lèmer ne cultiuer ^J^NQTeiNQJfl ESMI. lâ mcnthc- dufânt ïi guerre* Il luy fut refpondu que la menthe rend les per- fonnesmolles &lafches,& fidiffoultla ftmciicc ; parquoy on dcfFcricloit aux gens deguerreA à ceux qui vouloyenc viurc chaftetnent, de flairer ny manger delà menthe : encores qu’il me fembic qu’on deuoit plüstofl: deffêdreles fem- mes en temps de guerre, Jcfquellcs ren- dent bien plus les hommes vains & Im- bccilei,quc la mcnthe.Oiduy répliqua, qu il icTrouuede bons & vaillans gen- darmes, qui n ont lailTéà eftre fuicts aux fcmmes, & qui en on t mène à la gucrrcf IVlcflnes les Romains menoyêt parfois lés leurs aux lieux où ils alloyent faire la guerre : principalement quand il eftoic queftion d’y faire vn long feiour: la cha- leur qui rend les homrn es hardisjes i&. dans anflî luxurieux, l’vn & rautre pro- cédant de chaleur . car nous voyons les nations les plus bclliqueufcs eftre en- clines aux femmes, & les aymer.Ce que les Poètes ont baille à entendre , quand ifs ont marié Mars auec Venus. Et eft ce que dit Arifto te, rendant la railbn pourquoy les Lacedemoniens fe kif~ foyent gouucrner à leurs femmes; oarce s E R E E. que tes homes giicrners & hardis font retenus volôtiers fous le ioug d'Amoun Auffi trouuc l’on quVn Capitaine Athé- nien, nômé Iphicrartes,difoit que le bon fbldât deuoit eftee amoureux,aüaritieux & voluptueux tout cnfemble:afin,ditili qu’il ne craigne point defe bazarder aux périls , pour auoir dequèy fournir à fes cupiditez. Q^e fi le François eftoit auflî auaricieux qu il eft amoureux & volu- ptueux,, ce ieroit le meilleur foldat du' monde; de s’il faut iüger le bon gendar- me par ces quali tez, TE fpagnol fera en danger de 1 emporter, eftam fans capa*^ raifon plus auaritieux que le Françoisi Nous trouuôs, adiouftoit-ihque les Car- thaginois fc fernans des habitans des ii^ les Baléares, quifont auiourd huy nom- mées Maiorca & Minorca,ne leur baiU loycric pour leur foldc & fâlairc,que des femmes & du vin. Et pour môftrer que les foldats font addonnez aux femmes ^ cela eft fignifié des Laeedemoniés, ayâs mis en leur ville Venus armee , l’vn n c- ftant fans l'autre . Il fut rephqué,que les Lacedeinonies n'aüoyé:? pour trait Ve- nus armee, pour môftrer les foldats eftrC fuieclsaux femmes, mais que les Laçe- <>4 VlNGTCINQJ^IESM detnoniens en la guerre contre les Me A feiens, pour n’ofter leur cuyraflc de def- fusleurdos , auoyenteuàfaireàleurs femmes tous armezjdout furent engen* drez les Pàrtheniés. Et fut adioüfté, veu qu il auoit remarqué qu’au- iourd’huy les foldats n’appelloyentce- luy qui leur commande,mon Capitaine, mais , mon Cayntene :& que cela le fâî- foit penfer qu’ils veulent dire que ce nô eftvenu4eGam , qui fut le premier Capitaine qui liiiuit la guerre, fclon que trouuops enlolèphc, Auiïî,adiouftoit il, ceux qui fuiuent la guerre font fi deit bordez^tenanscela deleur premier Ca- pitaine, que les femmes & filles ne (ont point plus alfcureesquc les autres.-pour le moins celks qui on t le bruit de fe fai- re ferait àcouuert. Et fi me voulez ef- coûter, ie vous en fici ay vn plailant con- te. V ous fçauez tous , difoit-il , que plu- fieurs ont efte contraints , pour féfaU- uer , de fe mettre auec les trouppes, fans auoiriamais penféà frapper perfonne, ne à eftre frappé ; perfonne ne pouuant efehapper de leurs mains:car au Gibelin vous lerez Guelphe , au Guelphc Gibe- lin. Or vn matin , fuy uant noftre enfei- gne. s E R Ê E. 75 gtienous arnuafaîesen vue bourgade, Ôc deloingnousenrendifmes vnieunc garçon qui crioità pleine tefte: iname- re,ma merC j fuyez vous en , voicy les genfdariBCsqui prenent & emmènent toutes les putains : 5c fa mere luy rcfpo- doitjva villain, fuis-ie putain ? Le fils, qui aymoit fa mcie^luy rcpliquoit:à tou* tes aduentures^ma mcre,fuye: 5 yousen. Cefte femme pourtant, qui en auoic bié veu d’autres, tirant vn peu fur raage,ne bougea defamaifon ; difknt par apres qu’ils b’eftoyent pas fi mefchans. qu’on ies faifoita&pour le moins qu^ils auoyéc cela de bon, qu’ils ne mefpdfoyent ne reiettoyent point la vieilleffc. Mais ces (bldats ayant de malheur trouué la fille de cefte femme cachee , penfant qu’elle fuft du meftier de fa mere , la prefibyenc fort de fon honneur. Ce que voyant fa merc,fe mettant àgenoux,les prie qu’ils luy facent tant qu’ils voudront,& qu ils laUfent fa fille Celuy qui auoit faidle conte,ayât laiffé rire ceux qui en auoyêc enuie , pourfuyuant va dire , Le camp e- fiant rompu , quatre oucinqfoldats en fe retirant trouuércntvn homme quia- D 74 Vingtcinq^iesmh uoitdcuxou trois chenaux (on dit que c’eftoie Yiî Mcdecin)à qui iis deman- dèrent la paffade,dc affeurerentcc Mon fieurquhlsen auoyenc bien affaire. Le Médecin ieiir va dire,qu’il fâlloitprier Dieu & que Dieu leur ayderoit.Or bien donc, dirent les foldats , mettez pied à terre, & prions Dieu toufiours enfem» b!c,afin qu’il nous aydeà tous. Eftans dercendus,ils 4 >rient tous Dieu de leur ayder.La prière acheue c, vn des foldats va dire; Or regardons à qui Dieu a le plusaydé . Etne trouuanten la bourfe des fefuireurs de ce Medacin gucres dWgét, le leur laifTe, comme il feitàfes compagnons, difanc que Dieu ne leur âuoit giieres ay dd ; mais apres auoir vifî» cé ce Médecin, & trouuans queDieu luy auoir plusaydé qu’à tous les autres, va départir ceft argent à tous également, difanrque puis qu^ils auoyentprié tous cnfémble,qu’il falloit que Dieu aydaft amâr à IVn qu’à 1 autre . îe ne veux ou-, blier , adioLîfta il êcores , de ce q me difl: cePliyficien Medécin,que ie rencon- tray vniour ou deux apres cefle prati- que de comouinité, poufee qiul neft . s E R E E. 75 pas hors du propos de la Sercc : lequel m’alfeura que fi on frotte le bout de far- quebufe dVn oigii6j& la corde de l’arc, ou de larbaleftc, à l’endroit où fe pofé la fleche,auec du lard, que iamaisny le plôb ny la fléché n’iront droit.Et combiê que ie fçache,difoit-il,que tour cela ferue au- tant qu’vn miroir à vn aueugle,fi ne laif- feray-ie à Teflayer à la première comme- dite. Le récit du Médecin & des Soldats donna quelque apprehenfion àccux de la Seree,(à quiDieu n auoit aydé ny efga- lementgarny les bourfesàfvn comme àlautrc) detrouueren leur chemin de tels pradiqueurs de communité: qui fut caufe qu’au parauant qu’il feifl: plus tard* ils fe retirèrent en leurs maifons : apres auoir prie Dieu,nô pas de leur aider d ar- gent, côme les foldats,mais leureniioycr la paix,^ la continuer, ôc qii ils peuflent dire ce que les Lacédémoniens & Arhe- niens fouloient dite en leurs feftins Sc alfcmblees, cependant qu’ils entretin- rent entre eux vue bône Sc longue paix: Soyent lances tortillo^nees Degrandes toiles à* araignées* Et comme dit Virgile : D -]G . VlNGTCÏNQ^IESME Ne foyel^Ji enclins kces^aerrescruelteSy Ne Ifous accouP'ume'^ aux cimles t^nerdlesi Contre y oflre pArtie.^o^ contre fes boyaux^ 04 vdeX y om de tourner lejil de y os cou^ teatix. Et afin de ne retourner plus en nos guer res ciuilesjil fut dirque toutes les chofes paffees fe deuoyent oublier , fans iamais en parler.Plutarquc ayant dit qu’au téps palTé , on ne foiirbiflbit & on ne vifitoic point les defpouilies ^ afin que la me- moire & la fôuuenancc des guerres & dUrenfions fe roulaft &depgrift quant & ellesientre les Grecs,ccux eftans biaf. ,mez qui cômencerent à fortir ôc efleuer des trophées de pierre dure : Seruius fur Virgile difant,que lesAnciens ont peint le Dieu îanusà deux^ifages, poumons donner à entendre que des qu on raà la guerre;il faut penfer à la paix. SEREE V in gtsixiesme Des perjonnes^roj[es O^gr^ijfcs. I C ne trouuay à ec fonpcr & à ccftc Sc- ree, fans totitesfois y auoir cfté inuité ôc fans crainte d eftre appelle moufche, ou voifin Myconien , comme on nom- me ceux qui vont aux baquets fans eftre conuiez .• à caufe que nous pratiquions ce que dit Socrate auSympofc , quàla table des gens fç3uans & vertueux, les dotes & gens de bien y font toufîours les bien venus , cncores qifils n’ayenc cfté inuitez , Qup ii on me réplique que ienc fuis de ceux là; fi eft ce qu'on m’au- . roit appris vn vers Grec de Homere^que bayant dit en me mettant à table,i’eftois lefort Bien rcceu^ôc n’appiinsiamais chofequi m’ayt plus feruy. Le vers de Homereveut dire(à ce qu’on m’adit)r/« ri boni non yocati^dd honomm conuinid acce^ Si on répliqué cncores , qu'i! en arriucr vn incônuenient>dc ce que : il ify aura pas aflfez de viures D iij ?S Vikgtsxxiesms pourtotis. le refponds^que fi lesper- fomies qui aflîftent à ce banquet font holineftes,ilyen aura aflez pour tous; s ils fonr autres^l n’y en aura que trop. Et puis Éon ne fc trouue bien àla table, & à vn feftin,il efl permis , fans ofFenfer pcrfonne.de fe leuer,^ de s’en aller : liant vne forte fuperflition de penfer que laifîer la table auant que la nappe foit oilee,porte maLheur, comme ont e- liime les Anciens ; aulli bien comme anciennement on trouuoic qu’eftre treze à table elloirvn mauuais augu- re , &qu’vn des trezcnc verroitpoint le bout de fan : ce qui dure encores au- iourd’h.uy,mefmcs entre les plusgrands qui font alîeoir vn de leurs ftruiteurs, cftant bien meilleur d’en ofler vn de ces trezc.Ourre que les dodes & vertueux eftoyent bien venus en nos Serees & foupers, nous auions encore cela de bô, que ceux qui y cftbvcnt conuiez ne fc faifoycnrarrendreteilânc vnechofefaf» cheufe , & qur fent trop l’homme qui veut faire du grand, que de fe faire at- tendre,& venir long temps apres les au- tres, A ce propos, nous lifons que les S e R E E. 7ÿ Anciens,quin'auoyent point de maque- reaux hoiologes , quand ils conuioy ent quejqu Vn à ioupper , leur difoyent à qiidle ombre du Soleil il falloir ferrou- uer;& fi ils n'en difoict rien, ceux qu’on inuiroit leur demandoient à quelle li- gne il falloir venir : afin de ne venir auât le temps , ayant en cela incommodité pour ceux qui appreftenc le feftin , ny au0î apres l’heure , de peur de faire at- tendre & celuy c|ui les conuie , & les c5-_ uiez,qui communément attendent les inuitez, comme anfii fait celuy qui fait le feftin : car ce feroit fait en Prince à celuy qui donne le banque r , de n’attendre les conuiez : les Anciens ayans efté lî curieux en ces chofes , qufils ont efti- mé vn grand vice de venir en vn feftin long temps apres les autres : car nous trouuons que Policharmus rendant aux Athéniens raifonde fa vie , fe vante de nes’cftre iamais faiél: attendre là où il a efté inuité : eftant vnereigle fort com- mune en toutes ailcmblees , qu’il tou- che aux moindres de fe trouuer rouf- iours les premiers à 1 affignation : d autàt D iiij 80 VlN^TSIXIES qu'il cft rRicux deuau plus apparent de fe faire attendre . Mais encores que tout cela fuft pradiqué entre noas^fî ne peuftonfaire qu’vndes conuieznede- faillift ; toutesfois eilâr rard^ on nelaifli^ a fe mettre à table, fans aucune cere- monie, co m m e c’eâoit v n e de nos bon- nés coiîftumes. Aniî que nous eftions aux prifes,& que chacun commençcit à mager,ie fus tout efbahy quclcmaiftrc dela maifonvâdire tout haut, Godemar,, 6^: lors chacun ceiTa de manger , demeu» rans tous comme ftatues.Ç^i fut efton- nécefut moy : car ie penfois a vnc fois que cela fe fift pource que i'eftois là ve- nu fans eftreconuié ; à l’autre , ic difois que c’eftoirà caufe que ie tenois la place des niais. A la fin,ie*clis en moymefmes» voyant que ce feul mot de Godemar les auoir rendu immobiles,& que ce qui e- ftoir fur la table fe gaftoit, fans que per- fonne y touehaft,queGodemar eftoit va mot de Magie & Sorcelerie, lequel eftât prononcé on fe trouuoitfibien enchan- te qu’on ne pouuoit manger ne boire. Noftre hofté me voyant plus efbahy que les autres, qui fçauoycnt bien que s 1 R JB £. 8l vouloir dire Godcmar , me va dire que celiiy qu’on auoit tant attendu venoir, &qu’àceftc caufe,afin qu’il trouuaftà manger dequoy fouper ,.il auoit faid Godemare.Ce dernier venu ayant prins place, fans que perfonne bougeaft de la fienne , & le Godemarc eftant lcuc,chaa cun fe prend à ce qu'il aymoir, & à man- ger comme ils auoyent fait à Tentree de rabIc.Et me fouuicnt que ce dernier ve- nu fut fâché quand il veit que perfonne ne mangeoit pour rattendre; ôc depeur de les faire attendre d’auanrage,il refufa l’eau qu’on luy prefenta pour lauctfcs mains^en difvnt, le me fuis laué des le matin, penfant tout incontinent queie ferois laué, me mettre àtable,comme on faifoit aux Saturnales . Enfoupant,ie prie noftrc hofte , qui eftoit auprès de moy,oubien i’eftois auprès de luy, de m’efclaircirdonr venoit ce mot de faire Godemarc . Lequel me refpond auoir leu enThiftoirc de Boürgongne le nom de l’vn de leurs Roys , qui auoit nô Go» demar;&que ce Roy Godemar fut affailly & furprins enla ville d’Autim par Clotaire & qu’on iamais D V ^ ViNGiTSiXIESM H Iceua la vérité s^ilfutràtué , ou s’il eC- chappa^ Gaguin ailètirant qu’iifeiàuua; homme vaiUât 6c haTdy entre les Fraa- -çois mefmcs, qui le eraignoieiit fi. fort qü en pillant & fàeeageanr la ville d’Au- tun 3 où il fur furprins^ au premier bruit ouy ^ & GodemaB nommé chacun laif- dbira piller , & tous firlpcns prcftoycnt - 1 oreille, {ans ofer rien prendre ne at- tenter. Defa^on, m edi foie noftieho- ftcj quepar longueur de temps , chofe fi. feiieu^ cftpaflèeen icu , méfia ement às la table,ou fi quelqif vn dit Godemar, 6c face Gedemare , tous les autres qui font à table fc déportent de mager & de boi- re,iu{ques a cequeleGodemarefbitlcué: & eftanrofié, chacun cft mis enJiberté d achever fon repas; le Haro de Norma- die e{lanr de mefine iniien don: car quad^ deux s entrebattent,& on çrieHaro,s ils font puis âpres quelque force , le Haro cftant crié , c’efl allez pour leur fairç^ perdielavie ; cftant Haro autant adiré comme qui diroir , ha Raoul , où eftes- vous ? pour laigrande iuftice que ce Duc faifoir. M ayant acheué de conter dont venoit faire Godemare , ce dernier ve- Serbe. 8j nus’excufeàceux delà compagnie d’e- ftiearriué apres l’heure , remerciant no- ftrc hofte de ce qu’en fa faueur il auoit fait Godemare : & s’accufant foy-mef- ines , va mettre en auant qu’il feroit bon défaire payer l’amende à celuy qui par cy apres, eftant inuité, viendroit le der- nier au conuy : non point de punition corporelle, difoit-il , comme faifoient les François à celuy qui fe trouuoit le dernier en leurs alîemblees publiques, mais de quelque amende pecuniaire,ap- plicable à la bucolique, & au mafquarer. Il, fnt répliqué à cela , que ce n’eftoit pas la raifqn, que celuy quivenoit apres les autres fuft taxé , mais qu’il fau droit plustoft muléker les premiers venus au foupper , comme les plus friands , & courans viifement à la fouppe , ayant grand peur de ne trouuer rien ; lefquels font fcmblalcs aux paraiîtes, qui ne fon- gent qu’à l’ombre iolairc pour le moins de dix pieds , tant ils ont grand peur de failli r an banquet, il fut icfpondu tout le contraire , &que le dernier venu e- ftoit bien plus luict à fa bouche , que i 84 Vin gt six i e s me. celuy qui vient des premiers :Ie dernier venu ayant des affaires^qui leretardoiét oubliant tout nelaifle pour cela à y ve- nir : ôc eftant tard, il s auancc ôc court plusàla fouppe , que celuy qui vient le premier : lequel ne lailfant point fes af- faires, y vient à loifinayant ceft aduanta^ ge le premiervenu, de remettre à table où bon luy fernblera.d’autanr qu’il s’ob- feruoit en nos Serees & feftins,que cha» €un prenoit fa place à la table,lans cere- monie, & ünszitçdïclcnomencktordcs Latins, nefon rbolle : n’y ayant rien en^ nos banquets qui oftaftpiusda confufia ôc defordre,qué ce bon ordre :1 amy qui nous bailloit àfoüpper,rcceuant tous ks amis elgaliement , & les faifant toaSv, pareils : fi ce n’eftoit qu vn Sophifte fe . voulant mettre auprès dVn autre : car le maiftre du feftin n’endurôit iamais; deux SopHiffes fe mettre à table Tvn cô-» ne 1 autre,à rimiratiô des anciens..Tou-^ tesfois,encores que le maiftre de la mai^- fon n’euft point i’ennuy de bailler les places aux cortukz félon leurs qualitcz, il ne lailîqit pourtant a refpedter les ftrangers fui tout, les gens vkux,mala- s £ R E E* 8/ difs,& malayfez , & les femmes groffcs,, qu’on mettoit en la place la plus com- mode: comme noftre hofte fit en celle Seree à l’endroit d’vne femme enceinte, àlaquclle on eut efgatd ,ainfi qu’enten- drez: l’ayant fceu, vousiugerczlacaulè pour laquelle on parla en cefte Seree des perfonnesgrofles& grafles, defquelles cftoit nqftre hofte . Or fçacliez que des le commencement du foupper noûte hofte aduila qu’vne femme grolfe n’e- ftoit guercs à fon aife affife à la table, qui cftoit trop haute; parquoy commanda a vnde les gens d’apporter' vn tabouret, pour mettre fous les pieds de cefte fem- me grofleinollre hofte eftitnant la moi- tié du repas, eftre alfis bien a table a fon aife.Ce foruiteur faifant dttbonvalet,& comme le foruiteur du Diable , qui fâit plus qu’on ne luy commande , apporte deux tabourels , & en met 1 vn lous les pieds de fon maiftre , & l’aUtre^ fous les pieds de la femme encerntc. Sô maiftre lors luy dit, cen’eft pas pour moy , ceft pbur cefte feinrhe grofle que ie denrad^ yn tabouret. Pârdônez môyjvâ dire fo^n foruiteur , vous en auez plus de oefoing 8^ ViNGTSIXIESME. qu*elle n>*a; carv(>us auezie ventre plus grand. La femme groffe alors fe priiu tan t à rire, que nous auions grand peur, cncores plus noftre hofte , que de force de rire la chaleur eftan t augmentée , ne dilatait tousles conduits , & dclTerraft tous les cotylédons , Les tables leuees félon ce qu'en dit Supicius , qui n e veut pas qu’on laide les tables , ains qu on les Jcue,on ne parlaque des perfonnes grof fes & gradès.Lc premier qui en parla^di» foit que les perfônes chargées de graille fc fort grolTes citoyen t gens de bien^ jnonllrans atout le monde bon vifage, aymans â rire Sc faire bonne cherc,con» ucrtilTans tout ce qu’ils manger en (àng, qui eft la vray e pafture de ioy eufçté : ref- moing le Roy Loys onfie/hie IcqueL feftoyalcs Anglois à Amiens,àrayde de ie ne fçay combien de gros hommes choifis^qui beuuoyent foubs la porte, feftoyans les cftrangcrs , & leurs tenans table ronde & Ouuerteà toutes fins, en leur portant fort bon vilagc . Qwles grasfoycntbonnesgens,ecla çff con- fit me par yn Conful de village : lequel eftant delegué par ceux da bourg pour Serbe. 87 alkr choiftr vn bon prefchcur , horan^e de bien,&fçatiât;by qiâ eftoit boucher, inonftra que les gras, à fon aduis,eftoy et les meilleurs & plus da<5les, comme tsouué en vn petit linret: y^n boucher Conjid de village fut enuojt loinrpour chercher ^ yn prefeheur , aoÛe perjonnage,. Qui yinten Carejmeprejcberi. On en fit de luy approcher Demy douK^ine^m yn emuentx Le plusgrasfut prins du boucher Cuydant qii'dfu^leplusfiauant. L’autre qui parla des perfonncsgroflcs^ &graflcs,en dift encorçs plus de bien, fouftenani telles gens cftrefans aucune auaricej& enuiem’ayans point vne cho- fc en la bouche, & hautre au cœur,com- mc ont les maigres , aflèichcz , baza-^ nez , & mclancholiques ; Erafrae ap- pcllanten (èsChiliadcs vn homme de bien Q^dratu6 homo.Cc que Cclàr don- na bien àentêdrc, difoit ce{hiylc plus gros fe le plus gras qui fe pouuoic trouuer entre eux: ïugeansparle dehors ce qui peut eftre dedans .Lors quelqu’^vn de la Seree va demander, Ne feroit ce pointda caufe pour laquelle les Allemans & Suyires* GÔme autrefois les Scythes & Thraces, font appelle pour la garde des Roys & Princes iNon que ces PrincGsfe defient delà fidelité de leur fubiers,non plus que de leiir force & hardidre:mais par- ce qu’ils voyciit qu’en cefte groffe & grande niaCe de chair^ il n’y a pas beau- coup de malice & de findfe,n ayant pas grand efprit pour conduire vne mef- châceré ôc trahifon : à caufe que la grof- feur du corps diminue & opprimé beau- coup refprit des perfonnes grofles , ôc gralïes; les ï^hilofophes ayans eferir^que finguis tenter nongenevAt fmfum tenHem^ ôC auifi qu’Ariftote dit^qu’il y a moins d^ chair en la tefte de rhomnie(ou toute la force du iugemét ôc de la raifon eft)que en h' telle de tous les autres animaux, faifantpropoxtiogeoraetrique de Iviie à l’autre: tout cela eftâc côfirmé par Pli- Serbe. ne, qui dir que les gés gras font de lourd efpnt,mais aufll qu’ils fôtplus apperts& moins fimulez que les chiches-faccs &: ehie- froidure de mingrelins & alTecher de malice. Vn Franc-à-tripc alors nous va faire (ouucnir delà mort d’vndefes voifins.des plus gras & caillez de fa rue, &auffile meilleur & plus ioycux , qui- feruoit beaucoup à toute noftre ville à enfeigncr libéralement où eftoit le bon vin, &’où il faifoit feur ; parquoy cftant regretté de tous les gens de bien, ils fu- rent contrainds de dire que l’horologe ne leur eftoit pas fi necelîairc que ceft^ homme de bien, qui leur enfeignoit où demeuroit cefi homme qu’ils cher- choyent,fans que perfonney fuft irom» pc. Parquoy il fut honoré d’vn Epitaphe fort gaillard : mais il ne me fôuuient que des deux derniers verfcrs,ou il y at Manu en furent fis hoijim Cur il enfeignoit les bons ')nns. Vn Médecin , qui eftoit en cefte Seree, au lieu que nous penfions qu’il deuft rendre raifon pourquoy les perfonnes groffès&grafl'esfc plaifcnt plus àcftrc foudarts&genfdacmcs qu’à comman- ÇO ^ V INGTSIXIESHE der,&eftrc grands feigneurs.dians fidè- les & fans fard, va commencer à difeou- nrdontvcnoit Ja graifie des gens gras: en ^fant qu elle eftoit faite de la plus grofle partie ondueufe dufang, corn- me de caufe materieileA que I dBckn- te ^toit la froideur , qui cailloit celle onauofité defirng, eftantfortic hors des Y" P^yficien . lequel auffi eftoit en celle ^cree , luy va demander , dont vient donc qu’au cœur , là où cil le prin- cipal de noftrc chaleur , il s’engendre de la grailTe ? Noftre Médecin luy‘ va rcfpondre , quccelafcfaifoitparlafroi- deur de l’air que nous attirons pour ratraifchir les efprits vitaux qui font en nous , & pour modérer la chaleur de noftre cœur. Lors nollrc Phificicn luy répliqua , le vous prie ne vous cou- urir dvnfac mouillé, de peur de vous morfondre , & refpondre à ce que dit Monfieur loubert contre Galien , & contre toute voftre efchole de Mcde- cine,que la grailTc n c vien t pas de froid, •• mais que plus îoft c eft la chaleur qui fepare la portion acree&huyleufe du fang, &Iamouue S.Ê R E E. 95 Sc tranfporte çà & là en forme d'vne grofle ôc efpoilTe vapeur , iufques à tant qu'elle s’arreftc & cfpoiffiire en la denfi- tédes membranes , & non pas que de leur froideur elle fe concree ôc forme en grailTedcs parties rpermatiquesayans beaucoup plus de chaleur que les fan- guines , ce dit Monfieur loubcrr , con- tre la commune . Le Médecin demeu- rant court, cela n*cftant point en fon rade meam^ Ôc n ayant iamais veu re- eepreoùiLentraft de telles drogues & marchandifes , en lieu de refpondre, il va dire qu*il ne failloit pas fiayfémcnt reprendre les Anciens ^ Ôc vne com- mune opinion fouftenue par gens do- ûcs ôc fçauants. Ce’quc bailla,difoitdl, à cognoiftcc Cicéron , qui ay ma beau- coup mieux qu’on mift au temple de Pompée , Tcrt. Conful , ou I. L I. Gonful, que Tertium Conful: de peur de condamner toute rantiquke , & be- aucoup des plus doâes de Rome , qui auoient toufiours dit Tertio Conful* Noftre Médecin peniant honneftemét fe retirer, fut interroge s’il fçauoit point ^ 1 ' ViNGTSIXIEiMË que c’eftoit qüegUdiatoria fi^ind : mais iî demanda terme pour en venir, &iuf- ques à ee qu il euft veu Lipfius en fes Sa^ rurnalcs . lly aiiaitcefte Seree des fem- îiYes qui s’endormoyêr, ne prenâs point deplaiiîràces difputes,n'y entendans rien.'parquoy on fut contraint, pour les efueillef^ de mettre en auant des vieux contes di la Cigoigne,qui parloy ent des groifes & grades perfonnes: lefquels fe- ront nouueaux, pour le moins , à ceux quineldsfçauent : car qui eft celuyqui içaeherout ? M'amie, commença à dix e quclqu Vn , il y auoi t vn e fois vn moy n e bien gros & gras , y eftans fuiets à caufe qu'ils viuent oifeux : ie croy bien , m a- mie, que quand il alloit par la ville, les femmes eftans toufioiirs apres luy,de- niandoycnt à ce fratre : Et beau-pere, quand accoucherez vous ? Et il leur refpondoit , Quand i'aurây trouué v- ne fage-femme . Or il arriua , adiou- ftoit-3 , que ce mefme ventre omni- potent fe met à pifter en belle rue limais parce qu a caufe de fon ventre il riap- procHoit gueres de la muraille , il mon- ftroit tout ce qu'il portoit : & auflî que s E R E E. 95 ne voyant point fon cas , il penfoit que perfonneneleuft feeuvoir. Les fem- mes le voyant ainfi pilFer , ne fe poii- uoyent tenit de rire, & de luy dire, vous ferez tantoft où vous voulez aller , car vous auez prins le plus court.L autre luy difoit, Beau-pere,puis que vous auez, & tenez du mcnu,ie vous prie me bailler le change d Vn efcti . Ce gros ventru fe doutant bien qui les faifoit ainfirire,fe tournant vers ces femmes, leur va dire, recommandez moy bien à luy, il y a déf- ia long temps que ie ne le vy :que le grâd Diable qui vous fait rire, vous puiiïe en- trer dedâs le corps. Mais entre ces fem- mes qui regardoient pifTer ce beau-perc il s’en trouuavne moins folle que les au- tres, qui luy va dire , he ! Monfieur , ca- chez voftre pauureté . Et de vray elle ne mentoit point: car ces gens gros & gras èn font bien pauiires Celuy qui auoît i fait ce conte , voulant rendre la raifon pourquoy les perfonnes grolTcs & graf* fes font mal emmachees , fut empefehé par les Dames qui eftoiêt en cefteScree, qui iurerent leur grand ferment de s’en aller , fi on parloir d’autre chofe:fe con- 54 ViNGTSIXÎ ESME. - îécant de dire, que fuiuâcle racourcifFc- tneiït bu allongiffementdu nombril , le membre tant derhomme que de la fera me dénient long ou court. Lorsvne fé- me de la Serec.lagc & bien apprinfe, fai faut ferablant de n’auoir rien ouy,& rc- uenant à ce beau pere, qui piflbit en bel le rue,va dire qpe cela n’eftoit point ho neftene beau de piffer parles rues, & que les Turcs le trouuoyent fcandaleux, & en eftoyent hôteux , fi de force il leur arriuoir. Sc que mcfines les Romains, e- jtemplaires de toutes bonnes chofes, a- uoyent certains lieux, où il y auoiedes vaiffeaux és carrefours des rues , pour y apptefter à piffer aux paffants , fans eftre veuSjlà où ils dellachoyent a couuert co me les piftoles de Brunfuich. Et fi cefte femme nousapprint , que pour refaire, & r'accouftrer ces vaifl'eaux . Veipafian mit vne dacc & vn tribut fur Rome,no pas,difoitelle,comme pluficursontdit, que ce ftitt fur rvrine.V ne Feffc- tondue s’addreflant à cefte femme , luy va dire, qu il y aucit des femmes auliî greffes & grafl’es que des' îiommes , & qui aiment s E R E E . ÿj auiîîbienànre,&àc!ire le mot, & ici- fpoadre auffi gaillardement qiills fcau- loyent faire. Q^’il foie ainfî,diroit-il, efcouccz , qu'il a y a pas long temps que ie rencontray vueferomeû grade , êc Ci pleine , que ie ne me peux contenir, voyant quelle me porroicii bon vifa- ge,de luy demander, combien il y auoit qu’elle n’auoit veu fon noc, me doiitan t bien que ie ne ferois pas fans reiponfe, ces perfonnes fraifehes & caillées e- ftans railUrdes Ôc ionialles . Cefte fem- me fe doutant bien queie vouloisrite, me va dire : Par mon ame, Monfieur mon amy , il y a plus de fix ans que ie ne Pay veu : le vous prie, luy di We , quand vous le verrez , de me recommander bien à luy, Ouy, en bonne foy,mereC- pondift elle , ie ne feray faute à vous y recommander , ôc à fon voyfin par le marché. On ma dit depuis , adiou- ftoic il cncores , qu'elle cftoit mariée à vn homme allez vieux, & aulli gras qu elle, & que tous les iours , (ans con- fideratioa quelconque , il dÜoit à fa femme j que leur clerc eftoic bon à ViKGTSÎXI ESME. aller fur la mcr-seftanr bien cnuicaillé. Il luy difoic ü fouuent qu elle eut vn iour cnuie d’en fçauoir la verite^pcnfant que fon mary fuft allé aux champs : maisfc 4outanr de îa lemme qui le preflbit fi fort d’y aller, il fc cacha en fa rnaifon: où il veir que fa femme força le clerc de c. luy monftrerfonaigüil!e, quicftqitlur le midyrce qu’il fit , à la codition que fa maiftreffe luy monllreroit fon quadran. Le clerc va lors dire à madame ; le vous prie que les facions baifer l’vn l’autre. Le mary qui s’eftoit caché , ayant veu ôc ouy tour cela, en fortant va due,c’eft aC- fez de fe voir, fans faire autre approche. Ayant chalfé foncière ,&fa femmee- liant aifeurée de ce que fon mary luy a» - uoit tant de fois dit fans aucune raifon, on nelaiflaà dire , quecemaiftre, en- encores qiril fuft gros & gras,nelâiiroic à aiioir vn beau membre , mais que fon clerc le portoitvLe maiftre de la rnaifon qui eftoir des plus gras, 6c pour celle caufè on le nommoit l’enfant caillé, va demander à fon Médecin Rondibilis, auffigraS(S<: caillé qucluy,s^il y aiioit point moyen de le pouuoir amaigrir , Se R B F. 97 tant parce que les femmes n’ayment gucces ces ventrus, comme n’cftâs gue- resaptesàla génération ,poiif aùoirlc membre petit, & par faute d’efpritS(?c defemcncCjAriftotc difât que tout ani- mal qui cft fort gras a peu de (emence: que pour eftrc plus fubieâs à maladies que les autres : car n’ayans ces perfônes gralFcs gueres de fang, elles font plus moleftees&de chaleur & de froideur, que ceux qui font maigres:& par confe* quant de moindre, vie mefnies qu’ofi les voit nourrirfubitemét des leuricuneC- fe,àcaufeque ces graiFets & douillets ont les arteres tellement eftroiétes & rèlFcrreespar la graiffe , que que Tair & rcfprit n’y pcuucnt libremét palFer.dôt il aduient que la chaleur naturelle, n’ay- ant aucune réfrigération de ralr.par foc ce s auorrit & efteint.Rondibilis baillât bon courage à noftrc hofte luy relpond, qu’il eftoit bien plus facile d’amegric vn corps gras, que d*en cngrclFer vu mcgrc,. moyenant que ce corps foit megre de chaleur & ficcité naturelle : parce que nous pouuons facilement ofter quelque choie à naturc,cftant bien plus difficile E 5)8 ^ VINGTSIXIESME. d y adioiifl:ei‘;& fifauc beaucoup plus de temps à humcâ,erqu*à dclFecher. Alors vn de la Seree demanda à Rcndibilis s’il voudroit ciKreprendre d’ofter la grailFe à noftre hofle , veu que lagraiffe n’a au- cun fentiment en quelque animal que cefok, n ayant ny veines nyaneres.Lc Médecin fc prenant à rire, va dire qu’il n’entreprendroit pas vne telle chofe. Maisqu illuy diroit bien pourquoy île* ftoit plus gras au ventre qu’en autre part dncorps,à caufcquc le ventre eft plus voifin de l’eftoinac.où fc fait la digeftiô . Si eft ce J fut il rephqué.que nous trou- iionsqu’vn Lucius Apronius, ayant vn fils fi gras qu’il ne pouuoit bouger d’vn lieUjtanteftoitpefâivt de grailîèduy fit defeharger le corps, & luy fit feulement laifTej: la gradrequiluy eftoit ncceflairc pour viure . Rondibilis n’en voulacricn croire,va s addreffer à noftre hofte , qii o appelloic benfanc caille luy va dire: puis qù eftes niane, il eft bon qu’ayez fouuent affaire avoftre fcniaie,n^y ayant chofe qui deffcche & amegrilTe plus que cela: que fi elle eft maigre eacores mi- cuXjCar elle attirera toute voftre graille : s E n. E E. 99 tout au contraire de la perdris qui s-en- graifTc à couurir la femelle .Et me doute bieiijdiioit il encores anoftre hoftcjque fi voftre femme veut dire vérité, elle dira que fi vous l’euffiez voulu croire,vous ne fufiîcz'pas la moitié fi gras que vous cftcs : & luy confcille, fi elle vousaymei . & voftre fanté, de roettie peine que par ce moyen vous puiffiez laifler de voftre erailfc: n’cftantpas la première rcceptc que i’ay baillee aux femmes qui auoyent leurs maris outrez de grefle; qu clics Ont bicnretenue , & fait praéfiqiier à leurs maris, aumoins celles qui les ay moyent bié fort.-difans àleurs maris/çauez Vous pas bien que le Niedecin a ditîPenfez vous.difcnt elles k leurs maris.qu o vous côfeillé cela pour noftreplaifirînousno® foucionsbien d’vne fi belle bcfongne.Si Vous ne voulez nous croire,vous vous en trouuerrez malj& nous aulfitcar vous deuiedrez fi gras &c repîets,que la graiffe vous eftoufera ; & Dieu fçayr,difenc el- les àleurs maris en pleurantjfiic viuray lon s I R E E. loi rc du corps par froideur Sc ficcité,& fi engendre la cholerc qui deflcche fort. Et fur tout de peur d’cngraifler.il fjfaut garder de dormir la gralï'c matinée: car il n’y a rien qui nourrilfe plus la graürc;à cau(e que le dormir fauorit plus la fccon decodion (qui cft generatiue du fang, duquel prouient la graiffe qui fe fait au matin)quc la première, qui fc fait au foit combien que s’aller coucher fur fa vian- de ,& la digereren dormant, engraiiTe fort . Il faut aufli.difoit noftrc Médecin, que ceux qui ont peut d cngtaiflei man- gêt des viandes où ils ne prenét pas grad appétit: car ce qu’on mange fans gouft, ne nourrit Ifan guetcSjdelTechc: conime aut faid tant ce qu’on mange qui engé- dre gros fang, & tout ce qui cft chaud & fec'.toutes ces viandes dcflcchans les hu- meurs, fi onendute tant que l’on pourra lafoif : caries chofes gralTes & douces, cfquelles on prend plaifir,& boire fou- uent,engr3iircntbien fort. Aucuns ont dir,adiouftoit il, que le fourmage vieil &filé cmmaigrilloit la perfonne ,aulli bien que les fueilles de frefnc ,ficlles font broyces & prinfes en vin. Les autres 101 V INGTSlXIESlfî ontaflTeurc que tout ce qui eft laxatif & & prouoque les vrines , eH:ant chaud 8c fec j^&deffeche grandement , rendang les gras maigres, aulfi bien que la mede^' cine laxatiuc fouuent repetce,q«i dimii- nuë la digcftiô.ll en y a,difoit il encores, qui afferment qu’il n’y a rien plus fou- uerain pour empefeher la graiffe,que l’e xereicefait en trauail , de au Soleil, & en temps chaud, ayant grand faim&grand foif:le corps fe ddrechantparlagjrah- de exhalation des erprics : ce que faidt. l’huyle de noix, fi on s’en frotte ayec des linges quiautôt recueiilylarofce;carce la reftraindca&reflerreta latrop-dechar nure & corpulence; cômeauffi il peut eftre que prendre tons les iours chemife blanche amaigrift bien fort .Geuxdela Serce alors fe prinrent à rire de nofire ^ MedeciHjlequei fuyuantEp.iGurusauoit toufiours fon, ondit,fonil peuteftre, fans rien afleurer ..Ce qui fut caufe qu’il parla autrement & prenant Cardan pour gari eur va dire quf 1 auoiclailîë par eferit qu’vn jRoy d'Efpagne eftant figras qudl fe fafehoit de viure,appella vn me» decin Africain ., lequel le guérit aucc la s E R E £• ’®5 iênicncc cotRcillu^fcm- ble.Et puy s alléguant loubctt , il mît en auant que le ris augmentoit la graiire, & que ceux qui.craignentdc deuenir trop replets fe doyuét garder de rite,tat qu’ils pourront, le ris dilatant les pores,& e(- chauiant le corps, raréfie toute iamalïe» & par celalefangeftât attenué&fondu, il eft aifémét refolu en grofTe vapeur,dot Yiét la graiire : & aii(îi q le ris exceffif eft pi^domageable aux gras qu’aux maigres, à caufe qu’il fait degaft & diflipatiô d’ef- prits, defquels les gras ont petite proui- fion ; & ainfi facilement la chaleur na= tutelle & les efprits peuucnt eftrc fufFo- quez & eftoufez par vne compreffion & iurcharge. jNTaiSjd'cmanda noftre hofte, qui eftoit ~)>ir , quand i auray faid vne partie de ces receptcs(car ic ne fçaurois d'auantage pratiquer celle qui dit qu’il eft bon d’auoir fouuent affaire a ma femme ) Ôc que par icelles ic deuiéne maigre, y aurail point en moy mutation d’humcur& de complexion?Au lieu que i’ayme à me tenir ioyeux & dchct,& que ic pren le meilleur ieu que ie me puis do» îier,deuiéderayie point chagrin,facheux 304 VlNGTSIXlE^ME^ auaricieux & melancholique ? Aulicii^ que les copaignies me font viure^uiour** ray ie point tout feul en les fuyant? Qi^ lîrefprit & îeniperarurefcmucauccle corps , mes compjexions fe changeans à leur contraire , i ayme mieux demeurer ainfi que ie fuys, & faire bonne vie & courre, que de languir &viurelong téps.. Et qu’on fe mocque ,rant qu’on voudra demoy & dcmapace,ieme tiédray rat q- ie pourray gaillard &ioyeux, n y aiat rié qui tant excite îa chaleur naturelle , rie qui tant tempere les efprits & les purifie ne qui tant corrobore la vertu , que la. ioye.Gen*éfl:pas de maintenant , répli- qua quelqu Vn , qu’on fe raille des per- fonnes greffes & graffes : car nous trou- üons , &cela cft a ffez commun, qu’il le prelenta au tribunal des harangues vn. fort gros & gras home ,pour perfuader,. aux Athéniens la paixA' concorde entre eux. Mais quand ils virentee gros boiif- fare,& trompette du iugemér,çn chaire,- ils (c prindi et lat à rire qu’il ne pouuoic ellre efcoute.Prenat (on argument de ce dequoy ils rioyent,il commença à leur dire rlay chez nous ma femme, qui eft; " s E R E E* ciicorcsplüsgrodè Sc graflequemoy, fi VOUS l'auiez vcuë , il y auroit bien à rire d’auâtageimais ie vous diray>quand elle &moyfornmes d*accord en bonne paix>nous nous rageôs bié cn,ine(mc lit, que fi nous fommer en noile & débat» nous ne pouuons nous ranger Ôc de- meurer cii vnc nieirnc maiIon. Lcs A- thçniens entendirent bien ce que ce gros homnie vouloir dire,& iugerenc de luyque la graiiîe ne luy auoit aucune* ment fuftoqué ton efprit.V n de la Serec va dire que les gés gras eftoyet cômune- inentioyeux,prcnans en bonne partie qu;on dit deux: cftâs aucc cela rajllards, moqueurS)^ gaudificurs, fi on s adaret- fè à eux, nepoüuans guercs faire autre cho(e.QuMfoitainfi,diloit il, regarde» le Coui;t^i(an la répliqué d vngros hom- me, auquel on difteft^^î ^ eheual,en en* trant en vnevillc, vous faites au contrai^ rede tous les autres,vons portez voftre malle par le deuanc : quad il leur refpod^ on fait ainfi en la terre des lari os Notez auifi la icfponfc que fit je conte Ifeurdii Roy Loys douzicfme à vn Légat : lequel Voyant ce confcflêur s’endormir,va dire -Ï 06 ^ V'iNGt.SIx'îESMB* au Roy ,Siie, regardez cotume voftre pourceau prend Tes ayfes.L^ confeffeur, encore^ qu ’iï fuft bien gras, ne dormok pas^ fi feroic. qu’il ne repliqiiâft , l’ayme mieux efhe pourceau qu^^aliie ^Quelque autre de ia Seree affez gras , prenant la parollc à & etefendaryt l'on party^ difoit qireftrc gras de bonne forte denotoit k ^ic allez longue; pour ^amâîit quenatu^^ ture n’GOgèndroic point iagraifle finon apres qu’elk aucirreftauré & nourry les autres membres J n’eftant la graifle que Tiic fuperfluité de foïi propre nouriffe* ment f& âuffi quelês gens maigres fon t /âcilemenc ofFemkz par le chaud pat le froid , leurs membres n eftans gücr es couuert^ contré les iniures externesrque s’il fc tromiedes p€rsôncsgral΀s& plei- nes qui craignentle ftoid(combien que^ toute greffe foir chaifde)eéla procédé de efeque les membres eXtelnes font bien elloignez de la chaleur du dedâs, à çaufe dereipeffeur decegroscorpSéEt encore adiouftoic ifqaéles gros 6(r gras foÿcnt plus foiecs aox^cààfcs^îmalîidicsint^ 3i€s que les niaigresvcoiiyne aux fieures, aux oppiiations^ aux deflùxiôs>caîharrcs s E RE E, 107 & âpoflhemes , à caufe des conduits qui ont oppilez Ôc eftoupez : toutefois, en- :ores fait il beaucoup mieux voit vnc :hair gralfe &c fraifche, qu’vne defehar- tiee : aumoins ce dit vn grand maraut de ^ueux, qui efl: en cefte ville quafi tout nud, lequel ayme mieux tout manger & boire,& le tenir fraiz ôc caillé, & en bon point, que de fe veftir.que fi on le reprêd de cela , il refpond , puis que Dieu veut que ie monftre ainfi le cul,& lesfefies, i’ayme mieux qif on les voye gralTes &: refaiéles que maigres & alTechees. Vne felTe- tondue de peur de s’endormit nous va affeurer d’auoir veu vn homme fi gras que iamais on ne le peut faire en- trer en la prifoti pat la porte : toutesfois il ne fut pas fi pefant quil nesoftaftdu chemin , cependant qu’oti difpute s’il falloir démolir deux ou trois portes de la prifon pour le faire entrer. Et comme ccftuy»cyjadiouftoit il, ne pouuoit entrer en la prifon pat les pbrtes,i’en ay veu vn autre, qui y eftoit bié entré, mais eftât là dedâs prifônnieiseftoit deuenu fi gros^T fi gras,qu’ô ne le f^cent iamais faire fortir de la prifon par la porte où il eftoit en- E vj I loS V I :N ;cr T s 1 X I E S M î tré. Etcombkn que les prifbnnicrs ne- ayent point la peine & leibucy de fer- mer les portes, on ne les fermok pointà ceftuy-cy ,faprifon demeurant iour & nui6k.ouucfte : ladifpute eftânt grande, luy eftant ellargy , aux defpcns de qui on ■ romproitles portes pour le faire fortir. , Dâs les hiftoires prodigieufes, il Ce trou- ue vn grand \Çyrân, lequel deuint fîgros. & mooftrueux qu'il n’ofoit fe inanife- fter au peuple, de peur d’eftre moquc:& demeurant ainfîreclus,il enfla fi bien de grailTe qu'ileftok contraint iour& nuiét fe faire appliquer des fangfues fur les; membres, pour luy tirer rburaeur qui le rendait fi gras, autrement ilcuft eftoufc., Galien eferit le femblable d’vn Nicho- machus Smy mien, lequel deuint fi gras, , qu’il ne fe poHuok remuer. On dit aufli : que Maximin Empereur fut fi chargé de cuifine , qu’il eufl bien fait tourner vn moulin a vent dé force de fouffler : & qu’il auoit coufturoierement deux hom- mes deuanr luy pour luy porter le ven- tre , Sc deuindrent aucc le temps fes mé- bres fi chargez de graifle ,que les brace- lets de fa femme luy fecuoyeni d’an- SEReï»- Î09’ neauxàfes'doigts . l’ay v« mien voifm. va dire vn Drolle.,qa’on nome leniant caillé, lequel comme on luy reprochoit vniour qu ileftoit trop gras.va refpon- dre:queferoit-ce dôc fric couchois tout feuUMais il luy fut répliqué : tu ne (crois pas fl gras, car tu mourrois de faim:d au^ L. v-n.»oitefpoufi v„ev.e,lk to- mt qui lenourrillbit & 1 enttccnou am ft en bon poinftià celle caufe quand ceft enfant caillé lemariaion nedifoit poin4 vn tel ceft marié , mais on diloit-ils elt tnis à nourrice .Si eff-ce, luy fut-ilrepli- qué,que lesviciUes femmes & feichcs ne Vaddrelfent guercs à cesgrands ventres, qui font flàcqués&-mols , & pleins de ' vents : ce qui me, fait e(bahu: ‘iecc-que les hommes qui veulét apparoiftre gail- lards, & fc veulent marier , embourrent; leur ventre de cinq ou fix hures de coto, veu que les femmes n’ay ment pas ces erofles pances,&que nous monftros par nos veftemens que nous ne loinmes vf bons foldars de Mais ne de Venus , de. faillât en nous tous les lignes qu on ccr- che pour eftre propres à ces g'^crre^Et li auec cela, nous femmes delceu«s,& lans ÎÎO- VlNGTSIXIE'SME. ceinture. & d aciénet^ ceux qui n’eftoiét point ceinmrez^efloiétTeputez mois laf c es & couards : & ceux qui eftuient bié feriez &ccina:s.dloyenc eftiœez coura- geux &gens deguerre, la ceimamc eftac pufepoui-Jaforce&vertuiparcequece y qui eft eeinél , eft mieux appoinâ: & defce nfedetous.EtCefardirenfesCô- leinaues.queJcs Gaulois portoyent les accouftreme's vnis &prel£furlecorp^ lapqirans la proportion & beauté des membres au contrairedes Allemans.quî ^noient.JeurshabilJemensamples& lie bien vetru tant foyons nous ieu- j / ^ * y anoit quelque com- niodirecn s babillant en celle forte iclc îroiïii^'ois bon ; niais ie np * sio s comme emre i dureivellans enuelopez entieducotto.qu’ilsnefoiéccuits&fof. toquez par trop grande chaleur. Quelî s E B. E E. nous regardes comme les Grecs Ce goiv uernoyent, les Lacedemoniês bayfloyér’ tant ces groffes bedaines, qu’ils firent des loix contre ceux qui auoiét le corps trop gros & gras; Gât-il falloir que ceux qu on appelloit^/^iel>i,c’ea à dire adolefcens,ie rnonfl-raffent tous nuds deuât les Epho- res:que fi otïles trouuoit par trop bonne ehere&by fiueté u-op chargezdê gmd on les punillbiT , auffi bien que failoyent les Romains,lefuqels priuoyenrde che- ual l’homme d’armes trop gras.- Vn au- rrede la Scree , s’accordant auec ceftuy-^ cy, commença à dirèr le me (uis fouuent efbaby comme la plus' grand part des François, ô£ des plus nobles , & des plus riches, & des pauures , a peu endurer & porter fi grand charge- & einbourrernet ihr leurs ventres;& qu’ils ne fe foret plus toft embaftc35 & embourrezpar le derne i c & fur refchine^comme font les autres beftes-.que fi toutes lesbeftes , & tous les afnes portoyét charges, ie m’affeurequ ri n-’y aurok pérlonne d entre-eux qui ne s’cmboirrraft bien plus toft ledos que le ventre, ou bien il y en aaroiraqui i’el- chine feroit bien efeorchee. Et melem- ui j-r ■ ** ESM 8 Ole, difoit-il encores,qoe les femmes en cela ont efté mieux aduifees que les hô* mesjlefquclles ont mieux aymé auoir vu gros derrière qu’vn gros deuat, &s’cra- bourrer lecul qUe le ventre, Eft=ce point, , demanda vn Franc-à-tripe,queles fem- mes ayent froid en celle partie , àeaufe du vent de bife.qui leplus fouuent fouf- ui cegroseuJ empef. che les femmes qui leportent , lî eft-cc que quand elles veulent, elles le lailTent & le prennentrdc en ay veu pluûeurs quf: di!oient,apportcz rnpymon cul,i’ay Jaif- mon cul à la maifon , & me fuis tant aduancee que ie fuis icy venue fans mon cul. Mais répliqua vn Drolle , fi les fem- mes poimoyent lailfer leur cul naturel auffi bien que l’artificiel ieles trouue. rois bien plus à mon gré honneftes & gentiles.encores qu’elles pcnlent le gros cul cltre plus beau quele plat : & ie croy que c eftpource qu’on dit.ceftvn cul de mcfiiage , il y aà boire & à manger , Sc qa elles penfént que tantplus leur cul fe- ra gros & ample,qu’il y aura plus à man- ger & a boire là. I ay veu des femmes. Meffer Pantlieionjn tour leîempprâ' Çîis or^ucdf^ r^cowpcnjc aut^». Et youifA bien pejer yol^re a^Aire y'ûjl'ï'e conjèd a yotis mejrncs ejt contTAiTê^^ Sinoiis tafchons notts y ejlir proprement:^ Et A nos corps donner (pnel^ae ornement ^ Efi ce pour nous que prénom cejie peine ^jin qHA nous UpUiJlr en remennel 'Certes nenny ' c*efl pour yous plAire mieux^y Et fadement pour contenter y os yeux, j)iminuAn$doncques en cefle forte Zts he AUX Atours que nofre fixe porte, Pour fadement rendre l'homme contAnt^* profire pUiJir diminue d! Autant. yoUi comment le mefchant, quand dptnfi^ y/uyre k autruy , luy^mefine dsoffenfi. Tombant lny-mefme aufojf ? qu"d a fait, ^ Et reuAngeAUt luy.mefne fin forfait.^ ii€ SEREE VINGT SEPTIEME Des SarbierSyO^ J» mddes dents. C efte Serec fuî faide en la maifon d vnde noftre cotiipagnic,qui nous auoit conuié à louper , pourfollennifer fa Natiuité. laquelle eftoit àceiourlà, comme c’eftoit entre nous la couftume. Orilarriuaqucccluyquifaifoir la fefte auoit ce foir grand mal aux dents , corn- me nous voyons qu a chafque bout de champ ,il.y. a le plus fouuent trois lieux- detorfe, & de mahayie.que fl vneforfu» ne nous rit, l’autre nous mcnalTc.comme a bien eferit Plaute, difant; — '■Itdi Dtjs fluitum mœorcomei apfe^uatury Dont l"on pourroit b éà bon droit dire cecy^qui eft aux Tragédies: plujietms y n dç fortune Ce dont e/perahee nuccune , c ejl ce ipue les Dieux font foiùicnti Mais ce qtdon penfe efire à Ulfeuel Mt dont I ^fperance efteon ceuél «7 S E R. E £• Semetkjînhienraremcment. Au commcncemét dcce fcftinnatal, oh ne ie taifoit que rire du mal de noftre hofte,& luydilbit on, que fi les dents luy faifoyent maj , que le dcuoyent cftic les noftres.quiofficioiem lî bien & non pas les ücnnes. Mais voyant que durant le foupcr,il ne pouuoit manger, & nous fane bonne clitre, t:omme il auoit de bonne couÆume , fçauoit bien faire, chacun le commença à plaindre,& a or- donner des r;emedes : tout le monde c- ftant Médecin au mal des dé ts , ai n fi que lefprouua Gonelle , boutfon du Duc de Feriace. Aucuns ordonnoy eut des rece- prçspoar les auoir ptaéliquecs en eux mefmcs: les autres , plus iTcureux > pour les auoir ouy dire,ou lès auoii leucs es U- lires : les vns & les autres plaignans tant noftre hûfte, qu’ils dii ent que Pline a- iioit efent qu vn homme s eftoit iette par vnefcneftre cnbas,pour la raged^es dents. Vn Drolle , qui à mon aduis n> uoit iamais eu mal aux dents,, luy bailla vnc vnc vieille à': commune reçe|)tc. Ceft , dit il à noftre hofte qu’il faut pat lVfpaçje4cneufiours direjoMS les ma- FîS "VlKCTSEPTIESHE tins vn ?aternojler,8cvn Maria chacun de les iours baillervnc auniofiic à vn paume, félon voftre puilTanee & fa- culté:&: au bout des neuf ioars, difbit il a noftre malade des dents, vous ferez le fignc de la croix fur la doublemc4u fayô eu câlaque de cc pauure,en baifant celle doubleurepar trois fois.Et fi fori faye, répliqua noftre hofte, n’eft point doublé ouqu ’il n’en ayt point, où lebaiferaydeî Baifez le au cul , luy refpond le Drolle. Tous ceux de la Seree le prenans à rire' Teleuerent de tables. Le tables leuees, pour foulager noftre bofte de fonmal, qui rioyt encorcs de ce qu’on l’auoit af- linéjon lè print à parler du mal des dents & des Barbiers qui les arrachent . D’en- tree de ieu,quelqu’vn va conte rspoueef» iouyr noftre lîoftë j & Ie fairepenlerà autre chofe qu’à Ion mal , qu’vn iour e- ftanten la boutique d*vn Barbiéri! vit arriuer vn homme des chaps , qui pria le TeruiteurdCluy arracher vne dent, qui Je faifoit c oürir les 'éham ps ,1e pt ian t de l& ¥( ai él'er doucem en t j ' Le Barbier mena tant comme vn arr-at^heùr de dems ï luy ptCméÊ de'Tarrachef‘iàns aucufi -naal: s E R E E mais il arriiia qne ceft apprcntifaulieu de luy arracher vue dcnt^illuy en ofte trois, auec vn inftrument qu’on nom- me Pplican» Ce pauure homme voyant qu’on luy auoit arraché trois dents en lieu d vne , deuxdefquelles ne luy auoy- cnc iamais fait de mal,n’cfl:âns point ga- ftecs,fe plaint fort > en appeîlanc ce bar- bier bourreau , qu’il iVemendott point fon eftat , qu’il s"cn plaindroir à fon mai- ftrcj<5c en auroit la raifon par i uftice. Ce compagnon de boutique, cognoiirant fa fauce,hiy vadirejtaifezvous de par tous les grands Diab!es,fi mon maiftre vous enréd,il vous fera payer l arracheure de trois dencs.Le maiftre fe doublant bien du fait,ayant Guy ce bruit,vienr à la bou» tique , demandant que c’eftoit: ce pan- ure edenté luy va dire ;c eft voftte ferui- teur qui m'a arrachévne dent.Quoy yne dent,repliqiia le maiftre , ay-ie pas ouy parler de trois? N’on,monfieur , refpond Icvillageoisjil ne ra'en a arraché qu’vne, tenez voila çe qu’il vous faut . Noftre hofte nelaiiraà rireauÜi bien que les au- tres, ineorporees em miel , auec vn peu de fel : ce qui fert aufli: à faire bonne haleine . Apres ces deux^le tiers ne reiettat pas du tout c es remedes^ mais-eftimant beaucoup les lîeiis^pour les auoir apprins du Medecin.d.vnc gra- de Princeire,va dire, qu’il n^y auoit rien plus fouuerain, ne qui gafte moins les dents, ne qui les blanchille mieux & net- toyé , que la cendre des coques d’œufs calcineeen oftant la pellicule de dedans ïjS VlKGtSEPtIESMÉ autâr en failât la cendre de nirre ^alciné, 8c la poudre d yuoire.Qjÿ fi nous auiôs, difoidl 5 ïacompofition dVn onguent, que lesAnciens appelloycnt odonjhmmd^ il n'en faudroit point chercher d'autre : mais en fon lieu nous pouuons vfer d vit onguent qu on appelloit Omphacinm , le- quel entretient les dents en leur blah- chcunfionle lient en la bouche; eftant suffi fort bon pour affermir les genciues ëc les dents tremblancesffi ordinairemêt on Te cure les dents apres le repas aucc du bois de leiirifquc,ou de myrrhe, & de tout amicb-ois aftnngçt, Surroutil de- fendoif les reforts, comme gaftans fort les dents:que fi on en veut mager , il faut apres en auoir mangé, vfer depoudre d’y noire. Que fi vous aüezles dents agaceés (adiouftoit il)que les Latins appellent denrnmJlHporem^ ôc les Grecs,ainfi qu'on ma dit, Ernodum , il ne'faut que manger du creiïôn.Ceux de la Seree s'ennuyas de tant deremedes, & fi longs,fentans plus fon Médecin, & la medecincy que toute autre chofe,ne l’ofoyent dire,à caufe que noftre hofte,qui ne demandoit quegue- îifon , difoit qu’il eftoit bon fçauoir di- s E R E E. - 155 aers lemccles, dautantqu’vne rccepte en pourra guérit vn.qui ne guérira pas Tau» trc:àcaufe des complcxions& humeurs qui font diuerfes . Sur la fin de ces rccc- ptes , quclqu’vn va dire qu’il n’y auoit 1 ien plus dangereux pour lesdents , que manger fouuér du lai<51: car le laidtjdifoic il, rend les genciues fi humides que les dents en font plus fubicûcs à erofion Sc putrefadioiQue fi on ayme le laid, il faut fe nettoyer & lauer la bouche,aprcs qu’on en aura mangé, aueedu vin pur, ôc écor fera meilleur, fi on mefle vn peu de miel parmy le vin ; mefmes on dk que le laid d’afnefle cft fort bo fi on s’en laue les dents , Sc qu’on les frotte puis a- presauecbeurrc& miel meflez enfem- blc. Eftcc point lelaid,luy demanda vn autre, que tetent les petits enfans.qui leur caufe fi grand mal quand les dçnts, leur pcrcentîNon, va dire noftrc Méde- cin , c’eft vne matière aigue & chaude quiviétdeuat que ladétforte,*&au!fi la folution de continuitéiqui caufe la dou- leur aux petits enfans quand les dents leur viennent àpercer.à cefte caufe nous voy ons que les enfans oc font pas fi ma« f 40 Ÿ I H O t s E î j I s M g kdes des dents en hiuer qu’en eftéîparce qu’en hyuerk matière n’ell pas fi aigue qu’en efté : ôc bien fouuent n les dents Viennent i’efté aux enfançôs^ils font cti danger de leur vie. Les femmes delà Sereslors vont prier le Médecin de leur donner quelques remedes pour cmpef- cherle cormêtqut ce perccmétdc déts donne à ces petits innocens*Lequel leur vacoilfeiller de faire larecepte commu- ne ^c’eft de leur frotter les genciucsa- uec ceruclle de lieurc ou de connils^ c5^ bien que Pline le face auec ceruelledc fôôueon.Vn Droîfeldrs vâ promettre à ces femmes vn remedeafleuré,& experi mente, & fur fa vie rafFermoit.lcquel ga- rantiffoit les péris enfâs du mal de dents & de la teigne.Les femmes le prièrent à ionâcs mains,voyanr qu’il en iuroit, de leur enfeigner celle rccepte. Mes Da- mes^commença il à dire^fi vous voulez que vos enfans foyent exempts du mal des dents, & de la teigne , incontinent qu’ils feront nais,prcnez lcs,&: les pafiez dans le permis de la roue où paiicrcf- f ueil de la charrette . Ces bonncs,fem- mes, y allansà la bonne foy vont luy rc- s E R E E. J4i pliquerÆt comment , ils n’y fçauroyent «ntretîAlors ce bon compagnon, (c pre- nant à rite : que Diable voftre cas eft dôc Jarge.Ccfttien, difoit-il, contre aucuns qui vous appellent auares & rclTerrees, mais à ce que te voy,vous elles bien libe- rales Si larges. Noftie hollc apres auoir ris,nous allcura que Ton mal eftoit allégé delà raoitic.Et pour nous le monllrcr.va difcourirque-ccuxqui naiflent aucc les denrs,fonr heureux , comme il s’en cil trouué.mais plus henreuxydifoitil, ceux qui n’en ont point du tout.,acaufe dcla ragc.que font les dents, a plu fleurs : car cncores qtK vous ayez des dents des vo- ftre naiira«ce,aulfl les perdrez vous bien toftrd’autant que nature faifant quelque choie plus toft qu’il ne faut , Sc aucc plus de maticrCjfur la fin elle n a rié que four- nir pour entretenir ce qu’elle a trop aua- cc . Côme ceux qui nailsét auec les dêts, répliqua vn delà Scrce,font mieux for- tunezqucles autres , fi nous croyons les anciens ficFexperiencc ,1e contraire eft des filles qui naiflent endentees, lefqucl les portent vn tref-mauuaisprelàgc.auf* lî bien que celles qui viennent au mon- 141 ViNOTSEPTIESME. de àucc du poil au deirus de leur cas ^ co- rne mTaffeuré vn gcmiHiommCiqui dit auoir VCU& tenu une fille, laquelle au Ibrrir du vetre de fa mere audit la motte iertree&: chargée de poil. Qui fait, dema davn autre, qu'on a roufiours obfcrué qles enfans nais durée la pefte, ont deux déts moins que les autres , & fi font plus dcbiles: Le Médecin eftant hors defon Catholicü , lai (Fa parler le Phy ficicn,qui va refpondrc par vne autre interroga- tion, en demandant,neferoit-ce point à caufe de la debilitédes produyfans, pro- cedee d’humeurs ardantcs,qui régnent en temps de pefte,& ont confiimé Phu- miditéradicale,dont vient queJes enfâs nais en temps de pefte ont deux dents moins,&: fôtdebiles? Etdelàviêtqu’oa tient auec Ariflote , que ceux qui n’ont guetes de dents , & les ont claires , les doigts fort longs ^ la couleur plombine , ôc ont plufieius lignes en la main, qui font interrompues , ne viuent pas longuement . Ce qui cft-confirmé> quant aux dents, de ce que nous voyons que les beftes tant plus elles on t de déts , rat plus eft longue leur vie: parce qu’el- s E R E E. 14 5 les abondent Cil humeur radicale Et de là vient auftî, que les homes viuent plus que les femmes, dautant qu’ils ont deux dents dauantage>pouraiioir plus d’hu~ meur radicale, ôc plusdefang & de cha~- leur: & auffi que les hommes qui ont trente deux dents viuen t plus que ceux qui en ont moins.Pline aulîî dit ,adiou- ftoit il,q les femmes qui ont les dêts oeil letes de ddfus- doubles du cofte droit, que ce leur eft figne de bonne fortune, ainfi qu’apparut en Agrjpina;que fi elles font doubles du codé ga.ache,c eft prela- ge d’infortune.Ie fuis content , répliqua queiquvn,de croire cela pour vous faire p!airir,maisic ne puis croire ce que dÜD voftre mefme autheur, que les mirouërs fe ter mirent de lav.euë des dents d’au- cuns homes, les pigeôncauxfans plume en mourans aulC. le croy de ma part , va dire noftre Médecin, que quand on dit queceux qui ont les dents claires ne vi- uent guercs,qüec’eftparce que ceux qui mafehent mal, font mauuaifè digeftion, ,1a preai iei c digeftion fe faifant en nian- geant.Et auili que ceux qui ont les dents clair femces,lont de debile compicxion, riieünes en leur generation:qiie s’ils eul- :ï44 VingtseptiVsme. fcntefté de bonne & forte difpofitio% ilsn'euflenc pas eu les dents ainfi clai- les . Moniieure de Montagne dit que on a veu de fon temps à Conftantino- E ie vn homme qui auoir les dents fi onnes & fortes , lequel ieulemeait des dents btidoit & harnachoic fon c|ie* tial.Encores que les dents,fut il répliqué ièruentàla digeftion des viandes, fi en ay-ie veu qui fe les faifoyet arracher^en- cores qu^elles fufiet bônes: les vns pour auoir la voix pFmoUc,grafiè,&mignar- dc:les autres pour les arranger en meil-» leur ordre^Ies autres pour iouer mieux de la flufte.Ie ne ne fçay , répliqua vn de la Seree,pourquoy il en y a qui fe font ar- racher les dents, veu que le fon delà voix fe rompt par les dcnts^comme le fon de rinftrument par les chordcs:car les déts fontleschordes, & la langue eft le plc- £lrc ou archet auec lequel fe rôp t le fouft flement ôc la voix qui fort dehors, & s’en forme la parolie . l’ay veu auffi vne ieune Dame, qui fe fit arracher vne dent, ou parce qu’elle eftoi t gaftee , ou mal fi- tuec: puis s’en fit remettre vne autre , qii elle fit arracher à vne fienne Damoi- Serbe. i4) fcllc,laqueilereprit,&fen)itcomme ies autres ; eftant vtïc grande beauté à vue femme que d’auoir les dents luyfantcs> toutainfi que Tynoire d’Homere fréchc ment coupé, & que les vnes ne furpaf- fentpoint les autres en largeffe.ny en hauteur, sas cheuaucher les vues fur les autres ; les dents ayans efgalité par tour, j^çftxie coulcur,mcrme gtâdeur, Sc mel-^ me râg. Vn de la Sercc,va dire qu’il croi^ oit bien qu’vne femme, pour eftrc belle, fe poùrroit faire arracher vnc dent , veu qnVnç dame de Paris fc fit elcorcher pour feulemcnten acquérir Jeteint plus frais d’vne nouuelle peau.Mais demada vn autre , comme cftil polîible que les dents nous durent tant,eftans fi fouuent froiffees l’vnecontre l’autre ?Il faut bien dire,luy fut il refpondu.que les dents ne font pas faiftesde mcfme matière que les os , & qu’cncores qu’elles foyent de matière plus dure,fi cft-cequ il faut c5- feffer ncceffairement que la matière dôt elles fontfaiéles croift toufiours ; ce que ne fait la matière des autres os,autremét parle frequent mafehet elles fetoyenc conuerties en rien,& aucc le temps il en Vin GTSEPTI ES ME demcureroit rien : mais les dents eftans engêdrees de l’humeur motif, qui croift deioureniour , cela fait qif elles reui- ennenr,5c non pas les autres os, lefquels font engendrez ôc faits d’humeur natu- relle au ventre de la mere. Ainfi les dents reçoiuent accuoiflemenr (ans ceffe, pour fuppleer à leur charge,qui eft mafeher la vîande.Vray eft qu’ils lemblent demeu- rer en raefme eftatrmais l’accroift fuit le decroift d’iceux par le moyen delà cha- leur de nourriture continuelle qu’iceux reçoiuent.Croiftent les dents , va répli- quer vn Drolie,ou ne croiftent point , fc corrompent ou non,fen ay aftezpour manger tout mon bié)mais que Dieu me garde celles que i’ay .On demanda à no- itre hofte s’il fentoic loufiours douleur aux dérs.Ayatrèfpondu que fa douleur en partie eftoiccdî'ee . Lors quelquVtî luy va dire»qa’illuy conleilioit , poure- ftre du tout guery,d aller chez le barbier qu’il fçauoir,dc qu il luy fcix>it faire telle dicte qu’il ne craindroiraucunefîiixion; dé qu’il n’y auoic pas long temps que ce barbier auoit fait faire telle diere à vn de fes pigeoniefs,quc de faim il auoic s E R E E, ^ +7 mangé fes emplaftres , & de foif il auoit beu les vtincsircftoroach vuideappetâc & demandant la noutrirure du dehors, & qu’on le r’cmpliire.Noftre bofte luy refpoiid que ianuis il n’auoit eu la gran» de verollc.mais bien qu’on l’auoit accou ftié comme vn homme qui l’auoitim’en reftanï ceft aduantage , difoicil.que i'ay vn Almanach perpétuel , qui me diireta toute ma vie,mais que lefoye bon mef- nager.qui me fcrt.&àtous ceux de la rue pour fçauoir quâd il fait bon faire la lef- fiue . Là delfuson fe mit à dilpiiter ü l’ar- gent vif faifoit domiuage au corps, corr» me pluficurs en ont eu opinion . Ce qu’ont affermé les Médecins imperits, qui le deffendoyent aux viches.& grancs Seigneurs, & le confeiüoyent aux pau- ures.Ec pourcoclnfion, il fut arrefte que la (ubftance de l’argent vif n’entroit point au corps, mais feulemét fa qualité 6c adion : pourec qu’aux emplaftres on le trouuc en la melme quantité a la fin de l’operation.que quad il a efté premiè- rement appliqué : aulfi qu’il n a nul ve- nin, plufieuts eu ayans aualle fans aucu- ne Icfion ; comme eu l’iliaque paiion G rj 148 V I N G T s E P T I E s M E beaucoup en vfent/ans en cftreofFenftz fa ponderofiré deftournant l’intcftin, qui eft entortillé^en pouffant la matière fecale en bas , bargent vif cftant chaud par fes operations : car il incife, atténue, pénétré, & refoult : 6c outre tout cekj parvne vertu occulte, il eft du tout con- traire au venin de la groffe verollê, quel- que chofequ’omen ayt voulu dire:Dieu tout bon en donnant des maladies aux hommes, que le plus fouuent eux mef- mes fe pourchaffent,produyfent aufli des remedes neceffaires à leur fanré & conferuation . Le Phyficien prenant la parolle va dire: puisque c’eft vn venin caufé de l’influence du ciel,n’yapas en- cores long temps, il me femble,qu’ilpré* dra fin ; aufli veolt on qu’auec le temps ce venin (’adoucift, tant à caufe des re- medeSjqu’àcaufe de Tinfluence du ciel ôc de Pair : tellement que cefte maladie fe perdra auec lesannees,commefit la menragre,Iuy reflemblanr,qui affligea Rome du régné de Tybere,6c la lychene quifoübs Claude molcfta route i’Euro- pc:fien appaifant lire de Dieu( qui a enuoyé cefte maladie pour punition) Serbe. H9 nous corrigeons nos paillardifcs & chancctez.Vnc fefle-tonduc,pour faire oublier le mal de noftre hofte.commeça à nousconter vnplaifant conte dvn pi- geon fuyarc.qui eftoit n’ya pas long téps au colombier d’vn fié voifin de barbier . Ce pigeon dédié au feruice de V enus, e- ftant en ce colombier tenu fort chaude- ment, il arriuâ qu’vn dexes matins il en- tendit qu’en la rue on crioyt,àmes beaux choulsgelez.quidit ,qui en veut ,àraes bons chouls gelez. Luy tout- cfbahy va dire,ie ne fçay en quel pais demeurent ces gens qui vendent des chous gelez , ne là où ils croifient,& où ils fe cueillent fi ne fu-ie iàmais en païs ne lieu où il fift fi grand chaud qu’il fait icy . Ce fol- dataduantureux fe faifant penfer hon- , neftemét de ce coup de fauconneau, di- foit à ceux qui eftoyent de fa chabrec, le feraybié métir celle qui eft caufe dequoy ie fuis icyxar onques puis ie ne l’.ay \xue qu’elle me difoit que ie la laüTerois la apres m’auoir fait plaifir,& qu’il ne me fouuiendroit point d’elle , mais ie vous afleurc que ie ne l’oublieray iamais , d» qu’il m’en fouuientbien ,& m enfou- îjo VlNGTSEPTlESMH. uiendra toute ma vie On n'auoitpas a- cheué de rire , quand quclqu’vn fc mit à conter qu*vn Gentil-homme aiiant que fe vouloir metrre'en penfion encepi- geonnier^affembla les plus fameux Ad- uocats de Poiéliers , pour faire vnc con-. fukation ; leur propofant vn doubre, ajt falloir mon fi la vcrollc i auoit prins , ou s'il lauoit prinfe, y faiftnr grande difiî- culté:car Jeur difoit il,fi ie l'ay prinfe, ie la lailferay quand ie voudray ; fi elle m'a prins^iene fçay quand elle me kilfcra* Les Aduocats voyans la moquerie^for- têt hors, encores qu'on les vouliift payer s'ils euflent du leuraduis.Noftrehofte feprinr fi fort à rire de ces contes qu'il n e parla plus de faire arracher fa dent,& aulîîquenoftrePhyficienluy auojr dit, qu’encorque la dent fuftarrichee , qu'il rîelaifferokd^auoir mal encefte partie. Qir il foir ainfi, difoit il, vous trouuerez des pcifonnés à qui on a coupé vn mem- bre,qui dfronrfêiir ma! à la partie qu'ils n'ontpoint: car ils fc plaindroint d'a* uoir mal au talon ou à la chenille , cnco^ ^cs qu'ils n’ayent point de iambes . Le Medecin>auec ceux de k Scree^ne pou- s E R E ï» «ans comprendre cela , prièrent le Phy . ficicn d’en dire quelque raifon.Qui va parler ainfi, comme n’en cftantpasal- Icuré.Eft ce point que le patient par ima gination, & regrettant le membre qui luv a efte coupe, penfe toufioursa iceluy, eftant la vraye douleur en ce qui relie du membre, ou par froideur, ou c haleur,ou tenfion î Ou bicn,adiouftoit il,fcroit= ce point l’efprit fenfitif, lequel difeourant par les nerfs reprefente le fefitimêt des partks rerranchces,aufquclies il fouloit influer ou s’eftédreîEt ores qu’il n’ypuif» feparuenir,ilfait vne reflexion à l'cn. droit du retranchement, comme en vn mirouër ; &1à fe fait certaine reprefen- tation des parties retiâchees, aufquelles on attribue la douleur : le iens commun alors s’accordant auec l’imagination de lachofe qu’on a pjLrduc,! opinion failant certitude & aflëurance de ce qu’ils ont imaginé.Seroit ce point plus toft.difou il encores,quc fi on plaint le pouce qu’o a pcrdu,qu’on ayt véritablement la dou» leur au bout coupé des mufclcs.dcs nerfs, ou ligaments fcnfibles, qui fou- loycntparuenir àla particule du mebre VtNGTSEPTI ESME. que l’on plaint? Ce qui fi t fbrtir le Pliyïî» cien vn peu hors de la Serce , fut noftre hofte , qui ne pouuoit comprendre de plaindre vn mébre qu’on n’à point.Par- quoy en fe rcmettans en leur premier lentier.vn de la Seree va commancer ainlî ; Nous eflions vn iour en la bouti- que dvn bar hier, & neeraindray point à le c5fefrer,encorcs q ce foit le lieu où les persônes plus abiedes fe trouucntpour deuifer.cômc les plus honneftes,vertu- eux,& doéles chez les Imprimeurs & Libraites.Eftâs en cefte boutique(Thco» phraftcappellantlcs boutiques des bar- biers, banquets fans vin ) voicyarriuer vn franc à-tripe, qui fè fait penfcrvne mefehante main de gorre qu’il auoit.Or parce que tous lecongnoiflions,onne fe peuft tenirde rire & moquer de fâ villai* ne main. tant elle efloit crouftc-leuee 6c. vlcercc Cc chiragrc nous voyant rire & moquerdefamain, lamonftrantenco- res d’auàntage, va dire,vou.s riez de cefte main?Ie vay gager au plus bardy , qu’il en y a en la compagnie vne autre plus mefchantc,plus cicatrieee,& gangrenée que n eft cefte cy.V n de Ja troupe va Serbe» ger que non:& iç gavdois les gages .Lors chacun de nousmonftre fes mains,{ans comparaifon plus belles .nettes ôc fai- nes Sue celle qu’il auoit fait penfer . & mmiaree à tous. Ainfi tous que ce Franc- à-tripe auoit perdu , ne fe trouuant -point en cefte compagnie vne main plus vilaine que la fiene: quad en exhibant fon autre main va cy'eftclle pas plus gaftee.Sc melchante •que l’autre que ie vous ay monftieprc- LrementHlfutlorsaflezlong temps difputé qui auoit gaigneicar ^ noit gagé qu’on ne trouuerroit point de fl Vilaine maiia en toute cefte troupe, foit qu’il s’entendoit d’vnc autre main que des fiennes.Le franc-à-tripe au con- traire repliquoit.que la mainqu | ® ^ mÔftré la dernietc n’eftoit pas celle qu il auoit môftré la première, & qu on auoit penfc,& que c’eftoyet deux mains. l vne droide. l’autre gauche droite n’eftoit pas la gauche.le ne Iç y adiouftoiteeluy qui auoit fait le conte. qudlenferadit.-cepédàtiegarderayles gages,& ne m’en deferay pas fi ay | vl de la Seree.cn répliquant, va dire , G V /I . Vingtseptiesme j cftois en quelque Republique bien po- licée ,1a gageure &i oit appliquée aux pauures,ou au public:à caufe que lesRo- mains rcictroyêc tou tes gageures , qu’ik m^lloyctluderemfecum^m, fi elles n’e- fteyent faites ou pour la courfie, ou pour laulter,oupour luyier,ou à qui ietteroit mieux le dai t! . Mais cependant, ic vous pne,dilGitilaceluyquigardoitles sascs de ne iuger decedifFerentjiufqucsà ce que le vous aye faiù vn autre conte, qui • arnua en la mefme boutique ,cbca le mcimcbarbier,oùilya auffide la diffi- culté .puis auec ceux de la Scrce,iusez. du tout,encor que ce foit Icvcnttc plein: car l’ay trouuécn la Ciuile conuerfation' queleprouerbeancien dir,qlemeillcur eonfcil fort & procédé du ventre qui cft p.ein monobftant que 1 efprit de l’hom- me foir plus prôpt & deliurc , & plus efi. leue a faire quelque chofe fpirituellc, oà illaiir de 1 entcndcment,quand le corps, çlt aieun,qucquandil cftrcmply . Et là volts tîounerezles deux ellre véritables, c eft a içauoir 1 efpriteftre plus prompt & a deliure lors que lecorpscifvuide,. &lecon.ei, ineilleuraprcs le repas, s’il vient de perfonnes iulles, équitables , & Serbe. remplies de vertu . Pource , dit la Ciuile eonueriation ,qu’eftansaieun,& vou «s faire quelque mal , nous y procédons a- uec plus de malice : mais apres le repas auflfi s appefantit lafubtilité de noftre el- pritj&s’appaife en partie la volonté de mal faire, eftans plus ioyeux ayans prins noftre rcpas,& refpondans plus gracieu- (ement à ceux qui parlent à nous. Caton V tique le confirmant,quand il dit , que Ccfai alla eftat fobre à la ruync de l’cftat de laRep.Rom.entendanr par ces moK, que iamais vn homme faoul n’euft efte u c\uel ôc inhumain, que de faire celle en- treprife .Ne différez donc, va il dire à ceux de la Seree.encores qu’ayez le ven- treplcin , de décider ces deuxdoubtes. Vous auez ouy le premier,efcoutez le fe- cond.I’eftoisvnde ces iours, commença il à dire,en laboutique de ce maiftre bar bier,où il arriuavn homme d’alTez bon- ne façon , pour faire fabarbe,ou pour la deffaue, lequel vous' voudrez. Elle n’e- ftoit que demy faide , que voiey arriuer ' vn chicaneur auec fes fergens,& fesre- cords,qui luy mettent la main fur lecol- lct,pourle mener loger au logis des géts ijS- ^ V ÏW ÔTSê PT îErME de pied ^ là où Ion n a point la peine dc^ fermer les portes . Celuy qui faifoit là barbe^ fe voyant furprins , il demande à ce chiGaneur ( qui eftoit (à partie)sll luy vouloit bailler quelque terme : lequel luy repliqua^quel terme voulez vous? Le debteur luy refpondjie neJemande que vne lieue de ter me.Les Sergehs voyans qn’il vouloit rire, le vouloyentenleuer de la boutiqiie,n’eiüT: efte que ce debteur obligé à fecoudet pria fon créditeur de luy bailler terme de payer , iufques à ce qu'il euft acheué de faire rafer toute fa barbe,qui n'eftoit qu’a demy coupee. Ce qui luy fut accordé par monfîeur le chi-^ quaneurrqui fortant de la boutique l’at- ted auec fes liipofts, iufques à ce qu’il ayt acheue de faire la barbe. Ce debteur lors prie fon barbier de lailfer ainfî fa barbe à demy rafee,& le paye comme fi elle euft elle toute faicle & abbatue : le barbier penfànt qu’il ne faifoit fairefa barbe que d’vn cofté,afEnden’aiîoir occafîoa de fortir dehors, & par ce moyen eftudier, corne failbit Demoftliene.Ceftuy n’ayar que de la barbe d vn cofté,& à demy fai- te,fbit en la rue; le peuple fe met tout au SiREE.- m îourde luy.cÔme par vne grande nouuc autcje voiancainfi bigarré par le vilage*- J.C chiquaneur & les lergents Iç voulant prendre, & mener en nianee,ilfedetted fort & ferme. Se dit à fa partie, qu elle luy a 'baillé rcfpit de payer iufques ace que la barbe fuft acheuee de faire, & qu’elle ne l’eftoitpas.&qu’il n’y en auoit racoresque la moitié defake.-ennous appellaiit tous àtcfmoings fi fon aduerle partie ne rauoit pas aiiafi promis.Le peu ilelàairemblé,qui n’ayme lachiqaane- lie, ne les chiquaneurs, s’oppote à la ca* pwre,&,à force dcgortcttes,&dc coups orbes . fontlafcher la pnnfe à ces pre- ncurs,!eur baillans des nopces deBalchc tellement que le fergent.la partie , & les chiquaneurs furent bien battus eu la pre fencc de leurs records; protèftas routes- fois de la force qu’on faifoit à la lufticc, & de tous leurs dclpens , dommages Sc intereft foufferts & à foulFiir , le tout en adhérant, & ics prenans à parue en leur propre & priué nom , comme d’attetar , & O intimation au cas appartenant . t de fait.adiouftoitceluy qui faifoit ce co- tc,il en fut fait information. Et melou- îjS Vl NGT SEPTî eSM E uieti t quVn des records eftant ouy en iu» genicnt de ctfte force & batterie, difoit au lugejiTionfieurjicnereceu iarnais vn fi beau fouflet à mon gré, que celuy que me baülavn de ceux qui nous cmpefche rent de mettre en prifon celuy qui n’a- uoit la barbe que d’vn cofté.Voiis me fai tes fouucnir ,,va dire quelque autre , en parlant de ccftuy-cy qui n’auoit la barbe que d’vn cofté , de plufieurs nations qui ont fait vn grand cas desbarbesxomme les Indiens qui celebroyent vne fefte le’ iour que leur Roy faifoit faire fa barbe. Nous troùuons eferit que les Anciens par ignominie faifoy en t razer leséhe- ueux & la barbe à ceux à qui ils vouloy- cn t njaljou qui les auoyent offenfezi co- rne fit Hamon aux meiïàgers de Dauid. Les Argiens ayans efté vaincus par les Lacédémoniens, fe firent tous raire, co- rne fit Varro apres la bataille perdue cô- tre Hnanibal. Ceft donc à dire, répliqua vn de la Serec,quc de ce temps là lesRo- mains porroyét la barbe longue, mais ie nefçay qùila leur roignoit; car ils rr’eu- EfCnt a Rome de barbiers que quatre cés cinquante quatre ans apres quelle fut s E R s E. W edificë‘.& fi ne fçay.quand ils eiiicnt des barbiers, pourquoy la Loy des douze ta- bles défend aux femmes défaire labar- be aux hommes aaec des rafoirs , ii nous adiouftons foy au tradudeur de Pline: non plus que ic ne fçay pas la raifon d« eledions deiours , & pourquoy il raict meilleur couper fes cheucux,fairefa bar be,&rongner fes ongles en vn temps qu à l’autre : ce qu’a obferué rEmpereue Tybere, qui ne faifoit iamais faire ou défaire les cheueux, ny la barbe, que la Lune ne fulben coniondion aucc le So- leil : aulTi que Marcus Varro difoit , que pour garder de tomber les chcueux,qu’il les failloit toufiours couper apres la pla ne Lune : &dc là les faifeurs d’ Alma- nachs ont remarqué en leurs Diaircs les iours aufquels il fait bon fe fairetondre, de faite fa barbe, & rongner les ongles; la plus part n’y touchant qu’à ces iours là. Mefines i’en ay veu de fi fuperfti- tieux , qu’ils n’euffent iamais rongne leurs oncles à iour de foircou de mar- ché , ôi fi faifoient grande confeien- ce de parler quand ils fc rongnoient les- ongles , ou quand on leur rongnoin iêo VlNSTSEPTiESME comiaençans roufiourspar vnc grande obferuation àfeles rongnerau premier doigt laifsâcle pouce le dernier ; ce qulls diloyencauoir appnns des anciens par vne certaine caballc : que s’ils cuffent fait autrement , ils auoyent en opinion que cela leur euft apporté quelque mal- beui , Et aulli ^ adiouftoit il , i’cn ay veu plufieurs qu i adiouftoyen c foy à vn vers ancien,qui eft fans autheur,& fe gouuer »oyent félon icéluy: ce vers nous appre- nant à quel iour il faut faire fa barbe, ton per fes chetreux , & rongner fes ongles. Moniîcur de l’Efeale contre ce v ers , où ilya: Fn^ues Meramo^harhm hue, Cyf ride erines. &: le rejirenan t,a mis en fes Scliolies fur Auibnneces huit vers; MercurmsfumproLp yn^ues femper acutos, ^rticulif^ue atiem non finit tmminui . Barbu loui,crineiFeneri decor.ergo necejfe efi Ft nbllent demi fili yterque placer . Mauors tmberhe$,Gr caltm Luna adamafli. Non prohibent comi tumeaput at^ue^enaa. SolcrSaturnus mhil obdantyngmbm lergo Noplacitum Dmts,tolle monofitchmm. Lors $’efleuant vne feirc-tondue,va dire s ERE B.- Il s’en va tard.Sc fcroic meshuy temps de nous retirer: mais ievous prie partir d’icy,d’oüyr ce qu’a efcrit S. Augu- ftindescheueux ; puis ie vous feray vn conte de la barbe. S.Auguftin, commeça^ il à dire, nous affcure auoir veu vn hom- me , lequel lans remuer latefte,& fans y toucher des mains. fouflcuoit tous fcs cheueux,& les iettoit fur fa face.-pms les relcuoit ôc retournoit derrière Ion chet. Voila pour vous efmerueiller : 5c voicy pourvous rcàieilletj& faire rire.La cou«- ftume a-efté.difoit il.dè porter les barbes^ toutes rafcs-.ccqnia duré vn longtemps.. Et lors que les plus gaillards comment cerent à vouloir porter la barbe longue». & contreuenir à cefte couftume.côman- demens furenefaits à cry public à toutes- pctfônes de faire raire leurs barbes . but Quoy fut prefenté requefte par vnbon Drolle , tendant affin qu’on luy inter- pretaft de quelle barbe s’entedoit le cry, Sc que vouloir dire le criard.parcequ en fe voulant raire vnc autre barbe que cel- le du menton , i] s’eftoit blecé iufques au fang.Il faut bien.adiouftail.qu’il y ait en la barbe quelque dignité & my ftere.puis l5l ViNSTSEPTIESME qu’aucûs lapermcttétjles autres Jadefen dent : aulîj que i’ay leu en Antoine kn- trinion , Anglois ,en (à dcfcription nou- uelic de Mo'fcouie & Xarrarie,que les Medes & îcsPerfanSjCncoresquilsfoiét Mahumerans aufli bien que les Turcs & Tar.tarcs,nelaiirétà fefairc la guerre les vns contre les autres : tant à caufe dè leurs cefremonies diuerlesdr dift'erentes, que principalcniétparcc quelcs Medes . & Perfans ne veulent pas fc faire rafer la inouftache,côtne fon t les Tartarcs &; les Turcs. Qtji nefçayt, vadire quelqu’vn qu’il n’y apas lôg téps quelcs grâds chc- ucuxcftoyctrandcnc marque de tenu té&denoblclTetmefme cftant defFcndu aux roturiers de porter les cheneux lôgs? Tourcsfois depuis on s’eft moqué des gras cheueux. Ce qui arriua de ce que le grand Roy François fe fit tondre pour guérir vneplaye qu’il auoit en la tcfte,5î foudain tout le peuple fut tondu; tant nous fommes imitateurs de ce que font nos Princes. sereÉ vingthvitieme X?f5 Tcintns O" Teintures^ I Lfc trounoitcnnosSerecs vn de no^ ftre ville, lequel encorcs qu’:l fuft ho- fte.nWlaifleàeftudiet,&hamerles gens feau ans, outre ce quil eftoit gail- lard &ioy eux .aimant compagnees re^ creatiues & facetieuies.Et ne le laut s e- bahir de ce qu’aux plaifantes abemblees, oui fe font pour recrcation,& pour s cl- baudir,& reftaurer des trauaux & en- nuys paffez.on fuit les perlonnes facheu fes,rioteufes & difficiles, & qu on s acco pagne d’hommes gaillards , efueiilez, dans,& pleins de gayeteipource que e- fprit de tout homme eft grandement i^ creé,oyant& voyant chofe plailante & •agréable à l'oreille & àl’oeil : a railo^u ü Y a bien grande différence entre lalieni- blee &c conuerfatiôn qui fc fait pour le plaifir,&celle qui eft faiûe pour traidcc & capituler affaires d’importauce. '-g_ fi quelqu’vn , comme dit Proroethec î% Vingthvitiesme. Mercure dans Lucian , reiettoit les ioy- eufetezdes banquets; aflàitoirla trompe riejes brocardsj les moqueries & rifees; leulemér refteroit l’yuroilgneric Jâ gour mandife,!elilence,triftelîès , abliirditez, &choresquine conuiennent en aucu- ne maniéré aux repas. Parquoy ne faut s^efmerueiller fi nous allions foiiueïit foupper chez ceft .holle , qui eftoit tort récréatif, & de bonne compa«»nie. Or vn iour d’hyucr eftâs entrez en la fal- kpourfouper, & nous approchansdu reu, nous voyons au manteau delà che- minee vne femme en peinture, bien bel lc,& bien elabourec : qui fcmbloit dire. Ma châbriere cft par le derriere,laquelle eft plus belle fans comparailon que moi. Vn des noftrcs ne faillit pas incontinét d aller regarder dans la chemince,& fans crainte du feu va voir fi la chambrière eftoit plus belle que la maiftrclTe.'y ayant bmn regardé, feprintà rire, & nous và aueurerqueJamaiftrelfedilbit vray. La plus paît de nous voulant voir eequien eftoit. Au lieu decefte belle feruante,on trouua eferit en grolfe lettre : Sotarr, tu bmlles tes diaulfes. Aufll à la verité,c e- s E R E E. ftoy eut bien de grandsbadins de penfer voir en vn lieu fi fumeux vne belle pein- ture -il eftvray que i’v fus comme les au- tres , mais c’eftoit pour n’eftre veu met- prifernoftre hofte, àqui fonmuention plaifoit . De là, on printoccafion de par- ler des peintures, & des peintres,6e delà pourtraidure , apres auoirry deceslo- tarts: mais non pas beaucoup, parce que celuy qui auoit fait ceae pourtraiturc & peinrure eaoit décédé il n’yauoit pas log temps ; lequel viuant nous tenoit bonne compagnie en nos Sereesthommeaima- ble& fingülieren beaucoup de choies, encorès qu’il ne beua que de l’eau. Et di- ray,fans mentir, qu’il entcndoit fort bien leblafon des armoiries, l’ayanr veu re- ^ prendre les peintres du Roy, & les pein- tres de l’ordre, CS armoiries d’Elpagne, lors que le Roy Henry tenoit fon ordre . de S. Michelà Poidiers.Ce peintre auoit cela de bon, qu’il nedaroit point les ho- mes en fa peinture, ne les pourtrayant plus beaux qu’ils n ehoienticar il fe trou» ue des perfonnes qui prennet plaifir d e- dre aateesSc deccuës mefmes en la pcin» ture;aymans les peintres lefquelsles ont ÏÊ<Î VlNGTHVITIESMB peintsvnpcu plus beaux qu’ils ne font: &nenya beaucoup qui commandent atclsomiriers qu’iis oftcnr quelque de- for mire de lem: face , ou grandeur & pe- titeflè de leurs nez , defirans qu'on ad- ioufte quelque choie a leur beauté, ou qü^on les face grands s'ils font petits. Ce qui n eft pas mefmes permis -aux vainqueurs des Olympiades.-aufquels eft dejendu de faire drefrer des ftatuësplus grades que leurs corps ne font.xar en ces leux, il y a des cômmiftaires qui ontchar ge & foin de rechercher qu i] n’y airau- cun qui remerairementexcedela venté, & procurent que la ftaruc , qui eft erigee a l’honcur du vainqueur, foit exademét correfpondâre a I hiftoire du combat de chaeû lüteur,dr à la mefure de Ton corps. Parquoy il faut regarder que nous ne pienions occafion de mentir enlame- fuie,&en la beauté . & en la proportion des membreSjde peur que puis apres les Surinrendas & Preuoftsrenuerfent lio- ftreftatuë . Pour vous monftrer que ce peintre éftoir accort & d efprit , deux de Tes rencotres vous en afleurerôt La pre- mme , eft d vncjeligieufe Sc deuotieufe s fi R * E» ^ fille.laqHcllc ayant deuotionà vn fainâr, comm^daà ce peintre de luy faire vn tableau.où il y eult vn S. Hictofmc , de- uant lequel elle feroit à genoux , les mains iomtes. comme vierge Si E^ucelle. Le pourtrait acheué.il fut apportea cefte ieune fille : lequel elle trouua bien taitt, cftat là bien reprel'entee au vif , hors mis quelle trouua cefte fille pucelle, quie- ftou au tableau , & qui la repre- •fenter , trop petite , & qu elle eftoit plus grande que l'effigie qui la reprdcntoit dans la peinture . Le peintre lors va dire à cefte deuûte fille , que puis qu die voi^ loit quil reprefemaft douant ce lainct vne vierge Si pucclle qu’ô n’en trouuoit point en ce téps, qm ne fuft bié pente & Lffi ieune, Si en l aage & grandeur qu il l’auoitpourtraitc: que s'il. eulUait cefte fille plus grade ,5c de mcfme gradeur que clic éftoit,& de ffiefme aage, on n euft la mais penféqu elle euft efté vierge 5c pu- cclle, comme elle vouloir eftre reprelen- tee.Ce qui contenta celle deuoneufe fil- le, qui reeppéla le peintre de fon labeur. Ceux de la Serec culfent ris d auantage. Ï<î8 V I N G T H V I T I E SME n’euft efté la fouucnance de la mort de celuy qui auoic fait & la peinture , & la rencontre : qu^ fallut pourtant encores renouueller, pour côter qu vn autrefois il peignit les armoiries d’vn vilainnou- ucllementannobly, oùil y a toufioursà mettre & àofter , car on dit que les ar- moiries d’vn vilain font faites à plaifir. Si bien qu’en peignant ces armoiries, ce vilain , pour qui elles eftoient, ne fe con- tentant iamais,le peintre fut contrait de luy dire, le ne fuis iamais plus empcfché que quand ie fay les armoiries d’vn vi- lain, il a toufioursà redire. Vne Fefiè- tondue , pour nous ofter lamemoire de ce peintre,qu’vn chacun regrettoit.nous va conter qu’il auoit veu iouer la paffion àSaulmur, oùil yaencoresq ■ fte de théâtre ancien : & qu’entre autres chofes fort fingulieres qu’il auoit remar- quées en ces ieux , c’eftoit que le Paradis eftoitfi beaujàcaulede l’excellence de la peinture,que celuy qui l’auoit fait, fe va- tantde lonouurage , dilbit à tous ceux qui admiroyent ce Paradis ; voilà bien le plus beau Paradis que vous villes iamais ne que vous verrez. Puis nous va conter comme s E R E E. «omtiie ce bon peintre auoit amené là deux de fçs enfans,qui n’eftoyent guercs beaux, & fi eftoyent fort petits ,floucts ôc minces:&: que quelquVn luy ayant de màdé P ourquoy il les faifoir fi laids, & fi chétifs, veu qu*il auoit fait en ce Paradis de fi beaux images , & belles créatures; qu’il auoit rcfpondu, le fay mes images de beau iour,& mes enfans de nuid:: s’ils font maigres 6c chétifs, auflî fuis ie feul à les faire. le ne fçay,va dire quel- quVn, fi les peintres anciés‘& ftatuaires fayfoyent leurs ouurages de iouroude nui(5t,ousils les fabriquoyent fansayde, mais il me femblc,à ce qui en refl:e,qu'ils trauailloyent bien lourdement ,eftans leurs ftatues peintures plus grandes & grofles,que le naturel fans gar der les pro portions du corps.car il fe trouue que les ftatuaires & fculpteurs d'Egypte, eftôyér fi adextresà mcfiirer vn corps humain, que par vue dimenfion certaine, encores qu’ils fu(rêtendiüerslieux,ils formoyêc les membres d’vne ftattic de diuerfes pierres, (5c chacun faifoit le ficn,fans c6» mnniqucrles vnsanec les autres, & puis les metroyent enfemble ; 6c eftoit chofe H Î70 VlNGTHVlTIESME fi bien faite , qu’il fcmbloit qu’elle fuft toute d’vne pièce , & d’vn feul .ouiirier. Il fut répliqué, que les anciens ne fai- foyent ces ftatués &pourtraituresainfi àl’aduantntc, ou par ignorance, ou par négligence , mais auec raifon. Q^e files peintres , fculpteiirs & ftatuaires du vieux temps ont fait les hommes plus, grands ôc gros en ce temps-là , que nous ne fommes maintenant , & qu’on ne les peint pour le iourd’huy , c’eft parce que ils eftoyent plus grands & puilfansquc nous ne fommes maintcnant:d’autat,di- foit-i!,que de temps en rerpps , & d’aage en aage nos corps diminuent .Ce qui eft tout clair , fi nous faifons coroparaifon desoffemens de nos maicurs, que nous trouuons tous les iours , ôc cirons de terre, aux noftres ,& à ceux de ce temps: fe faifant la diminution de nos corps, de la chaleur bruflante , qui confu- me &defleiche l’affluence de noftre fe- roence . Vn autre rendant vne autre rai- fon, difoit qu’anciennementonrepre- fenroit les perfonnes grandes, non que elles fulfcnt telles, maispoiirinonftrci qu’elles auoycnc fait quelque grand cas Serbe. 171 plus que ks autres:afînqiiecefte pour- traidurc grande denotaft que ceux qui ont mérité quelque loiiangc & honneur deuoycntexccder en grandeur tous les autrcs.Ainfi les Anciens , pour dénoter à Tadacnir leurs Républiques auoir efte bien grandes , baftiffoyent de grands Colofles , qui cftoyêc ftatucs de demefu- rec hauteur , dreflec par eux en l’hon- neur de leurs Dieux. Et audi faifoyent cela , pour demonftrer que leurs Dieux eftoy é t grads;comc à Rhod es ils baftiréc vn Colofle du Soleil , Ci grâd Ôc fuperbe, & de tel artifice, qu'il fut renômé entre les fept merueilles du môde. V oilapour*» quoy, difoit il, les Romains, fuyuans les Grecs plus toft q les Egyptiens, faifoienc leurs peintures , ftatucs , portraits ,ima» ges,idolcs,(Sc femblanccs, grandes, félon qu'ils eftimoyétq leurs faits fufsét grâds> isT félon qu'ils auoyçt mérité de la Rep. De là cft venu, adioiiftoit il, ce que difoit Ciccrô de sô frere Qixintus,le voyât por trait , en la prouince qu’il auoit gouuer- nccjfculemêtiufques à la ceinture. Mon frere n’eftàt que demy , cft plus grâd que tout entierteftât Quint.de petite ftaiurc. 171 "ViNGTHVITIESME Vn autre parlant pour l’antiquité, difcit fl nous voyons les images &ftatues des Anciens fi grades & longues, que c’eftoit comme il auoit leu en Bodin, que nos predeceifeurs on t cftimé les vifages plus longs,lcs plus beaux : & qu’à celle caufe •_ les lages-femmes de ce temps là, reduy- ^ fqyent lesvilàges des enfans rccentcmét ' iiaisià la plus grande longueur qu’ils pou uoiér, comme lesPerfes faifoient du nez. Orayât le vifage ainfi long.il falloit que les autres membres fuflent ptoportion- nez à leur vifage long , non pas qu’ils les eulTent naturellement fi lôgs. Te ne croy pasjva répliquer vne ioyeufe femme de la Seree , qu’on puilfe ainfi allonger les membres des petits enfans, qui ne font que naillre : car fi cela fc pouuoir faire, les femmes du iourd’huy allongcroyent bien plustoft quelque autre chofe , & n’eulfent pas laifle les membres comme ils font. Encores que toute la compa- gnie fe printà rire,auflî bien que celle gaillarde dâme,fi ell-ceque le propos fc continua, quelqu’vn comraançàt à dire : l’ay veu d’autres peintures & llatues foit delices& longuettes, iene fçay à Serbe 175 quelle fin , vçu que ks pcrfonncs du temps pafle , non plus que de ceftuy=cy, nkftoycntpas ainfi longues &: minces. Il luy fut lefpondu , que les Anciens ne faifoyentpas fans raifon les images lon- guettes ôc giefles,n*ayasgueres de corps: mais que c’eftoic pour demonftrer que la Diuinité n’eftoit point vne chofe cor- porclle,& qu à cefte çaufc les Egyptiens ( qui de tout temps ont eu en grande re- commandation vne Diuinité ) ont fa- briqué leurs ftarucs ôc images non grof- fes &les,ayans bien peu de corps; voulansdemonfirer par Ià,que la Diui- niré eft vne chofe (pirkuelle ^ ôc non point materielle ne corpoiclle.Vn delà Screc fe méfiant parmy cefte difputc, nous va dite ^qu’il falloir regarder de quel païs ont efté les artifans ^ qui ont peint les images ôc ftatues , & quels peuples ils ont voulu peindre ôc cou- tre-faire , ^itiant que les reprendre des proportions , que nous penfons auoir eftcjinal gardées ôc obferuces: eftanc vne chofe certaine que le vifage des hom- mes fe varie3& que la grandeur ôc peti- idEe des autres membres eft diuerfe fe- H iij 174 V I K G T H V I T ï E SME Ipn la fituatioa dont ils font & la ré- gion <]u’ils habitent : anfli bien que nous voyons les belles d'vn païs differentes de celles d^vne autre contreo,cncores qu’elles foy ent de mefmc cfpece . Et fe- roit vn mauuais oiiuricTa difoit il, qui fe- roitlc vifage deshommesdcpaïsloing* tain 5 de mefme groffeur, grandeur ôc largeur que ceux de nollrcEurope.Car files peintres ôc ftatuakes veulent bien reprefenter; & pourtrakc vn habitant d’Afic,il faut luy faire la teftelonguc,. comme ils ront,non pas naturellemcnr,, mais aitificiclcmcnc : pource qu’ils cftk Tncntcelabeau, & eftre ligne debon cf. prit, comme aux Ecrfansle nez aquilin celle caufe les Grecs àppclloyem ces ^çxisiiMacmephdjyCovnmc on m’a faità croire. Que files bons ouuriers veulent contrefaire vn Indien , ils ne doyuent garder ies proportions communes des autres peuples :ayans ceux cy levifage plus long5<îk la face plus plat te naturel- lement ; que s’ils veulent reprefenter vnMore,ilfaudroic dç mefme le faire plus camus qu’vn»de ce païs,& plus noir, ayant lesleurcsgroffes, & les dents plus. s E s. E E. ^lâchcs.-auec les cheucux frizcz Si rcco- quillcz. Que fi vousefticz,adiouftoit*il cncorcs , en U tare des Nègres , vous verriez qu’ils peignent ordinairement les perfonnes qu'ils veulenr rcprelen- terlcs plus belles , les. plus camufes Sc noires qu’il leur cil polîible : comme nous les pourtrayons blanches, lansc- ftre camufes • Pour cefte raifon , les Mores font & peignent leurs Anges noirs , comme ils iont , difàns qu iis s’apparoiirent à eux toufiours noirs, & font les Diables blancs , comme nous foraines , & difent qu’ils fe môftrcnt & apparoiflent à eux toufiours blancs, con- tre Monfieur Bodin qui dit en fa Demo* nomanie , que les Diables font noirs; caries Diables apparoiflent blancs aux noirs , & fe prefentent à nous , qui fom- mes blancs , tous noirs ; & celuy feroit mauuais peintre & fculpteur , qui rc- ptefemeroitvn Ange Ethyopien blanc, & vn Diable Ethyopien noir . Que quâd monfieur Bodin dit que Leon d’A- frique eferit que les Sorciers & Magi- ciens de fon pays inuoquét les Daimons îy6 V INGTHYITIEME blancSjic croy qivil veut dire qu'ils ap- pellent les mauuais Daimons , & les Diables , parce que les AfFriquainsîes j peignent blancs, comme nous les repre- 1 îenrons noirs . Et ne s’enfuit pas que les Af&iquains n appellent les Diables em leur Magie & Nigroraance^auffi bien, que les Enchanteurs de pardeçà : enco- res qu'on die qu'ils n vfent que de k; Magie blanche,& qu’il n’y a que la noi- re defFendûe: daurant qu’ils nomment cefteMagie blanche, non pas qu’elle foit perrnife ôc bonne, ceux mais parce que de qui ils faydent font blancs^ toute Magie, foit blanche ou noire , eftant contre Dieu pleine d'impicté . Mais pourquoy , demanda vn de la Serec , eft ce, que les peintres font les Diables/oy- entnoirs jfoyentblancs , fihorribles^c contrefaits?Scroit,ce point,luyfu t il reb pondu, qu'ils ont perdu cefte beauté, qui; fit monterLuciabel en hgrand orgucilf Puis fut demandé , reuenant à lagran- deur des images, pourquoy és voultcs des Egiifes l’on trouuoit affis en vnc chaire vn homme en peinture fi grand & fi gros,quc ceux qui entrent és Eglir- SeRE. E. 177 fes ont peur qu’il fe leue debout^ poll- uas en le redrellanc ruiner route la voul- tc. Il fut dit que cela n’cftoit point ainfi pour traiâ: fans caufedes peintres & les imagers faccoramodans rouhours au fimplc peuple: comme pour monftrer fans légende, que Sain6l Sebaftienae- fté martyrizé auec des fléchés, 6c que celuy qui en eft lardé par tout le corps eft Sainél Sebaflien,il eft peint ayant des traids par tout fon c!orps:6c en y a beau- coup qui ne congnoiffent pas vn Saind, linon aux marques que les peintres 6c ftâtuaires leurs donnent. V n franc*à- tri- pe voyant q.u*on auoit efté long temps (ans rire , toutefois fans fortir hors du propos delà Seree , nous va conter vne hiftoirc 6c dVn peintre Ôc dç lapein- ture.Fay congneii vn peintre, commêça il à dire lequel ayant peur qu on luy ay- daft à faire fes images vilucs,s’en vou- lant aller aux champs pour faire quel- que befongne entreprife , fe doubtant de fa femme , 3c qu vn autre ouiuier vint befongner à fon haftelier ,luy va peindre furie vétre vn afnCjluy difant.ic congnoiftrav bien fi tu fais la folle , ôc li H V Ï78 V I N G T H y î :TÎ E S M on frotte fbii lard contre Ic- tien ; car fi vous iode àccieu aie trouucrraytou^ te la pcintine icfîacee de barbouillée,, Sc congnoiftray bien fi vn autre y z mis. la main , tant excellent ouurier &^rfaidl maiSi e puific - il cftrc . Ce * peintre , <^ui satreuroit qp’on neuft Içciî refaire cdl afne qnili ne l’cuft XORgneu , ,scn cftant allé , vn autre, . pria la femme de ce pcimxe,de Je Jalilfer befongner à. fon haftelicï , l’alfcUf loiî que fon mary ne befongnoir pas fl bien que luy . Elle luy rcipondj , puis qu’il eftôit fi; bon ouiirier , quel-? le le voudroit bien : mais , luy difoit; elle , mon mary auant que fans aller m’a fai(5l, peinte ôc poriraid vn afne fur le ventre, qui s’effaccroir, cncores qu’il foie à huyle , & par là il congiioiftroit que nous aurions iodé à ventre contre ventre ; car il eft fi excelleni en fon qu’on no fçauroit imiter fon ouurage qu’il nelc congnoilTc .Ne tcfoucie, va répliquer ceftiiy qui difoit en fçauoir autant que lé mary , Monftre moy ton ventre, & que ic voyc.ee maiftre afnc : ie s E R E £• 179 nVaflcure , lors que ton mary cfciira re- uenir , de t’en faire vn aufli bieii faicl, Se aulîî au naturel , Se fi (sniblable au fieu, quil penfera que ce fera celiiy rnefmc. Ayant veu faine, il cul!: fi grand' enuic de monter deffus , Se cheuauchcr 1 afne> qunl ne regarda pas s il eftoie bafte ou non.Parqnoy, cftant fafiie tour eiFace & barbouille, le mary eftant preft a rcuc» nir , quand il fut qucftion de refaire l’af- ne qu'ils auoycnt dcpeinturc,en lieu que il n’eftoit point bafté, ce bô maiftre fans y fongerva bafter Se fanglcr celuy là qu’il luy fit, en mcfme lieu où cftoit 1 au- trerlafcmraelc trouuant fi bien fait , & fi femblable à 1 aine de fon mary , qu'el- le s’afleuroit que fon mary 11 y cognoi- ftroit rien . Lequel cftant reuenu , vou- lut fçauoir,anant toutes choies, filaf- ne eftoit en fon entier , auec fa peinture: mais voyant qu'il auoirvnbaft , & que il eftoit fanglé , il va dire tout haut, A tous les Diables faine , &eeluyquil'a bafté : & voila dont cft venu le pro- uerbe François , A tous les Diables l’af- ne , & qui me Ta bafté auiourd’huy • H vj ï 8 o, V'rN'-G t'H'riTî^E s M'E'^ Cè conte acheuéjquelqu’vn vademaH^ der vne chofe, àqnoypoflîble beaucoup n'onr pas penfe; c'eft pourquoy il y à Te*' tour des exellents ouurages,^ bien ela- bourez tableaux des cbainettes.Il fut ref pondii,que quand ces bos maiftres vou- loyent inonftrcr vne pièce eftrc parfaite & exquifc,& là où il ne falloir plus met- tre la main 3 qu’ils mettoyent àrentour de CCS diuins auuragcSjdes chainettes &- liens 3 pour donner à entendre aux plus fpirituels , que ce tableau eftokfaid: de tel artifice & induftirie^que s’il n’eftoit.re tenu ôc enchainé jilpourroit s’cnallcn comme s’ils cufiTent voulu empclcher: ccuxTjui eftoyent: aurez en ce tableau de bouger de là. Ce que faifoyent auffi ^ ad- iouftoyent ils^les Atheniens^au fimula- cre de vic5boirej& fila peignoientjenco- les qu’elle fuft enchainee/ans ailes^crai gnans qu elle s’en volall aux au tres>& ils^ la vouloyent rerenir pour eux : mefmes 1 e s T y ri c n e ftan 1 1 eu r v il le a fli ege e n - chaineren t les images de îeursDieux, de peur qu’ils s’en allallènt.ray veu, va dire quelqu'vn^vnefois en mavic,vn tableau où' il y auoit ^ comme vous dides 3 des Se R liens &: cKainons à l’entour delà peintu^ le ; là où il me femble , qu’il n’en falloir poinrid’autant que dans ce tableau il il y aiioitvne femme qui fe moiiroit , dont on ne dcuoit craindre qu’elle s en aliaft, non plus que fon fils , à qui elle donnoir du laid: de fa poidrine. Ce tablcaUjdi^ foit-il , eftoit il bien fait , qu’il reprefen^ toit vn enfant prenant la ma^nmelle de fa merc , laquelle fembloit mourir d’vri coup d efpcc qu’elle auoit receu en la te* tine, quçcc petit enfant lueçoit : mais vous eulîiez dit que cefte mcre fembloir fenrir Ôc craindre que fon enfant nefuc»^- çaftfon fang , quàd fon laict femouroir auec elle.vous aireuràt que eeqx qui vei- rent ce tableau , auec moy, furent fi ef-, meus de pitié , que pour rien du monde ils n’euffent voulu le teienir en leurs maifons , tant cefte peinture atrriftoirr ceux qui la regardoyent : cncores qu’il n’y euiVau mode vne telle picce: 6e quad ' on me la donneroit , difoit-il, i ofterois ces liens 6c chainettes qoifemblent les retenir , afin que cefte mere, qui femble auoir vn peu de vie , emportant fon fils, s’enfuift de deuaiu mes yeux, tâti’auois iSâ- V I N G T H V 1 1 ï E S M Ê. grande pitiés de l’vnôc de raufrc . Et île faut ^ adiouftoit i!,trouuer ce tableau eftrangejveu qu'cn Syraeufeily auoit vn tableau, oàeftoic peint vn boiteux, qui fénibloit anoir fi grand mal aux iambes, que tous ceux qui le regardoyent iem- bloy cnt endurer partie de ion mai. lay vcuaufîî^vadire vnautre,vn ta1>lcau de Medee tuc-enfantinon moins clabouré, ayant des liens à hentour,qui eftoie fi bienfaid , qu’il fcmbloit que Mcdec* (combien qu elle fuft bien furieufe de tuër^fes propres cnfaiis )craigniftdc les occire, (Se qu'elle ne les tuoit qu àregrer^ & comme forcée :fon vifagefcmblanc enfurié & pitoyable t eut enfcmblc • Et y auoit defibubs ce tableau ces quatre Ycrs,queiay latlTé Laiins,parce qu'on ne les fçauroit fi bien mettre en Fran- çois: Qmd ruttos feniura ferox Medea^morâturi Træ^itit hoc m^gps d'extm Timonachi. Tardât amor fmmus , fin fhm dolor inatat enfemi ' T^uUynon ytdt^natos ferdere ^ ipfdjuos» Et au ddibubsdes vers Latins, il y en a* lioit quatre François | dçm t^ùicy U face de Medee JDe deux pajsions a^itee^ le cofi^nùiji bien a fesyenXy I/>» ejl doux yl* autre efl furieux Et iiioy ,di(oic vnaunc,i'ay vcu Venus fi au vif endorniic; qu’vn chacun crai- gnoic de ia refucillèr , aulîî le peincicv auüit mis au pied du cablcau: vais qu endormie tcj/ÿ^pf elle ^ - Tu m 44 faiSlede dormirayp . Ou autrement le fortirajr Peton tableau ^ on m'efueilTè, Gc n* eft rien de voftrc Mcdcc,TCpIi*^ qua vn de la Serec>n yde voftrc Venus > endormie, auprix d’vn Dauphin, que portoit Arion, eftant ce Dauphin fi bien raiç.qii’on pouuoic iuger qu’il prenoit plaifir au fon de rinftrument d’Arion,& qu^à regret ce Dauphin arriuoir au porc de Grece , <5c qull euft voulu eftrc plus loing que l’y ay fait mettre des liés tout àrentüui\dc peur qu”vn homme qui cft dedans s’en allaft , & laiffaft le tableau vuide.Gombien que ceft home eft (î bief» fé qu’on le voit tirer à la mort, mais il eft faidauec tel artifice , quony peut re- marquer combien de (ouffleil a cncores^ au corps, & le temps qu’il a à viürc. Ges diuins tableaux^ répliqua vn de la SereCa font faits ou de la main de maiftreSi- mon,qui fit la pourtraidurc dé raadamc Laure, quePetrarque portoit par tout où il alloit: ou bien de la main de celuy que enuoya le feigneur de Rimino en Arezo pour peindre Pétrarque : ou biê de celle de mcirer Raphaël d’Vrbin , qui a peint; le banquet des Dieux; oudelamam de Michel l’Ange, qui s'eft rendu admira- ble en la peintiir^ de fon iügement ; oU’ de celle d’Aiidré de la Montagne, qui eft il exceUent en (aT riomphe. Ma raifon eft,adioufta -il, parce que ces tableaux 3c beaux O au rage s,quc vous auez no minez cy déHlis , ne peuuent eftfe faits du pin- ceau de Polignot, lequeLpcignir gratui-- s E R E É» î8) tement le Portique d’Athenes , dit Pæ- cile , où les Stoïques demeuroyent tour kiounnede Paufanias > qui reprefenta^ fonfonamie Gliccrabouquetierc^fi bié attifee de guirlandes & chappeaux de fleurs , que l’art combatoitauec la natu- relle de celuy de Protogenes, lequel pei^» gnir la figure de lalyfus^où il fut fept ans deflusaïc d’Appclles, qui firvntableau- où eftoiepeinteVenus fortant delà mer,, lequel fut mis par Oûauian au temple de Iules Cefar, 6e eftantgafté, en vn en- droit, il ne fetrouuaiamais homme qui euft la hardiefle d^y mettrela^ main pour le racouftrer : encores moins d’acheuer le pourtrai£t d'vne autre Venus par Iny commencé , ôc nonachcué, defefperans de le rendre conforme à fon commen- cement : ne du pinceau de Timanthe, qui peignit iphigenie prefte à facrifier, rendant les allîftans ôc regardans fi tri- lles & troublez , qifon ne lofoit regar- der, & qui fit auflî la pourtraidure d’A- gamemnon la tefte cnuelopec en foii manteau, fa main ne pouuantfuffifam- ment reprefenter la dcfolation pater- nelle.iie de celuy dçZcufe ,.qui prefenta^ îS(> V IHGTHV ÎXIÈ^ME* vn tableau, où eftoyent deux raifîns , qui ^FOiTîpoycnt les oifeaux ; ne de la bo uri- que de Parrhàfe^lequel trompa auec foa rideaude mcfme ouurier qui auoit trom pé les oifeauxtnede la main d*Ephranor, qui peignit le vifege de Paris , auquel en vn temps,& tout à la fois,il apparoiffbit iuge des Dcelîès , amant d'Helene, & meurtrier d’Achille . le dy doue , adiou» fta il,que ces beaux tableaux qu on a nÔ^ mez cy deffus par excellence, ne pcii- uenc eftre du pinceau ne de la main de ces diuins peintres : dautant qu il y a long temps que leurs tableaux font gaf- fiez, pourris , & vermolus .Vn de la Sc- rce répliquant, va dire : Et pourquoy les tableaux de ces grans maiftres ne pour- xoyent auoirdoré iufques en ce temps, cftans fi curieuferaent gardez , à caùfc de leur excllence,de Pcau,du feu, de Pair 6c du vent^Nous trouuons les Pyrami- des d’Egypte cftrc encores prefquesen leur entier, combien qu’il y ay t trois mil ans qu’elles ont efté faiâcs.Etpuis on dit que le buis, lecedre, l’ebenc. Pif, le geneure,|dequoy eftoyent faids ces tableaux n’cniiicilliflenc iamais, & s I R B E. î 27 ftrc fubicas à quelconque pourriture ne vcxmoliirufo les arbres amers n’eftaus iamais mangez de vers , com- me le cyprès , ny ceux qui font durs*, commcle buys : ôc fur tout on eftimele cyprès pour ia duree , ne fentantiamais la vieillelfe . A cefte caufe Platon dit que les Loix s’engrauoycnt en tables de cy- près.. Et que les peintres apprennent^, adiouftoit-il , que tous ces bois fe doy- uent coupper ,pour durcrià iamais ,lors qu’ils font en feue , & qu’ils commencer à ictter, quand on veut vfer de leur rond, fans les fendre ou efquarrct les autres bois qu’on cfquarre , fe doyuans couper entre Décembre & Ecurier , quand le vent fucillu commence à regner. Et qui perpétué encorcs plus ,difoirdl,Ics ma- tières dont on fait les tableaux , les fta- tucs autres chofes : c’eft vnc efpe- ce de bitumen : que fi vous en frottez quelque chofe que ce foir.lc feu, ne l’eau, ne la vermolifrurc,,nc la rouille , ne la fçauroient iamais empirer , gafter ne confomracr .. Et de faidi: , il y en a beaucoup qui difent qu’on trouuc enco- res des armes des Amazones, gardees parc î88 Tingtîîvitiesmh CG bitume : & aufll que de noftre temps^ on a trouuéaux ruines deRomevnefta- tuë d artifice tant accomply , qu’il eft e^ ftimédiuinpar lesexcellens fculpreurs. Et ne doute-on pointque cefteftatue ne foit de Praxitèle: parce que nous lifons en Paufanias, & CS harangues de Cicero, & en Pline,que^ Praxitèle firtrois ftatuës de Cupidon vôc celle qui s’eft trouuec, le reprefente dormant envn berceau doré, fur vne peau de Lion, nud.auec Tare & la trouffe au coftc,vn peu charnu, en Paagc de dixhuid m ois. Noftre mdfer Panthe- îbn , ayant noté ce qu’on auoir ûit,com- mencaànousdire, Vous auez mis Mi- chel PAnge entre les meilleurs pein- n*es des modernes, comme à la vérité il eft: toutesfois fi l’ay-ie veu reprendre en vne fienne image 5c pourtraidure de la Vierge Marie, qui cftoitaii Vatican, tenant Ion fils mort entre fes bras ; par- ce qu’elle eft là trop ieune, laagc qu’elle femble auoir ne refpondant aux ans de fonfils.Ne fousamufez pas en fi petites ehofes , répliqua quelqu’vn , veu que nous trouuous que &ous les peintres ont bien pounraid les eftoiles à cinq rayons Seree. 109 & poinâ:es,encoresqu'eIIes foyentron* des ;qae s’ils lesont peintes ainfi pour demôftrer leur brillâte lueur^^fi eftce que la plus grâd part des eftoilles ne brillent & n^'eftincelent pas « Et attendu la fuffi- fance des anciens peintres , ic ne croy pas qu’ils ayent peint le Pélican auec vn bec aigu, coin me font ceux de ce t emps, parce qu’il la moufle & platiceque mon ftre fon nom , qui eft Grec,& qui figni=* fie vne hache ôc doloire, comme on ma dit.Toutesfois , adio.ufta il, cen’eftpas du iourd’huy qu’on dit: Toüjiours e^al fournir & hdrdiejje ont heu le Poëte ^ le Peintre ^en ce ont Ifoulîi. y Encores qu’on ay t mis en ces deux vers, va dire vn de la Seree , 6c le poëte & le peintre enfemble,caufe que Simonides dit la pourtraiture eftre vne poefie muet te , & la poëfic vne peinture parlante, fi eft-ce que Tvn a bien heu toufiours plus de fçauoir que l’autre : car on ne Içauroit nier que les peintres de ce temps ne rcffemblent la raonnoye rongnee, eftans fans lettres* Ce qu’on peut congnoiftre lifant ce qu’ils met- i ^ x > Tingtuvitiesmï. îcnt futlcsfepulchrcs,& aux pieds des tableaux .les tableaux mefmcs eftans fi mal faias/qu’o" ne rccongnoift point ceux qu’on a voulu pourtraite au vif: comme s’cft voulu ioucrquelqu’vn par deux qaadrains: Çmnd le peintre mt faiêl ce tMem, ^our rec^notflre t4 figure y il démit en l;nefcritean Mettre^qm cejtoit ta peinture^ Sile peintre neuf- pas eferit • Que cejloit icj ta peinture , ^([euretoy que lon eufl dit QHS cejloit^ne autre figure. le nie doubtc bien , replicjna vn antre, que les anciens peintres 6c ftatuaircs ont elle plus fçauans en leur art , quo ceux de noftre temps,mais non pas tous & y en auoit d’ignares : car nous tiou- uonsqu’Alexandre n*a foufFeit que foiî image fuft iettee en bronze par autre, qpar Lifippe:tirce auec le pinceau d au- tre que d'Appcllc'^t grauee en marbre 6c burinée d aurre que de Pirgotelc.Quc fi à limitation d* Alexandre , dit Equicola, Serbe. 191 d’Aliicto.Amour n’euft cfté dépeint que parbons maiftres , qui culFcnc enfuiuy les doéies , on ne luy verroit pas le ban- deau deuant les yeux . Qu’il ne foit point aueugle , dit Equicola , on le fçaic de ce qu’en la proclamation , & cry de Venus , au poëme de Mofeus , où elle propofe loyer à celuy qui trouueroit Cupidon perdu, en defcriuani Ton fils, iln’cft fait aucune mention qu’il foita- ueuglc,& le prouerbe porte audi , qu’A- mout naift de voir : Ôc fi Platon & A- phrodifee ne luy donnent aucun ban- deau, & ne le font nullement aueugle. Q^è fi Vergile , dit Equicola, & Catule appellent Amour aueugle, ils entendent caché & fecret , & que l’amour aueu- glcleiugement, &non point que Cu- pidon foit priué de la veue .Q^ s’il euft cfté aueugle , tous ces anciens , & bons peintres, & touslesexccllens ftatuaires ne l’euflent pas oublie : car ils ne laif- foyentrien à exprimer tant petit fut=il. CarLyfippusfaifant laftatuc d’Alexan- dre, n’oublia pointa luy tourner la fa- ce vers le ciel , comme il auoit accouftu- mé de regarder tournant vn petit le 1^1 V INGTHVITÎESME €oI,dont il fit fon profit: y métrant ces quatre vers: Ce bronze ejlmi à'^lexândre l'image 1 étant k mont lesyeux O" le yifàge^ ^ Îî 4 ppter femhle dire\ Pour toy Retiens leciel^carU terre ejl pour moy, Tay veiuvadirevn autre, vneftarue an- tique de bronze,^d’vn enfant , qui eftoit fi bien fait , que vous euffiez dit qu’il s’oftoit vne efpine du piedjôe faifoit pi- tié à ceux qSi le regàrdoyent:parquoy le peintre auoit mis an pied de ceft enfanû ^ si ce^ enfant te faiÛpitie ' ^CA ufede fa trifle mine^ Beloiofleluycefleejfine^ Çm le pijue dans le pied , nt apres il t'en rendragrace y^Cuec y ne riante face. Vous trouuerrez , adiouftoit îl,qu’vn Publias peintre , pegnit fi bien fa chate, que Martial dit: ^utytram^ueputahis ejfe’^eramy ^utytramjueputahiseffepitlam. Le quel artifice, répliqua vn delà Serec, eftoit faiâe la vache de Miron , qui rrô- poit èc les hommes &les bcftcs,enco- les qu’elle ne fuft qiiedairain,fiappro* 'O s s E R E Î95 <îiâte du naturel, que les thaureaux,cou* roycnt contre pour la faillir t Cequitia pas efté oublié ne des Grecs ne des La- tins, ne des François, comme vous trou- 'Uerrcz en Ronlard,dc aiîleuisr Ôc ne fçay par cœur que ces quatre vers; rn tan,en hoydnt U figure pecej}eyuche,fut mot^we. le n^y Umm(dtt4l ) pt^ue ritche jnieiéU fektt fit dure. ■On faifoit.va adioufter quelqu’vn, com- me i’ay apprins de Henry Efticnne , ü grande cftime des ouuragcs aptiqueS, principalement de ceux des peintres ôc îculpteurs, que quand on parloir d’vn tableau oud’vne ftatuë d’ouurage anti- que, on entendoit d’vn ouiirage exquis, & parconfequétqu’onjtenoit fort cher, & qui eftoit de grand prix : fi bien qu’on Ht Nthilanttqi4tuihithHi,csÿi 'z dite, icn ajr eu rien en plus grande recommandatio, ôc plus cher.VouIans dire que les chofes antiques font mieux faites que celles dv ce temps; & aulFion voit qu’on les cher- che, 6c qu’on les acheptebien cheres : & pource qu’elles font antiques, on les nô- me antiquailles : 6c dit-on , Il a de belles 1^4 VlNGTHVlTIESME éc cheres antiquailles. Apres que chacua fe fut efforcé de louer les beaux ouura- ges delapeinturej&del’arc ftatuaire,on fe met à dire l’honnefteté & pudicité des peintrcs,&des fculptcurs-.vn de la com- pagnie commençant ainfî : Nous trou* uonsque les peintres, qui s’entendent aux blafons ôc peintures d’armoiries , en lesblafonnâns ne diront iamaisvnc pa- role diflblüë. Car s’ils veulent dire,porte dufynople à vnLion d’argent, fans mé- bre & tefticules, diront ainfi-portc de fy» nople à vn Lion d argent , fans vilanie, Auffi trouuons nous,difoit-il,quc Mar- tia , fille de Varro, excellente en fart de . peinture, fut fi pudique & honreufe que elle ne voulut iaraais peindre homme ne femme nuds, de peur quel’ouuragç demeuraft imparfaiél ; auili que la plus part des peintures Ôc ftaruës des Ro- mains cftoyent veftuës , pournemon- ftrer lespardes honteufes, fignifiâs touf- iours quelque myftere.-comme celles des Grecs eftoyenc toutes nuës . Cequicft côfinnë parAphrodifee,quiefcritqu an- ciennement les images,peinrures,&: fia» tues dés Dieux, des Rois , Ôc des Grâces^ Sereê- 19 f furent fouucnt faites nues, pour démon» ftrerquelapuiiranced’iccùx eft ouuene & manifeftcii chacun, eftans nuds & no couuerts de dol& fraude. C^esilsont peint V'enus toute nue, & fai6l fa ftatuë sas robes, ce n’eft pour inciter & prouo» quer à lafciueté ceux qui la regarderont, ny pour fignifiér que le plaifir de V enus s’augméte entre ceux qui s6t nüds : mais c’eft pour nous cnreignerql’eTFed de la luxuren'cftiamaiscele ne cache. Si faut il bien,repliqua vn de la Sercc, queZeu- zis, ce bon peintre , euft peind & pour- traid la vieille toute nue , qui le fit fi e- normement cfclater de rire , que 1 exer- cice de la ratelleluy tollit toute refpira- tion,& fubitement mourut . pourauoir regardé la pourtraidure de cefte vieille, que luy mefmc auoit iaite,ce dit M.Vcr» rius Flaccus : car cftant couuerre , ie ne voy rié quile deuft faire mourir de trop rire; mais ce bon ouurier apres l’auoir a- chcuce,la voyant nue & vieille, il y trou- iia la mott par le dcrricre,aulîî oie qu A- deon voyant la Decfle chairerelTe nue fe baigner en vue fontaine.Et puis, dites que les peintres ôc fculpteurs iont ûhô- Yiî^GTHVITIESME neftcs ? vcu que|nous trouiions qu\n Pycricus, excellent pcinirc^au contraire de Marcia, ne fc plaifoir qirà peindre les pallies les plusfales & cachées , & fur rourjes parties cafuelles des femmes: & à celle caufe on Va^çclhl^hyparo^raf hm, Et fi n y apas long temps, adioufta-il, que vn bon peintre entreprit de peindre au vif !e cul d’vne trefbelle damoifclle.-mais iamaisiln’cn peuft venir àbout,ny à fou honneiir: &pour toute exeufe va direà la damoifclleduy rendant fes aires , qu’il ne pouuoit^ faire au vif ce qui eftoic mort . Ccluy qui fouftenoit les peintres, va répliquer qu’il ne croyoit point qu ou peuft rrouuer de bons peintres & fta- ruaires, qui vouluffent mettre en euidé- ce & veuë les parties que nature a ca- chées: de auflî que les peintures lafciues corrompent refprit ôc les yeux. Dequoy fait clair tcfmoignage cefte Venus Gnu dienne, ouurage de Praxitellc, deflorce, & la ftatuë de Fortune , laquellecommc eferit Elian,fivt fi ardemment ay mec par vn ieunc Athénien, qu’il mourut auprès d'elle , pour ne Fauoir peu auoir par ar- gent. le vous prie, répliqua quelqu vn. Serbe. *97 queiè vousdife des quatrains qtii ont c- fté faits decefte Venus Gnidicnne, par. ce que ie les trouue bien faits.nionftrans rcxcellence de celuy qui fa fabriquée: voicy ce qu’ils en ont dit & exprime en fleurs fortesr dit^'yoydHt ce Qm U refre fente ft l elle: Pour tableau fi parfait En ^uel heu meyit Vraxitellel pmf ueperfinne ne rn a 'yeu^ Pourquoy me fais-tu ce^ outrage^ V' ajjiurer ^ue ijuelqu'ÿn ait peu Bien reprefntermon îmâgti ^nchifis, adonis, erP^ris M*ont’yeHënueyWats Praxiîclte^ Jamais nue tu ne me yeis^ Comment m" as tu graue fi belle} il faut croire que Praxitelle Jadis ce marbre ji^ur oit Selon quelquyne qutl aimoit^ Car te fuis mille fots plus belle, Venus y ayant cejle Venus ^ pit d'admiration rauie, le peuple ne me priroit plus^ si celle Venus auoit y ie. ^ I iij içS VlNr,THVîTIESMl Fena^dît^ayant apercen Vmm fur l’autel de Gnidie, Imageur^dy moyde te prie, 'En jud endroit tu mauois 'y eu . Qmnd lmon& MineruelfirenP Cejte belle ima^e, elles dirent y ^j^rand tort nom amns reprk Lemgement ^ueft Tark* Celuy qui parloir pour les peinrrcs & ftatuaircs , en reprenant ce qu^onauoir dit de leur honnefteté , parla pour eux ainli : Encores qu'il fe foit troùné quel- ques vqs quiayent pourtraicl deseho- fes deshônefteSjComme on dit que Che- rephanes contrefit des lafcifs & impudi- ques embrafleinens d’homes & de fem- mesîce n’cft pas qu’on lotie le fait en foy, & ce dequoy on faiâ la prcfcntation ,, mais on admire rarrificc de celuy qui Ta peu fi ingenieufementreprerentencom- me quand nous voyons vn Singe , ou la face de Therfi tes, biê peints, nous y pre- nons plaifir,& louons à merueilics, non comme choie belle de foy , mais comme bien contrefaite apres le naturel . Vous en direz ce que vous youdrez ^ répliqua s ER EH. ^99 vn autre, fl cft-ce que ceux qui prennent plaifit à peindre ces parues honteufes, Ixxzks voir, monftrent leur ^ comme pour iuger dclahontc & fua - dife des viadcs , le plusapte eft celuy qui les ayme le plus.On dit aulîi, adioufta-il, que quand Androcydcs LtlegoulphedeScylafcCharibdis qu’il ne fit riïn de fi bié fou que les poif- fons d’alentour : lefquels il auoit fou a- uccplus d’afFedion, &mfoHX au vil & naturel que toutle demeurant : pouicè qu’il en eftoit friand . Gomme poun cz* vous fauuerZeuzis d’impudicite,& qu U n’avmaft les femmesiNous trouuons,di- foifil , que ce Zeuzis voulant fore vn tableau, impetra des Agrigemms de voir leurs femmes nuës,.& que de toutes il en choifucinq.quiluy fembloycntles plus belles, & les mieux formées de tous me- bres : & tirant de chacunes d elles la par- tie quiluy fembloit la plus belle , il en forma cefte excellente peuiture;de la- quelle il fe contenta en telle forte, qu il fotdelTous, 11 fera plus facile àceluy qui verra cecy d’en auoir enuie , que de liraiter-Ccluy qui parloir pour les pein» I iiij 200 VlN€THVÎTÏES ME très va dire qinl n’en croyoic rien : parce que les Grecques de ccfte ville là n'e- ftoyent point h dcshontces 3c barbares^ fulTcnt elles publiques 5 defelaiiïer voir nues aux hommes ; d’autant , comme dit Gyges en Herodote^que la femme ayant defpouillc fa chemife , fe dcucft pareflle- ment de hôte & modeftic; 3c S. Gyprian «fcrit que rhonncur du corps & la ver^ gongnefont mis enfcmble aueclacou- uei'îiire de la robbe: trouuantmauuais aux fenv'^^s de fe dcipouiller nues en entrans dans les baings & eftuues. A ce propos®, adiouftoit il , Baldc dit , que la crainte de la li6te,bicn prouuec/ufEt a faire refeinder vn contrad, iaçoit quhl n’y ayt crainte de mort oude tourmenta comme fi quclqu’vn defpouilloit vnc femme,la menaçant delaietter dehors toute nue . Mcfmes, pour monftrer que Zeuzis ne fît point cebcaupourtrait fur les femmes Agrigcntincs , nous trou- uon^s en Elutarque^que les vierges Mili- fiennes , qui par vnc folie fe pendoyent & eftrangioyenr, furent retirées de fe tuer, par vnEdid,par lequel il fut dir,que fi pas v>nc d’entre elles fe pendoit plus^^ s E R E E. , qu’elle fcreit dcfpouillcc toute nue , & portée ainfi au beau millieu de la place poureftteveuë de tout le monde: les hU les prenans de cela vne fi grande frayeur que rhumeur qui caufoit en elles 1 enme de mourir, ceffa tout à coup icraignans plus le defhônneut & Hnfamic , que là mort&ladouleur:nepouuans les hiles fupporter vne imagination de villennie & honte , qu’elles nedcuoyent encores ïcceuoir finon apres cftre mortes.Et aul fi il eft eferir que tais, combien qu elle fuft courtifannc,ne fc laiffbit point voit toute nue:difant Athcnec , douce d’vnebeautc fi parfaire, que les cxcllcms peintres venoyent exprès la voir àCorinthe, pour contretircr feu- lement & prendre vn patron &dcllem de fon vifage , de fès retins, &eftomach. Et de cefte Lais ,les Corinthiens moyent en porter beaucoup de glo«e,5c en cftre grandement honorez , laillans par eferit qu elle eftoit nee en leur pays. Ccluv qui ay moit les peintres, adiouitoit qu line s’elbahilToit pas fi les peintres ont efté fihonncftes,veuquc ce louable exercice de pourtraiturea efteh recom- 20 2. ^ VlNCTHyiriEME mandé dos anciens , quiln'y auoitque les nobles qui le peuifent exercer. Que fi’ quelques vns s'y addônoycnt (ans auoir ce tilrre de noblefie, cela leur faifoit ob- tenir cepriiiilegcd’cftre mis aux ragdes^ gentils*h6mes:eftânt permis aux Grecs- de mettre la peinture au nôbrc des arts liberaux , & défendue par Ediéb public aux feruitcurs & efclaues.La peinture^ mefines de noftre temps,a efté en figran^ deeftime^qu'ilne s'en fallut gueres que le Pape Leon^qui créa pour vn coup trê* te Cardinaux,nc fir^ auec les autres ^ Ra- p^haëld'Vrbin Cardinal , peintre exel- îentyl'an I j î y.Erpour monftrer TexcU knee ât la peinture , difoic iUesbons peintres ne prenoient point de difciples à moindre prix que de fix cens efeus 3 de il Zeuzis eftimoit tant c'eft art, qu'il ay- meir mieux bailler pour rien fes table- aiix^que d'en prendre petits prix ; difant qu’ils ne fe pouiroyent achepeer à prix queiconque.Ce que môftra bien le pein- tre de nionficurPafquier, qui ne voulut iamais le peindre fans mains, pour dc- niqnfirer qu'on ne fçauroit trop donner pour tels ouurages> & que s'il eutpeint s e'R E E. tnoficur Pafquic r fans mains, <îu’il eftoit en grand danger de n’en pouuoit iamais rien auoir.Quant àlanoblefle despein- trcs,adiouaoit il, elle eft alTez approuuee en ce que fi ceux qui peignent les vitrc- aux,& font des figures, ont mange des aulx ou des oignons ( qui eft la viande du bas peuple ) la peinture ne tiendra nullement fur le verre , non plus que s’ils encençoyent , & euflent le nez ou rhaleine puante.cela n’eftant pas plus c- ftrange, que ce que l’on tient pour tout afleuré , qui eft:quc l’aymant frotté d’vn ail perd fa vertu , & que fi les maritn^s ont mangé des aulx,que cela empefene d’obfcruerla route de leur naùigation. Pline a tan t eftimé la pourtraiture,va di- re vn de la Seree , pour confirmer ce qui auoit efté dit,qu il a laide par eferit, qu’Appelle auoit cela de fingulier de fai rc fes pourtraits fi près du namrcl,qu’\m certain Phyfiognomifte,& difeur de bo- ne fortune , iugeoit auvray de la vie & de la mort.delafanté ou raaladie,dela pauureté & richeflc,tant du paffe que de l’aduenir , de plufieurs quilauoit veu peints de la main d’ Appelles . Quad ce- 204 ^ GT^HTI TTFS^M^^ ftuy-cy rit qu'on rioy t de ce qu'il auoir: dir,va dire qu’il auoit apprins d’Ariftore que quand on veut faire à croke aux ho-, mes vnechofe vrayc^^qm leur femble in- croyable 3 qu'il en faut mettre en auant vue autre^aquelle femblabicment au pa rauantqu^on eufl: eu certain aduis delà vefité jfeaibloic incroyable , &ncanr- moins depuis anoit efté trouuee verita* bîe. Et ayant veu les AduisdeLotin>re- citaqu'vn Athenien^ayant dit au Gôfcii- d'AAen€s,que]esLoix auoycnt bçfoin de Loix/utincontinentmoqués & que ceft Athénien auok répliqué à cefte ri- fee: Auant que vous eufficzfçeu & con« gn&uparexperience,que le poiflon de la mer en le cuifant demande plus dc fel que celuy d’eau douce : & que les ôliues^ , defquelfes on fait rhuyle^ont befbin de ce mefine huyle^pour cftreaugouftplus aggrcableSjVous en fuffiez auffi bien mo quez:Neantmoins,fachantor€S quainfî eft^VGusnevous en efbahiffez ne mo- quez. Vn de la Ser ee, voyant que ceftuy- cy entroit quafi en cholerc, en loiiant î'exellence de la peinture, nous va con^ terqueplufieursgransfeigneurs ont e- SeriEv ftcfi cxcllens en la peinture qu’ils en ont prins le futnom , comme Fabius, qui fus appelle Fabius Pidor : & Ican d’Augio, fils de Raynero.Roy deProucnee,dcpcî- gnit toute vne (aie de famaimque Iules Gcfar auoit achepté deux tableaux fai6ks par Ariftidc, quarante millecfcus;& que le Roy Candaules acheta de BularchuSs pfix de l’or, vn tableau de moyenne grandeur: & que Demetrius ayant prins Rhodes , ne voulut permettre qu’elle fuft bruflec , pour fauucr vn tableau de Protogene , où lalefius eftoit peint ; & qu’Aratus fut empefehe par vn de fes amys de brufler vn tableau exquis d’ Ap> pclle.où eftoit reprefenté Ariftratc, par- ce qu’il auoit efté tyran : combien qu’il ay maft fort la peinture.toutefois il hayf» foit tant les tirans qu’il fut en delibera- tion de le faire brufler : n’euftefté que c’eft amy, pleurant ce bel ouurage,luy euft dit.qu il falloit faire la guerre aux ti- tans , & non pas à leuts images. Nous trouuons auffi e n Lucian,adioü fta il,que Etion boa peintre, porta aux Oly mpies vntableau, ayant en iceluy dépeint les nopccs de Roxane & Alexandre; de for* ViNGTHVITI'ESME î« queProxenis(Iequei lesGrccsâuoyent lors conftitué pour Prcuoft dcsieux)fe deledamàlexdléce de l’art, print Etion pour fongendre.Puis nous va conter la' ruzè d’vnc Gourtifannc,qu aymoit Pra- xiteles,pour fçauoir lequel de fes table- aux eftoit le plus exquis & le meilleur, ce qu’il difoit auoir leu en Crinitus. Pra- xiteles, commença il a dirc,eftant araou» reux de Phryné.luy bailla Pvn de fes ta- bleaux, à fon chois. Celle femme prie fonamy de Praxiteles de luy bailler la meilleure piece,de tant qu’il l’aymoir. Ce qu’il ne voulut faire . Que faiélel» leîElle fufcite quelqu’vn qui va dire à ce peintre , quelefeu clloit prins à fa bou» tique. Lors Praxiteles,efmeu de ce mef- Ifage , luy demande , fi fon Gupidon c= lloitfauué. Etpar celle fîneffe ellefçcull bien lequel tableau clloit le meilleur, & le plus elaboure.V n Drolle va lors repli» quer ; pays que les peintures & lcs pcin- tres font en lî grade cllime,poarquoy ell ce qu'ô ne merles tableaux, & ces beaux ouuragesjcs fales où IcsMagillrats & lu» ges rendent la lullice , tout deuant les yeux des Picfidents,Lkutenans 5c Cou- feilîcrs.pour les aduertir d’auoir Dieu,& la iuftice.cn rccommandationîll fut r cf- pondu qu’on mettoit ces peintures der- nerc le dos des luges, & non par le do- uant , affin qu’ils ne fulicnt rauis par ces pourtraits,& que les peintures ne vin- létàdefrobcr 1 efprit des Magiftrats ,en s’amufant à les c6tcnipler,& fulFent par làcmpcfchezd’entêdrele different des^ parties ; & ce parl’inftitution de Lycur- gus,qui deffendit cxpreffement qu’on n’euft à mettre aucune image ou pein- ture aux lieux qui eftoyent deftinez à rendre Iufticc,de peur que les luges, fulTent dinertis ailleurs. Par 1 à,difoit no- ftre Drolle , 'vous fçauez bien pourquoy nos luges n’ont Dieu deuant les yeux,. nyfcsfainds,mais par le derrière . Sur k fin de la Seree, vn d’icelle nous va con ter qu’on raift au marché le tableau d’vn vieillard, qui fefoubftcnoit d’vn bafton, fi bien faiét , que quand on demanda à vn ruftiquc,qui le regardoit , combien il cftimoit ce vieillard , & s’il ne le vou- droit pas bien auoir en fa maifomlequcl refpondit qu’il n’en voudroit point de. tel en vie , encorcs qu’on luy donnaft âtîSf y I N G 't H y I T î E S M £^- pour rien : femblant le inarguillier dV- ne parroille, qtüfc fafcha d*vn imager, qui luy auoit faid vn faind en vie , pour fâ parroifle ; ce fabriqueur penfant que c’eft image fuft en vic,tanrettoitfait au vif: toutefois fe reprenant, va dire au peintre^ue c’eftoit toutvn,car fi les par» roifiienSjlüy difoit il, Payment mieux mort, il ne faudra que le tucr.Vnplus grand Seigneur quece villageois, mais non pas plus aduifé,camanda vn tableau y à vn peinrre,luy difâcjpeigncz moy auec vue belle contenance me faites lire tout haut envn liurc que i’auray en main ôc me mettez en vn coing du tableau^ âffin qu’on ne me voye point que ie voye tout le môde.Er ccluyqui auoit cô» té ces contesjvoulan c acheuer la Seree, nous vaeiKoresconrèr l’exelléce d’Ap» pelles, qui auoit cela de bonfurProto- genes, qu’il fefçauoit bien ofter de def- fos fabefongne,^^^: Protogenes n’en pou» uoit bouger ; qui cft vn motfort confi-^ derable,ce dit Pline, pour monftrer que là trop grande diligence Sc curiofité nuit quelquefois:combïen toutefois, difoiîil, que nous trouuons que Phidias fit bien. s E R E E» fluaiicî premièrement il mift l’image de luppitcr en la rué, pour le faire voir aux Heliens:&eftantcaché derrière la porte de fa bouticjuc,efcoutoit ce qu vn cha-- cun desregardansy louëroit ou reproi» droitxc pendant qu’vn reprenoit poffi- ble le nez , comme qui eftoit plus gros que de raifon.-l’autre le vifage.pour eftrc trop long; & quelque autre reprenoit ou= tournoitàvice quelque autre chofe.Ptus apres cela , quand les regardans s en e-» ftoyentallez.Phidiass’enfcrmant au de» danSjCorrigcoit Ôc racouftroit le tableau & l’image à l’opinion & iugcmêt du peu plem’eftimant pas qu’il fallut mefprifer le confeil d’vn grand nombre ; mais U s’eftoitperfuadé,que.nece{raitemctplu- fîeurs verroyent toufiours mieux que non pas vn feul: encor tpu’ilnignoroit pas qu’il ne fut Phidias foy-mefmc.Il ad» loufta que Pline auoit eferit que T urpi- lius feul s’eftoit trouué peignant de la main gauche.Puis nous va dire , qu il ne fçauroit pourquoy lcr derniers ouurages des artizans , encores qu’ils foyent im- parfaits, principalemeut és peintures & ftatucs/ôtenplusgrâd eftime que ceux J 210 VlKGTHViT. SeREE* qui fou t paracheucz.A qui il fut rcfporh» du, que fi les ouuragcs imparfaits font commencez par de bons peinrrcs,qufils font plus efiimez que les pouitraits par- faits des peintres grofiîcrsidemeurâs ccs beaux tableaux imparfairs^à caufc de Te- xelléce de ce qui eft commcneé:& parce Ciccro dir^que P.Runlius auoic ouy dire a Pænetius qu"il ne s'eftoit point trouué de peintre qui ofaft paracheuer le pour- trait qu'Apeiles au^ic comêcé de Venus: la beauté de fa bouche oftât toute efpe* race aux autres peintres d^ypouuoir faire rcfpGdre route les autres parties,qui n’c- ôoient pas faites ny cohimêcces.Lors va de la Seiee des plus endormis^ya dire, le fuis d auis , que fuyuant cefte méthode, nous laifïîos nos difeours en l'cftat qu’ils font,fâs autremêiles acheucr,affin qu'ô les trouue meillcurs.car peut eftie qu’en y adiouftant liousgafterions touto. serbe vingtnevfieme £)es Mom,deiNegres,Cr des Nom, E n toute cefte Scrce on ne parla que des Noirs, que nous appelions Mo» res & les autres Negres:d’autant qu’vn ■de la compagnie nous contace qu u a- «oit veu ce mefme iour , & qui s’cftoit paffé entre vn More & des gens des champs ; lerqjrelsrencontransceMorc par la rue. du temps que le Roy cftoit a. Poi(îliers , s’cftoyent arrcfteE tout court déliant ce Noir , s’efmerueillans de ce qu’ils n’auoyent iamais veu.- tellement que quelque part qu’aUaft ce Negre^, ils le fuyuoyent,ne fe pouuans faouler de le regarder , tant il leur elloit eftrange. L’vn de ces villageois à vnc fois diloit, qu’il falloit bien que cea homme nom fua Marefchal ou bien ferrurier , puis îc reprenant, affeuroit qu’il eaoitbien plus toR faifcur de pouldrc canon , oucricurdc noir à noircir , ou teintu- rier, ou bien charbonnier . Son compa- ViNGT'NEVFïESM-E gnon vouloir gager que c'eftoit vn rs- nionneur de cheminee du pays d’Au- licrgnc 5 ou bien que c’cftoïc quelqu vn quiauoitioüéàS. Cofmeiete viensa^ dorer. Vn autre villageois^lequeleftoit d’auprès de Sainéi Maixant, tenoiepour cerrain fquc c eftoic cncorcs vn Diable de la Diablerie de fonpays ( carmôfieur Bodin dif que les Diables font noirs)qui auoyent fi bien accouftré le beau pere Se^retain,pour n’auoir pas voulu prefter vnc chappc duConucràceliiyqui ioüoit Dieu le pere à la paffion deSainûMai- xant : à quilcs entrepreneurs , en faifanr la monfire^aiioyent dit.ô que vous ioue- rez bien,mdlicursles Diables.il fe trou- uiaauec cesruIliquesquçîquVn ^/lequel ayant voyage, leur difoit, fe moquant de cux,que Thomme qu’ils admiroyent tar, auoit pafle fous TEquatcur , & que pour en faire fouuenir , ( pourccque c’eftle plus grand & périlleux nauiguage que Fonfçauroit iamais faire) les mariniers Fauoycntainfi noircy, comme ils ont de couftume. Vn de ces champeftres va di- re à ceMorc,barbouillé,il eft tips que m faces la lcffiue,car tu n as rien blanc* Ce s E R E E. ^^5 .villagcoys voyant que ce Morenefon- -noici-not , va dire à fes compagnons, il faut bienque ce foit quelque porteur de mafquarade& de moumon.qui s eft am- ll noircy & chafoutre.puis qu ilne parle point. Ce More, qui ent^ndoit amant le Poiaeuin que le François.fc f^^chat d c- ftre ainfi regardé & luiuy de cefte bande ruftique . lesreculoit uoit d’auprès de luy. ee nonobftat le plus bardy d’emre eux ne lailfa a s approchei depeuàpeudeccMore.&enkfrappat fur- l’efpaule', luy va demander en fon Poiaeuin : dy moy, peut, es tauîLeMore lors entrant mcilslefor«tous,)fevmt^^^ lercr, que celu/ qui nous faifoitle con- te ^ous^dit qu ileuft lanslùy omragcces païûr« gésl Tous de U Ser oe .rou- Li€ntfilomo«fteiMerrOg.t.on.esm n’emifad la fiiupUciK & ccspaouics Poiaeuins ; qoalqavn des pl„Lduif«doh.iUoÙt>°n>r»“^ VlNGÎNEVFIESMf. ] par la difpute de deux de iaScrec,Icr- tjuclscommenccrem à s’attaquer, pour ; fçauoir la raifon de ce que les Mores , encores qu’ils foycnt en vn autre pays 1 que le leur , ne laiirent à engendrer des enfans noirs,&femi)lablesà eux . Ce- luy qui attribirott la caufe des Mores à la chaleur, & au Soleil, plustoft qu’à leur fcmcnce , le prouuoit ainfi . le Soleil noircit vn homme , & blanchit le lin- ge , l’aptitude de la matière cftant eau- | le de cecy : or les matières de noftrc corps efehaufees , difoit-il , font noir- cir le cuir , & la peau : dont il adulent j que les Negres , tantà caufe de la cha- I leur du Soleil , où ils ic tiennenr , que ! par la difpofition chaleureuie de leur I corps , font & engendrent les enfans ! noirs; d’autant que la fe.mcnce de leur ! génération cft chaude en eux , eftant | auffi la matrice des femmes Mores treC- i chaude, Sefeiche.- qui eft caufe que Ja | , femence conceuc en eux , eftant dige- j ree par vne violente conception , le I fang du fruidfqui eft formé deuient a» j dufte Sc broflé , l’humide liibtil eftant mis hors : ôî lors ce fàng brufle Q|iné): ; SïREE. leur diair , qui rend auffi leur peau noiraftre : ayant rnefme raifon de la chaleur du Soleil à la chaleur du feu , pour noircir vnc perfonne. Plus , pour proHuer que le Soleil & fa chaleur font les Mores ainfinoirs, & non paslafe- rnencc , il difoit cncores , li les Ncgres, Mores , & Ethyopicns muent Ôc chan- gent d’air & de pays , leurs enfaps a- uec le temps muent & changent de couleur , & deuiennent blancs en Eu- rope, où la chaleur n’eftpas tantvehe- tnente • Ccluy qui tenoit le contraire, repliquoitqucla fcmence faifoit, en ce* la beaucoup plus que le Soleil & lacha* leur , & que- fa difpofition faifoit les Mores; parce , difoit il , qüe les'Noirs qui habitent en ce pays d’Europe , où le Soleil n’eft point ardant, font & en* gcndrent auflibien des Mores comme eux , Sc quelque part qu’ils habitent , ils font toufiours noirs , eux & leurs en- fans: & au contraire, les blancs font des cnfans blancs, nonobftant qu’ils demeu* rct cai Ethyopie : encores que les Mores cuirentvne femmeblanche , Si demeu- rallent icy,& les blacs eullenc vne More, ¥ I NGTNEVF IE SM E denicuranscnEthyopie . Si eft*ce,repîi- quavn tiers , que nature a voulu qu'ily euftdeuxfemences en la génération de rhommejefquelks meflecs la plus puÆ Tance formaft , & raiitre feruifl: d entre- îenenicnc & nourriture . Ce qui appert eftre veritabie, de ce que bhomnie noir engroffant vue femme blanciie , ou va homme blanc viie femme noire, la créa- ture tiendra deTvn ôc de Taurre , ôc fera de couleur brune : ou bien elle fera de deux couleurs .* comme il le trouue en I Lucian^que le fils de Lagus prelenta aux ! Égyptiens en plein theatre vn homme I de deux couleurs : fi que la moitié defon I corps égallementdiuifee,eftoicparfaitea ! ment noire^& rature blanche outre me- | fure.Parquoy,adiouftoitdl,encoresquc | la femenceia difpofcéy puifie beaucoup j (non pas qu'elle foit noire, comme dit | Hérodote ) fi eft-ce que la femence re- | çoit fes dernières impreffions par far- i dcurdiî Soleibreceuansceux qui fôntau j Soleil grande alteration de leur couleur: qui fait que noiir'voyons les peuples e- lîre plus noirs jou moins ,felo qu’ils (ont près des grandes ardeurs, ouplirsJoing* Celuy Seb.ee. xiy Celuyqui fembleroit que fa difpofition de la feracnce faifoic les Negres & les Mores,& non pas lardeur du Soleil . va répliquer ainfi. Si la chaleur du Soleil faifoic les Mores, ceux qui demeurenc foLibs l’Equateur, là où le Soleil eft près d eux,& diredement fur leur teftej’ayàc pour leur Zenith, deuroient donc eftrc plus noirs que ceux qui habitent Ibubz leTropique,où eft lEthyopie-.toutesfois qu’en Ethyopiefbyentles vrays Mores, ceux qui demeurée foubz l’Equateur n e- ftans que bazannez. Son aduerfaire luy va r efpondre , que la chaleur eftoic plus grade en Ethyopie,qui eft foubz le Tro- pique,qucllen’eft pas foubz TEquateur, côbien qu’ils foyent près du Soleil; par- ce, dilbit-il, que foubz l’Equatenr>où les rayons font perpendiculaires , le Zodiac eft droiâ:,& ijon oblique, qui faid que le Soleil defeend plus toft deflbubz leurs pieds le Soleil n’y faifant pas tant de dcr meure, le païs n’y eft pas fi chauit;donc vient que ceux qui y habitée ne font que bazannez. Au contraire, difoit-il , foubz le T ropique, où font les vray^ Mores , le Soleil y faid plus de demeuré, à caufe de K ii8 VingtneVFiesme la tortuofîté & obliquité , & parce les iours d’Efté y font plus longs, le Soleil ne defcendant pas fi toft.-ce qui faid que la chaleur y eft plus grande, &par confie- quenc les habirans y fiont plus noirs; & ceux lafiontles vrays Mares. Et auffi que le Soleil nous efichauffe plus par la refle- xion de les raiz,quc non pas par fion ap- prochemem.xar quand leSoleil eflefle- ué au Cancre, qui eft lefigne plusefloi- gné de nous^fics raiz qui fiont dardez no^ efchauffient plus viuemêt, renforcez par la reflexion,que quad il eft au Capricor- ne , encores qu'il fioit plus près de nous. ÊHodoreeficriuâtqu'en Egypte , aux fins des Troglodytes, le Soleil y eft fi chaule fur le Midy , qu’ils font cuyreles vian- desdesmectansauecdeleauen vn por, fons autre feu.Si cela eft vray, fut-il repli * qué,quelàoùeftla grande chaleur ( fioit par la prochaineré du Soleil, ou par fia re- flexion,ou pourle temps qu’il demeure fur nous) les gens y fiaient plus noirs, poûrquoyeft-cequen la feule Affirique on trouue des Mores, que nous appellôs Ethyopiens,vcuqu’ily a des autres ter- re^ & régions aufli chaudes qu’eft Affri- s E K. E E. ir^ quefOnfe regardoitlVn Tautre, quand quelqu’vn va dire, que cela procedoit de la feule qualité & condition delà terre, & félon qu’elle eft plaine , feiche , mon- tueufe ou craffè, & félon les vents qui y régnent, fe faifoientles Mores : leshabi- tansdumontMegezaen Afrique eftans blancs,& ceux de la plaine petits. A ce- tte caufe , difoit-il , d’autant que la Lybie eft vne terre toute vnie & plaine , fans montaignes, areneufe, & fans eaux , elle conçoit & retient vne grande, chaleur, qui efchaufFc merueilleufèment l’air à l’entour, & faiâ: que la complexion des hommes, qui y habitent, eft tellement muec , qu ils font les perfonnes noires, que nous appelions Ethiopiens, Mores, Ncgtes,& Noirs.Lprs vn delaSerce va dire, que la plus partdecequiauoitefté dit de la caufe des Mores , luy fembloic vne vraye chiquanerie, & corne dit TA- dage,c’eft percer vn grain de millet d’vn tairiere ; parquoy ; l’opinion de Theuet luy femblant plus fincere ôc véritable, fouftenoit auec luy, que ce n eftoit ne la femence ne la chaleur qui faifoit les en- fans noirs en Ethiopie, mais que c’eftoit ItX) VINGTNEVFIESME le farrg chaule & adufte qui caufoit la noixcifleure. Qi^elqu Vn contrariât à cc- ûe propoficiô, va répliquer. Si eft-cc que fi la chaleur de cefte terre Lybique peut caufer la frizure & çrefpeleure de ces Mores, ayanslepoil ridé &repliépar v- neficcité & chaleur cfficiente,pourquoy donc ne pourra la chaleur noircir^ Et ne fert de rien à dire que la frizure des che- ueux vient de la torcuofité des pores: car lârplus queTexhalation,qiii faiél le poil, eft fumeufe,de t^ant plus le poil fera rc- coquiHc & crcfpé par chaleur & ficcité, ce qui eft terreftre & humide voulant defcendre & sabbaiflèr, & ce qui eft chàulc & fec voulant monter : & pource que les Mores rfont pas grande humi*^ dite, le poil deflcché parla chaleur fc retire ayfément, comme il feretireroit par le feu ;la çrefpeleure descheueux n eftant quVne conuulfion 3c retire- ment à faute d’humeur, qui fe fai d par la chaleur de 1 air qui noos ^enui ranne* Etccela ce preuue de ce que Jes cheueux crefpés ôefrizez font plus dursqueceux qui font droidsiles chofes feches eftans dures. De là vient, que ceux quiabon^- Serbe. iii dent en humeur, ou demeurent en vn air humide,n*ont point les cheueux cre- peluz,roaisouybien ceux qui habitent es régions chaudes, comme les Ethio- piensc pour autant que leur cerueau , & Tair qui les enuironne, font chauts. Ce- fte chaleur fait auflî,adioufta-il encores, que les Mores font fort camus ,'6<: di- riez qu on leur a coupé le nez fur le bil- lot: cela procédant de la grande cha- leur,qui ne permet pas que les os & les cartilages croillent beaucoup , comme venâs d'vne matière inutile ^ vacante, les petis enfans le confirment bieii,îcf- quels eftans chauds , font camus, ayanf en leurieunefle le nez fort court . Et fi faut noter que les Mores,& tous ceux qiii font camus , font choletes : & qu’au contraire , les grands nez font pluspa- ' tiens de prudents , & qu en la Bible quand on dit que quelquvn a grand nez, les interprètes tournent patient: ce qui demonftre qu en la Phyfionomic y a quelque diuination decomplexion. le m’esbahy , répliqua quelque autre que noz mignons, qui trauaillenttant fe frizer , ne mettent aulfi peine a £c ren- K iij w VINGTNEVFIESME dre camus comme font les Mores , & à prendre leur teina: & couleur: pourtant qu'entre les Mores,la camufetie,la cou- eur noire , & auoir les cheueux reco- quillez & frifez,leur eft autant d’eftime & de beauté, que noftre grand nez,no- ftre couleur blanche , &nos cheueux longs. Quilfoitainfi, difoit-il , les thiopiens peignent leurs Anges noirs, camus, & ayant leur cheuelure crefpec, comme ils fopt: & non pas blancs , auec ie nez allez grand , & les cheueux longs Sc vnis, comme nous peignons nos An . ges, tout ainfi que nous fommes, &que nous penfons ceux eftre beaux entre nems qui ont tout cela : principalement la France ne trouue pas beau d’eftre ca- mus, car au lieu que les Ameriquains ^oiKconlîlîerla beauté de leurs enfans a^eftre bien camus,au côtraire nous trou nous nos enfans, plus beaux ayâs vn peu Iç nez long:& comme les fagés-femmes de leur pays eferafent & enfoncent le nez de leurs petits enfans auec le poul- ce,tout au(îî toft qu’ils font nais , com- me on faid: en France aux petits chiens, nos matrones a l’oppolîte, tirentlc nez s E R E E. à la naiflànccde leurs enfans, l’allon- geant de peur qu’ils foyent camus , ôc de peur qu’ils reffemblent aux Mores du nez : Plutarque dil'ant que celuy qui a le nez Aquilin eft Royal , & ce- hiyquiale nez court, gentil , plaifant & aggreable . Mais qiiifaiit , deman* da quelqu’vn qije les Ethiopiens ont lesleures groflès? Aquiil futrefpon- du , que celaproccdoit de la chaleur, auffi bien que leur camuferie , à caufc de l’air d’Affrique, qui eft extrêmement chaulr.lcquelparreiolution de la por- tiô la plus fubtile^efpoiflit lez humeurs attirées enl’extremité de leurs leures: la mefmc chaleur caufant aulTi aux Mores, Ethiopiens & Abiflîns leurs pieds gau- ches,8ciambes enneleesxomme lach^ leur peut gauchir le bois 5 elle peutaufli difFormerôc corrompre le corps des a- nimaux auffi bien qu elle faiét le pou de latefteda grade chaleur bruflant lafub- ftance des membres , & les faifant gril- ler, comme le feu fai£l le cuir : par mel- meraifonles Egyptiens cftans fort po- dagreux , ayans les articles & pieds tort enflez : combien qu aucuns difent cela K lii} ^ 1Î4 ' VINCTNETFIESMÉ. venir de ce que lepied du Taureau.figne celefte, fort de leur région, s’eftendant lurl Ethiopie, pa,r(|uoy en leurs lettres hiéroglyphiques par le pied,de bœuf,ils lignifioyent l’homme podagre , parce Cf ue le beuf y eft fort fubieét. Et no feu- lcmét/i,ir-ij adioufté , ceftc chaleur aaift au corps,mais,qui eft bien plus,eIiegou- uerne les adions •• d’autant que nous voyons tous ceux qui habitent vn pays , tropchauld, ou trop froid,eftre barba- res, &auoir leurs humeurs brutales & leur regard hideux ; la bonne tempera- turede l’air profitant & feruât non feu- lera et, ez corpsdeshommes,maisauflt aux aélions de l’elprit & de l’ame : Ari- ftote affermant les trauaillez de chaleur ou de froidure eftre Barbares : d’autant dit-i!,quek bonne température de l’air rend les mœurs & entendemens meil- leurs Et aufli que la nourriture des Eoy_ ptiens faiél beaucoup à les rendre bar- bftrestcar Solin dit qu’ils le nourrilloient delocuftes, ce qui eft confirmé par S. Hierofine , fi le mot Grec ne lignifie pas aufli bien autre choie , que des lauterel- Ics. le penfe,repliqua vn autrc,qu’il fau- s E ÏL E E.- J droit beaucoup d’annees aux Mores Se Negres , eucores qu’ils habitaffent en noftre region,pour leur faire perdre leur barbarie ôc brutalité, & muer leur com- plexion en la noftre , aufli bien qua changer leur couleur, tant la force de la fetncncc humaine eft grande, quand el- le a receu en foy quelque qualité bieji enracinée: la vertu de la génération aySe fi grande puiftkice , qu’apres beaucoup de générations diuerfes elle peut re- tourner.tellement que vous verrez , ad- touftoit il , que d’vn Æthiopien demeu- rant en Europe , payant vne femme blanche , que poffible il n’en viendra point vn More , mais que de fa fille , qui ferablanche,encores quelle foit mariée auec vn blanc , il en pourra venir vn Nègre ; comme Ion dit de Niceus Pocte Grec,lequel apres trois générations naf- quit tout noir:par ce que fon ayeulc s’e- ftoit accouplée à vn Ethiopien : & com- me nous trouuons qu’vne femme blan- che d’Europe , ayant enfanté vn More de fon mary qui eftoit blanc,fut aceufee par luy d’auoir eu à faire à vn Negrcr mais à la finil fe ttouua qu’elle eftoit en K V 11 ^ V INGTNEV FIESME la quatriefme lignee defccndue dVn More : Et auffi nous trouuons que Hip- pocrates iauua vnePrincefleaccufeed’a- duIterc y par ce qu’elle auoit enfanté vn enfant noir comme vn Ethiopientà cau- fedupoLirtrâidd’vn More femblableà l’enfant^ lequel couftumicrement eftoit attaché à fon lid:. Pofliblcj va répliquer vnefelle-tondue, que celle femme blâ- ch e^^qui accoucha d vn Noir ^ eftoit Sor- cière 3 & que quelque Diable , auflî noir pour le moins qu’vn More hauoiten- { ;rolîée; car monfieur Bodin tient que es Sorcières peuuent conceuoir d’vn Diable , & qu’elles dilènt que les Dia- bles ont leur femcnce froide & noire, comme Hérodote afleure que lesEthio- piens Font aufïî noire , Sc pource il dit qu’ils font leurs enfans noirs. Il futre- pliqué,qu’il eftoit mal ayfé à croire , en- cores que Bodin l’ait dit , que les Dia- bles puiflent auoir à faire à vne fem- me Sorcière : & que ficela auoit lieu, qu’il y auroit bien de la Diablerie par les champs : combien quil fèmble que Ladlance Firmian aitereu que les Démons eftoient capables de gene- s Ê R É É. tij tatioti, mcfmes qu’ils auoientengefidré: Agrippe & Cardan fcmblans auoirfui- uy cefte opinion. Laiflànt là ces Diables pourtant qu ils valent, qüelqu’vn com- mença à faire Vn conte dVnc femme qui fefîtengrofleràvn More, pour fçauoiir s’ileftoit meilleur mafle que fon mary# qui eftoit blanc. Les fages-femmeseftâc bien cmpefchces pour fauuer l’honneuif de faccouchec; le mary ne s en pouuant contenter, lappaiferent, enluy deman- dant Auez vous pas foüuent mon bon Goïtipere , prié Dieu qu il vous donnaft vn hoir maflefeft-il pas vray.Le rnary ne le pouuant nier,& confeffànt qu ouy :on iuy répliqua , qu’il auoit ce qu il deman- doit & que c’eftoit vn hoir mafle que (a femme luy auoit faid , & en deuoic plus toft remercier Dieu, qui fauoit exauce, que de s’en fâcher. Le mary lors fàtisfait & content,prend ce petit More entre les bras, & le mignardant & le baifant lap- pelloitfon petit Moriquault , fon petit noir mafle , de fî bonne grâce que lac- couchee & les matrones ne fe pouuoyeÉ tenir de rire» Ceftuy qui auoit récite ce conte, & cefte farce , voyant qu on ne K vj 2i8 VINGTNÏVFIE SME rioit poinr, va dire à ceux de la Serec.ricr Il vous voulez, ie ne fuis badin ny fariné; & fi nelaifferay à vous demander com- ment vous pourriez tirer au blanc con- tre vn More. Ceux de laSeree fans rire cncores , luy vont refpondre qubn ne pouuoit tirer au blanc où il n y auoit que du noir.ll va lors répliquer , que pour ti- rer au blanc contre vn More , quil ne faudroit que luy mettre vne coque au cul. Quelquvn alors ne Ce pouuantte- nirderire, luy va demander, pourquoy c efioit que lesMores ont pour le moins Ics dents blanches,& tout le refte fi noir, niefmes les ongles , qui deuoyent rcfiftcr à la chaleur aufïî bien que les dents. Il va refpondre que lesMorcs auoient les dêts blanches a caufe de leur fermeté , qui re- fifte a la chaleur du Soleil , là où la peau n’eflant point dure, elle fe faitnoire, & par confequent les ongles, qui viennent de la peau.On demanda auifi quicaulbic la timidité aux Mores. On va dire,que la chaleur ardâtc quieftcn leur region,les bruflede telle forte que la chaleur inter- ne fe diffippe ayfémêt,trouuant les con- duits ouuerts par la chaleur externe; tel- SERBE. tl9 Icment que le dedans, dcmeare fi froid que les Ethyopiens ont toufiours efté ti'ouuez craintifs; au contraire des Se- ptentrionaux, quife trouuent hardis & Willans.par la froidure de l’air, qui refcr- re leur chaleur interne au dedans, dont ils font rédus courageux:^ombien qu’au- cuns Aftrologues, fut-il dit rapportent latimiditédes Méridionaux & Moresà Saturne, lequel domine en leur contrée, comme ils font l’ardeur belliqueufe des Septentrionaux à la Planette de Mars, fur lefquels elle a grande puiflance . Q^c la chaleur duSoleil brufle les Ethyopiés , fut-il adioufté.il appert par ce que dit Af- clepiades, qu’ils vieilljffentbien toft, Sc dez l’aage de trente ans , & qu’en Angle, terre, qui eft vn pays froid,les hommes y vieilliflent iufques à fix vingts ans ; le froid faifant contenir au dedans la cha- leur naturelle , & leurs corps eftans plus fcrrezils viuentpluslongtemps,au con- traire des Ethyopiens , qui ont les corps plus rares, par ce qu’ils font lafehes par la chaleur du Soleil. Il fut auifi récité > que la grade chaleur faifoitquelesMores,& ceux qui habitent és pays chaulx, auoy et 2JO VINGTNÉVFIESMÉ le teft & crâne fort dur , auec peu de fii- tures,& que ceux qui dcmeuroicnt és ré- gions froides l’auDiét plus mol ; parquoy la bleiTure faide au crâne qui eft mol , eft plus dangereufe que la playe & contu- fion du teft qui eft dur; à caufe qu’il faut plus de temps à pourrir & altérer le teft dur que le mol : &par le teft dur & mol, furet recognucs les teftesdcs Egyptiens d’entre celles des Perlâns , ayans efté Sc des vns & des autres tuez en vne batail- le.ce dit Hérodote. Ce ne fera hors de propos, va dire vn de la Seree , G en par- lant des Mores, ie vous enfeigne comme ils chaftrent & feccent leurbcftail , qui pourra poflîble feruir à noftre pays.Ocft que quandils veulent chaftrer leurs ani- maux , ils ne font que leur couper les ve- nés qui fon t fous les temples ; lefquelles eftans couppees,il ne peut deftendre au- cune humeur deleur cerneau, & parce moyen toute génération eft retranchée- Et me fuis fouuen t elbahy, difoit-il , que ceftepradique n’en eft venue iniques à nous , veu les accidens qui arriuent de nos chaftrures. Quelque autre va deml- der , fi la rencontre d’vn More eft vnc StKtt. chofc malheureufe,&fi^l^^ fignific quel- que tnalencontre , comitie il aduint m Brutus , &àSeuererEnipereui:: Ælien Spartian difant en la vie de Seuetns, que la rencontre dVn homme laid preiugea* la mort à ccft Empereur. U fut refpondu que beaucoup de chofes fe difent fans raifon , qui ne font pas véritables : cela polluant arriuer à deux ou à trois , qui n aduiendra pas à cent : n’y ayant rien de certain, là où Ton ne peut donner de rai- fon: mais, ie vous prie, difoit-il, quelle raifon fçaufoit on donner de ce qu on dit que ceft vn bon- heur de trouuer en première rencontre v ne belle femme, 8c vn mauuais d’^cn trouuer vnelay de 1 La rencontre d vnMore,va refpondrc quel- qu’vn,denote malheur pour ce que plu- fleurs de ce pays deuiennet fecs & éthi- ques pour toucher feulement alafueur d’vn More,& difent qu’il en peut autant auenir à fa rencontre. Mais , répliqua vn de la Serec , qui font les vrais M ores , de qui la rencontre & la fueur nous mena- ce de quelque finiftre euenement ? Car difoit-il, nous appellôs More tout hom- me qui eft noir, comme les Ethyopiens, . > VlKÔTNÊVFIESMÊ ôc les Indiens de la Zone chaude , Se au- tres terres nouuellement trouuees , ores que les Mores de la Moritanie ne foyenc communément gueres plus bruns que • les Efpagnols qui font leurs voifins, fe- parez d eux feulenlent par yne mer , qui n’a pas trois liuës de large , tel endroid y a. Et fi abufons auiourd’huy , adiouftoit- il,de ce mot de Morexar les anciens La- tins appelloy êc iadis Africa , ce que nous appelions maintenat Barbarie*, &c la par- tie de cefte Barbarie, où eft le coing que faidla mer Méditerranée auec l’Ocean, s appelioic Mauritania , 3c Thomme de ce pays là Maumy On va demander à ce- ftuyqui auoit tant demandé,fi on n ap- pelioic pas vn homme barbare , lequel n’a point d*erprit,qiiiel1: inciuil,&qm n’a nulle vertu 3c honncÆeté , de ce que ceux de Barbarie font totalement pri- «ez de toutes ciuilitez& gracieufetez, 3c pleins de tous vices & cruautez. Quand cefiuy.cy eut eonfeffe qu’ouy i & que tous ceux qui habitent les pays trop chaulxont leurs mœurs brutales , aufli bien que ceux qui demeurent en vne ré- gion trop froide, la température défait s E R £ E . 23} ftniant autant à l’efprit qu’au corps , il luy va demanderai ceux-làquenousap- pelions Barbares , ne pourront pas auec le temps laifler leur barbarie, &: feduili- fer comme nous le penfons eftre , eftant maintenant leur pays peuplé & frequê- té, qui ne deuoit plusà celte caufe eftre appelle Barbarie, ne eux Barbares; le mot barbaren leur langue ne fignifiant quc deferr. le ne demande pas cela, adiou- ftoit-il,{ansraifon ; car le temps peulca- mender ou empirer vne nation>commc il fait les métaux , les Romains ayans ap- pelle beaucoup de peuples Barbares, qui auiourd’huy lont plus vertueux, honne- ftes, accords, & ciuilifcz,qu ils n eftoienc de leur temps: c’eft aage icy produifant les cfprirs plus exçellens & meilleurs qu’il n’a faiét par lepafle. Et non feule- ment difoitdl encores , la nourriture &C lescouftumes ontpuifiànce de changer le naturel de quelques particuliers, mais aufli de tout vn peuple , comme 1 hiftoi- re nous le faiél voir de la plufpar t des na- tions du monde: mefmement des peu- ples d’Allemagne , qui n auoyent du têps de Tacite, ny loix,ny religion, iiy fcience. 134 VINGTNEVFIE SME ny forme de Republique, & maintenant ils ne cedent à autres quelconques en bonne infticution de toutes cbofesicom- bien que du temps de Cefar les Ger- mains , gens robuftes & belliqueux , vi- uoienr feulement de laid , fromage, 8c chair, ne fçachâs q c’eftoit ny de bled, ni de vin ni de labourer, ni de femer:&à ce- fte heure, il n’y a pas vne ilatiô qui les fur- paffe en toutes ces chofes. Vn de la Serec apres tout ce difeours , va dire : le croy vne chofe quant à moy , que ^excellence des vertus, & la grandeur des cfprirs , a èfté toufiours vne, & de mefme forte dâs le contenu de ce monde , & que leur fe- mence a efté mife icy quant & les hom- mes ; &c que le temps ne produit point d’autres eiprits & d’autres vertus , que celles qui fe font veiies aux hommes de tout temps, & que le temps ne les empire ny amende : mais bien qu’il peut faire quelles paffent d’vnlieu en l’autre , & quvne nation qui aura efté par le pafle inciuile , fauuage & barbare , peu à peu puifle chager fa ftupidité,& barbarie , en ciuilité.-prudencc,& dextérité: Le temps inftruifant & informant pâriiculieremcc s E R ?■ E. l’efprit 8c la raifon d’vn chacun > 8c tran- fportantlcs grandes vertus de pays en pays. A quoy rien ne fut répliqué par ceux de la Seree : mais tous layans ap- prouué s’en allèrent en celle opinion. SEREE TRENTIESME. nés paumes O' des mendians. Elle fetec ne fut pas fi loyeufc quelaprecedcte.àcaufcqu’au- cuns d’icelle , vn iour d hyuer qu’il faifoit fort grand froid , envenans fouper.auoyenttrouué vn pauure mala- de , quafi tout nud , couché de fon long fus vn perron de boutique ; ce qui les a- uoitefineusà fi grande pitié que durant le fouper.&encores apres, ils s’eftoicnr montrez plus trilles que de coullume: combien qu’ils luy eulïent allez largemet dillribué de leurs biens . & mis ordre à fon couchcr.-fçachâs bien que ce n’ell pas alTez de bailler le viure aux indigens, mais qu’ils les faut vellir 8c loger . Et m’elbahis que le Magillrat ne contrainft les riches , mefmemcnt les gens d Eglife, 25^ TRENtlESME de leur bailler leurs neceffitez ; les Ca- nons difans que le bien d’Eglife fe doit mettre en trois parties : la première pour lespauures, la fécondé pour les pafteurs: la tierce pour entretenir les baftimens de leursEglifes.des hofpitaux ôi de leurs lîiailons.Les gês d’Eglife le deuans* con- tenter de peu J côme font les quatre Pa- triarches de l’Orient, aiifquels übéylTent tous les Chreftiens du Leuant; qui n*ont que chacun deux cens ducats par an, en- cores qu’ils ayent de grandes charges. Car au Patriarche de Conftantinoble obéit toute la Grcce > Macedoine , la Thrace,Epire, & tous ceux qui font fub- iedsà ceft Empire, voirelesMofcoui- tes. Le fécond Patriarche, qui demeure au Caire,afoubsluy l’Egypte ôc Arabie. Le tiers corn mande fur la îudee, Damas, Barut Sc Tripoli, & tiêtfon lîege en Hie- rufalern.Lequarrielme demeure en An- thioche,& apuiflancefur les Grecs de la Sirie. Si bien que larichclîe des EgÜfes Occidentales eft fi mal difpenice , eu efi gardàrEglifeprimitiue , ôc aux grands biens de maintenant qu on ne peut ofter de la bouche de la plus grand part; 137 Sekee. A« temps pa/fé en l'auge d’or, CroJJè de bois,luefque d'or: E» ce temps font autres les loix Crojfeà'or,i,uefquedebots, Les luifs encores qu'ils foy ent bannis de leurs pays , pauures & efpandus par tout le monde, menans vnevic miferable. Ci ne laiflent ils à s’ayder 1 vn 1 autre, fi bien qu’à peine trouuerez vous rn luif qui mendie. Les Goths , peuple barbare , a- uoient accouftumé de brufler Je logis de celuy qui ne vouloir loger les pauures eftrangers : eftimâs celuy luftement eftrc priué de fa maifon , qui la denie aux au- tres. Ceux quioDteftéen Turquie, fça- uent bien que nous délirions mourir de honte, & rougir autant de fois que nous voyons de pauures endurer & la faim, 8c lcfroid,gifanstoutelanui(9:,& toutl’hy- uer fiir le paué , fimalveftus qu ils font; d’autant qu’il n’y a nulle comparaifon entre noftre charité & leur pieté, fi noiis regardons à l'inftitution deleurshofpi- ■taux,&: aumofncries, àl'ordre quiy efl: obferué,,& zu traitement que rcçoyuét làles pauures:foiénrChreftiens ou luits, foient riches ou pauures , tous y fiant re- 238 T R E N T 1 E s M E ceus.’mefmesque les Seigneurs.Bachats, & Atnbaflàdeuts , s’y logent, à caufe que vous y elles logez comme en vn Palais, Et fi les riches prennent leur portion auffi bien que les pauures: ces paflànts pouuans y Iciourner trois iours & nour- ris & hebergez De Montagne recite que deux Saunages furent amenez au Roy Charles ncufiefme , & qu’ils auoient apperceu qu’il y auoit parmi nous des hommes pleins , gorgez & bien fouis de toutes fortes de commodité } &que les autres eftoient mendians à leurs por- tes, defeharnez de faim & de pauureté: & trouuoient eftrangc comme ces pau- ures neceflîteux pouuoient fouffrir vne telle iniuftice,qu’ils ne prinfent les riches à lagorge,oumiflêntIc£cu à leurs mai- fo ns. Ils font fi pitoyables que leur com - paflSon & humanité ne s’eftend pas feu- lement entr’eux , mais aufsi ils ont com- miferation desbeftesbrutes , acheptans des oylcaux renfermez dans des cages, aufquelsils donnent liberté pourl’hon- neur de Dieu;commeils baillent du pain nyauoirpaslong temps qu’il fe tfouua vn Turc à Venife fia ville la plus riche de la Chreftienté; lequel rachepta tous les oylcaux de leurs caiots > leur baillant li- bertépour l’amour de Dieu , & de la pi- tié que luy faifoient cespauurcs prifon- niersparlans & châtans:Les Turcs ay ans des aumofnes& hofpitaux pour les be- ftes:Nousdcuons, félon de Montagne, vn general deuoir non aux belles feule* ment , mais aux arbres melmes & aux plantcs:& comme il dit, nous deuons la iuftice aux hommes 5 la grâce & béni- gnité aux autres créatures, qui en pcuuét eftre capables; y ayant quelque cômerce entre elles & nous , & quelque obliga- tion mutuelle. On lit auffi que Pythago- rc eftoit fi pitoyable , que ion humanité s’eftendoit iufqucs aux belles brutes : en priant les oyfeleurs, apres auoir prins des oyfeaux, de les lailTet aller: & quand il fc rencontroit entre les pelcheurs,ilache- toitlestraids de leurs rets , & faifoit par aptes reietter tous les poilTons dedans la mer.La plus grande iniurequ’vn Athé- nien eull peu dire à Ibnvoifin & citoye, eftoit de luy reprochcrjque iamais il n’c- ^40 ^ TrENTIE SME ftoic entre dans le temple de ]Mi(erîeor- de;auquelperfonne n entroics’il n'eftoit bénin Sc fecourablerencores eftoit ce par permifsiô du Sénat , qui iugeoit s il eftoit tèl.Entre les Romains il y auoitvnc lov gardce inuiolableraenc, que nul n’euft oie faire fefte en publicjs’il n’auoit pour^ ucu auparauant à tous les pauures de fon quartier & voifinagc. Mefmes les Sor- ciers ôc Sorderes confeflent que celuy quicft aumofnier & milcricordieux, ne peut dire ofFenfé de leurs fortileges , en- cores que d ailleurs ilfoit vicieux. Mon- fiçur Bodin ditjque fi Vn Sorcier deman- de laumofne à vn qui ale moyen de la donnerj& il (bit refufé ^ celuy qui n’aura rien baillé à ce pauure Sorcier , fera en danger d’eftre charmé; inpyennanr que celuy a qui on demande l’aumofiic igno- re que celuy qu’il efconduit foitSorcier. Et fi eftoit aufsi pour nous inciter à dire aufmofniers& charitables aux pauures, que la fainéle Elcriture dit, donnez iufti- ce,en lieu que nous difons, Donnez l’au- niofne: comme eftant IVne des chofes qui iuftifie plus le melchanr. Et aufsi ce que nous donnôsauxpauures /s’appelle des Gréez s E R E E. 141 des Grecs ( comme 011 dit ) ^leemojynijc^ c cft à dire , mifericorde , Kg^pe , qui cil à dire charité & diledion: encores auiouf- dliuy les pauures nous priet de leur fai- re charité. Voicy quVii grand en dit aux grands? A t indigent monflre toy fecourable LuyfMfant part de tes biens à foi/on: Car Oku bénit ^ accroi^la maifon Qm a pitié du paume mifetable. Las îque te fert tant d*or dedans la bour/e» Au cabinet maint riche yeflement: Dans les greniers tat d'orge defromét% Ef de bon yin en ta caue yne fource} Si cependant le paume nudfriffonne Deuant ton huys, e27“ languijfaht de faim Vomtouten fin rta qu*yn morceau de pain Ou s* en reua fans que rien on luy donne» Has tu^ cruelle cœur de telle forte De mefprifer le paume infortuné, QuiiComme toy^ef en ce monde né, Ltycomme toy, de Dieu l'image porte} Et afin que les pauures de Grece fulTcnt bien toft fecouruz, lans les faire attendre tout vn iour à vne porte , comme le plus fouuentnous failons ^ ils.porcoient des 2^1 T R E N T I E S M E cloches allans par les rues , donc eftoienc appeliez uithagiotds, & touc incontinent on leur enuoyoit l’aumofne;tant ils crai- gnoient ce que difoic Vly (Te dansHome- re^eftanc en habit de pauure , Dtj funtme^ diçorumVindices. Et combié queparl’E- uangile, &parHomere, laplus grande demeure des pauntes 5 & où ils eftoyent le plus, c’eftoic à l’entree des portes :fî rrouuons nous des nations, entre autres les Celtes, qui ont efté fi mifcricordieufes Sc pitoyabIes,qu’ils ne ferm oient iamais la porte aux pauures , & lî leur permet- toyent d’entrer iufqucs à la cable des conuiuGS : 6c là ils demandoient de cha- cun raumofne , & layanc receue , ils rfe- tournoient aux portes dont ils eftoienc venus.Etàce propos Nicolas dit en fon traidé des mœurs des Gentils, que les E- gypriens neurét iamais de portes à leurs iogis:6cnous quinousdifons Chrefties, la première choie que nous comman- dons à nosferuircurs , c’eft de ne iaifler approcher de nous pas vn pauure , mais deleschafier. Et dk auftîle mefme au- theür, qu anciennemêtil n’y auoitpoinc d'hoftelleries,: parquoy les hoftes fe s E R E' E, Z45 donnoicnt des prefens & pour fe reco- gnoiftrefe bailloienrdes marques cou- pées en deux, qui fe rapportoient com-. me nos tailles : &c telle marque s appel- loit hofpitalis tejjera , & en Grec ZenUy ( ainfi qu’on m’afaidà croire) comme quidiroit ho/piulitatem: l’horpitalité te- nüeparles anciens en grande reueren- ce,& eftimee fainde & inuiolable, ne plus ne moins que la foy . Cefte pitoya- ble rêcôtre de ce pauure fut caufe qu Vn de la Seree, voyant la compagnie plus tnftequedecouftume , mil en doubre. Cl h. pitié & mifericorde auoit lieu en l’homme fage.Car,difoit- il , pitié & c5- pallîon eft vne maladie de l’ame de relprit,de la mifere dautruy , efmouuât les pitoyables. Or les. Stoyciês tiennent qué Thomme fage n’eftiamais efmeu ne troublé en fon cfprit pour quelque cho- fe qu il voye,ou quiluy arriue:cômment donc,difoiMl , feroit efmeu Ôcfafché l’homme fage du mal d autruy,puis que dufien mefmeil ne s’en paffionne nul- lement’Parquoy il concluoit j félon les Stoyciens,qui tiennent que ces efmo- tions viennent de noftre vouloir, qu’en 1^4 Trentiesme rhôme fagenc poauoittôber pitié &c5. paffiôiD’autât adiouftoit il,q qui eft pru- dêt 3c fage eft côftant'qui eft conftant il n eftpoint troublé:qui n*eft poît trfeublé il eft fans triftefle. Et par ce à bone raifô Socrate a reprins Homere, qui feint A- chilles , filsdVneDeeflè , eüeué &in^ ftiuiél parle fageChiron, fe ietterpar terre, & de telle forte fe lamenter, qu v- ne chctiue femme ne pourroitfaire vn plus grâd dueil. Thaïes auflî à bon droit blafmaSolon , vndes Sages de Grèce, pour seftre monftré trop defefperé ÔC contrifté de la mort feinte de fon fils> que Thaïes luy auoit dit eftre mort,pour efprouuer la conftance de Solon, qu’on penfoit eftre des plus fages & vertueux: cela nous demonftrant qu’en ces cho- £ès,Ies fages font les plus fbls,& les plus tourmentez de pallions & triftefles. Il s’en trouua vn autre de contraire opi- nion : tenant fort 3c ferme que les fages neftoiemhorsde paffion non plus qüe les autres : & approuuant l’opinion des Peripatetiques, qui difont que lesaffe- (Sions &efmotions procéder de noftre çaturSîtenoit qu’entre le vice 3c laver- s E RE E. 24T tu il y auoit des chofcs neutres & moy c- nes , comme la mifericorde & la pitié, par lefquelles l’homme fage peulteftrc efmeUjtroublé & paflîonné. Les Plato- niciens & Peripateticiens , difoit ihn ’o- ftent pas les afFeéüons, & ne dtfFendent pas laioye, oulacommiferation , mais temperent,& les ioyes &: les miferes.Là oùlcsStoyciens reprouuent toutes les affedions, & approuuent leut apathie, c’eft à dire n’cftre point cfmeu: rendans les hommes ftupides & infenfibles , ne fentans rien de l'hommerce que reprent làindAuguftin , faind Hierolme: les Stoyciens voulans, ce difcntils.ofter ce qui eft de nature, &: nak âHccnous,& qui n’eft pas volontaire:n entendans pas qu’en oftans les vices des hommes, ils oftentauflî la vertu .Puis ce Peripatc- ticien s’addreflànt à celuy qui foufte- noit que l’homme fage n’eftoit iamais efmeu ne paflîonné plus à vne fois qu’a l’autre , luy va demander , s’il voudroit maintenir que ceux qui auoieni trouue ce pauure malade furlepauc , qui lesa- uoit efmeuz à pitié , ne fuflent pas Pages. Car ie fouftien difoit-il, & eft vray, que L iij V 14 <> Trentiesme lapidé & compaflîon peur efmouuoir lesfages, non pas corame les femmes, qui de commiferadon & pidé lè mettét incondnent à crier & pleurer , & qui fe paflîonncntlàoùii ne faudroitpas , Sc là où l’homme fage & prudent ne feroit en rien troublé ne efmeu. Et mefmes nous voyonsquela mifericorde caufee & pouffée de l’imagination de veoir fouffrir autruy , faiéàbien fouuent plus efmouuoir & changer la perfonne qui l’imagine, tant fage foit elle , que le pa- tient • ainü que l'on cognoill en ceux quife pafmentplustoft en voyant fai- gner ou penfer vne playe,que le patient meline. Il fut foubftenu par l’aduerfe partie,qui eftoit de 1 opinion deLangius contre Lipiius, que pitié eftoit vne ma- ladie & vn vice d’vn efprir petit & ché- tif, fuçcombant lia veucdumald’au- truyjnonpas,difoit-il, que nefoyons fléchis & efmeiis à la douleur & mal d autruy, mais pour ayder , non pour le douloir, permettant bienlamifericor- e, & non pas la coramiCeradon; appel- ât mifericorde vne inclination d’efpi it, ;^our Ibulager la pauureté ou la; douleur SEB.ee, 447 d’autniy;& ce mifericordicux , encores qu’il ne pleure point, 8c ne foit efmeu, il confortera le miferable à fon pouuoir, & l’aidera libéralement, 8c fera plus bé- nignement qu’il ne dira, 8c baillera plus toil les mains que les paroles au necefîi- teux 8c tombé, loind que la pitié nous eft tant naturelle, que celuy qui n’a pitié de ceux qu’il voit en adueriîte,ne fe lou- uient point qu’il eft homme,8c par con- fequent fubieéfà toutes infirmitez hu- maines , defquelles aucun ne fe peut di- re exempt. Si eft-ce luy fut-il répliqué, que le pleurer de pitié n’eft point à blaf- mer , 8c qu’il y auoit vn vieux didum Grec , qui difoit que les gens de bien 8c vertueux eftoyent prompts 8c fubieds aux larmes^, 8c pleuroiét facileméf.Les larmes naiftàntes aux yeux par la dou- leur du cœur; carpar la douleur fefer- râs les pores, 8c comprimants l’humeur qui y eft enclos , il aduicntque cefthi^ meur s’efcouledehors par les ycux.Mais icyous diray ,adioufta-il, ceux qui ont pitié des pauures , pleurent ou ne pleu- rent pas , méritent d’eftre appéllez pi- toyables, 8c ne leur peut on donner vn 14* Trentiesmb plus beau nommô plus qu’à ceux de Ca- tane, lefquels ayansfauuéi^irfrs pères & meres du feu, ne peurét eftre honorez de plus grand honneur de leurs citoyens, que de les nommer les pitoyablesteftant vn grand reconfort aux afBigez de trou- uer aucun s qui ay ent compalEon de leur mal. Quelqu’vn de la Seree s’interpo- lant en celle dilpute , va dire qu’il auoit veu des pauures fi bien haranguer , & faifans fi bien les calamiteux & mifera- b!es, qu’il ne fçaaoit fi graue Stoïcien, qui n’euft par eux cfté incité à pitié & compalïion,& ne leur euft eflargy de fes biens, encores qu’iln’euft, euque cela: la neceffitc leur ayant enfeigné à vlêr de ces artifices, & apprios celle Rhétorique : nousellansfi peu charitables , fi auari- cieux, fi fubieâsa nos biens, fi peu crai- gnans & aymans Dieu , & gardans fes commandemens, qu’encores ncpeuuét ces pauures miferables , en monftrans leurs vlceres& playes, arracher vn pau- ure double rouge de nos mains; eftans contraints, tant cllropiez, cadauereux. chancreux & desfigurez qu’ils foyent. Ce srouuer aux Egliles , afin que la fainâeté SÈîiEE. cîiiReu incite &efguiIlon ne cciix qui les voyent,à donner l’aumofne; comme la reuerence du temple admonneftoit les Platoniciens & S toyciens de ne faire & dire aucune chofe, quinefuft vertueufe & digne du lieuoùilseftbient : ôepour eefte caufe ne bougeoiêtgueres du par- uis ou portique du temple.Là où au teps> paflTé, on neuft pas enduré les panures», ainfi tombansen pièces feprefenter en public » y ayans: desperfonnes députées, pour leur (ubuenir. Qi^e s’ils deman- doient, ceftoit a(rez dcdke,ilmefau- droit bien du^ pain , fàurois bien belbiit d’vne robbe. Tertullian dit» nous bail- lons plus d^aumofnes » & defpendons* plus à bailler par les rues aux panures ,> que vous ne dépendez en voSmaifonsïi monftrant par làlacharitc des premiers Chreftiens. Maisauiourd’huy la charité cft morte fans heritier, la pitié eft paffee deceftevie fans faire teftament. Si cela* auoit lieu, répliqua vn autre, veu le fiecle où nous fommes , & la malice des hom- mes pauures , tout le mondes fe diroic panure, afin de viurefans trauailler, à fonaifcj&fansfoucy. Car encoresque: L Y \ 2fO Trentiesme îâ charité foit bien refroidie, de que cha- cun sexeufe fur les guerres ciuiles , fi ne laifie il de létrouner des perfonnes fai- nes oc valides 3 qui mangent de defrobée le bien des malades de des pauiires. Et fi faut bien aduifer en cuidanc fe compor- ter charitableraent entiers les indigens». dcdonernourritureàla parefFe de plu- fieuis faineans » qui (e confians aux au- iTîofnes, ne veulent rienftire ; lefquels outre ce qu ils delaiilènt leur meflier ^ ils priiient encorcs les vrais pauures des* lubuentions qu on leur feroit plus adua- tageufeSr Mais pour eimouuoirle peuple a plus grande piciéjdifoit-ilvdeuinez que ces gueux de câlins font l lis contrefont les malades de &init iari , ayans la bou- che pleine d ercmne.xe qu’ils font facile- mène en mâchât la racine dlierbe à lou- loh : ou feront les demoinacîesie faifans manorer: vous les iugerez hydropiques, fc fai fan s fou fie r a a c u 1 ; ils ne 1er o n t ia- mais fans vue iambegangrence > eflio- menee,fphacellee,fiftuleufe,GbancreLire^/ qu ils nomment vnciambede Dieu :ac- couiîrans ainfi celle iambe auec ync rattede bœufpjofcedefius, remplie de fang& de laid. S’ils n’ont vne iambe, adiouftoit-il , ils auront vn bras de pen- du, lequel ils inonftreront pour le leui. fi bien que ceux qui ne le verront le fenti- ront. S’ils ne peuuent rien gaigner eftans en vie , ils contreferont le mort : par ce qu’il y a des perfonnes qui ont plus de pitié des morts que des viuants. Ce que i’apperceu vne foispaflant en vti che- mm ; car en allant ie trouuay deux malo- trusqui demâdoientraumofnè auxpaf. fans , au recourjl’vn des deux eftoit efté- dufur la terre, qui faifoitfi bien le more que tous les pafians y furent trompeziÔC fon compaignon, eftoit auprès de luy, qui amalToit les auroofnes pour le faire enterrer , fedifoit il, A cefte caufe , plu- fieurs ont voulu dire que les pauures ont efté appeliez des Latins Meudici, à mentis-- tio, à caufe qu’ils mentent» Encores que CCS gueux nous abufent , répliqua quel— qu’vn, fine faut- il pas laifferpourleun impofture d’aider à ceux qui en ontbe- foing, de peur que les bons n’endurent pour les mauuais’.n’eftant pas raifon que la faute de peu foit chaftiee par là peine de tous,& fautlailTer au Magiftrat à def- L vj Trentiesme CGuarir 8c punirlcsaffrontemensde ce# beliftrès & tnaraux. Que s’ils eftoicnt difoit-il , aulîi bien agencez comme i’en vis accouftrer vn,n’y a pas long temps, ils craindroyentà le raocquer de Dieu 8c du monde ; ce gueux del’hoftiere con- fdlànt auoir faidll’hydropiqueplus de ^ingt ans, allant auec fa fuitte de Ville en ville. Interrogécommeil fe faifoit ainft enfler; ilrelpondit que tous les matins les compagnons , qui aaoient part à la quefl:e,luy foufloyent au cul, 8c l’enfloiét tout ainfl qu’on faiéi vne veffle dcpor- ceau; puisluyeftouppoientle fondemêc auec des eftouppes poiffees 8c gommees. &qu au foir ellans retirez, Itjy desbou- choient fon bourdôneau,8c que toute la nuit,il ne faifoit autre chofe que fouffler, cépcndant que ces copagnôs de cagnar- diersiouoient des doigts , ôcquéles au- tres amaflbiétdes broutilles: tous fe feq.- tâs de la quefl;e,& de ceqa’il auoitamaf- fc.Lemaiftre de lamailon bien ayfede ccqnoncommençoieà oublier la tnfte rencontre qu’on auoit faiden venant fouperchezlay, nous va conter que ce iûur mcflîîe il auoit trouué vn .giietix,.qtii Seree. 2ÎÎ luy demanda l'aumofnc , le<^Hcl faifoitfî bien le rompu, l’cftropiat , le boiteux , & le manchot , & contournant , les bras SC lesiambes de tel artifice& induftrie.tp’il ' penfa le prendre pourvn autre, encores? deux ou trois iours deuant l’cuft veu diipos & droift: & nous contoit qu’ayât eDml'agc cepautire.il luydifoit ; &c mon amy,pourquoy vas tuainfii'pourquoy re- iiiretu ainiîles bras? quelle comiulfiotv l’a prins? pou rquoy.prens-tu tant de pei- nelT’ay-ic pas veu,n’y a pas longtemps,* t’aydei-auffibien de tes membres com- me ie fay des miens?Etque ce gueux, ne lepouuantnier.luyauôitrefpondu; bc- îashnonfieur, puis que vous voyez que ie trauaille tant à aller ainli , & contour- ner mes bras , tant plus deuez vous eftrc incité à me donner quelque chofe, & a- Hoir pitié de raoy , veu la peine que le prcn.Lorsienemepeu tenir de rire , & de luy mettre del’argent en fa main,qu d ferra bien auec fa conuulfion. Vn delà Seree venant à reprendre noftre hofte, luy va dire qu’il ne falloitpasbailler 1 au- mofne aux valides , qui ont le corps fain ôcdifpospour icauaillcr, 5c qu’en leur ÎÎ4 T B. E N TI E S ME baillant on les eotreticnten leurs impo- ftures & mefchancetez , & qu’en leur donnant ainfi aifément,cela les accoqui- ne:carceluy qui facilement impetre,fe rend plus hardy à demander. Ce n’eft pas la première fois, va refpondre le mai- flre delà maifon que i’ay efté reprins de bailleroùil ne falloir pas ; car.il me fou- uient qu’vndenies voiiins me tanfade ce que durant le cher temps l’auois bail- lé raumofne à vne ieune fille , encores qu’elle euftla poche & le bafton: medi- lanr, qu’as-tu affaire de bailler rien à celle grande fille ; ie t’alfeure qu’elle befon- gneroic mieux que toyiiequemoy. Ne Içachant s il vouloir rire, ou-quoy • le îuy relpons , ieitneroismieux bailler à deuiç ou trois valides , encores qu’ils n’en eu A lent nul helbing , que d'en laiffèr vu qui- cnauroir neceflité, pour le moins diioit il, ienerefuferay ramais pauurequimc demanderadu pain, tel quifoit : carce- luy n’eft pashomme qui dénié du pain à J’homme.-qae fi on trouuc du pain à ter- re,en le baifant onle releue.-parquoyles Grecs fouuent l’appellcnt/dcerp^w: & le vieux prouerbe Grec parlant des ca- Ser.ee. 25T iins , & de ceux qui mendient fansbe- foing, commande pour le moins de leur bailler du pain , & pour toutes autres viandes, des coups de poing; afin de leur faire 1 aider cefte façon de viure fans tra- uaillcr , & de les empefcher de manger le pain des impotens ôc malades , qui ne peuuent gaigner leur vie. Mais ie ne vou- drois pas faire , adioufta noftre holle, comme fit vn CardinaUequel en voulait chader les valides d’vn hofpitaljcn chada aud'i les malades & impotens ; & voici comme il s’y porta. A Vetfeil il y a vn fort bel hofpital,& de grand reuenu, du- quel rœconome & difpenfateur eftoit vn Cardinal, fort fafché de n’en receuoir pas grand profit, à caufe de là multitude des pauures là bofpitalez, pelez, &i nour- ris. Ce Cardinal pour remedier à cela, faiababiller vn lien feruiteur en Méde- cin, l’enuoyant à celle Aumofnerie pour vifiter les malades , faifant femblant de les vouloir guérir .-bien infttuiâ: de fon maiftre de ce qu’il deuoit faire.Les ayant veuz 6c vifitezjil leurva dire,qu’il y auoit bien moyen de les guérir tous , moyen- nant qu’vu d’entr’euxfuftrouti tout VIE, TRENrrESHE & que de la greffe qu’il rcndroit les au- tres fuflcnt oingts Sc greflèz par deux ou trois matins, & que fur fa vie ils fcroient tous remis en bonne fanté & dilpofition. Puis auec grand ferment il leur promet de retourner le lendemain: de quecelujr là fur qui arriueroit le fort i feroit routjr tout vif: &qu’ainfi auoit efté ordonné parle Magiftrat, & partons ceux de la ville. Cefuraflezdit.ilrn’eftoit quafipas hors de cefte Maifon-Dieu , que tous les habitans d’icellc, vontfonger comme ils pourroient forcir , non feulement hors de l’aumofnerie, mais auff de la ville,tac ils auoient grand peur , les vns de guérir & eftre contraints de trauailfer , les au- tres craignâs que le fort tombaft fur eux. Que voulez vous' plus. le vous adèure que le lendemain que le Médecin re- tourna à rhofpital, il n’en trouua pas vn» & fi en y auok beaucoup qui eftoient a- îitez ,& n’auoientbougédu lidily auoit plus d vn an : eftans dellèchez comme momies,nereft3nSdans leurs corpsque des os enfilez enfemble. Si me voulez tlcouter,va dire vn autre , ie vous feray qiuû vn raefraeconte. Ilj auoit cavno SEItEE. Ifr ville, commen ça il à dite, fi grand nom- bre de pauutcs malades, qu’ô ne les pou- uoit nourrir & entretenir , & fi craignoit on bien fort qu’ils ne miffent la peftc en ce lieu là. Le Confeil de la ville affemblc, faid amener dcuant eux tous les mala- des & inipotens, & les faidl vifiter pat leurs Médecins & Chirurgiens : lelquels dirent à ces pauures malades que iamais ne gueriroient s’ils ne changement d’air, & que l’air de cefte ville n’eftoit pas bon, mais tout contraire à leur fanté : leur re- monftrant qu’il y auoit des maladies qm ne fcguetiflènt iamais en vn pays, ou bié envnautrercomroeà Rome on ne peut guertr dnmal de iambc , 8c à Naples dit mal de teftc. Parquoy fut ordonné,pour leur grand bien , quils fortiroient de là ville, pouriouyrd’vn meilleur air & plus fain. Mais le bon fut d vndela ville , le- quel fçachât qu vn de ces malades , à qui on faifoit changef d*^air , auoit des efcu s coufus en fa robbe ('tellement petacee & defchiree qu’on l'euft prins pour vn pre- ftrcdeProferpinc) s’offre de luy bailler vne robbe toute ncufuc, foubs vmbrc de pitié & d’auroofne.afin d’empoigner ce- trentiesme fts vieille robbe, quïl difoit vouloir vii peu faire rabiller, pour la bailler à vn au- rre.Ce pauure,priele Magiftracde n’e- flrepoinâ: contrainca: de prendre ceftc robbeneufae, & lailîer laficnne: qu’il y auoic Q autres pauures qui en auoienc plus grand befoing queluy: quil auoic moyen dauoirvne autre robbe, par ce quonluy auoitditqu’ily auoit vn Gor- delierqui vouloitlaiflerfon habit ; quil eftoit fi toible que les couftures dVne robbeneufueluy feroient mal. Ce bon -aumofnieraffeurcit. le Magiftrat que ce pauure ne vouloir prendre vn bon ha- bit,afin degaignerplus d’argent, & ef mouuoir d’autant plus le peuple à luy donner, le voyant endurer fi grand froid en ce mefehant habillement . La ville ne fçaehantou tendokla charité de ce ci- toyen , eftoit bien empeïchee : encores qu vn de la ville pour la decifion de ce- fte cauft euft mis en ayant ce qui (e trou- ve en Xenophon, qui eft allez commun. Ceft 5 qu Alliages demanda vn iour à Gy rus conte de fa dcrniereleçondequel refpond qu’il y auoit vn grand garçon en leur cfchole ^ qui auoic vn petit faye. SER.ee. qu’il donna à vnde fes compagnons de plus petite taille queltty>& luy oftafon faye , qui eftoit plus grand que lefien.- Mon précepteur, difoit Cyrus , m’ayant faiftiuge de ce different: ieiugeay que l’vn & lautre fembloit mieux eftre ac- commodé en ce point. Surqupy mon maiftre me remonftra auoir maliuge.’car i’auoisconfîdérélabien feance, & non pas la milice: à laquelle premièrement falloir auoir efgard. LailTant ce propos indécis, par ce qu’on ne veoit gueresles pauures refufer vne chofe qu’il leur cû: neceffaire , on fe va mettre à dire que les pauures encores qu’ils trouuenta man- ger & à boire, endurent beaucoup par la vermine qui les mange , pour ne muer point d’habillemés : quelqu’vn de la Se- ice nous contât que ces câlins ne laiflcnt pour eftre tous coufuz de pouilsderire & de fe moquer , comme fit vn ces iours paftez, lequel mettant la main à fon col- let va dire; O mon vieu que te fuis heureux, Venfant prendre Xm pouih'en prens deux. le vous prie , va dire meffer Panthaleon, decroirequefi voulez bailler du lingea Itfo TRENTIESME ces pauures.qu’il n’y a rien meilleur que de leur faire des chemifes qui foycnt de lin, pour les garentir de celle vermine de pouils. Voyant qu'on ne le vouloir pas croire, il va dire que Pline alïèuroit que le lin n’engendroit point de pouils : & qu’il ne parloir hmzxsfinevlinio.vlutarcho, vlatone, 0 - V4rro»e :nc faifântiamais la ronde que fur leur mot de guet. Dy tu pas,luy répliqua vnefeiTe-tondue.quc tu ne dis riêfi n’as le pot 5^ le verre au nez.^ Lorsilva refpondre, qu’il nefatfoitpas comme De Montagne, qui dit qu’il n’al- Ic^ue point le plus fouuent fes autheurs où il prend ce quil dit, afin que fes re- preneurs s’dchaudent, & quelc penlans reprendre,ils reprénent Platon , ou Ari- ftote.ou quelque autre bon Autheur. Mais quand a moy, di(bit-il , ic ne veux point que perfonne s’efehaude , & aufll ie ne veux point me brufler s’il m’eft poffible , & fuis bien content qu’on ne fe prenne à moy de ce que ic mets en auâtr parquoy ic nomme toufîours mes au- theurs, afin que s’il y a de la faute en ce qu ils ont cfcrit,qu’on s’addrelTe à cux,& non pas à moy „ qui ne le récite qu’apres i€i Seree. cux.Retouruans à la mifcrc des pauures, quclqu’vn de la Scree coromançaadirc, ie ra’esbahis comme les pauures, mefmes Us plus miferables & cadaucteux , crai- gnent tant à mourir , veu le md quils Indurentdàoùpour fortir hors de tou- tes miferes, ils deuroient pluftoft fouhai- terlamoriquelavic ; & cornmc ditvn Pocte,celuy la n’cft iamais mifcrable, qui ne craint point de mourir, & comme dit vnautre, la morteft le repos des maux. & la fin des trauaux : ioin6t l’efperance affburecque doyuent auoir les pauures d’eftre bien heureux apres leur mort, s’ils prennent leurs affligions & le" pauureté en patience ; & toutesfois ils ontaufli grand peur de mourir que les plus riches, & bien fortunez. Voyla de Llles reraonftrances,fut il répliqué, que pluficurs ayment mieux faire aux pan- ures perfecutez de tât de pauuretcz, que leur donner vn double rouge. Mais di- foit-il, ils ne fçauent pas qu’il n y a choie tant pefante que la pauurete , & qu il elt bien plus ayfé de la louer que de l endu - rcr , &c qu’en matière d’aumofne , il faut fermer la bouche , ouurirlabourle: T R E N T I E s M E chacun excufantbien , cc dit Sencccjue, & plaignant celuy quieft appauuryfans qu’il y ait de fa faute, mais nul ne luy donnefecours.Toutesfois,adiouftoit-il, la crainte que ie veoy qu’ont ces pauures naiierables de mourir , m’alîeure qu’ils n ontpas tant de mal comme l’onpour- roit penfencombien qu’ils deiiflent plu- ftoll fouhaitcr de mourir que de viure: Les Dieux n’ayans rien donné de meil- leur aux hommes que la vie brefue, fi nous regardons à ce qui eftefcrit dans les Poètes, quAgamcdes & Triphoniusa- presauoir édifié le temple de PithusA- Çolloilsluy firentoraifon quefon plai- fir fuft de leur donner la meilleure chofe qui puifle aduenir à l’homme. Leur orai- fon finie , la mort lesfaifit en s’endor- mant. Et comme dit vnPoé'te; O que les Dieux ont donné diuers cours. Cours miferable,4ux habitans du monde: cnrjôiei leurs tours logs moyes oufbrt courtSy Kien que mifete en leur yie il n abonde. Et aillieurs Quiconque foit en ce monde ~venu, Ouraifonnable,oubrut(ilamm(il, i6i S E R E E. Veumquilfoitàfafinparucm, il e(l certain qu'il n’aura rien que mal. Dift en outre ce mefme Poète de 1 Eftat, d’Amphiaraus. Extrême amour luy portoitlupiter^ It ApoUo l'aimoit autant ou plus . Q«e firent-ils, pour yers luy s acquitter De ceflamourlils firent au fi/ffLlus mdece bien l’homme efi fouuent forcluâ) Oj£en ces bai lieux brefuefutfa demeure. it par cela fans doubte ie conclus, Qjte nul nay bien , iufques a cequ il meure, E n vn autre lieu il dit aum vleurer peut bien celuy qui y tenta naifire, Veu que toufiours en mifire il doit efire. Homere appelle auffi en toutes occafios les hommes miferables: lequel imite do Menandre, dit , qu il fuffit pour nom de malheur.d’eftre homme.Le melme Ho- mère en vn autre lieu , dit ainfi : Entre tousles animaux terreftres , aquatiques, & volatiles, il n’en y a point de fi mifera- ble quel homme. Menandre dit que la douleur & la vie font parents. Plaute dit qu’il eft beaucoup meilleur d’auoir velcu que de viurc: Silenus §c Pline, auec le i^4 Trentiesme Prouerbe Latin, 5c beaucoup des anciês difen t que c’eft vn grand bien de ne nai- ftre point. Que les pauures, adiouftoit-il | cncores n’ay ent pas tat de mal que nous ] eftimonSjScplusquelesautres : L’expe- ^ rience nous apprend que nous nous per- dons d’impatience : les maux ayansleur vie ,5c leurs ^l^nes, il leur faut donner pallàge , 5c s arrcftans moins chez ceux qui les laiflènt faire.laiflbns faire à natu- te,ellc entêd mieux fes affaires que nous. Mais vn tel en mourur.fi ferez vous bien vous,finon de ce mafd’vn autre; 5c com- bien d’autres qui auoient trois Médecins a leur cofté. Il faut foufftir doucement lesloixdenoftre condition; nous fom- mcs pour affoiblir , pour mourir, pour cftre malades en defpit de toute médeci- ne. C’eft la première leçon que les Mexi- cans font àleursenfans : Enfant, difent- ik.le faluant aupartir du ventre des mè- res, tu es venu au monde pour endurer; endure , fouffre , 5c tais-toy. Et puis c’eft iniuftice de fe douloir qu’il fbit aduenu à quelqu’vn ce que peut aduenir à chaeû; il faut apprendre â fouftrir ce qu’on ne peuteuiter. Premie- Seree. Premièrement , le pauure tant milèra- ble foit-il,eft femblable la moitié du téps au riche, c’eft cjuand il dort ; car ne le ri- che, ne le pauure,quand ils dorment, ne font rien: or fans aétion il n’y a félicité ne milere. Sccondemét , le malheur n’eft pastoufiours à la porte despauures & miferablesicar comme dit quelqu vn, il neft mitlhettr,doukur, ne mal ji ferme, Qftj quelque iourne prenne fin terme. Que lî la douleur eft grande , difoit E- piciire,elle fera brefuc ; fi elle eft longue elle ne lera pas grande. Plus les pauures ne pouuans mourir de faim, la pcifon ne leur peut nuire , pourccquils mangent l’oignon & l’efchalote auant le repas. D’auantage , les pauures ne font point fiibiets à vne infinité de maladies , ( eft de ne pouuoir porter la mifere: la mifere refidat volontiers auec ceux qui la nourriflènt.di- foit Bias;& comme difoit Diogène , il n’y a que ceux qui font pauures maugre eux, qui deuffent auoir honte de l’eftreicar ce- luy qui fe comporte bien auec la pauure- té,ceditSeneque, eft riche: celuy quia peu n’eftant pauurc , mais celuy quideure d auantage.Si dit -on communément , va répliquer vn delà Seree , qu’en pauurcte n’y a point de fiâcc;& Laerce dit, les Spar- tiates auoir toufiours eftime les pauures eftre roefehans : Claudian appellant la pauureté inique, & Virgile def-honnefte: la pauureté eftant mauuaifc gardienne de pudicité. Encores auiourd'huy , difoit-il, ‘ M iij 17^ Trentiesme appelions nous ceux à qui nous voulons inalaSe péronsiniuner>marauts,coquinsa beliftres ; comme Ieur_voulans reprocher qu’ils font mefchans S: larrons , de qu on ne fc fie point en eux, 6c qu’ô a en haine h païuircté :par ce qu’elle occafionneplu- fieursàs’efgarer du droid chemin : que quand nous defirons quelque maledi- élion à aucun . 6c luy voulons mal, nous luy defirons fur tout la pauureté; ce que verrezpar ce quatrain, le prie^ Dieu quihpous doînt pauureté, nyuer fans feu, -XfeiUeJje fans maifon. Grenier fans blé en P arriéré faifon, cane fans Yin tout le long de l'Efié» Ce quont tefmoigné les Anciens , qui eftanspauures n’ont plus voulu viure ; 6c comme ditTheognis, Vour pauureté fuyr ^ euiter En pleine mer fe faut précipiter. Et la Medee d’Euripide chante ces vers: Las lie prenoy les maux qtse pauureté Me fera faire, outre ma Volonté, Vnfranc-à- tripe ayant bien noté tout ce qui auoit efté ait de la pauureté , va com- mencer a dire:Cela me fafchc tant d’eflre Serbe. ^37 appelle pour ces beaux noms, maraulr, coqum,beliftre>grand colin, que pour fca- uoir fl i’cftois riche ou pauurc , i’ay vendu tout mon bien,Sc maintenant ie fçauray fi on me doit iniurier de ces iniures com- munes & mefchantes , & fi ie fuis coquin & bcliftre. A qui il fut refpondu, que pau- uretén’eftoit point vice: & que combien que ce ne ibit pas vertu-aufli>u faut-il plus toft craindre ceux qui craignent pauurc- té,que les panutes:plus de maux fe faifans pour la richcfie que pour la pauureté ; &c comme dit Theognis , beaucoup plus de aents font péris d eftre trop faduls>quedfe faimdes contenons & itiiures-ne naiffans pas communément à caufe des chofes neceflaires, defquclles aucuns ont befoin. mais bien pour les fuperflucs , ou noftrè appétit procédé ;à vne infinité^ .D auanra- ge, il futiadiouftê que Icspauufcs ont quclqueéfpoir d’eftre richcs,& que beau^ coup ont eu en recommandation la pau-* uretc,par ce qu’elle rend les perfonnesfi vigilantes & induftrieufes qu’elles peu- uent deuenir riches , fi elles trouuent des gens qui leur aydent ; moyennant que Romains. Le plus grand mal qu’ait pau- M V 174 Tkenttesmb CCS pauurcs à qui onaydc , ne foyent de ceux qui autrefois ont eu quelque moy é, & 1 ont dcfpendu : car aydant à ceux-là, vous vous feriez pluftoft pauure en leur baillant,que de lesrendre riches: d’autant que celuy quia defpendu le fien autreraêt qu’il ne falloir , n’employeraiamais bien ce qu’on Iuydonejouprefte>& n’eft fîcn^ Et comme dit Seneque : de peur d’eftre pauure,ilfautmefnager de bonne heure, car l’efpargne qui commence par le fond; eft tardiue; par ce que non feulement le peujmaiscncore le pire demeure auprès^ de la liée A ce propos Socrates admone- ftoit Æfchihes,qui eftoit pauurcjqu’il em- pruntafl: de foy-mcfmc, en faifant,luy di- foit il, moindre defpenfe. La parcimonie futfigrande aux anciésjqueCato le vieux vendit foh cheual de feruice » pour eipar^ gner rargentqu’il euft eoutéà le rame- aer par mer enitalie. Il fe vantoirdc n’a- uoir tamais eu de robbe qui euft coufte plus de dix efcus,ny auoir enuoy é au mar- ché plus de dix fols pour v^i iour. Il ne fut taxe à.Tybcriiis.Gracchus allant cucom- miffion pour la chofe publique , que cinq fob & dfemy , cûant lors le prcmiei des Se 8. ££.• m utctéjVâ dire vn autre de la Seree , ceft que les pauures font touiîours reboutez & moquez, & qu'on ne les conuie gueres és banquets,ny aux nopces, & fi ne trou- uent iaraais de parens ne d amis! d autant, dit Menandre , que le riche pcnfe que ce parent pauure luy doit demander quel- que chofe , & nul ne confelTera celuy qui a affaire d'ayde luy appartenir aucune- ment.C’eft peu de chofe que cela,fut-il répliqué, & ne faut point auoir honte de céWct fa pauurcté, mais bien eft tepro- chabledenefe mettre en effort de l’eui- t«r,difottThucidide. Que les prauures ad- iouftoit-il.foientfubieas à beaucoup de miferestvousverrez ques’ils ontvn mef- chant logis . ils auront encores vn plus mefchâtlit : ils n’ûnt iamais repos en leur vie ; ils ne feront auiourd’huy où ils eftoyent hier ; ny deuant oùilscftoyent àce iourts’ilsont des chauffes , elles feront repetacces , ou il les feudra eflargir eftans trop eftroidcs, ou il les faudra accourcis eflans trop longues, ou elles feront cour- tes,& les conuiendra allongerâls n ont ia- mais entièrement à difner , quand il y a du vin.il n’y aurapoint de paîn:quandil M v) TÇ.ENTIESME du potage, il n’y aura point de chair:quacî ils ont vn faye , ils n ont point de man- teau ; quand ils auront vn bonnet , ou vn chapeau, ils n’auront point de fouliers; bc quand ils ont des chauffes , ils n’àuront point d’cfguillettes. Auec tout cela, les pauuresnepeuuenrtrouuerdelogis ; car outre la peur qu’on a d’eftremalpayédes louages, on adioufte foy à vn prouerbe, qui dit,qu’il nefaidtpasbô auoir vn voi- fin trop panure neittop riche. Et ie croy que e’efl: la caufepourqucy Diogenes ha- bitoit dans vn tonneau, en lieu de inaifon, ne pouuant troauer de logis , eftant la plus grande pauureté & incommodité qu’il fcnritiamais, n’en ayant gueres en- dure d’autre ; demandant ce dequoy il a- uoit affaire de telle grâce & bardieffe,qu’il n’eftoitpasfouuenc refulé. A vne fois il difoitjievous prie me diftribuer de vos biens, fi auez accouffumé de bailler quel- que chofe, fînon commencez à moy, A l’autre fois, fi quelqu’vn conteffoit contre luy de ce qu’il eftoit fain & valide ; il luy difoitjie vous prie premièrement me don- ner, & puis nous en dilputerons. Ildc- niandoit deux fois autant à vn ptodiguej. s E B. fi E. *77 Si qui s'en allott pauurc,qu’à vn bon mef- naser & riche: parce qu’il efperoit aen de- inander& enauoir cncorcs du riche , la où il n’efperoit iamais rien reccuoir de ce- luy qui s en allait pauure. Vn grand Sei- gneur luy voulant bailler vn grand don, luy demanda s’ilferoit homme de bien sïl luv donnoit quelque chofc , il refpond qu’ouv,encores qu’il ne luy donnai! nen. Et quand il voyoit qu’en demadant peu, aucuns luy promettoient beaucoup , il les lailToitlà,& difoit que le promettre beau- coup à qui peu demande, eftoit vne efpe- ce de refus. De peur d’eftre efmeu & ta- ch é fl on l’cfconduifoit , il s’aceouftumoit à demander à des ftatues. S’il rencontroit vn homme riche & mefchat, ü_ne luy de- mandoit iamais rien:difant,Si toufiourSiî a efté larron du bien d’autruy . quelle el- perancey a- il qu’il don ne du fien ? Voyat qu’on bailloit ptuftoft l’aumofne aux boi- teux , borgnes , aueugles & eftropiats, on’auxPhilofophes , & gens de Içauoir, àfoiï que c’eftoit qu’ils craignoicnt plu- ftoft deuenir bokeüx & maleficiez que Philofophes &i fçauants . Quan^ ïemonftroit la peine de fa pauuretc , & de Zjg Tkentiesme tous fes autres compagnons de Philofo- phes , & qu il pouuoit fe mettre a fbn ay- iè: il crioit que la boutique du Médecin eftoitl eicbole de Pbilolophie, où Ton ac- eouroit pour la famé , non pour la volu- pté & plaifir. A propos que les Philofo- pHes&fçauants le plus fouuent ne font pas les plus rich«s,quelqu vn va conter la refponce que fit vn artifan à vn homme de lettre, qui demandoit laumofne , tou- tesfois fc vantant eftre maiftre ésfept arts, libéraux : luy reipondantccil artizan , Ec “oy , ie Içay plus que vous, car auec vn feul art ie nourris moy.ma femme,& mes enfas ;là où auec les fept arts tu n e te feau- tois nourrir feulement. Ges vieux contes acommuns, &tantdefoissredits, furent eaufe que chacun IB vouloir retirer, n’euft eftéqifvn dela Screenous va dire que la pauureté le plus fouuent venoit d’eftre homme dé bien>& qu a cefte caufe qu’el- le logeroit pluftoft chez les gens de bien, que chez les mefchans& riches.; car les> mefehans & riches l’eftimenr mauuaife, ellenefe veutmefler nyauoir affaire auec eux» Et pour preuuedc ce qu*jldifoit , iî aous mettoiten auam,& dcaantlcs yeux. SER-EE* *7^ pîuGcurspauurcsauoireftc gens de bien & erans pcrfonnagcs-.comme Epamino- das,quifuttnis en fcpultuve du publie, auffibieoque Lucius Valctius Pubhcola. llrecita qu'il falloic que les Athéniens baillaflènt vnc robe &des fouliersaLc- machus . toutesfois & quantes quils le faifoient Empereur & conduacur dar- itiee;& que P^Ius Æmilius n euft pas de- quoy rêdre le dot à fa femme. Et qui fai^- difoit-il.quelcsmcfchans font riches, & les sens de bien pauuteS ? Smon que le monde eftrenuerfé , & que les vertueux fontdcboutez,& les vicieux auancez. Parquoy vn Phîlofophe difoit , que s il deuoit rcnaillre.il choifiroitpluftoft eftre toute autre efpeee d’animal qu homme: feachant que l’homme feul entre tout ce quia vie.eftiniuttement recogn^ &ra- uotifé : entât qtfvn bon cheual eft mieux pensé quvn pire, vïi bon chien plus ptifc que celuyquine vaut guercs^, quvn coq eftant gencreux eft plus eftitne que le •couard , & mieux nourry ï la hômmes.ilnefertpt-efquede nen- deft c bon Seyertueux-, d’autant que les VI &. mal viuams fbnt glus iSo TKENTI£SME^ bons. Sieft-ce , répliqua vn autre, que noustrouuôs que les Romains auec leurs Cenfeurs,mettoient hors l’ordre & quali- té de Senateurs,ceux qui deuenoientpau- urès; & que pour tenir l’E ftat de Sena- teut,il falloir auoir vaillant trois mille ef- cus couronne : &que ceux de Carthage n’admettoient en leurs Magiftrats les gês de bien, s’ils n’eftoient auec cela riches: trouuans impoffiblc qu’vn pauure peuft exercer fon office fans corruption. Celuy qui parloir toufiours pour lapauureté , ne lailTapourtburcela à dire, que les Ro- mains n’auoient pas la pauureté en fi grand melpris que Ion penfe : ce qui eft ayféàprouuer.difoit-il , parScipio Nafi- ca.qui demandantl'Edilité , & prenant k main d,’vn ruftique , qni auoir voix aux Gomices,& la trouuant fort rude, luy de- mîda s^il chcnjinoitdes mains. Ce qu’en- tendu Bc Iceu de, tout le peuple Romain, on luy refufal’Edilité: toutes les Tributs ayans prins en mauuailê part, qu’on leur reprochaft la pauHrcté.Puis pqur recQrn" mandation de k paHuceté il adjoufta cqs vers tradurts dc’PalingçHç par vn exeek ientperlonnage de ce tcinpsj Serbe. O bonne pMureté , prefent des cîeux'venu* Non encores ajjè\bien des hommes recogneu» ta garde des yerm, de chafleté l'amie. Le frein des ’volupte'^l entretien de la yie- Tu mejfrifes du fort les accidens diuers, ta rag^ de lamer,desyents,o- dehyuers, Allant ton petit train, fans tjue dejjus les ondes Tu fondes trop auant les abyfmes profondes. Wnfage Democriteynfage Anaxagore, Tous renomrnef^au monde , ZT rnide autres encore Uelfriferent Mis l'or argent, & les biens. Comme eftans de tous maux la caufe o- moyens: Vourquoy î finon d’autant qu’ils auoyent co- gnoijpince Qf^e ce nefl le yray bien^yeu que faiouyjjknce BrvHïlle t* entende ment de fonds trauauXf Etfaiâ t homme abifmer en gonfre de maux. D efire donc fans plus autant quHlefl hef un, Vour maintenir ta yie ^ O* ya point plus loing. Mais pour tout cela t nypai* rime ny par raifon , on ne peuft retenir la compagnie: qui fe retira en diligence, comme voulant fuyrlapaiiureté. aSz SEREE TRENTEVNIESME. Des R/c^a ^ des Auarideux. ' \ ^eree . où auoie cite parie des pauurcs, ne fut ' point tant caufe de difcourir des riches(bicn que deux £on- traires mis l’vn près de l’autre fe cognoif- fçnt mieux ) que la tichelTc & chichete' d vn de nos Setees. qui nous bailloit ce loir a fouper. Ce qu’il faifoit toutesfois le plus tard qu’il pouuoit , attendant des vî- mes de fes maifons , oiî bien que ceux à quul auoK baillé de l’argent à louage , luy enlTent faid quelque prefent, ou qu’il euft veu le gibbier a bon marché, qui eft quad d commence i degeler. Et lors , afin que tout palTaft pour vn, il côuioic tant de gés. de toutes fortes , qu’on ne pouuoit com- modément fe ranger à la t^ble , & fi ceux qui eftoientenvn bout, ne pouuoient en- tendre ceux qui parloient à l’autre : telle- ment qu’il Moit que f’vn dift à l’autre ce quel autre difoit, comme â la guerre , ou. envnnamrc; ce qui eft contre les prece- Ser.ee. *8î «tes de Plutarque. Vous afleurant qu’il n’aflèmbloit point tac de perfonnes pour monftrer farichefle { cftimant qu’elle fe- roit sis hôneur fi elle n’auoit beaucoup de tefmoinsjcominc laTragedie de pluUeurs fpeaateurs)qu’à celle fin de ne faire gue- res de banquetz: & pour cefie cauie.il mettoit fes parents & amis , & ceux qui autresfois l’aiioient conuié , & ceux des Screes.en mefme robbe.Auec tout cela.le pis encore eftoit , qu il nous traiéloit fi milierement J que fimefmes Epaminon- dasy euftefté, il ne s’enfuft pas aile fans fouper: comme il fit vne fois de chez vn fien amy muandil vit l’appareilplus grad que fes facultez . Parquoy ceux de la Seree ne fe pouuoicnt tenir de bailler a noltre hofte quelque atteinte , toutesfois en riât. A vne fois on luy difoit:mon oftc,ic croy que vous eftes Médecin , car vous nous traiftez comme on fai les malades. Vn autre, louant ce banquet. alTeuroit qu’on pouuoit dire de ce conuy comme de ceux de Platon , qu’on s’en fentoit encores le lendemain , & qu on le pouuoit ^peller le fouper des Dieux, comme faid Horace. Vn tiers difoit , quenoftre hofte vouloir i 84 TRENTEVNIE SME obeyr alaLoy,qui defFendoit de fènuei les portes quâd on prenoit fon repas, n’y ayant rien contre les Loixfumptuaircs , quireigloientlexcez des côuiues & ban- quets. Vn, qui auoit plus grande enuie de mordre que de ruer , ayant veu la Demo- nonjanie,nousvadire, que noftre hofté elloit pire que les Sorciers , citant pour le moins la table des Sorciers bien garnie de toutes fortes de viandes bien exquifes, & en grande quantité , toutesfois qu’eftans lortis de leur table , qu’on ne laifloittout incontinent d’auoir auflî grand faim qu’à l’entree; mais à ce banquet, nous difoit il, vous n’auez quafi rien fur table.pour don- ner pour le moins le plaifir que ceux qui foupcnLchez les Sorciers ont en man- geât. & ne fcauriez appellcr ce fbuper vn magnifique banquet, que lesLatins appel- lent Coena d«fo'4,quand il y a tant de vian- des qu’on ne fcait laquelle prendre la pre- mierepour manger ; mais c’eft bien Cœna tt«6M,ainfiquele ptent Henry Eftienne; car nous ne fcauons fi nous avions foupé ounon. Etvoiey fes vers, quei’aymisen Latin, ^ Serbe. i?f Comiuis duhum dko te apponere canam Voflh»me,fed dubim nomino more nom. No» etenim dubi* ejl ccenn,yt fuit illu Terenti, Qmm dubitAt primum que velit ejje cibü. Sed quoniam hune dubitat quifquii catiAtus abiuit, Verèan perfommum fît data ccenAtibi. Vn frfincà tripe de noftrcSerce > voyant qu'on defleruoic, v? dire àloreilleduplus prochedeluy. qiulne.retourneroit de fa vie fouper là dedans : ceiîuy cy luy ayant demandé . pourquoy ? par ce, refpondinl que les Grâces ne fontgucrcs loing du Mnedicite, Il luy répliqué , qu’il n’y auoit rien pire pour là fanté que de renir loguc tablcrny qui engendre plus de maladies, à çaufe que ce que vous auez prins du co- mencement du repas eft quafi digéré, quand long temps apres vous en prenez d’autre : parquby ces viandes prenansdi- uerfo concoébions,nefaut s efmcrueiller fi elles nuiientà ceux qui tiennent longue table,àcaufedudifcord. Puis ilvaadiou- fter,que noftre hofte auoit eu fbucy de noftre famé , ne nous ayant baillé des via- des fi exquifes & rares , ny de beaucoup iSô TR.ENTEVNIESME defortés,& que toofiours les plus lîmples viandes, & quicouftentle moins.font les plusfalubresau corps: & auflî qu’il n'j auoit rien pire que de manger de beau- coup de fortes de viandes, la diuerfité des viandes tourmentant reftomacb,& em- pefchantla concoction, l’vne viande eftat facile à digérer, & lautrc difficile. le me doutofsbien,commença a dire vn autre, quieftoit a cclbuperi que nous ferions mal traiCtez.ne voyant point de fel furk table, prenant de là augure que le ban- quet ne feroitgueres magnifique.-ny opu- lent, mais infortuné: cftantlopinion des Anciens , & fi eft bien cncores la noftre, que la table qui cftlâns fel, cft profane & malhcureufe,& vn vrày banquet dcDia- blcs,& de Sorciers. A celte caulèla pre- mière choie que les lêruans mettent fur la table, apres la nappe , doit eftre la làlie- re,garnie de fel noir,fi c ell pour les Prin- ces & grands Seigneurs, le fel blanc re- ccuant plus ayfement le venin que le noir. Que la table ne doyue eftre fans fel, le vieux prouerbe le monftrc bien ,quad ildit^Omnismtnfamalè ponitur abfque file. Mais,repliqua vn de la Serce , comment Seree. 2-87 ce que la table fans fel eftcftimeein- ^ 1 PrrvntlP.nS rantVc’À^^^^^ table ? Et pour cela , les ptcftres Egyptijs ne faluoient iatnaisles pilotes, & gens de marine , ce dit Plutarque : a caufe qu ils eftoient ordinairement fur la mer, dont cft faille fel. Et c’eft auffi , adiouftoit-il, la principale raifon pourquoy ces prcftres abominoient le poiffon : de forte que quandils vouloiènt efcrire le bayr , & 1 a- bominer,ils peignoyétVn poiffon; com- me en la ville de Say^.à l’entree du tem- ple de Minerue , ilyauoitpeint vn petit enfant , vn vieillard, & puis vn cfparuier, Sc tout ioignant vn poiffon , & a la fin vn cheual de riuiere , qui fignifioit & vouloir dire fous ces figures , ce diâ Plutarque, O arriuans , Sc partans , ieuncs & vieux, Dieu hayt toute violéte iniuftice ; repre- fenians Dieu par l’efparuier; par lepoil- fon eftant nourry en la mer falee , hay. nc &c abomination ; & par le cheual de riuiere , toute impudence de mal faire; d’autant que l’on tient qu’il tue fon pc> 2 08 Trentevniesme rc, & puis (e mefle par force auec fa merc. Le propos du fel acheué,celuy mefmc qui auoit faiél l’augure , va reciter des vers qu bn dk eftre de fainâ: Gelais: D» ch atclfis donne k difnef hfixpour moins d*y^n carolus: Ef Uquelot donne à fbuper A dix pour moins que châtelm. ^e ces banquets fi dijjolus I en reuien creux comme yn fallût: Si ie ne fuis che\ chatelus Ne me cherche:^che\laquelot. Ayant récité ces versai nous va dire quVl fè recompenfèroit bien fi.ir le delèrt : mais voyant qu’il n y auoic que du fromage , & qu’on fe rioit de luy, ne Jaiflà à fe mettre à en m^^^ à bon efeient , & difoit quil eftoif trefbpn , & quercfcoledc Salerne eftoit véritable, quand elledit, Cafèuéille bonus, que m dat auara manus» Puis nous va direj & que feauez vous fi noftre hofte ne fe monftrera point plus liberal à nous dô- ner quelques beaux prefens que les La- tins appclloient Apophoreta quand nous fortirons du banquet , qu*il n*a efté en nous SEREE. 2 ^ s > baillant à louper^ & que IVn recompen- fcra l’autre. A qui il fut refpondu, qu’il ne falloitpoints y attendre^^ que par cy deuant il les auoit toufiours traidez en cefte forte, & encorcs pis,plufieurs foisles ayans conuicz à difner, contre toute cou- ftume des Serees , faifant cela pour beau- coup de raifons.Premierement:,pour n’a- uoir pas tant de gens à fes conuis: parce qu’on n’a pas mis fin fi toft à fes affaires, Sc qu’on eft plus libre au foir.Secondement, afin que les femmes n’y vinlTét point/ça- chantbien quelles ne poiirroient eftre fi toft preftes, & atiffccs pour le difner : & pour cefte caufeles Sybarites conuioient les femmes aux banquets quatre ou cinq mois deuant. Tiercemêtdl les auoitbeau- coup de fois conuicz pluftoft à difner qu’à fouper,pour efpargner tant la chandelle que le bois, qu’il faut l’hyuer au fouper. Qmrtem en t, qu’on fert plus de fortes de viandes au fouper qu’on nefaiâ: au dif- ner,& qu’on tient plus longue table , eftas lors exempts de toutes affaires. Encores me fouuient,adiouftoit-il, qu’à l’vn de fes difnersles viandes eftoient fi mal cuites, qu'vndc laSercc va dire à noftre hofle N Z90 Tkentevniesme le croyque nous auions cfté conuiez à fouper , comme c eft noftre couftume; par ce quVn iour vous me didles, le vous veux conuier à fouper vn de ces matins. Maisie medoubtay bien, difoit-il enco- res ,que les viandes auoycntefté feruies ainfi crues , tant pour efpargncr le bois, qua£n qu’on n’en mangcaft pas tant. Lors vn de ceux qui auoicnt efté conuiez, qui auoiccfté en Turquie, répliqua que s’il euft efté au grand Caire , fon liofte n y euft rien gaigné : car , difoit-il, i euflc prins cefte chair mal cuite , 5c en fortant feulement cnla rue , i’cuflTe trouué qui tout incontinent me leurt: fait cuire ; y ayant en ce licu-là enuiron de douze mil- le cuifiniers , lefqucls allans par la ville portent de petits fouyers fur leur te/le, qui en payant font cuire & accouftrent vos viandes, (Se ce à faute de bois qu’ont ceux du Caire. Ou bien ie feray comme les Anciens, qui fc faifoient feruiiTa vian- de fur des fouyers , qui fe portoîent fiirla table ;ôc auoient descuifinesportatiues, danslefqucllcs tout le feruice Ce trainoit apres eux , & laiflbyent cuire les viandes tant qu’il leur plaifoit , pour les manger SEB.ÏE. 2<)l toutes chaudes. Vn autre de la Seree,re- aenantà noftre hofte, nous va dirc quïl Icsauoittraidez comme le Diable ( à qui font tous les auaricieux ) fit vue fois la mere,àquiil ne bailla que d’vne vieille oye,& dVn cochô fans moutarde. Quel- qu’vn qui tcnoitde la coplexiô de noftre hofte, le deffendaot va dire, que ces deux mots pouuoient cftre appeliez viandes des Dieux , cotiimc Néron louoit les cha- pignonsjles nommans en Prouerbe Grec, la viande des dieux, parce qu'en iceuxil auoitempoifonné fon predeceflèurClau- dius,Eroperenr Romain. Et que fi nous voulôs adioufter foy à Lampridius , nous trouuerons que l’EmpereurScucrus bail'* loit bien des oyes aux feftins des Satur- nales, comme auiourd’huy nous faifons àlafâinâ Martim & que Socrate en Xe- nophon dit qu’il faut fuyr les viandes qui prouoquét ceux qui n’ont point de faim aies manger , & les vins qui incitent a boire ceux encores qu’ils nayent nulle foif.Puis nous difoit , approuuan i le ban- quet de noftre hofte, que n eftios pas mal à ce fouper,fi nous regardons à la Loy du ConfulFannius.qui ordonna que nul des TRENTEVNIE SME Romains n’euft à mettre à chafque repas autre oyfeau qu vne poule > encores fal- loit-il qu’elle n’euft efté engraiffèe .'Scque les banquets fuperfluseftoient auflî bien à reprendre que ceux-là, où il n’y a rien trop. Abraham iaçoit q grand Roy & ri- che, toutesfois il n’auoit à fa table d’ordi- naire, que du pain , du beurre, & du laid pour fe nourrir. S’il faifait quelque feftin, mefineaux Anges, ily adiouftoitdu ga- fteau pour toutes dehces,& quelques fois vne piece du plus gras veau de Jà bergerie. Noftre franc-àtripe lors luy va relpon- dre, qu’il vaudroit mieux eftre taxé en la dcipéce & (uperfluité de viures , que d’en auoir peu.ee qu’il môftra par le feftin que fitlefus-Chrift .oùilyrefta beaucoup de viures apres que tous furent ralTafiez. Et aullî difoit-il, qlesanciês ont prins pour- vu mauuais prefage,& grand malheur, quand on leuoit les tables vuides,& qu’il n’y auoir rien deflùs : les Romains voulâs q ce qui demeuroit du banquet fuft pour les fcriiiteurs ; celafè faifant par vneac- couftumance d’humanité enuers eux, les feiuitcurs Romains penfans qu’en man- geant du relief de leurs maiftres, eftre par Seree. 253 cda compagnons de table autc leurs fei- gueurs;fibien qu’il fe trouue des maiftres, lefqucls pour (e faire aymer de leurs gens, baillent à lents feruiteurs de ce qui leur eft feruifur table, fans qu’ils attendent les re- liques & reftes ; mefmes Lampridiiis didl qu’Alexandre Seuere Empereur bailloic de fa main à ceux qui le feriioient au dif- ner & fouper,du pain,du vin. de la chair, & de ce qui eftoit feruy fur fa table. Ce que confirme Plutarque , quand il dit, que les Roys de Pcrfe faifoient liuraifon des viures qu’on leur feruoit à leur table, non feulement à leurs amis , aux gardes & capitaines.ains vouloientque leman- gcr mefmes des Efclaucs,voke des chiés, fuft feruy fur table, puis leurfuft diftrl. bué;voulatque tous ceux dont ils fe fer- uoientjfulTcnt , autant qu’il eftoit poflî- ble, leurs commenfaulx , & vefeuftcntdc leur maifondcs plus fàuuages beftes s’ap- priuoifans en leur donnant à manger. Xenophon parlant du petit Cyrus , diéf qu’il a efté le plus digne de commander à la monarchie des Perfes,& qu’il auoit de couftume toutes les fois qu’il trouuoit v- ne viande bonne & d’appetit , d’en en- 194 Trenteyniesme uoyer yneparticà{êsamis. lemecîoute, va répliquée quelqu vn , que ceux qui di- ftribuent aux gens de leur maifon des viandes qu’on leur a feruy fur leur table, le font depeur desParalrtcs, qui mandée le relie des tables, comme nous trouuons en Plaute. Parquoy , entoure forte , il eft fore bon que les tables foient bien gar- nies, Sc qu’il en y ait toufiours de relie, pour donner à entendre qu’il Eut gar-\ der quelque choie de ce que nous auons de prefenr,pour l’aduenir, & fe Ibuuenit auiourd’huy de demain : & qu’aulïî on blafme,auec Plutarque, la table d’Achil- les,qui elloit toulioprs vuide & afïamee, ce dit Homere:& lediél Plutarque diâ: à ce propos, que Lucius auoit oiiy^ dire à {a mere , que la table eftoit chofèfacree& fainde, & quil n y auoit rien de façré qui deuft eftre vuide. Et fi les tables nertoi;êc bien garnies, adiouftoit-il, cômentpour- nons nous traidér ks gens ôc ks feruî. tcurs de ceux qui nous viennent voirfCar nous auons vne couftume en France^que quand il arriuevn gentil-homme en nos maifonsjd’eftte outre mefure enremifsà ©Utuoir que fes feruiceurs foyent bien SERBE. 2-9Î traidez:& cecy,ou pour contrainite.que comme moins fages Scdifcrets , & plus difficilcs.ils nefacét de mauuais rapports de nous. U où nous fçauonsbien que les maiftres fe contenterôtdepcu, & de tout ce que ferôs en leur endroit : ou que nous fçauons que les feruiteurs naturellemet fontaddonez à trop parler , & nous les traidos ainfi bien , plus en intetion qu ils publient noftrc courtoifie , que de peur que nous ayons qu’ils blafocnt noltre chicheté & taquinerie : ou biAi que no- ftre amitié n’eft poinét entière ny aggrca- ble au maiftre , fi elle nes’cftendiulques a fes feruiteurs:& vous feauez encor .qu il y a des maiftres fi tendres & doux a leurs gens .qu’ils aymeroiét mieux la commo- dité & aife de leurs feruiteurs , que kleur propre.Reuenâstoufiours a noftrereftin. vnefcffe-tonduc va parler ainfi; lefçay bien que le feray quand il me raudra a.- leràcesconuisdeChatclus & laquclot: c’eftque iefbuperay auant que dy aller. On luy répliqua queceux desSerees ne le trouuctoicnt pas bon , & qu’il en fe- roit reprins auffi bien que ceux qui al- loié t aux feftins publiques { que les Grecs N iiij i-9^ TrENTEVNIE S ME appclloicnt syfiitU, ce mot dénotant la grande frugalité qu’ils y gardoienti & les Latins Sodditates ) le ventre plein : eftant delFendudefetrouiier à ces conuisapres cdreralTafié, pour autant que ceux qui ne mangeoient là , & nebeuupicnt auccles autres , eftoient acctifez degourmandile, Ô£ de ne fe contenter point de ce qu’on feruoit au commun Sçauez vous donc bien que ieferay, va il refpondre, c’eft que quand ie Icray de retour de ces affa- mez banquets , dont on reuient creux comme vne lanterne, ie fbuperay chez moy, ou bien des que les viandes feront Iciuiesen ces maigres fèftinsjie commen- ceray à manger des premiers, les viandes tant chaudes foyent ellesim’eftant accou- ftume à me lauer les mains, la bouche,& la gorge , d’eau chaude , afhn de manger pendant que ceux du conui n’y oient feulement toucher. Lors il luy fut répli- qué, Donnez vous garde qu’il ne vous ad- uienne comme il fit à vn Seigneur cftât à la table d’vn Prince; lequel mit en ià bou- che vn morceau il chaud, qu’il fut con- traint: de le rendre : mais en le remettant fur ibnaflîette, il fit rire le Prince, & tous - s E R E E E . li>7 les aflîftâns, en luy difant. Pardieu , mon- fieur,vniot fefuft brullé. Les tables de noftre Chatelusleuces.vn de laSeree,quc notis nommions Icmauuais riche,de tour te autre complexion que noftre boite, commeça à blafmer les rich6(Tes,& com- me f’ill’euft voulu prefeher & admone- fter , va dire , apres Socrate, qu on deuoit faire conte des richeftes , fi elles eftoyent conioindes aueclaioye, mais qu'ell«en eftoyent totalement efloignees: car files riches, difoit il, fc veulent feruit d’icelks, ils fe corrompent par trop grade volupté, s’ils les veulent garder ,1e foingles ronge & mine au dedâs:& s’ils en denret acqué- rir, ils deuiennentmcrchans& malheu- reux. Puis il adioufta , qucFauarice ren- doic l’homme pauure toute; fa vie , ahn qu’il fe peut trouuer riche {èulement a la mort : tellement que fi on vcult mal a vu auaricieux , il ne luy faut que defircr lon- gue vie; car craignant de tomber enpau- urctè,il vit pauurement toute fa vie. Puis il difoit , que celuy qui veut deuenir ri- che, deuoit mettre peine non d’accroiftrc Sc augmenter fa richeflè,ains de dimi- nuer fa conuoûifc d’auoir pourautar>t N v 2^8; T R E N T E TN I E S M E queeeluy qui ne mec point de bornes cupidité,eft toufiours pauure & indigent: ëc qui appece peu , ne peulc auoir faute de beaucoup :celuy approchant plus près de Dieu>qui (e paffè de peu ^Dieii n’ayant affaire d'aucimechofe. Outre^il difoitque durant lantiquc Rome on n’affîgnoic à yn homme que deux arpens de terre,, vn arpent contenant autant qu’vn ioug de bœufs peut labourer en vniour, qui • peut contenir deux cens quarante pieds; mais que l’auarice croiflânt , il fut par apres permis de tenir iufques à cinqar- pcns:& que depuis le populaire n’en pou- uoit auoir qu^ fepu Ainfi, adiouftoit il,, vous voyez bien que la Loy a bien pref- critaiixfages& gensde bien la quantité de biens qui leur eft fuf6fantc,maisquant aux fols & mefbhans , ie leur diray, apres Plutarque,quc la bune,vn temps fut, pria Éimere de luy faire vn petit furcot,qui luy ioignift bien aucorps. Et comment eft itpoffible, refpondit fa mere , que feu rifle vn qui te ioigne bien , veu queie te Yoy tantoft toute pleine, puis apres en croiflat,6c vne autrefois en dccours/c’eft i dire J qu’on ne fcauroit diffimr mefurc Serée.^ ^ a’îp aucunne certaine dcbicrisà vri fol, 8c à vn vicieux > à caufe de fes diuerfes direz. Etquantà moy,difoit ce mauuais riche, ie tiens encores les panures plus fa- ciles à contenter que les riches •• carlivn panure afaim,oufoif,ouiroid. fi vous le faides manger ou boire veut, fi vous luy donnez trop dhabille- mens fur luy , il s’en fachcra:mais rhom- Bie riche n’a iamais trop, n’ayant toute fa vie aflez d’eau pour aflbuuir fon hy- dropifietSc comme dit Plutarque , ce n’eft pas rhabillcmentqui donne la chaleur à l’homme, mais feulement qui arrefte 8C contient au dedans la chaleur que 1 hom- me rend de foymefmes,empefchât quel- le ne fe refpande parmy l’air : aufli, difoit- il, pour eftre enuironné derichcfles.on ne vit pas plus heureux, nycontcnt,fidtt l’intefteur de l’amc ne procedela ioye, & le reposrcelâ n’eftant bien qui n a point de fin, &quieft commencement du de- Cr d’auoir. Noftrehofte.àquiilfcmbloit que ce mauuais riche parlafl: de luy , va répliquer des chofes auifi finguliercs qu’il en aûoit diètes de communes y commen- çant en cefte forte.Si cft que le defir d en- JOO Trintevniesme tichir nous eft autant naturel, que ceftuy- làdeviure:car comme dit vn Vénitien, la nature ayant pourueu les belles brutes dcchofes appartenantes à leurs vies,elle ainfereen rhommcpauure, nud&fub<* je appellans en leur lan* gue tous les biens temporels^vfages: pour {îgnifier quVn bien no doit point eftre ré- puté tel finon pource feulement qu’il fert & qu"on en vfe. Gardât auec grand foing ce qu’il a gaigné àuec fueur 5 & qu il cc^- uient laifler aucc douleur, femblant àla femme groflè: prenant grand plaifiraa- mafler des tbrelbrs, puis il a grande fâ- cherie quand il les faut mettre dehors; Sc ^ çom me dit 1 e poète Saty rique: De^^itireen pauureté, afin de moum riche ^ A la fin noftre mauuais riche, ayant ad- mdnnefté noftre hoftc, & le ficn, par rai- fon, luy veut remôftrer par rithmc àfuyr Tauarice, par des vers de Ronfard’.quil recita ainfi , Qî^nd tu tiendrais des Xtabes heureux y Ou des Indes les threfors plantureux y Yoire cr des Koys d^AjJyrie U pompe^ 3©4 THENtEVNlE s ME- T» nés point riche y O* argent te trompe^ le parle à toy qui erres Après l'or par les terres , Vuis (telles t'ennuyant La yoile au maji tu guindés, Lt yoles iufques aux Indes ta pauureté fuyant. Lefoing meurtrier pourtant ne laijp pas if accompagner tes miferables pas y Bien que par toy mainte grand nef chargée De lingots xtor fende la mer Egee» Le foing qui te tourmente Suit le bien qui s'augmente. Guidant de ça de là Varmy leseauxta peine, Qm moins de biens eft pleine Quand plus de biens eWha . De peu de rente on Vu honnefîement: Le y ray threfor eff le contentement, Ko« les gràds biens ,qui n'attrainet qtienuie, Biens,non pas biens, mais malheurs de là yie^ Ton mal ejl incurable, Auare miferable ; Car le foing d^acquerir, QB ^^pos ienflame, Engarde que tan amt Lie fe pmjje guarir . Se REE. joj Et Ronfard en vn autre lieu : Faut il tant qu’on fegreue O'amajjir er dlauoir’. Matin le tour fe leue Vour mourir fur le fàir. Puis va reciter vn quatrain de monfieur de Py brac , oùil dit ainfi : Df peu de biens nature fe contente. Et peu fuffit pour'fiure honnepement: L’homme enrtemy de fon contentement vlus ha,& plus pourauoir fe tourmente. Et ne f en eft trouué , adioufta il encores, qu’vnou deux qui en ayent eu plus qu’ils nedemandoyent, affauoir Mydas, 6dc Romain Aquilius . Vn autre de la S créé voulant Ibulager ce mauuais riche,qui en auoit tant conté, nous va reciter ce qui eftoit arriué entre deux de fes voifîns: dot l’vn eftoit riche & chiche, & l’autre n e- ftoit ne riche ne chiche. Or- ces deuxiè rencontransà la poiflbnnerie ( n y ayant lieu où l’on congnoiffè mieux les auari- cieux de ceux qui ne le font point ) le ri- che auaricieux voyant que fon yoifin , qui n’eftoit pas de beaucoup fi plein de biens que Iuy,ne laiflbit pour la cherté d achep- ter du poiflbn,ne fe peut tenir de luy dire. jotf Trenteyniesme optimum 'peÛigal pàrcimonia, & que la fril^ difc 8c gourmandile.auec grande dclpen- ce, appourifloyent bien les maiTons; & qu il falloir bien noter la relponce que fit vn gentilhomme à vn Roy dePrance,le- quel conteplant la maifon d’vn fien niaf- Rred’hoftel, &Ie Royluydifantquela cuifine luy fembloit bien petite & eftroi- te à la proportion du logis , le maiûre d hoftelluy auoit relponda, que la petite cuylîneauoitfai6ïgrandcla maifon. Lors celuy qui auoit achepté le poiflbn bien J demanda a celle chiche face , qu*on appelloic Chie-froidure , fi la darne de megre ne couftoitquc cinq folz, nel’a- chepterois tu pas? AyantrefpÔduqu’ouy, il luy va dire.ie ne fuis donc pas plus friand que toy .• mais c’eft que tu es plus auari- cicux , 8c aymes mieux l’argent que moy. Ce conte acheué , chacun commença à colliger tous les vieux contes qu’on trou- ue des auaricieux.affiaque no lire hofte le eorrigeaft, & nous traiàaft vue aurresfôis mieux. Le premier fut d’vn auaricieux& vjurier , qui f eftant pendu de ce que le bled cftoitamendé, vouluft faire payer la corde a celuy quil auoit coupce, pour luy SeREÎ. J07 fauuer la vie, fe voulant rependre fivnc autre corde ne luy euft rien coufté , pen- fant vnc autresfois mourir à meilleur marché. Le fécond , d'vn auaricieux fi miferable. que venant à gueiir dVne lon- gue maladie, & voyant que fon Méde- cin , & fes médecines payées, il ne luy reftoit rien , il ayma mieux fe laiffer mou- rir, que de viurepauure. Le tiers conte fut de Cralfiis , le plus riche de Rome, duquel le bien fut eftimé par lesCenfeurs fix millions d’efeus couronne, qui pleura vnc lamproye, laquelle eftoit morte en fonviuiec ougardou’ér. Le quart fut de celuy qui mourut de defpit d auoir trop acheptê fon fcpulchre. Le quint, de d’eux voifins bien riches , qui f’accufoy ent de ce qu’ils eftoyent les plus fâchez ; l vn repro- chantà l’autre qu’il vendoit fes vieux fou- liers , & ce vendeur luy repliquoit. Et toy tu les acheptes : parcejque les fouliers de velours deuiennent de fatin , quand ils font vieux Sc pelez . Le fixiefine fut d’vn Romain , nommé' Caffius Licinius , fi mi- ferable que côuaincu de plufieurs crimes, qui toutesfois ne meritoyét que confiica- • tiondç fes biens, feftrangla en lapnfon 08 TRE NTE VNIE S ME ayantiamais faiél rien de bon que cela) affin de fauuer fes biés à fes enfaiis, eftanc mort auant que la fentéce fuft prononcée , contre luy ; ne femblant pas ceftuy cyà Ceux qui donnent eftans malades tour ce qu’ils peuucntjce qu’ils ne fcroyent eftans lains; &me feœblequelorsils fontlar- gefle du bien d'autruy,& non pas du leur; car ils donnétce dont ils nepeuuentplus le Icruir . Le feptiefme fut d’rn fi auari- deux qu’il ne voulut ianiais payer ceux quiauoyent enterré fa femme ; & quand e Curç, Icscoultrcs, &Ie foflbyeurluy demandoycnt de l'argent pour l’enterra- ge, il leur difoit, en fe fachant. voulez vous auoir le corps Sdes biens ? Le hui- ticfme fut dVn qui mourant finftitua foy- melme heritier de tous fes biens. Le neu- nelme , d’vn û extrêmement auaricieux quil nefaifbit iamaisfes cheueux, ne là barbe , qu’au defcroift de la Lune ; tenant pour certain quç la bjirbe Sc les cheueux coupez au defcroilTat de la Lune, recroif- lent bie tard , & fi auec cela ceux qui font couper leurs cheueux a la fin de la Lune, deuienet chauues; ce qui eftoit caufe qu’il ne payoït les barbiers qucpourla moytic. SERBE. ?09 Que fl on difoit a ceft auarc , que c’eftoit de chofe , & qui couftoit peu d argent ï fe tondre, & à dcfFaire fabarbe ,il difoit que elenard auoit mis au chapitre de de - penfe, pour faire fabarbe en Portugal, quinze ducatzpour an . Le dixiefme fut Jvn marchand, lequel vendant de bon vin , alloit chercher par tout Si duvinefuété pour fo difncnôc fon br- uiteur cftant interrogé que fon maiftrc faifoit, refpond.mon maiftrc ayant beaifc coup debien , cherche du mal. L onzief- ine fut dVn riche taquin , qui de nuidt lut trouué bruflant fes porceaux : car les voi- fins, voyansfi grand ftamme P^rbsf^ neftres de fa maifon , vont crier au leu, & rompans la porte . & eftans entrez , trou- uent ce tacroux qui brufloit fes P^ourceaux en fa cheminee, de peur d en bailler des rillees . Le dernier fut d vn vfurier, lequel auoit des prefeheurs à gages bo- rner les vfures & les vfuriers, affin d cftre feul de fon meftier: & quand quelques vns qui n’eftoy ët pas cautionnez luy de- mandoyent de l’argent difoit, Les bons ménagers & ^ n’empruntent point à vfure j mais ils y rcfpoDdoyent les gens de bien n’en pre. ftenc point auffi. Le mauuais ricbe pre- nant la parollc, apresfeftrcteu vnlone temps , va dire que puis que les vfures ftoyentpeimiles,& qu’on fourniflbitles aaancieux & vluriers, qu-on-monterok bien lufques a plus haut poinik, quelques ^ ‘?^ff«nfes que les Edidls de nozRoys en puilTent faire pour le: corri- gei.& que preft^r a vfure cftoit bien diffé- rer des mœurs denoz prcdeceffeurs Frâ çois , qui cftoyent G cfloignez de ces vfu- dre en 1 autre monde , ce dit Textor : fen- tans les François deflors que les âmes cftoyent immortelles. Et les Egyptiens pand lis auoyent affaire d’argent f bail- )oy.nte„gagc/„corpsmom*dckuipl rent^ comme affaire Hérodote, & apres Juy Diodore. Puis noftremauuak rfehe blalmant ce meftier iuré , dont il y a peu demaiftres, va adioufterladiffereLe^de noz vfures auec celles des anciens - car ^ entre les Gréez & les Romains . difoic il cftoit vnc loy . qm deffendoit 1 vfure plus’ hautquedVndenierpourcentpara^& lappelloyentvnciaire, &Pvfuricrqai’ti- SERBE. 311 ifoit plus de profit, eftoit condamne a ren- dre le quadruple: les Romains cftimans l’vfutier plus mcfchantque le larron , qui n’eftoit tenu qu’au double , difoit Cato. Et encores cefte loy depuis fut réduite en- tre les Romains à demy denier pour cent, & peu apres l'vfure fut entièrement inter- dire par la Loy Genutia,pour Icsfedi- tionsqui arriuoyentdumefprisdcs Loix yfuraires . Il fut refpondu à ce mauuais ri- che , par vn qui eftoit maiftre iuré en cdl cftat,& qui fuyuoit l’erreur d’Accurfe,quc Centeftmx yfur£ , eftoyent duftes ainfi , de ce que par chacun moys le centicfme de- nier eftoit paye par le debteur au créan- cier, qui venoit à douze pour cent par an: & cela f appelloit la cenriefme vfurc , qui Ce payoit toutes les Calendes de chacun moys. Si me confeflerez vous, répliqua ce mauuais riche , que les vfures ont quafî toufiours eltéodieufes, dômages cnvnc Republuiuc , qui rongent le debteur iuf- ques aux os,pour cefte caufe les Hebrieux appellent rvfurc morfure:& les Gnofiés, ce dit Plutarque , pour les authorifer , a- uoyeiit de couftunie que ceux qui pre- noyent de Vargenc à vfure j le rautOToyeut }Î2 ^ - 1 ^^MTEYNIESMÈ à force, n’en ofans faire contrad , affin que fi les^ debteurs venoientà renier la debtCj& a v ouloir fruftrer rvfijricr de fbn argent.il peuft agir de volerie contre eux, & qu ilsfuffèntpar ce moyen punis da- uantage.Puiscc mauuais riche va dire que les Chreftiens eftoientplus mefchans &: vicieux que les luifs , qui ont le bruit d’e- Itreles plus grands vfuriers du monde, lelquels encores auiourd’huy ne preftent pointàvfureàccuxdc leur Loy & Rdi- gion. Tous ceux de la Seree furent d’ad- uis de laiu'er ce meftier iuré,& reuenir en- cores aux contes des riches & auaricicux: entre autrcs.ils vont conter d’vn grand & "r prenoit fort grand plaihr a vn plaifant homme: lequel eftant pauurevadireàcera5fieur:Ie m’elbah i s que m ne me donnes quelque chofe, puis que ie tè baille tant de pallè-tcmps. C eft auaren’euft point de hôte dcluyreipon- drc : Si ce paflètemps que tu me donnes me couftoit quelque chofo , ce ne me fc- roit plus ne plaifir ne récréation ;iàn s con- iiderer, qu’outre la pauureté de ceftuy. cy, & la gaillardife , que le plaifir doit eftre dtimeplusgrarid de celuy qui donne, que de Seree, jrj de celuy qui reçoit le don : d’autant qu’il fcmbic que celuy-Ià qui baille fedoyue pluftoftrcfiouirde fôoperatio vertueufe, qlautre quiiouit feulement delà vertu d’autruy.Que fi laforcc de donner eftoit bien entendue, qui eft œuurc devenu, auflî feroit-clle plus deleftable que n eft lereceuoir : d’où procédé que nous ay- mos mieux les perfonnes aufquelles nous au ôs fait du bien, qu elles ne nous aymét. II fut dit que ce monfieur neprenoit ia- maisferuiteurqui ne fuftbien en ordre: que fi ie les habille , difoit-il, ils me laifle- ront:faiâ:e.s mieux, luy dit quelqu vn , ac- couftré les,& puis les enuoyez, ainfi ils ne vous laiflèrontpas. le les traide fi bien, refponditil,quiIs s en vont deux mef- mcs,ainfiicnebaille ianiais congé à mes feruitcurs.Et à la vérité, va dire lors vn de la Seree, les François font mal feruis: à caufe des feruiteurs qui font fi corrompus qu’à tous propos ils changent de maiftife, s’enfuyans des que les aurez vertus : par- quoy ne ^vous efmerucillez fi plufieurs maiftres ont des feruiteurs apres eux auec la deuife dç pauurcté > çeft à dire, portans rvneiàbenue,&rautrcchauflèe. Et auflî que le plus fouuent,adiouftoit-il,les mai- Trentevniesme ftres font chiches que les feruiteurs ne les veulérferuirfinon auec côditions certai- nes: parquoyvn de nos voifins en prenât vn feruiteur luy promet qu’il ne boiroic point d’eau en fa maifo s’il ne vouloit. Le raaiftre ne luy voulant bailler duvin pour boire, il interprctoit la côdition pour luy, & le valet au contraire. Ce propos finy, on entre en difpute s iln'ell: pas meilleur d eftrc fage & fçauat que riche,noftre ho- fte fouftenant qu on voit les fagcs & fça- uans fréquenter & chercher plus les mai- fons de riches, que les riches celles des fa- gcs & fçauans:& à ce propos allégua ceft Epigramme; Di may^amyy que yaut^il mieux auoir 'Beaucoup de biens ^ou beaucoup defçauoifi le nen fçay rien: mais lesfçauans ie yoy vaire la cour à ceux qui ont dequoy, A cefte caufeon demanda à noftre hofte, s’ilnaymeroitpas mieux eftre le Méde- cin que le maladc:ayant dit qu buy,on luy va dire,&: toutesfois nous voyons lesM e- decinsallerplus fouuent chez les mala- des que chez les fains. Etauffi que les fa- ges 5 cftans communément pauures, fea- uent dequoy ils ont bef^in , & le cher- Serbe. ^t4 client chez les riches: & les riches ne f^a- chansce qu’il leur faut, ne le cherchent point. Si voyôs nous, répliqua noftre ho- lie, les braues hommes , fçauans & fa- ges auoir approché des riches Princes: comme Ariftotequia vefeu quafi conti- nuellement auprès d’Alexandre, Platon ôueSÇenis,Senequc auec Néron. Illuy fut reiJrtHidu que la recompenfe des ri- chclTesn’auoitpoint efmeu tous cesgrâs perfonnages à fuiuir ces Princes, mais que c’eftoit vn delîr de les inftruire à bô- nes moeurs , dcfquels le falut du peuple delpcnd. Encores feroit-il bon , va dire noftfchoilc , à ces tant fages que vous voudrez, d’amafler des biens , toutesfois auec honneftes moyens , & par le moyen d’iceux fe deliurer fpy, Sc fa pofterité,de la feruitude des riches , pourviure enli» berté:& pour celle caufe Plutarque poll- pofe Arillide]à Marcus Cato , la fortune accompagnant fa vertu. Cela feroit bon, répliqua quelqu vn , lî laplulpart des ri- chefles ne procedoit point des vices: les bons & les rkhes ne mangeans guetes en vne mefme efcuelle:noS yeux ne pouuans regarder tout à la fois le ciel Sc la terre ; la O ‘j . Trentevniesme richclTe le vice n’eftans gueres l’vn fans l’autre. Ce qui eft confirmé par le Prouefbe commun, quidit , que le riche ou il eft mefcB^nt , ou heritier du mef- chant;& par ce que dit Mcnandred’hom- me droid & bon ne peut foudainement eftre faiâ: riche; & par ces deux vers: De Vuiis qubd dimtice cumulam apertu ep. t^omen idem Yttüs dmtiifque datum. Aiiffi,adiouftoit-il,que Platon dit^quïl ne fe peut faire que l’homme foit vrayemêc bon & grandement rich^xout enfemble: déparant toutesfois le riche du chiche , di- fantque le chiche qiielqüesfois neft pas mefchant^mais iamais bon . Et adulent communément que les richeftes tombée entre les mains des plus fols & mefehans, & qu elles font comme le reume ^ qui tô- betoufiours furies parties plus débiles. A ce propos , ie voudrois Içauoir , difoit - ihpourquoy les hommes mefehâs eftoiée (pour la plufpart, ) pluftqft riches que les gens de bien. Il fut dit , laiflant la folution d’AriftotCy& fuyuantrAnacrife , que c’e- ftoitàcaufeque lesmefehans eftoiétforc ingénieux, ayans vne forte imagination pour tromper en acheptant& vendant. Seree. 31J fçachantamaflerlebicn ,& comme il en faut auoir:mais les bons ont faute d ima- gination, pluficurs desquels voulans imi- ter ks mauuais , en fin fe font trouuez courcs.Ilfuc aulGadioufté , qu'il y auoit des gens fi mefchans,qui ne faifoiétpoint deconfcience den prêdrc oirik en trou- uoientjdifansquele bien 3 c Tauoirdece monde auoit tant de fois efté defrobé > quiln’auoit plus de vray maiftre , ains cftoit au premier occupant. Soycnt ve- nues les richefles dont vous voudrez ^ va répliquer noftrehoftc, tenant toufiours le party des fiens , fi appellera on pluftoft les riches en (a mailon que les pauures, tant gens de bien foyent-iIs,& fi les riches feront pluftoft admis aux Magiftrats.tant vicieux foyent-ilsjque les pauures, tant vertueux piiiftent-ils eftre. Ne fefôit-cc point, luy fuc ilrefpondu, par ce que les riches femblent auoir ce pourquoy les homes font inuitez à maIfake,ou pour- ce que les riches femblêc tenir le lieu des vertueux. Quelque autre de la Seree ayâc veu Thiftoire de rAmeriquc,nous va faire vnconte>à propos de l’auarice infatiable des hommes, dVn Ameriqiiain, qui de- Trente VNiE SME manda à vnraarchâd François, eftant al- lé au BreGl de par delà , comme il fe mec-i îoiten fi grand danger de paflcr la mer pour aller quérir de ce bois, ôc autre mar- chandife.Le marchand luy refpond, que c’eftoic pour deuenir riche, 6c amaffer des biens. Mais quand tuFeras riche, répliqua cefaLmage.nemourrastu point f Siferay bienjlùy refpondle marchand François, aufîîbien cmèlcs autresdAmcriquain luy demanda qg rechef;Et quand vous ferez mortjàquiTera tou tic bien que vous laif- ferezîA mes enfans, refpondle marchad, fii’en ay.'finon à mc$ plus proches. Vraye- ment , dit Iqrs ce vieillard de Topinabou, A cefte heure ie cognois que vous autres Mayr, (c’eft à dire François^ eftes de gras fols: Car vous faut-il tat trauailler à paflèr l.a mer , fur laquelle ( comme vous nous auez dit}la plurparr des voftres font péris, pouramaflér desrichefîes, ou à vos en- fans , ou à ceux qui furuiuenr apres vous? l a terre, luy difoit-il , qui vous a nourris, neft-elle pas aflTcz fufftfante pour les nourrirfNous auons des enfans de parets, Icfquels nous aymos, comme vous voyez: mais parce que nous nous afleurans que s E B. E Jltf apres noftrc mort, la terre , qui nous a nourris,les nourrira, fans nous en foucier autrement, nous nousrepofoiis fur cela. Voyla comme cefte nation, difoiteeluy qui auoit fai£l: le conte,fc moque de ceux qui en danger de leur vie paflent la met pour s’enrichir ; les Ameriquains attri- buans plus à la nature, & à la fertilité de la terre, que nous ne faifonsà la puiflancc & prouidence de Dieu. Et puis nous les nommons Barbares , rudes , & fauuages: mais ce n’cft pour autre chofe , finou que Barbar fîgnific defert ; & ne font pas fi barbares que nous, qui eftimans que pau- ureté foit le dernier & plusfgrand mal de l’homme, ne pouuons auoirle cueutdc lalaifler à nos enfans : penfans que ce foit vn tref- grand ôc fafeheux mal.Que fi ces Ameriquains pouuoient voir toutes les autres entreprinfes vaines que nous faifons de pardeçà , ils nous eftimeroient bien encores plus fols Et vrayeraent, ad- iouftoit-il, ilsauoient auffi grande occa- fion de fe moquer de nous, que nous a- Bonsà rire des petits enfans,' lefquels auec vne grande diligence & peine baftiffent des maifonncites de mites & de paille , O iiij TRENTEVK lESME car nous faifbns des chofcs auflî ridicules queux^Sc comme dit quelquVn, Nous rions dù fiucy denox^petis enfam, ^and ils font des chafleauXjO* bafiijjent de paillei Helque failles vous mieux, vous quiperdex^vo-x, am En toute vanité , fans rien faire qui vaille ^ Ces Ameriquains & Toupinanbouls, di- foit encôres celiiy qui auoic faid le conte, ont auflî grande occafion de rire de nous, que nous auons d’eftimer fols ceux que leurs Gouuerneurs attachent d’vn neud de paille, oudVn fîmple filet, &neanc- m oins demeurêt fans bouger de là , com- me fils fuflent garrotez auec des fers , ou des entraues,rant efl: femblable leur folie, ce dit Lipfius,à noftre erreur, quifommes par vn lien friuole de richeffe aftrainrs à l’auarice & conuoitifc Que lî vous voulez veoir les malheurs que fauaricc & la con- uoitife de for ont apporté de noftre téps, lifez ce qu a eferit rEuefque de Cafas ; le- quel faicleftat de vingt millions de pan- ures créatures miferables des Cam^ibales mortes par Panarice & tyrannie infurpor- table de TEipagnol: for 5e laricheflède leur terre eftant leur propre mal. Mais, par permiflîondiuine, lesEfpagnols qui Seïiee. 317 premier les affaillirentj n en eurent gueres meilleur marché, tant par la mer qui les a engloutis, que par la famine qu’ils ont enduré , que pour auoir feruy de viande à ces Saunages. Etoutre tout cela, l’Efpa- gnol par fon extrême auaricejdefloyaüté, Ôc cruauté, alaiffcà la pofterité le nom Cbréftien odieux à tous les peuples de cc noüueau monde. Vnc fefle-tonduelaifsâc lanarice des Efpagnols, & fe remettant fur la noftre,nous va dire;Ie ne vous con**^ terois point Taiiarice d’vn taquin & ta- croux ( lequel a voulu faire feruir à fon a- uaricevne difciplineancicnede TEglife) fi la rencontre n’eftoit aulfi fencentieufe que plaifante. Ce vilain icy , quin’auoit que le gain deuat les yeux va faire publier à £a parroifie vneexcommangepour des naueaux qu’il difoit luy auoir efté def- robbez. Mais à la fin , il fetrouuaquefa femme, qui les mangeoit tous les iours, toutes les nuifts ne faifoit que peter & veffir ,fâs le dire, &: plus que de couftume. Le mary qui eut bon nés, fafleura que c’eftoit fa femme , qui auoit mangé Tes naueaux. Sus cela, le mary voyant qu’il en poiirroit forcir du bruit & de la noife, s’ea O V TB^E'.N. T ETN ÎE S MI vint au Curé , & en entrant en l’Eglifc, luy va crier , Monfieur le Curé, ne paflez. point plus outre à publier Texcomman- gede mesnaueaux , carpour le feuri’en nyfenty du vent. Celuy qui au oit fai 61 ce çonre , voyant qu’on en rioitpar trop, en va faire va auftî pitoyable dVn autre- auaricieux, lequel il commença ainfi: II y^ eutiadis, comme rayouydire ,-vn pera chaffé de fe maifon par Ton propre fils, pource qu’il difoit que fon pere luy def- pendoic trop*. dont eepere fut contraint de son aller à l’hoftel-Dieu. Deuant la porte duquel comme il vit vniour fon fils. pafler 5 le pria que pour l’amour de Dieu,, il luy pleuft enuoyer deux linceux pour fon coucher. Lcfilsmeude compaflîon, (encores qu’il fe fuft fenty heureux s’il euft peu dire, N o/îrr Pere qui es esCieux) commanda dés qu’il fut chez foy à vn fien petit fils, de porter à fon grand pere deux linceux à rhofpitâl;Ce pétitgaland^ ne luy en porte que Tvn, Dequoy à foi^ retour eftant repdns par fon pere , il lujr dit l ay gardé l’autre pour le vous dôner,. mais q foy ez à riiolpital , eftant paruenu, 4 voUrc vicüleflé^.Ce mauuais àomme^. • 3îg cTifoicceluy quifaifoic le conte, cncores qu’il fuft bien riche de auare , fi penfa-il à luy mefme qui! pourroit bien deuenir pauure, & qu’il feroit poflible mefuré pai- fêsenfansàla mefme nlefure qu’il auoit mefuré fon pere : luy fouuenant que fon filseftant petit, & monté derrière luy en croupe, luy auoit dir,mon pere. Mais que vous fbyez mort, ne cheuaucheray-ie pas alors en felleÆeux de la Seree fe vont mettreplusqueiamais à faire des contes des auaricieux: entre les autres vn va dire, que Valere le grand auoit eferit dvn aua- re, lequel eftant en la ville de Cafiline af- fiegee par Hannibal , préféra l’e/poir dir gain à fa propre vie.’car il ayma mieux vê- de dre vn rat, qu il auoit prins, deux cent niers Romains , que den raflafier fa faim : dont il mourut bien toft apres, 5C' Pachepteur, plus fage que luy , fauua fa vieparcefte viande , ne fongeant qu’aux prcfenticaren toutlcftatdu monde , on neiouitquc du prefênt, attendu que le paflé n’eft plus , & celuy qui eft à venir n’eft pas encorcsdl n’y euft que le videur, va répliquer vn autre de la compagnie, qui mourut; mais Leon d’Afrique eûoic O vj T K £ N T t V K î E s M Ë qu’en vnc grande neceffité d’eau , tant le vendeur que l’achepteur moururent : di- fane qu’aux deferts d’Arabie il fc trouua tombeau en la plaine d’Azra , qui porte tefmoignage en grandes & grofles lettres, quVn marchand acbcpia dVn voiturier vne coupe d’eau^dix mil ducats, Sc neanr- nioinsque tant lachepteur que le veia- deur moururent dé foif* louian Pontain, vadire quelquvn^ raconte vne hiftoire plaifanted’vn Cardina!,nommé Angelot, lequel fut bien chaftié de fon auarice. Ce Cardinal, comme dit Pontain, auoit cedre Gouftume , que quand les parefreniers uiioient donné le foir l’aucine à fes che- naux , il defeendoit par vne fauffe porte en Peftable,tout feul , & (ans lumière ^ de defroboit leur auoine >pour la rapporter à fon grenier , dont il auoit la clef* Errant continua , qu’vn de fes parefreniers, ne fçaehant qui eftoir ce larron , fe cacha das I cftable, &attrappant fon maifïrefurle faiéljfans le cognoiftre, luy donna tant de coups de fourche , qu’il le fallut rempor- ter demy mort, eftanc bien puny de fa ta- quineriescomme auflî fur vn pauure Cu- m défonauàrice ; Icquelian Moria, Duc s E R E E . jr^- de Milan, chaftia bien iuftemêt.raais trop Gruellement, pour auoir refuféle mini- ftcre de Ibn office pour l’enterrage d’vn mort : poür ce que fa vcfiie n’auoit de- quoy luy payer les frais des funérailles. Car le Duc allant luy-mefme au conuy du deffuudt, fit prendre &c lierlepreftie auec le corps mort, & mettre tous deux en vnemefmefofle. Pontain reeke auffi, adiouftoit-il , que le Pape M artin eftoit fi a’iaricieux , qu’il auoit aceouftumé d’e- ftcindreles cierges qu’on laifToit brufler toute la nuit ésEglifes. Et difoit ce Pape, quand on le reprenoit de fi petite efpar- gne , qu’il n’y auoit point de plus grand môceau que celuy qui fe Faifôit peu à peu, & fouucnt: & que ce n’èftoit que fauori- bole de ce qui le dit , qu’autant chie vn bœuf que mille moucherons , parce qu’il y a plus de moucherons que de bœufs. Vnautreauffia eferit la refponfe que fit vn panure Cordelier au Pape Sixte qua- triefme,qui du mefme ordre eftoit parue- nu 3 fi grande dignité. Lequel Pape, luy monftrantiès grandes richefles, difoit à ce pauure frere mineur. Te ne puis pas dire comme fainét Pierre , ie n’ay or ;ay_aigéu Tkentbvkiesî^e Non vrayetnent,refpond le Cordeliers nyiiepouuez pas dire auflî comine luy aux impotens ôeparalytiques,Lcuez vous . & marchez.Vous oubliez, va dire vn de là Sereeàceluy qui eftoit apres les contes^ tîes auaricicux de reciter ce que voftre mefmePontain a eferiede Didier Iulian Empereur, Icquid futfi fubiedlà efpar- gner, que Ævn cochon ouleurault il fatfoit quatre repas , & neluy en feruoit on qu vne pieçe à chacun difner & fou- pcr. Quand les contes des auaricieux & taquins furent acheuez, chacun fe Icue de table:& dirent entre eux, quon nevou- droit plus difner ne louper là dedâs ,-fans apporter dequoy manger, encores qu’on fuft conuié vn iour deuant ; &: que ce cor uy,quelesGrecsappellent Symbolum, o* èfportHU ^ Latins coUeÛa (dont eft Venue noftre collationjoù chacun appor- te fa portion,, leur plaifoit plus , & lelon Hefîodeeft plus libre, plus honnefte & fainâ:,feruant à entretenir l’amour, l’ami^ tié& légalité entre les perfonnes bien nees & liberalesjque le banquet magnifier que , que les Latins appellent Cana reâta, quieft appreftdaux delpens de celuy qut Seree. 310 coniiic , & par ce ces feftins font appeliez des Grecs AfymbohiOÙ chacun a fon efcot franc , que les parafites fuyuent , lefquels. fentcnt plus leurs perfonnes (erues que franches , ne feruans ces banquets qu a faire des amis de table . Puis les conui- ues entr cux-mermes , vont dire que les Parafites ne gaigneroient rien de ve- nir aux reliques de ce banquet , & aufll qu’il ne faudroit point brufler Tes reftes, comme faifoient les anciensen vn facri- Êce qu’ils appelIoienrpmer«/4: ou lesiec- ter en l’eau, comme fît Sylla les reliques qui demeurèrent du conuy qu’il fit au peuple:ou les bailler aux chiens , comme faifoitvn peuple , ce dit Atheneus: ou les couurir de terre, ce que pratiquoyent les Boruflîês,cedit Miletus:ou leslai(Ter auTS corneilles, comme font les preftres de Ca- lecuts, qui leur donnent tout ce qui refte de la table du Roy, fi nous voulons crot re Ludouicus Romanus.Ils dirêt encores- en Portant de table , qu’en ce banquet f^’auoit pointeontreuenu au fymbokde Pythagore.quidir, N amafie point ce qui choit de latable . que les Grecs &c Latins appellent AmUâ^ eftani défendu, aux. TRENTEVNIE SME Anciens damafler les raiettes de pain , & autres chofes, qui tomboientfousla ta- bk;,efl:ans'’ces reftes côfacrees aux morts: mcfmes qu’il y a des peuples lefquels par vne grande fuperftition iettent deflbus la table de chaque chofè qui eft feruie ^ pour les arnes de ceux qui n ont ne paréts ne amis qui les reçoyuent en leurs ban- quets. Vn de laSercequiapprochoitdê la complexionde noflre hofte,oyant ces difcours, nous va dire>Vous feriez efmer- ueillezde la fafGherie 6c de lennuy qui vient à l’homme pour caufe de /a nourri- ture :1a volupté du manger durant peu de temps au corps de Th omme^^ l’occupa- tion & follicitude de les apprefter eftant pleine de peine: Sc 9 comme dit Plutar- que , nous deuons prendre la nourriture comme vne médecine pour guérir delà faimmon comme plaifiraggreable, mais neceflaire à la nature : & aufsi tous ceux quiboiuent & mangent , & fe nourrif- (ènt^difent qu’ils fepenfent ôc traiélent. Et à ce propos louant le banquet de no- ftre hofte^qui eftoitfans fuperfluité,nous nous va alléguer des vers du plaifir du gé- tilhomme champeftre.'où il y a. Seree. If pour pUifîr y il ajjemble Ses meilleurs yoifins d'alentour Qmamajpnt leur mente en/èmhlcy Et comme bon à chacun femble Seront yifiter tour à tour. Vour eux à la yille il m'enuoye chercher du plus exquis gibier^ Viais priuémentil les fefloye d’ V» cochon^ d'yn chapon, cCyne oye, Et des pigeons du colombier. Ea ne fc parle que de rire^ Et de gojjer en liberté, . Cnn y oit poincd' autruy mcfdircr Onny yeultà perfonne nuyfe N J deffe£l 3 ny de yolonté, Eeur repas efl libre CT modejîe D'herbes CT fruiâs mejlangé, engendrant yn hoquet molejle, Qjà yolontiers aux banquets re/le Apres que Ion a trop mangé. Aujsi ne leur fault-U point faire Tant de de/pens en Médecin, N’j en drogue dapoticaire : . Aufi perfonne à leur affaire l^eyient efpierlebafin. Apres que ceftuycy eut foufteiiu noftre hofle en raifon Sc en rithme^ ayant priiis Trf.ntevniesme congé de la compagnie, on fe mit àparler de luy ,vn de la Seree ayant remarqué, que tout le temps qu’il auoic parlé à nous, il auoic eu les doigts ferrez contre la main, fans iamais les eftendre ; *& que par les fa- créés lettres hiéroglyphiques des Egy- ptiens, la main fcneftre ferrant les doigts, cftoit vne marque d aiiarice,comme auoir la main ouuerte fignede hberalirc:& qua ce propos Diogene difoic, qu il ne falloir pas bailler les mains pliees aux amys . Et difoit oiitre qu il efteic fi auaricieux , qull ne fe poimoic contenir de fouhaitter dès fichefles : ce qu’il mon fîra emfaifanc va Epitaphe , où il y auoit ainlî : Cy gift fe repofe en fomme te féti Euefque de Uiçony Qm d^oruHohyne grand! fomme ^ Vhfl au bon Dieu que îe l^evtjjon ^ Puis adiouftoit , qu^ plufieurs fois il auoTt trouué ce defrêfeur de noftre hofte,eftant feul, parlant à luy- melines: & que c’eftoic vn argument vrgent d^ftreauare,& fub- iecflaux biés, que de parlera foy-mefraes; & qu vne fois luy ayant demandé à qui il parloir, m ayant refpondu qu’il parloicà 6>y mefmc, ie luy dy , Garde toy de parler Seree. iiz à vn auaricieux & mauuais homme. Vous congnoiftrez auffi, adioufta vn autre aua- ricieux à fon coufteau s car il n auraiamais de coufteau qui coupe bien, nelefaifanc aiguifer de peur qu’il fegafte par trop : là où le bon compaignon ne Içauroic durer (i le lien ne coupe comme feu , fans auoir efgard fil dureralong temps , ou non.. V a franc-à-tiipe voyant qu’mon fe vouloir re- tirer, appellant noftre hofte, luy vadirc qu’il n auoit pas gardé la couftume des Anciens, quonpradtiquc eiicores auiour- d’buy en Angleterre, kfquels, le banquet finy, apres auoir baille a taucr les mains^ apportoyent vn calice plein de vin , ôc di- foyent , Cape hanc pinitatU metaniptridem: voulant prouuer par bonnes raifons tant naturelles q médicinales qu’il eftoitfort bon , & mefme feruoit à la fanté , de fina- le repas par boire , nonobftant le com- mun qui dit, Sittibi po[}remus femperin ore cïhtis. Puis luy va demander, s il ne f eftoit point apperceu que pluücurs du conuy n’auoyent point beu en mangeant, non point voulant imiter les Orientaux , Icf- quels neboyuétiamaisiufqucsà cequiîs ayêt prins leur refeâion, mais que c eftoit TR-ENTEYNIESME que Voyant l’appareil de ce banquet fi maigre, ils nauoyent pas eu le loifirde boire : àyant peur qu en demandant à boire, à mettre de l’eau dans le vin , à ren- dre le verre :> de ne trouuer plus rien que manger apres aucir beu . Noftre hofte jfc prenant à rire^ 6c entêdant bien que vou- loir dire tout ceft aduantdeu , commanda qu O allafl: tirer du vin. Le vin venu, noftre franc-à-tripe nous prouoque à boire, en nous difan t, imitant les Ancicns,ViuQns, il faut mourir: combien qu’à tous ne plai- foit cefte façon de conuier ainfià boire, Noftre hofte ayant beu, noftre nraullc luy va demander fi en beuuanc on remuoit la Lingue ; luy n en faebant rien , aucuns di- loyent à leur adtiis que fi , Sc pour fen afleurer demandoyenc du vin : les autres iuroyent que non , ôc pour en eftre plus aftèurez,beuuoyent deux ou trois fois en., eores . Noftra hofte voyant que fon vin f en ailoitjfiins refolution fî en beuuanton remuoitla langue ou non , fecontrarians les vns aux autres,^ lapins grand part de- mandans à boire incefiamment pour en fçauoir la veritéjeur va dire,que ce doub- te fe reioudroic mieux en particulier, & Seree. 31 } que l’eflày s en feroit mieux & plus afleu- lement chacun en fa maifoUj qu’en fi grad bruit ôc tumulte : ôc qu’à la prochaine Se- ree chacun en pourroic apporter fon opi- nion , ôc, tous enfemble , & à la pluralité des voix, on en feroit vn axiome^Sc reigle aflcuree . Ce franc- à-tripe fachant bien la maladie, apres auoir mis le verre à la bou- che, baillale refte au garçon quileur met- toit à boire , le priât de boire ce qui reftoic de vin.Mais le garçon tout honteux nen voulât rien faire, ce frâc-àtripe f’adrefiat à nouS;,va dire, q c’eftoit vne chofe fort an- tique & bone,&: que les Anciens ont pen- fé rdigieufe Scfamde, fi nous croyons Athenee,quedebailleràlafin du conuy à ceux qui auroyent donné à boire, tout ce qui en reftoit.Puis s approchant de fon hofte,luy va dire, comme fit Auguftcà vn de fes amys qui luy auoit fait vn banquet frugal, le ne penfois pas t eftre fi familier amy. Vne fefle-tondue voulant prendre congé de la compagnie, nous va dire que le banquet de Varus , encores qu il n’y euft gueres de viures pour contenter le ventre, cftoit bien autre que ceftuy-cy; car pour le moins il cftoit magnifique de TXENTEVNIB S ME linge, de vaiffelle d’argér, de tapifleries, & autres chofes pour refiouyr hc repaiftre les yeux: mais qu en ceftuy-cy il n’y auoit rien ne pour le ventre , ne pour les yeux. Quand noftre hofte vit qu on fe moquoit de luy en fa prefcnce, en beuuant fon vin, va faire comme vn nouueau marié , à qui la fefte duroit trop, pour honncftement nous bailler congé : car fur l’heure il faiâ: rncttrc vn chauderô d eau fur le feu , auec de bonnes herbes, enlamefiiie chambre où ils eftoyent: &desauffi toftqueleau fut chaude , il cria hautement , comme fit le nouueau marié , Qui n’aura icy aucun affaire , qu’il s’en aille , car ie me veux la- uer les pieds . Et auec ce beau congé & honnefte propos , noftre hofte rompit la fefte , & renuoya la compagnie . 3M SEREE XXXII. DelaMufîque, & dts loueurs dHnJlrumens . ETTE Serec deuoit cftrc gaillarde & belle, fi elle euft continué corne le comécent: mais vn de noftre compagnie fut prefle fe retirer à caufe de quelque mariage qu’il vouloir faire le lendemain,, qui fut l’occafion que prifmes fefubic<5t àproposfurceluy que nous difoicle no- ftre,qui senqueroit de quelques bons loueurs d’inftrum en s pour faire les nop- ces,ce q nous propofât,vn ebaeû de nous iuy en enfeignoit, ôi quVn tel demeuroit ê tel lieu, vn autre cntel autre,quils eftoiêt les meilleurs muficiens. Aucuns de nous vouloiêtblafmer la dance, ôe les autres la vouloiêt louer, ainfi diuerfement : fl y eut vn qui nous va dire, qu’il auoit veu vn ho- Trente DE vxiE SME me marié qui fortoit hors de fon feus quandiloyoicle fon des inftrumcns qüi faifoient danfcr^âuffi bien que l’on diét que les Tigres deiiiennent enragez , & fe defmembrent au fon du Tabourin : Ce pauure mary penfant qu’il n y euft rien qui fift pluftoft forcir & apparoir les cor- nes que la dance^Sc les mouuemensjEt ce ne fera hors de propos ( dilbit-il J (iic vous dy vn Echo de la dance: Qm requiert fort ^mefure cÿ* cadance^ Dance. QtdfaiÛfouuent aux nopcesrepdence^ . Dance. Qui faiâfuer les filles en abondance^ Dance. QMfai6lfaulterfols par outrecuidance^ Dance. Qui ejl le grand ennemy de prudence} Dance. Qui met aux frons cornet par euidence} Dance. Qm fai£l les biens tomber en decadence} Dance. A ce propos vn va dire que qui ne prend gouftà la mufique qu’il a les elprics dif- cordans s B R 1 2^ 325 cordans & qu il n ayme point les fcicn- ees ne les Miifcs, car M^tfica cft didé Mufes eftanc inuentrices de la mufique. Nous lifoiis ( difoit-il en- Gorcs) qu*v,ne bande de icunes folaftres apres auoir beu , s^en allèrent par la vil- le auec inftrumens de mudque : là où eftans incitez dVne fidion d’allarme, quefonncrcntles ioiieurs dmftrumés, s’efforcèrent à rompre la porte du logis dVne honnefte femme : quoy voyant Pithagoras , aduertit ces ioiieurs de f5- ner plus lentement , & retarder la me- fure: ce que quand ils eurent faid, la fu- reur de ces icunes gens fut foudain a- mortie : à raifon que la tarditè de me- fure leur effemina ôc remollit tout le coeu r. Que la m ii uq n’effe mi n e les h ô- mes (dit vn autre)cela eft confirmé par Soliman, à quile g:and Roy franedis eiiuoia des chantres 6c ioüeursd’inftm^ mes, des meilleurs de Fràccf aufquels il priât grand plaifu* ; mais Solymà voyàc tout le peuple accourir pour les oyivEr vouloyêc apprédre ceft art,f enuoia to^ les chantres, &c mit au feu cous leurs'in- flrumes, de peur d’effeminer par la mu- .0 P 31^ Trentedbvxiesme ' (ique, le courage de fes fubieds : qui nVfenr niefmes es nopces que d'inftru- mens qui feruent à la guerre : Il y eue vn droite qui nous va dire, qu'vniour vue femme de ioüeur d mflrumens, ce fafcha fort contre vn quialloitioüera- uec Ibn mary , lequel 1 appclloic touf- iours Sire^(Sc Itiy le faifpit appeller Mô- deur,vn franc à tripe, demandent ace drollcj pourquoy ce mot de Sirei/cft plus en vfage , ce drolle liiy dit : ie croy que c*eft à caule que les femmes ne font plus ouyr leurs maris veilir. Par Dieu^. leipond ce franc à tripe, ie fuis donc Monfieur , car ie if oiiy iamais ma fem- me veffir : maisielay bien fouuent fen- ty. Ce drolle dit encoresque fi on veut que les femmes ne çry eut point, qu’il lesfault toufiours frire danler, pour les rendre effeminees , puis quecelayfert tant^Sc qu’il s’eftoit logé au près dVn ioüeur d’inftrument , pour amufer la. fieiine qu il en auoit meilleur temps, à ce propos ra dire vn autre , qu’il vou- droit donequ’il j eüft des ioüeurs d ’in- ftmmens par toutpouramufcr les fem^ tnes, ^ la fienne auflî , qu il auroit aufli bort temps que luy, & qu elle eftoitfi miuiuifs U cixi- ■ «j» bout, faiuanc le quadi. u: ...i vvo, bien à propos , 5e qu il ayiT) cioir autant le feu en fa grange, que la tcnuviw vii feu : comme le quadrain le dit : Femme fnijchee en ^^rnAt^on fJ} reJfembUnt au fec tifon Que fi au feu vous le meite\^ llbrufieradetomcofie^ ^ VnaütredelaSerec, va dire quelar- lîionie de la mufique eft belle pour ap- paifer les plus fafehez : mais qu il a ouy dire^ que fi. vn homme porte fur foy le cœur dVn caille mafle,& la femme dV- ne femelle, qu^ils n auront aucun coin- roux enfcmble,fi on veut croire Mizal- dus , vn autre drolle va dire , qif ü fc rrouue des femmes qui ioiient auiïibie des inftrumens que les hommes, (ie dy de mufique ) 6c qu il y en a que fi leurs maris vont foufflcr dVn cofté, ils ioüét de Tautre, Vn delà Seree reprenant le propos difoit qu il eftoic bon d vler des armonies iacrees 6c laiiicf cs , tantau’C maifons qu’aux Eglifcsmiincipallcmer, & que la mufiqué chaüc les mauiuis, c- fprirs , comme Dauidauoir fait auec fa Cvthare , réfrénant l’efprit malin d.c O O ij 3i8 Trentedevxie SME ^ 2 p Saul. Les femmes des ioüeurs d’inflru- itiens ( dit vn autre drolle ) il s"en trou- ue d'auffi gaillardes que nul autre, & mefmes qui ne iouent pas des inftru- mens de leurs maiis , mais du leur bien afprement ^ de façon quils en amènent bien meilleure' pratique à kiirs maisos^, & qui font mieux la court à leurs efcôl- liers que leurs maris , ie vous affeüre ré- pliqua vn autre il eft bien vray ce que TOUS dîdes : car i’ay veu vn efeollier qui eftoit entretenu par la femme de mon maiftre,^ ôc luy faifok tellement famour qu’il ne fe pouuoit deffaire d’elle , tâdis que la bourfc efioit garnie^ quifutcaule à la fin de la ruine de ce ieune homme , & tandis qu’ils e/loient. en ces bonnes fortunes, ellefe donnoit bien du branlle du loup, excogitât tout _ ce quelle pouuoit pour fe donner plai- "^fir auec ion efeollier, qui au lieu de fak re des poefies, elle luy enrccouuroir des plus excellentes quelle pouuoit, par d’autres Sieurs qui la eognoiflby et auffi bien quefon efeollier, qui y penfoit e- flrevnique. Il y en a, dit vn autre , qui pour skfmouuoir cherchent des cho- ies propres à les efguillonner , quand ÇJO s E R E E. 3JI ils font près de leurs maiftreflTcs , auffi bien que la femme que difons. Vu de la feree nous va concei'jvn bon tour qui fut fait en vn bal qui le fift chez vn de leur voifins , auquel bal plu (leurs voifines y eftoyent allées pour danfer: Au foir quelque vns de leursmaris s’a- uiferent de s abiller enmafque^ pour eôfiderer quelle belle dance leurs fem- me faifoient, Sc eftans lefditesmafques entrées au logis de la dance , chacun deux prend fa femme^pour danfer^ fans quelles f eulTet que ce fuft leurs maris^ de apres quils eurent vn peu danfe , il y eut vnde la malcarade qui meinefa femme derrière vne des tapifferies de la chambre , pour eberger faditefein- me, laquelle ne (e fift gueres prier, qu il n e f accomnvodaflTent à rapointement, & y firent ce que vous feauez qu’ils y pouuoyent fa-rc ; Apres que le mafque eut fai(^f d'elle , il la fort dehors de der- rière ceftetapifiTerie voulant s en allej, Orellc defirant recognoiftre cefl h5- me qui Tanoit fi bien fait branler dou- blement , elle va iufqucs fiir la nioncee, pour tafeher à remarquer ledit fup- pliant , luy qui ncpenfoic pas qu’elle le Oo iij ■^1 T R E N T E I) i V X I ï 5 M E 335 faiuiftjd qffai d To n m a fque pour efiu icr fon vifagc,, ayant fort chaud ^ (e qui fut caufe qu elle vit que c eftoit fon mary,, lors elle luy vadiie: Par ma foÿ fi PcuC- fepenfé que Iceuft eftévous,ie vous euÎTes bien empefché defaii:e cclaicy,. & vous cuffe fait attendre que vous enfilez ellé à la maifon ; voila pas vue belle refolurion de femme \ quinefe tourmentoit pas dauantage de cefle. furprifède fon mary , ôc vous laiflb à pcnfcr qui eftoit au Gemini ou au Ca- pricorne 5 du mary ou de la femme. Vn autre de la fcree nous Cx) va dire vn au- tre , qui n’eftoit moins gaillard que ce- îuy cy lequel ( dit-il ) il auoit ouy faire compte il y auoit long temps,d’vn qui- dam qui gouuernoit la femme de fon voifin , & falloit voir fi fouuent qu à la fin le mary s'en apperceut,^ pourbicn defcouurir la vérité du faid , il fift feni- blàntvn iour d'aller aux champs, eftant daccord auec fa chambrieie, que file gallât venoit quelle luy ouunft la ppr- tedu deuant du logis pour les pou- tioir furprendre : ce qui fut fait fi à propos/que ceft homme eftant fur les 'monter, commença à parler hautj& 534 S E R E E. 35 direioiiure Thuis de la chambre ma femme, le n ay efié gueres loin, le gal- land qui eftoic couché auec ladite Da- me, fut bien eftonnc,& dit que feiay- ic,cèfte femme lors luy va dire, met tez^ vous dans (è coffre, il nevcuschar- chera pas là : mais ayant oublié à met- U'cks habits aulî au coffre, cet hom- me entrant dans la chan'ibrc Icsadui- fc,& dit: O ho voila les habits du voi- fin , par la mort bieu il eft feans , eft il venu voir ma femme, fenauraytout àccftheurela raifon, cequ il fit, car il enuoya quérir la femme de fondit voifin qiûefloit dans le coffre, quelle vint parler à luy tout prefentement, &que c^cfioit pour vn affaire d’im- portance,. cefte femme incontinent s’c vint le trouucr,pcnfant que ce fuit pour fon profit , mais elle trouua ceft homme en la chambre, quieftoiten , furie ^ ôc qui tenoit vn poignard, 8e la prend par la main, luy dilant : ma voifi- ne ,^faut que vous fçaehiez que voftre mary m’a faiét vn tel tour, & que i en veux auoir ma raifon il efl dans ce coffre là enfermé , & eftoit . couché auec ma femme quand ie fuisreueiiu T R E N T E D E V X l ESM E des cfaampsjil faut que tout à cefte heu- Ee que ie vous en falFe autant,ou autre- ment, parIamort,par le fàng(difoit-iil furieulèinent , il ne mourra iamais que de ma main,& tout à celle heure, cell e femme pour tout cela ny vouloitpas condcfcendre.&difoitquât à elle quel- le n’en feroitricn. O, parla mort bien (dit-il)c’ell donc à ce coup qiul ne mâ- gera plus de pain, Ge qii’oyantle pau». ure prifonnier , cria à làfemme,&luy dit : Et ma femme, aye pitié de moy! lauuemoy lavic! quoy ; ( dit-elle) faut il queie fade cela? c’eft vne grand hôte eeque difant ellefelailTa aller à fondit voilin, qui la rêuerfa fur le mefme cof- fre & en préd par cemoyenla raifon. Ayant le cœur placé en meilleur lieu q nollre zaïii cornetto , qui auoit fait co- gnoillfe à fon compagnon que la rapi t Icne elloit propre à fafemme , auea: le Ion des inllrumens & quelle n’auoit pas I elprit difeordant, ayant autrefois aprins la mulîque, nollre fàileur de no- ces no fit fa defl-us celTer,nos difeours, cllant prelîé de le retirer, pour les alFai- m qu’il deuoit auoir le lendemain. 357 TK ENTE-TROISI- ES ME SEREE. Des gens (ÎEglife. E s gens d’Eglife , crai- gnans Dieu, ayans vne bonne ame, fans eftrc paffionnez , lefquels dé- firent vne bonne Sc fain- fte reformation félon les faineSs Ca- nons, ne trouuerôt iamais mauuais d’e- ftre admonnçftez, afin qu’ils foyent in- citez de fe corriger fil y a quelque cho- feeneuxàreprendre,pour fe domier garde de ne faire^S^ ne dire rien, qui ne foit bon & fainét , principalement à la veuë du peuple , qui regarde toufiours plus à ce que font leurs fuperieurs ( Icf- quels ils doiuent enfuiure)que non pas à ce qu ils difent , & qu ils font tenus défaire : les hommes croyans mieux aux yeux qu’aux aureilles : lavoyedes 3jS Trentetroisiesme préceptes, ce dit Seneque , eftant lon- gue , & celle des exemples eftant bien plus courte , & ayant plus d’eftîcace,e. ftantplus aifé de dire que défaire, là vie prefehant mieux quelaparolle : c- ftant chofe bien à reprendre de faire comme le mauuais mulîcien, qui chan- te l'vn auec la bouche , & forme l’autre auecl’inftrument. Qr pource que les citoyens , comme a eferit Hrodian , ne font que les fingesde leurs fuperieurs, ceux qui ont charge de nous fe doiueht bien garder de' commettre quelques offenfesjles fautes des grâds eftans plus grandes , pour auoir trop d’imitateurs, comme l’a trefoien. dit vnPoëte : D'autmt pim queceluy qui fouit ^ ©- qui mefprend. Se voit en grundhmneur, cr m dignité' haute. D autant plui chacun rveit O- remarque fa faute. Q^e l’intention de ceux de la Scree, qui parlèrent des gens d’Egiife , n’ay t point efté de detraéier deperfonne, vn EccIefiaftique,homme de bîé & docte, qui y eftoit,& L‘y trouuoit bien fouuct. Serbe. îc tefmoigneroit ( fil eftoîc en vie ) de tour ce qui fur die en cefte Serce, ôci quelle occafiô.Orfçachâr que l’ignora- ce Sc mauuaife vie du miniftre ne vide point la dodnne,chacû ne craigiioit de de faire fon compte, inefrae noftre Bé- néficier faifoit le fien en fon rang , non pas fans rire le premier, auffi biê de fon côpte q de celuy des autres: fin on il de- fendoit fô partyle mieux qu’il pouuoit, c5me il eftoit tenu : ce qiul fit du com- mencement de la Seree , voyant qu’on faifoit vn côpte dVn Euefque Porracif, quils appellét,lequel futprins pour vn mtneftrier ôcioueur duifi:ramês,pour auoir les doigts pleins de pierrespre- cieufes,& pour auoir deuât luy fon hô- me qui portoit en vn eftuy fa croce,qui faifoit iuger que c’eftoit des inftrumês dot il f aidoic. Et pour exeufer ceux qui auoient prins ceftEuefque pour vn me-- iieftrier, & quil n’eftoit pas ce qu on' euft peu pêfer,Pline fut allegiié^qui dit quvn Ifmenias de Thebes, fouuerain loueur de fluftes,portoir ordinairemét de fortBelles pierreries,&que ce foc luy qui amena la couftiune, que les mene-* P ij 540 Trentetroisiesme ftriers tels q luy, fufl'ent eftimez fel5 les pierreries qu’ils portoient : & de faid, adioufte Pline,DionyfodoruSjqui auffi eftoit grand ioüeur de fluftes,en vfa de raefme , pour ne fembler moindre que^ Ifmenias : & que Nicomachus , qui de ce temps auoit grâd bruit entre les me- neftriersjportoit auffi force anneaux Ôc pieireries.Et puis fut dit,que ces exem- ples deuoyent bié faire cefl'er le caquet à ceux qui font tant des gros,à caufe de leurs pierreries Sc bagues,veu qu’ancié- jiement on remarquoit les bôs loueurs d’inftrumens à cela,& par ce moyen di- foient auffi,que les Ecclefiaftiques, dé- diez au feruice de DieUjne deuoient en façon du monde porter des anneaux ôc des pierres precieufes en leurs doigts, non plus q le F lamé Dial à Rome:mef- me qu on trouue vn Synode tenu à Aix la Chappelle, en AllemagnCjque fit te- nir Louys debônaire,par lequel fut dé- crété que deffenfes eltoiét faides àto’ Euefques ôc Ecclefiafiiques de porter habits fomptueuXj& de mettre en leurs doigts aucunes pierres precieufes, Chanoine & home d’Egliie pourlou- s E R E E, 34î •ftenir ceux de fa vacatiô^&de fon eftac, lors va dire , que ceux de fon ordre ne portoiêt pas fans caufe des anneaux, &: que laneau en la fainde efcriture eftoit la figure de la foy , que du temps de Charlemagne, &c bien trois cens ans a- pres,durant le temps de trois ces Eiief^ ques,les Roys bailloiét les Euefchez,5c les Abbayes, par vne verge & anneau, ' cnfignede dignité &C prééminence, les honnorans &: approuuans parla, comme les Romains par 1 anneau por- toyent tefmoignage de la vertu des leurs. Et aiifiî , difoit noftre home d’E- glife, les anciens ne portoyent pas Tan- neau pour ornement, mais pour ligner & feeller,if eftant permis d’en auoir pP s E R E ï. 345 foitnoftreChanoine,Ies Eucfqueaucc cc gcfte , & les deux doigts tendus, be- nidciit bien le peuple , mais ils ne par- lent pas fouuent à luy. D’auantage, qui ne fçait, pourfuiuoit*il , que les pierres precieufes ont beaucoup de proprie- fez & vertus occultes des Aftres^ (clon Marfilius, qui recréent, par vne vertu latente , nos eiprits , de aydent à noftrc corps A chaffent les maladies l Ce qui fe fait par noftre chaleur naturelle, la- quelle incite en les portant , leur vertu cachee , de la communiquent au cœur^ au cerueau,auxycux& à tous nos mem- bresiellant vne impudence extreme de vouloir rapporter toutes chofes a des qualitez manifeftes^ cftant du toutim- polïible de rendre raifon de tous les fe- crets de nature ; &.cefte ignorance eft caufe que le peuple, qui ne fçaitrien^ repred ceux qui porter ces pierres pre- cieuies, comme vne chofe lentant plus toft quelque fuperfluité & orgueil^ qu’aucune {àinâeté, honneur & vtilite^ arguant les Ecclcfiailiques de les porter par bôbance^&folle oûentatio,& gloi- re* Et fe peut on plaindre de ceux 1» 344 Trentetroisiesme qui font caufe qu o difFame vnc chofe Ci rare,û belle , & fi exquife qu’vne pierre precieufe , côme fit vn iour Ariftippus, lequel ayant prins vn iour grand plaifir à vn certain onguent, va dire : Malheur foit aux elFeminez , & lafeifs , qui ont diffamé & pollue vne chofe fi belle , fi bonne,fi plaifante & agréable. Etpéfe, quantàmoy, difoit noftre Ecclefiafti- que, qui aymoit fort les pierreries, & en portoit ordinairement en fes an- neaux, que les gens dEglifc portenp rAmethyfte, pource quelle rendfobre celuy qui la porte, comme elle en a le nom, refillant à 1 ebrieté rdautantque celle pierre attire les vapeurs du vin à > lelquelles autrement trouble- royentle cerueau; ce qui feroiten grâd fcandalealaprofclîîon des Ecclefiafti- ques. Aulfi on dit.que l’Amethyfte en- gendre les longes, & que ceux qui veu- lent deuiner par les longes, la portent : Ce nommans en Hebrieu chalan,quod ejl fommure. Les gens d’Eglife n’ont pas aufli le diamant en leurs doigts lans caufe , diloit noftre Chanoine : car le .diamant dénoté la confiance & vertu s E R E E. 34Î Gue les pafteurs doiuent auoir en la re- ligion Chrefticnne : laquelle doit fur- iiTonter & endurer toutes perfecutions pour Dieu : comme le diamant relifte a la lime,aucizeaUjau marteau & au feu, par vne dureté merueilleuic, &c grande Iblidité : ne cedant le diamant qu au fangdebouc ; comme iainét Cyprian U demonftre,qu'auiri les nations les pl barbares & vaillantes n ont peu eftre a- doucies & amollies queparlefang.de lefus Chrift. Etaulfiadiouftoir nolire EccleliaftiquejOn porte le diamât,pour ce qu’il a cefte proprieté en foy , de ga- rentir le cœur de celuy qui le porte de toute peur & frayeur.rincitant de reli- fter aux trauerfes de fortune auec cela, il fe ternift & f amolüft , fi on approche près de luy du venin : auquel les Pre- ftres,entre autres, font fort luieéfs, ern- pefehant aufli tous fortileges & encha- temens, les incubes &c fuccubes : Carda difantauoireffayé, que le diamant lie au bras fen eftre , en touchant la chair, empefehoit les craintes no<3:urnes,fi c’eft vnbon diamâtdequel fe cognoift, üparfaprefence la pierre qu’on nom- T R E N T E T R O ï s I E s JM ï oje Aymant perd fa vertu &pui{ïànce^ eftantlevray diamant enncmy mortel de 1 Aymant: ce qu’ont efptouué àleur perte beaucoup de mariniers ^ qui por- toyent le diamant en leurs doigts : ce qu aucuns toutesfois ne veulent croire. On dit auffi,adiouftoitnoftie Ecclelîa- flique, que fi vous frottez vn traid ou . vne e/pce de la poudre de diamant,quc fecilement ils tranlpcrceront toutes ar- mures : & que pour cela & fa beauté & vcrtUjle grand Roy François acheta vn’ diamant foixantc & douze mil efeus, îxcbuchans: Pline dcriuant,que defon temps le diamant ne fe trouuoit qu’a ux cabinets des Princes,cncores rareméf :: combien que par leseferits de Zacharie Sc Fzechielil en /oit fait mention.T ou- tesfois qu’aucuns ayent dit queledia- mant foit veneneux beu en poudre , on par fon extreme frigiditc,ou par la vior- lente erofîon quil fait aux boyaux : &•, que nonobftant fa dureté^ folidité k- vertu -J qu if f elf trouué des hommes,, icfquels ayans apperceu vn diamant en-. tre les mains d’vn lapidaire , & l’ayans, c.ontemplé fixement jfirçntrompre ce s E R E J47 diamant, tout fur l’heure en plufieurs. pièces , tant ils auoient les yeux pleins, d'vn puiflant chaumCr Noftre Ecclefia- ûique con tinuan t fon premier propos,, qui eftoit de delFendre les gens d’Egli- fe,qui p&rtoyent des anneaux garnis- de pierres exquilcs va dire qu’ils ay- ment à porter la Hyacinthe, a caufe qu’tUe empefehe celuylà qui la porte des efclats du tonnerre, &quilaefté- obferué que là où le foudre eft fircquét, "ilnetueiamais ceux qui l’ont en leurs, doigts ; Albert difant , qu elle fait auflS; dormir , & on dit que le foudre n’offë^ ce point ceux qui dorment : mefmes- Serapio affeure les hommes eftrc hors- du péril du tonnerre ,. fils portent feu- lement la cire où fera lagraueuredel» hyacinthe.Ees gens d’Eghfe, adiouftoit noftreEcciefiaftique,,ne porter pas fans» Gaule la Chrylblite, qu’aucuns appelle^ Topaze, parce qu’elle reprime la pail- lardife par fa frigidité, que fur tout les: Preftres doyuent cuiter : 6c auffi on dit: que mife fur la langue du heureux ,,clle le deialtere , 8c eftanche le fang des- playes,par fa frigidité. Il nousafleo» B'v| 34® Trentetroisiesme roitaudi qu’ils mettoyétl’elcarboucle €n leurs anneaux, qui tient le premier lieu en cefte elpece de pierreries , & le Balays qui va apres, & le Rubis qui tiét le dernier lieu , pourautant qu’ils refi- ftent à l’air corrompu, à la.-peftc,àla poiibn , & à la melancholie : & voila pourquoy ( nous difoit-il) les méde- cins qui frequentét les lieux pelHferez, & pleins de mauuaisair, portent rouf- iours des anneaux garnis de ces pierres. L’efcarb oncle, adiouftoit-il, eftantainfî appellé des anciens, à caufe de la Iplen- deur qu’elle a auec le charbon embra* fé : eftant auffi nommé ^fjros^ pource qu elle n’eft iamais confommee du feu. Ils portent, difoit encore noftrc Cha- noine , la Sardoine & la Carchedoine , pource que portées elles lèruent à la chafteté, qui eft bien leante aux Pre- fires. Que fils portent la belle &plai- fante Emeraude, en Latin \^peilec 'SnmrAgdw , c’eft pour recreer la veuë des Eeclelîaftiquesdaquellefe diminue par leur continuel ellude : eftant en- tre rouées les pierres precieufes celle qui plus relîoiiit la veuë, & recxecles s E R É E. 349 yeux : tellement que Ci elle eft creufe ouplatte , vous y pourrez mirer com- me en vn criftal:Sc auffi pour monftrer leur chafteté; l’Emeraude eftant Ci fain- -de & chafte, que par fa viue , conftan- tc, & claire verdeur , elle eû indice de pudicité & virginité:fe mettant en pié- tés & brifant J fi elle attouche les pail- lards , & paillardes , & mefmement en l’ade Vcnerieri : comme ayant honte d’eftrc entre les mains des impudiques, eftant la plus tendre pierre & la plus fragile de toutes les autres ; à caufe de fon humidité, qui eft fi tenue que par chaleur elle Ce cafte :1a chofe humide vne fois eft chauffée fieuaporant facile- ment en air : & en occupant plus de place,il n eft de merucilles fi elle fe met en pièces : parquoy eftant molle, elle eft fubiede à beaucoup d’inconueniés. Que l’emerande , adiouftoiï noftrc Ecclefiaftique, foit amie de chafteté, il fè trouue aux hiftokes de Hongrie, que leur Roy,eftât CGUchc auec fa fem- me, ayant vne belle Emeraude enfbn. doigt, fut eftoné qu’elle fê brifa en plu- ûeurs pièces. Et parce, ic ne puys croi- 5^0 TRENTlTROrSIESME ‘ re^difoit- il,ce que dit Orpheus au liurè’ des Pierres^ & ce qifa efcrit Pline au dernier liure, que l’Emeraude aye vertu tradiueêc conrortatiue du membre na- turel 3^ parce qu’elle auroit deuxpro- prietez ôc. vertus cotrairesimaisiepen- ierois bien dire vray ce que dit Arifto- te^qu’attachee à la tefte de ceux qui ont le mal caduc , qu’elle les ibulage par ia vertu occulte ^ ôc qu’elle profite^ félon Diolcoride, aux lépreux^ puluerifee^ &c beuë:que fi elle efl: mife^ee dit Sauano- rola^fur la cuifle de la femme qui eft eu mal d’enfant elle foulagéra Penfante- met, Q^e fi vous voulez fçauoir fi PE- meraude eft bonne naifue^jlne faut que la prefenter au crapaut; car fi elle n^eft point artificielle 6 c contrefaidte^il fera incontinent aueugléicombieri que ks autres re/preuuent à la pierre de touche yàiâc Lydia en Latin y delaïf fent vnemacule d airain. Il fe trouuè que le Roy d’Angleterre Edoüart do- ua à Erafme vne Emeraude 3 ayant re- çeuvniiure de luy I qui fut eftimee apres fa morr3trois mille efeus. Les Ed- 4 efiaftiques aulïî adiouftoit noftre Serbe» JJJ Chanoine ^prenent plaifir à auoir les doigts parczjdu Saphir , parce qu’il re- preiente le Ciel azuré , duquel ils ont les clefs » & fij apres l'Emeraude , il n'y a pierre plus plailante à la veuë, &c qui l’aiguife 8c conforte plus,veprimant,îe- lon Galien , les excremens des yeux^ eftanchant le fang par fa frigidité , la- quelle le rend aftringét, ce dit Auicen- jîc:fibienquele Saphir mis furlalan- gue,defaltcrc par fa frigidité. Et fî Ar— nault de Ville-neufiie , grand Philofo- phe, & expert Médecin ,.dit que le Sa- phir eft vnc pierre trcfdure , belle à, l’œil , récréant laveuëj,refl'emblant la couleur du Cieltres-ferain , rendant l’homme fort conftant,chafte, doux 8c humble ^faifant obtenir par fa vertu la, grâce des homes, & mefmes des Roys,, & Princes , 8c poürce eft diéle des an- ciens pierre fàinâe & facree , croiflanfe en grâd nombre ou fablô du Medoys,, & de l’Indois., Ifidore dit qucle Saphir tepercute le mauuais air de celuy qui le. porte en temps peftilêtieux, ôc qu’il em y ha de couleur rouge, & de couleur d’azur ^8c que celuy qui eft de 151 Trentètroisiesmê d'azur, comme font tous les Saphirs Î4 T R I N T ET R O I s I E s M E Abbé en vibrant ce Monaftere , vous n’entretenez pas bienvoftre Abbave elle eft toute ru.’nee : ceft Abbé lu/ al voit relpondu : Monbeiir, ie n’ay pas fait les brefches ^ mais ie vous alîèure que ie les entretiendray bien. Le vieil compte ( lequel pourtant iamais n’en- uieillira)fut mis en auanr, du ruftic qui l-epliqua à l’Archcuelque : Si le diable emporte le Comte,quedeuiendrarAr- cheuefquc ? & queuft dit aiiiourd’huy le Ruftic, fil euft veu aller les gens d’E- glifeàlaguerre ’ Les Anciens n’ayans iamais voulu que le Pontife & l’EueP que eulïènt la langue , ny la main,nela veuë, ne l’aureillemaculee de fang hu- main : parquoy leur eftoit défendu de pourfuiurc acculàtio'ns capitales', d’en cftre iuges, d’y affifter , d’aller en guer- TCj traitter la partie de chirurgie (porte le Concile de Latran) qui vfe de cautè- res & eTincifions, & ce qui ell: en Aule Celle Sc Plutarque, de toucher fer , ny venir en vn camp ou armee prefte à cô- battrerPacatusappellât ceux qui foufte- noyent Itachius Euefque à l’encontre de Prifcillianus , Satellites nen^ntiJiiUs. Serbe. Et puis il va fouuenir à vti autre de la rencoiitte que fit le Roy Loujrs vnztel- me à ceux qui vouloyent annoncer vu Euefque, leur parent : le Roy f enque- rant d’ vn homme fçauant,& de lettres, pour l’cauoyer AmbalTadeur a Venize. Car quand le Roy leur eut demande quel homme ceftoit,Us vont rerpodre. Sire, il eftEucfque de tel lieu, A bbe d v- iie telle Abbaye , Seigneur de telle pla- ce, Baron de telle feigneuric. Lé Roy ennuyé de ces logs tiltres, leur va dire : Là où il y a tât de tiltres , ily a bien peu de lettres. Le Roy voulant dire,que rat plusily a de tiltres,tant moins il y a de lettres. V n franc à tripe , prenant la pa- raie, va dire ; Celuy que fçauez, quia vendu fon Abbaye , doit donc.auoir beaucoup de lettres, n’ayant pas vn tiltre ; de ii en diray autre choie , hiiaa que le trouuant va iour en vnecham- , bre baute,où il fumoir l^ien fort , ic luy dy : Monfieur,vous feriez mieux a bas. Entendant ce que ie voulois dire, il me va refpondre, qu’il auoit v n bon bene- fice,qui valoir Ùé fon Abbaye, c’eftoit vn bénéfice de ventre , ^qu’il ne baille- Qjij Trentetroisiesme roit pas pour cinq cens fois autant : en- cores qu’il n’euft ne tiltre ne bénéfice. Mais adioufta-il , ic vous feray vn petit compte d’vn autre Abbé, qui auoit tât de filtres qu il ny pouuoit auoir beau- coup de lettres ; car vn iource béné- ficier prenant polTelEon d’vn bénéfice, on cômença à dire en lilàns ces qualitez & filtres: fdnBi, Sec. .xbUs, Scc. Et lors vn des affiftâs va crier. E t vertu- Dieu que de balls pour vn afiie: ie croy cpie c’eû vn afne à tous bafts. Ceux de la Scree voulâs rire &du baft & de l’afire, furent einpcfchez par vn draulle, le- quel nous compta que ce mefme Abbé ayant bône enuie de pouruoir fon Ab- baye d vn Aumofiiier, au lieudeceluy qui eftqit décédé , demanda à fes moy- nes où il pourroit trouuer entre ces fols de moynes vn bon Aumofnier : quand vn fécond frere Jean des Enta- meurès luy varefpondre: Etpourquoy ne trouuere2-vous entre ces fols de moynes vn bon Aumofnier , auflîbien que nous auons trouué vn bon Abbé entre ces fols de moynes ? Ce fut à Mo- fieurl Abbé, qu’ils auoyent cfleu d’en- tre-eux, de recognoiftre que pour eftie s E R E F. 3^7 Abbé . il n’eftoit pas plus fage que les ^^tres/Vous me Ues fouuenu . va d^vn autres Pape lules^.W»«Y| qui donna le chappeau vnieune enfant (qui a celle caufefut nÔnié Cardinalin) lequel eftoit fi leune qu’iln’y auoit pas ?oitencoresfacoquepoutefclorrc.^ efti-e de raaifon , ned efpnt , ne de Iça- uoir : bref, n’ayant rien en luy qui me- rfle chappeau. Les Cardinaux ne trouuans pas bon cela, dirent au 1 ape , que tout c^uieftoit requis pour eftre mis en telle 6c fi grande quoit en ce Cardinalin. Le ‘P.. ^ Lr répliqué : Et vous autres,quelle k- geffe, quelle vertu , quel fçauoii , quel- febomé&cfpmib..f,q«»«-vo“ trouucz enmoy pour mauoir lau Pa- pe ^ Les Cardinaux lors fe prenans Lbourdu nez, ne Cardinalin. Laifiant le 9 Abbé,6cvontcompterquedurantl« errands iours derniers ceft Abbé euft affaire a Meffieurs du Parlement , pour quelqu^rocez qu i 558 ^ - T R E Uj: E T R O I s I E s M E auoir pardeuant eux.Or eftant bien fui- uy &habille enPrelat, les Huiflîers luy veulent bailler place :& tout fur fbeu- re Monfîeur le Prefidenr feleue pour aller au Confeil,& lesConfeilliers^ffi. Lors noftre Abbé penfant qu’ils fe le- Hailentpourluy faire hôneur & place leux va dure tour haut , Meilleurs , ne bougez,fxl vous plaift,de vos places, ic leray bienicy , il y a ailbz de place pour moy, Me/îîeiu-s fc prinrenc à rire- & lugerent que ceft Abbé n’auoir pas be- aucoup hanté la plaidovrie, Scnelen cihmeient|Xis inouïs : n’eftantgueres beau de voir va homme d Eglifeefti-e grand chi quan eur,&: ne bouger du Pa- ais. II n y auoicperfone en celle Jcrce qui n euft des comptes à faire des Mi! mitres del £glife,à des préf- c eiKs qui font leurs comptes ordinai- res ae lanonchalancc & dupeu defca- uoirdelaplus part de nos Ecclefiafti- OjUes,& ce le plus foimcnt^ pour n’eilre veutels : maiscequiefttrouuébonen general, ne le trouue pas bÔ aucunefois en particulier, ce qui les faifoit taire : & aufli que lareuerence & honneur, que s E R ceux de la Seree pottoyet à «oft>-'e ^ha- nome, les rendou muets peur de luv defplaire. Dequoy noftrc Chanoi- ne fappeixeuant , & pour nous inciter à paracheucrla Seree du fubieft enco^ mécé, va faire luy mefme deux ou trois coûtes de quelques Ecc efiaftiqucs j MeiVicurs.commença-ilàdite.vousM vous fcâdaliferez point fi nous defcou- uvons quelques ^ fations des gens d’Eghfe . ^ vous confi- dercz quelle différence il y a des Eccle- fialfiques de ce temps a ceux du temps palTc^ : Pcftant trouué en 1 Eglifc pumi- tiue plufieurs perfonnes de grade lain- aTtéVnontvoulueftrePreftres.ne fchans en leur confciencc pour vn grand myftere telqueft ceftuy-cy.& fe font couppez les doigts pour eftre plus affeurezden’eftre poinr ^ premier de mes comptes d’vn Ecclefiaffique Prédicateur qui auoit prejehe tout Carefmc , qu elle matière il auoir trait- teeeiaicelüy: lequel luy ayant r^ du qu’il auoit interprété Genetc , ceit tomed-Eslifcluyvadirei^laciui 37“ T RENTETRoiStESME va bæn^Dieu vous face la grâce de con- uertirce^mefchans hérétiques. Le fé- cond compte que fit noftre Chanoine, rut du raefme Ecclefiaftique , lequel voyant vn tableau du Décalogue , où on peint communément Moyfe auec vne grande barbe grife, &audeflbus Lxod.xx.cfiimant qu'Exod.futle nom & quexx. fut la remarque de fon aa^c^ va reprendre le peintre d'auoir pour- «raid Exod. fi vieux, n’ayant encores que vingt ans. Le tiers compte fur du m^ne Ecaefiaftique , lequel voulant baftir a vn fien bénéfice , fen alla chez vn Libraire pour auoir desliures d’Ar- «hitedure , qui luy apporta vn petit li- lorices-. l’avat veu il va dire au libraire , aulEfçauant que luy , que c’eftoit ce qu’il demadoir & que le principal d’vn logis efiroit le tondemennOr ayat enuic d’auoir d’au- tres hures d’architecture, qui apprenet a baftir, regarde où eftoit imprimé ce hure,afa.n d en acheter,rraittans de meA me naatierc. Voj atque c’eftoit à Paris, à fon Li- erairs qu eue ealcigiie c’eftoit , pour la‘ s E R E E. trouuer à Paris ; mais ne le Oçaehant.vn Resrcnc de college le va aaeurer , que ^pud Gemini rc en bon François, que h on diloit. Aux deux boules. Lors ce bénéficier va rel- pondre , le le croy bien , car quandon veuxbouler, ScioLicralalongucbou- le,auant que la ietter.on fait cinq ou hx pas. Le Regent ne fe pouuanç tenu de m-e de la fubtilité de ceft Abbe , 1 a cco- pagne iufqucs à fa maif5:ou par les che- mins il auife vn beau logis tout neuf.de- mandantaumaiftre maço,apres l auoir vifité dedans & dehors , fi çefte maifon a„oi. feiae «» 1* ^ «S"/ en voudroit bien auoir vne pareiUe.^e dernier compte acheuc , vn autres , ayant laiiTé rire ceux qui ne fça- uoyent point ceft e rencontre, fi la mai- fon eftoit faide en celle ville , comme- ça ànous demander : fi vnCure fit bien de ne vouloir pas prier pour la faute d’vn fien paroiflien , quil auoit enuo^e quérir po.ur prier Dieu quille rem. . en fantè . Car le Curé luy ayant deman- dé en quel têps il eftoit mei leur c.h. v-- ' ftien,ou en fauté , ou enma^ie ; ScU yj l , T R E K T E T R O I S I E S M E ^ Kialade luy^yant refpoiadu que c eftok quand Dieu le vifitoit. Il vaut donc mieux, répliqua fon'.Guré, que tu de- meures ainli, afin que tu lois plus ho- me de ^len. Puis nous va compter comme vn Prédicateur ces iours pallèz fut appoindé par ceux d’vne ville , à cent efeus , pour y prefeher tout le Ca- refine : & que tout le peuple du com- mencement le contentoit fort bien de fes lermons, eltant l^auant & cloquent ce qui fe peut.. Mais auec le temps on fapperceut que la vie ne relpondoit poît à là dodrine& à ce qu’il prefehoit,. & que ce font deux ehofes de dite &dé faire» A celle caulè la ville députa quel- ques vns , pour rcraonllrer à ce Prédi- cateur , le Icandale qu’il faifoit de ne vi- ure comme il enfeignoir, & que là vie faifoit beaucoup plus de mal & de fea- dalc que celle dVnc perfbnnc priuee ;> car combien,Iuy diloyétles députez de; la ville,qu éucrsDicu les vices ne loient point plus grands auxpalleurs & mini- lires de l’Eglilc , qu’aux autres,!! ell-ce que leur office & dignité faid que leurs péchez lont plus icandalcux,. s ERE E. ^ *73 minifeftes 5c remarquez , qu aux pei^ (bnnes princes : auilî qu’il eft piUS ay e dedireque défaire ^ Scque laviede- uoit prelcher la première , attirant plus de monde à bien viure que la dodri- ne : comme le chef de guerre , qui ac- compagne les parolles auec l*efre6tj e meut plus les loldafs a bien faire. Ce Prcfcheur, ayant le tout entendu par les commis de la ville . 6c comme ib fe contentoyent fort bien defes prédica- tions,. mais non pas de fes aurions 6c de là vie, leur va dire. Vous me donnez cent efcus pour vous prefcher 6c ad- nionnefter , mais fi vous m’en donniez deux fois autant, ie ne ferois pas ce que- ie vous dis 6c prefche. Lors ces depu-. tez notèrent bien ce que dit Laeide Philofophe , qu’autrement viuons- nous en la maifon , que nous ne dilpu- tonsauxefcholes : arreftans entre eux qu’àl’aducnir ils feroyent foucieux de fe poutuoir d’vn prefcheur qui auroit la vie conioinde auec ladodrine ÔC le fcauoir. Vne feffe- tondue, alors va di- re à ceux delà Seree ; N’efpargnons pas ces prefcheurs,. auffibien melctt^ 174 Trentetroisiesme fent-ils 6c parient de tout le monde : & qui aymeroit , difoit-il , ceux qui re- prennent 6c bkfment nos adionsîNo- ftre Chanoine , pour monftrer qu’il ne trouuoit pas bon , ne la vie ne ligno- rance d aucuns de fon eftar, nous va re- citer qu il n’y auoit pas lôgtempsqü’eri fortant d’vne côgrcgation d’Vniuerfi- téjil auoit trouué vn Preftredefon Et glilèjlequel luy auoit conté que leRe- dtcur J qui auoit harangué , eftoît vn fort Içauant Ôc habille homme , 6c que luy ayant demandé comme il auoit nom, illuy auoit refpondu, qu’il auoit nom monfieur Viuat. Moy , difoit no- ftre Chanoine, fçachant bien le nom . du Redeur , ie me doubtay bien qu a- pres ion oraifon les Efcholiers auoylt crie Vimt , comme ils ont de couftume. T outesfois ie ne peu m’em- pefeherde rire, 6c de luy demander qu’auoit dit ce moillîeur Viuat. Il a bien parlé, me reipon dit-il:, auxMe- ' decins 6c Chirurgiens t 6c qu’auffi il n'eftoit point Huguenot, ayant parlé plufieuf S fois de Xhomas# Lors ie me prins du tout à rire , adiouftoit nollrc Chanoine, içaehant que ce Re- s E R E ^7^ fteur auoit parlé des Medes &: fains , de auoit par plufieurs fois vfe en fa harangue du mot àeSymptoma. Et vrayement , répliqua quelquvn , es pafteurs,Curez6c Preftres doyuet pour le moins eftre inftruiéts en la lâgue La- tine,puis que EEglite Chreftienne Oc- cidentale fe fert du Latin, comme les Chreftiens Orientaux du Syrien , les AbilCns & Ethyopiens du Caldaïque» lesluifs de THebreu, les Mathémati- ques de r Arabique. A propos va répli- quer vn de la S eree , que tous les gens d’Eglife n entendent pas le Latin , & qu’il fe trouue de grands clercs en F re- çois , qui ne font qu aines en Latin: el- coutez quil arriua du temps que les. Polonois vindrent en F rance .* ou pal- fantsleur chemin pour aller en Cour, vont faire la reuerence à vn Prélat , a- uec vne petite harangue Latine , car ils ne fçauoyent point parler François, e monfieur le Prélat no leur dit ^1^^* mais feulemen t leur fait fignede la te- lle de des mains, Parquoy eftant re- prins de fes gens de ce qu il ne leur a- uoit rien dfit ne refpondu^il leur va di^ *7^ Trentetroisiesme ie;Sçauez-vouspas bien que ie ne par- ie nyn encens le langage Polonoisj Lors fes iemiteurs répliquèrent à leur iiiailtreiCommenr, monficur , ces Po- ionois parloyenc Larin. Que n e me le difiez-vousJleur va dire ce Prelatji’eur- lerefpôdu de mefme, Vn de la Seree, baignant que de force de rire nollrê Chanoine ne vint à mourir , iailFant Ii- gnorance des gens d’Eglife, lefqiids vous dmez auoir fait vœu d'ignorance comme de chafteté ^ nous va réciter le bon zele du Curé de fa parroiiTe , en- cores qu’il ne fait des plus içauans , le- quel il va deicrire ainfi. Il n’y a celuy d ratre nous, qui n'aytouy chanter la paillon le iour du Vendredy faind: là où tous ceux qui chantent la paffion’di- lent dVne voix baflede douccrccque dift lefusChriftaux luifs -, & ce que di- rent les luifseft chanté bien plus haut par le Preftre ou Diacre : pour demon- raer que la parolle de Dieu eft humble, doucé,fimple,& véritable, laquelle ne demande aucune vchemencepour fon approytioru Mais le Curé de noftre. parroiiTe, dilbîc-il, fait tout le cotraire:. s E R E F.. 177 & quand on luy demanda, pourquoy en chantant la paffion , il faifoit noftre Seigneur parler plus haut que les Imfs, au contraire de toutes les autres par- roiircs , il relpond que quelque part ou il feroir, il n’endureroit iamais quvn autre parlaft plus haut que fon maiftre. Ayant acheué ce conte , celuy qui l’a- uoit fait va adioufter , que le bon delà bonne vie de ce Curé , ne peuft empefehet fes parroiffiens de rire du- rant la Meffc , à vn iour de Dimanch» qu’il proclamoit des bancs à Ton prof- ne : & yoicy comment. V n perc.difoiî- ji ^ ayant promis ôc fiance la fille a vti dèfesvoifinsjfakefcrireà vnclerc da village , afin de faire proclamer les bancs à fa parroiflTe, Mariage eft accor- dé entre Pierre Boilfon, &la fille de chez nous, tous deux parroifiiens de céans , &c. Le Curé à qui on auoit ap- porté le breuet durant la Méfié, le. pre- nat le va lire corne on luy auoit appor- té , & comme il le trouua eferit en fou mémoire : Mariage eft accorde entre Pierre Bdiffon, & la fille de chez nous.. Ce qui fit lire tous les parroifiiens, & e Cute auffi : qui leur va dire que quand il auroïc des filles à marier, qu^l ne parleroit pas fi haut. Voila com- ment les hommes , difoit celuy qui a- uoit fait le conte , doy uent bien regar- der a ce qu’ils difent, principalei4nt enchf^r' peuple eftant enclin a fe mocquer & rire d autruy bien fouiient interprète leur dire en maiiuaife part, encores qudls n y pen- ^entpas le vous prie, va dire v/aïtre, vn Gentilhomme fon parroiffien: lequel accufoit fon Pafteur de n’eftre pas beaimoupdeuotieux. Carvn iour ceGcntil-home prie fon Curé de luy direyneMeiTeàfonintention. OrYl arnua qu vn autre Prcftre commença du e la Méfié en mefme temps que le ure : i^ais le Curé qui chantoic pour egentil-homme, eut deux fois plus fait & acheué fa Meffe que luy Dont le ptil-homme s’en fcandali- ligrandedeuotionquePautre Preftre, I mh? qu’à la moitié de Le Cure, lors luy va rdpon- Serbe.- ^ >79^ rit-p Te le crov bien, raonfieur , mais fcaûez vous pasbien nue vont plus toa que If fuftiques.repliqualors vndek 8c principalement lesprefca le plus fouuent contraints de dire & controuuer quelques pour auoit des auditeurs , que pourdes •L.ouuoiràleurdonnerque^uecho- fe U charité eftant fort refroidie, f, me voulez efeouter , ie vous en duay a,„zou.soi,aeleu^ première eft , du pieuneu u Lfme, lequel voyant qu’on ne luy donnoit rien,nous va dire en ^ de ^es fermons,que b Diable auec [o" eftoit tollé en l’ Ëgüfe ou ^ que ce Diable ne fçaehant ou fo ^ le ranget . tant à caufe de beau benifte, des autels , que des croix & bannm qui eftoyent en cefte Eghf , i' ;i fourré en fa bourfe, pource que la il n’y auoit croix ne bannière Jiéen procelTion. Lesauditem fç chans bien ce qu il vouloir due , luy remplirent fa bourfe de croix , a fin que le Diable auec fon foudre n y tom- M plu. re vnT P^* beaucoup , va di~ ^evniQura Tes auditeurs , queîe Dia uei a Ion fernion, il leur diroit des chn. & leur ^ efpouuantables»' ^ leur conteroit tout ce que le Di^ blcluy auoit dit, & leur en^donne^oit de II bonnes enfe.gnes que perfonre voulez hifn r ’ ^"’^’ï^fenant vous . bien fçauoir ce que le Diable s E R E'E.- m'adit &rcuelc, ayinans mieux ouyr parler du Diable que de Dieu. Ainfi tout le peuple s en retourna de ce ier- montout confus, & lans fçauoir rien du Diable autre chofe , ne du prel- cheur. Mais les auditeurs iugeans en eux. mefmes que ce prédicateur deuoit eftrc quelque homme d dprit ôc ac- cord , il s’en trouua vn entre les auti es, qui luy enuoya vn bulletin en la chai- re , vniour quil prefehoit, par lequel breuetil prioitee prefeheur de l’alî cu- rer en fa confcience d’vn doute quil auoit , files efeargots elloyent chair ou pouTon, &s’ilenpouuoit manger en Carefme lans oft'enfer Dieu. Ce prefeheur penfant en luy-melme que cefti)y-cy deuoit eftre quelque bon compagnon, qui vouloit eftre alTeure de la confcience ; ayant leu ce breucc à fes auditeurs tout haut , va dire : Qui- conque foit qui m’aytenuoyé ce bil- let , & doute li les efeargots font chair oupoillbn,&enveut auoir mon ad- . uis , qu’il s alleure que c’eft du poilTon, & que ce n’cft poin c de la chair, & qu il en peut manger en Carefme fans fera- iSi Trentetroisiesme pule & en liberté de côfcience;mais ic luy confeillequ’il fe donnegarde des cornes. CeuxdelaSeree voulansrire de ce conte, furent empefchez par ce- luy qui 1 auoit fait : continuant à con- ter que ce frere prefcheurfut pufiy de cefte raillerie, ainfî que ie vous. ciJnte- ray. Vous fçauez,coinmença-il à dire que les troubles ontefté caufe que plu’ lieurs parroiflès font demeurees fans pafteur & fans dodrine, & que les d^arroiffiens,pour la plus part,viuoyen t lans religion. Parquoy la guerre eilant vnpeu afloupie , il futaduifé par l’E- uelque & Diocclàin, qu’on enuoyeroit aux lieux les plus reculez quelques Ec- cleùaftiques & gens Içauans , pour les remettre en leur première deuotion &c creance. Entre autres fut délégué vn prédicateur qui leur difoit qu’on fe donnait garde des cornes en man- geant de,s efeargots: & en allant de lieu en lieu, fit conuoquer en vne Eglife commife à là vilîte, tous les parrojlliés d icelle : aufquels en cathechifant il fai- loir dire leur creance, leur & fur la fin leur f^fok Serbe. dire & apprenoit leur Conjîrror. Or ces parroifliens en dilant j Met» culpit, JP eus , ne frappans point leurs poictri- nes, comme c’cft la couftume , il les aducrtit de ce qu’ils dcuoyent taire , &c en battant luy.-metmes fa poidrine leur difoit, quand vous direz , Me^t cul- pa,peus , frappez tous là^ comme vous voyez que ie tay. Ce qu’ils firent: car dilans tous enlemble leur Confiteor, quand ce fut à dire, Meu culpa,Deus, qu’on dit par trois fois , ils vont aufli par trois fois Frapper lur l’eftomach de leur cathechileur , 1 vn aptes l’autre, félon qu’il leur auoit commandé de frapper tous là où il frappoit : fans contiderer que ceftoit leur poidrine qu’ils deuoyent battre, laquelle auoit fait le mal , & non pas la fienne , tam ils eftoyent deuenus groffiers par dit- continuation de ne dire leur Confi- teor. Il fe faifoit tard , & fi chacun crai- - gnoit de fcandalizer les Eccldraftiques, parqucy enfe voulant retirer, il fut arrelté par vn de la Seree, lequel a pro- pos de ce frere prefcheur,nous va con- ter qu’il fe trouua en la maifon dvne jS4 Trhntetroisiesme üennc parente, en iaqudle icelle cftant' rort malade , il le trouua vn lacobin &c vn Médecin 1 Ivn voulant medecincr l’ame, l’autre le corps. Oreft-il, que celte malade ne pouuant gueres bien parler ^ ne pouuoit aullî eftre tien en- tendue de Ion confeflèur : qui va dire au Médecin , Monïîeur , nefçauriez- vousla faire parler vn peu mieux , & plus dillindement , à dn qu’elle puifle taire entendre fa volonté , & ce qu elle a lur fa confciencE î Le Mcdecin , fans penfer en mal, ne confderer quefon confelTeur là prefent eftoit lacobin iuy va dire, Monfieur noftremaiftre’ ileftbien difficile de la pouuoir faire parler autrement, car elle a dans la 2 or- ge des gros lacobins qui l’empefehent de pouuoir parler. Ayant ce Médecin qui eftoit de la prétendue Religion’ acheue de dire cela , il commence à s’excuter enu ers ce frere prefeheur , en iuy dilant qu’il ne print point cela en mauuaife part & qu’il ne l’auoir pas ditpour 1 oftenfer & fafeher. Le laco- bin Iuy refpond , qu’il n’y auoit rien qui meritaft exculc , d que quant à h * eux s E R E E. 385 eux, ils appelloyent ces flegmes qu’on crachcjde gros Cordeliers. De peur d’é- trer en ces comptes plus auant,ilfut dé- libéré que chaeû fe 1 etireroit en fa mai- fou , de peur d’eftre prins pour ceux que nous ne iomraes pas. T R E N TE- Q^V A- TRIESME SEREE. Des folsypUifans.ydiets, & hstcUns. N fçait a(Tc z que durât les émotions ciuiles, qui ont couppé nerfs 8c ligamens de rhumaine8c commu- ne focieté , vne des principales chofes que faiioyent les ha- bitans des villes , c’eftoit de fe donner garde qu on ne les furprint. Et pour cc faire, vn chacun de noftre ville alloit aux gardes des portes , qui leur arri- uoy ent par fort. Et eftans là , c eftoit de f enquérir qu elles nouuelles courroiér, ^ R Trenteqj-atriesme pour fçauoir qu’on pouuoit attendre de ces troubles. Et encores qu’on ne fuft point de garde ce iourlà, tout le monde eftant de loifir, àn ne laifloit de C’Y trouuer , pourlepiusfouucnt y ap- prendre des menteries:d’autant que les paiïâns ^l’atcoinmodoyent félon l’hu- meur de ce ux à qui il falloit reipondre: ayans en recommendation de ne dire iamais choie qui delpleuft aux gardes, ne voulans que palier chemin , fans qu'on feeuft quel party ils tenoyenr. Que lî quelques vus, qni audient efcé ce tour là à la garde, fe trouuoient en vnedenos Seree, d’abordee il falloit fçauoir ce qu’ils y auoycnt appris. Le tout eftant mis fur le bureau, chacun félon fon humeur j fe formoit fa bonne ou mauuaife fortune, la penfant verita- ble, tant plus clic luy plaifoit. Ci lé François eftant en paix eft fort curieux de nouuelles , que fera-il durant les guerres ciuiles,où chacun aintereft î Le François , -ny en paix, ny en guerre-, ne gardant nullementjaloy des Arheniés: par laquelle il eftoit défendu à toute perfonne d’ofer enqncrir aucun eftran- Serbe. ^ 5^7 ger de nouueau venu en /eut cité,dont il venoir,quel ileftoit, ny que c eft qu’il demandoir, fur peine d’eftre banny. Et faifoient cela, pour defendre aux hom- mes le vice de curiofité, lequel eft touf- iours prompt de vouloir efpier les af- faires d’autriiy , ne regardant point aux ficnncs. Cælàr remarque des lors en noftre nation ce vice , qui y eft encore, d’arrefter les paflans que nous rencon- trons en chemin , 8c les forcer de nous dire qui ils font , & de prendre à iniurc & ocçafion de querelle, fils rcfufent de nous refpondre. Or en cefte Scicefc trouua vn mefler Panthaleon, lequel auoiteftéce iour intendant à vne por- te, &fuperintendât la nuiét en vne tour & portail , qui nous va faire le compte du piaifir que leur auoit donné vn plai- fanc S y bilot , lequel f'eftoit prefenté ce iour là à la porte pour y entrer. Cequi refioüit la Seree detellc forte qu’il n y fut rien dit qui ne fentift fa folie , ioing ou près. Et à la vérité, vous diriez que nature a enuie d^Ù*lbatre , quand elle fe met à faire de t^es pièces d’hommes qu’il fen trouue, 8c quelle nous veut . Rij jSS Trentbcivatrtesme bailler dupalïeteinps,& nous faire rire. Noftre Panthaleon coniitiénça ainfi: A celle apres difpee , ilî'cft prcfcnfé à" noftre porte vn vray fraijcà tripe, pour y entrer :ie luy demande comme ij ftap- peftdit, en riant il me va dire, qu’il ne fappclloit point , mais bien qu’on le nommoit Gredendan : Puis ie luy de- mande dont il venoit, il me relpond, qu’il venoit de Paris ; quel bruit il y a- uoit, il m’a dit , qu’il n’y auoit nul ^uir, en eftant bougé fi matin qu’il n’yauoit perfonneleué, & puis recita ces deux vers , que depuis i’ay veu en Lipiîus : Defitrmt Ut r are canes, vrbéjque fi/ehant, Ownta noHts placidacofnp&^ti aujete* Auains oyans cefte refponfe,difoit no- ftre Panthaleon , ne furent pas d’aduis de le laiirer entrer, l’accufant d’eftre vn efpion , puis qu’il fçauoit parler Latin : les aptres ne fen failqient que rire, & le laifterpnt là, comme eftant aflez trauail- lé de fa propre folie , difans qu’on peut auffi bien eilre fol en Latin qu’en Fran- çois.Ce zany icy v<^ qu’on le faifoit U trop attendre, nous va dire, que vérita- blement il venoit de Paris,mais qu'’ilne s E R E E. leur en pouiioit pas dire grande chofe, n’ayant peu voir la ville à caufe des mai- fons: ôc audî qa ils fy mo|iroyétfiforr: que de cent boutiques fermées on n’en rrouuoit pas vne ouuerre. Les gardes lors eurent grand’ enuie deluy bailler du roux de billy , dont les lardons font de bois , de le faire crocheteur. Mais ce zany ayant au^trefois efté en cefte ville, de bonne fortune aduifa fon hofte ;qui eftoir de garde auec nous, auquel il va dire:Hél Mofieur de ccans,ie vous prie • melaifier ehtrcrj‘5cic vo^diray des nou- ueiles-.c cft qu’il y a forceRcillres leuez, & qu’ils font bien dix mil cheuaux bien niôtez. Son hofte,que ce iibillot appel- loit toufioursMonfieur de céans, enco- res qu’il fuft hors la ville , luy va dema- derfil n eftoir point huguenot, il luy refpond, ie voy bien à cefte heure que vous vous mocquez de moy : i^auez vous pas bien qu il n en eft pas le temps? Si ie vous ay dit , qu’il y a des Reiftres leuez: penfez-vous qu’ils foyent a cefte heure icy encores*^ lict? Lprs il fut dé- libéré qu’aucuns de la garde le condui- roient en vne hoftellerie , de fer oient R iij ipo TRENTEqVATRIISME coinmeridement à fon hofte d’auoir cfgard fur luy. Que fil euft eftc à Toi- lette, difbit noftre Panthaleon, qui nous coji toit des nouuclles de ia por- te, on Teuft cnuoyé au lieu public & hofpital, où font logez les infcnfez, e- ftant ce plailant digned’cftrereccu à la fcfte& con^airic des fo!s,qu^on ap- pelloic Quirinalia. Si les fols fon t com- prins auec les infènfez, répliqua qucl- qu’vn delà Serce,&il y en ait autât ai Eipagne comme en ce pays, il faut biê qùeceft ho/pitalfoic bien rentc,pour les nourrir, & bien grand, pour les loger. Il luy fut refpondu, qu’ily a- uoit bien plus de fols & d’infenfezen Efpagne que non pas en ce pays, fî nous voulons croire Môiîeur Bodin, ieqnel dit en fa Méthode, quclcs Mé- ridionaux deuiennentpluftoftfols & furieux que les Scptétrionaiix : à eeft e cauic ( dit-il ) vous trôuuerie? toute l’Afrique garnie de maifons dotees pour receuoir les fols & infrnfez, & mcfmcs en Italie vers la Pouille, Ca- labre & Naples, où l’air eft chaud, il fe- trouiic des Monafteres,où les Monia- s I. R E E. 59^ nues & fols, quils nomment ’Mmdi C4don4y font rcfcrrez & enfermez:là ou en la bafle Allemagne, il n y en a quali point : & fil y en a , leur folie ne pro- cedepas de cholerc, mais dufang: & ceux cy font ioyeux , ne faifantque fauter & danfer : que fils entendent des inftruments,qui Ics^citent à da- fer, ils danferont iufq^s à ce quils foyent contraints de fe repofer , & fc gueriflent ainfi : &c appellent les Allc- mans cefte follie & fureur , le mal de fainftVitus.Sieft^ce(repliquaTn au- tre) quonabafty aParis vnemaifon pour CCS pauurcs gens : car il ya efeit au deffus de la porte, Pour les pauurcs de fens. Mais ie ne fçay fi tous y pour- ront loger 5 d’autant qu’on dit en La- tin, de cftbien vray en François , isW- numéral eH tnjinittis qu aucuns ont dit , que fi cous les fols portoyenc marotte , qu’on ne fçait pas de quel bois on 4 chaufferoit : parce qu’il y a au monde beaucoup defols^ qui nele penfent pas tftrc : la follie fediuerfi- font félon que l’humeur eft chaud ou froid. Que tout lemonde foitfol,ad- R iiij 'J'^^NTETROISIESME louftoit-il Ariftote dit, que nul fage eft menteur,! er triture dit tout homme eft menteur,donc nul home eft fage. Dio- gene dit que celuy eft fol qui ne fê con- tenre,toutle monde eftdoncfoLparcc que nul n eft content de fa fortunL Le proiierbe dit-d pas , que qui ne fait les ohes enieu^e, les faiten vieillefle? . il eft donc nmiîaire, que nous foyons tous fols,ou en yn temps^ouen'l autre. Et faut dire que le monde eft fans hom- mes faps : lefquels font morts petit à petit, les fols ne font iamais morts : ils ont touhours vefeu & croisent tous les Jours. Il feroit doi7cbon ,adioufta-il, puis qu’il y a tant de fols, & fi grande dmeifite de follie,d ’auoir des médecins pour difccrner l'humeur qui pcche,afin de le corrigencomme il y en auoit vu à Milan qui n’eftoit médecin que des tols ^Sc voicy commeillcsgueiiiroit. piesmettoitdans vn lac tous nuds, & l«s attachans a vn poteau, les lailToit là endurer &1 eau & k faim , félon qu il les voyait hors du fens , & .ufques àce qu on ^cogneuft quelque amédemét : vous afleurant qu’il auoirgrand’preftc. Serbe. ^ 3^5 ny ayat gu.eie? perfonne qui n ait quel- , que humeur, (^il y ait beaucoup 4c fols,adiouftoit-il, cela le demonftr^de ce qu on dit qu’il y a vue folie enuéyee du Ciel: laquelle infpire les Sybilles,les deuinSjSc vaticinatcurs J & les Poètes. Socrate appelle cefte folie Enthuftafmîi, les n offres l’appellent aucunesfois fa- ucur diuine,aucunefois f«lie:dcla vient qu’ô appelle les Poètes tols^Selcs Sybil— les folles, comme il fe trouue enVirgile, Jnfimmviitm a^teits , rupeft*h ima F ata camt. Côbiê de fois,nous dcmâdoit-il, eftans to’feuls en vos chabres,auez vous tnâr- chéau beau millieu des carreaux, crai- gnâs de mettre le pied ailleurs? Vous af- feurât q ceux qui font eftimez fages, fot le plus fouuerU leurs folies en fecret , 8i ceux qui font recognus pour fols,la ma- nifeftenf.eftant vne grande fagefPe à vu hôme(encores qu'ils foit fol)de contre- faire le fàge. 5c pour vous monftrer,ad— ioufloit-il , qu’il n y a pas beaucoup de fâges,quifoyentfages,comc les Perfes appellent leurs Magea, les Grecs leurs Philofophes , les Indiens \eurs Gyra* îî’4 Trentetroisiesme nofophiftes , c cft àdire ies fages nuds : oux de Calecuth leurs Brachmanesdes Bgypt.ens leurs Preftres îles Cabaiiftes leurs Prophètes : les Gaulois leurs Do- uydes ; les lurcs leurs Calloyers , c’eft a dire gens de bien laci ez. Efcoutcz ce que du Monfieur Bodin, qu’en toute la Grece on ne peull iamais trouuer que leptlages , encores il y a doute ftlsi’c- ftoyent : car commeil dit, fils elloyent lagesaleur iugement, ils nereftoyent pas : & n’y a^ homme qui foit réputé fa- ge, parce qu il lè nomme luy mclinelà- gc,&ditqu’ill’cft ; le premier traidl de tolie eftant de f cftimer fage. Que fi vo*- dides que ces fept lâges eftoient fages au mgement du peuple,encores raoius, dit Bodin, d autant qu'^il faut qu vn fàee loit mge fl vn autre l’eft: or tout le pet pleneftoit pas fage , car il n’y en auoit que fept en toute la Grece. Quefi au- ïourd’huy tout le monde eft fage , & qu on ne trouuejgucres de fols & ign'o- U 1“® fous font les fages & Philofophes. Sicelaeftvray ( repU- quavnc felTe tondue, qu4l fautquvn lagefoit mge fl vn autre 1 cft,il fera bien s E R E E. 395 difficile de trouuer vn insdecio pour les guérir: d’autant qu’il faut cognoiftre la maladie deuant qu’on puille bien re- médier : or pour la recognoiftre il fau- droit trouuer des médecins fages, pour fçauoir ceux qui font malades de folie. Eticcroy, difoit-il, que c’cftvnedes principales caufes pourquoy les fols ne trôuuent point de guerifoni&auffi que les médecins ne veulent toucher à celle maladie,depeur qu’on leur die, Medice Et de feid, vous ne voyez point qifon guerilTe les fols auec lus de mauues , comme les anciens Romains fâiloient , en le prenant tiede r ou auec Eellebore blanc, commeles Grecs , le- quei purge par delïus , nageant par la -fubltance au ventricule , encores qu’il feit beaucoup plus moleftc Sc dange- reux que le noir, dont v£by ent lesAra- bôsv- qui^purge par le bas. Que ü Ehelle- 4>ôiregueti(ïbit ariioùrdîhuy les fols , le m’âffeitte, adiouftôit4lqu-il, feroit bien cher : eftant la maladie u commune , & fi enracinée en nos cénieaux, qu ilen faudroit prendre vne bonne doze , qui voudroit guérir. Et parce que cemedi- ' R vj 35^^^ Tjientetroisiesme caiîiet eft tenu pour l’vn des plus forts, & qui fubuertir plus l’eftomach & ven- tricule, ie voudrois, en paiant, que les médecins en fiflènt Te/prenue, àuant que le remettre en Ion premier vfagc : & poflîble qu il feroit double profit. Il né faut 46c pas f efmerueiller, répliqua vn de la Seree , ïî la cure de folie eft en C 2 temps difficile , puis qu on n vfe plus du vray remede , qui eft rhellebore : la melancholie ne fc pouuant tirer du corps quauec difficulté , dont le plus Ibuuent procedêt les paffionsd*e/prit, qui ne font ayfeës a appailer. Et d’autat (adiouft oit-il) que le melancholie, qui eft nommé en Latin imaginofksy c’eftà dire fantafque , eft plus làge que le làn- deuient furieux & infenfe,fa furie& folie fera fort fàcheu- le a guérir: la melancholie ne Iç maniât pas fecilemét.Mais,repliqua quelqu vn, qui vous a dit que le melancholie /bit le plus lage de toutes les autres comple- xions, eftant froid & fcc : veu que Car- ‘ dan dit que Thomm e eft ranimai ie pP lage de tous, parce qui! eft chaud & hundde, tout au contraire ? Illuyfut s E R E E. 397 refpondu^ que TElephant, qu’on dit auoir le fang froid & melancholic, eftoitle plus ïage de toutes les autres beftes, la fechereflè& la froideur cau- fans le bon efprit:ce qui fe prouue,par- ce que mclancholic,qui eft froid & fec, cftleplusipirituelde toutes les autres complexions : dont il aduient que les hommes font volontiers plus fages que les femmes, & les gens vieux que les cnfans;& des enfans, ceux qui font fecs de nature,ont plus d’elprit que les mol- Ictsmiais aulïices grands efprits ne font de duree pour viure h)nguement : par- ce qu en tels corps n’y a grande humi- dité, qui caufc la longue vieiles adions principales de l’eiprit remuant , & fort vif, deflcchantle corps,& le corps de£- fèchc ayguifant Tefprit, mais ce nefl: pour durer long temps : car tant plus que noftrc cçrps delfeche , tant plus nous fommes prefts de noftre finrcom- me l’enfant tant plus il naift fec,pluftoft il eft vieux. Et outre, adioufta-il, quc^ ces grands efprits & bonnes mémoires ne ^viuent gueres , auec cela , ils ont le plus fouucnt le iugement ^ la raifon & 5^8 T R E N T E QJf A T R r E s K E le difeours plus court que ceux qui ne font pas fi fpirituels : 6c voicy la raifon. Vous fçauez que pour comprendre bien, il faut de la moÜefie au cerueau, niàis pour le retenir,ia fermeté y eftre- quife^quifefaiéiparfech^^ Or les cxcellétes mémoires & promptes con- ceptions , ce font intemperatures du cerueau, 1 vne trop molle , Tautre trop feche,qui ne font pas tant loüablesîcar 1 efprit fera bon , s^il eft bien tempéré, eftant laprudence la principàlle aétiôii defliomme temperéilhomnic témpe- re ayant toutes fes facultez modéjfees, & nulle excefliLie 6c ayant plus de iU' gem en t ôcM é raifon 3 , en cores qu*il ayt i elprit vn peu gtofiSerj^que celùy qui a beaucoup d eiprit,ayant la inenioire 6c la conception boniie.Iene lçay,va dire vn autte,ou i en fuis^ie n’en téns pais ce^ ia,icncpuis mordre où^ ie ne n^éts les dents , ne fochant qui îe doii étimet Mge 6c de bon élpfit , &de féparer-du lourdaut, dugrolEcr , & du fol : & eft vne chofe bien difficile d’en lutter. Gc qu a monftre cehiy quia faielqucs-vns qui excellent en vne faculté , ayant l’autre yitiee cela procédé de limbecilitc d vne des facul tez ; car il jfepeut faire que Serbe. 409 que la mémoire fera bleffee , & le iuge- tncntncleferapas, vne faculté eftant plus foible que l’autre. Ne faut donc trouuer eftrange,difoit-il, fi la mémoi- re qui fé trouuera foible , fera offenlèc par quelque maladie ou accident ,1c iu- gement demeurant vigoureux , & en fon entier, eftant plus fort ôc robufte que la meraôire,encores que toutes ces facultez animales foyét logées en mef- me lieu. Vne fefle-tondue n’entendant rien en ce difeours , va prier la compa- gnie de luy dire quelle faculté eftoit olFenfee en vn de fes voifins , lequel n’euft iamais permis qu’on euft trempé le potage à fes ouuriers , lefquels tra- uailloy ent foUs terré , qu’ils ne fudént montez en haut,ouy bien à ceux qui eftoyentferfa maifon:car, difoit-il, on ne fçait quand ceiu qui folToyent en terre doiuent monter , mais quant à ceux qui trauaillent fur les maifons , ils ne peuuent faillir à defeendre. Puis ce- fte fefte-tondue va adioufter que ce voifin eftoit bien méfié, eftant aufli fol que fage, & qu’il auok bonne enuie de nous coûter deux ou trois petites de S 4ÎO TREUTECLyA.TRlESME raceties.Laprcniiere eft:,quc cc voi- nnauoitvn defes voifins plüs riche 5c chiche queluy, lequel luy empruntoit touslesioursvne poëlle percee,pour faire cuyre lès chaltaignes. Vn iour ce marnais riche ayant à faire cuyre des chaftaignes , & ne trouuant point là poëlle percee, s aduilà d’emprunter de ceft emprunteur vnc grande poëlle qui valoir bien quatre efcus.qui feruoit pourfî-icalTervne foie toute entierc:& loudain 1 euoya chez vn ferrurier ponr la percer : eftant percee la renuoye à ce chiche face, à fin qu’Ü ne fe feruift plus delafienne, lequel en euft faid: mftan- ccjlans la moquerie.La fécondé fàcetie de ce voilin eft , qu>il n’euft iamais per- mis qu on euft ioüé aux oublies qu’en entrant en fa maifon l’oublieur nefe tultiaue les mains , parce qu’il difoir qu’en portant fes oublies , il pouuoic auoir pillépar les n/es. Il fe niella vne rois, difoit-il, derimer, &fit vn Epita- phe en celle forte, comme iel’ay colli- vérité Hébraïque dans vn petit Q dcjfopii0 monfuur GmUrdj 411 S E a E Er Je fms bien m^rry de Ja mort: Mais il fdHt mourir toflou tard, ^uis nml efi mortyil a donc tort. Vndeia Sereevà répliquer , qu’en ce voifinny auoit pas grande folie , ne' malice auffitmais qu'il auoit bonne en- nie de faire vn côte dVn homme,pour s'afTcurcr s’il y auoit en luy de la folie ou delà mefchanccté. Puis va deman- der quel humeur traiiailloit vn chiqua- ncurqui dilbit, apres qu’on luy auoit baillé vn coup de bafton , i^auray cent efous de ce coup là , frappez encor pour voir, & quand on l’euft refrappe^ bicn,difoit-il,ce font deux cens.Celuy quiJuy bailloit les baftonnades,le vou- lant cncorcs charger de bois , va dire à cechiquaneur , tien voyla pour autre cent efeus, & ce feront trois cens efeus que tu auras : ce qu’il ne voulull endu- rcr,&: luy va dire, qu’il auoit peur qifil ne fuft pas. aflèz riche pour payer le tout, ôc quiln'cnfcroit rien fans cau- tion.Il cftayfé à deuincr,repliqua quel- qu’vn^quel humeur auoit faify celuy qiiife laiiloit battre à crédit. Mais ie vous prie me dire quel deftaut d'^fprir S ij % X 1 Trenteqjatri'esme auoit celuy,àqui vn grand Seigneur ditj apres qu’il euft faiit vnc grande re- ucrence à deux eftages , mettez le bon- net^mon amy : car eftant contraind de mectrefon bonnet, & n’ayant qu'va çhap eau en fa main , il luy fouuient d’a- uoirvn bonnet de nuid en là poche, qu’il tire , & mettant fon chap eau fur la tabIe,prenantfonbonnet,le metfur là. telle: ôcainfi mit le bonnet, comme ce monfieur luy auoit commandé,ce qu’il ne pouuoit faire auec fon chapeau, comme il luy fembloit.Mais,va dire vn de la Seree,qui fit dire au Sauoyart , vn denosRoys allant en Italie, quel! ce fotRoj de France, eut bien feeu con- duire la fortune , il eftoit homme pour deuenir maiftre d’hoftel de fon Duc? Elloic ce que fon imagination ne con- ceuoit autre plus ellcuee grandeur, que celle de fon maiftre ? ouli celaproce- doitpourn’auoir iamais bougé de fon paysîou fi c'eftoit faute de iugément & d'e/prit?Efcoutez vn pareil conte des François qui fe trouuerent en vue ville îigueeSc mutinee,Ouil fur traidé le- quel gQuusrnement eftoit meilleur ou s E R ï E* k Royal^ou du peuple. Vn petit hom- me en fon rang valoüer kr tous les gouuernemcns, celuy qui auoit le nom de Republique^dit fi bien, que tout le peuple tout haut va dire^nous voulons que ce petit homme qui a fi bien dit, ioit la Republique. Vn des plus endor- mis de la Seree,va demander quelle fa- culté eftoit blefl'ee à vn Chreftien , qui auoit vn peu hefprit trouble, lequel rendit vn fouflet à vn luif qu’il auoit emprunté, à bon conte : ce luif luy di- fknt , fl ie t^ay baillé vn fouflet , ce u efl pas félon ton Euangile de me le redre*, non pas , luy répliqué ce fol felô le tex- te, mais c*eft bien félon la glofe. A cc qu il auoit fàiâ dit, va répliquer vn autre , ie ne le trouue fol que de bonne forte:mais (cachant qu’il cft , 5c cofide- rant fa petite tefte,5c comme eile eft poinaue,il efl ayle à iuger qu’il n a pas grande ceruellc *. eflant de la liutee de ceux qui n’ont pas le cerueau bien faiéi. Æginete 5c Galien affermans que la pe- tite telle de l’homme dénoté faute de iugemét,5c peu de cerueau, 5c mal tait, à caufe,difent-ils,que quand les ventri- 4H Trenteqj7Atriësme Ctücs du cerueau font prefTcz^les efprits ne peiment faire leurs œuureSj& adiôs nerrouuans pas les conduits libres & ouuerts: encores que Hippocrate faflè mention dvne maniéré d'hommes, lelquels pour fe rendre differens du vuJgaire, vouloyent auoir pour mar- que de leur noblelîèj & de leur cfprir la telle poindue : les matrones , quand Ivmfant naiffoit , luy ferrans la telle auec ccttaines bandes.Ie ne penfe pas, un-il répliqué, qu’on cognoilTe les fols par la telle, encores qu’on die, il a la tc- itc mal faidleimaisplulloll on lesfepa- le desfages,.s’ils viennentà ellre en au- thontc : car tant plus le linge monte haut & d’auantage il monllre foncul: &telaelle^en réputation d’ellre fage, «liant perfonne priuee, qui s’ell faid: déclarer fol, ellanc deuenu perlonne publique: comme on ne cognoillpas levke d’vn vailTeau quandil ell vuyde, mais ouy bien quand on y verfe quei- que liqueur, alors vous verrez par où il * lagelTe qui loir, adioulloit-il, c’ell de fe cognoillre foy- '«lelme : car qui faid qu’il y ait tant de s E R E E. 4^S folsjfinon que tout le monde penfe eftre fage’& comme dit monfieur Py- brac; MAint vn pourvoit pdr teps dcucmrfdgCy S\l lÿeufi cuîde l^ejlre j ^ tout a S^ uel arttfmfut onc m^ijirep^rfaüh Dit premier lour de Jon appr entijfuge? Et à ce propos diioit-il ^ près de cefte ville il y a vn homme^^lequel penfe eftre plus fage qu iln eft:parce qu il e|l fou- uem appelle des gens 4^ village pour les appointer. Vn iour ayant fi grand' prelfe qu’ilnypouuoit fournir, va dire, leleuant de table, à ceux qui Tattendo- yent,pleuftà Dieu nauoiriamais eftè quVn fot & vn aine , ie ferois en repos» Et lors quelquVn d’entrc-eux luy va refpondre, ily a long-temps que vous aùez ce que demande 2 ,monlieiir,Mais à voftre aduis, demanda vn autre , fi les fages font plus tenus aux fols , que les fols auxfages ? le penfe refpond vn de la Seree, queleslages apprennentplus des fols, que les fols des fages ; les lages voyans la faute des fols,s'cngardans d y tomber : là ou les fols ne s'eftudient point à imiter les fages. Et aulTi , difoit- S iiij 41^ Trente ATRiiciif* il,quonnapprêd&fagesqueIe“L yens pour dciienir meilleur, mais on raifoiïs d’cftre plus aduife. Que fi les fols ferucnt aux faciès adiouftoit^il , la folie de l’vn faifanc re~ cognoiftrelafagelTe del=autre,les fa^es ne manqueront point de fujed : & lie Ictiu^itpas beaucoup que les fases fcruiflent aux fols, parce qu’on n'en peut guerestrouuer pour lesimiter&: apprendre deux.Q|fil n’y ayt pas crad nombre de fages, on le pourra appren- dre de Plaute, en lôn Gurguli on , oi\il y ^Hodpmci fuclunt : où les inter- prêtes interpretentp4«o, id efi,fiçif„us. Que leruent les fols aux fages, difoit-ii pncores, ou bien ceux qui les contrea lonG cfcoutez que fcruir Meto n à tout Ion pays ; lequel s’en vintvn iouroù ceux de Tarante faiibyent leurs Gon- cions & harangues publiques , habillé comme vn fou, & faifmtl’infenfé , car autrementonne heuft pas elcouté. Il auoit fiir là tefte vne couronne, d’vn ré- chaut de terre , & en fa main vne lan- n ‘^°“’^une , qui s’amufe plu- itoila des badineries qu’à de bonnes s E R B P. V7 chofeS',Iuyfaia la plus grande cherc jdü inondCjVn fol en faifant cent , cou*- ranr apres luy comme apres vn fou, pour fçauoir qu’il vouloir dire,& que^ le humeur l’auoit prins. Quand il vie tant de peuple à l'entonr de luy , qui lanternoit auec fa lanterne, & qui luy roettoyent des oreilles de veau fur la telle, & la corne au cuhil leur va dire, en lieu de fe fafeher, & les tafenie pen- fois qu’il n"y eut en toute celle ville que moy qui fut formais ie voy qu’il en y a bien d’autres. Vous faites bien, leur difoit-il , de vous ioüer, gaudir & rire, èc de permettre qu’on s’efbatte , 8c qu’on le recree , durant qu’il vous eft pcrmisifi vous elles fages , ioüylTez de vollie liberté , car li vous faiéles autre- ment, il faudra viurc non à vollre plai- fir,mai 3 au vouloir des autres , &c com- me il leur plaira. Les fages de Tarcnte, les co ncitoy ens, apprindrent bien lors de ce fol, qu’il falloir garder fa liberté, n’eftantpasfifol qu’il en portoit l’ha- bit. Quelqu’ vn prenant la parolle,va dire qu’il auok veu en vne hilloire , vn autre bouffon, qui feruoit auffi a fou ^i8 TrentecivÂ't». IESMï maiftre de mcneftrandicr , lequel dcli- iirafon Seigneur d’vn fî OTand péril, queic ne fçzf fi vn plus fige que luy cuft peu faire ce qu’il fit. OcftqueRi' chardRoy d’Angleterre ayant eu que- relle outre mer contre le Duc d’Auftri- che, n’olàntpafler par l’Allemagne en eftatcogncu,& cncores moins parla France, pourlcdoubte qu’il auoit de Philippcs Augufte,fcdéguifa. Mais le Duc d Auftriche , qui Içauôitlà venue, le fit arrefter & enfefmer dans va cha- Reau, oùil demeura prifonnier , lâns que bon Içcut delÔg temps ou il eftoit. Or ce Roy ayant nourry vn bouffon,' quiluyfcruoitaulïï demeneftrcl (car ceRoy auoit toufioursvne belle me- nefirandrie} il penfà que ne vàyane point fon feigncur,illuyen eftoit pis ^auffiqu*il àynioit le Roy fon mai- ftre.Sçachant donc ce bouffon de nie-», nefîrandierj^quefon Roy eftoit party «rourre mer^ mais nul ne f^ahant èn i]ucl pays il eftoit arriué>il s*e va d*Aii- gleterre, & chercha maintes contrées^ pour fçauoir sll en pourroir ouyr nou- -ueJlcs^Si aduint^ apres plufîeurs fours s E R E ï. paflcz , qu il arriua d^auanhire en vne ville aflez près du chaftel où fon mai- ftrele Ko y Richard eftoit,& demâda à fon hofte à eftoit ce chaftel, &,rhofte luy dit qu’il eftoit au Duc d’Auftriche: Puis demanda sdly auoit là dedans des pris5nieis:car toujours s’en enquerok fecrecement où qu il allaft.Et fon hofte luy dit,qu’il y auoit vn prifonnier^mais qu’il ne içauoit qui il eftoit, ayant bien vn an qu onl’auoit rnis là dedâs.Quand xe meneftrandier entendit cecy, il fit tant qu’il s’accointa d’aucuns de ceux du chaftel (comme meneftrâdiers s’ac- cointent facilement ) mais il ne peut voir le Roy , ne fçauoir fi c’eftoit-il. Lorsilfe va aduifer d’vne chofcquvn plus aduifé que luy n’euft iamais fçeu inuenter. C’eft qu il vint viviour à l’en- droit d’vne feneftre où eftoit le Roy Richard prifonnier , & commença à chanter vne ehanfon en François , que le Roy Richard & luy auoyent vne fois faide enfemble. Quand le Roy d’Angleterre entendit la ehanfon , il cognent que c’eftoit fon meneftrel, qui auoit nom Blondel. Et quand ce 410 Trente Qv AT RïESMH boufron de meneftrandier eut dit la moitié de la chaafon , Je Roy Richard le prit a dire i autre moitié^ & l’acheua* Et ainfi Blondel fçeut que c’eftoit le R oy fon maiftre. Si s’en retourna en Angleterre , & aux Barons dupays conta 1 auanture.Ie vous pri e^di/bit ce^. iuy qui auoit faid ce conte, fi llplurfa- ge homme du monde eutfçeu plus fai- re pour fon maiftre,& ü ce bouffon de meneftrier ne profita pas plus au Roy Richard fon maiflre, que les plus fàges de fa Court î Poffible , répliqua queR qu’vn, qu’on eftimoit ceftuy meneftrd bouifô, &rcftoitpourauoir trop d’ef. pritrearno difons , il a tat d’efprit qu’il en eft toutfohles pF grâds efprits eftas plus fuieds a deuenir fols,que les.lour* daux groffiers, & rudes:à eaufe que tat d’efprits concurrans enfemble , ôc à 1 a foule , & i’vn voulant fortir auanrFau- tre,s’empefchentles vns lés autres : co- rne quâdvnegrofle trouj>e veut fortir d’vue porte à la balte , les vns empef- chent les autres: de fortir : & fe rrou- uent les perfonnes en eefte preffe fi agitées , qu’elles ne peuuent le celer, commences iours panez ie vy vnlour- s E R E E. 4*^ daut qui me fie rire , encore^ que n’en eufl'e pas grand cnuic,cfl:ant aulu preffe que luy, lequel difoit tout haut en forçant, lay bien deu de largenc, comme chacûfçaic, fi nefus-îeianiais fi preflé que ie fuis . Et de faiâ, ccluy ne peut âuoj^r bô clprit,de qui le corps & rcfpric font agitez deçà & déjà : car tant plus vn homme cft fage, d’autant il a de mouucment de Tefprit & du corps tranquilc & arrefté : ôc d’autant qiÿ'il fera fol, tant plus il fera en conti- nuelle agitation. De là vient ( adiou- ftoit-il ) qu’on affeurc que les lieux & rc^yions agitées du vent, & des eaux, font plus fiibieélcs à produire des fols que le pays qui cft coy & tranquille, & fans grande perturbation d’air, d’eaux, & de vent: auffi quand on veut dire qu vn homme n’cft gucres fage, & que c’eft vn cfucnté,on die, il fcroit bon à iolier de la cheurie , car il a bien du vcnt.Et auffi que ceux qui ont for- ce vent en la tefte, l’ont légère : de dit- on que ccux-cy, ils deuoient rnettre du plomb en leur tefte, mais il falloit pluftoft dire dclTus : parce que nous 4iî Trenteclyatriesme trouuons en Hippocratevnfol,qui dirait nauoir point de tefte, auquel pour remede on appliqua du plomb fur la tefte, afin qu’il fentij auoir vue. Mais demanda vn autrc,ne fçau- fT*’ avions dVn fol , s il eft fol de trop d’efprit , ou de peu , comme font les lourdaux, les i- diots, &grofficrs,ayans les efprits he- Dctcz, moufles & rebouchez. Onluy rclpond que ceux qui font fols de trop defprit. font bien plusioyeux, plus facétieux que les endormis & fô- gearÿ, qm le font par faute d’efp rit Orafinquonencogneuftlaverité,on va conter des folies , & des rencontres, & des vns& des autres. La première futdvn badin, lequel fans cftre fariné oJanlfç qui eftoit ^randSeigneur : viença, Monfieur,à vue fois tudy, ceft la vérité, à l’autre raifon ^ ^ «««e vérité & radon. Son maiftre luy reipond, que nable,ou cela eft véritable, & qu’il n’v auoit nulle différence. Lors ce^fol va s E R E F* 42} tepliquerà fonmaillrc, fi vous auicz voftre nez à mon cul, encores que cç fiill la vcritc,feroit-cc donc la raifonî Si c’eftla vérité & la raifon, dcmanda-il encores à fon maiftre, & qu euffiez vo- ftre nez à mon cul, qu’aymeriez vous mieux, ou que mon cul fuft coupé , ou voftre nez îCe Seigneur l’en voulant dépefcher,luy va dire,i ’aymerois mieux cent fois que ce fut ton cul qui fuft cou- pé.Par Dieu, va lors dire ce badina fon maiftre, fi auriez-vous de belles lunet- tes. La fécondé folie , qu’on mit en a- uant,parloitd’vn fol : lequel trouuant deux ou trois vieillards en vn cimitierc, qui le vouloyent arrefter pour rire, & luy en faire coter , le retenâts par force, leur va dire , qu’ils luy failbient tort , le prenants à leur aduantage,cftâs près de leurs maifons , & fur leurs fumiers, 8c qu’ils deuoyentpluftoft demander des nouuellcs de l’autre mondc,que de f’ef- mayer de celles de ce temps.Le troifief- me compte, fut d’vn bedeau de n oftrc Vniuetfitc , lequel ayant leu l’Edid de paix, ou il eftoit dit, que tous cftran— gers,tant d’vne part que dautrc/e roic t 4H TRïNTECLVATRlisME licentiezjil S’en vint aux Dodeurs, leur difant. Meilleurs, regardez de faire bo- iiecompofition des licences, nous gai- gnerons ce que nous voudrons , carie • ■Roy veut que tous eftrangers, tant dV- ' ne religion que d autre, foy ent licetiez. ' Ce bedeau apprella à rire auxDodeurs & aux E (colliers, à qui on en fit vnele- Çon.Ces comptes acheuez,ilfutditquc c’eftoient des rencontres de ceux qui lorÆ fols pour auoir trop d’e/prit. Par- quoy on le met à compter des foUies 8c boufionncries des ruftiqaes & ruraux, ^u’on cllimc lourdaux aecomparaoez a ceux des villes : n’cftant paseftrangc que ceux des champs foycnt plus idiots que ceux des viUes : parce qu’ils ne voyent pas tant qu’eux : qui pour celle railon lant appeliez njimi des Latins, fjr,vtbani le Grec , comme i’ay trouué par efcrit. Toutesfois qu’il fe trouu^e bien des géns de village qui font aulîi fins que ceux des villes , voire qui les affinent ; comane on raconta d’vn lotard des champs,qui f en alla chez vjL orgamfte, & voyât que ce ioiieur d’or- gues auoit vne grande foutane , luy va .s ERE E. 41/ dire : ic voy bien que vous auezcfté malade, & que Ion vous à baillé l’on- dion ,6c fl voY bien que vous elles or- ' ganîfte, car voftre cafaquin eftfaidà tuyaux d’orgues, ayant les foufletz bien près. le vous ayderay , ôc feray àtEgli- le ce que ie pourray aux orgues , ie fuis de l’eftat. Ceft orgauifte p enfant qui! fuft du meftier , luy fait bonne chere deux ou trois iours. Or vn iour qu ily auoit fefte à ballon, le maiftre organifte luy’ prelente le clauier. Ce fotard luy va dire, qu’à la v eriîé il tlloit bié de l’cftat, mais que c’eftoit à fouHcr.L’qrganiftc fe voyant affiné , luy prefente fon lounrt, 6c ion gros tuyau, luy difani founez-Ia, puis qu’elles du meliier , 8c cependant ie ioüray des doigts- Queiq«’vn de h Seree, en lèri.ant va dire : raut-il aulii dire deux aux orgues, quand l’orgamfte a fouflé , ne fçauroit-il aUer louer des doigts î II me t'emble(difoic-il)que tout iroic mieux. Car i’ay veu vnbon orga- nifte. lequel ellant repnns des Chanoi- nes pour ne fonner rien qui vaille,ditoit que 1e foufteur qu’on luy auoit baiüe en eftoit cauie ; car, leur difoitdl, quandlC ^ dv A c agcois qu’on auoit prins pour trauail r‘“feèiî pomr & qu’Jncfaifoicrien. Lors cl SerÆ (^ansfebou- qui aafFairc a gens de bien il fç repofe Le ledemain o„ JctrouuacndoZâr rtpienaie cciournalicr a ÎodV Doin^ qu’on ncmanecoit point de beurre le Carefme : Sa s E R E I.' 4^7 chcrtcdes huyles occafionna l’Eglifc de permettre d’en manger, en baillant cinq deniers pour les pauiues , & au- tres oBunres pitoyables, OrceMon- fieur, ayant cechaudouurieràfabe- fongne, &c luy ayant fai6t bailler du beurre vn iour de Carcfmc , il voie qu il n'en mange point, & qullfaid confcience d’en vfer, il luy va dire,mô amy, il ne faut que bailler vn petit blanc à TEglife, & puis vous pourrez manger du beurre fans^pechcr , &fans fcrupule , tout le long du Carefmc,tat que vous voudrez. Ce iournalier bien aife va demander à fon maiftre,M(m- fi car four nirot-ils pas debeurrçauffi^ Sifon maiftre fe print à rire vous n^cn doutez point : puis quevous enriez, pour Tauoir feulement ouy dire. Ce maiftre qui eftoit de nos Screes , nous conta qu*vn iour il demanda à vn fien meftayer, comme il feportoie depuis deux ou trois iours que fa femmee- ftoit morte : lequel luy refpondit, quand ie reuins de renterrement de ma femme, nVelfuyant les ycux,& tra- uaillant à plorcr, chacun me difqit» fçay bien ton faid^e te donneray bic vue autre fem- wc. Helas ! me difoit-il , on ne me di- oit point ainfi, quand i’cu perdu l'vnc demcsraches.Cemeftayer,acheuade ccluy qui en auoit commencé le conte, trouua bien pluftoftvnc fem- me que non pas vnc vache .-encorcs Tentï r? ^^“^«payerl’enterre- ment^fa femme : car quand Je Curé &le Margmllicr luy demandpyentde JargenrpourfafepuIture,illeiJdifol - &comment jouiez vous auoir Je corps’ & lesbiens j Et quand le Curé luy di ioir, yous^auiez vnc tan^ftmmede bié vous Ja deuez enfcpulturer honorable’ ment : le n'en croys rien,refpondoit-il, mary'p,ir fon mary. Parla vous pouuez iuger qu'il e ftoit auare,fi bié que quâd on le viuluiî marier eperc de la fille qu'Ô luy vou- difenll ? "'^"«ge^ayâc grâdinuie défaire, n’eftat beurre net, pref- re Que'r luy fait accroi- requefa fille, auec qui il le vouloic marier.auoitfousmïfmecouuerture &1 vn bien près dchautre, deux bons s fi R E E- 4^9 moulins , l’vn à l’eau, & l’autce à vent: ce que le marié trouua véritable des la première nuiét des nopces. Ce ma- rié ayant vn vilain nom , & le voulant changer pour l’amour de fa femme, jvre l>rens point vn nom eftrdnger, PrenIeM,cefl-\nnomdtbaptefmet jyit ft femme, GT fms danger jetehiptiferaymoymefme. On adiouftaà ces contes celuy dvn potier, à quifon confeifeur demand^ quel péché il auoit faidl: auquel le po- tier auoit relpon du,que le plus grand péché qu il euft iamais faiét , eftoit de cinqchopines. LeCuré, quipenfoit que ceftuy-cy femoquafl:, luy donna en pénitence de porter iufqucs à paf- ques vingt & cinq febues à chacun de fes fouliers. En ce temps là reuenant fcconfclTcr, fonCuré luy demande fil auoit accomply fa pénitence , & il icfpond véritablement qu’ouy. Le confefleur en riant luy va dire: tu as donc bien cnduré.Le penitent luy ref- pond,non-ay pas beaucoup, car ie les auois fait cuire. On conta qu vn plai- deur auoit vn grand & gros procès, & qu on Juy enfeigna vn iaiacAduocat: pour deffcndrccfa caufe, duquel il ne voulut poinc , cncores qu’on luy euft dit qui! auoit Je plus grand bruit de la Tille,lc marche & les clochcs:diranc quefon pi oces cftoitplus vieux que ce lenne Aduocat, & qu’il„'é feauroit ncnfçauoir,ceft Aduocatn’çftant pas ne quand Ibn procès fut commencé • parquoy II fallut luy bailler vn Aduo- cat auffi vieux quefon procès pefant qu eftans tous deux d’vn merme téps, Ion ^fFairc fen porteroit mieux, &ifé voulutiamais faire autre chofe quel qucsremonftracesquelonluyenfi/h çc playdeur ayant plus de befoin de belJcbore pour purger fon cerueau, que de raifons & parolleî. On n’a fait des contes , va dire vn de la Scree, que des petits compagnons : i- vous en Cray vn d Vn Scigneur,qui n’auoit pas P us d efpric qu il luy en falloit.-leqLl eftant en vnc coche, &qu’o„fe„oit es c cuaux, il diroit,allons,a]Jons. Et quand fesgens Juy difoyent, fi faut-i], oufieur, que les cheuauxfoygntfer- rcziEt point, point,rerpondit-iJ,a]lôs s £ R X E. 4ji toùfiotirs dcuant, les chcuaux viédrôc aprçs, Ccftuy Monfieiir, ayant vn fer- uiceur qui faidoit bien des dents,mais non pas des iambes, va dire ces quatre vers : /^4/et qui y 04 Jl vlfiement VeU dent, alors que tu wafche, Bt qm es du pied par trop lafche^ lyjdjche du pied y y a de U dent. Quelque autre prenât la parole com- mença à nous conter la récontre d’vn bouffon.Nous fçauons tous,difoit-il, que le Marquis de Gafl: eftoit de là les Monts Lieutenant de l’Empereur Charles cinquicfmc> en foii armée de Serizolc. Or ce Marquis en la bataille de Serizolc, péfât auoir la vidoirc des François, aufquels commandoic feu mônfieur d*Anguyan, dépefeha vn fié bouffon, luy baillant armes &chcual, & outre luy ^pmettât deux cens cfcus> fil portoic la première nouuclle de la viétoire, qu*il penfoi^ auoir gaignee, à Madame la Marquife fa femme : apres que les Impériaux curent crié,vi£toi- xe, viétoirc. Mais arriuant tout le cô- traire, il arriue auflî que ce bouffon fut prins auant qu’cïlrc gucres loing. d Ccluy qui l’auoit faid fon prifonnicr, le voyant fi bien armé & monté, pen- foit cftrc riche: & voulant tirer dcluy quelque bonne rançon , fc trouua bié loing de fon conte : car l’ayant vnlôo- temps traiéle, en fin il cognât que c’e- ‘ ftoit yn zani de lean Cornet© , lequel fuiuoit quelque Prince du camp Im- périal. Parquoy il le fitarmer & mon- ttn tout ainfi comme il eltoic ejuand il 1 auok prins , & puis le prefenta en ceft équipage à Monficur d’Anguyan, luy demandant fil vouloit acheter fon piilonnier.Moficur le Princc,le voyât fibicnenconche,&fileft,luydemâ- de qui il cftoir,d-où, & de quelle mai. Ion, & là où il alloit quand on le fit prifonnicr. Ce braue caualier luy va conter, que le Marquis fon maifire, j lauoit ainfi monté & accouftré,&ou- I trcluyauoit promis deux cens efeus, filportoit à fa femme les premières nouucllcs de fa viaoirc. Mais qu’eft deuenu le Marquis, luy demanda Mô- neurle Prince :Ieeroy,luyrefpond ce , bouffon, que le Marquis a voulu luy- ■; s E R E E. ^^5 mcfrnc gaigncrfon argent, &qu1ly foie allé le premier, &auantmoy. Il ny eut feigneur au camp des François, ayant ouy celle rcfponfe , qui n’euft voulu auoir ce zany, à la condition de payer fa rançon, fil fc troiiuoit par les Loix militaires quelle rançon doyuét payer les fols eftans prinsen guerre: car il fy en trouue auffi bien qu’ail- leurs.Ce n’efl: pas de merueille, va ref- pliquervn autre delaSeree,filcsgras îeigneursonc des fols & bouffés aucc eux qui les accompagnent : car,difoic il,nous crouuôs que les Romains, qui ont elle cftimez des plus fages,ena- uoyent mefmes en leur plus grand triomphe: ellât leur couftume d’auoir vnfol ou vn plaifant en leur char de triomphe, le ipur de leur entrée , tant pour amufer le peuple, que pour cm- pefeher queccluy qui triomphoit ne s’enorguillit par trop,Iuy baillât pour compagnon defon triomphe vnfol, ou vn cfclaue.Et Pline auffi dit, que ce badin feruoit de deffendre lecharrioc de triomphe, difant au peuple qu’il fe çontcntall de le regarder : èc quccela T 434 Trenteq^atriesme gardok les gens de parler, quand on voyoit au doz de celuy qui eftoit en fi grâd hôncur,vn efcIauc,ou vn faquin, ouvnfol;&fi côtcntoitfortuiie,vrayc bourcIlc,& ennemie d’honneur & de . gloire. Quclqu’vn reprenât ce qu'ô a- ’ uoit ditey defiuSjqu’ils’clloiéccrouué - aucuns qui vouloient payer la ranfon de ce zany va dirc.-cncores fçay-ic bon gréàccsfcigneyrs, qui ncveulcnt a- uoirdu paflccempsqu’ilnelcurcou- fte; au contraire de plufieurs, qui ri- ront tant que vous voudrez, pourueu que ce ne ioit à leurs deipens. Et vray- «ient,adioufta-il , les Romains n’en faifoyentpas ainfi: carnous trouuons qu’ils b ailloyét tous les ans à Rofcius ' trente mille efeus de refpargne, pour faire feulement dix fois l’an le badin à Rotnme. Aufli eftoit-il fi cxcellnet par delfustousles autres ioueurs de Co- médies , que fi fur le théâtre fe difoit quelque chofe froide , toutlcpeuple Cîioyt:non4git s^fàus: eftans ces rnefle- reszinins& Panthaleons en fi grand crédit enuers le peuple Romain , qu’il aifranchifibit ceux qui auoyent bien s B R E E. 435 badine. Et ces badineries qu'on faifoic aux Comédies, ont faic que IcTragic na point eu tant de crédit que le Co- mic : combien que i’eftime plus de cas de faire pleurer , que de faire rire, veu queie rire cft le propre de rhomme. Si trouuons nous,repliqua vn autre,qu’vn Puppius tragic , monftra bien parfon Epitaphe , qu*il auoit efté auffi bien re- ceu du peuple que ceux quifaifoyent rire.Voicy fou Epitaphe: Flehmt Àmich hene non, morte meai Ndmpopiiltts omnis me viuo l^chrjmitns Puis il fut adioufté , comme les anciens auoyent eu en grande recommenda- tion les ieux comiques, les farces , & les badinerics,& foUies:pour lefqucls ieux ils auoyent bafty plufieurs fuperbes Théâtres, & ingenieufes caues : de telle forte qu on ne leur pouuoit bailler plus grand contentement, que de leur ex- hiber quelques ieux fur les théâtres. Et y en auoit de fi grand appareil, qu ils ne le celebroycnt que de cent ans en cent ans: & pour cela s’appelloyentieuxfe- culaires, qui eftle temps dVn fiecle. A T IJ Trekteqjvatriesmf. celle caulè , Hérodote dit , que. les hc- îaux qui les publioyent,difoyent,venez yeoir des ieux non iamais veuz , & que jamais on ne verra plus, n’ellans pas de lopimori de Platon , qui iugea les plai- lans,coraiques & tragiques deuoir ellre deiettez de la Republique,comme ma- niéré de gents inutile, & pernicieufe. Croiriez vous bien, va dire vn de la Ser comédies & tragédies ont elle ioüees de telle ardeur & affedion, que Seneque dit quVn Vibius Gallus" deuint,par maniéré de dirc,fol & infen- le de gay été de cueur,& de fon confen- tement. Car imitant par trop les fols, & ks contrefaifant àfonpolTible, celle ntmation fe changea en nature , & fut toi a bon efcient, auffi bien qu’il s’ell trouue des ioiieurs de tragédies lef- quels pourauoirioüé vneperfonnefu- rieufe,comme vn Hercule, vn Orelle, ou Aiax,onc eu telle affection à bien les reprelcnter, qu’eux mefmesaumilieu du icii deuenoyent véritablement en- ragez & furieux, & failbyentacles de tranfportez & d’enragez, tels que furet ceux qu ils reprefentoyent. Ce qui ell s E R E E. 457 confirméjlî on en doubte ,paL* Lucian. le voudrois mettre, va dire vn autre, fur ces Théâtres, où leplusfouuentcom- paroiffent les fols ôc furieux, les amou- reux auffi : hamour eftant vne elpecc de follie, qui fe guérit par la dicte ; quel! Tamoureux pour endurer la faim, ne fe I. , guérit point, le temps le pourra guérir, pour le moins il adoucira fa folieique fi Tvn ne Tautre ne luy profite , qu’ilfe , pende , car il fera bien amoureux s’il n’c guérit. Quelque meilcr Pamhaleoa voulant mettre fur ce Theatrelesper^ fonnes qui penfent par fois veoir deuat leurs yeux leur propre femblance , ou quelque autre figure, fut rêuqyé, parce qu on luy dit que c’eftoit plipoft mala-. die que follie,qui vient de la yeuè,qu ils ont fi debile quelle ne peut pénétrer gùeres loing : fi bien que les raiz des yeuxeftansrepoulTez & renuoyez par le plus prochain aïr,fônt]veoir ces ima- ges, 6c refl'emblances, encore que Mer- curialis die cela venir pluftoft du vice de l’imagination qui eft corrompue, la- quelle faict qu^à aucûs apparoiflent des humeurs deuant les yeux , qui les faiâ: T üj 438 TRENTECtyATRlISMÏ imaginer veoir quelque idole ou Hatuc deuantlesyeux:coinmeil aduientàgés yures,aux petis enfans^aux malades,& à ceux qui en furlàut s’efueillent. Mais d’où vient, demanda vn de laSeree, qu’on a veu des fols & ydiots, eftans en fanté, de peu d’efprit, tombez malades, parler fagement,dodement,& elegam- mentî Si bien quel’Anacrifeditauoir veu vn lourdaut, & groffier , feruiteur d vn grad Seigneur,deucnu moniaque, difeourart fibien delà forme degou- uernervn Royaume, pu République, que chacun le venoit veoir &ouyr, & fon maiftre melmes ne partoit gueres 4’aimres de luy , fouhaytant qu’il fuft tounours malade , ne voulant payer le Médecin, qui de fage &fçauant qu’il cftoitjl’auoit fait deueuir vn fot & lour- daut comme au parauant : ayat efte mis au çonfeil de la ville , s’il n’eftoit pas meilleur pour toute la contrée de le laideien celle maladie, que de l’é oRer. Ilfuti'elpondu par l’Anaerife melme, que cela pouuoit venir du temperamét du cerueau , qui cil changé par la mala- die; l’homme P ru dét & fçauant demeu- Serbe. 43P tant fans e(prit , perdant 8c oubliant ce qu’il fçauoitde lourdaut & ignorant,ac- querant plus de fçauoir & entend em et qu il n’auoit au parauant : car les vns en lanténe pouuans parler^ eftans mala- desjvienncnt eloquens , à caule de cer- tain point de chaleur ou ils font parue- nuz^araifon de leur maladie^qui a mué le tempérament de leurcerueau , pai- auant froid^dont procèdent chofes c5- traires.Les autres^refpondoyent'ils^par vne naturelle intemperaturc, eftans tre- netiques, difent chofes merueilleufes, tant pafl'ees qu’à venxr.Les autres par v- ne chaleur extrême & dcmefurce du cerueau, cognoifTent les chofes à venir, ou par vne inégalité de la chaleur narii- relle,ou par fon tempérament: ce que Hippocrate attribue à la diuinité,appel- lantles chofes mcrueilleufes,diuinitez: confellànt y auoir en ces maladies queU que chofe diuine , puys qu’il n’en pou- uoit rendre raifon. Mais quelle raifon, repiqua quelqu’vn, euft-ilpeu donner qu vn frenetic peuft parler latin , fans falloir apprins : quelques raifons qu en amene lAnacrife de la. confonance T iiij 440 Trente ojr a t r i e s m e qu il y a de la langue Latine auec lame raifonnable? Meffieurs Bodin &Frenel auffi, adioufta il , eulTent dit que ce fre^ netique^ lequel parloit latin^fàns Tanoir iamais apprins^eftoit cnforcelé, ou pof- lede du diable 3c malin efprit : comme fit vne fois ce Frenel^ lequel voyant vn ieune garçon ignorant^qui neantmoins parioit Grec , il iugea que refprit malin le faiibir parler ce langage, fans s'amu- feraux raifons de iTlpagnôl :plufieurs tcnaiis qu’il y a des démons qui parlent par le ventre, comme le Diable delà Pvalierie, entrans dans le corps : queles Grecs ont appeliez Pj thons , engajirimy^ tes^oH Euriclees , ce dit Plutarque. Et ie croy , difoic-il , que q^’and f Anacrile veut rendre raiion,comme il fe peut fai- re qu vn fr en erique parie Latin iàns I auoir apprins, qu"il le dit exprefTemér, afin qu on luy prefteloreille auec plus d attention:car fi quelquVn veut prou- uer qu e ie S oleil cil clair 3c lu vfan t , 6c quünousefchauffe, il oftera inconti- nantie defir de I’efcouter,ne difant rien denouueau: mais s il entre en lice pour maintenir que celt Aftre eft obfcur ôc s E R E F. 441 .froid, Dieu içait comme il rcfueillera & attirera à foy les efprits, & les rendra at- tentifs a Touy r.Mais d’où vient cela,de- manda quelqu vn,que les fols preuoyétv mieux les chofes à venir que les plus fa- ,ges ; Si nous voulons croire à Ariftote, •luy fut-il relpondujc’eft par ce que leur mémoire & leur efprit n’eft gueres oc- cupé des chofes prefentes. Vne fefle- tondue voyant qu’en s’endormoit eri ces difeours , va dire à ceux de la Seree, ie vous veux fiire vn conte d’vn ferui- teur de gentil- homme, qui de fage n e- . ftoit point deuenu fol, ny defçauant ignorant,mais Dieu l'ayant crée,6c mis au monde, l’auoit laiflelà, Orilarriua vn iour que fon maiftre fe fâchant a luy, l’appclla Roy des Sybilots , & des fols; ce feiruiteur va refpôdre à fô maiftre , 8c luy va dire, pleuft à Dieu que ie le fufle, car i’efpererois commander à tel qui a plus que moy de puiflance-.mais ie veoy bien.difoit ce feruiteur , ie ne fer4y ia- mais grand Seigneur , les places font prinfes., Son maiftre le prenant a rire, luy commanda d’aller achepter .des tri- pes chez vn boucher nommé Dauid: ^ T V 44^ TRENTEctVATRIESMB puis quille vintretrouuer au fermorr, là où il alloir. Ce qu’il fin & fur le point que ce badin de leruiteur entroit oùlê difoitle fermon^pour trouucr fon mai- ftre^ le pielcheur va dire ; qu’eft ce que: ditDauid? Ce feruiteurvarelpondre, que les tripes font vendues. Ce prédi- cateur s’en feandalizant, va dire que le poilTon commençoit toufiours à fentit par la tefteivoulant dire^que la faute du feruiteurrçdondoitfurle maiftre.Mais le peuple eongnoilTant le mailîre &le feruitcur, ne s’en fit que rire tapres que le maiftre leur eut conté ec qui aùoit faiâ dire cela à fon homme. Ily a biea plus,adiouftoit-il*car beaucoup de ceux qui cftoyét a cedepredicatiô afièurerét que ce feruitcur efloit d’vne famille Sc d’vne race,dont tous clleycnt honelle- ment fols,& Loyeux : Sc outre»que tous, ceux qui aaiflbycnt en la maifon ^ où ce feruitcur eftoit né , eneercs qu’ils ne fulfcnt de la lignee, venoyen tau mon- de fols, & fl l’elloyent toute leur viet telleraent que les grands. Seigneurs le jfi>urnifl¥t de fols en cefte maifon,, &par. ce moyen dlc eftoit de grand ic- s E R E E, 443 ücnu à fan maiftre. le vous diray vn au- tre tour, adioufta-il encores , que fit cç mcfme leruiteuràfon inaiftre : lequel cftant à la table d’vn grand Seigneur, fit figne à l'on valet de luy apportera boire : ce qu'il exécuta , mettant def- foubs Ion manteau le verre & le vin, 5c luy baillant à boire à cachettes. Tous fe prenans à rire,le maillre le fafehade fer- uiteur lors luy va dire, vous m’auez de- mandé à boire par figne, ie penfois que ne voulufliez point qu’autre que vous le vift,& parce vous ay-ie porté du vin fecrettement. Vn autre prenant lapa- rollevadire àceuxdelaSeree, penfez vous que les fols loyent fi milcrables qu’on les eftime ? l’ayvn homme, di- foit-il , qui a efté fol honnefteinenr, comme ceux de celle maifon, qui ma afleuré auoir cllé plus ayfe durant le temps de la follie , que quand il a elle guery : voulant auoir aélion contre ceux qui auoyent retourne fon cer- neau en fes. gonds , luy ayants ollé la ioye que luy apportoit la follie t aulli bien que Trafibule , lequel ayant cllé non leuleinent infenfé , mais furieux, T yj 444 Tuenteq^atriesme eftantreuenuà luy , difoit qu’il nauoit iamais vcfcu plus ayfe , plus content, ne plus ioyeux , que dti^t fa Follie* le croirois bien pluftoft cela , répli- qua quelqu’yn, que de croire quVne inaifon peuft rendre ceux qui y naÆ fent£ols : combien que Laercc ayt ef» crit, qu’il y aubit vne maifon à Athènes, en laquelle tous ceux qui y naiflbyent cftoyent fols : à caufe dequoy le Sé- nat la fit abbatre ^ n'àymant pas plus les fols que Seneepe , qui eferit à ,, Lucilius : Tufçaysbien , que Har- ,, pafte,. folle de ma femme , eft de- ,, meuree en ma maifon, comme v- ne charge héréditaire : car quant à moy , dit Seneque , ie fuys cnnemy mortel de tels môftres: que fi ie veux prendre mon paffetemps dequelquç ,, fol,ie ne le vay prêdre gueres loing,ie me mocque& merys de moy-mef- me.Sur la fin de cefte Seree,ti’ayât poït faute de fujed , il fut mis en auant ,fî finconfl:ance& legereté procedoyenc d Vne 'trop grande chaleur, comme au- cuns aiTcurcnt, difans que la cfialeut vehanente efleue les figures qui {ont s E R E 44J au cct*iieau,& les faid bouillir, à raifon dequoy Te prefentent à bame plufieurs images des chofes quirappellêt^& Tin- uitent àla contemplation d’icelles : 8>C bame pour iouyr de toutes, lailfe les vnes,& prend les autres :aduenant au- trement de la froideur, laquelle rend l’homme ferme & ftabh en vne opi- nion : parce qu^elle retient les figures refferrees , de maniéré que la froideur ne permet de les efleuer,& par ainfi ne fe reprefentent à l’homme autres ima- ges qui bappellent. Puis apres fut de- mandé,pourquoy les hommes petis de corps eftoyent volontiers pluslàges 6c mieux aduifez que les grands : le prou- uant par Homere , qui faid Vlixe treC* prudent, ôc petit de ftature , ôc au con- traire Aiax fol,6c tenieraire,5c de grad’ ftatureXes vns,fuyuâs les Philofophes naturels , difoyent que bame çaifonna- ble amaffee en vn,& en brief, a plus de force pour ouurer , allegans ce dit fort fort célébré, Firtm vnitafortior eji feiffi difperfiil^ ou au contraire , l’ame cftant en vn corps large de Ipacicux , elle n a force fuffifante pour le mouuoir . 44^ Trenteclvatriesme la plus grand' part de la Seree , fe con- tenta fort de la raifon qu’en donc l’Ef- ' pagnol en Ton Anacrifc,quâd il dit^que cela vient de ce que les grands homes & larges ont beaucoup d'humidité, la- quelle dilate grandement leur chair, qui eft la caufe de leur grandeur,adue- nant au contraire aux pctis, car parla grande fîccité , ils n’ont peu fc dilater, ny engrefler par la chaleur maturelle , à raifon det^uoy ils demeurent petits.Or eft-il, ditl Anacrife, qu’il n’y a pas vne qualité qui nuyfc tant aux œuures de l’ame & de refprit que fait la grande humidité, & qui rende l’entendement fi vigoureux que fait la ficcité. A lave- rité,va dire vn draule, ie croy qu’il fok ainfi ; mais nous y auons mal pourueu pourcefoir, car nous nous femmes largement humeâez du bon vin de noftre hofle : mais auant que celle hu- midité nous elle du toutl’efprir, ie fuis d aduis ce nous en aller tnnos maifons tout droiél,li nous pouuons. 447 : T R E N T E-C I N- QVIESME SEREE, X>eU diuerfnéde^ langues, du Ungdgt> delà langue Syriaque, où pourtant il n’entendoit gucrcs , & prefchoit qu’ea icelle auoit eftécfcrit le nouueauTe- ftamcnt premièrement: d*autât ^difoir- il,quc les enfans d’Ifraël ^ cftans captifs en Babylonne, oublièrent leur langue naturelle Hébraïque , & apprinrentia Syriaque^qui eftoit la naturelle de Ba- bylonne de faidt cncores auîôur- dhuy il £e trouue des Nouueaux Te- ftamens imprimez en langage Syrien^ La plus part delà Scrcc. ayans clîéàc^ Vratvnc année des trou- bles ( ie ne fçay laquelle^ kantilyena eu ) nous a- uions vn prefeheur, le- squel vint vn iour à parler 44^ TrE NT E C I N CLV lE s M E Sermon, fe mita di/courir durahtdc fouper,& apres , fur les langues , & fur leurdiuerlité. Fntre autres chofes, il furdit que la Religion le plusfouuent eftoit rraidtee envne langue,de laquel- le le commun n’vfoitpoint,ny nei’en- tendoit: comme l’Eglife Clireftienne Occidentale feferrdu Latin ,les Chre- IHens Orientaux, du Suricn , les Abyf- iîus & EthyopicnSjdu Chaldaïque : &: la langue du vulgaire de tous ceux-là cftautre. Les luifsne veulent queîe vieil T eftament en Hébreu , les Mahu- metiftes ne permetent leur Alcoran e- ftre leu ou entendu qu’en langue Ara- bique, en laquelle il a efté première- ment efcrit,la langue Arabique relTcm- blant à l’Ebraïque.Qhaldaïque , & Sy- riaque,ayant cours en leur Religion,^ es difeiplines, & entre les Dodles de Turquie:c5bien que le lâgage Sclauo- nienleur foit plus commun, & parmy les Turcs , & en la Cour du grand Sei- gneur, &entoutlepays qu’il tient en l’Europe. Puis il fut dit, que la langue Tartarelquc eftoit entêduë par les Se- ptentrionaux, & par ceux de l’Orient: Serbe.’ 449 la Morifque par 1’ Aftique,la Brafilicn- ne és terres neuues : mais qu’on ne fça- uoit fi leur religion eftoit traidee en vne langue , & qu’ils en parlalTent vne autre. Q^lqu’vndela Seree prenant lors la parole , va dire ; ie ne m’efbahis pas tant de ce que la religion eft trai- dee en vne langue,& le peuple en par- le vn autre , que ie fay qu’en vn mefnic Royaume, en vne mefime Prouince, fous vn mefme Seigneur , il y ait trois ou quatrefortes de lâgage du tout dif- ferâsanefines ennoftre Frâce,il fe trou ue vn langage., qui eft le Breton , n e- ftant nullement entendu des François, ne de pas vn de leurs voifins , n’y n’ea approche aucunemêt , & fi onne fçau- roit dire dont il eft venu;& encorcs en vne mefme langue le trouuera trois & quatre fortes de langage : les gens d e- ftat en ayans vn,& le vulgaire vn autre. A propos de celle langue Bretonne, va dire vn de la Seree,lc grand Roy Fran- çois s’efmerueillant de Ce langage , de- manda vn iour à quelques vns , d’où pouuoiteftre^venue celle langue,& s il y auoit point quelque autre peuple qui 1 entcndift ou qui en approchaft : puis demanda fl cefte langue Bretonnantc eftoi^ copicufe, douce & belle , & s'il y auoitpoint.quelques hiftoires, où au- tres hures eferis en langage Breton . Il le trouua la auprès du Roy vn Gentil- Bomme Breton bretonnant , lequel exalta fa langue, iulques à dire au Ro v quelefus-Chrift eftant en la croixauoit voyant 1 afFedliô que ce Seigneur Bre- ton portoit à fa langue &à fon pays luy aborda, luy difant , vrayement^ mon Gentil-homme, ie vous en croy, ^penfealaverité que lefus Chrifte- Itant en la croix parla Breton : parce qu eftans^ntre deux larrons, il vouloir cltre entendu d’eùx.Iene fçay , va dire celuy qui f3ifpitleconte,fileBreton entendit bien la rencontre, mais tous ceux qui auoyent tant foit peu de nez, lepnndrentlîfortà rire-, qu'il leurfut mipolîible d'en dire leur opinion au ■Koy combien que luy-mefmes en J;iaut les en prefigit. Quant a moy, va rtpiiquer vn autre de la Seree,ie penfc *S E R E^E. -4P que la langue Bretonne loit vn langage mal plailant & rude,& nçn déplaifc aux Bretons.Et qui me le fait croircjdi- loit-il , e’cft que quand nous voulons dire qu^vn home parle mal , nous l’ap- pelons B^rragoüinjqui eft autant à dire commcÇnous difions, il parle Breton, car barfa en Brctô, c’eft à dire du pain, ic goüin du vin : tellement que ceux qui parlent ainfi , appellans du pain barra, & goüin du vin , nous difons qu’ils font Barragoüins , c’cft a dire, qu’ils parler fort mal.Ce propos achc- uc,il fut difputé fi c’eftoit vnc fciencc que fçauoir & aitoir apprins les lan- gueSjlvn difant qvie no , & que fçauoir les langues n’eftoit qu’vne entree pour apprédre les fcicncesd’autre foutenoit lé contraire, parce qu’on ne trouue gucres perfonne fçauate és langues,qui ne foit dode, & fçache les fciencesqui ont efté traidees en ce langage , & qu’on ne fçauroit apprendre l’vn fans l’autre-.eftantplus difficile à apprendre & entendre les langues , que d’appren- dre les fciences: confûmant la moitié de noftre âge à entendre, feulement vue langue tellement quellement èc 451 TRENTIcI NQ_y l ESME pourfçauoir vne fcienee , foitlaiurif- prudence,foitIa médecine, nous n’y employrons que trois ou quatre ans. £t “ât auoit trou- ] «e fi bos a fon difner. Ce maiftre d'ho- I ftel qui auoit aflifté au difner du Roy, j fe doubtant bien de ce qui eneftoit. çftant vn petit plus fçauant que fpn J Serbe. 5^} compagnon d armcs,va rcfpohdre à ce gentil-homme , mon amy , allez dire à monficur qu’il n’aura point d’Epigri- mes,8c que c’eft vne viahdè Roÿalle,& quil n’cn y a que pour le Roy,& que ic n’en oferois bailler. Le maiftre d’hoftel apres auoir ce refus , vint trouuet I^Roy , Si luy conte comme vn tclluy auoir enuoyé demander des Epigram- mes, qu’il auoitle iour-d’hier trouuez fi bons à fon difner;dont il l’aüoit refu- fé tout à plat. Puis va dire au Roy, vous levcttez bienbouffer contre moy : car ie ra’afleure qu’ils’en plaindra à vûus.Ic vous laifle à penlcr file Roy ne ttouua pas bonne cefte tencpntrc,& s’il en fut ayfc. Ce friand d’Epigtammès ne failht à venir trouuet le Roy,ôc l’ayant falue, il ne difoit mot. Le Roy fe doübtant bien de ce qui en eftoit, luy; dcthande, bel qu’as tu, mon pere? Tcfté-Dieu, Mnfi iuroit-il) va il relpondre au Roy, C’eft voftte Capitaine Borguet ( ils effoyent fi familiers quil l’appelloit toufiouts ainfi ) qui m’a reiufé dcmc bailler de voftre'cuy fiqe des Epigrara-^ mes , que trouuiez û bons hier à v oftrc V iüj ' J«iîeç,Xn ' ”oW en taftcr, & icauoir/î'”^°^ ^“epour «bo„„eÆSS'"“' ïï ““"torâ mon cuyCm?, ra en aceoiiflrer. & faiV». t« , „ ’ de "^'enaceoHftrer de la rencontré fort à tire, qu'il A ^cprintli claretàcÆtt„X“”*t*- fout ce quicn e/l.^,v'A c ttomud nauuai. j™. " '!“’‘l >« tto«naft!nau„ 5 rd™ forUalc d.Mjdui« c^r„ adueno 50 no»r! r “'“'“'a e'I'e d’l>U* “yZ de. f "’e* î“ auiout- f^loTônnX " *»“« ConrnUB^.nsV^îrfeL'rni’S™:: s E R E H. 4^S il en cft:& pour fon exeufe il dit, qu’en trois cens cinquante ans fi grande mu- tation cftoit aduenuë en la langue Ro- maine , que plufieurs paroles dudit traité & accord ne pouuoyent eftre entendues par les plus curieux &^iH- gens rechercheurs de lantiquité , qua- uec grande difficulté. Ce changement de langage fe fait , félon Bodin , fut- il rclpondu , quand plufieurs natiôs font aflémblees , ou qu’elles fc fréquentent rvnerautre : car lors ils s’engendrent des mots nouueaux , parla naillànce defquels,comnie des hommes,les pre- miers prennent fin.Il y a bien plus, va dire vne feflè^-tôduc, ie m’en vois vous faire vn conte , par lequel vous enten- drez que ceux d’vn mefme pays ne s’entendent point lyn lautre , encorcs que les mots’ SC le langage n ayem au- cunement châgé: les gensd’eftat n en- tendas point le vulgaire. En vn de lios troubles (ie ne fçaurois plus conter ) v- ne comt^gnie d’hommes d’armcs,paf- fans par a^ainÊbong€,& s’en allans au fiege d’vne ville , rencontra vnebandc de charretiers du pays de Poidou , qui alloit au fel : IcfqueJs tien artnez de ptnpre & d’efguiUons pour piquer kurs beufs^ fortoyent aucevn grand bruit d vne tauerne. Ces gens de guer- ^®^oyans ainiî aceouftrez & ef- Cbauncz , leur demandent i où ailes vom mesamysî Ikleürrefpondenr, le taftpyt^t poursy trouuer,penfaws. guc CCS charretiers fc vouiullènt mo- quer d^eux, commencèrent^ ks char- ger d appoinâcrnent prenanslcurs armes,qmeftoycntleurscfguiIlonsdes Wcrc^diercurs leurdiûnt, mort- Pi clics braues gens pour aller alallault^vousraülez vousdesgens de ^ f durent fl bien battœ,quiinc&Uoitpoinrdire,Pkk' Jçi^,cariisrçau®ycnt bien pour qui n^s iJsn« %iuc^ycnt pas pouc^ « point la popidiice de Poittcr,& qu’dïeS rachepterdy'éf. Et non fenlemeilt , a'dïouik^iii-a , Iddi- nc»fitê des idiom'és & de la proiion- ciaiS'ôtt apporte diüersfenS, niais aùfli; les mots que' nous prettorfs' des autres langues, quenous cxcotloas comme faimft' Ife Lymbu'fin de ï^aiitàgrUeh CoMno' il' âriSuïn’y a pas fong temps à 'me'femme , à qui' on diïbît que fon , fife eftoit fideftagc ,|pOuï ne vouloir elpouiter v ne' fille à laquelle on dîifoif qu’il aiioit promis » La meicy-Dieu ^var Æte iameirej mqn fils n^ft poinr âd>' fmge,maisdemonmary , quieft fon p'ere, Acfteuees que forent ces tencôn- ttes, vtt lâchant de Lt Serec voyant qit’auec les cbofi?® {crieulcS dte la di— utftfité des lauigues , chacun n e laillCat » yentrclaffer qucdqttc plaifant conte s conUnença à parler en celle foriCr a ra perfonelcy qui ne fçache qu au5t *os guerres ciuiles & iJteftincs Ty aftttouualà des |ui ne fçauoyér pas vn mot de Frâçois* «ffiaucyent affaire àdesFrançoS « cntedoycmJeur langage: parquoWl ëSl / marchand qui ^^oir Je eonte,nous n’en portés gi, tt ^ “’cn faifons pas grand .«».tfipeudeSt^:é^:„“S autre marchandi/c que du Latin on «lourroit de faim aupres,& n en retire ^Pit-on pas la moitié de ce qû*3 cS QurtrQuuçrdpnçYntruçhcœenr I s 1 K t f. 4 ^^ à CCS François & Allemans marchands» il leur fut enfeigne vn icune homme de la ville de Fontenay , lequel aiioit bien voyage, &quc poflible il pour- roit auoir efte en Allemagne,& apprins cefte langue. Ons’cnva en la maifon de ce ieunc homme de Fontenay où ils ne trouucnt que ù. mere , à qui ils de- mandent fi fon fils ne fçauoit point parler Allemand : elle leur rcfpond qu’elle n en fçauoit ricn:mais il eft bien vray,lcur dit-elle , qu’il en a vne flufte, Scquilenioiieaucunefois., Ceux qui entendirent cefte refppnfe , ne fc peur rent tenir de tire , de ce quc^ccftc fem- me pêCoit» que cefte flufte d Allemand (en Latin j^n/4 oW; j«4)peuft rclpondre & parler Allemand, puis que fon fils en fçauoit ioücr , & qu’elle ne pouuoit rien dire qui ne fut Allcnjand,eftant de ce pâys-là. Apres que ceux de la Scree, 1 curent autant riz que ceux qui auoyent parlé à cefte femme, vn £ranc-a-tripe n’ayant ouy parler que des langqes en toute cefte Scree, nous va dire qu on a- uoit oublié la principale langue, la plui çQmmunc,& la cçllp q^ ^ 7*,^ * N T E CI N QV I E S Xf X î^moitJcmicux.-ccftdiTil U U ceu^n S’appcr- Çeut qu on ne rinit point ^ fon coLe- procès ^ J' r • ^“^ ^"n-de nionftrcrà touri! la comp^,, '■p-if «t« Sfe 2o« vX®^w"S/fr^-* teXcXrM2"°“''T''P”- ^ifAGtS'.^- St? "iT* P=.&n;Hcbt4AW„.'4'i;;[S te,Hongre, gnol^Alleniand , Latin & François, i* tall6ic,va répliquer quclqu’vn que ce- ftuy-cy eut apprins ces langues éflant tcun c: car^camme dit F Anacrife^ 1 aage auqucLrcgneplus la mémoire , qui cflt cnicnfanceycflplus propre pour ap- prendre leslangues, que neftpasTaa- geauquelnaus auons plus cFentende- menc, de iugentent, & de raifon>eftan^ hommes parÉuâbcia mémoire lèruant plus à apprendre les langues ^ que ne Éiidt ny i’cfpdt,nyle iagcment>,ny magination* Les enfans auflircticn< fient mieux ce qu’ils apprennent que les autres^ pource que nous retenons: nûeux ce que nous admirons^^ ôc fèin<5t Thomas dit que les enfans admirent toutes chofes , corne leurs cftans nou-^ uelles&non accouftumccs. Et de læ P Anacrife inféré qu àuec grande difir- cultc s^alïcmhle la langue Latine aüec ta Théologie fcbolaftique , & qu^ôrdir naircment on ne voit guercs aducriir qu^Vn homme foit cnfemble bon La^ tin J & profond fcholaftique r àrcaufe,, dit'ilÿ que ceux qui font 6onS' Latins^ 472 2 RENTtClKQVlls V. «K confeguemment vne bonne me oirc , autrement ils ne pourroyer ÿr^'^^^cellensenvne^S uant en ThT"* fça Dar V fehoJaftique, on . pai confequence l'eforit l * ” ^nc;car comme dit rAnacrifp r menr-;i^* entendement & iuee- ■>on fers! SmS «"rÔtS! f^oandefirrhi -^^^nnement bcau- teutetadç cefte laibt* Sj-A Itfe ûnitSt Thomas l’Pfr ‘l^-^^erife, d;ir&!si &1i7 “ dç gnudK fubtiUtcz*t„ U 'teSiÆaecAr-r • * ■ en leurs œu- >.tü' -minspcdrspreds”!',^^;^; s E R E B. 57? à noftre fwtsifiç, puiflcnt reuelcr , à qucl<]uc longue diftânee il amafla d’autnofnes, plus de cinq cens liurcs. Les autres en voulans faire autant fu- rent empefehez : car il fut deffendu aux pauures gés de faire plus de pou- dre: & qui n y euft remeaié,ils cuilent ■brufle les maifons qui n eftoyent pas à eux, voire toute la ville, pour fe faijr re riches d’aumofncs. Aufli,difoit-il, qui n’euft retranche les ladres , ce n’euirent efté en tout le pays dePoi- dioa que ladreries & Icpreferies : car en pluheurs lieux on ne^ trouuoit naaifon qui ne fut garnie d vue croix X iiij 4^??^ Tr E Nt £ s IXi E s Xi Ë èc d vnc clachc > & dcuant la potte dVn tronc, auec les armoiries des la- dres , la cliquette & le barril, penfans par là cftrc exempts de toutes pille- rles* Ce qui le trouuafi commun en Pbidlou, où Dieu mercy ce mal eft rare, que les genfd’armes nr laiflerent ^d’entrer & loger par tout, fans auoir %ardà refpouucntail qu on mettoit a Fentree des mailbns ^ & difoyent quUlseftoyent riches comme ladres* Quefic’euftcftéés régions Méridio- nales qu on eu fl: trou notant de mala- drieSjOn ne s’en fut elbahy, eflâs ceux du Midy fort fuieéls ï la leprc;à caufe d vn hiimeur mclancholique engen- dre par grande chaleur. Si bien que Leon 1 Affiri quai n ôc Aluarez difent cefte maladie c/lrc fi commune aux jKfleri dion aux, qmon ne trouue par les champs en Tviie ratitre Maurita- nie, qüe maifons & hofpitaux pour les ladres: ce qui a donne occafion aux Anciens d’appcller ce mal , èus Tunicus & morhus ^rabum.VatmeÇ- me raifon, les Ethyopiens 5 ayans le iàng froid Stmclâcho lie comme eux Serbe.' 489 font fort fuje(5ts auflî à ce mal,& l’ont, appelle Eltphitnttitfis i pourcc que les Elephansontlefang froid & melan- cholic comme les ladres : ou bien de ce que celle maladie prend es iambes, &les rend fi enficcs y qu’elles dcuicn- nent aufli grolTes que celles des Ele- phans.Et non feulement, adiouftoit''- il, le pays chaud abonde en ladres, mais auiÏÏ les régions par trop froi- des :à caufe que le lang par le froid dcuenantefpoix , tardif, & congelé, fai Serbe. joi ftideuxluifz,qui font fortfubic^ïz à la lèpre , en ont aiifli toufiours efté accu- fez:cc qui feruir poflible de couuerturc pour chalîer les Templiers hors de France,&delelaifirdeleurs biens. Et n’eftpas chofe nouuelle, adiouftoit-il, de dire que le fang des péris enfans guérit delà leprercarnous trouuons en Nicephorus ôc CcdrcnuSjque Confta- tin le grand, eftant lùrprins de lcpre,fut confcillc par des Médecins Grecs , de faire vn lacdulàngdepetiscnfans,là où il fe baigneroit, & que d afleurance il gueriroit : Pline ayant eferit que cela cftoit familier aux Roys d'Egypte que de fe baigner aux fang des petis enfans, pour guérir de la lèpre : parce que leur îang, eftant chauld & humide, eft con- traire à ccluy des lépreux , qui eft froid Sc fec. Mais ce bon Empereur ne peut endurer les larmes &cris des meres de ces petis enfans q«on leur auoit prins pour les tuer , tellement qu’ils leurs furentrenduz:& futguery Con- ftantinpar h bonté de Dieu , s’eftant laué en la pifeine que le Pape Sylueftre luy enfeigna. Le bon Empereur difant. $oi Trentbsixiesme qu^il y auoit des maladies en noftre corpSjôc des abuz en beaucoup de cho {es, qui ne font point tant de mal en les endurant, qù’ils feroyent en les oftant. Si eft-C'C^rcpliqua quelqu vn, qu’on dit que les luifs duioiu d’huy, lelquels ont le bruyt de tuer les petis enfans,ne s’en feruentpas pour baigner les ladres, car ils n en deftobent quVn , cncores ne le peuuent-ils faire qu’on ne le fâche, comme l’on a veu de noftre temps à Trente : où les luifs attirèrent à eux vn petit garçon,lequelils efgorgerent, fé- poinçonnâts par tout le corpsidequoy l’autel que les Chreftiçns vont veoir tous le^ ans là, porte luffifànttefmoi- gnage. Combien qu aucuns difent que les luifs a la vérité s’aydêt bien defàng humain , & lefacrifient, mais qu’ils Ta- cheprent des Chirurgiens & maiftres d’eltuues , de qmils le mettent en vne phiole de verre, pour leur feruir à faire veuil le Biable,appro chant celle phio- le du feu , appellant ce maillre Gounin iufques à ce que ce lang foyrbouiI!y,&: fefoyt radis : çoparant lors pour obéir de relpondre a tout ce quonluyde- Serbe. j©5 mande &c commande, lay leu , va dire vn aurre de la Serec ^ que l’huyle eftoit fort bonnepour baigner les ladres :cc qui eft conhrmé par Oiaus, qui racon- te que les Efpagnolz en lauoyent leurs ladres, & pour cela leur traffique ceflà, ayants accouftumé de vedre leurs huy- les à ceux de Septêtrion, quand on leur eut dit que les Efpagnols la vendoyent apres qu’ils s"cn eftoyent feruy à lauer leurs ladres. Et me fuys fouuent esbahy, difoit-il, de ce qu’en a efciit Olaus, veu quil| y a en Eipagne peu de ladres, &c quali point, craignants tant celle mala- die quils ne mangent gueres de chair de pourceaurellànt choie notoire , que le frequent vlage de manger chair de pourceau engendre la ladrerie:attendii que les pourceaux par le rapport d’A- rillote , font fubieds à engendrer en leurs corps vne abondance de grains de mezellerie. Ce mal fe guérit auffi, adioulla quelque autre , lî nous croy ôs Pline, auec menthe fauuagc,fcs fueillcs mafchees& appliquées lur la ladrerie, par rcxpericnce de ce qui aduint for- tuitement en vn ladre: Içquel fe voulât /o4 Trente s ixiE SME déguifer & mafquer , de peurd'eftre cogneu, (efr orrai e vifkge de Menthe lauuage mais la fortune, iuy difant mieux qu il ne penfoit, voulut qiulfç a^ouua gucry de fa ladrerie ; aucuns e« ftans en celle opinion , que toutes les pFO^rietez alÈgnees à la menthe lauua- ge, le doyuent entendre de la Napeta, qui eft le Calamant commun des Apo- ticaircs. Les autres difent quVfer lous* uent de racines d’Alperges cuytes en vin-aigre, eft fort bon pour la famé des ladres : comme aulïi la graine de Pauot blanc, & les oin dre de la liqueur de Cèdre. Les modernes afleurêt aaffi, adiouftoit-il , que la chair de vipères mangee par les ladres,les guérit: le ve- nin du ferpent attirant à loy le venin delalepre : comme d’auanture fut ef. prouué,ecdit Galien,par des raoilTon- neurs , lefquels trouuantsvn ferpent mort & noyé dans leur vin, le bailieret a boire à va ladre defefperé,qui le beuc entieremem:, ne fçaehantrien de la vir pere morte dans ce vin : dont-il euita la force de la maladie. Et ne fault pà s’efmerueiUer de ceIa,difoitril, veu que deux s E R E B. . deux poifons en rhoinmc fe peuuent deffaire & ruer l’vn l’autre, luy demeu- rant fain:cela fe faifant, de ce que natu- re irritée par le venin du ferpent, reiet- te & repoufle^tant qu’illuy eft poffible, le venin du ferpent, & la matière vene^ neufe de la Icpre , laquelle faid le mal. Ou biê c’eft q la chaleur du ferpent,en ouurât les pores, dechalTc ceft humeur melancholique des ladres au dehors,ôC à la peaii:car en vfant fouuent de vipe- res,il fort à la peau des grolTes puftules fquameufes. Que s’il en y a,difoit-il en- cores, qui ayent en horreur d^vfer de ferpens: que ceux la mangent des pou- les, qui auront efté engrefl’ees devipe- rcs.'car il a efté expérimenté celle vian- de eftre fouueraine contre la ladrerie: auflî qu’il n y a rien meilleur pour les eleph^nticz que le ius d’vneieune pou- le, encodes qu’elle n’ayt eûcnourrie de viperes.Que fi la chair de viperes,ou le vin beu où elles auront trempe, ou le thcrîaque de ferpens, ouïe trocifq^c deTyr méfié auec de leau & du vin blanc , en prenant troysfoi^ lafepmai- ne, ne gueriflent du tout ces pauurcs Trentesixiesme gens,pour le moins cela leur fera venir vne nouuelle peau:lecorps s’enflant bié fort en vfant de ces remèdes, la chair en cftat mollifiee,qui faift tomber la peau de deflus,qui cfl: dure,& route croufte- leuce: & par deflbubs reuient vne au- tre peau molle & plus douce. le croy, répliqua vn autre, que les vipères ne fontpasfivcneneufesàles manger co- rne on le penfé , leur fubftance cftant moyenne entre ceft humeur vûicux,& fe corps; car fi elle apptochoit plus près du venin, elle tueroit comme "fàiftle venin : aufii fi elle n’en tenoit quelque chofe,& quelle nourrift feulement, el- le fe couuertiroit en la fubftance du corps , & ainîi ne feruiroit de rien à la guerifon de la lepre.Que fi voulez, ad- iouftoit-il, que la vipere ayeencores plus de vertu pour leruir aux ladres, il faut, ce difent Diofeoride &Æginete, faire vne maniéré de làupoudré, qui fe fâidainfi. Ilconuicnt prendre vn pot de terre tout neuf, & mettre dedans le vipere,apres auoir efté efçorché,en luy •ftant la tefte & la queuë;puys y mettre du fcl,& des figues pilees,auec du mich s E R F. E. 507 _ & le pot eftant bien couuert, mettre le tout cuyre en vnfour : & apres piler &: réduire le tout en poudre: eue fi au- cun en veut manger, le trouuerra fort bon 8c fauoureux,en le mangeant auec autres viandes. Et pour vous monftrer que les ferpens n’ont pas tant de venin comme on dit, ou bien que leur venin foit corrigé en quelques côtrees, nous trouuons que les Ethyopiens Macro- bes viuent cent 8c fix vingts ans , pour manger de la chair de ferpens , & s’en nourrir , le gueriflàns par ce moyen de mezelerie , pat quelque propriété fc- crette 8c occulte. Aucuns aufli nous af- feurent , difoit-il encores , que fi vous lauez vn Icpreux en vn bain qui aura Icruy à lauer Vn cadauer , 8C homme mortjil guérira de la lèpre. Et à fin qu» nepenficz queceloit delaforcelleric de Bodin , cela fe faid à raifon que'la matière de la ladrerie , qui eft iettee juf- ques à lapeau^y pouflee par la namre,à caufe de l’antipathie & con- trariété qu’a ce corps mort auec la le- pre:d’autant q tout animal fuyt l’odeur d’vn autre animal de ion mefnie gen- Y ij 5o8 Trentesixiesmb re : dont aduient.que celle matière qui faid la lepre, fuyant la fenteur du cada- uer,s’amaire toute en vn,& s’ellant ré- due forte par la quantité , eft mife de- horSjOU par basjou par fueur^ou par an tre voyc. le ne veux oublier auffi à vo® dire, adioulloit-il , que l’herbe véroni- que, tout fonius exprimé defes fueil- le$,que l’eau qui en eft diftilee, par fon frequent vlàge, apporte guerilon aux ladres: & qui celle caufe oh l’appelle l’herbe aux ladres. Que s’il leur fort des boutons & taches de-ladrerie auvilâ- ge, le jus ou vin de fraifes eft fouuerain . pour les ofter;moyenant que celle eau ayt elle mife dans vn vailîéau de verre, lequel ayt efté long temps en vn fu- mier. Audi qu’aucûs alFcrmêt que l’Ef- metaude puluerifec , prinfe par les lé- preux, leur eft grandementprofitable: aulïï bien que les cftuues chaudes de boys de larix,& fon eaureftant fort bon aufll contre ce venin vfer d’eau dek mer,& s’en l’aucr, & fe baigner en l’eau de mcr:laquelle les Egypticfts=eBt=G^u guérir toutes maladies:eftant aulîî fbè- ueraiq pour ce mal, nauiger fur la mé^. Serbe. 509 à caufe qu’elle prouoqüe le vomir : ce qu,elle faid, ou par la nauigation,pour n’êftrc vn mouuement félon noftre na- turel,& inacouftumé.toutcs chofesnô accouftumees troublans les perfbnnes, ou bien que la fentcur & odeur delà marine prouoque le vomir:auec lequel les humeurs , qui caufent la maladie, fortent dehors : lesladres ayans enleur eftomach, & es parties qui luy feruent, grande affluence de ceft humeur cor- rompu ; ce qui faict quils parlcnî tan- che, eftans touflours enrôliez , à caufe delà corruption de la voix, Sc defes organes. Parquoy Ci voulez efprouuer fi quelques gueux ne contrefont point les ladres, faut regarder s’ils fe fot point liez la gorge,aucc v n fil, affin de parler tanche. Quelque auttedclaSerecayat peur qu’on le foupçonnaft d’enauoir quelque grain, n’en difant rien,va dire, que fi la lepre ne faifoit gueres que lai- fir vn homme,qu’il n’y auoit'plusaflèu- ré rcmede que de le faire challrer , co- rne il fe trouue tit.de corfore yitiatii, ^ o. hh.Decret.c»^.^. 'ExeCho pudendorttvtmtd- tiitn d’autant, difoit-ll,que la c6^ Y üj 5^0 Trentesixiîsme plexion du ladre, chaude &c fcche, fera changée & alteree en vne froide & hu- mide: cefte frigidité 3c humidité garan- tiflant non feulement de la lepre , mais auflî de toutes maladies qui viennent de Ghaleur & ficcité : &c fi ne laiffera ce chaftre,pour eftreleger de deuxgrains,- a eftre bon Capitaine hongre:co-mme k Turquie nous en rend bon tefmoi- gnage. Et conieiilerois toufiours àces panures gens ;la maladie fuft cofirmee ou non , de fe mettre à l'cxamen de la copelie ; tant pour la palier, & prolon- ger leur vîe^ que de peur d'y tomber:' & aufii ou on les y deuoit contraindre^ afin que la progéniture en fuft pluftoft perduercar files ladres n’engendroyét point, il y a long temps que la race en fuftperduc. Mais, répliqua quelqu’vn, Vipian deffend de chaftrer les efcla- ues pour mieux les vendre ^ 3c dit que ceux qui les font chaftrer pour leur plaifir , font dignes de mort, 3c punis parla Loy Cornelia,oubienpar]a Loy du talion, & de la pareille : 3c que mef. mes ceux qui fe font chaftrer , encores ^ue ce loit par deuotion,doyuent eftre Sereh. 5^^ chifliez parles Loix Sc pat les Princes: fl ce n’eft par necefsité , ou pour euiter pis,comnie en ces panures gens icy : le Canon permettant aux ladres de fe fai- re chaftrer, difint qu’on ne peult oftcr de la Preftrife celuy qui pourlalepre auradefgarny fa bourle demonnoye. fi quelqu’vn fe faifoit chapponer pourfpnvtilité & profit. Sinon pour fifanté, pour auoir lavoixgrelle , SC pour chanter le defius , ie lepenlerois punilfable, les femmes eftants de mon opinions Si auisile Canonles priuedes faindes ordres:5i Galien dit que les te- fticules font parties plus exceliêtes que le cueurid’autant que le cueur eft prin- cipe de la vie feulement , mais les tefti- culesfontlaviemeiîleure : eftant vne chofe plus digne de bien viure , que de viure fimplemêt.Ce fera des tefticules, va dire vn autre, ce que vous voudrez: mais fi mes parêts eftoyétfoubfonnez delepre,ie ferois biévuyder ceftebel- le marchandiie de ma boutique , pour euiter celle leproferie: les homes pou- uans eftre priuez de leurs parties géni- tales, fans encourir la mort : comme on Y üij yi» TrEnTESIX lESME veoit des garde-couches du gran d Sei- gneur, a qui on coupe les croys p arties delagener ation.Ec comme les homes iansdanger , peuuent eftrepriuez dé leuK parties gemtales, tout demefm c cft des femmes , qui peuuent eftre pri- «çes de leurs parties féminines o-eni- tales,& demeurer en vie : la matrice d e latemme, ny les parties viriles des h5 - -raes,n»eftâtspointneceirairesàla vie ny a la fanté.Nous trmiuons efcrit, ad - lou{bit-il,dans Thalcondyle Athenié, que Tamburlan, quipdnt Baiazet,Sei- gneur des Turcs , eftoit fi ennemy mortel des ladres , qu’autant qu’il en T t s . allant n e- ftreraifonnable de laiiTerplus longue- mentregner vue tellepelle : les la'^es neferuans, difoit-il, que d’infeder les autres, ^procréer leurs femblables, & aueccela viuans en tant d’angoifle& de martyre, qu’on leur faifoit vn grand bien de les ofterde ce mode. Il efeuoit regarder , répliqua vn de la S eree , fi la maladie eftoir confirmée, ou nom: car lepemequepar anddotes^ceilecjui eft s E R E E, 5t} du premier degré fe puifle curer ; celle du fécond fe pouuant feulement ca- cher: du tiers, ce fera beaucoup ii par receptes elle fe peut mitiger : caria le- pre qui fe faiét par vne aduftion & cha- leur d'humeurs , principalement mêla- choliques,eftant incontinent en fa for- ce & vigueur,fe rend fort corrofLue,& confirmée, nonobftant tous ces reme- des.Dont aduient,difoit-il,que les per- fo unes fortes & robuftes , chaudes par namre,comme font les ieunes,ne viuét gueres en leur maladie : la au au con- traire, fi la maladie delepre vient de caufe froide,& d’humeurs qui s'elpoif^ fiirent& s’oppilent, tellement que la chaleur n y puifle entrer, ils viennent à fe congeler, lors cefte lepre demeure long temps, fans confirmer ny empi- rer, en vn mefme eftat, fi bien que ceux qui font lepreux de ce gros fang, & de cefte humeur froide , demeurent long temps enleurladrerie:comme font lés enfans,les gens vieux,& les fémes.Q^ s’il s’en trouue de ceux cy qui ne viuent gueres,ccla aduict à caufe qu il y a tou- fiours en nous plus de chaleur brull&e Y V Jî4 TrentEsixiesmb que de froideur gelante. A celle caufe adiouftoit-il,Ies Médecins deffendêt à celte maladie le»viâdesrrop chaudes: pomce qu’elles bruflet le fing,& le dif- pofent alalepre.: & trouuet aufii maiK «ais de manger dupoiironfraifchemct prins^parce qu’il augméte le.mal, com- bien que la marine loit bonne & faine aux ladres. Et fur tout defîendentde manger deslent^es,que les Latins nô- ment ou lentîmUiCax ceux qui en v- lentfont fort fubieds à deuenir ladres. MaisduyrepIiquaqueJquîvnmourquoy. doc ell ce que la lepre le multiplie plus es pays froids qu^s régions chaud^ fi celle qui fefaidpar chaleur eft plus af. presque celle qui fefaiarparlefroidîEt. parceduy fut-il relpondii, que ceux qui demeurent en paysfroid, ont plus de çhaleurmterne, que coux qui habitent es régions chaudes. Ilfiitaufsidit, que laleprefemultiplioyt plus éi^regios fe- ches qu’es humides : àcaufe des hu- meurs qui fe font plus grolTes & efpoifa lespar la hccite.Dont aduenoit que les lépreux n’eftoyent gueres malades de Heuresdaficcité, ^uieil eu eux^ empet s E R. B eJ ji J chant la putrefadion, de laquelle pro- iienoit la fleure : ainfi ceux qui fôt gras de nature difficilemenf deuiennent la- dres , à caufe de l’humidité qui refllle à la iîccité : la ficcité rendant le lâng gros &elpoix. Ques’iladuientquelesper- fomies grafles deuicnent lepreufes, on le peult ayfément cacher, d'autant que ce qui engrefle guérit la lepre. Quel- qu’vn prenant la paroHe, nous va coter d’auoir veu vn Médecin quipromet- toit de guérir les ladres,les gouteux,les hediques , paralitiques, ôc telles m^a- dies deplorees de tous lesMedednSi Celuy qui le vouloit mettre entre fes mains , qui eftoit honneftement ladre, luy enuoye demander de l’argétà eui- prûter:ce Médecin Empiriqueluy mâ- de qu'il elloit panure côpagnô. Lors le malade ne voulut fe mettre entre fes mains, luy dilànt, que ce n eâoit qu’vn affronteur , Sc que s’il Içauoit guérir les maladies dôtrilfe vantoit, qu’il deuoit eftre plus riche que les Foucres.Ce dif- cours flny,vn autre de la Seree va coter vnehiftoirepitoiable & veritable,dVn ieimé home nouiiellemét marié,lequel Y -vi ^ Tr ENTESI XIE s MS par la lalouzie de fa femme fut rêdu la- dre. Car ccfte femme pour fe vager de fon mary, ôc de. celle qu il entretenoit,, eut expreflement lacQpagnied’viiia.-* dre: dontpuys apres, elle, fon mary, & fon amour eufe deuiudrent ladres. Et fi adiouftoit que cen’effoir rien de nou- ueau,veu qu on trouuoit efcrit, que les femmes des. anciens Romains en fai-^ ibyent bien quafi autant, tout esfois fâs qu elles fe miirenr endagencar ces Da-, .mes eftans ialouzes,& £e voulans vager xle celles fur qui elles auoy ent opinion de leurs marys eftouffoy et des flellios ou lézards dâs les fards dôt elles eftoiêt afleurees que leurs côpaignonnes d’a- mours fe fardoy et le vifage,p our les ré- dre lentillenfes , deffaides , & le vifage toutladre 6c boutonné. Qup ayfement k ladrerie fe done^difbit-il, nous trou-^ uons efcrit que par faute d^aiioir bien nettoyé vne lancette , de laquelle on auoitfiraifcbenient fàignévn ladre, & puys en auoir fàignévn autre, il s’çn- luyuitvne telle corruption en k maf- fefànguinaire ,, par Tiimrefsion con- îequutiue àFouuermre kiéte par kdite ^ non long temps apre« s E !t E 51*7 parurent quelques lignes de ladrerie^ Aullîon aveu par expérience, que la pelle prend à celuy qui aura elle lài- gné dVne lancette non nettoyée 6c emundee ,, qui aura percé la belle d*vn pelliferé,.Et Ci ne fçay jadioiiftdit-il,!! ie doy croire que pour auoir fubitenient rendurvrine apres vn ladre,au mefme lieu , q,ue la contagion s’en enfuyuer aulîi bien qu-ôn prend la caquefangue allant apres vn autre à la mefme garde- robe. Vn fécond Panurge,qui eftoit err celle Seree, voyant qu’on fe palîîon- noit de ce ieune homme qui eftoit de- uenu ladre par la ialoulîe de la femme,. pour nous relîouir va commencer à direlebienôcleplailîr quauoycnt les ladres , afleurant qmils n’eftoyentpas lî miferables qu’on les eftime 8c qu il en deuoit eftre creu, pour le fçauoir bien. Premièrement , difoit-il , les ladres ne font point tourmentez de fleures y la. flccité eftant contraire à la putrefa- âion qui engendre la fleure.Ils ne font point aulli fujets aux. poux ,morpioSj^ puces., punaifes , 8c autre vermine ve- nant de coruption,ne à la maladie qui Sf’appelle Morhtis fedicnlms^ & TiS Trente SI xrEsxfr fa uccite empefahant toute pourtiture» «y àfapefte, vn veninrepouirant l’àu- îte : parquoy il me femble , difoit-ii, qu il leroit foi't bon de faire cftudier telles gens ca la Mcdecine & Chirur- gie, pour fecourir les pauures peliez: d autant que ne prenans point 1a pelle,' on ne feroit lans fecourSj Cominc il ar- riue bienfouuent par la mort des Mé- decins & Chirurgiens , qui font fuiedsi a la perte comme les autres. Les ladres aurti,difoir-il encores, nom nulle peur d ertrecoquus, perfonne ne s’appro- chant de leurs femmes , de peur de de- uenir ladrcsj comme le ieune homme, sjils s’accortoyent de làfemme d’vn la- dre, mefines les Diables de Bodin n’en oferoyent approcher : qui feroit ,vn fi grand bien pour les maris ialoux ,que ie mafleure quil. en-y a qui voudro- yentertre ladres pour cela. Outre ces' comoditez,les ladres ont plus deplai- Gx aux femmes que les autres & font quart toufiours dellus , àraifon de la chaleur eftrange qui les brulle parle dedans:& auffi queleurs vafes Iperma- avn ladres 6e vous fçauez que pour eftre riche on ne craint point toutes les plus grandes mefchancetez êc vilannies du monde, pour y paruenir . V ous direz^repliqua viï autre , toutes les commoditez & plaifirs que peuuent auoir les ladres ,ft ne m’en ferez vous pas enuie ; coin- bien qiieie fçaehe qu ily a des perfom nés qui le font, qui ne le penient pas eftre ; car on tient que le Cancer & les Loups font vne efpece de ladrerie, qui eftpartieuhere, ôc qui n^eft qifen va licu, & lalepre eft vn Cancer vniuerfe]^ s E R E B. J2I lequel occupe tout le corps : & com- bié que la lepre^le Cancer,6^ les Loups viennent^dVne mefme caufe,lalepre toutesfois qui ne faivfi: que comman- c'er,le guérira pluftoil que le Cancer &c les Loups: ci autant que la matière ^ qui caufe cefte lepre particulière de ces deuXjeft dedans les veines^ qui eft caufe quonneles fçauroit guérir fans muti- lation du membre où elles font atta- chées, en oftant les veines dâs lefquel-» les eft la racine du mal : & la matière qui faidla lepre vniuerfelle , eft elpan- duë par tout le çorps, &/parcc plus ay- feeà chalTer. Ilvaudroic donc mieux, va dire vn franc- a tripe, eftre honne- ftement ladre , que d’auoir vn Cancer ou des Loups : Le Cancer toutesfois ayant de plus griefs lymptomes ôcac- eidens que les Loups, à caufe du lieu où il s'attache, qui eft le plus fouuent CS mammelles des femmes , qui font mollcs,ayans vne grande capacité , qui les fait plus fujedes au Cancer que les hommes , qui font plus moleftez des Loups aiiffi que les femmes : les hom- mes en ç’eft endroid eftans de meil- E s M E lîimes : parce gu il vaudroir mieux nourrir dix loups qu’vu Cancer. le fcay, fut-il répliqué purguoy on appelle vne efpece de lepre particulière, Canccnmais ie vou- drois bien qu’on m’euftapprins pour- quoyon nomme l’autre elpece de le- pre particulière, /yuf. Il luy fut ref. pondu, que c’eftoità caiifc que celle maladie desXoups,qui s’attachccom- muneracnres iambes,mange toufiours la partie ou elle eft encharnee, comme les Loups,bertes voraces , niâgét beau- coup de cnair , &ai mangent en fi grande quâtite qu’elle demeure pour- rie en leur ellomac l’efpacc de bniÆ en lorte quedel vn alautreilparuientàl’hom- me qui aura veu le Loup : Ci bien que .1 T '***' >^^«*’ V eu ic i^oup : ou ucn le Loup enroi^ vne perfonne de Serbe. fon regard par la frigidité de fon eer- ucau: laquelle fe iugepar fa greffe te- lle : la vertu donc vifible s’addreffant au Loup pour le regarder , attire à foy de fa froideur , laquelle renuoyee à Tc- ftomac y où font les organes de la voix, faid qu’ils font reftrainds & refrrrez. Et parce quemonfreur Scaliger,difoit- ilencores, fe moque de ce commun prouerbe^il a veu le Loup,ie le confir- meray par Theocrite,qui dit ^ comme on nVa fait à croire. As tu veu le Loup,, que tu ne parles point ? 5c par Ver- gile» LHpi Mærin vider e perfores* -Mais foit vray ou non, fi e fl:- ce que ceux qui ontles Loups aux iâb es font enrôliez, aulîi bien que les ladres , &c ont la voix caflb&bafle ; que fi nous pouuions garder nos iambes des Loups , aufii bien qu’on en garde les brebis , on n’auroitpas fi grand peur d'eux:car on ditqueleLoupne fcra aucun to rt aux brebis,fi vous liez au col de celle qui va la première vn ail fàuuagc. Puis que nous tenons le Loup aux oreilles , va d.ire vnc-feffe-t6duë,elcoutez en deux ou trois petit contes. Le premier fera